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Full text of "Bulletin de la Société géologique de France"

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SOCIÉTÉ 
GÉOLOGIQUE 


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DE     LA 


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SOCIETE 


(&t(D]LO(&  11(^13 


DE     FRANCE. 


K,/o7ne  IDiccmne/i/vû^nu,    M/ettaueme  ^é&n 


1861   A   1862. 


AU    LIEU    DES    SÉANCES    DE    LA  SOCIÂTI 

^  EDE  DE  FLEURUS,  39. 


SET,  i8t)2 

%  MIAMONf  2. 


\^ 


DE    FRANGE. 


Séance  du  k  novembre  1861. 

PRÉSIDBNCI   DE    H.    GH.    SAINTS -CLAIBB-DBTILU. 

Le  Président  annonce  deux  présentations. 

DONS   FAITS   A   LÀ   SOCIÉTÉ. 

La  Société  reçoit  : 

De  la  part  do  M.  le  Ministre  d'État,  Journal  des  sai^anU^ 
juin  à  septembre  186)  • 

De  la  part  du  Comité  de  publication  des  Suites  à  la  Paléou" 
tologie  française  d'Alcide  d'Orbigny,  Paléontologie  fixinçaise^ 
terrain  crétacé ^  t.  VII 5  Échinides  irréguliers  et  réguliers ^  t.  Il» 
par  M.  G.  Cotteau,  2«  et  5*  li?r.  j  Paris,  1861,  chez  Victor 
Masson  et  fils. 

De  la  part  de  M.  Bénissent  : 

1*  Essai  géologique  sur  le  département  de  la  Manche  (extr. 
des  Mém.  de  la  Société  des  sciences  naturelles  de  Cherbourg^ 
t.  VIII,  1860)  ;in-8,  38  p. 

2°  Réponse  aux  questions  géologiques  (extr.  des  Séances  du 
Congrès  scientifique  de  France,  tenu  à  Cherbourg  au  mois  de 
septembre  1860)  ;  in-8*,  28  p. 

De  la  part  de  M.  Boucher  de  Perthes  : 

1*  Nègre  et  blanc  :  de  qui  sommes^nous  JUs  ?  Y  a^t^U  uhê 
ou  plusieurs  espèces  d^ hommes?  in-18,  22  p.  ;  Paris,  iSAI, 
chez  Derache. 

2^  De  la  génération  spontanée.  --*  Ai^ns^nous  eu  père  et 
mère?  in-18, 1&  p,  ;  Paris»  1861,  chez  Derache. 

3*  Réponse  aux  observations  faites  par  M.  E.  Robert  sur  le 
diluvium  du  département  de  la  Somme  ;  in-i*,  h  p. 

De  la  part  de  M.  6.  Cotleau,  Etudes  sur  les  échinides  fos 


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6  SfiANCB    DU    A    NOTBIBRI    4  861  « 

siUi  du  dépai^ement  de  PYonne,  29**  et  30*  livr.  ;  Paris,  4 
chez  J.-B.  Bailliére  et  fils. 

De  la  part  de  M.  Delesse,  De  l'azote  et  des  matières  « 
niques  dans  Vécorce  terrestre  (extr.  des  yinnalcs  des  n 
t.  VIII,  1860)  j  in-8,  176  p.,  deux  tableaux-,  Paris.  1 
chez  Dunod. 

De  la  part  de  M.  G. -P.  Deshayes,  Description  des  ani» 
sans  i^ertèbreSy  découverts  dans  le  bassin  de  Paris,  25*^  ( 
livr.  *,  Paris,  1861,  chez  J.-B.  Bailliére  et  fils. 

De  la  part  de  M.  J.  Dorlhac,  Schistes  bitumineux  de  B 
res-la-Grue  [Allier)  (extr.  du  BulL  de  la  Société  de  Pind 
minérale  {Saint-Étienne],  I.  VI,  11'  livr.,  1860)  ;  in-8,  / 
1  pi.,  Saint-Étienne,  chez  V"  Théolier  alnè. 

Delà  part  de  M.  le  docteur  E.  Farge,  Addition  à  lapa 
tologie  de  Maine-et-Loire  (extr.  des  Ann,  de  la  Soc.  Lih 
Maine-et-Loire,  t.  IV) ,  în-8,  14  p.,  2  pi. 

De  la  part  de  M.  le  professeur  Gôppert,  Ueber  die  A 
çon  Malowkn  in  Cent  rai- Russland  ;  io-S. 

De  la  part  de  M.  Lockhart,  Noui^elles  recherches  sur 
géologique  de  la  Sologne  (extr.  du  t.  VI  des  Mémoires 
Soc,  des  sciences,  belles-lettres  et  arts  d'Orléans)-^  în-8, 
Orléans,  1861  -,  chez  E.  Puget  et  C. 

De  la  part  de  M.  W.  E.  Logan,  Considérations  relati 
the  Québec  group  and  the  upper  copper-bearing  rocks  oj 
Superior;  in  8,  9  p.,  mai  1861. 

De  la  part  do  M.  P.  Matheron  et  G.  de  Saporta,  Ex 
analytique  des  flores  tertiaires  de  Provence,  par  G.  de  Sa| 
précédé  d\me  notice  géologique  et  paléontologique  sur  le 
rains  tertiaires  lacustres  tle  cette  région^  par  P.  Math< 
io-foL,  56  p.^  Zurich,  1861;  chezZurcher  et  Furrer. 

De  la  part  de  M.  Gabriel  de  Mortillel,  Notes  géologiqm 
la  Savoie^  IV  et  V  (extr.  de  la  Revue  savoisiennCf  o*  i 
août  1861)  ;  pp.  6  et  17. 

De  la  part  de  sir  Roderick  I.  Hurchison  : 

!•  On  thê  altered  rocks  ofthe  western  islands  of  Sco 
and  the  north^westem  and  central  Highiands  (extr.  des 
cêedings  of  the  geoL  Soc. /or  may  1861)  \  in-8,  pp.  171 


DONS    PÀIT8    A    LA    IIOri«T«.  7 

V  Address  ni  tlie  anniversary  rnrrfin^'  o/  ///#•  myal  f'rftLfrn- 
phical  Society,  27"'  m;ij  IS6I,  in-S,  81  p. 

S*»  First  sketch  of  a  new  f^eolo^hnl  map  of'Svothuul,  with 

explanatory  notes,  by  sir  II.  I.  Miirchindii   nml  A.   (ioikiii  ; 

2^  p.,  1  carte;  Edimbourg,  18(;I;  du./  W.iît  A.  K .  Jolirmii^n! 

De  la  part  de  M.  le  docteur  J.-B.  Noulei  ; 

i»  De  la  division  des  êtres  naturels,    d'ti/tn'.M  Hnymond  de 

Sebonde  (extr.  des  Mémoires  de  C  Acad.  I,  drs  scimms  de 

Tùalouse,  5' série,  t.  V,  p.  290)^  iri-8,  10  p. 

2°  Fossiles  de  la  molasse  et  du  calcnirH  d'eau  douce  (viU, 
def  mêmes  Mémoires,  5'  série,  t.  V,  p.  405;^  iii-8,  0  p. 

De  la  part  de  M.  V.  Rauliri,  Description  physique  de  rUe  de 
Crke  ;  2*  partie,  GéograplUe  physique,  mcléornlnffir,  f^éo- 
logie;  in-8,  650  p.;  Bordeaui,  1861,  chc«  Th.  Laforgue. 

De  la  part  de  M.  Achille  deZigiio,  llora  joêMiliu  formaUunis 
oolithMcœ.  —  Le  plante  fossili  dell'oolite^  1''  cl  2"  livr.^  in-M«, 
Moae,  1856,  chez  A.  Sicf:a. 

De  la  part  de  M.  Tabbé  r>>ohet,  lînchett^s  dihiuimoes  du 
hutin  de  la  Somme  eilr.  des  Mém,  de  In  Sof,  l.  d'émulation 
ijUeville,  iDDres  1&5S-1S6I,  p.  007,  ^  in-S,  17  p.;  paris, 
IIMy  cIms  Derache. 

Deb  part  de  M.  Ducrw.  hxfr.  du  jf^tàmnl  i»ei»étnl  deCin^ 
tnet'on  ptÊh  ique  \   me'-^.r^di.  J  s^pte'nhr^  IS'Jl,   rj^tres  *5 
l  R>ociier  de  Perthr?.  ir--S,  ô  p. 
Dr  h  p*rt  de  M.  Pau!  G^rT^i*.  ht  .r^  irs  prof^^nr^t  oux  fu/^e^ 
iâ5w  de  -V.  'i:  '-   -uzo „  ûi-i.  i  p.  .  M  /r.'se;  .^,  1  V5I,  dMf 

IkkiflCib. 
kh  part  .i*  il   Ai^i  •  P-rfT*7 

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8  SÉAIfCB    OU    à    NOVBHBKE    18C1. 

De  la  part  do  M.  George  B.  Gibb,  On  canadian  caçern 
în-8%  29  p.,  8  pi.  5  Londres,  1861. 

De  la  part  de  M.  L.  Guîdi,  Dei  lat^ori  deW Âccademia  agn 
ria  di  Pesaro  nell*  ulfimo  quinquennio  ;  in-8,  62  p.  ^  Pesar 
1861. 

De  la  part  de  M.  J.  S.  Newberry,  The  rvck  oils  ofOh. 
(from  the  Ohio  a  f^ricnltural  report  for  1859)  ;  in-8,  14  p. 

De  la  part  de  M.  W.  Sharswood,  Catalogue  of  the  minera 
logical  species  Allanite  (from  ihc  Proceedùigs  of  the  Bosto 
Society  of  nat.  hist.^  VIII,  55-58)  ]  in-8,  h  p. 

De  la  part  de  M.  le  professeur  E.  Sismonda,  Appendice  alh 
{lescrizione  dei  pesci  e  dei  crostacei  fossili  nel  Piemonte  (oxtr 
des  Mem.  délia  R.  Accad.  délie  scienze  di  Torino,  série  II, 
t.  XIX)-,  in  4,  24  p..  1  pi.  \  Turin,  1861. 

De  la  part  de  M.  W.  G.  H.  Slaring,  Aperçu  des  ossements 
fossiles  de  l* époque  dduvienne  trou\>és  dans  la  ISéer lande  et 
les  contrées  voisines  ;  in-8,  29  p.  5  Amsterdam,  1861,  chez 
C.  G.  Van  der  Post. 

De  la  part  de  M.  R.  Weitenweber,  Jahresberivht  fiir  1860, 
in  der  ordentlichen  Sitzung  der  h\  hôhmischen  Gescllschaft 
der  Wissensch,  am  2  Januar  1861  \  in-8,  8  p.  -,  Prague,  186 1 . 

Comptes  rendus  des  séances  de  l^ Académie  des  sciences ^ 
1861,  1"  sem.,  t.  LU,  n"'  24  et  25^  1861,  2'  sem.,  t.  LUI, 
n*^'  1  à  18. 

Annales  des  mines,  5*  série,  t.  XVIII,  5*  et  6*  livrais,  de 
1860 i  t.  XIX,  1"  et  2*  livrais,  de  1861. 

Annuaire  de  la  Société  météorologique  de  France,  t.  IX, 
1861,  Bulletin  des  séances,  f.  6-11. 

Bulletin  de  la  Société  de  géographie^  5*  sér.,  t.  I,  n"  5  et  6, 
mai  et  juin  1861  ^  t.  II,  n""  7  à  0,  juillet  ù  septembre  1 86 1 . 

Bulletin  de  la  Société  botanique  de  France^  t.  VIII,  1801 , 
n*'  3  et  4,  mars  et  avril. 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  imp.  et  centrale  d* agri- 
culture, 2«  sér.,  t.  XVI,  n'  7,  mai  1861. 

L'Institut,  n"  1433  à  1452^  1861. 

Réforme  agricole,  par  M.  Nérée-Boubée,  n°*  150  à  154, 
13*  année,  juin  à  octobre  1860. 

Journal  d'éducation  populaire,  juillet-août  1861. 


\ 


DONS    FAITS    À    LA    SOCIÉTÉ.  9 

Mémoires  de  la  Société  cV  agriculture^  des  sciences  y  etc. ,  du 
département  de  V/iube,  t.  XII,  2*  s6r.,  n°"  57  et  58,  1"  sem. 
de  1861. 

Organisation  de  la  Soc.  d'agric,  des  se,  etc,^  du  dépar^ 
tentent  de  VAube^  1861. 

Journal  d'agriculture  de  la  Côte-d'Or,  n***  5  à  8,  mai  à 
août  1861. 

Mémoires  de  la  Société  dunkerquoise  pour  V encouragement 
î  des  sciences,  etc.»  1860-1861,  t.  VII. 

Annales  de  la  Soc,  d'agriculture ^  sciences ^  etc.,  du  dépars 
tenient  d* Indre-et-Loire ^  t.  XL,  année  1861,  1*'  trimestre. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse^  mai  à  sep- 
tembre 1861. 

Bulletin  médical  du  nord  de  la  France^  année  1861,  février, 
Lille. 

Bulletin  de  la  Société  de  l'industrie  minérale  (Saint-Étienné), 
t.  VI,  5*  livrais.,  janvier  à  mars  1861. 

Société  académique  des  sciences ^  etc.,  de  Saiut-Queniiii 
{Aisne),  3*  sur.,  t.  II,  1858  à  1859. 

Mémoires  de  V Académie  imp.  des  sciences,  e/c,  de  ToU" 
louse,  5«  sér.,  t.  V.  Toulouse,  1861. 

Société  imp.  d' agriculture ,  etCy  de  V arrondissement  de 
f^alenciennes,  Bei^ue  agricole ,  etc.,  t.  XII,  mars-juin  1861; 
t.  XUI,  juillet,  août  1861. 

Bulletin  de  la  Soc.  des  sciences  historiques  et  naturelles  de 
r Yonne,  1847  à  1859,  t.  I  à  XIII  ;  1861,  t.  XV,  f  et  2*  tri- 
mestres. 

Mémoires  de  l' Académie  royale  des  sciences,  etc.,  de  BeU 
gique,  t.  XXXII. 

Bulletins  de  l'Acad.  rojr.  des  sciences,  etc.,  de  Belgique, 
2*  sér.,  t.  IX  et  X,  1860. 

Annuaire  de  l'Académie  roy.  des  sciences,  etc. ,  de  Belgique, 
1861. 

Mémoires  de  la  Société  roy.  des  sciences  de  Liège,  t.  XVI. 

1861. 
>  Mémoires  de  la  Société  de  physique  et  d'histoire  naturelle 

\  de  Genève,  t.  XVI,  1"  part.,  1861. 


i 


( 


I 


J2  SlAHCI    Dtr   h    HOVSHPRE    li>(il. 

jinnual  report  oft/ix  geological  Survey  of  li 
Musctim  ofgeology,  1859-1860,  Calculla,  18i 

Memoiri  of  the  geological  Sarvey  of  ImUti,  \ 
CalcutU,  1860. 

Smitksonian  miscellaneous  collections  :  1° 
référence  to  collecting  nests  and  eggs  of  norlh  a 
2*  Circiilar  in  i^Jerence  to  the  degrees  oj  lelai 
différent  nations  ;  Z"  Ckeck  lisls  of  the  shells  nf  . 
WashiDgtOD,  1860. 

Cartes  géologique  et  hydrologique  de  In   f- 
par  M.  Deiesse. 
(  Cette  note  a  été  lue  dans  la  séaoca  du  18  m; 

J'ai  riiouDeur  de  présenter  à  la  Société  deux  c 
de  Paris,  qui  ont  étc  cxéculéct  d'après  les  ordres 
G.-E.  Hausaiiiann,  préfet  de  la  Sdoe.  L'une  eat 
gique  qui  fait  connaître  le  sous-iol  de  la  Ville  de  I 
le  permettent  les  explorations  actuelles.  L'autre  e 
drolo|>iquc  qui  donne  la  qualité  et  le  mode  d'écoul 
particulière  m  eut  des  eaux  aouteTraine*. 

fiîeu  que  en  caries  n'embrassent  qu'une  petit 
offraient  de  grandes  diffiGultéi  et  elles  m'ont  de 
anoées  de  travail.  £lles  sont  d'ailleurs  iaite*  d'« 
iioureaii,  et  c'est  surtout  â  ce  litre  qu'îLute  paraUl 
1er  à  l'attention  de  U  Société. 

CAKTE    GÉOLOGiqOE   SOUTEKKAIia  (i 

Uae  carte  géologique  ordinaire  indique  miiIi 
qui  se  trouve  à  la  surface  du  sol  ;  mais  on  petit  se 
ser  une  carte  qui  fusse  connaître  la  natnre  AÎasi 
terrains  qui  composent  le  tout-sol  ;  c'est  ce  que 
carte  géologique  touterraine. 

Pour  proc^er  à  son  exécution,  il  est  oécessai 
dans  cliaque  terrain,  d'iue  couclie  spéciale  qiù  ■ 


(4)  Deux  feuilles  {trand-monde ,  impritaén  ei 
Avril  frères  i  cbei  Savy,  libraire,  rue  Booapatte,  1 


\^ 


I 


NOTE    DE    M.    DELESSE.  13 

rer,  de  telle  sorte  qu'on  la  reconnaisse  aisément,  non-seulenicnt 
à  la  surface  du  sol,  mais  encore  dans  un  puits,  et  même  d'après  les 
écliantilloDS  d'un  sondage. 

Quand  on  compare  les  distances  de  celte  couche  au  sol,  on  les 
trouve  assez  variables,  surtout  lorsque  ce  dernier  est  ondulé.  Il 
résulte  de  là  qu'il  est  difficile  de  se  rendre  compte  par  ces  dis- 
tances de  la  forme  qui  est  présentée  par  la  couche-repère. 

Mais  il  n'en  sera  plus  de  même  si  les  différents  points  de  cette 
couche  sont  déterminés  par  leurs  distances  à  un  plan  fixe;  car, 
connaissant  un  certain  nombre  de  cotes  de  cette  couche,  il  sera 
possible  de  figurer  les  sections  données  par  des  plans  horizontaux 
équidistants,  et,  en  un  mot,  de  représenter  la  surface  de  la  couche 
par  un  système  de  courbes  horizontales. 

Gonmie  cette  surface  est  seulement  définie  par  des  points,  il  est 
d'ailleurs  utile  de  multiplier  beaucoup  le  nombre  des  coupes  qui 
sont  relevées,  de  manière  à  tracer  les  courbes  avec  quelque  pi'éci* 
sîon.  Plus  la  surface  sera  ondulée,  plus  les  observations  devront 
être  multipliées. 

D'un  autre  côté,  afin  de  connaître  avec  exactitude  la  cote  du 
point  considéré,  il  est  nécessaire  d'avoir  recours  à  un  nivellement. 
Pour  exécuter  une  carte  géologique  souterraine,  on  cherchera 
donc  une  série  de  points  dans  lesquels  il  soit  possible  de  relever 
d^  coupes,  et  Ton  déterminera  leurs  cotes. 

Telle  est  la  méthode  qui  a  été  suivie  pour  la  carte  géologique 
souterraine  de  la  ville  de  Paris.  Son  exécution  présentait  de  grandes 
difficultés,  parce  que  la  surface  du  sol  est  recouverte  presque  par- 
tout par  des  remblais  ou  par  des  constructions.  De  plus,  la  géologie 
de  Paris  est  remarquablement  variée;  et  même  il  est  ti*ès  rare  que 
le  sol  change  aussi  fréquemment  de  nature  dans  un  espace  aussi 
restreint.  Mais  les  nombreux  travaux  entrepris  à  Paris  dans  ces 
dernières  années  m'ont  offert  pour  ces  recherches  une  ciiTonstance 
extrêmement  favorable  et  tout  exceptionnelle;  ils  m'ont  peimis 
de  dresser  les  coupes  d'un  grand  nombre  de  fouilles,  de  puits  et  de 
sondages. 

Indépendamment  des  sondages  exécutés  par  MM.  Degousée  et 
Ch.  Laurent,  ainsi  que  par  MM.  Mulot  et  Dru,  j'ai  mis  à  pi-ofit 
ceux  du  service  des  carrières  ;  j'ai  suivi  surtout  les  sondages  très 
nombreux  qui  ont  pour  but  d'obtenir  une  eau  plus  pui-e  que  celle 
qu'on  rencontre  à  la  partie  supérieure  de  la  première  nappe. 

Pour  les  nivellements,  pour  les  mesures  de  puits,  et  en  général 
pour  les  opérations  sur  le  terrain,  j'ai  d'ailleurs  été  secondé  avec 


b 


a  StÀRCl  DD   k   HOTlHBMl    1861. 

iM^neoupdaièlepar  MAI.  Babinski,  Firecki  etGodefroy,  enipl 
du  terricf  des  carrièrei. 

La  carte  géologique  souterraine  de  la  Ville  de  Paris  que  je  ; 
laole  à  la  Sociëtë  fait  connaître  le  sous-sol  jusqu'aux  plus  grai 
profondeurs  qui  aient  été  atteintes,  et  elle  résume  tout  ce 
Ton  connaît  sur  sa  géologie. 

Gomme  le  terrain  de  transport  constitue  la  plus  grande  pa 
du  sol  et  recouvre  les  autres  terrains  d'uoe  sorte  de  manteau, 
supposé  qu  il  avait  été  enlevé  partout  ;  par  suite,  les  teintes  de 
carte  indiquent  les  terrains  qui  se  trouvent  immédiatement  soui 
terrain  de  transport. 

Les  courbes  borisontales  sont  de  la  même  teinte  que  le  terrs 
dont  elles  représentent  la  sur£sce;  elles  sont  distantes  de  10  niètn 
à  Texception  de  celles  qui    figurent  la  surface  inférieure  i 
terrain  de  transport  qui  sont  distantes  de  5  mètres  seulemen 
Afin  d'éviter  les  cotes  négatives,  le  plan  de  comparaison  auqu< 
Us  cotes  sont  rapportées  a  d'ailleurs  été  pris  à  100  mètres  au-det 
sous  du  niveau  moyen  delà  mer. 

Sans  entrer  dans  des  détails  plus  circonstanciés  sur  la  marclK 
suivie  pour  l'exécution  de  la  carte,  je  me  contenterai  d'indiquei 
brièvement  ici  quels  sont  les  principaux  résultats  obtenus,  en  me 
ranfermant  dans  les  limites  de  la  Ville  de  Paris  antérieures  à  l'an- 
nexion. J'ai  d'ailleurs  adopté  pour  les  tenains  les  divisions  habi* 
toeUesqui  sont  données  par  le  tableau  synoptique  de  Ai.  Gh.  d'Or- 


CraicM  —  La  craie  forme  le  fond  du  bassin  dans  lequel  s'est 
déposé  le  terrain  tertiaire  de  Paris.  Elle  ne  remonte  pas  jusqu'au 
terrain  de  transport,  bien  qu'elle  apparaisse  à  Issy  et  au  Point-du- 
Jour.  Sa  surfiftoe  est  très  accidentée  ;  car,  entre  les  anciennes  bar- 
rières d'Enfer  et  Saint-Denis  les  différences  du  niveau  dépassent 
W  mètres.  Gette  surface  est  définie  par  des  courbes  horizontales 
dont  les  sinuosités  peuvent  être  étudiées  sur  la  carte  ;  je  me  con- 
lenlerai  donc  d'indiquer  le  trajet  de  quelques  courbes  horizon- 
tales dans  l'étendue  de  l'ancien  Paris. 

La  courbe  100  coupe  la  Seine  à  Passy,  s'infléchit  au  sud  et  repa- 
rail  ensuite  au  pont  Napoléon  à  Bercy. 

La  courbe  30  passe  près  des  anciennes  barrières  filanche  et  du 
Gombat  ;  la  courbe  20  près  de  l'embarcadère  du  chemin  du  Nord. 

La  craie  présente  au-dessous  de  Paris  un  bassin  très  profond. 
Ge  bassin  se  relève  fortement  vers  le  sud-ouest,  et  légèrement  à 
l'ast  i  il  s'ouvre  au  contraire  vers  le  nord.  Sa  partie  la  plus  basse  se 


iiployés 

je  pré- 

jpraodes 

ce  que 


B  parue 

î»u,  j'ai 

ea  de  la 

sous  le 

;  terrain 
mètres, 
sure  du 
dément. 
i  auquel 
\  au-des- 

mardie 
indiquer 
1S9  en  me 
es  à  l'an- 
>ns  habi- 
Ch.  d'Or- 

quel  s'est 
I  jusqu'au 
Point-du- 
nnes  bar- 
dépassent 
>rizontales 
e  me  con- 
i  borizon* 

udetrepa- 

Qcbe  et  du 
1  du  Nord. 
bs  profond. 
g;èrement  à 
lut  basse  se 


KOTt   Df  *.    MLfSSl. 

tront e  au  nord-est  entre  le  faubourg  Saint-Antoine  et  les  an 
barrières  de  BelleviUe  et  de  Monceaux. 

Le  terrain  tertiaire  s'étant  dépose  sur  la  craie,  ses  diyen 
présentent  une  série  de  bassins  superposés  qui  s'emboAlenC 
dans  les  autres.  Ces  bassins  ont  tous  la  même  forme  et  ils 
duisent  successivement  les  principales  ondulations  de  la  c 
les  atténuant  de  plus  en  plus. 

jér^He plastique.  —  Ainsi,  l'argile  plastique  offre  un  f 
bassin  concentrique^  comme  on  peut  le  reconnaître  en  c 
rant  la  première  couche  d'argile  qu'on  rencontre  à  parti 
surface  du  sol.  La  courbe  125  de  ce  bassin  passe  vers  l'ai 
barrière  Sainte-Marie,  puis  elle  s'infléchit  an  sud  vers  les  an 
barrières  de  la  Santé  et  d'Italie.  La  courbe  80  passe  près  i 
ciennes  barrières  de  Gouroelles  et  du  Combat,  et  s'inflécfai 
ment  au  sud-est.  La  plus  grande  dépression  du  bassin  est  t 
entre  le  faubourg  Saint- Antoine  et  le  nord  de  Paris;  ses  t 
relèvent,  au  contraire,  an  sud  et  surtout  au  sud-ouest,  entr 
et  Passy. 

L'épaisseur  de  l'argile  plastique  est  extrêmement  variab 
est  seulement  de  20  mètres  près  de  l'entrée  de  la  Bièvi 
Paris,  au  commencement  de  la  rue  Geoffroy-Saint-Hîlaii 
Salpétrière  et  à  la  rue  Cochin.  Elle  s'élève  à  80  mètres  au] 
Grenelle  et  au  boulevard  Italien,  à  ^5  mètres  dans  la  ru 
Victoire,  à  50  mètres  à  l'extrémité  de  la  rue  du  Faubourg 
Denis,  à  57  mètres  près  de  l'hospice  Saint- Antoine.  Sou  é\ 
va  donc  en  augmentant  rapidement  quand  ou  s'éloigne  d^ 
du  bassin  dans  lequel  elle  se  déposait. 

Calcaire  grossier  et  marnes,  —  Le  calcaire  grossier  et  les 
qui  le  recouvrent  composent  un  étage  dont  l'épaisseur  < 
régulière.  La  cote  de  la  partie  supérieure  de  ces  marnes  esi 
élevée  à  la  barrière  Sainte-Marie,  où  elle  atteint  165  mèCi 
est  supérieure  à  155  mètres  vers  la  barrière  d'Enfer;  t\Y\ 
encore  à  1/iO  mètres  à  la  barrière  de  Reuilly  et  dans  les  ei 
La  courbe  horizontale  la  plus  basse  est  à  la  cote  110  et  s 
dans  le  faubourg  Saint-Denis. 

Dans  leur  ensemble,  les  courbes  horizontales  de  cet  et 
sentent,  d'ailleurs,  des  sinuosités  qui  correspondent  k  cell 
craie  et  de  l'argile  plastique. 

Sables  moyens,  —  Les  sables  moyens  ont  une  épaîsseui 
très  variable,  comme  celle  de  l'argile  plastique,  et  qui  ai 
également  vers  le  nord  de  Paris.  Sur  la  rive  gauche,  elle  e 
ment  de  quelques  mètres,  tandis  que  sur  la  rive  droite 


n 


iV 


I 


'   . 


I 
I 


r 


16 


SÊANCI    DU    A    NOTKHRBB    1S61. 


généralement  supëi'ieure  à  10  mètres;  die  s'élcv< 
même  à  15  mètres  entre  les  anciennes  barrières 
Belleville.  Cette  épaisseur  est  comptée  scuicmci 
sableuse  de  Tétage  dessables  moyens. 

Quand  on  étudie  la  surface  formée  par  la  conch* 
sables,  on  trouve  qu'elle  atteint  sa  plus  p,rande  liau 
La  courbe  borixontale  165  passe  près  de  la  barrit 
La  courbe  150  passe  à  côté  des  fiassins,  puis  un  pc 
rObservatoire  et  va  contourner  rancicune  butte 
d'Italie.  La  courbe  125  se  reploie  autour  de  la 
Denis  et  pénètre  très  peu  dans  la  grande  dépressio 

Calcaire  lacustre,  —  De  même  que  les  éta(>e< 
calcaire  lacustre  se  relève  vers  le  sucî  et  surtout  an 
de  Passy  ou  il  atteint  sa  plus  gi*andc  hauteur.  Sa 
mèti-es  pi-ès  de  la  barrière  des  Bassins,  et  de  1^5  ii 
du  Trône;  elle  diminue  quand  on  s'avance  au 
bassin  de  la  Villette,  mais  elle  ne  descend  pai 
135  mètres;  ses  différences  de  niveau  sont  au  pli 
Sa  cote  atteignait  au  moins  1^5  sur  la  rive  ga 
Soufflot  et  près  de  Saint-Etienne-du-Mont. 

Sur  la  rive  droite,  le  calcaire  lacustre  présen 
bassin  dont  les  boixis  suivent  Tancien  mur  d'octro 
du  nord-est  a  presque  dispam;  cependant  elle  se 
l'entrée  du  canal  Saint-Martin,  hhs  cette  époque, 
un  thalweg  vers  le  haut  du  canal,  et  le  calcaire  h 
déjà  légèrement  le  i*elief  du  bassin  dans  lequel 
struit  Ce  relief  a  d'ailleurs  été  exhaussé  par  le  dép 
gypse  ;  il  a  surtout  été  modelé  par  le  terrain  diluv 

Pente,  —  Pour  comparer  la  pente  moyenne  des  t 
posent  le  sol  de  Paris,  il  fallait  la  mesurer  sur  les  i 
à  la  surface  de  ces  terrains  par  un  même  plan  verti< 
plan  qui  est  dirigé  nord-sud  et  qui  passe  par  le  tertn 
On  trouve  que,  pour  tous  les  terrains,  la  pente  8< 
v^rs  le  nord.  Elle  est  de  O^'fOl  1  pour  la  craie,  de  Q 
gile  plastique,  de  0",005  pour  les  marnes  supérie 
grossier,  de  0">,002i  pour  les  sables  moyens,  de  0**, 
caire  lacustre.  Elle  est  beaucoup  plus  grande  po 
pour  aucun  autre  étage  géologique.  Pour  le  calca 
n'est  guère  que  le  quart  de  celle  de  la  craie.  Elle  < 
sivement  à  mesure  qu'on  s'élève  dans  la  série  d< 
conséquent,  la  dépression  qui  existait  dans  la  crai 
Paris  tondait  de  plus  en  plus  à  se  niveler» 


<n 


MOTS   l)(   M.    DKLCSSS. 


li 


r 


Le  cataclysme  qui  a  donné  naissance  au  terrain  diluvien  ett  venu 
raviner  postérieurement  les  différents  étages  du  terrain  tertiaire. 
Il  a  exercé  ses  ravages  le  long  des  cours  d'eau  actuels,  la  Seine,  la 
fiièvre  et  le  ruisseau  de  IVIénilmontant.  Alors  les  coucbet  qut  se 
continuaient  sans  interruption  dans  toute  l'étendue  de  Paris  ont 
été,  les  unes  entièrement  enlevées,  les  autres  échancrées  d'une 
manière  plus  ou  moins  profonde.  Les  étages  supérieurs  ont  été 
atteints  les  premiers  et  sur  la  plus  grande  étendue. 

L'étage  du  gypse  a  presque  disparu  et  ne  se  montre  guère  qu'au 
nord  et  au  nord -est  de  Paris.  Il  en  est  de  même  pour  le  calcaire 
lacustre  qui  forme  une  ceinture  étroite  sur  la  rive  droite  et  seule^* 
meut  dans  la  partie  haute  de  Paris.  Sur  la  rive  gauche,  ce  calcaire 
se  montre  encore  par  lambeaux  vers  le  sommet  de  la  montagne 
Sainte^Gene  vie  ve . 

Les  sables  moyens  étaient  très  faciles  à  entraîner  comme  tous 
les  terrains  meubles.  Sur  la  rive  droite,  ils  dessinent  une  ceinture 
concentrique  à  celle  du  calcaire  lacustre.  Sur  la  rive  gauche»  ib 
présentent  deux  lambeaux  entre  lesquels  la  Bièvre  a  creusé  son 
lit;  ils  couronnent  la  montagne  Sainte-Geneviève  et  la  butte  de  la 
barrière  d'Italie.  Quand  ils  n'ont  pas  été  enlevés,  les  sables 
moyens  ont  été  ravinés  profondément  dans  les  endroits  où  ils 
étaient  à  découvert. 

Le  calcaira  grossier  et' les  marnes  ont  été  échancrés  à  l'entrée  et 
à  là  sortie  de  la  Seine  ainsi  que  le  long  du  cours  de  la  Bièvre. 

L'argile  plastique  a  été  seulement  effleurée  dans  la  partie  où  elle 
se  relève  le  plus,  à  la  sortie  de  la  Seine.  Quant  à  la  craie^  elle  n'a 
pas  été  atteinte. 

Lorsqu'on  passe  de  la  rive  gauche  à  la  rive  droite  de  la  Seine, 
on  observe  que  les  couches  s'inclinent  graduellement  vers  le  Nord 
un  peu  Est .  Nulle  part  elles  ne  présentent  un  changement 
brusque  de  niveau  ou  une  faille  de  quelque  importance.  C'est  ce 
que  l'on  voit  très  bien  dans  les  anciennes  carrières  sous  Paris  ^  car 
la  moindre  faille  se  reconnaît  très  facilement  dans  les  galeries  qui 
ont  servi  à  l'exploitation  du  calcaire  grossier  ;  ori  il  est  fort  rare  d'en 
rencontrer,  et  les  changements  de  niveau  qu'on  observe  spnt  au  plus 
de  quelques  décimètres.  £u  outre,  si  l'on  compare  l'altitude  des  dif- 
férentes couches,  soit  dans  la  colline  de  Ghaillot  et  vers  labarrièine 
de  Reuilly,  soit  dans  les  plateaux,  séparés  par  la  Bièvre,  qui  for- 
ment le  sud  de  Paris,  on  trouve  que  cette  altitude  reste  la  mcme 
ou  bien  qu'elle  varie  graduellement.  C'est  particulièrement  bien 
visible  pour  la  craie,  pour  le  calcaire  grossier,  pour  les  marnes  qui 
le  recouvrent  et  pour  les  sables  moyens.  Par  conséquent,  dans  la 
Soe.  géoi,,  2"  série,  tome  XIX.  % 


È 


18  StARCI   DO   A    IfOTBIBMI    186 

traveraée  de  Paris,  la  Seine  ne  coule  pas  le 

comme  l'ont  admis  plusieurs  géologues  ;  les  couc 

1  elle  a  creusé  son  lil  se  correspondent  d'une  riv 

pas  changé  de  niveau. 

Une  carte  géologique,  souterraine  et  cotée 

grandes  difiicultés  d'exécution  ;  mais  aussi  ell 

avec  précision  une  sorte  d*anatoniie  géolof;iqu< 

de  pousser  jusque  dans  les  plus  petits  détails. 

Il  importe  d'ailleurs  de  connaître  bien  coin  pi 

.  sur  lequel  est  bâtie  une  grande  métropole  ;  car  < 

f  coup  plus  de  valeur  que  la  mine  la  plus  riche, 

soit  en  dessus,  soit  en  dessous,  par  de  nombreu; 

Maintenant,  une  carte  géologique  souterrain 

indications  sur  les  nappes  d*eau  ;  elle  éclaire  la  n 

artésiens,  et  elle  permet  de  prévoir  les  résultat 

suffira  d*en  citer  un  exemple  pour  Paris.  On  sai 

dessus  de  l'argile  plastique  coule  une  nappe  d'e«' 

à  remonter  partout  au  même  niveau.  Or,  sur  le 

notamment  à  la  Glacière,  l'argile  est  à  la  cot( 

quent,  dans  l'intérieur  de  Paris,  les  sondages  poui 

plastique  devront  donner  une  eau  ascendante.  Ce 

l'expérience  a  confirmé  ;  car,  dans  le  faubourg 

le  faubourg  Saint-Antoine,  à  la  prison  de  la  R< 

des  Célestins,  l'eau  remonte  jusqu'à  la  cote  13 

jeté  sur  la  carte  montre  que  tous  les  sondages  c 

du  bassin  formé  par  l'argile  plastique  donneront 

tats  analogues.  Les  chances  de  succès  seront  d'ai 

.qu'on  se  rapprochera  davantage  de  la  grande  d 

du  bassin  et  de  la  ligne  du  thalweg,  suivant  la< 

cessairement  des  nappes  puissantes. 

La  méthode  suivie  pour  l'exécution  de  la  cari 

H  terraine  de  Paris  ]iermet  d'étudier  complétemen 

^  iol  ;  elle  sera  donc  employée  très  avantagenten 

Il  sins  honillers,  dans  les  districts  métaUifères,  d 

fyj  les  pays  de  mines  ;  en  un  mot,  elle  servira  à  défi 

]]  le  gisement  ainsi  que  les  allures  de  toute  matiè 

ment  exploitable» 


:  I 


I  I 


11 


NOTE  DE  M.  DELBSSI.  19 

C4RTE  HYDROLOGIQUE  (i). 

La  ville  de  Paris  est  traversée  par  quatre  nappes  d'eau  superfi- 
cielles, la  Seine,  la  Bièvre^  le  ruisseau  de  Mënilmontant  et  le  canal 
Saînt-Maitin.  Le  ruisseau  de  Mënilmontant,  dont  le  cours  est 
tracé  sur  les  anciens  plans  de  Paris,  descendait  de  la  colline  qui 
porte  le  méine  nom;  il  se  dirigeait  vers  la  rue  des  Filles-du-Gal- 
vaire  et  dëa*ivait  de  ce  point  un  arc  de  cercle  autour  du  centre 
actuel  de  Paris;  il  allait  ensuite  se  jeter  dans  la  Seine  au  quai  de 
fiilly.  Les  travaux  exécutés  dans  Paris  ont  complètement  changé  le 
régime  de  ce  ruisseau;  il  est  d'ailleurs  dissimulé  par  les  construc- 
tions qui  le  recouvrent,  mais  il  continue  à  couler  dans  le  grand 
égout  de  ceinture  en  lequel  il  a  été  transforme. 

La  Bièvre  et  l'ancien  ruisseau  de  Mënilmontant  sont  renfermés 
dans  une  cuvette  parfaitement  étanche^  en  sorte  que  ces  deux  cours 
d'eau  ne  donnent  lieu  à  aucune  nappe  d'infiltration. 

Indépendamment  des  nappes  superficielles,  il  existe  des  nappes 
80Uten*aines  qu'on  rencontre  lorsqu'on  pénètre  dans  T intérieur  de 
la  terre;  ce  sont  celles  qui  sont  atteintes  dans  les  puits.  La  carte 
liydrologique  les  fait  connaître  d'une  manière  complète.  Elle  repré- 
sente d'abord  les  nappes  souterraines  qui  alimentent  les  puits 
ordinaires  pour  une  époque  d'ëtiagc  de  la  Seine,  le  15  mars  1854. 
La  surface  supérieure  de  ces  nappes  est  déterminée  par  des  cour- 
bes horizontales  qui  sont  tracées  de  mètre  en  mètre.  Les  cotes  sont 
encore  rapportées  à  un  plan  de  comparaison  passant  à  100  mètres 
au-dessous  du  niveau  moyen  de  la  mer.  La  carte  donne  d'ailleurs 
le  niveau  de  l'eau,  non-seulement  dans  les  puits  ordinaires,  mais 
encoi-e  dans  les  puits  forés.  Elle  donne  de  plus  la  nature  géolo- 
gique des  terrains  dans  lesquels  affleurent  les  nappes  souterraines. 
Elle  indique  aussi  les  terrains  dans  lesquels  se  sont  arrêtés  les 
sondages  qui  ont  été  exécutés  dans  Paris.  Enfin,  les  eaux  provenant 
des  différentes  nappes  ont  été  essayées  avec  l'iiydroti mètre  de 
MM.  Boutron  et  Boudct,  et  le  nombre  de  degrés  obtenus,  qtii 
représente  leur  dureté,  est  inscrit  sur  la  carte  à  la  place  à  laquelle 
l'eau  a  été  puisée. 

Dans  ce  court  résumé  j'appellerai  particulièrement  l'attention 
sur  quelques  faits  relatifs  à  la  forme  et  à  la  position  des  nappes 
souterraines  de  la  ville  de  Paris. 


(4)  Deux  feuilles  grand-monde ,  imprimées  en  lithochromie  par 
Avril  frères;  chQz  Savy,  libraire,  rue  Bonaparte)  90,  Paris. 


SO  SfiAlfCI    DO   A   IVOTtMBlK    1861. 

La  nappe  souterraine  qui  se  trouve  en  communication  iinin 
avec  la  Seine  est  ce  que  Ton  appelle  la  nappe  d*infiltration. 
nappe  s'étend  sous  Paris,  et  même  c'est  elle  qui  fournit  cli 
«^presque  tous  les  puits.  Ses  courbes  horizontales  sont  des  < 
ondulées  à  peu  près  parallèles.  Elles  sont  disposées  symétrique 
sur  chaque  rive  de  la  Seine  et  elles  vont  se  raccorder  avec  lâi 
Miperlicielle  ;  elles  se  coupent  d'ail  leui-s  deux  à  deux  sous  des  a 
très  aigus  qui  s'emboîtent  les  uns  dans  les  autres  t^t  qui  ont 
sommet  dirigé  vers  l*aniout. 

Le  niveau  de  la  nappe  d'inûltration  est  généralement  stipé 
à  celui  de  la  Seine;  il  s'élève  a  mesure  qu'on  s'éloii'iie  des  I 
du  fleuve.  Près  de  ces  bords,  il  s'abaisse  jusqu'à  i27'"|5  en  ai 
de  l'ancien  Paris,  à  la  barrière  de  la  Gare,  et  même  jiu 
125". 5  en  aval  près  de  la  barrière  de  la  Cunette.  Sur  la  live 
che,  la  différence  de  niveau  entre  le  point  le  plus  haut  et  le  | 
le  plus  bas  de  la  nappe  souterraine  est  au  plus  5  mètres  ;  • 
rive  droite  cette  différence  s'élève  presque  au  double,  ce  qui 
être  attribué  à  ce  que  les  terrains  y  sont  beaucoup  moins 
inéables.  La  pente  moyeime  à  la  surface  de  la  nappe  souten 
est  supérieure  à  0™,001  par  mètre.  Dans  les  parties  contigua 
Seine  elle  est  beaucoup  plus  grande  et  elle  atteint  même  0" 
La  pente  moyenne  de  la  Seine  dans  la  traversée  de  Paris  est  se 
ment  de  0"',0002  ;  par  conséquent  elle  est  bien  moindie  que 
le  la  nappe  d'infiltration.  Cette  différence  dans  les  pcntei 
deux  nappes  tient  à  ce  que  l'eau  ne  peut  s'écouler  qu'avec  dt 
grandes  difficultés,  même  à  travers  les  terrains  les  plus  perméa 

La  nappe  d'inflltration  reçoit  bien  l'eau  d'infiltration  de  la  1^ 
}ui  s'y  répand  à  l'époque  des  crues;  mais  elle  est  surtout  alii 
jée  par  les  eaux  provenant  des  collines  qui  environnent  Paris 
lappes  souterraines  qui  se  trouvent  à  un  niveau  supérieur  ] 
rersent  aussi  leurs  eaux. 

La  forme  de  la  nappe  d'infiltration  dépend  es»*în^'ve\lem€ 
a  Seine.  Elle  change  lorsque  la  Seine  s'élève  ou  s'abaisse,  < 
eproduit  toutes  ses  variations,  mais  elle  les  att*'J^^^  "ea\ 
néme  à  une  assez  petite  distance.  Elle  dépend    ^.^^  cmeu 

rua  un  niomdre  det;n\  d cléments  constants  ^  i-  r  i 

j  i  •  I         I    II  i^    ^'^"^^  <^' 

lydrographique  avec  lequel  elle  communique.    •         ,,      .. 

à  disposition  des  couches  imperméables  sur  les^X  ^ 

iâ  nappe  d'infiltration  a  donc  une  ori(>ine  très  ^        SL\>i>e  aô' 

l^s  îles  Saint-Louis  et  Notre-Dame  ont  une     ^   -•  \ou  ^ 

istincte  qui  est  également  une  nappe  d'infiU*^^^^"    ^ttWbV 

lorizontales  sont  concentriques  et  à  peu  prêt» 


NOTE    Dg    M.    DELESSE.  21 

contours.  Cette  nappe  souterraine  forme  une  surface  qui  sVlève 
lé^;èrenient  vers  la  partie  centrale  et  qui  s'incline  au  contraire  su 
Its  bords  de  ces  îles. 

Près  de  l'ancienne  barrière  Blanche,  quelques  puits  de  Paris 
sont  alimentés  par  une  nappe  souterraine  dont  la  cote  est  supé- 
rieure à  142  mètres.  Cette  nappe  est  au-dessus  du  calcaire  lacustre  ; 
elle  est  toute  différente  de  la  nappe  d'infiltration  de  la  Seine  qui 
se  retrouve  au-dessous,  à  la  cote  132. 

Près  des  anciennes  barrières  Rocliechouart  et  de  Fontarabie, 
des  nappes  souterraines  s'élèvent  à  la  cote  137  mètres;  elles  sont 
également  au-dessus  de  la  nappe  d'infiltration. 

La  carte  hydrologique  montre  bien  comment  s'opère  l'écoulé-' 
ment  dans  les  nappes  souterraines. 

Si  l'on  considère,  par  exemple,  la  nappe  d'infiltration  de  la 
Seine  qui  s'étend  partout  au-dessous  de  Paris,  il  est  visible  que 
l'eau  se  dirigera  nécessairement  d'un  point  plus  élevé  vers  un 
point  plus  bas  ;  par  conséquent,  contrairement  aux  idées  généra- 
lement reçues,  elle  se  déversera  vers  la  Seine.  Sa  pente  est  surtout 
très  grande  sur  les  bords  du  fleuve.  Ainsi,  bien  que  cela  puisse 
paraître  paradoxal  au  premier  abord,  la  Seine  joue  à  l'égard  de  la 
nappe  souterraine  le  rôle  d'un  canal  de  dessèchement;  elle  déter« 
mine  l'écoulement  de  ses  eaux  et  elle  opère  le  drainage  de  la  ville 
de  Paris. 

Les  eaux  qui  tombent  sur  la  surface  d'un  cimetière  pénètrent  à 
travers  les  cadavres  en  décomposition  et  se  réunissent  ensuite  aux 
eaux  de  la  nappe  souterraine  qui  est  la  plus  rapprochée  de  la  sur- 
face. iMalgr^  la  filtration  naturelle  à  laquelle  elles  sont  soumises  et 
qni  les  débarrasse  en  partie  des  matières  qu'elles  tiennent  en  sus- 
pension, elles  sont  nécessairement  très  impures  et  peuvent  être 
nuisibles  à  la  salubrité.  Il  était  donc  utile  de  rechercher  dans 
quelle  direction  s'écoulent  les  eaux  qui  ont  traversé  les  immenses 
ossuaires  de  Paris.  Un  coup  d'œil  jeté  sur  la  carte  suffit  pour  con- 
stater que  l'emplacement  des  cimetières  laisse  beaucoup  à  désirer 
sous  ce  rapport;  car  les  eaux  du  cimetière  Montparnasse,  par 
exemple,  s'écoulent  dans  la  nappe  d'infiltration  de  la  Seine,  et  il 
est  visible  qu'elles  se  rendent  ensuite  dans  le  fleuve  en  traversant 
une  partie  du  faubourg  Saint-Germain. 

Les  indications  précédentes  suffisent  pour  montrer  que  la  carte 
Iiydroiogique  de  Paris  permet  de  résoudre  un  grand  nombre  de 
questions  importantes  relatives  à  la  salubrité,  aux  inondations,  au 
drainage,  à  l'écoMlemeut  des  eaux,  à  rétablissement  des  égouts  et 
à  rexécution  de  tou4  les  travaux  souterrains. 


/ 


»  u 


22  SÉAlfCI    DU    h    ROYEMORK    1861. 

Note  concernant  Vallure  générale  du  bassin  houiller  rfu  n 
de  la  France^  par  M.  Emile  Dornioy,  ingénieur  des  mi 

(PI.  I). 

(Cette  note  a  été  communiquée  dans  la  séance  du  6  mai.) 

Je  m'occupe  depuis  quelques  années  (Vétudicr  le  bassin  houil 
lu  nord  de  la  France;  j'espère  pouvoir  bientôt  picsenier  à 
Société  la  carte  souterraine  et  la  description  de  ce  bassin  ;  mail 
voudrais  dès  aujourd'hui  lui  soumettre  une  note  qui  peut  être  ce 
sidérée  comme  une  préface  de  mon  travail,  et  dans  laquelle 
rends  conipte  de  l'allure  (générale  de  cette  formation. 

Ce  bassin,  qui  se  relie  sans  interruption  rccUe  à  ceux  de 
Belgique  et  de  la  Prusse   rhénane,  a  la  forme  d'une  bande  d( 
rorientation  générale  est  de  l'est  à  Toucst,  et   dont  la  larg< 
moyenne,  du  nord  au  sud,  est,  dans  le  département  du  Noi*d, 
13  kilomètres.   Sa  limite   nord  co'incide  presque  exactement, 
allure  générale,  avec  le  cours  de  la  Scarpe,  depuis  iMortagne  àl' 
jusqu'à  Kaches  à  l'O.,  c'est-à-dire  sur  60  kilomètres  de  longue 
Cette  coïncidence  n'est  pas  fortuite  ;  le  dénivellement  qui  s'est  p 
duit  lors  du  dépôt  de  la  formation  houillère  n'a  jamais  été  co 
plétement  comblé  par  le  dépôt  des  terrains  crétacé  et  terliaire. 
a  permis  à  la  Scarpe  de  se  créer  un  lit.  Au  nord,  le  bassin  co 
menée  par  un  banc  puissant  de  calcaire  carbonifère,  incliné 
25  à  30  degrés  vers  le  midi ,  qui  est  connu  à  Tournay  (Belgique) ,  n 
qui  ne  doit  pas  s'étendre  beaucoup  plus  au  nord,  car  à  Les' 
(9  kilomètres  au  sud  de  Lille)  on  a  trouvé  sur  une  fosse  le  te 
dévonien.  Celte  assise  calcaire  règne  de  l'est  à  l'ouest,  comt; 
bassin  houiller  ;  et,  en  faisant  une  coupe  du  N.-O.  au  S.-K 
la  voit  finir  à  ChAteau-l'Abbaye,  ce  qui  lui  donne  17  kilor 
d'étendue  horizontale  ;  vient  ensuite  le  bassin  houiller  propi 
dit  Le  grès  stérile,  [millstonc  gril)  qui  sert  de  base  au  lei 
houille,  s^étend  ici,  c'est-à-dire  près  de  la  frontière  belge,  s* 
largeur  de  ^  à  5  kilomètres  ;  en  le  suivant  de  l'est  à  l'ouest 
tinue  à  occuper  à  peu  près  la  même  largeur  jusqu'à  Marc 
et  Yred,  situés  à  20  kilomètres  de  là.  Mais  à  Yred,  la 
généialedu  bassin  fait  un  coude  prononcé  vers  le  nord,  < 
tir  de  ce  coude,  le  terrain  houiller  inférieur  parait  avoii 
considérablement  d'épaisseur;  peut-être  même  a-t-il  c 
ment  disparu.  fiCS  sondages  que  l'on  a  faits  dans  ces  der 
nées  à  Raches,  A  Ostricourt,  à  Annœulin,  etc.,  ont  conf 


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22  SÉAlfCI    DU    h    ROVEMORK    180 

Note  concernant  Vallure  gêncra/e  du  bassin 
de  la  France;  par  M.  Emile  Dorniov,  ingi 

(PI.  I). 

(Cette  note  a  été  communiquée  dans  la  soanc 

Je  m'occupe  depuis  quelques  nniu'csirotudiei' 
du  uord  de  la  France;  j'espère  pouvoir  l)iciUL 
Sociétt^  la  carte  souterraine  et  la  description  do  c 
voudrais  dès  aujourd'hui  lui  soumettre  une  note 
sidérée  comme  une  préface  de  mon  travail,  c 
rends  compte  de  l'allure  p,énérale  de  cotte  foinr 

Ce   basiin,  qui   se  relie  snns  interruption  rt 

Belgique  et  de  la  Prusse   rhénane,  a  la  fornic 

l'orientation  générale  est  de  Test  à  l'ouest,  el 

moyenne,  du  nord  au  sud,  est,  dans  le  dcpartei 

13  kilomètres.   Sa  limite   nord  coïncide  presqi 

allure  générale,  avec  le  cours  de  la  Scarpe,  depu 

jusqu'à  Kaches  à  l'O.,  c'est-à-dire  sur  60  kilomt 

Cette  coïncidence  n'est  pas  fortuite  ;  le  dénivelleii 

duit  lors  du  dépôt  de  la  formation  houillère  n'; 

plétement  comblé  par  le  dépôt  des  terrains  crét. 

a  permis  à  la  Scarpe  de  se  créer  un  lit.  Au  nor 

menée  par  un  banc  puissant  de  calcaire  carboi 

25  à  30  degrés  vers  le  midi,  qui  est  connu  à  Tourna 

qui  ne  doit  pas  s'étendre  beaucoup  plus  au  noi 

(9  kilomètres  au  sud  de  Lille)  on  a  trouvé  sur  ut 

dévonien.  Cette  assise  calcaire  règne  de  l'est  à 

bassin  houiller  ;  et,  en  faisant  une  coupe  du  N 

la  voit  finir  à  Château -l'Abbaye,  ce  qui  lui  doi 

d'étendue  horizontale  ;  vient  ensuite  le  bassin  ho 

dit  Le  grès  stérile,  {miJlstone  gn'i)  qui  sert  de 

houille,  s^étend  ici,  c'est-à-dire  près  de  la  frontî 

largeur  de  &  à  5  kilomètres  ;  en  le  suivant  de  l'e 

tinue  à  occuper  à  peu  près  la  même  largeur  juj 

et  Yred,  situés  à  20  kilomètres  de  là.  Mais  à  "^ 

générale  du  bassin  fait  un  coude  prononcé  Ters  I 

tir  de  ce  coude,  le  terrain  houiller  inférieur  pa: 

considérablement  d'épaisseur;  peut-être  même 

ment  disparu,  fies  sondages  que  l'on  a  Faits  dan 

nées  à  Raches,  à  Osiricourt,  à  Annoeulin,  etc.,'i 


MOTI    DB    M.    DOmOT.  2S 

tencc  de  veines  de  houille  exploitables  qui  venaient  passer  à  de 
très  petites  distances  de  la  liniile  nord  du  bassin,  ce  qui  n'a  jamais 
lieu  dans  tout  Tespace  compris  entre  Marchiennes  et  Blalon  (Bel- 
gique). 

Le  terrain  à  houille  commence  à  la  hauteur  d'Hergnies;  il  pré- 
sente, comme  le  grès  et  comme  le  calcaire,  30  degrés  d'inclinaison 
générale  vers  le  sud;  il  occupe  id  kilomètres  de  largeur  nord-sud. 
Il  commence  par  un  faisceau  de  veines  de  houille  anthraciteuse, 
connu  sons  le  nom  de  charbon  de  Fresnes.  Ce  faisceau  passe  à 
Vieux-Condé,  Frcsne  et  Vicoignc;  mais,  à  partir  du  coude  que 
forme  le  bassin  houiller  à  Vrcd,  il  n'est  plus  connu  ;  les  sondages 
et  les  puils  faits  près  de  la  limite  nord  du  bassin,  entre  Mar- 
chiennes et  le  Pas-de-Calais,  n'ont  plus  rencontré  cette  nature  spé- 
ciale de  houille  anthraciteuse;  leur  charbon  est  de  qualité  analogue 
à  celui  qui  porte  au  couchant  de  Mons  le  nom  de  charbon  maigre; 
dans  le  bassin  de  Valenciennes,  où  ce  nom  avait  déjà  été  donné 
à  la  houille  anthraciteuse  de  Fresnes,  on  Ta  remplacé  par  celui  de 
houille  dure  ou  demi-grasse.  La  houille  anthraciteuse  n'est  pas 
connue  dans  le  bassin  de  Mons;  son  existence  est  un  fait  local  qui 
parait  restreint  à  Vieux-Condé,  Fresnes  et  Vicoigne  (15  kilomètres 
de  longueur  sur  U  de  largeur]  ;  l'altération  à  laquelle  elle  doit  sa 
qualité  peut  donc  être  attribuée  aux  mêmes  phénomènes  qui 
ont,  près  de  la,  donné  naissance  aux  sources  thermales  de  Saint- 
Amand. 

Si,  au  delà  du  faisceau  anthraciteux,  on  continue  à  faire  une 
coupe  dans  le  bassin  houiller,  on  voit  que  toutes  les  assises  de 
terrain  sont  constamment  inclinées  au  midi,  sauf  des  accidents 
locaux  dus  à  des  soulèvements  intérieurs,  et  dont  il  est  inutile  de 
s'occuper  ici.  Si  le  bassin  était  complet,  ou  devrai t,  à  partir  de 
son  axe,  voir  les  terrains  changer  d'inclinaison,  et  le  pendage  au 
nord  rogner  sur  toute  sa  seconde  moitié,  comme  le  pendage  au 
sud  règne  dans  la  première.  Les  terrains  que  nous  possédons  en 
France  ne  peuvent  donc  correspondre  qu'à  la  moitié  nord  du 
bassin.  En  marchant  vers  le  sud,  on  voit  les  couches  supérieures 
succéder  toujours  aux  inférieures,  et  la  nature  du  charbon  des 
veines  est  en  pleine  coDcoi*dance  avec  leur  position  ;  les  veines 
inférieures,  qui  ont  été  soumises  â  raction  la  plus  directe  du  feu 
central,  ont  perdu  leurs  principes  gazeux,  et  sont  maigres  ou 
même  anthraciteuses;  et  la  qualité  grasse  et  gazeuse  Ta  générale- 
ment en  augmentant  d'une  manière  continuelle  du  nord  au  midi, 
tandis  que  dans  on  bassin  complet  elle  devrait  augmenter  depuis 
le  nord  jusqa*à  Taxe,  et  décroître  depuis  Taxe  jusqu'à  la  limite  sucL 


jt4  SÊANÇK    Oli    A    NOVEMBRE    1S( 

L'examen  des  terrains  qui  succèdent  nu  tei 
firme  pleinement  cette  manière  4le  voit-.  Ai 
avant  la  limite  sud  le  grès  liouilUr  storilo  qu 
après  cette  limite,  le  banc  de  calcaire  cail)oni 
d'épaisseur,  c'est  à  peine  si  Fou  trouve  quilqut 
guliers  de  calcaire.  Le  terrain  à  houille  ei  les 
viennent  buter  directement  contre  les  teir 
Le  terrain  dévonien  a  été  reconnu  en  eflet,  \ 
Qniévrcchain  et  dans  Tintérieur  même  de  Vale 
à  quelques  dizaines  de  mètres  de  distance  de^ 
•  on  a  également  retrouvé,  soit  les  grès,  soit  le 

I  tout  le  long  de  la  limite  sud  :  à  Tritli,  à   la  ] 

à  Douehy,  à  deux  pas  des  veines,  par  des  sondai 
des  galeries;  ù  Âzincourt,  dans  les  fosses  de  Ma 
et  dans  le  sondage  tout  récent  de  Férin  ;  à  A 
d*Esquercliin;  enfin,  dans  le  département  d 
vient  affleurer  en  maints  endroits,  et  notam 
Febrin,  Capelle,  etc.,  tout  près  de  la  limite  si 
L'ordre  dans  lequel  les  diverses  assises  des 
I  tion  se  succèdent  est  indiqué  dans  la  planct 

on  voit,  à  partir  du  teirain  liouiller,  le  tern 

mont),  le  jioudingue  de  Burnot,  le  calcaire  de  < 

*l>iilr  du  Condros,  puis,  après  quel(|ues  assises  de  < 

l  les  mêmes  couches  dans  Tordre  inverse,  jusqt 

I  i  suivi  lui-même  du  terrain  anthracifere. 

Il  est  donc  indubitable  que  nous  D*avons  à 
que  dans  le  Pas-de-Calais  et  qu  à  Gharleroi  el 
bassin  liouiller  ;  tout  le  versant  sud  que  les 
originairement,  et  qui  pendait  au  nord,  a  été 
Il  parait  difficile  de  trouver  une  explicatio 
fait  aussi  extraordinaire  que  la  disparition  d'v 
!  d'une  vingtaine  de  kilomètres  de  largeur  ei 

plus  de  cent  lieues  ;  aussi  ce  fait  n'avait-il  jamj 

^  admis  ni  franchement  posé.  On  constatait  biei 

.1  la  disposition,  au  midi,  des  roches  encaissant 

-1  contact  direct  des  houilles  les  plut  grasses, 

terrains  de  transition,  qui  au  contraire,  au  ne 
une  chaleur  assez  puissante  pour  chasser  1< 
travers  6  ou  8000  mètres  d'épaisseur  de  terra 
glissement  des  couches  supérieures,  ou  grai 
midi,  ou  bien  un  déplacement  progressif  de 
le  éud,  pendant  le  dépôt  même  de»  4iT^n^ 


.» 


y 


MOTS    DE    M.    DORMOY.  25 

ces  liypothèfies,  outre  que  rien  ne  les  justifie  elles-mêmes,  ne 
donnent  pas  d'explication  du  pcndage  au  sud  qui  pei*siste  dans 
tout  le  bassin  connu,  ni  de  diverses  autres  particularités.  La  seule 
explication  satisfaisante  consiste  à  admettre,  ce  que  tous  les  faits 
démontrent  jusqu'à  Tévidence,  qu'un  soulèvement  général  s*est 
produit  vers  le  milieu  de  la  bande  houillère,  peu  de  temps  après 
le  dépôt  des  terrains  ;  ce  soulèvement  rend  compte  de  l'inter- 
ruption brusque  des  couches,  de  leur  pcndage  constant  vers  le 
sud,  du  contact  des  houilles  grasses  avec  les  terrains  de  transi- 
tion, etc.  ;  il  explique  également  Tallure  des  diverses  assises  de 
cette  dernière  formation  ;  les  couches  du  terrain  rhénan,  du 
poudingue  de  Burnot,  etc.,  qui  ont  été  relevées  jusqu'au  jour  à  la 
limite  sud  du  bassin,  pressentent  leur  affleurement  sud  à  Trelon, 
Glageon,  etc.,  et  leur  véritable  affleurement  nord  au  delà  du 
bassin  houiller,  au  nord  de  Toumay.  Ce  dernier  affleurement  est 
seulement  dissimulé  par  la  présence  des  morts  terrains. 

Pourquoi  le  soulèvement  s'est-il  produit  précisément  au  milieu 
de  la  bande  houillère,  ou  tout  près  de  ce  milieu,  et,  en  allure 
générale,  parallèlement  à  son  axe  ?  On  ne  peut  attribuer  au  hasard 
une  coïncidence  qui  règne  sur  une  aussi  grande  étendue  ;  mais 
la  cause  même  qui  avait  déterminé  le  dépôt  du  bassin   houiller 
nous  donne  aussi  l'explication  de  ce  fait.   Si  la  mer  houillère 
s'étendait  sur  une  zone  aussi   vaste,   depuis  la  Prusse  jusqu'en 
Angleterre,  c'est  que  les  terrains  antérieurement  déposés  présen- 
taient suivant  cette  même  direction  une  dénivellation  profonde, 
bordée  des  deux  côt/s  par  des  montagnes,  ou  au  moins  par  des 
rivages  élevés.  L'épaisseur  de  ces  terrains  était  donc  moindre  dans 
le  lit  de  la  mer  houillère  que  sur  ses  rivages,  et  même  que  partout 
ailleurs,  et  elle  était  minimum  suivant  Taxe  de  ce  lit.  Or,  comme 
ces  terrains  de  transition  constituaient  alors  l'unique  et  fragile 
barrière  qui  séparait  h^s  dépôts  houillcrs  de  la  masse  ignée  centrale, 
il  était  inévitable  qu'un  soulèvement  de  celle-ci,  s'il  avait  lieu,  ae 
produisit  à  peu  prêt  suivant  Taxe  du  bassin  ;  et  c'est  ce  qui  est 
arrivé.  Ainsi,  toute  la  moitié  sud  du  bassin  a  été  soulevée  au- 
dessus  de  sa  position    primitive;  comme  cette  seconde  moitié, 
ainsi  que  je  l'ai  dit,  ne  s'observe  plus  actuellement,  et  njême  qu'il 
n'en  est  resté  d'autres  vestiges  que  quelques  lits  peu  épais  de  cal- 
caire carbonifère,  il  a  fallu  qu'au  soulèvement  succédât  un  autre 
cataclysn^e  d'une  tout  antre  nature,  qui  pût  ratisser  et  balayer 
toute  la  niasse   soulevée.   Pour  comprendre  la  nature  de  ce  cata- 
clysme, qui  a  déterminé  la  fhj  de  la  période  houillère,  il  faut 
observer  «jue  la  si^rface  du  terrain  houiller  qui  a  été  conservé  est 


i 


* 


20  BtAlfCI    DU    h    ROTKMBKI    i8( 

remarquablement  unie  dans  tout  son  dévelo 
sente  seulement  une  pente  douce  de  1/500* 
arant  le  passage  du  cataclysme,  elle  devait  au 
d'assez  grandes  irrégularités.  Elle  avait  en  € 
fluence  des  commotions  intérieures  de  la  masse 
maints  endroits,  on  trouve  les  faisceaux  des 
plissés  en  forme  de  V  ou  de  W,  ayant  la  point 
haut;  et,  à  celles  qui  ont  la  pointe  en  haut 
surface  houillère,  tout  Tangie  supérieur,  tout  et 
du  niveau  général  a  été  rasé  et  enlevé,  et  roii 
*         f  d'autre  les  deux  branches  qui  étaient  autrel 

peut  donc  pas  admettre,  même  à  la  simple  ii 
honiller  actuel,  que  sa  surface  ait  été  simplcni 
par  les  flots  d'une  mer  nouvelle,  qui  lui  nui 
remarquable  uniformité;  s*il  en  eût  été  ainsi 
déposé  dans  son  lit  une  couche  horizontale  foi 
terrain  houiller,  grès,  schiste  et  houille,  et  cett 
verait  encore  aujourd'hui,  tandis  qu'il  n*cn 
faut  donc  qu'un  torrent,  uu  déhi^^e  subit,  d'un 
tible,  se  soit  précipité  du  nord  vers  le  sud,  et  q 
la  surface  supérieure  des  terrains;  or,  l'arr 
\À  dévastateur,  démontrée  comme  je  viens  de  le 

^.'  relatifs  a  la  première  moitié  du  bassin,  suffil 

ui  comprendre  la  disparition  de  la  seconde  moi 

entière  être  charriée  et  emportée  dans  la  direct 
Sur  la  planche  (PI.  I)  qui  accompagne  cette  n 
du  bassin  houiller,  prise  à  trois  époqucs^différc 
dépôt  ;  2®  après  le  soulèvement  général  du  mid 
clysme  venant  du  nord,  et  par  conséquent  di 
abstraction  faite  des  morts  terrains. 
I  J'ai  dit  que  le  soulèvement  du  midi  du  bai 

I  base  de  mon  explication,  s'était,  eu  allure  géiiéi 

\i  à  l'ouest,  en  restant  à  peu  près  parallèle  & 

houillère.  Il  a  cependant  fait  par  rapport  &  cet 
flexions,  qui  ont  produit  les  effets  les  plus  imp 
qui  ne  constituaient  jusqu'à  présent  qu'une 
peuvent,  dès  que  l'on  admet  l'existence  du  gni 
midi,  se  comprendre  de  la  manière  U  plus  tâmi 
Il  y  a  d'abord  une  partie  du  bassin  sur  laque 
a  peu  empiété,  parce  qu'il  a  passé  beaucoup  m 
noo  loin  de  la  limite  sud  réelle.  Cette  partie,  p 
gueur,  mata  la  plut  large  et  la  plus  ridic  de  t 


NOTE    DK    H.    DORMOY.  27 

parce  que  les  couclies  y  possèdent  encore  leurs  deux  versants, 
constitue  le  bassin  du  couchant  de  Mons.  £n  son  milieu,  on  trouve 
les  couches  les  plus  grasses  de  toute  la  série,  qui  donnent  par  une 
coupe  horizontale  des  ellipses  fermées  :  ce  sont  les  Flénu,  et  de 
part  et  d'autre  des  Fléau  reparaissent  les  mêmes  couches,  dont  la 
qualité  gazeuse  va  toujours  en  diminuant,  soit  qu*on  marche  vera 
le  sud,  soit  qu'on  s'avance  vers  le  nord.  A  la  limite  sud  le  pendage 
est  au  nord,  et  à  la  limite  nord  il  est  tourné  vers  le  midi  ;  il  y  a 
ici  un  bassin  à  peu  près  complet;  les  veines  les  plus  méridionales 
ont  été  seules  enlevées  par  le  soulèvement.  Si  Ton  marche  du  côté 
de  la  France,  on  voit  à  la  frontière  même,  à  Quiévrain,  un  pro- 
montoire de  calcaire  qui  s'avance,  au  midi,  dans  l'intérieur  de  la 
bande  houillère  ;  il  y  a  ainsi  interruption  brusque  entre  les  par- 
ties sud  des  bassins  belges  et  français  ;  mais  les  parties  nord  sont 
en  parfaite  communication,  car  on  exploite  à  Beiiiissart  les  mêmes 
veines  qu'à  Fresnes,  et,  si  le   versant  nord  des  veines  n'est  pas 
encore  partout  reconnu,  c'est  un  fait  local  et  tout  à  fait  étranger 
au  soulèvement  qui  nous  occupe.  A  Quiévrain  et  à  Crespin,  ce  sou- 
lèvement a  donc  absorbé,  outre  la  moitié  sud  tout  entière,  une 
bonne  partie  de  la  moitié  nord  du  bassin  primitivement  déposé. 
A  mesure  qu'on  marche  vers  l'ouest,  on   le  voit  se  rapprocher 
davantage  de  Taxe,  c'est-à-dire  que  les  dernières  veines  qu'il  a 
respectées  sont  de  plus  en  plus  grasses.  A  Anzin,  elles  le  sont  plus 
qu'à  Saiut-Aybert  et  qu'à  Crespin  ;  à  Saint- Waast  plus  qu'à  Anzin  ; 
à  Denain  et  surtout  à  Douchy  plus  qu'à  Saint*Waast.  A  partir  de 
Doucliy,  le  soulèvement  s'est  au  contraire  écarté  de  l'axe;  à  Aniche 
et  à  r£scarpelle,  les  dernières  veines  connues  deviennent  moins 
grasses.  Le  Pas-de-Calais  est  moins  bien  connu  jusqu'à  présent;  on 
y  retrouve  cependant  des  veines  aussi  grasses  et  plus  grasses  que 
celles  de  Douchy,  et  comparables  au  Fléuu  ;  c'est  que  le  soulève* 
ment  s'est  rapproché  de  l'axe.  Mais,  en  continuant  à  marcher  à 
l'ouest  dans  le  Pas-de-Calais,  on  voit,  comme  tout  le  monde  le  sait, 
la  bande  houillère  actuelle  finir  en  une  pointe,  limitée  au  nord 
par  le  calcaire,  au  midi  par  le  terrain  dévonieu;  c'est  que  de  ce 
c6té  le  soulèvement  s'est  reporté  peu  à  peu  vers  le  nord,  et  que, 
empiétant  ainsi  de  plus  en  plus  sur  le  bassin,  il  a  fini  par  l'absor- 
ber entièrement  et  par  aller  se  jeter  dans  le  calcaire  carbonifère 
du  nord,  aux  envîrootde  Fléchinelle.  Le  bassin  boui lier  disparaît 
donc  complètement  en  ce  point;  il  reparait  en  partie  un  peu  plus 
à  l'ouest,  à  Hardingbein^  dont  il  faut  évidemment  rattacher  le 
gisement  au  grand  basrin.  Il  est  même  possible  qu'il  se  trouve 
encore,  entre  J'iéchinelle^ et  la  oôte  do  la  Manche,  diren  points 


l 


vl 


28  SftANCI    OU    à    NOTEHBRB    1 

sur  Icsquek  la  partie  nord  du  Ixissin  subsist 
ou  moins  grande.  L'interruption  apparente  c 
ne  doit  donc  pas  être  considért'^e  connue  de 
décourager  les  recherches  qui  se  font  vois 
nient  ces  recherches  sont  rendues  didiciles 
santé  des  morts  terrains,  dont  rabsence  prc 
dans  le  bassin  du  couchant  de  Mons,  s  ajou 
richesse  du  gisement. 

Si,  en  parlant  de  Mons,  on  se  dirige  ver 

cher  vers  l'ouest,  on  voit  des  faits  analogue 

t  du  soulèvement  pénètre  bientôt  de  plus  ei 

de  la  bande  houillère,  et  se  rapprociie  de  s 
dépassé  a  Gharleroi,  et  qu'elle  dépasse  égal 
la  Prusse  rhénane  ;  les  oscillations  qu'elle  f 
réservent  seulement  des  veines  plus  ou  moi 
sud.  La  planche  1  indique  en  plan  la  c 
le  soulèvement  a  suivie  par  rapport  à  l'axe 
bassin. 

Les  terrains  calcaire  et  dévonien  dont  1 
midi  du  bassin  houitler  ne  s'enfoncent  pas 
légèrement  inclinés  au  midi,  et  le  terrain 
^  eux  ;  c'est  ce  qui  fait  qu'on  a  souvent  su 

Jp  France,  soit  en  Belgique,  et  notamment 

'i  Qniévrechain,   recoupé,   avant  le   terrain 

'\  dévoniens  et  le  calcaire  carbonifère,  qui  g 

inférieur,  et  dont  la  présence  a,  sur  di 
abandonner  trop  tôt  les  travaux  de  recher 
inclinaison  est  variable  d'un  point  a  l'au 
pour  que  je  puisse  l'indiquer  ici. 

Parallèlement  à  la  ligne  du  soulèvement 
sud  du  bassin,  et  à  une  distance  de  4000 
limite,  on  a  constaté,  en  France,    dans 
houiller,  une  immense  cassure  qui  Interrot 
i^  tions  ;  elle  a  été  suivie  depuis  Anzio  jusqu 

|E  sur  20  kilomètres  de  longueur  de  l'est  à  l'o 

^F  mineui's  sous  le  nom  de  cmn  He  reioiur; 

démarcation  entre  les  houilles  grasses  et  di 
On  pourrait  encore  citer  au  sujet  de  ce 
ment  diverses  particularités  ;  mais,  afin  d< 
détails  trop  minutieux,  je  me  bornerai  à 
relief  actuel  du  sol  rappelle  encore  sa  pot 
partie  de  son  parcourt.  En  effet,  TSlçaut  au 

li' 
II 


"7 


ï 


T- 


I , 


i 


t 


NOTH   Dtt  M.    DOltMOY.  20 

Bouchain  en  marchant  vers  le  nord,  pour  aller  passer  à  Touriiay, 
ville  également  placée  dans  la  direction  du  nord,  se  détourne 
brusquement  à  Test  un  yieu  après  Bouchain,  précisément  au  point 
où  il  coupe  la  limite  actuelle  du  bassin  houiller,  et  fait  dans  cette 
direction  an  coude  considérable  sur  Valenciennes  et  Gondé,  sui- 
vant exactement  entre  Boucliain  et  Valenciennes  la  trace  du  sou<>- 
lèvement  du  midi.  C'est  qu'en  effet  ce  soulèvement  a  dû  produire 
une  assez  forte  dénivellation,  qui  s'est  continuée  même  après 
Tenlèvement  de  la  partie  supérieure  du  bassin  ;  et  le  dépôt  des 
morts  terrains,  qui  est  très  uniforme,  et  qui  n'a  que  80  mètres 
d'épaisseur,  n'a  jamais  fait  complètement  disparaître  cette  diffé- 
rence de  niveau  ;  les  eaux  de  l'Escaut  ont  pro6té  du  pli  du  terrain 
pour  se  creuser  un  lit,  qu'elles  ont  suivi  sur  une  longueur  de 
16  kilomètres.  Il  en  est  de  même  de  la  Sambre  et  de  la  Meuse 
entre  Gharleroi  et  Liège;  le  cours  de  ces  rivières,  parallèle  à  l'axe 
du  bassin,  s'est  conformé  à  la  direction  que  lui  traçait  le  soulève- 
ment du  midi. 

Puisqu'il  est  démontré  qu'on  ne  possède  dans  tout  le  pays  qui 
s'étend  entre  la  Prusse  rhénane  et  le  détroit  de  la  Manche, 
Mons  excepté,  que  la  moitié  du  bassin  houiller,  et  puisque  la 
seconde  moitié  a  été  balayée  et  emportée  vera  le  midi,  on  est 
naturellement  poité  à  se  demander  s'il  est  possible  de  retrouver 
cette  seconde  moitié  dans  cette  direction,  et  suivant  quelles  règles 
on  devrait,  pour  y  parvenir,  échelonner  les  travaux  de  recherche. 
Je  m'occupe  actuellement  de  cette  question,  qui  présente  la  plus 
haute  iniportance  industrielle  ;  si  j'arrive  à  quelques  résultats 
satisfaisants,  j'aurai  l'honneur  de  les  soumettre  à  la  Société. 

M.  J.  Delanoûe  a  ajouté  : 

Si  l'on  étudie  le  bassin  houiller  du  nord,  sans  se  préoccuper 
d'aucune  théorie,  on  reconnaîtra  que  les  faits  cités  par  IVI.  £.  Dor- 
moy  sont  parfaitement  exacts  et  qu'ils  corroborent  ce  qu'en 
avaient  dit  les  savants  auteurs  de  la  Carie  géologique  de  la  France, 
Non  seulement  le  terrain  houiller,  mais  tous  les  terrains  paléo- 
zoiques  indistinctement,  ont  été  comprimés  latéralement,  plissés, 
soulevas,  puis  nivelés,  et  pour  ainsi  dire  rabotés  postérieure- 
ment. Il  est  difficile  de  concevoir  que  toutes  ces  roches,  tantôt 
si  tendres  et  tantôt  si  dures,  aient  pu  être  toutes  tranchées  auasi 
borixontalement  par  des  actions  faibles  et  lentes;  les  roches  tendres 
cuasent  été,  daoa  ce  cas,  entamées  bien  plus  que  les  roches  dures. 
Or,  on  n'obierve  rien  de  pareil  Ainsi,  au  contraire,  le  terrain 


/ 


»: 


II 


I 


i,- 


; 


10  StANCI   DO    A    IfOTIlIRRB    4< 

laouiller  9Î  élevé  du  borinage  a  été  plus  resp< 
dévoiiiens  des  environs.  Une  action  violente 
expliquer  bien  mieux  la  tranche  nettenier 
diverMS  roches  si  tourmentées  au-dessous. 

Les  lambeaux  de  poudingue  triasiquc  dép 
zoatales  en  Artois,  à  Stavelot  et  dans  l.i  1 
offrent  tous  les  échantillons  et  les  débris  de  a 
si  nettement  rasées. 

La  puissance  énorme  de  ce  poudin{];uc  i 
remarquable  de  ses  cléments  nous  révèlent 
vements  de  transport,  et  son  dépôt  nu  sud- 
semblc  indiquer  la  direction  du  courant. 

M,  E.  Dormoy  me  paraît  donc  avoir  raiso 
lement  des  terrains  paléozoïques  à  une  se 
transport  violent  d'une  masse  d'eau  quelcoi: 

Stratigraphie  du  système  ooUthique  inféi 
Tournus  et  d^tne  partie  du  départenu 
ai^ec  que/fjiies  considérations  sur  la  dêl 
géologiques  ;  par  M.  Th.  Ebray. 

(  Celte  note  a  été  communiquée  le  3 

A  peu  de  distance  au  nord  de  Mâcou  ( 
oolilhiquc  se  développer  au-dessus  des  calca 
Ammonites  bnllntus  et  au-dessous  des  marnes 
zelayi,  Mufchisoni).  Ce  premier  augmente  ra 
en  se  dirigeant  vers  Tournus.  Les  marnes  ar] 
fissiles  dont  nous  avons  constaté  Ténormc  d( 
diminuent  graduellement  de  puissance  ;  le 
giqueS|  qui  nous  ont  pennis  d'établir  ui: 
entre  les  dépôts  de  cette  dernière  localité  et 
de  la  Nièvre,  s'atténuent  de  plus  en  plus.  C 
au  milieu  des  marnes  à  Pholadomyes,  quel 


(I)  Voir  pour  la  composition  du  système  o 
départements  du  Cher,  de  la  Nièvre,  da  RbO 
Micon,  t.  XYI,  t.  XYli,  t.  XVill,  Sêêt  la  corn 
terrains  du  Mont- Dore;  Note  sur  la  eomposH 
tons  de  Mdcon;  Stratigraphie  du  système  • 
département  du  Cher;  par  Th.  Ébray. 


IIOTB    Dl    H.    fiBRAY.  31 

calcaire  conchoidal,  parfois  lithographique;  c'est  au  milieu  de 
ces  bancs  qu'appai*ait  une  petite  Huître  voisine  de  VOsirea  ampulla 
qui  se  rencontre  aussi  â  ce  niveau  dans  d'autres  localités;  celte 
dernière  H uUre  est  associée  à  VOsirea  costata.  A  la  partie  sui>é- 
rieure  de  ces  dernières  couches  se  montrent  vers  le  haut  quelques 
polypiers  et  une  nouvelle  assise  de  marnes  au  milieu  de  laquelle 
se  rencontrent  encore  quelques  exemplaires  de  Pholadomyes  (P. 
Fezeiayi  et  Murchisoni),  Cette  succession  se  termine  par  une  épais- 
seur assez  forte  de  calcaires  sublamellaires,  dont  la  partie  supé- 
rieure a  été  perforée  (1).  Ces  assises,  quoique  fort  puissantes, 
correspondent  aux  calcaires  sublamellaires  des  environs  de  IVldcon, 
car  on  peut  les  suivre  sans  interruption  depuis  cette  localité  jus- 
qu'à Tournus.  Au-dessus  du  banc  peiforc  s'observe  déjà  à  quelques 
lieues  uu  sud  de  cette  dernière  ville  une  nouvelle  série  de  bancs 
sublaincllaires  pétris  de  bryozoaires  avec  argiles  ferrugineuses 
subordonnées  ;  ces  bancs  correspondent  aux  calcaires  à  Ammonites 
mncrocephalus  de  Mdcon  et  aux  argiles  sur  lesquelles  reposent  les 
calcaires  à  A,  coronatns.  Comme  nous  le  vcri*ons  plus  loin,  ces 
premières  assises  deviennent  de  plus  en  plus  calcaires  vers  le 
nord,  et  tendent  à  prendre  le  faciès  des  couches  désignées  par 
les  géologues  de  la  Côte-d'Or,  sous  le  nom  de  cornbrash. 

Au  milieu  des  bancs  supérieurs  à  la  surface  perforée  se  remar- 
quent deux  ou  trois  niveaux  de  grandes  Huîtres  identiques  avec 
celles  que  nous  avons  déjà  signalées  au  nord  du  département  de  la 
Mièvre  (2)  et  avec  celles  que  nous  signalons  dans  le  cornbrash  de  la 
Gôte-d*Or.  Li  disposition  des  couches  du  système  ooliihiquc  infé* 
rieur  des  environs  de  Tournus  peut  s'étudier  en  suivant  la  route 
de  Tournus  à  Saint-Gengou  et  le  chemin  vicinal  de  Tournus  h 
Osenay. 


(4)  L'usure  et  la  perforation  de  la  partie  supérieure  du  greitt  ooUthe 
ont  été  constatées  déjà  par  Aie.  d*Orbtgny  [Cours  du  paléontologie). 

(t)  Étude  de$  modifications  de  l'étape  callopien^  et  prenne  de 
texistenee  de  cet  étage  aux  env'ront  dt  Chdtelcensoir ;  par  Tb. 
Èbny. 


1.  Onlra(,*>luir*»lIlli^aci  < 
I.P.[|»  «■»..»•  d.cor.tr.(  (5 
S.  Elan  sibiMm  (W  •»!•■). 
t.  Kclli><ii}r«k((OiDêVt». 


l 


11.  CittI  (10  iB 


ce  Hlllrt  lluiltei  (4 
I,»  (10  mil>«). 

ItU   Bit.».). 

«tta  (tO  Btlni). 


En  quittant  Tournus  et  en  se  dirit;eant 
bordent  la  rivière  de  la  Saône,  on  rencontre 
lien  (OU!i  forme  d'un  calcairu  litlio^phïqu< 
de  dessous  ce  premier  éta{;e,  l'oxfnrdu'n  n 
dilalala,  Trigonia  clnvellata.  Diplopndia  dept 
étage  est  plus  argileuse  v\  contient  l'^mmo/i/f. 
r.^.  cordatus,  j'dnéral entent  fort  petits  et  qu 
en  sulfure  de  fer.  L'étage  callovien  occupt 
coteaux,  et  se  compose  d'un  calcaire  jauD< 
contenant  beaucoup  de  fossiles  [Ti^rebraiula 
Chaupiniiina,  R/iynr/ionell/i  >pathica,  Fitchei 
eoronalas,  et  une  asacT.  grande  quantité  df 
marnes  k  Jinmoiiiln  macrocephalus  que  non 
brash,  et  qui  contiennent  une  faune  tranwloî 
truites  par  les  accident*  si  rat  i  graphiques  c 
viennes;  cllesn'nfflcurent  pas  partout  ei  lean 
toujours  faciles  à  miûr. 

A  l'est  des  carrières  de  la  route  de  SaÎD 


IIOTB    DB    M.    ÉBKAT*  3 S 

inaroes  à  Phohidomya  Vizelayi  lecouvi'ir  les  calcaires  oolithiques; 
vcrsTouesti  au  contraire,  les  mêmes  calcaires  reposent  sur  les  cal- 
caires marneux  à  Ammonites  bullatus  et  J,  arbust/gerus^  qui  eux- 
mêmes  sont  superposés  au  ciret  (terre  à  foulon). 

Le  calcaire  à  Entroques  avec  son  cordon  ferrugineux  suppoite 
la  série  précédente  ;  mais  une  faille  profonde  dont  les  pai*ois  sont 
incrustées  d'une  croule  ferrugineuse  interrompt  subitement  la  suc- 
cession en  mettant  ces  dernières  couches  en  contact  avec  l'étage 
corallien  qui  se  présente  ici  sous  forme  d'un  calcaire  oolithique 
à  oolitlies  oviformes  reposant  sur  les  calcaires  marneux  du  même 
étage.  La  dénivellation  de  la  faille  est  facile  à  calculer  ;  elle  donne 
une  dénudation  minima  qui  est  de  près  de  300  mètres,  en  admet- 
tant les  épaisseurs  indiquées  sur  la  fig.  1 . 

L'étage  callovien  et  les  marnes  à  Ammonites  macrocephalus 
avec  bancs  sublamellaires  affleurent  dans  les  déblais  du  chemin 
vicinal  de  Tournus  à  Orsenay  et  le  long  du  sommet  du  coteau 
situé  à  l'ouest  de  la  Saône  où  l'on  peut  constater  avec  facilité  que 
les  marnes  précédentes  avec  Holectypus,  Nucleoiites  clunicularis^ 
Coilyrites  ellipticus^  Ammonites  macrocephalus^  etc.,  reposent,  de 
même  que  leurs  bancs  couverts  d'Huities  et  pétris  de  bryozoaires, 
sur  la  surface  perforée  de  la  gi*ande  oolilhe. 

En  remontant  la  vallée  de  la  Saône  à  partir  de  Tournus  on  voit 
la  partie  supérieure  du  système  oolithique  inférieur  se  maintenir 
avec  les  mêmes  caractères  minéralogiques  et  paléontologiques. 

Le  massif  oolithique  si  puissant  qui  se  développe  à  Tournus 
immédiatement  au-dessus  du  calcaire  blanc  jaunâtre  à  Ammonites 
bullatus  diminue  d'épaisseur  et  se  transforme  peu  à  peu  en  un 
massif  suboolithique  et  conchoïdal  qui  repose  sur  la  terre  à 
foulon  (ciret)  à  Ammonites  Païkinsoni.  Les  calcaires  fissiles 
des  environs  de  Mâcon  continuent  à  s'amoindrir;  leur  aspect 
minéralogique  change  aussi,  car  ils  deviennent  peu  à  peu  plus 
calcaires  et  plus  solides  ;  il  se  développe  au  milieu  de  ce  massif 
des  bancs  d'épaisseur  variable  de  calcaire  lithographique  ou 
compacte  séparés  par  des  couches  marneuses.  A  mesure  que  ce 
calcaire  se  développe,  les  fossiles  des  stations  vaseuses  disparaissent; 
IcB  Pholadomya  Fezelayi,  Murchisonî,  etc.,  ne  s'aperçoivent  plus 
que  dans  les  couches  marneuses  subordonnées  aux  calcaires. 

Les  bancs  qui  reposent  sur  les  raarnesà  Pholadomyes  prennenti 
en  se  dirigeant  vers  le  nord,  une  texture  plus  oolithique  et  moins 
sublamellaire,  les  perforations  des  bancs  supérieurs  persistent,  mais 
elles  deviennent  plus  profondes,  et  la  roche  prend  un  aspect  dési- 
gné par  les  géologues  de  la  Gôte-d'Or  «ous  le  nom  de  ruinijorme. 
So€,  géol,f  2*  série  y  tome  XIX.  3 


1 


I 


\ 

■     9 

il 


S9  StAlfCB    DU   à    IfOVBHBRI 

disparaître  totalement  en  ne  présumant 
bancs  fort  minces  d  argile  dans  lesquels  se 
bratules  (Terebratula  pnla  et  Chauvi  niant 
YOstrva  costata.  M.  Guillebot  de  Nervillc 
système  oolithique  inférieur  jusqu'à  Lyon  à 
de  Saône-et-Loire  et  faute  d'avoir  constaté  I 
oolitlie  de  Tournus  au-dessous  des  marnes 
dessus  des  calcaires  blancs  jaunâtres  à  Ammi 
la  terre  à  foulon,  a  mal  inter|)rété,  à  notre 
couches  qui  affleurent  sur  les  versants  de  1: 
,  y   ^  Croix.  Sa  carte  géologique  de  la  Cole-d'Oi 

^  caire  à  Ëntroques,  la  terre  à  foulon  (1),  Icî 

supérieurs  à  la  terre  à  foulon  dans  le  cale 
calcaires  à  Pboladomyes  seraient  alors  les  c 
à  foulon,  et  le  calcaire  oolithique  supérieur 
l'équivalent  de  la  grande  oolitlie. 

Ce  qui  a  contribué  à  engager  M.  Guillebot 
cette  interpréUtion  est  l'opinion  erroné 
Pboladomyes  de  la  Boui-gogne  et  du  déf 
représentent  la  terre  à  foulon  ;  ce  que  nous  a 
travail  sur  les  poudingues  tertiaires  et  sur 
surtout  les  relations  des  calcaires  à  Pholad< 
oolithe  de  Tournus  suffisent  pour  assigner  à 
leur  véritable  place. 

Vei-s  le  nord,  dans  la  direction  de  Beaune, 
de- la  grande  oolithe  disparaissent  de  plus  e 
Pboladomyes   deviennent    compactes  et  ca 
grise,  la  cassure  est  coneholdalc  et  les  bancs 
de  strates  qui  conservent  pnrfois  une  npparei 

Aux  environs  de  Gliassagnc  les  calcaires 
cette  partie  de  l'étage  hatlionien  ont  consen 
forte.  Ils  ont  été  assimilés  à  la  terre  à  foulon  | 
de  la  Côte-d'Or  (2).  Au  nord  de  Deaune,  l\ 
seule  peut  déterminer  la  position  du  Bradfor 


(4)  La  terre  è.foulon  occupe  à  la  mootagi 
1*^  affleurement  d*une  très  faible  étendue;  celé  s 

car  dans  tous  les  massifs  disloqués  les  systèmes 
1  fort  réduits  sur  les  affleurements. 

(?}  Je  dois  faire  remarquer  que  dans  la  earte  d 
lation  des  marnes  à  Pholadomyes  à  la  terre  à  fc 
lesgèologues  à  confondre  les  bancs  correspondin 
avec  le  calcaire  à  Bntroqnes. 


NOTB   DE    M.    ÉBRAY.  35 

fvas  cherché  à  éludior  d  une  inaiiière   )>Uis  spéciale.   Sur  le  lias 
repose  le  calcaire  à  Eiilroques.  Le  calcaire  à  Fucokles  est  ici  coiisi- 
dérahlemtut  réduit;  cependant  od  le  reconnail  encore  au  pied  de 
la  moQlagiui  des  Tiuia-Groix  par  ses  empreintes  de  Fut»ldet>et  par 
son  faciès  qui  difiere  de  celui  du  calcaire  à  Entroqiics.  Le  calcaire 
à  polypiers  qui  surmonte  ce  dernier  massif  parait  être  remplacé 
par  uu  calcaire  j!k  cassure  conchoïdale  qui  présente  à  sa  partie  supé» 
rieure  quelques  parties  fortement  rubigineuses.  Au-deistis  vient 
le  cîret  eous  forme  d'une  argile  grise  avec  quelques  AmmonUet 
Parki/tsofii  et  Tertibiatula  spharroitialh ;  le  hanc  percé  par  les  litho- 
pliagcs  parait  se  maintenir;  il  est  vrai  que  je  ne  Fai  pas  rencootrë 
en  place;  mais,   à  la  partie  supérieure  de  ces  assises,  on  voit 
quelques   pierres  perforées   et  couvertes  de  Serpules  ;   ce  banc 
est  en  général    fort  difiBcile   a   trouver  dans   une  position   très 
régulière  au  milieu  d*un  ensemble  de  strates  incliné  et  quel- 
quefois disloqué  ;   à   Touest  du  Morvan,  des  failles  puissantes, 
mais  éloignées  les  unes  des  autres,  séparent  des  lambeaux  dont 
les  strates  ont  conservé   leurs  positions  relative»;  à  Touest  d< 
ces  montagnes,  au  contraire,  les   mouveindnul  géologiques,  qui 
se  sout  néanmoins  produits  à  la  même  époque»  furent  probable- 
ment plus  gênés,  et  c'est  pour  ce  motif  que  les  failles  sont  moins 
profondes  et  plus  multipliées.  Au-dessus  de  la  terre  à  foulon 
vient  un  massif  puissant  de  calcaire  oolitbique  et  conchoSdal  qui  = 
correspond  aux  calcaires  marneux  à  Ammonitei  btiUaitu  et  aux 
calcaires  oolitbiques  de   Tournus,  et  qui  supporte  des  strates 
marneuses  et  compactes  dans  lesquelles  abondent  encore  quelques 
fossiles  (Pholadomya  Fezelayif  Murchisoni^  TerebrattUa  perovaiis, 
buliatUf  Coliyrites  o9aUs.)  Toute  cette  série  se  termine  par  une 
masse  épaisse  de  calcaire  oolithique  dont  la  partie  supérieure  esC 
perforée  (couche  2  de  la  coupe). 

Le  sommet  de  la  montagne  desTrois-Croix  est  occupé  par  ces  der- 
niers calcaires  \  et,  comme  les  couches  plongent  vers  la  Saône,  on 
rencontre,  sur  la  montagne  voisine,  un  peu  moins  élevée,  la  partit, 
supérieure  surmontée  de  calcaires  sublamellaires  avec  nombreux 
bryozoaires;  ces  calcaires  se  délitent  en  plaques  nommées  laves 
par  les  habiunts.  La  position  de  ces  calcaires  qui  offrent  peu  de 
fossiles  nous  autorise  à  les  assimiler  ans  calcaires  sublamellaires 
qui  surmontent  le  banc  perforé  des  enrirons  de  Toumus  ;  nous 
savons  que  ces  bancs  sublamellaires  commencent  à  se  développer 
au  milieu  des  marnes  à  Ammonites  macrocephalus^  un  peu  au  sud 
de  cette  dernière  localité  ;  entre  Toumus  et  Santenay  les  bancs 
du  cornbrasli  se  forment  aux  dépens  des  maines  qui  finissent  par 


f 


I 

■I 

h 


i 


I. 


I 


B8  SÉANCE    DU    A    IfOVElIRlK 

de  la  (grande  oolithe,  assimilée  iii  Hrailfoi 
terre  offre  un  massif  beaucoup  plus  import 
de  cornbrasli  à  laquelle  les  Anjjl.iis  u*a(i 
puissance:  c'est  que  les  marnes,  dites  du  H 
places  dans  le  centre  de  la  Côte -d'Or  par  i 
synchronique  de  calcaire. 

L'ensemble  de  la  grande  oolithe  de  ce  d 
souvent  dëpounru  de  fossiles,  (*t  les  liorizc 
bien  déterminés  dans  le  Cliir,  dans  Snû 
Nièvre  ont  disparu,  f^s  céplialopoilcs  s  cila 
disparaissent  les  acéphales,  les  écliinoderni 
podes  qui  recherchent  les  mers  profondes 
que  les  mers  qui  ont  déposé  les  sédiments  ca 
occupons  étaient  fort  profondes  dans  la  Côt 
certain  qu*ici,  comme  ailleurs,  les  riva;;es 
minables  se  trouvaient  en  arrière  de.s  affl 
combe  de  Ghambœuf  permet  de  relever  une 
de  type  pour  le  centre  du  département  de  1 

Coupe  (les  envimns  de  Cm 
Fio.  4. 


.£^2^2ll2^^^^Li^^*^^^^^ 


I.  OiJordMn  ■Mi««as. 

S.  Ooliih*  o&furdi«ou«,  avec  minanid*  f«r  m\A\ 
1,1  Sb  Bases  sulilaiiMlUim,  •▼•«  bryosoalrM  (brtt 

V*  4.  Banc*  épaii  de  calcalrM  conpMtM  ou  ooUlhk 

\  5.  Bancs  compaclei,  avac  flicfèa  «■  pfti  plw  «rfl 

Bradford-claj). 
I  0.  Bsncf  plus  épais  d«  calralie  à  eaaaar*  eo'oc 

.  SQliooJithiquaa(grMi  ooUUm). 

7.  Lithopbages. 


jt- 


A^T«rne  jà.foi^loa  (mames  \  Ostr»m  semmimmim) 


J.  Cordon  farruftineux. 
fO.  Gnleaira  i  polypion. 
11.  Calcaire  à  Eotroquaa. 
m.  H.  —  p,  f .  Perforations. 


NOTK    DB    M.    ÊBRAT. 


87 


cette  voie  Je  reclicrclie  qui  pcriueUra  d'assigner  au  milieu  du 
puissant  massif  calcaire  du  centre  du  département  de  la  Côte  d'Or 
la  place  qu'occupent  les  strates  qui  correspondent  aux  calcaires 
luarncux  et  fissiles  que  nous  allons  abandonner.  Ces  derniers  cal* 
caires  seront,  avec  un  peu  d'attention,  reconnaissables,  même 
dans  les  lieux  où  le  faciès  compacte  et  oolitUique  prédomine,  par 
leur  stratification  plus  fissile,  par  l'existence  des  bancs  calcaires 
compactes  d'une  texture  conchoïdule,  lithographique  ou  marneuse. 
On  relève  entre  Chassngne  et  Beaune  la  coupe  théorique 
suivante  : 

Fie.  s. 


c.y  v^y^7  7 


I.  r.oriil>ra»h,  lare. 

t.  Ciilraira  oolilhîqut  el  coorboïdaU 

7*.  Ciilraires  compacte*,  avec  Mimoes  fiuilei  à  Pholadomyet, 

4.  Culcaire  CAncboîdal  en  bancs  tfpaU. 

Xt,  LtUiopbages. 

6.  Terre  à  Toulon,  avec  Oêirta  acuminmlm, 

7.  Cordon  fermciDcux. 
s.  Calcalic  à  poTyidcri. 
9.  Oalcairea  à  EntroqiMW. 

10.  Lias  supérieur. 
m.  m,  l'icne  perforét . 
p,  tj,  Lt<boplia|M« 

Les  calcaires  compactes  et  fissiles  prennent  en  se  dirigeant  vers 
Dijon  un  faciès  de  plus  en  plus  compacte,  et  c'est  à  peine  si  Ton 
parvient  à  distinguer  là  place  que  doivent  occuper  les  systèmes 
argileux  ou  marneux  de  Tëtagc  bathonien.  La  paitie  supérieure 
de  la  grande  oolithe,  de  même  que  la  partie  inférieure,  se  présente 
entre  Beaune  et  Dijon  avec  des  bancs  beaucoup  plus  épais  et  sou-* 
▼ent  oolitkiques.  On  conçoit  donc  pourquoi  M.  Guillebot  de 
Nerrille  ne  s'est  pat  occupé  dans  sa  légende  de  la  partie  argileuse 


\\ 


ko  SiAKCI    DU    à    rVOVBMURE 

correspondent  par  leur   position  à  l\K}lii 
oolithé)  et  au  calcaire  blanc  jaunâtre  à  ./.  ^ 
slaies);  ils  reposent  ordinairement  sur  la 
phases  qui  a  échappé  dans  ces  lieux  à  mon 
sans  doute  doit  exister,  ici  comme  ailleurs.  Ii 
la  combe  de  Chambœuf  et  en  se  dirigeant  vi 
bientôt  la  terre  à  foulon  peu  épaisse  reposan 
gineux  suivi  du  calcaire  à  polypiers  et  du 
qui  ont  été  mis  à  jour  par  une  série  de  c> 
disparaissent  à  lu  base  du  calcaire  à  Eutroq 
Morey. 

Les  couches  s'affaissent  vers  Dijon  où  Toi 
les  calcaires  sublamellaircs  supérieurs  (( 
jimmonitcs  macroeephalus)  (1).  On  voit  rej 
de  cette  ville  Tétagc  callovien  réiluit  à  ui] 
calcaire  argileux  avec  Ammonitrs  coron titu%. 
eincta;  ce  calcaire  supporte  roolitlie  feriu|; 
fossiles  habituels  [Ammonites  cordutus^  bipU 
par  un  banc  endurci  au  milieu  duquel 
comme  dans  la  Nièvre,  la  trace  de  quelqi 
Ammonites  Lambcrti,  I^a  Tcrebrotula  unibot 
jusqu'ici  toujours  rencontrée  à  la  partie 
callovien,  se  trouve  aux  environs  de  Dijon  ; 
de  l'oolithe  ferrugineuse  oxfordienne;  ce 
d'autres,  s'explique  par  la  théorie  que  j'ai  d 
des  couches  ferrugineuses  [Bulletin,  t.  XVII 

L'étage  callovien  se  termine  donc  à  une  i 
Dijon  en  biseau  sur  les  couches  à  cornbrasi 
aux  environs  de  Beaune  ;  la  suppression  de 
stitue,  au  milieu  de  la  série  jurassique, 
important,  car  il  peut  servir  à  délimiter  Vé 
considérations  stratigraphiques.  chose  qu*A 
faite  avec  beaucoup  de  précision.  Il  résulte  c 
dance  que  l'étage  callovien  est  compris  ent 


(1  )  Le  corobrash  des  environs  de  Dijon  cont 
on  y  rencontre  cependant  de  grandes  Battre 
marnes  à  Ammonites  macroeephalus  ;  qaelqae 
des  Terebratula  pala  et  digona  ;  mais  cas  Um 
sottdre  la  question  do  synchronisme,  poiaqae  n 
des  marnas  à  A*  macroeephalus  est  une  laiini 
toire. 


NOTB    DB    M.    ÉBEàY.  30 

Cliainbœuf  est  bâti  sur  les  calcaires  lithographiques  delà  base 
du  coral-rag  ;  ces  derniers  se  lient  intimement  aux  calcaires  dii 
même  nature  de  l'étage  oxfordien,  siège  habituel  de  colonies  de 
spongiaires  qui  dans  cette  partie  de  la  Gote-d*Or  ne  sont  pas 
abomlants. 

Cette  première  sërie  de  couches  repose  à  l'entrëe  de  la  combe 
de  Ghamhœuf  sur  une  oolithe  ferrugineuse  très  riche  en  fossiles  ; 
on  y  rencontre  une  multitude  d'exempialresd'  ^  m  mon  i  tes  conlaiust 
biplex^  Henrki^  am/iitCMlatus^  Lalandtanus^  Pleurotomaria 
Munsttri,  etc. 

Au-dessous  de  cette  oolithe  ferru^jineuse  se  remarque,  sans 
r intermédiaire  d'autres  couches,  un  massif  assez  épais  de  calcaires 
sublaniellaires  qui  correspondent  aux  calcaires  de  même  natui*e 
déjà  constatés  aux  environs  de  Beaune,  de  Santenay,  de  Tournus, 
au-dessus  des  bancs  perforés  de  la  grande  oolithe. 

Nous  remarquons  ici  l'absence  bien  complète  du  Kelloway-rock 
dont  nous  avons  constaté  la  puissance  et  les  différentes  assises  aux 
environs  de  Mdcon  ;  cet  étage,  déjà  réduit  à  Tournus,  diminue  gra^ 
duellement  d'épaisseur  ;  mais  au  nord  de  Chàlon  il  disparaît  par 
suite  du  relèvement  des  couches  et  par  suite  des  actions  dilu- 
viennes. 

Puisqu'à  la  combe  de  Chambœuf  l'oolithe  ferrugineuse  repose 
directement  sur  le  cornbrash,  et  que' les  dernières  couches  corres- 
pondent aux  marnes  à  Ammonites  macrocephalusy  il  est  probable 
que  les  assises  calcaires  à  Ammonitex  coronatus  et  anceps^  avec  les 
couches  supérieures  à  A^  othleta^  se  terminent  en  biseau  entre  la 
montagne  des  Trois-Croix  et  Beaune  (1).  11  sera  sans  doute  inipos- 
sible  de  déterminer  exactement  la  position  de  la  pointe  du  biseau 
du  Kelloway-rock  (étage  callovien)  au  sud  de  cette  dernière  loca** 
lîté,  car  des  failles  profondes  interrompent  subitement  les  affleure- 
ments de  l'oolithe  moyenne. 

Les  laves  du  combrash  reposent  sur  un  massif  puissant  de  cal- 
caires compactes  ou  oolithiques  disposés  en  bancs  fort  épais  (forest 
marble);  au-dessous  viennent  des  strates  plus  minces  de  calcaires 
compactes,  qui  peuvent  être  assimilés  au  Bradford-clay,  et  un  autre 
système  de  bancs  fort  épais  de  calcaires  à  cassure  conchoïdale  pré- 
sentant quelquefois  une  texture  oolltbique.  Ces  derniers  bancs 

(4)  Dans  la  vallée  qui  aboutit  à  Pommard  on  voit  eoeore  roolithe 
fsrrugineuse  reposer  directement  sur  le  oombrash  qui  oooape  réguliè- 
rement la  fend  do  It  vallée  ot  dont  l'existeiioo  n'est  pas  si^oaléo  sur  la 
carte  de  la  Côte-d'Or. 


kt 


SÉANCI    DC    à    NOfBHHRE    1 


f  . 
4      # 


caractère  oolithique  ;  c'est  elle  qui  forme  le 
d'Andryes,  de  Chevroebes;  elle  corres|)o 
fores t  marble. 

L'étage  calloTien  continue  à  angnienler  de 
transitoires  du  cornbrash  reprennent  p/adue 
marneux,  et  avec  la  marne  reparaissent  les 
phnlus^  Hrrveyiy  Nucleoiites  clunicuiaris  [V 
nîtes  comnatus  tour  à  tour  marneusrs,  oolit 
se  développent  aussi  de  plus  en  plus,  et  ( 
Nevers  q^u'elles  acquièrent  leur  plus  grande 
lieu  à  de  vastes  carrières  qui  ont  à  plusieurs 
tion  des {;éolog[ues,  et  qui  ont  été  assimilées,» 
les  auteurs  de  la  carte  de  la  France,  k  rool 
d'avoir  suffisamment  tenu  compte  du  oarac 

Le  tableau  ci-joînt  donne  le  syncliix>nisme 
du  système  oolithique  inférieur  des  départ 
du  Rhône,  de  Saône- et- fx>ire  et  de  1*  Yonne. 

Après  les  remarques  stratigraphiques  que 
à  la  Société,  je  crois  devoir  lui  soumettre  qii 
tur  la  délimitation  des  bassins  géologiques. 
la  corincidence  des  affleurements  avec  les  côt 
a  été  tellement  prise  pour  un  fait  réel  et 
trouve  dans  un  ouvi*age  récent  les  lignes  sa 
»  pas  même,  le  long  de  ces  anciens  riv: 
»  aommes  plu  à  retracer,  des  accumulations 
»  dérables  que  celles  qui  sont  produites  pa 
»  nous  trouvons  quelques  faibles  représent 
»  tertiaire.  Le  silence  qui  régnait  dans  le  go 
*  même  troublé  par  un  bruit  comparable  à  c 

Cependant  quelques  phénomènes  déjà  < 
prémunir  contre  cette  délimitation  hasardé 
on  lit  dans  M.  Cotteau  [É taries  des  Érhtntu 
tentent  de  t  Yonne  )^  è  propos  des  mers  < 
débris  organiques  ont  été  si  bien  étudiés  par 
«  La  nature  des  sédiments  qui  s'accamuU 
»  combien  était  agitée  cette  mer  hérissée  d'^ 
tions,  estimées  à  100  mètres  de  profondeur, 

(4)  Étude  des  modifications  de  l'étage  ea 
étaffe  aux  environs  de  Chdtelcensotr^  par  Th.  1 

(5)  Hébert.  Les  mers  anciennes  et  iears  rh 

P«m(4  857). 


NOTE    DB    M.    fiBRAY.  Al 

nitcs  cordatus  et  les  marnes  à  Ammonites  macroccphalus  exclusi- 
vement; la  transformation  graduelle  de  ces  dernières  marnes  et 
leur  synchronisme  avec  les  bancs  sublamellaires  du  cornbrash 
rendent  la  nécessité  de  cette  délimitation  évidente  (1). 

Si  maintenant  nous  contournons  le  massif  du  Morvan  vers  le 
nord,  il  nous  sera  facile  de  constater  des  modifications  analogues 
â  celles  que  nous  venons  de  décrire  et  qui  se  rapportent  au  massif 
jurassique  inférieur  situe  au  sud  de  ces  montagnes;  la  description 
de  ces  modifications  allongeraient  sans  doute  inutilement  ce 
travail. 

Je  ferai  remarquer  cependant  qu'en  se  dirigeant  vei*8  le  dépar- 
tement de  r Yonne  la  partie  moyenne  de  Tétage  bathonien  qui 
n*offre  que  des  calcaires  dans  le  centre  de  la  Gôte-d'Or  reprend 
peu  à  peu  son  faciès  marneux  ;  les  Pholadomya  Vezelayi^  Murchi" 
sonif  Anatina  JE^ea^  Ccromya  striata^  se  manifestent  de  nouveau 
m  grande  profusion.  Les  parties  inférieures  qui  correspondent  à 
Toolithe  de  Tournus  perdent  aussi  peu  à  peu  Télément  calcaire  ; 
elles  deviennent  marno-compactes,  et  la  couche  fossilifère,  qui 
permet  de  recueillir  entre  IVlâcon  et  Tournus  et  entre  Yezelay  et 
Nevers  une  si  grande  quantité  de  fossiles  (Aîytiltu  Sowerbrnnus^ 
M.  asper^  Tercbratula  globata^  Holectypus  depressus^  Nuclcolites 
cluniculaiis,  Pygurus  dtpressusy  Pholadomya  Kczelayij  Anatina 
Aigea^  etc.),  se  développe  de  nouveau  en  formant  un  horizon  ou 
repère  géologique  important. 

La  base  de  Tétage  batlionieu  est  pailout  assez  constante  :  ce  sont, 
sur  loui  le  pourtour  de  ce  massif  granitique,  des  calcaires  blancs 
jaunâtres  plus  ou  moins  marneux,  avec  Ammonites  buUatus  et 
arbitsligcrns, 

La  terre  à  foulon  dont  nous  avons  remarqué  jusqu*ici  la  con- 
stance se  réduit  de  plus  en  plus  et  finit  par  disparaître  souvent 
en  entier  sur  les  limites  du  département  de  TYonne  et  dans  le  nord 
du  département  de  la  Mièvre;  c'est  cette  disparition  qui  est  la 
cause  de  l'assimilation  erronée  de  la  terre  à  foulon  aux  calcaires 
blancs  jaunâtres  marneux  de  de  Bonnard  qui,  comme  nous 
l'avons  vu,  correspondent  au  Stonesfield'Slates  et  à  la  grande 
oolitlie  (calcaires  â  Ammonites  bullatus  et  oolithe  de  Tournus). 

La  partie  supérieure  de  la  grande  oolithe  conserve  seule  son 


(I  )  Les  calcaires  &  msrnts  fissiles  ne  disparaissent  cependant  jamais 
an  entier  et  d*aos  manière  contiaoa,  car  on  coostata  partout  de 
distance  en  distance  des  afflearsments  qai  indiquent  la  présence  tou- 
jours fort  réduite  de  ces  marnes. 


'V. 

t 


■••■r 


\ 


d 


Butt.  de  la  Sac.  géoL^  l.  XlX,  i».  42. 


IHTOLOGIQ. 


tatns^  nit' 
Vrrebrmtuta 
loniteâ  ath- 


#,  Terebra- 
<i  (10  m  ). 


^^KMENT  DE  LA  COTE  D'OR 

(KMVIMONS  dp.    DIJON). 


CA  RACTàKR^QQIQUKj. 


Calciiires      ^ 
(10  ».)• 


*rocefihalus 


Argtltfs  Itleui 


Marnc«io»U/,g„y 
avec     nuni 
(14  m.). 


CAKACTiUI  PALÉONTOLOCIQ. 


Muiiqur. 


Munqiie. 


Gruudet  lluities,  Dryoso^im. 


m.). 


f/rtji,  caii- 
tlHnta,  Te» 
ncdiit^  Car- 


Culcairessab.^^,^^. 


soboruuiini  ' 


r,  Myliliu 
jtmmonites 
'iscus  ,  bi- 
»ctypus  de- 
titej  clnnl- 


Calcaiict  ool 


ri   rom- 


Foniles  rares. 


Peu  de  fussilft. 


Peu  de  fossiles. 


us,  arbusti- 


Id. 


Colcaires  m»  „..   ^^u. 


M. 


oit 


IJ. 


uomi^  irum-llllMnies. 


ipsli. 


Osirea  acnminnttt. 


Coidonfeirti 


Caloiires  k  E 


>is ,    Ostrea 


Calcaires  k  E 


,C»lcairet  à  f 


P«*a  de  fcM'ilet. 


Polypiers» 


Pecten  ,    Limn  probost  idea , 
etc. 


Pau  de  rotsiles. 


hi  StANCI    DU    à    NOVKMBIB    i8bl. 

tence  d*une  couche  ferru{];incuse  au-dessus  du  calcaire  à  £i: 
ques  prouve  qu*à  la  (iii  de  ces  dépôts  des  sources  se  sont  prodi 
à  travers  les  fissures  ou  les  failles  qui  se  sont  rouvertes  ou  agi 
<iies  par  suite  des  actions  [[ëologiques  plus  ou   moins  inten 
Un  système  marneux,  la  terre  à  foulon   se  présentant  aussi 
tout  le  pourtour  que  nous  étudions  avec  le  même  faciès  et  les  inéi 
fossiles,  surmonté  partout  par  une  couche  percée  par  les  iitl 
phage^  et  un  nouveau  cordon  ferrugineux  qui  présente  le  fer  tan 
tous  forme  compacte,  tantôt  sous  forme  oolithique,  semble 
diquer  une  continuité  dans  Tétendue  des  mers  qui  ont  formé  t 
dépôts. 

A  la  fin  de  la  formation  de  la  terre  à  foulon  ou  peut-être  méii 
pendant  sa  formation,  des  mouvements  assez  importants,  qui  ue 
sont  pas  fait  sentir  sur  tous  les  points  avec  la  même  intensité  • 
au  même  moment,  se  sont  manifestés  à  la  surface  de  la  terre.  I 
diminution  [^^raduée  de  cette  formation,  depuis  Lyon  jusque  dar 
le  département  de  TYonne  où  elle  disparaît  entièrement,  prouT 
que  le  sol  s*est  exhaussé  au  nord  ou  affaissé  au  midi. 

La  couche  percée  par  les  lilliophages  n'indique  pas  nécessaire- 
ment un  niveau  synchronique,  car  la  question  du  synchronisme 
absolu  me  parait  beaucoup  plus  complexe  qu*on  ne  le  ci'oit  géné- 
ralement. Pendant  la  formation  de  la  terre  à  foulon,  le  fond  de  la 
mer  sur  le  pouiiour  de  la  couche  peri'orée  s'est  rapproché  peu  à 
peu  de  la  surfare  des  eaux  :  ici  ce  fond  a  pu  être  arrivé  à  la  hauteur 
nécessaire  pour  Texistence  des  lithophnges  à  une  certaine  époque, 
là  à  une  autre  époque;  et,  comme  les  cires  qui  vivent  dans  la  mer 
sont  soumis  à  des  variations  lentes,  telles  que  migrations,  variations 
de  formes,  etc.,  la  couche  à  lilhophages  ne  doit  pas  partout  pré- 
senter exactement  la  même  faune,  puisqu'elle  ne  s*est  pas  formée 
partout  h  la  même  époque. 

A  l'appui  de  cette  dernière  asseition,  j*ai  constaté  un  fait  bien 
important,  à  mon  avis,  en  étudiant  tout  le  pourtour  de  cette 
couche  si  intéressante;  le  nombre  des  fossiles  hajociens  augmente 
en  nombre  à  mesure  que  l'épaisseur  de  la  terre  à  foulon  sousja- 
cente  diminue.  Ainsi,  aux  cnvironsdeNevers  la  couche  percée  con- 
tient, avec  des  fossiles  bajocieiis,  V  JnininnttrK  lin'^iiifmts^  Va.  nrbus» 
limeras ^  V/f.  subbakcriœ  ;  V  A*  bullutus  se  rencontre  immédiatement 
au-dessus;  tous  ces  fossiles  caractérisent  la  grande  oolithe,  et  nov 
savons  qu'à  Nevers  la  terre  à  foulon  a  une  forte  épaisseur  (30 
60  mètres).  Aussi  longtemps  que  cette  dernière  assise  se  mainti< 
à  cette  puissance,  les  mêmes  fossiles  se  décèlent  aussi  au  milieu 
la  couche  perforée  ;  aux  espèces   énumérces  ci-dessus  se  joigne 


ROTI    DK    ■■    SBBAV.  b& 

VJ.  ilisrut,  polymarphus,  NautUut  (aov.  tp.)  qui  le  retroitTeut  plut 
haut,  dans  les  bancs  à  Mytiliu  Soferbyaniu,  Maïs  à  mesure  que  la 
teue  à  (oulou  diminue,  comme  aux  envlious  de  Premery,  de 
Corrol  et  de  Varzy.r^./uUnAer/freit  remplacé  par  r^.iVuf-t</((Fr  ; 
Va.  bultaluî  ne  «e  leuconlre  qu'au  sein  des  calcaii-es  blanc-jau- 
ndtre,  et  l' J.  /î/iguiferus  disparait  de  même  que  l'A.  ditcus. 

Les  mêmes  phënomènes  s'observent  aux  environs  de  Mdcon,  où 
lu  banc  percé  par  les  litliopliages  est  séparé  du  calcaire  à  Eutroquet 
pai'  une  faible  épaisseur  de  terre  à  foulon.  La  faune  du  banc  percé 
par  les  lilhopUages  et  celle  de  l'oolitlie  ferrugineuse  sur  laquelle 
ce  banc  paraît  reposer  sont  presque  en  entier  bajocieiines.  On  ne 
I encontre  guère  que  trois  ou  quatre  fossiles  batlioniens,  parmi lc»> 
quels  se  trouve  le  Cnll)rtt<-i  ovnlis  {hicontatii»).  Après  le  mouve- 
ment ascensionnel  du  fond  de  la  mer  à  l'éiioque  de  la  terre  k 
foulon  et  sur  tout  le  pourtour  du  banc  perforé  [1],  un  pliénomtiie 
contraire  s'est  produit  après  la  formation  de  ec  dernier  banc;  let 
mers  se  sont  approfondies  e(  d'autres  êtres  innl  venus  les  peupler. 

Les  premiers  dépâts  qui  sunnoutent  la  terre  à  foulon  utarquent 
le  coinmencenient  de  la  grande  oolitlie.  (Nous  avons  vu  qu'il  eit 
possible  que  cet  étage  ne  se  soit  pas  formé  partout  au  même  ins- 
tant (3).)  C'est  surtout  à  pailir  de  la  gi-ande  oolitfae  que  des  clian- 
gements  importants  se  constatent  au  sein  des  dépdls  synrhro- 
niques,  et  la  distribution  du  système  ooli  tltique  inférieur  en  bassins 
n'est  réellement  importante  que  pour  la  partie  supérieure  et 
moyenne  de  ce  système. 

La  resseniblance  parfaite  de  la  grande  ooljtbe  et  du  Kelloway- 
rock  de  l'est  du  département  du  Cher,  dit  sud-ouest  du  départe- 
ment de  h  Nièvre  et  des  environs  de  Charolles  et  de  Mâcmi,  uoui 
démontre  que  ces  étages  se  sont  déposés  dans  des  mers  soumises 
aux  mêmesinnneiices.  Nous  rencontrons  II)  ellWl  partout,  à  In  base, 
des  calcaires  blaiic-jaiuiâtre  plus  ou  moins  nisrnuu»  contenant 
les  mêmes  fossiles  indiquant  des  mers  profondes;  lesoscillalions 
rapprochèrent  peu  i  peu  le  fond  de  la  surfaee  dis  eaux,  et  ce  fond 
s'est  trouvé  partout  dans  des  eirconstances  identiques  qui   ont 

(I)  II  est  difficile  de  savoir  si  le  sol  est  soulevé  ou  si  la  mer  a  dimi- 
nué de  profondeur  par  l'absissement  du  oïvean  des  eaui,  ou  mfime  si 
ces  deux  effets  as  se  sont  pas  produits  srmuIlBDêment. 

(2]  Je  dois  fsire  remarqoer  ici  qu'il  n'est  pas  nécessaire  d'admetirs 
l'anèsntissemeaLdes  faunes  aux  chsngemeots  d'étages  qui  sont  tout 
simplemsnt  le  risultat  d'oscillstioDs  du  sol  ;  lorsque  1  étage  bsibo* 
nien  •  succédé  à  J'éiage  bsjocieo,  les  nera  soQt  devenues  plus  pro- 
fondes, et  cette  ejrconstaoce  a  pu  inQuer  sur  la  forme  des  etnH  qui 
peuplaient  les  mars. 


I 

{ 


i6  SÊAlfCB    ht    à    NOVRHBIIR   * 

perm'iB  ^nx  IWytihis  Swvcrbynnus,  At,  « '/;/>« 
Ammonites  difcHs,  etc.,  de  st»  développer 
profondeur  des  mers  au{>menta  une  deuxù 
sédiments  vaseux,  les  Pholadouiyes,  les  F 
pullulèrent  de  nouveau  sous  une  profondeui 
qu'à  80  brasses. 

Comme  nous  l'avons  vu  dans  un  autre  tr 
présente  dans  le  bassin  vaseux  une  niénie  c 
giqne  et  les  mêmes  fossiles.  Après  une  t 
fond  des  mers  batboniennes  se  rapprocha 
cet  étage,  de  la  surface  des  eaux  ;  les  litliopli 
vrirent  alors  eu  grand  nombre  les  séciinu 
durcis;  puis  une  quatrième  oscillation  se  pi 
et  permit  aux  céphalopodes  de  reparaître  c 
fondes.  Cette  oscillation,  peut-être  plus  ni 
dentés,  fut  accompagnée  de  phénomènes  [;é< 
des  fissures  se  formèrent  et  donnèrent  nais! 
rugineuses  qui,  en  se  répandant  dans  les  eau 
qui  peuplaient  les  mers;  de  là  les  couches  ( 
si  peuplées  de  fossiles  de  tout  âge  et  de  to 
nHirmrrphûltLff  CoHyritex  rWpticus^  etc.). 

Pendant  tont  Tétage  callovien  les  eaux  n 
conditions;  des  céphalopodes  de  grande  tai 
nombreux  attestent  la  profondeur  des  eaux 

La  coupe  suivante  donne  les  oscillation 
pendant  le  système  oolithe  inférieur. 

FiG.  5. 


î     !     I  il 


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S      ^  '^5        ô  3 


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non  Dl  ■.    tBBAY. 


47 


Bassin  ifif/d-oolit/it^ue,  —  Ce  bassin  comprend  les  environs  de 
Lyon,  de  Lucenay,  de  Ville  Franche,  deTournus;  les  calcaires  ooli- 
thiques  se  sont  développés  à  la  base  du  système,  au-dessous  des 
marnes  à  Pholadomya  Vezelayi,  Les  couclies  fossilifères  de  la  par- 
tie supérieure  de  la  terre  à  foulon  et  des  calcaires  blanc-jaunâtre 
ont  disparu. 

Tout  indique  que  les  dépôts  de  ce  ba&sin  se  sont  formés  dans 
dos  mers  plus  profondes  au  milieu  desquelles  les  oscillations  n*ont 
pu  se  traduire  par  des  effets  paléontologiques  ou  lithologiques.  Ce 
bassin  parait  contourner  au  sud-est  le  bassin  vaseux  et  s*étendre 
vers  le  midi  de  la  Suisse. 

Bassin  oolithiquc.  —  Ce  bassin  est  développé  dans  la  Côte-d*Or; 
le  peu  d*abondance  de  fossiles  et  les  bancs  épais  indiquent  des 
mei*8  fort  profondes.  La  forme  oolithique,  sublamellaire,  domine 
partout.  Il  parait  se  développer  vers  la  Moselle  et  les  Ardennes. 

Bassin  supra -oolithique.  —  Dans  ce  bassin,  qui  comprend  le 
nord  du  département  de  la  Nièvre  et  le  département  de  l'Yonne, 
la  forme  oolithique  se  développe  à  la  partie  supérieure  du  système  ; 
rétage  callovien  devient  même  oolithique.  La  Pholadomya  Fezelayi 
se  rencontre,  contrairement  à  ce  qui  existe  dans  le  bassin  infra- 
oolithique,  sous  le  massif  oolithique. 

La  figure  6  donne  un  diagramme  théorique  indiquant  les  varia- 
tions que  nous  avons  décrites  dans  ce  travail. 

Fio.  6. 


t 


a 


e 
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B 

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fl 

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5* 
8 


4 


•»';».'*J'jtl  Fades  ooUiliiqat  ou  compacte. 


-M-t^»' 


K?(<S^  Faciès  lublaRMllaire. 


'^Zf^ 


Faciès  maroMix. 


I.  Terre  è  foulon, 
i.  LiUiophiijres. 

3.  Partie  innrilnire  de  la  grapde  oolilhe  {great  oolithe). 

4.  Partie  moyenue  de  U  grande  oolithe  (èradrord-cUy) 

5.  Partie  sopc'rieure  de  la  grande  oolithe  (forest-marble). 

6.  Corobraso,  coache  Irunsitoire. 

7.  Kello^vay-ruck. 

8.  Oolithe  lerrugineose,  ft  Àmmonitti  cordmtus. 


A8  Mmcs  nv  i  Nomut  1801. 

DlttribMliom  ikt  baitiai  autour  du  Morvam. 


3.  BeuIb  >Dpn4slUblq>». 

4.  Btuln  inlri-oolilbiqar. 

Quoique  tous  ces  terrains  se  reliasHeiit  eiitic 
soit  probable  <fu'une  partie  des  inonta<>ncs  pi' 
sabinergées  par  les  eaui  jurassif^ues,  on  peut  r 
qu'il  a  eiistd  des  îlots  granitiques,  ou  poip' 
de  ces  eaus  ;  mais,   comme  la  surface  ëniep 
bjpoihétitjae,  ou  n'en  a  pas  tena  compte  A> 


LBTTIK    DE    M.    CAIAHÏ.  A9 

M.  Viquesnel  préscnlo  l'eitrait  suivant  d'une  lettre  de 
M.  Boue  : 

M.  Hobenegger,  directeur  des  usioes  de  l'erclnduc  Albert  à 
Tfsclien  en  Silésie,  publie  une  cir(e  géologique  et  des  coupes  de 
la Siiésie  autiicliiciinc,  d'uue  partie  de  la Galllcie  et  îles Caip.itlic* 
de  la  Hongrie.  Ce  travail  est  vraiment  important,  puisqu'il  classe 
dans  les  étages  liasique,  jurassique,  néocomicn  et  crétncé,  une 
puissante  foimaiion  dont  la  pliipaii  des  rocbes  ne  portaient  que 
le  nom  ilc  tcbisles  ou  de  giès  des  Carpatlies.  M.  Hohcneggor  s'est 
principalement  appuyé  sur  la  palconlologie. 

H.  Albert  Gaudry,  secrétaire,  communique  l'extrait  suivant 
d'une  lettre  adressée  par  M.  Caban]f  h  M.  J.  Delanotle  : 

Sur  une  petite  couche  de  cannel-coal  trouvée  à  la  fosse  de  Bœulx, 
concession  des  mines  d'Anzin;  par  M,  Gabany. 

Un  a  rencontré  dans  la  mine  de  Rœulx,  à  180  mètres  de  profon- 
deur, et  à  la  suite  d'une  faille,  coupant  le  terrain  sur  70  degrés 
d'inclinaison,  une  petite  coiicLe  de  cannel-cnal,  dont  le  toit  élaît 
trèscompacte  et  assez  régulier,  sur  une  inclinaison  de  10  dcgi-éa 
euTirou.  La  couclie  du  cannel-raal  était  elle-même  très  irrégu- 
lière, et  se  composait  de  grosses  lentilles  empalées  dans  du  sclnsle 
cunlouraé  et  trts  luisant,  avec  quelques  rognons  de  fer  car- 
bonate. 

La  cassure  de  ce  cannet-coal  est  niaïc;  elleestconclioidc,  et  dif- 
fère, par  son  pende  brillant,  du  cannel-coal  anglais,  espèce  de 
jayet  dont  an  fait  des  ornements.  Cqiendant  les  résultats  ci-après 
prouvent  que  sa  qualité  comme  combustible  éclairant  ne  le  cède 
pas  à  celle  du  cannel-coal  que  j'ai  recueilli  dans  les  mines  de  Rosc- 
bi'idge,  à  Wigan,  près  Manchester. 

Efsd  du  cnnnel  de  Bosebridge. 

Dansilf 1,3S 

Coke SB  p.  100  (oendrM,  6,IS0  p.  400). 

Matière*  volatilM.  4S  p.  lOO. 

te  txJui  éuit  bien  aggloméré,  lei  cendres  brnn  roage  clair. 
Soê.  géot.,  V  séria,  loma  XtX.  t 


(9  SÉANCE   BU   à    IfOflHBBI    1861. 

Essai  du  eannel  de  Rœuix  [Compagnie  d*Anzin). 

4®  Variété  compacte  : 

Deosité 4  ,«4 

Coke 57  p.  4  00  (cendres,  6,50  p.  4  00] 

Matières  Tolatiles.  43  p.  4  00. 

Le  coke  était  identique  avec  le  prëcëdent,  les  cendres  ëU 
bran  rouge  foncé. 

V*  Variété  schisteuse  : 

Densité 4,90 

Coke 80  p.  4  00  (cendres,  78  p.  4  00). 

Matières  volatiles.  20  p.  4  00. 

Le  coke  n'était  pas  aggloméré,  les  cendres  étaient  grises. 
Un  essai  en  grand  pratiqué  au  gazomètre  de  râtelier  de  la 
pagnie,  sur  un  mélange  de  ces  deux  produits,  a  donné  : 

Rendement  de  400  kilogr.  de  cannel.  .  99  mètr.  cub.  ( 

47  kilogr.  de  c 

Le  coke  était  identiquement  semblable  à  celui  que  IV 
en  distillant  le  cannel-coal  anglais;  le  gaz  avait  un  pou 
rant  très  grand;  la  distillation  s'est  faite  très  vivement 

H.  Albert  Gaudry,  secrétaire,  communique,  d 
M.  Dalmas,  la  note  suivante  sur  TArdéche  : 

Sur  la    configuration    des   massifs   de  V/ 

par  M.  J.-B.  Dalmas. 

La  forme  extérieure  des  montagnes,  des  collir 
et  des  plaines  de  TArdècLc,  de  même  que  les  dir 
part  de  ses  vallées,  est  le  résultat  de  la  constit 
minérales. 

Chaque  massif,  de  nature  différente,  affecte  u 
qui  lui  est  propre.  Ainsi,  les  granités  et  les  gnr 
et  les  basaltes,   produisent  constamment  de.^ 
in^les,  des  crêtes,  des  pics,  des  dykes,  des 
moyenne  de  iOOO  a  1500  mètres  au-dessus  ' 
les  calcaires  durs  forment  des  surfaces  plane 
nées,  et  déchirées  en  divers  sens  par  des  < 
abruptes  qui  résultent  des  soulèvements  du 


Les  marnes,  les  craies  et  tous  les  terrains  ïUatilîés,  moins  durs, 
offrent  des  coupures  moins  profoudes  et  des  contours  plus  ar- 
rondis ;  en  outre  on  y  remarque  quelques  vallées  de  simple  éro- 

Daiis  l'Ardèrhe,  la  ïone  volcanique  pr^Dte  les  poiiiules  plus 
élevés,  savoir:  le  dôme  pbonoIitliiquedui'Mezen,  1760  mètres  au- 
dessus  des  mers;  lecôneplionolilliique  du  Gerbier-de-Jonc,  où  la 
Loire  prend  sa  source,  1575  mètresi  le  cône  basaltique  ou  cratère 
de  Cberclieinur,  qui  domine  le  lac  d'issarlès,  1Û86  mètres;  celui 
(le  Bauzoïi,  commune  du  Roui,  1ÙII7  mètres  ;  la  montagne  basal- 
tique de  Peyremorte,  commune  de  Laclia;np-Rapliaêl,  U23  mè- 
tres. Les  sommets  les  plus  élevés  des  granités  et  gneiss  sont  le  moût 
Tanaq;ue,  commune  de  Loubaresse,  1528  mètres;  celui  de  l'Af- 
pergejre,  commune  de  Mayrcs,  i5U7  mètres-,  la  moutagne  où  la 
rivière  de  l'Ardèclie  prend  sa  source,  IfiSl  mètres. 

Vieiment  ensuite,  du  côte  du  nord,  la  montagne  des  Hugana, 
où  lEyrieux  prend  sa  source,  1203  mètres;  celle  de  Cliari  té -Per- 
drix, commune  de  Devesset,  1186  mètres,  et  celle  de  Vemon,  qui 
donne  naissance  aux  rivières  de  Doux  et  de  Cance,  commune  de 
Saint-Bon  net- le  Froid,  1158  mètres. 

Dans  la  grande  chaîne  granitique  et  gneissique,  dirigée  de  S.-O. 
à  N.-E,,  partant  de  la  montagne  d'Espervelouse,  commune  de 
S.iini-l^urent-les-liains,  et  se  prolongeant  par  les  montagnes  du 
Tanargue  et  celle»  où  l'Ardèclie,  la  Loire,  r£yrieu:i,  le  Doux  et 
la  Cince  preimenl  naissance,  jusqu'au  mont  Pibt  (Loire] ,  le  gneiss 
otx'upe  les  sommets  les  plus  élevés  [  les  pbonoUibes  du  iMezen  et 
du  (,lerbier-<le-Jonc  exceptés). 

On  voit  li^s  grnnitcs  porpli)ro)des,  les  pcgmaiiles,  les  lepty- 
niies,  les  fraydroaites  et  les  filons  porpbyriques,  quarizeux , 
baiytiques,  etc.,  percer  à  travers  le  gneiss,  ou  à  travers  le  mica- 
schiste. 

Dans  la  notice  qui  accompagne  ma  carte  géologique,  j'ai  dit 
que  l'absence  du  micaschiste  entre  l'Argcnlière  et  Privas  indique 
qu'avant  la  période  paléocolque  il  y  a  eu  un  soulèvement  de  la 
partie  granitique  et  gneissique  comprise  entre  l'AlignoD,  affluent  de 
i'Ardècbe,  et  la  rivière  d'£yrieux.  En  effet,  t'est  immédiatement 
sur  le  gneiss  que  repose  le  terrain  houillsr  de  Prades  et  de  Jaujac,  et 
sur  le  gneiss  et  les  granités  porphyroïdes  que  reposent  le  trias  et  le 
lias,  depuis  Joanna«  (près  l'Argentière]  jusqu'à  Pranles  [près  Pri- 
vas]. Par  conséquent,  les  montagnes  où  I'Ardècbe,  la  Loire  et  leurs 
affluents  prennent  naissance,  étaient  entièrement  élevées  au-dcsHU 
des  toen,  aranl  l'époque  paléoxûque,  tandis  que  les  «omôieti  d« 


62  SÉAHCI   DU   A    ROTIHBIIK   480t. 

montagnes  donnant    naissance  aux  rWières  de  Cliassczac,   de 
Beaume,  d'Eyrienx,  de  Doux  et  de  Cance,  étaient  seuls  cinergiê^ 

Leurs  flancs  et  leurs  cliainons  latéraux,  recouverts  par  le  niieil* 
schiste  et  le  trias,  ont  été  émei*p,és  :  1*  par  le  niouvcuicnt  qui  a 
redi'essë  les  couches  des  dépôts  houillers  de  Pradcs  et  de  Banne 
eu  stratification  discordante  avec  le  trias;  2*  par  un  autre  soulère- 
ment  qui  a  dérangé  et  réduit  a  un  petit  nombre  de  couches  discon- 
tinues les  marnes  supraliasiques.  Ce  dernier  soulèvement  est  con- 
finné  par  Tabsenoe  de  Toolithe  dans  TArdèche.  Il  existe  d'aillenn 
quelques  fragments  de  trias  dans  les  communes  de  Saint-l^lichel, 
de  Ghabrillanoux,  deChasemon  et  de  Veriion ,  au  milieu  du  f^neim^ 
suffisants  pour  attester  Témersion  du  trias  et  du  lias  avant  le  grand 
soulèvement  de  la  Côte-d*Or.  Il  faut  noter  encore  que  le  granité 
porphyroïde  est  moins  abondant  dans  cette  région,  et  que  cette 
partie  du  département  renferme,  au  contraire,  tous  les  phonolithes 
et  les  basaltes. 

Gomme  le  gneiss  et  le  micaschiste  de  l'Ardèchc  ne  contiennent 
ni  végétaux  ni  animaux  fossiles,  je  les  rapporte  A  un  âge  pi' 
ancien  que  l'époque  paléoxo'ique.  Ils  sont  traversés  et  disloqués 
des  f,ranites  porphyroides  et  autres  roches  érnptives. 

C'est  à  Féruption  des  granités  porphyroides  à  Tétat  pâtcu7 
faut  attribuer  l'orientation  générale  des  arêtes  et  des  plisf 
du  gneiss  et  du  micaschiste  de  S.-S.-O.  ;\  N.-N.-Ë. 

Ce  n'est  qu'à  la  fin  des  dépôts  tertiaires  lacustres  que  nos 
lithes  et  basaltes  ont  commencé  à  paraître.  Ce  sont  eux 
mis  fin  à  ces  dépôts  dans  l'Ardèche  et  la  Haute-Loire,  ef 
ces  contrées  leur  dernier  relief.  Ils  sont  sortis  à  Tétat  de  ' 
des  fentes  et  des  cratères. 

J'ai  remarqué  que  les  granités  éruptifs,  quoique  trt 
à  leur  sortie,  n'ont  jamais  scorifié  ni  même  altéré  1 
de  gneiss  et  de  micaschistes  qu'ils  ont  empâtés,  tr 
mêmes  fragments  empâtés  par  les  basaltes  sont  toi 
ou  altérés.  De  là,  j'ai  tiré  la  conclusion  que  les  gr 
leur  état  plastique  à  l'action  concomitante  du  feu  i 
moment  ou  l'oxydation  des  métaux  alcalins  s'est 
contact  de  l'eau  sous  une  moindre  pression,  et  d 
moins  profondes  que  celles  d'où  provient  la  lavf 
duite  à  l'état  de  fusion  complète  par  l'action  pré 
Ces  idées  ont  déjà  été  développées  dans  ma  Thé 
et  géologique. 

La  zone  volcanique  composée  de  domite,  c' 
basaltes,  est  orientée  de  N.-O.  à  S.-E.  et  coupe 


HOTI    tlB    U.    DALHAB.  &3 

à  angle  droit.  Elle  commence  près  de  la  ville  «le  la  Roche, 
(Hautc-Loii'c)  et  a'ëleiid  sur  le  gneits  et  le  granité  jusqu'à  Gour- 
don,  par  le  Meien,  le  Gerbier-de-Jonc  et  Lacliamp-Rapbaél. 
Ensuite  elle  rccouTic  le  trias  et  les  terrains  jurassique  et  néoconiien 
des  Coirons  jusqu'à  la  ville  de  Itoclicinauie  sur  la  rive  droite  du 
RliÛDC,  Une  auU'e  zone  toute  basaUique  s'éieud,  parallèlement 
à  la  première,  sur  le  granité  et  le  gneiss,  depuis  la  ville  d'Atiègrc 
(Haute- Loire)  jusqu'à  Pradèles  et  la  inontague  de  la  Cbavade,  où 
l'Ardèdte  prend  sa  source.  Ces  deux  cbaiues,  ii  la  fois  Toleaniijues 
et  grauitiques,  sont  paiallèles  à  celle  de  la  Margeride  (Lozère)  sur 
l'auUe  rive  de  la  rivière  d'Allier.  Aussi  leur  oiientaiioii  est  due, 
eoniinc  celle  de  la  Margeride,  aux  p,rauiles  ^ruptifs  de  ré|ioqiie 
antépaléozoïquc  et  non  à  la  matière  volcanique  f]ui  est  sortie  sans 
ciforts  violents,  à  l'état  de  fusion,  par  les  fractures  et  les  joints 
des  massifs  guejssiques. 

Les  niDulagnes  d'Ëspervelouse,  du  Grand-Tanargue  et  celles  qui 
donnent  naissance  aux  rivières  d'Eyrieuj,  de  Doux,  de  Cance, 
jusques  et  y  campris  le  mont  Pilât  (Loire),  oui  die  émergées  après 
le.di'pût  bouillkii  et  avant  celui  du  trias,  par  la  raison  que  ces 
deux  tirraiiis  ont  une  stratification  dilTérenle.  Ce  sont  les  granités 
porpliyronles  de  répo<|ue  paléozoïqnc  qui  ont  donné  lieu  à  ce 
second  soulèvement.  1^  ti-oisième  soulèvement  que  j'ai  observé, 
apiès  le  dépôt  du  lias  supérieur,  n'a  produit,  comme  les  déjections 
voleaniques,  que  de  fuiblcs  modîricatiuns  dans  le  relief  des  monta- 
gnes de  rArdècbc.  Enlin  le  quatrième  soulèvement,  dit  de  la  CAtc- 
d'Ur,  dirigé  de  ().  Z|0°  S.  à  S.  40°  N.,  a  fortement  relevé  tous  les 
depuis  jurassiquesetdoonéàcesinonlagues  leur  principale  éléva- 
tiou  et  orientation.  La  sortie  des  porpbyrcs  paraît  être  la  cause  de 
ce  r[uairiènic  soulèvement. 

Les loiies  granitiques  et  volcaniques  de  l'Ardèche  sont  sillonnées, 
en  tous  sens,  par  un  grand  nombre  de  vallons  et  de  pedtes  rivières 
qui  dessinent  leurs  ramiâcations  différentes  et  indiquent  constam- 
ment les  limites  des  massifs  différents. 

Au  contraire,  les  zone*  de  calcaire  et  de  gris  durs  n'ont  qu'un 
petit  nombre  de  vallons  et  de  ooiirs  d'eau,  profondément  encaissés 
par  des  escarpements  abruptes.  Cela  tient  à  ce  que  les  mawfs 
d'origine  igoée  [M'ésenteat  pariOBt  une  surface  inégale  et  irrégu- 
lîère,  tandis  que  les  mtssib  sédineu taire*,  formés  par  l'action 
cliimique  et  mécanique  de  l'eau,  n'offrent  que  des  plateaux  ayant 
i  peu  pris  le  mêiae  niveau,  sur  de  grandes  étendues.  Nos  moa- 
Ugne»  calcaires  les  plus  tàeiiet  sont  celles  de  Rcs,  ctnnniune  de 


5A  SfiÀKCI    DU    A    IfOVIHBtl    1861. 

Gras,  iilk  mètres,  et  celle  de  Her^,   commune  de  Saint-Jean* 
le-Centenîer,  892  mètres. 

Dans  DOS  terrains  {granitiques  et  volcaniques,  les  sources  et  leà 
cours  d'eau  visibles  suivent  constimment  le  modelage  général  de 
diaque  massif,  et,  par  suite,  leur  nmltiplicité  résulte  du  rellel 
géologique. 

Au  contraire,  dans  les  terrains  stratifiés,  les  eaux  pluviales  et  lei 
sources  disparaissent  dans  les  fissures  des  couches  souterrainet. 
Par  suite,  les  ravins  n*ont  pas  de  ruisseaux,  et  les  rivières,  plus' 
rares,  ont  leur  lit  encaissé  dans  des  coupures  dont  les  bords  à  pic 
révèlent  une  dislocation  violente  dans  Torigine,  agrandie  successi- 
vement par  Térosion  des  eaux  et  des  ap,ents  atmosphériques. 
Dans  la  région  à  la  fois  granitique  et  volcanique,  la  Loire  grossit 
rapidement,  à  partir  de  sa  source  (C^erbier-dc-Jouc)  jusqu'à  Issar- 
lès,  par  Taffluence  d'une  infinité  de  ruisseaux  et  de  petites  rivières 
qui  dessinent  les  contours  et  les  ramifications  de  chaque  massif 
différent.  L'Eyrieux,  le  Doux,  la  Cance  et  leurs  affluents  suivent  les 
mêmes  lois  géologiques  dans  les  {>ranites  et  les  gneiss. 

1^    rivière  d'Ardèche   se    forme  de    la    même   manière  p 
Taffluence  d*une  infinité  de  iiiisseaux  et  de  petites  rivières, 
dessinent  les  ramifications  granitiques  et  basaltiques,  jusqir 
Bégude.  De  là,  pénétrant  dans  le  trias  jusqu'au  pont  d'Au 
puis  dans  le  terrain  jurassique  jusqu'à  Ruoms,  et  eufin 
néocoinien  jusqu'au  Rhône,  elle  n*nf!ie  plus  à  4a  vue  (ey 
confluent  des  rivières  tributaires  )  qu'un  sillon  isolé  et 
murs  verticaux,  par  la  raison  qu'elle  a  suivi  une  suite  d 
tions,  à  travers  bancs,  au  lieu  de  suivi*e  la  ligne  géologiqi 
et  du  terrain  jurassique  du  col  de  l'Ëscrinet  à  Aube 
Joyeuse  et  les  Vans. 

Le  Rhône  qui  baigne  la  partie  orientale  de  notre  ' 
présente  une  ligne  géologique  diflerente  des  parties 
ce  qu'elle  résulte   d'un   plissement  et   non   d'une 
terrains  jurassique  et  crétacé,  relevés  à  l'ouest  par 
de  la  chaîne  des  Gévennes,  et,  à  Test,  par  celui  < 
Alpes.  La  direction  de  son  cours  de  N.-N.-Ë,  à 
Méditerranée    résulte    évidemment  de  la  direct 
presque  parallèle  des  deux  chaînes  cévennique  e; 
La  Loire,  qui  prend  sa  source  au  Gerbier-d 
des  faits  particuliers  dignes  de  Tattention  des 
sa  souix^e,  qui  est  le  point  central  de  Taxe  i! 
nique^  dite  du  Mesen,  jusqu'au  détroit  de  C 


HOTI   Dl    m.    DALtAS.  55 

Loire],  point  eitréme  du  câté  N.-O. ,  elle  forme  une  ellipse  de 
100  kilomètres  de  parcours,  avec  uue  pcnie  de  9  centimètres  par 
mètre,  donnant  une  chiile  totaitf  de  895  mitres.  L'élévation  de  ai 
source  au-dessus  du  niveau  du  Itlidne,  à  Ruclieinaure,  autre  (wint 
exti-éme,  du  côté  S.-E.,  est  de  1500  mètres,  quoique  la  dislance 
en  ligne  droite  ue  soil  que  de  50  kilomètres  au  lieu  de  100. 

Cette  direction  elliptique  de  la  i^ire  a  pour  cause  la  double 
direction  du  premier  soulèvement  des  (Icvennes  vers  le  N.-N.-E. 
et  vers  le  N,-0.  Du  Gerbier-de-Jonc  à  Kieutort,  elle  suit  rorien- 
lation  de  la  chaîne  cévenriique,  et  son  cours  va  parallèlement 
à  celui  du  Rb&ne  de  N.-N.-E.  à  S.^S.-U.  Barrée  à  Rieutort  par 
le  croisement  de  la  deuxième  cliaine  volcanique  dite  de  Pradèles, 
la  Loire  se  replie  el  suit  la  lijjne  de  séparation  di>s  deux  chaînes 
volcaniques,  dans  la  direction  d<:S.-E,  iN.-O.  jusqu'à  Arlerupde 
(Haute- Loire).  De  là  elle  se  dirige  vere  le  nord  jusqu'à  Brivei. 
Enfin  de  ce  point,  jusqu'à  la  jonction  du  canal  du  centre  à  la 
MolIiC'Saint-Jean  (Saâne-et- Loire),  elle  reprend  la  direction 
N.-N.-E.  de  la  chaîne  cévennique,  parallèlement  au  cours  du 
fibône,  niais  en  seai  tout  oppnsé. 

Le  cour?  de  l'Allier,  formant  la  limite  occidentale  de  notre  dé- 
partement, se  dirï);e  d'abord  vers  le  N.-N.-E.  suivant  la  direction 
de  la  chaîne  cévennique  depuis  sa  source  jusqu'à  la  Bastide.  Delà, 
jusqu'à  Issoire,  il  suit  la  direction  de  la  chaîne  granitique  de  la 
Margeride  et  de  la  cliaine  volcanique  de  Pradèles,  vers  le  N.-O., 
et  dévie  enfin  vers  le  uoi'd,  jusqu'à  sa  jonciiou  à  la  Lnire. 

Les  bgoes  géologiques  qui  délcrminent  les  contours  des  masses 
minérales  dessinent  dont;  d'une  manière  certaine  le  squelette  de 
notre  département. 

Parmi  les  lignes  liydr<^raphiques,  ayant  pour  première  origine 
une  dislocation  des  terrains  sédiinenlaires,  on  doit  classer,  iM>n- 
■euieineot  la  rivière  d'Ardèche  à  partir  île  ta  Béguilr,  mais  encore 
la  plupart  de  ses  affluents  de  la  rive  droite,  notamment  les  ruis- 
seaux de  Mercuer,  de  la  Chapelle,  les  rivières  de  Lande,  de 
Ligne,  de  Roabran  et  de  Beaunie.  Ses  affluenU  de  la  rive  gauche 
(à  l'exception  de  la  rivière  d'Auion  qui  est  une  ligne  géologique 
séparatÎTC  de  l'oxfordîeu  et  du  néoconiien)  sont  tous  de  simples 
lignes  d' érosion,  sur  les  flancs  luarueui  des  Coirons. 

Il  en  est  de  même  de»  afflueutf  du  RliAne,  descendant  des  mon- 
tagiMS  néocC miennes  de  Gras,  de  Valvignèrea  et  de  la  cbalnc 
volcanique  des  Coirons,  à  l'exception  toutefois  des  rivières 
d'Escoatay,  d'Ouvèse  ei  de  Miwyon  qui  sont  des  lignes  hydro- 
graphiques par  décliirewent  et  éroiioo. 


56  StANCI    DU    A    KOTBHMB    1861. 

J'ai  reinarqui^  que  les  li(;net  hydrograpliîques  par  déchiremOMt 
sont  g^oéraleinent  caractérisées  par  des  murs  verticaui  et  parmUèlcB. 
Les  simples  lignes  d*érosion  formcDt  des  berges  inclinées  conwM 
les  lignes  géologiques  des  massifs  granitiques;  seulement,  dans  les 
terrains  marneux  et  alluviens,  les  angles  se  développent  plus  régu- 
lièrement, tandis  qne  dans  les  granités  les  sinuosités  sont  sonTSiit 
coupées  brusquement  par  des  crêtes  et  des  dentelures  rocheuses. 
Les  ligues  géologiques  sépara tives  de  terrains  sédimentaires  de 
nature  difiérente  n*ont  qu'un  escaqiement,  souvent  Tcrticsl,  da 
côté  du  terrain  superposé. 

Le  secrétaire  communique  Textrait  suivant  d'une  lettre  de 
M.  Boue  : 

Extrait  d*une  lettre  Je  M,  Boue  ou  Président  de  la  Société. 

Gomme  j'ai  toujours,  dans  mes  écrits,  cherché  a  populariser  le 
plutonisme,  je  ne  peux  garder  le  silence  en  présence  des  aphoris* 
mes  géogéniques  que  vient  de  présenter  M.  Andréas  Wagner,  soo- 
logiste  d'ailleurs  fort  estimable  de  rAcadcmie  de  Munich  (^' 
zungsbcrichte  il.  Mûncheu  Ak,^  1660,  p.  375-6*25).  Al.  Wagne' 
craint  pas  de  dire  (p.  /il9)  que  la  clutincs  de  la  terre  n*ontjf 
subi  de  changement  ;  au  lieu  d'y  voir  les  indices  des  diff 
phases  de  formation,  et  d'attribuer  leur  soulèvement  ar 
internes  du  globe,  il  n'y   voit  que   dos  agrégats   de 
Il  réunit  les  brèches  trappécnnes  avec  les  trapps,  les  tufn 
ques  avec  les  basaltes  :  faction  de  la  cnst/tl/isntion^  dit-' 
son  maximum  li^ intensité  dans  lc$  Imxaitrs  grenus,  les  g 
les  trachytes ;  elle  a  sou  minimum  dans  les  tuftis.  Plus 
voyons  une  opinion  plus  étrange  encore.  Il  admet  que 
des  roches  les  plus  diverses  entre  elles  sont  Tindicati^ 
gine  semblable  et  contemporaine,  et  il  applique  cctu 
filons  de  trapp  ou  de  trachyte  enfermés  dans  les  rc 
taires.  La  séparation  si  évidente  des  roches  érnptiv 
sédimentaires  est  déclarée  fausse.  Selon  M. Wagner 
tiens  entre  le  iHtlcanisme  et  le  platonisme  sont  sans  i 
théorie  platonique  est  contraire  aux  notions  acquise 
mécanique.  Il  semble  qu'il  soit  encore  au  temps 
Ton  croyait  les  volcans  produits  par  la  décompc 
et  qu'il  ait  pris  au  sérieux  la  comparaison  faite 
la  source  du  volcanisme  avec  la  chaleur  dével' 


lETTM    DK   M.    MUG.  57 

sur  laquelle  on  verse  de  l'eau.  £u  1861,  ïl  oie  avancer  que  les 
basalte*  et  let  laves  lont  d'origine  diffâienic  ;  les  laves  seraient  vol- 
caniques, mais  les  basaltes  seraient  neptuniens.  Tout  ion  ëckafau- 
dage  lliéoi'iquc  repose  sur  ce  fait  bieu  connu  dans  les  laboratoires 
de  chimie,  que  si  l'on  y  peut  produire  par  les  deux  voies  de  la  silice 
amorpbe  d'une  pesanteur  spccilique  de  2,2  à  2,3,  la  voie  sèche 
n'y  produit  pas  de  la  silice  cristallisée  ou  du  quarts  avec  le  poids 
spécifique  de  2,6.  Mais  le  quarts  des  l'oclies  granitiques  est  dans 
ce  dernier  état  ;  donc  il  n'a  pu  être  ronné  que  par  la  voie  lininide. 
Ceci  admis,  beaucoup  de  poipliyrcs,  les  tracbyles  et  les  griin- 
steins,  ne  peuvent  être,  suivant  M.  Wagner,  que  des  pi-oduits  nep- 
tuniens, et  ce  qui  est  vrai  pour  les  roches  quarliifères  se  laisse 
appliquei'  à  celles  qui  ne  renlenneut  pas  de  quartz,  mais  qui  leur 
sont  semblables.  En  un  mot,  la  fonnntion  de  In  croûte  terrestre  eft 
en  tout  et  en  graad  im  rèsattnt  neplaiikn  nù  le  calorique  dènloppé 
pur  l'iiclioa  électrique  et  chimique  n'a  joué  qu'un  rôle  secondaire, 
Mous  voilà  donc  rcven;is  k  la  difficulté  de  la  doctrine  de  Werner 
et  du  père  Kircbner,  qui  cherchaient  l'eau  nécessaire  pour  la  dis- 
solution de  loutcs  les  roches* 

Les  beauE  travaux  de  notre  savant  litliologistc  U.  Delesse  et  de 
M.  Virict  ont  certainement  élé  mal  compris  par  M.  Wagner  ;  il 
n'a  )ias  tenu  compte  des  reclierulies  que  nous  avons  faites,  il  y  a 
déji'i  longtemps,  ni  de  celles  de  MAI.  Cliarles  Sainte-Claire  Dcville, 
Danlirt'-e,  el  des  autres  maîtres  de  la  science,  qui  ont  porte  si  loin 
la  connaissance  des  roches,  bc  zoologiste  Wagner  croit  que  la  géo- 
logie est  encore  en  1800.  A  celte  époque,  l«s  relevés  géologiques  se 
réduisaient  à  quelques  cartes;  Werner  trônait*  ses  oppouuits,  le 
vcuûiahle  Vogt,  FicLtcl,  Disinaresl,  n'étaient  que  des  employés  de 
mines  ou  des  individus  isolés.  A  présent  nous  avons  de  notnbrensci 
chaires  de  gcologie,  671)  à  700  cartes  géologiques,  parmi  lesquelles 
66  à  70  loutdei  relevés  de  grandes  coutrées,  et  même  de  continents 
entiers.  Nous  possédoni  plus  d'un  millier  de  descriptioDS  locales 
géologiques,  et  plus  de  8000  méinoiresde  géologie  ou  de  géogénie. 
Avec  de  leli  niaiériaux  d'obiervaiions,  il  n'est  plus  possible  de 
répandre  dans  le  public  des  principe*  qui  renversent  l'édifice  de 
la  science  géologique. 

M.  RaulJD  donne  lecture  d'one  Notice  tar  tes  trauaux 
scientifiifitet  de  M,  Cordicr. 

M.  d'Archiao  communique  l'eslrait  luÎTaDt  d'uoc  lellre 
adrcftsùe  par  M.  Ed.  d'Eiehwald  \  M.  Auguste  Duméril  : 


58  SfiANCB    DD    A    NOVIHBIB    1861. 

M.  Rœmer  a  publié  nouvellement  un  mëmoire  intëressaol 
ce  litre  :  Die  fossile  Fauna  der  silurisc/ien  DHuvialgeschi^be 
Sadewitz  bei  Oels  in  Niedcr-Schlesicn^  et  ne  palœontologische  M 
graphie  mit  S  lit/iogr.  Ta/e/n,  in-6'';  Breslau,  1861.  Ce  n Tant 
tingnë  vient  de  faire  un  voya^^e  gëolof^ique  en  Ksthoiiie  et  aux  e 
rons  de  Tzarskoyé,  pour  mieux  déterminer  Tige  relatif  du  cale 
d*0el8.  Nous  avons  fait  une  excursion  à  Poulkova,  afin  d'obseï 
le  calcaire  à  Ortliocératites  ///  sien;  la  petite  rivière  Poulkoi 
nous  a  fourni  un  bon  nombre  de  fossiles,  identiques  avec  les  espî 
qui  se  trouvent  à  Sadewitz;  de  sorte  que  le  calcaire  d'Oels  I 
appartenir  à  la  couche  la  plus  ancienne.  Je  suppose  même  q 
s'y  trouve  en  place,  c'est-à-dire  qu'il  ne  forme  pas  des  masses  r 
iëes,  comme  le  croit  le  professeur  Kœmer,  qui  8up|X)se  que 
Inasses  proviennent  de  nos  provinces  baltiques,  comme  tant 
blocs  erratiques  de  i*ocbes  plutoniques  du  nord  de  i'Ailemag 
Je  serais  plutôt  de  l'avis  que  le  calcaire  d'Oels  composât  aux  en 
rons  de  Sadewitz  une  petite  ile  primitive  ou  un  banc  à  corai 
comme  le  calcaire  à  coraux  des  îlts  de  DagO,  d'Oesel,  de  la  pit 
qu'île  de  Nouck  en  l!]sthonie,  près  de  Lyckliolm  et  aux  envii*ons 
Wesenberg  en  Estlionie.  Il  y  avait  dans  la  période  ancienne  > 
globe  un  grand  archipel,  rempli  de  beaucoup  d'îles.  H  était  o 
cupë  par  des  bancs  à  coraux,  comme  partout  au  nord  de  l'Eurof 
surtout  en  Suède,  en  Angleterre,  et  même  au  bord  du  Rhin,  da 
TEifel,  où  il  y  a  près  de  Gérolstein  un  petit  mont  Gess.  qui  coi 
tient  des  couches  calcaires  semblables  à  celles  de  Sadewitz.   Pa 
tout  se  trouvent  les  mêmes  coraux  et  spongiaires,  les  mêmes  br. 
chiopodesetOrthotératites,  quoique  chaque  localité,  comme  aof 
celle  de  Sadewitz,  nous  offre  plusieurs  espèces  particulières.  L  an 
nîtë  des  espèces  de  Sadewitz  avec  celles  de  l' Estlionie  et  de  Txar 
koyé   est  très  grande,   ainsi  que  Ta  remarqué   M.  Hœmer  »u 
même,  après  avoir  comparé  les  fossiles  de  ma  collection  paleonl 
logique  de  TEsthonie,  décrits  dans  ma  Lethœa  rossica^  en  \oW 
1860.  Comme  cet  ouvrage  avait  échappé  à  iM.  i^œmer  pendant 
publication  de  sa  monographie  des  fossiles  de  Sade^\U,  i   » 
glissé  quelques  doubles  emplois  sur  lesquels  j'ai  ^^^^"^^  ^^^  ^^^^"^* 
pendant  son  séjour  à  Saint  Pétcrsbourg.  Ce  »or>^  ^^*  avwvanla: 

Parmi  les  plantes  jossiles  de  Sadewitz  se  rO  »-^j^^^^^^.  ^^  -î^*"'' 
ihus  vhordaiia  (voy.  Lethœa  rossica  pérî^*^^  ancvenne,  p 
pi.  I,  fig.  3),  fucoïde  dout  M.  Rœmer  a  f»  ^  ^'''^  pleropode 
le  nom  à! Acestra  subnlaris ;  une  sembla ^'L^^:i\\^^        *^  ^^ 


dans  rAmériquo  du  Nord,  décrite  par  M.   ^^     ^  Tcm%r 
Parmi  les  animaux  jossiles  de  Sadewitz     ^^^^  ^^  ^ 


LETTRE    DR    M.    d'bRBWALD.  59 

espicM  toates  particuliëros  et  locales,  les  spongiairei,  nomméi 
par  M.  Bœmer  Aula  -  eopiuin  aararitiiim,  Osw.,  diadema, 
Osw.,  Iiemhphvricum,  Rœm.,  erpa,  Hœm.,  diirus,  Rœm., 
çyliridraceaiii ,  RtBm.  ;  le  doraier  seul  ressembla  un  peu  au 
&yp/iia  cyli/idncir  m.,  de  Popova,  près  de  Tiarskoyé,  taadia 
que  les  aulru  espèces  prouTsnt  la  propriété  du  gisement  de 
Sadewjtz. 

Aslyl'upongia  pTœmorsn,  Gotdf.,  se  trouve  aussi  raremeot  aux 
enviroDa  de  Popova,  tandis  que  les  Aslyloipongia  eastnnea, 
BiBm.,  piliila,  RcBm.,  incisa.  Rfflm.,  inciio-lubaia,  RcBm., 
DO  se  reocontrent  qu'à  Sadenîlz, 

jistraenipongia  patina,  Rœm.,  se  trouve  dans  une  espèce  Toisîae 
à  Pouikowa. 

Panni  les  coraux,  on  leiuarque  le&  suivanla  : 

Strrptelosma  ruropttuni,  Rcem.,  se  rencontre  aussi  en  Eslhonie; 

je  l'avais  nommé,  en  1838,  dans  mon  Naturlihtorisehe  Skitte 

von  Lithaueiij  lurbinoUa  rmiiiens,  et  dans  ma  Letbaa  ro'tica 

il  est  figuré  sous  le  nom  de  Clhiaphytlum  emini:».*,  eu  1859, 

pi.  XXX,  fig.  15. 
Sp'figop/iyl/uni  orgaiiiiin,  Goldf.,  et  Pmpnra   titbalata,   Milne 

Edw.'ei  Haime,  se  trouvent  tous  les  deux  aussi  en  Eslhonie; 

voj.  ma   Ltt/iiea  loi.rica,  de  mCme  le  Hrliolil/ies  inlerilincla, 

Goldf. 
Beliolithrf  pniviiletla,  Rœm.,  a  élé  nommé  par  moi,  eu  4807, 

Helinpora   micropora,  dans   mou  Beilrag  zar  geographischen 

Ferbreitung  der  Jiniiten    Tliiere  von  Rasslaad,  et  figuré  en 

4859  dans  ma  Lethœn  russit-a. 
BcUulithe»  dubia,  Fr.  Schmidt,  est  identique  avec  le  Calamnpora 

ref'rnliita,  BIsÎDV.,  de  l'Eslhonie  ;  voy.  ma  l,rt/i,  lossica,  où  il 

esl  figuré,  pi.  XXXIII,  fig.  6.  L'espèce  se  rapproche  beaucoup 

de     VOrbipora   jangljinmif    m.,     figuré    dans    ma    Lctheea, 

pi.  XXVIII.  fig.  i,  qui  provient  de  l'Ile  de  DagS. 
nrUolithen   Inordinnla,  Uilue   Edw.  et  Haîme,   et  Calamnpora 

aspera,  Milne  Edw.  et  Qsime,  ue  se  Iroufent  pas  en  Esthonie. 
Monliculipora  petropolitana ,  Pand.,  a  été  uommè  par  moi  déjà, 

en  I8S5,  AfrIUpora  heaiisphterica,  dan»  mes  Observationei  de 
T^ilobitit,  et  en  (819    Orbitolitei  hemispharrica,   dana  ma 

Zatilngia  .tpecialis,  pi.  111,  fig.  \.  H.  PaDderiDommé l'espèce, 

en* 830,  Favoiites pelropolitanut. 
Parmi  les  Graptolit/iines  ae  trouve  le  RetioUtei  graeilU,  R<sm., 

è  Sadewiix  ;  je  ne  le  conuaia  pai  de  l'Esthonie. 
Lb  Diciyonema  fliibrlliforme  m.   ae   tronve  aussi  en  Suède  et 

dans  le  sohisle  argileux  de  l'Esthonie  ;  j'en  fais  un  genre  i  part, 
le  RhabilinoporaJIabettiformit,  dans  ma  Letheea  en  1SK9. 
Parmi  Iw  brfotoairea  ae  trouve  è  Sadewitz  le  Belnpora  lealpelli- 
furmis  m.,  espèce  que  j'ai  décrite  le  premier  dana  mon  Ôrweit 


60  StARCI    DU   A    HOVIMBRB    1801. 

vonRusslani^  vol.  III,  pi.  I,  fig.  1 ,  comme ^/c^ Ara,  el6B  K5S 
comme  Stiaopora  scalpclliformisj  dans  ma  Leiitœa, 
Stitodictya  pinnata,  Rœm.,  se  rapproche  beaucoup  du  Pt€ropc9\ 
pennula^  m.,  de  rCathonie,  voy.  Lei/tœa^  pi.  II,  fig.  45. 

Parmi  les  brachiopodes,  on  remarque  à  Sadewîu  les  Baivanu  i 

Ort/iis  sadefviize/isis,  Rœm.,  qui  ressemble  beaucoup  k  VOrtàià 

ralUgrammn^  Daim.  ;  ces  espèces  sont  très  communes  sus  envi- 

rous  de  Poulkowa  et  eu  Suède. 
Ortliis  svlaris^  Bucb,  est  identique  avec  VOrikh  disiincia  bu, 

du  calcaire  à  Orthocéraiites  de  Reval  ;  Tespèce  a  été  noausée 

par  moi  déjà  en  48iO  dans  Schichwn  System  von  Esihiamd  et 

figurée  en  4  859  dans  ma  Lethaa^  pi.  XXXVI,  fig    H;  elle 

a  par  conséquent  la  priorité  du  nom. 
Oithis  O^walili,  Rœm.,  me  semble  se  rapprocher  de  mon  Ori&is 

scmicireuiaris^  décrit  et  figuré  déjà  en  4  829  dans  ma  Zooiogim 

sprcîrtlis,  pi.  IV,  fig.  4  0. 
Leptœna  J%musû^  de  Vcrn.,  imbrrxj    Pand.,  sericea^  Sow.« 

et  vinata  m.  se  trouvent  aussi  en  Eslhonie  et  près  de  Fosl- 

kowa. 
Strophomenc  semipariitay  Rœm.,   me  semble   être    un  givnd 

Leptœma  de  pressa^  Daim.,  espèce  très  fréquente  en  EathonK 

et  en  Suède. 
Platystrophia  lynx  m.  se  trouve  également  en  Esthonie  el 

do  Gatscbina  aux  environs  de  Saint-Pétersbourg'. 
Spirifcr  insularis  m.  n'est  pas  rare  en  Eslhonio,  quoiqu 

pèce  manque  aux  environs  de  Saint-Pétersbourg}  on  i 

elle  caractérise  la  faune  primitive  des  lies  Dagô  et  Odic 

c*est  aussi  VOrt/tis  galca^  M'G)y,  de  l'Irlande. 
/itry'pa  marginalis^  Daim.,  var. ,  se  trouve  aussi   rarf 

Estbonie. 
Rliyncltonella  JFdsonl^  Sow.,  est  caractéristique  pour 

à  coraux  de  l'Ile  d'Oesel. 
Vcntamciiis  jugions j  Rœm.,  se  rapproche  beaucou' 

mcrus  galcatus,  Daim. ,  du  calcaire  à  Pentamères 

de  la  Podolie  et  du  nord  de  TOural. 
Crania  papillota ^  Rœm.,    ressemble   beaucoup  ai 

papulosum,  Kut.,  des  environsdoTzarskoyé,  voy.  ] 

p.  4  098,pl.XLI,  fig.  4  8. 
Ungula  quadrata  m.  se  rencontre  en  quantité  co 

lement  à  l'Ile  DagO,  tout  à  fait  comme  à  Sadew 

Parmi  les  gastéropodes  on  distingue  : 

Holopella  amptdlacea  m.,  espèce  très  fréquer 

Nouck. 
Mtirchisonia    belUcincla ,  Fr.   Scbm. ,   se  ' 

Esthonie. 


62  stAHCt  ni   A  .1UVI1BII  1801. 

Illtenms  gMMdh,  R<em.,  reMemble  un   peu  a  IVi 

bergii  m  ,  de  Tzarskoyé. 
lllteniu maiicatida ,  D«lm.,>e  IniUTc  comme  lelaui 

i  Erres,  eo  Ealhonie  et  «n  Suède. 
CkoMmopM  conirofthlkalmus,  Boeck.,  de  SadewiU, 

t  fait  ideotique  avec  le  Chaimops  OJim  Di.,di 

Toy.  la  pi.  LU,  6g.  32,  daos  ma  Lith.  nus. 
Ptoetut  tamriaaiu.  Daim.,  h  irouie  aussi  dans  l'Ili 
Catymene  pettUeba,  Rœm.,  ne  m'est  pas  connu  en 
Uehai  angusiii,  Beyr.,  se  trouve  ausai  en  Eslhoni 

ronsde  Saiot-PélenlMui^.  pri^s  de  Gaischina. 
Eiurinurat  muliitfgmenlatui,  Porll. ,  se  rapproche 

mus  /fôiràii  m.,  nom  géoérique  qui  a  I3  prioriU 

rut;  TOy.  ma  i^ri.  rois.,  p.  IHt. 
Ceraoru-t  nrnaiiu,  Ang.,  resieinble  heaucoup  an  1 

eropktlialmtu,  Kal, ,  de  Poolkova  et  de  Revat. 
Remttpteuridrs  naniis,    Duc  de  Leuchl.,   se    renc 

Ponlbova. 

M.  de  Verneuil  coromonique  la  note  suiTanti 
d*Eicbwald. 

Sur  un  crinoîde  bUtstoïde  découvert  pi-és  de  . 
par  M.  Ed.  d'Ëicbwald. 

A  Humelaaaari,  près  de  Poiilkova,  je  viens  de  déo 
courbe  iorérieure  de  notre  terrain  de  graunacke,  ou 
rienr,  an  blaitoide,  qui  renemlile  heaucoup  u  un  Pi 
mais  en  diffère  par  quelque*  caracières  génériques  ; 
]e  nomme  l'espèce  Afieroblastm  tietlnias.  11  lie  les 
blastoldet  par  des  pores  respiratoires,  disposés  par  pai' 
du  calice  à  l'entour  de  la  bouche,  caractère  qui  u' 
ches  les  bluloidcs  connui  jusqu'à  présent. 


Lecalice  formcunglobc  urpeuaplali  d 
lieo  de  SB  base  est  occupé  par  une  ouvertu 


90TB   DB    M.    D^BICDWALD. 


tige  cylindrique  (je  ne  Tai  pas  observée] ,  et  Touverture  est  formée 
par  trois  plaques  basales,  dont  une  est  très  petite  et  les  deux  autres 
fort  grandes,  couime  dans  les  Pentatréniatites  ordinaires^  Après 
ces  plaques,  viennent  vingt-cinq  pLiques  fourchues,  comme  aussi 
dans  les  Pentatrématites  ;  elles  ne  sont  pas  Uises,  comme  chez 
ceux-ci,  mais  ornées  de  petites  élévations  en  étoiles  à  cinq  ou  sept 
rayons,  caractère  tout  extraordinaire  qui  se  retrouve  aussi  chez  le 
Glyptocrinus  decadactyluSy  Hall,  du  silurien  inférieur  de  Cincinnati 
parmi  les  vrais  crinoïdes. 

Plus  haut,  viennent  les  cinq  plaques  pseudo-ambulacraircs 
deltoïdes  qui  sont  divisées  par  un  profond  sillon  central  en  deux 
parties  latérales  symétriques,  et  surmontées  à  leur  commencement 
élargi  chacune  près  de  la  bouche  pentagonale  par  deux  proémi* 
nences  arrondies  à  doubles  pores  respiratoires,  comme  chez  les 
Sphéronites  et  les  Protocrincs,  dont  les  pores  occupent  toute  la 
surface. 

Les  plaques  fourchues  sont  sans  doute  les  parties  les  plus  essen- 
tielles du  calice;  elles  sont  triangulaires  ou  deltoïdes,  et  pourvues 
vers  l'extrémité  pointue  de  chaque  côté  d'une  rangée  de  sept  petites 
lamelles  transversales,  qui  deviennent  insensiblement  plus  larges 
vers  les  proéminences  respiratoires,  et  qui  sont  pourvues  du  côté 
extérieur  de  petits  orifices,  auxquels  sont  fixées  les  petites  plaques 
supplémentaires,  tout  à  fait  comme  chez  les  blastoldes.  Les  pla- 
ques transversales  sont  striées  longitudinalement  à  stries  très  fines. 
Les  sept  lamelles  transversales  sont  alternes  entre  elles,  avec  des 
intervalles  en  sillons  lisses.  La  plus  large  des  lamelles  est  surmontée 
par  une  pièce  triangulaire  à  stries  longitudinales  très  fines,  comme 
les  lamelles  ellesniêmes. 

Les  cinq  proéminences  arrondies  à  doubles  pores  sont  supei*po- 
sées  aux  pièces  triangulaires,  de  sorte  qu'elles  se  trouvent  disposées 
entre  deux  plaques  deltoïdes,  à  leur  limite  mutuelle  supérieure, 
où  elles  forment  une  surface  arrondie,  marquée  au  milieu  d'une 
petite  crête.  Les  doubles  pores  qui  occupent  la  surface  sont  nom- 
breux et  placés  dans  de  petits  enfoncements,  compte  chez  les  Pro- 
tocrincs. Les  pores  ont  dû  avoir  le  même  usage  que  les  pores  des 
ambulacres  chez  les  échinidées;  ils  sont  également  disposée  par 
paires  et  percent  les  petites  plaques  des  ambulacres. 

La  bouche  de  Y  Aster  ob  la  s  tus  est  pentagonale,  comme  celle  des 
méduses  vivantes  ;  elle  est  formée  par  les  cinq  sillons  qui  passent 
au  milieu  des  cinq  plaques  deltoïdes;  elle  est  limitée  par  cinq 
pièces  en  arc  presque  triangulaire,  au-dessous  desquelles  est  dis- 
posée la  proétninence  à  doubles  pores. 


th  ttAirCB   DO    A    ROTBHUI   1861. 

La  bouche  semble  être  la  seule  ouverture  qui  se  prëifl 
V/tsieroblasUts;  lorifice  gëniul  manque,  et  probableina 
manque  auaii,  a  moins  que  celui-ci  n*ait  existe  sur  la  «ùi 
proéminence  k  doubles  pores,  qui  u*est  pas  bien conseivée 
échantillons.  Les  orifices  génitaux,  disposés  par  paires  à  I 
élargie  des  plaques  deltoïdes  du  Pentatremntitc^^  manqnen 
tement,  car  leur  place  est  occupée  chez  V  AsteroUastns  par  d 
calcaires  non  perforées;  wt%  œufs  ont  dû  sortir  par  conséq 
la  bouche,  comme  dans  les  échinidées  et  les  actinies. 


Recherches  sur  Veau  dans   Vintèrieur  de  la    te 

par  M.  Delesse  (1  ) . 

j  1.  -*  L'eau  se  rencontre  toujours  lorsqu'on  pénèt 
certaine  profondeur  dans  Tintcricur  de  la  terre,  et  par  coi 
il  est  facile  de  comprendre  qu'elle  doit  jouer  un  rôle  trèi 
tant  dans  tous  les  phénomènes  souterrains  ;  c'est  ce  que 
eu  Toccasion   de    développer    dans    diverses    publicalî 
remontent  à  plusieurs  années,  et  en  même  temps,  par  un  e 
de  recherches  analytiques,  j'ai  cherché  à  démontrer  q 
participe  à  la  formation  de  presque  toutes  les  roches. 
roches  stratifiées,  son  action  est  de  toute  évidence,  puisq 
elle-même  qui  les  a  dépesées  ;  pour  les  roches  non  strr 
pour  les  roches  métamorphiques,  son  intervention  se 
également  lorsqu'on  étudie  avec  soin  les  caractères  de 

Je  me  propose  aujourd'hui  de  communiquer  les  i 
diverses  expériences  qui  ont  été  entreprises  dans  le  bu 
miner  l'eau  contenue  dans  les  roches,  et,  en  outre,  de 
l'action  qu'elle  exerce  sur  elles  dans  T intérieur  de  h 
uottcc  se  divisera  donc  naturellement  en  deux  partir 

L  EAU  CONTENUE  DANS  LES  ROCHF 

$  2.  ^-  Lorsque  des  roches  sont  à  l'intérieur  c 
peuvent  être  complètement  baignées  par  des  nnp 
raines,  ou  bien  seulement  plus  ou  moins  imp; 
midité. 

Dans  le  premier  cas,  l'eau  contenue  dans  le? 
j'appellerai  l'eau  d'imbibition,  dans  le  second 
carrière. 

(4)  Ce  travail  a  été  lu  dans  la  séance  du  48  f 


Nottdtt  'tti  M.  Dnisét. '  o5 


Eau  d'imbibition. 


§  3.  — Si  Ton  considère  l'eau  d'imbibition,  il  est  visible  qu'elle 
sera  moindre  pour  une  substance  en  fragments  que  pour  la  méine 
substance  pulvérisée. 

J*ai  d*abord  opéré  sur  diverses  roches  qui  étaient  en  fragments, 
et  j'ai  déterminé  leur  eau  d'imbibition.  Dans  ce  bnt,  la  roche, 
quand  sa  nature  le  permettait,  était  enterrée  pendant  quelques 
jours  dans  un  lieu  humide,  puis  elle  était  lavée  et  ou  la  laissait 
séjourner  pendant  plusieurs  iieures  dans  Teaii,  afin  qu'elle  sVn 
impi*égnât  aussi  complètement  que  possible;  après  cela  sa  surface 
était  essuyée  et  l'on  déterminait  son  augmentation  de  poids. 

Les  roches  lithoïdes  ont  seules  été  essayées;  car  les  roches 
ai^nacëes  et  celles  qui  se  délayent  dans  Teau,  telles  que  les  argiles, 
les  marnes,  se  comportent  comme  les  substances  réduites  en 
poudre. 

Généralement  les  fragments  que  j'ai  soumis  à  l'expérienoc 
pesaient  au  plus  70  grammes.  Pour  la  craie  et  pour  le  calcaire 
grossier,  les  essais  ont  été  faits  avec  M.  Miclielot,  ingénieur  dès 
ponts  et  chaussées,  et  ils  ont  eu  lieu  sur  des  cubes  de  5  centimètres 
de  côté  qui  pesaient  environ  200  gramtnes.  Pour  trois  échan- 
tillons de  grès  servant  au  pavé  de  Paris,  l'eau  absorbée  a  été 
ilétcrtninée  par  M.  Daguin  au  laboratoire  de  TÉcole  des  mines. 
Eutin  j'ai  donné  encore  les  résultais  d'expériences  qui  ont  été 
faites  em  Angleterre  par  une  commission  formée  de  MiAJ.  C.  Barry, 
de  la  Bêche,  W.  Smith  et  €.  H.  Smith  (1);  ces  derniei's  résulàits 
sont  indiqués  sur  le  tableau  par  un  ostérisque. 

On  sait  qu'il  est  très  difficile  de  dégager  l'air  qui  se  trouve  dans 
les])ores  d*ùnè  substance;. mais,  dans  mes  expériences,  rinibibi- 
tion  se  produisait  à  peu  près  conime  pour  les  roches  qui  sont  à 
l'intérieur  de  la  terre,  et  les  résultats  étaient  comparables  entre 
eux  ;  voici  ceux  qui  ont  été  obtenus  : 

Tableau  if*  1  •  —  Eau  etimbibiiion  pour  les  substances  en  Jragmenis. 

■  Eau 

N*'  DMgMUoB  <les  «aUUtret.  imbihuai 

(1*01  Ur«.  100  parties. 

I .  Gypse  jaunâtre,  grenu  et  cristallin,  du  mont  Valérien.       2,20 
%,  Marbre  poli,  gris,  binioAtre,  très  compacto,  de  Boulo- 

gne-sur-Mer,   . 0,08 


■^■^^'^^*-^>^'^  I  ■  •     ^a*^!!»! 


»  1  »■     ,  . 

(4)  Report  mth  référence  io  the  sélection  pf  ut^no.  fur  bnihliug 
thc  ne(v  ttottses^  of  Paritament, 

Soc.  gêol.f  2*  série,  tome  XIX.  5 


66  stkncM  oii  h  KOTiaBiB  1861. 

N**  DësiinaUon  en  sabttoacet.  laMboBl 

d'ordre. 


3 .  *  Calcaire  iégèremeot  siliceux,  avec  quelques  graiof  da 

glaucooie,  de  Chtlmark '«^^  ^ 

4.  Calcaire  caverneux,  dit  la  roche,  formant  le  banc 

supérieur  du  calcaire  grossier 3,90^'* 

6.  *  Ooliihe  légèrement  cimentée  par  du  carbonate  de 

cbaux,  de  Ketum 6,94  - 

6.  *  Oulii/it  à  grain  fin,  cimentée  par  de  la  chaux  carbo- 

natée  compacte  et  cristalline,  d'Âncaster 7,38. 

7.  Calcaire  grossier,  tendre  et  poreux,  dit  lambourde,  de 

Bagneux 9,67 

8.  Id.  d*Ârcueil 10,80 

9.  Id.  d'Ivry #8,49   ' 

40.      Id.  de  Gentilly 4  6,tt 

44.  Id.  de  Carrière^-Saint-Deuii.     49,69-- 

42.  Id.  de  Houilles «9».69.: 

43.  Id.  de  Nanterre 94,40^ 

4  4.  Craie  à  l'état  naturel,  dos  Moulineaui,  à  Issy S4,4^   ' 

45.  *  Z)»//) M/ f>  semi-cristalline,  brun  jaunâtre  clair,  de  Bol- 

sover  en  Derbyshire 3^19'^ 

46.  *  tVï/c«iw /fi/ï^//wV//,  friable,  à  structure  un  peu  ooli-  '''• 

thique,  de  Cadeby 49,lV.'' 

47.  *  Grès  quartzeux,  gris  blanchâtre,  à  grain  fin  et  à  ci* 

meut  siliceux,  avec  4   pour  4  00  de  carbonate  de 
chaux,  de  Craigleith  pr^  Edimbourg 

48.  Grès  des  sables  supérieurs,  servant  au  pavé  de  Paris. 

49.  Id.  Id 

50.  Id.  Id 

24 .  Schiste  ardoisier,  gris  noirâtre,  avec  Trilobites,  d'An- 
gers  

22.  Schiste  noirfttre,  avec  empreintes  végétales  du  terrair 

houiller 

23.  Écume  de  mer  blauche,  très  légère,  happant  très  for 

ment  è  la  langue 

24.  Basalte  noir,  prismatique,  sans  cel laies  visibles 

Borne  dans  la  Haute- toire 

25.  Phonolite  vert  grisâtre,  prismatique  et  schistoTd 

Mégal 

26.  BétinitexiQXT^  compacte,  en  filons,  du  hameau  c 

trade  dans  le  Cantal. 

27.  Trnchyie  gris,  celluleux  et  porphyrolde,  du  me 

la  scierie,  aux  Bains  du  Moot-Dore 

28.  Granité  amphibolique  de  Sainte-Marie- aux- 

29.  Granité  grenu,  gris  bleuâtre,  de  Saint-Brie 

Dans  les  roches  lithoides  qui  sont  en  fragine 
tioQ  est  très  variable.  Elle  reste  inférieure  à 


ROTICB  H  M.   BIUWI.  00 

Eh 
MdpilioB  ia  labiUB».  iBblUsl 

1.  lOOiwIicl. 

Jrgile  diluTienDO,  bruDO,  rablfliiBe,  foriniat  la  terro 

Tégètale,  de  Bagneux Si 

Jrgile  diluTienns,  bninftlre,  sableuse,  formint  la  terre 

Tégélale  sur  le  plateau  de  Villejuif 6S 

Jrgile  ameclique,  vert  jaunâtre,   magnéiienne,    tris 

ODClueuEe,  de  RoaweiD,  en  Sue 77 

Argile  plaaiique,  grisâtre  et  marbrée,  de  Vaugirard.   .       79 
^r^'/r  gmecljque  (fuller'searth],  maigre,  verljauoitre, 

du  lorrain  néctromien  de  Nulfield,  près  Reigale,   .  ,     133 
Argile  feuilletée,  magnésienne,  happant  très  fortement 
t  la  langue,  du  terrain  du  gjpse  pirisiea,  plittrière 

de  l'Amérifjue ISO 

.  JÉcumeilemcr,  blanche,  très  légère,  happant  très  fnrle- 

ment  i  la  langue 201 

.  Manie  gria  bleuStre,  avec  Troc/iira,  du  lias  sapirieur, 

de  Pinperdi>J)U«f  le  Jura 16 

.  Mtitae  amedilue,  gria  violâlre,  trée  argileuse,  de  Lib- 

■tadi,  en  Prusae Si 

àtariie  grisAire,  avec  phesphale  do  chaux,  1res  recher- 
chée en  agriculture,  de  Caalelnaudary 70 

Marne  verte,  plastique,  trëa  argileuse,  qui  recouvre  le 

terrain  du  gypse,  de  Pantin 8< 

Murnir  ameclique,  blanchSire,  marbrée,  dito  pierre  i 
détacher,  entre  la  deuxième  et  la  troisième  mssjo  du 

gypse,  b  Pantin 92 

,  StéatiiK  très  douce  au   toucher  et  en  petites  lamelles 

blanchâtres,  de  Brianfon 17. 

.  Porphyre  rouge  quarizifère  du  Morran 88 

.  Ciiiniti:  bien  compacte,  lenace,  un  peu  ampfaibolîque, 

Je  Saiote-Harie-Bui-Mines 87 

oraquc  li:s  substances  minérales  sont  jiuWériaéea,  leur  imbibi- 
,  par  l'rau  est  visiblement  beaucoup  plus  grande  que  lors- 
:lles  sont  en  îrnQmeiits.  Elle  ne  paraît  pas  être  inférieure  à 
renlîèiiies,  ménju  dans  les  rocliei  compactes  el  pierreuses, 
lis  qui-,  <hns  cfs  ileroièrrs  rocbes  en  Ti-agmeiils,  clleae  réduit 
éraleinent  à  quelques  millièmes. 

l'iaOïieiice  du  l'état  pliysit]ue  des  roches  est  du  reste  bien 
[lifeste  lorsqu'on  compare  celles  qui  ont  la  même  composition 
mique;  ainsi,  rimbibilion  n'eat  que  de  17  pour  le  marbre 
vériaé,  tuulii  qn'elLe  t'élère  i  b1  ponr  la  emie. 
Coutcfoia  rimbibilion  dépend  ésalement  de  la  compoaition 
mique;  car  aile  n'est  pas  la  même  dans  l'anhydrite,  le  gypse, 
urbre,  le  KhiMe,  la  atéaiite,  le  porphyre,  le  granité,  lorsque 


■VO  êtàKCÊ  DO    A    NOtBMBUS    1861. 

cet  roches  sont  réduites  ea  grains  de  inèiiie  {;ros8 
beaucoup  aussi  dans  les  argiles  et  dans  les  ninrncj 
est  microscopique;  tandis  qu'elle  descend  à  ^1  dans 
sVIève  à  79  dans  Targile  plastique,  à  92  dans  la  un 
de  Pantin,  à  133  dans  Targile  de  Heigate  qui  est  eua 
terre  à  foulon,  à  180  dans  l'argile  uiagiu^ienne  f< 
r^conie  de  mer,  qui  est  une  arpjle  magnésienne  pur 
atteint  même  201  et  par  conséquent  elle  e.st  doubli 
mitif.  Elle  est  toujours  grande  dans  les  roches  ar^ 
les  argiles,  particulièrement  lorsqu'elles  sont  inngm 

L'acide  bumique  qui  absorbe  190  d*eau  a)ntribu 
augmenter    riud)ibition  des  roches    auxquelles  il 
comme  cela  a  lieu  pour  les  terres  végét«iles.  Ce  <lc 
rime  des  causes  pour  lesquelles  il  fertilise  le  sol, 
élément  indispensable  à  la  végétation. 

Bo  résumé,  Timbibitiou  de  différentes  subslac 
dépend  non-seulement  de  leur  état  physique,  mais 
coinpositiou  chimique;  elle  dépend  même  de 
liquides  absorbés..  Faible  lorsque  les  substances  al 
compactes,  elle  augmente  lorsqu'elles  deviennent 
esc  surtout  très  grande  ]X)ur  celles  qui  sont  form^ 
microscopiques  et  susceptibles  de  se  délayer,  comi 
les  maroes,  la  craie,  le  triiK)Ii. 

L'imbibitîoà  dépend  aussi  de  la  composition 
substances.  Tandis  qu'elle  est  faible  pour  Tanh^ 
calcaire  ou  siliceux  et  pour  la  stéatite,  elle  sVlève  I 
les  roches  qui  contiennent  de  l'acide    hnmiqae  ' 
ndiammcnt  des  argiles  magnésiennes. 

£o  un  mot,  Timbibitioii  est  due  surtout  à  la  ca| 
propriétés  physiques  des  substances,  mais  elle  di 
raffiuité  et  de  leurs  propriétés  chimiques. 

Eûtt  (là  carrière, 

§  5.  —  Lorsque  les  roches  se  trouvent  dans 
terre,  elles  sont  toujours  imprégnées  d*humidité, 
super6cielles,  soit  par  les  eaux  souterraines.  Elle 
placées  dans  les  conditions  des  expériences  pri^ 
elles  sont  simplement  traversées  par  de  reatt'qui 
leurs  iissures  et  leurs  pores.  D'un  autre  eôté,^ 
être  mélangées  à  une  proportion  d'ean  encore  p' 
trouvée  daus ces  expériences;  c'est  notamnleo 


NOTICE   Bit   M.   DBLKSBB.  7l 

elles  sont  complètement  baignées  par  les  nappes  souterraines.  Il 
était  intéressant  de  rechercher  directcinent  quelle  est  la  propor-^ 
tion  d'eau  contenue  dans  les  roches,  lorsqu'elles  sont  dané  le  sein 
de  la  terre,  et  de  déterminer  leur  eau  de  carrière.  Dans  ce  but  j'ai 
entrepris  d^autres  expériences  desquelles  je  vais  maintenant  rendre 
coi^fipte,  et  j'indiquerai  d^ abord  qu^elles  ont  été  faites  pendant  la 
saison  pluvieuse. 

Les  échantillons  sur  lesquels  j'ai  opéré  ont  généralement  été  pris 
dans  des  carrières  souterraines,  ou  bien  à  plusieurs  dëeimèti^s  àu- 
destous  de  la  Surface  du  sol,  en  sorte  qu'ils  étaient  autant  que  pos- 
sible à  Tabri  des  variations  provenant  de  l'action  du  soleil  ou  de 
l'atmosphère.  Dans  les  carrières,  ils  ont  d'ailleurs  été  choisis  à  une 
certaine  distance  des  parois,  qui  sont  en  partie  desséchées  par  le 
mouvement  de  l'air.  Enfin,  ib  ont  encore  été  choisis  beaucoup 
au-dessus  des  nappes  d'eau  qui  coulent  à  l'intiériem*  de  la  terre. 
Immédiatement  enveloppés  dans  une  feuille  d'étatn  et  dans  dès 
vases  fermés,  ces  échantillons  étaient  pesés  le  plus  tôt  possible  et 
on  les  faisait  ensuite  dessécher.  Ceux  qui  proviennent  des  environs 
de  Semur  m'ont  été  envoyés  par  MM.  CoUenot  et  Bréon,  membres 
de  la  Société  géologique. 

Les  résultat^  obtenus  sont  résumés  dans  le  tableau  qui  suit.  La 
colonne  a  donne- l'eau  contenue  dans  100  de  la  substance  huiuide 
et  à  l'état  naturel,  tandis  que  la  colonne  b  donne  l'eau  qui,  dans 
les  conditions  de  mes  expériences,  serait  absorbée  par  100  de  la 
substance  sèche,  si  elle  était  replacée  dans  le  sein  de  la  terre. 

Tableau  n*  3.  —  Eau  de  carrière  dans  diverses  substances. 

Eau  fwar  f  00 
de  la  aabttaBci 
No»  Dtfftignaiion  dei  uihflaQces.  ^    ■■i*  '  ^'    > 

d*oriire.  humide.       sèche. 

4.  Gypte  dû  banc  des  glaises,   à   Suresnes   au       ^  ^ 

mont  Yalérieii 0,45       0,46 

5.  Gypse  du  batte  des  écorcheux  qui  ferme  le  cisl 

à  lu  plfttrière  d'ÀDtony O.IS       0,48 

3.  Gx/;.cer  du  bMio  des  fleurs,  à  Bagnenx 4,50       4,8^ 

i.  Calcaire  grossier,  dur  et  caverneux,  avec  Gé-> 

rites,  du  ban6  de  roche,  pris  daos  les  anciennes 

ca  prières  soasla  rue  Notre- Dame-des-Champs, 

à  Paris 3.01       3,44 

5.  Crm>  blandiWdtf'la  bttsèè  niasse,  à  Meudon.  .  49,30     23,94 

6.  Cra/t' blanchi» de  fe  tiaute  masse,  à  Meudon.  .  20,66     26,04 

7.  Calcaire  grossier,  friable,  un  peu  marneux  et 

très  tendre,  avec  nombreuses  MiUiolites  du 


r 


72  StANCB   PU    a    IfOTBMBRE    180 


t  . 


N**  Deiignalion  det  subiUnces, 

d  OfwVt 

banc  de  lambourde,  pris  dans  les  ancienn 

carrières  sous  la  rue  Notre- Dame>des-Chami 

'^  à  Paris 

.    -  8.   Quartz  blanc  laiteux  en  G  Ion  dans  le  grani 

de  Semur 

9.  Siiex  compacte  de  la  haute  masse  de  craie, 

Meudon 

40.  Siiex  compacte  de  la  basse  masse  de  craie, 

Meudon 

4  4 .  Siiex  meulière,  un  peu  caverneux,  de  Targ 
i  .  à  meulières  supérieures,  du  plateau  de  Sèvrc 

4  2.  Sabtc  quartzeiix  rougefttre  de  Tétage  de  Fo 

tainebleau,  pris  à  Meudon 

43.  Sabie  quartzeux  grisfttre  de  l'étage  de  Fo: 

tainebleau,  pris  à  Meudon 

4  4.  Jrène  très  grossière  formée  de  débris  de  gne: 

et  de  granité,  de  Semur 

4  5.  Argiie  brunâtre,  diluvienne,  avec  débris  ti 
nombreux  de  roches  granitiques,  de  Chevign 

46.  Argiie  brun  rougeAtre,  employée  comme  tei 

à  brique,  du  terrain  diluvien  supérieur, 
Bicétre 

47.  Argiie  hT^n  rougeAtre,  du  terrain  diluvien  s 

périeur;  elle  forme  la  terre  végétale  à  Vil! 

juif 

1 8.  Argile  plastique  grise,  prise  à  4  "*y50  de  profo 

deur  dans  une  glaisière  à  ciel  ouvert  dlssy. 
49.  Argile  plastique  noire,  prise  dans  une  glaisiè 

souterraine  do  Vaugirard-Paris 

20.  Argile  blanc  grisâtre,  enveloppant  les  me 

lières  supérieures,  à  Meudon 

24.  Marne  verte,   très  argileuse,    supérieure  { 

gypse,  servant  à  fabriquer  la  brique  au  mo 

Valérien 

82.  jl/riryre  vert  jaunâtre,  argileuse,  supérieure  i 

gypse,  servant  à  faire  de  la  brique  ao  Moi 

Valérien ,  . 

23.  Marne  blanche,  calcaire,  recouvrant  le  bai 

des  fleurs,  à  Bagneux 

24.  Marne  blanc  verdAtre,  schistolde  et  magOi 

sienne,  associée  à  la  précédente  dans  le  te 
rain  du  gypse,  à  Bagneux 

23.  Marne  blanche,  plastique,  supérieure  au  o 
caire  grossier,  des  anciennes  carrières  so 
Paris 

2G.  /i/^rirrnoirAtro  avec  mica,  do  Chevigny.  .  . 


MOTIGB  DS  M.   DBLBtBB. 

ÇJiî??.  B.«  p 

de  la  »i 
No*  Désignation  des  tubatances.  ^       «^ 

d*  ordre.  hnmide, 

27.   Gneiss  très  micacé,  friable  et  un  peu  décom*       ^ 

poséy  de  Fiée 3,00 

30p89  28.  Granitek^TQg  grain,  avec  quartz,  orthoae  rose 

et  deux  micas,  do  Semur 0,87 

^»0^  29.  Granité  précédent  désagrégé  et  commençant  à 

passer  à  l'arène 4,85 

OyfS  30.   Gm/?//^précédentplu8CompIélementdé8agrégé.     3,68 

31.    Gr^/i//^  précédent  devenu  plastique  et  kaolinisé.  42,44 
0,4^  32.  Bois  de  sapin,   mou    et  décomposé  dans  des 

carrières  souterraines •»  .  .  .  38,96 

2       4,4  3  33.  Bois  de  chêne,  mou  et  décomposé  dans  des 

carrières  souterraines,  f/err: 4, 23 4 88,90 

4       2,S9 

^  ^  Le  tableau  qui  précède  met  bien  en  évidence  quelques 

'  intéressants.  On  voit  d'abord  que  Teau  de  carrière  varie  I 

I       7  54.  avec  les  difTërentes  roches  et  qu'elle  dépend  essentielle 

leur  nature.  Tandis  que  certaines  roches  sont  sèches,  d*au 

0     4  4,61  sont  cependant  dans  les  mêmes  conditions  de  gisement 

contraire  très  humides. 

Les  roches  qui  ont  le  moins  d*eau  de  carrière  sont  natui 

celles  qui  sont  les  plus  compactes  et  en  même  temps  1 

hygroscopiques,  comme  le  quartz  hyalin,  Teurite,  le  grai 

•3     24»SS  Le  silex  de  la  craie  qui  est  compacte  contient  enviro 

lième  d'eau  de  carrière  ;  mais  le  silex  meulière  qui  est  c 

16     24,32  cil  a  plus  de  1  pour  1 00 .  Si  ce  dernier  silex  contient  beaui 

^     ^  d'eau,  cela  doit  tenir  à  sa  porosité  et  aussi  à  ce  que  Ta 

>A     3A  4^  a  '  i  ^ 

*  l'enveloppe  est  toujours  beaucoup  plus  humide  que  la  ers 

^8     32  4  4  ^^  sable  qiiartzcux  et  micacé,  lors  même  qu'il  se  iaiss 

et  qu'il  présente  une  certaine  plasticité,  renferme  seule; 
3  centièmes  d'eau  de  carrière. 

>5     49,83  Le  gypse   appartient  aux  roches  qui  sont  remarqu 

sèches  et  l'eau  peut  s'y  réduire  à  quelques  millièmes.  Lo 
a  davantage,  cela  tient  à  ce  qu'il  est  alors  plus  on  moins 
d'argile.  Quand  il  est  dur  et  pierreux,  le  calcaire  est  i 

22     34  9S  assez  sec;  car  le  calcaire  grossier  du  banc  de  roche,  qui  ( 

dant  très  celluleux,  n'a  donné  que  3  centièmes  d'eau  de 
Toutefois,  quand  le  calcaire  est  très  poreux,  désagrégé  et 

99     38 ,8  7  parcelles  microscopiques,  il  peut  en  contenir  plus  de  20  o 

c'est  notamment  ce  qui  a  lieu  pour  la  craie  et  pour  certi 

84     39  â>9  (le  lambourde. 

07       O^OT  L'argile  et  la  marne  prises  dans  le  sein  de  la  terre  1 


0     19,49 


)2    26, 4n 


7 à  StAMGt  JMI   h   MOTBHB»   1861. 

toujours  beaucoup  d'eau  de  carrière  et  elles  appartiennent  essen- 
tielUment  aux  roches  liumidet.  Quand  elles  sont  iiiélan^^ées  de 
sable,  comme  les  argiles  diluviennes,  elles  ont  moins  de  20  pour 
100  d'eau  de  carrière  ;  elles  peuvent  en  contenir  davantage  quand 
elles  sont  plus  pures,  comme  i^argile  plastique  et  Targile  à  meu- 
lières. Dans  toutes  les  marnes  essayées,  même  dans  celles  qui 
sont  calcaires,  j'ai  trouTé  qu'il  y  avait  beaucoup  d'eau  de  carrière, 
souvent  plus  que  dans  les  arp,iles.  Ce  résultat  doit  sans  doute  étrf 
attribué  à  ce  que  dans  les  marnes,  les  parcelles  calcaires  soi 
excessivement  ténues,  plus  encore  qu'elles  ne  le  sont  dans  I 
craie. 

Les  roches  grauitiques,  lorsqu'elles  sont  très  compactes,  coir 
l'earite  de  Ghevigny,  peuvent  contenir  moins  de  1  millième  d 
de  carrière;  mais  lorsqu'elles  se  désagrègent  et  surtout  lorsqu' 
le  kaolkiisenC  leur  proportion  d'eau  augmente  rapidement 
granilede  Semur  nous  montres  par  exemple,  qu'elle  est  à  pe' 
de  15  pour  100,  même  dans  un  kaolin  encore  imparfait 
mélangé  de  quarts  ainsi  que  de  mica. 

Les  bois  placés  dans  les  mines  ou  dans  les  carrières  épr 
une  décomposition  très  rapide  et  ônisseut  par  se  changer 
sorte  de  terreau    brun  noirÂtra.  Ils  retiennent  aloi-s  t 
d'eau  hygrométrique  ;  car,  pour  un  bois  de  chêne  deveni 
friable  qui  était  resté  seulement  pendant  quelques  anc 
une  carrière,  cette  eau  s'élevait  à  peu  près  à  89  pour  10^ 
l'on  considère  ce  bois  à  l'état  sec,  la  proportion  d'eau  r 
bera  sera  représentée  par  8  fois  son  poids.  On  a  coiist 
que  pour  la  tourbe  qui  est  fonuée  de  végétaux  égalen 
posés  dans  le  sol,  100  parties  peuvent  s'imbiber  de 
d'eau,  c'est-à-dire  de  plus  du  double. 

Les  roches,  même  celles  qui  sont  les  plus  compacf 
de  l'eau  de  carrière  au  moment  où  on  les  extrait 
terre.  Gomme  il  est  Cacile  de  s'en  assurer  pour  le 
silex,  quelques  millièmes  ou  dix-millièmes  de  cetf 
pour  les  rendre  beaucoup  plus  tendres,  moins  tena 
diiier  très  notablement  leurs  propriétés  physiques, 
perdent  assex  rapidement  cette  eau  quand  elles  s 
Taction  .de Tair  et  en  même  temps  elles  se  délit 
part  L'argile  la  plus  compacte,  comme  l'argile  pi 
peu  à  peu  et  finit  par  se  désagréger  complète 
quelques  jours  j  elle  se  débarrasse  alors  de  son 
même  d'une  partie  de  ses  matières  organiques 
rites  se  d^coin|ii9s<iii.et  y  produisent  des  efflorei 


'  '  kotftt  M   H.    OVLBSM.  ih 

CoÊtpàtaisdà  de  feau  dinubibition  et  de  Ceau  de  carrière. 

«     •  ■  < 

§  6.  •—  Il  eftt  focîle  maintenant  de  comf>arer  la  proportion 
<l'î*au  contenue'  dans  les  roches  qni  sont  dans  le  sein  de  la  terre, 
avec  celle  qài  est  susceptihle  de  les  imbiber.  Obsetf'vbns  d*aborâ 
que  dans  les  tableaux  n^  1  et  n®  3  Teau  d'imbibition  est  rapportée  à 
100  tie  la  substance  sèche;  par  conséquent  il  faut  qu*it  en  soit  de 
même  pour  Teau  de  carrière.  C^est  précisément  le  résultat  qui  est 
donné  par  la  colonne  b  du  tableau  n°  3  ;  car  elle  fait  conhaitre  l'eau 
qni  serait  absorbée  par  chaque  roche  sèche  après  qu'elle  aurait  été 
ref)lacëe  dans  son  gisement.  Si  Ton  compare  sur  les  tableaux  pré- 
cédents les  résultats  (roufés  pour  les  mêmes  roches,  on  voit  qoe 
l'càu  de  carrière  est  jgénéralement  en  proportion  beaucoop 
moindre  que  l'eau  dlmfcibition.  Ainsi  pour  le  sable  de  Fontaine- 
blean,  l'eau  de  carrière  n'est  pas  le  dixième  de  Teau  d'imbibition  j 
pour  une  marne  Vevtè  supérieure  au  gypse  elle  n'était  qiiede  (l^iS  ; 
pour  l'argile  plastique,  elle  est  de  0,30,  et  de  0^39  ponr  l'argile 
diluvienne  de  'Villejuif  ;  pour  la  craie,  elle  s'est  élevée  jusqu*à  0',63. 
Lorsque  les  roches  sont  pierreuses,  comme  le  quartz,  le  silex,  la 
meulière,  le  bano  de'rodie  dans  le  calcaire  grossier^  legrenita, 
l'curite  et  en  général  les  roches  feldspath iques)  il  n'y  a  d'ailkurs 
qu'tme  très  faible  dilTét^nce  entre  Teau  de  cairière  et  Veau  d'ini- 
bifoîtibn. 

^€e  sont  les  vocbesqai  s'im^bibent  de  la  plus  granda  proportion 
«Feau  qui  en  retiennent  aussi  le  plus  dans  le  sein  de  la  ten-e  s  telles 
sont  la  craie,  les  manies,  les  argiles.  CepeiKknt  elles  n'ont  pas 
.  beaucoup  près  toute  l'eaa  qu'elles  peoTent  retenir  et  elles  sont  Idin 
!  d'en  être  saturées;  c'est  facile  à  concevoir  pour  la  crue  etengéoéfal 
pour  les  roches  perméables;  parce  qu'elles  laissent  écotilev  la  petite 
quantité  d'eau  qui  les  trayerse  à  mesure  qu'elles  la  reçoivent; 
mab  c'est  plus  extraordinaire  pour  les  ixwhes  impennéables' ou 
-peu  perméables,  ootnmeles  ïirgiles  et  les  niames,  paiaqa'aUes 
supportent  elles-mêmes  des  nappes  d'çau  qudquefets  très  pnia- 
santes  par  lesquelles  elles  sont  constamment  humectées. 

L'eali  de  carrière  cob tenue  dans  les  rodies  Vtoit  varier^  dans 
certaines  limites,  avec  les  saisons,  et  augmenter  ^ la auate  de  grandes 
pluies;  touiefoia,  pour  lès  roches  se  trotivant  À  une  petite  pro- 
ibnlleur  bu-déssottMla  sol,  H  est  probable  qu'elle  reste  à  peu  fHrès 
constante.^' Ou'rs'ao  vendra  "compte  en  observant  qufa  l'eau  qui 
pécièlre'danstle  sot  astésulement  nne  fraction  de  celle  qui  tombe 
.4!sa  surface  f*,<ftiè  lie  pin»,  3  ean  de  carrière  est  leteniie -dans  la  «ocbe 


76  SÉANCI  M!   à   POflSMU   1801. 

par  des  affinités  puissantes,  qu'elle  ne  peut  guère  8*ëvaporer  ni 
s'égoutter,  qu'elle  s'introduit  surtout  par  capillarité  et  qu'elle 
proTient  en  partie  des  nappes  souterraines  inférieures. 

Enfin,  remarquons  encore  que  l'eau  de  carrière  dépend  beau* 
coup  du  gisement  des  roches  ;  dans  certains  cas  elle  devient  égale  â 
l'eau  d'imbîbition  et  c'est  même  ce  qui  a  toujours  lieu  quand  les 
roches  sont  baignées  par  des  nappes  souterraines. 


II.    — -   AGnON  DB  l'eau  CBACDE  SUE  LES   BOCttS. 

$  7.  —  A  mesure  qu'on  s'enfonce  dans  l'intérieur  de  la  terre, 
la  température  des  roches  va  en  augmentant  et  par  suite  aussi 
celle  de  l'eau  qui  les  imprègne;  il  était  intéressant  d*après  cela  de 
rechercher  quelle  est  l'action  exercée  par  Teau  chaude  sur  les 
roches.  C'est  dam  ce  but  que  j'ai  entrepris  quelques  expérience^ 
è  Tusine  de  M.  E.  Goutn  aux  BatignoUes  et  je  vais  en  donner  ' 
résumé  sommaire. 

Des  minéraux,  des  roches  et  difiiérentcs  substances  miné 
étaient  placés  dans  des  cylindres  poreux,  tels  que  ceux  qui 
employés  pour  les  piles  de  Bunsen.  Ces  cylindres  étaient  er 
introduits  dans  une  diaudière  à  vapeur  h  la  partie  supérie 
laquelle  on  les  suspendait;  de  cette  manière,  les  substance 
rimentées  pouvaient  être  soumises  à  l'action,  soit  de  l'eau 
sous  pression,  soit  de  sa  vapeur  humide  et  saturée.  J> 
riences  comparatives  ont  été  faites  de  la  même  manière 
cylindre  de  fonte  qui  recevait  de  la  vapeur  d'eau  sèc^ 
chaullée.  La  durée  du  séjour  dos  substances  dans  la  ch 
dans  le  cylindre  était  prolongée  pendant  huit  ou  quir 
même  au-delà,  et  la  machine  restait  constamment  en 
ce  temps.  Dans  la  chaudière,  la  pression  de  la  vapeur 
pas  cinq  atmosphères,  en  sorte  que,  d'après  M.  V. 
température  était  au  plus  de  152''. 219  ;  dans  le  cylir 
sèche,  la  température  pouvait  s*élever  davantage  et 
dre  300». 

Quelques  expériences  ont  été  faîtes  en  mettan 
dans  un  lit  de  magnésie  blanche  ou  de  carbonate 
cet  état,  elles  étaient  exposées  pendant  longtem| 
humide,  soit  à  la  vapeur  sèche.  On  se  proposait 
cher  si  elles  subiraient  des  décompositions  ov 
phoses  analogues  à  celles  qu'on  observe  dans  I' 
stances  minérales  essayées  étaient  d'ailleurs  e 


■OTlCt  M  a.   DXLBSU.  77 

pesait  et  on  les  exatnioait  avec  soin  au  coinineDceiDent  et  à  la 
fin  de  chaque  opération. 

Indiquons  inainteuant  les  résultats  obtenus  pour  ces  subtUncet 
et  étudions  successivement  leur  désagrégation,  leur  diasolulioii, 
la  variation  de  leur  quantité  d'eau. 

Désagrégation , 

§  8.  -^  Lorsque  les  substances  minérales  sont  soumises  à  Taction 
de  la  vapeur  d'eau  sèche  ou  humide,  elles  n'éprouvent  que  des 
modifications  assez  faibles  dans  leurs  [Propriétés  physiques. 

En  effet,  des  cristaux  bien  trausparents  exposés  |>endant  pins 
de  huit  jours  à  de  la  vapeur,  ayant  une  température  inférieure 
à  155^  et  une  tension  moindre  que  cinq  atmosphères,  ont  conservé 
leur  limpidité  et  n*ont  aucunement  été  fendillés.  Je  citerai,  par 
exemple,  le  quaitx  hyalin,  le  silex,  le  grenat,  Tépidote,  le  disthène 
qui  avait  encore  sa  couleur  bleue,  la  topaze  et  Témerandc  qui 
sont  restées  parfaitement  transparentes,  tes  fetdspaihs,  notamment 
l'orthose  pleri*e  de  lune  de  Ceylan  et  le  labrador  grrs  bleuâtre  de 
Finlande,  qui  avaient  toujours  leurs  reflets  chatoyants.  Quant  à 
Tamphigène,  sa  transparence  avait  diminué. 

J'ai  soumis  également  diverses  substances  à  la  vapeur  sèche  et 
surchauffée  qui  pouvait  atteindre  une  température  de  300*.  L'obsi- 
dienne vitreuse  de  l'blande  ne  s'est  |>as  fendillée  et  elle  a  même  con- 
servé sa  couleur  noire.  Des  verres  aitiftcieb  provenant  de  la  fusion 
du  granité,  de  la  dtorite^  du  porphyre  et  du  mélaphyi-e  dans  des 
fours  de  verrerie  n'ont  pas  éprouvé  non  plus  la  moindre  désagré- 
gation. Mais  le  verre  ordinaire  s'est  comporté  tout  autrcmeift, 
car  il  est  devenu  blanc  et  opaque  ;  en  outre,  il  a  été  corrodé  à  sa 
surface  et  il  s'est  sensiblement  déformé.  Le  rétinite  vert  jaunâtre 
de  Meissen  a  pris  une  conleur  un  peu  plus  pâle  et  s'est  légèrement 
fendillé;  le  perlite  du  cap  de  Gates  s'est  fendillé  également.  Le 
rétinite  et  le  perlite  qui  sont  des  verres  hydratés  naturels  éprouvent 
donc  une  désagrégation,  tandis  que  cela  n'a  pas  lieu  pour  les  verras 
artificiels  provenant  de  la  fusion  du  granité  et  du  mélaphyrc.  On 
peut  d'ailleurs  s'en  rendre  compte  aisément  en  observant  que 
le  rétinite  et  le  perlite  sont  dcjâ  fendillés  dans  la  nature  et  qu'îto 
sont  même  traversés  par  uue  multitude  de  fissures  niic«oscopiques 
ayant  généralement  û  forme  de  éiihéroides  (1). 


(4]  Recherchei  sur  les  roches  globuleuses.  {Mémoires  de  la  Soeiété 
géologique^  f  sér.»  t.  VL) 


78  SÊANU    IHj    h    ?iOVB«BBB    1861. 

J'ai  encore  recherché  si  ks  |»or|ihyr(S,  les  grauites,  les  rodiet 
fehlspalhiqucs  en  général,  sont  désagié(;és  |>ar  la  va|K'ur  d'eau 
sèche  ou  humide»  Uc$  esaais  variés  ont  eu  lieu  sur  le  {>raniu:  de  la 
Poutroye  etd*Orbcy  dans  les  Vosj^es,  sur  Teurile  poiphyrolde  du 
Sapois,  sur  le  pétrosilcx  [Hallrjiinta)  de  Suède,  sur  le  niélaphyre 
vert  antique  de  Lcbctsova.  Or,  après  avoir  été  exposée  pondant 
une  ou  plusieurs  semaines  à  l'acliou  de  la  vapeur  d\*aii,  chacune  de 
ces  roches  conservait  à  très  peu  près  les  montes  caractères;  elle 
restait  dure  et  tenace;  elle  n'était  aucunement  fendillée,  iiî 
désagi'égée. 

Les  roches  feldspath  iques  ne  se  désagrègent  doue  |>as  loit- 
qu'elles  sont  maintenues  en  contact  avec  de    la  vapeur  d*eau 
ayant  une  tension  de  cinq  alniosphèrcS|  pourvu  que  leur  tempe-, 
rature  augmente  ou  diminue  graduelleutcut,  connue  c*est  le  cas 
pour  les  expériences  qui  viennent  d*ètre  mentionnées.  Mais  ce  caf, 
doit  aussi  se  présenter  le  plus  souvent  dans  la  nature,  la  vapeiu*. 
d'eau  s' infiltrant  lentement  dans  les  i^oches  et  n'étant  que  trèi 
rarement  mise  en  contact  subit  avec  elles.  Par  conséquent, .; 
pense,  contrairement  à  Tavis  exprimé  par  plusieurs  savants,  q 
la  kaolinisation  du  granité  et  des  roches  feldspathiquis  ne  saun 
être  attribuée  à  une  désagrégation  produite  par  de  la  vapeur  dV 

Fariaiion  dans  la  quaniilé  d'eau^ 

$  9.  —  II  était  intéressant  de  rechercher  conuneul  Teau 
dans  les  substances   minérales,  si  elle  diminuait  dans  c 
sont  hydratées,  si  elle  augmentait  au  contraire  danscelhs 
susceptibles  d'en  fixer  une  certaine  quantité.  Les  résultat 
obtenus  sont  en  op|>osition  avec  ceux  que  Ton  serait  natu 
porté  à  admettre. 

En  effet,  les  minéraux   hydratés  ne  perdent  généra 
leur  eau,  lorsqu'ils  séjournent  pendant  longtemps,  soi 
peur  sèche  a  300^,  soit  dans  de  l'eau  liquide  ou  en 
une  température  inférieure  à  155^. 

11  en  est  de  même  pour  cei  laines  roches  liydratt 
stéatite  et  le  porphyre  vert  antique.  Cela  doit  être 
que  Teau  de  ces  substances  minérales  se  dégage  st 
température  supérieure  à  celle  à  laquelle  elles  ont 

D*un  autre  côté  les  substances  minérales  qui,  / 
ordinaire,  ont  la  plus  grande  aflinité  ])our  Tea 
binent  le  plus  avidement  avec  elle  peuvent  tr 
altérées  dans  la  vapeur   d'eau.  C'est,  par  ej 


MTICB  Dtt  V.    DSLtSSS.  79 

QOQsUté  sur  des  chaux  et  des  ciments  qui  provenaient  de  la  caki-^' 
nation  des  marnes  da  gypse  ou  bien  de  craie  mélangée  èi  de  Far-* 
gile  plastique.  Des  fragments  de  verres  scoriacés  résultant  delà 
fvisipu,  ïioit  de  1/2  craie  avec  1/2  argile  plastique,  soit  de  2i/5  craie' 
avec  1/5  argile  plastique,  ne  se  sont  pas  hydratés,  malgi*éun  séjour' 
prolongé  dans  Teau  de  la  chaudière  à  vapeur. 

£n  outre,  des  chaux  hydrauliques  etdes  ciments  étant  pulvérisés, 
puis  exposés  à  Taction  de  la  ^apeur  d'eau  sèche,  n^ont  pas  fiait  prise 
et  ne  se  sont  pas  hydratés  davantage  ;  leur  poids  n'a  même  pas 
changé.  Ainsi  les  chaux  et  les  ciments  ne  s'hydratent  pas  sous 
l'influence  de  la  vapeur  sèche  ou  humide. 

Lorsque  les  chaux  et  les  ciments  ont  été  préparés  à  l'époque  dti 
gelées,  on  sait  qu'ils  se  désagrègent  très  facilement  et  qu'ils  fiiiissetif 
même  par  tomber  eu  poussière  ;  on  voit  de  plus  qu'à  une  témpé^' 
rature  supérieure  à  100°,  ces  produits  ne  s'hydratent  pas  du  tout; 
par  conséquent,  les  hydrosilicates  qui  constituent  les  chaux 
hydrauliques  et  les  ciments  se  forment  seulement  dans  des  limites 
de  température  assez  étroites.  Entre  ces  Irmites,  la  rapidité  de  la 
prise  Varie  d'ailleurs  beaucoup,  et,  d'après  des  expériences  récentes' 
de  M.  le  lieutenant  Gillmore,  elle  augmente  avec  la  température (1).  ' 

L'aohydrite  est  l'un  des  minéraux  qui  ont  la  plus  grande  affinité 
pour  Teau  avec  laquelle  elle  se  combine  pour  se  métamorphoser 
en  gypse.  Comme  on  a  souvent  fait  intervenir  cette  réaction  dans 
les  phénomènes  géologiques,  il  était  patticulièremént  intéressant 
dp  rechercher  comment  f^anhydrite  se  comporte  en  présence  de  la 
vapeur  d'eau.  Or,  de  l'anhydrite  blanche  bien  cristallisée,  dont  le' 
s^our  dans  la  chaudière  à  vapeur  avait  été  prolongé  pendant  un 
inQÎft,  s'était  seulement  un  peu  fendillée;  de  plus,  sur  certains 
points  de  sa  surface  ainsi  que  dans  ses  fissures,  il  s'était '  déve-' 
loppé  du  gypse  en  fibres  blanches  et  soyeuses.  Toutefois  une  très 
petite  partie  de  rédiantillon  s'était  changée  en  gypse;  il  est  doue 
v^-aiseiublable  que  cette  métamorphose  s'est  opérée  à  la  fîn  de 
l'opération,  lorsque  la  température  a  diminué  dans  la  chaudière 
par  suite  de  la  mise  hors  feu  et  lorsqu'elle  s'est  abaissée  au-dessous 
de  120°  qui  est  celle  à  laquelle  le  gypse  commence  à  perdre  son 
eau.  C'est  du  reste  ce  qui  résulte  aussi  d'une  autre  expérience  faîte* 
en  exposant  pendant  huit  jours  de  l'anhydrite  bleuâtre  à  la  vapeur 
d'eau  sèche;  car  cette  anhydritcest  seulement  devenue  blanche, 
mais  elle  ne  s'est  pas  du  tout  changée  en  gypse.  Ainsi,  l'anhydrite 


(4  )  Proceedin^s  of  the  American  Association  Jor  the  advaneemeiit 
oj  sciences f  4860,  499. 


80  StÂNCI   BU  h  KOflMUl   1861. 

ne  8*bydrâle  pu  lonqu  elle  est  plongée  «Uns  de  la  vapeur  dV 
bien  dans  de  Teau  ayant  une  température  supérieure  à  120*  ;  c'étC 
à  la  température  ordinaire  et  par  l'action  de  riiumidilé  que  iU 
métamorphose  en  gypse  est  la  plus  facile;  cette  niétamorphote 
peut  d'ailleurs  être  exiréuiemeot  lente,  puisque  l'anliydrite  cal 
assez  fréquente  dans  la  nature  et  qu'elle  s*observe  quelquefois  êia 
centie  de  nodules  de  gypse  ayant  de  petites  dimensions. 

En  définitive,  l'eau  liquide  ou  en  vapeur  qui  agit  à  une  tempe* 
rature  élevée  ne  se  combine  pas  nécessairement  avec  des  subsianeca 
minérales,  lors  même  qu'à  la  tem|)ératui*c  ordinaire  elle  aarttk 
pour  ces  dernières  la  plus  grande  afliniié  ;  on  conçoit  cependanC 
que  l'eau  pourra  se  combiner  avec  ces  substances,  quand  elle  sera 
susceptible  de  former  des  composés  résistant  à  la  température  à 
laquelle  elle  est  portée. 

Dissolutiom, 

§  10.  — Il  n*cst  pour  ainsi  dire  aucune  substance  qui  soit  complet 
tement  insoluble  ;  MM.  G.  fiiscbof,  N.-B.  Hogers  et  R.-E.  Rogr 
ont  en  effet  constaté  dans  une  série  d'expériences  que  la  plu' 
des  minéraux  étant  réduits  en  poudre  tivs  fme  se  dissolvent 
blement  dans  l'eau  pure.  On  comprend  donc  qu'il  en  sera 
forte  raison  de  même,  lorsque  l'eau  aura  une  température 
rieure  à  100*.  Il  est  très  facile  de  constater  cette  dissolutior 
certains  minéraux,  notamment  pour  la  chaux  carbonatée 
le  spath  fluor.  Lorsqu'ils  sont  restés  pendant  quelques  je 
la  chaudière  à  vapeur,  les  faces  de  leurs  cristaux  perder 
moins  leur  brillant,  présentent  des  réseaux  irréguliers  e 
visiblement  corrodées. 

Quant  à  la  pro|>ortiou  du  minéral  qui  est  dissoute, 
de  circonstances  diverses,  parmi  lesquelles  il  faut  in< 
température  de  l'eau,  la  durée  du  séjour  dans  la  c 
composition  chimique  de  l'eau  qui  engendre  la  va 
la  grosseur  de  l'échantillon  sur  lequel  on  opère.  O' 
facilement  l'influence  de  cette  dernière  circonstanc 
que  certains  minéraux  presque  inattaquables  par 
qu'ils   sont  en  fragments,    se   laissent    cepend? 
décomposer    lorsqu'ik    sont   réduits    en    poudr 
d'ailleurs  que  la  proportion  d'un  minéral  qui  e 
toutes  choses  égales,  de  plus  du  simple  au  doub 
est  en  gros  ou  en  petits  fragments. 

Les  substances  minérales  sur  lesquelies  j'ai 


norUM   DE   M.    pBLBSSI.  81 

iiombreuseç ;  c^ëtaient  des  minéraux,  des  rocbes,  des  verres  pro- 
venant de  la  fusion  de  ces  roches. 

Pour  le  quarU  hyalin,  la  perte  de  poids  a  été  très  faible  ;  il  en 
était  de  uiénie  pour  la  plupart  des  silicates,  tels  que  le  disthène, 
la  bucholzite,  la  ^aurotide,  Taugite,  l'amphibole,  le  {;i*enat  ainsi 
que  pour  les  feldspatlis,  notamment  pour  l'orthose,  rolip.oclase, 
le  labrador.  Pour  diverses  roches  granitiques  ou  porphyiiques 
et  pour  les  verres  résultant  de  leur  fusion,  la  perte  de  poids  était 
également  très  légère;  cependant,  pour  le  perlitc,  elle  a  atteint 
environ  2  pour  100.  Puur  le  triphane  d*Ulo,  elle  a  été  de  quelques 
millièmes,  mais  elle  s'est  élevée  à  1,10  dans  une  tourmaline  vert* 
noirâtre.  Pour  Tamphigcne,  elle  a  varié  de  1,80  à  Zi,5  pour  100  ; 
ce  dernier  nombre  a  été  obtenu  pour  un  cristal  d'amphi^ène  de  la 
Somma  qui  pesait  0^^87  et  qui  est  resté  pendant  un  mois  dans  l'eau 
de  la  chaudière  à  vapeur.  Quant  aux  zéolithes,  il  est  évident  qu'elles 
se  dissoudraient  aussi  ;  car  elles  se  laissent  attaquer  très  facilement. 

Un  cristal  de  spath  fluor  qui  était  blauc  jaunâtre  a  conservé  sa 
transparence,  mais  a  été  fortement  corrodé  à  sa  surface  et  a  perdu 
1 ,80  de  son  poids.  Il  eu  a  été  de  même  pour  un  cristal  de  spatji 
d'Islaude  dont  la  perte  a  été  supérieure  à  1  pour  100. 

Ainsi,  le  spath  fluor  et  la  chaux  carbonatée  se  dissolvent  aistv 
ment  daus  l'eau  chaude  ayant  une  température  inférieure  à  160^, 
taudis  que  le  quartz  et  la  plupart  des  silicates,  y  compris  les  (eld- 
spaths,  se  dissolvent  au  contraire  très  peu  dans  les  mémos  condi- 
tions. Parmi  les  silicates,  Tamphigène  est  cependant  remarquable 
par  la  facilité  avec  laquelle  il  se  dissout;  ce  résultat  s'explique 
d'ailleurs  lorsqu'on  observe  que  ce  minéral  est  très  riche  en  alcalis 
dont  il  contient  un  cinquième  de  son  poids,  et  qu'il  se  laisse 
attaquer  par  les  acides. 

J'ajouterai  maintenant  que  beaucoup  de  minéraux  considérés 
comme  inattaquables  par  les  acides  sont  en  réalité  sensiblement 
attaquables  ;  et  des  expériences  récentes  de  IVl.  Mitscherlisch  oqf 
même  montré  que  les  feldspaths  peuvent  être  entièrement  décom- 
posés quand,  après  porphyrisation,  ils  sont  chauffés  avec  de 
l'acide  chlorhydrique  dans  des  tubes  de  verre  fermés. 

FuibU  influence  de  la  vapeur  tCcaa  et  (tune  température  élevée  sur 
la  combinaison  des  substances  qui  restent  à  l'état  solide, 

§  11.  —  La  magnésie  est  une  des  substances  qui  opèrent  le  plus 
de  décompositions  dans  le  règne  minéral,  comme  le  prouve  sa 
fréquence  dans  les  minéraux  pseudomorphosés.  Il  m'a  paru  inté« 
Soc,  géol,,  V  série,  tome  XIX.  6 


82  fllftAIffl   DO    ft   HOTVIBIII   4861. 

iTssanl  d'après  cela  de  recliercluT  si,  à  Taidc  de  la  Tapoi 
et  notamment  de  la  vapeur  sèche,  elle  pourrait  produire 
mëtauiorpliose.  Dans  ce  but,  diverses  substances  minérale 
misej  dans  un  lit  de  magnésie  blanche,  puis  exposées  pen 
temps  prolongé  à  l'action  de  la  vapeur  sèche.  On  a  opéré  d 
avec  le  carbonate  de  soude.  Les  substances  qui  ont  été  essaj 
le  quarts,  le  silex,  lesfeldspaths,  le  grenat,  l'émeraude,  la  le 
perlite,  rampbigène,Ustéatite,etc.  Or,  en  les  examinant  à 
l'expérience,  j'ai  constaté  que  leur  altération  était  presqw 
quelquefoisseulenient  la  surface  miroitante  des  cristaux  éla 
nue  plus  ou  moins  terne  et  avait  été  très  légèrement  corrc 
perlitc  avait  surtout  été  attaqué,  ce  qui  indique  bien  que  la  ■ 
est  pas  absolument  dans  le  même  état  que  dans  les  autres  i 
Comme  complément  des  expériences  précéilentes,  j'ei 
encore  quelques  autres  qui  sont  déjû  anciennes,  car  elles 
faites  en  18à8  dans  la  fa'ienreric  de  iM.  Allioud  à  Resanç 
substances  essayées  étaient  mises  dans  des  creusets  et  ex poS( 
dant  toute  la  durée  d'une  chaulTe,  c'est-à-<lirc  pendant  p 
jours,  à  la  température  de  fours  de  faïence.  Cette  temp 
dans  la  partie  du  four  où  se  trouvaient  mes  creusets,  étai 
rîeure  à  la  fusion  de  feldspath,  mais  inférieure  â  celle  du  p] 
J'ai  constaté  ainsi  qu'un  cristal  de  quartz  hyalin  mis  dai 
de  magnésie  blanche  avait  conservé  sa  transparence  et 
s'était  pas  combiné  avec  la  magnésie,   même  à  sa  suri 
quartz  hyalin  mis  successivement  dans  de  la  poudre  d 
carbonatée,  de  peroxyde  de  fer,  de  serpentine,  n'a  pas  i 
subi  la  moindre  altération.  C'est  seulement  avec  le  car^ 
baryte  que  le  quartz  a  été  att.iqué;  tout  autour  du  crit 
alors  formé  une  scorie  de  silicate  de  baryte  qui  était 
mamelonnée  et  qui  avait  une  épaisscnu'  de  quelques  ni 
Quant  au  centre  du  cristal,  il  était  resté  parfaite  nie  ' 
Comme  le  carbonate  de  baryte  était  entré  en  fusion,  il 
facile  de  comprendre  pourquoi  il  s'était  combiné  a 
Ces  expériences  viennent  confirmer  plusieui-s  de.' 
été  émises  par  M.  G.  Bischof  ;  elles  montrent  que  la 
soutenue  pendant  longtemps  et  secondée  par  1: 
sèche,  ne  détermine  pas  de  co m l)i nuisons  entre  les 
ncrales  qui  ont  la  plus  grande  affinité,  comme  In 
gnésic.  C'est  seulement  quand  la  chaleur  est  a 
produire  un  ramollissement  ou  une  fusion  que 
s'o|)èrent  entre  ces  substances,  mais  la  vapc 
parait  pas  les  faciliter. 


ROTICB   H   m.   DSLMSX.  83 

Importance  de  feau  tonUrraine, 

5 13.  —  Ind^endamitient  de  l'eau  superfidelle  qui  Tomie  lea 
niilseaiix,  let  fleurea,  lea  lacs.  In  inera,  il  existe  de  l'eau  (outer- 
rniiii;  (fiii  imbibe  toute*  lea  roclies  Aa  l'écorce  terrestre,  et  les 
d^eloppementa  dans  lesquels  noua  lOninifB  enlr^  nous  monireot 
Lien  toute  ton  importance.  Celte  e^u  aoulerraine  s'infiliiv  par 
Ii's  fi*sui-es,  par  les  ca?ités  niicroicopiqiies  et  par  les  puics  des 
roclies.  Dana  la  partie  de  notre  globe  qui  est  émergée,  elle  est 
tant  cesse  renourelée  par  la  pluie  et  par  l'atmosplièrc.  Dans  la 
partie  qui  est  immergée,  elle  pi-ovient  de  l'infillraljoii  de  la  mer 
et  vn  (•énéral  de  l'eau  superficielle.  Elle  devient  d'autant  plus 
abonilaiiti:  qu'on  pénètre  à  une  profondeur  plus  grande.  Elle 
forme  une  série  de  nappes  BU|>erposées  cori'eapondant  aux  coucLes 
iinpeoiié.iblM  et  pouvant  avoir  une  puissance  ou  une  épaisseur  très 
coiisidérnlife. 

L'eau  souterraine  existe  incontestaldement  dans  toute  la  partie 
de  l'écorce  terrestre  dont  la  température  est  inférieure  d  100*;  en 
admettant  une  au[;meRtatlon  de  1°  pour  33  uiètrea,  elle  se  rea- 
conli-era  d'abord  jusqu'à  une  profondeur  au  moins  égale  à 
3300  mètres.  Mais  il  est  facile  de  comprendre  qu'elle  pénétrer.^ 
encore  à  une  profondeur  beaucoup  plus  grande  ;  car,  bien  qu'elle 
teiiilc  à  se  réduire  en  vapeur,  la  preesiou  des  roches  qui  la  recnu- 
Trent  et  la  résistance  de  la  partie  solide  de  l'écorce  terrestre 
deviennent  supérieures  à  sa  tension,  en  sorte  qu'elle  sera  main- 
tenue à  l'état  liquide.  C'est  vers  la  profondeur  de  18500  mètres 
pour  laquelle  la  température  atteint  environ  600°,  qu'il  y  aura 
équilibre  entre  la  pression  supérieure,  sup]x)sée  réduite  au  poids 
des  roches,  et  la  force  élastique  delà  vapeur  d'eau  (1).  Au-dessous 
de  cette  limite,  l'eau  pourra  se  vaporiser,  à  moins  qu'elli;  ne  soit 
liquide  oit  à  l'état  ^liéroïdal,  ou  bien  retenue  par  la  capillarité, 
ou  bien  encore  engagée  dans  des  combinaisons  et  fixée  par  des 
actions  cbi  iniques.  Toujours  est-il  qu'il  y  aura  de  l'eau  souiemlne 
libre,  au  moins  jusqu'i  une  profoudeur  de  18500  raiires. 

Quelles  sont  maintenant  les  rocbes  qui  composent  essentielle- 
ment la  partie  supérieure  de  l'écorte  terrestre?  Ce  sont  précisé- 
ment les  rorlies  stiatiGéeiqui,  d'après  leur  mode  de  formation, 
sont  généralement  trie  poreuses  et  par  conséquent  susceptibles  de 
s'imbiber  d'une  grande  proportion  d'eau.  Eu  outre,  lorsqu'elles 

(t)  Ch.  V(^,  GnmMader  Géologie. 


8&  SÊANCB   DU    A    VOVBHBRB    18G1. 

sont  compactes,  elles  sont  ordiniireinent  argileuses  et  alora  elki 
absorbent  l'eau  avec  beaucoup  d'ayidité.  La  plupart  des  rocbei 
stratifiées  sont  d'ailleurs  niélan(;ées  à  un  peu  d'argile  qui  suffit 
pour  les  rendre  très  hygroscopiques.  On  a  même  vu  que  ks 
marnes  retiennent  souvent  plus  d'eau  d'imbibition  que  les  argiles 
pures. 

Quant  à  l'épaisseur  totale  de  ces  roches  stratifiées,  elle  est  cer- 
tainement très  considérable  ;  et  dn ns  les  îles  Britanniques,  diaprés 
M.  Ramsay,  elle  peut  même  s'élever  jusqu'j  72j8/i  pieds,  soit  à 
plus  de  27  kilomètres  (1).  C'est  seulement  dans  Its  régions  mon- 
tagneuses et  dans  les  portions  de  Técorcc  terrestre  émergées  depuis 
longtemps,  que  le  gneiss  et  le  granile  servant  de  supjiort  aux 
roches  stratifiées  viennent  se  montrer  à  la  suifaee  du  sol. 

D'après  les  données  précédentes  Teau  souterraine  constitue 
visiblement  une  portion  notable  de  notre  globe  et  nous  pouvons 
nous  proposer  de  la  calculer  (2). 

Si  l'on  admet  que  Técorce  teiTeslre  soit  pénétrée  par  Teau  sur 
une  épaisseur  de  i"»y-,850,  que  sa  densité  soit  de  2,50  et  que 
l'unité  de  poids  contienne  moyennement  5  pour  100  d'eau  d'im- 
bibition ;  que  de  plus  la  terre  soit  sphérique  et  que  son  rayon 
moyen  soit  de  636*"^ -,987,  on  aura  pour  le  volume  de  l'eau  sou- 

teriame  -  X  3,U  (636.987^  —  635,137').  2.50   X   0,05  = 

1,175,089  nivriamètres  cubes.  Le  globe  ayant  lui-même 
1,082.03^,000  myriamèlres  cubes,  c'est  1/921  de  son  volume. 

Maintenant  l'eau  superficielle,  en  tenant  compte  seulement  de 
celle  des  mers  et  en  admettant  que  ces  dernières  aient  une  pro- 
fondeur moyenne  de  5000  mètres,  présente,  d'après  M.  Elle  de 
Beaumont,  un  volume  de  1,309,000  myriamèlres  cubes  qui  est 
1/827  du  globe.  On  voit  donc  que,  dans  les  hy{>othèses  admises, 
l'eau  souterraine,  ou  simplement  Teau  d'imbibition,  serait  à  peu 
près  égale  à  l'eau  superficielle. 

L'évaluation  précédente  est  sans  doute  très  incertaine;  car 
nous  manquons  de  données  précises  sur  la  composition  de  l'écorce 
terrestre  et  particulièrement  sur  son  état  hygrométrique  à  une 
certaine  profondeur. 

Toutefois  le  volume  trouvé  pour  l'eau  souterraine  doit  être 
considéré  comme  un  minimum,  attendu  que  la  valeur  attribuée  ^ 


{\)   Tht;  qnarterly  Journal  oj  the  gcolo^ical  Society-y  4  860,  XVI, 
page  II. 

(«)  Sœmonn,  Builetin  de  la  Société  géologique^  XVIII,  322. 


ROtlCB    DB  II.    DBLBSSB.  M 

trois  des  facteurs  desquels  il  résulte  était  visiblement  trop  faible. 

En  effet,  la  densité  de  l'écorcc  terrestre  sur  réfiaisseur  àé 
1,85  tnyrianictres  est  certainement  supéricui-e  à  2,5  qui  est  celle 
admise  pour  les  roches  à  la  surface  de  la  teire  en  y  comprenani 
l'eau  superficielle. 

En  outre  l'épaisseur  de  l<"7''-,85  pour  laquelle  la  force  élastique 
de  la  vapeur  fait  équilibre  à  la  pression  est  également  beaucoup 
trop  faible;  car,  lorsqu'on  pénètre  dans  l'intérieur  de  la  tei*i*e^ 
l'observation  montre  que  la  température  croit  avec  la  profondeur, 
mais  moins  rapidement  que  suivant  les  termes  d'une  progression 
arithmétique,  comme  on  l'a  supposé  pour  calculer  cette  épaisseur  ; 
par  suite  le  point  d'équilibre  se  trouve  plus  bas.  D'un  autie  côté 
l'observation  des  laves  rejetées  par  les  volcans  brûlants  montre  que 
l'eau  souterraine  doit  être  retenue  par  des  actions  moléculaires^ 
ce  qui  contribue  aussi  à  faire  redcKendre  ce  point  d'équilibre. 
Ajoutons  encore  que  la  résistance  opposée  au  dégagement  de  la 
vapeur  par  renvelo):>pe  solide  qui  recouvre  notre  globe  tendra 
»ui*tout  à  produire  le  même  effet.  Enfin,  coumie  l'a  fait  observer 
avec  raison  iVf .  Angelot;  la  pression  pourra  maintenir  la  vapeur  A 
l'état  liquide,  même  à  la  profondeur  à  laquelle  les  roches  sont 
liquéfiées  par  la  clialeur  (1).  Il  est  donc  très  vraisemblable  que 
l'épaisseur  de  l'écorce  terrestre  imbibée  par  l'eau  est  bien  supé- 
rieurb  à  celle  qui  a  été  admise;  des  recherches  récentes  de 
M.  Hopkins  sembleraient  même  indiquer  qu'elle  doit  être  consi- 
dérablement augmentée. 

Quant  à  la  proportion  d'eau  contenue  moyennement  dans  les 
roches  de  l'écorce  terrestre,  elle  n'est  pas  exagérée  à  5  pour  100« 
car  il  faut  remarquer  que  ces  roches  sont  fréquemment  baignées 
par  des  nappes  d'eau  souterraines  qui  s'infiltrent  dans  leurs  inter- 
stices; elles  sont  alors  complètement  imbibées  sur  de  thés  grandes 
épaisseurs  et  lorsqu'elles  sont  tout  à  fait  désagi-égées,  elles  ont  tou- 
jours plus  de  15  pour  100  d'eau  (tableau  n*"  2).  11  est  vrai  que  le 
granité  étant  éminemment  compacte  contient  très  peu  d'eau  ;  uiais 
ce  sont  surtout  les  roches  stratifiées  qui  constituent  la  partie  supé- 
rieure de  l'écorce  terrestre;  et  du  reste  le  granité  lui-luéme  est 
souvent  décomposé  et  changé  en  arène  ou  en  kaolin,  eu  soi*te  qu'il 
devient  très  hygroscopique  (tableau  n°  3).  En  outre,  lorsque  le 
basalte,  le  trachyte,  la  diorite  et  en  général  les  roches  feldspa- 
thiques  forment  des  tufs  ou  des  roches  stratifiées,  lelurs  débris  sont 


(4)  Angelot,  Bulktiii  tk  iû  Société  géoiog/quej  484S,  l.  XIII, 
p.  488. 


86  S6AKCK    DU    &   NOVBMBM    1861. 

toujoui'8  plus  OU  moins  clccoin|K)S('s  cl  argileux  ;  par  suite  i 
bibeiiC  de  beaucoup  ci*eau.  Quant  aux  roches  straliGées  < 
calcaires  ou  siliceuses,  le  plus  souvent  elles  sont  mélangées 

*   ;  Targilti  ;  c'est  seulement  par  exception  qu'elles  sont  entic 

pures.  Dans  ce  dernier  cas,  elles  |>euvcnt  d'ailleurs  être  trèi 
scopiques;  on  le  constate  notamment,  quand,  comme  U  i 
le  tripoli,  elles  sont  à  un  grand  état  de  division.  Maintei 
roches  argileuses  pi*oprement  dites  rcprésenlent  environ  i 
des  roches  stratifiées;  et  comme  rexpcricnee  a  montré 
ont  plus  de  15  pour  100  d'enu  de  carrière,  on  peut  admettn 

^  .  100  pour  la  moyenne  de  Teau  contenue  dans  l'écorce  terre 

Observons  aussi  que  la  portion  de  Técorce  terrestre  qi 
considérons   et  que  nous    supposons   renfermer  seule  à 
souterraine  se  compose  de  deux  parties,  celle  qui  est  ém^ 
celle  qui  est  au-dessous  de  la  mer.  La  première  partie  esi 
ment  1/325&  du  globe,  par  conséquent  elle  est  à  peu  près 
moindre  que  la  deuxième,  qui  s'élève  à  1/119.  £lle  est  i 
d'eau  par  l'atmosphère,  en  sorte  qu'elle  l'est  beaucoup  inc 
la  deuxième  partie  qui  forme  le  fond  de  la  mer.  Les  di 
rencontrées  dans  le  tunnel  sous  la  Tamise  et  dans  les  trava 
cutés,  soit  sous  la  mer,  soit  sous  le  niveau  des  eaux,  peu 
reste  le  faire  apprécier.  .^îais  l'eau  de  carrière  ayant  été  déu 
pour  des  roches  appartenant  à  la  partie  émergée,  le  no 
pour  100  admis  comme  la  moyenne,  est  nécessairement  tra 
lH)ur  les  roches  qui  sont  au-dessous  du  niveau  de  la  mer. 
Ajoutons  d'ailleurs  à  l'appui  de  ce  qui  précède  que  l'eau 
descendra  vers  l'intérieur  de  la  terre  par  l'action  de  la  pci 
La  pression  (|ui  s'exerce  sur  les  terrains  dans  la  profonde 
il  est  vrai,  les   rendre  plus   compactes  et  par  suite  moi 
méables.  D'un  autre  côté,   lorsque    Teau    rencontre  de 
entièrement  plastiques,  en  vertu  de  sa  faible  densité,  ell 
remonter;  mais  ce  dernier  phénomène  se  produira  sf 
une  profondeur  à  laquelle  les  roches  cesseront  d'f 
c'est-à-dire  à  une  profondeur  plus  grande  que  celle  d 
est  actuellement  question.  L'expérience  montre  au  a 
dans  les  puits  et  dans  les  travaux  de  mines  l'eau  aug' 
raiement  avec  la  profondeur;  par  conséquent  sa  y 
plus  grande  à  une  certaine  profondeur  dans  Técorc 
près  de  la  surface. 

Euûu,  il  imj>orte  surtout  d'observer  que  nous 
tenu  compte  que  de  l'eau  d'imbibition  ou  de  car 
ment   de  l'eau    libre,  quoique  des  nappes  souter 


KOTICB   DX   M.   DBLBS8B.  87 

reconnues  à  diiTérenU  niveaux,  et  qu'elles  aient  des  épaisseurs  et 
des  étendues  considérables;  or,  ces  nappes,  qui  sont  difficiles  à 
évaluer,  représentent  certainement  une  grande  partie  de  Peau 
souterraine. 

En  résumé,  bien  que  le  manque  de  données  ne  permette  pas 
de  calculer  avec  précision  l*eau  souterraine,  il  résulte  cependant 
des  considérations  qui  viennent  d'être  développées  que  le  nombre 
trouvé  doit  être  trop  faible.  Il  est  même  très  vraisemblable  que 
sur  notre  {^iobe,  il  y  a  plus  d'eau  souterraine  que  d'eau  superfi- 
cielle. 

Diminution  de  tenu  superficielle, 

$  13.  — •  Gomme  i'a  fait  observer  M.  Saemann  (i),  l'eau  qui  se 
trouve  à  la  surface  de  la  terin:  doit  pénétrer  dans  son  intérieur  et 
atteindre  successivement  des  couches  de  plus  en  plus  profondes. 
C'est  une  conséquence  immédiate  de  l'origine  ignée  de  notre  globei 
de  sou  refroidissement  et  de  la  jiesantcur. 

Il  convient  encore  d'ajouter  que  la  décomposition  des  roches 
tend  sans  cesse  à  les  hydrater  et  à  fixer  de  l'eau  qui  était  d'abord  à 
l'état  libre.  Ainsi,  les  roches  éruptives  qui  sont  essentiellement  for- 
mées de  silicates  passent  à  Télnt  d'hydrosilicates;  c'est  notamment 
ce  qui  a  lieu  pour  le  granité,  le  gneiss,  le  porphyre,  le  trachyte,  les 
basaltes  et  les  laves  modernes.  Les  fcldspaths  donnent  du  kaolin  ; 
le  pyroxèncy  l'amphibole,  les  micas  eux-mêmes  retiennent  une 
plus  grande  quantité  d'eau;  tous  les  silicates  enfin  se  changent  en 
pixxiuilB  argileux  par  la  décomposition.  Les  gîtes  métallifères, 
bien  qu'ils  soient  exceptionnels,  tendent  également  à  s'oxyder  et 
en  même  temps  à  s'hydrater.  Il  n*est  pas  jusqu'aux  roches  formées 
de  quaiii  hyalin  qui  ne  puissent  aussi  se  combiner  avec  de  l'eau  ; 
car,  lorsque  le  quartz  est  dissous,  il  est  généralement  déposé  à 
l'état  de  silice  hydratée,  comme  dans  l'opale  et  dans  le  tripoli. 
Du  reste  la  désagrégation  àii%  roches,  patticulièrement  de  celles 
qui  sont  siliceuses  ou  calcaires,  produit  encore  le  même  effet;  car 
nous  avons  vu  que  les  roches  retiennent  beaucoup  plus  d'eau 
lorsqu'elles  sont  réduites  en  parcelles  ténues  que  lorsqu'elles  sont 
CB  fragments. 

En  dérmitive,  ^eax  causes,  le  refroidissement  et  la  décompo- 
sitJoD  (XeB  it)clies,  tendent  à  diminuer  l'eau  superficielle  de  notre 
globe.  Si  l'on  admet  l'hypothèse  d'une  origine  ignée,  l'eau  devait 

(4)  Bulletin  de  la  Société  géologiques  XVllI,  ZU. 


88  stAircB  DO  h  ROTumi  18(51. 

d'abord  être  superficielle;  mais  par  suite  des  pro{',rès  da  refiXN- 
dissement  une  partie  a  pénétre  de  plus  en  plus  profotidéiiient  dinl 
l'ëcorce  terrestre. 

Celte  partie  se  subdivise  elle-iiièiue  en  deux  :  Tune  libre  qui 
s'iofîltre  &  travers  les  rocbes,  c'est  Teau  souterraine  ;  l'autre 
cond)inée  qui  est  en  quelque  sorte  devenue  latente.  Par  le  rcfroî- 
dissenieiit  et  par  la  décomposition  des  rocbes  lie  IVcorce  terrestre, 
Teau  souterraine  et  l'eau  latente  continuent  d'ailleurs  à  s'accroître 
aux  dépens  de  l'eau  superlicielle. 

Les  hypothèses  précéiientes  conduisent  a  admettre  une  dîniina- 
tion  dans  l'eau  superficielle  de  notre  t;lobe,  il  est  alors  naturel  de 
rechercher  s'il  en  existe  des  traces  et  s*il  c^t  po.ssible  de  la  coDsta- 
ter.  Or,  il  faut  reaiarquer  que  la  diminution  de  Teau  superficielle 
doit  nécessairement  avoir  lieu  dans  les  mêmes  conditions  que  le 
refroidissement  du  (;lobe,  c'est-à-dire  avec  une  lenteur  extrême. 
Elle  est  d'ailleurs  atténuée  \viv  diverses  circonstances,  notaintneiit 
par  les  sources  minérales,  par  les  Kollioni,  par  les  geysers,  |)ar  let 
fumerolles  et  surtout  par  Icb  volcans  en  activité  qin  i^jettent  dans 
l'atmosphère  ou  qui  ramènent  à  Li  surface  l'eau  souterraine  dëjA 
infiltrée  à  de  grandes  iirofondeuis.  Quant  aux  hydrométroresqui 
déversent  annuellement  une  énorme  masse  d'eau,  ils  compensent 
vraisemblablement  la  perte  résultant  de  réva|K>ratiou  qui  s'opère- 
sur  toute  la  surface  du  globe.  En  outre,  il  faut  observer  que  le  er' 
émergé  n'est  pas  un  repère  ali&olument  immuable,  il  a  été  soûl 
et  abaissé  à  dillérentes  reprises;  en  sorte  qu'une  variation  d^ 
niveau  de  la  mer  est  assez  diflicile  à  constater.  On  pentse  den 
cependant  si  le  retrait  de  la  mer  que  M .  Boue  a  signalé  sur  u 
nombre  de  rivages  ne  doit  pas  être  attribué  a  une  dimin 
l'eau  superficielle  (1).  Lorsqu'on  examine  les  cartes  géol 
on  remarque  aussi  que  les  terrains  les  plus  anciens  fornien 
une  ceinture  cxtéiieurc  et  même  des  zones  conreiitiiqi 
des  terrains  qui  leur  ont  succédé,  comme  si  la  mer  s*é 
successivement.    Enfin,  en  admettant  une  diminutif 
superficielle,  le  sol  émergé  devait  nécessairement  a 
surface  ;  et  c'est  précisément  ce  qui  résulte  de  Tétud 
Car,  les  plantes  terrestres  sont  inconnues  dans  le 
commencent  à  se  montrer  dans  le  dévonien  et  a  Tép 
elles  deviennent  très  abondantes.   D'un   autre  co 
lacustres  n'ont    pas   encore   été  signalés    au-des' 
liouiller  ;  mais  ils  sont  bien  caractérisés  dans  ce 


(4)  BulUtin  de  tu  Sùcféié  gëologit/ue,  1843.  Xi 


HOlts  ffkîTS  k   LA   SOCIÉTÉ.  89 

ceux  qui  lé  recontrent;  ils  sont  surtout  très  nombreux  et  très 
impoilants  dans  le^  teiTains  tertiaires,  c^est-à-dire  dans  les  plus 
rëceiUs.  Ainsi,  les  plantes  et  les  animaux  terrestres  n'ont  pas 
ëtc  observés  à  Torigine  des  terrains  stratifiés;  c'est  seulement  du 
terrain  dévonien  que  leur  développement  semble  dater  et  à  paiiir 
de  cette  époque  on  voit  augmenter  les  terrains  lacustres  et  en 
même  temps  les  terres  émergées.  Ces  faits  paraissent  donc  mon- 
trer qtie  pendant  les  énormes  durées  nécessaires  à  la  fonnatîon  des 
terrains  stratifiés,  le  niveau  de  la  mer  a  baissé  successivement  par 
suite  d'une  diminution  dans  l'eau  superficielle  de  notre  globe. 


Séin^e  "du  18  novembre  1864 . 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DELESSB,  vice-présUlent, 

M.  Albert  Gaudry,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal 
de  la  dernière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance^  le 
Président  proclame  membres  de  la  Société  : 

MM. 

BbUTtLLiER,  à  Roncherolies,  par  Darnetal  (Seine-Infériètire)) 
présenté  par  MM.  A.  Passy  et  de  Bouis  ^ 

Dastugue,  commandant  supérieur  du  Cercle  de  Sebdou, 
Province  d'Oran  (Algérie),  présenté  par  M^.  Gollo'mb  et 
Mares  \ 

EvBify  rue  de  rAstronomiè,  A,  à  bruielles  (Belgique),  pré- 
senté par  MM.  Gb.  d'Orbigny  et  Albert  Gaudry  ; 

Jacques  Marmont,  ingénieur  civil,  0,  Victoria  street,  W6st« 
itiinster,  London,  présenté  par  MM.  Ch.  d'Orbign}  et  Y.  RAUlin. 

Le  Président  annonce  ensuite  une  présentation. 

DONS   PàITS   à    la    société. 

La  Société  reçoit  : 

De  la  part  de  M.  le  ministre  d'État,  Journal  des  savants^ 
avril  1861. 

De  la  part  de  M.  Aiph.  Favre,  Notice  sur  la  réunion  extra^ 
orcUnaire/.df  la  Société  géologique  de  France  à  Saint-Jean-de- 


00  BftARCI   tu    18  IfOYESBU   1861. 

Maurieme  {SaPoU)  le  1"  sepietnbre  1861  (tiré  de  It  BiUioik. 
Hniif.  de  Genève,  octobre  1861) ,  iii-8,  29  p.,  1  pi. 

De  la  part  de  M.  Albert  Gaodrj  : 

1*  Résultats  géologiques  (les  recherches  entreprises  en  Grèce 
sous  les  auspices  de  Vylcadèmie  (tiré  des  C.  r.  de  CAc.  des  se,^ 
séance  du  26  août  1861) ,  in-A,  6  p. 

2**  Résultats  des  fouilles  exécutées  en  Grèce  sous  les  auspices 
de  r  Académie  (tiré  des  C\  r.  de  PAc*  des  sc,^  séances  du 
26  novembre  et  du  10  décembre  1860  \duli  février^  du  i&fi* 
vrier^  du  15  avril  et  du  22  avril  1861),  in-A»  20  p. 

De  la  part  de  M.  Jules  Marcou.  Notes  on  t/te  cretaceoms 
and  carboniferous  rocks  of  Texas  (froin  the  Proc,  of  thm 
Boston  Society  of  nat.  hist.^  vol.  VIII,  janv.  1861),  îii-8, 
p.  86-97. 

De  la  part  de  M.  H.  Michelin  : 

1**  Notice  sur  quelques  espèces  d^Echinides  pmvenant  de  la 
Nouvelle-Calédonie  (cxtr.  de  la  Revue  et  Magasin  (le  zoologie^ 
juillet  1861,  p.  325),  in-8,  5  p.,  1  pi. 

V  Carte  géognostique  du  Saint-Gotthard^  1  f.  in-f". 

De  la  part  de  M.  Alphonse  Milne  Edwards,  Observa  tiens  suit 
Inexistence  de  divers  mollusques  et  zoophftes  a  de  tiès  grattdee 
profondeurs  dans  la  mer  Méditenxinée  (exir.  des  Ann.  dd 
sciences  nat.,  4'  série,  t.  XV,  n*  8),  in-8,  11  p. 

De  la  part  de  M.   Gabriel  do  Morlillet,   Carte  des  anciet^ 
glaciers  du  versant  italien  des  Alpes ^  1  f.  in-f*. 

De  la  part  de  Giuscppe  Ponzi,  Sul  sistema  dcgii  Appew 
discorso  letto  alla  pontificia    accademia    Tiberina  il  ^ 
iO  guigna  1861^  io-8,  51  p.  ^  Roina,  1861. 

Comptes    reiulus    hebd.   des  séances   de  t  Académi 
Sciences,  1861,  T  sem.,  t.  LUI,  n*»*  19  et  20. 

Bulletin  de  la  Société  botanique  de  France^  table  d 
1850. 

L'Institut,  n-  1453  et  1454,  5861. 

Journal   d'agriculture   de  la   CotC'd'Or,  n*  9. 
1861. 

MémoU^s  de  l'Académie  imp»  des  sciences,  etc. 
2*  sér.,  l.  VIII,  année  1860. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse,  ( 


ItftTTftl  Al  A.    Ml   BOOYIUJI.  Ql 

Bulletin  fie  la  Société  vaudoise  des  sciences  naturelles. 
t.  VII.Bullelinn'âS. 

The  Athenœum,  n**  1776  et  1777,  1861. 

Revista  de  los  progt^sos  de  las  ciencias  exactas^  fisicas  y 
natur.,  t.  II,  n"  7,  octobre  1861. 

Jtti  délia  Societa  italiana  di  Scienze  naturaliy  yol.  UI, 
Tasc.  III,  r.  12  à  19,  août  18(51. 

Denschtijtcn  derK.  Akadeniie  den  IVissenscliaflenin  IVien^ 
vol.  XVUI,  1860. 

Silzungsbetichte  der  K,  Akatlemie  den  Wissenschajten  in 
JVieN,  vol.  XXXIX,  n'*  h  et  6,  3-9  févr.  1860  ;  vol.  XL,  ii*«  7 
6  12,  8  mars- 26  avril  1860. 

Die  feieHiche  Sitzung  der  K,  Akadeniie  den  Wissenschaften 
in  Wien  ani  30  mai  1859,  in-18,  233  p. 

Anales  de  la  minera  mexicana,  1. 1,  1"  et  2'  livrais.,  in-8, 
Mexico,  1861. 

M.  le  Président  exprime  le  voeu  qu'un  des  membres  de  la 
Société  veuille  bien  rédiger  une  notice  sur  M.  Berthier  et 
rappelle  sommairement  les  principaux  services  que  ce  savant  a 
rendus  à  la  science.  Il  prie  M.  Daubrée  de  se  charger  do  cette 
notice. 

M.  Daubrée  répond  qu'il  sera  heureux  d'accomplir  la  mission 
qui  lui  est  offerte. 

M.  le  Président  annoncé  que  la  Société  a  eu  le  malheur  de 
perdre  un  de  ses  membres  étrangers  les  plus  distingués,  M.  le 
docleur  Fitlon,  de  Londres. 

M.  le  Président  lit  une  lettre  dans  laquelle  M.  le  Ministre 
dlÉtat  apprend  qu'il  a  bien  voulu  souscrire  à  30  exemplaires 
des  Mémoires  publiés  par  la  Société  géologique  de  France 
en  1861,  au  prix  de  20  francs  l'exemplaire. 

M.  d'Archiac  lit  la  lettre  suivante  de  M.  de  Rouville  sur  la 
faune  tertiaire  movenne  des  environs  de  Béziers  et  de  Nar- 
bonne. 

Montpellier,  7  novembre  4861. 

Permettez-moi  de  faire  suivre,  dans  le  Baiietin^  votre  intéres- 
sante Soie  sur  la  faune  ierliaire  moyenne 'des  envirênt  de  Bêùers  et 
de  Narbonne  [BulL  Soc.  géot,j']a\u  1861)  de  quelques  observa- 


02 


SB  AU»    DO   18   ROTIIIBRI    1861. 


tions  qui  me  paraissent  de  nature  â  apporter  des  modificationft  au 
tableau  de  classiticatioii  de  nos  dépôts  tertiaires  du  Langucdote 
dont  vous  faites  précéder  votre  cotuinuni cation  (p.  631  ). 

A  12  kilomètres  à  Test  de  Montpellier,  près  du  village  de  Cas^ 
tries,  on  trouve  la  série  suivante  : 


1.  M arneg  uhkuMs  launos. 

1.  llaro«t  hleuei ,  avec  dents  da  Lmmrtm^ 

Oxyrhina^  Hemipriitiêt  rtc 
X  Galralrrt  à  bilir  (molUisc)  exi»loitê. 
4.  Oxfordieo. 

A  quelques  pas  plus  loin,  la  même  mollasse  repose  immédiate- 
ment sur  le  terrain  lacustre  (votre  (;rou|>e  lacustre  moyen),  qoi 
s'interpose  entre  elle  et  le  terrain  jurassique. 

Les  marnes  bleues  recouvrent  donc  d*unc  manière  évidente^ 
dans  cette  région,  une  masse  puissante  de  calcaires  dans  laquelle 
sont  creusées  les  plus  importantes  carrières  de  mollasse  de   Ddb 
environs.  Cette  même  superposition  est  indiquée  à  Beaucaîre  pa** 
M.  de  Roys  dans  la  comnmnieation  dont  il  a  fait  suivre  votre  no^ 
■  Les  assises  de  mollasse,  dit- il,  aux  carrières  de  Beaueaire,  |ll 
gent  sous  les  argiles  subapennines  ...»  Ce  même  fait  normal  d 
toute  la  partie  orientale  du  Languedoc  et  dans  le  Daupliinë  ( 
mier  terrain  marin  de  .M.  Se.  Gras)  devra  donc  provoquer  Y 
calation,  dans  votre  série,  d'un  nouvel  étage  calcaire  e' 
marnes  bleues,  partie  inférieure  de  votre  mollasse  marine 
groupe  lacustre  moyen. 

A  partir  de  Montpellier,  vers  l'ouest,  cette  mollasse  ii 
ne  se  montre  plus;  dans  toute  la  plaine  de  Béziers  et  de  ^ 
les  deux  seuls  termes  de  la  série,  connne  vous  Tavez  si  b' 
sont  la  masse  sableuse  jaune,  devenant  quelquefois  du 
table  sous  le  nom  de  calent re  moellon  y  et  les  marnes 
heures.  J'extrais  de  mon  travail  sur  les  environs  de 
(1853)  la  coupe  suivante»  qui  pourrait  servir  de  type 
cette  région  de  Touest  : 


IBTTRI   M   M.    DS    ROUTILtA.  98 


i.  Poudingue  luperieiur. 
t.  Mollaise  eiploilé». 
3.  Manit*  bl«sae,  à  denta  de  Lamna^ 
Oxyrhina,  BemiprUtit^  etc. 

Il  existe  donc  ëvidemiuent,  dans  le  midi  de  la  France,  deiix 
<^ta(;es  de  calcaire  ou  de  mollasse  confondus  jusqu^à  pr^ot  90\j^ 
le  nom  de  calcaire  moelhn  :  le  supérieur  serait  généralenieo^,  ainsi 
que  l'indique  M.  de  Roys  (/r>c.  c/^),  d'une  qualité  inférieuj'e,  4 
cause  de  sa  texture  plu9  Idche  ;  il  représenterait  le^  iparne^  jauo^ 
sableuses  dans  un  état  particulier  de  solidité  ;  l'inférieqr.  ^^r^ic 
plus  particulièrement  servi  et  servirait  encore  à  const^niire  \^ 
belles  maisons,  si  communes  dans  nos  anciennes  villes  du  midi. 

AI.  IVlarcel  de  Serres  n'avait  pas  méconnu  ce  double  étage  a\\. 
point  de  vue  technologique  ;  mais  il  n'avait  pas  constaté,  jusqu'^ 
ces  derniers  temps  {^Acnd,  des  se.  et  iett.  de  Montpellier^  L  lU^ 
p.  272,  1856),  qu'il  éuit  séparé  en  deux  par  le  grand  luas^if  ci^ 
marnes  bleues,  et  il  plaçait  encore,  à  cette  époque,  les  d^x  liOfi-n 
zons  calcaires  immédiatement  Tun  au-dessus  de  l'autre  en  recpu? 
vrement  sur  les  marnes  bleues. 

Dès  Tannoe  1850)  M.  Emilicn  Dumas  opérait  cette  sépar2^|ioi^ 
dans  sa  carte  de  Tarrondissement  de  Nîmes;  il  y  établis^it  à^if^. 
groupes  :  Tun  sous  le  nom  de  terrain  subapennin^  contç^ot  l^. 
marnes  jaunes,  le  calcaire  supérieur  et  les  marnes  bleues,  V^U'^i 
sous  celui  d^  mollasse  roquillière^  renfermant  la  ^no^lasse  infé* 
rieure:  rabsence  de  texte  explicatif  fut  cause  que  rcxistenoe  defl| 
deux  mollasses  demeura  méconnue.  La  superposition  dos  marnes 
bleues  de  Castries  sur  la  mollasse  qu*on  y  exploite,  observée  p£^* 
moi  en  1859,  leva  tous  les  doutes  qui  restaient  eucore  dans  mon 
esprit  en  1853,  et  me  permit  de  comprendre  le  vrai  sens  de  la 
légeoiJe  de  la  carte  de  Mîmes.  Des  observations  encore  inédites  de 
I^I.  Dumas  sur  les  différences  que  presenlçut  les  deux  dépôts  mol 7, 
lassiques  au  point  de  vue  de  leur  altituile  vinrent  encore  confir- 
mer cette  distinction  ;  la  mollasse  inférieure  aurait  subi  des  dislo^^, 
cations  auxquelles  la  supérieure  est  restée  étrangère.  Dans  nos 
travaux  en  commun  pour  la  carte  géologique  de  l'Hérault,  qui. 
nous  occupe  en  ce  moment,  M.  E.  Dumas  et  moi,  nous  distia* 
guons  la  première  sous  le  nom  dtjausse  mollassey  la  seconde  spiit| 


0&  SÊAKCI   DO   18   HOTNBRI   ISM . 

celui  de  mollasse  coqnillière;  l*une  et  Taulre,  je  le  répète,  ont  ëtë 
appelées  calcaire  moellon  par  !VI.  Marcel  de  Srrresdës  aea  |Ne- 
mîèret  publications  sur  la  géologie  du  midi  de  la  France. 

Un  second  point  que  M.  Dumas  avait  établi  dans  le  département 
duGanly  et  que  mes  obserralions  postérieures  à  Tannée  4853« 
dans  les  environs  de  Alontpellier,  me  |HM-mcllent  d*affirmer  de 
mon  côté,  c'est  1* identité  de  Tlioriion  dcrs  marnes  jaunes  ou  fausse 
mollasse  avec  noa  sables  jaunes  supérieurs,  si  connus  sous  le  nom 
de  sables  jaunes  de  Montpellier.  Au  double  point  de  vue  straligra- 
phîqne  et  minéralogique,  on  passe  de  nos  sables  aux  marnesjannes, 
et  de  celles-ci  à  la  fausse  mollasse,  sans  rcconiinttre  la  moindre 
solution  de  continuité  ni  la  moindre  interruption;  on  se  oouvainc 
sans  peine  que  notre  sable  n*est  qu'une  forme  de  Ac\\oX  de  cet  étage 
supériearde  la  molkisse,  appelé  par  U>s  ouvricis  .<//// r,  ainsi  que 
le  rappelle  M.  de  Roys,  et  se  présentant  par  places  «ous  les  fonnca 
variées  de  poudingue,  de  calcaire,  de  grès  ou  de  marne. 

Cette  identification  est- elle  sanctionnée  par  les  fossiles?  On  ne 
saurait  en  appeler  aux  invertébrés,  à  cause  de   leur  mauvais  état 
de  conservation  ;  quant  aux  vertébrés,  ])hisieurs  dents  de  Sqnalea 
se  sont  trouvées  communes  aux  siblcs  et  à  la  mollasse;  les  pre- 
miers ont  fourni,  dans  les  exploitations  sous  la  citadelle  de  Mont- 
pellier, deux  dents  du  Cnrcharodon  mv^nhdon^  si  caractéristiqoe 
pour  la  mollasse  inférieure,  et  une  troisièuie  dent,  appailenant  k 
la  même  es|)èce,  à  quelque  distance  du  premier  gîte,  sur  les  bords 
du  Les,  au  lieu  dit  la  Pompignanc.  Les  mammifères  seuls  semble 
raient  établir  un  c^gc  distinct  pour  les  sables,  ce  dépôt  renfenu' 
une  faune  que  M.  Paul  Gervais  déclare  tout  l\  fait  spécia^ 
complètement  distincte  des  quelques  animaux  trouvés  d' 
mollasse  supérieure  (calcaire  de  Saint-Jean-dc-Védas,  Cour 
Loupian,  etc.). 

Ce  n'est  pas  au  retour  de  la  session  de  la  Société  géoloj 
Maurienne,  et  après  avoir  constaté  de  mes  yeux  les  brilla^ 
tais  des  observations  de  MM.  Pillet,  Lory  et  Vallet,  q» 
sentirais  disposé  à  nier  les  conclusions  de  la  paléontol 
il  s'agit  ici  de  limites  bien  différentes,  on  l'avouera; 
actuel  de  nos  connaissances,  le  pliocène  et  le  mince 
sont  des  termes  moins  irréductibles  que  ceux  mis  en 
Tarentaise. 

J'ajouterai  que  M.  Gervais  n'est  pas  éloigné  de 
faune  de  nos  sables  les  carnctcrrs  d'une  faune  de  IVp' 
Nos  sables  rentreraient  donc  tout  au  moins  dans  ' 
du  miocène.  Resterait  à  chercber  ailleurs  un  typr 


LStniV  M   H.   HOCGUftS,  96 

Ce  terme  de  pliocène  provoquei-a  de  ma  part  une  dernière 
remarque  ;  à  l'occasion  de  Tobservation  qu*a  présentée  M.  Ssuiann 
sur  les  fossiles  si^^nalét  par  vous  dans  les  marnes  jaunes  et  dans 
les  marnes  bleues,  je  vous  demanderai,  monsieur,  ou  à  l'honorable 
membre  qui  a  pris  la  parole  après  vous,  s'il  existe  quelque  part 
une  série  de  couches  fossilifères  dont  T^lge  pliocène  soit  établi  de 
telle  sorte  qu'elle  puisse  servir  de  type  et  de  terme  de  comparaison. 

Cet  horizon,  qui  jusqu'à  présent  m'a  paru  singulièrement  nébu- 
leux, nous  serait^  s'il  venait  à  s'éclaircir,  d'un  précieux  secours 
pour  l'étude  de  nos  dépôts  tertiaires. 

M.  Deshayes  regrette  l'expression  de  fausse  mollasse  pro- 
posée par  M.  de  Rouvillc.  Il  ajoute  quo,  d'après  l'examen  des 
fossiles,  il  ne  reconnatt  pas  de  couches  pliocènes  proprement 
dites  dans  le  département  de  l'Hérault. 

M.  Sœmann,  au  contraire,  persiste  à  croire  à  Texistence  du 
terrain  p!iocènc  dans  le  département  de  l'Hérault;  il  base 
cette  opinion  sur  la  liste  même  des  fossiles  qui  ont  été  cités  par 
M.  d'Archiac. 

M.  d'Archiac  lit  la  lettre  suivante  de  M.  Nognës. 

Sorèze,  5  novembre  4  864. 

Mes  recherclies  pour  la  confection  de  la  carte  géologique  du 
département  des  Pyrénées-Orientales  m'ont  amené  cet  été  dans  la 
vallée  supérieure  du  Tech.  J'ai  commencé  par  explorer  les  envir 
rons  d'Amélie-les-Bains,  que  je  connaissais  déjà  par  ce  que  vous 
en  dites  dans  votre  méutoire  sur  les  Corbières. 

Vous  savez  que  les  grès  rouges  de  la  vallée  du  Tech  et  de  la 
côte  d*Urgelont  été  l'objet  d'une  discussion  entre  IVI.  Noblemairei 
ingéuieur  des  mines,  et  moi  ;  je  crois  plus  que  jamais  que  le  grès 
rouge  d'Amélie,  du  pont  de  Palalda  et  de  Couslouges  est  un  membre 
du  trias  et  non  une  dépendance  de  la  craie.  Ce  grès  rouge  est 
recouvert  par  des  calcaires  diversement  colores,  noirs,  bitumi- 
neux, gris  ou  rougeâtres,  qui  forment  l'escarpement  qui  longe  la 
grande  route  avant  d'amver  aux  premières  maisons  d'Amélie-kf- 
Bains.  Les  mêmes  calcaires  noirs  avec  veines  blanches  de  calcaire 
cristallisé  prennent  un  gi'and  développement  sur  la  rive  gauche 
du  Tech  ;  ils  fonnent  toutes  les  basses  montagnes  comprises  entre 
le  village  des  Bains  et  Palalda. 

Lonqu'on  atteint  la  hauteur  de  la  colline  qui  s*élève  aur  U  rive 


96  sÊAiir.i  Di'   18  novBiBRi  1S61. 

droite  de  la  ri  viens  à  Test  «rAiiu^lie,  cm  rrocontre  des  conûhct 
d'an  calcaire  noir  avec  ostraoétrael  polypiert. 

Le  mauvais  état  des  édiant liions  de  ft)isilcs  que  j*ai  recrueîUis 
dans  ces  calcaires  ne  m*a  pas  permis  de  les  déterminer  ri{;ouraa  - 
sèment;  cependant  une  de  ces  ostracëes  se  rapproche  de  VOtirra 
macropiera  (Sowerby),  et  surtout  de  VOsirm  ÂJUitifaita  [d*OM^ 
gny)  du  gaull. 

Ces  calcaires  noirs  à  ostraeiVs,  qui  rei'ouvreiit  les  assises  qui 
forment  l\!srarpi>ni('iit  di>  l.i  loiiCt*,  sont  donc  un  membre  de  la 
craie  infërieurc.  Alors  les  calcaires  de  la  route,  c?eux  de  Palalda, 
superposas  directement  sur  le  ;;rès  roii{'e«  tlcvr.iiont  descendre  h 
un  niveau  plus  bas,  au  lias  probablement?  l^s  couches  à  Hippu- 
rites  constituent  les  parties  supérieures  du  système  crétacé  du  paya. 
Au-dessousdesHippui  ites,  dans  un  (;rès  (;rossitT,  jaunâtre,  se  mon- 
trent le  Cyrlnlitcs  vHifJtim  (Lam.)  et  la  Hhy/ic/ionclifi  fi^f/onHés 
(d'Orb.). 

Transpoilons-uous  maintenant  dans  une  localité  bien  autrement 
intéressante,  dans  le  vallon  de  Saint-Laurent  et  de  ConstougéSi 
dë|)endant  en  partie  de  la  vallée  de  la  3]oup,.i. 

D'Arles  au  Pas-de-Lonp,  la  route,  qui  niarclii*  parallèlement  su 
Tech,  est  tracée  sur  les  sel  listes  satinés  et  les  schistes  macliièreSy 
recouverts  sur  certains  points  par  des  calcaires  cri>tallins  en  bandes 
interrompues. 

Cest  à  la  hauteur  du  Pas-<le-Loup  que  l'on  quitte  la  rive  gauche 
du  Tech  pour  entrer  dans  la  vallée  p,i-anitiqut?  de  Saint-Laurent- 
de-Gerdans.  C'est  à  environ  2  kiluniètres  au  sud  de  cette  petite 
ville  pittoresque,  à  la  métairie  de  Lai'a(;e,  ()ue  réapparaissent!^ 
dépôts  sédimentaires.  Jusque-là,   Tœil  ne  s* est  arrêté  que  sur 
granités  presque  partout  eu  voie  dedéconqK>sition. 

Au  vallon  de  Lal'age,  le  grès  rouge,  plongeant  au  sud-est,  ref 
directement  sur  le  granité;  il  est  recouvert  yuai  des  assises 
calcaire  noir  présentant  la  plus  grande  analo|;ie  avec  cel 
forme  les  escarpements  de  la  route  d'Amélie,  au-dessus  dt 
de  Palalda. 

Au  moulin  iVEméngns^  dans  le  lit  du  ravin,  affleure  le  f 
argileux  qui  doime  un  très  bon  ciment.  1^  colline  en  face 
lin  est  formée  par  une  série  de  strates  très  distinctes  d'u' 
argileux  feuilleté,  plongeant  au  sud- est.  Ce  calcaire  ei 
nombreuses  présente  la  plus  grande  analogie  avec  certai 
du  lias,  surtout  avec  ceux  des  environs  de  Hédarieux.  i\I 
de  liédarieux,  familiarisé  avec  le  terrain  jurassique  de 
de  sa  ville,  m*a  assuré  que  le  calcaire  argileux  que  ï 


1^  fthrniin  par  M.K.IXm.MOY 

[J      I      O     r     E  Provinor* 


assiii  houillfi-  de  Val ciicicii tirs 
ilrpal  ri  .-ivnnt  le  Huulrvrmrnl 


luulrvnnriil  o^ciirml  ilu  Mitlj 


KOTË  Dtî  M.   rroGiîts. 


6» 


comme  ciment,  snr  le  versant  espagnol,  «îans  la  vallée  de  la  Mouga, 
est  un  calcaire  liasique  ;  il  a  la  plus  granch  analogie  de  com|H>8i- 
tion  et  de  position  stratigrapliique  avec  celui  que  je  vous  signale 
entre  Saint-Laurent  et  Coustouges,  lequel  pourrait  bien  être  un 
affleurement  de  la  couche  espagnole. 


CoUinê  de  LajagB. 


N.-O. 


t..B. 


I.  Calcaire  gris. 

S.  Calcuire  ooir,  argileux. 

3.  Calcaire  noir,  avec  veines  blanches. 

4.  Grès  jaunftlre. 


5.  Grès  rou««  très  quarUeuz. 

6.  Grès  rouge  un  peu  in<irDeuZ. 

7.  Grès  rouge  à  grains  fins. 

8.  Grauile. 


Au  sud  de  Goustouges,  à  la  métairie  de  \d^  Cornt,  nous  trouvons 
de  bas  en  haut  la  succession  des  grès  rou<>e8  calcaires,  grès  à  cou- 
leur foncée  avec  débris  d'oslracées,  de  Rhyochonellet,  de  Plicar 
tules,  le  tout  couronné  par  des  calcaires  à  Hippurites.  Au  oamp 
d'Amont,  au  sud- est  de  Goustouges,  le  sol  présente  des  accidents 
orographiques  pittoresques.  On  dirait  un  vaste  entonnoir  dont  les 
parois  sont  diversement  colorées;  au  fond  se  montrent  des  grès 
rouges  surmontés  par  des  calcaires  rembrunis  avec  ostracëes  ;  vers 
le  haut  des  collines,  des  assises  d*une  marne  noire  ou  gris  jaunâtre 
renfermant  en  abondance  le  Cjclolites  elliptica^  qui  forma  un 
horizon  bien  distinct  au-dessous  des  Hippurites. 

Enfin,  tout  à  fait  au  sommet,  se  montrent  des  calcaires  gris  ou 
noirâtres,  subcristallins,  avec  plusieurs  espèces  d'Hippurites,  dei 
Radiolites,  des  Peignes,  etc. 

En  résumé,  aux  environs  d'Amélie  les-Bains,  d^ns  te  bassip  de 
la  Mouga  (environs  de  Goustouges)  et  dans  ta  vallée  de  Sainl- 
Laurent  se  trouvent  : 

4^  La  craie  supérieure  (à  Hippurites,  à  Cyclolfffs  eWptica)\ 

V  La  craie  inférieure  (néocomieu  ou  gault); 

Z""  Le  lias  ? 

4°  Le  trias. 

Soc,  géoLf  V  série,  tome  XIX.  7 


1 

68  ttAHCI    BU    18   ROTMlil   i861. 

Dant  une  note  spéciale  je  décrirai  et  je  prourerai  ce  que  je  MB 
fais  que  tous  indiquer  aujourd'hui. 

M.  Deiesie  lit  la  lettre  suivanle  de  M.  Marcou  : 

Lettre  sur  les  roches  jurassiques  hors  de  rEurope^  adreiaèe  à 

H.  A.  Delesse  par  M.  J.  Marcou. 

Boston,  22  octobre  4861. 

Les  collections  de  la  Société  d'histoire  naturelle  de  Boston 
sèdent  deux  belles  Ammonites  jui'assiques»  rapportées  pur  uo 
sionnaire,  le  révérend  Nalcolm,  des  bords  du  fleuve  Irawaddit 
dans  Tempire  birman,  presqu'île  indo-siamoise.  L'une  est  1*. 
monites  btfrons  ou  ^atcoiii\  complètement  identique  avec  IV 
de  France  et  d'Angleterre,  et  l'autre  est  V^é,  comnwnis.  Ces 
fossiles  sont  tellement  semblables  à  ceux  d'Angleterre,  méine 
l'aspect  lithologique,  qu'on  dirait  qu'ilsont  été  recueillisdaoa le Ite 
supérieur  de  Lyme-Regis.  L'^.  co//i//7m/i/j  est  roulée  et  uséeyIftMiîi 
que  Va,  ff^alcotii  a  été  recueillie  en  place,  avec  des  fragineoli  die  jn 
roclie  encaissante,  qui  est  un  calcaire  marneux  bleuâtre.  Le 
sionnaire  n'a  pas  indiqué  exactement  le  point  des  bords  du 
où  il  a  recueilli  ces  fossiles;  mais,  comme  c'est  en  allant  de  HM^, 
goon  à  Ava,  il  s'ensuit  que  le  terrain  jurassique  existe 
Birman  à  une  latitude  plus  méridionale  que  Calcutta  et  que 
et  que  c'est  la  première  fois  qu'on  le  trouve  aussi  près  de  W 
et  à  l'est  du  golfe  du  Bengale.  <> 

Les  publications  faites  en  1859,  1860  et  1861,  tant  k  Gek 
qu'à  Londres,  par  la  Commission  géologique  de  l'Inde  et  |(j| 
ciété  géologique  d'Angleterre,  ont  confirmé  pleinement  les  f^ 
minations  des  plantes  fossiles  recueillies  dans  la  format' 
grès  rouges  de  l'Hindoustan  par  le  docteur  Mac-Clelland, 
mon  ami,  le  professeur  Heer,  a  reconnues  comme  apparten/ 
flore  triasique,  ce  qui  m'avait  permis,  dès  février  1859,  d 
mémoire   intitulé  :  Dyas  et  trias,   ou  le  nouveau  grès 
Europe,  dans  Vjémériqae  du  Nord  et  dans  tlndc^  de  pb 
véritable  position  stratigrapliique  la  grande  et  vaste  fc 
nouveau  grès  rouge  du  centre   de  l'Inde,  qui  jusqi 
regardée  comme  de  l'époque  jurassique. 

Le  capitaine  sir  F.-L.  Mac-Clintocli,qui  a  découve' 
les  roches  du  Jura  vers  le  pôle  nord,  sur  Tile  du  Pi 
en  mai  1853,  a,  dans  son  dernier  voyage  de  1859 


LBTTâB   DB   M.    MABCOU.  99 

exemplaire  de  la  Cardinin  ovalis^  Slutdiburg,  trouvée  en  dra- 
guant le  fond  de  la  mer,  à  la  sortie  du  port  deLively,  au  Groeiw 
laud.  Probablement  que  ce  fossile  liasique  a  été  transporté  par  les 
glaces  des  régions  placées  plus  au  nord  (voy.  On  the  jossils  brought 
home  jrom  the  artic  régions  in  1859,  par  Sam.  Haughton,  dans  le 
Journal  of  the  Dublin  Society^  p.  53,  1860). 

Un  trafiquant  de  la  Compagnie  des  fourrures  delà  baied'Hud- 
son^  nommé  Barnston,  a  recueilli  dans  la  vallée  de  la  rivière 
Mackensie,  sans  désigner  toutefois  la  localité  précise,  une  grosse 
Ammonite  de  la  famille  des  macroccphali^  voisine  ou  peut-être 
identique  avec  Tune  des  trois  Ammonites  jurassiques  suivantes, 
savoir  \ Ammonites  fFomessenskii^  Grev.,  d'Alaeksa  (Amérique 
russe),  \ A,  polyptychas^  Keys.,  de  rOienek  (Sibérie)  et  du  Pels- 
chora-land  (Russie),  et  enfin  \A,  Tchejkini^  de  Bucli,  de  la  rivière 
Oka  (Russie).  Ce  fossile  jurassique  a  été  décrit  par  M.  Meek 
sous  le  nom  à^ A,  Barnstoni,  A  cette  grosse  Ammonite  adhé- 
rait une  petite  de  la  famille  des  hcterophylliy  décrite  aussi  par 
M.  Meek  sous  le  nom  d*//.  Billingsi.  Ces  deux  fossiles  ne  laissent 
pas  de  doute  sur  l'existence  des  roches  du  Jura  dans  la  grande 
vallée  du  fleuve  Mackensie  (voy.  Narrative  oj  the  Ctmadian  red 
river  exploring  expédition  r>/1857,  and  of  the  Assinisiboine  and 
Saskutchewan  exploring  etpedition  of  1858  ;  by  H.-Y.  Hind, 
vol.  II,  p.  306;  London,  1860). 

Al.  H.  Ëngelmann  (de  Saint-Louis), qui  accompagnait,  comme 
géologue,  une  exploration  du  pays  des  Mormons  au  territoire 
d'Utah,  a  rapporté  des  bords  de  la  rivière  Duchesne  et  de  la  rivière 
Webcr,  à  10  et  30  lieues  à  l'est  de  la  ville  du  Grand-Lac-Salé,  des 
fossiles  trouvés  dans  des  couches  calcaires,  tels  que  Prrten,  Ostrea 
et  Pentacrinusy  ayant  des  formes  jurassiques,  et  qui  indiquent 
Texisteoee  certaine  des  roches  du  Jura  dans  cette  partie  occiden- 
tale des  montagnes  Rochonscs  (voy.  Notice  of  gcolof»iral  disco" 
f'£r/7Vr5,  dans  les  Proc.  oj  the  Acad,  ofnat,  se,  of  Phiiadelphia,  avril 
1860,  p.  129). 

Enfin  iM.  David  Forbes  a  réussi  à  trouver  dans  la  Bolivie  le 
terrain  jurassique  qui  avait  échappé  aux  recherches  de  feu  Aicide 
d'Orbigny.  Cette  découverte  joint,  par  le  désert  d'Atacania,  les 
roches  du  Jura,  reconnues  au  Chili  par  Ignace  Domeyko,  à  celles 
du  Pérou, et  montre  une  ligne  non  interrompue  decetle  formation, 
tout  le  long  de  la  cote  occidentale  de  l'Amérique  du  Sud,  depuis 
le  volcan  de  Maipu,  près  de  Valparaiso,  jusqu'au  sud  de  Lima 
(voy.   On  the  gcotogy  of  Bolivia  and  southern  Penty  by  D  Forbes, 


100  JltAlICt    DU    18   HOTIMMl    t86l. 

dans  le  Qaan.  Jount,  oj  ihe  ^eot.  Soc.  nj  London ;  fé^fitr  IMt» 
p.  52). 

M.  Hébert  lit  la  note  suivante  : 

Du  terrain  jurassique  de  la  Provence;  sa  diifision  en  étagfM ; 
son  imlépendance  des  calcaires  dolomitiqnes  associés  aux 
gypses;  par  M.  Edm.  Hébert. 

Les  auteurs  de  la  Carte  géologique  de  la  France  n*ont  poipt 
donné  la  description  du  terrain  jura8si(|ue  de  la  Provence;  in  ont 
seulement  fait  remarquer  que  la  séparation  di-s  étages  était  moins 
nette  dans  le  midi  que  dans  le  nord,  ce  terrain  n*y  présentant  pM, 
comme  dans  le  bassin  de  Paris,  cette  succession  de  chatnex  de  coHimes 
et  de  dépressions  concentriques  qui  marquent  le  passage  d'tine  for- 
mation Jurassique  à  f  autre  (1). 

Les  (<;éolo(;ues  qui  s'étaient   occupés  antérieurement  de  oettt 
région  avaient  considéré  la  série  jurassique  comme  formant  on 
tout  dans  lequel  il  était  difficile  de  tracer  des  coupes  et  des  diVl^ 
sions  naturelles.  C'est  ainsi,  par  exemple,  que  la  carte  géologique 
du  département  des  Hasses-Alpes,  par  M .  Se.  Gras,  ne  |K>rte  qu*iiïiè 
seule  teinte    pour  le  terrain  jurassique.   Le   texte  descriptif  1M 
prouve  an  lecteur,  et  seulement  encore  d'une  manière  gëoënl^ 
que  la  présence  du  lins  à  la  base,  et  rend  probable  l'existence  dt 
rOxford-clay  à  la  partie  supérieure  dans  les  calcaires  à  AmmomlêÊS 
plicatilis^  dont  l'auteur  fait  du  coral-rag.  En  outre,  M.  Sci.  QMb 
signale,  dans  cette  série  junissique,  des  altérations  et  des  tran•IUi^-  / 
mations  par  suite  desquelles  des  assises  de  gypse  et  les  calç||)l9 
cloisonnés,  qu'on  appelle  caroncules,  s'y  trouvent  interailéaà  IdliÉk  v* 
les  hauteurs.  i 

Ces  caractères  élablisstnl  des  différences  considérables 
terrain  jurassique  du  reste  de  la  France,  et  je  désirais  f^ 
longtemps  pouvoir  les  vérifier. 

Sans  doute  il  y  avait  U  une  analogie  avec  la  composit 
terrain  jurassique  des  Alpes  dans  lequel  presque  tous  les 
ont  regardé  les  gypses  et  les  cargneules  comme  partie  i 
du  lias.   Mais  depuis  peu  d'années  cette  question  avt 
grand  pas;  d'une  part  l'étude  du  lias,  surtout  en  ce  qui 

(I)  £jepi,  de  la  carte  géol,  de  la  France^  t.  II,  p.  76 


KOTl   DB   M.    HÉBBIT*  lOl 

la  partie  Inférieure,  ce  qu'on  désigne  souvent  sous  le  nom  d'/ /t/ta- 
lia$  et  qui  comprend  les  assises  antérieures  au  calcaire  à  Gryphéet 
arquées,  a  été  pouituivie  en  France,  en  Allemagne,  en  Italie  et 
en  Angleterre,  jusk]ue  dans  les  moindres  détails,  avec  un  soid 
minutieux.  Il  en  est  résulté  que  la  base  du  lias  est,  dans  lescon* 
trées  que  je  viens  de  citer,  constituée  de  la  même  façon  et  carac- 
térisée par  les  mêmes  fossiles.  La  base  de  rinfra-liàs  a  été  appelée, 
d'après  le  fossile  le  plus  généralement  répandu,  couche  a  Aviculd 
contorta  (1). 

D'autre  part,  M.  Favre  (2)  a  prouvé  que  les  gypses  et  cargneulea 
de  la  Savoie  sont  inférieurs  aux  couches  à  Àvicula  contorta  placées 
dans  ce  pays,  comice  ailleurs,  à  la  base  de  la  série  liasique.  Les 
coupes  que  M.  Favre  a  relevées  le  long  du  lac  de  Genève^  à  Ma-» 
triiige  ou  dans  plusieurs  autres  lieux,  ne  laissent  aucun  doute 
sur  ce  point.  J'ai  récemment  visité  Matringe,  en  compagnie  de 
Mi\l.  Studer  et  Favre,  et  j'ai  constaté  la  présence  des  couche^ 
infra-Iiasiquessur  les  gypses.  Nous  avons  même  rencontré,  parmi 
les  fragments  éboulés  provenant  de  la  base  de  ces  couches  infra- 
liasiqu^,  des  gtës  calcaires  minces  avec  dents  de  poissons  et  de 
sauriens,  qui  indiquent  la  présence  du  Bone-bed[V^, 

[K)  Voir  Essai  sur  les  conditions  générales  fies  couches  à  Avicula 
contorta,  etc. y  par  l'abbé  Stoppani,  Milan.  1861. 

(2)  Mémoire  sur  les  terrains  liasique  et  keupéYien  de  la  Savoie^ 
par  Alph.  Favre.  Genève,  4  859. 

(3)  Dans  le  compte  rendu  de  la  réunion  extraordinaire  de  la  So* 
ciété  en  Maurienne,  que  M.  Favre  vient  de  publier  (octobre  1861, 
Bibliathèque  universelle  de  Genève)^  le  savant  professeur  rectifio 
(p.  11]  avec  raison  ce  qu*il  avait  dit  précédemment  au  sujet  de  cal- 
caires rouges  signalés  par  lui  dans  la  coupe  de  Matringe  i^Mém.  sur 
les  terrains  liasique  et  keapêrien  de  la  Savoie ^  p.  35,  pi.  Il,  fig.  6, 
couche  2  a),  et  qu'il  assimilait  alors  au  calcaire  ammonitifère  de 
Saint-Cassian.  Comme  cela  résulte  àb  la  nouvelle  mention  de  M.  Favre, 
ces  couches  ne  sont  pas  des  calcaires,  mais  des  marnes,  ou  plutôt 
des  argiles  du reiee  cdrrespondant  aux  marnes  irisée»,  et  j'ajevterai  que 
jusqu'ici  rien  n^  me  semble  autoriser  un  rappro€bement  avec  les 
calcaires  de  Saint-Cèssianl. 

Là  coupe  doùnée  par  M.  Favre  est  du  reste  parfirteihent  exacte  ; 
seulement  il  nous  a  paru  que  les  couches  {x)  et  [y)  pouvaient  être  pré- 
eiséee  plus  que  M.  Favre  ii*avait  pu  le  faire.  Les  calcaires  gris  (x), 
veinée  de  blanc,  nous  ont  setnblé  être  exactement  les  mêmes  que  ceux 
que  noua  venions  de  voir  le  même  jour  à  Saint-Geoire  et  dans  lesquels 
des  dents  de  Strophodus  et  V Ammonites  plicatilis  nous  avaient 
montré  TOxford-clay  supérieur. 

Lee  grée  et  sobistee  (r)  à  fucoldes,  auxquels  des  calcairea  compactes 


102  ttAHCI    DU    18  IfOTBHBil    1861. 

Dans  les  excursions  de  la  réunion  extraordinaire  de  la 
géologique,  où  nous  avons  été  diri^jéspar  M.  Lory  avec  une  ti 
faite  connaissance  du  terrain,  nous  avons  reconnu,  |^ce  auitovit  â 
rhabileté  d'un  excellent  observateur,  M.  l'abbé  Yallet,  proieneur 
au  séminaire  de  Chambéry,  aujourd'hui  notre  con frère,  cecie  même 
assise  â  Jvicula  coniarttt^  constamment  au  contact  du  système  dei 
g3q)ses  et  dolomies  et  des  calcaires  liasiques.  Je  citerai  notamment 
le  niontGenèvre,  où  les  fossiles  infra-liasiquessont  assex  aboodanli; 
de  telle  sorte  qu'il  nous  a  été  facile  de  constater,  à  l'aide  de  eet 
horizon  paléontologique  bien  déterminé,  que  les  gypses  et  les  Car^ 
gueules  appartenaient  au  terrain  inférieur  à  l'infra-lias,  c'est*A-diie 
au  trias,  conformément  à  l'opinion  émise  par  M.  Favre.  Nulle  part 
nous  n'avons  pu  voir  de  gypses  véritablement  intercalés  dana  la  aérie 
jurassique,  et  les  conclusions  du  travail  de  iM.  Favre,  qui  parais» 
saient  alors  si  hardies,  même  aux  géologues  qui  se  sont  le  plm 
heureusement  occupés  de  la  géologie  des  Alpes  (1),  se  troareot 


^» 


lithographiques  soDt  quelquefois  associés,  comme  on  le  voit  k  Mû 
font  partie  du  terrain  nummulitique  et  non  du  terrain  jurassiqoÉ^ 
Ces  observations,  que  nous  avons  faites  en  commun  avec  MM.  Siadhr 
et  Favre,  complètent  TexceUente  description  qu'a  donnée  M.  Fam 
de  cette  intéressante  localité. 

J'ajouterai  que  j*ai  recueilli  dans  la  couche  à  Avicula  contortm^im 
fossiles  suivants  :  '*  ' 

Dents  de  poissons,  c. 

Cerithium  ou  Fusus,  ,  "^^  r  -' 

Cardinia.  '^i:^ 

Mytilus  minutas^  Goldf.,  c. 

Avicula  contorta,  Portl.,  C. 

jÉQÎcttla  {(iervillia)  prœcitrsor^  Quenst.,  sp.  c. 

Plactinopsis  [Anomia)  irregularis^  Terq«,  sp. 

Terebratuia  gregaria,  Su 


T    J 


Au-dessus  des  couches  à  Avicula  contorta^  les  calcaires  infra-lii 
renferment  en  grande  quantité  des  silex  gris  ressemblant  sinr 
ment  aux  spongiaires  siliceux  que  j*ai  signalés  à  Montagnac  ^ 
à  Villefort  (Lozère)  [Dull.  Soc.    géoL  de  France j  2*  sér 
p.  906). 

(4)  4  Jusqu'à  présent  cette  hypothèse  hardie  ne  repos 
fait.  Le  gypse,  comme  l'oligiste  et  les  schistes  violets,  i 
pas  un  terrain  constant,  mais  un  simple  accident  local  dans  I 

Pillet.  Études  géologiques  sur  les  Alpes  de  la  Mauri 
Chambéry,  4  860. 

«  Je  ne  crois  pas  pouvoir  adopter  d'une  manière  com] 


NOTI    DK    M.    HÉBBHT.  103 

ainsi  pleinement  confirmées.  Mais  je  n'insiste  pas  sur  ces  observa- 
ions  dont  le  mérite  appartient  à  d'autres,  et  je  laisse  aux  géologues 
alpins  le  soin  de  noua  faire  connailre  en  détail  les  faits  pour 
lesquels  nous  n'avons  été  qu'un  simple  témoin. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  était  de  mon  devoir,  avant  de  faire  con- 
naître le  résultat  de  mes  observations  personnelles  dans  les  Alpes 
de  la  Provence,  de  dire  quels  étaient  les  éléments  qui  avaient  pu 
me  les  rendre  plus  faciles. 

La  partie  de  la  Provence  citée  comme  présentant  les  meilleures 
coupes  du  terrain  jurassique  par  M.  Se.  Gras  et  par  M.  Jaubert  (1) 
est  celle  qui  entoure  la  ville  de  Digne.  C'est  en  même  temps  celle  où 
M.  Se.  Gras  (2)  signale  la  présence  du  gypse  au  milieu  des  coucbes 
jurassiques,  l'altération  de  celles-ci  et  leur  transformation  en  masses 
gypseuscs  ou  dolomi tiques. 

Cette  ville  est  en  partie  bâtie  sur  les  gypses  et  les  cargneulcsqui 
les  accompagnent  A  l'ouest  et  au  nord,  sur  la  rive  droilc  de  la 
Bléonne,  le  gypse  donne  lieu  à  plusieurs  exploitations.  Au  sud, 
le  système  de  coucbes  auxquelles  il  est  subordonné  apparaît  d'une 
manière  presque  continue  pendant  plusieurs  kilomètres  sur 
les  deux  rives  de  la  Bléonne  et  sur  la  route  de  Castellane,  jusqu'au 
delà  de  Cbâteauredon.  A  l'est,  on  le  voit  à  la  base  des  mon- 
tagnes qui  dominent  Digne.  Comme  l'a  fait  observer  M.  Se.  Gras, 
les  gypses  semblent  alignés  du  nord  au  sud  et  en  rapport  avec  une 
dislocation  du  sol. 

Je  me  suis  attaché  â  étudier  la  position  des  gypses  et  des  car- 
gneules,  par  rapport  aux  coucbes  jurassiques,  dans  une  grande 
partie  de  leur  extension  aux  environs  de  Digne.  Je  donnerai  les 
coupes  qui  font  le  mieux  connaître  cette  position,  en  même  temps 
que  la  succession  des  diverses  assises  jurassiques. 

Le  point  où  il  est  le  plus  facile  d'étudier  les  coucbes  qui  sont 
en  rapport  avec  le  système  gypseux  est,  sans  contredit,  le  vallon 
de  Champoran^  à  3  kilomètres  au  nord  de  Digne,  sur  la  rive  droite 
de  la  Bléonne,  où  existent  plusieurs  exploitations.  Yoici  ce  que 
l'on  y  observe  : 


de  M.  Favre,  qui  paraît  considérer  les  gypses  et  les  corgneides  comme 
un  horizon  géologique  toujours  inférieur  au  lias,  etc.  » 

Lory,  Bull,  Soc.  géol.  de  France^  2*  sér. ,  t.  XVIH,  p.  46,  no- 
vembre 4  860. 

(4)  Bull.  Soc,  géol.  de  France,  t.  XVIH,  p.  64  0. 

(2)  Statistique  miner,  des  Basses- Àlpes^  4840,  p.  37  et  suir. 


•tAMCI  M  18  MOTUUa  iSM. 


NOTI    DB    M.    HÉRtRT.  10^ 

1*  Le  (jypse  (1,  (ig.  1)  est  aasoeié  avec  des  argiles  rouges;  il  est 
formé  d'une  série  de  lits  ondulés,  et  présente  environ  15  mètres 
d'épaisseur;  les  argiles  rouges,  qui  sont  en  général  au-dessous,  et 
quelquefois  intercalées,  ont  une  épaisseur  à  peu  près  égale; 
total 30  mètres. 

2°  An-dessus  vient  une  doloniie  (2,  fig.  1)  jaunâtre,  pulvérulente 
ou  schisteuse,  associée  quelquefois  à  des  argiles  vertes  ou  bleuâtres, 
et  renfermant  quelques  rares  lits  de  gypse;  épaisseur,  envi- 
ron  /4O  mètres. 

3°  Puis  une  dolomie  (3,  fig.  1),  ou  plutôt  un  calcaire  dolomitique 
plus  ou  moins  caverneux,  souvent  à  l'état  de  brèche  à  la  base, 
empâtant  des  fragments  de  schiste,  plus  terreux  à  la  partie  supé- 
rieure, où  il  alterne  avec  des  argiles  vertes,  quelquefois  rouges  ; 
épaisseur 30  mètres. 

La  base  de  cette  doloune  e&t  un  gros  banc  qui  forme  saillie  ; 
elle  passe  quelquefois  à  une  dolomie  cristalline,  qui  la  traverse 
en  filons  minces;  elle  passe  aussi  à  des  calcaires  bleuâtres,  mais 
tout  à  fait  accidentels. 

Ce  système  de  gypses,  d'argiles  rouges  ou  vertes  et  de  cargneulés, 
a  donc  environ  100  mètres  de  puissance.  Partout  où  on  Texamine 
autour  de  Digne  il  présente  à  peu  près  la  même  série  de  couches. 
Partout  aussi  il  est  recouvert  par  une  antre  série  bien  différente, 
composée  de  calcaires  noirs  ou  gris  bleuâtres,  alternant  avec  des 
marnes  plus  ou  moins  schisteuses,  mais  ne  présentant  ni  gypse, 
ni  dolomie,  et  renfermant  plusieurs  niveaux  fossilifères  qui  se  suc- 
cèdent dans  le  même  ordre. 

Le  vallon  de  Champoran  permet  d'étudier  cette  succession  de 
couches  sans  qu'il  soit  possible  de  se  tromper.  On  peut,  en  effet, 
y  relever  trois  coupes  parallèles  montrant  exactement  la  même 
disposition  de  couches,  et  n'offrant  une  légère  différence  qu'à 
l'endroit  de  la  fracture  (A,  ti^;.  1).  La  première,  la  plus  méridio- 
nale, est  le  versant  sud  du  promontoire  de  Champoran  ;  je  l'ai 
dessinée  ci-contre. 


106  al&Hci  i>u  48  itoTni»  1861. 

La  deuiièine,  que  je  figure  ici,  eM  le  Tenant  nord  de  ce  mtoe 

proinonloirc  ; 

Fig.  2.  —  Promontoire  de  Champoran  [verianl  nord,  vertamt  imd 
da  raPia). 


. 

!•       ' 

Et  enfin  la  troisième  (fig.  3}  est  le  vertant  nord  du  ravio  a 
est  au  nord  du  proinonloire,  cl  fait  (ace  à  la  coupe  fi|;.  3  ;  . 
telle  sorte  i{ue  les  deux  flancs  de  ce  ravin  sont  représenta  b 
les  coupes  lig.  2  et  3. 

La  l^ende  de  la  fig.  1  est  coinumne  aux  deux  autrea. 


Fig.  3.  —  Venant  nord  du  ravin  de  Champoran, 


La  partie  inférieure  de  la  série  calcaire  se  laisse  Toir  daof 
coupes  avec  la  plus  grande  facilité  et  dans  le  plus  grand  dâ* 
une  épaisseur  d'environ  120  mènes,  et  j'y  ai  reconnu  (ro< 
ions  fossiliières  bien  accusés  :  1°  à  b  bas>-,  en  cniilact  j 
cargncules,  sont  des  couches  minces  péliies  de   fossiler 
d'elles  ne  renfei-me  guère  que  des  fragments  d'osseinentr 
ions  ou  de  reptiles,  surtout  des  dents  ;  une  autie  est  pél 


NOTB  DE   ■•    HÊBBRT.  107 

eula  co/itorta.  C'est,  à   n'en  pas  douter,  la  base  de  l'infra-lias, 
le  bonc'bed  (\),  ^ 

Sur  40  à  45  mètres  environ,  on  remarque  que  les  bancs  calcaires 

(1)  Voici  le  détail  des  couches  da  liss  inférieur,  pris  en  a  (fig.  3). 
\^  Dolomie,  partie  supérieure  du  trias. 

Injra^lias, 

2^  Schistes  noirs,  base  du  lias O'^.fO 

3*  Grès  gris 0",80 

4°  Schistes  noirs O^jTO 

6°  Calcaires  et  schistes  à  Avicula  conforta  avec  le  bone- 
bed  à  la  base,  dans  lequel  j*ai  recueilli  en  outre  Gcrvillia 
prccnrsor^  Quenst.,  Pecten  ValoniensiSj  Oppel  et  Suess 
[Kossener  scbichten.  etc.,  tab.  44,  fig.  8  (non  Defr.)],  et  6 

ou  7  autres  espèces  que  je  n'ai  pu  déterminer l'^fëO 

6^  Alternance  de  calcaires  gris  et  de  schistes  noirs.  Les 
calcaires  sont  remplis  de  petits  fossiles,  notamment  de  MytUus^ 

Peignes,  etc 6*", 00 

7"*  Calcaires  gris,  bleufttres  à  l'intérieur,  peu  fossilifères, 

alternant  avec  des  schistes  noirs 42"',00 

8^  Calcaires  jaunâtres  et  argileux i"^}00 

9<^  Calcaires  en  bancs  compactes  faisant  saillie,  à  fossiles 

indéterminables I8'",00 

4  0"  Calcaire  en  bancs  réguliers,  peu  distincts  en  bas.  .  .  ^^''fOO 

4  4**  Calcaire  en  gros  bancs  durs  faisant  saillie 8", 00 

4  2**  Calcaires  marneux  et  marnes  très  fossilifères  à  la  partie 
supérieure  (couche  b  des  fig.  4,  2  et  3),  Ammonites  angu- 
iatuSy  Terebmtuln perforata^  Rhynchonella  costellata^  Car'»' 
fiinia  lameilosa^  etc •   •  • •  •   .  •  4  O'yOO 


« 


Total.  .  .  .  83»,40 
Calcaires  à  Cryphées  arquées, 

4*  Calcaires  schisteux  et  en  plaquettes,  mincet  d'abord,  plus  épais* 

sies  ensuite • H*, 00 

2**  Calcaires  noduleux  en  lits  minces 5", 00 

3*"  Calcaires  schisteux  et  en  plaquettes O'^fOO 

4*^  Calcaires  en  bancs  de  O"", 30  environ 7"*, 00 

6*>  Mêmes  calcaires  avec  un  lit  de  4  mètre  de  calcaire  schisteux  à 
la  base  et  Ammonites  Bucklandi^  A.  Bonnardi^  dans  les  assises  supé» 

rieures • 8", 00 

6°  Calcaire    schisteux  et  noduleux    alternant   avec    des    lits   de 

marne 3",00 

Il  n'y  a  dans  cette  coupe  aucune  séparation  tranchée  entre  l'infra- 
lias  et  les  calcaires  ï  Gryphées  arquées,  et  la  limite  que  j'ai  cru  devoir 
adopter  peut  ne  pas  être  tout  à  fait  exacte. 


lOS  StANCI    DO    18    HOTBMBIt    1801. 

sout  t-eiiiplis  de  fragments  de  petits  fossiles,  mais  il  esC  iiii| 
de  les  déterminer;  puis  vifiintiit  des  calcaires  compactes  ou 
neux  peu  fossilifères,  épais  de  20  à  30  mètres,  recouTeits  par  8  à 
10  mètres  de  calcaire  esseutiellemeiit  marneux  [ù,  fig.  1,  2  et  3), 
remplis  de  fossiles,  dont  les  principaux  sont  : 

Amnwnitfs  nn^itlatut^  Schi.  (1). 

Terebratuia  perjnrnta^  Piette  (7*.  xtrangulatu^  Martin). 
Rhynrhonella  cosirliata,  Piette. 
Cardin  ta  lamcUosa^  Goldf.,  sp. 
Etc. 

Ces  fossiles  caractérisent  la  partie  supérieure  des  grès  infra-lian- 
ques  d'Hettange,  de  Luxembourg  et  de  beaucoup  d* autres  régions* 

Des  calcaires  (ô,  lig.  1,2  et  3)  avec  Grypliécs  arquées  et  Ammo* 
ni  tes  Bucklandi  reposent  sur  les  assises  précédentes  et  se  continoeilt 
jlisqu'à  la  rivière  de  la  Bléonne.  C*est  le  ti  oisièine  horizon  fossili- 
fère qui  occupe,  là  cotumcpartout  ailleurs, une  position  invariable. 

La  Bléonne  interrompt  ici  la  série  liasique  qui  se  continué  de 
l'autre  côté,  en  plongeant  toujours  régulicrement  à  Pest  (fig.  1). 

(I)  \1A,  an^utatus^  Schl.,  De  figure  point  dans  le  Prodrome  do 
d'Orbigny  :  dans  la  Paicontoio^ie  frantaisr^  cette  espèce  est  rapportée 
è  y /t,  spinntuft^  Brug..  Bronn,  dans  son  Indvx  palœuntolof^iciu^  484A« 
réunit  à  cette  espèce,  d'après  Quenstedt,  les  A.  MoreamiSj  d'Orb., 
A,  m  tenu  tus,  d'Orb.,  A,  Charma  ssvi^  dOrb. ,  A,  Laigaeletii^  d'Orb, 
MM.  Chapuis  et  Dewalque  (Desv.  de*  terr.  sec.  du  Luxembourg^  p.  B6, 
1853)  admettent  Tideotité  de  V.i.  ratenaïus  st  de  VA,  anguiuims^  ee 
qui  est  exact.  M.  Terquem  (JM//.  «V/^r.  gmj/.,  2^  sér.,  t.  V,  p.  ftM^ 
1855)  en  détache  avec  raison  les  Ammormes  Channafsei  et  Laigm^» 
U/tii,  mais  il  y  réunit  lo  Morcanus.  M.  Qppel  [Die  J urajormatiom^ 
etc.^  p.  75,  1856)  reproduit  à  peu  près  la  synonymie  de  Bronn. 

L'A.  colubrtuus,  Ziet.,  1830,  V,  pi.  III,  fig.  1,  et  que  d'Orbigny 
oe  cite  pas,  est  certainement  VA.  Momuius^  d'Orb.,  dont  le  type  est 
dans  la  collection  d'Orbigny,  su  Muséum.  Même  ligne  lisse  et  ssillent 
sur  le  dos,  au  niveau  des  côtes;  côtes  flexueuses  effacées  sur  le  miKei 
des  tours.  L'échantillon  que  j'ai  recueilli  à  Digne  se  rapporte  à  VA,  um* 
gulatus  telle  qu'elle  est  figurée  et  décrite  dans  l'ouvrage  de  MM.  CS^ 
puis  et  Dewalque,  et  qui  diffère  de  la  précédente  par  un  sillon  dorr 
par  des  côtes  droites  en  partant  de  l'ombilic,  fortement  coudées  v 
dos,  sur  lequel  elles  se  continuent  plus  ou  moins.  J'ai  rencootr 
espèce  à  Uettange  dans  les  bancs  immédiatement  inférieurs 
Caire  à  Gryphées  arquées;  à  Varangéville,  dans  les  calcaires 
pbées  arquées,  ou  peut-être  immédiatement  au-dessous,  et  à  Iz- 
Jsmoigne,  dans  les  marnes  à  Cardioies,  qui  doivent  être  con 
somme  rborizon  fossilifère  le  plus  élevé  de  Tiofra-lias  et 
comme  le  plus  inférieur. 


Kon   Dl   m.    HtBtET.  109 

Ce  plongement  varie  depuis  60  à  90  degrés  pour  la  base  de  cette 
coupe  jusqu'à  80  ou  (lO  degrés  pour  les  assises  supérieures. 

Si  Ton  remonte  à  Touest  le  ravin  de  Gliamporan,  on  parcourt 
de  nouveau  la  même  série  en  sens  inverse,  mais  le  plongement  est 
à  Fouest,  et  Ton  s'assure  ainsi  de  la  manière  la  plus  évidente  que 
les  gypses  et  les  cargneules  sont,  non  point  intercalés  dans  les 
couches  jurassiques,  mais  au-dessous  de  la  plus  inférieure  d'entre 
elles,  au-dessous  du  bone  bcd. 

La  disposition  des  couches  liasiques  de  chaque  côté  du  massif 
doloniitique  montre,  en  outre,  que  c'est  par  suite  d'une  fracture 
que  le  système  inférieur  apparaît  au  milieu  de  la  série  liasique, 
mais  de  façon  à  é(re  de  chaque  côté  et  par  sa  partie  supérieure  en 
contact  avec  la  base  reconnue  du  terrain  jurassique.  Je  laisse,  en 
e£Pet,  de  côté  Topinign  qui  place  le  boue  bcd  et  les  couches  à 
Avicula  contorta  dans  le  trias.  Cette  opinion,  qui  ne  saurait  influer 
sur  la  position  des  gypses,  ne  peut  se  soutenir  en  présence  de 
l'identité  et  de  la  continuité  des  calcaires  à  ^v/cttln  contorta  avec 
toute  la  série  liasique,  non-seulement  dans  les  Basses-Alpes,  mais 
dans  les  Alpes  de  la  Savoie  et  en  Italie,  et  de  la  séparation  brusque, 
sans  passage  aucun,  de  ces  calcaires  et  des  dolomies  qu'ils  re- 
couvrent. 

Le  gypse  et  les  cargneules  font  donc  ici  partie  du  trias  et  non 
du  lias. 

On  arrive  à  celte  même  conclusion  par  toutes  les  observations 
qu'on  peut  faire  autour  de  Digne. 

La  ligne  des  gypses  et  des  cargneules  se  dirige  à  peu  près  du 
nord  au  sud  et  longe  la  Bléonne  jusqu'à  Digne.  Elle  ne  se  trouve 
pas  constamment  4  1^  même  hauteur  au-dessus  de  la  rivière,  parce 
que  l'ensemble  des  couches  éprouve,  du  nord  au  sud,  d'assez 
fortes  ondulations  par  suite  desquelles,  par  exemple,  la  partie 
supérieure  du  trias  qui,  à  2  kilomètres  du  pont,  est  à  une  grande 
hauteur,  est  à  peu  près  au  niveau  de  la  rivière  au  pont  même. 

Fig.  U.  —  Hi*^e  droite  de  la  Bléonne, 
s.  If. 


:     Pool  t  Exploilatioiu  de  gypse.  Vallon 

:     de  la  1.  Dolomiet.  <>• 

':  Bléonae.  t.  Lias.  ChampucM. 
Di|D«. 


110 


SÉANCl    DU    18   ROTIMlll    1861. 


Elle  traTene  le  ruisseau  de  TEscure,  derrière  Digne  aa  àod,  uÀ 
peu  avant  fon  embouchure,  et  la  rive  gauche  montre  exaclieoMOt 
la  même  disposition  que  nous  venons  de  décrire  au  valloo  àm 
Champoran,  à  savoir,  les  gypses  et  cargneules  (Ci^i.  5,  i  et  2)  t{Mr* 
tant  de  dessous  les  assises  infra-liasiques  (3)  inclinées,  les  uncA  à 
Test,  les  autres  à  l'ouest. 

Fig.  5.  —  Digne,  —  Rive  gauche  de  fEscure, 


faille. 


i.  AiliU  ro«g«  «t  fJpM. 
t.  DuTomkt. 
3.  lofra-lias. 


il 


ti 


Si  on  passe  sur  la  rive  droite  de  TEscui-e  et  qu*on  se  dirige  ik 
l'est  d'abord,  puis  au  nord-est,  en  suivant  le  fond  de  la  vallée,  49 
coupe  successivement  toutes  les  assises,  depuis  les  cargneules,  l'in- 
fra-lias,  les  calcaires  à  Gryphées  arquées,  jusqu'au  lias  supérieur»-. 


S..0 


Fig.  6.  —  Coupe  de  la  reliée  de  t Escure. 


1    A   s  6  8  4   5 


DigDc. 


Cette  coupe  (1),  dans  sa  partie  inférieure,  s'accorde  avec 
cëdente  jusque  dans  les  moindres  détails.   Les  couches  à  ^ 


(4)  En  voici  les  principaux  détails,  de  bas  en  haut. 

4^  Doiomies  (I,  fig.  6). 

2*  Schistes  et  calcaires  de  l'iofra-Iias  (2)  avec  les  coucl 
J  vie  ni  a  contorta  à  la  base  environ 

30  Calcaire  noduieux  en  bancs  minces  et  marneux  avec  7' 
perjnrata,  R/iYnchonelta  coUellata^  Cnrdinla  lamellnsa^  c' 

4*  Calcaires  compactes  ou  marneux  (je  fais  commence' 


NOTI   Dl    M.    BtBSRT.  111 

coniortat  celles  à  Ammonites  angniatnx^  les  lits  de  Gryphëes  ar- 
quées, très  abondantes  dans  cette  localité,  montrent  que  la  même 
série  liasique  repose  sur  le  système  du  gypse,  au  sud  comme  au 
nord  de  Digne.  En  outre,  en  poursuivant  Tétude  des  couches  à 
i^est,  on  voit  que  le  lias  tout  entier  se  prête  exactement  et  avec  la 
plus  grande  facilité  aux  mêmes  divisions  naturelles  qui  depuis 
longtemps  ont  été  établies  dans  le  nord  de  l'Europe. 

Les  calcaires  à  Grypliées  arquées  et  Ammonites  Bucklandi  (3, 
fig.  6)  ont  ici  une  épaisseur  d^environ  50  mètres,  et  ils  sont  recou- 
verts par  20  mètres  de  calcaires  marneux  et  de  marnes  [h)  qui 
renferment  assez  communément  un  fossile  bien  connu,  le  Mactro^ 
mya  lia  s  in  a  ^  A  g. 

Les  assises  qui  viennent  immédiatement  au-dessus  contrastent 
fortement  avec  les  précédentes.  On  rencontre  en  effet  successi- 
vement : 

1°  Une  série  de  couches  (5)  remarquables  par  leur  nature  bré- 
chiforme,  qui  se  maintient  sur  60  mètres  de  puissance  sans  qu'il 
m'ait  été  possible  d'apercevoir  la  moindre  trace  de  fossiles.  Cette 
brèche,  très  grossière  à  la  base,  est  composée  de  gros  fragments 
anguleux  de  calcaire  bleuâtre,  empâtés  dans  un  ciment  calcaire. 
Ou  y  i*encon(re  quelques  minces  lits  d*argile. 

2°  Des  calcaires  marneux  et  i\t$  marnes  (6)  avec  Avicuia  cyc-^ 
nipes.  Epaisseur 80  à  90  mètrps. 

3°  Des  calcaires  compactes  (7)  avec  silex  noirs  en  rognons 
irrcguliers,  très  abondants  à  la  partie  supérieure  ;  ces  calcaires, 
en  bancs  épais,  sans  argiles  intercalées  et  sans  fossiles,  dessi- 
nent sur  les  coteaux  de  grands  escarpemeuts  abruptes.  Epais- 
seur.    50  Â  60  mitres. 

k'*  Des  schistes  (8)  gris  ou  bleuâtres,  renfermant  des  amandes  cal- 
caires dans  leur  partie  moyenne,  et  passant  à  leur  partie  supérieure 
à  des  grès  calcaires  dont  la  puissance  est  au  moins  de.  .  10  mètres. 

caires  à  Gryphées  arquées) 6", 00 

5^  Calcaires  très  marneux  avec  Ammonites  Bucklandi^  Lima  gi- 

gantea^  et  Ostrea  arctiata  disséminés 5", 00 

6"  Calcaire  couvert  d*0.  arcuata 0",40 

7*"  Calcaires  bleufttres  en  lits  réguliers  alternant  avec  des  schistes 
noirs  peu  fossilifères,  contenant  à  la  partie  supérieure  un  lit  rempli 
d'une  espèce  d'Ammonite  voisine  de  VA.  Faldani^  mais  trop  défor- 
mée pour  que  la  détermination  en  puisse  ôlre  certaine.  .  .  45"*, 00 
go  Calcaires  marneux  en  lits  irréguliers  et  ondulés  alternant  avec 
des  marnes  grises,  et  caractérisés  par  le  Mactromya  liasina,  Ag. 

48  à  20»,00 


9 

112  SÊANCf    DU    18    ROflHMI    1861. 

Cette  série  renferme  peii  de  fossilts,   quelques  Békmnicct  cl 

V Ainmomtes  Margaritaïus,  Epaîbseui* 100  inètrci. 

tx°  Des  schistes  noirs  (9)  avec  /émmoH/tn  ratlians^  serpetitinms^  etc. 

Épaisseur 200  mèOPetL 

Cette  dernière  assise  app<'irtient  évideninient  au  liai  tiipérieor, 
comme  les  quatre  précédentes  au  Uus  moyen,  qui  se  trouve  avoir 
ici  une  épaisseur  de  300  mètres  environ,  et  qui  renferme  d*aille«n 
un  certain  nombre  de  fossiles  bien  conims,  la  G.  cymbimm  par 
exemple. 

La  surface  de  contact  du  lias  supérieur  et  du  lias  moyen  etH 
très  tranchée.  Le  calcaire  est  irrégulier  à  sa  surface,  très  dur, 
comme  usé  par  les  eaux  ;  le  schiste  noir  et  terreux  par  lequel  d^ 
bute  le  lias  supérieur  ne  se  lie  aucunement  avec  lui  (i). 

Le  lias  inférieur,  y  compris  Tinfra-lias,  a  une  puissance  de 
160  mètres.  Le  lias  supérieur  est  plus  puissant  encore;  il  présente 
successivement  : 

1»  Les  schistes  noirs  (9)  à  J,  rtutianx  ne  renfermant  point  de 
l)ancs  calcaires,  dont  nous  venons  de  parler.  Ces  schistes,  générale» 
ment  terreux,  ont  quelquefois  une  certaine  duieté,  et  passent  auK 

schistes  ardoisiers.   l'épaisseur 200  mèCras. 

2°  Schistes  (10)  avec  bancs  minces  de  calcaires  intercalés,  pvé^ 
sentant  de  nombreuses  empreintes  d^Ammonius,  notamment  les 
espèces  suivantes  :  .-/.  iomplnnatas^  disvo'uUs^  conctwus^  r/r.  Cetla 
série  passe  à  des  calcaires  marneux  a  la  partie  supérieure.  Ëpaissèor 

mininmm 200  inètrasir 

3°  Marnes  calcaires  grises  schisteuses  (11)  avec  Ptmdomiem'^ 
Ammonites  Lt'vvsquci^  y4.  vnriabilis^  A.  ///.w"^///.v,  vtc,  de  grande- aS* 
de  petite  taille,  et  reiirerniaiit  de  numbrcusts  petites  concrétà 

ferrugineuses 80  à  90  uièli 

Viennent  ensuite  des  calcaires  (12)  marneux  avec  Amm^miêÊm 
Humphriciianus  de  grande  taille,  renfermant  en  outre  un  fpnanJ 
nombre  de  petites  Ammonites  l'ei  rugi nt- uses  parmi  lesquelles  js 
citerai  les  espèces  suivantes  :  A.  UumyUricyiunus^  A,  I^iag€ie/$L 
A.  Brongn'artij  A.tycloidcs,  A.  /L;)'^///^r//.v,  qui  sont  caractérisliqir 
de  roolite  inférieure  du  nord  de  la  France  ;  on  y  rencontre  r 
Bclemnites  unicannlivutatus.  Dans  la  même  couche,  j'ai  tror 
grande  quantité  ti-ois  espèces  qui  ne  sont  généralement  pa' 
lées  à  ce  niveau  ;  ce  sont  les  suivantes:  ^//?/;/o////rj  Calypsn^  A, 

{h)  Pour  bien  voir  ce  contact,  il  faut  passer  sur  la  rive  g 
monter  environ  50  mètres  dans  un  petit  ravin  creusé  précisé 
limite  des  deux  étages. 


NOTE    DE   H.    HÉBERT*  113 

p/iyUtiSy  J,  t/itn'i'Hs.  Les  deux  premières  étaient considëiëes  comme 
appartenant  au  lias  supérieur,  la  troisième  à  l'oxford-clay. 

Mais  laissons  pour  le  moment  de  côté  cette  assise  dont  l'épais- 
seur peut  être  de  60  à  70  mètres,  et  contentons-nous  de  faire  re- 
marquer l'accord  tout  à  fait  complet  que  la  série  liastque  du  Midi 
de  la  France,  malgré  sa  puissance  qui  est  de  1000  mèti^es  enri- 
ron  (1),  présente  dans  la  succession  de  ses  élémeuts  avec  celle  du 
nord,  et  l'absence  de  toute  trace  de  gypse  et  de  cargneules  dans 
cette  série. 

Keinarquons  aussi  combien  les  trois  principaux  étages  du  lias 
des  Basses-Alpes  sont  nettement  séparés  les  uns  des  autres.  Le  lias 
moyen  commence  par  un  puissant  conglomérat  brécbiforme,  dont 
les  éléments  paraissent  empruntés  à  des  calcaires  du  lias  infé- 
rieur démantelés.  La  ligne  de  démarcation,  entre  les  calcaires  qui 
terminent  le  lias  moyen  et  les  scbistes  terreux  qui  commencent 
le  lias  supérieur,  est  tellement  nette,  qu'il  semble  qu'il  y  ait  eu 
dans  la  sédimentation  une  interruption,  pendant  laquelle  les  cal- 
caires durcis  et  lavés  par  les  eaux  auraient  pris  cette  surface  iné- 
gale et  rugueuse  qu'ils  présentent  aujourd'hui.  On  voit  qu'une 
étude  plus  attentive  fait  disparaître  les  principales  différences  que 
l'on  n'était  que  trop  porté  à  admettre  jusqu'ici  entre  le  lias  mé- 
diterranéen et  celui  du  Nord. 

On  peut  constater  que  la  série  jurassique  présente  exactement, 
sauf  la  base  qui  n'est  pas  visible,  les  mêmes  horizons  fossilifères 
dans  le  ravin  qui,  du  village  de  Noraute,  à  U  lieues  au  sud  de 
Digue,  conduit  à  Ghaudou.  On  trouve,  dans  ce  ravin,  le  calcaire  à 
Gry phées  arquées  et  Ammonites  Bucklandi  à  la  base,  le  lias  moyen  (2) 
et  le  lias  supérieur,  avec  leui*s  fossiles  caractéristiques.  L'oolite 
inférieure  à  A,  Humphricsianiis  recouvre  le  lias.  Des  assises  rela- 
tivement peu  puissantes  représentent  la  partie  inférieure  de  la 
grande  ooiite  :  ce  sont  des  marnes  et  calcaires  marneux  à  A.  ar^ 
bustigerus^  Le  reste  de  la  grande  ooiite  manque,  et  Toxford-clay, 
avec  ses  marnes,  d'une  épaisseur  énorme,  et  ses  calcaires  à 
A.  pUcatilisj  constitue  la  montagne  qui  domine  Ghaudon,  et  sup- 
porte, comme  l'indique  le  diagramme  ci-joint  (fig.  7),  la  base  du 
terrain  crétacé. 


(4)  Je  n'ai  évalué  les  épaisseurs  citées  dans  ce  travail  que  tout  à 
fait  approximativement. 

(2)  Seulement  ici,  soit  que  la  difficulté  de  suivre  les  détails  de  celte 
coupe  m*ait  fait  manquer  la  brèche  servant  de  base  au  lias  moyeu, 
soit  qu'elle  n'existe  plus  en  ce  lieu,  je  ne  l'ai  point  aperçue. 
Soc,  géol,,  2*  série,  tome  XIX,  8 


illl  S£ANC1    du    IS   MOTEHBRE    ISOl. 

Fjg,  7.  —  Coupe  lit'  Norante  à  Snùit^Jocques. 


e 
o 


a 


\ 


•I 


I.  calcaire  a  GiT|ihc«i  «itiurr». 

3.  SchUlct  el  Ciilciiiro  i  Gryphiva  c)m  buini. 

5.  LiM  siiperirar. 

4.  C^lcairaa  mtrocux  ^  Ammonite*  Uumphriesianut. 
«i.  Cilcaires  murnoux  ii  Antnumites  arbusligtrtis, 

6.  Parlie  ibtuIUc  oa  iuiitoitlalile. 

7.  Marnes  uifurdicunrs. 

tf.  GalcairM  cMnpactes  («•xft-nl-clay  biipriieni). 
9.  Calcaires  mai  lieux  noocuinitius. 

Ou  peut  doue  couelure  do  ces  ol)servntk»iis  :  V  que  le  syscème 
des  gypses  et  cargneules  de  la  Piovencc  appai lient  au  triât  et  doo 
au  lias  ;  2°  que  le  lias  prëscufe  dans  cette  rë|jiou  les  quatre  groupes 
naturels  du  Mord,  et  est  cotnplétcnienl  indOpeudaiit  des  gyutei 
avec  lesquels  il  n'est  en  contact  (|uc  p.u*  sa  h.ise. 

Toutefois,  si  dans  les  Basses- Alpes  c'est  la  hase  du  lias,  le  6èr 
bedj  qui  repose  sur  les  cargneules,  dans  d'autres  régions  du  Mil 
comme  dans  celles  du  Nord,  on  verra  quelquefois  manquer  le  H 
inférieur  et  même  le  lias  moyen.  C'est  ainsi  que  sur  les  flanr' 
rAi*denne,  ou  encore  dans  le  iMaine,  le  terrain  primaire  est*' 
vert  tantôt  par  le  lias  moyeu,  tantôt  par  le  lias  supérieur, 
même  par  l'oolite. 

De  même  à  Solliès-Pont,  près  Toulon,  le  trias  qui  oP 
partie  supérieure,  des  assises  gypseui^f s  associées  à  des 
compactes  ou  cloisonnés,  est  rccouveit  dircctcuient  j 
moyen  rempli  de  Gryphœa  cymbium^  Pcrtm  œquivahù 
formis,  etc.,  surmonté  lui-même  par  du  lias  supérieur 
térisé  par  les  Ammonites  radians^  vmiabilis,  primordia 

Ici  l'infra*lias  el  le  lias  inférieur  manquenl  conipl 

(I)  Je  partage  donc  sur  ce  point  l'opinion  de  M.  Jaub 


NOT£    DJK    U.    BÊBBRT.  llÔ 

Ailleurs  on  pourra  voir  apparaître  les  gypses  et  les  cargneules, 
tantôt  sous  les  schistes  du  lias  supérieur,  tantôt  mêiuc  au  contact 
des  schistes  oxfordieus.  J*ai  vu  un  exemple  de  ce  (>enrc  dans  la 
Drônie,  à  quelques  lieues  au  nord-est  de  ISyons;  mais  ici  il  n'y  a 
plus  succession  régulière  comme  dans  les  Basses-Alpes;  des  failles 
et  des  dislocations  considérables,  et  surtout  le  manque  de  tempt, 
ne  m'ont  pas  permis  de  constater  quelles  sont  les  couches  qui  re- 
couvrent immédiatement  les  dolomies.  J*ai  vu  seulement  qu'il  n'y 
avait  ni  intercalation  des  gypses  dans  la  série  jurassique,  ni  trans- 
formation. M,  hov^  {Description  géologique  du  Dauphiné^  p.  247, 
et  DulL  Soc.  gcoi.  de  France,  t.  XVIII,  p.  46),  a  précisément  cité 
celte  localité  comme  montrant  une  véritable  intercalation  de 
gypse  dans  le  lias,  mais  il  n'a  donné  jusqu'ici,  à  ma  connais- 
sance du  moins^  aucune /:;/t?f<r^  de  cette  intercalation. 

J'ajouterai  que  les  gypses  de  Vieille  dont  il  donne  [Description 
géologique  du  Dauphiné)  une  description  spéciale  (p.  125)  me  pa- 
raissent, d'après  sa  coupe  même  (pi.  1,  fig.  6),  devoir  être  classés 
dans  le  trias.  Cette  coupe  montre,  en  effet,  que  les  gypses  forment 
la  partie  centrale  et  inférieure  de  tous  les  plissementB.  Iksoul  sé- 
parés des  calcaires  du  lias  par  des  dolomies,  et  l'on  ne  voit  jamais 
ces  calcaires  hasiques  au-dessous  des  gypses.  Si  donc  M.  Lory, 
après  la  session  des  Alpes,  persiste  dans  son  opinion,  il  devra  lap- 
puycr  sur  de  nouvelles  preuves;  mais  nous  espérons  qu'un  examen 
plus  attentif  des  calcaires  avec  lesquels  les  dolomies  sont  en  con- 
tact lui  fera  découvrir  les  couches  ù  Jvicula  coniorta. 

Jusqu'à  production  de  pièces  nouvelles  au  procès,  on  peut  donc 
dire  que  les  différences  qui  s'observent  dans  quelques  cas,  relative- 
ment aux  rapports  du  trias  du  midi  de  la  France  avec  le  terrain 
jurassique,  sout  exactement  de  la  même  nature  que  celles  qui  se 
rencontrent  dans  le  noixl  au  contact  de  ce  terrain  et  des  terrains 
sous-jacents.  De  rares  dislocations  viennent  troubler  ce  contact^ 
des  lacunes  se  présentent  quelquefois  à  la  base  du  terrain  jurassi- 
que, mais  dans  le  midi,  bien  plus  généralement  encore  que  dans 
lo  nord,  dans  la  Provence  comme  dans  les  Alpes,  c'est  par  sa  base, 


parait  pas  possible  de  voir  dans  les  calcaires  cloisonnés  ou  cargneules 
qui  termioent,  avec  des  calcaires  blancs  à  structure  brécho'tde,  la  série 
triasique,  le  représentant  du  lias  inférieur  altéré;  je  serais  plus  disposé 
à  y  voir  les  marnes  irisées;  on  effet,  il  y  a  du  gypse  à  la  partie  infé- 
rieure de  00  système  de  cargneules,  et  il  n'y  a  guère  de  différence 
notable  avec  lo  licupcr  des  Alpes  que  dans  la  présence  de  ces  calcaires 
siliceux  en  bancs  réguliers  qui  remplacent  les  dolomies  terreuses  des 
environs  de  Digne. 


par  lo  banc  hvJ^  que  la  siôric  jiiia>Mque  roposr  sur  les  car{*iiciilcb  et 
les  {;yp>s<:s  dont  elle  so  montre  coiiiplrtciiiciit  iii«lé|)ondaiitc. 

Je  me  suis  altaclic,  dans  ce  qui  procède,  à  niuiUrer  que  les  cypacs 
u*appartieuDeut|>oiiitnu  lias,  et  que  ce  dernier  présente  les  mêmes 
divisions  que  dans  le  nord.  11  m  est  do  nicnie  pour  le  reste  de  la 
série  jurassique.  Elle  ne  renferme  ni  {j;ypse  ni  car[;neule8,  e(  pré- 
sente exactement  les  mêmes  {;roupes  naturels  que  dans  le  bassiu 
de  Paris. 

Dans  les  Basses-Alpcs,  la  série  n'est  pas  complète  ;  nous  venons 
de  voir  qu  à  Digue  et  à  Cliaudon  Toolite  inférieure  est  indiquée 
sur  une  épaisseur  relativement  peu  considérable  par  une  faune 
qui,  avec  des  caractères  spéciaux,  rappelle  celle  du  nord.  Sa  |jo8Î- 
tion  y  est  la  même,  au-dessus  des  couches  à  Jmmonitcs  insfgnù  cl 
primotdialU, 

Il  en  est  de  même  des  couches  à  Ammonites  (ubiLUigems^  placées 
entre  riiorizon  de  V A,  Humphric^ianus  et  Toxford-clay,  et  dans  des 
assises  distinctes,  composées  de  calcaires  niurneux  et  noduleux 
alternant  avec  des  marnes. 

On  peut  voir  ces  couches  au  haut  de  la  montée  du  ravin  de 
Ghaudon  (5,  Hg.  7),  mais  elles  occupent  le  fond  d'une  sorte  de 
précipice,  et  leur  abord  est  difficile.  Probablement  en  les  suivant 
au  nord|  ou  les  rencontrerait  entre  Ghaudon  et  la  Glape,  dans  des 
points  où  elles  pourraient  être  observées  à  Taise,  et  dans  leur  posi- 
tion normale,  et  j'engage  ceux  qui  pourront  explorer  cette  région  à 
suivre  cette  indication,  en  prenant  le  chemin  de  Ghaudon  à  Digne. 

Néanmoins  j'ai  pu  voir  en  détail  les  calcaires  marneux  à  jé^mmo» 
niics  arbustigerusn  parce  que,  par  suite  d'une  faille,  elles  forinenC 
la  base  ou  flanc  droit  du  ravin  de  Morante  ù  Ghaudon  (5,  fig.  7L 
dont  la  série  liasique  forme  le  flanc  (gauche,  en  sorte  qu'ils  sont  en 
contact  avec  les  calcaires  à  Gryphëes  arquées.  En  ce  point  oei 
calcaires  sont  presque  verticaux,  plonj^cant  légèrement  au  8ud-csC| 
sous  les  marnes  oxfordiennes,  lesquelles  sont  recouvertes  par  les 
calcaires  compactes  à  Ammonites  pUcatiUs  qui  supportent  1^ 
ruines  du  vieux  château  de  Ghaudon. 

La  partie  supérieure  de  ces  calcaires  est  très  fossilifère  sur  3 
li  mètres  seulement;  j'y  ai  recueilli  plusieurs  espècesd'Amnioni^ 
principalement  les  Ammonites  nrbtuiigerns,  A.  tripartitusj  y 
tricus,  Ges  trois  espèces  se  trouvent  bien  certainement  en» 
dans  les  mêmes  couches  (1). 


(1)  On  m'a  remis  comme  provenant  du  même  gisement  f 
ni  tes  interruptus. 


ROTE    DE    H.    HÉBEBT.  117 

Au-dessous  de  ce  niveau,  les  calcaires  sont  moins  nodulcux,  plus 
f^cliistoïdes,  et  renferment  peu  de  fossiles,  quoiqu'une  espèce 
(TAinnionite,  que  je  crois  nouvelle,  recouvre  littéralement  un 
hanc  situé  à  peu  de  distance  des  couclies  à  Âmmomws  arbitsti- 


};crus. 


Ces  mêmes  assises  inférieures  sont  visibles  sous  Tauberge  de 
Norante,  sur  une  épaisseur  de  70  à  75  mètres;  elles  y  sont  recou- 
vertes également  par  les  coucbes  à  Ammonites  n/bitstigcrux^  qui 
plongent  sous  les  marnes  oxfordiennes. 

Je  n'ai  pas  eu  le  temps  de  cberclier  le  contact  de  ce  système  de 
coucbes  avec  celles  qui  renferment  les  Ammonites  Htimphncsianus, 
A,  Blagdcni,  A,  cycloifies,  et  qui  appartiennent  à  l'oolite  inférieure. 
Il  n'y  a  donc  pas  certitude  absolue  sur  leur  classement.  Elles 
dépendent  soit  de  roolite  inférieure, [soit  de  la  grande  oolite,  mais 
j'incline  pour  cette  dernière  position. 

Quant  aux  coucbes  fossilifères  qui  les  terminent,  je  les  rapporte 
sans  liésitation  à  la  partie  inférieure  de  la  grande  oolite;  à  cause 
de  la  présence  de  V Ammonites  nrbustigerns^  qui  constitue  dans  le 
nord  jusqu'à  Gliambéry  (1),  et  aussi  comme  nous  le  verrons  tout  à 
riieure  dans  le  midi,  un  liorizon  bien  constant.  \JA.  interruptus 

(4)  La  grande  oolite  présente,  en  effet,  près  de  Chambéry,  la 
môme  faune  qu'à  Ne  vers.  M.  T  abbé  Yalletaeu  TobligeaDce  de  me 
montrer,  dans  la  collection  du  séminaire,  une  série  de  fossiles  recueillis 
à  Ghanaz  au-dessous  des  couches  à  Ammonites  mncrocephalus ^  qui 
renferment  le  minerai  de  fer  sous-oxfordien.  J*y  ai  reconnu  les  espèces 
suivantes  : 

Ammonites  disais ^  Sow. 
-^  biflexuosusy  d'Orb. 

—  arbustigerns,  d'Orb. 

—  tttmidus,  Zieten  (la  môme  espèce  qa'à  Nevers). 

—  polymorp/ius,  d*Orb. 
Anatina  ^gea^  d'Orb, 
Thracia  viceliaccnsis^  d'Orb. 

Je  trouve  dans  la  liste  que  M.  deMortillet(C^o/.  dclaSavoie^^.  207, 
1858)  donne  de  ce  gisement,  d'après  M.  Pillet  :  h^  Ammonites  tatri- 
eus^  qui  se  trouve,  comme  on  vient  de  le  voir,  au  môme  niveau  à 
Chaudon  ;  2°  A.  interruptus^  qui  est  dans  le  môme  cas,  à  Chaudon  aussi 
bien  qu'à  Nevers;  3^  A,  pianulny  qu'il  est  facile  de  confondre  avec 
A,  arbiistigcnis  ;  4*  A.  Eudesiantis^  Brongniarti  et  subradiatns^  que 
je  n'ai  point  vus  dans  la  série  qui  m'a  été  présentée. 

Un  peu  plus  loin  (p.  24  4),  M.  de  Mortillet,  trouvant  dans  le  mi- 
nerai sous-oxfordien  de  Ghanaz  les  espèces  suivantes  :  A.  macro- 


118  SÉANCE    DU    18    IfOTKXBBE    18C1. 

paraît  Taccompagner  là  roinmc  A  Nevors.  et,  d'après  la  c*iiatioii  de 
."^F.  Jaiilicrt  (1),  il  est  probable  qiu'  r\'st  nu  mcmo  gisement  qu'ap- 
parlicniient,  exactement  comme  à  devers  ,'2),  les  A.  dimorphus  et 
pnlymorphus. 

La  présence,  dans  ces  couches,  des  ./.  ttipartitus  et  tatricus  ne 
me  paraît  pas  un  obstacle.  La  première  espère,  en  effet,  n*est  citée 
par  d'Orbigny  que  des  mêmes  localités  que  1'^.  arhiisttgcrus.  Je 
ne  connais  ancun  motif  qui  puisse  la  faire  placer  dans  l'oxford- 
clay  (3\  et  la  deuxième,  nous  venons  de  le  voir,  se  rencontre  dès 
l'oolîte  inférieure.  C'est  une  espèce  qui  paraît  voyager  beaucoup,  a 
moins  que, sous  ce  nom,  on  n'ait  réuni  plusieurs  espèces  distinctes. 

Ainsi  doncen  mettant  de  côté  les  fossiles  qui  ne  présentent  point 
de  termes  de  comparaison  avec  ceux  du  nord,  on  peut  dire  que 
dans  le  midi  la  succession  est  tout  à  fait  régulière  et  exempte  de 
ces  mélanges  et  de  ces  transformations  que  l'on  donne  trop  souvent 
comme  le  caractère  du  terrain  jurassique  de  ces  régions.  Seulement 
ici  on  peut  signaler,  sans  trop  de  témérité,  des  lacunes  dans  cette 
série  ;  probablement  l'oolite  inférieure  n'est  pas  au  complet,  et 
bien  certainement  la  grande  oolite  n'est  représentée  que  par  8«i  base. 
Je  pense  aussi  que  les  assises  les  plus  inférieures  de  l'oxford-clay 
manquent  dans  les  Basses-Alpes  ;  je  n'ai  pu  y  rencontrer  les  cou- 
ches k  Ammofiitcy  macrocephaius,  an  ceps  ^  rtc.  Phniathmya  carinata^ 
mais  peut-être  pour  cette  dernière  partie  les  coupes  les  plus  com- 
plètes m'ont  échappé. 

Les  marnes  oxfordiennes  à  Ammonitrs  Lamherti^  cordatus,  tfr* 
ilucnncnsis^  etc.,  sont  très  puissantes;  elles  présentent  coilMM 
dans  le  nord,  plusieurs  niveaux;  elles  constiluent  dans  leur  co- 

crp/taliis ,  hcctictis  et   Hcrveyi  y   qu'il    croit   caractéristiques   de   la 
grande   oolite,  taudis  qu*cn  réalité  elles  caractérisent  l'oxford-clay 
inférieur,  conclut  à  un  mélange  qui  n'existe  pas.  Je  ne  parle  pas  der 
W4.  hullntits^   bien  que  son  gisement  ordinaire  soit  les  couches 
A.  mncrocrp/inias,  parce  qu'on  prétend  que  c«;tlo  cspèco  se   trr 
réellement  dans  la  grande  oolite,  où  je  n'ai  recueilli,  do  cette  fc 
que  VA,  tttmidiis,  Zielcn   (voyez   //m//.,  2'  sér.,   vol.  XV,   p. 
et  717].  On  ne  saurait  donc  trop  se  mettre  en  gaule  contre  ces 
langes  de  faunes,  qui  sont  le  plus  ordinairement  le  résultat  dr 
de  fossiles  incorrectes. 

(4)  Btii/,,  tXVllI,  p   609. 

h)  Bull.,  t.  XV.  p.  708. 

(3)  M.  Jaubert  ne  cite  cette  espèce  que  dans  l'oolite  ir 
[Matériaux  pour  la  ^cofogic  du  far,  p.  47,  4  8o9),  m:iis  il 
avoir  réuni  dans  co  groupe  des  couches    appartenant  ù 
oolite. 


ROTI    DM   M«    H<BBRT.  ll'O 

semble  un  horizon  constant,  aussi  bien  que  le  calcaire  compacte  à 
Jmmo/iiws  plicniilis  qui  les  surmonte  et  forme  une  grande  partie 
des  sommités  de  ces  régions.  Ce  calcaire  est  Voxfard-ciay  supérieur. 
On  l'a  quelquefois,  mais  à  tort,  rapporté  au  coral-rag;  ÏAmmo- 
nitcs  piicatilis  y  est  commun,  et  j'y  ai  recueilli,  en  outre,  VJ,  tor* 
iisulcatus  et  la  Terebratula  diphya.  Ce  dernier  étage  existe  néan- 
moins, mais  un  peu  plus  au  sud.  Il  a  été  récemment  découvert 
par  M.  Se.  Gras,  sur  le  versant  des  montagnes  qui  dominent  Es- 
cragnoUes  ;  il  y  est,  comme  dans  le  nord  de  TEurope,  composé  de 
calcaires  blancs  caractérisés  par  le  Cidarisjlorigemma  (C.  Blumen* 
bachii),  la  TerebratiUa  insignis  et  plusieurs  autres  fossiles  du  même 
horizon . 

Enfin,  ces  calcaires  coralliens  sont  recouverts  par  des  calcaires 
compactes  à  cassure  conchoïdale  sans  fossiles,  qui  viennent  plon- 
ger dans  le  ravin  même  d'Escragnolles,  sous  le  terrain  crétacé. 

SoUiès-Pont,  que  je  citais  tout  à  l'heure,  montre  une  série  plus 
complète  encore.  Il  semble  que  les  lacunes  disparaissent  au  fur  et  à 
mesure  qu'en  partant  du  bord  méridional  du  Dauphiné  on  marche 
vers  la  Méditerranée.  Guidé  par  notre  confrère  M.  Jaubèrt,  j'ai 
pu  vérifier  l'ejtactitude  générale  de  la  coupe  qu'il  a  donnée  dans  le 
Bulletin  (t.  XVIII,  p.  606).  Comme  lui,  je  pense  que  le  terrain 
jurassique  commence  à  Solliès  par  le  lias  moyen;  le  lias  supé- 
rieur vient  ensuite  bien  caractérisé  par  ses  fossiles  ordinaires,  Àm^ 
moniles  radians ^  A,  primordialiSf  A^  variahitis^  mais  on  y  trouve 
abondamment  dans  les  mêmes  bancs  que  \A,  radians  d'énormes 
piquants  d'oursins,  voisins  des  Rabdocidaris  moraldinoy  liasina  et 
maxiêua,  La  faune  de  ces  assises  est  bien  celle  du  lias  supérieur,  6t, 
si  on  place  la  limite  supérieure  au-dessous  des  couches  à  A /ma  A^rer^?- 
morphay  Desl. ,  elle  ne  renferme  aucune  des  Ammonites  de  l'oolite 
inférieure.  Dans  une  localité  que  M.  Jaubert  m'a  montrée,  la  sur- 
face du  lias  présente  même  ces  traces  d'usure  et  ces  perforations 
si  fréquentes  à  la  limite  des  étages.  C'est  seulement  au-dessus 
de  cette  limite  que  l'on  trouve  la  faune  de  l'oolite  inférieure. 

La  base  de  l'oolite  inférieure  est  un  calcaire  ferrugineux  peu 
épais,  qui  est  recouvert  de  calcaires  marneux  remplis  de  fossiles 
parmi  lesquels  on  doit  surtout  citer  Lima  hetcromorpha^  Ammo^ 
nitcs  Humphriesinnus^  A.  Sotverbyij  Myoconclia  crassn.  Ces  cal- 
caires sont  assez  peu  fossilifères  dans  leur  partie  supérieure. 

Bientôt  on  arrive  à  d'autres  calcaires  plus  dui*s  remplis  d'Am- 
monites. J'y  ai  reconnu  les  espèces  suivantes  :  A,  interrupttu^ 
A*  arbustigerus^  A,  tripartitiis,  A.  polymorphuSy  dont  l'association, 
comme  on  le  voit,  se  maintient  et  continue  à  caractériser  la  base 


122  sÊATfCK  nu  2  D^ccaiiRii  1861. 

fait  graver  en  1806,  ol  qnî  est  reslre  îiKMlito  :  il  expose  ensuite 
la  classification  minéralogique  adoptée  par  M.  Gordier  pour  sa 
collection. 


Séance  du  2  décembre  1 861 . 

PRtSIDBlCCK    DB    H.    CH.    SAINTE-CLAIBB    PBVILLI. 

M.  Albert  Gaiidry.  secrêlaire,  donne  lecture  du  proc<>s-Yerbal 
de  la  derniùre  séance,  donl  la  rédnction  est  adoptée. 

Par  suite  de  la  présentation  faile  dans  la  dernière  sèancep 
le  PrésidenI  proclame  membre  de  la  Société  : 

M.  Berthelin  (Georges),  attaché  au  ministère  des  finances, 
rue  de  Seine,  59,  h  Paris,  présenté  par  MM.  Michelin  et 
Glémcnl-Mullet. 

M.  le  Président  proclame  ensuite  membres  de  la  Société  les 
personnes  suivantes  qui  ont  été  admises  dans  la  session  extra- 
ordinaire de  cette  année,  ù  Saint-Jean-de-Maurienne  (Savoie), 
en  septembre  dernier  : 

MM. 

Baddinot,  ingénieur  des  mines,  à  Grenoble,  présenté  par 
MM.  Lory  et  Paul  de  Rouville  \ 

Baudl't  (Eugène  de),  rue  Sainl-Dominiquc^Sainl-GeriniiQ. 
101,  ù  Paris,  présenté  par  MM.  Michelin  et  Edm.  Hébert  j 

Bat  AN  (Ferdinand),  chez  M.  son  père,  inspecteur  d'acadëoMQ^ 
à  Rennes  (Ille-cl-Vilaine),  présenté  par  MM.  Edm.  Hébert,  et 
Lory; 

Coche,  architecte,  à  Saint-Jean-de-Maurienne  (Savoie),  pr 
sente  par  MM.  Favrc  et  Pillet; 

Gl'nisse,  inspecteur  du  service  télégraphique,  ù  Chan 
(Savoie),  présenté  par  MM.  Tabbé  Chamousset  et  Lory; 

Demanet (Charles),  ingénieur  des  mines,  îx  Liège  (Bclr 
présenté  par  MM.  Dcwalquc  et  Edm.  Hébert  ; 

DucuBT  (Joseph),  professeur,  à  Porrentruy  (Suisse),  f 
par  MM.  de  Mortillet  et  Lory  ; 

Rot  (l'abbé),   professeur  au  petit  séminaire  do 
(Isère),  présenté  par  MM.  l'abbé  Chamousset  et  Lory 


DONS   FAITS   A    LA   SOCffiTÉ.  123 

Vallet  (rabbé  Pierre),  professeur  au  grand  séminaire  de 
Cliambéry  (Savoie),  présenté  par  MM.  Lory  et  PilleU 

Le  Président  annonce  ensuite  deux  présentations. 

DONS    FAITS   A    LA    SOCifiTÉ. 

La  Société  reçoit  : 

De  la  part  de  M.  A.  Caillaux  : 

1"  Etudes  sur  les  mines  de  Toscane  (cxtr.  du  Bulletin  de  la 
Société  de  V industrie  minérale  de  Saint-Etienne^  IP,  IIP  et 
IV*  années),  4  brochures  in-8. 

.'2"  Presse  scientifique  des  Deujc^Mondes ,  1861,  n***  20 
et  23. 

D(»  la  part  de  M.  G, -P.  Deshayes,  Description  des  animaux 
sans  vertèbres  découverts  dans  le  bassin  de  Paris^  27*  et 
28"  livraisons. 

De  la  part  de  M.  L.  Ewald  : 

1*  Notizblatt  des  Fereines  jiir  Erdkunde^  etc.,  2*  et 
3*  années,  n*^*  21  à  60,  janvier  1859  à  juin  1861,  DarmsUdt. 

2°  Geologische  spécial  Karte  des  Grossherzogthums  Hcssen^ 
section  Dieburg  {Darmstadt),  par  MM.  F.  Becker  et  R.  Lud- 
\vig,  1  feuille,  et  texte,  in-8,  80  p. 

De  la  part  de  M.  Albert  Gaudry,  L*ile  do  Chypre.  Souvenirs 
d*une  mission  scientifique  (extr.  de  la  Revue  des  DeuX'MondeSy 
l"nov.  1861),  in-8,  28  p. 

De  la  part  de  M.  A.  Yiquesnel,  Foyage  dans  la  Turquie 
d^ Europe,  Description  physique  et  géologique  de  la  Thrace ; 
texte.  S*"  livraison,  pp.  457-520^  allas,  8"  livraison,  pi.  24, 
27,  28,  29.  Paris,  1861,  chez  Gide. 

De  la  part  de  M.  A. -T.  Kupffer,  Compte  rendu  annuel^ 
années  1859  et  1860,  in- 4,  Sainl-PiHersbourg,  3861,  chez 
A.  lacobson. 

Comptes  rendus  hebd,  des  séances  de  V  Académie  des 
sciences,  1861,  2*^  SQm.,  t.  LUI,  n'''  21  et  22. 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  imp,  et  centrale  d^agricul- 
turc  de  France,  2*  sér.,  t.  XVI,  n"  9, 1861. 


12&  StANCl    OU    2    DtCSMltl    1861. 

L'Institut,  n"  1A55  et  1456,  1861. 

BuUetin  de  la  Société  dUiist^ire  natiu^lle  de  Colmar^  1'*  mm- 
née»  1860,  in-8. 

Soc.  Imp.  JCagric,,  se,  etc.,  de  P'alencienneSm  Revue 
agricole,  etc»,  septembre  1861. 

The  Atlienœum,  n»*  1778  et  1779,  1861. 

Neues  Jahrbuch  fur  Minéralogie,  etc.,  de  Leonhard  et 
Bronn,  1861,  5*  cahier. 

ZeitschriftderDeutschengeologischenGesellschafi,  toK  XIII, 
1"  cabier,  doy.,  <léc«  1860,  janvier  1861. 

jitti  délia  Societa  di  acclimazione  e  di  agricoltura  in  Sici/ia, 
t.  I,  n'5,  1861. 

Résista  minera,  t.  XXII,  n""  276,  15  novembre  1861. 

Tlie  american  journal  of  science  and  arts,  par  Sillîmaa, 
vol.  XXXII,  n*  96,  nov.  1861. 

Contribuciones  de  Colombia  a  las  ciencias  i  a  las  ariea^ 
in-8,  l'"*  année.  Bogota,  1860. 

M.  Michelin  annonce  que  Ton  vient  de  trouver  dans  Tooéta 
PaciBque  un  Pygorhynchus  vivant^  ce  genre  n*était  eaoQra 
connu  qu*à  Tétat  fossile. 

M.  Deshayes  présente  le  mémoire  suivant  de  MM.  Terqaeai 
et  Piette  :  Le  lias  inférieur  de  la  Meurthe,  de  ta  Moselb^j^ 
G^and^ Duché  de  Luxembourg^  de  la  Belgique,  de  la  MeuMM 
des  Àrdennes.  ,,  ,, 

Renvoyé  à  la  Commission  des  Mémoires.  ^ 

M.  Viquesnel  lit  le  mémoire  suivant  de  M.  Foumet  : 

Détails  sur  la  formation,  par  la  ^oie  humide  et  à  froid^M^ 
divers  minéraux,   et  notamment  des  silicates  hydratés  ^' 
anhydres;  fdj  VI.  J.  Fournet,  professeur  à  la  Faculté  d^ 
sciences  de  Lyon. 

Le  principe  de  la  moindre  action  en  vertu  duquel  la  na] 
arrive  a  son  but  par  la  voie  la  plus  courte,  principe  qui  m'a 
terminé  à  préférer,  dans  une  foule  de  cas,  la  voie  scclic  à  la  ' 
humide,  ce  principe,  dis-je,  doit  aussi  porter  à  amoindrir,  r 
que  possible,  l'intervention  des  eaux  chaudes,  activées  par  1 


ROTE   DB    M.    FOURNET.  125 

sion,  (|uclqiic  cxaltëcs  qu'elles  soient  depuis  les  expériences  de 
MîM.  CafjUiard  de  la  Tour,  de  Sénarniout,  Daubrée  et  Sorby. 
J)\ibord,  leur  appllcaiion  n*a  aucune  portée  c*i  Tégard  des  terrains 
fossilirères.  Ensuite,  il  n'est  pas  prouvé  que,  dans  la  formation 
des  rociics  éruplives,  Teau  ait  agi  seule,  comme  on  le  suppose 
d'après  les  résultats  des  tubes,  et  je  me  suis  expliqué  à  ce  sujet, 
quand  j'ai  insisté  sur  le  rôle  des  matières  organiques ,  ainsi  que 
de  divers  autres  gaz.  D'un  autre  côté,  j'ai  fait  voir  comment,  à 
Taidc  de  principes  connus  des  fondeurs,  tels  que  ceux  de  la  réin- 
caudescence,  de  la  persolidification,  etc.,  on  peut  rendre  raison  de 
faits  fort  peu  explicables,  d'après  les  résultats  des  moyens  susdits. 
Enfin,  j'ai  démontré  que  plusieurs  minéraux  obtenus  par  les  pro- 
cédés complexes  de  nos  chimistes  se  produisent  tout  naturelle- 
ment à  froid,  et  sans  pression  notable. 

Je  vais  actuellement  généraliser  davantage  mes  aperçus  en  éta- 
blissant d'abord  que  je  suis  loin  d'être  demeuré  en  arrière  sur 
divers  points  fondamentaux  ;  puis,  je  ferai  connaître  les  résultats 
auxquels  sont  parvenus  d'autres  géologues. 

A  l'égard  des  zéolitlies,  j'ui  mentionné  leur  production  à  froid 
d'après  les  études  de  M.  Forchliammer,  revues  par  M.  Duroclier. 
Toutefois,  pour  les  minéraux  de  cet  ordre,  il  ne  m'avait  pas  été 
possible  de  retrouver  d'abord  une  observation  par  laquelle  j'au> 
rais  pu  établir  ma  très  ancienne  intervention  dans  la  question  ; 
mais  la  nécessité  de  revoir  attentivement  mes  divers  énoncib, 
afin  de  remédier  aux  absorptions  si  familières  de  nos  jours,  m'a 
remis  ce  document  entre  les  mains.  On  trouvera  donc  dans  mes 
Études  sur  les  gites  niétaliijéres  (d'Aubuisson,  t.  lll,  p.  630)  le 
détail  suivant,  que  d'ailleurs  je  complète  pour  permettre  de  véri- 
fier mes  indications. 

Devant  jeter  un  peut  sur  la  Sioule,  en  aval  de  Pont-Gibaud  et 
de  Pécbadoire,  je  me  trouvai  embarrassé  pai*  quelques  rochers 
placés  à  l'extrémité  de  la  coulée  pyroxénique,  émanée  du  volcan 
de  Louchadière.  Une  partie  de  ces  rochers  était  un  peu  au-dessous 
du  niveau  ordinaire  de  la  rivière,  et  quoique  leurs  bullosités  fus- 
sent remplies  d'eau  absorbée  par  capillarité,  au  travers  des  pores, 
ils  avaient  conservé  leur  dureté  et  leur  ténacité,  au  point  qu'il  me 
fallut  les  faire  sauter  avec  la  poudre.  £h  bien  I  lesdites  cavités 
étaient  remplies  par  les  filaments  soyeux  d'une  sorte  de  mésotype 
qni  ne  se  retrouvait  pas  a  quelques  décimètres  plus  haut,  dans  les 
parties  de  la  lave  habituellement  à  sec.  J*en  conclus  qu*il  n'y  a 
aucune  incertitude  au  sujet  de  la  formation  d*un  certain  nombre 
d'hydrosilicates  aux  dépens  des  éléments  de  la  roche  qui  les  coa- 


126  SÉAlfCB    bU    2    DfiCBMBiS    1861. 

tient.  Il  est,  en  outre,  évident  r]uc  l'eau  diaudc,  aiiléc  de  la  pres- 
sion, ne  peut  pas  éti*e  invoquée  ici. 

Passons  actuellement  aux  produiis  anhydres. 

Lies  expériences  de  M.  Mitsclierlicli  unt  établi  que  les  préci- 
pités de  l'oxyde  de  plomb  peuvent  être  hydratés  ou  anhydres,  et, 
ces  derniers  étant  cristallins,  j*ai  admis  que  la  ciistallisation  suffit 
pour  déshydrater  certains  corps.  D*un  auti-c  injté,  iM.  Becquerel 
ayant  trouvé  de  l*oli{*iste  sur  un  vieux  fer  rouillé,  je  pus  appliquer 
ces  aperçus  à  l'oxyde  de  fer  do  la  nature,  quand  je  détaillai,  eo 
18^5,  les  effets  {généraux  de  la  rubéfaction.  Depuis,  j'en  lis  ressor- 
tir TinQuence  d'une  manière  plus  S|)éciale  à  roccasion  de  la  forma- 
tion des  minerais  de  fer  du  {>enre  de  ceux  de  la  Youlle.  J'en- 
gageai ensuite  31.  Damour  à  faire  l'analyse  d*uu  minéral  remar- 
quablement irisé  de  cette  station;  il  reconnut  en  lui  un  fer  carbo- 
nate. Ce  résultat  fut  complété  par  mes  détails  au  sujet  des  associa* 
tions  que  présente  ce  p,ite  si  riche  en  fossiles.  Ainsi,  ses  fissures  et 
ses  cavernosités  contiennent  de  fort  jolies  concrétions  s talacti tiques, 
composées  de  carbonates  ma^nésifères  et  nacrés:  on  y  Toît  aussi 
de  longues  pyramides  calcaires,  de  la  barytine  en  cristaux  d'une 
magnifique  limpidité,  et  même  des  cristallisations  d'oligiste  mé* 
talloïdc,  accompagnées  de  jaspes  rubigineux,  très  durs,  constituant 
la  catégorie  des  minerais  dits  agatliisés.  Rien  n'indique  que  ess 
derniers  soient  plus  hydratés  que  les  autres  minéraux  du  gtle  de 
la  Voultc,  et  |x>urtant  celui-ci  est  disposé  en  couches;  il  contient 
en  outit;  des  Ammonites,  des  Uélenmites,  etc.,  et,  par  conséquent, 
tous  ces  minéraux  proviennent  des  réactions  cfl'eetuées  à  froid  sur 
un  dépôt  purement  aqueux  (.^////.  de  la  Soc,  d*agr.  de  Lyon  y  1849 
et  18^9). 

En  18/i9,  devant  traiter  du  gisement  de  la  chamoisitc  du  Va^ 
lais,  je  fis  aussi  ressortir  rexistence  de  Toxydule  de  fer,  affeelant 
la  forme  de  petits  points  cristallins  magnétiques  et  doués  d' 
éclat  métalloïde  très  vif.  J'observai,  en  outre,  que  ces  cri 
dont  la  présence  a  été  confirmée  depuis  par  Al.  Delessi*,  abondent 
s^iécialemcnt  à  proximité  des  veinules  d'un  spath  calcaire  et  fer- 
rugineux qui,  étant  elles-mêmes  incluses  dans  la  masse  fcrrifïiv 
sont  évidemment  des  produits  de  la  ségrégation.  De  ces  relationsi, 
j'ai  conclu  que  la  puriiication  occasionnée  par  le  dépait  de  V€^' 
ment  calcaire  permit  la  cristallisation  locale  de  l'oxyde  noir  q 
sature  Tensemble  du  dépôt.  Du  reste,   rien  ne  vient  démontr 
ici  l'influence  d'une  action  métamorphique.   Et  comme,   ^' 
autre  côté,  Tamas  de  la  chamoisite  renferme  les  Ammonitr 
Bëlemnitesy  ainsi  que  les  Térébratules  qui  me  mirent  à  i 


NOT£    hE   M.    FOURNST.  127 

d'ëtablii'  enfin  Texistence  de  l'étage  oxfoidieu  dans  les  Alpes,  il 
faut  encore  une  fois  admettre  la  formation  aqueuse  et  à  froid  de 
l'ensemble  [Ann,  (It  la  Soc,  cfagr,  de  Lyon), 

Les  silex  de  la  craie,  et  notanunent  les  charvcyrons  du  Mont- 
d'Or  lyonnais,  présentent  de  nombreux  passages  de  Tétat  ainoi*plie 
à  Tétat  de  quartz  hyalin  prisme.  Ces  mêmes  minéraux  étant  sou- 
vent chargés  de  fossiles,  rien  n*e&t  plus  logique  que  la  croyance  de 
la  formation  aqueuse  à  froid,  et  sans  grande  pression,  des  masses 
siliceuses  qui  les  empâtent. 

Tous  ces  faits  étaient  bien  certainement  de  nature  à  metti*e  sur 
la  voie  de  nouvelles  découvertes,  et,  sur  ces  entrefaites,  M.  Delesse, 
à  l'occasion  de  son  arkosc  de  la  Poirie,  station  vosgienne  [Bull, 
géoL^  18/i7),  faisait  ressortir  quelques  détails  de  nature  à  laisser 
croire  à  la  formation  de  l'orthose,  dans  les  conditions  indiquées 
pour  les  minéraux  susmentionnés.  Il  y  trouva,  en  effet,  des  cris- 
taux réguliers,  complets,  et  n'ayant  aucune  analogie  avec  ceux  du 
granité  voisin,  dont  ils  auraient  pu  être  détachés.  Toutefois,  l'ar- 
kosc  reposant  sur  le  granité,  quelques  géologues  supposèrent  que  la 
formation  du  feldspath  en  question  résultait  d'une  action  méta- 
morphique, provoquée  par  cette  roche;  mais  les  détails  fournis  par 
M.  Delesse  laissent  croire  qu'il  eût  été  tout  aussi  rationnel  de 
faire  dériver  le  métamorphisme  feldspathique  de  l'action  meta- 
morphisante  exercée  par  les  liions  de  quartz,  d'oligiste,  de  s|)ath 
fluor,  et  de  baryte  sulfatée  qui  traversent  l'arkose.  Ils  arrivent 
d'ailleurs  à  celle-ci  après  avoir  passé  au  travers  du  granité,  ainsi 
que  j'ai  pu  le  voir  à  Plombières  et  dans  diverses  autres  localités. 
Quoi  qu'il  en  soit,  M.  Delesse  n'ayant  pas  poussé  plus  loin  ses  in* 
vestigations,  la  question  reste  complètement  indécise. 

En  1858  {An/i.  de  chim.  et  pliys,),  M.  Lewy  fut  nettement  expU- 
cite  pour  l'émeraude.  Il  avait  vu  k  ISJuso  et  autres  localités  voi« 
si  nés,  dans  la  Nouvelle-Grenade,  un  gîte  de  ces  gemmes,  depuis 
longtemps  exploité  à  ciel  ouvert  et  à  l'aide  de  l'eau,  au  milieu 
d'un  calcaire  néocomien  noir,  bitumineux,  argileux,  avec  des 
veines  blanches  et,  de  plus,  des  schistes  carbui'és,  sous-jacents,  qui 
eux-mêmes  passent  quelquefois  à  une  sorte  de  grauwacke.  Ces  ëme- 
raudes  sont  disséminées  dans  toute  la  masse  des  calcaires  et  des 
schistes  en  question.  Cependant  elles  se  trouvent  plus  habituelle- 
ment dans  des  veines  horizontales,  subordonnées  à  la  stratification, 
quelquefois  formées  de  spath  calcaire  blanc,  et  qui  en  cela  se  rap- 
proche de  celui  qui  est  en  relation  avec  mon  oxydule  magnétique 
de  la  chamoisite.  Mais  le  plus  souvent  la  gangue  est  un  calcaire 
bitumineux,  contenant  seulement  çà  et  là  des  cristaux  de  chaux 


12S  SÉANCE    UU    '2    DÉCBMUIIB    1861. 

carboiiatéc.  On  vuit,  eu  outre,  du  quartz,  de  la  pyrite  et  des  cris- 
taux de  parisitc  o.u  carbouale  de  lanthane.  Du  reste,  la  gangue 
calcaire,  noire,  csl  i'iutiblc  au  rouge  vif,  en  un  verre  brun,  quand 
même  elle  ne  contient  aucune  éniei*aude  visible  à  l'œil  nu;  Dnns 
le  cas  contraire,  elle  est  beaucoup  moins  fusible.  Bn6n,  elle  ren- 
ferme, indépendamment  des  carbonates  de  mafjnésie  qui  eo  font 
une  sorte  de  doloinie,  les  divers  éléments  de  réuieraïade  dle- 
mème,  tels  que  la  silice,  Taluniine,  la  (;lucine,  la  inagnéue  et  la 
soude.  Toutefois,  la  présence  de  la  glucine  est  euoore  incotnine, 
attendu  que  M.  de  Sénarniont  a  constaté  la  pi*éscnce  d^étueraudcs 
microscopiques  daus l'ensemble  de  la  roche. 

L'éuieraude,  quoique  cristallisée,  empâte  des  portions  du  cal- 
caire ambiant,  et,  dans  ce  cas,  elle  est  nébuleuse  et  susceptible  de 
se  diviser  en  deux  ou  trois  parties.  Elle  contient  stirtout  une  telle 
quantité  d'eau  de  carrière,  qu'il  est  nécessaire  de  la  renfermer 
dans  des  vases  couverts  où  sa  dessiccation  s'effectue  très  lenteinenti 
sinon  elle  se  fendille  spontanément;  d'ailleurs,  les  bases  de  tes 
prismes,  fraîchement  extraits,  sont  toujours  humides  et  très 
friables.  AJ.  Lewy  n'y  a  trouvé  que  des  traces  indiscernables  de 
cbi-ome,  plus  de  l'eau  et  de  la  matière  or(j;aniqtie  à  laquelle  il 
attribue  la  coloration  verte,  avec  d'autant  plus  de  raison  que  sa 
quantité  variable  fait  aussi  varier  l'intensité  de  la  nuance  du 
néral.  Bien  plus,  i\].  BoussingauU  qui  avait  déjà  visité  ce  gîte, 
a  rapporté  des  (gypses  pareillement  verts,  et,  d'après  cela,  je  crob 
entrevoir  une  certaine  analo{;ie  entre  ce  principe  colorant  et  cehii 
des  argiles  d'Oum-Theboul.  Il  faut  d'ailleurs  noter  que  cette  ëine- 
raude  se  décolore  au  feu,  contra ii-ement  à  ce  qui  arrive  pour  Iss 
cristaux  de  quelques  autres  gisements,  tels  que  ceux  de  l'Hégm, 
dont  parlent  les  auteui's  arabes. 

Or,  à  Muso,  la  ixK;he  contenant  souvent  des  Ammonites,  €t 
Ai.  Lewy  n'indiquante  proximité  aucune  masse  éruptive,  Bnn<n 
caractère  pétrographique  de  nature  à  déceler  une  action  inétlH 
inorphique,  il  faut  bien  admettre  encore  une  fois  la  formation 
aqueuse  pure  et  simple  du  minéral.  .  ^* 

Revenant  actuellement  au  feldspath,  je  dirai  que  j'ai  chcffcli^ 
dans  la  Géologie  de  la  Loircy  publiée  en  1857  par  fd.  Grùner,  s 
détails  plus  explicites  que  ne  le  furent  ceux  de  M.  Delesse.  Il  atl 
été  question  de  ce  minéral  dans  Tune  des  séances  de  la  Réuaii 
géologique  de  Lyon,  où  il  fut  mentionné  comme  jouant  un  i4 
im^iortant  dans  les  |)Oudingues  ou  grès  anthracifèrcs,  et,  par  si?" 
j'espéiais  trouver  quelques  doimées  de  nature  à  appuyer  l'îd  ' 
sa  formation  aqueuse.  Cependant  je  n'ai  pas  eu  lieu  d'ctn 


NOTK    UB    M.    POURMET.  129 

satisfait  que  précédemment,  car  IM.  Grùner,  tout  en  rejetant  l'in* 
fluence  calorifique  des  porphyres  dont  les  éruptions  commençaient 
à  percer  le  fond  de  la  mer  carbonifère,  ne  parle  pas  d'une  feldspa- 
tliisation  occasionnée  par  les  eaux  minérales  ou  autres.  Il  a  même 
soin  de  faire  remarquer  que  ces  cristaux  feldspathiques  ne  sont 
pas  réguliers.  Ce  ne  sont  que  de  simples  fragments  plus  ou  moins 
arrondis,  quelquefois  argileux  et  semblables  à  ceux  du  porphyre 
granitoïde,  etc. 

Pour  ma  part,  j'ai  vu  dans  les  Vosges  des  grauwackes  de  la 
même  formation,  qui  offraient  encore  très  nettement  le  caractère 
d'un  grès,  et  pourtant  ils  étaient  remplis  de  cristaux  albitiques  tel- 
lement minces,  qu'évidemment  ils  n'ont  pas  eu  a  supporter  un 
transport.  Mais  aussi,  la  pâte  de  la  roche  est  à  demi  fondue,  et 
ses  couches  étant  pour  ainsi  dire  sondées  aux  porphyres  qui  les 
supportent,  il  ne  fallait  chercher  dansées  masses  autre  chose  que 
des  productions  métamorphiques. 

M.  Naumann  a  été  cité  par  M.  Dtlesse  pour  avoir  été  plus  heu- 
reux, car  il  put  rencontrer  dans  les  grès  d'Oberwiesa,  en  Saxe,  des 
géodes  dont  l'intérieur  est  tapissé  de  cristaux  feldspathiques  qui 
ont  dû  s'y  développer.  Gïpendant,  avant  de  lui  accorder  la  priorité, 
il  resterait  à  savoir  si  une  influence  métamorphique  ne  présida 
pas  à  ces  cristallisations.  Ainsi,  je  possède  pour  ma  part,  et  comme 
provenant  des  schistes  chloriteux  de  Sain-Bel,  des  rognons  feld- 
spathiques, creux  au  centre,  ayant  leur  cavité  précisément  garnie 
d*as8ez  jolis  pointements  d'orthose.  Mais,  ces  mêmes  schistes  étant 
parfois  fortement  feldspath isés,  je  n'ai  jamais  songé  à  présenter 
leurs  nœuds  pour  des  exemples  de  cristallisation  aqueuse.  En 
outre,  je  présume  que  les  noyaux  feldspathiques  globulaires,  obser- 
vés par  MM.  Grandeau,  de  SismondactCh.  Sainte-Claire-Deville 
dans  les  schistes  micacés  ou  chloritiques  du  grand  Saint-Ber- 
nard, rentrent  dans  les  mêmes  conditions  que  les  miens  {Bn/i, 
géoi.,  1859). 

Quant  au  gîte  albitique  de  Saint-Laurent  (Sa6ne-et-Loire),  il 
me  parait  exiger  une  révision,  puisque  M.  Drouot  qui  l'a  signalé 
le  considère  comme  faisant  partie  d'un  calcaire  A  Gryphées 
arquées  et  métamoi^phique. 

Enfin,  M.  Lory  [Biili.  grol,,  séance  du  5  novembre  1860,  p.  39) 
mentionna  les  cristaux  limpides  d*albite,  parfaitement  terminés, 
disséminés  indifféremment  dans  la  patc  d'une  dolomie  giise,  sub- 
compacte, placée  un  peu  à  Touest  du  Bourget,  entre  Alodane  et 
l'Esseillon,  et  dans  une  dolomie  blanche,  crislnlline,  qui  se  mon* 
Soc.  géoi,^  2*  série,  tome  XIX.  9 


4  30  sfïATcrs  pr  2  DtcnsnE  1861. 

tre  an  PI an-Saiut-Ni colas.  Ces  deux  stn lions  ilc  In  IMnnrienne  mnt 
rÎTcraines  de  TArc,  et,  d'ailleurs,  la  roclie  du  RourgoC  rappelle, 
jusqu'à  un  certain  point ,  1o  calcaire  snrclinrolde  du  col  du 
Donhomine,  qui^  d'après  Alex.  Hrongniart,  contenant  des  cristaux 
semblables,  pourrait  appartenir  au  même  horizon  géologique. 
J'observe  ici  que  le  col  du  Ronlioinmc  ne  ni'ayant  pas  montre  ces 
albites,  j*at  pris  des  renseip^nenienis  auprès  de  M.  Tenance  Payot, 
naturaliste  très  instruit  de  Chnnunmv.  Il  résulte  de  ses  indica- 
tions  que  la  doloinic  albitifere  se  trouve  nu  col  de  Taux,  on  au- 
trement dit  des  Cargneuirs,  en  disceudant  sur  les  chalets  du  mottt 
Jonet,  après  avoir  traversé  le  col  du  Bonliomnie.  C'est  du  reste  la 
prolongation  de  la  couche  des  doiouiies  do  In  hase  du  massif  du 
Mont-Blanc  que  j'ai  réunie  au  trias. 

La  n^union  géologique  à  Saint-Jean-de-Maurienne,  en  1861, 
permit  â  nos  confrères,  MM,  Billiet  et  Drian,  de  revoir  ce  |jice 
important,  et  je  juge  à  propos  de  l'cndre  compte  des  recherches 
qu'il  leur  suggéra.  £n  cela,  je  passerai  sous  silence  la  coupe  de 
l'ensemble  des  terrains  qui  a  été  détcrniinéo  par  la  Société,  a'Sii 
de  laisser  au  pi'ocès-verhal  (nctuellciuent  sous  presse)  de  sa  scsMOb 
extraordinaire  la  primeur  de  cette  intéressante  constatation.  Je 
dirai  seulement  que  les  schistes  cristallins  dont  parle  M.  Lory  ne 
sont  pas  le  vrai  micaschiste,  quoique  M.  Delesse  ait  jugé  à  propÔÉ 
de  les  classer  avec  celui-ci  {/Jnff.  gt'nl.^  séance  du  5  novembre 
1860,  note  1  de  la  page  37] . 

Abordons  maintenant  les  détails  d'après  in  noie  qui  m'a  été  re* 
mise  par  M.  Drian. 

Entre  Modane  et  Villarodin,  sur  la  rive  droite  de  l'Arc,  un 
énorme  rocher  s*élève  brusquement;  il  est  formé  par  unedolonilé 
blanche,  renfermant,  par  places,  une  grande  quantité  de  crislaifst 
d'albite,  que  l'on  peut  dégager  facilrnu'nl  de  la  gangue  ïà 
moyeu  d'un  acide.  Ces  cristaux  sont  tianspart^nis,  sauf  quelqiiéÉ 
t.'ic'hes  opaqn«^  daus  I  inl''iicni.  Ils  ne  coutin  untl  point  de  dàbH 
Hkie,  p\ns(|ne  h'tn?  t'av-es  u'St^'iii  .<.  iif-^  ci  hiill:iijLi.5,  nia1(»ré  FéO^ 
tion  «Il  raf^i*!*:.  A  l;i  nt-Mii^-ir  <I<ihi  iU  s>nt  (iis.-«'iiiinés  dans  l( 
iiiil.i-,  on  t'st  porté  \  \w\\if.\  ipi'llv  .i-  <i*  v«  lopp/'reni  lorsque  )^' 
luii^^c  l'tfùt  «  tt  voie  tlt'  lo)  m 'H  il 'II.  I  itou  fMi  muI-  (I  liii  Miétainàl 
yhibLO    p(>*'c.'cni 

Leurs  formes  criblalhuci  aoiii  ccik»  li^;ui('es  aaiis  L  atlas  de  T 
frénoy,  planche  168,  figures  135,  136  et  137,  dont  la  formu' 
en  général  PMGUi^A';  mais  nos  cristaux  offrent,  déplus 
double  hémiti-opie  :  savoir,  la  plus  ordinaire  qui  est  celle  y 
lèle  à  G*,  puis  une  seconde  sur  Tarêle  H,  de  telle  sorte  que  1' 


Non  Df  ■.  poumisT.  111 

it^  forment  une  deuxième  petite  gouttière  qui  tiHYerse  presque 
diagonalement  le  cristal  sur  les  deux  faces  opposées. 

Plus  près  de  Viliarodin,  sur  la  rive  gauche  de  TArc,  existe* 
une  autre  masse  dolomitique,  noire  et  plus  efferTescente  qtiè  Ift 
précédente;  clic  contient  de  petits  cristaux  hoirs  d'albite,  qui  ont 
cristallisé  dans  d^autres  conditions  que  les  aihitesprécédentàii  Eh- 
effet,  cette  dolomie  ou  ce  calcaire  magnésien  laisse,  après  sa  dis- 
solution, une  boue  noire  et  épaisse,  qui  parait  n'être  autre  chose 
qu'une  argile  légèrement  jaunie  par  de  Thydroxyde  de  fer,  et  noir- 
cie par  du  carboné  qu'il  est  facile  de  chasser  pDr  la  combustion. 

Ces  cristaux  d*albite  sont  donc  noirs,  parce  qu'ils  renferment 
entre  leurs  lamelles  une  certaine  quantité  de  carbone,  qui  dispa- 
raît lorsqu'on  les  soumet  au  chalumeau,  et  l'on  obtient  alors  un 
émail  huileux,  très  blanc,  de  dinicilc  fusion,  comme  avec  les  al- 
bîtes  transparentes.  Ces  mêmes  cristaux  sont  un  peu  défoitnés,  et 
ont  des  facc^  rugueuses;  mais  l'ensemble  des  fonnes,  et  surtonf 
l'existence  de  la  seconde  petite  gouttière  déterminée  par  les  faces 
6*,  établissant  une  identité  de  cristallisation,  nous  en  tirerons  la 
conséquence  que  les  deux  roches  appartiennent  à  la  même  épo- 
que, malgré  leur  grande  différence  d'aspect. 

D'un  autre  côté,  M.  Billiet  reconnut,  dans  ces  dolomies  blan- 
ches, une  quantité  notable  de  silice  gélatineuse  et  de  matièrt  or* 
ganique. 

J'observe  maintenant  que  les  échantillons  de  dolomie  blanche 
qui  m'ont  été  remis  ont,  en  effet,  présenté  les  divers  caractères 
susmentionnés,  et  que,  de  plus,  certains  cristaux  nlbitiques  sont 
entrecroisés  de  manière  à  constituer  des  groupes  parfaitement 
semblables  A  ceux  que  forment  les  cristaux  gypseux  qui  se  sont 
développés  dans  les  marnes  triasiques  et  tertiaires.  Il  y  a  donc 
lieu  d'admettre  que  les  groupements  de  l'albite  ont  dû  se  consti- 
tuer de  la  même  manière,  c'est-à-dire  dans  une  pâte  encore  molle. 

Mais  ce  qui  fixa  plus  particulièrement  mon  attention,  c'est  la 
ressemblance  exacte  de  cette  dolomie  î>ver  celles  du  Tyrol  et  de 
Lugano.  Je  trouvais  en  cela  une  réalisation  plus  complète  que  j^ 
ne  l'avais  espéré  de  l'exactitude  de  mes  anciens  énoncés.  «  A  l'est, 
ai-je  dit,  je  pus  voir  le  trias  tyrolien  aboutir,  par  le  lac  (\r.  Gônit», 
aux  environs  du  lac  Majeur.  D'autiepaii.  \i  Touest,  ce  m^me  ter- 
rain est  accusé  en  plusieurs  points  dans  le  Jura.  Enfin,  on  le  re- 
trouve dans  le  département  du  Var.  Il  était  donc  naturel  de  sup- 
poser que  la  région  intermédiaire  devait  également  montrer  U 
même  formation  >»  {Jnn.  de  ta  Soc,  rfagr.  rie  Lyon,  1850).  On 
se  rappellera,  en  sus,  que  je  ne  séparais  pas  la  grande  assise  dolo- 


iS2  SftA5CB    DU    2    DtClHUI    iSOl. 

initiqiie  blanclie  du  Tyrul  el  du  Tessin  cPayec  l'cnteinble  tria- 
sique  {Bttii.  gêol.j  18&5).  En  effet,  les  tiges  rondes  de  YEncriaitcs 
iilii/nrmts  que  j'avais  trouvées  au  Schleni,  ainsi  que  les  Terebraimin 
communisy  dont  je  fis  une  ample  i*ollcclion  près  de  MarCigi 
au-dessus  de  Trente,  ne  me  laissaient  aucun  doute  au  sujet  de 
arrangement,  qui  fut  confmné  en  485 A  par  les  ëcudes  de  AliM. 
clierdela  Lintli  et  Mérian  (Ann,  de  f  .4cad,  tir  Lron^  1856,  p.  i5S). 

Cependant,  ayant  constaté  que  les  doloinies  du  San-SalvadcNr, 
près  de  Lup,ano,  donnant  quelques  rares  étincelles  au  briquet, 
j 'ai  supposé  que  ces  étincelles  pourraient  bien  résulter  de  la  pré- 
sence de  cristaux  d'albites  microscopiques  et  noyés  dans  la  pâte 
de  cette  roche.  Je  répétai  donc  les  essais  de  M.  Ailliet  avec  l'aide 
de  l'acide  muriafique,  et  comparativement  sur  les  dolomiet  d« 
deux  gisements.  Cette  expérience  confirma  d'aboixl  TesiaCeiice 
d'une  petite  quantité  de  silice  gélatineuse  et  de  la  matière  orga- 
nique, non-seulement  dans  la  i*oclie  de  notre  digne  confrèic, 
mais  encoi*e  dans  celle  de  Lugano.  Supposant,  d'ailleurs,  que 
cette  silice  pourrait  provenir  de  quelque  zéolitlie,  j'engageai 
IM .  Séeligmann  à  attaquer  des  fragments  de  Lugano  par  Tacida 
acétique  ;  mais,  n'ayant  pas  pu  rencontrer  dans  le  résidu,  mène 
avec  le  concours, d'un  fort  microscope,  les  zéolitlies  supposées^  9 
fallut  conclure  que  la  silice  est  simplement  dissiMuinée,  à  l'étal 
gélatineux,  dans  1rs  masses  de  Tune  et  de  l'autre  station. 

Ainsi  donc,  tout  porte  à  croire  d'aijord  que  l'albite,  inioAd 
anhydre,  peut  cristalliser  au  milieu  des  pâtes  dolomitiquea,  pliv 
facilement  que  le  quartz.  £n  outre,  il  faut  «idmeltre  que  des  *«a^ifBi 
spéciales  facilitèrent  la  proiluction  de  l'albite  dans  les  Alpeai 
mais  elles  me  paraissent  devoir  cire  difficiles  à  découvrir,  c»r,  fa 
le  répète,  la  simililude  entre  les  deux  roches  est,  |>our  ainsi  diiUk 
parfaite.  Du  reste,  que  ces  apeiçus  cliimiques  soient  exacts  'oa 
non,  on  n'oubliera  pas  que  la  dolomic  des  Alpes  orientales  *#i 
nécessairement  un  dépôt  aqueux,  produit  sans  grande  pressioo  ci 
à  une  température  millenient  exagérée.  piii5qtie  la  roche  renferuM 
de  nombreux  fossiles,  recueillis  tant  par  moi  que  pari^liVI.  Kscliln|'*^ 
Mériîin,  Stabile,  Balsamo-Crivelli,  etc.  Il  reste  maintenant  A.| 
voir  si  celle  des  Alpes  de  la  Mauriennc  est  pareillement 
Dès  lors,  ces  albites  rentreraient  parfaitement  dans  le  cas  de 
oligistes  et  de  mes  oxydules  de  fer  anhydres,  ce  que  le  faif-df 
l'état  gélatineux  de  la  silice  permet  déjà  de  soupçonner.  En  ton| 
cas,  leur  développement  ne  serait  pas  un  des  phénomènes  lef 
moins  intéressants  parmi  tons  ceux  qui  se  sont  manifestés  dorant 
les  périodes  permiennes  et  triasiqncs,  si  reni'irqtiablr^s  par  Icni^ 


V* 


NOTE    DE    X.    FOUHMET.  ISS 

minéraux  complexes  et  varies.  Aloi*$,  coiiiiiic  je  l*ai  dit,  les  eaux 
inai'ines  se  débarrassaieiit  d'une  foule  d*  impure  tés,  de  même  que 
Tatmosplière  s'était  débarrassée  de  son  excès  d'acide  carbonique 
pendant  Tépoque  houillère.  Ceci  posé,  il  importe,  dès  ce  moment, 
d'arriver  à  préciser  la  manière  dont  s*y  est  prise  la  nature  pour 
aboutir,  au  milieu  de  tant  de  cristallisations  effectuées  par  la  voie 
humide,  à  des  résultats  comparables  à  ceux  de  la  voie  sèche,  et 
en  cela,  bien  entendu,  l'intervention  des  bouillottes  à  couvercles 
vissés  sera  rigoureusement  interdit. 

Avant  de  terminer  mon  travail,  je  crois  devoir  user  du  droit 
de  me  justiâer  contre  certaines  imputations  d'absolutisme  qui 
m'est  prêté  à  l'endroit  de  ma  surfusion^  de  mes  lentilles  quart- 
zeuseSf  de  mes  imbibitions  jelilspathiques  ou  siliceuses^  de  mes  en^ 
(iomorphismes^  etc.. .  Il  m'a  été  pénible,  je  l'assure,  de  me  trouver 
aussi  dans  la  nécessité  de  revendiquer  à  mes  adversaires  quelques- 
unes  de  mes  découvertes  géologiques,  mais  on  comprendra  faci- 
lement qu'en  cela  ils  m'ont  placé  dans  le  cas  de  légitime  défense. 
Considérant  d'ailleurs  que  mes  détails  sur  les  résultats  des  actions 
plutoniques  font  complètement  perdre  de  vue  cette  partie  de  mes 
travaux  par  laquelle  j'ai  contribué  à  perfectionner  la  stratigraphie 
française,  autant,  au  moins,  qu'ont  pu  le  faire  ceux  de  la  grande 
majorité  de  nos  célébrités  neptunistes,  je  juge  à  propos  d'ajouter 
ici  une  note  récapitulative  à  ce  sujet.  .   • 

£n  suivant  Tordre  de  bas  en  haut,  je  pense  avoir  mis  uue  cer- 
taine précision  dans  la  distinction  du  micaschiste  ordinaire  d'avec 
le  micaschiste  nacré.  En  outre,  nos  schistes  chloriteux  se  trou- 
vent définis,  en  même  temps  que  leur  position,  parfois  indépen- 
dante des  deux  nappes  précédentes,  a  été  déterminée  avec  plus 
d'exactitude  qu'auparavant. 

La  connaissance  des  terrains  silurien,  dévonien  et  carbonifère 
du  Languedoc  est  le  résultat  de  mes  études  combinées  avec  celles 
de  M.  GrafF.  Du  reste,  il  a  été  dit  que,  depuis  longtemps,  j'avais 
constaté  la  présence  du  carbonifère  dans  les  montagnes  lyonnaises. 

La  démonstration  de  la  non-existence  des  sous-bassins  dans  le 
bassin  général  de  Saint-Etienne  fut,  pour  les  terrains  houillers 
en  général,  suivie  de  l'idée  de  leur  extension,  conforme  à  celles 
des  autres  dépôts  sédimentaires.  Par  là,  fut  rompu  le  charme  qui 
arrêtait  nos  mineurs;  la  France  peut  être  assurée  d'une  longue 
suite  d'exploitations,  car  on  apprendra  successivement  à  s'orienter 
pour  les  recherches.  Quelques  méthodes  ont  été  indit|uées  a  ce  su- 
jt*t  [BulL  (le  ('indus t.  minérale  rie  Sf r tu t-L' tienne). 


iih  &ÉANC£    DU    2    DÉCEMBRE    18(51. 

Le  periiiien  du  Lanj^uedoc  a  étc^  mis  on  évideuce  par  Al.  GraS 
et  moi. 

Mes  recherches  sur  le  (rias,  poursuivies  sur  dÎTcrs  poiuts  coiu- 
pris  entre  la  Mëditerrauéc  et  FAIsace,  et  du  Tyrol  aux  AlpCiy 
m'out  permis  de  conslatiT  son  prolougemeut  dans  ce  dernier  syt* 
tème  de  montagnes,  et,  par  suite^  sa  stratigraphie  particulièra  s*ett 
trouvée  améliorée.  En  mcme  temps,  la  question  des  dolomies 
fut  réduite  à  sa  véritable  portée,  bien  que  Âl.  Daubréc  ait  encore 
pris  la  peine  d*eii  dire  quelques  mots. 

Quant  au  jurassique,  j'ai  écarté  de  la  science  la  confusiion  que 
faisait  Dufrénoy  ù  l'égard  de  son  calcaire  à  Uélemnites.  Je 
rangeai  celui-ci,  y  compris  ses  minirais  de  fer,  dans  le  groupe 
oxfordien  La  conséquence  de  ce  déplacement  naturel  a  été  la  dé* 
moostration  de  rcsistencc,  dans  notre  France  méridionale,  d^U 
moins  deux  dépôts  de  fer  oolithiques  bien  distincts.  Outre  cela. 
l'extension  de  Toxiordien  dans  les  Alpes  vint  jeter  de  uouvf^lles 
lumières  sur  l'ensemble  de  leurs  assises. 

Je  passe  sur  mes  recherches  relatives  aux  mollasses  marinea  e| 
d'eau  douce  avec  leurs  lignites.  Mais  on  compremlra  facilement 
que  la  découverte  d'un  principe  colorant  très  singulier,  le  cam^" 
léon  organico-minéral,  est  appelée  à  faciliter  quelques  rappvocliÂ' 
ments  entre  ces  parties  éparses. 

En  outre,  mes  détails  sur  les  farines  fossiles  de  l'Ardèche  tti  dpi 
Puy-de-Dome  ont  acquis  un  grand  intérêt  depuis  que  i\I.  Elireo- 
berg  a  fait  connaître  le  rôle  des  animalcules  infusoires  dana  kmf 
formation.  Elles  appartiennent,  d'ailleurs,  à  deux  époques  géo^|r 
giques  différentes,  les  dépôts  du  Yivarais  étant  accompagnél-4lF 
ligultes  placés  sous  les  basaltes,  ceux  de  l'Auvergne  se  troi|TK||| 
dans  une  position  tout  à  fait  superficielle,  dans  un  simple  IPfll^ 

Je  ne  pense  pas  que  d'autres  aient  apporté  une  attention  be^j|||ç 
coup  plus  sérieuse  que  ne  l'a  été  la  mienne  sur  les  nappea  aupnn^ 
ficielles  du  diluvium  et  du  lehm.  L'endurcissement  de  ceF^î|^^ 
bancs  de  ce  dernier,  mes  détails  sur  les  oolithes  qui  s'y  dévelfgHI 
pcnt,  sur  les  aélites,  les  kiipfstein,  les  l>étons  calcaires  et  fern||||g^ 
neux,  les  déplacements  manganésiens,  les  cailloux  épuisés  e|.'ù||« 
pressionnés,  constituent,  je  le  suppose  du  moins,  un  enieuaU^jd^ 
phénomènes  assez  curieux  pour  ne  devoir  pas  être  omis  de  IftfN^ii 
sente  liste. 

J'imagme  encore  que  les  uéo-wernériens  ne  voudront  paa  a*a^ 
tribuer  le  mérite  d'avoir  su  metti'e  de  côté  les  eaux  chaudes  9t 


HOTE   DE    M.    DELESSB.  135 

comprimées,  pour  expliquer  la  formatioa  de  certains  dépôts  d*oli-> 
giste,  d'oxydule  de  fer,  de  Taragonite,  etc.  Eu  cela,  je  me  sui« 
montre  ]j1us  tempéré  que  nos  antagonistes,  et  de  plus  j*ai  su  ap* 
précier  Timportance  du  rôle  des  bitumes,  même  dans  les  roches 
sédimentaires. 

Enfin,  si  j'ajoute  à  ces  détails  ceux  qui  concernent  la  consolida- 
tion des  stalacl ites,  la  kaolinisation,  la  rubéfaction,  la  production 
des  carbonates  de  plomb,  ainsi  que  de  diverses  autres  substances 
minérales  provenant  de  Taltération  dea  parties  supérieures  des 
rdons,  on  finira  bien  par  comprendre  que,  mal{|^ré  les  dires  de  mes 
adversaires,  ma  vie  ne  s'est  pas  passée  entièrement  au  coin  de  inei» 
fourneaux.  Toutefois,  mon  assiduité  auprès  de  ceux-ci  m'ayant 
permis  d'apprendre  à  fondre,  à  surfondre,  à  liquater,  à  imbiber, 
à  faire  cristalliser,  à  persolidificr,  tout  comme  à  endomorphiser 
et  à  exomorpbiser,  sans  avoir  un  bien  grand  besoin  de  l'eau  et  des 
matières  boueuses,  je  pense  qu'ils  m'ont  rendu  service  en  me  dé- 
barrassant  de  la  nécessité  d'un  intermède,  certainement  très  à  la 
mode  dans  quelques  laboratoires,  mais  souvent  fort  inutile  dans 
la  géologie,  où  on  s'efforce  de  l'introduire  d'une  façon  très  exclu- 
sive. 

hemaf^ues  sur  la  communication  précédente  {  par  M.  Delcsse. 

M.  Fouruet  admet  que  divers  minéraux,  notamment  des  sili- 
cates anhydres  ou  hydratés,  ont  pu  se  former  à  froid  et  par  la  voie 
humide.  Eu  ce  qui  me  concerne,  je  suis  bien  disposé  à  adopter  cette 
manière  de  voir  daus  certaines  limites;  niais,  en  l'absence  de 
preuves  et  d'expériences  précises^  je  ne  saurais  lui  donner  la  même 
extension  que  IM.  Fournet. 

Si  l'eu  considère  seulement  les  substances  minérales  qui  se 
trouvent  dans  les  terrains  stratifiés  à  l'état  normal,  lors  même 
qu'elles  out  l'état  cristallin,  elles  se  sont  assurément  formées  à 
froid  et  par  voie  humide.  C'est  ce  qui  a  eu  lieu,  par  exemple,  pour 
la  dhaux  carboaatée  et  pour  la  dolomie,  ainsi  que  pour  la  milice 
que  la  uature  a  eu  le  seaet  de  faire  crbtalliser  à  froid  dans  un 
grand  nombre  de  gisements. 

Le  quartz  hyalin  s'observe  en  effet,  dans  le  gypse,  particulière- 
ment dans  celui  des  marues  irisées  ;  il  s'observe  aussi  dans  les  cail- 
lasses du  calcaire  grossier;  certains  sables  quartzeux  et  quelques 
grès  paraissent  même  résulter  d'un  dépôt  cristallin  de  silice. 

Maintenant  on  doit  incontestablement  admettre  la  glauconie  et 


13(3  SÊANCe    DU    2    DÉCBMIIRK    18i)l . 

les  argiles  pamii  1rs  hyilrosilicatcs  qui  se  forment  à  froid;  umu  il 
■rcn  esl  |)as  de  iiiéiiie  pour  les  zcolillif  s  ;  car  elles  ne  se  tronveDl 
pas  dans  les  terrains  stratifiés  ù  Tétat  normal  ;  elles  sont  au  oiMi* 
frairc  associées  à  des  roches  dans  la  formation  desquelles  la  rlia- 
leur  a  joué  quelque  rôle,  l't  la  plupart  se  sont  même  développées 
spécialement  dans  les  roches  volcaniques.  M.  Fournel  indique 
bien  qu*une  mésotype  aurait  cristallisé  par  infiltration  au-dessous 
du  niveau  de  la  Sioule  et  dans  les  cellules  de  la  lave  de  Loucha- 
dière;  toutefoiSi  j'ai  eu  l'occasion  d'observer  moi-même  œ  gise- 
ment et  cette  preuve  ne  me  parait  pas  être  suflisante;  car,  lorsque 
la  lave  de  Louchadière  a  fait  irruption  dans  la  vallée  de  la  Siotiie. 
elle  a  dû  y  rencontrer  de  l'eau  ou  tout  au  moins  de  l'humidité  ;  par 
suite  on  comprend  très  bien  que  des  zéolilhes  aient  cristallisé 
dans  cette  lave  pendant  qu'elle  était  encore  cliaude,  et  seulement 
dans  les  cellules  de  sa  partie  inférieure. 

Quant  aux.  minerais  des  (jites  métallifères,  ils  ont  encore  pu  se 
former  à  froid,  ou  du  moins  à  une  température  peu  élevée,  lors- 
qu'ils s'observent  en  couches  dans  les  terrains  stratifiés;  et  celle 
remarque  s'applique  à  certains  minerais  de  fer,  de  manganèse, 
de  zinc,  de  plomb,  de  cuivre  et  aux  {gangues  qui  les  accompagnent, 
le  quartz,  la  diaux  carbonatéc,  la  baryte  sulfatée,  le  spath  fluor. 
Mais  il  faut  remarquer  que  le  plus  souvent  ces  (;îtes  métallifirei 
en  couches  sont  en  relation  intime  avec  des  filons,  et  qu*ils 
viennent  alors  de  sources  tliermo-minérales  qui  se  sont  ré 
dans  des  terrains  en  voie  de  drpôt. 

Il  m'est  d'ailleurs  impossible  d'admetti'e  la  formation  a  freid«' 
et  dans  les  conditions  normales  des  terrains  stratifiés,  de  divers  uû- 
néraux  qui  sont  mentionnés  par  M,  Fournet,  tels  que  lachamoif- 
sile,  l'émeraude  et  les  feldspaths. 

Relativement  a  Li  chamoisite,  j'observerai  d'abord  qu'elle  se 
saurait  c(re  considérée  comme  du  fer  oxydulé  ;  car  l'analyse  Av 
celle  deQuintin  m'a  montré  qu'elle  contient  de  l'alumine,  de  1' 


et  de  la  silice,  indépendamment  du  sesquioxyde  et  du  protoxjdaL 
de  fer (1).  11  im))orte  maintenant  d'observer  qu'on  ne  connaît  ff^/m' 
la  chamoisite  dans  les  terrains  stratifiés  à  l'état  normal.  Dans  lèi 
gisements  de  Quintin,  des  environs  d'Alençon  et  du  Banwald  éwmm 
les  Vosges,  elle  est  toujours  associée  à  des  roches  métamorpliiqiica«^ 
Au  Mettenberg,  je  l'ai  observée  au  voisinage  d'un  granité  qui 


(»)  JniuiUs  des  minesy  4848,  t.  XIV,  p.  69. 


flOTB    OK    M.    UKLISSE.  137 

Vie  coiiipléteuicut  du  calcaite  jurassique,  et,  liien  que  ce  calcaire 
renferme  eiicoi*e  des  fossiles,  il  est  visiblement  métamorphique;  il 
présente,  en  effet,  les  caractères  qui  lui  sont  habituels  dans  les 
hautes  montagnes  des  Alpes;  il  est  bien  compacte,  sonore,  et  il 
contient  de  plus  des  lamelles  minces  de  mica  nacré  (séricite). 
L'existence  de  fossiles  dans  les  couches  de cliamoisite  que  M.  Four- 
uet  signale  dans  le  Valais  ne  prouve  pas  que  la  ch«imoisite  se  soit 
déposée  à  Tépoque  à  laquelle  vivaient  ces  fossiles  ;  on  doit  seule- 
ment en  conclure  que  ce  minéral  résulte  d'un  métamorphisme 
qui  était  faible  et  pas  assez  énergique  pour  amener  leur  destruc* 
tion  (1). 

Est- il  admissible  maintenant  que  l'émeraude  se  soit  formée  dans 
une  roche  stratifiée  en  voie  de  dépôt?  C'est  assurément  bien  peu 
probable;  car  nous  trouvons  le  plus  souvent  Témeraude  dans  les 
roches  granitiques,  et  alors  cette  origine  sédimcntaire  ne  saurait 
êtie  admise.  D'un  autre  côté  la  glucinc  n'a  pss  été  signalée  dans 
les  terrains  stratifiés;  elle  provient  visiblement  de  l'intérieur  de  la 
terre,  ainsi  que  les  substances  métalliques  qui  sont  souvent  associées 
aux  émeraudes,  et  eu  particulier  le  carbonate  de  lanthane  qu'on 
rencontre  à  Muzo.  Dans  ce  dernier  gisement,  l'émeraude  doit 
vraisemblablement  être  attribuée  à  des  eaux  chaudes  et  minérales. 
Quant  au  calcaire  magnésien  dans  lequel  elle  s*exploite,  il  est 
associé  à  une  roche  amplnbolique,  et,  bien  qu'il  contienne  des 
matières  bitumineusee,  il  est  métamorphique;  c'est  d'ailleurs  in- 
diqué par  sa  structure  géodiquc,  par  ses  veines  de  chaux  carbo- 
natée  qui  le  traversent  et  par  les  minéraux  qu'il  renferme. 

Enfin,  s'il  est  un  minéral  qui  indique  le  métamorphisme  lors- 
qu'il a  cristallisé  dans  les  roches  stratifiées,  c'est  assurément  le  feld- 
spath. J<e  plus  ordinairement  même  il  est  accompagné  par  les 
micas,  par  le  quartz  et  par  divers  minéraux.  Toutefois,  dans  cer- 
tains gisements  il  s'est  développé  sans  que  la  stratification  ait  été 
détruite,  et  on  l'observe  quelquefois  au  voisinage  de  couches  dans 
lesquelles  il  existe  encore  des  empreintes  végétales;  c'est,  par 
eiemple,  ce  que  j'ai  signalé  pour  la  grauwacke  métamorphique  de 
Thann  dans  laquelle  il  y  a  des  cristaux  d'albite  (2).  La  dolomie 
noire  qui  a  été  explorée  à  Yillarodin  par  la  Société  géologique 
montre  en  outre  que  l'albite  peut  se  développer  dans  une  couche 
sédimentaire.  sans  qu'il  y  ait  destruction  complète  du  carbone 


(1)  Delesse,  Études  sur  le  métamorphisme,  ia*4|  paÇQs  6  et  7. 

(2)  Anttules  des  miuesy  4853,  t.  III,  p.  747- 


1^0  StANCB    DU    16    UtLBMBRB    1801. 

Séance  du  16  décembre  18()1. 

PRÉ8IDBNCB    DB   M.    DBLB8SB,    WCê^présÙletii. 

M.  Albert  Gaudry,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-Ter- 
bal  de  la  dernière  séance  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance, 
le  Président  proclame  membres  de  la  Société  : 

MM. 

Stbphanbsco  (Grégoire),  de  Bucharest,  à  Paris,  rue  SoulHot, 
IS,  présenté  par  MM.  Michelin  et  Edm.  Hébert  j 

TooBGulNBFF  (Albert  db),  à  Paris,  rue  de  Lille,  97,  pré- 
senté par  MM.  Laugel  et  Gh.  Sainte-Glaire  Deville. 

M.  Daossb,  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées,  rue  du 
Faubourg-Saint-Jacques,  7S,  à  Paris,  ancien  membre  de  b 
Société,  est  admis,  sur  sa  demande,  à  en  faire  de  DOUTeaa 
partie. 

Le  Président  annonce  ensuite  deux  présentations. 

DONS   FAITS   ▲   LA    SOCIÉTÉ. 

La  Société  reçoit  : 

De  la  part  de  M.  le  ministre  d'État^  Journal  des  savanU^ 
novembre  1861. 

De  la  part  de  M.  G.  Gotteau,  Rapport  sur  les  p/vgfès  de  la 
géologie  en  France  pendant  l'année  18(50  (extr.  de  Vjénmtaùw 
de  l* Institut  des  pi-oçinces^  année  1862),  in-8,  2&  p.,  Cmmç 
1861,  chez  A.  Hardel.  --^^ 

De  la  part  de  MM.  Delesse  cl  Laugel,  Reifue  de  géotùgkt 
/;oMrl860,  1''  parlic,  in-8,  pp.  399  508. 

De  la  part  de  MM.  Gastaldi  et  Gantoni,  Epoca  glaciale  mHif' 
cenica.  —  Nuovi principj  difisiologia  végétale  (est.  dal  vol.  IMT 
degli  jitti  délia  Soc.  ital.  ili  se,  nat.  in  Alilano^  seiL  dét 
26  maggio  1861),  in-8,  16  p. 

De  la  part  de  M.  G.  Omboui,  /  gldacciaj  anilchi  e  il  (errena 
erratico  di  Lombaidia  (est.  dal  vol.  111  dcgii   A(ti  délia  Sovm 


LITTRI    bt   M*    DB    TCHIHATCMIFF.  Hl 

ital.  Ji  se,  nat.  in  Mi/ano,  28  «m/ 1861),  in-8,  70  p.,  8  pi. 

Comptes  rendus  heb(L  des  séances  de  rAcad.  des  sciences ^ 
1861,  2*  sem.,  t,  LIII,  n"  23  et  24. 

Bidietin  de  la  Société  de  géogixtphie,  6'  série,  t.  II,  n"  10, 
octobre  1861. 

j4nfinles  des  mines,  6*  série,  t,  XIX,  8«  liv.  de  1861  -,  l.  XX, 
4*  livr.,  de  1861. 

L'Institut,  n*»»  1467  et  1468,  1861. 

Réforme  agricole,  par  M.  Nérée  Boabée,  n"  166,  13*  année, 
novembre  1861. 

Journal  d'agriculture  de  la  Côtenl'Or,  n"  10,  octobre 
1861. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse,  norembre 
1861. 

Bulletin  de  In  Soc.  de  r industrie  minérale  de  Saint-É tienne, 
t.  YI,  4**  lÎY.,  avril,  mai,  juin  1861. 

The  Jthenœum,  n"  1780  et  1781, 1861. 

Revista  minera,  t.  XII,  n'»  277,  1"  décembre  1861. 

Refista  de  los  progresos  de  las  ciencias  exactas,  Jisicas  y 
naturales,  t.  XI,  n'  8,  novembre  1861. 

M.  d'Archiac  communique  la  lettre  suivante  de  M.  P.  de 
TchihatchefT  qui  vient  d*é(re  témoin  de  la  nouvelle  éruption 
du  Vésuve  ; 

Lettre  de  M.  P.  de  Tchihatchejf  à  M.  d'Archiac. 

Naples,  le  9  décembre  4  864 . 

Je  reviens  du  Vésuye  qui  nous  a  offert  un  magnifique  spectacle  ; 
hier  à  trois  heures,  une  fente  paraît  s'être  ouverte  au-desisus  deTorre 
del  Greco  ;  le  tout  est  recouvert  en  ce  moment  d'une  immense 
agglomération  de  scories  en  partie  incandescentes  ;  deux  monticules 
ont  %w\^\  à  peu  près  à  600  mètres  au  nord  de  Torre  del  Greco  et 
vomissent  des  colonnes  gigantesques  de  fumée;  malheureusement 
elles  sont  accompagnées  d'une  grêle  de  pierres  qui  rendent  les 
approches  impossibles.  Je  suis  resté  pendant  deux  heures  au  mi- 
lieu de  celte  nouvelle  scène  de  désolation  pour  les  habitants,  de 
jouissance  pour  le  géologue.  Naturellement  je  ne  puis  rien  dire  de 
très  circonstancié,  i>arce  qu'on  n'observe  pas  bien  au  milieu  de 
détonations  souterraines  et  sous  une  pluie  de  cendres:  cependant 


1A3  StAlfCV    DC    16   DtCBSRKB    186l. 

j'aî  faîtuiie  relation  de  mes  impressions  et  je  Tai  envoyée  a  l'Ara- 
tlémic. 

M.  d'Archiac  présente  la  note  suivante  de  M.  Nogués  : 

Noie  sur  Armissan;  par  M.  A.-F.  Nogués, 

Dans  une  uoto  sur  Armissan  que  le  doyen  de  la  Facullë  des 
sciences  de  Montpellier,  M.  Gcrvais,  a  publiée  dans  les  Comptes 
rendtiit  des  séances  de  C Acadcmie  des  snenrcs  [l.  LUI,  p.  777, 
année  i86i,  2'  semestre),  Tautcur  ne  dit  pas  un  mot  des  recher- 
ches antérieures  et  analogues  aux  siennes  faites  dans  cette  localité 
par  MM.  Marcel  de  Serres,  Noguès,  Kaulin,  etc.,  et  surtout  par 
M.  le  vicomte  d'Archiac;  ce  qu'il  y  a  de  nouveau  dans  cette  note, 
c'est  la  probabilité  qu'à  Annissan  se  trouve  à  Fétat  fossile  le  geiirr 
Dracœna. 

Armissan  est  une  localité  intéressante  du  département  de  TAude; 
le  terrain  tertiaire,  qui  renferme  la  riclie  flore  dont  M.  Ad.  Bron- 
gniart  a  fait  connaître  quelques  rares  espèces,  s'appuie  en  strati- 
fication discordante  sur  le  (troupe  néocomien  de  la  petite  chaîne 
de  la  Glape  qui  devait  former  le  barrage  du  bassiu  dans  lequel  ae 
sont  déposés  les  végétaux  fossiles. 

'  u  IjCS  anciens  cours  d'eaux  ayant  rencontré  des  obstacles  dans 
la  montagne  de  la  Clape,  relevée  antérieurement  aux  dépôts  tetv 
tiairesdu  bassin  de  NarlK)nnc,  ont  laissé  déposer  leurs  sédiments 
et  les  corps  flottants  dans  les  incs  qui  baignaient  le  pied  de  cette 
montagne.  Delà  résulte  nécessairement  Faccumulaliondes  fossiles 
d' Armissan;  mais  tous  les  sédiments  n'étaient  pas  arrêtés;  ceux 
qui  ne  rencontraient  point  d*ob.stacles  devaient  se  jeter  dans  la 
mer  par  quelque  comninnicntion  du  bassin  lacustre  avec  la  Héâi- 
terranée,  peut-être  par  le  Grau  de  Gruissan  et  par  un  passage'  dé 
l'emboncburc  artuMIedc  TAïul*-.  ''^  ' 

•  Onaperroil.  »vin1  d'arriver  \  Atmis<ïai».  tm-  bande  de  terràSd 
tertiaire  formé**  par  dfs  {;ri'S  ot  des  calcaires  bl.inrliAtreè  <|Éil 
constituent  deux  mamelons  autour  <\\\  villii{>e  bâti  hh  pied  ^ 
leur  talus.  Lcsenuchcs  des  dalles  O-'S^ilinT*  m,  iviouveries  par  Hes 
alliiyion^tioiizonraies.  wnt  iiic'liiK'es  \cis  jr  N.«  f  n  deux  setis  6èi< 
posés,  suivant  la  diiecliou  du  telcvemcni  îles  mamelons  qui  Sci( 
effectué  vers  le  sud. 

»  Les  dépôts  calcaréo-ar{;ileux  d'Armîssan  sont  formés  de  liaui 
en  bas  :  i*  d'une  couche  de  terre  végétale  de  2  mètres  d'épaisseur: 
2*d*un  calcaire  très  argileux,  dur,  incliné  au  N.-O,  de  5  cénti* 


If 0TB    Dl    S.    N06UÈ8. 


lAS 


mètres  dVpaisseur  ;  3**  d'une  couche  de  gravier  de  10  cenlînièlies; 
/i«  argile  blanchâtre,  60  centimètres  ;  5*  calcaire  argileux,  doux  âu 
toucher,  10  à  15  centimètres;  6*  marne  délitée  noirâtre,  20  cen- 
timètres ;  7**  calcaire  blanc  argileux,  60  centimètres;  Ô'»  couche  ar- 
gileuse, 1  mètre  ;  Q'»  couclie  argileuse  plus  dure  que  la  précédente, 
5  centimètres;  10"  dalles  exploitées,  28  centimètres  d'ëpaisseur; 
11*  lignite. 

Voici  la  liste  des  végétaux  fossiles  signalés  à  Armissan  par 
M .  Ad.  Brongniart  : 


CrTPTOGAVBS    ACR0GÊKK9. 

Mousses  : 
MuscUes  Tnnrnnlii,  Brong. 

Fougères  : 
Filicites  polybotria^  Brong. 

M ONOGOTTLÉOOHBS. 

Naladées  : 
Smilacites  hastata,  BroDg. 

DlCOTYLÉDOHES   OTMlfOSPIlMBS. 

Conifères  : 

Callitrites  BronguiartU^   Endley. 
Sequoitcs  taxijonnh^  Brong. 
Finîtes  pseudostrobns,  Brong. 
Taxitfs  Totirrtnlii,  Brong. 


DlCOTYLtoOHBS    AH6I0S»B1IWSS. 

Myricées  : 
Comptonin  dryandrœJoUa,  Brong. 

Bétulinées  : 
Betula  dryadum^  Brong. 

Cupulifères  î 
Carpinm  macroptera^  Brong. 

Plfttanées  : 
Ptatanns  Hercules,  Unger. 

Nymphéaoées  : 
Nymphn^a  Arethusœ^  Unger  (4). 

Les  fréquentes  excursions  que  j'ai  faites  ù  Armissan  depuis  U 
publication  (1855)  de  ma  notice  géologique  sur  le  dépaitement d« 
l'Aude  m'ont  permis  de  recueillir  un  certain  nombre  de  plantes 
fossiles  non  indiquées  par  M.  Brongniart  dans  cette  intéressante 
localité.  Parmi  ces  plantes  je  citerai  surtout  une  grande  feuille 
palm.itilobée,  àcinq  lobes,  mesurant  environ  0",^0  de  largeur  sur 
autant  de  liantein  ;  elle  appartient  à  un  {;eiire  voisin  des  ^/erculis. 
Une  nuniograpliie  deti  végétaux  iossile$  de«  ealcdirfs  d'Armissan 
serait  une  étiidt  pleine  d'intérêt;  je  tiens  k  la  disposition  du  bo« 
tanibte  qui  Tentieprcndia  le»  iiiaiériaiix  que.  je  posii'de. 

hans  les  pi  es  et  dans  le»  eaieaires  des  eolline$  d'Aiinissaii, 
eOiiiiî.e  dans  les  dalles  exploitée»,  s<'  trouvent  d*t>  empreintes  . 
même  parfois  le  test,  de  mollusques  d'eau  douce  des  (genres  Lymnée, 
Planorbe,Cyclas  (deux  espèces). 


(4)  Noguès,  Notice  géologique  sur  le  département  de  l'Jude, 


ilik  S(A!<(r.E    Ot    10    DÉCEMBKK     iSGl. 

Les  niarues  calcarirèresscliisieuses  exploitées  comme  dalles  rai- 
ferment  des  oiseaux  (i),  des  reptiles  (crocodiles  et  cliëloaiens),  ei 
des  poissons  [Noiœus  laiicaïu/ains  et  d'autres  espèces). 

Les  poissons  et  les  reptiles  ne  sont  pas  rares  dans  les  dëpôls 
d'Armissan ,  mais  les  oiseaux  le  sont  beaucoup. 

«  Je  crois,  dit  M.  Gervais  (2),  que  les  calcaires  lacustres  d*Ariuis- 
san  doivent  être  rapportes  à  la  même  époque  de  formation  géolo- 
gique que  les  marnes  d*Aix  el  que  les  {;ypses  de  Paris  et  d*Apl,  qui 
sont  si  rares  en  ossements  de  Paléotliériums.  Ils  rentreraienl  aloia 
dans  le  groupe  des  terrains  que,  dans  Teiat  de  nos  oonnaistanoes, 
nous  considérons  comme  d'origine  lacustre  ;  ces  terrains,  poster  ienis 
aux  dépôts  à  Lopliiodons,  méritent  le  nom  d*éocènes  proprement 
dits;  ils  sont  antérieurs  â  ceux  à  Antiiracotliériums,  Rhinocéros  à 
grandes  incisives,  etc.,  appartenant  à  IVpoque  miocène.  Anniasan 
serait  donc,  au  point  de  vue  de  la  géologie  stratigrapliiquc  comme 
aussi  de  la  géologie  paléonlologi(|uc,  une  dépendance  de  la  for- 
mation à  laquelle  j'ai  donné  le  nom  de  proîcène,  et  dont  ks 
marnes  gypsiferesd'Aix,  ainsi  que  les  gypses  d'Apt  et  de  Paris, 
sont  en  France  les  dépôts  les  plus  riches  en  débris  organiques,  cl 
le  plus  souvent  cités  dans  les  ouvrages  scientifiques.  » 

Nous  prenons  acte  des  conclusions  de  i\I.  Gervais,  pour  nous 
appuyer  sur  son  autorité  dans  toutes  les  discussions  sur  Vàge  du 
terrain  tertiaire  lacustre  du  bassin  de  Nnrhonne,  en  même  tenni 
que  nous  transcrivons  ce  qn*en  a  dit  IVI.  d*Archiac. 

M.  d*Archiac  est  arrive  aux  mêmes  conclusions  que  M.  Gervaif,. 
bien  avant  que  le  paléontologiste  de  .Montpellier  les  eût  formn* 
lées;  c*est  pour  établir  son  droit  de  priorité  que  j'ai  communiqué 
ces  quelques  observations  à  la  Société  géologique. 

Les  couches  lacustres  dn  bassin  de  Narl)onne  et  de  Sigeon,  dit 
M.  d*Archiac  (5),  redressées  comme  les  roches  secondaires  sur 
lesquelles  elles  reposent  directement,  nous  ont  offert  des  caractères 
pétrographiques,  des  gypses  et  certains  fossiles  semblables  ik  ociui 
que  Ton  observe  dans  le  bassin  d'Aix  et  dnns  celui  de  la  Seirie; 
aussi  sommes-nous  porté  à  placer  le  tout  sur  le  même  horixon  d 
à  le  réunir  à  la  formation  tertiaire  inférieure  dont  il  représente 
ainsi  les  derniers  sédiments  et  la  dernière  faune,  v  Dans  son  grand 
mémoire  intitulé  :  hs  Corbiêrcs,  M.  d'Archiac,  après  avoir 


(4)  M.  Pessîetofils,  avocat  à  Narbonnc,  en  possède  quelques  éohan» 
tillons.  i 

Comptes  rendus,  loc,  cii,,  p.  779. 
Buli.  fir  la  Snr.  géol.,  2'  sér.,  t.  XIV,  p.  473.  4  857. 


(3) 


KOTI    DK    M.    NOGUÈS.  1^5 

le  groupe  lacustre  tertiaire  de  l'Aude  dont  Armîsâan  fait  partie, 
formule  ainsi  nettement  ses  conclusions  : 

a  Partout  où  uous  avons  observe  les  relations  de  ce  système 
lacustre  avec  le  groupe  nummulitique  sous-jacent,  elles  nous  ont 
paru  telles  qu'il  n'était  pas  possible  de  placer  entre  eux  un  soulè- 
vement d'une  importance  réelle  et  que  le  grand  événement  qui  a 
dérangé  l'un  ne  s'est  produit  qu'après  le  dépôt  de  Tautre.  En6n 
les  couches  lacustres  du  bassin  de  Narbonne  et  de  Sigeon,  redres- 
sées comme  les  roches  secondaires  sur  lesquelles  elles  reposent 
directement,  nous  ont  offert  des  caractères  pétrograpliiques,  ides 

Sypses  et  trop  de  fossiles  analogues  h  ceux  du  bassin  d'Aix  ou 
e  celui  de  la  Seine,  pour  que  nous  ne  mettions  pas  le  tout  sur  le 
même  grand  horizon,  en  le  réunissant  à  lu  formation  tertiaire  in- 
férieure, n  On  le  voit,  les  conclusions  de  M.  d'Archiac  sont  celles 
auxquelles  est  arrivé  M.  Gervais,  ce  que  je  voulais  établir  dans 
cette  note. 

IVotc,  —  De  l'examen  des  plantes  fossiles  d'Armissan,  M,  Ad. 
Brongniart  conclut  &  une  flore  analogue  à  celle  des  régions  boisées 
du  nord  de  notre  hémisphère,  à  l'époque  du  dépôt  de  ces  plantes 
dans  le  bassin  lacustre  qui  les  contient.  iMalgré  l'autorité  du  nom 
du  savant  paléophytologiste,  ne  peut-on  être  d'une  opinion  un 
]ieu  moins  radicale?  Si  quelques  Dracœna  croissent  dans  les 
régions  australes  de  l'Afrique,  d'autres,  ainsi  que  le  Stercuifa,  ne 
vivent -ils  pas  dans  les  régions  intertropicales,  dans  les  île&  de 
l'océan  Pacifique  ou  dans  l'Inde  ?  Une  étude  complète  de  la  flore 
fossile  d'Armissan  nous  fera  connaîti^e  l'état  de  la  température  dans 
le  bassin  de  Narbonne  lors  de  la  période  tertiaire  inférieure. 

M.  d'Archiac  présente  la  note  suivante  de  M.  Noguës  : 

Aoie  sur  la  géologie  et  la  minéralogie  des  Alberès;  par 
A. -F.  NoguéSy  professeur  d'histoire  naturelle.  (Extrait  d'un 
mémoire  sur  les  Alberés.) 

Alberès,  —  Les  Alberès  forment  un  chaînon  allongé  qui  s'étend 
de  l'ouest  à  l'est,  du  col  du  Perthus  à  la  mer,  du  nord  au  sud, 
depuis  les  premières  rampes  montagneuses  que  I'om  gravit  eu 
quittant  la  plaine  d*£lue  sur  la  rive  droite  du  Tech, jusqu'à  la 
plaiue  qu'arrose  la  Muga  en  Espagne.  A  son  extrémité  orientale, 
la  petite  chaîne  se  termine  par  des  escarpementi  |)irofouds  et  des 
caps  aigus  qui  baignent  leurs  pieds  dans  la  IM édite*  ranée.  I^s 
Soc.  géoL ,  V  série,  tome  XIX.  4  0 


115  SÉANCB   DU    16   DtClMIBB    1861. 

rampes  rapides  et  grandement  inclinées  se  succèdcpt  du  Bpuloa 
au  Pertlius;  mais,  à  partir  de  la  Junquièrc  (Espagpe),  ^llc«  perdent 
rapidement  de  leur  inclinaison  ;  la  pLMitc  générale  du  to}  wa  en 
diminuant  jusqu'à  la  plaine  de  Figuèics. 

La  petite  chaîne  des  Alberès  se  dirige  ouest  un  peu  nord,  cil 
un  peu  sud  ;  elle  est  formée  d'un  axe  granitique  dont  le  soulève- 
ment a  relevé  et  dëjeté  les  couches  palcoxoïqucs  qui  s'appuient 
avec  des  inclinaisons  diverses  sur  ses  dvux  veisants> 

La  fofme  générale  des  Alberès  est  colle  d*un  cùue  surbaissé  dppt 
les  faces  latérales  u>ut  fortement  inclinées  sur  l'axe  du  aoUde,  fC 
comme  écrasées,  en  sorle  que  la  base,  au  lieu  d'être  uu  oercle.  a 
pris  la  GOoSguitition  d'une  ellipse  fort  allongée  dont  le  grand 
ou  le  plus  grand  diamètre  se  dirige  de  Test  un  peu  nord  à  Vi 
un  peu  sud.  Ciiaque  petit  massif  du  chahion  piis  en  partipi|lier 
affecte  bien  la  forme  conique,  mais  l'ensemble  de  la  chaîne  pcé- 
sente  une  Ggure  plus  compliquée. 

La  chaîne  des  Alberès  est  fracturée  et  déchirée  par  des  fentea 
transversales;  ces  petites  vallées  transversales  sont  fnrtrmmt 
encaissées  à  leur  origine,  puis  elles  vont  en  s'évasant  à  meei||f 
qu'elles  s'élqignent  des  sommités  montagneuses.  Elles  sont  rrmîp 
blement  perpendiculaires  à  la  direction  générale  du  chaînon  ;  §|| 
négligeant  les  sinuosités  qui  les  accidentent,  elles  se  dirigent  ^ 
sud  au  nord.  ,•  . 

La  série  secondaire  manque  complètement  sur  le  versapt  Awr 
çais  des  Alberès  ;  je  n'y  ai  observé  aucun  membre  den 
i-ains  triasiques,  jurassiques  ou  crétacés.  Bien  entendu  que  œii 
pas  compris  dans  le  chaînon  des  Alberès  les  dépôts  secoodfj^^ 
d'Amélie-les-BainSy  de  Lanianère,  de  Gostojas  et  du  bassin  sapé- 
rieur  de  la  Muga. 

Dans  les  vallées  du  Tech  et  de  la  .Mu|;a,  les  lorrains  terCilàta 
les  plus  récents  s'appuient  sur  les  premières  strates  schisteuaee^^ 
la  chaîne;  on  les  voit  surtout  bien  à  découvert  à  MîdolèMég 
fianyuls-dels-Aspres,  le  Boulon, Villelon^'ue-dcls-nionls,  etè.y-^hiu 
tout  enfin  où  le  sol  a  été  profondément  raviné.  Mais  tooejei 
étages  tertiaires  situés  à  un  nivrau  inférieur  îi  ces  dépota  iftll 
apennins  ou  post-pyrénéens  manquent  romplétenicnt  dane^to 
vallées  du  Roussillon.  On  n'y  trouve  rien  que  l'on  puisse  assintiliÉ 
aux  couches  éocènes  et  miocènes  de  TAude,  de  la  Provence,  cte.1  '' 

Les  mouvements  du  sol,  lents  ou  brusques,  qui  ont  fait  émeiyt' 
les  dépôts  de  l'ancien  pliocène  ont  affecté  le  chaînon  des  Albéi^ 
d'une  manière  sensible.  On  reconnaît  à  sa  base  des  traces  évideoiev 
de  ce  mouvement.  Cletle  dislocation  pitxluit  cette  ride  de  ooUiiice 


$ableu9€s  011  aigikusea  qui  looge  les  deux  rives  du  Tech  en  t'éU- 
yant  jusqu'à  la  baut^ar  de  ViUelopgue-dehhinoDts. 

L'effort  intérieur  qui  s'est  propagé  le  long  de  la  Médilerraoëe, 
ayec  des  inteusités  variables,  seloo  les  résistances  des  couchet  qui 
le  trausmettuient,  s'est  en  parUe  amorti  oontre  les  roches  solides 
et  compactes  qui  forment  la  base  des  Alberës  déjà  montueiises  à 
cette  époque. 

Constitution  géoilogique  ^t  minéralogique.  —  Les  temins  de 
Irjiiisitipa  ou  paléozdiques  et  les  roches  azoiques  sont  les  seuls 
dépôts  «ti^atiûés  qui  se  montient  sur  les  hauteurs  des  Alberès.  Les 
divers  dépôts  pnt  été  soulevés  par  la  dislocation  du  sol  qui  a  donné 
une  première  forme  au  chainou.  Ce  sont  des  gneiss»  des  mica- 
schistesj  des  schistes  ou  phyllades  aux  couleurs  vertes  ou  bleues^ 
et  des  c^lc^res  cristalliqsp  On  y  trouve,  associés  à  ces  roches  ou 
au  graoîte,  de  U  tourmalioe  cristallisée,  des  cristaux  de  feldspath» 
des  grenats  cristallisés,  opaques  et  violacés,  des  lames  de  mica, 
du  quartz  hyalin,  du  quarts  compacte  et  des  minerais  métalli- 
ques. Ppur  étuclier  dans  un  ordre  régulier,  et  aussi  rapidement 
que  possible,  la  constitution  géognostique  du  chaînon  des  Alberèa, 
suivons  les  divei*ses  couches  stratifiées,  qui  se  montrent  à  décou- 
vert à  ^  base,  jusqu'au  granité  qui  les  a  disloquées  par  son 
épancbement  ou  sop  éjection  vers  l'extérieur*  Dans  les  différentes 
vi^Uées,  les  mêmes  dépôts  se  retrouvent  presque  à  la  même 
hauteur,  avec  des  caractères  identiques  de  composition  chimique 
e(  de  reli^tipns  stratigraphiques  ;  de  sorte  que  l'étude  complète 
d'une  petite  vallée  fait  connaître  la  constitution  de  l'ensemble  du 
cb^ipon. 

Tran^of  tons-nous  4'abord  daqs  la  petite  vallée  de  la  Roque  des 
Alberès,  au  centre  du  chaînon.  Le  village  est  bâti  entr«  deux 
hautes  colUnes  diluviennes  formées  d'argiles  compactes,  plastiques, 
k  teintes  jaunâtres,  couronnées  par  des  dépôts  de  cailloux  quart- 
^ox  ou  granitiques. 

En  sortant  du  village  de  la  Roque  pour  se  diriger  vers  le  sud, 
la  première  roche  que  l'on  trouve  en  place  est  le  schiste  de  trao* 
silion,  qui  se  montre  dans  toutes  les  dépressions  du  sol  et  sur 
toii$  les  points  assez  profondément  ravinés  pour  mettre  la  roche  à 
d^^ouv^. 

Ce  schisie  bleuâtre  ou  verdâtie  se  nuance  parfois  de  couleurs 
rougeâues  ou  ocreuses  qui  dénotent  la  présence  du  fer  et  des 
pyrites  en  décomposition.  Sur  ce^ns  points  il  s'ipnprègne  d'élé- 
mfi'pta  quaftzeux  qui  augmentent  sa  dureté  et  sa  compacité;  il  nt 
se  divise  pas  aisément  en  feuillets,  et  prend  des  conlowniemtnii 


\h%  SÉAlfCB    DU    10    DÉCIMBBR    1801. 

et  des  plitsenienls  sttir  de  larges  surfaces.  Le  schiste  de  transition 
affleure  jusqu'à  U  hauteur  de  la.  foun  de  l'aram  (1)  eD  plongeaut 
de  60  degrës  vers  le  nord,  60  degrés  est. 

Le  schiste  forme  le  lit  de  la  rivière  dont  le  courant  a  naé,  lime, 
corrodé  la  roche,  rompu  et  emporté  les  solides  barrages  qu*cUc 
formait;  par  son  poids^  il  a  miné  le  schiste  et  creusé  dans  n 
masse  des  cavités  arrondies  comme  dos  caves. 

Le  schiste  est  recouvert  par  de  puissants  dépôts  déCriciqaet 
formés  de  cailloux  de  granité,  gneiss,  quartz,  schistes,  mais  sur- 
tout granité  et  gnei«s.  L*arrangemeiitde  ces  cailloux  indique  qa'ib 
se  sont  déposés  en  dehors  d*une  eau  Iranquille.  Ils  sont  placés 
sans  ordre,  sans  stratiûcation  les  uns  par  rapport  aux  aalres;  les 
gros  sont  mélangés  avec  los  petits.  Ils  sont  légèremeut  arrondisi 
leurs  angles  un  peu  émoussés  ;  à  leur  forme  on  reconnaît  qu'ils 
n'ont  pas  été  longtemps  roulés.  On  dirait  des  dépôts  plulAt  gla- 
ciaires que  diluviens. 

Le  schiste  paléozoïque  m'a  donné  à  l'analyse  chimique  de 
l'alumine,  de  la  silice  combinée  et  du  quartz  libre,  du  fer  à  Tëlaf 
de  sulfure,  des  traces  de  plomb,  etc.  , 

A  la  hauteur  de  la  foun  de  l'aram  le  schiste  est  recouvert  par 
une  espèce  de  greisen  ou  d'iiyalomicte  essentiellement  casn' 
posée  de  quartz  et  de  mica.  A  la  loupe,  on  distingue  très  bien  k 
quartz  en  cristaux  à  angles  émoussés,  avec  l'éclat  de  la  siliec 
cristallisée;  le  mica  est  blanc,  d'un  aspect  argentin,  eu  pftilji 
lamelles  nacrées,  mais  il  est  peu  abondant.  Sur  certains  poinls 
on  distingue  cependant  des  traces  de  feldspath;  sur  d'anlres  lar 
roche  s'est  imprégnée  d'un  élément  ferrugineux  qui  lui  dcWS' 
une  teinte  ocreuse  ;  parfois  elle  passe  à  un  gneiss,  sans  jaiMis 
pourtant  affecter  franchement  la  structure  de  celte  roche  g^ 
nitolde.  ,  :'•> 

J'ai  distingué  dans  cette  roche,  à  l'aide  du  microscope,' ^jdes 
cristaux  très  petits,  groupés,  d*un  vert  très  franc  ;  j'ai  cru  devairlUt 
rapporter  à  l'émeraude?  J'y  ai  encore  vu  des  cristaux  nous  etcW- 
sivement  petits,  dont  je  n'ai  pu  délerniinei*  l'espèce  minérale^  «' 

Bientôt  la  roche  que  je  viens  de  déciire  passe  à  un  micastïhiil^ 
incliné  comme  elle  vers  le  N.  60*'  £.  Ce  micaschiste  est  fiasilef^ 
feuilleté,  un  peu  friable  à  la  surface,  divisible  en  tablettes.  Sa  cd<t' 
leur  générale  est  le  blanc  gris,  mélangé  de  teintes  jaunâtres  ou 


(I)  Terme  du   pays,  qui  signifie   fontaine  do  cuivre.  C'est 

source  acidulo-ferrugineuse  qui  sourd  au  pied  d'an  puissant  esoarbe-' 
ment  détritique. 


NOTE    UK    H.    NOtiUlîS.  149 

verdâ(re8.  Par  ses  lissures  ou  ses  plans  de  rupture  a  pënétré,  posté- 
rieurement à  son  dëpôt,  un  principe  ferrugineux  qui  colore  quel- 
ques-uns de  ses  points  d*une  manière  plus  vive.  Du  reste,  les  eaux 
acidulo-ferrugineuses  qui  sourdent  si  abondamment  dans  le  val 
Ion  peuvent  donner  l'explication  de  cette  métamorphose.  A  par* 
tir  de  la  hauteur  de  lus  Bnllayras^  jusqu'à  la  prise  d'eau  qui  ali- 
mente les  moulins  de  la  Roque,  on  voit  constamment  affleurer  le 
micaschiste  ou  le  gneiss. 

Ce  gneiss  qui  a  une  tendance  à  se  diviser  en  gros  feuillets  ou  en 
tables  épaisses,  par  ses  brisures  ou  par  les  dislocations  de  ses  plans, 
forme  à  la  prise  d'eau  même  des  escarpements  rapides  et  pitto- 
resques. Sur  la  rive  gauche  de  la  rivière  s'élèvent  des  masses 
gnejssiques  passant  à  un  granité  stratifié  dont  les  pentes  verticales 
montrent  les  précipices  connus  dans  le  pays  sous  le  nom  d^cscar- 
rancas. 

Ce  gneiss  ou  granité  stratifié  que  je  viens  de  signaler  est  forte* 
ment  disloqué;  Tensemlile des  couches  incline  vers  le  nord;  quel- 
ques-unes sont  verticales;  d*autres  ont  été  renversées  et  se  mon- 
trent avec  une  inclinaison  anormale  vei-s  le  sud.  Sur  certains  points 
le  gneiss  passe  au  micaschiste.  Son  mica,  disposé  en  rangées  sensi- 
blement parallèles,  est  noir  ou  gris  noirâtre  ;  parfois  il  prend  des 
reflets  d'un  vert  très  pAle  ;  le  quartz  s'y  montre  avec  son  aspect 
vitreux  et  translucide;  il  est  relativement  peu  abondant.  Le  feld- 
spath orthose  est  le  minéral  dominant;  il  prend  en  général  la 
structure  lamelleuse  ;  ses  lames  nacrées  blanches  ou  légèrement 
colorées  en  jaune  terne  paraissent,  à  la  loupe,  comme  un  groupe- 
ment de  petits  cristaux. 

Sur  certains  points,  la  roche  granitolde  passe,  par  l'altération  de 
ses  éléments,  à  une  pegmatite  grossière.  Le  quartz  est  devenu  opa-^ 
que,  le  feldspath  blanc ,  d'un  éclat  mat  et  sans  structure  lamel- 
leuse bien  distincte. 

En  remontant  la  rivière  de  la  Roque,  on  atteint  bientôt  un  gra- 
nité porphyrolde  qui  s'est  épanché  à  travers  le  micaschiste  et  le 
gneiss.  Par  son  épanchement  il  a  dérangé  la  direction  primitive 
de  leurs  couches  qui  plongent  d'environ  65**  vers  le  S.-O.,  tandis 
que  lear  plongement  normal  est  vers  le  N.  ou  le  N.-E. 

Certaines  parties  de  sa  niasse  sont  constituées  par  du  granité  à 
petits  grains  avec  mica  noir,  feldspath  lamelleux  blanc  gris  et 
quartz  vitreux  semi- transparent.  Mais  à  côté  de  ces  éléments 
assez  finement  divisés  se  montrent  de  gros  cristaux  d*orthose 
d*un  blanc  jaunâtre  ou  d'un  gris  très  mat,  enclavés  au   milieu 


150  SÉANCE    DU    16    NOTBMBKI    1861. 

de  la  pâte  granitdide.  A  la  loupe  on  y  recoDDatt  ^es  criitittt 
eicessivement  petits  de  diverses  substances  inëtallifèrà. 

Le  fioint  culminant  de  la  niontigne  est  forme  par  àû  granité  i 
feldspath  blanc,  mica  noir  en  assez  grandes  lamelleè  kl  l|aârb 
opaque  on  demi-transparent. 

Toutes  les  petites  vallëes  de  fracture  de  la  chaîne  des  Alfieris 
pr^ntéût  la  méine  composition  que  celle  de  la  Rdcfuë  |  léè 
mêmes  couches  passent  de  Tune  à  Tautrc  en  s'infl^hissalîc  TëKlék 
parties  dëclÎTCs  et  se  relevant  vers  les  sonmiitës. 

Eh  certains  endroits  se  montrent  des  filons  ou  dbs  ridieft  àt 
qûârtt  blaîic  compacte,  le  plus  souvent  maculé  de  |ieUteS  tiHbës 
d'otyde  de  fer. 

Dans  le  vallon  de  Sorèile ,  parallèle  à  Celui  de  la  Rol|uë,  ait 
pont  des  forges,  â  nii -hauteur  de  Tesrarpemrnt  de  la  Hte  drbité, 
se  montre  une  couche  d'un  adcairc  cristallin  qui  parait  plob^jëlf  â 
Test.  Le  noyau  calcaire  st*mble  s'être  déposé  dans  quelcjuè  âéjfttS' 
sion  ou  dans  quelque  poche  de  scfiiste,  de  micaschiste  du  dt  ^àSill. 
G*est  probablement  un  fragment  de  la  couche  calcaii*e  qdi  se  liklH- 
trc  à  Prata  de  Molio,  Arles,  Gërct,  etc.,  et  qui  forme  une  bdflffi, 
souvent  interrompue,  sur  le  versant  septentrional  des  P^r^hëëa  dû 
RoussilloD. 

Le  calcaire  de  Sorède,  blanc  ou  d'un  blanc  bleliâtte,  aé'^M- 
sente  sous  la  forme  de  petites  lames  rhomlKlIflâles  gr6u|>8S'ik 
superposées;  Il  présente  une  particularité  remarquable  :  â  sbriiSiiB* 
lact  areb  la  roche  encaissante  il  se  recouvre  de  minces  lattifil  (Sflt 
tallines  de  feldspath.  Si  l'on  descend  dans  la  partie  des  AtlMM 
qui  côtoie  la  Méditerranée ,  on  coupe  des  tratiches  piilssàbâ^tt 
micaschistes  à  larges  lames  de  mica,  renferniHnt  pdrfolfa  dël^om- 
tatix  de  grenat  opdques  et  violacés.  La  tourthalinë  noire  ëH  Ii1([(àllll 
cHstàllideS  on  en  gros  cristaux  s'y  trouve  eilclavée  ddtift  dël  fMff 
ments  du  quartz  ;  parmi  ces  roches  anciennes  ie  pl'ë^entetft  HM 
des  cristàuï  isolés  d'orthose  jauliâtrc  à  l'aspect  hacré.  '''^* 

Ainsi  Aéht,  outre  les  schistes,  les  micaschistes ,  lé  gnfeittylll 
^t'atlitès  diVers ,  etc.,  qui  constituent  essentiellement  le  cUHHHI 
Ses  Alberès,  on  y  trouve  de  nombreux  minérâtix  acctHentètL  iail 
en  filons  ou  en  .veines,  comme  les  oxydes  et  les  sulfures  de  lovfc 
sulfure  de  plomb;  la  galène  argentifère  ,  etc. ,  soit  en  etMln 
Isolés.  »'*^{ 

jige  lia  chaînon  des  Albert* s,  —  Les  Alberès,  qui  se  rattilâlîSI 
au  Ganigou  par  les  massifs  montagneux  de  IMaureillas  ,  At  GMI 
et  d'Arles,  ont  été  fortement  influencées  par  la  dislocatiort  Uàidl 


HUTB    DB    M.    NOGUÈS.  161 

qui  a  fait  surgir  ca  groupe  de  tnonlagiies;  mais  un  seul  mouve- 
ment du  sol  n'a  pas  donné  au  cliaînoii  albërien  sou  relief  actuel  ; 
il  n'a  pris  la  configuration,  la  forme  que  nous  lut  voyons  aujour- 
d'hui qu'à  la  suite  de  quelques  i*évolutions  dont  il  porte  l'em- 
preinte évidente  et  bien  sensible. 

Les  savants  auteuis  de  la  carte  géologique  de  la  FHiice  attri- 
buent au  soulèvement  de  la  chaîne  prjticipale  des  Alpeà  le  sur- 
gissemeiit  du  motu  Cailigou  arec  ses  fohncs  actuelles.  Mais,  avant 
ce  grand  cataclysnK?,  cette  Inontague,  prescjue  là  p\ùs  élevée  ile  la 
chaîne  orientale  des  Pyrénées,  présentait  une  certaine  élétdtlon 
ainsi  que  le  chaînon  des  AlberèS  qui  eU  dépend. 

A  l'inspection  des  Albcrcs  et  du  massif  du  CànîgoU  le  géo- 
logue retrouve  partout  des  traces  incontestables  des  systèmes  du 
Morbihan  ,  du  Westmdreland  et  du  Hundsriick,  etc.,  qui  ont 
relevé  les  divers  membres  des  séries  azolqué  et  paléozolque  datis 
les  Pyrénées-Orientales.  Les  couches  anciennes  qui  composent  lés 
Alberès  (iaraissent  donc  avoir  pris ,  â  cette  épdqtie  primaire,  leurs 
inflexion^  primordiales,  quoiqu'elles  doivent  leui*  relief  actuel  à 
des  mouvements  beaucoup  plus  récents. 

Dans  les  dépressions  les  plus  profondes  des  vallées  transversales, 
dans  les  concavités  ouvertes  entre  les  plis  des  roches  anclenhes, 
nulle  part  dans  les  parties  élevées  du  chaînon  des  Alberès  on  ne 
trouve  aujourd'hui  de  trace  des  dépôts  subapennins  des  vallées  dû 
Tech  et  de  la  Tet.  Les  dépdts  marins  né  péiiètrent  pas  dans  ses 
petites  vallées  transversales  qui  étaient  donc  déjà  forlhées  ou  ou  • 
vertes  en  partie  ;  ils  ne  s'élèvent  jamais  â  des  hauteUrs  un  peu  con- 
sidérables; ils  n'arrivent  pas  à  Mauréillàs,  etâ  ^cinè  atteigncdt-ils 
\éi  premières  collines  de  Yillelongue-dels-iTibhts. 

Le  relief  des  Alberès  était  assez  htonttiëux  pour  s'élever  au-dessus 
des  baux  lorsque  les  dépôts  subatiennins  ou  pliocènes  se  ^oni 
forthés  sur  les  schistes  paléozoïques  de  la  vallée  du  Tech,  déjà 
IreletéS  par  des  dislocations  antérieures. 

Dans  les  parties  élevées  des  vallées  transversales ,  on  aperçoit 
partout  de  puissants  dépôts  dilnvieîis,  horizontaux  du  très  {)eu 
itafelinés,  qui  descendeht  dans  la  plaine.  Dans  \ts  parties  élevée^,  t;es 
dépôts  reposent  sur  les  schistes,  ou  sur  les  autres  roches  de  ti-ari- 
litioDy  ou  sur  les  roches  granitiques,  sans  que  l'on  trouve  ctitre  les 
deux  systèmes  de  couches  aucune  trace  des  marnes  et  des  grès 
fossilifères  de  la  partie  déclive  de  la  vdllée  du  Tech. 

Toate  la  série  secondaire  manque  complètement  dans  les 
Alberès,  du  Perthus  à  Bort-Vendres.  Durant  cette  longue  période 
géologique  la  chaîne  constamment  émergée  a  formé  une  île  au 


152  bfiANCB    UL'    IH    Dt4.EIIRHB    1801. 

sein  de  la  nier.  Pendant  qne  les  sédiments  marins  triasiques, 
jurassiques  et  crétacés  d'Aniélie-lcs-U.iius,  de  Gostojas  etc.,  se 
déposaient  sous  les  eaux,  une  grande  partie  du  bassin  inférieur  d^ 
Tech  était  assez  élevée  pour  être  complètement  émergée.  Ce  a*eil 
qu'une  dislocation  postérieure  qui  a  permis  à  la  mer  tl*occuper. 
par  un  affaissement  du  niveau  du  sol,  les  vallées  du  RouasilloD 
pour  dépoter  les  couches  de  Tancien  pliocène. 

L'examen  des  faits  précédents  nous  conduit  k  admettre  que  le 
chaînon  desAlberès  avait  un  relief  assez  prononcé  dès  le  coiuinea* 
cernent  de  la  période  secondaire,  où,  dès  la  fin  de  la  période  pri- 
maire, les  premiers  soulèvements  qui  Font  affecté  remonteot  i  la 
période  paléozoïque  ou  de  transition.  Mais  ces  dislocations  an- 
ciennes ne  lui  ont  point  donné  sa  forme  et  sa  hauteur  actuelles. 

Lorsqu'on  étudie  le  terrain  terliaiie  supérieur  de  la  vallée  dn 
Tech,  on  s'aperçoit  que  l'inclinaison  générale  des  couches  a  lieu 
vers  le  N.,  ou  le  N.-Ê.;  de  manière  que  les  tranches  ou  les  l£Ces 
de  couches  regardent  le  Canigou  et  les  Alberès.  Cest  là  une  preuve 
que  ces  massifs  montagneux  ont  contribué  au  rilèvement  de  l'an- 
cien pliocène.  Il  a  fallu  que  les  Alberès  se  relevassent  pour  pror 
duirc  cet  effet  sur  les  couches  de  leur  base. 

De  tous  ces  faits  il  faut  conclure  que  le  relief  actuel  du  chaînon 
des  Alberès  a  été  produit  par  la  dislocation  qui  a  soulevé  et  H^rfmgf 
les  couches  marines  de  l'ancien  pliocène  à  la  base  des  PyrénAesr 
Orientales  et  au  pied  des  Apennins.  Tout  le  monde  sait  que  M»  WJt 
de  Beaumont  attribue  ce  mouvement  du  sol  au  surgisseinenl  iê 
la  chaîne  principale  des  Alpes. 

Outre  ces  soulèvements  qui  ont  imprimé  les  grands  traits  dn 
tableau,  on  recounait  dans  les  Alberès  de  petites  lignes  de  dislo- 
cation qui  n'ont  pas  influencé  l'ensemble  de  la  chaîne. 

Une  étude  attentive  des  crêtes  saillantes  et  des  lignes  de  dislo- 
cation du  Houssillon  montre  la  complication  de  plusieurs  soulè- 
vements. Chacun  de  ces  mouvements  du  sol,  lents  ou  rapide  m 
fourni  un  trait,  une  ombre,  un  accident  au  tableau.  Lesmasaifr 
montagneiu  des  vallées  du  Tech  et  de  la  Tct  ont  reçu  quelqnaiN 
unes  de  leurs  formes  à  chacun  des  divers  soulèvements  qui  onfiaM 
primé  leurs  caractères  aux  Pyrénées;  mais  c'est  la  dislocation  qgà 
a  fait  émerger  les  dépôts  siluriens  et  dévouions  qui  a  relevé. l|f 
Alberès,  depuis  lors  restées  coustannncnt  émergées. 

£n  résumé,  les  Alberès  ont  pris  un  relief  niontueux 

nonce  dès  la  période  paléozoïque ,  mais  la  dislocation  de  la        

principale  des  Alpes  qui  a  relevé  les  dépôts  subapennins  a  dondé^ 
au  chahion  toutes  ses  formes  actuelles.  .^ 


NOTE    01    M.    LAUGIL.  *  153 

M.  Albert  Gaudry  coroinuuiquc  Textrait  suivant  d'une  lettre 
de  M.  Boucher  de  Perthes  sur  les  haches  trouvées  dans  la  craie 
remaniée. 

Extrait  d^une  lettre  de  M.  Boucher  de  Perthes  à  M»  Albert 

Gaudry. 

J'ai  trouvé  à  12  mètres  de  la  superficie  et  à  4  mètres  au-dessous 
du  banc  de  sable  ferrugiDCUi  contenant  les  os  A'Elephas  un 
banc  de  1  à  2  mètres  de  craie  vierge,  mais  brisée,  dominant  la 
craie  en  table.  Dans  cette  craie  brisée,  mais  redevenue  dure,  j'ai 
recueilli  de  nombreuses  haches  recouvertes  d'une  épaisse  potine 
jaune,  souvent  roulées,  mais  après  la  formation  de  cette  potine. 
J*ai  vu  de  ces  haches  tellement  adhérentes  à  la  craie,  qu^on  a  peine 
à  les  en  séparer.  Dans  cette  craie  qui  est  au-dessous  du  niveau  de 
la  Somme,  ces  os  fossiles,  si  communs  à  h  mètres  au-dessus,  sont 
fort  rares  et  toujours  brisés. 

J'ai  trouvé  à  Mencbecourt  dans  le  banc  supérieur  aux  haches 
une  coquille  qui  est  bien  certainement  la  Cyrena  fluminalU  du 
Nil  ;  M.  Lyell  Ta  reconnue  comme  telle. 

II.  Deshajes  annonce  que  M.  Zejszner  vient  de  publier  une 
note  sur  des  fossiles  trouvés,  en  Pologne,  dans  le  terrain  cal- 
lovien,  et  semblables  à  ceux  de  MontreuiUBeilay,  décrits  par 
MM.  Edm.  Hébert  et  Eug.  Deslongchamps. 

M.  Laugel  fait  la  communication  suivante  : 

Note  sur  Vdge  des  silex  et  des  grès  dits  ladères; 

par  M.  A.  Laugel. 

Dans  son  Histoire  des  progrès  de  la  géologie,  M.  d'Archiac 
eiprime  l'idée  qu'il  y  aurait  un  très  grand  intérêt  à  débrouiller 
les  terrains  superficiels  du  département  d'Eure-et-Loir,  pour 
compléter  la  classification  des  couches  tertiaires  les  plus  récentes 
du  bassin  parbien,  et  pour  en  saisir  le  lien  avec  les  formations 
qu'il  nomme  quaternaires. 

Je  ne  me  flatte  point  de  pouvoir  répondre  au  vœu  du  savant 
académicien  ;  je  crois  cependant  avoir  réussi  à  jeter  un  peu  plus  de 
joiur  stu:  certaines  formations superGciellcs  du  département  d'Eure- 
et-Loir  et  des  départements  voisins,  dont  l'étude  offre  d'assex 
graudes  difficultés;  dans  celte  note,  je  veux  revenir  sur  la  forma- 


15â  SÉANCE    DU    16    DÉCIXBBK    1861. 

tion  à  laquelle  j*ai  donne  le  nom  à'argilr  a  sUex  dam  man  îtU» 
moire  sur  l€t  géologie  du  département  d'Eure-et-Loir  {BatL  de  £é 
Soc.  géoi,y  2* série,  t.  Wll,  p.  316).  En  traitant  de  ce  terraûitlc 
disais  dans  ce  mémoire  : 

«  Je  pense  donc  que  la  partie  inférieure  du  terrain  est  «f  ndiro- 
nique  du  calcaire  de  Beauce,  et  que  la  partie  supérieure  seule  tait 
contemporaine  des  argiles  a  meulières  supérieures.  Ce  terrain  o*eflt 
pas  une  simple  décomposition  de  la  craie,  puisqu'il  reeoatrs  sou- 
vent des  assises  tertiaires  et  même  jurassiques;  il  a  sa  place  Mar- 
quée dans  les  terrains  tertiaires,  et  doit  être  subdÎTÎsé  em  éewà 
parties  dont  le  contact  est,  du  i*este,  aussi  difficile  à  déHaiiltr 
exactement  que  celui  du  calcaire  lacustre  et  des  argiles  à  mm* 
Hères  supérieures  qui  en  sont  les  termes  correspondants.  » 

Tandis  que  Téta^je  inférienr  de  l'argile  à  silex  est  formé  d*Unfe 
argile  plastique  grise,  violeuc,  blanche,  rose  ou  rouge,  traversée 
par  des  lits  réguliers  de  silex  tuberculeux  tout  semhialdes  à  efenx 
de  la  craie,  Tétage  supérieur  contient  ordinairement  dès  silex  ploi 
petits,  brisés,  et  des  dépôts  de  ^ablc  s;ranitique  irrégalièrs.  Ces 
sables  sont  très  abondants  dans  les  forets  de  la  Fcrté-Vidame  et  de 
Senonches,  et  dans  tous  les  environs  de  Ghâteauneuf. 

La  coupe  suivante,  prise  à'ia  Croix  de  Vcrigny,  près  de  la  feréc 
de  Bailleao,  montre  la  superposition  des  sables  à  l'argile  à  aîUs  : 

a.  Banc  d'argile  sableuse,  d'un  mètre  d'épaisseur,  psssant  à 

b.  Sable  ronge  et  jaune,  devenant  dans  le  bas  blanc  ou  viol 

très  fin  et  doux  au  toucher,  d'épaisseur  irrégulière,    ri 
sur  l'argile  à  silex  ordinaire. 


Des  sablières  analogues  se  retrouvent  dans  un  très  grand  D4 
de  localités,  à  Fouville,  è  Laleiix,  au  Belluet,  au  Nage;  à  Id  B6toBC, 
à  JVloulu,  à  Rijonnettc,  dans  les  bois  de  Lévaviile-Saint-SauTcar, 
àAunay-sous-Grécy,  à  Sainl-Marlin-de-Lezeau,à  Saint-MaxÎBMf- 
â  Hauterive,  filévy,  Groulu.  sur  la  route  entre  Dighy  et  CHftltieii 
à  Groualu  et  firéherville.  —  Dans  cette  dernière  sabllèrtl^' MB 
2  mètres  de  Sable  rouge,  se  trouvent  10  mètres  de  sable  IïHhKI 
sous  lesquels  on  retrouve  l'argile  à  silex .  ;  •**^  ' 

A  mesure  qu'on  s'éloigne  de  la  forêt  de  Scnonclics  et  «(if ' 
rapproche  de  Chartres,  il  semble  que  les  sables  dcviennéiit  Hk^ 
en  plus  fins.  Autour  de  cette  ville  ils  sont  en  beaucoup  dri 
représentés  par  des  grès  lustrés,  à  eassure  conchoïdale ,  ttèil 
formés  de  petits  grains  anguleux  de  quartz  relies  par  un  tAï 
siliceux.  Ces  grès  ne  s'observent  généralement  qu'en   blotUfi 
portent  dans  le  pays  le  nom  de  ladèrcs;  la  plupart  des  pluâ 


NOTB    DB   H.    LAUCBL.  156 

mineux  ont  servi  aux  cérémonies  drnidique^  dans  le  temps  où  la 
ville  de  Chartres  était  le  centre  religieux  lë  pltks  ini)ibrtânt  de  la 
Gaule,  et  il  n'est  pas  étonnant  qu'ils  aient  jusqu'à  préseht  attiré 
l'altention  des  archéologues  plutôt  que  celle  des  géologues. 

De  nombreuses  observations  m^ont  convaincu  que  la  plupart  de 
ces  grès  sont  en  place,  et  que  lëft  ladères  sont  les  tieprésefitahth  dèà 
sables  des  forêts  de  Seiibnches  et  de  Châteaùneuf,  et  en  géhéfrâî  de 
l'étage  sopérieur  de  l'itr^^ilé  â  silex. 

Sûr  la  toute  de  Charti'es  I  Gallardon,  oh  aperçoit,  ati  deU  dU 
fdtibourg  Saint-Barthélémy,  des  blb^  de  grès  siliceux  qui  aiir- 
gissent  Hn  limou  des  plateaux  vers  la  ferme  de  la  Baulièré;  tin 
pèû  au  delà,  â  Archevilliers,  j'ai  recueilli  les  deux  coiipes  Suivâhtes 
danï  des  excavations  d'où  l'on  retire  du  sable  : 

Première  coupe, 

a.  GrÂB  ladère  en  rognons  à  surface  arrondie  et  en  apparence  usée 

dans  une  argile  plastique  grise;  couche  de  40  centimètres 
d'épaisseur. 

b.  Argile  grise,  tâcHée  de  roiige. 

Deuxième  coupe, 

n.  Argile  blanche  plastiquOi  môlée  de  sable  dans  la  partie  infé* 
riebre,  et  renfermant  des  plaques  et  des  rognons  de  grès 
ladère;  épaisseur  de  4  à  2  mètres. 

b.  Sable  blanc  très  fin,  contenant  (les  plaques  de  grès  etdes  rognons 
tuberculeux  et  mamelonnés  de  sabte  à  demi  endurci. 

Ces  rognons  de  grès  ont  des  dimensions  très  variables  ;  iU  soui 
quelquefois  gros  comtiie  \à  main,  et  parfois  deviennent  d'énormes 
bfocè  de  pliis  d'un  métré  de  diamètre. 

Près  d'ÂrchevilHeri  est  dti  petit  bois  situé  de  Tauti-e  c6té  de  la 
rbute  dëNogent-le-Phâye;  dans  des  excavatiôris  qui  y  sont  du- 
vfertci,  jMI  vu  de  haut  en  bas  : 

a.  Argile  très  plastique,  rou^e  et  blanche;  épaisseur  4  mètre. 

b.  Sable  fin  blanchâtre,  veiné  de  rouge. 

Tout  autour  de  ces  excavations,  on  vrtit  à  la  surface  du  sol  des 
fragments  de  grès  ladères,  au  milieu  des  silex  ordinaires. 

Les  sables  et  grcs  s'étendent  jusqu'à  Nogent-le-Phaye,  et  on  re- 
trouve des  rognons  et  des  blocs  de  ladère  aux  environs  de  ce  vil- 
lage. Sur  la  route  de  Nogent-le-Phaye  à  Houvillc  sont  des  sa- 
blières contenant  des  couches  de  grès  ladère  ;  le  sablon  siliceux  y 
est  ordinairement  grisâtre  et  assez  grossier.  Les  sables  y  sont  re- 
couverts d'une  argile  grisâtre  très  plastique,  que  je  .rapporte  au 


156  »£ANCK    ut    10    DÊt.KMRKE     L>oi. 

limon  des  plateaux,  de  inèinr  que  rar^^ile  blanche  dWrchcTillien 
et  Targile  exploitée  comiiic  terre  de  pi|>e  à  l^oiavilliera  au  nord  de 
Chartres. 

Près  de  Sours,  bâti  sur  le  calcaire  siliceux,  est  le  hameaa  de 
Ghandre,  qui  se  trouve  sur  le  terrain  d^argile  à  silex  et  oik  l'oa 
voit  d'énormes  blocs  de  ladère  disséminés  sur  le  sol. 

Éloi(pions-nous  de  Chartres  dans  une  autre  dircctioo,  vcn  le 
hameau  de  Ver,  si  remarquable  |Yar  ses  pierres  druidiques,  toutes 
formées  de  ladère  siliceux  ;  ces  blocs  ont  inalheureuaeinent  été 
longtemps  exploités  pour  pavés,  et  il  n*en  reste  plus  qu'un  nombre 
relativement  assez  restreint.  En  suivant  la  vallée  de  TEure,  de 
Chartres  à  Morancez,  on  longe  des  vci-sants  entièrement  forméi 
par  l'argile  ik  silex  supérieure  à  la  craie;  à  partir  de  Morancn 
juM^u'àVer,  ces  versants  s'abaissent,  et  le  terrain  est  formé  de  cal- 
caire siliceux  ;  en  approchant  du  villa(;e,  on  voit  des  blocs  de  la- 
dère disséminés  sur  le  calcaire  marneux,  su  itou  t  autour  de  Piem- 
Pesant,  dont  le  nom  seul  indique  la  présence  d'un  monument  cel- 
tique ;  à  Loche,  ces  blocs,  tics  numbi*eux,  re|)osent  sur  le  terrain 
d'argile  k  silex  ;  on  en  aperçoit  encore  beaucoup  dans  le  fond  de  la 
vallée,  entre  Loche  et  la  Yarenne,  et  l'on  peut  à  peine  les  oonai- 
dérer  comme  erratiques,  tant  ils  sont  à  petite  distance  de  leur  gi« 
sèment  primitif.  En  suivant  le  chemin  qui  va  de  la  Varenne  â 
Barjou ville,  et  jusqu'à  Chartres  même,  on  rencontre  constamment 
au  milieu  du  limon  des  plateaux,  ou  dans  les  plis  de  terrahiinr 
l'argile  à  silex,  des  blocs  et  des  fragments  de  grès  ladère,  k  canUM 
lustrée. 

Mais  c'est  surtout  aux  environs  de  Bonneval,  sur  la  ronie  di 
Chartres  à  Châteaudun,  que  la  formation  des  ladères  se 
dans  tout  son  développement.  Quelques  coupes  feront  bien 
piendre  le  gisement  et  les  relations  de  ces  grès  avec  le  oalouiin  4ê 
Beauce.  En  voici  une  prise  à  coté  de  la  ferme  Girault,  aar  b 
chemin  de  Bonneval  à  Vilieteigneux  :  :•'.  -^ 

//.  Argile  brune  contenant  des  rognons  de  grès  ladère  et  deé  bibâ 
de  4  mètre  de  diamètre;  épaisseur  4  mètre.  =^~  -; 

h,  Marne  blanche  lacustre.  ,  •" 

A  Vilieteigneux,  on  voit  dans  de  grandes  excavations  : 

a.  Argile  rouge  (7  à  8  pieds)  remplissant  les  aufractuositéi  dé  vh 

surface  ravinée  de 

b,  Marne  argileuse  blanche  (42  à  4  5  pieds)  veinée  de  jaune  clsîri 

très  douce  au  toucher,    contenant  des  rognons  siliceuaTli 

passant  dans  le  bss  à  une  argile  compacte.  '''«* 

e.  Siiex  empâté  dans  une  argile  rouge  (argile  â  silex  ordinaireV* "^L 


ffOTl    OK    H.    LAUGEL.  457 

De  la  Tuilerie  à  Trizay,  on  aperçoit  beaucoup  de  fragineoU  de 
grès  ladère  et  quelques  blocs  de  ce  grès.  En  amvant  à  Trizay  on 
aperçoit  la  marne  blanche  sous  deux  pieds  d'argile  brune.  La 
marnière  de  Vilbon  donne  la  coupe  suivante  : 

ft.  Argile  brune  sans  silex  ;  épsisseur  50  centimètres. 

b.  Môme  argile,  avec  silex  et  blocs  de  ladère,  remplissant  les 
anfractuosités  de 

r.  Marne  argileuse  d*6au  douce,  blanche»  douce  au  toacher,  con- 
tenant des  veines  irrégulières  d'une  argile  plastique  d'un  vert 
pftle. 

Eu  montant  du  moulin  de  Groteau  vera  la  route  de  Qiarires  à 
fionneval,  on  arrive  à  de  nombreuses  carrières  de  ladère;  le  grès 
y  est  exploité  pour  pavé  et  pour  moellon  ;  les  bancs  ont  ici  une 
grande  épaisseur.  On  voit  très  nettement  à  la  partie  inférieure  des 
excavations  la  rocbe  formée  par  des  silex  brisés,  dont  les  frag- 
ments un  peu  anguleux  sont  reh'és  par  un  ciment  de  grès  à  pâte 
siliceuse,  à  cassure  brillante  et  conclioidale.  Ce  ciment  est 
absolument  identique  avec  le  ladère  qui  forme  la  partie  supérieure 
des  excavations.  Il  n'y  a  point  de  limite  bien  déterminée  entre  le 
poudingue  siliceux  et  le  grès  ;  on  peut  aisément  recueillir  des 
échantillons  dont  une  moitié  est  formée  de  silex,  agglutinés  en 
poudingue,  Tauti^e  moitié  de  grès  fin  sans  silex.  Or,  les  poudin- 
gués  siliceux  font  incontestablement  partie  de  la  formation  d'argile 
à  silex  ;  je  pourrais  citer  une  foule  de  localités  où  cette  formation 
en  contient;  je  me  contenterai  de  signaler  la  forêt  de  Dreux  et 
les  environs  de  la  Loupe.  Il  me  parait  donc  nécessaire  de  faire 
rentrer  également  dans  la  formation  d'argile  à  silex  les  ladères 
de  Bonneval  et  ceux  des  environs  de  Chailres,  avec  les  sables  qui 
les  renferment. 

Entre  Bonneval  et  Anjouville,  on  voit  les  ladères  en  blocs  au 
milieu  du  limon  des  plateaux,  surtout  aux  environs  de  Mon iboîasier 
et  du  Perruchay,  où  cette  pierre  est  exploitée  pour  pavé  et  où  l'on 
peut  également  bien  observer  le  passage  du  poudingue  siliceux 
au  grès  proprement  dit. 

Près  de  Yoves,  on  aperçoit  aussi  des  ladères  associés  à  la  forma- 
tion de  l'ar^plc  à  silex.  A  Tentrce  de  Sazeray,  bourg  situé  près 
de  ce  village,  le  passage  de  l'argile  à  silex  au  grès  est  très  visible  ; 
des  poudingues  siliceux  formant  des  bancs  puissants  sont  cimentés 
par  le  grès  qui  en  certains  endroits  s'isole  et  forme  des  roches  de 
ladère.  Ici  encore,  ces  matériaux  résistants  ont  fourni  les  pierres 
druidiques  répandues  en  assez-  grand  nombre  sur  la  route  de 
Rouvray-Saint-Florentin  et  aux  environs  de  ce  village. 


168  SÉAIICI   DU    10    DfiaUlBBB    1801. 

Eotrc  MoQtaînvJllc  et  Mealay-lc-Yidaiiie,  une  vuamière  dite  du 
fiois-Joli  foun^it  une  coupe  intéressante  en  ce  q^'eUe  inoatra  U 
superposipon  de  l'argile  à  silex  supérieure  sur  le  cfiloaim  df 
fieauce.  On  aperçoit  en  allant  de  haut  en  baa  s 


a.  Terre  argileuse   remplie  de  silex   bruns  et  jaunes  ;  épaû 

60  centimètres. 

b.  Argile  grise  et  blanche  compacte  avec  silex  ;  épaîaaanr  i  mèties. 

c.  lUrnê  lacustre  avec  bancs  siliceux  jaunAtrei  plna  dan. 

Avant  de  tirer  des  conclusions  générales  de  cet  ensemble  d'ob- 
servations, je  dois  faire  remarquer  que  les  poudinguee  de  grèpie 
retrouvent  en  beaucoup  de  points  sur  toute  la  surface  du  temîp 
miocène,  qnî  occupe  une  si  vaste  étendue  dans  l'ouest  de  U  Prancee 
Voici,  par  exeinpie,*'unc  coupe  prise  près  de  Château-Regnaulty  A  k 
Tuilerie,  sur  la  route  de  Vendôme  : 

a.  Terre  végétale  avec  silex  et  rognons  de  grès  ladère;  épainewr 

48  centimètres, 

b.  Argile  blanche  plastique  contenant  quelques  silex. 

c.  Marne  d*eau  douce,  appartenant  à  la  formation  du  calcaire  db 

Beauce. 

Les  couches  a  eib  représentent  dans  cette  coupe  Targil^  1^  wkl^ 
supérieure.  Ou  peut  rapporter  eucore  à  cet  étage  les  poudiugncidl 
silex  à  ciment  de  grès  lustré  de  la  grande  iorèt  de  Chioqn».  0|H 
des  Landes  de  Ruchard  qui  eu  sont  la  coutinuation.  0&iiiË|3w% 
je  citerai  lespoudingues  à  ciment  de  grès  de  la  forêt  d^Ey^tp^ 
où  des  blocs  réunis  forment  \?l  pierre  courcoidée  qui  m^aété  tima|j| 
par  M.  Élie  de  Beauuiont,  et  les  poudingues  et  grès  de  Lyoïi^  dÉ 
Broglie,  etc.,  très  exactement  indiqués  sur  la  carte  de  rEaçgS 
M.  Antoine  Passy,  qui  les  rapporte,  ù  tort  selon  moi,  à  la  périnl' 
diluvienne.  '   * 

Sans  recbeixher  d'autres  exemples,  je  me  crois  autoriaé  A  Itaf 
de  iT^es  observations  les  conclusions  suivantes  :  •  ç; 

l°La  formation  d'ar^jile  à  silex  est  formée  de  deux  étagea.  ..iv. 

2''  L'étage  inférieur  est  synclironique  du  calcaire  de  Beauoe,.  \^^ 

y  L'étage  supérieur,  contemporain  des  argiles  à  myuiî^yq^:|a. 
périeuret,  est  venu  recouvrir  également  la  surface  raTioéc;  dk 
calcaire  de  Beauce  et  de  l'argile  à  silex  infcrieure. 

k**  Les  poudingues  siliceui  û  pâte  de  grès  lustré,  et  les  grèa^iH' 
ladères^  appartiennent  à  l'étage  supérieur. 

En  adoptant  cette  manière  de  voir,  on  comprend  aisémeiit  oyf 
partout  où  les  deux  étages  de  l'argile  à  silex  sont  en  contact  djr^ 
la  limite  en  aoit  très  peu  Uanchée,  bien  qu'il  soit  cependant 


NOTE   Dl    M.    LAUGBl/  159 

(le  remarquer  en  géuëral  au*de8SU8  d'HP^  loue  inférieure  où  les 
silex  sont  très  gros,  tubei-ciileux,  en  bancs  horizontaux,  une  autre 
zone  où  ils  sont  plus  petits,  plus  rapprochés,  et  paraissent  avoir 
subi  un  remapienifpt  Lea  grès  et  poqdipgues  siliceux  jouent 
dans  ces  aft*giles  supérieures  le  inén^e  rôle  que  les  meulières  dans 
lesar^jiles  à  meulières  supérieures  du  bassin  parisien.  Les  grands 
courants  qui  ont  décomposé  le  calcaire  lacustre  et  ont  laissé  comme 
trace  les  argiles  et  les  meulières  sont  venus  expirer  sur  des  plages 
où  ils  ont  déposé  ces  sables,  qui,  aujourd'hui  consolidés,  se  pré- 
sentent sous  la  forme  de  ladères,  et  qui,  mêlés  aux  silex  qu'ils 
ont  cimentés,  forment  aujourd'hui  des  poudinguès  siliceux.  Il  y 
a  eu  là  un  phénomène  unique,  avec  des  phases  variables  de  mou- 
vement et  de  repos;  la  connexion  du  terrain  des  meulières  supé- 
rieures d*une  part  et  de  l*autve  des  argiles  à  silex  supérieures, 
sables  granitiques,  poudinguès  siliceux  et  ladèrc,  est  si  intime, 
que  le  sable  granitique  a  été  maintes  fois  signalé  dans  l'argile  à 
meulière  supérieufe,  et  que,  d'autre  part,  on  reconnaît  quelquefois 
des  débris* de  mei|iière  dans  les  poudinguès  siliceux,  ce  qui 
donnerait  à  penser  qne  vers  la  6n  de  ce  vaste  dépôt  miocène  il 
s'est  opéré  une  sorte  de  remaniement  pu  de  mouvement  violent 
des  eaux  qui  a  mélangé  des  matériaux  déjà  déposés. 

M.  Hébert  dit  que  pour  lui  Targile  à  silex  inférieure  est  bien 
plus  ancienpe  qye  ne  Tadm^i  M.  Laugel,  qui  la  place  dans  le 
calcaire  de  Beauce.  Celte  argile  pst  ëocônq  ^  elle  est  qu-dessou; 
des  sables  tertiaires,  à  empreintes  végétales,  du  Maine  et  de 
TAdjou,  qui  sont  recouverts  par  des  calcaires  lacustres  à 
Cyclostoma  miimiay  Ceriihiutn  lapidum^  Planorbis  rotundatus, 
Lynmœa  longiscaia,  etc.,  c'est-à-dire  de  Tâge  de  nos  calcaires 
de  Saint-Ouen.  C'est  en  effet  aux  calcaires  de  Saint-Ouen^  et 
non  aux  calcaires  de  Beauce,  comme  le  pense  M.  Laugel,  qu'il 
faut  rapporter  les  calcaires  lacustres  des  environs  de  Nogent- 
le-Rotrou.  M.  Hubert  présentera,  ù  la  séance  prochaine,  sur 
une  partie  des  terrains  tertiajres  de  Touest,  ^n  lr{iYail  détaillé, 
dans  lequel  ces  diverses  affirmations  seront  prouvées  de  la 
lyuinière  la  pl^s  jpconteç^ble. 


160  sêa5(;k  dl   I(>  DÊrEnnc  1S6I. 

M.  S<emann  fait  la  communication  suivante  : 

Sur  les  Anomia  biplicata   et   vesperlilio  de  Broeehis 
par  MM.  Seemann  et  Trigcr  (PI.  II). 

Les  progrès  de  la  paléontologie  n^ont  |>ai  reDoontré  de  pliM 
sérieux  obstacle  que  la  délimitation  vague  de  certaînci  espèces 
fossiles.  Les  noms  de  Terebrattda  prisât  ^Lcprœna  tiepressajTHgomm 
Costa  ta  ^  Ostrea  vesicidaris^  Lucina  tliwtricata  et  mille  autres,  tap- 
pellent  de  longues  et  ardentes  discussions  dont  les  unes  ont  trooTé 
leur  solution  définitive,  tandis  que  d'autres  restent  encore  à  l'élat 
de  questions  ouvertes.  La  Terebhuula  biplicata  est  une  des  espèces 
qui  ont  offert  les  difficultés  les  plus  sérieuses  ;  il  n*  j  a  peut-être  pas 
un  étage  des  terrains  secondaires  où  quelque  auteur  ne  TsiUcHlié  (i), 
et  ce  n*csl  que  depuis  la  publication  des  Brachiopodes  de  la  pa- 
léontologie française  et  de  la  grande  monographie  de  M.  Davidson, 
que  les  erreurs  les  plus  manifestes  ont  été  corrigées  et  la  question 
renfermée  dans  des  limites  plus  restreintes.  Son  étal  actuel  est 
cependant  loin  d'être  satisfaisant.  D*abord  les  deux  auteurs  que 
nous  venons  de  citer  ont  adopté  deux  types  différents. 

D'Orbigny  a  cru  reconnaître  dans  une  espèce  des  Glauconies  da 
Havre  et  du  grès  vert  du  Mans  Y  Anomia  biplicata  de  Broochii 
publié  dans  la  Conchiologia  fossile  subnptwnina  en  181&  en 
même  temps  que  V  Anomia  vespcrtilio  reconnue  depuis  Ion|(( 
par  M.  Desliayes  pour  une  Aliynclionelle  crétacée  d'une 
blancc  parfaite  avec  les  nombreux  individus  qu'on  en  trouve  ( 
France.  M.  Davidson  de  son  côté,  s'appuyant  sur  ce  que  rien  nV 
venu  confirmer  la  présence  des  deux  brachiopodes  en  Toscai 
n'ayant  pu  se  procurer  aucun  renseignement  sur  leur 
gisement  a  San  Quirico»  a  préféré  iV'server  le  nom  de  TrrctrmêÊdm 
biplicata  à  l'espèce  figurée  plus  tard  par  Sowerby  sous  le  mésM 
nom  (2J  et  dont  il  a  été  facile  de  retracer  l'origine  exacte.  AnjouTr 
d'iiui  on  se  procure  aisément  les  types  de  U  Tercbratida  bipiicaêm 
de  l'un  ou  de  l'autre  auteur,  mais  rinceitilude  subsiste  en 
lorsqu'il  s'agit  de  dioisir  entre  les  deux,  dont  l'indentité  ne 
paraît  pas  encore  sufiîsammeut  démontrée. 


[h)  Bull,  de  la  Soc.  géoL,  4"  sér.,  l.  IX,  p.  485  et  suiv.  ; 
d'une  discussion  entre  MM.  de  Veroeuil  et  Deshayes. 

(2)  Yoy  :  E.  Renevier,  Dates  de  la  publication  des  planc/tcs  da  im 
conchyliologie  mincrtdugique  de  la  Grande-Bretagne^  dannleSmiiHtm 
de  la  Société  vaudoise  des  sciences  naturelles,  2  mai  4  8Ba--vf^| 
Terebratula  biplicata^  pi.  90,  est  publiée  en  avril  184  5. 


NOT£    UK    MU.    S£1IANN    £T    TRIUBR.  161 

Nous  avons  donc  pcn>é  rendre  un  service  à  la  science  en  choi- 
sissant, à  l'occasion  d*un  récent  voyage  en  Ilalie,  conunc  sujet 
d'ëludc,  celle  question  quasi-liislorique,  la  seule  que  nous  pussions 
a)3order  dans  un  pays  que  nous  visitions  pour  la  première  fois  et 
dans  la  seule  intention  de  nous  instruire  de  visu, 

£n  examinant  en  premier  lieu  avec  soin  les  figures  de  Brocchi, 
il  était  facile  de  constater  que  celle  de  la  Tcrebratula  bipUcata  n'a 
aucun  rapport  avec  les  espèces  désignées  généralement  sous  ce 
nom,  ce  qui  parait  avoir  écLappé  à  tous  les  auteurs  qui  s*en  sont 
occupés. 

La  Tvnbraiuia  bipUcntti  de  Brocclii,  sa  figure  le  démontre  suf- 
tisamuieut,  rentre  dans  le  groupe  des  Ttrebratutœ  cinctof^  de 
Léopold  de  Bucli,  du  sous-genre  H'^aldheimia  qui  comprend  les 
Tcrcbrouda  di^ona ,  rornutn ,  numismaUs ,  etc. ,  et  nous  étions 
même  disposé  à  y  voir  une  Terebratitlina  echînulaUi  qui  accom- 
pagne en  France  la  Rhynchoneilii  vesjwrti/io. 

Nos  recliei  cljcs  pour  découvrir  dans  les  nmsées  de  Turin,  Bo- 
logne, Pise  cl  Florence  quelques  écliantillons  de  même  prove- 
nance restèrent  sans  résultat.  La  belle  collection  de  fossiles  de  la 
jj/eira  foi  te  exposée  au  palais  de  l'industrie  à  Florence  nous  montre 
bien  que  le  niveau  de  la  craie  blanche  existe  aux  environs  de  la 
ville.  La  faune  fossile  de  cet  intéressant  gisement,  dont  les  psam  - 
mites  ou  macignos  micacés  sont  bien  faits  pour  dérouter  le  géo- 
logue du  nord  qui  chercherait  des  analogies  pétrographiques,  nous 
rappela  tout  de  suite  le  gisement  de  Haldem  en  Westphalie  dont 
nous  avons  cru  reconnaître  les  principaux  fossiles  :  Ammonites 
jjctttmjjliu,  Turrilites  polypiocus^  Inocerainus  Ctivicri  (Goldfuss, 
pi.  m,  fig.  1),  et  bon  nombre  à'Inoceramiis  Cripsii^  mais  aucune 
trace  de  brachiopodes. 

Ce  niveau  est  assez  rapproché  de  celui  où  en  Touraine  on  trouve 
la  RhynchoncUti  vespatiUo  pour  que  son  existence  n'ait  plus 
présenté  une  anomalie  trop  frappante. 

Jjes  géologues  de  Florence  nous  assuraient  que  notre  voyage  ne 
pourrait  donner  aucun  résultat;  et,  comme  il  était  cependant  évi- 
dent pour  nous  que  leur  conviction  était  tirée  de  considérations 
générales  plutôt  que  d'une  étude  de  la  question  faite  sur  place^ 
nous  continuâmes  notre  voyage  malgré  les  renseignements  décou- 
rageants que  nous  avions  recueillis,  et  nous  nous  rendîmes  à  San 
Quirico ,  gros  bourg  et  station  postale  sur  la  route  de  Florence  à 
Rome,  à  moitié  chemin  de  Siène  à  Acquapendente. 

Nous  fûmes  bientôt  à  même  de  nous  convaincre  que  les  sédi- 
ments pliocènes  remplissent  toute  la  vallée  de  TOmbroueauN.-O. 
Soc.  géol.f  V  série,  tome  XIX.  44 


le  {>colo(;iic  qui  y  Inuivc  lics  coupes  toujours  finiiliL*»  et  Ticilcsd 
explorer.  En  dcsiciidant  vers  Pieiiza  nous  travendiiics  toute  h 
série  des  sables  j«uines  ijui  se  terminait  vers  le  bas  |uii'  des  baiMji 
calcaires,  remplis  de  hiyozo.iires  tuberculeux  (Cérioporcs)  qui,  à 
première  vue,  présentaient  des  >ectioii8  très  seiiiblaliK's  a  celli-s 
din  Muminulites.  Un  peu  plus  loin,  à  Touest  do  Pictisa,  uoiu 
arrivâmes  sur  les  art^iics  bleues  ipii  forment  la  |uirtie  iiiférieure 
de  Téti^^e  subapcnnin.  Ixs  coucbes  de  contact  avec  les  subies 
jaunes  étaient  remplies  de  bracbiopodes  :  liltymhnncUn  bi^rniéia^i 
Tcrebratidn  atnpulla  ;  le  fossile  le  plus  remai'quable  à  la  partie 
supérieure  des  arp/dcs  bleues  est  VOstrvn  n/tvictiifirts  ^  Broocbi, 
acconipa(;née  de  nombreux  cristaux  de  (;ypse.  Li  route  renioole 
ensuite  sur  la  crèlc  des  ravins,  et  ne  quitte  plus  Irs  sables  jaunes 
jusqu'à  San  Quirieo  qui  eu  est  cntoui-é  du  coté  du  nord  et  de  Test. 
A  Touest,  le  mur  d'enceinte  borde  un  fo>sc  creusé  dans  les  argiles 
hleue^,  et  au  sud  de  la  ville  une  montagne  s'clève  vers  Yî^noue. 
On  y  atteint  bientôt  une  altcrnanee  d*ar{;ile8  (prises  {scti*;ii'it  ?\  et 
de  calcaires  de  même  cH)uleur,  en  bancs  brisés  et  recolles  par  dci 
infiltratious  cristallines. 

Les  an* i les  nous  ont  présenté  en  quelques  endroits  de  iiienns 
fra^'uicnts  de  coquilles,  probablement  d*lluiires,  mais  nulle  partua 
fossile  détenu inable. 

Plus  baul,  le  calcaire  devient  plus  pur,  une  espèce  de  marbre^ 
qui  est  exploité  pour  un  four  à  cbaux. 

I\IM.  Savi  et  Mene|>biui  ont  teinté  celle  moiita(;iio  ootiiiiie  odic 
de  Follouica  entièrement  par  la  couleur  du  pliocène  ;  ils  CdoI 
conimtrnccr  le  terrain  éocènc  sur  la  rive  [;auelic  de  rOi*eia,  et 
nous  croyons  autorisé  à  considérer  noire  calcaire  cuiniue 
dé|)eudauce  de  ce  dernier  terrain,  comme  un  véritable  albéffèse. 

Pour  compléter  nos  rccberclies  autant  qu'il  était  eu  nolra 
pouvoir,  nous  avons  visité  tout  près  de  San  Quirico  une  looalili 
que  Uroccbi  cite  sous  le  nom  de  Pian  délia  J^icvr  (vol.  I,  p.  m 
de  la  seconde  édition),  et  qu'on  appelle  aujourd'bui  Pcnta  in  Piemk 
Cest  un  profond  ravin  bordé  d'un  poudiii[;ucà  éléments  aîliceoi 
qui  sert  à  Rencaissement  des  routes,  et  les  DiAroUti  de  Hix>cchi  dw 
nous  espérions  être  des  Orbitoliles  ou  des  JNiunmulites  ueaodl 
autre  chose  que  de  |K>tits  galets  de  silex  ordinairement  bien  arrandîi 
par  reli'el  irun  long  cbarriage. 

Mous  considérons  ce  }K>udin(>ue  coninie  appartenant  au  dil 
vium,  tandis  que  13ix)cclii  a  cru  y  voir  la  Ixiso  du  terrain 
pennin.  -:. 

11  résulte  de  notre  voyage  à  San  Quirico,  (jue  sur  toute  l'ciendiK 


NOTR    DB    MN.    SJBMAlfN    ET    TRfÛBR.  105 

du  terrain  que  nous  avons  parcouru  et  «étudie  sur  une  longueur 
(le  5  lieues  environ  il  existe  trois  dépôts  bien  distincts  apporte-» 
liant  à  trois  formations  différentes,  dans  lesquelles  les  bracliiopodes 
en  question  auraient  dû  se  trouver.  Or,  Brocclii  les  place  dans  le 
pliocène,  ce  qui  n'est  nullement  probable,  puisque  jusqu'à  présent 
personne  en  Italie  n'a  trouvé  aucun  de  ces  fossiles  dans  ce  terrain, 
et  que  les  figures  représentent  des  ly])es  dont  les  analogues  ne  sont 
connus  que  dans  les  terrains  secondaires.  Les  mêmes  motifs  nous 
empêchent  également  d'en  chercher  Torigine  dans  le  terrain 
éocène.  Quant  au  lias  qui  pourrait  être  le  gisement  d*une  de  nos 
espèces,  ainsi  que  nous  le  verrons  plus  tard,  nous  ajouterons  que 
les  recherches  multipliées  de  MM.  Pilla  et  deVecchi,  pas  plus 
que  les  nôtres,  pour  cette  partie  de  la  Toscane,  n'y  ont  fait  dé- 
couvrir aucun  hrachiopode.  Ce  ten-aîn,  du  reste,  ne  paraît  à 
la  surface  qu'au  delà  de  Pienza,  à  une  distance  de  quatre  lieues  de 
San  Quirico. 

A  notre  retour  à  Florence,  en  rendant  compte  de  notre  excursion 
à  quelques  membres  du  congrès  des  géologues  italiens,  nous 
apprîmes  que  la  collection  de  Brocchi  avait  été  donnée  dans  ces 
derniers  temps  au  Musée  d'histoire  naturelle  de  la  ville  de  IVIilan. 
Il  n'en  fallut  pas  davantage  pour  nous  décider  à  revenir  sur 
nos  pas,  et  cette  dernière  démarche  fut  couronnée  d'un  plein 
succès.  Le  directeur  du  Musée  de  Milan,  M.  le  professeur  Jan, 
voulut  bien  nous  aider  de  son  mieux,  et  nous  trouvâmes  en  effet 
les  deux  fossiles  étiquetés  de  la  main  de  Brocchi  avec  induration 
des  planches  et  figures  de  son  ouvrage  et  de  la  localité  :  u  San 
Quirico,  Toscan  a.  » 

Son  Anomin  vespertiUo  était  bien  une  véritable  RhynchoncUn 
vespertilio,  d'Orb. ,  et  nous  ne  conservons  pas  le  moindre  doute  que 
l'échantillon  de  Bit)cchi  ne  provienne  de  la  Touraine  ou  d'une 
localité  voisine  en  France.  La  parfaite  conservation  du  fossile  avec 
son  test,  de  cette  couleur  particulière  blanche  tirant  légèrement 
sur  le  jaune  avec  quelques  grains  de  glauconie,  indique  une  roche 
entièrement  inconmie  dans  le  terrain  crétacé  de  l'Italie. 

\J /Énomia  bipUcaia^  au  contraire,  a  toutes  les  apparences  d'une 
Térébratule  jurassique  du  département  de  la  Sarthe  ou  de  la  Nor- 
mandie ;  il  n'est  cependant  pas  possible  d'en  reconnaître  aussi  net- 
tement que  pour  l'autre  le  gisement,  parce  qu'il  y  a  des  localités 
nombreuses  en  France  qui  fournissent  des  bracliiopodes  très 
semblables  à  l'échantillon  de  Brocchi  au  point  de  vue  de  leur 
conservation. 

La  couleur  du  test  est  brune;  une  petite  cassure  à  l'un  des  angles 


166  StAMCI   DU   16   DÉCBMMI   1861. 

saillants  de  la  région  palléale  fait  voir  le  remplissage  de  la  ooquille 
qui  est  un  calcaiie  marneux  gris  jautùtrc.  Nous  devons  â  roblU 
;;cancc  do  MM.  Jan  et  Sordelli  un  nouveau  dessin,  dont  nous 
donnons  la  reproduction,  pi.  II,  et  qui  fait  apprécier  la  véri- 
table forme  du  fossile.  On  y  retonnait  que  la  forme  des  plis 
dans  la  figure  de  Rrocclii  est  exagérée  et  la  perforation  de 
la  grande  valve  restaurée.  L^originnl  piéseikte  une  cassure  qui 
a  entamé  la  perforation  et  la  fait  paraître  plus  large  qu'elle  ne 
l'est  en  réalité.  LVnsemblede  la  coquille  présente  la  forme  d'an 
ovoïde  allongé  lé{}èrcnient  pentagonal  ;  elle  est  fortement  renlMe, 
surtout  dans  la  région  cardinale  ;  ses  dimensions  sont  :  longueuTi 
30 millimètres;  hrgeur  21  millimètres;  épaisseur,  18 millimètrei, 
La  région  palléale  se  prolonge  en  deux  pointes  correspondantes  sur 
les  deux  valves  et  séparées  par  un  sinus  médian  qui  remonte  au 
tiers  de  la  longueur  des  valves;  au  delà  il  ne  reste  qu'un  aplatisse- 
ment triangulaire.  Le  rostre  de  la  grande  valve  est  fortement  re- 
courbé et  bordé  de  chaque  côté  de  i'aréa  d*une  carène  qui  ne  se 
prolonge  pas  au  delà  du  rostre  proprement  dit  (5  à  6  millimèlres), 
La  ponctuation  du  test  est  très  visible. 

Il  nous  a  semblé  tout  d'abord  évident  que  ce  fossile  présente 
un  ensemble  de  caractères  qui  ue  se  rapporte  d'une  manière  évi- 
dente à  aucune  des  ff'aldheimia  qu*on  voit  babituellement  dane 
nos  collections.  Nous  étions  porté  à  la  rapprocher  des  Terthrainlm 
coniuia  et  subUi^enaliSj  et  ce  n'est  qu'en  priant  notre  ami  M.  Bug. 
Deslongchamps  de  soumettre  l'échantillon  du  nmsée  de  MilaUf 
qu'on  a  bien  voulu  nous  confier  de  nouveau,  à  une  étude  appro- 
fondie«  qu'il  nous  est  possible  de  vider  la  question  d*une  manièft 
définitive.  Nous  allons  transcrire  textuellement  la  note  qu'il  nous 
a  remise  : 

«  Je  suis  certain  que  la  Terebratula  ùiplicata  de  Broccbi  tppaiW 
n  tient  à  la  période  jurassique.  En  la  comparant  minutieusemcal 
w  à  trois  espèces,  deux  du  lias  et  une  du  cornbrash  de  Boulogo^ 
M  sur-AIer,  on  voit  une  grande  analogie  des  formes  : 

ni''  Avec  la  Ttrebralala  cornuta  du  lias  moyen  ;  mais  cette  dtl^ 
u  nièrc  est  généralement  plus  large,  la  carène  du  crochet  plus 
»  prononcée,  unlin  nicnic  les  variétés  les  plus  allongées  de  la  7'rril- 
»  ùraiuia  cornuta  ne  se  rapportent  que  diflicilcnicnt  à  cette  co« 
H  quille. 

»  2'^  Avccla  Terebratula  indaitala  Tanalogie  est  bien  plus  fra»* 
»  pante.  Coquille  allongée,  sillon  prononcé  sur  le  milieu  des  valvca* 
n  forme  assez  recourbée  du  crochet,  carène  liien  niarquéc;  touelim 
M  caractères  paraissent  s'accorder  pour  justifier  l'idcntilication. 


NOTI   DE    MU.    8«|IAIf|l    BT    TBIGBB.  167 

r>  3"  Avec  la  Tvivbrtitula  sublagenalis ;  il  y  a  eucoi'c  beaucoup  île 
»  rapports,  mais  ici  la  coquille  est  beaucoup  plus  compriuiëe,  les 
»  deux  plis  frontaux  plus  accuses;  enfin  le  crocbct  est  bien  plu9 
»  rccouibé|  le  trou  très  petit  et  la  cai^ène  presque  uulle« 

>»  Il  u*y  a  donc  pour  moi  aucune  diQiculté;  la  TçrcbnUula 
»  bipUccita  de  Brocciii  est  exactenieut  la  TcrcbratuUi  indc/ttnta  de 
>>  Soweiby,  et,  si  Ton  voit  quelques  différences  dans  la  taille  ou  la 
»  grandeur  relative  du  crochet  avec  les  écUantillous  de  la  Nor- 
»  iiiandie,  cela  ne  doit  être  attribué  qu*à  une  légère  modification 
»  due  ix  Tinflueuce  de  telle  ou  telle  localité  sur  les  caractères  de 
»  Tespèce»  » 

Les  spécimens  de  Tcrebnitula  indentata  que  M.  Eug.  Desloug* 
champs  nous  a  permis  de  présenter  à  la  Société  comme  termes  de 
comparaison  nous  ont  laissé  encore  quelques  doutes  ;  ce  sont  des 
individus  moitié  plus  petits  que  celui  de  Brocciii,  plats,  et  ayant  les 
bords  latéraux  presque  parallèles.  Mais  depuis  nous  nous  sommes 
procuré  un  échantillon  du  lias  moyen  de  Brûlon  (département  de 
laSarthe),  que  M.  £ug.  Deslongchamps  a  rapporté  sans  hésitation 
à  la  même  Terebraitda  indentata  et  qui  lui  a  paru  convenir  en  tout 
à  la  coquille  de  firocchi,  confirmant,  dit-il,  une  fois  de  plus  cette 
règle  qui  lui  a  paru  malheureusement  trop  générale,  à  savoir  t  que 
les  brachiopodes  revêtent  souvent  pour  chaque  localité  une  forme 
particulière,  ce  qui  modifie  singulièrement  Tidée  qu'on  pourrait 
conserver  en  supposant  qae  l'espèce  peut  toujours  être  séparée  net- 
tement et  ne  jamais  présenter  qu'un  type  unique  dans  le  temps  et 
dans  l'espace.  M.  Eug.  Deslongchamps  croit  au  contraire  que  telle 
ou  telle  espèce  varie,  et  cela  dans  de  grandes  proportions,  au  com- 
mencement, au  milieu  et  a  la  fm  d'une  période  géologique;  que  la 
localité  influe  d'une  manière  très  notable,  surtout  sur  la  grandeur 
relative,  sur  la  oouleiu'  et  même  jusqu'à  une  certaine  limite  sur 
la  forme  des  échantillons,  et  que,  chez  les  brachiopodes  pas  plus 
que  diez  les  autres  animaux,  l'espèce  ne  peut  être  regardée 
comme  une  chose  fixe  et  immuable,  mais  au  contraire  qu'elle 
doit  ê|re  considérée  comme  essentiellement  variable. 

La  figure  A  de  notre  planche  représente  la  coquille  de  Brûlon 
dont  nous  venons  de  parler. 

Mous  ajouterons  à  ces  longs  détails  quelques  réflexions  sur  la 
voie  par  laquelle  les  deux  brachiopodes  ont  pu  tomber  entre  les 
mains  de  Brocchi.  Il  parait  que  Menard  de  la  (vroyc,  visitant 
l'Italie  en  1806,  avait  l'intention  de  réunir  les  matériaux  d'un 
ouvrage  sur  les  fossiles  subapennins,  projet  qui,  plus  taid^  fut 
réalisé  par  Brocchi^ 


168  HÉAIICB    BU    16   BtClIBU    1861. 

Ce  tieraier  était  à  celle  époque  professeur  (riiistoirc  nalurelle 
au  Lycée  de  Brescîa,  et  sa  réputation  déjù  établie  connue  natura- 
liste distingué  a  pu  mettre  les  deux  savants  en  rapport. 

Or,  Menardde  la  Groye  habitait  le  Mans,  et  il  est  bien  connu 
qu'il  s'occupait  de  la  manière  la  plus  active  de  recueillir  les  fos- 
siles du  département  de  la  Sarlhe  qu'il  distribuait  abondamment 
à  ses  amis  et  coiTCspondants. 

Nous  en  avons  la  preuve  dans  l'ouvrage  de  Lamarck  «  Histoire 
nainrelle  des  animaux  sans  vertèbres  »  où  le  nom  de  I^îenard  se 
ti*ouve  très  souvent  et  ordinairement  avec  des  indications  d'habitat 
si  exactes,  qu'il  a  été,  dans  ces  derniers  temps,  souvent  possible  de 
reconnaître  par  ce  moyen  certaines  espèces ,  inscrites  dans  ce 
grand  ouvrage,  que  la  phrase  descriptive  de  Lamarck  n'aurait 
jamais  permis  d'identifier:  nous  citerons  la  Tcrehratnia  spnthica^ 
Lamarck,  qu'il  a  été  facile  de  reconnaître  k  l'endroit  cité  dans 
V Histoire  des  animaux  sans  vertèbres^  et  qui  n'est  autre  que  la 
Rhy-nchonella  Tharmnnni  des  auteurs  modernes. 

Nous  avons  trouvé  encore  tout  récemment  dans  la  collection 
d'un  autre  contemporain  de  Nenard  de  la  Groye,  M.  de  GorvilJe, 
cette  même  association  d'une  magnifique  RhynchoncHa  vcspertHio 
et  d'une  TerebratuÀa  indentata^  cette  dernière  plus  semblable  au 
type  ordinaire,  qui  pourraient  bien  avoir  la  même  origine. 

M.  Âug.  Dolifus  présente  la  communication  suivante  : 

Eludes  critiques  sur  tes  rlchinodennes  fossiles  du  coraUrag 
de  Trouçitte  (Cahados)  \  par  MM.  L.  Sœmann  et  Aug.  Doli- 
fus (PI.  III). 

La  découverte  récente  d'un  nouveau  gisement  d'Echinodermes 
fossiles  dans  les  calcaires  jaunes  de  Trouville  (Calvados),  consti* 
tuant  la  base  de  l'assise  corallienne,  nous  a  fourni  de  riches  maté- 
riaux, grâce  auxquels  nous  avons  pu  repi*endre  quelques  questions 
et  éclaii'cir  certains  points  eu  litige  dans  la  connaissance  des  oursins. 

Les  espèces  que  nous  avons  i*ecueillie8  sont  les  suivantes  : 

Cidaris  flori^em ma^  Ph  111 . 
Hemicidaris  crenularis^  Lam. 
Acrosalenia  décora  ta ,  Porbes. 
Diplopodia  subauguiaris,  Desor. 
Glypticus  hicrogljphicusj  Âgass. 
Pygaster  umbrella^  Agass. 
Pygaster  Gressfyi^  Desor. 

^los  observations  portent  sur  trois  d'entre  elles. 


non   DS    MM.    8A«AlfN   ET    DOLLFPS.  160 

Pygastcr  Gresslyi,  Desor. 

Les  espèces  assez  nombreuses  du  genre  Pygnster  se  (1istin{yuent 
d'ordinaire  par  des  caractères  faciles  à  saisir,  et  dont  le  principal 
réside  dans  la  forme  et  la  position  de  l'ouverture  anale.  L'espèce 
que  nous  avons  trouvée  à  Trouville  nous  a  présenté  au  contraire 
de  sérieuses  difficultés;  nous  commencions  à  désespérer  d'en 
Tenir  à  bout,  nous  nous  faisions  presque  A  l'idée  d'avoir  ù  cher- 
cher un  nom  nouveau,  lorsque  nous  avons  eu  le  Ixinheur  de 
pouvoir  nous  procurer  de  rares  et  précieux  matériaux  qui  ont  mis 
un  terme  à  nos  incertitudes. 

Agnssiz,  dans  ses  Échinodermcs  fnsxiles  de  In  Suisse  (1'*  partie, 
page  81,  pi.  12,  fig.  13*l/i»  1839),  a  figuré  sous  le  nom  de  Pygastcr 
laganoittcs  une  espèce  qu'il  dit  provenir  du  terrain  portlandien 
de  Rccdersdorf  (Haut-Rhin).  Plus  tard,  M.  Desor,  dans  sa  mono- 
graphie des  Galérides,  déclare  que  l'échantillon  décrit  et  figuré 
par  Agassiz  provient  de  la  grande  oolithe  de  Ranvillc,  et  que 
l'indication  de  son  existence  dans  le  portlandien  de  Rœdersdorf  n'a 
été  constatée  que  sur  quelques  fragments  recueillis  dans  cette 
localité  par  M.  Gressly.  Ces  derniers  lui  ont  paru  assez  difiérents 
du  type  pour  eu  faire  une  espèce  distincte,  pour  laquelle  il  pro- 
posa le  nom  de  Pygastcr  Gresslyi,  sans  cependant  en  doimer  de 
description  complète. 

Il  y  a  â  peine  une  dizaine  d'années  que  cette  nouvelle  espèce 
fut  décrite  et  figurée  par  M.  Cotlcau  dans  ses  Échinidcs  du  dépar- 
tement de  l'Yonne;  le  dessin  qu'il  en  donne  a  été  reproduit  par 
M.  Desor  à  la  22**  planche  de  si  Synopsis  des  Echinides  fossiles. 

En  comparant  nos  échantillons  à  ces  descriptions  et  :i  ces 
figures,  nous  n'avions  pu  leur  trouver  qu'une  très  faible  ressem- 
blance avec  le  Pygastcr  Grcssiyi  de  iVliM.  Desor  et  Cotteau,  sur- 
tout à  cause  du  peu  d'analogie  que  présentaient  la  forme  du  péri- 
procte  et  la  disposition  des  tubercules. 

Ils  se  rapprochaient  au  contraire  beaucoup  plus  du  Pygastcr 
iaganoidcs  d'Agassiz,  et,  écartant  dès  lors  l'idée  que  notre  espèce 
pût  être  celle  de  M.  Desor,  nous  étions  assez  disposés  à  admettre 
que  le  premier  spécimen  d'Agassiz  pouvait  bien  réellement  pro- 
venir de  Rœdersdorf,  d'autant  plus  que  le  texte  est  très  explicite 
à  cet  égard.  «  L'exemplaire  figuré  (page  82)  a  été  trouvé  par 
M.  Gressly  dans  un  banc  li  coraux  du  portlandien  à  Rœdersdorf 
(Haut-Rhin).  » 

Quelques  doutes  nous  restant  encore,  nous  n'avons  épargné  ni 


170  SÈAHCI    DU    16   DftCSMBU    1861. 

reclieixîhes,  ni  déinarclïcs,  ni  voyages,  pour  arriver  à  une  solution. 
Grâce  à  l'obligeance  de  M.  Eug.  Deslongcliainps,  nous  avons  pu 
avoir  entre  les  inains  réchantillon  type  du  Pygfister  iaganoida 
d'Agassiz,  qui  vient  en  effet  de  Hanville  ;  nous  avons  aussi  été  assez 
heureux  pour  nous  procurer  un  écliaulillon  du  Pygnsicr  Grcsslyi  de 
Tonnerre,  très  rare  dans  celte  localité,  mais  parfaitement  identique 
avec  nos  échantillons  de  Trouville.  Grâce  à  ces  nouvelles  domiéeSt 
nous  avons  pu  constater  que  nous  avions  fait  erreur  en  ne  recoin 
naissant  pas  dins  notre  espèce  le  PygaMer  Grcsslyi  de  Desor;  mai^ 
notre  erreur  sera  très  explicable  pour  les  personnes  qui  vouilroot 
bien  comparer  le  nouveau  dessin  que  nous  doimous  (ph  III]  avec 
les  ûgures  de  iMIM.  Gotteau  et  Desor.  Il  est  incontestable  que  c^ 
dernières  ne  rendent  que  très  imparfaitement  les  exemplaire»  de 
Trouville  et  de  Tonnerre,  ce  que  Ton  pourra  attribuer  a  la 
mauvaise  conservation  du  type  ayant  servi  à  la  première  figure. 

A  Rfcdersdorf,  d'après  les  renseignements  que  nous  devons  â 
M.  Kœchlin-Schlumberger,  le  Pygaster  Grcsslyi  se  trouve  dans  le 
corallien  supérieur  ou  astartien.  Il  en  est  de  même  à  Tonuerrei 
tandis  qu'à  Trouville  c'est  dans  le  corallien  inférieur  qu'on  le 
rencontre.  Cela  ne  peut  pas  infirmer  le  rappi-ochementi  car  le 
même  fait  s'observe  pour  le  Pseudo-diaderna  hcmispkœricumn 

La  désignation  de  Tétage  par  Agassiz,  comme  portlandieu,  est 
fausse  ;  mais  il  faut  se  rappeler  que  les  géologues  du  Jura  ont 
toujours  désigné  sous  ce  nom  l'étage  kimméridien,  et  que  des 
auteurs  très  compétents  comprennent  encore  aujoiud'hui  l'astar- 
tien  dans  ce  dernier  étage. 

Description  du  Pygaster  Gresslyi  de  Trouville, 

Comme  il  n'a  encore  été  donné  qu'une  description  d'un  indi- 
vidu isolé  du  Pygaster  Gresslyi^  tandis  que  nous  nous  ti'ouvons 
avoir  entre  les  mains  une  série  complète  d'échantillons  repré- 
sentant tous  les  âges  de  cet  oursin  depuis  le  diamètre  antéro-pos- 
térieur  (longueur)  18  millimètres  jusqu'à  celui  de  53  millimètres, 
nous  avons  cru  devoir  donner  une  nouvelle  description  s'appli- 
quant  à  tous  les  individus  possibles,  et  permettant  de  les  recon- 
naître aisément,  quelle  que  soit  la  taille  des  édiantillons  que  l'on 
ait  entre  les  mains. 

Le  contour  de  l'espèce,  circulaire  dans  les  plus  jeunes  individus, 
prend  bientôt  une  forme  légèrement  pentagonale,  tout  en  s'allon- 
géant  un  peu  transversalement.  La  différence  entre  les  deux  dia'* 
mètres  atteint  quelquefois  un  douzième  de  la  longueur  (nous 


NOTS    DE   MM.   SJEMANN    ET    DOLLFVS.  171 

nommerons  ainsi  le  diamètre  antéio-poslérieur],  mais  elle  est 
souvent  moindre.  La  hauteur  est,  eu  moyenne,  é^ale  à  la  moitié 
de  la  longueur  ;  un  peu  plus  forte  dans  hè  jeunes,  elle  diminue  à 
mesure  que  le  test  grossit  Le  bord  et  la  partie  voisine  de  la  base 
sont  foitement  renflés  ;  le  péristome  est  enfoncé  ;  son  diamètre  est 
à  sa  longueur  comme  1  est  à  S  dans  les  plus  jeunes,  et  comme 
2  est  à  7  dans  les  adultes.  Il  est  faiblement  entaillé. 

Les  ambulacres  dans  le  jeune  âge  sont  parfaitement  à  fleur  du 
test  ;  plus  tard  ils  font  une  légère  saillie  à  la  surface  de  Toursin. 
Leur  accroissement  présente  des  irrégularités  remarquables.  Les 
ambulacres  de  notre  plus  petit  échantillon  ont  presque  la  moitié 
des  iuterambulacres  (k^^  :  8»2);  cette  largeur  relative  diminue 
peu  à  peu,  mais  régulièrement,  et  elle  n'est  plus  que  le  tiers  à 
peu  près  (8°'"',5  :  23)  daus  le  plus  grand.  Nous  croyons  pouvoir 
cipi'imer  ce  fait  en  disant  que  Tambulacre  atteint  plus  rapidement 
ses  dimensions  déûnitives  en  largeur,  ce  qui,  du  reste,  est  parfai- 
tement en  riipport  avec  son  importance  oi'ganiquo  prépondérante 
wr  celle  de  Tinterambulacre. 

La  surface  de  l'oursin  est  comme  granulée  par  des  tubercules 
nombreui,  égaux  et  perforés;  nous  ne  distinguons  pas  de  créne- 
Inres  à  leur  base,  peut-être  à  cause  de  leur  petitesse.  Les  scro- 
biculetsont  bien  prononcés;  ils  sont  entourés  à  la  paitie  supérieure 
du  test  d*uoe  granulation  forte  et  abondante  ;  vers  le  pourtour,  et 
surtout  du  côté  inférieur,  les  scrobicules  se  trouvent  très  serrés, 
et  présentent  un  système  de  cellules  hexagonales,  bien  reproduit 
dans  notre  figure  ij. 

Une  étude  approfondie  de  la  disposition  des  tubercules  nous 
a  permis  d'établir  leur  ordre  d'apparition  successive,  et  nous 
espérons  qu'un  coup  d'œil  sur  la  manière  plus  ou  moins  confuse 
dont  ce  détail  est  représenté  dans  la  plupart  des  oursins  à  tuber-* 
eoles  très  nombreux  ne  fera  pas  juger  inutile  le  développement 
que  nous  donnons  ù  cette  partie  de  notre  travail. 

Oo  tait  que  les  dix  régions  que  Ton  distingue  à  première  vue 
sur  un  grand  nombre  d*oursins,  et  qui  ont  i*eçu  les  noms  d'am- 
bttlacres  et  d'interambulacres,  sont  composées  chacune  de  deux 
séries  verticales  de  plaquettes  calcaires.  Les  plaquettes  des  ambu- 
lacres sont  d'un  côte  bordées  de  pores  donnant  passage  aux  organes 
du  toucher  et  de  la  préhension,  et  elles  sont  en  contact  par  le 
bord  op|>osé  a  celui  qui  est  perforé.  Nous  nommerons  bord  exté- 
rieur de  l'ambulacre  celui  qui  porte  les  pores.  Limitées  de  ce  côté 
par  des  organes  qui  ne  sauraient  se  déplacer  dans  l'enveloppe 
calcaire,  les  plaques  ambulaoraires  ne   peuvent   l'accroître  en 


172  SÉANCE    DU    16    DÊCEUBRR    1801. 

largeur,  c'est-à-dire  dans  le  sens  de  la  pt^ripliérie,  que  par  leur 
bord  interne.  Les  deux  séries  de  plaques  interanibulacraires  ont 
au  contraire  place  libre  pour  leur  accroissement  tant  A  droite  qu'à 
gauche.  S'ils  se  développaient  rép,ulièrenient  de  cliaquc  côié, 
comme  le  bord  interne  des  plaques  ambulacraires,  il  s'ensuivrait 
qu'elles  resteraient  constamment  deux  fois  plus  larges  que  ces 
dernières.  Cette  proportion  qui  existe  dans  le  jeune  âge  ne  persiste 
pas,  car  nous  avons  démontre  plus  haut  que  les  ambulacres 
atteignaient  plus  rapidement  leur  largeur  maiimum. 

L'oursin  grandit  donc  latéralement  par  l'élargissement  do  ses 
plaquettes.  Son  accroissement  en  hauteur  s'opère  d*une  tout  autre 
façon  par  la  naissance  de  nouvelles  plaques  sur  le  pourtour  do 
l'appareil  apicial,  et  cela  doit  être  pour  sauvegaixier  la  distribution 
régulière  des  tentacules  le  long  des  ambulacres  et  la  solidité  du 
test,  qui  deviendrait  impossible  avec  des  éléments  changeant 
constamment  de  forme  dans  toutes  les  directions. 

L'affaiblissement,  du  test  sur  les  bords  verticaux  s'oljservc  du 
reste  très  souvent  et  très  bien  sur  les  oursins  fossiles  par  les  cassures 
qui  aifectent  de  pi*éférence  ces  régions. 

On  compi-end  maintenant  dans  quel  ordre  devront  apparaître 
les  nombreux  tubercules  qui  recouvrent  la  surface  du  Pygmtter 
Grvsslyi.  Dans  les  ambulacres,  chaque  plaquette  naîtra  avec  un  seul 
tubercule  placé  à  côté  des  pores.  A  mesure  que  la  plaquette  grandit, 
il  s'ajoute  un  nouveau  tubercule  à  côté  du  premier,  mais  seule* 
meut  du  côté  interne,  puis  un  second,  mais  toujoui^s  du  même 
colr.  L'ambulacre  arrivé  à  son  parfait  dévcloppi*ment  présente 
alors  (voy.  fig.  i  li)  deux  séries  verticales  de  tubercules  garnissant 
toutes  les  plaques  du  sommet  jusqu'à  la  bouche,  puis  deux  antres 
séries  verticales  parallèles,  ajoutées  intérieurement,  ne  partant 
pas  du  haut,  mais  seulement  du  point  on  la  largeur  des  plaquettes 
a  permis  leur  intercalation,  enfm  deux  autres  séries  parallèles 
partant  d'encore  moins  haut,  qui  portent  le  nombre  des  rangées 
verticales  de  tubercules  à  six  sur  la  circonférence,  nombre  que  le 
Pygaxtcr  Grvsslyi  ne  dépasse  pas. 

Dans  les  interambu lucres  le  développement  des  plaquettes 
n'étant  plus  gêné,  les  tubercules  n'occupent  plus  le  côté,  mais 
bien  le  milieu,  pour  former  les  rangées  principales.  Les  suivantes 
s'ajouteront  aloi-s  a  droite  et  à  gauche  des  premières.  Il  est  à 
remarquer  que  les  rangées  secondaires  de  même  ordre  ne  sont  pas 
d'égale  longueur.  Celle  qui  prend  son  origine  du  côte  de  l'am- . 
bulocrc  commence  un  peu  plus  tôt.  Motre  figure  1  d  montre  bien 
cette    disposition.  On  voit  les  rangées   principales  atteindre  le 


NOTE    I)£    MU.    SJEMAKN    ET    DOLLVUS.  173 

soniiurt,  acoouipaj'jiiéts  oxlérieuremeiU  de  qualic  i a ngées  secon- 
daires, et  iiklcricnioincul  seulement  de  trois,  qui  vont  eu  décroissant 
de  lon^^ueur  aussi  bien  vers  le  sommet  que  vers  la  bouche  (voy. 
(]{;.  2).  Si  Toursin  (grandissait  encore  un  peu,  un  nouveau  rang 
de  Iul)ereu1e8  viendrait  prendre  naissance  en  dedans;  il  y  aurait 
alors  quatre  séries  de  chaque  côté  de  la  principale,  celles  de  Tex- 
tôricur  commençant  toutes  quatre  un  peu  plus  haut  que  celles  de 
riulcrieur. 

Nous  avons  observé  cette  disposition  des  tubercules  si  remar- 
quable par  sa  ré^jularité  dans  tous  les  Pjgaster,  dans  les  PeeUna^ 
dans  les  Echinus.  Il  est  probable  qu'on  la  retrouvera  encore  dans 
plusieurs  autres  genres;  mais,  d'après  les  difiérentes  fijjures  que 
nous  avons  examinées,  nous  croyons  pouvoir  affirmer  que  c'est  la 
première  fois  que  Ton  saisit  nettement  cette  curieuse  disposition. 

La  conclusion  la  plus  importante  à  tirer  de  cette  longue  disser- 
tation, c'est  (ju'il  ne  suHit  pas  d'indiquer  dans  la  description  des 
espèces  le  nombre  des  rangs  de  tubercules,  puisqu'ils  varient  avec 
l'âge  des  individus.  Il  est  indispensable  que  l'on  ajoute  en  même 
temps  ses  dimensions  pour  que  l'indication  soit  utile.  Le  Py^asCer 
Gress/yi  a  18  millimètres  de  diamètre,  a  déjà  U  rangs  de  tubercules 
dans  les  ambulacres,  et  6  seulement  dans  les  interambulacres.  Les 
cinquième  et  sixième  rangs  ambulacraircs  ne  paraissent  que 
lorsque  le  diamètre  arrive  à  ^0  millimètres-,  mais  il  n'en  vient  pas 
d'autres  après,  quoique  l'oursin  grandisse  encore.  Les  séries  in- 
terambulacraires  augmentent  de  la  manière  suivante  :  elles  sont, 
fx>ininc  nous  ravons  dit,  au  nombre  de  6  pour  le  diamètre  de 
18  millimètres,  de  8  pour  22  millimètres,  de  i()  pour  29  niilli- 
mètres,  de  12  pour  32  millimètres,  de  \U  pour  36  millimètres, 
de  16  pour  ^5  millimètres  (1),  et  de  18  pour  5/i  milUmètres. 

Nous  rappelons  comme  résultat  important  de  nos  recherches 
les  variations  que  le  Pygnstrr  Gressiyi  subit  à  mesure  qu'il  avance 
eu  âge  :  1**  les  ambulacres  sont  comparativement  plus  larges  dans 
les  jeunes;  2"  le  nombre  des  tubercules  n'augmente  pas  en  propor- 
tion de  la  (aille;  3"  lorsque  de  nouveaux  mbercules  viennent  à 
naître,  ils  se  distribuent  par  séries  verticales  parallèlement  à  la 
rangée  principale,  du  côté  interne  pour  les  plaquettes  nmbnla* 


» .  • .-» 


Par  un  malhoureux  hasard,  le  dessinateur  n'a  pas  bien  saisi  le  détail 

sur  lequel  nous  avions  le  plus  insisté,  et  n'a  représenté  que  12  rangs 

■do  tubercules  à  notre  fig.  1,  r/,   tandis  que  lo  modèlo,  échantillon  de 

43  millimètres  de  diamètre,  en  a  réellement  1G,  ainsi  que  chacun 

peut  s*eD  assurer  dans  la  collection  de  l'École  des  mines. 


174 


ttUICM   DU   10   DftCIItBU   18dl. 


craires,  des  deux  côt^  poitr  les  plaques  intciambulnciaiies  ;  W  le 
périprocte  et  le  périiluinc  sont  proportionnellement  plus  grands 
dans  les  jeunes  tjue  dans  les  adultes;  5°  la  forme  g^néralu  dus 
jeunes  est  beaucoup  moins  anguleuse  et  un  peu  plus  élevëe. 

Nous  avoua  rëuni  dans  un  premier  tableau  les  principaux  élé- 
ments obtenus  sur  une  grande  sërie  de  Pjrgailcr  Grvisl/i,  de  dif- 
férents âges,  en  mesurant  et  en  comptant  tout  ce  qui  s'y  prête. 

Dans  un  second,  nous  avons  noté  les  mêmes  éléments  pour  quel- 
ques PygatUi  lagtinoitles,  correspondant  par  leur  laiUc  à  dts 
individus  du  premier  tableau. 

C'est  U  le  seul  moyen  de  pouvoir  comparer  avec  fruil  et  distin- 
guer pai'  la  suîle  les  deux  espèces. 


1" 


-  PrS"^ 


Le  signe  ?  indique  qu'une  imperfection  de  l'échantillon  a  eiu- 
pécbé  des  mesures  exactes. 

Le  signe  •  indique  les  individus  correspondant  par  leur  (aille 
â  des  Prgaster  Itigminides  du  second  tableau. 


™r'  d*  l'inihii- 

Je    flaLcnir.bB- 

ïïirrv 

■  it  VtmhaUtn. 

(..»r      d-i       pAi- 

he  B*  10  est  l'échantilloa  modèle  de  notre  figure  1  a;  i\  pro- 
vient de  Trourtlle  et  appartient  â  la  collection  de  l'Ecole  de* 


non   DB    MU.    SAHAKN    BT    UOLLVUS. 


175 


iiiiiics.  Il  a  16  rangs  dv  tubercules,  quoique  li;  dessina luur,  coiuiiic 
nous  l'avons  dit,  n'en  ait  figuré  que  12. 

Le  n"  6  correspoud  à  noire  fijjure  1  ù.  Il  est  aussi  do  TrouvUle. 

Le  n"  9  provient  de  lu  colketion  de  M.  Michelin.  Localité  in- 
connue. 

Le  p"  7  provient  du  corallien  supérieur  d'Trouerie  près  Ton- 
nerre. 

Tous  lea  autres  ëclianti lions  viennent  de  Trouville. 

2*  T4BLEAU.  —  Pygaster  laganaides. 


" 

M.IS 

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IG.S 

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'*■"•"■'  "ï,',%^"'"!'r.'  '.'.'.'.'.'.'.','.'.'.'.'.'.'.'.'.'.'.'. 

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'i 

L9>t»r  loUlxla  pcripiDCIxtdti  l'ipp 

«il  ■pUl.l 

Ku„^„d.u.™r„d.U,„^<prtn 

Les  q"  1  et  3  se  prêtent  à  des  mesures  fort  exactes. 

Le  n*  8  est  Utip  écrasé  pour  pouvoir  fournir  des  termes  de  coin- 
paraisou  certains. 

Us  viennent  tous  trois  de  Hanvillc  et  nous  ont  été  commu- 
niqués par  M.  Eug.  Iteslongcliauips. 

Le  n*  Zi  est  le  Pfgaster  Aloirhii  de  Wrîglit,  mais  que  noua 
croyons  devoir  considérer  comme  un  P/gailer  loga/ioidct. 

Comparaltou  des  deux  espèces. 

11  n«  nous  reste  plus  maintenant  qu'à  faire  servir  nos  remarques, 
nos  tableaux  et  nos  figures,  à  la  comparaison  des  deux  espèces,  à 
ticher  de  donner  un  critëriutn  certain,  un  moyen  infaillible  de 
déterminer  avec  exactitude  un  échantillon  de  l'un  ou  de  l'autre 
des  deux  Pygaster,  ne  fût-ce  qu'un  morceau, 

La  forme  ne  peut  donner  aucun  caractère  ;  comme  le  Pfgasler 
Gressfyi,  le  Pygaitcr  laganuides  d'abord  circulaire  devient  peu  k 
peu  pentagonal  en  vîeilLtssBot.  Sa  hauteur  est  aussi  un  peu  plus 
grande  dans  le  jeune  Age.  11  est  probable  que  la  taille  ne  fournira 


176  SÉAMCK    Dt    1(5    DÊCBMORE    lS6l. 

pas  non  plus  (riiiilicc,  car  les  ^iniids  exemplaires  du  Pygasltr 
Grt'sslri  sont  rares,  et  la  taille  moyenne  qu*oii  rencontre  le  pliit 
fréquenmienl  est  aussi  la  plus  ordinaire  pour  le  Py^astcr  ia^û' 
noidcs. 

Dans  le  dernier,  comme  dans  le  premier,  les  auibulacres  ne 
conmiencenl  à  faire  saillie  que  chez  les  adultes.  Le  |u*u  dVxein- 
plaires  de  Py^d.strr  /af^a/toiilrs  en  bon  état,  que  nous  'aTOas  eu 
entre  les  mains,  nous  permet  néanmoins  de  croire  que  les  varia- 
tions du  rapport  entre  Tambulacre  et  Tinterambulacre  suivent  b 
même  loi  dans  cette  espèce  que  dans  celle  du  coral-rag. 

Les  péristomes  n'oiTrent  pas  de  diflérence  appréciable,  et  obéis* 
sent  à  la  même  loi  dans  leurs  clian^jements  de  grandeur.  Letpéri« 
proctes  rarement  en  bon  état,  l'appareil  apicial  manquant  toujourSi 
ne  semblent  pourtant  pas  pouvoir  se  distin[;ucr.  Nous  avons  faiC 
figurer  (lig.  3)  celui  d'un  échantillon  du  coral-rag  de  Tonnerrei 
pour  rectifier  les  (){;urcs  de  IMîM.  Cotteau  et  Desor,  et  ((ig.  k)  la 
même  partie  d'un  Vyi^astei  liii*annitlc,s  de  llanville  de  31  iiiilli- 
mètres  de  diamètre,  nppartenant  à  iM.  Eug.  Deslouj^chanips,  pt>ur 
compléter  le  dessin  d*Agassiz.  L'examen  de  ces  figures  et  la  lecture 
de  nos  tableaux  feronl  voir  que  le  périproete  du  PygnsWr  lagiinoidcs 
rst  un  peu  plus  allongé  ;  mais,  comme  nous  n'avons  qu'un  seul  in- 
dividu qui  présente  nettement  cette  partie,  il  serait  prématuré 
d'attacher  à  ce  caractère  une  grande  importance. 

Notre  longue  étude  sur  la  disposition  des  tubercules  dans  le 
Pygnstcr  Gr('$sf)  i  est  exactement  vraie  pour  le  Pyg/fstrr  faganoûlcs ; 
mais  si  nous  arrivons  enfui  au  nombre  des  rangs  de  tubci'ctdes, 
c'est  là  que  nous  trouverons  la  seule  vraie  différence  entre  ces  deux 
espèces.  Comme  on  peut  le  voir  par  l'examen  de  nos  tableaux, 
dans  le  plus  jeune  âge,  à  18  millimètres  de  diamètre,  ils  ont  tous 
deux  h  rangs  de  tubercules  dans  Tambulacrc;  mais  le  Py^axicr 
laganaides  en  a  déjtk  6  à  31  millimètres,  peut-être  avant,  taudis 
que  le  Pygastcr  Girsslyi  n'a  ses  6  rangées  qu'à  39  millimètres. 

Dans  rinterand)ulacre,  toujours  à  18  millimètres,  le  premier  a 
dix  rnn(;s  de  tubercules;  pour  arriver  à  ce  cbiflre  il  faut  que  le 
second  ait  atteint  un  diamètre  de  27  millimètres,  car,  à  18  milli- 
mètres, il  n'en  a  encore  que  six.  A  31  millimètres  de  diamètre,  le 
premier  a  seize  rangs  de  tubercules,  nombre  que  le  second  ne  pré- 
sente qu'à  un  diamètre  de  &0  millimètres,  car  à  31  millimètres 
il  n'en  a  encore  que  douze. 

Dans  le  désir  de  pousser  plus  loin  la  généralisation  de  ces  obser- 
vations, nous  avons  été  amenés  à  chercher  dans  d'autres  auteurs 
s'il  ne  s'y  trouverait  pas  un  exemple  de  Pygasier  laganoidcs  plus 


NOTK  iiB  un.  sabhàkn  et  dollfus.  177 


âge,  c'csl-i'i-dirc  plus  (•raïul  que  ceux  que  nous  avions  entre  les 
tiiaiiis.  En  cUuliant  les  nclniirablcs  pn(;rs  de  Wright  sur  les  Py^ 
gftstvr  de  la  grande  oolillic.  et  en  parliculier  celles  qu'il  consacre 
au  Pj'gasier  Aïnrnsif\  nouvelle  espèce  créée  par  lui,  nous  nous 
sommes  bientôt  convaincus,  que,  loin  d'être  un  type  nouveau,  cet 
oursin  nVlaît  en  réalité  qu*un  Pygttstvr  lagnnoUles  de  dimensions 
beaucoup  plus  considérables  que  ceux  que  Ton  voit  journelle- 
ment. 

Wright,  en  effet,  dit  textuellement  que  l'exemplaire  figuré,  celui 
sur  lequel  il  a  créé  l'espèce,  est  le  seul  qu'il  ait  jamais  eu  entre  les 
mains,  et  fait  remarquer  qu'il  échappe  à  la  règle  posée  par 
Agauîz,  que  les  Pygastcrs  n'ont  jamais  plus  de  quatre  rangs  de 
E     tubercules  a  Tambulacrc,  cet  oursin  en  possédant  six.  Notre  étude 
L    sur  raccroissement  progressif  du  nombre  des  tubercules,  un  sim- 
-    pie  coup  d'œil  sur  nos  tableaux,  où  près  ds  la  moitié  des  échantil- 
lons cités  ont  six  rangs  de  tubercules  à  l'ambulacre,  prouvent 
i     surabondamment  la  fausseté  de  cette  règle,  fondée  seulement  sur 
'     l'exameu  d'individus  encore  en  bas  agc,  et  i|ui  ne  peut  subsister 
derant  une  observation  méthodique  du  développement  de  ces 
échînodennes.  Wright  n'ayant  jamais  vu  que  des  PygasWr  luga- 
Hoiries  k  quatre  rangs  de  tubercules,  et  croyant  ce  nombre  caractc- 
[     ristique  pour  celle  espèce,  fut  naturellement  conduit  à  en  créer 
*     uue  nouvelle  pour  l'échanlillon  à  six  rangs  qu'il  avait  entre  les 
I    mains.  La  description  qu'il  en  donne  se  rapporte  avec  ime  exaeti- 
};    tude  parfaite  au   Vygastcr  laganoides  ,  et  lui-même  ù  rarticlc 
Affutités  et  différences  constate  que  son  échantillon  ne  diflère 
i    du  Pfgatter  lagttnuides  que  par  sa  taille  et  le  nombre  des  tuber- 
cules. 

Devant  ces  affirmations,  et  trouvant  noiis-méme  dans  l'examen 
de  la  figure  la  confirmation  de  nos  études,  il  nous  a  été  impossi- 
ble de  ne  pas  considérer  le  Pygaatcr  Morrisii  de  Wright  comme 
DD  Pygaiter  Inganoides  plus  âgé  et  naturellement  plus  développé 
que  ceux  qu'on  avait  vus  jusqu'à  présent.  Nous  l'avons  inscrit 
•comme  tel  au  n**  k  de  notre  second  tableau,  et  comme  tel  nous  le 
T  comparons  au  n«  12  de  notre  premier  tableau.  Tous  deux,  à  dia- 
|I  mètre  presque  identique  (55  et  53  millimètres),  ont  6  rangs  de 
tubercules  à  l'ambulacre  ;  à  l'interambulacre,  le  premier  en  a  22, 
•tandis  que  le  Pygaster  Gresslyi  correspondant  n'en  a  que  18.  Ce 
'  'îiombre  dans  un  Pygaster  laganoitles  n'impliquerait  qu'un  diamè- 
l'^lve  de  &5  millimètres  environ ,  et  il  nous  semble  iioi-s  de  doute 
4  que  si  l'on  rencontrait  des  Pygaster  Gresslyi  plus  âgés  encore  que 
,^^(OttX  que  nous  avons  étudiés,  de  65  millimètres  de  diamètre  par 
,  Soc,  géol.^  S«  série,  tome  XIX.  4  2 


\ 


178  (Un»    DD    16    DfCIIHB    ISOt. 

etemple,  on  retrouvetsit  sui   Ki  L'..L.ii)tiliûn>  IkS  2'î  rangs  d 

mieux  dire,  le  Prgtuter  la^an-  i.ltt  j  55  iiiilliuiitreâ  de  diamêtn 
Uu  le  Toit,  pour  déterminer  un  eieuiplaire,  il  ul'  suRil  pot  d 
I  uiiipter  ses  rangs  de  luIwrculcB,  mais  il  faut  encore  ftvoir  calculi 
(lour  tenue  de  comparaison,  quelque*  autres  êléuieali,  leU  qu 
1»  diamètres,  les  largeurs  de  rauihuhcrc  et  de  l'iDlerainbub 
cre,  ele.,  car,  n  l'on  peut  rencontrer  de*  échantillons  de*  Aea 
espèces  présentant  le  même  nombre  de  rainées,  toutes  leui 
autres  dîiuenaions,  dans  ce  cas,  soûl  forcément  diSrtvutca,  cl  i^ 
prcquement.  Comme  dam  notre  tableau  nous  avenu  donné  aiu 
exactement  que  possible  tous  les  éléments  d*uae  sciie  complète  d 
Py^ailfr  Gresslyi,  comme  d'un  autre  côlé  il  n'y  a  que  le  /Vjiwfc 
1,1 -■im  iilet  qui  soit  aiseï  voisin  pour  pouvoir  être  tiwfiHidu  avt 
lui,  le  Pygimer  M->rrit!i  n'e'taut  en  réalité  qu'un  gi4ud  excmpUii 
de  Lctte  deruiêie  e^ce  ,  il  nous  senille  <)u'od  iKvuiia  louJMir 
au  moyen  do  calcul  de  quelque*  éléuieutâ  et  d'un  r\^u\*  d'uil  jet 
sur  notre  tableau,  déiider  $i  uu  échantillon,  uu  &-a|;itieul  tu{tiH 
est  ou  n'est  pas  un  Pygatur  Greulyi,  ce  qui  revient  i  décidiS  i 
c'eU  un  PjgiiUer  Crettlyi  ou  la^anoiiUs,  et  pai  <:uu*cq(UUt  À  I 
détermioei  complétemeuL 

Explication  rfc  la  planche  III, 

F15.  l.  Prsaiter    Grctilri,  Desor.    ApparlcDant  k  la   coUeCUod  i 

I'ËcaIc  des  mines,  et  cooiintiDiqaé  par  II.  Bayle. 
ta.  Vu  d'en  haut,  grandeur  naturelle. 
<  6.  Vu  de  derrière,  graodeur  naturelle. 

Ces  deux  beare*  n'ont  que  4âct  II  rangs  di.-  labenalM,i 
lieu  de  <fi  que  Ion  en  compta  sur  l'original. 
le.  Deu  plaquettes  interambulacraires  granirs,  prîsm  sur 

ctrcoDfêrencs,  et  présentant  correctemsiit  I  r.mgi  d«  Ivto 

cuIm. 
I  il.  rartia  supérieure  d'un  iolerambulacr*  gnwi .  les  deux  raii| 

principaux  de  tubercules  sodI  accompagne^  thacua,  int 

rieuremeot  de    Iroiï,    eitL-ricuremeot  de  i^iiutte     rsM^ 

additionnelles, 
t  e.  Partie  supérieure  d'un  ambulacre  grgssi.  |  Les  [igoe*  sain 

nies  et  les  pore*  entoarant  le  sommet  ont  é[6  ojeul&s  pi 

le  dflMinataur.] 
(/.  Scrobiculei  de  la  face  inférieare  grossis,  pour  monttvr  l*i 

fwmesaxagonale. 
Fis.  ^-  Aot'B  individu  do  la  mbma  espèce^  provenant  aussi  da  Tro* 

ville.  Vu  du  cdté  buccal. 


NOTB    DB    MM.    6ABMÀNN    BT    DOLLPUS.  179 

Fig.  3.  Périprocto  de  la  inômo  espèce,  d'aprùs  un  spécimen  d'Yrouerru 
près  de  Tonnerre  (Yonne),  appartenant  à  l'Ëcole  des  mines. 
Grandeur  naturelle. 

Fig.  4.  Pygtistcr  Inf^anoules^  Âgass.,  d'après  un  individu  pre>que 
parfait  de  Banville,  ayant  34  millimètres  de  longueur.  De 
la  collection  de  M.  Eug.  Deslongcbamps. 

I  (T.  Périprocte,  grandeur  naturelle.  (Pour  suppléer  à  la  figure  de 
M.  Agassis.  Échinodtrmcs  suinsvs^  pi.  Xll,  fig.  4  3.) 

46.  Deux  plaquettes  interambulacraires  grossies  à  la  môme 
échelle  que  la  figure  4  c.,  et  présentant,  pour  une  taille 
beaucoup  moindre,  le  môme  nombre  de  rangs  de  tubercules. 

Hemicidaris  cretmlar'ts^  Lainarck. 

• 
Les  ëdiantîllons  que  nous  avons  recueillis  se  rapportent  iucou- 
Cestablemeut  à  V Hnnicitiaris  i/iiemicdia^  tel  qu*il  a  été  déirnï  par 
Forbei  ;  mais  nous  allons  exposer  pourquoi  nous  désirons  néan- 
moins lui  appliquer  le  nom  d'Hemicidtiris  crrnulnn's. 

Après  que  Lamai-ck  eut  créé  cette  espèce,  il  n'en  fut  donné  par 
Goldfuss  et  d'autres  auteurs  que  des  descriptions  et  des  dessins 
pliu  ou  moins  imparfaits. 

Agaasix  {Échinodermes  fonsiles  de  lu  Stiisse^  2*  partie,  p.  l\[\, 
pi.  XIX,  6g.  10-13)  a  le  premier  figuré  cette  espèce  sous  le  nom  que 
Lamarck  lui  avait  précédemment  donné.  Sans  nous  occuper  pour 
le  moment  de  l'échantillon  avec  ses  radiolies  en  place,   de  la 
pi.  XVIII,  fig.  2ft,  il  donne  d'excellentes  figures  qui  resteront 
le  type  de  l'espèce  ;  elles  sont  exéculéeiB  arec  le  plus  grand  soin, 
et  inpporteut  le  grossissement  d'une  bonne  loupe.  Si  on  les  com- 
pare de  la  sorte  à  un  de  nos  échantillons  de  Trouville,  on  trouve 
iJine  ressemblance  parfaite  jusqu'aux  moindres  détails.  Il  n'y  a 
donc  pat  lieu  de  s'étonner  si  l'on  a  été  si  longtemps  avant  de  for- 
;>  mer  les  deux  espèces  qui  nous  occupent.  Ce  n'est  en  effet  qu'en 
r  lB50y  que  Forbes,  en  publiant  la  troisième  décade  de  ses  admira- 
^  Ues  planclics  accompagnant  les  «  Mémoires  explicatifs  de  la  carte 
■y  géologique  de  la  Grande-Bretagne  »,  fit  remarquer  qu'aucuu  des 
[;  apéoimens  anglais  ne  se  rapportait  au  type  de  l'^.  cirnuians  por- 
•    UluI  ses  baguettes,  figuré  par  Agassiz,  et  proposa  de  remettre  en 
!figUeur  le  nom  tii  Hemicidaris  intcrmedin^  donné  autrefois  par 
Flcmming  à  ces  mêmes  exemplaires.  Il  en  donne  ensuite  une 
Jmigue  description,  mais  qui  ne  fournit  eu  définitive  aucun  carac- 
^  elre  saisissable  pour  distinguer  les  tests  des  deux  espèces.  Il  en  est 
de  même  de  M.   Cotteauy  qui,  dans  ses  belles  Eladts  àur  ies 
Échinodermes  fossiles  du  département  de  /'  Yonne ^  déclare  que  les 


180  SÉANCE    DU    16   DÉCEMBRE    1861. 

doux  espèces  quoique  très  voisines  sont  ((paiTaiteniciit  distinctes  », 
sans  si[][nalcr  cependant  d'autre  diflcrcncc  nette  et  rêcHc  r|uc  celle 
des  radioles. 

M.  Wright  est  le  premier  à  sentir  vivement  tout  ce  qu*il  y  a 
d'inadmissible  dans  cette  hypothèse,  par  laquelle  deux  espèces  si 
répandues  et  possédant  des  radioles  si  diiléreuls  offrent  dans 
leurs  lests  une  ressemblance  telle  que  les  plus  habiles  observa- 
teurs u*y  trouveutpas  la  moindre  dissemblance,  a  J'ai  de  bonnes 
raisons,  dit-il,  de  croire  que  les  paléontologistes  étrangers  confon- 
dent souvent  ces  deux  espèces,  car  j'ai  reçu  des  échantillons  éti- 
quetés Hvmicidaiis  crenularis  qui  se  rapportent  évideninient  à 
l'espèce  anglaise,  »  et  page  93  :  «  Si  la  détermination  de  cette 
espèce  reposait  uniquement  sur  l'anatomie  du  test,  il  eût  été  pour 
ainsi  dire  impossible  de  distinguer  ces  deux  Hcmicidaris.  » 
«  Le  seul  vrai  caractère,  ajoute-t-il  plus  loin,  <loit  se  trouver, 
comme  je  l'ai  toujours  observe,  dans  la  forme  et  la  structure  des 
radioles.  »  Mous  sommes  complètement  de  son  avis  sur  ce  point, 
et,  comme  lui,  nous  ne  chercherons  que  dans  les  radioles  les  vrais 
caractères  spécifiques  de  ces  Hemicidaris.  Ceux  que  Ton  veut  trou- 
ver dans  ta  forme  générale  de  l'oursin,  dans  le  développement 
plus  ou  moins  grand  des  tubercules  anibulacraires,  sont  trop  peu 
nets  et  trop  peu  constants  pour  être  certains.  M.  Cotteau  dît  en 
eifet  que  V HemtcUlaris  crenularis  a  en  général  une  forme  plus 
élevée  ;  l'échantillon  qu'il  figure  donne  pom*  rapport  de  la  hau- 
teur au  diamèti'c  la  quantité  0,85,  tandis  qu'un  i\^%  spécimens 
iï Hemicidaris  inter média  figuré  par  Forbes  présente  pour  nom- 
bre corres[K>ndant  0,86.  Il  ajoute  que  les  tubercules  ainbulacraires 
sont  plus  développés  chez  V Hemicidaris  crenularis;  son  dessin  au 
contraire  les  montre  beaucoup  moins  gros  que  ceux  de  Forbes  et 
de  Wright  II  n'y  a,  on  le  voit,  de  caractère  authentique  que  dans 
les  radioles  ;  arrêtons- nous  donc  un  peu  sur  cette  question.  \ 

Agassiz,  à  côté  de  la  figure  que  nous  avons  déjà  citée  (pl.  19,     < 
fijj.  10-12),  donne  encore  (pl.  18,  fig.  23-2^)  le  dessin  d'un  échan-  ' 
tillon,  dont  le  test  est  plus  ou  moins  conservé,  mais  qui  porte  - 
encore  presque  toutes  ses  baguettes.  C'est  celui-là  qui  a  toujoiiri  ' 
depuis  lors  été  considéré  comme  le  type  de  V Hemicidaris  crem^  '^ 
taris  ;  c'est  à  cclui-là  que  l'on  s'est  rapporté  pour  attribuer  à  cetle  *' 
ispcrc  des  radioles  en  forme  de  massue,  couvertes  de  stries  finci, 
à  sommets  toujours  lisses,  qu'ils  soient  ou  non  tronqués,  à  anneau 
peu  développé.  Le  susdit  échantillon,  aujourd'hui  au  musée  de 
Vienne,  a  été  trouvé  par  M.  le  comte  Dudressier  dans  le  coral-  -  • 
rag  à  Chaillesde  Brégille,  près  de  Besançon.  C'est,  nous  croyons     ' 


NOTB  DE  MH.  SAEHANN  ET  D0LLPC8.  181 

pouvoir  raffiriner,  le  seul  exemplaire  de  cette  espèce  qui  ait 
jamais  élé  trouvé  avec  ses  radioles  en  place.  M.  Cotteau  dit  avoir 
souvent  rencontré  ces  baguettes  en  l'orme  de  massue,  et  en  a  fait 
fîjjurer  plusieui*s;  encore  ne  sont-elies  pas  tout  u  fait  identiques  avec 
celles  de  Téchantilion  de  Vienne;  mais  il  ne  cite  aucun  cas  où  il 
les  ait  vues  à  leur  place  sur  le  test  de  TouiVin,  et  rien  ne  prouve, 
sauf  Taflirmatiou  d*A(];as8iz,  que  ces  radioles  appartiennent  à  la 
même  espèce.  Aussi  M,  Cotteau  se  borne-t-il,  sous  toute  réserve, 
à  émettre  l'opinion  qu'elles  pourraient  n'être  que  des  variétés  de 
forme  propres  à  la  même  espèce  et  au  même  individu.  Ainsi, 
rencontre  très  fréquente  du  test  de  l'oursin,  mais  un  seul  éclian- 
tillou  avec  ses  baguettes  en  place. 

Voyons  maintenant  s'il  en  est  de  même  pour  les  radioles  de 
VM.  in  ter  média  de  Forbes.  Ce  sont  les  seules  que  l'on  ait  vues 
jusqu'à  présent  en  Angleterre.  M.  Wright  dit  textuellement  «  qu'il 
n'a  jamais  trouvé  dans  l'oolitbe  anglaise  d'épines  semblables  a 
celles  qu'a  figurées  Agassiz.  »  Dans  le  Jura  neufcliâtelois,  parmi 
un  grand  nombre  d'échantillons  recueillis  par  M.  Jaccard,  nous 
n*avons  jamais  vu  que  les  piquants,  longs^  grêles  et  pointus,  de 
VH.  hitermedia  de  Forbes,  entre  autres  un  splendide  exemplaire 
avec  ses  radioles  en  place.  En  Normandie,  nous  n'avons  ren- 
contré aussi  que  des  radioles  allongés  et  aigus,  quelquefois  en 
position. 

Nous  arrivons  donc  à  cette  conclusion  remarquable,  qu'une 
espèce  apparemment  si  bien  connue  et  considérée  comme  si  carac- 
téristique que  V Hcmicidaris  crcnularis  ne  se  retrouve  plus,  ni  en 
Angleterre,  ni  en  Normandie,  ni  dans  le  Jura,  peut-être  pas 
davantage  dans  la  Sarthe  et  en  Bourgogne,  tandis  que  V Hcmicidaris 
inter média  le  remplace  partout. 

Nous  avons  cru  un  instant  qu'une  différence  de  niveau  dans  les 
positions  respectives  des  deux  espèces  dans  les  couches  du  coraU 
rag  viendrait  trancher  la  question  ;  mais  de  nombreux  renseigne- 
ments, entre  autres  une  longue  lettre  de  IVI.  Pidancet,  datée  de 
Besançon,  c'est-à-dire  de  ta  localité  même  d'où  provient  l'échan- 
tillon type  d*Agassiz,  nous  ont  montré  l'inopportunité  de  cette 
hypothèse. 

iVfais  il  existe  une  autre  solution  bien  simple  de  la  question,  ù 
laquelle  on  arrive  en  prenant  pour  point  de  départ  une  erreur 
d'Agassiz.  Toutes  les  difficultés,  en  effet,  seraient  immédiatement 
levées,  si  l'on  arrivait  à  prouver  que  le  spécimen  à  radioles  de  la 
collection  Dudressier  ne  se  rapporte  pas  au  véritable  Hemicidaris 


18 A  SfiÀNC.B    DU    16    DtCEMBBI   1861. 

La  forme  plus  ou  moins  bombée  est  généralement  citée  dans  les 
descriptions  d'espèces,  et,  pour  le  genre  Cidaris  surtout,  dont  les 
caractères  spécifiques  sont  ordinairement  peu  tranches,  on  y 
attache  une  grande  importance. 

Voici  comment  nous  expliquerons  les  changements  de  forme 
que  nous  venons  de  signaler  dans  le  Cidaris  flori^emma  ;  comme 
nous  l'avons  démontré  pour  le  Pygaster  Gresxiyij  les  plaquettes 
s'accroissent  dans  les  directions  horizontales  et  verticales  d'une 
manière  tout  à  fait  indépendante.  L'accroissement,  toujours  plus 
actif  sur  les  bords  latéraux,  tend  à  augmenter  le  diamètre  de 
l'oursin,  tandb  que  celui  des  bords  supérieur  et  inférieur  des 
plaquettes  n'influe  que  |)eu  sur  les  variations  de  hauteur  qui  sont 
dues  presque  uniquement,  comme  nous  l'avons  vu,  à  la  naissance 
de  nouvelles  plaques  autour  de  l'appareil  apicial.  D'après  la  com- 
paraison déjà  faite,  on  peut  donc  poser  comme  certain  que  l'ac- 
croissement en  hauteur  s'arrête  dans  le  Cidaris  florigcmma  quand 
cette  dernière  a  atteint  35  millimètres  ;  mais  alors,  les  plaquettes 
s'augmentant  encore  pendant  quelque  temps  par  les  bords  laté- 
raux, la  forme  générale  de  Toursin  tend  à  s'aplatir. 

Il  est  plus  que  probable  que  l'accroissement  équatorial,  pour 
nous  servir  d'un  très  bon  terme  de  M.  Wright,  a  pour  consé- 
quence d'augmenter  surtout  la  granulation  qui  sépare  les  cercles 
scrobicutaires;  il  apporte  ainsi  un  changement  dans  la  sculpture 
de  la  surface  à  différents  âges,  changement  qu'il  importe  d'étudier 
avec  soin  pour  établir  de  bonnes  espèces. 

Le  secrétaire  présente  la  note  suivante  de  M.  Ebray  : 

Note  sur    les   derniers    af/lew^ments   de   l* étage  urgonieR 
dans  le  sud  du  bassin  parisien;  par  M*  Ebray. 

On  sait  que  l'étage  urgonien  affleure  sur  les  limites  des  dépar- 
tements de  l'Yonne  et  de  la  Nièvre  où  il  a  encore  6  à  7  mètres 
d'épaisseur  ;  à  l'ouest  de  ce  point  il  n'a  plus  été  constaté,  et  arâ 
existence  dans  le  département  de  la  Nièvre  est/estée  problématique 
jusqu'à  ce  jour. 

Les  eaux  très  basses  de  cette  année  m'ont  engagé  à  visiter  les 
berges  de  la  Loire,  et  j'ai  été  assez  heureux  pour  découvrir  k  peu 
de  distance  (800  mètres  environ]  en  amont  de  Myennes  un  aiflèu* 
rement  très  bien  caractérisé  d'argile  à  lumachelles,  qui  repi*ëtentt 


HOTE    Dl    H.    ÊHAT.  ISA 

cvideniineul  letlernîei'  vestige  île  cette  fonnalion  ;  car,  d'une  part, 
elle  se|)réKiiteeii  ce  point  avec  une  tiÈsfnible  épaisscuv,  cl,  d'nu- 
liepai't,  les  eKcavjtions  nomlireuses  de  In  rive  QaHcltc  de  la  Loire 
offrent  partout  la  supeiposition,  uns  couclies  intermédiaires,  des 
gréa  rouges  inférieurs  du  gault  et  de  l'otage  néocomien.  Ln  coupe 
du  coteau  de  Myeancs  est  la  suivante  ; 


La  Loire  coule  sur  l'étage  néocomien  qui  se  présente  ici  arec 
•on  faciès  habituel  ;  il  est  accompagné  de  /nnfrn  ittava,  Paiiepira 
neoeoniensis,  Echinospaliingus  torriiformii,  etc. 

Au-dessus  viennent  les  aigiles  ostréennes  sous  forme  d'argile 
grise  non  micacée,  avec  bancs  de  lumachcllcs  subordoimés  ;  les 
fosailetiont  très  abondants,  mais  les  espèces  sont  peu  nombreuses; 
ce  sont  surtout  des  Osirea  Bouisingaiiltii  dont  la  luniacbelle  parait 
preK{ue  entifereinent  compusée. 

Au-dessus  vient  une  petite  couche  de  grès  ferrugineux,  3,  avec 
grains  de  quartz  assez  gros;  celte  coiKhe  contient  par  places 
jtwninHiM  lart/i-friiriiius,  À .  M'ilfliiinus ,  RhyaehonclUt  sulcatii  ;  elle 
est  acconipagnée  d'une  argile  ocreuse  avec  nodules  ferrugineux. 

J^s  couches  sont  recouverte*  par  les  autres  termes  du  gault, 
dont  je  me  suis  occupé  dans  une  autre  note. 

Comme  les  derniers  vestiges  de  l'étage  néocomien  se  vcucon- 
irenl  à  10  kilomètres  environ  à  l'ouest  de  la  Loire,  il  est  très  pro- 
bable que  l'éiage  nrgonicn  a  jiarluut  accompagné  ce   premier 


186  SfiiNCV    DU    10    DÉCKIBRB    1861. 

Le  Secrélairc  communique  la  note  suivante  de  MM.  Marcel 
de  Serres  et  Gazalis  de  Fondouce  : 

Des  formations  volcaniques  du  département  de  V Hérault  dans 
les  empirons  d^Agde  et  de  Montpellier^  faisant  suite  aux 
observations  sur  les  terrains  pyroïdes  du  Salagon  et  de 
Nepîez;  par  MM.  Marcel  de  Serres  et  B.  Gazalis  de  Fon- 
douce. 

I,  —  Points  volcaniques  des  environs  d*/4gde. 

Ce  qui  frappe  lorsqu'on  passe  des  formations  pyroïdes  des  pays 
montagneux  qui  avoisinent  le  Larzac  et  l'Escaudorgue  à  celles  de 
la  plaine  qui  l)orde  la  Méditerranée,  c'est-à-dire  de  Neffiez  et 
He  Gahrières  à  Agde  et  à  Saint-Thibéry,  c'est  Taccroissement  de 
l'activité  volcanique.  Si  Ton  examine  attentivement  les  fonnations 
à  travei*s  lesquelles  les  matériaux  igués  se  sont  fait  jour,  on  ne 
tarde  pas  à  reconnaître  que  les  terrains  pyroïdes  que  l'on  rencon- 
tre en  se  rapprochant  de  la  mer  ne  sont  pas  de  la  même  époque 
que  ceux  qui  constituent  les  chaînes  dépendant  des  montagnes 
de  Lodève.  Ceux-ci,  en  effet,  qui  sont  une  des  ramifications  de 
l'éruption  centrale  de  l'Auvergne,  ont  surgi  à  la  fin  de  la  période 
éocène,  taudis  que  ceux  de  la  côte ,  beaucoup  plus  récents,  sont 
contemporains  des  dépôts  graveleux  et  caillouteux  de  la  période 
quaternaire.  Ces  deux  faits,  postériorité  et  recrudescence  d'acti- 
vité, que  nous  allons  chercher  à  établir,  s'expliqueront  l'un  l'autre. 

Les  environs  d'Agde,  depuis  les  bords  de  la  mer  jusqu'à  Pé- 
zénas,  depuis  les  ruines  d'Ëmboune  jusqu'au  delà  de  Koquehaute, 
présentent  un  ensemble  de  formations  volcaniques  dont  le  déve- 
loppement est  des  plus  remarquables.  On  est  tout  d'abord  frappé, 
après  avoir  observé  la  plus  grande  uniformité  dans  les  basaltes 
compactes  de  TEscandorgue,  du  Salagou,  de  Gabrières  et  de  Nef- 
fiez,  de  la  variété  des  roches  pyroïdes  qui  constituent  la  région 
d'Agde,  de  Saint-Thibéry  et  de  Valros. 

Ainsi  le  mont  Saint-Loup,  près  d'Agde,  est  essentiellement  Formé 
par  des  laves  scoriacées,  souvent  cordiformes.  Ces  laves,  qui  se 
montrent  en  coulées  s'étcndant  à  de  grandes  distances  dans  la 
plaine,  sont  posées  sur  des  couches  de  tuffa  tendre,  qui  se  prolon- 
gent à  une  profondeur  qui  ne  nous  est  pas  connue.  Enfm  près  du^ 
sommet  on  trouve  dès  amas  considérables  de  pouzzolanes,  de 
cendres  et  de  lapilli. 


NOTI  DE  m.  MARCEL  DE  SERRES  ET  CiZALIS  DE  POlf DOUCE.       187 

Telle  est  la  composition  du  mont  Saint-Loup,  sur  lequel  le 
phare  est  bâti,  ainsi  que  des  deux  monticules  voisins',  connus 
dans  le  pays  sous  les  noms  de  Pichot-puech  ou  petit  Pic,  et  de 
Puech  (taoâ  castel  ou  pic  du  Château.  Ces  pics  s'ëlèvent  sur  la 
même  base  que  le  prëci^dent,  et  forment  â  proprement  parler  avec 
lui  le  même  cône  volcanique. 

La  plaine  qui  s'étend  an  pied  de  cette  montagne,  A  l'ouest  et  au 
nord,  parallèlement  à  la  Méditerranée,  est  recouverte  par  une 
grande  quantité  de  laves  compactes,  isolées  et  moutonnées,  qui 
ont  la  forme  de  bombes  à  couches  concentriques,  du  volume 
souvent  d'un  mètre  cube.  Ces  laves  surmontent  des  couches  hori- 
zontales de  lapilli  et  de  tufPa  tout  à  fait  semblables  k  celles  qui 
forment  la  base  du  Saint-Loup.  Ces  couches,  généralement  friables 
et  jaunâtres,  très  épaisses  et  très  étendues,  se  prolongent  sur  toute 
la  contrée  que  nous  étudions.  Elles  se  retrouvent  en  effet  sur  tout 
le  littoral  jusqu'au  delà  de  Roquehaute  vers  le  nord ,  à  Saint- 
Thibéry  et  à  Vaht>s,  et  semblent  être  en  rapport  avec  les  pépé- 
rines  de  la  Bégude  dans  les  environs  de  Béziers. 

La  tranchée,  ouverte  près  de  Yias  pour  le  passage  du  chemin  de 
fer,  a  atteint  dans  ces  tuffas  une  profondeur  de  8  â  10  mètres,  sans 
être  parvenue  au  point  où  ils  cessent.  Ces  couches,  composées  de 
laves,  de  lapilli,  de  cendres  et  de  différents  produits  volcaniques, 
sont  surmontées  presque  partout  par  une  assise  plus  ou  moins 
épaisse  de  graviers,  de  sables  et  de  cailloux  quartzeux  de  la 
période  quaternaire.  Elles  empâtent  en  outre  dans  leur  masse  des 
fragments  identiques  avec  ceux  qui  composent  les  assises  supé- 
rieures, circonstance  dont  nous  aurons  â  tenir  compte  plus  tard  en 
raison  de  la  date  qu'elle  pourra  nous  fournir. 

A  une  lieue  d'Agde  et  â  l'ouest,  on  aperçoit  au-dessus  des  tuffas 
un  épatement  basaltique  d*une  faible  élévation  qui  forme  la  petite 
chaîne  connue  sous  le  nom  de  fhf/ue/iauw  ^  bien  que  sa  faible 
hauteur  au-dessus  de  la  plaine  ne  lui  mérite  guère  un  pareil 
nom  (1).  Ces  laves,  presque  compactes,  d'un  gris  moins  foncé  que 
celles  de  Saint-Loup  et  du  fort  Drescou,  sont  caractérisées  par  de 
petits 'cristaux  de  pyioxcne  souvent  m acl os,  disséminés  dans  la 
masse.  Cette  petite  chaîne  se  prolonge  pendant  environ  une  demi- 
lieue  tout  à  fait  à  découvert,  et  a  un  niveau  moyen  de  50  mètres 
au-dessus  du  niveau  de  la  plaine.  Au  delà  elle  s'abaisse  au  point 


(4)  Ch&taigoier  de  Roquehaute  :  79"*, 72  au-dessus  de  la  mer. 
Point  le  plus  bas  de  Roquehaute.  .  49*,75  — 


ISS  SÉAlfCB    DU    lô    DÉCEMBRE    1861. 

d*èlrc  recouverte  par  les  alluvions  graveleuses  et  sablonneuses  qui 
composent  le  sol  superficiel.  Ce  fait,  qui  se  re]n'U(luit  égaleuient 
pour  les  pëpérines  de  la  Bégudc,  nous  a  empêchés  de  déterminer 
exactement  jusqu'à  quelle  distance  de  Béziers  s*éteiuient  les  for- 
mations volcaniques.  Tout  ce  que  Ton  peut  dire  à  cet  é|;ar(i, 
c*est  qu'elles  se  prolongent  à  une  lieue  environ  vers  le  sud-ouest 
au  delà  de  la  Bégude. 

Il  n'en  est  pas  de  même  vers  le  nord  où  Ton  peut  très  bien  sui- 
vre retendue  des  couches  tu  (lacées.  Tantôt  à  découvert,  tantôt 
recouvertes  par  les  alluvions  quartzeuses,  on  les  aperçoit  toujours 
partout  où  des  travaux  ont  nécessité  des  tranchées  un  peu  pro  - 
fondes. 

Dans  les  environs  de  Bessan  jusqu'à  Valros,  on  retrouve  les 
tuffas  surmontés  comme  au  Saint-Loup  par  des  laves  compactes 
et  scoriacées,  des  pouzzolanes,  etc.,  de  façon  à  témoigner  d'un 
nouveau  centre  d'éruption.  C'est  après  avoir  passé  le  village  de 
Bessan,  en  se  dirigeant  vers  le  nord,  que  l'on  rencontre  de  nou- 
veau les  basaltes  et  les  laves. 

Ils  se  présentent  en  masses  généralement  moutonnées,  comme 
celles  des  environs  d'Agde,  et  le  plus  souvent  encore  sous  forme 
de  boml)e8  à  couches  concentriques,  et  formant  un  plateau  à 
bords  abrupts,  élevé  de  8  mètres  au-dessus  de  la  plaine.  Un  peu 
plus  loin,  ce  plateau  s'élève  encore  de  quelques  pieds,  et  s'étend 
nu  nord-est  jusqu'à  l'Hérault,  et  au  nord  jusqu'à  Saint-Tliibéry 
où  son  contour  est  rendu  irré^ulier  par  le  prolongement  de  quel- 
ques courants.  Il  s'abaisse  au  contraire  graduellement  vers  l'ouest 
jusc|u'à  se  confondre  avec  les  tullas  volcaniques  et  les  pépériaes 
qui  prennent  leur  plus  grand  développement  auprès  de  la 
Bégude. 

Entre  Bessan  et  Saint-Thibéry  il  est  surmonté  par  trois  col- 
lines disposées  presque  en  ligne  droite  du  sud-sud-est  au  nord- 
nord-ouest,  et  se  confondant  vers  leur  base.  Ces  trois  monticules 
sont  composés  de  laves  scoriacées  grises,  noires  ou  rougeàtres,  de 
lapilli,  de  cendres  volcaniques  grises ,  et  souvent  complét<^nent 
blanches.  Ce  mélange  de  produits  volcaniques  divci*s  est  exploité 
avec  succès  comme  pouzzolane. 

A  la  base  se  trouvent  les  couches  horizontales  de  tuiïas  qui  s'é* 
tendent  sur  toute  la  côte;  au-dessus  sont  les  basaltes  compactes 
en  coulées  ou  en  bombes;  enfui,  au-dessus  de  ceux-ci  et  formant 
les  trois  sommités,  se  présentent  les  laves  scoriacées,  les  lapilli,  les 
cendres,  etc.  Ces  trois  monticules  occupent  l'emplacement  de  trois 
bouches  ignivomes,  et  l'on  peut  les  considérer  comme  représentant 


NOTE  DE  MM.  MÀHCBL  DE  SERRES  ET  CAZALIS  DE  FONDOUCE.       189 

trois  centres  d'éruption.  Les  deux  clicz  lesquels  raclivité  volca- 
nique .1  exerce  son  action  de  la  manière  la  plus  faible  se  sont 
bornes  à  projeter  des  cendres  qui,  en  s'accumulant  autour  de  la 
bouche  qui  les  vomissait,  ont  produit  les  cônes  que  nous  voyons 
aujourd'hui. 

Le  mont  Kamus,  élevé  de  136  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la 
jher,  a  été  le  foyer  principal  de  l'éruption  qui  adonné  naissance  à 
la  chahie  de  Saint- Thibéry.  Des  flancs  de  cette  coUiue  se  sont 
échappés  des  courants  de  lave  compacte,  qui  fonnent  avec  des 
bombes  la  plus  grande  partie  du  plateau  qui  s'étend  à  sa  base. 

L'un  de  ces  courants  est  venu  s'épancher  et  s'étendre  en  forme 
de  promontoire  dans  le  lieu  où  l'on  a  construit  plus  tard  le  fort  de 
Saint-Thibéry.  Les  laves  qui  s'y  sont  accumulées,  à  ce  qu'il  parait, 
à  plusieurs  reprises,  y  ont  formé  une  sorte  de  plateau  circulaire  à 
bords  abrupts,  élevé  d'une  douzaine  de  mètres  au-dessus  de  la 
plaine,  vaste  pâté  d'environ  360  ares  d'étendue. 

Les  basaltes  qui  composent  cet  amas,  compactes  à  la  base,  de- 
viennent de  plus  en  plus  poreux  en  s'approchant  de  la  surface  su- 
périeure, par  suite  do  la  diminution  dépression.  En  même  temps, 
dans  les  parties  qui  se  sont  refroidies  avec  le  plus  de  lenteur,  c'est - 
à^ire  dans  les  parties  inférieures,  ils  ont  pris  une  forme  tabulaire, 
et  se  sont  divisés  en  couches  d'une  épaisseur  moyenne  d'envii-on 
iO  centimètres.  Quant  à  ceux  des  parties  supérieures,  ils  ont  pris, 
par  suite  d'un  abaissement  de  température  plus  rapide,  la  forme 
colonnaire. 

Les  laves  prismatiques  et  tabulaires  qui  forment  la  partie  du 
village  do  Saint-Thibéry  connue  sous  le  nom  du  Fort  reposent 
comme  toutes  celles  des  environs  sur  les  luft'as;  mais  ce  qui  les  dis- 
tingue, en  les  rapprochant  particulièrement  de  celles  qui  compo- 
sent le  plateau  de  Roquehaute,  c'est  qu'elles  renferment  une  grande 
quantité  de  pyroxènc  nuj^ite.  Ces  cristaux  sont  aussi  souvent 
inaclés,  et  si  petits  qu'on  ne  les  aperçoit  pas  toujours  ù  la  vue 
simple. 

Au  delà  et  au  nord-ouest  de  Saint-Thibéry  les  basaltes  appa- 
raissant de  nouveau  et  forment  le  plateau  de  Péréf^raty  qui,  coupé 
par  la  grande  route  de  Montpellier  à  Béziers,  s'avance  vers  le  nord 
jusque  dans  les  environs  de  Tourbes  en  prenant  le  nom  de  Causse 
tic  Fairos.  Ce  plateau  conserve  dans  toute  son  étendue  un  niveau 
a  peu  près  uniforme  de  89  â  90  mètres  au-dessus  de  la  mer,  sauf  à 
la  tour  du  télégraphe  où  le  niveau  s'élève  sensiblement  et  atteint 
jusqu'à  95  et  96  inètresL 

D'après  la  coupe  suivante  que  nous  avons  observée  en  partant 


190  6ÉÀNCB    DU    16   DÉCIHBHB    1861. 

de  la  tour  du  télégraphe,  le  causse  de  Yalros  doit  se  rattacher  du 
Saibt-Loup  et  de  Saint-Tliibéry  : 

4 .  Basalte  ou  laves  compactes. 

2.  Bombes  volcaniques  coDcentriques.   .   .  1'°,00  ft  4"*, 50 

3.  Pépérines  et  taffàs  très  altérés    ....  S",00  à  a^^OO 

4.  Marnes  argileusesdevenuesdures comme 

de  la  brique  cuite 2*", 00 

5.  Pouzzolane  rougeâtre 2"*, 00  à  3"',00 

6.  Alluvions  de  la  plaine,  composées  de 

timon  rougefttre,  de  cailloux  roulés  de 
quartz,  et  de  calcaires  tertiaire^  d*eau 
douce  ou  marins. 

L'épaisseur  de  cette  dernière  coudie  est  extréiiieinent  Tariable; 
assez  GCMisidérable  dans  quelques  endroits,  elle  devient  parfoia  très 
faible  dans  d'autres  localités. 

La  coupe  que  nous  venons  d'indiquer  se  rapproche  beaucoup  de 
celles  qu'offrent  les  environs  de  Saint-Thibéry  et  d'Agde;  elle  n'a 
au  contraire  aucun  rapport  avec  celles  des  formations  ignées  de 
Neffies,  de  Gabrières  et  du  Salagou.  Les  laves  de  Pérégrat  et  dn 
Causse  témoignent  d'ailleurs  d'une  température  trap  élerée  pour 
être  dues  comme  celles  de  ces  dernières  localités  A  un  simple  épan- 
chement.  La  scoriBcation  de  ces  laves,  la  quantité  des  bombes  à 
couches  concentriques  qui  les  accompagnent,  les  tuffas,  les  pouiio- 
lanes,  en  un  mot,  tout  l'ensemble  de  ces  formations  prouve 
qu'elles  sont  dues  a  une  bouche  ignivome  analogue  aux  Téritables 
cratères.  En  |)arcourant  et  en  examinant  attentivement  les  lieux, 
on  peut  acquérir  la  certitude  que  c'est  de  la  partie  occidentale  dn 
plateau  de  Pérégrat  qu'ont  dû  être  éjectées  les  masses  lavîqueSi 
qui  en  coulant  ont  formé  la  longue  chaîne  qui  s'étend  da  ce  poÎDt 
vers  Valrof. 

Toutes  les  formations  volcaniques  dont  nous  venons  de  nous  oc- 
cuper sont  complétées  par  une  couche  supérieure  de  basaltes  com- 
pactes, qui  eu  forme  comme  le  couronnement.  Mais  si,  A  partir 
de  Saint-Thibéry,  au  lieu  de  se  diriger  ters  le  nord,  on  marche 
vers  Touesc,  on  arrive  aux  environs  de  la  Bégude  de  Joixly  dans 
une  formation  volcanique  dont  la  natui^e  et  l'aspect  sont  totale- 
ment différents  de  ceux  des  précédentes. 

Il  n'y  a  cependant  pas  d'interruption  entre  ces  formations  si 
différentes,  oonlma  on  pourrait  le  supposer  ;  elles  sont  au  contraire 
intimement  liées.  Les  pépérines  de  la  Bégude  sont  en  effet  en 
continuité  aTOc  les  tuffas  de  la  plainn  d'Agde,  comme  cela  se  voit 
très  bien  dans  une  coupe  des  environs  du  village  de  Montbianc. 


NOTE  DB  HM.  MARCEL  DE  SERRES  ET'cAZALIS  DE  FONDOUCB.       191 

I^it>clic  ionnc  là  une  vcrilubic  pt'périiit^  tiiiracéc,  ayant  encore 
toul  l'aspect  des  tuffas  que  Ton  observe  dans  la  trancbéc  de  Vias, 
et  comincuçaDt  en  inème  temps  à  présenter  celui  des  pëpérines 
grisâtres  de  la  carrière  qui  se  trouve  à  la  Bé(;nde,  derrière  le  poste 
de  la  gendarmerie.  C*est  un  exemple  remarquable  des  différences 
que  peuvent  présenter  les  formations  volcaniques  dans  des  loca- 
lités dont  la  proximité  ne  laisserait  pas  supposer  qu'il  pût  en 
exister  de  pareilles.  Celles  de  la  Bégudc  diffèrent  en  effet  de  celles 
des  environs  d'Agde,  en  ce  qu'elles  sont  composées  uniquement 
de  deux  sortes  de  tuffas  superposés. 

La  coucbc  supérieure  ou  la  plus  superûcielle,  est  un  tuffa  solide 
ou  pépérino-gris,  composé  de  petits  fragments  de  laves  noirâtres, 
réunis  par  un  ciment  blanc  ou  gris  d'une  grande  solidité.  £lle  a 
•a  surface  supérieure  à  103  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la 
mer. 

La  seconde  couche,  qui  n'a  atteint  dans  sa  plus  grande  hauteur 
que  86  mètres  au-dessus  de  la  mer,  appartient  plutôt  à  de  vérita- 
bles tuffas  qu'à  de  la  pépérine.  Elle  est  composée  de  petits  frag- 
ments de  laves  plus  ou  luoins  aUérés,  de  cendres,  de  nodules 
ferrugineux  ou  terre  d'ombre,  de  lapilli,  etc. 

L'ensemble  de  ces  divers  matériaux  constitue  une  roche  peu 
•olidc,  presque  friable,  jaunâtre,  stratifiée  en  oouches  nombreuses 
et  peu  épaisses. 

Ces  deux  systèmes,  ou  plutôt  ces  deux  couches  de  pépérines, 
paraissent  avoir  été  confondus  en  une  seule  par  Alex.  Brongniart, 
Diais  elles  doivent  être  séparées  et  distinguées,  puisqu'elles  le 
sont  autant  par  leur  nature  que  par  leur  position. 

Les  formations  volcaniques  des  environs  d'Agde  appartiennent 
à  une  é|HX|ue assez  récente,  surtout  en  les  comparant  à  celles  qui 
sont  plus  éloignées  de  la  Méditerranée.  11  faut  en  effet  les  rapporter 
«  l'époque  des  dépôts  de  cailloux  siliceux  et  calcaires  qui  forment 
sur  toute  la  côte  de  tiéziers  jusqu'à  Cette  la  couche  immédiate- 
ment inférieure  à  la  terre  végétale,  et  sont  souvent  mémo  con- 
fondus avec  celle-ci.  Ce  terrain  de  transport  appartient  évidemment 
à  la  période  quaternaire  des  auteurs  français  ou  nouveau  pliocène 
de  M.  Lyell. 

Dans  la  région  que  nous  venons  de  décrire,  il  est  impossible 
de  ne  pas  reconnaître  cette  contemporanéité  des  formations  volca- 
niques et  des  dépôts  caillouteux.  Dans  toute  la  plaine,  les  tuffas, 
qui  sont  intérieurs  aux  laves,  sont  recouverts  par  les  alluvions 
composées  de  cailloux  quartiem  ou  de  calcaires  terdaireSi  Ces 
tuffas,  formés  de  couches  jaunâtres,  de  cendres  et  de  lapilli, 


k 


19^  SfiANCB    DU    16    DÉCEMBRE    1S61. 

empalent  dos  cailloux  i  ouli's  iilcnliquc?  avec  cctix  des  terrains  supé- 
rieurs. Les  laves  eltes-inèines  en  ixMiferinenl,  et  Ton  observe  à 
16^  mètres  au  sud  de  Saint-Thihéiy  une  coulée  qui  a  recouvert 
le  sable  et  le  {jravier  quartzeux  de  la  plaine  (1).  Ce  fait,  conslat<3 
par  l'un  de  nous,  il  y  a  déjà  cinquante-trois  ans  (1808),  est  encore 
visible  aujourd'hui. 

Cette  contemporanéité  des  deux  formations  explique  parfaite- 
ment Tunifonnité  de  cette  grande  plaine  de  tulTas  qui  règne  sur 
route  la  côte,  depuis  la  ]>lage  jusqu'à  Pézénas,  et  depuis  Tctang 
de  Tliau  jusqu'à  Portiragues. 

C'est  eu  efl'et pendant  que  cet  espace  était  recouvert  par  les  eaux, 
dans  lesquelles  les  dépôts  d'alluvion  se  sont  formés,  que  l'éruption 
volcanique  a  eu  lieu.  Les  cendres,  les  pouzzolanes,  les  laves 
brisées  et  triturées  ont  été  reprises  et  remaniées  par  les  eaux,  et 
ont  formé  une  boue  épaisse,  qui  s'est  plus  ou  moins  durcie,  de. 
façon  à  former  les  tuflas  et  les  pépérines  que  nous  observons 
aujourd'hui. 

La  présence  de  Teau  n'a  pourtant  pas  em|)éclié  dans  les  éruptions 
sous-marines  de  se  foiiner  autour  des  bouches  ignivomes  des 
aicumulations  plus  considérables  de  cendres,  de  scories  et  de 
pouzzolanes,  ([ui  y  ont  produit  des  cônes  plus  ou  moins  élevés. 
C'est  ce  qui  a  eu  lieu  au  Monte  Nittn»o  et  au  Monte  Bniharo  et  ce 
qui  explique  la  formation  des  montagnes  d'Âgde,  de  Bessan  et  de 
Saint-Thibéry. 

Après  les  éjaculations  de  cendres,  de  scories,  etc.,  qui  ont  été 
Li  première  manifestation  de  l'action  volcanique,  ont  paru  les 
laves  qui  ont  coulé  du  cratère  sur  les  flancs  de  la  montagne.  Elles 
se  sont  ainsi  répandues  sur  une  partie  de  la  plaine,  recouvrant 
toujours  les  tulTas,  bien  que  ceux-ci  soient  plus  tendres  et  plus 
mous.  En  même  temps  il  y  a  eu  projection  de  masses  laviques 
qui,  en  tournoyant  dans  l'air  avant  de  retomber,  ont  pris  la 
forme  de  l)ombes  concentriques  sous  laquelle  elles  nous  appa- 
raissent. 

Il  n'en  a  pas  cependant  été  toujours  ainsi,  et  l'éruption  u'a  pas 
été  complète  partout.  Les  deux  pics  les  plus  rapprochés  de  JSessau 
n'ont  vomi  que  des  cendres,  tandis  que  le  causse  de  Pérégrat,  le 
mont  Ranms  et  le  Saint-Loup  ont  aussi  éjaculé  des  basaltes  et  des 
laves  com|>actes. 


(4)  Voyez  page  i2  àe^  Observations  pour  servira  t histoire  tfes 
volcans  éteints  du  département  de  l'Hérault^  par  M.  Marcel  de 
Serres,  \  vol.  in-8.  Montpellier,  1808.  Y'  Touroel. 


Terebratula  biplicala,i.)rpe,  delà  collection  Ae  Brocchi, 

T indeillala,  Sow..vsr.dulias  may.du  clép'delaSaHhe. 


•  ••  •*• 


I 


.  IVÉastcr  GresslvijDcsor.  4-,   P-, _  Udaiioidcs,  Ag. 


IfOTK  DK  MM.  MAICRL  DR  SBRRFS  RT  TAZÀMS  DR  PONDOUCR.       193 

Pour  étudier  les  conditions  ])ar(iculii'rcs  de  ces  éjections,  il 
nous  suffira  de  fixer  notre  attention  sur  celle  du  Snint-Loup. 

Sur  une  base  counnune  s'élèvent  (!inq  pics,  celui  du  Saint- 
Loup,  celui  du  chîUeau,  le  petit  pic  et  deux  autres  moins  considé- 
rables, formant  environ  les  trois  quarts  d'un  cirque;  ce  sont 
les  tén)oins  encore  debout  des  bords  de  l'ancien  cratère. 

La  montagne  a  dans  son  ensemble  la  forme  circulaire  qui 
caractérise  les  cônes  d'éruption.  Elle  a  clé  formée  par  des  amas 
de  ceuiircs,  de  pouzzolanes  et  de  lapilli  qui,  retombant  autour  de 
la  bouche  qui  ks  vomissait,  ont  ])roduit  des  couches  île  tuftas  qui 
ont  l'inclinaison  même  de  ses  flancs. 

Après  cette  première  période  de  l'éruption,  pendant  laquelle 
s'est  formé  le  cône,  ont  été  éjaculéesles  laves  qui  se  sont  écoulées 
par  deux  courants  principaux.  L'un  se  dirige  au  nord-ouest  et  se 
prolon({p  dans  la  plaine  jusqu'A  la  distance  d*environ  une  lieue; 
il  se  bifurque  en  deux  branches  sur  Tune  desquelles  est  butie  la 
ville  d'Agde;  l'autre  forme  le  cap  d'A^^de  et  se  prolonge  dans  la 
iner,  sans  qu'on  puisse  déterminer  le  point  où  elle  s'arrête.  Elle 
s'est  accumulée  en  une  sorte  de  vaste  amas  à  une  demi-lieue  du 
rivage,  et  a  formé  Vtic  de  Brcscou^  dont  la  plus  grande  hauteur 
au-dessus  de  la  mer  est  de  7  à  8  mètres. 

Il  n'y  a  eu  qu'un  cratère,  celui  que  nous  avons  indiqué  plus 
haut,  et  c'est  à  tort  que  Gensanne  il)  en  admettait  trois,  un  au 
territoire  de  Sainl-Martin,  un  sur  le  sommet  du  Saint-Loup,  et 
un  ù  Brescou.  La  crête  du  Saint-Lotip  est  trop  étroite,  et  ce  n'est 
que  par  un  manque  d'observation  qu'on  peut  y  voir  remplacement 
d'une  bouche  ignivome.  II  n'y  a  pas  eu  non  plus  de  cratère  à  l'ile 
de  Brescou,  car  elle  est  formée  simplement  par  un  épatement  de 
la  coulée  méridionale  du  Saint-Loup,  connue  le  fort  de  Saint- 
Thihéry  est  formé  par  un  épatement  de  la  coulée  septentrionale 
du  mont  Ranuis. 

Quant  à  celui  du  territoire  de  Saint- ïMartin,  l'observation  de 
Gensanne  paraîtrait  fondée,  si  ce  naturaliste  a  entendu  désigner 
sous  ce  nom  le  grand  cirque  formé  par  les  sommités  dont  la  base 
du  Saint-I^up  est  hérissée.  Du  reste,  les  exploitations  de  pouzzo- 
lanes et  les  cultures  changent  tellement  la  face  de  cette  montagne, 
que  des  cavités,  qu'on  aurait  pu  avec  peu  d'attention  prendre  il  y 
a  cinquante  ans  pour  des  cratères,  ont  aujourd'hui  disparu,  tandis 
que  de  nouvelles  se  sont  formées. 

Il  faut  cire  par  conséquent  d'une  grande  circonspection  dans 


(4)  Histoire  naturcUtî  (ht  L(i!i};u<'(l*>c^  177-). 

Sùc,  ^vot.^  2*  série,  tome  XIX.  13 


J9A  SÊANCK    DU    16    DÉCEMBIIB    1861. 

la  recherche  des  bouches  igoivomcs.  L'un  de  nous,  avec  IVl.  Fleu- 
riau  de  Bellevue,  avait  supposé  en  1808qu  il  devait  y  avoir  eu  un 
cratère  près  du  cap  d'Agde,  du  côté  de  la  mer,  d'après  la  disposition 
des  couches  de  tuffa.  £n  effet,  sur  le  pic  du  château  elles  plongent 
d'une  manière  évidente  vers  le  nord  du  sud  au  nord,  et  vers  le 
sud  du  nord  au  sud.  En  étudiant  aujourd'hui,  avec  plus  d'attention 
que  nous  ne  Tavions  fait  lors  de  notre  première  visite  sur  les  lieux, 
les  bords  du  cratère  tels  que  nous  l'avons  décrit  plus  haut,  nous 
avons  remarqué  que  la  même  disposition  aiiticlitmle  se  reti*ouvait 
sur  toutes  les  sommités  de  la  montagne. 

Les  couches  de  tuffa  suivent  à  l'extérieur  l'inclinaison  des 
flaacs  du  cône,  tandis  qu'à  l'intérieur  du  cratère  leur  inclinaison 
est  inverse  et  est  dirigée  de  la  crête  au  centre.  Cette  disposition 
est  en  effet  celle  qui  se  reproduit  constamment  dans  les  cônes 
d'éruption.  Les  cendres  en  retombant  s'accumulent  autour  de  la 
bouche  qui  les  a  vomies  et  forment  un  amas  qui  présente  dans 
sa  partie  supérieure  une  crête  circulaire,  à  partir  de  laquelle 
s'étendent  des  couches  inclinées  au  dehoi*s  vers  l'extérieur,  au 
dedans  vers  le  centre. 

Cette  disposition  anticlinate  se  retrouve  dans  une  infinité  de  vol- 
cans à  cratères,  et  particulièrement  au  cap  de  Misènc  près  de  Na- 
ples,  dans  Vile  de  Graham^  etc.  C'est  un  fait  fort  remarquable  et 
pourtant  très  uaturel  qui  milite  en  faveur  de  la  théorie  des  cônes 
d'éruption  contre  celle  des  cônes  de  soulèvement. 

IL  —  Points  volcanitfues  des  environs  de  Montpellier, 

m 

Il  nous  reste  encore  à  dire  quelques  mots  d'une  région  py- 
itude  qui  appartient  au  même  système,  mais  se  trouve  un  peu  eo 
dehors  de  la  ligne  principale. 

C'est  aux  environs  de  Montpellier  et  au  nord  de  cette  ville  que 
Ton  rencontre  ce  pays  pour  ainsi  dire  semé  de  soufflets  volcaniques. 
L'éruption  s'est  faite  sur  les  limites  de  la  formation  lacustre  et 
dans  ces  terrains  même,  sauf  à  Combaillaux  où  elle  s'est  produite 
dans  le  corallien,  mais  sur  sa  lisière  et  au  contact  des  terrains  la- 
custres. Nous  connaissons  aujourd'hui  cinq  points  où  se  montrent 
les  roches  volcaniques,  et  il  est  probable  qu'une  recherche  atten- 
tive dans  ces  localités  pourrait  augmenter  ce  nombre.  Ces  points 
ont  fort  peu  d'étendue  et  sont  tous  dus  cônes  d'épanchement  ou 
des  dykes.  Nous  en  commencerons  l'étude  par  le  dyke  situé  au 
nord-ouest  du  village  de  Prades,  parce  que  c'est  le  point  le  plus 
éloigné  de  la  Méditerranée  et  de  la  ligne  de  l'Ëscandorgue. 


NOTI  Dl  MM.  MARCEL  DE  SERRES  ET  CA/ALIS  DE  FONDOLXE.       195 

Situé  AU  sud-est  de  la  source  du  Lez  et  fort  rnpproclié  de  la 
grange  du  Pin,  cet  épauolieineiit  se  ronijiose  de  plusieurs  portions 
interrompues  et  irrégulières  etd*undyke  d'une  faible  étendue.  Le 
basalte,  qui  a  traversé  les  terrains  d'eau  douce  tertiaires  du  groupe 
éocène,  a  rendu  tes  marnes  de  ces  terrains  presque  analogues  à  de 
la  brique  cuite,  il  a  atteint  entre  la  grange  du  Pin  et  le  iMazet  une 
hauteur  de  60  mètres  au-dessu3  du  niveau  de  la  mer,  et  ne  pré- 
sente dans  son  ensemble  aucune  particularité  digne  de  fixer  plus 
longtemps  l'attention. 

Les  formations  volcaniques  de  Montferrier  constituent  deux 
masses  principales  fort  nettement  distinguées  dans  la  carte  de  M.  de 
Routille.  La  butte  la  plus  méridionale  des  deux  niasses  est  celle 
sur  laquelle  le  village  lie  Montfeirier  est  bâti;  c'est  aussi  la  plus 
élevée;  son  sommet  est  à  103  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer 
et  à  53  mètres  au-dessus  de  la  vallée. 

Le  cône  volcanique  de  Montferrier  est  isole  au  milieu  d'une 
vallée  calcaire;  ses  flancs  sont  sillonnés  par  dea  courants  de  laves 
lithoïdes  et  de  brèches  basaltiques  qui  ont  été  remaniées  et  ravinées 
par  les  eaux,  de  façon  à  perdre  presque  tout  leur  caractère  apparent 
de  volcanicité. 

Au-dessous  des  prismes  et  des  basaltes  compactes  du  sommet 
régnent  d'épaisses  masses  de  tiiffa  ou  bièclies  basaltiques,  compo- 
sées d'un  ciment  brun  foncé  enveloppant  de  nombreux  fragments 
de  lave  peu  altérée,  ou  plutôt  en  partie  seulement  décomjiosée, 
des  noyaux  d'olivine  ou  de  terre  verle  de  Werner  et  des  cristaux 
de  pyroxène.  Ces  tuflas  sont  surtout  très  abondants  sur  la  face 
septentrionale  de  la  montagne. 

On  peut  les  rapporter,  comme  l'a  fait  ÎM.  Girard,  professeur  à 
l'Université  de  jMarsburg,  aux  tuHs  palagonites  de  rAllemagne 
et  de  l'Islande,  décrits  par  iM.M.  Bunsen  et  Waltersliausen  (1). 
Les  fragments  de  basalte  qui  composent  ces  brèches  ont  un  mode 
de  décomposition  tout  particulier,  qui  est  analogue  à  celui  des 
mêmes  roches  de  l'Alleuiagne  et  de  l'Islande. 

Le  piton  basaltique  de  Montferrier  est  situé  sur  la  rive  droite 
du  Lez,  au  milieu  d'une  vallée  calcaire  dans  laquelle  s'étend  la 
formation  d'eau  douce  sédimentaire,  et  que  bordent  des  collines 
de  calcaire  jurassique  et  néocomien.  Au  centre  de  la  vallée  et  sur 
les  rives  du  Lez  se  sont  déposés  de  grands  ama:i  de  calcaire  qua- 
ternaire, sorte  de  tufl  chargé  d'empreintes  de  végétaux,  parmi 


(4)  Neues  Jahrbuch,  <853, 


106  StANCB    DU    16    D^CEMBRB    1801. 

lesquels  dominent  les  dicotylédones.  Ces  couches,  horizontalement 
stratifiées,  sont  déposées  sur  des  couches  de  poudingues  lacustres 
fortement  relevées,  qui  viennent  buter  contre  la  roche  pyroide. 
Celle-ci  est  donc  antérieure  au  dépôt  quaternaire,  et  postérieure 
au  poudingue  lacustre,  dont  les  galets  sont  caractérisés  par  des 
Lymnées,  des  Planorbes  et  des  Paludines,  et  qui  renferme  des 
couches  très  puissantes  de  calcaire  siliceux.  D'ailleurs  ce  qui 
prouve  d'une  manière  péremptoire  l'antériorité  des  dépôts  éocènes, 
c'est  que  la  masse  ignée  a  empâté  et  calciné  des  blocs  calcaires 
provenant  d'une  façon  évidente  de  cette  formation. 

Il  y  a  trois  ans,  l'un  de  nous,  avec  le  concoui-s  de  M.  J.  Ribau, 
découvrit,  â  une  deuii-lieue  au  sud  de  Montferrier,  une  coulée  de 
tu£fa  volcanique  dépendant  de  ce  foyer.  Ce  petit  épanchement, 
signalé  à  l'Académie  des  sciences  de  Montpellier  au  mois  de 
février  1859  (1),  est  situé  auprès  d'une  métairie  désignée  sur  la 
carte  sous  le  nom  de  Mas-de-Lafont,  environ  à  700  mètres  de  la 
route  départementale  de  Montpellier  à  Mende. 

Placé  sur  ta  ligne  droite  qui  passe  par  les  dykes  de  la  grange  du 
Pin  et  le  piton  de  Montferrier,  ce  point  occupe  presque  le  sommet 
d'un  angle  déterminé  par  cette  direction  et  celle  qui  joint  le  soufflet 
de  Yalmahargucs  au  dyke  de  l'Escary.  îïangic  ainsi  formé 
mesure  environ  65  degrés;  il  a  son  ouverture  tournée  vere  le  N.*0., 
et,  sur  le  côté  qui  est  dans  la  direction  du  nord,  on  retrouve 
quelques  affleurements  offrant  une  apparence  de  calcination.  Cette 
circonstance  jointe  à  la  position  de  cet  épanchement  nous  porte  à 
le  relier  au  foyer  plus  considérable  de  Montferrier. 

Les  boucs  volcaniques  qui  composent  entièrement  la  petite 
formation  pyrolde  du  Mas-de-Lafont  se  sont  fait  jour  auprès  de  la 
limite  des  dé|K>ts  travertins  ou  quaternaires  fluviatiles,  dépôts  qui 
suivent  les  contours  du  Lez  à  travers  les  terrains  tertiaires  d'eau 
douce,  avec  une  direction  générale  du  nord  au  sud.  Elles  recou- 
vrent donc  la  formation  éocène  (luvio- lacustre,  qui  a  été  recouverte 
aussi  après  son  soulèvement  en  ce  point  par  la  formation  supé- 
rieure des  terrains  quaternaires  horizontalement  strati6é8. 

Ce  fait,  qui  est  le  seul  indice  de  leur  âge»  présente  une  grande 
analogie  avec  ce  qui  s'est  passé  à  Montferrier,  et  nous  permet  de 
rapprocher  les  épanchements  volcaniques  des  environs  de  Mont- 


(4)  Messager  fin  widt\  4  6  février  4  869,  ei  Moniteur  universel^ 
49  février  4  859  :  Note  sur  la  communication  faite  à  rAcadémie  des 
sciences  de  Montpellier,  psr  MM.  P.  Cazalis  de  Fondouce  et  J.  Ribau. 


NOTK  DE  MM.  MAECKL  U£  SKRRK8  KT  CAZALIS  DE  FONDOUCE,'     197 

pellier  de  ceux  de  Cabiières  et  du  Snla{^ou,  et  de  les  rapporter 
comme  CCS  derniers  à  la  fm  de  la  période  éocène. 

La  majeure  partie  de  la  coulée  du  Mas-de-Lafont  disparaît  sous 
la  terre  vé(;étale.  La  portion  qui  reste  à  découvert  forme  une  sorte 
de  pentagone  d'une  surface  d'cuviron  1000  mètres  carrés.  L'épan- 
chement  ainsi  limité  a  une  lon^jueur  de  50  mètres  sur  une  largeur 
moyenne  de  20  mètres.  Les  observations  barométriques  que  nous 
flmes  au  mois  de. février  1859  nous  donnèrent  les  hauteurs  sui- 
vantes au-dessus  du  niveau  de  la  mer  : 

4 .  Plateau  du  Mas-de-Lafont 50»,S7 

3.  PoiDt  supérieur  de  la  partie  dénudée 4 2°*, 40 

La  coulée  est  formée  par  une  sorte  de  boue,  ou  tuft'a  volcanique, 
colorée  en  rouge  et  présentant  en  ceitains  points  un  aspect  noirâtre 
comme  la  matière  tufl'acée  de  iVIontferrier  et  de  Valmahargues. 
On  y  trouve,  comme  dans  ces  dernières  localités,  de  noml)reux 
nodules  allongés  de  péridot  ou  terre  verte,  des  cristaux  d'amplii- 
bole  hornblende,  de  l'obsidienne,  de  In  nigrine  ou  fer  titane,  des 
spinelles  noirs  analogues  à  ceux  que  Ton  trouve  dans  les  sables 
pliocènes  de  Sauret,  et  des  veines  de  spath  calcaire  provenant 
d'infiltrations  faites  dans  les  fissures  opérées  dans  la  masse  par  le 
refroidissement. 

Enfin,  ce  qui  milite  en  faveur  de  Tâge  que  nous  avons  assigné 
plus  haut  à  ces  formations  pyroides,  on  trouve  dans  ces  lull'as  des 
rognons  brûlés  de  calcaire  provenant  des  poudingues  lacustres, 
qui  formaient  primitivement  la  surface  extérieure  du  terrain.  Ces 
poudingues,  que  Ton  observe  à  côté  même  de  la  coulée  en  couches 
inclinées  à  riiorizou  de  45  degrés,  sont  les  mêmes  que  ceux  que  Ton 
retrouve  à  Montferrier,  et  qui  ont  été  soulevés  entre  ces  deux  points 
en  conservant  leur  parallélisme  horizontal. 

Si  nous  sommes  entrés  dans  tous  ces  détails,  c'est  qu'ils  n'avaient 
encore  été  publiés  nulle  part,  tandis  que  le  pilon  de  Montferrier, 
dont  noua  avons  déjà  parlé,  et  celui  de  Yalmahargues  qui  va  nous 
occuper,  avaient  déjà  été  l'objet  des  études  de  nombreux  géologues, 
notamment  de  Moutet,  Joubert,  Draparnaud,  Marcel  de  Serres, 
Girard,  de  Rouville,  etc. 

Le  petit  monticule  volcanique  de  Yalmahargues  au  S.-E.  de 
Grabels,  nommé  dans  le  pays  Ion  truc  de  Rceiounellcs,  très  peu 
élevé  au-dessus  de  la  vallée  au  centre  de  laquelle  il  se  trouve,  a 
pourtant  atteint  la  hauteur  de  115  mètres  au-dessus  du  niveau  de 
la  mer.  L'activité  de  ce  foyer  a  dû  être  peu  considérable,  puisque 
les  basaltes  n'ont  pas  pu  traverser  la  totalité  des  calcaires  lacustres 


198  StANCE    DU    16    DÉCKMBIK    1861. 

antérieurement   déposés    (1),  si   bien    que    ceux-ci    couronnent 
comme  cUunc  calotte  la  masse  pyroïdc. 

Ce  n'est  en  effet  que  vers  le  N.-O.  que  cette  dernière  se  montre 
à  découvert  ;  dans  le  reste  du  cône  elle  est  recouverte  par  le  cal- 
caire â  travers  lequel  elle  n*a  pas  pu  se  faire  jour,  et  dont  les 
couches  ont  été  seulement  soulevées. 

On  ne  peut  pas  admettre  que,  s'il  en  est  ainsi,  c'est  que  les 
roches  d'eau  douce  n'ont  été  déposées  qu'après  la  fonnatioa  des 
terrains  volcaniques,  car  elles  ont  été  altérées  par  Faction  de  ces 
derniei*s,  de  façon  à  présenter  un  faciès  sensiblement  modi6é/ 

Nous  avons  dit  que  la  roche  pyroide  n'avait  pu  que  partielle- 
ment traverser  la  roche  sédimentaire,  tant  avait  été  faible  la  force 
qui  la  poussait  au  dehors.  C'est  ainsi  en  effet  que  sur  la  face  méri- 
dionale, qui  est  en  grande  partie  recouverte  par  le  calcaire,  on 
observe  vers  la  base  de  petits  mamelons  de  lave,  qui  semblent  mis 
au  jour  par  une  série  d'explosions  partielles  du  calcaire.  Leur 
forme  est  lép,èrement  conique,  et  ils  ressemblent  assez  aux  four-* 
neaux  d'écobuage,  que  Ton  dispose  dans  les  champs  pour  brûler 
les  terres.  On  observe  également  sur  la  face  occidentale  un  de  ces 
petits  mamelons  de  lave  qui,  en  se  faisant  jour  à  travers  le  calcaire, 
l'a  rejeté  sur  ses  flancs  de  manière  à  en  être  comme  encadré. 

Le  cône  volcanique  de  Redounelles  se  prolonge  vers  le  nord  par 
une  chaussée  basaltique  sensiblement  plus  élevée  que  le  niveau 
de  la  vallée,  pendant  un  demi-kilomètre  ;  au  delà,  cette  chaussée 
s'abaisse  considérablement  et  disparait. 

Il  n'est  pas  probable  que  les  laves  qui  la  composent  proviennent 
d'une  coulée  du  pic  de  Redounelles.  Il  y  a  eu  sans  doute  plutîeurs 
centres  d'action,  et  en  eflet  vers  le  milieu  de  la  chaussée  on  voit 
les  laves  se  bifurquer  vers  le  N.-E.,  et  aller  produire  dans  cette 
direction  plusieurs  mamelons  volcaniques,  dont  le  plus  considé- 
rable est  en  face  du  hameau  de  Yalmahargues.  Ces  mamelons 
sont  liés  les  uns  aux  autres  de  manière  à  former  comme  une  petite 
chaîne,  et  il  est  probable  que  la  traînée  basaltique  qui  se  dirige 
vers  celui  de  Redounelles  est  uue  sorte  de  dyke  qui  relie  ce  der- 
nier piton  à  la  masse  principale. 

Il  ne  nous  reste  plus  qu'à  dire  quelques  mots  du  dyke  volca- 
nique de  l'Ëscary,  qui  se  trouve  au  centre  du  triangle  formé  par 


^■db 


(4}.  Voy.  notre  mémoire  sur  les  volcans  de  la  vallée  du  Saiagou^ 
dans  les  Comptes  rendus  de  C Académie  des  sciences  de  MontpeUier^ 
4869. 


NOTI  DE  HM.  MÀKCKL  DE  SERRES  ET  CAZÀLI9  DE  FONDOUCE.       109 

les  villages  de  Combaillaux,  lic  Mûries  et  la  colonie  de  Mont- 
laubre. 

Ce  n'est  point  un  soufflet  ou  (^panclienient  basaltique  en  forme 
de  cône,  comme  semblerait  l'indiquer  le  point  rond  Gguré  sur  la 
carte  de  M.  de  Rouville,  c*est  un  dyke  dirigé  du  S.-O.  au  N.-E., 
sur  une  longueur  d'une  centaine  de  mètres  à  peine,  visible  seule- 
ment sur  une  partie  de  son  étendue. 

Lorsqu'en  suivant  la  route  de  Grabels  à  Mûries  on  a  dépassé  la 
bergerie  Azéma  et  le  pont  de  la  Roquette,  on  trouve  sur  la  droite 
un  ravin  profond  creusé  dans  le  calcaire  corallien  s  c'est  ia  combe 
fie  tEtcary',  Dans  l'intérieur  de  cette  combe ^  à  une  cinquabtaine 
de  mètres  du  chemin,  et  aux  trois  quarts  environ  de  la  hauteur 
du  flanc  occidental,  on  commence  à  trouver  quelques  blocs  isolés 
de  lave  compacte.  £n  montant  encore  on  ne  tarde  pas  à  rencontrer 
un  dyke  de  basalte  qui,  partant  ou  paraissant  partir  de  ce  point, 
s'élève  vers  le  sommet  de  la  montagne  de  l'Escary. 

La  partie  de  ce  filon  mise  à  découvert,  et  qui  surmonte  les  cal- 
caires coralliens,  est  extrêmement  étroite  et  dépasse  à  peine  30  à 
&0  centimètres.  Sa  largeur  réelle  est  probablement  plus  considé- 
rable. Si  elle  paraît  aussi  réduite,  c'est  qu'il  a  été  partiellement 
recouvert  par  les  décombres  extrêmement  nombreux  et  les 
ëboulemenls  des  roches  coralliennes  qui  le  masquent  également 
sur  toute  sa  longueur,  ne  le  laissant  paraître  que  de  distance  en 
distance. 

Le  niveau  de  la  vallée  de  la  iMasson  au  point  où  débouche  la 
combe  de  l'Escary  est  à  85  mètres  au-dessus  de  la  mer,  et  le  point 
le  plus  élevé  atteint  par  la  roche  basaltique  est  à  157  mètres  au- 
dessus  du  même  niveau,  soit  72  mètres  au-dessus  de  la  vallée. 

Une  dernière  observation  clora  ce  que  nous  avions  à  dire  sur 
les  formations  volcaniques  des  environs  de  Montpellier. 

(«es  volcans  éteints  de  jMontferrier  et  de  Valmahargues  ont  cela 
de  particulier  qu'ils  sont  situes  dans  deux  vallées  assez  profondes 
qui  connnuniquent  ensemble  et  qui  sont  bordées  au  bord  par  des 
collines  qui  font  pressentir  la  haute  chaîne  calcaire  des  Séranes^ 
ceinture  méridionale  disposée  au  pied  des  cimes  granitiques  et 
schisteuses  des  Cévenncs.  Lu  même  observation  peut  s'étendre  à 
toutes  les  formations  volcaniques  des  environs  de  Montpellier  dont 
nous  avons  parlé.  Gela,  avec  leur  âge,  nous  permet  de  les  placer, 
à  cAté  des  terrains  pyroides  de  Nefflez  et  du  Salagou,  dans  la  caté- 
gorie des  volcans  de  la  région  montagneuse,  que  nous  avons 
opposés  aux  volcans  du  littoral,  représentée  par  ^ux  dé  Saint- 
Tbîbéry  et  d'Agde.  Il  ne  Aéra  4ônâ  pas  sans  intérêt  dé  côntparcT 


200  SÉANCE    DU     IC    D^XËMBRE    18()1. 

leurs  liauteiirs  à  celles  des  points  volcaniciues,  ({iic   nous  avons 
décrits  dans  deux  niëmoires  précédents  (1). 

C'est  ce  que  nous  avons  l'ait  dans  le  tableau  suivant,  et  l'on  remar- 
quera que  l*ordre  de  décroissance  des  hauteurs  répond  parfaite- 
ment à  Téloigneinent  de  la  chaîne  centrale  de  l'Escandorgue. 

4.  Pic  de  Mourgis,  près  de  Cailles 44  88*° 

5.  L^Escandorgue,  premier  sommet 899 1     g^.. 

3.  id.  second  sommet 907) 

4.  Montagne  volcanique  de  Murât 897 

5.  Formation  volcanique  de  la  Pésade 764 

6.  Piton  de  Saint-Vincent 714 

7.  Causse  de  Carlencas  et  de  Rouët 433 

8.  Vallée  du  Salagou,  Liengède,  maximum  .  ,  367)  ^97 

9.  id.  Grand-Gèble,  minimum.  927  { 

4  0.  Système  de  Fontez,  maximum 234)  .^g 

44.  id.  minimum 423) 

42.  Dyke  de  l'Escary 467 

4  3.  Truc  de  Redounelles 4  45 

4  4.  Piton  de  Montferrier 4  03 

4  5.  Dyke  de  la  grange  du  Pin 60 

Cette  décroissance  est  très  remarquable,  surtout  si  on  la  com- 
pare à  ce  qui  a  lieu  pour  les  volcans  plus  récents  et  plus  actifs  des 
bords  de  la  JVIéditerrannée.  Ici  les  diiïérences  de  niveau  sont  irré- 
(julières  et  considérables.  Ainsi  le  sommet  du  plateau  de  Pérégrat 
près  de  Valros  n'a  atteint  que  85  mètres,  tandis  que  le  mont  Saint- 
Loup  près  d'Àgde  a  atteint  la  hauteur  de  112  mètres  et  les  pics 
de  Bessau  et  de  Saint-Thibéry  celles  de  126,  135  et  ilxS  mètres. 

Nous  avons,  dans  im  travail  particulier,  exposé  les  conditions 
remarquables  d'uuii'ormité  présentées  par  les  niveaux  des  forma- 
tions volcaniques  d^épanchement  dans  une  même  localité.  Nous 
avons  dans  un  autre  travail  expliqué  ce  fait  d'<iprèsde  nouvelles 
observations,  et  nous  avons  montré  que  le  nombre  des  soufflets 
volcaniques  est  en  raison  directe  de  la  facilité  des  terrains  de  sédi- 
ment à  être  traversés,  et  que  leur  étendue  est  en  rapport  inverse. 
En  même  temps  nous  avons  lait  remarquer  un  décroissemeut 
général  dans  le  niveau  à  mesure  que  Ton  s'éloigne  du  plateau 
central  de  TAuvergne  et  de  la  ligne  de  l'Ëscandorgue.  Ce  fait  a 
été  complètement  vérifie  dans  ce  dernier  travail,  ainsi  que  l'âge 


(4)  Voy.  nos  travaux  sur  les  Tcrraitts  pyroïdes  des  dépariemeHit 
de  r Hérault  et  de  t  Ardèchc^  dans  les  Comptes  reiuiiis  des  travaux  d^ 
t Académie  des  sciences  de  Montpeilier,  4  869  et  4  860. 


NOTE  DE  MM.  MÀKCEL  DE  bEH»£S  ET  CAZALIS  I)K  KONDOUCE.       *201 

que  nous  avious  assi(^iié  à  ces  iorinalions  d'épaiichemeiit  ;  mais 
dans  celui-ci  un  nouveau  ^i;eure  de  volcans  nous  a  pailiculièrenient 
occupes  :  ce  sonl  les  volcans  à  eratèie.  ^ous  avons  fait  voir  que, 
plus  actifs  que  les  précédents,  ces  foyers  pyroides  ont  été  é(Talenient 
plus  récents,  ce  qui  vérifie  la  loi  de  M.  d'Omalius  d'Halloy  qui 
les  rapporte  à  la  période  quaterr.aire.  Enfin  nous  avons  eu  Tocca- 
sien  de  constater  la  justesse  et  la  valeur  de  la  théorie  des  cônes 
dVruption  et  de  réfuter  par  des  faits  celle  des  cônes  de  soulè- 
vement. 

Pour  compléter  notre  travail,  nous  renverrons  aux  auteurs  qui 
ayant  nous  ont  traité  le  niénie  sujet  (1)  ;  car  nous  n'avons  insisté 
que  sur  les  particularités  qui  leur  avaient  échappé.  De  nouvelles 
recherches  viendront  plus  tard,  nous  n'en  doutons  pas,  ajouter  à 
DOS  observations  et  les  rendre  plus  complètes  encore. 

Après  la  découverte  que  nous  fîmes,  dans  le  temps,  d*un  dyke 
volcanique  dans  les  terrains  coralliens  de  la  combe  ou  vallée  de 
TEscary,   le  propriétaire  de  la  colonie  agricole  du  même  lieu 
nous  prévint  qu'il  avait  trouvé,  ou  un  autre  dyke,  ou  un  prolon-. 
geuient  de  celui  que  nous  avions  observé. 

Aveiti  de  cette  circonstance,  nous  nous  rendîmes  sur  les  lieux 
et  nous  reconnûmes  que  le  dyke  de  la  combe  d'Escary  se  prolon- 
geait dans  la  direction  du  nord-est  au  sud-ouest  à  travers  toute  la 
vallée  de  Montlaubre.  Ce  dyke  la  coupe  entièrement  en  diagonale 
et  arrive  jusqu'aux  sommets  des  deux  petites  chaînes  coralliennes 
qui  la  circonscrivent  et  la  couronnent.  On  peut  en  évaluer  approxi- 
mativement la  hauteur,  au-dessus  de  lu  vallée,  à  85  ou  90  mètres. 

Quant  à  celle  de  l'établissement  de  IMontlaubre,  nous  l'avons 
appréciée  au  moyen  du  baromètre  ;  elle  est  d'abord,  au-dessus  de 
la  Faculté  des  sciences  de  .Montpellier^  de  ^2  mètres,  tandis  que 
cette  Faculté  est  elle-même  à  58  mètres  au-dessus  de  la  mer, 
point  ou  Ton  faisait  ces  observations  correspondantes.  11  en  résulte 
que  l'établissement  se  trouve  à  100  mètres  au-dessus  du  niveau 
de  la  mer. 

Le  dyke  volcanique  de  l'Escary,  tantôt  simple  et  tantôt  ramitié, 


(4)  MoDlet,  Mèm,  tic  C Ac,  lies  se.  tie  Paris,  4760.  —  De  Gen- 
sanne,  Hist.  nnt.  du  Lanf(.,  1776.  —  Joubert,  JlJê/n.  de  C Ac,  des 
se,  ttt:  Paris,  4769.  —  Draparnaud,  Buli,  de  la  S.  des  se,  etb.'let, 
de  AJonipeiHer,  I,  354.  —  Marcel  de  Serres,  ()b^.  pour  servir  à 
l'hist,  des  vole,  cieiaty  du  de/>.  de  f  Hérault,  4  808.  —  Taupenot, 
Thèse  pour  le  doctorai,  4  8o<.  —  Girard,  Neucs  Jahrbuehy  4  853.  — 
Paul  Gervais  de  RoQTille.  Thèse  pour  le  dociorat^  4  863,  etc. 


202  SÉANCE    DU    Kî    DÉCEMBRI    1861. 

conserve  à  peu  près  partout  dans  son  parcours  la  même  épaisseur 
d'un  mèti'e  à  {^,50.  Il  subit  toutefois  dans  son  trajet  une  légère 
inflexion  qui,  dans  les  environs  de  l'établissement,  en  rapproche 
la  direction  de  la  ligne  est- ouest. 

Les  laves  basaltiques  qui  composent  le  dyke  volcanique  de  la 
combe  de  TEscary  paraissent  avoir  éprouvé  une  chaleur  violente, 
à  en  juger  par  leur  facile  désagrégation,  leur  couleur  d'un  noir 
sombre,  et  le  petit  nombre  de  substances  étrangères  qu'elles  con- 
tiennent. C'est  en  partie  à  la  couleur  noire  de  ce  dyke  ainsi  qu'à 
sa  grande  étendue  que  nous  avons  pu  le  découvrir  au  milieu  des 
roches  déchiquetées  des  terrains  coralliens,  qui,  quoique  blan- 
châtres, n'en  sont  pas  moins  revêtues  d'une  couche  extérieure 
généralement  grisâtre. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  de  la  noie  suivante  adressée  par 
M.  J.  Guillemiu  : 

Premiers  résultats  des  sondages  entrepris  en  Russie  par  la 
grande  Société  des  chemins  de  fer  russes^  pour  tmuver  le 
prolongement  de  la  formation  carbonifère  du  Donetz,  vers 
roues f;  par  M.  J.  Guillemin. 

A  la  page  5ti  du  résumé  de  mes  observations  en  i857  et  1858, 
publiées  à  Paris  en  1859,  j'ai  indiqué  l'opportunité  de  rechercher 
la  formation  carbonifère  du  Donetz  au-dessous  des  terrains  plus 
modernes  qui  la  recouvrent  vers  le  tracé  de  la  ligne  du  chemin 
de  fer  du  Sud,  et  page  288  du  tome  XVIT  (2**  série)  du  Bulleiin 
dti  la  i^ociété  géolnoir^ue^  j'ai  pris  l'engagement  de  communiquer 
les  renseignements  qui  me  parviendraient. 

Cest  en  1860  que  j'ai  déterminé  la  position  de  ces  sondages, 
dont  la  direction  a  été  coiifîde  à  mon  collaborateur,  M.  Henri 
Fauvage,  ingénieur.  Par  une  décision  empreinte  de  hardiesse,  je 
n'ai  pas  craint  de  forer  du  premier  coup  à  50  lieues  des  houillères 
alors  connues  et  j'ai  indiqué  la  vallée  de  la  Béristoraîa  qui  coale 
du  nord  au  sud  perpendiculairement  à  la  direction  générale  du 
terrain  carbonifère. 

T^  tracé  de  la  ligne  du  Sud  remonte  cette  même  vallée.  Ainsi 
tout  d'une  fois  je  plaçais  les  sondages  sur  la  ligne  du  chemin 
de  fer. 

Trois  Sondages  ont  été  entrepris  en  même  temps,  au  moyen  dés 
appareils  fournis  par  la  maison  Degousée,  Ch.  Laurent  et  C**. 


If 0TB    DE    M.    J.    GUILLBIIIN.  203 

Le  premier  forage,  entrepris  à  Perestchepino^  sur  le  bord  de 
rOrel,  est  arrive  à  une  profondeur  de  239", 42.  M.  Fanvage  a  eu 
l'obligeance  de  ni'envoyer  la  série  géologique  des  terrains  traversés, 
et  la  détermination  des  roches  a  été  faite  par  M.  Borissiak,  pro- 
fesseur de  géologie  à  l^Université  de  Kliarkhov  et  membre  de  la 
Société  géologique  de  France. 

Voici  cette  classification  : 

t.  Argile  MbloDneuM 6,t0  )  '••*«'•""■ •    ,ww 

8.  8dbU  muroeas.  ...•..•.•.    S,7 1  \ 
4.  Sabla  vert i.\OS  | 

ff.  VarBM  bleuas âi,51  >FornuiLlOD  tcrtiair*. 7f*,OI 

Eau  iailliifrfnle.  \ 

6w  &«bla  blanc  siliceux. ^>76/ 

?•  Ar^la  bruoe  aTec  det  ileli  blenf  \ 

ai  verU 90,60  1 

9.  Ar'^le  'aie'c  pÛqu'elU;  dirM.  '.  '.  ISIm  [  ^ormaUoa  créUcae  iafférieara.    48-.68 
10.  Marne  calcaire  dore S,iO  1 

it.  Argile  verte  et  bleua.  / 

tt.  Caleaire  coqnillinr  boritODtaU  .  .    9,M\ 

13.  Argile  violette 15,40  I 

I4b  Altemaarei    d*aigU«    «diliteose  >  Pornitlion  fartstiqua  (Oxibrd).    8Ta,80 

avec  pjritci  et  purlles  cbarboa-  \ 

neaiet 37,70/ 

fB.  Gril  schl.steax.  feuilleté  par  de 

nombreux      liis     charbonneux. 

GUement  discordant^  iuclinai- 

son  au  S.-S.-0 1,45 

t€.  Argile    verte  et  grise,  plus    ou  ^Foimation  curboniftre.  ....    47<b,41 

moins  eaiilense 11,07 

17.  Grèt  analogue  au  u*  13 0,63 

li.  At-glle  analogue  uo  n*  16 34,S9 

18.  Twrrain  Jur,  indéterminé. 

f39i>,41 

Les  prévisions  qui  oui  décidé  remplacement  de  ce  sondage 
n^ODt  pas  été  trompées  ;  on  a  successivement  traversé  les  forma- 
tions crayeuse  et  jurassique,  comme  on  s'y  attendait,  pour  descen- 
dre à  la  formation  carbonifère  dont  l'existence  vers  ce  point  est 
ainsi  constatée. 

Le  combustible  minéral  n'a  pas  été  rencontré  encore,  et,  si  la 
question  économique  n'est  pas  résolue  jusqu'ici,  la  question  tech- 
nique et  scientifique  a  reçu  une  solution  prévue  par  la  science. 

Je  puis  conclure  de  là  que  le  terrain  carbonifère  du  Donetz  a 
bien  certainement  l'étendue  de  mes  évaluations  hypothétiques  et 
que  la  grande  Société  des  chemins  de  fer  russes  a  bien  mérité  de 
la  Russie,  si  le  »ucrès  de  ces  so/idtiges  va  in  il  mieux  pour  cet  empire 
que  iaconffuéie  tt une  province^  suivant  l'expression  de  notre  hono- 
rable confrère  M.  de  Verneuil. 


20A  SÉANCE   DU    16    DfiGBMBtE    1861. 

M.  de  Yerneuil  donne  communication  de  la  lettre  suivante^ 
adressée  à  M.  J.  Guillemin  par  M.  le  colonel  de  Heiracrsen  : 


Saint-Pétersbourg,  ce  4  6/28  décembre  1864. 
Monsieur, 

J*ai  examiné  les  éclianti lions  de  roches  et  de  fossiles  fournis 
par  le  sondage  que  vous  avez  exécuté  dans  le  gouvernement 
d'Ekaterinoslaw  près  du  village  Perestscbepino ,  et  j'en  ai  pu 
conclure,  presque  sans  doute,  qu'à  la  profondeur  de  193",ft3  au- 
dessous  de  la  surface  du  sol  le  sondage  a  touché  le  terrain  carbo- 
nifère et  que  la  sonde  a  passé  46  mètres  environ  par  les  couches  de 
ce  terrain. 

Le  but  du  sondage  serait  donc  atteint. 

Voici  le  résultat  de  l'examen  des  échantillons  : 

1*  Les  couches  de  terre  noire ^  d'argile  et  de  sable,  perforées 
jusqu'à  la  profondeur  de  12", 71,  appartiennent  au  terrain  tertiaire. 

2^  En  partant  de  cette  profondeur  jusqu'à  celle  de  126"*,60, 
toutes  les  assises  paraissent  faire  partie  du  terrain  crétacé.  Cette 
conclusion  est  fondée  sur  deux  données  : 

a.  Sur  la  présence  de  la  craie  tufleau  blanche  ; 

b.  Sur  la  présence  d'un  grès  à  ciment  composé  de  phosphate  de 
chaux.  Ce  grès,  comme  on  le  sait,  ne  se  trouve  en  Russie  que  dans 
l'étage  inférieur  du  terrain  crétacé;  il  est  connu  sous  le  nom  de 
Samarodc  ou  hog/ttsch, 

3"  l^a  présence  de  couches  jurassiques  dans  le  trou  de  PeresCs- 
chepino  est  parfaitement  constatée  par  les  échantillons  de  Grf- 
phœii  dilatata^  es|>èce  très  caractéristique  pour  l'époque  jurassique 
de  la  Russie. 

Les  couches  de  ce  terrain  vont  jusqu'à  la  profondetu*  d'environ 
192  mètres. 

Toutes  les  assises  de  ces  trois  différents  terrains  paraissent  avoir 
conservé  leurs  horizontalité  primitive,  sans  avoir  subi  le  moindre 
dérangement, 

h"*  Mais  il  n'en  est  pas  de  même  avec  les  grès  et  les  argiles 
atteints  par  la  sonde  à  une  profondeur  de  192  mètres. 

Les  couches  de  ces  grès  sont  fortement  inclinées  (/i5®)  ;  il  y  a 
donc  stratification  discordante  entre  ces  grès  et  les  couches' dès 
terrains  crétacés  et  jurassiques  qui  les  recouvrent.  D'ailleurs  ces 
grès  ressemblent  à  s'y  méprendre  aux  échantillons  de  certains 


NOTE    OB    M.    DISN0TIR8.  205 

grès  (1)  du  terrain  cnrboiiiiiL>re  du  distrîcl  de  Lougane  et  con- 
tiennent des  bandes  minces  de  houille. 

Dans  ce  même  terrain  vous  avez  trouvé  des  géodes  de  spliéro- 
sidërite  argileuse,  minerai  trèsroniniun  dans  h;  terrain  carbonifère 
de  l^ugane. 

Ces  trois  caractères,  pris  ensemble,  paraissent  suffisamment 
prouver  que  le  sondage  de  Pcrestscbepino  s* est  arrêté  dans  le 
terrain  carbonifère.  C'est  surtout  le  caractère  des  grès  et  leur 
forte  inclinaison  qui  soutiennent  mon  opinion.  En  effet,  toutes 
les  couches  carbonifères  du  sud  de  la  Russie  sont  plus  ou  moins 
redressées  et  repliées,  tandis  que  les  terrains  jurassiques  et  crétacés, 
même  dans  le  voisinage  du  terrain  carbonifère,  sont  rarement 
altérées  et  toujours  sur  un  espace  très  peu  considérable. 

M.  J.  Desnoyers  présente  la  note  suivante  : 


Note  sur  les  argiles  à  silex  de  In  craie ^  sur  les  sables  du  Perche 
et  d^ autres  dépôts  tertiaires  qui  leur  sont  subordonnés;  par 
M.  J.  Desnoyers. 

Je  proOte  de  l'intéressante  communication  de  M.  Laugel  sur 
des  terrains  que  j'ai  moi-même  beaucoup  étudiés  depuis  bien  des 
années,  pour  protester  encore  une  fois  contre  l'opinion  que  les 
observations  de  i\l.  Triger  tendent  à  générnliser  de  plus  en  plus, 
et  que  M.  Laugel  a  complètement  adoptée,  savoir  :  que  les  sables 
bigarrés  des  collines  du  Perche  immédiatement  recouverts  par  les 
argiles  à  silex  doivent  être  tous  rapportés  à  un  étage  moyen  de  la 
période  crétacée,  identique  avec  les  sables  de  Sainte-Croix  et  autres 
localités  des  environs  du  Mans,  et  qui  s'intercale  au  milieu  de  la 
craie  tuffeau  et  de  la  craie  de  Rouen. 

Les  vues  de  M.  Triger  sur  cette  question  furent  exposées  pour 
la  première  fois  à  la  Société  géologique,  à  l'occasion  d'un  mé- 
moire que  j'avais  lu  dans  les  séances  du  19  novembre  et  du  3  dé- 
cembre 1855 y  sur  les  Tenains  tertiaires  du  nord-ouest  de  ta  France 
en  dehors  dn  bassin  de  Paris  proprement  dit  (*2).  M.  Triger  com- 


(I)  Ces  échaDtilloDS  se  trouvent  dans  les  collections  du  musée  de 
rinstitut  impérial  des  mines  de  Saint-Pétershouni;. 

(î)  Bult.  de  la  Soc.  f^éot.,  2*  sér..  t.  Xlll.  p.  177.  1855.  J'ai  tou- 
jours différé  rimpressioii  de  ce  mémoire,  désirant  réunir  un  plus  grand 
nombre  de  faits  et  de  coupes  sur  Tftge  et  les  relations  des  différents 
groupes  dont  se  compose  ce  vaste  dépôt,  qui  s'étend  depuis  les  côtes 


206  SÊANCB    DU    i6   DfiCBMBBI    1861. 

battit  vivement  l'opinion  que  j'exprimais  de  nouveau  sur  l'âge 
de  ces  sables,  après  Tavoir  plus  anciennement  exposée  dans  un 
mémoire  sur  ces  mêmes  terrains,  que  je  communiquai  â  la  Société 
en  1832  (i).  Mon  opinion  était  depuis  lon{>temps  partagée  par  la 
plupart  des  géologues,  et  surtout  par  les  savants  auteurs  de  la 
Carte  géologique  de  la  France,  comme  elle  l'a  éic  par  31.  d'Archiac, 
dans  son  important  ouvrage  sur  V  Histoire  des  progrès  de  la 
géologie. 

Vainement  a  va  is-je  soumis  à  la  Société,  en  1855,  quelques-uns 
des  motifs  qui  me  semblaient  devoir  faire  distinguer  deux  épo- 
ques très  différentes  de  ces  sables  :  les  sables  crétacés  en  place,  et 
les  mêmes  sables  remaniés  pendant  la  période  tertiaire,  de  la  même 
façon  que  l'avaient  été  les  bancs  de  silex  de  plusieurs  étages  des 
terrains  crétacés.  Ces  arguments  ne  paraissent  avoir  convaincu  ni 
M.  Triger,  ni  M.  Laugel  qui,  dans  son  mémoire  sur  la  Géologie  du 
département  d* Eure-et-Loir  (2),  non-seulement  n*a  pas  mentionné 
ces  objections,  mais  a  fait  passer  la  seule  coupe  qu'il  ait  figurée 
(p.  321)  sur  la  colline  de  Groisilles,  près  Nogent-le-Rotrou,  que 
j'avais  indiquée  comme  le  meilleur  type  du  gisement  des  sables 
remaniés,  et  les  a  classés  entre  la  craie  tuffeau  ou  Vupprr  green- 
sand,  dont  ils  dépendraient,  et  la  craie  marneuse.  Cependant  ces 
sables  y  recouvrent  le  premier  de  ces  dépôts  en  gisement  transgres- 
sif,  et  ne  sont  recouverts  par  aucune  trace  du  second. 

J'ai  revu  récemment  les  collines  du  Perche,  ainsi  que  plusieurs 
dépôts  analogues  des  départements  voisins,  et  il  ne  me  parait  pas 
inutile,  avant  que  l'opinion  que  je  ne  partage  pas  ait  pris  un  carac- 
tère définitif  sur  la  carte  géologique  du  département  d'£ure-el- 
Loirque  prépare  M.  Laugel,  de  soumettre  à  la  Société  quelques 
nouvelles  objections.  La  question  me  semble  d'autant  plus  digne 
d'examen  que  c'est  à  ces  sables  et  aux  argiles  k  silex  qui  les  recou- 
vrent, que  plusieurs  contrées  naturelles  et  surtout  le  Perche,  em* 
pruntent  leur  caractère  physique  le  plus  évident. 

J*indiquerai  en  peu  de  mots  les  principaux  arguments  qui  me 
semblent  subsister  encore  en  faveur  de  l'adjonction  des  sables  du 
Perche  à  l'argile  avec  silex  qui  les  recouvre,  et  de  leur  remanie- 


de  NormaDdie  jusque  dans  le  Poitou,  qui  se  montre,  quoique  moins 
développé,  sur  le  bord  oriental  et  le  bord  méridional  du  bassin  de  Paris, 
qui  existe  aussi  en  Angleterre  autour  du  bassin  tertiaire  de  Londres,  et 
sur  lequel  les  opinions  sont  encore  si  controversées. 

(\)  Bull,  de  la  Soc.  géoL,  4''sér.,  t.  Il  (1831-4 83«),  p.  414. 

(2)  BulL  delà  Soc.  géol.,  2«sér.,  t.  XVII  (1860),  p.  316. 


NOTR    DE    M.    DBSNOTERS.  207 

ment  après  la  p<^i*ioi1c  crétacée,  sans  reproduite  les  considérations 
que  j'avais  déjà  présentées  en  1 855  {Buif. ,  2*'  sér. ,  Xïll,  177) .  Avant 
tout,  je  répète  que  je  ne  nie  pas  plus  qu*aucun  des  géolo{;ue8  qui  ont 
observé  ces  terrains  Inexistence,  dans  le  Perche,  d*un  sable  crétacé, 
souvent  micacé  et  marneux,  avec  nombreux  débris  de  Gn-phœa 
colitmba^  d'Osfrca  carinala^  de  T/igonia  crcnubtta^  de  petits  poly- 
piers foraminifères,  et  quelques  autres  fossiles  des  sables  crétacés 
du  Mans.  On  voit  ces  sables  dans  les  collines  de  Bertlioncelles,  de 
Mouliers,  du  Mage,  de  Longny,  où  ils  sont  reaiuverts  par  la  craie 
marneuse.  J*en  ai  reconnu  un  nouveau  gisement  au-dessous  de 
ce  dernier  terrain,  dans  le  bois  de  la  (raluisière,  à  la  base  de  la 
colline  de  Margon,  près  No{>ent-Ie-Rotrou.  IVfais  ces  sables,  souvent 
accompagnés  de  grains  verts  et  de  petites  concrétions  calcaires 
tuberculeuses,  ne  peuvent  être  confondus  avec  les  sables  ocracés 
recouverts  immédiatement  par  Targilc  k  silex,  et  qui  forment  les 
pentes  de  la  plupart  des  grandes  collines  du  Perche  (Croisilles,  la 
Rapouillère,  le  Mont-Cendroux,  K:  Tertre-Blanc,  la  Rouge,  les 
crêtes  de  la  forêt  de  Bellesnie,  (\)ontgraliam,  etc.,  etc.). 

1.  Superposition  immcttiate  (tcsar^ilrs  à  silex  sur  les  sa/jies  rcmo' 
niés.  — Une  objection  des  plus  fortes  à  l'opinion  qui  sépare  en- 
tièrement les  sables  ocracés  de  Targile  à  sile\  dont  ils  sont  recou- 
verts est  Tabscuce  complète  et  constante  entre  ces  diux  dépôts 
des  trois  étages  crétacés  qui,  suivant  les  vues  de  M.  Triger,  de 
M.  Laugel,  et,  je  crois  aussi,  de  31.  Hébert,  sont  piésumés  devoir 
exister  entre  ces  sables  et  Targileà  silex.  Non-seulement  ces  étages 
manquent  entièrement  dans  la  coupe  donnée  par  M.  Laugel, 
comme  dans  la  nature,  mais  on  ne  trouve  pas  dans  son  mémoire 
on  seul  exemple  de  cette  superposition  hypothétique.  Il  a  été  au- 
devant  de  l'objection  en  attribuant  en  partie  cette  absence  à  la 
faille  qui  a  fait  apparaître,  près  de  Nogent,  aux  carrières  de  la 
Plante  et  à  Margon,  les  deux  terrains  crétacés  plus  récents  que  la 
craie  tuffeau,  la  craie  m«irneuse  de  Senonches,  à  silex  noirs,  à 
ïnoceramus  probler/iaticns^  et  la  craie  dure  «le  Touraine  à  Spondylus 
spfnosus.  Mais  cette  faille  n*a  fait  subir  aucune  modilicatiou  aux 
contacts  des  sables  crétacés  et  de  Targile  à  silex.  En  outre,  tous 
les  puits  de  logent  et  des  environs,  ainsi  que  les  marnières 
creusées  dans  la  craie  marneuse  à  silex  noirs  et  gris,  au-dessous 
de  laquelle  devraient  se  trouver  les  sables  ocracés,  n'en  ont  jamais 
montré  de  vestiges,  mais  au  contraire  la  superposition,  le  plus 
souvent  immédiate,  de  cet  étage  crétacé  à  celui  de  la  craie  tufleau, 
sur  lequel  reposent  les  sables  remaniés  des  collines  environnantes. 

Si  ces  sables  étaient  recouvei  ts  par  les  différents  étages  de  craie 


208  SfiANCI    DU    10    DÉCEMBRE    1801. 

inanieuse  et  de  craie  grise  et  blanche,  dans  lesquels  se  trouvent  les 
grandes  exploitations  de  chaux  hydraulique  et  de  marne  des  envi- 
rons deSenonches,  de  Châteauneuf,  et  recouveites  elles-mêmes  par 
un  terrain  superficiel  très  épais,  ne  devrait-on  pas  rencontrer  les 
sables  entre  les  argiles  à  silex  et  la  craie  marneuse  qui  fournit  la 
chaux  hydraulique  et  les  nombreuses  exploitations  de  marnes,  et 
constanunent  au-dessous  de  celles-ci  ?  Or,  c*est  précisément  le  con- 
traire qui  a  lieu.  Le  véritable  sable  crétacé  (Longny)  se  termine  en 
coin  sous  la  craie  marneuse  du  plateau  de  Senonches,  et  les  sables 
bigarrés, qui  en  diffèrent  essentiellement,  non-seulement  ne  passent 
point  sous  les  marnes,  mais  ils  font  partie  du  dépôt  superficiel, 
quelquefois  épais  de  30  à  /|0  mètres  qui,  avec  les  bancs  d'argile  à 
silex  de  la  craie  remanirs,  avec  les  brèches  à  fragments  d«  silex 
et  à  ciments  de  grès  lustré,  avec  les  argiles  ocreusesà  minerais  de 
fer  hydroxydé,  constitue  le  manteau  dont  sont  recouverts  en  grande 
partie  les  véritables  terrains  crétacés  des  différents  étages  des  dé- 
partements de  TEure,  de  l'Orne,  d'Ëure-et-Loir,  de  Loir-et-Cher, 
d'Indre-et-Loire  et  du  Cher. 

2.  Association  habituelle  des  sables^  des  grès  et  des  argiles  à  silex, 
—  Presque  partout  où  les  argiles  à  silex  sont  superposées  à  un  étage 
crétacé,  elles  sont  accompagnées  de  ces  mêmes  sables,  de  grès  et 
de  brèches  siliceuses.  C'est  ce  qu*on  voit  aux  environs  d'Orbec,  de 
Bonueval,  de  Chdteaudun,  de  Chateau-Regnault,  de  Chàteau-da- 
Loir.  Les  grès  ladères  des  environs  de  Chartres,  que  M.  J^ugel 
vient  de  décrire,  et  dont  j'avais  aussi  parlé  depuis  longtemps  sous 
le  nom  de  gtcs  druidique^  nom  qu'ils  ont  pareillement  reçu  en  An* 
gleterre,  me  paraissent  se  lier  aussi  intimement  aux  argiles  à  silex 
par  les  brèches  à  silex  crétacés  qui  les  accompagnent.  Ces  sables 
sont  superposés  non-seulement  à  la  craie  tufiPeau,  mais  encore  à 
des  assises  crétacées  plus  niodernei  que  les  sables  du  Mans,  tandis 
que  les  sables  ocracés  devraient  leur  être  inférieurs,  si,  en  effet,  ib 
étaient  contemporains  des  sables  et  grès  crétacés  de  cette  dernière 
localité. 

Ce  n'est  pas  seulement  sur  le  bord  occidental  du  bassin  de 
Paris  que  ce  mélange  a  lieu;  on  l'a  aussi  depuis  bien  longtemps 
constaté  en  Angleterre,  sur  les  bords  du  bassin  tertiaire  de  Londres, 
et  sur  les  collines  crayeuses  [south  doivns  et  north'downs)^\x\  bor- 
nent la  dénuJation  infra-crétacée  du  Weald. 

Cette  association  des  sables  et  de  l'argile  à  silex  a  été  pareille- 
ment indiquée  sur  le  bord  oriental  dn  bassin  de  Paris,  dans  les  dé- 
partements de  l'Aube  par  M.  Leymerie,  de  l'Yonne  par  MM.  Ley- 
merie  et  Raulin,  du  Cher  (dans  le  Sancerrois)  par  M.  Raulin.  Les 


KOTI   BI    M.    DSSNOTIRS.  200 

mêmes  couches  seiublent  avoir  produit  sur  tous  les  bords  des 
bassins  tertiaires  de  Paris  et  de  Londres  une  dénudation  analogue 
des  tenraÎDS  crétacés  et  une  association  pareille  de  silex  et  de  sables 
enleTés  à  différents  étages  de  ces  terrains. 

3.  Gisement  transgressif  des  sables^  aussi  bien  que  des  argiles  à 
silex ^  sur  les  terrains  crétacés  non  remaniés.  —  Non- seulement  ces 
deux  dépôts  sont  généralement  associés  entre  eux  ,  mais  ils  sont 
encore  Fun  et  Tautre  en  gisements  transgrcssifs  sur  tous  les  terrains 
crétacés  qu'ils  recouvrent  C'est  ce  qu'on  voit  dans  le  Perche,  dans 
le  pays  d'Ouche,  aux  environs  de  Laigic,  de  la  Loupe,  de  Neuilly, 
sur  les  falaises  deNormandie,  sur  les  bords  de  la  plupart  des  vallons 
de  la  rive  droite  de  la  Loire,  à  lUois,  à  Saumur,  dans  toute  la 
▼allée  du  Loir.  M.  d'Archiac,  qui  reconnaît  le  remaniement  des 
sables  crétacés,  a  signalé  plusieurs  exemples  de  ce  gisement  trans- 
gressif et  le  ravinementprofond  des  terrains  crétacésantcrieurement 
au  dépôt  de  ces  sables  et  argiles  tertiaires.  Ces  dt'pôts,  que  Ton  voit 
a£Searer  sur  les  pentes  des  vallons,  y  remplissent  de  vastes  cuvettes 
dont  les  fonds  sont  tellement  inégaux  et  irréguliers,  comme  la 
surface  de  la  craie  dans  le  bassin  même  de  Paris  avant  le  dépôt  des 
terrains  tertiaires,  qu'il  y  a  des  différences  de  plus  de  20  mètres 
dans  l'épaisseur  dessables  et  des  amas  de  silex,  et  que  même  dans 
certaines  localités  ces  dépôts  paraissent,  comme  les  terrains  qu'on 
a  nommés  diluviens,  remplir  de  vastes  puits,  ou  poches,  ou  sillons 
îrréguliers,  creusés  par  le  ravinement  des  eaux  à  la  fin  de  la  période 
crétacée. 

4.  Grès  ferrut;ineux  tertiaires,  —  Sur  un  point  du  département 
d'£ure-et-l^ir,  éloigné  de  plusieurs  lieues  à  lest  de  JNogent,  â 
BUnville  près  Saint-Denis  d'Autou,  sont  exploités  des  grès  ferru- 
gineux et  lustrés,  qui  sont  évidemment  les  sables  ocracés  tertiaires 
cimentés.  Us  ne  sont  pas  immédiatement  recouverts,  mais  les 
colliues  environnantes  sont  formées  d'argile  à  silex,  et  ils  reposent 
eux-mêmes  sur  la  craie  marneuse  et  sur  la  craie  tuffcau  exploitée 
dans  le  voisinage.  Des  blocs  de  ces  mêmes  grès  ferrugineux,  larges 
de  plusieurs  mètres,  ont  été  retrouvés  dans  la  partie  inférieure 
des  sables  remaniés  de  la  butte  de  Croisilles,  où  ils  sont  recouverts 
par  plus  de  25  mètres  de  sables  et  par  les  silex  qui  forment  une 
sorte  de  calotte  sur  cette  colline  isolée. 

Ces  grès  ont  une  grande  ressemblance  avec  les  roussardsy  ou  grès 
ferrugineux  du  département  de  la  Sarthe,  qu'on  rapporte  généra-* 
lementaux  terrains  crétacés.  Mais  il  me  parait  certain  qu'il  yen 
a  de  plusieurs  Ages,  depuis  Yiron'sand]\xsx\\j^k  l'époque  tertiaire 
iDclusivement,  et  la  confusion  dans  une  même  époque  de  ces  diffé- 
Soc,  géoi,^  2*  série,  tome  XIX.  14 


210  SÊàNCI    du    16    DÉCMBMB    1861. 

reuts  grès  ferrugineux  est  peut-être  Tune  des  causes  de  la  confusion 
en  un  seul  et  même  terrain  des  différents  sables  du  Perche. 

5.   Fossiles  crétavés  rr maniés  dans  les  sabirs  et  les  affiles  à  silex. 
—  Un  des  «irgumcnls  sur  lesquels  on  8*est  le  plus  appuyé  pour 
touteuii*  raltribiition  des  sables  ocracés  à  Tépoque  de  la  craie  est 
la  présence  d<ins  ces  sables  de  fossiles  de  cette  dernière  époque  et 
Tabsencc  de  fossiles  tertiaires.  Or,  il  n'est  pas  inutile  de  rappeler 
quVn  classant  parmi  les  terrains  déposés  ou  remaniés  pendant  la 
période  tertiaire  les  argiles  à  silex  et  les  sables,  on  doit  distinguer 
essentiellement  le  mode  de  dépôt  de  ces  terrains  des  circonstances 
dans  lesquelles  les  terrains  marins,  fluvio- marins  et  lacustres  du 
bassin  de  Paris  ont  été  formés.  La  nature  des  eaux  qui  ont  remué, 
modifié,  transporté  les  dépôts  crétacés  dont  proviennent  évidem- 
ment les  argiles  a  silex  et  les  sables  parait  être  en  partie  violente 
et  torrentielle,  mais  rapide,  et  vers  la  fm  de  la  période  en  paiiie 
lacustre.  C'est  ce  que  montrent  les  petits  bassins  d'eau  douce  (cal- 
caires, meulières  et  bràclics)  disséminés  à  la  surface  ou  dans  des 
cavités  des  argiles  et  des  sables  où  Ton  n'a  jamais,  au  contraire, 
rencontœ  de  coquilles  d*eau  douce.  Les  fossiles  qu'on  trouve  dans 
les  sables  sont  en  eltet  d'origine  crétacée,  mais  ils  sont  généralement 
roulés,  brisés,  corrodés  ;  s'il  y  en  a  de  bien  conservés,  il  ne  faut  pas 
oublier  qu'ils  sont  presque  toujours  silicifié.i.  Tel  est  même  le  prin* 
cipal  gisement  des  Grypliées,  Huîtres,  Térébratules,  etc.,  conver- 
ties en  silex  concrétionné  globulaire. 

N*eii  est-il  pas  de  même  des  fossiles  de  Targile  à  silex  ?  Ce  sont 
toujours  des  corps  (spongiaires  ou  coquilles)  provenant  de  plusieurs 
étages  de  la  craie,  et  constamment  siliciHés,  soit  isolément,  toit 
empâtés  dans  les  masses  de  silex,  c'est-à-dire  que  ces  matériaux, 
provenant  de  terrains  plus  anciens,  ont  été  remaniés  et  stratifiés 
pendant  la  périoilc  tertiaire.  Plus  ils  sont  rapprochés  de  leur  gîae- 
■lent  primitif  et  plus  ils  conservent  des  traces  de  leur  origine. 
N'est-ce  pas  ainsi  qu'ont  été  accunmiés  et  stratiHés,  pour  la  plut 
grande  partie,  les  matériaux,  galets,  subies,  argiles,  qui  constituent 
les  terrains  tertiaires,  sauf  les  dépôts  locaux  de  sources  calcarirèi*es, 
silicifères  ougypsifèresdu  bassin  de  Paris.  Mais,  comme  œs  débris 
remaniés  sont  plus  loin  de  leur  origine,  ils  ont  dû  être  plusallérél 
et  modifiés. 

Loin  de  regarder  c^mme  un  argument  défavorable  à  l'opinion 
que  je  soutiens  sur  l'âge  des  sables  o<-racés  la  présence  des  fossiles 
de  la  craie,  je  crois  y  voir  un  suji  t  d'observation  des  plus  milei 
et  des  plus  propres  à  cx>noborer  celte  opinion.  Imi  effet,  rien  n'est 
plus  généralement  coimu  que  l'abondance  des  polypiers  qpon- 


NOTK    Dl    M.    DfiSNOTBRS*  211 

giaires,  silicifiës,  dans  ces  arp,ilc8  et  ces  sables  ;  or,  en  examinant 
attentivement  ces  corps  de  différentes  provenances,  d'une  part  des 
filex  reniauiésy  d*une  autre  part  des  difiPcrents  ëtages  qui  les  ren- 
fermaient primitivement  et  d'où  ils  ont  été  enlevés  avec  les  silex, 
pendant  que  la  craie  était  dissoute,  on  reconnaît  plusieurs  ori(jineSy 
aussi  bien  pour  les  spongiaires  que  pour  les  coquilles  qui  les 
accompagnent. 

Ces  spongiaires  fossiles,  décrits  et  figurtrs  déjà,  il  y  a  plus  d'un 
siècle,  par  Guettard,  sous  les  noms  de  Caricoùles,  iÏÂlcyonites,  de 
Fungiiesj  etc.,  et  dont  plusieurs  naturalistes  modernes,  MM.  La- 
mouroux,  Mantell,  miss  Ë.  tieiiett,  Al.  IMiclielin,  M.  Toulmin 
Smith,  etc.,  ont  fait  les  genres  .Sryp/iidy  Sip/ionia,  Fentrîculites^ 
Jerctf^  HippalimuXy  HfiUirhna^  Chcnondnpora^  Choanites,  Tumnia, 
Guvtiardia^  Manon  ^  Paramoudra^  Poly  pot/tri  in,  etc.,  genres  dont 
plusieurs  rentrent  les  uns  dans  les  autres,  appartiennent  tous,  il 
est  vraiy  a  la  période  crétacée  qu'ils  caractérisent,  mais  ils  se  rap- 
portent, suivant  les  espèces,  à  des  étages  différents.  Je  n*en  con- 
nais encore  ni  dans  la  craie  blanche  supérieure  de  IVleudon,  ni 
dans  le  sable  vraiment  crétacé  du  iMnns;  on  en  a  trouvé  dans  tous 
les  autres  étages,  depuis  les  couches  innnédialement  inférieures 
à  la  craie  de  iMeudon  jusqu^au  ^rren^sand  ou  sable  vert  inférieur, 
soit  sur  les  côtes  de  Normandie,  suit  dans  les  départements  de 
l'Orne,  de  l'Eure,  d'£ure-et  hoir,  de  Loir-et-Cher,  de  la  Sarthe, 
du  Cher,  soit  eu  Touraine,  soit  <ians  le  Maine,  l'Anjou,  l'Augou- 
iDois  et  la  Saintonge,  ainsi  que  dans  touti^s  les  couches  correspon- 
dantes d'Angleterre.  Or,  ces  spongiaires,  qui  sont  quelquefois  en 
nombre  si  considérable  dans  les  bancs  crétacés,  tantôt  silicillés, 
tantôt  H  l'état  calcaire,  qu'on  peut  les  croire  dans  les  lieux  même 
où  ils  ont  vécu,  et  que  souvent  on  trouve  à  côté  d*eux,  ainsi  que 
l'a  bien  montré  M.  Dujardin,  les  spicules siliceux  qui  caractérisent 
la  plupart  de  ces  polypiers  amorphozoaires,  se  retrouvent  pour  la 
plupart  dans  les  argiles  à  silex,  maii  ils  n'y  sont  point  indifférem- 
ment disséminés.  On  reconnaît  les  spongiaires  des  différents  étages 
crétacés,  et  cette  distinction  me  fournira  le  sujet  d*un  examen 
spécial. 

Je  me  bornerai  à  indiquer  ici  que  les  argiles  à  silex  du  Perche, 
floperposées aux  sables,  contiennent  les  spongiaires  silicifiés  {Halli^ 
rhna  mstatny  Jcrœa,  etc.)  <les  couches  crétacées  inférieures,  craie 
tufFeau  et  sable  vert.  J'y  ai  reeoimu  les  mêmes  espèces  qui,  dans  les 
bancs  crétacés  inférieurs  à  ics  sables,  à  Re^^m^lard,  à  Coulonges, 
à  Mortagne,  à  Nogent  même,  sont  accompagnées  des  Ammonites 
rothomagensis^  Turruiites  coslatus^  Ptcten  asper^  P,  quinquecostatiis^ 


212  8ÉANCI   DU    16   DÉCIMBBI    1861. 

et  autres  espèces  caractéristiques  de  La  craie  tuifeau  de  la  Loire  et 
de  Roueu  (1).  Si,  comme  il  est  incontestable,  ces  spongiaires  dé- 
posés dans  les  argiles  proviennent  d'un  terrain  certainement  infé- 
rieur aux  sables  oci*acés,  comment  ces  sables  intercalés  entre  les 
deux  dépôts»  Tun  en  place^  Tautre  remanié,  n'auraient-ils  pas  été 
reniauiés  eux-mêmes,  d'autant  plus,  je  le  répète,  que  jusqu'ici  on 
ne  connaît  pas  dans  les  vrais  sables  crétacés  du  Mans  un  seul  de 
ces  spongiaires?  11  serait  même  possible  de  retrouver  le  gisement 
primitif  de  ces  deux  dépôts  dans  les  régions  voisines,  où  le  green^ 
sand  inférieur  et  les  terrains  jurassiques  ont  été  dénudés;  tel 
serait,  pour  le  Perche,  le  vaste  bassin  compris  entre  Nogent, 
Regmalard,  Morlagne  et  Blamers,  où  il  n'est  plus  resté  que  des 
lambeaux  des  terrains  crétacés  moyens  sur  les  terrains  crétacés 
inférieurs,  et  où  tous  les  dépôts  supérieurs  ont  été  enlevés  et 
remaniés,  avec  la  plus  grande  partie  des  couches  crétacées  moyennes 
dont  les  débris  ont  contribué  à  former  les  collines  de  sables  et 
d'ai'giles  à  silex. 

6.  Brèche  calcaire  avec  fragments  tle  silex  de  la  craie ^  ciment 
tîeau  doiicCy  déposée  a  la  base  et  sur  les  bords  du  bassin  d^eau  douce 
de  Nogent'  le^Rotrou.  Brèches  analogues  à  ciment  de  grès,  —  J*ai  si- 
gnalé plusieurs  fois  et  dès  1829,  dans  mon  Mémoire  sur  un  ensemble 
de  terrains  tertiaires  récents  [Ann,  des  se»  nat.^  1829),  un  fait  auquel 
on  n'a  pas  fait  assez  attention  et  qui  ne  me  parait  pas  cependant  sans 
importance  pour  mettre  sur  la  voie  de  l'âge  relatif  des  argiles  à  silex 
et  des  petits  bassins  d'eau  douce  formés  dans  leur  voisinage  et  le 
plus  généralement  à  un  niveau  inférieur,  tels  que  celui  de  Nogent, 
qui  est  dominé  de  toutes  parts  par  les  argiles  à  silex  et  les  sables 
remaniés.  Ce  fait  est  l'existence  d'une  brèche  à  ciment  de  calcaire 
d'eau  douce  concrétionné  et  fragmentaire,  comme  on  en  observe 
si  fréquemment  dans  les  calcaires  d'eau  douce  de  la  Beauce  et  de 
l'Orléanais,  et  contenant  des  silex  noirs  ou  gris  de  la  craie.  Ces 
fragments  de  silex  brisés,  broyés,  corrodés,  mais  non  ix>ulés,  sont 
de  toutes  les  grosseur^,  depuis  les  plus  petites  esquilles  jusqu'à 
des  blocs  plus  gros  que  la  tête.  Or,  ces  fragnents  portent  la  trace 


(4)  J*ai  recueilli,  dans  leurs  différents  gisements,  une  collection 
coDsidérable  de  ces  spongiaires,  soit  calcaires,  soit  silicifiés.  M.  Miche- 
lin, dans  son  bel  ouvrage  [Iconographie  zoophytologique^  in-4,  p.  449 
à  1 48,  pi.  28  à  42),  en  a  indiqué  et  nommé  un  assez  grand  nombre, 
que  j'avais  eu  le  plaisir  de  lui  communiquer  et  dont  plusieurs  étaient 
nouveaux;  il  a  m6me  bien  voulu  donner  mon  nom  à  l'une  de  cet 
espèces. 


IfOTB    DE   M.    DCSifOYERS.  21 S 

éfidente  de  leur  sëjoui*  à  Tair  avant  d*avoii'  été  empâtés  par  le 
ciment  d^cau  douce.  Ou  recounaît  dans  ce  même  ciment  des  {][rain8 
de  sable  qui  indiquent  aussi  un  transport  des  matériaux  entourant 
le  lac  d'eau  douce  dans  lequel  ont  été  formés  les  calcaires  et  les 
liiez  meulières  qui  les  recouvrent,  et  dont  le  centre  était  à  peu 
près  sur  la  colline  occupée  aujourd'hui  par  Tantique  château  de 
Saint- Jean. 

Or,  cette  brèche  à  ciment  calcaire  qui  forme  le  pavé  de  No- 
tent et  qui  est  exploitée  sur  les  pentes  de  la  colline  de  Saint-Jean, 
entre  le  calcaire  d'eau  douce  et  la  craie  compacte  de  la  Plante, 
parait  évidemment  formée  après  le  dépôt  des  argiles  à  silex.  En 
effet,  il  en  renferme  les  débris,  car  ces  silex  ne  paraissent  pas  avoir 
été  empruntés  directement  à  la  craie,  qui  leur  est  inférieure;  ils 
ont  subi  antérieurement  une  agitation,  des  hriseinenis,  un  contact 
de  l'air,  qui  font  supposer  un  intervalle  de  temps  écoulé  entre  la 
dénudation  de  la  craie  et  renipàtement  des  silex  remaniés.  Le 
dépôt  d'eau  douce  de  Nogent  peut  donc  être  considéré  comme 
plus  récent  que  l'argile  à  silex  et  les  sables  qui  en  formaient  les 
bords.  Mais  dans  d'autres  localités  ces  mêmes  silex  fragmentaires 
sont  empâtés  par  un  ciment  de  grès  lustré,  à  teintes  vives  et  va- 
riées ;  les  silex  sont  aussi  d'origine  crétacée  ;  seulement  le  ciment 
n'est  pas  le  même. 

Ces  brèches  sont  très  diflérentes  des  poudingues  à  galets  arron- 
dis ;  elles  peuvent  être  contemporaines  des  brèches  à  ciment  caU 
caire.  Ou  les  retrouve  sur  plusieurs  points  des  départements 
d'Eure-et-Ijoir  et  de  la  Sarthe;  elles  forment  aussi,  avec  les  grès 
ladères,  dont  IVl.  Laugel  a  parlé,  une  partie  des  monuments  drui- 
diques de  ces  départements,  ainsi  que  des  départements  de  l'Eure, 
de  Loir-et-Cher  et  d'Indre-et-Loire.  Leur  présence,  en  gros  blocs, 
dans  les  cantons  de  Bunneval,  d'AUuyes,  etc.,  semble  annoncer  des 
bords  de  bassins  analogues  à  ceux  que  la  brèche  calcaire  indique 
pour  le  petit  bassin  lacustre  de  Nogent.  Mais  si  ces  brèches  d'eau 
douce  à  ciment  calcaire  ou  quartzeux  ne  sont  recouvertes,  dans  le 
Perche  et  la  Beauce,  que  par  des  dépôts  d'eau  douce  dont  l'âge 
est  encore  contesté,  on  les  voit  sur  un  autre  point  recouvertes  par 
un  dépôt  fluvio-marin  du  bassin  de  Paris,  qui  peut  fournir  un 
argument  de  plus  à  la  discussion.  Ce  dépôt  est  celui  des  lignites  de 
Yarangeville  et  du    phare    d'Ailly   près  Dieppe  (1).    On  y  a 

(4)  Ce  terrain  a  été  signalé  pour  la  première  fois  avec  une  grande 
exactitude,  par  M.  Lockbart,  en  1819,  dans  les  Annales  de  la  Société 
des  sciences  d*  Orléans. 


21  fi  SÉAHCI    DU    16   BtCnBRB    1861. 

retroaTe,  avec  quelques  espèces  de  coquilles  fluviatiles  du  Sois- 
sonnais,  d'autres  espèces  qui  paraissent  se  rapporter  aux  lignites 
moyens  de  New-Haueii.  (i'était  même  ce  méian(>e  qui  m'avait 
porté,  il  y  a  trente  ans,  ainsi  que  M.  (Constant  Prévost,  notre  ex- 
cellent et  li  regrettable  ami  et  confrère,  à  élever  des  doutes  sur 
l'âge  des  lignites  du  Soissonnais.  Or,  dans  ce  petit  bassin  d*eau 
douce  de  Varangeville,  on  observe,  sur  les  bords  et  à  la  partie  in- 
férieure, des  brèches  à  ciment  calcaire  et  A  ciment  siliceux,  avec 
débris  de  silex  de  la  citiie,  tout  à  fait  analogues  à  celles  du  Perche 
et  de  la  Beauce  ;  et  les  coteaux  latéraux,  qui  sont  pins  élevés,  mon- 
trent, comme  ceux  du  Perche,  les  argiles  à  silex  et  des  sables 
ocracés.  Des  brèches  siliceuses  analogues  se  voient  au-dessous  du 
calcaire  d'eau  douce  du  département  d'Indre-et-Loire  et  des 
£sluns  qui  les  recouvrent  en  gisement  transgressif.  Doit-on  en 
conclure  une  contemporanéité,  ou  bien  seulement  une  similitude 
de  causes  et  de  produits  à  des  époques  différentes? 

7.  Jge  de  ces  ilépôts,  —  Les  faits  que  je  viens  de  rappeler 
peuvent  jeter  une  nouvelle  incertitude  sur  Tdge  de  l'ensemble  des 
terrains  superficiels  de  la  craie.  Toutefois  ils  me  semblent  pouvoir 
assez  bien  se  concilier  avec  les  nouvelles  observations  de  M.  Lau- 
gel  et  de  M.  Hébert.  Celui-ci  est  porté  par  l'examen  des  coquilles 
fossiles  à  rapporter  aux  terrains  d'eau  douce  moyens  du  bassin  de 
Paris,  plutôt  qu'aux  terrains  d'eau  douce  supérieurs,  les  calcaires 
et  meulières  d'eau  douce,  ainsi  que  certains  grès  qu'ils  recouvrent, 
des  petits  bassins  de  la  Sarthe  et  même  de  la  Touraine.  M.  Laugel 
a  partagé  les  dépôts  tertiaires  d'Eure-et-Loir  en  deux  étages  dont 
l'un  lui  parait  présenter  comme  contemporaines  une  portion  des 
argiles  à  silex  et  les  meulières  supérieures.  C'est  une  opinion  que 
M.  de  Sénarmont  et  M.  Meugy  ont  pareillement  soutenue  pour 
d'autres  points  des  bords  du  bassin  de  Paris.  Les  auteurs  de  la 
Carte  géohgique  de  la  France  rangeaient  l'ensemble  de  ces  terrains 
superficiels  dans  l'étage  tertiaire  supérieur  au  gypse  (grès  de 
Fontainebleau  et  meulières).  Si  l'on  s'écarte  du  boixl  occidental 
du  basûo  de  Paris  en  se  dirigeant  du  côté  de  Dreux,  on  est  disposa, 
par  la  liaison  intime  de  l'argile  plastique  d'Abondant  et  de  HoudâD 
avec  les  argiles  à  silex,  â  rapporter  celles-ci  à  l'étage  de  l'argile 
plastique.  Si  l'on  s'avance,  au  contraire,  vers  l'ouest  dans  la  direc- 
tion de  iVlaintenon  et  d'Epernon,  on  voit  une  telle  liaison  de  l'argile 
des  meulières  supérieures  avec  les  argiles  à  silex  qu'on  serait  très 
disposé,  comme  l'a  fait  M.  de  Sénarmont  dans  sa  carte  géologique 
et  sa  desci'iptioQ  du  département  de  Seinenit-Oise,  k  les  consklérer , 
comme  contemporaines.  Si,  au  contraire,  on  quitte  le  bassin  de 


NOTE    Dl    M.    d'oMÀLICS   D*HALL0Y.  215 

Paris  vers  les  départoincnts  de  l.i  Seine-Inférieure  et  de  TEure,  on 
peut  être  entraîné,  coninie  l'a  été  AI.  A.  Passy,  dans  sa  carte  géolo- 
gique du  dépnrlenienl  de  rKiire,  cl  hcaïunup  ]>lu.s  aiicienncnient 
dans  sa  description  |jéolo(;i(pie  du  dépuitenicnl  de  la  Seine-Infé- 
rieure, à  rapprocher  du  terrain  de  transport  diluvien  les  dépôts 
superficiels  de  la  craie. 

De  ces  opinions  si  diverj^cntes  ne  peut-on  pas  conclure  que  Ten- 
semblede  ces  dépots  remaniés  qui  entourent  le  bassin  tertiaire  de 
Paris,  comme  celui  de  Londres,  a  été  formé  en  dehors  de  ces  deuK 
(folfesou  bassins  marins,  pendant  toute  la  durée  de  leur  comble- 
menti  depuis  l'arf^ile  plastique  jusqu'aux  meulières?  C'était  Topi- 
nion  qne  j'émettais  il  y  a  trente  ans,  et  j'avoue  que  les  observations 
recueillies  depuis  lors,  soit  par  d'autres  observateurs,  soit  par 
nioi-uiéme,  me  la  font  encore  considérer  connue  la  plus  vraisem- 
blable. Je  la  conserverais  d'autant  plus  volontiers  que  je  la  vois 
partagée  aujourd'hui  par  un  de  nos  plus  émineuts  (;éolo^ues, 
Al.  d'Uuialius  d'Halloy,  qui  a  des  premiers,  il  y  a  plus  de  quarante 
ans,  démontré  avec  tant  de  justest»e  Tex tension  et  les  relations  des 
pripcipaux  éta^^es  du  bassin  de  Paris  en  dehors  des  limites  que  lui 
avait  assignées  iM.  Alex.  Bronguiart,  dans  l'admirable  ouvrage  qui 
Servira  si  longtemps  encore  de  modèle  et  de  base  aux  géologues 
observateurs. 

M.  d'Omalius  d'Halloy  fait  la  communication  suivante  : 

Notice  sur  les  dmsions  géographiques  de  la  région  comprise 
entre  le  Wiia  et  les  Pyrénées;  par  J.-J.  d'Omalius  d'Halloy 
(PI.  IV), 


avantages 

tioos  politiques,  et  j'ai,  en  IS/i^,  communiqué  clans  une  autre 
enceinte  (1),  l'ensemble  de  mes  vues  à  ce  sujet,  en  y  joignant  un 
essai  de  tableau  des  divisions  géo{;raphiqucs  du  globe  terrestre, 
travail  bien  imparfait,  sans  doute,  mais  destiné  à  appeler  Tattcn- 
tioD  sur  ces  considérations.  Depuis  lors,  deux  savants  éminents 
ont  traité  cette  matière  avec  le  talent  qui  les  distingue,  mais  en  se 


(\)  Bulletin  de  l'Académie  royale  de  Bruxelles,   4<i44,  t.  XI, 
p.  <»7. 


216  SÉARCI    DU   16    DÉCBMBBB    1861. 

plaçant  à  des  points  de  vue  différents.  L'un,  M.  Y.  Baulin  (i), 
envisageant  la  question  entièrement  sous  le  rapport  des  sciences 
naturelles,  mcru  pouvoir  faire  concorder  toutes  ses  divisions  avec 
les   considérations    orographiques    et    géognosliqucs  ;     Tautre , 
M.  A.  Passy,  persuadé  que  les  dénominations  particulières  que 
Ton  donne  à  certaines  contrées  sont  toujours  déterminées  par  des 
circonstances  naturelles,  s'est  attaché  à  rechercher  toutes  les  dé- 
nominations de  ce  genre  qui  ont  été  en  usage  en  France,  et  il  a 
consigné  les  résultats  de  cet  immense  travail  sur  une  carte  qui 
n'est  pas  encore  publiée,  mais  dont  j'ai  eu  le  bonheur  de  pouvoir 
prendre  connaissance.  De  mon  c6té,  je  m'étais  placé  à  un  troi- 
sième point  de  vue,  c'est-à-dire  que,  tout  en  reconnaissant  la  né- 
cessité  de  divisions   qui  fussent  indépendantes  des  variations, 
si    fréquentes ,    qu'éprouvent    les  circonscriptions    politiques , 
ainsi  que  la  convenance  d'appuyer  ces  divisions  sur  des  con- 
sidérations naturelles ,   j'ai  cru  que,  pour  rendre  ces  divisions 
plus  pratiques,  il  convenait  également  d'avoir  égard  à  Uasage 
et  de  tâcher  de  les  coordonner  dans  un  système  général  de  classi- 
Bcation,  en  rejetant  d'anciennes  dénominations,  tombées  plus  ou 
moins  en  désuétude,  lorsqu'elles  sont  inutiles  ou  lorsqu'elles  con- 
trarient de  nouveaux  usages.  Cette  différence  dans  nos  points  de 
départ  ne  m'a  pas  empêché  de  profiter  des  travaux  de  MM .  Passy 
et  Rauliu,  pour  modifier  quelques  parties  de  mon  tableau,  et, 
comme  je  n'ai  donné,  dans  ma  publication  de  ISdd,  aucun  détail 
sur  mes  subdivisions,  je  demande  à  la  Société  la  permission  de  lui 
communiquer  la  partie  de  mon  travail  concernant  la  manière  dont 
je  crois  que  l'on  peut  envisager  les  divisions  géographiques  de  h 
région  comprise  entre  le  Rhin  et  les  Pyrénées,  en  faisant  précéder 
ces  détails  de  la   reproduction  de   quelques  considérations  gé- 
nérales. 

La  nécessité  d'avoir  des  divisions  indépendantes  des  variations 
politiques  ou  administratives  a  été  reconnue  par  toutes  les  per* 
sonnes  qui  se  sont  occupées  de  l'étude  de  la  surface  de  la  terre; 
aussi  tous  les  géographes  ont-ils  établi  leurs  grandes  divisions 
d'après  des  considérations  purement  géographiques  ;  mais,  quand 
ils  arrivent  aux  divisions  inférieures,  ils  font  souvent  usage  des  cir- 
conscriptions politiques,  et  cela  se  conçoit,  à  cause  de  l'importance 
que  ces  circonscriptions  ont  pour  la  plupart  des  relations  que  les 
hommes  ont  entre  eux  ;  toutefois  ces  circonscriptions  ont  de  grands 
désavantages,  au  point  de  vue  de  la  description  de  la  terre,  à  cause 


(1)  J€i€sde  la  Société  linnéenne  de  Bordeaux ^  485S. 


NOTE   Dl   M.    d'oMàLIUS    d'hàLLOT.  217 

de  leurs  frcqueiUes  variations  et  de  leur  irrégularité,  car  il  y  actes 
Etats  qui  enlacent,  pour  ainsi  dire,  toutes  les  parties  delà  terre,  et 
d'autres  qui  ne  consistent  que  dans  des  points  presque  impercep- 
tibles. D*un  autre  côte,  s'il  y  a  des  portions  de  la  surface  terrestre 
'  qui  sont  nettement  circonscrites  aux  yeux  de  tout  le  monde  par 
des  caractères  naturels,  il  en  est  beaucoup  où  ces  caractères,  moins 
tranchés,  donnent  des  résultats  difl'érenls  selon  la  manière  dont  on 
les  envisage. 

Il  est  d'ailleurs  à  remarquer  qu'il  en  est  des  classi  G  cations  des 
contrées  comme  de  celles  des  êtres  vivants,  c'cst-ù-dire  que,  quand 
on  veut  suivre  rigoureusement  Tapplication  d'un  seul  principe,  on 
arrive  à  des  résultats  artificiels  qui  ne  peuvent  être  acceptés  par 
l'usage.  En  effet,  quoique  Taltitude  du  sol,  par  exemple,  donne  à 
une  contrée  ses  caractères  les  plus  tranchés,  on  obtient  souvent  des 
résultats  tout  à  fait  contraires  à  T usage,  lorsque  l'on  veut 
prendre  des  systèmes  de  montagnes  comme  des  divisions  géogra- 
phiques, d'aboid  parce  que  les  systèmes  montueux  sont  toujours 
entamés  par  des  vallées  plus  ou  moins  ouvertes  qui  ne  sont  que 
des  prolongements  des  contrées  basses  environnantes,  et  ensuite 
parce  que  le  faite  d'une  chaîne  de  montagnes  fait  souvent  la  sépa- 
ration entre  des  territoires  que  Ton  est  habitué  à  considérer 
comme  des  régions  diûérentes. 

De  même,  quoique  la  nature  minéralogique  du  sol  donne  éga- 
lement des  caractères  très  tranchée,  le  mélange  de  roches  de  di- 
verses natures  dans  certaines  contrées,  et  Tétat  d'altération  qui, 
d'autres  fois,  donne  à  une  même  roche  des  propriétés  différentes  de 
celles  qu'elle  a  habituellement,  empêchent  souvent  de  se  servir 
de  ce  moyen  pour  délimiter  une  contrée. 

Enfin,  quoique  les  grands  cours  d'eau  aient  aussi  l'avantage  de 
donner  des  démarcations  fixes,  soit  qu'on  les  considère  comme 
bassin,  soit  que  Ton  prenne  le  cours  principal  comme  limite,  il 
est  beaucoup  de  circonstances  où  ces  démarcations  ne  peuvent  se 
raccorder  avec  des  divisions  usuelles,  car  les  limites  des  bassins 
hydrographiques  se  trouvent  quelquefois  au  miheu  de  plaines  ou 
de  plateaux  que  l'usage  ne  consentira  jamais  à  considérer  comme 
appartenant  à  deux  contrées  différentes,  et,  d'un  autre  côté,  les 
grands  cours  d'eau,  bien  loin  de  faire  toujours  les  limites  de  ré- 
gions distinctes,  établissent  souvent  des  relations  intimes  entre  les 
habitants  des  deux  rives;  aussi  remarque-t-on  qu'il  est  rare  que 
les  limites  ethnographiques  coïncident  avec  un  cours  d'eau. 

Ces  diverses  considérations  m'ont  conduit  à  admettre  qu'indé- 
pendatumeut  des  divisions  astronomiques,  orographiques,  hydro- 


218  BÉANCI    DO    16  BÉCBMBBI   1861. 

graphiques,  géognostiques  et  miiu'ralogiques,  Tf^tude  de  la  surface 
terrestre  réclamait  des  divisions  en  contrées  purement  géogra^ 
phiqites,  et  que,  ainsi  que  je  Tni  rlit  ci-dessus,  Tusage  devait  être 
un  des  principaux  éléments  à  prendre  en  considération  pour 
l'établissement  de  ces  divisions,  en  cherchant  à  les  faire  concorder, 
autant  que  possible,  avec  les  caractères  naturels. 

Avant  de  passer  à  l'exposition  des  résultats  auxquels  m'ont  con- 
duit l'application,  à  la  France,  des  principesque  je  viens  d'énoncer, 
je  me  permettrai  de  i*eproduire  les  considérations  qui  m'ont  guidé 
en  ce  qui  concerne  les  dénominations  des  contrées. 

Lorsque  l'on  considère  les  nouis  qui  servent  à  désigner  des  cir- 
conscriptions territoriales  d'une  manière  indépendante  de  leur 
destination,  on  peut  les  ranger  dans  trois  catégories.  Les  uns  sont 
tout  à  fait  spéciaux  au  sens  dans  lequel  on  les  emploie  et  ne 
réveillent  aucune  autre  idée  ;  ce  sont  les  meilleurs  ;  d'autres  sont 
tirés  du  nom  d'une  ville;  ils  sont  encore  bons,  lorsque  l'usage  a 
permis  de  leur  donner  la  forme  adjective  ;  mais  dans  les  autres  cas 
ils  ont  l'inconvénient  d'exiger  qu'on  les  fasse  piécéder  de  la  dési- 
gnation du  sens  dans  lequel  on  les  applique.  La  troisième  catégorie 
se  compose  des  noms  qui  ont  une  autre  signification  ;  ces  noms  ont 
non-seulement  le  défaut  d'obliger  de  faire  connaître  le  sens  dans 
lequel  on  les  emploie,  mais  ils  réveillent  aussi  des  idées  fausses, 
surtout  s'ils  se  rattachent  à  d'autres  considérations  géographiques; 
ainsi,  par  exemple,  quand  on  voit  la  dénomination  de  département 
des  Vosges,  on  est  loin  de  se  représenter  une  circonscription  dont 
les  trois  quaiis  sont  étrangers  à  la  chaîne  des  Vosges,  et  dont  le 
reste  comprend  tout  au  plus  le  quart  de  cette  chaîne  de  inoa- 
tagnes. 

Si  l'on  envisage  les  noms  des  circonscriptions  territorialea  au 
point  de  vue  du  rôle  que  celles-ci  jouent  dans  la  société,  on  peat 
les  ranger  dans  deux  autres  catégories,  les  uns  étant  consacrés  par 
l'autorité  des  chancelleries  officielles^  et  les  autres  étant  seule  meut 
usuels.  Ces  derniers  sont  les  meilleurs  pour  les  classi  H  cations  gJO^ 
graphiques,  d'aboiti  parce  que  les  limites  des  circouscrîptiomi 
auxquelles  ils  s'appliquent  n'étant  pas  réglées  par  le  pouvoir,  OD 
peut  jusqu'à  un  certain  point  les  étendre  ou  les  restreindre  de  Olftr 
nière  à  les  faire  concorder  avec  les  considérations  que  Ton  a  prises 
pour  point  de  départ  de  la  classification  ;  et  ensuite  parce  que  la 
persistance  avec  laquelle  ces  noms  se  sont  perpétués  prouvent 
qu'ils  ont  une  raison  d'être,  lors  même  qu'ils  tirent  leur  origine 
d'anciennes  circonscriptions  politiques,  car  l'expérience  prouve 
qu'en  général  les  noms  créés  par  la  politique  cessent  d'eftistaravee 


ROTB   Dl    H.    D*0IIAL1U6    D* BALLOT.  SIO 

la  cause  qui  les  a  fait  naître,  8*il  n'y  a  pas  une  utilité  réelle  dans 
leur  conservation. 

Passant  ma  intenant  à  Tappliralion  de  ces  principes  à  la  France, 

je  dirai  que  Texistence  au  milieu  de  cette  région  d'un  massif 
montucux  connu  sous  le  nom  de  plateau  central^  et  celle  d'une 
dépression  en  forme  de  golfe,  connue  sous  le  nom  de  basiin  de 
Paris^  donnent  le  moyen  de  la  diviser  en  sept  sous-régions  dont 
cinq  sont  respectivement  à  Voucsty  au  sud-ouest,  au  sud-^st,  à  Vcst 
et  au  /tord du  plateau  central  et  du  bassin  de  Paris.  IMais,  comme 
les  divisions  de  Test  et  du  nord  contioiment  des  contrées  qui  ne 
resaor tissent  pas  àTempire  français,  on  peut  éviter  dVmploycrdes 
noms  c]ui  forcent  d'y  ajouter  celui  de  France  en  employant  les 
dénominations  de  pays  entre  le  Rhône  et  la  Na/te  et  de  pays  cuire 
ie  JUiift  elle  Pas-de-Calais.  D*un  autre  côté,  les  limites  orograplii- 
ques  du  plateau  central  vers  le  nord  et  vers  le  midi  étant  très  ir- 
régulières, et  laissant  en  dehors  quelques  contrées  que  l'on  est  dans 
riiabitude  de  ranger  dans  le  centre  de  la  Frauce^  il  est  préférable 
d'adopter  cette  dernière  dénomination  en  réunissant  cis  contrées 
au  plateau  central  (1). 

Le  CENTRE  DE  LA.  France,  tcl  quc  je  Tad mets,  serait  limité  à  Test 
par  les  plaines  où  coulent  la  Saône  et  le  Kliônc;  au  &\\i\  par  les 

■  ■  ■  ■  I  ■     I  I  I       I      IW 

(I)  J*aieu  pendant  longtemps  la  prétention  de  restreindre  ma  sous- 
région  du  centre  aux  limites  orographiques  du  plateau  central, ccqui  eo 
excluait  le  Berry  et  le  Nivernais  que  l'on  considère  ordinairement 
comme  le  centre  de  la  France  par  excellence,  et  ce  qui  aurait  exii^é, 
pour  Mre  réellement  conséquent,  d'en  séparer  la  Liniagne  d'Auvergne 
ainsi  que  les  plaines  du  Bourbonnais  et  du  Forez,  qui  doivent  néan- 
moins demeurer  unies  avec  les  contrées  dont  elles  portent  le  nom. 
D*un  autre  côté,  la  limite  orographique  est  tout  à  fait  arbitraire  au 
N.-E.,  où  le  plateau  central  se  lie  par  Tintermédiaire  de  la  Côte-d'Or 
avec  les  dépendances  des  monts  Hercynions.  Enfin  cette  limite  appli- 
quée rigoureusement  au  midi  aurait  également  lo  désavantai^e  de 
morceler  des  contrées  généralement  admises. 

J'avais  aussi  voulu,  dans  le  principe,  faire  concorder  ma  division 
géographique  avec  les  limites  des  terrains  primordiaux  qui  forment  le 
caractère  principal  du  plateau  central;  mais  cette  manière  de  voir  ne 
pourrait  s'appliquer  à  tout  le  plateau,  car  le  terrain  jurassique  s'élève 
à  une  grande  altitude  sur  les  causses  du  Kouergue  et  du  Gévaudan, 
ainsi  que  sur  la  bordure  du  massif  primordial  d'entre  Lyon  etChûlons- 
sur-Saône. 

Ces  diverses  considérations  mont  porté  à  renoncer  à  l'idée  de  faire 
concorder  complètement  ma  sous-région  du  centre  avec  les  limites  oro- 
grapbiqueset  géognostiquM  du  plateau  central,  et  à  y  substituer  dans 
quelques  parties,  des  limites  artificielles  tirées  des  démarcations  admi- 


220  8ÉÀNCI   DU    16   DÉCIMBtl    1861. 

liai  îles  des  départements  de  rArdèche,  de  la  Lozère  et  de  l'Avey- 
roii  ;  à  l'ouest,  par  celles  des  terrains  primordiaux  du  plateau  cen- 
tral, et  ensuite  par  celles  du  département  de  Tlndre  ;  au  nord  par 
les  limites  entre  les  terrains  jurassique  et  crétacé,  et  enfin  parcelles 
entre  les  déparlemenis  de  la  Côte-d*Or  et  de  la  Haute-Marne. 

Cette  sous-région  peut  se  subdiviser  en  douze  contrées  sous  les 
noms  de  Limousin^  Auvergne,  Rouergue^  Gévaudan,  Fivarais, 
Vélay^  Forez^  Lyonnais^  Bourgogne^  Bourbonnais,  Nivernais  et 
Berry\ 

Le  Limousin  est  un  plateau. ondulé  formé  de  granité  et  d'autres 
roches  cristallines  avec  quelques  petits  bassins  de  terrain  houiller; 
il  comprend  les  trois  départements  de  la  Haute-Vienne,  de  la 
Corrèze  et  de  la  Creuse,  plus  quelques  petits  territoires  primor- 
diaux ressortissant  aux  départements  de  l'Indre,  de  la  Charente, 
de  la  Dordo[;;ne  et  du  Lot.  Les  trois  départements  de  la  Haute- 
Vienne,  de  la  Creuse  et  de  la  Corrèze  y  sont  devenus  les  divisions 
les  plus  usuelles,  cl  pourraient  être  désignés  par  les  dénominations 
de  Limousin  occidental^  oriental  et  méridional [{). 

L'Auvergne  se  subdivise  en  haute  et  basse  qui  correspondent 
respectivement  aux  départements  du  Cantal  et  du  Puy-de-Dôme, 
Elle  est  principalement  formée  de  plateaux  primordiaux  sur  les- 
quels s'élèvent  des  montagnes  trachytiques,  basaltiques  et  volca- 
niques. La  basse  Auvergne  est  traversée  par  une  grande  vallée  ou 
plaine,  connue  sous  le  nom  de  Limagne,  laquelle  est  formée  de 
terrain  tertiaire  d'eau  douce  et  remarquable  par  sa  fertilité. 

Le  RouERGUE,  le  Gévaudan,  le  Vivarais,  le  Velat,  le  Foaxz  et 
le  Lyonnais,  peuvent  être  considérés  comme  correspondant  res- 
pectivement aux  départements  de  l'Aveyron,  de  la  Loxère,  de 
î'Ardèche,  de  la  Haute-Loire,  de  la  Loire  et  du  Rhône.  Ce  sont 
aussi  des  contrées  montueuses  où  dominent,  en  général,  les  ter- 
rains primordiaux  ;  cependant  il  y  a  dans  le  Rouergue  et  le  Gévau- 


nistratives.  Du  reste,  il  esta  remarquer  que  les  limites  septentrionalaa 
des  départements  de  l'Allier  et  de  la  Creuse,  ainsi  que  les  limitai 
occidentales  des  départements  de  la  Haute- Vienne  et  do  la  Corrèaei 
s'écartent  peu  de  celles  des  terrains  primordiaux  du  plateau  central. 

(4)  La  partie  septentrionale  de  cette  contrée  figurait  dans  l'ancîenM 
géographie  officielle,  comme  un  gouvernement  particulier,  sous  le  nom 
de  Marche;  mais,  outre  que  cette  dénomination,  qui  signifie  confins^ 
se  retrouve  dans  plusieurs  autres  contrées,  il  est  à  remarquer  qae  la 
Marche  limousine  ayant  les  mêmes  caractères  que  TaDcien  Limousla, 
et  se  trouvant  partagée  entre  plusieurs  départements,  son  nom  ptmti 
être  fort  peu  usité  maintenant. 


KOTB    Dl    M.    D*OVALIUS    d'hALLOT.  221 

dans  des  plateaux  connus  sous  le  nom  de  causses^  qui  sont  formés 
de  calcaire  jurassique.  Ce  calcaire  et  mcmc  quelques  parties  cré- 
tacëes  8*ctendent  aussi  sur  la  partie  sud-est  du  Vivarais,  et  il  y  a 
des  dépôts  tracli  y  tiques  et  basaltiques  dans  le  Vivarais,  le  Yelay 
et  le  Forez  ;  enfin  cette  dernière  contrée  renferme  un  riche  bassin 
Louiller  et  une  plaine  tertiaire.  On  divise  ordinairement  le 
Lyonnais  en  Lyonnais  propre  et  en  Beaujolais, 

La  fioDRGOGNE  sc  couiposcrait  des  parties  primordiales  et  juras- 
siques des  départements  de  Saùne-ct-Loirc,  de  la  Gôte-d'Or  et  de 
l'Yonne,  ainsi  que  de  la  portion  })rimordiale  du  département  de 
laNièvre.  EUepeut  se  subdiviser  en  septpays  ou  contrées  de  second 
rangi  sous  les  noms  de  Maçonnais ^  Charallais^  Morvon^  Auxois^ 
DuesmoiSf  Châtillonnais  et  Juxerrois,  Ces  quatre  derniers  sont  de 
nature  jurassique  et  célèbres  par  les  vins  qu'ils  produisent,  tandis 
que  les  terrains  primordiaux  dominent  dans  les  trois  autres  (1). 

Le  BoORBOMNAis,  qui  correspond  au  département  de  rAllier, 
plut  quelques  petits  territoires  du  département  du  Cher  plus 
anciens  que  le  terrain  jurassique,  est  formé  d'une  partie  de  la 
plaine  qui  entame  le  plateau  central  et  de  deux  portions  de  celui- 
ci,  Tune  à  Touest,  qui  comprend  près  de  la  moitié  de  la  contrée, 
et  qui  se  rattache  aux  plateaux  du  Limousin   et  de  l'Auvergne  ; 

l'autre,  à   l'est,  n'est  qu'une  bande  étroite  formant  rextréniité 

- —    -      - . 

{\\  On  donne  souvent  à  la  Bourgogne  plus  d'étendue  que  je  ue  lui 
en  ai  assigné  ici;  mais  je  crois  qu'il  convient  d'en  séparer  tout  ce 
qui  se  rattache  h  la  plaine  de  la  Bresse,  ainsi  que  la  partie  crétacée 
do  département  do  l'Yonne  qui  s'associe  mieux  avec  le  Gùtinais  et  la 
Champagne.  D*un  autre  côté,  on  range  souvent  la  Bourgogne  dans 
l'est  de  la  Franco,  mais  je  ne  crois  pas  qu'il  soit  convenable  de  la 
séparer  du  plateau  central  dont  sa  partie  primordiale  a  tous  les  carac- 
tères. 

Je  n'ai  pas  reproduit  dans  Ténumcration  des  subdivisions  de  la 
Bourgogne  les  noms  d' Juiunois^  do  C/tâionnois,  de  Brionnois  et  do 
Dijonnais^  parce  que  les  territoires  auxquels  s'appliquaient  ces  noms, 
parement  administratifs,  me  paraissent  pouvoir  Ctre  réunis,  soit  aux 
divisions  que  je  viens  de  citer,  soit  à  la  Bresse  dont  une  partie  était 
connue  sous  le  nom  de  Bresse  chdhnnoise.  J'avais  cependant  donné 
antérieurement  la  proférence  au  nom  de  Dijonnais  sur  celui  de  Dues- 
mois;  mais  le  premier  avait  le  défaut  d'avoir  été  appliqué  à  la  partie 
de  la  plaine  de  la  Saône  connue  sous  lo  nom  de  Pays-Bas  qui  se  rat- 
tache à  la  Bresse  au  point  de  vue  orographique  et  géognostique.  D'un 
outre  côté,  ayant  vu  que  M.  Ch.  Ritter  [Annuaire  de  la  Soc.  met,  de 
France^  1855,  p.  270)  employait  le  nom  de  Ducsmois  pour  désigner 
le  plateau  calcaire  entre  l'Âuxois  et  le  Châtillonnais,  j'ai  cru  devoir 
donner  aussi  la  préférence  à  cette  dénomination. 


222  SÉIKCI    DU    l6   DÉCBHBIK    1861. 

septentrionale  des  montagnes  du  Forez.  Ces  plateaux  renferment 
quelques  petits  bassins  houillers  qui  donnent  lieu  à  des  exploita- 
tions importantes. 

Le  Nivernais  comprend  le  département  de  la  Mièvre,  moins 
les  parties  primordiale  et  crétacée  qui  appartiennent  respective- 
ment au  JVIorran  et  à  la  Puysaie*  Il  se  compose  d'une  partie  juras- 
sique et  d'une  partie  de  la  plaine  qui  vient  d'être  citée. 

Le  Berrt,  tel  que  je  le  restreins,  se  compose  des  pays  jurassi- 
ques compris  entre  la  Loire  et  la  Gartempe.  Il  peut  se  diviser  en 
haut  et  bas^  correspondant  respectivement  aux  parties  jurassiques 
des  départements  du  Cher  et  de  l'Indre.  C'est  une  contrée  fertile, 
peu  élevée,  mais  assez  accidentée  ;  cependant  le  pays  connu  sous 
le  nom  de  Brvnne^  dans  le  bas  fierry,  où  le  terrain  jurassique  est 
reconveit  par  des  sables  et  des  argiles  tertiaires,  est  très  plat  et 
couvert  d'étangs. 

Le  fiAssm  de  Paris,  tel  que  je  l'entends  ici,  ne  correspond  pas 
exactement  avec  les  circonscriptions  des  bassins  orographiqnes, 
hydrographiques  et  géogiiostiqiies,  dans  lesquels  se  trouire  Paris  ; 
mais,  comme  ces  circonscriptions,  qui  ne  sont  pas  d'ailleurs  très 
tranchées,  ne  pourraient  point  être  appliquées  au  bassin  géogra- 
phique sans  morceler  des  contrées  que  Ton  est  habitué  à  admettre 
dans  leur  ensemble,  j'ai  cru  pouvoir  faire  concorder  ce  basai n 
avec  les  limites  qu'il  convient  d'attribuer  aux  neuf  contrées 
suivantes:  savoir,  la  Sologne,  le  GtltinniSy  la  Bttauce^  Ylle^tiC' 
t'ronct*^  la  Brie^  la  Champagne ^  la  Picardie ^  la  hante  Nttrmandîe  et 
le  Perche,  Ces  contrées  appartiennent,  à  peu  d'exceptions  près,  au 
terrain  crétacé  sur  lequel  repose  le  massif  tertiaire  des  environs 
de  Paris,  lequel  forme  des  collines  peu  élevées,  tandis  que  lea par- 
ties où  le  terrain  crétacé  est  à  découvert,  ou  simplement  recouvert 
par  du  limon  quaternaire,  forment  ordinairement  de  véritabllHi 
plaines. 

La  Sologne,  qui  s'étend  entre  les  terrains  jurassiques  du  Berry 
et  le  cours  de  la  Loire,  se  compose  de  parties  des  départements  du 
Loiret,  de  I^ir-et-Cber  et  de  petites  portions  de  ceux  du  Cher  et 
de  rindre.  C'est  une  plaine  aride,  souvent  marécageuse,  où  le 
terrain  crétacé  est  recouvert  par  des  sables  tertiaires,  quelquefois 
argileux. 

Il  y  a  au  sud- est  de  la  Sologne  un  petit  pays  que  M.  Raulio 
nomme  Sanccrmis,  et  que  l'on  considère  ordinairement  comme 
une  partie  du  Uerry,  parce  qu'il  est  fertile,  mais  qui,  de  même 
que  la  Sologne,  est  formé  de  terrains  crétacé  et  tertiaire.  Ce  petit 
pays  est  remarquable  par  son  altitude  qui  atteint  434  mètres  à  bl 


HOTK   DB    M.    D*OIIALII}S    d'hàLLOT.  22t 

motte  d*Hutnbii(];ny,  élcvalioii  qui  su  r  passe  c  cl  Iode  tousles  autres 
points  du  bassin  de  Paris. 

Il  y  a  aussi  sur  la  rive  (jauclic  de  la  Loire  une  bande  élioite  de 
terrain  alluvicn  ordinairement  fertile  que  Ton  appelle  le  Valy  et 
qui  n'est  pas  réputé  comme  Sologne. 

Le  Gatinais  est  borné  au  nord  par  la  Seine,  à  Test  par  TYonne 
et  le  terrain  jurassique  de  l'Auxerrois  et  du  ^'ivornais,  au  sud  par 
la  Loire  et  à  l'ouest  par  la  Oeauce.  Il  se  compose  de  portions  des 
départements  du  Loiret,  de  Seine-et-Marne,  de  TYonne  et  de  la 
Nièvre.  On  peut  le  subdiviser  en  quatre  parties,  savoir  :  1**  le  Gâti- 
fiais  proprement  dit^  au  sud^  qui  est  une  plaine  basse  et  humide 
recouverte  par  des  sables  diluviens;  2°  le  Cdunats  tiu  nord- ouest 
formé  de  calcaire  d*eau  douce  surmonté  par  les  sables  de  Fontaine* 
bleau  ;  3**  le  Gdtimiis  du  nord-csî  où  la  craie  est  recouverte  par  une 
puissante  assise  d'ar(>ile  sableuse  mêlée  de  fragments  de  silex  ;  et 
4**  la  Puysaie  au  sud-est,  petit  pays  de  coUints  formées  par  les 
étages  moyen  et  inférieur  du  terrain  crétacé  dont  la  nature  est 
généralement  argileuse. 

La  Beauce,  située  au  nord  de  la  Sologne,  est  une  contrée  de 
plaines  découvertes  plus  élevées  que  celles  de  la  Sologne,  et  très 
favorable  pour  la  culture  des  céréalcj».  Son  caractère  principal  est 
d'être  formée  par  du  calcaire  d*eau  douce. 

Cette  contrée  occupe  la  plus  grande  partie  du  département 
d'Eure-et-Loir,  ainsi  que  des  portions  des  départements  de  Loir- 
et-Cher,  du  Loiret,  de  Seine-et-Marne  et  de  Seinc-et-Oise.  On 
peut  la  subdiviser  en  haute  et  biisse^  la  première  au  nord,  la  se- 
conde au  midi. 

Il  y  a  le  long  de  la  Loire  une  bande  étroite  où  le  calcaire  est 
recouvert  par  du  sable  que  Ton  rapporte  à  Tàge  dcsfaluns;  ce  petit 
pays,  qui  n*est  pas  réputé  comme  fieauce,  est  ap|)elé  le  2>i^'N(tùle, 
parce  qu'il  est  couvert  de  vi);nes  (1). 

L'Ile-de-France,  telle  que  je  la  restreins  ici,  correspond,  à 
quelques  exceptions   près,  aux   départements  de  la   Seine  et  de 

(4)  Où  distinguait  anciennement  dans  la  Beauce,  la  Beauté  propre ^ 
le  rendomois^  le  Danois  el  le  Pays  charttain;  mais  ces  noms,  qui 
ne  paraissent  plus  être  usités,  no  sont  d'aucune  utilité.  Les  noms 
é^Orlédnais  et  de  lilaisois  n'ont  jamais  été  que  des  dénominations 
administratives  qui  ne  concordaient  pas  avec  des  contrées  naturoUcs. 
Toutefois  ces  deux  noms  et  celui  de  C'//^/iY/r</V#  pourraient  ôtre  employés 
si  l'on  voulait  remplacer  par  des  noms  spéciaux  les  dénominations 
hydrographiques  des  départemonts  du  Loiret,  de  Loir-et-Cher  et 
d'Eure-et-Loir. 


22&  StlHCB   DU    16    DÉCHBIIB    1861. 

Seine-et-Oise.  L'ancien  gouvernement  de  Tlle-de- France  était 
beaucoup  plus  étendu,  el  comprenait  des  pays  qui  sont  générale- 
ment considérés  comme  Picardie,  Brie,  Gdtinais  et  Beauce,  cequi 
faisait  une  association  très  peu  naturelle. 

On  peut  diviser  cette  contrée  en  quatre  parties:  le  Parisis  au 
nord-est,  le  Hurrpoix  au  sud-est,  le  Montais  au  sud-ouest,  et  le 
Vexin  français  au  nord-ouest  (1  ). 

La  Brie,  comprise  rntre  la  IMarne,  la  Seine  et  la  plaine  de  la 
Champagne,  est  une  contrée  très  bien  dessinée  au  point  de  vue 
géographique  et  géognoslique.  Elle  comprend  la  plus  grande  par- 
tie du  département  de  Seinc-et-IVIarne  avec  de  petites  portions 
des  départements  de  l'Aube,  de  la  IVIaine,  de  TAisne  et  de  Seine- 
et-Oise. 

G*est  un  pays  plat,  fertile  en  blé,  renfermant  beaucoup  d'étangs, 
et  principalement  formé  par  un  dépôt  particulier  de  calcaire  et 
de  marnes  d'eau  douce. 

L'ancien  gouvernement  de  Champagne  formait  une  associa- 
tion administrative  fort  peu  naturelle  et  beaucoup  plus  étendue 
que  la  contrée  à  laquelle  Tusagc  attribue  ce  nom,  car  la  Brie  a 
toujours  été  considérée  comme  un  pays  particulier,  et  l'usage  ne 
voit  pas  dans  le  Bassigny  une  partie  de  la  Champagne.  Je  consi- 
dère, en  conséquence,  celte  dernière  contrée  comme  formée  de  la 
bande  crétacée  qui  s'étend  de  l'Yonne  à  l'Aisne,  en  y  laissant,  pour 
moins  s'éloigner  de  Tusage,  la  partie  du  massif  tertiaire  parisien, 
dite  montagne  de  Reims,  et  la  partie  jurassique  du  département  des 
Ardennes  ;  de  sorte  que  cette  contrée  comprend  le  département 
de  la  Marne,  celui  des  Ardennes,  moins  la  partie  primordiale, 
celui  de  l'Auhc,  moins  la  ]>artie  jurassique  et  la  partie  crétacée  du 
département  de  l'Yonne,  ù  l'est  de  la  rivière  de  ce  nom. 

L'ancienne  subdivision  du  gouvernement  de  Champagne  ^it 
aussi  fort  peu  naturelle,  en  ce  sens  que  la  plupart  des  circonscrip- 


(4]  Le  nom  de  Parisis  est  peu  employé,  et  Ton  fait  ordinaîrameBt 
usage  de  celui  de  France  que  je  crois  ne  pouvoir  faire  figurer  ici  à 
cause  de  ses  autres  acceptions.  Je  m'étais  servi,  dans  mes  premièrei 
publications,  du  nom  de  Plaine  de  Saint^ Denis  que  je  crois  devoir 
abandonner  à  cause  des  collines  de  Montmorency,  Bellevillo,  Dam- 
martin,  etc.  On  distinguait  anciennement  sous  le  nom  de  Gt^elU 
une  petite  subdivision  de  la  France,  mais  il  parait  que  cette  distinction 
n'est  plus  en  usage  et  n'est  d'ailleurs  d'aucune  utilité. 

J'avais  cru  aussi  pouvoir  réunir  le  Fexin  jrançais  avec  le  Fexin 
normand^  mais  cette  manière  de  voir,  qui  étendait  la  Normandie 
jusque  près  de  Paris,  était  trop  contraire  à  l'usage. 


NOTE    Dl    M.    D^OUILIUS    D*UALLOY.  225 

lions,  nolauiiiient  le  lyiiiois,  s'étendaient  sur  des  pays  très  diffé- 
rents. Je  considère  cette  grande  contrée  connue  subdivisée  en  six 
pays  de  grandeur  très  inégale,  sous  les  noms  de  Champagne  pt-O' 
prenient  dite^  de  Sénonais^  do  Pcrthoisy  iVjirgonne,  de  Rethélois  et 

àt  montagne  de  Reims, 

La  Champagne  proprement  dite  est  une  grande  contrée  très  bien 
caractérisée,  qui  se  compose  d'une  plaine  de  craie,  et  dont  une 
partie,  connue  sous  le  nom  de  Champagne  pouilleuse^  est  très  aride 
parce  que  la  craie  s*y  trouve  presque  à  nu. 

Le  Sénonais  est  aussi  une  plaine  de  craie,  mais  plus  recouverte 
de  dépôts  postérieurs. 

Le  Perthois^  à  Test  de  la  Champagne,  est  un  pays  de  vallées  ar- 
gileuses extrêmement  fertiles  et  de  plateaux  sableux  couverts  de 
forêts  (1). 

VArgonnc  n'est  qu'une  petite  bande  étroite  qui  forme  la  conti- 
nuation septentrionale  du  Perthois,  et  qui  est  caractérisée  par  la 
présence  d'une  roche  particulière  nommée  gaize  dans  le  pays,  la* 
quelle  est  une  dépendance  du  terrain  crétacé  moyen.  Ce  petit  pays 
est  en  général  couvert  de  forêts  (2). 

Je  restreins  le  nom  de  Rethélois  aux  pai  ties  du  département  des 
Ardeimes  formées  de  terrains  jurassique  et  crétacé  moyen;  c'est 
uu  pays  de  collines  et  de  vallées,  généralement  fertile,  où  il  y  a 
cependant  beaucoup  de  forêts  (3). 

On  entend  par  montagne  de  Reims  la  partie  du  département  de 
la  Marne  qui  forme  l'extrémité  orientale  du  massif  tertiaire  de 
Paris.  C'est  un  petit  pays  très  remarquable  par  ses  vins. 

(4)  Ce  Perthois  géognostique,  tel  que  je  l'entends  ici.  diOTère  beau- 
coup de  rancien  Perthois  officiel,  d'abord  parce  que  celui-ci  s'étendait 
sur  Is  craie  de  Champagne,  et  ensuite  parce  que  j*y  comprends  une 
partie  de  l'ancien  Fallage  officiel,  division  que  je  ne  puis  conserver 
parce  qu'elle  réunissait  à  un  terrain  crétacé  une  portion  des  terrains 
jurassiques  du  département  de  la  Haute-Marne  qui  s'associe  mi^iix 
avec  le  Dassigny,  et  parce  que  Tusago  affecte  plus  spécialement  le  nom 
de  Vallago  à  la  partie  jurassique  de  l'ancien  Rethélois. 

(2)  J*Avais,  en  4  844,  compris  YArgonnc  dans  la  Lorraine  parce 
qu'une  de  ses  parties  dépendait  de  l'ancien  Barrois  et  que  je  ne  savais 
pas  alors  que  la  gaize  appartenait  au  terrain  crétacé.  Toutefois  il 
paratt  que  le  nom  d'Argonne  n*a  pas  toujours  été  employé  dans  un  sens 
géognostique,  puisque  Beaumont  en  Ârgonne  est  placé  sur  un  terrain 
différent  de  celui  de  la  véritable  Argonne,  laquelle  d'ailleurs  est  très 
éloignée  de  Beaumont,  sans  que  rien  rappelle  le  nom  d 'Argonne  dans 
Tespace  intermédiaire. 

(3)  Ce  n*est  qu'avec  beaucoup  d'hésitation  que  je  reproduis  ici 
Soc.  géol.^  S*  série»  tome  XIX.  4  5 


220  SÉANCE    DU    16   I>ÉCB1IBRB    1801. 

La  Picardie,  telle  que  je  fentends,  coiiiprcnd  les  trois  départe- 
ments de  la  Somme,  de  TOise  et  de  TAisnc,  moins  la  portion  de 
ce  dernier  située  au  sud  de  la  Marne  et  celle  qui  s*étend  sur  les 
terrains  primordiaux  d'entre  T Escaut  et  le  Rhin. 

Cette  contrée  peut  se  subdiviser  en  deux  parties,  l'une  au  nord, 
l'autre  au  sud;  celle-ci,  ou  Picardie  parisienne^  est  comprise  dans 
le  massif  tertiaire  de  Paris.  C'est  un  pays  de  collines,  qui  produit 
beaucoup  de  vins,  et  qui  renferme  de  grandes  forêts.  Il  ressortis- 
sait  anciennement  au  gouvernement  de  T Ile-de-France  ;  mais  on  le 
considère  ordinairement  comme  Picardie. 

La  division  du  nord,  ou  Picardie  proprement  dite^  est  une  vaste 
plaine  généralement  cultivée  en  céréales,  et  formée  de  craie  recou- 
yerte  d'une  couche  épaisse  de  limon  quaternaire.  Il  y  a  beaucoup 
de  tourbières  dans  la  vallée  de  la  Somme. 

Cette  contrée  est  ordinairement  divisée  en  treize  petits  pays, 
savoir:  le  Tardenois^  le  pays  de  Thelle^  le  Valois^  XtBeouvaisiSj 
le  Noyonnais  et  le  Laonnais^  dans  la  division  du  sud  ;  la  Thiéra* 
cAc(l),  le  Fermandois,  le  Santerre,  YAmiénois^  le  Ponthieu  et  le 
Vimeux^  dans  la  division  du  nord. 

La  HAUTE  Normandie,  qui  s'étend  de  la  Bresie  à  la  Touque,  est 
une  contrée  basse  et  unie,  très  fertile,  formée  par  une  puissante 
assise  de  craie  plus  ou  moins  recouverte  par  des  sables  tertiaires 
et  du  limon  quaternaire.  Il  y  a  néanmoins,  dans  le  nord,  une 
bande  en  forme  de  boutonnière  où  le  terrain  jurassique  perce  au 
milieu  du  terrain  crétacé. 

Cette  contrée,  qui  correspond  aux  départements  de  la  Seine- 
Inférieure  et  de  l'Eure,  peut  se  subdiviser  tu  pays  de  CauXy  pays 
de  Bray^  Fexin  normand,  Roumois,  Lietwin  ci  pays  d'Oucke, 

Le  pays  de  Caux  comprend  toute  la  partie  orientale  du  départe- 
ment de  la  Seine-Inférieure.  On  le  subdivise  en  grand  CauXy  au 
sud,  et  en  petit  Catix,  au  nord. 

Le  pays  de  Bray  correspond  à  la  boutonnière  jurassique  men- 
tionnée ci-dessus  (2}« 

ranciea  nom  officiel  de  Rethélois,  j'aurais  préféré  celui  de  Faliage^ 
usité  dans  le  pays;  mais  je  crains  que  celui-ci  ne  fasse  confusion  avec 
Fancien  Yallage  officiel  dont  j'ai  parlé  dans  la  note  concemani  to 
Perthois. 

(\)  Le  nom  de  TViiVr/ir//^  arinconvcnient  d'avoir  été  étendu  à  une 
portion  de  la  partie  de  l'Ardenae  située  sur  la  rive  droite  de  la  Meuse. 

(2]  Le  pays  de  Bray  est  une  véritable  division  géognostique  qui  doit 
être  maintenue  dans  ses  limites  naturelles  qui  font  deux  pointes, 
l'une  entre  le  grand  et  lo  petit  Caux,  l'autre  entre  le  Beauvaisîs  et  le 


.y^^  ......    -  » 


NOTB    Bl    H.    D0HALIU8    b  BALLOT.  227 

Le  f^exin  normand  s'étend  entre  l'Andelle  et  TEpte. 

Le  Roumoit  est  entre  la  Seine  et  la  Kisie. 

Le  Lieuipin  est  situé  à  l'est  de  la  Risle. 

hepays  tfOuehe^  entie  la  Seine  et  le  Perche,  est  caractérisé  |Mir 
une  assise  d'argile  sableuse  rougcatrc,  mêlée  de  silex,  qui  recou- 
vre la  craie . 

Le  Perche  est  une  petite  contrée  au  nord- est  de  la  Beauce  qui 
•*étend  sur  les  départements  d'Eare-et-Loir  et  de  l'Orne.  On  le 
divise  en  haut  Perche,  Perche-Gouct  et  Thimerais. 

Le  Thimerais  est  un  pays  de  plaines  comme  la  Beauce,  mais  qui 
«n  diffère  parce  que  la  craie  y  est  recouverte  par  de  l'argile  sableuse 
loage,  semblable  à  celle  du  pays  d'Ouche. 

Le  haut  Perche  et  le  Perche- Goiitl  ont  un  sol  plus  inégal  et 
]du8  varié,  le  pied  des  collines  formé  de  terrain  crétacé  moyen 
étant  très  fertile,  tandis  que  leurs  sommets,  recouverts  d'argiles  et 
de  sables  tertiaires,  présentent  des  forets  et  des  surfaces  iiicultes. 
-  L'ouest  de  la  France  serait  limité  par  une  ligne  sinueuse 
partant  de  Tembouchurc  de  la  Seine,  et  aboutissant  à  celle  de  la 
Sèvre  niortaise  en  suivant  les  limites  orientales  des  départements 
du  Calvados,  de  la  Sarthe,  d'Indre-et-Loire  et  de  la  Vienne,  ainsi 
que  les  limites  méridionales  de  ce  département,  de  celui  des  Deux- 
.Sèvres  et  de  celui  de  la  Yendce.  Celte  circonscription  embrasse  tout 
le  massif  primordial  de  la  Bretagne,  la  partie  occidentale  de  la 
ceinture  jurassique  du  b«assin  de  Paris  et  une  petite  poilion  du 
masnf  crétacé  de  ce  bassin.  On  y  distingue  cinq  contrées  princi- 
pales, sous  les  noms  de  basse  Normandie^  Bretagne ^  AnjoUj  Maine 
et  Poitou^  divisions  qui,  tirant  probablement  leur  origine  de 
circonstances  politiques,  ont  le  défaut  de  ne  pas  concorder  avec  la 
nature  du  sol. 

La  BASSE  Normandie  comprend  les  départements  du  Calvados 
et  de  la  Manche,  ainsi  que  la  plus  grande  partie  de  celui  de  l'Orne. 
Cest  une  contrée  riche  en  pâturages,  formée  de  terrains  secon- 
daires à  l'est  et  de  terrains  primordiaux  à  l'ouest.  On  y  distingue 
liait  pays  particuliers,  sous  les  noms  de  cdmpagne  (Tjlcnçon^ 
paj's  ttÂuge^  campagne  de  Caen^  Bcssin,  Bocage,  Cotentin^ 
Avranchin  et  pays  d*Houlme.  Les  quatre  premiers  appartiennent 
aux  terrains  secondaires  et  les  quati-e  derniers  aux  terrains  pri- 


pays  dd  Thelle;  de  sorte  que  si  l'on  voulait  faire  concorder  exaclcmeat 
la  limite  de  la  haute  Normandie  avec  celle  qui  sépare  les  départements 
de  rOise  et  do  la  Seine-Inrérioare,  il  faudrait  admettre  un  Bray  nor'- 
mand  et  un  Bray  picard. 


228  8&ANCI    DU    16    DÉCEyBRI    1861. 

mordiaux  ;  toutefois  les  limites  gëogiiostiques  ne  sont  pas  bien 
tiancliées  parce  que  l'on  voit  souvent  les  terrains  primordiaux 
paraître  aux  pieds  des  plateaux  secondaires,  et  que  d'autres  fois, 
notamment  dans  le  Cotentin,  les  terrains  secondaires  forment  de 
petits  bassins  dans  les  terrains  primordiaux. 

La  Bretagne  est  une  grande  contrée  primordiale  qui  se  divise 
en  haute  et  basse^  division  que  Ton  peut  faire  concoixier  avec  les 
départements  eu  considérant  le  Finistère  et  le  Morbihan  comme 
composant  la  basse  Bretagne  et  les  départements  des  Côtes-du- 
Nord,  d'Ille- et- Vilaine  et  de  la  Loire-Inférieure  comme  compo* 
saut  la  haute  Bretagne.  Ces  trois  dénominations  hydrographiques 
pourraient  être  remplacées  par  celles  de  Brettigne  septentrionale, 
orientale  et  méridionale. 

Le  Maine  se  divise  aussi  en  haut  et  bas  qui  correspondent  res* 
pectivement  aux  départements  de  la  Sarthe  et  de  la  Mayenne.  Le 
bas  Maine  est  entièrement  primordial,  taudis  que  le  haut  Maine 
est  principalement  recouvert  par  des  dépôts  jurassiques,  crétacés 
et  tertiaires. 

11  en  est  de  même  de  la  Touraine  qui  correspond  au  départe- 
ment d'Indre-et-Loire.  C'est  une  contrée  remarquable  par  la  feiti- 
Ijté  de  ses  collines  de  tuffeau  et  l'aridité  d'une  partie  de  ses  plateaux 
recouverts  de  sables  tertiaires. 

L'Anjou,  correspondant  au  département  de  Maine-et-Loire,  est 
formé  d'une  portion  crétacée  et  jurassique  semblable  à  la  Tourainc, 
et  d'une  portion  primordiale  semblable  à  la  Bretagne  ;  cette  der- 
nière portion  est  remarquable  par  ses  carrières  d'ardoises  et  ses 
mines  de  chai'bon. 

Le  Poitou  se  compose  des  départements  de  la  Vienne,  des  Deux- 
Sèvres  et  de  la  Vendée.  Il  est  formé  d'une  partie  primordiale 
connue  sous  les  noms  de  Gdtine  et  de  Bocage^  d'une  partie  juras- 
sique et  crétacée  connue  sous  le  nom  de  Plaine  et  d'un  Marais; 
mais  la  plaine  se  terminant  par  une  bande  étroite  qui  s'étend  entre 
le  massif  primordial  et  le  marais»  et  ce  dernier  n'ayant  qu'une 
étendue  relativement  très  restreinte,  ces  distinctions  ne  peuvent 
être  employées  comme  divisions  principales  et  l'on  se  sert  ordinai- 
rement des  circonscriptions  départementales  en  donnant  le  nom 
de  haut  Poitou  à  la  Vienne,  de  Niortais  aux  Deux-Sèvres,  et  en 
conservant  celui  de  Fcndce, 

Le  haut  Poitou  est  forme  d'une  partie  crétacée  et  d'une  partie 
jurassique. 

Le  A7or/r//jr  se  compose  de  la  Gâtiiie  ainsi  que  de  petites  portioat 
de  la  Plaine  et  du  Marais. 


NOTB    DB   M.    D  OMALIUS    D  HILLOY.  220 

Ijï  Fenrlef  comprend  le  Bocoge  ainsi  que  de  petites  portions 
de  la  Plaine  et  du  Marais. 

Le  suD-ODEST  DE  LA  Frange  cst  limité  au  nord  par  le  Poitou  et 
le  plateau  central,  ù  Test  par  le  Rhône,  au  sud  par  le  golfe  de  Lyon 
et  le  faite  des  Pyrëndes,  à  l'ouest  par  le  golfe  de  Gascogne.  Il  est 
formé  par  an  vaste  bassin  de  nature  tertiaire  et  secondaire,  par  le 
Teraanl  septentrional  des  Pyrénées  et  par  la  chute  du  plateau 
central  vers  le  golfe  de  Lyon.  On  peut  y  distinguer  sept  contrées 
principales  sous  les  noms  de  Saintonge,  Atigoumois^  Périgorrij 
Gascogne,  Quercy^  Languedoc  et  Roussillon  (1). 

La  Saintonge,  Tângoumois  et  le  Périgord  peuvent  être  consi- 
dérés comme  correspondant  respectivement  aux  départements  de 
la  Charente- Inférieure,  de  la  Charente  et  de  la  Dordogne,  moins 
quelques  petits  territoires  primordiaux  sur  les  confins  orientaux 
qui  se  rattachent  au  Limousin.  Ces  trois  contrées  sont  principale- 
ment formées  de  terrain  crétacé  avec  une  bande  jurassique  au 
nord  et  à  l'est.  Les  deux  premières  sont  très  fertiles  et  très  riches 
en  vignobles. 

La  Saintonge  se  subdivise  en  Saintonge  propre^  Brouageais  et 
Aunis.  Ce  dernier  pays,  malgré  sa  petite  étendue,  formait  ancien- 
nement  un  gouvernement  particulier. 

La  Gascogne,  telle  que  je  l'entends  ici,  est  une  grande  contrée 
qui  s'étend  du  golfe  de  Gascogne  à  la  Haute-Garonne  et  qui  est 
formée  d'une  partie  de  la  plaine  tertiaire  et  de  la  portion  occiden- 
tale du  versant  septentrional  des  Pyrénées.  On  peut  la  subdiviser 
en  dnq  contrées  de  second  rang  sous  les  noms  de  Bordelais^ 
Landes  ^  Béarn^  Bfgorre,  Jrmagnac  et  A  gênais  (2). 

(4)  M.  Raulio,  qui  sait  si  bien  apprécier  les  avantages  des  circon- 
fOriptioDs  naturelles,  admet  pour  le  S.-O.  de  la  France  une  division 
beaucoup  plus  compliquée  que  la  mienne.  La  haute  estime  que  j*ai 
pour  le  savant  professeur  et  la  connaissance  qu'il  a  de  ces  contrées 
m'auraient  fait  adopter  son  travail  sans  discussion,  si  nos  divergences 
n'avaient  pas  tenu  à  Tapplication  de  nos  principes  généraux.  Je  me 
permettrai  même  de  faire  remarquer  que  ces  contrées  ne  me  paraissent 
pas  favorables  au  principe  qui  prend  les  groupes  orograpbiques  pour 
base  des  divisions  géographiques;  car,  en  faisant  deux  régions  distinctes 
des  Pyrénées  et  des  contrées  basses  de  l'Aquitaine,  on  réunit,  d'un 
c6té,  des  territoires  qui  ont  toujours  été  séparés  'comme  appartenant 
à  deux  régions  différentes»  la  France  et  l'Espagne;  tandis  que,  d'un 
antre  cOté|  on  sépare  des  territoires  qui  ont  presque  toujours  été  liés 
ensemble,  o'est-à-dire  les  vallées  qui  entament  les  Pyrénées  et  les 
plaines  qui  régnent  aux  pieds  de  ces  montagnes. 

(t)  La  délimitation  que  je  donne  ici  à  la  Gascogne  diffère  un  peu 


280  fiAHGB    DU   10   DÉCBHBMV    1801. 

Le  Bordelais,  nom  tous  lequel  je  désigne  la  partie  fertile  du 
dëpartement  delà  Gironde,  est  une  contrée  tertiaire  qui  se  subdi- 
vise en  quatre  petits  pays  nommes  Fronsadais,  Entre''dritX''I^lers^ 
Médoc  et  Basadais  (!). 

Les  Landes,  nom  que  Ton  doit  appliquer  à  toutes  tes  landes 
réelles,  tant  du  département  de  ce  nom  que  de  celui  de  la  Gironde, 
sont  une  plaine  basse  couverte  de  sables  tertiaires  et  bordée  par  un 
cordon  de  dunes. 

La  Chalosse^  nom  que  j'étends  à  toute  la  partie  fertile  du  dépar- 
tement des  Landes,  est  aussi  une  plaine  tertiaire  ou  Ton  distingue 
la  Chalosse  propre^  le  Marsan  et  le  Tursan. 

Le  Béarn^  nom  que  Ton  peut  étendre  à  tout  le  département  des 
Basses-Pyrénées,  est  formé  d'une  partie  de  ces  montagnes  et  d'une 
petite  portion.de  la  plaine  tertiaire.  Il  se  divise  en  Béarn  propre^' 
ment  dit  et  en  Pays  des  Basques,  lequel  se  subdivise  en  Pays  de 
Soule^  basse  Navarre^  et  Lampoitrdan, 

Le  Bigorrej  que  je  considère  comme  correspondant  au  départe- 
ment des  Hautes-Pyrénées,  est,  ainsi  que  le  Béarn,  formé  d'une 
partie  de  ces  montagnes  et  d'une  partie  de  la  plaine  tertiaire.il  se 
divise  en  Bigorre  proprement  dit  et  en  Pays  des  quatre  vallées  (2). 

de  celle  de  rancienne  Gascogne  officielle  :  d'abord,  parce  qu'elle  ne 
comprend  pas  les  dépendances  de  celle-ci  qui  sont  aujourd'hui  com- 
prises dans  les  départements  de  la  Haute-Garonne  et  de  l'Anége,  que 
Ton  est  dans  l'habitude  de  considérer  maintenant  comme  faisant 
partie  du  Languedoc;  secondement,  parce  qu'elle  comprend  quelques 
pays  qui  appartenaient  à  d'autres  ressorts,  mais  dont  les  uns  sont 
généralement  considérés  comme  Gascogne  et  dont  les  autres  rendent 
la  circonscription  plus  régulière  et  plus  en  rapport  avec  les  divisions 
administratives  actuelles. 

(4)  M.  Raulin  rejette  tout  à  fait  le  nom  de  Bordelais  qui,  dit-il, 
n'est  pas  connu  dans  le  pays,  et  il  admet,  comme  division  de  premier 
rang  de  son  Aquitaine,  les  quatre  pays  nommés  ci-dessus,  lesquels  no 
forment  pas  mdme  un  département.  Or,  je  ne  vois  pas  qu'il  y  ait  entra 
ces  quatre  petits  territoires,  également  tertiaires,  bas  et  fertiles,  des 
distinctions  assez  tranchées  pour  les  faire  figurer  dans  un  rang  aussi 
élevé.  D'un  autre  côté,  si  le  nom  de  Bordelais  n'est  pas  connu  sur  les 
lieux,  il  est  encore  très  employé  au  dehors,  tandis  que,  sauf  le  Médoo, 
célèbre  par  ses  vins,  les  noms  des  trois  autres  pays  dont  il  s'agit  sont 
à  peu  près  inconnus  dès  que  l'on  s'éloigne  de  la  Gironde. 

L'ancien  Bazadais  s'étendait  sur  une  petite  portion  du  département 
de  Lot-et-Garonne,  mais  on  peut  maintenant  considérer  cette  portion 
comme  une  dépendance  de  l'Agénais,  contrée  qui  d'ailleurs  ressembla 
au  Bazadais. 

(2)  Le  département  des  Hautes-Pyrénées  comprend  aussi  une  portion 


NOTI    DE    M.    D  0IIAUU8   D  UALLOY.  231 

\à* Armagnac  et  VAgènais  peuvent  être  cousidc^rés  comme  cori'es« 
pondant  respectivement  aux  départements  du  Gers  et  de  Lot-et- 
Garonne.  Ils  sont  entièrement  compris  dans  la  plaine  tertiaire. 
L* Armagnac  se  divise  en  Armagnac  proprement  dit  au  nord,  et  eu 
Jstarac  au  midi  (l). 

Le  QuERcr  peut  être  divisé  eu  haut  et  bas  qui  correspondent 
respectivement  aux  départements  du  Lot  et  de  Tarn-et-Garonne, 
sauf  qu* il  y  a  sur  les  confins  orientaux  quelques  petits  territoires 
primordiaux  qui  se  rattaclient  au  Limousin,  à  TAuvergne  et  au 
Ronergue,  et  sur  les  confins  septentrionaux  un  petit  territoire  cré« 
tacé  qui  se  rattache  au  Périgord, 

Le  haut  et  le  bas  Quercy  sont  également  composés  d'une  partie 
de  la  plaine  tertiaire  et  d'une  pai'tie  de  la  bordure  jurassique  du 
plateau  central  (2). 

Le  Languedoc,  tel  que  je  rentends,  se  compose  des  six  départe- 
ments de  la  Haute- Garonne,  de  l'Ariége,  de  TAude,  du  Tarn, 
de  THérault  et  du  Gard.  Cette  vaste  étendue  est  bornée  naturelle- 
ment à  l'est  par  le  Rhône  et  le  golfe  de  Lyon  ;  mais,  à  défaut  de 
meilleure  délimitation,  on  peut  la  considérer  comme  bornée  des 
autres  côtés  par  les  limites  départementales  (3). 

de  l'ancien  Nêùousan;  mais  ce  petit  pays,  qui  n'a  aucun  caractdre 
distinctif  particulier,  se  trouve  maintenant  morcelé  par  la  division 
départementale,  et  la  conservation  de  ce  nom  parait  de  nature  à  com- 
pliquer la  nomeoclature  sans  aucun  avantage  réel. 

(4)  Le  département  de  Lot-et-Garonne  comprend  aussi  une  partie 
de  l'ancien  Cnndomois;  mais  cette  division  qui,  de  môme  que  le 
Nébousan,  n'avait  pas  de  caractères  distinctifs  et  qui  se  trouve  partagée 
entre  trois  départements,  ne  parait  plus  devoir  ôtre  reproduite. 

(9)  Le  département  de  Tarn-et-Garonne  comprend,  outre  l'ancien 
bas  Quercy,  une  partie  de  l'ancienne  Lomagne  et  une  petite  portion 
do  l'ancien  Toulousain  ;  mais  ces  deux  petits  territoires  étant  sem- 
blables à  la  partie  tertiaire  du  bas  Quercy,  il  n*y  a  aucune  raison  de 
les  en  séparer,  de  sorte  que  l'on  peut  sans  inconvénient  considérer 
le  Toulousain  comme  restreint  à  la  partie  comprise  dans  le  département 
de  la  Haute-Garonne.  Quant  h  la  Lomaî^ne  qui  se  trouve  maintenant 
partagée  entre  deux  départements,  sans  avoir  de  caractères  distînotifs, 
on  ne  voit  pas  de  raison  pour  employer  ce  nom. 

(3)  Cette  délimitation  s'écarte  de  l'ancien  gouvernement  de  Lan- 
guedoc parce  qu'elle  ne  comprend  pas  le  Gévaudan,  le  Yivarais  et 
le  Velay,  qui  toutefois  ne  sont  pas  réputés  Languedoc  et  que  Ton  ne 
peut  séparer  du  plateau  central.  Elle  en  diffère  aussi  parce  qu*el1e 
renferme  le  Comminges,  le  Couserans  et  le  paya  de  Foix  ;  mais  on  est 
maintenant,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  trop  habitué  à  considérer  tout 
le  dépertement  de  la  Haute-Garonoe  comme  Languedoc  pour  no  pas  y 


232  8ÉANCI    DU    16    OtCMBIIB    1861. 

Elle  se  compose  d'une  partie  du  grand  bassin  teiliairc  du  S  -O. , 
d'une  partie  des  Pyrénées  avec  leurs  contre- forts,  de  quelques 
dépendances  du  plateau  central, et  des  contrées  basses  qui  se 
trouvent  à  son  pied  méridional. 

Je  ne  connais  pas  de  divisions  de  ces  contrées  pins  usuelles  c(ue 
celles  des  départements,  si  ce  n*est  que  le  département  de  la  Haute- 
Garonne  se  divise  naturellement  en  deux  contrées,  l'nne  basse  et 
unie  connue  sous  le  nom  de  Toulousain ^  Tautre  comprise  dans  les 
Pyrénées  et  appelée  Comminget,  Quant  aux  dénominations  des 
autres  contrées,  celles  àLJriége,  Ôl  Hérault^  iLÂude  et  de  Gard 
sont  devenues  tout  à  fait  usuelles  ;  mais  le  département  du  Tarn 
est  plus  connu  sous  le  nom  d!  Albigeois  qui  a  Tavantafre  d'éviter  la 
confusion  avec  la  rivière  du  Tarn. 

Le  RoDSSiLLOif,  qui  correspond  au  département  des  Pyrénées- 
Orientales,  est  entièrement  compris  dans  ces  montagnes  ;  mais  il  y  a 
dans  son  intérieur  une  plaine  d'aliuvion  qui  sépare  les  Pyrénées 
proprement  dites  des  Gorbières,  l'un  de  leurs  contre-forts. 

Le  SDD-EST  Di  LA  Francb  se  compose  des  versants  occidentaux 
des  Alpes  maritimes,  des  Alpes  cottiennes,  des  Alpes  graies,  d'une 
partie  de  celui  des  Alpes  pennines  et  de  leurs  contre-forts  avec  les 
plaines  plus  ou  moins  étendues  qui  régnent  entre  les  Alpes  et  le 
Rhône. 

On  y  distingue  trois  grandes  contrées  sous  les  noms  de  Provenee^ 
de  Dauphiné  et  de  Savoie. 

La  PaovENCE  comprend  les  cinq  départements  des  Bouches-du- 
Rhône,  du  Yar,  des  Alpes-Maritimes,  des  Basses-Alpes  et  de  Yan- 
cluse.  Il  n'y  a  pas  de  divisions  plus  usuelles  que  celle  des  départe- 
ments dont  on  pourrait  remplacer  les  noms  par  les  épitbèlet  de 
Sud^Ouest^  Sudf  Sud" Est,  et  Nord-Ouest,  La  division  orographique 
en  montagnes  et  en  plaines  est  tout  à  fait  insuffisante,  les  plaines 
n'occupant  que  de  petites  portions  de  la  Provence.  Deux  de  ces 
plaines  sont  près  des  Bouches-du-Rhône,  l'une,  nommée  La  Crmm^  • 
est  recouverte  par  un  amas  de  cailloux  roulés,  l'autre  est  uo  véri- 
table delta  formé  par  le  Rhône  et  connu  sous  le  nom  de  Camargue, 

Le  Dauphiné  comprend  les  trois  départements  de  la  Drôme,  des 
Hautes-Alpes  et  de  l'Isère;  on  le  divisait  plus  i*égulièremeot  en 
/taut  et  bas  qui  correspondent,  d'une  part,  à*  la  partie  montuense 
à  l'est,  et,  d'autre  part,  aux  collines  et  aux  plaines  de  l'ouest.  On 

comprendre  le  Comminges,  el  cette  manière  de  voir  entrslne  aussi  la 
réunion  du  Couserans  et  du  pays  de  Foix  qui  formoni  les  deux  tebdi* 
visions  de  l'Ariége, 


NOTIt    DB   M.    D  OHALIUS   D*HALLOT.  23(3 

y  distiogue  un  grand  nombre  de  pelits  pays;  tels  sont  le  Bvlaneon- 
naiSy  le  QueiraSy  VEmbrunaix^  le  Gapençais^  le  Chnmpsaur^  XOisans^ 
le  GrésivaiuLnn^  le  Ruyans^  le  Vercorps^  le  Trièvcs^  le  IJévolnij  le 
Diotjt,  les  Baronies,  dans  Le  haut  Daupliiué;  le  Tricastinais^  le 
Faleniinoisj  le  Viennois^  les  Terres  jroi des ^  dans  le  bas  Dauphiné. 

Les  deux  départements  de  la  Savoie,  entièrement  compris  dans 
le  Tenant  occidental  des  Alpes,  fonnent  une  contrée  très  naturelle, 
lonque  l'on  y  réunit  la  portion  du  canton  de  Genève,  au  sud  du 
Rhône.  On  peut  la  subdiviser  en  six  pays,  dont  quatre  sont  très 
nettement  distingués  et  généralement  connus  sous  les  noms  de 
Maurienne^  de  Tnren taise j  de  Faiicigny  et  de  Chablais.  Les  deux 
aatraf  sont  moins  caractérisés,  et  étaient  anciennement  connus 
sous  les  noms  de  Savoie  propre  et  de  Genevois. 

Les  Pats  entre  le  Rhône  et  la  Nahe  comprennent  le  versant 
septentrional  des  Alpes  pennines  et  lépontiennes,  la  chaîne  du  Jura, 
celle  des  Vosges,  les  contre-forts  de  ces  montagnes,  et  les  plaines 
qui  s'étendent  le  long  de  la  Saône  et  du  Rhin.  On  peut  y  distin- 
guer sept  contrées  principales  sous  les  noms  de  Suisse ^  de  Franche- 
Comté^  de  Biigeft  de  Bresse^  de  Bassigny^  de  Lorraine^  ^Alsace  et 
de  Palatinat, 

La  Suisse,  telle  que  je  l'entends  ici,  serait  bornée,  au  nord  et  à 
l'est,  par  le  Rhin,  au  sud,  par  le  faîte  des  Alpes  et  le  lac  de  Ge- 
nève, à  l'ouest,  par  une  ligne  irrégulière  tirée  de  Genève  à  Baie, 
délimitation  qui  laisse  en  dehors  les  parties  de  la  Confédération 
suisse  située  sur  la  rive  droite  du  Rhin  et  au  sud  du  faite  des 
Alpes. 

On  peut  diviser  la  Suisse,  ainsi  restreinte,  en  Oberland  ou  haute 
Smisse  à  Test,  en  basse  Suisse  au  milieu,  et  en  Suisse  Jurassienne 
k  Touest. 

La  Fbanche-Conté  se  compose  des  départements  de  la  Haute- 
Saône  et  du  Doubs,  ainsi  que  de  la  partie  montueuse  du  départe- 
ment du  Jura.  C'est  une  contrée  montueuse  presque  entièrement 
composée  de  terrain  jurassique.  Il  y  a  cependant  quelques  lam- 
beaux de  terrain  crétacé  et  les  terrains  primordiaux  des  Vosges 
s'étendent  sur  une  partie  du  déparlement  de  la  Haute-Saône.  Je 
n*y  connais  pas  de  division  plus  usuelle  que  celle  des  départements 
dont  les  noms  pourraient  être  remplacées  par  les  dénominations 
de  Franche*Comté  septentrionale ^  orientale  et  méridionale. 

Le  BuGET  est  une  petite  contrée  formée  par  la  partie  méridio- 
nale de  la  chaîne  du  Jura,  et  comprise  dans  le  département  de 

l'Ain. 
La  BsEssi  est  une  plaine  tertiaire  qui  s'étend  entre  le  Jura  et 


23i  8ÉARCI    DU    16    OÉCHBM    4861. 

les  montagnes  de  la  rive  droite  de  la  Saône,  ce  qui  comprend  la 
plus  grande  partie  du  département  de  TAin,  et  des  portions  des 
départements  du  Jura,  de  Saône-et  Loire  et  de  la  Cote-d*Or.  On 
peut  la  diviser  en  Bresse  proprement  dite  au  milieu,  Dombcsj  petit 
pays  couvert  d'étangs,  au  sud-ouest,  Bresse  cfuVonnaise  et  Bresse 
dtjonnaise  ou  Pays-Bas  au  nord  (1). 

Le  Bassigny  est  une  petite  contrée  comprise  dans  la  ceintui-c 
jurassique  du  bassin  de  Paris,  et  que  Ton  peut  considérer  comme 
correspondant  au  département  de  la  Haute-Marne,  moins  la  partie 
crétacée  qui  est  réputée  Perthois,  et  plus  la  paitie  jurassique  de 
l'Aube . 

•  La  LoRRAi.fE  est  une  grande  conti*ée  que  je  considère  comme 
bornée,  à  Touest,  par  la  Champagne  et  le  Dassigny,  au  sud,  par  la 
Franche-Comté,  à  l'est,  par  le  faite  des  Vosges,  au  nord,  par  une 
ligne  tirée  de  la]  Lauter  à  la  Sarre,  ensuite  par  cette  rivière,  et 
puis  par  la  limite  du  terrain  jurassique.  Cette  délimitation  em- 
brasse les  quatre  départements  des  Vosges,  de  la  Meurthe,  de  la 
Moselle  et  de  la  Meuse,  moins  une  petite  portion  crétacée  de  ce 
dernier,  et  plus  une  portion  du  département  du  fias- Rhin,  ainsi 
que  les  parties  jurassiques  de  la  province  belge  de  Luxembourg 
et  du  grand-duché  de  ce  nom. 

La  Lorraine  se  divise  naturellement  en  une  partie  jurassique  à 
l'ouest  et  une  partie  plus  ancienne  à  l'est;  mais  ce  mode  de  divi- 
sion n'est  point  passé  dans  l'usage,  et  on  se  sert  ordinairement 
des  divisions  administratives  qui  ne  sont  pas  en  rapport  avec 
la  nature  du  sol,  les  trois  départements  des  Vosges,  de  laMeurthe 
et  de  la  Moselle  comprenant  chacun  une  paiiie  jurassique  et  une 
partie  plus  ancienne.  Je  ne  connais  pas  de  dénominations  spéciales 
pour  le  département  des  Vosges,  que  l'on  peut  appeler  Lorraine 
méridionale,  11  existe  dans  les  trois  autres  départements  quelques 
nonisspécianx,  tels  sont:  celui  de  Toalois  €\Me  l'on  pourrait  con- 
sidérer comme  s'appliquant  h  la  partie  jurassique  du  département 
de  la  Meurthe  ;  celui  de  Barrais  que  Ton  pourrait  faire  concoixlcr 
avec  la  partie  jurassique  du  département  de  la  Meuse,  k  la  gauche 
de  ce  fleuve;  celui  de  Voèvrc  qui  s'applique  k  la  partie  du  dépar- 
tement de  la  Moselle,  entre  la  Meuse  et  la  Moselle, -qui  est  égale* 


(4)  En  étendant  ici  le  nom  de  Bresse  à  la  plaine  tertiaire  de  l'anoien 
Dijounais,  je  lui  donne  peut-ôtre  plus  d'extension  qui]  n*en  a  dans 
Tusago,  cette  partie  de  la  plaine  étant  plus  connue  sous  le  nom  de 
Pays-Bas;  mais  il  me  paraît  que  ce  territoire  ne  peut  6tre  séparé  de 
la  Bresse  dont  il  a  tous  les  caractères. 


NOTl    DB   ■.   D'oVALIVS   d'uALLOT.  2Sft 

ment  jurassique  ;  celui  de  Messin  que  l'on  pourrait  restreindre  à 
la  partie  jurassique  du  département  de  la  Moselle,  à  la  droite  de 
la  rivière  de  ce  nom  ;  et  celui  de  pays  de  lo  Sarre  que  Ton  pourrait 
étendre  à  toute  la  partie  ancienne  des  départements  de  laMeurthc 
et  de  la  Moselle,  ainsi  qu'à  la  petite  portion  du  département  du 
Bas-Rbin,  à  l'ouest  du  faite  des  Vosges  ;  enfin  la  portion  jurassique 
en  dehors  du  territoire  français  pourrait  être  désignée  par  la  dé« 
nomination  de  Lorraine  luxembourgeoise  (i). 

L'Alsace,  située  entre  le  faite  des  Vosges  et  le  Rhin,  se  com- 
pote d*nne  plaine  fertile,  du  versant  oriental  des  Vosges  et  d'un 
petit  massif  de  collines  tertiaires  qui  s'étendent  entre  le  pied  des 
Vosges  et  celui  du  Jura  suisse.  On  divise  ordinairement  cette 
contrée  en  basse  Alsace^  qui  correspond  au  département  du  Bas- 
Rhin,  moins  la  portion  comprise  dans  le  bassin  de  la  Sarre  ;  en 
haute  Alsace  et  Sundgau  qui  correspondent  au  département  du 
Hant*Rhin. 

J'entends  par  Palatticat  la  contrée  située  entre  le  Rhin,  l'Al- 
sace, la  Lon*aine  et  le  plateau  du  Hnndsriick,  ce  qui  comprend, 
outre  la  province  bavaroise  du  Palatinat^  la  province  hessoise  du 
Rhin,  ainsi  que  des  portions  de  l'arrondissement  prussien  de 
Trêves,  et  de  la  principauté  de  Birckenfeld.  Cette  circonscription 
renferme  les  montagnes  porphyriques  de  la  Nabe,  le  bassin  bouil- 
1er  de  la  Sarre,  une  grande  partie  de  la  Hardt  et  une  portion  de 
la  plaine  du  Rhin  moyen. 

Les  Pats  entre  le  Rhin  et  le  Pas-de-Calais  se  composent  de 
plateaux  primordiaux  faisant  l'extrémité  nord-ouest  des  monts 
Hercyniens  et  de  l'extrémité  sud-ouest  de  la  grande  plaine  d'Eu- 
rope. Ils  comprennent  une  grande  partie  de  la  Prusse  rhénane, 
et  du  grand -duché  de  Luxembourg,  le  royaume  de  Belgique, 
moins  la  petite  partie  jurassique,  les  départements  français  du 


(4)  J'avais,  en  4  808,  employé  le  nom  de  Luxembourg  pour  cette 
petite  contrée  parce  que  ce  nom  n'avait  plus  d'application  officielle  ; 
mais  actuellement  qu'il  s'applique  ofticiellementà  des  parties  de  TAr- 
denne  et  du  Gondros,  on  ne  peut  plus  l'employer  dans  le  sens  que  je  lui 
donnais.  11  est  à  remarquer  que  pour  rendre  la  Lorraine  luxembour- 
geoise plus  naturelle  et  plus  régulière,  il  conviendrait  d'y  comprendre 
le  canton  de  Carignan,  département  dos  Ardonnes,  et  de  petites  por- 
tions des  départements  de  la  Meuse  et  de  la  Moselle,  qui  ont  aussi 
pour  la  plus  grande  partie  fait  anciennement  partie  du  Luxembourg. 

Je  n'ai  pas  reproduit  dans  i'énumération  ci-dessus  le  nom  do  Ver^ 
dtmoit  parce  que  cette  ancienne  dénomination  politique  s'appliquait  à 
une  partie  de  la  Yoèvre  et  que  l'autre  peat  se  rattacher  au  Barrois. 


236  8ÉAMCB    DU    1(5    DfiCBMBRB    1801. 

Nord  et  du  Pas-de-Calaîs,  avec  le»  portions  primordiales  des 
départements  des  Ardenncs  et  dcTAisne,  enfin,  une  grande  partie 
du  royaume  des  Pays-Bas. 

On  peut  diviser  cette  sous-région  en  quinze  contrées,  savoir  : 
dans  les  plateaux  primordiaux,  le  Httndsriick^  YEi/ely  YJrdenne^ 
le  Condros  et  le  Haintiut;  dans  la  grande  plaine,  Y  Artois,  la 
Flandre^  le  Brabant,  la  Hesbaye,  la  Campine,  le  pays  de  Juliers, 
la  Gueldre,  la  Hollande  et  la  Zélande, 

Le  HuNDSRUcc,  entre  le  Rhin  et  la  Moselle,  est  un  plateau  élevé 
formé  de  terrains  primaires^  couvert  de  forêts  et  de  landes.  Il  com- 
prend des  parties  des  arrondissements  prussiens  de  Goblentz  et  de 
Trêves,  ainsi  que  de  la  principauté  de  Birckenfeld. 

LTiPEL  peut*  être  considéré  comme  borné  à  Test  parla  Moselle 
et  le  Rhin,  au  nord,  par  les  plaines  du  pays  de  Juliers,  à  l'ouest, 
par  TArdenne,  et  au  sud,  par  le  teiTain  jurassique  de  la  Lorraine. 
11  comprend  des  portions  des  arrondissements  prussiens  de  Co- 
blentz,  Trêves,  Cologne  et  Aix-la •Chapelle,  ainsi  qu'une  portion 
du  grand-duché  de  Luxembourg.il  est  principalement  formé  par 
un  plateau  de  terrains  primaires  sur  lequel  s'élèvent  des  cônes  de 
trachyte  et  de  basalte  et  s'étendent  des  coulées  de  laves.  Les  par- 
ties occidentale  et  méridionale  présentent  aussi  des  dépôts  tria- 
siqucs.  La  majeure  partie  de  cette  contrée  ressemble  au  Hundsrûck  ; 
mais  il  y  a  des  portions  fertiles,  notamment  dans  le  voisinage  des 
anciens  volcans  et  dans  la  vallée  du  Rhin. 

L*Ardenne  est  un  plateau  de  terrain  primaire,  aride,  de  forme 
elliptique,  qui  s'étend  des  sources  de  la  Kyll  à  celle  de  l'Oise  et 
que  l'on  peut  considérer  comme  limité  par  la  présence  des  roches 
calcaires  qui  exercent  une  grande  influence  sur  l'état  agricole  des 
contrées  voisines.  Elle  se  compose  de  portions  des  arrondissements 
prussiens  d'Aix-la-Chapelle  et  de  Trêves,  du  grand-duché  de 
Luxembourg,  des  provinces  belges  de  Luxembourg,  Liège,  Namor 
et  Hainaut,  ainsi  que  de  quelques  petits  territoires  des  départe- 
ments français  des  Ardennes  et  de  TAisne. 

Les  plateaux  les  plus  élevés  de  l'Ardenne,  qui  se  trouvent  vers 
le  nord,  sont  connus  dans  le  pays  sous  le  nom  de  hautes  fagnes  qui 
paraît  dériver  de  celui  de  veenen  qui  signifie  terrain  tourbeux 
dans  les  langues  germaniques. 

Le  Condros  est  aussi  un  plateau  primordial,  situé  entre  la  Meuse 
et  l'Ardenne,  mais  moins  élevé  et  plus  favorable  à  la  culture  que 
cette  dernière.  Il  s'étend  sur  les  provinces  belges  de  Liège,  Namar 
et  Luxembourg,  ainsi  que  sur  un  petit  territoire  du  département 
français  des  Ardennes.  Il  peut  se  subdiviser  en  trois  parties,  savoir  : 


NOTB    DB    M.    u'oVALItS   D^UALLOY.  237 

le  Condros  proprement  dit  qui  occupe  la  ])lus  grande  parlic  de  la 
contrée,  la  Famcnnc^  petit  pays  dans  la  partie  sud-est  qui  parait 
devoir  son  nom  à  son  aridité,  et  le  pays  de  Hervé ^  au  nord,  qui  est 
remarquable  par  ses  pâturages  et  ses  rronia(;cs  (1). 

Le  Hainaut,  tel  que  je  l'entends  ici,  est  un  plateau  peu  élevé 
qui  se  rattache  à  Test  à  ceux  de  TArdenne  et  du  Condros  et  qui 
se  confond  des  autres  côtés  avec  les  contrées  basses  de  la  grande 
plaine  d'Europe  et  du  bassin  de  Paris.  Les  terrains  primordiaux 
qui  sont  au  jour  dans  la  partie  sud-est  sont  généralement  recou- 
vertA  dans  le  reste  de  la  contrée  par  des  dépôts  postérieurs,  nolani- 
meut  par  du  limon  quaternaire  qui  est  d'une  grande  fertilité.  Le 
Hainaut  possède  aussi  les  mines  de  charbon  (es  plus  riches  du 
continent  européen  et  beaucoup  de  minerais  de  fer. 

Il  8e  compose  de  la  province  belge  de  ce  nom  et  de  portions  de 
la  province  de  Namur,  ainsi  que  des  départements  français  du 
Nord,  de  TAisne  et  des  Ardennes.  On  peut  subdiviser  cette  contrée 
en  Hainaut  proprement  dit  au  nord-est,  Tournaisis  au  nord-ouest, 
Oitrevant  et  Cambresis  au  sud-ouest,  et  Pays  it Entrc-Sambre-ct* 
Meuse  au  sud-est  ;  une  petite  portion  de  ce  dernier,  qui  est  alter- 
nativement marécageuse  et  très  sèche,  est  connue  sous  le  nom  de 
Fagne  à  cause  de  sa  ressemblance  avec  les  hautes  fagncs  de  l'Ar- 
deone;  c'est  la  continuation  géognostique  de  la  Famenne. 

Je  considère  TArtois  comme  correspondant  au  département  du 
Paa-de-Galais  ;  c'est  une  contrée  basse  faisant  partie  du  bassin  cré- 
tacé de  Paris,  sauf  qu'il  y  a  sur  les  bords  de  la  mer  un  petit  pays 
formé  par  un  relèvement  des  terrains  jurassique  et  primaire.  On 
peut  la  diviser  en  Artois  proprement  dity  qui  comprend  plus  des 
trois  quarts  de  la  contrée,  en  Caiaisis  et  en  Boutonnais ,  sur  les  cotes 
occidentales.  Le  Boulonnais  se  compose  de  la  partie  formée  de 
terrains  plus  anciens  que  la  craie. 

La  Flandre  comprend  les  deux  provinces  belges  de  ce  nom,  la 
partie  occidentale  dn  département  français  du  Nord  et  la  partie 
continentale  de  la  province  néerlandaise  de  Zélnnde.  C'est  une 
contrée  basse  et  unie  formée  par  des  terrains  tertiaires,  quaternaires 
et  modernes.  Elle  est  renommée  par  l'abondance  de  ses  produits 
agricoles;  mais  il  est  à  remarquer  qu'elle  est  traversée  par  une 
bande  sableuse  qui  ne  doit  sa  fertilité  qu'aux  soins  avec  lesquels 


(4)  Le  pays  de  Hervé  a  souveat  été  appelé  Limhourg  parce  qu'il 
contieût  TaDcienno  copilale  du  duché  de  ce  nom  ;  mais  la  dénomination 
de  Limbourg  ayant  été  transportée  officiellement  à  d'autres  territoires, 
ce  nom  ne  peut  plus  ôtre  appliqué  au  pays  de  Hervé. 


238  9ËAIfCB    DU    16    DfiCBMBftE    ISOl. 

on  la  cultive  et  que  la  partie  des  terrains  modernes/ appelés  y^o/- 
dcrs^  n^est  maintenue  en  culture  qu'au  moyen  de  di^pies  qui  la 
préservent  des  hautes  marées.  Il  y  a  aussi  une  ligne  de  dîmes  le 
long  de  la  mer  du  Nord. 

La  province  belge  du  Baabant  est  une  contrée  basse  et  unie 
dans  sa  partie  septentrionale,  mais  qui  se  relève  dans  la  paitie 
méridionale  ;  elle  est  généralement  recouyerte  par  du  limon  qua- 
ternaire qui  repose  sur  des  dépôts  tertiaires  et  quelquefois  sur  les 
terrains  primaires.  On  la  divise  en  Brahant  wallon  au  sud  et 
Brabant  flamand  au  nord  ;  une  partie  de  ce  dernier  porte  le  nom 
de  Hageland, 

On  peut  étendre  le  nom  de  Hesbate  aux  parlies  des  provinces 
de  Liège,  Limbourg  et  Namur  situées  sur  la  rive  gauche  de  la 
Meuse  depuis  FOrnoz  jusqu'au  Demer.  C'est  un  plateau  ondulé 
qui  atteint  rarement  l'altitude  de  200  mètres  et  qui  est  recouvert 
de  limon  quaternaire  qui  le  rend  très  fertile.  Les  terrains  primaires 
se  montrent  à  découvert  sur  les  bords  de  la  Meuse  ;  mais  plus  loin 
le  limon  repose  sur  les  terrains  crétacés  et  tertiaires. 

Le  nom  de  Campine  ne  s'applique  qu'à  la  grande  plaine 
sableuse,  souvent  marécageuse,  située  entre  la  Meuse,  le  Demer 
et  l'Escaut;  mais,  pour  la  régularité  d'une  contrée  géographique, 
on  doit  l'étendre  aux  bandes  fertiles  qui  longent  ces  cours  d'eau 
du  côté  intérieur.  Entendue  de  cette  manière,  la  Campine  com- 
prend toute  la  province  néerlandaise  du  Brabant  septentrional,  la 
paitic  du  duché  de  Limbourg  sur  la  rive  gauche  de  la  Meuse,  ainsi 
que  les  parties  des  provinces  belges  de  Limbourg  et  d'Anvers  au 
nord  du  Demer. 

La  plaine  qui  s'étend  entre  la  Meuse  et  le  Rhin,  depuis  les  pla- 
teaux de  TArdenne  et  de  l'Eifel,  jusqu'à  une  ligne  tirée  du  con- 
fluent de  la  Roer  à  celui  de  TErft,  est  pour  la  plus  grande  partie 
connue  sous  le  nom  de  Pats  de  Jdliers. 

Cette  circonscription  comprend  des  portions  des  arrondisK- 
ments  prussiens  de  Dusscidorf,  Cologne  et  Aix-la «Chapelle,  ainsi 
qu'une  partie  du  duché  de  Limbourg. 

C'est  une  contrée  très  fertile,  en  grande  paitîe  basse  et  uoie, 
mais  dans  la  portion  méridionale  de  laquelle  s'élèvent  quelques 
collines  qui  se  rattachent  aux  pays  plus  élevés  du  sud.  Telle  est  la 
chaîne  de  la  Wille  qui  est  à  peu  près  parallèle  au  Rhin. 

L'ancien  duché  de  Gueldre  avait  des  circonscriptions  fort  irré- 
gulières  et  fort  variables  ;  mais,  à  défaut  de  meilleure  dénomination 
et  de  meilleure  délimitation,  je  considère  comme  Gueldre  la  con- 
trée bornée  d'un  coté  par  la  Meuse,  de  l'autre,  par  le  Rhin) 


MOTB   bB    H.    PARBTO.  2S0 

TYssel  (i)  et  le  Zuiderzëe,  en  sV'tendant  du  confluent  de  la  Roei-  k 
celui  de  la  vieille  Meuse,  ce  qui  comprend  la  province  néerlan* 
daise  de  Gueldre,  moins  le  pays  de  Zutphen,  plus,  quelques  par- 
ties de  la  province  d'Utreclil,  du  duché  de  Limbourg  et  de 
l'arrondissement  prussien  de  Dusseldorf. 

Quoique  cette  contrée  fasse  partie  de  la  grande  plaine  d'Europe, 
on  y  voit  de  véritables  collines  surtout  dans  la  partie  au  nord 
du  vieux  Rhin,  qui  est  peu  fertile  et  sableuse  ;  mais  les  îles  formées 
par  le  vieux  Rhin,  le  Wahal  et  la  Meuse,  sont  très  basses,  très 
unies  et  d'une  grande  fertilité. 

On  peut  diviser  cette  contrée  en  trois  parties,  savoir  :  la  Gueldre 
méridionale  comprenant  les  parties  prussienne  et  limliourgeoise; 
le  JBeiuwe  entre  la  Meuse  et  le  vieux  Rhin  ;  et  le  rduwc^  nom 
que  l'on  pourrait  étendre  à  toute  la  partie  comprise  entre  le  vieux 
Rhin  et  l'Yssel. 

La  province  de  Hollande  forme,  avec  la  majeure  partie  de  la 
province  d'Utrecht,  une  contrée  très  basse,  très  fertile,  traversée 
par  une  multitude  de  cours  d'eau  et  de  canaux,  et  bordée  d'un 
cordon  de  dunes  le  long  de  la  mer;  on  la  divise  en  septentrionale 
et  méridionale^  ou  noord  Holland  et  zuid  Holland. 

La  Zélajitde,  telle  que  l'ancien  usage  la  restreint,  se  compose  de 
la  partie  insulaire  de  la  province  de  ce  nom  ;  ce  sont  des  Ues 
basses,  très  fertiles,  mais  dont  la  plus  grande  partie  n'est  préservée 
des  inondations  que  par  des  digues. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  du  travail  suivant  de  M.  L.  Pa- 
reto  : 

Coupes,  à  travers  l^j4penmn,  des  bords  de  la  Méditerranée 
à  la  vallée  du  Po,  depuis  Livourne  jusqu^à  Nice;  par 
M.L.Pareto(Pl.  V,  VI,  VII). 

Au  congrès  des  savants  italiens  qui  se  tint  à  Naples  en  18&5, 
ayant  présenté  deux  coupes  de  l'Apennin,  Tune  deLivoume  à  Forli, 
l'autre  de  Modène  k  Masse  de  Carrare,  je  cherchai  a  donner  une 


[h)  Pour  la  délimitation  de  la  région  qui  fait  le  sujet  de  cette  notice, 
j'ai  considéré  l'Yssel  comme  la  véritable  continuation  du  Rhin,  attendu 
que  le  cours  d'eau  qui  conserve  le  nom  de  Rliin  se  perd  presque 
entièrement  dans  les  plaines  de  la  Hollande,  et  que  le  Wahal,  qui  est 
la  branche  principale  du  Uhin,  est  considéré  comme  un  affluent  de  la 


Meuse. 


2Â0  séa:«ce  du  16  décembre  18(51. 

idée  (le  la  coustitutiou  géologique  de  la  partie  de  cette  chaîne  de 
monlagues,  qui  s'étend  dans  une  portion  de  la  Toscane,  ainsi  que 
de  celle  qui  se  trouve  dans  le  duché  de  Modène;  mais  ces  deux 
coupes  étaient  trop  éloignées  Tuue  de  Tautre  pour  fournir  une 
connaissance  un  peu  exacte  de  la  constitution  de  cette  suite  de 
montagnes  assez  compliquées  et  appartenant,  quant  à  leur  sou- 
lèvement, a  des  systèmes  différents.  Ayant,  après  cette  époque, 
fait  plusieurs  autres  coupes  de  cette  même  chaîne,  je  prends  la 
liberté  de  faire  part  de  mes  observations  à  la  Société  géologique, 
espérant  que  la  reproduction  des  coupes  publiées  en  18Â5,  réunies, 
avec  quelques  variantes,  a  celles  que  je  viens  de  faire  plus  récem- 
ment, pourra  donner,  sinon  une  idée  complètCi  au  moins  aug- 
mcnler  les  connaissances  qu'on  a  sur  la  constitution  géognostique 
de  la  portion  de  l'Apennin  qui,  à  partir  du  point  où  cette  chninc 
se  détache  des  Alpes,  parcourt  la  Ligurie,  les  anciens  duchés  de 
Parme  et  de  Modène  et  une  partie  du  pays  de  Bologne  et  de  la 
Toscane. 

La  plus  méridionale  de  ces  coupes  (PI.  Y,  fig.  1)  est  celle  qui, 
tracée  de  Livourne  à  Forli,  remontant  d'abord  l'Arao  par  sa  rive 
gauche  jusqu'à  sa  jonction  avec  la  Sieve,  puis  traversant  ladiahic 
centrale  et  suivant  la  vallée  de  Montone,  vient  aboutir  à  la  plaine 
du  côté  de  l'Adriatique  près  de  Caslro  Caro  et  Terra  del  Sole,  non 
loin  de  Forli. 

Celte  coupe  fait  voir  d'abord  comment  la  chaîne  littorale,  qui 
commence  à  s'élever  tout  près  de  Livourne,  est  composée  non  loin 
de  cette  ville  de  roches  calcaires  et  macigniques  appartenant  à  la 
période  éocène  et  percées  par  d'assez  nombreuses  masses  ophioli- 
thiques,  sur  lesquelles  s'appuient  quelques  terrains  miocènes  et 
pliocèncs,  tandis  que  plus  loin  au  S.  et  au  S.-E. ,  vers  les  Maremmes, 
apparaissent  assez  souvent  des  couches  beaucoup  plus  ancienne5, 
soit  secondaires,  soit  même  paléozoïques,  qui  constituent  soit  des 
espèces  de  petits  chaînons  le  long  de  la  mer,  soit,  dans  l'intérieur 
des  teiTCS,  des  espèces  d'îlots  tout  entourés  de  formations  plus 
récentes. 

Mais,  comme  cette  section  se  poursuit  immédiatement  le  long 
de  la  rive  de  TArno,  pendant  longtemps  elle  ne  fait  que  travenet 
le  terrain  diluvial  ou  alluvial,  comme  jusqu'à  la  Rotta,  puis  les 
terrains  tertiaires  pi iocènes,  qui  constituent  les  dernières  ramifica- 
tions des  collines  qui,  flanquant  les  vallées  de  l'Ern,  de  l'EvoIa  et 
de  TElza,  viennent  finir  entre  autres  près  de  S.  MiniatoalTedesco 
sur  la  rive  gauche  de  l'Arno,  puis  encore  le  terrain  diluvial  et  de 
nouveau  les  terrains  pliocènes,  qui  s'appuient  près  de  Monte  Lupo 


NOTB   Dl    H.    PAHBTO,  2A1 

sur  une  chaîne  de  inacigno  éocène,  occupée  au  centre  par  des 
couches  calcaires  et  dout  la  largeur  s* éleod  de  IVlonte  Lupo  à  la 
Lastra.  Cette  chaîne,  qui  s'appelle  IVIonli  Albaui,  est  coupée  à 
Signa  par  TArno;  ses  couches  plongent  tantôt  à  TO.  et  tantôt  à 
rÉ.i  et  elle  sépare  le  bassin  de  Florence  de  la  partie  inférieure  du 
cours  de  l'Arno. 

Ce  bassin  de  Florence,  qui  d'une  part  s'étend  vers  Prato  et  Pis- 
toja  et  de  l'autre  arrive  au  pied  des  collines  éocéniques  d'où  sort  la 
Grève,  est  composé  de  terrain  de  transport  ;  on  le  traverse  à  peu 
près  de  l'O.  à  l'Ë.,  et  les  premières  couches  plus  anciennes,  soit 
qu'elles  appartiennent  en  général  à  la  période  éocène,  soit  qu'il  s'y 
montre  des  bancs  qui  descendent  jusque  dans  la  formation  créta- 
cée, comme  vers  Ponte  à  Sievc,  ne  se  rencontrent  que  près  de 
Roveszano,  où  tout  i>aralt  indiquer  qu'elles  plongent  vers  l'O., 
c'est-à-dire  vers  la  Méditerranée. 

Un  peu  plus  loin,  vers  Ponte  à  Sicve,  on  voit  poindre,  au-dessous 

des  niacignos,  des  calcaires  compactes,  qui  sont  inférieurs  au  maci- 

gno,  et  probablement  crétacés,  et  qui  plongent  aussi  vers  l'O. , 

inclinaison  qui  se  change  cependant  bientôt  en  celle  du  S.-O.  au 

N.-Ë.  Après  le  défilé  assez  étroit  où  coule  la  Sieve  lorsque,  après 

avoir  parcouru  une  vallée  longitudinale  dirigée  de  l'O.-N.-O.  à 

l'E.-S.-Ë.,  elle  change  tout  à  coup  et  prend  la  direction  N.-E.- 

S.-0.   pei*pendiculaire  à  la  chaîne  centrale,  pour  se  rendre  dans 

l'Arno  qu'elle  rencontre  bientôt,  on  voit  de  nouveau  au-dessus  de 

ces  calcaires  le  niacigno  qu'on  suit  le  long  du  Fos,\o  de  Dicomatio  à 

S.  Gaudenzio  et  qu'on  parcourt  encore  lorsqu'on   entreprend  la 

montée  de  la  chaîne  centrale  qu'on  traverse  peu  après  ce  pays  de 

S.  Gaudenzio.  Seulement,  après  Dicomano  le  macigno  plonge 

pendant  quelque  temps  de  nouveau  vers  l'O.,  mais  il  reprend 

l'inclinaison  vers  !'£.,  c'est- A-dire  vers  l'Adriatique,  qu'il  conserve 

sur  le  faite  de  la  chaîne  centrale  tout  près  de  la  Faite rona  et  le 

long  de  la  vallée  du  Montone,  vallée  transversale  dirigée  à  peu  près 

du  S.-O.  au  N.-E.  qu'on  suit  toujours  jusqu'à  la  plaine.  Seulement, 

le  long  de  cette  vallée  l'aspect  du  macigno  "devient  toujours  de  plus 

en  plus  terreux  et  il  ressemble  davantage  à  la  mollasse.  L'inclinaison 

même  des  couches  devient  toujours  moincli-e,  et  avant  Portico  on 

a,  au  lieu  du  véritable  macigno,  des  couches  d'argile  marneuse 

micacée  alternant  avec  des  bancs  de  mollasse.  Plus  loin  encore, 

après  S.  Casciano  on  trouve  des  argiles  et  des  calcaires  marneux; 

on  ne   saurait   dire   précisément  s'ils  appartiennent    encore  au 

terrain  éocène,  mais  on  pourrait  plutôt  les  regarder  comme  faisant 

partie  des  mollasses  marneuses  du  terrain  miocène. 

Soc.  gc'oL,  V  série,  tome  XIX.  4  6 


2A2  SÊANCB    DU    10    DÉCKMBRB    1861. 

Ce  ii'osl  qu'à  Castro  Caro,  non  loin  des  dernières  pentes  des 
collines,  qu'on  trouve  enfin  le  véritable  terrain  pliocène  composé, 
principalement  de  sables  jaunes  et  de  calcaires  coucrétionnés  avec 
Huîtres  et  Peignes  appartenant  aux  sables  jaunes  des  terrains  piio- 
cènes,  teb  qu'on  les  trouve  presque  partout  au  pied  de  1* Apennin 
et  au-dessus  des  marnes  bleues,  soit  dans  le  Plaisantin  et  le  Parme- 
san, soit  dans  le  Tortonois  et  l'Astesan.  Ces  dernières  couches  sont 
presque  horizontales  ou  très  peu  inclinées.  De  Castro  Caro  on  les 
voit  passer  demère  Faenza  et  f  mola  d'où  elles  vont  rejoindre  les 
environs  de  Bologne,  localités  où  elles  sont  très  développées  et  où 
se  trouvent  encore  plus  marqués  des  terrains  miocèries,  ainsi  que 
de  très  nombreuses  couches  et  de  très  nombreux  amas  de  gypse. 
Ces  formations  tertiaires  plus  récentes,  c'est-à-dire  miocène  et 
pliocène,  sont,  comme  nous  venons  de  le  dire,  très  développées 
dans  les  environs  de  Bologne,  où,  soit  que  l'on  remonte  la  vallée 
de  la  Savena  ou  celle  du  Reno,  on  voit  les  relations  assez  marquées 
de  ces  formations  entre  elles  et  avec  le  terrain  éocène,  auquel 
appartiennent,  selon  moi,  malgré  l'opinion  contraire  de  plusieurs 
savants,  ces  masses  puissantes  dé  marnes  argilo-calcaires  de  diffé- 
rentes couleurs,  qui  contiennent  de  très  nombreux  bancs  presque 
fracturés  de  calcaire  compacte  ou  argileux  blanc  et  verdAtre,  relié 
de  minces  veines  spathiques  très  limpides  et  contenant  parfois  les 
Fucoïdes  ou  Chondrites  Targîonii^  C,  furcatns,  C,  intricattu,  etc.  Ces 
marnes  noires,  vertes  et  rouges,  abondent  assez  souvent  en  cristaux 
isolés  de  gypse  et  contiennent  aussi  des  espèces  d'écaillés  ou  frag- 
ments de  cale  et  d'une  espèce  de  macigno  un  peu  micacé  et  très 
souvent  surchargé  d'oxyde  de  fer  ou  d'oxyde  de  manganèle.  Ces 
marnes  appelées  par  plusieurs  savants  italiens  fe  argille  scagUose^ 
sont  le  siège  naturel  de  la  pivtia  di  Bologna  ou  baryte  sulfatée.  On 
y  trouve  en  outi-e  des  rognons  ou  des  petites  géodes  de  strondane 
sulfatée,  des  pyrites,  du  soufre  et  parfois  des  traces  de  cuivre.  Dans 
certains  endroits,  une  partie  de  leur  masse,  comme  à  Castel  del  Gesse 
ai  Fornetti  près  de  Scandiano  dans  le  Modenais,  a  été  métamor- 
phosée en  gypse  spathiquc  et  en  cargneule  ou  rauchwackey  car  je 
pense  qu'il  faut  faire  plusieui*s  distinctions  dans  les  gypses  qu'on 
trouve  dans  différentes  parties  de  la  chaîne  de  l'Apennin,  puisque 
je  crois  qu'il  y  en  a  de  plusieurs  espèces,  ou  pour  mieux  dire  qu'il 
s'en  est  formé  dans  des  terrains  de  différentes  époques.  Le  plus 
récent  serait  place  dans  le  terrain  pliocène  inférieur,  c'est-à-dire 
dans  ces  bancs  qui  font  passage  entre  le  miocène  et  le  pliocène. 
Ce  gypse  serait  en  bancs  stratifiés  alternant  avec  des  bancs  de 
marnes  avec  fossiles  parfois  d'eau  douce  ou  d'eau  saumâtre,  et 


NOTI   M   M.    PAEBTO.  248 

accompagnes  très  souvent  aussi  de  bancs  de  cailloux  roules  cl  de 
sabljes  coutenaut  des  traces  de  lignite  et  des  marnes  bitumineuses. 
Tels  seraient  le  gypse  de  Sinigaglia,  une  partie  de  ceux  des  environs 
de  Bologne,  celui^des  collines  de  Stradella,  fameux  lui  aussi  parla 
grande  quantité  de  Phyllites  qu'on  y  a  trouvés  et  qui  correspondent 
asset  à  la  flore  d'OEningen  en  Suisse.  Dans  la  même  catégorie  et 
dans  la  même  position  serait,  entre  autres,  le  gypse  de  Santa-Agata 
dans  le  Tortonois  et  celui  de  Guarene  dans  les  environs  d'Alba  en 
Piémont  ;  en  Toscane  on  devrait  rapporter  à  ces  gypses  stratifiés 
miocène-pliocène  le  gypse  de  la  Castelliiia  di  Val  dt  Gecina,  où 
mon  ami  le  docteur  Capelliui  vient  de  i*etrouver  la  flore  et  en 
partie  la  faune  qui  distinguent  les  coucbes  de  Sinigaglia  qui 
doivent  être  parallèles  à  celles  de  Guarene  et  d'OEningen. 

Viendraient  après,  en  descendant,  le  gypse  qui  est  le  produit  des 
métamorphoses  du  calcaire  à  Fucoides  éocénique  supérieur  au 
macigno,  et  qui  cependant  pourrait  avoir  été  formé  à  la  même 
i^poquCy  mais  d'une  manière  différente  que  le  gypse  stratifié  du 
terrain  miocène-pliocène,  puis  celui  qui  provient  des  métamor- 
phoses des  calcaires  inférieurs  au  macigno,  comme  celui  de  Sas- 
salboy  et  enfin  les  gypses  qui  sont  à  la  base  des  formations  juras- 
siques ou  liasiques  et  qui,  dans  la  rivière  du  Ponent  et  dans  une 
partie  du  comté  de  Nice,  sont  intciixisés  entre  ces  couches,  qui  leur 
sont  supérieures,  et  des  couches  arénacëes  et  argileuses  bigarrées, 
souvent  stéatiteuses,   qui  peuvent  correspondre  aux  marnes  du 
keuper  ou  à  la  formation  ttiasique.  Mais  en  retournant  aux  envi* 
roDS  de  Bologne,  on  voit  que  les  argiles  avec  calcaire  compacte  à 
Fucoïdes  {argilie  scagUose)  se  montrent  constamment  inférieures  a 
de  grandes  masses,  non-seulement  d'autres  couches  calcaires  à 
F^ooldes  (montagnes  de  Sassuolo),  mais  aussi  à  de  nombreuses 
eooohes  arénacées  qui  ont  tout  à  fait  l'aspect  de  la  mollasse,  et  que 
par  le  peu  de  fossiles  qu'on  y  a  trouvé  dans  ces  endroits  et  plus 
encore  par  le  plus  grand   nombre  qu'on  en  a  trouvé  ailleurs, 
comme  dans  le  pays  de  Reg^io  et  dans  le  Tortonois,  où  se  pré- 
sentent les  mêmes   formations,  on  est  en  droit  de  caractériser 
absolument  comme  miocènes,  d'où  il  résulte  que  malgré  certaines 
discordances  probablement  accidentelles  aVec  des  macignos  éocé- 
niques  observées  aux  bains  de  la  Porretta,  ces  marnes  bigarrées 
[argilie  scagliose)  doivent  être  encore  rapportées  au  terrain  éocène. 
Du  reste,  ces  marnes  sont  aussi  le  siège  des  salse  ou  volcans  de 
boue  très  fréquents  dans  les  basses  collines  du  Modcnais  et  du 
pays  de  Aeggio;  elles  sont  le  siège  principal  de  beaucoup  de 
sources  salées  et  de  pétrole  qui  sont  si  fréquentes  dans  les  régions 


2AA  SÉANCB    DU    16   DÊCBMBRK    1861. 

moyennes  et  plus  basses  de  rApcnnîn,  qui  8*étcnd  de  Plaisance 
jusque  vei's  Bologne  ;  et  enfin  elles  sont  le  siëgc  des  terrcni  ardvutij 
d'où  se  dégage  Tliydrogènc  carburé  de  Velleja,  de  Bazzigarit),  de 
Pietra  Mala,  etc. 

En  examinant  bien  ces  terrains,  on  voit  qu'ils  ont  souffert  de 
très  puissantes  modifications  et  dislocations,  et  il  est  très  probable 
que  c^cst  à  des  émanations  provenant  originairement  des  éruptions 
serpentineuses  ou  de  certains  Grunstcins  qui  se  sont  faites,  ou  dans 
leur  voisinage,  ou  à  travers  leur  masse,  qu'elles  ont  dû  et  leur 
bouleversement  et  plus  encore  les  étranges  apparences  qu'elles 
présentent,  c'ett-à-dire  que  le  changement  du  calcaire  en  gypse, 
la  présence  du  soufre,  celle  du  cuivre  et  autres  métaux,  remontent 
û  l'époque  où  les  éruptions  serpentineuses  sont  venues  boulever- 
ser ces  argiles,  qui,  en  beaucoup  d'endroits,  pr^ntent  Taspect  de 
masses  de  boue  consolidées,  dans  lesquelles  seraient  épars  de  nom- 
breux fragments  de  calcaire  et  de  certaines  variétés  de  macigno. 

Du  reste,  ces  marnes  forment  ordinairement  des  îlots  allongés  et 
presque  elliptiques,  qui,  dans  le  pays  de  Bologne,  dans  ceux  de 
Modène  et  de  Parme,  sont  alignés  dans  le  sens  de  l'O.-N.-O.  à 
r£.-S.-E.,  et  qui  sont  entoures  par  les  formations  miocène  et 
pliocène.  En  général,  ce  qu*on  peut  reconnaître  de  leur  stratifica- 
tion fait  croire  qu'elles  présentent  des  couches  presque  arquées, 
qui  plongent  d'un  côté  vei's  la  plaine,  d'où  cette  zone  n'est  pas  or- 
dinairement ti*ès  éloignée,  et  de  l'autre  vers  le  centre  de  la  chaîne 
centrale,  en  s'approchant  de  laquelle  ou  trouve  encore  assex  sou- 
vent des  apparences  de  terrain,  qui  présentent  beaucoup  d'analogie 
avec  la  zone  des  urgille  scagliosc  des  basses  collines,  formant  ainsi 
une  seconde  zone  de  ces  mêmes  terrains  mais  plus  rappi-ochëe  de  la 
chaîne  centrale.  On  dirait  en  effet  que  parallèlement  à  la  chaîne 
centrale  il  y  a  d'autres  chaînons  dans  lesquels  se  présentent  ces 
mômes  terrains,  qui,  par  contre,  dans  les  intervalles  qui  s'inter- 
posent entre  ces  chaînons,  sont  recouverts  par  les  formations 
postérieures. 

Ainsi  dans  la  vallée  de  la  Savena  (PI.  V,  fig.  2),  ou  bien  dans  les 
collines  qui  sont  au  sud  de  Bologne,  et  qui  se  trouvent  entre  cette 
petite  rivière  et  le  Reno,  on  a,  vers  la  plaine,  quelques  traces  de 
mollasse  miocène,  comme  à  Gasulecchio,  dont  les  couches  plon- 
gent d'abord  légèrement  S.-S.-O.,  et  puis,  au-dessus  de  ces  mol- 
lasses, des  terrains  plioccnes,  à  la  base  desquels  il  y  a  des  masses  de 
gypse  spathique  avec  des  bancs  de  cailloux  roulés  ut  des  marnes, 
qui  semblent  se  relever  avec  les  mollasses  en  inclinant  vers  le 
N.-N.-E. 


IfOTB    DB   H.    PARBTO.  2A5 

A  Paclerno,  ces  iiiolLisscs  présentent  bien  clairement  des  escar* 
pements  dont  on  voit  les  couches  plon^jer  vers  le  N.-N.-E.  et  être 
supérieures  à  une  masse  vert  noirâtre  iïargilic  scagliose  qui  passe 
de  la  vallée  du  Reno  à  la  vallée  de  la  Savena,  et  qui  contient  de 
très  nombreux  fragments  et  bancs  tout  brisés  de  calcaire  compacte 
de  différentes  nuances.  On  chemine  pendant  un  kilomètre  à  peu 
près  sur  la  crête  de  cette  masse  argileuse,  et  au  delà,  c'est-à-dire 
vers  le  sud,  on  voit  de  nouveau  la  mollasse  miocène  plongeant 
dans  le  sens  contraire,  c'est-à-dire  vers  le  S.-S.-O. 

Cette  masse  d'argiles  de  différentes  couleurs,  dont  les  couches 
solides  sont  toutes  fracturées,  laissant  cependant  entrevoir  qu'elle 
pourrait  être  formée  de  bancs  arqués,  inclinant  d'un  côté  vers  le 
N.,  de  l'autre  vers  le  S.,  passe  d'abord  d'un  côté,  c'est-à-dire  à 
!'£.,  dans  la  vallée  de  la  Savena  et  sur  la  droite  même  de  ce  tor- 
rent^ vis-à-vis  Sesto,  et  à  l'O.  vers  la  vallée  du  Reno,  s'étendaiit 
même  sur  la  gauche  de  cette  rivière,  à  l'endroit  dit  les  Prati,  Ce 
terrain  des  marnes  bigarrées  éocéniques,  ou  argiile  scagiiose,  est 
bien  reconnaissable,  même  de  loin,  à  ses  teintes  foncées  et  à  l'as- 
pect de  dislocation  qu'il  présente,  ainsi  qu*à  certaines  taches 
blanchâtres  provenant  d'efflorescences  dues  à  la  continuelle  décom- 
position des  pyrites  qui  s'y  trouvent  assez  en  abondance. 

Quant  aux  mollasses  miocènes,  qu'on  rencontre  sur  la  crête  de 
partage  entre  la  Savena  et  le  Reno,  après  la  masse  des  argiles 
éocëniques  de  Paderno,  on  les  suit  jusqu'au  delà,  c'est-à-dire  au 
S.  du  village  duSabbione,  où  on  les  voit  plonger  vers  le  S.-S.-O. 
sous  des  masses  puissantes  et  bien  caractérisées  de  marnes  bleuâtres 
avec  fossiles,  tels  que  le  Murex  d'ara  de  Brocchi,  qui  font  voir 
que  ces  marnes  appartiennent  bien  à  la  partie  inférieure  du  terrain 
pliocène,  et  même  aussi  à  ce  terrain  intermédiaire  entre  le  mio- 
cène et  le  pliocène,  que  M.  IMayer  (de  Zurich)  a  nommé  tortonivn^ 
et  qui  contient  un  mélange  très  remarquable  de  fossiles  dont  les 
uns  appartiennent  au  terrain  miocène,  les  autres  au  pliocène,  et 
que  nous  aurons  occasion  d'examiner  plus  eu  détail  ailleurs,  mais 
qui  cependant  paraît  déjà  différent  du  véritable  miocène,  dont  la 
limite  supérieure  doit  être  placée,  selon  moi,  au-dessous  de  ce 
terrain  de  Tortone. 

Or,  ces  marnes  bleuâtres  inférieures  qui  ont  un  aspect  caracté- 
ristique et  qui  ressemblent  par  leurs  flancs  ravinés  aux  crête  snttrsi 
et  aux  escarpements  de  CastcU'arcuato,  commencent  un  peu  plus 
au  sud  à  alterner  supérieurement  avec  des  sables  marneux  grisâtres 
et  des  sables  jaunâtres  dont  une  partie  est  endurcie  en  nodules  et 
qui  contiennent  une  grande  quantité  de  coquilles,  telles  que  Venus 


2A6  SÉAIfCI   DU    16   DfiCBMBiB    1801. 

rftgosit,  des  Pectoncles,  des  Natices  et  autres,  qui  caractérisent  par- 
faitement le  terrain  pliocène  moyen  et  même  le  supérieur,  car  ces 
sables  jaunAtres  sont  bien  identiques  avec  les  sables  jaunes  de 
TAstesan,  et  les  marnes  sableuses  grisâtres  qui  alternent  inférieure- 
meut  et  font  passage  avec  elles  renferment  beaucoup  de  fossiles 
des  marnes  subapennines  de  CasteU'arcuato. 

En  continuant  à  marcher  vers  le  sud  ou  vers  la  Pieve  del  Pîno, 
on  parcourt  encore  ces  mêmes  sables  toujours  inclinés,  mais  plus 
légèrement  au  S.-S.-0;  i^iais  plus  loin  ils  paraissent  se  relever  un 
peu  et  incliner  alors  vers  le  N.-N.-E.  en  s'appuyant  plus  loin  encore 
sur  les  mollasses  miocènes,  qui  à  leur  tour  s*appuient  sur  le  terrain 
cocène,  qu  on  trouve  plus  vers  la  chaîne  centrale,  soit  qu'on  se 
tienne  sur  la  crête  des  contre-forts  secondaires,  soit  qu'on  parcoure 
les  vallées  qui  bornent  d'un  cdté  ou  de  l'autre  ce  même  contre- 
fort ;  c'est  ainsi  que  si  Ton  remonte  la  vallée  du  RenO|  qui  est  à 
rO.  de  ce  contre-fort  de  Paderno  et  de  Pieve  del  Pino,  on  voit 
parfaitement  se  confumer  sur  la  droite  de  cette  rivière  les  faits 
qu*on  a  observés  sur  les  hauteurs;  en  effet,  et  la  zone  des  argille 
scagliose  et  celle  des  mollasses  miocènes  et  des  marnes  et  sables 
plîocènes  descend  du  haut  des  crêtes  jusqu'au  fond  de  la  vallée, 
et  on  les  voit  reposer  les  unes  au-dessus  des  autres  avec  les  mêmes 
inclinaisons  des  couches  que  nous  avons  déjà  indiquées. 

Ces  mêmes  phénomènes  se  répètent  encore  sur  la  rive  gauche tlu 
Aeno  le  long  de  laquelle  j'ai  entrepris  aussi  une  coupe  transversale 
(PI.  V,  fig.  S)  jusqu'à  la  chaîne  centrale  près  de  Pistoja,  et  de  là 
à  la  Méditerranée  non  loin  de  Pisc  et  de  l'embouchure  de  rArno. 

En  partant  de  Gasalccchio  près  Bologne  et  prenant  la  gauche  du 
Reno,  pendant  quelque  temps  on  parcourt  d'abord  une  espèce  de 
terrasse  composée  d'un  terrain  rougedtre  de  transport  et  tout 
caillouteux,  tandis  que  la  rivière  a  creusé  son  lit,  plusieurs  mètres 
au-dessous,  dans  des  couches  un  peu  inclinées  de  cette  inéme 
mollasse  miocène  un  peu  marneuse  et  grisâtre,  dont  est  com- 
posée, comme  nous  l'avons  déjà  indiqué,  la  base  des  premières 
collines,  dont  on  suit  le  pied  en  venant  de  Bologne  à  Casalecchio, 
endroit  où  l'on  passe  le  Reno.  Mais  sur  le  haut  et  dans  les  collines 
qui  sont  immédiatement  à  10.,  on  a  des  bancs  de  marnes  grisâtres 
et  de  sables  jaunes  pliocènes  inclinés  légèrement  vers  le  N.-N.-E., 
sous  lesquels  on  voit  se  relever  quelques  mollasses  miocènes  qui  A 
leur  tour,  à  l'endroit  dit  les  Praei\  s'appuient  sur  une  masse  de 
marnes  ou  argiles  bigarrées  {argille  scagliose)^  qui  est  la  conti- 
nuation de  celle  que  nous  avons  décrite  à  Paderno.  Après  cette 
niasse  à  stratification  toute  bouleversée,  mais  où  l'on  distingue 


MOTS  P«   M.   PARITO.  2^7 

cependant  d'un  manière  confuae  des  couches  inclinées  d'un  cûlc 
vers  le  M.,  de  Tautre  vers  le  S.,  on  retrouve  encore  la  mollasse 
miocène,  mais  ici  inclinée  vers  le  S.-S.-O.,  et  un  peu  plus  loin, 
en  remontant  toujours  la  vallée,  on  retrouve  de  nouveau  dans  lo 
Laut  les  marnes  bleues  et  les  sables  jaunes  pliocènes,  qui,  près 
de  la  Stlva,  descendent  presque  au  bord  et  au  niveau  de  la  rivière, 
comme  ils  y  descendent  aussi  eu  montrant  de  très  beaux  escar- 
pements sur  l'autre  rive,  c'cst-i^-dire  sur  la  droite. 

A  cet  endroit  de  la  Selva,  on  est  pour  ainsi  dire  dans  le  point  le 
plus  bas  de  l'espèce  de  courbe  concave  que  décrivent  les  marnes 
et  les  sables  jaunes,  car  en  marchant  encore  un  peu  plus  vers  le  S., 
on  les  voit,  près  du  village  du  Sasso,  se  relever  de  nouveau  et  incli- 
ner alors  vers  le  N.-N.-E.  Dans  cette  localité,  on  voit  se  dévelop- 
per dans  la  partie  presque  inférieure  des  sables  jaunes  une  couche 
assex  puissante  de  poudingue;  les  marnes  bleues  cependant  sem- 
blent se  réduire  à  peu  de  chose,  car  sur  la  rive  droite  de  la  rivière, 
qui  a  ici  pour  ainsi  dire  un  petit  changement  de  direction  venant 
du  S.-O.  jusqu'au  point  où  elle  reçoit  un  foit  affluent  appelé  la 
Setta,  elles  disparaissent  presque  entièrement  pour  faire  place  k 
dei  mollasses  marneuses  qui  semblent  plutôt  miocènes  que  plio- 
cènes. 

La  route  que  j'ai  suivie,  et  le  long  de  laquelle  j'ai  fait  la  coupt 
que  je  décris,  change,  ainsi  que  la  vallée,  un  peu  de  direction,  et 
l'on  marche  pendant  un  peu  de  temps  vers  le  S.-O.,  en  longeant  la 
base  d'escarpements  qui  sont  formés  par  des  mollasses  marneuses 
ressemblant  assez  à  celles  d'une  partie  du  Montferrat,  et  qui  sem- 
blent appartenir  à  la  partie  moyenne  ou  supérieure  du  terrain 
miocène.  Ces  couches  inclinent  vers  le  M.  ou  mieux  vers  le 
N.-N.-E. 

On  reprend  ensuite  la  direction  plus  vei-s  le  S. ,  et  au-dessous  de 
ces  marnes  sableuses  on  voit  dans  le  bas,  près  d'un  endroit  ap- 
pelé Malifollo,  sortir  des  mollasses  plus  dures  et  à  grains  plus  gros- 
siers, qui  présentent  dans  leurs  couches  une  espèce  de  courbure  ; 
c'est  probablement  à  une  protubérance  cachée  du  terrain  éocène 
sur  laquelle  ces  couches  s'appuient  qu'on  doit  cette  apparence  ; 
ce  donte  est  bientôt  éclairci,  car  après  avoir  suivi  pendant  un  kilo- 
mètre k  peu  près  ces  mollasses  grossières,  qui  se  redressent  assez, 
on  voit  poindre  au-dessous  d'elles  une  masse  très  marquée  de 
marnes  bigarrées  éocéniques,  accompagnées  de  bancs  de  calcaire 
compacte  très  fracturés,  qui  présentent  toujours  un  aspect  arqué, 
comme  s'ils  formaient  une  espèce  de  voûte.  Plus  loin,  les  mol- 
lasses grossières  ou  poudingucs  à  petits  grains  descendent  encore 


2 AS  SÉàNCI   du    16   DÉCBHBIB    1861. 

au  niveau  de  la  riyièi*e  vers  MazzaboUo,  et  se  redressent  de  nou- 
veau avec  une  inclinaison  plus  marquée  au  N.-N.-E.,  pour  s'ap- 
puyer ensuite  plus  au  S.  et  vers  le  gros  boui*g  de  Yergato  sur  une 
masse,  plus  considérable  que  celles  que  nous  avons  jusqu'à  présent 
retrouvées,  d'argiles  bigarrées  (argilit  scngliose)  avec  calcaires 
compactes  épars  en  très  nombreux  fragments  au  milieu  d'elles. 
Presque  vis-à-vu  de  ce  bourg,  mais  sur  la  droite  de  la  rivière,  on 
voit  en  plusieurs  points  sortir  du  milieu  des  maities  bigarrées 
éocènes  d'assez  nombreuses  petites  masses  de  roches  ophîoli tiques, 
qui  affectent  une  forme  quasi-sphérique,  ou  plutôt  celle  do 
petites  coupoles  perçant  au  milieu  des  marnes,  qu'elles  semblent 
teindre  des  couleurs  les  plus  variées. 

A  Yergato,  où  un  asseï  gros  torrent  venant  de  l'O.  se  jette  dans 
le  Reno,  on  reconnaît  parfaitement  la  superposition  des  mollasses 
grossières  sur  les  manies  éocéniques,  car  on  voit  les  escarpements 
de  ces  mollasses  couronner  tout  à  l'entour  les  flancs  inférieurs 
ravinés  des  collines  ou  montagnes  plus  basset,  composées  de 
marnes  bigarrées  et  de  calcaires  qui  fournissent  d'excellente  chaux 
hydraulique,  dont  il  y  a  près  de  Yergato  une  grande  exploitation. 
Ainsi,  tandis  que,  d'un  côté,  les  mollasses  se  dirigent  sur  la  rive 
droite  du  Reno  vers  le  sud,  se  tenant  sur  le  haut  et  à  une  certaine 
distance  des  collines  qui  la  bordent  immédiatement,  de  même  sur 
la  gauche,  après  avoir  remonté  pendant  un  peu  de  temps  le  bord 
septentrional  du  torrent  de  Yergato,  ou  les  voit  traverser  ce  torrent 
plus  à  l'O.  et  revenir  ensuite,  décrivant  une  espèce  de  demi-cercle, 
rejoindre  encore  le  bord  gauche  du  Reno,  à  3  kilomètres  à  peu 
près  au-dessous  du  confluent  de  la  Limentra,  et  en  efiet  aussi  en 
suivant  la  route,  après  avoir  traversé  le  terrain  raviné  des  marnes 
éocéniques,  on  rencontre  bientôt  plongeant  vers  le  S.-S.-O.  les 
mollasses,  ou  poudingues  à  petits  grains,  miocènes,  qui,  au  con- 
fluent de  la  Limentra  Maggiore  près  de  Savignauo,  passent  aussi, 
mais  sur  une  petite  étendue,  sur  la  droite  du  Reno  et  occupent  les 
dernièi-es  pentes  du  coiitre-fort  qui  est  entre  ces  deux  rivières, 
inclinant  ici  de  nouveau  vers  le  N.-N.-E. 

La  route  qui  va  vers  la  Porretta  se  tient  sur  la  rive  gauche  du 
Reno,  et  elle  est  toujours  tracée  jusqu'à  ce  bourg  au  milieu  des 
marnes  noirâtres  et  des  calcaires  compactes  de  la  formation 
éocéttique  bouleversés,  qui  rendent  sinon  impossible,  du  moins 
très  difficile,  la  construction  entreprise  du  chemin  de  fer  qui  doit 
réunir  Pistoja  à  Bologne.  Les  couches  de  ces  marnes  et  calcaires, 
autant  qu'il  est  permis  de  le  reconnaUrej  dans  leurs  contourne* 
inenis,  paraissent  incliner  en  général  vers  le  N.-M.-E.  Le  long  de 


NOTE    Dl   M.    PÀBBTO.  2A0 

la  route  il  n'y  a  pas  immédiatemenl  de  masses  serpent ineuses, 
mais  il  y  en  a  à  peu  de  distance  des  traces  assez  nombreuses,  du 
côté  de  Bombiana,  sur  la  gauche  du  Reno  et  à  TO.  de  la  route. 
On  en  voit  aussi  quelques  masses  sur  la  rive  droite  de  la  rivière, 
mais  plus  en  amont  quePorretta  et  vis-à-vis  de  l'endroit  où  un  autre 
torrent  qui  porte  aussi  le  nom  de  Limentra,  mais  qu'on  appelle  la 
Limentra  de  Spedaletto,  se  jette  dans  le  Reno  sur  sa  droite. 

Ce  n'est  qu'immédiatement  après  le  bourg  de  la  Porretta  que 
l'on  commence  à  apercevoir  quelque  changement  de  terrain;  en 
effet,  au  sud  de  ce  gros  bourg,  fameux  à  cause  de  ses  eaux  thermales, 
s'élève  un  récif  ou  espèce  de  chaîne  d'une  assez  grande  hauteur, 
composée  de  cette  sorte  de  macigno  solide,  qui  constitue  ordi- 
nairement le  partie  plus  centrale  de  l'Apennin,  et  c'est  de  cette 
espèce  de  chaînon  que  sourdent  les  eaux  thermales  de  cette  loca« 
Uté,ainsi  que  les  jets  nombreux  du  gaz  hydrogène  carburé  qui  sert 
à  illuminer  l'établissement  des  bains. 

Les  couches  de  ce  macigno  éocène  sont  presque  verticales, 
tandis  que  les  coudies  des  argiles  ou  marnes  et  calcaires  à  Fucoldes 
également  éocènes,  mais  un  peu  supérieures,  que  nous  avons  suivies 
jusqu'ici,  sont  beaucoup  moins  inclinées.  On  dirait  que  ces  couches 
de  marnes  et  de  calcaires  sont  tout  à  fait  discordantes  avec  le  maci- 
gno, dont  les  couches  plongent  très  fortement  au-dessous  d'elles. 
C'est  en  s'appuyant  sur  cette  discordance  que  plusieurs  géologues 
ont  soupçonné  que  ces  marnes  bigarrées  [argilte  scagtiose)  sont 
plutôt  miocènes  qu  éocènes.  Pour  moi,  quoique  je  croie  que  les 
marnes  soient  réellement  supérieures  au  macigno,  je  ne  saurais 
souscrire  à  cette  opinion  et  les  séparer  du  macigno  même  en  les 
transportant  dans  une  autre  période;  tout  au  plus  je  les  quaiiGerais 
comme  la  partie  supérieure  de  la  formation  éocène,  et  j'attribue 
les  apparences,  qui  se  présentent  auprès  de  Porretta  alla  Madonna 
del  Ponte,  à  une  véritable  faille,  ou  à  un  bouleversement  qui  a 
redressé  les  couches  du  macigno,  en  n'agissant  cependant  pas  avec 
la  même  intensité  sur  les  couches  marneuses,  lesquelles  se  sont 
fracturées  à  l'occasion  de  ce  mouvement  et  sont  pour  ainsi  dire 
retombées  sur  les  deux  flancs  de  ce  chaînon  de  macigno.  L'idée 
d'une  faille  se  lie  bien  d'ailleurs  avec  le  phénomène  des  sources 
thermales  à  une  très  haute  température,  comme  le  sont  celles  qui 
surgissent  auprès  de  Porretta,  et  je  me  range  d'autant  plus  à 
cette  opinion,  qu'en  plusieurs  endroits  de  cette  même  vallée,  et 
surtout  dans  celle  du  Pauaro,  on  voit  au-dessous  des  marnes  et 
argiles  bigarrées  des  bancs  de  macigno  analogue  à  celui  de  Porretta, 
sans  qu'il  s'y  trouve  comme  ici  une  discoixlance  complète  avec  ces 


250  SÉANCE    DO    16    DÉCIHBIB    1861. 

marnes;  d*où  je  conclus  qae  les  marnes  bigarrées,  argiilescagliosey 
quoique  en  général  à  la  partie  supérieure,  appartiennent  bien 
encore  à  la  période  éocénique. 

Le  chaînon  de  macigno  de  la  Porretta  et  de  la  Madonna  del 
Ponte  a  la  partie  de  ses  couches,  qui  sont  tournées  vers  le  bourg, 
plongeant  très  fortement  vers  le  M  .-N.-E.  ;  celles  du  centre  du 
chaînon  sont  verticales;  mais  celles  qui  sont  au  deU,  et  auiquelles 
s'associent  extérieurement  quelques  bancs  d*argile  et  de  marne  avec 
calcaires,  plongent  au  S.-S.-O.,  et  on  se  retrouve  après,  o*est-à- 
dire  au  sud  du  déGlé  (car  le  Reno  coupe  très  profondément  le 
chaînon  de  macigno),  dans  des  bancs  d'argile  marneuse  et  de  cal- 
caire compacte,  bien  peu  différents  de  ceux  des  argt'Ue  scagUosf, 
encore  tr^  inclinés  vers  le  S.-S.-O.,  comme  les  derniers  bancs  de 
macigno  solide  qui  les  supportent,  et  de  ce  côté  on  dirait  qu'il  n'y 
a  point  de  discordance.  Ces  marnes  et  calcaires  vont  graduellement 
en  diminuant  d'inclinaison,  et  après  2  kilomètres  i  ]>en  près  de 
chemin  on  les  voit  reprendre  une  inclinaison  contraire,  car  ils 
plongent  de  nouveau  vers  le  N.-N.-E. 

Un  peu  plus  loin,  c'est-à-dire  à  un  endroit  appelé  Pavana,  la 
route  de  Toscane  abandonne  la  vallée  du  Reno  et,  passant  sur  sa 
droite,  prend  la  vallée  de  la  Limentra  de  Spedaletto,  qu'on 
remonte  jusqu'au  sommet  de  la  chaîne  centrale.  Après  quelques 
bancs  appartenant  encore  aux  calcaires  et  argiles,  on  entre  en  plein 
macigno,  qui  se  présente  d'abord  en  couches  puissantes  inclinées, 
comme  les  calcaires  et  marnes  qu'il  supporte,  vers  le  N.-M.-E. 

Ce  macigno  est  tantôt  très  solide  et  à  grains  de  médiocre  gro^ 
seur  ;  tantôt  il  s'approche  d'une  espèce  de  schiste  noirâtre  argileux 
tout  rempli  de  paillettes  de  mica,  f^e  long  de  la  route  il  y  a  de 
très  forts  escarpements,  et  on  voit  les  couches  du  macigno  descendre 
presque  verticalement  du  haut  de  la  montagne  dans  le  fond  de  h 
vallée.  D'après  les  diverses  inclinaisons  que  ces  couches  affectent 
dans  un  espace  assez  restreint,  on  peut  presque  dire  qu'elles  sont 
ondulées  en  grand. 

Au-dessous  de  l'endroit  appelé  la  Sambuca  ces  couches  finissent 
par  incliner,  en  s'approchant  parfois  de  la  verticale,  dans  le  sens 
du  S.-S.-O.  ;  mais  lorsqu'on  s'approche  du  sommet  de  la  chaîne 
centrale,  on  voit  qu'elles  sont  un  peu  moins  inclinées.  Sur  le  ver- 
sant S.  de  celte  même  chaîne  elles  continuent  à  plonger  vers  le 
S.-S.-O.,  c'est-à-dire  vers  la  vallée  de  TOmbrone  de  Pistoja,  qui 
est  un  afïlnent  de  l'Arno,  et  elles  ne  laissent  pas  d'avoir  en  général 
une  pente  encore  assez  considérable.  La  nature  de  la  roche  sur 
CCS  liniitoui-s  et  dans  h  descente  vers  Pistoja  est  un  peu  moins 


IfOTI  M   M.    PAEBTO.  261 

solide  et  le  macigno  8*approche  beaucoup  d'un  schiste  argileux, 
ou  macigno  schistoide,  rempli  d'un  grand  nombre  de  paillettes 
de  mica.  A  rexlérieur,  c'est-à-dire  vers  la  fin  de  la  descente,  il 
existe  de  véritables  alternatives  entre  des  argiles  scliistoïdes,  du 
macigno  et  des  bancs  calcaires,  et  on  voit  ici  aussi  ce  bariolage  de 
roches  de  diverses  couleurs,  qu'on  a  remarque  dans  les  marnes 
bigarrées  éocéniques  supérieures,  que  nous  avons  rencontrées  si 
souvent  avant  Porretta;  de  manière  qu'on  dirait  qu'il  y  a  ici 
presque  la  répétition  des  nrgiUe  scagliose  ou  la  partie  supérieure 
du  terrain  éocène. 

Les  macignos,  soit  solides,  soit  scbisto'ides,  de  cette  vallée  de  la 
Limentra,  contiennent  assez  souvent  les  Fucoïdes  qu'on  retrouve 
presque  partout,  dans  cette  formation  du  flysch  qui  est  si  étendue 
dans  tous  ces  environs  ;  car,  en  se  tenant  au  sommet  de  la  chaîne, 
on  voit  cette  formation  du  macigno  se  diriger  d'un  côté  et  de 
l'autre,  soit  sur  les  crêtes  à  l'origine  du  Reno  et  du  Panaro  d'une 
part  et  de  la  Lima  de  l'autre,  soit  sur  celles  qui  sont  plus  à  TE. 
et  qui  sont  à  l'origine  du  Bisenzio  d'abord,  et  qui  bordent  ensuite 
la  gauche  et  même  la  droite  de  la  vallée  de  la  Sieve  qui  descend 
dans  l'Amo  en  amont  de  Florence. 

Au  pied  des  montagnes  que  nous  venons  de  parcourir,  et  qui 
courent  à  peu  près  de  l'O.-N.-O.  à  l'E.-S.-E.,  s'étend  la  plaine 
de  Pistoja  ou  vallée  de  l'Ombrone,  dirigée  un  peu  plus  du  JN.-O. 
au  S.-E.,  et  dont  la  surface  est  occupée  par  ce  même  terrain  de 
transport  (diluvial?)  qui  se  rencontre  aussi  dans  la  plaine  de 
l'Arno,  plus  près  de  Florence. 

Au  delà  de  l'Ombrone,  c'est-à-dire  sur  sa  droite  on  vers  l'O., 
la  vallée  est  ensuite  bordée  par  un  chaînon  de  montagnes  encore 
assez  élevées,  dirigé  du  N.-O.  au  S.-E.  Ce  chaînon  est  celui  des 
Monti  Albani,  qui  est  coupé,  comme  nous  l'avons  dit,  plus  au  S., 
par  l'Arno,  non  loin  de  Signa  et  de  la  Lastra,  et  de  là  se  poursuit, 
toujours  avec  la  même  direction,  vers  les  monti  du  Ghianli,  qui 
séparent  le  val  d'Arno  supérieur  des  sources  de  l'Arbia  et  de 
rOnibrone  de  Grosseto.  C'est  dans  ce  chaînon  qu'on  a  retrouvé 
non  loin  de  Florence,  à  l'endroit  dit  Mosciano,  une  certaine  quan- 
tité de  Nummulites  et  de  foraminifères,  qni  indiquent  que  là  on 
n*est  peut-être  pas  loin  de  la  partie  inférieure  du  terrain  éocène, 
comme  on  n'en  est  pas  loin  vers  Ponte  a  Sieve,  les  Nummulites 
ayant  été  trouvées  vers  la  Consuma,  prolongation  des  couches,  et 
non  des  plus  profondes,  qu'on  coupe  le  long  du  défilé  de  la  Sieve. 

En  se  dirigeant  de  Pistoja  vers  Lucques,  on  doit  passer  ce  chaî- 
non des  Monti  Albini  qui  est  traversé  par  le  chemin  de  fer,  entre 


252  SÉANCE    DU    16   DtCBHBU   1861. 

ces  deux  villes,  au  moyen  d'une  galerie  creusëe  dans  les  argiles  el 
schistes  argileux  du  macigno  sous  le  bourg  de  Serravalle;  mais 
nous  le  couperons  un  peu  plus  vers  le  S. -E.,  pour  aller  tomber 
sur  un  point  assez  remarquable  de  cette  chaîne,  qui  resterait  sans 
cela  en  dehors  de  notre  section. 

Les  premières  pentes  de  cette  chaîne  vers  l'Ombrone  paraissent 
composées  de  ces  mêmes  alternances  d'argile  schisteuse  et  de  maci- 
gno, que  nous  avons  rencontrées  avant  Pistoja  à  la  descente  de 
l'Apennin  ;  mais,  si  là  elles  inclinaient  vers  le  S.-S.*0.,  ici,  c'est- 
à-dire  au  pied  de  la  chaîne  des  Monti  Albani,  elles  plongent  vers 
le  N.-E. ,  c'est-à-dire  encore  vers  la  vallée  de  TOmbrone,  mais 
dans  un  sens  opposé.  En  remontant  ensuite  sur  la  crête  de  partage, 
entre  l'Ombrone  et  la  Nievole  au-dessous  de  ces  argiles  schisteuses, 
on  <bit  d'abord  du  macigno  inclinant  toujours  au  N.-B.  et  puis  à 
la  descente,  vers  la  plaine  de  la  Nievole,  beaucoup  de  ces  schistes 
argileux  rouge  lie  de  vin,  parfois  avec  des  nodules  siliceux  noirs 
et  quelques  bancs  calcaires,  que  les  Toscans  appellent  des  schistes 
gales  tri  ni.  En  général  ces  schistes  se  trouvent  inférieurement  au 
macigno,  et  les  géologues  de  la  Toscane  les  placent  parfois  dans  la 
partie  supérieure  du  terrain  crétacé.  On  les  voit  au  petit  col 
qui  est  à  l'E.  de  Monsummano,  et  qui  relie  à  la  chaîne  des  Monti 
Albani  la  montagne  proéminente  de  ce  nom,  plonger,  en  inclinant 
au  N.-E.,  sous  le  macigno  de  cette  chaîne  et  s'appuyer  sur  des 
bancs  très  inclinés  d'un  calcaire  grisâtre,  parfois  très  compacte 
et  parfois  même  semi-cristallin,*  contenant  de  nombreux  silex 
pyromaques,  qui  plongent  aussi  vers  le  N.-E.  et  qui  s'élèvent  jus- 
qu'au château  appelé  Monsummano  supérieur  (élevé  de  557  mè« 
très  au-dessus  du  niveau  de  la  Méditerranée),  qui  couronne  cette 
espèce  de  haute  butte  presque  isolée  placée  eu  avant  de  la  chaîne 
et  s'élèvant  immédiatement  sur  la  basse  plaine  de  la  vallée  de 
la  Nievole  où  s'étend  le  marais  appelé  Patlule  di  Fueecchio,  Ce 
calcaire  grisâtre  avec  silex  pyromaque  noir  ressemble  assez  aux 
couches  plus  extérieures  de  certains  calcaires  qui  entourent  les 
Alpes  apuennes  ou  montagnes  de  Carrare,  et  qui ,  pour  les  géologues 
toscans,  appartiennent  à  la  formation  crétacée  inférieure,  tandis 
que  pour  moi  je  penche  plutôt  à  les  croire  jurassiques. 

Cette  opinion  qu'une  partie  au  moins  de  Monsummano  serait 
jurassique  est  confirmée  par  la  découverte  récente,  qu'on  a  faite 
dans  les  couches  inférieures,  qui  contiennent  moins  de  silex  et  qui 
se  trouvent  vers  la  partie  méridionale,  de  certaines  Ammonites 
qu'on  retrouve  ordinairement  dans  le  lias. 

Mais  le  calcaire  à  silex  auquel  on  donne  parfois  le  nom  d'albe- 


NOTB    DB    U.    PARKTO.  253 

rèse,  n'est  pas  borné  Sk  la  butte  de  iMonsimimano  ;  on  en  voit  aussi 
des  traces  vers  Monte  Catini,  à  la  base  de  la  colline  sur  laquelle 
est  situé  le  bourg  de  ce  nom  et  qui  est  une  diraniation  des  Monti 
Albani  ;  mais  ici  il  est  entouré  de  galcstri ;  c*est  au  pied  de  cette 
butte  de  Monte  Gatini,  au  milieu  d*une  espèce  de  bassin  entouré 
sur  le  haut  par  le  macigno  et  dans  la  partie  moyenne  par  les 
galcsiit,  que  naissent  les  fameuses  sources  médicinales  de  Monte- 
Catini.  Ce  bassin  est  encombré  de  petites  collines  de  travertin  qui 
a  empâté  beaucoup  de  fragments  des  nodules  siliceux  qui  se 
trouvent  soit  dans  les  galcstri  soit  dans  les  calcaires  qui  leur  sont 
inférieure.  Le  petit  torrent  qui  prend  naissance  dans  ces  collines 
s'appelle  le  rio  Salzero  et  a  une  salure  assez  considérable.  Un 
trouve  en  outre  Talberèse  et  le  gales tro  en  beaucoup  d^endroits, 
à  la  base  des  diramatious  de  la  chaîne  qui  s*attache  aux  Monti 
Albani  et  dont  on  longe  le  pied  lorsque  Ton  va  vers  Pescia  et  de 
là  vers  la  vallée  du  Serchio,  à  Tendroit  de  S.  Gencignano,  sur  la 
route  qpi  de  Lucques  conduit  aux  bains  de  Lucques. 

La  butte  de  Monsummano,  dans  l'intérieur  de  laquelle  il  y  a 
une  grotte  remarquable  avec  un  petit  lac  à  une  température  assez 
haute,  s'élève  pour  ainsi  dire  abruptement  au-dessus  de  la  plaine^ 
et,  si  de  ce  point  on  tire  une  ligne  dans  la  direction  de  N.-Ë.-S.-O. 
jusqu'à  la  mer  un  peu  au  N.  de  Livourne,  pendant  longtemps  en 
la  suivant  on  ne  chemine  que  sur  des  terrains  bas,  occupés  ou 
par  les  marais  de  Fucccchio  ou  par  ceux  du  lac  de  Bientina,  et 
ce  n'est  qu'après  ce  lac,  c'est-à-dire  au  S.-O.,  qu'on  rencontre 
lextiémité de  la  petite  chaîne  des  Monti  Pisani  qui  vient  aboutir 
à  la  droite  de  TArno,  lequel  en  longe  le  pied,  pendant  un  certain 
temps,  des  environs  de  Vico  Pisano  à  Caprona. 

Cette  chaîne,  dirigée  à  peu  près  de  N.-N.-O.  au  S.-S.-E.  connue 
celle  des  montagnes  de  Carrare,  dont  elle  est  pour  ainsi  dire  la 
prolongation  géologique,  est  composée  de  formations  assez 
anciennes,  car  une  partie  descend  dans  l'époque  paléozoïque 
comme  le  verrucano. 

Dans  la  section  que  nous  faisons,  on  ne  coupe  que  la  partie 
méridionale  de  cette  chaîne,  c'est-à-dire  la  partie  qui  est  entre 
Buti  et  Caprona,  et  ce  sont  des  schistes  talqueux,  des  quartzites,  des 
arragonites  qu'on  traverse  et,  plus  extérieurement,  vers  Caprona 
et  S.  Giovanni  alla  Vena,  des  calcaires  souvent  grenus  et  dolomi- 
iiques,  qui  s'appuient  sur  les  remarquables  anagénites  de  la 
Yerruca,  d'où  est  venu  le  nom  de  verrucano,  les  schistes  talqueux 
et  les  quartzites  qui  sont  liés  avec  eux.  Il  parait  que  dans  la  partie 
de  la  montagne  qui  regarde  vers  le  lac  de  Bientina  les  couches 


25 A  SÉANCE    DU    16    DÉCBHBIB    18Q1. 

très  inclinées  plongent  vers  TE.  ou  l'E.-N.-E.,  tandis  qu'elles  plon- 
gent à  rO.-S.*0.  du  côté  de  S.  Giovanni  alla  Yena.  La  masse 
calcaire  ne  s*élève  pas  ici  de  beaucoup,  et,  comme  elle  manque  du 
côté  de  TE.,  on  pourrait  croire  que  le  Moosummano,  quoique^aases 
éloigné,  ferait  partie  de  la  zone  calcaire  qui  enveloppait,  peut-être 
originairement,  le  noyau  plus  ancien  semi-cristallin  et  central  des 
Monti  Pisani. 

Quoi  qu*il  en  soit,  entre  le  Monsummano  ou  la  chaîne  des 
Monti  Albani  et  le  Monte  Pisano,  il  n*y  a  que  des  terrains  de 
transport  (diluvium  ?)  composés  de  marnes  rougeâtres  et  de  cail- 
loux roulés,  et  peut-être  en  dessous  quelques  lambeani  pliocènes, 
qui  forment  de  toutes  petites  buttes  ou  des  espèces  de  plateaux 
très  peu  élevés  qui  s'interposent  entre  le  marais  de  Fucecchio 
et  celui  de  fiientina.  Les  collines  qui  séparent  ces  deux  bassins 
semblent  se  détacher  des  environs  de  Monte  Carlo,  où  la  tour 
est  élevée  à  près  de  183  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer, 
s'abaisser  au  petit  plateau  sur  lequel  se  trouve  le  lac  de.  la  Si- 
bolla,  dont  le  niveau  est  bien  peu  di£Eérent  de  celui  dn  marais 
de  Fucecchio  et  de  celui  de  Bientina,  et  se  relever  un  peu  ensuite 
aux  hauteurs  boisées  qu'on  appelle  les  Gcrbaje,  qui  vont  finir  à 
i'Arno  près  de  Santa-Maria  a  Monte  et  Monte  Calvoli,  où  il  parait 
que  le  terrain  pliocène  est  un  peu  plus  marqué.  Le  marais  de 
Fucecchio  est  élevé  au-dessus  du  niveau  de  la  Méditerranée  de 
1&  mètres  à  peu  près. 

La  disposition  et  la  direction  de  la  vallée  dans  laquelle  se  trouve 
le  lac  de  Bientina  sont  telles  qu'il  y  a  des  données  pour  ne  pas 
croire  improbable  l'opinion  qui  veut  que  jadis  le  Serchio  en  sor* 
tant  des  gorges  de  l'Apennin,  où  sa  vallée  est  presque  longito* 
dinale  et  parallèle  à  la  chaîne  centrale,  au  lieu  d*aller  â  U  mer 
en  faisant  un  angle  et  en  coupant  la  chaîne  des  Mouti  Pisani  â  Bipa' 
fratta,  en  longeant  le  pied  oriental,  dans  la  plaine  de  Lucques  et 
dans  l'emplacement  où  est  le  marais  de  Bientina,  vint  se  jeter 
dans  l'Aruo  près  de  Yico  Pisano  et  S.  Giovanni  alla  Yena.  Le  fait 
est  que  la  plaine  de  Lucques  et  le  bassin  de  Bientina  semblent  la 
continuation  de  la  vallée  longitudinale  du  Serchio  et  qu'actueile- 
meut  les  eaux  du  lac  de  Bientina  se  déchargent  également  par 
rOzzeri  dans  le  Serchio  et  par  le  canale  impériale  dans  l'Amo, 
ces  deux  cours  d'eau'ayant  une  pente  si  légère  qu'à  l'époque  des 
grandes  crues  les  eaux  refluent  très  facilement  des  deux  rivières 
principales  dans  ce  même  lac  ou  marais  de  Bientina,  ce  qui  semble 
indiquer  que  la  difiérence  de  niveau  entre  ces  divers  points  est 
bien  peu  de  chose.  Au  deU,  c'est-à-dire  au  S.-O.  des  Monti  Pisani, 


NOTI   Dl   M.    PÀRBTO.  255 

après  avoir  passé  TArno,  on  ne  trouve  plus  jusqu'à  la  mer  que  des 
terrains  bas  et  marécageux  qui  sont  très  probablement  le  proiiuit 
des  alluvions  de  ce  fleuve. 

La  seconde  coupe  que  j'avais  publiée  en  1865,  et  que  je  crois 
devoir  reproduire  encore  (PL  Y,  fig.  U)  avec  quelques  observations 
ultérieures  pour  donner  une  idée  plus  claire  de  la  suite  de  TApenuin 
en  venant  vers  TO. ,  part  des  environs  de  Modène  et  vient 
aboutir  à  la  Méditerranée  non  loin  de  Massa,  en  traversant  le  massif 
des  montagnes  de  Gan^are  presque  dans  leur  centre,  et  sert  ainsi  à 
avancer  la  connaissance  non-seulement  de  la  chaîne  centrale,  mais 
auasi  de  ce  remarquable  groupe  de  montagnes  ou  suite  de  forma- 
tions, qui,  faisant  un  angle  assez  aigu  avec  la  chaîne  principale  de 
TApennin,  court  (à  plusieurs  intervalles  ou  en  ellipsoïdes  séparées 
et  dirigées  à  peu  près  N.-N.-O.  S.-S.-E.)  le  long  delà  partie 
occidentale  de  l'Italie  et  produit  plusieurs  des  plus  remarquables 
accidents  orographiques  qu'on  observe  en  Toscane  jusqu'aux 
limites  des  Etats  du  Pape,  surtout  du  côté  de  la  mer.  • 

Cette  coupe  suit  à  peu  près,  et  pendant  un  temps  assez  long,  le 
contre-fort  ou  chaînon  secondaire  qui  se  tient  entre  la  Secchia  et  le 
Dragone,  son  aiSluent,  d'un  côté,  et  la  Scoltenna  et  le  Panaro  de 
l'autre;  c'est  le  long  de  ce  contre-fort  que  défile  la  route  qui 
conduit  de  Modène  en  Toscane,  en  passant  par  Paullo  et  Pieve 
à  Pelago  et  de  là  à  S.  Marcello  et  Pistoja. 

Ou  commence  d'abord  à  gravir  cette  chaîne  à  l'endroit  dit 
Maranello,  qui  se  trouve  à  la  hauteur  de  137  mètres  au-dessus  du 
niveau  de  la  mer,  où  les  dernières  pentes  des  collines  ainsi  qu'une 
partie  de  la  plaine  sont  formées  par  ce  terrain  rouge:Ure,  parfois 
marno-argileux,  parfois  caillouteux,  qu'on  voit  en  beaucoup  d'en-* 
droits  superposé  aux  sables  jaunes  pliocènes  et  dans  lequel  à  Gas- 
lellarcuato,  dans  l'Astesan,  à  Gasteggio,  on  a  trouvé  de  nombreux 
ossements  de  pachydermes.  En  montant,  on  rencontre  ensuite  les 
sables  jaunes  et  puis  les  marnes  bleues,  qui  se  présentent  ici  avec 
leur  aspect  ordinaire  ;  en  dessous  on  peut  croire  qu'il  y  a  quel- 
que banc  de  mollasse  qui  devrait  appartenir  au  terrain  miocène^ 
comme  on  en  rencontre  presque  tonjoure  des  traces  non  loin  de 
ces  parages  entre  les  marnes  pliocènes  et  les  argiles  bigarrées, 
argille  scagliose^  vers  la  partie  inférieure  de  la  vallée  du  Panaro, 
où,  à  Vignolc,  on  trouve  du  gypse;  celui-ci  est  ordinairement  à  la 
partie  inférieure  des  terrains  pliocènes  et  vei*s  les  mollasses,  lors- 
que ce  n'est  pas  une  modification  ou  épigénie,  d'ailjcurs  assez  fré- 
quente, des  calcaires  qui  accompagnent  les  argiles  bigarrées  comme 
il  y  en  a  une  grande  masse  dans  la  vallée  du  Tresinaro  et  dans 


25(5  SÊANCB    DU    16   DÉCBMBRB    1861. 

celle  du  Grostolo,  à  TO.  de  Sassuolo.  Ce  gypse  de  Yignola  me  paraît 
dans  la  même  position  que  celui  de  Gesso  dans  le  Bolonais  où  le 
gypse  sélénite,  sous  forme  de  bancs  très  inclinés,  ressort  en  dessous 
des  marnes  bleues  grisâtres  et  accompagné  de  quelque  peu  de  mol- 
lasse, s'appuie  sur  des  mollasses  qui  ne  présentent  pas  Taspect  des 
argiles  bigarrées,  mais  bien  de  mollasses  marneuses  qu'on  doit 
plutôt  rapporter  au  terrain  miocène.  Mais,  en  revenant  à  notre 
coupe,  on  suit  le  terrain  tertiaire  supérieur  jusqu'auprès  de  S.  Te- 
nanzio,  élevé  de  287  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Près 
de  cet  endroit  la  montagne  est  composée  de  marnes  et  de  calcaii*es 
du  groupe  des  argiUe  scagliose  dont  nous  avons  déjà  tant  parlé  et 
qui  se  montrent  ici  sur  une  grande  étendue,  soit  à  TE.  vers  le 
Panaro  dont  elles  occupent  le  bas  de  la  vallée  de  Marano  à  Festà, 
soit  ù  rO.  vers  le  SGCc*hio,  dans  laquelle  direction  se  trouve  la  fa* 
meuse  Salsa  de  Sassuolo  ou  de  Monte  Zibbio  qui  est  justement 
ouverte  dans  cette  formation  des  argiles  bigarrées  éocéniques, 
no^imées  aussi  par  le  géologue  Bianconi  [terrent  ardenti)  argilie 
siiUfere^  quoique  tout  alentour  régnent  encore  les  marnes  sub- 
apennines. 

Or,  ces  argiles,  ces  marnes  éocéniques  avec  calcaires  fragmen- 
taires souvent  enduits  d*une  espèce  de  vernis  luisant,  verdâtre  ou 
noirâtre,  tels  que  se  montrent  en  plusieurs  endroits  des  environs 
de  Narbonne  les  calcaires  dans  le  voisinage  des  ophites,  où  ces 
roches  ont  aussi  niodiGé  le  calcaire  en  gypse,  se  suivent  pendant 
un  certain  temps  jusqu'à  ce  qu'on  rencontre  à  Monte  Tagliato  de 
véritables  mollasses  miocènes,  qui  semblent  d'abord  incliner  au 
S.-S.-O.  pour  se  relever  ensuite  vers  Montagnana,  inclinant  alors 
au  N'-N.-£.  Ces  mollasses  descendent  du  haut  du  contre-fort  dans 
le  fond  des  vallées  qui  sont  vei*s  l'O.,  et  de  là  paraissent  se  diriger 
vers  la  vallée  de  la  Seccliia,  où  à  Castellarano  sur  la  gauche  de  celle 
rivière  elles  se  montrent  avec  une  grande  puissance,  inclinant 
au  N.-N.-E.  et  formant  une  espèce  de  poudingue  à  petits  grains 
contenant  beaucoup  de  petits  cailloux  serpentineux.  Après  Monla- 
gnana  il  y  a  sur  la  crête  une  petite  interruption  dans  les  molbases 
puisqu'il  y  a  encore  un  peu  d'argile  bigarrée,  qui  forme  la  char- 
pente de  cette  chaîne;  mais  on  les  retrouve  un  peu  plus  loin  jusqu'à 
Moiitardoncino  et  à  Montardone,  le  premier  de  ces  endroits  étant 
élevé  de  516  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Plus  loin,  les 
mollasses  miocènes  finissent,  et  on  ne  parcourt  plus  que  les  argiles 
bigarrées  toutes  bouleversées  et  presque  sans  stratification  disoer'- 
nablc  jusqu'au' petit  village  de  Stella,  devant  lequel  au  midi  on  a 
une  chaîne  de  montagnes  plus  élevées,  qu'on  appelle  la  Serra  et 


N'OTB    OB    II.    PARETO.  267 

qui  court  à  peu  près  de  ÏO.  à  ÏE.  Cette  cliaiiic,  quoique  faisant 
partie  (le  la  formation  cocénique  des  argiles  et  calcaires  bigarrés, 
appartient  à  leur  partie  supérieure  et  a  un  aspect  assez  diilércnt  ; 
car,  tandis  que  la  partie  inférieure  de  la  montagne  est  pour  ainsi 
dire  formée  d'une  masse  de  boue  argileuse,  endurcie,  et  de  diverses 
couleurs,  remplie  d'écailies  et  de  fragments  de  bancs  calcaires 
sans  aucune  strati6cation  bien  déterminablc,  le  haut  est  constitue 
par  des  bancs  assez  réguliers  de  calcaires  plus  ou  moins  argileux 
alternant  avec  des  bancs  d'une  marne  grise  assez  endurcie  et  un 
peu  feuilletée.  Ces  calcaires  contiennent  d*asscz  beaux  Fucoïdes,  et 
leurs  couches  qui  inclinent  d'abord  légèrentent  vers  le  S.-S.-O.  se 
relcvcnt  un  peu  ensuite  du  côté  du  midi  en  inclinant  au  N.-N-.E. 
On  traverse  cette  chaîne,  au  lieu  dit  Serra  iMassone  qui  est  élevé 
de  800  mètres  au-dessus  de  la  mer,  et  on  descend  ensuite  vers  une 
côte  plus  basse  qui  existe  entre  le  Panaro  et  un  affluent  de  la 
Secchia,   tandis  que  jusqu'à  ce  point  on  se  trouvait  entre  deux 
torrents  de  moindre  importance»  le  Tepido  et  le  Rio  di  Spezzaûo, 
qui  se  rendent  directement  a  la  plaine.  Dons  le  fond  de  cette  der- 
nière vallée,  qui  est  ù  VO.  de  la  route,  on  voit  s'élever  sous  le 
parallèle  de  Stvltiiy  à  l'endroit  dit  Yarana»  un  massif  assez  considé- 
rable de  roches  opliiolithiques,  qui   peuvent  rendre  raison  du 
bouleversement  et  des  modifications  singulières  des  argiles  bigar- 
rées qui  les  entourent. 

Du  reste,  après  être  descendu  au  midi  du  chaînon  de  la  Serra 
on  se  retrouve  encore  sur  ces  argiles  de  diverses  couleurs  qui 
occupent  sans  aucun  doute  la  partie  inférieure  des  cnlcnircs  à 
Fuco'ides;  car,  si  au  lieu  de  passer  par  la  grande  roule,  on  nn  ive 
au  même  point  en  passant  par  la  vallée  du  Panaro,  qui  est  à  côté 
de  ce  contre- fort,  on  ne  parcourt  que  des  masses  énormes  de  ces 
argiles  sur  lesquelles  on  voit  en  haut  reposer  un  petit  banc 
de  inacigno  friable  et  terreux,  mais  surtout  les  couches  régulières 
des  marnes  et  calcaires  à  Fucoïdes.  Il  arrive  même  qu'en  quelques 
points  au-dessous  des  argiles  on  voit  poinrire  des  bancs  de  ce  ma- 
cîgno  un  peu  plus  ancien  que  nous  avons  trouvé  à  la  Porretta  et 
que  nous  reverrons  bientôt,  en  reprenant  la  route  par  la  mon- 
tagne, surgir  au-dessous  des  argiles  bigarrées  vers  Paulo  et  la 
partie  plus  centrale  de  T Apennin  ;  d'où  il  suit  qu'il  ne  peut  guère 
y  avoir  de  doute  sur  la  position  de  ces  argiles,  qui  ne  sont  que*  la 
partie  généralement  intérieure  du  calcaire  i\  Furoïdes  très  boule- 
versé, et  qui,  par  conséquent,  doivent  appartenir  à  l'éoeène  supé- 
rieur, et  non  au  miocène,  comme  quelques  géolo;;ues  l'avaient 
soupçonné. 

Soc.  svoLy  2*  série,  tome  XIX,  47 


258  SÉANCB    DU    16    DÉCEMBRE    1801. 

De  Serra  31assoiie,  lorsqu'on  a  fini  la  grande  descente  jusqu'à 
iMic  certaine  distance  dePaulo,  on  parcourt  une  espèce  de  plateau 
ondulé,  qui  est  d'abord  composé  des  argiles  bigarrées  avec  quel- 
ques calcaires  et  au  milieu  desquelles  se  montrent  aussi,  quand  on 
avance  vers  le  S.,  quelques  bancs  arénacés  ressemblant  à  un  maci- 
gno  terreux.  Ce  plateau  renferme,  dans  les  petites  vallées  peu 
profondes  qui  d'abord  le  sillonnent,  des  petits  lacs  ou  des  étangs 
qui  sont  assez  abondants  en  tourbe  pour  donner  lieu  à  une  exploi- 
tation de  ce  combustible. 

Plus  loin,  à  l'endroit  dit  Acquabuona,  ou  rencontre  enfin  le 
véritable  macigno,  qui  est  ici  un  peu  vevdatre  et  tant  soit  peu 
micacé,  ressemblant  à  celui  qui,  en  Toscane,  sert  à  la  décoration 
de  plusieurs  monuments.  Ce  macigno  constitue  la  Serra  Yeturia 
et  tous  les  environs  de  Paulo  et  de  Monte  Gucoli.  Sur  la  crête 
que  suit  la  grande  route  les  macigno  ne  paraissent  pas  très  incli- 
nés; ces  bancs  ont  subi  cependant  quelques  plissements,  mais  leur 
inclinaison  générale  est  vers  le  N.-M.-E.  Près  d'une  localité  nom- 
mée Monte  Génère  il  y  a  quelques  bancs  calcaires  qui  alternent 
avec  le  macigno,  et  plus  loin  ce  calcaire  qu'on  voit  clairement 
sortir  de  dessous  la  roche  arénacée  acquiert  une  plus  grande  im- 
portance et  les  couches  en  sont  inclinées  d'abord  au  N.-N.-E.  et 
ensuite  au  S.-S.-O.,  de  manière  qu'au  village  appelé  la  Lama  il 
parait  qu'il  y  a  un  de  ces  points  où  a  lieu  un  soulèvement  plus 
marqué.  11  est  en  outre  intéressant  d'observer  que  si  de  ce  point 
on  tire  une  ligne  dirigée  de  l'O.-N.-O.  à  TE.-S.-E.,  cette  ligne  va 
passer  au  pied  d'une  des  plus  hautes  montagnes  de  cette  pailie  de 
l'Apennin,  qui  s'appelle  le  Cimone  de  Fanano,  là  où  l'on  voit  à  sa 
buse  des  couches  contournées,  analogues  à  celles  qu'on  retrouve 
sur  la  grande  route  et  près  d'un  endroit  où  l'on  observe  certaines 
masses  noirati'es  qui  pourraient  bien  être  des  roches  serpenti- 
neuses. 

Après  cette  station  de  la  Lama,  qui  se  trouve  sur  une  crête  peu 
élevée,  qui  court  enti*e  la  Scoltenna,  afHuent  du  Panaro,  et  le 
Dragone,  affluent  de  la  Secchia,  en  continuant  à  monter  pour 
s'approcher  davantage  de  la  chaîne  centrale,  on  a  devant  soi  une 
colline  assez  haute,  dans  laquelle,  au-dessus  du  calcaire  compacte 
dont  nous  avons  parlé,  on  revoit  encore  le  macigno  dont  les  cou- 
ches inclinent  légèrement  vers  l'Apennin,  c'est-à-dire  vei*s  le 
S.-S.-O.  Un  grand  nombre  de  bancs  et  de  roches  de  différente 
structure  concourent  à  former  cette  montagne.  Dans  la  partie  infé- 
rieure régnent  principalement  des  argiles  noirâtres  avec  quelques 
calcaires;  puis  viennent  des  macigno  terreux  et  ensuite  d'autres 


NOTE    DE    H.    PARBTO.  269 

inacigao  cq  bancs  liés  minces  et  schisteux.  Dans  ces  niacigno  on  a 
trouvé  des  traces  de  combustible,  et  souvent  au  milieu  de  ces 
rockes  arénacées  il  y  a  des  noyaux  d'argile  noirâtre  et  de  malière 
charbonneuse.  C'est  dans  ces  couches  que  se  développe  le  gaz 
qui  alimente  le  feu  de  Barigazzo,  assez  intense  pour  servir  à  la 
cuisson  de  la  pierre  à  chaux. 

Après  Barigazzo  et  Serpiano  ces  macigno  schistoïdes  continuent 
encore;  mais  bientôt  ils  sont  remplacés  vers  le  haut  par  des  bancs 
d'argile^  par  quelques  calcaires  et  surtout  par  des  masses  d'argile 
noirâtre  avec  des  noyaux  de  calcaire  compacte.  Ces  couches,  qui 
inclinaient  d'abord  légèrement  vers  le  S.-S.-O.,  c'est-à-dire  vers 
la  chaîne  centrale,  deviennent  ondulées  à  l'endroit  appelé  le  Ca- 
pannone  et  finissent  par  incliner  vers  le  N.-N.-Ë.  Quand  après  cet 
endroit  on  commence  à  descendre  vers  la  Pieve  à  Pelago,  on  ren- 
contre encore  les  macigno  schistoïdes  et  les  macigno  solides,  qui, 
en  inclinant  toujours  vers  le  JV.-N.-£.,  démontrent  évidemment 
qu'ils  passent  au-dessous  de  ces  argiles  noirâtres  u  noyaux  calcaires, 
que  nous  avons  rencontrées  sur  le  haut  de  la  montagne  entre  Bari- 
gazzo et  le  Gapannoue.  Auprès  de  Pieve  à  Pelago  les  bancs  de  ma- 
cigno  sont  très  inclinés. 

Lorsque,  pour  la  première  fois,  je  fis  connaître  aux  savants  réu- 
nis au  congrès  de  ISaples  en  iSl\5  cette  section  de  l'Apennin,  sui- 
vant ridée  alors  encore  prédominante  (|ue  les  macigno  avec  les 
calcaires  nummulitiques  appartenaient  à  la  craie,  ou  au  moins  à 
un  terrain  intermédiaire  entre  la  craie  et  les  terrains  tertiaires,  je 
caractérisais  en  général  cette  chaîne  comme  composée  de  terrains 
secondaires,  en  ne  laissant  pas  cependant  en  général  de  me  servir 
du  nom  de  formation  du  macigno,  poui*  ne  pas  préjuger  une 
opinion  que  je  voyais  tous  les  jours  se  modifier,  pour  s'approcher 
davantage  de  celle  qui  considérait  les  terrains  nummulitiques,  le 
macigno  et  le  flysch  comme  éocéniques.  A  présent,  je  crois  pou* 
voir  déclarer  que  toutes  ces  couches  sont  bien  éocéniques,  et  qu'il 
ne  reste  que  quelques  doutes  sur  les  calcaires  inférieurs  que  nous 
avons  vus  à  la  Lama,  lesquels  pourraient  être  pris  pour  de  Talbé- 
ràse  inférieur,  et  appartenir  à  la  craie,  mais  qui  plus  pi*obable- 
ment  sont  encore  éocéniques,  car  il  paraît  qu'il  y  a  un  passage 
entre  eux  et  les  macigno  qu'ils  supportent,  puisqu'en  effet  il  y  a 
à  la  partie  inférieure  des  macigno  une  alternance  de  ces  couches 
calcaires  et  de  ces  couches  arénacées. 

Après  ce  bourg  de  Pieve  à  Pelago,  qui  est  situé  dans  le  fond 
de  la  vallée  de  la  Scoltenna  et  au  confluent  de  trois  de  ses  bran- 
ches principales,  la  route  que  j'ai  suivie  pour  aller  traverser  la 


2C0  SÉANCE    DU    16    UÉCJltfBRK    1861. 

ciiaiiic  centrale,  ctaiU  pendant  quelque  temps  parallèle  à  cette 
niéiuc  chaîne,  ne  m'a  (;uère  permis  de  parcourir  d'autres  couches 
que  celles  que  j^avais  traversées  en  dernier  lieu  en  venant  de  Pievc 
à  Pelage,  c'est-à-dire  celles  du  macigno.  C'est  seulement  à  l'en- 
droit dit  Santa-Anna  à  l'O.  que  j'ai  repris  ma  direction  perpendi- 
culaire à  la  chaîne  centrale  et  que  j'ai  commencé  à  travei-ser  des 
couches  que  je  n'avais  pas  encore  rencontrées.  Ce  sont  cependant 
toujours  des  macigno  schistoïdes  et  des  argiles  un  peu  micacées 
qui  alternent  avec  eux,  ainsi  qu'avec  quelque  peu  de  calcaire.  A 
la  dernière  montée  on  voit  ces  bancs  changer  d'inclinaison,  et  sur 
le  sommet  de  la  chaîne  centrale,  près  de  Santo-Pellegrino,  il  y  a  le 
macigno  solide  en  bancs  assez  puissants,  inclinés  pendant  quelque 
temps  vers  le  S.-S.-O.,  mais  qui  reprend  bientôt  à  la  descente 
Tinclinaison  N.-N.-Ë.,  c'est-à-dire  qui  parait  s'appuyer  sur  les 
masses  calcaires  qui  sont  au  delà,  sur  la  droite  de  la  rivière  du 
Serchio,  qui  sépare  la  chaîne  des  montagnes  apuennes  ou  tlelle 
Panie  de  la  chaîne  centrale  de  i'Apeunin. 

La  coupe  que  je  fis  connaître  au  congrès  de  Naplcs  suivait  la  crête 
du  contre-fort  secondaire  sur  lequel  est  situé  le  sanctuaire  de  Santo- 
Pellegrino,  puis,  arrivée  dans  la  vallée  du  Serchio,  la  remontait 
un  peu  et  entrait  ensuite  dans  la  vallée  du  torrent  de  Yaglj,  qu'elle 
remontait  pour  aller  gagner  les  hauteurs  de  la  Tamburra.  Cette 
coupe  de  Santo-Pellegrino  au  Serchio  ne  parcourait  que  des  ma- 
cigno et  passait  ainsi  en  dehors  d'une  des  localités  les  plus  inté- 
ressantes de  ces  parages,  c'est-à-dire  l'Alpe  di  Corfina  Comme 
il  n'y  a  pas  loin  du  chemin  suivi  en  18&5  à  un  autre  qui  lui  est 
parallèle  jusqu'au  Serchio  suivi  en  1847,  et  qui  touchait  l'Alpe  di 
Corfmo,  j'aime  mieux  faire  entrer  dans  la  coupe  actuelle  cette 
montagne  de  Corfiuo,  une  telle  section  étant  plus  en  ligne  droite 
avec  celle  qui  parcourt  la  vallée  de  Vaglj  et  la  montagne  de  la 
Tamburra.  Or,  si,  arrivés  sur  la  chaîne  centrale  près  de  Santo- 
Pellegrino,  on  ne  prend  pas  le  contre-fort  où  est  le  sanctuaire,  mais 
si,  cheminant  un  peu  au  N.-O.  sur  la  crête,  on  va  prendre  un  peu 
plus  loin  le  contre-fort  qui  est  à  gauche  du  torrent  de  Moscianello, 
ou  a  d'abord,  sur  le  haut,  comme  précédemment,  des  macigno 
qui  inclinent  dans  certains  points  au  N.-N.-E.  ou  N.-E.  ;  puis  en 
descendant  on  a  devant  soi  une  montagne  arrondie  en  forme  de 
dôme,  qui  est  coupée  en  deux  par  le  tori-eut  de  Moscianello,  lequel 
laisse  voir  l'intérieur  tout  composé  de  couches  concentriques  de 
diftcrcnts  calcaires  appartenant  très  probablement  à  différentes 
époques.  Cette  inonlague,  haute  de  1500  mètres,  est  la  Pania  de 
Corfino.  En  1847,  j'en  donnais  une  description  au  congrès  de 


NOTB   DB    U.    PÀRBTO.  261 

Yenîsc.  Jo  faisais  voir  qu'au-dessous  ries  niacîp,no  il  y  avait 
d'abord  une  série  de  bancs  ar{|;ileux,  rou(;eatres,  suivis  d'un  banc 
d'une  espèce  de  poudingue  ou  brèche  à  frn{;nients  calcaii*es,  mais 
plus  encore  siliceux,  qui  ressemble  beaucoup  à  une  espèce  de 
ptififiingstone  qui,  dans  le  comté  de  Nice,  se  retrouve  à  la  base 
du  terrain  nummulitique  et  du  macigno  ;  qu'au-dessous  de  cette 
brèche  était  un  ensemble  de  schiste  argileux,  couleur  lie  de  vin, 
alternant  avec  quelques  bancs  de  calcaire  compacte,  contenant  des 
noyaux  de  silex  pyromaque  différents  de  ceux  qui  se  trouvent 
dans  la  masse  du  calcaire  inférieur. 

Au-dessous  de  cet  ensemble  de  schistes,  ou  mieux  d'argiles 
schisteuses  rougeâti^s  bariolées  aussi  de  veit,  qui  doivent  corres- 
pondre aux  galestro  des  géologues  toscans  et  qui  plongent  au- 
dessous  de  la  chaîne  centrale,  on  voit,  à  Tendroit  appelé  Sasso 
Rosso,  une  masse  de  calcaire  compacte  rougeâtre  avec  de  nom- 
breuses Ammonites  qui  ont  rendu  fameuse  cette  localité.  On  y 
trouve  entre  autres  j4,  tnsigniSj  Schùbl.,  J.  radians,  Schloth.,  ^. 
compioiiatus^  Brug.,  J,  bisulcatus^  Brug.,  A.fimbriatusj  Sow.,  A, 
Conybeari^  Sow.  ;  et,  dans  les  bancs  un  peu  plus  inférieurs  et  qui 
sont  moins  rougeâtres,  des  Bélenmites,  entre  autres  une  espèce 
qu'on  avait  un  temps  cru  être  une  Ortliocère  et  dont  MM.  Savi  et 
Meneghini  ont  fait  le  Belemnites  orthoceropsis ;  il  y  a  aussi  beaucoup 
de  fragments  de  crino'ides.  Cette  réunion  de  bancs  calcaires  qui  est 
sûrement  jurassique  (si  on  y  comprend  le  lias)  plonge  sous  les 
roches  argileuses  vers  différents  points  de  l'horizon,  car  très  pro- 
bablement elle  enveloppe,  comme  un  véritable  manteau,  tous  les 
calcaires  subjacents,  qui  sont  d'abord  des  calcaires  compactes 
blanc  grisâtre  avec  silex  et  contenant  quelques  Ammonites  et  en 
bancs  assez  minces,  puis  au-*dessou8  une  masse  de  calcaire  blanc 
grisâtre  subgranulaire,  et  inférieuremeut  un  assez  grand  nombre 
de  bancs  de  ce  même  calcaire,  devenu  noir  et  en  couches  de 
moindre  puissance.  Ces  couches  sont  remarquablement  arquées; 
car,  si  on  regai*de  le  plan  formé  par  la  section  verticale  faite  par  le 
torrent  de  IMoscianello,  on  voit  ces  différentes  couches  former  de 
véritables  arcs  plongeant  d'un  côté  vers  le  N.-£.,  c'est-à-dire  vers 
la  chaîne  centrale,  de  l'autre  vers  le  S.-O.,  c'est-à-dire  vers  la 
vallée  du  Serchio  ;  tandis  que  si  on  coupe  le  massif  dans  un  sens 
perpendiculaire  au  même  torrent,  et  presque  parallèle  à  la  chaîne 
centrale,  on  voit  les  couches  plonger  d'un  côté  à  peu  près  O.-N.-O. 
ou  N.-O.,  de  l'autre  vere  l'E.-S.-E.  ou  plutôt  vers  le  S.-E. 

Quoique  les  Ammonites  et  les  grands  noyaux  de  Bélemnitet, 
qa'on  avait  un  temps  cru  être  des  Orthocèi'es,  se  trouvent  de  pré- 


262  SÉANCE    DU    16    DÉCEMBRJB    1861. 

férence  dans  le  calcaire  rouge,  qui  a  tant  d*aaalogie  et  de  rapports 
avec  le  calcaire  rouge  ainmonitifère'du  pied  des  Alpes  I^ombardes, 
il  paraît  (|u  il  s*en  trouve  aussi,  maisen  bien  moins  grande  quantité, 
dans  le  calcaire  blanc  qui  Taccompagne  infcrieureineni. 

Lorsque,  en  18&7,  je  visitai  cette  montagne,  je  ne  pus  recon- 
naître les  divisions  plus  minutieuses  que  les  géologues  toscans  ont 
eu  le  bonheur  de  pouvoir  plus  tard  y  établir  ;  car  M.  Gocchi  croit 
pouvoir  rapporter  la  partie  inférieure,  celle  qui  touche  tout  à  fait 
au  torrent  [voir  le  Bulletin  de  la  Société)  à  la  formation  du  trias. 
Pour  moi,  je  ne  voyais  alors  dans  toute  la  masse  depuis  et  cpnipris 
le  calcaire  ammonitifère  jusqu'en  bas,  que  différentes  assises  de 
la  formation  liasique,  dont  beaucoup  d*Ammonites  se  trouvent 
particulièrement  dans  le  calcaire  rouge  de  Sasso  Rosso  qui  a  sur- 
tout de  Tanalogic  Qvec  le  calcaire  de  Pian  d'Erba  dans  la  Lom- 
bardie,  dont  il  contient  beaucoup  de  fossiles.  iMais  les  géologues 
toscans,  particulièrement  M.  Cocchi,  ayant  eu  lieu  de  comparer  les 
différents  calcaires  qu'on  rencontre  dans  cette  section  avec  d'autres 
dont  on  a  pu  ailleurs  déterminer  la  position  géologique,  pensent, 
comme  nous  venons  de  le  dire,  que  les  calcaires  inférieurs  noi- 
râtfes  appartiennent  au  trias,  et  les  autres,  c'est-à-dire  le  calcaire 
grisâtre  semi-cristallin  du  milieu,  comme  le  calcaire  rouge  8upé« 
rieur  ^t  certain  calcaire  avec  silex  intermédiaire,  à  différentes 
zones  ou  étages  de  la  formation  liasique.  Quant  â  moi,  je  ne  saurais 
guère  m'éioigner  de  cette  opinion,  car  je  crois  bien  voir  ici  les 
mêmes  roches  que  celles  que  j'ai  observées  au  pied  des  Alpes 
Lombardes,  où  j'ai  pu  constater  à  peu  près  la  même  succeasioo  de 
roches  et  de  formations  en  descendant  jusque  dans  le  trias. 

En  poursuivant  la  coupe,  pour  descendre  vers  le  Serchio,  on 
voit  de  nouveau  après  les  calcaires  des  bancs  d'argile  rougeâtre 
schistoïde,  comme  nous  en  avons  observé  à  l'E.  de  la  montagne; 
ces  bancs  inclinent  ici  au  S.-O.,  au-dessus  viennnent  des  macigno, 
qui  se  replient  sur  eux-mêmes,  inclinant  iPabord  au  S.-O., puis  au 
N.-E.,  et  ensuite  apparaissent  de  nouveau,  au-dessous  de  ces 
macigno,  les  schistes  rougeâtres  ou  du  galestro.  Ce  repliement  des 
couches  est  causé,'^à  ce  qu'il  parait,  par  le  pointement  d'une  masse 
de  serpentine  qu'on  voit  au  milieu  de  la  vallée  du  Serchio  à  Vtxxm 
droit  dit  le  Poggio,  laquelle  forme  une  espèce  de  butte  qui,  eo  se 
prolongeant  vers  Camporgiano,  y  est  coupée  par  la  rivière.  . 

Tout  le  fond  de  cette  vallée  du  Serchio,  non  loin  de  Carapor* 
giano  et  en  amont  de  Gastelnovo  di  Garfagnano,  est  occupé  par  un 
terrain  erratique  ou  de  transport  ancien  composé  de  csilloi^x  roulés 
et  de  marnes  et  argiles  sableuses  dans  lesquels  on  a  trouvé  des  os 


NOTI   DB   H.    PARBTO.  263 

de  pnchydennes.  Je  trouve  beaucoup  d'analogie  entre  ce  terrain 
et  uo  autre  que  j*ai  vu  dans  la  vallée  de  la  Majora,  près  de  Villa- 
franca  et  de  Filattiera,  composé  lui  aussi  d*alternances  de  cailloux 
roulés  et  de  marnes  avec  Paludines  et  autres  coquilles  ou  lacustres 
ou  terrestres,  lesquels  banc^  s'étendent  horizon taleuient  sur  les 
couches  redressées  du  calcaire  à  Fucoïdes. 

Dans  la  vallée  de  la  IVIagra,  avec  ces  Paludines  et  Hélices,  il  y  a 
des  (races  de  lignite  ou  de  bois  bituininisé  un  peu  feuilleté,  bien 
différentes  de  celles  de  Ganiparola,  que  tout  porte  à  considérer 
oomnie  appartenant  au  terrain  miocène.  Il  se  pourrait  donc  aussi 
que  les  traces  de  lignite  indiquées  dans  les  environs  de  Gastelnovo 
dans  la  vallée  du  Serchio  appartinssent  au  terrain  erratique  plutôt 
qu'au  terrain  miocène. 

Du  reste  la  situation  de  ce  terrain  paraît  aussi  analogue  à  celle 
du  Yal  d*Arno  supérieur  ;  car  dans  ces  trois  localités,  comme  aussi 
dans  la  vallée  de  la  Vara,  ce  terrain  occupe  des  espèces  de  bassins 
plus  ou  moins  étendus,  disposés  dans  des  vallées  longitudinales,  là 
où  d'anciens  étranglements  ou  barrages  de  ces  mêmes  vallées  fai- 
saient  que  les  eaux  formaient  des  espèces  de  lacs. 

La  serpentine  de  Gamporgiano  parait  avoir  causé  de  grandes 
modifications  dans  les  couches  qui  l'a  voisinent,  car  elle  est  entou- 
rée de  gabbro  rosso  qui  est  très  probablement  une  modification 
des  schistes  argileux  et  des  calcaires  qui  accompagnent  inférieu- 
renient  la  formation  du  macigno;  on  trouve  une  assez  grande 
masse  de  ces  gabbro  et  de  ces  {«alesti-o,  qui  s'appuie  sur  la  roche 
ophiolitliique  que  nous  avous  signalée  au  fond  de  la  vallée,  près 
du  Poggio. 

De  cet  endroit  du  Poggio  en  laissant  les  bords  du  Serchio,  on 
entre  dans  la  vallée  de  Vaglj  parcouiiie  par  un  torrent  qui 
descend  de  la  crête  des  montagnes  de  Massa,  qui  de  l'autre  côté 
envoient  directement  leurs  eaux,  à  la  iVI éditer ranée  par  le  Frigido, 
et  on  se  trouve  pleinement  dans  le  domaine  des  Alpes  apuennes. 
Kéanmoins  pendant  quelque  temps,  en  suivant  le  torrent  de 
Vaglj,  on  a  encoi*e  à  traverser  quelques  couches  de  macigno,  les- 
quelles sur  les  collines  des  environs,  comme  par  exemple  près  de 
Caregine,sc  soulèvent  à  une  hauteur  considérable,  en  relevant  leurs 
tranches  comme  si  elles  s'appuyaient  sur  les  monla{;[iies  apuennes 
elles-mêmes.  Ces  macigno  qui,  immédiatement  après  la  butte  ser« 
pentincuse,  inclinaient,  ainsi  que  les  galcstro  et  les  calcaires  qui 
leur  sont  inférieurs,  vers  le  S.-O.,  plongent  ici  vci-s  le  N.-E.  et 
indiquent  qu'ils  sont  pour  ainsi  dire  courbés  sur  eux-mêmes  connue 
ils  étaient  repliés  de  Tautre  côté,  c'est-à-dire  à  TË.  de  cette  butte 


26&  SÉANCE    DO    46    DÉCEMBRE    1861. 

serpeiilineuse.  Dant  le  bas  de  la  vallëe  cependant  on  quitte  assez 
tôt  les  inacigno  pour  rcncontrei'  des  calcaires  durs,  compactes, 
noirâtres,  qui  cependant  présentent  encore  un  peu  Taspect  des 
calcaires  inférieurs  de  la  formation  du  macigno,  ou  mieux  du 
terrain  de  galestro,  qui  ont  été  ici  bouleversés  par  Tapparition  de 
la  masse  ophiolithique  de  Poggio  et  de  Gamporgiano. 

C'est  vis-à-TÎs  de  Puglianella  que  commencent  à  se  présenter  les 
bancs  de  calcaire  ;  ils  sont  noirâtres,  généralement  très  compactes 
et  assez  inclint'*s.  En  passant  des  plus  hauts  aux  plut  bas  ils  com- 
mencent à  présenter  un  aspect  un  peu  plus  cristallin.  Je  serais 
presque  d'avis  que  c'est  assez  près  de  ce  point  que  doit  passer  la 
limite  du  terrain  de  macigno  et  de  ses  calcaires,  et  commencer  le 
terrain  du  calcaire  inférieur,  soit  crétacé,  soit  jurassique.  Suf  cette 
ligne  en  effet,  et  je  dirais  aussi  à  égale  distance  de  l'axe  des  Alpes 
apuennes,  on  a  trouvé  à  Tendroit  appelé  la  Bruciana,  près  de 
l'hermitage  de  Calomini,  de  petites  Mummnlites  dans  une  roclie, 
laquelle,  quoique  tenant  un  peu  du  macigno,  s'approche  cepen- 
dant déjà  du  calcaire  et  marque  ainsi  la  partie  inférieure  de  la 
formation  appartenant  à  l'époque  éocène. 

£n  continuant  à  remonter  la  vallée  et  passant  sur  la  gauche 
du  torrent,  après  l'usine  de  Caregine  vis-à-vis  de  Vagli  di  Sotto,  on 
continue  à  voir  des  calcaires  compactes,  même  un  peu  cristallins, 
noirâtres,  avec  des  traces  indéterminables  de  fossiles.  Ces  bancs 
paraissent  incliner  au  N.-Ë.  ou  à  l'E.-N.-E.,  et  on  peut  sûrement 
les  rapporter  aux  calcaires  inférieurs,  aux  macigno  et  aux  galestro, 
soit  qu'on  veuille  voir  dans  ces  calcaires,  qui  sont  par  leur  position 
et  leur  nature  analogues  aux  calcaires  noirs  de  la  Castellana  à  la 
Spezzia,  un  représentant  du  terrain  néocomien,  comme  le  pense 
M.  Meneghini,  ou  plutôt  le  représentant  du  terrain  jurassique, 
comme  je  pencherais  à  le  croire. 

Eu  avançant  dans  la  vallée,  ces  calcaires  se  modifient  toujours 
davantage  ;  la  stratification  disparaît  presque  totalement  et  ils  se 
changent  en  une  masse  de  calcaire  blanc  semi-sacchardide  ;  on 
dirait  que  ces  couches  s'élèvent  du  fond  de  la  yallée  jusqu'au 
sommet  des  montagnes  voisines.  Après  Vagli  supérieur  on  voit 
sortir  au-dessous  de  ces  calcaii*es  un  grand  banc  de  roches  schis- 
teuses plus  ou  moins  cristallines  et  composées  de  schistes  talqnenx, 
parfois  vei*dâti*e$.  parfois  rouges  lie  de  vin  avec  des  veines  de 
quartz  et  des  parties  métalliques  ferrugineuses. 

Ce  hanc,  dont  on  trouve  aussi  des  traces  dans  d'autres  vallées 
parallèles  qui  descendent  des  montagnes  apuennes,  sur  la  droite 
du  Serchio,  comme  au  Forno  Volasco,  ne  parait  pas  avoir  ime 


NOTE    UB    M.    PARKTO.  265 

fonne  parfaitement  régulière,  étant  en  quelques  points  plus  mince, 
en  d*auti'e8  plus  renflé.  Il  prend  mcinc  une  forme  un  peu  recour- 
bée, et  au-dessous  de  lui  on  voit  de  nouveau  une  autre  masse  de 
calcaire  saccliaroïde .  On  dirait  aussi,  lorsqu'on  commence  à  monter 
la  Tamburra  après  les  dernières  maisons  de  Yaglj,  que  ce  banc 
•*amincit  de  manière  qu'il  semble  presque  disparaître,  et  alors 
ces  deux  masses  calcaires  paraissent  presque  soudées  ensemble  et 
former  une  énorme  masse  de  marbre  blanc  presque  sans  stratifi- 
cation, qu'on  peut  suivre  jusqu*à  près  des  deux  tiers  de  la  montée. 
A  celte  hauteur,  se  montrent  de  nouveau  quelques  traces  de  stra- 
tification et  le  calcaire  est  interrompu  par  deux  ou  trois  bancs  de 
tchiates  talqueux  analogues  à  ceux  que  nous  avons  vus  dans  le  bas, 
peu  après  le  haut  de  Vaglj. 

Le  sommet  de  la  montagne  au  passage  de  la  Tamburra  est  cal- 
caire, et,  autant  que  la  stratification  peu  marquée  permet  de  le 
voir,  on  dirait  que  les  couches  n'y  sont  pas  très  inclinées  et  que, 
•i  elles  ont  une  telle  inclinaison,  elles  penchent  plutôt  vei-s 
l'extérieur  que  vers  l'intérieur  des  montagnes  apuenues,  c'est- 
à-dire  plutôt  vers  la  vallée  du  Serchio  que  vers  la  Méditer- 
ranée; et,  s'il  y  en  a  quelques-unes  qui  inclinent  plutôt  de  ce 
côté  que  de  l'autre,  on  peut  croire  que  c'est  accidentel  et  que  cela 
dépend  du  surplomb  de  cette  même  couche.  Du  point  culminant 
de  la  montagne,  élevée  de  plus  de  ÙOOO  pieds,  jusqu'à  Resceto, 
dans  la  vallée  du  Frigido  et  au-dessous,  sauf  une  petite  inter- 
ruption où  l'on  euti'evoit  les  têtes  de  couches  schisteuses  talco- 
diloritiques,  celles  mêmes  probablement  que  nous  avons  vues  sur 
le  versant  du  Serchio,  la  route  est  toujours  tracée  dans  le  calcaire, 
ou  pour  mieux  dire  dans  le  marbre. 

Sur  la  crête  ensuite  qui  est  à  droite  de  l'observateur  placé  sur 
la  cime  du  passage  de  la  Tamburra,  ayant  les  yeux  tournés  vei-s  la 
Méditerranée,  on  voit  une  singulière  apparence  que  prend  le 
schiste  talqueux.  Ce  schiste  parait  pénétrer  à  la  manière  d'un 
coin  dans  le  calcaire;  cela  rappelle  les  singulières  apparences  et 
relations  entre  le  gneiss  et  le  calcaire  que  M.  Studer  a  observées 
jadis  dans  l'Oberland  bernois.  Probablement  ces  masses  de  schiste 
•e  lient  avec  les  terrains  talqueux  que  nous  ol>serverons  plus  bas 
dans  la  vallée  du  Frigido,  à  moins  qu'elles  ne  soient  la  continua- 
tion irrégulièrement  stratifiée  des  couches  que  nous  avons  vues  à 
Ifaglj  et  dont  les  têtes  se  montrent  aussi  sur  le  versant  de  la  Médi- 
terranée. 

Mais  avant  de  poursuivre  notre  coupe  dans  la  vallée,  examinons 
un  peu  ce  que  peuvent  être  les  différentes  masses  calcaires  que 


266  SÉANCE    DU    16    DÉCBIIBRB    1861. 

nous  avons  rencontres,  ainsi  que  les  schistes  talqueux  qui  leur 
sont  intercalés  dans  la  vallée  de  Vaglj  et  ensuite  dans  la  montée 
de  la  Tamburra. 

D'abord,  je  crois  que  les  calcaires  noirâtres  compactes,  avec 
traces  de  fossiles,  qui  peu  à  peu  deviennent  cristallins,  correspon- 
dent parfaitement  à  cette  grande  masse  secondaire,  pour  moi, 
encore  jurassique,  pour  d^autres,  crétacée  inférieure,  qui  enve- 
loppe de  tout  côté  rdlipsoide  des  Alpes  apuennea.  Ge  sont  les 
mêmes  calcaires  qui,  à  la  Tecchia,  contiennent  des  fossiles  iden- 
tiques avec  ceux  de  la  Castellana,  des  îles  Palmaria,  Tino  etTinetto, 
au  golfe  de  la  Spezzia.  Ge  sont  les  mêmes  calcaires  qu'on  voit  vers 
Yergemoli,  Eglio  et  le  Forno  Yolasco,  ainsi  que  sur  les  hauteurs 
de  la  Pania  et  la  Pania  Forata,  et  qui  se  rencontrent  encore  à 
Textrémité  S.  de  rellipsoide  vers  le  monte  di  Quiesa,  pour  tour- 
ner ensuite  derrière,  c'est-à-dire  à  l'Ë.  de  Pietra-Santa,  et  former 
les  montagnes  qui  bordent  immédiatement  la  plaine  alluviale 
auprès  de  Porta  et  Salto  délia  Gervia.  G'cst  le  niême  calcaire  que 
nous  rencontrerons  à  la  fin  de  cette  coupe,  lorsque  nous  sortirons 
des  gorges  de  la  vallée  du  Frigido  pour  arriver  à  la  plaine  qui 
s'étend  de  Massa  à  la  mer.  Mais  tous  ces  calcaires  qui,  quant  à 
leur  époque  de  formation,  paraissent  identiques,  ne  présentent  pas 
partout  le  même  aspect  minéralogique  ;  parfois  ils  se  changent, 
comme  au  sommet  de  la  Tamburra,  en  un. calcaire  saccharolde; 
parfois  ce  sont  de  véritables  dolomies,  parfois  encore  des  rauch* 
wAckes  ou  calcaires  poreux,  et  sous  cet  aspect  ils  sont  très  remar- 
quables près  de  Pieti*a»Santa  et  de  Porta.  Ges  changements,  comme 
on  peut  bien  l'imaginer,  rendent  difficile  l'étude  de  ces  mon- 
tagnes, et  ce  n'est  qu'en  suivant  pas  à  pas  pour  ainsi  dire  les  divers 
passages  que  forment  entre  elles  ces  variétés  de  calcaire,  qu'on 
peut  dire  quelque  chose  de  moins  incertain  sur  la  position  des 
différentes  masses  qu'on  rencontre  sur  le  pourtour  et  dans  les 
environs  de  cette  remarquable  chaîne  des  Alpes  apuemies. 

Quant  aux  schistes  talqueux  verts  ou  rougeâtres  que  nous  avons 
rencontrés  vers  Vaglj  et  dans  quelques  points  de  la  descente  de  h 
Tamburra,  entre  les  deux  masses  de  calcaire,  je  n'hésite  pat  à  les 
croire  identiques  avec  ceux  qu'on  voit  dans  le  fond  de  la  vallée  de 
Forno  YolaEco,  et  avec  cet  ensemble  de  couches  schistoîdes  et  grësi- 
formcsqui,  auGardoso  et  à  Stazzema,  s'intei-posent  entre  le  cal- 
caire supérieur  de  la  Pania  Forata  et  des  montagnes  de  Sant»- 
Anna  et  la  masse  de  calcaire  inférieur  qu*on  voit  à  Stazzema.  Gel 
schistes  coutinuent  aussi  dans  la  partie  moyenne  des  montagnes 
qui  sont  entre  la  mer  et  la  vallée  de  la  Versilia  venant  vert  Riva, 


NOTI    DE    M.    PÀRETO.  267 

OÙ  ils  ont  un  peu  l'aspect  de  schiste  micacé  et  contiennent  du 
cinabre;  et  de  là  nous  les  rencontrerons  aussi,  mais  moins  recon- 
naissables,  dans  la  vallée  du  Fri(;ido,  sous  la  masse  de  calcaire  dont 
nous  avons  précédemment  parlé,  et  au-dessus  d'une  autre  masse 
calcaire^  mais  plus  ancienne.  Ces  schistes,  scisii  vcrsicohri  de  Savi« 
paraissent  appartenir  à  Fépoque  oolitliique,  sans  qu'il  soit  pourtant 
possible  de  préciser  à  quelle  subdivision  de  cette  grande  époque  on 
puisse  plus  particulièrement  les  rapporter. 

Au-dessous  de  ces  schistes  et  dans  la  descente  de  la  Tamburra 
vers  Resceto,  ainsi  que  dans  le  fond  de  la  vallée  de  Vaglj ,  nous 
avons  rencontré  une  masse  considérable  de  calcaire  presque  sans 
stratification  bien  marquée  et  qui  a  tout  à  fait  Taspect  du 
marbre;  c'est  ce  calcaire  qui  est  le  siège  des  grandes  exploitations 
qui  ont  rendu  fameuses  ces  montagnes  de  Carrare,  et  ce  massif  se 
voit  toujours  dans  le  pourtour  intérieur  du  cirque  ou  bien  dans  le 
ionà  des  vallées  qui  quoiqu'à  Textérieur  entament  profondément 
le  massif  des  montagnes  qui  bordent  ce  cirque  même,  comme 
après  Vaglj  et  après  le  Forno  Yolasco  au-dessous  des  schistes.  C'est 
lui  qu'on  trouve  dans  le  fond  de  la  vallée  du  Carione  (qui  est  à 
l'intérieur  du  cirque),  au  canal  de  Colonnata,  qu*on  voit  près  de 
la  Polla  del  Gartero  non  loin  de  Forno  dans  la  vallée  du  Frigido, 
qu'on  voit  aussi  à  Stazzema.  CJe  calcaire,  qui  se  montre  bien  clai- 
rement au-dessous  dçs  calcaires  ammonitiques  comme  ceux  de 
Sasso  Rosso  et  de  la  Spezzia,  appartient  au  lias,  et  tout  ce  que  nous 
trouverons  au-dessous  de  lui  sera  rapportable  à  des  formations 
plus  anciennes,  soit  qu'on  puisse  les  dire  triasiques,  soit  qu'on 
doive  les  reculer  encore  dans  les  époques  ou  permiennes  ou  car- 
bonifères. 

Dans  la  vallée  du  Frigido,  je  n'ai  pu  trouver  de  bancs  qu'on 
puisse  sans  hésitation  rapporter  au  trias,  mais  j'ai  trouvé  au-des- 
sous des  calcaires  que  nous  venons  de  décrire  une  suite  remar* 
quable  de  couches  de  schistes  talqueux  avec  quelques  anagénites 
peu  développées  et  des  qnartzites,  qui  paraissent  parfaitement  cor- 
respondre au  verrucano  supérieur.  Ces  couches  inclinent  pendant 
uq  aaseiE  long  espace  vers  l'Ë.-N.-E.,  c'est  à-dire  qu'elles  plon- 
gent au-dessous  des  calcaires  que  nous  avons  trouvés  à  Resceto  et 
qui  se  voient  aussi  dans  la  principale  vallée  du  Frigido,  sur  les 
hauteurs  de  Forno  et  de  Casette.  Plus  on  descend,  plus  ces  couches 
s'approchent  de  la  verticale,  et  alors  entre  Ca(;eg{;i  et  Cauerara  il 
sa  substitue  à  ces  schistes  des  espèces  de  gneiss  talqueux,  qui  sont 
liés  avec  des  stéaschistes  grisâtres  verdâtres,  avec  des  nodules  de 
quarts  gras,  qui  formeraient  la  partie  inférieure  du  verrucano. 


268  SÉANCE    DU    16    DÉCEMBRE    1861. 

Dans  cet  endroit  les  couches,  qui  inclinaioiu  il'ahord  vers  TE.-N.-E. 
ou  étaient  devenues  verticales,  changent  d'inclinaison  et  elles  com- 
mencent à  incliner  vers  l'O.  ou  i"0.-S.-0.,  c'est-à-dire  vers  la 
Méditerranée,  indiquant  ainsi  qu'à  peu  près  ^  la  moitié  du  coui-s 
du  Frigido  se  trouve  l'axe  de  cet  ellipso'ide  des  Alpes  apuennes  ou 
la  ligne  d'un  côté  ou  de  l'autre  de  laquelle  les  couches  ont  pris 
une  inclinaison  différente  ou  opposée. 

En  descendant  encore,  on  passe  bientôt  des  gneiss  et  stéaschistes 
noduleux  dans  les  stéaschistes  ordinaires,  en  se  retrouvant  ainsi  de 
nouveau  dans  la  partie  supérieure  du  verracano  dont  les  couches 
conservent  dorénavant  l'inclinaison  vers  l'O.  ou  l'O.-S.-O. 

En  appi*ochant  ensuite  de  Massa  sous  la  montagne  de  la  Bru- 
ciana,  il  semble  qu*il  y  ait  de  nouveau  du  calcaire  cristallin  qui 
s'élève  sur  les  hauteurs  voisines.  Ce  calcaire,  qui  paraît  appartenir 
à  la  masse  inférieure  et  être  pourtant  liasique,  est  suivi  par  un 
banc  de  schistes  talqueux  appartenant  à  l'oolitlie,  lequel  cependant 
n'est  pas  très  clairement  scparable  de  la  masse  sous-jacente.  Ce 
schiste  est  suivi  à  son  tour  par  une  autre  masse  calcaire  plus  puis- 
sante, rapportable  aux  calcaires  de  Yaglj  et  de  la  Tambnrra. 

Au-dessus  enfin  de  ces  derniers  calcaires,  qui  arrivent  au  con- 
tact de  la  grande  route  de  Massa  à  Canara  et  qui  ont  parfois  l'as- 
pect d'une  rauchveacke,  se  présentent  des  masses  de  schistes  it>ii* 
geatres  rapportables  aux  galestro,  qui  enfin  sont  suivit  sur  la  colline 
de  Mirteto  par  des  couches  puissantes,  mais  moins  inclinées,  de 
macigno,  lesquelles  arrivent  à  la  plaine  qui  s'étend  du  pied  de  ces 
montagnes  à  la  mer,  et  on  se  trouve  ainsi  à  la  partie  extérieure 
ou  occidentale  de  l'ellipsoïde  des  Alpes  apuennes,  que  nous  avons 
traversée  de  l'E.  à  l'O.  selon  une  ligne  à  peu  près  parallèle  à  son 
petit  axe  et  dont  nous  avons,  pour  ainsi  dire,  parcouru  toutes  les 
formations  qui  se  disposant  autour  de  son  noyau  central  concou- 
rent a  former  ces  remarquables  montagnes;  leur  constitution 
trouve  son  analogue  dans  lesMonti  Pisani  et  dans  plusieurs  autrea 
points  des  Maremmes  toscanes,  qui  sont  aussi  comme  des  noyaux 
ou  massifs  de  terrains  plus  anciens,  dont  les  axes  s'alignent  entre 
eux  généralement  dans  les  sens  du  N.  quelques  degrés  à  l'O.,  au  S. 
quelques  degrés  à  l'E.,  noyaux  enveloppés  par  les  terrains  posté- 
rieurs, comme  l'éocène,  et  même  par  ceux  qui  sont  plus  récents 
encore,  et  qu'on  peut  regarder  par  leur  ensemble  comme  formant 
une  chaîne  tout  à  fait  distincte  de  l'Apennin  à  la  partie  occidentale 
de  laquelle  elle  se  rattache.  Cette  chaîne,  qui  arrive  dans  une 
partie  des  Etats  du  pape,  et  dont  certaines  tles  de  la  mer  Thyrré- 
nienne  ainsi  que  plusieurs  caps  très  avancés,  comme  Monte  Ar- 


NOTE    DB    11.    PAKKTO.  260 

gciitaro,  paraisscul  faire  partie,  est  appelée  par  les  Toscans  chaîne 
inétallllerey  parce  que  c'est  au  milieu  irelle  que  se  trouvent  les 
plus  riches  et  les  plus  abondantes  exploitations  uictallur[;iqucs. 

Cette  même  succession  de  roches,  que  nous  avons  en  dernier 
lieu  indiquée  depuis  le  calcaire  compacte  noir  extérieur,  se  voit 
aussi  sur  la  colline  qui  est  vis-à-vis  de  celle  de  Mirlcto  et  sur  la 
droite  du  Carione  ou  torrent  de  Carrara,  colline  qui  s'attache  d'un 
cAtë  près  Caste!  Poggio  aux  Alpes  apuennes  vers  la  Gn  N.-O.  de 
l'ellipsoïde,  et  qui  par  sa  prolongation  forme  le  cliaînon  des  mon- 
tagnes macigniques  de  Fosclinovo  sur  la  gauche  de  la  Magra,  et  au 
pied  occidental  duquel  sont  les  remarquables  terrains  miocènes  à 
lignites  de  Caniparola,  séparés  par  la  vallée  inférieure  de  la  Magra 
des  deux  massifs  secondaires,  celui  de  l'E.  et  celui  de  TO.  du 
golfe  de  la  Spezzia,  où  reparaissent  encore,  dans  le  premier  les 
formations  paléozoîques  et  jurassiques,  dans  Tautre  les  forma- 
tions jurassiques,  qui  allant  vers  TO.  ne  se  retrouvent  plus  bien 
caractérisées  que  dans  les  montagnes  qui  sont  au  N.  et  à  VO. 
auprès  de  Savone  et  dans  les  hautes  vallées  de  la  Bormida,  du 
Tanaro,  du  Roja,  de  la  Yesubia,  etc.,  où  Ton  peut  dire  qu'on  voit 
a  peu  près  la  même  succession  de  roches  disposées  comme  ici 
autour  de  certains  noyaux,  mais  dont  les  axes  principaux  ont  une 
direction  différeute,  celle  del'O.-N.-O.  à  TE.-S.-E.,  taudis  que 
ceux  de  la  Spezzia  sont  alignés  N.-N.-O.  S.-S.-E. 

La  quatrième  coupe  que  je  présente  (fig.  5.)  depuis  la  mer  jus- 
qu'à la  vallée  du  Pô  est  encore  parallèle  à  celles  que  nous  avons 
esquissées  jusqu'à  présent;  mais,  au  lieu  de  couper  au  beau  milieu 
la  chaîne  métallifère  ou  les  montagnes  de  Carrare,  elle  passe  à  l'ex- 
trémité septenti'ionale  de  cet  ellipsoïde  et  ne  traverse  que  des  pro- 
tubérances, qui  sont  bien  en  partie  composées  comme  cette  chaîne, 
mais  qui  en  sont  séparées  et  ne  présentent  que  des  espèces  de 
centres  secondaires  ;  quant  à  leur  soulèvement  ils  peuvent  bien 
dépendre  de  l'élévation  des  montagnes  apuennes,  mais  ils  en  sont 
physiquement  séparés. 

J*aî  commencé  cette  coupe  au  bord  de  la  mer,  non  loin  de  Rio- 
Maggiore,  là  où  la  formation  du  macigno  qui  plus  au  midi,  c'est- 
à-dire  vers  CampigUa,  paraissait  s'immerger  sous  les  schistes  am- 
mouitiferes  et  les  calcaires  de  la  Spezzia,  se  redresse  de  manière  à 
faire  voir  sans  aucun  doute  qu^elle  est  réellement  postérieure.  Ici, 
au-dessous  du  macigno,  inclinant  en  partie  comme  lui,  c'est-à-dire 
vers  rO.-S.-O.,  il  y  a  d'abord  une  masse  considérable  de  schistes 
rougeâtres,  sci.sti  galcstiwij  puis  à  côté  une  masse  considérable  de 
terrain  liasiquci  schistes  à  Ammonites,  etc.,  qui  se  redrcsseut  en 


270  SÉANCE    DU    16    DÉCEMUBE    1861. 

iiicliiiaut  versrE.-N.-E.,  el  au-dessus  d'eux,  mais  cii  grande  partie 
recourbés,  les  bancs  de  calcaire  noir  souvent  compacte,  mais  par- 
fois subcristallin  et  doloinitiquc,  semblable  à  celui  de  la  Caslellana 
dont  il  est  la  continuation,  et  qui  a  été  tant  de  fois  décrit,  ainsi  que 
les  schistes  et  calcaires  ammonitifères  qui  lui  sont  inférieurs.  Ces 
calcaires  arrivent  au  col  de  la  Foce  derrière  ou  au  N.  de  la  Spezzia  ; 
mais  un  peu  plus  à  TE.,  vers  Marinasco^  ils  sont  recouverts  par 
une  grande  masse  de  macigno  inclinant  ù  peu  près  vers  le  M,-E. 
Ces  macigno  sont  mêlés  à  de  nombreux  bancs  d*une  argile 
noirâtre  et  verdatre  qu*on  voit  suitout  le  long  de  la  route  qui 
conduit  de  la  Spezzia  à  la  IVIadonna  di  Buon  Viaggio,  d'où  Ton  des- 
cend dans  la  vallée  de  la  Yara,  près  de  son  confluent  avec  la  Magra. 
Ces  macigno  sont  supérieurs  au  massif  crétacé  de  Yczzano  où  Ton 
a  trouvé  des  Tuni  ii  tes  y  iwoÀs  qui  est  en  dehors  de  notre  ligne  quoi- 
qu'il n'en  soit  pas  très  éloigné. 

Après  avoir  passé  la  première  de  ces  rivières,  c'est-à-dire  la 
Yara,  la  pointe  qui  vient  finir  près  du  confluent  avec  la  Magra, 
et  sur  laquelle  est  le  pays  de  BoUano,  est  composée  de  ces  mêmes 
argiles  noirâtres  inclinées  au  S.-0.  A  la  base  cependant  de  cetlc 
pointe  se  trouve  une  masse  assez  considérable  d'un  dépùt  caillouteux 
horizontal,  qui  correspond  probablement  à  une  formation  récente 
que  nous  aurons  occasion  d'examiner  un  peu  plus  loin.  Ce  dépôt, 
dont  il  y  a  des  traces  aussi  sur  la  gauche  de  la  Magra,  avant  d'en- 
trer dans  les  gorges  de',  San-Stefano,  est  différent  de  la  formation 
miocène  à  lignites,  qui  contient  aussi  beaucoup  de  poudiogues, 
mais  en  bancs  assez  fortement  inclinés,  qui  se  trouve  non  loin  da 
là,  et  s'étend  des  environs  de  Ponzano  jusqu'au  S.  de  Caniparola 
et  Santo-Lazzaro  où  on  exploite  ce  combustible,  dont  les  couches 
s'appuient  sur  les  derniers  bancs,  inclinés  à  peu  près  au  S.-O,,  de 
calcaire  et  de  macigno  éocénique,  dont  est  formée  la  chaîne  de 
Fosclinovo,  qui  est  coupée  presque  perpendiculairement  dans  le 
sens  du  N.-E.  au  S.-O.,  depuis  la  AuUa  jusqu'à  Santo*SteIaiid, 
par  la  vallée  de  la  Magra,  que  nous  remonterons  jusqu'au  premier 
de  ces  deux  pays  pour  examiner  les  couches  qui  composent  celte 
chaîne  qui  forme  comme  un  chaînon  presque  parallèle  à  la  chaîne 
centrale  et  qui  est  dirigé  S.-E.-N.-O. 

(l'est  après  Santo-  Stefano,  quand  on  a  quitté  des  lambeaux  de 
terrain  diluvial  en  couches  horizontales ,  qu'on  enti*e  dans  U 
gorge  assez  resserrée  parcourue  par  la  Magra.  Les  premières  coudies 
sont  des  macigno  schisteux  avec  calcakes  en  bancs  qui  inclinent 
au  S.-O.  A  Isola,  les  macigno  et  les  macigno  schisteux  prennent 
le  dessus  et  ik continuent  quelque  temps  à  ayoir cette  inclinaison; 


IfOTB    DE    M.    PÀRETO.  271 

ils  en  changent  ensuite  et  prennent  une  forme  arquée  inclinant  au 
N.'E.  Dans  la  partie  inférieure  de  ces  couches  il  se  montre  quel- 
ques bancs  de  calcaire  compacte  alternant  avec  des  maci^^no  et  des 
argiles  schisteuses;  puis  on  rencontre  encore  du  maci^^no,  et,  lors- 
qu'on approche  de  la  vallée  de  TAulella  qui  se  jette  dans  la  31a(>ra 
près  du  bourg  de  la  AuUa,  on  a  des  couches  de  calcaire  argilo- 
schistéux  et  une  petite  masse  de  roches  ophiolithiques  au  niveau 
de  cet  affluent  de  la  Magra  dont  nous  quitterons  le  lit  pour  cou- 
daire  notre  coupe,  toujours  dirigée  S.-O.-N.-O.,  sur  la  droite  de 
de  la  Aulella  à  travers  les  basses  collines  qui  s*étendent  entre  le 
pays  de  la  AuUa,  où  au  château  se  trouve  une  masse  considérable 
de  roches  ophiolithiques,  et  les  environs  de  la  ville  de  Fivizzano, 
située  dans  la  vallée  du  ilosaro,  un  des  plus  gros  aiHuenlsde  droite 
de  cette  rivière. 

Ces  collines  terminées  par  un  plan  sensiblement  horizontal  sont 
traversées  par  de  nombreux  ravins,  dont  les  principaux  sont  la  Dor- 
bola  et  FArcinasso  ;  dans  le  bas  on  voit  qu'elles  sont  com|>osées  de 
bancs  très  inclinés  de  calcaires  argileux  à  Fucoides  et  de  quelques 
marnes  et  argiles  éocéniques,  sur  les  tranches  desquels  reposent 
des  couches  horizontales  de  marnes  argileuses  grisâtres  qui  contien- 
nent des  Hclix  qui  conservent  encore  des  traces  de  leur  couleur 
naturelle  ainsi  que  quelques  Paludines.  Ces  argiles  sont  aussi  par- 
fois un  peu  verdâtres  et  (ant  soit  peu  sableuses;  elles  alternent 
d^abord  avec  quelques  lits  de  cailloux  roulés,  etau  milieu  d'elles  on 
voit  des  parties  bitumineuses  qui  passent  à  un  lignite  impur  et 
feuilleté.  Sur  le  haut,  il  y  a  des  bancs  de  cailloux  roulés  et  par- 
dessus tout,  àOlivoIa,  une  couche  d'argile  fangeuse,  espèce  de  lœss, 
dans  laquelle  on  a  trouvé  des  restes  de  vertébrés.  Ces  couches,  qui 
se  prolongent  aussi  au  K.  dans  la  vallée  de  la  Magra  jusc|u'au 
delà  de  Filattiera,  non  loin  de  Pontiemoli,  rendent  très  probable 
l'ancienne  existence  d'un  grand  lac  qui  devait  occuper  le  bassin 
de  la  IMagra,  s'étendant  du  pied  de  la  chaîne  centrale  a  celui  des 
montagnes  assez  élevées  qui  bordent  à  TO.  la  vallée  de  cette 
même  rivière.  Ce  sont  ces  couches  à  lignites  récents,  qui  parais- 
sent analogues,  comme  nous  Tavons  déjà  dit,  aux  terrains  à 
lignites  avec  ossements  que  nous  avons  indiqués  dans  la  vallée  du 
Serchio  non  loin  de  Castelnovo,  de  Garfagnana,  où  ils  occupent 
une  position  qui  paraît  identique. 

Après  avoir  passé  TArcinasso  et  plusieurs  de  ses  petits  affluents, 
en  s'approchant  un  peu  des  collines  plus  élevées  qui  sont  situées 
sur  la  droite  du  Ilosaro  en  arrière  de  Soliera,  on  voit  les  couches 
de  calcaire  argileux,  parfois  contenant  des  Fucoïdes,  passer  sous 


272  SÊAMCK    DU    16   UÉCEUUaS    1801. 

les  lits  de  cailloux  roules  et  crargilcs.  Ces  couches  inclinent  assez 
foi'tciucut  au  S.-O.  et  forment  les  montagnes  plus  basses  qui  de 
Fivizzano  courent  vers  Baslia,  Bagnone  et  Pontremoli,  lesquelles 
se  tenant  au  pied  de  la  chaîne  centrale  devaient  former  les  rives 
orientales  du  lac  dont  nous  avons  parle,  lac  qui  a  laisse  des  traces  de 
son  existence  dans  les  couches  de  marnes  à  Hélix  et  à  Paludiucs, 
ainsi  que  dans  les  bancs  de  cailloux  roulés  et  de  loess  qui  les  accom- 
pagnent. Ces  calcaires  se  montrent  encore  sur  ce  chaînon  qui  se 
trouve  vis-à-vis  de  Fi vizzano  sur  la  droite  du  Rosaro  entre  la  vallée 
de  cette  rivière  et  celle  du  Taverone,  affluent  direct  de  la  Alagra,  et 
qui  va  se  rattacher  à  la  montagne  de  Camporaghcna  ou  Uufanaro 
sur  la  chaîne  centrale  élevée  de  2051  mètres  au-dessus  du  niveau 
de  la  mer,  continuant  à  incliner  vers  le  S.-O.  ou  TO.-S.-O.  On 
chemine  pendant  quelque  temps  sur  ces  couches,  au-dessous  des- 
quelles bientôt,  vers  Botignano,  on  voit  sortir  avec  la  même  Incli- 
naison des  bancs  assez  puissants  de  macigno  solide,  qui  se  trouvent 
aussi  sur  la  grande  route  de  Keggio,  laquelle  suit  la  montagne 
située  sur  la  gauche  du  Rosaro,  et  passent  de  là  vers  les  AIpi  de 
IMoinmio  et  celles  de  Sillano  dans  la  vallée  du  Scrchio. 

Ce  macigno  est  à  son  tour  soutenu  sur  Tune  et  sur  l'autre  rive 
du  Rosaro  par  des  schistes  luisants,  argileux ,  verdâtreset  rougeatres 
qui  appartiennent  probablement  au  galestro  des  Toscans.  Ces 
schistes  rouges  qui  paraissent  cependant  un  peu  plus  talqueux  que 
les  galestro  ordinaires,  se  prolongent  bien  au  delà  de  cette  vallée 
du  Rosaro,  car  on  les  voit  aussi  dans  la  vallée  du  Tavarone  en 
amont  de  Comano,  où  ils  inclinent  encore  au  S.-O. 

C'est  au-dessous  de  ces  sciiistes  que  dans  une  espèce  de  dépres- 
sion se  montrent,  formant  comme  un  noyau  central,  d'abord  des 
calcaires  noirâtres  assez  compactes  qui  sont  bientôt  partiellement 
modifiés  en  gypse.  Ce  gypse  est  accompagné  de  rauchwacke  ou 
cargneule,  et  il  se  présente  d'abord  en  espèces  de  veines  et  en  bancs 
mêlés  et  presque  intercalés  à  ces  calcaires  noirâtres  qui  contiennent 
aussi  des  parties  dolomitiques  ;  la  masse  du  gypse  parait  divisée  en 
lits  assez  minces  presque  ondulés,  qui  est  la  forme  que  devaient 
avoir  aussi  originairement  les  calcaires  postérieurement  modifiés 
qui  se  présentent  sous  la  forme  de  couches  arquées  inclinant  d*iin 
côté  au  S.-O.,  de  l'autre  au  N.-E.,  c'est-à-dire  plongeant  au-dessous 
de  la  chamc  centrale  dont  les  crêtes  de  macigno  s'élèvent  au-dessus 
de  cet  endroit  de  Sassalbo  et  du  Bolro  dello  Spedolaccio.  Je  pense 
que  ce  calcaire  appartient  à  cette  section  de  calcaires  secondaires 
que  iM .  Meneghini  classifie  comme  néoc(5miens  et  que  je  consi- 
dère encore  comme  jurassiques,  mais  dont  la  détermination  locale 


NOTE    DR    M.    PARBTO.  273 

est  assez  illflicile,  car  jusqu'à  présent  dans  celte  localité  de  Sas- 
salbo  on  n'a  pas  trouvé,  que  je  saolie,  de  corps  organisés, 

A  côté  de  ce  massif  de  gypse  il  y  a  un  amas  de  décombres  au 
milieu  desqueb  j'ai  trouvé  de  nombreux  fragments  d'un  schiste 
talqueux  verdâtre,  qui  passe  presque  à  une  espèce  de  gneiss  et  qui 
contient  de  l'épidote  et  peut-être  de  la  tourmaline.  On  ne  voit  pas 
bien  quelle  est  la  position  du  banc  d'où  ces  fragments  proviennent  ; 
mais  probablement  ils  appartiennent  à  quelque  portion  des  schistes 
▼erti  et  rouges  qu'en  remontant  le  ravin  on  voit  de  nouveau,  mais 
dans  un  sens  contraire,  s'appuyer  sur  le  gypse  et  le  calcaire  modi- 
fie et  plonger  inclinant  au  N.-E.  sous  le  macigno  de  la  chaîne  cen- 
trale. H.  Savi  a  indiqué  jadis  dans  cette  localité  l'existence  d'une 
mine  de  fer  ;  c'est  un  petit  filon  de  fer  oligiste  micacé,  qui  serpente 
pour  ainsi  dire  au  milieu  de  ces  schistes  talqueux  qui  contiennent 
aussi  de  petits  cristaux  disséminés  de  ce  même  métal.  Il  y  a  aussi 
dans  les  schistes  it)uges  de  ces  environs,  dont  les  schistes  talqueux 
▼erditres  font  probablement  partie,  des  traces  assez  nombreuses 
de  cuivre,  comme  au  Botro  del  Moco  vers  Camporaghena,  où  con- 
tinuent ces  schistes  rouges  qui  se  prolongent  encore  bien  au  M.-O. 
au  pied  de  la  chaîne  centrale,  et  sous  lesquels  on  voit  encore  du 
gypse  àTorsana,  comme  il  y  en  a  encore  plus  au  JN.  en  amont  de 
Bagnone.  La  ligne  qui  réunit  ces  amas  de  gypse  court  à  peu  près 
N.-O.-S.-E.  ou  un  peu  plus  W.-N.-O.  S.-S.-E,,  et  si  on  la  prolonge 
vers  le  sud  elle  va  passer  non  loin  des  amas  de  gypse  de  Soraggio 
dans  la  vallée  du  Serchio.  Cette  ligne  est  très  remarquable,  puis- 
qu'on peut  la  regarder  connue  l'axe  anticlinal  de  cette  partie  de 
l'Apennin  ;  car  d'un  côté  de  cette  même  ligne  les  couches  inclinent 
au  S.-O.,  de  Tautre  vers  le  M.-E.,  et  c'est  aussi  à  peu  près  selon 
cette  ligne  que  marche  la  crête  de  la  chaîne  centrale  depuis  le 
Monte  Orsajo  à  la  tète  de  la  vallée  de  la  IMagra  jusque  et  au  delà 
des  montagnes  de  San-Pellegrino  dans  la  vallée  du  Serchio.  Les 
traces  de  filons  métalliques  et  les  modifications  que  paraissent 
avoir  subies  les  schistes  argileux  ou  galcslro  sont  aussi  un  indice 
probable  que  c'est  le  long  de  cette  ligne  que  se  trouve  l'axe  de 
soulèvement  de  ces  montagnes,  soulèvement  qui  pourrait  bien 
avoir  aussi  quelque  corrélation  avec  celui  des  Alpes  apuenncs  et 
qui  est  un  peu  différent  de  celui  des  autres  parties  de  TApennin, 
cette  direction  de  S.-E.-N.-O.  étant  une  moyenne  des  lignes 
S--S.-E.-N.-N.-0.  des  Alpes  apuennes  rt  E.-S.-E.-O.-N.-O.  des 
autres  parties  plus  septentrionales  de  l'Apennin. 

Tout  autour  de  ce  massif  de  gypse  de  Sassalbo,  qui  a  une  forme 
presque  elliptique,  se  présente  le  macigno  tant  au  N.  qu*au  S.,  du 
Sœ.  géoL ,  V  série ,  tome  XIX.  1 8 


27A  SfiANCK    DU    1(3    DÉCBMBHE    l8(3l. 

manière  qu'on  dirait  que  le  calcaire  et  ses  modifications  occupent  le 
centre  d'une  boutonnière  ouverte  dans  le  (jalestro  et  le  macigno  ; 
en  effet,  si  au  Heu  d'arriver  au  col  de  Sassalbo  ou  du  Spedalaccio 
par  le  Botro  de  ce  nom,  on  y  arrive  par  la  grande  route  qui  se 
tient  assez  baut  sur  la  gauche  de  ce  ravin,  on  ne  parcourt  que  du 
macigno  qu^ou  a  sur  sa  droite,  tandis  que  dans  le  bas  et  là  où  l'on 
pénètre  dans  les  gorges  de  quelque  vallon  latéral  on  touche  à 
peine  le  schiste  rouge  et  le  calcaire  inférieur. 

Au  col  du  Spedalaccio,  c'est-à-dire  à  la  tête  du  ravin  de  ce 
nom,  il  parait  qu'il  y  a  le  schiste  talqueux,  modification  du  gales- 
tro,  tandis  que  sur  la  route,  au  col  de  Sassalbo,  il  y  a  un  lambeau 
de  calcaire  avec  gypse,  mais  qui  probablement  est  différent  de 
celui  qui  est  dans  la  vallée,  ce  calcaire  étant  plus  argileux  et  assez 
analogue  à  celui  qui,  plus  bas,  dans  le  versant  de  la  Secchia,  est 
évidemment  superposé  au  macigno.  Si  cela  est,  comme  nous  le 
supposons,  le  macigno  serait  représenté  près  du  col  par  les  masses 
de  cette  roche  qu'on  rencontre  un  peu  eu  avant  du  sommet  et  qui 
lieraient  les  deux  massifs  plus  considérables  de  macigno  du  Bufa- 
naro  à  la  gauche  et  de  l'Alpe  de  Mommio  à  droite  de  la  route, 
pour  ceux  qui  viennent  de  la  vallée  de  la  IVlagra. 

En  descendant  vers  Piagneto  et  un  peu  après  cet  endroit,  on 
chemine  jusque  vis-à-vis  de  Cereto,  qui  est  sur  la  droite  de  la 
Secchia,  au  milieu  de  marnes  et  de  calcaires  argileux  noirâtres 
éocéniques,  qui  reposent  évidemment  en  couches  ondulées  sur  des 
bancs  de  macigno,  qui  sont  dans  le  fond  de  la  vallée  et  qui,  par 
la  convexité  de  leur  courbure,  montent  jusqu'au  haut  de  la  i'oute« 
lorsqu'on  commence  à  prendre  la  descente,  à  la  moitié  de  laquelle 
à  peu  près  se  trouve  l'auberge  de  la  Gercta.  Ce  macigno  est  d'une 
couleur  vert  noirâtre,  et  en  quelques  points  il  prend  l'aspect  d^un 
véritable  poudingue  à  grains  de  médiocre  grosseur.  On  le  suit  pres- 
que jusqu'au  fond  d'un  ravin  assez  considérable  qui  vient  de  1*0., 
et  là  on  voit  parfaitement  la  superposition,  au-dessus  du  macigno, 
d'une  grande  masse  d'argiles  verdâtres  et  noirâtres,  avec  de  larges 
taches  rouges  et  avec  des  fragments  calcaires  ou  des  bancs  frag- 
mentaires, qui  sont  identiques  avec  les  ar^Ule  scagUose^  que  nous 
avons  rencontrées  dans  le  pays  de  Bologne  et  dans  celui  de  Âlodène. 
Au  milieu  de  ces  argiles  il  y  a  des  parties  qui  forment  comme  des 
espèces  de  dykes  ou  de  colonnes  qui  ont  été  métamorphosés  en 
gypse  saccharoïde.  Ces  gypses  sont  accompagnés  d'une  très  grande 
quantité  de  cargneule  et  ils  forment  comme  des  amas  columnairet 
qui  s'élèvent  au  fond  de  la  vallée  jusqu'à  une  hauteur  assez  consi- 
dérable sur  les  flancs  de  la  montagne  ;  il  y  a  un  amas  de  ces  gJpKS 


nOTB    DB    M.    PARBTO*  275 

avant  le  pays  de  Culagna,  et  un  autre  bien  plus  considérable 
eucore  vers  Acquabona  où  on  le  voit  s'élever  très  haut  sur  la 
inoutagne  à  l'O.  de  la  route;  quoique,  en  général,  ce  gypse  soit 
saccharolde,  cependant  en  quelques  points  il  est  en  larges  cristaux. 
Par  sa  forme  irrégulière,  par  les  nombreuses  masses  de  Rauchkalk 
qui  raccompagnent,  on  voit  assez  clairement  qu'il  est  dû  à  uue 
épigénie  des  marnes  et  des  calcaires  au  milieu  desquels  il  se  trouve, 
et  dont  les  couches,  qui  paraissaient  d'abord  incliner  vers  le  JN.  ou 
le  N.-E.i  inclinent  ensuite  au  S.  ou  au  S.-O.  à  Tapprodie  d'un 
maisif  de  macigno  qui  se  redresse  en  couches  presque  verticales 
entre  Bussana  et  Gervarezza  sur  la  gauche  de  la  route.  Ce  macigno 
eit  tanlAt  verdâtre,  tantôt  presque  noir  et  micacé,  et  il  contient  de 
DOUibreux  fragments  de  quartz  hyalin  et  de  schiste  talqueux  \  on 
dirait  presque  que  cf'est  un  poudingue  à  petits  grains.  Si  de  cet 
endroit  de  Bussana  ou  de  Gervarezza  on  regarde  vers  TE.,  on  voit 
devant  soi  des  énonnes  masses  Xargille  scagiiose  et  de  calcaires 
fragmentaires,  avec  des  amas  très  nombreux  de  gypse  qui  semblent 
accompagner  au  loin  le  cours  de  la  Secchia  qui  tourne  vers  le 
N.-E. ,  et  donnent,  par  leur  nudité  et  par  les  tons  bigarrés  et  obscurs 
de  leurs  couleurs,  ainsi  que  par  les  nombreux  ravins  dont  les  col- 
lines qu'elles  constituent  sont  sillonnées,  un  aspect  de  désolation 
qui  s'étend  fort  loin,  à  la  partie  de  la  vallée  de  cette  rivière  qui 
arrive  jusqu'aux  parages  de  Geredoio,  où  a  lieu  son  confluent  avec 
le  Dragone  et  un  peu  au*dessous  vers  l'endroit  où  la  Tossana  qui 
descend  de  Paulo  vient  encore  la  grossir  de  ses  eaux  ;  de  manière 
que  l'on  voit  clairement  que  ces  argiUe  scagiiose  vont  se  réunir  et 
former  une  zone  presque  continue  avec  celles  que  nous  avons 
observées  sur  la  route  de  Paulo  et  dans  la  vallée  du  Panaro  vers 
Festà,  où  le  pays  présente  un  semblable  aspect  de  désolation. 

Après  Gervarezza,  où  l'on  quitte  de  nouveau  le  macigno,  la 
route  se  tient  pendant  quelque  temps  sur  la  crête  du  contre-fort 
qui  est  entre  la  vallée  de  la  Secchia  et  celle  de  l'Ënza,  et  Ton  con- 
tinue à  parcourir  la  formation  des  argille  scagiiose  éocéniqucs 
avec  bancs  de  calcaire  compacte  de  différentes  couleurs  que  l'on 
voit  s'étendre  très  loin  à  l'E.  et  à  l'O.  de  ce  contre-fort,  c'est-à- 
dire  aussi  vers  la  vallée  de  l'Enza.  A  Montefiorino  ces  calcaires 
font  traversés  par  une  masse  de  serpentine  qui  n'est  pas  bien  con- 
sidérable. Plus  loin,  c'est-à-dire  une  demi-heure  avant  Gastelnovo 
de  Monti,  à  l'endroit  dit  Monte,  on  rencontre  enfin  une  espèce  de 
poudingue  de  couleur  foncée,  qui  appparlientà  la  partie  inférieure 
des  terrains  miocènes.  Ce  poudingue  est  surmonté  de  marnes  et  de 
mollasses  de  couleur  jaunâtre  grise,  qui  appartiennent  aussi  à  celte 


27ô  SÊÀNCK    DU    10    DÉCKMBRB    1861. 

fonuation,  laquelle  présente  ici  ses  cscarpcincnts  tournés  â  peu 
près  vers  le  S. ,  et  a  par  conséquent  ses  couches  inclinées  vers  le 
N.  ou  le  N.-N.-E.  C'est  au  terrain  miocène  et  pailiculièrement 
aux  mollasses  qu'appartient  le  remarquable  rocher  qu'on  appelle 
Bismantova  près  de  Castelnovo,  coupé  â  pic  de  tous  oôtës  et  qui 
forme  une  espèce  de  table  trapézoïdale,  un  peu  inclinée  vers  le 
N.y  sui'plombant  les  flancs  constitués  par  des  roches  plus  décom- 
posables. 

De  cet  endroit  de  Castelnovo  de  iMonti  le  terrain  miocène  prend 
le  dessus,  et  on  le  voit  s'étendre  à  TE.  sur  la  crête  du  contre*fort 
qui  sépare  la  vallée  de  la  Secchia  de  celle  de  Tresinaro,  vers  Car- 
pineti,  et  à  l'O.  dans  la  vallée  de  l'Ehza,  qu'il  traverse  pour  courir 
ensuite  vers  la  vallée  de  la  Parma. 

Mais  malgré  la  prépondérance  des  terrains  miocènes  depuis 
Castelnovo  vei*s  la  plaine,  on  ne  laisse  pas  cependant  plus  d'une 
fois  de  rencontrer  les  roches  éocéniques  qui,  particulièrement 
dans  le  fond  des  vallées,  viennent  poindre  sous  les  mpUasses  et  for- 
ment, comme  autant  d'axes  de  soulèvement,  des  chaînons  partiels 
et  presque  parallèles  à  la  chaîne  cenlrale,  puisqu'à  leur  rencontre 
on  voit  les  mollasses  incliner,  d'un  côté  au  S.,  de  l'autre  au  N.  de 
ces  mêmes  Ilots  ou  zones  à\tr^ille  scagUose,  Cela  se  voit  parfaite** 
ment  à  Vendroit  dit  Crocc  di  Teglio^  et  ensuite  sous  Sarzanç  à  la 
tête  de  la  vallée  du  Crestolo,  où  la  marne  éocène  soutient  des 
bancs  arqués  de  poudingue,  de  marne  et  de  mollasse  qui  s'élè- 
vent assez  haut.  Même  dans  ce  dernier  endroit  l'aspect  des 
marnes  et  des  mollasses  jaunâtres  supérieures  est  tel  qu'on  peut 
douter  qu'on  ait  ici  un  lambeau  de  terrain  pliocène;  en  effet 
on  peut  croire  qu'on  est  ici  (comme  il  paraît  qu'on  y  est  réelle- 
ment] sous  le  parallèle  ù  peu  près  de  San-Yalentino  dans  la  vallée 
de  Tresinaro  où,  au-dessus  des  véritables  mollasses  miocènes  de 
Montebabbio  et  de  Rondinara,  on  a  ensuite  des  marnes  bleues  du 
pliocène  inférieur  assez  riches  en  fossiles,  et  par-dessus,  au  château, 
dessables  jaunes  également  riches  en  fossiles  pliocènes  qui,  quoi- 
que paraissant  en  couches  horizontales,  inclinent  d'abord  un  peu 
vers  le  S.,  puis  se  relèvent  inclinant  vers  le  N.  et  s'appuyant  sur 
la  mollasse  miocène  de  la  cliatne  qui  va  de  Castellarano  dans  la 
vallée  de  la  Secchia  à  CarpineCi,  sur  le  haut  de  la  vallée  du  Tresi- 
naro, disposition  de  couches  qui  se  reproduit  dans  le  voisinage  de 
Sarzano,  où  à  la  vérité  je  n'ai  pas  reconnu  les  fossiles,  mais  où  les 
couches  par  leur  aspect  et  par  leur  position  ont  une  ressemblance 
remarquable  avec  celles  de  San- Valentino. 

Plus  loin  que  Sarzano,  en  descendant  vers  un  endroit  appelé  le 


NOTE    DE    U.    PàRETO.  277 

Crocicchio,  on  a  d'un  côté  les  couches  de  marnes  et  de  sables  ou 
mollasses  inclinant  au  S.,  et  de  l'auU'e,  en  remontant  le  côté  qu'on 
trouve  après  cette  localité,  ces  mêmes  couches  inclinant  au  N.  Ce 
même  fait  se  reproduit  encore  plus  loin  à  la  dernière  descente  de 
la  route,  lorsque,  après  avoir  parcouru  les  hauteurs  toutes  formées 
par  des  mollasses  et  des  roches  arénacées  qui  ressemblent  à  un 
poudingue  et  qui  appartiennent  au  miocène,  on  arrive  près  de 
Pecorile  dans  la  vallée  du  Gampola,  affluent  du  Grostolo.  Ici  les 
couches  de  mollasse  et  de  marne  inclinent  d'un  côté  vers  le  S., 
c'est-à-dire  qu'elles  plongent  du  côté  de  la  chaîne  centrale  ;  on 
voit  ensuite  assez  tôt  la  raison  de  cette  inclinaison  dans  une  masse 
très  considérable  à  couches  fragmentaires  ou  arquées  d*argiiie  sca- 
gii'ose  qui  viennent  traverser  de  VO.  à  TE.  la  vallée  et  qui  semblent 
elles-mêmes  dans  un  endroit  percées  par  un  massif  de  roches 
ophiolithiques  qui  n'est  pas  cependant  bien  considérable.  Cette  zone 
éocène  est  la  dernière  qu'on  rencontre  en  allant  vers  la  plaine,  et 
elle  est  la  continuation  des  remarquables  collines  qui  sont  au  midi 
de  Scandiano  au  castel  del  Gesso  et  à  la  Cà  del  Tento,  qui  sont 
elles-mêmes  la  continuation  de  celles  des  environs  de  Sassuolo, 
et  plus  loin  de  celles  du  voisinage  de  Bologne;  la  constitution  en 
est  absolument  la  même  ;  c'est  une  masse  énorme  de  boue,  pour  ainsi 
dire  endurcie,  de  diverses  couleurs,  vert,  rouge,  noir,  contenant 
de  très  nombreuses  écailles  ou  fragments  de  calcaire  compacte  et  à 
FnccSdesde  diverses  couleui*s  et  enduit  d'un  vernis  parfois  luisant, 
verdâtre  ou  noirâtre;  des  fragments  de  macigno  assez  souvent  un 
peu  micacé,  du  manganèse,  du  fer  à  différents  états,  et  parfois 
da  cuivre  s'y  montrent  répandus  çà  et  là  ainsi  que  de  la  baryte 
sulfatée,  des  pyrites  et  des  cristaux  isolés  de  gypse  ;  quelquefois 
même  le  gypse  forme  comme  une  partie  de  la  masse,  et  on  voit 
que  c'est  au  métamorphisme  des  calcaires  qu'on  le  doit;  en  effet, 
il  ne  forme  pas  des  couches,  mais  des  amas  irréguliers  accompa- 
gnés d'une  grande  quantité  de  cargneule  et  contenant  très  souvent 
des  rognons  de  soufre,  tandis  que  d'autres  gypses  également  du 
pied  des  Apennins  sont  disposés  en  couches  régulières  alternant 
avec  des  marnes  souvent  remplies,  comme  les  gypses  eux-mêmes, 
de  restes  de  corps  organisés,  ce  qui  indique  que  ces  couches  sont 
probablement  dues  à  des  dépôts  lents  causés  par  des  sources  char- 
gées de  chaux  sulfatée. 

Ordinairement  lorsque  le  gypse  est  stratifié,  il  est  accompagné 
par  des  bancs  considérables  de  cailloux  roulés  et  de  sables  jau- 
nâtres ou  gris ,  au  milieu  desquels  il  y  a  aussi  des  marnes  qui 
contiennent  souvent  des  feuilles,  des  coquilles  lacustres  ou  flu- 


278  8ÉÀNCJI    DU    16    DÉCMBIB    1861. 

viatiles  ou  des  coquilles  d'eau  saumâtre  comme  dans  les  environs 
de  1  ortone,  à  Guarene  près  d'Aiba,  k  Slradella,  etc.  Alors  il  semble 
appartenir  à  une  époque  plus  récente,  car  il  est  au  milieu  de  tei^- 
rains  que,  selon  moi,  on  doit  rapporter  à  la  partie  inférieure  du 
terrain  pliocène,  ou  à  cette  réunion  de  bancs  fossilifères  dans  les- 
quels se  trouvent  mélangées  des  coquilles  de  l'époque  miocène  et 
de  l'époque  pliocène.  Il  se  pourrait  cependant  que  le  métamor- 
phisme du  calcaire  éocène  en  gypse  ait  eu  lieu  à  la  même  époque 
que  le  dépôt  de  la  chaux  sulfatée  stratifiée  ;  la  cause  qui  produisait 
le  métamorphisme  pouvait  en  même  temps  saturer  des  80uh:ta  de 
cette  même  substance,  et  Ton  pourrait  dire  qu'on  n'a  dans  ces  lo- 
calités que  du  gypse  de  la  même  époque,  pliocène  inférieur,  mais 
dans  un  endroit  lËormé  par  une  épigénie  du  calcaire  préexistant, 
dans  d'auti'es  déposé  par  des  sources  au  milieu  du  terrain  pliocène 
inférieur  lorsqu'il  se  formait. 

Le  gypse  de  la  première  catégorie,  c'estrà-dire  métamorphique, 
se  montre  beaucoup  dans  ces  environs  de  Scandiano  aux  Fornetti 
au  castel  del  Gesso,  et  c'est  non  loin  de  lui  qu'au  milieu  des  or- 
giiie  scagliose  se  trouvent  les  deux  salze  d'Iano  et  de  Querxola. 
Aux  Fornetti  aussi  on  exploitait  jadis  une  mine  de  soufre  située 
à  très  peu  de  distance  de  la  masse  de  gypse,  qui  est  toujours  Tobjet 
d'une  exploitation  très  active. 

On  trauve  même  un  massif  de  gypse,  que  je  crois  appartenir  à 
cette  première  catégorie,  très  près  de  la  coupe  que  nous  teiMiis 
de  faire,  à  Vezzano  ou  au  Monte  del  Gesso,  entre  le  Grostolo  et  la 
Campola,  et  je  crois  pourtant  qu  il  est  ici  au-dessous  des  terrûns 
miocènes,  qui  sont  très  développés,  comme  nous  l'avons  déjà  indi- 
qué, dans  la  vallée  du  Tresinaro,  où  au-dessus  des  véritables  ter- 
rains miocènes,  mollasses,  sables  serpentineux  et  de  quelques  traces 
de  lignite,  il  y  a  aussi  entre  ces  mollasses  et  les  terrains  pliocèoes 
de  San-Valentino  des  couches  d'eau  douce  de  la  partie  inférieure 
pliocène,  puisque  non  loin  de  Rondinara  j'ai  rencontré  dans  une 
espèce  de  marne  des  Mélanopsides  et  desMélanies  absolument  iden- 
tiques avec  celles  qui  accompagnent  dans  le  Tortonais  lei  couches 
d'eau  douce  qui  alternent  vers  Gavazzana  et  Santa-Agata  avec  la 
partie  inférieure  des  couches  marines  pliocènes  (ou  plutôt  mélan- 
gées de  fossUes  pliocènes  et  miocènes]  ou  du  lerrain  torlonitn, 
comme  Ta  appelé  M.  Mayer(de  Zurich). 

Mais  en  retournant  à  notre  coupe  lorsque  Ton  continue  à  inar- 
dier  dans  la  vallée  de  la  Campola  on  voit,  après  avoir  passé  le  ma»- 
sif  serpentineux  qui  perce  au  milieu  des  argilie  scagiiose^  qae  les 
couches  plongent  au  N.  ou  au  N.-N-E.  et  qu'elles  sont  niiTits 


NOTB  DB  M.  PARBTO.  271) 

d'un  peu  de  mollasse  et  puis  par  les  marnes  subapenuines  bien 
caractérisées  auxquelles  succèdent  les  sables  jaunes,  et  de  plus  le 
terrain  rouge  caillouteux  diluvial  qui  occupe  les  pentes  des  der* 
uières  collines  et  une  partie  de  la  plaine  après  Pajanello  pour  aller 
vers  Kcggio. 

J'aurais  souhaité  joindre  aux  coupes  que  je  viens  de  décrire  une 
autre  coupe  qui  de  la  vallée  de  la  Magra  vint  finir  vers  Parme,  en 
se  tenant  entie  la  Baganza,  affluent  de  la  Parma,  et  le  Taro;  mais 
comme  cette  coupe  serait  presque  une  répétition  absolue  de  celles 
que  nous  venons  d'esquisser,  car  on  ne  rencontre,  à  quelques  modifi- 
cations près,  que  les  mêmes  terrains,  je  préfère  en  venir  à  une  autre 
section  plus  occidentale.  Je  noterai  néanmoins  que  sur  le  contre-fort 
qui  va  du  col  de  la  Cèsa  vera  Fornovo,  en  se  tenant  entre  la  Baganza 
et  le  Taro,  les  formations  serpentineuses  avec  les  gabbro  et  les 
jaspes  sont  assez  fréquentes,  et,  quant  aux  terrains  sédimentaires, 
ils  présentent  quelque  différence,  car  on  retrouve,  par  exemple, 
près  de  Cassi,  au-dessous  d'une  masse  de  calcaire  argileux  à  Fucoïdes 
éocène,  quelques  bancs  assez  singuliers  de  poudingue,  qui  font  par- 
tie de  la  formation,  contenant  de  très  nombreux  cailloux  d'un 
granité  blanc  grisâtre  avec  très  beau  mica  noir,  granité  dont  on 
n*a  presque  aucun  exemple  de  masses  en  place  dans  cette  partie  de 
l'Apennin  et  qui  ne  ressemble  qu'aux  gros  blocs  de  granité  des 
brèches,  ou  roches  d'emballage,  qui  accompagnent  les  serpentines 
de  ces  parages,  blocs  dont  au  reste  on  ne  saurait  donner  une  ex- 
plication plausible,  si  ce  n'est  en  disant  qu'ils  ont  été  détachés  de 
quelque  masse  granitique  subjacente  et  cachée,  et  qu'ils  ont  été 
portés  au  jour  par  l'éruption  des  roches  serpentineuses. 

La  section  que  je  fais  suivre  (fig.  6.)  part  du  iMontc  dePortofino, 
aux  environs  et  ùl  de  Test  de  Gènes,  et  arrive  à  la  plaine  lombarde 
en  suivant  la  vallée  de  la  Mura.  Cette  section  coupe  l'Apennin 
dans  des  points  où  dominent  encore  les  directions  O.-N.-O. 
E.-S.-E.,  tandis  qu'en  «'approchant  un  peu  plus  de  Gènes  on  voit 
régner  davantage  les  directions  S.-S.-O.  N.-N.-E.  qui  sont  ap- 
proximativcmeut  celles  des  Alpes  occidentales. 

Le  cap  pittoresque  qu'on  voit  surgir  abruptement  de  la  mer 
à  12  milles  à  peu  près  à  TE.  de  Gênes,  et  s'élever  ù  la  hauteur 
de  588  mètres,  se  nomme  le  Monte  di  Portofino.  11  est  composé 
à  sa  partie  méridionale  et  à  sousonuuet  par  des  bancs  énormes,  assez 
inclinés,  de  poudingue  ou  nagelflue  contenant  des  cailloux  roulés, 
de  diverses  dimensions,  de  calcaire  àFuco'ides,  de  roches  serpen* 
tineuscs,  gabbro,  grunstein,  jaspes,  de  roches  de  quartz,  d'anagéni- 
tes  et  de  schistes  du  verrucano,  de  calcaires  compactes  jurassiquesp 


280  SÉANCE    1)U    IG    DÉCEMBRE    1861. 

de  quelques  poipliyres,  et  appartient  au  terrain  miocène  inférieur. 
Au-dessous  de  ce  terrain  miocène  on  voit,  en  bancs  très  inclinés 
vers  le  sud  et  très  tourmentés,  du  calcaire  ai'gileux,  compacte,  assez 
souvent  traversé  de  veines  spathiques  appartenant  à  la  formation 
éocène  et  qui  contient  sur  la  crête  de  Ruta  d'assez  nombreux 
Fucoîdes.  Ce  calcaire  se  poursuit  sur  cette  même  crête  en  allant 
vers  la  M  adonna  di  Caravaggio  et  Montebello,  ainsi  que  dans  la 
vallée  du  Fiume  di  Recco  qui  court  à  la  partie  occidentale  de  ce 
contre-fort,  et  où  on  le  voit  toujours  incliné  vers  le  S.-S.-O. ,  incli- 
naison qu'il  conserve  dans  une  grande  partie  de  la  petite  chaîne 
côtière  qui  va  de  Rapallo  à  Cbiavari,  ainsi  que  dans  la  plupart 
des  montagnes  qui  vont  à  TO.  de  Recco  vers  Nervi.  Dans  cette 
vallée  de  Recco,  en  avançant  vers  le  N. ,  on  voit  poindre  au-dessous 
de  ce  calcaire  un  autre  calcaire  schisto -argileux,  qui  s'exploite 
comme  ardoise  et  qui  est  la  continuation  des  fameux  schistes  cal- 
caires éocéniques  de  Lavagna  qui  servent  à  couvrir  les  toits  à 
(rênes  et  dans  presque  toute  la  Ligurie,  et  qu'on  nomme  lavagnc^ 
du  pays  où  se  fait  leur  principale  exploitation.  Or,  on  voit  ces 
lava^ne  ou  ardoises  au  Ponte  del  Salio  et  dans  la  montée  de  la 
Spinarola  qu'on  parcourt  pour  traverser  le  petit  contre- fort 
presque  parallèle  à  la  chaîne  centrale,  lequel  sépare  de  la  mer  la 
vallée  longitudinale  de  la  Lavagna  ou  Fiume  di  Chiavari, 

An  sommet  de  la  Spinarola  et  à  la  descente  vers  la  Fontana* 
bona,  ou  vallée  de  la  Lavagna,  sons  une  première  niasse  d'ardoise, 
on  voit  un  banc  assez  considérable  d'une  argile  brune  noirâtre, 
qui  fait  bien  partie  de  la  formation  du  macigno;  cette  argile  al- 
terne encore  avec  des  calcaires  compactes  et  des  calcaires  schisteux, 
et  parfois  elle  en  contient  d'énormes  noyaux  ou  amas  qui  sont 
comme  noyés  dans  sa  pâte. 

La  vallée  de  la  Lavagna,  qui  va  déboucher  vers  Ghiavari,  court 
à  peu  près  de  l'O.-N.-O.  à  TË.-S  -Ë.  Elle  est  élevée  à  peu  près  i 
la  moitié  de  son  coui*s,  à  Fendroit  dit  Ferrada,  de  126  mètres  au- 
dessus  du  niveau  de  la  mer,  tandis  que  la  chaîne  centrale,  qui  est 
au  N.  et  qui  lui  est  parallèle,  atteint  dans  plusieurs  points,  à  la  Punta 
fil  Lavagnoia  1091  mètres,  à  Monte  di  Àcqvuipendente  1252,  et  la 
chaîne  côtière  qui  sépare  cette  vallée  de  la  mer  a  au  Monte  Bado 
91U  et  au  Monte  Orenso  698  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la 
Méditerranée. 

On  commence  à  gravir  la  chaîne  centrale  peu  après  Gicagna  et 
Orero,  et  dans  la  montée,  lorsqu'on  laisse  les  parties  basses  de  la 
vallée,  on  trouve  d'abord  de  l'argile  brune  avec  des  noyaux  cal- 
caires comme  il  y  en  avait  sur  la  dmite  de  la  rivière.  Peu  après, 


NOTB    DB    M.    PARBTO.  281 

dans  ces  argiles  il  y  a  des  amas  de  inacigno  et  ensuite  des  bancs 
alternatifs  de  ce  nicnie  maci(^no  gris  un  peu  micacé,  qui  incline 
pendant  un  certain  temps  au  S.-S.-O.  Plus  haut,  lorsqu'on  arrive 
au  faîte  de  la  chaîne  et  au  Monte  di  Licciorno  qui  atteint 
13/i9  mètres  d'élévation,  on  a  du  macigno  plus  dur,  grisâtre,  al- 
ternant avec  quelques  minces  lits  d'argile,  qui  se  présente  d'abord 
en  couches  très  inclinées  au  S.-S.-O. ,  puis  verticales,  ensuite 
inclinées  vers  le  N.-O.,  le  N.  et  le  N.-N.-£.  Ces  variations  dans 
l'inclinaison  des  couches  sont  pix>bablement  produites  par  les 
contours  irréguliers  d'une  grande  traînée  de  roches  serpentineuses 
qui  M  tient  non  loin  de  ces  parages  et  qui,  partant  des  bords  de 
la  Méditerranée  près  de  Levanto  et  se  dirigeant  à  peu  près  du  S.-E. 
au  N.-O.,  vient  couper  obliquement  la  chaîne  centrale  vers  Bor* 
zonasca  et  Santo-Stefano  d'Avcto. 

Lorsqu'on  descend  ensuite  sur  le  versant  N.  de  la  chaîne  qui 
envoie  ses  eaux  dans  l'A  veto,  affluent  de  la  Trebbia,  on  voit  succé- 
der supérieurement  au  macigno  des  calcaires  schisteux  ou  Invagne 
et  puis  encore  des  argiles  avec  calcaires  compactes  qui,  jusqu'au- 
près du  hameau  des  Cabanne  d^Aveto,  se  présentent  avec  des  incli- 
naisons vers  le  M.  ou  le  N.-N.-Ë.  Plus  au  N.  ensuite  que  ce  der- 
nier hameau,  les  couches  de  ces  mêmes  schistes  calcaires  inclinent 
au  S.-S.-O.  La  cause  de  cette  variation  peut  se  reconnaître  dans 
un  massif  de  roches  serpentineuses  qui  se  rencontre  bientôt  et  qui 
traverse  l'Aveto.  Ce  massif  qui  couit  à  peu  près  S.-E.  N.-O.  est 
principalement  composé  de  serpentine  verte  diallagique;  mais  il 
est  accompagné  aussi  de  certains  grttnstvin  variolitiques  et  de  ces 
i*emarquable8  brèches  serpentineuses  qui  se  présentent  en  très 
grandes  masses  dans  toutes  les  montagnes  de  ces  environs. 

Probablement  la  plus  grande  partie  de  ces  conglomérats  ou 
brèches,  qui  contiennent  un  grand  nombre  de  fragments  arrondis 
de  roches  de  différente  nature  et  plus  particulièrement  calcaires, 
sont  de  véritables  roches  d'emballage  produites  par  l'action  méca- 
nique de  la  seipentine,  lors  de  sa  sortie,  sur  les  bancs  environ- 
nants; mais  il  peut  y  en  avoir  quelques  bancs,  auxquels  on  doit 
attribuer  une  autre  origine  ;  en  effet,  souvent  parmi  les  bancs  schis- 
teux et  calcaires  des  formations  éocènes,  que  nous  parcourons  dans 
ces  localités,  on  en  trouve  de  composés  d'un  schiste  semi-argileux 
qui  contient  de  très  nombreux  nodules,  un  peu  arrondis,  de  cal- 
caire compacte,  généralement  noirâtre  et  parfois  un  peu  siliceux, 
qui  se  fondent  dans  la  pâte  du  schiste.  Or,  il  se  pourrait  qu'une 
partie  des  conglomérats  qui  avoisinent  ces  serpentiues  et  qui,  à  la 
structure  près  de  la  pâte  et  des  nodules,  ont  cette  apparence,  ne 


282  SÉANCB    DU    16    DfiCBMBRB    1861. 

fussent  réellemeut  que  ces  bancs  nodulcnx  métamorphosés  par  ia 
serpentine  même  ;  car  orclinaircnient  beaucoup  do  ces  brèches, 
qui  parfois  paraissent  stratifiées,  ne  sont  formées  que  de  nodules 
calcaires  siliceux,  verddtrcs,  un  peu  subgrenus  ou  compactes, 
noyés  dans  une  pâte  de  jaspe  ou  de  schiste  argileux  rougeatre  qui 
passe  au  jaspe,  modifications  que  la  serpentine  a  presque  toujours 
produites  plus  ou  moins  puissamment  dans  les  ualcairet  et  les 
schistes  qui  Tavoisineot. 

Plus  loin  que  ces  marnes  serpentineuses  qui  occupent  le  défilé 
qu'on  appelle  Mazappello^  où  le  lit  de  la  rivière  d'Aveto  est  élevé 
de  8i  3  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  on  retrouve  de  nou- 
veau, en  bancs  très  contournés  et  repliés  sur  eux-mêmes,  les  schistes, 
les  calcaires  compactes  et  schisteux  ardoisiers  inclinant  encore  nu 
N.-N.-Ë. ,  et  puis,  près  de  Rosagni  jusqu'à  Santo^Stefano  d'Aveto 
inclinant  encore  au  S.-S.-O.,  comme  Targile  brune  avec  quelque 
peu  de  macigno,  qui  est  près  de  ce  pays;  ces  couches  s'appuient  sur 
les  énormes  masses  de  brèches  serpentineuses  de  jaspes,  de  gabbro  et 
de  serpentine  dont  est  composé  le  gros  massif  des  montagnes  qui 
sont  au  N.-E. ,  à  l'E.  et  au  S.-£.  de  ce  bourg,  massif  qui  est  le  plus 
élevé  de  la  Ligurie  orientale,  puisqu'il  atteint  à  la  Cima  di  Mes- 
solasca  ou  Tomarlo  1803  mètres  d'élévation  et  que  d'autres  cimes 
ont,  le  Monte  Bovo  à  l'origine  de  la  Nura  1779,  la  Penna, 
non  loin  de  la  chaîne  centrale,  17^3,  la  Ragola  1916  et  le  Groppo 
Rosso  1607  mètres.  Ce  massif  est  aussi  le  centre  d'un  système 
hydrographique  assez  remarquable,  puisque,  quoique  un  peu  en 
dehors  et  au  N.  de  la  chanie  centrale,  il  embrasse  les  sources  de 
plusieurs  rivières  ou  torrents  assez  considérables,  comme  le 
Taro,  le  Geno,  la  Nura  et  un  des  affluents  les  plus  oonsidërables 
de  l'Aveto. 

Dans  ces  brèches  des  environs  de  Santo-Stefano  d'Aveto,  ainsi 
que  dans  celles  que  nous  retrouverons  dans  la  vallée  de  la  Nura  et 
dans  celles  qui  sont  vers  la  vallée  de  la  Trebbie  d'un  côté  et  les 
vallées  du  Ceno  et  du  Taro  de  l'autre,  un  des  phénomènes  les  plus 
remarquables  est  la  présence  de  blocs  assez  nombreux  d'un  gra- 
nité gris  ou  rose  avec  mica  noir  très  brillant,  granité  dont  on  ne 
trouve  des  masses  en  place  qu'à  de  très  grandes  distances  d«  cet 
localités  ;  car  on  n'en  voit  des  masses  que  dans  une  partie  des  Alpes, 
et  dans  les  Apennins  ce  n'est  que  vers  Savone  qu'on  en  trouvt 
quelques  monticules.  Or,  on  ne  peut  guère  attribuer  l'origine  de 
ces  blocs  et  cailloux  à  la  même  cause  que  celle  à  laquelle  on  attri- 
bue  le  phénomène  des  blocs  erratiques  si  répandus  aux  pieds  des 
Alpes,  c'est-à-dire  aux  causes  glaciaires  ;  en  effet  ici,  et  l'époque 


KOTB    DB    M.    PÀHBTO.  283 

et  le  gisement  sont  assez  diftlérents;  car  quanta  Tépoque  ces  blocs 
de  granité  des  brèches  serpentineuses  sont  enclavés  dans  des  forma- 
tions appartenant  à  Tépoque  éocène  ou  tout  au  plus  miocène,  et 
quant  à  leur  position  ils  sont  disposes  de  manière  qu'on  ne  peut 
y  Yoir  certainement  des  restes  d'anciennes  moraines  de  glaciers 
qa*il  faudrait  croire  extraordinairement  et  contre  toute  probabi- 
lité très  étendus,  car  il  faudrait  les  supposer  partant  des  Alpes 
des  Grisons  ou  du  Tyrol,  pour  arriver  dans  le  centre  des  Apennins 
sans  laisser  aucune  trace  de  leur  existence  au  pied  de  cette  dernière 
chaîne.  On  se  trouve  donc  réduit  à  expliquer  la  présence  de  ces 
cailloux  et  blocs  par  le  charriage  au  moyen  des  glaces  flottantes; 
mais  dans  ce  cas  on  devrait  en  trouver  plus  souvent  et  plus  unifor- 
mëment  répandus  dans  les  couches  régulières  et  même  loin  des 
niasses  serpentineuses  ;  ceci  n'arrivant  que  très  rarement,  cette 
dernière  explication  devient  aussi  invraisemblable,  et  il  ne  reste 
que  celle  que  nous  avons  déjà  indiquée,  et  qui  suppose  ces  blocs 
détachés  de  niasses  granitiques  cachées  à  une  grande  profondeur 
et  portés  au  jour  par  la  sortie  des  serpentines,  qui  réunisse  un 
assez  grand  nombre  de  probabilités  pour  être  préférée  aux  autres 
hypothèses. 

De  ce  bourg  de  Santo-Stefano  d'Aveto,  la  direction  que  j'ai 
suivie  ensuite  est  d*abord  un  peu  oblique  et  un  peu  plus  à  l'O.  ; 
car,  pour  aller  prendre  la  vallée  de  la  Mura,  on  tourne  un  moment 
à  rO.  pour  aller  rejoindre  le  col  de  la  Crosiglia  où  l'on  abandonne 
les  versants  de  TAveto  pour  entrer  dans  ceux  de  la  Mura.  En  sui- 
vant pendant  une  heure  à  peu  près  ce  chemin,  on  côtoie  pour  ainsi 
dire  le  pied  occidental  du  grand  massif  de  roches  ophiolitiqnes  de 
Santo-Stefano,  dont  les  énormes  débris,  appartenant  paiticulière- 
ment  aux  jaspes  rougeâtres  et  aux  brèches  serpentineuses,  qui  pré- 
sentent l'aspect  très  confus  d'une  espèce  de  stratification  verticale, 
descendent  sur  la  route  vers  Torio  et  tout  à  côté  à  l'E.  du  col  de  la 
Crosiglia,  qui  est  élevé  de  plus  de  1100  mètres  au-dessus  de  la  mer, 
mais  qui  est  composé  de  roches  sédimentaires,  schistes  ardoisiers 
calcaires  et  de  quelques  macigno  dont  les  couches  très  inclinées 
plongent  au  S.-O.,  sous  l'effet  du  grand  massif  serpentineux 
dont  nous  venons  de  parler  et  qui  se  tient  a  !'£.  et  au  N.-E.  du 
col,  courant  particulièrement  sur  les  hauteurs  de  Montenero  et  de 
Ragola  qui  sont  sur  la  droite  de  la  Mura  entre  cette  vallée  et  celle 
du  Geno. 

Du  col  de  la  Crosiglia  on  descend  immédiatement  dans  la  vallée 
de  la  Mura  et  on  reprend  la  direction  approximative  du  M.-M.-E. , 
qui,  à  part  quelques  détoun,  est  celle  de  cette  rivière.  Dans  la  des- 


38&  SÉANCE    DU   16    DfiCBMBRB    1861. 

ceiite  vers  Gainbaro  on  a  du  calcaire  argileux  en  partie  schisteux, 
alternant  avec  quelques  petits  bancs  de  psaminite  niacigno,  assez 
friable  et  micacé,  qui  ressemble  un  peu  à  la  mollasse  ;  ces  bancs, 
inclinant  entre  le  S.-O.  et  le  S.-S.-O.  en  allant  vers  les  Perrière, 
sont  entremêlés,  particulièrement  les  calcaires,  avec  des  masses  con- 
sidérables d*argiles  brunes,  un  peu  schistoides,  qui  conservent  cette 
même  inclinaison  jusqu'à  la  distance  d'une  demi-heure  à  peu  près 
avant  ce  bourg.  Près  de  ce  point,  dans  un  gros  ravin  qui  vient  de 
rO.,  on  voit  surgir  uu^massif  assez  considérable  d'une  belle  ser- 
pentine vert  noirâtre  très  diallagique,  et  après  cette  butte  les 
couches  deviennent  beaucoup  moins  inclinées,  mais  plongeant 
vei-s  le  N.  ou  le  N.-N.  -£.  ;  elles  sont  même  percées  tout  près  des 
habitations  par  une  petite  masse  de  brèches  serpentineuses,  dans 
laquelle  les  fragments  granitiques  sont  assez  nombreux. 

Après  les  Ferriere,  où  autrefois  on  traitait  du  minerai  de  fer 
qu'on  tirait  des  niasses  de  roches  serpentineuses  des  environs,  en 
niaitïhant  vers  Centenaro,  ce  sont  toujours  les  calcaires  schisteux 
ou  compactes  éocènes  inclinés  au  N.-N.-E.  qui  dominent.  Il  y  a 
cependant  au  milieu  du  calcaire  quelques  petits  bancs  de  macigno, 
friable  et  micacé,  qui  contient  des  traces  de  végétaux  carbonisés 
indéterminables. 

A  une  heure  et  demie  après  Ferriere,  vera  Vaggio,  vis-à-vis  de 
l'endroit  où,  sur  la  droite,  la  Nura  reçoit  un  gros  affluent  appelé 
la  Lavajana,  qui  descend  d'une  région  toute  ravinée,  laquelle  a 
bien  l'aspect  des  régions  où  se  montrent  les  argiiie  scagUose^  et 
qui  est  dominée  au  N.  par  une  chaîue  parallèle  à  la  chaîne  cen  - 
traie  courant  Ë.-S.-E.  O.-N.-O.  appelée  les  montagnes  de  Santa- 
Franca,  composées  de  calcaires  marneux  compactes,  on  voit  un 
petit  massif  d'ophicalce  autour  duquel  les  couches  sont  rompues 
et  tourmentées.  Ici  aussi  le  calcaire  est  compacte  et  d'une  couleur 
verddtre,  comme  celui  des  iirgille  scagUosc  que  nous  avons  vu  en 
si  grande  quantité  dans  les  vallées  du  Reno,  du  Panaro  et  de  la 
Secchia.  Ce  calcaire  est  traversé  par  des  veines  spathiques  et  est 
enveloppé  par  un  vernis  vert  obscur  ;  parfois  aussi  il  est  bknc, 
sale  et  jaunâtre  et  a  l'aspect  du  marbre  ruiniforme;  les  argiles 
cependant  sont  ici  en  moindre  quantité. 

Avec  ce  massif  d'ophicalce  il  y  a  aussi  du  gabbro  et  quelques 
brèches  serpentineuses  verdâtres,  au  milieu  desquelles  on  voit  des 
parties  couleur  de  chair  qui  paraissent  être  des  cristaux  incomplets 
ou  fragmentaires  de  feldspath,  comme  il  y  en  a  dans  la  brèche 
de  Rovagno,  dans  la  vallée  de4a  Trebbia.  Autour  de  ce  massif  les 
couches  sont  un  peu  contournées;  mais,  avant  de  descendre  dans 


NOTK    D£    M.    PÀRKTO.  285 

le  torrent  do  la  Lobbia  qu'on  rencontre  bientôt,  elles  inclinent 
bien  déciilénieut  vers  le  S-.S.-O. 

Après  ce  torrent  de  la  Lobi)ia  et  entre  lui  et  le  Rovazzano  con- 
tinuent toujours  les  calcaires  marneux  éocéniques  inclinant  encore 
au  S. -S. -O.  jusqu'à  la  rencontre  d'une  nouvelle  masse  de  serpen- 
tine, qui  détermine  vers  la  i)artie  septentrionale  un  chan(^ement 
d'inclinaison,  puisque  après  l'avoir  traversée  ou  voit  ces  calcaires 
toujours  alternant  avec  quelques  marnes  incliner  pendant  long- 
temps vers  le  M.-E.  ou  le  N.-N.-E.  Ces  calcaires  s'élèvent  sur  les 
montagnes  qui  bordent  la  vallée  à  une  hauteur  considérable,  et  ou 
voit  qu'après  cette  masse  de  serpentine  et  le  confluent  du  Rovaz- 
zano la  Nura  coupe,  en  formant  des  gorges  profondes,  une  chaîne 
de  montagnes  presque  parallèle  à  la  chaîne  centrale  et  qui  forme 
un  rehaussement  et  comme  une  ride  plus  élevée  que  les  montagnes 
comparativement  basses  qui  se  trouvent  entre  Gambaro,  les  Per- 
rière et  ce  torrent  du  Rovazzano. 

Cette  chaîne  qui  ne  serait  que  la  prolongation  de  celle  de  Santa 
Frauca,  que  nous  avons  vue  dominer  au  N.  le  pays  raviné  d'où 
vient  la  Lavajana  sur  la  droite  de  la  JVura,  paraît  jouer  un  rôle 
assez  important  dans  cette  partie  de  TApennin,  car  elle  s*étend 
bien  au  loin  à  l'Ë.  et  a  l'O.  de  ces  parages,  et  c'est  de  ses  versants 
septentrionaux  que  prennent  origine  les  principaux  cours  d'eau 
secondaires,  qui  viennent  aboutir  i\  la  plaine  du  Parmesan  et  du 
Plaisantin.  Produite  probablement  par  un  soulèvement  presque 
parallèle  à  celui  de  la  chaîne  centrale,  on  peut  reconnaître,  comme 
faisant  partie  de  cette  ride  à  droite  ou  à  TE.  de  la  Nura,  d'abord 
les  hauteurs  de  Serra  Massone  entre  le  Panaro  et  la  Secchia  que 
nous  avons  indiquées  dans  notre  coupe  de  Modène  à  Massa.  Les 
montagnes  au  N.  de  Cassi  entre  la  Baganza  et  le  Taro,  celles  de 
Monte  Carmo  élevé  de  1325  mètres,  celles  du  Caswllas  fit  Lama 
qui  en  a  1337  et  qui  se  trouvent  aux  sources  de  TArdaetdu 
Chero,  celles  de  Santa  Franca  et  à  ÏO,  les  montagnes  qui  courent 
vers  la  vallée  de  la  Trebbia,  passent  par  Monte  Assereto  qui  est 
élevé  de  1680  mètres  et  se  tiennent  à  la  tête  du  gros  torrent  Prino, 
affluent  de  cette  rivière.  Sur  la  gauche  même  de  cette  rivière  de  la 
Trebbia,  quoiqu'on  soit  déjà  sous  l'influence  des  soulèvements 
dirigés  S.-S.-0.  N.-N.-E.,  le  soulèvement  O.-N.-O.  E.-S.-E.  ne 
manque  pas  d'avoir  laissé  ses  traces,  car  on  voit  le  contre -fort 
d'Antola,  qui  a  sa  direction  générale  du  S.-S.-O.  au  N,-JN.-£., 
ridé  par  des  accidents  dirigés  O.-N.-O.  E.-S-E.  dans  le  parallèle  de 
cette  chaîne  ;  et  c'est  précisément  où  il  y  a  le  croisement  de  ces 
deux  systèmes  que  se  trouvent  les  plus  grandes  élévations,  celles  du 


28G  SÉANCE    DU    16   DÉCBIIBRB    1861. 

Monte  Vesiina  qui  a  ilbU  mètres  et  du  Monte  Gliiappo  ou  £bro 
qui  en  a  17i!il.  £n  général,  cette  chaîne  est  composée  de  calcaires 
marno-argilcux  compactes  alternant  avec  quelques  bancs  un  peu 
plus  schisteux  et  avec  quelques  lits  d'un  psanimilc  macigno  assez 
friable,  souvent  un  peu  micacé,  et  contenant  parfois  des  traces 
végétales  indéterminables.  De  nombreux  Fucoïdes  s'y  montrent 
assez  souvent,  et  je  crois  pouvoir  dire  que  ces  calcaires  en  général 
sont  supérieurs  aux  argiiie  scagiiose  qui  d'ordinaire  sont  au  pied 
des  montagnes  composées  de  ces  calcaires  argileux  à  Fucoides.  £n 
général  dans  cette  chaîne  la  stratiGcation  est  plus  régulière,  et, 
comme  il  parait  que  les  serpentines,  excepté  en  peu  d'endroits  tel 
que  le  Casteilas  di  Lama^  n'ont  pas  pénétré  dans  ses  flancs  à  une 
grande  élévation,  ses  calcaires  et  ses  marnes  sont  beaucoup  moins 
altérés. 

On  voit  bien  cela  en  continuant  à  parcourir  la  vallée  de  la  Mura 
depuis  le  confluent  du  Rovazzano  jusqu'au  pays  de  Beltola  où  Ton 
est  élevé  de  366  mètres  au-dessus  de  la  mer  et  au  torrent  Ozza,  où 
Ton  observe  les  couches  de  calcaire  marneux  alternant  avec  des 
bancs  d'un  macigno  assez  friable  avec  des  Fucoïdes  et  ces  sin-;ii- 
lières  impressions  méandriformes,  qui  accompagnent  toujours  les 
Fucoïdes  dans  ce  terrain  du  flysch,  incliner  très  régulièrement  et 
sans  de  bien  fortes  pentes  au  N.-N.-E. 

Cette  même  régularité  s'observe  aussi  dans  les  montagnes  qui 
sont  à  la  tète  de  la  vallée  de  TArda  vers  Morfasso  à  TE.  de  ces 
parages,  où  régnent  des  calcaires  et  macigno  identiques,  lesquels 
paraissent  ue  pas  avoir  subi  d'altération  depuis  leur  dépôt,  quoi- 
que non  loin  de  là  il  y  ait  Xin  massif  assez  considérable  de  ser- 
pentine. 

Après  le  torrent  Qzza,  le  long  de  la  Nura,  on  parcourt  encore 
cette  même  formation  de  calcaires  à  Fucoïdes  éocéniques  ;  mais  ici 
la  régularité  des  couches  est  un  peu  troublée  et  les  calcaires  et 
les  macigno  alternent  avec  des  argiles  rougeâtres  assez  semblables, 
quoiqu'elles  ne  soient  pas  aussi  ravinées,  à  celles  qui  font  partie 
des  argiiie  scagiiose.  Ces  bancs  plongent  d*abord  au  S.-S.*0.,  et 
puis  un  peu  plus  loin  presque  vis-a-vis  du  Monte  Santo^  élevé  de 
663  mètres,  ils  inclinent  au  N.-N,-E.  Ces  bancs  de  calcaires  et  de 
mai*nes  sont  pendant  un  assez  long  espace  très  tourmentés  et 
arqués  ,  et  on  dirait  qu'il  y  a  encore  ici  un  nouvel  axe  de  soulè- 
vement 

Ce  nouvel  axe  de  soulèvement  et  ces  terrains  rougeâtres  parais- 
sent bien  être  le  prolongement  de  ceux  qu'on  observe  plus  à  TE. 
à  peu  près  sous  ce  même  parallèle  vers  les  vallées  du  Cbero  et  de 


NOTE    VE    H.    PAHBTO.  287 

la  Chiavcnna,  où  se  trouvent  les  fameux  terrcni  ardenti  de  Velloja, 
et  où  le  pays  présente  un  aspect  désolé  connue  celui  liu  Panarci 
et  de  la  Seccliia,  où  se  trouve  la  dernière  et  la  plus  basse  zone  des 
argiile  scagliosc  que  nous  avons  toujours  suivie  le  lon^;  de  Taxe 
central  depuis  les  environs  de  Bologne  et  de  Reggio  ;  j'ai  eu  lieu 
aussi  de  les  entrevoir  dans  beaucoup  de  points  intermédiaires; 
car  je  les  ai  retrouvés  à  San  Andréa  del  Taro  près  de  Fornovo, 
dans  la  vallée  du  Stirone,  non  loin  d'Ajane  et  de  Vigoleno,  ainsi 
que  dans  beaucoup  de  ces  contre-forts  qui  séparent  les  nom- 
breuses vallées  secondaires,  qui  descendent  à  la  plaine,  depuis  le 
Taro  jusqu'à  la  Nura,  du  chaînon  secondaire  ou  de  la  ride  pa- 
rallèle À  la  chatne  centrale.  C'est  principalement  dans  cette  zone 
que  sont  les  nombreuses  sources  salées  qu'on  observe  au  pied  de 
l'Apennin,  comme  celles  de  Saizo  Maggiore  et  autres,  ainsi  que 
plusieurs  sources  sulfureuses  et  les  petits  volcans  de  boue.  En  par- 
courant ces  parages  on  ne  peut  guère  se  refuser  à  croire  que  la 
serpentine  ne  soit  en  grande  partie  la  cause  des  grandes  alté- 
rations qu'on  y  observe  ;  car  on  aperçoit  au  milieu  de  ces  argiles 
et  calcaires  décomposés  d'assez  nombreuses  buttes  de  roches 
opbiolitiques,  quoiqu'on  n'en  voie  pas  précisément  dans  le  par- 
cours de  la  vallée  de  la  Nura,  de  Beltola  à  Ponte  dell'  Olio  qui 
correspond  à  la  zone  de  Yelleja. 

Après  ces  masses  de  couches  arquées  qui  forment  des  collines 
encore  assez  considérables,  on  continue  à  trouver  les  calcaires  mar- 
neux alternant  avec  quelques  bancs  de  |>samniite  micacés  et  fria- 
bles en  couches  presque  verticales,  et  entre  Ponte  dcir  Olio  e 
Albarola,  sur  la  gauche  de  la  Nura,  on  Yes  voit  descendre  du  sommet 
des  collines  au  fond  de  la  vallée  formant  des  espèces  de  zigzags. 
Ici  le  calcaire  marneux  est  presque  blanchâtre  et  contient  quelques 
Fucdides.  Il  parait  presque  inaltéré  et  est  tout  à  fait  analogue  à 
celui  qu*ou  retrouve  aussi  vers  Travo  dans  la  vallée  de  la  Trebbia 
et  plus  loin  k  l'O.  dans  les  diramations  du  Penice  oii  naissent  le 
Tidone  et  la  Nuretta,  ainsi  que  dans  les  hautes  collines  éocènes 
qui  se  trouvent  derrière ,  c'est-à-dire  au  S.  de  Stradclla,  et  qui  ne 
sont  séparées  de  la  plaine  du  Pô  que  par  une  petite  étendue  de 
terrain  gypseux  pliocène  inférieur  et  par  du  terrain  pléistocène  qui 
forme  les  dernières  pentes  de  ces  collines. 

Après  Albarola,  où  Ton  entre  entièrement  dans  la  plaine,  le 
terrain  éocène  et  en  couches  verticales  ou  très  inclinées  vers  le 
M.-N-E.  disparait  sous  des  couches  presque  horizontales  d*un 
terrain  sablonneux  rougeâtre,  qui  va  peu  à  peu  se  confondant  avec 
celui  de  la  plaine.  Je  ne  pourrais  pas  assurer  que  sur  la  gauche  de 


2b8  SÉANCE    DU    10    DÊCBNBRB    1801. 

hi  Nura  il  y  ait  des  couches  de  inanics  bleues  pliocènes;  mais  celles 
<|u*on  peut  distinguer  ne  sont  que  des  couches  de  sables  jaunes 
supérieui*s et  surtout  une  grande  masse  de  terrains,  partie  caillou- 
teux, partie  terreux,  rougeâtres,  qui  appartiennent  au  terrain  pléi- 
slocène,  lequel  paraît  avoir  une  assez  grande  étendue  soit  à  TO.  du 
côté  de  Rivergaro,  et  de  là  vers  les  collines  de  Gastel  San  Giovanni, 
Stradella,  Casteggio,  où  en  ce  dernier  endroit  on  a  trouvé  de  très 
remarquables  ossements  de  pacliydermes,  entre  autres  de  rhinocé- 
ros, soit  à  TE.  vers  les  plus  basses  collines  qui  sont  au  N.  de  Cas- 
tellarcuato  et  au  delà. 

IVlais  sur  la  gauclie  de  la  Nura  on  ne  voit  pas  les  marnes  bleues 
et  très  peu  les  sables  jaunes;  il  n'en  est  pas  de  même  à  une  cer- 
taine distance  de  la  droite  de  cette  rivière;  car  c'est  justement  dans 
retendue  de  pays  qui  se  trouve  à  l'£.  de  Ponte  tiell'  OliOy  qu'on 
rencontre  les  formations  de  marnes  bleues  et  de  sables  pliocènes  du 
Plaisantin  si  riches  en  fossiles  qui  ont  rendu  célèbres  les  environs 
de  Castellarcuato.  Ces  marnes  bleues  et  ces  sables  qui  acquièrent 
une  très  grande  puissance,  puisqu'ils  atteignent  à  monte  Gioco, 
au-dessus  de  Lugagnano,  rallituuo  de  651  mètres,  s'appuient  près 
de  ce  dernier  pays,  en  couches  p^ u  inclinées,  immédiatement  sur 
des  lits  presque  verticaux  de  calcaire  compacte  et  de  psammite 
éocéniques,  sans  qu'il  y  ait  interposition  de  terrains  appartenant 
à  Tépoque  miocène,  lesquels  ne  se  montrent  que  plus  à  l'E.  vers 
les  vallées  du  Taro  et  du  Ceno,  où  il  devait  y  avoir  une  espèce  de 
golfe,  pour  continuer  plus  loin  encore  et  plus  développés  vers 
l'Ënra,  le  Crostolo,  le  Tresinaro  et  la  Secchia. 

Je  sais  que  quelques  géologues  semblent  pencher  à  Caire  des 
terrains  de  Castellarcuato  une  section  du  terrain  miocène  supé- 
rieur; mais  si  on  regarde  les  fossiles,  il  faut  avouer  qu'il  y  en  a  un 
plus  grand  nombre  appartenant  au  terrain  pliocène,  comme  celui 
de  l'Astesan,  qu'aux  véritables  terrains  miocènes,  comme  ceux  de 
la  colline  de  Turin;  et,  quant  à  la  stratification,  on  peut  voir  dans 
les  endroits  où  toute  la  série  est  développée,  que  les  couches  cor- 
respondant avec  celles  de  Castellarcuato  sont  bien  supérieures  â 
celles  qu*on  ne  peut  se  refuser  à  regarder  comme  miocènes.  En 
effet,  il  faut  regarder  ces  couches  de  Castellarcuato  comme  supé- 
ricuies  au  terrain  gypscux  et  à  ces  terrains  des  envii*ons  de  Tor- 
tone,  qui,  quoique  contenant  un  mélange  de  fossiles  pliocènes  et 
miocènes  où  la  proportion  de  ces  derniers  est  un  peu  plus  forte  que 
dans  le  Plaisantin,  font  encore  pour  moi,  comme  je  tâcherai  de  le 
prouver  ailleurs,  partie  du  terrain  pliocène  et  en  constituent  la 
partie  inférieure. 


NOTB    DE    11.    rAUKTO.  289 

Après  celle  section  qui,  dirigée  approxitualivcmcnldu  S.-S.-O. 
auN.-N.-£.,  traverse  encore  desré{>ionsoii  l'Apennin  est  pourainsi 
dire  composé  de  chaînes  parallèles  entre  elles  et  à  la  cbaîue  centrale, 
et  où,  par  conséquent,  ou  chemine  presque  perpendiculairement  à 
la  stratification,  si  on  se  porte  plus  à  TO.,  on  se  trouve  dans  des 
conditions  un  peu  différentes;  car,  au  couchant  de  la  vallée  de  la 
Trehbia,  sur  la  gauche  de  laquelle  s'élève  un  des  contre-forts  les 
plus  remarquables  de  l'Apennin  ligurien,  les  directions  des  cou* 
dies  sont  pendant  quelque  temps  plus  gciiéralemcnt  dans  le  sens 
du  S.-S.-O.  au  N.-N.-E.y  et  les  principaux  accidents  orographiques, 
tels  que  ce  grand  contre-fort  qu'on  appelle  le  contre-fort  d'Antela  et 
qui  va  des  environs  de  Gènes  se  terminer  aux  environs  de  Slradella 
où  il  forme  une  espèce  de  cap,  indiquent  que  le  relief  du  pays  a  été 
influencé  par  une  force  agissant  dans  la  même  direction  que  celle 
qui  a  causé  une  grande  partie  du  relief  des  Alpes  occidentales. 
£n  effet,  les  principales  sommités  de  ce  contre- fort  qui  se  trou- 
vent entre  la  Trebbia  et  la  Scrivia  sont  à  peu  près  alignées  dans 
le  sens  du  S.-S.-O.  au  N.-N.-E.,  et  les  vallées  de  la  Trebbia  et 
de  la  Scrivia,  ainsi  que  la  plaine  de  Novi  à  Tortone,  qui  devait 
former  autrefois  une  espèce  de  golfe,  ont  a  peu  près  cette  même 
direction,  qui  est  aussi  celle  des  grandes  masses  de  serpentine  qui 
constituent  à  TO.  de  Gênes  les  montagnes  de  Pcgli  et  de  Voltri 
et  des  vallées  de  la  Stura  et  de  TOlba  et  dont  ou  peut  croire  que 
Témcrsion  a  contribué  beaucoup  au  relief  du  pays. 

Or,  si  dans  ces  parages  on  voulait  donner  une  coupe  qui  pût 
indiquer  la  succession  des  couches  et  leurs  véritables  relations 
stratigraphiques,  perpendiculairement  à  leur  direction,  il  faudrait 
d'abord  faire  une  section  dirigée  pendant  quelque  temps  dans  le 
sens  à  peu  près  de  l'O.  à  l'E.  ou  de  l'O.-S.-O.  à  l'E,-N.-E.,  et  puis, 
arrivant  au  point  où  commencent  les  couches  appartenant  au 
miocène,  tourner  plus  au  N.  et  même  au  N.-O.,  parce  que  ces 
dernières  couches  semblent  disposées  de  manière  à  faire  croire 
qu'elles  forment  le  pourtour  d'un  ancien  golfe,  dont  les  rives, 
au  moins  orientales,  étaient  constituées  par  une  chaîne  de  roches 
éocéniques,  à  la  base  desquelles  se  sont  postérieurement  déposés 
les  terrains  miocènes,  qui  ont  subi  eux-mêmes  plus  récemment 
de  grandes  dislocations. 

Mais  comme  ce  que  j*ai  dit  de  l'Apennin  dépasse  presque 
les  bornes  d'une  simple  note,  et  qu'il  me  reste  à  faire  connaître 
une  autre  section  plus  occidentale  pour  donner  une  idée  de  cette 
chaîne  plus  près  de  son  origine  vers  les  Alpes,  je  me  contenterai 
d'indiquer,  pour  ces  environs  de  Gênes,  qu'en  partant  des  mon- 
Soe,  géol,,  2"  série,  tome  XIX.  49 


290  SÉANCE    DU    10   DÉCBMBEB    1861. 

tagnes  serpcntincuses  de  Voltri  ou  de  Pegli,  et  en  inarcliaiit 
dans  le  sens  de  l'E.-N.-E.,  on  voit  d'abord  des  roches  métamor- 
phiques qui  ont  l'aspect  de  schistes  micacés  et  talqueux,  puis 
des  calcaires,  tantôt  compactes,  tantôt  subgrenus,  parfois  dolo- 
mi tiques  au  contact  de  la  serpentine,  près  des  schistes  argileux 
luisants  avec  de  nombreuses  veines  de  quartz  mêlés  avec  quel- 
ques calcaires,  lesquels  schistes  peu  à  peu  passent  à  des  schistes  du 
macigno  et  ensuite  au  calcaire  k  Fucoldes  sur  lesquels  reposent 
souvent,  sur  les  hauteurs  dans  l'espace  qui  est  entre  Pietra  Bissara 
et  Casella,  des  grandes  masses  de  conglomérat  miocène  qui  s'élèvent 
à  Monte  Tigra^  à  866  mètres,  et  à  Monte  Maggio  à  1002  mètres,  et 
dont  les  couches  paraissent  disposées  en  forme  de  fond  de  bateau 
se  relevant  à  TO.  et  à  TE.  Les  roches  éocéniques  qui  courent  gé- 
néralement ici  8.-S.-0.  N.-N.-E.,  ouS.-N.,  inclinent  ordinaire- 
ment à  rE.-N.-E.  ;  mais  parfois  aussi  dans  leurs  plissements  elles 
prennent  Tinclinaison  àTO.-N.-O.  ou  à  10.,  lorsque  vers  la  vallée 
de  la  Trebbia  elles  viennent  à  ressentir  l'influence  d'autres  masses 
serpentineuses  qui  dirigées  à  la  vérité  un  peu  différemmentparaissent 
néanmoins  former  une  autre  traînée  qui  a  comprimé  les  couches 
stratifiées  du  côté  opposé  et  les  a  obligées  à  prendre  les  singuliers 
plissements  qu'elles  affectent  et  qu'on  ne  saurait  comparer  qu'à 
la  forme  que  prendrait  un  cahier  de  papier  dont  on  vient  à  com- 
primer littéralement  les  tranches  de  deux  côtés  opposés. 

Ces  schistes  micacés  métamorphiques,  ces  calcaires  subgrenus 
et  ces  schistes  luisants,  avec  veines  de  quartz,  régnent  particuliè- 
rement à  l'O.  de  Gênes  vers  la  vallée  de  la  Polcavera  et  celles  de 
la  Yarenna  et  de  Yoltri,  et  sont  sûrement  inférieurs  aux  calcaires 
à  Fucoides  dont  est  formé  le  contre-fort  au  pied  duquel  est  assise 
la  ville  ;  cependant,  quoique  leur  aspect  soit  celui  de  roches  assez 
anciennes,  beaucoup  de  faits  peuvent  faire  croire  qu'elles  appar- 
tiennent à  la  partie  inférieure  du  terrain  éocène  ou  à  quelque 
lambeau  indéterminable  de  ces  formations  approchant  du  maci- 
gno, qu'on  a  considéréenToscane  comme  faisant  partie  du  terrain 
crétacé,  car  on  observe  une  espèce  de  passage  entre  ces  schistes  et 
calcaires  et  les  argiles  du  macigno,  et,  dans  certains  de  ces  schistes 
luisants  vers  les  collines  qui  dominent  Saint- Pierre  d'Arena,  j'ai 
retrouvé  des  Fucoïdes,  qui  avaient  l'aspect  talqueux  blanchâtre 
qu'offrent  les  impressions  de  fougères  dans  les  schistes  de  la  Taren- 
taise.  Si  cependant  ces  schistes  talqueux  et  micacés  et  ces  schistes 
luisants  argileux  appartiennent  réellement  à  des  modifications  des 
roches  argileuses  éocéniques,  il  faut  dire  que  dans  la  partie  à  l'O. 
de  Gênes  la  serpentine  a  produit  des  modifications  assez  diffë- 


NOTB    I)B    M.    PARBTO.  291 

rentes  de  celles  qu'elle  a  produites  dans  les  terrains  congénères  à 
l'est  de  la  ville  et  dans  la  rivière  du  levant,  où  on  ne  voit  point 
de  ces  schistes  avec  un  aspect  aussi  ancien,  mais  bien  des  gabbro 
et  des  jaspes  qui  ne  paraissent  pas  se  montrer  dans  les  environs 
à  l'O.  de  Gênes,  quoique  dans  le  voisinage  immédiat  de  la  ville,  à 
TE.  dans  la  vallée  du  Bisagno  et  au  N.  vers  la  vallée  de  la  Secca, 
et  ensuite  dans  la  haute  vallée  de  la  Scrivia  et  dans  celles  de  plu- 
sieurs affluents  de  droite  de  cette  rivière ,  il  y  ait  au-dessous  dés 
couches  arquées  du  calcaire  à  Fucoides  une  suite  de  localités  di- 
rigées S.-S.-O.  N.>N.-E.,  oii  Ton  aperçoit  les  argiles  schisteuses 
qui  commencent  à  prendre  l'aspect  du  jaspe  et  où  les  modifica- 
tions que  des  masses  de  grunstein,  presque  cachées,  mais  dont  on 
voit  cependant  quelques  indices,  ont  produites  dans  les  argiles, 
ressemblent  à  celles  que  nous  avons  si  fréquemment  observées 
daus  le  reste  de  TApennin  dont  nous  nous  sommes  déjà  occupés; 
il  n'y  manque  pas  même  les  traces  des  argiiic  scagliose,  qu'on  voit 
dans  les  petites  vallées  des  affluents  de  la  Scrivia  et  en  fiisagno  ; 
elles  sont  évidemment  inférieures  aux  grandes  masses  du  calcaire 
à  Fucoides  et  contiennent  plusieurs  des  mêmes  minéraux,  tels  que 
quelques  traces  de  cuivre  et  de  manganèse,  que  nous  y  avons  signa- 
lées dans  les  plus  fameux  parages  où  ces  argiles  prédominent. 

Quant  à  la  suite  des  terrains  miocènes  qu'on  pourrait  voir  dans 
cette  coupe  en  la  poursuivant  dans  le  pays  de  Tortone,  je  n'en  par- 
lerai point,  en  ayant  déjà  dit  quelques  mots  dans  iça  note  Sur  le 
terrain  nummulUique  miocène  du  pied  des  Apennins  {Bull, ,  2'  sér,, 
t.  XII,  1855],  de  même  que  j'ai  donné  dans  cette  même  note 
une  coupe  de  l'Apennin  embrassant  ces  mêmes  terrains  depuis 
la  Méditerranée  jusqu'au  Pô,  coupe  qui  est  encore  plus  occi- 
dentale que  celle  de  la  vallée  de  la  Scrivia  et  qui  traverse  un 
pays  intermédiaire  entre  la  région  où  prédominent  les  accidents 
orographiques,  coordonnés  aux  directions  S.-S.-O.  N.-N.-E.,  et 
une  nouvelle  région  plus  occidentale  que  Gênes,  où  au  contraire 
recommencent  à  prédominer  les  accidents  O.-N.-O.  E.-S.-E 
analogues  à  ceux  que  nous  avons  tant  de  fois  retrouvés  dans  la 
chaîne  principale  depuis  Bologne  jusqu'aux  environs  de  Plai- 
sance. 

Lorsque  en  cheminant  vers  TO.  le  long  du  littoral  de  la  Médi- 
terranée on  a  quitté  les  montagnes  serpentineuses  de  Yoltri  et  de 
Yaragine  et  qu'on  a  traversé  le  lambeau  de  terrain  miocène  de 
Celle,  reste  d'un  terrain  disposé  de  manière  à  indiquer  qu'à 
l'époque  miocène  il  y  avait  une  communication  marine  près  de 
Saota  Giustina  entre  le  versant  méditeiTanéen  et  le  versant  adria- 


292  SÉANCB    DU    16   DÉCBMBBB    1861. 

tique  de  rApcuoin  ligurien,  on  coniiitence  à  voir,  surtout  aprcs 
Savonc,  que  certains  contre-forts  secondaires  ainsi  que  quelques 
parties  de  la  chaîne  centrale  prennent  plus  décidément  la  direc- 
tion O.-N.-O.  E.-S.-E.,  et  on  en  retrouve  la  cause  dans  un  axe 
de  soulèvement  dirigé  dans  ce  sens  et  qu'on  peut  reconnaître 
par  Tapparition  près  de  ces  localités  d'un  ellipsoïde  de  roches 
semi-cristallines  probablement  paléozolqucs,  qui  vient  couper  la 
côte  près  de  Savone,  ellipsoïde  composé  de  f,neis8,  de  schistes  mi- 
cacés et  talqueux,  de  quartzites,  etc.;  il  a  une  forme  très  allongée, 
puisque  des  environs  de  Savone  il  s*étend  aux  montagnes  des 
environs  de  Mondovi  et  de  Goni  et  son  axe  est  justement  dirigé 
de  rO.  quelques  degrés  au  N.  à  TË.,  quelques  degrés  au  S.  Celte 
masse  cristalline  est  Aauquée  presque  symétriquement,  soit  du 
côté  du  S. y  soit  du  côté  du  N.,  par  une  zone  plus  ou  moins  déve- 
loppée d'abord  de  roches  élastiques  et  schisteuses  dépendant  du 
groupe  du  verrucano  et  ensuite  par  une  zone  calcaire  qu'on  doit 
regarder  comme  liasique  et  en  tout  cas  comme  jurassique;  on  n'a 
pas  de  données  bien  précises,  à  cause  de  l'absence  des  fossiles,  pour 
distinguer  les  masses  dont  elle  est  composée. 

Au  S.  de  la  zone  calcaire  jurassique  plus  méridionale,  après 
Albenga,  le  long  de  la  mer,  on  recommence  à  voir  les  couches 
appartenant  à  la  formation  du  macigno  et  du  calcaire  à  Fucoîides, 
et  on  a  de  nouveau,  en  traversant  la  diaine  du  S.  au  N. ,  une 
série  presque  complète  des  terrains  que  nous  avons  vus  dans  la 
partie  plus  orientale  de  TApennin,  plus  les  terrains  remarquables 
que  nous  avons  rencontrés  dans  la  chaîne  métallifère  de  Toscane, 
avec  la  différence  que,  si  dans  les  moutagnes  de  Massa  et  de  Carrare 
les  roches  anciennes  étaient  dirigées  du  N.  quelques  degrés  à  l'O., 
au  S.  quelques  degrés  à  l'E.,  et  qu'elles  se  trouvaient  dans  une 
chaîne  pour  ainsi  dire  séparée  de  l'Apennin,  dans  les  montagnes 
derrière  Savone  et  les  vallées  de  Bormida  et  du  Tanaro,  ces 
couches  au  contraire  sont  dirigées  à  peu  près  de  l'O.  quelques 
degrés  au  N.,  à  VE.  quelques  degrés  au  S.,  et  se  trouvent  pendant 
quelque  temps  dans  l'axe  même  de  la  chaîne  principale. 

Voulant  donner  une  coupe  qui  présentât  la  relation  de  toutes 
ces  couches,  dans  les  parties  occidentales  de  l'Apennin,  avec  les 
terrains  plus  modernes  et  avec  ceux  plus  récents  encore  du  versant 
adriatique,  où  le  terrain  miocène  joue  un  rôle  très  considérable, 
■  'ai  cru  convenable  de  faire  partir  cette  coupe  du  cap  Alele  (PI.  VI, 
fig-  7),  promontoire  qui  forme  l'extrémité  occidentale  du  golfe  de 
Géncs,  où  se  montrent  d'abord  les  calcaires  à  Fucoïdes,  et  la  con- 
duire par  la  vallée  de  la  Nevia,  ensuite  par  celle  du  Tanaro  et  les 


NOTE    DB    H.    PABBTO.  298 

collines  des  Langlie  jusqu'aux  collines  de  Turin  et  à  la  vallée  du  Pô. 
J'embrasse  ainsi  toutes  les  dilF^rentcs  formations  que  l'Apennin, 
rapproché  des  Alpes  et  redevenu  plus  large  et  plus  complexe  que 
près  de  Gènes,  comprend  dans  ses  nombreux  chaînons  secondaires 
et  dans  toutes  ses  dépendances. 

Le  cap  Mêle»  extrémité  occidentale  du  golfe  à  TO.  duquel  la  côte 
prend  une  direction  plus  marquée  de  TE.  à  1*0.  et  qui  s'élève  de 
231  mètres  immédiatement  au-dessns  de  la  mer,  est  composé  d'un 
calcaire  grisâtre,  un  peu  argileux,  assez  compacte,  analogue  abso- 
lument à  celui  qui  forme  le  cap  de  Faro  à  Gênes.  Les  couches  de 
ce  calcaire  contenant  des  Fuco'ides  inclinent,  mais  non  pas  très 
fortement,  vers  le  S.-S.-O.;  en  remontant  ensuite  le  chaînon, 
dont  ce  cap  forme  l'extrémité,  on  voit  ce  calcaire  d'abord  assez 
compacte  devenir  plus  schisteux  et  passer  successivement  aux 
achîites  argilo-calcaires  du  macigno  et  puis  au  macigno  même, 
dont  on  voit  aussi  de  singulières  variétés  auprès  d'Alassio,  le  long 
de  la  côte.  Ce  macigno  est  tantôt  très  solide,  à  grain  fin,  et  presque 
cristallin,  tantôt  il  forme  une  espèce  de  brèche  à  fragments  assez 
grossiers  d'une  espèce  de  schiste  et  de  calcaire.  Ces  couches,  qui  se 
monti*ent  parfaitement  le  long  de  la  mer  près  du  cap  SanUi-Croce 
sous  l'inclinaison  S.-S.-O.,  se  prolongent  avec  la  même  inclinaison 
dans  l'intérieur  des  terres,  et  où  les  traverse,  comme  j'ai  fait  en 
allant  de  Laigueglia,  au  bord  de  la  mer,  à  Garlenda,  situé  dans  un 
vallon,  affluent  du  Centa.  En  effet  la  chaîne  médiocrement  élevée 
qu'on  traverse  pour  aller  du  cap  Mêle  au  dernier  de  ces  deux  pays, 
et  dont  on  traverse  aussi  perpendiculairement  les  couches  au  bord 
de  la  mer,  fait  partie  d'un  assez  grand  contre-fort  qui  borde  au  S.  le 
bassin  du  torrent  Lerone,  affluent  du  Centa,  chaînon  qui  est,  comme 
la  vallée  qu'il  borde,  dirigée  de  TO  -N.-O.  à  l'E.-S.-E.  et  dont 
les  couches  inclinées  au  S.-S.-O.  se  présentent  en  ordre  descendant 
depuis  le  cap  Mêle  jusqu'au  pied  septentrional  de  cette  petite  chaîne, 
vers  la  vallée  de  Garlenda  où  l'on  voit  que  les  brèches  et  les 
macigno  semi- cristallins  sont,  comme  le  long  de  la  côte,  la  partie 
plus  ancienne  de  ce  terrain  éocénique  ;  on  peut  même  soupçonner 
qu'une  partie  de  ces  macigno  subcristallins  et  très  solides  ne  sont 
déjà,  comme  la  pietra  Jorte  des  Toscans,  qu'un  membre  supérieur 
de  la  formation  crétacée,  qui  dans  ces  parages  ne  serait  i^as  distin- 
guable  des  roches  congénères  appartenant  à  l'éocène,  d'abord 
parce  que  la  zone  nummulitique,  qui  marque  vers  le  comté  de 
Nice  (Mortola,  col  de  Braus,  etc.,)  la  limite  de  l'éocène,  manque 
absolument  au  bord  oriental  du  grand  triangle  de  flysch,  qui, 
ayant  sa  base  à  la  mer  du  cap  Mêle  à  Vintimille,  a  son  sommet 


20&  SfiANCB    DU    16    DÉCtMBRB    1861. 

vci*s  le  col  de  Tende,  et  ensuite  parce  que  sur  le  bord  oriental  de 
ce  triangle  il  n'y  a  pas  non  plus  comme  vers  Nice,  aux  Grimalde 
ci  dans  les  environs  de  Sospello,  ces  couches  de  calcaires  et  de 
marnes  avec  glauconie  inférieui*s  aux  macigno,  qui  par  leurs 
fossiles  montrent  clairement  qu'elles  appartiennent  à  la  formation 
crayeuse. 

Ces  couches  de  macigno  et  d'argiles,  quoique  généralement 
inclinées  dans  ce  chaînon  vers  leS.-S.-O.y  présentent  en  quel- 
ques points  des  plissements  en  sens  contraire;  mais  on  voit  que 
la  masse  plonge  vers  la  mer  et  que  les  têtes  de  cet  eouches  sont 
tournées  vers  la  vallée  du  Lerone  ou  du  Garlenda,  au  fond  et  sur 
les  deux  bords  de  laquelle  on  voit  des  bancs  presque  horisontaux 
d'une  iqame  argileuse  bleue  avec  coquilles  appartenant  à  une  des 
divisions  du  terrain  pliocène;  ces  marnes  sont  ici  recouvertes  par 
une  couche  de  cailloux  roulés  qui  probablement  appartiennent 

au  diluvium. 

Le  lambeau  de  terrain  pliocène  qui  se  montre  avec  peu  de  puis- 
sance auprès  de  Garlenda  fait  partie  d'un  bassin  beaucoup  plus 
étendu  qui  occupe  une  partie  de  la  plaine  d'Albenga  et  les  basses 
collines  qui  depuis  Geriale  entourent,  vers  Gisano,  Genesi,  Bastia, 
cette  même  plaine  dans  laquelle  se  fait  la  jonction  des  difiérentes 
branches  ou  petites  rivières  qui  forment  le  Cents.  Ce  terrain  ter- 
tiaire pénètre  même  assez  avant  dans  ces  différentes  vallées,  for- 
mant coinn^e  de  petits  golfes  bordés  par  des  caps  de  terrain  plos 
ancien  et  s'élevant  même  asses  haut  sur  les  flanos  des  chaînons  qui 
constituent  ces  espèces  de  promontoires.  L'endroit  où  on  peut  le 
mieux  l'étudier,  et  où  l'on  trouve  de  nombreux  fossiles  dont  la  liste 
a  été  déjà  publiée  par  M.  le  docteur  Sassi,  est  le  ruisseau  du  Tor- 
sero,  aux  environs  de  Geriale.  On  voit  là  que  ce  terrain  est  composé 
dans  le  bas  de  marnes  bleues  coquillières,  sur  lesquelles  il  y  a  an 
banc  assez  considérable  de  sables  jaunes  calcaires  asses  endureia, 
contenant  de  nombreux  Pecten  et  formant  comme  une  espèce  de 
calcaire  moellon,  tel  qu'on  en  voit  avec  les  mêmes  espèces  de  fos- 
siles dans  le  classique  terrain  pliocène  moyen  de  Gastellarcuate. 
Ou  voit  au-de«us  de  ces  sables  un  autre  banc  de  marnes  sableuses 
grisâtres  aveo  coquilles,  ensuite  un  uouveau  banc  de  sables  jaunes 
coquilliers  plus  ou  moins  endurcis,  qui  passent  à  un  conglomérat 
ou  panchina  formant  une  brèche  à  éléments  arrondis  de  différente 
nature,  assez  solide  pour  fournir  des  meules  de  moulin,  et  qui  a 
en  beaucoup  d'endroits,  comme  vers  Cisano,  une  très  grande  puis- 
sance, et  enfin  une  masse  de  terrain  probablement  de  transport 
composé  de  marnes  argileuses  rougeâtres  et  de  masses  de  cailloux 


ROTB    hE   M.    PARBTO.  295 

roulés,  dont  quelques-uns  d'assez  fortes  diiiieosious  et  qui  sont  de 
difiereute  nature,  selon  la  provenance  des  cours  d*eau  aux  dëbou- 
elles  desquels  ils  se  trouvent. 

loL  panchina  OM  bréclic  qui  surmonte  les  marnes  et  les  sables 
jaunes  endurcis,  qui  se  fondent  avec  elle,  est,  en  s'approchant  des 
terrains  plus  anciens,  en  bancs  assez  inclinés,  et  parfois  elle  repose 
immédiatementj  comme  vers  Cisano,  sur  les  tranches  des  couches 
presque  redressées  de  calcaire  compacte  jurassique  et  des  rocliet 
éocènes.  Ce  phénomène  est  aussi  assez  fréquent  le  long  de  la  côte 
on  de  la  rivière  du  Ponent  où,  par  exemple,  près  de  Finale,  un 
calcaire  moellon  à  Pectcn^  qui  passe  parfois  à  un  conglomérat  ou 
brèche  et  qui  est  aussi  une  vétiVBiAt  panchina  tout  â  fait  analogue 
à  celle  de  Volterra  en  Toscane,  repose  en  couches  presque  hori- 
zontales dans  un  endroit  sur  la  marne  bleue,  et  en  d'autres,  à  hi 
hauteur  de  plus  de  200  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer, 
immédiatement  sur  les  couches  très  inclinées  de  calcaire  compacte 
jurassique. 

Les  fossiles  qu'on  trouve  à  Albenga  sont  en  général  ceux  qui 
de  Tautre  côté  de  l'Apennin  caractérisent,  selon  moi,  la  partie 
moyenne  et  inférieure  du  terrain  pliocène  à  Castellarcuato  dans  le 
Plaisantin  et  dans  une  partie  du  Tortonois,  et  ils  ont  aussi  beau  • 
coup  d*analogie  avec  les  fossiles  des  nombreux  petits  bassins  ter^ 
tiaires  pliocènes  qu'on  trouve  tout  le  long  de  la  côte  de  la  Médi  • 
terranée,  depuis  Nice  jusqu'à  l'Ë.  de  Gènes. 

Mais  en  retournant  à  notre  coupe  de  la  vallée  de  Gartenda  pour 
passer  dans  celle  de  TAroscia  ou  branche  principale  du  Genta  on 
a  à  traverser  une  petite  chaîne,  qui  est  de  nouveau  composée  des 
différentes  couches  du  macigno  et  des  argiles  brunes,  mais  qui,  au 
lieu  d'être  inclinées  comme  celles  de  la  chaîne  côtière  au  S.nS.-O., 
paraissent  l'être  dans  un  sens  contraire,  c'est-à-dire  au  N.-N.-£., 
de  manière  que  dans  cette  série  les  couches  plus  récentes,  qui  sont 
les  plus  élevées,  sont  aussi  celles  qui  sont  vers  la  vallée  de  l'Aros- 
cia,  sur  la  gauche  de  laquelle  il  y  a  encore  sous  l'église  d'Orto- 
vero  un  petit  mamelon  de  ces  schistes  du  macigno  qui  est  bientôt 
recouvert  par  une  énorme  masse  de  terrain  pliocène,  qui  montre 
dans  le  bas  des  bancs  de  marnes  bleus  à  Coiumbeila  tiara^  Bel- 
lardi,  Tarritella  subangulata^  Brocc.,  Naiica  pseudo^piglottina^ 
Pieurotoma  rotata^  firocc.,  Nassa  costulata^  Brocc,  Denlalium 
iiueguaicy  Brocc,  Pecien  pleuronectes^  etc.,  et  au-dessus  d'elles 
d'énormes  bancs  de  panchina  ou  conglomérat  qui  s'élèvent  assez 
haut  et  occupent  le  territoire  qui  se  trouve  entre  l'Aroscia  et  la 
Nevia,  au  pied  du  contre-fort  plus  ancien  d'Arnasco  et  Gonfiente  ; 


296  SÉAIfCB    DU    16    DÉCEMBRE    1861. 

ce  territoire  est  coupe  par  de  nombreux  petits  cours  d'eau,  qui  ra- 
vinent et  entaillent  profondément  les  couches  de  marnes  bleues, 
de  quelques  sables  et  les  énormes  masses  un  peu  inclinées  de  pou- 
dingue qui  constituent  lés  collines  encore  assez  élevées,  qui  vien- 
nent finir  à  la  plaine  près  de  l'endroit  dit  Bastia,  où  a  lieu  le  con- 
fluent  des  princi|>ale8  branches  du  Centa. 

Après  avoir  parcouru  pendant  une  heure  et  demie  à  peu  près  ce 
terrain  de  conglomérat,  on  retrouve,  près  de  la  bourgade  plus  méri- 
dionale d*Arnasco,  les  terrains  éocènes,  qu*on  avait  quittés  près  de 
TAroBcia  à  Ortovera,  mais  inclinés  dans  le  sens  du  S.-S.-O. ,  et  ici  en 
remontant,  pour  le  traverser,  le  contre-fort,  qui  est  entre  Arnasco 
et  ConBente  dans  la  vallée  de  la  Nevia,  près  de  la  réunion  de  ses 
deux  branches  principales;  on  passe  des  couches  plus  modernes 
aux  plus  anciennes  ;  ainsi  on  a  d'abord  du  macigno  un  peu  schis- 
teux, puis  quelques  schistes  argileux  et  ensuite  des  uiacigno  un 
peu  cristallins  et  solides  et  des  brèches  calcaires,  comme  celles  du 
cap  Santa  Croce.  Au-dessous  de  ces  macigno  il  y  a  encore  quelques 
schistes  et  puis  des  calcaires  compactes,  d'abord  en  dalles  ou  en 
noyaux  dans  des  espèces  de  schistes  ou  calcaires  schistoïdes  de  cou- 
leur également  foncée,  comme  les  parties  plus  solides  qu'ils  enve- 
loppent, et  enfin  plus  bas  des  bancs  puissants  de  calcaire  noir 
compacte  ou  un  peu  subcrîstallin  veiné  de  blanc,  qui  paraissent 
tout  à  fait  analogues  à  la  partie  moyenne  des  calcaires  jurassiques 
de  la  Spezzia.  Ces  bancs  qu'on  trouve  après  avoir  surmonte  la  crête 
du  contre-fort  et  lorsqu'on  descend  vers  Conûente  sont  ici  incli- 
nés vers  le  S.-S.-O.  et  relèvent  leurs  têtes  vers  la  vallée  du  tor- 
rent de  Nasino,  qui  est  la  plus  méridionale,  ou  si  Ton  veut  la  plus 
occidentale  des  deux  branches  de  la  Nevia. 

Le  confluent  de  ces  deux  branches  a  lieu  à  une  toute  petite 
distance  de  GonBente,  et  la  base  du  petit  cap,  qui  est  entre  les 
deux  cours  d'eau,  est  formée  par  ces  calcaires  noirs  avec  nom- 
breuses veines  spathiques  blanches,  qui  forment  un  ti-ès  beau 
marbre.  Les  deux  torrents  ont  profondément  corrodé  ces  couches, 
qui  sur  ce  contre*fort,  ainsi  que  sur  celui  qui  reste  sur  la  gauche 
ou  à  TE.  du  torrent  de  Zuccarello,  paraissent  incliner,  contraire- 
ment à  celles  qui  sont  sur  la  droite  à  Gonfîente,  vers  le  N.-N.-E. 
A  côté  des  deux  ponts  qui  sont  sur  les  deux  rivières,  dans  le  bat 
d'une  entaille  assez  profonde,  on  voit  le  conglomérat  pliocène  qui 
forme,  comme  nous  l'avons  dit,  les  basses  collines  qui  bordent  la 
plaine  d' Albenga,  et  composé  ici  d'énormes  blocs  liés  par  un  ciment 
rougeâtre,  s'appuyer  contre  une  berge  taillée  perpendiculaire- 
ment et  fonnée  par  la  corrosion  du  calcaire  ancien,  et  à  l'E.  même 


NOTE    DE    M.    PÀEBTO.  297 

de  la  grande  route,  qui  parcourt  une  terrasse  assez  élevëc  au-des- 
sus du  niveau  du  torrent,  on  voit  la  panchinn  ou  conglomérat 
s'appuyer  assez  haut,  en  couches  inclinées  au  S.-Ë.,  contre  des 
couches  de  calcaire  secondaire,  qui  plongent  aussi  dans  ce  contre- 
fort de  gauche  de  la  Nevia,  vers  le  N.-N,-E. 

Après  le  confluent,  la  route  que  j*ai  suivie  remonte  la  vallée  de 
la  Nevia  ou  torrent  de  Zuccarello,  et  parcourt,  en  allant  à  peu  près 
du  S.  au  N. ,  des  gorges  profondes  creusées  par  la  rivière,  dans  les 
masses  calcaires  qui  forment  ses  deux  rives.  Dans  ces  gorges  on 
Toit  d'abord  les  parties  inférieures  de  la  formation  calcaire,  qui 
sont,  comme  nous  venons  de  le  dire,  formées  par  d'énormes  bancs 
de  calcaire  noir  veiné  de  blanc,  plonger  pendant  quelque  temps 
vers  le  N.-N.-E.,  ainsi  que  les  couches  qui  sont  sur  les  hauteurs, 
mais  qui  sont  plus  schisteuses  et  partagées  en  bancs  de  médiocre 
puissance.  Plus  loin,  en  s'approchant  de  Zuccarello,  ces  couches 
changent  un  peu  d'inclinaison,  et  on  voit  les  marbres  noirs  se 
redresser  et  incliner  alors  plus  fortement  vers  le  S.-S.-O.  et  en 
remontant  du  fond  de  la  vallée  jusqu'aux  ruines  du  château  qu'on 
observe  sur  une  hauteur  assez  élevée  au-dessus  de  ce  bourg. 

Après  Zuccarello  la  grande  roule  s'élève  un  peu  plus  au-dessus 
du  fond  de  la  vallée  et  elle  rencontre,  au-dessous  des  calcaires 
que  nous  venons  d'indiquer,  d'abord  des  schistes  argileux  luisants 
avec  de  grands  noyaux  de  calcaire  compacte  et  subgrenu,  puis 
quelques  schistes  argilo-talqueux ,  et  au-dessous  d'eux  des  bancs 
d'un  calcaire  blanc  céroïde  et  parfois  saccharoïde  qui  forme  un 
véritable  marbre  blanc.  Ce  calcaire  inférieur  aux  schistes  argilo- 
talqueux  des  environs  pourrait  correspondre  aux  calcaires  de 
même  nature  qui  se  trouvent  dans  la  chaîne  métallifère  de  Tos- 
cane, laquelle  a  tant  de  ressemblance  avec  ces  montagnes  de  la 
ririère  du  Ponent,  au-dessous  de  certains  schistes  calcaires  de 
différentes  couleurs,  calcaires  qu'on  rapporte  au  lias,  sinon  même 
en  certains  points  â  une  subdivision  du  trias. 

Au  reste,  dans  la  partie  de  la  rivière  du  Ponent  qui  est  entre 
Savone  et  Albenga,  la  séparation  des  calcaires  secondaires  en 
deux  masses  distinctes  par  un  assez  grand  nombre  de  bancs 
sdiisto-talqueux  est  assez  fréquente.  Ainsi,  au  cap  Noii  et  à  Vari- 
gotti  près  Finale  on  a,  à  la  partie  inférieure  de  la  montagne  et  aux 
bords  de  la  mer,  d'assez  nombreux  bancs  d'un  calcaire  marbre 
roogeâtre  et  jaunâtre,  parfois  presque  céroide,  parfois  presque 
cristallin,  au-dessus  desquels  sont  des  schistes  talqueux  avec  quel- 
ques bancs  de  roches  de  quartz  presque  décomposées,  et  par-dessus 
une  grande  masse  de  calcaire  noirâtre  compacte  ou  subgrenu, 


298  SÉANCE    DU    16    DÉCKHBRB    1861. 

parfois  un  peu  luaj^oésien,  qui  pour  uioi  est  encore  rapporlable  au 
calcaire  jurassique.  Celte  séparation  est  aussi  recounaissable  vers 
le  sommet  de  Monte  Carmo  sur  la  chaîne  centrale  avec  des  incli- 
naisons opposées  à  celles  qu  on  observe  au  cap  Noli  à  Yarigotti  et 
même  à  la  Pietra,  ce  qui  semble  indiquer  que  cette  séparation  est 
constante  en  dessous  et  sur  presque  tout  le  pourtour  de  la  masse 
calcaire  qu'on  rencontre  dans  cette  contrée. 

Mais  en  reprenant  le  chemin  le  long  de  la  vallée  de  Zuccarello, 
au-dessous  de  ce  calcaire  ou  marbre  blanc  on  retrouve  enfin  près 
d'Erli,  et  sous  Castel  Yecchio,  le  terrain  de  verrucano  composé  de 
roches  de  quartz,  d*anagénites  et  de  schistes  talqueux  luisants, 
grisâtres  et  couleur  lie  de  vin,  dont  les  couches  inclinept  en  grande 
partie  vers  le  S.-S.-O.,  mais  qui  en  quelques  endroits  paraissent 
aussi  incliner  un  peu  dans  le  sens  contraire. 

Il  n'est  ^pas  facile  dans  ces  endi-oits  de  tracer  exactement  la 
marche  des  couches,  car  la  zone  de  verrucano,  que  Ton  traverse 
et  qui  court  de  Kocca  Barbcna  à  Alonte  Galet,  étant  parfois  recou- 
verte  par  des  lambeaux  de  calcaires,  dont  les  couches,  ainsi  que 
celles  des  schistes,  sont  contournées,  il  arrive  qu'il  y  a  des  loca» 
lités  où  les  calcaires  paraissent  presque  alternants  et  inférieure, 
parce  qu'ils  descendent  assez  bas  dans  la  vallée,  quoique  réellement 
ils  soient  supérieurs  et  seulement  entourés  par  ces  roches  de  quaru 
et  par  les  anagénites.  Ainsi,  dans  un  long  détoui*  que  fait  la  route 
pour  entrer  dans  un  profond  ravin  qui  se  jette  dans  la  Nevia  en 
venant  du  N.-£.,  le  calcaire  montre  ses  couches  disposées  presque 
en  forme  de  fond  de  bateau,  car  au  delà,  et  plus  près  de  la  chaîne 
centrale  qui  n'etît  pas  éloignée,  on  rencontre  de  nouveau  le  verm- 
cano,  qui  supporte  ce  calcaire,  et  plus  loin  encore,  vers  Monte 
Dingo,  au-dessous  du  verrucano,  il  y  a  des  roches  qui  ressemblent 
à  certains  gneiss  et  à  certains  schistes  micacés  et  talqueux  qu'il  bat 
rapporter  au  terrain  cristallin,  c'est-à-dire  au  verrucano  inférieur. 

La  grande  route  qu'on  suit  pour  passer  l'Apennin  au  ool  de 
Saint-Bernard,  courant  ensuite  pendant  quelque  temps  vers  1*0. 
et  le  N.-O.y  on  chemine  assez  longtemps  au  contact  et  sur  les. 
tranches  des  calcaires  et  des  roches  de  verrucano,  et  l'on  ne  reprend 
une  allure  pour  ainsi  dire  perpendiculaire  à  la  direction  det- 
couches  que  quand,  descendu  dans  la  vallée  de  Tanaro  près  de 
Garessio,  ou  suit  la  vallée  de  cette  rivière  qui  pendant  un  êa&n 
long  espace,  depuis  Trappa  jusqu'à  Muceto  et  non  loin  de  Geva, 
court  du  S.  au  N. 

Au  bourg  de  Garessio,  qui  est  encore  sur  la  droite  du  Tanaro» 
le  bas  de  la  montagne  est  composé  de  ces  roches  de  vermcano; 


IfOTl   DB   M.    PABBTO.  209 

mais  sur  le  haut  de  la  colline  qui  Tavoisine  il  y  a  supérieurement 
des  couches  de  calcaire  blanc  presque  saccharoïde  qu'on  exploite 
comme  marbre,  comme  il  y  en  a  aussi  sur  l'autre  côté  de  la  rivière 
dans  un  chaînon  qui  court  de  l'O.  à  TE.  et  qui  forme  la  berge 
méridionale  du  petit  torrent  appelé  la  Lovia  qui  descend  sur  la 
gauche  du  Tanaro  un  peu  en  auiont  de  la  partie  de  la  commune 
de  Garessio  qu'on  appelle  Porte, 

C'est  de  cet  endroit  que  nous  ferons  partir  la  coupe  (PI.  VI, 
6g.  7  bis)  qui  sera  le  complément  de  celle  que  nous  avons  esquissée 
jusque  sur  la  chaîne  centrale  ;  en  effet,  quant  à  sa  constitution  géo  • 
logique,  on  peut  presque  regarder  ce  petit  chaînon  comme  fonné 
par  le  prolongement  des  couches  que  nous  avons  traversées  sur  la 
chatoe  centrale  au  col  San  Bernardo  (953  mètres  d'élévation)  et 
dans  la  descente  vers  Garessio. 

La  montagne  plus  haute  de  la  chahie  centrale  qui  s'élève  au 
midi  de  Garessio  et  qui  est  haute,  selon  certaines  observations^  de 
i70A  mètres,  selon  d'autres  de  1721,  s'appelle  Monte  Galet;  les 
pentes  et  les  cimes  de  cette  montagne  qui  sont  vers  le  versant  de 
la  Méditerranée  sont  formées  par  du  calcaire  pareil  à  celui  de  la 
vallée  de  Zuccarello  et  de  celle  de  Masino  à  la  tête  desquelles  cette 
montagne  est  située.  Ces  couches,  qui  ne  sont  pas  très  inclinées, 
plongent  vers  le  S.*S.-0.  et  relèvent  leurs  têtes  du  côté  du  versant 
du  Tanaro;  en  descendant  de  cette  montagne  pour  rejoindre  la 
vallée  qu'on  rencontre  à  l'endroit  dit  Trappa,  où  le  Tanaro  com- 
mence à  prendre  la  direction  du  S.  au  !N.  après  avoir  quitté  la  di- 
rection approximative  de  l'O.  à  TE.,  on  trouve  sous  les  couches  du 
calcaire  ordinaire  et  de  quelques  schistes  des  bancs  de  calcaire 
marbre  et  puis  de  fortes  masses  de  verrucano  qui  arrivent  au  niveau 
de  la  rivière  qu'il  faut  traverser  pour  prendre  sur  la  gauche  du  fleuve 
la  grande  route  qui  descend  d'Ormea  >  Garessio.  Après  le  passage, 
on  longe  pendant  quelque  temps  le  pied  oriental  du  chainon  de 
la  berge  méridionale  de  la  Lovia  dont  nous  avons  parlé,  et  après 
avoir  remarqué  que  près  de  Trappa  les  couches  calcaires  superpo- 
sées au  verrucano  inclinent  un  peu  vers  le  N.,  on  observe  que, 
descendues  au  niveau  de  la  vallée,  peu  après  elles  se  relèvent  et 
inclinant  au  S.-S.-O.  elles  viennent  s'appuyer  par  leur  partie 
inférieure,  qui  est  formée  par  du  calcaire  marbre,  sur  les  i*oches 
de  quartz  et  d'anagénites  du  verrucano;  celles-ci  constituent  la 
portion  basse  et  septentrionale  de  ce  contre-fort  et  inclinent  aussi 
vers  le  S.-S.-O.  en  s'appuyant  sur  les  roches  qui  se  trouvent  sur 
la  rive  septentrionale  de  ce  torrent,  lesquelles  sont  des  schistes 
talqueai  passant  aux  gneiss  talquenx  ;  ces  roches  sont  probable- 


300  SfiAIfCB    DU    16    DÉCEMBRE    1S61. 

ment  plus  anciennes  et  font  partie  du  verrneano  infériour  qui  doit 
être  un  terrain  paléozoïquc  inférieur  entièrement  modifié. 

Ce  terrain  après  avoir  constitué  la  masse  des  montagnes  qui  se 
trouvent  dans  la  partie  moyenne  des  cours  du  Pesio,  de  TEllea, 
de  la  Corsaglia,  descend  des  hauteurs  du  Pizzo  Mindin  et  vient 
traverser  le  Tanaro  près  de  Garessio,  où  cette  rivière  est  élevée 
de  582  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  et  de  là  va  con- 
stituer les  Monti  Dingo,  Spinardo,  Sctta-Pani  dans  les  hautes 
vallées  de  la  fiormida,  et  puis,  traversant  obliquement  la  chaîne 
centrale,  descend  dans  les  vallées  des  environs  de  Finale  et  de 
Savone,  où  il  aboutit  à  la  mer.  La  largeur  de  ce  terrain,  depuis 
Ponte  près  de  Garessio  jusqu'après  la  Pievetta,  est  du  sud  au  nord 
d*à  peu  près  7  kilomètres  ;  et  Taxe  de  ce  noyau  plus  ancien  se 
trouve  presque  à  la  moitié  de  cette  largeur,  c'est-à-dire  non  loin 
de  Priola  ;  car  c'est  tout  près  de  cette  localité  que  les  couches  du 
schiste  ou  gneiss  talqueux,  qui  inclinaient  versGaresiioauS.-S.-O., 
changent  d'inclinaison  et  plongent  au  N.-N.-E.  Cette  masse  de 
schistes  forme,  comme  nous  l'avons  déjà  indiqué,  un  noyau  ou 
ellipsoïde  allongé  de  l'O.-N.-O.  à  i'E.-S.-E.,  qui  est  échelonné 
un  peu  obliquement  avec  un  autre  ayant  presque  la  même  direc- 
tion, lequel  occupe  plus  à  TO.  le  centre  des  montagnes,  qui  tant 
entre  la  Stura,  le  Gesso,  la  Tioea,  la  Vesubia  et  une  partie  du 
Roja  et  qui  constituent  pendant  quelque  temps  la  chaîne  centrale 
près  de  l'attache  de  l'Apennin  aux  Basses-Alpes. 

11  y  a  en  outre  dans  ces  parages  deux  autres  de  ces  noyaux  de 
roches  plus  anciennes,  mais  ils  sont  de  bien  moindre  impoitanœ  ; 
nous  aurons  bientôt  à  parler  de  l'un  des  deux,  celui  de  Nuceto, 
car  il  se  trouve  sur  la  ligne  que  suit  notre  coupe.  Quant  à  rantre» 
celui  d'Ormea,  quoique  très  remarquable  par  les  roches  qui  le 
constituent,  tels  que  grès,  porphyres,  roches  de  quartz  et  anagé- 
nites,  et  par  Télévation  qu'il  atteint,  nous  ne  nous  en  occuperons 
pas  parce  qu'il  se  trouve  en  dehors  de  la  section  dont  nous  cher- 
chons à  donner  une  esquisse. 

Après  la  Pievetta,  pendant  1  kilomètre  à  peu  près,  les  couchet 
sdiisteuses  se  modifient  un  peu  et  paraissent  se  rapprocher,  quoique 
cela  ne  soit  pas  bien  certain,  des  couches  de  verrucano  plus  ré- 
centes. Ensuite,  à  l'endroit  nommé  Pier  Incisa,  où  la  vallée  du  Ta- 
naro se  rétrécit  de  beaucoup,  on  leur  voit  succéder  des  conchct 
de  calcaires,  analogues  tout  à  fait  à  ceux  que  nous  avons  vus  de 
l'autre  côté  de  l'Apennin,  c'est-à-dire  des  calcaires  gris  et  noi- 
râtres, parfois  compactes,  parfois  subgrenus,  et  probablement  an 
peu  dolomitiques.  Ces  couches  qui  sont  assez  épaisses  et  aaseï  mul* 


NOTB    DB    M.    PARBTO.  301 

tipLiocs  plongent  dans  le  sens  du  N.-N.-K.  cl  on  est  ici  dons  la 
zone  extérieure  des  calcaires  jurassiques  qui  flanque  du  côté  du 
nord  la  zoue  de  verrucano  et  le  noyau  de  gneiss  et  de  schistes 
talqueux,  comme  nous  avons  vu  ces  deux  zones  accompagner  du 
côté  du  sud  ce  noyau  sur  une  partie  de  la  chaîne  centrale  et  sur 
le  versant  de  la  Méditerranée. 

La  zone  calcaire  septentrionale  peut  avoir  la  largeur  d*UD  kilo- 
mètre et  le  Tanaro  s* est  frayé  au  milieu  d'elle  un  passage  tor* 
tueux  et  assez  rétréci.  Peu  après  ce  défilé,  au  pont  de  Bagnasco, 
le  niveau  de  la  rivière  est  de  677  mètres  au-dessus  de  la  IMédi- 
terranée^et  c'est  à  la  sortie  de  ces  gorges  que  commence  à  paraître 
le  terrain  miocène,  qui  est  représenté  à  sa  base  par  des  couches 
puissantes,  un  peu  inclinées  au  N.-N.-E.,  d'un  poudingue  ou 
uagelfluhe  contenant  des  cailloux  de  médiocre  grosseur  de  gneiss, 
de  calcaire I  d'anagénites,  de  quartzites  et  de  nombreuses  autres 
i*ocbes.  Ce  conglomérat  est  surmonté  par  des  couches  de  mollasses 
et  de  poudingue  à  grain  plus  fin,  et  il  y  a  avec  lui  des  couches  de 
marnes  fossiles  et  bitumineuses,  daus  lesquelles  se  trouvent  des 
fragments  de  lignite  et  des  coquilles  d'eau  douce,  tels  que  des 
Planorbes,  des  Anodontes,  desUnio.  Ces  marnes,  qui  contiennent 
un  grand  nombre  de  feuilles  fossiles,  se  montrent  aussi  et  accom- 
pagnent le  lignite  qu  on  trouve  en  plusieurs  points  des  environs 
non-seulement  de  Bagnasco,  mais  aussi  vers  Nuceto,  où  il  est 
principalement  exploité.  Près  de  Bagnasco  les  couches  en  général 
inclinent  vers  le  N. ,  c'est-à-dire  dans  le  sens  de  la  pente  de  la  vallée  ; 
mais  en  continuant  à  descendre  elles  se  redressent  vers  Nucelo  cl 
inclinent  au  sud,  en  s'appuyant  sur  un  noyau  de  roches  cristallines, 
schistes  micacés  ou  gneiss,  qu'on  rencontre  pou  après  ce  village  et 
dans  lequel  le  Tanaro  a  creusé  assez  profondément  son  lit  tor- 
tueux. 

Les  couches  du  terrain  miocène  de  Bagnasco  à  Nuceto  sont 
disposées  en  forme  de  fond  de  bateau,  et  si  on  ne  savait  pas  qu'elles 
se  réunissent,  soit  du  côté  de  TO.  vers  Baltifollo  et  Scagnello,  soit 
du  côté  de  l'Ë.  vers  Perlo,  aux  couches  miocènes  qui  forment  une 
ceinture  continue  aux  pieds  de  cette  partie  de  l'Apennin,  on  dirait 
qu'on  a  ici,  à  Bagnasco  et  à  Nuceto,  un  bassin  miocène  isolé  et  d'eau 
douce.  Mais  pour  moi,  je  pense  que  probablement  ce  n'était  qu'un 
golfe,  abrité  même  par  un  îlot  de  roches  plus  ancieniies  et  dans 
lequel  quelques  cours  d'eau  apportaient  les  coquilles  fluviatiles  et 
lacustres  qu'on  ti'ouve  dans  les  marnes  et  les  nombreuses  feuilles 
qu'on  y  voit,  ainsi  que  les  cadavres  des  Anthracothcrium  cl  des 
Rhinocéros  qui  vivaient  daus  les  environs,  ainsi  que  tous  les  muté- 


30*2  SâAIfCB    DU    16   DÊCBMBRB    1861. 

l'iaux  qui  ont  concouru  à  former  les  bancs  de  lignite  qu'on  ex- 
ploite dans  ces  localités  et  qui  ne  diffèrent  que  par  leur  puissance 
des  nombreuses  traces  de  combustible  qu'on  rencontre  dans  cette 
zone  miocène  inférieure  qui  est  aux  pieds  dos  Apennins  et  dont 
on  a  des  exemples  à  Cairo  près  Carcare,  à  Sassello,  à  Gassinelle, 
à  Yoltaggioy  avec  la  différence  que  dans  ces  endroits,  au  moins  à 
Garcare  et  à  Sassello,  il  y  a  de  préférence  des  coquilles  d'eau  sau- 
mâtre,  telles  que  des  Céritlies,  des  Mélanies  et  des  Cyrènes. 

Le  massif  cristallin  qu'on  rencontre  après  Nucetoa  laforme  pres- 
que circulaire,  et  il  est  composé  en  général  d'une  espèce  de  gneiss  et 
de  schiste  micacé  ou  talqueux,  dont  les  couches  inclinent  d'abord 
au  S.,  puis  au  N.  Sur  les  hauteurs  à  droite,  c'est-à-dire  à  TE.  de 
la  route,  qui,  avant  d*entrer  dans  le  défilé,  passe  sur  un  très  beau 
pont  de  marbre,  de  la  gauche  à  la  droite  de  la  rivière,  il  y  a 
quelques  traces  de  verrucano  supérieur  et  de  calcaire;  mais  le 
chemin  est  toujours  frayé  dans  la  roche  ancienne  jusqu'au  sortir 
du  défilé  vers  la  vallée  de  la  Gevetta,  qui,  dirigée  presque  de  TE. 
à  rO.  vient  se  réunir  au  Tanaro  sur  sa  droite  auprès  de  Ceva. 
Lorsqu'on  quitte  le  terrain  ancien,  on  voit  reposer  au-dessus  de 
lui  les  bancs  du  terrain  miocène,  dont  la  partie  inférieure  est  com- 
posée de  gros  blocs  de  roches  anciennes,  gneiss,  schistes  et  anagé- 
nites,  qui  forment  un  amas  sans  stratification  observable  et  sur 
lequel  s'appuient  ensuite  en  couches  plus  régulières,  inclinées  vers 
le  N.,  des  poudingues  à  cailloux  de  plus  petite  dimension,  puis 
des  sables  à  gros  grains  avec  coquilles  indéterminables,  et  ensuite 
des  mollasses  qui  constituent  l'espèce  de  plateau  dans  lequel  est 
creusé  le  lit  de  la  Gevetta  et  dont  la  surface  est  l'ecou verte 
par  une  couche  assez  puissante  de  cailloux  roulés  probable- 
ment diluviale.  La  mollasse  que  l'on  observe  à  la  descente  vers  la 
ville  de  Geva,  et  qui  passe  aussi  sur  la  droite  de  la  Gevetta,  est  à 
grain  assez  fiu,  marneuse,  fissile,  et  contient  quelques  coquilles  ap- 
partenant à  la  période  miocène  ;  elle  n'est  pas  très  inclinée  et  sa 
pente  est  vers  le  M .  La  Gevetta  qui  est  au  fond  de  la  vallée  se 
réunit  un  peu  au-dessous  de  Geva  avec  le  Tanaro,  et  le  confluent 
s'effectue  à  une  hauteur  à  |)eu  près  de  386  mètres  au-dessas  da 
niveau  de  la  mer. 

A  la  droite,  c'est-à-dire  au  N.  de  la  Gevetta,  se  présentent  de 
hautes  collines  composées  de  plusieurs  alternances  de  mollasMS 
grisâtres,  marneuses,  et  de  sables  jaunes,  tantdt  presque  désagré- 
gées, tantôt  endurcies  en  nodules  de  formes  singulières  et  variables 
d'une  espèce  de  grès.  Ges  couches  qui  sont  un  peu  inclinées  vert 
le  N.  s'étendent  assez  loin  et  forment  la  plupart  des  coliinei  des 


If 0TB    DE    M.    PARBTO.  303 

Lan^jhe  qui  au  Monte  délia  Croce,  non  loin  de  Monlcztinolo, 
s'éièTent  à  7^5  mètres,  et  à  Monbarcaro  tout  à  côte  de  notre  sec- 
tion à  876  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer. 

I^  route  qui  conduit  de  Ceva  à  Murazzano  sVlève  d'abord  par 
de  nombreux  lacets  sur  la  colline  où  se  trouvent  les  ruines  du 
château  de  Ceva  et  coupe  ces  couches  de  marne  sableuse  grisâtre 
et  de  sables  jaunes  miocènes;  puis  elle  se  dirige  vers  le  N.  sur 
la  crête  de  la  colline,  en  parcourant  successivement  des  couches 
de  cette  nature,  dont  les  alternances  se  répètent  un  grand  nom- 
bre de  fois  et  dont  l'inclinaison,  excepté  sur  un  point,  se  montre 
constamment,  mais  assez  légère,  vers  le  N.  et  le  N.-N.-E.  Ce  ter- 
rain miocène  a  une  très  grande  puissance,  mais  il  présente  très 
peu  de  fossiles.  Lorsqu'on  est  arrivé  sur  la  partie  de  la  crête  qui 
donne  de  l'eau  dans  le  Belbo  vis-à-vis  de  Monbarcaro  et  qui  est  un 
peu  dirigée  du  S.-E.  au  N.-<).,  la  route  tourne  aussi  un  peu  plus 
à  rO.  ou  auN.-O.  Cependant  elle  chemine  toujours  dans  ce  même 
terrain  ;  mais  eu  se  rapprochant  du  Tanaro  qui  est  un  plus  à 
rO.,on  voit  que  les  chahions  des  collines  changent  un  peu  de 
direction  et  prennent  un  peu  plus  celle  du  S.-S.-O.  au  N.-N.-E. 
ou  S,-0.  au  N.-E. ,  en  ressentant  probablement  l'effet  du  soulève- 
ment des  Alpes  occidentales  dont  on  se  rapproche  davantage.  Il 
faut  cependant  observer  que  les  couches  ne  se  relèvent  pas  vers  les 
Alpes  ;  mais  au  contraire  elles  semblent  s'abaisser  vers  elles,  puis- 
qu'elles inclinent  un  peu  vers  l'O.  ou  le  N.-O. ,  c'est-à-dire  vers 
la  vallée  du  Tanaro  d'abord  et  la  plaine  du  Piémont,  ou  pour 
mieux  dire,  vers  le  plateau  qui  est  entre  le  Tanaro  et  la  Stura, 
plateau  qu'on  voit  devant  soi  et  presque  à  ses  pieds,  lorsqu'on 
descend  des  collines  de  Murazzano  vers  celles  de  Dogliani,et  qui, 
au  delà  de  Stura,  continue  jusqu'au  pied  des  Alpes  occidentales 
dont  on  a  devant  soi  l'admirable  spectacle. 

De  ces  hauteurs  de  Murazzano  si  on  regarde  vers  le  M.-O.  on 
peut  remarquer  que  les  différentes  zones  des  collines,  dont  la 
direction,  comme  celle  des  vallées  du  Belbo  et  du  Tanaro  qui  leur 
sont  interposées,  est  vers  le  N.-N.-E. ,  forment  comme  des  marches 
d'un  escalier  à  surface  inclinée  vers  l'O. -N.-O.,  qui  vont  dimi- 
nuant successivement  de  hauteur  jusqu'à  se  confondre  avec  le 
haut  plateau  du  Piémont  dont  les  dernières  formeraient  le  sub^ 
stratuniy  et  c'est  aussi  dans  cette  direction  qu'on  passe  des  terrains 
plus  anciens  aux  plus  modernes;  ainsi  on  peut  croire  que  la  limite 
supérieure  du  véritable  terrain  miocène  passe  non  loin  de  Do- 
gliani  et  de  Monforte;  les  collines  de  Novello  et  de  la  Morra  où 
sont  les  gypses  sont  comme  le  commencement  du  pliocène  ou 


301  SftANCB    DU    20    DËCBMDRB     1801. 

plutôt  correspondent  à  ces  terrains  du  Tortonois,  oii  il  y  a  un 
mélange  de  fossiles  miocènes  et  pliocènes  et  que,  pour  moi,  je 
penche  à  considérer  comme  formant  la  base  du  pliocène. 

Près  de  cet  endroit  de  la  Morra  il  y  a  une  masse  assez  considé- 
rable de  conglomérat,  comme  il  y  en  a  dans  le  Tortonois  et  le 
pays  de  Vogliere,  au-dessus  de  ces  gypses,  et  si  ou  suppose  que  les 
couches  qui  les  avoisinent  près  de  la  Morra  se  prolongent  dans  le 
sens  du  S.-S.-O.  sur  la  gauche  du  Tanaro,  il  est  remarquable  qu'on 
les  voit  passer  près  de  Narzole,  où  Ton  a  trouvé  un  gisement  de  co- 
quilles fluviatiles  ou  lacustres,  Melanopsis^  Melania,  Neritina^  etc., 
analogues  et  presque  identiques  avec  celles  que  j'ai  reti'ouvées  dans 
les  environs  des  terrains  gypseux  du  Tortonois  près  de  Santa  Agata 
et  de  Gavazzana. 

Ce  terrain  gypseux  de  la  Morra  se  continue  vers  le  N.-N.-E. 
et  passe  sur  la  gauche  du  Tanaro,  à  Piobesi,  à  Guarcne  dans  le 
groupe  de  collines  qui  est  entre  cette  rivière  et  la  partie  haute 
de  la  vallée  du  Borbore  son  affluent,  ou  se  trouvent  vers  la  Yezza 
un  certain  nombre  des  coquilles  du  Tortonois,  et  c'est  cette  zone 
gypseusw',  qui  ployant  ensuite  vers  TE.,  va  se  réunir,  au  moyeu  des 
masses  de  cette  nature  qui  sont  à  Alice  et  à  Castel  Rochero,  non  loin 
de  Nizza  de  Montferrat,  et  à  celles  de  Monte  Rotondo  près  de  Novi, 
aux  dépôts  plus  étendus  du  pays  de  Tortone  et  de  Yoghere,  en 
formant  une  courbe  sinueuse  qui  suit  pour  ainsi  dire  les  contours 
du  massif  miocène  vers  les  terrains  plus  récents,  comme  une  zone 
analogue  paraît  marquer  les  contours  du  véritable  miocène  des 
hautes  collines  du  IVlontferrat  et  de  l'Astesan  qui  devaient  autrefois 
former  connue  une  île,  vers  le  bassin  du  Tanaro,  sur  la  gauche 
duquel  ces  collines  sont  situées,  et  les  terrains  pliocènes  plus  récents 
qui  occupent  la  cavité  qui  devait  jadis  se  trouver  entre  l'Apennin 
et  cette  île,  cavité  dont  le  cours  actuel  du  Tanaro,  depuis  Asti 
jusqu*à  son  confluent  avec  le  Pô,  marque  probablement  la  ligne 
de  plus  grande  dépression. 

Au-dessus  des  conglomérats  de  la  Morra  et  en  couches  toujoars 
moins  inclinées  sont  les  marnes  bleues  pliocènes  des  bords  du  Ta- 
naro près  de  Cherasco.  On  les  voit  très  bien  dans  les  escarpements 
que  cette  rivière  a  formés  sur  sa  gauche  en  corrodant  le  haut  pla- 
teau sur  lequel  est  située  cette  petite  ville,  et  qui  se  termine  à  côlë 
d'elle  en  une  espèce  de  promontoire  élevé  de  277  mètres  au-dessus 
du  niveau  de  la  mer  et  de  93  mètres  au-dessus  du  Tanaro  à  son 
confluent  avec  la  Stura  qui  se  trouve  presque  immédiatement  sous 
ce  promontoire  et  à  une  hauteur  de  184  mètres  au-dessus  de  la  Mé« 
diterranée.  La  plaine  qui  vient  unir  à  Cherasco,  bornée  à  TE.  par 


NOTK   DE    M.    rARBTO.  ^05 

le  Tanaro  et  à  l'O.  et  au  N.-O.  par  la  Stura,  et  qui  a  une  forme 
presque  triangulaire,  sVlève  graduellement  du  N.  au  S.  jusqu'au 
pied  des  montagnes  de  Coni  et  de  iMondovi.  Elle  est  généralement 
assez  nivelée  ;  on  y  voit  cependant  de  temps  à  autre  des  rides  ou  es- 
pèces de  terrasses  composées  ordinairement  de  cailloux  roulés,  qui 
paraissent  indiquer  les  différents  niveaux  occupés  successivement 
par  les  cours  d'eau  qui  la  sillonnent.  Actuellement  beaucoup  de 
cescourad'eauy  comme  l'Ellea,  le  Pesio,  la  Modolavia,  parcourent 
de  profonds  fossés  creusés  déjà  dans  les  marnes  bleues  de  la  par- 
tie inférieure  du  terrain  pliocène.  La  Stura  même,  qui  l'entaille 
profondément ,  la  séparant  de  la  véritable  plaine  du  Piémont , 
c'est-à-dire  de  celle  qui  s'étend  de  Fossano  à  Turin,  entame  les 
marnes  bleues  à  (îlierasco  ;  mais  plus  haut,  à  Fossano  et  sur- 
tout à  Coni,  elle  ne  met  à  nu  sur  ses  flancs  que  d*énormes  amas 
de  cailloux  roulés  et  de  sables  du  terrain  diluvial  ;  dans  ce 
dernier  endroit  la  partie  visible  du  diluvium  est  de  plus  de 
64  mètres,  car  la  ville  de  Coni  est  à  peu  près  élevée  de  534  mètres, 
et  le  confluent  de  là  Stura  et  du  Gesso  qui  a  lieu  au-dessous  de 
cette  ville,  ettoujoui*s  dans  ce  terrain,  est  à  470  mètres  au-dessus 
du  niveau  de  la  mer. 

Notre  coupe,  après  avoir  traversé  le  Tanaro  à  Gherasco,  passé 
par  cette  ville,  et  traversé  la  Stura,  remonte  près  de  Brà  sur  ta  con- 
tinuation de  la  plaine  du  Piémont  et  voit  à  côté  et  à  TE.  et  N.-E. 
de  cette  ville  reposer  sur  les  marnes  bleues  les  sables  jaunes  supé- 
rieurs pliocènes,  qui  forment  le  petit  relief  des  collines  [escarpées 
vei*s  le  cours  du  fiorbore  et  du  Tanaro,  légèrement  inclinées  vers 
1a  plaine)  de  Sommariva  Perno,  Santo  Stefano  Rocro  et  de  la 
Monta,  qui  forment  comme  la  ligne  de  partage  des  eaux  entre  le 
Tanaro  et  le  Pô  jusqu'à  la  rencontre  des  collines  de  Turin,  faîte 
qui  se  tient  k  peu  près  entre  279,  242  et  290  mètres  d'élévation. 

Du  fond  de  la  vallée  de  la  Stura  on  monte  sur  cette  plaine  en 
gravissant,  pour  ainsi  dire,  deux  gradins  entaillés  dans  le  terrain 
pliocène,  et  sur  chacun  desquels  est  étendu  un  lit  de  cailloux. 
Après  Brà,  c'est  le  diluvium  qui  couvre  la  plaine,  et  il  ne  forme 
que  des  ondulations  ou  de  petites  rides  qu'on  traverse  en  allant 
soit  vers  Sonnnariva  del  Bosco  à  la  limite  orientale  de  la  plaine 
ou  plateau  oii  l'on  est  élevé  de  242  mètres,  soit  vers  Cavalier  Mag- 
giore  et  Carmagnola,  où  l'on  n'est  plus  qu'à  212  mètres  au-dessus 
du  niveau  de  la  mer.  Dans  les  environs  de  celte  dernière  ville 
la  plaine  est  unie  ;  mais  un  peu  plus  à  TE. ,  elle  est  sillonnée 
quoique  peu  profondément  par  de  nombreux  cours  d'eau  qui 
Soc.  géol,j  2*  série,  tome  XIX.  20 


30l5  SÊANCB    DU    16    DÉCBttBHB    1801. 

descendent  au  Pô,  mais  qui  n'entament  que  le  terrain  siiperHciel, 
c'esl-^-dire  le  diluvium  ou  ces  argiles  marneuses  rougeâtres  avec 
limonite  et  quelque  peu  de  sables  qui  couvrent  la  surface  du  Pie- 
mont  vers  Poiriuo,  Villanova  d'Asti,  Riva  di  Giiieri,  Buttigliera 
d'Asti.  Dans  ce  dernier  endroit,  si  on  descend  un  peu  dans  un 
ravin  qui  coule  à  !'£.  et  qui  va  dans  le  Tanaro,  on  voit  comment 
ce  terrain  est  en  général  composé.  Sur  le  haut  on  a  des  bancs 
d'une  marne  argileuse  rougeâtre  avec  des  traces  de  fer  limoneux, 
puis  des  parties  un  peu  plus  sableuses,  ensuite  un  banc  d'ar- 
gile onctueuse  blanchâtre  assez  solide ,  en  dessous  des  marnes 
câbleuses  et  plus  bas  encore  des  sables  quartzeux  avec  quelques 
traces  de  maroe.  Ces  derniers  bancs  semblent  se  rapprocher  des  ter- 
rains qui  sont  entre  Villanova  et  Yillafranca,  et  qui  correspondent 
â  ceux  qui  sont  coupés  par  le  chemin  de  fer,  où  l'on  a  trouvé  le 
fEuneux  Mastodonte,  Tetralophodon  arvernensis^  qui  orne  le  musée 
de  Turin. 

Ici,  près  de  Yillafranca,  la  partie  la  plus  élevée  est  formée  par  un 
terrain  marno-argileux  rougeâtre  avec  beaucoup  de  petits  cailloux 
principalement  de  quartz  ;  en  dessous  il  y  a  un  banc  de  sables  fins 
jaunâtres,  puis  des  marnes  jaunes  grisâtres,  puis  encore  un  petit  lit 
de  sables  parfois  endurcis  et  çà  et  là  des  plaques  d'une  espèce 
de  poudingue  à  petits  grains  et  en  dessous  une  masse  de  marnes 
plus  ou  moins  jaunes  ou  grises,  parfois  un  peu  verdâtres,  avec  des 
concrétions  calcaires  blanchâtres  friables,  et  de  petits  bancs  et 
nodules  aplatis  d'un  calcaire  gris  marneux  et  compacte.  Au  milieu 
de  ces  marnes  il  y  a  des  Hélix  et  des  Lymnées.  Cette  masse  repose 
enfin  sur  un  banc  de  sables  désagrégés  quartzeux  blancs  et  gris, 
avec  de  petits  lits  irréguUers  ocracés  jaunâtres.  Ces  sables,  quoi- 
qu'il n'y  ait  pas  précisément  de  fossiles  pour  les  caractériser,  peu- 
vent encore  être  regardés  à  cause  de  leur  disposition  et  de  leur 
aspect  comme  étant  lacustres  ou  comme  déposés  au  fond  d*un 
étang. 

Il  parait  que  ce  terrain  a  une  grande  étendue,  car  en  continuant 
de  Sommariva  del  Bosco  à  se  diriger  vers  leN.,  pour  aller  à  la 
rencontre  de  la  colline  de  Turin,  on  le  voit  former  la  surface  du 
sol  jusqu'auprès  d*Andezeno,  où  au-dessous  de  lui  commencent  â 
paraître  les  sables  jaunes  pliocènes,  qui,  en  allant  vers  MarentinOi 
sont  supportés  par  les  marnes  bleues.  Ces  marnes  continuent  peu* 
dant  quelque  temps  vers  Sciolze  sous  une  faible  inclinaison  ;  mate 
avant  d'arriver  à  ce  pays,  qui  est  sur  la  crête  de  séparation  entre 
ks  torrents  qui  descendent  au  Pô  en  amont  de  Turin  et  ceua 


NOTB    DK    H.    PÀRETO.  307 

qui  y  deflcendent  eu  aval,  on  rencontre  des  sables  serpentincux 
et  des  mollasses  plus  inclinées  vers  le  S.-S.-O.  qui  appartiennent 
au  terrain  miocène. 

La  crête  de  partage  marche  ici  de  rO.-N.-O.  à  l'E.-S.-E.  et 
les  têtes  des  couches  regardent  vers  le  Pô  et  la  vallée  presque 
longitudinale  de  Rivalba  qui  court  de  TE.  à  l'O.  au  pied  septen- 
trional du  faite  sur  lequel  est  situé  le  château  de  Sciolze.  En  des- 
cendant dans  cette  petite  vallée  les  couches  de  mollasse  sur  sa 
gauche  sont  encore  inclinées  au  S.-S.-O.  ;  mais  sur  l'autre  rive  où 
l'on  gravit  les  collines  qui  vont  vers  Gastagneto  et  Chivasso,  ces 
mêmes  couches  pendant  quelque  temps  inclinent  au  N.-N.-E.  et 
puis  avant  Gastagneto,  où  l'on  rencontre  une  masse  de  poudingue 
et  de  sables  serpentincux,  elles  reprennent  Tinclinaison  au  S.-S.-O. 
qu'elles  conservent  jusqu'à  ce  village,  où  il  y  a  un  nouveau  chan- 
gement. 

Cette  dernière  partie  de  la  colline  qui  forme  un  cap  assez  avancé 
▼ers  le  Pô  est  alignée  dans  le  sens  du  S.-S.-O,  au  N.-N.-E  et 
parait  la  continuation  de  la  crête  qui  est  à  TE.  de  Superga, 
laquelle  vient  dans  cette  même  direction  de  la  Maddalena  au- 
dessus  de  IVloncalieri  jusqu'à  Bardassano,  et  reste  ainsi  coupée 
parle  vallon  de  Rivalba.  Avant  d'arriver  à  Gastagneto  et  au-des- 
sus de  Rivalba,  au  contraire,  certaines  crêtes  sont  dans  le  sens  de 
l'O.-N.-O.  à  TE.-S.-E.,  et  on  peut  dire  qu'il  y  a  ici  le  croisement 
des  deux  systèmes,  celui  des  Alpes  occidentales  et  celui  des  Apen- 
nins. Les  couches  mêmes  dans  leur  direction  ressentent  aussi  ce 
changement,  car,  tandis  qu'elles  allaient  de  l'O. -N.-O.  à  l'E.-S.-E., 
de  fiardassano  à  Sciolze,  à  Ginzano  et  à  Berzano,  elles  courent  du 
S.-S.-O.  au  N.-N.-E.  en  inclinant  généralement  à  l'E.  de  Santo- 
Raffaele  à  Gastagneto,  et  ce  dernier  massif  est  composé  dans  le  bas 
par  des  conglomérats  à  très  grosses  masses  analogues  à  ceux  que 
l'on  voit  à  la  base  des  contre-forts,  loi*squ*on  commence  à  gravir 
les  collines  qui  sont  à  l'E.  de  Turin.  Les  deux  changements  d'in- 
clinaison vers  le  S.-S.-O.  ou  le  N.-N.-E.  dans  les  couches,  qu'on 
peut  remarquer  d'abord  dans  le  vallon  de  Rivalba  et  ensuite  près 
Gastagneto,  indiquent  presque  deux  axes  parallèles  de  soulève- 
menty  et  ces  couches  arquées  correspondent  à  des  noyaux  de  cal- 
caire éocénique,  qui  se  trouvent  plus  à  l'E.  vers  Monteu^  Bru- 
sasco  et  Saint-Jean  de  Fcrrua^  où  le  noyau  de  calcaire  éocénique 
allongé  de  l'O.  à  TE.  est  flanqué  au  N.  par  le  calcaire  moellon 
miocène  à  Pccten  de  Verrua  et  au  S.  par  des  mollasses  de  la 
même  époque. 

Près  de  Saint-Jean  de  Yerrua  le  calcaire  éocène  à  Fuco'ides  est 


308  SÊAMCB    1)U    1(5    DÉCEHBBB    18(51. 

accompagne  de  marnes  verles,  rouges  et  noires  qui  rappellent 
parfaitement  les  argiiic  scaglioxe,  et  ce  calcaire  est  parfaitement 
identique  avec  celui  qu'on  voit  dans  TApennin  de  Parme  et  à 
Tortone  avec  ces  argiles.  On  y  voit  même  du  psammite  noirâtre 
et  des  traces  d'oxyde  de  manganèse  ;  et  je  ne  serais  pas  étonne  que 
quelque  masse  opliioliiLique  ne  se  trouvât  peu  loin  de  là,  car  je 
me  rappelle  avoir  vu  autrefois  ù  une  petite  distance  de  Të.-M.-ë. 
d*01dolengo  et  de  Castelletto  I^Ierli  une  énorme  masse  d'opiiio- 
lithe,  que  je  n'oserais  guère  croire  être  un  bloc  erratique. 

Ces  îlots  de  calcaire  ëocénique  sont  assez  fréquents  dans  la  partie 
N.  des  collines  du  Montferrat,  de  Yerrua  à  Valenza  et  à  Pecetto,  et 
sont  alignés  précisément  de  TO.-N.-O.  à  rE.-S.-E.  avec  ceux  de 
même  nature,  qui  sont  au  cap  opposé  du  golfe,  formé  par  la  vallée 
du  Tanaro  et  de  la  Scrivia  près  de  Tortone,  et  ils  correspondent 
parfaitement  à  la  dernière  ligne  ou  axe  de  soulèvement,  le  long 
duquel  se  trouvent  vers  la  plaine  au  pied  de  TApennio  les  argiiic 
scaglioscj  que  nous  avons  toujours  rencontrées  presque  à  l'extré- 
mité de  nos  coupes  vers  la  vallée  du  Pô  ;  de  manière  qu'on  pourrait 
regarder  les  terrains  miocènes  et  pliocènes,  qu'on  rencontre  au  sud 
de  ces  noyaux,  disposés  en  forme  de  fond  de  bateau  vers  Reggio, 
Scandiano,  Sassuolo,  Bologne,  comme  la  représentation  exacte 
des  terrains  des  Langhe  de  l'Asiesan  et  du  Montferrat,  où  l'on 
passe  du  terrain  miocène  du  pied  de  l'Apennin  au  terrain  pliocène 
et  de  celui-ci  de  nouveau  au  miocène,  au  pied  des  plus  hautes 
collines  du  Montferrat,  en  retrouvant  des  deux  côtés  à  la  base  du 
miocène  ou  des  conglomérats  ou  des  roches  à  éléments  assez  gros- 
siers qui  peuvent  en  tenir  la  place. 

Cette  suite,  pour  ainsi  dire,  n'est  presque  jamais  interrompue, 
excepté  en  quelques  points  peu  nombreux,  où  des  cliaiDons  de 
roches  éocènes  ayant  assez  souvent  de  préférence  la  direction 
S.-S. -O.  N.-N.-E.  viennent,  par  leurs  caps  plus  avancés  vers  la 
plaine,  couper  en  quelques  endroits  cette  zone,  qui  est  en  général 
presque  toujours  parallèle  a  la  chaîne  centrale  de  l'Apennin  ;  elle 
présente  un  développement  plus  considérable,  là  où  il  devait 
y  avoir  autrefois  des  espèces  de  grands  golfes  qui  s'avançaient 
davantage  dans  Fintérieur  et  vers  le  centre  de  la  partie  du  relief 
de  la  chaîne  qui  préexistait  au  dépôt  des  terrains  miocènes, comme 
par  exemple,  vers  Fornova  et  le  confluent  du  Taro  avec  le  Ceno, 
où  le  terrain  miocène  pénètre  assez  avant  dans  la  vallée  de  ce  der- 
nier torrent. 

Les  collines  que  nous  avons  décrites  comme  faisant  partie  de 
notre  coupe  près  de  Rivalba  sont  essentiellement  composées  d'ar- 


NOTB    DE    M.    PARBTO.  309 

giles  marneuses  fissiles  et  de  mollasses  grisâtres.  Les  agrégats  et  les 
sables  serpentineux  n*y  sont  pas  aussi  fréquents;  on  en  remarque 
néanmoins  quelques  couches  entre  Rival ba  et  Gastagneto  sur  les 
hauteurs;  mais  les  conglomérats  inférieurs  sont  très  fréquents  et 
à  éléments  très  grossiers  à  la  base  de  la  colline  de  Santo  RafTaello, 
et  DOD  loin  du  pont  de  Chivasso  sur  la  rive  droite  du  Pô,  où  il 
arrÎTe,  comme  non  loin  de  Turin,  que  ces  conglomérats  et  les 
mollasses  marneuses  qui  leur  sont  immédiatement  superposés 
semblent  un  moment  incliner  vers  la  rivière,  et  puis  un  peu  plus 
loin  changent  d'inclinaison  et  semblent  au  contraire  s'immerger 
sous  le  faite  de  la  colline,  c'est-à-dire  dans  le  sens  du  versant 
méridional  ou  de  l'Astesan. 

Je  devrais  finir  cette  suite  déjà  assez  longue  de  coupes  qui 
peuTent  donner  une  idée  approximative  de  l'Apennin  et  de  sa 
constitution  géologique,  même  assez  près  de  son  origine,  mais, 
puisque  dans  le  temps  j'ai  eu  lieu  de  traverser  cette  chaîne  dans 
une  paitie  encore  plus  occidentale,  je  ne  puis  résister  à  la  tentation 
d'esquisser  une  dernière  section  de  cette  chaîne  encore  plus  à  l'O. 
et  dans  le  comté  de  Nice,  d'autant  plus  que  dans  cette  coupe  on 
vient  à  traverser  les  deux  noyaux  plus  anciens  et  cristallins  que 
j'ai  dit  se  disposer  obliquement  Tun  à  l'autre  comme  deux 
échelons  dans  cette  partie  de  la  chaîne  qui  correspond  à  ce  qu'on 
appelle  ordinairement  les  Alpes  maritimes. 

C'est  aux  pittoresques  rochers  du  Garavano  ou  des  Baussi  Rossik 
TE.  de  i\Ienton  que  je  commence  cette  coupe  (fig.  8).  Ces  rochers 
où  l'on  observe  de  nombreuses  grottes  ou  cavernes  sont  en  grande 
partie  composés  de  calcaire  jaune,  probablement  de  la  der- 
nière période  jurassique,  s'ils  ne  sont  pas  néocomiens,  comme  les 
grandes  masses  calcaires,  qui  du  département  du  Yar,  où  elles 
forment  de  nombreux  chaînons  au-dessus  de  Yence  et  de  Saint- 
Jeannet,  viennent  encore  passer  dans  le  comté  de  Nice  et  consti- 
tuent une  partie  des  montagnes  de  la  Turbia  et  de  celles  qui  sont 
au  S.  de  Sospello.  Ce  calcaire,  qui  du  côté  de  i'E.  supporte  des 
argiles  et  calcaires  argileux  avec  glauconie  appartenant  à  la  craie, 
s'élève  à  une  hauteur  considérable  et  constitue  la  montagne  de 
Grand  Mondo^  située  au  S.-E.  de  Sospello,  et  élevée  de  1378  mè- 
tres au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Sur  la  face  N.  de  cette  mon- 
tagne et  vers  le  coui*s  de  la  Bevera  on  voit  reposer  sur  ce  calcaire 
les  marnes  glauconieuses  et  le  calcaire  de  la  craie  qui  occupent  lé 
fond  de  la  vallée,  et  remontent  sur  la  gauche  où,  dans  le  torrent 
qui  descend  de  Brois,  on  voit  la  marne  glauconieuse  contenant 
de  grandes  Ammonites,  des  Bélemnites  et  des  échinites. 


310  SÉANCE    DU    16    DÉCBMDRB    J8l>l. 

Ces  marnes  et  ces  calcaires  laissent  voir  dans  le  bas  et  non  loin 
ilo  Sospello  un  «issez  puissant  amas  de  gypse  avec  raucliwacke  qui 
leur  est  inférieur,  et  sur  le  haut,  vera  le  col  de  Brois,  elles  suppor- 
tent un  lambeau  de  calcaire  nuinmulitique  et  de  macigno,  qui  est 
grandement  développé  plus  à  TE.  et  vers  la  gauche  du  Roja,  tandis 
qu'à  rO.  et  vers  les  sources  de  la  Bevera  et  du  Paglione  il  ne  forme 
que  des  îlots,  cependant  assez  étendus.  Au  N.  du  col  de  Brois  s'élève 
la  montagne  de  Mille  Forche  et  de  Alangia  B6  et  plua  loin  le  col 
de  Raus  composé  de  calcaire  noirâtre,  qui  est  analogue  à  celui 
qui  dans  le  bas  forme  les  hauteurs  de  Saorgio  et  une  partie  de 
celles  qui  avoisincnt  le  canal  de  Cairos;  ce  calcaire  qui  parfois 
contient  de  nombreux  silex  noirâtres  parait  appartenir  aux  terrains 
liasiques,  et  au-dessous  de  lui,  dans  le  fond.de  ce  catial  de  Cairos, 
comme  près  du  col  de  Raus  et  vers  Bollena  dans  la  Vesubia,  on  voit 
de  nombreux  amas  de  gypse  saccharoide  accompagnés  de  rauch- 
wacke  qui  se  tiennent  ordinairement  au-dessous  de  ses  couches, 
lesquelles  inclinent  au  S.  ou  au  S.-S.-O.  Ces  gypses  marquent 
ordinairement  la  limite  entre  les  formations  arénacées  paléozdlques 
et  les  calcaires  qui  sont  pour  le  moins  liasiques.  Le  col  de  Raus 
entre  la  Yesubia  et  le  Roja,  non  loin  duquel  et  au  N.  se  tit>uve  la 
limite  du  calcaire  et  des  grès  (du  trias  ?),  est  élevé  de  2025  et  une 
pointe  qui  lui  est  un  peu  au  S.  de  2125  mètres  au-dessus  du  niveau 
de  la  mer.  Non  loin  du  col  le  calcaire  gris  noirâtre  est  dolomitique 
et  quelquefois  il  a  une  structure  amygdalaire,  c'est-à-dire  que 
dans  une  pâte  calcaire  noirâtre  il  y  a  des  amandes  blanches 
presque  saocharoldes  et  probablement  dolomi tiques. 

C'est  avec  la  Bevera  et  les  montagnes  qui  s'étendent  au  S.  de 
cette  rivière  et  qui  aboutissent  à  la  mer  que  finit  le  système  des 
terrains  de  calcaire  jaune  jurassique  récent,  ou  peut-être  même 
néocomien,  qui  constitue  une  partie  des  montagnes  de  la  Pro- 
vence, de  Marseille  à  la  Sainte-Baume  et  aux  nombreuses  chaînes 
orientées  à  peu  près  de  TO.  à  !'£.  qui  sont  entre  les  cours  du 
Loup,  de  TËsteron,  du  Verdon  et  du  Yar,  dans  la  partie  où  il 
court  de  l'O.  à  l'E.  Au  N.  de  cette  rivière,  ainsi  que  dans  la 
vallée  du  Verdon  au  N.  de  Castellane  et  au  N.  d'Utelle  dans  le 
comté  de  Nice,  ce  calcaire  disparait  et  cède  la  place  à  des  roclies 
crétacées  qu'il  supporte  (et  dont  il  y  a  aussi  de  nombreux  bassins 
au  milieu  de  ces  chaînes  commeà  Gourdon,  à  Briançonnet,  etc.), 
et  puis  plus  haut  encore  au  terrain  nummulitique.  Ce  calcan«  a 
ordinairement  ses  couches,  dont  l'inclinaison  générale  paraît  être 
vers  le  N., 'disposées  de  manière  à  faire  croire  que  les  sotilèvemenfs 
dont  il  est  affecté  dépendent  du  noyau  cristallin  ancien  qa*M 


NOTI    DE    M.    PAIBTO.  SU 

rencontre  vers  Cannes  et  dans  le  massif  de  rEstérel  et  des  Maures 
et  qui  8*étend  jusqu'aux  environs  de  Toulon. 

En  effet,  en  général  les  tètes  de  ces  couches  calcaires  se  relèvent 
des  bords  de  la  nier  vers  cet  ellipsoïde,  autour  duquel  et  surtout 
sur  les  flancs  septentrionaux  se  développent  le  grès  rouge  et  ses 
porphyres  et  les  formations  du  trias,  qu'on  voit  dans  le  bas  des 
calcaires»  lorsqu'on  se  rapproche  des  terrains  paléozoïques  des 
Maures,  mais  qu'on  revoit  de  nouveau  vers  le  centre  des  Alpes 
maritimes,  lorsqu^on  s'approche  du  nouveau  noyau  cristallin 
que  nous  trouveront,  en  poursuivant  notre  coupe»  au-dessous  de 
roches  arënacées  analogues  à  celles  du  Var,  qui  se  rencontrent  au 
N.  du  col  de  Aaus. 

Ces  couches  arénacées,  ordinairement  à  petits  éléments  et  qui 
parfois  prennent  même  l'aspect  d'un  schiste  rougeâtre  tacheté  de 
vert  tendre  (Goniaron),  paraissent  les  mêmes  que  celles  qu'on  ren- 
contre le  long  de  la  Roja  au  Fontan  avec  une  inclinaison  vers 
l'hémisphère  S.,  au-dessous  des  calcaires  liasiques  de  Saorgio  et 
des  environs.  Sur  le  contre-fort  qui  existe  entre  la  Vesubla  et 
la  Roja  ces  grès  s'élèvent  au  Cappélletio  Sobran^  non  loin  et  au 
N.  du  col  de  Raus  où  ils  ont  une  teinte  rougeâtre  lie-de-vin,  à 
la  hauteur  de  2663  mètres,  et  au  mont  Bego,  qui  se  trouve  encore 
un  peu  plus  au  N.  mais  sur  le  même  contre*fort,  à  celle  de 
2882  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer. 

Si  de  ce  point  et  de  la  vallée  de  la  Gordolasca  on  regarde  vers 
le  S.,  on  voit  comment  sur  une  grande  étendue  de  pays  ces  roches 
arénacées  rougeâti^  sont  séparées  des  calcaires  liasiques  par 
une  sone  de  couleur  jaunâtre  terreuse,  qu'on  reconnaît  être  com- 
posée de  rauchwacke  et  de  gypse.  Cette  zone  incline  au  S.  ou  au 
S.-O. ,  comme  les  gypses,  qui  sont  sur  le  pourtour  du  massif  des 
Maures  a  la  Yallette  près  de  Toulon  et  à  Gonfaron,  et  qui  semblent 
plonger  au  N.  sous  les  calcaires  gris  de  fumée  de  Solliès  et  sous  les 
calcaires  jauuâtres  des  hauteurs  des  environs  de  Toulon  et  se  tenir 
entre  ces  calcaires  et  les  schistes  ou  marnes  bigarrées  qu'on  voit 
•or  une  grande  étendue  dans  cette  partie  du  département  du  Yar. 

De  cette  disposition  des  couches  il  est  facile  de  conclure  que 
cette  zone  de  roches  arénacées  et  de  calcaires  que  nous  trouvons 
vers  les  Alpes  est  probablement  la  même  que  celle  du  département 
du  Yar.  Or,  si  nous  avons  bien  constaté  dans  le  Yar  les  forma- 
tions triasiqueset  même  quelque  partie  permienne  et  carbonifère, 
nous  sommes  en  droit  de  croire  que  les  roches  de  la  vallée  de  la 
Roja  et  des  hauteurs  du  Cnpelleito  et  du  Morbrgo^  qui  ont  tant 
d'analogie  avec  elles,  contiennent  les  mêmes  formations,  forma- 


31*2  SÉANCE   DU    16   DfiCSMBRB    1861. 

lions  qui  ont  du  reste  aussi  tant  d'analogie  a?ec  le  vrrrurarm 
toscan,  ce  qui  in'a  fait  toujours  soutenir  que  ces  grès  et  schistes 
aux  couleurs  bigarrées,  ces  roches  de  quartz,  ces  anagénices  que 
j*avais  rencontrés  dans  les  Alpes  maritimes,  les  Apennins  de  la 
riyière  du  Ponent  et  dans  les  montagnes  de  Carrare  et  de  Pise, 
n'étaient  pas  des  roches  jurassiques  et  liasiques,  mais  bien  des 
roches  paléozoïques,  en  partie  triasiques,  en  partie  penniennes  et 
même  carbonifères. 

Ces  anagénites  à  gitM  éléments  et  avec  quelque  peu  de  talc, 
paraissent  aussi  en  grandes  masses  dans  la  vallée  de  la  Roja,  entre 
autres  points,  non  loin  de  S.  Dalmazso  au  confluent  de  la  Valancia  ; 
niais  elles  sont  très  développées  et  leurs  grès  ont  souvent  une 
couleur  rougeâtre  vers  les  vallées  de  la  Yesubia  et  de  la  Tinea, 
où  non  loin  de  S,  Sahatorcy  Rimplos  et  Fal  de  Blora  on  a  trouvé 
des  traces  cuivreuses  répandues  dans  des  schistes  qui  rappellent 
presque  les  schistes  du  Mansfeld. 

Mais,  en  retournant  à  notre  coupe  sur  la  crête  de  àionbtgo  ou 
sont  les  grès  et  les  qnartzites  et  en  cheminant  sur  cette  même  crête 
vers  le  N. ,  on  trouve  enfin  le  terrain  cristallin  composé  principale- 
ment de  gneiss,  percé  en  beaucoup  d'endroits  par  des  filons  de 
granité  à  petits  grains  qui  s'élève  au  mont  Clapier,  une  des  pointes 
les  plus  remarquables  des  Alpes  maritimes,  située  sur  la  chaîne 
centrale  entre  la  Roja,  le  Gesso  et  la  Yesubia,  à  la  liauteur  de 
3070  mètres.  Cette  pointe  qui  est,  comme  nous  venons  de  dive, 
composée  d'une  espèce  de  gneiss,  forme  avec  ses  dépendances  vert 
la  mine  de  plomb  argentifère  de  Tende  et  quelques  pointes  un  peu 
plus  à  l'E.  sur  la  chaîne  centrale,  rextrémité  orientale  du  jgnxA 
ellipsoïde  cristallin  qui  s'étend  de  ce  point  jusqu'aux  montagnes 
qui  sont  immédiatement  au  S.  de  Largentière,  près  des  sources  de 
la  grande  Stura,  montagnes  composées  de  gneiss  et  de  sdiiilrs 
micacés  contenant  au  milieu  d'elles  un  autre  noyau  plus  central 
assez  considérable  de  granité,  qui  s'étend  du  col  de  Finestre  ans 
cimes  de  Freina  Morta  et  vers  le  Maito  au*deasus  des  baint  ^ 
Yaldieri,  en  envoyant  beaucoup  de  veines  et  de  filons'  dans  Its 
gneiss  et  les  micaschistes  des  environs,  qu'il  parait  avoir  intime- 
ment  pénétrés. 

Du  mont  Clapier,  si  on  suivait  directement  la  ligne  S.-N.,  gn 
irait  tomber  dans  la  vallée  du  Gesso  vers  Eotragues  et  Yaldieri; 
mais,  voulant  rejoindre  l'autre  noyau  cristallin  paléoscSque  qoe 
j'ai  indiqué  exister  dans  les  moyennes  vallées  de  la  Yerraenagna, 
du  Pesio,  etc.,  et  dont  nous  avons  traversé  la  continuation  dans 
la  vallée  du  Tanaro  au  N.  de  Garessio,  j'ai  préféré  faire  un  petit 


NOTE    DE    H.    PARBTO.  313 

dëtour,  et  après  avoir  marché  pendant  à  pcîne  2  ktloniètres  au 
N.-E.  sur  la  chaîne  centrale  dans  la  direction  du  col  delende, 
prendre  les  crêtes  qui  sont  à  TE.  de  ce  passage  et  aller  rejoindre 
la  plaine  dans  les  environs  de  Goni  vers  la  Cfuusa  et  Villonova  di 
Mondovi, 

Pendant  un  certain  espace  les  montagnes  abruptes  qui  sont  sur 
la  chaîne  centrale  à  l'£.  du  mont  Clapier  sont  composées  de 
schistes  et  de  gneiss  ;  mais,  arrivé  au  col  du  Sabbione  et  à  la  Ci  ma 
deii  Jbisso  élevée  de  2805  mètres,  on  trouve  de  nouveau  les  roches 
arénacées  et  les  anagénites  du  verrucano,  et  on  est  ici  sur  la  par- 
tie  N.-E.  de  la  zone  arénacée  qui  entoure  le  noyau  cristallin, 
comme  on  était  au  Monbego  sur  la  partie  méridionale  de  cette 
zone  qui  a  aussi  un  assez  grand  développement  dans  la  vallée  de 
la  Roja  au-dessous  de  Tende  et  qui,  par  les  grès  et  les  schistes 
talqueux  qui  sont  à  TO.  et  au  N.-O.  de  ce  bourg,  au-dessous  de 
nombreuses  masses  calcaires,  viennent  se  réunir  à  ce  massif  de  la 
Ci  ma  dell  Abisso  ou  de  la  Biscia, 

A  l'E.  de  cette  pointe  et  en  s^approchant  du  col  de  Cornio  ou 
de  Tende,  on  voit  bientôt  reposer  sur  les  grès  une  masse  calcaire 
dont  les  couches  inclinent  à  FË.  et  au  N.*E.,  et  qui  est  tout  à 
fait  analogue  aux  calcaires  de  Saorgio,  où  il  y  a  entre  autres  des 
bancs  qui  contiennent  du  silex  pyromaque,  et  à  ceux  que  nous 
avons  vus  vers  le  ool  de  Raus.  Ces  calcaires  à  l'E.  de  la  Biscia  sont 
identiques  avec  ceux  qu'on  voit  près  de  Tende  vers  la  Briga  et  ne 
sont  probablement  autre  chose  que  la  partie  inférieure  du  lias.  Ces 
calcaires,  du  reste,  se  dirigent  d'un  côté  vers  Entragues  et  Yaldieri, 
où  ils  semblent  partagés  en  deux  masses,  l'une  plus  cristalline, 
ressemblant  au  bardiglio,  l'autre  moins  cristalline,  par  un  banc  de 
•chiste  ai^lo-talqueuv,  et  ensuite  vers  les  montagnes  qui  sont  près 
de  Démonte,  en  contournant  ainsi  le  massif  cristallin  qui  arrive 
parfois  jusqu'au  bord  de  la  Stura  entre  Vinadio  et  Largentière, 
et  de  l'autre  côté  par  les  calcaires  de  Tenda,  de  Briga  et  de  Saorgio 
ils  vont  rejoindre  ceux  du  col  de  Raus  et  ceux  qui,  plus  à  rO«, 
se  trouvent  vers  Saint-Martin  de  Lantosca,  et  plus  loin  encore, 
au  midi  de  Val  di  filora  et  de  Santo-Salvatore  dans  la  vallée  de 
la  Tinea. 

.  A  TE.  de  ces  calcaires  des  environs  de  la  Cima  dell'  Abisso  et 
continuant  toujours  à  marcher  sur  la  chaîne  centrale,  on  retrouve 
en  s'approchant  du  col  de  Tende  d'abord  des  masses  d'une  argile 
noirâtre  avec  de  petits  bancs  d'un  macigno  un  peu  micacé  qui 
iemble  être  un  peu  différent  du  terrain  numniulitique  auquel 
il  est  inférieur;  ces  argiles  et  macigno  pourraient  bien  appar- 


314  SÉANCE    DU    16    DÉOBHBiB    1861. 

tenir  à  la  craie.  Plus  loin,  et  à  côté  du  col  même,  ou  ti*ouvc 
enfin  le  calcaire  numniuli tique  éocène,  alternant  avec  quel- 
ques bancs  de  macigno  gris  verdàtre  micacé  qui  contient  aussi 
quelques  larges  NumniuUtes.  Ces  maci^jno  dans  la  descente  vers 
Linione  présentent  parfois  une  teinte  lie  de  vin  avec  des  parties 
verdâtres,  et  au-dessus  des  bancs  nunuuuli tiques  se  voient  encore 
des  masses  de  schistes  au  milieu  desquels  il  y  a  des  traces  de  Fu- 
coïdcs.  Ces  couches  de  macigno  inclinent  plus  ou  moins  fortement 
vers  le  N.-Ë.  et  le  N.-N.-E.  ;  mais  au  levant  du  col  ils  conunen- 
cent  à  prendre  une  inclinaison  contraire  et  en  marcliant  dans  le 
sens  du  M.-E.  on  redescend  dans  les  coudies  plus  anciennes; 
ainsi  on  retrouve  sous  les  schistes  du  macigno  les  couches  num- 
muUtiques,  puis  le  macigno  et  l'argile  noirâtre  inférieurs,  puis 
enfin  une  grande  masse  calcaire  dont  une  partie  correspond  à 
celle  que  nous  avons  vue  au-dessus  des  roches  arénacées  paléo- 
zoïques  à  TE.  de  la  Cima  delF  Abisso. 

Ces  couches  du  calcaire  nummulitique  et  des  macigno  ont  bien 
la  forme  d'un  fond  de  bateau  et  elles  sont  la  continuation  et,  pour 
ainsi  dire,  le  sommet  du  grand  triangle  de  flysch,  qui  commence 
au  bord  de  la  mer,  d'Albenga  à  Vintimille,  qu'on  peut  regarder 
comme  sa  base,  et  qui  arrive  par  les  hautes  cimes  da  Monte 
Fj-outero,  Tanarello,  Beitrand,  au  dessus  de  la  firiga  jusqu'au 
col  de  Tende,  se  montrant  encore  en  ilôts  séparés  sur  quelques 
points  des  chaînes  qui  sont  entre  la  Vermenagna  et  le  golfe  d'En* 
tragues.  Ces  couches  ainsi  inclinées  au  S.-S.-O.  ressentent  l'in** 
fluence  de  l'ellipsoïde  septentrional  de  rodies  paléosoiques,  qur 
commence  un  peu  a  l'O.  de  la  vallée  de  la  Vermenagna  et 
continue  dans  celle  du  Pesio,  etc.  En  marchant,  en  effet,  sur  la 
crête  du  contre-fort  qui  est  entre  la  Vermenagna  et  le  FeiiO| 
contre-fort  remarquable  de  la  Bresimanda  et  qui  s*élève  preaque 
abruptement  sur  la  plaine  du  Piémont,  on  commence,  après  avoir 
quitté  les  couches  décidément  éocéniqucs  du  col  de  Tende  et 
autres  couches  calcaires  qu'on  peut  rapporter  à  des  bancs  immé- 
diatement inférieurs  au  calcaire  nummulitique,  lesquels  au  Monte 
Gros,  attache  du  contre-fort,  s'élèvent  à  2520  mètres,  on  con»- 
mence,  dis-je,  à  rencontrer  des  bancs  d'un  calcaire  noir  compÉcCO, 
parfois  subgrenu,  assez  sonore,  divisé  en  dalles  et  contenant  dea 
coquilles  indéterminables,  mais  qui  se  rapprochent  des  Peigner; 
ce  calcaire  est  probablement  jurassique,  et  après  lui  on  a  encore 
quelques  calcaires,  puis  un  banc  de  schiste  argileux  luisant,  qui  ee 
montre  assez  constamment  dans  ces  parages  et  qui  sépare  lamiist 
ralcaire  supérieure  d'une  autre  masse  également  calcaire,  mais 


NOTB   DE    H.    PàRBTO.  316 

d'un  aspect  plus  cristallin  et  ressemblant  presque  au  marbre. 
Celle  dernière  masse,  qui  doit  appartenir  au  moins  à  la  formation 
liasique  inférieure,  s'appuie  enfin  à  Tendroit  dit  la  Cella  ptana 
sur  des  schistes  talqueux  et  probablement  sur  des  anagënites  du 
verrucano,  inclinées  commentes  calcaires  au  S.-S.-O.,  qui  s'ap* 
puient  à  leur  tour  sm*  des  bancs  puissants  de  gneiss  talqueux  de 
la  formation  du  verrucano  inférieur,  lesquels  s'élèvent  au  Monte 
Faccariie  supérieur  ou  pointe  plus  haute  de  la  Bresimanda,  A 
2397  mètres^  De  ce  point,  en  cheminant  vers  le  N.  sur  la  crête 
de  la  montagne,  qui  se  tient  pendant  quelque  temps  à  un  niveau 
bien  peu  inférieur,  on  voit  que  ces  bancs  de  gneiss  talqueux  in* 
clinent  encore  au  S.-S.«0.  ;  mais  un  peu  plus  loin  ils  passent  en- 
suite à  l'inclinaison  vers  le  N.'N.-£.,  ce  qui  démontre  que  l'axe 
de  rellipsoïde  passe  non  loin  de  la  Bresimanda,  et  que  de  là  il  se 
prolonge  vers  !'£.,  en  passant  à  peu  près  à  la  moitié  du  contre- 
fort qui  est  entre  l'Ëilea  et  le  Pesio. 

A  cette  suiie  de  couches  que  Ton  voit  sur  la  montagne,  il  en 
correspond  d'analogues  dans  le  fond  de  la  vallée  du  Pesio,  où, 
vers  Santo-Bartolomeo,  on  voit  les  couches  de  gneiss  talqueux 
identiques  avec  celles  du  Vaccarile  incliner  S.-S.-O.  et  supporter 
vei's  la  Gertosa  des  bancs  très  considérables  d'une  belle  anagénite 
quartzeuse  qui  vont  s'immerger  sous  les  masses  puissantes  de  cal- 
caire subgreuu  et  compacte  du  Monte  Cassino,  élevé  de  2681  mè- 
tres. Cette  montagne  est  la  continuation  du  Monte  Cros  et  le 
commencement  de  cette  suite  de  hautes  montagnes  calcaires  de 
Ciamballu  (2628  m^res)  et  Monte  d'ingioja  (2656  mètres)  qui 
font  partie  de  la  zone  calcaire  qui   flanque  au  S.  l'ellipsoïde 
paléozoïque  de  la  partie  miocène  des  vallées  du  Pesio,  Ellea  et 
Corsaglia,  etc. 

La  partie  haute  de  cette  vallée  du  Pesio  au  S.  de  la  Certosa 
forme  un  très  beau  cirque  dans  lequel  on  voit  parfaitement  com- 
ment les  grandes  masses  calcaires,  qui  présentent  dans  leurs  pitto- 
resques escarpements  les  tètes  des  couches,  reposent  sur  les  anagé- 
uites  qui  plongent  ici  comme  les  calcaires  vers  le  S.  et  le  S. -S  -0. , 
tandis  qu'en  descendant  on  voit  les  bancs  du  gneiss  talqueux, 
après  avoir  incliné  au  8.-S.-0.,  incliner  près  Santo  Bartolomeo 
au  N.*N.-£.  ou  au  N.  et  être  suivis  plus  près  de  Chiusa  par  de 
nouvelles  auagénites  et  des  quartsites  qui  plongent  au  N.-N.-E. 
ou  au  N.  et  supportent  non  loin  de  la  sortie  de  la  vallée  une  basse 
sone  calcaire  de  même  aspect  que  celle  du  Cassino,  qui  forme 
le  flanquement  septentrional  du  noyau  paléozoïque  qu'on  ren- 
contre dans  toutes  ces  vallées. 


S(lô  SÉANCE    DU    16    DÊCBMBIB    1861. 

Ce  même  cliangemeiit  d'inclinaison  a  lieu  sur  la  Dresimanda 
où  les  couches  presque  verticales  du  gneiss  talqueux  descendent 
abruptement  du  haut  de  la  montagne  dans  la  vallée  vers  la  plaine 
et  sont  flanquées^  mais  à  une  bien  moindre  hauteur,  d'abord  par 
les  anagénites  et  ensuite  dans  le  bas  par  une  mince  zone  cal- 
caire, qui  est  la  continuation  de  celle  qui  sur  la  droite  du  Pcsio 
vient  du  Calvatio  de  Villanova  de  Mondovi  où  elle  atteint  encore 
812  mètres  d'élévation,  et  qui  de  l'autre  côté,  c'est-à-dire  a  l'O.., 
se  prolonge  vers  Boves  et  le  débouché  de  la  Yerraeuagna,  dans 
laquelle  on  voit  de  Roccavionc  à  Vernante  les  mêmes  succession 
et  superposition  de  roches  ;  seulement,  au  Pont  avant  la  Ver- 
nante on  dirait  un  moment  que  les  anagénites  sont  supérieures 
au  calcaire  ;  mais  je  crois  que  ce  n'est  qu'une  simple  apparence 
due  probablement  à  une  oscillation  des  couches  entre  la  verticale 
et  des  inclinaisons  qui  s'en  approchent  dans  un  point|  où  cei 
mêmes  couches  semblent  ressentir  l'influence  de  deux  ellipsoïdes 
de  soulèvement  dont  les  extrémités  des  axes  sont  dans  cette  loca- 
lité très  rapprochées,  et,  comme  cette  apparence  est  pour  ainsi  dire 
en  contradiction  avec  de  nombreuses  observations  opposées  faites 
en  beaucoup  d'autres  localités,  je  pense  que  ce  n'est  qu'un  phé- 
nomène local  et  l'effet  d'un  renversement  des  couches  dont  on 
a  de  nombreux  exemples  dans  des  montagnes  aussi  tourmentées 
que  les  Alpes  et  là  surtout,  où  il  est  probable  que  s'est  fait  sentir 
l'influence  de  deux  soulèvements  différents. 

On  observe  dans  cette  localité  du  Vernante,  en  marchant  du 
M.  au  S. ,  c'est-à-dire  en  remontant  la  vallée  de  la  Vermenagoa, 
d'abord  du  schiste  talqueux,  puis  des  anagénites,  puis  quelques 
grès  qui  passent  à  un  quartzite,  puis  un  calcaire  grisâtre  siib- 
cristallin  n°  1,  qui  a  l'aspect  du  marbre  et  est  accompagné  d'un 
calcaire  plus  compacte  n<>  2  en  dalles  ou  couches  de  moindre 
épaisseur,  lequel  est  suivi  d'un  autre  banc  de  calcaire  gris  blan- 
châtre, presque  cristallin  comme  celui  du  n°  1,  et  d'autres  cal- 
caires analogues  à  ceux  du  n°  2,  qui  sont  suivis  ensuite  par  un 
banc  de  schiste  argileux  rougeâtre»  légèrement  satiné,  lequel  à 
son  tour,  est  suivi  par  une  masse  puissante  de  calcah'e  grisâtre, 
tantôt  compacte,  tantôt  subgrenu  et  contenant  des  espèces  de 
petits  noyaux  ou  amandes  presque  spatliiques,  masse  de  calcaire 
qu*on  parcourt  pendant  assez  longtemps  dans',  la  vallée  de  la 
Vermenagna,  de  Vernante  jusqu'auprès  de  Limone. 

Cette  suite  de  roches,  qui  dans  l'ordre  selon  lequel  nous  les 
avons  indiquées  paraissent  presque  démontrer  que  le  dernier  cal- 
caire est  le  plus  ancien,  tandis  que  les  anagénites  sembleraient  ici 


MOTJK    Dl    H,    PÀKBTO.  317 

les  plus  modernes,  se  trouve  ailleurs  et  dans  presque  tous  les  poiuts 
où  on  les  rencontre  dans  un  ordre  tout  à  fait  oppose,  d'où  on 
peut  dëduire  avec  une  grande  probabilité  qu'elles  sont  ici  renver- 
sées. En  effet,  dans  la  vallée  du  Tanaro  et  de  la  rivière  du  Ponent, 
on  a  toujours  daus  le  bas  le  gneiss  ou  schiste  talqueux,  puis  les 
anagénites,  puis  le  calcaire  marbre  (comme  au  cap  Noli  et  à  Giu8« 
tenice),  puis  le  schiste  argilo-talqueux  verdâtre  ou  rougeatre,  puis 
le  calcaire  grisâtre  obscur  qui  est  partout  supérieur  et  en  masses 
beaucoup  plus  considérables.  Cette  succession  par  sa  généralité 
indique  qu'elle  est  normale,  d'où  on  peut  conclure  que  la  super- 
position contraire  observée  près  du  Yernante  est  un  fait  excep- 
tionnel dû  probablement  à  un  fait  local  et  à  une  espèce  de 
renversement.  C'est  cette  apparente  superposition  des  anagénites 
et  des  schistes  aux  calcaires  compactes  et  subcristallins  de  la  vallée 
de  la  Yermenagna  qui  avait  suggéré  à  M.  Ange  Sismonda  l'idée 
que  ces  conglomérats  étaient  parallèles  à  la  formation  oxfor- 
dienne,  les  calcaires  étant  liasiques  ;  mais  pour  moi  je  pense  que 
les  anagénites  étant  inférieures  aux  calcaires  qu'on  croit  liasiques 
doivent  appartenir  aux  terrains  paléozoïques.  Ce  fait  qui  ne  parait 
pas  contesté  par  le  même  savant  géologue  pour  les  roches  analogues 
qui  sont  au  midi  de  Tende,  dans  la  vallée  de  la  Roja,  qu'il  recon- 
naît être  infraliasiques,  donne  bien  le  droit  de  rapporter  à  la  même 
époque  celles  du  vei*sant  septentrional  des  Alpes  maritimes,  c'est- 
à-dire  celles  de  la  vallée  de  la  Yermenagna  et  de  celle  du  Pesio. 
Au  reste,  on  n'a  ici  que  la  répétition  de  ce  qu'on  voit  dans  la  chaîne 
des  montagnes  de  Carrare  et  en  Toscane,  et  plus  encore  celle  des 
faits  qu'on  a  observés  avec  des  circonstances  même  plus  détermi- 
nantes, comme  le  serait  la  présence  de  fossiles  caractéristiques, 
dans  les  environs  du  lac  de  Como  et  du  lac  Majeur,  ainsi  que  dans 
les  vallées  Uergamasques,  où  on  a  pu  constate^;  la  superposition 
des  roches  jurassiques  et  liasiques  à  un  ensemble  de  roches  tria* 
siques  et  pcrmiennes  qui  sont  si  bien  développées  aux  pieds  des 
Alpes  lombardes,  et  qui  présentent  tant  d*analogie,  au  moins 
pétrographique,  avec  ces  roches  de  la  vallée  de  Pesio  et  le  verru- 
cano  de  Toscane,  et  avec  les  roches  du  département  du  Var.  Dans 
ces  localités,  c'est-à-dire  dans  la  Lombardie,  au  moins  dans  celles 
qui  sont  plus  éloignées  de  la  chaîne  centrale,  les  zones  de  roche, 
arénacées  et  calcaires  entourent  des  noyaux  plus  cristallins,  comme 
dans  la  paitie  des  Alpes  maritimes  et  des  Apennins  dont  nous  ve- 
nons d'esquisser  11  description,  et  cette  même  succession  peut 
s'observer  aussi  dans  plusieurs  auti'es  points  des  Alpes,  particulic- 


318  SÊAKCB    DU    16    DÊCBHBRB    1861. 

l'ctncDt  dans  le  \  icentiii  près  de  Recoaro,  où  l*on  a  un  ilôt  de  schiste 
talqueux  entouré  de  roches  triasiques  d'abord  et  ensuite  de  roches 
jurassiques,  ce  qui  fait  presque  naître  l'idée  que  les  Alpes  ainsi 
qu'une  partie  des  Apennins  et  des  chaînes  qui  en  dépendent  ne 
sont  en  certains  points  qu'un  ensemble  d'ellipsoïdes  paléozoïques 
dift'ércniinent  orientés  et  réunis  entre  eux  par  des  formations 
plus  récentes,  qui  ont  soudé,  pour  ainsi  dire,  entre  eux  des  reliefs 
plus  anciens,  tout  en  continuant  à  ressentir  l'influence  des  soulève- 
ments qui  peuvent  avoir  successivement  affecté  ces  contrées. 

Aux  pieds  de  la  Bresimanda  et  au  N.  de  la  Gliiusa,  surtout  sur 
la  droite  du  Pesio,  on  trouve  en  allant  vers  la  plaine  et  Pianfci 
des  petites  collines  qui  sont  composées  d'un  schiste  argileux  lui- 
sant grisâtre  et  verddtre,  lequel  en  quelques  points  semblerait 
passer  sous  le  calcaire  et  qu'on  dirait  se  réunir  par  une  inflexion 
à  ceux  qui  sont  dans  la  vallée  du  Pesio  même;  mais  je  pense 
que  ce  contourneineut  est  plus  apparent  que  réel,  et  que  ces 
schistes  des  environs  de  Pianfti  sont  véritablement  supérieurs  aux 
calcaires,  étant  même  par  leur  nature  différents  de  ceux  de  l'inté- 
rieur de  la  vallée.  On  aurait  ici  alors  une  formation  plus  récente 
que  le  calcaire  et  on  serait  presque  tenté  de  voir  dans  une  partie 
de  ces  schistes  une  espèce  de  gaies tro  avec  lequel  ils  ont  une  cer- 
taine ressemblance.  Il  est  même  à  observer  que  justement  au 
milieu  de  ces  schistes,  dans  le  triangle  foimé  par  les  points  FHtanoi*a 
fie  Ayo/i:loffi,  Chiusa  et  Pianfeiy  existe  la  seule  masse  de  serpentine 
qu'on  retrouve  dans  le  versant  septentrional  de  cette  partie  des 
Apennins,  qui  se  rapproche  des  Alpes,  laquelle  masse  serpenti- 
neuse  semble  être,  avec  le  petit  massif  de  Monbasilio,  l'anneau 
de  jonction  entre  les  petites  mais  nombreuses  masses  ophiolithiques 
de  la  vallée  de  la  Horniida,  qui  font  suite  aux  graddes  traînées 
des  environs  de  Géncs,  et  les  grandes  masses  qui  se  trouvent  aux 
environs  du  Mont  Yiso  et  au  pied  oriental  des  Alpes  occidentales 
d'où  elles  vont  rejoindre  le  massif  du  mont  Kosa. 

Ces  mêmes  schistes  argiio-talqueux  moins  cristallins  des  envi- 
rons de  Pianfci  paraissent  se  montrer  aussi  vers  Peveragno,  smr  la 
gauche  du  Pesio;  mais  ici,  la  masse  calcaire  étant  très  amincie  et 
ayant  presque  disparu,  il  est  plus  difficile  d'assurer  que  c'est  une 
chose  différente  des  schistes  talqueux  du  verrucano  qui  descendent 
de  la  firesimanda. 

Après  les  calcaires  et  les  schistes  le  terrain  plus  récent  qu*ou 
trouverait  au  pied  de  ces  contre-forU  et  à  l'extrémité  N.  de  notre 
coupe  serait  le  terrain  pliocène  qui  ne  se  montre  que  dans  un 


NOTE   DE    M.    PÀRBTO.  310 

point,  vers  Pianfei,  oii  sont  des  marnes  bleues  avec  Pccten  pleuro- 
necies.  Ce  terrain  supporte  la  grande  masse  de  cailloux  roules  et 
de  blocs  qui  forme  le  dtluvium  de  la  haute  plaine  du  Piémont- 

Ces  cailloux  sont  ici  aussi  ordinairement  recouverts  par  une 
couche  parfois  assez  puissante  d'une  marne  argileuse  rougeâtre 
contenant  du  fer  limoneux,  qui  se  montre  même  assez  haut  dans 
une  grande  partie  de  collines  qui  s'étendent  de  Pianfei  vers  Villa- 
Nova  et  Mondovi*. 

Le  dépôt  caillouteux  au  débouché  du  Pesio  de  la  vallée  de  la 
Ghiusa  s'élève  assez  au-dessus  du  niveau  de  la  rivière  et  parait  com- 
posé de  blocs  très  considérables  particulièrement  d'anagénites,  qui 
atteignent  parfois  les  dimensions  des  blocs  erratiques  ;  on  soupçon- 
nerait presque  qu'il  y  a  ici  et  près  du  lac  de  Beinette,  où  les  blocs 
sont  très  nombreux  et  d'un  grand  volume,  le  reste  d'une  ancienne 
moraine  terminale  d'un  glacier  qu'on  peut  croire  avoir  occupé  la 
vallée  du  Pesio,  qui  descend,  au  reste,  de  montagnes  assez  élevées 
pour  avoir  pu  donner  naissance  à  un  glacier  dont  la  masse  principale 
aurait  occupé  le  cirque  que  nous  avons  indiqué  être  à  la  tête  de  ce 
vallon  au-dessus  de  la  Certosa  di  Pesio  et  dont  les  parois  sont  cou- 
ronnées par  les  cimes  duCassino  et  de  Cros  qui  atteignent  une  alti- 
tude de  2600  mètres  et  plus.  On  pourrait  aussi  observer  à  l'appui 
de  cette  opinion  que  dans  ce  cirque  les  roches  calcaires  présentent 
dans  certains  endroits  le  poli  qu'on  voit  dans  les  roches  qui  avoisi- 
nent  les  glaciers  et  on  pourrait  ajouter  que  même  actuellement  dans 
des  montagnes  qui  ne  sont  pas  bien  éloignées  de  celles  du  Pesio  et 
qui  les  surpassent  a  peine  de  300  à  /iOO  mètres  en  altitude,  il  existe 
encore  sur  leur  versant  nord  de  petits  glaciers,  comme  dans  le 
vallon  qui  descend  du  Monte  Clapier  et  sur  le  flanc  septentrional 
de  la  IVIaledetta  d'Ëntragues. 

Avec  la  cotipe  que  nous  venons  en  dernier  lieu  d'esquisser,  nous 
avons  terminé  ce  que  nous  pouvions  dire,  dans  les  bornes  de  cette 
note,  sur  la  partie  de  T Apennin  sur  laquelle  nous  avons  particu- 
lièrement dirigé  nos  observations;  il  conviendrait  après  cela,  en 
comparant  entre  elles  ces  coupes  faites  à  différentes  distances,  d'en 
déduire  les  conséquences  pour  formuler  une  vue  d'ensemble  sur 
cette  chaîne;  mais  cela  étant  trop  long,  je  me  contenterai  d'indi- 
quer comme  conclusions  de  cette  note  : 

1*  Que  la  portion  de  celte  chaîne  qui  se  trouve  en  Toscane  et 
dans  le  pays  de  Bologne  doit  être  considérée  comme  composée 
presque  de  deux  parties,  l'une,  le  véritable  Apennin,  éloi(>née  de 
la  Méditerranée  où  dominent  les  roches  éocènes  recouvertes,  sur 


320  SfiANCB    DU    16    BÉCEIIBRB    1861. 

le  flanc  septentrional  surtout,  par  les  terrains  miocène  et  pliocène 
et  dont  en  général  les  axes  de  soulèvement,  qui  se  répètent  à  plu- 
sieurs reprises  et  parallèlement  entre  eux,  all'ectent  à  peu  près  la 
direction  O.-N.-O.  £.-S.-£.,  et  en  quelques  endroits  W.-O.  S.-E.  ; 
Tautre  plus  rappi*ochée  de  la  Méditerranée,  et  c'est  la  chaîne 
métallifère  des  Toscans  où  se  montrent  des  roches  jurassiques  et 
paléozoïques,  qui  présente  au  contraire  une  direction  assez  mar- 
quée N.-N.O.  S.-S.-E.  et  semble  composée  à  paitir  de  la  Spezzia 
jusqu'auprès  de  Civita-Yecchia  de  nombreux  îlots  de  verrucano  et 
de  trias  contournés  de  i*oches  jurassiques,  alignés  dans  cette  direc- 
tion et  réunis  par  des  terrains  plus  récents. 

2°  Que  la  portion  qui  se  trouve  entre  le  méridien  de  Gènes  et 
celui  de  Parme  à  peu  près,  forme  une  seule  chaîne,  mais  com- 
posée de  rides  parallèles  dirigées  O.-N.-O.  E.-S.-Ë.  où  conti- 
nuent les  roches  éocéniques  flanquées  surtout  au  N.  par  le  terrain 
miocène  et  pliocène  et  percées  par  de  nombreuses  masses  ophic- 
lithiques  accompagnées  de  jaspes  et  de  brèches  avec  granité  en 
blocs  et  cailloux  ;  et  que  dans  la  partie  plus  occidentale,  c'est-à- 
dire  vers  Gènes,  se  font  sentir  les  directions  S. -S. -O.  N.-M.-E.  des 
Alpes  occidentales. 

3^  Qu'immédiatement  à  TO.  de  Gènes  continuent  principale- 
ment les  directions  S.-S.-O.-N.-N.-E.  et  que  les  roches  sédi- 
mentaires,  probablement  encore  éocènes,  sont  si  puissamment 
modiGées  par  les  grandes  masses  serpentineuses  de  Pegli ,  de  VolUri 
et  de  Yaragine,  qu'on  hésite  à  les  regarder  comme  telles,  parce 
qu'elles  ont  pris  un  aspect  presque  cristallin  et  simulant  une 
grande  ancienneté. 

U''  Qu'enfm,  plus  près  de  Sa  voue,  recommencent  à  régner  les 
directions  O.-N.-O.  E.-S.-E.  et  à  reparaître  les  jrocbes  paléo- 
zoïques qui  forment  comme  deux  grands  îlots  disposés  à  la  ma-* 
nière  d'échelons  et  enveloppés  par  les  roches  jurassiques  et  celles 
plus  récentes  encore  ;  et  que  le  plus  occidental  de  ces  noyaux  arrive 
par  rexirémité  occidentale  de  son  grand  axe  au  point  où  les  Alpes 
occidentales  unissent  près  de  Laigentière,  aux  sources  de  laStunii 
et  où  en  marchant  vers  le  N.  on  commence  à  voir  de  nouveau  les 
directions  N.-N.-E.S.-S.-0.,  qui  (à  part  quelques  exceptions 
dans  les  environs  du  Mont  Yiso)  sont  celles  qui  prédominent  dans 
cette  chame  à  partir  des  environs  de  Coni  jusqu'à  sa  plus  haute 
pointe,  le  Mont-Blanc. 


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«'  hitfHiuflto      triaLsii^ue  . 

inpactx  '.. ,  //Kl/  //  v:  f  dt  •  litfferi'nie.t'  cou  Icui  *.»', 

il'  coulciti'x ,  itf\iot\''ici\%\  lift  fH'U  /ii/i/ucu^n 

A*irci/c/  ^iilto       ,r,r/i.r  ,''i/r,v  ./HtrfÀJÏ.r  cAutu/c  en  lioloinic 


s.       "^;i  .'•;.■•;.■  vy»\   ^/f/Xv/^^VA  f  A  •..'//•,; /»^///<i/.,- /i /'/•!•  .•</«■.  r 


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DONS   FAITS   A   LA   SOCIÉTfi.  321 

Séance  du  6  janvier  1862. 

PRÉSIDENCE    DE   M.    MICHELOTy    vice-présidcut, 

M.  Albert  Gaudry,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-yer- 
bal  de  la  dernière  séance  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance, 
:e  Président  proclame  membres  de  la  Société  : 

MM. 

BoRCT  (Gaetano),  professeur  à  Tlnstitut  technique,  via  Ro*- 
nana,  2315,  à  Florence  (Italie),  présenté  par  MM.  A.  Gaillaux 
Bt  Ed.  Gollomb  -, 

Petit-Ozonne,  propriétaire,  à  Bussac,  commune  de  Magnao- 
Bur-Touvres  (Charente),  présenté  par  MM.  Haguette  et  Dan- 
glure. 

Le  Président  annonce  ensuite  deux  présentations. 

DONS    FAITS    A    LA    SOCIÉTÉ. 

La  Société  reçoit  : 

De  la  part  de  M.  J.-T.  Binkhorst  van  den  Binkhorst  :  Mo- 
nographie des  Gastéropodes  et  des  Céphalopodes  de  la  craie 
supérieure  du  Liml/onrg,  in-A,  83  p.,  10  pi.  Bruxelles,  1861, 
chez  G.  Muquardt. 

De  la  part  de  M.  le  préfet  de  la  Seine,  Documents  relatifs 
Qiix  eaux  de  Paris ^  in-18,  461  p.,  1  carte.  Paris,  1861,  chez 
Paul  Dupont. 

De  la  part  de  M.  W.  Haidinger,  Ansprache  gehalten  in  der 
Jahressitzung  der  K,  K*  geologischen  Reichanstalt  in  ÏVien 
am  10  not'.  1861,  in-8,  pp.  89-1  Oâ. 

Comptes  rendus  hebd.  des  séances  de  F  Académie  des 
tdences,  1861,  2*^  sem.,  t.  LUI,  n"'  25  à  27. 

Tables  des  Comptes  rendus  des  séances  de  V Académie  des 
fdencesy  1"  scm.  1861,  t.  LU. 

Annales  des  mines ^  5"  série,  t.  XX,  5*^  liv.  de  1861. 

Bulletin  de  la  Société  botanique  de  France ^  t.  VIII,  1861^ 
D^  6,  juin. 

Soc.  géol.f  2«  série,  tome  XIX.  21 


322  '^  SfiANCB   DU    6   JANTItft    1862. 

L'Institut,  n''*  1459  et  lâ60,  J861  -,  n'*  1461,  1862. 

Mémoires  de  la  Société  des  sciences  physiques  et  naturelles 
de  BordeaujCj  t.  II»  1"  cahier. 

Journal  d^ agriculture  de  la  Côte-d'Or^  n°  11,  novembre 
1861. 

Mémoires  de  V Académie  de  Stanislas  (Nanc/),  1860,  1.  I 

et  IL 

Revista  mineraj  t.  XIII,  n°  279,  1"  jaDVÎer  4862. 
The  Athenœum,  n°-  1782  et  1783,  1861  ^  n°  1784,  1862. 
Animes  dus  sciencias  e  lettras,  t.  II,  2*"  année,  juillet  1858. 
The  Canodian  journal  o/  ùidustrjr^  science  and  art^  nouv. 
sèr.,  D°  36,  DOfembre  1861. 

Le  lias  inférieur  de  la  MewUie^  de  la  Moselle^  du  grand- 
duché  de  Luxembourg,  de  la  Belgique^  de  la  Meuse  et  des 
Ardennes;  par  MM.  0.  Terquem  et  E.  Pietle  (pi.  VIII, 
Vill  bis)  (1), 

(Ce  mémoire  a  été  présenté  dans  la  séance  du  2  décembre  1864.) 

Le  bone-bed. 

Les  marnes  irisées  affleurent  en  coucbes  puissantes  dans  la 
MeurUie,  la  Moselle,  le  Luxeiuboui*g  et  la  Belgique.  Leurs  tein- 
tes variées,  la  blancheur  des  lits  de  calcaire  dolomitique  avec 
lesquels  elles  alternent,  le  ron[];e  vif  des  doloniies  dont  elles 
contiennent  quelques  bancs,  et  les  profondes  érosions  qu'y  oat 
creusées  les  moindres  cours  d*eau,  donnent  au  pays  dont  çtles 
constituent  le  sol  un  caciiet  tout  particulier.  Elles  sont  re- 
couvertes par  un  système  de  marnes,  de  sables  et  de  graviers 
dont  les  strates,  au  point  de  vue  minéralogique,  se  lient  intîuie- 
ment  aux  leurs,  quoiquV'n  réalité  ils  forment  un  étage  différent. 
Ces  sédiments,  vestiges  les  plus  récents  de  l'époque  triasîque,  se 
présentent  presque  partout  dans  Toithre  suivant: 

Poudingue  formé  de  petits  cailloux  roulés  quartzeux,  imîs  par 
un  ciment  argilo-siliceux  qui  empâte  un  grand  nombre  de  ddNri» 
de  vertébrés; 

Grès  verdâtre  à  grains  grossiers  et  mal  cimentés  ^ 


(t)  Les  principaux  faits  contenus  dans  ce  mémoire  ont  été  Tobjet 
d*une  communication  verbale  à  la  Société  géologique  de  France,  dans 
la  séance  du  7  février  4  859  [Bull.^  2«  sér,,  t.  XYI,  p.  289). 


NOT^   M   mm.    JttQVVM   ST   MKTTS.  S28 

Marne  grise,  sableuse,  schistoide,  micacée,  pyriteuse; 

Grès  jaune  mîcacë,  rempli  de  taches  de  manganèse; 

Poudingue,  avec  débris  de  vertélirés; 

Grès  jaune,  micacé,  mangauésifère,  reposant  sur  les  marnes 
irisées. 

A  ces  assises  se  joint  souvent  un  banc  plus  calcareux  que  les 
autres  et  dans  lequel  on  peut  recueillir  des  Àvicula  contorta  avec 
d*autres  fossiles  nombreux  et  mal  conservés.  Nous  Tavons  observé 
â  Marsal,  dans  la  Meurtlic,  à  Flocourt  et  k  Saint-Julien  dans  la 
Moselle,  a  AVolsfmùlil,  près  d'Ehlange;  dans  le  grand-duclié  de 
Luxembourg,  à  Ville^s-sur-Semois,  et  i\  Harensart,  eu  Belgique. 
U  ne  parait  pas  avoir  la  même  continuité  que  les  strates  au  milieu 
desquels  il  est  enclavé.  Ceux-<i  forment,  depuis  les  confins  de  la 
Menrtlie  jas(|u'à  Rossignol,  en  Belgique,  une  bande  de  terrain 
qui  n'est  interrompue  que  par  des  failles  et  des  éboulis. 

Ce  dépôt,  dont  la  puissance  est  très  variable,  a  une  épaisseur 
çooyeuue  de  12  mètres.  Assez  mal  étudié  jusqu'à  présent,  il  a  été 
placé  tantôt  dans  le  lias,  tantôt  dans  le  keuper,  sans  que  les 
•uteui's  aient  jamais  fait  valoir  des  arguments  décisifs  en  faveur 
de  la  classification  qu'ils  adoptaient.  Les  uns  font  appelé  infra- 
lias,  les  autres  grès  de  Kédange  ou  grès  de  Martinsart.  11  corres- 
poùd  au  boue>bed  des  Anglais. 

Les  coupes  suivantes  vont  faire  voir  quelles  sont  Tuniformité  de 
ses  caractères  et  Tinégalité  de  son  développement  dans  les  diffé- 
renta  pays  que  nous  avons  explorés. 

A  Varangeville,  dans  la  iMeurthe,  la  colline  située  au  nord  du 
village  est  composée  de  la  manière  suivante  (voyez  pi.  VIlI,  tig.  6)  : 

Marnes  et  calcaires  à  Ammonites  bisuUatus  et  à  Ostrea 
I  .         .       arcuata» 

'      Marnes  et  calcaires  à  Ammonites  an^ulatus , 
Marnes  rouges. 

.Grès  verdâtre,  micacé,  à  grains  anguleux  et  mal  cimentés. 
/      De  petits  cailloux  roulés  apparaissent  à  sa  surface,  au 

(      contact  du  lias 4  ",60 

iGrès  pareil  au  précédent,  mais  plus  sableux  et  plus  ton- 

Bone-/     dre ^"|00 

bed.    \  Marnes   grises   schistoïdes,    sableuses,    micacées  et    pyri- 

teuses 4  ",40 

Grès  jaune  micacé,  de  texture  assez  fine,  rempli  de  taches  de 
manganèse,  séparé  en  deux  par  un  mince  lit  de  cailloux 

routés,  unis  par  un  ciment  marneux •  O^iBO 

Marnes  (  Marnes  irisées  alternant  avec  des  calcaires  dolomitiquef  0t 
irisées.  (     des  bancs  lenticulaires  de  sel. 


V 


32& 


SfiÀlICK   BU   6  JANVIER   1862. 


La  colline  qui  s*clève  à  Touest  de  Kedange  (département  de  la 
Moselle)  est  sillonnée  par  un  ravin  ou  Ton  voit  une  coupe  remar- 
quable. Voici  Tordre  des  assises  que  nous  y  avons  observées 
(voyez  pi.  VIII  bis^  fig.  8)  : 


Calcaire  à  Ammonites  hisulcatus  et  à  Ostrea  arcttata. 
Lias.   <  Calcaire  à  Ammonites  angulatus. 
Marnes  rouges. 

Poudingue  à  ciment  argilo-siliceux  composé  de  petits  cailloux 
roulés  de  quartzites  noirs  ou  gris  et  de  quartz  blanc  laiteux, 

et  contenant  de  rares  débris  de  vertébrés O'^ylO 

Grès  jaune,  micacé,  schistoTde.   .  .  •% 2"*, 00 

Marne  grise,  schisteuse,  pyriteuse,  micacée 0*^,50 

Grès  jaune,  schistolde,  micacé 4  "^,00 

Argile  grise  feuilletée,  micacée,  alternant  avec  de  minces 

lits  de  grès  jaunâtre 4™, 00 

Poudingue  à  ciment  argileux,  formé  de  cailloux  roulés 
quartzeux  parmi  lesquels  il  y  en  a  qui  sont  d'un  blanc 
laiteux.  On  remarque  de  nombreux  débris  de  vertébrée 

dans  cette  assise O^.SO 

IGrès  jaune  micacé 0"^,60 

jPoudingue  semblable  au  précédent,  mais  cimenté  par  de 
Targile  et  ne  contenant  que  de  rares  débris  do  verté- 
brés    0"J0 

[Argile  grise,  micacée,  contenant  de  petits  cailloux  roulés. 

Bone-  y  0»,30 

bed.    \Grès  micacés,  gris,  tendres,   tachés  par  de  Tbydroxyde  de 

fer,  et  contenant  quelques  minces  feuillets  d'argile.  Ou 

remarque,  empâtés  dans  le  grès,  des  galets  d*un  grès  plus 

dur  et  plus  ferrugineux 5",00 

[Argile  grise,  feuilletée  et  micacée 2",Î0 

rrès  jaune,  ferrugineux,  contenant  quelques  feuillets  d'ar- 
gile grise 0"^i80 

^ Argile  grise,  micacée,  sableuse 4  "^,00 

'Grès  jaune,  micacé,  alternant  avec  de  Targile  feuilletée. 

4",00 
Grès  verdâtres  ou  blanchâtres,  micacés,  contenant  des  feuil- 
lets de  marnes  grises  et  des  lits  irréguliers  de  cailloux 
roulés  épars  dans  du  sable.  Cette  assise  est  exploitée  dans 
une  carrière  située  à  Test  du  ruisseau,  au  sud  du  village; 
on  y  a  trouvé  des  empreintes  de  plantes.  Il  est  fort  poisi- 
1      ble  que  ce  grès  et  celui  de  plusieurs  autres  bancs  qui 
\     affleurent  au-dessus  n'appartiennent  plus  au  bone-bed  et 
soient  du  keuper  moyen 6*,00 

Marnes  (  Marnes  irisées  diversement  teintées,  bancs  de  calcaires  dolo* 
irisées.  (     mitiques  blancs  et  bancs  de  dolomies  rouges. 


NOTt   DE    MM.    TKftQUBIl  ST   PnrfTB.  6zS 

Nous  citerons  encore  la  coupe  d'EiiIange  et  celle  de  Lorentz- 
weiler,  dans  le  grand-duché  de  Luxembourg  : 

Coupe  prise  au  nord  itEhlange  (voy.  pi.  Vlll  bis,  fig.  5). 

Calcaire  à  Ammonites  hisulcatus  et  Ostrea  arcuaia. 
Schistes  gris,  sans  fossiles. 
1 .        1  Calcaires  à  Ammonites  angulatus, 
*  ^*      Calcaires  à  A,  planorbis. 
Marnes  rouges. 

Marnes  grises,  schisteuses,  micacées. 
/  Poudingue  composé  de  cailloux  roulés  réunis  par  un  ciment 
I      argileux.  Il  renferme  de  rares  débris  de  vertébrés. 
Grés  verd&tres,  micacés,  tendres,  à  gros  grains  anguleux. 
Marnes  micacées,  feuilletées,  grises  ou  verdâtres,  contenant 
de  minces  lits  de  grès  jaune  ou  sableux.  Un  des  lits  de 
grès  qui  se  trouvent  intercalés  dans  cette  marne  contient,  à 
Test  de  la  colline,  près  du  moulin  du  Loup,  de  nombreux 
Bone-  j     moules  de  fossiles  parmi  lesquels  on  distingue  VAvicula 
bed.     \     cent  or  ta. 

Grès  jaune  à  grains  fins,  taché  par  du  fer  et  du  manganèse. 
{Mince  lit  de  poudingue  formé  de  fragments  de  grès,  de  débris 
esquilleux  de  calcaires  dolomitiques,  de  gypse  et  de  grains 
très  fins  de  quartz,  empâtés  dans  un  ciment  argilo-sableux 
,      qui  contient  des  ossements  de  vertébrés  en  grande  quan- 
;      tité. 
Grès  jaune  taché  par  des  dendrites  de  manganèse. 
Marnes  C Marnes  irisées  alternant  avec  des  bancs  de  calcaire  dolo- 
irisées.  (     mi  tique. 

Coupe  prise  entre  Lorentzweiler  et  Blascheidt  (voy.  pi.  VIII,  fig.  7). 

i Calcaire  à  Ostrea  arcuata  et  à  Ammonites  hisulcatus. 
Grès  à  A»  angulatus. 
Marnes  à  A,  planorbis. 
Marnes  rouges. 

Grès  et  marnes  grises  micacées 0",10 

Poudingue  composé  de  cailloux  roulés  quartzeux,  réunis  par 
Bone-  1      un  ciment  argilo-sableux.  Nous  y  avons  remarqué  quelques 

bed.    )      rares  écailles  de  poissons O^'jlS 

Grès  schistoldes  verdâtres  reposant  sur  un  grès  jaun&tre  très 

micacé 0",75 

Marnes  (Marnes  irisées  contenant  des  bancs  de  calcaire  dolomitique 
irisées.  (     blanc  et  des  dolomies  d'un  rouge  vif. 

L'âge  du  bone-bed  a  été  depuis  quelque  temps  l'objet  de  graves 
discussions.  Signalé  en  Allemagne,  dès  1718,  par  Straskircber,  ce 
terrain  a  été  rencontré  en  Angleterre,  sur  la  rive  gauche  du  Se?er, 


SM  ftiASCi  i>u  6  livrm  1862. 

par  .MM.  BacUând  et  Cooybeare  qui  lui  ont  donne,  en  raison  cle 
la  quantité  de  dents  et  de  petits  os  qu'on  y  trouve,  le  nom  khu 
lequel  nous  le  désignons  aujourd'hui.  Ces  auteurs  le  rapportèrent 
alors  au  keuper  dont  il  est  très  voisin  par  sa  nature  minera  lo- 
gique; leur  opinion  fut  adoptée  sans  discussion,  et  pendant  long- 
temps on  le  regarda  comme  une  subdivision  insignifiante  des 
marnes  irisées.  Peu  à  peu,  les  études  géologiques  entreprises  sur 
toute  la  surface  de  TEurope  révélèrent  son  importance;  et  quand 
on  l'eut  découvert  aux  environs  du  lac  de  Gûme,  au-dessus  des 
couches  deGoniatites  de  Saint-Cassian,  quand  on  y  eut  recueilli  une 
faune  différente  de  celle  des  assises  sur  lesquelles  il   repose,  on 
comprit  qu'il  ne  devait  plus  être  confondu  avec  les  marnes  irisées, 
et  on  l'en  détacha.  On  eut  raison.  Le  bone-bed  constitue  réelle- 
ment un  étage  ^)écial.  Il  correspond  à  une  époque  particulière, 
digne  d*étre  distinguée  de  celles  qui  Font  précédée  eC  de  celles  qui 
font  suivie  ;  il  représente  une  des  phases  de  la  vie  animale  à  la 
surface  de  la  terre.  Mais,  s'il  convenait  de  le  séparer  des  marnes 
irisées,  on  devait  s'arrêter  là  ;  on  ne  devait  pas  méconnaître  ses 
analogies  avec  le  trias  dont  il  fait  réellement  partie  ;  et  c'est  ce 
qu'on  ne  fit  pas.  Les  géologues  autrichiens  le  transportèrent  dans 
le  lias.  Ils  furent  combattus  par  les  géologues  suisses.  Le  débat 
venait  à  peine  de  commencer,  quand  M,  Quenstedt  publia  son 
ouvrage  intitulé  Der  Jura.  Selon  cet  auteur,  le  bone-bed  se  com- 
pose de  deux  horizons  géolojjiques  distincts  :  le  premier,  qu'il 
nomme prœcursorj  est  triasique  ;  le  second,  qu'il  appelle  cloaque^  csl 
à  cheval  sur  le  trias  et  sur  le  lias.  Quoique  ces  dénominations  ne 
fussent  pas  très  heureusement  choisies,  surtout  la  dernière^  les 
idées  de  M.  Quenstedt  furent  accueillies  avec  faveur.  M.  Oppel,  en 
collaboration  avec  M,  Suess,  avait  traité  le  même  sujet  quelque 
temps  auparavant  dans  une  brochure  très  lumineuse  intituléd: 
Uber  die  muthmassUchtm  jEquhnlcnte  dcr  KUsscner  Schiehten   in 
Schwaben.  Dans  cet  opuscule,  il  avait  isolé  le  bone-bed  sous  le 
nom  de  zone  des  Av'tcula  contoria^  et  il  l'avait  placé  dans  le  trias. 
Cette  opinion  est  à  notre  avis  l'expression  de  la  vérité  ;  cependaM 
M.   Oppel  l'abandonna  plus  tard,  entraîné  per  l'exemple   lie 
M.  Quenstedt,  et  il  reporta  la  zone  des  Avicnia  cohtorta  dans  le 
terrain  jurassique.  Quelques  auteurs  allèrent  plus  loin.  Non  con^ 
tents  de  placer  le  bonc-bed  dans  le  terrain  jurassique,  ils  refuse-* 
reiit  de  le  considérer  comme  un  étage  particulier,  et  le  réunissant 
à  diverses  assises  du  lias  inférieur,  ils  désignèrent  sous  le  |iom 
A^inf rallias  les  dépôts  disparates  au  sein  desquels  ils  absorbëreot 
son  individualité.  Parmi  ces  géologues,  iM.  Martin  est  celui  qiM.  n 


NOTI  M  MU.   TBftQOM  ST  IPIEm.'  327 

le  mieux  motivé  ses  opinions  (1  ].  Impuissant  a  distinguer  la  limite 
des  marnes  irisées  et  des  couches  à  Avicula  contoria^  tant  leur 
pclrograpiiie  les  confond  les  unes  avec  les  autres,  il  ne  donne  que 
des  raisons  paiéontologiques.  «  L'arÂosCy  dit-il  (c'est  ainsi  qu*il 
nomme  la  zone  des  Avicula  contnrta)^  a  le  tiers  de  ses  espèces^  12 
sur  36,  qui  passent  dans  tes  lumachelles  qui  la  recouvrent;  il  n'en 
a  pas  une  qui  passe  dans  les  marnes  irisées,  m  [Loc,  cit, ,  p.  5(i.} 
Nous  ne  voulons  pas  nier  le  mérite  des  observations  de  M.  Martin; 
nous  sommes  les  premiers  â  reconnaître  les  qualités  de  son 
mémoire  sur  la  C6te-d*0r;  mais  nous  voulons  discuter  sérieuse- 
ment la  valeur  de  son  ar[;umentation  ;  la  faune  des  marnes  irisées 
est  trop  imparfaitement  connue  pour  qu'on  base  sur  elle  des 
raisonnements.  £n  Bourgogne,  comme  dans  toutes  les  autres 
contrées  de  la  France  et  de  F  Angleterre,  ces  marnes  ne  paraissent 
renfermer  aucun  fossile.  Ainsi,  nous  manquons  d'un  terme  de 
comparaison  pour  juger  lt*s  analogies  du  bone-bed  avec  les  étages 
etitre  lesquels  il  est  intercalé.  Laissons  donc  de  côté  cette  argu^ 
mentation  qui  consiste  à  dire  que  ce  terrain  n'a  aucune  espèce 
commune  avec  une  faune  qu'on  ignore,  et  voyons  si  les  fossile 
qu'il  contient  établissent  réellement  un  lien  entre  lui  et  le  lias. 

Pendant  le  cours  des  lougues  explorations  que  nous  avons  faites 
dans  la  zone  des  Avicula  contorta^  nous  n'y  avons  pas  rencontré 
une  seule  coquille  que  nous  ayons  retrouvée  dans  les  zones  supé* 
rieures.  11  est  vrai  que  cela  n'infirme  pas  les  observations  faites  en 
Bourgogne  par  M.  Martin,  mais  ces  observations  n*ont  pas  la 
conséquence  qu'il  croit.  Les  fossiles  de  l'arkose,  il  le  reconnaît 
lui-même  [loc.  cit.,  p.  21),  sont  très  mal  conservés.  Ce  ne  sont 
presque  jamais  que  des  moules,  et  telle  est  la  difficulté  que  présente 
leur  classement,  que  sur  les  12  espèces  qui,  suivant  lui,  passent 
dans  le  lias,  il  y  en  a  six  sur  la  détermination  desquelles  il  exprima 
des  doutes  (loc.  cit.,  p.  21).  Comme  on  ne  raisonne  jamais  en 
géologie  sur  des  fossiles  douteux,  il  convient  de  les  retrancher  de 
la  liste  qu'il  doime.  Dis  lors,  il  ne  reste  plus  que  6  espèces  com- 
munes au  lias  et  à  l'arkose;  ce  sont  :  Ccrithium  Scmclcy  Cardium 
Tcrquemi^  Avicula  Dunkeri^  Anomia  irregularisy  Pecten  valoniensii^ 
Ostrva  irregularis  (2).   Parmi  ces   6   fossiles,   V Avicula   Dunkeri 


(4)  Voyez  Paléontologie  s traii graphique  de  Vinf rallias  dans  lu 
CôtC'd'Or  (Mém.  de  la  Soc.  géol.  de  France,  2*  sér.,  t.  VU,  mém. 

nM). 

(2)  Dans  un  appendice  qui  fait  suite  à  son  mémoire  sur  Tinfra-lias, 
M.  Martio  cite  eocore  plusieurs  autres  fossiles  qui  seraient  communs 


è2Ô  SÉÀNCB    DU    6    JANVIBR    1862. 

doit  encore  être  retranchée  ;  elle  présente  de  notables  différences 
avec  r  Avicule  décrite  sous  ce  nom  dans  la  paléontologie  d'Hettange. 
La  liste  se  trouve  donc  réduite  a  5  espèces.  Et  c'est  sur  la  présence 
de  5  espèces  qu'on  voudrait  assimiler  deux  terrains  séparés  jus- 
que dans  ces  dernières  années  par  tons  les  (géologues  !  Mais,  est-ce 
que  deux  étages  superposés  Tun  à  Tautre  ne  renferment  pas 
toujours  vers  leurs  points  de  jonction  quelques  fossiles  communs  ? 
S'il  fallait  assimiler  toutes  les  formations  qui  présentent  dans 
leui*s  couches  en  contact,  nous  ne  dirons  pas  5  ou  6,  mais  20  ou 
30  espèces  commuixes,  il  n'y  aurait  plus  qu'un  seul  terrain  en 
géologie  ! 


à  la  zone  des  Àvicula  contorta  et  à  celle  des  Ammonites  Burçfundiœ^ 
notamment  les  Cardinia  Lijstcn\  sublamellosa^  copides^  qu'il  aurait 
trouvés  associés  au  Myophoria  muitiradiata^  et  au  MytHus  minurus 
{loc,  cit.^  p.  96  et  97)  ;  mais  il  est  bon  d'ajouter  que  ces  fossiles  ont 
été  trouvés  dans  les  déblais  d'un  puits,  depuis  longtemps  rebouché, 
dont  la  profondeur  dépassait  40  mètres,  et  dans  lequel  M.  Martin  n*est 
jamais  descendu  [loc.  ci  t. y  p.  9  et  96).  Les  blocs  provenant  des  bancs 
multiples  traversés  par  le  forage  avaient  été  jetés  pèle- môle  avec  les 
terres  enlevées.  Il  nous  semble  impossible  d'asseoir  une  preuve  quel- 
conque sur  des  fossiles  recueillis  dans  ces  déblais.  Si  Ton  y  observe  une 
confusion  de  deux  faunes  que  Ton  a  trouvées  jusqu'à  présent  nettement 
séparées  dans  tous  les  endroits  où  on  a  pu  voir  clairement  la  superpo- 
sition des  assises,  ne  convient- il  pas  de  penser  que  la  confusion  vient 
de  la  main  des  ouvriers  plutôt  que  de  celle  de  la  nature  ?  Cette  con- 
clusion nous  paraît  surtout  exacte  eu  présence  des  doutes  mômes  de 
M.  Martin.  Voici  en  effet  ce  qu'il  dit,  page  9  de  son  mémoire  : 

«Nous  avons  bien  vu,  parmi  les  déblais,  des  roches  fossilifères 
3  dont  nous  avons  essayé  de  déterminer  l'origine;  mais  cette  opération 
»  délicate  n*a  donné  que  des  résultats  incertains.  Ainsi,  nous  avons 
»  trouvé  plusieurs  blocs  d*un  grès  blanchâtre  avec  nids  de  gypse, 
3  contenant  en  abondance  Avicula  contorta^  Cardium  cloacinum^ 
»  Mytilns  minutas^  etc.  Mais  ces  fragments  provenaient-ils  du  banc 
»  salifère  ?  C'est  aujourd'hui  encore  ce  qu'il  nous  est  impossible  d*afllr- 
»  mer,  bien  que  nous  inclinions  à  le  croire.  « 

Quoi  qu'il  en  soit,  et  lors  môme  que  des  Cardinia  seraient  associées  A 
quelques  Myophoria  dans  les  bancs  qui  forment  la  limite  de  la  zono  à 
Avicula  contorta,  et  de  la  zone  à  Ammonites  Burgundiœ^  il  faudrait  en- 
core se  garder  de  tirer  de  ce  fait  des  conséquences,  à  moins  de  prouver 
qu'il  n'est  pas  exceptionnel  et  qu'on  peut  l'observer  dans  plusieurs 
localités.  Rien  en  effet  n'est  plus  commun  que  de  rencontrer  au  con- 
tact de  deux  terrains  des  assises  où  une  faune  qui  tient  de  l'une  et  do 
l'autre  annonce  que  les  dernières  couches  d'une  formation  étaient 
encore  meubles  quand  les  premières  de  la  formation  suivante  se  sont 
déposées  et  se  sont  mélangées  avec  elles. 


MOTK   BB    im.    TKftQUBM   ST   PIBTTE  •  320 

L'aspect  tout  triasique  de  la  faune  du  bone-bed  aurait  dû 
eiupécber  M.  Martin  de  tomber  dans  une  semblable  erreur.  Les 
Avicules  y  sont  contournées  comme  aux  anciennes  époques  de  la 
terre;  les  Myopbories,  ces  compagnons  les  plus  constants  des 
Céralites,  si  caractéristiques  du  trias,  y  ont  laissé  de  nombreux 
débris.  Us  sont  si  abondants  dans  l'arkose  de  la  Côte-d'Or,  que 
M.  Martin  propose  d'appeler  ce  terrain  zone  des  Myopbories.  Ce 
genre,  un  des  types  les  mieux  caractérisés  des  âges  triasiques, 
avait  disparu  sans  retour  quand  sonna  Tbeure  de  la  période  ba- 
sique. Ainsi,  la  faune  du  bone-bed,  non  moins  que  son  aspect 
minéralogique,  se  rattacbe  au  trias.  Tout  ce  que  prouvent  les  argu- 
ments des  géologues  que  nous  combattons,  c'est  qu'il  n'y  a  pas 
entre  le  trias  et  le  lias  la  vaste  lacune  qu'on  a  signalée  autrefois. 
£n  découvrant  le  bone-bed,  on  a  retrouvé  un  des  anneaux  de  la 
chaîne  immense  qui  unit  les  uns  aux  autres  les  terrains  et  les  créa- 
tions qu'ils  représentent. 

Lors  même  que  la  faune  et  la  pétrographie  du  bone-bed  ne 
donneraient  aucune  lumière  sur  son  âge,  la  stratigraphie  suffirait 
pour  faire  voir  qu'il  n'est  pas  liasique.  Soudé  en  quelque  sorte  aux 
marnes  irisées,  il  est  en  parfaite  concordance  de  stratification  avec 
elles;  il  les  accompagne  partout  et  en  suit  constamment  le  sort. 
Quand  elles  sont  fissurées,  il  Test  également  ;  quand  elles  cessent 
d'affleurer  sur  les  flancs  paléozo'iques  du  plateau  des  Ardennes,  il 
cesse  aussi  de  se  montrer  à  la  base  du  lias.  Il  est,  au  contraire, 
en  discordance  de  stratification  avec  ce  dernier  terrain.  A  Lœve- 
lange,  près  du  moulin,  on  observe  la  coupe  suivante  : 

I Marne  grise  schistoïde,  avec  banc  de  calcaire  gréseux.  .  .  4*^,50 
Marne    noire    feuilletée,    avec    bancs   de  calcaire  bleu  subor- 
donnés  3"", 00 
Marnes  rouges 0"*,60 

/Grès  très  dur,  jaune,  micacé,  contenant  quelques  cailloux  roulés 

I       quartzeux.  Ce  grès  est  en  discordance  de  stratification  avec  les 

-ô  I     assises  qui  le  recouvrent  et  en  concordance  avec  celles  qui  le 

A  1      supportent 0»,4  0 

^  \  Marnes  brunes   très  micacées,  pyriteuses,    coatenant   quelques 

^  I      minces  lits  de  t^rès  fort  dur 4 '",00 

[  Grès  sableux,  friable,  d'un  blanc  verdàtre,  contenant  quelques 

\     minces  lits  marneux 3", 00 

Marnes  irisées. 

La  discordance  de  stratification  est  si  forte  qu'elle  saisit  immé- 
diatement les  yeux  quand  on  se  trouve  en  face  de  l'escarpement 
formé  par  le  ruisseau.  Elle  n'est  pas  le  résultat  d'un  fait  isolé. 


330  ftfiARCB   DU   6   lAMYIBt  1862. 

LVpoqueoù  elle  se  produisit  ftit  pour  notre  planète  une  époque 
de  perturbation.  Du  foml  des  mers,  les  montagnes  du  Thuritiger- 
wnld  s'élevèrent  tout  à  coup,  dressant  leurs  faites  au-dessus  des 
va[{ue8.  Les  grès  rouges  furent  redressés,  les  marnes  keupériennea 
plissées  et  fissurées.  Au  milieu  des  commotions  qui  agitaient  le  soi, 
le  plateau  ardennais,  dont  les  rochers  faisaient  depuis  longtemps 
déjà  partie  du  continent,  éprouva  un  mouvement  de  bascule  ;  ses 
côtes  orientales  furent  soulevées,  entraînant  au  jour  avec  elles  lefl 
dépots  nouvellement  formés  sous  les  eaux  ;  ses  cotes  oocidenlalcs 
s'affaissèrent  et  furent  recouvertes  par  les  flots  ;  en  sorte  que  dans  la 
IVleurtbe,  la  Moselle,  le  Luxembourg  et  une  partie  de  la  Belgique, 
la  mer  jurassique  rencontra  des  rivages  formés  de  bone-bed  et  de 
marnes  irisées,  tandis  que  dans  Fautive  partie  de  la  Belgiqne  et 
dans  le  département  des  Ardennes,  elle  vint  se  briser  contre  les 
falaises  du  terrain  ardoisier.  Ses  dépôts  recouvrent  le  ktuper  dans 
les  pays  qui  sont  situés  à  Test  de  Jamoigne  ;  ils  reposent  sur  lei 
schistes  paléozoïques,  sans  intermédiaire  de  trias,  dans  toute  la 
ré(;ion  qui  s'étend  à  Touest  de  ce  village.  Cette  disposition  des 
sédiments  liasiqucs  prouve  de  la  manière  la  plus  évidente  la  réalM 
du  mouvement  de  bascule  que  subit  le  massif  ardennais  à  celle 
époque  de  dislocation,  et  la  forte  discordance  de  stratificalion  4e 
Lœvelange  indique  clairement  la  violence  et  l'instantanéttë  delà 
commotion  qui  produisit  ce  résultat.  Toutefois,  il  est  boil  di 
remarquer  qu'une  vaste  ondulation  avait  commencé  dans  le  même 
sens,  mais  d'une  manière  lente  et  continue  dès  la  période  ketqMk 
rienne  et  qu'elle  devait  se  continuer  avec  les  mêmes  carectèrei 
pendant  toute  la  période  liasique  ;  ce  n'est  donc  pas  le  cataclysme 
qui  la  fit  naître  ;  il  la  fit  seulement  entrer,  pour  un  monienli  tlam 
une  phase  violente. 

Le  lias  injérieur. 

Quand  les  troubles  eurent  cessé  et  que  la  nature  eut  repris  iba 
cours  régulier,  les  rivages  nouvellement  conquis  par  la  mer  s'étei^ 
daient  du  nord  au  sud,  en  ligne  presque  droite,  dans  la  Mearibi 
et  dahs  la  Moselle  ;  ils  formaient,  entre  Sierk  et  llabay,  un  raM 
golfe,  aux  plages  marneuses  et  sablonneuses,  dont  Textrémitë  éUii( 
au  delà  d'Echtcrnach  ;  à  Habay,  ils  s'avançaient  en  promontoire; 
à  partir  de  ce  point  jusqu'aux  confins  du  département  de  l'Aine^ 
ils  étaient  constitués  par  des  falaises  rocheuses  qui  s'alîgn«iea( 
dans  la  direction  de  l'est  à  l'ouest;  l'ère  du  lias  inférieur  Teaaildi 
commencer. 


KOTl  DK  HM»    TfiRQUEM   ET   PIETTB.  8S1 

Les  dépots  qui  rcprésentciu  cette  ('|>oquc  sont  composés  de 
quati'e  zones  coquillièi*<;s  : 

La  zone  des  Belcmnites  bfevîs, 
La  Z0D6  des  Ammonites  bisitlcatus, 
La  zone  des  Ammonites  fingulatiis. 
La  zone  des  Ammonites  planotbis. 

La  zone  des  Ammonites  plnnorhis  et  celle  des  A.  nn^ulatus  sont 
inféricure.s  aux  deux  autres;  elles  ne  coutiennent  pas  d*0.v/rfa 
arcuata,  La  zone  des  Ammonites  bisulcatus  et  celle  des  Belcmnites 
hrevis  renfci ment  au  contraire  une  {jrande  ((uantitc  de  ces  Huîtres. 
De  la,  diaprés  la  présence  ou  Tabsence  de  ce  fossile,  une  autre 
division  du  lias  intérieur  qu^on  décompose  en 

Strates  à  Gryphées 

et  strates  sans  Gryphées. 

Les  quatre  zones  coquillières  de  ce  terrain  affleurent  avec 
constance  et  (gardent  Tordre  que  nous  venons  d^indiquer,  dans  tous 
les  pays  dont  nous  avons  étudié  le  sol  ;  mais  leur  pélro(jrapliie  est 
très  variable.  On  les  voit  devenir  tour  a  tour  sableuses  on  mar- 
neuses dans  des  endroits  très  rapprochés  les  uns  des  autres.  JVous 
divisons,  d'après  la  nature  minéralo(>ique  et  le  développemeot 
des  zones,  la  contrée  qui  s*étend  entre  les  confins  de  la  Meurthe 
et  ceux  de  l'Aisne  en  quatre  ré{;ions  géolo(>/iqucs.  La  première  se 
compose  de  la  vallée  de  la  iMeurtbe  et  de  celle  de  la  Moselle  ;  la 
seconde  comprend  le  lias  du  bassin  de  la  Sure;  la  troisième  est  for- 
mée par  la  vallée  de  la  Semois,  celle  de  la  Cliiers  et  celle  de  la 
Meuse;  la  quatrième  8*étend  dans  le  pays  qu'arrose  la  Sormonne. 

PREMIERE  REGION.  —  l'alU'cs  de  lit  Meurthc  et  de  la  Moselle. 

Dans  cette  région,  le  lias  affecte  une  forme  constamment  mar- 
neuse. On  y  distingue  deux  divisions  principales  :  les  marnes  rou- 
ges et  les  calcaires  propres  à  la  fabrication  de  la  chaux  hydrau- 
lique. Les  marnes  rouges  recouvrent  le  bone-bed;  elles  ont  en 
moyenne  3  mètres  d'épaisseur,  et  ne  contiennent  aucun  fossile. 
Les  calcaires  à  chaux  hydraulique  ont  en  moyenne  50  mètres  de 
puissance,  et  se  composent  de  marnes  grises  ou  bleuâtres  alternant 
avec  des  bancs  de  calcaire  bleu  à  l'intérieur,  jaune  ou  gris  à  la 
surface.  Ils  appartiennent  à  quatre  horizons  paléontologiques 
distincts  :  la  zone  des  Ammonites  plunorbis,  celle  des  A.  nngnlatus^ 
celle  des  A,  bisulcatus,  et  celle  des  Beiemnites  brevis.  Les  calcaires 


832  8ÊÀNCB   DU   6   JAlfTlBR   1862. 

à  Ammonites  planorhis  n'affleurent  qu'en  très  peu  d'endroits  ;  ils 
sont  extrêmement  minces;  nous  les  avons  observés  à  Gondreyille 
(Moselle)  et  à  Ehlange  (grand-duché  de  Luxembourg).  Les  cal- 
caires à  Ammonites  anguiatits  n*ont  guère  plus  d'un  mètre  d'é- 
paisseur; ils  forment  depuis  YarangévîUe  (IVIeurlhe)  jusqu'à 
Ehlange  (grand-duché)  une  étroite  bande  de  terrain  qui  n*est 
interrompue  que  rarement.  Les  calcaires  à  A,  bisulcatus  sont 
très  développés  ;  ils  ont  quelquefois  plus  de  60  mètres  de  puis- 
sance; ils  contiennent  vei*s  leur  base  des  bancs  à  Lingules  et  Yei*s 
leur  partie  moyenne  des  couches  à  Spirifères;  toutes  leurs  assises 
sont  remplies  d^Ostrca  arcuata.  Les  calcaires  à  Belemnites  brevis 
se  confondent  avec  eux  par  leur  pétrographie,  quoiqu'ils  soient 
généralement  plus  sableux  ;  ils  atteignent  rarement  une  épaisseur 
de  plus  de  10  mètres.  Les  Belemnites  brevis  n'y  sont  pas  toujours 
en  grand  nombre. 

L*atrophie  des  calcaires  à  Ammonites  anguiatus  et  l'absence 
presque  totale  des  marnes  à  A ,  planorhis  ne  peuvent  s'expliquer  que 
de  deux  manières  :  ou  à  l'époque  de  ces  céphalopodes  les  cou<« 
rants  entraînaient  vers  la  pleine  mer  presque  tous  les  sédiments 
que  laissaient  les  flots  dans  ces  parages;  ou  il  y  eut  alors,  sur  les 
plages  de  la  Moselle  et  de  la  Meurthe,  un  soulèvement  lent  et  coq* 
tinu  qui  les  mit  à  sec  après  le  dépôt  des  marnes  rouges,  de  sorte 
que  les  sédiments  à  A.  planorbis  s'y  amassèrent  seulement  dans 
les  rares  endroits  qui  continuèrent  à  être  baignés  par  les  eaux,  et 
que  les  couches  à  A,  anguiatus  ne  s'y  formèrent  que  lorsqu'au 
affaissement  eut  replacé  la  mer  dans  ses  anciennes  limites.  Si 
cette  dernière  hypothèse  est  vraie»  les  strates  à  A.  planorbi* 
et  à  A,  anguiatus  ont  dii  se  déposer  plus  au  large  dans  leur  inté- 
grité ;  ils  doivent  exister  avec  toute  leur  puissance  en  ayant  des 
anciens  rivages,  c'est-à-dire  à  Touest  de  la  mince  bande  de  ter- 
rains formée  par  les  marnes  rouges  et  les  assises  atrophiées  doot 
nous  parlons.  C'est  ce  qui  a  lieu,  en  effet,  au  moins  dans  la  partie 
du  département  de  la  Moselle  la  plus  voisine  du  Luxembooig; 
Là,  des  failles  immenses  ont  fissuré  le  sol;  elles  ont  mis  au  jèûr 
une  portion  du  lias  inférieur  déposée  loin  des  anciens  rivages  €1 
masquée  par  des  terrains  plus  récents.  La  zone  des  Ammonites  M^ 
gulatus  et  celle  des  A.  planorhis  y  présentent  un  développement  €t 
une  série  de  couches  dont  la  bande  de  marne  voisine  des  cAtMi 
qui  affleure  à  10  ou  15  kilomètres  plus  loin  et  contient  les  ménM 
Ammonites,  ne  peut  donner  aucune  idée. 


NOTS  Dl  MM.   TSRQUm  ST  putti.  333 

DEUXiEBCE  REGION.  —  Bassîn  de  la  Sure. 

Cette  région  comprend  les  terrains  formas  au  sein  du  vaste 
golfe  situé  entre  Habay,  Sierck  et  Ëcbternach.  Elle  est  arrosée  par 
TAlzette,  la  Marner,  les  deux  Erentz.  C'est  dans  son  centre  que 
s'élève  la  colline  de  grès  sur  laquelle  est  bâtie  la  forteresse  de 
Luxembourg,  et  à  son  extrémité  méridionale  que  sont  ouvertes 
les  carrières  d'Hettange. 

Marnes  rouges  et  marnes  h  Ammonites  planorbis. 

Les  dépôts  qui  constituent  cette  région,  rangés  symétriquement 
des  deux  côtés  du  golfe,  inclinent  de  deux  degrés  vers  le  centre  du 
bassin.  Des  argiles  rouges,  moins  puissantes  que  celles  de  la 
Meurthe  et  de  la  Moselle,  mais  du  reste  entièrement  semblables, 
affleurent  sur  le  boue-bed.  Elles  sont  recouvertes  par  des  marnes 
noirâtres,  bitumineuses  ou  graphiteuses,  tantôt  plastiques,  tantôt 
feuilletées,  qui  alternent  avec  des  bancs  de  calcaire  aux  teintes 
enfumées  dont  les  blocs  dégagent,  sous  le  clioc  du  marteau,  une 
odeur  nauséabonde  :  c'est  T  horizon  des  Ammonites  planorbis.  Des 
fossiles  assez  nombreux,  mais  appartenant  à  un  petit  nombre 
d'espèces,  y  gisent  avec  ces  céphalopodes.  On  y  remarque  surtout 
les  Cardinia  Deshaycsea  qui  forment  en  certains  endroits  une  véri- 
table lumachelle.  Les  assises  à  y4,  planorbis  atteignent  quelque- 
fois 12  mètres  de  puissance,  mais  leur  épaisseur  moyenne  n*est 
que  de  3  mètres.  Rarement  masquées  par  les  failles  et  leséboulis, 
elles  se  montrent  partout  où  affleurent  les  marnes  rouges,  s'éten- 
dent avec  elles,  comme  une  ceinture,  sur  le  pourtour  du  golfe  et 
en  indiquent  les  limites. 

Zone  des  Ammonites  angulatus. 

Ainsi,  au  début  de  la  période  iiasique,  la  mer  ne  déposa  que  de 
la  marne  dans  le  golfe  de  Luxembourg,  comme  sur  les  plages  de 
la  Moselle  et  de  la  Meurthe.  Il  n'en  fut  plus  de  même  A  Tépoque 
des  Ammonites  angulatus.  Quand  ces  mollusques  apparurent,  les 
flots  conimencèr(*nt  à  charrier  du  sable  dans  la  partie  orientale  du 
golfe,  tandis  qu'ils  continuaient  a  apporter  de  la  vase  dans  sa  par- 
tie occidentale.  Peu  à  peu,  le  sable  gagna  du  terrain  sur  les  fonds 
boueux  ,  chaque  siècle  marqua  un  nouveau  progrès  de  cet  élément 
envahisseur,  et,  quand  les  A,  angulatus  disparurent  pour  faire 
place  aux  A.  bisulcatus^  le  sable  couvrait  tous  les  fonds  du  golfe. 


Le  romiiienceiiient  de  l'époque  .Îls  J.  on*;uLuu^  est  donc  repré- 
senté  par  un  grès  dan^  la  parlie  orîrnt.ilc  liu   [;r;ind-duclié  do 
Luxcnibourp,  et  par  une  marne  dans  sa  fvirtie  (x-cidentale  ;  la 
fin  de  la  niëine  époque  est  représentée  par  un  grès  dans  tout  le 
grand- duché  ;  et,  comme  Te  usa  bien  lent  des  fonds  vaseui  a  eu  lieu 
d'orîeni  eii  occident,  et  qu*il  ne  sV'st  |Vis  eliectué  d'une  manière 
subite,  maïs  progressivement  et  par  étapes,  le  grès,  qui  a  pins  ilc 
60  mètres  de  puissance  dans  les  iiivirons  d'Hetiange,  de  Liurin* 
bour;;  et  de  LarocLetlc,  points  sur  lesquels  il  s'est  amassé  dès  le 
moment  où  les  M.  pianotùis  ont  disparu,  perd  peu  à  peu  son 
épaisseur  en  se  prolongeant  veis  Toiu-st.  Le  géologue  qui  s'avance 
de  Merscii  vers  Habay  voit   ses  assises  inférieures  changer  de 
uature  et  s'uuîr  une  à  une  au  massif  marneux  sous-jacent  dont  la 
puissance  est   toujours  en  raison  inverse  de  celle  du   (;rès.  Les 
roches  de  ce  pays  attestent  la  lutte  qui  eut  lieu,  dans  le  temps  oti 
elles  se  srint  formées,  entre  rélénient  sableux  qui  s'avançait  sans 
cesse  et  l'élément  vaseux  qui  lui  résistait.  A  Rekingen,  à  Sanel,  à 
Eichen,  au  contact  de  îa  marne  et  du  grès,  on  remarque  des 
bancs  de  calcaires  sableux  noirâtres,  se  délitant  en  plaquettes, 
contenant  quelques  traces  de  fucoides  et  rendant  sons  le  choc  du 
marteau  une  odeur  nauséabonde.  Ces  bancs  qui,  réunis^  formant 
un  dépôt  d'une  épaisseur  parfois  considérable,  proviennent  érJ- 
(lemment  d*un  mélange  de  sable  et  de  boue  apportés  par  deux 
courants  contraires.  A  .Metzert,  les  grès  qui  affleurent  à  la  base  do 
massif  ne  sont  pas  souillés  coiiime  à    Rekingen,  à  Sauet  el  à 
Ëiclien,    mais  entre  l«-iii-s  assisis  s'étendent  des   lits  papyraoët 
d'argile  grise,  minces  stHliments  laissf\s  par  des  flots  qui  avaient 
passai  sur  les  fonds^  vaseux  du  voisinage,  et  qu  uue  tempête  cm 
quelque  autre  influence  avait  dérangés  de  leur  courant  habituel 
pour  les  animer  dans  ces  parages   où  ils  se  sont  rassérénés  en 
déposant  sur  le  sable  les  [^articules  terreuses  qui  les  troublaient. 

Les  strates  à  /immor,iirs  tin^tihitus  forment  une  série  de  collines 
boisées  an  centre  et  sur  tout  le  |K>urtour  du  {;olfc  ;  les  crosîoiis, 
en  les  creusant,  et  les  commotions  terrestres,  en  les  Assurant,  les 
ont  sillonnés  de  vallées  dont  les  côtés  taillés  à  pic  ont  un  aspect 
des  plus  pittoresques  (1).  Le  grès  y  affleure  en  bancs  assez  solides 
au  milieu  de  couches  sableuses  et  friables. 

Les  bancs  solides  ne  sont  eu  réalité  que  de  vastes  lentilles  trèe 
aplaties;  il  est  rare  de  le^i  suivre  pendant  un  hectomètre  sans  les 

(1  )  Les  sites  de  Larocbette  et  de  Fischbach  soDt  surtout  très  remar- 
{[aabifls. 


NOTB    DE    HM.    TBIQOËII    ET    FfKTTB.  $35 

voir  se  terminer  en  biseau.  La  roche  dont  ils  sont  formés  a  une 
texture  fme;  elle  est  composée  de  petits  crains  de  sable  arrondis, 
cinieutés  par  du  calcaire.  Sa  couleur  varie  du  gris  au  jaune  et  au 
bleu. 

Les  fossiles  de  cette  formation  sont  très  nombreux,  maïs  ils  ne 
gisent  pas  à  toutes  les  hauteurs  ;  on  n*en  rencontre  ordinairement 
que  dans  deux  bancs  qui  sont  séparés  Tun  de  l'autre  par  nne 
grande  éfuiisseur  de  grès.  Jl  ne  faut  pas  en  conclure  que  les  plages 
du  golfe  aient  été  inhospitalières  pour  les  mollusques,  et  que  seule- 
ment à  deux  reprises  ditlérentcs  elles  aient  présenté  des  conditions 
favorables  à  leur  propagation.  Il  est  très  probable  qu'elles  n*ont 
jamais  cessé  d'être  habitées  par  eux  ;  mais  les  fossiles  ne  sont  pas 
toujours  enfouis  là  où  ils  ont  vécu  ;  les  courants  les  entraînent  fort 
loin.  C'est  ce  qui  est  arrivé  dans  cette  région;  L'estuaire  ne  s'y  est 
formé  que  deux  fois.  Le  lit  coquillier  inférieur  est  remarquable 
par  la  grande  quantité  de  Cardinics  aux  valves  disjointes  qu'on  y 
trouve.  Il  contient  quelques    petits  cailloux   roulés  de  quartz, 
indices  d'un  dépôt  de  rivage,  il  correspond  au  Thalassitcn  Bank 
que  Quenstedt  a  signalé  dans  le  Wurtemberg  ;  il  affleure  avec  une 
grande  régularité  dans  tout  le  Luxembourg  ;  il  manque  cependant 
en   certains  endroits.  Le  lit  coquillier  supérieur  manque  plus 
souvent  encore.  L'interiuption  de  ces  bancs  n'est  pas  un  fait  qui 
doive  étonner.   Lc;»  éléments  qui  les  composent  étaient  mobiles 
lorsqu'ils  se  sont  déposés,  et,  tant  qu'ils  n'ont  pas  été  solidifiés,  le 
moindre  coup  de  mer  a  sulli  pour  les  enlever. 

\j^%  couches  de  la  partie  supérieure  du  massii  gréseux  sont  schis- 
toides  et  remplies  d'empreintes  de  plantes  terrestres  qui  n'ont  pu 
être  amenées  là  que  par  des  rivières.  Leur  bon  état  de  conservation 
prouve  que  les  coura  d'eau  qui  les  ont  charriées  ne  devaient  pas 
être  éloignés  de  l'endroit  où  elles  ont  été  enfouies.  Il  est  probable 
qu'ils  avaient  leur  embouchure  dans  le  golfe  même.  C'est  égale- 
ment à  ces  cours  d'eau  qu'il  faut  attribuer  la  présence  d'un  certain 
nombre  de  coquillc*s  d'eau  douce  mêlées  aux  coquilles  marines 
dans  les  bancs  fossilifères. 

!Nous  avons  dit  que  sur  les  plages  orientales  du  golfe  la  zone 
des  Ammonites  angulatiis  affleure  toujours  sous  la  forme  d'un  gréé. 
Il  faut  en  excepter  la  petite  portion  de  terrain  comprise  entre 
Hettange,  Welfringen  et  Kédange.  Dans  cet  espace  situé  entre  la 
côte  et  l'immense  banc  de  Sfd>le  qui  obstruait  l'entrée  du  golfe,  un 
contre-courant  amenait  de  la  vase;, aussi  les  strates  à  Ammonites 
au^alatus  y  sont-iis  uiarBeux.  Leur  épaisseur  n'est  que  de  i^fifi 
à  £hlange,  et  cependant,  à  2  kilomètres  de  ce  village,  pr&  de 


336  SÉANCE  DU   6   JANYIBR   1862. 

Welfrange,  les  grès  dont  ils  sontsynchroniqucs  ont  une  puissance  de 
plus  de  30  mètres.  Il  est  probable  que  cette  marne  ne  représente 
qu'une  partie  de  Tépoque  des  Ammonites  angulatus  ;  apparemment, 
les  lentes  oscillations  du  sol  qui  n*ont  cessé  de  se  manifester  dans 
ce  pays  durant  l'ère  liasique  ont  empêché  les  dépots  de  s*y  former 
pendant  un  certain  laps  de  temps,  et  les  rivages  qui  se  trouvaient 
primitivement  à  la  limite  du  banc  de  sable  ont  été  reportés  par 
un  aflaissement  du  côté  où  Ton  voit  affleurer  la  bande  marneuse. 
Nous  avons  déjà  été  amenés,  en  décrivant  le  lias  de  la  Meurthe  et 
et  de  la  Moselle,  à  considérer  une  bande,  qui  a  la  même  puissance 
et  les  mêmes  caractères  que  celle-ci,  comme  un  dépôt  formé,  non 
loin  des  côtes,  à  la  fm  de  la  période  des  Ammonites  angulatus.  Or, 
les  marnes  qui  s'étendent  entre  Elilange  et  Kédange  sont  le  pro- 
longement de  celles  qui  affleurent  dans  ces  départements. 

Quand  on  examine,  dans  les  environs  de  Hettangc  et  de  Luxem- 
bourg, les  assises  qui  affleurent  à  la  partie  supérieure  du  massif 
gréseux  à  Ammonites  angulatus^  on  remarque  que  ce  ne  sont  pas 
toujours  les  mêmes  qui  le  terminent.  Cette  circonstance  semble 
indiquer  qu'il  a  subi  des  érosions  avant  de  recevoir  le  dépôt  des 
strates  à  Ammonites  bisulcatas.  D'autres  faits  non  moins  concluants 
confirment  cette  supposition.  Le  banc,  quel  qu'il  soit,  qui  ae 
trouve  au  contact  de  ces  strates,  a  une  surface  onduleuse  qui  porte 
la  trace  de  l'action  des  flots;  des  Huîtres  et  des  Plicatules  y  sont 
attachées.  Des  milliers  de  Saxicaves  y  ont  creusé  des  trous  dans 
lesquels  on  les  trouve  encore  (1).  Ces  Huîtres,  ces  Plicatules  et  ces 
Saxicaves  n'ont  pu  se  fixer  sur  la  roche  ou  dans  sçn  intérieur  que 
lorsqu'elle  était  solidifiée.  Jl  est  probable  que  pour  acquérir  de  la 
dureté  elle  a  dû  être  émergée,  rester  exposée  aux  intempéries  de 
l'atmosphère  pendant  un  certain  nombre  de  siècles,  et  ensuite  ser- 
vir de  rivage  au  flot  qui,  la  couvrant  et  l'abandonnant  tour  â  touri 
apportait  pendant  le  flux  des  moyens  d'existence  aux  coquilles  qni 
en  avaient  fait  leur  demeure.  A  Hettange,  des  galets  de  grès  sont 
également  criblés  de  trous  de  Saxicaves  et  gisent  dans  les  pre<- 
mières  assises  de  la  zone  des  Ammonites  bisulcatus;  au  sud  de 
fioust,  près  de  la  route,  un  poudingue  sépare  cette  zone  de  celle 
sur  laquelle  elle  repose;  dans  presque  tous  les  endroits,  à  Boust, 
à  Rodemaque,  à  Filsdorf,  à  Dalhein,  à  Ehlange,  etc.,  un  minoe 
lit  de  grès  coloré  en  brun  par  de  Thydroxyde  de  fer  apparaît 


(4)  Les  bancs  à  Saxicaves  affleurent  notamment  à  Zœtricb,  Het- 
tange, Boust,  Breistrof,  Fantange,  Hespérange,  Itiig,  Âspelt,  Marner 
et  Kehlen. 


NOTE    DE    MM.    TERQCBM    ET    PIETTB.  «^37 

contact  des  deux  terrains.  Tous  ces  faits  prouvent  d'une  manière 
certaine  que  la  fin  de  l'époque  des  Ammonites  angtdatus  et  le 
commencement  de  celle  des  A,  hisulcatus  ne  furent  pas  exempts  de 
troubles  dans  ces  parages;  mais  les  agitations  no  se  Hrent  pas  sentir 
sur  une  grande  étendue  de  mer  ;  les  plages  occidentales  du  golfe 
paraissent  même  y  avoir  échappé  ;  au  moins,  aucun  indice  n'y 
révèle  de  semblables  phénomènes.  Adossées  au  plateau  paléozoïque 
des  Ardennes,  elles  en  suivaient  les  mouvements,  tandis  que  les 
rivages  orientaux  paraissent  avoir  été  subordonnés  à  d'autres 
influences. 

Zone  des  Ammonites  bisulcatus. 

Nulle  zone  ne  présente  dans  le  grand-duché  une  plus  grande 
variété  de  roches  que  celle  des  Ammonites  bisulcatus.  A  chaque 
pas,  on  la  voit  changer  de  nature  :  à  Heltange,  c'est  un  grès  très 
calcareux  dont  la  texture  est  grossière;  à  llespérange,  c'est  un 
grès  jaunâtre  à  grains  plus  fins,  mêlé  de  lits  marneux  ;  à  Dalheim, 
c'est  un  grès  calcareux,  grisâtre,  vacuolaire,  contenant  des  nids 
argileux,  rempli  de  Gardinies  bivalves  et  présentant  une  surface 
raboteuse  ;  à  fireistrof,  à  Luxembourg  et  à  Strassen,  c'est  une 
marne  dans  laquelle  sont  des  bancs  de  calcaire  bleu.  Il  en  est 
de  même  dans  le  triangle  situé  entre  Rédange,  Welfringen  et 
Hettange.  Généralement,  ses  assises  inférieures  sont  gréseuses  et 
ses  assises  supérieures  marneuses.  L'élément  sableux  prédomine 
surtout  dans  la  partie  occidentale  du  golfe.  Quand  on  va  de 
Thion ville  vers  Arlon,  on  voit  l'épaisseur  du  grès  au^^menter  à 
chaque-  instant  par  l'adjonction  des  couches  marneuses  qui  se 
métamorphosent.  Les  plages  orientales  qui  furent  les  premières  à 
s'ensabler  lors  de  l'éclosion  des  A.  (ingulatus  furent  doue  aussi 
les  premières  à  redevenir  marneuses  dans  l'âge  suivant.  Quaud 
ce  retour  s'accomplit,  il  se  forma,  comme  au  moment  où  l'ensa- 
blement avait  commencé,  des  grès  noirâtres  fétides  au  choc,  qui 
doivent  leur  origine  à  un  mélange  de  vase  et  de  sable  apportés  par 
deux  courants  contraires.  On  en  peut  voir  des  assises  assez  puis- 
santes entre  la  Papeterie  et  la  grande  route,  à  quelques  kilomè- 
tres d'Arlon;  les  Ostrea  arcuata  n'y  sont  pas  en  moindre  abon^ 
dance  que  dans  les  marnes  et  les  calcaires.  Ces  Huîtres  gisent  aussi 
dans  les  grès  non  souillés  de  cette  zone.  Nous  en  avons  recueilli  à 
Hettange,  à  Hespérange,  à  Filsdorf,  à  Dalheim,  à  Sauel,  à 
Metzert  et  dans  la  tranchée  du  chemin  de  fer  située  près  de  la 
Papeterie.  Elles  donnent  un  moyen  infaillible  pour  distinguer  les 
Soc,  géol,,  V  série,  tome  XIX.  %i 


3:^8  SÉANCE    DU    6    JANVIER    1S62. 

bancs  qui  les  coDtienueut  des  strates  à  Ammonites  a/iguiatus  sur 
lesquels  ils  reposent  et  auxquels  ils  sont  en  quelque  sorte  soudés. 
Les  (];rcs  à  Osirca  arcuaM  sont  très  calcareux  et  assez  biables. 
Leurs  banes  les  plus  durs  affleurent  sous  la  Tonne  de  lentilles 
vastes  et  aplaties  qui  souvent  se  bifurquent  et  se  raniiGent.  Plu- 
sieurs assises  contiennent  des  oolitlics  blanclies;  d*autres  renfer- 
ment une  grande  quantité  d*Encrines  à  cassure  spatbique,  qui  les 
fait  ressembler  ù  du  calcaire  à  Entroqut-s;  quelques-unes  sont 
remarquables  par  les  p,nlits  gréseux  qu Viles  contiennent;  ces 
galets  sont  aplatis  et  de  forme  ovoide;  leur  cassure  laisse  voir 
des  couches  concentriques;  ils  se  sont  formés  par  Tagglutination 
du  sable  autour  d'un  noyau  central.  Enfm,  il  y  a  un  banc  de 
grès  fissile  dont  la  schistosité  est  oblique  au  plan  de  stratification; 
ses  plaquettes  sont  souvent  couvertes  d'empreintes  de  plantes  ;  il 
affleure  a  Hetiange,  à  Zœtricli  et  à  Ân{;elsberg,  vei-s  la  partie 
supérieure  du  massif  sabirux  ;  on  le  trouve  aussi  à  Eblauge;  mais 
là  il  se  change  en  calcaire,  sans  perdie  sa  sebistosité  caractéristi- 
que. C'est  un  excellent  point  de  repère  dans  le  pays  situe  à  Test  de 
FAIzette. 

L'épaisseur  de  la  zone  des  Ammonites  biaiilcatus  est  très  varia- 
ble. Cela  tient  à  Tinégalité  des  fonds  que  présentait  la  nier  lors  de 
l'apparition  de  ces  céphalopodes.  Le  banc  de  sable  qui  obstruait 
l'entrée  du  golfe  ne  fut  recouvert  que  de  faibles  dépôts,  surtout 
dans  la  partie  qui  avait  été  un  ilol.  11  en  fut  autrement  dans  les 
environs  d'Arlon  ou  il  n'y  avait  pas  de  collines  sous-niarîues, 
connue  dans  ceux  d'flettani^e  et  de  Luxembourg;  et,  si  Ton  a  mé- 
connu juscprà  présent  riniporianfe  des  sédiments  à  A.  hiuttçtitus 
qui  se  déploient  dans  ces  para(;es,  c'est  parce  qu'on  en  a  retran- 
ché, par  une  nu^prise  regrettable,  toutes  les  couches  sableuses  et 
qu'on  les  a  reportées  dans  la  zone  inférieure.  Enfin,  dans  le  trian- 
gle situé  entre  llettange,  Welfringen  et  Kédange,  où  la  profon- 
deur de  la  mer  était  considérable,  les  marnes  dé|K>sées  par  les 
flots  ont  une  épaisseur  moyenne  d'un  moins  60  mètres.  Elfei  te 
relient  par  Distrof  à  celles  de  la  IVIoselle  et  de  la  Meurtlie  dont 
elles  sont  le  prolongement. 

Au  milieu  des  variations  de  pétroj;raphie  que  présente  cette 
zone,  il  n'est  peut-être  pas  inutile  d'indiquer  les  endroits  oii  il  y  a 
du  calcaire  dont  on  peut  espérer  faire  de  la  bonne  chaux.  Oh  en 
voit  des  îlots  à  Ilalsbach ,  Waldbillig,  Eifange,  Larocliette, 
Ernzen,  Kalclieshacb ,  Consdorf,  llersehberg,  iMeyseiiipurg» 
Angolsberg,  Farrcnhof,  Plakenbg,  BlaMheid,  Sandwtiler,  Hassel, 
Luxèfhbour^,  llonnevoie,  Strassen,  Tmitange,  etc.  Afiu  d'évîter 


NOTB    DE    MM.    TRRQUBM    tT    PIKTTB.  539 

des  confusions  que  des  observateurs  inexpérimentés  pourraient 
faire  par  la  suite,  nous  citerons  encore  un  petit  ilot  de  calcaire  à 
Lœvelan{^e.  Il  est  au  niveau  des  marnes  à  Ammonites  angulaius  et 
la  colline  de  j^rès  qui  s'élève  au-dessus  de  lui  semble  appartenir  à 
une  formation  plus  récente.  Cen'est  qu'une  fallacieuse  apparence; 
cet  îlot  est  un  éboulis  des  marnes  qui  couronnent  la  colline. 

Zone  à  Belemnites  brevis. 

,Le8  marnes  à  Belemnites  brevis^  qui,  dans  la  Meuitlieet  dans  la 
iUçselle,  n'ont  pas  plus  de  10  mètres  de  puissance,  preiment  un  dé- 
i^loppeineot  assez  considérable  dans  la  région  du  Luxembourg. 
A  Rodemack  et  à  Mondorf,  elles  ont  au  moins  15  mètres  d'épais- 
teuir.  Elles  s'amincissent  de  nouveau  sur  les  sommets  de  cet  amas 
sableux  qui  obstruait,  comme  la  barre  d'un  fleuve,  l'entrée  duî 
golfe.  Elles  reprennent  promptement  leur  ampleur  à  l'ouest  de  la 
partie  la  plus  saillante  de  ce  massif,  et  près  d'Arlon  elles  n'ont 
paf  moins  de  20  mètres  de  puissance.  En  cet  endroit  elles  sont  re- 
CQuyerles  par  des  sables  jaunâtres  dans  lesquels  on  voit  déminées 
lits  de  grès  colorés  en  brun  par  l'bydroxyde  de  fer.  Ces  sables  sont 
|e  commencement  du  lias  moyen;  ils  affleurent  sur  la  butte  des 
Capucins,  et  les  plaquettes  ferrugineuses  qu'ils  contiennent  gisent 
sur  le  sol  à  l'état  diluvien  dans  tout  le  pays  environnait.  A  Het- 
iangc,  au  lieu  de  sable,  on  voit  des  marnes  grises,  feuilletées,  sans 
(iôssiles,  s'étendre  sur  les  calcaires  à  B.  brevis  :  ce  sont  aussi  les 
premières  assises  du  lias  moyen. 

Les  Ostrra  arcuata  ne  sont  pas  rares  dans  les  strates  à  Belemni- 
if's  brevis  ;  on  en  trouve  une  grande  quantité,  à  Zœtrich,  dans  la 
ftrandiée  du  chemin  de  fer.  Mous  y  avons  recueilli  aussi  des 
Jwiuonitcs  bistiicatus.  La  zone  à  Belemnites  brevis  affleure  presque 
çopstamment  à  l'état  marneux  dans  le  Luxembourg;,  cependant 
^Ue  renferme  plusieurs  îlots  de  grès.  Il  y  en  a  un  à  Plespérange, 
f  n  autre  à  Bonnert  et  uu  troisième  à  la  fontaine  de  Stockem  ;  ils 
sont  les  précurseurs  ^es  énormes  dépôts  sableux  qui,  dans  la  Bel- 
gique, représentent  cette  époque  du  lias.  Ces  ilôts  ont  une  faune 
assez  remarquable  ;  ils  ne  contiennent  que  peu  d'espèces  fossiles, 
usais  les  individus  appartenant  à  ces  espèces  sont  en  nombre 
considérable.  A  Bonnert,  les  Ammonites  Conybeari  forment  une 
véHtabie  lumachelle  (1  ). 

(4)  Le  grès  de  Bonnert  est  calcareux,  grisâtre,  rempli  de  parcelles 
*^^'  lignïtë  ;  celui  de  Stockem  est  jaunâtre,  très  calcareux,  à  cassurs 


3A0  S<ANC1   DU   6   JÀNYIBR    1862. 

Variations  de  pétrographie  et  dislocations. 

Toutes  les  zones  coquillières  que  nous  venons  de  signaler 
avaient  été  méconnues  jusqu'à  présent  dans  le  Luxembourg.  Les 
géologues  oubliant  que  jamais  à  aucune  époque  la  mer  D*a  été 
boueuse  partout,  ou  sableuse  sur  toutes  ses  plages,  se  sont  obsti- 
nés à  y  rechercher,  pour  représenter  un  même  âge  de  la  terre, 
des  roches  de  même  nature  et  à  créer  des  divisions  reposant  sur  la 
pétrographie.  Il  en  est  résulté  une  monstrueuse  assimilation  des 
couches  les  plus  différentes  en  réalité.  Au  milieu  des  ténèbres  en- 
fantées par  un  pareil  système,  on  imagina  que  les  strates  à  Gry- 
phées  arquées  de  la  Moselle,  les  seuis  du  lias  inférieur  que  Ton 
eût  distingués  dans  cette  contrée,  se  prolongent  sous  le  massif  de 
grès  et  vont  affleurer  dans  la  Belgique  et  dans  les  ArdeoDef,  à 
Jamoigne  et  à  Warcq  ;  on  les  nomma  marnes  de  Distrof  ou  mar- 
nes de  Jamoigne,  pour  les  distinguer  des  marnes  à  Ostrea  arcuata 
de  Strassen  qui  couronnent  le  grès  de  Luxembourg.  Ces  hypo- 
thèses s'évanouissent  en  présence  des  faits  que  nous  venons  de  faire 
connaître.  Les  marnes  de  Distrof,  comme  celles  de  Strassen,  sont 
intercalées  entre  des  strates  à  Ammonites  anguiatus  et  des  strates 
à  Belcmnites  brevis  (voyez  la  coupe  8  de  la  planche  VIII  bis).  Nous 
verrons  bientôt  qu'il  en  est  de  même  de  celles  de  Jamoigne  et  de 
celles  de  Warcq.  Nous  ne  nous  arrêterons  pas  à  réfuter  toutes  les 
erreurs  accumulées  par  les  géologues  sur  le  lias  du  Luxembourg. 
Il  nous  suffira  de  dire  qu'il  faut  oublier  presque  tout  ce  qu'ils  ont 
écrit,  et  même  abandonner  les  noms  qu'ils  ont  donnés  aux  divi- 
sions créées  par  eux.  Celui  de  grès  de  Luxembourg,  bon  ponrune 
description  physique  du  pays,  ne  vaut  absolument  rien  pour  une 
description  géologique,  puisqu'il  sert  à  désigner  à  la  fois  le  grès 
de  la  zone  à  Ammonites  anguiatus^  celui  de  la  zone  à  A,  bisulcaUu 
qui  lui  est  soudé,  et  même  celui  des  dépôts  à  Belemnites  brepis  qui 
à  Hespérange  couronnent  le  massif.  Le  nom  de  grès  infra  liasique 
qu'on  lui  a  donné  pour  synonyme  convient  encore  moiniL  II 
exprime  une  idée  fausse  (1). 


rugueuse,  à  texture  assez  tendre  ;  son  aspect  rappelle  celai  des  Inma- 
cbelle  soolithiques. 

(l)  Les  grès  à  Ostrea  atrunia  et  à  Belemnites  brevis  qui  font 
partie  du  massif  gréseux  de  Luxembourg  ne  peuvent  être  regardés 
comme  infra-liasiques,  quelle  que  soit  l'acception  qu'on  donne  an  mot 
infra-lias.  Le  sens  de  ce  mot  lui-môme  est  assez  mal  défini.  Poar 


NOTE    DE    MM.    TERQUEM    ET    PIBTTB.  3A1 

Les  nombreuses  variations  que  subissent  les  assises  du  lias  in- 
férieur clans  leur  nature  niinëralo^ique  ne  sont  pas  les  seules 
causes  qui  aient  multiplié  les  erreurs  sous  les  pas  des  géologues  et 
qui  les  aient  jetés  dans  un  dédale  inextricable  d'hypothèses  et  de 
contradictions.  Tout  le  sol  du  Luxembourg  a  été  crevassé  par  de 
puissantes  commotions  qui  Tout  soulevé  et  qui  ont  plissé  forte- 
ment ses  assises.  A  chaque  pas,  on  rencontre  des  failles  ;  elles  sont 
devenues  |le  lit  des  rivières  et  des  ruisseaux.  11  y  eu  a  une  qui 
s'étend  d'Mettange  à  Welfringen  sur  une  longueur  de  13  kilomè- 
tres. Elle  a  été  reconnue  pour  la  première  fois  en  1852  par  la 
Société  géologique  de  France,  et  décrite  par  M.  Hébert.  Deux 
coupes  prises  par  nous  à  ses  deux  exti'émités,  à  Hettange  et  à 
Ehlange,  en  démontrent  l'existence  d'une  façon  irrécusable  : 

Coupe  prise  à  Ilettange  suivant  la  tranchée  du  chemin  dejer 

(voy.  pi.  VIII  A/j,  fig.  ^). 

a.  Marne  grise  du  lias  moyen. 

b.  Marne  feuilletée,  grise  supérieurement,  bleue  inférieurement,  con- 

tenant des -ficV^ww/Vc^  brei'is,  des  Ostrea  arcuata,  des  O.  irref^U" 
laris,  des  Encrines  et  des  Spirifères (plusieurs  mètres). 

c.  Calcaire  bleu  compacte  à  cassure  esquilleuse,  contenant  :  Belem-' 

nites   bret'is,    Ammonites   bisuicatus^    Ostrea   aicuatUy  Pinna 

Hartmanni^  Lima  Hermanni^  JUâynchonella  variabilis .  0"*,40 

d.  Marne  bleue  schistolde  à  0.>Yr<?^<  arcuata 4  "^,4  0 

y  Grès  calcareux  à  texture  grossière O^jSO 

Grès  grossiers,  schistoldes,  remplis  de  parcelles  de  lignite  et 
d'empreintes  de  végétaux ,  alternant  avec  des  marnes  sa- 
bleuses  2°»,00 

Grès  bleuâtre  à  texture  grossière 0°,40 

Grès  souillé,  bleuâtre,  6ssile,  dont  la  schistosité  est  oblique  au  plan 
de  stratification 1°*,20 

Marnjs  bleuâtre  très  sableuse,  imperméable  à  Teau,  contenant  des 
galeis  de  grès  bleu,  fort  durs,  percés  par  les  Saxicaves;  des 
O.strea  irreguiaris^  des  Lima  Hermanni  ei  des  Plicatules  sont 
attachés  sur  ces  galets.  Des  Ostrea  arcuata  gisent  dans  la 
marne;  elles  sont  roulées.   .      4 ",00 


M.  Levallois,  c'est  le  bone-bed;  pour  M.  Hébert  et  M.  Martin,  c'est  un 
étage  reposant  sur  les  marnes  irisées  et  recouvert  par  les  calcaires  à 
Ostrea  arcuata;  pour  d'autres  auteurs,  enfin,  ce  n*est  qu'une  subdi* 
•vision  du  Fias  inférieur,  formée  de  l'ensemble  de  toutes  les  assises 
comprises  entre  la  zone  à  Jvicuia  contorta  et  les  calcaires  à  y/7^mo/?i7tf# 
bisulcatas.  Nous  partageons  Topinion  de  ces  derniers. 


3&2  SÉANCE    DU    6   JANVIER    1862* 

/Grès  jaunes,   schistoïdes,   couverts  d*empreintes  de  plantes  ter- 
!       restres.   Nous  plaçons  ce  banc  dans  la  zone  des  Ammonites 
I      nnf^tilatux.  Nous  y  avons  pourtant  trouvé  une  Ostren  arcunta; 
,  )      mais  elle  était  presque  à  sa  surface  supérieure,  et  elle  aura  été 
enfouie  dans  le  sable  non  encore  consolidé  lors  de  la  perturba- 
tion dont  la  couche  à  galets  indique  assez  rexistence.  .   4"*, 50 
Grès  jaune,  friable,  contenant  des  bancs  lenticulaires  de  grès  plus 

V     dur,  bleu  et  calcareux 6", 00 

^.  Grès  coquiltier,  poudinguiforme C^GO 

/.    Grès  jaune  ou  bleu  sans  fossiles. 

Coupe  prise  à  Ehlanga  dans  lii  direction  de  test  à  C ouest 

(voy.  fîg.  5,  pi.  VHI  bis), 

h^  Calcaire  à  Ostren  arcunta  et  marnes.  La  couche  la  plus  inférieure 

de  ce  calcaire  est  fissile.  Sa  schistosité  est  oblique  au  plan  de 

stratification. 
2"  Grès  calcareux,  à  Ostrea  orcuata  et  Cardinies  bivalves,  synchro- 

nique  de  la  couche  n"  K . 
3"  Marne  à  Ammonites  nngulatus. 
4°  Grès  à  Ammonites  angu/atus^  synchronique  de  la  couche  n"  3. 

Un  grès  ferrugineux  de  0"J0  d'épaisseur  le  sépare  des  conches 

4  et?. 
(  Marne  à  Ammonites  plnnorbis, 
5°  î  Marne  rouge. 

I  Marne  grise  micacée. 
6*  Poudingue  et  sables  du  bone-bed. 

Voyez  encore  la  coupe  de  Boust,  pi.  VI U  bis^  fig.  H . 

r^  direction  de  la  faille  qui  sVtend  entre  Ilettange  et  Welfraage 
est  S.  35°  O.  à  N.  3;V  E.  ;  ce  n'est  celle  d'aueun  des  systèmes  de 
inoiita|;nes  reconnues  par  M.  Élie  de  Reaumont.  Les  Alpes  occi- 
dentales sont  les  monts  qui  s'alignent  dans  la  direction  la  plus  voi- 
sine; ils  vont  de  S.  26''  O.  à  N.  2r)"  E.  ;  ils  ont  été  soulevés  à 
Topoque  tertiaire  après  le  dépôt  de  la  mollasse.  La  Catastrophe  qui 
a  fissuré  le  sd!  du  Lnxcmbour|;  a-t-elle  eu  lieu  dans  le  même 
temps?  Il  serait  diflicile  de  lo  dire,  (^ette  catastrophe  est  certaine- 
ment postérieure  au  <lépôt  du  lias  moyen.  Peut-être  est-elle  un 
effet  des  forces  intérieures  qui  n\)iit  cessé  de  tourmenter  le  massif 
des  Ardennes  pondant  toute  l<i  série  jurassique,  et  qui  ont  fini  par 
produire  les  volcans  de  TEifel  à  IVpoque  tertiaire. 

La  direction  de  la  faille  qui  a  fissuré  le  sol  entre  Hettange  et 
Welfrange  est  celle  de  tontes  les  grandes  failles  que  nous  avons 
étudiées  dans  le  Luxembourg.  A  Hespérange,  il  y  en  a  une  qui  est 
pareillement  dirigée  de  S.  Sj""  O.  à  N.  35"*  E.;  on  peut  l'observer 


dans  la  tranrli^e  du  olieniin  de  fera  l'ouest  du  village;  nous  y 
avons  pris  la  coupe  suivante  (voyez  pi.  VIII  bis^  fig.  2)  : 

Coupe  de  la  tranchée  ctHespérange, 

4*  Marnes  grises,  compactes,  feuilletées,  mises  parla  faille  en  contact 

avec  le  grès.  Ces  marnes  appartiennent  au  lias  moyen. 
2*  Marnes  feailletées  grises. 
3**  Calcaire  sableux,  gris,  contenant  des  Ostrra  irrrguiaris  et  suivant 

tous  les  plis  du  terrain. 
4**  Marnes  grises  sableuses  alternant  avec  des  bancs  calcareux,  vacuo- 
laites,  dont  Tépaisseur  varie  entre  25  et  60  centimètres.  Des 
Monttivfdtia   Cuettnnli^  des   Ostrctt   arcuatn   et  des  Cardinies 
bivalves  gisent  dans  ces  bancs  calcareuxqui  sont  fortement  plissés. 
/  Poudingue  coquillier  à  cailloux  noirs. 
Grès  sableux  5  Ostrea  irrcgularis. 
S'/  Grès  sans  fossiles. 

Grès  poudingui  forme  à  Hettangia  ovata. 
Grès  bleuâtre. 

Un  grand  uonibre  de  petites  crevasses  sont  perpendiculaires 
aux  grandes  fissures;  une  de  ces  petites  failles  latérales  sert  de  lit 
à  un  ruisseau  qui  se  jette  dans  VAlzette  près  d'Hespérauge.  Elle 
divise  en  deux  tronçons  un  banc  de  grès  rempli  de  Cardinies  bi- 
valves  et  de  Plagiostouies,  appartenant  à  la  zone  des  Éclcmnitcs 
brcvis.  Ce  sont  ces  deux  ti'onçons  affleurant  à  des  niveaux  diffé- 
rents, Tiin  dans  la  cour  d'une  auberge,  l'autre  dans  des  carrières 
situées  à  l'est  du  village,  que  la  Soùiété  géologique,  lors  de  la 
réunion  extraordinaire  qu'elle  a  tenue  dans  le  grand-duclié  et 
diâps  la  iMoselle  ,  a  'considérés  comme  formant  deux  bancs 
distincts,  inférieurs  tous  deux  aux  calcaires  à  Ostrea  arcuata. 
' 'tl  y  a  a<i8si  dans  les  environs  d'Arlfîn  nn  système  de  plissements 
très  compliqué.  Pour  en  donner  une  idée,  nousallohs'reproduire 
une  coupe  que  nous  avons  prise  en  suivant  le  traré  du  cbemin  de 
fer  depuis  Arlou  jusqu'à  Habay.  Il  n'est  pas  en'  ligne  rigoureuse- 
ment droite,'inais  les  assises  bouleversées  que  les  travaux  ont  mises 
au  ioiir  sont  trop  intéressantes  pour  que  nous  ne  sacrifiions  pas  lé 
principe  de  ne  donner  que  des  coupes  recti lignes  iau  désir  que 
nous  avons  de  faire  comprendre  combien  sont  nombreux  les  accî- 
ifents'qùi  ont  modiGé'raspect  de  cette  contrée.  On  remarquera 
dàhà" cette  coupe  la  faille  de  Hacby  et  celle  qui  a  mis  â  Foucbës 
le  grès  à  Ammonites  angulatits  en  contact  avec  le  calcaire  à  Ostrra 
krinatà. 


ià!k  SÉANCE    DU    6    JANVIEU    18C2. 

Coupe  d* Arlon  o  Habny  suivant  te  tracé  du  chemin   de  fer 
(voy.  pi.  VIII,  fig.  4,2,  3,  4  et  5). 

8.  Sables  jaunes  du  lias  moyen  et  lits  de  grès  ferrugineux  noirâtre. 
7.  Marnes  noirâtres  plastiques,  quelquefois  sableuses,  contenant  des 
Bclemnitvs  ùrevis,  des  Ostrea  irreguiaris^  des  Spirifères  et  des 
Rhynchonelles. 
(i.  Calcaire  gréseux,  jaunâtre,  contenant  des  ^Wd7/f/irVtf.f  brevis^  des 

Pinna  Hartmannij  des  Plagiostoma  liiganteti^  etCt 
5.  Marnes  bleues  remplies  à' Ostrea  arcuata  et  calcaires  bleus  propres 
à  la  fabrication  de  la  chaux  hydraulique. 

Grès  remplis  de  C^irdinies  et  de  galets  à  couches  con- 
centriques. 
i.  Massif   gré- 1  Grès  et  sables. 

seux  .   .  .j  Calcaire  gréseux  à  Ostrea  arcuata  et  à  Pinna  Hart- 
mann i. 
Sable  à  Littorina  chlatrata, 
3.  Marnes  et  calcaires  à  Ostrea  irregularis  affleurant  en  bancs  très 
nombreux. 

!Grès  verdâtre  micacé. 
Argile  noire  schisteuse. 
Grès  verdâtre  micacé. 
Argile  noire  schisteuse. 
i  Calcaire  dolomitique  blanc. 
Marnes  rouges  et  grises. 
Dolomies  rouges. 
Calcaires  dolomitiques  blancs  (4  ). 

Orographie, 

C*est  au  soulèvement  dont  nous  venons  de  parler  qu'il  faut 
attribuer  la  configuration  orograplnque  du  Luxembourg,  dont 
Fanomaiie  a  embarrassé  plus  d'une  fois  les  hydrographes.  La  plu- 
part des  rivières  qui  Tarrosent  coulent  du  sud-ouest  au  nord-est. 
Telles  sont  la  IMoselle,  la  Syre,  les  deux  Erens,  l'Alzette,  la 
Marner,  TEischen  et  TAttert.  Leur  coui-s  a  lieu  en  sens  inverse  de 
la  pente  générale  des  couches.  Celles-ci  inclinent  vers  le  centre  du 
bassin  de  la  [mer  liasique  ;  les  rivières  coulent  au  contraire  de 
l'intérieur  vers  l'extérieur  de  ce  bassin  ;  elles  prennent  leurs  sour- 
ces dans  les  vallées  dont  le  niveau  est  peu  élevé,  et  elles  se  diri- 
gent contre  le  faite  des  montagnes  qui  s'ouvrent  devant  elles;  elles 
profitent  des  failles  pour  y  pénétrer  et  pour  franchir  ces  obstacles 


(4)  Nous  n'avons  pas  déterminé  d'une  manière  précise  la  direction 
des  failles  de  Fouches  et  de  Hacby. 


NOTE    DE    MM.    TERQUBM    ET    PIBTTB.  3A5 

qui  paraissaient  devoir  les  arrêter.  Ainsi  rAIzctte,  qui  prend  sa 
source  à  la  limite  du  lias  et  de  Toolilhe,  se  dirigerait  d*occideDt 
en  orient  et  se  jetterait  dans  la  Moselle,  près  de  Thionville,  si  elle 
suivait  son  cours  normal.  C'est  la  direction  qu'elle  prend  à  sa 
naissance;  mais,  chemin  faisant,  elle  rencontre  comme  un  bar- 
rage les  terrains  soulevés  d'Hettange  et  de  Velfrange,  côtoie  cette 
digue  naturelle,  profite  de  la  faille  d'Hespérange  pour  franchir  les 
monticules  degrés,  et  continue  à  couler  vers  le  nord,  à  travers  les 
marnes  irisées. 


COOPES    DIVERSES. 


Les  coupes  suivantes  confirment  ce  que  nous  avons  dit  en  fai- 
sant la  description  strati graphique  du  grand-duché. 

Coupe  de  Distroj  à  Kéciange  (voy.  pi.  VIII  bis^  fig.  8). 

6.  Marnes  grises  feuilletées  du  lias  moyen. 

5.  Marnes  grises  renfermant  des  Belemnites  brevis  et  quelques  Ostrea 

arcuata, 
4.   Marnes  et  calcaires  bleus  remplis  à' Ostrea  arcuata,  exploités  à 

Distrof. 
3.  Mince  lit  de  calcaire  à  Ammonites  anguiatus, 
t.  Marnes  rouges. 
I.  Bone-bed. 

Coupe  de  Larochette  à  E/fingen, 

Calcaire  bleu  et  marnes  à  Ostrea  arcuata.  Le  calcaire  est  exploité  à 

Effangc  et  sur  le  sommet  de  la  côte  située  au  nord  de  Larochette. 
Grès  jaunes,  schisto'idea,  couverts  d'empreintes  peu  déterminables  de 

végétaux. 
Gr^  sans  fossiles. 
Banc  coqu illier  rempli  de  Plagiostoma  gigantea^  de  Lima  Fischeri^ 

de  Cardinia,  etc. 
Grès  jaunes  sans  fossiles. 
Grès  rempli  de  Cardinies.  On  y  trouve  aussi  Y  Ammonites  anguiatus 

et  d'autres  fossiles.  On  y  remarque  un  grand  nombre  de  petits 

cailloux  roulés  quartzeux  (1). 
Grès  blanchfttres  sans  fossiles. 
Grès  vaseux  et  noirs,  subschistoldes. 


(4)  Ce  banc  affleure  à  des  niveaux  qui  diffèrent  parfois  entre  eux 
de  4  5  mètres.  Il  ondule,  s'épaissit  ou  s'amincit  à  chique  pas.  Cela 
tientà  rirrégularité  des  amas  sableux  sur  lesquels  il  8*est  déposé,  p|vf 
encore  qu'aux  plissements  qui  l'ont  contourné. 


3A6  8ÉANCB    DU    6    JANVIER    1862. 

Marnes  à  Ammonites   jjLinnr'>}s    donnant   naissance  à  des  sourceti 

nombreuses. 
Marnes  rouges. 
Grès  du  bone-bed  et  marnes  irisées. 

Caupc  de  In  colline  de   riville  (1). 

Terre  végétale. 

Marnes  et  calcaires  à  Ostrca  arcuatn. 

Marnes  et  calcaires  gréseux  fossilifères 1"\00 

Grès  à  Encrines 0",50 

Grés  et  sables  grisâtres O^j'ÎS 

Grès  rempli  de  r.ardinies 0"',4  5 

Sable  jaune 0",30 

Grès  jaune 0*",30 

Sable  l u ma chel le  à  05/r<rrt /rré'«'////iri> 0",10 

Grès  er  sable  jaune. 

Coupe  de  Sauelà  Tunt/inge  {^oj,  pi.  VIII,  fig.  9]. 

Calcaire  bleu  propre  à  la  fabrication  de  la  chaux  hydraulique  et 
marnes  bleues  ou  grises.  On  trouve  dans  ce  calcaire  un  grand 
nombre  de  fossiles  parmi  lesquels  on  remarque  :  Ammonites  bisid- 
cntux^  Pinn/i  Hartmnnni^  Lima  Hermanni^  Avicula  sinemuriensisy 

O.strea  nrcunta,  des  Cardinics  et  des  Encrines 5", 00 

Grès  jaune  sableux,  sans  fossiles 4™, 00 

Grès  calcareux,  friable,  spongieux,  rempli  d'Encrines  à  cassure  spa* 
thiquc,  contenant  des  galets  de  grès  ferrugineux  d'une  teinte  plus 
foncée  que  celle  de  la  masse.  Ces  galets,  dont  les  plus  grands  ont 
30  centimètres  de  diamètre,  sont  aplatis,  ellipsoïdaux,  et  plusieurs 
d'entre  eux  présentent, quand  on  les  casse,  des  éouches concentriques 
qui  semblent  indiquer  qu'ils  ont  été  formés  par  agglutination.  Le 
^rès  dans  lequel  ils  gisent  contient  aussi  une  quantité  considérable 
de  fossiles  très  bien  conservés  et  très  faciles  à  extraire.  Les  plas  abon- 
dants sont  lesCardinies  et  les  Astartes.  On  y  remarque  les  suivants: 
Littnrinii  clathrnta^  Hettnn^ia  Deshayesi,  Ostrca  arcitata,  0%30 

Grès  friable  sans  fossiles      1",00 

Grès  coquillier  pareil  au  banc  fossilifèro  que  nous  venons  de  décria, 
contenant  les  mômes  ovoïdes  et  les  mômes  fossiles,  moins  les 
Astartes.  Ce  banc  et  ceux  qui  lo  recouvrent  appartiennent  probv- 
blement  à  la  zone  dos  Ammonites  bisutcntus.  Nous  rapportons  caox 
sur  lesquels  ils  reposent  au  grès  à  Ammonites  angulntus  .  0*^,80 

Grès  calcareux  et  sableux  sans  fossiles O'^iOO 

Grès  calcareux  coquillier,  très  dur,  contenant  un  grand  nombre  dé 

Cardinies .'  t)*,41) 

Sables  gris  ou  blancs  rubannés  par  de  minces  bandes  ferrugineuses  et 
par  des  lits  de  lignite  encore  plus  minces 30", 00 

—  _    Il    -  —   ,1 ,-    -      ^ _  1  _  _  _^ .       .       -    —  i^^j^ 

(1  )  Cette  coupe  est  prise  tout  entière  dansf  la  zone  des  Ammonites 
hisulcatui. 


KOTS  DS  MIT.    TEItQUBIf  ET  PIETTS.  3&7 

Coupe  (C  Ai  Ion  à  Oher/jallcn. 

Sables  jaunes  avec  minces  lits  de  ijrès  brunâtre  ferrugineux,  appar- 
tenant au  lias  moyen. 

Marnes  grises  ou  bleuâtres  avec  bancs  assez  épais  de  calcaire  gréseux 
bleu  ou  jaune  dans  lequel  on  trouve  Belcmnitet  brevis^  Pinna 
Hartmanni^  Plngiostomn  f^fgnntea. 

Marnes  bleues  et  bancs  de  calcaire  à  chaux  hydraulique,  remplis 
à'Ostrea  arcùata. 

Calcaire  gréseux  jaune,  à  MnntUvaltia  Guf'ttanii. 

Calcaire  sableux  rempli  de  baguettes  d'Oursins  et  d^Encrines  à  cassure 
apathique. 

Grès  calcareux  très  durs,  contenant  deux  bancs  coquilliers,  à  Cardi- 
nies,  dans  lesquels  gisent  de  rares  Ostrca  arrunta. 

Grès  calcareux  sans  fossiles. 

Grès  calcareux  très  durs  remplis  de  Cardinies. 

Sables  et  grès  jaunâfrès  ou  gris. 

Calcaires  et  marnes  à  Ammonites  angtiiafits. 

Calcaires  et  marnes  à  Ammonites  plnnnrbis. 

Marne  rouge. 

Trias, 

Coupe  prise  à  In  Pnpeteric  {^prês  d'Arlon)» 

liâmes  et  cajcaires  propres  à  la  fabrication  de  la  chaux  hydraulique, 

contenant  des  Ostrca  arauita, 
Çcdcaire  gréseux  bleuâtre  et  marnes  grises  à  Osirea  arcuata. 
Grès  vaseux,  noirâtre,  et  marnes  noires,  contenant  un  grand  nombre 

de  coquilles  parmi  lesquelles  on  remarque  les  Ostien  arcitnta. 
Grès  schisto'Ide  jaunâtre. 
Calcaire  grésedx  gris,  à  fînes  oolithes  blanches. 
Orès  grossier,  très  calcareux. 

Gl*èê  calcareux  rempli  d'Encrines  à  cassure  spathique. 
Sable  stérile  et  grès  calcareux  très  durs,  renfermant  de  nombreuses 

Cardinies  de  grande  taille.  On  y  remarque  des  galets  de  grès  fortrièii 

de  couches  concentriques  dont  quelques-unes  sont  ferrugineuses. 
Sable  jaune. 

BàiTDS  lenticulaires  de  calcaire  sableux  grisâtre,  jaunes,  contenant 
'   dèè  Cardinies,  alternant  avec  des  couches  sableuses.  Les  bancS  oai- 

ôtitres  ondulent  et  se  bifurquent  quelquefois. 
Caltaire  gréseux,  bleuâtre,  contenant  des  Ostren  arcuata, 
OrèVet sables  contenant  quelques  fossiles  hettangiens. 
IfsrDes  à  Ammonites  anguiatus. 

Coupe  (le  la  colline  de  Heinsch. 

Sable  jaQDe  et  grès  ferrugineux  du  lias  moyen. 
Marfleifà  Os&éa  arcHata. 


iliS  8ÉÀNCI    DU    6   JÀlfVIIR    1862. 

Grès  friable  contenant  un  banc  coquillier  dans  lequel  gisent  de  nom- 
breuses Cardinies  et  quelques  Ostrca  arcuata. 

Sables  à  Cardinies. 

Marnes  et  grès  calcareux  à  Ammonites  anguiatiis^  donnant  lieu  à  des 
marécages. 

Coupe  de  la  coltine  d'Helmsingcn. 

Grès  jaunâtres  ou  gris,  contenant  un  grand  nombre  de  Cardinies  et 

quelques  autres  fossiles. 
Grès  calcareux  noirâtre. 
Marnes  bitumineuses  noirâtres,  très  feuilletées,  avec  bancs  de  calcaire 

gréso*bitumineux  contenant  Ammonites  planorbis^  Ostrea  arcuata 

et  Cardinia  Deshayesea, 
Marnes  rouges  (4). 

Grès  marneux  scbistoldes,  verdÂtres,  du  bone-bed. 
Marnes  irisées  avec  bancs  de  calcaires  dolomitiques. 

Coupe  du  vallon   d'Eischen* 

Calcaire  à  Ostrea  arcuata  et  marnes. 

Grès  scbistoldes  gris  ou  jaunâtres 5", 00 

Grès  terminé  par  une  assise  coquillière,  et  traversé  par  des  fentes  ver- 
ticales et  parallèles  10™,00 

Grès  calcareux,  vaseux,  d'un  gris  de  fumée,  fétide  au  cboc,  contenant 
des  fucoKdes 30",00 

Marnes  noirâtres  et  calcaires  terminés  par  un  banc  à  Cardinia 
Deshayesea 20",00 

Coupe  d'Arlon  à  Attert. 

Sables  jaunes  du  lias  moyen  et  lits  de  grès  ferrugineux  brun. 
Puissantes  couches  de  marnes  sableuses  à  Belemnites  brepis  et  de 

calcaires  bleus  marneux  ou  sableux,  contenant  parfoi;»  des  lentilles 

de  grès. 
Marnes  et  calcaires  à  Ostrea  arcuata  et  à  Ammonites  bisulcalus, 
Marne  sableuse. 

Grès  scbistolde  à  Ostrea  arcuata 0*,60 

Marne  noire  et  grise  à  Ostrea  arcuata 0*,76 

M  I  Sables  et  grès  à  Ostrea  arcuata 0",50 

I  1  Grès  fossilifère,  plein  de  Cardinies 0*^,50 

f)  Sables 3-,00 

^  \  Grès  grisâtres 0"*,Î5 

3  i  Sables  jaunes I*,00 

^f  Grès  coquillier 0",40 

1  Sables   blancs  avec  veines  jaunâtres  ferrugineuses  et  feuilleta 

\     papyracés  d'argile  grise 20"*,00 

(4  )  Entre  les  marnes  rouges  et  le  grès  vardfttro  raffleuromeoi  de 
plusieurs  couches  est  masqué  par  des  éboulis. 


/ 


NOTB    Df    MM.    TIBQUBM   ET   PIKTTB.  3^9 

Argile  plastique  grise  et  calcaires  sans  fossiles. 

Marnes  noires  et  calcaires  coquilliers  contenant  des  Cardinia  Deshaye" 

sea,  des  Ostrea  /rr^To^w/^m  dont  la  forme  rappelle  celle  des  Oj/r^a 

arcuata^  et  divers  autres  fossiles. 
Marnes  brunes  et  calcaires  à  /immonites  planorbis. 
Sable  et  marnes  grises  micacées,  syncbroniques  des  marnes  rouges 

liasiques. 
Grès  et  poudingues  du  bone-bed. 
Marnes  irisées  et  calcaires  dolomitiques* 

Coupe  de  la  colline  de  Boust  (voy.  pi.  VIII  bis,  fig.  \\). 

Marnes  grises  du  lias  moyen. 

Calcaire  et  marnes  à  Belemnites  brevis. 

Calcaires  et  marnes  remplis  à! Ostrea  arcuata,  à!  Ammonites  hisulcatus 
et  d'autres  fossiles. 

Grès  à  Ostrea  orcuata. 

Poudingue  et  lit  de  grès  ferrugineux. 

Grès  contenant  un  banc  coqu illier  dans  lequel  on  trouve  des  Ammo- 
nites angttlatus  et  beaucoup  d'autres  fossiles  hettangiens.  Les 
bancs  inférieurs  de  ce  grès  sont  noirâtres,  schistoldes,  fétides  an 
choc. 

Sources  annonçant  la  présence  des  marnes  à  Ammonites  planorbis. 

Coupe  d^Arlon  à  Steinfort  par   fVolberg, 

Grès  ferrugineux  brun,  du  lias  moyen,  affleurant  en  minces  lits  dans 
du  sable  jaune. 

Marnes  à  Belemnites  brevis  et  calcaire  gréseux. 

Marnes  et  calcaires  gréseux  gris  ou  bleus,  contenant  des  Ostrea 
arma  ta. 

Grès  en  minces  bancs  lenticulaires  alternant  avec  des  couches  de 
sable  ;  le  grès  contient  des  rognons  à  couches  ferrugineuses  concen- 
triques. 

Banc  de  grès  sableux  contenant  quelques  Cardinies. 

Grès  et  sables.  Le  grès  est  schistolde  et  renferme  des  fucoïdes. 

Cx)upe  de  Lottert  à  Fouches  (voy.  pi.  VIII.  fig.  3). 

Sables  jaunes  du  lias  moyen  et  lits  de  grès  ferrugineux  brun. 

Calcaire  d'un  bleu  pâle  et  marnes  à  Ostrea  arcuata. 

Grès  à  faune  hettangienne  et  sables. 

Calcaire  gréseux  et  marnes  sableuses.  Le  calcaire  contient  :  Turbo 
solarium,  Liftnrinn  clat/irata^  Turritella  Deshayesea,  Ostrea 
irregularis,  Piicatuia  hettangiensis^  Montlivaltia  Guettardi, 

Marnes  à  Ammonites  angulatus. 


S50  «fiANCE    DL    6    JANVIER    1862. 

TROISIEME    REGION. 

Cette  région  se  compose  des  vallôos  de  la  Seiuois,  de  la  Chicrs 
et  de  la  IVJeuse.  Elle  s'étend  dans  uuc  partie  de  la  Belgique,  <laii8 
le  nord  du  département  de  la  Meuse  et  dans  Test  de  celui  <i(  s 
Ardennes.  Le  lias  y  repose  entre  flabay  et  les  Bulles  sur  les  sables 
du  hone-hed,  et,  à  Touest  des  Bulles,  sur  le  terrain  ardoisier  dont 
les  rochers  quartzeux  et  schisteux  constituaient  de  ce  côté  les  fa- 
laises de  la  mer  liasiqife,  et  formaient  de  nombreux  écueifs  sur  ses 
bords.  C'est  donc  aux  Bulles  que  se  trouve  l'axe  du  uiouve.iiient  de 
bascule  qui  éiner^^ea  \vs  dépôts  iriasiquis  dans  le  Luxembourg  cl 
dans  la  Moselle,  tandis  qu'il  abaissait  sous  les  flots  la  partie  occi- 
dentale du  continent  ardennais.  A  l'ouest  des  Bulles,  on  ne  trouve 
le  bone-bcd  et  les  marnes  irisées  que  dans  les  profondeurs  de  Ta 
vallée  de  la  Semois,  où  de  fortes  érosions  ont  enlevé  les  assises 
qui  en  masquaient  raffleurement.  Entre  Mnno  et  Mézières,,  on 
^'en  voit  plus  aucune  trace,  et  des  sondages  entrepris  au  Pont- à- 
Bar  et  à  Prix,  à  7  ou  8  kilomètres  au  sud  du  terrain  ardoisier,  en 
ont  seuls  révélé  l'existence  en  faisant  jaillir  des  sources  d'eau 
salée. 

Deux  massifs  de  grès,  séparés  par  un  puissant  dépôt  marneux 
forment  le  lias  inférieur  de  la  troisième  régiou. 

Premier  massij. 

Le  premier  n.assif  sertde  contre-fort  au  plateau  paléozoïque;  il 
se  soude  intimement  aux  sables  du  bone-bed  dans  les  pays  oii  il 
reposé  sur  eux.  Composé  de  bancs  correspondant  à  la  marne  roiigei 
à  la  zone  des  Ammonites  plnnnrbis  et  aux  strates  inférieurs  de  la  zone 
des  A,  af/gulattts,  il  ne  renferme  qu'une  partie  de  ces  dépôts  dî^ns 
les  environs  du  cap  de  llabay.  (l'est  là  qu'il  prend  naissance.  IjCB 
sédiments  qui  doivent  le  constituer  sont  tous  encore  à  l'état  va- 
seux à  l'est  du  cap;  ils  ne  se  transforment  pas  simultanément  en 
grès.  Près  de  iMetzert  (Belgique),  la  marne  rouge  coihmencc.à 
perdre  sa  couleur;  elle  passe  presque  enlièrenient  au  grès  entre 
llabay  et  les  Bulles.  Dans  ces  parafes,  la  marne  à  A,^  pUmorbU^ 
ou  du  moins  sa  partie  inférieure,  subit  le  même  sort  (1).  La  xcoe 
des  A,  a/tgnlaius  s'ensable  à  son  tour  à  l'ouest  de  Florenville,  et 


(1)  Les   Ammonites  planorbis  sont  extrêmement  rares  dans  la 
Belgique.  Les  Ammonium  b/suicatus  n'y  sont  pas  communst 


NOTE    DE    MU.    TERQUKM    £T    PIBTTB.  35l 

ses  assises  inférieures,  se  dëtachant  une  à  une  de  la  formation  cal- 
careuse  dont  elles  cessent  de  partager  les  caractères  niinëralogi- 
ques,  s'incorporent  succesbivenient  au  massif  de  grès  sous-jacent. 
Peu  à  peu,  en  se  prolongeant  dans  les  Ardennes  françaises,  ce 
massif  absorbe  les  deux  tiers  des  sédiments  à  ./.  an^^ulutus.  Malgré 
cette  adjonction,  il  h*apas  plus  de  12  mètres  d*épaisseur  dans  les 
endroits  oii  il  est  le  mieux  développe.  Les  zones  qui  le  composent 
sont  donc  loin  d*avoir  la  même  puissance  que  dans  le  Luxem- 
bourg. Cela  tient  à  leur  nature;  ce  ne  sont  ici  que  des  dépôts 
côtiers.  Les  couches  qui  correspondent  à  la  zone  des  À.  planorbis 
et  aux  marnes  rouges  sont  plus  particulièrement  atrophiées  que 
lés  autres.  Entre  Aiglemont  et  les  Bulles,  sur  une  longueur  de 
bk  kilomètres,  elles  ne  sont  représentées  que  par  un  congloniérat 
coquillier  qui  a  rarement  1  mètre  d'épaisseur.  A  Saint-Meiige, 
ce  conglomérat  n'a  pas  plus  de  0'",30,  et  déjà  dans  sa  partie 
supérieure  gisent  des  J,  a/tguiatiis.  De  nontbreux  cailloux  roulés 
arrachés  aux  roches  quartzeuses  de  l'Aidenne  forment  avec  les 
coquilles  et  quelques  polypiers  les  éléments  de  ce  banc  remarqua- 
ble. Le  ciment  qui  les  unit  est  tantôt  siliceux,  tantôt  calcareux  ;  il 
devient  feldspathique  en  un  point  du  territoire  d'Aiglemont,  et  la 
roche  est. alors  une  arkose  vcri(al)le.  Sa  couleur  varie  du  gris  au 
jaune,  au  rouge  et  au  bleu  (1). 

(1)  Il  paraît  y  avoir  une  certaine  relation  entre  la  composition  de 
la  première  couche  du  lias  et  celle  des  terrains  qui  ont  servi  de  rivage 
à  la  mer  liasique,  dans  les  Ardennes,  la  Belgique,  le  grand-duché  de 
Luxembourg,  la  Moselle  et  la  Meurthe.  Ainsi,  à  Aiglemont,  point 
le  plus  rapproché  des  roches  granitiques  du  plateau,  lo  premier  banc 
basique  est  un  grès  renfermant  des  cristaux  de  feldspath.  Entre 
Mézières  et  Jamoigne,  où  les  falaises  do  la  mer  étaient  formées  par 
Iqs  schistes  et  les  quartzites  palcozoiques,  c'est  un  poudingue  consti- 
tué par  des  cailloux  roulés  arrachés  à  ses  falaises  qui  est  le  premier 
banc  du  lias.  Entre  Jamoigoe  et  Attert,  où  la  côte  se  composait  des 
couches  sableuses  du  bone-bed,  d'un  épais  amas  de  galets  tria- 
siques,  etc.,  la  première  assise  formée  dans  les  eaux  est  un  grès  mar- 
neux et  micacé.  Enfin,  dans  le  grand  duché,  la  Moselle  et  la  Meurthe, 
où  les  marnes  irisées  avec  leur  immense  développement  limitaient  la 
mer  par  leurs  couches  rougeâtres  que  le  soulèvement  duThuringerwald 
venait  de  plisser  et  de  fissurer,  on  trouve  a  la  base  du  lias  une  marne 
rouge  sans  fossiles  déposée  probablement  après  le  retrait  des  eaux  qui 
8  étaient  chargées  do  particules  terreuses,  en  ravinant  le  ssol  qu'elles 
abandonnaient.  Ainsi,  partout  sur  les  plages  que  nous  décrivons,  après 
b  catastrophe  qui  mit  fin  à  Tère  triasique,  la  première  couche  qui  sa 
forma  emprunta  ses  éléments  aux  falaises  du  rivage  et  aux  terres 
Toiiinas, 


S52  5ÊANCB   DU    6   JANTIVR    1862. 

Les  sëdiments  à  A.  angnlatus  qui  recouvrent  ce  conglomërat  ne 
sont  parfois  eux-niénies  que  des  amas  de  coquilles.  Dans  les  en- 
virons d'Aigleniont  et  de  Saint-Menge,  il  n'est  pas  rare  de  les 
trouver  en  contact  direct  avec  le  terrain  ardoisier.  Ce  dëborde- 
nient  des  dépôts  à  À,  angulatus,  au  delà  des  limites  occupées  par 
la  zone  des  J,  planorbis,  prouve  d'une  manière  irrécusible  qu'a- 
près la  catastrophe  qui  termina  l'ère  triasique  et  qui  imprima  au 
continent  des  Ardennes  un  violent  mouvcnient  de  bascule,  les  ri- 
vages continuèrent  pendant  les  premiers  temps  de  la  période  liasî- 
que  à  s'affaisser  sous  les  eaux  dans  les  régions  de  l'ouest;  mais  le 
mouvement  qui  les  entraînait,  quoique  dirigé  dans  le  même  sens 
que  lors  de  la  commotion,  n'avait  plus  rien  de  violent.  C'était  un 
affaissement  lent  et  progressif. 

Les  grès  à  J,  angulatus  forment  moins  un  massif  qu'une  succes- 
sion de  minces  bancs  gréseux  et  de  lumachelles  en  plaquettes  sé- 
parées par  des  couches  argilo-sableuses  ou  marneuses.  On  y  distin- 
gue deux  horizons  coquiUiers,  celui  du  MontUvaltia  Haymei  et 
celui  du  Montlivaltia  Guettardi  (1).  Le  premier  est  le  seul  qui  af- 
fleure à  l'état  gréseux  dans  la  Belgique.  Encore  ne  l'y  rencontre- 
t-on  sous  cette  forme  que  près  de  la  frontière  française.  Il  y  est 
très  atrophié,  et  se  prolonge  dans  les  Ardennes  sans  changer  de 
nature  ni  gagner  en  épaisseur.  Le  second  a  une  puissance  assez 
grande,  mais  ses  assises  les  plus  inférieures  seules  passent  à  l'état 
gréseux.  Ce  passage  n'a  lieu  que  dans  la  vallée  de  la  Meuse.  C'est 
donc  là  seulement  qu'on  trouve  la  série  complète  des  couclies  qui 
composent  le  massif  que  nous  décrivons. 


(1)  Oq  peut  diviser  le  lias  inférieur  de  la  Belgique  en  trois  zones 
coquillières,  celle  des  MontUvaltia  Uaynici^  celle  des  Montlhaltia 
Guettardi  et  celle  des  Htttanf;ia  o^ata.  Cette  division  est  aussi  natu- 
relle que  celle  en  quatre  horizons  caractérisés  par  X Ammonites  pla^ 
norbis^  VA.  angulalus,  VA.  bisnicatus  et  le  Belemnites  brcvis;  elle  a 
môme  sur  elle  Tavantage  d'être  plus  facile  à  reconnaître  dans  ce  pays; 
mais  elle  est  moins  générale,  et  ne  se  retrouve  ni  dans  le  Luxembourg, 
ni  dans  la  Moselle  ni  dans  la  Meurthe.  Lorsqu'on  veut  caractériser 
une  assise  par  ses  fossiles,  il  faut  autant  que  possible  se  servir  des 
céphalopodes.  Ces  mollusques  étant  flottants  dans  les  eaux,  aban- 
donnent en  mourant  leurs  coquilles  aux  courants  de  la  mer  qui  les 
transportent  souvent  fort  loin  des  lieux  où  ils  ont  vécu  et  les  en- 
fouissent indifl'éremment  dans  le  sable  ou  dans  la  vase.  Les  gastéro- 
podes et  les  acéphales,  au  contraire,  affectionnent  les  fonds  dont  la 
nature  est  le  plus  en  rapport  avec  leurs  organes,  restent  ordinairement 
attachés  au  sol  qui  les  a  vus  naître  et  ne  laissent  presque  jamais  lenrs 
dépouilles  que  dans  une  seule  sorte  de  sédiments. 


NOTB   DB    MM.    TBRQUSM   6T   PIBTTB.  353 

Quatre  coupes,  l'une  prise  à  Villen-sur-SemoiSy  non  loin  du 
cap  de  Habay,  l'autre  à  Watrinsart,  près  de  la  frontière  française, 
la  troisième  à  Fleigneux,  près  de  Sedan,  la  quatrième  à  Aigle« 
mont,  à  l'extrémité  occidentale  du  massif,  au  point  où  la  zone  des 
Ammonites  planorbis  est  prête  à  cesser  d'affleurer,  vont  donner  une 
idée  exacte  de  ce  vaste  amas  sableux. 

Succession  des  assises  dont  est  composée  la  colline  de  Villers^sur^ 
Semois.  Chemin  de  Martinsart  (voy,  pi.  Vlll  bis^  fig.  10). 

Marnes  et  calcaires  contenant  une  très  riche  faune  dont  fait 

partie  V  Ammonites  angulatus, 
Marne  plastique  bleue  et  calcaire  gréseux  de  même  couleur, 
renfermant  des  Encrines,  des  Ostrea  irreguiaris  et  quel- 
ques petits  gastéropodes 2'°°, 00 

Marnes  sableuses  et  calcaire  gréseux  d'un  gris  blanchâtre, 
contenant  des  Ostrea  irreguiaris ^  des  Lima  Omaliusi  et 

des  Encrines 2", 00 

[Marnes  grises   feuilletées,    micacées,   très  sableuses,  assez 
dures,  tachées  par  des   infiltrations  de  fer  et  de  manga- 

- .        ,      nése 0"»,70 

Liias.  \  Qj.^  calcareux,  micacé,  fossilifère,  jaunâtre  et  d'un  brun 

ferrugineux 0",20 

{Marne  bleuâtre  très  micacée,  en  lits  irréguliers.  .   .  0"*,4  0 

[Grès  calcareux,  fragmentaire,  très  coquillier,  formant  deux 

bancs  séparés  par  un  mince    feuillet  de  marnes  grise» 

micacées.  Les   fossiles  sont  cristallisés;  on  y  reconnaît 

cependant  V  Ostrea  irreguiaris^  des  Cardinies,  des  Mytilus 

et  des  Âstartes O^'ySO 

Marne  grise  schistoKde,  micacée Q^^\f& 

Grès  calcareux,  jaunâtre,  schistoïde,  micacé,  renfermantdes 

Cardinies ©"'.^O- 

Lit  de  cailloux  roulés  à  ciment  argilo-siliceux,  avec  débris^ 

de  vertébrés  très  rares 0",I0 

Grès  micacé,  gris  de  fumée,  couvert  de  petites  taches  de 
manganèse  et  contenant  de  minces  lits  de  lignite.  On  l'ex- 

-.  .     ploite  pour  de  la  pierre  de  taille 0°*,80' 

^^r  /  Sable  micacé  d'un  blanc  verdâtre  se  colorant  parfois  en  brun 

"•"     ]     pâle 7»,80 

Marnes  noires,  micacées,  pyriteuses,  feuilletées,  alternant' 
avec  des  grès  tendres,  verdâtres,  et  produisant  un  niveau^ 

de  sources 4", 00» 

Grès  blanc,  sableux,  micacé,  pyriteux  et  marneux.  .  4"',50' 

\^Ij^  t  '^^'^^  irisées  et  calcaires  dolomitiques. 

La  base  de  la  colline  est  formée  de  marnes  irisées,  et  son  fâfCe  d  ^ 
calcaires  à  Ammonites  angulatus.  Les  couches  intermédiaires  r   ^î 
Soe,  géol,^  %^  série,  tome  XIX,  S9 


35&  stAifCB  DU  6  iÀKviSB  1862. 

affleurent  sur  son  penchant  appartiennent  donc  au  bone-bed  et  â 
la  zone  des  A,  planorbis.  Mais  à  quel  point  faut-il  placer  la  limite 
du  bonc-bed  et  du  lias?  Jusqu'à  présent,  les  auteurs  ont  toujours 
réuni  toutes  les  assises  sableuses  dans  une  seule  division  à  laquelle 
ils  ont  donné  le  nom  de  grès  de  Martinsart.  C'est  confondre  des 
strates  appartenant  à  deux  terrains  fort  différents.  Le  calcaire 
gréseux  à  petites  Gardinies  et  les  marnes  micacées  qui  recouvrent 
le  poudingue  sont  évidemment  liasiques  ;  leur  faune  ne  peut  lais- 
ser aucun  doute  h  cet  égard.  Le  poudingue  et  les  sédiments  gré- 
seux ou  marneux  qui  lui  sont  inférieurs  appartiennent  seuls  au 
bone-bed.  Déjà,  en  décrivant  le  l)one-bed  de  Lœvelange,  nous 
avons  indiqué  le  poudingue  comme  formant  la  limite  supérieure 
de  cet  étage.  Ainsi,  des  considérations  paléontologiques  nous  ont 
ahiencs  à  placer,  à  Villers,  la  limite  du  lias  et  du  triaSi  au  point 
précis  où  une  discordance  de  stratification  nous  l'avait  fait  mettre 
à  Lœvelange. 

Snccession  des  assîtes  à  ff^athnsart  (voy.  pi:  VIII  bis,  fig.  6). 

Calcaire  gréseux  et  sable.  On  fait  de  la  chaax  avec  les  bancs  de  ce 
calcairt)  gréseux,  mais  elle  est  maigre  et  no  sert  qu'à  oiarner  les 

terres 5", 00 

Grès  brun,  très  siliceux,  à  Entroques O'^yOO 

Marnes  sableuses  grises  et  calcaire  gréseux  jaunâtre  d'apparence  ooli- 
thiquo   renfermant  des   Ostrea  arcuata  et  des  Myoconcka  (nov. 

sp.) 7", 00 

Marnes  à  Ostrea  orcuatu  et  calcaires  bleus  propres  à  la  fabrication 
de  la  chaux  hydraulique.  Ces  couches  donnent   naissance  à  des 

sources 6", 00 

Marnes  et  calcaires  remplis  de  Montlivaltia  Guettardi  ,    .  .  .  4 ",00 

Marne  noire  très  plastique  à  petites  Gardinies 4*,00 

Marnes  noires  et  ^rcs,  contenant  des  Ammonites  anguiatus,  des  Pia^ 

giostoma  *^i canton  ei  Aei  Carttinia  Desliayesea 4  ",00 

Marne  noire  ot  grès  compacte  gris,  se  délitant  en  plaquettes.  0",80 

Marne  d'un  gris  noirâtre  et  £;rès  maclé  d'apparence  psammitique^  CM- 

tenant  des  Mytilus,  des  Encrines  et  des  valves  nombreuses  d*Boto- 

mostracées 4  ",60 

Poudingue  coquillier  renfermant  une  faune  hettangienne.   .  .  0",40 
Terrain  de  transition. 

l>e  conglomérat  de  coquilles  et  de  cailloux  roulés  qui  forme  à 
Watrinsnrt  la  bnse  du  lias  ne  parait  pas  renfermer  d'Ammonites; 
mais  il  contient  un  si  grand  nombre  de  fossiles  liettangiens  qu'on 
se  demande  s* il  n'appartient  pas  comme  le  grès  d'Hettauge  k  la 
zone  dos  Ammonites  an^ulatus»  Sa  position  en  i*ecouvremeQt  aur  le 


KOTÉ   M    MU»    THUQtmil   Kt  ^IftttB.  SS5 

IM'Aifl  palëoto1i<|uef  sans  intermédioire,  n'est  pas  favorable  à  ceitt 
hypothèse.  D'ailleurs  il  est  inférieur  à  un  banc  de  grès  que  sonap* 
parènce  psaminîtique  rend  très  remarquable.  Ce  faux  psammite  (î) 
qoi  fofuiet  dans  la  Belgique,  un  horizon  géologique  excellent, 
affleure  A  Villen-fur^Semois»  à  Harensart,  à  Orsainfaing,  A  Ko%* 
aignoli  il  ocoape  contumment  la  partie  supérieure  de  la  zone  dea 
M*  plaHorbiê  i  à  moins  qu*on  ne  démontre  qu'il  y  en  a  pluileura 
aalisea,  il  faut  admettra  qu'A  Watrinsart,  comme  dans  toutes  ceë 
localités,  lea  ooUchea  qui  lui  sont  inférieures  le  sont  également 
aux  aédiments  A  A,  ahguiaius. 

Compg  eCmne  minière  à  Fleigneux. 

Varnes  et  caloaires  contenaDt  des  Osirea  arcumta  et  des  Ammonites 

hisulçûtus, 
Maf  A6s  et  calcaires  à  Sncrines. 

tf arnes  et  calcaires  sablent  remplis  de  fossiles  parmi  lesquels  oti  dis- 
'    tlngtie  les  Am  muni  tes  angulmus. 

Minette  rougeatre  composée  d'oolithes  ferrugineuses,  exploitée  comme 
,    minerai*  Des  fossiles  tels  quAmmo/tiies  angulatut^  Ostrea  irregu- 

laris^  plicatula  hettangiensis^  Lima  tubercuioja,  sont  enveloppés 

dans  la  pâte  calcaire  qui  contient  les  oolitbes. 
Conglomérat  coquillier  à  ciment  sableux  formant  un  banc  dont  la 

partie  supérieure  contient  des  Ammonites  angulatus  et  la  partie 

inférieure  des  M,  planorbts. 
Couche  horizontale  de  minerai  de  fer,  en  concordance  de  stratification 

avec  les  assises  qui  la  recouvrent.  Cette  couche  qui  est  exploitée 

■ttitement,  contient  un  grand  nombre  de  bloos  roulés  de  qoartziteé 

dont  quelques-uns  ont  50  centimètres  de  diamètre. 
Schistes  redressés  du  terrain  paléozoTque,  traversés  par  dea  veines  de 

quartz  et  des  filons  ferrugineux  qu'on  exploite. 

Cette  minière  n'est  pas  la  seule  qu'il  y  ait  A  Fleigneux  ;  le  mi« 
herai  y  git  dans  trois  assises  différentes  :  1*  dans  le  schiste  et  dans 
le  quartzite  où  il  aSecte  la  forme  de  filons;  2''  dans  une  coucha 
hgyi;mnial«  qui  s*épaikOuit  à  la  surface  du  schiste  et  qui  a  servi  de 
bââe  aux  députa  liasiques  ;  3°  dans  le  lias  lui-même  où  on  le  trouve 
A  Tétat  d'oolithes.  Il  a  été  produit  par  des  aouroea  minérales  qui, 
alAevanc  à  travers  les  fissures  du  terrain  ardoisier,  ont  enoroûté  les 
parois  des  conduits  par  lesquels  elles  parvenaient  au  jour,  et  ont 


(4)  C'est  M.  Poncelet,  ingénieur  à  Arlon,  qui,  le  premier,  nous  a 
renseignés  sur  Texistence  de  ce  faux  psammite.  Ce  géologue  judicieux 
i  bi#ii  voulu  ùous  guider  dans  une  des  explorations  que  noua  avons 
faites  dans  les  envitoBa  d'Arlon«.  \i\\ 


356  8ÉAifCi  DU  6  jànyieb  1862. 

formé,  en  se  répandant  sur  le  sol,  un  épais  dépôt  que  la  mor  li 
sique  a  recouvert  plus  tard  de  ses  sédiments.  Ces  sources  interrom- 
pues pendant  les  premiers  temps  du  lias  ont  reparu  dans  la  suite  et 
ont  formé  les  oolitlies  ferrugineuses  au  milieu  desquelles  on  trouye 
aujourd'hui  des  Ammonites  angulftius.  Ainsi,  a  Tezception  de  la 
minette  ooUtUique  qui  est  contemporaine  de  ces  Ammonites,  le 
minerai  de  Fleigneux  appartient  à  une  époque  plus  ancienne  que 
le  lias.  Il  est  postérieur  à  l'immense  cataclysme  qui  a  redressé  les 
schistes  du  continent  ardennais;  car  la  couche  horixontale  qu'il 
f  orme  est  en  complète  discordance  de  stratification  avec  eux  et 
renferme  une  grande  quantité  de  hlocs  roulés  de  quartzites  arra- 
chés du  milieu  des  schistes.  Il  faut  donc  reporter  la  date  de  sa 
formation  à  l'ère  pénéenne  ou  à  celle  du  trias.  Ces  âges  sont  ceux 
du  globe  qui  furent  les  plus  féconds  en  émissions  ferrugmeuse^ 
Les  matières  contenues  dans  le  sein  de  la  terre  réagirent  alors,  en 
un  grand  nombre  de  points,  contre  sa  croûte  solidifiée.  Le  mine- 
rai de  Fleigneux  fait  partie  d'un  vaste  ensemble  de  phénomènes 
qui  signalèrent  ces  époques,  et  c'est  sans  doute  à  la  cause  qui  Fa 
produit  qu'il  faut  attribuer  la  couleur  rouge  ou  violacée  de  tous 
les  étages  du  terrain  paléozoïque  sur  le  bord  méridional  du  pla- 
teau des  Ardennes  (1). 

Succession  des  assises  à  Aiglemont  (voy.  pi.  VIII  bis^  fig.  7). 

Sablfls  jaunes  à  Belemnitcs  brcvis. 

Marnes  bleues  donnant  naissance  à  des  sources,  et  calcaire  bleu  pro- 
pre à  la  fabrication  de  la  chaux  hydraulique,  contenant  quelquaa 
MontUvaltia  Guettardi  et  un  grand  nombre  d^Ostrea  areuata. 

Marnes  et  calcaires  à  Montlivaltia  Guettardi^ 

Marnes  et  calcaires  à  Ammonites  angulatus. 

Grès  se  délitant  en  plaquettes  et  marnes  contenant  une  faune  bettan* 
gienne  dans  laquelle  on  remarque  une  grande  quantité  ^Ammonites 
angulatus . 

Grès  à  Montiivaltia  Haymei^  remplacé  en  quelques  endroits  par  une 
lumachelle  à  Orthostoma  et  à  Cerithium,  Quelques  cailloux  rooMi 
sont  en?eloppés  dans  la  pftte  qui  est  tour  à  tour  calcareuse,  gréeeme 
ou  feldspathique,  jaune,  grise  ou  rose. 

Grès  et  conglomérat  de  coquilles  et  de  cailloux  roulés,  contenant  des 
Ammonites  planorbis» 

Schistes  paléozo'iques  et  quartzites,  en  discordance  de  stratification  tvoo 
les  couches  qui  les  recouvrent. 

(1)  M.  d'Omalius  pense,  comme  nous,  que  cette  couleur  ait  due  à 
des  matières  ferrugineuses  qui  ont  imprégné  la  roche. 


HOTB   DB   !■•   TBRQOBM  ST   PIlTTB.  857 

Massif  marneux. 

Le  massif  gréseux  que  nous  venons  de  décrire  est  plus  ancien 
que  celui  du  grand-duché.  Ses  dernières  assises  correspondent  aux 
premières  de  celui-ci.  Il  en  est  entièrement  isolé.  Les  plages  sur 
lesquelles  il  s'est  déposé  étaient  séparées  de  celles  sur  lesquelles 
se  sont  formés  les  grès  du  Luxembourg  par  de  vastes  fonds 
boueux.  La  vase,  à  l'époque  des  marnes  rouges  et  des  Ammonites 
pUinorbis,  s'étendait,  comme  nous  Tavons  dit,  sur  toutes  les  côtes 
de  la  Meurthe,  de  la  Moselle  et  du  grand-duché  ;  elle  n'était  limi- 
tée à  l'ouest  que  par  le  cap  de  Habay,  au  delà  duquel  se  for- 
maient des  dépôts  sableux.  Quand  vint  l'ère  des  A,  angulattisj  le 
table  commença  à  s'amasser  sur  les  côtes  orientales  du  golfe  de 
Luxembourg.  Peu  à  peu,  il  s'avança  vers  l'ouest,  envahissant  les 
fonds  marneux.  Pendant  qu'il  progressait  ainsi,  les  fonds  qu'il 
couvrait  continuaient  à  être  séparés  de  ceux  de  la  Belgique,  oii  le 
sable  dominait  depuis  longtemps,  par  une  vaste  nappe  vaseuse. 
Cette  nappe  perdait  du  terrain  du  côté  de  l'est  à  chaque  envahis- 
aement  du  sable  dans  le  grand-duché,  mais  elle  en  gagnait  plus 
qu'elle  n'en  perdait  eu  s'avançant  progressivement,  à  son  tour,  sur 
les  fonds  sableux  de  la  Belgique  ;  à  la  6n  de  Tère  des  A,  planorbis^ 
elle  dépassait  le  cap  de  Habay;  dans  les  premiers  temps  de  Tère 
des  A.  angulalus^  elle  atteignait  la  frontière  française  ;  à  la  fin  de 
cette  époque,  elle  couvrait  toutes  les  plages  qui  s'étendent  entre 
Élalle  (i)  et  Aiglemont;  elle  devait  persister  jusqu'à  la  fin  de  la 
période  caractérisée  par  les  A.  bisulcatus.  C'est  cette  nappe  vaseuse 
qui»  en  se  déplaçant,  a  formé  le  massif  marneux  de  la  troisième 
région,  massif  remarquable,  qui,  soudé  par  un  bout  aux  marnes 
rouges  et  à  A,  ptanorbis  du  grand-duché,  s'étend  sur  les  grès  in- 
férieurs de  la  Belgique,  tandis  qu'il  sert  de  base  à  ceux  du  Luxem- 
bourg. Les  dépôts  dont  il  est  formé  sont  des  marnes  bleues  ou 
noirâtres,  généralement  plastiques,  pyriteuseset  efflorescentes,  au 
milieu  desquelles  a£B[eurent  des  bancs  de  calcaire  peu  épais,  pres- 
que toujours  propres  à  la  fabrication  de  la  chaux  hydraulique. 
Ces  marnes  ne  pré^ntent  pas  sur  tous  les  points  la  même  succession 
d'assises.  Leur  nature  dépend  de  celle  des  sédiments  gréseux  entre 
lesquels  elles  sont  intercalées.  Ainsi,  le  massif  gréseux  inférieur  ne 

(4)  Il  s*agit  ici  d*Ëtalle,  village  de  Belgique.  Il  ne  faut  pas  le  con- 
fondra avec  Étales,  village  des  Ardenoas  françaises,  qu*on  écrit  aoss  i 
quelquefois  Étalla. 


SS8  stAifci  DU  6  jÀNTiii  1862. 

comprend  dans  les  environs  de  Ilahay  que  des  couches  correspon- 
dant  à  la  marne  rouge  et  à  la  partie  la  plus  ancienne  de  la  zone 
des  .-é.  planorbLs;  il  absorbe  en  se  prolon^^eant  vers  Touest  la  pvtîe 
supérieure  de  cette  zone  et  les  deux  tiers  de  celle  des  A,  anguintus. 
Par  contre,  la  formation  marneuse  qui  le  recouvre  commeoce  aux 
dernières  assises  de  la  zone  des  A.  plnnorbisy  dans  les  environs  je 
Habay.  Elle  perd  une  à  une  ses  couches  inférieures  en  se  prolon- 
{^eantvers  les  Ardennes,  et  ses  premiers  sédiments,  dans  la  vali^ 
de  la  Meuse,  sont  les  derniers  de  la  zone  des  A.  anguiatus,  t-es 
assises  qui  forment  sa  base  ne  sont  donc  pas  toutes  du  mênie  âge  ; 
il  en  est  de  même  de  celles  qui  sont  à  sa  limite  supérieure.  Celles- 
ci,  à  Lottert,  appartiennent  à  Thorizon  des  A,  nnguhtus  ;  elles 
sont  formées,  à  Jamoigne,  par  la  partie  la  plus  inférieure  dç  la 
zone  des  A,  hisulcatiis  ;  elles  constituent  la  partie  supérieure  de  )a 
même  zone  à  Roniery  et  à  Âiglemont.  Voici  quelques  coupe»  qiU, 
mises  en  regard  les  unes  des  autres,  donnent  une  idée  exacte  de 
la  composition  de  la  formation  marneuse,  dans  ses  diverses 
parties  (1  ).  Dans  le  tableau  qu'on  va  lire,  les  cases  laissées  en  blimc 
représentent  des  grès,  les  autres  représentent  des  iparnes. 

(4)  II  est  assez  facile  do  distinguer  la  marne  sans  Ostrea  arcua{a 
de  celle  à  O.  arcnata^  par  les  caractères  seuls  de  la  roche,  surtout 
dans  la  Belgique  et  dans  le  grand-duché.  Les  flones  des  Ammométes 
ptamnbis  et  des  A.  éingHhiHs  sont  formées  de  minoes  lits  de  oalealre 
affleurant  dans  una  marne  graphiteuse,  tantôt  feuilleté^,  tgi^tot  plw* 
tique,  presque  toujours  pyriteuse,  dont  la  couleur  noi^  ou  yrvi  î^ 
fumée  est  très  caractéristique. 

Les  marnes  à  Ostrrn  arcunta  sont  plastiques  ou  grossièroQient 
feuilletées;  moins  pyriteuses  que  les  bancs  à  Ammonttes  angtdatmsy 
elles  se  colorent  en  gris  ou  en  bleu  selon  la  quantité  de  sable  deal  elles 
sont  mélangées.  Les  banos  de  calcaires  qui  alternent  aveo  ell«|  sont 
plus  ép^is  que  qeux  de  ta  zpne  à  As  uugn^tHs;  ils  q>fi  pifailM^ 
jamais  les  teintai  eofurA^es  e(  sont  bleuf  à  Ti^^^érieur,  grif  on  j^u^fs 
à  la  surface. 


irOTS  M  m.   TSKQDSV  ST  PIITR. 


360 


OORSUYIIXE. 

ERVIRONS 
D'HBTTAIfGE. 

MKTZERT. 

vil  LERS- 
80R-SEMOU. 

JAMOIOHB. 

WATMjriAtT. 

AIOUHOMT. 

Mamet 

du 

liaa  moytn. 

Zone 

des 

Ammonites 

bisutcatus. 

Partie 

inférieure 

de  la  aone  des 

Ammonites 

bisulcalus. 

Zone 

ÀmmmiUs 
bisuicatus. 

Partie 

inférieure 

de  la  aone  îles 

Ammonites 

bisulcatvs. 

Zone 

des 

Ammonites 

angulatus. 

Zone 

det 
Ammonites 
angulatus. 

Partie 

ao|térienre 

de  la  aone  des 

Ammonites 

tmgulmtms. 

Dernières 

couches 

de  la  sone  des 

Ammonites 

angulatus. 

Ammonites 
amgmtiUus, 

Partie 

inférieure 

de  la  aune  des 

Ammonites 

angulatus. 

2o«e 

det 

Amtmmiites 

pitmorbis. 

Zone 

des 
ammonites 
ptanorbis. 

Zone 

des 

Ammonil€S 

ptanorbis. 

Partie 

fupérieare 

de  la  lone  des 

Jmmoniies 

ptanorbis. 

Ilam«  ronge. 

Maine  rougt. 

Marne  ronge. 

n  ressort  de  la  comparaison  de  ces  coupes  que  les  couches  qui 
constituent  le  massif  marneux  aux  environs  d'Hettan[;e  ne  sont  pas 
du  même  âge  que  celles  dont  il  est  composé  à  Villers-sur-Semois, 
et  que  celles  de  Villers-sur-Semois  ne  sont  pas  du  même  âge  que 
celles  d'Aiglemont.  La  marne  de  Villers  est  plus  ancienne  que 
celle  d*Aiglemont;  celle  d'Heltange  plus  ancienne  que  celle  de 
Tillers.  On  ne  saurait  trop  se  mettre  en  garde  contre  la  velléité 
de  regarder  comme  synchroniques  les  marnes  de  tous  ces  pays.  Elles 
constituent j  il  est  vrai,  un  massif  unique,  mais  en  réalité  ce  ne 
foptquedea  tronçons  d* Age  différent  reliés  entre  eux  bout  à  bout. 

Un  point  de  ce  massif  mérite  de  6xer  plus  particulièrement 
noire  attention ,  c'est  celui  de  Jamoigne  ;  il  ne  présente  pas  des 
fMffticiilaritéa  plus  remarquables  que  les  autres,  mais  il  a  été  1  objet 
de  plus  de  discussions.  D*après  la  coupe  que  nous  avons  donnée, 
la  marne  de  Jamoigne  se  compose  de  la  partie  inférieure  de  la 
%0PC  à  Ammonites  bisulcatii.^  et  de  la  zone  à  À.  angulatus  tout 
entière*  Gela  est  incontestable.  La  marne  à  À,  bisutcatus  est  ex- 


360  SÊAlfCE    DU    (5    JÀ!TTIER    1862. 

ploitéc  dans  plusieurs  petites  carrières  situées  au  sud  de  la  route 
d'Arlon  près  du  villa^je;  elle  y  est  représentée  par  deux  ou  trois 
minces  bancs  de  calcaire  bleuâtre  remplis  ôiOstrca  arcuata.  Les 
strates  à  Ammonites  n/igu/atus  affleurent  dans  diverses  inarnières 
notamment  dans  celle  qui  est  près  de  l'église.  En  voici  la  coupe  : 

Marno  noire  plastique  alternant  avec  de  minces  bancs  de  calcaire  bleu 
ou  jaanAtre,  contenant  une  grande  quantité  de  Montlhaltia  Guet'- 
tardi,  une  faune  hettangienne  très  riche,  mais  pas  d'Ammo- 
nites   3", 00 

Marne  grise  alternant  avec  des  calcaires  bleus  dont  les  bancs  ont 
30  centimètres  d'épaisseur  et  contiennent  une  faune  hettangienne 
avec  des  milliers  de  petites  Cardinies f'^.SO 

Marne  noirâtre,  plastique,  alternant  avec  des  lits  calcareux  de  4  0  cen- 
timètres, et  contenant  une  riche  faune  hettangienne,  une  grande 
quantité  à*  Ammonites  an^ulatus^  des  Montlivaltia  Haymei  et  des 
petites  Cardinies  en  nombre  considérable S'^.OO 

Cette  coupe  prouve  que  dans  la  marne,  comme  dans  le  grès 
inférieur,  les  Montlivaltia  Haymei  et  les  M,  Guettardi  indiquent 
deux  horizons  géologiques  différents.  Mais  ce  qui  frappe  le  plus 
les  yeux,  quand  on  examine  les  bancs  mis  en  exploitation,  c'est 
la  faune  hettangienne  qu'ils  renferment.  On  pourra  juger  de  sa 
richesse  par  la  quantité  de  fossiles  que  nous  avons  rapportés  et 
qui  sont  étalés  sous  les  vitrines  du  musée  de  Metz  (1). 

Les  marnes  à  Ammonites  angulatns  affleurent  encore,  à  Jamoi- 
gne,  sur  la  rive  droite  de  la  Semois,  entre  la  rivière  et  le  bois; 
mais  nous  n'y  avons  observé  que  les  assises  les  plus  inférieures 
du  groupe;  elles  contiennent  des  Ostrea  irregula  ris  dont  les  formes 
rappellent  celles  des  O.  areunta;  leurs  bancs  les  plus  anciens 
ne  renferment  pas  d*  Ammonites  ;  ils  sont  caractérisés  par  des 
Astartes  et  par  une  grande  quantité  de  Cardinia  Deshayesea,  Quel- 

(4)  Nous  avons  recueilli  \  52  espèces  à  Jamoigne.  Toutes,  à  l'excep- 
tion do  quelques  foraminifères  et  des  Galeolarin^  sont  caractéristiques 
du  lias  inférieur  ;  quelques-unes  sont  nouvelles  ou  n'ont  encore  été 
trouvées  qu'à  Jamoigne  ;  68  appartiennent  à  la  faune  qui  a  été  recueillie 
dansi  le  gîte  d'Hettange.  Quelques  heures  passées  dans  les  marnières 
de  Jamoigne  nous  ont  suffî  pour  recueillir  tous  les  fossiles  de  cette 
localité,  qui  sont  étalées  dans  le  musée  de  Metz,  Si  Ton  songe  qu'Het- 
tange  est  séparé  de  ce  village  par  plus  de  80  kilomètres,  on  reconnaî- 
tra que  jamais  deux  formations  ne  furent  assimilées  avec  plus  de  raison. 
D'ailleurs  les  marnes  qui  contiennent  cette  riche  faune  sont,  comme  le 
grès  d'Hettange,  intercalées  entre  les  strates  à  Ammonites  planorbis 
et  les  couches  à  Ostrea  arcuata. 


NOTE    DB   HM.    TBRQIIllf   BT    PIBTTB.  361 

ques  bancs  de  grès  mêlés  de  lits  marneux,  reposant  sur  un  con- 
glomérat coquillier,  forment,  à  la  base  du  lias,  de  très  minces 
assises  qui  correspondent  probablement  à  la  zone  des  Ammonites 
pianorbis.  Elles  ne  sont  pas  exploitées.  Telle  est  la  composition 
de  la  marne  de  Jamoigne.  On  peut  la  représenter  de  la  manière 
suivante  : 

ÎZone  des  Ammonites 
6i/u/ca(u/ (1 }  (par- 
Ue  inférieure). 

d.  S^dgae.  i  \  \  £"!!  t^u"lw™  )  Zone  des  Ammonites 

C'est  pour  n'avoir  pas  distingué  les  divers  horizons  coquilliers 
de  ces  marnes  que  des  géologues  d*ailleurs  fort  habiles,  après 
avoir  remarqué  des  Gryphées  arquées  dans  les  lits  supérieurs,  se 
sont  imaginé  que  le  massif  marneux  auquel  ils  appartiennent  est 
tout  entier  contemporain  de  ce  fossile.  Ayant  d'ailleurs  constaté 
le  prolongement  de  ce  massif  sous  le  grès  du  Luxembourg,  ils  ont 
conclu  que  ce  grès,  recouvert  par  la  marne  de  Strassen,  n'est 
qu'une  vaste  lentille  sableuse  intercalée  dans  la  formation  des 
calcaires  à  Ostrea  arcuata  (2).  Après  ce  que  nous  venons  de  dire, 
il  est  à  peine  nécessaire  de  réfuter  une  pareille  hérésie.  Le  massif 
▼aseux,  quand  les  grès  d'Hettange  et  de  Luxembourg  reposent  sur 
luiy  ne  se  compose  plus  que  de  la  zone  des  Ammonites  planorhis 
et  des  marnes  rouges;  il  n'a  plus  rien  de  commun  avec  la  marne 
de  Jamoigne.  Celle-ci  formée  de  la  zone  à  A,  angulatus 
tout  entière  et  des  premiers  bancs  de  la  zone  des  A,  bisulcatus^ 
correspond  au  grès  d'Hettange  lui-même  et  à  la  partie  inférieure 
de  la  marne  de  Strassen.  La  zone  des  A.  hisulcatus ,  mar- 
neuse presque  tout  entière  à  Strassen,  est  supérieure  en  cet  en- 
droit à  la  formation  gréseuse.  £lle  passe  au  grès  et  pénètre  dans 
ce  massif  à  Touest  de  ce  village;  bientôt  (à  la  Papeterie  et  à 
Fouches)  elle  en  constitue  presque  la  totalité,  et  à  Jamoigne 
ses  premiers  bancs  apparaissent  au-dessous,  à  Tétat  marneux. 
Telle  est  la  solution  des  difficultés  soulevées  au  sujet  des  grès 
du  Luxembourg. 


(4)  Les  marnes  à  Ostrea  arcuata  n*ont  pas  plus  de  4  mètre  d'épais- 
geur  à  Tintigny;  elles  en  ont  5  à  Watrinsart,  60  à  Warcq  dans  les 
Ardennes,  et  autant  à  Metz. 

(2)  Il  est  juste  d'ajouter  ici  que  dans  ses  derniers  travaux  sur  la 
lias  du  Luxembourg,  M.  Dewalque  parait  avoir  lai-même  abandonné 
les  opinions  que  nous  combattons.  On  ne  pouvait  pas  moins  attendre 
d*un  géologue  aussi  éclairé  et  aussi  dé?oué  aux  intérêts  de  la  ioitùo#. 


SOS  stÀKCB  Dn  6  lAifynR  1862. 

Massij  grrscnx  supérieur. 

Nous  avons  prouva,  en  dëcrivant  la  deuxième  rëf^on,  que  Tamas 
sableux,  formé  sur  le»  côtes  orientales  du  golfe  de  Luxembouif, 
lors  de  l'apparition  des  Aiuinonitvs  an^ulattis^  ne  s'avança  sur  les 
fonds  de  Touest  que  progressivement  et  en  employant  un  im- 
mense laps  de  temps.  Les  À,  (ingulatuit  prospémient  encore,  mais 
ils  devaient  bientôt  disparaître  quand  le  sable  parvint  aux  lieux 
où  s'élève  aujourd'hui  Fouches,  à  la  limite  de  la  deuxième  et  de 
la  troisième  région.  Il  continua  ses  progrès  vers  Touest  pendant 
l'ère  dos  A.  bisulratus^  envahissant  peu  à  peu  toutes  les  plages  de 
la  Belgique  vi  des  Ardennes;  quand  l'époque  des  Belemniîes  brtvh 
arriva,  il  s'étendait  dans  la  troisième  région  tout  entière. 

Ce  progrès  lent  et  continuel  du  sable  a  donné  naissance  &  un 
puissant  massif  de  grès  dont  la  base  est  formée  par  des  bancs  d'âges 
différents.  Composé,  comme  nous  Tavons  dit,  de  la  zone  des  ^m- 
mçnitcs  nngulatux  tout  entière  et  de  quelques  bancs  à  ^.  bisiU» 
cattLK^  dans  la  partie  orientale  du  {;rand-ducbé,  il  perd  une  à  UDe^ 
en  se  prolongeant  vers  l'ouest,  toutes  les  assises  qui  affleurent  à 
sa  partie  inférieure ,  mais  en  même  temps  il  s'incorpore  une  par- 
tie  des  marnes  qui  le  recouvrent  près  d'Hettange.  Ainsi,  à  Fouchet| 
il  couiprend  les  dernières  assises  de  la  zone  à  A.  angtdnius 
et  la  zone  des  A.  bisulcatus  presque  tout  entière.  A  quelques  kilo* 
mètres  de  ce  village,  la  marne  à  Belcmnitcs  brevis  et  celle  du  liai 
moyen  qui  présentaient  déjà,  entre  Arlon  et  Luxembourg,  quel- 
ques couches  ou  plutôt  quelques  îlots  sableux,  passent  en  masse 
au  grès,  en  sorte  qu'à  Etalie  le  grès,  malgré  la  perte  de  toutes 
ses  assises  à  Ammonites  angulatus^  est  beaucoup  plus  puissant  qu'il 
n'était  à  l'est  de  ce  point;  il  comprend  alors  tous  les  strates  è  A* 
bisulcatus^  tous  ceux  à  Belemnitcs  brevis  et  une  partie  du  lias  moyeiU 
Entre  Étalle  et  Aiglemont,  il  continue  à  perdre  uue  à  une 
assises  inférieures  qui  se  réunissent  aux  dépôts  marneux 
jacents.  A  Jamoignc,  il  est  encore  formé  de  la  partie  supérieure 
de  la  zone  à  Ammonites  bisulcatus,  de  la  zone  à  Belemnites  brevis 
et  du  lias  moyen.  A  Romery  et  à  Aiglemont,  il  ne  se  compose  |dui 
que  des  sédiments  A  B.  brevis  et  de  la  partie  inférieure  du  lias 
moyen. 

Le  grès  à  Ammonites  angulatus  de  Fouches  n*a  pas  plus  de 
5  mètres  d'épaisseur  ;  il  se  termine  en  coin  à  une  Caible  distance 
du  village;  c'est  un  sable  incohérent  au  milieu  duquel  aiQeuirenI 
quelques  bancs  lenticulaires  solides;  on  y  trouve  dea  fiassiles,  tah 


IfOTS  DB  Vif.   TSEQUB1I  BT  PIBTTB.  tQt 

que  Littorina  clat/tm^fty  PUcatula  hetlan^icnsis^  Ostrea  irregularis; 
soaveot  masqué  par  d^s  faillis  et  des  éboulis^  il  ne  peut  être  étu- 
die qu'en  un  petit  nombre  d'endroits. 

Le  grès  à  Ammonites  bisulcatus  est  très  puissant  dans  la  Belgi- 
que; il  se  termine  en  biseau  dans  la  vaille  de  la  Meuse,  Se9  bancs 
inférieurs  ont  presque  toujours  des  teintes  yaseuses  ;  ils  sont  rem- 
pli$  di  Ostrea  arcuata.  Ses  bancs  supérieurs  sont  des  calcaires  jau- 
laâtres,  d'apparence  sableuse,  remplis  de  fines  oolitbes  blanches; 
oa  ep  lait  de  la  chaux  maigre  pour  amender  les  terres;  ils  alter- 
nent avec  des  grès  très  durs  formés  de  débris  d'Encrines  et  de  ba- 
guettes d*oursin9  A  cassure  spath ique  qui  donnent  à  la  roche  l'as- 
pect du  calcaire  à  Entroques.  Les  fossiles  sont  assez  nombreux  dans 
les  assises  inférieures.  On  y  trouve  cinq  ou  six  espèces  de  Gardi- 
qHiS»  des  Litiofina  çlathrata,  plusieurs  espèces  de  mollusques  qui 
pi:!OspéraiQntdéjà  au  temps  des  Ammonites  anguimtusy  et  quelques 
fosiUes  nouveaux  parmi  lesquels  on  remarque  surtout  des  Jfdxo- 
e^fàa  9€nbra  (Nob.),  grande  espèce  ornée  sur  les  càtés  de  plis 
irr^uliers  et  anguleux  et  de  sept  côtes  transverasles  (1).  La  ooupe 
d^  la  colline  de  Ghassepierre  donne  une  idée  exaete  de  la  suoocs*- 
ÙQ^  4'assises  que  présentent  le  plus  généralement  les  grès  à  Jm- 

m^n'f^*  ^wê{c4f(f4s. 

Cfiupe  du  massif  grésêtue  à  Chassepierre, 

Sable  jaune  à  Tétat  diluvien,  renfermant  des  Ostrea  cfmbiupt, 

.  /Sables  et  calcaire  gréseux  pleins  de  Pecten  dfsciformiSy  de 

•jf  f       petits  gastéropodes  et  de  Betemnites  brevis, 

$1  Hables  marneux  et  grès  oaloareux  fort  dors,  eentenant  des 

«ftl     M*iitmmtes  Itrews^  des  Moules,  de  grands  gastéropodes  et 

^  ]     quelques  Ostrea  arc¥Wo  ,  «   t  #>««.«•<•  •  VA^ 

5  \  Sables  Qt  grès  k  Entroqve?  fqrt  dwrs,  ,,,,..,,•  8",00 

-Si Grès  très  calcareux^    oolithique,    coateoant  des   Betemnites 

«q  F      brevis^  des  gastéropodes  et  des  milliers  de  Cardinies.   0",40 

^\  Sable  et  calcaire  sableux 8*,0() 

"^  VGnèf  à  Entroques  avec  grandes  Cardinies 0*,96 


I 


(4)  M.  Pellat  a  trouvé  cettç  espèce  occupant  une  position  analo^e 


ittts  lesi  environs  d^AutuD. 


86&  SÉAlfCE  DU    6   JÀHTIBR  1802. 

g'  /Sable  et  calcaire  grenu,  d'apparence  oolîthique  et  nbleiua, 
^  /      exploité  pour  faire  de  la  chaux  qui  sert  à  amender  les  terres 

•§  [  «0-,00 

•â  I  Grès  à  Entroques,  contenant  des  Hetiangia  opata  et  quelques 

w>  1     autres  fossiles  mal  conservés O'^^BQ 

.§  jSables  et  calcaires  gréseux 3*. 00 

o  <  Calcaire  bleu  gréseux,  alternant  avec  des  marnes  qui  donnent 
§  1  naissance  à  des  sources  abondantes.  Les  calcaires  renferment 
^1  un  grand  nombre  de  fossiles  parmi  lesquels  les  Cardînies,  les 
m  I  Ostrea  arcuata  et  les  Littorina  ciathraia  sont  les  plus  abon- 
"o  I       dants. 

S  \  Calcaire  propre  à  la  fabrication  de  la  chaux  hydraulique  et 
eS  \     marnes  à  Ostrea  arcuata. 

Marnes  et  calcaires  à  J  m  mont  tes  angulatus. 

Cette  coupe  nous  donne  en  même  temps  une  idée  de  la  consti- 
tution des  sédiments  à  Belemnites  brevis  dans  la  troisième  région. 
Ce  sont  des  assises  sableuses  et  friables  alternant  arec  des  bancs  de 
grès  à  Entroques  ou  de  calcaire  gréseux  plus  ou  moins  coqail- 
liers(i).  Une  coucbe  marneuse,  contenant  des  Ostrea  arcuata 
traverse  ce  dépôt  rers  sa  partie  moyenne  et  donne  naissance  A  de 
nombreuses  sources.  La  formation  est  entièrement  sableuse  dans 
les  Ardennes;  elle  a  un  immense  développement  à  Sedan;  maïs 
elle  perd  une  partie  de  son  importance  vers  Aomery  et  Aiglemoat. 
Les  Plûgiostoma  gigantea  et  les  Cardinia  eopides^  fossiles  contem- 
porains des  Ammonites  angulatas^  abondent  dans  quelques  baocs; 
plusieurs  autres  espèces  hettangiennes  n'y  sont  pas  nres;  on  y 
rencontre  aussi  des  J.  Conybeari^  des  A,  carusemxis  et  diverseï 
espèces  de  coquilles  qui  ne  gisent  pas  dans  les  sédiments  anté- 
rieurs. La  difficulté  de  les  dégager  de  la  roche  dure  et  cassante  qui 
les  enveloppe  est  le  seul  motif  qui  nous  ait  empêcha  d*en  recueil- 
lir une  aussi  grande  quantité  que  nous  aurions  voulu.  Les  Belrm- 
nites  brepts  et  les  Hettangia  ovata  sont  caractéristiques  par  leur 
nombre  de  cet  horizon  géologique;  ce  sont  des  espèces  qui  avaient 
déjà  apparu  dès  l'âge  des  Ammonites  bisuleatsu;  quelques  géolo- 
gues prétendent  même  avoir  rencontré  des  Belemnites  breptt  dans 
les  couches  à  Ammonites  planorbis;  mais  cette  opinion  aurait 
besoin  d*être  confirmée  par  de  nouvelles  observations.  Les  demiA^ 
res  assises  de  la  xone  à  Belemnites  brepis  sont  remplies  de  Peetem 
disciformis.  On  peut  voir  le  contact  du  lias  inférieur  et  du  lias 


(4)  On  y  trouve  aussi  plusieurs  bancs  oolithiquea  et  quelques 
remplies  de  galets  gréseux  à  couches  concentriques  ferruginaasss.  Il 
y  a  à  Muno  un  récif  do  polypiers  d'une  étendue  considérable. 


IfOTB   DB   ■■.    TBEQUBH   BT  PIBTTE.  806 

moyen  dans  un  yallon  qui  est  situé  au  nord  d'Ethe  et  de  fielmont| 
entre  les  maisons  et  la  forêt. 

Coupe  du  vallon  dtEthe. 

o  /  Calcaire  terreux  et  sableux  alternant  avec  des  assises  de  sable 

g«  I      et  contenant  Ostrea  cymbium ^  Belemnites  elongaiusy  Jmmo' 

8  <      ni  tes  planicosta. 

2  j  Grès  et  sables  stériles  contenant  quelques  minces  lits  ferru- 

\S  t      gineux. 

j^  ^Sables  et  grés  à  Pecten  discîformis, 
^  I  I  Grés  calcareux  très  coquillier,  dur,  cassant,  rempli  de  Belem» 
©  -c  \      niies  brevis^  de  Pecten  disciformis  et  de  Cardinies. 
§  •>•  I  Sables  et  grès. 

^  \  Niveau  de  sources. 

Depuis  Ethe  jusqu'à  Romery,  on  peut  suivre  sans  interruption 
les  bancs  à  Pecten  disciformis  (i);  ils  forment  toujours  les  derniè- 
res assises  du  lias  inférieur.  Au-dessus  d'eux  sont  des  couches  de 
sable  jaunâtre  contenant  de  minces  lits  ferrugineux  ou  des  sédi- 
ments à  la  fois  marneux  et  sableux  dans  lesquels  les  Ostrea  cym- 
tiitm  font  reconnaître  le  lias  moyen. 

Les  grès  des  zones  à  Ammonites  bisulcatus  et  à  Belemnites  breuis 
ont  été  rarement  distingués  de  la  zone  à  Ostrea  cymbium  qui  les 
Keoouvre.  Les  auteurs  les  ont  placés  tantôt  dans  le  lias  inférieur, 
tantôt  dans  le  lias  moyen.  Les  raisons  qu'ils  ont  données  à  l'appui 
de  ces  classifications  sont  trop  insignifiantes  ou  trop  fausses  pour 
que  nous  les  rapportions.  C'est  la  faune  qui  nous  a  conduits  à  ran- 
ger les  dépôts  à  Belemnites  brevis  dans  le  lias  inférieur;  ils  con- 
tiennent une  trop  grande  quantité  de  fossiles  Lettangiens,  pour 
qpi'on  ne  les  classe  pas  dans  le  même  étage  que  les  sédiments  à 
Ammonites  angulatus.  Nous  arrirons  donc  par  l'étude  du  lias 
ardennais^  belge  et  luxembourgeois,  au  résultat  où  Aie.  d'Orbigny 
était  parvenu  par  l'exploration  de  la  Bourgogne.  On  sait,  en  effet, 
que  pour  cet  éminent  paléontologiste,  le  Belemnites  brepis  était  un 
fMaile  sinémurien. 

Nous  devons,  avant  d'abandonner  la  description  des  assises  à 
B»  bretns  de  la  troisième  région,  dire  quelques  mots  du  grès  de 
Romery  dont  l'âge  a  été  l'objet  de  discussions  assez  récentes  :  on 
a  prétendu  que  les  carrières  de  ce  village  sont  ouvertes  dans  le 
lias  moyen;  on  en  a  donné  pour  preuve  des  Ostrea  eymbium  qu'on 


•V 


(I)  Les  plus  beaux  gttes  de  ces  Pecten  sont  Fagny,  Limes,  Romery. 


ê0é  StAltCË   Dti  6  JÀltTlVtl  l86â. 

j  û  ftttXtïlW^.  Il  est  incontestable  que  les  bancs  de  grès  marneax 
qui  affleurent  à  la  partie  supérieure  des  carrières  sont  remplis 
iiOstrea  cymbium  ;  mais  au-dessous  d*eux  on  exploite  des  sables 
et  des  calcaires  gréseuï  qui  8e  présentant  dans  l'ordre  suivant 
(voyez  pi.  VIII  bis,  fig.  7)  : 

BAUCS  h  Pêûten  discijotmis  et  à  Belemnitrs  brepts. 

Grès  et  sables  sans  fossiles. 

Bllùt^  COùtenadt  Si  Tët^t  d'empreintes  très  nettes  :  Nautilus  (ghande 
espèce),  Ammonites  bisulcatus^  Littorina  clathrata^  TuniMia 
Deshayesea,  Rostellaria  dubia,  Cerit/iium  Qui/tctteum^  et  avec  leur 
lest,  OstYctt  Irteguïarîs^  O.  annmala,  Pecten  disciformis,  îiinnim 
Uasinus,  Lima  Bêrmannî^  Piagioslomu  gtgantea^  Pinna  Barl^ 
manni^  Lima  hettangiensiSy  Cardin ia  copides^  Heilangia  ovatu  tl 
Belemnites  brevis. 

Grès  et  sables  sans  fossiles. 

lUttCtf  h^  durs  contenant  des  milliers  de  grandes  Cdrdlnleè  |Mrmi 
lesquelles  on  remarque  surtout  le  Cardinia  cftpides;  on  y  trouve 
auitfi  des  Belemnites  brevis  et  des  AmmMiitei  bisnléaims» 

Utroes  à  Os(r0a  arcuaUi, 

Cette  coupe  n'a  pas  besoin  de  conomentaii'es^  diacuQ  des  foieilci 
de  ces  dépôts  apporte  avec  lui  la  condamnatioo  de  ropinion  qui 
les  relègue  dans  le  lias  moyen. 

Le  vaste  massif  sableux  qui,  prenant  naissance  à  Hettange, 
embrasse  dans  sa  puissance  les  collines  de  Luxembourg,  d*£chter- 
oacb,  de  Sauel,  de  Hensch,  d'Étal  les,  de  Virtouy  de  Breux,  de 
t^lorcnville,  de  Sedan,  de  Romei-y,  d'Aiglemont,  ne  s'arrête  pas 
à  ce  dernier  village;  il  se  prolonge  dans  la  quatrième  régioii 
jusqu'aux  confms  du  dépai'tement  de  l'Aisne.  Ce  que  nous  eu  avons 
dit  jusqu'à  présent  su  Ait  pour  faire  apprécier  ses  caractères  priiir- 
cipaux  ;  résultat  du  déplacement  lent,  mais  continu,  de  courants 
oui,  après  avoir  cbarrié  du  sable  pendant  un  laps  de  temps  conei* 
durable  sur  les  rives  orientales  du  golfe  de  Luxembourg,  ont  fiai 
par  en  accumuler  un  immense  amas  sur  les  plages  de  la  fiel^que 
et  des  Ardenues,  il  est  formé  d'assises  dont  on  voit  varier  le  ooiiibre 
et  l'âge  à  cbaque  pas  qu'on  fait.  Son  extrémité  orientale,  comp9eée 
qe  grès  à  Ammonites  a/iguiatus  et  de  quelques  bancs  à  J.  bisalcapu^ 
n*a  rien  de  comnmn  avec  la  zone  à  Belemnites  bretns  et  les  stratee 
à  Ostrea  cymbium  qui  constit^ent,  à  Aiglemont  et  à  Rimogne,  soa 
^;ctrémité  occidentale.  Ce  u!est,  comme  la  formation  marneMM 
sur  laquellç  il  repose,  qu'un  assemblage  de  tronçons  de  différents 
âges,  soudés  les  uns  aux  autres  par  leurs  bouts.  La  poition  de  ee 
maenf  éfû  afleuredaBs  la  deuxième  région  porte  le  tMim  de  ^rèe 


KOTB   BB   MM.   tlBQVBH   BT   PIBTTB.  M7 

de  Luxembourg.  Celle  qui  affleure  dans  la  Belgique  et  les  Ardeimet 
est  {généralement  désignée  sous  le  nom  de  calcaire  sableux.  Ces 
dénominations  vicieuses  au  point  de  vue  géologique  tendent  à  (kire 
confondre  les  unes  avec  les  autres  les  assises  les  plus  diiparates,  la 
zone  à  Belemnites  brevis  avec  la  zone  â  Ammouites  ungulaiu$,  le 
lias  inférieur  avec  le  lias  moyen.  Il  faut,  dans  les  pays  que  nods 
décrivons,  caractériser  chaque  horizon  par  ses  coquilles^  comuie 
nous  Tavons  fait«  ou  l'on  doit  s'attendre  à  se  perdre  dans  un  réseau 
inextricable  de  difficultés  (1).  Les  géologues  qui,  partis  de  Breux, 


m^-^mmti^ 


[\)  ËD  préconisant  ici  la  méthode  paléontologique,  noQs  n'atoos 
pas  rintention  de  contester  les  avantages  qu*ou  peut  tirer  de  Tétude 
des  roches.  La  paléontologie  et  la  pétrographie  sont  les  deux  yeux  du 
stratigraphe.  Le  géologue  doit  savoir  se  servir  de  ces  deux  sciences  en 
môme  temps,  et  contrôler  les  données  de  Tune  par  celles  de  l'autre. 
La  méthode  paléontologique  peut  se  trouver  quelquefois  eu  dèhut; 
pour  en  saisir  les  défectuosités  et  ne  pas  prêter  à  ses  résultats  une 
importance  exagérée,  il  faut  avoir  sans  cesse  présentes  è  Tesprit  les 
idées  qui  lui  servent  de  fondement. 

L'histoire  de  la  terre  nous  montre  que  la  force  créatrice  a  un  grand 
nombre  de  fois  fait  disparaître  presque  entièrement  les  faunes  qui 
B*étaient   multipliées  à  la  surface  du  globe  pour  les  remplacer  par 
d'autres.  La  dernière  manifestation  de  cette  force  fut  réclosion  des 
dtresau  milieu  desquels  nous  nous  trouvons.  Depuis,  elle  n'a  faitsentfr 
sa  puissance  que  pour  la  conservation  des  espèces  vivantes.  La  terre 
est  donc  maintenant  dans  une  période  de  calme,  si  Ton  compara  les 
temps  présents  à  la  période  de  révolution  dont  l'enfantement  de  la 
faune  actuelle  a  été  le  résultat.  Selon  toute  apparence,  et  si  Ton  s'en 
rapporte  à  l'induction  qui  est  le  seul  flambeau  dont  on  puisse  éclairer 
l'histoire  des  faits  géologiques,  les  périodes  de  calme  ont,  depuis  l'ori- 
gine des  choses,  toujours  suivi  les  époques  de  métamorphose,  et  sans 
doute,  pendant  ces  époques  de  calme,  la  force  créatrice  a  agi  comme 
elle  le  fait  maintenant,  elle  n'a  pas  enfanté  de  nouvelles  espèces;  mais 
les  espèces  qui  venaient  d'être  créées  et  qui,  pour  la  plupart,  étaient 
probablement  cantonnées  dans  différentes  régions,  se  sont  peu  à  peu 
répandues  sur  d'autres  points  du  globe,  abandonnant  ceux  où  elles 
avaient  primitivement  existé.  Tel  moIUiAque  qui  n'avait  encore  vécu 
que  dans  les  mers  éloignées  a  été  tout  é  coup  jeté  par  une  tempdte 
dans  les  mers  de  l'Europe;  la  semence  fécondée  de  tel  autre  y  a  été 
apportés  de  rivages  lointains  par  des  courants  qu'un  soulèvement  du 
sol  a  fait  changer  de  direction.  Ces  ôtres  trouvant,  sur  les  plages  qui 
sont  devenues  leur  habitation  nouvelle,  des  conditions  favorables  à  leur 
développement,  s'y  sont  multipliés  et  ont  couvert  de  leurs  dépouilles  le 
fond  d'un  bassin  dont  les  premiers  dépôts  ne  contenaient  aucune  de 
leurs  coquilles;  puis  quand,  par  suite  des  temps,  la  mer  où  ils  ont  ainsi 
pullulé  est  devenue  pour  eux  inhospitalière,  ils  ont  émigré  en  colonies 
vers  d'autres  régions,  ou  bien  leur  espèce  a  fini. par  s'éteiDdrS|  atlfi 


368  StANCE    DU    6   JANYIBE    18G2. 

ont  explore  les  terrains  qui  s'étendent  entre  ce  village  et  Hettange, 
n'ayant  pas  pris  pour  guide  les  zones  coquilUères,  se  sont  imaginé 
que  les  grès  de  ces  deux  localités  sont  synchroniques.  Comment 
auraient-ils  pu  ne  pas  tomber  dans  cette  erreur  ?  N'avaient-ils  pas 
toujours  marché  sur  le  grès  ?  Avaient-ils  cessé  un  instant  de  fouler 
du  sable  sous  leurs  pieds?  Aux  deux  côtés  de  la  route,  ils  avaient 
vu  des  marnes  et  des  lignes  de  sources  qui  ne  leur  avaient  pas 
permis  de  s'égarer,  de  quitter  une  formation  sableuse  pour  gravir 
les  collines   d'une   autre.  Et  cependant,  quelles  contradictions, 
quelles  hérésies  sont  nées  de  cette  assimilation  !  Que  de  luttes  et 
de  difficultés  insolubles  contre  lesquellessont  venues  se  heurter  des 
intelligences  d'élite  et  des  observateurs  judicieux  !  Tout  cela  pro- 
vient de  ce  qu'ils  avaient  oublié  un  principe  bien  vulgaire,  mais 
sans  lequel  on  ne  peut  rien  faire  de  bon  en  géologie.  Us  pensaient, 
et  quelques  géologues  s'imaginent    encore^  que  les  dépôts  qui 
appartiennent  à  un  massif  de  composition   minéralogique  uni- 
forme sont  nécessairement  synchroniques.  Par  exemple,  à  leurs 
yeux,  les  couches  à  Ostrca  arcuata  devaient  être  partout  des  cal- 
caires et  des  marnes;  les  strates  sur  lesquels  ils  reposent,  des  grès 
qu'ils  appelaient  infra-liasiques.  Mais  est-ce  que  la  mer,  à  toutes 
les  époques,  n'a  pas  eu  en  même  temps  des  fonds  vaseux  et  des 
fonds  sableux?  Les  courants,  qui  apportent  sur  une  plage  des  sédi- 
ments de  quelque  nature  qu'ils  soient,  ne  changent-ils  pas  de 
direction  continuellement,  et  bien  plus  souvent  par  un  déplace- 
ment lent  et  progressif  que  par  l'efTet  d'une  commotion?  Qui 
songe  à  s'étonner,  sur  nos  côtes,  quand  une  baie  dont  les  fonds 
étaient  boueux  se  comble  tout  à  coup  de  sable  ?  Ce  qui  se  passe 
sous  nos  yeux  doit  être  pour  nous  la  règle  et  le  flambeau  de  ce 
qui  s'est  passé  autrefois.  Une  mer  d'une  certaine  étendue  qui  ne 
déposerait  sur  toutes  ses  plages  que  du  sable  seul  ou  de  la  vase 
seule  serait  quelque  chose  de  phénoménal.  Proclamons  donc  cette 
vérité  que  les  mers  ont  présenté  simultanément  des  fonds  de  nature 
diverse  et  variable  pendant  le  cours  des  anciens  £^ges,  comme  elles 

sédiments  qui  se  sont  formés  après  leur  disparition  n*en  ont  plus 
contenu  aucun  reste.  C'est  ainsi  que  dans  toute  retendue  d'un  bassin, 
une  espèce  peut  devenir  caractéristique  d'une  assise,  quoique  sur 
d'autres  points  du  globe,  elle  ait  laissé  ses  débris  dans  des  coucbea 
plus  anciennes  ou  plus  récentes.  Les  pérégrinations  des  espèces  d'un 
point  de  la  terre  sur  un  autre  ne  sont  pas  une  vaine  hypothèse;  ce 
n'est  que  par  elles  qu'on  peut  expliquer  ce  fait,  que  souvent  un  foasile 
qu'on  trouve  à  un  niveau  dans  un  pays,  occupe,  dans  un  autre,  un 
niveau  tout  différent. 


NOTt   DB    HM.    TBRQCBM    ET    PlBTTB.  369 

le  font  de  nos  jours.  Là  est  la  clef  de  toutes  les  difficultés  accumu- 
lées au  sujet  des  terrains  du  Luxembourg  (1). 

Les  sédiments  qui  constituent  le  lias  inférieur  dans  la  troisième 
région  ne  sont  pas  très  régulièrement  stratiGés.  Nous  y  avons 
remarqué  quelques  dérangements  de  couches  qui  semblent  indi- 
quer un  vaste  plissement  dans  les  grès  à  Belemnites  hrevis  de  la 
Belgique,  une  faille  près  de  Yillers-Tortru,  et  une  mince  crevasse 
dans  laquelle  coule  la  Meuse  à  Mohon  (2). 

COUPES   DIVERSES. 

Nous  allons  encore  donner  quelques  coupes  à  Tappui  de  la  des« 
criptionque  nous  venons  de  faire. 

Coupe  du  Boisinval  près  CharlepiUe. 

Grès  à  Belemnites  brevis  et  sables. 

Marnes  à  Ostrca  aicunui  et  à  Ammonitts  bisulcatus  affleurant  avec 
des  bancs  nombreux  de  calcaire  expipité  pour  la  fabrication  de  la 
chaux  hydraulique.  C'est  de  la  partie  supérieure  de  ces  marues  que 
s'échappent  les  eaux  qui  alimentent  les  fontaines  de  Charleville. 
Quelques  bancs  sont  remplis  de  foramiiiifères  et  d'eutomostracées  ; 
ceux  de  la  partie  inférieure  contiennent  des  Linguia  metensis. 

Calcaire  gréseux  bleu  à  Tintérieur,  jaune  à  la  surface,  contenant  des 
MondivaUia  Guettardi  et  des  entomostracées. 

Grès  en  plaquettes  grisâtres  à  Ophiodeima  rerneuHi, 

Calcaire  gréseux  noirâtre  contenant  des  Ophiodermes,  des  entomostra- 
cées, des  Montlivaltia  Haymei^  etc. 

Calcaire  gréseux  noirâtre  à  Ammonites  angulatus;  on  y  trouve  des 
entomostracées. 

Poudingue  formé  de  cailloux  roulés  provenant  des  quartzites  de 
TArdenne.  Des  Ostrea  irregularis  y  gisent  en  grande  abondance. 

Schistes  siluriens. 


(4)  M.  d'Omalius  d'Halloy  semble  avoir  présenté  la  véritable  solu- 
tion à  donner  à  la  question  des  grès  de  Luxembourg,  quand  le  6  février 
4  854,  après  avoir  lu  à  la  Société  géologique  de  France  un  mémoire  de 
M.  Dewalque,  il  s'est  exprimé  en  ces  termes  :  <  La  répétition  des 
»  mômes  roches  à  des  niveaux  géognostiques  différents,  les  grandes 
»  variations  d'épaisseur,  et  probablement  les  changements  de  nature 
9  que  présente  une  môme  assise,  sont  cause  qu'il  y  a  beaucoup  de 
9  divergence,  non-seulement  dans  le  raccordement  des  dépôts  obser- 
»  vés,  mais  aussi  dans  la  position  assignée  à  chacun  de  ces  dépôts.  » 

(9)  11  convient  de  remarquer  que  la  Semois,  la  Chiers  et  la  Meuse, 
tant  qu'elles  coulent  dans  le  lias,  sont  dirigées  en  sens  inverse  de» 
rivières  du  grand^duché. 

Soc.  géoi.^  %•  série,  tome  XIX»  U 


370  flfiANci  DU  6  uRviift  1862. 


Coupe  de  Sainî-Menge  à  Giaire^YOj.  pi.  VIII  bis^  fig.  3). 

^^*  ^  { Calcaire  marneux  et  sableux  à  Osirea  cymbium. 
moyen,  i  " 

mt         [ 

•Sz  ^\  Calcaire  sableux  à  BeletnnUes  brrvis. 


G 


^  I  /  Calcaire  sableux  très  développé  contenanl  de  rarei  ff^t^agia 
'X,'^  I      ovata  et  quelques  Ostrea  irregitiaris. 


•*  -» 


en    ^    s  I 

.g  t:  c  iGrès  calcareux  à  Ostrca  arctiatti, 

S  o  *§  /Marnes  et  caloaires  bleus  remplis  â'Ostrea  arcuaia.  On  v 

kS  i  ^  f      ^''Ouve  quelques  Ammonites  bisutcatug, 

/  Marnes  bleues  ou  grises,  sableuses,  alternant  avec  dea  bancs 
^'  I  de  calcaire  bleu  propre  à  la  fabrication  de  la  chaux  hydrau- 
^  [  lique.  On  y  trouve  quelques  MimtlnuiUia  Gurtiardi, 
%  l  Lumachelle  formée  d'un  grès  bleu  calcareux,  très  dur,  qui 
^1  contient  les  espèces  suivantes  :  Cartéinitt  Deshtryesea^ 
^  I  Osirea  irn-guiarisy  Pia^iostoma  giganieaj  Lima  iubrrcu- 
S  )  ^"•*"f  ^-  Heimanni,  Cerithium  Terquemi^  Peeten  raivns^ 
5  <      Astarte,  etc 

g  j  Marnes  bleues  ou  grises,  sableuses,  alternant  atee  et  rainces 
^  j     lits  de  grès  bleu,  dur,  cassant,  dont  les  plaquettes  aGat 

f      couvertes  à'Oitieu  inegularis, 
^  r  Grès  calcareux,  caverneux,  coquillier,  devenant  fernigineuv 
o  I       en  certains  endroits  et  contenant  des  Ammonites  angttia» 
§  l       tas,  des  Cardinin  Deshuycsea,  des  Plagiostoma  glganttn^ 

\     des  Montlivaltia  Gut'tturdi. 

!  Conglomérat  formé  de  coquilles,   de  polypiers,  de  cailloux 

■^      [      roulés  quartzeux  réunis  par  un  ciment  sableux  oa  ferragJ- 

^  .$  ;§  1     neux.  Ce  conglomérat  contient  un  grand  nombre  de  MoH" 

®  c  c  \      tlivdltia  Haimt'i.  Des  Aminnnitts  angulattts  gisent  dant 


»  I  §  i      sa  partie  supérieure  ;  des  Ammonites  planorbis  dans 
>;  Xf      partie  inférieure. 


Sables  et  blocs  de  quartzites  roulés. 
Terrain  j 

paléo-  |6chistee  ardoisiers. 
zolque.  ) 

Coupe  de  la  colline  qui  s'élève  entre  Gerottpille^  Limes  ft  l&$ 

Jorgcs  Latoy, 

8  S  j  Sables  et  grès  à  Ostrea  cymblum. 

p^  1*1  Sables  avec  minces  lits  de  grès  ferrugineux  brun. 


NOTE   Dl    MVi    TBRQÙEBI   BT   PItTTB.  871 

I  (  BanQ9  d9  s^ôi  oalcareux  à  Pccu-n  ducijwmis. 

1  ^  l  Sables. 

(^  t  1  Bancs  de  calcaires  sableux  remplis  ô'Hettangia  ovata^  de  Pecten 

«  ^  /      tiiscijormis^  de  /./>//«  ^igafiWn,  de  BiUfmniWs  brevis^  de 

"o  2  i      P/«/?rt  Hartmanni  et  de  Cardinin.  On  y  trouve  quelques 

a  $  f       Ostrea  arcuata, 

&  \ Niveau  de  sourcei. 


Cof^tf  rf'xwir  carrière  siiuéa  entre  Haremart  et  Fiiiers^urSemois. 

Sol  végétal 0",4  5 

Marne  grise  allernant  avec  des  grès  assez  durs  qui  se  divisent  en  dalles 
carrées.  Ces  grès  sont  tantôt  gris,  tantôt  verdâtres.  On  les  prendrait 
pour  des  psammites  si  l'on  n'y  rencontrait  des  fossiles  .  .   .  3'",00 

Harne  noire,  schistoïde,  micacée 0*°,75 

Grès 0«,4  0 

Poudingue  du  bone-bed,  formé  de  petita  cailloux  roulés,  quartzeux, 
uoiapardu  grès O^JÔ 

QUATRIÈME  xÉGiON.  —  Fallée  de  la  Sormonne. 

\^  quatrième  ré(^iou  s'étend  depuis  Cliarleville  jusqu'aux  gou- 
rds des  A  rde  unes  et  de  l'Aisne.  Le  lias  iiilérieur  y  a  une  pcirogra- 
pllic  pluf  changeante  et  plus  variable  encore  que  dans  les  autres 
pays,  II  forme  le  contre-fort  du  plateau  paléozoique  et  s'étend  sur 
la  rive  gauche  de  la  Sormonne,  quelquefois  aussi  sur  sa  rive 
droite.  La  disposition  de  ses  assises  révèle  les  circonstances  parti- 
culières qui  ont  préside  à  son  dépôt.  Lorsqu'on  va  de  Charle- 
yille  à  Si^ny-le-Petit  en  suivant  la  limite  méridionale  du  terrain 
ardoisier.  on  voit  toutes  les  zones  du  lias  inférieur  venir  tour  à 
tour  reposer  sur  ce  terrain,  franchissant  les  limites  dans  lesquelles 
1(M  acdiments  antérieurs  avaient  été  formés^  et  enfouissant  ces 
dépôts  sous  leurs  assises.  La  zone  des  Ammonites  anguitUuSf  celle 
dçs^,  bituUatus,  celle  des  Bi:lcmniies  brcvis^  disparaissent  ainsi  les 
yDf!l  aous  les  autres.  Quant  ik  la  zone  des  Jmmonitrs  planorbis^  elle 
(l*90cure  pas  dans  la  quatrième  ré(];ion.  Le  dernier  point  où  on 
U  rencontre  est  Aiglemont.  L'enjambement  des  dépôts  les  plus 
r^ntssur  les  plus  anciens  est  dû  au  changement  de  niveau  des 
o^liiçs  qui,  dans  ces  parages,  ne  cessèrent  pas  de  s*at)aisser  sous  les 
eaux  pendant  toute  la  période  liasique.  Leur  aflaissemei)t,  favo* 
risé  par  les  dislocations  du  plateau  silurien,  fut  beaucoup  plus 
considérable  que  celui  dont  lu  troisième  région  fut  le  thrâtrc  à  la 
même  époque.  Il  se  manifesta  surtout  sur  les  plages  occidentales. 
Il  semble  avoir  eu  pour  charnière  riinineose  cr^YMae  QMÎ  JKrt  de 


372  StAlfCI   DU  6   JANTIBR   1802. 

lit  à  la  Meuse  et  uUonne  du  nord  au  sud  le  continent  paléoaKflque 
de  TArdenne.l 

Zone  des  Ammonites  angulatus. 

La  zone  des  Ammonites  angulatus  repose  sur  le  terrain  ardoi- 
sier.  Elle  n'a  que  2  ou  3  mètres  de  puissance.  On  n'y  trouve  entre 
Belair  (1)  et  Ranwez  qu'un  nombre  d'espèces  fossiles  très  restreint  ; 
dans  ces  parages  elle  consiste  eu  quelques  lits  de  marne  noiiitre 
et  de  calcaire  gréseux  reposant  sur  un  banc  de  grès  br^dioide  ou 
poudinguiforme.  A  Ranwez,  elle  disparaît,  masquée  par  Taflkure- 
inent  des  grès  à  J.  bisuicatus  dont  les  assises  viennent  s'étendre  à 
leur  tour  sur  le  terrain  paléozoique.  A  l'ouest  de  ce  point,  on  ne 
la  retrouve  plus  si  ce  n'est  dans  les  profondeurs  de  la  vallée  de  la 
Sermonne,  où  les  strates  des  zones  supérieures  ont  été  enlevés 
par  les  érosions.  Nous  en  avons  découvert  un  lambeau  à  Rimogne, 
et  un  autre  à  Laval -Morency.  Ces  lambeaux,  dont  la  rocbe  rap- 
])ellc  celle  qu'on  voit  à  Saint-Menge  au  même  niveau  géognosti- 
que,  consistent  en  un  ou  deux  minces  bancs  de  grès  calcareuz 
tendre,  vacuolaire,  gris  ou  blanchâtre,  contenant  quelques  raies 
cailloux  roulés  de  quartz.  Les  fossiles  y  sont  très  abondants,  mais 
presque  toujours  à  l'état  de  moules  ;  quelques-uns  ont  le  test  rem» 
placé  par  du  carbonate  de  chaux  d'un  blanc  mat.  La  plupart 
d'entre  eux  appartiennent  à  la  faune  d'Hettange. 

Zone  des  Ammonites  bisuicatus. 

La  zone  des  Jmmonites  bisuicatus  est  très  puissante  dans  la  val- 
lée de  la  Sormonne.  Elle  n'a  pas  moins  de  60  mètres  d'^iaseur 
à  Warcq.  Entre  Mézières  et  Ranwez,  elle  se  compose  d'une  série 
de  bancs  calcaires  propres  à  la  fabrication  de  la  chaux  hydrauli- 
que, et  de  marnes  bleues  généralement  plastiques;  une  traînée 
à'Ostrea  areuata  couvrant  le  sol  marque  partout  son  affleura 
ment.  On  trouve  dans  ses  strates  des  Ammonites  bisuicatau^  des 
MontUvaltia  Gucttardi,  quelques  acéphales,  des  foraminifîèree  et 
une  multitude  de  petits  gastéropodes  que  Ton  n'aperçoit  à  la  sur- 
face de  la  roche  que  lorsqu'elle  est  décomposée.  A  Ranwex  cette 
zone  devient  gréseuse;  la  carrière  ouverte  au  nord-ouest  de  ce 
village  donne  la  coupe  suivante  : 


(4  )  Il  s'agit  de  Belair  près  de  Charlsvillo. 


NOTB    DE   MM.    TBRQUBH    ET   PIBTTB.  373 

Huit  bancs  de  calcaire  sableux,  grisâtres  ou  bleu&tres  à  Tintérieur, 
jaunes  à  Textérieur,  alternant  avec  des  sables  jaunes.  Le  premier, 
le  troisième  et  le  septième  contiennent  une  faune  très  riche  dans 
laquelle  on  remarque  surtout  des  Cardinies  et  de  petits  gastéropodes. 
On  y  trouve  aussi  des  Ostrea  arcuata 6", 00 

Quatre  bancs  de  calcaire  bleuâtre  sableux  ou  brun  tourbeux,  alternant 
ayec  des  lits  de  marne  bleue,  très  sableuse,  à  Ostrea  arcuata,  3*^,00 

Deux  bancs  de  calcaire  gris  de  fumée,  contenant  des  Àmmo^\ 
nites  angulatusy  alternant  avec  des  marnes  sableuses  .  .  •  (jm  xa 

Grès  contenant  des  fragments  brécholdes  de  quartzites.  •  •  •  (     ' 

Schistes  paléozolques  et  quartzites j 

A  l'ouest  de  Ranwez,  la  zone  des  Ammonites  hisulcatus  déborde 
par-dessus  les  strates  à  A.  angulatus^  et  vient  reposer  directement 
sur  le  terrain  ardoisier.  Ses  premières  assises  contiennent  alors 
quelques  cailloux  roulés.  Elle  se  prolonge  vers  l'ouest  en  conser- 
vant sa  nature  gréseuse,  mais  en  s'amincissant  beaucoup,  et  af- 
fleure à  Rimogne  sur  la  rive  gauche  du  ruisseau,  non  loin  de  la 
grande  fosse.  En  cet  endroit,  ses  bancs  sont  peu  fossilifères,  et  la 
plupart  des  coquilles  qu'on  y  trouve  sont  à  Tétat  d'empreintes. 
On  la  retrouve  au  Châtelet  sur  la  rive  droite  du  ruisseau.  C'est  au 
nord  de  ce  village,  au  lieu  dit  le  Ferru  que  les  strates  à  Belemniies 
brevisj  enjambant  sur  les  assises  â  Ammonites  bisulcatus^  viennent 
reposer  directement  à  leur  tour  sur  le  terrain  de  transition. 

Masqués  sur  les  bords  du  bassin,  les  dépots  à  A.  bisulcatus  ont 
encore  un  trop  grand  développement  pour  ne  pas  apparaître  plus 
au  sud  dans  les  érosions  produites  par  le  cours  de  la  Sormonne. 
On  les  retrouve  en  effet  à  Laval-Morency  sur  les  deux  rives  de  la 
rivière  ;  ils  ont  alors  une  tendance  à  redevenir  marneux  ;  on  les 
eiploite  dans  de  vastes  carrières  pour  en  tirer  de  la  pierre  à  bdtir 
et  de  la  pierre  à  chaux.  Us  sont  peu  coquilliers  ;  ou  y  remarque  de 
grandes  empreintes  vermiculi formes  qui  poun^aient  bien  être 
celles  de  quelques  annélides.  Nous  avons  encore  reconnu  à  Chflly 
-ei  â  Etales  des  lambeaux  de  cette  zone  ;  ik  ont  une  faible  épais- 
•enr  et  sont  formés  de  grès  jaunâtres  ou  gris,  plus  ou  moins  cris- 
tallins, très  peu  coquilliers  ;  à  leur  partie  supérieure  affleure  un 
conglomérat  de  fossiles  bien  conservés.  Ces  lambeaux  sont  situés 
dans  les  anfractuosités  les  plus  profondes  du  terrain  pal^zoïque  ; 
le  plus  occidental  s'étend  jusque  dans  les  environs  de  Maubert.  A 
l'ouest  de  ce  point,  nous  n'avons  trouvé  aucune  trace  de9  sédi- 
ments à  A.  bisulcatus. 


87i  fttANCE    DU    6   iÀNYIIR    1862. 

Zone  des  Deleinnitcs  brevîs. 

La  zone  des  Belemnitrs  brcvh^  peu  épaisse  près  de  Charleville 
{elle  n'a  guère  que  10  mètres  en  cet  endroit],  prend  un  prompt 
développement  à  Touest  de  cette  ville,  et  devient  très  puissante 
dans  Icsenvironsde  Gliilly.  Composée  de  s«nl)les  et  de  calcaires  il- 
blcux  entre  Gliarlcyille  et  Rimo{;ne,  elle  est  peu  coquillîèré  dans 
ces  paraj^es,  et  ne  renferme  que  des  fossiles  d*une  extraction  tiis 
difficile. 

A  Touest  de  Rimo(;ne,  elle  devient  très  fossilifère,  et  présente 
tous  les  caractères  des  dépots  de  rivage;  les  premières  assises  re- 
posant direetcment  sur  le  terrain  paléozoïque  contiennent  des 
cailloux  roulés;  à  chaque  pas  qu'on  fait,  on  voit  sa  pétrograpliie 
se  modifier.  Dans  les  carrières  de  Ferru,  sa  partie  supérieure  est 
formée  de  sables  jaunes  alternant  en  lits  peu  épais  avec  des  bancs 
do  calcaires  sableux,  jaunâtres,  qui  contiennent  des  débris  de  ver- 
tébrés  et  des  gastéropodes,  k  Tétat  de  moules;  sa  partie  Inférieure 
est  une  succession  de  bancs  gréseux  assez  durs,  bleus  à  l'intérieur, 
jaunes  à  la  surface,  qui  ne  sont  en  réalité  que  des  conglomérats  de 
coquilles.  LesCardinies  y  sont  très  abondantes  et  ont  toujours  les 
valves  disjointes  ;  les  Ostrea  arriKitny  sont  remarquablement  rou- 
lées; les  autres  fossiles  y  sont  généralement  dans  nn  état  de  con- 
servation parfaite;  tous  les  bancs  contiennent  des  Brlcniçites 
brei'is. 

On  observe  à  Laval-IVIorency  une  série  d'assises  analogues  ;  mais 
la  formation  y  est  plus  calcareuse  et  commence  à  devenir  ferru- 
gineuse. Les  conglomérats  qui  affleurent  sur  les  bancs  à  JmmO' 
rtitcs  btxulcntus  sont  d*uncx  grande  dureté,  et  on  ne  peut  songer  k 
en  extraire  des  fossiles  si  on  ne  les  voit  tout  dégagés  à  la  surface 
de  la  roche.  Les  calcaires  jaunes  de  la  ])artie  supérieure  contien- 
nent des  oolithes  ferrugineuses;  ils  sont  peu  coquilliers;  nous  y 
avons  cependant  recueilli  des  Dclcmnitvs  Ircvis,  de  grandes  Huîtres 
voisines  de  \Ostrvti  lœv'tusvuln^  des  Pingiostoma  gigantea  et  des 
Harpax  nndulosus , 

A  Chilly  et  à  Etales,  la  zone  des  Brlem/iitcs  brrvis,  déjà  reinar- 
quable  par  sa  puissance,  contient  un  nombre  si  prodigieux  de 
fossiles  faciles  à  extraire  de  la  roche,  qu'elle  mérite  une  description 
particulière. 

Au-dessus  des  grès  cristallins  de  la  zone  à  Ammonites  bisulcattu^ 
affleure  dans  un  calcaire  ferrugineux  et  sableux,  un  conglomérat 
de  coquilles  dont  le  test  est  remplacé  par  du  carbonate  de  chaux 


If  on   D«   MM.    TBEQOBM   ET  PIBTTB.  ft75 

blanchâtre  ;  on   n'y   trouve  que  très  rarement  des    Belemnites 
hrcvis^  et  Ton  peut  le  classer  indinerenimcnt  dans  la  zone  des 
B,  brevis  ou  dans  celle  des  Ammonites  bisulcatits;  il  est  recouvert 
par  d'autres  conp,lomérals  qui  contientient  comme  lui  une  faune 
très  riche;    les  Cardinies  y  ont  toujours  leurs  valves  disjointes 
et  y  sont  représentées  par  un  (;rand  nombre  d'espèces;  les  Pecten 
eahtts  et  beaucoup  d'autres  coquilles  y  sont  très  abondants  et 
très  bien  conservés;  les  Ostrea  arcunta  seules  y  sont  roulées  et 
souvent  méconnaissables ,   tant  elles  sont  usées.   Sur   cet  cob- 
glomérals  sVtend    une    couche   uniquement  formée  d'oolithes 
ferrugineuses,  brunes,  brillantes,  unies  par  un  ciment  calcaréo- 
•iiiceux,  peu  cohérent.  On  trouve  dans  cette  assise  de  nombreux 
débris  de  vertébrés,  des  Ostrea  de  grande  taille,  des  Spirtfer  et 
quelques  autres  fossiles.  CeXit  couche  est  recouverte  par  de  puis- 
sants dépôts  de  marnes  ferruc^ineuses,  tantôt  oolithiques,  tantôt 
Mbleuses,  alternativement  colorées  en  brun  par  Thydrotyde  de 
fer,  et  en  vert  par  le  silicate.  Les  fossiles  y  sont  souvent  remplacés 
par  de  l'argile  verte.  Des  bancs  de  calcaires  ferrugineux,  un  peu 
sableux,  et  des  himachelles  vertes  formées  de  débris  de  coquillts 
affleurent  dans  ces  marnes  et  sont  caractérisées  par  V Ammonites 
ffagenowify  \\i,  Kridion  et  de  grandes  Ostrea,  La  formation  eôt 
couronnée  par  des  calcaires  jaunes,  un  peu  sableux,  qui  deviennent 
gris  et  marneux  dans  les  assises  supérieures.   De  petits  nodules 
allongés  de  marne  ferrugineuse  gisent  dans  la  roche  avec  les  fos- 
siles. On  remarque  des  bancs  à  Plagiostoma  gigantea,  et  des  bancs 
à  Hnrpax  nodt/losas. 

La  zone  des  Belemnites  brevis^  moins  sableuse  à  Etales  qu  à 
Cbilly,  devient  de  plus  en  plus  marneuse  en  se  prolongeant  vers 
l'ouest.  A  Maubert,  ses  assises  supérieures  sont  presque  entière- 
«lenl  forniées  de  marne.  Il  en  est  de  mémo  à  Eteignères.  Elle  se 
pirotonge  sans  cesser  d'être  ferrugineuse,  ni  de  présenter  deé  con- 
glomérats  coquilliers,  jusque  près  de  Signy.  Là,  elle  disparaît  sous 
les  dépôts  du  lias  moyen  qui  sont  bientôt  à  leur  touf  enfouit  sous 
tes  couches  du  lias  supérieur. 

La  grande  quantité  de  fossiles  qu'on  peut  recueillir  à  Chilly, 
et  les  différences  pétrographiques  des  bancs  qui  s'y  succèdent, 
nous  avaieiit  fait  espérer  qu'on  pourrait  peul->étro  établir  quelques 
■idbdîvisions  dans  la  zone  des  'Belemnites  brevis.  Pour  éclaircif  ce 
point,  nous  avons,  dans  une  de  nos  explorations,  recueilli  sépa- 
rémenl  les  fossiles  des  divers  sédiments  qui  la  composent.  Voici  le 
Hésttlttt  que  nous  avons  obtenu  t 


^ 


376  SfiANCK    DU    G    JANVIER    1802. 

Faune  des  calcaires  jaunes  à  nodules  ferru^^ineux^  formant  à  Chillf 
la  partie  super i cure  de  la  zone  des  Bolomnitcs  brevis. 

Belemnites  brevis^  Ammonites  raricostntus,  .4,  KridioNy  Liitorina 
enroua  ta  ^  Cerithium  Qurnetteum,  C.  nov.  sp.,  Lucinn^  Cardita 
Heberti^  Cardinia  copides^  C,  crassiuscula^  C,  lameHosa^  C.  fon- 
cinna^  Gervillia  Marti  ni ,  Prrna  injraliasica^  Lima  dcNtata^  L, 
{^iguntea^  Pevten  calvus^  P.  tcxtorius^  Ostrca  arcuata^  O.  irreguiaris, 
Harpax  Deslongchampsi ;  II.  nodulosus^  Spirijcr  Valcotii^  Dîatiema 
Edwardsiy  Pentacrinus  scalaris^  Montlivaltia  Gucttardi^  Stephano- 
cœnia,  Spongia^  Dentalina  sinuata. 

Faune  des  marnes  ocreuscs  on  vertes ^  des  lumachcUcs  vertes  et  de 
la  couche  à  oolithes  Jcrrugineuses^  jormant  à  Ckilly  la  partie 
moyenne  de  la  zone  des  Belemniteâ  brevis. 

Os  et  palais  de  vertébrés,  Belemnites  brevis^  Ammonites  steliaris, 
A,  Hagenowii^  Littorina  cor  on  a  ta  ^  Turritella  Des/iajresiy  Pltasianella 
liasina^  Orthostoma  turgida^  Tornatella  Buvignieri^  Pleurotomaria 
lens^  Cerithium  nodulnsum^  C.  gratum,  Cardinia  copides^  C,  p/ana^ 
Lima  liasina,  L,  dentata,  Mytilus  liasinus^  Hinnites  lîasinus^  P/ica" 
tula  tuberculosoj  Ostrea  irregularis^  O.  arcuata,  O.  iœviuscttla, 
O.  nov.  sp.,  Spiriferina  pinguis,  S.  IF'alcotii. 

Faune  des  conglomérats  coquilliers  formant  à  Chilly  la  hase  de  la 

zone  à  Belemnites  brevis. 

Belemnites  brevis^  Melania  unicingulata^  Tiirritella  Deshayesi^ 
T,  ZenAeniy  Natica  plicata^  Littorina  nuda,  L .  clathrata^  Trochus 
aruminatuSyCerithium  Terguemi,  C.  Quinetteum^  Neritopsrs^  Cardinia 
injera^  C.  lamellosa^  C.  gibbosn,  C.  elongata^  C.  crassiaseula,  C, 
unioides^  C.  scapha,  C,  Listeri,  Cpiriformis,  C.  Terqiiemi,  Hettangia 
ovata^  Cucidlœa  n.  sp.,  Mytilus  productus^  Lima  punctaia,  L, 
gfguntea,  L,  dentata^  L,  nodulosa,  Avieula  sinemuriensis,  GerviUia 
acuminataj  Pectcn  textorius^  P.  acutiradiatus,  P.  calvus,  Hinnites 
Orbignyanusy  Ostrea  arcuata^  O,  irrr*'ularis^  Harpax  ventrîcosa^ 
Terebratula^  Rhynchonella  variabilis^  Diadema  Edwardsi^  Pentacri- 
nus scalarist  Stephanocœnia  saulensis^  Montlivaltia  poljrmorpha^ 
Synastrœa^  etc. 

Aucun  (les  fossiles  contenus  dans  ces  listes  ne  paraît  particulier 
a  une  |K)rtion  de  la  zone  à  Belemnites  brevis^  si  ce  n'est  peut-être 
Y  Harpax  nodulosus  qu*on  trouve  à  la  partie  supérieure  de  la  foiv 
niation.  Les  autres  gisent  indifTéi*emnient,  soit  a  Gbilly,  soit  ail- 
leurs, dans  toutes  les  assises  que  caractërissent  les  B.  brebis;  U 
plupart  d'entre  eux  appartiennent  mcnie  aux  zones  inférieures. 


NOTE   Bit    MM.    TBRQtBlI    ET   PIKTTB.  377 

Le  gîte  d'Etalés  très  rapproché  de  celui  de  Chilly  en  diffère  par 
le  grand  nombre  de  gastéropodes  qu'on  y  trouve.  Quoi  qu'il  n'y 
ait  autour  du  village  aucune  exploitation  depuis  plusieurs  années, 
il  mérite  encore  d'être  visité  par  les  collectionneurs.  C'est  assuré- 
ment le  gîte  liasicjue  le  plus  riche  des  Ardennes. 

Les  fossiles  d'Etalés  sont  presque  tous  d'une  merveilleuse  con- 
servation ;  il  y  a  cependant  quelques  coquilles  roulées  comme 
cela  arrive  toujours  dans  les  dépôts  de  rivage  ;  mais  de  la  présence 
de  quelques  Ostrea  arcuata  usées  et  arrondies  par  la  vague,  on 
aurait  tort  de  conclure  à  un  remaniement  des  couches  dans  lesquelles 
elles  se  trouvent.  C'est  pourtant  ce  qu'on  a  fait.  La  régularité  des 
dépots,  les  alternances  répétées  de  marnes  et  de  calcaires  gréseux, 
la  conservation  des  ornements  les  plus  délicats  chez  presque  toutes 
les  espèces,  ôteut  toute  vraisemblance  à  cette  hypothèse.  A  Étales 
œmme  à  Rimogne,  à  Laval-Morency,  à  Chilly,  à  Maubert  et  à 
Eteignères,  on  est  en  présence  de  sédiments  normalement  formés, 
mais  de  sédiments  de-rivages;  on  retrouve  les  vestiges  des  falaises 
de  la  mer  ;  on  voit  les  rochers  siluriens  usés  par  l'action  des  flots, 
leurs  écueils  s'élevant  comme  des  îlots  au-dessus  des  couches  lia- 
aiques  qui  les  entourent,  leurs  blocs  énormes  roulés  et  enfouis 
dans  les  strates  à  Belemnites  brevis.  Les  dépôts  se  sont  formés  sur 
la  déclivité  de  plages  en  pente.  Cette  circonstance  peut  faire  croire 
à  une  puissance  qu'ils  n'ont  pas,  ou  à  un  redressement  qui  n'a 
pas  eu  lieu  ;  mais  jamais  strates  n'ont  mieux  indiqué  leur  origine, 
jamais  terrain  n'a  été  moins  propre  à  favoriser  des  théories  qui 
feraient  intervenir  des  circonstances  anormales,  des  bouleverse- 
ments ou  des  remaniements. 

Il  y  a  plusieurs  gîtes  coquilliers  à  Maubert.  Mous  devons  en 
mentionner  un  d'une  manière  particulière  :  c'est  une  couche 
d'hydroxyde  de  fer  qui  s'épanouit  horizontalement  sur  le  terrain 
silurien  à  l'ouest  du  village.  Remplie  de  fragments  bréchoîdes, 
de  roches  paléozoïques,  elle  est  cependant  exploitée  comme  mine- 
rai (1).  Les  fossiles  y  sont  eux-mêmes  à  l'état  de  fer  hydroxydé. 
On  y  remarque  beaucoup  d'empreintes  de  Spirijer  et  quelques 
espèces  de  mollusques  qui  paraissent  particulières  à  ces  parages  ; 
Dousy  avons  recueilli  un  assez  graod  nombre  de  Belemnites  brevls. 
Malgré  la  présence  de  ces  céphalopodes,  quelques  géologues  trom- 
pés par  les  empreintes  de  Spirijer  ont  cru  devoir  rapporter  cette 


(4)  On  trouve  aussi  à  Maubert  une  pareille  couche  de  fer  hydroxydé 
qui  appartient  au  lias  moyen,  malgré  la  présence  des  Belemnites 
bre9is. 


S78  KÉANCB    DU   6    JÀNVIRR    1862. 

couche  au  terrain  (1<^voiiio:i.  l^n  faune  qu'elle  contient  met  leur 
erreur  en  évidence.  On  rcnc-onuv  do  scnd)lal)le8  minerais  sur  Ici 
schistes  siluriens,  nu  nord  de  la  hnndo  formel?  par  le  terrain  lia- 
siqiie,  depuis  Rimop,ne  jusqu'à  Sij',ny-li*-l-Vlit  ;  mais  ils  ne  con- 
tiennent pas  dtr  fossiles;  ils  sont  le  résultat  de  sources  minérales 
qui  parvinrent  an  jour  et  déposèrent  leurs  sédiments  sur  le  littoral 
du  continirnt  à  répoque  où  les  sources  sous-marines  de  Maubert 
étaient  aussi  eu  activité.  Les  fissures  nombreuses  pixxlniteS  dans  les 
roches  palcozoïqucs  lors  de  Téruption  des  quartzites  fournissaient 
aux  eaux  des  milliers  de  conduits  naturels  qu'elles  encroûtaient  de 
Icui-s  dépôts  ferrugineux  et  d*où  elles  s'échappaient  pour  forn^er 
des  ruisseaux  et  s\'<:ouler  dans  la  mer.  C'est  sans  doute  à  ces  ruis- 
seaux, plus  encore  qu'aux  sources  sous- ma  ri  nés,  qu'il  faut  attribuer 
la  production  des  oolithes  et  des  nodules  fernigineux  qni  remplis- 
sent les  couches  liasiques  de  Kiniogne,  du  Tremblois,  deGhilly, 
d'Étalés,  de  iVIaubert,  d'Eteigucres  et  de  Signy- le- Petit  (1). 

COUPES    DIVERSES. 

\a:s  coupes  suivantes  sont  destinées  à  donner  une  idée  de  h 
variété  des  assises  que  présente  le  lias  inférieur  dans  la  quatrième 
région. 

Coupe  prise  entre  ff^arcq  et  Char Ir ville. 

Sables  jaunes  et  calcaire  sableux  à  Belemnitcs  ùrcvis,  Pinna  Bart-' 
rnanni,  Lima  Rtrmanni^  etc.  (sur  le  haut  de  la  cOtô). 

Calcaire  sableux  à  (htrea  arma  ta,  Can/inia  Listen\  etc.,  ot  Ihàfties 
sableuses  (partie  supériouro  do  la  carrière  do  Tivoli). 

Marne  noire  sableuse  à  Ontica  arctuitn,  i^arirtas  nbliqna  (Tivoli). 

Marne  noire  feuilletée  remplie  de  valves  d'entomostracées  au  milieu 
desquelles  gisent  quelques  foraminifères  ;  on  y  trouve  aussi  des 
Jvicula  sincmuriensis^  des  Pla^iostnrna  ^i^antea  el  des  Ostrea 
arcunta  (partie  supérieure  de  la  carrière  de  Warcq). 

Calcaires  bleus  à  Ammonites  bisntcatus  alternant  avec  des  lits  de 
marnes  bleues  remplis  (ÏOstrra  nrcanta  (même  carrière). 

Calcaire  bleu  à  Lin};;tUn  mrtemis  (carrière  de  Tivoli  et  de  Waroq). 

Calcaires  bleus  à  Moatlivaltia   (luettariU  et  marnes  bleues  rempli 
de  valves  d'entomostracées  (mômes  carrières,  près  de  la  Meuse). 


[\)  Les  émissions  Ferrugineuses  qui  eurent  lieu  pendant  la  période 
liasique  ont  probablement  contribué  à  colorer  les  schistes  siluriens  du 
plateau  ardennais,  non  moins  que  celles  qui  se  firent  Jour  pendaat 
l'époque  triasique. 


IfOTI   SI    MM.    TBBQDBM   KT   PIBTTB.  STO 

Coupe  prise  à  Laval-Morency  (voy.  pi.  VIII  bis^  fig.  9). 

Calcaire  sableux  jauDfttre  contenant  des  Belemnites  et  déa  Oiitea 
cymbium. 

Calcaire  marneux  et  sableux,  jaunâtre,  contenant  des  Belemnitesbrevîs 
et  des  Ammonites  Hagrnowii . 

Grès  caloareux  jaune,  assez  dur,  contenant  des  Belemnites  breHé  et 
des  Piagiostoi/ia  gigantea. 

Qrèa  ferrugineux  à  Belemnites  brcvis  et  Harpax  nodulosas. 

Conglomérat  coquillier,  jaunâtre  à  la  surface,  bleu  intérieuremont  ;  on 
y  remarque  :  Belemnites  brevls,  Getvillia  Martini^  Harpax 
Deslongchampsi ^  Cardinia  lamellosn^  Cerithium  Terqttemf^  C. 
gratuinj  Otrtlitn  Heberti,  Cardium  Terquemi,  Hettangia  6vftta^ 
Uinnites  liasinusy  Astarte  ringulala.  A,  trregiilariSy  Ostrea 
arcuota^  Strpula  etalensis^  Sinastrea,  Dentalina  sinaata^  etO; 

Oiicaire  gréseux,  bleu,  compact. 

Marnes  sableuses  contenant  plusieurs  bancs  de  calcaire  sableux,  bleu, 
exploité  pour  pierre  à  bâtir. 

fia  ne  de  calcaire  gréseux  coquillier,  contenant  des  Ostrea  areuatù, 

Marne  sableuse  et  calcaire  gréseux. 

Calcaire  gréseux  coquillier  contenant  des  Ammonites  bisakatus^  des 
Lima  tubercaiata,  des  Natica,  etc. 

Grès  calcareux  gris,  se  délitant  en  plaquettes. 

Calcaire  gréseux,  ferrugineux,  coquillier. 

Grès  calcareux  gris,  se  délitant  en  plaquettes. 

Conglomérat  de  coquilles  fossiles,  au  test  blanc,  parmi  lesquelles  on 
distingue  des  Ammonites  nn^ulatus^  des  polypiers,  des  gastéro- 
podes. La  pâte  gréseuse  qui  les  contient  renferme  aussi  quelques 
cailloux  roulés  quartzeux.  Ce  con^^Iomérat  est  remplacé  sur  la 
rÎTe  droite  de  la  Semois  par  un  grès  blanchâtre,  friable,  plein 
d'empreintes  de  fossiles* 

Sobistes  et  quartzites  paléozolques. 

Coupe  prise  au  nord-est  de  Chilly  (voy.  pi.  VIÎI,  6g.  10). 

Marne  sableuse  et  calcaire  gris  ou  jaunâtre,  un  peu  sableux,  conte- 
nant des  Ostrea  cymbium,  des  Belemnites  et  quelques  autres 
fossiles. 

Marne  sableuse  et  calcaire  gris  ou  jaunâtre,  contenant  des  Belemnites 
hreviSy  deâ  Ammonitei  raricostatus.  des  /Jma  gigantra^  etc. 

Calcaire  marneux,  jaunâtre,  un  peu  sableux,  contenant  quelques  par* 
celles  de  marne  ferrugineuse  roulées  en  nodules  allongés.  On  trouve 
dans  ce  calcaire  diverses  espèces  de  fossiles  parmi  lesquelles  on  dis- 
tingue :  Belemnites  brevis^  Littorina  comnata^  Cerithium  Quinet^ 
teum,  Lima  dentata,  Cnrdita  Heberti^  Pecten  textorius,   Ostrea 

irregularis,    Harpax    Deslongc/tampsiy    Spongia ,  Dentalina 

siniiata^  et  un  grand  nombre  de  Harpax  nodulosus. 


S80  SÉANCE    DU    0   JANVIBR    1862. 

Marnes  ferrugineuses  et  calcaires  sableux  contenant  des  Belemnitts 
brevis^  des  Ammonites  Hagcnotvii^  des  Ostrea  cAUijrensts  et  diven 
autres  fossiles. 

Lumachelle  composée  de  débris  de  coquilles  triturées,  colorées  en  vert 
par  du  silicate  de  fer.  Quelques  oolithes  ferrugineuses  sont  répu- 
dues  dans  la  pftte.  Nous  avons  recueilli  dans  cette  assise  le  Cardinia 
copideSf  le  Pecten  caivus  et  plusieurs  autres  fossiles. 

Bancs  nombreux  de  calcaires  verdfttres  ou  bleus,  contenaDt  de  finci 
oolithes  ferrugineuses  et  alternant  avec  des  lits  de  marne  Terte, 
subschistolde,  tachée  en  brun  par  de  l'hydroxyde  de  fer.  Desfossilas 
assez  nombreux,  mais  peu  apparents,  gisent  dans  ces  asnses.  Leur 
test  est  toujours  encroûté  par  la  pAte  calcaire  ou  argileuse  qui  les 
entoure.  11  est  quelquefois  remplacé  par  de  Targile  verte.  Noos  avons 
recueilli  dans  ces  dépôts  des  Belemnites  brevix^  Jmmonites  Kridion^ 
A^  Hagenoivii^  Cardinia  crassitiscula^  C,  concinna,  C  iameilosa^ 
Ostrea  arcuata  et  O.  chUlyensis, 

Banc  composé  de  fines  oolithes  ferrugineuses,  brunes,  lustrées,  mal 
cimentées  par  du  sable.  On  trouve  dans  cette  assise  de  nombreox 
débris  de  poisson,  des  Belemnites  brevis^  des  Ammonites  Kridûuij 
Spirijer  Valcotii^  Hetlangia  ovata,  Ostrea  arcuata,  et  plasiears 
espèces  de  grandes  Cardinies. 

Lumachelle  formée  de  coquilles  appartenant  aux  espèces  les  plus 
variées,  parmi  lesquelles  les  grandes  Cardinies  sont  les  plas  appa- 
rentes. Les  fossiles  dont  le  test  est  toujours  remplacé  par  de  la 
chaux  carbonatée  sont  réunis  par  un  ciment  de  calcaire  sableas 
très  friable  ;  on  les  extrait  facilement  de  la  roche.  Parmi  eux,  las 
plus  communs  ou  les  plus  remarquables  sont  :  Belemnites  brwis^ 
Aîelania  unicinguiata,  Littorina  clathrata^  Cardinia  inféra^ 
C,  gibbosa,  C.  elongata^  C,  crassiuseuia,  C.  unioides,  C,  teapka^ 
C.  Listen\  C.  piriformis^  C  Terqiiemi,  Hettangia  opota^  Lima 
nodulosa^  Avicitln  sinemuriensis^  Pecten  textorius,  P.  aemiiradia^ 
tus^  P.  caivus j  Hinnitcs  Orbignyanus^  Harpax  Destongchmmpsi^ 
Stcphanocœna  saulensis.  Les  acéphales  ont  toujours  leurs  Talves 
disjointes.  On  remarque  aussi  dans  cette  lumachelle  un  assex  grand 
nombre  d* Ostrea  arcuata  roulées. 

Conglomérat  de  coquilles  parmi  lesquelles  on  retrouve  tous  les  fossiles 
de  la  couche  précédente,  excepté  le  Belemnites  brevis.  Le  carbonate 
de  chaux  cristallisé  qui  remplace  le  test  des  mollusques  est  blan- 
châtre. 

Sables  marneux  jaunes  et  grès  cristallins,  jaunes,  ferrugineux,  aasea 
durs,  affleurant  en  bancs  nombreux  et  contenant  des  cailloux  roulés 
au  contact  du  terrain  paléozolque.  Ces  bancs  représentent  la  lone 
des  ammonites  bisnicatus.  Peut-être  môme  le  poudingue  inférieur 
appartient- il  k  celle  des  A.  angulatus. 

Schistes  siluriens. 


IfOTI   DX  MM.    TIRQUBM   ET   PIBTTB.  881 

Succession  d'une  partie  des  bancs  à  Belemnites  brevis  dans  une 

carrière  située  au  nord^est  de  Chiliy. 

Grès  grisâtre  à  Ostrea  arcuata  et  Belemnites  brevis.   .  •  .  .  0"^,20 

Marne  grise O^^^SO 

Grès  contenant  quelques  Gardinies  et  des  Belemnites  brevis,  .  0"*,60 
Marne  verd&tre  remplie  de  petits  fragments  de  coquilles  .  .  0™,55 
Grès  yerd&tre  contenant  des  oolitbes  ferrugineuses  brunes.  .  .  0"^,4  5 
Marne  jaune,  rubannée  par  des  bandes  ferrugineuses,  contenant  des 
débris  de  coquilles  et  des  Belemnites  brevis^  des  Ammonites  Hage- 

/?o«^// et  de  grandes  Huîtres 0",i5 

Grès  marneux  gris 0°*,30 

Conglomérat  de  coquilles  colorées  en  vert  par  du  silicate  de  fer.  Des 
oolithes  ferrugineuses  sont  répandues  dans  la  p&te.  On  y  trouve  des 

Cardinia  copides^  des  Pccten  calvus^  etc O^^ÎS 

Marne  jaune  sableuse,  à  bandes  ferrugineuses 0"°)20 

Grès  grisfttre  contenant  quelques  oolithes  ferrugineuses.  On  y  trouve 

de  grandes  Gardinies  et  des  P<fc/^/2  calvus Û'JS 

Marne  sableuse  d*un  vert  foncé,  contenant  des  oolithes  ferrugineuses 

et  des  parcelles  de  lignite 0"',4  0 

Grès  jaune  ou  gris  contenant  de  grandes  Gardinies 0'",3I0 

Marnes  ocreuses  avec  lignites  d'hydroxyde  de  fer.  On  y  trouve  des 
Belemnites  brevis^  des  Ammonites  Hagenowii,  des  A,  Kridion  et  de 

grandes  Huîtres 0°*,50 

Grès  verd&tre,  très  marneux,  friable,  en  bancs  lenticulaires,  contenant 

des  oolitbes  brunes  .  . 0^,4  2 

Marnes  jaunes,  contenant  des  oolithes  ferrugineuses,  tachées  par  de 
longues  bandes  d'hydroxyde  de  fer.  On  y  trouve  :  Ammonites 
Kridion^  A,  Hugenowii^  Belemnites  brevis ^  Spirifer  Falcotii  et 

quelques  grandes  Gardinies  et  de  grandes  Huîtres 0",35 

G)nglomérat  verdâtre  ou  jaune  de  coquilles  unies  par  du  calcaire 
sableux,  contenant  de  l'argile  ocreuse  roulée  en  nodules  allongés, 
et  des  oolithes  ferrugineuses  cannabiennes 0",40 

CoUpe  prise  à  Étales, 

Marnes  grises  sableuses,  contenant  des  Ostrea  cymbinm^  des  Belem- 
nites, etc. ,  alternant  avec  des  bancs  peu  épais  de  calcaires  marneux 
et  sableux  d'un  gris  pâle.  (Dans  des  marnières  situées  non  loin  du 
bois,  au  sud  de  la  grande  route  qui  mène  de  Rimogne  à  Maubert.) 

Marne  sableuse  bleue  à  Harpax  nodulosus^  alternant  en  lits  peu  épais 
avec  des  bancs  de  calcaire  jaune  un  peu  sableux,  couvert  de  taches 
ocreuses.  (Dans  les  mêmes  marnières.) 

Marne  sableuse  bleue,  contenant  des  Plicatules,  et  calcaire  bleu, 
ferrugineux,  mélangé  de  sable.  (Dans  les  mômes  marnières.) 

Un  banc  de  grès  calcareux  bleu,  dur,  cassant,  parsemé  de  taches 
fermgineuses;  contenant  des  Pecten  disciJormiSf  des  Ostrea  de 


38Â  SÉANCE    DU    6  JAMTIER    1862. 

de  cette  assise  :  Belemnites  brevis^  Ostrea  arcuata,  Myoctmtka 
scabra,  (Môme  carrière.) 

Coupe  {fune  marnière  au  sud  d*Éteignèrcs^  près  de  la  route  cf^a- 
viliers,  présentant  la  succession  des  assises  supérieures  de  la  zone 
à  Belemnites  brevis. 

Marne  sableuse  jaune,  durcie,  contenant  des  Belemnites  ùrevis  et  dei 
Ostrea   irregularis O",20 

Conglomérat  de  coquilles  plus  ou  moins  brisées  et  de  nodules  ferrugi- 
neux avelinaires,  unis  par  du  calcaire  gréseux,  bleu  dans  l'inté- 
rieur du  banc,  jaune  près  do  sa  surface.  On  y  remarque  un  grand 
nombre  de  Belemnites  ^rmj  et  quelques  Spirifer 0",40 

Marne  bleue  ou  noire,  schistoïde,  contenant  quelques  minces  litsd^ar- 
gile  jaunâtre 0">,60 

Calcaire  bleuâtre,  jaune  près  de  la  surface  du  banc,  contenant  des 
nodules  argileux  ou  ferrugineux,  des  débris  de  coquilles,  des 
Belemnites  brevis^  des  Harpax  nodulosusj  des  Plicatules  et  des 
Spirifer. 0*,40 

Calcaire  violacé  et  marne  jaune  contenant  du  minerai  de  fér,  des 
Cardinies  de  grande  taille,  et  des  ^r/em////<.'.f  ^/*m.v 0",45 

Conglomérat  de  coquilles  colorées  en  vert  par  le  silicate  de  fer.  Des 
nodules  ferrugineux  avelinaires,  et  quelques  noyaux  d'argile 
ocreuse  sont  mêlés  dans  la  pAte  gréseuse  de  la  roche  avec  des  galets 
et  des  blocs  arrondis  de  quartzites  siluriens 0",50 

Schistes  et  quartzites  siluriens. 

Il  résulte  de  ce  que  nous  venons  de  dire  que  le  massif  sableux, 
qui  prend  naissance  à  llettange  et  se  continue  jusqu'à  Romery, 
affleure  encore  dans  toute  l'ctcndue  de  la  quatrième  région.  Com- 
)>osé  à  Gharlcville  des  couches  à  Belemnites  brevis  et  de  celles  k 
Ostrea  cymbiutn^  il  s'incorpore  de  nouveau  la  zone  des  AmmonitûM 
bisulcatus  et  celle  des  A,  angulatus  dans  les  environs  de  Hanwes; 
il  perd  la  zone  des  Ostrea  cymbium  a  Touest  de  Rimogne.  Près  de 
la  frontière  du  département  de  TAisne,  il  disparait  masqué  par 
Tafileurcment  du  lias  moyen. 

La  figure  6,  planche  YIII  bis^  représente  théoriquement^  sans 
tenir  compte  des  épaisseurs,  les  variations  de  limites  des  diverse» 
formations  sableuses  que  nous  avons  décrites. 

il  nous  resterait  à  faire  connaître  la  liste  des  fossiles  que  nous 
avons  recueillLs  dans  chaque  zone  ;  mais  cela  nous  entraînerait  aa 
delà  des  limites  dans  lesquelles  on  a  coutume  de  renfermer  les 
conmiunications  imprimées  dans  le  Bulletin  ;  nous  nous  contente- 
rons d'indiquer  d'une  manière  générale  les  résultats  de  ces  listes. 
'  Nous  avons  recueilli  dans  la  zone  des  Ammonites  planorbit 
64  espèces,  dout  2  céphalopodes,  15  gastéropodes,  36  acéphalesi: 


NOTE    DE    MM.    TERQUBM    ET    PIETTB.  385 

2  Brachiopodes,  i  Annélidc,  2  Ecliinodernes,  1  Cruslacc,  2  Zoo- 
phytcs,  2Amorphozonires,  1  plante.  Parmi  ces  espèces,  7  seulement 
paraissenl  spéciales  à  la  zone;  les  autres  passent  toutes  dans  les 
zones  supérieures.  Les  gîtes  où  nous  avons  recueilli  des  fossiles 
dans  cette  zone  sont  :  Bcaufort,  Gondrevillc,  Helmsingcn,  Wolfs- 
inulil,  Filds<lorf,  Altvirss,  Nautiniont,  Sainl-îMcngc,  Aigleniont, 
Watrinsart,  Villers-sur-Semois,  Metzert,  Jamoigne,  IMartinsart, 
Luxembourg,  Floing,  Orsainfaing,  Reckange.  La  zone  des  Jmwo* 
nitcs  planorbis  est  généralement  trop  atrophiée  pour  que  la  rcclicr- 
clie  des  fossiles  y  présente  de  grandes  facilites.  Dans  les  environs 
d'Orsainfaing,  les  espèces  sont  nombreuses,  mais  assez  mal  conser- 
vées et  d'une  extraction  tellement  difïicile  qu'il  faudrait  séjourner 
quelque  temps    dans  le  pays   pour  y  recueillir  une  collection. 
Toutefois,  il  y  a  lieu  de  penser  que  celte  recherche  ne  serait  pas 
infructueuse.  Ajoutons  que  les  raisons  qui  nous  ont  déterminés  à 
classer  le  grès  de  Watrinsart  dans  la  zone  des  /Jmnionitcs  planorbis 
laissent  subsister  quelques  doutes  sur  son  âge,  et  qu'il  faudra  peut- 
être,  quand  on  aura  réuni  de  nouveaux  éléments  sur  la  question, 
le  reporter  dans  la  zone  des  A.  angulntus. 

Nous  avons  recueilli  dans  la  zone  des  À,  angulntus  3^0  es- 
pèces, dont  7  Verlébrés,  12  Céphalopodes,  119  Gastéropodes, 
130^  Acéphales,  7  Brachiopodcs,  12  Annélides,  3  Bryozoaires, 
10  Echinodermcà  3  Crustacés,  11  Zoophytes,  k  Amorphozoaires, 
il  Foraminifères,  10  plantes.  Parmi  ces  espèces,  53  sont  com- 
munes à  cette  zone  et  a  celle  dca  A,  planorbis;  211,  c'cst-à-dirc  à 
peu  près  les  deux  tiers  des  espèces  que  nous  y  avons  recueillies, 
passent  dans  les  zones  supérieures;  ll/i  n'ont  été  rencontrées  par 
nous  que  dans  la  zone  des  A,  angulatus,  et  paraissent  lui  cire  spé- 
ciales dans  les  pays  que  nous  avons  explorés;  mais,  si  l'on  consulte 
les  ouvrages  de  MM.^Quensledt,  Dunker,  Oppcl,  Martin,  etc.,  on 
reconnaît  que  plusieurs  des  fossiles  que  nous  pourrions  être  tentés 
de  regarder  comme  spéciaux  a  cet  horizon  coquillier,  si  nous  nous 
en  rapportions  à  nos  seules  observations,  gisent  également  dans 
d'antres  xones.  Ceux  qui  ne  rentrent  pas  dans  cette  catégorie  sont 
des  espèces  très  rares  qui  n'ont  encore  été  rencontrées  que  dans  cer- 
tains gîtes,  en  sorte  que  les  espèces  vraiment  caractéristiques  de 
la  zone  à  A.  angulatus  sont  réellement  très  peu  nombreuses. 

Cette  zone  est  celle  que  nous  avons  étudiée  avec  le  plus  de  soin. 
A  chaque  pas  nous  y  avons  rencontré  des  gisements  remarquables 
par  le  nombre,  la  variété  et  la  belle  conservation  des  fossiles.  Les 
principaux  sont  Ilettange,  Jamoigne,  Aiglemont,  Zœtrich,  Char- 
Tille,  Saint-Menge,  Fleigneux.  Metzert,  Floing,  Lottert,  Villers- 
,$^  g»ol,^  8*  série,  tomç  XIX.  iH 


386  8fiANCB    DU    6  JàNVIBE    1862. 

sur-Seiiiois,  Dalhehn.  Liizcriay,  iV]erscli,  RoUin^^cn,  Keispeit, 
Lival-.Moi'cncy,  Rekiii^eii,  Uaiiwcz,  Kiino^nc,  Waliiiisart,  Wolis- 
iimlil,  I^iochette,  Eicli,  Altrier,  Eclitcrnacli,  iMoiidorfy  Filsdorf| 
Sniiipoiit,  Luxeinbour(r,  Angi'Ubeq»,  IJespéiange,  Helmsingen, 
Esdi-sur-AIzettc,  VarainȐvino,  (joiidrevilie. 

Nous  avons  découvert  peu  d'espèces  nouvelles  daus  le  gited'Het- 
tauge,  mais  celui  de  Jauioigne  a  été  pour  nous  robjet  d*uoe  étude 
très  intéressante.  Nous  avons  cru  devoir  comprendre  dans  les  sédi- 
ments à  A,  angulatus  les  calcaires  à  Muntlivaltin  Hnymei   et  les 
premiers  lianes  à  M.  Gtietuirtii^  qui  affleurent  au  pied  de  l'égliie 
de   ce   village.  Le  classement  des  couches  à  M.  Haymai  ne  peut 
soulever  aucune  objection.  Il  n'en  est  pas  de  même  des  premiers 
bancs  à  M,  Gurtrurdr,  dans  lesquels  nous  n'avons  trouvé  aucune 
espèce  d'Ammonites.    L'ensemble  de  la  Faune,  composée  prévue 
tout  entière  de  fossiles  liettangiens,  et  rabsence  des  Ostrea  arcuata 
sont  les  seuls  faits  qui  nous  aient  amenés  .'i  les  classer  de  la  sorte. 
Il  n'est  pas  impossible  que  la  découverte  de  céphalopodes  dans  ces 
parages  oblige  plus  tard  les  géologues  à  rattacher  ces  assises  aux 
dépôts  à  Ammonites  bisutcntus^  mais  s'il  arrivait  qu'il  en  fût  ainsi, 
nous  n'aurions  presque  rien  à  changer  au.\  listes  de  fossiles  que 
nous  avons  dressées.  11  y  a  peu  d'espèces  que  nous  n'ayons  trou- 
vées à  la  fois  dans  les  assises  à  Moritltvaltia  Uaymà  et  dans  la  partie 
inférieure  des  sédiments  à  M,  CurUardi, 

Nous  avons  recueilli  dans  la  zone  des  Ammonites  bisiilcatas 
267  espèces,  dont  U  Vertébrés,  10  Céphalopodes,  62  Gastéropodes, 
107^  Acéphales,  12  Hrachiopodes,  9  An  né  1  ides,  6  Bryozoah'es, 
11  Echinodcrmes,  3  Crustacés,  10  Zouphytes,  5  AmorpliozoaireSi 
19  Foraniinifères,  *6  plantes.  Parmi  ces  espèces,  17/i,  cVst-à-dire 
les  deux  tiers,  gisent  également  dans  les  zones  antérieures,  et  l/^S. 
c'est-à-dire  un  peu  moins  des  deux  tiers,  passent  dans  les  zones 
supérieures.  .')7  paraissent  spéciales  à  la  zone,  mais  la  plupart 
d'entre  elles  sont  très  rares,  nt  gisent  que  dans  certaines  carrières  et 
ne  peuvent  en  aucune  façon  être  considérées  comme  caractéris- 
tiques (les  strates  à  A.  bisuliotus. 

Les  prinrip:tu\  gîtes  que  nous  avons  explorés  daus  cette  zone 
sont  :  Saint  Monge,  Valière-les-.Melz,  Luxcndjourg,  LavaURlo- 
renc^y,  Wanq,  Fleigneux,  Strassen,  Kanwez,  Ronnert,  CiiarlcvUIe, 
Zœtrich.  Floing,  Hettauge,  Rimogne,Peltre,  Etales,  Saul,  Jamoi- 
gne,  Viville,  Chassepierre,  Watrinsarl,  Aiglemout,  Lottert,  Fres- 
noy,  i\letzert,  VaKlbilig,  llespérangC;  Saint-Vincent,  Yance» 
Yarangéviilc,  Steinforl,  Villers-sur-Semois,  J)amouzy,  Saïupont, 
Bousty    Chilly,   Metz,    DisUof,    tiairen,   iMondorf,  Echternach, 


IfOTB    DB    MM.    TBRQUBM    BT    PIBTTB.  387 

nensch,    Muno,    Romery,   jMpzièri\s,   Florenville,    Angelsberg, 
Sainte-Marie,  Puttelange,  Guirscli,  Eisch-sur-Alzette. 

Parmi  les  gîtes  que  nous  citons,  celui  de  Saul  est  un  des  plus 
remarquables  par  le  nombre  et  la  belle  conservation  de  ses  fossiles. 
Nous  n'y  avons  trouvé  aucune  espèce  d'Anuiionite,  en  sorte  que 
son  classement  dans  la  zone  des  A,  bisulcatiu  reste  incertain.  Déjà 
en  décrivant  les  strates  à  Montlivaltia  G//^ /^^/rr// de  Jamoigne,  nous 
avons  fait  remarquer  que  leurs  premiers  bancs  paraissent  ne  pas 
contenir  de  cépbalopodes.  Il  y  a,  à  la  limite  de  la  zone  à  Amwfh' 
nites  angulntus^  et  de  celle  à  A.  bisulcatiis^  Un  borizon  dans  lequel 
les  coquilles  appartenant  à  cette  classe  sont  extrêmement  rares. 
C*està  cet  borizon  qu'appartient  le  gîte  de  Saul.  Sa  faune  ressem- 
ble à  celle  d*Het(ange.   Les  fossiles  y  sont  pétrifiés  de  la  même 
façon  que  dans  les  carrières  de  ce  village,  et  nous  aurions  été  très 
embarrassés  pour  fixer  sa  place  dans  la  série  des  dépôts,  si  nous 
n'y  avions  trouvé  des  Gryphéos  arquées,  (les  Huîtres,  compagnes 
constantes  des  A,  bisulcatus^  y  gisent  en  assez  grande  quantité; 
avec  elles  sont  de  nombreux  polypiers  et  des  milliers  d'Encrines 
k  cassure  spathique,  dont  les  débris  donnent  à  la  rocbe  un  cacliet 
qui  lui  est  commun  avec  les  grès  à  Ostrea  arcuata  de  la  Belgique.  La 
présence  des  O.  arcuata  et  la  grande  abondance  des  Encrines  nous 
ont  paru  justifier  suffisamment  le  classement  que  nous  faisons. 
Cependant  nous  nous  sommes  demandé  si  les  O,  arcuata  ont  été 
certainement  contemporaines  des  fossiles  au  milieu  desquels  on 
les  trouve  en  cet  endroit.  Le  sable    déposé  à  l'époque  des  Am- 
monites angulattis  ne  peut -il  pas  être  resté  sans  cobésion  jusqu'à 
l'éclosion  des  A.  bisulcatas  et  avoir  été  bouleversé  alors;  n'est-ce 
pas  par  un  remaniement  que  les  Ostrea  arcuata  y  ont  été  intro- 
duites? Pour  éclairer  cette  question  nous  avons  étudié  ce  gîte 
d*une  manière  spéciale. 

Saul  est  un  village  situé  au  bas  d'une  colline  de  grès  couron- 
née par  des  calcaires  à  Ammonites  bi  su' va  tus.  A  ses  pieds  coule 
un  ruisseau  dans  une  vallée  formée  de  marnes  keupériennes.  En 
suivant  la  nouvelle  route  qui,  de  ce  village,  mène  à  Tuntange,  on 
Toit  dans  l'escarpement  des  talus  un  premier  banc  coquillier  qui 
appartient  évidemment  à  la  zone  des  A.  angulatusj  puis  à  un 
niveau  supérieur,  presque  au  sortir  du  bois,  deux  autres  coucbes 
fossilifères,  très  rapprochées  l'une  de  l'autre,  d'où  proviennent 
les  fossiles  que  nous  avons  recueillis.  Ces  deux  assises  révèlent 
une  assez  grande  agitation  des  eaux  dans  ces  parages  au  mo- 
ment de  leur  dépôt.  Quelques  gastéropodes  y  sont  roulés  et 
brisés;  les  acéphales  j  ont  presque  tous  leurs  valves  désunies* 


388  SÉÀIICB    DO    0   JAlfVIBR    1802. 

Avec  les  coquilles  gisent  ries  nodules  ovoïdes  et  aplatit,  qa'a 
prendrait  pour  des  galets,  si  leur  coupe,  lorsqii^on  les  a  briiés, 
ne  laissait  voir  une  série  de  zones  concentriques  altemative- 
nient  grises  ou  ferrugineuses,  entourant  un  noyau  central  autour 
duquel  le  sable  s'est  aggUuiné.  11  est  évident  qu'au  tempa  oùib 
se  sont  formés  ils  ont  été  ballolés,  tantôt  sur  des  plagea  où  iov- 
daient  des  sources  ferrugineuses,  tantôt  sur  des  fonds  où  auon 
principe  étranger  ne  modifiait  Tétat  habituel  de  la  mer.  Mais  kl 
sources  ferrugineuses  ne  paraissent  s'être  épancLces  dans  le  golfe 
de  Luxembourg  que  postérieurement  au  temps  oîi  y  ▼iraient  kt 
J,  annula  tus.  Les  premières  traces  que  nous  en  ayons  trouvéei 
dans  ce  pays  coïncident  précisément  avec  Textinction  de  ces  Am- 
monites et  se  rattachent  à  la  perturbation  qui  produisit  raflfai«e-> 
ment  du  banc  de  sable  d'IIettange.  Ce  sont  les  minces  d^ls 
ocreux  sur  lesquels  reposent,  à  Huust  et  à  Dalhcim,  les  marnes  â 
Ostrea  arcuata.  Il  est  vraisemblable  que  c*cst  aux  troubles  qui 
fireul  naître  les  sources  minérales,  qu'il  faut  attribuer  la  formatico 
des  ovoïdes  de  Saul.  Ces  divers  faits  sont  les  indices  certains  d'une 
période  d'agitation  dans  les  eaux  qui  ont  déposé  les  couclies 
coquillièrcs  dont  nous  cherchons  à  fixer  Ti^ge.  Mais  prouvent-ili 
d'une  manière  péremptoire  qu'il  y  ait  en  un  remaniement?  Pet' 
sonne  ne  peut  répondre  aflirmativement.  Or,  pour  admettre  un 
fait  contraire  à  l'ordre  habituel  des  choses,  il  faut  des  preofei 
évidentes.  La  plupart  dus  fossiles  de  Saul  sont  parfaitement  con- 
servés. Ce  n'est  pas  d'à  il!  ours  le  seul  gîte  où  il  y  ait  quelques  gas- 
téropodes brisés  et  des  acéphales  aux  valvrs  désunies.  Il  en  est 
ainsi  dans  presque  tous  ceux  du  Luxembourg.  A-t-on  jamais  en 
pour  cela  l'idée  de  prétendre  qu'ils  aient  subi  un  remaniement? 
Les  ovoïdes  de  grès  ferrugineux,  loin  de  prouver  en  faveur  d'une 
pareille  hypothèse,  sont  un  lien  de  plus  qui  rattache  ces  assises  â 
la  zone  des  Ammonites  bisnlrntuf.  Kn  cfiet,  cette  zone  et  celle  des 
Belcmnitcs  brevis  sont  remplies,  dans  la  Belgique,  de  ces  sortes  de 
nodules,  précurseurs  des  ovoïdes  calcareux  du  lias  moyen.  Con- 
cluons donc,  sans  nier  la  possibilité  d'un  remaniement,  que  ee 
fait  anomal  n'est  pas  suffisamment  établi,  et  que,  tant  qtroo 
n'aura  pas  ajouté  aux  indices  que  nous  avons  recueillis  des  preuves 
plus  positives,  le  gîte  de  Saul  devra  rester  classé  dans  la  sone  oi 
nous  l'avons  mis. 

Nous  avons  recueilli  dans  la  zone  des  Belemnitcs  brevis  233  espè* 
ces,  dont  5  Vertébrés,  10  Céphalopodes,  70  (gastéropodes.  1 02  Acé- 
phales, 15  Urachippodes,  3  Annélides,  1  Bryozoairc,  7  Echinoder« 

{nes^^SÇrustac^,  12Zooph]fte8|  2  ^uiorphuzoaire9,  t  Foraininif^rei 


NOTK    DE    MU.    TERQU8M    ET    PIETTE.  389 

2  plantes.  Les  principaux  gîles  que  nous  y  avons  explores  sont  : 
Étale,  Cliilly,  IUnio(5ne,  Iloniery,  Flaubert,  Cliasscpicne,  Etei- 
gnèiTS,  Laval-xMorcncy,  Vance,  Jlcrbeniont,  Etlie,  Daniouzy, 
Virton,  Grau^je-aux-Hois,  Stockem,  Zœtricli,  Limes,  Florenville, 
AIuuo,  Mcsscnipré,  Hcspéraiijjc,  Sedan,  Fagny,  Claire-Fontaine, 
Bonnerty  Saint-Lcjjer,  Pierre-Fontaine,  Rollin(;en,  Reckin(5en, 
RdDwez,  la  Sauterie,  la  Papeterie,  Orval,  Fouclies,  Charleville, 
Lînt^cn,  Alézières,  Arlon.  Parmi  les  espèces  recueillies  dans  ces 
divers  (;îtes,  167,  c'est-à-dire  les  trois  quarts,  gisent  également 
dans  les  zones  précédentes;  65  paraissent  spéciales  à  la  zone. 

De  l'étude  des  diverses  faunes  dont  nous  venons  de  faire  men- 
tion ressort  cet  enseignement,  que  chaque  zone  a  ses  fossiles  par- 
ticuliers qui  lui  donnent  son  cachet,  mais  que  toutes  sont  ratta- 
chées les  unes  aux  autres  par  un  ensemble  d'espèces  que  l'on 
retrouve  dans  chacune  d'elles.  Le  nombre  des  fossiles  communs 
aux  divers  horizons  coquilliers  est  beaucoup  plus  grand  que  celui 
des  espèces  qui  les  caractérisent. 

On  peut  aussi  remarquer  que  les  quatre  zones  du  lias  inférieur 
.  se  groupent  deux  par  deux,  et  que  les  sédiments  à  Jmmnnites 
bisulctUus  ont  une  parenté  évidente  avec  les  couches  à  Bclcmnites 
brcvisy  tandis  que  les  assises  à  Ammonites  an^itlatus  ont  les  rap- 
ports les  plus  étroits  avec  les  dépôts  à  /i.  planorhis.  C'est  ce  qui  jus- 
tifie la  division  du  lias  en  strates  à  Ostrca  arcuata  et  strates  sans 
O.  arcuata,  La  démarcation  entre  ces  deux  subdivisions  est  si  net- 
tement tranchée  dans  la  plupart  des  pays  que  beaucoup  de  savants 
eu  ont  fait  des  étagesdiffércnts,  et  sont  disposés  à  expliquer  la  rencon- 
tre d'une  grande  quantité  de  fossiles  communs  à  ces  deux  horizons 
géologiques  par  des  remaniements.  Nons  avons  fait  justice  de  ces 
hypothèses  créées  pour  sauvegarder  des  théories  démenties  par  la 
nature  des  choses.  Il  ressort  avec  évidence  des  éludes  auxquelles 
nous  nous  sommes  livrés,  qu'une  faune  nombreuse,  représentant 
une  des  phases  de  la  vie  animale  à  la  surface  de  la  terre,  a  éclos 
dans  les  mers  a])rè3  la  perturbation  qui  a  mis  fin  à  l'ère  triasiquc, 
qu'elle  s'est  perpétuée  sans  se  modifier  pendant  toute  l'époque  du 
lias  inférieur,  et  que  ses  débris  enfouis  dans  les  quatre  zones  de 
ce  terrain  les  lient  indissolublement  les  unes  aux  autres.  Aussi^  les 
avons-nous  placées  toutes  quatre  dans  un  seul  étnge  à  l'exemple 
d'Alc.  d'Orbigny.  Ne  cherchons  pas  dans  des  phénomènes  anor- 
maux la  raison  de  faits  positifs  dont  il  est  très  facile  d'ailleurs  de 
trouver  l'explication;  la  mer,  qui  s'étendait  des  côtes  de  la  Bre- 
tagne aux  falaises  de  l'Ardennc  et  du  massif  volcanique  de  la 
France  centrale  aux  rochers  de  la  Grande-Brctague,  déposait,  à 


300  SÉANCE    DU    6    JANVIER    1862. 

répoquc  OÙ  vivaient  If  s  Ammonites  an^alatus^  du  sable  sur  preiqK 
toutes  ses  côtes,  et  la  faiiiu*  qui  acconipa^; liait  ces  ÂinmODita 
prospérait  et  pullulait  sur  les  fonds  arénaeés.  Quand  appanirenl 
les  Ostrea  arcuata^  il  y  eut  un  chan^];enient  dans  la  naiure  dfi 
sédiments.  La  nier  apporta  de  la  vase  sur  presque  tous  les  poiDts. 
Ce  fut  le  signal  de  la  disparition  îles  Ammonites  angutatits  et  de 
quelques  autres  espèces.  Les  rares  plages  où  les  fonds  demeu- 
rèrent sableux  furent  les  seules  qui  présentèrent  encore  aux  uiol* 
lusques  conieniporains  de  ces  céphalopodes  des  conditions  favo- 
rables d'existence,  et  ce  fut  là  seulement  qu'ils  contînuèrenlà  se 
propager.  Les  eaux  du  l^uxenibourg,  de  la  Belgique  et  des  Ardennei 
furent  de  celles  qui,  par  exception,  dépost'rent  du  sable,  au  teiupi 
des  j4.  bistticatus  et  des  Bclemnitrs  itrtfîK,  Dès  lors,  il  n'y  a  rien 
d'élonnant  à  trouver,  dans  les  strates  qu'elles  formèrent  alors,  lei 
restes  de  ces  espèces  nond)reuses  disparues  déjà  sur  la  plus  graode 
étendue  des  côtes  du  bassin  parisien. 

Résumé, 

Des  faits  que  nous  avons  énumérés  dans  cette  note  résultent 
les  conclusions  suivantes  : 

1°  Le  bone-bed  ne  fait  pas  partie  du  lias. 

C'est  un  étage  distinct  des  marnes  irisées. 

Il  mérite  une  place  à  part  dans  la  formation  trîasîque,  et  doit 
être  intercalé  entre  réta{;e  .salii'érien  et  l'étage  sînémurien. 

Le  grès  de  Varangéville  et  celui  do  Kédange  sont  du  bone-bed. 
Les  assises  inférieures  du  grès  de  iMartinsart  en  sont  également; 
ses  assises  su]>érienres  sont  basiques. 

Li!  i)one-bed  est  en  discordance  de  stratification  avec  le  lias. 

2°  Le  lias  inférieur  est  (Mr;tctérisé  par  un  ensemble  de  fossiles 
qu'on  retrouve  dans  tontes  ses  assises.  Il  contient  quatre  zones  oo- 
quillières  dont  ehaenne  renferme  des  espèces  particulières.  Ces 
zones  sont  les  suivantes  : 

Strates  h  Brlemnitcs  brevis. 
Strates  à  Ammonites  Insulcntus. 
Strates  à  Ammonites  angitlatus. 
Strates  à  Ammonites  planorbis, 

3^  Les  strates  à  Ammonites  planorbis  et  à  //.  angtilatus  ne  ren- 
ferment pas  i\!Ostren  tircuata.  Ou  les  désigne  quelquefois  sous  It 
nom  d' infra-lias. 

Les  strates  à  Ammo'^ites  bisuicanis  et  à  Belcmnites  brms  oon* 


NOTB    DE    MM.    TKEQUEM   BT   PIBTTB.  %9l 

tiennent  beaucoup  d'Ostn-a  arcuata.  Ils  foriuenl  le  lias  à  Grypliées 
arquées. 

L'infia-lias,  si,  par  ce  mot,  ou  entend  la  réunion  des  zones  à 
Ammonites planoihis  et  à  A.  nn^nlntuxy  ne  constitue  pas  un  étage 
(géologique,  mais  seulement  une  subdivision  du  lias  inférieur.  11 
en  est  autrement,  si,  sous  ce  nom.  on  désigne  toutes  les  couches 
inférieures  aux  bancs  à  Ostna  cym' ium  (1). 

k^  Chacune  des  quatre  zones  qui  composent  le  lias  inférieur 
présente  deux  sortes  de  sédiments  contemporains,  des  grès  et  des 
marnée. 

La  faune  des  grès  diifère  souvent  de  celle  des  marnes  dont  ils 
sont  synchroniques  par  la  raison  que  les  espèces  qui  se  plaisent 
dans  le  sable  ne  sont  pas  les  mêmes  que  celtes  qui  se  plaisent  dans 
la  vase. 

5*  On  peut  diviser,  d'après  la  pétrographie  et  le  développement 
des  diverses  zones,  le  lias  inférieur  du  pays  qui  s'étend  entre  les 
confins  de  la  Meurthe  et  ceux  de  l'Aisne  en  quatre  régions  prin- 
cipales. 

La  première  région  se  compose  du  bassin  de  la  Meurthe  et  de 
la  vallée  de  la  Moselle.  La  formation  du  lias  inférieur  y  est  tout 
entière  à  Tétat  marneux.  La  zone  des  Ammonites  piannrbis  et  celle 
des  J.  angulatus  y  sont  remarquablement  atrophiées.  La  zone  des 
Belemnitrs  brcvis  est  peu  épaisse  ;  celle  des  Ammonites  bisulcatus  a 
un  immense  développement. 

La  deuxième  région  occupe  la  place  d'un  vaste  golfe.  Elle  com- 
prend les  vallées  de  l'Alzeite,  de  TAttert,  de  la  Manier,  des  deux 
Ercntz.  La  zone  des  A.  piannrbis  y  afïleure  à  l'état  marneux  ;  elle 
y  est  plus  puissante  que  dans  aucun  des  autres  pays  que  nous 
avons  étudiés;  la  zone  des  A.  nnf^ulatfix  y  a  un  développement 
considérable  ;  elle  rst  représentée  par  un  grès  dans  la  partie  orien- 
tale du  golfe,  par  un  grès  et  par  une  marne  dans  sa  partie  occi- 
dentale. Les  strates  à  A.  bisulcatus,  quoique  assez  épais,  sont  relati- 
vement moins  développés;  ils  sont  constitués  par  des  (;rès  et  par 
des  marnes.  La  zone  des  Belemniies  hrevis  est  marneuse  et  contient 
quelques  îlots  sableux.  Sa  puissance,  sans  être  très  grande,  est  plus 
considérable  à  l'entrée  du  golfe  qu'elle  ne  l'est  dans  le  départe- 
ment de  la  iMoselle. 

La  troisième  région  se  compose  des  vallées  de  la  Semois,  de  la 
Chiers  et  de  la  Meuse.  La  zone  des  Ammonites  pUmnrhis  y  est 


(4)  C'est  ce  dernier  sods  que  nous  avons  attribué  à  co  mot  quand 
nous  avons  donné  à  certaines  espèces  Tépithète  inira-liasicus. 


302  SÉANCE   DU    6   JAMYIBR   1862. 

grëseusc  et  atrophiée;  celle  des  A,  angulatiiSj  tantôt  sabkuK, 
tantôt  marneuse,  y  est  beaucoup  moins  puissante  que  ilnm  k 
Luxembourg;  celle  des  J.  ùi.utlcaius,  composée  de  calcaires  et  de 
grès  calcareux,  n'n  pas  un  grand  développement,  surtout  dans  II 
vallée  de  la  Semois;  celle  des  Bclc/nnites  bretùs^  entièrement 
sableuse,  acquiert  dans  les  environs  de  Florenvillc  et  de  Sedan  • 
son  maximum  de  puissance. 

La  quatrième  région  s*étcnd  dans  la  vallée  de  la  Sormonne. 

Elle  présente  dans  l'espace  de  quelques  kilomètres  les  variations 

d'épaisseur  et  de  pétrographie  les  plus  remarquables.  On  y  voit 

les  divers  horizons  coquilliers   disparaître  tour  à  tour,  masqués 

sous  raflleurcment  des  plus  récents  qui,  enjambant  les  uns  sur 

les  autres,  viennent  reposer  directement  sur  le  terrain  silurien. 

La  zone  des  /immonitcs  planorbia  n'apparaît  pas  dans  cette  région; 

le  dernier  point  où  on  la  rencontre  est  Âiglemout.  La  zone  des 

A.  (in*;ulntus  est  très  atrophiée  ;  formée  de  bancs  calcaires  etd*UD 

poudingue  entre  Cliarlevillc  et  Kimogne,  elle  devient  gréseuse  et 

très  coquillièrc  à  l'ouest  de  ce  village,  puis  disparait  entre  Laval- 

iMorency  et  Chili  y.  La  zone  dts  A.  bisulcatus^  non  moins  calca- 

reuse  ni  moins  puissante  à  Warcq  que  dans  la  Aloselle,  se  charge 

de  sable  cl  perd  en  épaisseur  à  l'ouest  de  Ranwez  ;  elle  disparait 

entre  Etales  et  iMaubert.  Les  strates  à  Hclemnites  brcvis^  peu  épaisses 

dans  les  environs  de  Cliarlevillc,  s'y  ])résenlent  à  l'état  de  calcaires 

gréseux  ;  ceux-ci  prennent  un  grand  développement  et  deviennent 

très  ferru|);ineux  et  très  fossilifères  à  l'ouest  de  Riniogne;  leurs 

assises  inférieures  disparaissent  ù  Maubert  ;  leurs  assises  supérieures, 

dans  les  environs  d'Eteignères. 

6°  Les  grès  de  Luxembourg  sont  composés  d'assises  à  Ammonites 
an^tilatus^  de  couches  à  A,  bisitlcatns  et  des  bancs  à  Belemnites 
brcvis;  on  ue  peut  donc  les  considérer  comme  infra-liasiques  dans 
leur  intégrité,  si  le  mot  infra-liasique  veut  dire  inférieur  aux  Grj- 
phées  arquées;  ils  forment  avec  les  calcaires  sableux  de  la  Belgique 
et  dos  Ardennes  un  massif  unique  qu'on  peut  décomposer  en  tron- 
çons de  dilTércnts  âges  soudés  par  leurs  bouts.  L'extrémité  orientale 
de  ce  massif  afileurc  à  Jlettange. 

Le  grès  d'ilettangc  est  constitué  par  la  zone  des  Ammoniiei 
arii;ulatus  et  celle  des  A,  bis  nient  us. 

Les  grès  d'Arlon,  de  Breux,  de  Florcn ville,  de  Romery,  de 

Rimogne  appartiennent  au  même  massif  que  ceux  de  Luxeuiboorg 

et  d'Hettange,  quoiqu'ils  représentent  des  âges  de  la  terre  fort 

différents. 

Le  grès  d'Arlon  doit  être  rapporté  aux  zoues  des  A,  anguiattu 


NOTB    DE    MU.    TERQUBH    ET    PIBTTE.  393 

et  des  s4,  blsulcntus  ;  nous  n'y  comprenons  ni  les  îlots  sableux  de 
la  marne  à  Brlemnitcs  bn.vis,  ni  les  sables  ferrugineux  de  la  zone 
à  Ostrea  cymbium  qui  aillcurent  à  la  huile  des  Capucins. 

Le  (][rès  de  Breux  apparlient  à  la  partie  la  plus  supérieure  du 
massif,  c'est-à-dire  à  la  zone  des  Ostrea  cymbium. 

Le  grès  de  Florenville  contient  des  strates  à  Ammonites  bisul^ 
catus^  des  couches  à  Bclcmnitcs  brci'is  et  des  assises  à  Ostrea  cym^ 
bium. 

Le  grès  de  Rimogne  réunit  ù  la  fois  la  zone  des  Ammonites  an- 
gulattis,  celle  des  A,  bisulcatus^  celle  des  Bclcmnitcs  brcvis  et  celle 
des  Ostrea  cymbium, 

V  JiC  massif  constitué  par  les  grès  d'Jletlange,  de  Luxembourg, 
d'Arlon,  de  Florenville,  de  Breux,  de  Romery,  de  Rimogne,  est 
très  différent  d'un  autre  massif  gréseux  qui  se  soude  au  bonc-bed 
près  de  Martinsart.  Celui-ci,  composé  seulement  des  bancs  cor- 
respondant aux  marnes  rouges  et  à  la  zone  des  Ammonites  pla^ 
norbis  dans  les  environs  de  Jamoigne,  s'incorpore  une  partie  des 
assises  à  A.  an^ulatus  à  Watrinsart  et  à  Saint-Menge  ;  il  les 
absorbe  presque  toutes  à  Aiglemont  et  au  Boisinval.  Les  grès 
d'Aiglemont  et  de  Saint-Menge  appartiennent  donc  aux  zones 
des  A,  nnguifitux  et  des  A.  planorbis.  Le  massif  auquel  ils  appar- 
tiennent se  soude  par  son  extrémité  occidentale,  dans  les  environs 
de  Ranwez,  au  massif  des  grès  d'Hettange,  de  Breux,  de  Romery. 

8°  Une  vaste  formation  marneuse  composée  de  tronçons  de 
différents  âges,  réunis  par  leurs  extrémités,  sépare  ces  deux 
massif  gréseux.  Elle  a  été  désignée  sous  les  noms  de  marnes  de 
Distrof.  d'JIelmsingen,  de  Jamoigne  et  de  Warq.  La  marne  de 
Distrof  appartient  aux  zones  des  A.  planorbis,  des  A,  ariguiatiu, 
des  A.  bisulcatus  et  des  Bclcmnitcx  brcvis.  Elle  se  relie  par  ses 
assises  supérieures  à  la  marne  de  Strasscn  dont  les  couches  formées 
de  bancs  à  Ammonites  bisulcatus  et  à  Bclcmnitcs  brcvis  se  changent 
en  grès  près  d*Arlon  et  par  ses  assises  inférieures  à  la  marne 
d'Helmsingen  qui  n'est  composée  que  de  marnes  rouges  et  de 
couches  à  Ammonites  planorbis.  La  marne  de  Jamoigne  qui  ap- 
partient au  même  massif  que  celle  d'Helmsingen  n'a  rien  de  com- 
mun avec  elle;  elle  renferme  de  nombreuses  assises  à  A.  angulatus 
et  quelques  bancs  à  Ostrea  arcunta.  Sa  partie  supérieure  corres- 
pond a  la  partie  inférieure  des  marnes  de  Strassen.  Le  calcaire  de 
Warcq  ne  contient  que  des  bancs  à  Ammonites  bisulcatus, 

9*  La  région  du  Luxembourg  présente  les  traces  de  perturba- 
tîoDS  peu  considérables  et  de  lentes  oscillations  qui  ont  eu  lieu 
jpendaDt  le  dépôt  du  lias  inférieur.  On  y  remarque  des  baocs  i 


39A  SÉANCE    DU    6    JANVIER    1862. 

lithopha[;e.s,  de  petits  amas  de  cailloux  roulés,  de  minces  couchei 
de  [;iL>s  feri'u^jineu.x,  des  noJiilcs  de  (^ivs  à  couches  coiiccnlriques 
feiTu;;incuses,  des  };alets  crihlés  do  trous  par  les  Saxicaves.  Les 
nrcpliales  y  ont,  la  plupart  du  temps,  les  valves  désunies. 

10''  Cette  ré^jiou  a,  en  outre,  été  le  théâtre  de  bouleversemeuli 
plus  récents  qui  ont  plissé  et  (issu ré  le  sol.  La  direction  des  failles 
est  de  S.  35"  O.  à  N.  35"  K 

Le  lias  de  la  IMoselle  et  celui  de  la  Belgique  présentent  aussi 
quelques  failles;  mais  les  dépôts  paraissent  s*y  être  formés  d'une 
manière  plus  tranquille.  Ccpeudant  la  zone  à  Bctemnites  brevft  de 
la  troisième  région  renferme  Avs  nodules  à  couches  ferrugi- 
neuses concentriques;  on  y  voit  aussi  de  minces  lits  ferrugineux^ 
et  les  acéphales  qu'elle  renferme  ont  presque  toujours  leurs  ralves 
désunies. 

La  région  de  la  Sormonne  est  très  ferrugineuse.  La  présence 
du  fer  y  est  due  à  des  sources  minérales  dont  Tâge  remonte  au 
lias  inférieur.  Les  acéphales  y  ont  souvent  leurs  valves  séparées, 
surtout  dans  la  zone  des  Belemnites  hrcvis, 

11°  Pendant  toute  la  période  liasique  le  continent  des  Ar- 
dennes  ne  cessa  pas  de  s^alfaisser  lentement  sous  les  eaux  du  c6té 
de  l'ouest,  tandis  que  ses  côtes  se  relevaient  à  l'est.  Ce  mouve- 
ment de  bascule  qui  parait  avoir  eu  sa  charnière  dans  les  environs 
de  Janioigne  a  été  favi)risé  p.ir  les  failles  du  plateau  palcozoïque, 
et  notamment  par  rimmensc  crevasse  qui  le  sillonne  du  nord  au 
sud,  près  de  iVlézières,  et  sert  de  lit  à  la  iVleuse. 

M.  Desbayos,  en  offrant  i\  la  Soci^*të  de  la  part  de  M.  de 
Binkhorst  sa  Monographie  f/es  Gnstvropofles  et  des  Ciphalo^ 
podes  de  lu  craie  supérieure  du  Limbourg^  présente  les  Consi- 
dérations suivantes  : 

lorsque  des  travaux  longtemps  continués  viennent  doter  la 
science  paléontologique  de  documents  nouveaux  et  importantSy 
lorsqu'ils  sont  destinés  à  combler  de  regrettables  lacunes,  lors- 
que enfin  ils  répandent  de  nouvelles  lumières  sur  des  questions  en- 
core controversi'es,  ils  doivent  être  accueillis  avce  empressement; 
on  doit  même  des  remerciments  à  ceux  qui  les  ont  entrepris. 

Parmi  les  personnes  qui  se  livrent  aux  recherches  paléonto- 
logiques,  plusieurs  s'attachent  de  préférence  à  Pélude  des  couches 
qui,  placées  entre  les  grandes  formations,  semblent  destinées,  par 
leur  position  même,  à  contenir  des  espèces  transitoires  propres  A 
établir  des  liens  entre  des  époques  que  l'on  aurait  pu  croire  Gom- 


NOTB    DE   M.    DESHATE8.  395 

plétenient  sc^paiécs.  Cette  préoccupation  s'est  manifestée  rëceni- 
nient  par  le  travail  de  notre  colli';;iic  M.  IMartin,  sur  Vinfra-Uasy 
par  ceux  que  Ton  prépare  sur  les  couc^hes  à  Avicula  conforta^  par 
le  beau  travail  de  M.  Geinilz,  intilulc  Dyiis ;  enfin  il  existe  aussi  à 
la  partie  supérieure  de  la  craie  des  coucliescpte  l'on  a  considérées 
connue  interniéiliaires  au  terrain  tertiaire  inférieur,  et  que  notre 
savant  collègue  îM.  de  Rinkliorst  a  prises  depuis  bien  des  années 
pour  le  sujet  de  ses  investi^^ations. 

Jusqu'ici  la  faune  de  la  craie  supérieure  est  restée  très  pauvre; 
aussi  il  était  très  difficile  d'établir  d'uDC  manière  définitive  ses 
rapports,  non  avec  les  couches  crétacées  sous-jacentcs,  puisque  des 
espèces  communes  y  sont  depuis  lon^^temps  conimcs,  mais  avec  les 
terrains  tertiaires  inférieurs,  parce  que  cette  pauvreté  relative  lais- 
sait trop  à  Timprévu.  On  se  trouvait,  en  effet,  en  présence  de  deux 
faunes  à  comparer,  dont  Tune  est  relativement  à  l'autre  d'une 
excessive  richesse.  Longtemps  ce  fait  a  été  accepté  comme  nor- 
mal; il  paraissait  naturel  que  la  faune  crétacée  s'appauvrît,  à 
mesure  qu'elle  approchait  davantage  du  terme  de  son  extinction 
définitive. 

Si  dans  quelques  circonstances  la  nature  a  épargné  au  paléon- 
tologue de  pénibles  recherches  en  lui  prodiguant  les  corps  orga- 
nisés fossiles  dans  un  admirable  état  de  conservation,  dans 
d  autres  occasions  elle  met  a  de  rudes  épreuves  sa  patience,  sa 
persévérance,  aussi  bien  que  sa  sagacité,  en  retenant  les  débris 
organiques  dans  les  couches  d'une  roche  dure,  où  ils  ne  sont  plus 
représentés  que  par  des  moules  ou  des  empreintes.  Le  gisement  le 
plus  riche  en  fossiles  de  la  craie  supérieure  de  îMaestricht  se  trouve 
justement  dans  ces  fâcheuses  conditions.  Il  a  donc  fallu  que  l'auteur 
de  l'ouvrage  intitulé  :  Monographie  des  Ga^tcropodcs  de  la  craie 
supérieure  du  Limbourg^  fût  doué  des  qualités  que  nous  venons 
d'énumérer,  pour  avoir  consacré  dix  années  à  de  patientes  recher- 
ches préalables,  dont  nous  pouvons  ju(;er  le  mérite  et  l'impor- 
tance par  les  résultats  consignés  dans  l'ouvrage  qu'il  a  Thonneur 
d'offrir  à  la  Société.  Il  nous  suffirait,  pour  prouver  cond)ien  îM.  de 
Binkhorst  a  réussi  dans  son  entreprise,  de  dire  qu'il  est  parvenu 
k  constater  l'existence  de  cent  six  espèces  de  gastéropodes  dans  des 
couches  oii  l'on  en  comptait  à  peine  une  douzaine  il  y  a  (|uelqucs 
années.  Nous  pourrions  également  ajouter  que,  dans  le  même 
temps  qu'il  enrichissait  d'une  manière  si  notable  la  classe  des 
gastéropodes,  il  recueillait  plus  de  deux  cents  espèces  de  mollus- 
ques acéphales,  classe  dans  laquelle  quarante  à  peine  sont  connues. 


396 


SÉANCE    DU    6    JANVIER    1862. 


Il  est  vrai  que  M.  Bosquet  clans  des  listes  plus  rëoentes,  et  que 
nous  ne  counaissous  pas,  a  au^juicuté  de  quarante  le  nombre  dei 
mollusques  de  la  craie  supérieure,  ce  qui  est  bien  loin  encore  du 
résultat  obtenu  par  M.  de  Biukliorst.  Mais  Timiiortance  des  maté- 
riaux réunis  dans  l'ouvrage  de  IM.  de  Binkhorst  est  assez  considé- 
rable pour  mériter  de  notre  part  un  examen  plus  attentif. 

Nous  dressons  ici  le  tableau  des  genres  et  du  nombre  des 
espèces  qu'ils  renferment,  \h>uv  faciliter  et  abréger  en  même 
temps  les  observations  que  nous  avons  à  présenter  d  leur  sujet 


1 .  Aporrhais \ 

2.  AvcUana 2 

3.  Buccimim \ 

4.  Calyptrœa 4 

5.  Caticellnria 2 

6.  Cerii/iinm 6 

7.  Cyprœa K 

8.  Dclphiniila -1 

9.  Dcritalium h 

4  0.   Emnrginuln 10 

h  \ .  Fusus 6 

M.   Halioth \ 

4  3.  Hippnnix \ 

h  4.  Mitm 3 

4  5.   Chemnitzia 4 

4  6.   Ntttica 8 

47.  Ncrinœa 4 

4  8.  Ncrita 3 


49. 
20. 
21. 
22. 
23. 
24. 
25. 
26. 
27. 
28. 
29. 
30. 
34. 
32. 
33. 
34. 
35. 


Olha?  .  . 
Patelin  .  . 
Pyrula  .  . 
Rnstellarta, 
ScaltirUi,  . 
Siptionaria, 
Sotariutn,  . 
Tornatella, 
Triton.  .  . 
Trochus.  . 
Turin  nclla. 
Turbo  .  .  . 
Turritella . 
Vcrmetux,  . 
roluta,  .  . 
Vol  varia,  . 
Xenophorn, 


Sur  ces  trente- cinq  genres  il  en  est  quelques-uns  qui  mëritenl 
une  mention  particulière  ;  ce  sont  :  Buccinuniy  CanceUaria^ 
Calyptrœa^  HaliotiSy  Hippnnix^  Oliva^  Siphonaria^  Turbineiia^ 
Fohaiia^  que  Ton  voit  pour  la  première  fois  descendre  au-des- 
sous des  terrains  tertiaires.  D'autres,  tels  que  Eniarginula^  Ctri' 
thiuiiij  Fumsy  Pjruluy  Turboy  Tunitclltiy  quoique  s*étant  montrés, 
soit  dans  des  couclics  crétacées  plus  anciennes,  soit  dans  des 
terrains  beaucoup  plus  profonds,  sont  ici  représentés  par  un  nom- 
bre assez  considérable  d'espèces.  LesÉmarginules,  par  exemple, 
ne  sont  imllc  part  aussi  al)ondantes.  On  cite  dans  les  assises  plus 
inférieures  de  la  craie  quelques  Fuseaux,  des  Pyrules  en  petit 
nombre.  Ces  genres  ici  contiennent  six  ou  huit  espèces;  il  en  est 
de  même  pour  les  Tu  rri  te  11  es,  au  nombre  de  huit,  et  les  Tarbo^au 
nombre  de  quatorze.  Au  reste,  à  l'exception  de  quelques  formes 
franchement   crétacées  et  au  sujet    desquelles  on  ne  peut  se 


LBTTRB    DE    U.    DE    ROTS.  397 

méprendre,  tonte  cette  faune  de  gastéropodes  que  nous  fait  con- 
naUre  M.  de  Binkliorst  a  une  apparence  tellement  tertiaire,  que, 
si  on  la  mettait  sous  les  yeux  d'un  paléontologiste  sans  le  prévenir 
de  sa  provenance,  il  ne  Faudrait  pas  trop  le  blâmer  de  Tliésitation 
qu'il  pourrait  éprouver.  Néanmoins,  il  re.'»sort  de  l'examen  de 
toutes  ces  nouvelles  espèces  d'une  apparence  tertiaire,  qu'aucune 
ne  pénètre  dans  la  période  tertiaire,  et  nous  constatons  avec  plaisir 
ce  fait  remarquable  de  la  séparation  complète  des  deux  faunes 
que  nous  avions  annoncée  il  y  a  déjà  plus  de  trente  ans  et  dont  la 
réalité  a  été  souvent  contestée. 

A  la  suite  de  celte  communication,  M.  Hébert  dit  qu'il  y  a 
quelques  années  les  gastéropodes  de  Maestricht  n'étaient  pas 
connus^  ils  constituent  une  faune  très  remarquable  qu'on  ne 
rencontre  pas  dans  les  terrains  assimilés,  par  MM.  Goquand  et 
Bajlc,  ù  la  craie  de  Maestricht. 

Il  ajoute  que  l'analogie  entre  la  faune  des  gastéropodes  de  la 
craie  supérieure  n'existe  pas  avec  celle  des  sables  du  Soisson- 
nais,  mais  avec  celle  du  calcaire  grossier^  il  y  a  cependant  une 
foule  de  formes  exclusivement  crétacées  dans  la  faune  de  la 
craie  de  Maestricht. 

M.  Deshayes  invite  M.  Hébert  ù  publier  les  documents  inté- 
ressants qu'il  possède  sur  la  craie  supérieure,  et  à  fournir 
ainsi  les  moyens  de  délimiter  paléonlologiquement  d'une  ma- 
nière défînitivc  la  craie  et  le  terrain  tertiaire.  Il  fait  allusion 
aux  discussions  soulevées  depuis  longtemps  sur  la  délimitation 
des  terrains  etïi  des  discussions  récentes  sur  la  limite  du  trias 
et  du  terrain  paléozoYquc.  Pour  lui,  c'est  une  démarcation  pa- 
lëontologique  absolue  qui  sert  &  séparer  nettement  les  terrains. 
A  Saint-Gassian  on  n'a  vu  aucune  espèce  passer  du  triasique  au 
jurassique*,  il  en  est  de  mOme  entre  les  cinq  grandes  séries  des 
terrains  qu'il  admet. 

M.  le  Président  lit  la  lettre  suivante  do  M.  le  marquis  de 
Rojs  : 

Monsieur  le  Président, 

La  lettre  de  M.  de  Rouvillc,  insérée  dans  le  procès-verbal  de  la 
séance  du  18  novembre,  me  parait  nécessiter  quelques  obser- 

YlUions. 


398 


8ÊANCB    DU    6    JANVIER    1862. 


Je  ne  connais  pas  la  coupe  de  Oastries  qu*il  donne  (page  M]. 
Les  marnes  bleues  y  recouvrent,  dit-il,  la  mollasse  exploitée,  d*uae 
manière  évidente.  Mais  il  s*est  trompé  lorsqu'il  ajoute  que  j'ai 
indiqué  la  même  superposition  à   Beaucaire,  en  disant  que  lei 
assises  de  la  moUnsse  plonj^cnt  sous  les  ar(>iles  subapeonînes.  Dau 
la  note  qu'il  cite,  comme  dans  celles  de  septembre  I8&6  et  do 
6  mars  1856,  j'ai  toujours  indiqué  les  marnes  bleues  qui,  à  Bar- 
bantane,  passent  à  un  calcaire  très  lé^'èremeni  argileux,  comme 
réta{;o  inférieur  de  la   mollasse.  Ces   ar^riles  subapennines  sous 
lesquelles  plon{>e  la  mollasse,  à  stratification  très  discordante,  sont 
ordinairement   d^uii  jaune  clair,  devenant  rarement   bleuâtres, 
comme  à  Domazan  (note  de  iM.  Tabbc  Hertlion  du  3  juin  1850). 
M.  Marcel  de   Serres  et,  d'après   lui,  M.    Matlieron,  en  1842, 
tronq)és  par  la  couleur,  avaient  placé  dans  Tétage  subapennîu  les 
marnes  bleues  et  la  mollasse  qui  les  recouvre,  en  la  désignant  sous 
le  nom  de  calrnire  movUon.  Dès  11  session  d'Allais  en  18&6,  je  lui 
avais  restitué  sa  véritable  place.  Voici  quelques-uns  de  ^%  prin- 
cipaux fossiles  : 


Natica  oUUy 

—  patutd?^ 

Troc  h  us  (i^glu  tifum  s , 
Turritelles,  plusieurs  espèces, 
Cerithium  ciuctum , 

—  rnarginatum, 

—  liUcatunty 

—  il  m  a  y 

—  crenatunu 


Arca  diUwU^ 

Prctuncu lus  pulvinatuSj 

Pectt'ft  latintstatuSy 

—  hcnvdictusy 

—  trrebratulœformis^ 

—  soiraf 

Os  tira  aassissima^ 

—  u/ifiala^ 
Etc. 


J'avais  dit  en  18i!i6  que  cet  éta{];e  inférieur  devenait  entière- 
ment calcaire  dans  les  carrières  qui  fournissent  la  belle  pierre 
bleue  exclusivement  comme  sous  \e  uoiiide pierre e/c  Bnrbirnian^, 
quoiqu'à  liarbentane  les  ct.'i(;es  supéiieurs  de  la  mollasse  soient 
aussi  très  développés  et  exploitée.  (Àt  étage  inférieur  y  a  au 
moins  10  mètres  de  puissance.  Me  serait-ce  pas  un  accident  dé 
même  nature  qui  a  produit  K>s  carrières  de  Gastries?  Les  eaux 
afiluentes  dans  ct-lte  mer  pouvaient  a])porter  à  Gastries,  comme  1 
Barbentane,  du  bicarbonate  de  ctiaux,  et  plus  tard  y  laisser  con- 
tinuer le  dépùt  argileux  bleu.  Gette  explication  me  semblerait 
préférable  à  la  création  d'un  étage  nouveau  sur  ce  point  isolé. 

M.  Matlieron,  d'après  M.  Marcel  de  Serres,  avait  donné  à  la- 
nioUasse  supérieure  le  nom  de  caLaire  //kj^/wi.  J'ai  cru  devoir, 
en  1846,  diviser  en  deux  parties  cette  puissante  formatioD|  divi- 


LETTRS    DB    M.    DB    ROYS.  39d 

sîoD  établie  par  les  carriers.  C'est  à  I'ota{);e  supérieur,  espèce  de 
grès  à  [j;rains  assez  gros  de  cali  aire  spatliique  et  de  quartz,  que  doit 
s'appliquer  le  iioni  de  calcaire  moellon,  el  non  aux  assises  si 
ré^julières  de  mon  éta^^e  moyen,  qui  iournissenl  une  des  plus 
belles  pièces  d'appareil.  Dans  rétaj>e  supéiicnr,  le  safrc  des  car- 
riers, la  stratification  est  assez  confuse  et  les  parties  les  plus 
résistantes  ne  peuvent  se  dél  iter  qu'en  moellons.  11  est  formé  de 
débris  de  fossiles,  surtout  Pei(];nes  et  Huîtres,  indéterminables.  Le 
seul  que  j'y  aie  trouvé  un  peu  entier  est  le  Pectcn  scahrcUus  dans 
les  alpines  près  de  Tarascon. 

Il  est  ordinairement  très  dilTioile  d'assi(;ner  la  limite  entre 
l'étaj^e  moyen  et  le  supérieur.  IilUe  est  assez  bien  indiquée  à  Beau- 
caire  par  Texistenee  de  quelques  assises  minces  (12  à  15  centiniè- 
tres),  se  débitant  en  grandes  dalles  très  employées  comme  clôtu- 
res. Elles  contrastent  avec  les  belles  assises  de  35  à  50  centimètres 
de  l'étage  ujoyen.  Suus  le  rapport  paléontolo[>ique,  cette  division 
est  justifiée  par  l'absence  îles  Glypéastres  et  des  Scutelles  assez 
répandus  dans  l'étage  moyen  et  disparaissant  dans  Tétagc 
supérieur. 

Les  dents  de  squale  se  trouvent  dans  tous  les  étages. 

Les  argiles  sous  lesquelles  plongent  les  assises  inférieures  de  la 
mollasse,  .i  la  sortie  du  tunnel  de  Beaucaire,  appartiennent  certai- 
nement à  rétage  pliocène.  iM.  Emilien  Dumas,  dans  la  carte  de 
l'arrondissement  de  Mîmes,  les  place  dans  cet  étage  (|u'elles  con- 
stituent avec  le  terrain  lacustre  qui  les  recouvre.  Elles  sont  géné- 
ralement très  pures  dans  la  grande  plaine  de  JMmes  et  fournissent 
â  un  grand  nombre  de  tuileries  et  même  de  fabriques  de  poteries 
assez  lines.  Les  fossiles  que  M.  Emilien  Dumas  y  a  recueillis  dans 
les  points  où  elles  deviennent  [)lus  sableuses  appartiennent  tous  à 
l'étage  subapeiinin.  AI.  l'abbé  Herilion,  pendant  qu'il  occupait  la 
cure  de  Tliésiers,  a  étudié  ce  terrain  avec  le  soin  le  plus  minu- 
tieux. J'ai  lu  à  la  Société,  le  3  juin  1850,  un  extrait  détaillé  d'un 
mémoire  qu'il  m'avait  fait  remettre  pour  elle.  Il  avait  recueilli 
dans  les  cavités  d'un  ancien  pic  néocomicn  voisin  de  Tliésiers 
formant  écueil  dans  la  mer  pliocène,  dans  un  état  de  conservation 
remarquable,  tous  les  fossiles  décrite  par  Ihocclii  comme  apparte- 
nant aux  marnes  subapenniiies  et  plus  de  quatre-vingts  autres 
espèces,  la  plupart  encore  vivantes.  M.  l'abbé  Beitbon,  aujour- 
d'hui curé  de  Uobiat;,  a  joint  maintenant  à  sa  ma|;nifique  collec- 
tion de  terrains  très  récenU  une  collection  non  moins  précieuse 
des  terrains  bouillers  de  Bességes,  Alais,  etc. 

On  voit  combieu  I\l .  Oesbayes  avait  raison  de  repousser  pour 


AOO  SÉANCE    DO    6   JAlfTIBR    1862. 

ces  marnes  jaunes  sableuses  le  nom  de  faune  mollasse  Elles  appar- 
tiennent à  l'étage  pliocène.  I.e  safre,  qui  leur  est  inférieur,  appir- 
tient  comme  tous  les  ctafjes  de  la  mollasse  à  IVta^ye  miocène.  Sioe 
sont  les  éta(j;es  inférieur  et  moyen  de  la  mollasse  qui  plongent  seob 
à  Beaucaire  sous  les  aq^iles  subapennines,  on  voit,  à  peu  de 
distance,  le  safre  former  le  sommet  des  pics  de  rAigaille, 
Jouton,  etc.,  ù  100  mètres  de  liauU'ur  verticale  au-dessus  de  on 
ar(jiles  qui  le  recouvrent  à  stratification  discordante  à  Barben- 
tane.  Dans  aucun  cas  il  ne  peut  être  placé  dans  Tétagc  pliocène. 

Toutes  les  idées  que  je  viens  dY'mcttie  et  qui  sont  consignées 
dans  les  (liverses  notes  que  j'ai  citées,  étaient,  il  y  a  dix  ans,  celles 
de  M.  Emilien  Dumas  qui  a  si  consciencieusement  étudie  k 
département  du  Gard.  C'est  d'après  elles  qu'il  a  exécuté  la  carte 
de  l'arrondissement  de  Nîmes.  Je  ne  pense  pas  qu*il  les  ait  inodi* 
fiées  depuis  cette  époque.  C'est  en  grande  partie  de  lui  que  je  ks 
tiens. 

M.  Delesse  fait  la  communicalion  suivante  : 

De  V azote  cl  des  matières  organiques  dans  Vècorce  terrestre; 

par  M.  Delesse  (1)  (extrait). 

§  1.  —  Les  roclies  qui  composent  Técorcc  terrestre  renferment 
(généralement  des  matières  or{>;aniques.  Ces  matières  sont,  il  est 
vrai,  en  très  petite  quantité,  mais  ellrs  présentent  une  diffusion 
extraordinaire  et  elles  se  retrouvent  pour  ainsi  dire  partout.  Elles 
contiennent  du  carbone,  de  Toxygène,  de  l'hydrogène,  dcTaxote; 
et,  connue  l'azote  se  laisse  doser  avec  une  [grande  précision,  il  peut 
servir  à  constater  l'existence  de  quantités  extrêmement  minimes 
de  matières  organiques. 

§  2.  —  On  peut  se  demander  d'où  proviennent  ces  matières  orga- 
niques contenues  dans  les  roches.  Or,  il  est  évident  comme  leur  nom- 
l'indique,  qu'elles  résultent  de  la  destruction  de  corps  organisëSi 
c'est-a-dire  des  animaux  et  des  végétaux  qui  ont  peuplé  la  terne 
aux  différentes  époques  géologiques.  Indépendamment  des  êtres 
qui  frappent  nos  regards,  il  en  est  d'ailleurs  qui  leur  édiappent 
par  leur  taille  microscopique  et  qui  sont  cependant  très  importants 
à  considérer.  Tels  sont  les  infusoires.  Ils  s'observent  à  la  surface  de 
la  terre  et  aussi  dans  son  intérieur  ;  ils  se  développent  dans  les  eaux 

(  I  )  De  i'azofc  et  elrs  mnilvrcs  organir/ttrs  dans  t'ècnrce  terrestre. 
lq-8  de  478  pa^cs;  à  Paris:  chez  Dunod,  quai  des  Âugusfips,  49, 


HOTB   DK    M.   DtLESSB.  AOl 

douces  OU  salées,  et  même  dans  les  eaux  thermales;  enfin  Ils  vivent 
dans  les  régions  équatorialcs  ou  polaires  et  ils  résistent  aux  tem- 
pératures les  plus  extrêmes.  On  comprend  donc  que  les  êtres  mi- 
croscopiques aient  contribué  à  répandre  des  matières  organiques, 
non-seulement  dans  les  roches  stratifiées  de  toutes  les  époques, 
mais  encore  dans  les  roches  éruptives,  quelle  que  fût  leur  origine. 

En  outre,  si  Ton  remonte  dans  la  série  des  âges,  les  roches  de 
récorce  terrestre  qui  ont  précédé  l'existence  des  végétaux  et  des 
animaux  pouvaient  originairement  renfermer  des  matières  dites 
organiques;  en  tout  cas  elles  contenaient  nécessairement  le  car- 
bone, riiydrogène,  Toxygène  et  Tazote  qui  sont  indispensables  au 
développement  des  êtres. 

Voyons  maintenant  comment  on  peut  expliquer  la  présence  des 
matières  organiques  dans  les  différentes  roches. 

§  3.  —  Si  Ton  considère  d'abord  les  roches  stratifiées^  elles  ont  été 
déposées  par  l'eau  ou  par  l'atmosphère;  par  conséquent,  elles  doi- 
vent contenir  les  débris  des  êtres  organisés  qui  se  sont  développés 
à  la  surface  de  notre  globe,  depuis  qu'il  a  commencé  à  être  peu- 
plé. Cesêtres  sont  les  animaux  et  les  végétaux  qui  se  trouvaient 
dans  la  mer,  dans  les  eaux  douces  et  à  la  surface  de  la  terre  aux 
différentes  époques  géologiques;  les  végétaux,  les  mollusques,  les 
infusoires,  les  êtres  microscopiques,  devaient  être  les  plus  répan- 
dus et  par  suite  ils  contribuaient  surtout  à  former  des  matières 
organiques.  LeseauxetTatmosphèrc  étaient  de[plus  chargées  elles- 
mêmes  de  matières  organiques,  indépendamment  de  ce  qu'il  s'y 
trouvait  des  êtres  organisés.  Les  roches  argileuses,  calcaires  ou 
nliceuses  recevaient  donc  les  débris  d'êtres  organisés,  à  mesure  que 
leur  dépôt  s'opérait,  et  elles  s'imprégnaient  aussi  des  matières 
organiques  tenues  en  suspension  qui  servaient  au  développement 
de  ces  êtres.  Quelquefois  les  matières  organiques  deviennent  telle- 
ment abondantes  dans  les  roches  stratifiées,  qu'elles  en  constituent 
une  notable  partie  ;  c'est  en  paiiiculier  ce  qui  a  lieu  dans  les  argiles 
et  dans  les  schistes  bitumineux.  Enfin,  à  la  limite,  il  se  produit  des 
roches,  comme  les  combustibles,  qui  sont  entièrement  formées  de 
matières  organiques. 

Les  roches  engendrées  dans  l'atmosphère  contiennent  aussi  des 
matières  organiques,  et  même  elles  peuvent,  comme  la  terre  végé- 
tale, en  renfermer  beaucoup.  Les  infusoires  et  les  matières  orga- 
niques se  retrouvent  du  reste  jusque  dans  le  trass,  dans  la  moya 
et  dans  les  cendres  volcaniques. 

Les  i*oches  déposées  dans  les  eaux  douces  ou  salées  sont  tantôt 
pauvres  et  tantôt  riches  en  matières  organiques;  cependant  les 
Soc.  géol.^  2*  lérie,  tome  XIX.  %i 


A02  SfiANCB    DO    6   JAHTIBft    1862. 

plus  riches  ont  habituel leinenl  une  origine  lacustre  ou  atnM»- 
sphcrique . 

La  composition  minéralogiqiie  et  Tëtat  physique  des  rod» 
stratifiées  influent  d'ailleurs  sur  la  proportion  de  leurs  matièrcsor^ 
(janiques,  aussi  bien  que  les  conditions  dans  lesquelles  elles  le 
sont  formées,  l'outes  choses  égales,  elles  contiennent  gëuértb- 
nieut  d'autant  plus  de  matières  organiques  qu'elles  sont  plus  argi- 
leuses. 

^  U.  —  Passons  aux  roc/tes  non  stratifiées^  qui  peuvent  être  difi- 
sées  en  deux  grandes  classes,  suivant  qu'elles  sont  yolcaniques  on 
platoniques. 

Tjorsqne  les  roches  volcaniques  sont  i^nipléteineut  anhydres, 
rexpérieucc  montre  qu^elles  ne  renferment  pas  de  matières  orga- 
niques ou  seulement  des  traces.  Il  est  probable,  d'après  cela, 
que  ces  matières  ont  alors  été  introduites  postérieurement,  loit 
par  l'atmosphère,  soit  par  l'infiltration  des  eaux  de  la  surface. 
Dès  que  les  roches  volcaniques  sont  hydratées,  elles  contiennent 
des  matières  organiques  ;  il  est  facile  de  le  constater  pour  la  réti- 
nite  et  Tobsidiennc;  quelquefois  même  certains  trapps  et  basaltes 
en  sont  complélement  imprégnés.  Leui*s  matières  organiques  sont 
c(M'lainement  venues  de  l'intérieur  de  la  terre  ;  elles  ont  accom- 
pagné les  eaux  souterraines  associées  à  la  roche  volcanique  ;  elles 
peuvent  d'ailleurs  être  originaires,  ou  bien  résulter  de  l'action  de 
cette  roche  sur  les  couches  à  travers  lesquelles  elle  a  fait  éruption. 
Bien  que  le  trachytc  ne  renferme  généralement  pas  de  matières 
organiques,  il  y  en  a  cependant  dans  les  veines  d'opale  qui  le  tra- 
versent ;  ces  matières  proviennent  alors  des  eaux  thermales  qui 
ont  déposé  l'opale. 

Les  matières  organiques  qui  se  trouvent  dans  une  roche  éruptive 
ne  doivent  pas  nécessairement  être  attribuées  a  l'inHIuatioa, 
même  lorsque  cette  roche  est  volcanique;  toutefois  la  tempéra- 
ture à  la(|uelle  celte  roche  a  été  soumise  était  insuffisante  pour  dé- 
truire et  volatiliser  les  matières  organiques  qu'elle  renferme. 

Les  météorites  oflVent  des  caractères  qui  les  rappioolient  beau-* 
coup  des  rocLes  volcaniques;  cependant  elles  contiennent  quel- 
quefois des  matières  organiques  qui  ont  essentiellement  une  ori- 
gine cosmique  comme  les  météorites  eux-mêmes. 

Les  roches  plutoniqucs,  connue  la  serpentine,  l'euphotide,  le 
mélaphyre,  la  diorite,  le  porphyre,  le  granité,  contiennent  égale- 
ment des  matières  organiques.  Ces  matières  accompagnaient 
certainement  l'humidité  ou  Teau  souterraine  d'imbibition  en 
présence  de  laquelle  les  roches  plutoniques  se  sont  formées.  li*î 


HOTB    DB   M.    DSLB88I.  A08 

flltration  et  l'atmosphère  n*ont  pu  en  introduire  qu'une  très  ini* 
nime  partie. 

L'exisience  de  matières  organiques  dans  les  roches  éruptives 
▼ient,  du  reste,  confirmer  les  idées  que  j'ai  émises  précédemment 
sur  l'origine  de  ces  roches  (1). 

§  5.  —  Les  roches  anormales,  qui  comprennent  les  gîtes  métalli- 
lires,  nous  présentent  des  minéraux  généralement  bien  cristallisés. 
C'est  seulement  par  exception  que  des  êtres  organisés  s'y  rencon- 
trent; cp|>endant  les  infusoires  pouvaient  encore  se  développer  dans 
les  eaux,  tantôt  froides,  tantôt  chaudes  qui  ont  généralement  en- 
gendré les  roches  anormales  De  plus,  ces  eaux,  comme  toutes 
celles  qui  coulent  à  la  surface  ou  dans  l'intérieur,  de  la  terre, 
contenaient  nécessairement  elles-mêmes  des  matières  organiques 
qui  sont  restées  mélangées  avec  les  minéraux  au  moment  de  leur 
cristallisation. 

Le  plussonvent  les  minéraux  des  roches  anormales  n'ont  retenu 
que  des  traces  de  ces  matières  organiques:  mais  le  bitume,  la  co- 
paline  et  diverses  substances  qui  leur  sont  quelquefois  associées, 
montrent  bien  que  les  niatières  organiques  peuvent  également  s'y 
trouver  en  proportion  très  notable. 

§  6.  —  Les  matières  organiques  étant  peu  stables,  il  est  facile  de 
comprendre  qu'elles  seront  facilement  modifiées  par  les  divers 
agents  qui  s'exercent  à  la  surface  ou  à  l'intérieur  de  la  terre.  Ces 
agents  sont  très  nombreux,  mais  les  plus  importants  à  considérer 
sont  Tatmosphère,  l'eau,  la  chaleur.  Ils  font  subir  diverses  trans- 
formations aux  matières  organiques,  et  ils  peuvent  même  les 
détruire  complètement. 

L'atmosphère  modifie  les  matières  organiques  avec  lesquelles 
•Ue  est  en  contai,  et  elle  tend  surtout  à  les  oxyder.  L'état  sous 
lequel  ces  matières  se  présentent  dans  la  terre  végétale  est  relati* 
Tement  le  plus  stable  à  Tégaid  de  l'atmosphère. 

C'est  essentiellement  l'eau  qui  produit  les  transformations  re- 
marquables que  présentent  les  corps  organisés  lorsqu'ils  sont  en-* 
fouis  sous  terre  et  fossilisés.  Dans  les  végétaux,  par  exemple,  c'est 
elle  qui  change  le  bois  en  lignite,  puis  en  houille.  Dans  la  terre 
végétale,  c'est  encore  elle  qui  contribue  surtout  à  la  formation  de 
l'humus. 

Bien  que  les  minéraux  organiques  soient  facilement  altérables, 
ils  peuvent  d'ailleurs  être  très  stables  à  l'égard  de  l'infiltration  ; 

(4)  Recherchfis  sur  l'origine  des  roches,  [Bulletin  de  la  Sœiéêé 
géologique,  1958,  V  sér.,  t.  XY,  p.  TUS.) 


A0&  SÉÀNCI    DU   6    JANVIER    1802. 

car  le  succin  se  conserve  très  bien  dans  le  sein  de  la  terre,  et  il 
préserve  même  de  la  destruction  les  insectes  qu'il  enveloppe;  d*UQ 
autre  côté,  la  mellitc  et  les  résines  fossiles  sont  connues  jusque 
dans  le  terrain  houiller  ;  enfin,  les  bitumes  se  retrouvent  dans  les 
terrains  les  plus  anciens. 

La  chaleur  fait  subir  aux  matières  organiques  une  décomposi- 
tion et  une  distillation;  elle  dé(;a{^e  des  bitumes,  des  liydrogènei 
carbonés,  et  divers  produits  gazeux  qui  peuvent  alors  accompa- 
gner les  roches  éruptives.  Lorsqu'elle  est  très  intense,  elle  détruit 
complètement  les  matières  organiques;  c'est  ce  qui  explique  leur 
absence  dans  la  plupart  des  laves  bien  caractérisées.  MaiSy  lors- 
qu'elle n'est  pas  suffisante  pour  dégager  complètement  Teau  et  pour 
détruire  les  matières  organiques,  ces  dernières  se  retrouvent  dans 
les  roches  éruptives,  lors  même  qu'elles  sont  volcaniques  :  tel  est 
le  cas  pour  le  basalte,  le  tiapp,  la  rélinite,  l'obsidienne. 

Les  hydrogènes  carbonés,  tels  que  le  gaz  des  marais  et  les  bitu- 
mes, si  analogues  à  ces  carbures,  montrent  d'ailleurs  que  certai- 
nes matières  organiques  résisteront  à  une  température  élevée;  la 
présence  des  matières  organiques  peut  donc  se  concevoir,  même 
dans  les  roches  volcaniques. 

Maintenant  l'existence  dans  les  roches  granitiques  de  matières 
organiques  volatiles  suffirait  seule  à  démontrer  qu'elles  n'ont  pas 
été  soumises  à  une  forte  chaleur  et  qu'elles  n'ont  pas  une  origine 
ignée. 

L'eau,  secondée  par  la  chaleur,  la  pression  et  les  diverses  sub-^ 
stances  qu'elle  tient  en  dissolution,  produira  des  décompositions 
très  variées  et  très  complexes  sur  les  matières  organiques  qui  sont 
à  l'intérieur  de  la  terre.  Sous  Tinfluencc  des  divers  agents  aux- 
quels elles  sont  soumises,  ces  matières  subiront  des  décompositions 
successives  et  elles  prendront  en  définitive  l'état  le  plus  stable  â 
l'égard  de  ces  agents. 

Les  matières  organiques,  soit  qu'elles  forment  entièrement  une 
roche  comme  cela  a  lieu  pour  les  combustibles,  soit  qu'elles  s'y 
trouvent  en  quantité  plu5  ou  moins  grande,  sont  donc  sujettes  au 
métamorphisme.  Elles  se  laissent  mcinc  modifier  et  décomposer 
beaucoup  plus  facilement  que  les  matières  inorganiques. 

Les  effets  du  métamorphisme  sur  les  matières  organiques  peu- 
vent, d'ailleurs,  s'apprécier  aisément;  il  suffit  pour  cela  de  com- 
parer la  proportion  de  ces  matières  dans  une  roche  avant  et  après 
le  mélamorphisme.  Que  l'on  considère,  par  exemple,  les  roches 
métamorphiques  les  mieux  caractérisées,  telles  que  le  marbre  sta- 
tuaire, la  predaszitei  le  calcaire  devenu  cristallio  au  contact  de« 


NOTE    DE    M.    DBLBSSB.  A05 

filous,  le  qiiartzite,  le  Qxis  vilrifié  par  le  basalte,  le  schiste  ardoisier 
et  inacliltre,  les  schistes  cristallins,  talqueux,  chlorités  et  amphi- 
boliques,  le  micuscliiste,  le  gneiss,  le  graphite.  L'expérience  montre 
que  ces  roches  ne  contiennent  pas  ou  presque  pas  d'azote  et  de 
matières  organiques;  en  tous  cas,  elles  eu  ont  beaucoup  moins 
que  les  roches  normales  dont  elles  dérivent.  Le  métamorphisme 
tend  donc  à  diminuer  les  matières  organiques,  et,  quand  il  est  très 
énergique,  il  les  détruit,  même  complètement. 

Les  agents  susceptibles  de  modifier  les  matières  organiques 
peuvent  être  tantôt  instantanés,  tantôt  plus  ou  moins  lents.  La 
chaleur  est  un  agent  qui  est  le  plus  souvent  instantané,  mais  les 
effets  produits  par  Tatmosphère  et  par  Teau  sont  ordinairement 
très  faibles;  eu  sorte  qu'il  est  nécessaire  aussi  de  tenir  compte  du 
temps. 

§  7.  —  Lorsque  Ton  compare  des  corps  organisés  appartenant  à 
une  même  espèce,  animale  ou  végétale,  ou  trouve  que  leur  azote 
diminue  généralement  à  mesure  qu'on  descend  dans  la  série  des 
terrains;  par  consé(|uent,  toutes  choses  égales,  les  substances  mi- 
nérales ont  d'autant  moins  d'azote  et  de  matières  organiques 
solubles  ou  vulatiles  qu'elles  appartiennent  à  une  époque  géolo- 
gique plus  ancienne.  On  le  constate  facilement  pour  les  os  et  pour 
les  végétaux  fossiles. 

Il  faut  observer  cependant  que  la  proportion  des  matières  orga- 
niques ne  dépend  pas  seulenienl  du  temps  ;  elle  dépend  aussi  de 
la  nature  des  matières  organiques  et  même  des  roches  qui  les 
renferment,  ainsi  que  des  modifications  spéciales  que  ces  dernières 
ont  éprouvées. 

§  8.  —  L'azote  joue  un  rôle  capital  dans  la  nutrition  des  végé- 
taux et  des  animaux.  D'après  1  harmonie  établie  dans  l'univers,  on 
pouvait  donc  prévoir  qu*ii  ne  devait  pas  rester  fixé  dans  leurs  dé- 
pouilles. En  clTct,  l'azote  est  mis  en  liberté  par  la  décomposition 
des  animaux  ou  des  végétaux,  qu'elle  ait  lieu  à  la  surface  du  sol  ou 
bien  dans  son  intérieur  ;  il  reparait  ensuite  à  l'état  d'ammoniaque» 
d'acide  nitrique  ou  d'acide  humique;  il  se  répand  soit  dans  Tat- 
mosplière,  soit  dans  les  eAux.  D'un  autre  côté,  la  nitrification 
donne  lieu  à  des  efHorescences  qui  le  ramènent  sans  cesse  à  la 
surface  du  sol.  La  décomposition  successive  et  incessante  des 
êtres  organisés  qui  ont  peuplé  notre  globe  aux  époques  antérieu- 
res transforme  en  défmitive  Tazote  en  produits  solubles  et  le  res- 
titue peu  à  peu  à  la  circulation. 

La  statique  chimique  s'établit  non-seulement  pour  l'azote, 
mais  encore  pour  toutes  les  autres  substances,  organiques  ou  inor- 


A06  8ÉANCB    DU    6   JÀNTIER    4862. 

ganiques,  qui  sont  nécessaires  au  développement  des  êtres  oif  a- 
nisés;  ces  substances  deviennent  de  nouveau  assimilables  par  les 
générations  nouvelles,  en  sorte  que,  sous  Tinfluence  de  la  vie,  elles 
parcourent  un  cycle  continu. 

M.  Ed.  Gollomb,  trésorier,  rend  compte  de  rëtat  de  la  caisse 
au  31  décembre  1861  : 

II  y  avait  en  caisse  au  31  décembre  4  860.  .  232  fr.  78  o. 

La  recette,  du  i"'  janvier  au  31  décembre 

4  864,  a  été  de 20,834       90 


Total.  .  .     24,067       68 
La  dépense,  du  4"  janvier  au  34  décembre 

4  864,  a  été  de 20,644       03 


Il  reste  en  caisse  au  34  décembre  1864.  .  .  523  fr.  65  c. 


La  Société  adopte  successivement  les  nominations  que  le 
Conseil  a  faites  pour  Tannée  1862  dans  les  diverses  Commis- 
sions. 

Ces  Commissions  sont  composées  de  la  manière  suivante  : 
l»  Commission  de  Comptabilité^  chargée  de  vérifier  la  ges~ 
tion  (lu  Trésorier  :  MM.  Parés,  le  baron  de  Brimoiit,  P.  Mi- 

GHBLOT. 

2®  Commission  des  Archives^  chargée  de  vérifier  la  gestion 
de  l'Archiviste:  MM.  Wàlperdin,  Edm.  Pellat,  Clémbitt- 
Mur'LST. 

Z^  Commission  du  Bulletin  :  MM.  Delbsss,  Edm.  Habirt, 
lé  marquis  de  Rots,  le  vicomte  d*àrchiac,  Albert  Gaudrt. 

i*  Commission  des  Mémoires  :  MM.  Lartet  ,  Viqueshbl, 
Dbshates* 

On  procède  ensuite  à  l'élection  du  Président  pour  TaDiiée 
1862. 

M.  Dblbssb,  ayant  obtenu  125  voix  sur  153  votes,  est  ëhi 
Président  pour  Tannée  1862. 

La  Société  nomme  ensuite  successivement  : 

Fice'- Présidents  :  MM.  Albert  Gaudrt,  Grûhbr,  Viqubbiiil 
et  le  vicomte  d'Arghiag. 


COMPOSITION   DC   BUREAU   KT   DU    COlfSBTL   POUR    1862.      AO^ 

Secrétaires  :  MM.  A.  Laugel  et  DAifGLURR. 
Vice-Secrétaires  :  MM.  Jannettaz  et  P.  Dalimibr. 
Membres  du  Conseil  :  MM.  Paul  Michblot,  Damour,  Lartbt, 
Charles  Sainte-Claire  Deyillb,  Daudrêe. 

Par  suite  de  ces  nominations,  le  Bureau  et  le  Conseil  sont 
composés,  pour  Tannée  1862,  de  la  manière  suivante: 

Président. 
M.  Dblbssb. 


M.  Albert  Gaudrt, 
M.  Grûnbr  , 

Secrétaires* 

M.  A.  Laugbl, 
M.  Danglurb. 


Trésorier. 
•  Ed.  Collomb. 


Vice-'P  résident  s . 

M.  YlQUESNBL, 


M.  le  vicomte  d'Archiac  , 
Vice-Secréta  ires . 

M.  JàNNETTAZ, 

M.  Paul  Dalimibr. 

Archiviste. 
M.  le  marquis  db  Rots. 


Membres  du  ConseiL 


M.  Élib  db  Bbaumont, 
M.  Edm.  Hébert, 
M*  Dbshates, 
M.  Lbvallois  , 

M.  BaRRAN DB , 
M*  DB  BiLLT, 


M.  Pares, 

M.  Paul  MiCHBLOT, 

M.  Damour, 

M.  Lartbt, 

M.  Ch.  Sainte-Claire  Dbvillb, 

M.  Daubrée. 


Commissions. 


Comptabilité:  MM.  Parés,  le  baron  db  Brimont,  P.  Michblot. 
Archives  :  MM.  Walferdin,  Edm.  Pbllat,  Clément-Mullet. 
Bulletin  :  MM.  Dblbssb,  Edm.  Hébert,  le  marquis  de  Rots, 

le  vicomte  d'Archiac,  Albert  Gaudrt. 
Mémoires  :  MM.  Lartbt,  Viqubsnbl,  Dbshatbs. 


iOS  8ÉÀNCK    DU    13    JANVIKR   1802. 

Séance- du  IS  janvier  1862. 

FBÉ8IDBNCB   DK   H.    DILBSSV.' 

M.  Lougel^  secrétaîrCy  donne  lecture  du  procës-vcrbal  de  la 
dernière  séance  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance , 
le  Président  proclame  membres  de  la  Société  : 

MM. 

Baudon^  docteur  en  médecine,  à  Mouy  (Oise),  présenté  par 
MM.  Deshayes  et  Michelol*, 

Minier,  à  Paris,  rue  des  Boulangers,  8,  présenté  par 
MM.  Deshayes  et  Ed.  Hébert. 

DONS   FAITS   A    LA    SOCIÉTÉ. 

La  Société  reçoit  : 

De  la  part  de  M.  le  ministre  d*État,  Journal  des  sapants, 
décembre  1861. 

Do  la  part  de  M.  Julius  Haast»  Report  of  a  topographieal 
and  geological  e.vploration  of  the  western  districts  of  the 
Nelson  ptwince^  NewZealand^  in- 8,  150  p.  Nelson»  1861, 
chez  C.  et  J.  Elliot. 

De  la  part  de  M.  Friedrich  Rolle,  Ueber  einige  neue  oder 
wenig  gekannte  molinsken-Arlen  ans  tertiàr-Àblagerungênf 
in-8,  21  p.,  2  pi.  Vienne,  1861. 

Comptes  rendus  hebd,  des  séances  de  rAcad.  des  sciences^ 
1862,1"  sera.,  t.  LVI,  nM. 

L'Institut,  n'  1462,  1862. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse^  décembre 
1861. 

Société  imp.  d'agriculture,  sciences  et  arts  de  l'arrondisse^ 
ment  de  Valenciennes^  octobre  1861. 

Proceedings  of  the  Royal  Society,  vol.  XI,  n®  46. 

The  Athenœum,  n*  1785,  1862. 

Reifista  de  los  progresos  de  las  ciencias  exactas,  fisicasy 
naturales,  t.  XI,  n*  0,  décembre  1861. 


NOTB   DB    M.    DBSLONGCHAHPS.  AOO 

Atti  de  la  Socïeta  italiana  di  sclenzc  naturali,  vol.  III^ 
fasc.  A,  (T.  20  à  25. 

j4tti  délia  Socle  ta  di  acclimazione  e  di  agncoltura  in  Sicilia^ 
1. 1,  n°  6. 

M.  Eug.  Deslongchamps  présente  la  note  suivante  : 

Note  sur  le  développement  du  deltidium  chez  les  brachiopodes 
articulés;  par  M.  Eugène  Deslongchamps  (pi.  IX). 

Lorsque  dans  les  diverses  conclies  de  récorce  terrestre  le  géo- 
logue rencontre  des  fossiles  abondamment  répandus  et  cantonnés 
dans  d'étroites  limites  stratigraphiqucs^ces  restes  organisés  devien- 
nent pour  lui  un  guide  infaillible,  lui  permettant  de  retrouver  avec 
la  pins  grande  facilité  des  points  de  repère  précieux,  sans  lesquels 
il  serait  presque  toujours  exposé  à  faire  fausse  route. 

Parmi  ces  fossiles  privilégiés  et  dont  la  connaissance  exacte  est 
indispensable,  il  faut  placer  les  brachiopodes  aux  premiers  rangs. 
Malheureusement  ces  coquilles  nous  présentent  des  caractères  si 
fugaces  qu'on  ne  reconnaît  les  espèces  qu'avec  une  grande  diffi- 
culté. La  délimitation  des  geni*es  a  été  de  plus  basée  presque  tou- 
jours sur  des  caractères  intérieurs  impossibles  à  invoquer  dans  les 
circonstances  habituelles  (1).  Ajoutons  enfin  que  les  progrès  de 
Tâge  modifient  du  tout  au  tout  Taspect  primitif,  en  un  mot,  que 
la  coquille  d'un  brachiopode  arrivé  à  Fàge  adulte  ne  ressemble 
plus  en  rien  à  ce  qu'elle  était  dans  la  première  période  vitale. 

Je  crois  donc  faire  une  chose  utile  en  dévoilant  dans  cette  note 
Tune  des  causes  de  ces  changements,  et  en  montrant  combien  les 
progrès  de  développement  d'une  pièce  insignifiante  au  premier 
abord,  du  deltidium,  par  exemple,  peuvent  changer  Taspect  pri- 
niîtàf  et  imprimer  à  chaque  modification  un  cachet  tel  qu'il 
puisse  suffire  a  caractériser  des  familles  entières. 

On  a  donné  le  nom  de  deltidium  à  l'ensemble  de  deux  pièces 

(4)  Frappé  do  la  difficulté  extrême  qu'éprouvent  les  géologues  lors- 
qu'il s'agit  d'appliquer  les  caractères  intérieurs  à  la  reconnaissance 
des  genres,  j'ai  cherché,  autant  qu'il  étuit  en  moi,  à  simplifier  l'étude 
des  brachiopodes  en  prenant  pour  base  les  caractères  extérieurs  qui 
demandent  un  examen  moins  approfondi.  C'est  le  but  que  je  me  suis 
proposé  dans  la  continuation  do  la  Paléontologie  Jranrni se ^  ouvrage 
destiné  à  terminer  l'œuvre  du  maître  qui  avait  mis  à  la  portée  de 
tous,  en  la  rendant  si  attrayante,  l'étude  de  la  paléontologie  stratigra- 
pbique. 


AlO  SÉÀlfCB    DU    13    JAlfYIBR    1862. 

accessoires  insérées  en  forme  de  coin,  et  destinées  A  fermer  d*i 
manière  plus  ou  moins  complète  le  trou  donnant  passage,  chexli 
plupart  des  brachiopodes  articulés,  au  pédoncule  chargé  defiier 
l'animal  aux  corps  sous-marins. 

Pendant  la  période  embryonaire,  (ig.  1,  ^/,  b,  r,  touscesaDÎmaiix 
se  ressemblent,  ils  nous  montrent  invariablement  un  crochet 
entier,  nne  aréa  triangulaire  très  grande  et  largement  percée  d'un 
trou  deltoïde;  les  figures  grossies,  1  6  et  1  r,  nous  représentent  ce 
qu'est  un  brachiopode  atticulé  dans  la  première  phase  tie  ia  in>,  et 
il  serait  imprudent  de  vouloir  indiquer  à  ce  uioment  la  famille 
qui  doit  le  revendiquer. 

Famille  des  Térébratulidécs . 

Prenons  au  contraire  une  coquille  adulte,  une  Térébratule  par 
exemple,  fig.  2  ^/.  L'aspect  de  cet  être  ne  ressemble  en  rien  au  petit 
corps  microficopique,  fig.  1  a.  KuUe  trace  d'aréa  ni  de  trou  arrondi, 
à  bords  épais,  tronquant  le  sommet  d'une  coquille  de  forme  ovale, 
aucun  de  ces  angles  aigus  qu'on  observe  dans  le  premier  âge.  BnGO|' 
entre  le  trou  et  la  petite  valve  nous  voyons  l'espace  comblé  par  àÊ 
dcltidium  dont  le  développement  a  entraîné  une  difiérence  d'as^ 
pect  si  grande  entre  les  deux  âges  extrêmes  de  notre  Térébratule. 

Les  diverses  figures  oc,  (3,  y,  ^,  de  notrepremière  colonne  A  ?onl 
nous  expliquer  ces  changements. 

a  nous  montre  la  première  uiodtBcation  éprouvée  par  le  jeone 
animal;  à  ce  moment  ia  coquille  est  encore  aplatie,  cordifonne, 
l'aréa  est  encore  bien  marquée  ;  mais  déjà  ce  trou,  primitivement 
deltoïde,  a  un  peu  changé  de  forme  ;  le  cnjchet  s'est  légèrement 
tronqué  par  en  haut;  enfin,  sur  les  parties  latérales  du  foramm 
nous  voyons  se  creuser  deux  raiuures  où  viendront  s'insérer  deiut 
petites  pièces  symétriques  ;  ces  deux  petites  pièces  sont  le  rtkli» 
ment  de  notre  dcltidium. 

En  |3  nous  voyons  que  les  deux  pièces  deltidiales  te  sont  TÎt^ 
ment  développées,  mais  laissent  intact  par  en  haut  le  foramen  qui, 
de  son  côté,  s'élargit  en  tronquant  de  plus  en  plus  rextrémilé  du 
crochet 

Les  pièces  deltidiales  continuent  de  s'avancer  l'une  vers  l'antre 
en  formant  d'abord  deux  pointes,  puis  enfin  finissent  par  se  souder 
sur  la  ligne  médiane.  A  ce  moment  y,  le  trou  primitif  est  déjà  bien 
changé  d'aspect  ;  il  est  interrompu  dans  son  milieu  par  les  pièces 
surajoutées  ;  mais  le  foramen  proprement  dit  par  où  passe  le  pédon- 
cule d'attache  est  cordiforme  ;  seulement  sa  pointe  occupe  toujoittt 


NOTB    DB    M.    DESLOlfGCHAlIPS.  411 

une  position  diaiiiélralemcnt  oppos(*e  à  celle  des  premiers  instants 
de  la  vie. 

Cette  pointe  va  d'ailleurs  entièrement  disparaître  ;  les  deux 
pièces  médianes,  par  les  progrès  de  leur  développement,  se  sou- 
dent d'une  manière  intime,  ^,  et  le  ioramen  est  entièrement  fermé 
en  dessous. 

Pour  arriver  à  notre  coquille  adulte,  fig.  2  n,  il  n'y  a  plus  qu'un 
pas;  le  crochet  s'épaissit  tout  autour  du  pédoncule  maintenant 
bien  enserré;  les  pièces  deltidialcs  restent  stationnaires  et  nous 
ayons  ce  trou  arrondi  à  bords  coupés  en  biseau  qui  caractérise  si 
bien  la  famille  des Térébratul idées. 

Telle  est  la  marche  générale  suivie  par  le  deltidium  dans  une 
première  famille  de  brachiopodes  articulés;  mais  il  est  bon  de 
noter  quelques  modifications  de  détail  dans  le  développement  de 
ces  pièces.  Quelquefois  l'aréa  ne  s'atrophie  pas  et  continue  au 
contraire  de  s'accroître,  le  deltidium  grandit  dans  de  mêmes  ])rO' 
portions,  et,  au  lieu  d'un  crochet  recourbé  vers  la  petite  valve, 
nous  voyons  un  espace  quelquefois  considérable  entièrement 
plat  qui  caractérise  nettement  les  espèces  appartenant  à  la  section 
Terebrntella^  figure  2  b^  ou  bien  encore  ces  pièces  paraissent  subir, 
dans  leur  marche,  un  temps  d'arrêt  et  se  compléter  seulement  dans 
un  âge  très  avancé;  le  foramen  est  généralement  cordiforme;  l'âge 
adulte  de  ces  espèces  nous  montre  donc  à  peu  près  la  disposition 
observée  dans  la  troisième  phase  vitale  y  de  notre  Térébratule  pro- 
prement dite.  La  plupart  des  espèces  de  la  section  TcrchnttuUna 
figure  2  c  sont  dans  ce  cas  ;  la  petite  valve  présente  alors,  surtout 
dans  le  jeune  âge,  une  conformation  très  singulière,  c'est-à-dire 
deux  petites  oreillettes  sur  les  côtés  du  crochet  qui  font  grossière- 
ment ressembler  la  jeune  coquille  à  un  Pitcten  (1)  ;  mais,  à  mesure 
que  l'animal  grandit,  ce  caractère  s'efface  de  pins  en  plus.  Enfin 
certainescoquillesne  dépassent  jamais  l'état  rudimcntaire,  et  jusque 
dans  un  «îge  très  avancé  le  trou  reste  béant  et  ne  se  complète  pas 
par  des  deltidiums  ;  il  se  borne  à  tronquer  le  sommet  des  valves 
et  à  montrer  sur  les  parties  latérales  de  faibles  indices  de  ces  pièces  ; 
tels  sont  les  genres  Àrgiopc,  fig.  2  r/,  et  Morrisin, 


(4)  Cette  particularité  a  donné  lieu  à  bien  des  méprises  et  Ton  a 
souvent  fait  des  espèces  différentes  avec  les  jeunes;  les  7'.  chrysalis^ 
Duvafii,  etc. ,  etc.,  de  certains  auteurs  ne  sont  que  le  jeune  âge  d'autres 
espèces  bien  connues. 


&12  SÉANCK    DU    13    JANVIER    1862. 

Ftimilie  des  Spiriféridées, 

Si  d*ttn  autre  côté  nous  examinons  une  coquille  adulte  de  Spiri- 
fer  (colonne  C),  nous  voyons  au  contraire  que  janiais  le  crochet 
ne  s*cst  tronqué,  que  le  trou  est  resté  deltoïde  pendant  toute  la 
vie,  enfin  que  la  forme  de  la  vieillesse  est,  à  peu  de  cLose  pris, 
celle  de  l'enfance  ;  Faréa  s'est  accrue  considérablement  comnie 
dans  IcsTérébratcUes,  ledeltidium  existe  pourtant,  il  a  même  pris 
assez  souvent  un  f|[rand  développement,  mais  en  sens  itivene  des 
Térébratulidécs.  C\st  par  le  haut  du  trou  deltoïde  qu'il  8*estaccrU| 
garantissant  le  crochet  i\\\\  est  resté  entier  et  n'a  pas  eu  besoin  de 
se  tronquer  pour  laisser  passrr  le  pédoncule. 

On  voit,  en  comparant  Tt'^ge  adulte  d'une  Térébratule  ou  d'un 
Spirifer,  combien  la  direction  imposée  dans  la  marche  du  déve- 
loppement du  deltidium  a  eu  d'influence  sur  la  formé  générale 
des  êtres  composant  les  deux  familles,  et  par  conséquent  combien 
il  était  nécessaire  de  bien  fixer  les  idées  sur  ces  causes  de  cbange- 
meut  Faisons  observer  toutefois  que,  dans  la  famille  des  Spirifé- 
ridées, les  choses  ne  se  passent  pas  toujours  ainsi,  et  rappelons-nous 
qu'en  mettant  ici  en  avant  la  famille  des  Spiriféridées  je  n*ai  en 
en  vue  que  les  formes  jurassiques.  Les  dcllidiums  dans  les  genres 
Cyrtia,  Spirigera^  jétiypa,  se  comportent  en  effet  d'une  manière 
tout  à  fait  difl'crente. 

Famille  des  lUiynchonellidées, 

Enfîn  si  nous  jetons  les  yeux  sur  la  colone  B  de  notre  planche, 
nous  verrons  une  troisième  modification  non  moins  curieuse  que 
les  deux  premières  et  le  deltidium  suivre  à  la  fois  son  éfolution 
en  haut  et  en  bas  du  trou  deltoïde;  deux  petites  pointes,  p,  viennent 
peu  à  peu  se  joindre,  ^,  et  se  souder  en  dessous  vers  la  ligne  médiane, 
a  peu  près  comme  dans  les  Térébratulidécs,  mais  en  même  tem|is 
l'oblitération  envahit  aussi  les  parties  supérieures  et  latérales  en. 
laissant  simplement  un  trou  ovale  ou  circulaire  par  lequel  passera 
un  pédoncule  peu  volumineux,  figure  3  b.  Grâce  à  ce  mode  dedévo- 
loppcmcnt  le  crochet  ne  sera  pas  entamé;  il  restera  aigu  pendant 
toute  la  vie.  Ajoutons  que  Taréa  ne  suivra  pas  le  développement 
du  deltidium  et  que  par  suite  le  crochet  se  recourbera  toujonnet 
mcmeplus  encore  que  dans  les  Térébratulidées. 

C<Tmme  on  le  voit,  cette  famille  montre  un  développement  qui 
est  comme  une  sorte  de  compromis  entre  les  deux  familles  voisines  ; 
ce  sont  les  Rhynchoncllidéts  qui  sont  dans  ce  cas. 


NOTE    DR   M.    DAMOl'R.  AÏS 

Du  reste,  ainsi  que  nous  l'avons  observé  dèy\  dans  les  Térébratii- 
lîdées,  ce  développement  ne  sera  pas  toujours  aussi  complet; 
qaelquefois  il  restera  slationnaire  pendant  tout  ou  partie  de  la  vie 
de  ces  coquilles,  sect.  HemU/iyris,  fij».  3f,  qui  ne  possède  de  delti- 
dium  à  peu  près  complet  que  dans  l'âge  le  plus  avancé,  ou  bien  au 
<X>ntrairc  ce  deltidium  prendra  un  accroissement  tout  à  fait  extra- 
ordinaire jusqu'à  former  de  chaque  côté  du  pédoncule  deux 
petites  ailes  plus  ou  moins  étalées  en  Rhynchonclla  Grasiana^ 
fig.  3^,  etc. 

De  cette  note  on  peut  donc  tirer  les  conclusions  suivantes  : 

\?  Que  le  deltidium  est  une  pièce  des  plus  importantes  à  consi* 
dérer  chez  les  brachiopodcs  articulés  ; 

2**  Que,  si  nous  nous  bornons  aux  coquilles  jurassiques,  l'étude 
du  deltidium  peut  sudire  ])Our  caractériser  les  familles; 

3*  Que  le  développement  de  celte  pièce  suivant  qu'il  a  lieu 
dans  un  sens  ou  dans  un  autre  cban(j[e  du  tout  au  tout  l'aspect  de 
la  coquille. 

à*  Qu'il  uous  montre  trois  modifications  importantes  :  A,  déve- 
loppement en-dessous  du  pédoncule  d'attache  caractérisant  les  7m'- 
braiiilidées  ;  C,  développement  au-dessus  du  pédoncule  d'attache, 
Spirijérieltfcs ;  B,  développement  mixte  autour  du  pédoncule 
d'attache,  Rhynchonellidées  ; 

5*  Que  des  temps  d'arrêt  plus  ou  moins  prononcés  dans  le  déve- 
loppement, ou  que  des  exubérances  de  ce  développement  du  delti- 
dium^  peuvent  sufHre  pour  caractériser  des  sections  parmi  ces 
familles. 

H.  Damour  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

Examen  minèrniogiqne  (Vune    roche  désignée  sous  le  nom 

de  LherzoUte;  par  M.  A.  Damour. 

Cette  matière,  qui  constitue  des  amas  importants  sur  divers 
points  du  département  de  TArié^ne,  et  notamment  près  du  lac  de 
Lherz  d*oit  lui  vient  son  nom,  a  été  classée  par  plusieurs  minéra- 
logistes et  en  premier  lieu  par  (charpentier  comme  se  rapportant 
à  l'espèce  pyroxcne,  et  décrite  sous  le  nom  de  pyroxènc  en  masse. 
A  l'aide  du  microscope  et  de  quelques  essais  chimiques  sur  des 
ëchantillons  récemment  recueillis  en  place  par  IVI.  Descloizeaux, 
j'ai  pu  reconnaître  que  cette  matière  constitue,  non  pas  une 
seule  espèce  minérale,  mais  bien  une  roche  composée  de  trois  élé- 
ments distincts,  savoir  :  1*  le  péridot-olivine,  2^  un  bisilicate 


MA  SfiAlfCK    DO    IS    lANTISR    1862. 

de  magnëite  et  de  protoxyde  de  fer  déjà  conDu  mhu  le 
iïEnsiatUe;  3"  un  diopside  en  grains  arrondis,  de  coukar  vat 
ëméraude.  A  ces  trois  espèces  qui  forment  les  ëlëmenu  eMcntidi 
de  la  roche,  on  voit  assez  fréqueni nient  associée  une  sabtUMC 
en  très  petits  grains  noirs  que  l'on  avait  autrefois  classée  couuM 
espèce  distincte,  sous  le  nom  de  Ptcotite  en  rhonneur  du  natun- 
liste  Picot-Lapeyrouse.  Cette  dernière  substance,  par  ses  csisc^ 
tères  et  sa  composition,  me  paraît  devoir  être  rapportée  au  spinelk 
chromifère.   Sa  densité   est  de  6,08.  Son  analyse  m'a  doonëi 

Oxygéna.        Iupporli. 

Alumine 0,5600  ^t^^'^K  «^^. 

Oxyde  de  chrome  .   .  0,0800  0,0247J    '"*  ' 

Oxyde  ferreux.  .   .  .  0,2490  ^.<>S53K  -.-.- 

Magnésie 0,4030  0,0406»"''**"         ' 

Résidu  siliceux.  .   .  .  0,0200 

4,0120 

Le  péridot-olivine,  isolé  des  autres  substances  par  un  trisfe 
exact,  a  pour  densité  :  3,38.  Il  est  facile  à  reconnaître,  à  sa  cou- 
leur jaune  olive,  à  sa  dureté,  à  son  infusibilité  au  chalumeau  et flor- 
tout  à  sa  propriété  de  faire  gelée  avec  les  acides,  ce  qui  n'a  pu 
lieu  pour  les  autres  matières  qui  raccompagnent.  J'ai  trouvé  pour 
sa  composition  : 

OsygèM.        1 

Silice 0,4059  0,2407 

Magnésie 0,4313  0,4  694  j 

Oxyde  ferreux.  .   .   .  0.4373  0,0305  >0,2036 

Oxyde  manganeux.   .  0,0460  0,0037) 

0,9905 

Uenstattie  se  reconnaît  à  sa  couleur  gris  brunâtre,  à  ses 
et  à  ses  propriétés  optiques  indiquant  que  sa  forme  dérive  d'nft 
prisme  rliombdiilal  droit  de  93^  et  87°  de  coté.  Elle  se  distingue 
ainsi  du  pyroxènc  diopside  qui  cristallise  dans  le  système  du 
prisme  rbomboïdal  oblique.  Klle  est  très  difficilement  fusible  è  la 
flanmie  du  chalumeau  et  inattaquable  par  les  acides.  Sa  densilé 
est  de  3,27.  Sou  analyse  m*a  donné  les  résultats  suivants  i 


4 


Oxygène. 

Silice 0,5476  0,2843         % 

Magnésie 0,3022 

Oxyde  ferreux.  .  .  .  0,0935 

Alumine 0,0490 

Oxyde  de  chrome  •  .  traces 

0,9983 


^'^'®^!0  4394 
0,0207  j"'*^^* 


IfOTB    DB    H.    DAHOCR.  il6 

Le  pyroxèue  diopside  se  fait  remarquer,  dans  cette  roclie,  par 
•a  couleur  vert  éuieraude  ;  il  se  montre  en  petits  grains  arrondis, 
adhérant  assez  fortement  aux  autres  matières  qui  l'accompagnent  ; 
la  densité  est  de  3,28.  IL  fond  à  la  flamme  du  chalumeau  en  un 
Terre  transparent,  de  couleur  verte.  Il  se  dissout  dans  le  sel  de  phos- 
phore et  lui  communique  une  teinte  vert  de  chrome.  Il  résiste  à 
l'action  des  acides.  J'ai  trouvé  pour  sa  composition  : 

Oxygène.        Rapporti. 

Silice 0,5363  0,2785         2 

Chaux 0.2037         0,0579  i 

Magnésie 0,12i8         0,0490)0,1258         4 

Oxyde  ferreux.  .   .   .  0,0852         0,0489  1 

Alumine 0,0i07 

Oxyde  de  chrome  .   .  0,0130 

1,0037 

Le  diopside  doit  évidemment  sa  couleur  verte  à  l'oxyde  de 
chrome.  Bien  qu'on  ne  puisse  défmir  exactement  le  rôle  que 
joue  l'alumine  dans  cette  matière,  on  peut  présumer  qu'elle  cou- 
•liUie  avec  une  portion  de  la  silice  un  silicate  alumineux  ;  le  rap- 
port de  1  :  2  entre  les  bases  chaux,  magnésie ,  oxyde  ferreux  et 
la  silice,  deviendrait  ainsi  plus  exact. 

Sur  les  échantillons  que  j'ai  eus  à  ma  disposition,  le  péridot-oli- 
irine  entre  pour  les  trois  quarts  au  moins  dans  la  constitution  de  la 
roche.  L*enstatite  se  montre  en  plus  forte  proportion  que  le  diop- 
side. 

Eu  faisant  connaître  les  éléments  essentiels  qui  constituent 
cette  roche,  je'ne  prétends  pas  dire  que  sur  toute  IVtcudue  de  son 
gisement,  et  dans  les  diverses  localités  où  Ton  constate  sa  pré- 
sence, elle  se  monlre  sous  un  même  aspect,  ni  qu'elle  présente 
une  même  proportion  dans  les  quanlilés  relatives  des  espèces 
minérales  que  j'ai  signalées;  si  ces  espèces  se  monlreiit  d*une 
manière  distincte  sur  \cs  échantillons  recueillis  près  du  lac  de 
liherz  par  M.  Descloizeaux  et  sur  ceux  qui  font  partie  de  la  col- 
lection du  Muséum  d'histoire  naturelle,  j'en  ai  observé  aussi  plu- 
sieurs autres  où  le  mélan};e  intime  des  trois  espèces  minérales  les 
rend  très  peu  disceruables  à  la  simple  vue.  C'est  alors  que  rem- 
ploi des  acides  perànet  de  séparer  le  péridot  qui  se  transforme 
en  gelée  et  se  dissout  en  mettant  ))lus  en  évidence  l'enstatite  et  le 
pyroxène.  Il  peut  aniver  aussi  que  sur  certains  points  des  gites 
de  Iherzolite  le  péridot  devienne  moins  abondant  et  que  ce  soit 
reottatite  ou  le  pyroxène  qui  prédomine.  Les  géologues  savent 


hl6  SÊÀlfCI   DU   13   JANVIER   1863. 

qu'il  est  difficile  de  classer  les  roclirs,  en  général ,  en  asigaat 
a  chacune  d'elles  une  structure  et  une  composition  bien  définio. 
On  voit,  en  ciïet,  ces  matières  se  modifier  et  paner  fréqnemiBCM 
par  des  nuances  à  peine  sensibles  de  l'une  à  l'autre,  par  k  prf- 
doniinance  ou  la  disposition  de  tel  ou  tel  élément;  c'cit  mi 
que  le  granité  passe  au  gneiss,  à  la  pegmatite,  à  la  protoginei  i 
renritc,  à  la  syénite,  etc.  On  conçoit  donc  qu'il  puisse  en  être  de 
même  pour  la  Ihcrzolite  qui,  bien  qu'essentiellement  formée  de 
péridot,  d'cnstatite  et  de  pyi-oxènc,  montrera  sans  doute,  sar  di- 
vers points  de  son  gisement,  la  prédominance  de  telle  ou  telle  des 
espèces  minérales  qui  la  constituent. 

Une  i-oche,  tout  à  fait  semblable  à  la  Uienolite  des  Pyrénées 
en  ce  qu'elle  est  également  constituée  par  du  péridot^  de  rensta- 
tite  et  du  pyroxène,  m'a  été  apportée  récemment  par  M.  Bertrand 
de  Lom  qui  l'a  recueillie  dans  les  terrains  granitiques  de 
Beyssac,  département  de  la  Haute- Ivoire.  Auprès  du  lac  de  Llien 
et  dans  la  vallée  de  Vicdessnu  (Ariége),  la  Iheraolite  forme  nn 
amas  engagé  dans  de  grandes  masses  calcaires. 

L'examen  de  ces  matières  minérales  m'a  paru  présenter  de 
rintérct,  en  permettant  de  mieux  définir  la  composition  d*one 
roclic  (|Uo  Ton  croyait  formée  d'une  seule  espèce  (pytoxènc),  et 
en  montrant  une  fois  de  pins  que  le  péridot-olivine  ne  se  rencontre 
pas  seulement  dans  les  basaltes,  comme  on  le  présumait  autireibis, 
mais  qu'il  se  trouve  encore  abondamment  répandu  parmi  d'autics 
roches  d'origine  éruptivc. 

Il  existe  une  pareille  roche  dans  la  vallée  d*Ulten  auTyrel; 
j'avais  signalé,  il  y  a  quelques  années  [Jnn,  des  mines,  &*  série, 
tome  VIII,  page  90),  la  présence  du  péridot  dans  "des  itMhes  ma- 
gnésiennes de  Pfunders  en  Tyrol. 

M.  Descloizeaux  fait  ensuite  la  communication  suifante  : 

Note  sur  la  présence  du  zinc  carbonate ^  de  la  Ikerzoliie  ef  de 
la  fluorine  dans  la  chaîne  des  Pyrénées^  aux  enwroiudêt 
Eaux' Bonnes  ;  par  M.  Descloizcaux. 

£n  partant  des  Eaux- Bonnes,  si  Ton  monte  vers  le  sud-est  dans 
le  ravin  nommé  la  Coume^d'Aas,  on  trouve  à  une  heure  des  Baux- 
Bonnes  sur  la  rive  dmite  de  la  Coume,  au  milieu  du  calcaire 
compacte,  de  petits  dépôts  de  pyrite  transformée  eu  hématite 
brune  et  de  blende  mélangée  de  galène  associée  à  du  carbonate 
de  sine  coucrétionné,  cristallin  en  quelques  pointSi  offrent  des 


NOTB    DB    M.    DB8CL01ZBÀIIX.  &17 

zoDes  blanches  cntremêlëes  de  zones  brunes.  La  galène  a  été 
exploitée  par  une  excavation  aujourd'hui  abandonnée,  mais  le 
carbonate  de  zinc  a  été  laissé  sur  place,  probablement  parce 
qu'on  n'en  connaissait  pas  la  nature  et  la  valeur.  La  roche  encais- 
santé  ne  diffère  pas  du  calcaire  compacte,  sans  fossiles,  de  la  butte 
du  Trésor^  au  milieu  duquel  jaillit  la  source  des  Eaux-fionnes. 

Au  lieu  de  suivre  la  Coumc  jusqu'à  Tamas  de  zinc  carbonate,  si 
Ton  prend  ù  droite  et  vers  le  sud  la  gorge  de  Balour^  on  peut,  à 
trois  quarts  d'heure  des  Eau  x-^  Bon  nés,  voir,  en  écartant  les  buis 
qui  en  dissimulent  Tentrée,  une  ancienne  galerie  parfaitement 
taillée  à  la  poudre  à  travers  bancs,  dans  le  calcaire  compacte, 
ayant  l'^jSO  de  largeur  et  2  mètres  de  hauteur,  et  se  terminant 
au  bout  de  53  mètres  de  profondeur  par  un  éboulement  d'une 
marne  argileuse  très  fine  et  très  plastique  au  delà  duquel  des  dé" 
bris  de  forts  boisages  et  un  courant  d'air  vif  et  très  frais  font 
soupçonner  des  travaux  ctemUis;  et  à  l'extérieur,  un  éboulement 
coosidérable,  formant  la  lialdc  de  l'exploitation  ne  contient  que 
de  la  pyrite  transformée  en  hématite  brune  qui  s'est  quelquefois 
transformée  ellc-incme  à  la  surface  en  hématite  rouge  pulvéru- 
lente, un  grand  nombre  de  stalactites  calcaires,  et  des  conglomé- 
rats formés  par  de  petits  galets  fortement  usés  et  aplatis  d'un 
schiste  satiné  gris.  Ces  conglomérats,  dont  les  surfaces  portent  des 
(races  incontestables  de  glissement,  semblent  annoncer  l'existence 
d'un  véritable  filon;  mais  rien,  dans  les  souvenirs  des  habitants, 
ni  dans  l'iiistoire  du  pays,  ne  peut  imiiquer  l'époque  à  laquelle 
on  a  ouvert  la  galerie,  construite  évidemment  par  des  mineurs 
habiles,  ni  quelle  espèce  de  minerai  on  y  a  exploité. 

Laissant  cette  galerie  sur  sa  droite,  si  l'on  suit  la  gorge  de 
Baionr^  on  débouche  dans  un  petit  ])lateau  dit  prairie  de  Balour^ 
et  après  Tavoir  traversé,  on  rencontn;  des  schistes  siluriens  qui 
encaissent  les  calcaires  des  Eaux-Romies  et  qui  constituent  le  col 
de  Brèque.  Au  bout  de  deux  heures  et  demie  de  marche,  on  re- 
joint le  sentier  a  mulet  qui,. des  Eaux-Bonnes,  conduit  par  le 
Gouni  au  pic  de  Ger,  et  l'on  observe  un  mamelon  d'ophite  altérée 
dans  laquelle  la  pâte  est  devenue  d'un  blanc  verddtre,  tandis  que 
les  cristaux  (amphibole?)  larges  et  contournés  s'en  détachent  par 
leur  forme  et  leur  couleur  verte.  On  laisse  à  gauche  la  plaine 
d'Anoui liasse  et  après  trois  heures  et  demie  de  marche  on  par- 
vient au  col  de  Lurdé  au-dessus  duquel  se  trouve,  vers  la  droite, 
un  petit  dépôt  de  gypse  blanc  sacchardiclc  intercalé  dans  les 
schistes  calcaires. On  traverse  le  col,  on  laisse  à  sa  droite  Xapic  du 
midi  d^Ossan  et  Ton  descend,  au  milieu  de  calcaires  cloisonnés 
Socn  géui.t  2*  série,  tome  XIX,  27 


418  SÊAWCE    DU    18    JANVIER    1862. 

remplis  (ie  cri.staux  de  pyrite  niicléée,  dans  un  ravin  qui  se  dirige 
vers  la  plaine  de  Susoru.  T.e  vi  rsant  <;auolie  du  ravin  est  oocnpé 
par  des  s<*liistes  altérés,  le  versaiil  droit  par  un  calcaire  gris,  coin- 
]>acte,  renfermant  de  nnnd)reu.v  eristaux  de  quartz  noirs  et  grisâ- 
tres (souvent  vendus  pour  de  la  rouseranite]  répandus  dans  toaté 
sa  masse,  et  des  moueiies  de  pyrite  cuivreuse  généraleiueiit  en- 
ci  làssées  dans  de  ])etites  veines  de  calcaire  cristallin  blanc.  L'in- 
troduction de  ces  substances  dans  le  calcaire  s'explique  par  Texis- 
tenee  de  deux  petits  mamelons  c()uti{]us  au  ravin,  l'un,  d'ophité 
ampliiholiqne  carartrrisée  par  des  cristaux  très  distincts  d'aiiipbi- 
bole  formant  la  pâte,  avec  de  Tépidote  verte  et  des  lamelles  de  fer 
oli{;iste  <lans  les  fissures;  Tautrc,  de  i/ttrzoliie  tout  à  fait  analo- 
gue à  celle  du  lac  de  Llicrz  et  de  la  valUv  <le  Vic-Dessos  (dépar- 
tement de  TAriége),  quoiqu'un  peu  plus  compacte  que  cette  der- 
nière. On  n\ivait  pas  si{^nulé  jusqu'ici  <ie  llierzolite  ilans  la  partie 
des  Pyi'cnëcs  qui  appartient  au  déparlement  des  Rasses-Pyrénées, 
et  il  parait  bien  f|ue  cette  rocbe,  essentiellement  composée,  d'après 
les  analyses  de  M.  Damuur,  de  péridot,  d'enstatite  et  de  pyroxèoe, 
a  joué  le  même  rôle  que  Topliite  anqdiibolique  dout  elle  doit  être 
contemporaine;  les  amas  qu'elle  forme  sont  seulement  moins 
répandus  et  moins  inqiortants  que  ceux  d'ophite. 

Si  maintenant  on  quitte  les  Kaux-13onnos  pour  se  rendre  aux 
Eaux-Cbandcs,  on  rencontre  des  scbistes  calcaires  ou  argileux 
presque  en  entrant  dans  la  ^;or[(c  des  Eaux-Chaudes,  puis  vieta- 
neut  les  (;neiss  et  les  granités  qni  continuent  jusqu'au  village  de 
Gabas.  Le  sentier  qui,  de  ce  village,  conduit  aux  bains  de  Pentt- 
cosa  en  Mspagnc,  travei>e  <lcs  alternances  de  calcaires  cristallins 
et  de  scbistes  noirs  ou  rnbanéi;  à  trois  beures  et  demie  de  Gabas 
on  trouve  la  frontière,  et,  à  300  ou  /|00  mètres  du  mur  de  sé|te- 
ration,  sur  le  territoire  cspaj^nol,  on  .s'arrête  avec  étouneineut 
devant  une  véritable  coltine  de  s[atb  flnor,  quelquefois  limpide, 
plus  souvent  translucide  et  incolore,  enclavée  au  milieti  dé  kchiA- 
tes  siliceux  compactes,  gris,  dont  les  fentes  sont  tapissées  par  quel- 
ques cristaux  cnbiqnes  de  spatb  fluor  et  par  des  cristaux  limpides 
de  quartz.  Au  contact  immédiat  de  la  fluorine  se  montre  une 
sorte  dequailzile  c()nq)acle  à  cassure  grenne,  d'nn  blanc  verdâtre 
faiblement  translucide,   mélangée  de  quelques  lamelles  de  (ak 
blanc.  Le  peu  de  temps  que  j'ai  pu,  dans  une  première  excursion. 
passer  près  de  ce  gi^;antes(ïuc  amas,  ne  m'a  permis  de  recueillir, 
outre  les  échantillons  de  fluorine,  que  des  concrétions  minces  et 
peu  aboudantis  déposées  dans  les  crevasses  et  les  cavités  delà 
masse,  et  sur  la  nature  desquelles  je  ne  suis  pas  encore  bien  fixé. 


NOTI    DE    M.    DSSCLOIZKAUX.  A 10 

A  la  prochaine  occasion,  je  nie  propose  de  rechercher  s*il  existe 
quelques  substances  métalliques  dans  le  voisinage  du  spath  fluor 
et  d'étudier  plus  en  détail  les  circonstances  d'un  gisement  si  sin- 
gulier et  si  diflérent  de  tous  les  giles  connus  Jusqu'ici  pour  ce  mi- 
néral.  Si  la  substance»  qu'on  ferait  facilement  parvenir  à  dos 
dane  et  en  charrette  jusqu'à  Larum,  pouvait  ensuite  être  trans* 
portée  économiquement  à  Marseille,  à  Lyon  ou  à  Paris,  nul  doute 
que  t'inciustrie  métallurgique  et  surtout  chimique  n'en  tirât  ua 
excellent  parti,  a  cause  de  sa  pureté  exceptionnelle. 

H.  Edm.  Hôbert  demande  d  M.  Descloizeaux  s'il  a  recherché 
la  barytine  auprès  du  gisement  de  fluorine  qu'il  a  décrit. 

M.  Descloizeaux  dit  qu'il  n'y  en  a  point  vu,  mais  que  la 
présence  de  la  barytine  lui  a  été  signalée  prés  du  pic  de  Ger. 

M.  Delesse  fait  observer  que  le  gtte  remarquable  de  spath 
fluor  signalé  par  M.  Descloizeaux  paraît  analogue  à  celui  d'un 
autre  fluorure,  la  cryolite  du  Groenland.  L'ainas  de  spath  fluor 
de  Gabas  est  d'ailleurs  bordé  par  une  salebande  de  quartz  dont 
la  présence  peut  étn*  atlribuée,  soit  à  un  dépôt  opéré  par  les 
agents  qui  ont  produit  le  spath  fluor,  soit  à  une  altération 
exercée  par  ces  mêmes  agents  sur  les  schistes  siliceux  qui 
encaissent  l'amas. 

L'existence  du  péridot,  qui  a  été  constatée  dans  la  Iherzo- 
lite  par  M.  Damour,  donne  un  nouvel  exemple  du  gisement  de 
ce  minéral  dans  des  roches  non  volcaniques.  M.  Delesse  rap- 
pelle à  ce  sujet  que  la  variété  de  péridot  nommée  glinkite  se 
trouve  dans  le  schiste  lalqueux  et  accidentellement  dans  les 
rbëhes  granitiques;  que  la  batrachile,  péridot  hydraté  à  basé 
de  chaux  et  de  magnésie,  s'est  développée  dans  le  calcaire  mé- 
tamorphique du  Tyrol  \  que  la  Tajalite,  péridot  ù  base  de  fer, 
s'est  formée  dans  le  granité  du  Mourne-Mountain  en  Irlande. 
Un  minéral  peut  donc  se  développer  dans  des  roches  d'origine 
Tolcanique  ou  non  volcanique,  et  c'est  particulièrement  bien 
yisible  poUr  les  feldspaths,  les  micas,  les  pyroxénes,  les  amphi- 
boles, c'est-à-dire  pour  les  silicates  qui  constituent  essentielle* 
ment  les  roches  (i). 


(4)  BulUàn  de  la  Soc.  géologique,  i"  séf.,  I.  XV,  p.  '^28,  ^858. 


àZO  SÊÀlfCI    DU    13    JANTIBR    1862. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  de  l^extrait  suivant  d'une  letln 
de  M.  Boue  : 

Vienne,  leS4  décembre  4861. 

M.  le  professeur  Szabode-Pest  parait  avoir  pris  pour  point 
dVtude  le  bas  Danube,  la  Yalachie,  le  Dobroutscha^  TV  y  retourne 
l'été  prochain.  Outre  des  calcaires  secondaires  de  la  partie  septen- 
trionale du  Dobroutscha,  on  lui  a  dit  qu'il  y  avait  aussi  des 
roches  à  dépôts  métallifères! 

La  carte  géologique  de  la  Transylvanie,  par  Franz  de  Hauer, 
est  une  nouveauté  très  digne  d'être  connue.  Il  a  soumis  à  l'Aca- 
démie de  Vienne  le  résultat  de  son  relayé  géologique  fia  BaAonynvld 
ou  de  la  chaîne  qui  s'étend  de  fiude,  par  Stuhlweissenburg,  à  l'O. 
du  lac  Balaiou,  et  de  là,  du  N.-E.  au  S.-O.,  vers  les  frontières 
croates.  Cette  chaîne,  très  bien  connue,  n'est  qu'une  miniataire 
des  Alpes  secondaires,  avec  cette  difTérence  qu'elle  renrerme  des 
basaltes  près  du  lac  fialaton.  La  base  de  ces  dépôts  secondaires 
est  formée  par  les  couches,  rougeâtres  de  Werseu  ou  le  grès  bi- 
garré ;  puis  viennent  la  série  des  couches  du  niuschelkalk  et  du 
Jura  des  Alpes  et  le  terrain  de  (josau.  Les  couches  inférieures 
redressées  ressortent  sur  la  côte  orientale  de  la  chaîne,  de  manière 
qu'on  marche  de  l'E.  à  TO.  des  anciens  aux  nouveaux  dépôts. 
Certains  calcaires,  comme  celui  du  Dnchstein  avec  les  gros  Méga- 
lodon,  y  forment  des  plateaux.  A  i'cntour  règne  le  terrain  tant 
éocène  que  néogène.  Une  véritable  découverte  est,  au  N.-E.  de 
Stuhlweisscnburg,  un  grand  massif  isolé  nom/né  Meleg/tegy,  Cette 
montagne  est  composée  surtout  de  roches  granitiques  et  por- 
phyriques  avec  des  agglomérats  quartzeux  voisins  du  verrucano 
de  l'Italie.  OuUe  ce  que  F.  de  Hauer  en  a  dit  à  l'Académie,  le 
docteur  Zirkel  en  a  détaillé  la  constitution  avant- hier  à  l'Institut 
géologique. 

Un  autre  relevé  fort  intéressant  est  celui  de  la  partie  N.'O.  de 
fEsclavonie,  par  le  docteur  Stur.  Ce  géologue  y  distingue  trois 
massifs  de  montagnes,  savoir  :  celui  de  TOrljava  (aux  sources  de 
cette  rivière),  celui  du  Poschega  (au  S.  *dc  Poscheg),  et  celai  de 
firood  (N«  de  Brood).  Du  milieu  des  plaines  alluviales,  diluvialet 
(loess),  s'élèvent  des  collines  du  néogène  (argiles  à  Gongéries, 
Tegel^  sables,  etc.),  et  celles-ci  entourent  les  anciennes  fonnationsi 
savoir,  du  trias  et  des  roches  cristallines.  Le  granité  et  le  gneiai 
dominent  dans  les  monts  d'Orljava;  il  y  a  quelques  micaschistes 
et  amphibolites.  Dans  une  brèche  porphyrique  secondaire  on  voit 
d«s  svjiislea  e(  des  do(omie8  du  trias  avec  des  poiutements  de 


LETTRE    1>E    H.    BOUE.  i2l 

phyrc  ainygdalailc.  Knlrc  lo  trias  et  le  n^O(];èiie  ou  son  agglomé- 
rat, on  iraperçoit  qu'un  dépôt  cl*aggloiiicrat  appartenant  proba- 
blement à  la  craie  el  foiinant  la  niasse  prineipale  du  massif  de 
Poscliega.  Lq  néogène  se  divise  en  trois  étages:  le  plus  ancien, 
marin,  est  composé  de  sable  argileux,  de  grès  et  de  calcaire  à 
algues  calcaires  ou  du  Leilha  ;  puis  vieiment  les  couches  marneuses 
à  Cérithes  avec  des  amas  locaux  d*argile  schisteuse  et  de  grès, 
l'équivalent  du  dépôt  de  lladoboj,  si  riche  en  plantes.  Ce  nrogène 
forme  à  lui  seul  le  groupe  de  hauteurs  de  Drood.  La  troisième 
division  du  néogène,  savoir,  le  Tcgcl  ou  argile  à  Congériesy  avec 
une  faune  de  mollusques  particulière,  avec  du  calcaire  d*cau  douce 
et  des  couches  de  cailloux  et  de  sables  tertiaires  connue  à  Vienne, 
cette  division,  dis-je,  constitue  Ks  basses  collines  entre  nos  trois 
massifs  de  montagnes.  Dans  les  plaines  régnent  le  sable  et  les 
cailloux  du  diluvium  en  tcnnssc  et  uu-dessus  vient  le  loess.  Des 
trachyies  et  rhyoliihcs  avec  des  tufas  sont  liés  à  la  seconde  divi- 
sion du  néogcne,  comme  cela  a  lieu  aussi  en  Styrie.  C'est  près  de 
Vousehin  et  sur  le  point  le  ])lus  élevé  de  la  route  de  Bcktes  à 
Naschik  qu'on  trouve  dans  le  premier  endroit  un  massif  assez 
considérable  de  trachytc  et  dans  le  dernier  le  rhyolithe  et  des 
tufas  trachytiques  juxtaposés  aux  roches  cristallines  anciennes. 
L'agglomérat  des  monts  de  Poschega  contient  des  lignites;  Tar- 
gile  à  Congéries  en  offre  aussi  çà  et  là,  et  près  de  Petrovoselo 
(E,  du  nouv.  Gradischka)  il  y  a  des  sources  de  naphte  ;  du  fer 
bydraté  brun  accompagne  la  brèche  porphyrique  entre  Poschez 
et  Pleternica.  Il  y  a  des  sources  thermales  iodifèresà  Lipnik,  près 
de  Pakras,  et  ferrugineuses  à  Darouvar. 

M.  Foetterle  a  construit  la  carte  géologique  de  la  partie  septen' 
irionale  de  la  Croatie,  Les  chaînes  principales,  l'Ivanschika  et  les 
monts  d'Âgram  (entre  Orana  et  iheznica),  avec  la  chaîne  Kalnik, 
sont  composées  de  schistes  cristallins,  de  diorite  schisteuse,  de  la 
doloniic  du  Dachstein  et  des  couches  triasiquesde  Werfer.  Il  y  a 
dfes  pointements  nombreux  de  porphyre.  A  Oresje  existe  le  cal- 
caire à  Hippurites  et  dans  les  monts  Kalnik  le  calcaire  jurassique. 
Le  long  et  au  pied  des  chaînes  sont  le  grès  tertiaire,  le  calcaire  du 
LeitUa  et  les  marnes,  tandis  que  les  basses  collines  sont  composées 
d'argiles  à  Congéi'i es,  qui  renferment  de  grandes  couches  de  lignites 
près  d'Ivanec. 

Le  docteur  Stache  a  décrit  des  dépôts  considérables  de  calcaire 
et  eau  douce  composé  presque  uniquement  de  coquilles  d^  Hélix. 
Ces  couches  sont  sur  le  bord  N.-O.  du  Bakouywald  et  elles  se 
trouvent  en  liaison  avec  Tétagc  à  Congéries. 


42^  SÉANCE    DU   13   JANVIKR    1862. 

Le  conseiller  Lipold  a  achevé  son  ctiiJc  des  terrains  coniettMi 
les  colonies  de  M.  Barraude.  Il  croit  être  venu  à  I)Out  de  déchifter 
entièrement  cet  hiéroglyphe  et  de  pouvoir  démoatrer  que  les 
accidents  de  stratification  en  sont  seuls  les  causes. 

Franz  de  Haucr  a  présenté  à  l'Académie  un  mémoire  inann- 
scrit  de  W.  Gùmbcl,  sur  1rs  es/itrcs  a  iUstittgutr  ^«inni  ct:s  grasses 
bivalves  comprises  /iisqu'ici  sous  le  un  m  r/r  Megalodon  trîquetrum. 
Cette  mono{|;rapliie,  difficile  à  cnus^*  de  la  matière  l'evèche  des  tesu 
énormes  dans  des  roches  très  dures,  expose  les  caractères  et  les 
figures  de  cinq  espèces,  je  crois. 

Le  même  géologue  imprime  un  ouvrage  spécial  sur  les  Alpes 
secondaires  de  la  Bavière^  en  étendant  ses  ohservatioiis  à  la  partie 
de  TAutriche  qui  lui  est  connue,  ou  en  profitant  des  lumières  de 
nos  ('éologues.  Cet  ouvrage  paraîtra  bientôt*,  il  contient  beaucoup 
de  coupes  et  vignettes.  11  raccorde  complètement  les  subdivisioDS 
géologiques  alpines  des  Autrichiens  avec  celles  des  Suisses.  Il  fera 
probablement  épo(]uc  et  éclipsera  surtout  Touvragc  moins  |Kii-fait 
de  Schafhaùtl,  géologue  chargé  du  relevé  bavarois  par  rAcadéuiie 
de  Munich,  tandis  que  Gund)i'l  est,  je  crois,  du  corps  des  uiinei, 
qui  fait  aussi  ses  relevés  gtH.)Ioi;iques. 

!\].  Hohenegger  a  découvert  dans  la  Silésie  aiitrîchienoectles 
Carpathes  du  N.-O.  de  la  llonj;ric  les  dépôts  secondaires  depuis 
le  lias  jusqu'à  la  craie,  y  compris  le  gault,  et  de  pfus  réooène. 
Ces  dépôts  sont  placés  les  uns  sur  les  autres  dans  leur  ordre  naturel, 
de  bas  en  haut,  en  procédant  de  TO.  à  TE.  Alais  la  pariîcularitëdu 
gisement  est  que  plus  les  dépôts  sont  rra  nts,  plus  hautes  sont  les 
montagnes  qu'ils  forment.  Ainsi  le  gault  couiTinne  en  partie  les 
Carpatiies  et  a  été  compris  jusqu'ici  dans  les  grès  carpathiques. 
Une  formation  d'ophite,  à  i>eu  près  celle  des  Pyrénées,  perce  ces 
terrains. 

(^tte  découverte,  par  de  Hauer,  du  gault,  soit  là,  soit  au  centre 
de  la  Hongrie  dans  la  chaîne  du  lac  Balaton,  est  un  fait  remar- 
quable, car  jusqu'ici  cet  étage  n*a  pu  être  découvert  ni  dans  le  sud 
de  l'Allemagne,  ni  dans  toute  la  chaîne  des  Al|>es,  une  fois  passé 
le  Voralberg  et  TAllgau. 

M.  Goubert  décrit  quelques  espèces  nouvelles,  recuaillies  à 
à  Glos  (Calvados). 

M.  Edm.  Hébert  fait  observer  que  Y  Ammonites ^  rapporté  par 
M.  Goubert  à  Tespùce  cordatus,  doit  se  rapporter  h  Tespéce 
altenians. 


MOTS    DB   M.    HBLLBTILLS.  A^ 

Séance  du  20  janvier  1 862. 

PRÊSIDBNCB    DE    M.    DELESSK. 

M.  Danglure,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal 
de  la  dernière  séance  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Le  Président  annonce  ensuite  trois  présentations. 

DONS    FAITS    A    LA    SOCIÉTÉ. 

La  Société  reçoit  : 

De  la  part  de  M.  Ed.  Lambert,  Notice  historique  et  géolo- 
gique sur  Sinceny  (^.iisne)  (extr.  du  /)«//.  de  In  Soi:,  litt,  et 
scient,  de  Ckauny^  t.  II,  décembre  1801),  in-8,  pp.  65-120. 

De  la  part  de  MM.  Alexandre  Vézian,  Prodrome  de  géologie^ 
introduction^  in-8,  55  p.  Paris,  1861,  chez  F.  Savy. 

Comptes  rendus  hebd.  des  séances  de  rAcad,  des  sciences^ 
4862,  1"  sem.,  t.  LIV,  n°  !>. 

L'Institut,  ïf  1403,  1862. 

Société  imp,  dUtgricuUure,  sciences  et  arts  de  rarrondisse- 
méat  de  yalenciennes^  novembre  18(>1. 

The  Àthenœuin,  n°  1786,  1862. 

Jahrbuch   der    A\   K.   geoiogischcn   Reic/usanstalt,    1860, 
n*  2,  avril  à  décembre. 
•     Revista  minera,  t.  XII,  n**  278,  décembre  1861, 

M.  le  marquis  de  Roys  dépose  sur  le  bureau  une  lettre  d(? 
M.  Tarchiviste  de  la  Société  botanique  <le  France  qui  remercie 
la  Société  géologique  du  don  (;ui  a  été  fait  ù  la  Société  bota- 
nique de  d<iux  troncs  de  fougères. 

M.  Melleville  fait  la  communication  suivante  : 

Notice  géologique   sur  les  terrains  de  transport  superficiels 
du  bassin  de  la  Somme;  par  M.  Melleville. 

La  vallëe  de  la  Souuuc,  parliculièreinent  dans  sa  partie  iiifë- 
rieure,  ainsi  que  quelques-unes  des  petites  vallées  qui  y  abou- 
tissent, sont  occupées  par  des  coucbes  de  transport  sur  lesquelles 
Tattention  est  particulièrement  évrillée  depuis  qu'on  y  a  docou- 
verldes  objets  de  Tiadustrie  humaine  associés  à  des  débris  fossiles 


4S&  SÉANCR    du    20   JANVIFII    1862. 

de  grands  carnassiers  et  d'herbivores  d'espèces  perdues  ou  u'habi- 
tani  ])liis  nos  contrées. 

Ces  découvertes  qui  sont  ducs,  comme  on  le  sait,  à  M.  Bouclier 
de  Pcrtlies,  Thonombie  ])résident  de  la  Société  d'éinulatioo 
d'Abbeville,  ont  donné  naissance  à  deux  questions  différentes: 
une  question  d'ai*chéolo(>;ie  ancienne  fort  importante,  piÎ8qu*elle 
tend  à  établir  que  Texistence  de  riiomme  remonte  à  une  époque 
beaucoup  ))lus  ancienne  qu'on  ne  le  supposait  coniiiiunéinent, 
mais  dont  je  n'ai  pas  à  m'occuper  ici  (1);  ensuite  une  question 
géologique  qui  ne  présente  pas  moins  d*intérèt,  puisqu'il  s'agit 
de  fixer  deux  points  sur  lesquels  on  est  loin  de  s'accorder,  à  sa- 
voir, l'âge  de  ces  conchis  et  la  position  qu'elles  occupent  dans 
la  série  des  terrains  scdiuicutaires. 

Las  couches  de  trans)K)rt  superficielles  de  la  Somme  sont-elles 
tout(fs^  en  cfl'et,  d'une  épo(|ue  assez  moderne,  et  doit-on  les  ran- 
ger dans  le  terrain  clysmicn  ou  diluvien,  comme  on  le  pense 
assez  généralement?  îN'nppartienncnt-elics  pas,  au  contraire,  du 
moins  en  partie,  à  une  autre  époque  et  ne  convient-il  pas  de  les 
rapporter  à  une  formai  ion  plus  ancienne?  Telles  sont  les  ques- 
tions que  je  me  propose  d'examiner  particulièrement  dans  celte 
étude.  i^Iais,  avant  d'entrer  dans  cet  examen,  il  me  paraît  indis- 
pensable de  donner  quelques  détails  précis  sur  le  gisement,  la 
constitution  minéralogique,  rallure  et  les  fossiles  de  ces  coucIifS| 
seul  moyen  sûr,  en  effet,  de  résoudre  les  questions  que  je  uc  suis 
posées. 

Deux  voyages  exécutés  l'année  dernière,  dans  le  département  de 
la  Somme,  m'ont  d'ailleurs  permis  de  les  étudier  sur  les  princi- 
paux points  qu'elles  occupent,  c'est-à-dire  dans  la  vallée  de  l'Aviei 
entre  Morueil  et  Amiens,  et  dans  la  vallée  de  la  Somme,  depuis 
cette  même  ville  d*Amieus  jusque  la  mer. 

Examinons  d'abord  les  grevières  des  environs  d'Amiens.  Celles 
des  tuileries  de  Saint-Acheul,  au  midi  de  celte  ville,  présentent 
les  particularités  suivantes  : 

Le  banc  le  plus  inférieur  est  formé  par  un  amas  de  silex  de 
plusieurs  nuances,  mais  principalement  noir,  couleur  particulière 
au  silex  pyromaque  de  la  craie.  Ces  silex  affectent  toutes  les  formes 
possibles,  surtout  la  forme  tuberculeuse.  Il  eu  est  qui  ne  préMO- 
tent  aucune  trace  d'usure;  quelques-uns  sont  cassés,  d'autres,  en 
plus  grand  nombre,  ont  leura  angles  émoussés;  on  en  trouve  aussi. 


(1)  Voyei  à  ce  sujet  ma  Notice  sur  les  silex  tailles  tles  départe^ 
mcnts  de  la  Somme  et  de  l* Aisne;  1861  ;  Paris,  Dumoulin,  libraire. 


NOTE    DE    U.    HELLIVILLE.  426 

mais  fort  rarement,  qui  sont  entièrement  roulés.  Enfin,  dans 
cette  masse  énurinc  de  cailloux  il  ne  m'a  pas  été  possible  d'en 
découvrir  un  seul  qui  ne  fut  pas  un  silex  et  je  ne  crois  pas  que 
personne  en  ait  sij^nalé  aucun  d*une  autre  nature. 

Ce  banc  caillouteux  présente,  d'ailleurs,  des  ondulations  qui 
en  rendent  Tépaisseur  fort  irré(;ulière.  Réduit  à  35  centimètres  dans 
la  carrière  de  roucst,  il  atteint  jusqu'à  2  et  même  3  mètres 
dans  la  carrière  située  à  deux  cents  pas  de  la  première.  On  remar- 
que aussi  que  les  cailloux  sont  disposés  confusément  et  non  daus 
UD  ordre  en  rapport  avec  leur  volume  et  leur  poids,  les  plus  gros 
reposant  aussi  bien  dans  le  haut  que  dans  le  bas  du  dépôt.  Les 
hachettes  façonnées  de  main  d'homme  se  trouvent  particulière- 
ment dans  ce  premier  banc. 

Dans  la  carrière  de  l'ouest,  cette  masse  de  cailloux  est  surmon- 
tée par  les  bancs  suivants  : 

1^  Sable  gris  jaunâtre,  présentant  des  sortes  de  lits  ondulés,  mais 
revenant  à  l'horizontalité  et  renfermant  de  nombreuses  coquilles 
appartenant  à  des  espèces  terrestres  et  d'eau  douce.  .   .     2", 70. 

2*  Sable  argileux  et  marneux  gris  jaunâtre  avec  fossiles  sem- 
blables aux  précédents,  et  quelques  silex  ouvrés 0'°>80. 

Dans  la  carrière  de  Test,  ces  deux  bancs  se  trouvent  i-éduits  à 
30  centimètres  environ  par  suite  de  l'épaississement  du  banc  de 
cailloux;  ils  renferment  les  mêmes  fossiles,  mais  le  sable  y  est 
plus  J)lanc. 

3*  Sable  jaune,  argileux  (sable  gras  des  ouvriers),  dont  l'épais* 
seur  est  également  très  variable.  Dans  la  carrière  de  Touest,  elle 
oscille  entre  un  décimètre  et  un  mètre  ;  dans  celle  de  l'est,  elle 
s'élève  jusqu'à  1"*,50.  Dans  cette  dernière,  ce  sable  prend  une 
teinte  brune  dans  le  bas  où  il  est  rempli  de  silex  ;  il  redevient  gris 
jaunâtre  dans  le  haut. 

b^  Lit  de  cailloux  empâtés  dans  un  limon  brun,  environ  O^'jlS. 

Ce  second  banc  de  cailloux  présente  des  différences  assez  sensi- 
bles avec  le  premier,  d'abord  en  ce  qu'il  n'est  plus  exclusivement 
composé  de  silex  de  la  craie,  comme  je  le  dirai  tout  à  l'heure, 
puis  en  ce  que  ces  cailloux  ont  constamment  leurs  angles  émous- 
»és»  On  remarque  aussi  que  ces  débris  pénètrent  dans  la  couche 
sous*jacente  au  moyen  de  nombreux  sillons  ou  ravins  sur  les- 
quels je  reviendrai  également. 

5^  Limon  gris  jaunâtre  (  fausse  terre  des  ouvriers  ) ,  envi- 
ron  ' 0",40. 

6*  Limon  jaune,  argileux,  servant  i  la  fabrication  des  briques 
et  des  paunes,  environ 0",80. 


A26  SÉANCE    DU    20   JÀNTIER    1862. 

Les  grevières  de  Saint-Rocb,  à  Touest  d'Amiens,  offrent  peu 
de  différences  avec  celles  de  Saint-Achcul  ;  seulement,  on  voit 
plus  fréquemment,  dans  le  banc  caillouteux  inférieur,  des  cailloux 
roulés  de  silex,  des  morceaux  de  craie  blanche  é^^alement  roulés, 
et  tous  ces  matériaux  sont  souvent  agglutinés  en  un  véritable  pou- 
dingue. Les  sables  qui  surmontent  ce  banc  forment  aussi  des  no- 
dules, des  galets  et  même  de  larges  plaquettes  de  grès  assez 
dur. 

Quant  au  second  banc  caillouteux  et  aux  argiles  limoneuses  qui 
lui  sont  subordonnées,  ils  ne  présentent  rien  de  particulier  à  Saint- 
Rocli,  sinon  peut-être  qu'ils  y  sont  plus  épais. 

Les  grevières  de  Montliières,  ouvertes  à  2  ou  3  kilomètres  de 
celles  de  Saint-Roch,  sont,  à  mon  avis,  les  plus  intéressantes  de 
celles  qui  entourent  la  ville  d'Amiens.  Le  banc  inférieur  y  est 
formé  par  une  masse  épaisse  au  moins  de  U  mètres,  de  cailloux  gé- 
néralement tuberculeux  de  silex  de  toutes  grosseurs,  empâtés 
dans  une  sorte  de  marne  calcaire  et  sableuse.  Ces  silex  ne  portent 
en  général  aucune  trace  de  frottement,  et  le  très  petit  nombre  de 
ceux  qui  sont  cassés  ont  conservé  leurs  angles  vifs.  Quelques-uns 
cependant  sont  roulés  et  arrondis  comme  des  galets  de  rivage, 
mais  ces  derniers  sont  si  rares  qu'on  pourrait  à  peine  en  compter 
un  sur  mille.  On  y  trouve  aussi  quelques  morceaux  de  craie  'aux 
angles  émoussés,  des  Bélemnites,  des  oursins  de  la  craie,  des  py- 
rites ordinairement  spbériqucs,  ce  qui  leur  a  fait  donner  le  nom 
de  bouffis  par  les  ouvriers.  Quant  aux  silex,  ils  sont  de  toutes  les 
nuances,  grise,  blanche,  verdàtre  (celle-ci  est  la  plus  rare)  et 
plus  ordinairement  noire  foncé.  Tous  sont  recouverts  d'aoe 
croûte  ou  patine  de  nuance  différente,  blanche  (c'est- la  plus  com- 
mune), jaune  orange  ou  rose  tendre.  Dans  le  bas  de  la  masse,  les 
cailloux  sont  presque  sans  ciment  ;  c'est  aussi  là  qu'on  trouve  or- 
dinairement des  hachettes  et  des  ossements  de  grands  aniinaux. 

Cette  masse  de  cailloux  est  recouverte  par  un  premier  banc  de 
sable  argileux,  ou  sable  doux  des  ouvriers,  puis  par  un  second 
banc  de  sable  de  couleur  blanchâtre,  ou  sable  aigre  des  ouvriers, 
offrant  ensemble  une  épaisseur  moyenne  d'environ  2*^50.  Ces 
sables  renferment  aussi  des  coquilles  fossiles  identiques  avec  celles 
signalées  plus  haut. 

Connue  à  Saint- Acheul  et  à  Saint-Roch,  un  second  banc  cail- 
louteux recouvre,  à  Monthières,  les  sables  précédents  en  strati6- 
cation  contrastante,  et  les  matériaux  qui  le  composent  provien- 
nent de  roches  plus  variées,  grès  quartzeux  et  nummulitiques, 
^ès  ferrugineux,  fragments  de  poudingues,  etc.,  mais  surtout  de 


NOTB    DE    H.    MSLLBTILLI.  427 

silex  qiiartzciix  de  diverses  couleurs^  ordinairement  dépourvus  de 
croûte  ou  patine.  Ces  matériaux  ont  (généralement  les  an(]les 
émoussës  et  on  les  exploite  à  iMoulliicres  pour  le  ballast  du  che- 
min de  fer. 

Une  couche  épaisse  d'argiles  jaunis  légèrement  sableuses  s'é- 
tend à  son  tour  sur  ce  banc  caillouteux  et  s'y  lie  intimement  en 
offrant  cette  particularité,  que  Ton  retrouve  d*ailleurs  partout, 
d*étreplus  sableuse  dans  le  bas,  à  son  point  de  contact  avec  les 
cailloux,  que  dans  le  haut.  Ces  argiles,  tout  à  fait  semblables  à 
celles  qui  recouvrent  les  plaines  et  \vn  plateaux  de  la  Picardie, 
sont  exploitées  à  Monthières,  comme  elles  le  sont  partout  ailleurs, 
pour  alimenter  les  grandes  usines  tle  briques  et  de  pannes  établies 
dans  ce  village. 

Toutes  les  coucbes  de  transport  précédentes  se  retrouvent  à 
Fouest  d'Ailly-sur-Somme,  entre  ce  village  et  le  bourg  de  Picqui- 
gny.  On  en  voit  une  exploitation  abandoimée  sur  la  hauteur, 
près  du  cbemin  qui  relie  entre  elles  ces  deux  localités.  Elles  s'y 
présentent  exactement  dans  le  même  ordre  qu'auprès  d'Amiens. 
Dans  le  bas,  c'est  un  banc  épais  et  contourné  de  cailloux,  princi- 
palement composé  de  silex  tuberculeux  de  la  craie,  sur  lequel  re- 
posent le  banc  de  sable  gras  et  celui  de  sable  maigre,  tous  deux 
coquilliers,  mentionnés  plus  haut.  Ce  dernier  banc  y  est  aussi  ra- 
Tinë  à  sa  surface  supérieure  et  recouvert  par  un  second  banc  de 
cailloux  souvent  brisés  et  )>ortant  les  marques  d'un  frottement 
prolongé.  Ces  cailloux  sont  généralement  colorés  en  une  nuance 
jaune  de  rouille  par  des  infiltrations  ferrugineuses,  et  se  comiK>- 
•ent  de  silex  de  la  craie  ou  de  plus  anciens,  mélangés  à  quelques 
fragments  de  roches  étrangères  au  pays. 

Sur  ce  second  banc  caillouteux  s'étend,  en  s'y  liant  intimement 
cotiime  toujours,  une  couche  de  limon  jaune,  argileux,  très 
épaisse  sur  ce  point,  où  elle  atteint  en  cllet  une  puissance  de  plus 
de  3  mètres.  Ici  encore  ces  argiles  limoneuses  sont  exploitées 
en  grand  pour  faire  des  briques,  et  ces  briques  sont  exactement 
de  même  nature  et  de  même  qualité  que  celles  fabriquées  dans 
toute  la  Picardie  avec  des  terres  provenant  de  la  même  couche. 
Elles  sont  assez  tendres  et  d'une  couleur  rouge  foncé  bien  connue 
•ous  le  nom  de  rottf^e  de  brique. 

Les  grevières  de  Mcnchccourt,  faubourg  d*Abbeville,  oiirent 
quelques  différences  de  détails  avec  les  précédentes.  Malbeur^use- 
ment' je  n'ai  pu  les  étudier  d'une  manière  complète,  attendu  que 
les  travaux  d'extraction  étant  suspendus  durant  Tété,  elles  se  trou- 
Ttienl  eo  partie  comblées  lorsque  je  suis  allé  les  visiter. 


A28  8ÊANLK    DU    20   JÀ4^VIBa    1S62. 

Le  banc  caillouteux  infciîcur  irôlait  pas  visible  clans  les  car- 
rières du  village,  mais  les  travaux  cVapprofondisseiueut  des  fosses 
de  la  ville  l'avaient  mis  à  déeouveit  près  de  la  porte  Marcadc.  En 
ce  point,  il  repose  sur  un  banc  assez  mince  de  marne  blanche 
crayeuse,  ou  craie  remaniée  et  en  bouillie,  dans  laquelle  on  a 
trouvé  des  ossements  de  {grands  animaux  et  des  silex  taillés. 

Ce  banc  caillouteux  est  très  épais,  n'ayant  pas  moins  de  k  h 
5  mètres  de  puissance.  Les  silex,  tous  de  la  craie,  sont  mêlés  de 
beaucoup  plus  de  («ravier  et  de  gros  sable  qu'à  Amiens  et  surtout 
qu'à  3IoutIiières. 

Le  banc  de  sable  ar^^ileux  et  marneux,  ou  sable  gras  des  ouvriers, 
qui  recouvre  ces  cailloux,  était  imparfaitement  visible.  Le  banc 
suivant,  formé  d*un  sable  gris  jaunâtre  et  argileux ,  renferme 
d'assez  nombreuses  coquilles  dont  les  espèces  sont  identiques  avec 
celles  des  carrières  des  environs  d'Amiens;  son  épaisseur  est  d'en- 
viron 1  mètre. 

On  trouve  ensuite  un  nouveau  banc  de  cailloux  empâtés  dans 
une  marne  crayeuse  [presle  crayeuse  des  ouvriers).  Ces  cailloux 
sont  de  toutes  grosseurs  et  occupent  en  général  un  niveau  en  rap- 
port avec  leur  volume  et  leur  poids,  c'est-à-dire  que  les  plus  gros 
sont  dans  le  bas  et  les  plus  petits  dans  le  haut.  Ce  banc  est  d'ail- 
leurs très  tourmenté  et  son  épaisseur  varie  entre  l'^.SO  et  2'",50. 

Ce  banc  de  cailloux  ne  se  trouve  pas  autour  d'Amiens.  Sa  surface 
supérieure  est  ravinée  par  de  nombreuses  cavités  (tonnelles  des 
ouvriers),  ayant  jusqu'à  l^^sSO  de  profondeur,  qui  affectent  en 
général  la  forme  d'un  V,  et  sont  remplies  par  les  matériaux  de  la 
couclic  suivante.  Il  est  d'ailleurs  à  remarquer  que  ces  ravins  sont 
tous  dirigés  dans  le  sens  de  la  déclivité  des  collines,  comuie  s'ils 
avaient  été  creusés  par  des  courants  qui  descendaient  des  hau- 
teurs dans  la  vallée. 

La  couche  suivante  est  formée  d'un  limon  ferrugineux  rouge 
brun  (bief  dos  ouvriers),  mêlé  de  cailloux  roulés  de  même  nuance, 
parmi  lesquels  il  y  en  a  beaucoup  de  quartz.  Ces  cailloux  disparais- 
sent dans  le  haut  de  la  couche  où  le  limon  passe  à  la  couleur  brune. 

C'est  à  cette  couche  qu'appartient  le  dépôt  du  moulin  Qui* 
gnon,  situé  sur  la  hauteur,  au  nord  d'Abbeville.  Mais  en  ce  point 
la  masse  caillouteuse  atteint  jusqu'à  2'', 50  d'épaisseur,  et  les  cail- 
loux, presque  tous  privés  de  leur  croûte  extérieure,  et  ayant  leurs 
angles  émoussés,  accusent  un  long  charriage  et  un  frottement 
prolongé.  Ils  sont  d'ailleurs  colorés  en  jaune  foncé  par  une  infil- 
tration ferrugineuse,  et  j'y  ai  vu  intercalé  un  banc  oblique  et  io- 
terrompu  d'un  gros  sible  gris  jaunâtre,  mêlé  de  gravier  fin,  foit 


MOTS    DB    M.    MBLLETILLB.  A2Q 

cliiïërent  des  sables  précédents  et  complètement  privé  de  fossiles. 
Par-dessus  s*étend  le  limon  jaune  argileux  dont  j*ai  déjà  parlé  si 
souvent,  lequel  s'élève  jusque  sur  le  plateau  et  descend  jusqu'au 
fond  de  la  vallée,  en  recouvrant  toutes  les  couches  sous-jacentes 
comme  d'un  vaste  manteau. 

Dans  la  vallée  de  l'Avre  je  n'ai  pu  observer  les  couches  de  trans- 
port précédentes  que  sur  un  seul  point,  à  Boves,  dans  les  tran- 
chées de  la  voie  ferrée  et  dans  le  chemin  creux  qui  passé  au- 
dessous. 

Sur  ce  point  elles  présentent  des  difTércnccs  assez  sensibles  avec 
les  dépôts  précédents,  car  elles  sont  ibrnices  sur  une  épaisseur  de 
7  à  8  mètres,  par  une  sorte  de  marne  crayeuse,  dure,  d'un  blanc 
grisâtre,  dans  laquelle  nagent  confusément  des  silex  généralement 
d'un  petit  volume.  Je  n'y  ni  pas  vu  les  bancs  de  sable  coquîUier 
mentionnés  plus  haut;  maison  y  a  trouvé,  dit-on,  des  ossements 
de  grands  animaux  et  des  silex  ouvres. 

Telles  sont  les  observations  d'ensemble  auxquelles  donnent  lieu 
les  couches  de  transport  [superficielles  du  bassin  de  la  Somme. 
Bien  que  présentées  ici  sous  une  forme  abrégée,  et  en  négligeant 
certains  détails  qu'on  trouve  d'ailleurs  dans  les  différentes  notices 
publiées  sur  ce  terrain,  elles  suffisent  pour  montrer  qu'il  existe, 
entre  la  partie  inférieure  et  la  partie  supérieure  de  ces  dépôts, 
des  diffcrenccs  tranchées  dans  le  mode  de  gisement  comme  dans 
les  caractères  minéralogiques  et  palcoutologiques,  différences  qui 
nécessitent,  selon  moi,  leur  division  en  deux  groupes  ou  systèmes 
séparés,  bien  que  superposés. 

Le  premier  système,  ou  système  inférieur,  occupe  constamment 
rt  exclusivement  le  fond  des  vallées  en  s' adossant  aux  flancs  des 
collines  crayeuses  qui  les  bordent,  comme  le  montre  la  coupe 
ci-contre  : 


Às6  sBamci  do  20  jAHTiiR  186S. 

Co:^  tranivmate  de  la  vallée  tir  In  Somme,  montrant  ta  ditpoiU 
lion  et  la  luperpoiition  riet  deux  gnrnpet  arinaeès  caUïoataax  du 
er  pajrt. 


Ce  premier  groupe  se  compose  dans  le  bas  d'un  banc  ^paii 
mais  îrr^tilier,  uniquement  forme  de  silex  de  la  craie  parmi  les- 
quels gisent  quelques  fossiles  de  ce  icrraiii  et  des  ossethents  de 
grands  carnassiers  et  il'licrbivorea.  Par-dessus  s'ctendeut  plusieurs 
bancs  de  satiles  fins,  Icgcremeut  aqijileux  ou  marneux,  renfermant 
de  nombreuse!  coquilles  fossiles.  Tous  ces  bancs,  quoique  omlulét 
et  tourmentes,  affectent  néanilioins  dans  leur  en^uible  une  po»- 
tion  sensiblement  liorixontale. 

Commeje  l'ai  fait  pressentir,  les  fossiles  propres  au  groupe  iufi!- 
ricut  sobt  de  trois  sortes.  Il  y  a  d'abord  des  corps  organisés  prove- 
nant de  la  craie,  lesquels  ont  été  arrachés  à  ce  (erlain  avec  let  été- 
inents  constitutifs  des  couches  de  ce  sysiètne. 

Les  osséhitnts  de  grands  carnassiers  et  (t'lii>rbivore5  gifebt  à  pli^-' 
sieurs  niveaux  jusqu'à  la  profondeur  de  S  â  6  mètres.  Les  util  snat 
brisés,  K-s  autres  ont  leurs  aiètcs  énioussci'g,  les  plus  entiel'SAODt 
aussi  le  plus  profondément  enfouis.  On  a  trouvé  à  JMcncheiourt  un 
membre  lustérieur  de  rliinocéros,  dont  les  os,  placés  dans  leur 
position  naturelle,  indiquaient  qu'ils  étaient  encore  liés  par  leurs 
ligaments  au  moment  où  ils  furent  enfouis  sous  le  sol.  Le  sque- 
lette entier  du  même  animal  gisait  à  peu  de  distance  (1). 

Quant  aux  coquilles  fossiles  de  ces  couches,  elles  piésentent  de» 
particularités  que  je  dois  signaler.  D'abord  leur  provenauce  ett 
fort  variée,  car,  sur  fi2  espèces  connues  aujourd'hui,  il  y  en  a 


(1)  Mémoini  de  la  Société  d'émulatioa  d'Abberilte,  1834-18SS, 
p.  <»7. 


NOTE    DB    a.    HBLLByilLR. 


A3i 


2  lacustres,  8  fluvialllcs,  13  propres  aux  étaii{>s,  flaques  d* eau  eC 
fontaines,  autant  de  tiircslies  et  6  marines.  Ensuite  ces  coquilles 
sont  toutes  identiques  avec  des  espèces  vivantes,  les  unes  dans  la 
contrée,  les  autres  dans  les  parties  centrale  et  niëridionale  de  la 
France,  en  Coi-se,  en  Italie  et  même  en  Afrique.  £nfib,  ces 
coquilles  sont  dans  un  état  de  conservation  parfaite,  malgré  leur 
fragilité,  ce  qui  exclut  pour  elles  toute  idée  de  transport  et  doit 
faire  admettre  au  contraire  qu'elles  ont  vécu  dans  les  lieux  mêmes 
où  elles  (jisent  actuellement. 

Voici  d'ailleurs  la  liste  complète  des  êtres  organisés  observés 
jusqn*à  ce  jour  dans  le  système  arcnacé  inférieur  du  bassin  de  là 
Somme  ;  je  l'emprunte  aux  dilTérents  écrivains  qui  se  sont  occupés 
de  ce  terrain,  après  avoir  contrôlé  son  exactitude  en  recueillant 
moi-même  sui*  place  la  plupart  des  espèces  dont  les  noms  y  sont 
inscrits  (1)  : 


FOSSILES  PROVENANT  DE  LA  CBAIB. 


Bt'tcniNitrs  mucronatus^  Schlotb. 
Htiniites  rotunduSy  Sow. 
OursJDs  non  déterminés. 


Trtigos  globularisy  Reuss.  (Poly- 
pier). 


Carnassiers  et  herbivores. 


Eîcphns  primigcNtus^  Cuv. 
—  nritiquns^  Falcon. 
Ufsiis  sptlœus^  Blum. 
Felts  s  petit  a,  Owen. 
Hycna  speiiva^  Cuv. 
Ct'tviis  ttmt/éfius prisciiSy  Cuv, 


I  Cervus  snmonensh^  id, 
!  Cnnis  spclœuSj  Goldf. 

Ursm  ttrttscuSf  Cuv. 

Cervus  Gueiiiirdi,  Desm. 

Rhinocéros  iichorhiniLs^  Cuv. 
i  Écaille  de  Crocodile. 


Coquilles  lacustres,  JluviatHes  et  d*eau  douce. 


Crrena  consobrina.  Caill. 
Limnœa  sla^nalis^  Drap. 
—  trancatula^  Mu  11. 


Limnœa  minuta^  Drap. 
AncYlus  fluviatiUsj  Mull. 
Cyclas  tornea,  LioDé. 


(4)  Mémoire  ^volof^iquc  sur  te  bassin  d' Amiens j  par  Rflvio,  dans 
les  Mémoires  de  ta  Société  ef émulation  d'Jbbepille,  t.  II,  p.  4  48, 
4835.  —  Esquisse  f*rologiqnc  du  département  de  la  Somme ^  par 
Buteux,  V  édition,  4  849.  —  L'homme  antédiluvien^  par  Boucher  de 
Perthes,  4  860.  —  On  thc  occurrence  offlint  impie ment%  associated 
tvith  the  remains  oj  animais  of  extinct  species  in  bcds  of  ffeologicaf 
periody  by  Joseph  Prestwich,  4864. 


432 


SÉàNCB   du   20   JANTIBR   1862. 


Cyclas  palus  tris,  Drap. 
Pliuiorbis  corn  eus  ^  Linné. 

—  aWus^  Mull. 
Pisidium  amnicum^  Mull. 
Achatina  lubrica,  Drap. 
falvnta  piscinnlis,  Lk. 

—  pianorbiSj  Drap. 
Succinea  oblon^o^  id. 
Llmnœa  auriciUarîs^  id. 


Llmnœa  opotOy  id. 

—  perrgrn,  id. 

—  palustrisy  id. 
Plnnorbis  vortex,  Mull. 

—  marginattis^  Drap. 

—  carinatiis,  id. 

—  spiroibis,  Linné. 
Palitdina  impura^  Lk. 


Coquilles  terrestres^ 


Hélix  arbiistornmy  Drap. 

—  nemoralisy  id. 

—  carthiisianaj  id. 

—  /tispidn,  îd. 

—  striatûy  id. 

—  pulchelln^  id. 
■^  rotiindalOy  id. 


f^r//x  cNstnllina,  id. 
Succinea  amphibia^  Drap. 
Pw/3fl  nwrginata^  id. 

—  doliolumy  id. 

— •  musrorum^  Linné. 
Cyclostoma  clegans^  Drap. 


Coquilles  marines. 


Purpura  lapillus^  Lk. 
Biiccinum  undatum^  id. 
Tellina  soiidula,  id. 


Cardium  edulc,  Lk. 
Littorina  littorea^  Linné. 
iVinw/ï  reticulata,  Lk. 


Le  second  groupe,  on  système  supérieur,  recouvre  le  premier 
système  en  slralification  toujours  contrastante,  et  ses  matériaux  s'y 
sont  mémo  inlro.iuits  jusqu'à  une  certaine  profondeur  au  moyen 
de  sillons  qui  en  ravinent  la  surface,  double  circonstance  qui  forme 
entre  les  deux  dépôts,  si  je  ne  me  trompe,  un  hiatus  bien  marqué. 
Ce  système  se  compose  d'ailleurs  aussi  de  bancs  caillouteux  et 
sableux  dans  ses  parties  inférieure  et  moyenne,  et,  dans  le  haut, 
d'une  puissante  assise  d'argile  sableuse  qui  manque  dans  lèpre* 
mier  systèine.  Mais  pour  avoir  une  connaissance  exacte  et  com- 
plète de  cette  formation,  il  ne  suffit  pas  de  l'examiner  autour 
d'Amiens  et  d'Abbeville,  il  est  nécessaire  de  l'étudier  dans  son 
ensemble,  et  c'est  ce  que  je  vais  faii*e  en  réunissant  ici  les  obser- 
vations auxquelles  elle  adonné  lieu  dans  les  différentes  parties  du 
département  de  la  Somme,  qu'elle  recouvre  tout  entier. 

Un  banc  caillouteux,  d'une  épaisseur  très  variable,  en  oocupey 
comme  je  l'ai  dit,  la  partie  inférieure.  Ces  cailloux  sont  en  majeure 
partie  des  silex  de  la  craie,  mais  souvent  dépouillés  de  leur  croAle 
extérieure  et  ils  ont  généralement  perdu  leui-s  formes  tubercu- 
leuses. Il  s'y  joint  d'ailleurs  un  assez  grand  nombre  de  cailloux  de 
quartz  et  autres  roches  de  difl'éreptes  natures  et  de  plusieurs  ifjjt%^ 


IfOTB    Dl   M.    MKLLEVILLK.  AS3 

Ainsi,  on  y  signale  des  débris  de  calcaire  grossier  (1),  de  marne 
dure  d'eau  douce  avec  empreintes  de  Lymuées  et  graines  de 
Chora  (2),  de  grès  à  Nummulites  (3),  de  grès  à  empreintes  de 
coquilles  ou  ferrugineux  ((i),  des  silex  blancs  (5)  et  autres  rochet 
étrangères  au  pays.  Ces  débris  sont  d'ailleurs  constamment  uséi 
sur  les  angles,  quelques-uns  sont  même  tout  à  fait  roulés  et  arron- 
dis, et  ils  occupent  dans  la  masse  un  niveau  généralement  en  rapport 
avec  leur  volume  et  leur  poids. 

Cette  assise  est  aussi  le  principal  gisement,  dans  les  vallées,  des 
ossements  fossiles  de  grands  carnassiers  et  herbivores  (6).  On  en 
a  même  signalé  sur  les  hauteurs,  au  moulin  Guignon  (?)  et  à  Saint- 
Roch  où  Ton  a  également  recueilli  un  moule  intérieur  de  Cardium 
hyppopœnm  (8). 

Ces  ossements  appartiennent  à  la  plupart  des  espèces  précé- 
demment nommées,  à  Texccption  du  Canis  spelœus,  de  VUrsus 
eirusciis  et  du  Cervus  GueUardi  dont  les  débris  n'ont  point  encore 
été  signalés  avec  certitude  dans  ce  terrain.  £n  revanche,  le  Bos 
primige/iittSy  Boj. ,  et  YEquusfossilis^  Owen,  semblent  lui  appartenir 
exclusivement  (9). 

Leur  gisement  se  présente  d'ailleurs,  en  général,  dans  ce  système, 
d'une  manière  assez  différente  de  celle  du  système  inférieur.  Ils  y 
sont  toujours  roulés  et  brisés,  et  constamment  isolés  des  antres 
parties  de  l'animal  dont  ils  proviennent.  On  trouve  parfois  avec 
eux  des  hachettes  taillics,  qui  présentent  également  un  caractère 


(1)  Esquisse    géologique  du  tlépartement    de    la    Somme ^   par 
Ch.  F.  Buteux,  V  éditioQ,  p.  95. 

(2)  M,  ibid.,^.  66. 

(3)  Id,Jbid.,  p.  6«,  77,  82. 
f4)  2d.,  ibid,,^.  77. 

(5)  /r/. ,  ibid,^  supplément,  p.  40. 

(6)  Buteux.  lococit.j  p.  91. 

(7)  Bull,  delà  Soc,  géol.,  2*  sér.,  t.  XVIII. 

(8)  Buteux,  ouvrage  cité,  p.  74.  Dans  les  grevières  de  Viry-Nou- 
reuil  près  de  Chauny,  j'ai  trouvé  rannée  dernière  plusieurs  moules  de 
ce  môme  Cnrdium  hyppopœum  associés  À  des  ossements  d'Éléphant 
et  autres.  Cette  observation  coucourt  à  établir  entre  ces  dépôts  un 
rapprochement  sur  lequel  je  reviendrai. 

(9)  Il  existe  encore  quelque  incertitude  dans  la  fixation  des  espèces 
de  grands  carnassiers  et  herbivores  propres  à  chacun  des  deux  groupes 
définis  plus  haut,  par  suite  de  ce  que,  ces  deux  groupes  ayant  été 
considérés  jusqu'à  présent  comme  uue  seule  et  môme  formation,  on  a 
négligé  de  fixer  rigoureusement  le  gisement  de  cee  débris.  Cette  in« 
certitude  disparaîtra,  je  l'espère,  par  la  saite. 

Soc.  ^rW.,  2*  série,  tome  XIX.  28 


A3A  sêàncb  du  20  JANVIER  48(52. 

pavticulier,  a  savoir,  qirelleé  sont  colorées  en  jaune  de  lioîiîlle 
pal'  lies  înfiUrAtions  fcrrn^'incuses  (1). 

rar-(iessus  cette  assise  caillouteuse,  oii  trouve  fn'queuiincnt,  sur 
leè  plateaux,  et  couslanimcnt  dàiis  les  vallc^cs,  un  où  pliisieurs 
bancs  obliques  et  Inierî'onipus  dé  gros  subie  mélange  de  fin  grÂvier. 
J'ai  précédemment  signalé,  au  moulin  (aiignon,  ce  sable  si  diffé- 
rent, sous  tous  les  rapports,  des  sables  du  système  inférieur,  et 
M.  Huteux  Ta  trouvé  sur  beaucoup  cfautres  points  du  payé  [i]. 
Il  ne  renretme  pas  de  fossiles,  et  personne,  à  ma  coiinaissance, 
n*5  A  trouvé  aucune  des  coquilles  si  cohiinunes  dans  le  groupe 
iilférieur. 

O  sable  est  à  son  tour  recouvert  pal*  une  autre  assise  foirt 
variable  dans  son  épaisseur,  mais  constante  dans  ses  caîractères 
minéraiogiqucs.  C'est  linc  argile  lëgèreiiient  sableuîe,  6\i  limon 
argileux,  de  t^ouleur  toujours  jauiîe  dans  son  état  nâliirel,  parce 
qu'elle  est  colorée  par  du  fer  bydroxydé.  Cette  substance  y 
est  même  Bbsez  abondante  par  places,  pour  y  former  des  amas 
de  minerai  (3) ,  circonstance  que  Ton  retrouve  dans  beaucoup 
d'autres  pays.  Partout  aussi  ces  argiles  sont  employées,  comme 
je  Tai  déjà  fait  remarquer,  à  la  fabrication  des  briqiies  et  des 
pannes,  et  donnent  des  proiluils  identiques,  ce  qui  prouve,  à  mon 
avis,  une  constance  bien  remarquable  dans  leurs  éléments  consti- 
tutifs. 

1^  système  supérieur,  considéré  dans  son  ensemble,  affecte 
d'ailleurs  une  allure  fort  remarquable  et  bien  différente  de  celle 
du  premier  système,  allure  qui  prouve  que,  loin  d'être,  conime 
lui,  le  prcnluit  d'une  cause  toute  locale,  il  doit  être  dû  au  cori- 
traire  à  une  i-ause  étendue,  sinon  générale.  Ijoin,  en  effiet,  de  s*ëtre 
déposé  uni(|uenient  dans  le  foml  des  vallées,  coniinë  Ib  premier 
groupe,  il  sV'lève  sur  toutes  Us  hauteurs,  repose  à  tous  les  niveaux, 
s'étentl  sur  tous  les  terraius,  quels  que  soient  leur  nature  et  leur 
âge,  et  les  recouvre,  sous  toutes  les  inclinaisons,  en  stratification 
toujours  coiilrasiante.  Dans  la  Somme  en  particulier,  il  descend 
des  plateaux  jusqu'au  fond  des  vallées,  en  suivant  toutes  les  ondii- 
lation<<  du  sous-sol,  en  recouvrant  toutes  les  pentes,  en  s'appli^uant 
même  sur  la  tranche  des  couches  du  système  inférieur,  coînine 
on  peut  s*en  assurer  à  iMonthières,  à  Ailly-sur-Somme  et  ailleuirs. 
C*est  pour  ce  second  syslènu^  et  pour  lui  seul  que  j'ai  depuis 

(1)  Boucherde  Perthes,  yinhcti-^t'olo^iv^  p.  4. 

(2)  Ottvrn<;c  rite,  p.  67,  81,  82,  83. 
(3;  Buteux,  ouvnige  r/tè. 


NOTB    DB    M.    lÎELLSVfLLB.  hih 

longtemps  réserve  le  nom  de  diluvium^  comme  étant  seul  le  pro- 
duit d'une  cause  unique  et  générale  (1). 

La  division  des  couches  de  transport  superficielles  de  la  Sommé 
en  deux  systèmes  diflérents,  bien  que  superposés,  étant  justifiée 
par  les  considérations  précédentes  (2),  il  ne  me  reste  plus  qu'à 
recbercher  Tâ^e  de  ces  couches  et  à  examiner  si  elles  peuvent  être 
toutes  rangées  dans  le  terrain  diluvien,  comme  on  l'a  fait  jusqu*à 
présent.  Mais,  pour  arriver  sûrement  à  la  solution  de  cette  question, 
il  me  parait  indispensable  d'étudier  à  leur  tour  les  teirrains  de 
transport  de  la  vallée  de  la  Seine,  avec  lesquels  ou  a  cherché  à 
lè^  identifier,  en  si(^nalant  avec  soin  les  points  de  resseihblâûce  ou 
lés  différences  plus  ou  moins  tranchées  qui  peuvent  exister  entre 
<iës  différeiits  dépôts. 

Je  choisirai  précisément  pour  terme  de  comparaison  la  grevière 
ouverte  â  Grenelle,  avenue  de  la  Mothe-Piquet,  n"'  61-63,  donc 
les  couches  ont  élé  citées  comme  correspondant  particuUèremeut 
âoelles  de  la  vallée  de  la  Somme  (3). 

Le  fond  de  la  carrière  est  constitué  par  un  banc  assez  mince  de 
Ijrës  gris,  à  gros  grains,  reposant  sur  des  argiles  vertes  et  jaunes, 
appartenant  évidemment  aux  argiles  de  ÎNJeudon.  Sur  ce  ^rès 
reposent  des  gros  fragments  et  même  des  blocs  volumineux, 
iilésùrant  jusqu'à  plus  de  60  centimètres  cubes.  Tous  ces  fiag- 
Inents,  tous  ces  cailloux  sans  exception,  ont  leurs  angles  émous- 


(4)  Voyez  mon  mémoire  intitulé  :  Dadiluviurn  :  recherches  sur  les 
'dépots  auxquels  on  doit  donner  ce  no/ftj  et  sur  fa  cause  qui  tes  a 
fihdtiUs^  Paris,  1842,  Roret,  libraire. 

(2)  Dès  4854,  M.  Kigollot,  dans  son  Mémoire  sur  les  instruments 
en  silex  inmvrs  à  Saint- Jr/trul^  p.  4,  a  pressenti  cette  division  ;  maiSi 
par  une  méprise  pardonnable  à  un  homme  étranger  à  la  géologioi 
il  donne  le  nom  de  dilitvium  au  système  inférieur  décrit  plus  haut, 
c'est-à-dire  à  un  ens<Mnble  de  couches  dont  les  caractères  tout  locaux 
repoussent  l'idée  d'une  cause  générale  qu'éveille  au  contraire  le  mot 
de  dilttviunt, 

(3)  Il  y  a  beaucoup  d'autres  ^revières  ouvertes  à  Grenelle;  oii  en 
trouve  une  rue  de  Grenelle,  quatre  ou  cinq  très  vastes  rue  des  Entre- 
preneurs, une  autre  rue  de  l'Industrie,  etc.  Les  choses  s*y  présentent 
si  exactement  de  la  môme  manière  que  dans  celle  de  Tavenue  de  la 
jtothe- Piquet,  que  la  description  de  celle-ci  est  aussi  la  description 
de  celles-là;  les  seules  différences  consistent  particulièrement  dans 
rabondance  ou  la  rareté  de  certains  matériaux.  Ainsi,  les  fragments 
de  granité  rose  et  gris,  fort  rares  à  la  Mothe-Piquet^  sont  comtiiuQS 
à  la  grevière  de  la  rue  de  ilndustrie,  etc. 


iS6  8ÊÀNC1    DU    20   JANVIER   1862. 

SCS  et  accusent  un  charriage  aussi  violent  que  prolongé.  Là  gisent 
particulièrement  les  ossements  de  grands  animaux  [Eiephas 
primigcniust  Rhinocéros  tichorhintts^  Equus^  etc.)  associés  parfois  i 
des  silex  taillés.  Par-dessus  s'étendent  : 

1**  Un  banc  irrégulier  et  interrompu  de  gros  sable  de  rivière 
gris  jaunâtre,  dur,  sans  cailloux  ni  coquilles  fossiles,  envi- 
ron  0",35. 

2^  Une  masse  de  cailloux  de  toutes  dimensions  nageant  péle- 
mèle  dans  un  gravier  de  rivière,  et  entremêlés  de  quelques  lits 
irréguliers  et  interrompus  de  gros  sable  où  les  cailloux  sont  rares, 
environ S'^i/iO. 

Cette  masse  de  débris  se  compose  principalement  de  cailloux 
quartzeux  de  diverses  nuances,  de  poudingues  quartzeux,  de 
silex  de  la  craie  supérieure  et  moyenne,  de  morceaux  de  craie 
roulée,  de  silex  du  calcaire  jurassique,  de  calcaire  siliceux  ter- 
tiaire, de  silex  molaire,  de  gypse,  de  calcaire  grossier,  de  grès 
d*âges  divers,  de  calcaire  jurassique  et  de  calcaire  compacte  litho- 
graphique, de  schiste  ardoisier  (très  rare),  de  gneiss,  de  syénite, 
de  granités  rose  et  gris  et  autres  roches  anciennes.  Comme  je  l'ai 
déjà  dit,  tous  ces  débris  ont  leurs  angles  émoussés  et  quelques-uns 
même  sont  réduits  à  l'état  de  cailloux  roulés. 

Les  fossiles  qu'on  trouve  associés  à  ces  débris  sont  :  des  coquil- 
les tertiaires  provenant  du  calcaire  grossier,  des  Ananchytes  de  la 
craie  et  quelques  autres  espèces  arrachées  à  des  terrains  plus  an- 
ciens encore,  avec  de  rares  ossements  toujours  roulés,  provenant 
des  grandes  espèces  animales  précédemment  signalées. 

3*  Gros  sable  de  rivière  jaune  gris,  avec  veines  de  sable  ferru- 
gineux  , 1",60. 

Je  n*ai  pu  découvrir  dans  ce  banc,  pas  plus  que  dans  les  précé- 
dents, ni  une  coquille  fossile,  ni  aucun  fragment  de  coquille  pa- 
reille à  celles  du  système  inférieur  de  la  Somme,  et  personne  à  ma 
connaissance  n'en  a  jamais  signalé. 

4^  Argile  ocreuse  ou  limon  argileux  de  couleur  jaune  de  rouille, 
passant  dans  le  haut  à  la  nuance  brune  ou  bistre,  et  tout  à  fait 
identique  d'aspect  et  de  nature  avec  le  limon  des  plaines  et  des 
plateaux  de  la  Picardie,  environ 2", 30. 

11  suffirait,  à  la  rigueur,  de  placer  la  coupe  précédente  en  regard 
de  celle  des  couches  de  transport  de  la  Somme  pour  faire  com- 
prendre tout  de  suite  les  différences  considérables  qui  séparent  ces 
formations. 

Le  terrain  de  transport  de  la  vallée  de  la  Seine  forme  un  en- 
semble complet  et  non  divisible,  et  la  disposition  des  matéi'iaiix 


nOTI    DE    M.    MELLITILIB.  AS7 

:,  indique,  selon  inoi,  qu'il  est  le  produit  d'une 
cnuse  unique  et  (jéni'rale.  Cette  cause  dut  être  une  inondation 
dont  la  violence,  d'abord  extrême,  s'aiiiordt  intenfiblement  pour 
(înir  p.ir  une  période  de  tranquillité  relative,  marquée  par  le  dé- 
pôt du  limon  argileux  qui  termine  l'ensemble  de  cette  formation, 
période  itrnnmoius  trop  courte  pour  avoir  permis  aui  eaux  de 
celte  inondation  de  nourrir  aucun  mollusque. 

Caape  du  terrain  de  traniporl  de  la  vallée  de  la  Seine. 


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Dans  les  grevières  de  la  Somme,  nous  voirons  au  contraire  Tac- 
tion  et  les  produits  de  deux  phénon^ènes  différents  :  d'abord,  an 
grand  mouvement  d'eaux,  mais  local  et  circonscrit,  auquel  me- 
cède  une  longue  période  de  calme,  caractérisée  parle  dépâtdetlenz 
on  trois  bancs  épais  de  sable  fin  pétris  de  coquilles  terrestres  et 
d'eau  douce  1  puis,  une  nouvelle  inondation,  cette  fois  violente  et 
étendue,  qui  enlève  ou  ravine  les  dépôts  précédents,  et  recouvtc 
les  lambeaux  qui  en  restent  d'un  nouveau  bane  de  gravier  «ir- 
inonté  d'une  couclie  de  limon  sans  fosiiles,  marquant  la  fin  du 
phénomène  (1). 

Maintenant,  si,  descendant  dans  les  détails,  nous  cherchons  les 


(4)  M.  Rigollot,  dans  le  mémotre  préollé  (p.  7  k  <<>},  saisit  tria 
bien  ces  différentes  origines,  et  il  attribue  à  ca  damier  phénoEDéu, 
comme  je  l'avais  Tait  moi-mdme,  ta  séparalion  de  l'Angtaterre  d'avw 
le  coatineiit;  seulement,  il  allribne  cet  évéDemeol  i  une  rupture  ia 
conlioenl,  tandis  que  je  t'ai  attribué  à  an  exhaussement  d^  nivau  00 
l'eau  dBQB  l'Océan.  (Toyei  owrage  cité,  p.  76.) 


&38  SfiANCB    DU    20   JANVIER    186'2. 

I 

rapports  qui  ont  pu  faire  identitiei'  le  système  inférieur  de  la 
Somme  avec  le  terrain  clysmitMi  de  la  Seine,  nous  voyons,  au 
contraire,  les  différences  qui  séparent  ces  c|épô( s  apparaître  plut 
frappantes  encore. 

Qu^y  a-t-il  dans  le  p,roupe  inférieur  de  la  Somme?  Unique- 
ment des  silex  de  la  craie,  base  i;énéralo  du  sous-sol  de  la  contrée, 
silex  évidemment  entraînés  des  hauteurs  voisines  dans  le  tenips 
où  elles  n*étaient  point  encore  recouvertes  par  la  couche  de  limon 
qui  s'étend  aujourd'hui  sur  elles. 

Le  dépôt  caillouteux  de  la  Seine  pré>ente  au  contraire  un  mé- 
lange constant  de  roches  les  plus  diverses,  arrachées  à  des  terrains 
de  tous  les  âges  et  amenées  des  pays  h^s  plus  éloignés. 

Dans  la  Somme,  le  premier  banc  de  cailloux  est  recouvert  par 
des  sables  Rns,  argileux,  remplis  de  coquilles  terrestreu,  d'eau 
douce  et  même  marines,  appartenant  a  des  espèces  actuellement 
vivantes. 

On  ne  voit  dans  la  vallée  de  la  Seine  que  du  gros  sable  de  ri- 
vière mêlé  de  gravier  et  absolument  privé  des  coquilles  fossiles 
signalées  dans  la  Somme. 

Restent  les  débris  de  carnassiers  et  d'herbivores  qu'on  trouve 
également  dans  les  deux  dépôts.  Ce  fait  établit  un  rapport  évi- 
dent entre  ces  dépôts;  mais  l'importance  «le  ce  rapport  disparaît 
si  l'on  considère  que  le  diluvium  proprement  dit,  celui  de  la  val- 
lée de  la  Seine,  est  le  produit  d'une  cause  qui  a  mis  tin  à  la  pé- 
riode pen(^nt  laquelle  vivaient  ces  animaux  et  se  déposait  le  sys- 
tème caillouteux  et  arénacé  inférieur  de  la  Somme,  de  aorte  qiie 
leurs  débris  doivent  nécessairement  se  trouver  dans  jes  deux  gvo^- 
pes,  bien  qu'ils  soient  d'âge,  d'origine  et  de  nature  dilférents- 

A  part  donc  l'existence  de  ces  débris  fossiles  dans  \es  deux  ter- 
rains ()c  la  Sou)me  et  de  la  Seine,  on  peut  dire  que  npn-seule- 
ment  il  n'existe  entre  eux  aucune  analogie,  niais  qu'ils  sQut  au 
contraire  séparés  par  des  différences  nûnéralogiques  et  paléontc^ 
logiques  très  considérables  et  parfaitement  Cciractérisées. 

En  revanche,  il  y  a,  selon  moi,  une  ressemblance  frapp^pte 
entre  Içs  terrains  de  transport  de  la  vallée  de  Iq  Seine  et  le  sysièine 
supérieur  argilo-caillouteux  de  la  Sonmie,  sinon  que  celui-ci  pré- 
sente moins  de  développement,  dans  le  sens  vertical,  aux  alen- 
tours d'Amiens  qu'aux  environs  de  Paris,  eli'et  çoinmuD  4  tous  les 
terrains  de  sédiment,  et  en  particulier  aux  terrains  de  transport, 
qui  forment  généralement  des  traînées  plutôt  que  des  couches 
régulières. 

L*allure  générale  des  deux  dépôts  est  la  même.  Ils  sont  égale- 


VOTK   DV   II.    MBLLEVILLB.  A89 

li^eol  fqfinéa  de  niatérinux  variés,  avraclios  îi  des  terraius  de  tout 
âge  et  4e  tous  pays;  ces  inatoi  iaux  ont  constamiuepi  leurs  angles 
ëmopstë^;  pn  y  trouve  des  fossiles  provenant  des  formations  an- 
ciennes, mais  jamais  de  coquilles  intactes  annonçant,  comme 
cel|e9  du  système  inférieur  de  lu  Somme,  qu'elles  ont  vécu  pen- 
dant la  durée  même  du  phénomène  auquel  est  dû  le  dépôt  du 
4i|uvîum.  Enfin,  les  éléments  constitutifs  de  leur  assise  supé- 
rieure sont  si  exactement  les  mêmes  dans  les  deux  pays,  ma]|>ré 
la  grande  distance  qui  les  sépare  et  des  différences  considérables 
^^ns  la  constitution  f;éolo{vique  du  sol,  qu'elle  est  employée  aux 
mêmes  usages  industriels  dans  la  Seine  et  qu'elle  y  donne  des  pro- 
duits tpvit  à  fait  semblables  à  ceux  de  la  Somme. 

Il  ne  me  reste  plus  maintenant  qu'à  rechercher  Tilge  du  groupe 
inférieur  de  la  Somme  et  à  déterminer  la  place  qu'il  doit  occuper 
^^LD^  la  série  des  terrains  de  sédiment. 

JNous  avons  vu  d'abord  qu'il  est  constamment  recouvert,  en 
8trati6cation  contrastante,  par  je  terrain  diluvien,  preuve  qu'il 
occupait  déjà  le  fond  des  vallées  quand  ce  dernier  est  venu  se 
Aipéirposer  à  lui,  et  par  conséquent  que  sa  formation  est  d'une 
date  plus  ancienne. 

Ensuite,  la  présence  dans  ce  groupe,  de  débris  de  grands  animaux 
provenant  d'espèces  qui  n'habitent  plus  que  les  contrées  chaudes, 
semble  annoncer,  pour  le  temps  on  ces  couches  hc  sont  formées, 
des  conditions  climatériqnes  différentes  de  celles  où  se  tix>uve  au- 
jourd'hui le  norrl  de  la  France,  conjecture  que  confirme  lexa- 
IPfin  4^'  co.qui|les  fossiles  propres  à  ç^s  t^épots,  puisque  sur 
&2  espèces  actuellement  connues,  28  seulement  vivent  encore  cjans 
le  pays,  tandis  que  les  1/»  autres  espèces  sont  particulières  à  la 
France  centrale  et  méridionale,  à  la  Corse,  à  Tltalie  et  même  à 
rÂfrique,  patrie  actuelle  des  éléphants,  rhinocéros,  hyènes  et 
katres  espèces  animales  dont  les  débris  sont  associés  à  ces  co- 
quilles. 

Eu  résumé,  de  toutes  les  observations  précédentes  et  de  la  dis- 
dusion  qui  les  accompagne,  il  ne  me  parait  pas  trop  téméraire  de 
tirer  les  (conséquences  suivantes  : 

i^  (jes  couches  de  transport  superGcielles  du  bassin  de  la 
Sop^^Ct  se  divisait  naturelleinent  en  deux  groupes  ou  systèmes 
distincts  et  d'âges  différents,  bien  que  très  voisins  l'un  de  l'auti'e, 
le  système  supérieur  correspondrait  sei^l  au  terrain  de  transpoi't  de 
la  Vallée  de  la  Seine  pris  pour  type  du  terrain  diluvien  ;  le  sys- 
tème inférieur,  au  contraire,  serait  un  dépôt  fluvio- lacustre  parti- 
•  -j^j  '''il''»  '■  II* 

Gtuiêr  au  bj^in  de  la  Sop^rae. 


A&O  SfiANCR    DU    20    JANVIER    1862. 

2^  Ce  dépôt  se  serait  formé  durant  la  période  géologique  qui  t 
iinmédiatement  précède  IVpoque  moderne,  puisque  ses  fossiles 
annoncent  des  conditions  cliinatériques  plus  rapprochées  de  celles 
actuelles  que  de  toute  autre  période  géologique. 

3°  Enfin,  cette  époque  pourrait  être  celle  du  pliocène  supérieur, 
puisque,  d'une  part,  c*est  la  période  géologique  la  plus  voisine  de 
nous,  et  que,  de  l'autre,  sur  les  A2  espèces  de  coquilles  recueillies 
jusqu'à  présent  daus  le  système  arénacé  inférieur  de  la  Somme, 
Mx  espèces  se  retrouvent  dans  le  terrain  tertiaire  supérieur  de 
TAngleterre,  du  midi  de  la  France  et  de  l'Italie,  établiswmt 
ainsi  entre  ces  différents  dépôts  un  rapprochement  que  les  obser- 
vations ultérieures  ne  peuvent  manquer,  selon  moi,  de  confirmer 
davantage. 

M.  Hébert  dit  que  les  observations  que  yient  de  présenter 
M.  Mellcville  sur  le  terrain  quaternaire  do  la  Somme  et  de  la 
Seine  lui  paraissent  soulever  de  graves  objections. 

1**  M.  Melleville  croit  que  le  terrain  de  transport  delà  Somme 
est  considéré  comme  un  dépôt  unique,  et  il  distingue  deux  partiet 
dans  ce  dépôt.  Or,  tous  les  observateurs  ont  fait  cette  distinction 
depuis  longtemps,  aussi  bien  dans  la  vallée  de  la  Somme  que 
dans  celle  de  la  Seine  (l).  Ces  deux  dépôts  sont  désignAe, 
rinférieur  sous  le  nom  de  diluvnun  grisj  Je  supérieur  soiu 
celui  de  diluçium  rouge,  et  tout  le  monde  sait  aussi  qu'au 
contact  le  diluvium  gris  est  raviné  quelquefois  profondément 
par  le  diluvium  rouge. 

2*"  M.  Melleville  croit  que  les  cailloux  du  dilufium  inférieur 
ne  sont  pas  roulés,  que  leurs  arêtes  ne  sont  point  émoussées, 
et  que  ceux  du  diluvium  rouge  le  sont  au  contraire  beaucoup. 
C'est  précisément  l'inverse  de  ce  qui  existe. 

S""  Enfin,  M.  Melleville  croit  que  c'est  dans  le  diluvium  aupè*- 
rieur  qu'ont  été  surtout  trouvés  les  ossements  des  grands 
Mammifères.  Jamais,  au  contraire,  personne  jusqu'ici  n'enta 
signalé  dans  cette  position  j  tous  les  ossements  ont  été  recueillis 
dans  le  diluvium  gris,  le  seul  où  l'on  ait  également  rencontré 
des  débris  de  l'industrie  humaine. 

m 

Evidemment  la  manière  d'observer  de  M.  Melleville  diffère 

(1)  Voir  notamment  les  notes  diverses  de  M.  Ch.  d*OrbigDj  et 
colle  de  M.  Buteux.  Bufl.y  «•  sér.,  t.  XVII.  p.  7Î  et  76. 


ROTE   DU    M.    OAUOaY.  AAl 

etseniiellement  de  celle  de  tous  les  géologues  \  aussi  arrive-t-il  à 
des  conclusions  qui  se  trouvent  tout  à  fait  exceptionnelles.  Pour 
M.  Melleville  ce  que  nous  appelons  le  diluvium  gris  à  osse- 
ments de  Rhinocervs  tichorkinus  est  du  pliocùne. 

M.  Hébert  croit  se  rappeler  que  dans  un  mémoire  publié  par 
le  même  auteur  sur  le  diluvium,  il  y  a  une  vingtaine  d'années» 
les  grands  animaux  (Rhinocéros  et  Éléphants)  enfouis  dans  les 
glaces  de  la  Sibérie  étaient  considérés  comme  de  Tépoque  des 
terrains  tertiaires  moyens.  Tout  cela,  dans  la  série  d'idées  que 
suit  Tauleur  peut  être  logique,  mais  ne  s'écarte  pas  moins 
profondément  des  connaissances  positives  établies  par  la  science 
moderne. 

Quant  à  la  comparaison  établie  par  M.  Melleville  entre  le 
diluYium  de  la  Somme  et  celui  de  la  Seine  qu'il  croit  très  diffé- 
rents» l'observateur  a  choisi  précisément  la  carrière  (la  Mothe- 
Piquet)  qui  offre  la  série  la  plus  incomplète  des  dépôts  quater- 
naires; tout  autre  lieu  lui  aurait  au  contraire  démontré  la 
parfaite  identité  de  ces  dépôts  dans  les  deux  régions. 

Malgré  les  observations  de  M.  Hébert,  M.  Melleville  persiste 
à  croire  qu'il  n'y  a  qu'une  seule  partie  de  la  formation  diluvienne 
de  la  Somme  qui  se  rapporte  au  terrain  de  transport  de  la  vallée 
de  la  Seine. 

M.  Albert  Gaudry  présente  les  observations  suivantes  : 

M.  Melleville  vient  d'émettre  l'opinion  que  dans  le  diluvium 
d'Amiens  il  existe  deux  couches  distinctes  contenant  des  ossements 
fossiles  :  l'une  plus  profonde  (c'est  sans  doute  le  diluvium  gris)  qui 
appartiendrait  à  la  période  pliocène,  l'autre  (c'est  sans  doute  le 
diluvium  rouge)qui  représenterait  la  période  quaternaire.  Si  l'opi- 
uion  de  notre  savant  confrère  rtait  basée  sur  des  preuves  positives, 
elle  devrait  jeter  rétonncment  dans  le  monde  des  naturalistes  et 
des  archéologues.  Mais  M.  IMcUeville  s'appuie  sur  un  fait  qui 
semble  en  contradiction  avec  les  recherches  des  nombreux  géo- 
logues qui  ont  dernièrement  visité  les  environs  d'Amiens;  selon 
lui,  ce  n*est  pas  dans  le  diluvium  gris  renfermant  les  silex  taillés, 
mais  c'est  dans  le  diluvium  rouge,  que  se  trouvent  la  plupart  des 
ossements  quaternaires. 

Je  ne  crois  pas  qu*à  Saint-Acheul  on  ait  encore  signalé  des 
tineménts  dans  le  diluvium  rouge  ;  on  n'a  indiqué  des  fossiles  que 


AA2  SÉATfCR    DO    20    JAKTT11I    1862. 

dans  le  diluviuin  f^ris;  j'ai  dctaclié  de  mes  propres  mains  à 
Acheul,  daiîs  le  diluviuin  gris  qui  renferme  les  iiiex  taiUég^  dci 
deiiU  (ÏEquiis  caballus  et  de  Bisnn  priscits. 

M.  Mellevillc cite  Saint-l\och  cpnmie  renfermant  c)e8  osseiuenls 
dans  le  diluvium  rouge.  Guidé  par  iM.  Buteux  qui  connl|^  ri 
parfaitement  les  terrains  de  la  Picardie,  j'ai  visité  Saint-Rocli,  et, 
comme  je  Tai  dit  dans  une  note  lue  à  C Académie  des  scientts  U 
à  octobre  1859,  il  ne  semble  pas  possible  de  douter  de  l'identité 
de  la  couche  de  Saint-Acbeul  qui  renferme  des  silex  taiilÀ'et  des 
ossements  d'animaux  quaternaires  avec  la  couche  de  Saint-Roch 
qui  a  fourni  la  plupart  des  pièces  fossiles  recueillies  aux  eoTi- 
rons  d'Amiens.  On  peut  sans  doute  ëtabUr  la  coope  sui^mnls  df 
Saint- Acheul  à  Saint-Roch  : 

Saini-Eocb.  Saint-ÀchraL 

...     I  .  ,  . 


f  —  Lcrss  ou  limon  exploita  pour  la  briqueterie. 
1  —  DiluTiam  rouge. 

3  ~   Alternances  irn-gulièret  de  sables  |ri>  à  OTmiillfii 

lacustrei  et  de  dtlnTluAi  gris. 

4  —   Diluvium  gris  à  oasemenis. 

Une  collection  àc^  pièces  de  Saint-Roch  €t  QOtamnwniC  une 
belle  suite  d'os  d'Eicp/ias  primigenius  se  voient  dans  le  musée  da 
Jardin  dos  plantes  d'Amiens.  La  gangue  de  ces  os  su^r^t  seuk 
pour  prouver  qu'ils  ne  viennent  pas  du  diluvium  roii|{e.  A  inf»ips 
que  M.  Melleyille,  qui  a  fait  de  si  importants  travaux  sur  les  ter- 
rains tertiaires  du  bassin  de  Paris,  n'ait  découvert  aux  environs 
d'Amiens  des  faits  nouveaux,  les  géologues  persisteront  saus  doufe 
à  considérer  le  diluvium  gris  qui  renferme  les  débris  de  Findus- 
trie  humaine  comme  un  des  gisements  caractéristiques  de  la 
période  quaternaire;  ils  se  garderont  de  les  ranger  parniî  les 
terrains  tertiaires. 

M.  Melleyille  réppqd  qu'il  ne  les  a  pas  trouvés  iui-mèinç), 
mais  qq'il  a  vu  je  l'ait  mepUonné  dans  un  mémoire  de  M.  Bu^s. 

M.  J.  Delanoûe  dit  : 

Si  M.  OfeUeville  n'a  pas  encore  trouvé  de  fossiles  d'eaa  dopoe 


NOTE   DE    K.    DELANOÛB.  AiS 

daoa  le  Icess  <lu  Noitl,  il  (vjiura  eu  observer  de  bien    intacts  à 
Qui|Syraio  à  500  mètres  au  nord-est. 

Les  coupes  de  M.  Meileville  irpivseutent  exactement  la  dispo- 
lît jop  (jf-'S  terrai nS)  mais  il  y  a  une  cause  d'erreur  dans  l'assimilation 
qu'il  fait  des  dépôts  intacts  île  diluviuni  et  de  lœss  de  la  Picardie 
«Tec  les  terrains  si  souvent  démantelés  et  remaniés  de  la  vallée 
de  la  Seine. 

Si  M.  Meileville  a  trouve  des  silex  taillés  et  beaucoup  (Casse- 
ments dans  le  diluviuni  supérieur  dVAmiens,  cela  doit  être  un  fait 
tout  récent,  car  jusqu'à  ma  dernière  visite,  il  y  a  six  semaines, 
j*y  ai  observé  le  contraire,  comme  tout  le  monde. 

:  M^  députa  meubles  i/ifêiicurs  des  carrières  de  Saiiit*Acheui 
M^odeut  en  silex  taillés  de  main  d'hqmmeetM.  Alelleville  les 
qualifie  de  ptiocènes.  L'avènement  de  lliommc  remonterait  ç|odc 
^  1^  f^rioc|e  tertiaire  ?  Cela  mériterait  bien  quelques  preuves  et 
explications. 

M.  Meileville  dit  que  la  dénomination  de  pliocène  qu'il  a 
appliquée  à  la  partie  inférieure  du  diluvium  do  la  Somme 
résulte  des  fossiles  qu'il  y  a  recueillis. 

M.  d'Omalius  d'Halloy  prie  MM.  Hébert  et  Meileville  de 
Youloir  bien  fournir  quelques  explications  au  sujet  dos  dissen- 
timents qui  existent  entre  eux,  d'après  la  coupe  de  |a  montagne 
de  Reims  récemment  publiée  par  M.  Meileville  dans  le  Bulletin, 

M.  Hébert  répond  que  la  coujie  de  la  montagne  de  Reims 
dont  M.  d'Omalius  vient  de  parler  (1)  présente  de  telles  erreurs 

3d*ellé  ne  saurait  se  prêter  à  une  discussion  utile.  Cette  coupe 
b  effet  place  Goulommes  entre  Vrigny  et  Gueux,  tandis  que 
c'est  Vrigny  qui  est  entre  Gueux  et  Coulommes^  puis  elle 
donne  trois  étages  de  cendriéres,  tandis  que  chacun  sait  que 
tontes  les  ccndriéres  sont  au  môme  niveau  géologique,  aussi 
bien  celles  de  Goulommes,  de  Rosnay  et  de  Vrigny,  que  toutes 
les  autres  des  pays  de  Soissons,  Noyon,  Laon,  Reims,  Épernay, 
Gbt^u-Thierry,  etc.  C'est  aujourd'hui,  et  depuis  plus  de  vingt 
tns,  un  des  f^^its  le$  mieux  constatés  de  la  géologie.  Personne 
autre  que  M.  Meileville  ne  le  nie,  ou  plutôt  M.  Meileville  ne 
le  discute  pas,  il  n'en  tient  aucun  compte,  il  ne  cherche  nulle- 
ment à  démontrer  l'erreur  conunune,  il  se  contente  d'affirmer 

(4)  BiilL,  2«  sér.,  t.  XVHI,  p.  41 8  et  44  ?. 


hhh  SÉANCE    DU    20    JANVIER    1862. 

sa  manière  de  voir,  sans  donner  d^autres  preuves  à  Tappui  (1) 
que  des  différences  de  niveau  qui  ne  sont  pas  sulfisamowBl 
établies,  et  qui,  quand  môme  on  les  admettrait,  seraient  le 
résultat  de  glissements  sur  la  base  sableuse  qui  supporte  les 
argiles  le  long  de  ces  coteaux  escarpés  et  de  TexhaussemeDl 
général  de  Touest  ii  Test  de  cette  assise  et  des  sables  qui  sont 
au-dessous,  exhaussement  tel  que  les  lignîtes  compris  entre 
A5  et  55  mètres  d*altitude  autour  de  Soissons  se  trouvent 
portés  au  mont  Berru  entre  230  et  2A5  mètres,  à  250  mètres 
à  Verzenay. 

Cette  différence  de  niveau  est  en  partie  au  moins  antérieure 
aux  dépôts  des  sables  de  Guise,  du  calcaire  grossier  et  des  sables 
de  Beauchamp,  qui  ne  s'étendent  pas  aussi  loin  à  TE.,  où  le 
calcaire  de  Saint-Ouen  et  les  meulières  de  Brie  recouvrent 
directement  les  lignites. 

Enfin  Tune  des  erreurs  fondamentales  du  travail  de  M.  Mélle- 
ville,  c'est  de  mettre  (p.  &22),  contrairement  aussi  aux  obser^ 
vations  de  tous  les  géologues  sans  exception,  la  faune  tout 
entière  des  lignites  sous  celle  du  calcaire  de  Riiiy. 

M.  Hébert  ajoute  que  la  demande  d'explications  de  M  •  d'Oma- 
lius  l'oblige,  ù  grand  regret,  de  déclarer  qu'au  point  où  en  est 
aujourd'hui  la  géologie  du  bassin  de  Paris  de  telles  opinions  ne 
peuvent  être  considérées  que  comme  le  résultat  d'une  imagina- 
tion trop  aventureuse. 

Il  n'en  résulte  pas  néanmoins  qu'il  n'y  ait  plus  aucun  sqct 
de  discussion  sur  les  diverses  parties  du  système  des  sables  du 
Soissonnais,  mais  ces  sujets  sont  tout  &  fait  en  dehors  des  points 
que  M.  Hébert  vient  de  signaler.  Telle  est,  par  exemple,  la 
position  des  sables  et  du  calcaire  de  Rilly,  non  par  rapport  aux 
lignites  auxquels  ils  sont  incontestablement  antérieurs,  mais 
par  rapport  aux  sables  de  Bracheux. 

M.  Munier  fait  une  communication  sur  une  nouvelle  espèoe 
de  Scissurelle  qu'il  a  recueillie  dans  le  sable  moyen  de 
Guepelle. 


(4  )  Il  paratt,  d'après  des  annonces  faites  par  rautear(i?ii//. ,  t* lér. , 
t.  XVII,  p.  7H»  lig.  13,  et  p.  746,  lig.  4),  que  ces  preuves  doivent 
être  données  dans  un  mémoire  à  part. 


IfOTB   DB   M.    nÉBBRT.  AA5 

M.  Hébert  fait  la  communication  suivante  : 

Sur  V argile  à  silex  ^  les  sables  marins  tertiaires  et  les 
calcaires  d'eau  douce  du  nord-ouest  de  la  France;  par 
H.  Ed.  Hébert  (pi.  X,  fig.  2). 

M.  DesDoyers  a  lu  à  la  sëance  du  19  novembre  1855  {Bull,  y 
2*  sér.,  t.  XI Uy  p.  100}  un  travail  intitulé  :  Nouvelles  obser- 
vations sur  f]uelques  terrains  tertiaires  du  M.-O.  de  la  Ftancf^ 
contemporains  det  terrains  du  bassin  de  Paris, 

Cette  lecture  a  donne  lieu  à  une  discussion  à  laquelle  j'ai  pris 
paît,  car  je  venais  justement  dVHudier  cc-ilc  année-là  et  la  pré- 
cédente, soit  seul,  soit  en  compagnie  de  xM.  Trig[er,  les  terrains 
dont  M.  Desnoyers  entretenait  la  Société. 

M.  Tri{;er  et  moi  soutenions  que  la  plus  grande  partie  des 
aiUes  du  Perche  étaient  crétacés  et  compris  entre  la  craie  à 
Inoceramus  labiatusj  Brong. ,  sp. ,  base  de  la  craie  marneuse,  et  la 
craie  de  Rouen. 

M.  Trîgcr  présenta,  dès  la  séance  suivante  (3  décembre),  ses 
observations  qui  furent  imprimées  dans  le  même  volume,  p.  118. 
Il  y  annonçait,  promesse  qu'il  a  exécutée  depuis,  qu*il  se  chargeait 
de  faire  connaître  dans  un  procliain  mémoire,  l'histoire  des  ter- 
rains crétacés  de  la  Sarthe,  et  que  je  décrirais  la  succession  dos 
antres  dépôts  crayeux. 

Après  cette  communication,  M.  Desnoyers  (p.  12(i)  m'invita  a 
donner  les  motifs  qui  m'avaient  engagé  à  me  rallier  à  Topinion 
de  M.  Triger.  Je  préférai  attendre  la  publication  du  travail  de 
M,  Desnoyers.  Ce  travail  n'a  pas  été  imprimé  (1);  seulement 
notre  savant  confrère  ayant  lui-même  répondu  à  ÎM.  Triger,  cette 
rëpouie  a  été  insérée  p.  177  ;  mais  les  faits  et  les  coupes  citées 
dans  le  mémoire  ne  se  trouvant  pas  reproduits,  toute  base  sérieuse 
de  discussion  manquait. 

Les  choses  étaient  en  cet  état,  lorsque  M.  Laugel  communiqua, 
le  27  février  1860,  sa  note  sur  la  gcfdogie  d' Eure-et-Loir  y  note 
dans  laquelle  se  trouve  une  coupe  prise  à  Nogent-le-Kotrou.  Celte 
coupe,  la  seule  de  ce  genre  qui  ait  été  publiée  sur  cette  région, 
établissait,  par  rapport  aux  sables  de  Nogent-le-Rotrou  et  à  Targile 
â  silex  y  les  mornes  relations  stratigraphiques  que  nous  avions 
exix>sées,  M.  Triger  et  moi.  dans  les  discussions  précédentes.  J'en 
fis  la  remarque  devant  la  Société  après  la  lecture. 


■M 


(4)  Voyez  ci-après  p.  463,  et  antè^  p.  205. 


iM  SÉANCE    Dt)    20    JANTTEll    186?. 

La  deuxième  note  que  M.  Langel  a  lue  tout  n^minefal  {tétè, 
p.  153)»  plus  spécialement  consacrée  à  l*argtle  à  silex,  m'obligea 
décrire  les  faits  que  j'ai  observés  en  1854  et  1855,  et  pborlé 
publication  desquels  je  différais  toujours,  es|)érant  |x)UToir  ddtoMr 
aux  conclusions  que  j'en  ai  tirées  une  plus  grande  extientfioh.  Ofclt 
me  permettra  en  même  temps  de  montrer  en  quoi  je  diffère  des 
opiniobs  de  IM.  Desnojers  et  de  préciser  d'une  mahière  toiiindBie 
le  résultat  de  mes  recherches  sur  les  terraiiii  tertl^irts  du  N.-O. 
et  sur  leurs  rapports  avec  le  terrain  crétacé. 

1.    Terrains  tertiaires  des  environs  de  yogent'^le'Rôtroà: 

La  note  de  M .  Laugel  sur  l'argile  à  silex  du  doftertement  d*Eute- 
et-Loir  présente,  relativement  à  la  position  de  ce  dëp6t  au- 
dessous  des  calcaires  d*eau  douce,  des  faits  qui  sont  en  ooncclrdabce 
parfaite  avec  ce  que  l'on  peut  observer  plus  à  l'odèsl,  <lanak 
Maine,  l'Anjou  et  la  Touraine;  mais  la  conclusion  que  notre 
confrère  tire  de  ces  faits,  à  savoir  que  l'argile  à  silex  qa'îl  divise 
en  deux  parties  est  tout  entière  contemporaine  des  calcaires  de 
Beauce  (1)  et  des  argiles  à  meulières,  ne  me  parait  pas  légitimey  et 
c'est  ce  que  je  vais  essayer  de  démontrer. 

Pour  éviter  tout  malentendu,  disons  d'abord  qu'il  y  a,  conDita 
l'a  reconnu  de  son  côté  M.  Laugel,  deux  argiles  à  silex,  l'une  coin* 
posée  d'ar{>ile  pure,  plastique,  ordinairement  rouge,  et  renCemiant 
des  silex  de  la  craie  non  brisés,  souvent  en  lits  régalien,  l'ailtre 
mélangée  de  débris  de  silex  ou  de  grains  quartxbux,  renferinanl 
quelquefois  des  parties  sableuses  et  passant  à  ce  que  M.  £Ue  de 
Beaumont  a  désigné  sous  le  nom  de  terrain  d'argile  rottge  et.iM 
gravier  granitique. 

Je  vais  montrer  que  la  première  est  toujours  au-dessoufl,  BCpr 
seulement  du  calcaire  de  Beauce,  mais  d'assises  tertiaires  plits 
anciennes  encore;  la  seconde  au  contraire,  ce  qui  n'est  pas  coatesléi 
est  toujoura  au-dessus. 

M.  Laugel  admet  (|ue  V argile  à  silex  inférieure  fQrine  la  baicdâ 
calcaire  de  Beauce  dans  le  département  d'£ure-et^Loir,,et  ii  ooilr 
sidère  le  calcaire  d'eau  douce  des  environs  de  Mogent-le-Rolron 
comme  le  prolongement  du  calcaire  de  Beauce;  sur  ces  deux  poinll 
nous  différons  complètement  d*opinion. 


(1)  Cette  argile  à  silex  a  été  placée  phr  M.  d'Archiac  [Hitt.  dèt 
progrès  de  la  géol.j  t.  IV,  p.  245,  4  864  ;  t.  II,  p.  4 53)  dans  le  temÎB 
quaternaire. 


KOTB   DB   n.    HÉBBRT.  AA7 

A  Nogent-le-Roti'oii,  derrière  le  vieux  cliûtoau,  les  calcaires 
d'esu  douce  accoiupa^nés  de  meulières  coiistiiueiit  la  partie  supé- 
rieure du  coteau.  A  Test  de  la  ville,  les  rentes  de  Heauniont,  de 
TUrOii-GanJais,  sont  établies  sur  cette  foriiiation,  dam  uue  lon- 
gueur de  2  kilomètres  à  partir  des  portes  de  ]No{*ent;  on  la  reu* 
contre  sur  celle  de  Dreux  à  3  kilomètres,  au  bois  des  Percliets,  à 
Brunelles  au  moulin  de  Pierre,  d'où  on  la  suit  jusqu'au  hameau 
de  la  Frétaiidièic^  et  dans  toutes  ces  localités  ce  dépôt  occupe  un 
niveau  coniUnt,  Taltitude  de  150  à  160  mètres;  la  vallée  des 
Arcis  et  celle  des  Noues  Teatament  de  Inanière  ù  inoutrer  sa 
relation  avec  les  autres  dépôts,  et  partout  on  recoimaît  en  effet 
que  cette  formation  lacustre  est  supérieure  à  TarfjiLe  à  silex.  Pour 
qu'on  ne  puisse  pas  en  douter,  je  citerai  la  cote  do  Maison-Neuvç, 
•nr  la  route  de  Tiiiron-Gardais,  où  Ton  voit  Taq^ile  à  silex,  sortir 
de  dessous  les  meulières,  et  lo  moulin  de  Pierre  près  Brunelles  où| 
le  montre  la  coupe  suivante,  les  couches  d'eau  douce  6, 


rra.  t. 


MoiUja  de  Pierre. 
Ruiscean  dalltrcii. 


I 
\ 

I 

i 


I  —  Craie  uc  Roaen.  ^  —  Arctle  &  liiez, 

ft  ».  Grèi  Tert.  A  —  Calcaire  lacuttre. 

Ëchellei  dek  tianteors  el  dei  lftn|iieiirs  s  1/10000*. 

Mianiées  par  le  ruisseau  des  Arcis  et  composées  de  calcaire  asso- 
ékéê  avec  de  (<ros  bancs  de  meulières  et  renfermant  des  Lim- 
nées,  etc.,  reposent  de  chaque  côté  du  ruisseau  sUr  Tarj^ile  à 
illet  5,  et  celle-ci  sur  les  assises  crétacées  2  et  1. 

Non-seulement  Taq^ile  à  silex  est  inférieure  au  calcaire  d'enu 
douce  de  Notent- le-Kotrou,  mais  elle  est  inférieuie  à  des  sables 
sur  lesquels  repose  le  calcaire.  On  peut  le  voir  sur  le  prolonge- 
ment N.-E.  de  la  coupe  de  Ihunelles  au  moulin  de  Pierre  (pi.  X, 

fis.  2)  (1). 


(4)  J'ai  reproduit  dans  cette  coupe  rindication  du  Kimmcrîdge 
ëtajrh  Sou«ncéque  j'avais  déjà  donnée  (Men  a/icic/trirs,  etc.,  p.  69, 
1857)  et  qui  paraît  avoir  échappé  à  M.  Laugcl  qui  n'indique  dans 
ÉÊ  coape  qae  le  coral-  rag.  Les  calcaires  kimméridiens  se  rencontrent 
sur  le  roate  dé  Nogent-le-Rotrou  à  Souancé,  depais  la  ferme  de 


/Î&8  SfiANCB    DtJ    20   JANVIER    1862. 

A  Rrunclles,  la  craie  de  Rouen,  3,  k  Ammonites  vnrians^  A. 
Bhotn/nagensis,  Scaphites  œqualis^  surmontée  des  sables  à  Ostrea 
colnmba  {Rnussard)  &,  passe  sous  Tar^vile  à  silex  6,  en  plongeant 
assez  fortement.  Celle-ci,  à  son  tour,  plonge  sous  le  calcaire  d*eau 
douce  8  (1),  pour  reparaître  plus  développée  à  la  Frétaudière  super- 
posée non  plus  au  roussard,  mais  à  la  craie  5,  à  Janira  quadri» 
costata^  Rhynchonclla  vespcrtilioy  etc.,  qui  est  exploitée  comme 
marne,  sur  le  chemin  de  la  P'rétaudière  à  la  Prunetière.  L*argile  k 
silex  s'élève  en  ce  lieu  à  180  mètres,  et,  à  1  kilomètre  plus  à  Test,  à 
200  mètres;  puis  elle  plonge  de  nouveau,  au  delà  du  petit  vallon 
où  affleure  la  craie  à  R.  vespcrttlio,  et  passe  sous  un  petit  bassin 
de  calcaire  d'eau  douce  exploité  à  la  Poterie,  et  renfermant  égale- 
ment des  meulières. 

Mais  entre  le  calcaire  d*eau  douce  et  l'argile  à  silex,  on  voit  tout 
autour  affleurer  des  sables  et  des  grès,  7. 

Nous  verrons  bientôt  que  ces  sables  et  grès  ne  sont  pas  un 
accident,  mais  au  contraire  constituent  un  terme  constant  de 
la  série  tertiaire  du  M.-O.  de  la  France. 

La  coupe  (pi.  X,  fig.  2)  dans  laquelle  on  voit  l'argile  à  silex, 
après  son  éniersion  de  dessous  les  sables  de  la  Poterie,  s'élever  à 
198  mètres  d'altitude  sur  le  coteau  de  iVIarolIcs,  où  elle  recouvre  le 
roussard,  pour  reparaître  de  Tautre  côté  de  la  route  de  Monllan- 
don  à  261  mètres,  cette  coupe,  dis-je,  montre  que  l'argile  &  silex 
est  complètement  indépendante  des  dépôts  tertiaires  des  environs 
de  Nogcnt;  elle  est,  par  rapport  à  ces  dépôts,  dans  un  état  de  dis- 
cordance complète,  comme  aussi  par  rapport  aux  divers  membres 
de  la  série  crétacée,  recouvrant  tantôt  la  craie  de  Rouen,  comme 
on  peut  le  voir  au  S.-O.  de  Brunelles  à  l'altitude  225  mètres  sur  U 
route  de  Tliiron- Gardais,  tantôt  les  sables  crétacés  du  Haîne 
(altitude  278  à  Sezérien,  273  à  Malitourne,  etc.),  tantôt  enfin  la 
craie  deVilledieu,  à  la  Frétaudière. 

Launay,  à  3  kilomètres  au  sud  de  la  ville,  jusque  près  de  Souancé,  lor 
plus  de  3  kilomètres,  et  ils  y  sont  très  riches  en  fossiles  [Pholadomya 
anitUnstnta^  P,  Protrij  Panopœa  VoUzii^  etc.).  Le  coral-rag  I  n'ap* 
paraît  qu'au  chemin  de  MoDt-Doucct,  près  du  cimetière.  Les  couches 
plongent  de  5<>  au  N.  L'argile  yerte  glauconieuse,  formant  la  basa  de 
la  craie  chloritée  s'étend,  sur  les  deux  étages  oolithiques. 

(1)  Le  ploni^ement  de  ces  diverses  a<;sises  paraît  être  considérable 
dans  la  grande  coupe  (pi.  X,  iîg.  2);  mais  il  faut  tenir  compte  de  la 
différence  des  échelles;  car,  en  employant  la  môme  échelle  pour  la 
hauteur  et  la  longueur,  ce  qui  a  été  fait  dans  le  diagramme  ci-dessui 
(fig.  4),  les  tnclioaisons  so  montrent  alors  en  réalité  très  faibles. 


NOTB    DE    M.    HÉBERT.  4A9 

On  reconnaît  encore  dans  la  nicine  coupe,  la  disposition  géné- 
rale en  forme  de  bassins,  ou  plutôt  de  plissements  qu*uft'cctc  le 
terrain  crétacé  du  Percbe;  car  il  est  facile  de  montrer,  en  conti- 
nuant au  N.-E.  cette  coupe,  qui  rencontre  plusieurs  de  ces  plis 
dont  le  roussard  forme  toujours  les  parties  saillantes,  que  la  craie 
de  Rouen,  émergeant  de  dessous  les  sables,  à  233  mètres  aujs 
sablons^  plonge  de  nouveau  au  pied  de  la  butte  de  iMalitourne  où 
les  sables  s'élèvent  à  270  mètres,  et  que  tout  ce  système  s*enfonçe 
ious  la  craie  de  la  plaine  de  Yaupilloii  et  des  Menus  (craie  à 
Jnoceramus  labiaius)  pour  émerger  à  IMeaucé,  former,  en  s^élevant 
â  260  mètres,  la  colline  qui  porte  la  forêt  de  Senonches,  plonger 
de  nouveau  sous  la  craie  à  Inocérames  qui  forme  le  sous-sol  de 
la  plaine  de  Senoncbes  au  Mesnil-Thomas,  etc. 

Ces  plis  sont  antérieui-s  au  dépôt  de  Targile  à  silex;  ils  sont 
postérieurs  au  roussard;  peut-être  se  sont-ils  formés  pendant  le 
dépôt  de  la  craie  marneuse,  probablement  avant  celui  des  bancs  à 
gros  silex  qui  reposent  immédiatement  sur  la  craie  à  Inoceramus 
labiaius. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  Percbe,  avant  le  dépôt  de  l'argile  à  silex, 
présentait  déjà  des  collines  dont  les  saillies,  quoique  moins  pro- 
noncées qu'aujourd'liui,  étaient  cependant  formées  par  les  mêmes 
assises,  sables  crétacés  en  haut,  craie  do  Uouen  en  bas.  La  coupe 
précédente  prouve  Texistence  de  trois  de  ces  saillies  :  la  première, 
celle  de  Brunelles,  se  c  )niplique,  au  ^.  et  à  TO.,  d'accidents 
qui  la  limitent  dans  son  étendue  ;  la  seconde,  qui  comprend  la 
région  élevée  de  200  à  280  mètres  d'alt.  depuis  MaroUes  jusqu'à 
la  butte  de  iMalitourne,  se  continue  au  N.-O.  de  manière  à  con- 
stituer une  région,  dont  les  parties  basses  sont  formées  par  la  craie 
de  Rouen  qui  s'élève  à  233  mètres  sur  les  territoires  de  Coulonges 
et  de  Saint- Victor-de- Bouton  ;  les  parties  hautes,  couvertes  par  le 
roussard,  à  270  mètres  à  lu  butte  de  Malitourne,  comprennent  les 
collines  élevées  des  environs  de  Hretoncelles,  de  la  forêt  de  Saussa, 
du  bois  deVoré;  ce  pli  saillant  se  prolonge  au  S.-E.,  et  l'affleu- 
rement des  sables  crétacés  à  iMontigny,  près  d*illiers,  signalé  par 

.  Laugel  {ioc,  cit. y  p.  321),  en  est  une  dépendance;  la  troisième 

illie  est  celle  de  la  forêt  de  Senonches,  exactement  parallèle  a  la 
précédente  et  à  d*autres  accidents  du  bassin  de  Paris,  du  pays  de 
Bray,  etc.  ;  elle  se  prolonge  par  Pongouin  et  Courvilie  dans  la 
direction  de  Chartres.  Entre  les  deux  dernières  saillies  est  une 
plaine  de  craie  marneuse,  celle  de  Vaupillon  aux  Menus,  dont  la 
surface,  à  200  mètres  d'altitude  environ,  n'est  recouverte  que  par 
l'argile  à  silex.  Entre  les  deux  premières,  il  y  avait  aussi  avant 
Soc,  géoK,  V  série,  tome  XIX.  ^9 


i||60  8ÊANCK    DU    20    JANVIER    i8(>2. 

ré|K)que  tertiaire  une  plame  composée  également  de  craie  mar- 
neuse dont  [a  surface  supérieure  n'est  plus  qu'à  170  mètres,  bien 
qu'elle  appartienne  à  une  couche  plus  récente  que  la  craie  da 
Menus. 

Cette  plaine  a  été  ravinée  sur  ses  deux  ]x>rd8y  et  il  n'est  resté 
de  la  craie  marneust*  qu'un  témoin,  le  lambeau  de  la  Frétau- 
dière,  limité  par  deux  petites  vallées,  celle  de  la  Poteriv  et  celle 
du  moulin  de  Pierre.  Ces  ravinements  ont  eu  lieu  après  le  plisse- 
ment  du  âol  et  antérieurement  au  dépôt  de  l'arc.ile  à  silex. 

Alors  toute  cette  région  de  petites  et  de  grandes  vallées,  de 
saillies  plus  ou  moins  considérables,  s'est  trauvée  couverte  de  ce 
singulier  dépôt,  Targile  à  silex,  dont  l'épaisseur  est  énorme,  et  dont 
les  silex  sont  très  volumineux  et  très  abondants  lorsqu'il  repose 
sur  la  craie  marneuse  riche  en  silex,  mais  qui  est  bien  moins 
développe,  lorsqu*il  recouvre  les  sables  inférieurs  à  la  craie  mar- 
neuse, ou  la  craie  de  Rouen. 

Il  y  a  de  telles  diflert-nces  d'altitude  dans  la  région  occupée 
par  Targilo  à  silex,  pri's  de  100  mètres  de  la  Poterie  aux  Barres 
sur  3  kilomètres  de  distance  (1),  qu'on  peut  supposer  avec  quelque 
probabilité  (|ue  ce  manteau  ne  se  serait  pas  étendu  aussi  rëgulië- 
rement  si  vx's  différences  eussent  été  si  considérables.  Il  est  dooc 
permis  de  penser  que  le  reliei'  a  dû  s'accroître  après  le  dépôt  de 
rar[;ile  à  silex  ;  mais  cet  accroissement  n'a  rien  pu  changer  aux 
dispositions  relatives  des  collines  et  des  vallées;  celles-ci  se  sont 
atiaissées,  celles-là  se  sont  éicvces,  c'esit-à-dire  que  le  plissement 
du  sol  a  continué  dans  le  nicnic  sens.  Je  le  répète,  on'])eut  admettra 
soit  cette  hypothèse,  qui  a  pour  but  de  faciliter  l'explication  da 
mode  de  dépôt  de  l'argile  à  silex,  mais  qui  la  sépai-e  pi*ofoudéaien( 
des  assises  tertiaires  qui  la  recouvrent,  soit  rhypr;tbèse  que  le  sol 
n'a  pus  éprouvé  de  nouvelh;  flexion  entre  feon  dépôt  et  celui  du  ter- 
rain tertiaire.  Mais  alors  la  manière,  dont  cette  argile  n  pu  altein^ 
dre  des  parties  si  élevées  au-dessus  des  dépressions  dont  les  dé- 
pôts tertiaires  ont  seulement  occupé  le  fond,  établit  entre  les 
eaux  qui  l'ont  porté  là  et  celles  où  étaient  en  suspension  les  sédi- 
ments tertiaires,  sableux  ou  lacustres,  de  telles  diftérences  que  la 
discordance  n'est  pas  moins  grande. 


(t)  Sur  certains  points,  comme  dans  la  coupe  donnée  par  M.  Laageî 
(Bull.  Soc.  fréol.  ffrf'r.,  2'=  sér.,  t.  XVII,  p.  320i  ces  différences  sont 
dues  à  des  failles;  mais  dans  la  coupe  que  je  donne  il  n'ya  pas  ans 
seule  faille  véritable.    Cette    coupe  du  reste    forme  avec  celle  de 
M.  Laugel  un  angle  do  ISO®  environ. 


NOTB    DB    M.    HÉBSET.  khi 

Il  est  à  remarquer  en  efTel,  comme  nous  Tavons  déjà  dit,  que 
raltitude  des  calcaires  d'eau  douce,  dans  ce  pays  de  Nogent  dont 
le  souS'Sol  est  si  singulièrement  infléchi  en  divers  sens,  conserTe 
une  constance  presque  absolue.  La  surface  supérieure  de  ce  dép6t 
ne  varie  qu  entre  160  et  168  mètres  à  la  Poterie,  au  uioulin  de 
Pierre,  au  vieux  château,  sur  la  route  de  la  Loupe,  etc.,  c*eit-à* 
dire  dans  tous  les  points  qui  n*ont  pas  été  affectés  par  des  failles  i 
cela  nous  donne  pour  cette  époque  un  nivellement  infaillible* 

Quel  est  maintenant  Tâge  de  ces  dépôts  tertiaires?  C'est  paf 
Texamen  des  calcaires  lacustres  que  nous  pouvons  y  arriver^  car 
les  sables  ne  renferment  pas  de  traces  de  corps  organisés. 

£n  général,  les  fossiles  que  Ton  rencontre  dans  les  calcaires  la- 
custres sont  mal  conservés  ;  ce  sont  des  Paludines  et  dçs  Liraoées 
qui  cependant  paraissent  se  rapporter  à  la  Limnœa  longiscata  dtt 
calcaire  de  Saint-Ouen.  Mais  un  lambeau  de  ce  calcaire  se  trouvç 
dans  le  fond  même  de  la  vallée  du  Âuf/ij  au  moulin  à  papier,  â 
2  kilomètres  de  Nogent,  à  un  niveau  bien  inférieur  à  celui  des 
meulières  qui  couvrent  le  coteau.  Ce  lambeau  qui  remonte  la 
vallée  sur  unr  étendue  de  7  à  800  mètres,  jusqu'au  chemin  de 
Gros-Bois,  est  composé  de  bas  en  haut  :  1^  de  marnes  calcaires  et 
de  calcaires  blancs  renfermant  des  Liinnées  et  des  Plaqorbes 
parfaitement  conservés  ;  2^  de  calcaires  plus  ou  moins  compactes; 
3°  de  marnes  alternant  avec  des  calcaires  marneux  feuilletés; 
U?  d'argiles  avec  silex  d'eau  douce. 

Ce  dépôt  assez  puissant  semble  adossé  au  sud  à  la  craie  grise  de 
Belloyme  et  de  Rouen  à  Ammonites  ManUUi,  au  nord  à  la  craie 
marneuse  blanche  à  Tcrcbratella  Bnurgeoisii  ;  mais  il  peut  se  trou* 
ver  dans  cette  position  par  suite  d'une  faille,  peut-être  une  dépen- 
dance de  la  double  faille  décrite  par  M.  Laugel  (BtdL  Soc,  géoL 
de  Fr.,  2*^  sér.,  t.  XVIÏ,  p.  321),  Quoi  qu'il  en  soit  de  la  caufe 
qui  a  donné  à  ce  lambeau  une  position  inférieqre  à  celle  du  cal- 
caire d'eau  douce  du  coteau  de  Mogent,  il  est  difficile  de  ne  pas  le 
considérer  connue  étant  de  même  âge,  et  représentant  seulement 
les  couches  inférieures.  Or,  les  fossiles  qu'on  peut  y  recueillir  en 
abondance  et  dont  plusieurs  sont  très  bien  conservés  ne  permet- 
tent  pas  le  doute.  J'y  ai  reconnu  en  effet,  et  M.  Desbayes  n'a 
pas  hésité  â  contirmer  ces  déterminations,  PUinorbis  rotundatus^ 
Limmva  Ion  gis  va  tu,  ce  qui  range  ce  dépôt  au  niveau  du  calcaire 
de  Saint-Ouen,  avec  lequel  il  a  d'ailleurs  les  plus  grands  rapports 
quant  aux  caractères  minéralogiques*  Outre  les  deux  fossiles  pré^ 
cédcnts,  on  rencontre  dans  ces  calcaires  marneux  des  œufs  attri- 
bués ordinaire  ment  a  des  molbisques  terrestres  et  qui  pourrfiient 


&52  sÉAifci  DO  20  jANviBit  1862. 

être,  selon  M.  Desliayes,  des  œufs  de  sauriens,  et  un  petit  PU- 
noi'be  qui  nie  parait  être  Planorbis  planulatus^  Desh.,  de  mène 
qu'une  petite  Paludine  globuleuse,  qui  se  rencontre  dans  les  meu- 
lières en  haut  du  coteau,  et  se  rapproche  beaucoup  d'une  tMfkat 
analogue  des  calcaires  des  docks  Napoléon. 

Ainsi  donc,  on  doit  considérer  les  calcaires  d'eau  douce  de  No* 
gent-le-Rotrou,  non  coninie  le  prolongement  de  ceux  de  la 
Beauce ,  mais  comme  représentant  dans  le  Perche  les  cal- 
caires de  Saint -Ouen.  A  cette  époque  déjà  les  collines  sableuses 
du  Perche  existaient,  et  plus  tard  elles  ont  serTÎ,  de  ce  côté,  de 
limites  au  grand  lac  de  la  Beauce  qui  ne  les  a  pas  dépassées. 

Au  sud-ouest  de  Nogent-le-Rotrou  jusqu'à  Angers,  et  au  sud 
jusqu'à  Tours,  on  rencontre,  en  effet,  un  grand  nombre  de  lam- 
beaux de  calcaires  d'eau  douce.  Nous  allons  examiner  les  plus 
importants  de  ces  dépôts,  et  nous  verrons  qu'ils  sont  tous,  sans 
exception,  du  même  âge  que  celui  de  Nogent-le-Rotrou,  et  que 
partout,  comme  dans  le  Perche,  l'argile  à  silex  est  antérieure. 

II.  —  Terrains  tertiaires  du  Maine, 

On  connaît  depuis  longtemps  le  calcaire  d'eau  douce  de  la 
Chapelle-Saiiit-Aubin,  près  du  Mans.  D'après  des  échantillons 
qui  lui  avaient  été  remis  par  Ménard  la  Groye,  AL  Brongniart  (t} 
y  cite  huit  espèces  de  fossiles,  dont  une  spéciale  à  la  localité, 
Hélix  Menardi^  une  deuxième  voisine  du  BuUmus  pygmœsa  des 
meulières  supérieures,  mais  dont  il  signale  les  différences,  uoc 
troisième  semblable  au   Cyclostoma   rlegans^antiqunm  des  cal- 
caires de  Beauce,  rapprochement  qui  n*a  point  été  confirme  par 
les  recherches  ultérieures,  et  enfin  quatre  espèces  Limnœas  oram, 
Z.   longiscatus,    Crclotosma   mumia^  et   Cerithium  lapidum^    qui 
sont  précisément,  au  moins  les  trois  dernières,  les  plus  abon- 
dantes dans  le  calcaire  de  la  Chapelle-Saint-Aubin  et  que  nous 
savons  être  aussi  très  communes  dans  le  calcaire  de  Saint-Ouen. 
J'ignore  comment  la  présence  du  Cyclostoma  mtimiaetàn  Ceriikimm 
lapiiiutn  dans  ces  couches,  qu'ils  ne  dépassent  que  pour  se  ren- 
contrer très  rarement  dans  les  assises  inférieures  du  gypse,  n'a  pas 
arrêté  les  auteurs  qui  ont  placé  les  calcaires  lacustres  du  Maine 
dans  le  calcaire  de  Beauce.  C'est,  en  eflet,  la  classification  qui  a 
été  généralement  adoptée,  et  M.  d'Archiac  lui-même,  en  décrivant 
cette  localité,  y  voit  un  représentant  du  calcaire  lacustre  sopé- 


(4)  Annales  du  Muscttm^  t.  XV,  p.  387,  4  810. 


HOTB   DR    M.   BfiBKRT. 


465 


rieur  (1),  On  ne  doit  pas  Itcsilor  ;i  lus  considérer  comme  éucèiici. 

On  (ait  qtic  Ici  sablos  tcrliaiies  tics  environs  du  Mans  n'ont 
d'autres  fouiiei  que  des  végétaux,  inaiii  iU  sont  pWt-s  soui  lei 
marnes  lacuitres  dont  nous  venons  <\c  parler.  Ils  seraient  donc  1 
peu  près  de  l'à|>c  de  ceux  de  lleniulianip. 

Or,  il  est  facile  de  suivre  ces  saMis  nnx  environs  du  .Mans,  sur 
la  route  de  Ilallon,  par  exemple,  depuis  les  liauteurs  de  Coulaines 
jusqu'au  cliAleau  de  Gliapeau,  et  on  les  voit,  par  places,  reposer 
•ur  l'irgile  à  silex  qui  recouvre  directement  U  craie  tnfau.  Ces 
iOperpositions  riaient  bien  visibles  au  hameau  de  VHiiliant  en 
1854.  C'est  une  preuve,  et  iM.  Tri{;er  pourrait  eu  ciler  beaucoup 
d'autres  tirées  de  son  départeuieni,  que  l'aqjile  à  silex  est  plus 
aocieune  que  ne  le  suppose  i\I.  Lau^^el,  dans  la  Sarllie  aussi  bien 
que  dans  Eure-et-Loir. 

Je  dois  dire  ici  que  c'est  dans  le  département  de  la  Sartbe  et 
•ous  la  dircclioii  de  M,  Triger  que  j'ai  apprisik  reconnaître  la  vraie 
position  de  l'argile  à  silex,  bien  que,  couinic  nous  le  verrons  tout 
B  l'henre,  cette  position  ait  été  ilélerniinéc  en  Touraine  bien  plus 
anciennement  par  Diijardin. 

On  peut  retrouver  au  N.-E.,  dans  la  direction  de  No(>ent-le- 
Rotrou,  les  sables  et  les  colcaiics  d'eau  douce  de  la  Cliapclle- 
Saint-Aubin,  de  manière  à  se  convaincre  de  l'identité  des  deux 
(MpAu  tertiaires.  L'argile  ù  silex  an^jinente,  dans  cette  dii-eeiion, 
ca  épaisseur  et  en  continuité.  Quelquefois  elle  pénètre  dans  des 
poches  de  la  craie  d'une  l'nçon  tout  k  fait  singulière,  dont  je  cite- 
rai un  exeniple  que  j'ai  eti  occasion  d'observer  en  1853  en  com- 
pagnie de  iM.  Tripier.  On  creusait  alors  près  de  Bouni-iable  une 
trancliée  pour  le  paasii);e  du  cliemin  de  Toreé.  C«'tte  tnmcbiîe, 
ouverte  dans  la  iraie  qui  rctiferine  en  ce  point  des  lits  de  silex, 
mettait  à  nu  des  ilénnd^ttions  léelleiucnt  bizarres,  de  plnsieurs 
mclrcs  de  profondeur,  que  j'ai  dessJnée'i  sur  place  et  que  je  repro- 
duit ici  (fig.  2) 


(t)   Mcm.  de  la  Snr.  urol.  de  Fr.,  2'  scr.,  t. 
Bill,  det  jirogrèi  delagéol.,  t.  II,  p.  546,  4849. 


4t>& 


SÊANCB    DU    SO   JinTIBR    1S62. 


Cette  coupe  montre  4'(iie  In  suihce  de  la  craie  a  été  crcuMe  | 
sous  forme  de  poches,  qui  ont  Hc-  iciiii'liea  d'argile  rouge  et  dt 
ailex  de  la  craie  dénudée.  Le  plus  souvent,  les  silex  sont  empâttt 
pèle-méle  et  sans  ordre  dans  l'arfiile,  mais  qutflquefoia  atusi, 
comme  cela  se  voit  en  a,  ils  continuent  dans  l'argile  le  lit  régulier 
qu'ils  forment  dans  la  craie;  k  peine  y  a-t-il  un  léger  affaissemeut 
qui  les  dérange  de  leur  position  normale. 

On  rem:irque dans  ces  coupes  i|iii;  l'ai;;!!!"  .1  silex  tapisse  Eouin 
les  sinuosités  de  la  craie:  clic  pri'feiiieell'''iiièiiie  un  autre  système 
de  poches  plus  simples,  plus  roijuliêres,  niuplies  pardesnblct 
et  grès  tertiaires,  souvent  en  amas  eon^iitt'raliles.  Tantôt  l'aigle 
à  silex  suit  les  contours  de  ces  poilies  intéiieunr»,  tnntât  cellet-ci 
■ont  creusées  dans  l'argile,  de  mtiiière  à  couper,  sous  un  an^le 
plus  ou  moins  voisin  de  90",  la  direction  générale  indiquée  par 
les  lits  de  silex  dans  l'artjile.  Dans  le  premier  cas,  un  remarque, 
entre  l'argile  à  silex  li  et  les  sahles  ]),  un  dépôt  argtlo- sableux  C 
contenant  des  concrétions  ferrugineuses  sons  forme  de  plaquettes 
interrompues,  qui  suivent  dans  leur  direction  les  contours  de  la 
poclie  sableuse. 

Quelque  explication  que  ces  fail.s  puissent  admettre,  et  je  ne  nip 
charge  pas  pour  le  moment  d'en  fournir  une,  ils  n'en  démontrent 
pas  moins,  comme  les  précédents,  l'antdriorité  de  l'argile  à  nodu- 
les siliceux  aux  sables  et  grès  qui  ont  précédé  les  calcaires  à  Cr- 
eloiloma  maiiiia  et  Cerithiam  lapidam. 

Dans  d'autres  poches  analogues,  comnte  j'en  ai  observé  ata 
montagnes,  entre  M  éii  ères-sous- Haï  Ion  et  Courcemont,  le  c 
d'eau  Uoace  occupe  le  centre  de  la  pocbe. 


A  —  Crtk  de  Touril 
H  ~  Anile  Tert.. 
C  -  HaUtt  lioBu. 
D  -  Argiln  ■TIC  n< 


De  telle  sorte  que  ces  dépûts,  si  dérangés  de  leur  premier  Aat, 
ont  néanmoins  conservé  leur  disposition  relative. 

Le  petit  lambeau  tertiaire  de  la  Potrrie  au  iiord-«tt  de  Nogent< 


NOTE   I)B    M.    DÉBBRT.  Afi5 

le-Roti-ou  est  coniposéf  comme  ci'liii  de  la  Cli.ipelle-Saint-Âiibin, 
de  sable  et  de  calcaire  lacuslre,  ce  qui  est  une  aiinlo(;ie  de  plus. 

m.  —  Calcaire  (Ceau  douce  tir  ta  Tnitrainc. 

Si  du  Mans  on  se  dirige  sur  Tours,  par  la  Ch.'irtre,  on  rencon- 
tre â  &  kilomètres  au  sud-est  de  cette  dernière  ville,  sur  la  grande 
route,  des  carrières  ouvertes  au  hameau  de  la  (lliaume  dans  des 
calcaires  d'eau  douce. 

Voici  la  coupe  d'une  de  ces  carrières  de  haut  en  bas  : 

r  Meulières O^.'iO 

î*  Marne  et  calcaire 3", 00 

3*  Calcaire  rempli  de  Limnées r",00 

4°  Calcaire  dur  avec  C>r/o3ïo//ir/ m//w/<i.  .   .  1",00 

6*  Calcaire  bréchiforme 4 '",30 

6**  Marne  verte 2'".  00 

T"  Calcaire 0"',30 

a*»  Sable » 

Total.   .   .   .     9»,4  0 

Bien  que  les  meulières  forment  en  général  un  l)anc  supérieur 
aux  marnes  et  aux  calcaires,  on  en  voit  aussi  au  milieu  du  cal- 
caire, et  Ton  reconnaît  qu'elles  sont  le  résultat  (rune  infdcration  de 
silice  dans  la  marne  calcaire  postérieurement  au  dépôt  de  la 
marne,  qu'elle  a  agglutinée  ou  remplacée  plus  ou  moins  complé- 
teiqeut,  et  dont  elle  renferme  souvent  des  parties  dans  ses  cavités. 
On  remarque  en  outre  certaines  parties  siliceuses  qui  ont  tout  à 
fait  l'apparence  de  stalactites. 

Les  sables  qui  supportent  les  calcaires  d'eau  douce  forment  une 
dépression;  ils  sortent  en  ell'et  de  chaque  côté  des  calcaires  en 
s'élevant  un  peu  plus  haut,  exactement  comme  l'indique  la  dispo- 
sition du  petit  bassin  de  la  Pou-nc  (pi.  X,  fig.  2),  et  la  partie 
supérieure  de  ces  sables  qui  se  trouve  alors  à  peu  près  au  niveau 
des  meulières  est  transformée  en  grès  à  grains  cristallins.  Il  est 
très  probable  que  la  même  infiltration  siliceuse  qui  a  donné 
psissance  aux  meulières  a  agglutiné  le  sable  tout  autour  du  bassin 
d*eau  douce.  Il  m'a  paru  que  le  sable  n'était  point  agglutiné  sous 
la  marne. 

Les  fossiles  qu'on  rencontre  à  la  Chaume  ne  permettent  pas  de 
séparer  ces  calcaires  de  ceux  du  Mans,  si  d'ailleurs  la  nature  des 
roches,  calcaires  et  sables,  et  leur  disposition  n'en  démontraient 


A60  SÉANCE    DU    ^0    JAnVIBR    1862. 

81  bien  Tanalogie.  Dans  ces  mêmes  calcaires,  j'ai  recueilU  dei 
HeiiXj  deux  espèces  de  Paludines,  l'une  petite,  allongée,  l'autre 
assez  grosse,  semblable  à  celle  qu*on  trouve  à  la  Chapelle -Saint- 
Aubin. 

Le  calcaire  d'eau  douce  atteint  à  peine  en  ce  point  une  alti- 
tude de  120  mètres.  Nous  avons  dit  que  les  sables  et  les  grèi 
s'élevaient  de  chaque  côte  un  peu  plus  ;  ceux-ci  aboutissent  à  leur 
tour  à  une  ceinture  de  poudiiigues  qui  recouvrent  l'argile  à  silex 
à  la  Picharderie,  et  la  craie  s'élève  ensuite  à  150  mètres  environ 
de  chaque  coté  (1),  formant  au  sud  une  colline  alignée  de  l'ouest 
à  Test,  atteignant  de  120  à  160  mètres  entre  Dissay-sous-Gourcil- 
lon  et  Saint-Arnoult. 

ADissay-sons-Courcillon,  12  kilomètres  à  l'ouest  de  la  Chaume, 
on  rencontre,  à  l'altitude  de  105  mètres,  près  du  fourneau  de 
Marthe,  des  calcaires  qui  présentent  une  succession  de  couches 
complètement  semblable  a  la  précédente  par  les  caractères  miiié- 
ralogiques  et  par  les  fossiles.  Ce  nouveau  lambeau  de  très  peu 
d'étendue,  quelques  centaines  de  mètres  en  tous  sens,  semble  éga» 
Icment  occuper  une  dépressioii  des  sables  qui  l'entourent  de  toutes 
parts  en  s'élevant  à  115  mètres  d'altitude,  et  sont  aussi  dans  leur 
pourtour  accompagnés  de  grès  et  de  poudingues. 

Le  lambeau  calcaire  de  Marthe  est  a  l'extrémité  ouest  de  la 
colline  crayeuse  qui  limite  au  sud  le  petit  bassin  de  la  Chaume. 
De  l'autre  côté  de  cette  colline,  sur  la  route  de  Tours,  un  nouveau 
petit  bassin  d'eau  douce  se  rencontre  auprès  de  Chemillé,  au 
Tremblay,  à  l'altitude  de  lOii  mètres. 

Cette  disposition  des  trois  bassins  lacustres  dont  nous  venons  de 
parler  montre  qu'ici,  comme  auprès  de^Nogent-Ie-Rolrou,  il  y 
avait  déjà  lors  de  l'existence  de  ces  lacs  des  collines,  d'une  faible 
élévation  il  est  vrai,  qui  les  séparaient  les  uns  des  autres.  Ces 
collines  à  leur  sommet  ne  portent  que  de  l'argile  à  silex,  très  dé- 
veloppée à  la  Picharderie. 

La  surface  de  ces  calcaires  d'eau  douce  présente  souvent  des 
poches  et  des  ravinements  remplis  d'argile  rouge  sans  sllez,  à  la 


(1)  Toutefois  à  Taltitude  de  4  35  à  4  40  mètres,  on  trouve  au  N.-O. 
des  argiles  rouges  à  minerai  de  fer  renfermant  des  meulières,  oomme  à 
la  Vicomte  entre  Blois  et  Cangey.  Ce  dépôt,  différent  de  l'argile  à  silex 
proprement  dite,  et  qui  diffère  aussi  du  système  des  calcaires  lacustres, 
aurait  besoin  d'une  étude  spéciale  ;  peut-être  n'est-il  que  le  résultat 
d'un  remaniement  à  l'époque  quaternaire  de  l'argile  à  silex  et  des 
amas  tertiaires  plus  récents. 


NOTB   DB'  M.    HÉBBaT.  &57 

baie  de  laquelle,  dans  le  fond  des  poches,  est  de  l'argile  grise.  Cette 
argile  superficielle  est  très  distincte  de  Targile  à  silex  et  ne  doit 
pas  être  confondue  «ivcc  elle. 

Un  nouveau  coteau  crayeux,  complètement  dépourvu  de  cal- 
caire d*eau  douce  et  des  sables  qui  les  supportent,  commence  à 
Louestault  et  s'étend  jusqu'à  Gerelle,  à  10  kilomètres  de  Tours. 
Dans  ce  parcours,  le  sol  est  formé  par  la  craie  à  silex  supérieure  à 
celle  si  connue  de  la  tranchée  de  Tours  ;  il  atteint  l'altitude  de 
180  mètres  dans  la  foret  de  Beaumont. 

Les  calcaires  d'eau  douce  reparaissent  à  la  vallée  de  TAngeu- 
nerie;  ils  descendent  de  là  sur  le  plateau  qui  domine  Tours  au 
nord,  avec  une  altitude  moyenne  de  100  à  110  mètres  qui  dimi- 
nue en  se  dirigeant  à  l'ouest.  Le  chemin  de  fer  de  Tours  au  Mans 
a  coupé  ces  calcaires  sur  une  longueur  de  23  kilomètres,  entre  le 
pODt  de  la  Loire  et  la  station  de  Saint-Paterne,  et  sur  beaucoup 
de  points  on  les  voit  reposer  sur  des  sables. 

A  la  station  de  Mettray,  ils  présentent  une  succession  de  mar- 
nes, de  calcaires,  d'argiles  et  de  meulières  dont  l'épaisseur  est  de 
7  mètres.  Les  fossiles,  quelquefois  très  abondants,  mais  à  l'état  de 
moules,  sont  principalement  des  Limnées  et  des  Paludines  qui 
présentent,  avec  celles  de  Nogent  et  du  Mans ,  la  plus  grande 
ressemblance,  tandis  qu'on  n'y  découvre  rien  qui  puisse  rappeler 
la  faune  des  calcaires  de  lieaucc. 

Si  l'on  consulte  la  liste  des  fossiles  du  calcaire  lacustre  de  Tou- 
raine  donnée  par  Dujardin  (1],  on  reconnaîtra,  après  rectifica- 
tions, qu'elle  est  caractéristique  du  calcaire  de  Saint-Ouen.  Ainsi 
le  Gyclostome  auquel  Dujardin  n'a  pas  osé  conserver  le  nom  de 
Cyclostoma  mumia^  et  qui  cependant  est  bien  cette  espèce,  telle 
qu'où  la  rencontre  dans  nos  calcaires  des  docks,  les  deux  Lim- 
nées {Limnœa  imgiscata  et  L,  ovum)^  les  deux  Planorbes  que  des 
échantillons  mieux  conserves  du  Mans  et  de  JNogent  montrent  être 
Planorbis  rottuulatus  et  P.  planulatus^  toutes  ces  identités  ne  sau* 
raient  laisser  de  doute  sur  l'âge  de  ce  dépôt.  Non-seulement  il  est 
plus  ancien  que  le  calcaire  lacustre  de  la  Beauce,  plus  ancien  que 
celui  de  la  Brie,  que  j'ai  montré  être  également  miocène,  mais 
plus  ancien  même  que  celui  de  (ihampiguy  qui  est  syncbronique 
du  gypse. 

L'opinion  de  Dujardin  était  donc  fondée;  nous  devons  y  reve- 
nir. Il  restera  maintenant  à  déterminer  entre  Nogent  et  Tours, 


(I)  Menu  Soc,  géol,  de  Fr,,  2«  sér.,  t.  II,  p.  248, 


A58  8ÉÀNCK  DU  20  jÂnvibr  1802. 

d'une  part,  et  la  Bcauccde  T.iutre,  les  limites  des  deux  bassins,  et 
à  suivre  ces  limitas  au  sud  de  la  Loire. 

Dujardin  avait  é(;alemeut  bien  reconnu  la  disposition  des  dépôts 
dVau  douce  en  fornie  de  bassins  isolés;  il  dit  (/or.  rU.^  p.  2i!i6)  en 
parlant  du  bassin  de  la  Chaume  :  «  CV'St  un  petit  bassin  tout  à 
fait  circonscrit  qui  parait  n'avoir  pas  eu  de  communication  avec 
celui  de  la  Chaume  et  avec  ceux  plus  au  sud.  Cependant  sa  posi- 
tion et  ses  caractères  ne  permettent  pas  do  lui  supposer  un  autre 
âge  qu'au  reste  du  terrain  lacustre.  »  Il  avait  non  moins  bien  vu 
la  superposition  des  calcaires  d'eau  douce  sur  Targile  à  silex  :  u  Leur 
superposition  (p.  2h5)  sur  la  formation  d'argileset  poudingues  se 
laisse  voir  dans  toutes  les  tranchées  des  coteaux,  notamment  au 
nord,  à  Tours,  où  elle  est  évidente  (1).  »  £n6n  (p.  2liU)  il  assi- 
mile les  poudingues  de  l'argile  à  silex  a  ceux  de  Nemours,  et 
j'avoue  que  jusqu'ici  je  ne  vois  aucune  hypothèse  à  préférer;  ils 
ne  peuvent  pas  représenter  les  grès  de  Fontainebleau,  comme  l'a 
voulu  M.  Éliede  Keaumont,  ni  l'ensemble  du  terrain  tertiaire  delà 
Seine,  selon  l'opinion  de  M.  Desnoyers  [Annales  des  sciences  nat,, 
U  XVI,  p.  79,  1829). 

C'est  surtout  à  l'influence  exercée  sur  la  science  par  le  beau 
mémoire  de  M.  Desnoyers  sur  les  terrains  tertiaires  du  bassin  de 
la  Loire  qu'est  due  l'assimilation  des  calcaires  d'eau  douce  de 
l'ouest  à  ceux  de  la  Heance;  mais  il  est  facile  de  reconnaître  h  la 
lecture  de  ce  mémoire,  qu'en  cherchant  à  démontrer  cette  assimi- 
lation, non  par  desfaits  stratigraphiques  ou  paléontologiques,  mais 
par  des  considérations  générales,  le  savant  auteur  était  dominé  parla 
pensÀ^  de  détruire  l'idée  que  ces  calcaires  pussent  être  supërienil 
aux  faluns,  dont  il  a  eu  l'honneur  de  constituer  un  membre  aé(»rë 
delà  série  tertiaii*e.  Son  attention  ne  s'est  pas  arrêtée  sur  la  posai- 
biUté  de  leur  assigner,  ce  qui  eût  peut-être  été  difficile  à  cette 
époque,  et  ce  qui  eût  compliqué  la  question  des  faluns,  qui  était 
la  principale,  un  «4ge  beaucoup  plus  ancien. 

Ainsi  donc,  d'après  ce  qui  vient  d*étre  exposé,  dans  la  Touraine 
comme  dans  le  Perche  et  dans  le  Maine,  les  calcaires  d*eau  douce 
sont  de  l'âge  de  ceux  de  Saint-Ouen  ;  dans  les  trois  régions  ils 
recouvrent  des  sables  qui  sont  de  même  âge  que  ceux  de  la  Cht- 
pelle-Saint-Aubin,  près  du  Mans,  et  qui  sont  postérieurs  à  l'ai^île 

(1)  Cette  superposition  a  été  admise  par  M.  d*Arcbiac  {Hist.  des 
pro^r,y  t.  H,  p.  186,  1848);  mais  plus  tard  (p.  548,  4 849)  il  inolind 
à  croire  que  les  poudingues,  les  marnes,  les  sables,  les  meulières  et 
les  grès  ne  forment  qu'un  môma  tout. 


NOTK    DE    M.    HÉBERT.  âKO 

k  silex,  d^pôt  distinct  et  tout  à  fait  iiulépciidant  des  deux  autres. 
Ce  qui  nie  reste  à  ajouter  est  une  ronséquence  nécessaire  de  ce 
qui  précède,  mais  les  faits  ne  sont  jamais  de  trop. 

IV.  —  Calcaires  (Ceati  douce  et  sables  tertiaires  de  C Anjou, 

Si  Ton  continue  à  s'avancer  vers  Touest,  on  voit  les  calcaires 
d'eau  douce,  qui  sont  évidemment  le  prolonj^ement  des  calcaires 
à  Cyclostnma  mumia  dont  nous  venons  de  parler,  prendre  une 
extension  beaucoup  plus  considérable  entre  CliÂteau-la-Yallière 
et  Beaugé.  Leur  altitude  est  un  peu  moins  élevée,  de  80  à  90  mètres; 
ils  reposent  sur  les  sables  qui  alfleureni  au  fond  des  vallées,  et 
iont Recouverts  par  les  faluns. 

Au  sud  de  Beaugé,  au  point  de  croisement  de  lu  route  de  Beaugé 
à  Ghartrène  avec  le  chemin  du  Vieil-Be.iugé  aux  Caves,  on  voit 
l'argile  à  silex,  bien  caractérisée,  re[>oser  directement  sur  la  craie 
tafau,  et  les  sables  tertiaires  par-dessus.  Cette  coupe  est  très  nette  ; 
ta  voici  telle  que  je  l'ai  prise  en  1855  : 

Fie,  *. 


-a  iS  ^ 

g;  S|*K. 

■—  PC  u5  P5  *^ 


f 

• 

a 

il 

•? 

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9  - 

<8^ 

1 

► 

te 

•a 

t 

1 

1  -^  Cruie  tufau. 

S  —    Argile  i  silex. 

S  —  Saules  et  grès. 

4  *<-  Calcaire  d^cau  douce. 


L'argile  à  silex,  2,  se  lie  ici  avec  des  poudingues,  comme  dans 
d'autres  localités  déjà  citées.  Les  poudingues  ont  été  remaniés  et 
roulés  avant  le  dépôt  des  sables  tertiaires,  îJ  ;  ces  sables,  à  Touest, 
où  était  le  rivage,  deviennent  des  graviers  et  supportent  des  grès. 
1.168  argiles  à  meulières,  4,  sont  peu  développées  sur  le  boiti,  mais 
â  l'est  elles  se  continuent  et  prennent  plus  de  puissance  en  s  associant 
aux  calcaires. 

Ou  refiiarque  encore  ici  que  les  sables  ne  passent  aux  grès  que 
Te»  le  pourtour  du  dépôt  d'eau  douce;  quand  il  y  en  a  dessous 


A60  6ÊANCB    DU    20   JAKTIBR    1862. 

les  calcaires,  ce  n'est  qu'àunc  petite  (iistance  du  bord.  Ainsi,  on  en 
voit  dans  cette  position  au  moulin  Saint-Michel,  et  même  eo 
masses  de  1",50  d'épaisseur;  mais  ces  grès  deviennent  épais  en 
dehors  du  bassin  calcaire  et  leur  altitude  augmente. 

Les  sables  et  grès  de  Saint- Saturnin -sur- Loire,  avec  le  calcaire 
d*eau  douce  qui  les  recouvre  sur  les  hauteurs  de  la  rive  gauche  de 
la  Loire,  depuis  Chénehuttc  et  même  depuis  la  forêt  de  Fonle- 
vrault,  sont  encore  du  même  âge  que  ceux  de  Saint-Aubin,  près 
du  Mans;  les  calc«')ires présentent  les  mêmes  fossiles,  et  dans  cette 
région  encore  l'argile  à  silex  occu|)e  la  même  position  au -dessous 
des  sables  tertiaire?. 

Conclusion,  • 

Ainsi  donc  toute  la  région  qui  s'étend  au  sud-ouest  du  bassiode 
Paris,  au  delà  des  collines  du  Perche  et  d'une  ligne  eiuxMre  indé- 
terminée entre  Gliartres  et  Tours,  a  été  jusqu*à  Angers  couverte  par 
un  grand  lac,  accompagné  de  plusieurs  autres  de  petite  dîmensioD| 
pendant  que  le  bassin  de  Paris  était  sous  les  eaux  du  lac  de 
Saint- Oueu.  Entre  le  bassin  de  l'ouest  et  celui  de  Paris  s'étendait 
une  saillie  dont  la  largeur  était  assez  considérable,  car  le  calcaire 
de  Saint-Ouen  ne  va  guère  de  ce  côté  au  delà  d'une  ligne  tirée 
de  Houdan  à  Montereau,  ce  qui  donne  pour  l'espace  émergé  une 
largeur  de  plus  de  70  kilomètres. 

îMais  avant  l'existence  de  ces  lacs,  les  deux  grands  bassins  avaient 
été  occupés  par  les  eaux  de  la  mer,  dont  les  sables  de  fieaucbamp 
et  ceux  de  la  Chapellc-Saint-Aubin  sont  les  sédiments.  Toutefois, 
l'âge  de  ces  derniers  dépôts  arénacés  ne  pourra  être  certain  que  lors- 
qu'on aura  déterminé  leurs  rapports  avec  les  couches  marines  de 
la  Loire-Inférieure,  dont  la  faune,  publiée  en  1855  par  M.  Gail- 
liaud  [Bull,,  2«  sér.,  t.  XIII,  p.  35),  semble  réunir  les  caractères 
de  celles  du  calcaire  grossier  et  des  sables  de  Beauchamp  (1).  Peut- 
être  les  sables  du  bassin  de  l'ouest  ont-ils  été  le  produit  de»  dunea 
de  cette  double  époque. 

L'argile  à  silex  est  plus  ancienne  que  les  sables  de  Beauchamp; 
cela  ne  peut  plus  faire  aucun  doute,  puisqu'elle  est  toujours  plaôSe 
sous  des  sables  qui  ne  peuvent  pas  être  plus  récents  que  ceux  de 
Beauchamp.  J'ajoute  qu'elle  peut  être  beaucoup  plus  ancienne,  car 


[\)  M.  Desnoyers  avait,  dès  4832  [Bull.^  4'"  sér.,  t.  Il,  p.  U3}, 
indiqué  les  gisements  de  Cambon  et  de  fifergon  (Loire-Iafériaure) 
comme  correspondant  au  calcaire  grossier. 


non    DB    H.    HÉBIIT.  401 

tous  les  faits  cités  dans  ce  mémoire  montrent  qu'elle  est  complé* 
temenl  indëpcndaute  des  assises  tei-tiaires  qui  Tout  suivie,  qu'elle 
estle  produit  de  phénomèues  tout  différents,  qu  elle  a  été  déposée 
par  des  eaux  qui  ont  couvert  toutes  les  saillies  qui  séparaient  les 
deux  bassins  de  Touest  et  du  nord,  s*étendant  indistinctement  sur 
les  divers  étages  delà  craie,  craie  de  Rouen,  sables  crétacés,  craie 
marneuse,  craieblancheà  silex,  et  que  peut-être  même  ces  saillies 
se  sont  accrues  entre  son  dépôt  et  celui  des  sables  tertiaires. 

En  raison  de  ses  caractères  minéralogiques,  on  raison  aussi  des 
poudingues  auxquels  elle  est  associée,  je  suis  tenté  de  la  considé- 
rer comme  contemporaine  de  notre  argile  plastique,  et  je  ne  ci-ois 
pas  que  l'on  puisse  aujourdMiui  faire  une  hypothèse  plus  probable. 

Les  poudingues  dont  je  viens  de  parler  ont  en  effet  une  singu- 
lière analogie  avec  ceux  de  Nemours  auxquels  Dujardin  (1)  les 
avait  déjà  assimilés.  Dans  le  petit  vallon  de  Saint-Ëliph,  au  sud 
de  la  Loupe,  j'en  ai  vu  des  blocs  considérables,  agglutinés  par  un 
ciment  siliceux^  qui  présentaient  cette  analogie  au  plus  haut  degré. 
Ils  sont  là  au  milieu  de  l'argile  à  silex,  bien  en  place  dans  sa  par- 
tie inférieure,  mais  remaniée  en  haut. 

Il  faudrait,  ce  que  je  n'ai  pas  encore  eu  le  temps  de  faire,  suivre 
ces  argiles  et  ces  poudingues  au  nord  et  à  l'est,  et  chercher  leurs 
rapports  avec  l'argile  plastique. 

En  effet,  Vargile  à  silex,  très  développée  à  Chartres,  aux  Filles^ 
Ih'eit,  s'avance  vers  Paris  au  moins  jusqu'à  INIaintenon.  Elle  existe 
il  la  station  re|K)sant  sur  la  craie,  et  en  descendant  du  hameau  du 
Parc  à  la  rivière  ( la  Voise),  on  la  retrouve,  dans  des  poclips  creusées 
dans  la  craie  à  Micrnster  ror-angiitrium ,  renfermant  dans  son  centre 
des  masses  de  sables  de  Fontainebleau,  comme  à  Bonnétable  elle 
renferme  le  sable  de  la  Chapelle -Saint-Aubin. 

Quant  à  l'argile  à  silex  supérieure,  dont  je  n'ai  point  parlé,  et 
qui  n'est  autre  chose  que  l'argile  à  silex  inférieure  remaniée  par 
des  courants,  elle  repose  en  effet  sur  les  meulières  et  calcaires  de 
Deauce;  mais,  pour  la  considérer  comme  faisant  suite  à  ces  dépôts 
et  comme  appartenant  à  la  même  époque,  il  faudrait  montrer 
qu'elle  est  recouverte  par  des  sédiments  de  l'âge  des  faluns;  autre- 
ment il  subsistera  toujours  un  doute.  Ce  doute  est  naturellement 
d'autant  plus  fort  qu'on  assimile  l'argile  à  silex  supérieure  au 
terrain  d'argile  rouge  avec  gravier  granitique  que  l'on  voit  très 
bouvent  occuper  des  poches  dans  les  meulières  même  remaniées, 


(4)  Loc,  cit.^  p.  t44. 


462  SfiÀNCB   DU    20   JÀMYIBI  1862. 

ce  qui  indique  des  pliéiiomèiies  très  différents  et  un  âge  biea 
postérieur. 

Niite  addltionneilc. 

Depuis  que  ce  travail  a  été  lu  à  la  Société,  j'ai  pu  en  compléter 
certaines  parties,  et  notaïuuient  ce  qui  concerne  les  limiles  cotre 
le  calcaire  di;  Beauce  et  le  calcaire  d'eau  douce  de  Touraine.  J'ai 
suivi  les  riva;res  du  lac  de  la  Beauce,  à  partir  de  Chartres  ou 
plutôt  de  iVlorencez,  et  j*ai  vu  que  la  formation  d*eau  douce  con- 
tournait les  collines  crayeuses  plus  anciennes  que  j'ai  signalées 
ci-dessus  (p.  hh^S).  Ainsi,  la  colline  qui  part  de  Senonclies  pour 
venir  abouûr  à  Cliaitres,  et  celle  qui,  de  la  butte  de  iMalitourne,  le 
prolon(;e  jusqu'à  Illieis,  collines  qui  ne  sont  antre  chose  que  des 
plis  du  terrain  crétacé,  laissent  entre  elles  une  dépression  reii« 
trante,  limitée  au  S.-O.  par  le  l^ir  et  qu'occupe  le  calcaire  de 
Beauce. 

Le.  plissement  correspondant  à  la  butte  Malitourne  se  dirige 
par  Brou  vei*s  iMarboué  et  Ghàtejiudun,  et  détermine  l'affleurement 
de  la  craie  de  Yiliedieu,  à  une  altitude  de  110  à  120  mètres. 
Les  couches  crétacées,  l'urmnnt  une  sorte  de  dos  d'âne  dirigé 
du  S.-Ë.  au  M.-O.,  plongent  à  droite  et  à  gauche  de  l'axe  du 
pli,  t-t  se  relèvent  au  A.-O.  Ainsi  les  sables  du  nmssard  affleu- 
rent, à  ]dus  de  200  mètres  d'altitude,  à  un  kilomètre  au  nord 
de  Dampierrc,  près  de  Brou;  ils  sont  à  190  mètres  ù  Montigny 
près  d'iUiers. 

Au  S.-O.  de  ce  relèvement  crayeux,  il  s'en  présente  un  autre 
encore  plus  saillant,  dont  Textrcmité,  couverte  par  la  forêt  de 
Frète  val  et  uic>ntrant  le  roussard  près  de  Fontiii  ne- Raoul,  à  près 
de  250  mètres  d'altitude,  présente  la  craie  à  Itmctniinns  tabiattu 
à  150  mètres  d'altitude  aux  Jicsnmtticnw^  tandis  qu'à  Montigny, 
près  de  Cloyes,  la  craie  de  Villedicii  n'atteint  que  115  mèti'es. 

Le  lac  de  la  Beauce  a  contourné  la  pointe  de  cette  nouvelle 
saillie.  Cette  pointe  dépasse  notablement  Morée;elle  se  dirige 
vers  Beaugeney  i  mais  je  n*ai  pu  en  déterminer  la  limite  extrême. 
Elle  formait  un  promontoire  d*une  certaine  étendue  au  milieu  du 
lac  de  Beauce,  qui  s'étendait  ensuite  au  sud  et  ù  Test  de  Vendôme. 
Toute  cette  plaine,  <iui  porte  le  gisement  bien  connu  de  YiU^ 
romain,  est  incontestablement  du  cidcaire  de  Beauce. 

Le  lac  de  Beauce  venait,  au  nord  de  Vendôme,  s'adosser  au 
massif  crayeux  qui  borde  la  rive  droite  du  Loir,  et  qui  s'ëlèl|p* 
plus  haut  que  le  plateau  d'eau  douce.  A  TU.  il  n'atteignait  pas 
Montoire;  son  rivage  se  dirigeait  ensuite  au  sud,  longeant  les 


MOTS    DB    M.    HÉBKRT.  &6S 

massifs  de  la  foret  de  Piunny,  de  celle  de  Cliâteau-Kenault, 
jfisqu'à  Saint-Nicolas-deS' Motets.  Le  lambeau  de  Saint-Gyr  en 
dépend. 

Jusqu'en  ce  point  les  rép,ions  occupées  par  le  lac  de  Touraine 
et  celles  qui  le  furent  plus  tard  par  celui  de  la  Beauce  sont  complè- 
tement distinctes  ot  séparées  par  des  saillies  crayeuses,  qui  n'ont 
été  recouvertes  ni  par  l'uu  ni  par  Tautre. 

Il  ne  restera  plus  à  déterminer,  pour  la  rive  droite  de  la  Loire, 
que  la  limite  des  deux  lacs  entre  ce  fleuve  et  Saint-Micolas-des- 
Motets  (iU  kilomètres). 

Seconde  note  adctUhnncUe.  —  Observations  sur  la  comniunicntion 

(le  M.  DesnnycrK  (aniè^  p.  205). 

Au  moment  où  je  corrige  les  épreuves  de  ce  travail,  je  reçois 
là  livraison  du  Bulletin  qui  renferme  le  mémoire  de  M.  Desnoyers 
dont  j'ai  parlé  au  commencement. 

Li'S  objections  que  présente  i\I.  Desnoyers  contre  la  manière  de 
Toir,  relativement  à  l'âge  des  sables  du  Perche,  que  je  partage 
avec  MM.  Triger  et  Laugel,  me  paraissent  expliquées  et  réfutées 
par  les  détails  que  j'ai  donnés. 

La  coupe  (pi.  X,  fig.  2)  permet,  en  effet,  de  suivre  d'une 
manière  continue  les  sables  des  coteaux  dn  Perche,  et  de  con- 
fiater  que,  s'ils  forment  le  sommet  de  ces  coteaux,  ils  plongent 
aussi  sons  la  nappir  de  craie  marneuse  exploitée,  en  sorte  que 
celié  craie  les  recouvre,  ce  que  prouvent  d'ailleurs  les  sondages 
des  marnières;  ce  nVst  en  aucune  façon  une  coupe  théorique.  On 
pourra  aisément  s'en  assurer  ()ar  une  vérification  que  je  me  suis 
attache  à  rendre  facile,  en  y  reproduisant  un  grand  nombre  de 
points  indiqués  sur  la  carte  du  dépôt  de  la  guerre. 

Si  la  craie  marneuse  ne  recouvre  pas  les  sables  du  Perche  sur 
le  sommet  des  coteaux,  j*en  ai  dit  la  raison;  elle  ne  les  a  proba- 
blement recouverts  qu'en  partie,  et  ce  qui  a  pu  s'y  déposer  a  été 
dënudé. 

Mais,  à  mon  tour,  je  dirai  :  si  ces  sables  étaient  tertiaires,  ils 
recouvriraient  la  craie  marneuse,  ce  qui  n'arrive  jamais,  en  excep- 
tant les  petits  lambeaux  insignifiants  etd*un  tout  autre  caractère, 
Isbmthë  ccliii  de  la  pofm'r. 

Tous  Its  sables  des  {;randc3  collines  du  Perche,  notamment  ceux 
de  Montgraham,  sont  antérieurs  à  la  craie  marneuse  et  reposent 
goustattinient  siu'  la  craie  de  Rouen  à  Ammonites  ManteUi^ 
Seûjfhiie*  aqualin^  etc.,  qu'ils  séparent  de  la  craie  marneuse. 


A6&  SfiÀNCK  BU    20   lÀNYIBR    1S62. 

M.  Desnoyers  affirme  que  les  forages  des  environs'  de  Nogent 
démonlreni  la  superposition  immédiate  de  la  craie  marneuse  snr 
la  craie  de  Rouen.  Notre  savant  confièrc  aurait  dû  produire  les 
coupes  sur  lesquelles  il  s'appuie;  jusque-là  je  ne  pourrai  croire  à 
cette  superposition  directe,  contraire  à  la  constitution  géologique 
de  toute  la  contrée.  Dans  un  travail  prochain,  je  montrerai  que 
cette  constitution  du  sol  est  exactement  la  même  jusqu'à  Yen- 
dôme  et  Tours.  Bonneval,  Glidteaudun,  Château renault,  etc.,  que 
cite  M.  Desnoyers,  donnent  des  coupes  toutes  semblables  à  celles 
de  ce  mémoire. 

La  position  des  sahles  du  Perche^  au  niveau  des  grès  crétacés  du 
Maine,  me  paraît  aujourd'hui  établie  d'une  manière  certaine. 

Il  en  est  de  même  pour  Yargile  à  silex  du  moment  qu'on  ne  la 
confond  pas  avec  des  produits  remaniés.  Postérieure  à  la  craie  à 
RliYnckonelln  vespertilio^  elle  est  antérieure  aux  terrains  tertiaires 
de  la  contrée. 

Les  sables  tertiaires  de  l'Anjou  ne  peuvent  pas  être  confondus 
avec  les  sables  du  Perche.  Assez  développés  dans  le  Maine  et  en 
Touraine,  ils  ne  sont  plus  représentés  dans  le  Perche  que  par  de 
très  petits  lambeaux.  Leur  superposition  à  l'argile  à  silex  est  un 
fait  général  et  invariable. 

11  restera  encore  à  déterminer  d'une  manière  plus  exacte  les 
poudingues,  conglomérats,  brèches,  argiles  remaniées,  plus  ou 
moins  sableuses,  etc.  Ces  dépôts  si  variés  et  si  complexes,  mais  de 
très  peu  d'étendue,  ont  causé  toutes  les  erreurs,  en  établissant 
dans  l'osprit  des  observateurs  des  relations  erronées  dont  il  était, 
en  effet,  très  difficile  de  se  débarrasser;  ils  donnent  à  la  géologie 
du  Perche  une  difficulté  toute  particulière,  malgré  les  excellents 
travaux  qui,  comme  ceux  de  M.  Desnoyers,  facilitaient  l'étude 
de  cette  contrée.  Je  comprends  donc  parfaitement,  sans  y  trouver 
rien  à  blâmer,  que  notre  savant  confrère  croie  devoir  persister 
dans  ses  anciennes  opinions  ;  c*cst  à  nous  à  le  convaincre  par  de 
nouvelles  preuves;  c'est  ce  que,  pour  ma  part,  j'ai  essayé  de  faire 
dans  le  travail  précédent,  et  c'est  ce  que  je  continuerai  prochai- 
nement. 

M.  d'Omalius  dit  qu'il  a  éconté  avec  beaucoup  d'intérêt  la 
communication  de  M.  Hébert  et  qu'il  est  tout  ft  fait  dispose  à 
partager  l'opinion  de  ce  géologue  sur  l'Age  des  argiles  rouges 
à  silex  du  Perche  cl  du  pays  d'Ouche.  Quant  aux  difficultés 
signalées  par  M.  Hébert  relativement  ft  la  formation  de  ces 


NOTI    DE    M.    ARNAUD.  A66 

dépôts,  M.  d'Omalius  y  voit  des  présomptions  en  faveur  de  son 
hypothèse  sur  leur  origine  par  voie  d'éjaculation. 

M.  Jannettaz,  vice-secrétaire^  lit  le  mémoire  suivant  de 
M.  Arnaud  : 

Note  sur  la  craie  de  la  Dordogne;  par  M.  Arnaud  (pi.  XI). 

La  formation  crëlacëe  du  S.-O.  a,  depuis  quelques  années, 
▼ÎTement  éveille  rattcntion  des  géologues.  Analysée  à  grands 
irails  dans  son  enseiuble  par  ÎM.  d'Archiac,  clic  a  été,  de  la  part 
de  M.  G>quand,  dans  le  départcnienl  de  la  Charente,  l'objet  de 
longues  études,  et  doit  à  ces  travaux,  à  Texanicn  des  questions 
qu'ils  ont  soulevées,  un  intérêt  justement  mérité. 

Les  résultats  auxquels  est  arrivé  le  savant  professeur  de  laFaculté 
de  Alarseille  sont-ils  applicables  à  Tensemblc  de  cette  formation  7 
Les  divisions  qu'il  a  adoptées  sont-elles  justifiées  sur  les  divers 
points  du  bassin  qu'elle  occupe  ?  C'est  surtout  par  une  étude  de 
cette  nature,  par  la  recherche  de  la  généralité  de  son  application, 
que  peut  se  résoudre  la  question  de  légitimité  et  d'opportunité 
soulevée  par  toute  classiûcation  nouvelle.  J'ai  été  curieux  de  ten- 
ter ce  rapprochement  sur  quelques  points  du  département  de  la 
Dordogne,  et  c'est  le  résultat  de  celte  étude  que  j'ai  l'honneur  de 
soumettre  a  la  Société. 

Craie  inférieure. 

L  —  Si  Ton  étudie  la  craie  dans  le  département  de  la  Charente 
qui  a  servi  de  type  aux  divisions  qui  nous  occupent,  on  observe 
généralement  à  la  base  du  dépôt  une  assise  irrégulière,  coniposéc 
de  sables  et  d'argiles  lignitifères,  variable  dans  son  épaisseur  et 
dans  les  rapports  des  termes  qui  la  constituent. 

A  cette  première  couche  succèdent  des  sables,  d'abord  meubles 
et  mélangés  aux  argiles  sur  lesquelles  ils  reposent,  mais  consolidés 
à  la  partie  supérieure  oîi  ils  sont  souvent  dépourvus  de  stratifica- 
lion  régulière.  I^es  grès,  tantôt  verts,  tantôt  d'un  brun  rougeàtre, 
forment  généralement  dans  la  Charente  un  dépôt  unique,  parfai- 
tement détaché  d(S  calcaires  ù  Caprines  qui  les  recouvrent;  mais 
il  n'en  est  pas  de  même  sur  tous  les  points  du  bassin,  et  l'on  peut 
notamment  constater  dans  le  département  de  la  Charente-Infé- 
ricure,  sur  les  bords  même  de  l'Océan,  de  nombreuses  alternances 
dca  cakaii-es  et  des  grès  carentouicns. 

Soc.  géoL^  2*  série,  tome  XIX,  30 


A06  8ÊÀNCE    DU    20    JANVIER    4862. 

La  formation  des  };rèH,  à  laquclic  leur  peu  d'épaisseur  assigne 
une  durée  très  limiter,  n  été  .suivie  d'un  assez  long  temps  de  repos 
pondant  lequel,  au  sein  des  eaux  tranquilles,  se  sont  déposëes 
d'épaisses  niasses  calcaires  qui  sur  certains  points  ont  acquis  près 
de  30  mètres  de  hauteur.  C'est  le  rè[;ne  des  Caprines  et  des  Splté- 
rulites  qui  apparaissent  pour  la  première  fois  dans  la  mer  crétacëe 
du  S.-O.  et  y  si^^nalent  leur  accès  par  les  vastes  proportions  des 
espères  et  le  nond)re  considérable  des  individus. 

Des  ar(*iles  presque  pures,  micacées  comme  les  dépôts  corres- 
pondants du  bassin  li;;érien,  recouvrent  dans  le$  environs  d*An- 
{;onlènie  les  calcaires  que  nous  venons  d'indiquer  ;  elles  supportent 
des  s.iMes  blnnrs,  jaunes  ou  verts,  meubles  ou  agglomérés»  qui, 
hors  de  l'arrondissement  d'An^oulcme.  se  substituent  entièrement 
aux  dépôts  ar(>ileux  et  reposent  directeir.ent  sur  les  bancs  infé- 
rieurs   Ctijjnnti  adversn.  A  cette  zone  correspond  la  station  prin- 
cipale des  Huîtres  spéciales  à  rétaf;e  carentonien. 

Innnédiatement  au-dessus  des  sables,  les  calcaires  reparaissent 
et  foi  nient  un  banc  d'une  faible  épaisseur  où  se  montrent  de 
nouveau  les  Caprines  déjà  signalées;  mais  c'est  la  dernière  ap- 
parition de  ces  (grands  rudistes;  on  n'en  trouve  plus  aucune  trace 
dans  les  formations  postérieures  ;  bs  Spliéruliles  même  qui  les 
accuiiipa|;naient  dans  le  banc  inférieur  ont  depuis  longtemps 
disparu. 

nrusqueinent  arrêtée  dans  leur  développement,  les  calcaires  ont 
cédé  \\  place  à  des  marnes  {;rises  ou  vertes,  micacées,  dont  Tir- 
rupiion  inodifinnt  les  conditions  d^existence  de  la  faune  carento- 
nienne  a  subitement  frappé  de  mort  les  rudistes  épargnés  par 
l'apprirition  des  argiles  tégulines,  et  successivement  entraîné 
Textinction  des  espères  qui  caractérisaient  les  dépôts  inférieurs.  A 
côté  de  ce  phénomène  se  produisait  simultanément  celui  d*UDe 
nouvelle  création  dont  les  premiers  êtres  ont  laissé  leurs  débris 
au  sein  des  mêmes  couclies  que  peuplaient  ceux  de  leurs  prédr- 
ccss('Ui*s,  De  tous  ces  représentants  de  Toi-dre  de  choses  qui  finis- 
s;iit,  c'est  VOstrra  columba  qui  a  le  plus  longtemps  résisté;  car,  â 
travers  les  milieux  les  plus  variés,  les  individus  de  cette  espèce  se 
sont  sucerdé  sans  interruption,  quoiqu'à  la  fm  avec  de  légères 
moditications,  jusqu'au  sein  des  calcaires  blancs  qui  ont  Immëdia- 
tenient  pré(\'dc  l'apparition  du  Jiuttiolitcs  lumbrirnlis.  Prolongé 
pendant  une  assez  longue  période,  le  dé])ôt  des  marnes  a  formé 
d.-ins  la  Chai  ente  des  assises  puissantes,  d'une  homogénéité  Taria- 
ble,  dans  lesquelles  Télément  calcaire  a  graduellement  domîdé, 
et  fini  par  s'isoler  complètement,  en  donnant  naissaDce  à  des 


KOTI    DE    M.    AIINAUD.  Ad? 

bancs  d*une  pureté  et  crune  solidité  remarquables,  explditél 
comme  pierre  de  taille  partout  où  ils  affleurent. 

Au-cleasusde  cette  zone  les  caleaires  se  suecèdent  eu  bancs  épais, 
d'une  dureté  variable  suivant  le  niveau  des  couches  et  les  divers 
points  où  on  les  observe  ;  ^généralement  blancs  à  la  base,  ils  pren- 
nent bientôt  une  teinte  jaunâtre  qu'ils  conservent  jusque  vers  le 
sommet,  et  se  développent  sur  une  hauteur  évaluée  dans  son  en- 
semble à  75  mètres.  C'est  aux  dernières  assises  de  ce  dépôt  qu'est 
lîmicëe,  par  M.  (ioquand,  la  période  de  la  craie  inférieure;  cette 
grande  division  qui,  suivant  Tauteur,  séparerait  la  craie  en  deux 
groupes,  parait  complètement  justifiée  par  le  renouvellement  des 
Cnunes  et  la  brusque  modifie^ilion  qui  s'est,  à  ce  moment,  opérée 
sur  tous  les  points  du  bassin  dans  la  composition  minéralogique 
des  dépôts  crétacés. 

II.  —  Le  (groupe  de  la  craie  inférieure  a  été  divisé  en  quatre 
ëiages  dont  il  reste  i  déterminer  les  limites  et  k  apprécier  l'indé- 
pendance. 

Étage  gardonien. 

Les  derniers  travaux  de  M.  Goquand  (r^j:/<?  explicatif  de  la 
carte  géolag,  de  la  Charente;  Synopsis  des  foss/lcs  des  formations 
secoadairesj  etc.)  détachent  complètement  des  premières  couches 
crétacées  les  argiles  lignitifères,  que  cet  auteur  avait  d'abord  con- 
sidérées comme  une  dépendance  de  l'étape  des  grès  verts  à  Ostrea 
coiamba  et  plivata  {Bull,  dr  in  Soc.  géoL ,  2"  sér. ,  t.  XI V,  p .  63  et  6A) . 
La  faune  de  cet  étagr  serait  représentée  par  une  vertèbre  indetcrmi- 
uée  de  saurieii  el  leTtrtdo  hlvuriausiy  d'Orb.  ;  ainsi  constituée,  cette 
faune  n'a  en  effet,  à  raison  de  sa  simplicité  même,  rien  à  redou- 
ter du  rapprociuMnênt  des  louelios  qui  lui  sont  imniédiatement 
superposées  ;  mais  n'est-ce  pas  se  montrer  un  peu  ambitieux  pour 
elle  que  de  Téri^jcr  en  royaume  indépendant  avec  un  peuple  com- 
posé d'un  seul  sujet?  Le  règne  vé^jétal  y  serait,  il  est  vrai,  assez 
largement  représenté,  si  l'on  eu  compare  la  flore  à  celle  def 
autres  étages  où  les  plantes  ne  brillent  que  par  leur  absence;  mais, 
sur  ce  point,  l'étude  des  premières  assises  montre  que  les  espèces 
déterminées  dans  le  Synopsis  nesi^nt  pas  spéciales  aux  argiles  ligni- 
tifères,  qu'elles  renu>iUent  au  contraire  dans  les  grès  verts  qui  les 
recouvrent,  et  qu  on  les  retrouve  jusque  dans  les  bancs  calcaires 
à  Caprina  adversa,  d'Orb.,  et  Sphœruliles  polycolinitcs^  Bayle* 
C'est  ce  que  j'ai  constaté  poui  les  grès  avec  M,  fioreau,  à  Bou- 
thieiY  et  Saint-Trojean  dans  Tarroudissement  de  Cognac,  à  Bas- 
lan  et  Pisaoy  près  d*Angoulème,  pour  les  calcaires  à  Caprines,  au 


&68  sfiANCi  DU  20  jÀivYiit  1862. 

faubourg  Lboumeau  d'Angouléme,  dans  le  voisinage  des  ateliers 
ducliemin  de  fer. 

Il  est  impossible  d'un  autre  côte  de  rattacber  uniquement  aui 
argiles  lignitiferes  les  gros  verts,  dont  presque  tous  les  fossiles 
[Tercbrattda  biplicata^  Def. ,  T.  Menardi^  d'Orb.,  Wiynchonella 
Lantarckiana^  d*Orb.,  Ostren  cnltimbay  Desli.,  etc.,  etc.)  sont 
communs  aux  bancs  calcaires  qui  les  recouvrent. 

G*est  par  suite  de  Tanalof^ic  qui  existe  entre  la  formation  ligni- 
tifère  du  sud-ouest  et  celle  du  Gard  que  M.  Coquand,  frappé  de 
Timportance  de  cette  dernière,  a  sans  doute  été  conduit  à  faire  de 
la  première  un  étage  distinct  dans  la  série  des  dépots  crétacés;  on 
ne  peut  en  effet  douter  du  synchronisme  de  ces  dépôts  dont  Tdge 
est  déterminé  par  leur  position  immédiatement  inférieure  à  des 
fossiles  caractéristiques  identiques  ;  mais  il  ne  faut  pas  perdre  de 
vue  qu'aux  termes  de  la  description  donnée  par  M.  Coquand  {Buii. 
Soc.  géol,,2*  sér.)  t.  XIV,  p.  61-63)  les  lignites  de  Saint-Paolet 
constituent  une  formation  lacustre,  tandis  que  ceux  du  sud-ouest 
appartiennent  à  une  formation  reconnue  marine  jusqu'à  ce  jour. 
Le  synclironisme  ne  suffit  donc  pas  pour  qu'on  leur  attribue  une 
égale  importance. 

Du  reste,  l'irrégularité  de  ces  dépôts,  leur  absence  sur  certains 
points  du  bassin  qui  nous  occupe,  comme  dans  le  bassin  ligérien, 
malgré  la  vaste  communication,  attestée  à  cette  époque,  entre  les 
deux  mers,  par  l'identité  des  faunes,  suffisent  pour  les  faire  consi- 
dérer, sinon  comme  un  simple  accident,  au  moins  comme  une 
dépendance  des  bancs  à  Caprines,  et  justifier  les  conclusions  ans* 
logues  de  M.  Sxmann  en  ce  qui  touche  le  département  de  la 
Sarthe  (Bnll.  Soc,  géol,,  2*  sér.,  t.  XV,  p.  521). 

Etage  carentonicn. 

L'étage  carentonien,  plus  complexe  dans  sa  composition,  serait 
constitué  par  les  grès  superposés  aux  argiles  lignitiferes^  les  cal- 
caires inférieurs  à  Icblhyosarcolitcs,  les  argiles  tégulines,  les  sables 
et  grès  à  Ostracées,  le  banc  supérieur  à  Caprhta  atl^ersa  et  iriatt^ 
gularis,  et  une  portion  des  marnes  à  Tercbratelln  carentonen" 
sisy  d'Orb.,  qui  le  recouvrent. 

C'est  au  point  où  les  marnes  passent  à  des  couches  plus  solides, 
quoique  grises  encore  et  terreuses,  que  M.  Coquand  a  fixé  la  li- 
mite de  cet  étage  et  l'inauguration  du  système  dans  le  cours  du- 
quel lie  nouveaux  rudistcs  ont  vu  le  jour.  Cette  division,  qui  offre; 
au  premier  abord,  l'avantage  de  ne  pus  distraire  de  la  formatioii 


NOTE   DE    Bl.    ARNAUD.  A09 

qu'ils  ont  cootribué  à  caiaclériser  Ils  derniers  rcprëscnlants  de  la 
première  faune,  trouvc-t-elle  dans  celle  circonstance  une  complète 
justification  ? 

Uue  première  objection  paraît  résulter  de  l'absence  de  limite 
précise  entre  les  étages  sépares;  la  transition  des  argiles  aux  cal- 
caires étant  régulièrement  ménagée,  et  oOrant  à  leur  jonction  tous 
les  degrés  iotermédiaires,  suivant  que  la  limite  sera  fixée  par  le 
géologue  plus  haut  ou  plus  bas,  il  se  trouvera  conduit  à  attribuer 
arbitrairement  à  tel  ou  tel  étage  les  fossiles  placés  au-dessus  ou 
au-dessous  de  la  ligne  dont  rien  ne  détermine  avec  fixité  la  po- 
sition. 

D'un  autre  côté,  si  les  fossiles  carontoniens  ne  sont  pas  séparés 
des  bancs  qui  les  ont  vus  naître,  il  n*en  est  pas  de  même  des  pre- 
miers fossiles  angoumiens  [Arca  Noueli^  d'Orb.,  PJeurutomaria 
Gaiiienni,  d'Orb.,  Cyprina  intcrmedia,  d'Orb.,  etc.)  qui  commen- 
cent a  apparaître  à  la  base  même  des  marnes  t\  Tcrchratula  vnren- 
ionensis.  L'inconvénient  évité  pour  la  première  faune  subsiste  donc 
pour  la  seconde  ;  il  naît  même,  a  pioprcment  parler,  de  la  cause 
qui  l'a  fait  éviter  pour  celle-là  ;  or,  cet  écueil  se  produit  inévitable- 
ment toutes  les  fois  que  le  géologue  veut  établir  une  division  tran- 
dice  là  où  la  nature  n*a  procédé  que  par  Textinction  graduelle  et 
le  renouvellement  successif  des  faunes.  C*est  là  un  principe  dont 
les  marnes  à  T.  carentonensis  présentent  la  saisissante  application, 
car  elles  offrent  précisément  le  spectacle  d'une  sorte  de  champ 
commun  où  sont  venues  s*ensevelir  les  dépouilles  de  deux  généra- 
tions, l'une  à  son  aurore,  l'autre  à  son  déclin. 

Suit-il  de  là  qu'aucune  division  ne  puisse  être  établie  et  que^ 
malgré  Textinction  totale  à  un  certain  niveau  des  premières  espè- 
ces, il  faille  confondre  dans  une  même  formation  la  série  entière 
des  couches  contrairement  à  la  réalité  des  faits?  Faut-il  au  con- 
traire, pour  éviter  ce  nouvel  écueil,  se  rattacher  aveuglément  aux 
niveaux  desrudistes  et  distraire  de  la  faune  carentonicnne  les  mar- 
nes qui  en  ont  arrêté  le  développement?  Ce  système  aussi  absolu 
que  le  précédent  ne  serait  pas,  suivant  nous,  plus  exact.  Entre 
deux  faunes  distinctes,  ces  marnes  forment,  selon  nous,  une  zone 
dû  transition^  telle  qu'on  en  voit  se  produire  à  chaque  renouvelle- 
meut  des  faunes  qui  se  sont  succédé  pendant  les  deux  périodes  de 
la  craie;  elles  montrent  le  danger  des  divisions  absolues  qui  ont 
|K>ur  effet  de  séparer  en  étages  des  dépots  dont  Thisloire  n'a  pas 
été  brusquement  arrêtée,  mais  se  déroule  dans  un  ensemble  de 
faits  liés  entre  eux  par  des  causes  communes  et  la  simultanéité  du 
temps  pendant  lequel  ib  se  sont  produits. 


170  SàAlfCB   DO    20  JÀNVIBR   1862. 

Étages  angoumien  et  provcncictt. 

Les  bancs  solides  par  lesquels  se  termine  la  ivériode  de  la  craie 
infërieure  ont  étë  divises  en  deux  dta{;es  distincts,  quoique  aucun 
caractère  minéralogique  constant  sur  toute  IVtendue  de  la  forma- 
tion ne  permette  de  préciser  avec  certitude  la  limite  qui  les  sépare. 
Cette  division  se  trouve  néanmoins  complètement  justifiée  par  la 
divei'sité  des  faunes  assez  restreintes  qui  les  caractérisent,  et  sur- 
tout par  l'explication  de  ce  pbénonirne,  telle  qu'elle  résulte  de 
l'étude  comparée  du  bassin  méditerranéen.  En  Provence,  en  eflTet, 
après  le  dépôt  des  premières  assises  calcaires  de  l'étn^Tc  angoumien, 
un  brusque  mouvement  s'est  produit  au  sein  des  mers  crétacées 
{^BulL  de  la  Société  géologique^  t,  XVIll,  ]ï.  \hVj\  la  formation 
calcaire  interrompue  a  été  ensevelie  sous  des  sables  dont  là  surface 
s'est  peu  à  peu  consolidée  et  n*a  elle-même  été  recouverte  par  de 
nouvelles  coucbes  calcaires  qu'après  avoir  donné  asile  aux  co- 
quilles perforantes  qui  y  ont  laissé  les  traces  de  leur  séjour.  Or, 
lé  bassin  du  sud-ouest  et  celui  de  la  Méditerranée  communi- 
quant ensemble  ainsi  que  l'établissent  la  communauté  des  faunes 
{ififrà,  %Vi)  et  le  parallélisme  dans  l'ordre  de  succession  des  fos- 
siles, il  est  naturel  d'attribuer  au  contre -coup  de  la  révolution 
opérée  dans  le  bassin  de  la  Provence  l'extinction  de  la  faune 
angoumienne,  quoique  dans  la  Charente  cette  révolmion  n'ait  pat 
laissé,  par  une  perturbation  minéralogique  correspondante,  trace 
de  son  passage. 

m.  —  Les  premiers  termes  de  la  craie  inférieure,  peu  apparents 
dans  l'arrondissement  de  Périgueux,  n'y  présentent  aucun  carac- 
tère saillant  digne  de  fixer  l'attention.  Les  argiles  lignitiferes  ottt 
échappé  à  nos  recherches  dans  le  canton  de  Savignac,  où  nous 
n'avons  trouvé  que  les  grès,  qui  paraissent  également  exister  seuls 
dans  le  voisinage  de  Mareuil.  Leur  absence  est  d'autant  plus  frap- 
pante qu'à  Simeyrols  (10  kilomètres  de  Sarlat)  cette  fonnation 
atteint  un  développement  relativement  considérable,  et  que  le 
combustible  y  est  l'objet  d'une  exploitation  régulière. 

M.  Harlé,  ingénieur  en  chef  des  mines  à  Rouen,  a  recueilli  dant 
ce  dépôt  des  Cérithes  et  des  Matices  qui  ne  peuvent  laisser  de 
doutes  sur  sa  nature  marine.  L'dge  des  couches  qui  les  renferment 
a  été  déterminé  avec  non  moins  de  certitude  par  i\I.  GuilleboC  de 
Nerville,  ingénieur  en  chef  des  mines  à  Périgueux,  qui  en  a 
constaté  le  recouvrement  par  les  assises  calcaires  à  Ostrta  coittmba. 
Mous  devons  à  l'obligeance  de  M.  de  Nerville  la  coupe  suivante 
qui  fixe  la  composition  de  cette  assise  : 


NOTE    DB    M.    ARNAUD.  &71 

Au-dessous  du  banc  calcaire  à  O.  columba  qui  constitue  )e  toit  de  la 
couche,  on  trouve  en  descendant  : 

4®  Argile  noire  plastique 0'",!5 

%^  Marne  schisteuse  et  bitumineuse  noire.   .  ^^^k^ 

3*  Lignite;  premier  banc 0",33 

4°  Schiste  marneux   noirâlre 0'",30 

5"  Lignite  plus  pur  que  le  précédent O'",20 

Total 4»,  43 

Sur  quelques  points  la  couche  atteint  jusquVi  l^.fiOd'qmiîJseur; 
le  lignite  exploitable  y  prend  aussi  quelquefois  plus  de  puissance  ; 
il  se  divise  alors  en  trois  bancs:  l'un  de  0°\60,  les  deux  autres 
de  0°,20  chacun. 

Les  autres  termes  de  cet  étn(>e,  apparents  entre  les  Pyles  et 
Serges,  sur  la  route  de  Périjjueux  à  Limoges,  y  montrent  un  ex- 
trême amincissement  des  assises  qui  le  constituent  et  une  absence 
presque  complète  de  fossiles  qui  enlève  tout  intérêt  aux  recherches. 

Les  assises  moyennes  de  Tétage  angoiunien  apparaissent  non 
loin  de  Périgueux  par  suite  d'un  soulèvement  dont  Us  effets  se 
sont  fait  sentir  sur  une  étendue  de  plus  de  10  kilomètres.  La  val- 
lée de  la  fieaurounc  montre  sur  ses  flancs^  à  la  hauleui'  de  (ihan- 
celade,  des  couches  redressées,  disposées  en  forme  de  \  renversé, 
qui  ont  permis  d'atteindre  au  niveau  du  chemin  de  fer  de  Limoges  « 
les  assises  tendres  peuplé(\s  de  Ihuliolins  Inmbrïvalin^  d'Orb.,  dont 
le  grain  et  la  couleur  sont  identiques  avec  ceux  de  la  Charente:  les 
pierres  de  taille  exploitées  par  cavajje  sur  ce  point  sont  bien  infé- 
rieures aux  couches  homo«;ènes  de  lVla{>e  coniacien;  au-dessus 
de  CCS  bancs  reposent  des  calcaires  durs,  suhcristallins,  dont  les 
assises»  entaillées  par  la  voie  de  fer  sur  une  épaisseur  de  7  à  8  mètres, 
reproduisent  exclusivement:!  la  base  la  faune  angoumienne  [RatUo- 
iites  cnrnU'pastoris^  Baylc,  IL  lumbricalis^  d'Orb.,  Hijjjjurites  an- 
tiquus^  At*n.),  et  présentent  dans  les  conclies  plus  élevées  le  pas- 
sage à  la  faune  provencicnne,  par  Tassociation  des  Actéonelles  et 
des  Nérinées  au  Sphœrulitcs  punsianus,  d'Ârchiac.  La  figure  i  (A) 
(pi.  XI)  montre  la  position  des  carrières  de  Chancelade  et  la 
succession  des  couches  supérieures  de  chaque  coté  de  ce  point. 

Les  tranchées  du  ciiemin  de  fer  de  Limoges,  prescpte  perpen- 
diculaires, dans  le  trajet  de  Gourd  de  T Arche  à  Chancelade,  à  Taxe 
de  la  vallée  de  la  Ueauronne  que  nous  venons  de  décrire,  per- 
ipeitcnt  de  suivre  dans  tous  ses  développements  le  système  des 
dernières  couches  de  la  craie  inférieure  qui  coustituent  Télage 
proyemcien,  fig.  3. 


A72  SfiANCB    DU    20    JÀNYIBR    1802. 

Au  village  du  pont  de  la  Beauronne  où  le  chemin  de  fer  coupe 
en  remblai  la  route  de  Péri{>iieux  à  An^^oulême,  on  constate  de 
chaque  côté  du  viaduc,  sur  le  bord  même  de  la  route,  à  quelques 
mètres  au-dessous  de  la  voie  ferrée,  la  présence  des  calcaires  dun 
A  Sphœr alites  ponùanus  (AC),  perforés  par  les  valves  inférieures 
vides  de  cesrudistes.  La  partie  supérieure,  dont  Texploitation  a  été 
tentée,  présente  des  couches  grenues,  sul)cristallines,  caractérisées 
par  de  grands  Cérithos  qui  n'y  ont  laissé  que  leurs  empreintes. 

Au-dessus  de  cette  zone,  qui  dot  la  période  angoumicnne,  paraît 
une  assise  de  3  à  ^  mètres  dVpaisscur,  composée  d'une  gangue 
arfi;ileuse  durcie^  jaune  et  rouge,  empâtant  un  banc  épais  de  Spha> 
ml  (tes  Sauvages  t\  Bayle,  et  de  Rad'tnlitrs  Jr/iaudi,  Goquand,  dont 
renchevêtrement  constitue  une  véritable  lumachelle.  Ce  banc  a 
été  recoupé  ù  2  ou  3  mètres  plus  loin  par  la  route  de  Périgueux 
à  Ribérac,  où  il  présente  les  mêmes  caractères  (T). 

C'est  le  premier  terme  de  l'étage  provencien  que  sa  faune,  non 
moins  que  sa  composition  minéralogique,  dislingue  nettement  de 
celui  qui  l'a  précédé. 

En  se  rapprochant  de  Périgueux,  vers  laquelle  plongent,  par 
suite  du  soulèvement  dont  nous  avons  parlé,  les  couches  crétacéet, 
on  trouve  immédiatement  un  calcaire  pur,  cristallin,  dans  lequel 
se  sont  développés  les  mêmes  rudistes,  accompagnés  d'une  faune 
'  assez  abondante,  presque  microscopique,  qui  ne  se  révèle  que  sur 
les  points  où  l'action  prolongée  des  agents  extérieurs  a  désagrégé 
la  surface  du  calcaire  au  sein  duquel  elle  est  engagée;  j'y  ai  pu 
recueillir  des  Trochus,  des  Natices,  des  Côrilhes,  des  Liinnpsis,  des 
CycioUtcs  et  une  espèce  bien  caractérisée  de  PUeolus,  J'y  ai  éga- 
lement reconnu  la  Tercbratula  Irriticulnris,  Arn.,  très  commune 
aux  environs  d'Angoulême  dans  une  position  identique.  Tous  œt 
genres  sont  représentés  par  des  individus  d'une  petitesse  extrême, 
dont  le  test  est  passé  à  l'état  spathique. 

Les  calcaires  se  poursuivent  avec  les  mêmes  caractères  jusque  près 
de  la  Briqueterie  où  ils  prennent  une  teinte  verdâtre,  et  recèlent, 
en  face  même  de  cet  établissement,  une  légère  bande  marneuse 
verte  qui  laisse  détacher  des  échantillons  très  reconnaissables  de 
Ghames,  de  Radiolitcs  Arnaudi^  et  de  SphœruUtcs  Moulinsi^  d'Orb., 
associés  au  Sphœml'ttes  angeinelcs,  d'Orb.  A  partir  de  la  Briqueterie, 
où  apparaissent  les  Hippurites  sulcatus^  Defr.,  et  cornu  vaecinam, 
Bronn,  les  couches  se  succèdent,  interrompues  de  distance  en  dis- 
tance par  de  vastes  crevasses  remplies  d'argiles  sablonneuses  mio- 
cènes, à  cailloux  roulés,  mélangées  aux  débris  de  l'ctago  proven- 
cien. Solides  et  subcristallins  au  début,  les  calcaires  de  cet  éta^^e 


NOTE    DK    M.    ARNAUD.  A73 

paraissent,  en  se  rapprochant  de  Toulon,  avoir  admis  clans  leur 
composition  cbiniique  une  certaine  propojtion  d'éléments  mar- 
neux dont  la  présence  se  révèle  par  une  plus  {>randc  friabilité  de 
la  roche,  et  dont  les  alternances  ré^^ulièrcs  avec  des  calcaires 
eonipactes  permettent  de  déterminer  avec  certitude  Tinclinaison 
des  couches  provenciennes. 

Si  Ton  observe  C(*s  couches  à  2  ou  300  mètres  de  la  Briqueterie, 
au  point  où  les  assises  régulières  de  la  craie  supérieure  viennent 
reposer  sur  celles  de  Tétage  provencien,  fig.  /*,  «-c,  fig.  6,  on  est 
frappé  de  voir  que  ces  dernières  plongent  en  ce  point  vers  Test 
sous  un  angle  de  plus  de  15  degrés,  tandis  que  l'étage  se  termine 
à  7  ou  8  mètres  au-dessus  de  la  voie  par  une  ligne  sensiblement 
horizontale,  recouverte  par  les  bancs  presque  parallèles  de  Tétage 
supérieur.  En  présence  de  ce  fait  on  se  demande  si  Tœil  de  Tobser- 
fateur  n'est  pas  le  jouet  d*une  illusion,  et  s'il  n'est  pas  témoin 
d'un  de  ces  phénomènes  de  clivage  en  grand  dont  les  calcaires 
compactes  présentent  quelquefois  des  exemples;  un  examen  appro- 
fondi ne  tarde  pas  à  détruire  cette  supposition,  car  on  remarque 
dans  les  divers  bancs  qui  se  succèdent  la  constance  des  caractères 
mînëralogiques  qui  les  distinguent  et  ne  permettent  pas  cette 
erreur. 

L'assise  infériemc  est  constituée  par  un  banc,  d'environ  8  à 
10  mètres  de  puissance,  d*un  calcaire  irrégulièrement  marneux 
(PHC),  bleu  au  cœur  de  la  roche,  ayant  perdu  cette  coloration 
sur  les  points  qu'a  pu  atteindre  l'action  des  agents  atmosphériques  ; 
ce  banc»  qui  renferme  de  petits  fragments  de  lignite,  est  la  station 
principale  des  Hippuritcs  cornu  vacciniim  ,  dont  les  individus 
gisent  éparsdans  toutes  les  directions;  à  ces  rudistes  sont  associés 
de  nombreux  polypiers,  des  brachiopodes  (Rhynchonelles  et  Térc- 
bratules],  des  Huîtres  d'espèces  diverses,  des  Natices,  des  Ptéro- 
dontes  et  des  Oursins,  surtout  des  Goniopygus  dont  les  épines  sont 
très  abondantes;  il  se  termine  par  une  assise  (PHC*)  assez  com- 
pacte, d'un  calcaire  grenu,  homogène,  dans  lequel  les  Hippurites 
cornu  vaccinum  se  sont  encore  développés. 

"L'assise  suivante  (PGS),  de  5  à  6  mètres  de  puissance,  est  sépa- 
rée de  la  précédente  (PHC)  dont  elle  partage  les  caractères  mi- 
iiéralogiques,  et  divisée  en  trois  ou  quatre  bancs  parallèles  par 
des  lits  minces  de  calcaires  très  marneux,  feuilletés,  dont  le  niveau, 
de  quelques  millimètres  seulement,  se  maintient  régulièrement 
dans  toute  leur  étendue;  les  calcaires  des  bancs  les  plus  élevés 
sont  d'un  grain  plus  fm,  plus  compacte,  comme  lithographiques; 


A7A  8ÉANCI   DU    20    JANYIBR    1862. 

cette  zone  ne  m'a  présenté  ()ue  de  très  rares  fossiles  {Cerithium^ 
Niicif'oii tes,, . ,  Avtœoficllft ...). 

La  troisième  assise,  d'une  haulour  de  3  à  ^  mètres,  est  cancté^ 
risée  par  des  calcaires  plus  (grossiers  (PHCO),  avec  nids  mar- 
neux, analo(;ues  à  ceux  de  la  première  couciic,  où  Ton  constate  le 
retour  île  V Hippuritcs  an-nu  vaccinuni  associé  aux  //.  orgrintMOtt^ 
Montf.y  et  snlcatNs;  elle  est  terminée  par  un  banc  de  SphœndUes 
angeiodesy  sur  lequel  est  venue  s'asseoir  une  quatrième  couche 
d'un  mètre  de  puissance  qui  termine  en  cxt  point  la  série  des  dépôts 
de  la  craie  inférieure. 

Cette  couche  est  constituée  par  des  marnes  f.rises  (PM)  friables, 
riches  en  fossiles,  qui  rappellent  exactement  la  Tonne  de  la  pre- 
mière :  Hippurites,  brachiopodcs  et  ostracées;  leur  Age  est  déter- 
miné avec  certitude  par  la  présence  des  fossiles  caractéristiques 
qui  viennent  d'être  indifjués.  et  surtout  par  Télat  de  ces  fossiles, 
dont  le  lest  a  conservé  les  détails  les  plus  fms  de  son  ornementa* 
tion  et  même  répidernic  chez  les  brachiopodea. 

Dans  la  première  partie  de  la  coupe  («r  ^,  lig.  6),  c'est-à-dire 
en  partant  de  la  Briqueterie,  en  deçà  de  la  fi&sure  qui  la  divise,  ou 
voit  les  couches  provenciennes  supporter  sans  intermédiaire  et 
traii.s(^r('ssivemenl  les  premiers  bancs  calcaires  à  Ostira psttuiom 
Afathrrn/n\  Coquand,  qui  caractérisent  la  base  de  la  craie  supé- 
rieure. On  remarque  en  outre  qu'avant  de  recevoir  ce  dépôt  les 
calcaires  prnvenciens  se  sont  durcis,  fendillés,  et  que  lea  fissures  se 
sont  remplies  de  la  ^>lauconic  de  réta;;e  supérieur;  quelques-uns 
de  ces  fossiles  même  y  ont  pénétré  ;  mais  la  cause  de  leur  présence 
est  facile  à  reconnaître  et  servirait  au  besoin  à  fournir  une  noa- 
vclle  preuve  des  vicissitudes  auxquelles  ont  été  soumises  les  assises 
provenciennes  dans  l'intervalle  des  deux  formations;  l'autre  par- 
tie de  la  coupe  (h  r,  iig.  6)  confirme  plus  explicitement  encore  cette 
appréciation,  en  montrant  au-dessus  du  lit  de  marne  à  bracKiio* 
podes  et  ostracées  un  dépôt  de  véritables  poudingue»,  formé  de 
fra{;ments  de  calcaires  durs  provenciens  roulés  et  associés  par  une 
pnte  marneuse  à  des  débris  d'IIippuritts.  Ce  dépôt  a  nivelé  la 
surface  de  l'étape  provencien  et  l'a  dis|K>8é  à  recevoir  la  fonnatîon 
qui  devait  lui  succéder. 

Si  de  cette  étude  {;éuérale  on  passe  à  celle  des  fossiles,  on  est 
frappé  de  la  («^rande  analogie  qu'ils  présentent  en  ce  point  avec  la 
faune  qui  va  leur  succéder;  les  Huîtres  surtout,  quoique  distinctes 
de  celles  qui  se  sont  développées  dans  l'cta^je  supérieur,  présentent 
dans  leur  l'orme  générale  et  dans  les  détails  de  leur  ornementation 


If 0TB    M    M.    ARNAUD.  i76 

des  caractères  qui  les  en  rapprochent  singiiiièrement;  il  nous  a 
paru  utile  de  constater  ce  pliénomène  transitoire  manifesté  sur  le 
seul  point  où  les  couches  supérieures  de  Tétage  provencien  parais- 
sent avoir  été  conservées. 

Les  calcaires  qui  nous  occupent  reparaissent  à  une  centaine  de 
mètres  du  point  que  nous  venons  de  décrire,  et  il  est  facile  de  les 
suivre  sans  interruption  jusque  près  de  Textréinité  de  la  coupe; 
les  couches  les  plus  rapprochées  paraissent  être  la  continuation 
des  deuxième  et  troisième  assises  de  la  figure  U  ;  c'est  dans  leur 
sein  que  se  sont  développés  les  Hip/jurites  organisons  dont  on  peut 
▼oîr   en  place  des  groupes  volumineux  ;  elles  offrent,  eu  outre, 
avec  les  Huîtres  et  les  brachiopodcs  déjà  indiqués,  des  oui-sins 
appartenant  aux  genres  Micraster  et   Htnninster  ;  cette  formation 
Wb  continue  jusqu*au  delà  d'une  large  cavité  (r)  pincée  à  la  jonction 
de  U  craie  supérieure,  et  se  lie  par  une  transition  ménagée  aux 
calcaires  lithographiques  et  sulicristallins  (PL)  qui  se  montrent 
à  peu  de  distance  de  Fouverlure.  La  ligne  de  jonction  plonge  vers 
l'E.  sous  un  angle  plus  aigu  d'envii  on  5**  que   les  couches  de  la 
fig.  6,  et  le  niveau  supérieur  de  l'étage  qui  coupe  en  /  cette  ligne 
de  jonction  offre  une  inclinaison  plus  faible  elle-même  de  moitié 
que  la  précédente. 

On  ne  trouve  au-dessus  des  calcaires  lithographiques  aucune 
trace  des  assises  marneuses  et  du  dépôt  pondinguiforme  que  nous 
avons  ludiques  dans  la  coupe  précédente. 

Les  premiers  dépôts  de  la  craie  supérieure  s^appuient  en  ce 
point,  comme  dans  la  première  cou))e,  sur  la  ligne  de  faite,  en 
eoaches  qui  lui  sont  presque  parallèles. 

On  retrouve  enfin  à  quelques  centaines  de  mètres  de  Toulon, 
sur  la  route  de  liussière-Hadil,  un  nffleuiemrnt  des  mêmes  cal- 
caires qui  s'arrêtent,  sur  une  hauteur  de  îx  mètres,  aux  bancs  à 
Nocléolites  que  supportent  au  niveau  di!  la  route  les  couches  sub- 
cristallines. 

IV.  —  Si  des  détails  qui  précèdent  on  cherche  à  déiluire  l'his- 
toire de  la  formation  crétacée  du  S.-O.,  pendant  cette  période, 
on  en  peut  tirer  cette  conséquence  qu'elle  se  lie  dans  son  ensemble 
par  un  cours  régulier  de  phénomènes,  et  que  le  bassin  qu'elle 
occupe  n*a  point  été,  pendant  cette  phase,  le  théâtre  de  révolu- 
tions subites  et  générales,  analogues  à  celles  qui  ont  marqué  la 
séparation  des  étages  jurassiques.  Ainsi,  lorsque,  après  la  première 
irruption  des  mers  crétacées  et  le  dépôt  irrégulier  des  sables  et 
des  argiles  lignitifères  qui  ont  comblé  les  inégalités  du  sol  brus- 
fnanient  iinniei*gé,  a  commencé  une  période  de  repos  caractérisée 


&76  SÉANCE    DU    20    JANYIBt    1802. 

par  la  consolidation  des  {|;rès  inférieurs,  on  voit  apparaître  avec 
ces  grès  eux-mêmes  une  faune  dont  certains  représentants  (7*rrr- 
brntula  biplicata  par  exemple)  se  sont  poursuivis,  à  travers  de 
nombreuses  variations  minéralogiques  et  une  épaisseur  de  cou- 
clie  considérable,  jusqu'au  seiu  des  marnes  à  Tcrrbrateiia  caren- 
tonensis. 

De  même,  la  réapparition  des  grandes  ('aprines  (C.  athenn  vt 
triangularis)  dans  le  banc  supérieur  à  Icbtliyosarcolites,  malgré 
leur  absence  dans  les  couches  intercalées  entre  ce  banc  et  le  banc 
inférieur  (grès  et  argiles  té^;ulines),  montre  que  ces  assises  inter- 
médiaires, quoique  nettement  diiTérenciées  descalcairesà  Ichtbyo- 
sarcolites  par  le  caractère  minéralogique,  ne  constituent  qu'un 
accident  local,  et  que  ces  rudistcs,  au  développement  desquels 
un  sol  marécageux  et  l'agitation  des  sables  littoraux  opposaient 
un  obstacle  tem|>oraire,  ont  trouvé,  à  une  faible  distance,  des  eaux 
paisibles  au  sein  desquelles,  et  certainement  dans  une  formation 
caicarijèrc  contemporaine^  se  sont  perpétuées  leurs  espèces,  jusqu'au 
moment  où  elles  ont  été  rappelées  dans  la  partie  aujourd'hui 
apparente  du  bassin  par  un  abaissement  du  sol  et  un  changement 
dans  la  direction  des  courants;  leur  persistance,  malgré  ce  chan* 
gement,  en  montre  à  un  autre  point  de  vue  la  faible  importance. 

D*un  autre  côté,  si  l'invasion  des  marnes  à  Tercbratelia  eartn^ 
toncnsis  a  subitement  arrêté,  comme  l'avaient  déjà  fait  les  argiles 
tégulines,  sur  les  points  apparents  du  bassin,  le  développeuieut 
des  rudistes,  les  mêmes  effets  d'extinction  ne  se  sont  pas  simulta- 
nément produits  pour  plusieurs  autres  genres  également  littoraux, 
tels  que  les  ostracées  qui  se  poursuivent  jusque  dans  les  calcaires 
blancs  inférieurs  au  Hadinlites  liunbricalis.  Ces  marnes  elles- 
mêmes  ont  reçu  pendant  toute  la  durée  de  leur  dépôt,  dont 
Tépaisscur  dépasse  15  mètres,  les  débris  des  céphalopodes  qui 
avaient  apparu  avec  les  premières  assises  crétacées;  et  de  ces  faits 
on  peut  conehire  que,  si  Tirruption  de  Télément  marneux  a  pu 
affecter  une  vaste  étendue  du  littoral,  les  effets  en  ont  cependant 
été  restreints  à  un  nombre  limité  d'espèces  et  n'ont  pa  atteindre 
à  uue  certaine  dislance  les  habitants  de  la  haute  mer. 

On  ne  peut  cependant  se  dissimuler  qu'une  cause  contempo- 
raine à  l'apparition  des  marnes,  mais  plus  puissante,  ait  exercé  son 
action  pendant  la  période  de  leur  dépôt  et  graduellement  entraîné 
le  renouvellement  intégral  de  la  faune.  Quelle  est  cette  cause? 
Elle  est  et  probablement  restera  toujours,  comme  la  plupart  de 
celles  qui  ont  sigi  ù  ces  époques  reculées,  complètement  inconnue; 
mais  elle  se  révèle  avec  certitude  par  l'importance  de  ses  résnlttls  ; 


IfOTB    Dl   M.    ARNAUD.  A77 

outre  son  existence,  il  n'est  possible  d*aflîrmer  que  son  éloigne- 
ment  attesté  par  la  lenteur  de  ses  effets,  son  origine  septentrionale 
constatée  par  la  nature  des  dépôts  correspondants  du  bassin 
ligéiien,  et  son  indépendance  des  marnes  à  Tercbratella  carento^ 
nensis;  car  il  est  impossible  d'attribuer  au  seul  développement  de 
ces  marnes  Textinction  des  espèces  de  la  première  faune  qui  en 
ont  franchi  les  assises  inférieures,  et  n*ont  disparu  qu'au  moment 
même  du  retour  des  conditions  minéralogiques  au  milieu  des- 
quelles elles  avaient  pris  naissance. 

C'est  également  hors  du  bassin  du  S.-O.,  mais  inversement 
dans  la  zone  méridionale  des  mers  crétacées,  que  s'est  produit 
l'ébranlement  à  la  suite  duquel  s'est  renouvelée  la  faune  angou- 
mienne;  peut-être  moins  sensible  encore  que  la  précédente,  à 
cause  de  la  pauvreté  de  cette  faune  et  de  l'absence  de  modification 
constante  dans  le  caractère  des  rocbes  qu'elle  divise,  cette  révolu- 
tion ne  s'y  est-elle  aussi  traduite  que  par  un  contre-coup  très 
affaibli. 

L'étude  de  ces  phénomènes,  rapprochée  de  celle  des  faunes, 
montre  par  la  nature  des  fossiles  presque  exclusivement  littoraux 
qui  les  constituent,  que  la  formation  du  S.-O.  a  dû,  pendant 
cette  période,  occuper  un  bassin  peu  profond,  soustrait  par  sa 
position  géographique  à  l'action  directe  des  bouleversements  qui 
agitaient  la  haute  mer. 

Craie  stipéricnre. 

V.  —  Nous  avons  déjà  eu  occasion  d'apprécier  l'exactitude  du 
système  qui  place  entre  les  calcaires  à  llippurites  et  les  premières 
assises  à  Ostrea  auricttifiris,  Broiig.,  la  grande  division  de  la  craie 
en  deux  groupes,  et  de  lui  reconnaître  une  valeur  absolue  sur 
quelque  point  qu'on  Tétudic.  Cette  classification  se  trouve  en  effet 
complètement  justiGée  : 

i^  Par  la  différence  des  faunes;  sur  plus  de  mille  espèces  jus- 
qu'ici connues  dans  les  terrains  crétacés  du  S.-O.,  à  peine  en  cxiste- 
t-il  une  dizaine  entre  lesquelles  on  puisse  nier  encore  l'existence 
de  différences  caractéristiques  constantes.  Dut-on  admettre  cette 
assimilation  qui  perd  beaucoup  de  sa  vraisemblance  par  suite  de 
l'état  des  fossiles,  le  simple  rapprochement  des  nombres  indiqués 
montre  que  leur  identité  ne  prouverait  rien  contre  la  légitimité 
de  la  division  ; 

2*^  Par  le  changement  minéralogiquc  subit  qui  s'est  produit  à 
ceUe  époque  dans  les  mers  crétacées,  et  surtout  ^Kir  la  généralité 


A78  SfiANCB    DU    20    JANVIER    1862. 

de  cette  moilificatioii  qui  se  icvclo  iiii  même  moment  sur  tous  les 
points  où  la  succession  régulière  des  couclies  |>ermet  de  le  saisir, 
non-seulement  dans  le  bas-'in  du  S.-O.,  mais  encore  en  Provence 
et  jusqu'en  Aliema{<;iie; 

y  Enfin  par  la  nature  dts  dépôts  qui  ont  succédé  à  la  formation 
calcaire. 

Le  passage  de  la  craie  inférieure  à  la  craie  supérieure  ae  lit 
nettement  dans  le  département  de  la  Charente  sur  une  coupe  très 
remarquable  que  M.  Coquaiid  a  fait  figurer  dans  le  texte  expli- 
catif de  la  carte  géologique  de  ce  département  et  qu*il  interprète 
de  la  manière  suivante  {Texte  rxplimlif^  t.  I,  p.  /48O  à  (i85]  : 

u  Ou  a  d\i|tord,  en  face  de  la  pointe  île  Tile  qui  s'avance  entre 
N  la  ville  (Co;;nac)  cl  le  faubourg  Saint-Jacques,  la  coupe  suivante 
»  représentée  par  la  figure  72  : 


»  1"  Raucs  calcaires  épais  A,  jaunâtres,  très  dui's,  fournissant 
»  des  pavés  et  pétris  de  Sphœrulites  Sauva^csi  et  radinsus  et  d'Hip^ 
»  parités  ntfinnisfiNs.  Ces  bancs  appartiennent  à  la  pailie  supé- 
»  rieure  de  Tctage  provencien  et  sont  ondulés  comme  t'ila  avaient 
n  été  soumis  à  ime  dénudaliou  avant  d'avoir  été  recouverts  par 
«  les  couches  supérieures. 

»  2°  Argile  lougcàlre  ou  brunâtre,  plastique,  disposée  en  veinet 
»  ou  en  amas  inégaux,  comme  si  elle  avait  rempli  les  déprestioof 
»  sous-jacentes  ;  cette  argile  forme,  sur  ce  point,  la  base  de  la 
»  craie  supérieure  et  ne  se  lie  en  aucune  manière  avec  les  calcaires 
t»  inférieurs. 

»  3°  Sables  verts,  friables,  G,  tins,  mélangés  de  beaucoup  de 
n  particules  argileuses. 

»  U°  Grèscaliarifèris,  1),  vcrdàtres,  assez  solides  dans  les  partiel 
n  fraicliemont  coupées,  mais  s'égrenaut  vers  les  surfaces  expoeéet 
»  aux  agents  atuiospliériqurset  se  réduisant  en  un  subie  groMÎer. 
>  La  couh'ur  verte  est  due  à  une  très  grande  quantité  de  points 
»  verdatres  de  silicate  de  fer  qui  picotent  la  rocbe. d'une 
I»  manière  assez  uniforme.  Les  l)ancs  ne  sont  pas  straiito  ffigu* 


NOTI  DB  M.  ARNAUD. 


t79 


»  HèiTmpnt;  ils  ont  <'té  ol)li;;('s  de  suivre  les  inflexions  des  calcaires 
»  (le  IVta^je  an{;ouniien  (provencien)  qu'ils  ont  nivi;lés  par  dejjrés 
»  insensibles.  On  y  recueille  quelques  individus  de  VUxtrea  fiuri- 
n  ru/arts, 

»  5°  Sables  meubles,  11,  jaunâtres,  non  recouverts,  et  pouvant 
»  bien  provenir  du  déniolissenient  des  {jrès  sur  lesquels  ils  repo- 
»  sent. 

»  LVpaisseur  totale  de  ce  système  sableux  et  ar^jileux  est  de 
»  3  à  ^  mètres  environ. 

M  Si,  à  une  certaine  distance  du  lieu  où  notre  coupe  est  prise, 
»  il  n'était  pas  recouvert  par  des  couches  l'ossilifères,  et  si  le  {près 
«  D  ne  renfermait  Ini-mènie  qui;  des  fossiles  de  la  craie,  il  serait 
Il  bien  diflicile  de  ne  pas  le  considérer  comme  une  dépendance 
»  du  terrain  tertiaire,  et  de  ne  ])as  proclamer  sa  discordance  avec 
»  les  étapes  de  la  craie  inférieure.  Si  les  faits  que  nous  avons  pu 
»  recueillir  ne  permettent  pas  de  formuler  une  conclusion  posi- 
»  tive  relativement  à  ce  dernier  point,  on  aurait  pres(ïue  le  droit 
V»  d'être  plus  affirmatil  pour  y  reconnaître  une  tran{];ressivitc  qui, 
»  pour  être  moins  prononcée  que  celle  qui  existe  entre  les  argiles 
»  [;ardonniennes  et  les  divers  termes  de  la  formation  jurassique, 
»  ne  semble  pas  moins  indiquée  par  l'indépendance  des  sables  et 
»  surtout  par  la  diflércnce  radicale  qu*on  observe  dans  Torigine 
»  et  la  composition  des  roches  dont  les  deux  éta(>es  sont  con- 
»  stitués. 

n  Une  seconde  coupe  prise  à  quelque  distance  de  la  première, 
»  luois  sur  un  point  plus  rapproché  du  pont,  donne  la  succession 
»  des  couches  suivantes  : 


»  1"  Gilcaires  blancs,  A,  à  Ilippuritvs  organisaris,  en  bancs  épais 

»  et  ondulés. 

n  a»  Sable  blanc,  B,  jaunâtre,  friable,  occupant  surtout  les  dé- 
»  preifions  souft-jaceotcs. 


A80  aiiKCi  -Dv  20  JiKTin  1802. 

B  3*  Are'le  brune  ou  jaumUre,  C,  rubann^  en  pelitei  conclin 
p  (l'iDégnlc  épaisseur. 
»  /i°  Sabl<7s  vcrddlres,  E,  auei  résistants,  ditpos^  en  banci  în^ 

■  g.iux  ondules  et  faisant  efferTesceticc  avec  les  acidei, 

n  Noua  voyons  ici  à  peu  près  la  même  dispoùtion  que  dans  h 
»  pi-einière  coupe,  k  cette  différence  près  que  lei  sableset  les  argilci 

■  semblent  se  substituer  les  uns  aux  autres  dans  les  couchcf  let 

■  plus  inférieures. 

1  Les  escarpements  que  l'on  trouve  immédiatement  en  sortaat 
«  de  Cognac,  au-dessous  de  lu  grande  allée  du  Parc  et  dont  le 
■•  profil  est  indiqué  par  la  fig  7ft,  présentent  les  assises  suivantes  : 


■  1*  Des  calcaires  durs  i  rudistes   A,  8  mètres 

B  2°  Des  calcaii-es  compactes  B  sans  fosailea,  correspoodaDtaD 
a  calcaire  en  plaquettes  des  environs  d'Angouleme,  et  fbnnwl 
n  la  partie  la  plus  élevée  de  la  craie  inférieure,  1",2I). 

"  3°  Des  snblcs  vci'dàtrcs,  G,  friables,  mélangés  d'argiles,  0*,75. 

»  /i°  Des  grès  verdàires,  D,  calcarifèrei,  disposés  eu  banct  épiùs 
n  et  bien  régléj,  S-.SO. 

»  5"  Des  calcaires  glaucoiiienx,  E,  avec  O.  aurieularls,  0  mètres. 

1  On  remarque  que  les  saliles  verdâtresGet  les  grès  cakarifïrei 

•  I)  ne  ciinscrveiit  pas  une  épaisseur  bien  nniforme  sur  tout  lenr 
n  dfivi'loppeinent,  mais  qu'ils  s'amincissent  graduellement  i  me- 
»  sure  qu'ils  s' en  fou  ce  ut  sous  les  calcaires  à  O.  aarieularit,  ie 
V  manière  à  laisser  supposer  que,  dans  la  profondeur,  ib  le  ter> 
n  uiiiiput  so!iB  forme  de  coin,  et  que  d'après  celte  supposition  Ici 
«  cnleaires  provenciens  A  et  les  calcaires  contaciens  E  se  super- 

*  (inseiit  sans  l'iuterméiliaire  des  couclus  sableuses  (1).  Nous  de- 

(1)  C'est  le  contraire  qui  est  euct;  l'aoglsdn  coin  regtrdsl'B.at 


NOTE    DB    M.    ARNAUD.  481 

»  TOUS  convenir  que  c*est  dans  Tarrondissement  de  Cognac  seii- 
»  lemeiit  que  nous  avons  reconnu  ces  dernières.  Les  environs 
»  d'Angoulénie  et  surtout  le  canton  de  Lavalette,  où  les  assises  à 
«  O.  fiitricularis  prennent  une  extension  si  considérable,  ne  nous 
»  les  ont  jamais  présentées  (1),  et  nous  ne  pensons  pas  qu'elles 
»  auraient  pu  échapper  complètement  à  notre  observation,  mal- 
»  gré  les  cultures  qui,  dans  ce  département,  dérobent  si  fréquem- 
»  ment  à  la  vue  la  nature  et  les  accidents  du  sous-sol. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  il  reste  bien  établi  par  les  coupes  et  les 
N  détails  qui  précèdent,  que  dans  la  Charente  la  craie  supérieure 
M  se  sépare  très  nettement  de  la  craie  inférieure,  et  qu'elle  débute 
m  par  des  assisescomposées  d'éléments,  meubles  et  remaniés.  » 

Les  deux  premières  coupes  figurées  dans  l'ouvrage  de  M.  Co- 
quand  nous  paraissent  devoir  être  négligées  dans  l'étude  du  pas- 
sage de  la  craie  inférieure  à  la  craie  supérieure.  En  effet,  ce  que 
cet  auteur  a  considéré  comme  pouvant  représenter  les  premières 
assises  de  la  craie  su|>érieure,  sur  l'un  et  l'autre  de  ces  points,  n'est 
pour  nous  qu'un  ensemble  d'éléments  hétérogènes,  un  composé 
d'argiles  tertiaires  associées  au  produit  de  la  démolition  des  grès 
et  des  calcaires  supérieurs  à  Ostren  aurintlnris,  La  figure  ci-après 
explique  la  formation  de  ces  dépôts,  dont  la  théorie  paraît  trouver 
dans  l'inspection  générale  des  lieux  une  complète  justification. 

Les  deux  coupes  décrites  par  M .  Coquand  ont  été  opcMccs  sur 
le  Banc  de  la  vallée  do  la  Charente,  parallèlement  à  l'axe  de  cette 
vallée,  considérablenkcnt  élargie  de  ce  côté  par  les  érosions  des 
courants  post-crétaeés  et  par  l'ouverture  voisine  d'une  petite  vallée 
tributaire,  qui  a  contribué  à  raviner  les  couches  supérieures  au 
travers  desquelles  les  eaux  se  sont  frayé  un  passage. 


les  grès  s'accroissent  en  épaisseur  à  mosure  qu'ils  s'enfoncent  sous  les 
calcaires  à  O.  nnricularis;  il  suffit  do  voir  les  lieux  pour  s'en  con- 
vaincre. 

(4)  Las  grès  ont  cri  effet  échappé  à  l'attention  de  la  Société  lors  de 
Texcarsion  qu'elle  fit  en  1857  à  Toutyfaut  près  d'Ângoulôme;  mais 
je  las  y  ai  rencontrés  depuis,  et  la  môme  constatation  a  été  faite  au 
même  lieu  par  M.  Guillebot  de  Nerville. 

Soc,  géoi,^  2"  série,  tome  XIX.  31 


A82  SÉANCB    DU    20    JANTIBB    1862. 


Or,  soii  ADG  Touverture  primitive  de  la  faille  qui  a  senri  de 
lit  aux  coarniits,  la  cavité  CDË  n'n  j)as  tarde  à  être  comblée  aprèi 
uiu:  ltY,èi'c  érosion  limitée  par  la  résistant  des  calcaires  dort  à 
Hipimiitvs  i>r^nnisans  ii°  i.  L'action  prolongée  des  cauS  a  attaqué 
divcrsenient  les  aiitros  assises,  suivant  leur  degré  de  friabilité,  et 
il  csL  f-icik'  (le  coni))ren(lre  que  les  grès  n<*2,  à  peine  agglutinés  dans 
leurs  couches  infcrieures,  n'ont  pas  tardé  à  être  profondément 
entames  et  à  laisser  entre  les  couches  i  et  3  un  vide  considérable 
qui,  privant  ilc  leur  soutien  les  couches  à  Oslrvn  aurictûaris^  n*  S, 
a  culrauié,  par  leur  pcsantrur,  aidée  du  choc  des  courants,  des 
ébouii  ineuts  fréquents  et  reculé  successivement  les  bords  dé  la 
vallée.  Celte  aclion^  au  contraire,  n'a  pu  être  que  superficielle  eli 
ce  qui  touche  les  couches  compactes  de  Tétage  pi*ovencieti,  el  elle 
ne  s'est  révélée  sur  cet  étage  qu'en  émoussant  l'angle  F  et  en  labou- 
rant la  surface  HI  qui  en  a  conservé  rap|>arence  ondulée  décrite 
par  Tautcur. 

Lorsque  le  cours  des  eaux  s'est  ralenti,  Taiigle  HIJ  s'est  peu  à 
peu  conJilé  par  des  dépôts  légers  de  sables  el  d'argiles,  sur  les- 
quels sont  venus  sasseoir  les  produits  extrêmement  divisés  de  la 
dés<v;i-é{^aliou  des  couches  supérieures,  dont  le  calcaire  empâtant 
les  Gryphécs  roulées  dans  les  sables  a  peu  à  peu  consolidé  la  masse, 
tout  eu  lui  laissant  la  stratilication  ondulée  caractéristique  d'un 
dépôt  meulile  au  moment  où  il  s'est  formé.  C'est  celte  couche  qui 
a  été  entamée  par  le  chemin  sur  le  bord  duquel  ont  été  rélëvîies 
les  coupes  figurées.  Sa  véritable  origine  nous  parait  détenniiiée 
par  sa  position  et  avec  non  moins  de  certitude  par  la  préseucèdes 
Usiuii  auricutaris  au  milieu  des  grès,  car  dans  toute  l'étendaf  .de 
la  coupe  de  plus  de  150  mètres  de  longueur  sur  laquelle  est  bâti 
le  mur  du  parc,  el  où  l'on  ne  peut  nier  que  les  grès  soient  ofeituac- 


MOTS    DE    M.    AANAUD.  AS8 

ment  en  place,  on  ne  trouve  dans  ces  grès  aucun  exemplaire  d'O. 
auricularis^  ni  nicine  d'aucun  autre  fossile,  si  n'est  des  dents  de 
Fycnodontes;  on  n'y  trouve  non  plus  entre  les  calcaires  à  O.  au- 
ricularis  et  les  couches  à  Hippurites  aucune  trace  d'argile;  d'un 
autre  côté  les  Huîtres  appartenant  aux  grès  remaniés  offrent  elles- 
mêmes  les  marques  de  ce  remaniement,  et  enfin  Tétude  du  mode 
de  remplissage  des  fissures  observées  dans  les  calcaires  au  sein  des- 
quels a  été  ouverte  la  tranchée  du  château  d'Eau,  calcaires  supé- 
riiBurs  aux  grès  et  à  plus  forte  raison  à  l'étage  provencien,  présente 
ie  même  ordre  et  le  même  caractère  dans  la  succession  des  dépôts 
qui  les  ont  comblées. 

Reste  la  grande  coupe  analysée  en  dernier  lieu  par  iVf .  Coquand. 
tJn  examen  attentif  nous  a  fait  penser  qu'elle  présentait  des  ca- 
ractères plus  complexes  que  ceux  qui  ont  frappé  ce  savant  ipro- 
fesseur. 

Sî  Ton  commence  h  l'étudier  au  point  le  plus  éloigné  du  pont, 
ou  surplombe  un  chêne  vert,  on  remarque  régnant,  au-dessus  des 
calcaires  provenciens  (fîg.  5),  une  large  excavation  oblique  daus 
la  direction  du  sud-est,  remplie  par  les  argiles  rouges  et  noires  (A) 
indiquées  aux  coupes  précédentes,  mêlées  aux  sables  purs  ou  réag- 
glutinës  provenant  de  la  démolition  des  grès  coniaciens.  Sur  ce 
dépôt  s*appuient  des  blocs  détachés  des  bancs  supérieurs  des 
mêmes  grès  et  soudés  entre  eux  par  des  sables  réagrégés  (GVRK 
L^ouverture  finit  du  côté  opposé  en  forme  de  coin  entre  les  cal- 
caires et  les  grès  par  un  petit  amas  de  sables  verts,  purs  et  meubles, 
qui  ne  dépend  d'aucun  des  termes  entre  lesquels  il  est  engagé.  A 
partir  de  ce  point,  sur  une  ligne  d'environ  /iO  mètres,  les  grès  re- 
posentsaos  intenitédiaire  sur  les  calcaires  provenciens,  et  surtout 
ce  parcours  la  ligne  de  jonction  est  parfaitement  régulière  et 
droite. 

(Test  à  partir  de  cette  ligne  que  nous  faisons  commencer  les 
dépôts  par  lesquels  a  réellement  débuté  la  craie  supérieurei  et 
qne  nous  allons  décrire  successivement. 

Sur  les  calcaires  provenciens  reposent  sans  transition  des  grès 
bruns  (GB)  d'un  grain  fin,  compactes,  admettint  des  zones  inter- 
dlées  de  grès  également  purs,  bleus,  blancs  ou  verdâtres;  codsj- 
dêrés  dîkhs  leur  ensemble,  ces  grès  forment  une  assise  distincte, 
limitée  à  sa  partie  supérieure  par  une  ligne  droite,  non  parallèle 
aux  calcaires  inférieur;*  qu'elle  recouvre  en  plongeant  vers  le  S.-O. 
•OU6  uti  angle  plus  aigu. 

Au-dessus  de  ces  grès,  paraissent  des  dépôts  successifs  de  grès 
verts  d'abord  purs  (GVl),  puis  calcarifèret  et  tendres  (GVCj,  enfin 


A8A  sÉAKCK  DU  20  jànviba  1862. 

calcarifères  et  solides  (GYS),  dont  les  couches  se  recouvrenl  eu 
faisant  avec  Thonzontale  des  angles  de  plus  en  plus  aigus,  ce  qui 
s*cxplique  facilement  pour  Tobservateur  qui  voit  natlre  et  se 
développer  successivement  chacune  de  ces  assises  à  mesure  qu'il 
s'avance  dans  la  direction  du  S.-O.  du  côté  du  pont.  L'ensemble 
de  cette  formation  s'élève  à  une  hauteur  moyenne  de  7  à  8  mètres* 

Yers  le  point  où  s'arrête  le  mur  du  parc  prennent  naissance 
au-dessus  des  grès  les  assises  régulières  à  O.  auricularis  (CC). 
Reposant  d'abord  sans  transition  sur  les  grès  verts  calcarifèrei,  elles 
ne  tardent  pas  à  en  être  séparées  par  une  formation  intermédiaire 
(CP)  qui  s'engage  entre  ces  dépots  sous  forme  de  coin  et  finit  par 
atteindre,  vers  la  faille  à  50  mètres  environ  de  son  point  de  départ, 
près  d'un  mètre  d*cpaisseur.  Cette  assise  se  compose  d'une  roche 
poudinguiforme  dans  laquelle  le  calcaire  s'est  isolé  des  grès  sous 
forme  de  rogncfns  subcristallins,  où  se  sont  développés  les  premiers 
représentants  de  la  faune  coniacienne. 

Les  calcaires  glauconieux  à  O.  auricalarii  (CC)  qui  recou- 
vrent cette  formation  se  succèdent  en  bancs  épais,  parfaitement 
parallèles,  montrant  manifestement  la  substitution  d'une  formar- 
tion  régulière  aux  dépôts  tourmentés  des  grès  qui  l'ont  précédée. 

Nous  avons  dit  que  les  grès  forment  au-dessus  des  calcaires  i 
Hippuriles  des  assises  régulières  chacune  dans  son  ensemble,  quoi- 
que non  parallèles,  et  se  succédant  a  angles  très  aigus,  à  mesure 
qu'on  se  rapproche  du  pont,  comme  si  les  calcaires  qui  les  suppor- 
tent eussent  été,  immédiatement  après  leur  consolidation,  soumis 
à  un  abaissement  graduel  dans  la  direction  du  S.-0.,  c'esirà-dire 
dans  le  sens  général  des  couches  crétacées  de  ce  bassin. 

Si  telle  était  eu  effet  la  cause  des  variations  observées  dans  la 
succession  des  dépôts,  on  ne  peut  nier  l'importance  capitale 
qu'aurait  cette  constatation  au  point  de  vue  de  l'exactitude  de  la 
division  qui  nous  occupe;  mais  il  est  juste  de  reconnaître  que  les 
dépôts  de  sables  et  de  grès  offrent  souvent,  par  la  nature  même  de 
leur  formation,  des  ap|)ai*en('cs  trompeuses  de  stratification,  et  que 
les  déductions  que  Ton  peut  tirer  de  cette  étude  ne  présentent  pas 
toujours  une  certitude  absolue.  Ija  coupe  du  parc  fournit  le  con- 
trôle de  ce  premier  examen  par  Tétude  des  assises  régulières  k 
O,  auricularis  qui  recouvrent  les  grès. 

Si  les  grès  en  effet  ne  forment  qu'un  simple  accident,  un  banc 
de  sable  consolidé,  et  que  dans  l'intervalle  des  deux  formations  les 
niveaux  généraux  de  la  mer  crétacée  niaient  pas  changé,  les  baucs 
à  O.  auricularis  offriront  dfs  couches  parallèles  à  celles  de  la  for- 
mation inférieure;  or,  l'examen  direct  de  la  coupe  révèle  entre  ces 


NOTE    DE    M.    ARNAUD.  A85 

assises  une  discordance  de  stratification  nettement  accusée,  cl 
montre  les  calcaires  à  O.  auricularis  s\'n[;ngcant  vers  le  S.-O.  sous 
un  an(;le  beaucoup  plus  ai(^u  que  les  calcaires  inférieurs.  L'épais- 
seur dos  calcaires  coniaciens  ne  permet  pas  de  révoquer  ce  fait  en 
doute  et  de  l'attribuer  à  un  ébranlement  local  qui  aura  cliangé  les 
rapports  primitifs  des  termes  que  nous  étudions;  car,  d'une  part, 
la  craie  supérieure  se  développe  sur  ce  point  en  assises  parfaite- 
ment parallèles  sur  une  hauteur  d'environ  8  mètres,  et,  de  l'autre, 
les  relations  des  divers  bancs  que  nous  venons  de  décrire  se  sont 
maintenues  sans  modification  aucune,  de  l'autre  côté  d'une 
faille  à  la  suite  de  laquelle  toute  la  formation  s'est  affaissée  au- 
dessous  du  niveau  qu*elle  occupe  dans  la  partie  que  nous  venons 
d'étudier. 

Les  déductions  de  cette  étude,  qui  entraînent  comme  consé- 
quence la  preuve  d'une  discordance  tranchée  entre  les  deux  for- 
mations crétacées,  se  trouvent  confirmées  par  la  description  que 
nous  avons  donnée  plus  haut  de  l'étage  provencien  à  Gourd- de- 
FArche  dans  la  Dordogne;  la  discordance  est  tellement  frappante 
sur  ce  point  qu'elle  ne  peut  s'expliquer  que  par  une  perturbation 
considérable  survenue  dans  les  dépôts  de  la  craie  inférieure  aussitôt 
après  leur  formation,  perturbation  qui  a  brisé  les  couches  de  cet 
étage  et  ramené  violemment  au  jour  des  assises  depuis  longtemps 
ensevelies;  c'est  peut-être  à  cet  ébranlement  qui  a  dû  affecter  en 
même  temps  les  terrains  inférieurs  à  la  craie,  que  doit  être  attri- 
buée la  naissance  de  la  source  voisine  du  Toulon,  dont  la  position, 
le  volume  et  la  régularité  de  température  ne  permettent  pas  de 
restreindre  l'origine  aux  eaux  fournies  par  les  couches  supra- 
crétacées. 

Balayée  par  les  courants  qui  l'ont  nivelée,  la  surface  ainsi  mo- 
di6ée  n'a  reçu  que  plus  tard,  transgressivemenl  sur  ses  assîtes,  les 
premiers  dépôts  de  la  craie  supérieure;  ces  dépôts  eux-mêmes  ne 
sont  pas  parallèles  à  la  ligne  de  faite  de  l'étage  provencien,  et  Ton 
peut  constater,  sur  un  parcours  d'environ  300  mètres,  des  diffé- 
rences d'altitude  très  sensibles  entre  cette  ligne  et  les  diverses  cou- 
ches dont  ils  sont  composés. 

Si  l'on  prend  en  effet  pour  terme  de  comparaison  le  sommet  de 
la  formation  glauconieuse  subcristalline  dont  nous  parlerons  plus 
loin,  et  qui  offre  le  premier  horizon  régulier  dans  la  craie  supé- 
rieure, on  remarque  que  le  niveau  s'élève  graduellement  à  me- 
sure qu'on  s'avance  dans  la  direction  du  Toulon,  et  que  la  distance 
qui  la  sépare  du  sommet  de  l'étage  provencien,  déterminée  à 
Â'^ySO  au  commencement  de  la  coupe  (fig.  4,  a)»  est  de  k^fib  à  la 


Ad6  SÉANCE    DU    20    JAKYIEA    1862. 

fin  (c)  de  la  même  conpe:  qu'elle  s'élève  à  5  mètres  un  peu  aa 
delà  des  bancs  à  Hippuritcs  nrganisnns  (//),  à  5"',i!|0  à  la  crevasse (r) 
qui  a  interrompu  le  dépôt  continu  dos  calcaiics  provcnciens,  et 
qu'à  la  fin  de  la  coupe  générale  [ç^]  elle  atteint  6  mètres  à  250  ou 
300  mètres  au  plus  du  point  où  nous  l'avops  observée  en  premier 
lieu. 

Cette  formation  glauconieusc  subrristalline  est  elle-même  sépa- 
rée de  l'étage  provencicn  par  des  dé(H)ts  irrégnliers  de  marnes  et 
de  calcaires  alternativement  solides  ci  marneux,  dont  les  coficbes 
ont  comblé  les  irrégularités  du  fond  des  mers,  et  jouent  le  rôle  que 
nous  avons  reconnu  aux  grès  dans  la  coupe  du  pni*cde  Cognac. 

YI.  —  La  craie  supérieure  a  été  classée  en  quatre  étages  qui 
ont  leçu  leî  noms  de  voniavien,  saritonivn^  cauipunicn  e\.durdo' 
nien.  Cette  division,  au  moins  en  ce  qui  touche  les  trois  premiers, 
se  présente  naturellement  a  l'esprit  du  géologue  qui  IVtudie  dans 
l'arrondissement  de  Cognac.  Là  en  effet,  d'une  part,  la  craie  à  O. 
murkularîs  est  nettement  s(^|)arée  de  celle  qui  lui  a  succédé  par  \^ 
différence  des  caractères  minéralogiquos,  et,  de  l'auti'e,  la  nature 
elle-même  a  pris  soin  de  tracer  la  limite  des  étages  santonien  et 
campanien  par  le  degré  différent  de  résistance  qu* ils  ont  opposée 
aux  efforts  des  courants  qui  ont  dénudé  la  formation  crétacée. 

L'étage  coniacien,  représenté  par  les  grès  décrits  précédeinment 
et  par  les  calcaires  solides  très  glauconieux  au  sein  desquels  s'est 
multipliée  par  myriades  l'O.  auriculnris^  offre  dans  le  développe- 
ment de  ce  dernier  terme  des  assises  d'une  structure  généraleinenf 
homogène  à  quelque  niveau  qu'on  les  étudie. 

L'étage  santonien  tranche  avec  le  précédent  par  la  présence 
presque  subite  de  l'élément  marneux  qui  donne  naissance  à  aes 
calcaires  blancs  tendres,  en  couches  compactes,  largement  déve- 
loppés dans  les  environs  de  Cognac,  où  les  carrières  ouvertes  1 
chaque  pas  |>ermettent  de  se  rendre  un  compte  exact  de  leur  ordre 
de  succession. 

Séparé  du  santonien  par  un  lit  mince  de  marnes  friables  aoi- 
quelles  ont  succédé  des  calcaires  blancs,  solides,  chargés  de  aîlei. 
le  campanien  a  dû  à  cette  particularité  la  conservation  d'une 
ligne  de  démarcation  franchement  accusée,  qui  forme  la  base  de^ 
coteaux  couronnés  par  le  Sphœrtditrs  Hœnin^^luinsiiy  Desm. 

Mais  ces  divisions,  si  faciles  à  saisir  dans  les  environs  de  Cognac, 
ne  se  maintiennent  pas  louj<)ui*s  même  sur  les  autres  points  da 
département  de  la  Charente  ;  dacs  les  environs  de  Lavalette,  par 
exemple,  les  calcaires  coniaciens,  d'une  solidité  variable  suivant 
les  niveaux»  offrent  généralement  une  structure  grenue  qui  les 


NOTK  DK  M.  ARNAUD. 

rend  plus  friables,  et  Ton  pont  constater  «'ntre  eux  ot  Tétapie  sui- 
vant une  transition  {;railucllt'n)cnt  niéna<^ée  qui  ne  porniot  pas 
d'en  fixer  toujours  exactement  les  limites. 

La  confusion,  du  reste,  est  d'autant  plus  facile  que  les  conclies 
santoniennes,  au  lieu  de  la  Llanclieur  éclatante  qui  les  caractérise 
dans  l'arrondissement  de  Go{;nac,  n'oilVcnt  en  ce  point  qu'un 
aspect  ferreux,  iutersnédiaire  équivoque  entre  la  craie  à  Ostrca 
nuricularis  et  les  premières  assises  impures  elles-mêmes  de  rcta^^e 
campanicn. 

Là  route  de  Përigueux,  à  6  kilomètres  d'Angoulêmc,  présente 
les  méinespliénomènes.  A  des  bancs  solides  d'abord,  puis  friables, 
ensuite  durs  et  compactes,  succèdent  des  couches  tendres  où  se 
révèle  la  présence  de  Télément  marneux  qui  conduit  graduelle- 
ment à  la  zone  des  Rliytwhontïla  tiijfortnis^  d'Orb.,  et  Tvubratiila 
conincvriMs^  Goquand,  caractéristiques  de  la  base  de  Tëtage  san Io- 
nien. Celui-ci  lui-même  ne  tarde  pas  à  admettre  dans  sa  composi- 
tion des  calcaires  durs  qui,  au  point  de  vue  minéralogique,  rap- 
pellent toutes  les  apparences  de  ceux  que  nous  venons  d'étudier. 
Il  en  est  de  même  du  troisième  étage  dont  la  composition  se  lit 
facilement  sur  une  coupe  de  la  même  route,  en  face  de  Gardes, 
et  qui,  généralement  pins  marneux  et  plus  friable  que  les  précé« 
.  dents,  of&e  cependant  des  zones  très  solides,  reproduisant  exacte- 
nient  en  quelques  points  le  faciès  des  premiers  dépôts. 

Si  l'on  chercliCià  compléter  cet  exanten  ])ar  fétude  des  fossiles, 
peut-être  est-il  encore  diHicile  de  justifier  entièrement  la  sépara- 
tion établie  en  étages  distincts.  Les  (aunes,  en  efl'et,  n'y  sont  point 
rigOiireusement  liinîtées,  et  si  la  longue  période  pendant  laquelle 
elfes  se  sont  développées  a  dii,  par  le  seul  fait  du  temps,  amener 
des  extinctions  et  des  renouvellements  successifs  d'espèces,  vaine- 
ment chercherai t-on  à  un  autre  point  de  vue  la  trace  de  ces  révo- 
lutions dont  les  terrains  antérieuis  à  la  ciaje  ont  été  le  théâtre,  et 
dont  la  date,  précisée  par  des  extinctions  subites  et  générales  des 
êtres  créés,  autorise  la  séparation  d'un  étage,  tableau  complet 
d'une  des  phases  de  la  création. 

Il  est  à  remarquer,  ep  effet,  que  dès  le  début  de  la  craie  supé- 
rieure se  sont  révélés  presqpe  tous  les  genres  dont  les  espèces  seules 
ont  varié,  que  parmi  ces  espèces  un  grand  npmbre  passe  d'un 
étage  dans  le  suivant,  et  que  plusieurs  même  sont  communes 
à  tous. 

Ainsi,  nous  avons  rencontré  indifféremment,  soit  dans  l'étage 
Goniacien.  .soit  dans  le  santonien,  les  fossiles  suivants  exclusive- 
ment  attribués  par  le  Synopsis  à  l'un  op  l'autre  de  ces  étages. 


48b  StANCE    bV    20    JANVIBA    1862. 

Mosasaurus  carentoncnsis\  Coquand.  Cognac. 
Cornx  Bureau i^  Coq.  Id. 
Lttmna  (plusieurs  espèces  communes).  Id. 
TuiriteUa  Batiga^  d'Orb.  Cognac,  Gourd-de-1* Arche. 

—  ^'g^Tf\  Coq.  Id.,  id. 

Glohiconcha  intermriiia.  Coq.  Id.,  id.,  Angoulôme. 
Conus  tttbcrculatusy  Duj.  Angoulôme,  Lavalette. 
Ptcrodonta  obesa^  Coq.  [inflata^  d'Orb.).  Grourd-de-l' Arche. 
Cardium  coniacum^  d'Orb.  Cognac,  Lachartrie,  Périgueus. 
Crprina  {ligenctisis^  dOrb.).  Id.,  id.,  id. 
Arca  xantonetisis^  d'Orb.  Id. ,  id.  Javrezac,  GourdHle-I*Archo. 
Mytilns  divaricatits^  d'Orb.  Id.,  id.,  Gourd -de- l'Arche. 
Pinna  qruidrnnguiaris,  Goldf.  Gourd-de-rArche,  Lachartrie. 
Spondyltts  hîppttritum,  d'Orb.  Id..  id.,  Cognac,  id. 

—  trtincatus^  Goldf.  Id.,  id.,  id. 
Lima  Desjardini^  Desh.  Id. 

Ostrea  probosvidea,  d'Aroh.  Cognac,  Périgueux. 
Tcrebratula  semigiobosa,  Sow.  Id.,  Gourd-de-I'Arche. 
Diplopodia  stibniida,  Desor.  Id.,  id. 
Micraster  brcvis^  Desor.  Périgueux. 
Bourgueticrintts  elUpticus.  Cognac,  Périgueux. 
Etc.,  etc. 

De  même  noua  avons  reocontré,  soit  dans  le  santonieo,  aoit 
même  dans  le  coniacien,  les  fosai les  cousidërëa  comme  propres  à 
Vêlage  campanien  : 

Étages  conacien  et  santonten, 

Jmmonites  petrocoriensis^  Coq,  Gourd -de -F  Arche,  Montignac. 
Trigonia  inor/intay  d*Orb.  Cognac,  Saint-Georges-de-Périgueax« 

—  /inibata^  à'Orh.  Gourd- de-l'Arche,  Bassillac,  Musaidan. 
Pholadomya  Marrotij  d'Orb.  Id.,  id. 

Àreopagia  circinalis^  d'Orb.  Id.,  id, 

—  Michelini,  Coq.  Id.,  Saint-Georges,  id.,  id. 
FeMus  subplanay  d'Orb.  Id.,  id.,  id. 
Limasemisulcata^  Gold.  Id.,  CognaC|  Neu?ic,  id. 

—  santonensis,  d'Orb.  Id. 

—  maxima^  d'Arch.  Périgueux,  NeuTÎc. 
Janira  quadricostnta^  d'Orb.  Cognac,  Trélisaac. 
Pecten  Espaillaci,  d'Orb.  Gourd-de-l' Arche. 
Ostrea  laciniata^  d'Orb.  Cognac. 

Étage  santonien, 

Eostellaria  carentonensîs^  Coq.  Périgueux. 
Trochus  Martotiantis,  d'Orb.  Id.  Epagnac. 
Cotbts  Saiignaci\  Coq.  Château -Bernard. 


IfOTB   DB   M.   ÀnifAUO.  A89 

Mytilus  Dufrenoyi,  d'Orb.  Le  Parvand. 
Oitrea  vexicularis,   Lamk.  Cognac,  Lachartrie,  etc. 
— -  froNSj  Park.  Montignac  (Cognac),  Toutbianc,  Neuvic. 

—  santofiensiSt  d'Orb.  Id.,  id.,  Périgueux,  id. 

—  turnnensis^  d'Orb.  Id.,  Périgueux. 
RhynchoneUa  tiiptern^  Coq.  Châiteau-Bernard. 

—  Boreaui,  Coq.  Toutbianc,  Genté. 
Etc.,  etc. 

Les  rudistes  eux-  mêmes,  considérés  comme  spéciaux  aux  hori- 
zons qu'ils  caractérisent,  sont  loin  d'offrir,  dans  la  craie  supérieure, 
ces  statious  nettement  limitées  qui  leur  ont  été  assignées  dans  la 
première  période  ;  l'extinction  d'une  espèce  n'y  a  que  rarement 
précédé  i^apparition  de  celle  qui  s'est  développée  après  elle,  et, 
sous  ce  rapport  encore,  il  est  difficile  de  ne  pas  reconnaître,  dans 
leur  succession,  un  caractère  de  continuité  exclusif  des  divisions 
absolues  qui  les  ont  séparées. 

Ainsi,  nous  avons  rencontré  à  Sainte-Catherine,  près  d'Angou- 
léine,  dans  la  zone  à  Rliynchonella  diffotmis^  d'Orb.,  le  Sphœrulites 
Coquandi^  Bayle,  et  le  RadioUtes  Mauldei^  Coq. ,  considérés  comme 
caractéristiques  de  l'étage  coniacien,  dissociés  aux  Radio li tes ^ssi- 
€a$$atusy  fiayle,  qui  se  poursuit  jusque  dans  le  troisième  étage,  et 
dans  la  Dordogne,  à  Trélissac,  ces  deux  Radiolites  associés  au 
Sphœrulites  Hœninghausii  qui  descend  jusqu'au  niveau  des  Rhyn" 
ckoneUa  dijformis. 

Inversement,  VHippurites  Àrnautli,CtO(\,^  dont  la  station  princi- 
pale dans  les  environs  de  Cognac  est  la  zone  santonienne,  passe 
dans  le  campanien  où  M.  Boreau  et  moi  l'avons  recueilli  sur  les 
coteaux  qui  bordent  le  Né  derrière  Gimeux, 

Bien  plus,  les  stations  principales  des  fossiles  varient  suivant 
les  localités  qu'on  étudie,  et  telle  espèce,  considérée  comme  spé- 
ciale à  un  étage  sur  tel  point,  présente  au  contraire,  sur  tel  autre, 
dans  un  étage  différent,  son  maximum  de  développement  ;  ainsi, 
le  Micraster  ùrevis,  Desor,  qui  dans  les  environs  de  Cognac  appa- 
raît avec  les  RliynchoneUa  dijformis  et  Tcrebratula  coniacensis^ 
Coq.,  à  la  base  de  l'étage  santonieu  où  il  est  très  commun,  dans  la 
Dordogne,  au  contraire,  abonde  avec  le  Pentacrinus  ctirinatus^ 
fioemer,  et  la  RhynchoneUa  Baugasii,  d'Orb.,  au  niveau  de  YOstrea 
aitricuiaris,  inférieur  de  plus  de  15  mètres  à  l'apparition  de  ces 
brachiopodes. 

Il  en  est  de  même  des  variations  minéralogiques  qui  sont  loin 
de  s'être  produites  simultanément  sur  tous  les  points  du  bassin  ; 
les  marnes  par  exemple,  qui  dans  les  environs  de  Cognac  ont  signalé 


AdO  s£anck  du  20  jÀNfiBR  1862. 

leur  apparition  couteinpoiaine  dos  Rhynchonelia  diffonnis  et  Tm» 
bratuld  cnninccnsis  par  In  blanc! leiir  oclalante  des  calcaires  qu'elles 
ont  modifiés,  dans  les  environs  de  IVri^ueux,  où  Ton  peut  re- 
connaître la  même  modification,  ne  se  sont  manifestées  qu'après 
l'extinction  de  ce^t  espèces,  et  constituent  à  Trclissac  comme  au 
S.-E.  de  Përigueux,  sur  la  route  de  Bergerac  par  exemple,  des 
assises  d'un  niveau  supérieur. 

VII.  —  La  coupe  de  Gourd-de-P  Arche  que  nous  avons  déjà  eu 
occasion  d'étudier  (fig.  ft  et  6,)  permet  île  saisir  facilement,  dans 
la  Dordogne,  l'ordre  de  succession  des  premiers  dépôts  de  la  craie 
supérieure. 

Si  Ton  observe  les  premières  assises  de  cet  étage  qui  se  montrent 
en  place  près  de  la  Briqueterie  {a  L\  fi{«,.  l\  et  6),  on  remarque  au 
début  de  la  coupe,  reposant  sur  les  couches  provenciennes,  mais 
sans  transition,  des  calcaires  assez  solides,  verd«itres,  légèrement 
piquetés  de  ^;laucoiiie,  au  sein  desquels  abonde  VOstrca  pseufio" 
Matheroni,  Coq.,  spéciale  dans  les  envii-onsde  Péri:»ueux  à  la  base 
de  la  craie  su|>érieure  ;  ces  calcaires  se  ramollissent  graduellement 
A  mesure  qu'on  s'élève,  et  présentent,  à  2  mètres  euviron  au- 
dessus  de  leur  début,  un  lit  mince  de  marnes  noires,  friables, 
auxquelles  succèdent  peu  à  peu  des  calcaires  au  grain  fin  et  serré, 
se  consolidant  davantage  dans  les  couches  supérieures,  où  ils  firen- 
nent  une  texture  cristalline  et  s'isolent  de  la  glauconie  hydratée 
qui  s'est  ahonciumnient  précipitée  en  traînées  con t in ties au  miliea 
de  ce  dépôt.  Cette  couche  poudingui forme  est  nettement  limitée 
H  sa  partie  supérieure,  sur  laquelle  se  sont  le  plus  développés  sus 
transition  des  calcaires  marneux,  noirâtres,  dont  le  faciès  dHRie 
de  ceux  que  nous  avons  déjà  indiqués. 

A  l'extrémité  bc  de  la  coupe  se  présentent  les  mêmes  cauvdères 
à  cette  seule  différence  près  que  l'épaisseur  totale  du  défiéi  s'est 
accrue  de  O^'jSS  dans  la  partie  inférieure  aux  marnes  friables, 
noires,  décrites  en  premier  lieu. 

Reprenant  au  point  d  la  coupe  générale,  fig.  &,  on  oonstale 
l'absence  du  dépôt  calcaire  glauconieux ,  que  nous  avons  va 
reposer  immtxliatement  sur  les  calcaires  provenciens  au  4^^^' 
de  la  coupe,  ou  plutôt  finterversion  des  premiers  termes,  et  son 
remplacement  par  les  marnes  pures,  noirâtres,  qui  se  poursuivent 
sur  tout  le  reste  de  la  coupe  et  qu'on  retrouve  encore  au  pre- 
mier pian  sur  la  route  de  Bussière-iladil,  à  50U  mètres  environ 
de  ce  point.  Au-dessus  de  ce  premier  dépôt  dont  l'épaisseur dépssK 
rarement  4  décimètre,  se  développent  des  calcaires  tendres  et 
marneux  à  la  base,  noirâU*es  ou  roux,  qui  s'y  lient  gradneUamsnt 


NOTE    DE    n.    ARNAUD.  A9l 

et  recèlent  les  inênies  fossilos;  ces  calcaires  se  consolident  dans 
les  couches  supérieures  et  supportent  ininirdiatenient  le  banc 
glauconieux  suhcrisiallin  dont  nous  avons  parle  plus  haut,  et  qui 
forme  un  point  de  repère  constant  au-dessus  des  dépôts  variables 
par  lesquels  a  débuté  la  craie  supérieuie. 

A  la  fîn  de  la  coupe  (g),  les  marnes  noires  ou  terreuses  sont 
recouvertes,  comme  en  ^/,d*un  calcaire  marneux  passant  au  solide; 
mais  entre  ce  dépôt  et  la  zone  subcristalline  est  venue  s'intercaler 
une  seconde  couche  de  calcaires  marneux,  (jris,  friables,  qui  les  a 
séparés  et  élevé  à  6  mètres  Tépaisseur  totale  de  la  formation. 

Le  dépôt  subcristallin  lui-même  présente  en  ce  point  des  carac- 
tères plus  complexes  que  ceux  que  nous  lui  avons  assi{(nés,  car 
les  noyaux  calcaires  ne  sont  pas  seulement  associés  au  précipité 
glauconieux,  mais  encore  sont  enveloppés  d'un  ^rès  fin,  calcari- 
fère,  rose  ou  rougeatre,  léj^èrement  micacé,  qui  lui  donne  un 
aspect  poudinguiforme  mieux  caractérisé,  et  constitue,  sur  certains 
points,  la  partie  la  plus  considérable  de  la  roche. 

Les  fossiles  sont  très  abondants  dans  cette  zone,  et,  surtout  au 
sommet  où  ils  ont  conservé  leur  test,  peuvent  être  facilement  dé- 
terminés; l'étude  des  espèces^que  renferment  ces  assises  conduit  â 
les  a$simil$;r  ai^x  grès  rougeàtres  d'Uchaux  dont  la  faune  offre  de 
nombreux  termes  communs  :  Canlium  Hillnrutm^  Sow.,  ïsnctirdin 
ataxcnsis ^àiOrh. yCypt'ina  consobritift,  d'Orb.,  /4rca  Malheronia/id, 
d'Orb.,  Spondylus  hystrix^  (îoldf.,  etc.,  etc. 

Nous  avons  recueilli  à  ce  niveau  de  nombreuses  espèces  d'Hui- 
tr^s  pouvelles  et  de  brachiopodes,  dont  (|uelqni-s-unes  ont  été 
4|icri^es  par  M.  Coquand  dans  le  Sy/mpsis  des  formatons  secon- 
daires qui  jtermine  le  second  volume  du  texte  explicatif  de  la  carte 
géologique  de  la  Charente  ;  ces  fossiles  y  son(  associés  à  plusieurs 
espèces  d'Ammonites,  k  des  Nautiles,  à  des  Turritelles  (T.  Rauga 
et  dfffiviUs^  d'Orb.),  à  dos  Ptérodontes  ( /'.  ohcsa^  Coq.,  injlatay 
d'Orb.  ),  à  des Drntnira/n,  à  plusieurs  C/trd/u/n,  aux  ^rcti  santonen- 
Mis  et  Matheroniann^  d'Orb.,  aux  Tiigoiiia  limbatn  et  scnhro^  à  la 
Venus  nifppia/fff^  d'Orb.,  à  des  M)tHuK  variés,  à  la  Capsa  discre- 
gmfl'%  d'Or)).,  k  plusieurs  espiccts  iï Jnopa^ia^  à  de  nombreux 
oursins,  et  dans  les  calcaires  cristallins  à  une  CUtvngeila^  distincte 
de  la  C.  eretaccdy  d'Oi+). 

C^est  à  cette  zone  qu'il  faut  rapporter  tous  les  fossiles  de  iMonti- 
gnac  (Dor.dogne}  décrits  au  Synopsis  comme  appartenant  à  l'étage 
jcanipaoien. 

Att-dessus  de  la  zone  f^lauconieuse  subcristallinc  qui  termine  le 
prenÉier  dépôt,  se  sont  développés  des  calcaires  d'un  gris  noirâtre, 


Â92  SÉANCE    DU    20    JANVIER    186'\ 

tendres,  très  marneux,  ciiargés  de  {grains  de  glaucouîe,  «t  daiu 
lesquels  on  trouve  encore  queiques-unes  desHuitresqui  ont  peu- 
plé lescouciirs  inférieures  ;  ces  calcaires,  à  U  mètres  environ  au- 
dessus  de  leur  première  apparition,  passent  à  des  bancs  plus  soli- 
des, blanc  jaunâtre,  homogènes,  d*un  grain  fin,  au  sein  desquels 
se  sont  éteints  les  derniers  rcprésenlants  des  Huîtres  et  des  Téré- 
bratules  qui  ont  franclu  la  limite  des  assises  inférieures. 

Ces  bancs  ont  eux-mêmes  pris  (in  par  une  modiâcalion  subie 
dans  la  composition  chimique  des  mers,  qui  a  de  nouveau  brus- 
quement précipite  la  (^lauconie  en  masses  épaisses,  et  constitue 
une  zone  poudingui forme  d*un  mètre  environ  de  puissance,  analo- 
gue à  celle  que  nous  avons  décrite  précédemment,  à  cette  diflfé- 
rence  près  que  les  fossiles  ont  presque  entièrement  disparu. 

Les  chemins  traces  dans  le  coteau  de  Gourd-de- l'Arche  et  sur- 
tout une  carrière  ouverte  à  ce  niveau  sur  la  route  de  Bussière- 
Badil,  non  loin  de  ce  point,  permettent  de  se  rendre  un  compte 
exact  de  la  reproduction  successive  de  ce  phénomène  dans  les 
couches  qui  reposent  sur  celles  que  nous  venons  de  décrire;  cette 
zone  moyenne  qui  n'offre  que  peu  d'intérêt  se  résume  dans  b 
coupe  suivante  : 

4^  Calcaire  poudlDgui forme  avec  grès  rose  très  peu  fossi- 
lifère       0",W 

2*  Calcaire  schisteux,  grisâtre  à  la  base,  passant  à  des 
couches  blanches,  grenues,  compactes,  caractériséet 
par  TapparitioD  de  quelques  silex  pftles  et  par  la  A/i/A- 
rhoncUa  expnnsa^  Coq.,  et  VOsirra  prohoscidea^ 
V.  f/ii/wr  (peut-être  espèce  distincte) 8",00 

3*  Calcaire  subcristallin,  poudinguiforme,trè8glauconieux.     4*,dO 

4**  Calcaire  marneux,  grisfttre,  compacte,  feuilleté  sur  cer- 
tains points  ;  quelques  rares  silex  noirs  aplatis  ;  mômes 
fossiles  que  dans  le  banc  n^  2  et  de  plus  Terebmtelta 
>^r/i/7£ir//,  Coq.,  avec  oursins  indéterminés 3",00 

6®  Calcaire  poudinguiforme,  se  fondant  insensiblement  dans 

les  calcaires  inférieurs  et  supérieurs 1^,40 

6*  Calcaires  gris  compactes,  légèrement  marnenz,  sans 
fossiles,  passant  à  des  couches  très  dures,  d'un  blanc 
presque  pur,  renfermant  quelques  épines  d'oursins.  .     S*|M 

7*  Calcaire  subcristallin  poudinguiforme,  avec  veines  de 
grès  rose  souvent  très  abondant,  micacé;  quelques 
dendrites  dans  les  fissures  de  la  roche 4"|Sf 

$°  Calcaire  blanc,  homogène,  très  peu  piqueté  de  glauco- 
nie,  presque  subcristallin,  avec  quelques  rares  O. 
probosvidca^  v,  m  in  or S*yQO 

J  reporter.  .  .  4  4*,60 


NOTB  DK  M.  ARNAUD.  A^S 

Report,  .  .  4  4". 60 
9®  Calcaire  mélangé  de  grès  glauconieux,  très  calcarifère 
à  la  base,  s'isolant  vers  le  sommet,  où  la  gituconie  est 
plus  abondante  et  mieux  détachée  du  calcaire  qui 
prend  un  aspect  cristallin  et  recèle  quelques  minces 
rognons  de  silex  noirs;  mômes  Huîtres  et  brachio- 
podes  avec  épines  de  Cidaris  silicifiées 2"*, 50 

Total 47»,40 

Ces!  à  partir  de  ce  point  que  prennent  naissance  les  couches  au 
sein  desquelles  sont  ouvertes  les  carrières  de  pierre  de  taille  des 
environs  de  Périgueux  ;  elles  débutent  par  un  calcaire  compacte, 
liomogène,  en  bancs  épais,  jaunâtre,  ^rcnu,  à  cassure  lude  et 
comme  sablonneuse  au  toucher;  cette  assise  inférieure,  sans 
fossiles,  est  caractérisée  par  la  présence  du  mica  régulièrement 
dissémine  dans  la  masse  et  de  silex,  d*abord  noirs,  puis  blonds,  au 
moins  vers  la  périphérie,  dont  la  coloration  précise  avec  certitude 
le  niveau.  L'épaisseur  totale  de  cette  zone  dont  on  ne  tire  que  du 
moellon  ne  peut  être  évaluée  à  moins  de  7  à  8  mètres. 

Elle  passe  graduellement  à  des  calcaires  d'un  grain  Bn  et  serré, 
très  résistants,  d'un  blanc  légèrement  verdatre,  micacés  comme 
ceux  qui  les  précèdent,  et  empâtant  un  assez  grand  nombre  de 
fossiles  que  la  dureté  de  la  roche  ne  permet  de  déterminer  avec 
certitude  que  sur  les  points  désagrégés  par  l'infdtration  des  eaux 
pluviales  j  c'est  dans  ce  banc,  de  15  à  20  mètres  de  puissance, 
que  sont  exploitées  les  carrières  de  pierre  de  taille,  et  que  se 
trouvent  exclusivement  réunis  les  fossiles  spéciaux  à  eet  étage  dans 
les  environs  de  Cognac  :  Ostren  auricuinrisy  Rhyachonella  Btiugn" 
siana,  Pcntacrinns  carf notas;  ils  y  sont  associés  à  V Ostren  probos- 
eideOy  O.  minor^  aux  Lima  santonensis  et  maxirnci^  aux  Spondylns 
trUHcatus  et  htppuritnrnmy  à  V  Arca  santoncnsii,  an  Micrastcr  brcvis^ 
au  Bourgueffcrinus  clUpticits^  à  des  Hcmiaster^  k  des  Sdlenirt,  à  des 
Nticleolitcs  et  à  des  Chinris  dont  les  volumineuses  antennes  se  sont 
parfaitement  conservées. 

Ce  sont  ces  couches  qu'a  entamées  à  IMarsac  (fig.  1)  la  route  de 
Përigueux  à  Bordeaux,  et  qu'on  retrouve  (fig.  2)  à  l'extrémité  du 
pont  qui  relie  cette  route  à  la  ville  de  Périgueux. 

La  partie  supérieure  de  cette  zone  est  caractérisée  par  quelques 
lits  minces  de  silex  noirs  qui  ont  immédiatement  précédé  un  der- 
nier dépôt  de  glauconie,  moins  tranché  que  ceux  décrits  ci-dessus, 
mais  sulfiS'mt  pour  altérer  la  qualité  des  calcaires  dont  les  carrières 
ne  tirent  que  du  moellon. 

Des  calcaires  presque  blancs,  à  peine  piquetés  de  glauconie,  au 


h9h  SÊANCB    DU    20    JAXfTItK    1802. 

sein  desquels  vient  s'ëtei lui re  1*0.  auriruiaris,  succèdent  à  cette 
dernière  couclie  poudiiigiiifonne  ;  solides  sur  les  points  que  n'a 
pu  atteindre  raction  des  agents  atmosphériques,  îli  révèlent  à  la 
surface  une  diflércnre  de  nature  par  une  friabilité  plus  grande 
que  celle  dont  étaient  doués  ceux  qui  les  ont  précédés;  ils  soDt 
caractérisés  par  le  développement  de  VOstrea  pmhoscidea. 

Ils  supportent  des  assises  de  couleur  bleuâtre,  très  hnicacées^ 
consolidées  sur  quelques  points  par  une  certaine  pi-opoition  de 
silice  qui  entre  dans  la  constitution  de  la  roche;  l'épaisseur  de 
cette  zone,  jointe  à  celle  que  nous  venons  de  décrire,  s'élève  à  envi- 
ron 15  mètres  ;  je  \\y  ai  recueilli  avec  des  débris  d'Astéries  quels 
Cyprina  clungata^  d'Orb.,  le  Mytilus  divariaitus^  d'Orb.,  YOsirea 
proboscuicti ,  la  Tcrvbratula  voniacensis^  Coq.,  var.  depressa  (7*. 
£ouc/iero/ti  ?,  Coq,),  le  Pseudndiadvmn  Klefniiy  etc. 

C*est  à  partir  de  ce  niveau  que  se  manifeste  Cranchement  la 
faune  qui  dans  la  Charente  caractérise  Tétage  santonien;  les 
premières  assises  qui  la  renferment  sont  constituées  par  des 
calcaires  blancs  compacti'S  susceptibles  de  fournir  de  la  pierre 
de  taille  à  laquelle  sont  impropres  celles  sur  lesquelles  elles 
reposent;  on  y  trouve  réunies  les  li/iy-fic/ioneila  dijjormis,  d'Orb., 
triptcra^  (3oq. ,  et  vcspntdio^  Brocch. ,  la  Tarebratuia  coniaccnsh^ 
Cuq.,  V  Osnni  //rnboMidt'ii^  et  le  Sphœrtditcs  Hœntnghausii  dont  j'ai 
constaté  la  présence  au  sein  de  la  roche  dans  une  carrière  ouverte 
prèsdeChampccvincl  (1),  fig.  2  [3].  Le  Caiditun  roniacuw^  d'Orb., 
les  Spondyitts  hippiiritarum  et  satitonensis^  le  Pscudodiadema  Kleinli 
ont  également  été  rencontrés  a  cet  horizon.  La  fig.  1  montre  la 
succession  de  ces  couches  dans  la  vallée  de  la  Combe- des- Dames 
près  de  Périgueux  et  leur  prolon^;enient  de  l'autre  côté  de  l'Isle; 
la  carrière  n"  1  est  ouverte  dans  la  grande  zone  des  pierres  de  taille 
à  O.  auiicithiris  iii  Ultym/ioNiHn  Bau*^iisi(iNa  oploitf^es  à  etiaquK 
pas  dans  cette  vallée  ;  le  n"  2  est  une  carrière  abaudonnée  dpat 
Texploilaiion  avait  été  tentée  dans  les  calcaires  bleus,  micacés, 
gélifs,  à  Ostrrfi  proLosciden  ;  le  n**  3  est  ouvert  dans  les  calcaires 


(1]  J*ai  Ioii<^temps  hésité,  tant  que  je  n'ai  recueilli  que  des  fragmenli 
de  ce  rndiste,  à  les  attribuer  au  Spliœrulitts  HœnitighfiNSii  que  je  M 
connaissais  pas  i^  un  niveau  aussi  bas,  et  je  pensais  qu'ils  provenaient 
du  «V.  Ct-fjuandi,  Davle,  trouvé  par  mot  à  cet  horizon  dans  lé  dé^iar- 
tement  de  la  Charente  :  mais  la  découverte  d'un  exemplaire  complMi 
et  son  identité  avec  les  Sphérulites  recueillis  dans  les  calcaires  sili- 
ceux bleus  et  les  calcaires  marneux  blancs  immédiatement  sopérieucs, 
où  ils  présentent  leur  appareil  cardinal,  a  dissipé  tous  mes  doutes  sur 
ce  point. 


ffOTB    DE    H.    ARNAUl).  A96 

blancs  décrits  en  dernier  lieu  où  l'on  recueille,  avec  la  R/iyn- 
chonella  difformis  et  la  Tcrehratuln  cnniaceni^is^  le  SphœruUtes 
hœmnffhaiLsii. 

Un  dernier  banc  silicco-niarruMix  bleuâtre  qui  afUeure  à  Tré- 
lissac  au  niveau  de  la  route,  où  il  est  pétri  des  mêmes  fossiles,  clôt 
cette  première  période,  avec  laquelle  finit  la  plus  {grande  partie 
de  la  faune  que  nous  venons  dVnuniérer. 

L'épaisseur  de  ces  couches  dépasse  15  mètres. 

Elles  sont  séparées  des  assises  marneuses  blanches,  identiques 
pour  l'aspect  et  la  composition  minéralogique  avec  celles  des  envi- 
rons de  Cognac,  par  une  formation  intennédiaire  de  5  à  6  mètres 
d'épaisseur,  qu'ont  entamée  presque  en  face  de  Trélissac  la  route 
de  liassillac  et  près  d'Anton  ne  les  carrières  qui  bordent  la  route 
d'Excideuil  à  11  kilomètres  E.  de  Péri(];ueux. 

Cette  zone  intermédiaire  est  constituée  par  un  calcaii-e  gris, 
siliceux  comme  celui  que  nous  venons  de  décrire,  mais  plus 
friable,  et  admettant  dts  lits  minces  et  irré^juliers  de  sables  ver- 
dâtres  agré{^<^s,  au  sein  desquels  apparaît  encore,  mais  pour  la  der- 
nière fois,  la  HhYH(honell(i  tliffnitnis^  associée  au  RddioUtes  MaitUieiy 
Coq.,  et  au  Spliœmlites  Hœ/tinf^hausii. 

La  présence  des  sables  au  milieu  de  ce  banc  explique  les  plié- 
nomènesqui  en  ont  suivi  le  dépôt  et  la  modification  minéralogique 
survenue  dans  ceux  qui  lui  ont  succédé. 

Un  banc  dO^trcn  pvoboscnlcu  et  vasicnhiris,  où  ces  fossiles  se  sont 
développés  par  myriades,  signale  Tapparition  des  marnes  blanches 
et  dea  calcaiies  tendres  qui  constituent  le  coteau  de  Trélissac; 
c'est  le  terrain  de  la  Grande-Champagne,  la  patrie  des  eaux-de- 
▼ie  de  Cognac  ;  une  voie  ouverte  à  travers  ce  coteau,  dans  le 
domaine  de  S.  E.  IVl.  le  ministre  Magne,  fixe  l'ordre  suivant  dans 
b  aoccessioD  des  couches  crétacées  : 

Au  niveau  de  la  route  :  Calcaires  silicéo-marneux  micacés,  com- 
pactes, d'un  gris  bleu,  se  délitant  superficiellement  à  l'humidité  : 

Rh/iic/wnella  diffonnis  et  vespertilio;  Terebratula  coniacensis  ; 
Pseudodiadema  Klein  ii . 

Au-dessus  : 

1*  Calcaires  verdfttres,  grenus,  d'une  solidité  variable,  micacés  : 

Mômes  brachiopodes,  et  de  plus  Rhynchonelltî  triptcra,  Coq.  ; 
SphaTulites  Hœtiinghuusii  ;  Hcmiàattr, 

t*  Calcaires  marneux,  blancs,  se  délitant  profondément,  banc  pétri 
é*Ostren  probtisridca  et  vcùcutaris;  Tenbraiuia  Boreaui^ 
Coq.  ;  Dipiopodia  subnuda. 


A96  SÉÀNCR   DU    20  JAKVIBI   1862. 

3*  Calcaires  blancs  friables  avec  nombreux  rognons  de  silei  noin 
formant  la  plus  grande  partie  de  la  roche,  sans  fossiles. 

4°  Calcaires  blancs  compactes  légèrement  micacés,  résistant  à  la 
gelée. 

Banc  pétri  de  Sphœruliies  Hœningh'ausii  K^ez  quelques  Radiolites 
Mtmldei ;  RhrnchoneUa  Boreatii^  Coq.;  quelques  Conociypeas 
ovtim. 

C'est  dans  les  deux  numéros  précédents  que  sont  ouvertes  les  car- 
rières de  chaux  hydraulique  de  Planchaix(fig.  2  [4]). 

5^  Calcaires  marneux,  blancs,  friables  : 

Banc  à  Ostrea  Matheroniana  y  d*Orb.;  RhynchoneUa  Boreaui, 
Osirea  frons^  vesicularis;  Conoclypeus  opiim  ;  terminé  an 
sommet  par  la  RhynchoneUa  ghbata  (Arnaud). 

('/est  à  ce  niveau  que  se  termine  dans  la  Charente  l'étage  santo- 
nien  liuHté  par  la  RhynchoneUa  dijjormis  à  sa  base  et  par  la  R. 
globnta  au  sommet;  il  serait  impossible  ici  de  détacher  saut 
arbitraire  les  couches  que  nous  venons  de  décrire  de  celles  qui 
leur  ont  succédé. 

Des  calcaires  blancs,  tendres,  friables,  cimentent  au-dessus  de 
cet  horizon  un  dépôt  abondant  de  rognons  siliceux  noirs,  auquel 
succèdent  des  assises  d*un  calcaire  moins  pur,  mais  plus  résistant, 
qui  se  poursuivent  presque  sans  fossiles  jusqu'au  sommet  du  coteau; 
elles  constituent  à  Tt^st  de  Périgueux  le  maximum  de  développe- 
ment de  la  craie  supérieure. 

La  continuité  de  ces  dépôts  permet,  grâce  aux  altitudes  indi- 
quées sur  les  cartes  du  Dépôt  de  la  guerre,  d'en  déterminer  afec 
pr<:cision  Tépaisseur. 

Si  l'on  prend  ))our  terme  de  comparaison  le  niveau  de  Tlsle 
égal  au  faubourg  de  T Arceau,  à  3  ou  /i  mètres  près,  à  celui  de  la 
route  d'Ëxcideuil,  on  constate  que  ce  niveau  est  de  84  mètres 
au-dessus  de  la  mer,  et  que  la  pente  maximum  de  la  rivière  est 
de  0'',002  par  mètre. 

On  peut  évaluer  approximativement  à  25  mètres  la  série  dei 
dépôts  par  lesquels  a  débuté  la  craie  supérieure  et  que  termine  la 
zone  poudinguiforme  sur  laquelle  reposent  les  carrières  de  pierre 
de  t:iillc  ouvertes  dans  la  vallée  de  Tlsle.  C'est  le  sommet  de  ëetle 
zone  qui  affleure  au  niveau  de  la  route,  à  quelques  mètres  sa 
delà  du  faubourg  de  l'Arceau. 

L'élévation  du  coteau  étant  fixée  sur  ce  point  par  la  carte  à 
167  mètres,  si  l'on  déduit  3  ou  k  mètres  pour  l'épaisseur  du  maa* 
tcau  tertiaire  qui  le  couronne,  et  86  mètres  pour  le  niveau  delà 
route,  il  restera  ])onr  la  formation  crétacée  plus  de  75  mètres  qui, 


NOTE    1)K    M.    ÀRNACfi.  A97 

joints  aux  25  mètres  de  la  première  zone,  donnent  une  épaisseur 
totale  d^environ  100  mètres. 

Or,  ce  sommet  correspond  à  la  zone  des  calcaires  blancs  à 
Rhynchonella  difjormis  et  vespertdio  que  recouvrent  les  calcaires 
gris  siliceux  auxquels  on  doit  attribuer  plus  de  15  mètres  d*cpais^ 
seur,  et  qui  à  Trélissac  viennent  affleurer  au  niveau  de  la  route. 

Evaluant  sur  ce  point,  distant  de  k  kilomètres  de  l'Arceau,  à 
95  mètres  Taltitude  de  la  route,  il  reste  pour  les  couches  tendres 
qui  constituent  entièrement  le  coteau  de  Trélissac,  dont  le  point 
culminant  est  porté  sur  la  carte  à  221  mètres,  une  épaisseur  de 
125  mètres  au  moins,  qui,  jointe  aux  100  mètres  pris  à  TArceau 
et  aux  15  mètres  intermédiaires,  donne  en  ce  point  à  la  craie  su* 
périeure  une  puissance  totale  d*au  moins  240  mètres. 

D*un  autre  côté,  les  couches  les  plus  élevées  de  Trélissac  sont 
encore  inférieures  aux  bancs  à  Orbitolines  qu'on  rencontre  à  la 
base  du  coteau  de  Neuvic  et  qui  peuvent  être  suivis  tant  sur  ce 
point  que  dans  les  environs  de  Mussidan,  sur  une  épaisseur  de 
plus  de  60  mètres;  il  en  résulterait,  pour  Tensemblt!  de  la  craie 
supérieure  dans  le  département  de  la  Dordogne,  une  importance 
de  plus  de  300  mètres,  presque  égale  à  celle  qu'attribue  IM.  Co- 
quand  à  la  formation  tout  entière  duns  le  département  de  la 
Charente. 

Les  couches  observées  à  Trélissac  ont  été  recoupées  à  la  station 
de  Milhac-d'AuberocIie  (15  kilomètres  snd  de  Trélissac)  par  le 
chemin  de  fer  de  Périgueux  à  Brives;  elles  offrent  sur  ce  point 
dans  leur  ensemble  une  succession  de  caractères  analogues  à  ceux 
que  nous  leur  avons  déjà  assignés.  L'assise  inférieure  constituée 
par  un  calcaire  pur,  bleu,  solide,  présente  un  grain  fin,  lithogra- 
phique, inattaquable  aux  agents  atmosphériques,  et  qui  rappelle 
certaines  couches  compactes  de  l'étage  provencien;  l'élément  sili- 
céo- marneux  fait  défaut  dans  la  composition  de  la  roche  peuplée 
d'ailleurs  des  fossiles  déjà  indiqués,  à  l'énumération  desquels  vient 
se  joindre  V  Àctœonella  involuta  ^  Coq.  ;  le  SphœruUtes  Hœningliausii 
seul,  extrêmement  abondant  à  Bassillac  et  à  Trélissac,  paraît  sur  ce 
point  faire  complètement  défaut.  A  3  ou  4  mètres  au-dessus  de  la 
voie,  la  couche  mélangée  de  calcaires,  jaunes,  sablonneux,  d'un 
aspect  différent  de  ceux  de  Bassillac,  passe  à  des  bancs  solides  quoi- 
que marneux,  blancs,  séparés  par  des  chapelets  de  silex  noirs.  Le 
RadioUtes  il/aa/J^f/»  déjà  constaté  dans  la  couche  inférieure,  traverse 
jusqu'à  un  niveau  assez  élevé  cette  zone,  où  il  est  associé  au 
B.Jissicosiatasy  au  Troc/tus  MnrroiîaniK^k  la  Rhynchonella  Boreaui^ 
aux  Ostrea  turonensls  et  Matheroni, 

Soc,  géoLf  V  série ,  tçme  XIX.  32 


A98  ftÉANCB   PV    20   JANVIBI^   ^862. 

Lvs  localités  célèbres  de  Meuvic,  Sourzac  el  $aipt-A|aipe^, 
complèteiil  dans  la  Dordof^iic  Tenscinble  des  coucties  qui  con- 
stituent la  craie  supérieure.  L^.  en  effet,  il  est  possible  d*en  suivre 
le  (léveioppeuicnt  jusqu^à  Tapparitiou  des  calcaires  jaunes  supé- 
rieurs, au  Si'in  desquels  s'est  révélée  la  faune  dordonienne.  Npu| 
ne  tenterons  pas  lie  refaire  la  description  <ie  ces  assîtes,  cqpnue^de 
tous;  il  est  seulement  utile  de  constater,  dans  la  succession  ^n 
fossiles  dont  elles  sont  peuplées,  la  persistance  des  phénoinèiiei 
transitoires  que  nous  avons  déjà  si^jualés;  rapparition  des  calcaire» 
jaunes  n*a  point  subitenient  inauguré  un  ordre  de  choses  nouveau  j 
avant  leur  dépôt  V  Hippuiitcs  radios  us  [H.  £s^ailiaçi^  iJOrb.) 
avait  (onunencé  à  peupler  les  calcaires  blancs  tendres  de  l'ëtage 
canipanien,  où  il  se  trouve  associé  à  un  grand  nombre  de  fossiles 
qui  ont  francLi  la  limite  de  ces  étages  :  Neritopsis  laivigani^  d'Orb.; 
JvcHnrui  royyt/i/t^  d'Orb.  ;  Phnsianella  supractrtncea^  d'Orb.  ;  .4m\ 
rnytina^ dOrb.  ;  Ostrea  larvn,  Laink, etc.,  etc.  De  niéine,  les ^hœ- 
ruiitt^s  tiititus  et  Hœnin^hausU  passent  dans  les  calcaires  jaunes  où 
j'ai  pu  constater  près  de  Mussidan,  la  présence  de  ce  dernier  rudisl^ 
à  une  baiiteiir  relativement  considérable  de  ce  dépôL 

C'est  surtout  entre  le  hameau  de  Planèze  et  la  station  de  Neuvic 

3u  il  est  faeile  de  faire  une  étude  complète  de  cette  communauté 
e  l'aunes;  h's  baïus  supérieui-s  des  calcaires  blancs,  tendres,  en- 
tamés par  les  Iranrliées  de  la  voie  de  fer,  plongen(  en  ce  point  vers 
Test,  sous  une  faible  inclinaison,  et  l'on  peut  suivre  la  suçcessiou 
de  Iv  tus  assises,  sur  une  hauteur  de  30  à  60  mèti*e8,  jusqif'â  |*ap- 
paiition  di\s  calcaires  jaunes  avec  lesquels  elles  commencent  par 
allernor  eu  couches  minces  et  régulières  avant  de  disparaitrecoiu- 
pléti'meiit.  Or,  c'est  surtout  au  point  de  jonction  de  ces  deux  ynne^ 
qui  doivent  à  In  présence  d'une  notable  proportion  d'a/otai;e8diif|i 
la  constitution  de  la  roche  la  propriété  de  9e  désagréger  facile» 
mentsous  l'influence  des  a(j;enls extérieurs,  que  se  montra  le  prin- 
cipal ilévelopptMuent  des  rudistes  considérés  comuie  spéciaux  à  Té- 
ta {;e  dori  Ionien  :  /Jipptiritrs  ni(/tnsns^  Dèsm.  ,  Ha(h'uiitrs  /onaaneiti, 
d'Orb.,  et  BomnotUy  Desm.,  as.soeiés  au  RaUinliivs  cratrriformii^ 
et  aux  Spluvnttitrs  nia  tus  et  Ilœrtin^haitsii.  L'examen  de  cette  cl||- 
tribut  ion  de  rudistes  et  le  développement  que  prennent  à  quelqufS 
kilomètres  de  Neuvic,  entre  Sourzac  et  Mussidan,  |ef  c^lcam 
jaunes  supérieurs  montrent  que  cette  dernière  assise  fait  presôue 
entièrement  déiaut  dans  la  Charente,  qui,  sur  les  points  où  la 

faune  dordonienne  s'est  maintenue,  n'en  a  conservé  que  la  bne 

■    ■■         f"  i" 

ou  les  débris. 

YIII .  —  Les  observations  que  nous  a  suggérées  l'étude  4e8^îfi- 


KOTB    PC   M.    AllI^Àtp.  1^ 

fiions  de  la  craie  supérieure  dans  la  Cli^reutç  trouvent  duiui  la 
Dordognc  une  exacte  application;  elles  établissent  pour  nousdaof 
cette  phase  de  la  {>rande  forma  tien  crétacée  un  caractère  de  com- 
plète continuité;  nulle  part  en  eiïet  le  bassin  du  S.-Q.  ne  porte 
pendant  cette  période  la  trace  dVvénements  généraux  qui  aiei^t 
subitement  modifié  la  composition  des  mers  et  jes  conditio4;is 
d'existence  de  leurs  habitants;  les  indices  dont  on  poivrait  en 
aens  contraire  constater  la  présence  sur  quelques  points  §\  trouvent 
limités,  et  montrent  des  accidents  locaux  sans  inflq^i^ct;  jur  }^ 
faunes  qu'ils  n*ont  pas  troublées. 

Les  environs  de  Cognac  paraissent,  il  est  vrai,  contredire  cette 
appréciation  par  la  brusque  substitution  des  calcaires  tendres, 
santoniens,  aux  couches  snbcristallines  à  Ostrea  auriculuris  ;  mais 
nous  avons  déjà  appelé  Tattention  sur  le  défaut  de  simultanéité 
de  cette  modification  sur  les  divers  points  du  bassin  et  sur  son  peu 
d'importance  attesté  par  le  maintien  de  la  plus  grfipde  pfrtj^  de 
la  faàné  ;  si,  à  Cognac,  cette  importance  parait  se  relever  par  sui^ 
du  développement  des  calcaires  marneux,  l'examen  comparé  de 
cetlp  fio.ne  sur  les  autres  points  amène  à  lui  attribuer  une  existence 
exceptionnelle,  caractériaëe  par  une  mer  profonde,  sopstraite  aiifc 
courants  qui  ont  iroubU*  sans  interruption  par  des  dépôts  arénacés 
contemporains  (mica,  sables,  etc.)  les  autres  points  de  la  for- 
mation. 

Il  serait  cependant  loin  de  notre  pensée  de  contesfçr  l'qfilité  d^ 
divisions  destinées  à  faciliter  l'étude;  mais  il  importe  de  ne  pas 
tn  exagérer  le  véritable  caractère,  plutôt  artificiel  que  naturel,  et 
de  ne  pas  méconnaître  le  rôle  de  convention  qu'elles  sont  unique* 
jncift  appelées  à  jouer  dansThistoire  de  la  craie  supérieure. 

IX.  —  Nous  publierons  plus  tard  la  liste  de  quelques  fossiles 
recueillis  par  nous,  8'}it  déjà  connue,  soit  inédits,  qui  p'çnf  pas 
jusqu'à  ce  jour  été  rencontrés  dans  le  bassin  crétacé  du  S.-O, 

X.  —  Conclusions, 

!•  La  division  de  la  craie  du  S.-O.  ep  deux  gpupes  est  jus^fiée 
par  le  renouvellement  général  des  faunes  et  des  discordances  ma- 
nifestes de  stratification. 

2*  Chacune  de  ces  périodes  est  caractérisée  par  une  succession 
graduelle  de  fauues,  liées  entre  elles  par  des  zones  de  transition. 

V*  L'assimilation  de  la  première  faune  (craie  ioCérjeure)  aux 
grès  verts  du  iMans  est  confirmée  par  la  découverte  de  nouvelles 
espèces  communes. 


500  6<àrci  du  8  FÉYiiiR  1862. 

U^  La  faune  des  calcaires  à  Hippnrites  de  la  Dordogne  étend  le 
cercle  des  fossiles  communs  à  la  période  correspondaDte  du  basiÎQ 
méditerranéen. 

5°  Les  grès  verts  de  Cognac  et  les  calcaires  marneux  et  poudin- 
guiforines  avec  veines  de  ^rès  rose  de  Gourd-de- l'Arche  sont  con- 
temporains des  grès  rouges  d*Uchaux. 

6**  Les  rudistes  de  la  craie  supérieure  ne  peuvent  préciser  des 
niveaux  fixes  et  indépendants  dans  la  division  des  faunes  qui  s'y 
sont  succédé. 


Séance  du  3  féwier  1862. 

PIÉSIDBNCB    DB    ■•    DBLBSSB* 

M.  Danglure,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de 
la  dernière  séance»  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  le 
Président  proclame  membres  de  la  Société  : 

MM. 

Ancion  (Alfred),  ingénieur  civil,  à  Liège  (Belgique),  présenté 
par  MM.  d'Omalius  d'Halloy  et  Dewalquc^ 

GuTPBR  (Edmond  db),  ingénieur  civil,  à  Liège  (Belgique), 
présenté  par  MM.  d'Omalius  d'Halloy  et  Dewalque^ 

LsBKuif  (Auguste),  ingénieur  civil,  ù  Liège  (Belgique), 
présenté  par  MM.  d'Omalius  d'Halloy  et  Dewalque. 

Le  Président  annonce  ensuite  quatre  présentations. 

DONS   FAITS   A    LA  SOCIÉTÉ. 

La  Société  reçoit  : 

De  la  part  de  M.  J.  Barrande,  Défense  des  colonies^ 
1.  Groupe  probatoire  contenant  la  colonie  Haidinger^  la  colonie 
Krejci  et  la  coulée  Krejci^  in-8,  3A  p.  Prague-Paris,  26  no- 
vembre 1861. 

De  la  part  de  M.  le  professeur  G.  Gapellini  : 

1"  Délia  presenza  del  ferro  oolitico  nelle  montagne  délia 
Spezia^  in-8,  11p.  Gènes,  5  nov.  1860. 


IfOTB    DI   ■.    NOGUtS.  501 

2"  Re/azioJW  sui  metodi  e  norme  stabilité  dalla  Giiinta  coti" 
sultiva  per  la  Jormazione  délia  carta  geologica  del  regno 
d'Italia,  în-â,  15  p. 

8*  Notizie  geologiche  e  paleontologiche  sui  gessi  di  Castel» 
lina  maritima,  in-8. 

h^  Cefini  geologichi  sui  giacimento  délie  ligniti  délia  bassa 
val  di  Magruy  in-â. 

Delà  part  de  M.  Eugène  Deslongchamps,  Sur  le  Phorus  re-- 
cueilli  dans  le  terrain  devonien  Boulonnais, 

De  la  part  de  M.  de  Hauer,  Geologische  Vebersichts-Karte 
von  Siebenbilrgeny  1  feuille  colombier. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l* Académie 
des  sciences,  1862,  1"  sem..  t.  LIV,  n'*  3  et  â. 

Bulletin  de  la  Société  de  géographie,  5*  série,  t.  II,  n"  11 
et  12,  novembre  et  décembre  1861. 

L'Institut,  n'*  1464  et  1465,  1862. 

Ré/orme  agricole,  par  M.  Nérée  Boubéc,  n'  156, 13*  année, 
décembre  1861. 

The  Àthenœum,  n*^*  1787  et  1788,  1862. 

Neues  Jahrbuch  fiir  Minéralogie,  etc.,  par  Leonhard  et 
Bronn,  1861,  n*  6. 

Reifista  minera,  t.  XIII,  n"  280,  15  janvier  1862. 

Tlie  american  journal  of  science  and  arts,  par  Silliman, 
janvier  1862. 

M.  d'Archiac  présente  au  nom  de  M.  Nogués  le  mémoire 
suivant  : 

Recherches  sur  le  terrain  jurassique  des  Corbières  ;  par 
M.  A. -F.  Nogués,  professeur  d*histoire  naturelle  à  Soréze. 
(Extrait  d'un  Mémoire  sur  le  terrain  jurassique  du  Lan- 
guedoc  pyrénéo-méditetra n éen .  ) 

Dans  ce  travail,  nous  décrirons  les  lambeaux  du  terrain  juras- 
sique des  Corbières.  Ces  lambeaux  ne  présentent  aucune  grande 
continuité  de  surface  ;  lorsque  la  mer  qui  les  a  déposés  baignait 
nos  rivages  méridionaux,  les  Corbières  et  les  Pyrénées,  un  peu 
montueuses  par  des  dislocations  antérieures,  offraient  déjà  des 
lies  oa  des  presqu'îles  que  la  vague  ne  recouvrait  pas.  Aussi,  dèa 


â 

S02  SÉANCB    DU    S    FÉVRIER    1862. 

t 

cette  ëpoque  reculée,  des  scliistes  et  (Us  calcaires  palëozciqueSi 
des  grès  au  trias,  émergés,  ont  été  les  témoins  de  la  formation  de 
ces  dépôts  jurassiques  qui  sout  venus  les  recouvrir. 

Après  un  examen  attentif  des  caractères  Itilklëralogtqùes  et  des 
relations  slratigraphiqiies  des  roclics  jurassiques  qui  se  montrent 
dans  les  Corbières,  nous  passerons  à  l*étude  des  restes  organisés 
que  la  nature  y  a  déposes.  Ensuite  nous  tâcherons  d'établir  des 
divisions  basées  à  la  fois  sur  des  considérations  paléoutologiques 
et  stratigraphiques. 

Corbières.  —  Les  Corbières,  formées  d*une  série  de  massifs 
montagneux  de  différents  âges,  sont  coniprises  entre  les  cours  de 
TAgly  et  de  l'Aude.  Les  montagnes  qui  s'élèvent  Hut  la  Hvê  droite 
de  TAgly  et  celles  qui  se  profdtMit  sur  la  rive  gauche  de  TAude, 
dans  son  cours  supérieur,  à  partir  de  Liinoux,  sout  indépendantes 
des  limites  que  dans  le  pays  on  assigne  aux  Corbières. 

Toutes  les  couches  de  cette  surHice,  essentiellement  monta- 
gneuse, à  l'exception  des  dépôts  modernes  et  qunternaiitfs,  ont 
été  plus  ou  moins  disloquées.  Les  brisures  n^ont,  à  peud*exceptions 
près,  dans  ce  sol  secondaire  ou  tertiaire,  donné  lieu  qu'à  des  vallées 
et  à  des  montagnes  monocliualcs  ;  on  n'y  trouve  pdiiit  de  vallées 
synclinales;  à  peine  y  distingue- t-on  deux  ou  trois  exemples  de 
montagnes  ayant  un  axe  anticlinal. 

Dans  quelques  cas,  les  couches  afl'ectent  une  disposition  en 
entonnoir  ou  s'abaissent  vers  un  centre  commun;  plus  rarement 
elles  constituent  un  cirque  de  soulèvement,  sur  le  pourtour  duquel 
les  strates  inclinent  en  dehors. 

La  surface  du  pays  peut  être  comparée  à  un  parquet  dont  chaque 
feuillet  aurait  été  déran{;é  de  sa  position  premièl-e,  en  tourdant 
sur  un  de  ses  côtés,  comme  charnière,  sans  jamais  dépasser  ftin 
angle  droit.  Cependant,  en  un  on  deux  endroits,  la  valeur  de  cet 
angle  a  été  dépassée  ;  de  là  est  résulté  un  intervertissement  dans  M 
rapports  stratigraphiques. 

Mais  le  caractère  le  plus  fra^tpant  de  la  géologie  des  Corbil^pvs, 
fait  remarquer  M.  d'Archiac,  c'est  la  position  gi^)graphique  rela« 
tive  qu'occupent  lesdé|>ôts  tertiaires  et  six-ondaires.  L.i,  point  d'axe 
montagneux  portant  sur  ses  flancs  les  couches  disposées  suivant 
leur  ancienneté  relative,  point  de  biissin  sur  les  parois  duquel  les 
sédiments  offrent  des  zones  concentriques  placées  en  rapport  avec 
leur  ancienneté.  Au  nord  du  massif  de  transition,  qui  occupe  la 
|)ortiou  centrale  des  Corbières,  se  voient  les  ]K)udingues  tertiaires 
des  plateaux  reposant  directement  sur  le  grou|)e  paléoioique 
allongé  de  Test  à  l'ouest  ;  au  nord-ouest  le  groupe  nummulitique, 


NOTS    DS   M.    NOGUÈS.  608 

à  l'ouest  celui  d*Alet  on  sous-numniulitique,  au  sud  los  terrains 
crélacé,  jurassique  et  houiller. 

Le  terrain  jurassique,  à  pou  prôs  borné  au  groupe  du  lias,  Se 
montre  dans  les  Corhiores  avoc  des  caraclèlos  plesque  identiques 
avec  ceux  qu'il  affecte  sur  le  versant  septonlrional  des  Pyr<^nées.  Les 
rocihes  jurassiques  corbiëricnnes  ont  aussi  éprouvé  de  profonde^ 
Modifications,  peut-être  dues  à  Tilpparition  des  dioriles  ou  â 
d'autres  causes  intérieures. 

Lès  anomalies  signalées  daiis  la  chaîne  des  Pyrénées,  relalive- 
llieni  aux  êtres  or^janisés  fossiles,  à  leur  répartition  dans  les  diverses 
couches  jurassiques,  se  reproduisent  dans  les  Corbières  avec  une 
constance  qui  laisserait,  niènie  dans  notre  esprit,  du  doute  sur  la 
valeur  scientifique  de  nos  divisions  en  étages,  si  on  voulait  les  assi- 
iniler  aux  étages  établis  dans  d'autres  bassins.  Mais  si  l'on  n'y  voit 
qu^une  division  locale,  alors  ils  sont  limités  et  définis  d'une 
itianière  suffisamment  complète. 

Le  groupe  du  lias  est  représenté  sur  les  cartes  géologiques  de 
l'Aude,  antérieures  J  celle  de  M.  d'Archiac,  par  quelques  lantbeaux 
tolorés  en  bleu,  qui  sont  comme  perdus  au  milieu  du  terrain  cré- 
tacé des  Corblères.  La  forme  et  la  position  des  lambeaux  liasicpies 
ne  tout  pas  identiques  dans  toutes  les  cartes,  ce  qui  indique  suffi- 
samment riucerlitude  où  se  sont  trouvés  les  géologues  qui  ont 
tracé  retendue  et  les  délimitations  de  ce  groupe. 

M.  Dufrénoy  a  marqué  sur  la  carte  géologique  de  la  France 
les  affleurements  basiques  qu'il  a  reconnus  dans  l'Aude  ;  ils  forment 
toihtne  12  poihls  espacés  dans  les  Corbièveâ  et  séparés  les  uns 
des  autres  par  des  masses  considérables  de  roches  crétacées. 

M.  Leymerie,  dans  la  carte  qu'il  a  jtointe  à  son  mémoire  sur  le 
tèrhiin  à  Nummulites  des  Corbières  et  de  la  Montagne-Noire,  a 
Inodifié  U  forme  de  quelques  affleuremenls  de  la  carte  géologique 
ée  là  France.  Mais  ce  géologue  n'a  pas  Aperçu,  non  plus  que  ses 
devanciers,  les  véritables  relations  de  la  craie  avec  le  lias,  ni  par 
t^iiséquetit  les  relations  des  calcaires  magnésiens  el  des  gypses  qui 
avôiàln^ht  les  marnés  fossilifères  du  llaà  avec  ces  marnes  et  les 
calcaires  qui  les  surmontent. 

Où  s'est  évidemment  mépris  sur  l'étendue  et  les  caractères  des 
fèlchteé  cn^tàcées ;  on  leUr  a  atrooi-dé  une  extension  trop  considérable 
àtt  ilët'rîmétit  du  lias.  Oti  h'à  considéré  comme  appartenant  ù  ce 
groupe  que  les  marnes  schisteuses  fossilifères  ;  on  n'a  pas  assez  fait 
attention  aux  calcaires  compactes  et  feuilletés,  aux  calcaires  magné- 
sîseDS  et  aux  gypses,  dont  Tensemble  constitue  dans  le  département 
de  l'Aude  le  groupe  jurassique  iuféhf^ir. 


60A  SÉANCE    DU    8    FÉVRIKR    1862- 

L'étude  détaillée  <|ue  nous  avons  faite  de  la  géologie  des  Cor« 
bières  nous  a  prouyé  que  les  affleurements  liasiques,  au  lieu  d*étrf 
isolés  et  distants  les  uns  des  autres,  forment  une  zone  assez  étendue, 
avec  très  peu  de  solutions  de  continuité. 

Dès  1 857,  dans  une  brochure  [1  )  tirée  à  un  petit  oombre  d'exem- 
plaires, nous  avons  exposé  le  résultat  de  nos  recherches  sur  le  liai 
de  TAude;  nous  avons  dès  lors  fait  voir  les  véritables  limites  de  cei 
affleurements. 

Vers  cette  même  époque  (1856  à  1859)  j'entrepris  une  suite 
d'études,  à  la  prière  de  îM.  d'Archiac,  pour  compléter  les  reclier^ 
clics  que  mon  savant  ami  avait  faites  à  plusieurs  reprises  dam 
le  département  de  l'Aude.  Le  professeur  de  paléontologie  du 
Muséum  a  tracé  sur  la  carto  jointe  à  son  beau  mémoire  des  Cor- 
bières  les  vraies  limites  des  affleurements  jurassiques,  telles 
qu'elles  résultent  de  nos  reeliorchos  communes. 

Le  lias  forme  une  bande  qui  s'étend  sans  interruption  des  envi- 
rons de  Tuclian  jusqu'aupiès  de  Poitel,  en  faisant  deux  pointes, 
l'une  à  l'est  vers  Feuilla,  l'autre  à  Touest  de  Durban  vers  Albas. 
La  bande  jurassique  commence  par  un  étroit  ruban  au  sud-ouest 
et  au  nord- ouest  de  Tuclian,  sur  les  pentes  du  Tauch;  de  là  elle 
s'étend  vers  le  château  d*Aguilar  ou  Vialar,  ù  Test,  se  dirige  vcn 
Doiuneuve,  Nouvelle,  en  s'élargissaiit,  se  dilate  encore  vers  Embrès. 
Saint-Jean-de-Harrou,  Feuilla,  Durban,  va  de  nouveau  en  se  rétré- 
ciss'uit  vers  Gléon,  pour  Bnir  près  de  Portel. 

L'affleurement  de  Fontjoncouse  ou  de  Saint- Christol  est  isolé 
de  tout  côté;  il  est  séparé  de  la  bande  juiassique  qui  passe  A 
Durban  par  les  calcaires  du  groupe  ifAlet. 

La  bande  jura^isique,  qui  forme  un  petit  poiutement  au  nord- 
est  de  Portel,  est  masquée  par  les  calcaires  à  GaproUnes  de  la 
chaîne  de  Font -Froide;  mais  elle  reparait  vers  la  latitnde  de 
Peyriac-de-Mer;  on  peut  la  suivre  sur  les  pentes  orientales  de  la 
chaîne  de  Font-Froide,  en  passant  par  Lambert,  Saiut-Hippolyle, 
Lastouret  ou  Pastouret;  de  là,  elle  se  dilate  vers  Moutredoo, 
Mévian,  Rizanet,  etc.,  et  va  pousser  un  pointement  à  fioutcnac  et 
à  iMoussan. 

Le  lias  se  montre  aussi  au  nord  du  département  de  l*Aiide,  aa 
pied  de  la  Montagne-Noire  ;  aux  environs  de  Bize,  il  ferme  nue 
falaise  contre  laquelle  viennent  buter  les  dépôts  tertiaireSi  qnii 


(1)  A. -F.  Noguàs.  Études  straiif;rap/tigues  sur  ies  terrains  du 
environs  de  Tuchan^  Carcassonne,  1 857. 


NOTE    OB    Al.    NOC.UÈS.  606 

comme  à  Fontjoucouse,  semblent  passer  au-dessus.  M.  Vène  s'est 
laissé  tromper  par  cette  apparence  de  superposition  anormale. 

La  zone  jurassique  îles  Corbières  est  recouverte  à  Test,  en  partie 
par  la  craie  supérieure  de  la  cbaîne  de  Font-Froide,  mais  princi- 
palement par  les  terrains  tertiaires  du  bassin  de  Narbonne,  qui 
s'étendent  jusqu'à  Sigean  ;  à  l'ouest,  c'est  le  groupe  nummulitique 
d'Alet  et  le  terrain  crétacé  qui  la  recouvrent. 

On  voit  que  nous  considérons  les  calcaires  magnésiens  des 
environs  de  Durban  et  de  Yillesèque,  rapportés  au  terrain  de 
transition  par  les  auteurs  de  la  carte  géologique  de  la  France, 
comme  dépendants  dn  terrain  jurassique.  Ces  calcaires  forment 
uuc  bande  rocbeuse  depuis  les  environs  de  Portel  jusqu'à  Durban, 
eu  suivant  la  Berre;  de  là,  ils  s'étendent  en  divers  sens  dans  le 
pays  qui  avoisine  Tuchan  et  Saint -Jean -de-Barrou. 

On  observe  le  lias  le  long  du  Taucb  ;  les  gypses  et  les  dolomies 
que  l'on  trouve  sur  les  flancs  de  cette  montagne,  depuis  Ségure 
jusqu'aux  environs  du  grau  de  Padern,  en  sont  les  parties  infé- 
rieures qui  reposent  sur  le  terrain  houiller  ;  elles  ont  été  amenées 
à  la  surface  par  la  dislocation  du  sol  qui  a  relevé  la  montagne  de 
Tuchan.  IMais  c'est  surtout  à  l'est,  aux  environs  du  château  d'Agui- 
lard,  de  Domneuve,  de  Nouvelle,  etc.,  que  se  montre  le  lias.  On 
trouve  ici,  entre  les  calcaires  magnésiens  et  les  gypses,  des  calcaires 
compactes,  des  calcaires  argileux  et  des  marnes  schisteuses,  rem- 
brunies, renfermant  de  nombreux  fossiles.  Au  voisinage  des  gypses, 
les  marnes  et  les  argiles  prennent  des  couleurs  vives;  elles  se 
nuancent  bizarrement  et  se  colorent  de  teintes  variées,  jaunâtres, 
bleuâtres  ou  rougeâtres.  Ces  marnes,  que  l'on  serait  tenté  de  ranger 
dans  le  groupe  des  marnes  irisées  ou  keuper,  en  les  considérant 
iaolément,  et  indépendamment  de  leurs  relations  stratigraphiques, 
doivent  les  caractères  physiques  et  minéralogiques  assez  com- 
plexes qu'elles  affectent  à  des  actions  métamorphiques  dont  il 
sera  facile  de  trouver  l'origine  et  la  cause. 

A  la  métairie  des  Impériaux,  près  de  Narbonne,  des  marnes 
rouges,  violacées,  contiennent  les  fossiles  du  lias  supérieur. 

On  trouve  les  marnes  gypseuse.^,  bariolées  de  divei'ses  couleurs, 
au  voisinage  des  ophites  ou  diorites,  ou  au  moins,  des  gypses. 
Tout  indique  que  ces  marnes  gypseuses  bariolées,  les  gypses,  les 
dolomies  terreuses  ou  compactes,  etc. ,  du  bassin  de  la  Berre,  qui 
se  rattachent  aux  calcaires  et  aux  marnes  liasiques  fossilifères 
des  environs  de  Durban,  de  Saint-Jcan-de-Barrou,  etc.,  sont  des 
assises  du  groupe  jurassique  inférieur,  du  lias  anormal  et  modifié 
de  l'Aude. 


506  SfiAPICB    DU    3    FÉVRIER    ^862. 

Les  calcaires  inti{pnc$'u,Mis  et  les  marnes  {^ypseuses  du  bassin  de 
la  Uerre  ont  la  plus  {;rande  analogie  de  structure  et  de  coinposîtioo 
avec  les  roches  analogues  de  Feiiilla,  dont  r<^(;e  nVst  pas  douteux, 
car  elles  sortent  de  dessous  les  marnes  fossilifères  du  lias  et 
des  calcaires  contenant  Ammonites  bifrortSy  Pevten  œquivahis^ 
Sovv.,  etc. 

Lorsque  les  marnes  et  les  calcaires  fossilifères  manquent  sur 
ccrUiins  points,  soit  qu'ils  aient  été  emportés  par  des  causes  ërosLves, 
soit  qu^ils  aient  chanf^é  dans  leur  nature  rhimique,  aloi-s  la  partie 
de  la  bande  jurassique  qui  persiste  est  réduite  à  des  marnes  argilo- 
ma^jnésiennes,  accompagnées  de  gypses,  ou  à  des  calcaires  com- 
pactes un  peu  magnésiens  se  divisant  en  plaquettes. 

En  résumé,  le  terrain  jurassique  se  compose,  dans  TAude,  de 
plusieni-s  assises  à  épaisseurs  très  variables;  quelquefois  elles  se 
trouvent  réunies  toutes  sur  un  même  point;  d'autres  fois  nue  oa 
plusieurs  peuvent  manquer  et  interrompre  la  série;  ce  sont,  de 
haut  en  bas  : 

1^  Des  cales iros  caverneux,  cariés,  noirft très  ou  jaunâtres,  fétides 
et  sans  fossiles;  parfois  des  calcaires  compactes  fétides  oa  des 
calcaires  compactes  magoésiens; 

â^  Des  calcaires  compactes  ou  Qon  cariés,  disposés  généralement 
ou  largos  feuillots  renf^îrmant  des  fossiles  ; 

3°  Des  marnes  schisteuses,  noirâtres  ou  bleuâtres,  parfois  grises  oa 
jaunâtres,  avec  fossiles  du  lias;  quelquefois  des  grès  câlca- 
rifères. 

4**  Des  calcaires  noirs  ou  bleuâtres,  noduleux,  tris  compactés, 
subordonnés  en  bancs  ou  en  rognons  avec  Pectm  œtfm'caMs^ 
Ammonites  Davœi ;  parfois  des  calcaires  bleus  en  lits  mineee. 

5°  Des  dolomies  terreuse»  ou  des  calcaires  magnésiens  plus  ou  moÎM 
compactes,  diversement  colorés  ;  parfois  un  grès  feldspatbiqae 
ou  arkose. 

6°  Des  marnes  gypseuses,  des  amas  ou  des  couches  de  gypse  fibraax 
à  teintes  variées,  avec  cristaux  de  quartz. 

Les  calcaires  caveriienx,  qui  forment  généralement  (es  assises 
supérieures  du  terrain  jurassique,  sont  d*ordinaii'e  noirs  et  fétides; 
partout  où  ils  app<iraissent  a  découvert,  on  les  voit  reposer  surdcÉ 
calcaires  non  cariés,  argileux,  qui  sont  placés  sur  les  niâmes  lla- 
siques  fossilifères  qui  occupent  le  plus  souvent  les  pentes  des  col- 
lines et  le  fond  des  ravins,  tandis  que  les  parties  élevées  sont  foc^ 
mées  par  des  calcaires  compactes  ou  caverneux. 

Ces  calcaires  celluleux  ou  caverneux  s* observent  en  divers  points 
du  département  de  l'Aude,  aux  environs  de  Tuchan,  dé  NMaiii 


IfOTI    DB    ■•    NOGUÈS.  607 

à  Pastouret,  près  dt?  Narbonnc;  A  Fonijoncouso,  ils  se  montrent 
à  la  Vi(;nole  et  sur  le  plateau  appelé  le  Devis;  c'est  dans  leur 
matte  qu'edt  bâtie,  à  Saint- Ciiristol,  la  petite  chapelle  dédiée  à 
sainte  Léocadie. 

Ces  calcaires,  dont  iVpaissrur  atteint  sur  certains  points  plus  dé 
10  mètres,  sont  des  espèces  de  car^^^ncules  sans  fossiles;  lorsqu'on 
les  coupe  ou  qu'on  les  brise  par  Taelion  du  marteau,  ils  dé{;agent 
une  odeur  bitumineuse  très  fétiite.  Ces  calcaires  sont  généralement 
places  siil'  des  calcaires  non  cariés,  noirâtres,  très  durs,  parfois 
jaunâtres,  fossilifères,  qui  se  divisent  le  plus  souvent  en  grandes 
plaques  ôû  en  lits  distincts. 

Cette  dernière  assise  recouvre,  le  plus  souvent,  des  hiarnes  noi- 
rAlres  ou  bleuâtres,  plus  rarement  jaunâtres,  schisteuses  et  très 
ibfebilifères;  elles  résultent  de  la  désagrégation  d*une  roche  cal- 
calrëô-argileuse  nssile,  qui  se  délite  et  se  divise  à  l'air;  elle  est 
thiVerst'e  par  de  minces  veinules  de  calcaire  blanc,  et  renferme 
des  cristaux  de  gypse.  I^^s  gypses  occupent  la  partie  inférieure  de 
notre  coupe  générale.  Ils  sont  en  amas  confusément  placés,  ou 
bien  en  couches  réglées;  ils  sont  situés  au-dessous  des  marnes,  des 
doioiuies  ou  des  calcaires  magnésiens,  connue  on  peut  le  consiatcr 
en  face  de  Domneuve,  dans  les  excavations  formées  par  le  petit 
ràvih  qui  descend  de  la  direction  du  col  de  Strem  et  qui  se  joint 
au  Gam|1orel,  et  sur  un  grand  nombre  de  points  du  bassin  de  la 
BëH'é.  bès  gyjlses  ont  ube  structure  fibreuse  rarement  cohipacte; 
on  eh  iî'ouve  en  échantillons  cristallisés;  ils  sont  diversement  colo- 
rfft;  il  y  en  a  d'un  beau  rouge,  de  bleuâtres,  de  gris:  la  couleur 
là  plils  générale  est  le  blanc  gris;  on  en  trouve  d'un  blanc  Mé 
pur,  parfois  à  éclat  soyeux.  Dans  ex*  gypsir  se  trouvent  des  rristaut 
dé  qikartz  bipyraniidal,  ordinairement  oparpiVs  ou  demi-trans|^a- 
rents,  incolores  ou  colorés  en  rouge  (hy.ieinthe  de  Coin  poste  lié). 

Dahs  toute  la  région  de  (iléon  àTuihnn.  les  calcaires  magné- 
siens prennent  un  grand  développement  ;  ils  paraissent  être  des 
nlôdi6cations  locales  des  roches  jurassique^  normales.  Leis  alté- 
rations des  ro<:hes  sont  d'autant  plus  frap])<'lhtes  que  l'on  s'âp- 
pK)blié  davantage  des  centres  d'éjection  des  roches  dioritiques 
(ôi^hUes). 

Cepenttant  la  présence  de^  calcaires  maî»n<'*siens  ou  des  gypses 
èit  pîi'squè  ^n  cai*actère  constant  A  la  partie  inférieui*e  du  lias. 
TôUt  le  monde  sait  que,  dans  les  Vosges,  le  lias  infcrieitr  est  fonné 
par  des  grès  et  des  dolomies;  dans  la  lx)rraine,  il  y  a  toujours  du 
gy)>se  à  la  base  du  terrain  jurassique.  Le  (}ard  présente  des  faits 
aiUtlbgùés;  dans  le  vallon  de  Piâtrièr'es,  prv$  de  la  Salle,  des 


50S  SfiAKCB    DU    t^    FÉVRIER    1862. 

ainas  Je  {^ypse  sont  placétt  sur  des  calcaires  qui  sont  passés  à  tirs 
dolomies  en  baucs  inclines. 

Environs  de  Tuchan  et  bassin  de  la  Bcrre»  —  Les  affleureineuU 
jurassiques  du  vallon  de  Tuchan  jusqu'au  col  de  Nouvelle  preo- 
nenl  une  forme  assez  compliquée.  D'un  côté,  une  bande  s*étend  le 
long  du  Taucby  du  sud  au  nord,  en  formant  une  espèce  de  T  dout 
le  pied  un  peu  obli(|ue  se  diri(;c  vers  Domneuve;  de  l'autre  côté, 
à  Test,  la  bande  liasique  qui  s'appuie  sur  le  schiste  de  transi tioii 
se  dirige  vers  le  nord,  en  jetant  quelques  ramifications  diversement 
orientées. 

En  face  de  Tancicn  château  de  Nouvelle,  on  aperçoit  des  cal- 
caires jaunâtres  ou  bleuâtres  avec  des  Tércbratules  et  des  Bétein- 
lïiies  [Tcrebratula  subjjunctata,  T,  ornitliucephala^  etc.);  ces  cal- 
caires surmontent  les  marnes  qui  forment  les  terres  arables;  ils 
sont  eux-mêmes  recouverts  par  des  calcaires  noin,  compactes, 
passant  à  un  calcaire  bréchoide  qui  se  termine  par  un  calcaire 
noir,  spathique,  très  compacte. 

Parfois  un  calcaire  caverneux  (colline  dite  le  Bac)  recouvre  des 
calcaires  en  lits  ou  en  feuillets,  de  dessous  lesquels  sortent  les 
marnes  fossilifères. 

Toutes  les  collines  qui  entourent  Nouvelle  sont  formées  par  des 
i*ocbes  jurassiques  qui  s'appuient  à  l'ouest  contre  le  terrain  de 
transition,  et  sont  recouvertes  à  l'est  par  la  craie  inférieure. 

Si  Ton  s'avance  dans  la  direction  £.  et  N.-Ë.  en  suivant  lecoun 
du  petit  ruisseau  le  Caniporel,  on  ue  tarde  pas  à  rencontrer  des 
grès  calcai  ifères  et  des  marnes  arénacées  sans  fossiles  reconverti 
par  des  calcaires  compactes  ou  caverneux.  De  dessous  ces  grès 
sortent  des  argiles  contenant  des  cristaux  de  quartz  et  des  calcaires 
magnésiens  portés  sur  des  gypses.  En  perçant  la  route  de  comuin- 
nication  de  Nouvelle  à  Embrès,  par  le  vallon  de  l'Adouz,  on  a 
trouvé  les  marnes  grises  fossililères  au-dessous  de  ces  assises  de 
calcaires  dont  nous  venons  de  parler.  Au-dessous  de  ces  marnes, 
on  voit  dans  le  ravin,  sur  la  rive  droite  du  Camporel,  les  gypses 
et  les  marnes  gypseuses  associés  à  des  calcaires  magnésiens. 

Au-dessus  du  rocher  d'où  sourd  la  fontaine  de  TAdoux,  lorsqu'on 
a  franchi  le  point  culminant  du  col,  on  trouve  les  calcaires  noîn 
ou  fortement  gris,  marneux,  fossilifères  [Tcrebratuia  ^ffrmitkote» 
pluila^  Rhy-nchonella  variabilis,  Bélemnites)  se  présentant  sons  h 
forme  de  strates  feuilletées,  et  recouverts  par  de  grandes  assises 
compactes  de  la  craie  inférieure,  qui  forment  le  plateau  du  Ponjet 
et  la  serre  de  las  Catarinas. 

En  suivant  toujours  le  sentier  qui  conduit  à  ËmbrèSi  on  arme 


NOTK    Dl   M.    NOGUÈS.  509 

dans  une  concavité  du  sol  «'appelée  Courne-Mousse,  où  a£Q[eureiU  de 
chaque  côte  du  talus  les  roches  fossilifères  du  lins.  Les  marnes 
noires  schisteuses  forment  les  peutes  des  collines,  et  alternent  avec 
les  couches  d'un  calcaire  à  Gryphœa  Maccullochii^  ou  bien  lui  sont 
inférieures.  Parfois  ces  calcaires  à  G.  Maccuttochii  passent  à  un 
grès  calcarifère,  compacte  et  sans  fossiles.  Au-dessous  de  ces  cou- 
ches se  montre  une  couche  mince  d'un  calcaire  argileux  bleuâtre 
ou  noirâtre  avec  Pecten  œqn'walvis y  /immonites  margaritatus^ 
Montf.,  Terehratula  numismalh, 

A  l'entrée  du  vallon  d'Ëmbrès,  après  un  étroit  étranglement 
qu'affectent  les  roches  jurassiques,  au  col  de  Nouvelle,  on  aper- 
çoit les  marnes  noires  fossilifères  sur  les  parties  inférieures  et 
moyennes  des  collines  dont  les  sommets  sont  formés  par  un  cal- 
caire noir  et  compacte  avec  Bélcmnites,  calcaire  qui  établit  la 
continuité  entre  les  roches  jurassiques  du  vallon  de  Nouvelle  et 
celui  d'Embrès. 

A  Domneuve,  les  marnes  fossilifères  prennent  un  grand  dévelop- 
pemeut,  surtout  aux  lieux  appelés  Mattecande  et  Fontmarty,  où 
le  gypse  traverse  confusément  les  marnes  liasiques  à  Turbo  subda^ 
plicatusj  Ammonites  btfrons,  sans  aucun  ordre  bien  apparent  de 
•ti'atification. 

Les  collines  et  la  montagne  du  château  d'Aguilard  ou  Viaias 
sont  constituées  à  leur  partie  supérieure  par  un  calcaire  caverneux 
magnésien;  les  flancs  sont  formés  par  des  marnes  avec  Ammonites 
hifronsy  Brug.,  Turbo  subduplicntus^  d'Oib. ,  etc.  Ces  marnes  ont 
glissé  et  semblent  ainsi  à  un  niveau  plus  bas  qu'une  couche  d'un 
calcaire  compacte  bleuâtre  avec  Pecten  œqu'vnlvis,  Sow.  Le  gypse 
aflOieure  partout  à  la  base  des  collines  en  sortant  de  dessous  les  pré- 
cédentes couches  ;  ce  gypse,  en  masses  confuses,  se  présente  sous 
des  couleurs  différentes;  il  est  blanc,  rouge,  quelquefois  bleu  ou 
verdâtre. 

A  la  base  du  Tauch,  les  dolomles  et  les  marnes  gypseuscs  du 
lias  reposent  sur  les  schistes  paléozoïques  ou  sur  le  grès  rouge 
houiller  des  environs  de  Ségure.  De  là,  la  bande  liasique,  en  suivant 
le  pied  de  la  montagne  de  Tuchan,  se  dirige  vers  le  sud,  comme 
notia  l'avons  indiqué. 

Les  fossiles  les  plus  répandus  dans  les  diverses  couches  jurassi- 
ques des  environs  de  Tuchan  sont  : 

K^  DaDs  les  calcaires  compactes,  placés  au-dessous  des  calcaires 
cariés  ou  bitumineux,  et  supérieurs  aux  marnes  schisteuses: 
Bélemnites  [Brlcmnites   unisulcatu^^  Blaiûv.),  Térébratulos 


512  8ÉANCR    DU    3    PÉTRIIR  18G2. 

rompus  cil  iiii  point,  puis  soulèves,  tandis  que  certaines  stratel 
out  garde  leur  position  normale.  11  paraît  évident  que  les  sëdi- 
ments  tertiaires  d*on  sourd  la  fontaine  de  Fontjoncouse,  les  mèniei 
que  Ton  trouve  à  un  niveau  plus  bas  dans  le  raviu  de  la  Sin(;le, 
ont  éxé  brisés  par  une  fracture  qui  a  disjoint  le  dépôt  d'abord 
continu. 

En  suivant  les  Qorgcs  des  moulins  à  Fontjoncouse,  de  Test  à 
Touest,  on  atteint,  après  avoir  dépasse  les  moulins,  un  petit  ma- 
melon (mourrel  de  Malvcsi]  calcaréo-argileux,  avec  Ammonites 
conravus^  Sow.,  r.,  Bclemnites  clnngatus^  Mill. ,  r.,  Terebratula 
punctftta,  Sow.,  c,  T.  suhpttnrtatn^  T.  varinhilis^  Spirifrr  mt- 
traiusy  de  Buch,  r.,  Pcctrn  dhcijormis,  Schub.,  r.,  Grjphœa 
cymbiittn^  Lani.,  r. ,  variété  dilatée  du  lias  de  la  Hourf;ogne  et  de 
TAveyron,  Photadomya  anibigna,  S(ïw.,  r.  Les  g  r  es  et  les  marnes 
lie  de  vin  de  la  base  de  Saint-Victor  reposent  sur  des  calcaires 
magnésiens  des  bords  de  la  Berre  on  sur  la  craie.  Près  du  moulin 
de  la  Cadorque,  les  couclies  inclinent  d'environ  A5  degrés  vci-sle 
S.-O.,  et  send)lent  aller  passer  sous  le  promontoire  d'où  sort  la 
fontaine  de  Fontjoncouse. 

Les  calcaires  de  ce  promontoire,  les  mêmes  que  ceux  qui  for- 
ment le  Saint-Victor  et  les  escarpements  des  gorges,  sont  dirigés 
N.-N.-E. ;  ils  rontonrnent  le  lias  de  iMalvési;  ils  sont  le  prolon- 
gement du  groupe  d'Âlet^  qui  vient  du  côté  d'Albas  en  s'ap- 
puyaut  au  sud  contre  le  lias. 

Au  sud  de  Tonljonconse  sVlcvc  un  petit  plateau  qui  porte  dans 
le  pays  le  nom  de  Devis;  il  se  termine  à  Sainte-Léocadie,  avant 
d'arriver  à  la  niétjirie  de  Saint-Cliristol.  Tout  ce  plateau  est 
formé  par  des  calcaires  caverneux,  noirs,  fétides,  sans  fossiles. 
Au-dessous  creux,  les  marnes  sidiisteuses,  noires  ou  grises  se  mon- 
trent sur  tous  les  ])oints  ravinés  des  environs  de  Saint-ChristoL  ' 
Les  couches  de  marne  noire  sont  traversées  par  des  lits  d'un  grèl 
calcarifère,  jaune,  à  fossiles. 

Vers  l'ouest  de  Fontjoncouse,  on  rencontre,  sous  les  maraei 
schisteuses  fossilifères  à  Ammonites  offrons,  une  couche  d'un  cal- 
caire argileux  noir  contenant  Ammonites  mar^aritntus^  Montf.i  r,, 
A.  Brr/iei,  Sow.,  espèces  du  lias  moyen  du  bassin  de  la  Seine  el 
du  Rhône,  A,  jdanicosta^  Sow.,  r.  A  l'est  du  village,  dans  le  ravin 
de  Fohtanel,  on  aperçoit  une  couche  calcaire  pétrie  de  Bélein- 
nites;  elle  recouvre  des  marnes  arénaeées  avec  les  mêmes  Bélcni- 
nites,  B.  unisidratus^  e.,  B.  clon^ntus^  iMill. 

A  environ  2   kilomètres  d'Albas  se  montre  un  calcaire  griii 
jaunâtre,  avec  Gr^phœa  MaccuUuchii^  Sow.,  plongeant  au  S.-E., 


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BHYNCHONhl-LA  HEMITHYRIS 


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TBREHRATULA  TïFEBRATELLA.         TÏRZBRATULITJA .  ARGiOPE. 


DÉVELOPPEMENT  DU  DELTIDIUM 
chez  les  Wschiopodes  articulée. 


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cuv/jf  If    //f/j/j.  fOivnnHtrt'ûtitm 


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NOTS    DB    M.    NOGUÈS.  613 

et  vccûuvianl  un  crilcairo  {;ris,  compacte,  à  {;rain  Hn,  rempli  de 
ficlemnitcs,  le  inciiie  que  je  viens  (k  si(*imler,  nu  Fontaiiel,  sur  le 
sentier  de  Durban.  Au  col  de  la  Peyre,  les  calcaires  marneux, 
bleus  ou  jaunâtres,  prennent  un  grand  développement;  ils  ren- 
ferment le  Pectcn  œquivahis^  etc. 

Chatnc  (mentale  et  septentrionale  de  Fonljroide, —  A  la  hauteur 
de  la  métairie  de  Fonloubi,  au  nord-est  de  Portel,  le  lias  forme 
un  pointement  isole  de  toute  part,  et  sans  liaison  extérieure,  soit 
avec  les  couches  jurassiques  de  la  vallée  de  la  Berre,  soit  avec 
celles  qui,  sur  le  flanc  oriental  de  la  chaîne  de  Fontfroide,  sortent 
de  dessous  les  dépôts  crétacés.  Les  roches  qui  le  constituent , 
ioclinres  vers  TO. ,  sont  aussi  des  marnes  schisteuses  fortement 
rcmbrunies,  ayant  éprouvé  des  glissenienls;  elles  renferment 
Ammonites  bifronSy  c. ,  A.  cornU'Copict\  Jun^.,  r..  A,  ruiriabilis^ 
d'Orb.,  r.,  A.  JiaquinianuSj  d'Orb.,  c,  /i,  ercnatus^  Rein.,  rr., 
J.  commufiiSj  Sow.,    A.   insignis^  Schub. ,  r.,  A,  radians^  Scli., 

A.  Calypsoj  d'Orb.,  rr.,  Belemnitcs  uni^ulrntus ^  de  J31ainv.,  c. , 

B,  paxillosiis^  Scliloth.,  c,  Astaitc  foltzii^  H(i3n.,  c,  Nurula  ovum, 
Lani. ,  N.  llausmunni,  Rœm. ,  r. ,  Lcda  rostralis,  d'Orb.,  Terebratula 
punctft/a,  Sow.,  c,  T.  snbpnnctatn^  Davids.,  c,  Rhy-nchonella 
tetraedra,  d'Oib.,  r.,  Turbo  subtlnplicatus^  d'Orb.,  très  commun, 
Ceriihiiun  Ptitroclus^  C.  armatnni^  Goldf. ,  C.  costellatnm^  de 
Munst.,  r. 

2"  A  ces  marnes,  si  riches  en  fossiles,  sont  subordonnés  des 
bancs  d'un  calcaire  arjjileux  avec  Gryphœa  Maccullochii. 

3®  De  dessous  les  marnes  rembrunies  on  voit  ressortir  des  cal- 
caires noirs  dont  la  position  slratigraphique  n'est  pas  toujours 
très  nette  à  cause  des  glissements  des  marnes;  ils  renferment 
Peeten  «•«/«/cflfA'/.v,  Sow. ,  c. ,  /*.  disriformis,  P.  ninticosta^  P.pnmilus^ 
r.,  Ammonites  Davœi,  des  Béleninites. 

Les  couches  fossilifères  du  lias  réapparaissent  aux  environs  de 
Laml>ert,  se  continuent  par  les  métairies  de  Saint-FIippolyte  et  de 
Trcilhcs  jusqu'à  Pastourel,  à  3  kilomètres  de  Narbonne. 

Les  gypses  et  les  marnes  gypseuses  qui  se  développent  au  sud 
de  Lambert,  à  la  Quille,  à  Sainte-Eugénie,  etc.,  sont  inférieurs  à 
'.ecs  affleurements  des  roches  calcaires  ou  argileuses,  et  constituent 
îlet  parties  inférieures  du  lias,  qui  forme  une  zone  étroite  longeant 
;le  pied  des  montagnes,  non  loin  de  la  limite  du  terrain  tertiaire 
!  lacustre,  par  Coustal-de-deste,  la  Pldtrière,  Fraissinellc,  la  Fon- 
ttline,  Sainte- Eugénie,  Garrigue  (1). 

(4)  Voir  Les  Corbièrcs,  etc.,  p.  421. 

Soc,  géoL^  2*  série,  tome  X!X.  33 


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« 


51A  séàncb  du  o  février  1862. 

A  la  liaiitcur  de  la  nu'tairie  de  Lanihort,  le  lias  s'arrête  uon  loin 
de  la  route.  Kn  leiiiontanl  le  ravin,  on  marche  d'ahord  sur  lej 
grès  et  les  calcaires  argileux,  rouges,  roses  ou  hiatus,  tertiaires, 
inclines  au  N.-O.  Bientôt  après,  on  trouve  un  poudinj'ue  formé  d< 
cailloux  liasiques.  Cette  roche,  qui  recouvre  les  difpots  secon- 
daires, acquiert  une  grande  épaisseur  et  forme  les  première: 
penlcs  de  la  montagne  qui  s'élève  devant  soi.  Hientot  on  trouv< 
une  marne  fossilifère  passant  sous  les  calcaires  à  Béleniniles 
T.  ornithocephnla^  que  nous  avons  signalée  aux  environs  de  Nou- 
velle. Ces  marnes  sont  schisteuses,  arénacres  ;  elles  passent  à  des 
psammites  peu  fossilifères;  elles  ont  la  plus  grande  ressemblance 
avec  la  couche  qui  affleure  dans  le  Fontanel,  à  Test  de  Fontjon- 
couse. 

Les  marnes  fissiles  à  Béleniniles  sont  recouvertes  par  un  cal- 
caire argileux  qui  passe  parfois  à  un  grès.  Cette  couche  rcnferuie 
BelemniU's  nnisulvntus^  jémmo/tiics  bijroris^  A.  commnnis^  Tcrf 
bratultt  rimosa^  de  Buch,  T.  suhpnnctnta^  etc.  Un  calcaire  à  po- 
lypiers recouvre  la  coucht;  à  Bélemnites.  Tout  ce  système  de  cou- 
ches jurassiques  plonge  veMS  le  W.-E. 

A  partir  des  fours  à  chaux  de  Narhonne,  en  remontant  le  ravin 
de  las  Tinas  (rech  de  las  Tinas),  on  rencontre  bientôt,  au  niveau 
même  du  lit  du  ravin,  les  strates  jurassiques  recouveites  par  les 
calcaires  tertiaires;  ce  sont,  de  haut  en  has  :  1*  calcaiic  carié,  Ic- 
lidc  par  le  frottement  ou  le  choc;  2**  calcaire  compacte,  noir.U^e, 
avec  veines  blanches,  spath iques,  quelquefois  gris  bleuâtre  ;  3*>  cal- 
caire gris  clair  avec  Térébratules,  se  décomposant  en  plaquettes; 
k^  calcaire  gris  avec  Tenùrainla  subpttnctatn.  Les  diveises  couches 
qui  affleurent  dans  le  lit  du  ravin  sont  inclinées  au  N.-O.;  par 
leur  relèvement  elles  ont  formé  toutes  les  hauteurs  qui  environ- 
nent la  métairie  de  Pastouret. 

Les  marnes  schisteuses  du  lias  supérieur  avec  Turbo  suhrlu/^u. 
catuxj  Ammonites  bijrons^  etc.,  sortent  ici,  comme  aux  environs 
de  Tuclian,  de  Fontjoncouse,  de  dessous  les  calcaires  cariés  et  les 
calcaires  compactes,  avec  Bélemnites,  Térébratules.  Si  partout 
on  ne  les  trouve  pas  à  ce  niveau,  à  cette  même  place,  c'est  que 
les  causes  dénudantes  et  érosives  les  ont  emportées,  ou  bien  encore 
qu'elles  ont  glissé,  et  par  conséquent  se  trouvent  ainsi  à  un  niveau 
plus  bas  que  celui  que  leur  assigne  leur  véritable  position  slrati- 
graphique.  A  l'ouest  de  la  bergerie  de  Pastouret,  les  marnes  sor- 
tent de  dessous  les  calcaires  cariés,  noirâtres  et  fétides  ;  elles  recou- 
vrent à  leur  tour  des  calcaires  compactes  avec  Ammonites  fimbriatus^ 
Pecten  œquipahisy  qui  passent  infërieurement  k  des  calcaires  noi- 


IfOTB    DB    H.    NOGUÈS.  615 

ratres  avec  Rliynclionella  tctracdra  ,  Tercbratula  punctata.  Ces 
mêmes  marnes  schisteuses,  près  de  la  métairie  des  Impériaux, 
prennent  des  teintes  rouges  ou  violacées;  elles  sont  au  voisinage 
des  i^ypses  et  des  ophiles,  et  cependant  elles  sont  très  fossilifères. 

Dans  le  ravin  qui  passe  au  pied  occidental  du  Pech  de  Pastouret 
les  marnes  schisteuses  renferment  :  Ammonites  bifrons,  ^l'ug. ,  c.  ; 
A.  radians ^  Schl.,  r.;  A,  complonatus,  lhu{;.,  r.  ;  A.  pthnordiaUs^ 
Brufj.,  r.  ;  A.  Rnquinianus^  d*Orb.,  c;  Belemnites  unisulcatus^ 
Hartm.  ;  B.  paxillosus^  Schl.;  Cerithium  ormntum^  Gold.; 
C  costeliatttm,  Hartm.  ;  Purpurina  Patroclimy  d'Orb.  ;  Turbo  stib- 
duplicatas,  d'Or  h.,  c.  ;  Lima  pectinoidcs^  Sow. ,  r.  ;  Nucula  ovum^ 
Lam.  ;  iV^.  Hansmanni\  Rœm.;   Terebratuln  punctata,  Sow. 

Au-dessous  de  ces  marnes  schisteuses,  délitées  à  la  surface,  dans 
le  ravin,  on  trouve  une  marne  fossile  argilo-arénacée,  crise  ou 
noirâtre,  avec  Gryphœa  Maccullochii,  Cette  couclie,  relevée  pres- 
que jusqu'à  la  verticale,  tandis  que  le  restant  des  strates  liasiques 
de  Pastouret  ne  dépasse  guère  un  angle  de  /i5^,  vient  buter 
contre  les  calcaires  compactes  à  Térébratules,  qui  forment  avec 
l'horizon  un  angle  d'environ  60  à  65°,  et  qui  sont  inférieurs  à  la 
couche  à  Gryphœa  Maccullochii. 

Ce  sont  ces  dislocations  toutes  locales,  restreintes  sur  de  très 
petites  surfaces,  qui  donnent  aux  affleurements  jurassiques  des 
Corbières  des  caractères  particuliers,  qui  masquent  très  souvent 
les  vrais  rapports  des  différentes  couches.  L'ophite  qui  pointe  tout 
|)i*ès  n'a  pas  été  sans  influence  sur  les  mouvements  qu'ont  éprouvés 
les  différentes  couches  liasiques  de  Pastouret. 

Au  col  de  Pastouret,  à  l'est  de  la  bergerie,  on  trouve  la  succes- 
Iton  suivante,  de  haut  en  bas  : 

4*^  Calcaire  carié  ou  celluleax,  noir&tre,  fétide,  de  quelques  mètres 
d'épaisseur. 

2°  Calcaire  bréchoide  ou  compacte. 

3**  Calcaire  compacte  avec  veines  de  calcaire  spatbique  blanc. 

k^  Calcaire  gris  uu  peu  nacré,  fissile,  se  délitant  en  minces  pla- 
quettes. 

B*  Calcaire  bleuâtre  ou  noir,  un  peu  argileux,  avec  Terebratula 
punctata^  Rhynchonella  tctracdra^  etc. 

^°  Calcaire  jaunâtre  ou  gris,  en  petites  coucbes  superposées,  aveo 
Belemnites  paxiilosus,  Pentacrinus  pentagonalis^  P.  scalaris, 
Goldf. 

7°  Calcaire  argileux  gris  bleuâtre,  à  rognons  ayant  Taspect  d'un 
pavé,  avec  Giyphœa  Maccullochii^  etc. 
[      '    8*  Marnes  grises,  bleuâtres  ou  jaunâtres,  sur  certains  points  colorées 
^  en  ronge  lie  de  vin  ou  irisées,  schisteuses,  avec  Ammonites 

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616  SfiANCB   DU    3    FÉTR1BR    1862. 

ùifroiiSj  Ceriihium  ar/nntum,  Turbo  subduplicatiis^  elc.  Ce  lia 
dernière  couche,  qui  forme  le  fond  de  la  coupe,  a  oécessaire- 
ment  glissé  et  n'occupe  plus  sa  véritable  place  comme  à  Tonest 
de  Paslouret. 

La  Gryphœa  MnccnlhchU  se  trouve  dans  un  grès  calcarîiere, 
gris  brunâtre,  sur  la  route  de  Narbonne  à  la  Grasse,  non  loin  de 
la  prise  d'eau  qui  alimente  l'aqueduc  de  Narbonne.  On  voie,  sur 
le  bord  du  chemin ,  affleurer  les  marnes  grises  scliisteuses,  sur- 
montées de  grandes  assises  de  calcaires  compactes  ou  divisés  en 
larges  feuillets,  comme  aux  environs  de  Nouvelle.  On  peut  suivre 
CCS  couclies  vers  Névian  au  nord  et  Quillanet  au  sud. 

Aux  environs  de  Quillanet  toutes  les  crêtes  calcaires  qui  s'élè- 
vent au  N.  et  au  N.-E.  sont  jurassiques;  à  leur  base  on  voit 
aflleurcr  des  marnes  grises,  schisteuses,  dans  lesquelles  on  peut 
recueillir  :  Bclcmnîtcs  acntus?,  Mill.;  B,  unisutcatus^  Blainv.  ;  TVr- 
rcbratula  Moorci,  Davids.  ;  Rhynchonclla  tetracdra^  d'Orb.  ;  Pcntii" 
crinitcs  hnsiiltijormis^  Mill.,  Gold.  Au  sud  de  Névian  aflleurent 
au  niveau  de  la  route  les  couches  du  li.is  ù  Pcctcn  œquivalvis^ 
Sow.  ;  elles  plongent  d'environ  4;V  vers  le  N.-O.  Ces  calcaires 
noirs  à  Peignes  sont  couverts  par  les  marnes  schisteuses  fortement 
rembrunies,  avec  Tmbn  subdnplicntus^  Amninniics  bifro/is,  primor' 
(linlis^  etc.  Les  parties  inférieures  des  couches  à  Pertcn  œqiiivalvis 
passent  insensiblement  ù  un  calcaire  argileux  qui  se  présente  eu 
minces  lits  ou  bancs  bien  stratifiés,  passant  sur  certains  points  à 
des  marnes  grises. 

Ces  couches  disposées  par  bancs  bien  apparents  ont  la  structure 
et  l'aspect  des  couches  à  Térébratulcs  de  Pastouret  (n°  5  de  la 
coupe  ci -dessus);  on  y  trouve  les  mêmes  espèces.  Tout  ce  système 
est  couronne,  connue  à  Pastouret,  à  Fontjoncouse,  etc.,  par  des 
calcaires  noirâtres,  fétides,  inclinés  vers  le  N.-O.;  eu  sorte  qu'on 
trouve  de  haut  en  bas:  1"  calcaire  noirâtre,  fétide;  2"  marnes 
grises  ou  noires  avec  Turbo  subdupUcutus^  Jmmonites  bifrons; 
y  calcaire  à  Pcctcn  œtpàvalvis  ;  4°  calcaire  argileux  scliistoïde  ou 
passant  ù  des  marnes  grises;  5^  calcaire  noirâtre  (couches  ù  Téré- 
bratulcs] avec  Tcrcbratula  p  une  ta  ta,  T,  subputictatn^  Rliynchnneila 
ietraedra. 

A  Touest  de  Névian ,  à  quelques  pas  du  village,  sur  la  petite 
colline  du  moulin,  on  aperçoit  des  calcaires  noirâtres  (avec  ro- 
gnons ou  petits  amus  de  silex)  plongeant  vers  le  N.-E.  Les  marnes 
noires  se  trouvent  dans  toutes  les  dépressions  du  sol  au-dessous  de 
ra.ssise  supérieure  des  calcaires.  Pai'fois  sur  les  marnes  noires 


IfOT£   DE    n.    NOGUkS.  517 

scliisleuscs  se  trouvent  des  marnes  grises  ou  un  calcaire  marneux 
avec  Giyjj/iœa  Maccullocliii,  Souvent  un  calcaire  argileux  recouvre 
ces  couches  marneuses;  on  y  trouve  abondamment  les  espèces  fos- 
siles suivantes  :  Rhynchonella  variabilis^  Sclilotli.  ;  une  autre  Z?/*//*- 
chonella  d'une  forme  inconnue  dans  le  lias;  Terebratula  ornithocc^ 
phala^  Sow. ,  ou  Buchmani^  Davids  ,  espèce  de  Toolilhe  inférieure, 
mais  que  M.  d'Arcbiac  a  trouvée  dans  le  lias  de  Croisel  ((ialvados) 
et  de  Torrcmarclia  (Espagne)  (l);  Terebratula  subpunctata,  Da- 
vids., identique  avec  le  type  de  Davidson  ;  T,  plicaia,  Buckni.  ?,  de 
Toolithe  inférieure  ou  une  modification  de  la  subpunciataj  qui  est 
aussi  à  Tuclian;  T.  perovalis^  Sow.?,  forme  qui  ne  se  rencontre 
pas  habituellement  dans  le  lias  moyen  et  supérieur,  identique,  au 
contraire,  avec  des  échantillons  de  Toolithe  inférieure  ;  Modiola 
scalprum,  Sow.  ?,  une  0.slrcn  à  cotes  engagée  dans  le  calcaire. 

Dans  la  colline  en  face  de  celle  qui  porte  ie  moulin  à  vent,  c'est 
le  calcaire  gris  incrusté  de  silice  et  avec  Terebratula  subpttnctata 
qui  forme  les  couches  supérieures. 

Si  Ton  prend,  k  Test  de  Névian,  le  chemin  de  traverse  de  Mon- 
tredon,  on  ne  tarde  pas  à  couper  les  couches  du  lias  parallèlement 
à  leur  direction;  elles  s'inclinent  vers  le  N.  comme  les  collines 
qui  en  sont  formées,  et  dont  les  strates  supérieures  sont  coupées 
par  la  tranchée  du  chemin  de  fer  entre  Névian  et  la  station  de 
Marcorignan.  Les  marnes  grises  et  noires  se  voient  partout  à  dé- 
couvert sur  les  bords  du  chemin.  On  atteint  une  couche  d*un 
calcaire  compacte,  rougeâtre,  surmontée  d'un  calcaire  compacte. 
On  y  trouve  :  Spirifer  rosttatus^  Schloth.  ;  Mytilus,  n.  sp.  ;  Lima^ 
indét.  ;  /Jma  gigantea^  Desh.  ?,  Terebratula  numismalis^  Lam.  ;  des 
Peignes  de  petite  taille,  indéter.  ;  Nautilus^  indét. ,  se  rapprochant 
du  N.  inornatus  (d*Orb.);  Ammonites  fimbriatus.  A,  commuais^  etc. 

Le  lias  se  montre  sur  le  versant  opposé  de  la  colline,  aux  envi- 
rons de  Montredon,  et  s'étend  jusqu'aux  environs  de  Narbonne; 
il  affleure  aussi  à  Mousson,  à  Montlauris  et  aux  environs  de  Bou- 
tenac;  pour  ces  deux  dernières  localités,  nous  n*avons  rien  à  ajou- 
ter à  ce  qu'a  publié  M.  d'Archiac  dans  son  remarquable  mémoire 
sur  la  géologie  de  l'Aude  (2). 

Divisions  du  terrain  jurassique  corbiérien .  —  Nous  venons  de 


(4)  Note  et  renseignements  dus  à  robligeance  de  M.  d'Archiac,  qui 
a  bien  voulu  revoir  aussi  la  plupart  de  nos  déterminations  et  a  lui- 
mémo  déterminé  un  grand  nombre  d'espôces  de  nos  listes. 

(2)  Yoir  Les  Corbièrcs^  p.  420-4Î3  [Mémoires  de  la  Société géolo* 
gifjur^  2*8ér.,  t.  VI,  V  partie). 


618  sÉÀNCi  DU  s  rÉYRiBi  1862. 

passer  en  revue  tous  les  affleurements  jurassiques  que  nous  aTons 
reconnus  dans  les  Corbières.  Celte  longue  description  nous  a  mon- 
tré que  les  roches  qui  les  constituent,  prises  dans  leur  rnseiiible, 
présentent  une  {^[rande  uniformité  dans  leurs  caractères  physiques 
et  dans  leurs  relations  strali graphiques.  Cependant  on  a  dû  déjà 
remarquer  que  sur  certains  points  de  ces  affleurements  les  i-oclies 
offrent  des  caractères  particuliers  et  en  quelque  sorte  spéciaux  à 
une  ou  deux  localités. 

Presque  paitout  nous  avons  vu  les  calcaires  gris  ou  noirâtres, 
fétides  et  bitumineux,  former  les  assises  supérieures  des  deux 
grandes  bandes  jurassiques  des  Corbières  et  des  pointeiiients 
isolés. 

Cependant  sur  certains  ])oints  ce  sont  des  calaiires  compactes, 
veinés  de  hlnnc,  ou  des  calcaires  en  plaquettes  qui  terminent  su- 
périeurement les  strates  jurassiques.  Mais  c'est  là  Texception; 
même  dans  ces  cas  particuliers  on  finit  presque  toujours  {^ar  trou- 
ver des  (races  des  calcaires  bitumineux  fétides,  compactes  ou  cloi- 
sonnés ou  cariés. 

Au-dessous  se  présentent  des  calcaires  schistolidcs  ou  compactes, 
parfois  des  nodules  siliceux,  d'autres  fois  ayant  une  apparence 
nacrée  et  se  divisant  en  plaquettes,  parfois  renfermant  :  lUiyncht»' 
netla  vriritibilis ,  Terrbvatuln  nrnithnrophnla ,  /'.  perovalis^  etc. 
(rollinc  (hi  moulin  de  JNévian^  etc.) 

Ces  calcaires  recouvrent  des  marnes  fortement  rembrunies, 
noires  ou  bleuâtres,  schisteuses,  avec  Turbo  xubiiupUcnUts^  .immo~ 
nites  bijnms^  /4.  prinwrdialis  (Pastourel),  etc. 

Les  marnes  qui  rorres|K>ndent  à  ce  niveau  sont  très  apparentes 
aux  environs  de  Névian,  de  Pastouret,  de  Portel,  de  Saint-Christol, 
de  Doinncuve,  Nouvelle,  le  chdtoau  d'Aguilard,  etc. 

Il  ne  faut  pas  confondre  ces  marnes  très  fossilifères,  caractérisées 
par  la  présence  du  Turbo  snbduplicatus  et  de  V  Jmmnnite.K  hifrons^ 
avec  d'autres  marnes  moins  rembrunies,  grises  ou  jaunâtres,  par- 
fois même  d'un  bleu  un  peu  clair,  ayant  souvent  l'aspect  de 
scliistes  brist's,  peu  fossilifères,  contenant  parfois  des  Bélenmites, 
des  Pcntacrinitcs  (Boutenac,  (luillanet),  ou  des  Ammonites  de 
grande  dimension  [j4,  fmbriatus,  A.  Brthc't^  A.  communis).  Ces 
marnes  (Névian,  Tuchan)  sont  évidemment  inférieures  à  la  couche 
à  Pevicn  œquivalvis* 

Los  marnes  noires  ou  bleuâtres,  foncées,  fossilifères,  avec  Turbo 
xiih  Inplitntus^  fmissent  par  passer  inférieuremcnt  à  un  calcaire 
marneux  compacle  ou  schistoide,  ou  à  un  {»rès  calcarifhre,  avec 
('rvjihtrii  Mficrul/orhii. 


ROTK    DB    U.    NOGL'bS.  510 

Au-dessous  se  montre,  en  bancs  minces  ou  en  ro^^nons^  un  cal- 
caire noirâtre  ou  bleuâtre,  avec  Pecten  œquivalvist  Ammonites 
Dfivœf,  A.  Bcchei,  A.  margaritattis  (Pontjoncouse}.  Ce  calcaire  finit 
par  passer  à  la  marne  grise  que  je  viens  de  décrire,  qui  ne  ren- 
ferme ni  le  Turbo  subduplicatus^  ni  ï  Ammonites  bifrons. 

Ce  calcaire  argileux  ou  marneux  recouvre  des  calcaires  noirâtres, 
avec  Térébratules  (Névian,  Pastouret,  etc.),  contenant  principale- 
ment Terebrntula  punctata^  Rhfnchonelia  tetraedra^  etc. 

Parfois  cette  couche  passe  à  un  calcaire  Tougeàtre  et  en  partie 
à  teintes  foncées  (est  de  Névian),  avec  Terebratula  numismaiis. 

Au-dessous  de  ces  couches  que  je  viens  d'ënumérer,  lorsque  les 
dislocations  du  sol  ont  été  assez  intenses  pour  amener  au  jour  les 
couches  inférieures,  ou  trouve  des  calcaires  ferrugineux,  des  grè 
(Feu  il  la),   des  calcaires   magnésiens,   des   dolomies,  des  marne 
gypseuses  et  des  gypses.  Ces  modifications  lithologiqnes  sont  en 
relation  avec  les  épanchements  des  roches  dioritiques  (ophites). 

Un  examen  attentif  des  diverses  localités  liasiques  de  TAude 
montre  en  chaque  affleurement  dv.s  dislocations  locales  très 
restreintes  qui  ont  affecté  certaines  couches  de  manière  à  renverser 
leurs  rapports  naturels.  Cela  tient  le  plus  souvent  à  ce  que  les 
couches  ont  glissé  lorsqu'elles  ont  pris  leur  position  actuelle. 

On  s'apercevra  d'une  de  ces  anomalies  dans  la  coupe  du  col  à 
l'ouest  de  Pastouret  (p.  2i).  On  y  voit  les  marnes  avec  Turbo  sub^ 
dupUcatus^  Ammonites  bifrons  (n°*  8  et  7),  à  un  niveau  qui  n'est 
pas  le  leur.  Peut-être  le  lieu  le  mieux  choisi  pour  voir  les  véritables 
relations  des  diverses  couches  jurassiques  normales  de  l'Aude 
est  aux  environs  de  Névian,  surtout  au  sud  de  cette  localité. 

En  résumé,  le  terrain  jurassique,  borné  à  peu  près  à  son  (^,roupe 
inférieur  ou  lias,  prisdans  l'ensemble  des  roches  qui  le  constituent 
dans  le  département  de  l'Aude,  est  formé  de  haut  en  bas  : 

1^  Calcaire  gris  ou  noirâtre,  compacte  ou  carié,  fétide,  sans  fossiles 
(calcaire  fétide). 

Premier  étage, 

2°  Calcaire  gris  veiné  de  blanc,  parfois  avec  silex,  ou  en  plaquettes, 
passant  à  un  calcaire  argileux  avec  Rbynrhonrlia  vnrinbilts, 
T.  ornithoeephala^  T,  perovalis  (calcaire  à  plaquettes). 

3^  Marnes  noires  ou  bleuâtres,  schisteuses,  avec  Tuibo  suodupli» 
catusy  Ammonites  bifrons,  A,  primordialis  (marnes  à  Ammo- 
nites). 

4°  Calcaire  bleuâtre  ou  Doirfttre.  parfois  se  délitant  en  marnes  avec 
Grjrphœa  Maccullochii  (calcaire  marneux  à  Gryphées). 


520  SfiANCB    DU    3    FÉVRIER    1862. 

Deuxième  étage, 

o""  Calcaire  bleuâtre  ou  noirâtre,  parfois  jaunâtre  à  la  surface,  par- 
fois des  teintes  rougeâlres  avec  Pcctcn  œffuUuilvis^  P.  clisci' 
forniis^  Tcrcbrattila  numismalis.  Ammonites  Da\xei^  A, 
Bechriy  A.fimhrmtfts{cdL\c^'\Teh  Peignes). 

6"  Marno  grise  ou  bleuâtre,  un  peu  claire,  avec  débris  de  Penla- 
crinites,  de  Bélemnitos  (marnes  grises  à  Pentacrinites). 

7'  Calcaire  noirâtre  en  lits  distincts  avec  Tércbratules.  Â/iyac/tO' 
neiia  tctniedra^  Tercbratula  subjjunctateiy  Ammonilvs  fim- 
briatiis,  A.  Bcchei  (calcaire  à  Térébratules). 

Troisième  étage. 

Absence  de  la  Gryphœa  arniatn, 
8^  Calcaires  ferrugineux  et  calcaires  magnésiens,  grès,  dolomies 
inférieures. 

Quatrième  étage, 
0**  Marnes  gypseuses  et  gypses  associés  quelquefois  aux  dolomies. 

Est-il  possible  d'assimiler  cette  série  de  couclics  aux  divers 
horizons  du  lias  du  bassin  do  Paris,  si  bien  étudie  dans  ces  der- 
nières nnnces,  ou  à  celui  du  bassin  du  llboue? 

Dans  nos  listes  de  fossiles,  nous  tiouvons  certaiDCinent  les  fauiies 
bien  connues  du  lias  supérieur  et  du  lias  moyen  du  nord,  du  uord- 
ouest  et  du  nord-est  de  la  France. 

Mais  oii  sont  les  limites  naturelles  pour  établir  nos  divisious  eu 
groupes  et  en  éta{>cs?  Souvent,  dans  la  même  assise,  se  trouvent 
des  espèces  qui  dans  les  bassins  classiques  du  lias  sont  parfaitement 
cantoiuiccs.  Ces  mélanges  indiquent-ils  que  ces  espèces  ont  été  con- 
temporaines, et  ont  vécu  dans  la  même  mer  en  même  temps,  ou 
bien  ^ont-ils  les  résultats  de  causes  accidentelles  qui  ont  mélangé 
nos  espèces  liasiques  après  leur  morl.^ 

Cependant,  malgré  des  difficultés  de  divers  ordres,  Tétude  miou- 
ticuse  des  affleurements  jurassiques  de  TÂude  m*a  permis  d*y 
établir  des  divisions  qui  paraîtront  rationnelles,  je  Tespère  du 
moins. 

Pourtant  je  ne  prétends  pas  donner  ù  mes  divisions  en  étages 
une  valeur  qu'elles  n'ont  pas  dans  mon  esprit;  c'est  une  division 
locale  que  j'établis,  et  pas  autre  chose.  Il  serait  possible  de  les 
paralléliser  avec  les  mêmes  éta(^cs  établis  dans  le  bassin  de  la  Seiuc 
et  du  Rhône.  «  Il  est  nécessaire,  aujourd'hui,  que  chaque  bassin 
»  jurassique  soit  étudié  en  lui-même  et  à  fond,  qu*on  évite  des 
»  comparaisons  prématurées  entre  des  dépôts  éloignes,  quand  les 


NOT£   DB    M.    NOGUÈS.  521 

M  rapports  qu'on  établit  ainsi  sont  contraires  aux  rapports  naturels 
»  indiques  par  les  observations  faites  dans  un  nicnie  bassin  (1).  » 

!Nous  avons  liësité  longtemps  k  séparer  du  lias  les  calcaires  gris 
ou  noirâtres,  fétides,  compactes  ou  cariés,  qui  partout  dans  l'Aude 
forment  les  assises  supérieures  du  terrain  jurassique.  Aujourd'hui 
nous  sommes  disposé  à  ranger  ces  calcaires  cloisonnés  ou  com- 
pactes dans  le  groupe  oolithique.  Le  lias  sera  donc,  dans  l'Aude, 
limité  supérieurement  par  les  couches  fossilifères  à  RhynchonelUi 
variabliis,  Tvrchrntula  ornithocephala^  T,  subpunctata  (type), 
T,  plicata^  T.  perovalis? 

Cette  séparation  n*est  pas  arbitraire,  car,  quand  on  considère 
que  les  couches  à  Rliynchonella  vàriabiUs^  Tercbratula  ornithocc- 
phalay  etc.,  renferment  des  espèces  de  Toolitlic  inférieure  mélan* 
gées  avec  la  T.  subpunctata  du  lias  supérieur,  on  est  tout  disposé  à 
admettre,  dans  le  terrain  jurassique  corbiérien,  un  étage  supé- 
rieur au  lias  supérieur,  un  chapeau  du  lias,  pour  employer  une 
expression  pittoresque  de  M.  Leymerie. 

Partout  ÏJmmo/iites  bijrons^  A,  primordialis  ^  forment  les 
limites  supérieures  du  lias.  Pourquoi  n'admettrions-nous  pas  cette 
caractéristique? 

Mais,  comme  les  couches  que  nous  séparons  du  lias  sont  très  peu 
fossilifères,  que  nous  n'y  avons  rencontré  aucune  faune  spéciale, 
nous  ne  pouvons,  dès  à  présent,  assigner  une  place  bien  rigoureuse 
aux  calcaires  fétides;  nous  les  rangeons  donc  dans  le  groupe  ooli- 
thique sans  distinction  d'étages. 

J'espère  que  des  recherches  ultérieures  me  fourniront  des  carac- 
tères pour  mieux  préciser  Tagc  des  couches  jurassiques  qui  recou- 
vrent le  lias  dans  les  Corbicres. 

Le  tableau  suivant  résume  nos  divisions  : 


(1)  Hébert,  Les  mers  anciennes ^  etc.,  p.  2. 


5'22  BÊATirB    DD    3    FÉVRIER    1862. 

Tibletiu  lies  tli<-hiniix  jitiiiti'-/ii!--t  <-iiihUes  dans  Ir  drpi 


.««-«.  |.r..„. 

COUCHE»  Il    AMiaiS. 

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1 

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«.  CU:.i 

D  i  rt"|i»»' 

^Mifianirr.i  bifronâ. 

§ 

' 

l-'-^Ugî. 

3.  Uurnc 

i.  Ammonilel 

A.  ntdiani. 

^1 

i^ 

4.  Clci 

«il'"ï"" 

GiypàM  MaccullotAU. 

9-  i\t1,t. 

IMimmiri  Mc-4lMt. 

1* 

"-, 

7.  Ci.l»i 

^iiTo,.^Ur;.lMl« 

f 

3.  -I»g.. 

"■  '^îirr!,'' 

lutin,  ftii,  ilulonjiuhu- 

S>«i  ruHllH. 

f  él.g=. 

9.   Jl.rnr 

gïiseui:.,  ïTi,.«.  : .  .  , 

Nos  deux  étn|;es  siiprri^iirs  du  lias  ont  presque  la  valeur  da 
rtagei coirespondaiits dans  les  mitres  h.iMins,  puiique  nout  j mon- 
iiaissont  les  mêmes  faunes.  Mais  l'étage  inférieur  n'est  baeé  tm 
aucun  caractère  paléoiilolo(;iquu;  cependant  la  constance  de  ats 
oaracièrea  ininéi-alotjiques  lui  donuu  une  certaine  fixité.  Lca  cal- 
caires ma|;u^siens,  les  marnes  j^ypscu^es  et  les  fiypses  aux  environ) 
dt;  Tucliaii,  dans  le  hassiii  Ae  la  lîcire  et  sur  le  versant  oriental 
de  la  chaîne  de  Fonifroide,  sont  consLainini-nt  plac^  au-decsoi» 
des  marnes  et  des  calcaires  fossilifères  du  lias  supérieur  et  moyen. 
Du  reste,  dans  le  Gard,  dans  les  Pyrénées,  dans  la  Lorraine,  dci 
gypses  se  montrent  dans  la  partie  inférieure  du  lias;  dans  les 
Vosges,  des  (jrès  et  des  dnlomics  forment  la  base  île  ci:  groupe 
jurassii|ue. 

Il  rst  probable  que  ces  voclics  du  lias  inférieur  des  Corbière) 
ne  se  sont  pas  déposées  'laiis  la  mer  basique  avec  les  mèinM  oarac- 
lèi-cs  n)inéralo,',iqiU'S  et  cliîiniques  que  nous  leur  rcconDaisaoni 
aujourd'hui.  Leur  composition  actuelle  parait  être  le  i-éauliat  de 
modiRcaiions  postéiieures  produites  par  des  influences  locales. 


IfOTB   DB   H.    NOGUÈS.  623 

JUitudes  et  fiislocations.  —  Les  altitudes  des  dépôts  jurassiques 
des  Corbi ères,  comparées  à  celles  de  la  craie,  sont,  en  général, 
assez  faibles,  connue  vont  le  montrer  les  nombres  que  nous  allons 
citer.  Tandis  que  les  sédiments  crétacés  sont  relevés  jusqu'à  des 
hauteurs  de  1200  mètres  et  plus,  les  altitudes  extrêmes  des  strates 
jurassiques  ne  dépassent  pas  500  mètres. 

Les  déi)6ts  qui  nous  occupent  n'ont  point,  dans  la  région  des 
Gorbières,  la  puissance  qu'on  leur  connaît  dans  le  bassin  de  Paris 
et  dans  Vest  de  la  France.  On  peut  s'en  assurer  aisément  en  exa- 
minant les  sédiments  jurassiques  qui,  sur  quelques  points,  reposent 
à  découvert  sur  les  roches  de  transition.  Ainsi,  à  la  base  du  Tauch 
nord,  le  lias  recouvre  les  dépots  houillers,  qui  atteignent  à  la  hau- 
teur de  Noti  e-Dame-de-Fasle. 

Les  sédiments  crétacés,  élevés  à  9/i2  mètres  au-dessus  du  niveau 
tle  la  mer,  forment,  en  recouvrant  le  lias,  les  parties  supérieures 
4e  la  montagne  de  Tuchan,  et  lui  impriment  les  caractères  orogra* 
phiques  qu'affecte  la  craie  dans  la  petite  région  des  Corbièrcs.  C^ 
sont,  en  général,  des  brisures,  des  murailles  surplombantes  qui 
montrent  les  tranches  de  la  roche  fracturée  et  taillée  à  pic  connue 
de  hautes  murailles  à  demi  démantelées. 

Si  Ton  se  porte  à  Test  de  Tuchan,  on  trouve  la  cote  177  sur  le 
lias  qui  recouvre  le  terrain  de  transition  sur  le  bord  du  Camporel. 
La  côte  UOUj  au  col  de  Nouvelle,  est  le  point  le  plus  élevé  où  attei- 
gnent les  dépôts  liasiqiies  dans  ce  petit  bassin.  Près  de  Saint-Jean- 
de-Barrou,  en  face  de  Notre-Dame-d'Olivé,  le  lias  atteint  à  une 
plas  grande  altitude. 

Aux  environs  de  Feuilla,  on  peut  suivre  aussi  les  diverses  cou- 
ches jurassiques  du  pays,  depuis  les  grès  feldspathiques  et  les  cal- 
caires ferrugineux  de  la  base,  qui  reposent  sur  les  schistes  satinés 
de  transition,  jusqu'aux  dépôts  de  la  craie  inférieure  qui  les 
recouvrent. 

Le  terrain  jurassique  corbiérien  n'a  pris  ni  une  grande  étendue 
horicontale,  ni  une  grande  épaisseur.  Au  nord  de  Feuilla,  la 
cAte  529  est  sur  la  craie;  à  peine  le  lias  occupe-t-il  la  moitié  de  la 
distance  qui  sépare  ce  point  des  schistes paléozoïques  qu'il  recouvre 
au  fond  du  cirque  cratériforme,  qui  est  un  des  <iccidents  les  plus 
remarquables  de  la  géologie  du  pays  (1). 

Tous  les  affleurements  jurassiques  de  l'Aude  ne  montrent  pas 
pourtant  k  découvert  leurs  limites  inférieures,  mais  ces  quelques 
exemples  suffisent  pour  donner  une  idée  de  l'épaisseur  des  dépôts 

(1)  \o\f  Les  Corbières,  etc.,  pi.  IV,  flg.  46. 


52A  SÉANCE  bu  3  fêyhier  1862. 

jurassiques  des  Corbicrcs,  qu'il  serait  d^ailleurs  facile  de  cakida. 
au  moins  d*uiie  manière  approximative. 

Le  terrain  jurassique  de  l'Aude  n'occupe  qu'une  poitioD  trâ 
restreinte  de  la  superficie  de  ce  pays.  Il  ne  se  iiionti*e  Ik  décoaTOt 
que  sur  un  petit  nombre  de  points;  en  général»  il  se  trouTe  àb 
base  de  montagnes  dont  les  parties  moyennes  et  supérieures  tod 
formées  par  les  dépots  crétacés.  Aussi  le  terrain  jurassique  o'illfla^ 
t-il  que  très  peu  sur  Torographic  ou  le  relief  des  Corbières.  Nos 
avons  déjà  indiqué  quelques-unes  de  ses  plus  grandes  altiluda 
dans  la  région  méridionale  du  massif;  sur  le  versant  oriental  de  b 
cbaine  de  Fontfroide,  à  peine  ses  plus  graniles  hauteurs  atleigucnt- 
elles  200  mètres 

Les  dépôts  de  la  période  jurassique  que  nous  avons  sî^oalfs 
dans  le  massif  corbiérien  ont  éprouvé  divei's  uiouvcments  de 
dislocation  dont  nous  allons  reclierclier  la  date  géologique 

Au  pied  du  Taucli,  comme  à  Test  de  Tuclian,  le  lias  repose  sor 
le  terrain  de  transition.  La  craie  le  recouvre  le  plus  souvent,  par- 
fois un  poudingue  tertiaire  couvre  ses  flancs  en  s'élevant  Juaquâ 
des  liauteurs  de  150  mètres  sur  les  pentes  des  montagnes  du  petit 
bassin  de  Tuclian. 

En  général,  c'est  la  craie  inférieure  qui  recouvre  le  lias  etaoo 
chapeau  de  calcaires  fétides  ;  tous  les  groupes  jurassiques  posté- 
rieui-8  manquent  dans  le  département  de  l'Aude.  Les  lacs  ou  ki 
mei-s  oolithiques,  oxfordicns,  portlandiens,  etc.,  n*ont  pas  pénétre 
dans  les  petits  b<issins  des  Corbières.  Il  fallait  dooc  que  le  terraio 
jurassique  du  pays  fut  assez  relevé  pour  interrompre,  pendant  une 
longue  période  de  sédimentation,  l'action  formatrice  des  eaux  qui 
baignaient  le  versant  méridional  du  plateau  central  delà  France, 
en  pénétrant  dans  TAvcyron,  Tliérault  et  le  Gard. 

Mais,  à  une  époque  antérieure  à  la  mer  néocomienne,  le  sol 
jurassique  de  l'Aude,  et  du  bassin  de  Tuchan  en  particulier,  s'est 
affaissé  pour  permettre  à  la  mer  crétacée  de  porter  ses  eaux  dans 
nos  golfes  corbiériens.  Alors  se  sont  formés  de  nouveaux  rivages; 
les  roclics  jurassiques  inférieures  immergées  se  sont  recouvertes 
de  dépôts  crétacés  qui  à  leur  tour  ont  été  relevés. 

La  dislocation  qui  a  produit  ce  dernier  phénomène  a  fracture 
le  sol  et  a  amené  au  jour  ces  dépôts  de  marnes  que  nous  voyoïu 
dans  la  plupart  des  dépressions.  I^es  dénudations,  les  érosions  qui 
ont  exercé  leur  constante  action  depuis  cette  époque  reculée  ont 
enlevé  en  grande  partie  les  roches  recouvrantes,  brisées  et  morce- 
lées par  les  mouvements  du  sol  qui  les  ont  fait  affleurer.  C'est  ainsi 
que  sur  beaucoup  de  points  ont  été  eniportés  les  dépôts  de  la  craie 


NOTR    DB    H.    NOGUÈS.  525 

qui  pouvaient  recouvrir  les  strates  jurassiques.  C'est  ainsi  que  ron 
se  rend  compte  de  ces  solutions  de  continuité  dans  les  sëdiuieuts 
crétacés  et  jurassiques  des  Corbières,  qui  se  présentent  presque 
i    partout  brisés  et  morcelés. 

.        Cependant  certaines  parties  centrales  du  bassin  jurassique  de 
•     Tuclian  et  de  la  Bcrre  sont  restées  constamment  émergées  et  sont 
^    anjourd'bui  des  témoins  de  ces  âges  passés.  Tel  est  le  lambeau  de 
Saint-Christo],  de  Névian  et  celui  qui  s*étend  d'Albas  ù  Durban. 
Le  lambeau  jurassique  de  Saint-Chrislol  a  formé  une  île  pen- 
dant toute  la  période  crétacée,  mais  les  parties  qui  s'y  rattaclient 
'    et  qui  affleurent  sur  les  rives  de  la  Berne,  ont  été  recouvertes  par 
les  dépôts  crétacés  de  la  cbaîne  de  Fontfroide.  Ces  portions,  re- 
couvertes sur  une  certaine  étendue,  vont  affleurer  sur  le  versant 
oriental  de  la  chaîne;  elles  passent  sous  la  craie  qui  forme  le 
massif  montagneux  compris  entre  la  vallée  de  la  Berre  et  celle  de 
FAussou. 

Au  nord-est  de  Fontfroide,  les  dépôts  jurassiques  ont  été  aussi 
en  partie  émergés  pendant  toute  la  période  crétacée  et  en  partie 
recouverts  par  les  sédiments  de  cet  âge.  Mais  ce  qui  est  encore 
plus  remarquable,  comme  on  le  constate  dans  celte  petite  chaîne 
aux  environs  de  Boutenac  et  ailleurs,  c'est  que  certaines  portions 
des  dépôts  jurassiques  émergés  pendant  que  la  craie  se  déposait 
sous  la  mer,  se  sont  affaissés  postérieurement  pour  se  laisser  recou- 
vrir par  des  sédiments  tertiaires,  et  puis  se  sont  relevés  après  avoir 
reçu  ces  dépôts  recouvrants... 

En  résumé,  les  dépôts  jurassiques  des  Corbières  ont  éprouvé 
un  mouvement  d'exhaussement  après  leur  consolidation;  cette 
surélévation  a  été  suivie  d'un  abaissement  de  niveau  qui  corres- 
pond k  la  formation  des  sédiments  crétacés  de  l'Aude.  Le  mouve- 
ment d'affaissement  a  été  suivi  d'une  dislocation  du  sol  qui  a  fait 
immerger  une  partie  des  strates  jurassiques  pour  les  faire  recouvrir 
par  des  dépôts  tertiaires. 

Certaines  parties  des  rivages  jurassiques  qui  ont  résisté  à  toutes 
les  dislocations  qui  affectèrent  le  terrain  crétacé,  ont  éprouvé  de 
grandes  fractures  ou  des  dislocations  puissantes  dès  l'époque  ter- 
tiaire. Ainsi  des  rivages  jurassiques  se  sont  élevés  ou  se  sont 
affaissés  dans  un  même  sens  pour  recevoir  les  strates  crétacées  ou 
pour  se  mettre  à  Tabri  de  la  mer  qui  les  déposait. 

Mais  lorsque  le  terrain  tertiaire  a  été  disloqué,  la  dislocation 
s^est  produite  dans  une  direction  tout  opposée.  Aux  environs  de 
Pastouret  et  sur  d'autres  points  de  la  chaîne  de  Fontfroide,  la 
craie  recouvre  le  terrain  jurassique  ;  les  deux  systèmes  de  couches 


526  8ÊÀNCB   DU    3    FÉYftIBR    1862. 


présentent  leurs  trancLes  du  même  côté  de  Thorison  {  ik  iodiam 
dans  le  même  sens.  Le  terrain  tertiaire  n*a  jamais  pu  pénèlm 
dans  le  centre  de  ce  massif  montaf;neux.  Mais  lorsque  lelentil 
tertiaire  a  été  disloqué,  les  strates  jurassiques  et  crétaoéet  cbb» 
lidéos  ont  éprouvé  un  mouvement  de  bascule,  elles  ont  ptoogéa 
sens  opposé  de  leur  plon(j;ement  ])rimitif  sur  certains  poiuli  tel- 
lement; alors  les  sédiments  lacustres  du  bassin  de  NarbonBeort 
pu  recouvrir  les  dépôts  jurassiques  qui  avaient  été  jusque-Uo» 
stamment  émerges. 

Les  calcaires  fétides  qui  forment  les  assises  supëriewcs  k 
terrain  jurassique  de  Taude  ont  participé  à  tous  les  mouvesMirii 
des  couches  liasiques  fossilifères... 

Dans  la  bande  jurassique  du  sud-est  (Hérault,  Gard),  on  ic- 
marque  Tabsencc  de  Toolitiie  supérieure  (étages  kiinniérid|;icB, 
portlaudien  et  purbeckien)  que  Ton  trouve  daus  la  zone  du  ud- 
ouest  jusqu'à  Culiors. 

Lorsque  les  dépôts  jurassiques  du  sud^ouest  de  la  France  étaient 
encore  sous  les  eaux,  la  zone  qui  s'étend  de  l'est  de  Montaubaa 
à  la  rive  droite  du  Rhône  avait  déjà  pris  un  relief  lellcmeot  ëlefé 
que  les  eaux  de  la  mer  jurassique  supérieure  ne  pouvaient  plai 
couvrir  ses  strates  partout  immergées. 

La  dislocation  du  sol,  qui  a  soulevé  le  lias  et  l'oolithe  înfiMeuic 
et  moyenne,  n'a  donc  pas  produit,  sur  le  versant  uiëridîonal  da 
plateau  central  de  la  France,  des  effets  identiques;  d'un  côté,  elle 
a  relevé  le  sol  au-dcssus  des  eaux  de  la  mer  kimniéridgienDe  ei 
portlaudienne;  de  Taulre,  elle  a  immergé  les  roches  jurassiquri 
déjà  consolidées  sous  les  eaux  de  cette  mer.  Ce  mouYeuient  d'ei- 
haussement  du  sol  du  sud-est  s'est  profluit  pendant  toute  la  période 
jurassique  inférieure  et  moyenne,  l/affaissement  n'a  commenoé 
qu'à  Tère  crétacée  lors  de  renvaliissement  de  nos  contrées  méri- 
dionales par  la  mer  néocomienne. 

Nos  dépôts  jurassiques  du  midi  n'offrent  poiut  ces  zones  Tariéei 
de  polypiers  si  caractéristiques  dans  le  Jura;  les  mollusques  cépfaa* 
lopodes  s'y  montrent  en  nombreux  échantillons  de  la  même 
espèce,  ce  qui  témoigne  d'un  régime  d'eaux  profondes  :  presque 
tous  nos  sédiments  jurassiques  sont  des  dépôts  pélagiens  ou  de 
haute  mer. 

Après  avoir  passé  en  revue,  dans  le  mémoire  dont  celui-<â  n'en 
qu'un  extrait,  le  terrain  jurassique  du  Languedoc  pyrénéo-niédî- 
terranéen,  il  a  fallu  rejeter  comme  n'ayant  aucune  raison  d'être 
ce  prétendu  ty|>e  méditerranéen  de  M .  de  Buch.  Nous  avons  trouvé 
dans  les  régions  du  sud-est  les  mêmes  faunes  et  les  mêmes  hori- 


NOTK    DB   M.    N0GUÈ6.  527 

1  zons  que  dans  le  nord  et  Test  de  la  France,  avec  cependant  des 
modifications  ducs  a  des  influences  locales  qui  ont  plutôt  porté  sur 
les  caractères  chimiques  des  roches  que  sur  les  faunes,  quoique 
celles-ci  se  soient  sensiblement  ressenties  des  différences  de  iati- 


r 


I 


I     tude,  des  climats,  etc. 

Sans  cxafj;ération,  on  peut  dire  qu'en  géologie  Test  ne  le  cède 
pas  à  l'ouest,  la  iVIéditerranée  à  TOcéan  ;  partout  des  causes  iden- 
tiques ont  produit  des  effets  semblables... 

Le  terrain  jurassique,  à  l'est  comme  à  Touest,  au  nord  comnie 
au  sud,  se  montre  avec  une  persistance  de  faciès  qui  étonne.  Si 
quelque  groupe  jurassique  du  midi  perd  quelques-uns  des  carac- 
tères qu'il  prend  dans  le  nord  et  le  nord-est,  ce  n'est  pas  assuré- 
ment le  terrain  jurassique  inférieur,  ce  sont  plutôt  certaines  parties 
de  Toolithe  moyenne  ;  encore  ne  sont-ce  que  des  modiGcations 
dans  les  caractères  de  la  roche,  car  on  trouve,  dans  nos  contrées 
méridionales  comme  ailleurs,  dans  les  couches  contemporaines,  les 
principales  espèces  caractéristiques.  Dans  Toxfordien  du  Jura, 
comme  dans  celui  du  Gard  et  de  THéraull,  on  trouve  VAmmonitex 
cortlattts.  A,  perarmaîus ^  A,  biplvx,  A.  athleta^  etc.  Ce  n'est  pas 
que  l'on  admette  d'une  manière  rigoureuse  la  persistance  des 
mêmes  espèces,  dans  des  couches  contemporaines,  à  des  distances 
considérables,  mais  il  y  a  loin  de  l'idée  systématique  qui  cantonne 
les  mêmes  espèces  fossiles,  constamment  et  irrévocablement  dans 
un  même  étage,  à  l'observation  qui,  si  elle  nous  montre  certaines 
associations  faites  par  la  nature,  nous  apprend  aussi  qu'elles  ne 
sont  pas  partout  inséparables. 

Dans  le  tableau  suivant,  nous  classons  l'ordre  des  concordances 
que  nous  avons  trouvées  entre  les  divers  sédiments  du  terrain 
jurassique  du  Languetloc  pyrénéo- méditerranéen. 


52S 


sËAHCB  DU  3  FÉvniBa  18G2. 


NOTE    DK    JU.    ZëJSZNER.  529 

M.  Dauhréo  oflVe  à  la  Sociûlé,  de  la  pari  de  M.  Capellini, 
qualre  notes  imprimùcs  (voyez  la  lisle  des  dons). 
Il  fait  ensuite  la  communication  suivante  : 

Formation  contemporaine  de  pyrite  cuii^reuse  sous  l'action 
d'eaux  t/iermales,  à  Bagnères-de^Bigorre  {Hautes^Pyré" 
nées);  par  M.  Daubrée. 

J*ai  rhonneur  de  présenter  à  la  Société  des  pièces  de  monnaie 
de  Tépoque  romaine,  qui  ont  été  trouvées  dans  des  fouilles 
exécutées  à  Bagnères-de  Bigorre,  prés  de  la  source  du  Pinat. 

Sous  Taclion  prolongée  de  l'eau  thermale,  ces  pièces  se  sont 
entièrement  transformées  en  sulfure  de  cuivre  -,  elles  sont  en  outre 
recouvertes  d'une  substance  formant  un  enduit  très  mince,  en 
mamelons  confusément  cristallisés,  jaune  et  d'éclat  métallique, 
qui  a  tous  les  caractères  du  cuivre pyriteux  ou  du  cuivre  panaché. 

Depuis  longtemps  la  pyrite  de  fer  est  connue  parmi  les  pro- 
duits actuels  des  eaux  thermales,  où  M.  Longchamp  et,  plus 
tard,  M.  Nœggorath  l'ont  fait  connaître.  Les  sources  thermales 
de  Plombières  ont  produit  le  cuivre  sulfuré^  sur  du  bronze 
romain,  en  cristaux  très  nets  et  tout  à  fait  semblables  à  ceux 
des  filons  de  Gornouailles.  La  pyrite  de  cuivre  ne  paratt  pas 
avoir  été  encore  signalée  dans  ces  mêmes  conditions,  bien  que 
ce  minéral  soit  du  nombre  do  ceux  que  M.  de  Sénarmont  est 
parvenu  à  imiter  dans  ses  expériences. 

Il  convient  d'observer  que  les  sources  de  Bagnères-dc-Bigorre 
ont  une  température  qui  n'excède  pas  50  degrés.  Elles  ne  sont 
pas  naturellement  sulfureuses,  mais  les  sulfates  qu'elles  ren- 
ferment ont  pu  être  réduits  par  une  matière  végétale  et  tour- 
beuse que  renferme  l'alluvion,  dans  le  voisinage  du  point  où  se 
sont  produits  les  sulfures  métalliques. 

Hôte  sur  le  Pachyrisma  Beaumonti,  n.  sp,   (pi.  XII}; 

par  M.  L.  Zejszner  (1). 

Coquille  obronde,  proéminente;  elle  forme  presque  un  demi- 
cercle  ;  aussi  haute  que  lar(je,  très  épaisse,  tronquée  et  aplatie  du 
côté  postérieur  et   oordifornie,   équivalve,    très  inéquilatérale; 


(4)  Cette  note  a  été  présentée  dans  la  séance  du  4  mars  4864. 
Soe.  géol,^  V  ?érie ,  tonne  XIX.  34 


530  SÉANCE  nr  3  février  18()*2. 

crochels  très  giands,  forleinent  contournés  et  inclinés  sur  le  côté 
antérieur,  et  touchant  presque  la  callosité  de  la  lunule.  Une 
carène  partant  du  sommet  domine  sur  le  côté,  qui  est  fortement 
tronqué.  Corselet  très  profond,  petite  lunule  ovale,  surmontée 
d'une  callosité,  qui  touche  presque  le  crochet. 

La  charnière,  très  épaisse  et  très  développée,  prend  presque  le 
tiers  lie  la  lon[;ueur  de  la  valve.  Cette  {*rande  callosité  de  la  coquille 
est  vide,  ou  remplie,  rectiligne  :  sur  chaque  valve,  une  grande  dent 
cardinale,  allongée,  un  peu  transversale  ;  à  côté  de  la  dent,  il  y  a 
une  fossette  presque  de  la  même  forme  ;  sur  la  vulve  gauche,  la 
fossette  est  en  arrière  de  la  dent;  sur  la  valve  droite,  elle  est  en 
avant  de  la  dent.  De  Tautre  côté  de  la  dent  cardinale,  il  y  a  encore 
une  fossette  peu  profonde  et  semi-lunaire.  La  valve  gauche  a  une 
grande  dent  latérale  antérieure,  formant  presque  un  angle  droit 
avec  la  dent  cardinale  ;  dans  la  valve  droite,  il  y  a  une  petite  fossette. 
La  (lent  latérale  postérieure  est  un  peu  développée  ;  elle  n'atteint  pas 
à  la  grandeur  de  la  dent  antérieure;  elle  ne  se  fait  remarquer  que 
par  une  petite  fossette  de  la  valve  droite.  Deux  impressions  muscu- 
laires: ranlérieurc  est  très  grande,  ovale,  oblique  et  marquée  par 
une  espèce  de  renflement  à  bords  bien  prononcés;  l'autre  impres- 
sion musculaire  n'est  pas  conservée.  L'impression  palléale  parait 
être  simple.  Près  de  cette  ligne,  en  dedans  de  la  valve,  il  y  a  une 
grande  quantité  de  petits  tious;  la  partie  au  delà  de  l'impression 
palléale,  vers  les  bords,  présente  de  nombi-euses  stries  irrégulières. 
Les  valves,  près  des  crochets,  sont  lisses.  A  partir  des  trois  quarts 
de  la  longueur  des  valves  commencent  à  se  montrer  des  anneaux 
irréguliers,  des  accroissements  plans  et  assez  régulièrement  es- 
pacés; ces  anneaux  se  prolongent  sur  la  lunule  et  sur  la  callosîlé, 
où  ils  sont  linéaires  et  plus  rapprochés;  on  les  trouve  aussi  dans 
la  partie  postérieure.  L'épaisseur  des  valves  difière  beaucoup  dans 
les  parties  antérieure  et  postérieure;  dans  la  partie  antérieure,  elle 
est  presque  deux  fois  aussi  épaisse  (2*2  millimètres)  que  dans  la 
partie  postérieure  (12  millimètres).  La  limite  de  l'épaisseur  des 
valves  est  accentuée  par  une  crête  transversale  qui  se  prolonge 
depuis  la  partie  postérieure  de  la  charnière,  où  elle  est  le  plus 
é|)aisse,  et  va  se  perdre  insensiblement  sur  les  bords  desdites  valves. 

Observations, —  Beaucoup  de  caractères  distinguent  le  P.  Beau- 
monti  de  l'espèce  anglaise  que  MiM.  Morris  et  Lycett  ont  décrite 
et  nommée  P.  grande.  L'espèce  polonaise  est  ronde,  avec  une 
grande  lunule,  surmontée  d'une  callosité,  taudis  que  l'espèce  de 
Minchinhampton  n'offre  aucune  trace  de  lunule  ou  de  callosité, 
et  sa  forme  générale  est  plus  allongée.  La  plus  grande  différence 
entre  ces  deux  espèces  consiste  dans  la  charnière  ;  la  diarnière  du 


NOTI    DB    H.    COQUAIfD.  6S1 

P.  Bcaumonti  est  très  forte  et  munie  d'une  inimeose  callosité 
recliligne  qui  ne  ressemble  qu'à  un  petit  nombre  d'espèces  dee 
bivalves,  puis  elle  a  deux  dents  latérales.  La  charnière  du/',  grande 
est  transversale  et  sans  dents  latérales,  et  ressemble  à  la  charnière 
du  Mcgalodon  cucullatus  par  sa  position  transversale  et  avec  uœ 
dent  latérale, 

Loc(ditc,  —  Le  P.  Beau/nonti,  que  j'ai  pris  la  liberté  de  dédier 
à  M.  Elie  de  Beaumont,  se  trouve  dans  le  calcaire  corallien,  à 
Inwatd,  entre  Wadowice  et  Andrychow  (Polo(>ne  autrichienne); 
ce  calcaire  s'étend  au  pied  septentrional  des  Bieskides,  chaîne  qui 
fait  partie  des  Karpathes,  entre  Jabtunka,  dans  la  Silésie  autri- 
chienne, et  les  sources  de  la  Saw.  Ce  calcaire  est  blanc  et  com- 
pacte ;  il  a  élé  soulevé  par  une  roche  serpentineuse  et  forme  une 
crête  d'un  kilomètre  de  long,  au-dessous  d'une  haute  montagne, 
composée  de  grès  carpathique,  qui  appartient  vraisemblablement 
au  néocomien.  Le  P,  BatumonU  est  accompagné  d'une  grande 
quantité  de  fossiles  qui  caractérisent  le  corallien,  tels  que  Ciirdiitm 
corallinum y  Diceias  arictina^  D,  sinistra^  Desh.,  Pecten  virdunensis^ 
}^\Xv\\^\\\^\\Rhyrichonella  iacttnosa,  Tcrebratula  insignh^  T.  ISottkour- 
kiana  (7".  Rrpeliniana^  d'Orb.),  Nerinea  Brnntrutana^  N.  JUnriœy 
d'Orb.  (]V,  fiohe/ieggeri,  Péters.),  et  d'une  grande  quantité  de  nou- 
velles et  remarquables  espèces  que  j'ai  reconnues  et  publiées  dans 
difiérents  mémoires  et  notices,  A  ces  espèces  appaitiennent  \àBJtyn- 
choncUa  pachyt'iccuj  dont  les  valves  ont  une  épaisseur  équivalente 
à  la  moitié  de  1  épaisseur  de  la  coquille;  la  Terebratuta  im/muiiSf 
plus  grande,  comme  la  T.  grandis  du  terrain  tertiaii*e. 

Explication        (FJRure  K .  Valve  gauche. 
de  la  planche  XIL  (Figure  t.  La  môme,  vue  en  dedans. 

M.  Goquand  fait  la  communication  suivante  : 

Sur  la  convenance  d'établir  élans  le  groupe  inférieur  de  la 
formation  crétacée  un  nouifel  étage  entre  le  néocomien 
proprement  dit  (couches  à  Toxaster  complanatus  et  à  Ostrea 
Gouloni)  et  le  néocomien  supérieur  (étage  urgonien  (F Aie, 
d'Orbigny)'^  par  M.  H.  Goquand,  professeur  de  géologie  à 
la  Faculté  des  sciences  de  Marseille. 

jDans  son  Cours  élémentaire  de  paléontologie  strati graphique  (1), 
Aie.  d'Orbigny  établit  deux  divisions  parfaitement  tranchées  et  tou- 

[\)  T.  II,  p.  006. 


532  SÉANCE    DU    3    FÉTRIBR    1862. 

jours  supei'posées  dans  Tëtalage  néocomien  :  Tinférieure,  compre- 
nant les  couches  à  Spantagus  rctusus^  Lain.  ;  c'est  le  néocomieo 
proprement  dit  ;  la  seconde,  que  l'auteur  désigne  par  la  dënomî» 
nation  à*étage  urgonien^  embrassant  les  assises  supérieures  au 
niveau  de  XOstrea  Couloni  et  s'arrétant  à  Tétage  aptien  que  carac- 
térise si  nettement  la  présence  de  VAncyloccras  Matheronî^  d'Orb., 
et  du  Beleninites  semi^canalictdaUu  ^  filainv,  D'Orbigoy  ne  se 
préoccupe  nullement  de  la  faune  inférieure  aux  marnes  d*Hau- 
tcrive,dont  les  travaux  de  MM.  Desor,  Pictet,  Campiche  et  Sautier 
ont  dévoilé  Texistence  dans  toute  la  chaîne  du  Jura,  depuis  Sainte- 
Croix  jusqu'au  delà  du  Fort-des-Rousses,  et  qui  se  trahit  jusque 
sous  le  méridien  de  Marseille  par  la  présence  du  Stronibus  SàU'- 
tiert\  Coquand.  C'est  cette  faune  que  les  géologues  suisses  consi- 
dèrent, à  jusCc  titre,  comme  spéciale  à  un  néocomien  inférieur 
au  néocomien  inférieur  des  géologues  français,  qui  a  reçu  le  nom 
d'éiage  valenginien^  et  dans  lequel  on  peut  voir  raisonnablement 
l'équivalent  marin  du  wealdien  de  l'Angleterre. 

On  sait  que,  dans  le  midi  de  la  France,  surtout  dans  les  chaînes 
montagneuses  de  la  basse  Provence,  que,  dans  la  Savoie  et  dans 
le  Jura,  l'étage  urgonien  est  remarquable  par  l'abondance  d'un 
fossile,  la  Chôma  ammonia^  Goldf. ,  qui  a  valu  aux  assises  qui  le 
contiennent  le  nom  de  cnlcairv  h  Chôma;  il  mesure  près  de 
100  mètres  à  Orgon,  et  son  épaisseur  n'est  pas  moindre  entre 
Marseille  et  Cassis;  il  repose  directement  sur  les  bancs  marnenx  à 
Toxosfer  rompfonoiiis,  A^tïss.j  ammonites  Astieri^  d'Orb.,  Osirea 
Couioni^  d'Orb.,  et,  soit  au  point  de  vue  des  corps  organisés  qa'îl 
renferme,  soit  sous  celui  de  la  superposition,  il  se  sépare  très 
nettement  de  Thorizon  à  Spatangues  et  ne  saurait  être  confondu 
avec  lui.  Le  calcaire  à  Chamo  ommonioy  dans  la  large  zone  qu'il 
occupe,  se  fait  remarquer  par  la  spécialité  de  ses  fossiles  et  son 
faciès  pétro^jrapliiquc,  de  sorte  qu'il  devient  presque  toujours 
facile  de  le  reconnaître  h  première  vue.  Le  calcaire  à  Chama  ne 
s'observe  pas  dans  les  départements  des  Basses-Alpes  et  du  Var 
partout  où  se  montre  le  terrain  néocomien;  ainsi  il  ne  franchit 
point  le  revers  méridional  de  la  chaîne  de  la  Sainte-Beauuie,  et 
c'est  dans  les  environs  de  Cuges,  entre  Marseille  et  Toulon,  qu'on 
en  aperçoit  les  derniers  vestiges.  Dans  l'espace  compris  entre  la 
Sainte- Heaume  et  les  Alpes,  on  remarque  bien,  il  est  vrai,  au- 
dessus  des  bancs  à  Spatangues,  des  calcaires  remplis  de  coquilles  ; 
mais  ces  coquilles  ne  sont  plus  les  mêmes  que  celles  des  calcaires 
A  Chama,  Cependant  Aie.  d'Orbigny  a  parallélisc  ces  deux  dépôts 
en  annonçant  que  la  dissemblance  des  faunes  tenait  à  ce  que  le 


NOTE    DK    M.    COQUAIfD.  533 

pieiiiiei'  reprëseiitait  un  faciès  côtier  et  le  second  un  faciès  sous- 
inarin,  et,  pour  légitimer  ses  assertions,  il  s'est  fonde  sur  la  grande 
quantité  de  céphalopodes  qu  on  recueille  à  Escragnolles,  aux 
Yergons,  à  Barréme,  à  Angles  et  ailleurs.  Cette  assimilation  a  été 
repoussée  avec  raison  par  plusieurs  géologues,  et  notamment  par 
MM.  d'Archiac,  Pictet  et  Reynès. 

M.  d'Ai'chiac  (1),  dans  les  détails  qu'il  donne  sur  une  coupe 
de  Grasse  à  Gastellane,  s'exprime  en  ces  termes  relativement  aux 
environs  d'ËscragnoUes  : 

«  Mous  ne  savons  pas  quelles  sont  les  couches  que  M.  Aie.  d*Or- 
»  bigny  regarde  ici  comme  représentant  les  calcaires  à  Caprotines 
»  (étage  urgonien  ou  néocomien  supérieur  de  l'auteur),  car  on  n'y 
n  observe  pas  les  fossiles  qui  caractérisent  cet  étage.  A  l'ouest, 
»  dans  les  départements  des  Bouches-du-Rliône  et  de  Yaucluse,  et, 
N  réciproquement,  les  espèces  qu'il  cite  ne  se  retrouvent  point 
I»  dans  ces  départements  ni  ailleurs,  là  où  les  calcaires  à  Gapro- 
»  tines  offrent  leurs  vrais  caractères  stratigraphiques,  minéralo- 
»  giques  et  zoologiques.  » 

M.  d'Archiac,  à  son  tour,  malgré  la  présence,  au-dessous  du 
gault,  des  Belemniles  semi^canaliculatus  ,  Blainv.,  B.  minaret^ 
Rasp.,  Nautilus  neocomiensisj  d'Orb.,  N.  plicatus^  Sow.,  Crioceras 
Eineiici^  d'Orb.,  Ammonites  difficiUs y  d'Orb,,  ne  reconnaît,  à 
EscragnoUes,  que  le  représentant  du  néocomien  inférieur,  bien 
que  les  calcaires  supérieurs  à  ce  dernier  et  l'étage  aptien  y  soient 
réellement  représentés. 

Dans  les  conclusions  que  M.  Pictet  (2)  tire  de  la  discussion  des 
fossiles  observés  dans  les  teiTains  néocomiens  des  Voirons,  ce 
géologue,  après  s'être  livré,  relativement  à  leur  distribution,  à 
quelques  comparaisons  avec  les  gisements  le  mieux  connus, 
ajoute  : 

«  Presque  tous  les  géologues  sont  d'accord  pour  attribuer  les 
»  dépôts  dont  fait  partie  la  chaîne  des  Voirons  à  la  période  néo- 
n  comienne,  et  pour  les  classer  dans  l'étage  néocomien  proprement 
»  dit.  Mais  en  acceptant  complètement,  pour  notre  part,  cette 
»  conclusion,  nous  devons  ajouter  que  nous  nous  trouvons,  en 
»  partie,  en  désaccord  avec  Aie.  d'Orbigny,  qui  a  placé  plus  bas 
»  que  nous  la  ligne  de  séparation  entre  le  néocomien  proprement 
»  dit  et  l'urgonien  ou  néocomien  supérieur.  Il  en  résulte  qu'une 


(\)  Hist.  des  progrès  de  la  géologie ^  t.  IV,  p.  495. 
(2)  Description  des  fossiles  contenus  dans  le  terrain  néocomien 
des  i^o irons ^  p.  54  k  61. 


63A  SÊÀNCR    DU    S    FÉVRIER   1862. 

»  partie  des  espèces  précitées  sont  pour  lui  néocomiennes  et  en 
»  partie  uqrnniciines.  Plusieurs  {;colop,ues  ont  déjà  iiiotitn'-  que 
»  sa  inétliode  repose  probablement  sur  une  erreur,  et  que  parmi 
»  les  espèces  qui  constituent,  pour  d'Orbigny,  la  liste  de  l'urgo- 
»  nien,  il  y  en  a  beaucoup  qui  n'ont  cert.iincment  pas  été  con- 
u  tcmporaines  de  la  Cita  m  n  ammonin  ou  des  fossiles  les  plus  carac- 
»  téristiques  du  calcaire  à  rudistes.  >* 

Cette  réclamât  ion  est  motivée  par  la  découverte  faite  aux  Tôt- 
rons  des  espèces  suivantes  qu'Aie.  d'Orbigny  place  dans  son  étage 
urf;onif*ii  :  Bvlrmnitcs  minaret^  Ra.sp. ,  ammonites  Ifgatnx,  d*Orb., 
A,  elfffii'i/fs,  d'Orb. ,  ,y,  Rouyanus^  d'Orb.,  Ancyloecrns  Emrrici^ 
d'Orb.,  Trn'brntnla  lifp/tyoidrf,  d'Orb. 

M.  Pictet  cite  encore,  au  quartier  des  Hivernages  et  aux  cha- 
lets de  Hoëgc,  diMix  stations  fossilifères  de  la  montagne  des  Voirons: 
Rclrmnitvs  mintivct^  Ammonites  U^atus^  A.  RoityonuSj  A .  riifficUis^ 
Anryloctrdx  Tabareili^  Astier»  A.  Emcrici^  Terrbreituin  (/f/j/tynfrtes. 
M.  lleynès  (1),  dans  un  travail  intéressant  qu'il  vient  de 
publier  tout  récemment,  partage  complètement  les  idées  du 
savant  paléontologiste  de  Genève  et  ne  reconnaît,  au-dessous  de 
Turgonien  «î  Chama  ammonia^  qu'un  unique  étage  iiéoconiieni 
dans  lequtd  on  ne  saurait  distinguer  que  des  subdivisions  locales. 
Puis,  dans  la  description  du  département  des  Bnsscs-Alpes,  il 
admet  que  le  néocnmien  se  montre  sous  deux  aspects,  à  l'état 
calcaire  et  à  l'état  marneux.  Les  marnes  occu|>ent  la  partie  infé- 
rieure de  Tétage  et  renferment  des  Ammonites  ferrugineuaei 
connues  dans  toutes  les  collections.  C'est  vers  le  milieu  de  la 
partie  calcaire  qu'on  trouve  VOstrea  Conloni  ci  le  Toxnster  eom" 
planatus.  Au-dessous,  on  observe  100  à  200  mètres  de  nëocomien 
calcaire. 

Il  reste  donc  bien  éuibli,  par  les  travaux  de  IV] .  ReynèSi  que 
les  bancs  à  Ostren  Cnulnni  séparent  les  calcaires  supérieurs  de 
Barréme  à  Scfiphites  Yvaniiy  Pus.,  d'avec  les  marnes  à  Ammonites 
neocomiensis,  d'Orb.  Mais  dans  la  liste  qu'il  donne  des  fossiles, 
on  voit  qu'il  confond  la  faune  de  Barrème  avec  celle  des  baocs  à 
Spantagues. 

11  nous  reste  à  préciser  les  conclusions  de  l'auteur,  et,  pour 
éviter  toute  équivoque,  nous  citons  textuellement  ; 

«   Le  néocomien  calcaire  des  Basses- Alpes  est-il  susceptible 


(1)  Etudes  sur  le  synchronisme  et  Ut  elélimitation  fit*s  terrmins 
crétacés  du  sud-est  de  la  France  [Aie  a.  dr  la  Soc,  tf  émulation  de 
la  Provence ^  t.  I,  p.  27). 


NOTH    DE    AI.    COQUANO.  536 

»  d'élre  divisé,  cl  les  couches  supérieures  sont-elles  l'équivaient 
n  du  calcaire  à  Cluima?  Le  uéocouiieii  des  Basses- Al  pas,  comme 
»  celui  de  Barréme  et  d'£scragnolles,  forme  pour  nous  un  tout 
»  indivisible  dans  lequel,  comme  dans  tout  terrain,  on  voit  des 
»  assises  inférieures  et  des  assises  plus  ou  moins  élevées  renfermer 
»  telles  ou  telles  espèces;  mais  tout  n'en  est  pas  moins  relié  par 
M  une  série  d'espèces  communes,  et  on  passe  d'une  assise  dans  une 
»  autre  assise  sans  aucune  transition  sensible.  C'est  pour  nous  une 
»  raison  suffisante  de  ne  pas  admettre  la  division  absolue  de 
»)  l'étage. 

»  Mais,  si  le  néocomien  ne  peut  se  subdiviser,  pourquoi  séparer 
»  une  partie  de  ce  tout  pour  en  faire  l'équivalent  du  calcaire  à 
»  Chtuna  ?  Nous  avons  lieu  d'en  être  d'autant  plus  surpris  qu'au- 
N  cune  espèce  commune  ne  permet  d'élablir  le  synchrouisme. 

»  £n  dernière  analyse,  nous  soutenons  que  le  néocomien  des 
»»  Basses-Alpes,  du  Var,  des  Hautes-Alpes  et  des  Voirons,  que 
»  tout  néocomien  à  faciès  alpin,  en  un  mot,  ne  peut  se  subdiviser 
»  en  deux  étages,  dont  le  supérieur  deviendrait  équivalent  et 
M  syncbronique  du  calcaire  à  Chaîna.  Ce  dernier  terrain,  suivant 
»  nous,  conserve  toujours  son  individualité.  » 

Ainsi  lAJ.  Reynès,  pas  plus  que  M.  Pictet,  ne  reconnaît  comme 
indépendants  les  calcaires  à  Scaphites  Yvanii  de  Barréme,  puisqu'il 
les  confond  avec  les  bancs  à  Spatangues. 

Si  nous  consultons  les  travaux  de  M.  Duvdl-Jouve  (1)  sur  la 
disposition  des  terrains  néocomiens  dans  les  Basses-Alpes,  nous 
▼errons  aussi  que  ce  géologue  aflirme  que  les  marnes  à  Belemnites 
dilatnUiAy  Blainv.,  et  à  Toxaster  complanatas ^  sont  surmontées  par 
les  assises  d'un  calcaire  blanc,  dur,  qui  contiennent  la  faune  si 
remarquable  de  Barréme,  d'Angles  et  des  Vergons. 

Nous  reconnaissons  donc  et  nous  admettons^  au-dessous  du  cal- 
caire A  Chama  ammonia^  dans  le  grand  bloc  qui  a  reçu  primitive- 
ment le  nom  d'étage  néocomien,  trois  étages  distincts,  qui  sont  : 

1®  L'étage  valenginien  des  géologues  suisses,  caractérisé  par 
V Ammonites  Gevrilianus^  d'Orb.,  le  Sirombus  Sauiieri,  Coquand; 
cet  étage  est  pour  nous  l'équivalent  du  wealdien  de  l'Angleterre; 

2®  L'étiige  néocotnien  proprement  dit,  caractérisé  par  les  Bcltm- 
nites  dilatatus^  Ammonites  Astieri^  Toxaster  complanntux^  Osirea 
Couloni  et  Crioceras  Duvalii^  d'Orb.  ; 

3°  L'étage  pour  lequel  nous  proposons  le  nom  de  barrémien, 


(1)  Belemnites  de  Ui  craie  des  environs  de  Caste  liane. 


536  sAancb  du  3  février  1862. 

caractéi'isc  par  les  Belemnites  minaret^  Ammonites  ligatus^  Scaphites 
Yi'{iniè,  etc. 

(Cet  cta(j;e  n'est  point  IVqiùvalcnt  de  Tëtage  urgonien.) 

L'ëtahlisseiiient  de  ces  trois  étages  se  justifie  par  les  lois  de  la 
sti'ati(;rapliic  et  la  spécialité  des  faunes  de  rhaciiQ  d'eux;  car,  si 
Aie.  d'Orbi(îny  a  eu  le  tort  d'assimiler  Tctaue  6nr/v////r//  â  son  ur- 
gonien à  Clmmri  ammonia^  cette  violation  des  règles  du  parallé- 
lisme ne  saurait  atteindre  en  aucune  façon  rautonomie  respective 
des  deux  étages  et  encore  moins  leur  indépendance  ;  donc  les  divi- 
sions que  nous  introduisons  ne  se  trouvent  subordonnées  «i  aucune 
idée  systématique. 

Il  nous  reste  à  démontrer  à  présent  que  Tétage  bnrrènnrny  que 
nous  avons  démontré  être  séparé,  dans  les  fiasses- Alpes,  des  bancs 
à  Spatangues  auxquels  il  est  supérieur,  n*est  point  Féquivalcnt 
des  assises  \  Chamn  ammonia^  mais  qu'il  constitue  au-dessous  de 
celles-ci  un  étage  spécial,  de  sorte  que  les  géologues  qui  voudront 
conserver  Turgonien  dans  le  néocomien  seront  obligés  d*cn  faire 
le  quatrième  terme  de  cette  formation. 

Pour  arriver  à  la  formation  (]ue  nous  nous  proposons  d'établir, 
nous  devons  chercher  ù  saisir,  dans  la  fiasse-Provence,  les  rela- 
tions véritables  des  bancs  à  Chama  amwonia  avec  les  couches  à 
Spatangus  rctusus. 

Le  déparlement  des  fiouches-du-Rhône  et  surtout  les  envi- 
rons de  iMai*seille  nous  fourniront  les  éléments  nécessaires  pour 
cette  étude,  et,  par  conséquent,  la  solution  désirée  du  problème. 

Tous  les  auteurs  qui  ont  écrit  sur  la  géologie  du  midi  de  la 
France  sont  unanimes  à  reconnaître,  au-dessus  des  couches  â 
Spatangus  rctttsits^  un  grand  ensemble  calcaire,  extrêmement  dé- 
veloppé entre  Cassis  et  Marseille,  et  renfermant,  à  la  partie  supé- 
rieure, une  grande  quantité  de  CJiania  ammonia.  Gomme  les 
fossiles  sont  ordinairement  empâtés  dans  la  roche,  et  que,  de  ploSi 
les  espèces  sont  peu  variées,  on  ne  s'est  jamais  inquiété  de  déter- 
miner la  place  exacte  qu'ils  occupaient  au  sein  d'un  étage  dont  la 
puissance  dépasse  quelquefois  une  centaine  de  mètres.  Mais  eu 
examinant  les  choses  de  plus  près,  on  se  convainc  bien  vite  que 
les  Chama  qui,  nous  le  répétons,  gisent  dans  les  bancs  les  plus 
élevé»,  ne  descendent  jamais  au-dessous  d'une  station  de  30  mè- 
tres d'épaisseur. 

Aux  calcaires  à  Chama  succèdent  d'autres  calcaires  compactes, 
durs,  blanchâtres  ou  jaunâtres,  épais  souvent  de  30  mètres»  et 
dans  lesquels  on  observe  une  très  grande  quantité  de  silex  tuber- 
culeux, dont  la  présence  suffit  seule  pour  établir  une  séparation 


NOTE    DE    M.    COQtAKD.  537 

entre  les  couches  à  Cliamu  proprement  dites  et  celles  qui  leur 
servent  de  base.  La  compacilë  de  la  roche  et  Tabsciice  de  tout 
élément  marneux  rendent  la  découverte  de  fossiles  dëterminables 
bien  difficile.  C'est  en  effet  une  tâche  ingrate  que  de  deviner, 
dans  la  coupe  de  quelques  coquilles  visibles  dans  les  cassures,  le 
genre  etTespèce  auxquels  elles  peuvent  appartenir;  seulement,  on 
peut  s'assurer  qu'ils  ne  présentent  plus  de  Chaîna  ammohia.  Il  n'y 
a  qu'à  fouiller  les  vallons  qui,  depuis  la  Bedoule  jusqu'à  Marseille, 
entament  les  montagnes  que  Ton  voit  se  dresser  entre  la  route  de 
Toulon  et  le  littoral  de  la  Méditerranée,  pour  constater  à  chaque 
pas  la  position  respective  des  calcaires  inférieurs  avec  silex  et 
des  calcaires  supérieurs  à  Chaîna,  On  s'assure,  en  outre,  et  cela  de 
la  manière  la  plus  incontestable,  que  ces  premières  s'appuient 
directement  sur  les  bancs  à  Spatangus  retusus  et  à  Ostrca  Couloni^ 
donc  sur  l'étage  qui,  dans  les  fiasses-Alpes  comme  dans  le  Jura,  a 
reçu  plus  spécialement  le  nom  de  néocomien.  Ces  relations  sont 
très  bien  exprimées  dans  les  montagnes  de  Mazargues,  près  de 
Marseille,  où  les  trois  étages  que  nous  venons  de  mentionner  sont 
représentées  dans  une  même  coupe,  ainsi  que  dans  les  falaises  de 
l'anse  des  Catalans  (1),  où  Ton  voit  les  calcaires  avec  Chama  am- 
monia^  qui  couronnent  le  rocher  sur  lequel  est  bâtie  Notre-Dame- 
de-la-Garde,  supportés  par  des  calcaires  blanchâtres,  durs,  dé- 
pourvus de  Chama^  il  est  vrai,  mais  renfermant  un  fossile  de  la 
plus  haute  importance,  le  Scaphxtes  Yvaiiii,  Puzos.  Or,  comme  ce 
céphalopode  caractérise,  dans  les  Basses-Alpes  et  à  Barrême,  sur- 
tout les  calcaires  durs,  supérieurs  à  l'horizon  du  Spatangus  reta- 
siUf  il  est  évident  que  les  bancs  à  Scaphites  des  Catalans  devien- 
nent les  équivalents  des  bancs  à  Scaphites  des  Basses-Alpes, 
puisqu'ils  occupent  la  même  position  stratigraphique,  et  que,  de 
plus,  Jlt  présentent  des  fossiles  identiques.  Ils  reposent  en  outre, 
les  uns  et  les  autres,  sur  une  base  commune,  qui  est  l'assise  à 
Spaiangus  retusus;  donc  ils  sont  parallèles  et  contemporains;  donc, 

(4)  Notre  intention  n'est  point  de  fournir  dans  cette  notice  la 
description  géologique  du  terrain  néocomien  des  environs  de  Marseille  ; 
il  nous  suffira  de  dire  que  le  rocher  calcaire  contre  lequel  est  adossé 
l'édifice  des  bains  des  Catalans  montre  les  étages  urgonien,  barré- 
mien  et  néocomien.  Une  faille,  que  Ton  observe  près  de  la  pointe 
qo'entame  le  chemin  de  la  corniche,  fait  buter  les  assises  à  Chama 
ammonia  contre  le  calcaire  marneux  à  Ostrea  Couloni.  Mais,  en  re- 
aiODtant  la  série  des  couches  au  delà  de  la  région  enfailléo,  on  revoit, 
dans  leur  position  normale,  les  trois  étages  que  nous  venons  de 
nommsr. 


538  SÉANCE  nu  3  tÉVRiEr.    1802. 

enfui,  la  r.'iuiic  de  nanèiiie  coirespoiid  à  un  niveau  inférieur  à 
celui  des  Chôma  timinoNia  ;  dont!  c'esL  à  tort  que  d'Orbiguy  lei 
a  confondus  dans  son  Prodrome  et  dans  son  Cours  tU:  sUaiigrapkit 
paléontftlo^iqtte. 

Des  détails  qui  précèdent  il  ressort  que  l  étage  à  Chnmn  am- 
monia  de  la  basse  Provence  et  du  Jtu'a  fait  compléteineikt  dëfjiut 
dans  les  Basses- Alpes,  ou  du  moins  qu'il  ne  saurait  être  repré» 
sente  par  le  calcaire  à  Scaphites  de  Hari'ènie  et  des  Vei*gons. 

Une  dernière  observation  donnera  plus  de  poids  encoi*e  à  uotre 
opinion.  Nous  avons  fait  remarquer  que  le  calcaire  à  Chama  r/w- 
monia  ne  franchissait  pas  le  revers  méridional  de  la  cliaine  de 
la  Sa  in  te- Beau  me,  11  existe  au  nord-est  de  Marseille  une  région 
remarquable  pour  le  développement  qu'y  prennent  le  udoeoniien 
à  Spatdti^us  retustu  et  létale  provencien  à  Hîppuritrs,  Cette  ré* 
(j;ion,  très  montagneuse  ot  tourmentée  par  de  nombreuses  failies, 
est  une  dépendance  de  la  commune  d*Allaucb.  Le  vallon  des 
Escaupo,  qui  s^ouvre  du  nord  au  sud,  au  uord-est  du  village, 
présente  au-di  ssus  du  terrain  jurassique  de  très  beaux  escarpe- 
ments dont  la  base  est  occupée  par  des  calcaires  marneux  à  «^<i- 
ttingus  rriiuus.  On  y  recueille  à  profusion  les  Ammonites  ciypé^oT' 
mis  et  Asiieri,  VO.sireu  CoiUoni^  la  Ttrchrauda  prœloiigu^  enGn  la 
|>lupart  des  fossiles  particuliers  à  cet  horizon. 

Au-dessus  des  calcaires  à  Spatangues,  on  remarque  des  assises, 
puissantes  de  60  mètres  environ,  d*un  calcaire  couipatte»  dur, 
blanchâtre  ou  jaunâtre,  qui  contient  de  nombreux  roguons  de 
silex  blond  ou  brun,  et  qui,  par  conséquent,  représeuieDt  les 
mêmes  bancs  qu*â  Cassis,  à  Alazargues  et  aux  («atalant,  se  trou- 
vant places  au-dessous  du  terrain  a  Chamtt  ammonutj  et  que  cara^ 
tcrise  le  ScnpUiias  Yiuinii.  C'est  notre  nouvel  étage  barréinien  et 
c'est  par  lui  que  se  termine,  à  Allauch,  la  formation  néocoinienne 
proprement  ilite.  On  y  rechercherait  vainement  les  assises  k 
Cliama  ummoma^  les  étages  apticn,  albien,  rotbomagien  et  caran- 
tonien  qui,  cependant,  sont  tous  représentés  dans  la  chaîne  de 
Saiiit-(^yr,  qui  est  en  face  et  qui  n'est  séparée  d'AUauch  que 
par  une  distance  de  3  kilomètres.  Cette  absence  de  l'étage  ui^o- 
nien  démontre  son  indépendance  comme  étage,  ainsi  que  l'indé- 
pendance des  calcaires  à  silex  qui  le  supportent  ailleurs;  d'où  il 
découle,  comme  conséquence  immédiate,  que  ces  derniers  ne  sali- 
raient être  confondus  ni  avec  les  bancs  à  Cliama  ammonia^  ni  avec 
les  bancs  à  Spatanii^us  retusus,  pas  plus  dans  les  Basses- Alpes  que 
dans  le  vallon  des  Escaupo. 

(Vest  dans  un  ordre  identique  que  les  étages  à  Spatangiis  refusas 


IfOTK    Dl    H.    COQUAND.  Ô30 

Cl  à  Scaphitcs  Yvanii  sonl  disposes  dans  le  département  do  Vau- 
cluse.  Daiisla  dcsniplion  (jcolojçifjuc  qui^  :M.  Se.  Gia8(l)  vient  de 
publier  tout  nouvolleiuent,  cet  ingénieur  montre  que  les  marnes 
ar(;ilense8,  avec  .-iinmonitcs  neocomiensis^  d'Or)).,  et  Belemnites 
(lHa tutus ^  sont  surmontées  par  des  bancs  épais  et  serrés  d*un  cal- 
caire blond  ou  blancbàtre^  solide,  dont  la  texture  est  compacte, 
sublamellaire,  et  qui,  presque  toujours,  est  rempli  de  silex.  Ces 
calcaires,  dans  lesquels  on  recueille  les  Belemnites  minaret^  le 
Seaphites  Yvanii^  enfin  cette  lé(;ion  de  cépbnlopodes  à  tours  dé- 
roulés qui  ont  rendu  la  localité  de  tinrrémc  si  fameuse,  sont  in- 
conteMtablemeut  notre  éta[;e  barrémien,  et,  comme  dans  les  cnvU 
ronsdc  (Cassis,  d\\llauch  et  de  IMarseille,  ils  sont  remplis  de  silex. 
Nous  ne  mentionnons  cet  accident  minéralo^jique  que  parce  qu'il 
coïncide,  dans  la  basse  Provem  e,  avec  la  piéscnce  du  Scaphites 
Yvnniiy  et  que  les  calcaires  à  silex  sont  bien  incontestablement 
placés  au-dessous  du  terrain  à  C/tamn  nmmonin. 

M.  Se.  Tiras  confond  certainement  notre  étap,e  barrëmien,  qu'il 
daigne  par  le  nom  de  mantv.%  à  Ancyloccras^  d'un  côté,  avec  les 
marnes  à  Belemnites  dilatatus  et  à  Ostren  Cntihnt  qu'il  fait  supé- 
rieures aux  calcaires  à  Cfiamn  amnitmia  ^  et,  d  un  autre  coté,  avec 
Tëtage  aptien  qui  renferme,  à  la  Bédoule  et  ailleurs,  V Àncyloceras 
Mat/teroni,  d'Orb.,  qui  surmonte  ces  mêmes  calcaires  à  C/iama 
ammonia  et  n'a  rien  de  commun  avec  les  calcaires  à  Ancyhccras 
Enicrici,  Scaphites  Yvanii^  lescfnels  sont  inférieurs  à  ces  derniers. 
Les  céplialopodesà  tours  déroulés  [Crioeeras  et  Ancyloceras)^  au 
lieu  d'être  confi^ndus  dans  un  même  banc^  occupent  donc  trois 
stîitions  parfititeinent  distinctes  dans  la  baute  comme  dans  la 
basse  Provence. 

Ainsi  le  Crioceim  Duvalii^  que  nous  avons  recueilli  à  Salon, 
associé  au  To.cnster  eompliuuitus^  caractérise  les  marnes  à  Ostrea 
CbWo/i/,  c'est-«î-dire  le  iiéocomirn  proprement  dit. 

U  Ancyloceras  E  mer  ici  ^  le  Scaphites  Yvanii  ^  sont  spéciaux  À 
notre  étage  barrémien. 

JSufin  V Ancyloceras  Matheroni  est  propre  à  l'étage  aptien. 
Nous  n'o:>ons  |)oint  étendre,  en  debors  des  points  qui  nous  sont 
le  mieux  connus,  c'est-à-dire  de  la  Provence,  les  divers  borizons 
que  nous  venons  de  signaler  dans  le  terrain  néocomien. 


(l)  Description  géologique  du  département  de  yaucluse^   Paris, 
4S62. 


5Â0  SÉANCE    DU    3    FÉVRIER    18C2. 

Mous  soupçonnons  nëaninoins  qu'il  serait  possible  de  trouver 
Téquivalent  de  notre  éta^re  harréniien  dans  des  couches  calcaires 
fort  épaisses  que,  dans  les  environs  de  Batna,  en  Afrique,  on 
observe  au-dessus  des  marnes  à  Spatan^j^ucs,  et  qui  supportent  les 
calcaires  à  Chama  ammonia.  Nous  soupçonnons  aussi  que  les  ar- 
giles ostréennes  de  I\IAI.  Leynieric  et  Cornuel  représentent,  au- 
dessus  des  bancs  à  Os  tien  Cuuloni  et  Taxa  s  ter  complanatus^  dans 
le  département  de  TÂube,  les  assises  de  Barrémc  A  Scaphites 
Yva/iii,  Si  ce  rapproche  ment  se  confirmait,  VO.stren  Lcymeriî^ 
Desh. ,  serait  barrémicnne  ;  il  resterait  à  démontrer  si  les  grès 
ferrup,ineux,  les  sables  supérieurs  à  VOstrt'n  Lcymtrii  et  inférieun 
aux  argiles  â  Piicatules  (étage  apticn]  pourraient  èive  considérés 
comme  parallèles  des  calcaires  a  Chama  atnmonia^  ou  de  Tétage 
urgonien.  C'est  une  simple  réflexion  que  nous  nous  pei  mettons 
de  consigner  ici,  laissant  aux  géologues  mieux  placés  que  nous  et 
au  temps  la  mission  de  compléter  l'histoire  si  intéressante  de  la 
formation  néocomienne. 

Il  nous  sera  aussi  permis  d'indiquer  un  nouveau  rapproche- 
ment avec  une  contrée  classique  pour  l'étude  du  néocomien;  nous 
voulons  parler  des  environs  de  Neufchatel,  en  Suisse,  de  Moutier 
et  de  Pontarlier,  dans  le  département  du  Doubs.  Nous  ne  saurions 
mieux  faire  que  de  citer  la  description  qu'en  a  faite  M.  Lory  (1), 
et  de  laquelle  il  ressortira  de  la  manière  la  plus  claire  que,  dans 
cette  partie  du  Jura,  il  existe,  entre  les  marnes  d'Hauterivc 
[Spatangus  rctusus)  et  les  calcaires  a  Chama  ammonia^  un  nouveau 
terme  dont  notre  savant  collègue  de  Grenoble  a  très  nettement 
précisé  la  position. 

Après  avoir  indiqué  que,  dans  le  ravin  de  l'Écluse,  les  marnes 
à  Spatangues  se  lient,  dans  leur  partie  supérieure,  à  des  calcaires 
chlorités,  de  2  à  3  mètres  d'épaisseur^  M.  Lory  ajoute  t  «  On 
commence  aussi  à  rencontrer,  avec  les  calcaires  chlorités,  yen  leur 
partie  supérieure,  des  couches  siliceuses,  tantôt  contenant  det  n>« 
gnons  de  silex  d'un  blanc  mat,  qui  se  détachent  nettement,  comme 
à  ISeufchâtel,  tantôt  pénétrées  de  silice  qui  se  concentre  princi'- 
palement  en  zones  parallèles  a  la  stratification  (environs  de  Mor- 
teau).  Puis,  au-dessus  des  calcaires  chlorités,  se  développe  de  plus 
en  plus  une  puissante  assise  de  calcaires  jaunes,  ayant  ])our  type 
la  pierre  a  bâtir  bien  connue  de  Neufchâtel  et  de  Pontarlier,  et 


(I)  Terrains  crétacés  du  Jura,  p.  29. 


NOTE    DE    M.    COQUAND.  bài 

qui  vicut  compléter  par  un  nouveau  terme  la  série  des  assises  de 
IVlage  néocomien  moyen.  Cet  étage  se  présente  alors,  tel  qu'on 
le  connaît  à  Neufcliâtel,  composé  de  trois  parties,  intimement 
liées  par  des  passages  de  l'une  à  Tautre  :  les  marnes  bleues  (à  Spa- 
tangues),  les  calcaires  chlorltés  et  les  calcaires  jaunes.  » 

C'est  au-dessus  des  calcaires  jaunes  à  rognons  siliceux  que  se 
développent  les  calcaires  à  Chama  ammonia. 

On  ne  peut  guère  se  refuser^  ce  nous  semble,  à  reconnaître  dans 
la  coupe  de  Meufcliâtel  celle  des  Catalans  et  d'Allaucli,  près  de 
Marseille,  et  dans  les  calcaires  jaunes  Téqui valent  de  notre  étage 
barrémien. 

Nous  pensons  qu'il  serait  superflu  d'énumérer  dans  ce  travail 
la  faune  de  notre  nouvel  étage  barrémien^  dont  Barréme  et  Angles 
ont  fournis  les  types  le  mieux  connus.  Pour  suppléer  à  cette  lacune 
volontaire^  nous  préférons  renvoyer  à  Tétage  urgonien  du  Prodrome 
ded'Orbigny,  qui  mentionne  les  espèces  qu*il  renferme,  en  faisant 
i-emarquer  toutefois  qu*il  faut  avoir  soin  d'éliminer  toutes  celles 
qui  sont  attribuées  aux  couches  à  Chama  ammonia  et  qui  appar- 
tiennent a  un  horizon  plus  élevé. 

A6n  de  mettre  en  relief  la  position  que  l'étage  barrémien 
occupe  dans  la  formation  néocomienne,  il  nous  reste  à  placer  en 
regard  les  uns  des  autres  les  divers  étages  dont  cette  formation  se 
compose  dans  la  haute  et  dans  la  basse  Provence. 


BA8SES-ALPE8. 

A.  Étage  aptien,  avec  Ancyloceras 
Matheroni, 
(L'étage  urgonien  manquô.) 

C.  Étage   barrémien,    avec   Sca- 

pintes  Yvanii, 

D.  Étage  néocomien,  avec  Ostrea 

CoulonL 
B»  Calcaire  inférieur  correspon- 
dant au  valenginien?. 


BOUCHES-DU-BHÔNK. 

A .  Étage  aptien ,  avec  Ancyloceras 

Matheroni, 

B.  Étage  urgonien,  avec  Chama 

ammonia. 

C.  Étage  barrémien,   avec   Sca^ 

phites  Yvanii. 

D.  Étage  néocomien,  avec  Ostrea 

Cotiloni, 

E.  Étage  valenginien ,  avec  Strom- 

bus   Soutier i^    Coquand,   à 
Allauch. 


On  voit,  en  dernière  analyse,  que  notre  nouvel  étage  barrémien 
est  indépendant  par  sa  position  et  par  sa  faune,  qu'il  est  intermé- 
diaire entre  les  bancs  à  Ostrea  Couhni  qui  le  supportent  et  les 
bancs  à  Chama  ammonia  qui  le  recouvrent,  qu'en  un  mot  ses 
droits  à  une  autonomie  existent  aussi  incontestables  que  pour  les 
étages  néocomien  et  urgonien. 


5A2  Sfi.AN'CB    hV    3    PËVRIEIl    1862. 

M.  Hébert  présente  les  observations  suivantes  (1)  : 

Je  ne  snurnis  trop  rendre  hommage  au  zèle  et  à  l'activité 
soutenus  avec  lesquels  M.  Coquanrl  étend  au  loin  les  preuves 
de  runlformité  de  composition  du  terrain  de  craie.  Après  avoir 
montré  que  la  craie  de  Provence  présente  les  mêmes  subdivisions 
que  celles  de  T  Aquitaine,  il  a  retrouvé  cette  même  sërie  en  Afrique. 
Comme  j*ai  étudié  avec  quelque  soin  la  craie  de  la  Provence  et 
celle  de  l'Aquitaine,  je  dois  tiéclarer  que  j  admets  parfaitement  la 
concordance   (;énérale  des  subdivisions  dans   les  deux   rë|;ioi]S. 

La  seule  objection  que  je  crois  devoir  reproduire,  car  je  l'ai 
déjà  faite  k  cbuqae  comnumication  de  M.  Goquand  sur  la  craie, 
c^est  que  je  considère  (H)mme  erroné  le  rapproclieinent  que 
I\].  Coquand  établit  entre  la  partie  supérieure  de  la  craie  du  sud- 
ouest,  celle  d'Aubeterre,  par  exemple,  et  celle  de  Cognac,  avec  h 
craie  de  i^Iaestriebt  et  la  craie  de  .Meudon. 

Que  IVl.  Coquand  me  permette  de  le  lui  dire  en  toute  frauchiie; 
qu*il  ne  voie  dans  ces  critiques  que  le  désir  d'arriver  plus  pit>iu(>- 
tenient,  et  avec  son  concours,  à  une  bonne  classiûcation  du  terrain 
crétacé;  autant  ses  travaux  sont  clairs  et  exacts  quand  il  s*agit 
d'établir  la  succession  des  assises  des  terrains  qu'il  a  étudiés,  au- 
tant les  syncbronismes  que  je  cond)ats  introduisent  de  confutioD 
dans  la  science,  ('es  syncbronismes  sont  établis  sur  les  espèces  de 
fossiles  qui  sont  lo  moins  propres  à  donner  une  certitude  :  ainn, 
VOstrcii  vesiculniîx,  qui  parait  être  l'argument  principal  de 
M.  Coquand  pour  assimiler  son  étage  campanien  à  Meudon,  et 
que;  Ton  rencontre  à  tous  les  niveaux  dans  la  craie,  depuis  la  craie 
de  Rouen  jusque  dans  celle  de  Maestricbt  ;  \ Anancliyîes  ovaia, 
nom  sous  lequel  on  désigne  des  variétés  distinctes  qui  se  trouvent, 
à  des  niveaux  différents,  depuis  la  craie  îi  Inoceramus  iabUilus  jOS' 
que  dans  la  craie  supérieure  de  Maestriclu,  Si  ces  variétés  appar- 
tiennent à  une  ioème  espèce,  cette  espèce  ne  peut  servir  comme 
caractérisque  ;  si  elles  eonstiluent  des  es[ièces  différentes,  il  faut 
montrer  que  l'on  trouve  dans  le  ra /ripant fn  l'espèce  de  Meudon, 
ce  qui  n'est  pas.  Il  en  est  de  même  pour  beaucoup  d'autres  esjiècts. 
Aussi,  si  l'on  ouvre  It:  Svnopsrx  que  M.  Coquand  vient  de  pu<* 


(1)  Ces  observations  ne  se  rapportent  pas  au  travail  qui  précède, 
mais  à  une  communication  verbale  faite,  dans  la  séance  du  2  dé- 
cembre 1861,  sur  le  terrain  crétacé  de  rÂIgéric,  qui  n'a  point  été 
imprimée,  et  surtont  à  la  classification  publiée  par  M.  Coquand 
{Bull.,  VséT.,  t.  XVI,  p.  962,  4869). 


IfOTK    DK    M.    HÉBERT.  5/||3 

blier  (1),  on  voit  qu'il  est  conduit  à  mettre  fp.  129)  dans  la  craie 
de  Meucioii,  la  zone  des  Ciddris  clavioera^  C.  subvrsiculosa,  Mi- 
crastri  Lr.sAvi,  etc  ,  si  connue  dans  le  bassin  de  Paris,  et  qui  est 
s^parëe  clos  couches  de  IVTeudon  par  un  puissant  niassif  de  craie 
blanciic  à  silex,  caractérisée  par  le  JJicrmtcr  cor^tin^tihnim  (type), 
la  Linid  Hoperi^  etc.  ;  à  placer  (p.  1Z|6)  sur  K»  niêine  horizon 
Meudon,  tilois,  Yilledieu,  Dieppe,  Lonviers,  bien  que  ces  trois 
derniers  gisements,  situés  peut-être  à  300  mètres  au-dessous  de 
iSleudon,  n'aient  i\  peu  près  de  commun  avec  ce  dernier  horizon 
que  la  couleur  de  la  roche,  et  que  la  faune  en  soit  complètement 
dîOéi'ente  ;  à  détruire  (p.  88)  Thorizon  le  mieux  caractérisé,  celui 
de  Vlnorcmmus  labintus  (Brong. ,  sp.).  qu'il  distingue  de  T/.  my 
iéloifJex^  IVIantell,  bien  que  ce  soit  la  même  espèce,  et  à  les  mettre 
toutes  deux  dans  son  santonieti^  avec  Y  Ammonites  polfopsis^  la 
HAffic/io/iclia  vtsfjertHin^  le  Micrasicr  ùrevis,  et  toute  la  faune  de 
la  tranchée  de  Toui'S,  au-dessus  de  ses  éta(»es  conhtdcn  et  pro- 
pencicn  et  de  Télage  an^oumicn  à  Ammonites  papalis^  bien  que 
la  craie  ù  Innccrumus  lubiatiis  soit  au-dessous  de  ces  dernières 
assises. 

Il  serait  trop  long  de  relever  toutes  les  contradictions  que  Tidée 
de  voir  la  craie  de  IVleudon  et  celle  de  Maestricht  dans  la  partie 
supérieure  de  la  craie  du  sud-ouest  a  introduites  dans  les  travaux 
d'ailleurs  si  éminemment  utiles  de  notre  savant  collègue.  INI.  Go- 
quand  sait  que  je  n'ai  jamais  partagé  sur  ce  point  sa  manière  de 
voh*;  néanmoins  je  n'avais  pas  encore  formulé  dans  le  Bulletin 
cette  dissidence  d'une  manière  aussi  complète,  espérant  que  peu 
à  peu  mon  confrère  abandonnerait  la  partie  de  ses  opinions  pure- 
ment hypothétique,  qui  est  en  opposition  avec  mes  éludes  person- 
nelles; mais  loin  de  là,  il  poursuit  son  synchronisme  jusque  dans 
les  montignes  de  l'Afrique  septentrionale.  Dans  l'intérêt  de  la 
vérité,  j'ai  donc  dû  dire  qu'à  h»es  yeux,  et  cela  de  la  façon  la 
plus  évidente,  il  n'y  a  dans  la  partie  de  l'Aquitaine  décrite  par 
M.  Coquand  ni  craie  de  iVIeudon,  ni  craie  de  iMaestricht,  et  que 
rien  ne  prouve  qu'il  en  soit  autrement  en  Afrique. 

Entre  la  craie  de  Meudon  et  Us  assises  les  plus  élevées  de  la 
série  crétacée  de  l'Aquitaine  décrite  par  iM.  Coqnand,  il  y  a  : 
1*  la  craie  à  Belemnitella  quadrata  qui  forme  la  base  du  système 
de  Meudon,  épais  de  100  mètres  environ,  et  qui  constitue  le  sol 
des  plaines  de  IVIontdidier,  Breteuil,  la  Fère,  Laon,  Reims,  etc. 

(O  Synopsis  de$  animaux  et  des  végétaux  fossiles ,  etc.^  de  la 
Charente,  etc.  Alarseillô,  4  860. 


5&Â  SfiANCB    DU    3    FÊVIIIKR    1862. 

2°  Le  massif  non  moins  épais  de  la  craie  à  Mivrti\ter  eor^angui* 
nnnt  dont  la  liasc  repose,  aux  environs  de  BloU,  sur  les  coucha 
les  plus  élevées  de  la  série  de  Yilledieu,  à  laquelle  nous  rappoi^ 
tons  toute  la  craie  d'Aubeterre  et  des  autres  localités  donnéei  psr 
i\I.  Goquand  comme  équivalent  de  la  craie  de  MeudoD  et  de 
Maestricht,  et  qui,  par  sa  faune,  se  rattache  d'une  manière  intime 
à  Tensemble  de  la  craie  de  Touraine,  et  nullement  Â  la  cnie  k 
silex  qui  la  recouvre. 

M.  Goquand  cite  plusieurs  fossiles  de  Maestricht  et  de  Men- 
don  qui  se  retrouvent  dans  lo  S.-O.  de  la  France  et  en  Algérie. 
M.  Gontejcan,  dit-il,  qui  a  si  bien  exploré  et  décrit  l'étage 
du  kimmëridgo  dans  nos  provinces  de  l'Est,  n*y  a  jamais 
trouvé  YOstrca  dehoidea^  la  coquille  la  plus  caractéristique 
de  cet  étage.  Cependant  aucun  géologue  ne  donte  que  la  puis- 
sante formation  étudiée  par  M.  Gontejean  ne  représente  le 
kimméridge.  De  même,  parce  qu'on  ne  trouve  pas  dans  le 
sud-ouest  de  la  France  certains  fossiles  caractéristiques  de 
rhorizon  de  la  craie  de  Meudon  et  de  Maestricht,  ce  n'est  pas 
une  raison  pour  nier  Toxislence  de  cet  horizon. 

M.  Baylc  présente  quelques  observations  à  l'appui  de  la 
communication  de  M.  Goquand. 

M.  Deslongchnmps  présente  un  travail  sur  la  présence  du 
genro  P/ionts  dans  lo  terrain  dévonien  du  Boulonnais. 

M.  d'Alleizetto  fait  la  communication  suivante  : 

IVofi*  sur  la  craie  et  la  mollasse  du  Jura  ffugeysien,  dans  /«i 
cni'irons  de  Nantua  {^in)  -,  par  M.  Gh.  d'Alleizette  (pL  X, 

fig.  1). 

La  présence  de  la  craie,  dans  le  Jura  méridional,  a  déjà  Aé 
si(;nuléu,  en  1858,  par  IVIM.  Bonjour,  Defranoux  et  le  frère  Ogé- 
ricn,  près  de  Saint- Julien  (Jura),  dans  la  vallée  du  Suran,  et,  en 
novembre  de  la  même  année,  par  IVI.  Emile  Benoit,  à  Leyssard 
(Ain),  arrondissement  de  Nantua,  dans  la  vallée  de  TAin. 

Kn  venant  aujourd'hui  indiquer  un  nouveau  gisement  de  cnie 
et  de  mollasse,  près  du  lac  Genin,  au-dessus  de  Gliarix,  et  donner 
quelques  détails  sur  la  position  de  ces  lambeaux  de  terrains,  au 
centre  du  Jura,  mon  but  est  d*attircr  Tattention  des  géologuei 


NOTE    DB    M.    D  ALLEIZETTB. 


6A6 


riiupoiiancc  qirofïVtiit  ces  (Irpots  pour  le  classement  de  l'époque 
du  soulèvement  du  Jura. 

La  comnmnication  faite,  en  novembre  1858,  par  M.  Emile  Be- 
noît, est  trop  complète  pour  qu'il  me  soit  permis  de  donner  de 
nouveaux  détails  sur  la  craie  de  Leyssard.  M.  Uenoit,  avec  cette 
sûreté  de  coup  d'œil  que  lui  ont  donnée  une  longue  expérience  et  de 
longues  études  au  milieu  des  chaînes  si  accidentées  et  si  compli- 
quées du  Jura,  a  vu,  en  peu  d'heures,  tout  ce  qu'il  y  avait  à  voir, 
à  cette  époque,  dans  le  petit  massif  de  Leyssard. 

■  Plus  heureux  que  lui,  en  raison  du  temps  que  j'y  ai  employé, 
j'ai  pu  retirer  du  gault,  qui  est  inférieur  à  la  craie,  d'assez  bons 
fossiles  en  tout  semblables  à  ceux  du  même  étage  de  la  Perte  du 
Rhône.  Ce  sont  : 


Nanti! us  Nnkcrianus^  Pict. 
Ammonites  I)('/ucit\  BroDg. 

—  nwminiUatus\  Scb. 

—  Millctifinus^  d'Orb. 
Tiirri/itcs  cntenatns^  d'Orb. 
'jivcllnnn  subincrassata^  d'Orb. 
Natica  gniiiti/tn^  d'Orb. 


Dc/ittilium    IViodaniy    Piolet    et 

Koux. 
Tnoct'raimis  couccntricus^  Park. 
—  su  Ira  tu  s  ^  Park. 
H  oins  ter  lœvisy  Agass. 
DJicrastci  oblongits^  Agass. 


Tous  ces  fossiles  ont  subi  un  charriage  qui  en  rend  l'état  de  con- 
servation moins  bon  qu'à  la  Perte  du  Rhône. 

Dans  la  craie,  je  n'ai  rien  trouvé  de  plus  que  M.  Benoît,  quel- 
ques très  rares  débris  d'Huîtres  et  d'oursins  tout  à  fait  indéter- 
minables. 

Quelques  travaux  faits  pour  l'extraction  du  silex  et  quelques 
ravinements  produits  par  de  grandes  phues  m'ont  fait  découvrir 
une  petite  couche,  que  iM.  Benoît  n*avait  pu  apercevoir,  et  qui  a 
uue  certaine  importance,  puisqu'elle  se  retrouve  encore  dans  la 
même  position  au  lac  Genin  et  dans  la  combe  de  Férirand,  près  de 
Brénod.  C'est  une  couche  d'argile  d'un  très  beau  rouge,  de  1  mètre  à 
l'^jôO  d'épaisseur.  Cette  argile  est  très  pure  et  très  plastique  à  sa 
base,  et  contient  seulement  dans  sa  partie  supérieure  quelques 
petits  rognons  siliceux  bruus  ou  noirâtres  ;  elle  repose  en  parfaite 
concordance  sur  la  partie  supérieure  de  la  craie.  Cette  argile  fait- 
elle  encore  partie  du  terrain  crétacé?  C'est  probable,  quoique  le 
manque  complet  de  fossiles  puisse  faire  naître  quelques  dou  es. 

Au-dessus  de  cette  argile  y  a-t-il  du  falunieu  comme  au  lac 

Genin  et  à  la  combe  d'Evoaz?  A  ce  sujet  encore  il  n'est  pas 

possible  d'avoir,  en  ce  moment,  une  certitude,  car  le  massif  de 

craie  de  Leyssard  est  recouvert  d'une  végétation  si  abondante  que 

Soc,  géol,^  i"  série,  tome  XIX.  35 


5A0  SfiAKCB    Di:    5    FÉVRIKU    1802. 

tontes  iiK's  rcchcrciics  pour  découvrir  le  sous-sol  ont  été  iiifnic- 
tneubes. 

La  (Taie  de  Leyssard  supporte  une  t'orèt  de  pius  dotit  le  fourré 
est  composé  principalement  de  houx,  de  berberis  et  «rflutres 
])lantt-s  qui,  quoique  existant  dans  les  parties  calcaiics  du  Jura. 
n'y  sont  cependant  jamais  aussi  abondantes  et  aussi  vigoureuses. 
Il  n'en  est  pas  de  même  des  pins;  je  n'en  connais  aucun  croissant 
naturellement  siu*  les  calcaires  du  Jura;  on  ne  les  trouve  que  sur 
It'S  mollasses  ou  sur  des  terrains  vraiment  siliceux,  comme  dans  le 
Val-Romey,  dans  la  Miciiaillc,  le  pays  de  Gex,  la  Seinine  sa- 
voyarde ;  c\si  dire,  qu'autant  les  lorêts  de  sapins  sont  abondantes 
et  immenses  dans  le  Jura,  autant  les  pins  y  sont  rares.  Aussi, 
quand  on  arrive  au  sommet  de  la  montagne  de  Beitiand  qui 
domine  la  vallée  de  TAin,  on  est  frappé  par  Taspectde  cetle  forêt 
de  pins,  dont  les  contours  dessinent  parfaitement  le  ^ihcnieut  de 
craie  de  Loyssard.  Dans  mes  cxcuisions  botaniques,  j'ai  trouvé 
dans  Cette  petite  localité  plusieurs  autres  plantes  que  j'avais  vai- 
nement clierchécs  ilans  le  Jura  et  que  j'ai  retrouvées  depuis, 
guidé  par  la  nalnre  du  terrain,  au  liant  de  la  cond)e  de  Chnrix  et 
dans  Ci  lie  de  Térirand. 

Lj  dépôt  de  craie  du  lac  Genin  est  situé  au  sommet  nord-est 
de  la  |;ranile  cond)e  de  Gliarix,  îi  une  faible  distance  du  Inc  (icniii. 
Il  forme  la  pente  inférieiire  de  la  montagne  qui  sépare  cette 
ciunbe  de  celle  d'Apn mont. 

La  craie  ea  là,  recouverte  de  ga/.ons  et  de  broussailles:  quelques 
petits  ravinemertî  m'ont  permis  de  l'étudier  et  tl'y  rectieillir 
quelques  fossdes. 

Le  terrain  lacustre,  fjurbrtkivn  ou  ivraldini^  repose  sm*  la  dolo- 
ntie  portlandienne;  il  a  de  2  '\oO  à  3  mètres  de  puissance  et  présente 
Il  h  mêmes  caractères  que  partout  ailleurs  dans  le  Jura,  c'est-à-dire 
iiiarnes  |»ii>ssières,  gris  bleuâtre,  mélangées  de  fragments,  plus 
ou  moins  loulés,  de  ealcaiies  alpins,  noirs.  Je  n*y  ai  pas  trouvé 
de  fossiles  d'eau  douce. 

Sur  le  terrain  purbeckicn  s'étend  le  néocomien ,  bien  déve- 
loppé, quoiqu'un  ])eu  moins  puissant  qu'au  moulin  dcCharîx. 
Il  se  (X>mpose  de  bas  en  b au t  île  : 

1°  Calcaires  oolitiques  avec  Pht^ltulomya  ehn^aiti,  Trrvbraiaia 
tamavindus.  Sow. ,  Tviibiatithi  bf/f/frnfa,  imita ^  de  Hucb. 

2"  Calcaires  compactes  en  bancs  puissants,  avec  Slnut/hns  Sau- 
tieriy  Cnprotina^  Ncuttcea^  0,\trea, 

3^  Calcaires  roux ,  cristallins,  en  plaquettes  et  marnes  bleuâtres 
avec  Ostiea  Couio/iiy  d'Orb.,  O.  m uvî optera j  Sow.,  Toxatter  com^ 


NOTl    DE    H.    D*ALLBIZBTTB.  5&7 

planatusj  A^assiz.  Le  néocoin ien  se  termine  là  par  un  calcaire 
8ub-crayeux,  I)lancliàtre,  un  peu  chloiité,  icnfeiniant  encore  des 
Osina  mavn*i)ter(t  et  quelques  {^rosses  coquilles  bivalves  indë- 
tenninables. 

Uur(>onien  qui  succède  est  peu  puissant;  il  n'a  {]uère  plus  de 
5  mètres.  Il  est  composé  d'un  cahralrc  blanc  plus  ou  moins 
tendre,  et  contenant  dans  sa  ))artie  moyenne  des  Cnproiina  et 
des  Pygnulwi,  Ces  Caprotiiies  de  rur(;onien  n<'  ressemblent  pas  à 
celles  dû  néocomien  inft'rieur.  Il  y  a  (.ntorc  au  sujet  de  ces  fos- 
siles une  confusion  telle  que  je  n'ai  pu  obtenir  de  bonnes  déter- 
minations. Aie.  d'Orbi[;ny,  dans  son  Prodrome^  n'indique  aucune 
(lapiotinc  dans  le  néoeomien  intérieur;  il  les  ))lace  toutes  dans 
son  urjjonien.  Or,  dans  quelques  loealilés  qu'il  cite,  telles  que 
Maillât,  Jearjat,  etc.,  l'ur^^onien  n'exibte  pas  et  les  Caprotines 
sont  dans  le  néoeomien  inférieur,  bien  au-dessous  des  marnes  à 
Ostrea  Cou  Ion  f . 

Le  gault  du  lac  Genin  présente  à  peu  près  les  mêmes  caractères 
qu'à  Leyssard  ;  sa  stratification  est  confuse  et  peu  apparente  à  la 
base;  il  est  formé  de  sables  siliceux  verdâtres,  avec  paillettes  de 
mica  et  quelques  nids  d'argiles  bariolées  ;  sa  puissance  est  de 
3  mètres.  Les  fossiles  que  j'y  ai  récoltés  sont:  Animant  tes  mammU" 
laiuSy  Inoccranitis  sulcatus^  Avellatta  subincrassata  et  quelques  dé- 
bris \)^ Amylocenis  ou  (ÏManiites. 

Il  y  a  une  liaison  intime  entre  le  (^aull  et  la  craie.  Les  der- 
nières couches  du  gault  présentent  quelques  petites  parties 
crayeuses  disséminées  dans  le  sable,  et  les  premieis  lits  de  la  craie, 
gris,  verdiUres,  feuilletés,  arjjileux  par  places,  offrent  dans  leur 
cassure  beaucoup  de  grains  siliceux  sendilables  à  ceux  du  gault. 
Les  coucbes  qui  succèdent  sont  d'une  craie  grisâtre,  très  tendre, 
avec  rognons  siliceux  encroûtés  et  agglomérés  en  nids.  Dans  ces 
coucbes  inlérieuies  je  n'ai  trouvé  aucun  débris  de  fossiles. 

La  craie  supérieure  est  très  blanche  et  renferme  deux  couches 
de  silice  pyroin.aque,  blonde  ;  les  parties  qui  environnent  ces  cou- 
ches  de  silice  en  sont  imprégnées  et  sont  très  dures  ;  le  reste  de  la 
craie  étant  friable,  les  lits  siliceux  forment  saillie.  C'est  à  la  partie 
tout  à  fait  supérieure  que  j'ai  trouvé  quelques  débris  de  fossiles  ; 
ce  sont  des  fragments  do  Catillus,  d'Ostrva  et  quelques  oursins 
roulés  et  indéterminables;  la  puissance  de  cette  craie  est  de  9">,50. 
Au-dessus  de  la  craie  se  trouvent  les  argiles  rouges  dont  j'ai 
constaté  la  présence  à  Leyssard  ;  elles  sont  presque  entièrement 
cachées  par  la  terre  végétale  qu'elles  colorent  en  rouge  au  bas 
d'un  ravioemeot. 


5A8  SfiA?(CE    DU    3    FÉVRIER    18G2. 

Il  reste  au-dessus  de  l'argile  i'OU[[e  un  petit  mamelon  de  A  à 
5  mètres  de  hauteur,  entièrement  recouvert  par  le  gazon,  et  qui 
n'a  pas  ëté  entamé  par  les  petits  ravinements  qui  sillonnent  la 
craie  et  le  gauU.  Les  quelques  trous  que  j'ai  creusés  sur  plusieurs 
points  m'ont  mis  en  présence  du  falunien,  bien  caractérisé  par  des 
Pvctcn  svnbrellus  et  bencdictus^  Lamk,  et  des  dents  de  squale.  Il 
ne  m'est  pas  possible,  en  ce  moment,  de  donner  une  coupe  dé- 
taillée de  ce  lambeau  tertiaire,  car  je  n'ai  pu  suivre  d'une  ma- 
nière assez  précise  la  série  des  couches  qui  le  composent  ;  cepen- 
dant j'ai  remarqué  que  sa  base  était  formée  d'un  poudingue  de 
[galets,  les  uns  calcaires,  d'autres  plus  rares,  siliceux  ;  leur  dimen* 
sion  ne  dépasse  pas  celle  d'une  noix. 

Si  l'on  suit  vers  le  sud-ouest  et  de  l'autre  cùté  de  la  cluse  de 
Nantua  et  de  la  vallée,  aux  failles  si  compliquées,  des  NtyroHes^  le 
prolon({oment  des  couches  néocomiennes  de  Charix,  on  les  voit, 
après  avoir  été  fortement  repliées  en  V  dans  la  combe  de  Mal- 
brondc^  se  dilater  près  des  j»ran(jes  de  Férirand  (canton  de  Bré- 
nod),  et  s'enfoncer  sous  une  élévation  recouverte  par  des  pâturages. 
Un  sentier,  qui  conduit  de  Brénod  à  Nantua  par  le  col  de  BuaC, 
longe  cette  élévation,  cl  sur  ses  bords  on  aperçoit  l'argile  rouge  de 
Ijeyssard  et  du  lac  (jenin  ;  elle  est  accompagnée  d*une  grande 
quantité  de  ro^jnons  siliceux  toiii  à  fiût  semblables  à  ceux  que 
présentent  ces  deux  localités. 

La  terre  végétale  ayant  recouvert  les  talus  du  chemin,  je  n*ai 
vu,  en  passant,  ni  craie  ni  mollasse,  mais  j'ai  tout  lieu  de  craire 
que  ces  dépôts  existent  là  aussi.  Je  n'ai  pas  eu,  depuis,  le  temps 
d'aller  m'en  assuter,  ainsi  que  j*en  avais  l'intention. 

Je  ne  ferai  qtic  rappeler  le  dépôt  mnllassiqtie  découvert  encore 
par  M.  E.  Benoît  dans  la  eomhe  d'Evoaz,  à  plus  de  J200  mètres 
d'altitude  et  dont  les  fossiles  prouvent  le  caractère  jalnnicn. 

Y  a-t-il  aussi  de  la  craie  sous  cette  mollasse? 

La  difficulté  d'evplorer  avec  soin  cette  localité  fait  qu'il  est  très 
difficile  de  s'en  assurer.  Cependant  je  pense  qu'elle  existe  là  aussi, 
car  j'ai  trouvé,  dans  un  ravin  qui  y  prend  naissance,  ]dusicurs 
rognons  siliceux,  exactement  semblables  à  ceux  de  Leyssaixl  et  du 
lac  Genin. 

La  coupe  ci-jointe  du  Jura  bugcysien  (pi.  X,  fig.  1)  indique  la 
position  de  ces  différents  dépôts  de  craie  et  de  mollasse.  I^  craie, 
découverte  par  MIVL  Bonjour,  Defranoux  et  Ogérien,  près  de 
Saint- Julien,  est  placée  à  peu  près  dans  la  cinquième  chaîne  (non 
comprise  dans  cette  coupe)  ;  le  dépôt  de  Leyssard  se  trouve  dans 
la  quatrième  chaîne,  celui  du  lac  Genin  dans  la  troisième,  celui 


NOTE    DE    M.    D*ALLBIZBTTE.  Ô&9 

critlvoaz  dans  lu  deuxième,  et  enfin  les  dépôts  mollassiques  du 
bassin  du  Léman  sur  le  flanc  oriental  de  la  première  chaîne. 

Je  n*atlache  aucune  importance  à  cette  division  du  Jura,  de 
TAin,  eu  chaînes  parallèles,  car  il  est  excessivement  diflicile  de 
circonscrire  ces  chaînes,  qui  sont  plus  nombreuses  dans  le  dépar- 
tement du  Jura,  et  qui,  dans  TAin,  vont,  en  se  resserrant  et  en 
s' effilant,  se  rcher  aux  Alpes  par  la  Savoie  et  le  Dauphinc.  Je  ne 
me  sers  de  cette  division  que  pour  faire  comprendre  que  la  craie 
se  trouve  dans  toutes  les  parties  du  mabsif  jurassique. 

M'occupant  en  ce  moment  d'une  élude  d'ensemble  sur  le  Jura 
et  les  Alpes,  je  réserve  pour  ce  travail  de  nombreuses  observations 
et  des  détails  plus  complets.  Je  puis  cependant  dès  aujourd'hui,  et 
pour  terminer  celte  note,  faire  connaître  quelques-unes  des  con- 
clusions de  huit  années  de  courses  et  d*études  dans  le  Jura  et  dans 
les  Alpes. 

1°  11  n'y  a  pas  de  véritables  discordances  entre  le  néocomicn  et 
le  jurassique,  ni  entre  la  mollasse,  la  craie  et  le  néocomien,  et,  par- 
tout où  on  trouve  la  mollasse  et  la  craie,  la  série  crétacée  et  juras- 
sique est  complète  et  régulière. 

2^  Ces  dépôts  crétacés  et  tertiaires  ont  participé  à  toutes  les  dis- 
locations des  couches  jurassiques. 

3*^  Toutes  les  fois  que  les  terrains  crétacés  et  tertiaires  man- 
quent sur  le  portlandien,  les  dernières  couches  de  cet  étage  man- 
quent également  (fait  constaté  et  publié  par  M.  Lory,  en  1857, 
Société  fi*émulaiion  du  Doubs)  ;  donc,  les  causes  qui  ont  fait  dis- 
paraître le  crétacé  ont  agi  de  même  sur  les  dernières  couches 
portlandien  nés  (dolomies), 

k^  La  craie  et  la  mollasse  se  sont  déposées  sur  tout  remplace- 
ment du  Jura  méridional  et  sur  un  fond  sans  relief  bien  pro- 
noncé. Les  lambeaux  de  ces  terrains,  qui  ne  se  retrouvent  que 
dans  une  position  concordante  et  régulière,  prouvent  qu'ils  ne 
formaient  qu'un  tout  avec  ceux  qui  s'étendent  sous  la  cupc  de  la 
Bresse  d'un  côté,  et  dans  la  vallée  du  Léman  et  dans  la  Savoie  de 
l'autre. 

5^  Le  soulèvement  du  Jura  a  eu  lieu  en  même  temps  que  celui 
de  la  partie  basse  des  Alpes  de  la  Savoie. 

M.  Benoît  appuie  les  observations  de  M.  d*Alleizet(e,  qu'il 
dit  concorder  enliùremenl  avec  ses  travaux.  Il  regrette  que  les 
géologues  ne  portent  pas  plus  souvent  leurs  investigations  dans 
le  Jura,  (|ui  leur  onVirait  d'intéressants  points  d'étude. 


650  JSfiANCR    DU    3    FEVRIER    180?. 

M.  Mîchelot.  en  ti^moîgnanl  le  mt^mc  ivgret,  fait  remarqupr 
qu'il  0.  trouvi''  dans  cette  région  un  lambeau  de  terrain  uèoco- 
mien. 

M.  Damour  fait  la  communication  suivante  : 

Note  sur   la   Tchefjkinite  tle  la  cote  du   CoromanJel; 

par  M.  A.  Damour. 

Beudaiit  a  décrit  dans  son  Traité  de  minéralogie^  sous  te  nom 
ile  ininëial  du  Coroiuaiidei,  une  matière  rapportée  de  celte  con- 
trée |)ar  le  naturaliste  Ijesclicnault,  et  qui ,  d'après  une  analyse 
faite  par  Liut>ier,  serait  composée  des  éléments  suivants  : 

Silice 0,4  900 

Acido  titanique  ....  0,0800 

Oxyde  de  ccrium.   .    .    .  0,3600 

Oxyde  de  fer 0,1900 

Oxyde  do  manganèse.   .  0,04  20 

Chaux 0,0800 

lîau 0,HOO 

Total.   .    .    .     4,0220 

Cette  matière  minérale  n'était  connue  que  par  cette  senic  des- 
cription. M.  Saemann,  acquéreur  de  la  collection  minéralo^'iqae 
de  !M.  Conlier,  ayant  remarf|ué  parmi  les  es]>èct*s  cl<i5.^ées  dans 
cette  collection  un  minéral  dont  les  caractères  extérieuis  se  rap- 
portaient à  ceux  lie  la  matière  ci  -dessus  dési{];née  et  portant  d'ail- 
leurs une  étiquette  indiquant  qu*elle  «ivait  été  rapportée  du  Coro- 
mandel  par  M .  Leschenault,  m'a  prié  d'en  faire  l'examen  chimique 
et  minéralof'iquc  ;  je  viens  présenter  aujourd'hui  le  résultat  de  mes 
recherches  à  ce  sujet. 

Le  minéral  du  Goromandel  forme  une  masse  amorphe,  de  cou* 
leur  noir  brunâtre,  translucide  sur  les  plus  minces  esquilles  seu- 
lement. Sa  pons.sièrc  est  brune.  Il  a  tout  Taspect  extérieur  des 
matières  connues  sous  les  noms  d'Allanite  et  d'Orthite.  Il  raie  le 
verre.  Sa  densité  est  de  6,26.  A  la  flamme  du  chalumeau,  il  fond 
avec  bouillonnement  en  une  scorie  noire  faiblement  magnétique. 
Avec  le  sel  de  phosphore,  il  donne,  au  feu  de  réduction,  un  verre 
brun  pâle,  opalin,  qui  devient  blanc  laiteux  au  feu  d'oxydation. 

Avec  le  borax,  il  donne  un  verre  brun  hyacinthe  foncé,  trans- 
parent, au  feu  de  réduction,  et  qui  devient  brun  pâle  et  opaque, 
au  feu  d'oxydation. 


NOTR    DB    M.    DAMOUn.  551 

Cliauflé  dans  le  tube  feriné,  il  laisse  (lé{];a(;er  une  faible  quan- 
tité d'eau. 

L'acide  nitrique  Tattaque  avec  facilité,  smiout  à  Taide  de  la 
chaleur,  en  laissant  un  dépôt  de  silice  {j;élatineuse  mêlée  d'acide 
titanique  et  de  quelques  grains  noirs  (fer  titane)  qui  restent  inat- 
taqués. La  liqueur  nitrique  acide  donne  un  abondant  précipité 
avec  Tacide  oxalique. 

L'analyse  de  cette  matière  m'a  donné  les  résultats  suivants  : 

Oxygène.  Rapports. 

Silice 0,1903  0,0988        1 

Aciflo    titanique   ....  0,2086  0,0832       \ 

Oxvde  céreux 0,3838  0,0565  \ 

Oxyde  ferreux 0,0796         0,0177  i 

Chaux 0,0440         0,0125)0,0876        1 

Magnésie 0,0027  0,00M 

Oxyde  monganeux  .    .   .  0,0038         0,0008 

Alumine 0,0772 

Eau  et  matières  volatiles.  0,0130 

4,0030 

Je  ne  vois  pas  bien  le  rôle  que  joue  la  petite  quantité  d'alumine 
contenue  dans  ce  composé.  En  ne  considérant  que  ses  autres  élé- 
ments, ce  minéral  paraît  constituer  un  silico-titanate  de  cérium, 
de  fer,  de  clinux,  etc. ,  dans  lequel  l'oxygène  de  la  silice,  de  l'acide 
titanique  et  des  bases  préservent  le  rapport  approché  de  1  :  1  :  1  . 
On  conçoit,  du  reste,  qu'une  matière  amorphe  et  d'une  compo- 
sition aussi  compliquée  ne  montre  {juère  de  rapports  bien  exacts 
entre  ses  divers  éléments.  On  ])ent  loutpfois  conclure  des  résultats 
qui  viennent  d'être  indiqués,  que  le  minéral  du  Goromandel  parait 
se  rattacher  à  l'espèce  que  M.  H.  Rose. a  recueillie  dans  les  monts 
Ourals  et  qu'il  a  décrite  sous  le  nom  de  Tchetfkinite.  Pour  faci- 
liter (!ette  comparaison,  je  place  ici  les  résultats  de  l'analyse  de 
M.  H.  Rose  sur  ce  dernier  minéral  : 

Osygèoe.  RapporU. 

Silice 0,2104  6,1092  1 

Acide  titanique  .   .   .  0,2017  0.0807         1 

Oxyde  céreux  ....  0,4509  0,0668 

Oxyde  ferreux .   ...  0,1124  0,0249 

Chaux 0,0350  0,0H0..  ..,,-  . 

Magnésie 0,0022  0,0009  (" 

Oxyde  maoganeux  .   .  0,0083  0,0019 

Potasse,  soude.  .    .   .  0,0012  0,0002 

1,0218 


by2.  SÉANCE    DU    3    FÉVRIER    1862. 

M.  Jannettaz,  vice-secrétaire,  donne  lecture,  en  TabseDce 
do  railleur,  de  la  noie  de  M.  Ed.  Hébert,  qu'il  a  envoyée  en 
réponse  h  la  demande  faite  par  M.  d'Omalius  dans  la  précé- 
dente séance  : 

Note  sur  rdge  du  calcaire  de  RUIy;  par  M.  Ed.  Hébert. 

Dans  un  travail  communiqué  verbalement  à  la  SocîéCc  le 
18  juin  1800,  non  encore  imprimé,  j*ai  fait  connaître  les  résultats 
suivants  que  j*avais  alors  observés  depuis  peu  et  que  je  con- 
signe ici  : 

1^  J\ii  constaté  que  la  craie  est  perforée  par  des  Litiiopha{;o4 
sous  lessablcsde  Rilly,  à  Rilly  même;  qu'elle  est  immédiatement 
recouverte  d'une  couclie  de  sable  avec  cailloux  très  roulés,  pré- 
sentant quelques  empreintes  de  coquilles  marines  qui  paraissent 
appartenir  au  niveau  de  Hraclieux.  Cette  couclic  est  épaisse  de 
0»,50. 

2°  Le  sable  de  Rilly  sans  traces  de  coquilles  ni  cailloux  recouvre 
ce  premier  dépôt  marin  ;  il  est  épais  de  6">,50,  dont  1",50  de  sable 
impur  à  la  partie  inférieure. 

S**  Dans  un  grand  nombre  de  localités,  et  notamment  à  Ro» 
mery,  les  lignites  bien  caractérisés  sont  sc^parcs  des  calcaires  de 
Rilly  par  des  sables  et  des  congloméi  ats  dont  les  éléments  roulés 
sont  empruntés  en  partie  au  calcaire  de  Rilly  sous-jacent. 

li^  A  Trle-sur-[Vlarne,  près  Dormans,  immédialemeut  au-dessus 
des  marnes  calcaires  à  Paludina  aspcrstij  qui  n'existent  qu'à  la 
base  de  la  coucbc  épaisse  de  marne  à  chaux  hydraulique,  ou  peut- 
éli'e  associés  ensemble  par  voie  de  remaniement,  se  trouve  le  oon- 
glomérat  ossifère  à  Coryphodori  de  IMeudon  ,  avec  les  mêmes 
grandes  Uniu  (Anodontcs  de  M.  Ch.  d'Orbigny). 

S'^  Le  conglomérat  à  ossements  de  Coryphodon  et  le  calcaire  i 
Paludina  nspvrsa  (calcaire  de  Rilly)  sont,  à  Trie,  séparés  des 
lignltes  par  des  marnes  gris  blanchâtre  à  chaux  hydraulique, 
épaisses  d'environ  15  mètres. 

Ces  observations  ajoutent  de  nouvelles  preuves  à  l'appui  de 
la  partie  de  mes  conclusions  relatives  à  la  consolidation  du 
calcaire  ù  Physa  i^rgantea  avant  le  dépôt  d'une  partie  au  moins 
des  sables  de  Ihachcux,  et  à  sa  dénudation  par  les  eaux  dans  les- 
quelles ces  sables  étaient  en  suspension,  antérieurement  au  dépôt 
des  li(;nltes  et  dans  des  conditions  toutes  différentes,  mais  elles 
niodiiient  ces  conclusions  en  ce  qui  concerne  Tantérioritc  absolue 
du  \i\r  (le  lUllv  «i  la  met  tertiaire. 


NOTE    DE    M.    HÉBERT.  553 

Lors  (le  nia  discussion  sur  ce  sujet  avec  uioi>  ami  M.  Prestwjch, 
les  faits  connus  alors,  et  dont  j'ai  donne  la  description  avec  le 
plus  grand  détail  aûn  de  les  soumettre  à  un  contrôle  facile,  pou* 
vaient  s'expliquer  facilement  comme  je  Tai  fiiit.  Aujourd'hui, 
bien  qu'il  reste  démontré  que  l'existence  du  lac  de  Rilly  est 
antérieure  aux  lagunes  des  ligniles  dont  il  est  séparé  par  def^phé- 
nomènes  de  dénudalion  ducs  à  des  eaux  marines,  il  faut  recourir 
à  une  autre  hypothèse  plus  compliquée  que  celle  que  j'avais  pro- 
posée. Ou  bien  il  faut  admettre  avec  l'éminent  (;éolo{];ue  anglais 
(^1///. ,  2*^  sér.,  t.  X,  p.  307)  que  ie  calcaire  de  Rilly  est  une  amchc 
lacustre  intercalée  à  la  partie  supérieure  tics  sables  de  C  lui  lotis-sur^ 
Fesle^  ce  qui  me  paraîtrait  cependant,  je  ne  puis  m'empêcher  de 
le  faire  observer,  difficile  à  concilier  avec  les  faits  de  voisinage 
immédiat  de  la  série  de  Rilly  et  de  la  série  de  Brnchcux,  la  pre- 
mière dénudée  par  la  seconde  ;  ou  bien  il  faut  supposer  qu'après 
un  premier  et  très  court  séjour  de  la  mer  tertiaire  dans  le  nord  du 
bassin  de  Paris,  une  portion  du  golfe,  a  la  hauteur  de  Laon,  par 
exemple,  a  été  barrée  par  une  dune  <lirigée  de  l'ouest  à  l'est, 
laissant  en  arrière  une  plage  plus  ou  moins  découpée  dans  les 
terres,  mais  sur  le  fond  uni  de  laquelle  les  vents  du  nord  auront 
d'abord  apporté  un  sable  fin,  trié,  exempt  de  cailloux  ,  le  sable  de 
Rilly,  en  un  mot.  La  pureté  de  ce  sable  et  son  homogénéité,  sur 
des  points  aussi  distants  les  uns  des  autres,  quand  les  hmbeaux  de 
sable  véritablement  marin,  intercalés  entre  les  lambeaux  de  sable 
de  Rilly,  ont  des  caractères  différents,  se  trouveraient  ainsi  plus 
naturellement  expliquées  que  par  aucune  des  hypothèses  émises 
jusqu'ici. 

Cette  plage,  probablement  par  l'exhaussement  de  la  barre,  serait 
devenue  un  lac,  dont  les  sédiments  plus  tard  durcis  auraient  été 
ravinés  par  l'invasion  de  la  mer  qui  lacérait  des  lambeaux  de 
ce  dépôt  adossés  à  la  craie  de  chaque  côté  des  larges  sillons  qu'elle 
s'ouvrait,  et  où  elle  déposait,  côte  à  côte  du  calcaire  de  Rilly, 
la  série  marine  de  Bracheux  et  de  Châlons-sur^Vesle. 

On  comprendrait  mieux  de  cette  façon  la  disposition  stratigra- 
phique  des  divers  lambeaux  de  ces  formations  diverses  et  l'énorme 
différence  que  présentent  entre  elles  la  faune  du  calcaire  de  Rilly 
et  celle  des  lignites. 

Alais  ces  hy])Olhèses,  qu'il  est  bonde  présenter,  en  ce  sens  qu'elles 
résument  les  données  fournies  par  l'observation,  doivent  rester 
subordonnées  à  cette  dernière.  Les  faits  seuls  doivent  nous  guider, 
et  je  me  crois  obligé  de  faire  connaître  dans  leur  intégrité  ceux 
surtout  qui  peuvent  être  contraires  a  ma  manière  de  voir. 


55/i  sÉAKCK  m;   17  iêvhik»    !Sîî*2. 

1.0  roirhuiuM'afr  à  O^nphndun  de  îNieiuloii  et  de  noriiians  se 
s<  rail   iouiu'*  pendant,    ou    pliitùl   à   In  lin   des   dépoU»  à    Phyta 

Puis,  pendant  qu'an  sud  se  déposaient  les  marnes  !-lanclies 
supoi'ienres  et  fort  épaisses  de  Killy  et  de  Donuans,  qu*on  peut 
assimiler  an%  marnes  asspz  sondilahlcs  qu'on  voit  i\  HouM,iraI 
entnr  rar;',tlc  plastique  et  les  sables  du  ron^'lomérat  (1),  les  dépôts 
marins  eontininient  <lans  le  nord  juscpi'au  moment  on  est  Yonuf 
rar{;ile  plastique',  prëlude  des  ar{;ilesà  li|'nites. 

Telles  sont  les  consrquenrcs  qui  d(MK)ulent  à  la  fois  et  fies  faits 
eouuus  et  d(^  ecux  que  jVspèrc  pouvoir  publier  très  proehai- 
nement. 


Séance  du  M  février  l(S(r2. 

l'RÊSlUENCE    l)R    H.    DELB88B. 

M.  Danglun%  secr.Hairo,  donne  lecture  du  procés-verbal  de 
la  dernière  séance,  dont  la  rédaction  est  adopîée. 

Par  suile  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  le 
Pi'ésident  |)roclame  membres  do  la  Société  : 

MM. 

Ber?(ahd  (Charles-Claude),  docteur  en  médecine,  à  Dieu- 
lonard  (Menrtbe),  présenté  par  MM.  SaemannctSchlumberger^ 

D'ICicnwALD  (Edouard),  professeur  i\  Sainl-Pétersbourg 
(Russie),  |)r;'s:  ntô  par  MM.     'Aichiac  el  de  Verncuil; 

KoE(.iiiJ>-  (Jean),  propriétaire  h  Willer  (H<«ut-Rhin),  présenté 
|)ar  MM.  do  Vcrncuil  et  Ed.  Collombi 

Lemunçois  ;S()Sthéne),  ingénieur  en  cliefdes  eaux  et  mines, 
au  chemin  de  fer  de  Madrid  (Espagne),  présenté  par  MM.  Gh. 
Laurenl  el  Ed.  Collomb. 

Le  Président  annonce  ensuite  trois  présentations. 

DONS    FAITS    A    LA    SOCIÉTÉ. 

La  Société  reçoit  ; 

De  la  part  de  M.  le  ministre  d'état,  Journal  êtes  savants^ 
janvier,  18(^2. 


(1)   BnlL,  2»8ér.,  t.  XI,  p.  4S7. 


DONS    PAIT8    À    LA    SOCIÉTÉ.  565 

De  la  part  do  M.  J.  DolanoOe,  De  V  anciennetô  de  F  espèce 
humaine.  Lettre  (i  M,  le  Ministre  de  l' Instruction  publique, 
in-8,  17  p.,  Vah  nciennes,  février,  1862^  chez  B.  Henry.        • 

De  la  part  de  MM.  DelesseetLaugel,  Rei^ue  de  géologie  pour 
Vannée  1860,  in-8,  J91  p..  Paris,  1861;  chez  Dunod. 

De  la  pari  de  M.  Scipion  Gras  : 

1°  Carte  géologique  du  département  de  F'aucluse^  1  f. 
grand  aigle,  Paris,  1861  :  chez  Thierry  frères. 

2**  Description  géologique  du  département  de  Fauc/use, 
in-8,  /14'^  p.,  2  pi.  de  coupes,  1862;  Paris,  chez  F.  Savy, 
Avignon,  chez  Cl''menl-Sainl-Jnst. 

3"  (  onsidérations  sur  Topposition  que  l'on  observe  souvent 
dans  les  Alpes  entrée  P  ordre  strati graphique  des  C'uches  et  leurs 
caractères  paléonfologiqnes ,  suivies  d^un  nouuel  exemple  de 
cette  opposition  (extr.  des  Ann,  des  mines,  5*  sér.,  t.  XVIII, 
in-8,  38  p.,  1  pi.). 

De  la  part  de  sir  Roderick  I.  Murchison,  On  the  inapplica- 
bility  of  the  nev\*  terni  Dyas  to  the  Permian  group  of  rocks ^  as 
pmpnsed  by  D.  Geinitz ;  in-8,  8  p.,  London.  30  novembre 
1861. 

De  la  part  de  M.  Adrien  Berbrugger,  Les  puits  artésiens  des 
oasis  méridionales  de  /' Algérie,  in-:l8,  136  p.,  1862,  à  Alger, 
chez  Bastide;  h  Paris,  chez  Challamel  aîné. 

De  la  pari  de  M.  Paul  de  Jouvencel,  Genèse  selon  la  science. 
Les  déluges,  —  Les  commence/nents  du  monde,  —  La  vie, 
3  vol.  in  18-,  Paris,  1862,  chez  Garnier  frères. 

De  la  part  de  M.  Constantin  Malaise  : 

1®  Note  sur  quelques  ossements  humains  fossiles  et  sur 
quelques  silex  taillés  (extr.  des  Bull,  de  V Ac,  H.  de  Belgique, 
2'  sér.,  t.  X,  n"*  11),  in-8.  17  p.,  1  pi.,  Bruxelles ;....,  chez 
Hayez. 

2®  Mémoire  sur  les  découvertes  paléontologiques  faites  en 
Belgique  jusqu^à  ce  /our,  in-8,  69  p.;  Liège,  1860;  chez 
F.  Renard;  Paris,  chez  F.  Savy. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  V  Académie 
des  sciences^  1862,  1"  sein.,  t.  LIV,  n"*  Ix  et  5. 

Annuaire  de  la  Société  météorologique  de  France ^  t.  IX, 
1861,  Bulletin  des  séances  ^  f.  12-17. 


656  SÉANCE    DU    17    FÉVRIER    ISO"?. 

Bulletin  de  la  Société  botanique  de  France ^  t.  YIU,  1861, 
n"  7. 

L'Institut,  n"  1466  et  1467,  1862. 

Ré/orme  agricole ,  par  M.  Néréc  Boubëc.  n*  156,  13'  année, 
janvier  1862. 

Ministère  de  V Instruction  publique  et  des  cultes.  Dtstribution 
des  récompenses  accordées  aux  Sociétés  savantes  le  26  novem^ 
bre  186] 9  in-8,  95  p.,  Paris,....,  chez  Paul  Dupont. 

Journal  d'agriculture  de  la  Cotc-d'Or,  n*  12,  décembre 
1861. 

Mémoires  de  la  Société  d'agt  iculturcy  etc. ,  du  département 
de  la  Marne,  année  1861. 

Bulletin  delà  Société  industrielle  de  Mu  l Aouse,  ']anyier  1863. 

Société  L  d'agriculture^  etc.^  de  Falcncienncs.  Reuue  agri- 
cole,  etc.,  novembre  et  décembre  1861. 

Bei^ista  minera,  t.  XIll,  n°  281,  !•'  février  1862. 

Tlie  Athenœum,  n"'  1789  et  1790,  1862. 

jitti  délia  Societa  di  acclimazione  e  di  agricoltura  in  Sicilia, 
i.  I,  n°  7. 

The  american  journal  of  science  and  arts,  voI.  XXXIII, 
janvier  1862,  n°  97. 

Revue  de  géologie;  par  MM.  Delessc  et  Laugel  (I). 

IVJ.  Delessc  présente,  en  son  nom  et  au  nom  de  son  collabora- 
teur M.  Laugel,  une  revue  des  travaux  de  {>éologie  publies  pen- 
dant Tannëc  1860. 

Cette  revue  comprend  quatre  parties  : 

I.  —  Préliminaires. 

II.  —  Roches. 

III.  —  Terrains. 

IV.  —  Descriptions  géologiques. 

Les  préliminaires  sont  consacrés  à  la  mention  de  quelques 
ouvrages  géologiques  et  de  divers  travaux  relatifs  à  l'eau,  à  la 
glace,  il  rhydiographic  souterraine,  à  Torographie,  aux  mouve- 


(4)  Revue  de  géologie  pour  fan  née  1S60,  par  MM.  Delessa  et 
Laugel,  in-8  de  192  pages;  à  Paris,  chez  Dunod,  libraire,  quai  des 
Augiislins,  49. 


NOTE    DE    MK.    DELKSSE    ET    LAUGBL.  567 

niLMils  (lu   sol,  aux  pliënoinèiics  volcaniques,  aux   systèmes  des 
montagnes. 

Dans  cette  partie  on  peut  signaler  des  observations  intéressantes 
sur  le  Guif-stieain,  sur  rinfluence  de  Torographie  sur  le  climat,  sur 
les  climats  géologiques,  sur  la  comparaison  des  temps  géologiques. 

La  seconde  partie  consacrée  aux  roches  embrasse  quatre  subdi- 
visions : 

1°  Propriétés  générales  des  roches,  telles  que  clivage,  structure, 
hygroscopicité,  etc.  ; 

2°  Roches  proprement  dites  parmi  lesquelles  on  a  spécialement 
étudié  les  suivantes  : 

a.  Combustibles  :  tourbe,  lignite,  guano,  asphalte,  naphte,  etc. 
—  b.  Eaux.  —  r.  Roches  salines  :  sel  gemme,  soude  sulfatée, 
glaubérite,  etc.  —  d.  Roches  calcaires  :  chaux  phosphatée, 
maibres,  dolomie,  etc.  —  a.  Roches  argileuses  :  argile,  schiste, 
tuf  argileux,  grunstcin,  n:andelstein.  —  /.  Roches  feldspa- 
tliiques  :  granité,  pétro-silex,  trachyte,  porphyre  Irachy tique, 
Crachydolérite,  rétinite,  phonolithe,  mélaphyre,  dolcrite,  basalte, 
néphélinite,  trapp,  laves,  cendres  volcaniques.  — g.  Âérollthes. 

3°  Roches  métallifères  comprenant  les  minerais  d'aluminium, 
de  manganèse,  de  fer,  de  zinc,  de  chrome,  d'étain,  de  cuivre,  de 
plomb,  lie  mercure,  d'argent,  d'or,  de  platine. 

h^  Un  court  résumé  des  travaux  relatifs  au  pseudomorphisme, 
au  métamorphisme,  à  l'i^gc  des  roches  et  à  leur  origine,  complète 
la  deuxième  partie. 

La  troisième  partie  comprend  l'analyse  sommaire  des  travaux 
relatifs  aux  divers  terrains,  (leux-ci  sont  classés  par  ordre  d'an- 
cienneté. Nous  appellerons  l'attention  sur  les  observations  relatives 
au  terrain  silurien  de  l'Ecosse  et  de  la  Norvège;  au  terrain  dévo- 
nien  de  h  Belgique  et  de  l'Ecosse;  au  terrain  triasique  etsalifère  de 
Strassfui't.  Une  série  de  mémoires  remarquables  a  aussi  été  publiée 
sur  le  bone-bcd  et  sur  la  limite  entre  le  trias  et  le  lias  en  Angleterre, 
en  Bourgogne,  eu  Allemagne,  en  Lombardie.  Indiquons  encore 
an  travail  d'ensemble  sur  le  terrain  jurassique.  Le  terrain  crétacé 
a  été  étudié  en  France,  à  iMaestricht  et  dans  la  Silésie  autri- 
chienne.  Pour  le  terrain  tertiaire,  nous  mentionnerons  des  recher- 
ches sur  la  faune  et  la  flore  du  succin,  sur  la  flore  tertiaire  en 
général,  sur  la  faune  de  mauvaises  terres  de  Nébraska,  sur  celle 
des  cavernes  à  ossements,  sur  les  roches  striées,  sur  les  silex 
taillés,  etc. 

A  la  suite  des  terrains  classés  systématiquement  nous  avons 
dA  placer  les  descriptions  géologiques  qui  embrassent  une  régioii 


558  SfiANCB    DL     17    FÊVllIKH    1802. 

doter. :iiuée  et  i'éuiiisSi.'T]t  iiii  cns('nil)lc  do  doiméfs  qu'il  y  aviit 
iuroiiV(Miioul  À  déinciiiluvr.  Lanaiyso  de  ces  travaux  forme  la 
qiialriciiie  pailie  du  liviv,  cl  l'ordre  (jéo(;ra|>liique  est  la  seule  base 
de  leur  classification  Nous  a  vous  d*ailleurs  suivi  la  règle  adoptée 
par  îVl.  d'Arcliiac  dans  son  Hixi.>h*'  u'efs  pruf^rtfx  tltt  /a géoiogir ;  eUt 
consiste  à  marcher  sur  le  [;lol)e  d<>  Touest  à  Test,  eu  |>artani  du 
méridien  de  rAn^lelerrc,  cl  ù  avancer  sur  cliaquo  méridien  suc* 
cessif  dans  l.cdirecliou  «lu  nord  au  sud. 

Celte  (]uatrième  paitie  comprend  le  résumé  de  iioailireux  tra- 
vaux exécutés  sur  tou.s  les  points  liu  j'iobe.  notamment  en  lioDj^ric. 
dans  File  de  (^rèle  cl  d;ms  diverses  parties  de  Tliurope,  aux  Aço- 
res,  dans  la  steppe  tics  Kn'{;lii7.(S,  dans  l'Oural,  dans  les  ileg  CeyLiR 
et  Forniose,  lians  la  NiUivelle-Zél.tnde,  dans  les  deux  Ainériquef 
et  enfin  dans  des  rêvions  jusqu'alors  complètement  inexplorées  de 
TArcliipel  Arctique. 

M.  Scipion  Gras»  offre  à  la  Sociélé  :  1"  un  exemplaire  de  la 
carte  géologique  du  départcmient  do  Vaucluse,  accompagnée 
d'un  volume  de  texte*, 

2"  Un  mémoire  sur  Yopposithn  que  ton  observe  s€m%*ent 
dans  tes  /Hpes  entre  r ordre  stmti graphique  des  couches  et 
leurs  caractères  patêontologiques, 

l*"  M.  Hébert  demande  ù  M.  Se.  Gras  s'il  place  dans  le  néo- 
comien  supérieur  ou  ur^onien  d'Alc.  d'Orbigny  toutes  les 
couches  à  Jncylocems,  aussi  bien  celles  de  la  Bèdoule  k 
.'Jnryloceras  Matkeroninnus  que  celles  d'Escragnolles  à  Ancj^ 
loceras  l)ui^alUy  Jùnencf\  etc. 

M.  Gras  répond  afririnativcmenl. 

2"  M.  Hébert  fait  observer  que  M.  Se.  Gras  a  signalé  aveo 
raison  une  concordance  parfaite  entre  le  terrain  jurassique  et 
le  terrain  crétacé  di»  la  Provence  \  (|ue  cependani,  malgré  cette 
concordance,  il  arrive  souvent  (|uc  le  néocomien  repose  en 
couches  parfaitement  parallèles  sur  Toxlordien,  et  qu'il  en 
résulte  la  preuve  d\ine  longue  interruption  de  sédiments,  occa- 
sionnée par  des  mouvements  oscillatoires  du  sol.  Ces  lacunes 
énormes  comprennent  les  longues  épo(]ues  pendant  lesquelles  se 
sont  dé|)osées  les  assises  coralliennes?  kimméridienneet  portlau- 
dienne.  C'est  une  disconlinuilé  qui  vaul  mieux  pour  la  dassi- 
fication  des  couches  que  les  discordances  les  plus  considérablea. 


NOTE    DE    X.    GOSSELKT.  509 

M.  Se.  Gros  répond  (m'îl  n^orrive  pas  aux  mêmes  conclu- 
sions que  M.  Hébert  parce  qu'il  no  pari  pas  des  mOmes  prin- 
cipes. M  Hébert  s'appuie  essenliellenienl  sur  les  données 
paleoniologiqr.es,  tandis  que  M.  Se.  Gras  prend  surtout  pour 
guide  les  observations  stralii^rr.pbiques,  et  qu'il  ne  voit  ici 
aucune  lacune,  parce  ([ue,  pour  lui.  le  ni''ocon»ie!)  inférieur 
s'est  déposé  pendant  qu'ailleurs  se  déposait  h)  terrain  jurassique 
supérieur. 

M.  Hébert  se  borne  à  prendre  acte  «le  la  manière  de  voir  de 
M.  Se.  Gras,  voulant  montrer  combien  ce  {géologue,  auquel 
d'ailleurs  il  aime  à  rendre  complète  justice  pour  le  zélé  et  Tar- 
deur  remar<iuables  qu'il  porte  dans  ses  inv<*stigalions,  professe 
des  doc  rines  différentes  de  cellrs  de  la  presque  unanimité  de 
ses  confrères. 

M.  Hébert  communique  la  note  suivante  de  M.  Gosselet  : 

Observafr'ons  sur  tjtœlques  gisements  Jhssclf'/èrvs  du  terrain 
(ievonien  de  ( Ardenne;  par  M.  Gosselet,  docteur  es 
sciences. 

Si  l'on  suit  le  cours  de  la  Meuse  ayant  en  main  la  carte  de  la 
fie^iquc  de  Duiiiont,  on  voit  que  celte  rivière  iravi^rse  trois  t'ois 
leseouelies  dési{;néi.'s  par  Tauleur  sous  le  nom  de  terrain  ibénrin. 
Ce  terrain  se  présente  à  .Mézièi*es,  à  l'entrée  même  de  TArdenne, 
et  8*ëtend  jusque  près  de  .Monlbermé.  La  î\Ieuse  pénètre  la  dans 
le  terrain  ardennais  (terrain  sdnrien],  et  elle  ne  rentre  pour  la 
seconde  fois  dans  le  terrain  rbénan  qu'im  peu  au  delà  de  Fnniay, 
pour  en  sortira  Vireux.  A  (pielqnes  lienes  au  sud  de  Naniur.  elle 
rencontre  pour  la  troisième  lois  une  étroite  bande  de  terrain  i  lié- 
Dan  {massif  du  Cotuiros).  A  JNamur,  la  Meuse  cbaujje  de  eonrs  et 
suit  la  direction  de  la  Sandjre,  qui  est  celle  du  b.issin  boniller; 
elle  reste  donc  tonjoui-s  dans  les  mêmes  eouebes  {jéolojjiques.  L'ob- 
servateur qui  voudra  se  faire  une  idée  complète  de  la  (M)n$titutiou 
gëolo(»iqne  de  tont  le  massif  primaire  de  la  Hel(;ique  devra  alors 
8Vloi{;ner  <le  la  i^Ieuse  et  se  dirijjer  vci-s  le  Nord  en  remontant  le 
cours  du  Hoyoux.  k  quelques  lieues  de  Nanmr,  il  rencontrera  de 
nouveau,  et  pour  la  quatrième  fois,  le  terrain  rbénan;  e*est  le 
massif  du  Hrabant. 

Dans  des  publications  antérieui*cs,  j'ai  annoncé  l'existence  de 
fossiles  siluriens  dans  les  massifs  du  Brabaut  et  du  Condros.  On 


5(50  SÊANCK    DU    17    FÉVHIRn   1802. 

savait  ilcjà  que  la  l)riiidc  du  terrain  ihcnaii,  entre  Fumaycl  Vi- 
reux,  est  dévonionuc;  si  jusqu'à  prosent  on  n*avait  pas  rencontré 
de  fossiles  dans  la  vallée  niènic  de  la  Meuse,  on  en  connaissait  dans 
le  prolongement  des  mêmes  couches,  aux  environs  de  Couvin  et 
d'Anor.  J'ai  trouvé,  Tannée  passée,  un  posément  assez  abondant 
sur  les  bords  de  la  IMciisc,  entre  3Ionli(][ny  et  Vireux,  à  200  mè- 
très  au  nord  de  la  borne  kilométrique  i\°  16,  dans  un  petit  sen- 
lier  qui  {grimpe  dans  les  bois.  Les  principaux  fossiles  sont  :  TVrf- 
hrntula  Dalcidcnsisy  Lvptœna  Mnrchisoniy  Z.  cleprvssa^  Chonetes 
plebcia^  Spirijrr  nincioptcrus^  S  mfcroptrruXj  Plctirodyciitim  pro» 
blrniaticum ,  Pterinrn  costata.  Ils  caractérisent  Tétage  que  j'ai  dé- 
signé sous  le  nom  de  grauuaeke  à  Lcptœna  Murchisoni*  Sous  ces 
couches  fossilifères  on  trouve,  entre  Montigny  et  Fepin,  des 
schistes  compactes  rouges  et  vert  pâle,  et  à  Fepin  des  poudin- 
gues  formés  de  très  petits  grains  de  quartz  hyalin.  Duinont  a  réuni 
CCS  schistes  et  ces  poudingues  sous  le  nom  de  système  gédinien. 
IM .  Hébert  y  a  trouvé,  à  IVIondrepuits,  le  Grammysia  ffamiitth' 
nr/ists. 

Quant  à  la  bande  de  terrain  rhénan  travei'sée  par  la  Meuse,  de 
IMézières  à  Monthermé,  on  n'y  a  pas  encore  cité  de  fossiles,  et 
elle  diffère  tellement  par  Taspect  mincralogique  du  même  terrain 
situé  au  nord  de  Fepin,  que  Ton  pouvait  conserver  quelques  doutes 
sur  les  assimilations  faites  par  Dumont.  Gomment  reconnaître, 
par  exemple,  dans  les  schistes  luisants,  satinés,  qui  sont  en  face 
de  Joigiiy,  les  sehisles  compactes  rouges  et  verts  de  Montigny* 
sur-Meuse.  Pour  s'en  convaincre,  ou  a  besoin  de  suivre  ces  cou- 
ches en  contournant  le  massif  ardennais  de  Revinel  de  les  Toirse 
modifier  peu  a  peu  tout  le  long  du  bord  sud  de  ce  massif.  J'ai  pU| 
(railleurs,  y  trouver  quelques  fossiles  qui,  bien  qu'assez  mal  con- 
servés, forment  par  leur  cnsend)le  une  preuve  convaincante  de 
Texactitude  des  asseï  lions  de  Dumont.  Il  fallait  certes  tout  le  génie 
de  stratigraphe  dont  le  savant  bel{;e  a  donné  tant  de  fois  la  preuTC, 
pour  déterminer  d'une  manière  aussi  sûre  les  relations  des  cou- 
ches et  leur  âge  respectif  dans  un  pays  couvert  de  bois  et  où  les 
routes  commencent  à  peine  à  s'ouvrir. 

C'est  en  suivant  la  Scmoy,  de  Monthermé  à  Bouillon,  que  l'on 
peut  .se  rendre  plus  facilement  compte  de  la  structure  de  ces  ter^ 
rains.  La  Semoy  par  ses  nombreux  replis  offre  plusieurs  bis  h 
mèinc  coupe,  et  permet  au  géologue  de  contrôler  luî-niême  ses 
propres  observations. 

Depuis  Monthermé  jusqu'à  Tournaveaux,  on  trouve  des  schistes 
et  des  quartzites  d'un  vert  pâle,  airaantifères,  rapportés  par  Du- 


[    m    M.    COSflELKT. 


Sflt 


mont  au  termin  aiileiuiais  (lerrnin  silurien).  A  Toiiriinveanx,  la 
route  entame  un  banc  énorme  (30  iiiètrt-s  d'épaisseur)  d'un  pou- 
dingue fonué  de  cailloux  roulés  de  quariziie  vert  |iàlf ,  véuitio  par 
un  uiuient  à  b  fois  scliisieux  et  siliicux,  aiialocuc  à  la  snbstauce 
des  coucties  inférieures  ;  les  cailloux  sont  très  (jros  ;  quelques-uns 
ont  5U  ceiiiiuièires  de  diamètre.  Un  n'y  trouve  que  peu  de  quartz 
blanc,  ce  qui  éublit  déjà  une  différence  minéralni>ii]ue  avec  le 
poudingue  de  iturnot,  dont  il  se  rapproclie  par  la  grosseur  de  ses 
éléments.  Le  poudingue  de  Tournareaux  repose  en  slratifiLation 
discordante  sur  les  schistes  du  terrain  ardennais.  C'est  ce  que  mon- 
tre la  coupe  suivante  : 


Celte  discordance  est  plus  inanifeste  encore  à  l'ouest  du  petit 
hameau  lie  I.incliamps  au  nord  de  Hautes-Rivières;  on  y  voit  le 
poudingue  l'eposer  en  couolic  horizontale  sur  les  schistes  arden- 
nais, inclinés  au  sud  de  60  dej;rés. 

Le  poudingue  de  Tournaveaux  passe  insensiblement  par  la  di- 
inioution  des  cailloux  roulés  en  volume  et  surtout  en  nombre  k 
des  schistes  qui  ne  tardent  pas  à  devenir  noirs,  pyritifens,  res- 
semblant beaucoup  à  ccrtainsscliisies  des  environs  de  Rtvin  {ter- 
rain ardennais).  L'ensemble  de  ces  couches,  poudingue  et  schistes, 
n'a  pas  plus  de  lUO  métrés  d'épaisseur. 

Elles  sont  surmontées  par  des  scliistes  d'un  bleu  foncé,  luisants, 
ondulés,  révélant  en  quelques  points  les  caractères  de  l'ardoise.  Ils 
sont  accompagnés  par  des  filons  de  quartz  et  de  quartzites.  Un  y 
ToU  aussi,  en  face  de  Naux,  un  noyau  calcaire  de  5  à  6  mèlreti 
d'épaisseur,  dont  l'exploitation  est  maintenant  abamlonnée.  J'ai 
Soe.  giol. ,  V  série,  tome  XIX.  36 


562  StANCK    DU    17    FÉVRIBR   Idolî. 

trouvé,  dans  cette  assise,  deux  niveaux  fossilifères  :  rinférieuTt  pi^ 
de  la  ferme  de  la  Daupliiiie,  n'a  guère  oiiert  que  des  empreintes  de 
bivalves  ayant  quelque  aiialo(;ieavec  la  Grummysiti  Httmiltomemis; 
le  sccund  (^iseuient  se  voit  sur  le  cheiniu  de  Levrezy  A  Haulinë, 
et  aussi  à  Tentrëe  du  pont  des  Hautes-Rivières,  sur  la  route  de  Nou- 
zon.  C'est  une  roche  [gréseuse  chargée  de  liinonite  ;  les  foisilesytont 
à  Tétat  do  moules  tout  à  fait  indéterminables  ;  on  y  diidi^[iie  de 
petits  gastéropodes  et  quelques  bivalves.  On  suit  ce8  roches  jus- 
qu'au sud  d'IIaulmé,  sur  une  longueur  de  2  kilomètres  et  avec  une 
inclinaison  do  25  à  30  degrés,  ce  qui  leur  doune  une  épaiaseurde 
1000  mètres  environ. 

Une  carrière  sur  la  rive  gauche  de  la  Semoy,  uu  |>eu  au  sud  du 
moulin  d'Hauhné,  montre  les  couches  supérieures  aux  précéden- 
tes ;  ce  sont  des  schistes  et  des  quartzites  d'un  noir  verdïtre,  mar- 
qués do  taches  do  fer  oligiste.  Ces  mêmes  roches  sont  exploitées 
vis-à-vis  do  Braux,  sur  la  rive  droite  de  la  Meuse  ;  elles  ont  une 
épaisseur  d'environ  600  mètres. 

Au  lieu  do  suivre  pas  à  pas  la  Semoy,  dont  le  cours  est  aussi  si- 
nueux que  celui  do  la  Seine  do  Paris  à  Rouen,  transportons -nous  en 
Belgiciuc,  à  rextivmito  du  coude  que  fait  la  rivière  entre  Membie 
et  Vresso.  JNoiis  retrouvons  là  les  schistes  et  les  quartzîtes  avec  taches 
oligisteuses;  ils  sont  $m montés  de  .schistes  compactes  ou  d'un  vert 
(;ris.ilrc  ;  puis,  on  l'ace  de  Vrcsso,  on  rencontre  d'autres  schistes  é^^a- 
Icniont  compactts,  d'une  couleur  violaoée,  marqués  par  places  de 
tarht'S  iiiogulièns  vertes.  Ces  schistes,  que  j'appellerai  dorénavant 
scliîstcs  hif^finrs,  correspondent  .-fux  schistes  d'un  rouge  lie  de  vin 
do  Mondrcpuils,  i!o  Montigny-sur-iMeuso  et  de  Cliarle ville.  Ce 
sont  les  niônu's  schistes  qui,  devenus  plus  fissiles  et  plus  luiaaiilSi 
forment  les  esoarponionis  do  la  îMouse,  en  face  de  Joigiiy.  Cette 
dcrniore  modi (ira lion  parait  délei minée  par  la  présence  de  noui- 
hroux  filons  de  quartz.  Los  schistes  bigarrés  sont  recouverts  pardei 
schistes  compactes,  d'un  vert  clair,  l<*gèrement  satiné-s  et  accoiups- 
gués  do  quelques  iiliMis  do  quartz  ;  ils  sont  quelquefois  assez  fissiles 
pour  SiM'vir  d\irdoises  grossières.  Au  moulin  de  Rebaix,  cesschistei 
verts,  qui  sont  devenus  déplus  en  plus  satinés,  alternent  avec  des 
s<*histes  noirs  presque  ardoisiors  ;  ceux-ci  prédominent  d'autant 
plus  qu'on  s'approche  d'Aile,  et  au  sud  de  ce  village  ib  reafer- 
ment  des  ardoises  exploitées.  C'est  un  peu  an  sud  du  moulin  de 
Keb.'iix  que  Dumont  arrête  son  système  gédinien,  et,  bien  que  II 
transition  soit  insiMisihle  entre  les  sohistes  verts  c*ompactes  et  kl 
schistes  noirs  plus  ou  moins  ardoisicrs,  je  crois  qu'il  a  raisoo. 


HOn  9M  V.   dOSftILIT.  668 

L'épaisseur  des  schistes  compactes  verts  et  bignirés  peut  être  ë?a» 
luée  à  1500  mètres,  ce  qui  porte  la  puissaace  de  l'étage  gédînien, 
sur  les  bords  de  la  Semoy,  à  3000  mètres;  c'est  à  peu  près  son 
épaisseur  dans  la  vallée  de  la  Meuse,  entre  Château-Regoaut  et 
NouzoD.  Au  nord  du  terrain  ardennais,  de  Fepin  à  Montigny-sur- 
Meuse,  il  n'a  pas  plus  de  2000  mètres. 

D'Âlle  jusqu'à  Bouillon,  on  trouve  des  schistes  noirs  devenant 
grisâtres  par  altératiooi  luisants,  ondulés,  traversés  par  placrt  de 
quelques  veines  de  quartz  gras.  Ils  ne  possèdent  les  caractères  de 
Tardoise  que  dans  une  zone  large  d'environ  1  kilomètre  1/2  au 
sud  d'Aile.  On  y  trouve  fréquemment  des  lentilles  plus  ou  mohis 
épaisses  de  calcaire,  à  Sugny,  à  Aile,  à  Bouillon,  au  Bochet,  près 
de  Charleville;  mais  cette  roche  n'y  forme  jamais  de  bancs  con- 
tinus. 

Au  moulin  d'en  haut,  sur  le  chemin  d'Aile  à  Sugny,  et  près 
de  ce  dernier  village,  j'ai  trouvé  dans  un  banc  gréseux,  intercalé 
dans  les  schistes  luisants,  des  moules  de  Pterinea  lineata?^  P. 
coitaia,  Terebratula  Daleidensis^  Leptœna  Murdiisoni  ?? ^  Pleut o^ 
dyctum  prohlematicum  ??.  A  OËmberloup,  près  de  Saint-Hubert, 
dans  des  schistes  moins  modifiés,  mais  qui  sont,  d'après  Dumont, 
le  prolongement  des  précédents,  j'ai  trouvé  :  Pterinea  costuUt^ 
Terebratula  Daleidensis^  Leptœna  Murchisoni ^  Spirijer  carinatus 
Pieurodyctum  prohlematicum  ?,  Ces  fossiles  sont  tous  dévoniens.  Si 
à  Sugny  surtout  il  y  a  doute  pour  les  plus  caractéristiques,  la  Pte- 
rinea costata  et  la  Terebratula  Daleidensis  sont  suffisantes  pour  que 
l'on  puisse  sans  témérité  rapporter  ces  couches  au  terrain  dévonien 
inférieur.  Il  me  serait  difficile  d'évaluer,  même  appt*oximative- 
ncDt.  l'épaisseur  des  schistes  luisants.  Ils  paraissent  plus  puissants 
sur  les  bords  de  la  Semoy  que  sur  ceux  de  la  Meuse,  où  on  les 
trouve  depuis  Nouzon  jusqu'à  Aiglemont,  remplissant  un  bassin 
dont  le  bord  septentrional  est  fonné  par  les  schistes  bigarrés  de 
Joigny  et  le  bord  méridional  par  les  schistes  rouges  de  Cliarle- 
Tille.  Les  deux  côtés  du  bassin  sont  inclinés  dans  le  même  sens; 
cette  disposition,  en  forme  de  V  très  aigu  et  très  incliné,  est  assez 
fréquente  dans  tout  le  massif  primaire  de  la  Belgique,  pour  qu'il 
n'y  ait  pas  lieu  de  s'étonner  de  la  retrouver  ici. 

Il  résulte  des  observations  que  je  viens  de  présenter  ici  t 

1®  Que  la  bande  de  terrain  rhénan  située  au  sud  du  massif 
ardennais  de  Rocroy  appartient  au  terrain  dévonien  inférieur, 
oomme  celle  qui  est  située  au  nord  ; 

2*  Que  le  nom  de  terrain  rhénan  doit  être  supprimé,  puisque 
les  couches  pour  lesquelles  il  a  éi^^  créé  rentrent  naturellemeut 


ôOA 


SÈAlfCI    DC    17    PÉTRIBR   1862. 


suit  dans  le  terrain  d^vonien,  soit  dans  le  terrain  silurien,  dont  les 
noms  sont  antérieurs  à  celui  de  terrain  rhénan. 


▼ALLÉS  DE  Là  MECSC 
AU    ItOftO    DB    rOMAT. 


▼ALLÉE  DB  LA  MEUSE 
AU  SUDBBMOHTHBEMÉ. 


▼ALLEE  DB  LA  SBMOT. 


Schiste*  «t  gi-faitwucke  Scliisles  luisunls  oiidu» 
à  LepUtfna  Muichi-i     lés  d«  Nouton.  Cal- 


soni  el  Terebmlula 
DaUidtnsis. 


dès  tle  Mooliguj-fur- 
Meuse 


Sclii^tef      coiii|>acle«  . 
ver  H. 

SchisIfS      cuinpuclrs , 
routée  lie  île  vin. 


cuiie  du  Buchet. 


Schistes  gris  venlâlre. 


Schitlet  Yerls  laisauls. 


Sihistet  liiiiarres,  lui 
tant!  «    de    Joi'ny. 
^chistes,  lie  de  viu 
de  Churleville 


Schit(et  luisants  on- 
dules d*Alle  el  de 
Bouillon.  Calcvire  de 
Aile,  de  Sugny^Ir^- 
tœna  Murchisoni  ?, 
Terebraluta  Dnlei- 
Jemsis, 


CLASSinCATIO?i 
■B  BOHOMT. 

Hniidsruckicn. 


Éu^e  tle  1 
grautraci* 
Lept.    Mm 


Taunuiitn.    / 


Schistes      compactes, 
vci  ts. 


Scliisicfe  fuBsiUrureK  de 
Moiidiepuiis. 


Schi&lvs  et  qturtsilesè 
lâches  oligîslcttses. 


Puudiugiic  de  Fepin. 


Scliiiles  fo8:>ilirùrei>. 


Schistes      comiNicles,  f  0«édinian  supé' 
hlgurri's.  \     rieur. 


Schistes      compactes ,  ,' 
giis. 

Schiiies  et  qunriiltes  a  \ 
taches  oligistenses. 


Schistes    hlfu    fonce, 
fossilifères. 

Foiidingue    de    Tour 
n-H^eBiis. 


(GMinieu  îiift'- 
,  ^     lieur. 

] 


£tage  dnpM 
dikfturs 
schiiles  |H 
nieiis. 


M.  Deshayes  annonce  la  morl  do  M.  Rigault. 

M.  d'Archiac  présonle,  ix  la  demande  de  M.  de  Hauer,  un 
inrnioirc  de  M.  Lipold  en  réponse  ù  un  travail  de  M.  Barrande 
sur  les  co/o/i/es  dans  le  bassin  silurien  do  la  Bohôme. 

Il  présente  ensuite,  do  la  part  de  Tauteur,  la  note  suivante: 

Sur  fa  grotte    ossifère  de  VHenn    {/-friêge)'^   par  M.  Tabbé 

Pouoch  (pi.  XIII,  XIV). 

Le  tiavail  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  Société  est  le 
résultat  d'obsorvations  failt-s  à  diverses  époques,  de  18ft7  à 
1861  (i).  Je  le  divise  en  trois  parties,  dont'ln  preinièrr  aura  pour 

(1)  Je  dois  beaucoup,  à  cet  égard,  au  concours  iatelligeot  et  dé- 
Toué  de  M.  Ferra,  curé  de  THerm,  et  de  MM.  Laberty  et  Loubet, 
successivement  curés  de  Pradières,  et  je  tiens  à  leur  témoigner  ici  mt 
reconnaissauce. 


NOTE   DB    M.    POUBCH.  665 

objet  la  description  de  la  grotte,  la  seconde  et  la  troisième  la  dis- 
cussion des  faits  et  les  conclusions  qui  en  découlent. 

!'•  Paatie.  —  Description  de  la  grotte.  Exposition  ths  faits  qui  s'y 

rapportent, 

1»  Situation  de  la  grotte,  —  La  grotte  de  THerm,  située  environ 
à  2  kilomètres  du  village  de  ce  nom,  s^ouvre  sur  le  flanc  N.  et 
près  du  sommet  du  massif  montagneux  qui  court  de  TË.  S.  Ë.  à 
l'O.  N.  O.  entre  la  vallée  de  THerm  et  la  vallée  de  Pradières  (1). 

2"  Altitude.  —  L'ouverture  de  la  groUe  est  à  500  mètres  au- 
dessus  du  niveau  de  la  mer  et  â  plus  de  200  mètres  au-dessus  du 
niveau  de  TAriége  à  Berdonlet,  la  station  la  plus  voisine. 

,">  Nature  et  âge  de  la  roche,  —  La  roche  dans  laquelle  cette 
grotte  est  creusée  est  un  calcaire  marin,  gris  roux,  compacte, 
rempli  de  madrépores,  de  spongiaires,  et  autres  corps  marins  sili- 
cifiés  et  appartenant  à  Tavant-dernier  étage  de  la  formation  cré- 
tacée (2).  Ce  calcaire,  divisé  en  plusieurs  bancs  très  réguliers,  forme 
une  assise  puissante  de  80  mètres  environ,  fortement  arquée, 
ployée,  rompue  en  plusieurs  endroits  et  présentant  fréquemment 
des  cavernes,  des  fentes  et  des  abîmes.  La  grotte  elle-même  n'est 
qu'un  de  ces  accidents,  comme  on  le  verra  par  la  suite  (pi.  XIII, 
6g,  3.  coupe  de  la  montagne). 

/i®  Plan  et  description  de  la  grotte  (3).  —  L'entrée  de  la  grotte 
regarde  le  N.  E.  C'est  une  arcade  surbaissée  de  k  mètres  de  hau- 
teur sous  clef  et  de  12  mètres  de  portée.  Son  bord  supérieur,  autre- 
fois très  saillant,  est  aujourd'hui  éboulé,  et  les  débris  forment  un 
tas  de  gros  blocs  (yoy  pL  XIII,  ûg.  l),qui  en  obstruent  les  abords. 

5*^  Festibule,  —  A  cette  entrée  succède  de  plain-pied  un  beau 


(4)  La  grotte  est  située  dans  les  bois  de  M.  de  Bertrand  et  sur  le 
domaine  de  la  Vernière. 

(2)  Le  dernier  étage  crétacé  dans  la  contrée  est  celui  que  M.  d'Ar- 
ohiac  place  après  la  période  du  gault,  et  qu'il  a  décrit,  en  1 85  f ,  dans 
sa  coupe  géologique  des  environs  des  bains  de  Rennes  (Bulletin  de  la 
Société  géologique  de  France,  V  sév.,  t.  Xf,  p.  4  85,  23  janvier  4  854). 
Ce  dernier  étage  entoure  de  toute  part  le  massif  de  la  grotte,  et  vient 
se  terminer  en  biseau  à  l'E.,  au  N.  et  à  TO.,  sur  les  flancs  de  la 
montagne. 

(3)  Le  plan  que  je  donne  de  ce  souterrain,  vrai  dans  Tensemble, 
renferme  nécessairement  des  inexactitudes  de  détail.  Néanmoins,  il 
répond  suffisamment  è  son  but,  celui  de  guider  Tobservateur  et  de 
servir  h  l  intelligence  du  texte. 


600  86 AN»  w  17  PÉfRiii  1862. 

vestibule.  A,  B,  C,  D,  de  inéiiie  largeur,  de  même  hauteur  que 
l*eiili'éc,  au  sol  uni  d'abord,  a  la  voûte  régulière  et  aux  pareil 
bien  dressées.  Il  va  d*abord  du  N.  au  S.,  puis  tourne  à  TO.  ou  à 
droite.  Il  a  en  tout  environ  56  mètres  de  dëveloppemenl  et  con* 
serve  à  peu  près  partout  sa  largeur  ainsi  que  sa  hauteur  et  aussi 
son  niveau  général,  bien  que  le  sol  s*exliausse  et  se  bombe  on 
peu  vers  son  extrémité  antérieure.  Cette  partie  de  la  grotte  n'a  pré- 
senté jusqu'ici  aucun  fait  important  ;  on  n'y  a  trouvé  ni  ossements, 
ni  dépôts  diluviens,  ni  sables,  ni  galets,  ni  fossiles  terrestres  ou 
marins  (1);  seulement  quelques  stalactites  pendent  Â  la  voûte. 

6"  Couloirs  iittcrnux.  —  A  50  OU  60  mètres  de  l'entrée,  ce  ves- 
tibule s*  interrompt  tout  A  coup,  et  deux  couloirs  latéraux,  EF,  MN, 
lui  suc-coilentà  droite  et  à  gauche. 

7**  Cuuloh  de  th'oitc.  —  Le  couloir  EF  s'ouvre  â  l'angle  E  du 
vestibule  par  un  trou  i-ond,  bas  et  éti-oit;  il  est  lui-même  étroit 
et  tortueux ,  au  sol  glissant,  couvert  de  stalagmites  et  fortement 
incliné  en  avant,  surtout  aux  deux  extrémités  en  E  et  en  F,  où  la 
pente  devient  rapide  au  point  d'être  dangereuse  (voy.  pi.  XIII» 
fig.  2  et  fig.  3,  le  plan  de  ce  couloir  et  sa  coupe  longitudinale). 

8°  Chnmbro  F.  —  Au  fond  de  la  dernière  ram|ie  et  après  un 
ressaut  de  1  mètre  environ,  se  trouve  une  petite  chambre  F,  de 
&  mètres  de  diamètre  environ,  au  sol  uni,  un  peu  incliné  eu  avant 
t't  dans  laquelle  s'ouvrent  à  gauche  un  vaste  corridor  FI,  et  sk  droite 
une  petite  ouverture  basse  et  assez  large  donnant  entrée  dans  une 
grande  et  belle  salle  G  qui  forme  de  ce  côte  rextrémitë  de  la 
caverne  (fig.  2  et  3). 

9*  StiUe  G.  Ossuaire.  —  Cette  salle  est  à  peu  près  elliptique  et 
couronnée  par  une  magnifique  coupole.  Le  sol  en  est  uni,  un  peu 
incliné  de  F  en  G,  et  pres(|ue  partout  encroûté  de  stalagmites  (2); 
elle  a  ^0  mètres  de  long  sur  25  de  large  environ,  et  sa  voûte  au 
centre  paraît  avoir  une  hauteur  de  12  à  15  mètres.  A  partir  de  G 
ou  mieux  de  la  ligne  transversale  j;,  r,  le  sol  de  la  partie  GH 


(4)  Des  fouilles  profondes  et  réglées  devraient  être  faites  dans  la  sol 
de  ce  vestibule,  sfln  de  découvrir  les  dépôts  diluviens  s'ils  existent, 
sinsi  que  les  dépôts  plus  anciens  qui  pourraient  s*y  trouver,  et  de  ré- 
soudre ainsi  la  question  importante  qui  se  rattache  aux  états  aDtériears 
de  la  caverne. 

(2)  Coi  étal  de  choses  est  aujourd'hui  bien  changé  (février  486S); 
la  stalagmite  est  brisée  et  le  sous-sol  bouleversé  par  des  fouilles  ré- 
centes. On  doit  avoir  trouvé  là  bien  des  choses  ;  des  ossements  brisés 
couvrent  le  sol.  Bien  que  venu  après  les  autres,  j'ai  recueilli  de  très 
beaux  morceaux  dans  ces  fouilles,  peu  profondes  et  oonfasément  fiiites. 


NOTI    DB   M.    PODBCH.  567 

s'incline  très  forlennent  en  avant  en  un  talus  uni  de  30  mètres  de 
pente  environ  et  encroûte  d'une  épaisse  couche  de  stalagmites.  Il 
résulte  de  cette  disposition  que  la  salle  G  se  termine  par  une  sorte 
de  poche  ou  cul-de-sac  très  profond  qui  forme  de  ce  côté  la  partie 
la  plus  i>asse  de  la  grotte. 

C'est  ici  un  ossuaire  d'une  richesse  incroyable  ;  les  ossements 
d'ours  y  sont  littéralement  entassés,  surtout  dans  la  partie  OH. 
On  ne  peut  pas  donner  un  coup  de  pic  sans  en  remuer  quelqu'un  ; 
ils  y  sont  généralement  épars  et  disloqués,  confusément  enve- 
loppés dans  un  limon  collant,  argileux,  calcareux,  roussdti'e,  recou- 
vert d'une  forte  couche  de  stalagmites, 

Il  a  été  recueilli  aussi  au  mènie  endroit  des  ossements  d'hyènes?, 
d'un  très  grand  chien  (1),  du  grand  Fciis  des  cavernes,  tigre  ou 
lion,  de  cheval  enfin  et  de  quelques  autres  herbivores  (2). 

Les  osseuàents  ici  se  trouvent  à  des  états  bien  diQerents  d'alté- 
ration et  de  conservation.  Certains  sont  fortement  altérés,  roussis 
ou  noircis,  se  gerçant  et  s'exfoliant  au  grand  air;  ce  sont  ceux 
qu'on  rencontre  eu  G  dans  un  terreau  friable  et  mal  recouvert  par 
la  stalagmite;  en  11,  ils  sont  entiers,  blancs,  d'un  aspect  crayeux, 
tendres  et  très  cassants,  tant  qu'ils  sont  dans  le  limou  humide  qui 
les  enveloppe;  ils  prennent  de  la  consistance  au  grand  air  et  de- 
viennent très  solides.  Enfui,  il  y  en  a  de  pétrifiés,  et  ce  sont  ceux 
qui  sont  engagés  dans  un  bourrelet  de  stalagmite  terreuse,  placé 
dans  une  situation  exceptionnelle,  tout  à  fait  énigmalique  et  que 
pour  le  moment  je  me  bornerai  à  décrire  (voy.  pi.  XIII,  fig.  3.). 

Ce  bourrelet  faisant  saillie  de  40  centimètres  environ  est  attaché 
à  la  paroi  de  cette  espèce  d'abside  qui  limite  l'extrémité  II  de  la 
salle  G;  il  règne  tout  autour  de  l'eufoncement  II  en  corniche 
saillante  partout  de  même  niveau  et  à  hauteur  d'homme,  c'est-à- 
dire  à  l'",50  environ  du  fond  même  de  cette  partie  de  la  salle. 

Les  ossements  eu  question,  aiiachcs  à  cette  masse  de  tuf  y  sont 
en  général  implantés  et  forment  une  brèche  osseuse  très  dure.  On 
y  voit  encore  beaucoup  d'ossements  bridés,  à  peu  près  tous  pétri- 
fiés; on  y  voyait  autrefois  plusieurs  crânes  entiers  fortement  enga- 
gés dans  lu  plan  même  de  la  couche.  La  plupart  ne  montraient  qu^ 
l'occiput  et  paraissaient  entiers  ;  d'autres  étaient  brisés,  sans  doute 


(4)  La  détermination  des  deux  genres  Cnnis  et  Feiis  est  due  k 
11.  Lartet,  qui  a  reconnu  dans  une  canine  du  premier  le  loup  ordi- 
naire. 

(2)  Ces  derniers  n'ont  pas  encore  reçu  de  détermination  spéci^ 
fiqoa. 


568  8ÉÀNCB    DU    17    FÉYRIBR   1862. 

depuis  longtemps,  car  les  cassures  étaient  vieilles  et  fortement 
encroûtées  de  stalagmites  (1). 

Du  reste,  aucun  dépôt  diluvien  proprement  dit  n'a  encore  été 
observé  dans  cette  partie  de  la  caverne;  on  n'y  voit  ni  gravier,  ni 
sable.  J'y  ai  recueilli  seulement  un  fragment  de  stalagmite,  aux 
angles  et  aux  arêtes  légèrement  cmoussés  (2)  ;  j'y  ai  observé  des 
parcelles  de  charbon  mêlées  aux  osseuients,  même  dans  le  terreau 
recouvert  par  la  stalagmite  (3). 

Cette  salle  étant  sans  issue,  il  faut,  pour  visiter  le  reste  de  la 
caverne,  revenir  sur  ses  pas,  franchir  de  nouveau  le  goulet  étroit 
par  où  on  est  entré  et  remonter  dans  la  salle  F. 

Rentré  en  F,  on  a  à  sa  droite  une  galerie  haute  et  spacieuse  au 
sol  uni  d'abord  et  peu  incliné;  c'est  l'entrée  de  la  galerie  FI  dont 
la  planche  Xill,  fig.  U,  représente  la  coupe  longitudinale. 

10**  Couloir  et  galerie  FI.  —  Cette  galerie  varie  peu  quant  à  sa 
largeur  et  à  sa  hauteur  ;  mais  sa  pente  qui  augmente  peu  à  peu  finit 
par  devenir  très  rapide.  Elle  a    environ  3  mètres  de  largeur  sur 

[\)  Les  ossements  recueillis  jusqu'aujourd'hui  dans  celte  salle, 
tant  en  H  qu'en  G,  sont  : 

h'*  D'Ours  :  ce  sont  les  plus  nombreux  de  beaucoup  et  ils  apparlieo- 
Dent  à  deux  espèces  très  distinctes  ou  môme  à  trois  et  peut-dtre  plus; 
il  y  en  a  do  très  frais,  ce  qui  prouvo  que  ce  genre  de  carnassiers  a 
longtemps  habité  la  grotte; 

2°  Du  grand  AV/Av  des  caverues  :  tigre  ou  lion  de  la  taille  du  plus 
grand  Ours,  représenté  par  une  canine  entière  do  \  i  cent,  de  long, 
appartenant  à  un  animal  adulte,  mais  jeune  encore;  molaires,  fémur, 
mandibule?  (brisée),  grifFes  et  vertèbres  caudales  ; 

3°  De  Chien  :  représenté  par  une  canine  et  quelques  os  longs. 

4*  D*Hyène  :  molaires; 

5*^  De  Cheval  ou  tout  au  moins  d'un  animal  du  genre,  Ane,  Zèbre  ou 
autre  congénère; 

-     6°  Autres  herbivores  (Chèvres?,  Brebis?,  Antilopes?)  ;  os  longs,  in- 
complets, espèces  indéterminées. 

(2J  Le  6  février  4  862,  étant  revenu  dans  cette  salle,  j'ai  trouvé 
dans  une  anfractuosité  un  amas  de  petits  galets  mêlés  de  limon  ;  mais, 
bien  que  polis  en  général,  aucun  de  ceux  que  j'ai  pris  n'était  complète- 
ment  arrondi;  leurs  angles  et  leurs  arêtes  étaient  seulement  émoussés 
par  frottement.  D'ailleurs,  sur  plus  de  trente  que  j'ai  cassés,  je  n'en 
ai  pas  trouvé  un  seul  qui  ne  provînt  des  roches  qui  composent  la 
montagne.  Sur  l'un  d'entre  eux  se  voient  des  sections  d* Orbifo/i/ta 
conoit/tra  très  bien  marquées;  c'est  un  galet  de  calcaire  siliceux  grit 
bleu  très  commun  dans  la  roche  encaissante. 

(3)  Co  dernier  fait,  qui  m'avait  paru  douteux,  est  pleinement  véri- 
fié. C'est  du  charbon  de  bois  brûlé,  des  braises  éteintes  véritables. 


NOTE    DB    H.    POUBCH.  569 

80  nièlres  de  longueur  (1)  mesurés  sur  la  pente.  Sa  paroi  de  droite 
présente  quelques  anfractuosités  et  quelques  appendices  caver- 
neux, tortueux  et  sans  issue.  Ji  y  a  été  recueilli  des  ossements 
d'Ours  de  la  petite  espèce. 

11°  Galerie  IJ.  —  Parvenu  en  I,  non  sans  danger  et  sans  peine, 
en  gravissant  une  rampe  de  35  mètres  de  long  et  de -30  à  ZiO  et 
même  50  degrés  de  pente,  sur  un  sol  de  stalagmites  humide  et 
glissant ,  après  8*ctre  hissé  à  droite,  et  en  s'aidant  des  pieds  et  des 
mains,  sur  une  roche  saillante,  on  se  trouve  à  Tentroe  et  sur  le 
seuil  même  d'une  belle  galerie  latérale  IJ  venant  dôboiichcr  sur 
celle  qu'on  vient  de  parcourir  et  formanl  comme  le  vestibule  de 
l'étage  supérieur  de  la  grotte  (fig.  2  et  5). 

Cette  galerie,  au  sol  rocheux  et  inégal  tout  d'abord,  est  élevée 
et  spacieuse;  elle  a  environ  27  mètres  de  développement,  et  vient 
rencontrer  en  J  la  galerie  KL  sons  une  direction  un  peu  oblique. 

12°  Gtileric  KL.  — Celte  dernière,  qui  ne  mVst  connue  que  sur 
une  longueur  de  80  mètres  environ,  se  divise  nntiuellement  en 
deux  parties  par  rapport  an  point  J,  celle  de  droite  et  celle  de 
gauche  {fig.  2  et  6). 

La  partie  droite  JL  monte  bientôt  à  partir  du  point  J,  et  même 
assez  rapidement;  elle  s'élève  aussi  en  même  temps  de  manière  à 
devenir  une  simple  fente  tortueuse  et  étroite,  d'apparence  sus- 
pecte et  où  il  serait  peut-être  dangereux  de  s'engager  (2). 

La  partie  gauche,  au  contraire  (JK},  unie,  ouverte,  spacieuse  et 
élevée,  forme  une  belle  galerie  de  50  mètres  de  profondeur,  fer- 
mée à  son  extrémité^  et  de  ce  côté  absolument  sans  issue.  C'est 
ici  la  partie  la  plus  régulière  de  toute  la  caverne,  comme  aussi  la 
plus  tranquille,  la  plus  retirée,  la  plus  saine  ;  aucun  bruit  n'y 
parvient;  il  n'y  pénètre  aucun  souffle;  un  calme  perpétuel  y  règne 
avec  une  douce  température.  C'est  un  lieu  d'hibernation  parfait; 
aussi  les  Ours  de  la  plus  grande  espèce  y  avaient  établi  leur  de- 
meure; ils  donnaient  là,  ils  mouraient  là;  pendant  plusieurs 
centaines  de  générations  peut-être ,  ces  grands  carnassiei-s  s'y 
étaient  succédé  et  avaient  couvert  la  terre  de  leurs  ossements 
gigantesques.  C'est  là  qu'on  a  recueilli  descn^nes  de  50  centimètres 
de  long  (3)  et  des  canines  de  13  centimètres  de  longueur  sans 

(1)  N,  B,  —  Les  figures  de  la  pi.  XIII,  disposées  de  manière  à 
s^arraDger  dans  un  cadre  régulier,  ne  sont  pas  à  réchelle. 

(9)  Je  présume  que  cette  fente  peut  atteindre  lexlra-dos  de  la  voûte 
et  s'ouvrir  quelque  part  sur  la  croupe  de  la  montagne. 

(3)  Un  crâne  de  cette  dimension  se  voit  dans  la  collection  de 


570  SÉANCE    DU    17    FifRIKR   4862. 

compter  la  courbure.  Le  sol  meuble  de  la  caverne  consistant  en 
une  couche  de  30  mètres  d'épaisseur  n*est  qu'un  terreau  noir  couc 
composé  d'os  pourris  de  ces  ours,  de  leurs  chairs,  de  leurs  poib, 
on  un  mot  des  débris  de  leurs  dépouilles.  Là,  les  ossements  n'étaienl 
pas  dispersés  ;  on  trouvait  généralement  ensemble  et  assez  rap- 
prochées léii  diverses  ])ièces  d  un  même  squelette.  Seulement,  ces 
restes  étaient  profondément  altérés,  noirs  et  friables  pour  la  plu- 
part, effet  dû  sans  doute  à  l'action  inmiédiate  et  continue  de  l'air 
humide  (1)  ;  aujourd'hui  ce  riche  ossuaire  est  entièrement  épuisé; 
il  n'y  reste  que  les  pièces  les  plus  altéi'ées. 

Mais  ce  n'était  pas  précisément  à  raison  des  ossements  d'ours 
qu'elle  renfermait  que  cette  partie  de  la  caverne  de  i*Hcrin  se 
recommandait  à  l'attenlion  des  naturalistes.  Celait  surtout  par  des 
fossiles  marins,  attacliés  aux  parois  et  aux  voûtes;  c'ctaîent  <Ies 
madrépores  de  plusieurs  espèces  tout  siliciHés,  (;rou|>és  par  touffes 
et  saillant  sur  le  roc.  (\c&  coquilles  bivalves  et  turriculées.  enté- 
riformes  et  enroulées,  tantôt  (groupées,  tantôt  isolées,  toujours  sili- 
cifiées,  saillant  sur  les  voûtes  et  les  parois  de  10,  20,  30  centi- 
mètres et   n'y  tenant   souvent  que   par  uu   simple   pédoncule. 
C'était  ici  en  réalité,   sauf  la   lumière  et  le  jour,    une    de  ces 
demeui-es  de  divinités  marines,  une  de  ces  {;rottes  de  Néréides, 
ornées  de  rocaillcs  et  de  coquilles,  créées  par  l'imagination  des 
poètes.  Tout  cela  est  encore  dévasté  et  il  en  reste  à  peine  quelque 
vestige.  Il  y  a  été  recueilli  tU*.  bien  remarquables  morceaux,  notam- 
ment une  Nérinée  de  11  centimètres  de  long,  coquille  turriculée, 
de  dix  tours,  presque  cylindrique,  portant  à  son  sommet  une 
Huître  ou  Exogyre  collée  contre  elle.  Ce  groupe  curieux  a  été  ren- 
contré saillant  de  toute  sa  longueur  sur  le  nu  de  la  roche,  c*est-é- 
dire  au  moins  de  15  centimèti'es.  Il  y  a  été  i*ecueilli  aussi  de 
grands  bivalves  cratériformes ,    appartenant  aux    rudistes   sans 
doute,  parfaitement  fermés  par  leur  opercule,  cependant  complè- 
tement évidés  et  saillant,  eux  aussi,  sur  le  roc  de  10  et  12  centi- 
mètres. Je  ne  pirux  mieux  les  comparer  qu'au  HadiolUes  Fieuriausa 
d'Orb.,  enfin,  des  Poriies,  des  Astrées,  des  iMéandrines,  des  madré- 
pores rameux  groupés  eu  touffes  et  eu  buissons,  de  20  et  30  cen- 
timètres de  saillie.  Ce  qu'il  y  a  ici  de  remarquable,  c'est  que  tons 


M.  Âlzieu,  médecin  aux  Cabannos.  Ce  beau  morceau  est  un  osse- 
ment  relativement  frais;  sur  plusieurs  points  il  présente  cet  aspect 
céroYde  qu'on  observe  sur  les  ossements  frais  et  qui  les  caractërisa. 

{\)  Là  les  ossements  étaient  complètement  à  découvert  et  privés  de 
Tenveloppe  limoneuse  qui  les  protège  eo  plusieurs  autres  eadroitt. 


HOTI   M   H.    POOBCH.  671 

ces  corps  marins  ont  été  disséqués  dans  la  roche  même,  et  non- 
seulement  séquestrés,  mis  en  relief  et  à  nu,  mais  encore  é vidés,  el 
même  si  parfaitement,  que  des  Térébratules  montraient  leurs  osse- 
let» intérieuis,  si  minces  cependant,  si  délicats,  parfaitement  en 
place,  parfaitement  ajustés  et  disséqués  avec  une  perfection  in- 
croyable (1). 

Ces  fossiles  marins  s'observaient  surtout  dans  les  deux  galeries  IJ 
et  JK.  On  en  trouve  des  restes  partout,  mais  nulle  part  d'aussi 
nombreux  ni  d'aussi  complètement  isolés  de  la  roclie  (3). 

Les  animaux  à  qui  ces  restes  appartiennent  n'ont  certes  pas  vécu 
dans  la  caverne  dans  l'état  où  on  les  voit  aujourd'hui  ;  après  leur 
mort,  ils  avaient  été  engagés  dans  la  roche»  et  les  agents  chimiques 
les  ont  depuis  isolés  en  corrodant  celle-ci  qui  est  calcaire  et  en  res- 
pectant les  parties  siliceuses.  C'est  du  reste  un  fait  bien  connu  en 
géologie,  et  dans  lequel  ici  en  particulier,  avec  quelques  données 
de  plus,  on  pourrait  trouver  un  assez  bon  chronomètre  pour  déter«- 
miner  approximativement  Tàge  de  la  caverne. 

Toutes  les  parties  connues  de  cette  caverne  accessibles  par  le 
corridor  de  droite  du  fond  du  vestibule  d'entrée  sont  désormais 
parcourues  et  décrites.  Si  ntaintcnant,  revenant  au  point  D  du 
même  vestibule  (Hg.  2),  on  se  tourne  à  gauche,  on  a  devant  soi  le 


(4)  Les  espèces  recueillies  là  et  détermiuées  par  M.  d'Ârchiac  sont 
les  suivantes  :  Belemnites^  fragment  voisin  du  B.  semicanaliculatus^ 
Blainv.;  Tvrebnuula  bipUcoia^  Sow.  (individu  très  jeune),  telle  que 
cette  espèce  est  comprise  par  Aie.  d'Orbiguy  ;  T,  mstrata^  Sow. 
[Rfiynchonnella  Lamnrckiana,  d'Orb.  )  ;  Terebratella  Morcnna^ 
d'Orb.,  ou  individu  jeune  et  un  peu  modifié  de  la  T.  Menardi^  Lam., 
avec  le  type  de  celle-ci  ;  Osfrea^  peut-ôtre  un  fragment  de  YExoy^ra 
fiahtllata^  Gold.?;  Thamnastrœa  lamclUstriata^  Miln.-Edw.  et 
J.  Haime;  T,  indét.,  rappelant  le  T.  conica^  Defr.,  mais  dépourvue 
de  support;  OrbiiuUna  conoidea^  Alb.  Gras,  et  des  polypiers  ou  bryo- 
zoaires indéterminables. 

(s)  Les  morceaux  les  plus  intéressants  recueillis  en  cet  endroit  font 
aujourd'hui  partie  de  la  collection  de  M.  ÂIzieu,  aux  Cabaones.  Le 
premier  j'attirai  l'attention  de  cet  habile  et  intrépide  explorateur  sur 
des  objets  de  ce  genre  observés  sur  d'autres  points  de  la  grotte.  Cette 
observation,  qui  le  trouva  d'abord  incrédule,  lui  a  cependant  valu  la 
riche  et  abondante  récolte  qu'il  a  faite  plus  tard,  quand  le  premier  il  a 
exploité  les  galeries  supérieures.  Je  u*ai  fait  que  glaner  après  lui. 
M.  AIzieu  est  le  premier  qui  ait  écrit  sur  la  grotte  de  l'Herm  ;  il  en 
adonné  dans  le  temps  une  description  poétique,  pleine  de  verve  et  de 
talent,  publiée  dans  les  journaux  du  pays. 


Ô72  sfiÀNCi  DU  17  FÉfii»  i862. 

corridor  MN  qui  conduit  à  la  grotte  inférieure^  que  j'appelieni 
aussi  la  (jrande  caverne. 

13.  Couloir  MN.  — Ce  corridor  assez  élevé,  mais  étroit,  a  envi- 
ron ZiO  mètres  de  développement;  il  se  courbe  en  arc  de  gauche  à 
droite  et  vient  ainsi  déboucher  très  obliquement  sur  le  bord  de  la 
caverne  principale. 

1  h*  Grande  caverne,  —  I^e  sol  de  cette  dernière  est  à  6  à  7  mètrei 
en  contre-bas  de  remboucliure  du  coiTÎdor.  La  paroi  de  ce  côté 
est  verticale  et  Ton  ne  peut  pénétrer  dans  l'immense  cavité  queron 
a  devant  soi  qu'au  moyen  d'une  échelle  (fi^j.  7). 

Si,  avant  de  descendre  en  N,  on  regarde  un  instant  devant  soi, 
le  spectacle  que  l'on  a  sous  les  yeux,  du  l>out  de  ce  corridor,  est 
vraiment  saisissant.  Ces  voûtes,  ces  piliers,  ces  murailles,  ces  vides, 
ces  profondeurs,  ces  arcatuies  immenses,  entrevus  à  la  faible 
lueur  des  bougies,  et  à  travers  des  ombres  profondes  qui  en  décu- 
plent la  grandeur,  tout  cela  étonne  d'abord,  et  cause  une  horreur 
secrète,  que  vient  encore  accroître  l'idée  qu'on  ya  descendre 
dans  ces  abîmes. 

Quand  on  est  en  N,  au  bas  de  l'échelle,  on  se  trouve  dans 
une  galerie  de  10  à  15  mètres  (1]  de  largeur,  et  dont  la  voûte. 
élevée  de  15  à  20  mètres,  ressemble  à  celle  de  nos  grandes  cathé- 
drales, et  en  rappellerait  assez  exactement  l'idée  dans  la  1od« 
gucur,qui  se  continue  indéRniment  k  droite  et  à  gauche  (fig.  2 
et  8). 

15.  Partie  NP.  —  Si  l'on  suit  d'abord  cette  galerie  dans  la  direc- 
tion NP,  c'est-à-dire  au  S.  E.,  on  la  trouve  descendant  d*abord, 
puis  remontant  par  ime  pente  très  roide,  tournant  à  gauche,  puis 
à  droite,  pour  tourner  encore  à  gauche  et  à  droite  deux  ou  trois 
fois,  descendre,  remonter,  s'exhausser,  s'élargir,  s'abaisser,  se 
rétrécir  et  se  terminer  enRn  en  TU  à  \(x^  mètres  de  réchelle 
environ,  par  un  labyrinthe  de  corridors  ascendants  et  tortueux, 
où  il  serait  dangereux  de  s'aventurer,  tant  la  pente  en  devient 
glissante  et  rapide  (2). 

J'ignore  ce  que  l'on  trouverait  au  delà.  C'est  là  que  je  me  sois 
arrête,  et  c'est  là  qu'on  s'arrête.  A  1200  mètres  au  S.E.,  et,seloo 
mon  estimation,  dans  la  même  direction,  se  trouve  un  trou  vertî- 


(1)  Cette  largeur  n*est  atteinte  que  vers  le  niveau  du  corridor  d'ar* 
rivée;  su  bas  la  largeur  en  N  n'est  que  de  6  à  7  mètres. 

(2)  Le  6  février  4862,  un  de  mes  travailleurs  est  monté  à  Toxtré- 
mité  de  Is  rampe  de  droite,  et  il  m'a  dit  que  la  galerie  en  se  bîfiar- 
quant  pénétrait  plus  loin  à  droite  et  h  gauche. 


NOTK    DS   M.    POUBCH.  57S 

cal  (le  32  mètres  de  profondeur,  un  vrai  puits  ;  sur  la  croupe  de 
la  montagne,  peut-être  communique-t-il  avec  la  caverne. 

Quoi  qu'il  en  soit,  on  est  loin  de  connaître  cette  partie  de  la 
grotte  de  l'Herm,  et  je  doute  qu'on  la  connaisse  parfaitement  de 
longtemps,  tant  les  travaux  à  exécuter  seraient  pénibles  et  dispen- 
dieux, tant  il  parait  difficile  et  dangereux  de  pénétrer  partout,  de 
parcourir  toutes  les  anfractuosités,  de  sonder  tous  les  abîmes.  Ou 
observe,  en  effet,  çà  et  là  des  trous,  des  fentes,  des  puits  d'une 
profondeur  inconnue,  des  couloirs  bas  et  étroits,  profonds  et  tor- 
tueux, à  pente  rapide,  allant  dans  tous  les  sens,  et  qu'il  serait  témé- 
raire d'aborder  et  de  vouloir  parcourir  dans  toute  leur  étendue. 
L'action  pétrifiante  se  montre  dans  toute  sa  puissante  activité  dans 
cette  partie  de  la  caverne.  Le  sol  est  couvert  d'épaisses  stalagmites 
presque  partout,  et  des  stalactites  énormes  pendent  aux  voûtes; 
certaines  atteignent  le  sol,  et  s'élèvent  en  piliers  de  15  et  20  mètres  ; 
ce  sont  presque  partout  des  culs-de-lampe  et  d'élégantes  draperies, 
et,  à  l'opposite,  des  milliers  de  cierges  se  dressant  sur  le  sol,  grou- 
pés de  toute  manière.  La  masse  calcaire  ainsi  transportée  et  trans- 
formée par  les  eaux  est  véritablement  étonnante,  et  l'action  qui 
produit  de  tels  effets,  encore  de  nos  jours,  est  l)ien  ancienne  ou 
bien  énergique. 

Cette  action,  du  reste,  se  manifeste  par  des  faits  corrélatifs 
d'érosion.  Ici  aussi  on  voit  des  madrépores,  des  coquilles,  des  con- 
crétions tuberculeuses,  siliceuses,  saillant  sur  le  roc,  mais  bien 
moins  qu'aux  galeries  supérieures;  partout  le  roc  bumecté  se 
oorrode  ;  peu  à  peu  son  calcaire  est  dissous  et  emporté  par  les  eaux, 
et  ses  parties  terreuses  tombent  en  poussière.  C'est  ainsi  que  des 
trous  profonds  se  creusent  dans  les  parois,  que  les  saillants  s'émous- 
sent  et  que  les  fentes  s'élargissent  ;  ainsi  s'agrandit  la  caverne  tout 
entière  dans  une  proportion  encore  inconnue,  mais  régulière  sans 
doute. 

Cette  action  dissolvante  s'exerce  aussi  sur  les  ossements  que  la 
grotte  contient,  lesquels,  dans  presque  toute  cette  partie,  sont  sin- 
gulièrement ramollis  et  réduits  à  une  consistance  pulpeuse  (1). 
Quel  est  l'agent  dissolvant?  La  cliimie  le  dira.  Est-ce  Teau?  est-ce 
l'air?  sont-ce  les  deux  réunis?  l'acide  carbonique,  comme  la 
tbéorie  le  veut?  les  sels  ammoniacaux  et  les  produits  nitreux  (2)? 
Elle  devra  dire  aussi  le  rôle  positif  ou  négatif  que  peuvent  pro- 


(4)  Encore  ici  les  ossements  enveloppés  dans  le  limon  humide  se 
distinguent  par  leur  état  de  conservation  parfaite. 

(3)  Les  terres  du  sol  de  la  grotte  du  Masd'Azil  ont  été  anciennement 


571  8ÉANCI   DU    i7    FÊTRIBII    1862. 

duîrc  les  déjections  des  chauves-souris,  ces  tas  énormes  de  gtuMo 
entassés  presque  partout  dans  la  caverne.  Pour  nous,  quanta 
présent,  constatons  les  faits  apparents  ;  c'est  ce  qa*îl  y  a  d'împo^ 
tant;  les  explications  viendront  ensuite.  Or,  comme  faits  intém- 
sants,  citons  encore  ces  corniches,  ces  arcades,  ces  ponts  jetés  dsai 
Tespace,  ces  rotondes  et  les  coupoles  qui  les  surmontent,  témoins 
muets  mais  expressifs  des  grandes  dislocations  qu'ont  éprouvées  les 
bancs  rocheux  qui  coniiK)sent  la  montagne.  Ces  bancs,  acctiséipir 
des  saillants  et  des  rentrants,  se  correspondent  généralement  sur 
les  parois  opposées,  et  s'y  dessinent  en  lignes  horisontales  large- 
ment ondulées  dans  le  sens  NP,  qui  est  celui  de  l'axe  de  lacaTemc. 
Aux  voûtes  et  aux  areades,  ces  bancs  se  succèdent  et  se  recooTreat 
en  encorbellement  ;  ils  se  dessinent  en  corniches  le  long  des  gale- 
ries et  à  rinterieur  des  coupoles  (1).  Ces  détails  sont  importants  â 
noter,  parce  qu'ils  peuvent  servir  à  expliquer  l'origine  de  la 
caverne,  qui,  selon  moi,  résulte  du  ploiement  forcé  et  de  la  rup- 
ture des  couches  rocheuses  qui  composent  la  montagne. 

16.  PaNii7  NO,  — *La  partie  NO  a  un  tout  autre  aspect.  La 
voûte  n'y  conserve  sa  hauteur  que  jusqu'à  15  à  16  mettes  du  pied 
de  l'cchcUe  (ou  de  N).  A  partir  de  là,  sa  hauteur  diminue  loat 
à  coup  et  si  rapidement  que  bientôt  elle  se  réduit  à  60  centimètres 
et  nionie  à  50  centimètres;  il  faut  alors  aller  en  rampant,  comme 
sous  la  voûte  d'un  four.  La  (galerie  se  termine  de  ce  c6té,  et  à  une 
distance  NO  de  fiO  à  60  mètres  environ,  par  une  rotonde  de 
9  mètres  de  diamètre  à  peu  près,  au  sol  bombé  au  milieu,  et 
occupé  par  un  groupe  de  cierges  stalactitiques  de  kO  a  50  centi- 
mètres de  longueur,  unissant  le  sol  à  la  voûte. 

Cette  exti'émité  O,  selon  mon  estimation,  doit  être  très  rappro- 
chée de  l'extrémité  H  des  cavernes  de  droite,  et  à  peu  près  sur  le 
même  niveau.  Ces  deux  endroits  sont  de  part  et  d'autre  deux 
points  des  plus  bas  de  toute  la  caverne  (2)  et  sans  doute  les  n 


exploitées  pour  la  fabricsttoii  du  salpêtre.  On  conçoit  que  les  matières 
animales  entassées  dans  les  cavernes  en  général  y  favorisent  la  pro- 
duction de  composés  nitreux  de  diverses  sortes. 

(\)  On  démôle  tout  cela  avec  un  peu  d'attention  ;  il  ne  faut  recher- 
cher ni  éléj^ance  ni  régularité  dans  l'agencement  des  membres  divers 
de  celte  architecture  gigantesque. 

{%)  Le  point  le  plus  bas  paraît  être  situé  à  20  ou  25  mètres  au  S.  B. 
du  point  N  vers  NPQ.  Â  partir  de  ce  point  vers  I  le  sol  monte  tou- 
jours par  une  pente  moyenne  de  plus  de  20  degrés  ;  à  partir  delèsunî 
la  galerie  s'élargit  etlavoOte  s'élève  au  point  qu'elle  atteint  une  lai^iar 
de  36  mètres  environ  et  une  hauteur  de  30  mètres. 


IfOTl   Dl    M.    POUKCB.  676 

par  lesquelles  les  eaux  8*écoulent  au  moins  en  partie  (fig.  2). 
D^ailleurs  on  voit  ici  comme  en  H,  et,  selon  mon  estimation, 
à  la  même  hauteur,  des  restes  d'un  bourrelet  de  stalagmites  (fig.  9 
et  10). 

Toute  cette  partie  NO  de  la  grande  caverne  renferme  beau- 
coup d'ossements;  ils  y  sont  dans  un  terreau  roussàtre,  friable, 
nullement  recouvert  par  les  stalagmites.  Ces  os  sont  généralement 
blancs,  tendres,  spongieux  et  cassants,  souvent  même  friables 
quand  ils  sont  humides;  en  se  desséchant,  ils  deviennent  consis- 
tants et  solides.  Ce  sont  encore  ici  des  os  d'Ours  de  la  grande  et 
de  la  petite  espèce,  de  cette  dernière  surtout.  Il  y  a  été  recueilli 
des  squelettes  presque  entiers,  sans  compter  des  pièces  fort  impor- 
tantes de  la  tète,  du  tronc  et  des  membres.  Je  citerai,  entre  autres, 
un  tibia  de  la  grande  espèce  portant  encore  les  profondes  em- 
preintes des  dents  canines  d'un  autre  carnassier  plus  petit  qui  a  dû 
le  ronger. 

11  y  a  été  recueilli  aussi  des  restes  de  grand  Felis  et  d'Hyène, 
enfin  des  ossements  humains  ;  ces  derniers,  quand  le  temps  de 
la  discussion  des  faits  sera  venu,  seront  l'objet  de  remarques  par- 
ticulières. Pour  le  moment,  terminons  par  cette  question  qu'on  se 
pose  malgré  soi  quand  on  voit  la  prodigieuse  quantité  d'ossements 
que  renferme  cette  partie  de  la  caverne  :  Ces  ossements,  d'où  vien- 
nent-ils? Ils  sont  évidemment  les  restes  d'animaux  qui  ont  habité 
la  caverne  de  génération  en  génération,  pendant  longtemps  sans 
doute.  Dès  lors,  par  où  y  venaient-ils?  Etaient-ils  capables  de 
franchir  d'un  bond  la  hauteur  verticale  de  7  mètres  qui  sépare  le 
bout  du  couloir  d'arrivée  du  sol  de  la  caverne?  Cela  semble  bien 
peu  probable^  surtout  pour  les  Hyènes,  et  même  pour  les  Ours  et 
les  Lions;  grimper  le  long  de  la  paroi  rocheuse  et  unie  paraît 
^plement  impossible.  Dès  lors,  il  faut  supposer  qu'il  y  avait  et 
que  peut-être  il  y  a  enpore  quelque  issue  inconnue,  ce  que 
permettent  parfaitement  de  supposer  les  grandes  et  nombreuses 
anfractuosités  encore  inexplorées  que  présentent  le  fond  et  le 
côté  NE  de  la  grande  caverne  (1). 


(4)  Le  G  février  4  863,  me  trouvant  en  U,  à  Textrémité  SE  de  la 
galerie  NP,  et  remarquant  les  sillons  creusés  par  les  grit)es  des  chats 
jauvages  et  des  fouines  sur  la  stalagmite  encore  tendre  qui  couvre  la 
fampe  extrêmement  rapide  terminant  cette  galerie,  j  en  observai  de 
bien  plus  larges  et  de  plus  profondes  et  telles  qu^en  pourraient  creuser 
les  griffes  des  ours  ;  un  ours  était  passé  par  là  autrefois.  Cela  me  sug- 
géra l'idée  d'enlever  la  croûte  saperfioielle  pour  voir  a*il  y  en  avait 


576  SÉAlfCE    DU    17    FÊTRIBR    1862. 

Jixjjlicatiofi  drs  figures  de  la  planche  Xlli^ 

Fis?    \.  Entrée  de  la   arotle. 

Fi^.  2.  Plan  général  de  la  grotte  en  projection  horizontale. 

Fig.  2  bis.  Coupe  longitudinale  verticale  du  Tostibule  ABCD. 

Fig.  3.  Coupe  id.,  selon  EFGII,  du  couloir  de  droite  et  de  la  salle 
elliptique. 

Fig.  4.  Coupe  id.,  selon  HGFl,  en  remontant  de  l'extréinité  H  dt 
Tossuaire  Yers  I. 

Fig.  5.  Coupe  id.  de  la  première  galerie  de  l'étage  supérieur  de  la 
grotte,  selon  IJ. 

Fig   6.  Coupe  id.  de  la  seconde  galerie  du  deuxième  étage,  selon  KJL. 

Fig.  7.  Coupe  id.  d*uno  partie  du  vestibule  et  du  couloir  de  gauche 
IIN,  suivie  de  la  coupe  en  travers  ONP  ou  de  la  grande 
caverne,  ainsi  que  du  couloir  FI. 

Nota,  —  Q,  fig.  5,  est  la  coupe  transversale  de  la  grande 
caverne  en  Q,  dans  les  rapports  d'altitude  avec  la  galerie 
supérieure  IJ. 

Fig.  8.  Coupe  longitudinale  de  la  grande  caverne  dana  sa  partie 
explorée  do  0  en  V;  pp^  piliers  de  stalactites;  r,  cavité 
profonde  avec  limon  ossifère  ;  //,  trous  verticaux  à  osse- 
ments incomplètement  explorés:  r,  aile  de  rocher  se  pro- 
jetant dans  r intérieur  de  la  caverne,  banc  eu  saillie  sor 
lequel  on  peut  constater  la  flexion  générale  de  l'assise  cal- 
caire dans  laquelle  la  grotte  est  creusée;  la  coupe  de  oa 
banc  en  .saillie  est  représentée  fig.  9  ;  hh^  forts  bourrelets  de 
stalagmites  traversant  la  caverne  et  résultant  de  rupture 
violente  de  la  couche  entière,  qui  a  plus  de  4  mètre  d'épais- 
seur;/>',  pilier  rocheux  en  place;  v,  couloir  inaccessible 
ascendant;  //,  cavité  dans  la  paroi  en  forme  de  berceau  oo 
de  niche.  C'est  tout  près  de  là  que  le  squelette  humain  a 
été  trouvé. 

rii;.  1).  Coupe  en  travers:  de  la  grande  caverne  selon  la  ligne  r/.  On 
y  voit  la  section  du  banc  saillant  avec  sa  flexion  en  gout- 
tière ;  on  trouve  des  ossements  sous  cette  aile  de  roche 
comme  dans  les  cavités  qui  se  trouvent  sous  le  bourrelet  de 
stalagmites  hb;  on  voit  en  noir,  dans  le  fond  de  ce.te 
coupe,  la  représentation  des  issues  extrêmes  de  la  ca* 
verno  ?•?''?;". 

Fi^.  4  0.  Coupe  selon  ZVW  On  y  voit  les  cavités  extrêmes  v  et  »■,  l5 
pilier  de  stalactites/^',  enfin  la  cavité  ossifèro  r;  les  ti 
d'ours  s'observent  sur  la  rampe  UV. 


au-dessous  ;  il  s'y  en  trouva,  en  effet,  de  bien  plus  nombreuses  et  de 
bien  plus  grande  dimension.  Dès  lors  la  question  était  résolue,  au 
moins  avec  grande  probabilité.  C'est  par  là  que  passent  les  animaui 
qui  du  dehors  pénètrent  dans  cette  partie  de  la  caverne;  c'est  par  là 
que  sont  venus  ceux  qui  l'ont  remplie  de  leurs  os. 


NOTE    DE    M.    POUSCH,  677 

Fig.  4  \ .  Coupe  selon  OH  montrant  les  relations  des  deux  gîtes  ossî- 

fères  0  et  G. 
Fig.  4  2.  Coupe  SE,NO  par  le  travers  de  la  brèche  superficielle  du 

Baux.  A'  est  l'entrée  de  la  caverne  en  petit. 

N.  B,  —  Dans  les  coupes  verticales  les  lignes  pointées  et  les  cotes 
qui  les  accompagnent  indiquent  les  diverses  parties  de  la  caverne  avec 
leurs  niveaux  relatifs.  Ces  cotes  ne  sont  pas  d'une  exactitude  parfaite, 
mais  elles  suffisent;  elles  sont  rapportées  à  l'altitude  de  500  mètres, 
qui  est  supposée  être  celle  de  l'entrée  môme  de  la  caverne  et  du  ves- 
tibule qui  la  suit. 

Il*  Partie.  —  Discussion  des  faits. 
Faits  primordiaux,  A^c  relatîj  et  origine  de  la  caverne. 

Le  calcaire  dans  lequel  cette  grotte  est  creusée  a  été  formé  au 
fond  de  la  mer  à  la  manière  de  ces  bancs  de  coraux  de  même 
genre  qui  se  forment  encore  aujourd'hui  dans  les  mers  tropicales. 

A  l'époque  de  celte  formation  la  mer  crétacée  baignait  le  pied 
même  des  Pyrénées  (1)  et  en  particulier  le  pied  N  du  massif  mon- 
tagneux ancien  qui,  par  le  sud  de  Foix,  s'étend  de  Saint-Girons 
au  pic  de  Saint-Barthélémy  et  dans  TAude.  Ainsi  la  région  qui 
forme  la  haute  Ariége  aujourd'hui  se  trouvait  dans  des  conditions 
à  peu  près  insulaires,  coupée  encore  qu'elle  était  de  golfes  assez 
étendus,  tels  que  celui  qui  par  Engomer,  Alos,  Oust  et  Massât 
s'étendait  de  la  Bellongue  jusqu'à  Rabat  (2). 

Tel  était  Télat  de  cette  région  lorsqu'un  premier  mouvement 
souterrain  vint  la  rider  et  en  émerger  une  partie.  Ainsi  une  longue 
presqu'île  se  forme,  comprenant  tout  le  massif  montagneux  qui 
s'étend  de  Pércillc  à  Taurignan,  et  se  reliant  au  massif  principal 
par  un  isthme  situé  entre  Saint-Girons  et  Saint -M  art  in  de  Caralp. 
Un  golfe  étroit  partant  de  ce  dernier  point  allait  s'ouvrir  en  pleine 
mer  sur  Lavelanct  et  Bclesta  ,  comprenant  tout  le  bassin  de  Foix 
et  IVlontgaillard,  les  territoires  de  Celles,  et  Saint-Paul  et  tout  le 
bassin  de  l'Espone  (3),  portant  sa  rive  méridionale  à  Freychenet 
Cl  Gabachon,  Montferries  et  Fougax  [li).  Alors  aussi  la  vallée  de 


(4)  J'entends  de  la  masse  des  Pyrénées  ou  des  Pyrénées  primor- 
diales, région  insulaire  alors  et  complètement  séparée  du  continent 
européen  comme  du  reste  de  la  France. 

(2)  Le  sol  de  ce  bassin,  qui  forme  une  contrée  montueuse  aujour- 
d'hui» n'en  porte  pas  moins  les  caractères  de  son  origine. 

(3]  Ce  bassin  comprend  en  partie  les  territoires  de  Soula,  Leychert, 
Malzon  et  Roquefissade. 

(4)  Môme  observation  que  ci-dessus;  le  sol  de  ces  contrées  est  au- 
Soc.  géoi.y  2*  série,  tome  XIX.  37 


678  SÊANGK    DU    17    FfiVRIBR    1862. 

rAiîé(>e  n*exîstait  pas,  si  ce  n*cst  dans  sa  partie  supërîenre.  Le 
bourrelet  inoiitn{rneux  ainsi  forint^  n'avait  pas  un  relief  aussi  fort 
qu'aujourd'hui  ;  mais  il  se  continuait  tout  d'une  pièce  de  sa  pointe 
orientale  à  son  extrémité  occidentale,  sans  brèche,  ni  coupure,  lie 
Pech  de  Foix  se  reliait  à  Saint^Sauveur  sans  aucune  solation  de 
continuité  et  sans  trace  de  la  coupure  profonde  qui  les  sépare 
aujourd'hui.  Alors  aussi  l'Ariége  n'existait  pas  encore  si  ce  n'est 
dans  le  haut  de  son  cours. 

Quel  fut  l'état  de  la  montagne  de  THerm  alora  et  du  massif  de 
la  caverne  en  particulier?  On  ne  saurait  le  dire.  Une  anse  péné- 
trait dans  la  vallée  de  Pradières  et  ladite  montagne  formait  un 
cap  ayant  la  pointe  au  N.  O.  Si  la  caverne  était  ouverte  alors, 
clic  ne  Tétait  qu*en  partie,  mais  j'en  doute,  et  je  ne  puis  même 
dire  si  le  point  où  se  trouve  son  ouverture,  aujourd'hui  était  au 
niveau  du  balavenient  des  eaux,  émergé  ou  immergé.  Ce  serait 
aux  faits  observés  de  nous  le  dire  ;  et,  pour  moi,  je  confesse  que  je 
n'en  ai  pas  remarqué  d'assez  positifs  pour  me  prononcer  à  cet 
égard.  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  qu'alors  c'était  l'époque  des 
Ammonites  vi  des  rudistcs,  sans  compter  cent  autres  genres  et 
espèces  de  madrépores,  d'ccliiiiides,  de  coquilles,  etc. ,  et  rien  de 
tout  cela  n'a  été  rencontré  dans  la  caverne  à  l'état  roulé,  comme 
cela  devrait  être,  si  elle  avait  été  ouverte  au-dessous  des  eaux,  ou 
au  niveau  de  leur  surfac  e.  On  n'y  a  encore  vu,  non  plus,  ni  des 
trous  de  Plioladcs,  ni  des  sables,  ni  des  galets  roulés.  Peut-être 
déeouvrira-t-on  toiil  cela,  car  l'imprévu  doit  compter  pour  beau- 
coup en  géologie  ;  peut*  être  un  jour  y  trouvera-ton  des  ossements 
d'animaux  terrestres  ou  aquatiques  de  cette  époque,  des  poissoitf, 
des  amphibies,  qui  décideront  si  la  grotte  était  émergée  ou  si  elle 
était  sous-marine,  toujours,  si  elle  existait  ou  non.  Mais  ces  décou- 
vertes ne  sont  pas  faites  encore;  c'est  à  l'avenir  de  trancher  la 
question  (voy.  pi.  \\\\  fig.  l,  la  coupe  idéale  représentant  l'état 
de  choses  à  Tépoque  crétacée). 

Ce  que  je  puis  seulement  aflirmer  dès  à  présent,  c'est  que  les 
diverses  couches  crétacées,  qui  se  sont  déposées  dans  la  mer  apris 
ce  premier  mouvement,  se  tiennent  à  environ  60  mètres  (1)  plus 
bas  que  le  niveau  actuel  de  la  caverne,  sur  le  flanc  du  massif  cal- 


jourd'hui  montagneux,  mais  son  origine  est  attestée  par  sa  constitution 
géologique. 

(1  )  Ces  différences  de  niveau  sont  évaluées  à  vue  d'œil  et  par  esti- 
mation grossière. 


NOTl   D»  M.    POUBCH.  670 

caire  contre  lequel  elle  vient  de  toute  part,  et  transgressivement^ 
se  terminer  en  biseau  (1). 

La  période  tertiaire,  du  moins  dans  nos  régions  sous-pyré^ 
néennes,  succéda  sans  secousse  à  la  formation  crétacée.  Bien  qu^ 
les  premières  couches  éocènes  s'appliquent  sur  les  dernières  oou- 
ches  crétacées  en  stratification  transgressive  et  absolument  discor-» 
dante,  on  ne  remarque  pas  entre  elles  ces  oppositions  frappantei, 
ces  situations  heurtées,  ces  transitions  bruscjues  qui  annoncent 
des  mouvements  violents  (2). 

Ici,  je  le  répète,  la  grotte  de  THerm  était-elle  déjà  complè- 
tement ou  partiellement  ouverte  pendant  cette  période  ?  émer- 
gée, submergée?  Rien  ne  le  dit.  Aucun  des  phénomènes  auxquels 
ces  diverses  suppositions  permettent  de  s'attendre  ne  s'y  présente; 
pas  de  coraux  et  de  coquilles  roulées,  pas  de  galets,  pas  de  sables, 
pas  de  trous  de  Pholades.  Si  ces  divers  accidents  y  existent,  ce 
n'est  que  dans  les  parties  les  plus  profondes,  non  encore  explorées, 
et  dans  lesquelles  seulement  on  pourrait  espérer  de  ti'ouver  des 
restes  de  ces  grands  reptiles  qui  signalèrent  cette  époque,  enfin  del 
Lophiodons  qui  devaient  habiter  la  contrée,  puisque  des  restes 
importants  de  ce  genre  viennent  d'être  recueillis  dans  les  grès 
nummulitiques  des  environs  de  Mirepoix  (3).  Mais  encore  un  coup, 
tout  cela  reste  jusqu'à  présent  à  vérifier  comme  fait. 

Enfin,  un  grand  et  puissant  mouvement  arriva  qui  mit  fin  à  la 
période  coccne,  qui  donna  à  la  chaîne  des  Pyrénées  son  relief 
actuel  j  avec  sa  forme  dernière,  et  qui  redressa  si  fort  enfin  les  cou- 

m  I  III  ■  i.i»  I  II  iiiii  », 

(4)  C'est  UQ  fait  évident  qu*on  peut  observer  de  TE.  au  N.  et  à  FO. 
•ur  tout  le  pourtour  de  la  montagne;  de  plus,  on  n^observe  ces  dépôts 
nulle  part  sur  les  croupes  et  les  plateaux.  D'ailleurs,  la  nature  des  dé- 
pôts argilo-macigno-poudioguiforaie,  psammites,  calcaires  marneux  et 
grossiers  avec  profusion  d'Ammonites  (souvent  énormes)  et  des  bancs 
de  rudistes  annonce  des  dépôts  littoraux.  La  complète  émersion  do 
la  caverne  pendant  cette  période  semblerait  donc  évidente  et  son  habi- 
iation  possible  si  elle  était  déjà  ouverte  ;  mais  les  dépôts  miocènes, 
bien  postérieurs  à  ceux-ci,  atteignant  jusqu'à  480  mètres  et  parais^ 
•ant  en  avoir  atteint  au  moins  540,  viennent  nous  présenter  ud« 
nappe  d'eau  douce  postérieure  et  bien  supérieure  aux  eaux  marines  et 
former  partout  une  sérieuse  difficulté. 

(2)  Voyez,  pi. XIV,  fig.  2,  le  peu  de  surélévation  qu'on  peut  suppo- 
ser que  la  montagne  a  éprouvé  pendant  la  période  éocène. 

(3)  C'est  évidemment  le  contemporain  de  celui  qui  a  été  signalé 
dans  le  temps  comme  recueilli  dans  le  bassin  de  l'AmbroIe;  le  point 
où  ce  fossile  a  été  recueilli  n'est  pas  à  6  kilomètres  de  Tembouolrara 
de  cette  rivière. 


580  SÉANCK   DO    47    PÉY11B1    i802. 

elles  iiuminuli tiques  situées  précisément  à  1200  inèlres  au  N.  el 
en  face  de  la  caverne  de  THerin  [!]•  C'est  à  ce  dernier  mouvement 
que  sont  dues,  sinon  Touverlure  et  Témersion  définitÎTe  de  cette 
caTcrne,  du  moins  sa  forme  actuelle  et  ses  dimensions. 

J'omets  le  détail  des  grands  effets  produits  sur  la  forme,  le  relief 
et  l'état  général  de  la  chaîne  pyrénéenne,  même  dans  nos  contréei 
Je  dirai  seulement  que  la  vallée  actuelle  de  l'Ariége  8*ouTrit  alors, 
ainsi  que  celle  de  ses  principaux  affluents,  par  TefiTet  des  grandes 
et  profondes  brisures  dont  on  voit  les  traces  partout.  Alors  la  mer 
se  retira  et  fit  place  à  Teau  douce.  Un  grand  lac  ou  estuaire  s'éta- 
blit dans  le  bassin  sous-pyrénéen,  refluant  chez  nous  en  partîca« 
lier  jusque  dans  les  vallées  de  la  haute  Ariége,  Ainsi,  une  nou- 
velle région  émergée  s'ajoute  à  la  première  région  probablement 
insulaire  et  consistant  tout  au  plus  en  une  chaîne  d'îles  isolées, 
séparées  par  des  baies  et  de  petits  détroits,  et  où  put  s'établir  une 
nouvelle  population  animale  avec  une  nouvelle  végétation  (2). 

Mais  revenons  au  principal  objet  qui  nous  occupe  et  examinons 
les  effets  de  soulèvement  sur  la  montagne  de  l'Herm. 

Cette  montagne  fut  probablement  surhaussée  et  très  certaine- 
ment disloquée  dans  ses  parties  constituantes;  trois  plis  se  for- 
mèrent parallèlement  ù  l'axe,  très  rapprochés,  très  aigus,  et 
encore  aujourd'hui  très  fortement  accusés.  Or,  cela  ne  pouvait 
pas  s'opérer  sans  rupture,  et  c'est  aussi  ce  qui  arriva.  Entre 
la  poussée  venant  du  nord  et  la  résistance  placée  au  sud,  les 
deux  bords  du  plateau  rocheux,  forcés  de  se  rapprocher,  for- 
cèrent la  couche  calcaire  qui  le  formait  à  s'élever  e»  voûte.  Mais 
cette  voûte  d'une  trop  grande  portée  s'affaissa  sous  son  propre 
poids.  Ainsi,  trois  plis  se  formaient:  un  pli  concave  entre  deux 
convexes,  et  la  courbure  qu'ils  furent  forcés  de  prendre  les 
rompit  en  même  temps.  De  là  cette  rupture  complète  sur  plu- 
sieurs points  du  premier  pli  convcxv  et  qui  s'annonce  sur  le 
premier  plan  par  des  escarpements  considérables  en  certains 
endroits;  de  là  la  rupture  générale  selon  l'axe  du  S.  £.  au  N.  O., 
du  pli  concave  avec  tous  les  accidents  d'où  résulte  la  caverne 
aussi  sans  doute,  et  bien  d'autres  cavités  encore  inconnues;  de  U 


(4)  Ce  redressement  est  excessif  et  dépssse  môme  la  verticale 
(voy.  pi.  XIV,  fig.  3). 

(2)  Les  points  les  plus  élevés  de  la  crête  nummulitique,  ainsi  que 
les  sommets  des  hautes  collines  poudingui formes  de  la  formation  éocèns 
sont  seuls  au-dessus  du  niveau  delà  grotte,  seuls  ils  dépassent  600  n^ 
très;  tout  le  reste  est  au-dessous. 


MOTS   DE   M.    POOBCH.  581 

enfin  la  rupture  moins  prononcée  du  second  pli  convexe  plus 
ouvert  et  plus  large  que  le  premier,  mais  d*où  résultèrent  ces 
puits,  ces  fentes,  ces  enfoncements  cratériformes  que  l'on  observe 
sur  la  croupe  de  la  montagne,  et  qui  en  absorbent  les  eaux  pour 
les  porler  aux  sources  puissantes  qui  sourdent  de  paît  et  d'autre 
au  fond  des  deux  vallées  de  Pradièies  et  de  rilcrni  (voy.  pi.  XIV, 
fig.  3).  Sans  doute,  le  vestibule  de  la  grotte  et  certains  des  cou* 
loirs  ne  sont  pas  parallèles  à  Taxe  de  la  montagne,  mais  une  sem- 
blable secousse  n'a  pas  pu  avoir  lieu  sans  contre-coup  et  sans 
produire  des  ruptures  accidentelles  de  plus  d'une  sorte.  On  observe, 
en  effet,  à  Tcxtérieur  même,  des  ondulations  transversales  dans  le 
massif  de  la  montagne  et  des  ruptures  correspondantes.  On  en 
observe  même  une  à  l'O.,  tout  à  côte  de  l'entrée  de  la  caverne  elle- 
même  ;  c'est  une  rupture  opérée  dans  les  coucbes  supérieures  de  la 
roche  et  dont  est  résultée  une  petite  brèche  transverse  représentée 
pi.  XIII,  fig.  12,  et  qu'on  appelle  le  Baux.  Les  grands  mouvements, 
connue  il  faut  s*y  attendre,  produiront  simultanément  des  effets 
de  toute  sorte,  grands  et  petits. 

La  grotte,  comme  je  l'ai  dit,  pouvait  avoir  été  avant  cela 
comme  ébauchée  en  quelque  sorte  ;  elle  fut  proprement  formée  à 
la  fin  de  l'époque  éocène,  et  c'est  nécessairement  à  cette  époque  qu'il 
faut  la  rapporter. 

Alors  aussi  commença  la  période  miocène  avec  ses  terrains  allu- 
viaux et  lacustres,  en  particulier  avec  ces  dépôts  d'argiles  et  de 
sables,  ces  lits  de  gravier  et  de  cailloux  granitiques,  ces  mollasses 
d'eau  douce  intercalées  de  lits  d'argiles  et  de  marnes  qui  occupent 
à  partir  de  Varilhes  toute  la  partie  septentrionale  du  département, 
CCS  terrains  si  remarquables  par  leur  faune  fossile  dont  la  caverne 
renferme  peut-être  des  restes  enfouis  dans  ses  profondeurs.  On 
trouve,  en  effet,  dans  ces  terrains  des  restes  de  Mastodontes,  d'Elé- 
phants, de  Dinotherium,  de  Rhirv>céros  de  plusieurs  espèces,  de 
Tapirs,  de  chœridiens  nombreux,  qui  ne  peuvent  avoir  vécu  ail- 
leurs que  sur  les  montagnes  voisines,  les  seules  immergées,  avec  de 
grands  carnassiers  dont  on  trouve  aussi  les  restes,  qui  peuvent  avoir 
habité  la  caverne  et  y  avoir  traîné  les  ossements  des  herbivores  dont 
ils  se  nourrissaient  (1).  Rien  dans  ce  genre  n'a  encore  été  rencontré 
dans  la  grotte.  Aussi  n'avons-nous  fait  jusqu'ici  qu'effleurer  le 
dépôt,  nous  amusant  à  recueillir  les  débris  d'une  faune  remar- 


(4)  On  raisonne  ici  dans  la  supposition  que  la  grotte  aurait  été  im- 
mergée pendant  la  période  miocène  ;  cette  supposition  n'est  pas  à 
Tabri  de  sérieuses  difficultés.  Les  dépôts  miocènes  au  S.  de  Pamiers 


582  8ËÀNCS  DU  17  FÉVKiit  1862. 

quable  sans  doute,  mais  bien  moins  que  les  autres  â  raison  de  u 
moindre  antiquité.  Espérons  que  rimportance  du  sujet  sera  oo 
jour  appréciée  et  qu'il  sera  donné  &  la  science  de  mettre  au  jour 
les  richesses  immenses  que  peut  receler  cet  horrible  et  curieux 
souterrain. 

Tels  furent  Tétat  de  la  contrée  et  les  condîtioDS  de  la  caverne 
de  rifcrni  pendant  la  période  miocène.  D'ailleurs,  imposible  de 
préciser  et  de  dire  combien  cette  période  dura. 

Pendant  ce  temps,  quel  qu'il  soit,  la  contrée  se  peupla  d'ani- 
maux proportionnellement  à  son  étendue,  à  ses  ressources  alimeo- 
taires  et  &  la  richesse  de  sa  vé(;étation.  Peut-être  même  des  com- 
munications s'établirent -elles  avec  des  contrées  précédemment 
isolées  et  donnèrent-elles  entrée  à  des  espèces  jusque-là  étrangères. 
Quoi  qu'il  en  soit,  l'eau  douce  alors  remontait  jusque  dans  lei 
vallées  de  la  haute  Ariéf;c  (1),  et  celles-ci  se  comblaient  de  nom- 
breux débris  qui  devaient  tomber  des  pics  de  nos  montagucs,  bien 
phis  élevés  alors  et  plus  ai{;us  qu'aujourd^hui. 

Enfin  le  dernier  mouvement  arriva,  ce  mouvement  subit  et 
fvénéral  des  eaux  dont  on  trouve  partout  la  trace  et  dont  le  résul- 
tat fmal  fut  l'état  d(>  cliosos  ()ui  ilure  encore,  la  fixation  définitive 
des  limites  respectives  des  continents  et  des  mers,  telles  qu'on  les 
voit  aujourd'hui. 


atteignent  450  et  480  mètres  d*altitude  ;  ils  s'élèvent  plus  haut  Ters 
Varilhes,  et,  en  comptant  rabaissement  que  les  dénudattons  leur  ont 
nécessairement  fait  subir,  ainsi  que  l'épaisseur  de  la  nippe  d'eau  lous 
laquelle  ils  se  déposèrent  à  l'origine,  on  peut  porter  sans  ezagératioa 
à  540  mètres  le  niveau  des  eaux  sous-pyrénéennes  de  cette  époque. 
Or,  co  niveau  est  à  peu  près  celui  du  fond  de  la  vallée  do  rAriéga 
auxCabannes;  il  dépasse  celui  de  Tarascon  de  60  mètres,  et  partant 
aussi,  selon  Tévaluation  que  j'en  ai  faite,  celui  de  la  grotte  do  rHerm. 
(4)  Cela  résulte  de  la  comparSison  des  niveaux,  comme  on  Ta  v« 
dans  la  note  précédente  ;  mais  l'inspection  attentive  des  faits  Tient 
encore  le  confirmer  de  nouveau.  On  voit,  en  effet,  sur  le  flano  des 
vallées,  surtout  aux  environs  de  Tarascon,  tant  dans  la  Tallée  de  Rabat 
et  de  Vicdessos  que  dans  la  vallée  de  TAriége  proprement  dite,  des 
dépôts  de  gravier  et  do  sable  granitique  jusqu'à  de  grandes  hantsuis 
au-dessus  des  rivières  actuelles,  jusque  dans  les  cavernes  dent  ils 
bouchent  encore  quelques-unes,  enfin,  jusque  sons  ces  grands  tas  de 
blocs  calcaires  éboulés  des  montagnes  voisines  et  qui  sont  tombés  de- 
puis, puisqu'ils  reposent  sur  eux.  Or,  ces  dépôts  accusent  évidemment 
un  ancien  niveau  d'eau  postérieur  au  grand  soulèvement  des  Pyré- 
nées, d'où  résultent  ces  mêmes  vallées,  mais  antérieur  au  grand  cats* 
clysme  dilqvien  après  lequel  la  pays  a  été  définitivement  immargé. 


IfOTB   DB    H.    POUBCH.  58S 

Sans  dire  ce  que  ce  grand  ëvénement  produisit  dans  la  cavité 
soutcnaine  qui  nous  occupe,  sans  prétendre  lire  sur  son  fond 
ni  sur  ses  parois  les  traces  qu'il  peut  y  avoir  laissées  et  qu'on  n^y  a 
pas  encore  aperçues,  ce  mouvement  plus  étendu  que  le  précédent, 
mais  moins  violent  et  moins  brusque,  vida  le  bassin  sous -pyré- 
néen et  inaugura  pour  les  contrées  un  état  de  choses  qui  n'a  pas 
essentiellement  varié  depuis. 

Alors  aussi  eut  lieu  la  grande  débâcle  qui  a  si  profondément 
dénudé  le  dépôt  miocène  de  la  basse  Ariége,  enlevant  totalement 
ce  dépôt  sur  une  profondeur  de  plus  de  200  mètres  et  sur  une 
largeur  de  12  à  15  kilomètres,  séparant  ainsi  les  coteaux,  dits  du 
Terrefort,  sur  la  rive  gaucbe  de  l'Ariége,  de  ceux  du  Lauraguais 
sur  la  rive  droite  de  l'Hcrs,  couvrant  en6n  tout  l'espace  ainsi 
dénudé  d'une  couche  continue  et  épaisse  de  sables,  de  graviers  et 
de  blocs  granitiques  descendus  du  haut  pays.  On  peut,  en  effet, 
suivre  pas  à  pas  ces  dépôts  diluviens  et  sans  jamais  en  perdre  la 
tract%  depuis  la  limite  N.  du  dépaitement  de  l' Ariége  jusqu'aux 
gor(>es  de  Tarascon  d'où  ils  sont  partis. 

Donc,  pendant  que  se  formaient  dans  l'estuaire  inférieur  les 
couches  miocènes,  les  vallées  supérieures  se  comblaient  par  les 
débris  des  montagnes  que  les  divers  affluents  y  portaient.  Or,  tous 
ces  dépôts  devenus  très  puissants,  ;\  la  fin  de  la  grande  débâcle, 
lorsque  les  eaux  prirent  leur  écoulement  vers  le  N.,  descen- 
dirent tous  à  la  fois  vers  la  plaine.  De  là,  aussi,  ce  profond  ravi- 
nement du  miocène  dans  le  bassin  de  Pamiers  et  au-dessous  ;  de 
là  cette  immense  traînée  de  matériaux  erratiques,  déposés  à  la 
place  et  produits  d'un  seul  jet;  de  là  enfîn  ces  autres  dépôts  de 
même  nature,  mais  non  de  même  forme,  que  l'on  voit  encore  dans 
les  hautes  vallées  s'élevant  eu  talus  sur  leurs  flancs  jusqu'à  des  hau- 
teurs considérables,  encore  aujourd'hui  supérieures  de  60  mètres 
et  plus  au  cours  des  rivières  actuelles  et  pénétrant  même  dans  les 
cavernes  qu'ils  obstruent  quelquefois  complètement. 

On  doit  me  pardonner  ces  détails  ;  ils  m'ont  paru  nécessaires 
pour  bien  préciser  l'état  de  la  contrée  à  partir  de  la  complète  et 
définitive  émersion  de  la  grotte  ;  ils  se  rattachent  nécessairement 
d'ailleurs  à  la  question  principale,  c'est-à-dire  à  la  discussion  des 
faits  que  présente  la  caverne  de  l'Herm. 

En  effet,  une  prodigieuse  quantité  d'ossements  de  grands  car- 
nassiers se  trouve  entassée  dans  cette  caverne,  et  il  n*estpas  indif- 
férent pour  expliquer  leur  présence  de  savoir  comment  ils  ont  pu 
y  venir.  Or,  comme  il  u*est  pas  possible  de  supposer  que  ces  osse- 
ments aient  été  traînés  là  par  les  eaux,  puisque  le  dépôt  qui  les 


68A  SÊANCB    DU    17    FÉVRIER    1862. 

renferme  ne  paiait  pas  d'origine  diluvienne»  comme  il  n'est  pu 
plus  possible  d'admettre,  ainsi  qu'on  le  verra  par  la  auice,  que  kl 
animaux  qui  ont  laissé  là  leurs  dépouilles  y  soient  morts  tous  en 
mcmc  temps,  comme  tout  dit  au  contraii-e  qu'ils  y  sont  morts  suc- 
cessivement, à  une  époque  où  ces  grandes  espèces  réunies  habitaient 
la  contrée,  c'est  à  l'état  de  la  contrée  |)endant  cette  même  époque 
qu'il  faut  remonter  pour  avoir  l'explication  des  faits  obseiTés. 

Explication  des  figures  (le  la  planche  XI F. 

Fig.  4 .  État  présumé  de  la  montagne  de  THerm  pendant  la  dernière 
période  crétacée  et  la  période  éocène. 

Fig.  2.  État  de  la  même  montague  pendant  la  période  naiocène. 

Fig.  3.  État  définitif  et  actuel  do  la  même  montagne. 

Notn,  —  La  ligna  horizontale  pointée  N.  S.  indique  les 
niveaux  d'eau  présumés  aux  diverses  époques;  le  niveau 
est  fixé  à  500  mètres  dans  les  figures  9  et  3  ;  mais,  d'après 
l'altitude  des  dépôts  raiocôncs  des  environs  de  Pamiers,  il 
semble  qu'il  faudrait  porter  ce  niveau  à  540  on  550  mètres; 
c'est  ce  que  figure  la  ligne  supérieure,  cotée  à  550  mètres. 
H»  est  la  vallée  de  rUorm  ;  P,  celle  de  Pradières;  M,  fig.  3, 
le  vieux  château  de  Montlaur;  R,  le  ruisseau  et  le  moulin 
de  la  Vernière  ou  de  IHerm  ;  G,  la  grotte;  S',  la  source 
puissante  de  Pradières. 

Détail  de  la  coupe  de  bas  en  haut  : 

c  :  massif  crétacé  do  la  montagne;  r/,  dolomie  grenue  sans  fos- 
siles ;  r,  calcaire  madréporique  siliceux  à  Orbitoline  conique 
et  dans  lequel  est  creusée  la  grotte.  Ces  deux  assises,  con- 
cordantes d'ailleurs,  sont  séparées  par  une  couche  ferrugi- 
neuse pisolitique. 

nirp:  massif  crétacé  supérieur  ;  ni^  calcaire  marneux  à  Orbito- 
iincs  et  à  Ammonites  ;  r,  banc  calcaire  grossier  à  radiales  ;  pj 
psammites,  marnes  argileuses,  etmacignos  poudinguiformeS| 
à  coraux,  madrépores  roulés  et  Orbitolines  (petites  Bélem- 
nites?,  échinides,  etc.,  etc.)  très  fossilifères,  les  macigoos 
surtout,  très  riches  en  Orbitolines;  j'y  ai  recueilli  de  jolis 
articles  de  Pcntacrinites  ;  le  reste,  /i,  /,  g,gm^  est  le  groupe 
d'Âlet(d'Archiac),  composé  de  grès  pyriteux  avec  un  banc  à 
lignitcs,  des  grès  et  des  marnes  rouges  en /^/7',  enfin  de  deux 
assises  calcaires  sous-nummulitiques  séparées  par  une  assiso 
marneuse,  quelquefois  avec  gypse  ;  en  un  mot,  les  séries  III  et 
IV  du  Mémoire  sur  les  terrains  tertiaires  {Bulletin^  2*  série, 
t.  XVI,  p.  381). 


Or,  c*cst  ù  la  fin  de  la  grande  débâcle  que  le  vaste  baasin 
pyrénéen  a  été  mis  h  sec  et  ajouté  aux  autres  i-égions  Gontîncu- 


NOTB    DE    M.    POUfiCH.  585 

taies  déjà  ëinergëes  ;  c'est  à  partir  de  là  que  de  larges  communi- 
cations ont  été  établies  entre  les  Pyrénées  et  la  péninsule  Ibérique 
d'un  côté,  de  Tautre  entre  ces  mêmes  Pyrénées,  région  séquestrée, 
insulaire  jusque-là,  et  le  reste  de  la  France  et  de  l'Europe;  de 
larges  voies  ont  donc  alors  été  ouvertes  aux  migrations  des  espèces 
animales,  et  k  partir  de  là  une  faune  nouvelle  a  pu  s'établir  dans 
le  pays. 

Alors,  en  cfret,  la  végétation,  et  une  végétation  puissante  comme 
toutes  les  végétations  primordiales,  a  dû  s'établir  dans  ces  régions 
toutes  neuves,  sur  ces  plateaux  étendus,  dans  ces  plaines  ouvertes 
que  nul  pied  humain  n'avait  encore  foulées  et  encore  toutes  riches 
du  frais  et  humide  limon  que  les  eaux  y  avaient  déposé.  C'est 
aussi  avec  celte  végétation  ou  bien  peu  après  elle  que  dut  venir 
s'établir  dans  ces  mêmes  lieux  une  population  animale  correspon- 
dante d'herbivores  d*unc  richesse  proportionnée,  suivie  d'une 
population  carnassière  puissante  et  nombreuse  aussi  en  proportion. 
Alors,  ont  dii  prendre  possession  de  la  grotte  de  l'Herm  et  des 
autres  ces  grands  Ours  et  ces  autres  grands  carnassiei^s  dont  on  y 
Toit  les  dépouilles;  car,  pour  une  population  de  ce  genre,  il  faut 
une  population  d'herbivores  correspondante,  et  à  celle-ci  une 
végétation  riche  et  puissante  dans  une  contrée  ouverte  et  com- 
plètement libre,  c'est-à-dire  dans  un  pays  tout  à  la  fois  fertile 
et  désert. 

L'homme  n'habita  donc  pas  probablement  des  premiers  la  con- 
trée ;  la  cohabitation  avec  ces  grands  et  nombreux  ennemis  ne  lui 
était  pas  possible  tout  de  suite;  il  a  fallu  qu'il  y  vînt  peu  à  peu 
et  en  nombre,  c'est-à-dire  pas  à  pas,  de  proche  en  proche,  et  par- 
tant, le  dernier. 

C'est  donc  à  partir  du  cataclysme  diluvien  que  la  faune  de  la 
caverne  de  Tllerm  s'est  établie  dans  la  contrée;  c'est  de  là  qu'elle 
date;  c'est  à  cette  époque,  la  dernière  des  époques  géologiques, 
qu'il  faut  la  rapporter. 

Telle  est,  à  priori^  la  conclusion  naturelle  qui  résulte  des  faits 
primordiaux  sérieusemeut  discutés.  Nous  verrans  si  la  discussion 
des  faits  subséquents  amène  une  conclusion  différente. 

Faits  subséquents  à  Couverture  et  h  V immersion  de  la  grotte.  Dépôt 

ossijèrc;  ossements  humains. 

La  formation  de  la  grotte  expliquée,  l'époque  de  son  immersion 
déBuitive  fixée,  celle  du  commencement  de  la  faune  qui  l'a  rem- 
plie de  ses  dépouilles  déterminée,  il  ne  reste  qu'à  examiner  sous 


586  SÉANCR   DU    17   FÉTtlIt   1862. 

quelles  conditions  les  ossements  qu'on  y  voit  ont  pa  s'y  acamm- 
1er,  discussion  importante,  intéressant  tout  à  la  fois  la  palÀMito- 
logie,  la  zoologie  et  même  l'ethnographie. 

Gomme  cela  a  été  observé  à  la  fin  de  la  discussion  prëcédenle, 
il  faut  une  région  vaste,  fertile  et  déserte  à  une  nombreuse  popu- 
lation carnassière,  et,  comme  c'est  seulement  à  la  fin  de  la  période 
diluvienne  que  cette  condition  a  été  remplie  pour  la  contrée  qui 
nous  occupe,  c'est  aussi  de  cette  époque  qu'il  faut  dater  l'origiiie 
de  la  faune  nombreuse  et  puissante  qui  a  fréquenté  la  caTerne  de 
THerm.  Ce  premier  point  acquis,  la  discussion  des  faits  particu- 
liers devient  facile,  les  conséquences  viennent  tout  naturellement, 
et  les  faits  observés  sont  loin  de  les  contredire. 

Ainsi,  d'abord,  c'est  un  fait  évident,  pendant  des  siècles  de 
nombreuses  p,énéralions  d'Oui*s  ont  habité  ce  souterrain  ;  c^est  là 
qu'ils  avaient  leur  repaire,  c'est  là  qu'ils  .hibernaient,  c'est  U 
qu'ils  élevaient  leurs  petits,  comme  le  prouvent  les  noinbreufei 
dépouilles  d'oursons  qu'on  trouve  partout  ;  c'est  là  que  les  adultes 
et  les  vieux  se  retiraient  aux  approches  de  l'hiver,  après  avoir  cbsssé 
pendant  toute  la  belle  saison  dans  la  plaine. 

Les  grands  Feiis  et  les  Hyènes  hantaient  aussi  les  souterrains, 
sans  doute  à  la  suite  des  Ours,  les  premiers  pour  en  faire  leur  proie 
probablement,  les  autres  pour  en  briser  les  os  et  en  dévorer  la 
restes  :  car  telles  sont  les  hal>itudes  des  Hyènes,  on  le  sait,  et  quel- 
ques os  portant  l'empreinte  de  profonds  coups  de  dents,  d'autres 
cassés,  certains  corrodés  par  un  dissolvant  et  comme  à  demi  digé- 
rés, semblent  prouver  qu'ici  elles  ont  été  fidèles  à  leurs  liabi- 
tudes  (1). 

Quant  au  grand  /'V//.v,  tigre  ou  lion,  il  pouvait  certai Dément 
faire  sa  proie  de  TOurs  de  la  petite  espèce,  et  s'emparer  aussi  des 


(4)  J'ai  ici  principalement  en  vue  un  fort  tibia  d'Ours  trooTé  en  N| 
lequel  est  tout  criblé  de  trous  faits  comme  avec  un  poinçon,  et  daos 
lesquels  entre  facilement  la  pointe  d'une  canine  d'Ours  de  la  petite 
espèce.  Ce  sont  des  empreintes  de  dents  supposant  une  très  forte  prsi- 
sion.  J'ai  aussi,  dans  la  collection  faite  à  THerm,  an  or&ns  d'Ours 
mutilé  et  ouvert  à  Tocciput,  absolument  comme  si  on  l'avait  brisé 
exprès  de  ce  côté  comme  pour  en  extraire  ou  pour  en  sucer  la  csr*- 
velle;  les  bords  de  cette  ouverture  ne  présentent  pas  de  traces  évi- 
dentes de  dents;  la  brèche  semble  plutôt  faite  avec  un  instrument 
contondant,  par  exemple  un  caillou,  plutôt  que  par  la  dent  d'un  ani- 
mal quelconque.  Au  reste,  cet  ossement  est  très  frais  et  semble  appsr^ 
tenir  à  l'un  des  derniers  ours  qui  ont  habité  la  grotte.  Sar  des 
vertèbres  d'ours  et  des  fragments  de  crâne  de  la  même  sspèsty  r^ 


TfOTK   DE   M.    POUECn.  587 

jeunes  sujets  de  la  grande;  il  n'y  avait  que  les  adultes  de  cette 
dernière  qui  pussent  lui  résister.  La  comparaison  pièce  A  pièce  des 
ossements  de  ces  deux  grands  carnivores  montre  évidemment 
qu'ils  étaient  de  même  force,  et  que,  si  l'Ours  était  plus  massif  et 
plus  robuste,  le  FcUs  était  plus  agile  et  mieux  armé  (1). 

Au  reste,  des  combats  à  outrance  entre  ces  grandes  espèces  de 
carnassiers  expliqueraient  assez  bien  la  mort  de  tant  d'Ours  encore 
jeunes  et  i-obustes,  ainsi  que  l'état  de  leui^s  dents  le  prouve  ;  je  ne 
tais  si  l'hypothèse  des  épizooties  toute  seule  suffirait  pour  expli- 
quer ce  fait  (2). 

\jisi  quantité  d'ossements  d'Ours  existant  dans  la  caverac  de 
r  lier  m  est  vraiment  prodigieuse  ;  on  y  en  trouve  partout,  mais 
partout  aussi  on  voit  qu'ils  y  ont  été  déposés  successivement  pen- 


cueillis  le  6  février  dernier,  j'ai  aussi  reconnu  de  profondes  empreintes 
de  dents.  Ces  ossements  ont  été  trouvés  dans  une  anfractuosité  latérale 
de  la  salie  G,  à  5  mètres  au-dessus  du  sol  ;  elld  était  remplie  d'os  la 
plupart  brisés,  à  bords  arrondis,  émoussés  et  usés,  indiquant  un  frot- 
tement prolongé,  tel  que  le  produirait  le  passa<;'e  fréquent  d'un  repaire 
d'Hyènes.  Dans  le  même  individu  j'ai  trouvé  une  deuxième  molaire  d'en 
haut  d'un  grand /'V//5  (voy.  Cuv.,  Ossem.  foss,^  pi.  194,  fig.  3); 
l'état  des  os  précédents  s'expliquerait  ainsi  beaucoup  mieux  que  par  un 
commencement  de  digestion,  comme  je  l'avais  supposé  d'abord.  Des 
grains  de  fer  hydraté  attachés  à  ces  os  prouveraient  que  ces  cavités  ne 
sont  pas  loin  de  la  couche  indiquée  pi.  XIV,  fig.  2  et  3. 

(1)  Voici  en  regard  les  dimensions  respectives  de  deux  canines  infé- 
rieures droites  de  ces  deux  grands  carnivores  : 


Ours, 

Longueur    absolue,    sans 

compter  la  courbure.  .  4  3*,2 
Longueur  de  la  racine.  .  9  ,2 
Longueur  de  la  couronne.  4  ,» 
Diamètre  moyen  à  la  base 

de  la  couronne 8,8 

Épaisseur  moyenne,  maxi* 

mum 3  ,6 


Felit. 


Id.  id., 

Id.  id., 

Id.  id., 

Id.  id., 

Id.  id., 


4  4* 

,» 

8 

,» 

6 

f» 

t 

.8 

3 

.« 

Ainsi  Tépaisseur  moyenne  étant  à  peu  près  la  même,  la  canine  du 
Felis  est  plus  longue,  surtout  la  couronne  qui  l'est  d'un  tiers  de  plus; 
•lie  était  donc  bien  plus  pénétrante  que  celle  de  l'ours. 

(9)  Un  genou  d'Ours  ankylosé,  dans  lequel  les  têtes  du  fémur  et  du 
tibia  avec  la  rotule  ne  font  qu'une  masse  osseuse,  ne  semblerait'il 
pis  supposer  une  profonde  morsure  qui  aurait  offensé  cet  osT  Je  cita 
M  fait  sans  en  tirer  une  conclusioD  absolue. 


588  SÉANCB   DU    17    FÉVRIER    1862. 

dant  une  longue  période  de  temps,  qui  parait  s'étendre  juaqu^à 
une  époque  assez  voisine  de  nous. 

En  effet,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  observé,  on  y  trouve  ces  os  à  tous 
les  états  de  conservation  et  d'altération;  il  y  en  a  de  pétriGés; 
d'autres  conservent  encore  leur  état  frais  et  toute  leur  matière 
animale,  et  entre  ces  deux  extrêmes  on  en  rencoutre  à  tous  les 
degrés  de  décomposition.  Sans  doute,  les  circonstances  localesoù 
ils  se  trouvent  intervertissent  souvent  cet  ordre,  qui  se  conserve 
cependant  dans  l'ensemble,  de  sorte  qu'eu  général  ce  sont  les  plus 
récents  et  les  plus  superficiels  qui  sont  le  mieux  conservés. 

Une  autre  preuve  de  l'habitat  permanent  de  la  caverne  par  lc!S 
animaux  de  ce  genre,  c'est  la  présence  de  dépouilles  d'individus 
de  tous  les  âges,  depuis  les  oursons  les  plus  jeunes  jusqu'aux  vieil- 
lards décrépits.  De  plus,  dans  les  endroits  retirés,  là  où  les  indi- 
vidus des  diverses  générations  sont  morts  successivement  les  uns 
sur  les  autres,  on  a  trouvé  les  ossements  déposés  par  lits  et  par 
couches,  les  plus  superficiels  comme  les  plus  récents  se  ti-ouvant 
aussi  le  mieux  conse'rvés;  c'est  ce  qu'on  a  observé  en  JK  la  pre« 
micre  fois  qu'on  a  exploré  le  gitc;  les  ossements  y  étalent  disposés 
par  couches  les  uns  sur  les  autres,  et  ceux  de  dessous  étaient  géné- 
ralement pourris.  Ici  ces  os  n'avaient  jamais  été  transportés  hors 
de  leur  place,  comme  sur  d'autres  points,  où  ils  ont  été  trônes  et 
entassés  par  les  eaux. 

Ce  dernier  cas  est  celui  de  l'ossuaire  HG.  Là  cependant  aussi 
il  y  a  des  ossements  de  diverses  époques  et  aussi  diversement  dis- 
posés. En  efl'et,  il  y  en  a  là  aussi  d'enfouis  dans  un  terreau  meuble 
et  superficiel,  en  G  principalement,  terreau  à  peine  aujourd'hui 
couvert  par  une  mince  couche  de  stalagmites.  Or,  là,  en  général, 
on  trouve  assez  rapprochées  les  pièces  d'un  même  squelette;  là 
aussi  se  rencontrent  les  ossements  les  plus  frais.  En  H,  au  con- 
traire, c'est  un  amas  confus  d'ossements,  de  limon,  de  fragmeuts 
de  pieiTes  et  de  stalagmites;  les  os  y  sont  souvent  encroûtes  de 
longue  main,  et  avant  même  d'y  avoir  été  entraînés.  C'est  là  évi- 
demment le  ramassis  de  tout  ce  qui  se  trouvait  dans  les  parties 
déclives  de  la  caverne  à  l'époque  de  l'invasion  périodique  des 
eaux,  qui  a  dû  avoir  lieu  autrefois  tous  les  printemps  (1),  k  la 

(1)  On  doit  se  rappeler  que  le  point  H  est  l'endroit  le  plus  bas  delà 
caverne,  l'entonnoir  qui  en  absorbe  les  eaux.  Si  donc  il  y  a  eu  de  ces 
inondations  périodiques,  c'est  là  que,  des  couloirs  EP,  FI  de  la  salle  F 
et  de  la  salle  G,  les  eaux  devaient  aller  se  réunir  entraînant  tout  os 
qu'elles  trouvaient  sur  leur  passage,  les  cadavres,   les   ossemsnls 


NOTE    DB    V.    POUECH.  580 

fonte  (les  neiges,  alors  que  le  paysëiail  plus  boise  qu'aujourd'hui. 

Je  ne  puis  pas  dire  grand'chose  des  dépôts  ossifères  de  la 
région  NP,  encore  à  peu  près  inexplorée,  et  en  grande  partie 
recouverte  de  stalagmites.  Je  dirai  seulement  que  le  peti  d'osse- 
ments que  j'ai  remarqués  dans  quelques  anfractuosités  étroites, 
où  ils  avaient  pu  être  portés,  sans  doute,  par  des  carnassiers  plus 
petits,  étaient  généralement  enveloppés  de  terreau  et  intacts,  seu- 
lement dans  un  état  d'altération  très  avancée  (1). 

En  N  et  en  0  ce  sont  aussi  généralement  des  os  en  place,  peut- 
être  et  probablement  remués  autrefois  par  les  hommes,  mais  nul- 
lement transportés  par  les  eaux.  Là,  en  effet,  pas  d'indice  d'allu- 
vioD,  un  simple  galet  schisteux  isolé,  et  un  seul,  est  l'unique 
témoin  qui  puisse  rappeler  une  action  de  ce  genre  ;  mais  que  con- 
clure de  la  présence  d'un  seul  galet  isolé?  Si  un  dépôt  véritable- 
ment diluvien  existe  dans  celte  partie  de  la  caverne,  je  n'en  ai 

épars  avec  les  autres  débris  qu'elles  rencontraient.  Sans  doute  aujour- 
d'hui cela  n'a  plus  lieu  ;  les  fouilles  faites  il  y  a  dix  ans  sont  restées 
aussi  intactes  que  le  lendemain  du  jour  où  elles  ont  été  faites,  mais 
aussi  la  région  tout  entière  a  éprouvé  do  bien  grands  changements 
quant  aux  conditions  climatériquçs  et  au  régime  des  eaux,  co  qui  est 
dû,  sans  doute,  à  la  destruction  des  forôts.  Quant  au  dépôt  en  ques- 
tion, il  s'explique  par  cette  supposition,  et  je  ne  crois  pas  qu'il  puisse 
s'expliquer  par  une  autre;  la  grande  quantité  d'ossements,  leur  mé- 
lange dans  le  limon  avec  des  fragments  de  roches  et  des  stalagmites,  la 
réunion  dans  un  môme  dépôt  d'os  encroûtés  et  d'os  libres,  la  présence 
de  parcelles  de  charbon  rencontrées  parmi  les  os  et  quand  ces  derniers 
se  sont  trouvés  ouverts  et  jusque  dans  leur  cavité  médullaire,  font  voir 
là  UD  amas  confus  provenant  d'un  lavage  opéré  par  les  eaux.  Au  reste, 
ce  dépôt  lui-môme  a  été  anciennement  fouillé  et  partant  dérangé;  j'en 
donnerai  les  preuves. 

(4)  Le  6  février  4  862,  ayant  de  nouveau  visité  cette  partie  de  la 
caverne,  j'ai  eu  l'occasion  de  constater  de  nouveau  l'observation  déjà 
faite  et  consignée  plus  haut,  à  savoir  que  l'état  de  conservation  des 
ossements  dépend  des  conditions  locales  et  de  la  nature  du  sol.  Ainsi, 
dans  le  terreau  et  à  l'air  libre  et  humide  ils  sont  ramollis  et  pourris, 
dans  le  limon  collant  et  humide  ils  sont  conservés  et  blancs  bionique 
ramollis,  tandis  qu'aux  endroits  où  la  stalagmite  les  a  enveloppés  ils 
sont  durs,  fermes  et  dans  un  état  de  pétrification  au  moins  commencée. 
Ce  dernier  cas  s'observe  en  0,  dans  un  endroit  où  la  stalagmite  en 
reliant  les  o^  en  a  fait  une  sorte  de  brèche.  Le  cas  des  os  ramollis 
mais  conservés  dans  le  limon  s'observe  dans  une  profonde  dépression 
située  entre  U  et  T.  Le  cas  des  os  altérés  et  pourris  est  le  cas  ordi« 
naire  et  s'observe  presque  partout.  Des  os  longs,  des  crânes  entiers,  des 
dents,  paraissant  parfaitement  entières  avant  d'ôtre  touchées,  tom- 
bent souvent  en  poussière  quand  ou  veut  les  prendre. 


590  SfiÀMCB   DU    17    FÉTRIBR   1^62. 

pas  vu  de  trace,  et  c'est  moi  cependant  qui  ai  opéré  jusqu  ici 
(6  février  1862)  les  fouilles  les  plus  profoudes.  Si  ce  dépôt  existe, 
il  est  inférieur  au  dépôt  ossifcic  exploré  jusqu'à  celte  heure,  et  il 
n'a  pas  été  encore  atteint.  Je  tiens  à  noter  cette  circonstance  assci 
importante,  comme  on  le  verra  dans  la  suite,  car  là,  avec  dci 
ossements  de  chèvre  ou  de  brebis,  de  cerf  et  autrea  herbivores, 
ont  été  recueillis  des  ossements  d'ours  (1),  de  {Felùl],  de  loup  et 

(4)  Quant  aux  ossements  d'ours  que  j'ai  recueillis  à  rHerin,  ils  me 
paraissent  se  rapporter  à  quatre  ou  même  cinq  espèces;  deux  au  motos 
sont  bien  distinctes  et  bien  tranchées  ;  les  autres  ne  sont  peut-ôtrequo 
des  variétés  ;  ce  sont  : 

4*^  Le  grand  Ours  des  cavernes,  Ursits  spelœas,  bien  caractérisé;  od 
peut  en  voir  un  crâne  magnifique  aux  Cabannes,  dans  le  cabinet  de 
M.  Alzieu  ;  il  a  50  centimètres  de  long  depuis  la  pointe  oocîpttale  joa- 
qu'au  bord  incisif;  les  ossements  de  cette  espèce  out  été  trouvéa  prin- 
cipalement dans  la  galerie  supérieure  ;  on  en  trouve  cependant  dei 
débris  presque  partout,  surtout  en  G  dans  la  salle  elliptique. 

S**  Une  espèce  bien  distincte  et  de  4/5  environ  plus  petite,  aux 
formes  bien  plus  allongées  et  plus  grêles,  au  crftne  bien  plus  étroit, 
aux  arcades  zygomatiques  bien  moins  saillantes,  aux  dents  propor- 
tionnellement bien  moins  fortes  ;  animal  frugivore  sans  doute,  selon 
toute  apparence,  autant  que  le  précédent  parait  avoir  été  carnassier. 
Je  possède  douze  ou  quinze  crânes  do  cette  espèce,  dont  un  seul  assez 
bien  conservé.  Cette  espèce  paraît  avoir  été  très  nombreuse;  on  trouve 
ses  restes  partout  en  quantité  prodigieuse. 

3<*  Des  dents  environ  de  4/4  plus  petites  que -celles  de  cette  der- 
nière espèce,  auxquelles  cependant  elles  ressemblent  pour  les  formai, 
me  font  soupçonner  une  troisième  espèce  très  ressemblante  à  la  pré- 
cédente, mais  seulement  bien  plus  petite,  et  dont  elle  n'était  peutnfttrp 
qu'une  variété. 

4**  Des  canines  différentes  de  celles  de  Tespèce  n'  2,  assez  ressem- 
blantes pour  la  forme  à  celles  de  VU.  >fjelœus,  mais  plus  petites,  me 
suggèrent  l'idée  d'une  quatrième  espèce  de  grands  ours  à  frout  très 
bombé  et  très  large,  au  museau  court  et  relevé,  enfin  aux  roembrai 
épais,  aux  proportions  raccourcies  et  aux  formes  ramassées  et  trapues, 
un  peu  plus  petites  que  celles  de  W.  spelctus^  qui  a  en  particulier  le 
museau  plus  long  do  4/7.  C'est  l'espèce  que  Ton  rencontre  seule  à  la 
grotte  du  Mas-d'Âzil. 

5<*  Enfin  une  grande  espèce  ou  variété  dont  la  taille  parait  avoir 
égalé  celle  du  grand  Ours  des  cavernes,  mais  dont  les  formes  certaine- 
ment aussi  développées  étaient  cependant  plus  minces,  ce  qui  dénota 
des  animaux  aussi  grands,  bien  que  non  pas  aussi  forts.  Cette  dernière 
espèce  ou  variété  semble  être  la  dernière  qui  ait  fréquenté  la  eaverne; 
ses  ossements  s'y  présentent  constamment  frais  et  récents. 

En  résumé,  les  espèces  n°'  4  et  !2  sont  très  tranchées,  très  distinctes; 
ce  sont  certainement  des  espèces  différentes  qui  ont  babité  la  cavarna 


NOTB   DK    M.    POUKCH.  691 

d*byène;  enfin  les  ossements  humains  dont  j'ai  parlé  plus  haut. 
Le  sol  de  cette  partie  de  la  caverne  est  un  terreau  meuble,  rous- 
sâtre,  qui  n'a  été  exploré  jusqu'ici  qu'à  une  profondeur  de 
30  à  ^0  centimètres,  et  qui  me  parait  s'être  formé  ou  se  former 
tcms  les  jours  du  détritus  argilo-siliceux  de  la  roche  que  l'eau  dis- 
sout et  corrode  ;  ce  terreau  est  au  moins  en  partie  tombé,  et  tombe 
encore,  des  parois  et  des  voûtes  sous  forme  d'une  poussière  ter- 
reuse qui  couvre  le  sol  et  s'accumule  tous  les  jours  (1).  Le  reste 

6D  môme  temps.  Le  n°  2,  sauf  les  molaires  caduques  dont  je  n'ai  môme 
jamais  trouvé  de  traces  ni  sur  les  mandibules  ni  sur  les  crfines  très 
nombreux  que  j*ai  eu  occasion  d'observer,  ressemble  beaucoup  à 
VU.  priscus  de  Goldfuss  (Cuv.,  Jt/as,  pi.  4  89,  fig.  5).  Les  dimensions 
des  individus  de  THerm  semblent  seulement  plus  grandes  ;  les  crânes 
ont  de  40  à  42  centimètres,  tandis  que  celui  qui  figure  dans  Cuvier, 
•i  les  proportions  sont  exactes,  n'en  aurait  que  35.  Quant  au  n'^  5,  il 
n'a  pas  de  fausses  molaires  non  plus  ;  sans  cela  ou  pourrait  le  prendro 
pour  Tours  noir  d'Europe  actuel. 

(1)  Le  fait  de  cette  production  journalière  du  terreau  et  des  limons 
aux  dépens  de  la  roche  est  un  fait  constant,  incontestable,  évident.  Par- 
tout, si  on  le  remarque,  à  l'exception  des  endroits  encroûtés  de  stalac- 
tites, on  trouve  sur  la  surface  du  rocher  une  couche  de  4  millimètre  au 
moins  d'efflorescences  terreuses,  blanches,  grises,  roussâtres,  de  sorte 
qu'en  grattant  légèrement  les  parois  de  la  grotte  on  peut  eu  ramasser  à 
pleines  mains.  Ces  parties  délitées  ne  tiennent  pas  à  la  roche;  elles  s'en 
détachent,  au  contraire,  avec  la  plus  grande  facilite.  Si  donc  on  con- 
çoit un  excès  d'humidité,  si  l'eau  vient  à  suinter  plus  abondamment 
du  dehors,  comme  cela  doit  arriver  aux  temps  pluvieux,  au  dégel,  à  la 
fonte  des  neiges,  les  voûtes  et  les  parois  de  la  grotte  ainsi  lavées,  les 
efflorescences  terreuses  s'en  détachent  et  tombent.  Dans  le  cas  d'un 
excès  de  sécheresse,  encore  bien  que  par  un  effet  tout  contraire,  ces 
croûtes  desséchées  se  soulèvent  et  tombent  pareillement.  Ainsi  jour- 
nellement  la  masse  pulvérulente  ou  limoneuse  augmente  dans  le  fond 
de  la  caverne  ;  ainsi  les  terreaux  et  les  limons  qui  recouvrent  les  osse- 
ments dont  est  jonché  le  sol  de  cette  cavité  souterraine  augmentent 
d'épaisseur  tous  les  jours.  Les  infiltrations  terreuses  du  dehors  sont  pa- 
reillement certaines,  et  ces  éléments  étrangers,  môles  de  détritus  végé- 
taux, d'humus,  du  suc  calcaire  destiné  aux  stalagmites,  enfin  des 
matières  pulvérulentes  tombées  des  parois  et  des  voûtes,  forment  en 
particulier  ce  limon  onctueux  et  collant  qui  remplit  les  parties  les 
plus  déclives  et  qui  conserve  si  bien  les  ossements  qui  s'y  trouvent 
enfouis. 

La  production  de  ces  terreaux  et  de  ces  limons  est  évidemment 
.correspondante  à  celle  de  la  stalactite,  et,  à  les  considérer  en  masse,  on 
semble  nécessairement  amené  à  conclure  que  la  cause  qui  Jes  produit 
doit  être  fort  actiye  ou  qu'elle  agit  depuis  bien  longtemps;  cependant, 
si  l'on  réfléchit,  on  rabat  aussi  beaucoup  de  cette  première  opinion.  Car, 


592  SÉANCE    DU    17    FÉftIBR   1862. 

est  fourni  par  le  peu  de  limon  extérieur  que  les  eaui  entraînent 
du  dehors  avec  elles  à  travers  les  fentes  du  rocher. 

J*en  viens  aux  ossements  humains  rencontrés  dans  cette  pailie 
de  la  grande  caverne.  Mais,  avant  d'entrer  dans  la  discussion  di 
fait  en  lui-même,  il  convient  d'en  déterminer  exactement  Isi 
conditions. 

J'ai  rencontré  de  ces  ossements  en  18^7  pour  la  première  ImsJ 
j'en  ai  rencontré  de  nouveau  en  décembre  1861,  et  cette  foisdiii 
des  fouilles  que  d'autres  avaient  faites  peu  de  temps  avant  moi(l)« 

En  18Û7,  c'est  un  squelette  entier  qui  a  été  trouve  conchile 
long  de  la  paroi  de  la  grotte,  un  peu  à  droite  du  pied  de  i*éclirib| 
il  était  entier  et  en  place,  à  peine  recouvert  d'un  peu  de 
L'inspection  de  ces  ossements  me  montra  un  squelette 
relativement  peu  ancien,  et  l'idée  qu'il  me  suggéra»  ce  fat  odlè 
d'un  meurtre  dont  on  serait  venu  là  dérober  les  traces  à  la  justiei^ 
mes  compagnons,  en  général,  pensèrent  comme  moi.  Cesoaavaiai 
un  aspect  sanieux  et  repoussant,  tel  que  celui  des  os  qu'on  eztnÉ 
des  sépultures  peu  anciennes.  Je  les  laissai  en  place;  mais  OCB 
qui  m'accompagnaient  les  dispersèrent  çà  et  là,  et  cesontpeut-tee 
ceux-là  mêmes  qui  ont  été  rencontrés  depuis.  Quoi  qu*ii  en 
les  notes  que  je  rédigeai  de  ce  fait  sur  les  lieux  portent, 
autres  choses,  que  certains  habitants  de  THenn,  qui  m'acconpa* 
gnaieiit,  expliquaient  la  présence  de  ces  ossements  humains  en  cet 
endroit  par  une  tradition  locale,  qui  disait  que  «  quelques  hommes 
ayant  aborde  la  caverne  sans  la  connaître,  s'y  étaient  égarés  et  y 
avaient  péri.  »  Au  reste,  les  ossements  recueillis  depuis  ne  parais 
sent  pas  non  plus  être  anciens;  ils  sont  privés  de  tout  enduit  miné- 
ral adhérent  ;  assez  fortement  chauffés,  ils  répandent  l'odeur  carac- 


comme  ce  n'est  certes  pas  exagérer  que  de  porter  à  4  millimètre  par  aa 
la  production  du  terreau  et  du  limon  sur  le  fond  de  la  caverney  tant  Is 
calcaire  d'où  il  provient  abonde  en  matière  insoluble,  comme  I  milli- 
mètre par  an  donne  4  décimètre  par  siècle  et  2  mètres  en  vingt  siè- 
cles, la  couche  dQ  terreau  et  de  limon  des  dépôts  ossifères  explorés 
jusqu'ici  tout  au  plus  jusqu'à  une  profondeur  de  60  centimètres  a'a 
rien  d'inconciliable  avec  la  théorie  qui  sert  à  l'expliquer. 

(1)  J'en  ai  retrouvé  quelques  fragments  encore  le  6  février  486S| 
vers  0,  entre  N  et  0,  c'est-à-dire  à  quelques  20  mètres  à  peina  ds 
distance  et  absolument  dans  la  même  région,  ainsi  que  dans  les  mêmes 
conditions,  c'est-à-dire  celles  d'ossements  pareillement  récents,  eoa- 
servant  leur  matière  organique  et  provenant  des  dépôts  les  plus  super- 
ficiels. C'est  un  fait  digne  de  remarque  que  Tidentité  de  conditioas 
dans  lesquelles  tous  ces  restes  humains  ont  été  troavéS|  et  dans  la 
même  partie  ou  région  souterraine  de  la  grotte. 


NOTE    DK    11.    rOllECll. 


503 


tcristiquc  des  os  brûlos;  ils  ruinent,  ils  noirciss(?ntau  feu,  de  sorte 
que,  vu  cette  circonstance  et  le  peu  de  profondeur  auquel  ces 
restes  ont  été  trouvés,  je  ne  balance  pas  à  dire  que  Fuxien  ou 
étranger,  Maure  ou  Yisigoth,  Testossage  ou  Romain,  Ibère  ou 
Ceitibère,  Tindividu  à  qui  ces  ossements  appartiennent  est  tout 
amplement  de  Tépoquc  historique,  et  ce  serait  tout  au  plus  aux 
ithropologistes  de  dire  de  quelle  race  sont  ces  débris  ;  mais  évi- 
pt  ils  sont  peu  anciens,  et  il  n*est  pas  nécessaire  de  remon- 
ta nuit  des  temps  pour  en  trouver  l'origine  (1). 
doute,  quand  les  hommes  arrivèrent  pour  la  première  fois 
contrée,  plusieurs  purent  être  surpris  par  les  bêtes  féroces 
irtés  dans  la  caverne.  iMais  combien  peut- il  y  avoir  eu  de 
£t  quelles  chances  a-t-on  d'en  retrouver  les  restes?  Ces 
»ut  bien  compti*  et  déduit,  ne  semblent-elles  pas  nulles, 
l'on  considère  que  les  grandes  espèces  carnassières, 
|it  d'un  corps  comme  celui  d\in  homme,  en  dévorent 
liair  avec  les  os?  Au  reste,  si  Ton  en  trouve  jamais, 
(bablement  les  marques  de  leur  origine,  et  on  ne 
i.  Sans  doute,  encore,  les  hyènes  ont  assez  riiabi- 
[S  corps  morts  dans  les  cavernes,  mais  elles  les 
entier.  D'ailleurs,  dans  ce  cas  aussi,  les  em- 
[u'on  devrait  remarquer  sur  les  ossements 
Lés  du  dehors  témoigneraient  de  leur  origine, 
encore  été  remarqué,  au  moins  par  moi. 
lommes  avaient  habité  la  caverne  avant  ces 


gran 
guèr 
leur  a 
surtou 
traditi< 
joui*s  ca 
abruti  al)  il 
différence 
Quand  do 


même  temps  qu\  ux,  ce  qui  ne  se  conçoit 

:  lieu  s'annoncerait  par  des  produits  de 

|ic,  par  des  vestiges  de  leurs  habitudes, 

u,  de  cuire  les  aliments;  car,  habitude 

stinctif,  allumer  du  feu  est  un  fait  tou- 

'humanité.  L'homme  sauvage  le  plus 

feu,  cuit  ses  aliments  et  se  chauffe,  à  la 

iimaux. 

trouvé  à  rilerm,  connue  IM.  Lartet  à  Auri- 


(1)  Un  de  nos  chroniqueurs,  Lascazes  (de  Foix),  dit  Jquo  lorsde 
l'exterrainalion  des  Goths  ariens  dans  le  pays  de  Foix,  au  vi*  siècle, 
les  restes  de  cetto  nation  «  se  sauvèrent  dans  des  souterrains  et  dans 
des  grottes  où  ils  périrent  de  misère  et  de  faim».  N'est-ce  pas  là  un 
fait  historique  suffisant  pour  expliquer,  à  défaut  de  tout  autre,  la 
présence  d'ossements  humains  dans  la  grotte  de  THerm,  la  plus  voi- 
line  de  Foix,  la  plus  isolée,  la  plus  cachée,  la  plus  sûre  comme  aussi 
la  plus  propre  à  l'habitation? 

Soc.  gêol,,  2«  série,  tome  XIX.  38 


60&  8ÉANCB    DU    17   FfiYRlBR    1862. 

gnac,  la  place  et  les  débris  d'un  foyer  au-dessous  du  dëpôt  qu'on 
exploite,  la  cendre,  les  charboufl,  les  os  à  demi  brûlés,  sinon  da 
os  d'éléphants  et  de  rhinocéros,  de  lions  et  d'ours,  non^senlemcst 
cuits,  mais  entaillés,  et  raclés  avec  des  outils  tranehants  pour  en 
détacher  les  chairs  et  en  extraire  la  moelle,  alors  ou  pourrs  dite 
que  riiomnic  a  été  le  contemporain  des  lions  et  des  ours  qui  ool 
habité  la  caverne  ;  jusque-là  on  n'aura  rien  de  sur,  on  ne  pourra 
rien  conclure,  sinon  que  Thomme  est  passé  par  là  à  uue  époque 
ou  à  une  autre,  sans  pouvoir  dire,  si  c'est  avant,  pendant  ou  apiii 
le  séjour  qu'y  ont  fait  ces  farauds  animaux. 

Pour  moi,  j'ai  observé  des  os  cassés,  un  crâne  d*ours  ouvert 
peut-être  ]>ar  la  main  de  l'homme,  mais  je  n'oserais  rien  conclure; 
rien  ne  dit  qui  a  ouveit  ce  crâne,  qui  a  cassé  ces  os;  bien  plus,  a 
crâne  pst  récent,  el,  s'il  a  été  mutilé  par  la  main  de  l'hoinuie,  c'est 
à  une  époque  relativement  bieu  rapprochée  de  nous.  J'ai  au«i 
observé  des  parcelles  de  charbon  jusque  sous  les  stalagmites,  en  H 
et  en  O,  dans  le  dépôt  ossifère,  et  jusque  dans  la  cavité  niédullaÎR 
du  fémur  d'un  grand  Fcih  ;  mais  cet  os  était  cassé  et  ouvert  etb 
cassure  était  vieille  (i).  D'aillcura,  les  chroniqueurs  disent  encon 
qu'au  vi**  siècle  le  pays  de  Foix,  désert  jusque-là,  fut  défriché,  la 
forets  brûlées,  et  dès  lors,  le  fait  pouvaut  ti'ouver  uue  explication 
sufiisaiite,  il  est  ini|>ossiblc  d'en  rien  inférer.  D'ailleurs  encoit, 
n'aurions-nous  pas  tort  de  supi>o6er  que  nous  sommes  les  seuk 
qui  ayons  visité  les  cavernes  depuis  les  temps  his^riques,  elqni 
ayons  été  frappés  de  la  présence  des  {>rands  ossements  qu'elles 


(1)  Olhagaray,  prrfnrr^  p.  8,  dit  on  parlant  du  pays  de  Foix 
Théodoric  :  a  Ce  pays,  qui  estoit  tout  presaue  forests  fut  défriché, 
bnîir  et  rendu  propre  pour  le  labourage.  »  Ne  pourrait-on  pas  trouTer 
là  Torigine  de  ce  charbon?  Si  les  forêts  de  cotte  région  ont  été  suisi 
brûlées,  le  charbon  a  bien  pu  pénétrer  dans  la  caverne  à  travers  Isi 
fentes  de  la  montagne.  Mais,  en  supposant  fndme  qu*il  ait  été  porté 
jusque  dans  la  caverne  par  la  main  de  l'homme,  que  conclura?  car 
ttst-ce  à  l'époque  même  où  se  formait  le  dépôt  ossifére  ou  depuis T  Les 
eaux  d'infiltration  délayant  et  emportant  le  limon  creusent  sou veatde 
grandes  cavités  jusque  sous  les  couches  de  stalagmites  qu'elles  isolenl 
ainsi  du  sol  sous-jacent  ;  c'est  un  fait  que  j'ai  observé  en  cent  endroits. 
De  sorte  que,  supposant  è  l'amont  une  rupture,  une  fente.  oomasQ 
s'en  trouve  tant,  une  ouverture  quelconque,  le  charbon  peut  péoéficr 
jusque  sous  les  stalagmites  et,  qui  plus  est,  jusque  dans  les  eavilésou- 
vertes  des  ossements  qui  s'y  trouvent  cachés.  Certes  je  ne  dis  pis  :  il 
sn  est  ainsi,  mais  bien  :  cela  peut  être;  et,  comme  on  ne  foil  jansii 
plus  de  tort  à  la  vérité  qu'en  l'appuyant  sur  de  mauvaises  preuves,  je 
préfère  douter  que  tirer  des  conséquences  foroéss  de  ces  isile. 


NOTK    DB    M.    PODECH.  60b 

renferment?  De  tout  temps  ce  fait  a  frappé  l'attention  et  éveillé 
la  curiosité.  Le  même  historiographe  du  pays  de  Foix,  Olhagaray 
avait,  il  y  près  de  trois  cents  ans,  remarqué  les  ossements  des 
grottes  de  Tarascon,  puisqu'il  les  chante  dans  un  quatrain,  en 
mettant  faussement  cette  remarque  sur  le  compte  de  Silius  Ita- 
liens qui  n'en  dit  pas  un  mot  (1).  On  sait  d'ailleurs  ijue  déjà  dès 
les  temps  les  plus  reculés,  par  motif  de  su])erstition,  d'intérêt,  de 
curiosité  ou  toutautre,  on  a  exploité  les  ossements  des  cavernes,  et 
Cuvier  dit  lui-même  qu'il  a  été  retiré  des  quantités  prodigieuses 
de  dents  d'ours,  sous  le  nom  de  licorne  fossile  (2),  et  il  constate 
d'ailleui*s  que  la  médecine  et  la  pharmacopée  de  Tépoque  en 
tiraient  grand  profit.  Or,  qui  peut  aflirmer  que  le  dépôt  ossifère 
de  l'Herm  n'ait  pas  été  fouillé  pour  des  motifs  analogues?  Au 
Mas-d'Azil  le  dépôt  ossifère  de  la  grotte  a  été  exploité  à  diverses 
époques  (;)  pour  la  fahrication  du  salpêtre,  et  c'est  ce  qui  l'a  à  peu 
près  détruit.  A  Massât  et  ailleurs,  c'est  pour  la  fahrication  des 
armes,  des  ornements  ou  des  amulettes,  et  c'est  ce  qui  explique 
dans  ces  cavernes  la  présence  de  tant  d'os  cassés,  de  dents  hrisées, 
usées  ou  percées.  Les  trihus  industrieuses  qui  ont  hahité  ces  lieux, 
tout  en  préférant  pour  la  fahrication  île  leurs  armes  les  os  frais  et 
solides,  ne  dédai;;naient  pas  cependant  toujours  les  ossementsplus 
anciens  qu'ils  trouvaient  dans  ces  cavernes  elles-mêmes  et  qu'ils 
avaient  ainsi  sous  la  main  (4). 


(4  )  Voici  ce  quatrain  ;  il  me  sera  permis  de  le  citer  ici  commt  tout 
autre  texte: 

Ce  roc  cambré  par  art,  par  nature  ou  par  l'âge, 
Ce  roc  de  Tarnscnn  hébergea  quelquefois 
Les  géants  qui  couroyent  les  montas^nes  de  Foix, 
Dont  tant  d'os  excessifs  rendent  seuls  témoignage. 

L'auteur  indique  évidemment  la  grotte  de  Lombrive,  en  face  des 
bains  d'Ussat,  la  seule  des  grottes  des  environs  de  Tarascon  do  tout 
temps  renommée  par  les  ossements  qu'elle  présente.  J'en  possède  quel- 
ques-uns appartenant  à  un  très  grand  cerf.  J'ai  pareillement  recueilli 
à  la  grotte  de  Sabar  une  moitié  inférieure  de  tibia  de  brebis,  très  an- 
cien, aiguisé  en  pointe  et  paraissant  évidemment  avoir  servi  de  pointe 
de  javelot  ou  de  lance. 

(2)  Cuvier,  Ossements  jossiles,  t.  Vil,  p.  247,  et  Dictionnaire  à^ 
Trévoux,  au  mot  Licobkb. 

i3)  Au  commencement  du  xvii*  et  à  la  fin  du  xvni*  siècle. 
4)  De  nos  jours  on  exploite  le  gîte  ossifère  de  la  caverne  supérieure 
du  Ker  de  Massât  pour  en  répandre  les  terreaux  dans  les  prairies. 
Pareillement  à  TUerm,  l'extraction  du  guano  de  chauve-'souris,  quia 


596  SÉANCE    DU   17   FÉftIBft   1S02. 

Quant  à  la  (grotte  de  riienn  dont  il  est  ici  principalement  ques- 
tion, depuis  que  les  hommes  sont  établis  dans  la  coutrëe,  elle  a 
pu  être  bien  des  fois  visitée,  elle  a  pu  être  et  a  été  même  plnsieun 
fois  exploitée  dans  le  sens  que  je  viens  de  dire.  Depuis  les  temps 
historiques,  elle  a  pu  même  avoir  été  habitée  ;  quelquefois  des 
prosci'iis  ont  pu  aller  y  chercher  un  refuge,  y  enterrer  leurs  morts, 
y  mourir  eux-mêmes  ;   les  dominateurs  de  la  contrée  ont  pu  y 
aller  exterminer  ces  derniers  restes  de  leurs  ennemis  ou  y  périr 
eux-mêmes  victimes  de  leur  vengeance  (1).  Gomme  on  le  voit, 
il  y  a  t)icn  des  suppositions  possibles,  très  possibles  même,  pour 
expliquer   la  présence  dans  cette  caverne  d'ossements  humains 
dans  la  condition  de  ceux  qui  y  ont  été  observés  jusqu'ici,  c*cst4- 
dirc  des  ossements  récents  trouvés  à  la  surface  même  du  dépôt. 
Que  d'ailleurs  le  déput  ossifère  ait  été  profondément  fouillé,  cela 
me  paraît  hors  de  doute,  témoin  le  bourrelet  de  stalagmites  encore 
attache  aux  parois  de  la  caverne  en  O  et  en  H  (fig.  3-6  et  11, 
pi.  XIII)  f  surtout  lésas  brisés,  remués,  et  les  parcelles  de  charbon  qui 
les  accompagnent  en  H  jusque  sous  la  couche  des  stalagmites  qui 
recouvre  le  talus  en  HG.  Ce  talus  n'était  pas  d'abord  aussi  incliné; 
il  devait  se  terminer  en  (/<),  au  niveau  du  bourrelet  de  stalagmites 
qui  marque  l'ancien  fond  de  la  caverne,  ce  qui  suppose  qu'une 
quantité  consiflérablc  de  matériaux  a  été  enlevée  (2).  Or,  ce  qui  a 
eu  lieu  sur  un  point  peut  certainement  avoir  eu  lieu  sur  bien 
d'autres,  de  sorte  que  ce  ne  sera  pas  do  la  présence  de  ces  vestiges 
humains  qu'on  pourra  découvrir  qu'il  faudra  se  préoccuper,  mais 
surtout  des  circonstances  dans  les(|uelles  ils  se  trouveront,  pour  en 

amonc  dans  la  grotto  dos  trarailleurs  préoccupés  d'autre  chose  que  da 
paléontologie,  a  été  roccasion  do  bien  des  bouleversements  du  dépôt 
ossifère. 

(4  j  Sans  parler  de  fépoquede  la  Terreur  à  la  fin  du  siècle  deroier, 
ni  des  guerres  de  religion  au  xvi*  et  au  xvu*  siècle»  ou  à  l'époque  des 
Albigeois,  lors  de  l'invasion  et  de  l'expulsion  des  Maures,  de  la  domint- 
tion  et  de  roxtermination  des  Goths  et  à  bien  d'autres  époques  anté- 
rieures de  guerres  et  de  troubles  depuis  les  temps  historiques,  dans 
toutes  ces  circonstances  des  individus  ou  des  familles  entières  ont  pa 
se  retirer  dans  ce  souterrain,  y  mourir  enfin  et  y  laisser  leurs  déponillâib 
Mais  l'époque  de  l'extermination  des  Visigoths,  citée  spécialomeot,  est 
de  toutes  celle  qui  fournit  Texplication  la  plus  naturelle  et  la  plos 
plausible. 

(2)  Comme  on  Ta  vu  dans  une  précédente  note,  le  oharbou  peut 
avoir  été  porté  sous  la  stalagmite  après  coup.  C'est  le  fait  du  bourrelet 
supérieur  (/i]  et  Tétat  des  os  mêlés  de  fragments  de  stalagmites  brisées 
qui  sont  la  preuve  la  plus  forte. 


HOTB    DB   M.    POUICH.  597 

assigner  sûrement  Tâge  et  l'origine.  Sans  cela,  tout  ce  qu'on  pour- 
rait dire  ou  écrire  serait  nécessairement  hasardé.  Car,  autrement, 
trouver  des  ossements  humains  en  contact  avec  des  ossements 
d'ours  ou  autres  grands  carnassiers  est  un  fait  qui  n'a  rien  de 
merveilleux  en  lui-même,  surtout  dans  une  contrée  où,  il  n'y  a 
pas  cent  ans,  l'ours  était  un  animal  indigène,  à  plus  forte  raison, 
si  l'on  tient  compte  de  ce  que  cette  même  contrée  fut  dans  les  tenips 
antérieurs,  c'est-à-dire  (malgré  ce  que  dit  Pline  (i)  en  général  de 
la  Narhounaise  à  son  époque),  une  contrée  déserte  et  boisée,  peu- 
plée de  bctcs  fauves,  où  le  chevreuil  et  le  cerf  comptaient  une 
population  nombreuse,  où  l'ours  et  le  sanglier  vivaient  en  pleine 
liberté  (2).  Ce  n'est  donc  pas  à  reculer  indéfiniment  l'existence 
de  l'homme  dans  la  contrée  qu'amène  la  logique  des  déductions 
dans  le  sujet  qui  nous  occupe,  mais  bien  plutôt  à  prolonger  l'exis- 
tence des  grandes  espèces  carnassières  dont  nous  trouvons  les  dé- 
pouilles à  THerm,  et  à  les  faire  vivre  dans  le  pays  à  une  époque 
bien  pkis  rapprochée  de  la  nôtre  qu'on  ne  se  le  figure  communé- 
ment. Ce  n'est  pas  la  chaleur  suffisante  qui  a  manqué  à  ces  ani- 
maux pour  y  vivre  et  s'y  perpétuer,  mais  bien  la  tranquillité  avec 
la  liberté  et  l'abondance  ;  ce  n'est  pas  le  changement  de  climat  qui 
les  en  a  chassés,  c'est  l'homme  qui  les  a  exterminés. 

Tels  sont  les  faits  observés  à  l'Herm  ;  telles  sont  les  conclusions 
qui  me  paraissent  en  résulter;  je  les  résume  de  la  manière  sui-^ 
▼an  te. 

Résumé,  —  Conclusions, 

V  La  grotte  de  l'Herm  est  due  originairement  à  la  rupture  des 
calcaires  crétacés  de  l'avant-dernière  formation  dans  nos  contrées, 

(4)Piin.,  Nnt,hist,,  liv.  III,  chap.  5. 

(S)  Encore  au  xiv*  siècle  la  grande  forôt  de  Boulbonne  s'étendait  de 
Mazères  jusqu'à  Pamiers  et  occupait  toute  la  plaine  comprise  entre 
TAriége  et  THerm,  région  aujourd'hui  si  fertile.  C'est  là  que  les  an- 
ciens comtes  de  Foix  chassaient  le  sanglier,  le  cerf,  le  che- 
Yreuil  dont  les  bois  détachés  avec  le  coutelas  ont  été  trouvés  en  si 
grand  nombre  dans  les  anciens  fossés  du  chftteau  de  Pamiers  avec  des 
têtes  do  bouquetin  tout  entières.  En  4  391,  Gaston  Phœbus,  douzième 
comte,  mourut  au  retour  d*une  chasse  où  il  avait  abattu  un  ours  énorme 
à  Sauveterre,  dans  le  Béarn,  exactement  sur  la  zone  de  Foix  et  de 
l'Herm  et  au  pied  des  Pyrénées. 

EnBn,  selon  le  récit  de  Lascazes,  déjà  cité,  en  4  597,  «  un  ours  des 
plus  grands  et  des  plus  furieux  poursuivi  par  des  chiens  »  vint  se  ré- 
fugier jusque  sous  les  murailles  de  la  ville  de  Foix  où  les  soldats  de  ta 


608  sÊANci  ou  17  FfiTRin  1862. 

et  son  ouverture  date  du  grand  et  principal  soalèTeinent  des 
Pyrénées  h  la  fin  de  In  période  éocène. 

2^  On  ne  peut  dire  dès  à  présent  si  elle  a  été  émergée  ou  noo 
pendant  la  période  miocène. 

8°  Aucun  dépôt  diluvien  ou  simplement  allayîaly  fluvîatile  oa 
marin,  n'y  a  encore  r(p  rencontré  ;  toutefois,  on  n'est  nullement  en 
droit  de  nier  Texistence  de  pareils  dépôts;  les  fouilles  opérées  jus- 
qu'à ce  jour  sont  trop  superficielles. 

k°  La  grotte  est  restée  éiner<;ée  depuis  le  dernier  cataclysme 
diluvien  jusqu'à  nous.  C'i'st  depuis  lors  qu'elleaété  habitée  par  les 
grands  carnassiers  tt  que  s'est  formé  le  dépôt  ossifère  qu'on  y 
observe. 

5"  Pendant  celte  dernière  période  et  jusqu'à  une  époque  rela- 
tivement très  récente,  cette  grotte  a  été  le  repaire  des  ours  et  des 
autres  grands  carnassiers  dont  on  y  trouve  les  os,  et  cet  état  de 
chose  a  dure  longtiinps  snns  trout)le  et  sans  inteiTUption ;  seule- 
ment, dans  les  dernirrs  ti!mps  il  y  a  eu  probahlemcnt  quelques 
intermittences  ;  enfin  des  oui-s  relativement  plus  voisius  des  espèces 
actuelles,  sinon  ideiuicpu's  avec  elles,  l'ont  habitée  les  derniers. 

6°  Les  ossements  de  grands /r'//5  et  d'hyènes,  bien  que  rencon- 
trés dans  des  couches  supeificielles,  paraissent  toujours  être  anciens, 
tandis  que  parmi  les  ossements  d'ours  plusieura  paraissent  d'ori- 
gine récente.  Tous  ces  genres  ensemble  paraissent  avoir  habité  h 
caverne  drs  le  principe,  mais  les  ours  paraissent  l'avoir  occupée 
plus  longtemps. 

7^  Enfm,  taudis  qu'en  droit  et  à  priori  on  voit  que  l'homme  a 
dû  visiter  le  dernier  la  caverne,  les  ossements  humains  rencontrés 
jusqu'à  ce  jour  dans  le  déi)ôl  ossifère,  pas  plus  que  les  autres  indices 
de  la  présence  de  Tliomnie,  ne  contredisent  en  quoi  que  ce  soit  cette 
conclusion . 

Telles  sont,  je  le  répète,  les  conclusions  qui  me  paraissent  résul- 
ter des  faits  observés  dans  l'i  grotte  île  ITlerm,  comparés  aux  condi- 
tions géologiques  de  la  contrée.  Sans  doute,  il  reste  enc*ore  des  dif- 
ficultés, et  plusieurs  ile  ces  conclusions  devront  peut-être  un  jour 
être  modifiées,  car  il  faut  compter  avec  l'imprévu  en  géologie 
surtout,  où  sans  cesse  on  est  avec  des  données  incomplètes  en 
face  de  problèmes  compliqués,  en  face  de  formes  inconnues  et 
des  mille  variations  que  le  temps  amène  dans  leurs  effets  selon  les 


garnison  lo  tuèrent.  Cet  ours  venait  du  côté  de  Prayols,  est-il  dit, 
mais  rien  n'empôche  qu'il  n'eût  son  repaire  à  rHerm  et  qu'il  ne  fQtao 
des  derniers  habitants  de  la  caverne. 


NOTE    Dl   H.    DK    VEftNBUIL.  599 

trois  dinieusions  de  l'espace,  enfin  avec  ce  secret  de  Dieu  que 
rbomiuc  rencontre  partout  et  toujours  comme  un  perpétuel  défi 
au  fond  des  questions  qu^il  aborde. 

M.  de  Verneuil  présente,  de  la  part  de  M.  Murchison,  une 
brochure  intitulée  :  On  the  inappUcabillty  ofthe  neiv  term  dyas 
to  the  Permian  group  of  rocks,  as  proposed  hy  doctor  Geinitz, 
et  ajoute  les  observations  suivantes  : 

Dans  la  uote  que  nous  déposons  sur  le  bureau,  i>J.  Murchison 
rappelle  que  le  mot  dyas  a  été  proposé  par  M.  Marcou  en  1859  (1) 
pour  rcniplacer  celui  de  perrnien^  et  pour  exprimer,  par  sa  ressem- 
blance avec  celui  de  trias,  une  idée  à  laquelle  Tautenr  attache 
beaucoup  d'importance  et  qu'il  expose  ainsi  à  la  fm  de  sun  mémoire  : 
«  £n  résumé,  je  suis  conduit  à  regarder  le  nouveau  grès  rouge,  com- 
»  prenant  le  dyas  et  le  trias,  comme  une  grande  période  géologique 
»  égale  dans  le  temps  et  dans  l'espace  aux  périodes  paléozoîque 

•  (silurien  et  dévonien),  carbonifère  (calcaire  de  montagne  et  houille), 

•  secondaire  (jurassique  et  crétacé),  tertiaire  et  moderne.  » 

Cette  idée  de  réunir  en  un  seul  groupe  les  couches  comprises 
entre  les  terrains  houiller  et  jurassique,  idée  qui  est  ancienne,  mais 
qui  a  été  généralement  abandonnée,  est-elle  juste,  et  le  mot  que 
M.  Marcou  propose  est-il  bien  choisi  7  C'est  ce  que  nous  allons  exa- 
miner. 

Quels  sont  les  véritables  rapports  du  système  permien  7  avons- 
nous  eu  raison,  il  y  a  dix-huit  ans,  de  le  réunir  au  terrain  paléo- 
zoîque dont  il  nous  semblait  être  le  couronnement  plutôt  qu'au  trias 
dont  il  formerait  la  base,  ou  bien  nous  sommes-nous  trompés  comma 
le  dit  M.  Marcou  ?  A  l'époque  où  nous  revînmes  de  Russie,  MM.  Mur- 
chison, de  Kcyserling  et  moi,  cette  question  encore  indécise  nous  a 
beaucoup  préoccupés,  et  ce  n'est  qu'après  avoir  revu  non -seulement 
tous  les  fossiles  recueillis  dans  nos  voyages,  mais  encore  ceux  existant 
dans  les  collections  ou  publiés  dans  les  ouvrages,  que  nous  avons 
reconnu  que,  soit  par  l'identité  de  certaines  espèces,  soit  parla  ressem- 
blance de  certaines  autres,  ou  la  persistance  de  genres  éminemment 
paléozoïques,  le  système  permien  devait  plutôt  être  considéré  comme 
h  un  de  la  |)ériode  paléozoîque  que  comme  le  commencement  de  la 
période  suivante  (2). 


{h\  Dyas  et  Trlns,  par  M.  J.  Marcou  (4  859). 

\t)  Bull.  Soc,  géol.,  vol.  I,  p.  475,  4  844;  voy.  aussi  Géologie  de 


la  Russie  d^ Europe  et  de  l'Oural,  4845. 


600  SÉANCE    DU    17    FfiVRIBR    1862. 

Depuis  18&5,  la  science  a  fait  de  grands  progrès  ;  le  système  per- 
inien  a  été  étudié  avec  plus  de  soin  en  Angleterre,  en  Allemagne  et 
méinc  on  Américpie,  lo  nombre  des  fossiles  s'est  accru,  mais  tontes 
ces  découvertes  nouvelles,  loin  d'ébranler  nos  conclusions,  n*ont  fait 
que  les  ronfuiuer.  Prouvons-le  par  quelques  citations. 

Au  retour  de  noire  voyage  en  Russie,  nous  avions  soumise  M.  A. 
Bi'ongniart  les  végét!ui\  recueillis  dans  le  terrain  auquel  nous  don- 
nions le  nom  de  permien,  el  dont  la  plupart  provenaient  do  couches 
qui  nous  avaient  paru  supérieures  à  des  calcaires  plus  ou  nwins 
analogues  au  zeclislein.  Apres  un  mûr  examen,  M.  Broogniart 
déclara  :  1°  qu'il  y  avait  deux  on  trois  esp(*ccs  qui  paraissaient  iden- 
tiques avec  celles  du  terrain  liouiller;  2"  que  tous  les  genres  étalent  les 
mêmes  que  dans  ce  dernier  terrain  ;  3"  qu'aucune  de  ces  plantes 
n'était  comparable  h  celles  du  grés  bigarré. 

Plus  tard,  en  1869  (1),  M.  Rrongniart  reprend  le  môme  sujet,  et, 
après  avoir  groupé  séparément  les  plantes  des  schistes  bitumineux  de 
la  Thuringe,  celles  du  grès  permien  de  Russie  et  des  schistes  ardoi- 
siers  de  Lodève,  il  remaïque  qu'il  y  a  do  grandes  différences  entre 
les  végétaux  de  ces  localités,  mais  ((u'un  caractère  Cf)mmun  rapproclic 
les  deux  dernières  llores,  savoir  h;  nip|)orl  qu'elles  offî-ent  avec  celle 
du  terrain  liouiller,  dont  elles  semblent  être  une  sorte  d'extrait  et 
dont  elles  rappellent  les  couches  les  plus  récentes. 

En  1858,  M.  Gœppert  fit  paraître  sur  la  (lorc  |)ern)ienne  un  tra- 
vail {'})  qu'il  a\ait  déjà  annoncé  en  1855  dans  IcJuhrbuch  de  Leonlurd 
et  Rroim,  p.  5/i7.  11  examina  1 82  es|)èccs  réparties  de  la  manière  sui- 
vante :  Bohème,  63;  Saxe,  58;  Russie,  /i6  (3);  Silésie,  30;  France,  22; 
Mora^ie,  9;  Thuringe,  7,  etc.,  etc.  Cette  étude  suggère  an  savant  bota- 
niste allemand  les  remar(|ues  suivantes  :  «  En  général,  dit-il,  la  flore 

•  pcrmienne  offre,  dans  sa  com|)osi(ion,  une  grande  ressemblance 
A  avec  celle  du  terrain  houiller.  Quatorze  ou  seize  espèces  sont  iden- 

*  tiques.  Orluines  familles,  qui  caractérisent  les  formations  ancieimes, 
9  telles  que  les  Lépidmlendrées,  les  Annulariécs,  les  Astérophyliites  et 
»  les  Sigillariées  y  Unissent  leur  existence  et  ne  se  montrent  plus  au- 
»  dessus;  quelques  autres,  il  est  vrai,  comme  celle  des  Gupressinêes, 


(4)    Tableau  des  vô^c taux  fossiles. 

(2)  Schlrsischc  Gesvllsv/i.  Natfirtvisscnsch,  Schtion^  47  mars  1868. 

(3]  M.  Marcou  dit  que  l'examen  de  M.  Gœppert  a  porté  sar 
68  espèces  russes.  C'est  le  chiffre  qui  figure  dans  son  travail  de  4855, 
mais  dans  le  mémoire  de  1858,  qui  a  peut-être  échappée  M.  Marcou, 
il  réduit  ce  nombre  h  46,  la  réduction  portant  sur  des  espèces  dont  les 
localités  n'étaient  pas  bien  certaines. 


VOTE    DE    M.    DE    TERNBUIL.  601 

ù  y  apparaissent  pour  la  première  fois.  Mais  en  réalilé,  cette  flore 
»  tranche  complètement  avec  celles  des  formations  plus  récentes 
»  n'ayant  qu'une  seule  espèce  (1)  qui  leur  soit  commune,  le  Cala- 
»  mites  arenacem  dont  la  détermination  est  même  encore  assez  dou- 
»  teuse.  En  un  mot,  dit  en  terminant  M.  Gœppcrt,  la  flore  permienne 
»  est  une  flore  propre,  indépendante,  qui,  placée  au  terme  de  la  pé- 
a  riode  paléozoîque,  est  digne  du  plus  grand  intérêt.  » 

Deux  autres  auteurs  se  sont  occupés,  en  Allemagne,  de  la  flore 
permienne,  M.  Gutbier  qui,  en  1849,  a  publié  un  ouvrage  intitulé  : 
Die  Versteinorungen  des  Rothliugenden  in  Sachscn,  et  M.  Gcinitz 
auquel  nous  devons  un  excellent  travail  qui  date  de  1858  :  Die  Lcit- 
pflanzen  des  Rotldiegenden  imd  des  Zechsteins  oder  der  Permischen 
Formation  in  Sachsen.  Tous  deux  s'accordent  à  reconnaître  qu'il  y  a 
entre  le  terrain  liouiller  et  le  rolliliegcnde  des  espèces  identiques, 
telles  que  le  Cyatheites  arborescens^  et  le  Walchia  piniformisy  puis 
d'autres  extrêmement  voisines,  telles  que  VAnnularia  carinata  et  le 
Calamités  infractus,  qui  trou\cnt  leurs  analogues  dans  VAnnularia 
longifolia  et  le  Calamités  approximatus  du  terrain  hou  Hier. 

Ënfln,  en  Angleterre,  îM.  Howse  (2)  a  découvert,  dans  les  grès 
rouges  permiens  de  Tynemouth,  cinq  espèces  de  plantes  identiques 
avec  des  espèces  houillères,  savoir  :  Finîtes  Brandi ing i  ^  Tri- 
gonocarpus  Nœggerathi,  Sigillaria  renifoitnis,  Calamités  approxi- 
matus,  et  C  inœquulis  (2). 

Si  nous  passons  rapidement  en  revue  la  faune  permienne,  nous 
arriverons  aux  mêmes  résultats. 

Les  polypiers  se  présentent  d'abord  en  petit  nombre,  il  est  vrai, 
mais  appartenant  tous  à  des  types  paléozoïques.  On  y  trouve,  suivant 
M.  King,  les  genres  Aulopora,  Calamopora,  Stenopora^  Alvéolites^ 
Petraia,  etc.  Plusieurs  d'entre  eux  ont  été  réunis  i)ar  MM.  Milne 
Edwards  et  J.  Haime  aux  Chœtetes  qui  sont  également  tros  abondants 
dans  les  terrains  inférieurs. 

Les  Échinodermes,  comme  M.  Marcou  le  fait  justement  remarquer, 
ne  sont  représentés  jusqu'ici  que  par  deux  genres,  tous  deux  paléo- 
zoîque^,  Archœocidaris  et  Cyathocrinus,  Ces  types  disparaissent 
bientôt  pour  faire  place,  dans  le  trias,  aux  Cidaris,  Hemicidoris, 


■"• 


(1)  M.  Gœppert  connaissait,  en  écrivant  ceci,  Tannonce  faite  par 
If.  Marklin  de  3  espèces  du  keuper  trouvées  dans  les  grès  de  Perm, 
et  sur  lesquelles  M.  Marcou  appuie  en  partie  ses  conclusions,  mais  il 
pense  que  les  déterminations  de  l'auteur  ont  besoin  de  con6rmation. 

(2)  Howse,  On  Perm,  syst.  of  Nvrth,  and  Diirham.  [À nu.  and 
Magaz.  nat..lnst.,  2«  sér,,  vol.  IX,  p.  38.) 


602  SÉAIfCB    DU    17    FÉYRIBR    18ô2. 

Encrinus  et  Pentacrinus,  précurseurs  des  formes  si  variées  qui  ca- 
ractérisent la  faune  des  terrains  jurassique  et  crétacé. 

Les  Brachiopodes  continuent  ici  le  rôle  prépondérant  qu'ils  joueut 
dans  les  terrains  plus  anciens.  La  plupart  des  genres  sont  les  mêmes. 
Les  Productus,  les  Strophalosia^  les  Aulosteyes^  les  Strcptoryn" 
chus,  les  Camarophoria,  prolongent  leur  existence  pendant  loute  la 
durée  de  la  période  permienne,  mais  ils  s'éteignent  avant  le  dépôt 
du  trias. 

Étudiées  jusque  dans  les  caractères  spécifiques,  les  analogies  ne  sont 
pas  moins  frappantes.  En  effet,  lorsque  nous  avons  examiné  cette 
question  relativement  à  la  Russie  (1),  nous  avons  indiqué  plusieurs 
espèces  de  Brachio|K)des  carbonifères  qui  réapparaissent  h  léiMMjue 
permienne,  telles  que  les  Terebratula  elongnta,  T,  Jtoi/ssiiy  T.  SMo- 
tkeimt\  le  Spirifer  cHsfntus,  le  C/wnetes  sarcimilata^  la  Lingula 
mytiioides,  et  quelques  autres  espèces  plus  douteuses. 

Les  travaux  récents  de  MM.  Th.  Davidson  (2)  et  Kirkby  (3)  con- 
firment plusieurs  de  nos  appréciations  et  signalent  six  espèces  qui 
passent  d'un  terrain  dans  l'autre.  Cimj  d'entre  elles  ont  été  décrites 
sous  des  noms  différents,  suivant  les  strates  où  elles  ont  été  décou- 
vertes :  ainsi  la  Terebratula  sacculus,  Mart.  (C.)  correspond  à  la 
1\  sufpata,  Schl.  (P.),  la  T.  7'homboidea,  Phill.  (C.)  à  la  Canmro- 
phoria  ghbulina,  Ph.  (P.),  la  Spirifera  Urti,  Flem.  (C.)  à  la 
5.  Clannyaua,  King  (P.),  la  Spiriferina  ocfoplicata,  Sow.  (C.)  à 
la  S.  cristata,  Sclnl.  (P.),  la  Camarophoria  erumena  Aîart.  (C.)  à 
la  Terebratula  Schlotlieimi,  Bucb.  (P.).  La  sixième  espèce  est  la 
Lingula  Crf'dferi,  Geinitz,  connue  déjà  dans  le  zechstein  et  que 
M.  Kîrkbv  a  découverte  dans  les  couches  houillères  de  Durhani. 

Si  les  acéphales  et  les  gastéropodes  ont  peu  d'importance  dans  le 
système  permien,  ainsi  que  dans  les  systèmes  plus  anciens,  il  n'eu 
est  pas  de  même  à  l'égard  des  ptéropodes.  Ceux-ci  conservent  à  l'épo- 
que permienne  les  véritables  types  paléozoîqdes.  En  effet,  tandis  que 
M.  Geinitz  dans  son  nouvel  ouvrage  [k)  nous  fait  connaître  deux  ptéro- 
podes i^rmiens  dont  l'un  appartient  au  genre  Theca^  et  dont  l'autre  est 
une  Conularia,  si  voisine  des  espèces  dé voniennes  qu'il  faut  y  regarder 
de  près  pour  l'en  distinguer,  les  paléontologistes  américains  découvrent 


(4)  Bull.  Soc.  géol.,  vol.  I,  p.  500,  4844. 

(î)  Monog.  carbon.  brnchiopoda^  p.  4  4,  38  et  58  ;  voy.  aussi  The 
geologistf  vol.  III,  p.  4  9. 

(3)  Qaarterlyjour/i,  of  the  geol.  Soc. y  vol.  XVI,  p.  442. 

(4)  Die  animal,  liber  reste  der  Dyas,  Leipzig,  t864. 


NOTE    DB    M.    DS    YBRNBUIL.  60S 

dans  les  solitudes  pcrniiennes  du  Kaiisas  cl  du  Nouveau-Mexique  le 
genre  BellerophoUy  si  caraciéristiqtie  des  anciens  terrains  (1). 

Nous  devons  aussi  à  ces  intrépides  pionniers  de  la  science  une 
autre  découverte  importante  pour  ces  dépots,  celle  d'un  Trilobile 
du  genre  Philliysia.  On  avait  cru  jusqu'ici  que  les  Trilobites,  déjè 
très  rares  à  TéfMxpie  carbonifère  et  représentés  priuci|)alement  alors 
par  le  genre  PhilUpsia,  s'y  éteignaient  complètement,  et  la  disparition 
de  ces  fossiles,  les  plus  renianiuables  des  formations  paléozoïques, 
comme  dit  >l.  Marcou,  fournissait  à  ce  géologue  un  de  ses  principaux 
arguments  |X)ur  unir  le  terrain  permien  au  trias,  il  en  est  de  cet 
argument  connne  de  tous  ceux  qui  ne  sont  basés  que  sur  des  preuves 
négatives;  un  seul  fait  positif  suffit  pour  le  renverser. 

Les  dé|)ols  permiens  ont  offert  jusc|u'ici  peu  de  crustacés.  Cepen- 
dant, dans  certaines  localités,  les  roches  sont  remplies  de  petits  en- 
lomostracés  que,  dans  notre  ouvrage  sur  la  Hussie,  nous  avons  dé- 
signés sous  le  nom  de  Cythérines;  nous  en  avons  découvert  au  N.-l.). 
de  l'empire  russe,  sur  les  bords  de  la  Pinega,  et  «t  TE.,  entre  Seigiesk 
et  Samara  près  du  Volga.  En  Allemagne  comme  en  Angleterre,  ces 
petits  êtres  abondent.  >!.  Geinitz  en  décrit  vingt-six  es|)èees,  et 
M.  Hupert  Jones,  (|ui  lésa  également  étudiés  en  Angleterre,  est  d'avis 
que  trois  ne  peuvent  être  distingués  des  espèces  carbonifères  savoir  : 
les  difthereelofiffata,  Munst ,  Cythoro.  inornnta,  M'Coy,  et  la  Bairdia 
gracUiSy  M*(ioy. 

En  |X)rtant  nos  regards  sur  les  poissons,  nous  découvrons  encore 
les  mêmes  analogies.  M.  Geinitz,  qui  en  décrit  ^3  espèces,  fait  observer 
lui-même  que  ce  qui  prédomine,  c^  sont,  comme  dans  les  épo(fues 
antérieures^  des  Ganoîdes  hétérocerques  et,  parmi  eux,  les  genres 
Prtl  n'ont  se  fis  et  Platysnmm  qui,  au  premier  coup  d'œil,  révèlent  leur 
affinité  avec  Ips  formes  du  terrain  carbonifère.  MM.  King,  Morris  et 
Kirkby  admettent  mémo  qu'il  y  a  une  espèce,  \^Gyrncantfnisf(inno$u$^ 
Ag. ,  qui  n'est  pas  rare  dans  le  terrain  houiller  et  qui  a  été  trouvée 
dans  les  grès  rouges  permiens  de  Westoe  en  Angleterre  (2).  Ajoutons 
encore  aux  genres  précédents  les  Acrolepis  et  les  Pygopterus  qui 

[\)  Mcek  and  Hayden^  Netv  org.  remains  jmm  Kansas  indicating 
i/te  rxist.  r)/pEB]iiAN  rocAs.  [Trans,  Alhany  Inst.^  vol.  II,  4858).  — 
»S«'/?//o«' and  Haiv/i,  Rocks  nf  Knnsas  with  permian  fossils  (.-/rad,  se, 
Saint-Louis^  vol.  I,  p.  2).  —  Hnydfffiy  Grohi^.  mnp  nj  sScbraska  and 
Kansa^y  Philadelphie,  1858.  —  Meek  and  Hnyden^  GeoL  explorât, 
in  Kansns  {/4cnd.  oj  nat.  se  Philadvlplda^  4  859). 

(2)  M.  GtMDitz  exprime  quelques  doutes  sur  Tâge  des  grès  de  Westoe, 
et  se  demande  s'ils  ne  seraient  pas  une  dépendance  du  terrain  carbo- 
nifère. 


60A  sêàrcb  i)U  17  FËYRiiH  1862. 

passent  du  terrain  honiller  au  zechstein  pour  disparatlre  avant  le  trias. 

Quant  aux  reptiles,  on  a  cru  longtemps  que  leur  premiôre  appa- 
rition sur  la  terre  ne  renionrait  pas  au  delà  du  systènae  permien,  et 
c'était  Targumcnt  principal  sur  lequel  s'appuyaient  les  naturalistes 
qui,  comme  M.  Agassiz,  voulaient  rattacher  ces  dépôts  au  terrain 
secondaire.  Lorscpren  18^.'4  (1)  nous  discutâmes  avec  soin  les  ca- 
ractères de  la  faune  du  rothliegende,  du  kupfcrschiefer  et  du  zech- 
stein, |X)ur  bien  définir  l'expression  de  système  pertnien,  que  nous 
proposions,  et  {Mtur  justifier  la  position  que  nous  lui  donnions  en  t^\e 
de  la  grande  péricnle  paléozoïque,  nous  fîmes  voir  qu*îl  fallait  prendre 
en  considération  Tensemble  des  caractères,  plutôt  que  de  s'attacher  3i 
un  fait  négatif  que  Tavenir  pouvait  modifier.  En  cela  nous  avions  rai- 
son; car,  grâce  aux  recherches  infatigables  des  géologues,  on  connait 
aujourd'hui  des  reptiles  dans  le  terrain  carbonifère,  et  Ton  suit  môme 
leurs  traces  encore  plus  bas.  La  famille  des  Labyrinthodons  semble 
établir  quelques  rapports  entre  les  terrains  houiiler,  permien  et  tria- 
sique,  mais  les  analogies  ne  s'étendent  pas  jusqu'aux  genres  qui  res- 
tent distincts  dans  ces  trois  périodes.  Ainsi  les  genres /*ro/or/wflMrw<, 
Parasuurus  j  Thecodontosanrus  y  Sphenosovrus ,  Phnnerùsnurus^ 
Osfoojjfiorns,  Anchiodon  et  lihopaladon,  du  système  permien,  ne 
passent  pas  dans  le  trias,  et,  quoique  pour  les  reptiles  l'analogie  avec  la 
faune  paléozoïque  soit  moins  prononcée  que  pour  les  poissons,  il 
n'en  est  pas  moins  inexact  de  dire,  comme  le  fait  M.  Marcou,  que 
les  débris  fossiles  de  ces  deux  classes  de  vertébrés  sont  en  faveur  de 
l'union  du  dyas  avec  le  trias.  C'est  le  contraire  qui  est  vrai. 

L'exposé  rapide  que  nous  venons  de  tracer  démontre  incontestable- 
ment que,  par  les  vertébrés  comme  par  l'ensemble  de  sa  faune,  le  sys- 
tème permien  doit  être  réuni  aux  dépôts  paléozoîques,  plutôt  qu'au 
trias,  et  qu'il  faut  le  considérer  comme  la  fin  de  la  grande  période  an- 
cienne, plutôt  que  comme  le  commencement  d'une  ère  nouvelle.  En 
effet,  le  plus  grand  nombre  des  êtres  qui  vivaient  aux  époques  précé- 
dentes n'existe  plus,  mais  ceux  qui  restent  appartiennent  anx  mêmes 
genres  et  quelquefois  aux  uiOmes  espèces.  11  y  a  dégradation,  plutôt  que 
surexcitation  dans  les  forces  créatrices.  Le  trias,  au  contraire,  semble 
être  le  |X)int  de  départ  de  formes  ou  de  types  nouveaux  qui  se  déve- 
loppent de  plus  en  plus  pendant  l'époque  secondaire.  N'est-ce  pas, 
en  effet,  dans  le  trias  du  Wurtemberg  qu'on  a  trouvé  les  premières 
traces  de  mammifères?  Ne  rapporte-t-on  pas  généralement  à  celte 
époque  les  grès  du  Connecticut,  sur  lesquels  sont  gravées  les  traces  les 


(1)  Bull,   Soc.  gco/,,  vol.  I.  p.  480   (l^oie  sur  1rs  équivalents  du 
système  permien). 


NOTB    DB   M.    DE    VBRNEOIL.  605 

plus  anciennes  que  les  oiseaux  aient  laissées  sur  la  terre?  NVst-ce  pas 
dans  des  dépôts  contemporains,  qu'à  Saint-Gassian,  dans  le  Tyrol, 
apparaissent  pour  la  première  fois,  et  en  abondance,  les  véritables 
Ammonites  à  cloisons  persillées,  si  caractéristiques  des  terrains  secon- 
daires? Enfin,  si  l'on  en  croit  M.  Bosquet,  n'est-ce  pas  aussi  au 
trias  qu'il  faut  faire  remonter  l'origine  d'un  genre  de  brachiopodes 
qui  s'est  continué  jusqu'à  nos  jours,  le  genre  Thécidée  (4)? 

Après  la  publication  de  noire  mémoire  sur  le  système  permien  (2) 
et  celui  de  notre  ouvrage  sur  la  Russie  (3),  presque  tous  les 
géologues  adoptèrent  notre  opinion  sur  les  dépôts  compris  entre  le 
terrain  houiller  et  le  trias,  ainsi  que  la  dénomination  de  permiens, 
que  nous  avions  proposé  de  leur  appliquer.  Il  serait  trop  long  d'énu- 
mérer  tous  les  auteurs  qui  se  sont  servis  de  ce  terme,  mais  nous  en 
citerons  quelques-uns  pour  faire  voir  qu'il  est  généralement  admis 
dans  la  science,  et  que  ce  n'est  ni  sans  droit  ni  sans  raisons  que  nous 
protestons  contre  le  mot  nouveau  de  dijas,  par  lequel  M.  Marcou 
voudrait  le  remplacer. 

En  18/i9,  MM.  Geinitz  et  Gutbier  publient  une  excellente  mono- 
graphie de  ces  dépôts  sous  le  litre  de  :  Die  Vei^stfiinerungen  des 
Zechsteins  und  liothliegenden  oder  der  Permischen  Systems  in 
Sachsen,  La  mOme  année,  M.  W.  King  livre  au  public  un  ouvrage 
sur  le  même  terrain,  mais  étudié  en  Angleterre,  et  l'intitule  :  A 
Monograpinj  of  tlie  pekmian  fossils  in  England,  Ces  deux  ouvrages 
importants  complètent,  en  même  temps  qu'ils  confirment,  notre  tra- 
vail sur  la  Russie,  et  fixent  les  principes  de  la  classification. 

En  1852,  Aie.  d'Oriwgny,  dans  son  Cours  élémentaire  de  paiéon^ 
tologiey  désigne  son  quatrième  étage  sous  le  nom  de  permien,  en  lui 
donnant  le  même  sens  que  nous,  et  eu  déclarant  que  l'ensemble  des 
caractères  zooiogiques  annonce  d^s  relations  bien  plus  prononcées  avec 
l'étage  carbonifère  qu'avec  les  dépôts  triasiques. 

C'est  également  eu  1852  que  MM.  Milne  Edwards  et  J.  Haimc  pu- 
blient dans  les  volumes  de  la  Société  paléontographiquc  de  Londres 
la  description  des  coraux  de  cette  époque,  sous  le  nom  de  :  Corals 
from  the  Pekmian  formation. 

Quand,  en  1855,  MM.  Coquand  et  Marcel  de  Serres  distinguent 
les  schistes  de  Lodève  du  trias  et  du  terrain  carbonifère  dans  lesquels 
ou  les  avait  tour  à  tour  placés,  ils  emploient  le  mot  de  Permien  pour 

(4  )  Le  Thecidium productif orme^  Schauroth,  du  zechstein  [Dcutsch, 
geoi.  Geselisc/i.fYo\.\\^p.  547)  paraît  n'ôtre  qu'un  jeune  Spirijer  Util, 
(2)  Bttil.^  vol.  I,  p.  475. 
(3J  Russia  and  the  Ural  mountains  (1845). 


606  SÉANCE    DU    17    FÉTRIIR    486%. 

désigner  le  terrain  auquel  ils  appartiennent  véritableaieDt(l).  C'est 
encore  du  même  terme  ((ue  se  sert  M.  (locfuand,  lorsque*  poursuivant 
eu  France  Tétude  du  nicMue  terrain,  il  le  découvre  dans  le  départe- 
ment de  Saône-et-Loire  e(  dans  la  monlagne  de  II  Serre  (Jura]  (2). 

En  1857,  M.  Th.  Davidson,  l'habile  paléontologiste,  publie  une 
excellente  monograi>liie  sous  le  titre  de  Rritish  Perhiaii  brachiopoda 
et  démoutre  que  cinq  es|)occs  sont  identiques  ivec  des  espèces  car- 
boniR*res. 

La  même  année,  M.  R.  Ilowse,  un  de  ceux  qui  ont  le  mieux  étu- 
dié les  fossiles  du  magnesirm  limestone  du  nord  de  TAngletcrre,  inti- 
tule son  mémoire  :  ISotes  on  the  pkrmian  System  (S).  Dans  un  antre 
travail  :  Catal,  of  the  pirmian  fossils  of  North.  and  Durh,^  ce 
même  auteur  indique  le  Spirorbis  globosus  comme  commun  aux 
terrains  carbonifère  et  |)ertnien. 

Dans  leurs  ouvrages  classiques  de  paléontologie,  M.  Bronn  et 
I^L  Pictet  adoptent  le  mot  de  ponnien  et  le  sens  que  nous  lui  doononi. 
Kn  effet,  ce  dernier  donne  le  nom  d'Époque  permienne  à  sa  qua- 
trième époque,  en  Tnccompagnant  de  celle  note  : 

«  Dans  notre  premier  volume,  cette  époque  est  désignée  par  le  nom 
»  de pi'iukune  adopté  par  31  >l.  d*Omalius d'Halloy  et  BeudanL  L'usage 
»  .1  prévalu  d'employer  le  mot  Përmien,  pro|)osé  par  M.  >iurchison.  Il 
»  ajouti^  :  Celte  é))oque  a  été  associée  tantôt  ^  la  période  paléozoique, 
»  tantôt  [i  la  |)éri(Klc  secondaire.  Elle  a,  en  effet,  des  rapports  avec  Tune 
»  et  avec  Tinitre.  Dans  ces  dernières  années,  son  association  avec  la 
»  période  paléozoique  a  prévalu,  et  je  me  rniigc  d'autant  plus  volontiers 
»  à  cette  idée  qu'elle  est  confirmée  par  le  tableau  des  modifications  gé- 
»  nériques.  Le  |)assage  de  Tépocpie  rarbonifére  à  ré|K)que  permienne 
»  est  semblable  en  importance  aux  précédents;  le  ))assage  de  l'époque 
»  permienne  h  ré|)oque  triasiquo  présente  la  plus  forte  inodificadon 
»  connue  (û).  » 

M.  Bronn  eni|)loie  aussi  dans  la  troisième  édition  de  sa  iMkaa 
geofjnostiat  l'expression  de  gron/w  p1':hmien.  «  Sous  cette  dénomina- 
»  lion,  ajonte-t-il,  je  comprends  une  série  de  dé|)ôts  que  l'on  a  ralta- 
B  chés  assez  longtemps  au  trias  à  cause  de  leur  ressemblance  litholo- 
•  gique  avec  les  roches  de  cet  a!];e,  mais  que  Ton  considère  aujourd'hni 
»  comme  le  groupe  su|)érieur  du  terrain  paléozoique,  parce  qu'une 

(1)  Ihwcr.  (lu  tnr.  permit  n  dit  dvpait.  de  V Aveyron  et  de  eetm 
des  f/ivirofts  dr  Loavvr.  [Bidl,^  vol.  XII,  p.  4  28). 

(2)  /?!///.,  vol.  XIV,  p.  t3. 

(3)  Anmds  tind  Ma^.  of  mit,  liist,^  1  857. 

(il  Pictet,    Traité  de palëontolo^ir,  2«édit..  vol.  IV,  p.  605. 


NOTE   Dl    M.    DE    VBRNBUIL.  007 

9  élude  (le  leui-s  restes  organiques  a  prouvé  que  leurs  caractères  s'ac- 
9  cordeut  mieux  avec  ceux  de  la  faune  houillère  qu*avec  ceux  de  la 
»  faune  triasique.  » 

M.  Naiiinaun,  dans  son  excellent  Traité  de  géologie  [Lehrbuch 
der  Geognosié),  emploie  aussi  le  nom  de  Permien.  Ce  nom,  dit-il, 
proposé  par  Murchison,  a  été  admis  si  généralement  que  je  n'ai  aucun 
scrupule  à  Faccepter.  Quant  aux  rapports  de  ce  système,  voici  ce 
qu'il  dit  :  «  Après  le  terrain  houiller,  il  s'est  développé  çà  et  là  une 
»  formation  qui,  par  ses  restes  organisés,  doit  être  considérée  comme 
»  la  dernière  des  formations  primaires  ou  paléozoïquos.  » 

M.  Lyell,dans  son  livre  classique  :  Manual of  elementary  geology^ 
devenu  populaire  en  France  parla  traduction  qu'en  a  faite,  en  1856, 
M.  Hugard,  adopte  le  mot  de  Permien, 

Eiifm,  iM.  Vogt  s'en  sert  aussi  dans  son  Manuel  de  géologie  si  ré- 
pandu en  Allemagne  :  Grimdriss  der  Géologie, 

Nous  avons  vu  plus  haut  que  les  hardis  explorateurs  qui  ont  dé- 
couvert les  premiers  fossiles  de  cette  époque  dans  les  déserts  du  Kansas 
et  dcNebraska  en  Amérique,  MM.  >leek,  Hayden,  Swallowet  Hawn, 
ont  tous  employé  le  mot  de  Permien. 

C'est  aussi  celui  dont  se  sert  iM.  R.  Jones  en  décrivant  les  ento- 
mostracés  de  ce  même  terrain  dans  le  nord  de  l'Angleterre  (1). 

Je  terminerai  cette  revue  bibliographique  en  m'arrétanl  plus  long- 
temps sur  une  intéressante  notice  put)liée  par  M.  G.  W.  Kirkby  et 
intitulée  :  On  the  occurrence  of  Lingula  Cuedneiu  Gein,  in  the 
coal  measurcsof  Durhnin,  and  on  the  daims  of  the  Permian  aocKS 
to  be  entitled  a  SYSTEM.  S'écarlant  plus  encore  que  nous  des  idées 
anciennes  que  veut  ressusciter  M.  Marcoii  en  unissant  le  système 
permien  au  trias,  et  frappé  des  rapports  si  intimes  que  le  premier 
de  ces  terrains  présente  avec  celui  qui  lui  est  inférieur,  M.  Kirkby 
émet  des  doutes  sur  la  légitimité  de  ses  droits  à  être  érigé  en  système 
particulier,  et  se  demande  si,  tout  en  lui  conservant  son  nom  de  per- 
mien, on  ne  pourrait  pas  le  joindre  au  terrain  carbonifère  dont  il  ne 
serait  qu'une  dépendance. 

Après  avoir  rappelé  qu'en  Angleterre  MM.  Lonsdale,  K.  Jones, 
Howse,  King  et  Th.  Davidspn  ont  déjà  depuis  longtemps  signalé  des  es- 
pèces identiques  entre  les  systèmes  carbonifère  et  permien,  M.  Kirkby 
prouve  que  les  recherches  nouvelles  en  ont  accru  le  nombre.  H 
lait  remarquer  qu'en  Angleterre,  sur  cent  trente-six  espèces  qui  com- 
posent la  faune  du  magnesian  lirnestone,  quinze  lui  sont  communes 


(4)  R.  Jones,  O/i  Permian  entoniost.  {^Jrans,  Tynes,   nat,  field 
ciuh,  yo\.  IV). 


608  SfiANCE    DU    17    FfiVRIER    18A2. 

avoc  le  tciTiiin  carbonifère.  Cette  proportion  qui  n*ost  pas  moins  de 
11  pour  100,  indique  une  relation  plus  intime  que  celle  qui  existe 
entre  plusieurs  subdivisions  du  systènio  silurien.  En  effet,  le  rretiton 
limesione  du  bassin  paléozoîque  de  New- York  qui  renferme  deux 
cent  cinquante  espèces  n'en  a  que  six  qui  lui  soient  fournies  parles 
couches  sous-jaccntes.  Ilépondant  ensuite  au  mémoire  de  M.  Marcoa 
sur  l*union  du  dyas  et  du  trias,  il  fait  voir  le  danger  de  revenir  ï 
cette  vieille  doctrine  do  Tuniversaliti^  dos  caractères  minéralogiqoes 
de  certains  dépôts  |)endant  une  épo(|ue  donnée,  et  de  s'appuyer,  pour 
déterminer  Tàge  d'un  terrain, sur  des  ressemblances  et  des  dîIRrences 
lithologiques,  ou  sur  des  discordances  et  des  concordances  de  stratîG- 
calion,  phénomènes  qui  sont  tous  plus  ou  moins  locaux,  plutôt  que  sur 
la  succession  des  êtres  oi*ganisés.  Il  combat  alors  l'auteur  sur  le  terrain 
de  la  paléont()logi(\  «  Quoique  M.  Manon,  dit-il,  ait  cité  les  vertébrés 
»  et  les  crustacés  comme  venant  confirnier  ses  vues,  cependant,  qoand 
»  nous  nous  sou\enons  (jue  la  masse  des  vertébrés  offre  des  genres 
•>  aussi  émineinmetu  paléozoïques  que  les  PalœoniscuSy  lesAcroiepis^ 
»  les  Pi/f/opfcnts  et  les  ihjrnrnnthm^  et  qu'à  une  exception  près  les 
»  crustacés  appartiennent  ù  des  [genres  qui  existent  pendant  les  épo- 
»  ques  antéfnTmiennes,  il  est  difficile  de  voir  oti  se  trouve  cette  con- 
>  firmation.  On  |)eut,  au  ontraire,  affirtner  que  le  faciès  de  la  faune 
»  permienne  est  décidément  paléozoîque,  car,  outre  les  genres /^/Yx/f/r- 
»  /«/s,  Slrofilmlosin,  Aulosicges^  Stf^eptorynchus,  Athyris^  Cardio~ 
n  innrphn^  nellerophnn^  Comdorin  parmi  les  mollusques,  il  y  en  a 
»  dans  les  autres  classes,  tels  que  les  genres  Fenestella^  Synocladia^ 
»  Cyntliurrim/s,  A'irhùi/a^  Phillipain^  etc.,  dont  le  faciès  estégale- 
»  iMont  celui  d'une  faune  anticiue.  » 

De  ce  ({ui  pioc(\le,  nous  avons,  il  me  semble,  le  droit  de  conclure 
que  la  place  assignée  par  nous  au  système  permien,  dans  notre  ouvrage 
sur  la  Iliissie,  est  relie  qui  lui  convient  ;  que  tous  les  géologues  sont 
d'accord  sur  les  rap|x)rts  qur*  nous  lui  a\ons  reconnus  et  que  presque 
tous  ont  adopté  notre  nom,  sans  doute  i)arce  (]U*ii  s'appliquait  à  un 
objet  inii'ux  défini  palcontologiquement  qu'il  ne  l'avait  été  avant  nousL 
C'est  après  dix-huit  ans  qu'il  est  attaqué;  mais  si,  comme  nous  ve- 
nons de  le  prouver,  nos  idées  sur  les  afïinitrs  naturelles  du  système 
permien  avec  les  dépôts  qui  l'oru  précédé  et  suivi  sont  plus  exactes 
que  celles  de  M.  Marcou,  nous  pouvons  avec  toute  justice  demander 
qu'au  nom  nouveau,  pro}^>osé  par  lui,  on  préfère  le  nôtre  qui  a  pour 
ainsi  dire  la  consécration  du  temps  et  l'autorité  de  la  chose  jugée. 
Quelles  sont,  d'ailleurs,  les  objections  que  lui  fait  M.  Marcou?  Sui- 
vant lui,  dans  le  t\pe  permien  de  Russie,  nous  aurions  compris  tout 
le  trias.  Gomment  le  prouve-t-il  ?  Est-ce  que,  confondant,  par  suite  de 


NOTK    DE    U.    DB    YERNEUIL.  009 

mauvaises  observations,  le  trias  avec  le  terrain  permien,  nous  aurions 
présenté  à  nos  lecteurs  une  faune  et  une  flore  dans  lesquelles  les 
caractères  des  deux  formations  seraient  mélangés  7  S'il  en  était  ainsi, 
je  reconnais  que  le  type  proposé  par  nous  serait  mauvais,  et  que  le 
nom  de  permien  devrait  être  rejeté.  Mais,  sur  ce  point,  et  c'est  le 
principal,  nous  sommes  à  Fabri  de  toute  critique. 

Maintenant,  trouvera-t-on  ou  ne  trouvera-t-on  pas  en  Russie,  dans 
cette  région  plus  vaste  que  la  France  que  nous  avons  coloriée  comme 
permienne,  des  représentants  du  trias  autres  que  ceux  que  nous  avons 
signalés  au  mont  Bogdo  ?  Cela  est  possible,  mais  cela  ne  changera  rien 
au  type  permien.  [\J.  Marcou  prétend  que,  si  les  géologues  admettent  ce 
type  tel  que  nous  Tavons  défmi,  le  trias  disparaîtra  des  classifications  en 
Asie,  en  Amérique  et  en  Australie  I  Mais  ou  pourrait  lui  répondre  : 
ou  les  grès  dont  vous  parlez,  dans  ces  (rois  parties  du  monde,  ne  con- 
tiennent pas  de  fossiles,  et  alors  comment  aflirmez-vous  qu*ils  sont 
de  Tépoque  triasique  ?  ou  bien  ils  en  contiennent,  et  alors  ils  ne  ren- 
trent pas  dans  notre  type  permien  dont  nous  excluons  expressément 
toutes  les  couches  h  fossiles  triasiques. 

Lo  type  permien,  dans  la  pensée  de  ses  auteurs,  correspond  h  un 
certain  ensemble  de  couches  calcaires,  marneuses,  arénacées  ou  gyp- 
seuses,  avec  des  plantes  et  des  animaux  offrant,  en  Russie,  des  alter- 
nances qui  n'existent  pas  dans  le  type  plus  simple  de  TAlleaiagne  (1). 
Comme  il  s'étend  sur  des  espaces  bien  plus  considérables,  comme  ses 
couches  n'ont  pas  été  dérangées  de  leur  position  primitive,  il  nous 
a  paru  le  type  le  plus  normal  des  terrains  de  cette  époque. 

Nous  avons  indiqué  dans  notre  ouvrage  sur  la  Russie  qu'à  sa  par- 
tie supérieure  il  y  avait  encore  des  grès,  des  marnes  et  des  cal- 
caires sans  fossiles,  sur  lesquels  on  pouvait  entretenir  des  doutes. 
Nous  avons  réservé  l'avenir  en  coloriant  d'une  teinte  plus  faible 
certaines  parties  des  gouvernements  de  Vologda,  de  Kostroma  et 
de  Nijni  Novgorod  où  existent  principalement  ces  dépôts  supérieurs, 
et  en  faisant  sur  notre  tableau  général,  à  droite  de  la  carte,  une  petite 
place  au  trias.  Mais  nous  avons  cru  qu'en  l'absence  de  toutes  traces  de 
fossiles,  il  était  plus  rationnel  de  joindre  provisoirement  ces  couches 
au  système  permien  et  de  laisser  aux  explorateurs  futurs  l'honneur  de 


(1)  Nous  citerons  les  environs  deBielebei,  de  Nikcfur,  le  plateau  de 
Carlinsk,  à  l'O.  deSterlitamak,  où  les  calcaires  et  les  marnes  à  Pror/tto 
tus  Cancrini  paraissent  être  surmontés  par  des  grès  et  des  conglomé- 
rats cuprifères,  avec  des  plantes  permiennes  et  des  ossements  de  Theco* 
dontosaurus^  tandis  que,  sur  le  versant  de  TOural,  les  grès  cuprifères 
occupent  la  partie  inférieure  de  tout  le  système. 

Soc.  géol,^  2*  série,  tome  XIX.  39 


610  SfiAIfCB    DU    47    FÉfRIBB    1862. 

les  en  séparer,  s'ils  panenaient  à  y  décoiiTiir  les  preoves  qui  nous 
avaient  manqué  (l).  Â  nos  yeux,  d'ailleurs,  ce  n'eût  été  \ï  qn'aoc 
légère  modification  du  type  permien,  lequel  est  priDGipalenient carac- 
térisé par  ses  étages  fossilifères. 

Un  autre  motif  nous  inspirait  une  sage  réserve.  On  sait  qn'i  la 
suite  de  nos  explorations  nous  avions  été  conduits  à  reconnaître  que 
le  lias  manque  dans  toute  l'étendue  de  la  Russie.  Qa*y  aurait-il 
d'étonnant  que  le  trias  y  fît  également  défaut,  et  que  pendant  ces 
deux  époques  une  grande  partie  de  cet  empire  eût  été  pla€ée  au -dessus 
de  la  surface  des  eaux  de  la  mer?  I^  paléontologie  seule  noo^  éclaire 
au  milieu  de  ces  ténèbres,  et  si,  trop  servilement  attachés  soit  aux 
caractères  roinéralogiqucs,  soit  à  l'ordre  théorique  que  présentent  les 
tableaux  de  i'écorce  du  globe,  nous  avions  classé  comme  triasiques 
des  grès  et  marnes  sans  fossiles  qui  peuvent  n'être  que  la  partie  su- 
périeure du  système  permien,  je  dis  qu'outre  rextrfime  difficulté  de 
les  distinguer  sur  notre  carte,  nous  aurions  pu  être  taxé  de  témérité. 


(1]  Voici  les  expressions  dont  nous  nous  servions  à  ce  sujet  dans 
notre  ouvrage  sur  la  Russie,  vol.  I,  p.  482  :  «Quoique  ces  dépôts 
»  recouvrent  les  couches  contenant  des  fossiles  du  zechstein,  cependant 
»  comme,  dans  leur  position  et  leurs  caractères  minéralogiques.  ili 
»  ressemblent  à  d'autres  membres  du  groupe  permien  des  gouverne- 
»  menls  de  Perm,  Yiatka  et  Orembourg,  dans  lesquels  il  existe  de* 
»  plantes  permiennes  et  des  sauriens  Thécodontes,  nous  ne  pouvooii 
»  pas  ri^ourrusemtnt  les  exclure  de  co  système.  Nous  n^avons  pas  de 
»  preuves  que  les  masses  que  nous  venons  de  décrire  constituent  une 
>  partie  du  trias  de  l'Europe  et  puissent  être  mises  en  parallèle  avec 
•  le //ra*  rcd  sandstoNc  des  Iles  Britanniques,  mais,  sachant  quelle 
»  longue  période  s'est  écoulée  avant  que  des  fossiles  caractéristiqnet 
»  aient  été  découverts  dans  le  hunttr  s,iftdxU'iii  de  l'Alleinagne  (grèt 
»  bigarré  de  France),  nous  croyons  agir  suivant  Tesprit  de  véritables 
»  observateurs,  en  laissant  cette  masse  rouge  sous  le  nom  à^upj.tr  red 
»  sandstonc  (grès  rougo  supérieur),  la  considérant  ainsi  simplement 
»  comme  une  grande  et  ample  couverture  du  système  permien.  Si 
»  dans  la  suite  on  y  découvre  des  fossiles  qui  rattachent  une  partis 
»  de  ces  dépôts  soit  au  système  permien,  soit  au  trias,  en  nous  bornant 
s  aujourd'hui  à  constater  qu'ils  sont  supérieurs  au  zechstein  propre- 
1)  ment  dit,  nous  n'avons  rien  fait  qui  puisse  empêcher  de  les  placer 
»  dans  l'un  ou  Tautro  de  ces  doux  terrains.  »  Jusqu'à  présent  je  ne 
crois  pas  que  l'on  ait  encore  trouvé  dans  le  gouvernement  de  Perm 
des  fossiles  bien  caractéristiques  du  trias,  et  M.  R.  Ludwig  [Uebrr^ 
blick  dvr  geoL  lienbiicht,  in  HiLu/n/id,  4  860)  ne  cite,  dans  les  couches 
qui  nous  occupent  et  qu'il  rapporte  au  terrain  triasique,  qu'une  seule 
plante  semblable  à  un  VoUiia  qu'il  a  trouvée  à  l'embouchure  de  la 
Yiatka  dans  la  Kama. 


NOTE   DB    ■•    DB   TBRNEUIL.  6ll 

En  altaquant  te  mot  de  permien,  M.  Marcou  veut-il  au  moins  lui 
substituer  ceux  de  yj^'neew  ou  de  jfsamméryt/frique  que  je  m'abstiens 
de  critiquer,  mais  qui,  créés  par  1\IM.  d'Omalius  d'UaUoy  et  Huot, 
ont  évidemment  la  priorité  ?  Non,  les  anciens  noms  ne  lui  conviennent 
pas,  il  en  veut  un  nouveau  et  propose  celui  de  dyas.  Voyons  donc 
quels  avantages  ce  nom  a  sur  les  précédent^-. 

A  notre  avis,  non-seulement  il  n'en  présente  aucun,  mais  il  a  au 
contraire  deux  graves  défauts.  Le  premier  est  que  par  sa  ressemblance 
avec  le  terme  do  trias,  il  indique  à  lui  seul  l'union  intime  que  M.  Mar- 
cou croit  avoir  reconnue  entre  ces  deux  séries  de  strates.  Mais  si  c«tte 
union  n'existe  pas,  si,  au  contraire,  comme  nous  venons  de  le  démon- 
trer, le  système  permieji  a  plus  d'analogie  avec  le  système  carbonifère 
qu'avec  le  trias,  le  nom  trop  signilicatif  de  dyas  ne  peut  que  propager 
une  erreur.  Le  second  défaut  n'est  pas  moins  grave,  et  Ai.  Murchison 
le  signale  avec  raison.  La  notion  de  dualité  que  ce  terme  implique  est 
une  notion  étroite,  qui  ne  convient  qu'à  certains  pays,  et  qui  n'a  pas  la 
généralité  qu'exige  le  nom  d'une  des  divisions  importantes  de  l'écorce 
du  globe.  Est-il  philosophique,  en  effet,  de  supposer  que,  partout,  les 
dépôts  compris  entre  le  terrain  houiller  et  le  trias  se  divisent  en  deux 
étages?  N'est-  ce  pas  une  idée,  condamnée  par  les  progrès  de  la  science, 
que  celle  de  limiter  le  nombre  des  groupes  naturels  que  peut  exiger 
dans  l'avenir  la  connaissance  plus  parfaite  d'un  terrain  ?  N'avons- 
nous  pas  vu  et  ne  voyons-nous  pas  tous  les  jours  ce  nombre  varier 
à  mesure  que  la  distribution  des  fossiles  est  mieux  étudiée,  et  que  les 
terrains  eux-mêmes  sont  suivis  et  observés  dans  des  contrées  géo- 
graphiques nouvelles?  (iitons  comme  exemple'*le  terrain  crétacé.  Dans 
la  belle  carte  géologique  de  la  France,  il  n'est  divisé  qu'en  deux  étages  ; 
M,  d'Omalius  d'Halloy  le  divise  en  trois  groupes  et  M.  d'Archiac  en 
quatre;  Aie.  d'Orbigny  en  distingue  six  à  chacun  desquels  il  donne  un 
nom  ;  puis  enfin  M.  Cocjuand  en  établit  onze  dont  huit  reçoivent  des 
noms  nouveaux.  Ëli  bien  !  on  peut  affirmer  que  si  en  Saxe  le  terrain 
permien  se  divise  assez  naturellement  en  deux  étages,  cela  n'est 
qu^un  caractère  local.qui  ne  peut  servir  de  base  l\  l'établissement  d'un 
nom  juste  et  bien  approprié.  M.  Murchison,  dans  la  note  que  nous 
présentons,  cite  des  exemples  où  cette  division  n'est  pas  possible,  et 
rappelle  qu'en  Russie  la  série  dos  couches  est  trop  complexe  pour 
s'y  prêter  facilement.  En  Angleterre  même,  M .  King  divise  le  terrain 
permien  en  six  étages  distincts  (1).  Si,  comme  l'établit  M.  Élie  de 
Beaumont,  le  grès  des  Vosges  est  discordant  avec  le  grès  bigarré,  et 
s'il  doit  être  réuni  au  terrain  qui  nous  occupe,  comme  l'ont  fait 


(4)  Monogr,  oj pcrminn  fossiU^'mivod.  p,  4  7. 


612  SÉANCE    DU    17    FÉVRIER    1862. 

plusieurs  auteurs,  uc  forme-t-il  pas  un  troisième  étage  dîslinct  du 
zechstein  ? 

Le  nom  de  pcrmivn,  au  contraire,  emprunté,  comme  ceux  de  siin- 
rien,  de  dévonicn,  de  jurassique,  à  une  contrée  où  le  système  est  dé- 
veloppé sur  une  très  grande  échelle,  et  où  les  couches  qui  le  compo- 
sent ont  conservé  leur  ]>osition  normale,  présente  tous  les  avantages 
que  la  science  exige  et  qu'elle  ne  trouve  que  dans  les  noms  géogra- 
phiques. Il  est  d'ailleurs  assez  généralement  adopté  pour  qu*il  y  ait 
des  inconvénients  à  lui  substituer  un  nom  nouveau,  dont  le  double 
défaut,  ainsi  (jue  nous  venons  de  le  dire,  est  de  faire  croire  à  des 
rapports  phis  intimes  avec  le  trias  que  ceux  qui  existent  véritable- 
ment, et  d*(Mre  un  obstacle  aux  progrès  de  la  science  en  Gxaut  irrévo- 
cablement le  nombre  des  étages  du  terrain  qu*il  désigne. 

Je  ne  veux  pas  terminer  cette  note  sans  faire  ici  Taveu  que 
j'attache  moins  d'im|>ortance  que  ne  le  font  beaucoup  de  géologues  à 
ces  divisions  de  l'ècorce  du  globe,  qui  sont  peut-être  plus  dans  notn* 
esprit  que  dans  la  nature,  plus  conformes  à  l'état  actuel  de  la  science 
qu'h  son  complet  dévelnpjKMuenf. 

La  discordance  qui  règne  entre  ks  stratigraphes  et  les  iialéonto- 
logistes  sur  les  limites  de  ces  divisions  a  ébranlé  mes  croyances.  Les 
dislocations  du  sol,  sur  lesquelles  elles  avaient  d*abord  été  fondées, 
ont  beaucoup  perdu  de  leur  importance.  Le  nombre  de  ces  disloca- 
tions, qui  augmente  chaque  jour,  leur  enlève  ce  caractère  d'univer- 
salitc  qu'on  réclamait  pour  elles,  et  ou  peut  affirmer  aujourd'hui  qoe 
la  discordance  des  couches  n'est  pas  nécessairement  la  preuve  qu*une 
période  géoIogi([ue  Huit  et  qu'une  autre  commence  (1). 

D'un  autre  coté,  les  lacunes  signalées  dans  la  succession  des  fos- 
siles sont  dues  peut-être  h  des  interruptions  dans  la  continuité  des 
c^tuses  cinxfiuelles  ceux-ci  doivent  leur  conservation,  plutôt  qu*à  des 
interruption  j  dans  la  continuité  de  la  vie  sur  le  globe.  Elles  n'auraient 
donc  également  (pi'une  im[)orlance  locale.  Suivant  cette  manière  de 
voir,  les  espèces  n'auraient  pas  été  détruites  toutes  ensemble  pour 
être  créées  de  nf)uveau  apr^s  un  intervalle  où  la  mort  seule  aurait 
régné  sur  le  glohe.  Les  changements  seraient  dus  à  des  causes  lentes, 
à  des  modilications  et  à  des  créations  partielles,  en  rapport  avec  l'état 


(I)  Nous  ne  saurions  trop  engager  à  lire  les  excellentes  réflexions 
que  M.  d'ArcIiiac  a  publiées  sur  co  sujet  daos  les  observations  géné- 
rales qui  formonl  l'introduction  du  V^  volume  de  son  Hfst,  eirsprogrès 
(le  la  grotfi^h\  et  OÙ  il  démontre  que  les  hiatus  ou  lacunes,  que  l'on 
avait  cru  roconnattre,  disparaissent  à  mesure  que  les  études  paléonto- 
logiques  et  straligraphiques  deviennent  plus  complotes. 


LBTTRB    DK    H.    TÀLÀBARDON.  613 

de  la  terre,  des  eaux  et  de  l'atmosphère,  interrompues  sur  des  points 
de  notre  planète  par  des  accidents  locaux,  mais  permanentes  sur 
d*aulres  et  ne  formant  qu'une  série  continue,  une  chaîne  dont 
quelques  anneaux,  il  est  vrai,  sont  encore  à  retrouver. 

M.  J.  Delanoue  fait  hommage  ù  la  Société  d'un  opuscule  sur 
\' Ancienneté  de  [espèce  humaine.  Ce  n'est,  dit-il,  qu'un  résumé 
des  faits  relatifs  aux  vestiges  humains  récemment  découverts 
dans  les  terrains  quaternaires.  Il  a  pour  but  de  provoquer  un 
examen  désormais  plus  attentif  des  fossiles  de  cette  période, 
car  on  y  a  trop  longtemps  foulé  aux  pieds  les  vestiges  de  l'homme 
sans  les  voir  ou  sans  vouloir  les  reconnaître.  Ces  produits  de 
l'industrie  primitive  paraissent  se  distinguer  de  tous  les  autres 
plus  récents  par  cette  particularité,  qu'ils  ne  sont  jamais  en 
pierre  polie.  Ne  conviendrait-il  pas  dés  lors,  si  Ton  veut  con- 
server le  nom  d'âge  de  pierre  à  la  première  période  de  l'huma- 
nité, de  spécifier  que  c'est  Yâge  de  la  pierre  exclusivement 
ébauchée  ? 

M.  Albert  Gaudry  lit  l'extrait  suivant  d'une  lettre  qui  lui  a 
été  adressée  par  M.  Talabardon,  professeur  au  collège  de  Redon  : 

Redon,  7  février  1862. 

Il   y  a  quelques  jours,  le  Journal  de  Rennes  annonçait  qu'uu 
nommé  Carlu  (de  Redon),  qui  est  établi  ici  après  avoir  rapporte  de 
Californie  une  somme  de  vin{>t  mille  francs,  avait  découvert  un 
gisement  d'or  à  Saint- Ferreux  et  que  chaque  jour  il  pouvait  en 
recueillir  pour  quatre-vingts  francs,  etc.  Voici  ce  que  nous  lisons 
aujourd'hui  dans  le  Journal  de  Redon  :  «Il  n'est  bruit  autour  de 
nous  depuis  huit  jours  que  de  l'or  trouvé  par  un  habitant  de  Redon 
dans  un  terrain  sablonneux  des  environs  de  Saint-Perreux .  Après 
Texamen  d'un  échautillon  de  ce  sable  envoyé  à  Rennes  par  les 
soins  de  Tadministration,  M.  Tin^jénieurdes  mines  du  départe- 
ment est  venu  à  Redon  ces  jours  derniers  pour  juger  par  lui-même 
et  sur  les  lieux  de  l'importance  de  la  découverte  du  sieur  C... 
qui,  depuis,  a  fait  une  demande  en  règle  pour  obtenir  la  conces- 
sion <lu  terrain  et  l'autorisation  de   faire  des   fouilles  dans   la 
contrée.  Le  sable  trouvé  a  une  certaine  valeur  en  or,  mais  rien, 
jusqu'ici  du  moins,  ne  prouve  encore  que  la  couche  de  sable  auri- 
fère ait  plus  de  1  kilomètre,  ni  qu'elle  soit  d'une  assez  grande 


61 A  sÉAivcB  nu  17  pétiib»  1862. 

profondeur  et  d'une  richesse  considérable  aÎDsî  que  la  noaTelk 
en  a  été  répandue.  » 

M.  Auguste  Dollfus  fait  la  communication  suivante  : 

Sur  une  nouvelle  Trigonie  de  V étage  kimmèridgien  du  Havre; 

par  M.  Auguste  Dollfus  (pi.  XV). 

Ayant  eu  l'occasion  de  faire  quelques  recherclies  dans  les  con- 
ches  do  marnes  bleu:Un'S  qui  constituent  Tétage  kiiiiméridgieu  au 
Havre,  j*y  ;»i  rciicoiilré  unoTrij^oiiii'  qui  m'a  semblé  devoir  se  rap- 
porter à  une  espèce  nouvelle.  En  L'fTet,  plusieurs  visites  dans  les 
collections  pnl)liques,  de  nom birnscs  recherches  dans  les  diffè- 
re nts  ou  v  :;){>,  i^s  où  il  osltinité  «irs  Tiij^onies,  notamment  lamono- 
grapliic  do  M.  Ap,assi7..  IVtude  île  iU.  Gonlejeaii  sur  le  terrain 
kininuM'idj;ion,  l'ouvrât;*'  de  Soweihy,  les  catalogues  de  Itronn  ot 
d'Oppi'l,  etc..  m'ont  donné  la  leitilude  que  cette  espèce  u'était 
pas  encore  connue. 

.l'en  privsonte  doni*  une  diS'M'iption  et  une  figure  (pi,  XV)  à  la 
Société  qui  juî;era  s'il  eonvieni  de  lui  donner  un  nom  nouveau, 
.le  propose  relui  de  «  Tii^tinui  Bnytvi  m,  comme  homma^ie  nu 
professeur  distingué  qui  m'a  fait  faire  les  premiers  pas  dam  la 
science  de  la  paléontologie. 

.l'ajouterai  qu'à  ma  connaissance  il  n'existe  que  quatre  exem- 
plaires de  ce  fos  ile  remarquable,  ]m)venant  tous  les  quatre  du 
kiminénd;pen  du  Havre,  savoir  : 

Un  éeliantillon  à  deux  valves  bien  conservé,  appartenant  à  Ta 
collretioii  de  l'Ecole  des  mines;  c'est  celui  qui  est  fi^juré  dans  la 
])lancl)e  ci-jointe  (pi.  XV); 

Un  autre  semblable  appartenant  à  la  collection  de  M,  Micbaud, 
ancien  professeur  au  Havre  ; 

\)tt\\\  valves  j^auclies  séparées  appartenant  à  ma  collection. 

Dcsciiptinn  <lr  l'rsjtvcr. 

Autant  qu'on  peut  en  jujjcr  par  le  peu  d'échantillons  que  j'ai 
entre  les  mains,  l'espèce  est  de  petite  taille.  Trois  spécimens  qnc 
j'ai  mesurés  seudjlent  arrivés  ù  leur  complet  développement  et 
présentent  exactement  les  mêmes  dimensions,  savoir  :  5  centi- 
mètres dans  11  plus  {grande  lon(>ueiir  et  h  centimètres  dans  la  plus 
j>rande  larjjenr.  L^  lest  est  épais  comme  chez  tontes  les  autres 
espèctfs  du  ;;enrc  Tri^oniu.  La  forme  est  remarquablement  trian- 


NOTB    DE    M.    ÉBRAT.  616 

gulaire,  ud  peu  comprimée  en  arrière,  renflée  et  fortement  tron* 
quée  en  avant. 

Les  crochets,  mëdiocrement  développes,  semblent  un  peu  recour- 
bés d'avant  en  arrière. 

Lfs  flancs  sont  munis  de  côtes  composées  de  petites  varioeSi 
remarquablement  régulières  et  égales  entre  elles.  Toutes  ces  côtes 
sont  bien  développées  et  atteignent  constamment  jusqu'au  bord 
inférieur;  celles  qui  appartiennent  à  la  partie  postérieure  sont 
convexes  en  arrière,  et  celles  qui  garnissent  la  partie  antérieure 
sont  convexes  en  avant;  le  passage  se  fait  à  la  côte  la  plus  longue, 
qui  réunit  les  deux  convexités  en  présentant  à  peu  près  l'aspect 
d'une  S  allongée.  La  face  antérieure,  légèrement  arrondie,  se  dis- 
tingue nettement  par  une  ligne  de  gros  tubercules  coupant  obli- 
quement les  côtes  de  la  partie  postérieure  ;  chacun  de  ces  tuber* 
cules  donne  naissance  à  une  côte  transversale  formée  par  la  fusion 
de  quelques  varices  qui  diminuent  régulièrement  jusqu'à  leur 
complète  disparition. 

Un  sillon  assez  profond,  auquel  viennent  aboutir  les  côtes,  sépare 
le  corselet  du  flanc  de  la  coquille.  La  carène  marginale  borde  la 
corselet  dans  toute  sa  longueur;  la  carène  interne  est  aussi  nette- 
ment marquée.  Toutes  deux  sont  formées  de  petits  tubercules; 
leur  intervalle  est  finement,  mais  très  nettement  strié  par  de 
petites  lignes  droites  et  parallèles.  L'espace  compris  entre  les 
carènes  internes  des  deux  valves  présente  une  forte  dépression. 

Les  lignes  d'accroissement  ne  sont  pas  fortement  marquées. 

Ces  caractères  sont  en  général  assez  nets  pour  distinguer  faci- 
lement cette  rare  Trigonic  des  autres  individus  du  même  genre 
que  Ton  rencontre  dans  les  couches  kimméridgiennes. 

Le  secrétaire  donne  lecture  de  la  note  suivante  de 
M.  Ebray: 

Note  sur  le  terrain  houiller  des  environs  de  Decize  (Nièvre)  •, 

par  M.  Th.  Ébray. 

Nous  diviserons  cette  note  en  trois  paragraphes;  le  premier 
traitera  des  causes  qui  ont  fait  apparaître  le  terrain  houiller  au 
milieu  d'affleurements  jurassiques  ;  le  deuxième  donnera  quelques 
détails  sur  la  constitution  du  terrain  houiller  des  environs  de 
Decize  ;  dans  le  troisième,  nous  examinerons  la  puissance  et  les 
allures  des  terrains  de  recouvrement,  et  nous  appliquerons  les 
principes  qui  résultent  de  l'étude  géologique  aux  résultats  obtenus 


616 


SÉANCE   DU    17    FÉVRIER    1862. 


dans  le  sondage  de  Vanzë,  entrepris  par  la  Société  de  recherches 
du  Nivernais. 

§  1.  De  la  cause  de  fojfleuremetu  du  terrain  houiller  tic  Deàu. 
—  Le  d<^partenient  de  la  Nièvre  est  sillonné  par  une  série  de  failles 
ou  ruptures  qui  se  dirigent  vers  le  N.-N.*£.  en  falsaDt  affleurera 
nn  même  niveau  des  roches  qui,  dans  Tordre  naturel,  devraient 
se  rencontrer  à  de  grandes  distances  les  unes  des  autres. 

Une  de  ces  ruptures  prend  naissance  dans  le  département  de 
TYonne,  aux  environs  d*Andryes,  où  elle  met  en  contact,  et  au 
inènie  niveau,  le  coral-rag  inférieur  avec  le  calcaire  blanc  jauniire 
de  la  grande  oolitlie;  à  Uisy,  la  faille  a  eu  pour  action  de  faire 
buter  IccoraUrag  contre  le  lias  supérieur;  àGuncy-lcs-Varzy,  c*est 
le  calcaire  à  Grypliées  arquées  qui  se  trouve  en  contact  avec 
l'oolithe  moyenne;  à  Brinon,  on  remarque  la  juxtaposition  anor- 
male du  calcaire  infra-liasique  et  du  calcaire  à  Entroques. 

Dans  tout  Tespace  situé  entre  Andrycs  et  Brinon  la  rupture  est 
unique  el  parfaitement  rectiligne;  mais,  à  partir  de  Brinon  et  de 
Clievannes-Cliaugy,  elle  se  divise  en  deux  ramifications  qui  se 
dirigent  à  Test  et  à  l'ouest  du  petit  massif  de  Saint-Saulge  ;  cette 
disposition  singulière  est  donnée  par  le  diagramme  suivant  : 


u 

a 

m 
u 

kl 

i 


"3 


1  —  Calcaires  à  Enlroques. 
9  —  Marnes  supra -liusiques. 
%  —  Muroi's  à  Bclcmuites. 

4  —  Culciiires  ■  Gryiihëos  urqu^s* 

5  —  Infru  lias. 

6  —  Muritet  irîsd«!5. 

7  —  Granités  et  [lorphyres. 


Les  deux  ramifications  se  (liri[;cnt  ensuite  à  Test  et  à  Touest  du 
bassin  houiller  de  Decize  et  le  diagramme  suivant  donne  la  dispo- 
sition suivant  une  ligne  qui  relie  la  ferme  de  Travant  à  celle  de 
Cliouix. 


KOTI    Dl    M.    fiBIAT. 


Cette  disposition  prouve  (jue  l'appai-itioa  du  terrain  houiller 
est  due  à  la  même  cause  que  celle  du  matsif  poiphyiique  de 
Saint-Saulgei  ces  deux  massifs  de  tciraiiis  anciens,  situés  à  un 
niveau  topogiapbique  supérieur  à  celui  des  roches  plus  modernes 
qui  leur  sont  voisiucs,  sont  d'ailleurs  alignas  sur  une  même  ligue 
S. -H.  qui  coïncide  avec  la  diiection  de  la  faille  (1)  dont  nous 
venons  de  faire  connaître  les  priucipajes  actions. 

S  2.  Coiistiltttioit  du  terrain  houiller  de  Drcize.  —  Le  len'aîn 
liouillei'de  Dccize  aune  puissance  inconnue;  limités  d'une  part 
par  le  massif  granitique  de  Nenville,  par  celui  de  Saint-Saulge  et 
par  celui  du  Morvan,  les  bancs  de  cette  formation  viennent  mourir 
■ur  tes  lianes  de  ces  montagnes;  les  terrains  de  recouvrement  et 
les  Ùilles  eaipcclient  de  dëtcrmiiier  cette  puissance  par  la  longueur 
des  affleurements  et  par  les  inclinaisons;  les  puits  d'extraction 
KuU  pourront  fournir  des  données,  et  l'on  sait  que  les  travaux  de 
la  concession  de  la  Machine  n'ont  nulle  part  atteint  les  couches 
■ut  lesquelles  le  terrain  houiller  repose  ;  on  est  autorisé  A  supposer 
que  cette  puissance  est  au  moins  de  800  mètres. 

La  coupe  du  terrain  houiller  de  la  Machine,  qui  ressort  des 
Uavatu  de  mines,  est  la  suivante  t 


(t  )  L'ige  du  résMU  des  failles  da  UorvaD  date  de  la  fin  de  la  pirioda 
cr6(acéa> 


618  SÊAIVCB    DU   17    PtTIlIR    1802. 

lUtrcf. 

Argile  schisleuse,  tendre 46,80 

Argile  schisteuse,  dure,  ferrugineuse 0,33 

Argile  schisteuse,  tendre 0,44 

Argile  schisteuse,  dure,   ferrugineuse 0,14 

Argile  schisteuse,  noire,  avec  écailles  de  poissons.  .  .   .  2,68 

Argile  schisteuse,  dure 0,67 

Argile  schisteuse,  tendre 0,23 

Grès  houiller 2,83 

Argile  schisteuse 0,25 

Grès  schisteux 0,33 

Argile  schisteuse 2,00 

Grès 0,80 

Argile  schisteuse,  avec  empreintes 0,60 

Houille    schisteuse 0,4  0 

Grès  schisteux 0,45 

Grès  compacte,  très  dur,  à  gros  grains 0,30 

Grès  peu  dur,  gris  brun,  à  gros  grains 2,20 

Grès  gris  clair,  à  gros  grains 4,50 

Argile   schisteuse 2,20 

Grès  assez  dur,  à  grains  fins,  gris  clair 0,50 

Argile  schisteuse 0,60 

Grès  compacte,  à  gros  grains,  gris  clair 0,20 

Argile  schisteuse ,  0,30 

Grès  assez  dur,  gris  clair 0,20 

Argile  schisteuse 2,60 

Grès  schisteux,  assez  tendre,  gris  cendré 4,00 

Grès 0,60 

Argile  schisteuse 8,00 

Grès  houiller,  d'un  gris  clair 2,00 

Grès  assez  dur 0,50 

Argile  schisteuse,  d'un  gris  noir,  en  rognons 2,40 

Grès  à  gros  grains 0,20 

Argile  schisteuse,  avec  empreintes 0,60 

Grès  schisteux  d'un  gris  foncé 0,70 

Grès  schisteux,  assez   tendre 1,60 

Grès  un  peu  dur,  d'un  gris  clsir 1,60 

Argile  schisteuse 2,00 

Grès  d'un  gris  clair 8,50 

Argile  schisteuse,  d'un  gris  cendré 40,30 

Argile  schisteuse,  avec  empreintes  de  gris  brun 4,30 

Argile  schisteuse,  en  rognons 0,60 

Grès  et  schistes,  sur  la  nature  desquels  les  renseigne- 
ments manquent  totalement  et  qui  occupent  une  épai»* 

seur  de 80^00 

Couehe  de  houille,  appelée  première  Blard;  cette  couche 

ne  contient  aucun  lit  de  schiste 4,80 

A  reporter.  •  •  90|6t 


NOTB   M    M.    <ftRÀT.  019 

Mètres. 

Report.   .   .  90,62 

Grès  schisteux 0,80 

Argile  schisteuse,  imprégnée  de  fer,  avec  empreintes.   .  0,70 

Argile  schisteuse,  tendre 0,4  5 

Grès  à  grains  fins,  avec  empreintes 8,30 

Houille  schisteuse 0,4  5 

Argile  schisteuse,  d'un  gris  noir 4,4  0 

Grès  schisteux,  avec  empreintes 7,4  0 

Argile  schisteuse,  avec  empreintes 4,80 

Grès  à  grains  fins 4,70 

Argile  schisteuse,  d'un  gris  cendré 4,50 

Argile  schisteuse,    d'un  gris  clair 0,35 

oc  j     u      11   f  Houille 0,65 

2®  coupe  de  houillei  ...       ...  ^'    , 

anoelée  2-  ^/^;.,/     Argile  schisteuse 0,4  4 

appelée  2    ^^""^'^{^omW^ 4,00 

Houille  schisteuse,   mauvaise 4,4  0 

Argile  schisfeuse,    blanche 4,00 

Argile  schisteuse,  noire,  imprégnée  de  fer 0.20 

Grès  d'un  gris  noir,  dur 0,24 

Grès  d*un  gris  brun,  tendre 0,45 

Grès  d'un  gris  cendré 0,20 

Grès  à  grains  fins,  d'un  gris  cendré 0,20 

Grès  schisteux,  noirâtre 0,45 

Grès  à  grains  fins,  blanchâtre 0,40 

Argile    schisteuse,    friable. 0,25 

Grès  dun  gris  cendré 0,90 

Argile   schisteuse 0,40 

Grès  dur,  à  gros  grains,  gris  noirâtre 0  23 

Grès  dur,  à  grains  fins 0,4  6 

Grès  à  gros  grains,  gris  blanchâtre 0,30 

Argile  schisteuse,  friable •  0,05 

Grès  dur,  à  grains  fins,  gris  cendré 0,50 

Argile  schisteuse,  friable 0,55 

Argile  schisteuse,   assez  dure 4,20 

Grès  à  grains  fins 0,80 

Argile  schisteuse,  friable 0,60 

Grès  schisteux,  tendre,  à  grains  fins 4 ,60 

Grès  compacte,  gris  brun 0,60 

Grès  schisteux 0,65 

Grès  assez  dur,  gris  brun 0,50 

Grès  schisteux  avec  empreintes 0,25 

Grès  dur,  gris  blanc >,»» 

Argile  schisteuse 0,65 

Grès  dur,  gris  blanc 0,65 

Grès  schisteux 0,60 

Grès  dur,  gris  clair 4,90 


A  reporter,  .   .  4  33,98 


(520  SÉÀNCK    DU    17    FÉYRIBB    18Ô2. 

Mclrci. 

Report,    .    .  433,98 

Grès   schisteux 0,70 

Grès  à  gros  grains,  gris  clair 0.55 

Grès  assez  dur 0,80 

Grès  schisteux 3,40 

Grès  gris  clair • 0.50 

Grès  schisteux 0,60 

Grès  dur,  à  grains  assez  fins,  gris  clair 0,20 

Grès  schisteux,  noirfttre 3,00 

Grès  assez  dur,  gris  cendré,  à  grains  fins 0,35 

Grès  schisteux,  brun 0,60 

Argile  schisteuse,  noire 1,60 

Grès  d'un  gris  clair,  à  grains  assez  fins 0,80 

Argile  schisteuse,  noire 0,20 

Grès  d'un  gris  clair ....  OJO 

Argile  schisteuse,  noire,  tendre 0,15 

Grès  schisteux,  gris  clair 0,15 

Argile  schisteuse 0,25 

Grès  jaunâtre 0,50 

Argile  schisteuse,  noire 2,40 

Grès    schisteux,   noirâtre 4,00 

Argile  schisteuse,  avec  houille 0,06 

Grès  dur,  gris  clair 4,40 

Argile  schisteuse 0,40 

Grès  schisteux,  noirâtre 4,00 

Grès  dur,  gris  clair,  à  grains  fins 3,00 

Grès  dur,  à  grains  6ns 5,20 

Argile  schisteuse 0,50 

Grès  à  grains  fins 16,30 

Grès  schisteux,  noirâtre 0,90 

Grès  à  grains  fins,  gris  clair 2,70 

Argile  schisteuse,  noirâtre 4,70 

Argile  schisteuse,  noire,  avec  houille 2,50 

Couche  de  houille,  dite  du  Crot  Bcmnt 2,00 

Argile  schisteuse 0,40 

Couche  de  houille 0,30 

Argile  schisteuse  formant  le  mur  de  la  couche »,■» 

Total  du  terrain  houiller  exploré.   .  .   .   4  93,79 

§  3.  Des  terrains  de  recouvrement,  —  Nous  croyons  que  dam 
rétude  des  terrains  de  recouvrement  on  ne  doit  tenir  compte  que 
des  grès  rouges,  des  grès  bigarrés,  des  marnes  irisées  et  des  étages 
inférieurs  du  lias;  nous  ne  nous  occuperons  pas  des  étages  supé- 
rieurs au  lias,  car  nous  supposons  qu'on  ne  sera  jamais  tenté  de 
faire  des  rcclierches  de  liouille  dans  les  terrains  ootitiiiques. 

Des  grès  rouges,  —  En  faisant  abstraction  de  la  couleur  rouge, 


NOTE    DE    H.    ÉBRàY.  621 

les  grès  roii(];es  ressemblent  beaucoup  aux  grès  houillers,  mais  on 
n'y  rencontre  pas  de  schistes  cl  la  houille  fait  défaut. 

La  puissance  des  grès  rouges  est  fort  variable;  ils  reposent  à 
Decize  sur  le  terrain  houiller  en  concordance  de  stratification. 

Le  sondage  de  Rozières  a  donné  pour  ces  grès  une  épaisseur 
del21",/i0. 

Le  redressement  du  terrain  houiller  vers  Test  a  pour  consé' 
quence  la  disposition,  ou  au  moins  la  réduction  considérable  des 
grès  rouges  dans  cette  direction  ;  en  effet,  si  ceux-ci  accompagnent 
le  terrain  houiller  en  stratification  faiblement  discordante,  on  ne 
doit  pas  les  retrouver  U  où  Ton  ne  rencontre  que  la  partie  moyenne 
et  la  partie  inférieure  du  terrain  houiller.  C'est  pour  ce  motif  que 
les  affleurements  situés  à  Test  de  la  Machine  n'annoncent  pas  de 
gi'ès  rouges,  car  ceux-ci  ne  se  rencontrent  que  dans  le  sens  de 
Tinclinaison  des  couches,  c'est-à-dire  vers  le  nord,  le  sud  et 
l'ouest. 

Des  grés  bigarrés,  —  Les  grès  bigarrés  ne  se  distinguent  pas 
facilement  des  grès  rouges;  en  général  ils  contiennent  plus  de 
couches  argileuses  subordonnées,  et  ils  ne  représentent  pas  cette 
couleur  lie  de  vin  que  l'on  remarque  dans  les  grès  rouges;  la 
formation  des  grès  bigarrés  est  indépendante  de  celle  des  grès 
rouges,  car  elle  recouvre  ceux-ci  et  le  terrain  houiller  en  discor- 
dance de  stratification. 

Le  sondage  de  Rozières  a  donné  pour  ces  grès  une  épaisseur 
d«  64", 20. 

C'est  aux  environs  de  Decize  que  les  grès  bigarrés  acquièrent 
leur  plus  grand  développement  ;  ils  diminuent  de  puissance  vers 
l'est,  d'abord  rapidement  entre  Decize  et  Rouy,  ensuite  lentement, 
entre  celle  dernière  localité  et  le  IMorvan,  où  ils  ne  sont  plus  repré- 
sentés que  par  une  faible  épaisseur  d'arkoses. 

Des  marnes  irisées.  —  Les  marnes  irisées  forment  l'étage  le  plus 
constant  entre  les  terrains  jurassiques  et  le  terrain  houiller  ou  le 
granité  ;  elles  sont  très  variables  de  puissance,  et  elles  se  composent 
vers  le  haut  d'argiles  rouges  ou  vertes  avec  gypse,  et  vers  le  bas 
d'arkoses  et  de  grès. 

On  peut  aux  environs  de  la  tuilerie  de  Chassy  relever  des  coupes 
qui  donnent  une  idée  fort  exacte  de  cette  formation.  Elle  y  repose 
sur  un  banc  de  30  à  60  centimètres  de  calcaire  magnésien  qui 
occuperait  la  place  du  muschelkalk,  si  celui-ci  pouvait  encore 
exister  dans  le  département. 

L'absence  de  fossiles  et  la  présence  de  calcaires  magnésiens  à  la 


622  SÉANCE    DU    3    MARS    1862. 

base  des  marnes  irisées  de  certaines  localités  rendent  raasimilatioo 
de  ce  banc  au  niuschclkatk  fuit  problématique. 

L'épaisseur  maximum  dos  marnes  irisées  se  rencontre  aussi  aui 
environs  de  Decize,  qui  peut  être  re(;ardé  comme  le  centre  du 
bassin  triasique  du  dépaitcmcnt  ;  à  partir  de  cette  ville  cette  for- 
mation diminue  fort  rapidement  vci-s  l'est;  de  telle  sorte  qu'à 
Rony  elle  se  trouve  déjà  réduite  à  80  mètres;  aux  environs  du 
Morvan  les  marnes  irisées  ne  sont  plus  représentées  que  par 
quelques  mètres  d'argile  rougo  avec  aikoses à  la  base. 

Application  des  priticipes  précédents  au  sondage  de  J'anzé,  — 
Appelé  à  fixer  la  position  la  plus  avantageuse  à  donner  à  ud 
sondage  destiné  à  rechercher  le  prolongement  des  couches  de  la 
concession  de  la  Machine,  j'ai  indiqué  les  environs  de  Vanzë 
comme  présentant  beaucoup  de  chances  de  rencontrer  le  terrain 
houiller  à  une  faible  profondeur. 

Les  considérations  précédentes  m'ont  permis,  en  effet,  d'arriver 
à  cette  conclusion. 

Aujourd'hui  que  le  sondage  de  Yanzé,  exécuté  par  la  Société 
des  rechei'ches  du  Nivernais,  a  rencontré  le  terrain  houiller,  nous 
pouvons  donner  les  couches  qu'il  a  traversées  et  qui  sont  les 
suivantes  : 

Terre  végétale 7", 00 

Lias  et  infra-lias 46", 00 

Marnes    irisées 43*°, 00 

Grès  bigarrés  el  grès  rouges 20*", 00 

Total.   .  .  .  H  6",  00 

Reste  à  savoir  quelles  sont  les  couches  que  la  sonde  traversera; 
comme  nous  l'avons  dit,  on  ne  peut  fiure  que  des  suppositions 
étnyéos  sur  des  bases  peu  solides;  si  la  sonde  devait  n'atteindre 
que  les  terrains  anciens,  les  poudingiics  et  le  calcaire  carbonilère 
de  la  base,  on  se  reporterait  de  2000  mètres  au  sud  sur  lepeiulage 
des  couches  et  l'on  serait  à  |K'u  près  certain  de  rencontrer  une 
grande  épaisseur  de  terrain  houiller. 

Séance  du  3  mars  186'2. 

PRfiSlDEIfCB   DB   M.    DBLKBSI. 

M.  Danglure,  secrétaire,  donne  lecture  du  proo(^s- verbal  de 
la  dernière  séance  dont  la  rédaction  est  adoptée. 


D01V8    PÀITS   A    LÀ    gOClÊTÊ.  62S 

Par  suile  des  présentations  foite»  dans  la  dernière  séance , 
le  Président  proclame  membres  de  la  Société  : 

MM. 

GosTK,  interne  à  Thôpital  de»  la  Charité,  rue  Jacob,  à  Paris, 
présenté  par  MM.  Delesse  et  de  Verneuil; 

KoPKB  DE  FoNSECA,  à  Porto  (Portugai),  présenté  par  MM.  de 
Sénarmont  et  Daubrée  ^ 

Rames,  grande  allée,  chemin  de  Mont-Plaisir,  à  Toulouse, 
présenté  par  MM.  Noulet  et  Lartet. 

Le  Président  annonce  ensuite  deux  présentations. 

DONS   FAITS    A    LA    SOCIÉTÉ. 

La  Société  reçoit  : 

De  la  part  de  M.  de  Gessac,  Esquisse  d^une  carte  géologique 
du  département  de  la  Creuse,  échelle  de  ye^ôÔô*  ^  feuille 
colombier,  1860. 

De  la  part  de  M.  Th.  Davidson  : 

1°  A  monography  of  british  carhonijerous  brachiopoda; 
part  V,  portion  IV,  in-â,  210  p.,  pL  XXVII  à  XL VII, 
Londres,  1861. 

2°   On  récent  Terebratulœ^  in -8,  1Ô  p.,  july  1861. 

3°  On  some  carboni ferons  brachiopoda  collecied  in  India 
by  A.  Fleming  and  W.  Purdon  (exlr.  des  Proc,  of  the  geoL 
Soc.  of  London,  20  nov.  1861).  in-8,  pp.  25-36,  2  pi. 

De  la  part  de  M.  Terquem,  Recherches  sur  les  Foraminiferes 
de  r étage  moyen  et  de  l* étage  inférieur  du  lias  (extr.  des  Mém. 
de  rJc.  I.  de  Metz,  année  1860-1861),   in-8,  pp.  Aiô-AOÔ, 

2  pi. 

De  la  part  de  M.  Aug.  Rémond,  Report  ofan  exploration 
and  swvey  ofthe  coal  mines ^  mount  Diablo  district.  Contra- 
Costa  county^  în-8,  2A  p.,  1  pi.,  San  Francisco,  septembre 
1861^  chez  L.  Albin. 

Comptes  rendus  heid,  des  séances  de  l*Acad,  des  sciences  y 
1862,  1"  sem.,  t.  LIV,  n"  6  et  7. 

Bulletin  de  la  Société  de  géographie,  b*  série,  t.  III,  n**  13, 
janvier  1862. 


r)2à  8ÊANCB    PU    3    MAIS    1862. 

Bulletin  de  la  Socictê  botanique  de  Fmnce,  t.  VIII,  18Ô1, 

n"  8,  novembre. 

L'Institut,  n°'  1468  et  14695  1862. 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  Imp.  et  centrale  d^ agricul- 
ture, 2*  sôr.,  l.  XVII,  n"«  1  el  2,  novembre  et  décembre  1861. 

Mémoires  de  la  Société  (V agriculture,  etc.,  du  dépariemeni 
de  l'Aube,  t.  XII,  2*  sér.,  n^'  59  et  60.,  2-  sem.  de  1861, 

Bulletin  de  la  Soc.  des  se.  hist.  et  naturelles  de  rYonne^ 
XV  vol.,  année  1861,  3-  trim. 

IVie  Mhenœunfy  n"  1791  €11792^  1862. 

iVeues  Jahrhuch  Jur  Minéralogie^  etc,^  de  MM.  Lconhard  et 
Bronn,  1861,  7'  cahier. 

Hciûsta  minera,  l.  XIII,  n'  279,  15  février  1862. 

M.  Tabbé  Bourgeois  dépose  au  nom  de  M.  Auguste  Rëmond, 
le  rapport  imprimé  d'une  exploration  des  mines  de  charbon  du 
district  du  mont  du  Diable,  comté  de  Gontra-Gosta  (voir  la  liste 
des  dons). 

M.  le  Président  annonce  ù  la  Société  la  mort  de  M.  Ëlallon, 
professeur  d'histoire  nulurelle  au  collège  de  Gray  (Hanle- 
Sa6ne). 

M.  Desbayes  présente,  de  la  part  de  M.  Jules  Marcou,  la 
leltro  suivante  : 

Bemarques  sur  les  expressions  pénéen^  permien  et  dyas; 

par  M.  Jules  Marcou. 

Sir  Roderick  Tnipey  iMiircbison,  dans  un  article  qui  vient  de 
paraître  siinuUancment  dans  trois  ou  quatre  journaux  scîentifiqim 
anglais  (1),  s*cxpriinc  ainsi  : 

u  Quand  nous  étions  à  iMoscou,  en  octobre  \%k\ ,  j'ai  suggéré  à 
>»  mes  compagnons  (i\Ii>J.  de  Verneuil  et  de  Keyserliogjridéed'em- 
0  ployer  le  nom  [jcrmien  pour  désigner  par  une  expression  géogn- 
»  phique  précise  [unnmbiguous)  un  groupe  de  roches  diverscSi  qui 


(1)  Voy.  On  the  inapplicabitity  n/thc  netv  tcrnt  «  Dyas  »  to  tke 
•  Pcvmian  »  i^roup  nf  rocl>\,  as  proposai  by  Dr  Geinitz;  by  Mar~ 
rhison  [Edinhitr*'h  nen*  phi tosnphical  Journal  ;  the  Geologîst;  the 
London^  Edinbargh  and  Dublin  philosnphicat  Magazine;  et  auM 
the  iilustraicd  London  News,  Janvier  4  862). 


NOTE    DB    H.    MARCOt.  625 

p  jnsqu^alors  n'avail  point  riçu  de  nom  collectif,  ni  en  Allemagne, 

•  ni  ailleurs.  >»  L'auteur  ajoute  en  note  au  bas  de  la  pa{;e  :  «  11  est 
»  vrai  que  l'expression  pénéen  a  été  proposée  autrefois  par  mon 
»  éminent  ami  iVl.  d'Umalius  d'Halloy  ;  mais,  comme  ce  nom,  qui 

•  signifie  stérile  (M.  d'Omalius  ne  traduit  pas  le  mot  pénéen  par 
»  stérile^  mais  \iàv pnuvre.  — J.  M.),  était  employé  pour  désigner 
w  un  massif  isolé  de  conglomérats  près  de  Malmédy  en  Belgique, 
»  dans  lequel  on  n'a  jamais  découvert  de  restes  organiques ,  il  était 
w  évident  que  Ton  ne  pouvait  plus  continuer  de  se  servir  de  ce 
!•  nom  pour  l'appliquer  à  un  groupe  de  roclies  riches  en  débris 
»  fossiles  animaux  et  végétaux.  » 

[VI.  Murchison  en  finissant  d'exposer  les  raisons  qui,  suivant  sa 
manière  de  voir,  montrent  ce  qu'il  nomme  «  l'inapplicabiliié  du 
mot  dyas  »,  ajoute  : 

«  Je  ne  réclame  pas  d'autre  mérite  pour  mes  collègues  de  Ver- 
M  neuil,  de  Reyserling  et  moi-même,  que  d'avoir  proposé,  il 
»  y  a  vingt  ans,  le  nom  de  pennivn ,  pour  renfermer  dans  une 
»  série  naturelle  des  sou»-groupes  pour  lesquels  on  n'avait  adopté 

»  aucun  nom  collectif J'ai  la  confiance  que,  suivant  les  règles 

»  de  priorité  qui  guident  les  niturallstes,  le  mot  pcrmicn  sera 
»  maintenu  dans  la  classification  géologique.  » 

Comme  réponse,  je  prie  les  géologues  de  lire  l'extrait  suivant  : 

«  Ti  rrnin  pcnéen.  —  Le  terrain  que  nous  désignons  par  l'épi - 
M  thèle  de  pénéen  (pauvre)  a  pour  type  principal  des  dépôts  de  la 
M  Thuringe  {M,  d'Umalius  ne  parle  pas  des  congloiucrats  do  Mal- 
»  médy  comme  type  principal.  — J.  IM.)..,  que  l'on  désigne  ordi- 
n  nairement  par   les   dénominations  allemandes   de    Zcrhstvin  , 

»  Kupff'.rxcfiivfcr  ^l  Todtlirgenrle.  Les  fossiles sont  notamment 

»  des  Paiœoniscus,  Piatysonins,  PygnptrruSf  Spiiijcr,  etc.  La 
»  Thuringe  étant  la  terre  classique  du  terra in/'eV/tr//,  nous  allons 
t  la  citer  comme  exemple,  etc.  »  (Voy.  Éléments  de  gé:)tooic^  par 
J.-J.  d'Omalius  d'Halloy,  V  édition,  Paris,  1839  ;  p.  /il5  et  i!il6.) 

Bien  plus,  dans  la  seconde  édition  de  ses  Eléments  de  géologie, 
publiée  en  1834,  M.  d'Omalius  se  sert  déjà  de  l'expression  pénéen 
pour  désigner  le  zechstéin  et  le  rothliegende. 

Ainsi  la  question  de  priorité  n'est  pas  douteuse. 

4g34. — M.  d'Omalius  réunit  sous  le  nom   de  terrain  pénéen  le 

zechstéin  et  le  rothliegende. 
1339,  —  M.  d'Omalius  continue  à  se  servir  du  terrain  pénéen, 
4g40   —  M.  Kittel  réunit  les  formations  du  rothliegende  et  du  zech- 
stéin en  un  seul  terrain  [Lehrbuch  der  Geognosie,  Nau- 
mann). 

Soe.  géol,^  %•  série,  tome  XIX.  40 


626  3ÉAIICB    DU    S    MARS    1862. 

4  842-45.  — M.  Murchîson  propose  rezpresBion  permfen  pour  dési- 
gner toutes  les  roches  du  nouveau  grès  roago  qu*il  a  ti 
à  l'est  du  Volga  (Russie). 

4g50.  —  M.  Hausmann  se  sert  du  mot  de  Thûringefformatimm, 

1853.  —  II.  d'Omalius  continue  à  sesenrir  du  m^l  fiém^m, 

4  854-69.  — M.  Murchiaon  appliqua  Teipresaion  i^ermimm  aT«o  aa 
aigni&cation  de  type  ruase  au  lower  nrw  red  sasuLtMe^ 
magnrs tan  limes tone  et  mari  slate  d'kttfiiei^Tr^^  et  iuti 
aux  rolhliegende,  zechstein  et  bunter  achîefer  avec  Oi/a- 
mites  arenaceiis  du  trias  d'Allemagne  {Stiuria^  V  M 
3*  édition.) 

4  854-56.  —  M.  Dumontae  sert  du  nom  de  terrain  pèmêen. 

4  859.  —  M.  Marcou  expose  les  objections  que  aoulève  l'expreaMon  da 
pcrmiin  avec  sa  signification  de  typeruaaa,  et  propoae  les 
noms  de  terrain  saxon i en ^  terrain  thuringien^  terraÎM 
eislèhênien  ou  de  tiyas. 

4854 ,  —  M.  Geiuitz  publie  le  premier  volume  de  aa  monographie  du 
dyas^  en  collaboration  de  MM.  Eiael,  Ludwîg,  Reaaa  et 
Richter. 

4  862.  — M.  Murchison  montre  ce  qu'il  nomme  rinappUGabilité  des 
expressions /T^/ier/i,  dyas^  trias  et  grauwacke. 

Mon  luënioire,  Dyas  et  Trias  (voy.  Archiçes  de  la  Bihlolhèqwt 
universelle  de  Genève j  1859)  traite  de  deux  queatîons  bien  dia- 
ti  notes. 

LkI  première,  et  la  principale,  puisque  c'est  une  rëponae  à  la  de- 
mande d'ex  pli  cal  ion  que  m'avait  adressée  air  R.  L  Murchiaon, 
expose  les  nombreuses  et  graves  objections  qu'enlratne  TexpresMo 
géo{>;raphique  de  pcrmien^  avec  sa  significatiou  telle  qu'elle  eit 
expliquée  par  M.  IVIurcliison  dans  son  ouvrage  i{itj(.vf a  in  Ettrope 
and  tht:  Ural  mountains,  i8^5|  soit  qu'on  veuille  Tappliquer  à  la 
Russie  mémo,  à  l'Allemagne,  à  l'Augleterre,  à  TAsie  ou  à 
rAmëiique. 

M.  IVIurchison  dans  aes  deux  mémoires  (Voy.  Siliiman*$  Jornr^ 
nal  1859  et  Edinimrg  new  plùlosopliicai  Journal^  1862}  a  dé^ 
cliné  toute  réponse  sur  ce  sujet,  parce  que,  dit-il,  «  Fauteur  v*cit 
jamais  allé  en  Russie.  »  Un  des  collaborateurs  du  profeneor 
Geinitz,  M.  Ludwig,  est  allé  explorer  la  Ruaaie,  et  aes  redicrcbea 
seront  publiées  dans  le  second  volume  de  la  monograpbie  du 
dyas.  D'autres  observateurs  suivront,  et,  avant  un  grand  nouibie 
d'années,  on  saura  à  quoi  s  en  tenir  sur  le  dyaa  et  le  trias  rnsBen 

La  seconde  question  est  Tunion  dans  une  seule  grande  période 
de  riiistoire  du  globe  terrestre  du  dyas  et  du  trias  sous  le  nom 
de  période  du  nouveau  giès  rouge  ,  période  que  je  lej^arde  dans  le 
temps  et  dans  l'espace  comme  étant  placée  sur  U  même  ligne 


KOTB   DB   M,    MAKCOU.  627 

que  les  périodes  des  grauwackes  ou  palëozo'ique,    carbonifère, 
secondaire  (jura  et  craie),  tertiaire  et  actuelle. 

Je  n'ai  uni  le  nouveau  grès  rouge,  ni  avec  le  secondaire,  ai 
avec  le  carbonifère. 

Pour  opérer  cette  classification  en  grandes  périodes  dans  This- 
toire  des  rocbes  stratifiées  ,  cla&sifîcation  qui  reproduit  à  peu  de 
différences  près,  celles  proposées  et  employées  par  Werner,  Smyth, 
Brongniart,  de  la  Récbe,  de  Bucli,  de  Huinboldt,  d'Omalius  et 
Elie  de  fieaumont,  je  me  suis  appuyé  sur  tous  les  caractères  qui 
sont  à  la  disposition  des  géologues,  c'est-à-dire,  la  stratigraphie, 
la  paléontologie,  la  litliologie,  l'orographie  et  la  distribution  géo- 
graphique. 

Des  savants,  s'appuyant  exclusivement  sur  la  paléontologie  et 
faisant  abstraction  de  tous  les  autres  caractères,  ont  proposé  la 
classification  de  toutes  les  roches  stratifiées  en  trois  ou  quatre 
grandes  périodes,  sous  les  noms  de  azoïque,  paléozoïque  (grau- 
wacke,  carbonifère  et  dyas),  et  néozoîque  (trias,  jura,  craie, 
tertiaire  et  récent),  ou  de  mésozoïqne  (trias,  jura  et  craie]  et  de 
cainozo'ique  (tertiaire  et  récent). 

Si  Ton  ne  considère  dans  la  paléoutologie  que  la  classe  des  mol- 
lusques>  et  même  plus  particulièrement  les  brachiopodes,  et  aussi 
les  plantes,  il  est  bien  certain  que  dans  Vctai  actuel  de  i4os  con~ 
naisêances^  la  classification  précédente  est  parfaitement  motivée. 
Mais,  si  l'on  sort  des  mollusques  et  des  plantes,  et  que  Ton  étudie 
les  radiaires,  les  crustacés,  les  poissons,  les  reptiles  et  les  mammi- 
fères, la  classification  avec  le  dyas  dans  le  paléozoïque  n'est  plus 
aussi  bien  justifiée,  et  même  alors  plusieurs  savants  paléontolo* 
gistes  placent  le  dyas  dans  le  uiésozoïque. 

Tout  eu  comprenant  et  en  respectant  ces  diverses  classifications 
|ialéontologiques,  je  pense  suivre  les  véritables  principes  et  mé^ 
thodes  de  l'histoire  naturelle,  en  me  tenant  à  rancienne  classifi- 
cation, telle  que  je  Tai  apprise  dans  les  œuvres  des  fondateurs  de 
la  géologie,  et  telle  que  je  l'ai  vue  dans  les  deux  hémisphères. 

M.  de  Verneuil  exprime  son  étonoement  de  voir  M.  Marcou 
ae  bire  le  défenseur  des  droits  de  priorité,  dans  une  cîrooa- 
tlance  où  lai-môme  ne  les  a  pas  respectés.  Sans  doute,  dit-il, 
M.  Marcou  trouve  les  anciens  noms  mauvais,  et  pense  que  dans 
oe  cas  on  a  le  droit  de  les  changer,  puisqu'il  propose  de  leur 
substituer  le  nom  de  dyas.  Mais  alors  pourquoi  ne  permet^il 
pas  aux  autres  ce  qu'il  se  permet  à  lui-roôme  ?  Si  le  mot  de 


628  SÉANCE  nu  «3  mak$  1862. 

pénéen  est  plus  ancien  que  celui  de /^r/vii/V/i,  celui-ci  jouit  du 
inOme  privilège  ù  Tôgard  du  mot  dyas^  et,  si  H.  Marcou  Ips 
efTacc  tous  les  deux,  nous  avons  pu  faire  disparaître  le  premier. 
Il  y  a  celle  différence  entre  nous,  qu'c'i  Pùpoque  où  nous  pro- 
posâimes  le  nom  de  permien  pour  Tensemble  des  dépôts  compris 
entre  le  trias  et  le  terrain  houiller,  le  nom  de  pùnéen,  de  créa- 
tion récenle,  était  encore  peu  connu,  et  qu'on  avait  déjà  môme 
essiiyé  de  le  remplacer  par  celui  de  psamincrYthrique,  tandis 
qu'aujourd'hui  M.  Marcou  attaque  un  nom  déjà  ancien  et 
généralement  accepté  (1  )  et  en  propose  un  autre  qui  a  le 
double  inconvénient,  ainsi  que  nous  Pavons  dit  dans  la  der- 
nière séance  :  1"  d'imliquer,  par  sa  ressemblance  avec  le  mot 
trias  sur  lequel  il  est  calqué,  une  union  intime  entre  les  deux 
formations,  uniim  qui  n'existe  pi!S,  et  2°  de  ne  pas  permettre 
de  diviser  en  trois  éloges  ou  en  un  plus  grand  nombre  la  formation 
permieime,  si  son  étude  plus  ap|>rofondie  en  fait  une  nécessité. 
Ce  (|ue  nous  regrettons  le  plus,  c'est  de  voir  M.  Gcinilz,  dont 
les  travaux  nous  insfiiront  tant  d'estime,  admettre  dans  son 
dernier  ouvrage  \^l)ie  animal ischcn  Lebenvsie  der  Uyai^  le 
nom  proposé  par  M.  .Marcou.  alors  que.  loin  d'accepter  les 
i(lé(*s  de  cet  auteur,  il  pense,  comme  nous,  que  la  prétendoc 
relation  intime  entre  le  trins  et  le  SNStéme  permien  n'existe  pas. 

M.  Iia|)lisla  lait  ensuite  obsi-rver  que  le  nomdelerrain/;cW>/i 
ne  peut  plus  subsister  dans  la  science,  car  il  est  en  contradiction 
aY(M'.  la  (It'iinition  et  avec  les  caractères  dislinclifs  do  ia  forma- 
tion qu'il  devait  di'signor,  depuis  que  MM.  de  Vcrneuîl  etMur- 
chison  ont  démontré  ti  Perm,  dans  l'Oural,  la  grande  richesse 
métallifère  de  ce  terrain  et  les  liaisons  étroites  de  sa  faune 
avec  celles  des  groupes  paléozoYques. 


[K)  Jt)  renvo'ti  lu  lecteur  h  la  note  que  j'ai  lue  dans  la  dernière 
séance  ;  on  y  verru  que  le  nom  de'  firrtnitN  a  été  adopté  par 
MM.  Kin^.  Davidsun,  Kowso,  Milno  Eùwards  et  IJaime,  Kirkby, 
Lycll,  R.  Jones,  GoppfTt^  Bronn.  Geinitz  et  Gutbier,  Naumaan, 
Voi;l,  d  Orhigny.  Piclet.  CuquanJ,  Mcck  et  Ilayilcn,  Swallow  et  Hawn. 
On  pourrait  encore  ajouter  les  nomsd'autres  auteurs,  tels  que  Keyser- 
\\ne,\Sclnink\K  Rcisr)  Bînncy,  Harkness  [Pfvminnrockg  ofSraifnnt/)^ 
Edw.  Hull  [Pt'imian  rucks  of  Odvnivnld) ^  Norwood  [Permian  fonn. 
in  Illinois) y  Hclmersen  et  Pacht  (^Pennixche  Syst,  ttuj  der  J'ni^iu 
1858),  Lea  \On  ajoss.  snurinn^  etc.,  4  852). 


NOTE   BI    M.    GAUORY.  629 

Il  ajoule  que  le  nom  de  terrain  permien  doit,  au  contraire, 
être  définitivement  adopté,  non-seulement  parce  qu'il  établit 
Tanalogic  de  ces  groupes  avec  le  terrain  en  question,  et  qu'il 
représente,  comme  les  noms  des  groupes  inférieurs,  un  fait 
positif,  un  type  local  bien  caractérisé,  mais  encore  parce  qu'il 
forme  de  leur  ensemble  une  grande  série  indivisible,  en  se 
séparant  nettement  des  terrains  super[K)sés  par  tous  les  ordres 
de  caractères,  confirmant  ainsi  l'ancienne  dénomination  attri- 
buée à  ces  deux  classes,  do  terrains  primaires  et  secondaires^ 
ce  que  ne  pourrait  jamais  faire  un  nom  négatif  qui  signifie 
absence  ou  pauvreté  de  dépôts  organiques  et  métallifères. 

M,  Desbayes  n'est  pas  de  cet  avis  :  les  mots,  dit-il,  n'ont  pas 
une  grande  importance  dans  les  nomenclatures^  mais  ce  ù  quoi 
il  faut  avoir  égard,  c'est  i\  l'antériorité  des  noms*,  celui  de 
pènéen  ayant  précédé  celui  Aq  permien  y  c'est  lui  qui  doit  être 
adopté.  Il  ajoute  que  cette  méthode  est  en  harmonie  avec  ce 
qui  a  toujours  été  pratiqué  en  zoologie. 

M.  Albert  Gaudrv  fait  la  communication  suivante  : 

Note  sur  les  débris  d^ oiseaux  et  de  reptiles  trouvés  h  Pikermi 
[Grècé)^  suivie  de  quelques  remarques  de  paléontologie 
générale  ;  par  M.  Albert  Gaudry  (PI.  XVI). 

Dans  nies  précédentes  communications  sur  les  résultats  dca 
fouilles  que  TAcadéniic  des  sciences  m'a  charp,é  d'entreprendre  à 
Pikenni,  j'ai  pnrié  seulement  des  maniniifères.  Des  débris  d'oiseaux 
el  de  reptiles  se  renconlicnt  aussi  dans  ce  curieux  gisement  de 
l'Altique;  j'ai  dii  \vs  étudier  pour  compléter  nos  connaissances 
sur  la  faune  de  lancienne  Grèce.  Je  donnerai  d'abord  l'indication 
des  espèces  les  mieux  déterminées,  puis  je  présenterai  quelques 
remarques  de  paléoulologie  générale  que  cet  examen  m'a  sug- 
gérées. 

1"  Enumàratton   des  espèces. 

IM.  Blanchard  a  bien  voulu  m*aider  de  9t%  conseils  pour  la  dé- 
termination des  ossements  d'oiseaux,  M.  Duméril  el  M.  Guicbe- 
not  pour  Id  détcriulnaiiou  des  pièces  Je  reptiles. 

Les  oiseaux  se  rapportent  ù  l'ordre  des  Gallinacés  et  à  celui  des 
Ecliassiers. 


0SO  stAirct  DO  S  tfÀKs  1802. 

Je  citerai  d*abord  plusieurs  pièces  qui  semblent  appartenir  i  un 
gallinacé  grand  comme  une  pouie  de  moyenne  taille  i  ce  sont  ou 
tête,  un  coracoide,  di^s  humérus,  des  cubitus,  un  radiua,  un  os  da 
carpe,  des  parties  de  fémur  et  de  tibia,  une  phalange.  Oo  s 
représenté  PL  XYI,  fig.  1,  2,  3,  &  et  5,  quelques-unes  de  oa 
pièces. 

La  tête  surtout  est  remarquablement  conservée  ;  il  ne  lui  manque 
que  la  portion  antérieure  ;  elle  a  pu  être  dégagée  de  tous  cAlés, 
fait  bien  rare  pour  les  têtes  d'oiseau  qui  généralement  ont  été  tel- 
lement aplaties  qu*il  est  difficile  de  les  isoler  sans  les  briser, 
l/atlas  est  encore  fixé  au  condylc  occipital.  En  examinant  la 
fi^^urc  1.  on  distinguera  les  l'égions  occipitale,  pariétale,  tempo- 
rale, frontale,  une  partie  du  maxillaire  supérieur,  le  jugal,  Tapo- 
pliyse  de  la  région  zygomatique  du  temporal,  ra|>opliyse  post- 
orbilaire,  la  cavité  tynipaniqne,  Tos  tympaniquc  (os  carré),  le 
lacrymal  (os  sourcilier  de  Cuvier).  On  trouve  Tliyoïde  dans  sa 
position  normale  entre  les  deux  branches  de  la  mâchoire  înfé* 
rieure.  Voici  quelques  mesures  de  cette  tête  t 

Longueur  (la  face  est  endommagée  en  avant] 0*,0i9 

Largeur  (le  orftne  est  un  peu  comprimé  latéralement).  .  O",093 
Largeur  de  l'os   tympanique   depuis  Textrémité  de  sa 
branche  orbitaire  jusqu'à  Textrémité  da  sa  brancha 

temporale 0",0O 

Largeur  de  la  branche  descendante  de  Tos  tympanique  qui 

s'articule  avec  la  mâchoire  inférieure o"i^03 

Hauteur  de  la  mâchoire  inférieure 0*,007 

Longueur  du  lacrymal 0*,009 

Largeur  du  lacrymal Il",00l 

Largeur  du  frontal  antérieur 0*,04i 

Longueur  des  branches  paires  de  l'hyoïde 0*,02i 

Longueur  de  la  pièce  impaire  de  l'hyoïde 0*,0<û 

L'oiseau  fossile  dont  nous  nous  occupons  se  distingue  des  oiieaux 
de  proie,  des  grimpeurs,  des  écliassiei'S  et  des  paluiipèdet,  soit  par 
la  forme  des  os  de  la  tête  et  spécialement  de  l'os  lacrymal  et 
de  l'os  tympanique,  soit  par  les  proportions  des  membres.  Il 
rentre  dans  le  type  des  gallinacés  et  a  plusieurs  traits  de  ressem* 
blance  avec  le  faisan.  L'humérus,  dans  sa  région  articulaire 
supérieure,  s'élai^it  comme  cliex  le  faisan,  plus  que  clies  le 
coq  ;  le  cubitus  est  moins  courbé  que  celui  du  coq  et  e&t  semblable 
à  celui  du  fai^an.  L'os  lacrym:tl  et  Vos  tympanique  ont  la 
même  disposition  que  dans  le  faisan,  et,  comme  dans  cet  oiseau, 
l'apophyse  zygomaiique  du  temporal  se  prolongeait  de  manière  A 


NOTB    DB   H.    GAUDKT.  631 

rejoindre  l'apophyse  post^orbi taire  pour  former  un  anneau  com- 
plet autour  du  muscle  temporal.  Cependant  on  observe  entre 
Toiseau  fossile  de  Grèce  et  le  faisan  cette  différence  importante, 
que  le  frontal  antérieur  est  plus  allongé  dans  le  premier,  et  que 
les  iuter-maxillaires,  au  lieu  de  s'étendre  jusqu'au  niveau  de  la 
limite  postérieure  des  os  lacrymaux,  ne  se  prolongent  qu'au  niveau 
de  leur  limite  antérieure,  s'éloignant  ainsi  du  type  ordinaire  des 
gallinacés  pour  se  rapprocher  de  celui  des  édiassiei^s.  Outre  cette 
diflPérence,  les  branches  de  la  mâchoire  inférieure  sont  un  peu  plus 
hautes  que  dans  le  faisin,  la  pièce  impaire  de  Thyolde  est  plus 
allongée  ;  enfin  l'oiseau  de  Grèce  était  un  quart  ou  un  tiers  plus 
grand. 

Il  est  probable  qu'on  devra  établir  pour  ce  fossile  un  genre 
spécial.  On  sait  combien  Tostéologie  des  oiseaux  est  encore 
peu  avancée.  M.  Blanchard  a  entrepris  de  faire  connaître  cette 
partie  de  la  science  si  nécessaire  aux  paléontologistes.  En  atten- 
dant cette  publication,  je  crois  prudent  de  ne  pas  ajouter  un 
nouveau  nom  de  genre,  basé  seulement  sur  l'examen  des  pièces 
osseuses,  et  je  range  provisoirement  notre  fossile  près  des  faisans. 
Je  le  nomme  Phasianus  Archiaci^  le  dédiant  à  M.  d'Archiac 
comme  témoignage  de  ma  reconnaissance  pour  les  conseils  que 
m'a  donnés  ce  savant  académicien. 

Parmi  les  os  des  membres,  on  en  remarque  qui  sont  plus  courbes 
et  plus  trapus.  Ainsi  Thumérus  de  la  figure  k  et  le  cubitus  de  la 
figure  5  sont  plus  courbés  que  l'humérus  de  la  figure  2  et  le 
cubitus  de  la  figure  3.  M.  Blanchard  pense  que  ces  os  doivent 
appartenir  à  des  femelles.  Les  mesures  suivantes  offriront  un 
eiemple  de  ces  différences  de  proportion  : 

Uâlo.         FomeUe. 

Bu/tiêrus..  Sa  longueur 0".088  0*,085 

Largeur  de  sa  face  articulaire  supérieure.  0*,021  0*,023 

Largeur  de  sa  face  articulaire  inférieure.  .  0*^,017  0*,017 

Largeur  au  milieu  du  corps  de  Tos.   .  •  .  0*,007  0",04  0 

CubiHts.  Sa  longueur 0'",086  0",07« 

Largeur  de  sa  face  articulaire  supérieure.  0"',0I0  0*,043 

Largeur  de  sa  face  articulaire  inférieure.  0^,009  0*,04l 

Largeur  au  milieu  du  corps  de  Tos.   .  .  .  0'",007  0",006 

On  a  représenté  (PI.  XVI,  fig.  6  et  7)  des  tai-ses  qui  semblent  pro- 
Tenir  d'un  coq  de  petite  taille.  Ils  sont  armés  d'un  ergot  plus 
grand  et  plus  effilé  que  ceux  des  coqs  qu'il  m'a  été  donné 
d'examiner.  Un  de  ces  tarses  est  en  connexion  avec  le  tibia,  la 
première  phalange  du  pouce  et  la  première  phalange  du  second 


632  SÉANCB    DU    3    XAB8    1862. 

doigt  ;  011  voit  encore  les  baguettes  osseuses  des  tendous  qui  pas- 
saient aupivs  de  Tergot.  J'ai  inscrit  le  coq  fossile  de  Grèce  sons  le 
nom  de  Gatlus  ASiculapU  |K>iu'  rappeler  que,  sur  cette  terre  de  la 
inytliolo<;ic,  le  coq  était  un  attribut  du  dieu  de  la  médecine. 
M.  (servais,  ilamsu.  PnU'ontoio^t>  frartcaise^  a  figuré  un  tarse  de 
Gatlus  Bravardi  recueilli  en  Auvergne,  arme  aussi  d*un  éperon 
très  allongé;  ce  coq  était  bien  plus  fort  que  celui  de  Pikeriiii.  Voici 
quelques  mesures  des  os  du  Gallns  JEsculapii  : 

7/^/V/.  Largeur  de  sa  face  articulaire  inférieure 0",04l 

Tarse,  Longueur 0*,073 

Largeur  de  sa  face  articulaire  supérieure O'^.OfS 

Largeur  de  sa  face  articulaire  inférieure O'^.OfS 

Longueur  de  l'ergot  (sa  pointe  est  brisée) 0*,00S 

Il  dut  exister  en  Grèce  un  grand  échassier  voisin  de  nos  grues. 
J'en  ai  recueilli  les  dobris  suivants  :  des  vertèbres  du  cou,  un 
coracoïde,  un  bunic'rus,  un  cubitus,  un  mëtacarpey  le  iMissin 
presque  entier  avec  le  sacrum,  une  extrémité  iuléricuredc  fémur, 
une  extrémité  supérieure  de  tibia  et  deux  tarses.  On  a  repré* 
sente  PI.  XVI,  n[;.  8,  9,  10,  il,  12,  quelques-unes  de  ces  pièces. 

Si  les  vertèbres  cervicales  appartiennent  au  même  individu  que 
les  antres  os,  elles  indiquent  un  écliassier  à  petite  tcte,  car  elles 
sont  grêles  et  même  un  peu  plus  faibles  que  dans  les  grues;  on 
sait,  en  eflct,  (jue  la  force  des  vertèbres  du  cou  dans  les  cchassiers, 
comme  dans  l.i  plupart  des  animaux,  est  proportionnée  à  la  puis- 
sance de  la  tête;  ainsi,  dans  les  cigognes  le  cou  a  des  vertèbres 
bien  plus  grosses  que  dans  les  grues.  Le  coracolde  est  semblable 
à  celui  des  {;rucs  ;  lu  tête  de  sa  face  articulaire  supérieure  n'est 
pas  élargie  comme  dans  les  cico[;nrs.  L'iiumérus  ne  diffère  pas  de 
celui  de  la  grue  cendrée,  sauf  qu'il  est  un  peu  plus  fort.  Le  cubitus 
est  bien  moindre  que  celui  de  la  cigogne  à  poche  ;  il  a  la  même 
longueur  que  dans  la  grue  cendrée,  mais  il  est  un  peu  plus  grêle. 
Le  métacarpe  est  incomplet  ;  il  est  semblable  à  celui  des  fpruei. 
Le  sacrum  est  remarquable  par  la  soudure  intime  de  ses  pièces 
et  leur  union  complète  avec  celles  du  bassin.  Les  deux  iliaques 
figurent  un  toit  à  pente  très  roide.  Dans  les  grues  on  observe  le 
même  caractère.  Au  contraire,  les  iliaques  des  cigognes  forment  un 
toit  dont  la  pente  est  faible,  et  la  soudure  des  pièces  du  sacrum  est 
en  général  moins  complète.  Dans  les  lierons,  les  iliaques,  au  lieu 
de  s'unir  en  un  Feul  os  avec  le  sacrum,  forment  deux  crêtes  sail- 
lantes. Quoique  le  bassin  de  notre  oiseau  se  rapproche  de  celui 
des  grues,  il  en  diffère  par  son  trou  ischiatique  notablement  plus 


NOTB    DB    M.    GAUDRY.  63^ 

grand.  Le  tibia  porte  à  sa  face  articulaire  supérieure  une  apophyse 
moins  forte  que  dans  la  grue  australe,  mais  semblable  à  celle 
de  la  grue  cendrée.  Le  tarse,  au  bord  de  sa  région  articulaire 
supérieure,  a  une  seule  crête  comme  dans  les  grues,  tandis  que 
dans  la  cigogne  il  a  deux  crêtes  fort  saillantes.  A  son  extrémité. 
inférieure^  les  trois  poulies  digitales  sont  fort  inégales  en  longueur^ 
la  poulie  du  premier  doigt  interne  étant  très  raccourcie  latérale- 
ment, de  sorte  que  le  doigt  devait  s'écarter  notablement  des  autres 
pour  se  porter  en  dedans.  Ce  caractère  se  retrouve,  mais  d*une 
manière  moins  frappante,  dans  les  grues  [la  grucceudiéc,  la  grue 
couronnée,  la  grue  australe).  Au  contraire,  dans  les  oiseaux  du 
groupe  des  cigognes  (cigogne  ordinaire,  jabiru)  et  des  lierons,  les 
trois  poulies  digitales  sont  plus  égales.  Cette  grande  inégalité 
des  poulies  digitales  permet  également  de  distinguer  notre  taise 
de  celui  du  messager,  ce  curieux  oiseau  de  proie  dont  les  jambes 
sont  hautes  comme  celles  des  échassiers.  Bien  que  les  deux  pièces 
du  tarse  que  nous  possédons  soient  brisées,  on  peut  estimer  que 
cet  os  était  fort  long,  moins  grêle  pourtant  que  dans  le  flamant. 
Voici  quelques  mesures  des  pièces  qui  viennentd'être  citées  : 

Vertèbre  cervicale.  Longueur.    . O^.OS? 

Coracoïde.  Largeur  prés  de  la  tôle  humérale O'^.Oîî 

Httmcrns.  Longueur 0",25î 

Largeur  de  sa  facf)  articulaire  supérieure 0"*,050 

Largeur  de  sa  face  articulaire  inférieure O^'^OS? 

Cubitus.  Longueur 0"*,273 

Largeur  de  sa  face  articulaire  supérieure 0"*,026 

Largeur  de  sa  face  articulaire  inférieure 0^,014 

il/f7<7r^//y>r.  Sa  plus  grande  largeur O"™,©!! 

i?/rwfV/.  Sa  longueur 0",106 

Sa  largeur 0",073 

Fémur.  Largeur  à  sa  face  articulaire  inférieure 0"',028 

Tibia,  Largeur  à  sa  face  articulaire  supérieure 0*^,083 

Tane.  Longueur  (il  en  manque  probablement  une  grande 

partie) 0'°,235 

Largeur  de  83  face  articulaire  inférieure 0'",026 

Les  détails  qui  précèdent  montrent  que  notre  oiseau  était  un 
peu  plus  grand  que  la  grue  cendrée;  par  son  squelette,  il  parait 
rentrer  dans  le  genre  des  grues.  Il  avait  sans  doute  une  tête  moins 
lourde  comparativement  aux  membres  (]ue  les  oiseaux  du  groupe 
des  hérons  et  surtout  du  groupe  des  cigognes  ;  mais  il  était  cepen- 
dant moins  grêle  que  le  flamant.  Une  des  principales  différences 
des  cigognes  et  des  grues  consiste  en  ce  que  les  premières  ont  une 


656  sÊANCB  ou  3  MAas  1802. 

comparée  avec  la  notre,  car  elle  est  d*iine  dimension  f^igaiiUfôque. 
iM.  Pomcl  a  sifiiialc  une  secoiulc  espace  recueillie  par  M.  Bravard 
cl  dont  le  plaslro:!  senilile  avoir  été  mobile  en  arrière  connue  dans 
l'espèce  i'ossile  de  Grèce  ;  mais  elle  était  iiotaMement  plus  («rande. 
Le  même  naturaliste  a  indiqué,  sous  le  nom  de  PtycJmgnxier^  od 
(jenrede  tortue  terrestre,  trouvée  dans  ledéparlemeutde  l'Allier,  et 
dont  le  plastron  était  mobile.  A  en  ju(;er  d'après  la  description  et 
la  fi[j;ure  données  par  AJ.  Pomel  (1),  lu  partie  mobile  égalerait  la 
moitié  du  plastron,  taudis  que  dans  notre  fossile  et  les  espèces 
vivantes  elle  n'é^'ale  que  le  tiers  du  plastron. 

II  me  reste  à  mentionner  une  veitèlire  dorsale,  qui  indique 
rexisteiice  d'un  [;ran(l  reptile.  (Àtte  vertèbre,  tiès  plane  à  la  face 
ventrale  de  sou  corps,  ne  peut  être  d'tm  crocodile,  car  dans  les 
cro(!oiliU'S  la  l'ace  ventrale  du  corps  de-i  vertèbres  est  bombée,  ni 
d*un  serpent,  car  les  vertèbres  des  serpents  ont  une  apopbyse  ven- 
trale. Elle  diffère  moins  des  vertèbres  des  i|;uaniens,  mais  c*est 
seulement  avec  les  vertèbres  des  varans  que  sa  ressemblance  est 
complète.  KUe  annonce  un  sauri(  n  qui  ])Ouvait  avoir,  y  (Touiprîs 
la  queue,  l'",.'^)  de  lon^.  En  Afrique,  on  voit  encore  des  varuniei» 
qui  atteif^nenlet  mémo  dépassent  cette  taille;  la  Grèce  ne  nourrit 
plus  que  des  reptiles  de  bien  moindre  dimension. 

2°  CvnsicL  rations  au  sujet  des  Jaits  <fui  viennent  itétre  signalés. 

Voici  les  remarques  qui  m'ont  t'té  suf^jérées  par  rexaiucn 
des  débris  d'oiseaux  et  de  reptiles  enfouis  à  Pikermi. 

1**  Ces  débris  provieiment  d'animaux  qui  avaient  des  mœurs 
terrestres  :  ainsi  nos  tortues  sont  ccrt.iimmentdLS  7Vjr//fr/o,  reptiles 
qui  ne  vivent  que  sur  la  terre  forme,  et  le  varan  est  é^jalemcnt 
un  reptile  terrestre.  J'ai  si(;nalé  des  éeliassiers.  Ces  oiseaux  liabi- 
tent  fréquenunent  au  bord  des  lacs  et  des  ruisseaux,  mais  ils  ne 
peuvent  vivre  exclusivement  dans  Teau  comme  les  palmipèdes; 
quant  aux  {;allinacéK  qui  ont  été  indiqués,  ce  sont  les  plus  terres- 
tres des  oiseaux.  On  avait  déjà  pu  remarquer  que  tous  les  mam- 
mifères cités  Â  Pikeruii  sont  terrestres;  le  nom  de  Thalassictit 
(civette  de  nuM')  a  été  donné  par  M.  de  Nordmann  à  l'un  de  ces 

(1)  Pomel,  Nntt^  sur  tlrx  nnimaux  fo.ssiirs  rfrcnnvertx  eiant  /#*  dé" 
l>artcmrnt  de  C Allier  (liulUtin  dt;  lu  ,Sor,  }*e^ol.  fie  Fr,^  2"  série. 
▼oL  lY,  p.  378,  pi.  4,  fig.  9.  4  846)6l(v/r///.>''«f  dtsvrrtcbrvsfossilts 
dcr  ouvert  s  il  tin  s  /<;  bassin  liydr.'f^ra/fltif/ue  supcricur  de  la  Ijouc 
in  R,  p.  120.  Paris  1853. 


WOTB    DK    M.    GAUDltT.  637' 

aiiiiiiaux  {Vlctitheriitm  robastuni)^  parce  qu'il  a  été  trouvé  d'abord 
en  lîessaiabif,  dans  un  terrain  d'ori{>iuc  marine  ;  Victtthcrium  a 
pu  s*approclier  dos  rivages,  mais  ce  n'étaitpas  un  carnassier  marin. 
La  seule  coquille  que  j'aie  recueillie  dans  le  gisement  même  de 
Pikermi  est  une  terrestre,  et  les  coquilles  rencontrées  aux  environs 
sont  des  Htlijc.  Aucune  trace  de  poisson  n'a  encore  été  découverte 
dans  les  limons  ronges  qui  renferment  K's  ossements,  et  il  est  bien 
douteux  qu'on  en  rencontre  jamais,  car,  à  défaut  même  des  fossiles, 
rinspection  seule  de  ces  terrains  démontrerait  qu'ils  ont  été  pro- 
produits hors  des  lacs  et  des  rivières;  ils  sont  le  résultat  d'allu- 
▼ions  torrentielles,  analogues  à  celles  qui  se  forment  encore  au- 
jourd'hui en  Grèce.  Ainsi  le  dépôt  ossifère  de  Pikermi  a  une 
origine  tout  autre  que  plusieurs  de  nos  plus  célèbres  dépôts  ossi- 
fères  d'£urope,  et  notamment  que  celui  de  Sansan,  où  on  a 
recueilli,  k  côté  de  nombreux  animaux  terrestres,  des  émydes,  des 
grenouilles,  des  poissons,  des  Limnées,  des  Planorbes  (1). 

2'  Si  j'ai  trouvé  un  nondjre  bien  peu  considéitible  de  petits 
reptiles,  il  ne  faut  pas  en  conclure  que  la  Grèce  ancienne  en  était 
presque  privée.  Eu  effet,  les  débris  de  petits  animaux  sont  très 
rares  sur  les  points  on  j'ai  fait  mes  fouilles  ;  les  assises  que  j'ai 
exploitées  renferment  ])iincipalement  de  gros  ossements;  je  n'ai 
pas  découvert  les  bancs  où  est  enseveli  ee  qu'on  pourrait  appeler 
\;x  petite  faune,  (Mais  quantaux  reptiles  de  grande  taille,  comment 
n'a-l-on  rencontré  aucun  de  leurs  débris  parmi  tant  de  pièces  de 
manmiifôrcs  dont  plusieurs  sont  gigantesques?  S*ils  eussent  existé 
lors  rie  la  formation  du  dépôt  de  Pikermi,  pourquoi  les  eaux 
torrentielles  n'auraient  -elles  pas  entraîné  leurs  ossements  en  même 
t^mps  que  ceux  <\^!i  mammifères?  La  Grèce  vient  donc  nous 
donner  une  confirmation  de  co  fait  qui  a  déjà  été  remarqué  dans 
les  autres  gisements  de  l'Europe  :  c'est  que  pendant  la  période  ter- 
tiaire la  classe  des  reptiles  est  faiblement  représentée.  Alors 
les  rois  des  continents  n'étaient  point  des  êtres  analogues  aux 
mégalosaures  et  aux  iguanodons  de  la  période  secondaire;  aux 
grn/ielx  reptiles  ont  succédé  les  ^rnn(h  mammifères  :  Hellndothr» 
rinm^  girafes,  mastodontes,  Dinothtrittm,  Aujourcriuii  les  mam- 
mifères continuent  à  l'emporter  de  beaucoup  sur  les  reptiles  par 
leur  puissance  ;  c'est  là  une  des  preuves  que  la  faune  tertiaire  res- 
semble a  11  faune  actuelle,  bien  plus  qu'à  la  faune  secondaire.  Si 
les  géologues  pouvaient  un  moment  perdre  de  vue  la  grande  figure 


[\)  Voy.  Lartet,  ouvrage  déjà  cité. 


638  SÉANCI   DU    3   MAtS   1802. 

derhoinine  pour  ne  considérer  que  les  animaux^  îk  ratUckeraienI 
sans  doute  la  période  actuelle  à  Tépoque  tertiaire. 

y  Les  oiseaux  et  les  reptiles  trouvés  à  Pikermî  |Mirai«eot, 
auUnt  qu'on  peut  en  iu(j;er  par  le  peu  de  débris  que  l'oo  poiiéde, 
très  voisins  des  animaux  existant  aujourd'hui.  Il  est  iutérettaai 
de  voir  une  grue   fossile  daus  un  pays  où  les  grues  ont  été  si 
nombreuses,  car  on  sait  combien  ces  oiseaux  ont  attiré  l'aUentioo 
des  anciens  Grecs.  J'ai  cité  une  tortue  de  terre  cxtrémemeDC  voi- 
sine des  tortues  si  abondantes  actuellement  sur    le  sol   de  la 
Grèce  ;  lorsque  mes  ouvriers  la  découvrirent,  ils  ne  doutèreot  pas 
que  ce  ne  fût    une  tortue    vivante    enterrée  par  hasard.   Ces 
remarques  prennent  quelque  intérêt  si  on  les  rapproche  de  celles 
que  j'ai  déjà  présentées  à  la  Société,  On  a  vu,  en  effet,  que  les 
plus  parfaits  des  animaux  fossiles  à  Pikermi,  les  uiauimirères, 
sont  très  différents  de  ceux  qui  vivent  actuellenienC  On  sait  d'autre 
part  qu'un  grand  nombre  des  mollusques  des  terrains  tertiaires 
moyens  et  suitout  des  terrains  tertiaires  supérieurs  sont  au  con- 
traire identiques  avec  les  mollusques  actuels.  Aux  nombreux  faits 
déjà  connus,  je  peux  ajouter  que  dans  des    couches  miocènes 
placées  en  stratification  discordante  au-dessous  du  limon  ossiftrs 
de  Pikermi,  j'ai  découvert  les  Melanopsit  cosiata^  nodosa^  emriasa^ 
espèces  encore  vivantes  ;  l'identité  de  ces  espèces  a  été  coustatéf 
par  M.   Deshayes.  On  semble  donc  conduit  à  supposer  que  les 
oiseaux  et  les  reptiles,  plus  parfaits  que  les  mollusques,  moins 
parfaits  que  les  mammifères,  sont  intermédiaires  pour  la  variabi- 
lité. Ils  se  rapprochent  des  types  actuels,  plus  que  les  mammi- 
fères, moins  que  les  mollusques.  Ceci  confirme  les  remarques  que 
j'avais,  Tannée  dernière,  Tbonneur  de  présenter  &  la  Société  en 
l'entretenant  de  la  géologie  de  Chypre  (1)  ;  si  on  signale  des  faits 
analogues  sur  plusieurs  autres  |>ointSt  on  pourra  donc  penssf 
que  depuis  les  temps  géologiques  jusqu'à  f  époque  aeiueile  ieg  mai* 
maux  ont  dC autant  moins  varié  quiis  sont  moins  éievés  en  ar^ml* 
sation.  Des  savants  distingués  ont  discuté  avec  succès  sur  ledegitf 
de  variabilité  des  divers  animaux  inférieurs,  soit  d'un  temps  à  un 
autre,  soit  d'un  pays  à  un  autre  ;  mais  on  a  peu  comparé  encore 
la  puissance  de  longévité  des  espèces  d'animaux  inférieurs  avec 
la  puissance  de  longévité  des  espèces  d'animaux  supérieurs.  En 
dehors  de  son  attrait  philosophique  pour  l'histoire  du  dévclop- 

(1)  Sur  la  longévité  des  animaux  supérieurs  et  des  animaux  infé' 
rieurs  dans  les  dernières  périodes  géologiques  [Bull,  de  la  Soe,géoL 
de  Fr.,  S* série,  vol.  XVIII,  p.  408.  Séance  du  4  mars  4861). 


HOTI    01  a.   GÀUMT,  080 

pemeiit  des  êtres,  une  telle  question  offre  un  puissant  intérêt  dans 
son  application  à  la  connaissance  des  terrains.  Car,  s'il  est  vrai 
que  les  espèces  d'animaux  supérieurs  passent  moins  facilement 
d'un  teri*ain  à  un  autre  que  les  espèces  d'animaux  inférieurs, 
alors  la  découverte  des  os  de  vertébrés  et  surtout  des  os  de  mam* 
miftres  deviendra  pour  les  géologues  le  plus  précieux  des  secours. 

Explication  de  la  planche  XFI, 

Fig.  4.  Crftne  de  Phaxianus  Jrchiacij  Gaud.,  vu  de  profil.  La  mâ- 
choire inférieure  adhère  encore  à  ce  crftne  ;  Tatlas  est  placé 
contre  le  condyle  occipital  ;  on  distingue  facilement  la  cavité 
tympanique,  Tes  tympaniqae,  Tapophyse  zygomatique  qui 
s'avance  le  long  de  la  branche  postérieure  de  Tos  lympa- 
nique,  la  région  occipitale,  la  région  pariétale  et  surtout  la 
région  frontale  qui  est  très  prolongée  en  avant,  le  lacrymal, 
le  commencement  du  nasal,  une  partie  du  maxillaire  et  le 
jugal. 

Fig.  S.  Humérus  de  Phasiantn  Archiaci  mftle  vu  sur  la  face  anté« 
rieure. 

Fig.  3.  Cubitus  de  Phasiamts  Archiaci  mftle  vu  sur  la  face  externe. 

Fîg.  i.  Humérus  de  Phasiantis  Archiaci  femelle  vu  sur  la  face  anté- 
rieure. 

Fig.  5.  Cubitus  de  Phasiamts  Archiaci  femelle  vu  sur  la  face  externe. 
On  peut  remarquer  que  cet  os  et  le  précédent  sont  plus 
trapus  et  plus  courbés  que  ceux  des  figures  2  et  3  apparte- 
nant à  des  mftles. 

Fig.  6.  Tarse  de  Gallns  Msculapii^  Gaud,,muni  d*un  très  fort  épe* 
ron  vu  sur  la  face  interne.  Il  est  en  connexion  avec  une 
partie  du  tibia  et  une  première  phalange. 

Fig.  7.  Autre  tarse  de  la  môme  espèce  de  coq  vu  sur  la  face  anté- 
rieure. On  l'a  représenté  afin  de  montrer  les  apophyses 
digitales  qui  manquent  dans  l'échantillon  de  la  figure  6. 

Fîg.  8.  Humérus  de  Gras  Pvntelici^  Gaud.,  vu  sur  la  face  posté- 
rieure. 

Fig.  9.  Cubitus  du  même  oiseau  vu  sur  la  face  interne. 

Fig.  40.  Sacrum  et  bassin  du  même  oiseau  vus  sur  la  partie  ventrale. 
Les  pubis  sont  brisés. 

Fig.  4  4 .  Partie  supérieure  d'un  tarse  du  même  oiseau  vu  sur  sa  faoa 
antérieure. 

f%.  4t.  Autre  tarse  du  même  oiseau  vu  sur  sa  face  antérieure.  Oa 
remarque  combien  l'apophyse  digitale  interne  reste  en 
arrière  des  autres  apophyses. 

Fig.  43.  Testttdo  marmorum,  Gaud.,  vue  par  sa  face  supérieure.  On 
observe  sur  la  carapace  deux  sortes  de  divisions,  les  unes 
correspondant    auik  écailles,    caUes-là   très  bibles,   lat 


6&0  stAHCB  DU  S  VAta  1862. 

autres  correspondant  aux  diverses  pièces  dorsales^  costilei 
et  marginales  dont  la  carapace  est  formée. 
Fig.  4  4.  Même  Tvstutio  vue  par  sa  face  ventrale.  Od  remarque  en  a^ 
une  fissure  qui  indique  la  mobilité  de  la  partie  poalérienra 
du  plastron. 

M.  d'Ârchiac  présente,  de  la  part  de  M.  de  CeasaCi  une 
Esquisse  de  la  carte  géologique  du  département  de  la  d'euse^ 
accompagnée  de  la  note  suivante  : 

Esquisse  géologique  du  dcparlement   de  la   Creuse; 

par  M.  P.  de  Gessac. 

La  carie  géolo^yique  du  département  de  la  Creuse,  que  j'ai 
rhonncur  crodrir  aiijourcriiui  à  la  Société  géologique  de  France, 
a  étô  terminée  en  1857.  Dans  les  prcniici'S  mois  de  l'année  suivante 
j'en  ai  ôci  il  rcxplicntion  i\\\\  forme  un  «issez  volumineux  mémoire. 
Cette  es<)nisse  ^('olo^'irpte  du  département  de  la  Cnnise  devant 
paraître  par  fra[;ments  dans  lej»  Mémoires  de  la  Société  des  sciencei 
naturelles  de  cette  conuoe,  je  crois  nécessaire  d*en  faire  ici  un 
résiimt*  succinct,  en  in  !>Mat  sur  les  points  qui  nie  paraissent 
pouvoir  intéresser. 

Ce  travail,  précédé  d'une  introduction,  comprend  quatre  sec- 
tions :  Description  pliysitpie,  —  description  géologique;  —  des- 
cription et  classification  des  filons,  dislocations  du  sol  ;  —  géologie 
appli()uoe. 

I/iiiiioduction,  dont  nnc  partie  a  été  publiée  dans  les  Mémoires 
(If  In  Sovit'^tt^  ((('S  scîftirt's  ntiturt'ltvs  /ir  in  Creuse  (1859  t.  III, 
p.  1()8  et  suiv.),  comprend  Tindication  des  travaux  précédemment 
pui)li(*s,  soit  par  différents  auteurs,  soit  par  moi,  sur  la  minéralogie 
on  la  jjcologie  dr  la  (hcnse,  des  indications  sur  la  rédaction  de  k 
carte,  sur  les  dillicultcs  du  trace  de  ses  limites,  etc.,  etc. 

Ces  limites  ont  été  tracées  sur  le  terrain  sur  la  carte  de  Cassini, 
celle  de  Tétat- major  n\*tant  pas  encore  complètement  publiée, 
puis  rapportées  sur  une  carte  A  récliclle  de  700*0^0  ^^  ensuite  pour 
la  publication  sur  une  nouvelle  earte  d  récliclle  de  -ff^nV* 
Tous  l'cs  transports  ont  diî,  dans  certains  cas,  altérer  les 
limites,  ces  difTérentes  cartes  ne  s'accordant  pas  toujours  entre 
elles.  Mais  un  autre  genre  d'erreur  tient  à  la  carte  dont  je  me 
suis  servi  dans  mes  c*onrses.  Celle  de  Cassini  est  très  souvent  butîve 
pour  le  placement  des  villages,  surtout  dans  le  sud  du  département, 


NOTE    pB    M.    BB    CBSSÀC.  ô^i 

et,  |H>ur  mettre  ces  villages  sur  le  terrain  où  ils  sont  dans  la  nature^ 
j'ai  dû  redresser  ou  briser  des  ligues  qui  élaicol  courltesou  droites. 
La  carte  que  j'ai  puldiëe  n'ayant  que  les  chefs-lieux  de  communes, 
j'ai  pu  corriger  quelques-unes  des  erreurs,  mais  beaucoup  ont  pu 
m'échapper.  Au  surplus,  eu  égard  à  la  petitesse  de  Tëchelle,  elles 
doivent  être  peu  appréciables. 

F*  SECTION.  —  Description  physique,  —  Celte  section  avait  été 
publiée  en  1852  dans  l'Aimuaire  du  département,  et  lors  de  cette 
publication  j'ai  eu  l'honneur  d'adresser  un  exemplaire  du  tirage  à 
part  à  la  Société  géologique  de  France.  Pour  mon  esquisse  géolo- 
gique je  l'ai  revue  et  entièrement  refondue. 

Chapitre  1*'.  —  Situation,  étendut^  limites  {tdminixtratiurs. 

Chapitre  2.  —  Orographie.  —  Configuration  du  sol,  régions 
naturelles,  chaînes  de  montagnes,  plateaux,  plaines,  vallées, 
bassins  orographiques. 

Les  bassins  orographiques  de  la  Creuse  diffèrent  en  deux  points 
assez  sensiblement  des  bassins  hydrographiques.  Le  bassin  orogra- 
pliique  de  Bourganeuf  s*étend  du  sud  au  nord  environ,  tandis  que 
le  bassin  hydrographique  du  Thoriun,  après  avoir  été  S.-£., 
N.-O.,  devient  N.-E.  S.O.  pour  traverser  par  une  faille  étroite 
la  chaîne  ouest  de  Bourganeuf  et  permettre  à  cette  rivière  d'aller 
se  jeter  dans  la  Vienne  l\  Saint-Priest  Thorion,  au  lieu  d'aller  au 
nord  rejoindre  la  Gartempe.  Le  bassin  orographique  de  Gouzon 
est  borne  au  nord  par  la  chaîne  de  Toulx-Sainte-Croix  que  coupe 
perpendiculairement  le  cours  du  Véraux. 

Chapitre  3.  —  Hydrographie,  —  Rivières,  ruisseaux,  étangs, 
leur  régime,  leur  étendue  flottable,  bassins  hydrographiques, 
parties  à  dessécher,  à  arroser. 

Il*  SECTION.  —  Description  géologique. 

Chapitre  !•'.  —  Classification  générale  des  terrains. 

Terrain  moderne  :  tourbes,  alluvions  modernes,  etc. 

—       quaternaire  :  blocs  erratiques,  argile,  sable,  brèche  ferrugi- 
neuse, etc. 
— >       tertiaire  :  miocène;  argile,  gypse,  calcaire  marneux. 

i  Formation  houillère  ;  poudingue,  grès,  schiste, 
houille. 
Formation  carbonifère  ;  grauwacke,  grès,  schiste, 
anthracite,  graphite. 

$oe.  géol.^  2*  série,  tome  XIX.  41 


0A2  SfiAlfCB    DU    5   MARS   1802. 

Formation    métamorphico-granitiqna;    griDito 
i      micacé,  leptynite  (weisstein),  gneiss  ft  deox 
Terrain    paléozoïquei     micas. 

inférieur  .Formation    quartzo-schisleuse;      micaschiste, 

ou        j      schiste  argileux^  schi.nte  talqueux. 
azoïque:    r  Formation  ftranito  gneijisique;   granité  à  graios 
fins  ol  moyens,  gneiss,  leptynite  (wefsstein). 
— -       cristallisé  (hors  sério)  ;  granité  bleu,  syénîte,  amphibolite. 

Ces  terrains  sont  coupés  par  les  liions  suivants  : 

Quartz,  direction  N.-O.,  S.-E, 
Granulite  et  pegmatito. 
Wacke,  directio^n  N.  35  à  iO^"  0. 
Porphyre  pinuitifère  N.  -iO  à  45" 0. 
—       quartzifère,  N.  un  peu  E. 
Euriteot  argilophyro,  0.  Ë.  environ. 
Porphyre  grauito'ide. 
Minette. 

Chapitre  2.  —  Gneiss,  —  Le  gneiss  de  la  Creuse  présente  deox 
vai'iëtes  :  le  gneiss  à  un  seul  mica  et  le  gneiss  à  deux  micas.  Je  ne 
m'occupe  dans  ce  chapitre  que  du  premier,  du  granité  à  graini 
fins  ou  schisteux  et  du  leptynite  (wcisstein),  roches  qui  m*ont 
paru  toujours  associées  cnsemhie  dans  la  Creuse.  Le  gneiss  à  deui 
micas  est  décrit  dans  le  elinpitre  h.  A  la  fin  de  ce  chapitrerai 
indique  soniniairenient  1rs  filons  qui  coupent  ce  terrain  ;  j*ai  fait 
de  nicnie  à  la  fui  des  autres  chapitres  pour  les  terrains  qui  suivent. 

Chapitre  3.  —  Micnsvhhtcs^  etc.  —  Le  micaschiste  est  nne 
roche  assez  iniport.inlc  dans  la  Creuse.  Au  nord  il  forme  une  larae 
bande  lil.-O.  qui  se  prolonge  dans  les  départements  de  Tliidre, 
du  Cher  et  de  l'Allier.  Cette  hande  a  suhi  depuis  son  drpùt  deux 
phénomènes  imporlanisà  si^;naler  :  Tamphibolisation  et  la  feldspa- 
thisation.  Ces  ileux  phénomènes  vus  en  grand  semblent  bor- 
nés, le  premier  a  la  partie  occidentale,  le  second  à  la  partie 
orientale,  et  sont  assez  bien  limités  par  la  route  de  la  Cliâtre  ï 
Auhusson. 

Dans  la  partie  amphibolisée,  Tamphibolite  disséminée  dans 
toute  la  lormation  du  niie^iseliisle  y  a  i'ormé  de  nombreux  amas 
allongés  du  K.-E.  au  S.-O.  environ,  et  autour  raniphibole 
s*est  sulistituée  au  mica  du  micaschiste.  Dans  la  sc(X)ndc  région, 
Tamplnbole  s'est  loealisét-  et  constitue  une  sorte  do  bourrelet  an 
pied  de  la  chahie  de  Toulx  :  amphibolite  et  syénitc  do  Clidtelusà 
Clugnat. 

Dans  cette  région  le  micaschiste  est  profondément  altéré,  îlcsl 


VOTB    DS    M.    DK   CBSSAC.  6Ai 

moios  scliisteux,  contient  du  feldspath  en  assez  {grande  quantité  ; 
enfin  il  n'est  plus  un  véritable  micascliiste  sans  être  encore  du  gneiss. 
Si  l'on  cherche  à  reconnaître  à  quelle  cause  est  due  cette  devnièr^ 
altération  du  micaschiste,  on  la  trouvera,  coinniepour  Taltération 
précédente,  dans  la  présence  de  rorhes  érupiivcs.  Le  grnuulite  et 
la  pegnialite  criblent  le  niicaschisio  de  toute  cette  contrée  connue 
il  est  facile  de  Tobserver  le  long  de  la  roiUc  do  Clugnat  à  Bou^sac-, 
et  dans  toutes  les  cariièies  ouvertes  pour  rcmpierrenient  des 
routes.  Une  de  ces  carrières  nionlre  lo  fait  dans  sa  plus  grande 
évidence,  et  j*en  ai  rapporté  un  échantillon  parfaitement  carncté- 
ristique.  On  y  voit  le  granulite  à  feldspath  rose  injecter  ce  feldspath 
dans  le  micaschiste  noir  et  le  veiner  de  feldspath  rose.  Je  revien- 
drai plus  en  détail  sur  cette  idée  dans  le  chapitre  suivant. 

Le  micaschiste  de  la  Creuse  contient  de  fréquentes  roches  gra 
phiteusei,  notannnent  aux  Boissières,  commune  de  Saint-Dizier- 
les-Domaines  où  Ton  a  cherché  à  l'exploiter,  à  Soulier,  commune 
de  Janaillat,  etc.  D'après  i^J.  Poyet,  ingénieur  civil  des  mines,  ces 
failles  remplies  u  seraient  les  débris  conservés  d'un  terrain  de 
transition  qui  devait  recouvrir  un  assez  grand  espace,  et  que  les 
nombreuses  dislocations  du  sol  suivies  de  puissants  courants  dilu- 
TÎens  ont  presque  fait  disparaître.  » 

Le  micaschiste  du  sud  est  assez  variable  comme  roche.  A  Soulier 
il  passe  au  schiste  argileux  ;  d'ArrèiiCs  à  Champroy,  le  mica  est 
remplacé  par  une  substance  verte  qui  est  peut-être  de  la  chlorite 
OU  du  talc,  et  au  village  de  la  Cour,  connnune  de  Saiut-Pardoux, 
et  au  moulin  de  Parsac,  commune  de  Ghavaiiat,  la  roche  composée 
de  quartz  et  de  mica  en  grains  ressemble  à  un  grès,  mais  devient 
bientôt  normale. 

Un  lambeau  de  stéaschiste  occupe  les  environs  d'Evaux;  c'est 
de  cette  roche  que  sourdent  les  eaux  thermales  de  cette  ville. 

Je  donne  dans  mon  mémoire  un  grand  nombre  d'observations 
de  directions  de  cette  roche. 

Chapitre  U.  —  Cranitt:  micacé,  —  Ce  chapitre,  dans  mon  tra- 
vail, me  semble  être  le  plus  intéressant  de  ceux  qui  traitent  des 
roches  azotqucs;  j'en  donnerai  donc  une  analyse  plus  complète. 

Le  granité  à  deux  micas,  aussi  variable  dans  son  aspect  que  le 
granité  à  un  seul,  présente  comme  lui,  une  variété  jouant  un  rôle 
tellement  important  dans  la  constitution  du  pays  qu'il  est  néces- 
saire de  la  décrire  à  part  et  de  la  désigner  par  un  nom  spécial  (1). 


(I)  M-  Delesse  [Bull,  de  la  Soc.  gcol.  de  Fr.,  2*  sér.,  t.  X,  p.  254) 
a,  lui  aussi,  séparé  le  granité  des  Vosges  en  deux  roches  distinctes  :  le 


6&&  SÊANCK   DU    3    MAftS   1862. 

Le  GRAKiTE  MICACÉ,  vrai  pendant  du  granité  bleu,  ti*a  pas  la 
grains  serrés  comme  lui  ;  il  a  quelque  chose  de  lâclie  dans  n 
structure  ;  son  toucher  est  plus  rude  ;  on  sent  que  le  quartz  y  estplni 
abondant  II  varie  beaucoup  dans  la  grosseur  de  ses  principes  con- 
stituants qui,  sans  être  jamais  fins,  ce  qui  est  son  caractère  essen* 
tici,  passent  cependant  d'une  grosseur  assez  considérable  â  une 
texture  grenue  et  assez  fine  pour  constituer  un  vrai  leplynite 
(weisstein). 

Les  feldspaths  sont  de  couleur  jaunâtre  assez  vive,  rarement 
blancs.  (!c  granité,  comme  le  granité  bleu,  a  deux  feldspaths,  l'un 
formant  sa  pâte,  Tautre  ordinairement  de  couleur  moins  foncée, 
s'en  séparant  quelquefois  pour  constituer  des  cristaux  semblables 
â  ceux  du  granité  bleu  porphyroide.  Ce  second  feldspath  est  plus 
dur  que  le  premier,  et  ses  cristaux  surlesroclics  altérées  forment 
des  saillies  assez  prononcées.  Le  quartz  est  gris,  le  mica  noir  plni 
commun,  le  mica  blanc  plus  rare  recouvrant  souvent  le  premier. 

Sa  structure  est  souvent  stratifiée,  tibulaire,  divisée  en  petites 
plaquettes  de  1  à  3  centimètres  d'épaisseur,  se  suivant  sur  dfs 
espaces  considérables  comme  de  vrais  strates  de  roches  sédimen- 
taires.  Sur  ses  bords  il  est  parfois  {>neissique  sans  que  ses  élémenti 
diminuent  de  grosseur.  De  plus,  de  même  que  le  granité  bleu,  il 
a,  en  se  décomposant,  laissé  dans  de  certaines  régions  dVnormcs 
blocs  sur  les  montagnes  qu'il  constitue  ;  mais  ce  phénomène  ne 
m'a  paru  avoir  lieu  que  là  où  ses  feldspaths  sont  blanchâtres. 

En  somme,  pour  moi,  cette  roche  a  tous  les  caractères  d'une 
roche  métamorphique,  malgré  sa  structure  assez  souvent  porphy- 
roide Les  pénétiationsdu  granité  micacé  dans  le  micaschiste  et  dn 
micaschiste  dans  le  grnnile  micacé  et  leur  enchevêtrement  réci- 
proque si  fréquents  semblent  démontrer  que  cette  dernière  roche 
a  été  formée  aux  dépens  de  la  première.  Pour  cela  il  a  suffi 
qu'une  énorme  quantité  de  felcbpath  ait  été  injectée  dans  le  mi* 
caschiste  et  s'y  soit  cristallisée;  sa  structure  siratifonne  serait  un 
reste  de  sa  structure  primitive  restant  là  pour  démontrer  rorigîne 
à  la  fois  sédimentairc  et  métamoiphique  de  la  roche  nouvelle. 

Plusieurs  faits  semblent  mettre  hors  de  doute  cette  origine  dn 
granité  micacé.  Sans  revenir  sur  le  fait  rapporté  dans  le  chapitre 


granile  des  ballons,  qui  serait  mon  granité  bleu,  et  ie  granité  des 
Vosges,  qui  répondrait  à  mon  granité  micacé.  Gomme  moi,  il  attribas 
une  origine  métamorphique  au  second  ;  seulement  dans  la  Creuse,  Iss 
deux  roches  n'ont  pas  la  même  position  relative,  ce  qui  m 'empêcha  de 
les  assimiler  complètement. 


IfOTB    DE   m.    DB   CB88ÀC.  016 

précédent  et  observé  entre  Glugnat  et  Boussac,  sur  les  enchevê- 
trements si  fréquents  du  granité  micacé  dans  le  micaschiste  et 
du  micaschiste  dans  le  granité  micacé,  j'insisterai  sur  le  parallé* 
lîsme  des  deux  roches  au  nord  et  au  sud  du  département,  sur  leur 
passage  insensible  de  Tun  à  l'autre  à  l'aide  du  gneiss  à  deux  micas, 
euBn  sur  ce  passage  matériellement  constaté  au  sud  de  Felletin 
et  bien  établi  par  des  échantillons  de  ma  collection.  Ces  échan- 
tillons sont  des  micaschistes  ordinaires  dont  le  mica  brun  a  été 
recouvert  par  de  nombreuses  paillettes  de  mica  blanc  qui  le  dis« 
simulent  presque  entièrement.  Entre  les  feuillets  de  ce  micaschiste 
de  gros  cristaux  de  feldspath  rose  en  forme  de  lentilles  de  plus 
de  1  centimètre  d'épaisseur  sur  3  de  longueur  se  sont  développés 
et  ont  contonrné  les  feuillets.  Il  est  évident  qu'en  augmentant  la 
quantité  de  feldspath  on  aura  le  gneiss  à  grands  éléments  du  gra- 
nité micacé,  puis  en  augmentant  encore  cette  quantité,  le  granité 
micacé  avec  ses  deux  micas  et  son  quartz  grisâtre,  vrai  quartz  des 
micaschistes. 

Ainsi  donc  le  granité  micacé  aurait  pour  origine  le  micaschiste 
feldspathisé  par  le  granulite  et  la  pegmatite  qui  auraient  fourni 
outre  le  feldspath  le  mica  blanc,  le  seul  que  j'aie  jamais  vu  dans 
la  pe(;matite.  La  pegmatite  coupant  dans  la  Creuse  le  granité  bleu, 
l'âge  métamorphique  de  notre  roche  serait  parfaitement  indiqué. 

Le  terrain  de  granité  micacé  est  composé  dans  la  Creuse  du 
granité  micacé  décrit  plus  haut,  de  gneiss  sur  les  bords  de  la  for- 
mation le  long  du  micaschiste  et  jamais  ailleurs,  (ce  gneiss  est  à 
deux  micas  et  à  gros  éléments;  on  y  voit  de  gros  cristaux  de 
feldspath  contourner  les  feuillets  de  la  roche,  et  leur  origine  est 
bien  évidemment  postérieure  à  sa  formation  primitive],  et  enfin  de 
leptynite  (weisstein).  Cette  dernière  roche,  composée  de  quartz 
gris  et  de  deux  micas,  ne  paraît  contenir  qu'un  seul  feldspath  blanc 
jaunâtre  ou  rougeâlre.  Ce  leptynite  est  plus  feldspathique  que 
celui  qui  est  en  connexion  avec  le  gneiss  à  un  seul  mica;  au  tou- 
cher il  est  moins  rude,  et  sous  le  marteau  il  est  moins  dur  et 
moins  sonore  ;  il  s'écrase  au  lieu  de  se  briser  comme  le  premier. 

Pour  donner  une  idée  de  la  composition  de  ce  terrain,  je  yais 
présenter  ici  une  coupe  de  la  partie  la  plus  complexe.  En  partant  du 
MoDteil-au-Yicomte  et  allant  jusqu'à  Saint-Julien-la-Brugère,  on 
rencontre  les  alternances  suivantes  :  le  Monteil,  granité  à  parties 
moyennes  ou  plus  fines,  peu  porphyroide  ;  Lardillas,  granité  por- 
phyroide;  Saint-Pierre-le-Bost,  micaschiste  sur  le  flanc  est  de  la 
montagne  ;  au-dessus  du  bourg,  granitc  porphyroïde,  puis  lepty- 
nite jusqu'au  Compeix  ;  la  Yediéne,  granité  porphyroïde  ;  entre 


6i6  SÉAlfCV    DO    ^    MARS    1862. 

ce  vilb{][e  et  celui  de  Villeinesno,  micascliiUe  sur  le  flanc  est  de 
la  iiionla^jne ;  puis  {jr.inirc  imipliyroide  jusqu'à  Saînt-Pardoux; 
flanc  out-sl  de  la  nion(aj;nc,  leptynite  jus(|u'à  la  Court:  dans  k 
villa{>e,  micaschiste  toujours  sur  le  flanc  vsi  de  la  montagne;  aa- 
dessus,  [jrauitepoi'phyro'idc  jusqu'à  Saint-Julien. 

Chapitre  5.  —  Cranitr  hini.  —  Ce  {>ranite  à  un  seul  mica  est 
la  roche  rruptive  qui  occupe  le  plus  d'espace  dans  le  d^partenieat. 
Il  cst(;i*i'nu  ordinaiicnicnl,  iiuelquefois  porphyroîde,  surtout  sur 
les  soninicts.  Il  a  sni-{;i  anlcricu renient  au  terrain  houiller  qui  en 
contient  iians  la  Creuse  des  cailloux  roulés  dans  son  poudingue,  et 
a  clc  rclivé  suiv:inl  une  Irjjne  .\.-().,  S.-E.,  |)Ostcrieurement  à  ce 
tcirain  qui  lui-inènie  a  été  aflccté  par  cette  direction  dans  h 
vallée  de  la  (lieuse,  mais  sans  que  je  puisse  préciser  autrement  la 
date  d'après  les  faits  que  j'ai  pu  observer  dans  le  départenieat 
dont  j 'esquisse  la  j'éoloj'ic. 

Dans  ma  note  siu'  le  tunnel  de  la  Souteiraine  (Creuse}  j'aî  parlé 
du  filon  de  {jidène  ar^ientilèie  qui  y  fut  découveit,  mais  je  oe 
mcniioiinai  pas  un  faii  rpii  vient  encore  corrohorer  mes  idées  sur 
rori(;ine  du  granité  micacé  :  c*cst  la  présence  de  quelques  pail- 
lettes de  mica  hlane  dans  le  {;ranite  hleu  ie  long  dv.  la  fente  occu- 
fjt'v  fjiir  Ifi  f^ntrtic.  LWliantitlou  le  plus  curieux  que  je  possède 
est  un  rraj;uient  de  (;raiiite  profondément  altéré.  La  partie  qui 
constituait  la  paioi  de  la  fente  est  formée  par  du  feldspath 
d'mi  heaii  hlane,  quelques  rares  cristaux  assez  gros  de  quarts 
violet,  quelques  paillettes  de  mica  noir  très  petites  et  des  pail- 
lettes de  mica  hlane  plus  {'landes.  Cette  partie  fi'Ids|)ai bique  qui 
stï  fond  avec  la  masse  de  la  rorhe  n  environ  i  centimètre  d'épais- 
seur. Le  mica  hlane  en  outre  est  dissénnné  dans  tout  récbantillon 
qui  a  environ  10  centimètres  de  largeur.  Quelques  autres  échan- 
tillons des  salhandcs  du  même  filon,  dont  le  granité  n'a  subi 
d'antre  altération  que  d'avoir  son  feldspath  trt*s  jauni,  ont  ausn 
quelques  rares  parcelles  de  mica  Mane.  Si  je  me  suis  bien  expli- 
qué, on  doit  voir  là  un  fait  analogue  à  celui  cité  au  chapitre  3- 
Ëntre  Chignat  et  Roussac,  j*ai  vu  le  feldspath  |Yénétrer  le  mica- 
schiste ;  ici  c'esi'  le  mica  hlane  qui  pénètre  le  granité  sous  l'influeDce 
d'un  rdon  de  pe(>inati(c.  J'ai  donc  lieu  d'espéi*er  avoir  surpris 
le  secret  de  la  nature  dans  le  mode  qu'elle  a  employé  pour  trans- 
former le  micaschiste  en  granité  micacé. 

Chapitre  6.  —  Formation  carbonifère? —  I^  formation  carbo- 
nifère? forme  anjom'dMiui  plusieurs  lambeaux  qui  paraisKOt 
avoir  été  autrefois  icnnis.  Ce  terrain  est  formé  eu  grande  partie 
de  grauwacke  métamorpbisée  semblable  a  celle  que  M.  DelesR 


NOTE    DK    M.    DB   CB68ÀC.  6A7 

a  décrite  dans  le  BuHvtin  de  la  Société  géologique  de  France 
(2*  sér.,  t.  X).  Ou  y  trouvo,  en  outre,  des  {',rès  qu'on  ne  distin- 
guerait pas  des  grès  liouillers,  des  schistes  argileux  verdâtres  et  de 
l'auttiracite. 

Dans  mon  niënioire  je  décris  avec  détail  tous  les  affleurements 
charbonneux,  j'indique  les  travaux  de  recherches  qui  y  ont  étë 
faits,  les  principales  variations  des  roches  qui  forment  tout  cet 
ensemble,  et  ks  filons  qui  le  coupent. 

Au  sud  de  Saint-Julicn-la-Genête,  sur  la  rive  gauche  du  Gha* 
crot,  vis-à-vis  du  confluent  du  ruisseau  de  Tliy,  la  grauwacke 
verte  à  grains  fms  contient  une  lentille  de  calcaire.  Un  échan- 
tillon de  ma  collection  contient  une  petite  étoile  spathique  que 
M.  Poyet  a  reconnue  pour  un  débris  dVncrinite.  M.  Tingénieur 
en  chef  des  mines  Furgaud  avait  autrefois  trouvé  dans  ce  terrain 
des  impressions  de  fougères  dans  un  schiste  argileux  et  dans  un 
grès  grisâtre  et  noirâtre  à  Taleix.  Ce  calcaire  et  cette  encrinite 
m'ont  fait  assimiler  ce  terrain  à  celui  de  l'Allier  et  de  la 
Loire,  etc.;  il  en  serait  la  dernière  extension  ouest  sur  le  plateau 
de  la  France  centrale. 

Chapitre  7.  —  Terrain  houi/ler,  —  Les  bassins  houillers  de  la 
Creuse  sont  au  nombre  de  cinq  :  les  bassins  d'Ahun,  de  Saint- 
iV]ichel-de-yaisse,de  Fanx-!Mazuras,  de  Bouzogles  etde  Bosmoreau. 
Je  passe  légèrement  sur  le  terrain  houiller  de  la  Creuse  dans  mon 
mémoire,  l'administration  ayant  chargé  M.  Grùner  d'en  faire  la 
description,  et  cet  ingénieur  étant  sur  le  point  de  publier  son 
travail. 

Chapitre  8.  —  Terrain  tertiaire  moyen,  —  Le  terrain  n'a  de 
représentant  dans  la  Creuse  que  le  petit  bassin  de  Gouzon.  Il 
appartient  à  l'étage  moyen  et  doit  être  probablement  rattaché  à 
celui  de  l'Allier.  M.  Furgaud  n'y  a  trouvé  comme  fossiles  que 
quelques  mousses. 

Chapitre  9.  —  Terrain  quaternaire.  —  Ce  terrain  est  assez 
répandu  dans  la  Creuse,  on  il  occupe  les  plateaux.  A  la  base  on 
firoure  souvent  un  con[^lomérat  contenant  des  cailloux  cimentés 
-  par  de  l'argile  fort  dure  ou  de  l'oxyde  de  fer  ou  de  manganèse. 
Uoe  argile  assez  pure  et  blanchâtre  recouvre  presque  toujours  ce 
conglomérat.  Lts  blocs  erratiqnes  sont  rares  dans  la  Creuse  ou  du 
moins  fort  difficiles  à  reconnaître;  j'en  ai  cependant  remarqué 
sur  le  terrain  houiller  d'Ahun. 

Chapitre  10. —  Terrain  moderne.  —  Alluvionsdes  rivières,  etc.  ; 
tourbières;  elles  sont  nomhrenscs  dans  la  Creuse  et  deux  sont  dé- 
•igoées  dans  la  grande  carte  géologique  de  la  France  comme 


6A8  SÊANCB    DU    3    MAIS    1862. 

bassins  liouillers  (sud  du  di'parteinent,  près  Fénîera) .  Eaux  miné- 
rales (Evnux,  les  Ghauineites,  etc.).  On  a  trouvé  des  cristaux  de 
ch'iux  siilfj«tée  trape^zienne  dans  une  ar|>ile  jaune  près  du  villaf^e 
de  Doullcnux,  a  gauche  de  la  ruutc  de  Cliambon  â  Êvaux.  Celte 
argile  paraît  déposée  dans  les  anfiactuosités  du  stéascliîste.  Je 
serais  tenté  de  voir  là  un  orifice  hourlié  des  eaux  thermales 
d^Évaux  qni  sont  toutes  voisines,  plutôt  que  de  croire  à  une 
ancienne  extension  jusque-là  du  bassin  tertiaire  de  Gouzon  qui 
contient  lui  aussi  du  gypse. 

III*  SECTION.  —  DrsnipiioN  ci  classification  des  filnng;  dislncû' 
tions  du  sol,  —  Avant  d'esquisser  cette  section,  je  dois  dire  qu'écrite 
depuis  longtemps,  elle  m'a  toujours  paru  n'être  qu'ébauchée.  Je 
l'ai,  à  dessein,  i*eléguée  à  la  fin  pour  qu'il  me  soit  possible  de  U 
perfectionner  on  nicme  de  la  refondre  en  entier,  jusqu'au  moment 
où  cette  partie  de  mon  travail  verra  le  jour.  Je  n'aî  pu,  cela  se 
comprend  facilement  à  cause  de  la  série  si  incomplète  de  ses  ter- 
rains, trouver  dans  la  Creuse  les  éléments  d'une  classification  de 
ses  filons  ;  il  me  faudra  donc  pour  y  arriver  poursuivre  mes  recher- 
ches au  dehors. 

Chapitre  1'^  —  Quartz.  —  En  étudiant  le  quarts  de  In  Creuse 
le  mémoire  de  I\l.  Grùner  à  la  main,  on  en  trouve  de  plusieiiis 
époques  (1);  je  me  Inirnerai  ici  à  le  diviser  en  trois  groupes. 

Le  premier  groupe  comprend  les  rognons  quartzeax  si  abon- 
dants dans  le  micaschiste  et  le  granité  associé  au  gneiss  et  les 
petits  (ilôts  qui  traversent  ces  terrains.  Ce  quarts  est  à  aspect  fpm 
et  sembla! >le  à  celui  des  pep,matites. 

Le  second  groupe  comprend  les  filons  de  quarts  hyalin  avee 
tourmaline,  mica  et  felds)Kith,  qui  dépendent  des  pegiiiatites. G(f 
filons,  signalés  par  iVl.M.  Manès  et  Grùner  dans  la  Haute-YieoDCf 
se  retrouvent  dans  la  Creuse. 

Le  troisième  groupe  comprend  les  vrais  filons  de  quarts.  Dani 
la  Creuse,  ils  sont  orientés  en  moyenne  N.-0.,S  -E.  Le  quarts  de 
ces  filons,  ainsi  que  je  l'ai  déji\  fait  remarquer  en  185&,  est  nc- 
charoide  et  d*un  beau  blanc  et  nullement  semblable  à  celui  da 
groupes  précédents.  M.  Grùner,  d'après  ses  observations  dansla 
Creuse  au  sud  de  Bourganeuf,  les  considère  comme  postérieuisaa 
terrain  hou i lier. 

Description  et  orientation  des  principaux  filons  de  quarts; 
substances  minérales  qui  s'y  trouvent. 


(I)  Essai  (tune  classification  des  principaux  fiions  dm  piatemi 
central  de  la  France^  etc.  {Société  impériale  de  Lyon,  4B56). 


NOTS    DB    M.    DE    CESSÀC.  6A9 

Chapitre  2.  —  Pegmntite  et  granaiite.  —  La  pegmatite  est  un 
granité  à  gros  cléments  sans  mica.  Cependant  ce  minéral  s'y 
trouTe  souvent;  alors  il  est  toujours  blanc  argentin  ou  légèrement 
doré.  Dans  la  Creuse  j*ai  vu  la  pegmatite  couper  tous  les  terrains 
azolques  y  compris  le  granité  bleu.  £lle  est  donc  postérieure  à 
cette  dernière  roclie,  mais  elle  csi  antérieure  au  groupe  carboni- 
fère dans  lequel  elle  ne  pénètre  pas. 

L'orientation  n'est  pas  constante,  moyenne.  —  Kaolin,  etc., 
minéraux  accidentels  qu'elle  contient. 

Le  granuliteest  un  granité  compacte  rose,  très  feldspatliique,  à 
grains  presque  indiscernables;  il  contient  souvent  de  petits  grenats 
rouges  et  quelquefois  des  pyrites.  Il  doit  être  contemporain  de  la 
pegmatite. 

Chapitre  3.  —  Porphyres,  —  Nous  avons  dans  la  Creuse  tmis 
orientations  bien  marquées,  sans  compter  celle  du  porphyre  gra- 
nitoide.  Ces  orientations  sont  N.  un  peu  E.  ;  N.-O.,  S.-E.  et 
0. 10°  N. 

Le  porphyre  granitoide  de  M.  Grùner  n'est  pas  commun  dans 
la  Creuse,  ou  du  moins  je  n'ai  peut-être  pas  su  toujours  le  séparer 
du  granité.  M.  Poyetl'a  vu  dans  le  poudingue  houiller  d'Ahun  en 
cailloux  roulés;  il  serait  donc  dans  la  Creuse,  comme  ailleurs, 
aotérieur  à  ce  terrain. 

Le  porphyre  N.  un  peu  E.  coupe  dans  le  département  le  terrain 
carbonifère  et  se  retrouve  en  cailloux  roulés  dans  le  conglomérat 
houiller  d'Ahun  ;  il  est  donc  intermédiaire  entre  ces  deux  terrains. 
Celui  trouvé  dans  le  conglomérat  contient  des  pinnites;  ce  miné* 
rai  est  rare  dans  ce  porphyre,  tandis  qu'il  est  à  peu  près  constant 
dans  le  porphyre  N.-O.  Cette  roche  éruptive  parait  cantonnée 
daos  la  partie  est  de  la  Creuse,  où  elle  forme  de  nombreux  fdons 
qu'on  peut  suivre  sur  de  longues  étendues  de  terrain. 

Le  porphyre  orienté  E.-O.  environ  ne  peut  être  classé  comme 
Age  d'après  les  éléments  existant  dans  la  Creuse.  Il  y  coupe  la 
grauwacke  métamorphisée,  ce  qui  est  cependant  déjà  une  indi- 
cation, mais  il  ne  se  retrouve  pas  dans  le  conglomérat  houiller. 
Gc  dernier  fait  n'a  peut  être  pas  une  grande  importance,  Ahun  en 
étant  assez  éloigné.  Ce  porphyre  forme  des  monticules  au  milieu 
ou  sur  les  bords  du  terrain  tertiaire  de  Gouzon  ;  il  y  est  fort  décom- 
posé en  général  et  a  été  pris  pour  nn  grès  miocène,  mais  les  petits 
cristaux  rares  de  quartz  terminés  par  une  pyramide  ne  permettent 
pas  de  s'arrêter  à  celte  idée.  Plus  à  l'ouest,  près  deParsac,  et  dans 
la  commune  de  Saint-Sulpice-le-Guéritois  il  est  normal.  C'est 
alors  une  argilophyre  composée  d'une  pâte  feldspath ique  corn- 


650  SÊANCB    DU    8    MÀ18    1862. 

parte  roiige.4tre  ou  verdatre,  contenant  des  cristaux  plut  ou  moins 
abondants  de  quartz  terminés  par  une  pyramide  à  six  pau. 
A  Longechaud  (commune  de  Saint-Sulpice-le-Guéritois),  ce  por- 
phyre contient  de  plus  de  petites  taches  ocreuses  jaunes  et  csl 
traversé  par  de  nombreux  filets  de  quartz,  tantôt  à  aspect  grai, 
tantôt  radié. 

Le  poi'pliyre  N. -G.  S.-E.  contient  différentes  substances  acci- 
dentelles :  mica  noir,  amphibole,  pinnites,  etc.  Dans  le  sud  du 
département,  il  coupe  le  terrain  houiller  au  midi  de  Rouif^aneuf. 
M.  Grùner,  qui  lui  donne  une  orientation  presque  nord  vrai  dam 
son  mémoire  déjà  cité,  l'a  vu  près  de  ce  terrain  houiller  en  rap- 
port avec  des  filons  de  quartz  N.-().  S.-£.  A  Domérot,  dans  le 
boui(;  même,  un  (ilon  de  quartz  partajje  eu  deux  un  filon  depoi^ 
phyre  à  aspect  un  peu  seliisleux. 

I^a  minette  n*e$t  pas  commune  dans  la  Creuse  ;  elle  ne  se  trouve 
guère  qu'aux  environs  d'Aubusson  et  |>eut-étre  de  Cliénéraîlles; 
son  orientation  parait  être  N.  5°0.  Au  village  des  Portes,  au  nord- 
est  de  Saint-Loup-les-Landt'R,  le  granité  bleu  perce  au  milieu  du 
terrain  tertiaire.  Ce  granité  est  traversé  par  un  filon  de  porphyn 
quartzifère.  longé  à  louest  par  un  filon  parallèle  de  minette.  Tout 
cet  ensemble  est  recouvert  de  tous  côtés  par  l'argile  tertiaire;  il 
m'a  donc  été  impossible  de  voir  si  la  minette  coupait  le  poi-phyre 
ou  était  coupée  par  lui.  Tout  ce  que  je  puis  dire,  c'est  que  la  mi- 
nette est  |>ostérieure  au  granité  bleu;  mais  elle  peut  être  anté- 
rieure au  terrain  carbonifère,  le  poi'phyre  N.  un  peu  £.  ayant  pa 
s'intercaler  postérieurement  à  la  formation  de  ce  terrain  entre  clk 
et  le  graiiitc  bleu. 

Un  filon  de  wacke,  semblable,  d'après  M.  Grùner,  à  celai  qui 
traverse  le  terrain  houiller  de  Rive-de-Gier,  coupe  ce  terrain  k 
Ahun  ;  sa  direction  est  N.  35  à  ^O^O.  M.  Mallard,  qui  a  analysé 
cette  roche,  termine  sa  note  en  disant  que  la  composition  chi- 
mique et  les  caractères  minéralogiques  de  ce  porphyre  noir  dA 
vent  la  faire  considérer  comme  une  roche  trachytique. 

Chapitre  U.  —  jimpluhotitc.  —  L'amphiliolitc  et  la  diorite  delà 
Creuse  sont  antérieures  à  la  pegmatite,  qui  les  traverse  souvent. 
Ces  deux  roches,  qui  passent  de  Tune  à  l'autre,  forment  dans  b 
micaschiste  des  bourrelets  allongés  dont-  l'orientation  moyenne 
peut-être  rapportée  au  N.-E.;  elles  se  décomposent  en  blocs  sein* 
blables  à  ceux  du  granité  bleu,  notamment  entre  ChâteluseC 
Ci  ligna  t. 

Chapitre  5.  —  Granité  bleu,  —  Le  granité  bleu  paraît  avoir 
surgi  dans  la  Creuse  suivant  une  direction  E.  un  peu  S.  à  Ol  on 


HOTB    DB    H.    DE    CB8S1C.  àHl 

peu  M.,  antérieareinent  au  terrain  liouiller,  qui  en  contient  dans 
son  conglomérai.  Il  a  été  ensuite  orienté  dans  les  chaînes  qui 
bordent  la  Creuse  N.-O.  S.-E.,  postérieurement  à  laformatiou  de 
ce  terrain  qui  en  a  été  affecté  et  a  été  relevé  suivant  cette  direc- 
tion. Ces  deux  directions  se  rapportent  :  la  première,  au  système 
des  Ballons,  la  seconde,  au  système  du  Morvan.  Quelque  étrange 
que  paraisse  la  première  orientation,  qui  donnerait  au  granité 
bleu  une  origine  plus  moderne  que  celle  qui  lui  est  généralement 
attribuée,  elle  n'est  pas  nouvelle  dans  la  science  ;  elle  se  retrouve 
dans  la  Lozère  (1)  et  peut-cire  dans  les  Vosges,  où  le  granité  des 
Ballons  de  IM.  Delesse  parait  correspondre  à  mon  granité  bleu. 
Cette  observation  d*nn  granité  contemporain  du  système  des 
Ballons  viendrait  détruire  ce  que  j'ai  dit  de  l'Âge  du  granité  mi- 
cacé et  de  la  pegmatite  qui  sont  certainement  antérieurs  au  ter- 
rain carbonifère.  Je  serais  donc  tenté  de  croire  que  le  granité  bleu 
a  surgi  dans  la  Creuse  à  plusieurs  époques,  mais  en  même  temps 
je  doiâ  dire  que  ces  granités  sont  minéralogiquemenl  semblables. 

Chapitre  6.  —  Systèmes  de  dislocation  du  sol  et  sotdèvements,  — 
J'ai  reconnu  dans  la  Creuse  un  certain  nombre  des  systèmes  de 
dislocation  du  sol  décrits  par  les  auteurs  et  si  bien  défînis  par 
M.  Elie  de  Beaumont. 

Système  du  Longmynd^  N.  26**  52'  E.  (2). —  Ce  système  parait  se 
retrouver  dans  le  gneiss  du  N.-E.  du  département  près  d'Evaux. 
(Test  suivant  celle  direction  qu*a  surgi  Tamphibolite  du  N.-O.  Ce 
èystème  semble  avoir  laissé  peu  de  traces  dans  la  Creuse. 

Système  des  Ballons,  O.  11°  21' N.  —  Ce  système  aff'ecte  dans  la 
Creuse  le  granité  bleu,  surtout  dans  les  environs  de  la  Souterraine, 
du  Grand-Bourg,  de  Bénévent,  etc. ,  et  le  terrain  carbonifère  dont 
ta  limite  nord  est  0.  12  à  IS*»  N. 

Système  du  Forez,  N.  16°  22'  0.  —  Les  micaschistes  du  sud  du 
département  à  l'ouest  de  Bourganeuf  et  le  gianite  micacé  ont  été 
orientés  par  ce  système  de  soulèvement.  La  direction  des  mica- 
acbistes  est  N.  15  à  iS'*  O. ,  et  la  petite  chaîne  de  granité  micacé 


(<)  Voir  Dorlbao,  Esquisse  géologique  du  département  de  la  Lo" 
tére,  4  860. 

.  (S)  M.  Maliard,  ioj^énieur  au  corps  impérial  des  mines  et  profes- 
•eur  à  récole  de  Saint-Étienne,  a  eu  robiigeance  de  me  remettre  un 
tableau  des  différentes  directions  des  systèmes  de  montagnes  rappor- 
tées au  signal  de  Maupuy,  montagne  près  Guéret,  lat.  46°  9' 20'' N., 
léng.  0*  20'  0.  Je  me  suis  toujours  servi  dans  ce  travail  de  ce  tableau 
«dealéparioi. 


662  SftAlfCB   DO    3   HARS   1862. 

qui  s*étcnd  de  Ponlarion  à  Saint-Pierre-le-Bost  a  à  peu  près  la 
inéme  orientation. 

Système  du  Monvin,  IS.  UVO.  — Ce  système  a  fait  sentir  svi 
effets  au  granité  bleu  et  au  terrain  Iiouiller  dont  il  a  redressé  les 
couches.  C'est  lui  qui  a  soulevé  les  deux  chaînes  de  montagnes  qui 
bordent  le  cours  de  la  Creuse,  et  qui  a  disloqué  le  terraiu  carboni- 
fère. Ou  retrouve  cette  orientation  dans  la  liinitenord-eat  du  granité 
micacé  du  sud  du  département  ;  elle  est  très  fréquente  au  surplus 
dans  tout  l'ouest  du  plateau  central. 

Système  fies  Pays- Bus,  O.  6"29'  N.  —  Ce  systèiue  a  donné  son 
orîentition  au  micaschiste  et  au  granité  micacé  du  nord  du  dépar- 
tement. Ce  micaschiste  et  le  stéaschiste  d'Evaux  sont  orienté! 
0. 10*^8.  environ,  et  la  chaîne  tle  Toulx  a  sa  limite  N.  6*1/2  N. 
environ. 

IV*  Section.  —  Géologie  appliquée. 

Chapitre  l*^  —  /agriculture.  —  Sol  naturel ,  amendeinents  mi- 
néraux, etc. 

Chapitre  2.  —  Exploitation  tics  mines  tic  la  Creuse,  —  Leur 
histoire,  minéraux  utiles,  carrières. 

Je  terminerai  cet  aperçu  de  mon  travail  par  les  lignes  soi- 
vantes  de  mon  inti*oduction  :  «  Les  documents  géologiques  écrits 
sur  la  Creuse  sont  nombreux,  et  malgré  cela  ce  département  eit 
encore  peu  connu.  Aussi  accucillera-t-on,  jVime  à  le  croire,  avec 
intérêt  et  indulgence  les  détails  que  je  me  propose  de  donner. 
Je  ne  dirai  que  ce  que  j\ii  vu  ou  ce  qui  est  hoi*s  de  doute  ;  mais, 
comme  j'ai  aujourd'hui  parcouru  tout  le  département,  Tesquine 
que  je  présente  sera  juste,  je  l'espère,  dans  son  ensemble  ;  des 
détails  y  seront  ajoutés  avrc  le  temps,  et  les  découvertes  de  la 
science  viendront  certainement  en  changer  les  appréciations  et  la 
points  de  vue,  mais  les  faits  observés  sans  théories  préconçues  res- 
teront, et  c'est  là  ma  seule  ambition.  » 

M.  le  comte  Jaubert  donne  lecture  d'uoe  notice  nècrologiqoi 
sur  M.  Cordier. 

M.  Tabbé  Bourgeois  fait  la  communication  suivante  : 

Distribution  îles  espèces  dans  les  terrains  crétacés  de  Loir^* 

Cher;  par  M.  Tabbé  Bourgeois. 

Notre  but  en  faisant  connaître  les  espèces  des  terrains  crétacés 
de  Loir-et-Cher  et  la  manière  dont  elles  y  sont  distribuées  est  de 


KOTB    DK   n.    BOURGEOIS.  653 

faciliter  une  division  naturelle  des  assises  qui  constituent  cette  for- 
mation. Nous  avouerons  volontiers  que  nos  observations  ont  été 
faites  sur  un  espace  trop  restreint  pour  fournir  les  éléments  d'une 
solution  générale  et  définitive  de  la  question  ;  mais  il  nous  a  sem- 
blé que  de  modestes  recherches,  opérées  minutieusement  et  con- 
sciencieusement dans  une  contrée  particulière,  pouvaient  présen- 
ter de  l'intérêt,  et  même  que  rien  n*était  plus  favorable  aux 
progrès  de  la  science  que  la  réunion  et  la  comparaison  de  ces 
monograpliies. 

Nous  allons  considérer  successivement  les  différents  étages,  en 
suivant  de  bas  en  haut  l'ordre  de  superposition. 

I.  —  Étage  cénomanien  {snble,  et  grès  du  Maine), 

L'étage  cénomanien  présente  un  développement  assez  considé- 
rable au  nord-ouest,  dans  les  cantons  de  Savigny,  iVlondoubleau 
et  Droué,  sur  les  confins  de  la  Sarthe  et  de  l'blure-et-Loir  ;  puis 
il  plonge  sous  les  étages  supérieurs,  traverse  le  département  dans 
le  sens  de  son  grand  axe  et  se  relève  au  sud-est,  dans  les  cantons  de 
Mennetou  et  de  Saint-Aignan,  sur  les  limites  de  Tlndre  et  du  Cher. 
Par  Tune  de  ses  extrémités  il  se  relie  d*une  manière  immédiate 
aux  sables  et  aux  grès  du  Maine  et  par  Tautre  à  ceux  du  Berry. 

On  peut  le  subdiviser  en  trois  zones  bien  distinctes,  au  triple 
point  de  vue  de  la  stratigraphie,  de  la  minéralogie  et  de  la  paléon- 
tologie. 

1®  Cénomniùen  inférieur  {zone  du  Pecten  asper).  — Nous  l'avons 
rencontré  dans  le  nord-ouest  du  département,  au  Plessis-Dorin, 
près  du  hameau  des  Gaves,  à  Fontaine- Raoul,  près  du  village 
nommé  Petit-Fontaine-Haoul,  à  Houffry,  près  de  la  ferme  du 
Gormont,  et  au  fond  d'une  fosse,  près  de  la  ferme  de  Granlay  ;  dans 
le  sud-tst,  à  IMaray,  sur  le  chemin  de  Saint-Georges,  et  à  Ghâ- 
tillon-sur-Cher,  au  village  de  Fretevou,  sur  le  bord  du  canal.  Il 
se  présente  sous  la  forme  d'une  argile  gris  verddtre  ou  d'un  cal- 
caire très-chlorité.  Ces  rares  affleurements  n'ont  qu'une  puissance 
de  3  à  !i  mètres,  mais  il  est  à  présumer  que  la  puissance  totale  de 
la  couche  est  beaucoup  plus  considérable.  Si  le  gault  et  le  néoco- 
inien  n'existent  pas  dans  cette  partie  du  bassin  de  la  Loire,  comme 
tout  porte  à  le  croire,  la  craie  à  Pecten  asper  doit  reposer  immé- 
diatement sur  les  terrains  jurassiques  (1). 

(1)  Dans  les  forages  artésiens  pratiqués  à  Tours  et  poussés  jusqu'à 
%K%  mètres,  au  puits  Champoiseau,  on  a  traversé  toutes  les  couches 
trétacées sans  rODCoatrerle  gault  ni  Télage  néocomien. 


66A  sfiÀNCs  DU  3  MiJLS  1862. 

2°  Cénomanien  moyen  {zone  du  Scaphites  aMfualis).  —  La  partie 
moyenne  de  Tétage  cénomanien  est  la  plus  considérable  eo  élmi- 
due  et  en  puissance,  mais  elle  ne  présente  pas»  comme  dans  la 
Sarthe,  ce  beau  dévcloppemenl  qui  a  permis  à  MM.  Triger  et 
Cotteau  d'établir  si  nettement  la  superposition  des  zones.  EUecft 
constituée,  dans  le  nord-ouest,  par  des  sables  et  grès  ferrugineui 
généralementjaunes,  comme  à  Savigny  yiMondoubleau,  Bail  Ion,  tftc., 
ou  par  des  grès  de  couleur  brune  appelés  roussanis,  comme  i 
Sargé.  Dans  le  sud -est,  ce  sont  tantôt  des  calcaires  crayeux  oo 
compactes  (Mennetou,  sous  les  vieux  murs  de  la  ville),  tantôt  des 
grès  très  durs,  de  couleur  grise  et  en  grande  masse  (Maray,  prèsda 
1)ourg),  tantôt  enfin  des  grès  jaunâtres  en  lits  minces,  alternaDt 
avec  des  sables  [Clidtillon-sur-Cher,  près  du  TÎUage  de  Fretevou); 
la  puissance  varie  de  2  à  15  mètres. 

3*  Cénomanien  supt^rieur  [zone  fie  /'Ostrea  biaurîculata) .-— La 
partie  supérieure  de  Tétage  cénomanien  se  compose  de  coucbei 
d'argile  grise  ou  verdâtre  et  de  sable  ou  de  calcaires  cliloritésdool 
la  puissance  ne  dépasse  pas  Zi  mètres.  Nous  avons  constaté  sa  présence 
dans  l'ouest,  à  Bonnevau,  près  de  R<'ssé  (Sarthe),  dans  le  sud-est,  i 
Clidtres,  sur  la  rive  droite  du  Cher,  et  plus  bas  à  Ghâtillon.  Dam 
cette  dernière  localité,  les  ar(>ilcs sableuses  à  ostracées  ressemblent 
d'une  manière  frappante  à  celles  du  Mans,  avec  cette  seule  difle- 
rencc  ijue  VOsircn  biauriculata  y  est  très  rare. 

Nous  devons  maintenant  faire  connaître  le  résultat  de  nos  re- 
cherches paléontologiqucs  dans  les  trois  zones  de  l'étage  cénoma- 
nien dont  nous  avons  esquissé  les  caractères  stratigraphiquei  et 
pétrO[rraphiques 

Total  des  espèces  déterminées (| 

Espèces  passant  dans  les  étages  supérieurs 9 

Espèces  atteignant  l'étage  séQODieo 4 

Distribution  des  espèces  dans  ies  zones  inférieure^  moyeHne 
et  supérieure  comparées  entre  elles. 

Cénomanien  inférieur  (craie  à  Pcctcn  asper) \% 

Espèces  propres Il 

Cénomanien  moyen  (craie  à  Scaphites  œquaiis) 56 

Espèces  propres |5 

Cénomanien  supérieur  (craie  à  Ostrea  biauriculata) | 

Espèces  propres 4 

(Voir  le  tableau  page  669.) 

Nous  allons  terminer  ces  détails  sur  Tétage  céqomaiMen  par 


KOn    OB    M.    BOURQBOIS.  066 

coupe  de  la  colline  de  Fretevou  (Ghâtillon-sur-Chcr).  Dans  cette 
localité  si  intéressante,  que  nous  recouiinandons  aux  géologues, 
les  trois  zones  réduites  à  de  très  petites  proportions  sont  visible- 
ment superposées,  nettement  distinctes  et  recouvertes  par  un  vaste 
idéveloppenient  de  craie  turonienne  à  RfiYnchonvUn  Cuvteré,  Voici, 
de  haut  en  bas,  Toi-dre  des  couches  tel  que  nous  l'avons  constaté 
arec  M.  Hébert,  dont  les  lumières,  dans  cette  circonstance  comme 
en  beaucoup  d'autres,  nous  ont  été  si  utiles  (1)  t 

Turonien  inférieur. 

4*  Craie  à  silex  noir 7", 00 

2°  Lit  d'argile  jaune 0°*,4  0 

3®  Craie  blanche,  h  inoceramux  problcmaticus 7", 00 

4**  Craie  grise,  marneuse,  schisteuse,  à  Rliynchonella  Cu- 

Pieri,    .    .  ■ 4™, 00 

ft*  Craie  jaune,  avec  grains  verts  (mélaQge) 1'',50 

Cénomanien  supérieur, 

6*  Argile  à  ostracées 0",60 

V  Sable  jaune O-.SO 

%^  Sable  gris,  avec  petites  Huîtres 0"*,60 

Cénomanien  moyen, 

9°  Grès  à   Serpules  (lit  supérieur) O^jîO 

4  0°  Sable  gris,  avec  Ostrea  columba  minor 2", 00 

41°  Grès  à  Serpules  (lit  inférieur) 0"",20 

12*  Sable  gris,  avec  Ostrea  columba  minor 4"*,00 

■  1 3*  Grès  à  Ostrea  columba  minor  et  jémmonites  cenoma" 

nensisCi) ©■,20 

4  4°  Sable  gris  peu   fossilifère 2™, 00 

45°  Grès  jaune  peu  fossilifère 0",50 

4  6°  Sable  jaunâtre  et  grès  en  lits  minces 3", 50 

Cénomanien  inférieur, 

■ 

47°  Argile   à  Cnrdium   hillanuni 3",00 

»■'■    ' 

•    (4)  La  savant  professeur  de  la  Sorbonne,  en  nous  apprenant  à  ne 

S  confondre  les  silex  de  la  zone  à   liliynchonella  Cuvicn  avec  ceux 
zones  supérieures,  nous  a  donné  la  clef  de  plusieurs  difficultés  in- 
solubles pour  nous  jusque-là. 

(8)  Il  existe  une  grande  confusion  dans  la  science  au  sujet  de  cette 
fspèce.  Nous  désignons  ici  par  ce  nom  une  Ammonite  voisioe  de 
V Ammonites  rhotomagcnsiSy  à  dos  carré,  à  tours  largesse  côtes  simples 


,ige  StANCI   DU    3   IIH   1802. 

La  craie  i  Ammn„lm  peraMplm,  qui  ii'»pi«iratt  pas  dini  li 
nniiif  siip<'rieure  de  IVstarpciiu'nt  de  FreieTOU,  se  montre  mu  U 
liaiiteiir,  au  lieu  nommé  les  Maiilellcs. 

Celle  colline,  déjà  si  reinar<iuable  p»r  le  nombre  des  condiit 
■uper|iosée«,  ne  l'est  po»  moini  par  la  dislMBlîon  et  rinclilUÎMra 
do  ce»  mêmes  couclits,  ainsi  (jwe  par  une  faille  pria  de  laquelle 
eiiite  un  pliisement  du  sol  Iris  ërident.  La  situation  dea  coudia 
esl  repiésenlée  par  la  figure  suivante  : 


Coupe  prlie  à  t'reifvna,  prêt  de  CMtiUoH-$Hr-Scine. 


II.  —   Eluge  luTonien, 

I.»  craie  de  Touraiiie  se  montre  au  sud,  à  l'ouest  et  aa  noid- 
ouest,  dans  les  valléi-s  du  Clier,  du  Loir  et  de  U  Broie.  Nom  U 
iliviseroiis  en  trois  xunes. 

Zone  delà  Rhynrkaarlln  (Tni'fKrf  (lurooisn  toHneur); 
Zone  de  Wlminoiiitcs  perampltut  (luronieD  moyen); 
Zone  du  S/nmityliii  tninriiuis  (tuTODien  sapérieiir). 

Les  faits  que  nous  niions  signaler  nous  semblent  démontrer  la 
lâi;i(imitc>  de  cotte  claskification. 

1"  Tiirniiirn  it>JrrieHr[z'ine  ilc  lu  RhynchoncIlBGaTieri).^Maaa 
avons  constaté  sa  prési-dce  dans  la  vallée  du  Cher,  &  MenDcHM 
(tertre  du  Godet),  A  Vtllefranclieprt-sdubourg,  sur  le  cAté  B'D'bs 

ferrement  prononcées  et  prétentaul  de  chaque  o6ié  deu>  gros  tnbsN 
culessaillaatsea  pointe;  c'texl' Àmmonitr.t  cenomanenMitAa  F 
de  paléon  totogie. 


If 07 fi    DB    M.    BOURGEOIS.  657 

de  la  route  de  Hoinorantin,  à  Ghâlillon,  près  du  village  de  Fre- 
tevou,  comme  on  peut  le  voir  dans  la  coupe  que  nous  avons 
donnée  de  cette  localité,  à  IVIeusnes,  à  CoufFy,  à  Saint-Âignan,  sar 
le  quai,  près  du  chemin  de  la  Quérardière,  à  Mareuil,  près  du 
hameau  nommé  les  Papiers,  et  dans  une  petite  vallée  adjacente 
au  Cher  près  du  moulin  de  INiesiies.  Dans  la  vallée  du  Loir,  nous 
l'avons  rencontrée  à  Trôo  où  elle  forme  la  base  de  la  colline 
pittoresque  sur  laquelle  est  situé  le  village,  â  Ternay  près  de  la 
fermé  de  la  Jarretière,  et  Â  Artins,  au  village  de  Dineaux.  On  la 
trouve  aussi  dans  la  vallée  de  la  Braie,  aux  Radrets,  commune  de 
Sargé.  On  y  distingue  généralement  les  trois  assises  suivantes  de 
bas  en  haut  : 

A.  Craie  marneuse,  grise,  tendre,  micacée,  avec  Rhynchonelln 
Cuvieri,  Puissance  de  1  à  ^  mètres. 

B.  Craie  marneuse,  blanche,  onctueuse,  micacée,  à  Inoceramus 
probiematicus.  Puissance,  de  2  à  7  mètres. 

Ces  deux  assises  fournissent  une  excellente  chaux  hydraulique. 

C  Craie  blanche,  peu  micacée ,  à  silex  généralement  noirs, 
avec  Terebrniula  oùcsa.  Puissance,  de  5  à  10  mètres.  Les  silex  de 
cette  craie  ont  été  longtemps  exploités  sur  une  grande  échelle 
danss  les  communes  de  Meusnes,  Couffy  et  Châtillon-sur-Cher 
pour  la  fabrication  des  pierres  à  fusil.  Cette  industrie  si  nuisible 
à  la  santédes  ouvriers  est  heureusement  presque  tombée.  Au  puits 
de  Saray,  commune  de  Lye  (Indre),  près  de  la  limite  du  dépar- 
tement, les  silex  de  celte  même  assise  passent  au  jaspe  et  pré- 
sentent des  nuances,  le  plus  souvent  rouges,  d'une  beauté  remar* 
quable.  Ou  y  trouve  aussi  des  opales  produites  par  la  décomposition 
de  la  matière  siliceuse.  A  Villefrauche,  la  même  cause,  c'est-à-dire 
la  présence  de  l'oxyde  de  fer,  a  coloré  en  rouge  vif  des  grès  fins  et 
micacés  qui  renferment  des  zoophyles  à  l'état  de  silexrésinite. 

La  craie  à  Rhynchonella  Ctivieri  est  employée  dans  la  plus 
grande  partie  du  Perche  pour  marner  les  terres.  Dans  tous  les 
puits  d'extraction  que  nous  avons  visités,  elle  repose  sur  les  sables 
ou  grès  moyens  de  l'étage  cénomanien,  et  elle  est  recouverte  par 
les  argiles  à  silex  de  la  zone  à  Spondylus  spinosus  (v.  plus  haut 
la  coupe  de  Châtillon,  sur  les  bords  du  Cher  et  plus  bas  celle  de 
Trôo,  dans  la  vallée  du  Loir). 

2®  Turonien  moyen  {zone  de  /'Ammonites  peramplus).  —  Cette 
craie  présente  le  développement  le  plus  considéiable  sous  le 
double  rapport  de  la  puissance  et  de  l'étendue.  Sur  les  bords  du 
Cher,  uous  l'avons  déjà  signalée  au  sommet  de  la  colline  de  Châ- 
tillon. Mous  la  retrouvons  aux  carrières  de  Belleroche,  près  de  Sainw 
Soc,  géol.^  2*  série,  tome  XIX.  4^ 


658  sÉÀifCi  vu  3  màeb  4802. 

Aignan,  à  Bourré,  k  Montrichard ,  à  Chiisay  et  à  Saint-Geoigei, 
où  elle  plonge  sous  la  craie  à  Spondyius  tmneatâts.  Dans  la  vallée 
du  Loir,  les  premiers  affleui*eineo(s  Gonimenoent  entre  Veudàme 
et  Montoire;  puis  elle  se  montre  partout,  soit  â  U  base,  joit  an 
sommet  des  collines,  notamment  à  Teacarpement  ai  abrupt  des 
roches,  à  iMontoire,  à  Saint-Quentin,  àTi-ôo,  à  Sougé,  à  Artiosel 
à  Villedieu.  On  la  rencontre  aussi  dans  plusieurs  des  vallées  adja- 
centes de  la  Loire,  du  Cher  et  du  Loir.  Pour  la  trouver  bico 
caractérisée  dans  l<i  val  Ire  de  la  Loire,  il  faut  descendre  plus  bas 
que  la  limite  du  département.  Partout  elle  contient  dea  paioellcs 
de  mica,  en  plus  ou  moins  grande  quantité. 

Afm  de  faire  connaître  la  superposition  des  assises  dont  cette 
zone  est  composée,  nous  donnerons  plusieurs  coupes  prises  sur  des 
points  très  distants  les  uns  des  autres. 

Coupe  de  la  colline  ih  Chissay^  sur  la  rive  droite  du  Cher^ 
à  la  limite  du  département^  de  haut  en  bas. 

4*  Craie  fçris  Terdâtre  avec  petites  Huîtres 5",0D 

2*  Craie  à  silex  gris 4"*.00 

3®  Craie  marneuse  à   Ostre'a  colnaibn  g'gas 4 ",00 

4"  Culcnire  compacte  noduleux  à  Oxtrm  rolumùa  ^/geis  .  4*, 30 

5*^  Craie  à  bryozoaires  avec  un  lit  de  silex  noir  au  milieu  •  4<",00 

Niveau  de  la  route,  qui  s'élève  de  quelques  mètres  au-dessus  de  la 
rivière. 

En  remontant  le  Cher  on  rencontre  à  quelque  distance  de  là, 
en  face  du  vill.ige  de  Vrigny,  situé  sur  la  rive  gauche,  une  couihc 
plus  pi-ofonde  formée  par  un  calcaire  noduleux  dont  la  puissance 
est  d*environ  iU  mètres. 

Enfin  l'assise  inférieure  de  cette  zone,  la  craie  à  Ammoniin 
papalis  se  montre  au  village  de  Bourré,  à  6  kilomètres  pliu  haut, 
sur  la  même  rive,  avec  un  dév<'loppement  plus  considérable  que 
dans  toutes  les  autres  localité»  du  département  ;  il  est  diflicile  d'en 
préciser  la  puissance,  parce  qu'elle  se  lie  d*une  manière  insensible 
avec  les  assises  supérieures;  mais  on  peut  lui  donner  au  moÏDl 
15  mètres. 

Coupe  de  la  colline  du  (  hrr  entre   Cherelle  [communes  de  SainP- 
Georges  et  Jùivtrn/lcf),  de  haut  en  bas. 

Zone  du  Spondylus  truncatus. 

!•  Craie  à  .S//'*// r/>/wv  rrw/?rr/r//5  (partie  supérieure).   .   .   .     9^,00 
2*  Craie  à  Sponthlns  trnmattts  (partie  inférieure),  banc 

compacte  avec  Turritelles  et  bryosoai ras ^,00 


HOTI   n   M.    BODBGKOXS*  MO 

Zone  lie  rkmmonxXes  peramplat. 

S*  Craie  nodaleuse  compacte 5*^,00 

4°  Craie  blaDcbfttre  à  CaUhtnassa  Àrchincf .  3**, 00 

6*  Craie  invisible  cachée  par  les  terres 3", 00 

6°  Craie  tendre  avec  silex  et  Ostrea  columba  gigas  à  la 

base 2",  00 

7*  Cnie  dure  ayeo  Osirea  columba  gfgas 0",00 

En  suivant  le  cours  du  Cher  dans  la  contrée  dëpartementale 
traTei*8ée  par  cette  rivière,  de  Mennetou  à  Saint-Georgei,  on  voit 
donc  les  couches  plus  anciennes  plonger  et  disparaître  successive- 
ment sous  les  couches  plus  récentes.  Ijt  contraire  a  lieu  dans  les 
vallées  de  la  Loire  el  du  Loir. 

Coupe  de  la  colline  de  Tr6o^  sur  la  rive  droite  du  Loir^  en  face  du 

pontj  de  haut  en  bas. 

Zone  de  /'Ammonites  peramplus. 

4*  Craie  sableuse,  friable,  micacée,  avec  Donabreox  bryo* 

zoaires  et  Terebrat<^lla  Boargeoisii 4  6",  00 

2*  Craie  à  Ammonites  papalis,   ,.•, 4  5", 00 

Zone  de  la  Rbyncbonella  Cuvieri. 

3*  Craie  à  R/ty-nrhonella  Cuvieri  avec  bancs  horiiontauz 

de  silex  noir ,      15"»00 

4**  Craie  à  Rhynchonella  Cuvieri  (couche  marneuse  blan- 
che)        3-.00 

Niveau  du  Loir. 

Cette  coupe  montre  le  point  de  contact  du  turonien  Inférieur 
et  du  turonien  moyen,  comme  la  coupe  de  Cherelle  montre  la 
superposition  du  turonien  moyen  et  du  turonien  supérieur. 

Coupe  de  la  colline  des  Essards^  au  hameau  de  la  Fontaine^ 
sur  la  rive  gauche  du  Loir,  de  haut  en  bas. 

4*  Craie  marneuse,  friable,  micacée,  avec  nodules  de  grès.  4",00 

î*  Craie  avec  silex  brun î*,00 

3*  Craie  à  nodules  calcaréo-siliceuz  gris 5*,00 

4*  Calcaire  compacte,  noduleux,  caverneux,  avec  Callia» 
nassa    Arehiaci    et    emp&tant  à  sa   base   ï  Ostrea 

columba  gigas 0",70 

5*  Craie  maraeuse  k  Ostrea  columba  gigas 4 ",50 


660  StANCB    DU    3   MAB8    1862. 

6^  Calcaire  compacte,  noduleux,  cayerneux,  empâtant  à  sa 

partie  supérieure  VOstrea  columba  gigas 0",50 

7*  Craie  assez  compacte  à  bryozoaires  et  à  Serpidafihsa  .     6", 00 
8*  Craie  friable,  sableuse,  peu  fossilifère,  avec  nodules 

calcaréo-siliceuz  gris 0",00 

Coupe  des  caves  de  Villefrein^  sur  les  bords  de  la  Branle, 
à  Authon^  près  de  Chdtcau-Regnault,  de  haut  en  bas. 

4*  CItm  mzxnexï&t  k  Osîrea  columba  glga s 1".00 

S*  Craie  friable  à  bryozoaires  et  à  5r?ryyM/rt  yf/o.i^/ 4°, 00 

3*  Calcaire  noduleuz,  très  dur. I^.OO 

4*  Craie  marneuse,  verdfltre, 0"*,70 

5®  Craie  plus  compacte,  yardfttre,  avec  un  banc  horizontal 

de  grès  noduleuz. 0",00 

Od  peut  se  convaincre  par  ces  coupes  prises  sur  différents  points 
du  département  que  les  caractères  de  la  craie  à  Ammonites pcram- 
plus  ne  varient  pas  beaucoup.  Les  couches  les  plus  constantes  sont 
de  haut  en  bas  : 

4  ^  La  couche  à  Ostrea  columba  gigas, 

2®  La  couche  à  bryozoaires. 

3^  La  couche  à  Ammonites papali s. 

Cette  dernière  assise  formée  d'une  craie  blanclie  ou  un  peu 
grisâtre,  à  grain  fin  et  parfaitement  égal,  fournit  d'excellentes 
pierres  de  construction  exploitées  dans  plusieurs  localités  et  no- 
tamment à  Bourré  qui  en  fait  un  commerce  considérable. 

3®  Turoftien  supérieur  {zone  du  Spondylus  truncatus).  — Eu 
suivant  le  cours  du  Loir,  sur  la  rive  gauche,  on  trouve  les  pre- 
miers affleurements  de  cette  craie  au  château  de  Chisserav,  corn- 
mune  de  Pezou.  Interrompue  aux  approches  de  Vendôme,  près 
du  moulin  de  la  Chappe,  sur  un  espace  de  350  mètres,  par  un  lam- 
beau de  calcaire  lacustre  qui  descend  jusqu'au  niveau  de  la 
rivière,  elle  reparaît  ensuite  avec  un -très  grand  dévelop|>einent 
dans  les  escai*pements  qui  dominent  la  ville.  Elle  continue  à  se 
montrer  plus  bas  à  Yilliers,  aux  Roches,  à  Yillavard  et  enfin  à 
Yilledieu  devenu  célèbre  par  le  nombre  et  la  belle  conservation 
de  ses  fossiles.  Elle  est  beaucoup  moins  développée  sur  K's  rives 
du  Cher,  car  nous  ne  l'avons  rencontrée  que  sur  deux  ou  trois 
points  isolés,  c'est-à-dire  au  moulin  Rolland,  dans  la  vallée  des 
Anguilleuses,  entre  Thenay  et  iVlonthou^  au  moulin  de  rfiermitage, 
à  Faverolles  et  enfin  sur  la  commune  de  Saint-Greorges,  comme 
nous  l'avons  dit  plus  haut.  Elle  existe  dans  la  vallée  de  la  Cisse^  i 


«OTI   DB    M.    B0UR6B0I8.  661 

Moliueuf  près  de  Blois,  mais  elle  ne  parait  dans  la  vallée  de  la  l^ire 
qu*au  delà  des  limites  dëpartem  en  laies,  k  Gangcy  et  à  Limeray 
(Indre-et-Loire). 

Coupe  ffe  la  colline  de  Saint-André^  commune  de  Filliers^ 
près  de  P'endâme^  de  haut  en  bas, 

1**  Argile  avec  nodules  siliceux,  appartenant  à  la  zone  supé- 
rieure du  Spondfius  spinosus 0"*,00 

2**  Calcaire  blanc  très  compacte. 2".  50 

3"  Calcaire  assez  compacte,  avec  Ostrea  santoncnsiSy  ex* 

ploité  pour  la  construction 2™, 00 

4*^  Bancs  de  gros  nodules  siliceux  noirs 0"*,50 

5°  Craie  faiblement  compacte,  fragmentée 7™, 00 

6"*  Craie  dure,  caverneuse,  à  nodules  siliceux  et  à  nodules 

calcaires , 2", 60 

V  Craie  très  blanche,  graveleuse  et  grossière 7™, 00 

8**  Craie  grise  avec  Ostrea  Mntheroniana 2° ,00 

9°  Craie  grise,  compacte  et  cbloritée  à  la  base 6"^, 00 

Niveau  du  Loir. 

Coupe  de  la  colline  de  F^illedieu  [carrière  de  la  Rihochère)^  de  haut 

en  bas, 

4^  Alluvions  sableuses  avec  blocs  de  grès  roulés  (époque 

tertiaire) l"*,50 

Zone  du  Spondylus  truncatus. 

2"  Craie  très  tendre,  marneuse,  cbloritée,  à  silex  gris,  con- 
tenant de  gros  spongiaires  et  présentant  à  la  surface 
des  bryozoaires  incrustés,  Rhynchonella  vesperlilio^ 
Spondylus  truncatus 5", 00 

3°  Craie  plus  marneuse,  avec  nodules  siliceux,  avec  Mi^ 

craster  brevis  et  nombreux  bryozoaires 1",00 

4*  Craie  bréchiforme,  assez  compacte,  avec  Ostrea  àîathc» 
roniann  en  grande  quantité,  Ammonites  Bourgeois 
si  anus  ^  Janira  quadricostata  et  substriato-costatOy 
très  fossilifère «■,20 

5*^  Calcaire  très  dur,  plus  ou  moins  spathique,  exploité 
pour  la  construction,  avec  Ammonites  polyopsis  et 
Nautilus  rotundus^  Hébert.  , 4", 00 

Zone  de  /'Ammonites  peramplus. 

6*^  Craie  friable,  micacée,  à  silex  ^oirs,  avec  Callianassa 

Anhiiici 7",00 

V  Craie  friable,  micacée,  à  nodules  calcaréo^siliceux  gris.     3*",00 


M2  sÊAifCt  no  8  lAis  186S. 

Coupe  de  la  carrière  de  la  Âtaladrerie^  à  Cangry^  près  de  Limerar^ 
sur  la  rive  droite  de  la  Loire ^  de  haut  en  bas, 

4*  Craie  frinble,  marneuse,  peu  chloritée,  à  nodules  silî- 
oeux  gris,  avec  Oxirea  Matheroniana  (variété  épi- 
neuse), RhyuclwnvUa  vespertilio^  Micraster  brevis,     7"|00 

V  Craie  noduleuse  très  chloritée,  avec  Osirea  Mathero^ 
niana  en  grande  quantité»  Osirea  santonensis^  Ci- 
daris  cyathiferu 0",80 

3*  Banc  de   calcaire  compacte  avec  Ammonites  trieari" 

natusy  Cidaris  vindocinensis 5'*,00 

Ce  dernier  blanc  est  composé  de  deux  aisiaea.  L'aatiae  supé- 
rieure présente  au  milieu  uoe  partie  apathique  très  blanche, 
exploitée  comme  pierre  k  chaux,  et  qui  renferme  beaucoup  de 
bryozoaires.  C'est  dans  Tassise  inférieure  principalement  que  se 
trouvent  les  beaux  Cidarit  de  cette  localité. 

La  coupe  de  Villedieu  et  la  coupe  de  Cangey  accusent  la  plus 
parfaite  identité  aux  points  de  vue  stratigrapliique,  minéralogiqoe 
et  paléontolo{];ique.  IVIais  celte  complète  similitude  n'existe  pas 
partout.  A  Villiers,  le  nombre  des  assises  et  la  structure  du  cal- 
caire varient  d*une  manière  assez  notable.  A  Yillavard,  Fassise 
inférieure  du  banc  dur  est  mélanp,ée  de  grès;  c*est  le  grès  calcaire 
â  EUipsosmilia  Bourgeois! t  de  MM.  Cotteau  et  Triger. 

Résultat  de  nos  recherches  paléontologiques  dans  l'étage  iuronien. 

Espèces  déterminées 456 

Espèces  communes  avec  l'étage  cénomaDien»  ......        9 

Espèces  passant  dans  Tétage  sénooien 41 

Distribution  des  espèces  dans  les  zones  inférieure^  moyenne 
et  supérieure f  comparées  entre. elles. 

Turonien  infériecir  (craie  h  Rhynchonella  Cuvieri),   ...  45 

Espèces  propres 7 

Turonien  moyen  (craie  à  Ammonites  peramplas),  ...  70 

Espèces  propres 46 

Turonien  supérieur  (craie  à  Spondylus  truncatus),   •  .  •  409 

Espèces  propres 79 

(Voir  le  tableau.) 

Mous  ne  faisons  pas  figurer  ici  dans  notre  ënumération  US  es- 
pèces de  bryozoaires  décrites  par  Aie.  d'Orbigny  et  signalées  comme 
appartenant  à  cet  étage  des  terrains  crétacés  de  Loir-et-Cher.  Le 


ROTB    DM   M.    BO0ROBO18.  flOt 

célèbre  paléontologiste  les  place  presque  toutes  dans  la  zone  du 
Spondyius  tru/uatus,  mais  il  a  commis  sous  ce  rapport  des  erreurs 
nombreuses  que  la  connaissance  des  localités  citées  nous  permet 
de  rectifier.  La  craie  à  Ammonites  peramplus  en  renferme  98  et  la 
craie  à  Spandylus  truncatits  235.  Sur  les  98  espèces  de  la  première 
sone,  88  passent  dans  la  seconde. 

III.  —  Étage  sénonien. 

Les  couches  crétacées  qu*il  nous  reste  à  décrire  devront  former 
la  base  d**  cet  éta(;e,  dont  nous  n'a$si(;nerons  pas  les  limites  supé- 
rieures. Elles  sont  pour  nous  la  zone  du  Spondylus  spinostts  que 
nous  divisons  eu  deux  assises  :  celle  de  la  craie  à  silex  et  celle  des 
argiles  h  silex, 

1**  Assise  de  la  craie  à  silex.  —  En  remontant  la  Loire  on  ren- 
contre tout  à  coup  sur  la  rive  gauche,  entre  Killy  etCbaumont,  la 
craie  à  Spondylus  spinosus  qui  ensuite  constitue  à  elle  seule 
presque  toute  la  colline  sur  les  deux  rives,  jusqu'à  Saint-Gcrvais 
et  à  Ulois,  où  elle  plonge  brusquement  sous  le  calcaire  lacustre  de 
la  Beaucc.  Elle  est  très  blanche,  dure,  imprégnée  de  silice  et  rem- 
plie de  nodules  siliceux  qui  enveloppent  des  zoophytes  particu- 
liers. Sa  puissance  est  de  20  à  25  mètres. 

Dans  la  vallée  du  Loir,  elle  se  montre  d'abord  avec  ses  vrais 
caractères  sur  les  hauteurs  qui  dominent  Vendôme,  A  la  base  des 
murs  du  vieux  château.  Nous  y  avons  recueilli  la  Lima  Hoperi  et 
le  Vcctcn  crctostts»  En  remontant  le  cours  de  la  rivière  sur  la  rive 
gauche,  on  la  voit  descendre  jusqu'au  fond  de  la  vallée  à  Chisse- 
ray,  commune  de  Pezou,  et  recouvrir  couiplctenient  la  craie  à 
Spondylus  truncatus.  Eufin,  elle  atteint  à  la  colline  de  Fréteval 
une  puissance  de  35  à  60  mètres.  Les  nodules  siliceux  disposés 
par  bancs  horizontaux  sont  en  général  très  durs  et  quelquefois 
d*un  volume  énorme.  La  craie  moins  imprégnée  de  silex,  et  par 
suite  ])lus  tendre  que  sur  les  bords  de  la  Loire,  contient  des  dents 
de  poisson  appartenant  à  la  famille  des  S(|ualides,  la  Terebratufa 
semiglobnsa  et  aussi  la  Teicbrutula  Bourgeoi.sii  ,  beaucoup  plus 
commune  dans  la  zone  de  V  Ammonites  peramplus  (i). 

Sur  les  rives  du  Cher  elle  est  peu  développée  comparativement; 
nous  la  signalerons  seulement  au  moulin  Rolland,  commune  de 


(1)  Après  un  examen  sérieux  et  impartial  nous  sommes  resté  con- 
Tsincu  que  la  Térébratelle  trouvée  dans  cet  étage  par  M  Bouvet  et 
par  nous  ne  différait  pas  de  la  Teiebraieila  Bour^eoisii^  d'Orb. 


66&  sÉANCB  uu  3  Mxas  1862. 

TLenay,  près  de  PontUvoy  où  elle  re|K)fie  «ui*  la  craie  à  Spondyliu 
truncatus. 

Mous  devons  faire  remarquer  ici  que  son  dëve loppement  de?ieot 
de  plus  en  plus  considi^raLle,  à  mesure  qu'elle  s*avaDce  vers  le 
nord  et  le  nord-est. 

2*  assise  tltjs  argiles  ti  .silex.  —  Les  argiles  à  silex  de  la  loue 
du  Spnndylus  s/jinosus  forment  comme  un  vaste  manleau  qui 
recouvre  presque  partout  les  autres  couches  crétacées.  Mous  les 
voyons  aussi  présenter  quelques  affleurements  très  cii*conscrits  au 
milieu  du  calcaire  de  la  Beauce,  dans  la  vallée  de  la  Cisse,  à  Ten- 
droit  où  elle  coiijte  la  roule  de  Blois  à  Yendôme,  entre  Yilleber- 
folle  et  Pontijou  près  do  Conaii,  à  Saint-Léonard,  à  Verdes  et 
principalement  à  Ouzouer-le-.M arche.  Dans  le  Perche  elles  repo- 
sent généralement  sur  la  craie  à  Rh)!iclnnicUa  Cuvitri  et  atteignent 
une  puissance  de  20  mètrts.  Au  château  des  Diorières,  commuue 
deChauvi[>ny,  nous  les  avons  vues  en  contact  avec  les  sables  rouges 
du  cénomanien  moyen.  Celle  assise,  qui  renferme  comme  la  pré- 
cédente le  Spondylus  spinmits^  est  la  seule  qui  présente  VEckimo- 
tory  s  vuigaris^  var.  gibha. 

Quelle  est  Toiigine  de  ces  ar(;iles?  La  présence  de  V Echinoeoryt 
vui^an\s\  var.  gibba^  que  nous  venons  de  signaler  semble  nooi 
autoriser  à  penser  qu'elles  proviennent  de  la  destruction  d*uiie 
craie  analogue  à  celle  de  Chartres,  pendant  la  période  tertiaire. 
Quant  à  Tépoque  de  ces  phénomènes  de  remaniement,  il  est 
évident  pour  nous  qu'elle  est  antérieure  aux  dépôts  lacustres  de 
la  Beauce.  car  ces  dépôts  recouvrent  constamment  les  argiles  i 
silex.  Nous  avons  consuilc  ce  fait  de  supeqiosition,  dans  la  vallée 
de  la  Cisse,  aux  localités  citées  plus  haut,  à  Blois,  dans  le  forage 
d'un  puits,  au  faubourg  des  Granges,  et  en  vingt  autres  endroitib 
Du  reste,  la  coupe  suivante  ne  laisse  aucun  doute  à  cet  égard  : 

Coupe  priai'  à  la  Bénardcrie^  commune  de  Thenay^  près  de  Pontlewcf^ 
Mir  les  bords  du  ruisseau ,  de  haut  en  bas, 

4°  Falun  avec  débris  de  coquilles 4",00 

S**  Marne  lacustre  renfermant  un  lit  mince  de  calcaire 

compacte I",M 

3**  Alluvion  formée  d'argile  empâtant  des  galets  ocroux  et 

de  petits  fragments  siliceux  plus  ou  moins  roulés.   .  0*,iO 

i°  Argile  verdâtre  à  nodules  siliceux  résinites  (4) S*,O0 


(I)  M.  Laugel,  dans  une  note  intéressante  sur  ce  sujet  qu'il  a  p« 
bliée  dans  le  Bulletin  île  la  Socictc  gvolo^ifjuc^  t.  XIX,  p.  453, 


MUTI    DB    M.    BOURGEOIS.  Ô66 

L'assise  des  argiles  à  silex,  là  où  elle  n'est  pas  recouverte  par 
le  calcaire  de  la  Beauce  ou  les  falunS|  présente  à  la  surface  des 
silex  plus  petits  et  plus  roulés,  presque  toujoui-s  associés  à  de  nom- 
breux spongiaires  crétacés,  parmi  lesquels  domine  le  Siphonia 
ifcoperditeSy  d'Oib. 

Le  remaniement  de  cette  partie  supérieure  est  d'une  date  plus 
récente,  car  à  TËtang-Neuf,  près  de  Pontlevoy,  elle  repose  sur  le 
calcaire  lacustre  (1). 

Résultat  général  de  nos  recherches  paléontologiques 

dans  rétage  sénonien. 

Espèces  déterminées. 22 

Espèces  communes  avec  l'étage  cénomanien.   ...       i 
Espèces  communes  avec  l'étage  turonien 4  8 

(Voir  le  tableau.) 

Les  couches  crétacées  que  nous  avons  décrites,  et  dont  nous 
avens  fait  connaître  la  faune  dans  le  département  de  Loir«et- 
Ciier,  n*ont  pas  toujours  uue  allure  très  régulière.  Nous  avons 
déjà  constaté  à  Châtillon-sur  Cher  la  dislocation  du  sol  et  la 
faille  qui  en  a  été  le  résultat.  A  Limeray,  sur  la  rive  droite  de  la 
LoirCy  la  craie  à  Spondylus  truncatus  descend  jusqu'au  fond  de  la 
Tallée,  et  sur  la  rive  gauche,  en  face,  à  Chargé,  la  craie  à  Ammo^ 
Mites  peramplus  s'élève  presque  jusqu'au  sommet  de  la  colline. 
A  Ghissay  et  à  Saint-Georges,  sur  les  deux  rives  du  Cher,  les 
ooaches  présentent  une  différence  de  niveau  de  20  mètres.  Nous 
avons  fait  les  mêmes  observations  dans  la  vallée  du  Loir,  notam- 
ment aux  Roches,  près  de  Montoire,  où  on  voit  un  redressement 
très  prononcé.Ces phénomènes  de  stratigraphie  peuvent  s'expliquer 
en  certaines  localités  par  une  simple  inégalité  du  sol  soub -marin  qui 
recevait  les  dépôts  de  l'océan  crétacé,  mais  la  situation  des  cou- 
ches à  Frétevou  prouve  qu'il  faut  quelquefois  recourir  à  une  autre 
canse  et  que  nos  contrées  ont  subi  le  contre-coup  des  grandes  per- 
turbations qui  ailleurs  ont  modifié  si  puissamment  l'ccorce  du 
globe  terrestre.  Nous  ne  pouvons  pas  facilement  préciser  l'époque 
de  ces  dislocations,  mais  nous  devons  croire  qu'elles  out  eu  lieu 


que  la  partie  inférieure  des  argiles  à  silex  est  synchronique  du  calcaire 
de  Beauce.  Nous  croyons  que  s'il  eût  eu  l'occasion  d'observer  les  faits 
que  nous  citons,  il  n'aurait  pas  admis  cette  contemporanéité. 

(4)  Nous  sommes  heureux  de  voir  que  sur  ce  point  nos  observations 
tout  parfaitement  d'accord  avec  celles  de  M.  LaugeU 


Md  SftANGB  DU   8  lÀftS  1862. 

avant  les  dépôts  de  h  période  tertiaire,  paîaqu'elles  n'ont  pas 
déran|]é  leur  horizontalilë. 

Nous  croyons  qu'il  est  important  de  ne  pas  changer  sans  raiioo 
la  terminologie  des  classifications  et  qu*on  doit,  autant  que  pos- 
sible, conserver  h  s  noms  imposés  par  des  liomines  faisant  aulo* 
ri  lé  dans  la  science,  ou  consacrés  par  Tusage.  G* est  ce  qne  nmii 
faisons;  mais,  en  terminant,  nous  allons  proposer  une  légère  nioib- 
fication  relativement  à  la  craie  de  Toiiraine.  M.  d'Arcliiac  ena 
parfaitement  saisi  les  traits  distincts,  si  on  peut  sVxprimer  aiiisi| 
en  admettant  la  craie  mfcncér^  la  rfaie  faune  et  la  craie  à  siltx. 
Cependant  nous  pensons  qu'il  faut  établir,  comme  nous  l'avoDi 
fait,  une  subdivision  dans  la  craie  micacée,  et  que  la  partie  infé- 
rieure caractérisée  dans  notre  département  par  V Inttceramus  pro' 
h fc //ta tiens,  la  I(/i y  nc/ionelia  Cuvierieilà,  Terebra tula  oùesa^  éoîl 
former  un  groupe  spécial.  La  structure  scliisteuse,  la  nature  onc- 
tueuse de  la  craie  qui  est  à  la  base  de  ce  groupe  et  la  nuance  par- 
ticulière des  silex  qui  sont  au  sommet  constituent  un  faciès  géuéni 
qui  permet  de  le  reconnaître  facilement  ;  nous  devona  faire  obsn^ 
ver  aussi  que  dans  le  Percbe  il  est  constamment  isolé  du  groupe 
supérieur. 

Le  nom  de  craie  micacée  a,  du  reste,  un  inoonTénîcnt  qoe  nom 
devons  signaler.  La  craie  jaune  de  Touraine,  parfaitement  carac- 
térisée en  certaines  localités  par  le  Spontiyius  truncottts  et  les 
autres  espèces  de  cette  zone,  offre  de  nombreuses  parcelles  àt 
mica  (Saint-Georges,  carrière  de  Gherelle)  ;  d*où  il  suit  que  la 
présence  de  ce  minéral  dans  les  couches  n*est  paa  un  criirriam 
suffisant  pour  les  distinguer.  Nous  pourrions  en  dire  autant  de  ce 
nom  de  craie  jaune  donné  à  la  zone  du  Spondflns  tnmcauuti 
du  nom  de  craie  à  silex  par  lequel  on  désigne  la  aone  du  JjiMa- 
dy/tis  .tpinostts,  car  la  craie  jaune  est  souvent  blanclie  ou  cofeiée 
en  vert  par  la  cblorite,  et  les  bancs  de  nodules  siliceux  se  fco- 
contrent  dans  tous  les  étages. 

Aie.  d*Orbigny  a  placé  la  craie  à  Spondyliu  truncatus  dans 
l'étage  sénonien,  sous  prétexte  qu'il  existait  dans  celte  craie  bd 
assez  grand  nombre  d'espèces  identiques  avec  celles  de  la  craie  de 
Sens  et  de  Meudon;  mais  un  examen  plus  attentif  démontre  qne 
la  ressemblance  est  presque  nulle.  Parmi  les  espè<:es  de  Vîlledieu, 
si  nombreuses  et  si  bien  constTvées,  nous  ne  pouvons  citer  coinoie 
passant  dans  les  faunes  de  Sens  et  de  IVleudon  que  dea  espèces 
dont  la  présence  ne  prouve  rien,  VOstrea  vesicularix^  par  exemple, 
et  la  Janira  quadricostata  qui  se  trouvent  dans  presque  toutes  1^ 
assises.  Les  espèdes  signalées  dans  la  craie  à  Spond)  ius  trmmemimJà 


iroTi  M  ■•  Bovnaiois.  607 

Tendôme  par  IMIlustre  auteur  de  la  Paléontologie  française,  sous 
les  noms  de  Terebrattda  carnea,  metgns  pnmilux^  etc. ,  sont  bien 
certainement  des  espèces  nouvelles  et  inédites.  Le  prétendu  Micras" 
ter  cor-anguinum  est  le  Micraster  cor-testudinarium ^  var.  brepîs. 
Le  tableau  des  espèces  que  nous  publions  démontre  que  la 
laune  de  la  craie  à  Spondylux  truncattis  ne  diffère  |>as  sensible- 
talent  de  celle  de  la  craie  à  Ammonites  peramplus;  c'est  pourquoi 
nous  pensons  qu'il  est  très  naturel  de  réunir  dans  un  même 
l^upe  général,  sous  le  nom  à^ étage  turonien  ou  croie  de  Ton- 
raine  y  la  craie  à  RhynchonelfnCnvicri  ^  la  craie  à  Ammonites  peramplus 
et  la  craie  à  Sponffylus  trttnratns,  qui  toutes  trois  sont  parfaite- 
ment développées  dans  les  départements  d'Indre-et-Loire  et  de 
Loir-et-Cher. 

Mais  nous  croyons  devoir  placer  dans  un  groupe  spécial  les 
MBÎses  supérieures. 

La  différence  des  faunes  au  premier  abord  ne  paraît  pas  autori- 
•er  ces  conclusions  ;  mais  il  faut  considérer  qu'il  existe  dans  cette 
lone  du  Spondyfus  spinosus  un  grand  nombre  d'espèces  qui  lui 
■ont  propres,  et  que  nous  ne  pouvons  pas  signaler  parce  qu'elles 
ne  sont  pas  décrites. 

L'étage  que  nous  appelons  sénonien^  pour  conserver  le  nom 
donné  par  Aie.  d'Orhigny,  et  qui  devra  du  reste  embrasser  la 
craie  de  Sens,  se  distingue  de  Tétage  précédent  : 

1®  Par  l'apparition  d'un  grand  nombre  de  spongiaires  dont 
nous  devrons  bientôt  la  détermination  aux  savants  travaux  de 
11.  de  Fromentel,  auquel  nous  les  avons  confiés  ; 

2*  Par  la  présence  de  Y Echinocoiys  vuigaris^  var.  gibboy  qui  relie 
notre  craie  supérieure  à  celle  de  GhartiTs; 

8®  Par  une  diminution  sensible  dans  le  nombre  des  bryozoaires  ; 
&*  Par  la  disparition  complète  des  céphalopodes. 
Ce  fait  négatif  nous  parait  très  important. 
EnGn,  nous  devons  faire  observer  que  cette  espèce  de  craie  est 
généralement  mal  caractérisée  ou  faiblement  développée  en  Tou- 
laine  et  qu'elle  n'acquiert  son  vrai  caractère  et  sa  plus  grande 
puissance  qu'en  s'avançant  vers  le  nord  et  en  se  rapprochant  de  la 
craie  de  Chartres. 

Ces  études  géologiques  sur  les  terrains  crétacés  de  Loir-et-Cher, 
faites  sans  idée  préconçue,  sans  aucune  opinion  systématique,  sont 
généralement  conformes  aux  recherches  savantes  et  conscien- 
cieuses de  M  i\] .  Cotteau  et  Triger  sur  les  mêmes  terrains.  Dans  la 
Sartlie  il  devait  en  être  ainsi,  puisque  nos  travaux  ont  eu  lieu 
sur  des  points  situés  dans  un  même  bassin  généraL 


668  SfiAACB   DO   S   HAIS  1802. 

Nous  avoD9  probablement  commu  quelque!  erreun,  Miitootcii 
ce  qui  concerne  la  délerminatioa  toujours  difficile  des  fioiiiki 
crétacés.  Ceux  qui  voudront  les  rectifier  trouveroDi  dans  ootie 
collection,  à  Ponllevoy,  presque  toutes  les  espèces  que  noui 
avons  citées.  Celles  qui  nous  niauquent  se  trouTCDC  dans  les  ridiei 
collections  que  M.  le  marquis  de  Vibraye»  M.  Tabbé  Delaunay  d 
M.  Uouvet  ont  mises  à  notre  disposition  avec  une  amabilité  dont 
nous  devons  ici  les  remercier. 

Le  tableau  suivant  ne  comprend  pas  toute  la  fauue  crëtaoée  de 
Loir-et-Cher;  pour  être  complet,  il  devrait  contenir  en  outre: 

1^  2U5  espèces  de  bryozoaires  dont  la  de  terni  i  nation  pu 
Aie.  d'Orbigny  demande  vérification  ; 

2*^  Les  polypiers  et  les  spon^riaires,  dont  nous  ne  connaivoui 
avec  certitude  que  quelques  espèces  ; 

3*  Enfin,  un  assez  grand  nombre  d'espèces  appartenant  au 
classes  que  nous  faisons  figurer  ici,  mais  qui  sont  encore  inédîlei 
ou  insuffisamment  étudiées. 

Plus  tard  nous  donnerons  un  catalogue  supplémentaîre. 


MOTB   Dl  ■■   BOGKQIOH. 

Mei/U  lie  la  iliilribulitiit  ilei  espèces  dans  les  terrains 
de  Loir-et-Cher, 


FSPÈCES. 

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Apincriuai  cilipliciii,  Miller 

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A  la  Boite  de  cetle  communication  M.  Triger  présente  Im 
observations  suivantes  : 

C'est  avec  la  plus  vive  satisfaction,  dil-il,  que  je  vieni  d'en- 
tendre M.  l'ulibë  Bourgeois  nousrHirel'iinalyiedesonUënioireiar 
la  distribution  des  fossiles  dans  les  dilTërcntes  zones  du  temil 
crétacé  du  département  de  Loir-et-Cher,  car  cette  analyse  m'a 
pleinement  convaincu  qu'on  possède  dans  la  Sarlhe  dei  tODM 
correspondantes  offrant  des  faunes  dont  la  dislribulioD  verticale 


NOTB    DB    m,    CAPBLL1NI.  ô76 

est  exactement  la  même  que  celle  observée  par  M.  Bourgeois 
dans  le  département  de  Loir-et  Cher. 

Qu'il  me  soit  permis  cependant,  ajoute*t-il,  d'exprimer  ici 
un  regret  :  celui  de  ne  pouvoir  adopter  certaines  opinions  et 
surtout  certaines  conclusions  de  M.  Bourgeois,  qui  nous  pro- 
pose la  création  d'un  nouveau  sénonien  et  d'un  nouveau 
taronien. 

Outre  l'inconvénient  de  double  emploi  qu'offriraient  ces  nou- 
velles divisions,  M.  Triger  pense  qu'Aie.  d'Orbigny,  qui  con- 
naissait très  bien  aussi  le  département  de  Loir-et-Cher,  s'est 
appuyé  sur  des  bases  beaucoup  plus  larges  et  beaucoup  plus 
solides  que  ne  l'a  fait  M.  Bourgeois  pour  fixer  les  limites  de 
son  turonien  et  de  son  sénonien. 

II  pense  qu'il  lui  serait  facile  de  le  prouver  à  l'instant  même, 
mais  il  préfère  attendre  la  publication  du  mémoire  pour  entrer 
dans  quelques  détails  à  ce  sujet. 

M.  Hébert  fait  une  communication  sur  un  calcaire  lacustre 
des  environs  de  Provins  renfermant  des  ossements  de  lophiodon^ 

M.  Daubrée  donne  lecture  de  la  note  suivante  de  M.  le  pro- 
fesseur J.  Gapellini  : 

Éludes  stratigraphiques  et  paléontologiques  sur  l* infra-lias 
dans  les  montagnes  du  golfe  de  la  Spezia  ;  par  M.  le  pro- 
fesseur J.  Gapellini  [Résume). 

Dans  les  Mémoires  et  le  Bulletin  de  notre  Société  on  a  vu  bien 
des  fois  apparaître  des  notes  sur  la  géologie  et  la  paléontologie  des 
environs  de  la  Spezia. 

L'accueil  favorable  que  ces  travaux  ont  toujours  rencontré  chez 
nos  confrères  étant  la  preuve  la  plus  certaine  de  l'intérêt  qui  se 
rattache  à  la  connaissance  d*une  localité  appelée  depuis  long- 
temps la  clef  de  la  géologie  toscane,  j'ai  cru  de  mon  devoir  de  vous 
communiquer  quelques  renseignements  sur  la  stratigraphie  et  les 
fossiles  Su  calcaire  noir  des  montagnes  qui  bordent  les  deux  côtés  du 
golfe,  question  que  j'ai  développée  dans  un  mémoire  présenté  à 
l'Institut  (Académie  des  sciences  de  Bologne),  et  dont  je  nie  pro-> 
pose  de  vous  offrir  plus  tard  un  exemplaire. 

Le  calcaire  noir  fossilifère  des  montagnes  de  la  Spezia  regardé 
comme  jurassique  par  la  presque  totalité  des  géologues  italiens 


676  SÉANCE    DU    3    MAItS    180*2. 

et  ëtrangars  qui  ifavaieot  pu  consacrer  que  quelques  jours  â 
rëlude  (le  la  géologie  des  environs  du  golfe,  avait  dernièrement 
ëté  déclaré  appartenir  au  crétacé  inférieur. 

De  longues  études  et  de  pém'b  ?3  recherches  faites  pendant 
plusieurs  années,  indépendauuncnt  des  idées  émises  dans  tous 
les  travaux  puhlics  jusqu'à  présent,  nous  ont  permis  dVtablir  que 
la  série  des  couches  n*esl  pas  aussi  bouleversée  qu*on  Ta  prétendu, 
et  que  la  plupart  des  fossiles  trouvés  par  nos  prédéccsseui*s  de- 
vaient être  bien  peu  rcconnaissables  pour  qu'on  puisse  s*oxp]iqucr 
«eur  fausse  détermination  et  les  conséquences  qu'on  en  a  tirées. 
D'abord  j'ai  cherché  a  découvrir  quelle  était  la  véritable  sac* 
cession  des  couches,  et,  lorsque  l'examen  stratigrapliique  fut 
achevé  dans  la  chahie  occidentale,  j*ai  pu  vérifîer  que  les  cou- 
ches présentent  une  direction  inveise  aux  deux  extrémités  de  la 
chahie  même.  Une  coupe  {;éologique  faite  dans  la  partie  la  plus 
scpientrionalc  nous  fait  voir  que  toutes  les  couches  inclinent  vers 
l'ouest,  et  depuis  le  niacigno  qui  représente  la  partie  su|>éricure 
et  la  plus  jeune  de  toute  la  écrie,  nous  descendons  jusqu'à  la 
dolomie  celluleusc  ou  cargncule  qui  en  forme  la  base,  sans  qu'il 
y  ait  la  moindre  interversion  dans  la  stratigraphie.  L'ordre  chro- 
nologique des  couches  les  plus  intéressantes  que  nous  rencontrons 
dans  cette  coupe  cet  le  suivant  : 

4»  Macigno. 

T  Schistes. 

3**  Jaspes. 

4°  Schistes. 

5"  Calcaire  avec  silex. 

e*"  Schistes. 

7*  Schistes  à  Poxftionomya  Bronni, 

8**  Calcaire  rouge  ammonitifèrc. 

9°  Calcaires  et  schistes  à  empreintes  d'Ammonites  et  à  Ammo- 
nites pyritisées. 
40®  Calcaire  Jolomitiquo. 
hh^  Calcaire  noir  et  schistes  fossilifères  (parmi  lesderniei^d 

schistes  à  Ractryllium), 
4  2®  Dolomio  colluleuso  (cargneule). 

Si  nous  parcourons  la  chaîne  en  avançant  vers  le  sud,  nous 
voyons  les  couches  se  redresser  de  plus  en  plus,  devenir  verticales 
et  après  se  renverser  complètement  dans  une  direction  inverse. 

En  même  temps  le  macigno  avec  les  schistes  n*  2  disparaît  et 
des  failles  viennent  morceler  la  partie  méridionale  de  la  chaîne 
qui  est  la  moins  élevée  et  la  plus  étroite,  ce  qui  a  favorisé  le  ren* 


NOTE    DE    11.    CAPELLINI.  677 

versement  de  la  série.  Les  coupes  {jéologiques  de  Goregna  et  de  la 
Castellana,  celles  de  TUc  Palinaria,  Tiro,  Tiretto,  nous  offrent  la 
même  succession  que  celle  que  nous  avons  ind  iquée  prccëdeinment  ; 
la  relation  est  la  même  ;  seulement  nous  avons  en  haut  ce  qui 
ailleurs  et  chronologiquement  est  à  la  base,  et  vice  versa. 

Dans  la  chaîne  orientale,  et  notamment  au  Capo  Coito,  on 
trouve  ;  à  partir  du  golfe  et  se  dirigeant  vers  rembouchure  de  la 
Magra  : 

1*^  Calcaire  dolomitique,  le  même  que  celui  qu'on  voit  dans  la 
cliatne  occidentale  ;  les  couches  inclinent  vers  le  golfe  et  repo- 
sent en  stratification  concordante  sur  les  couches  suivantes. 

2**  Calcaire  noir  et  schistes  que  dans  le  mois  d'octolire  1861 
j*ai  découvert  être  des  couches  très  fossifères  avec  les  mêmes  fos- 
siles  qu'on  trouve  de  l'autre  côté  du  golfe,  de  sorte  que  j'ai  le 
plaisir  d'avoir  vérifié  et  assuré  ce  que  GoUegno,  Pilla  et  Mur- 
chison  avaient  soupçonné  il  y  a  longtemps. 

3**  Dolomie  celluleuse  (cargneule). 

&*  Quarzites,  anagénites  et  autres  roches  indiquées  avec  détail 
dans  mon  mémoire.  H  nous  suffit  de  rappeler  ici  qu'ils  appar- 
tiennent aux  terrains  appelés  complexiveinent  le  vernicnno. 

Si  quelques  doutes  pouvaient  encore  s'élever  après  l'examen  des 
couches  dans  la  chame  occidentale,  ce  qu'on  voit  à  rextrémité  et 
le  long  de  la  chaîne  orientale  prouve  évidemment  que  les  cal- 
caires noirs  fossilifères  avec  leurs  schistes  reposent  sur  la  cargneule 
et  celle-ci  sur  le  verrucano.  L'opinion  de  quelques  géologues  qui 
placent  ces  roches  au-dessus  du  calcaire  dolomitique  et  des  cal- 
caires et  schistes  ammonitifères  n'est  pas  soutenable. 

La  position  des  schistes  à  Pcfsidononiyn  Bronni^  telle  qu'on  la 
voit  à  Goregna  au-dessous  des  calcaires  et  schistes  ammonitifères 
et  au-dessus  des  roches  qui  reposent  sur  le  macigno,  est  tout  à  fait 
naturelle,  dès  que  Ton  considère  la  série  comme  renversée.  Les 
géologues  qui  ne  l'admettent  pas  ont  été  forcés  d'imaginer  des 
coupes  théoriques  et  des  failles  qui  n'existent  pas  en  nature. 
.  Pendant  que  nous  étions  occupé  des  études  stratigraphiques, 
nous  n'avons  pas  négligé  de  ramasser  tous  les  fossiles  que  nous 
avons  rencontrés.  Leur  détermination  devait  appuyer  les  obser- 
vations stratigraphiquos  si  elles  étaient  justes,  et  j'étais  décidé  à 
recoimnencer  les  études  locales  s'il  y  avait  eu  quelque  divergence 
dans  les  résultats. 

Parmi  les  nombreux  "échantillons  que  j*ai  pu  examiner  j'en  ai 
rencontré  de  si  bien  conserves  que  j'ai  pu  reconnaître  une  quan- 
tité d'espèces  infra-lia^^iqucs  et  liasiques,  sans  que  le  moindrcdoutc 


078  8ÊÀNCB   DU    3   «Àlf   1802. 

pniase  être  ëleve  à  cet  égard.  Les  espèces  les  plus  abondantes  et 
CD  nié  me  temps  les  plus  caractérisliques  sont  x  Ptieatulm  intui- 
striatHy  Emm.;  Prcten  Zaigeri,  iVlër.;  P,  aviruioides,  Stopp.  ;  Lima 
punctata^  Sow.  ;  Avicula  Deshayesi,  Terq.  ;  Ltiia  faha^  Winkler; 
Nuculéi  siibovtUis,  Gold.  ;  Ctirdinia  regniarh^  Terq.  ;  Cardita  aiu- 
triara,  Hauer,  sp  ;  C.  tn  uni  ta  ^Siopp.  ;  Astnrte  cingtiiata^  Terq. 

Ce  serait  inutile  de  rappeler  ici  certains  gastéropodes  qu'on  a 
rencontrés  aussi  enLombardie  et  à  Hettange,  des  annélides  recon- 
nus depuis  longtemps  comme  espèces  liasiques,  des  polypiers  et 
des  écliinides  appartenant  à  des  genres  du  même  étage  géolo- 
gique ;  mais,  à  Tappui  de  mes  déductions,  il  ne  sera  pas  sans 
intérêt  de  rappeler  les  schistes  à  Btirtryiiinm^  ces  fossiles  micro- 
scopiques découverts  il  y  a  plusieurs  années  dans  le  Vorariberg  et 
ailleurs  pur  Vf.  Ësclicr  de  la  Liuth,  et  rapportés  )>ar  M.  Heer  à 
la  famille  des  diatomées.  D*après  les  recherches  des  paléontolo- 
gistes, le  ;>enre  Bnctryllium  n*a  jamais  été  rencontré  jusqu'à  présent 
dans  des  couches  plus  jeunes  que  l'infra-lias,  dont  le  B.  strinla» 
titm  paraît  être  caractéristique  ;  plusieurs  espèces  sont  décidément 
triasiques. 

Dans  les  montagnes  de  la  Spezia  le  genre  BaetryUinm  caracté- 
rise des  couclies  schisteuses  en  rapport  avec  les  couches  k  Lrda 
faha^  à  la  partie  inférieure  de  Tétage  infra-liasique. 

De  celle  manière  la  stratigraphie  et  la  paléontologie  ont  conduit 
aux  mêmes  résultats.  On  ne  pouvait  pas  espérer  un  accord  plus 
parfait. 

Après  avoir  déterminé  Tétage  auquel  devait  être  rapporté  le 
calcaire  noir  fossilifère  de  la  Spezia  et  des  Alpes  apuennes,  j'ai 
voulu  connaître  exactement  tout  ce  qu'avaient  dit  précédemment 
les  gdtdogues,  et  mon  mémoire  se  termine  par  une  revue  critique 
des  différents  travaux  publiés  jusqu'à  ce  moment,  afin  qu'on 
puisse  établir  ce  qui  avait  été  signalé  par  d'autres  et  ce  qui  était 
encore  inconnu. 

Enfin  des  tableaux  comparatifs  ont  pour  but  de  constater  que 
la  faune  infra-liasique  des  environs  de  la  Spezia  a  la  plus  grande 
ressemblance  avec  celle  de  TAzzarola  eu  Lombardie,  décrite  par 
Tabbé  Sloppani,  et  celle  du  grès  d' Hettange,  décrite  par  M.  Ter- 
quem. 

Dans  une  planche  on  a  les  coupes  de  Coregna,  Grotta  Arpaja, 
Tiro,  Tiretto,  (Japo  Corvo. 


DOKf   PARS   ▲   LA   S0CIÉT6.  070 

Séance  du  17  mars  1862. 

PRÊSIDBNCI    DB    M.    DBLB8SI. 

M.  Danglure,  secrétaire,  donne  leclure  du  procés-yerbal 
de  la  dernière  séance  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance^ 
le  Président  proclame  membres  de  la  Société  : 

MM. 

GoNTHiBR  (Edmond),  à  Namur  (Belgique),  présenté  par 
MM.  Danglure  et  Collomb  \ 

RiYiÈRB,  ingénieur  des  mines  de  plomb  de  Pesey,  en  Savoie, 
présenté  par  MM.  Grtîner  et  Ed.  Hébert. 

Lie  Président  annonce  ensuite  quatre  présentations. 

DONS   FAITS   A   LA   SOCIBtB. 

La  Société  reçoit  : 

De  la  part  de  M.  le  ministre  d^État»  Journal  des  savants, 
février  1862. 

De  la  part  de  M.  Th.  Ebray^  Études  géologiques  sur  le  dé~ 
partement  de  la  Nièvre^  11*  et  12*  fascicule ,  in -8,  pp.  146- 
212,  2  pi.,  Paris,  1862^  chez  J.-B.  Bailliére  et  fils. 

De  la  part  de  M.  Jules  Marcou,  Carte  géologique  de  la 
terre ^  construite  par  J.  M.  Ziegler,  échelle  ^300*0000»  ^  feuilles, 
Winterthur,  1861  ;  chez  Joh.  Wurster  et  C". 

De  la  part  de  M.  Fr.  de  Hauer,  Ueber  die  Ammoniten  aus 
dem  sogenannten  3Jedoio  der  Berge  Domaro  und  Gnglielmo 
im  ValTrompiay  Provinz  B rescia  (extr.  des  Sitzungsb.  der  K. 
K.  Âk.  d.  mss.  in  fVien,  XLIV  Bd.),   in-8.  p.  408,  1  pi. 

De  la  part  de  M.  0.  C.  Marsh,  On  the  Snurian  vertebrœ 
from  Nova  Scotia  (extr.  de  American  journal  of  science  and 
arts,  V.  XXXIII,  mars  1862),  in-8,  1  p. 

Comptes  rendus  hebd,  des  séances  de  C  Académie  des  sciences  y 
1862,  1"  sem.,  t.  XLIV,  n"  9  et  10. 

L'Institut,  n^'  1470  et  1471,  1862. 

Bulletin  de.  la  Société  industrielle  de  Mulhouse ,  février 
1862. 


680  8ÉANCB  JIU    i7    MAEI   1862. 

Annales  de   la  Société  (Vémulation    du  département  des 
Vosges,  t.  X,  3«  cahier,  1860. 

Société  imp.  d'agriculture  y  tcienees  et  arts  de  ^arrondisse' 
ment  de  Falenciennes.  Revue  agricole^  e/c,  jaD?ier  1862. 

The  Àthenœum ,  n"  1 793  et  J  704 ,  1 862 . 

Juhvhuch  der  K.  K.  geologischen  Heic/tsanstaltf  1S61  und 
1862,  XII  Bond,  n"*  1,  janvier  h  décembre  1861. 

Heifista  de  los  progresos  de  In  s  ciencias  exactas^  Jisicas  y 
naturalesy  t.  XII,  n°  1,  janvier  1862. 

Revis  ta  minera,  t.  XUI,  n*"  283,  mars  1862. 

Atti  délia  Societa  di  acclimazione  e  di  agricoltura  in  Sicilta, 
1. 1,  n°8,  1861. 

M.  le  Président  offre  do  la  part  de  M.  Jules  Marcou  sa  Carie 
géologique  de  la  terre,  et  lit  la  nomenclature  des  terrains  aëopite 
par  ce  dernier. 

M.  Doshayes  critique  la  réunion  du  trias  au  permien  que 
M.  Marcou  a  faite ^  il  y  a,  dit*il,  de  Tanalogie»  pour  les  faunes, 
entre  le  terrain  permien  et  le  terrain  carbonifère^  ils  forment 
un  tout  lié,  tandis  que  le  terrain  triasiquc  «"éloigne  toul  &  fait 
du  terrain  permien  sous  le  rapport  paléontologique. 

M.  Ed.  Collumb,  trésorier^  présente  le  projet  suivant  de 
Budget  pour  1862,  adopté  par  le  Conseil  dans  sa  séance  do 

ee  jour  :  ^ 


BUDGET    POUR  18(52. 


681 


Projet  de  Budget  pow*  1802. 
RECETTE. 


DÉ81GITAT10N 

RECIITES 

RCCKTTES 

RECSTTKS 

de* 
cIm  pitres 

a 

n 

NATURE  DES  RECETTES. 

prévues 
au  budget 

effectucee 

prévues 

de  la  recette. 

• 

de  1861. 

eu  1861. 

pour  186t. 

1 

/ 

'    \     nruitsd>ntre'cel  de  diplôme. 
9n                       /de  Puonée  cou- 

500     » 

600    » 

500    a 

$1.  Produitf  Of'l 

1                     \     ranle 

7,000    • 

7,975    H 

7,000    » 

dinaires    des  i 

3  ;  Cotisai  ions  <  den  années  prc'- 

réceplious  .  .  1 

1                      i      rcdciite)).    .  . 

3,000    » 

3,^30    » 

3,000    a 

r 

4  /                       \anlicipéc8.  .  .  . 

300    » 

434    i> 

ÔOO     a 

\ 

^   5  1  Cotifotious  uuo  Teis  iiuyces.  . 

1,800    » 

1,800    » 

1.8(10    a 

1 

'   G\                      /  Bulletin 

1.100    > 

i,675    » 

1,200     » 

1 

7  i                    i  Mémoires.  .  .  . 

500    » 

861     90 

WO    a 

$t.Pr6duiUdies] 
publications  .  1 

8\«r     .    j        1  Girtcsroloiie'es. 

9  r«"'*^'*--i  Histoire  des  pro. 

1                      f       errsdelagéo- 

L      /                       \      loflc 

10   >. 

4    50 

10     a 

1,900    *» 

oa»  50 

650    a 

S    3.    GapiUaz 
placée.    .  .  . 

'  10     Arrérages  de  renies  3  •/,. 

1,870    » 

1.870     a 

1,870    t* 

li     Arrérages  d*obligalioiis.  .  .  . 
f  IS     Allocation  du  Ministre  de  Pin- 

510      n 

510    » 

510    » 

/ 

struetio»     publique     pour 

1 

les  public-tllons  de  lu  Soc. 

1.000    » 

500    a 

1,000     a 

1 

Reliquat    de  rullocalion   de 

1 

13           Tunnée  dernière 

»        M 

s       M 

500    H 

S  4.  Recettes  di> , 

'  Sonteriplion      du      Minisire 

Tcrses ' 

!      d'I\tat  k    r>0    exemplaires 

li        d«-s  Mémoires.    .   «  .  .  .  . 

600    » 

600    >» 

600    » 

;  Recette  cxtruurilinaire  rela- 

ie       tire  au  Bulletin 

900    a 

190     a 

400     a 

16    Receiti-s  imprévues 

77    94 

1     » 

2'iO    » 

V 

Loyer   de   la  Soc.   Métcorol. 
Totaux.  .  .  . 

400     • 

400      n 

400      m 

90,067    29 

20,851    00 

20,760     » 

5.    Solde   du 

compte 
de  1861.  .  .  . 

Reliquat  en  caisse  nu  31  décei 
Total  de  la  rece 

593    65 

nbrc  18GI  . 
Lte  prévue  p( 

>ur  18Cf. .  . 

91,285    65 

082 


StAMCB   DD    17    HA18   1862. 


Projet  de  Budget  pour  1862, 
DÉPENSE. 


t 


DÉSIG[«ATION  !  -S 
dot 
chapitres 


de  U  dépense.      S 


NATURE  DES  DÉPENSES. 


S  I.  personnel.. 


S  t.  FraU  de 
gemeaL 


S  n.  Frais  de  hu< 
reuu 


S  4.  Magasin. . 


16 


$5.  Pnblicalions  <  an  < 


91 


S  6.  Em 
cupituux 


ploi  de  j 


/  son  traitemoBl. .  .  . 

i  traTBux     eilraoïdi- 

.        ,7      naires 

***^"**igraiificaiion 

I  indemuiiës  de  loge- 

V     ment •  . 

isrt  gages 
*'n.Tw  "*""'*' 
gralïkiitio'n'ex' 
traordlnairo.  . 
Loyer,    coiitrikntions,    aun- 

runces i  •  •  .  . 

Cbauflaga  ri  éclairage  .... 
nép«>nse«  diverses.  ..•••. 

Ports  «le  lettres 

Impressiona  d*aTls  et  drcn- 

lain*s 

Change  et  retour  de  mandats. 
Mobilier,  le  démena goment. . 

Rikliothè-  j  Reliure | 

qne.  .  .  (  port ( 

Collections 

(  impression ,      pa- 

Bullctin,  <     pier  et  planches. 

(porl.  ....... 

Histoiie    de>  pi  ogres    de    la 
geolope. 

iimpresUoB,  pa- 
»  pier  et  plan- 
che'  
Dépensas    sup- 
plémeutaires. 
Plucemenl  des  cotisations  uni- 


quHS 

Dépenses   inipréTues. 


Totaux.  .  .  .   19,000    • 


prévint 

an  budget 

de  1861. 


1,800 
9K10 

soo 


800 

100 

100 

1,580 
57S 
300 
tSÛ 

180 

90 

1,806 

400 


7,000 
800 


9.500 
1,000 


» 
iO 


•ITectnéu 
en  1861. 


DifKWP 

prévues 

pont  I 


f  JOO  • 

ROO  m 

MO  • 

tOO  li 

80O  40 

fOO  » 

100  » 

1.B09  06 

604  80 

118  10 

90 


04  30 

19  55 

8,643  85 

410  96 


7,0tO  40 

748  05 

195  60 

1,000  « 

1,955  78 

.1,000  3B 


90,544    08 


1,800 


800 

100 

100 

8,880 
680 
»0 
lAO 

150 

«0 

350 

900 


7.900 
900 


8,400 

i 

900 


11,800    e 


BALANCE. 


La  recette  étant  évaluée  à 
La  dépense  à 


Il  y  aura  un  excédant  de  recette  de 

Ce  projet  de  budget  est  adopté. 


24,283  fr.66c. 
24,200       1 

83  fr.  65  G. 


LITTU   M   M.    DB   lOUTILLI.  088 

M.  Ed.  Hébert  donne  lecture  de  la  lettre  suivante  qui  lui  a 
été  adressée  par  M.  de  Rouville  : 

Sur  rdge    essentiellement  triasique   des    dépôts   gypseux 
secondaires  du  midi  de  la  France;  par  M.  P.  de  Rouville» 

;  Je  viens  de  lire,  avec  tout  rintérét  que  mëriteni  ^90^  observa- 
!  tionSy  votre  note  sur  les  terrains  jurassiques  de  la  Provence  conte- 
nue dans  le  Bulletin  qui  vient  de  paraître  (t.  XIX,  f.  7-12,  p.  100). 
;  Vous  y  établissez,  avec  une  évidence  parfaite,  Textréme  unifor- 
'  mité  des  dépôts  jurassiques  dans  les  diverses  régions  de  notre  pays 
;  les  plus  distantes,  et  confirmez  par  de  nouvelles  preuves  ce  résul- 
^  tat  important  de  notre  session  en  M aurienne,  si  bien  préparé  par 
'  MM.  Lory,  Vallet  et  Pillet,  à  savoir  que  les  Alpes  elles-mêmes 
:  n'ont  pas  écliappé  aux  circonstances  spéciales  de  nos  mers  secon- 
I  daires. 

Parmi  ces  preuves,  il  en  est  une  que  j'ai  rencontrée  avec  bon* 
i  beur,  c'est  la  constatation  du  gisement  du  gypse  dans  le  terrain  du 
,  trias  et  son  exclusion  du  terrain  jurassique. 

^  Ce  fait,  capital  pour  les  Alpes,  avait  été  déjà  afHrmé  pour  nos 
;;  régions  méridionales f)ar  M,  Ëmilien  Dumas  et  par  moi,  et  c'est 
;  pour  ces  affirmations  antérieures  que  j'ai  été  heureux  de  recevoir 
'  de  vous  une  si  pleine  confirmation. 

Nos  courses  géologiques  dans  le  département  de  T Hérault  ont 

;  fourni  à  M.  Dumas  de  nouveaux  faits  en-faveur  de  son  classement 

de  toui  les  gypses  du  département  du  Gard  dans  le  trias,  alors 

qu'ils  étaient  généralement  placés  par  les  auteurs  dans  le  terrain 

jurassique. 

C'est  sous  l'impression  de  ce  fait,  qui  allait  se  généralisant  à 
mesure  que  nous  reconnaissions  de  nouveaux  gîtes,  que  dans  mon 
travail  avec  le  docteur  Reyiiès  sur  l'arrondissement  de  Saint- 
Affrique  (1858)  (1)  j'ai  écrit  les  lignes  suivantes,  à  propos  du 
gyi>8e  de  Nefiiez  conservé  par  iVlIVl.  Graff  et  Fournet  dans  l'/zi- 
fra'tlias  :  «  Une  seule  localité  présentait  le  gypse  dans  les  couches 
»  inférieures  du  lias  :  c'est  celle  de  Meffiez  signalée  par  M.  Four- 
»  net,  et  encore  M.  Fournet  s'exprime- til  à  propos  de  cette  cou- 
»  che  dans  les  termes  suivants  : 

«  Infra-lins.  —  Système  remarquable  à  cause  de  la  présence  du 
»  gypse  dans  les  argiles  schisteuses  de  sa  partie  supérieure.  Cepen- 


(4)  Acad,  des  se.  et  lett,  de  Montpellier.  Section  des  sciences^ 
t.  lY,  1868. 


QSh  séàmcb  du  17  uàMS  1862. 

n  dant  celte  exception  ne  nous  a  pas  paru  de  nature  a  motiver  uu 
»  autre  arran(>cmcnt,  bien  qu'il  puisse  être  conlesté,  et  dans  ce  cas 
»  tout  se  réduirait  à  changer  Le  titre  (ïinfrfi'fias  en  celui  de 
»  kaipcr  supérieur,  o  {^Acad,  de  Lj'o/i,  t.  IV,  p.  70.) 

Nous  croyons  «  ctic  autorises  à  dire  que  M.  Graff  incline  pré- 
»  scuteuient  à  la  ranger  dans  le  keuper.  N'cst-il  pas  naturel  de 
M  reculer  devant  une  exception  à  introduire  dans  les  résuiials  gr/ié- 
M  raux  de  notre  géologie  méridionale^  et  de  se  laisser  entraîner  à 
»  maintenir  cet  horizon  de  gypse  dans  les  marnes  irisées?...  • 

C'est  toujours  sous  la  même  impi*ession  qu'à  la  session  de 
Lyon  (1859)  je  crus  devoir  apporter  quelques  modifications  à  uoe 
coupe  faite  par  M.  Drian  des  terrains  jurassique  et  triasique  de 
l'Arbrcsle,  ainsi  qu'il  résulte  du  procès-vcrhal  de  la  séance  (Bull, 
de  la  Soc,  gcol,,  1859,  p.  1131),  et  que  je  rappelai  notre  obser* 
vatioii  de  Tàge  essentiellement  triasique  di>sgy|)ses  secondaires  du 
midi  de  la  France.  Celte  observation  provoqua,  de  la  part  du  sa- 
vant professeur  Mérian,  la  réflexion  «  qu'il  serait  porté  à  généra- 
liser dans  les  Alpes  l'opinion  exprimée  par  M.  de  Rouville  tou- 
chant la  présence  du  gypse,  plus  ordinaire  dans  le  keuper  que 
dans  les  couches  liasiqucs.  a  En  rappelant  l'opinion  émise  par 
moi,  M.  Mérian  en  a  atténué  le  caractère  absolu  que  j*avaÎ8  cra 
devoir  lui  donner  (loc,  cit.,  ibid.). 

En  conséquence  de  ces  précédents,  vous  ne  serez  pas  étooné 
d'apprendre  que,  la  même  année  1859,  au  mois  de  juillet,  con* 
duit  à  Viziile  par  notre  cher  et  savant  ami  le  professeur  Loryi 
je  lui  exprimai  surplace  l'opinion  que  les  gypses  de  Viziile  de- 
vaient rentrer  dans  le  trias,  classement  qui,  indépendaïuinent  des 
caractères  généraux  que  vous  éiiumérez  si  bien  dans  votre  noie, 
me  paraissait  confirmé  par  la  présence  du  chlorure  de  sodinm 
dans  les  eaux  d'Uriage,  sourdant  à  une  faible  distance  de  Viziile 
de  ces  mêmes  terrains  à  gy|Yse. 

M.  de  Vcrneuil  fait  remarquer  qu'en  Espagne  le  gypse  se 
voit  toujours  au-dessous  du  lias,  dans  les  marnes  irisées.  Des 
fossiles  n'ont  pas  permis  do  révoquer  en  doute  la  présence  de 
ces  dernières. 

M.  Deshayes  lit  une  notice  nécrologique  sur  M.  Rigault. 


Dons   FAITS    A    LA   SOCIÉTÉ.  686. 

Séance  du  lavrtHS62. 

PRÉSIDBNCE    DE    II .    DBLBSSB. 

M.  Donglure,  secrétaire,  donne  lecture  du  procés-yerbal  de 
la  dernière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance, 
la  Président  proclame  membre  de  la  Société  : 

MM. 

Brbtbnièrbs  (l*abbé  Just  db),  rue  do  TEst,  21,  Paris,  pré- 
senté par  MM.  Ch.  d'Orbigny  et  Alb.  Gaudry  5 

Brbtbnières  (Christion  db)  ,  licencié  es  lettres,  rue  de  PEst,  21 , 
à  Paris,  présenté  par  MM.  Ch.  d'Orbigny  et  Alb.  Gaudry, 

Bochbbrunb(db)^  membre  de  la  Société  botanique  de  France, 
à  Angoulême  (Charente),  présenté  par  MM.  de  Verneuil  et 
Goubcrt. 

M.  Paul  Gbrvais,  doyen  de  la  faculté  des  sciences,  à  Mont- 
pellier (Hérault),  ancien  membre  de  la  Société,  est  admis,  sur 
sa  demande,  à  en  faire  de  nouveau  partie. 

Le  Président  annonce  ensuite  trois  présentations. 

DONS    FAITS    A    LA    SOCIÉTÉ. 

La  Société  reçoit  : 

De  la  part  de  M.  le  ministre  d'Etat,  Journal  des  savants^ 
mars  1862. 

De  la  part  de  M.  A.  Leymerio  : 

1"  Notice  géologique  sur  Jmé/ie-leS'Bains  [vallée  du  Techj 
Pyrénées-Orientales)  (exlr.  des  yéctes  de  la  Soc,  Linn,  de 
Bordeaux,  t.  XXIII,  6'  liv-,  1861),  in-8,  16  p. 

2'  Mémoire  sur  le  terrain  tertiaire  post^pyrénéen  du  dépar- 
tement des  Hautes-Pyrénées  considéré  principalement  dans 
ta  vidlée  de  l'Adour  (exlr.  des  Actes  de  la  Soc,  Linn,  de 
Bordeaux,  t.  XXIV,  l"^'  liv.,  1861),  in-8,  26  p. 

De  la  part  de  M.  V.  Raulin,  Notice  sur  les  trai^aux  scientl^ 
fiques  de  M.  Conlier  (extr.  des  Actes  de  la  Soc.  Linn,  de 
Bordeaux,  t.  XXIII,  6«  liv.),  in-8,  32  p.,  Bordeaux,  1862  j 
chez  Lafargue. 


680  stJMCM  m  7  atiil  1862. 

De  la  part  de  M.  P.  Reynès,  Études  sur  le  synchronisme  et 
la  délimitation  des  terrains  crétacés  du  sud-esi  de  la  France^ 
in-8,  W^  p.,  1  pi..  Paris,  1861  ;  chei  F.  Savy. 

De  la  part  de  M.  A.  Viquesnel,  Notice  sur  la  me  et  Us 
trai^aux  de  M,  le  docteur  Ferrol/ot,  în-8,  27  p.  1861. 

De  la  part  du  Comité  de  la  Paléontologie  française^  Terrain 
crétacé;  zoophytes^  par  M.  de  Fromentel,  f.  1  à  S,  pi.  1  à  IS, 
Paris,  1861  :  chez  Victor  Masson  et  fils. 

De  la  part  de  M.  Maillard,  Noie  sur  les  travaux  du  port  Js 
Saint-Pierre,  par  un  crôole  de  Ttle  de  la  Réunion,  in-&,  15  p., 
1  pi.,  Saint-Gloud,  1862;  chez  veuve  Belin. 

De  la  part  de  M.  L.  Rûtimeyer,  Die  Fauna  der  Pfahlbauten 
inder  Schweiz^  in-A,  2A8  p.,  6  pi.,  Bâie,  1861;  ches  Babn- 
maier. 

Comptes  rendus  hebd,  des  séances  de  F  Académie  des 
sciences,  1862,  2*  sem.,  l.  LIV,  n"  18  à  12. 

Bulletin  de  la  Société  de  géograplUe,  6'  sér.,  t.  II[,  n*  li, 
février  1862. 

Annuaire  de  la  Société  météorologique  de  France^  i»  DC, 
1861.  Bulletin  des  séances,  T.  18-22. 

Bulletin  de  la  Société  botanique  de  France^  t.  VII,  1860, 
n'»  7,  t.  VIII   1861,  n'^9. 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  imp,  et  centrale  d^agneelr 
ture  de  France,  t.  XVII,  n**  3, 1862. 

L'Institut,  n°'  1472  à  1474,  1862. 

Reforme  agricole,  par  M.  Nérée  Boubée,  n**  168  et  169, 
février  et  mars  1862. 

Mémoires  de  la  Société  imp.  d'émulation  d' AbbeuUle^  1857, 
1858,1859  et  1860,  un  vol.  in-8. 

Journal  d'agriculture  de  la  Côte^d'Or,  n®  2,  février  1862. 

Annales  de  In  Société  d'agric,  etc.,  du  dép,  d^/ndre-et" 
Loire,  t.  XL,  1861,  2«  et  .V  trim. 

Précis  analytique  des  travaux  de  l'Académie  imp*  des 
sciences,  etc,^  de  Rouen,  1860-1861. 

The  At/ienœum,  n°  1795  à  1797,  1862. 

Neues  Jahii}uch  fiir  Minéralogie^  etc.,  de  Leonhard  et 
Bronn,  1862,  l«r  cahier. 


LETTRE    DB   M.    GUILLBBOT   BB   HBEYILU.  M7 

ReçUta  minera^  t.  XIII^  o°  28â  et^85y  15  mars  et  l""' avril, 
1862. 

Anuario  del  real  observatorto  de  Madrid  y  1862,  iD*l8. 

Atti  de  la  Societa  italiana  di  scienze  naturali^  Yol.  III, 
fasc.  2A  à  30,  avril  1862. 

The  american  Journal  of  science  and  arts  y  vol.  XXXIIIi 
mars  1862,  d"  08. 

The  Canadian  journal  oj  industry^  science  and  arts ^  janyier 
1862. 

The  CanadicLn.naturalist  and  geologist,  vol.  YII,  20  février 
1862,  n^  1. 

M.  Danglure  offre  à  la  Société,  au  nom  du  Comité  de  la 
Paléontologie  française^  la  première  livraison  des  zoophytes 
du  terrain  crétacé  par  M.  de  Fromentel. 

M.  le  Président  donne  lecture  d*une  lettre  de  M.  le  ministre 
de  rînstruction  publique*  qui  l'informe  qu'une  allocation  de 
1000  francs  est  accordée  à  la  Société  pour  Tannée  1862. 

Il  donne  aussi  connaissance  d'une  lettre  de  M.  Leymerie, 
annonçant  qu'il  se  met  entièrement  à  la  disposition  de  la  Société 
dans  le  cas  où  cette  dernière  se  déciderait  à  tenir  la  session 
extraordinaire  de  cetle  année  dans  le  déparlement  de  la  Haute- 
Garonne. 

Cette  lettre  est  renvoyée  au  Conseil. 

M.  le  Président  lit  la  lettre  suivante  de  M.  Guillebot  de 

Nerville  ; 

<Sur/i0bone-bed  delà  Bourgogne;  par  M.  Guillebot  de  Nerville. 

(Lettre  adressée  à  M.  Delesse.) 

Je  viens  de  recevoir  votre  intéressante  Revue  de  géologie  (1)  et 
j*y  trouve,  pages  130  et  131 ,  un  paragraphe  relatif  aux  travaux  de 
M.Jules  Martin  sur  V  infra-lias  de  la  (vôte-d'Or,  paragraphe  dans 
lequel  vous  annoncez  que  depuis  la  publication  de  son  mémoire 
II.  J.  Martin  a  découvert  Je  bonc-bed  en  Bourgogne  et  se  propose 
de  le  décrire  prochainement. 


(4)     Revue  de  géologie  pour  Vannée  4  860,  par  MM.  Délasse  et 
Laugel  ;  Paria,  chez  Dunod,  quai  des  Augustioa,  49. 


6^8  SÉANCS  DU   7   AVtIL   1862. 

Puisque  vous  paraissez  attacher  une  importance  spéciale  à  cttlc 
découverte,  il  est  de  mon  devoir  de  vous  inrormer  que  dès  l'in- 
née 18&7  j*ai  reconnu  et  constate  IVxîsteoce  du  bone^éed  parfaite- 
ment caractérisé  à  la  base  de  Vin/ra'lias  dans  les  travaux  de  per- 
ceuient  du  tunnel  de  Rlaisy  (Gôte-d'Or). 

Je  ne  Tai  noté,  il  est  vrai,  sous  ce  nom,  que  dans  le  texte  encore 
inédit  destiné  à  compléter  ma  carte  géologique  de  la  CôCe-d*Or; 
mais  j*en  ai  déposé  de  nombreux  et  volumineux  érliantîllons  dans 
la  collection  géologique  départementale  que  j*ai  formée  à  Dijon, 
et,  cette  même  année  18^7,  plusieurs  géologues,  notamment 
M.  Jules  IMarcou,  dont  le  passage  m*a  été  très  utile  pour  la  déter- 
mination d*un  grand  nombre  de  mes  fossiles,  Tout  vu  et  étudié 
dans  ma  collection. 

Ce  banc  a  été  rencontré  dans  les  travaux  des  puits  n^  16  et  17 
du  tunnel  de  Blaisy,  à  6  ou  700  mètres  environ  de  la  tête  sudda 
souterrain.  Dans  cette  partie,  Y  infra-lias  repose  sur  les  assises  dn 
keuperti  les  deux  terrains  sont  en  stratiRcation  concordante,  ainsi 
du  reste  que  cela  a  lieu  dans  tous  les  points  de  la  Gôte-d'Or  où 
Ton  peut  observer  leur  superposition. 

Il  n*cst  peut-être  pas  sans  intérêt  de  vous  communiquer  le  dé- 
tail complet  de  la  coupe  que  j'ai  relevée  dans  mes  travaux  ;  la  voici 
telle  que  je  l'extrais  du  chapitre  de  mon  texte  concernant  le  lias 
et  Vinjra'lias, 

Zone  du  calcaire  à  Gryphées  arquées 7*,7I 

Calcaire  lumachcllo,  gris  compacte,  à  grains  très  serrés,  à 
fossiles  généralement  brisés,  mais  parmi  lesquels  on  dis- 
tingue quelques  Cardinies,  entre  autres  les  Cardimia  cofh' 
cinna  et  scauiformis^  Âgass.  Cette  lumaclielle  empâte  de 
nombreux  grains  quartzeux 0,*76 

Marne  schisteuse  grésique,  noirâtre,  avec  débris  de  fossiles 

indéterminables 0",4I 

Grès  fin,  quartzeux,  grisûtre,  à  texture  rubanée,  soudé  par 
un  ciment  calcaire  peu  abondant,  renfermant  qaelqnes 
fossiles  indistincts  et  des  Cardinies  :  Cardinia  eoncinna^ 
Agass 0'*,60 

Marne  feuilletée,  grésique,  noirâtre,  très  quaiizeuse,  s'exfo- 
liant  facilement,  presque  sans  consistance,  empâtant  do 
petits  cristaux  de  pyrite  de  fer •  .  .  .  .     0*,4B 

Grès  gris&tre  à  grains  fîos,  renfermant  quelques  filets  marneax 
bitumineux;  nombreux  débris  fossiles,  souvent  indislincla  t 
Pleuromya^  Corîmyn  ?  ChcmnitziUy  Cardium^  eic^  ciCm 
(Ce  grès  paraît  correspondre  au  grès  de  Marcigny-sona* 
Thil) 0",8» 

Marnes  schisteuses  noires,  pyrikeuses,  à  feuillets  contoaméa. 


LETTRB   DB    H.    GUILLBDOT   DB    NBRYILLB.  680 

.  enchâssant  de  petites  Ienlilla<»  degrés  fin,  grisâtre.  ....     0",40 
Calcaire  marneux  compacte,  grisâtre,  à  grains  serrés,  à  tex- 
ture rubanée,  en   bancs  de  0'",30  à  0".40  d'épaisseur, 
séparés  par  de  minces  lits  argilo  marneux  verJâtres.  Ce 

calcaire  donne  un  très  bon  ciment  hydraulique 4"*, 20 

Il  correspond  au  ciment  de  Pouilly, 

MaroM  schisteuses  noires  enchâssant  des  feuillets  lenticulaires 

degrés  fin  grisâtre,  avec  fuco'ides  et  empreintes  de  fougères.     0",4<l 

6r^  fin  quartzeux,  grisâtre,  pyriteux,  avec  empreiotas  char- 
bonneuses de  fucoldes  et  de  fougères 0"',60 

Ifarnes  schisteuses,  noires,  très  feuilletées O'^i^O 

Grès  grisâtre,  quartzeux,  effervescent,  à  grain   inégal,  avec 

fucoldes 0",60 

Iklarnes  noires  schisteuses,  à  feuillets  contournés 0"*,?5 

A.  —  Grès  quartzeux,  effervescent,  moucheté  de  pyrite  de 
fer,  présentant  des  rubans  è  gros  grains  anguleux,  avec 

dents  de  poissons  (Squales?) 0",55 

B.  —  Marnes  noires,  schisteuses,  renfermant  quelques  ver- 
tèbres de  sauriens.    . 0",4  0 

C.  —  Grès  fin,  blanchâtre,  avec  veinules  marneuses  noires.  .  0",30 

D.  —  Marnes  argileuses,  noires,  très  feuilletées,  enchâssant 
de  gros  bancs  lenticulaires  d'un  grès  à  ciment  calcaire^ 
à  grains  quartzeux,  anguleux  et  luisants,  avec  dents  de 
poissons  et  de  sauriens. 

Ces  bancs  at.leignent  parfois  une  épaisseur  de  0",40  à  0"%50  ; 
ils  dégénèrent  en  beaucoup  de  points  en  une  brèche  cnl^ 
entre  à  ciment  de  grès,  très  remarquable.  Cette  brèche  est 
formée  de  fragments  anguleux,  de  plaquettes,  de  calcaire 
marneux  gris  de  fumée,  à  pâte  fine  compacte,  qui  ont  dû 
ôtro  brisées  el  réagglutinées  sur  place  ;  elle  est  très  pyri- 
touse;  on  peut  môme  dire  qu'en  beaucoup  de  points  elle 
est  à  ciment  do  pyrite  do  fer.  Elle  empâte  de  nombreux 
ossements  et  dents  de  sauriens  et  de  poissons 4"*, 00 

Marnes  grisâtres,  très  grésiques 0",20 

Banc  de  calcaire  marneux,  gris  verdâtre,  à  structure  caver- 
neuse et  à  fausse  apparence  scoriacée,  empâtant  de  gros 
grains^le  quartz,  dégénérant,  même  par  places,  en  une 
sorte  do  grès,  renfermant  des  nids  de  pyrite  de  fer,  de 
blende  et  de  calamine.  Ce  dernier  banc  repose  directement 
sur  l'assise  dolomi tique  du  Âcupcr 0™,tO 

Épaisseur  totale  de  Tinfra-lias 4f  ,06 

Les  grès  à  dents  de  poissons  et  la  brèche  à  ossements  de  sau- 
riens (couches  A,  B,  C,  D)  paraissent  représenter  aussi  exactement 
qne  possible  le  bone^bed.  Je  n'ai  trouvé  celte  zone  aussi  bien  ca- 
ractérisée et  avec  des  débris  fossiles  aussi  abondants  que  dans  les 
travaux  du  souterrain  de  Blaisy.  Dans  les  puits  à  plâtre  de  Mé- 
Sor,  ^^oi,<j  î'  série,  tome  XIX,  44 


\  • 


600  BÉAIfCl    DO    7    ATIIL   1802. 

mont,  qui  en  sont  assez  voisins  Pt  qui  traversent  le  lias  et  V/'nJra- 
If  ai  avant  ii*atleindre  le  ((ypse  du  Acnprr,  on  rencontre  bien  les 
mêmes  grès  à  dents  à  grains  quartzeux  luisants,  divisibles  en  pla- 
ques minces  dont  la  suiface  est  fréquemment  incrustée  de  dents  de 
poissons,  mais  on  nest  jamais  tombé  sur  un  banc  k  ossements. 

Dans  XUaj rallias  du  plateau  de  Tbnstes  et  Beauregard  que  j'ai 
longtemps  exploré,  les  mêmes  ossements  de  sauriens  se  reti-ouveut, 
mais  très  disséminés,  dans  une  lumaclielle  ferrifere  qui  tn*a  para 
renfermer  îles  Aviculi's,  des  Pectens  et  des  (^liemnitzies.  Lfa  collec- 
tion géolo^'ique  départementale  que  j*ai  laissée  à  Dijon,  eu  1848, 
en  renfermait  é{>aleiiient  quelques  échantillons 

Je  vous  livre  ma  communication,  je  ii^ose  pas  dire  ma  récla- 
mation, tant  j*ai  peu  Tintent  ion  d'en  faire  une  question  de  prio- 
rité, en  vous  priant  de  lui  donner  telle  suite  que  votis  ju{*erez 
utile. 

M.  Harlë  fait  la  communication  suivante  : 

Note  sur  les  elislocations  auxquelles  est  due  la  confitruration 
de  la  vallée  de  la  Seine  aux  en%firons  de  Rouen  ;  par  M.  Harlé. 

Ayant  eu  à  reclierclier  la  position  à  Rouen  des  sables  aquiferes 
de  la  base  des  terrains  crétacées  (sables  du  gault)  dans  lesquels  on 
pouvait  avoir  Tespoir  de  trouver  un  moyen  d*alinientation  de  la 
disU'ibution  dVan  de  la  villf,  j*.ii  été  frappé  de  rimporlance  des 
dislocations  annoncées  dans  le  sol.  tant  par  la  confî{;uratîon  de  la 
vallée  de  la  Seine  cpu'  ])ar  la  diviisiié  de  positii^ns  de  fra^^ments 
de  conclus  qui  primitivement  iravairnt  pu  être  que  continues, 
et  j'ai  pensé  quM  pourrait  y  avoir  quelque  intérêt  à  si^^iialer  cei 
dislocations  à  Tatten lion  des  géolo^, nés,  comme  un  exemple  sin* 
giilier  (les  effets  qui  peuvent  se  pi'odnire  dans  une  brisure  de 
Técorce  terrestre.  • 

L*e\islenced\in  mouvement  prononcé  du  sol,  qui  se  serait  pro- 
duit à  Rouen  même,  a  déjà  été  annoncée  d*abord  par  iM.  Pany, 
qui,  aprcs  avoir  reconnu  à  Rouen  un  elfort  souterrain  qui  a  relevé 
les  couches  inféi  ienies,  a  même  ajouté  {Df.srr'pihtn  géologique  du 
département  de  la  Seine-Injérienre^  p.  231)  :  «  Peut-être  la  vallée 
de  la  Seine  dans  le  département  doit  elle  son  origine  à  l'actloD 
souterraine  qui  a  séparé  en  deux  la  masse  de  craie  dans  le  pays 
de  Hray?  » 

Dans  V  Explirniion  df  In  carte  géologique  fie  la  France  (t.  D, 
p.  60(i  et  605),  Ai  M.  Dufrénoy  et  Élie  de  Ueauuiont  précisent 


KOTB  DE   H.    HARLi.  001 

davantage  les  choses  en  disant  que  la  surface  de  contact  du  terrain 
crétacé  avec  réta»;e  jurassique  supéiieur  ne  doit  pas  tarder  à  s'en- 
foncer rapidement  ou  pcut-éire  tout  à  fait  subitement  sur  la  rive 
gauche  de  la  Seine,  avant  même  i'extréniilé  de  la  banlieue  de 
Rouen,  par  Teilet  d'un  ph  tiès  rapide  des  couches  ou  d'une  faille 
dont  ils  annoncent  qu  ils  duunrront  la  description  dans  la  suite 
de  leur  ouvrage,  suite  qti*ou  doit  tant  regretter  de  ne  pas  encore 
voir  paraître. 

l>e|)uis,  Al.  d'Archiac  s'étanl  aussi  occupé  de  la  géologie  de$ 
environs  de  Rouen  (Hr>loirt'  des  progrès  fie  ta  géologie^  t.  IV» 
p.  276)  trouve  dans  l'examen  de  la  rive  droite  de  la  Seine  les 
preuves  d'une  dislocation,  et  ajoute  que,  suivant  toute  probabihté, 
la  Seine  coule  dans  une  fracture  par  suite  de  laquelle  les  assises 
ont  été  relevées  sur  le  coté  de  la  rive  droite. 

Après  avoir  rappelé,  dans  ce  qui  précède,  que  d'éminents  géo- 
logues, qu'on  peut  citer  en  toutes  circonstances  comme  des  auto- 
rités, ont  reconnu  à  Rouen  l'existence  d'une  dislocation,  qu'il  me 
soit  permis  de  chercher  à  en  donner  maintenant  une  description. 

Si  Ton  prend,  d;ins  lecoursde  la  Seine,  la  partie  la  plus  sinueuse 
depuis  (iaillon  jusqu'au  delà  de  Caudebec,  on  remarquera  que  les 
grandes  courbes  que  décrit  le  fleuve  se  trouvent  partout  bordées 
du  côté  de  la  convexité  de  hauteurs  Ae  dressant  souvent  en  falaisef 
coupées  à  pic,  tandis  que,  au  contraire,  du  côté  de  la  concavité  le 
terrain  d'abord  tiès  bas  sur  le  brird  du  fleuve  ne  se  relève  qu'en 
peute  très  ilouce  |>our  se  relier  à  la  masse  de$  plateaux  élevés  qui 
s'étendent  au  loin  d'un  côté  et  de  l'autre  de  la  vallée,  et  l'on  peut 
dire  que  le  cours  de  la  Seine  découpe  une  suite  de  presqu'îles 
s'enchevèliaiit  les  unes  dans  les  autres,  dont  le  sol  se  relève  en 
peute  douce  alternativement  vers  la  droite  pour  Tune,  vers  la  gau- 
che pour  la  suivante,  depuis  le  fond  de  la  vallée  jusqu'au  niveau 
du  graud  plateau  ilans  lequel  cette  vallée  est  ouverte. 

Les  presqu'îles  se  rattachent  aux  bords  du  plateau  par  des 
isthmes  alternativement  aussi  du  côté  droit  et  du  côté  gauche  de 
la  vallée,  et  entre  deux  isthmes  consécutifs  du  même  côté  s'éten- 
dent des  hauteurs  abruptes,  même  en  quelques  endroits  des  fa- 
laises à  pic  disposées  en  concavités  dont  le  fleuve  baigne  le  pied  et 
faisant  face  à  la  presqu'île  intermédiaire  qui  se  relève  doucement 
du  côté  opposé. 

Qu'un  observateur  se  place  sur  les  hauteurs  du  Mont-aux-Ma- 
lades,  à  150  mètres  au-dessus  de  la  vallée,  avec  la  ville  de  Rouen 
au-dessous  de  lui,  il  verra  la  Seine  baigner  le  pied  des  hauteturs 
escarpées  de  la  rive  droite  sur  lesquelles  il  se  trouve  et  envelopper 


692  SÉANCE  DU  7   AV11L  1862. 

les  plaines  de  SoUeville,  de  SaîiiC-Sever  et  du  Pelit-Qucyîllf ,  de 
manière  à  en  former  une  presqu*ile  dont  le  sol  se  relève  graduel* 
lenicnt  jusqu'à  un  isthme  entre  Moulineaux  et  Orival»  îstlime  par 
lequel  celte  presqu'île  se  ratlaclic  en  face  au  plateau  élevé  de 
Bourg  theroude. 

Plus  à  droite,  au  delà  de  Canteleu,  il  verra  la  ligne  des  liau- 
teurs  de  la  rive  droite  s^abaisser  jusqu*au  fond  de  la  vallée,  do- 
minée au  contraire  en  face  par  les  liau(eui*s  de  Gauuiont.  Vers  la 
gauche,  de  même,  il  verra,  à  partir  de  Belbeuf,  la  ligue  des  hau- 
teurs s'abaisser  pour  formel'  au  dehi  de  T isthme  du  Port-Saint- 
Ouen  la  presqu'île  d'Elbeuf,  dont  la  pointe  se  trouve  cachée  der- 
rière le  relèvement  eu  sens  opposé  de  la  presqu'île  de  Saint- Se  ver. 
Puis,  au-dessus  des  deux  lignes  montrant  les  inclinaisons  de  ter- 
rain opposées  dans  le  croisement  des  deux  presqu'îles,  il  aperce- 
vra à  r  horizon  les  hauteurs  qui  dominent  Pont-dc- l'A  relie  et  se 
rattachent  aux  ])latt*aux  du  département  de  l'Kurc. 

Cette  magnifique  vue  de  la  vallée  de  la  Seine  ic  trouve  être 
ainsi  en  mcme  temps  une  vue  géologique  montrant  de  la  manière 
la  plus  frappante  la  disposition  générale  du  terrain. 

Se  reportant  plus  loin  on  remontant  la  vallée,  on  verrait  au 
grand  morceau  qui  forme  la  presqu'île  d'Elheuf  eu  succéder  un 
autre  qui,  se  détachant  des  hauteurs  au-dessus  de  Pou t-dc-l* Arche, 
vients'abaisscr  au  pied  de  la  côte  des  Deux -Amants;  puis  encore, 
au  del«i  de  cette  côte,  c*est  un  morceau  sMncli liant  en  sens  con- 
traire à  partir  du  côté  droit  de  la  vallée  qui  forme  la  presqu'île 
que  bordent  les  hauteurs  de  Saint- PiiTrc-de-Vanvmy  et  que  con- 
tourne le  chemin  de  fer  de  Paris.  Les  souterrains  de  Gaillon  tra- 
versent l'isthme  d'une  dernière  presqu'iltt  inclinée  en  sens  opposé. 
En  aval  de  Rouen  on  voit  les  falaises  passer  de  Caumont,  rive 
gauche,  à  Duclair,  rive  droite,  et  la  presqu'île  de  la  Maillerayc, 
en  faee  dis  hauteurs  de  Ciiudebec,  succéder  à  celle  de  Jumiéges, 
rive  droite. 

Nulle  part  des  falaises  ne  se  trouvent  en  face  les  unes  des  autres 
sur  les  deux  rives,  mais  elle»  passent  avec  les  conlournemonis  du 
fleuve  d'une  rive  à  l'autre,  en  ayant  toujoui-s  en  face  d'elles  on 
terrain  se  relevant  à  partir  de  leur  pied  en  pente  très  douce. 

Si  maintenant  nous  cherchons  à  quelle  c:iuse  attribuer  la  coii- 
figiiialioii  si  remarquable  que  présente  celte  vallée  sur  une  éten- 
due de  près  de  60  kilomètres,  nous  ne  pourrions  y  voir  un  effet 
d'érosions  qui  n'auraient  pu  modiGer  les  rives  opposéees  de  la 
vallée  d'une  manière  alternativemeut  si  complètement  dissembla- 
ble, mais  nous  y  reconnaîtrons  une  dislocation  en  rapport,  aînii 


IfOTI   DB    M.    UÀRLÉ.  60S 

que  Tindiquait  IVI.  Passy,  avec  le  soulèvement  du  pays  de  Bray, 
dont  elle  a  été  le  contre-coup,  et  voici  TexplicatioD  que  nous  en 
donnerons  : 

Pendant  qu'un  soulèvement  se  produisait  au  pays  de  Bray,  à 
l'époque,  suivant  !V].  Elie  de  Bcauniont,  de  la  révolution  terrestre 
à  laquelle  est  due  rappailtion  en  Europe  des  Pyrénées  et  des 
Apennins  (voy.  Recherches  sur  les  rêvolutinns  du  globe,  note  de  la 
page  316),  et  que  siu*  toute  la  longueur  du  pays  de  Bray  s'ouvrait 
une  fente  rectiligne  dont  les  bords  en  s'écartnnt  prenaient  la 
forme  d'arcs  arrondis  en  sens  opposé  et  mettaient  h  découvert,  au 
travers  de  toute  Tépaisseur  de  la  craie,  dans  l'espace  compris 
entre  ces  deux  arcs,  la  partie  supérieure  des  terrains  jurassiques, 
il  se  produisait  dans  le  sol,  à  une  distance  de  35  à  UO  kilomètres 
vers  le  sud-ouest,  comme  effet  opposé  résultant  de  l'effet  combiné 
de  roscillation  du  terrain  et  d'une  compression  exercée  latéra- 
lement par  l'écartement  des  bords  de  la  fente  du  pays  de  Bray,  un 
mouvement  d'affaissement  accompagné  dans  la  masse  du  terrain 
d'une  longue  brisure  suivant  une  ligne  extrêmement  sinueuse  qui 
traçait  un  grand  feston,  et  découpait  en  forme  de  grandes  dents 
le  bord  de  cliacune  des  deux  parties  entre  lesquelles  se  partageait 
la  niasse  du  terrain.  En  même  temps,  cbaque  dent  du  feston  for- 
mant unepréominence  sur  le  bord  d'un  des  côtés  de  la  masse  du 
terrain,  en  s'avançant  dans  le  creux  compris  entre  deux  dents  du 
côté  opposé,  prenait  une  position  inclinée  à  partir  de  sa  base  par 
un  refoulement  dans  le  sol  de  sa  partie  avancée  convexe  qui,  sous 
l'action  que  nous  venons  d'indiquer  d'une  oscillation  du  terrain 
et  d'une  compression  latérale,  s'abaissait  avec  glissement  et  écra- 
sement contre  la  paroi  verticale  concave  du  côté  opposé  de  la 
masse. 

Li  ligne  de  brisure  est  devenue  le  cours  de  la  Seine  après  que 
le  fond  de  la  vallée  et  la  place  du  lit  du  fleuve  se  sont  postérieu- 
rement trouvés  ouverts  suivant  les  sinuosités  de  cette  même  ligne 
par  les  érosions  dues  aux  grands  courants  qui  descendant  des 
Alpes,  après  l'époque  tertiaire,  apportaient  en  même  temps  les 
alluvions  restées  déposées  au  fond  de  la  vallée;  les  grandes  décou- 
pures en  forme  de  dents  de  feston  saillantes,  Inclinées  vers  la 
gaucbc  à  partir  du  bord  droit  de  la  vallée,  vers  la  droite  à  partir 
du  bord  gauclie,  sont  devenues  les  presqu'îles  enveloppées  par  les 
sinuosités  du  cours  du  fleuve,  presqu'îles  dont  le  sol  s'abaisse  en 
pente  depuis  le  niveau  du  plateau  général  dans  lequel  la  vallée 
est  ouverte  jusqu'au  fond  de  la  vallée;  enfin,  de  cbaque  côté  de  la 
masse  du  terrain,  les  concavités  découpées  par  la  brisure  dans 


09A  SÉÀNCB  DU  7  ÀTmiL  1862. 

rinlei'valle  séparant  deux  dents  ou  presqu'îles  saillantes,  conca- 
TÎlcs  sur  lesquelles  le  mou  veulent  d^affaiiseuienl  n'avait  pas 
d'effet,  tandis  que,  eu  face,  Tautre  côté  de  la  brisure  fonné  par 
la  saillie  de  la  dent  opposée  était  refoulé  dans  le  sol,  sont  deve- 
nues les  hauteurs  abruptes  et  les  falaises  à  pic  qui  bordent  les  con- 
vexités de  toutes  les  sinuosités  du  cours  du  fleuve. 

L'ori(;ine  que  nous  venons  d'atitibuer  à  l'ouverture  de  la  vallëe 
de  la  Seine,  aux  environs  de  Rouen,  donne,  comme  on  le  voit, 
l'explication  des  accidents  topograpbiques  que  nous  avons  signalés 
dans  cette  vallée. 

Au  lieu  de  voir  dans  la  dislocation  de  Rouen  principalement 
nu  relcveuienl  local  très  pronoiu'é  des  couches  du  terrain  sur  la 
rive  droite  de  la  Seine,  nous  y  verrons  donc,  au  contraire,  un 
abaissement  de  la  presqu'île  de  la  rive  {;auclie,  ainsi  que  de  toutes 
celles  qui  lui  font  suite  eu  amont  et  en  aval. 

De  ce  refoulement  souterrain  de  niaiîèie  devait,  en  effet,  résul- 
ter à  une  certaine  distance  un  soulèvement  correspondant  que 
nous  rencon Irons  au  pays  «le  Bray,  et  les  deux  accidents  s'expli- 
quent ainsi  réciproqneuient  Tun  par  Tautre. 

Nous  ft  rons  remaïquer  que  le  soulèvement  dans  le  pays  de 
Uray  s'est  beaucoup  plus  f.iit  sentir  sur  la  falaise  suil-ouestdu  côté 
de  la  Seine,  que  sur  la  falaisi*  nord-est;  aussi  M.  Passy  appelle- 
t-il  la  première  :  la  ^.rande  falaise  [Dmcrifjtion  ^èntttgiffue  rir.  la 
Seinr-Injérirurf,  p.  231).  Le  côté  sud-onest,  eu  effet,  |>arlicipait  à 
tout  le  mouvement  du  terrain  depuis  la  vallée  de  la  Seine,  tandis 
que  (*e  mouvement  s*arrctait  à  la  l'alaise  nord-est,  de  même  que 
dan^  la  vallée  de  la  Seine  il  s*arrelail  aux  limites  sud  ouest  de  la 
bande  de  terrain  dans  laquelle  s*est  ouverte  la  vallée. 

Ajoutons  qu'au  pays  de  Ihay  la  présence  de  la  craie  supérieure 
sur  le  côté  droit  de  la  vallée  de  la  Béthune,  au  fond  de  cette  vallée, 
depuis  (laillefontaine  juscju'à  Bures,  tandis  que  l'autre  coté  est 
formé  par  des  terrains  inférieurs  au-dessus  desquels  la  craie 
blinche  ne  reparaît (|u*.i  un  niveau  bien  supérieur,  indique  quels 
Bétluine  coule  dans  une  faille  <luiit  le  côté  ijaucbe  est  considé- 
rablenit-nl  rclt  vr  par  rapport  au  côté  droit. 

En  même  temps  que  la  pression  latérale  résultant  de  l'écarle- 
menl  îles  bonis  de  la  fente  par  soulèvement  du  pays  de  Braj 
imprimait  à  la  fracture  de  la  v  dlée  de  la  Seine  sa  forme  sinueuse, 
cette  pnssion  donnait  aussi  n'iissance  à  des  fentes  qui  se  sont 
on  ver  les  an  fond  de  toutes  les  coneavités  du  côté  droit  île  la  vall^ 
de  la  Seine  dans  l.i  masse  du  terrain  en  mouvement,  eutre  cette 
vallée  et  le  pays  de  Bray. 


MOTS    OS    M.    HÀRLÉ.  (506 

Toutes  les  convexités  des  presqu'îles,  au  moment  de  leur  refou- 
lement dans  les  concavités  qui  les  enveloppaient,  devaient,  en  effet, 
sous  Teifort  d*une  pression  latérale,  a(i[ir  au  fond  de  ces  conca- 
vités cuinnie  des  coins  pour  les  fendre,  mais,  comme  le  côté 
gauche  de  la  vallée  auquel  se  sont  an  étés  les  effets  de  dislocation 
.  présentait  beaucoup  plus  de  résistance  que  le  côté  droit  sur  lequel 
agissait  le  mouvement  d'oscillation  du  sol,  ce  n'est  que  sur  ce 
dernier  côté  que  de  grandes  fentes  se  sont  ouvertes. 

Toutes  ces  fentes  qui,  généralement,  se  sont  ramifiées  à  mesure 
que,  s'étcntlantdans  l'intérieur  de  la  masse,  elles  se  rapprochaient 
du  pays  de  Bray,  sont  devenues  autant  de  vallées  arrosées  par  des 
cours  d*eaux  produits  par  des  sources  artésiennes  qui,  au  travers 
de  ces  fentes  elles-mêmes,  se  sont  élevées  du  grand  réservoir  sou- 
terrain des  sables  verts  de  la  base  de  la  forniation  crétacée.  Aux 
Ândelys,  c'est  la  vallée  du  Gambon  ;  dans  la  côte  des  Deux-Amants, 
la  vallée  d'Andelle;  à  Rouen,  où  la  pression  paraît  avoir  été  la 
plus  considérable,  nous  trouvons  deux  vallées  :  celle  de  Darnétal 
el  celle  de  Maromme  ;  à  Duclair  débouche  dans  la  Seine  la  vallée 
deSainte-Austreberthe,  etc. 

L'ouverture  de  la  vallée  de  Darnétal  paraît  avoir  aussi  été 
accompagnée  d'un  accident  géologique  particulier,  le  refoulement 
de  35  mètres  dans  le  sol,  à  l'entrée  de  la  vallée,  de  tout  un  grand 
morceau  de  craie  inférieure  sur  lequel  se  trouve  maintenant  bâtie 
la  partie  basse  de  la  ville  de  Rouen,  entre  la  côte  Sainte-Cathe- 
rine et  les  hauteurs  qui  dominent  Rouen  du  côté  opposé  de  la 
vallée. 

Cette  différence  de  niveau  a  été  reconnue  par  les  différences 
de  position  de  fragments  d'une  même  couche  très  nconnaissable 
de  marne  bleue  de  il  à  12  mètres  de  puissance  qui  affleure  sur  le 
bord  de  la  Seine  à  Saint-Paul  au  bas  de  la  côte  Sainte-Catherine, 
et  qui  a  été  rencontrée  au  mên  e  niveau  de  U  mètres  au-dessus  de 
la  mer  <lans  un  forage  de  recherche  d'eau  que  nous  exécutions  au 
mont  Renard,  dans  une  t'.orgi^  au-dessus  de  la  ville,  sur  le  côté  de 
la  côte  de  Neulchàtel,  mais  qu'on  n'a  atteinte  qu'à  la  profondeur 
de  31  mètres  au-dessous  de  la  mer  dans  le  puits  artésien  de  la 
brasserie  de  iVI.  Lecerf,  rue  Mariainville,  puiis  que  M.  Pas>y  a 
fait  connaître  dans  une  des  planehes  de  sa  description  géologique 
de  la  S  'ine-lnférieure  el  qui  se  trouve  cité  dans  l'explication  de 
la  Ctirtr  iirolttfr'q//f>  ,/r  In   France^  t.  Il,  p.  60'l. 

La  seule  grande  fente  ouverte  dans  la  ré;;ion  dont  nous  nous 
occupons,  stir  la  rive  gauche  de  la  Seine,  est  le  débouehé  de  la 
vallée  de  1  Eure  ;  mais  l'origine  de  cette  vallée  doit  se  rattacher 


606  SÉANCE   Dt    7    AVRIL   1802. 

à  une  autre  action  géologique,  probablement  A  celle  qui  aara 
ouvert  la  fente  que  suit  le  cours  de  la  Seine  au-dearas  de  Gaillon, 
et  qui  doit  être  plus  moderne  que  le  soulèvement  du  pays  de 
Brav,  à  en  juger  par  les  couches  tertiaires  qu'elle  a  coupées. 

Nous  ferons  aussi  remarquer  ici  que  dans  le  pays  de  Bray  des 
coui-s  d'eau  s'écoulent  par  des  fentes  ouvertes  au  travers  de  toute 
la  hauteur  de  la  falaise  sud-ouest,  tandis  qu'il  ne  t'est  ouvert 
aucune  fente  de  ce  genre  dans  la  falaise  nord-est. 

Cette  diiïérence  peut  encore  servir  à  montrer  rinëgalité  des 
mouvements  qui  se  sont  produits  dans  la  niasse  du  terrain  fur 
l'un  et  sur  l'autre  des  côtés  de  la  fente. 

Enfin,  pour  terminer  ce  que  nous  avons  à  dire  des  rapproche- 
menls  cpi'on  peut  établir  entre  la  vallée  de  la  Seine  et  le  pays  de 
Bray,  nous  ferons  encore  remarquer  que  si,  eu  enveloppant  par 
uneconrhe  sur  chaque  rive  de  la  Seine  les  sinuosité^  de  son  cours, 
on  trnyiit  le  contour  de  l'espace  dans  lequel  s*ett  fait  eentir  la 
suite  d'affaissements  qui  a  donné  naissance  à  la  vallée,  on  obtien- 
drait une  figure  ayant  une  grande  ressemblance  arec  celle  de 
l'ouverture  au  fond  de  laquelle  les  terrains  crétacés  inférieurs  et 
jurassiques  supérieurs  se  montrent  au  jour  -nu  pays  de  Bray. 

Di*  pliiSf  les  pentes  des  presqu'lk-sde  la  vallée  de  la  Seine,  qui 
dans  un  sens  et  dans  l'autre  forment  scnsihlement  deux  plans 
inclinés  en  sens  opposé,  se  coupent  suivant  une  ligne  passint  par 
le  milieu  des  sinuosités  du  cours  du  Heuve,  et  cette  ligne  qui  cor- 
respond ainsi  à  la  direction  de  rensenihlc  de  cette  paitie  de  la 
vallée  se  trouve  être  parallèle  à  Taxe  de  la  fente  du  pays  de  Bray. 
i^'effet  produit  en  creux  d'un  côté  se  retrouve  donc  en  i-elief  de 
l'autre  côté. 

Quant  à  Tinlensité  de  l'action  qui  a  produit  dans  le  sol  de  la 
Seine-Inférieure  le  mouvement  dont  nous  nous  occupons,  oh 
peut  en  donner  pour  mesure  l'inclinaison  qui  en  est  résultée  dans 
les  couches  du  terrain. 

Depuis  Rouen  jusqu'au  pays  de  Bray  cette  inclinaison  n'est 
guère  que  de  5  millimètres  par  mètre,  correspondant  à  475  inctrrs 
de  difl'érencc  d'aliitudc  sur  une  étendue  de  35  kilomètres. 


HOTI   m  M.    HÀftLÉ. 


«97 


Coupe  passant  par  Rouen  ei  Neufçhdttil, 


▲lUtadei :  S 


ToxAinA 


«Jicr/i$siques . 


Cette  différence  d'altilitde  s'observe  dans  les  bancs  si  recon- 
Haïssables  de  la  craie  chloritëe  qui  se  voient  à  Rouen  et  à  la 
Ali-voie  à  la  base  des  hauteurs  qui  bordent  la  rive  droite  de  la 
Seine,  et  se  retrouvent  dans  les  montées  par  lesquelles  on  s'éli*ve 
du  fond  du  pays  de  Bray  sur  le  plateau  du  pays  de  Gaux. 

La  présence  de  la  craie  chloritëe  h  la  base  de  la  falaise  de  la 
rive  droite  de  la  Seine  à  Rouen  et  sa  disparition  pour  ne  repa- 
raître que  vers  renibouchurc  du  fleuve  peuvent  avoir  été  pro- 
duites par  une  ondulation  du  sol  indépendante  des  dislocations 
dont  nous  nous  occupons  ici. 

Quant  à  Tinclinaison  des  couches  dans  les  presqu'îles  de  la 
vallée  de  la  Seine,  nous  pouvons  l'évaluer  dans  la  presqu'île  de 
Saiut-Sever  à  près  de  1  centimètre  par  mètre  correspondant  à  un 
abaissement  de  125  mètres  de  la  partie  supérieure  de  la  craie  sur 
une  étendue  de  13  kilomètres,  depuis  les  hauteurs  de  Tisthme  qui 
se  trouve  entre  Orival  et  Moulineaux  jusqu'à  Saint-Sever. 

La  présence  des  bancs  de  la  partie  supérieure  de  la  craie  au  fond 
de  la  vallée  de  la  Seine  se  reconnaît  dans  les  carrières  à  ciel 
oaveit  qu'on  rencontre  depuis  la  sortie  de  Rouen  par  la  rne 
d'Elbeuf,  en  face  de  la  forge  de  Trianon,  jusqu'au  rond  point  de 
la  route  de  Caen,  au  Petit-Quévilly ,  et  nous  pouvons  y  citer 
comme  fossiles  caractéristiques  :  le  Mîrraster  cer-fi/igninumj  la 
Terebrattilii  carnra^  Y Inoceramus  dwicrii^  etc  ,  qu'on  ne  retrou- 
verait en  face  que  dans  la  partie  la  plus  élevée  des  hauteurs  de  la 
rive  droite. 

La  différence  des  niveaux  où  se  trouvent  ces  fossiles  sur  Tune 


698       -  IBAHCI  DU   7   AVRIL  1802. 

et  l'autre  des  rWes  de  la  Seine  peut  de  ion  côté  «nir  A  coufinnci 
l'alnissement  de  135  mètres  qu'iinitonce  rinclinaito»  générale  Ju 
sol  de  la  presqu'île  i\e  Saint-SL-ver  et  le  refoulemeot  daus  le  lol 
de  tout  ce  côté  de  la  rive  de  la  Seine. 

La  dilTéience  de  125  iiu^trcs  se  retrouve  également  entre  Ict 
niveaux  qu'occupe  la  couche  de  iiiaiiie  dans  lei  para|>es  de  ta  riTC 
droite  de  la  Seine  et  du  Petii-Quévilty,  ainsi  que  le  montre  la 
coupe  ci-dessous «nr  laquille  on  a  aussi  place  le  sondage  de  la  rue 
Martainville,  dont  il  a  été  quustiou  plus  haut. 

Coupe  de  ta  vallée  de  la  Seine  à  BoHen. 


l  \  i 


IfteTT-n— ,;_.. 


I    ; 

Nous  pouvons  en  outre  trouver  la  preuve  que  la  craie  a  bien  an 
P(-tit-(jucvdly  la  uiènie  épaisseur  que  dans  les  liauieurs  qui  domi- 
nent t-u  face  du  cuuis  de  la  Seine,  dans  le  puils  artésien  de  la 
falH-iqne  de  produits  i'iiiuiiques  de  îVI.  Alalétra,  prèsdu  roml-poinl 
de  b  miif  de  Ciien.  Ce  puits,  après  avoir  iiaversé  toute  IVpaisKur 
de  h  craii:  liluuciie.  a  n-iicouliéà  uue  profonde  ui  de  12S  mètres 
le  coiniMenceiM<-i)t  îles  f.hiicniiies  de  la  liase  de  la  côte  Sainte- 
C'iUierine,  et  a  fuit  jiiillir  des  sildcs  vertu,  à  la  profondeur  de 
166  métré*,  une  snu'ce  diiui  l'eau  aliuiente  des  réservoirs  i 
7  mètres  au-dessus  du  sol. 

Voici  quelle  est  la  i-oupc  de  ce  puits  dont  l'orifice  cit  i  U  CoU 
de  1 1  "i  1 5  au  dessus  de  la  uier  : 


irOTB    Dl    ■•    HARLÊ.  609 

Terrain  argileux  supérieur,  avec  galets.   .  7", 10 

Craie  blanche,  sans  silex 401", 90 

Craie  avec  silex  et  roches  dures IQ^'^OS 

Glauconie  crayeuse 3*", 99 

Argile  brune  ou  marne 4 6"*, 54 

Sables  verts 47",66 

Eau  jaillissante,  à  la  profondeur  de.  .  .    .     4  66'",24 

D'autres  forages  ont  été  exécutés  à  Rouen  sur  la  rive  gauche  de 
la  Seine;  mais  au  lieu  d^avoii'  été  placés  comme  celui  de  iM.  Ma- 
létra  sur  la  partie  supérieure  de  la  craie,  les  uns,  près  de  l'église 
Saiut-Sever,  piiaissent  être  tombés  au  milieu  de  la  brisure  dans 
des  remplissages  provenant  d'alluvions  plus  récentes;  ce  sont  les 
forages  exécutés  en  183'i  par  M.  Flacliat;  les  autres,  placés  sur 
l'autre  coté  de  la  brisure,  se  rattachant  à  la  masse  des  terrains  de 
la  rive  droite,  npi-ès  avoir  traversé  une  faible  épaisseur  des  sables 
de  la  base  de  la  formation  crét  icée,  sont  entrés  dans  les  terrains 
jurassiques  ;  ce  sont  les  forages  de  Sotte  ville. 

A  Elbeuf,  les  puits  artésiens  ont  été  ouverts  au  travers  des  cou- 
ches de  la  craie  dépendant  de  la  presqu'île  abaissée^  et  ce  n'est 
qu'après  avoir  traversé  la  paitie  supérieure  de  la  craie  qu'ils  ont 
atteint  dans  les  siblts  inférieurs  aqnifères  dis  sources  jaillissantes 
à  une  profondeur  qui  va  jusiprà  150  mètres. 

Ce  serait  donc  commettre  à  Elbeuf  une  erreur  que  d'ajouter  la 
profondeur  de  ces  puits  à  l'épaisseur  de  la  craie  dans  les  hauteurs 
qui  dominent  la  ville  pour  avoir  l'épaisseur  totale  de  la  formation 
crétacée.  Il  existe  là,  comme  à  Saint-Sever,  un  refoulement  dans 
le  sol,  et  les  couches  crétacées  ne  peuvent  y  avoir  que  l'épaisseur 
de  170  à  180  mètres,  qu'on  peut  leur  reconnaître  tout  à  côté,  à 
Rouen. 

Au  sujet  des  puits  artésiens  d'Elbeuf,  on  remarquera  que  l'eau 
qui  les  alimente  vient  du  pays  de  Bray,  tandis  que  c'est  de  l'eau 
venant  du  département  de  TËure  qui  alimeute  le  puits  artésien  du 
Petit-Quévilly,  et  nous  ajouterons  à  ce  sujet  que  sur  la  rive  droite 
de  la  Seine,  à  ilouen,  les  sables  <ians  lesquels  on  est  allé,  à  Ëlbenf 
et  au  Petit-Quévilly,  chercher  des  sources  jaillissantes  à  de  grandes 
profondeurs,  se  trouvent  à  nn  niveau  peu  différent  de  celui  de  la 
vallée,  de  sorte  que  la  position  s'annonce  comme  très  favorable 
pour  se  pixx'urer  dans  ces  siibles  un  moyen  d'aliment  ition  d'eau. 
Aussi  des  travaux  ont-ils  été  enlrepiis  par  la  ville  de  Koueu  pour 
faite  cet  essiii. 

Le  forage  a  été  placé  au  fond  d'uue  gorge  b'enfooçaDt  dans  la 


700  SfiAlfCB    DU    7    ATllL    1802. 

masse  de  craie  blaDchc  des  hauteurs  qui  dominent  la  ville  au 
niveau  de  60  mètres  au-dessus  de  la  nier. 

Un  puits  artésien  placé  à  Tiianon,  à  la  sortie  de  Rouen,  dans 
les  mênics  conditions  que  celui  de  M.  Malëtra  an  Petit-Qnévilly, 
devrait  également  fournir  un  moyen  d'alimentation  pour  la  rive 
gauche  de  la  Seine. 

Au  fond  des  gorges  s'avança nt  dans  la  masse  de  la  cûfc  qui 
domine  la  ville,  à  Ellieuf,  des  recherches  pourraient  aussi  être 
tentées  du  côte  où  le  terrain  n'est  pas  abaissé,  avec  l'espoir  de  ren- 
contrer les  sables  aquifères  de  la  rive  gauche  à  une  faible  pro- 
fondeur. 

Après  avoir  trouvé  dans  les  carrières  et  le  sondage  du  Petit- 
Qucvilly  la  preuve  que  Tabsence  de  hauteiu's  sur  la  rive  gaurlic 
de  la  Seine,  à  Rouen,  en  face  des  hauteurs  de  la  rive  di*oite.  pro- 
venait d'un  refoulement  de  125  mètres  dans  le  sol  de  toute  la 
masse  qui,  primitivement,  faisait  suite  de  ce  côté  aux  hauteurs 
restées  en  place  sur  la  rive  droite,  on  est  certainement  autorisé  \ 
considérer,  comme  nous  L'avons  fait,  la  reproduction  dos  mêmes 
circonstances  topographiques  dans  les  autres  sinuosités  du  cours 
(!e  la  Seine,  an-drssus  et  au-dessous  de  Rouen,  comme  devant 
être  attribuée  à  la  même  cause  géologique. 

Mous  étendant  plus  au  loin,  nous  ferons  encore  remarquer  que, 
en  se  rapprochant  de  Paris,  des  sinuosités  analoguet  reparaissent 
et  se  succèdent  dans  le  cours  de  la  Seine  à  partir  de  Honnières,  et, 
là  encore,  on  pourrait  se  demander  si  des  affaissements  Incaus, 
coutrmporains  de  Tépoque  tertiaire  ou  même  postéricui's,  u*au- 
rnicnt  pas  joint  leur  effet  à  celui  de  grandes  éi*osion8  pour  donner 
à  la  vallée  cette  configuration. 

Cette  seconde  suite  de  sinuosités  commence  en  face  de  Ron- 
nières  par  une  presqu'île  entourée  par  les  hanteui-s  qui  bordent 
la  rive  j^auche  de  la  Seiue,  auxquelles  font  suite  celles  du  cdté 
droit  de  h  vallée  de  TEpte,  et  c'est  par  une  fente  latérale  ouverte 
au  travers  de  la  masse  de  ces  hauteurs  que  la  Seine  passe  pour  ic 
rendre  du  fond  de  cette  sinuosité  à  Gaillon  où  elle  rentre  dans 
rentre  suite  de  sinuosités  s*ctendant  jusqu'au-dessous  de  Cau- 
debec. 

Vers  rrnibouchure  du  fleuve  on,  entre  Quillebeufet  le  Havre, 
on  voit  l'indication  de  sinuosités  se  continuer  par  les  pointes  qui 
successivement  sur  chaque  rive  font  face  à  une  concavité  de  la 
rive  opposée,  on  pourrait  également  se  demander  si  cette  grande 
ouverture  ne  serait  pas  due  â  rabaissement  complet  d*un  grand 
morceau  de  la  niasse  du  terrain,  ou  à  une  suite  d'affaissements 


NOTE   DB    H.    HàRLÉ.  TM 

qui  seraient  là  cii  rapport  avec  un  soulèvement  de  la  craie  qu'on 
observe  entre  Fécanip  et  Uoibec. 

Pour  s*en  assurer,  il  faudrait  arriver  à  connaître  la  nalutc  des 
rochers  du  fond  de  la  incr  en  face  de  Honfleur  ;  mais,  comme  ils 
ne  se  découvrent  pas  à  la  mer  basse,  ce  serait  très  diflicile. 

Le  soulèvement  dont  nous  venons  de  parler  s'observe  à  Fécamp 
dans  le  relèvement  vers  le  sud  des  couches  de  la  craie  chlorilée. 

Ces  couches  forment  la  base  des  hauteurs  de  deux  côtés  de  la 
vallée  de  la  rivière  de  Valmont  avec  une  direction  sensiblement 
est  ouest,  et  dans  les  vallées  qui  partant  de  celle  de  Valmont  se 
dirigent  vers  le  sud,  telles  que  le  Val-aux- Clercs,  qui  suit  le  che- 
min de  fer  de  Fécamp  à  lieuzeville  et  la  vallée  de  (lanzoville,  on 
voit,  au  contraire,  ces  couches  se  relever  avec  une  inclinaison  d'en- 
viron 1  1/2  pour  100.  On  les  sin't  en  remontant  la  vallée  de  Gan- 
Keville  jusque  dans  le  vallon  de  Pétrcval. 

Si  le  même  relèvement  de  couche  ne  s'observe  ])as  dans  la 
falaise  entre  Fécamp  et  Yport,  sur  le  bord  de  la  mer,  c*est  qu'il 
existe  eu  cet  endroit  une  faille  parlant  de  la  pointe  de  la  fal«iisc 
près  de  l'établissement  des  bains  de  mer  de  Fécamp  cl  se  dirigeant 
▼ers  le  sud  lé|>èrement  est. 

La  partie  du  terrain  ù  l'ouest  de  cette  faille  dont  dépend  la 
falaise  au  sud  de  Fécamp  n'a  pas  bougé,  tandis  que  la  partie  à 
Test  dont  dépend  la  falaise  au  nord  a  éprouvé  le  mouvement  de 
relèvement  que  nous  venons  d'indiquer  à  partir  de  la  vallée  de 
Valmont. 

La  contre-pente  de  ce  relèvement  se  retrouve  dans  la  vallée  de 
Bolbec  à  Lillfbonne  où  la  craie  chlorilée  reparait  au  jour. 

Enfîn,  après  ce  que  nous  avons  dit  de  l'effet  produit  par  l'en- 
foncement des  presqu'îles  de  la  rive  gauche  de  la  Seine  sur  les 
concavités  qui  leur  faisaient  face,  concavités  dans  lesquelles 
s'ouvraient  de  grandes  fentes,  ne  pourrait-on  pas  voir  éga- 
lement dans  la  découpure  sinueuse  de  la  côte  de  la  IM anche, 
depuis  le  Havre  jusqu'à  Saint-Valery-sur-Somme,  avec  la  fa- 
laise coupée  dans  sa  concavité  par  une  suite  de  grandes  fentes 
devenues  des  vallées,  l'efiet  de  renfoncement  d'un  grand  mor- 
ceau de  la  masse  de  craie  qui  auparavant  s'étendait  de  France  en 
Angleterre? 

Cet  enfoncement,  postérieur  au  dépôt  des  terrains  tertiaires  qui 
entourent  Southampton,  en  Angleterre,  s'annoncerait  par  sa 
direction  générale  indiquée  par  le  Pas-de-Calais  comme  pouvant 
se  rattacher  au  soulèvement  des  Alpes  occidentales  dirigé 
M.  26*>E. 


702  stAifCB  »i3  7  ATmiL  1862. 

Le  pliénomène  {i;ëologique  dont  nous  nous  sommen  particuliè- 
remeiu  occupé  dans  cctie  note  nous  a  paru  mériter  d'attirer  Tat- 
tention  drs  géologues  comme  présentant  des  effets  de  soulêvenicrnt 
et  de  refoulement  i|ui,  bien  qu'en  i*elation  le»  uns  avec  les  autres, 
se  sont  cepeiid.mt  produits  isolément  et  sans  avoir  ensuite  été 
soumis  à  d'autres  honleversements  qui  les  auraient  modifié»,  en 
sorte  qu'on  peut  y  retrouver  parfaitement  conservés  les  principaiu 
caractères  qui  en  accusent  l'origine. 

La  brisure  par  refoulement  de  la  vallée  de  la  Seine  nous  parait, 
en  même  temps,  pouvoir  servir  d'exemple  pour  faire  comprendre 
la  possibilité  du  retournement  complet  d'un  ensemble  de  couchei 
dans  les  pays  monta^>neux  profoiidément  bouleversés. 

Si,  en  effet,  une  action  géologique, qui  n'a  imprimé  «i  l'ensemble 
du  soulèvement  qu'une  inclinaison  de  5  millimètres  par  mètre 
dans  les  coucbes  du  terrain,  a  cependant  suffi  pour  produire  les 
refoulements  de  12.')  mètres  dans  le  sol  que  nous  observons  dans 
la  vallée  de  la  Seine  avec  une  inclinaison  de  couches  double  de 
Tinclinaison  générale  dans  l'espace  où  s'est  produite  la  brisure 
par  refoulement,  quels  refoulements  et  quelles  inclinaisons  de 
couches  n'auront  donc  pas  dii  se  produire  dans  les  brisures  résul- 
tant des  affaissements  et  des  écrasements  latéraux  qui  aurout 
accompagné  le  soulèvement  au  jour  des  noyaux  primitifs  des 
grandes  chaînes  de  montagnes. 

Sous  une  action  d'une  grantle  énergie,  le  refoulement,  au  lieu 
de  produire  une  faille  comme  à  Kouen,  aura  fort  bien  pu  se  faire 
par  un  plissement  des  couches  s'inclinant  de  chaque  côté  jusqu'à 
devenir  verticales  et  s'enfonçant  dans  le  sol  par  leur  tranche. 
Si  une  action  postéri*MU*e  est  venue  changer  la  position  de  l'en- 
semhle  de  couches  ainsi  bouleversées,  les  couches  les  |dus 
anciennes  auront  ensuite  pu  se  présenter  comme  recouvrant  des 
couches  plus  modernes. 


IfOTB   DB    H.    HARLt. 


SONDAGES  A  ROUEN. 


708 

1 


MONT  BEÏliRD. 


WTIT  QUÉVILLT. 

Sol. 

llm 


T«rruiH 
•upfilii  iel< 


Crdie 
blanche 

SUIIt  lilrX, 


i'ruie 
avec  hlLcr. 


G---III  orne. 


ArRÎle, 
rouin*'. 


Subies. 


RUB  MARTAOIVILU. 
Sol. 


Pfit^eau 

Tel  niio 

0- 

sii|)flrficiel. 

Glaoconie. 

Murne. 

i 

Sables. 

«• 


de  la 


10- 

31- 
43- 


63- 


Terruin 
su|-erHci«'l 


(  rain 
sans  «l'es. 


Craie 
avec  files. 


Gluuconi*. 


45- 
36- 

13^ 


M'iine.      O"     mer. 


Sables,    j 


0- 

7-     Pro>OTidi*ur  du  fo- 
rage, le  5  BTill 

t 

"— —"'18-  Pfofoadi-ur  i  la- 
quelle on  espè- 
re Iroavpr  l'eau 
jaillissante. 


5I«  Ea«  laillissant  à  2  mètret  «a-deMua  da 
Ml. 


08m 
117a 

laim 

137ni 


I V&"     Eau  jaillissante,  alimentant  «les  réservoirs  à  7  mètres  8U-d«ssas 
du  sol. 


iU 


M.  Gh.  Laurent  cite  plusieurs  sondages  pratiqués  à  Rouen, 
où  le  terrain  jurassique  ne  semblerait  pas  accuser  les  disloca- 
tions dont  parle  M.  Harlé. 

Ce  dernier  dil  qu'il  n'a  pas  étendu  ses  investigations  jusqu'à 
ce  terrain. 

M.  Ânt.  Passy  mentionne  plusieurs  localités  du  département 
de  la  Seine- Inférieure  où  il  a  constaté  des  relèvements  de  cou- 
ches dans  le  terrain  crétacé. 

M.  Hébert  croit  que  M.  Harlé  a  trop  généralisé  les  accidents 
de  terrains  que  présentent  les  environs  immédiats  de  Rouen,  et 


704 


SÊANCB    DU    7    ÀVBIL    1862. 


quo  par  suite  sa  théorie  sur  la  formation  de  la  vallée  de  k  Sme 
ne  saurait  ôtrc  admise.  Do  Meudon  ù  Manies,  aux  Aodeljiet 
môme  jusqu'à  Pont-dc-rArche,  les  couches  de  la  craie  se  aor- 
respondeiit  de  chaque  côté  de  la  vallée  à  des  hauteurs  sensible- 
ment égales,  et  les  ondulations  qu'elles  décrivent  ne  sont  nuls- 
ment  en  rapport  avec  des  fractures  correspondant  aux  sinnosiUl 
du  fleuve.  Ces  sinuosités  sont  donc  bien  le  résultat  d'^rosioaiy 
comme  on  Va  admis  jusqu'ici.  Il  en  est  de  même  au-dessous  de 
Rouen,  depuis  Duclair  jusqu'au  Havre  et  À  Honfleur.  Ssh 
aucun  doute  le  soulèvement  ou  plutôt  le  plissement  du  pijtde 
Bray  a  été  accompagné  de  mouvements  secondaires  qui  aat 
influé  sur  la  forme  du  massif  crayeux  que  traverse  la  Seioei 
mais  ces  mouvements  sont  indépendants  des  sinuosités. 

A  celte  occasion,  M.  Hébert  rappelle  une  observation  qu'ils 
déjà  eu  occasion  de  présenter  plusieurs  fois.  Le  plissement  da 
pays  de  Bray,  qui  a  commencé  dés  la  fin  du  terrain  jurassique, 
puisque  les  calcaires  néocomiens  ne  s'y  sont  pas  déposés,  s'est 
terminé  avant  le  dépôt  de  la  craie  supérieure  qui  entoure  la 
pointe  du  pays  de  Bray,  à  Laversine,  Vigny,  Ambleville,  ete.,et 
ne  Ta  point  recouvert.  Ce  plissement  avait  acquis  sa  forme  défi- 
nitive, actuelle,  avant  la  fin  des  dépôts  crétacés.  Il  n'en  estpes 
do  même  du  soulèvement  des  Pyrénées,  dont  le  maximum  pi- 
ralt  avoir  eu  lieu  après  les  dépôts  nummuHtiques  (ôccèneiafè" 
rieur) ,  et  qui  s'est  prolongé  jusqu'à  la  fin  de  l'éocéne  supérieor. 
Ces  deux  mouvements  du  sol  ne  sauraient  être  considérés 
comme  contemporains. 

M.  Bolgrand  pense,  comme  M.  Hébert,  que  les  couches  dei 
terrains  sont  toutes  au  même  niveau  des  deux  côtés  de  la  vallée 
de  la  Seine,  bien  que  partout  on  remarque  des  escarpemaals 
du  côté  où  frappait  le  courant  et  des  pentes  douces  du  eMè 
opposé.  Il  en  est  de  même  dans  la  vallée  do  la  Cure  (Yonne). 

M.  Dclesse  fait  observer  que  les  études  si  précises  faites  par 
M.  Hurlé  démontrent  rexistcnco  de  failles  qui,  près  de  Rouen, 
séparent  les  deux  rives  de  la  Seine.  Mais  dans  les  environs  de 
Paris  il  n'en  est  pas  de  même.  Bien  que  la  craie  sur  laquelle 
repose  le  terrain  tertiaire  présente  des  changements  de  nivesn 
de  plus  de  100  métrés  dans  les  limites  mêmes  de  la  ville  de 
Paris,  on  doit  plutôt  les  attribuer  à  dos  ravinements  qu'à  él$ 


LETTRK    DE    M.    IVOULKT.  706 

failles.  Maiulenant  si  Ton  considère  une  même  couche  apparte- 
nant au  terrain  tertiaire  et  qu*on  la  suive  depuis  U  rive  droite 
de  la  Seine  jusque  sur  la  rive  gauche,  on  voit  qu'elle  s'incline 
en  pente  douce  sans  présenter  de  failles  proprement  dites.  Dans 
le  calcaire  grossier  notamment,  où  les  moindres  changements 
de  niveau  deviennent  immédiatement  bien  sensibles  par  suite 
des  exploitations ,  ils  sont  toujours  trop  peu  importants  et 
seulement  de  quelques  décimètres^  dans  les  environs  de  Paris 
les  changements  de  niveau  doivent  donc  être  attribués  à  de 
faibles  glissements  ou  bien  aux  ondulations  que  présentent 
habituellement  les  couches. 

M.  Lartet  donne  lecture  des  deux  lettres  suivantes  : 

Lettre  à  M.  Lnrtct^  sur  le  calcaire  lacustre  miocène  de  Nar-- 
bonne,  et  sur  In  mollasse  fluviale^  également  miocèney  dn 
bassin  de  Perpignan;  par  M.  le  docteur  J.-B.  Nouict. 

A  mon  retour  de  Narbonnc  et  do  Perpignan,  j'ai  lu,  dans  le 
Bulletin  de  In  Socicfé  gco logique  de  France ^  2*  sér.,  t.  XIX,  1861, 
deux  notes  de  iM.  Nngucrs,  qui  nfoiit  suggéré  quelques  réflexions 
que  je  vous  adresse,  avec  prière  de  les  coinniuniquer  à  la  Suciétc 
géoloj'iquc.  La  première  est  la  note  sur  Arnûssan  (Aude}  [loc.  cit,^ 
p.  i^i2).  Je  n*ai  pas  eu  le  temps  de  visiter  Aruiissan,  it  je  m'abs- 
tiens de  nie  prononcer  sur  Và^c  des  dépôts  d*eau  douce  de  cette 
inténssaute  localiië;  mais  je  ne  puis  laisser  sans  protestation 
passer  ce  que  IVl.  Moguès  dit  d'autres  dépots  tertiains  d'eau  douce 
du  bissin  de  Narbonnc.  Le  6  mars  1862,  j'ai  visité  de  nouveau,  et 
pour  la  troisième  fois,  les  calcaires  lacustres  des  fours  a  chaux, 
qui,  au  S.-O.  de  Narbonnc,  s*appuient  sur  le  terrain  secondaire 
constituant  les  dernières  ramifications  des  Corbières,  dont  ils  ont 
ttiîvi  la  dislocation. 

Ce  sont  particulièrement  les  calcaires  dont  M.  d'Archiac  a 
donné  de  si  excellentes  coupes,  dans  son  beau  travail  sur  les 
Gorbières,  que  j'ai  explores.  Comme  piécédemmcnt,  je  n'y  ai 
trouvé  que  des  coquilles  caractérisant  le  miocène  inférieur,  par 
conséquent  de  l'Age  du  R/iinocero.%  minutas  ei  âe  Y  Anthmcntherium 
magnum^  sans  aucune  trace  d'espèces  propres  aux  divers  étages  de 
l'éocène,  ce  qui  est  confirniatif  de  ce  que  j'ai  établi  en  1858  [De 
fàge  de  ta  formation  lacustre  de  Narbonnc  et  de  Sigean  (Aude), 
dans  les  Mémoires  de  C Académie  des  sciences  de  Toulouse^  5*  sér.y 
Soc.  géoL^  î"  série,  tome  XIX.  4G 


706  sÉAifci  DO  7  AvmiL  1862. 

t.  II).  Ces  coquilles  sont  :  V Heliv  Rnmnndi^  Brongniart;  1'^. 
Touniali^  Noiilct;  le  Pia/tofbh  sith/jyrtNaicux^  Noultft;  ta  Limnœa 
Lartctiy  Noulel  ;  la  Bythinia  (PaUniùm)  Dnhuhsonn\  Bouillet,  et  la 
Ncriu»  [iVrnJna)  nurbonvnsis^  Nouli:!.  Ce  poiut  de  fait  peut  donc 
être  cousidéié  désoniiais  coiuiiie  eiitièreiiieiit  acquit  k  la  science, 
et  je  lie  vois  pas  pourquoi  ou  s'habituerait  tantôt  à  radiuelU*e, 
tantôt  à  le  mettre  eti  doute  et  tantôt  à  le  uier. 

Je  venais  de  Perpignan,  lorsque  je  nie  suis  arrêté  à  Narbonne 
pour  y  revoir  les  calcaires  en  litige.  A  Perpignan,  où  je  n*ai  passé 
que  peu  de  jours,  je  lue  suis  uniquement  pr('*occupé  des  «issisrs 
horizontales  de  mollasse  d'eau  douée  sur  lesquelles  e.s(  bâtie  l.i  ville, 
et  qui  de  là  s'étendait  au  loin,  en  oci:u|>ant  le  bassin  tertiaire  qui 
l'entoure  (1 }. 

Malgré  tous  mes  soins,  je  n'ai  pu  découvrir  un  seul  débris  orga- 
nique dans  la  formation  mollassique  perpignanaise,  mais  j'ai  pu 
étudier  les  restes  de  Mastodontr^  parmi  lesquels  des  molaires, 
provenant  d*un  gisement  proehe  de  la  ville,  ossements  cités  |)ar 
M.  le  docteur  Company o  dans  son  HUtnire  nnturetlv  dvs  Pyrpnrrs^ 
UiifrUults^  1861,  t.  1.,  p.  366,  et  plaeés  par  lui  dans  le  Musée 
public  dont  il  est  le  fondateur.  C'est  Tespèce  la  pitis  commune 
dans  les  couches  mollassiques  sous-pyrénéeuues,  le  Ahntodfm 
arigustidtns^  Cuvier,  caractérisant,  de  l'avis  de  tout  le  monde,  le 
miocène  falnnicn. 

Au  reste,  les  argiles  calcaires  de  Perpignan  et  les  sables  qui  les 
accompagnent  sont  tellement  Si*mblal>les  à  ceux  qui  remplissent 
l'espace  s(uis-pyrénéen,  qu*en  les  observant  je  croyais  être  chez 
nous.  D'après  cela,  je  suis  convaincu  que  Perpignan  s*élève  sur  le 
terrain  tertiaire  moyen  ou  miocène  qui,  de  là,  se  prolonge  jusqu'au 
pied  des  Al  hères,  et  non  sur  le  terrain  tertiaire  supérieur  ou  plio- 
cène, comme  M.  Dnfréiioy  l'avait  pense  [Ciirtv  gctdogique  de  ia 
France)^  et  comme  iM.  Noguès  le  maintient,  sans  avoir  égard  aux 
faits  paléontologiques,  dans  sa  Note  sur  lu  niinéttilo^ie  de*  Albères^ 
toc.  cit.,  p.  lû/i. 

Apri^s  celte  lecture  M.  d'Archiac  dit  qu'il  s*en  réfère  pour 
les  environs  de  Narbonne  ù  ce  qu'il  a  déjà  dit  (/^j  Corb., 
p.  288,  nota),  et  il  ne  trouve  dans  les  nouvelles  observaiîous 


M)  Les  dépOts  marins,  que  l'on  dit  pliocènes  et  que  je  n'ai  point 
étudiés,  se  trouvent  à  20  ou  25  kdomèires  de  Perpignan. 


IfOn    DB    M.    SCflLUMBBBGBi.  707 

de  M.  Noulet  rien  qui  éclaircisse  la  question  essentielle  oii 
straligraphique  telle  qu'il  Ta  |)osée.  Les  déduelions  tirées  dt 
ridentité  des  coquilles  fluviatiles  et  tcrreslresi  hii  paraissent 
tout  ^  fait  insuffisantes  dans  cette  ^circonstance  et  d'une  iinpoi^ 
tance  secondaire. 

Quant  à  ce  qui  concerne  les  environs  de  Perpignan,  M.  d*Ar- 
chiac  regarde  comme  très  prématurées  les  conclusions  déduites 
de  quelques  os  et  d'une  dent  de  Mastodonte,  et,  en  Pabsence 
d'études  géologiques  sérieuses  et  délaillées,  il  ne  peut  pas 
admettre  que  les  dépôts  superficiels  de  la  plaine  où  ces  débris 
ont  été  trouvés  appartiennent  ù  la  formation  tertiaire  moyenne, 
tandis  que  ceux  de  ses  bords,  depuis  Esperaza  jusqu'à  Millies, 
NefGach,Boulou9  etc.,  appartiennent  à  la  formation  supérieure. 
Les  coupes  des  nombreux  sondages  exécutés,  tant  à  Perpignan 
que  dans  la  plaine  au  nord  et  au* sud,  devraient  être  prises  en 
considération,  comparées  attentivement  et  discutées,  ainsi  que 
les  coupes  données  par  les  talus  dès  vallées  du  Tech  ou  de  la 
Têt,  avant  qu'on  tranchât  une  question  avec  des  données  aussi 
contestables  ou  dont  Pinterprétation  peut  être  fort  différente* 

M.  Aug.  Dollfus  donne  lecture,  au  nom  de  Tauteur,  de  la 
note  suivante  : 

Dent  de    Geratodus   runcinatus  «    Plien.  ^ 
par  M.  Schlumberger  (PI/XVII). 

Les  poissons  du  genre  Ccratodus^  Ag.,  ne  sont  connus  que  par 
leurs  dents,  et  celles  que  Ton  a  figurées  dans  les  différents  ouvrages 
de  paléontologie  ne  sont  généralement  représentées  que  par 
leur  partie  émaillée,  isolée  de  son  support  osseux.  C'est  ce  que 
nos  ouvriers  appellent  des  griffes,  nom  assez  bien  justifié  par  la 
forme  plus  ou  moins  triangulaire  de  la  dent  et  les  côtes  ou  cornes 
qui  garnissent  Tun  des  côtés. 

On  en  est  encore  réduit  aux  hypothèses  quant  au  nombre  et  à 
la  position  de  ces  dents  dans  la  bouche  de  l'animal,  et,  si  Ton 
consulte  le  bel  onvrage  de  M  M.  Hermnnn  de  iMeyer  et  Plieninger 
sur  le  nmscheikalk  du  Wurtemberg,  on  voit  que  sous  ce  rapport 
il  règne  encore  la  plus  grande  indécision.  S'appuyant  sur  ce  que 
jamais  on  ne  remarque  d'usure  à  la  partie  émaillée  des  dentS| 
tandis  que  le  dessous  osseux  des  cornet  parait  coniparatiTement 


708  SÉAîfCR    DU    7    AVRIL   1862. 

pins  aplati  dans  les  exemplaires  de  grandes  dimensions  et  à  nom* 
bi*euses  stries  d'accroissement,  les  savants  auteurs  des  «  Bviirarge  >• 
concluent  que  la  partie  ëmaillée  ne  servait  pas  à  broyer  les  ali* 
ments.  Cet  oftice,  contrairement  à  ce  qui  se  pasK  chez  tous  les 
autres  animaux,  aurait  été  rempli  par  la  partie  osseuse,  beaucoup 
moins  l'ésistante,  de  la  dent,  située  au-de:»sous  des  cornes.  Je  crois 
que  cette  hypothèse  est  iiiadmissihle  et  qu'il  suffira  pour  s'en 
convaiiici*e  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  la  planche  que  j'ai  l'Iionueur 
de  présentera  la  Société  géologique.  Elle  reproduit  sur  trois  faces 
une  dent,  accompagnée  d'une  imporiante  portion  de  l'os  maxil- 
laire, que  j'ai  trouve  dans  nos  célèbres  gisements  de  Lunévîlle  et 
que  j'ai  pu  dégager  de  la  roche. 

LVmail  a  la  forme  connue  des  dents  de  Ceraiottus.  L'os  qui 
supporte  la  dent  est  intimement  lié  à  rémail  et  se  développe  du 
côté  de  la  plus  forte  cote,  qui  est  toujours  extérieure^  en  forme  de 
cuilleron  (1)  sur  toute  la  longueur  du  côté.  Au-dessous  de  Tangle 
opposé  aux  cornes,  u;tc  lame  osseuse,  à  peu  près  perpendiculaire 
au  plan  de  la  dent,  réunit  le  cuilleron  à  la  partie  de  Tos  située  de 
l'autre  côté,  et  celle-ci  est  rcufoicée  par  une  nervure  qui  part  du 
même  angle  (Hg.  2).  iMalUeureusement  cette  seconde  partie  do  Tos 
maxillaire  est  incomplète. 

1^  figure  3  représente  la  dent  du  côté  opposé  à  l'émail,  et  Ton 
voit  qu'entre  la  lame  osseuse  située  vis  à  vis  des  cornes,  les  cornes 
elles-mêmes  et  le  cuilleron,  il  y  a  uh  creux  très  prononcé. 

Si  h  forme  du  support  osseux  de  cette' dent  paraît  infirmer 
l'hypoilièsc  de  M.   Plieninger,  elle  seuxhic  au  contraire  militer 
m  faveur  de  Topinion  de  M.  lironn  (2)  qui  suppose  qu*unc  de  ces' 
dents  occupait  ù  elle  seule  un  des  côtés  de  la  mâchoire. 

La  reproduction  ci-jointe  ne  snllira  certes  pas  à  dissipeç  toute 
l'incertitude  cpii  règne  au  sujet  du  genre  Ceratodus,  mais  j'ai  l'es- 
poir que,  jointe  aux  découvertes  que  Ton  pourra  faire  plus  tard, 
elle  servira  à  de  plus  savants  que  moi  h  en  déterminer  les  vrais 
caractères. 

M.  Laugcl  fail  la  communicalion  suivante  : 


(4)  La  courbure  de  cette  lame  ossoase  D*cst  pas  assez  marquée  sur 
les  figures  4  et  2  ;  de  plus,  lo  dessinateur  ne  s'étant  pas  servi  de  miroir, 
il  faut  supposer  le  dessin  renversé  pour  se  représenter  Ja  dent  telle 
qu'elle  est.  Sur  la  figure  3,  la  gangue  que  l'on  voit  à  droite  et  celle 
qui  reste  au  fond  du  creux  sont  de  môme  nature. 

(2)  BrODD,  Lethaea  gro^nostica,  ill,  p.  93. 


IfOTB   liE    II.    LÀUGBL.  709 

La  faune   de    Saint" Près t^   pi-es    Chartres    (Eure*et''[AÙr\; 

par  M.  Laugel. 

La  libéralité  de  M.  de  Boisvillelte,  ingénieur  eu  chef  des  pontt- 
et-chaussëes,  à  Chartres,  et  mes  propres  recherches  me  permettent 
de  compléter  les  indications  que  j*ai  données,  avec  le  concours 
obligeant  de  notre  collègue  M .  Lartet,  sur  le  remarquable  gisement 
de  Saint-Prest  près  de  Chartres,  dans  mon  mémoire  sur  la  géologie 
du  département  d'Eure-et-Loir,  inséré  dans  le  Bulletin  de  la  Société 
i;colo};iqucy  T  sér. ,  t.  XVIf,  p.  316.  L'âge  de  celte  faune  intéres- 
sante est  d'autant  mieux  déterminé  qu'il  n'y  a  à  Saint-Prest 
aucune  couche  miocène:  les  sables  pliocènes  y  reposent  directe- 
ment sur  la  craie;  les  derniers  dépôts  de  l'âge  des  fahluns  que 
j*ai  signalés  dans  T Eure-et-Loir,  à  Âuneux,  etc.,  sont  à  une  grande 
dislance  de  Saint-Prest.  11  n'y  a  donc  lieu  de  craindre  ici  aucune 
de  ces  confusions  qui  se  sont  produites  dans  l'étude  de  la  vallée 
de  TArno.  Les  grands  animaux  dont  les  restes  ont  été  découverts 
dans  le  terrain  pliocène  de  Saint-Prest  sont  les  suivants  : 

KlepLas  merulionalix^  Nesti,  —  Je  ne  ferai  que  mentioiinei* 
cette  espèce.  M,  Lartet  est  entré  récemment  dans  des  détails  pleins 
d'inlérèt  sur  la  dentition  des  Eléphants  et  a  décrit  avec  une 
remarquable  fidélité  les  dents  de  V Elepltas  mcridionalis  ^  N. 
L'École  des  Mines  de  Paris,  à  laquelle  iM.  de  Boisvillette  a  bien 
voulu  faire  don  de  tous  ses  échantillons,  possède  une  très  belle 
série  d'ossements  appartenant  à  \ Elephas  meridionaiis^  et  leur 
description  ne  pouvait  figurer  que  dans  une  monographie  coui* 
plète,  que  je  ne  puis  entreprendre  en  ce  moment. 

Rhinocéros  leptorhinus^  Cuvier.  —  On  a  trouve  à  Saint-Prest  de 
nombreuses  dents  de  Rhinocéros  ;  mais  leur  spécification  m'a 
oifert  quelques  difficultés,  en  raison  même  des  obscurités  qui 
euveloppent  en  ce  moment  la  délimitation  précise;  de  l'espèce  dite 
leptoihinus.  Cette  histoire  a  été  exposée  avec  beaucoup  de  lucidité 
par  AI.  Owen,  ds^ns  ses  li  ri  ti  s  h  Mamnials,  Je  rappellerai  seulement 
que  Cuvier  ne  connaissait  point  les  molaires  supérieures  du 
Rhinocéros  auquel  il  donna  le  nom  de  Irptorhinus^  et  qu'il  fonda 
cette  espèce  sur  des  caractères  insuffisants.  M.  Owen  conserva 
toutefois  ce  nom  pour  un  Rliiuocéros,  trouvé  à  Clacton,  et  dont 
Iccràijc  a  un  septum  osseux,  moins  étendu,  il  est  vrai,  que  celui 
du  tivhnriniLs;  Cuvitr  avait  exprimé  le  ri'gret  de  ne  point  posséder 
de  niolaircs  supérieures  de    son  b^ptorhinus;   les  spécimens  de 


710  SfiÀIfCI   DU    7   ATKIL   1862. 

Clacton  et  d'Essex  ont  coinhié  cette  lacune,  et  à  ces  noms  je  puis 
ajouter  celui  de  Saint- ''rest. 

J'ai  constat*^  une  iilentilc^  parfaite  entre  les  molaires  tant  supé- 
rieures qu^infërieures  qui  ont  été  ranimées  par  M.  Owen  dans  son 
espèce  teptorhinns  et  celles  de  Saint -Prest.  J'avoue  toutefois  que 
le  dessin  d'une  molaire  supérieure,  donné  par  1\L  Owen  dans  ses 
British   Mammnls^  m'avait  jeté  dans  le  doute  à  cet  ë{];ard;  in«iis 
l'inspection  des  dents   mêmes,  conservées  au   British  Muséum, 
m'a  convaincu  que  le  dcssiiialeur  avait  mal  rendu  la  forme  du 
vallon  postérii^ur  ;  celui-ci,  qui  semble,  dans  le  dessin  de  M.  Owen, 
plus  profond  î\  l'entrée  qu*au  milieu  et  à  la  partie  interne,  a,  au 
contraire,  la  forme  d*nn  véritable  cône,  dont  l'arête  est  marqnëe 
sur  la  face  do  la  dent  par  un  bourrelet  saillant.  J'ai  constaté  une 
identité  complète  entre  les  molaires  d'Essex  et  celles  de  Saint- 
Prest.   La  série  du  Kritish   Muséum,  si  variée   et  si   complète, 
montre  qu'on  ne  doit    pas  attacher   une   importance   exa{j;érée 
«î  la  forme  des  cf)nlonrs  du  vallon   interne;  ces  formes  changent 
singulièrement  avec  le  degré  de  l'usure  :  il  faut,  je  pense,  tenir 
surtout   l'omptc    de  la  disposition    générale  des  collines  et  des 
vallons,  sans  s'ai  rêtcr  à  des  <lé(:iils  trop  minutieux.  i 

Les  prémolaires  sans  collet,  les  molaires  principales,  la  dernière 
molaire,  si  caractéristique,  où  le  vallon  est  barré  comme  par  une 
sorte  de  mur,  toutes  les  dents  en  un  mot  de  Saint-Prest  sont 
identiques  avec  celles  que  îM .  Owcu  a  rangées  dans  son  espèce  irpto» 
rhînus.  le  dois  ajouter  que  d.ms  la  collection  du  British  Muséum 
j'ai  vu  une  molaire  supérieure  donnée  par  IVI.  Pentland  et 
venant  du  val  d'Arno,  parla  forme  enfoncée  da  vallon  posté- 
rieur très  profond  et  séparé  de  fa  face  externe  par  un  véritable 
bourrelet,  par  les  contours  et  Tétroitesse  du  vallon  principal,  par 
la  présence,  sur  le  côté  antérieur,  d'une  crête  basale  qui  vient 
obliquement  rejoindre  le  sommet  de  la  dent  l'exemplaire  du  val 
d'Arno  m'a  paru  identique  avec  ceux  d'Essex  et  de  Saint- 
Prest. 

Les  molaii*es  supérieures  de  Saint-Prest,  qui  font  partie  de  la 
collection  de  l'École  des  !\lines,  sont  au  nombre  de  dix  ;  ce  sont  : 

Trois  molaires  droites,  cinq  molaires  gauches,  parmi  lesquelles 
il  y  a  trois  exemplaires,  à  divers  ilegrés  d'usure,  de  la  dernièi*e 
molaire  interne,  deux  prémolaires  entièrement  usées  et  dont  les 
racines  sont  partiellement  absorbées. 

Hippnptittitmts  majnt .  —  \j  fffppopoteimtis  major  est  représenté 
par  un  grand  nombre  de  dents;  je  n'ai  aucune  observation  spé- 


MOTB   PB    M.    LAUQBL.  71 1 

ciale  à  faite  au  sujet  de  celte  espèce,  qui  accompagne  ordiaaîr6- 
ment  VElcphas  ineru^hmtiUs  et  le  Rhinocen/s  itpiorhinus, 

Ceifs.  —  Tous  les  anatomistes  savent  combien  Tétude  des  cerb 
fossiles  est  encore  imparfaite;  L'abondance  des  ossements  de  cer6 
à  Saint-Prest  m'a  cependant  obligé  à  en  entreprendre  Tétude  el 
laclassifîcaiioii.  Je  ne  m'occuperai,  en  commençant,  que  des  dents. 
Le  cabinet  de  l'Ecole  des  Mines  possède  : 

1**  Un  maxillaire  inférieur  gauche  presque  entier,  portant  les 
deux  dernières  molaires  du  fond,  et  montrant  les  alvéoles  de  la 
première  molaire  et  des  trois  prémolaires.  La  longuenr  totale  de 
Tespace  occupé  par  les  six  dents  s'élève  à  17  centimètres.  L'arrière- 
molaire  porte  entre  les  deux  premiers  lobes,  la  molaire  qui  la 
précède  entre  ses  deux  lobes,  une  courte  colonnette  d'émail  qui 
dépasse  peu  le  collet. 

2°  Trois  maxillaires  inférieurs  droits  qui  montrent  les  trois 
molaires  et  les  deux  dernières  prémolaires.  Celles-ci,  à  un  état  peu 
avancé  d'usure,  ont,  du  côté  externe,  une  surface  unie  et  convexe; 
du  côté  interne  l'émail  s'épanouit  en  quatre  dentelures;  après  an 
certain  degré  d'usui*e,  les  deux  dentelures  postérieures  s'unissent 
en  laissant  entre  elles  une  île  d'émail. 

Les  molaires  ne  montrent  pas  dans  tous  les  exemplaires  les 
petites  saillies  d'émail  entre  les  deux  liits;  celles-ci  ne  paraissent  se 
prononcer  nettement  que  dans  les  dents  déjà  usées  et  qui  sont  en 
partie  sorties  du  maxillaire. 

Les  molaires  inférieures  du  Cerf  de  Saint-Prest  ressemblent  à 
des  dents  de  Cerf  du  val  d'Arno,  conservées  au  Jardin  des  plantes. 

S*"  Deux  molaires  supérieures  contignës.  J'attirerai  spécialement 
Tattention  sur  ces  deux  dents  si  remarquables  par  leurs  formes 
carrées  et  trapues,  par  la  grosseur  extraordinaire  du  tubercule 
d'émail  situé  à  la  partie  interne  entre  les  deux  fûts.  Ce  tubercule, 
dans  les  exemplaires  que  je  possède,  est  assez  élevé  pour  être 
entamé  par  l'usure  comme  le  reste  des  dents. 

Par  leurs  formes,  leur  grandeur,  par  la  disposition  des  croissants, 
les  molaires  supérieures  de  Saint-Prest  sont  très  semblables  à  celles 
de  l'Elan  el  à  celles  du  Mrgaceros  hibernictis^  Owen  [Britifh  jossil 
Mammals).  Les  bois  dont  je  parlerai  tout  à  l'heure  conârment  eu 
effet  l'exisience,  dans  la  laune  pliocène  de  la  Beauce,  d'un  animal  à 
ramure  réellement  gigantesque,  comme  le  Afegaceros  /tfber/iicus^ 
et  la  <iécouverte  de  grands  ossements  des  extrémités  et  de  vertèbres, 
faite  à  Saint-Prest,  appuie  encore  ce  rapprochement.  Toutefois  le 
magnifique  animal  trouvé  dans  les  tourbes  de  l'Irlande  ne  ressem- 
blait que  par  la  taille  au  grand  Cerf  de  la  Beauce  ;  il  y  a  eutre 


712  bSarci  du  7  avkil  186*2. 

leiiiiolaires  supérieures  du  Megaceros  liiberniau  tX  celles  qocje 
]>osti<l('  une  difTêreuce:  lecroiuant  inléro-poMéneurïksdernièrcs 
renf<rrme  toujours  vers  la  partie  médiane  de  la  deni  au  llotd'Anail 

isolé  d'iitit!  (jrande  profoodcur  (voy.  lig.  1). 


J'ai  vu  valu  clicnJitf  ce  caractère  dans  les  nombreui  et  compleit 
«Echantillons  du  Mtgaeerat  hibrmlcai  que  poiaède  le  Brtiiab 
itJugi'uiii;  ne  l'ayant  trouvé  sur  ancun  exemplaire,  je  inewiia  cru 
en  droit  du  ne  pascoostdérer  la  préseoce  de  cet  ilôt  d'émail  ooinine 
iiii  faitnccidciilL'l,  dëpoiidaiit  du  dtrgrë  d'usure,  et  j'ai  cra  poaiytir 
le  raiisidérui-  avec  (|uel(|ue  degré  de  rniion  comine  «n  caracCàe 
s|ié<:inc|Ue, 

La  disliiiclion  entre  le  Megacerat  iiibermieas  et  lu  Cerf  noaTcaii 
de  S/iint-l'rcst  se  complète  nu  reste  eucore  par  l'eiamcn  des  hoia  ; 
Je  Mr-fj/icriiif  hitiernicitt  {lorte  un  andouiller  hasilairc  appointé,  tl 
eat  poiu-vn  d'une  énorme  empanuiuru  diRiléc  plua  allongée  que 
celle  des  Élans. 

Lu  d'ildc  Saint-Prcst  a  la  base  des  ntcmins  remarquablement 
rapproclié''  ;  lii  mculu  à  ]>eu  pivs  circulaire  a  8  centiinèirt.'a  onviro'n 
de  diamètre  ;  û  5  crntimûires  de  lj  lueule  part  un  ■ndouiller,  qui 
■'avance  en  avant;  la  partie  nicdinnu  de  laperrlie  ne  m'est  connue 
que  par  un  fracmcnt  à  forme  aplaliej  les  andouillers  des  eilré- 
milés  sont  é(;alenifnt  très  aplatis;  il  paraît  y  eu  avoir  cinq;  ils 
•ont  à  courbure  varinblu  ;  s'ils  étaienl  rémiis  en  eiiipauinure,  l'épa* 
nouisscmenl  ilti  la  pcrolie  n'était  toulerois  (tas  aussi  grand  que  ilaus 
le  Migmini  hiUiniiats. 

De  ces  andouillers  estrêmes,  le  plus  grand,  de  forme  drtnte,  a 
36  cciilimètres  de  Iouj;. 

Les  bois  reeueillia  à  Saint-lVcst  ne  se  rapportent  pas  tout  à  celle 
i;raude  espèce;  il  y  en  a  encore  d'autres  qui  indiquent  la  ptôenre 
de  trois  au  tics  espèces  de  moindre  dimension;  ce  sont  : 

I     rnecspi'^:i'  earactrri.séc  par  un  {K-doncide  1res  élance  qni  a 


HOTE    DB    M.    LÀUGEL.  /fS 

8  ceutiinèti-es  de  longueur  et  5  centimètres  de  diamètre  ;  le  collet 
de  pierrures  qui  le  tennine  est  extrêmement  saillant  et  la  bifur- 
cation commencée  10  centimètres  au-dessus. 

2"*  Une  espèce  caractérisée  par  un  andouiilcr  partant  du  collet 
lui-même  et  par  un  pédoncule  très  court.  Cette  espèce  est  de  taille 
moyenne,  un  peu  supérieure  à  la  précédente;  son  pédoncule  a 
6  centimètres  de  diamètre. 

3**  Une  très  petite  espèce  indiquée  par  des  fragments  qui  mon- 
trent un  andoniller  partant  à  petite  distance  de  la  meule  qui  n'a 
que  U  centimètres  de  diamètre. 

Quelques  ossements  fournissent  des  éléments  nouveaux  pour 
la  détermination  du  Cerf  de  Snint-Prest.  Le  plus  remarquable  est 
un  métaiarslen  de  41  centimètres  de  longueur;  il  appartient 
évidemment  à  l'espèce  (gigantesque  dont  j'ai  figuré  une  molaire 
supérieure. 

Vient  ensuite  tin  métacarpien,  à  forme  moins  élancée,  qui  a 
32  centimètres  de  longueur.  J'ai  retrouvé  dans  la  collection  dii 
Jaixlin  des  plantes  un  métatarsien  venant  du  val  d'Arno,  dont  la 
taille  correspond  exactement  à  celle  de  ce  métacarpien. 

Je  citerai  encore  une  puissante  vertèbre  lombaire  qui  appartient 
à  la  très  grande  espèce  et  qui  ressemble  par  la  grandeur  et  la  forme 
a  celles  du  Mcgrtceros  hibernicus. 

Les  caractères  de  ressemblance  entre  ce  grand  animal  et  celui 
de  Saint-Prest  m*ont  engagé  à  conserver  à  ce  dernier  le  nom  de 
Megaceros  ;  néanmoins,  en  raison  des  différences  signalées  dans 
la  ranuire  et  dans  les  caractères  des  molaires  supérieures,  j*ai  cru 
qu'il  y  avait  lieu  de  faire  du  grand  Cerf  de  Sain t-Prest  une  espèce 
nouvelle,  que  j*ai  wontméa  Mt'gaceros  Otrniitorum,  pour  rappeler 
qiTelie  vivait  dans  Tancien  pays  des  Carnutes. 

Je  n'entreprendi-ai  point  de  caractériser  spécifiquement  les  trois 
autres  Cerfs  de  Saint-Prest,  pas  même  celui  qui  me  paraît  identique 
avec  une  espèce  du  val  d'Arno,  dans  l'espoir  que  des  i*estes  plus 
nombreux  et  sui*tout  des  dents  apporteront  bientôt  de  nouveaux 
éléments  pour  ce  travail. 

Chepaf,  —  Le  Cheval  de  Saint-Prest  est  représenté  par  quatre 
molaires  supérieures  droites,  dont  une  arrière-molaire,  une 
molaire  supérieure  gauche,  et  par  une  molaire  inférieure. 

Le  caractère  le  plus  remarquable  des  molaires  supérieures  est 
l'étroitesse  relative  de  la  colonne  ou  pilier  intérieur.  (!e  caractère 
se  retrouve  dans  le  Cheval  du  val  d'Arno,  dans  celui  d'Auvergne 
trouve  par  iM.  Bertrand  de  liOm,  et  dans  VEquus  plicUivns^  Owen, 
découvert  daiis  le  crag  rouge  de  Norwicb.  La  colonne  du  pliridcns 


71&  SfiANCI    DU    7    ÀTAIL   1802. 

est  néanmoins  encore  relativement  beaucoup  plus  large  que  celle 
du  Cheval  de  Saint-Prest. 

IVlais  le  caractère  le  plus  original  des  molair6ft  de  Saint-Prest 
est  de  montrer  sur  la  surface  d'usure  un  tloC  dVmail  à  la  partie 
postérieure  entre  la  deuxième  aire  d'émail  et  la  ceinture  extérieure 
d'émail  qui  fait  le  tour  de  la  dent.  Cet  tlot  se  voit  dans  la  figure 
ci-dessous  (fig.  2) 

Fia.  I. 


où  je  n'ai  marqué  que  les  lignes  d'usure  de  l'émail  i  a  y  représente 
l'aire  autérienre,  à,  l'aire  postérieure,  c,  le  pilier  interne,  </,  rilot 
d'émail.  Sur  le  fût  externe  de  la  dent,  une  saillie  longitudinale 
marque  la  place  qui  correspond  k  cet  îlot  sur  la  surface  d'usure. 

Ce  caractère  ne  se  montre  au  reste  que  dans  la  dernière  molaire 
iuterne  et  dans  celle  qui  la  précède  ;  il  fait  défaut  dana  toutes  les 
autres. 

Je  n'ai  pas  en  le  moyen  de  comparer  ces  molaires  supérieures 
de  Cheval  à  celles  du  val  d'Arno,  et  j'ignore  si  ces  dernières  pré* 
sentent  le  curieux  caractère  que  je  viens  de  signaler.  Si  le  Che- 
val de  Saint-Prest  n'est  pas  identique  avec  celui  du  val  d  Aroo, 
il  diffère  certainemeut  de  VEquus  plicideNs^  et  mérite  de  former 
une  espèce  à  part.  Il  serait  bien  utile  qu'un  travail  d'ensemble 
tût  entrepris  sur  les  cheveaux  fossiles  ;  parmi  nos  collèges,  per- 
sonne ne  possède  de  documents  aussi  nombreux  sur  ce  geure  que 
M.  Lrirtet,  et  j'ai  à  peine  besoin  d'ajouter  que  peraonne  n'eai  plus 
capable  de  lever  les  difficultés  d'un  semblable  sujet. 

Bœuf.  —  Je  possède  un  nombre  extrèmemeut  considérable  de 
dents  de  Bœufs  provenant  des  sables  de  Saint-Prest.  Cet  dents 
ressemblent  à  des  dents  de  Bœuf  conservées  au  Jardin  des  plantes 
et  venant  du  val  d'Arno;  seulement  elles  y  sont  faussement  rap- 
portées au  genre  Cerf.  On  trouve  également  au  JVluaéuin  des 
dents  du  Velay  appartenant  à  la  mêmeespècci  qui  semble  être  un 
Bos  voisin  de  l'Aurochs. 

M.  de  Boisvillette  possède  également  dans  sa  belle  collection 
des  cornes  du  grand  Btson  priseus,  Owen,  animal  qui  a  été  trouvé 
en  Angleterre  dans  des  couches  pliooènes. 


NOTI    M   M.    LACQBL.  liH 

Rongeur  de  Saint'" Prest.  —  J'arrive  enÔD  à  ranimai  le  pluâ 
curieux  peut-èue  de  la  faune  de  Sainl-Piest;  c'est  un  très  grand 
Rongeur,  de  taille  un  peu  supérieure  au  Castor  des  tourbières. 
Il  est  représenté  par  le  crâne  et  par  quelques  os  d'extrémité.    . 

Le  crâne  a  été  mis  avec  beaucoup  de  complaisance  à  ma  dispo- 
sition par  IVJ.  Bayle,  à  qui  M.  de  Boisvillette  en  avait  fait  doa 
pour  la  collection  de  l'École  des  Mines,  et  qui  m'a  permis  d'ea 
donner  la  description. 

La  ligne  supérieure  du  crâne  est  droite  et  horizontale  ;  les  na- 
seaux sont  brisés  de  façon  à  laisser  voir  la  racine  des  incisives  qui 
font  défaut.  La  partie  supérieure  de  la  tête  n'est  point  une  surface 
bombée  ;  elle  est  plate  vers  la  partie  antérieure  du  frontal  et  pour 
ainsi  dire  en  forme  de  toit  légèrement  incliné  vers  les  temporaux 
et  l'inter-pariélal. 

Les  arcades  zygomatiques  sont  malheureusement  brisées,  et  Ton 
ne  peut  juger  de  la  grandeur  du  ti*ou  soua-orbitaire.  Il  y  a  cepen- 
dant lieu,  dans  la  position  méine  des  attaches  de  l'arcade  zygoma« 
tique  qui  restent  visibles,  de  faire  une  observation  importante  ;  oil 
peut  constater  que  l'arcade  s'étend  beaucoup  en  avant  de  l'alvéole 
de  If  première  molaire  antérieure,  caractère  singulier  et  excep- 
tionnel, car  généralement  elle  s'attache  chez  la  plupart  des  Ron- 
geurs en  arrière  de  cette  dent. 

On  peut  donc  être  assuré  que  l'arcade  zygomatique  était  très 
étendue  dans  le  sens  horizontal,  et  occupait  une  grande  longueur 
par  rapport  à  celle  de  la  tète. 

l.e  frontal  a  une  apophyse  post-orbitaire  extrêmement  saillante 
qui  se  rattache  par  une  crête  oblique  à  la  ligne  médiane  du  crâne. 
Cet  os  est  étroit  entre  les  orbites;  aussi,  en  raison  de  ce  fait,  comme 
de  l'extrême  largeur  de  l'occipital,  le  haut  du  crâne  affecte  la 
forme  générale  d'un  triangle  dont  la  pointe  serait  tournée  en  avant. 

L'inter- pariétal  est  de  forme  triangulaire. 

Bien  que  l'arcade  zygomatique  ait  disparu,  on  peut  juger  aussi 
par  la  position  de  ses  extrémités  que  la  concavité  du  maxillaire 
au-dessous  de  sa  base  était  extrêmement  grande.  L'angle  de  la 
ligne  supérieure  du  crâne  et  d'une  ligne  menée  des  palatins  à  la 
base  de  loccipital est  assez  aigu,  au  lieu  que  chez  un  très  grand 
nombre  de  Rongeurs,  chez  la  Viscacbe  par  exemple,  ces  deux 
lignes  sont  à  peu  près  parallèles,  comme  j'ai  pu  m'en  assurer  sur 
une  tète  de  Viscacbe  que  M.  Lartet  a  eu  la  complaisance  de  mettre 
à  ma  disposition. 

La  facette  glénoide  est  très  peu  creusée,  très  large  et  très  plate. 

L*oociput  est  tronqué  verticalement  et  a  une  largeur  très  frap* 


716  sÊANOB  DU  7  ÀtPAiL  4862. 

pantc  ;  la  partie  postérieure  de  la  léte  est  très  évasée  et  a  exacte- 
ment la  forme  d'une  demi-ellipse  ;  elle  ne  porte  point  d*apopliyses 
mastoîdes,  comme  le  Castor,  la  Viscachc  et  comme  beaucoup 
d'autr(*s  Ronfleurs. 

I«es  caisses  sont  relativement  petites  ;  elles  ont  une  fbitue  très 
peu  bombée.  La  région  basilaire  qui  les  sépare  est  creusée  aases 
profondément. 

Les  apophyses  plcr y -moitiés  sont  brisées. 

A  l'intérieur,  le  fond  de  la  cavité  cérébrale  est  assez  uni;  la 
selle  est  peu  élevée  ;  il  n'y  a  point  d'apophyse  clinolde,  mais  une 
légère  crête  sur  chaque  rocher. 

La  surface  externe  du  cn^ne  estasses  rugueuic,  mais  beaucoup 
moins  que  chez  les  Paccas. 

J'altiicrai  spécialement  Taltention  sur  la  dentition  de  ce  remar- 
quable Rongeur.  L'exemplaire  que  je  viens  de  décrire  porte  trois 
dents,  In  deuxième,  la  troisième  et  la  quatrième  ou  dernière;  la 
première  est  brisée  et  il  n'en  reste  que  la  racine  dans  Talvéole. 
Ces  dents  sont  cylindriques,  À  surface  lisse,  sans  échancrurc  interne 
(comme  chez  les  Paccas).  Les  deux  premières  présentent  dans 
l'intérieur  du  cercle  d'émail  deux  sillons  d'émail  isolé  dout  U 
convexité  est  tournée  vers  la  bouche;  la  troisième  dent,  dont  la 
surface  de  trituration  est  presque  double  de  celle  de  la  troisième, 
a  une  forme  des  plus  singulières  et  des  plus  caractéristiques  ;  c^est 
un  triangle  (voy.  fîg.  3)  dont  la  pointe  la  plus  aiguë  est  dirigée  ver» 
le  fond  de  la  houche. 

Kic.  3. 


De  caractère  ne  se  rencontre  chez  aucun  Rongeur  ;  on  ne  peut 
confondre  l'animal  de  Saint-Prest,  ni  avec  un  Castor,  dont  les 
molaires  ont  de  profondes  échancrures,  et  dont  la  quatrième 
molaire  est  arrondie  et  plus  ])etite  que  les  précédentes,  ni  avec  le 
Tro^oiitherhim  Otvieri,  dont  le  caractère  est  d'avoir  des  dents 
dont  la  taille  va  en  diminuant  jusqu'au  fond  de  la  bouclic.  {Cet 
animal  se  distingue  encore  du   Roivjnu*  de  Satnt-Preat  "par  'On 


ROTS    01    ■•    LlllGiL.  7t7 

nccipiil  iclaùveineiU  beaucoup  moins  large,  par  l'absence  iïuu^ 
a)K>pliyse  post-orbitaire  du  fionial).  Les  plis  d'émail  des  Visc^cl^ 
sont  beaucoup  plus  complexes  que  ceux  des  dents  que  je  ^g^l'4 
ici  ;  chez  \vs  Paccas,  la  ressemblance  est  plus  grande,  maiâ  ieurf 
dents  montrent  toujoui*s  plus  de  deux  sillons  dVmail  ;  la  deuxième 
et  la  troisième  ont  trois  sillons  et  un  pointa  un  état  d'usure  un 
peu  avancé  ;  la  quatrième  a  une  écliancrure  et  trois  sillons. 

On  cliercl>erait  en  vain  parmi  tous  les  genres  de  Rongeurs  Tana- 
logue  de  la  dentition  que  je  signale  chez  ranimai  de  Saint- Prest, 
dont  la  dernière  molaire  affecte  une  forme  si  nettement  triangu- 
laire et  une  taille  si  remarquable.  En  joignant  à  cette  considératioa 
celles  qui  dérivent  de  Tétude  du  crâne,  surtout  en  ce  qui  concerne: 
rallongement  dans  le  sens  horizontal  des  arcades  zygomatiques,  le 
développement  des  maxillaires  dans  le  sens  vertical,  récrasement 
et  la  forme  aplatie  de  Tocciput,  Tabsence  d'apophyses  masloides, 
je  me  suis  cru  autorisé  à  créer  pour  le  Rongeur  de  Saint-Prcst  un 
genre  nouveau  que  je  nomme  Omodontes^  pour  rappeler  la  foi*me 
de  la  dernière  molaire.  Je  désignerai  l'espèce  sous  le  nom  de 
Conodontes  BoisviUetiij  en  le  dédiaut  à  M.  de  Boisvjllctte  qui  s'est 
attaché  avec  taut  de  patience  à  recueillir  les  ossements  fossiles  de 
S:iint-Pre8t  et  en  a  fait  don  à  la  collection  de  l'Ecole  iXcA  Mines. 

IjC  grand  Rongeur  de  Saint-Prest  est  encore  représenté  par  le 
quatrième  métatarsien. 

En  résumé,  la  faune  do  Saint-Prest  est  composée  des  animaur 

suivants  : 

Elephtis  m  ciidionalis , 

lihinoccros  le/ttorhinus, 

Hijipitpotamus  major. 

AJ(':;nvrros  Onnutorum, 

Crrvtts,  trois  espèces  qui  demeurent  non  spécifiées. 

EqnuSf  une  espèce  différente  du  plicitir/iSj  et  dont  je  n'ai  point 

voulu  faire  une  espèce  nouvelle,  parce  que  je  n'ai  pu  la 

comparer  à  celle  du  val  d*Arno. 
Boxy  une  espèce. 
Conodontes  Bnisfilleitr» 

en  tout  dix  espèces. 

I/enseniblc  de  cette  faune  a  le  caractère  éminemment  pliocène  ; 
on  peut  y  remarquer  l'absence  des  Mastodontes  arveinensis  qui, 
dans  l'Astésan,  au  val  d*Arno  et  dans  le  crag  de  Norwich,  accom- 
pagnent VEle/ihas  meridionalis^  le  Rhinocéros  leptorhinus  et  V Hip" 
pbpotamus  major.  Aucun  débris  de  ce  genre  n'a  été  rencontré  dans 
les  sables  de  SainuifusliAe  âîast^^n,  fapirMi^é  que  j'ai  Irouré 


71  s  B«Àii€B  »u  28  atbh  1862. 

moi-même  dans  le  département  d^Eure-et-Loir,  à  Auneux,  se 
trouve  dans  les  sables  miocènes  de  rOrléanais  (équivalent  aux 
Ceihluns)  avec  les  Rhinocéros  de  cette  région  et  le  Castor  subpy» 
renaicusy  Lartet. 


Séance  du  28  a'ûfil  1862. 

PAÉSIDBNCB   DB   M.    DBLBftSB. 

M.  Danglure,  secrétaire,  donne  lecture  du  procés-verbal  de 
la  dernière  séance  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  le 
Président  proclame  membres  de  la  Société  : 

MM. 

Gabrigou»  docteur  en  médecine,  rue  Valade,  38,  è  Toulouse 
(Haute-Garonne),  présenté  par  MM.  Lartet  et  Ed.  Collomb; 

Olivbira  (P.  J.  D*),  ancien  élève  de  PÉcole  des  Mines,  rue 
des  Saints*-Péres,  25,  à  Paris,  présenté  par  MM.  Aug.  Dollfus 
et  Paul  Hébert  \ 

Saporta  (le  comte  Gaston  db).  à  Àtx  (Bouches-du-Rhône), 
présenté  par  MM.  P.  Matiieron  et  Goquand. 

Le  Président  annonce  ensuite  deux  présentations. 

DONS    FAITS   A    LA    SOCIÊTt. 

La  Société  reçoit  : 

De  la  part  de  M.  J.  Barrande,  Défense  des  colonies,  IL  In- 
compatibilité  entre  le  système  des  plis  et  la  réalité  des  faits 
matériels^  in-8,  62  p.,  1  pi.  Prague-Paris,  11  février  1862. 

De  la  part  de  M.  Giov.  Gapellini,  Le  schegge  di  diaspro 
dei  monti  délia  Spezia,  in-8,  1â  p.,  I  pi.  Bologne,  1862. 
.  De  la  part  de  M.  Charles  Sainte-Glaire  Deville  : 

1"  Éruption  du  Fésui^e,  Lettre  à  M.  le  Président  de  F  Aca- 
démie (extr.  des  Comptes  rendus  des  séances  de  l* Académie 
des  sciences^  1861,  t.  LUI),  in-A,  6  p. 

2*  XI'  à  XIV  lettres  à  M.  Élie  de  Beaumont  sur  les  Pké- 
nomènes  émptifs  de  l^ Italie  méridionale  (extr.  des  Compta 
rendus  de  l'Acad.  des  se.,  1802,  t.  LIV),  iti-A. 


DONS   FAITS    À   Là    SOCIÉTÉ.  719 

De  la  part  de  M.  G.  Dewalque,  JSotice  sur  le  système  eifélien 
dans  le  bassin  de  ISaniur  (extr.  des  lUdletins  de  V Acad.  r,  de 
Belgique,  2«  sur.,  t.  XIII,  d"  2),  in-8,  18  p. 

De  la  part  de  M.  Jules  Marcou,  The  taconic  and  hiver  silw- 
rian  rocks  oj  l^erinont  and  Canada  (extr.  des  Proceedings  of 
Boston  Society  of  nat,  hist.,  (5  novembre  1861),  in-8, 
pp.  239-253. 

De  la  part  de  M.  Rames,  L^homme  fossile  des  cavernes  de 
iMmbrive  et  de  Lherm  (Àriége),  par  MM.  Rames,  Garrigou  et 
Filhol,  in  8,  92  p.,  2  pi.,  Toulouse,  1862,  chez  Delboy. 

De  la  pari  de  M.  Malaise,  De  l'âge  des  phyllades  fossilifères 
de  Grand-Manil  (extrait  des  Bulletins  de  l'Acad.  r.  de  Bel- 
giqne,  2*  sér.,  t.  XIll,  n"  2),  in-8,  8  p. 

D(^  la  part  de  M.  Searles  V.  Wood,  A  monogrnph  ofthe 
eocene  mollusca,  or^  Descriptions  of  shells  from  the  older  ter^ 
tiaries  of  Kngland^  part  1,  Biçalçes^  in-4,  74  p.,  13  pK, 
Londres,  1861. 

De  la  part  de  M.  H.  C.  Sorby,  On  the  organic  origin  ofthe 
so^called  crjstalloides  of  the  chalk  (from  the  Ann.  and  mag^ 
oj  nal,  hist,,  septembre  1861),  in-8,  8  p. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  t  Académie 
des  sciences  y  1862,  2*  semestre,  t.  LIV,  n°'  13  à  15. 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  impériale  et  centrale  d^a* 
griculture  de  France,  2*  sér.,  t.  XVII,  n**  4, 1862. 

L Institut,  n"-  1476  à  1477,  1862. 

Bulletin  de  la  Soc.  indiist,  de  Mulhouse^  mars  1862. 

Société  imp.  d'agriculture,  sciences  et  arts  de  l'arrondisse' 
ment  de  Falenciennes,  Reifue  agricole,  etc,^  février  1862. 

The  Journal  of  rvf  al  Dublin  Society,  janvier  et  avril  1861, 
juillet  et  octobre  1 861 ,  in-8. 

The  Athenœum,  ir  1798  à  1800,  1862. 

Zeitschri/t  der  Deutschen  geologischen  Gesellschafty  2*  et 
3*  cahiers  de  1861. 

Reifista  de  los  progresos  de  las  ciencias  exactas,  fisicas  y 
naturales,  t.  XII,  n**  2,  février  1862. 

Revista  minera,  t.  XIII,  n^  286,  15  avril  1862. 

Atti  délia  Societa  di  acclunazione  e  di  agrieoltura  in  Siciiia, 
t.  U,  nM. 


720  sfcAwce  DU  28  avril  1802. 

Thejournalo)  thc  Bombay  bmnch  aftlie  R.  asiatic  Society, 
jdDvior  18ôî?. 

M.  Cb.  Sainto-Claire  Deville  offre  k  la  Société  plusieurs 
exemplaires  des  lettres  qu'il  a  adressées  à  rAcadémie  sur  la 
dernière  éruption  du  Vésuve. 

M.  le  Président  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  Laugel 
annonçant  que  ses  travaux  ne  lui  permettant  plus  d*exercer  les 
fonctions  de  secrétaire,  il  se  voit  dans  la  nécessité  de  donner  sa 
démission. 

M.  le  Président  annonce  que  le  Conseil  a  proposé  de  choisir 
Saint-Gaudens  (Haute-Garonne)  comme  lieu  de  la  réunion  ex- 
traordinaire de  cette  année  ^  la  première  séance  se  tiendrait  le 
dimanche  ià  septembre. 

La  Société  approuve  cette  proposition. 

M.  Hébert  communique  la  lettre  suivante  de  M.  Lory  sur  le 
gisement  des  gypses  des  environs  de  Vizilie  (Isère). 

Sur  le  gisement  des  gypses  des  environs  de  Vizilie  [Isère) -^ 
par  M.  Gh.  Lory  (extrait  d'une  lettre  à  M.  Ed.  Hébert). 

Grenoble,  6  avril  4  862. 

'    Je  viens  de  revoir  le  gisement  des  gy|)Si*s  exploités  dans  le  vallon 
de  Champ,  près  Vizilie  (Isère),  et  je  suis  heureux  de  vou^  annon- 
cer la  coiilirinaiion  complète  des  prévisions  que  vous  avcx  expri- 
mées récemmeiu  au  sujet  de  ces  gy|tses  (^«r//.,  t.  XIX,  p.  115). 
Comme  vous  Tavez  fait  remarquer,  la  coupe  que  j'ai  donnée  de 
cette  localité  (Bull.j  t.  XVI,  p.  820  et  Description  gêoiogique  Hu 
Datiphinéj  pU  I,  fig.  6)  prouvait  déjà  que  ces  gypses  appartiennent 
à  une  même  assise  inférieure  à  tous  les  calcaiies  du  /fax  qui  affleu- 
rent dans  le  vallon  de  Champ  et  séparée  de  ces  calcaires  par  des 
dolomies  compactes.    D*après  cette  coupe   même  et  d*après  les 
résultats  désormais  acquis  pour  les  gypses  de  la  Savoie  et  ceux  de 
Digne,  vous  pensiez  que  nos  gypses  de  Vizilie  devraient  se  ranger 
aussi  dans  le  trins  et  «  qu'un  examen  plus  attentif  des  calcaires 
»>  avec  lesquels  les  dolomies  sont  en  contact  me  ferait  découvrir 
M  les  couches  à  Aviada  contortn,  » 

Je  viens  en  effet  de  trouver  la  iumachelle  infra^liasique  bien 
caractérisée,  avec  Aviadn  contarta  et  plusieurs  autres  foviles,  sur 


!'Sé™.TAIX,PL»l,PaSe629, 


1  101  TCspoiidant  aux  div 


phjiscs  (le  b  uViilli-  . 


IIJck^.cGéoldeKrarce       ,^^1?,^^^ i,',  ?.'a"IX[X.PI  ÂY,  fa,^6R 


Tngonia  Daylei .  AUoHfus 


Il 


P  Albert  GAUDRY,  sur  Ici  £' Série  T  XIX, Pi,  XV], Page  6 

■|Grand:i6t.      Fil6  Gvar\ii;ï  1^    '/?.  Ornnil 


■  r /iX.,Pl  >;v!  Paît  6£r, 


ilÀ^ul       Fijb  lJ!iL^d^^l5• 


115  Archiac 
cntelici  Ga 


nus  Archiaci  ci.  Gaud. 
cntelici   Gaud,  rura    Gaud. 


r\ 


NOTK    DE    M.    r.ARUAXOF..  721 

,11  poliil  \\\\  vall.iu  ilc(]Itaiii|)  ^jiliu'  au  S.-().  <lc  l'ancienne  oaiTière 
Ircton.  Le  niassil'  de  dolonûcs  comparus  qui  forme  le  toit  du 
ypse  est  leeouvcrt  d*al)oid  par  un  petit  banc  de  f^irs  de  0'",iO 
l'épaisseur;  puis  l'",20  de  calcaire  sableux,  noir,  très  (issile;  puis 
nviron  5  mètres  de  calcaire  noir  plus  nu  moins  coquillier,  à 
hicitld  contât  ta  f  etc.;  au-dessus,  viennent  des  bancs  de  calcaire 
ublamellairc  avec  Entroques,  puis  les  calcaires  noirs  schisteux  à 
iclenmitcs  qui  seuls  avaient  été  sijjnalés  jusqu^ici  comme  repré- 
entant  le  //V/^. 

Fas  bouleversements  très  compliqués  que  les  coucbes  eut  subis 
lans  le  vallon  de  Champ  ont  donné  lieu  :\  beaucoup  de  petites 
iiiiU'S  locales  qui  iont  souvent  disparaître  une  partie  de  la  série 
les  cou(^hes;  et  celte  cireonstauce,  jointe  ù  la  rareté  des  fossiles 
léterminablLS  dans  le  lias  et  dans  la  lumaclielle  injrn-liasique, 
vait  eni])èehé  jus(|u'iei  de  recoimaître  Texistence  de  ce  dernier 
lorizon.  Les  liyjfscs  de  Champ  et  de  Vizille,  qui  renferment  les 
xploitations  les  plus  importantes  du  Danphiné,  appartiennent 
lone  an  //vV/v,  comnic  vous  l'aviez  prévu,  et  Tborizon  de  Wlviculn 
ontotta  se  retrouve  encore  ici,  sur  le  versant  occidental  des  Alpes, 
onime  Tindication  nette  et  précise  de  la  base  du  système  liasUjuc, 

M.  Barrandc  fait  la  communication  suivante  : 

Avant  crenlamer  le  sujet  dont  nous  nous  ])roposons  d'entretenir 
\  Société,  nous  demandons  la  permission  de  lui  faire  hommage 
Tune  nouvelle  brochure  que  nous  avons  récemment  publiée  à 
•ra;;ue,  pour  la  défense  de  nos  colonies  [Dt'Jense  des  colonies^  11^ 
i  février  ISO^). 

La  nature  des  faits  nouveaux  que  nous  indiquons  dans  cette 
ublieation  et  que  nous  opposons  au  système  des  plis  nous  fait 
ipérer  que  cette  |>olémiquc  commencée  ù  Vienne,  il  y  a  bientôt 
X)is  ans,  se  terminera  procliainement,  et  qu'en  présentant  alors 
î  résumé  des  discussions,  nous  aurons  le  plaisir  de  mettre  sous  les 
eux  de  la  Société  quelque  dociunent  final  et  aussi  satisfaisant  que 
eux  que  nous  venons  lui  communiquer  aujourd'hui  au  sujet  des 
ébats  relatifs  a  la  faune  primordiale  eu  Amérique. 

hscntimcnt  du  professeur  James  Hidi  et  autres  documents  nouveaux, 
nu  sujet  dr  laftiunc  primordiale  en  Amérique, 

m 

I.  —  Dans  la  séance  du  K  avril  1861,  nous  avons  eu  Tlionneur 
e  communiquera  la  Société  quelques  publications  récentes  venant 
Soc.  gf''"f.,  2' série,  tome  XÎX.  46 


722  SÉANCB    DU   28    AYRIL    1802. 

de  r Amérique  du  Nord  et  faisant  suite  à  nos  Docnmenis   sur  la 
faune  primordiale  ft  Ir  système  taconique. 

La  plus  importante  de  ces  publications,  alors  nouvelles,  consis- 
tait dans  une  leltre  adressée  par  le  professeur  James  Hall,  paléon- 
tologue officiel  de  l'Etat  de  New- York,  aux  éditeurs  du  Jtuirnai 
anu*rirain  des  sciences  et  des  arts.  Le  savant  auteur  de  celte  lettre 
y  comparait  d'une  manière  sommaire  les  types  de  la  faune  pri- 
mordiale d'Europe  avec  les  genres  trouvés  en  Amérique,  soit  sur 
riiorizon  du  |;rèsde  Potsdaui,  soit  dans  le  groupe  de  Québec,  tel 
qu'il  a  été  défini  en  1860  par  sir  W.  E.  Logan.  Cette  ooiiipaiaisoo 
seuil  lia  il  tendre  à  démontrer  qu'en  Amérique  les  plus  anciennes 
faunes  paléozoiques  ne  se  présentent,  ni  avec  la  même  coin  position 
zoolo^^ique,  ni  dans  le  même  ordre  de  succession,  ni  civec  des 
ditltM-enccs  aussi  tranchées  que  sur  l'ancien  continent.  Gepeiidaut 
le  professeur  J.  Hall,  loin  di:  formuler  cette  conclusion  d'une 
manière  al»sulue  et  définitive,  reconnaissait  hautement  la  nécessité 
d'étudier  encore  cette  question.  C'est  ce  que  montre  le  passade 
suivant,  qui  termine  sa  lettre. 

M  11  ne  m'est  pas  possible  en  ce  moment  de  trouver  le  temps 

»  néccss'iiro  pour  une  discussion  complète  de  cet  important  sujet. 

»  En  présentant  ce  piïtil  nombre  de  faits  sous  cette  (orme,  je  suis 

»  loin  de  le  faire   dans  un  esprit  de  chicane,  ni  pour    tënioi(vnei 

»  aucune  méiiance.  dans  une  direction  quelconque.  11  est  clair  que 

»  le  cas  qui  se  présente  ne  se  rencontre  ]>as  dans  le  plan  des  faunes 

»  trilobiliques  succt^sbives  de  M.  Uarrande,  et  les  faits  découverli 

M  jusqu'à  ce  jour  ne  servent  pas  à  éclaircir  la  difKculté.    11  est 

Y  évident  qu*il  reste  à  résoudre  une  question  importante  et  einbar- 

»  rassanic,  qui  exi(;e  toute  lasi^^esse  et  la  sa(>acilé  des  pins  sérieux 

»  investigateurs^  ainsi  que  Tapplication  de  tontes  nos  eouuaissances 

»  en  {'éolo^'ie  struti(>raphique  et  en  paléonlolo^yie,  question  daus  la 

M  liiscussion  de  laquelle  eh.icun  doit  apporter  bonne  volonté  et 

M  indul{;ence,  |)our  faire  accorder  les  faits  discordants  connue  ils 

»  sont  maintenant   présentés.  L'existence   dans  les  roches  de  la 

»  point(;  Lévis  de  tant  ilc  types  de  la  faune  seconde,  associés  avec 

»  un  plus  petit  nund}re  de  types  reconnus  comme  primordiaux, 

»  nous  prt'ïsente   l'alternative  de  considérer  ces  couches  connue 

N  étant  du  second  éta{>e  avt'c  la  réapparition  de  types  priinoixlîaux 

N  dans  cette  époque  ou  de  ranger  daus  la  zone  priniordiale  plu- 

»  sieurs  (genres  jusqu'ici    considérés    comme   commençant   leur 

»  existence  dans  la  faune  seconde.  Dans  les  deux  jcas,  ces  coinbi- 

n  n-iisons  semblent  jusqu^ici  en  discordance  avec  la  ccuiccption  de 

N  M.  Barraude,  relative  aux   fauuvs  succesûvet  des  Trilobilci, 


NOTE    Dl   H.    BÀRRANDB.  723 

>i  telles    qu'elles  sont    établies  en  Bohême  et  dans  le  reste    de 
M  l'Europe. 

»  Quant  à  moi,  je  puis  dire  qu'aucune  opinion  antérieurement 
»  exprimée,  ni  aucune  combinaison  artiJicivUe  de  la  stratigraphie^ 
»  auparavant  adoptée  par  moi^  ne  m'empêchera  d'abordei'  la  qucs- 
n  tion  avec  loyauté  et  franchise.  Je  n'ai  pas  provoqué  une  contro- 
»  verse  sur  ce  point,  mais  il  est  bien  temps  que  nous  reconnaissions 
n  tous  qu'il  y  a  quelque  chose  d'un  haut  intérêt  et  de  grande 
n  importance  à  déterminer,  par  rapport  aux  limites  des  faunes 
»  successives  de  nos  plus  anciennes  roches  paléozoiques.  » 

?tous  avions  traduit  non-seulement  ce  passa{',e,  mais  la  lettre 
tout  entière  en  l'accompap^nant  de  quelques  observations,  ^otro 
note  était  achevée  et  préparée  pour  être  publiée  dans  le  Bulletin; 
mais,  au  moment  de  la  remettre,  il  nous  sembla  qu'il  serait  plus 
sage  d'en  diUéier  l'impression,  parce  que  les  hésitations  exprimées 
par  notre  éminent  confrère  américain  nous  paraissaient  ne  pouvoir 
être  que  transitoires,  s'il  appliquait  son  attention  à  l'étude  des 
faits  déjà  connus,  au  sujet  des  faunes  les  plus  anciennes  sur  les 
deux  continents. 

Aujourd'hui  nous  sommes  heureux  de  voir  nos  prévisions  réali- 
sées, et  nous  nous  félicitons  de  n'avoir  pas  publié  notre  communi- 
cation du  8  avril  4861,  car  les  observations  qu'elle  renfermait  ont 
perdu  tout  leur  à-propos  et  seraient  complètement  superflues,  en 
présence  d'un  nouveau  document  que  nous  avons  à  communiquer 
à  la  Société.  Ce  document  consiste  dans  une  lettre  que  le  professeur 
J.  Hall  nous  a  fait  Thonneur  de  nous  adresser  tout  récemment, 
c'est-à-dire  environ  une  année  entière  après  sa  lettre  du  28  janvier 
1861,  dont  nous  venons  de  reproduire  le  passage  Bnal. 

Il  parait  que,  pendant  Tintervalle  de  temps  qui  s'est  écoulé 
entre  ces  deux  communications,  le  grand  paléontologue  américain 
a  sérieusement  médité  les  faits  relatifs  à  la  question  agitée,  et  que, 
86  dégageant  de  toute  opinion  antérieurement  exprimée,  il  a  abordé 
cette  question  avec  franchise  et  loyauté^  selon  ses  honorables  expres- 
sions. 

Cet  examen  approfondi  a  été  suivi  d'un  résultat  qui  mérite  toute 
notre  attention  :  c'est  que  le  professeur  J.  Hall  itrconuaît  aujour- 
d'hui que  les  Trilobites  américains  présentant  les  mêmes  carac- 
tères que  les  Trilobites  de  la  faune  primordiale  d'Europe,  au  lieu 
d'occuper,  comme  il  le  supposait  durant  un  temps,  un  horizon 
courouuant  la  divisiou  silurienne  inférieure,  se  trouvent  réelle- 
ment placés  au-dessous  de  tous  les  autres  groupes  et  fossiles  de  la 
faune  seconde,  c'est-à-dire  sur  un  niveau  géologique  correspon- 


724  SÉANCE   DU   28   AVRIL   1862. 

dant  à  celui  qu'occupe  la  faune  primordiale  dans  toutes  les  contrées 
de  l'ancien  continent. 

L'établissement  6nal  de  cette  liai*monie  au  sujet  de  la  question 
principale  pouvait- être  d'autant  plus  aisément  attendu,  qu'il 
n'existait  réellement  aucune  différence  quelconque  entre  le  pro- 
fesseur James  Hall  et  nous,  en  tout  ce  qui  concerne  les  apprécia- 
tions paléontologiques,  car  notre  éminent  confrère  n'avait  pas  plus 
hésité  que  nous  à  reconnaître  et  a  constater  par  ses  dénominations 
les  caractères  propres  aux  Trilohites  primordiaux.  C'est  une  cir- 
constance remarquable,  sur  laquelle  nous  avons  déjà  appelé 
l'attention  de  la  Société,  dans  nos  communications  de  1860  et 
1861  (Documents,  p.  289).  Cette  concordance  se  trouve  encore 
une  fois  constatée  dans  un  passage  de  la  lettre  qui  suit. 

Ainsi  toute  la  différence  entre  les  vues  du  professeur  J.  Hall  et 
les  nôtres  était  uniquement  relative  à  la  position  géologique  de  la 
faune  primordiale,  dont  les  éléments  étaient  reconnus.  Sous  ce 
rapport,  les  opinions  du  grand  paléontologue  américain  dérivaient 
de  l'interprétation  d'apparences  stratigrapliiqucs  réellement  obs- 
cures et  ambiguës,  dans  certaines  régions  des  Etats  de  New- York, 
Yermont,  Massachusetts  et  dans  le  Canada.  Comme  nous  l'avons 
déjik  dit,  cette  obscurité  du  terrain,  co'incidant  avec  Tabsence 
presque  absolue  de  documents  paléontoiogiques,  a  été  l'unique 
cause  des  dissentiments  qui,  depuis  plus  de  vingt  aus,  ont  divisé  les 
géologues  américains,  mais  qui,  grâce  aux  découvertes  récentes 
de  fossiles  nond}reux  et  bien  caractérisés,  semblent  aujourd'hui 
parvenus  à  leur  terme. 

Avec  la  lettre  du  professeur  J.  Hall,  nous  mettons  sous  les  yeux 
de  la  Société  deux  sections  géologiques,  émanant  de  la  même 
source  et  citées  dans  le  texte.  Ces  sections  sont  déjà  ancieimes, 
puisqu'elles  remontent  à  la  période  de  184^  à  1846,  mais  elles 
n'ont  jamais  été  publiées,  bien  qu'elles  aient  été  gravées  et  miseï 
dès  l'origine  entre  les  mains  de  divers  géologues.  Les  exemplaires 
que  j'ai  l'honneur  de  présenter  ont  été  récemment. annotés  au 
crayon  par  l'auteur  lui-même,  pour  monti*er  que  ses  première) 
opinions,  conçues  après  l'exploration  du  terrain,  divergeaieni 
relativement  peu  de  celles  du  professeur  Emmoos,  tandis  que  li 
manière  de  voir  admise  depuis  lors  par  le  pi*ole8Beur  J.  Hall,  sou 
l'influence  étrangère  de  la  stratigraphie  et  de  la  chimie  minéralo 
gique,  est  devenue  diamétralement  opposée.  Celte  lettre  exprime 
rait  donc  en  quelque  sorte  un  retour  du  graod  paléontologu 
américain  à  ses  premières  impressions  personnelles. 


IfOTK    DB    M.    BARRANDB.  725 


Lettre  de  M,  le  professeur  J ornes  Hall. 

«  Albany,  avril  ^862. 
»  Mon  cher  luonsieur, 

»  Il  est  dès  satisfaisant  pour  moi  d'avoir  une  occasion  de  vous 
communiquer  mes  vues  sur  Fàge  de  certaines  formations  qui 
maintenant,  après  un  intervalle  de  tant  d'années,  sont  devenues 
encore  une  fois  le  sujet  de  discussions,  et  je  m'en  félicite  d'autant 
plus  qu'en  relisant  vos  lettres  de  1852  et  de  1853,  je  vois  que  le 
sujet  delà  faune  primordiale  en  Amérique  attirait,  dès  lors,  votre 
attention.  Je  regrette  seulement  de  n'avoir  pas  été  en  état  à  cette 
époque  de  vous  donner  des  renseignements  très  satisfaisants.  Je 
regrette  encore  plus  de  ne  vous  avoir  pas  communiqué  de  temps 
en  temps,  plus  complètement,  les  faits  nouveaux  <à  ma  con- 
naissance. 

»»  Je  reviens  donc  à  ce  sujet  avec  plaisir,  pensant  remplir  un  devoir 
envers  la  science  que  je  cultive  aussi  bien  qu'envers  vous.  Mes 
vues  primitives  n'ont  jamais  été  distinctement  publiées,  mais  elles 
ont  été  verbalement  communiquées  à  l'Association  américaine 
des  géologues  et  naturalistes,  et  elles  furent  bien  comprises,  si  ce 
u'est  par  tous,  du  moins  par  plusieurs  de  ceux  qui  s'occupaient 
activement  de  recherches  géologiquas  durant  la  période  de  \%lxk  à 
1846.  Les  sections  que  je  dressai,  comme  exprimant  le  plus  claire- 
ment qu'il  m'était  possible  les  relations  de  ces  roches,  furent 
placées  dans  les  mains  de  plusieurs  géologues  explorateurs,  parmi 
lesquels  je  citerai  les  professeurs  Hitchcock  et  Adams.  Afin  de 
faire  comprendre  clairement  ce  que  j'ai  à  dire,  il  me  semble 
nécessaire  de  donner  une  courte  esquisse  historique  du  progrès 
des  recherches  géologiques  dans  l'Etat  de  New- York,  à  partir  du 
temps  du  Geological  Survey^  et  ensuite  j'indiquerai  les  vues  anté- 
rieurement conçues  au  sujet  des  roches  de  la  vallée  de  Hudson 
river. 

n  Durant  le  progrès  du  Geohgicnl  Survey  de  New- York  et  vers 
sa  fin,  il  devint  nécessaire  pour  les  géologues  explorateurs  d'adopter 
une  nomenclature  uniforme,  puisque  les  diverses  formations  n'é- 
taient pas  connues  par  des  noms  établis.  Le  grès  de  Potsdam  fut 
reconnu  comme  la  base  fossilifère  du  système.  A  cette  époque,  et 
même  durant  un  certain  temps  plus  tard,  on  ignorait  qu'il  con- 
tint d'autres  fossiles  que  lesLingules.  Le  grand  groupe  des  schistes 
et  des  grès  argileux  et  autres  avec  des  couches  de  calcaire  impur, 


726  sÉAHCi  DU  28  AviiL  1862. 

si  larf;cment  développé  le  lonjj  de  la  vallée  de  THudson,  fut  nommé 
Gfoujjr  de  Hudsnn  river. 

»  Ces  roches  de  la  vallée  de  l'Hudsoii  furent  ref^aiilées  par 
MiVI.  Mather,  Eiiinions  et  Vanuxen»  géologues  des  districts  dans 
lesquels  elles  se  trouvent,  comme  étant  du  niénic  âge  que  les 
schistes  et  grès  placés  au-dessus  du  calcaire  de  Trentou,  clans  la  val- 
lée de  la  Mohawk  et  dans  les  comtés  de  Lewis.  Oswego  et  Jcfferson. 
On  peut  s^assurer  en  lisant  les  rapports  de  ces  messieurs,  que  leurs 
opinions  sur  ce  point  étaient  en  parfaite  harmonie,  i.es  obser- 
vations postérieures  n'ont  pas  confirmé  cette  manière  de  voir. 

»  \jc  docteur  Ennnons  appliqua  le  nom  de  Taronic  System  aui 
roches  schisteuses  et  aux  calcaires  placés  plus  loin  vers  Test,  le 
long  dt»  la  frontière  orientale  de  l'Etat  de  New-York  et  oc<*upnnt 
la  partie  occidentale  des  Etats  de  Massachusi'tts  et  Verniont,  en 
plaçant  ce  système  au-dessous  du  grès  de  Pots^lam.  Le  système 
taconique,  tel  qu*il  est  illustré,  par  les  sections  de  la  planche  XI 
du  G(()bi»ivat  Stuvt'Y  i\\\  second  district,  a  sa  limite  occi<lenta1o 
dans  les  villes  de  Ik^rlin,  Peterahurgli  et  Hoosic  dans  le  comté  de 
Rensselaer,  et  le  groupe  de  Hu<ison  river  est  indiqué  comme 
sVtendant  jusqu'à  ces  villes,  à  environ  20  milh*sà  Test  de  la  rivière 
Hudson.  Unesemblahle  extension  est  donnée  au  groupe  de  Hurlson 
river  dans  les  sections  au  droit  du  lac  Cliamplain  (1). 

»  J*insiste  sur  ce  fait,  parce  que  ma  connaissance  des  roches 
taconiques  fut  dérivée  des  vues  alors  maintenues  et  publiét^s  par 

(1)  a  Le  système  tRConique,  comme  son  nom  Tindique,  est  placé 
»  le  Ions;  des  deux  côtés  de  li  chaTne  taconique  dont  la  direction 
19  est  à  peu  près  N.  S.,  ou  parallèle,  sur  une  grande  distance,  à  la 
B  lii;DC  frontière  entre  les  États  de  New-York,  (^nnecticut,  Massa- 
»  chusctts  et  Vermout.  Les  comtés  à  travers  lesquels  passent  les  ro- 
»  ches  taconiques  sont  West( bester,  Colombia,  Rensselaer  et  Washîng- 
»  ton,  et,  après  avoir  traversé  l'État,  elles  s'étendent  à  travers  toute 
n  la  longueur  de  Vermont,  ot  pénètrent  dans  le  Canada  jusqu'à 
»  Québec,  vers  le  nord  C'est  cependant  dans  Massachusetts,  dans  te 
»  comté  de  Berksbirc,  que  Ton  trouve  la  plus  satisfaisante  exposition 
»  de  ces  roches,  t'iles  forment  une  zone  dont  la  largeur  estd^envtron 
»  4  5  milles,  le  long  do  toute  la  frontière  occidentale,  et  qui  s'étend 
n  clairement  jusqu'à  la  base  occidentale  de  la  chaîne  taconique.  Ainsi, 
ft  la  plus  grande  largeur,  comme  on  peut  K^  voir  par  l'inspection  d'une 
»  carte  quelconque  de  cette  contrée,  est  plus  étendue  sur  le  côté  orien* 
»  tal  que  sur  le  côté  occidental  de  cette  chaîne.  Dans  le  Vermont,  les 
1)  mêmes  roches  s'étendent  le  long  des  membres  supérieurs  du  groupe 
Il  de  Champlain,  et  ainsi  se  trouvent  en  conDexion  avec  le  second 
A  district.  »  (limmous,  GcoL  Kvport.  Svawii  ti/istn'ct,  p.  436.) 


NOTE    DE    M.    BÀR&ÀNDB.  727 

r auteur  du  systcnie.  Ni  les  roches  du  groupe  de  Hudson  river, 
ni  celles  du  système  laconique  ne  s'étendaient  dans  la  partie  occl» 
dentale  de  TÉtat  de  New -York,  c'est-à-dire  dans  le  district  dont 
rexploralion  m'avait  été  particulièrement  con6ée. 

»  Ce  fut  seulement  en  1863,  après  avoir  été  chargé  de  la  paléon- 
tolo^vje  de  cet  Etat,  que  mon  devoir  m'obligea  de  massurer  s'il 
existait  une  série  distincte  de  couches  fossilifères  au-dessous  du 
grès  de  Potsdam.  Dans  le  but  d  accomplir  ce  devoir,  mes  recher- 
ches furent  poursuivies,  à  partir  des  vallées  de  THudson  et  de 
Cijamplam  vers  Test,  passant  de  la  zone  bien  déterminée  des 
roches  de  Hudson  river  au  système  taconique.  Durant  ces  explo- 
rations, faites  principalement  pendant  les  années  i8/i/i  et  i8i!i5,  il 
me  fut  impossible  de  trouver  le  moyen  de  tracer  une  li^ne  de 
démarcation  entre  les  roches  de  la  vallée  de  l'Hudson  et  celles  de 
la  chaîne  taconique.  Dans  beaucoup  de  localités,  j'avais  constaté 
que  ces  roches  schisteuses  sont  placées  immédiatement  au-dessus 
du  grès  de  Potsdam  ou  quartzite  granuleux.  Cependant,  comme  je 
l'ai  dit  dans  mes  premières  communications  à  l'Association  amé- 
ricaine en  \SU6t  il  m'avait  été  impossible  de  trouver  nulle  part 
des  fossiles  distincts  jusqu'à  ce  que,  en  approchant  de  la  vallée  de 
l'Hudson,  je  rencontrai  quelques  localités  présentant  des  fossiles 
de  l'âge  du  calcaire  de  Trenton,  on  bien  des  fossiles  qui  étaient 
connus  dans  les  schistes  au-dessus  de  ce  calcaire,  dans  la  vallée  de 
la  Mohawk. 

n  Un  peu  plus  tard,  le  docteur  Fitch  et  le  docteur  Emmons 
découvrirent  les  Trilobites  olénoïdes  dans  les  sciiistes  du  comté 
de  Washington  (New- York).  Cependant  la  valeur  de  ces  Trilobites, 
pour  la  détermination  de  Tâge  des  roches,  ne  fut  pas  comprise  à 
cette  époque,  et  toutes  mes  investigations  slratigraphiques  avaient 
été  faites  dans  la  ferme  croyance  que  les  roches  des  vallées  de 
l'Hndson  et  Champlain  avaient  été  suivies  jusqu'à  leur  connexion 
absolue  avec  les  roches  schisteuses  de  la  vallée  de  la  Mohawk  e 
de  la  contrée  placée  à  l'onest  Cette  manière  de  voir  était  aussi 
confirmée  par  la  présence  dans  quelques  localités  des  roches  schis- 
teuses dans  la  vallée  d'Hudson  ou  dans  les  calcaires  associés  de  : 
Triniicleus  tessellatus^  Asaphus  [Isotrius)  gigns,  Orthis  testudinaria^ 
Lrptœna  sericea^  etc. y  tandis  que  les  nombreux  graptolites,  placés 
à  un  niveau  inférieur  dans  ces  schistes,  tendaient  également  à  la 
même  conclusion.  Ainsi,  quoique  vers  l'est,  aussi  bien  dans  Ver- 
mont  que  dans  La  partie  occidentale  de  Massachusetts,  comme 
prèsd'Adamset  de  Williamstown,  les  roches  schisteuses  recouvrent 
immédiatement  les  quartzites  granuleux  ou  grès  de  Potsdam,  en 


728  SÉANCB   DU    28   ÀYBIL    1852. 

forniaut  des  inoutagnes  élevées,  je  les  trouvai  en  continuité  phy- 
sique et  immédiate  avec  la  grande  masse  dts  schistes  et  autres 
couches  qui  constituent  le  groupe  de  Hudson  river  AdXïS  la  vallée  de 
THudson. 

D  Un  calcaire  que  j'ai  identifié  par  ses  fossiles  avec  le  calcaire  de 
Trenton  recouvre  les  schistes  près  de  Hoosic,  dans  le  comté  de 
Aensselaer  et  autres  localités,  taudis  que  dans  heaucoup  d'autres 
endroits  il  ne  paraissait  y  avoir  aucun  moyen  absolu  de  détermi- 
ner la  position  relative  des  calcaires  et  des  roches  schisteuses,  un 
hiatus  existant  ordinairement  sur  leur  li^ne  de  contact.  Dans 
beaucoup  de  localités,  par  suite  de  failles  dans  les  couches,  le 
calcaire  paraît  presque  ou  entièrement  en  contact  avec  le  [«rès. 

»  Les  sections  que  j'avais  faites  durant  cette  première  période 
de  nos  recherches  étaient  destinées  à  paraître  dans  mon  premier 
volume  de  la  Paiœontology  of  ISciv-York  ;  mais,  en  18^6,  ayant 
communiqué  mes  sections  de  Yermont  au  professeur  Adams,  alors 
occupé  de  l'exploration  géologique,  je  trouvai  que  ses  vues,  qu'il 
me  communiqua  avant  la  publication  de  ses  rapports,  différaient 
essentiellement  des  miennes.  Le  grès  que  j'avais  déterminé  comme 
grès  de  Potsdam,  d'après  ses  caractères  lithologiques,  sa  position 
stratigraphique  et  la  présence  de  Scolithusy  seul  fossile  que  j'avais 
alors  trouvé  dans  cette  roche,  fut  déterminé  par  le  professeur 
Adams  comnie  étant  le  grès  de  Médina,  tandis  que  les  roches 
schisteuses,  que  j'avais  regardées  comme  recouvrant  le  grès,  furent 
placées  par  lui  au-dessous^  et  indiquées  comme  correspondant  aux 
schistes  de  Lorraine,  que  nous  considérions  alors  comme  iden- 
tiques avec  le  groupe  de  Hudson  river.  Cette  manière  de  voir 
me  fit  hésiter,  et  j'attendis  la  publication  des  résultats  de  l'explo- 
ration de  Vermont,  avec  l'espoir  que  je  pourrais  visiter  et  exami- 
ner de  nouveau  ces  localités  pour  revoir  mon  premier  travail. 

M  Pendant  que  ces  différences  d'opinions  étaient  eu  discussion, 
il  fut  annoncé,  d'abord  devant  l'Association  américaine  pour 
l'avancement  de  la  science,  et,  bientôt  après,  dans  les  rapports  du 
Canadian  Survey^  que  les  roches  schisteuses  et  partiellement  mé- 
tamorphiques des  Grcen  Moimiains  avaient  été  suivies  vers  le 
nord  dans  le  Canada  où,  devenant  presque  horizontales,  et  per- 
dant leur  aspect  métamorphique,  elles  se  montraient  clairement 
identiques  avec  les  roches  du  groupe  de  Hudson  river  ou  schistes 
de  Lorraine.  On  assurait  aussi  que  la  composition  chimique  de 
toutes  ces  roches  avait  prouvé  leur  identité. 

»  Cette  manière  de  voir  les  relations  des  couches  appuyait  celle 
qui  avait  été  exprimée  par  le  professeur  Adams  et  contredisait  les 


IfOTB   DB   M.    BARRANDB.  720 

vues  que  j'avais  conçues  par  rapport  aux  localités  de  Yerinont.  Je 
donnai  mon  entier  assentiment  à  ces  conclusions  apparemment 
bien  fondées,  et  j'abandonnai  mes  propres  opinions  originales  sur 
les  rapports  entre  les  schistes  et  les  grès. 

»  Des  devoirs  impérieux  m'avaient  empêché  de  visiter  de  nou- 
veau les  localités,  et  ce  fut  seulement  en  1856,  lorsque  je  vis  pour 
la  première  fois  les  trilobitcs  de  Georgia,  que  mon  attention  fut 
de  nouveau  dirigée  sur  ce  sujet.  En  1857,  ces  trilobites  furent 
placés  entre  mes  mains  pour  être  étudiés  et  décrits.  Il  s'entend 
bien  que  je  ne  pouvais  pas  manquer  de  reconnaître  leurs  carac- 
tères primordiaux,  et  mon  désir  de  visiter  de  nouveau  les  localités 
de  mon  premier  travail  se  réveilla.  Mais,  cédant  encore  une  fois 
à  la  croyance  que  les  relations  des  roches  avaient  été  complètement 
établies  dans  le  Surpey  du  Canada,  je  me  bornai  à  différer  la  pu- 
blication de  ces  trilobites  jusqu'à  ce  qu'il  me  fût  possible  d'avoir 
la  dernière  détermination  de  sir  William  E.  Logan,  au  sujet  des 
couches  renfermant  ces  fossiles.  C'est  cette  détermination  que 
j'ajoutai  dans  la  note  qui  accompagne  les  descriptions  publiées. 

»  La  succession  stratigraphique  des  fossiles  du  nord  de  l'Eu- 
rope, telle  qu'elle  a  été  donnée  par  Hisinger  et  qui  avait  été 
adoptée  par  nous  dans  ce  pays,  me  rendit,  sans  aucun  doute,  plus 
disposé  à  accepter  et  à  défendre  ces  vues;  mais,  sans  Tappui  de 
ai  hautes  autorités  en  stratigraphie  et  en  chimie,  j'aurais  hésité  à 
exprimer  des  vues  opposées  à  celles  que  vous  aviez  avancées  et  si 
complètement  établies.  Quant  à  moi,  je  reconnais  très  franche- 
ment qu'en  abandonnant  ainsi  les  opinions  que  j'aurais  dû  main- 
tenir au  seul  point  de  vue  paléontologique,  je  suis  devenu  l'avocat 
de  vues  erronées  au  sujet  de  la  succession  des  plus  anciennes 
formations  (1). 

»  Tant  qu'il  a  semblé  possible  d'expliquer  la  présence  de  deux 
ou  trois  formes  primordiales,  durant  l'époque  de  la  seconde  faune, 

[\  )  Ceci  ne  doit  être  entendu,  ni  comme  une  excuse  pour  moi-même, 
ni  pour  un  biftme  quelconque  pour  mes  amis,  sir  W.  E.  Logan  et  le 
professeur  T.  Sterry  Huut,  dont  je  reconnais  très  amplement  et  très 
cordialement  la  haute  capacité  et  le  génie.  Bien  que  spécialement 
dévoué  à  la  paléontologie,  j'ai  depuis  longtemps  admis  et  soutenu 
l'opinion  que  la  chimie  et  la  minéralogie  pouvaient  devenir,  dans  la 
détermination  de  Tâge  des  roches  métamorphiques,  des  guides  aussi 
sûrs  que  les  fossiles,  pour  ce  qui  concerne  les  roches  sédimentaires 
non  altérées.  Cette  opinion  m'a  disposé,  dans  toute  occasion,  à  accepter 
les  résultats  dérivés  de  ces  sources,  bien  que  quelquefois  ils  ne  fussent 
pas  eo  parfaite  harmonie  avec  les  prei^yes  paléontologiques. 


780  SÉÀNCB    DU    28    AVRIL    1862. 

coin  me  une  colonie,  ou  comme  les  restes  d'un  a[;e  plus  ancien, 
les  résultats  des  observations  de  tonte  nature  se  trouvaient  en 
harmonie  apparente.  iVlais  le  grand  nombre  de  telles  formes, 
découvert  auprès  de  Québec  en  1860,  a  rendu  cette  conception 
impossible,  eli^l.  fiillin(>s  a  été  parfaitement  fondé  à  demander 
qu'on  cherchât  quelque  autre  explication  pour  les  relations  évi- 
demment anormales  et  la  position  assignée  à  ces  roches. 

w  En  discutant  cette  question,  je  ne  veux  rien  réclamer  pour 
moi-même  ni  pour  mes  anciennes  vues,  car  nous  devons  aux  in- 
vestigations du  Survry  du  Canada  la  solution  finale  de  cette  ques- 
tion. Il  reste  cependant  quelques  vues  divergentes,  par  rapport 
aux  relations  entre  les  roches  schisteuses  et  le  grès  de  Potsdam. 
Je  vous  exprime  mon  opinion,  basée  sur  mes  propres  recherches, 
principalement  durant  les  années  184^  à  1846. 

w  Je  vous  prie  de  vous  rappeler  qu'à  l'époque  de  mes  recher- 
ches personnelles  dans  ces  roches,  il  n'avait  pas  encore  été 
clairement  établi  que  le  grès  de  Potsdam  appartenait  à  la  zoue 
primonhale,  et  je  trouve,  dans  Tune  des  lettres  que  vous  m'avez 
adressées  eu  1852,  un  passage  relatif  à  ce  point  et  à  Tabsence  de 
toute  preuve,  excepté  celle  qui  est  fournie  par  les  Lingules.  J'au- 
rais cependant  dû  vous  avoir  informé  qu  avant  cette  époque  j'avais 
déterminé  un  fragment  trilobitique  des  grès  de  Vermont,  comme 
appartenant  au  genre  Conocephalites, 

»  Néanmoins,  ce  grès  formait  un  horizon  commode  et  sûr 
comme  terme  de  comparaison,  et  je  le  pris  pour  base,  en  faisant 
mes  sections  à  partir  des  vallées  de  THudson  et  de  Champlain  vei-s 
l'est.  Par  intervalles,  le  long  du  lac  Chauplain  et  vei*sson  extré- 
mité méridionale,  la  base  de  cette  formation  peut  étie  observée, 
et  nous  ne  pouvons  trouver  nulle  part  aucune  roche  schisteuse 
passant  au-dessous  d'elle.  D'un  autre  côté,  dans  le  voisinage  de 
Whitehall,  situé  à  l'extrémité  sud  du  lac  Champlain,  le  grès  de 
Potsdam  se  voit  avec  une  inclinaison  vers  l'est,  plongeant  sous 
les  roches  schisteuses.  Dans  plusieurs  localités  de  Vermont,  le  grès 
n'a  éprouvé  aucun  changement  essentiel,  lorsqu'il  reparait  de 
dessous  les  schistes  ;  mais  dans  iVIassachusetts,  nous  trouvons  une 
roche  plus  cristalline^  connue  sous  le  nom  de  quartz  ^ninttieux, 
et  présentant  les  mêmes  relations  avec  les  roches  schisteuses.  Je 
l'ai  toujours  rapportée  sans  hésitation  au  grès  de  Potsdam. 

»  Dans  la  partie  nord  de  l'État  de  New-York  et  ailleurs,  le  grès 
de  Potsdam  est  recouvert  par  le  grès  caicijcrc  ou  calcaire  i..f.^ac'' 
sien  inftrttiu\  A  l'est  de  la  rivière  Hudsou,  autant  que  j'ai  pu 
l'observer,  nous  ne  trou  vous  pas  cette  roche  au-dessus  du  grès; 


HOTE    DB    M.    BARRÀNDB.  731 

mais  au  sommet  ou  dans  la  partie  supérieure  des  roches  schis- 
teuscs,  uous  avons  une  roche  ressciubluitl  beaucoup  au  grès  caU 
cifère,  tandis  que,  dans  la  même  association  et  au-dessus  de  la 
plus  grande  masse  de  ces  schistes,  nous  avons  un  calcaire  bréchi- 
forme.  Je  conçois  que  ces  roches  schisteuses  avec  leurs  grès  im- 
purs, les  conglomérats,  le  calcaire  bréchiformc  et  le  grèscalcifère 
(ou  une  roche  qui  lui  ressemble),  sont  placées  entre  le  grès  de 
Potsdam  et  le  groupe  du  calcaire  de  Trenton.  L'existence  du 
calcaire  en  juxtaposition  apparente  avec  le  grès  ne  me  semble 
pas  être  la  relation  naturelle  de  ces  deux  roches. 

»  La  relation  de  ce  groupe  de  schistes,  etc.,  avec  le  grès  de 
Potsdam  me  semble  être  celle  d'une  formation  supérieure.  D'après 
aucun  des  affleurements  que  j'ai  vus  dans  la  région  disloquée  à 
Test  de  la  rivière  Hudson,  je  ne  puis  expliquer  les  phénomènes 
qui  se  présentent  dans  la  supposition  que  le  grès  est  la  roche  su- 
périeure. Les  roches  schisteuses  avec  les  couches  associées  forment 
de  longs  plis  synclinaux,  offrant  souvent  les  conglomérats  comme 
la  formation  la  plus  élevéç,  tandis  que  quelquefois  les  parties  su- 
périeures sont  le  calcaire  bréchiforme  ou  un  grès  calcifère.  Le 
grès  de  Potsdam  semble  être  sans  aucun  doute  la  formation  infé- 
rieure de  cette  série. 

>»  Cependant,  lorsque  nous  essayons  d'établir  la  succession  des 
formations  suivantes,  nous  rencontrons  beaucoup  de  difficultés 
dans  tous  les  points  que  j'ai  examinés.  Car  il  est  très  vrai  que, 
tandis  que  les  fossiles  trouvés  dans  Vermont  et  une  partie  de  ceux 
des  con)tés  de  Washington  et  de  Rensselaer  appartiennent  à  des 
types  primordiaux,  il  y  a  néanmoins  des  localités  où  les  affleure- 
ments les  plus  élevés,  dans  ce  qui  parait  être  des  plis  synclinaux, 
conservent  quelques  courbes  qui  présentent  seulement  des  fossiles 
de  la  faune  seconde.  Le  même  fait  est  vrai  dans  d'autres  localités 
le  long  de  la  vallée  de  l'Hudson  où  l'on  n'a  reconnu  jusqu'à  présent 
aucune  dislocation  ou  faille  entre  les  roches  contenant  les  fossiles 
de  la  faune  seconde,  bien  qu'elles  soient  séparées  les  unes  des 
autres  par  une  considérable  distance  ou  épaisseur  des  couches. 

»  Tandis  qu'il  semblerait  que  les  localités  près  de  Québec  pré- 
sentent un  passage  assez  complet  de  la  faune  primordiale  à  la  faune 
seconde,  celles  que  nous  connaissons  plus  loin  vers  le  sud  n'offrent 
pas  la  transition  graduelle,  mais  présciitent  des  exemples  où  les 
schistes  de  la  seconde  période  ont  été  déposés,  peut-être  en  discor- 
dance, sur  ceux  qui  renferment  les  fossiles  de  la  faune  primor- 
diale. 

»  Dans  toutes  les  localités  à  graptolites  que  j'ai  examinées  dans 


782  sÉÀifCB  DU  28  AVRIL  1862. 

la  vallée  de  l'Hudson,  il  n'y  a  pas  d'autres  fossiles  associés  dans 
les  mêmes  couches,  el  les  fossiles  de  la  faune  seconde  connus  dans 
celle  vallée  se  trouvent  dans  quelques  localités  isolées,  et  évidem- 
ment beaucoup  au-dessus  des  couches  à  graptolites.  Je  suis  donc 
induit  à  rapporter  les  graptolites  des  roches  de  la  rivière  lludson 
à  la  faune  primordiale,  à  laquelle  il  semblerait  aussi  que  les 
graptolites  de  la  Pointe-Lévis  au  Canada  doivent  appartenir.  Nous 
savons  déjà  que  les  graptolites  sont  représentés  par  le  genre 
Dendrograptus  dans  le  grès  de  Potsdam,  el  des  recherches  récentes 
ont  aussi  constaté  sa  présence  dans  la  faune  primordiale  du  nord 
de  l'Europe. 

»  Vous  concevrez  donc  que,  si  mes  vues  touchant  les  relations 
de  ces  roches  sont  exactes,  la  vallée  de  la  rivière  Hudson,  à  partir 
des  montagnes  du  nord  jusqu'au  lac  Champlain,  sauf  un  petit 
nombre  d'exceptions  peu  considérables,  est  occupée  par  les  roches 
de  la  zone  primordiale,  c'est-à-dire  par  les  roches  placées  entre 
le  grès  de  Potsdam  et  le  groupe  de  Trenton.  Ainsi  le  groupe  de 
Hudson  River  dans  ses  localités  typiques  appartient  à  la  période 
primordiale.  L'identification  de  ce  groupe  de  couches  dans  la  val- 
lée de  l'Hudson  avec  celles  de  la  seconde  période,  qui  sont  dans 
la  vallée  de  la  I\Ioha\vk,  a  été  erronée.  Au  lieu  de  chercher  à 
l'est  de  l'Hudson,  comme  nous  l'avons  fait,  la  ligne  de  démarca- 
tion entre  les  roches  de  ces  deux  périodes,  nous  devons  la  chercher 
à  l'ouest  de  cette  rivière,  où  \  hiatus^  qui  probablement  existe, 
est  resté  inaperçu,  à  cause  de  l'accumulation  du  diluvium. 

»  En  vous  donnant  ces  faits  et  conclusions  comme  les  résultats 
de  mes  propres  observations,  je  ne  puis,  sans  faire  tort  à  l'histoire 
de  la  science  et  des  progrès  de  la  géologie  dans  ce  pays,  passer 
sous  silence  les  premières  vues  conçues  et  enseignées  durant 
longues  années  par  feu  le  professeur  Amos  Ëaton,  au  sujet  de  la 
succession  des  formations,  dans  la  vallée  de  la  rivière  Hudson  et 
à  l'est  de  la  même  vallée.  Dans  sa  classification  géologique,  le 
professeur  Ëaton  établissait  les  roches  schisteuses  comme  base  du 
système  de  transition,  sous  les  noms  à^argiiite  et  de  première 
grautvatAe,  cette  dernière  roche  renfermant  le  grès  grossier  ou 
conglomérat  de  la  chaîne  de  Shawangunk,  Dans  cette  série  primi- 
tive étaient  compris  le  quarlz  granuleux  et  le  calcaire  granuleux. 

»  Le  tableau  suivant,  qui  présente  les  noms  donnés  aux  forma* 
lions  par  Eaton  et  ceux  qui  ont  été  récemment  adoptés,  montrera 
jusqu'à  quel  point  nos  vues  actuelles  coïncident  avec  celles  qui  ont 
îDseigné^  il  y  a  trente  ans. 


NOTB    DE    H.    BARBÀNDB.  733 

.-  „  NOMENCLATDRB  DD  Gcol.  SttrvcY 

NOMBNCUTURE  DE  EATON.  xt  -.  V 

DE  MeW-iORK. 

Calcaire  métallifère j  Calcaire  de  Trenton,  renfermant 

b [     les  calcaire  de  Bird's  eye  et  do 

a )      Chazy. 

Grès  calcifère,  géodique  et  schis-   Grès  calcifère,  ou  calcaire  magné- 

teux.  sien  inférieur. 

Calcaire  spathique Calcaire    spathique,    bréchiforme 

et  concrétionné. 

Première  grauwacke \n  x    ^  ^    -      jou  i 

n  X  ■  A       k-  »^       ^.«  JGrès  grossier  de  Shawangunk,  et 

Grès  grossier,  grès  schisteux,  etc.  f„juj  ji 

A     .,?  ;  °       ,    ,  k-  *     ?     groupe  de  Hudson    river  de  la 

Argilile    renfermant    les  schistes  i     ^  i,/   ,    ,,„    . 

°     ,  ,  1     vallée  de  1  Hudson. 

argileux,  etc j 

Calcaire  granuleux Considéré  comme  représentant  le 

calcaire     métamorphique      de 
Trenlon. 

Quartz  granuleux,  quartz  sableux   Grès  de  Potsdam. 
et  quartz  compacte. 

»  Vous  reconnaîtrez  combien  la  classincation  de  Eaton  se  rap- 
proche de  celle  que  nous  croyons  maintenant  représenter  la  suc- 
cession dans  celte  région  disloquée, 

>»  Dans  sa  série  secondaire  inférieure  {lower  secondary  séries), 
qui  suivait  la  série  do  transition  en  remontant,  Eaton  plaçait  la 
seconde  grawauckc  immédiatement  au-dessus  du  calcaire  métal- 
lifère ou  calcaire  de  Trenton.  Cette  seconde  grauwacke  renfermait 
le  schiste  d'Utica  et  les  schistes  de  Lorraine,  en  se  terminant  par 
le  conglomérat  d'Oneida  et  comprenant  Textension  vei*s  l'est  du 
grès  de  Médina.  Il  avait  très  distinctement  reconnu  ces  roches 
schisteuses  de  la  vallée  de  la  Mohawk  dans  leur  véritable  position 
géologique  et  comme  constituant  un  groupe  distinct  des  roches 
schisteuses  de  la  vallée  de  THudson.  En  parlant  de  ces  dernières 
roches,  il  a  dit  très  positivement  qu'à  l'ouest  de  la  rivière  Hudson 
il  n'avait  jamais  été  capable  de  les  suivre  jusqu'à  leur  contact 
avec  tes  formations  suivantes.  Ce  fait,  s'il  avait  été  bien  remar- 
qué, aurait  pu  causer  quelque  hésitation,  avant  qu'on  se  décidât 
à  réunir  dans  un  seul  gi-oupe  les  roches  schisteuses  de  l'Hudson 
avec  celles  de  la  Mohawk. 

»>  Il  est  vrai  cependant  que  Eaton  unissait  les  couches  schis- 
teuses, qui  sont  à  l'embouchure  de  la  Mohawk  et  qui  renferment 
TrinucleuSf  avec  la  grande  masse  des  roches  de  la  rivière  Hudson  ; 
il  a  aussi  indiqué  ce   fossile  comme  caiactérisant  la  première 
grauwacke.  Il  noi|S  reste  à  reconnaître  les  véritables  relations  de 


73A  sÉAifCB  nu  28  avril  186^. 

ces  couches  contenant  des  fossiles  de  la  faune  seconde,  par  rappoi 
aux  roches  schisteuses  du  véritable  groupe  de  Hudson  rÎTer. 

»  Agrëez,  etc.  J.  Haix.  » 

n  Po^t-scHptttm,  —  Au  sujet  du  ^rès  de  Potsdam,  je  puis  Toui 
faire  connaUre  que,  dans  TEtat  de  Wisconsin,  il  existe  plusiear 
localités  qui  permettent  d'étudier  les  couches  inférieures  de  celU 
formation  et  son  contact  avec  les  roches  placées  an -dessons.  Dan 
CCS  lucnlités,  les  couches  inférieures  du  (>rès  dePotsdam  prenneni 
le  caractère  d'un  con^'loinérat  ou  d'une  brèche^  le  sable  ^lis  rea 
fermant  des  cailloux  roulés  et  des  fragments  d'un  quartzite  rouge 
et  brun,  des  fragments  de  jaspe,  etc.  Ëii  traversant  un  coii(*lomé- 
rat  intermédiaire,  principalement  composé  de  cailloux  de  quart- 
zite brun,  nous  atteignons  un  quaitzite  inférieur  massif,  louge  el 
brun  et  gris  brun.  Cette  roche  semble  homogène  dans  les  cassures 
fraîches,  mais  les  surfaces,  décomposées   rav*,  montrent  des  lignes 
de  défiôt  et  fréquemment  des  traces  de  lamination  diagonale,  arec 
u.e  séparation  distincte  des  matériaux  fins  et  grossiers.  Cette  roche 
a  été  évidemment  métamorphosée,  tandis  que  le  grès  qui  lui  suc- 
cède ne  présente  aucune  trace  de  semblables  influences.  Le  grès 
de  Potsdam  et  le  grès  calcifèi^  ou  calcaire  magnésien  inférieur 
forment  un  groupe  naturel,  d'après  les  nombreuses  alternances 
des  matériaux,  h  leur  jonction,  tandis  que  les  trilobites  du  grès 
(le  Potsdaiii  se  trouvent  dans  le  calcaire  magnésien  inférieur.  » 

Il  résulte  de  la  lettre  qui  précède,  que  la  question  principalei 
relative  à  l'existence  et  à  la  position  géologique  de  la  faune  pri- 
mordiale en  Amérique,  an-dessous  de  la  faune  seconde,  se  trouve 
aujourd'hui  résolue  d'une  manière  satisfaisante,  par  Tasse nti ment 
que  vient  de  donner  la  plus  liant-*  autorité  paléontologique  aux 
vui^'S  générales  que  nous  avons  exposr'es  dans  nos  Documents  en 
1860  et  1861  {Hnll..  XVII,  p.  -203). 

Nous  espérons  que  cet  accord,  que  nous  devons  principalement 
attribuer  aux  récentes  découvertes  palik)ntologique8,  entraînera 
'  prochainement  tous  les  autres  géologues  américains,  qui  pour« 
raient  encore  hésiter  à  reconnaître  la  grande  et  belle  harmonie 
qui  existe  sur  les  deux  continents,  dans  la  succession  des  première! 
1  aunes  paléozoiques. 

Mous  constatons  en  |>a8sant  que,  depuis  la  reprise  récente  de 
cette  (|ue8tion,  le  professeur  Hitchcock  est  le  seul,  à  noti-e  Con- 
naissance, qui  paraisse  publiquement  persister  dans  l'ancienne 
manière  de  voir,  suivant  laquelle  les  si^histes  de  Georgia  renfer- 
mant les  trilobites  de  formes  primordiales  devraient  être  placés 


NOTB    DE    M.    BÀRRAIIBB.  786 

sur  rhorizoïi  de  la  faune  troisième  silurienne,  ou  peut-être  même 
dans  le  terrain  dévonien.  Cette  opinion  aurait  été  récemment 
énoncée  dans  la  Géologie  de  Vermont^  suivant  un  article  que  nous 
lisons  dans  VJmcricon  /aurnal[nmrs  1862),  p.  283,  et  qui  ne  porte 
d'autre  signature  que  la  lettre  T. 

La  solution  de  la  question  principale  laisse  encore  à  disenter 
plusieni*s  questions  secondaires  qui,  touchant  à  des  faits  stratîgra- 
phiques,  ne  sauraient  être  traitées  que  par  les  savants  à  portée  de 
faire  de^  observations  personnelles  sur  le  terrain. 

Ainsi,  en  lisant  la  lettre  qui  précède,  on  remarquera  que  le  pro- 
fesseur J.  Hall  considère  toute  la  masse  principalement  schisteuse, 
occupant  la  vallée  de  THudson  et  connue  jusqu'ici  sous  le  nom  de 
Hudson  river  group^  couronnant  la  faune  seconde,  comme  devant 
faire  partie  de  la  série  primordiale  avec  le  grès  de  Polsdam.  Ce 
nouveau  groupement  de  deux  formations  jusqu'ici  considérées 
comme  occupant  les  liniites  extrêmes  de  la  division  silurienne  in- 
férieure, est  tout  à  fait  analogue  an  déplacement  vertical  que  sir 
W.  £.  Logan  a  fait  subir  au  groupe  de  Québec,  ainsi  que  nous 
l'avons  annoncé  dans  nos  Documents.  La  masse  schisteuse  de  la 
vallée  de  THudson,  renfermant  de  nombreux  graptolites,  Texis- 
tence  de  ces  fossiles  sur  l'horizon  de  la  faune  primordiale  serait  un 
fait  particulier  au  continent  américain  et  digne  de  la  plus  grande 
attention.  Il  testerait  à  établir  les  relations,  soit  paléontologiques, 
soit  stratigrapliiques,  entre  ces  graptolites  de  la  vallée  de  THudson 
et  ceux  de  la  Pointe-Lévis,  près  Québec. 

Le  professeur  J.  Hall  exprime  aussi  l'opinion  que  le  grès  calci- 
fère  ou  calcaire  magnésien  inférieur,  se  reliant  au  grès  de  Pots- 
dam  dans  it'S  régions  de  Touest,  par  un  passage  minéraloglque 
dans  la  nature  des  roches,  par  des  alternances  straligraphiques, 
comme  aussi  par  la  propagation  verticale  de  certains  genres  trilo- 
hitiques,  devrait  être  également  compris  dans  la  série  primor- 
diale. 

Il  résulterait  de  ces  indications,  comme  de  celles  que  nous 
avons  déjà  signalées  an  Canada,  que  les  faunes  primordiale  et 
seconde  seraient  liées  en  Amérique  par  des  coimexions  zoologiques 
plus  étendues  que  celles  qui  existent  entre  elles  sur  Tancien  con- 
tinent. 

Les  documents  relatifs  à  ces  questions  ne  sont  pas  encore  assez 
nombreux  ni  assez  explicites,  pour  qu'il  nous  semble  à  propos  de 
nous  étendre  en  ce  moment  sur  ce  sujet,  mais  nous  nous  réservons 
d'en  entretenir  un  jour  la  Société,  lorsque  le  progrès  des  obser- 
vations et  des  pubhcations  de  nos  confrères  américains  aura  fourni 


7S6  SÉANCB    DU    28    ÀYRIL    1862. 

des  lumièi'cs  suffisantes  sur  les  points  iniporlanls  que  nous  venons 
d'indiquer. 

Nous  constatons  seulement  aujourd'hui  que  plusieurs  saranti 
s'occupent  activement  de  la  recherche  des  faits  paiéontologtques 
et  stratigraphiques  qui  doivent  contribuer  à  la  solution  des  ques- 
tions secondaires,  telles  que  la  distinction  et  Tordre  de  superpo- 
sition des  divers  étages  de  la  série  primordiale ,  leurs  relations 
stratigraphiques  avec  Thorizon  des  grès  de  Potsdani,  la  nature 
des  fossiles  qui  caractérisent  ces  subdivisionSy  et  enfin  les  con- 
nexions qui  peuvent  exister  entre  la  faune  primordiale  considérée 
dans  son  ensemble  et  la  faune  seconde. 

II.  —  D'après  deux  lettres  publiées  en  novembre  1861,  dans 
les  Comptes  rendus  de  t Académie  des  sciences^  et  d'après  deux 
autres  documents  que  notre  honorable  président  vient  de  présenter 
à  la  Société,  au  nom  de  M.  Marcou,  nous  voyons  que  notre  savaut 
confrèi'e  résidant  à  Boston  prend  une  part  très  active  à  ces  recher- 
ches et  qu'il  a  entrepris  de  nouvelles  explorations  dans  le  Yermout 
et  le  Canada,  durant  l'automne  de  1861. 

Les  résultats  principaux  de  ces  explorations  sont  exprimés  de  la 
manière  la  plus  concise  et  la  plus  claire  dans  deux  sections  théo- 
riques publiées  par  M.  Marcou  dans  les  Proceedings  de  la  Société 
d'histoire  naturelle  de  Boston  (séance  du  6  nov.  1861).  Nous 
croyons  donc  utile  de  reproduire  ici  ces  deux  sections.  L'une  est 
prise  dans  la  contrée  aujourd'hui  célèbre  de  Georgia  et  de  Saint- 
Albans,  dans  l'Etat  de  Yermont,  et  l'autre  dans  la  localité  non 
moins  remarquable  de  la  Pointe-Lévis,  près  Québec,  au  Canada. 


NOTE   BB    M.    BAKRaNDB. 


747 


Section  théorique  des  roches  laconiques  supérieures  et  des  roches 
siluriennes  injérieures,  dans  t État  de  Vcrmont^  suivant  M,  /. 
Marcou,  novembre  1861. 


6 

S 
p 

«0 


GROUPES. 


SchUtea    de    Lorraine 
(Hudaon  riverj. 


Scbute»  a^Ulira. 


Calcaires  de  Trenlon. 


Calcaires  de  Black  ri- 
ver, Bird's  eye  el 
Cbasy. 


Grès  calcifère. 


PIEDS. 


40 


60 


40 


LOCALITÉS,  SUBDITISIONS  ET  FOSSILES. 


Péiiintule  d'Alburgh. 


Higbgale  Sptiog». 


Hi({hgate  Springs. 


A  la  base,  un  Ciilcuiru  blea  très  fossilifère, 
avec  Ampyx  HtiUi  ;  —  f  pieds.  —  Uigbgatc 
Spriug.'i. 


/  3.  Scbittles  gris  et  blana,  contenant  des  no- 
/      dules  U*un  calcaire  bleu,  avec  des  fossiles  ; 
environ  f30  pieds.  A  l'eslde  Phillipsburgb 
(Billings). 
3.  Cblcbire  bleu  et  noir,  très  fossilifère  [Ba- 
700    V     Ihyitrus   Saffordi)\    environ    300    pieds. 
h     /      Phillipshurgh   (Billings).    Baie  de  Saiot- 
900    \      Albuiis. 

1 .  Calcaire  gi  i&  el  presque  lilanr,  contenaut 
de  nombreuses  veines  spatbiques;  marbie 
et  calcaire  magnésien;  environ  3o0  pieds. 
Pbillipsburgh  (Billings).  Buie  de  Saint- 
Albsns,  Swantou. 


V 


o 


D 

P 

« 

§ 

< 
H 


P  * 

II 


Recourre  les  roches  laconiques  en  stratification  discordante. 


Grès  de  Potsdam. 


Lingula  flags 


Schistes  de  Georgia. 


Groupe  de  Sl-Alba«s. 


300 

& 

4U0 


:  4.  ConglorocriitdolomiUque;30  pieds.  Saint* 

'       Albans. 

rouge,  avec  Conocephaliles  AdamtH 
Fnlcanut;  80  piv<<s.  Suxe's  Milb, 
Albans 


t       Ainan 

\  3.  Grès 
iOO  1  et  C. 
&      /      Saini- 

ii.  Dolomie;  150  è  200  pieds.  Saxe's  MilU, 

I      Swanioii,  Saint-Allians. 

1  1.  Grès  rouce  et  blanc;  40   pieds.  Baie  de 

\      Suiul-Alkans. 


800  i  Schistes  brnns,  gris  et  noirâtres,  avec  Liri'. 
n      \       if"'«»     Orthisina^     Orthis,     Chondrites, 
600   I      Gmptolites.  Highgate  Springs. 


500 

h 
600 


Schistes  gris,  noirs,  sableux,  avec  Paradoxi- 
d»s  {Oleneltuê)  Thompsoni,  P.  vermon- 
tnna^  Pellura  hotopygn,  Con.  Teucmr^ 
OboUila  cingulftta,  Orthisina  festinata^ 
Camerella  antiquala^  Chondrites^  Fun- 
gus.  A  Touest  de  Goorgiu,  Swanlon. 


S500 
3000 


ni 


iScbisles  gris,  bruns  et  rougeâlres,  contenan 
de  grun'ies  niasses  lenliculuires  d'un  cal 
cuire  gris  blanchAire,  très  dnr  (trilobite) 
Saiot-Aibans,  centre  de  Geoigia. 


Qnartsites,  conglomérais  el  schistes  talqnenx,  entre  Saint-Albantel  Fairfield; 
masse  appartenant  au  système  laconique  inCérieur. 


BIS 


Soc,  géol.y  2*  série,  tome  XIX, 


47 


3 


M 

P 

M 


738  8fiANCK  DU    28    AYUIL  1862. 

A  Tappui  de  ce  tableau,  M.  Marcou  présente  quelques  remarqt 
au  sujet  de  chacune  des  subdivisions  ou  étages  locaux,  qui  j  so 
indiqués. 

D'après  les  travaux  récents  de  divera  géologues  dans  les  Etats 
New- York  et  de  Yermont,  et  principalement  d'après  les  déco 
vertes  de  M.  Billings  dans  le  Canada,  le  grès  calcifère,  autreine 
nommé  calcaire  magnésien  inférieur^  présente,  dans  ces  rëgioi 
une  importance  beaucoup  plus  grande  que  celle  qui  lui  arait^ 
primitivement  attribuée.  On  voit,  sur  le  tableau  de  M.  Marco 
que  cette  formation  occupe  une  hauteur  verticale  de  700 
900  pieds,  c'est-ù-ilire  environ  la  moitié  de  la  hauteur  totale  i 
la  division  silurienne  inférieure  dans  le  nord  de  l'Amërique.  i 
richesse  palconlologique,  qui  n*est  encore  connue  que  par  d< 
évaluations  approximatives,  semblerait  devoir  au  moins  ëgali 
celle  de  Tensemble  de  tous  les  autres  groupes  de  la  même  divisioi 
Mais  il  nous  semblerait  prématuré  d'exprimer  cette  richesse  reli 
tive  par  des  chiffres  quelconques. 

Ce  que  nous  connaissons  de  cette  première  phase  de  la  faun 
seconde  par  diverses  publications  du  professeur  J.  Ha  IL  et  d 
M.  fiillings;  et  surtout  par  les  communications  particulières  de  c 
dernier,  suffit  pour  nous  montrer  que  le  grès  calcifèrc  renferm 
un  grand  nombre  de  mollusques,  parmi  lesquels  se  IrouTen 
beaucoup  de  Céphalopodes.  Cette  circonstance,  copibinée  avec  le 
formes  de  ces  derniers,  imprime  à  cet  ensemble  de  fossiles  1 
caractère  non  méconnaissable  de  la  faune  seconde,  bien  qu*à  li 
base  de  cette  formation  il  paraisse  exister  divers  genres  et  mém< 
quelques  cs|>èees  qui  auraient  déjà  apparu  clans  la  faune  primor- 
diale placée  immédiatement  au-dessous. 

Le  tableau  précédent  montre  aussi  que  ]\I.  IVIarcou  considère  II 
grès  de  Potsdam  comme  couronnant  la  division  supérieure  du 
système  taconique.  Cette  formation  siliceuse,  depuis  longtemps 
connue  dans  le  Vermont  sous  le  nom  degrés  rouge  [rt*fi  santlrock)^ 
avait  été  incorrectement  appréciée  dans  ses  rapports  géologiques, 
par  suite  de  ce  seul  fait,  qu'on  n'avait  pas  accordé  assez  d'attention 
à  la  recherche  et  à  la  détermination  des  trilobites  et  autres  fossiles 
qu'elle  renferme.  En  effel,  le  professeur  C.  B.  Adams,  et  après  lui 
divers  autres  géologues,  ont  supposé  que  ce  red  sandrnck  de 
Yermont  représentait  le  grès  de  Médina  ou  le  groupe  de  Clinton, 
c'esi-àdire  la  base  de  la  division  silurienne  supérieure.  Mais,  grâce 
aux  observations  à  la  fois  paléontologiques  et  stratigraphiques  de 
M.  Billings,  en  1861,  et  aux  recherdies  actives  faiteb  par  le  révé- 
i*end  J.  B.  Perry  et  par  le  docteur  G.  M.  Hall,  il  a  été  récemment 


NOTE    DE    H.    BARRANDB.  739 

établi,  d'une  manière  évidente,  que  ce  grès  rouge,  qui  a  déjà 
fourni  plusieurs  espèces  de  Conocephalites^  fait  partie  de  la  série 
primordiale. 

Nous  ferons  remarquer  que  iM.  Marcou,  dans  sa  section,  sépare 
le  grès  de  Potsdam  {recl  sandrock)  des  schistes  de  Georgia,  qu'il 
place  beaucoup  au-dessous.  Au  contraire,  M.  Billings,  dans  un 
article  publié  dans  Y  American  Journal  qf  science^  janvier  1862, 
au  sujet  de  ce  mèine  grès  rouge,  constate,  à  la  page  102,  que 
dans  une  localité  située  à  un  mille  et  demi  a  Test  de  Swanton,  on 
voit  ce  grès  alternant  avec  les  schistes  noirs  de  Georgia,  qui  ren- 
ferment les  trilobites  caractéristiques  de  cette  formation. 

Les  trois  autres  formations  indiquées  par  M.  Marcou  dans  le 
système  taconique  supérieur  ne  paraissent  pas  bien  tranchées 
dans  la  nature,  et  n'ont  été  distinguées  que  par  quelques  fosiiles, 
pour  faciliter  l'étude  de  cette  masse,  dont  l'épaisseur  totale  serait 
de  (lOOO  k  5000  pieds. 

Quant  au  système  taconique  inférieur,  dont  M.  Marcou  évalue 
approximativement  la  puissance  à  10,000  pieds,  sa  faune  n'est 
encore  indiquée  par  ancun  fossile  dans  la  contrée  explon'c. 

Voici  maintenant  la  section  théorique  faite  par  M.  IMarcou  à  la 
Pointe-Lé  vis  près  Québec,  et  qui  semble  atteindre  à  peu  près  les 
mêmes  limites  dans  le  sens  vertical. 


SÉAMCB   OU   28   AVRIL  1862. 


Seetian    théorique    de*   rocher  oux  enviromê   tie    Québec, 
suivant  M.  J,  Utircou,  9  novembre  4861 . 


GROUPES, 

P..».. 

LOCALITÉS,  SUBDIVISLCWS  et  roS5IL,E& 

1 

1 

1 

SchiilFi  •!>   Lormiii* 

{lUina  ri.fr). 

Hnaliu. 

Sch,.l«  d'Olic..    .  .  . 

« 

Cile.ir«  d>  Trtnlon. 

30 

G,™p.,,,BL«kri..,. 

Non  .«. 

G,i,  r>\da,, 

•  vacd»  co<iBl<>i»ui>.litI.iiirjlc»i>e  M» 
L      Qu.WrlPnlnl«-Wn.. 
Ift,  -    hçhlu«   ir^,  q..<.,a^i.    nni.Iu,, 

i     ciiirp  gril.  L(  «Icilri  a-l  irù*  fsHtlibaL 
1     Oo(*/iirM   Saffonll,   B.  Cordai.    Etr<i 

r      i^i/an,  <  ii;.  T'ria  du  Cur^,    .'.    l3  Pa.uK 
UtIi.  Lu  pinli  laHriiiire  lia   «  ■roui» 

GrtiJoPotlilam..   .  . 

N.,nr.. 

— 

"-t^ï"!"  1 

HP.  -... 

Scl,W„a,0.,„Bi... 

Non™. 

f 

/..  -  S^biX»  f[l.,  I.™i..  tl  a„l,».  d.  u  i.K^ 
J.  Oilnlor.ï  l'r»  ,1<   Ip    roinla-L.ïii.    ri 

\      K:""",'.  '"''"'  """"■''■''"  =î^  "iVlrrBriî 
3000    ;      .la  Guy?.    La  oleoua  .Il  U   Bailuule  lin- 

b.  —  ScbliUi  riii(ai,  cl  fit  d>  SUIrrj  at  d( 

1 

m.  —  Comme  terme  important  de  comparaison,  noua  repro- 
duisons imiiiéilialemcnt  après  la  seition  <le  M.  Marcou  une  autre 
s<-rtioii  tln^oriciiie  des  mêmes  L'iivirons  <le  Québec,  publiée  un  peu 
nii)>niavniit  )iar  air  W.  Ë.  Log.in,  dans  le  courant  de  la  uièuie 
aiuicc  1861. 


NOTE    DB    H.    BAHRAUBI.  7^1 

Section  théorique  aux  environs  de  Québec^  par  Sir  fV*  E.  Logan, 
—  Considérations  relatives  au  groupe  de  Québec,  Mai  1861 
[Considérations  relating  to  the  Québec  groupe  etc.). 

GROUPES.  BOCHES. 

Hudson  river u^  Schistes  gris  foncé,  et  grès. 

Utica u^   Schistes  noirs. 

Bird's  eye,  Black  river 
et  Trenton b    Calcaires. 

f  q^  Grès  et  schistes  rouges  (Sillery). 

Québec.  l  q^  Schistes  rouges  et  gris. 

=  J  <7^  Schistes  verts  et  gris,  et  grès. 

(Chazy  et  grès   calci-j^'  Grès  et  conglomérats  magnésiens. 

fère) 1  q^  Grès  verts. 

\q^  Conglomérats  magnésiens  et  schistes. 

PobîHam  f^^    Grès. 

\p^   Schistes  noirs  et  calcaires. 

Laurentien g    Gneiss. 

Nous  regrettons  beaucoup  qu'en  publiant  cette  section,  sir 
W.  E.  Logan  n'ait  pas8onf;p  à  indiquer  la  correspondance  qui  doit 
nécessairement  exister  entre  ses  nouvelles  notations  ^1-72,  etc., 
appliquées  aux  formations  du  groupe  de  Québec  et  les  nota* 
tions  A1-A2,  etc.,  B4-B2,  etc.,  antérieurement  données  par 
lui  au  sujet  de  ces  mêmes  formations,  dans  la  lettre  qu'il  nous  a 
fait  riionneur  de  nous  adresser  le  31  décembre  1860  {Bull,, 
1861,  t.  XVIÏI,  p.  309). 

En  comparant  ces  deux  sections  idéales  de  cette  même  contrée, 
nous  ferons  remarquer  qu'elles  concordent  en  ce  que  nous  con- 
sidérons comme  le  fait  principal,  tandis  qu'elles  diffèrent  nota- 
blement au  sujet  des  faits  secondaires. 

Le  fait  principal  que  ces  deux  sections  s'accordent  à  constater, 
c'est  que  les  formations  renfermant  les  formes  trilobitiques  de  la 
faune  primordiale  sont  également  placées  sur  un  horizon  inférieur 
à  celui  de  la  faune  seconde,  ou  du  moins  à  la  base  de  celle-ci. 

Les  faits  secondaires,  au  sujet  desquels  les  deux  savants  géo* 
logues  nous  présentent  des  opinions  divergentes,  consistent  dans 
l'appréciation  du  niveau  géologique  de  certaines  formations  et  de 
leur  correspondance  avec  les  étages  considérés  comme  types,  dans 
les  Etats  de  New-York  et  de  Vermoni. 

1.  -^  Le  calcaire  occupant,  suivant  sir  W.  E.  Logan,  l'horizoïi 


7&2  SÊÀKCB  m  28  àteil  1862. 

le  plus  bas  à  la  Pointe- Lévis,  près  Québec,  et  désigné  par  lui  sous 
le  nom  de  conglomérais  magnésiens  9%  est  placé  à  la  base  du  groupe 
de  Québec  ou  du  grès  calcifere,  immédiatement  au-dessus  du  grès 
de  Potsdam.  Au  contraire,  M.  Marcou,  en  nommant  calcaire  de 
la  Redoute  les  rocbes  qui  lui  paraissent  les  plus  inférieures  dans 
cette  localité,  leur  assigne  une  position  beaucoup  au-dessous  du 
grès  de  Potsdam,  dans  son  groupe  de  Saint- Albans,  à  la  base  du 
taconique  supérieur. 

II.  —  Les  grès  et  schistes  rouges  de  Sillery,  indiques  par  sir 
W.  £.  Logan  au  sommet  du  groupe  de  Québec,  constitueraient, 
suivant  M.  Marcou,  la  formation  la  plus  basse  de  son  groupe  de 
Saint-Aibans. 

III.  —  Sir  W.  E.  Logan  considère  certains  grès,  schistes  noirs 
et  calcaires  jj^-p^,  comme  représentant  le  grès  de  Potsdam 
et  les  schistes  de  Georgia,  tandis  que  IVI.  Marcou  n'admet  pas 
que  ces  étages  soient  représentés  dans  la  contrée  de  Québec. 

Il  nous  semble  que  de  telles  différences,  dans  la  manière  devoir 
decesdeux  géologues,  sont  très  concevables  et  presque  inévitables, 
puisqu'il  s'agit  d'une  contrée  où  les  formations  ont  été  disloquées, 
et  où  les  études  stratigraphiques  et  patcontologiques  sont  encore 
incomplètes.  D'ailleurs  une  semblable  diversité  doit  se  manifester 
fréquemment,  par  suite  de  l'idée  encore  trop  prédominauie 
qu'on  doit  retrouver  partout  les  mêmes  horizons  géologiques  et 
les  mêmes  sulxlivisions,  correspondant  aux  types  d'une  contrée 
plus  ou  moins  éloignée,  qu'on  choisit  arbitrairement  pour 
modèle. 

Outre  les  différences  stratigraphiques  que  nous  signalons,  nous 
devons  indiquer  aussi  entre  MM.  Marcou  et  fiiilings  une  diffé- 
rence paléontologique  qui  aurait  quelque  importance,  au  sujet 
du  genre  Bnthyurus,  Ce  type,  fondé  par  M.  Billings,  serait  repré- 
senté, suivant  lui,  dans  la  faune  primordiale  comme  dans  la  faune 
seconde.  Au  contraire,  selon  M.  Marcou,  ce  genre  n'aurait  apparu 
que  dans  la  faune  seconde  et  n'existerait  pas  dans  la  faune  pri- 
mordiale. 

Par  suite  des  explorations  et  des  études  qui  se  poui*suiveut 
en  ce  moment,  les  savants,  dont  nous  constatons  les  différences 
d'opinions  sur  ces  questions  secondaires,  ne  peuvent  manquer 
d'arriver  à  une  complète  harmonie. 

IV.  —  Parmi  les  recherches  les  plus  fructueuses  et  qui  doivent 
le  plus  contribuer  à  jeter  une  vive  lumière  sur  plusieurs  despoints 
controversés,  nous  devons  mentionner  celles  qui  ont  été  faites  sur 
les  côtes  qui  bordent  le  détroit  de  Belle-Isle,  séparant  l'ile de  Terre- 


NOTE   DB    M.    BARRÀIIDS.  7A3 

Neuve  du  Labrador.  Suivant  quelques  détails  donnes  par  M.  Bil- 
lings  dans  VAmcric,  Journ.  o/ science;  eic.  (janv.  1862,  p.  101),  ces 
explorations  ont  été  exécutées,  durant  Télé  de  1861,  par  M.  J.  Ri- 
cliardson,  que  sir  W.  E.  Logan  avait  envoyé  dans  ces  parages  aBa 
d'étudier  les  formations  qui  s*étcndent  sur  les  deux  rives  opposées 
du  détroit  et  de  cherchera  y  découvrir  une  section  dans  laquelle 
on  pût  voir  la  succession  des  dépôts,  plus  clairement  que  dans  la 
région  disloquée  du  Canada.  Mais  M.  J.  Richardson  s'est  acquitté 
de  cette  mission  avec  un  grand  succès.  En  effet,  sur  la  côte  nord 
du  détroit  de  Belle-Isle,  il  a  clairement  reconnu  la  succession  des 
formations  dans  l'ordre  suivant  : 

iParadoxides  Thomp-X 
sorti  )%Z\  pieds. 

Paraaoxiaesvermon'i         '^ 
tftna  J 

2.  —  Grès  de  Potsdam  avec  Scolithus  lincnris^       4  44  pieds. 
4 .  —  Syst.  laurenticD,  à  la  base. 

Les  calcaires  de  la  côte  nord  du  détroit  de  Belle-Islc  ont  fourni 
à  M.  Richardson  19  espèces,  que  M.  Billings  a  reconnues 
comme  représentant  des  formes  primordiales  et  comme  apparte- 
nant à  ce  qu'il  nomme  provisoirement  groupe  de  Potsdam,  Yoici 
le  tableau  de  ces  espèces  publié  par  M.  Billings  (p.  106).  Ce 
tableau  est  destiné  à  faire  ressortir  les  rapports  qui  existent  entre 
les  espèces  de  Belle-Isle  et  celles  de  Yennont,  qui  s'élèvent 
ensemble  au  chiffre  de  27  formes  distinctes. 


7AA 


SÉAfVClK    Dt)    28   ATmiL  1862. 


Bttlle-Iste. 


DKSTIlIBimON 
OÉOORAPmQUE. 


1 

i 

3 

4 

5 

6 

7 

8 

9 

10 

H 

13 

13 

14 

15 

16 

17 

18 

19 

10 

il 

U 

S5 
S6 
27 


Yermont. 


GENRES  ET  ESPECES. 


DISTRIBUTION 

GÉOLOGIQUE. 


Groupe 

de 
PoUdkOO. 


• 


• 
• 


* 


« 


ScolUhu»  linéarisa  Hall 

PttlœophycHS  incipiens^  Billinp. 

—  congregalus^  id 

Jrcheocynthns  atlanitcus^  id.  . 

—  minganensiSy  id 

Oholit*  labradoricus^  id 

OboleUa  chrùmatita^  id 

—  cingtttala,  i.l 

Or(/iû  (8|».),  id.  .  .  .  , 

—  («P)." 

—  (*P-^  »•' 

Orthisina  frsUnata^  id.  .  .  .  .  . 

—  («P-).»»* 

—  ksu.),  id 

Camerella  antianata^  id 

Paradoxideê  Tnamptoni^  Hall. . 

—  tfermontana,  id 

Conocephaliles  miser ^  Blllingt.  . 

—  Adnmsii,  id 

—  Teucer.  i  ï 

—  yuifMtius^  id. 

—  arenosusy  id, , 

Bathyurui  seneclus^\à 

—  paivulus,  id , 

Snlteretla  nigosn^  id 

—  o6l«JA,  id t  .  . 

—  pulehelln^  id 


* 
« 

« 

« 

♦ 
* 

* 

« 
« 


Giès 
calcifèrf. 


On  i^emarquera  que,  parmi  les  vingt-sept  espèces  piiiuordiales 
qui  fi^^u relit  dans  ce  tableau,  une  seule,  ArcheotyatkHS  mingnnensh^ 
qui  parait  éUe  un  polypier,  est  coininiiiie  au  (groupe  de  Potsdain 
et  au  {;rès  calcifère,  (:*est-à-dirc  à  la  faune  primordiale  etâ  la  faune 
seconde.  iMais  le  fait  le  plus  important,  c*est  que  les  calcaires  de 
Belle-Isle  ont  fourni  quatre  espèces  identiques  avec  celles  qui  carac- 
térisent les  9cliistesde(>eorgia,  savoir  : 


Palœophycus  incipiens, 
OboleUa  chromatica, 
Pitradoxidv.s  (  O/cnci/us)  Thomp- 
son i. 
—  (Olenetlus)  vermontana. 


'N.  B.  Ces  4  espèces  sout  très 
abondantes  dans  les  calcai- 
res de  Belle-Isle  (Billings). 


Ainsi,  diaprés  les  faits  palëontologiques,  ces  calcaires  représen- 
tent le  même  horizon  que  les  schistes  noirs  de  Georgia,  c'est-à-dire 
riiorizon  de  la  faune  primordiale.  Une  circonstance  rend  encore 
plus  remarquable  la  présence  des  mêmes  fossiles  sur  la  côte  du 
détroit  de  Belle-Isle  et   dans  TÉtat  de  Vermont  i  c'est  que  oes 


NOTB   Di    M.    BÀRmAlfDÏ.  7ft6 

contrées  sont  séparées  par    une  distance    liorizoniale  d'eniiron 
860  milles,  c'est-à-dire  envimn  1600  kiloinèlres. 

V.  —  Â  roccasiou  de  ces  découvertes  de  M.  Richardson,  nous 
rappelons  que  M.  J.  Beete  Jukes,  actuellement  directeur  local  du 
Geol.  Survey  eu  Irlande,  a  fait,  eu  i8/!i3,  une  reconnaissance  des 
formations  de  l'île  de  Terre-Meuve.  Ses  observations  sont  résu- 
mées dans  la  section  suivante,  que  nous  empruntons  à  son  excel- 
lent ouvrajje  élémentaire  :  The  Stiidtnt^s  Manual  of  Gevlogy^ 
(p.  Û07,  2''édit.,  1862). 

Formation  schisteuse  (Schistes  et  grès  grossiers  de  Belle^Isle. 

supérieure.  (Schistes  bigarrés. 

Formation  schisteuse  (Grès  de  Signal-Hill. 

inférieure.  (Schistes  de  Saint-John. 

A  la  suite  de  cette  section,  M.  Beete  Jukes  ajoute  :  «  Je  ne  fus 
n  pas  assez  heureux  pour  découvrir  des  fossiles  dans  ces  roches; 
»  mais  {)lus  tard  M.  G.  Bennett  a  eu  le  bonheur  de  frapper  sur 
»  une  couche  mince  de  trilobites,  du  genre  Parndoxidex^  dans 
»  les  schistes  de  la  côte  occidentale  de  la  baie  de  Sainte-Marie  [Pa- 
»  radoxides  Benneîti^  Salter).  Ces  schistes  appartiennent  au  groupe 
»  que  j'ai  nommé  schistes  de  Saint-John,  et  qui  est  recouvert 
»  conformablement  par  le  grès  de  Signal-Hill.  D'un  autre  côté, 
»  les  schistes  bigarrés  passent  vers  le  haut  dans  les  schistes  et  grès 
»  de  Belle- Isle,  et  on  peut  les  voir  reposant  en  stratification  dis- 
•  cordante  sur  les  schistes  de  Saint-John,  près  du  port  de  Brigus, 
»  dans  la  baie  dé  la  Conception.  >* 

Nous  espérons  que  sir  W.  Ë.  Logan,  encouragé  par  le  succès 
de  la  mission  confiée  à  M.  Richardson,  fera  continuer  Texplora- 
tion  de  cette  contrée,  de  manière  à  mettre  en  toute  évidence  la 
succession  de  ces  formations,  dont  les  relations  &tratigraphiques 
paraissent  très  simples  et  très  claires,  d'après  le  passage  cité  de 
M.  Beete  Jukes. 

En  somme,  les  faits  que  nous  venons  de  passer  brièvement  en 
revue  montrent  que  la  science  doit  se  féliciter  des  progrès  récents 
dans  Tétude  des  plus  anciennes  formations  paléozoîqucs,  sur  le 
nouveau  continent,  qui  nous  fournit  constamment  de  nouvelles 
lumières  et  qui  nous  en  promet  encore  beaucoup  pour  l'avenir. 

Nous  regrettons  vivement  que  le  docteur  Ëminons,  enfcruié 
au  milieu  du  théâtre  de  la  guerre^  et  privé  de  toutes  relations 
avec  ses  amis  scientifiques,  ne  puisse  prendre  aucune  part  à  ces 
progrès,  dont  ses  anciennes  observations  ont  été  le  point  de  départ 
dans  le  nord  de  rAmérique. 


7&6  SÉANCE   DU    28   AYEIL   1862. 

M.  Delesse  offre  à  la  Société,  de  la  part  de  M.  Marcou,  une 

notice  intitulée:  The  taconic  and  lower  silurian  rocks;  en 
mOme  temps  il  donne  lecture  de  la  lettre  suivante  : 

Liste  additionnelle  des  fossiles  du    terrain   taconique 
de  V Amérique  du  Nord;  par  M.  Jules  Marcou. 

Boston,  le  47  février  4  862. 

M.  Barrande,  dans  son  important  et  si  remarquable  mémoire 
intitulé  :  Documents  anciens  et  nouveaux  sur  la  faune primordieile 
et  le  système  taconique  en  Amérique  [Bulletin  de  la  Soc»  géoL  de 
France,  T  sér.,  1861,  t.  XVIII,  p.  2Ô3),  donne  à  la  page  267  un 
tableau  général  des  fossiles  indiqués  par  le  docteur  Einmons 
comme  caractérisant  le  taconic  system.  Ce  tableau  comprend 
k^  espèces,  toutes  primordiales,  et  recueillies  par  M.  Emmons 
dans  les  États  de  New- York,  du  Vermont,  du  Maine,  de  la  Virginie, 
de  la  Caroline  du  Nord  et  du  Tennessee. 

En  offrant  aujourd'hui  à  la  Société  géologique  un  ei^emplaire 
d'un  résumé  (1)  très  succinct  des  recherches  et  explorations  que 
j'ai  faites  l'été  dernier  sur  les  bords  du  lac  Chainplain  et  autour  de 
Québec,  l'ancienne  capitale  de  la  Nouvelle-Franoe,  je  demande  la 
permission  d'ajouter  quelques  espèces  au  tableau  des  fossiles  taco- 
niques  de  MM.  Emmons  et  Barrnnde» 

Comme  plusieurs  des  mémoires  où  ces  fossiles  sont  décrits  et 
cités  sont  assez  difficiles  à  trouver,  je  vais  d'abord  en  donner  une 
liste  : 

Owen  (D.  D.).  Report  oj  a  geological  Survey  oj  IVisconsin^  lowa 

.  and  Minnesota  ;  in-4.  Philadelphia,  4  852. 
Rœmer  fFA  Die  Kreidebildungen  von  Texas;  in- 4.  Bonn,  4  852. 
Billings  (E,).  On  some  new  species  offossltsjrom  the  limestone  near 
Point  Leifis  opposite  Québec  {The   Canadian  geologisty 
Août  4  860,  Montréal). 
—     On  some  new  or  little^known  species  oj  lower  silurian  fossiU 
Jrom  the  Potsdam  group  [Primordial  zone)  [Geological 
Survey  of  Canada^  Montréal,  4864). 
Billings  (E.)  et  Bradley  (F.  H.).  Description  ojanew  trilobite  front 
the  Potsdam  sandstone,  fvith  two  notes  [Sillimans  Jour^ 
nalj  septembre  et  nov.  4  860). 

(4)  Les  roches  laconiques  et  du  silurien  inférieur  du  Ferment  et 
flu  Canada  [The  taconic  and  lower  silurian  rocks  of  Fermant  and 
Canada^  Boston,  4862). 


NOTE   D£   U.    «ARCOU. 


747 


Hall  (J).  PakontohgY  of  New-York;  in-4,  vol.  I.  Albany,  1847. 

—  Note  ttpon  the  trihbitcs  nj  the  shaîes  of  the   Québec  gronp 

in  the  town  oj  Georgfa,  Fermont[Thirteenlh  annual  Report 
oj  the  State  cabinet  of  Ncw^York^  January  <861,  Albany, 
in-8). 

—  Descriptions  of  new  species  of  fossils  front  the  investigations 

of  the  Survey  {Geological  Survey  oj  fVisconsin^   4  86<, 

Madison,  in-8). 
Sbumard,  (B.  F.).    The  primordial  zone  oj  Texas  ^  with  description  oj 

ncw  fossils  [Sillimans  Journal,  septembre  1864). 
Hayden  (F.  V.).    The  primordial  sandstone  oj  the  Rochy  mounlains 

in  the  Northwestern  territories  oj  the  United  States  {Silli- 

man's  Journal^  January  1862). 
Salter  (J. -W.).    On  the  fossils  oj  the  Lingula^flags  or  zone  primor^ 

diale.  —  Paradoxides  and  Conocephalus    from    North 

America  [Journal  of  the  geol.  Soc,  nj  London,  November 

1859). 
Green  (J).   New  trilobites  —  Paradoxides    Harlani  —  [Silliman's 

Journal^  vol.  XXV,  1^'  série). 
Ordway  (A.).    On  the  supposed  identity  of  the  Paradoxides  Harlani^ 

Green,  with  the  Paradoxides  spinosus^  Boeck  (Procecdings 

of  the  Boston  Soc.  ofnat,  hist,,  January  1861). 


GENRES  ET  ESPECES. 


TBILOBITES. 

Paradoxides  Harlani,  Greeo. 
~~  Bennel<iï,SuU 


Olenellus  {Barrandia)  Thom- 

psoni^  Hall. 
— >  vermonlana,  Hiill.   .  .  .  . 
Bathynotut  (Peltura)  holopy- 

gcp,  Huil. 

OUnus  ïnéà.  (Billings) 

Dikeiocephnius    minnesoten- 

tis^  Owen. 


ROCHES. 


Srhutet    métamorphi- 
ques. 
Id 


LOCALITES. 


Schistes  de  Georgta.  . 


—  pepinensis,  Ow.  , 

—  miniscaensis^  Ow. 

—  granuiosiis,  Ow.  . 

—  ?  lowensis,  Ow. .  . 

—  Rœmeri^  bhumard. 


—  magni ficus,  Biliisgs.  .  .  . 

—  pianijrons^   BilU 

_  Oweni.  Bill. .  .  « 

—  Beiii,  Bill 

—  megnlopSt  Bill 

—  cristaius^  Bill 

Conotephaiites      antiqualns^ 

Suit. 

—  minutust  Brudlcy 


—  Zenkeri,  Bill. 


Id. 
Id. 


Id. 


Grès  les  pltu  inféi  iean 
du  WiscoDSiD  et  du 
Minnesota. 

Id 

Id 

Id 

Id 

Calcaire  crislallin.  .  . 


Calcaire  de  la  Redoute. 

Id 

Id 

Id 

Id 

W ,  .  . 

G rèt (erratique).  .  .  . 


Marne  sableuse  du  grès 

de  Polsdam. 
Calcaire  de  la  Redoule. 


Braintree  (Massachusetts). 

Baie  de  Sainte-Marie   (Terre- 

NcureJ. 
Georgia,  Swauton(Vermont),  et 

à  Tanse  au  Loup  (Labrador). 
Id. 
Geurgia  (Yermont). 

Btick  roounlain  (Vermonl). 
Stiliwater  ;  Miaiskah  ;  mont  La 
Grande  (haut  Misslssipi). 

Lac  Pépin  (haut  Mississipi). 

Rivière  Mioiskah  (id.). 

Id. 

Ile  de  la  Montagne  (id.). 

Rivière  Clear,  comté  de  Buinet 

(Texas). 
Pointe  Léris  (Canada). 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id, 
Etat  de  Georgia,  sans  localité' 

précise. 
Keeseville    (New-York);   et   è 

Black  river  fiills(Wisconsin). 
Poiple  Lév^i  (Canada). 


7*8 


StAKCB    DO    28    AVRIL    1862. 


GENRES  ET  ESPECES. 


ConoeephalUes  Àdamêit^  Bill. 

—  yulcanus,  Bill 

—  arenosuSy  Bill 

—  mUêr^  Bill 

~  Teucer,   Bill 

—  Biliingsi^    Shuififtrd.  .  .  . 


—  depressus^Sham. 


—  {cre/tlcBphaiuê)    wiscoH' 

sensis^  Owen. 

—  {crep,)  minitcaênsis^  Ow. 

—  inédit 


—  une    espèce    figurée,  sans 

nom,  fMr  Reemer,  fig.  5, 
tab.  XI. 
Pterorephalia    saneti  Sahœ^ 

Rfcmer. 
Agnostus  coloradoensis^  Sbu- 

mard. 

—  OHon^  Bill •  .  .  . 

—  americantts,  Bill 

—  canadensis^  Bill 

Arionellus  texanus,  Shumard. 


ROCHES. 


Giès  do  Potsdam. .  .  . 

Id 

Id 

Calcaire  grisâira.  .  •  . 
Schistes  de  Georgia,  , 
Calcaire  cristallin.  .  . 


LOCALITES. 


Id. 


Grès  les  plus  inferiftafS 

du  Witconân. 

Id 

Schistes  argilo-aréna- 

ces  métamorphiqatt. 
Calcair«i 


—  planuSs    Shumard 

—  ?  Oweni^  M.  et  Haydcn. .  . 

—  cyilndricnSf  Bill 

—  subctafaluSt  Bill..  .   .  .  . 

ilenocephalus       Sedgewicki^ 

BilliDKS. 

—  globosns^  Bill 

—  minnesotensiss  Owen.  .  . 


Calcaire  gris 

Calcaire  crist.illin.  .  . 

Calcaire  de  la  Redoute. 

Id 

Id 

Calcaire  cristallin.  .  . 


Id. 


Grès  calraréo- ferrugi- 
neux. 
Calcaire  de  la  Redoute. 

Id 

Id 


Lonchoce/fhaius  hamuluSf  Ovr. 

—  chippewaensis^  0\r,  .  .  . 

MOLLUSQUES^  STC. 

Capulus  inëd.  (Murcou).  .  .   . 

—  inéd.  (Shumard) 

Idngtila  prima^  Conrad.  .  .  , 


—  antiqua,  Hall. 


M. 


Grès  les  plus  inférieurs 

du  Minnfsotu. 
Grès  les  plus  inférieurs 

f)a  Wisconsin. 
Id 


Calcaire  de  la  Redoute 
Calcaire  cristallin.  .  , 
Grèi  de  PotsJam. .  .  < 


Id. 


—  pinnaformiSy  Owen.  . 


—  ampla^  Ow 

—  P'flila^    HuU 

—  aumra^  Hall 

—  nctilnnguta^  Rœnier.  . 

—  inéd.  (Marcou) 

—  iiiéd.  (Billings).  .      .  . 
Oholus  iabradaricus,  Bill. 

—  ÀppoiinuSy  de  Vern.  . 


■  • 


Grès  U«  plus  infériears 

du  Wisconsin. 
Id 


td. 


Id. 


Calcaire  riistullin.  .  . 

Liiigul.i  flags 

Ciilcaîre  de  lu  Redoute. 

'■ulcuire  gris 

Grès  inférieurs.  •  .  .  . 


Highgate  (Yermont). 

Id. 

Saxe*s  Mills  (TerMout). 

Anse  an  Loup  (Labrador). 

Swanton  (Vermoni). 

Rivière  Morgan,  comté  de  Bar- 

oe(  (Texas). 
Ririère  Clear,  comté  de  Bornât 

(Texas). 
Lae  Pépin  (haut  Mississipi). 

Rivière  Miniskah(id.). 
Baie  Suint e>Marie  (Terre-If eu- 
▼e)  ;  et  k  Braintree  (Boston). 
RiTière  San  Sabu  (Texas). 


Id. 

Rivière  Morgan,  comté  de  Bnr- 

nel  (Texas). 
Pointe  Lévis  (Canada;. 
Id. 
Id. 
Ririère  Clear,  comté  de  BorBel 

(Texus). 
Id. 
Black  Hills  et  Bi^  Bora  roonn- 

thins  (montagnes  Rocheuses). 
Pointe  Lévis  (Canada). 
Id. 
Id. 

Id. 

Ririère  Bliniskah  (haut  Misais- 
sipi). 

Rivière  Miniskah  (haot  Missis- 
sipi). 

Arnucnl  de  la  ririère  Ghippéwa 
(haut  Biis48sipi). 


Pointe  Léris  (Canada). 

Riviùre  Morgan  (Texas). 

Reeserille,  coniiéd^Esaex  (New^ 
Tork;  rivière  Escanaba  et 
Bainte -Croix  (Michigan  et 
\Vi<contln). 

Hammond,  comté  de  Saint-La n- 
rcnt  (New-Tork);  diilrict  de 
Jobnston  (C^inada)  ;  rivière 
Esranaba  (llichiean);  chutes 
de  Sainte-Croix  T Wiiconsin)  ; 
et  uussi  aux  B^ck  Hills  et 
Big  Horn  mountuius  dans  les 
montagnes  Bochenses. 

Chutes  de  1m  lirière  Sainte- 
Croix  (Wisconsin). 

Mountkiii  Island  (Wisconsin }. 

Trempeleau  (Wisconsin). 

Id. 

Rivièie  San  Suha  (Texns). 

Higbgaltf  Springs  (Vernionl). 

Pointe  Lcvis  (Ciiiiudu^. 

Anse  au  Loup(Labiadoi). 

Près  de  Muuntaiu  Island  (h^ut 
Mississipi). 


NOTB    DE    M.    MàKCOU. 


7A0 


GENRES  ET  ESPECES. 


ROCHES. 


Obolella  cingulata^  Bill.  .  . 


—  chromatictt,  Bill.  , 

—  nana,  M.  et  Hajd, 


Orbicula  prima^   Owen.  .  .  . 

Orthisinafesiinata^'^ïW.,  .  . 

—  inéd.  (Marron) 

Orlhis  coloradoensis^  Shiim.  . 

—  iiicd.  (Dr  Hall.) 

—  incd.  (Billings) 

Camerella  antiqtiatn^  Bill.  .  . 

—  ined.  (Shumard), 

•Discina  microscopica,  Shum. 

Theca  gregarea^  M.  et  H,  .   .  . 


—  primordialis.  Hall 

Scrpuliles  MurchUonia^  Hall. 

SaUerella  rugosa^  Bill 

—  pulchetia,  Bill 

—  obtusuy   Bill 

CHnoidta  inod.   (HarrouJ.   .  . 


Schistes  de  Oeorgia. .  • 


Calcaire  gris   .  .  .  .  . 
Grès  calcarëo-ftrrufi* 

neax. 
Grètinférieun. .  .  .  . 


Schistes  de  Grorgia . 

Ungula  flags 

Culcaîre  cristallin.  . 

Lingula  flag9 

Calcaire  gris  .... 
Schistes  de  Georgia. 
Calcaire  cristulUu.  . 

Id 

Grès 


LOCALITES. 


POLTPIiaS. 

Discophyllum  peltatunty  Hall. 
Archeoryathus        ailanticus^ 
Bill. 


Grès  inrérleurt. 
Dolomie.  .  .  . 


Calcaire  gris. 
M 


Id. 


Calcaire  de  la  Redoute. 


Schiste  argilo'«rëaace\ 
Calcaire  gris 


Georgia  el  S>vsnton  (Vermonl)  ; 

anse  au  Loap  ^Labrador), 
Anse  an  Loup  f  Laorador). 
Black    Hills   (moDlaguM     Ro« 

cheuses). 
Chutes  de  Sainte-Croix  (Wi»- 

consin). 
Swanton  (Yermont). 
Highgate  Springs  (Vermout). 
Rivière  Morgnn  (Texas). 
Highgale  Spriugs. 
Alise  au  Loup  (Labiador). 
Swanton  (Vermonl). 
Rivière  Morgan  (Texas). 

Id. 

Big  Horn  mouulaios(montag;ae«- 
Rocheuses). 

Trenpelean  (Wisconsin). 

La  Grange  mountain  (Minne- 
sota). 

Anse  au  Loup  (Labrador). 

Id. 

Id. 

Pointe  Lévis  (Canada  j. 


Près  de  Troy  (New- York). 
Anse  au  Loup  (Labrador). 


Je  n'ai  mis  dansée  tableau  ni  les  fuco'ides,  ni  les  Graptolitcs. 
Ces  fossiles,  quoique  plus  nombreux  que  tous  les  autres,  surtout 
dans  certaines  localités,  sont  si  difiiciles  à  caractériser  par  des 
descriptions  ou  des  dessins,  que  po^r  le  moment  j'ai  préféré  les 
laisser  de  côté. 

Tous  ces  fossiles  primordiaux  se  trouvent  dans  le  taconique 
supérieur,  à  l'exception  ])eut-êUe  des  Paracloxides  Harlani^  P, 
Bennettii^  cl  des  ConoceplutUtes  inédits  de  Braintree  et  de  la  baie 
Sainte-Marie,  qui  pourraient  bien  se  trouver  dans  des  strates  du 
taconique  inférieur  ;  et  alors  dans  ce  cnsces  trilobites  seraient,  avec 
les  coraux,  Palœnttochis  major  el  minor  des  quartzites  de  la  Caro- 
line du  Mord,  les  êtres  organisés  fossiles  les  plus  anciens  du  conti- 
nent américain. 

Quoique  le  trilobite  de  Thompson  de  Georgia  ne  soit  connu  que 
depuis  à  peine  deux  années,  il  a  cependant  déjà  joui  du  privilège, 
très  commun  aujourd'hui,  d*étre  placé  dans  quatre  genres  diffé- 
rents; savoir  :  Olenus,  Paracloxides^  Bnrrandin  et  Otrntllus, 
Maintenant  est-ce  trop  demander  aux  savants  qui  s'occupent  de 
la  classification  et  de  la  création  des  genres,  s'il  ne  leur  serait  pas 
possible  d'avoir  des  lois  et  des  règles  un  peu  plus  précises,  et  qui 


760  sÊAî^CB  DO  28  AVKïL  1862. 

permissent  aux  géoîo[i;iies  pratiques  de  s'enteiulre  dans  l'usige 
qu'ils  sont  obligés  de  faire  des  inëdaiiies  de  la  création  7  Pendant 
ces  dix  dernières  années  surtout,  on  a  créé  un  si  grand  nombre  de 
genres  nouveaux,  et  cela  sans  aucune  espèce  d'entente,  chacao 
ayant  ses  genres  et  ses  noms,  qu*il  est  maintenant  beaacoup  plus 
difficile  de  savoir  à  quel  genre -appartient  un  fossile  que  de  con- 
naître son  espèce. 

On  remarque  que  je  n'ai  pas  placé  dans  la  liste  précédente  plu- 
sieurs fragments  de  têtes  de  divers  trilobites,  recueillis  à  la  Pointe- 
Lévis  près  de  Québec,  et  à  Tause  au  Loup  sur  la  côte  de  Labrador^ 
dans  le  détroit  de  Belle-Tsle  vis-à-vis  de  Terre-Neuve,  etque  le  savant 
paléontologiste  M,  Billings  a  classé,  provisoirement,  il  est  vrai, 
dans  le  genre  Bat/tyurtu,  Ce  genre,  créé  par  M.  Billings,  est  voisin 
des  genres   Jsnphas,   Mcgalaspis  et  Ogygin  de  la  faune  seconde; 
et  il  n'a  compris  primitivement  que  6  espèces,  toutes  de  la  faune 
seconde  du  Canada  et  de  New- York.   Essayer  de  l'étendre  de  ia 
faune  seconde  à  la  faune  primordiale  est  un  fait  paléontologîque 
très  grave,  et  qui  ne  doit  être  tenté  qu'avec  des  matériaux  încon-< 
testables,  comme  genre  et  comme  gisements.  Or,  là-dessus  je  dois 
le  dire,  il  y  a  des  doutes  dans  les  deux  cas,  et  je  crois  plus  prudent 
pour  le  moment  de  mettre  en  réserve  tous  les  Bathyurtis^  rapportés 
au  terrain   taconique,  jusqu'à  ce  que  de  nouvelles  reclierches 
viennent  dissiper  tous  les  doutes. 

Celle  liste  additionnelle  contient  81  espèces;  si  l'on  y  joint  les 
13  espèces  du  tableau  de  MIVI.  Barrande  et  Emmons,  en  faisant 
absiraclion  dans  ce  tableau  des  graptolites  et  des  fucoldes,  et  en 
en  défalquant  les  3  trilobites  de  Georgia,  que  j'ai  répétés  dans  ma 
liste,  on  arrive  à  ^h  espèces;  et,  en  ajoutant  6  espèces  pour  le 
Tennessee  et  pour  des  échantillons  que  j'ai  pu  oublier,  ou  qui  se 
trouvent  dans  des  collections,  sans  que  j'en  aie  connaissance,  on 
peut  dire  avec  certitude  que  les  faunes  primordiales  renfermées 
dans  le  terrain  taconique  de  l'Amérique  du  Nord  sont  actuelle- 
ment composées  de  100  espèces,  appartenant  aux  Trilobites, 
Gastéropodes,  Brachiopodes,  Serpules,  Crinoïdes  et  Coraux.  Plus 
de  50,  c'est-à-dire  plus  de  la  moitié  de  ces  espèces,  appartiennent 
à  la  grande  famille  des  Trilobites. 

Si  Ton  ajoute  maintenant  à  ces  100  espèces  les  Graptolites,  les 
Plantes,  les  Bryozoaires,  on  peut  dire  sans  exagération  que  l'on  a 
les  débris  fossiles  d'au  moins  150  espèces  primordiales  américaines. 
Ce  chiffre  de  150  n'est  qu'un  premier  grand  résultat;  qui  sera  rapi- 
dement augmenté,  et  l'on  arrivera,  j'en  suis  convaincu,  à  quatre  ou 
cinq  cents  espèces  laconiques,  surtout  si  l'on  considère  les  vastes 


If 0TB    Dfi    M.    MÀBCOtJ.  751 

surfaces  fie  rAinëriqae  qui  sont  recouvertes  parce  terrain,  le  peu 
de  recheiches  et  d'explorations  minutieuses,  et  sui*tout  quand  on 
pense  qu'il  n'y  a  à  peine  que  vingt  années  que  le  docteur  Emmons 
a  recueilli  les  premières  espèces  primordiales  et  reconnu  le  système 
taconique  ;  que  pendant  plus  de  dix-huit  années  il  a  été  non-scule« 
ment  Tunique  explorateur,  mais  le  «eul  croyant,  et  qu'à  l'heure 
qu*il  est  il  y  a  encore  un  bon  nombre  d'opposants,  qui  continuent 
à  nier  l'existence  d'un  des  terrains  les  plus  importants  de  la  géolo- 
gie du  nouveau  monde. 

Jusqu'à  présent  on  n'a  pas  trouvé  avec  certitude  une  seule 
espèce  taconique  identique  avec  les  espèces  primordiales  d'Eui'ope  ; 
on  a  les  représentants,  mais  pns  les  identiques;  et  d^ailleurs  les 
genres  Pmvtdoxir/es,  Conocephnlites^  Olcnus^  Arionellus^  Lingula^ 
Orthisina,  Cnpulus^  etc.,  sont  les  mêmes  sur  les  deux  continents. 
De  plus,  en  Amérique  comme  en  Europe,  on  a  plusieurs  faunes 
taconiques  :  ainsi  celle  de  la  Nouvelle- Angleterre  et  du  Canada 
est  différente  de  celles  du  Texas,  des  montagnes  Rocheuses  et  du 
haut  Mississipi;  exactement  comme  en  Europe,  où  M.  fiarrande 
nous  a  montré  les  différences  des  faunes  primordiales  de  Bohême, 
de  Scandinavie,  d'Angleterre  et  d'Espagne. 

En  terminant,  je  désire  soumettre  une  simple  suggestion  aux 
géologues  des  Alpes,  surtout  à  ceux  d'entre  eux  qui  habitent  les 
vallées  de  ces  montagnes.  Je  n'ai  jamais  fait  d'études  spéciales  et 
détaillées  d'aucune  partie  des  Alpes,  mais  en  les  parcourant  et 
en  les  travei*s:int  dans  diverses  directions,  comme  simple  touriste, 
j'ai  toujours  été  frappé  de  la  ressemblance  des  schistes  cristallins, 
qui  occupent  les  parties  centrales,  tels  que  :  schistes  verts,  schistes 
gris,  schistes  amphiboliques,  schistes  aqplo-talqueux,  etc.,  que 
l'on  rencontre  si  bien  développés  dans  les  Grisons  (routes  de  Goire 
à  Saint-Moritz  et  au  Splugen),  dans  le  Valais  et  en  Savoie,  avec 
les  roches  taconiques  de  la  Nouvelle-Angleterre  et  du  Canada.  Ces 
schistes  cristallins  sont  placés  au-dessous  du  terrain  carbonifère, 
et,  comme  ils  ne  renferment  pas  ces  nombreux  fossiles  de  TEifel  et 
de  la  Bohême,  ils  n'appartiennent  ni  aux  grauwackes  supérieures, 
ni  aux  grauwackes  moyennes,  mais  bien  aux  grauwackes  les  plus 
anciennes,  c'est-à-dire,  au  terrain  taconique. 

Il  est  prouvé  maintenant,  par  une  infinité  d'exemples,  que  le 
métamorphisme  ne  détruit  pas  entièrement  les  restes  fossiles,  et 
qu'il  y  a  des  êtres  vivants  aujourd'hui  à  toutes  les  profondeurs  de 
la  mer  ;  par  conséquent  l'absence  ou  la  très  grande  rareté  de  restes 
fossiles  dans  les  schistes  et  ardoises  des  Alpes,  qui  reposent  sur  les 
protogine,  granité,  porphyre,  etc.,  sont  une  raison  en  faveur  de 


762  SÉANCB   DU   28   AVRIL   1S6*2. 

l'âge  laconique  de  ces  roches.  Coiiuiie  la  lithologie  est  ideDtique, 
que  la  structure  en  éventail  de  ces  strates  se  retrouve  aussi  dans 
les  montagnes  Vertes  du  Vermont,  on  a  là  des  rapprocheincnU, 
qui  certainement  ne  doivent  pas  être  mis  de  côte,  sans  des  preuves 
paléoiitologiques  bien  certaines  du  contraire. 

Ces  schistes  cristallins  des  ^l(>es  sont-ils  azoïqucs?  Je  ne  le  pense 
pas  ;  et  déjà  je  vois  dans  les  Archives  dv  la  bibliothèque  unwerselU 
.de  Genève^  octobre  1861.  p.  lô/i,  que  mon  ami  le  savant  (>éologue 
alpin,  ^\,  Favre.  en  rendant  compte  de  la  réunion  de  la  Société 
géologique  de  France  à  Saint-Jean- de-.Mauriennc,  indique  la  dé- 
couverte de  traces  de  fossiles  dans  des  calcaires  magnésiens  recou- 
verts de  schistes  amphiboliques  aux  bains  de  rÉchaillou;  ces 
fossiles  sont  des  espèces  de  tubes  se  bifurquant,  indiquant  soit  des 
plantes  marines,  soit  des  empreintes  de  la  marche  d'animaux 
marins;  et  cette  découverte  est  d'autant  plus  intéressante,  que 
c'est  presque  toujours  ainsi  que  Ton  a  commencé  à  trouver  les 
premières  traces  de  la  faune  primordiale  en  Amérique,  en  Angle- 
terre, en  bohème,  etc. 

M.  Barrande  présente  quelques  observations  sur  le  travail  de 
M.  Marcou^  il  se  réserve  de  les  compléter  prochainement. 

M.  Gosselel  présonle  les  observations  suivantes  : 

Je  désire  soumettre  à  la  Société  quelques  observations  sur  deux 
mémoires  do  M.  Dewalque  que  notre  honorable  président  doit 
vous  présenter  dans  quelques  instants.  Notre  collègue  belge  émet 
plusieurs  opinions  en  contradiction  avec  des  observations  que  j*ai 
publiées  dans  ces  dernières  années.  Je  ne  m'occuperai  pour  le 
moment  que  d'un  seul  point  et  je  n'en  dirai  qu'un  mot.  J'ai  déjà 
entretenu  la  Société  de  la  découverte  de  fossiles  siluriens  que 
j'avais  faite  à  Gembloux,  près  de  Namur.  MM.  Dewalque  et  Ma- 
laise ont  visité  cette  localité  et  n'y  ont  trouvé  que  des  fossiles 
dévoniens;  ils  concluent  que  ce  terrain  est  dëvonieu. 

Celte  divergence  d'opinion  ne  peut  s'expliquer  que  de  trois  ma- 
nières :  ou  je  me  suis  trompé  complètement  dans  la  détermina- 
tiou  des  fossiles  (car  je  n'ai  trouvé  d'autre  fosbile  dévonien  que  la 
Lffjtœna  tlepieasa  qui,  sous  des  noms  divers,  existe  dans  tous  les 
teirains  primaires),  ^u  mes  honorables conti'adicteuis se  trompent, 
ou  bien  nous  avons  raison  les  uns  et  les  autres.  11  y  a  à  Geuibloux 
mélange  de  fossiles  dévoniens  et  siluriens,  et,  par  un  hasard  singu- 
lier, ces  messieurs  n'ont  trouvé  que  des  fossiles  dévoniens,  taudis 


LETTRK   DB   M.    DKWALQUS.  76S 

que  j'ai  ramassé  uniquement  des  fossiles  siluriens.  Ce  mélange,  s'il 
était  constaté,  serait  un  fait  extrêmement  grave.  On  a  bien  indi- 
qué en  Bretagne  un  mélange  de  fossiles  du  dévonien  inférieur  et 
du  silurien  supérieur,  mais  il  s*agit  ici  de  trilobites  qui  n'ont 
encore  été  ti*ouyés  que  dans  la  division  moyenne  du  silurien  (silu- 
rien inférieur  de  MM.  Murcliison  et  fiarrande)  et  que  Ton  veut 
faire  remonter  jusque  dans  le  dévonien. 

Je  ne  veux  examiner  pour  le  moment  que  la  première  hypo- 
thèse. i\]e  sui&-je  trompé  dans  la  détermination  des  fossiles?  Je 
puis  ici  en  appeler  au  témoignage  d'un  bon  juge  en  cette  matière, 
M,  Barrande,  et  si  j'ai  pris  la  parole  aujourd'hui,  c'est  que  je 
désirais  profiter  de  la  présence  de  ce  savant  pour  appuyer  sur 
son  autorité  incontestable  et  incontestée  les  faits  que  j^ai  cités  et 
les  conclusions  que  j*en  ai  tirées.  Il  vous  dira  que,  dans  les  fossiles 
que  j'ai  rapportés  de  Gembloiix,  il  a  reconnu  une  Calymène  et 
un  Tnnucieus,  et  que  partout  où  on  trouve  ces  fossiles  on  peut 
aflirmcr  que  Ton  est  dans  le  terrain  silurien. 

M.  Delesse  présente,  de  la  part  de  M.  Dewalque,  deux  no- 
tices qui  sont  extraites  des  Bulletins  de  r Académie  royale  de 
BelgiquCy  2"^  sér.,  t.  XIII,  n""  2,  et  il  donne  lecture  de  la  lettre 
suivante  qui  les  accompagne  : 

Liège,  le  7  avril  4  862. 
Monsieur  le  président. 

J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  une  note  sur.  notre  système 
eifelien,  et  une  autre  de  M.  Malaise  sur  l'âge  des  roches  fossili- 
fères de  Gembloux,  suivie  du  rapport  que  j'ai  fait  à  notre  Aca- 
démie. En  vous  priant  de  vouloir  bien  les  présenter  à  la  Société 
géologique  de  la  part  des  auteurs,  je  vous  serais  obligé  d'attirer 
son  attention  sur  leurs  conclusions,  qui  sont  le  maintien  des  idées 
de  Dumont  sur  deux  points  importants  de  la  géologie  de  notre 
pays. 

La  note  de  M.  Malaise  mérite  surtout  d'être  remarquée.  La 
Société  se  rappellera  que  AI.  Gosselet  a  rapporté  au  terrain  silu- 
rien les  roeh^s  rhénanes  deGembloux,  dans  le  massif  du  firabant| 
c'est-à-dire  au  nord  de  notre  terrain  anthracifère,  puis  celles  de 
Fosses,  dans  le  massif  du  Condroz,  entre  nos  deux  bassins  anthraci« 
fères  ;  on  sait  d'ailleurs  que  notre  troisième  massif  rhénan,  celui 
de  i'Ârdenne,  est  dévonien.  La  conclusion  de  M.  Gosselet  est  basée 
sur  des  trilobites  rapportés  à  des  genres  siluriens  par  une  autorité 
Soc.  géoi,^  V  série,  tome  XIX.  49 


76&  SÉANCB   DU    28    AVRIL   1862. 

en  qui  nous  avons  tous  pleine  confiance;  de  son  côté,  M.  Malaiie 
ne  cite,  d'après  les  déterminations  de  M.  de  Koninck,  quedei 
fossiles  rhénans,  y  compris  les  trilobites.  Mais  on  doit  remarquer 
que  M .  Gosselet  annonce  avoir  rencontré  aussi  cinq  ou  six  eqpèces 
à'Orihis  qu'il  ne  spécifie  pas,  puis  les  avoir  retrouvées  à  Fosses. 
Pour  le  moment  donc,  il  me  paraît  que  la  seule  conclusion  à  tirer 
des  observations  dont  il  s'agit,  c'est  que  les  roches  de  ces  localités 
renferment  la  faune  du  dévonien  rhénan,  avec  quelques  trilo- 
bites appartenant  à  des  genres  que  Ton  connaissait  seulement 
dans  des  assises  considérées  comme  plus  anciennes. 

Après  la  lecture  de  cette  lettre  M.  Barrande  présente  les 
observations  suivantes  : 

Existence  de  la  Jaune  seconde  silurienne  en  Belgique  ; 

par  M.  J.  Barrande. 

Le  rapport  de  M.  le  professeur  Dewalque  et  la  note  de  M.  Ma- 
laise, qui  viennent  d'être  présentés  à  la  Société,  ont  pour  but  de 
démontrer  que  les  phyllades  fossilifères  de  Grand- Manil,  près 
Gembloux,  et  de  Fosses,  près  Namur,  appartiennent  uniquement 
à  la  période  dévonienne.  Cette  opinion  est  fondée,  d'abord  sur  les 
considérations  stratigraphiques  et  niinéralogiques  qui  ont  induit 
Dumont  à  classer  ces  roches  dans  le  terrain  dévonien,  et  ensuite 
sur  une  série  de  fossiles  recueillis  à  Grand-Manil  par  M.  Malaise 
et  déterminés  comme  dévoniens  par  M.  le  professeur  de  Roninck 
(Académie  royale  de  Belgique,  Bnlietin^  t.  XIII,  n*  2). 

M.  le  professeur  Gosselet,  au  contraire,  a  établi  qu'il  existe  des 
dépôts  siluriens  dans  la  même  masse  de  phyllades,  près  de  Grand- 
Manil  et  de  Fosses.  Il  appuie  principalement  sa  manière  de  voir 
sur  la  nature  de  quelques  fossiles,  qu'il  a  recueillis  dans  les  roebes 
de  ces  deux  localités  et  parmi  lesquels  nous  avons  reconnu  des 
formes  trilobitiques  et  autres,  qui  caractérisent  exclusivement  la 
grande  période  silurienne  {Mémoire  sur  les  terrains  primaires  de 
la  Belgique^  p.  32,  1860;  Bulletin  delà  Société  géologique  de 
France,  2*  série,  t.  XVIII,  p.  538,  1861). 

Yoilà  donc  en  présence  des  opinions  très  divergentes,  non-seu- 
lement sur  les  questions  stratigraphiques,  mais  encore  sur  des 
faits  purement  paléontologiques. 

M 'ayant  jamais  visité  la  contrée  dans  laquelle  sont  situées  les 
localités  de  Grand-Manil  et  de  Fosses,  nous  n'aborderons  ni  direc- 
tement, ni  indirectement,  la  question  sCratigraphique.  Mous  nous 


NOTI   Dfi    M.    BARRAlfBB.  755 

bornerons  donc  à  discuter  les  faits  paléontologiques,  représenta 
par  un  petit  nombre  de  fossiles.  L'établissement  de  ces  faits  semble 
seul  devoir  nous  conduire  immédiatement  à  des  conclusions  sa- 
tisfaisantes. Le  principe  qui  nous  sert  de  point  de  départ  et  que 
nous  considérons  comme  incontestable,  c'est  qu'il  existe  diverses 
faunes  siluriennes,  successives  dans  l'ordre  des  temps  et  tout  aussi 
distinctes  les  unes  des  autres  qu'elles  sont  distinctes  des  faunes 
dévoniennes. 

1.  —  Nous  ferons  d'abord  remarquer  que  les  fossiles  de  Grand- 
Manil,  près  Geuibloux,  qui  nous  ont  été  montrés  par  notre  hono- 
rable confrère,  M.  Gosselet,  n'ont  pas  été  soumis  à  M.  le  profes- 
seur de  Koninck  et  que,  par  contraste,  les  fossiles  qui  ont  été 
recueillis  par  M.  Malaise  dans  la  même  localité,  et  qui  ont  été 
déterminés  par  iM.  de  Koninck,  n'ont  jamais  été  sous  nos  yeux. 
Par  conséquent,  il  n'y  a  réellement  aucun  fossile  sur  lequel  les 
déterminations  du  savant  professeur  de  Lioge  puissent  être  con- 
sidérées comme  en  contradiction  avec  les  nôtres.  Accoutumé  â 
honorer  M.  de  Koninck  comme  l'un  des  plus  habiles  maîtres  de 
notre  science  ,  nous  ne  saurions  concevoir  l'idée  qu'il  se  soit 
trompé  dans  -l'une  quelconque  de  ses  dénominations.  D'un  autre 
côté,  nous  ne  croyons  pas  trop  nous  flatter,  en  pensant  que  M.  de 
Koninck  attache  quelque  importance  à  nos  observations,  presque 
uniquement  relatives  à  des  trilobites  qui  ont  été  longtemps  le 
sujet  de  nos  études.  Ainsi,  nous  admettons  sans  aucune  hésitation, 
que  les  espèces  de  Grand-Manil  nommées  par  M.  de  Koninck  sont 
réellement  dévoniennes,  tandis  que  nous  sommes  certain  d'avoir 
vu  d'autres  fossiles  de  la  même  localité,  qui  sont  indubitablement 
siluriens.  Notre  certitude  ne  repose  pas  sur  de  vagues  souvenirs, 
mais  sur  l'étude  immédiate  de  ces  fossiles,  que  nous  venons  de 
revoir,  avant  de  livrer  ces  lignes  à  l'impression. 

2.  — Les  fossiles  de  Grand-Manil,  près  Gembloux,  qui  qous 
ont  été  présentés  par  iM.  Gosselet,  en  1860,  sont  les  suivants  : 
Trinncleus  —  fragment  de  la  tète  très  analogue  à  T,  ornatus  de 
Bohème.  —  Faune  seconde  silurienne. 

Calymene,  —  Tète  très  rapprochée  de  Calymcnc  incerta  de 
Bohème.  —  Faune  seconde.  —  Cette  espèce  elle-méine  est  très 
voisine  de  Calymene  Blumenbachi^  qui  caractérise,  en  Angleterre, 
les  faunes  seconde  et  troisième. 

Strophotnenn  (Lcptœna)  depressa.  —  Brachiopode  apparaissapt 
dans  la  faune  seconde  et  se  propageante  travers  la  faune  troisième 
silurienne  et  à  travers  tout  le  terrain  dévonien,  jusque  dans  le 
terrain  carbonifère. 


756  SÉÀNCB   DU   28   AVRIL   1862. 

Orthis,  —  Cinq  formes  qui  nous  ont  paru  analogues  à  celles  de 
la  faune  seconde  de  Bohême.  N'ayant  sous  les  yeux  à  Paris  aucun 
type  de  notre  terrain  pour  comparer  ces  espèces,  ooas  n'avons 
pas  jugé  nécessaire  de  leur  accorder  plus  d'attention. 

D'après  ces  indications  nous  n'avons  pas  hésité  à  rapporter  au 
terrain  silurien,  et  même  àThorizon  de  la  faune  seconde,  le  gise- 
ment qui  avait  fourni  à  iVI.  Gosselet  lestrilobites  que  nous  venons 
de  nommer.  En  effet,  le  genre  Trinudeus  caractérise  exclusive- 
ment cette  faune  dans  tout  le  monde  silurien,  surtout  depuis  qu*il 
a  été  constate  que  c*était  par  erreur  que  sa  présence  avait  été 
indiquée  en  Angleterre,  à  Torigine  de  la  faune  troisième,  dans 
laquelle  il  ne  parait  jamais.  Le  genre  Calymenc  est  aussi  exclusi- 
vement silurien,  et  il  est  reprcseiUc  par  des  formes  spécifiques  dif- 
férentes, dans  la  faune  seconde  et  dans  la  faune  troisième.  Jusqu'à 
ce  jour,  ce  type  n*a  jamais  été  rencontré  sur  des  horizons  réelle- 
ment dcvoniens. 

En  présence  des  Trinudeus  et  Calymcne,  qui  déterminent  d'une 
manière  si  positive  la  grande  période  silurienne,  les  bracliiopodes 
trouvés  dans  la  même  localité  ont  relativement  une  bien  moindre 
importance.  D'abord,  l'état  de  conservation  de  la  plupart  d'entre 
eux  ne  permettrait  pas  une  détermination  spécifîque  très  exacte. 
En  second  lieu,  les  espèces  de  cette  famille  traversant  souvent 
plusieurs  étages  d'un  même  terrain,  et  même  plusieurs  terrains, 
sont  loin  de  nous  fournir,  pour  déterminer  les  horizons  géologi- 
ques, des  caractères  aussi  positifs  que  les  trilobites,  dont  Tcxten* 
sion  verticale  est  généralement  très  restreinte.  Stiophomena  {Lep^ 
tœno)  drprcssa  nous  présente  l'exemple  le  plus  frappant  de  cette 
extrême  longévité  de  certains  bracliiopodes,  ainsi  que  nous  venons 
de  le  rappeler.  Le  genre  Orthis  nous  offre  aussi  des  espèces  com- 
munes aux  deux  terrains  silurien  et  dévonien.  Par  exemple,  la 
belle  Orthis  Gavilldy  qui  n'est  pas  rare  dans  l'étage  moyeu  F  de  la 
faune  troisième  silurienne,  en  Bohême,  se  retrouve  assez  fréquem- 
ment dans  la  faune  dévonienne  du  nord-ouest  de  la  France.  Nous 
pourrions  citer  bien  d'autres  exemples  de  même  nature. 

Ainsi,  au  point  de  vue  purement  paléontologique,  il  eût  été 
irrationnel  de  rapporter  les  rochesdeGrand-Manil  qui  ont  fourni 
ces  fossiles  à  une  autre  période  qu'à  celle  du  terrain  silurien. 

3.  —  En  ISÔl,  M.  Gosselet  nous  a  présenté  une  autre  série  de 

fossiles  provenant  des  environs  de  Fosses,  au  sud-ouest  de  Namur. 

Nous  avons  reconnu  parmi  eux  les  formes  suivantes,  que  nous 

venons  d'étudier  pour  la  seconde  fois,  sur  les  spécimens  originaux. 

Trinudeus,  —  Tête  presque  complète,  qui  représente  une  espèce 


NOTB   DE   M.    BÀRRÀNDB.  757 

appartenant  au  groupe  de  Trinuclcns  seticornis^  His.,  de  Suède 
et  d'Angleterre,  et  de  T,  Bucklandi^  Barr.,  de  Bohême.  Cette 
forme  serait  donc  spécifiquement  distincte  de  celle  de  Grand- 
Manil,  que  nous  rapportons  au  [groupe  de  T,  ornattis.  L'une  et 
l'autre  appartiennent  également  à  la  faune  seconde  silurienne^ 
d'après  Tiiorizon  caractérise  à  la  fois  par  ces  deux  groupes,  dans 
les  contrées  citées. 

Sphœrcxoc/uis,  —  Tête  bien  caractérisée.  Ce  genre,  exclusive- 
ment silurien,  apparaît  dans  la  faune  seconde  et  se  propage  dans 
la  faune  troisième.  Sa  présence  n'a  jamais  été  signalée  dans  le 
terrain  dévonien. 

Dalmanitcs,  — •  Fragment  d'une  tête.  —  On  sait  que  ce  type 
apparaît  dans  la  faune  seconde  et  se  propage  non-seulement  dans 
la  faune  troisième,  mais  encore  dans  le  terrain  dévonien,  où  il 
s'éteint.  Ainsi,  la  présence  seule  de  ce  genre  ne  caractérise  pas  un 
seul  horizon,  ni  une  seule  période.  Mais  il  faut  remarquer  que 
diverses  espèces  et  même  divers  groupes  d'espèces  de  ce  type  ap- 
paraissent et  disparaissent  avec  chacune  des  trois  faunes  que  nous 
venons  de  nommer,  et  peuvent  servir,  par  conséquent,  à  carac- 
tériser chacune  d'elles.  Par  exemple,  le  groupe  comprenant  les 
nombreuses  formes  dont  le  pygidium  est  orné  de  pointes  et  qui 
a  reçu  divers  noms  génériques,  tels  que  Pleuracanthusy  Cry- 
phœus^  etc.,  n'est  représenté  que  dans  les  dépôts  dévoniens.  De 
même,  les  formes  dont  le  type  est  Dalmanites  [Phac)  conophthaU 
mus,  Boeck,  n'ont  existé  que  durant  la  faune  seconde,  en  Russie,  en 
Suède,  en  Norvège,  en  Angleterre,  etc. 

Or,  le  fragment  de  tête  recueilli  à  Fosses  par  M.  Gosselet  re- 
produit, d'une  manière  frappante,  les  traits  caractéristiques  de  la 
glabelle  àt  Dalmanites  conophthalnms^  tels  qu'ils  sont  figurés  sur  la 
planche IV,  figure  11,  delà  Siluria^  3* édition,  1859.  Cet  ouvrage 
classique  étant  entre  les  mains  de  tous  les  savants,  la  figure  citée 
exposera  fidèlement  à  leurs  yeux  la  forme  du  fragment  qui  est 
sous  les  nôtres.  Un  spécimen  entier  de  la  même  espèce  est  figuré 
sur  la  page  225  du  même  ouvrage.  En  consultant  le  tableau  gé- 
néral de  la  distribution  verticale  {Ibid,,  p.  560),  on  voit  que  ce 
trilobite  est  du  nombre  de  ceux  qui  apparaissent  et  disparaissent 
entre  les  limites  verticales  du  grès  de  Caradoc,  l'un  des  étages  de 
la  faune  seconde  en  Angleterre.  Il  a  donc  eu  une  existence  rela- 
tivement peu  prolongée  et  il  en  est  de  même  des  autres  formes 
de  ce  groupe,  en  Russie  et  en  Scandinavie. 

D'après  ces  circonstances,  nous  sommes  autorisé  à  considérer 
le  fragment  de  Dalmanites  trouvé  à  Fosses,  comme  indiquant 


768  SÉANCK   DU    28   AVRIL   1862. 

également  la  faune  seconde,  dans  cette  localîtë.  Cette  induction 
devient  pour  nous  d'autant  plus  puissante,  que  ce  fragment  ac^ 
compagne  Trinucleusj  qui  caractérise  exclusivement  la  même 
faune. 

Outre  ces  trilobites,  M.  Gosselet  a  reconnu  à  Fosses  un  polypier 
nommé  Haly sites  catennlarins  [Catcnipora  escharoides) .  Ce  fossile 
mérite  notre  attention,  parce  qu'il  jouit  du  double  prÎTilége  de 
se  trouver  à  peu  près  dans  tous  les  bassins  siluriens  sur  les  deux 
continents  et  de  se  reproduire  aussi  bien  dans  la  faune  troisième 
que  dans  la  faune  seconde.  C'est  donc  encore  un  fossile  ëininem- 
meiit  silurien.  Mous  constatons  de  plus  qu*il  est  exclusivement 
silurien,  car  nous  n'avons  jamais  vu  sa  présence  signalée  hors  de 
cette  grande  période,  dont  il  n'atteint  pas  même  la  limite  supë- 
rienre.  Ainsi,  le  tableau  de  la  Silurin  que  nous  venons  de  citer 
indique,  page  533,  que  cette  espèce  ne  s'élève  pas  au-dessus  de 
l'étage  de  Wenlock,  en  Angleterre.  L'étage  de  Ludlow,  placé  au- 
dessus  et  appartenant  également  à  la  faune  troisième,  ne  présente 
aucune  trace  de  ce  polypier.  De  même,  en  Bohême,  il  ne  dépasse 
pas  la  limite  supérieure  de  notre  étage  calcaire  inférieur  E,  c'est- 
à-dire  de  la  première  phase  de  la  même  faune.  On  peut  donc 
considérer  cette  espèce  comme  ayant  cessé   d'exister  longtemps 
avant  l'apparition  de  la  faune  dévonienne.  C*est  uniquement  par 
erreur  que  iM.  Dewalque,  dans  sa  note  (p.  6),  regarde  Halysites 
catenularias  comme  également  silurien  et  dévonieHy  et^  par  consé- 
qucnty  eomme  sans  importance  dans  cette  question.  Nous  croyons, 
au  contraire,  que  la  présence  de  ce  polypier  dans  la  localité  de 
Fosses  est  d'une  haute  importance,  car  elle  vient  conârmer  les 
indications  déjà  si  positives  que  nous  fournissent  les  types  trilobi<- 
tiques  passés  en  revue,  pour  constater  que  les  dépots  qui  les  ren- 
ferment appartiennent  à  la  période  silurienne. 

/i.  —  En  somme,  les  fossiles  qui  nous  ont  été  soumis  à  deux 
reprises  différentes  par  M.  Gosselet  nous  autorisent  à  formuler  les 
conclusions  suivantes  : 

A.  —  Les  dépots  de  Grand-i\Ianil  et  de  Fosses  renferment  des 
couches  siluriennes,  indubitablement  caractérisées  comme  telles 
par  la  présence  de  quatre  genres  exclusivement  siluriens  :  7>//iic<- 
cleus^  Calymene,  Sphœrexochus  et  Halysites^  et  du  gi*oupe  de  Dal- 
manites  conophthalmus^  également  caractéristique  de  cette  période. 
Ces  cinq  types  ont  fourni  ensemble  six  espèces. 

B.  —  D'après  Krs  analogies  connues,  les  types  Cnlymene,  Sphce^ 
rexochus  et  Halysites  pourraient  indiquer  aussi  bien  la  faune  troi- 
sième que  la  faune  seconde.  Mais  les  deux  espèces  du  type  7>i- 


NOf B  BS   ■•    BÀAâAIfBS.  75d 

nadeus  et  celle  qui  repré^nte  le  groupe  de  Dalmanites  conophthaU 
mus,  caractérisant  exclusivement  la  faune  seconde,  nous  induisent 
nécessairement  à  penser  que  Fensemble  de  tous  ces  fossiles  appar- 
tient uniquement  à  cette  faune. 

Nous  ferons  aussi  remarquer  en  passant  que  le  groupe  de 
Dalmanites  conophthalmus  n'est  connu  jusqu'ici  que  dans  les  con- 
trées siluriennes  situées  sur  la  zone  paléozoïque  du  nord,  c'est-à- 
dire  la  Russie,  la  Suède,  la  Norvège  et  les  Iles  Britanniques.  Son 
existence  n'a  été  signalée  jusqu'à  ce  jour,  ni  en  Bohême,  ni  dan!l 
aucun  des  autres  bassins  siluriens  placés  sur  la  zone  centrale 
d'Europe.  Cette  observation,  que  nous  exprimons  avec  toute 
réserve,  semblerait  indiquer  que  le  bassin  silurien,  dont  nous 
reconnaissons  les  traces  près  de  Gembloux  et  de  Fosse,  aurait  été 
en  connexion  avec  ceux  qui  appartiennent  à  la  zone  du  nord. 
L'idée  d'une  semblable  connexion  paraît  aussi  appuyée  par  l'exis- 
tence de  Halysites  caienularius ^  dans  la  localité  de  Fosses.  En  effet, 
ce  polypier,  qui  n'est  pas  rare  dans  la  faune  seconde  de  la  zone 
du  nord,  sur  les  deux  continents,  ne  s'est  montré  jusqu'ici  que 
dans  la  faune  troisième  en  Bohème,  c'est-à-dire  dans  la  zone 
centrale  de  l'Europe. 

5.  —  Jetons  maintenant  un  coup  d'œil  sur  la  liste  des  fossiles 
recueillis  à  Grand- IManil  par  MM.  Malaise  et  Dewalque,  et  dé- 
terminés par  M.  le  professeur  de  Koninck  : 


Pleuroiomariaj  sp.  d.? 
Cypricardîa  ? 
Conularia  ? 

Phacops  lati/ronsy  Bronn. 
—  sp. 

Romalonotus. 

Spirifer  micropterus,  Ooldf. 
Orthis  Murchisont,  d'Arob.  et  de 

Yern.   {Lcptœna  piicatOy 

Sow.) 


Orthis  Setigwickiy  d'Ârch.  et  de 
Vern. 

—  orbicuiaris,  de  Vern. 
Strophomcna  laticosta,  Sandb. 

—  pi  If  géra  y  id. 
Leptœna  depressa,  Sow. 

—  tœniolata^  Sandb. 

—  sp. 
Athyris^  sp. 

Chonetes  sarcinulata^    Schl.,  sp. 
Cynt/iophylium  ? 


Mous  feroùs  abstraction  de  toutes  les  formes  indiquées  avec 
doute  et  qui  ne  peuvent  fournir  aucune  lumière  dans  cette  ques- 
tion. 

Suivant  nos  vues,  il  convient  de  considérer  d'abord  les  trilobites . 
Or,  cette  famille  n'est  représentée  que  par  trois  espèces,  dont 
deux  appartiennent  au  genre  Phacops  et  la  troisième  au  genre 
Homalonotus, 

Phacops  et  Homatonoius  sont  deux  types  qui  apparaissent  dans 


760  SÉANCB  BU   28   ÀTRIL   1862. 

la  faune  seconde  silurienne,  se  propagent  dans  la  faune  troinème, 
et  sont  encore  représentés  par  un  assez  grand  nombre  d'espèces 
dans  les  faunes  dévoniennes.  On  ne  peut  donc  invoquer  que  ks 
différences  des  formes  spécifiques  de  ces  genres  pour  caractiérûer 
les  diverses  faunes.  Dans  le  cas  qui  nous  occupe,  la  eeule  espèce 
déterminée  par  M.  de  Koninck  est  Phacops  latijrons^  Bronn^tp., 
très  répandue  dans  tous  les  terrains  dévoniens.  Nous  ferons  re* 
marquer,  sans  infirmer  en  rien  cette  détermination ,  que  la  fiiuoe 
troisième  silurienne  de  Bohême  renferme  plusieurs  variété»  de  P^tf- 
cops  Jecundus  qui  se  rapprochent  beaucoup  de  Phacops  iaiijrom* 
Ainsi,  les  caractères  fournis  par  les  trilobites  de  Grand-Maoil, 
en  faveur  de  l'âge  dévonien,  sont  évidemment  inféiieurs  k  ceux 
que  cette  famille  nous  a  présentés  pour  la  détermination  de  la 
faune  seconde  silurienne,  soit  dans  le  même  lieu,  soit  anprèsde 
Fosses,  puisque  nous  avons  reconnu  trois  types  exclusivement  silu* 
riens  dans  rensemble  de  ces  deux  localités. 

Les  brachiopodes  énumérés  dans  la  même  liste  sont  au  nombre 
de  onze,  dont  neuf  seulement  ont  reçu  un  nom  spécifique.  En  re- 
tranchant Lcpiœna  depressn  qui  appartient  également  à  trois 
terrains  paléozoiqnes,  il  resterait  donc  huit  brachiopodes  dévo- 
niens. Ce  nombre  d'espèces  déterminées  par  M.  de  KonimJi  est 
trop  considérable  pour  ne  pas  attirer  fortement  notre  attention. 
En  y  ajoutant  Phacops  laiijrons,  nous  avons  un  total  de  neuf 
espèces  qui  nous  indiquent  un  étage  dévonien,  dans  la  même 
carrière  où  les  trilobites  mentionnés  ci-dessus  nous  obligent  à 
reconnaître  l'existence  d'un  étage  silurien. 

Cette  singularité  doit-elle  être  expliquée  par  la  coexistence  ou 
mélange  de  tous  ces  fossiles  dans  les  mêmes  couches? 

Bien  que  nous  admettions  aisément  que  certains  fossiles,  surtout 
parmi  les  brachiopodes,  peuvent  être  communs  à  plusieurs  étages» 
cette  supposition  ne  nous  semblerait  pas  admissible  dans  ce  cas, 
d'abord  à  cause  du  chiffre  assez  considérable  des  espèces  qui  sont 
au  nombre  de  neuf,  et,  en  second  lieu,  à  cause  de  la  présence  de 
Phacops  îatijrons  parmi  elles.  En  outre,  la  coexistence  suppoeée 
rapprocherait  sur  un  même  horizon,  non  pas  deux  faunes  succes- 
sives et  contiguës,  mais  la  faune  seconde  silurienne  et  la  première 
phase  des  faunes  dcvonicnnes,  partout  largement  séparées  par  la 
faune  troisième  du  terrain  silurien.  Si  ce  fait  est  possible,  du 
moins  au  premier  aspect,  il  ne  paraît  pas  vraisemblable  d*après 
Tétat  de  nos  connaissances  actuelles,  et  même  en  admettant  bi 
doctrine  des  colonies. 

D*uQ  autre  côté,  on  ne  peut  pas  s'expliquer  facilement  coui- 


NOTI   DK    M.    BARRÀNDB.  .761 

ment  MM.  Malaise  et  Dewalque  n'ont  recueilli  à  Grand-Manil 
aucun  des  trilohites  trouvés  par  M.  Gosselet,  et  comment  M.  Gos- 
selet  n'a  rencontré  aucun  des  trilot^ites  recueillis  par  MM.  De- 
walque et  Malaise.  Cette  circonstance  tendrait  à  faire  penser  que, 
dans  cette  même  localité,  il  pourrait  exister  deux  horizons  fossi- 
lifères très  distincts  sous  le  rapport  paléontologique,  sans  qu'ils 
soient  notablement  différenciés  par  les  apparences  minéralogiques 
des  roches. 

La  chaîne  cantabrique  nous  a  offert,  il  y  a  peu  d'années,  un 
exemple  analogue.  Le  mémoire  de  M.  Casiano  de  Prado,  publié 
dans  le  Bulletin  (t.  XVII,  p.  516,  1860),  constate  l'existence 
d'une  bande  calcaire  qu'on  a  longtemps  considérée  comme  uni- 
quement déyonienne,  à  cause  de  quelques  fossiles  réellement  dé- 
voniens,  recueillis  à  la  surface  du  sol.  Plus  tard,  des  fossiles  de 
la  faune  primordiale  ayant  été  trouvés  dans  les  mêmes  localités, 
leur  mélange  apparent  avec  les  espèces  dévoniennes  présentait  la 
même  anomalie  qui  reste  à  expliquer  dans  la  carrière  de  Grand- 
Manil.  Mais,  après  avoir  soigneusement  séparé,  à  Paris,  les  es- 
pèces primordiales  des  espèces  dévoniennes ,  notre  savant  ami 
M.  de  Yerneuil  et  nous  reconnûmes  que  les  premières  pré- 
sentaient toutes  une  teinte  rougedtre ,  tandis  que  les  secondes 
se  distinguaient  par  une  teinte  verdâtre.  Cette  différence,  presque 
insignifiante  pour  ceux  qui  avaient  recueilli  les  fossiles  sur  la 
bande  calcaire,  est  devenue  un  caractère  physique  très  facile  à 
saisir^  pour  trouver  la  ligne  de  démarcation  entre  les  calcaires 
de  l'époque  primordiale  et  ceux  de  l'époque  dévonienne. 

Ces  calcaires  sont  en  contact  immédiat,  non  sur  un  point  isolé 
comme  la  carrière  de  Grand-Manil,  mais  sur  une  étendue  d'en- 
viron 100  kilomètres.  Par  cette  simple  observation,  la  coexistence 
apparente  de  deux  faunes  si  éloignées  dans  la  série  des  âges  pa- 
léozoïques  s'est  évanouie. 

Ne  peut-on  pas  espérer  que  quelque  observation  analogue, 
jointe  à  des  rechercher  encore  plus  actives  et  plus  prolongées  dans 
les  phyllades  fossilifères  de  Grand-Manil  et  de  Fosses,  conduira 
à  uD  semblable  résultat  ? 

M.  Lecoq  présente  un  exemplaire  de  la  Carte  géologique  de 
TAuvergne  qu'il  vient  de  terminer. 

Il  donne  à  co  sujet  les  explications  suivantes  : 


762  sÉÀifCV  DU  28  atkil  1M2. 

Note  sur  la  géologie  du  plateau  central  de  la  France  et  m 
la  grande  carte  géologique  du  département  du  Pay^i^ 
Dôme;  par  M.  Henri  Lecoq,  professeur  d'histoire  naturelk 
à  la  Faculté  des  sciences  de  Glernaonl-Ferrand,  etc. 

La  carte  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  Société  est  iHsr 
tinée  à  inoutrer  Teiisemble  et  les  détails  géologiques  de  l'un  da 
points  les  plus  intéressants  de  TEuropc. 

La  multitude  des  détails,  la  variété  des  terrains,  les  différences 
d'altitude,  en  un  mot,  l'extrême  diversité  du  relief  et  des  accidenti 
du  sol,  m'ont  déterminé  à  adopter  une  échelle  beaucoup  plus 
étendue  que  celle  des  cartes  géologiques  ordinaires. 

Trente  années  de  courses  en  Auvergne,  ou  de  séjour  sur  les 
points  les  plus  curieux  de  cette  intéressante  contrée,  in*oiit  permis 
de  recueillir  une  foule  de  faits  qui  avaient  échappé  à  mes  prédé- 
cesseurs, faits  que  j'essaye  de  réunir  en  un  seul  faisceau,  sous  le 
titre  de  :  Épof/ues  géologiques  de  r  Aiwergne  (1). 

La  carte  géologique  est  l'expression  colorée  de  ces  faits  ;  c'est 
le  moyen  de  faire  saisir  à  l'œil  l'ensemble  et  les  détails. 

Je  ne  parlerai  ni  des  obstacles  matériels  que  j'ai  rencontrés,  ni 
des  dépenses  occasionnées  par  ce  grand  travail.  Les  obstacles,  je  les 
ai  surmontés;  les  dépenses,  je  les  ai  supportées. 

Je  préfère  donner  le  tableau  rapide  des  grandes  «époques  de 
cette  histoire  du  globe  peu'lant  lesquelles  le  point  de  terre  que 
nous  habitons  a  subi  de  si  grandes  et  de  si  profondes  modi 6 cations. 

Reculons  par  la  pensée  jusqu'à  ces  temps  éloignés  où  les  tei^ 
rains  de  sédiment  ne  s'étaient  pas  encore  déposés. 

Plusieurs  îles  primitives  s'élevaient  au-dessus  d*un  océan  sans 
bornes. 

Représentons-nous  un  instant  l'Auvergne  sous  la  forme  d'un 
large  plateau  contre  lequel  venaient  expirer  les  flots  d'une  mer 
agitée.  Un  espace  étendu  séparait  cette  Sle  d'une  autre  également 
émergée,  dès  les  temps  les  plus  reculés,  de  la  Bretagne,  qui,  peut- 
être  à  cette  époque,  était  liée  à  une  grande  partie  de  rAngleterre, 
aux  Coruouaillcs,  et  formait,  comme  notre  sol,  un  pays  isolé  au 
milieu  des  mers.  De  nombreux  tlots  existaient  autour  de  ces 
deux  îles,  séparés  par  des  détroits  plus  ou  moins  larges  et  plus  OU 


(\)  Ce  long  travail  ne  pourra  être  terminé  que  dans  deux  ans. 
Deux  volumes  sont  déjà  rédigés,  mais  non  encore  publiés. 


ItOTi   D«   H.    LIGOQ.  70S 

nioihs  profonds;  mais  rien  ne  fait  présumer  la  présence  d'tles 
intermédiaires. 

Beaucoup  d'autres  lies  devaient  s'ajouter  encore  à  ces  fragments 
d'tm  futur  continent.  Citons  seulement  la  grande  île  des  Ârdennes 
séparée  du  massif  du  Han,  Ttle  des  Asturies  aujourd'hui  liée  à 
rËspagne,  Une  partie  de  la  Corse  et  de  la  Sardaigne,  les  Ilots 
primitifs  de  l'Italie,  Tarchipel  détaché  de  l'Ecosse,  de  l'Angleterre 
et  de  l'Irlande.  C'étaient  les  terres  les  plus  rapprochées  de  l'île 
centrale  de  la  France;  mais  alors  il  existait  déjà  un  continent,  ou 
du  moins  une  terre  assez  grande  pour  qu'elle  puisse,  relativement 
aux  autres,  recevoir  cette  dénomination  un  peu  prétentieuse  ;  c'était 
la  Scandinavie  comprenant  toutes  les  parties  désignées  sous  les 
noms  de  Suède,  Norvège,  Laponie  et  Finlande.  C'était  la  plus 
grande  terre  de  l'Europe,  terre  entourée  d'îles  innombrables, 
ayant  au  nord  le  Spitzberg,  également  primitif,  à  l'ouest  et  à  l'est, 
à  de  grandes  distances,  le  Groenland  et  Tile  de  l'Oural. 

Partout  ailleurs,  c'était  la  mer  dont  les  flots  mobiles  venaient 
battre  ces  lointains  rivages. 

Tel  était  alors  l'archipel  dont  les  parties  réunies  ont  constitué 
TEurope.  Nous  voyons  l'île  centrale,  que  nous  occupons,  au  milieu 
d'tin  gland  archipel.  Mais  à  cette  époque  les  mers  qui  séparaient 
ces  îles  recevaient  leurs  débris  entraînés  par  des  pluies  torren-* 
tfelles  ;  des  sources  minérales  y  versaient  déjà  des  masses  considé-^ 
râbles  de  chaux,  de  fer  et  de  silice.  Des  polypes  saxigènes  éle-» 
vaiebtsur  des  bas-fonds  leurs  patients  et  gigantesques  édifices,  en 
même  temps  qu'un  soulèvement  lent  et  continental  amenait,  à  la 
suite  des  siècles,  tout  l'archipel  au-dessus  des  eaux. 

Chacun  des  anciens  sommets  de  cet  archipel  est  maintenant 
entouré  d'une  ceinture  de  dépôts  chimiques  ou  sédimentaires 
dans  lesquels  des  êtres  anciens  ont  laissé  leurs  dépouilles  comme 
des  pièces  à  l'appui  de  ces  grandes  et  mystérieuses  révolutions. 

L'île  que  nous  isolons  maintenant  et  sur  laquelle  nous  avons 
^rté  nos  investigations  est>  en  effet,  circonscrite  par  des  terrains 
èédimentaires  formés  de  couches  concentriques  dont  les  plus 
anciennes  s'appuient  sur  le  terrain  primitif  et  supportent  ensuite 
toutes  les  autres. 

Si  le  plateau  central  ne  s'élève  plus  au-dessus  des  flots,  et  si, 
comme  autrefois,  il  n>st  plus  battu  par  les  vagues  des  anciens 
(Océans,  il  peut  encore  être  considéré  comme  une  grande  île  géo- 
logique limitée  partout  par  des  terrains  jurassiques  ou  par  quel- 
ques dépots  plus  anciens.  Rien  ne  vient  révéler  à  sa  surface  ces 
puissantes  assises  siittiiennes  si  développées  autour  des  autres  11^ 


70A  SÊAICCB  BU    28   AVRIL   18C2. 

de  l'Europe,  rîcii  de  cette  faune  si  curieuse  appartenant  aui  pn- 
inicrs  terrains  sédimentaires.  i\lais  alors  une  longue  fracture  tia- 
Ycrsait  le  plateau  central,  alors  des  golfes  plus  ou  moins  profaadi 
découpaient  les  bords  de  cette  île  ou  pénétraient  dans  soa  inté- 
rieur. La  végétation  houillère  s'était  développée,  et  les  frooda 
élégantes  de  fougères  gigantesques  et  d'énormes  lycopodiacéa 
balançaient  sur  les  eaux  leurs  majestueuses  couronnes.  C'est  alon 
que  la  nature  amassait  dans  les  anses,  dans  les  lacs  et  les  bas-tDodi 
de  cette  grande  île,  des  richesses  minérales  que  l'industrie  e 
extrait  aujourd'hui. 

Après  ces  depuis  de  houille,  les  mers  triasique  et  jurasiiqix 
ont  entouré  le  plateau  central,  et,  abandonnant  partout  leon 
puissants  sédiments,  elles  ont  relié  cette  ilc  granitique  à  celle  de 
la  Bretagne.  Elles  ont  comblé  les  détroits  et  les  brns  de  merde 
ce  continent  naissant  et  réuni  les  îles  dispersées  et  les  points  émer- 
gés, pour  constituer  ce  que  nous  appelons  aujourd'hui  aotre 
vieille  Europe, 

Circonscrits  sur  un  point  de  cette  ile  qui  forme  maintenant  le 
plateau  le  plus  étendu  de  la  France,  nous  allons  Toir  les  phéno- 
mènes géologiques  s'y  succéder  avec  une  incroyable  activité. 

Les  terrains  tertiaires,  les  éruptions  volcaniques  d'dgediflfércnC, 
de  grandes  actions  de  transport,  semblent  se  confondre  ou  indi- 
quent du  moins  une  longue  période  dont  toutes  les  phases  se  rat- 
tachent sans  discontinuité. 

Nous  venons  de  citer  les  calcaires  jurassiques  et  les  dëpAtide 
trias  qui  sont  venus  entourer  les  terrains  cristallisés  et  agrandir 
le  sol  émergé  de  l'ile  centrale  ;  aucun  autre  sédiment  ancien  n'est 
venu  s'y  ajouter,  et  un  laps  de  temps  très  long  a  dû  s*écouler 
avant  qu'une  sédimentation  plus  moderne  vînt  recouvrir  une  par- 
tie du  plateau  primitif.  Nous  sommes  à  l'époque  des  formations 
tertiaires  ;  de  grands  lacs  recevaient  les  eaux  de  tous  les  environs 
et  les  débris  qu'elles  amenaient  avec  elles.  Des  sources  calcariftres 
et  siliceuses  avaient  surgi  partout  et  occupaient  principalement 
les  grandes  lignes  de  fracture  que  d'anciens  soulèvements  avaient 
tracées.  Le  temps  a  fait  le  reste,  et  les  siècles  ont  combla  les  lacs 
transformés  maintenant  en  fertiles  campagnes. 

L'époque  tertiaire  a  été  longue.  Ses  dépôts  couvrent  la  Lîmagne, 
le  Lembron,  le  Livradais,  les  bassins  de  Saint-Dier,  d'01by«  de 
Paulliaguet,  du  Puy,  d'Aurillac,  du  Malzieu.  H  faut  y  joindre  le 
bassin  de  Montbrison  et  la  plaine  de  Roanne  séparée  par  un  long 
déBlé  des  terrains  tertiaires  de  la  Haute-Loire, 
w  Trois  périodes  se  sont  succédé  pendant  l'époque  tertiaire. 


NOTE    DB    U.    LSCOQ.  765 

La  première  a  fourni  ies  argiles,  les  sables  et  les  graviers  qui 
constituent,  dans  la  plupart  de  ces  bassins,  un  sol  tout  particu- 
lier, et,  lorsque  celte  sédimentation  ne  les  a  pas  remplis,  comme 
ceux  de  Roanne,  de  Montbrison,  d'Olby,  etc.,  elle  a  du  moins 
constitué  leurs  bords,  comme  dans  la  Limagne,  dans  le  creux  du 
Puy,  etc. 

La  seconde  période  est  celle  où  les  sources  calcarifères  ont  do- 
miné. Si  plusieurs  bassins  sont  entièrement  remplis  par  des  argiles 
sableuses,  plusieurs  autres  ont  reçu  de  leurs  sources  de  nombreuses 
assises  toujours  superposées  aux  premières,  et  indiquent  un  ordre 
de  choses  tout  différent. 

C'était  Tépoque  des  grands  lacs,  des  grands  bassins  remplis 
d'eau,  comme  le  sont  aujourd'hui  ceux  de  l'Amérique  du  Nord. 
Il  est  certain  qu'alors  le  plateau  central  avait  une  grande  partie 
de  sa  surface  inondée,  et  cet  état  particulier  a  dû  contribuer  au 
développement  d'une  végétation  toute  particulière,  dont  les  débris 
sont  jusqu'ici  peu  connus.  Peu  à  peu  les  calcaires  qu'abandon- 
naient ces  eaux  ont  exhaussé  le  fond  des  bassins,  pendant  que 
l'acide  carbonique,  qui  arrivait  au  jour,  en  dissolvant  les  bases 
terreuses,  comme  cela  se  passe  actuellement  dans  toutes  nos 
sources  minérales,  se  répandait  dans  l'atmosphère,  et  devait  con- 
courir, par  son  abondance,  à  l'activité  de  cette  ancienne  végéta- 
tion. 11  fallait,  du  reste,  une  assez  grande  quantité  de  végétaux 
pour  nourrir  les  nombreux  mammifères  herbivores  qui  habitaient 
alors  l'Auvergne,  depuis  le  rhinocéros  jusqu'à  ces  légions  de  ron- 
geurs et  ces  nombreux  pachydermes  contemporains  de  ces  assises 
calcaires.  Il  n'est  pas  rare  d'y  rencontrer  des  os  d'oiseaux  et  sur- 
tout des  œufs  qui  paraissent  provenir  d'espèces  aquatiques.  Enfin, 
des  débris  de  Toitues,  de  Crocodiles  et  de  quelques  autres  reptiles, 
des  mollusques  d'eau  douce,  complètent,  avec  quelques  restes  de 
végétaux,  la  série  des  êtres  organisés  de  cette  curieuse  période. 

C'est  peut-être  à  cette  même  époque  qu'il  faut  rapporter  les 
dépôts  de  lignitesde  l'Auvergne  et  probablement  celui  de  Menât 
qui  occupe  un  petit  bassin  au  milieu  du  sol  primordial.  Ce  lignite 
est  caractérisé  par  la  présence  de  pyiites  et  d'un  grand  nombre 
de  débris  organiques  parmi  lesquels  on  remarque  des  insectes, 
des  poissons  (Cyprimn  papyraeeus,  Brown},  cl  parmi  les  végétaux 
beaucoup  de  feuilles  que  l'on  peut  déterminer.  On  y  reconnaît 
les  genres  Castanea^  Tilia^  Salix,  Popultis^  etc.,  et  des  feuilles  qui 
se  rapprochent  du  Liqaidambar  styracifltia  et  du  Gossypium  arbo-^ 
reum.  Ces  empreintes  rappellent  les  temps  où  les  espèces  équato- 


766  SÉAIfOI  DU   2S   ATRIL  1862. 

riales  abandonnaient  le  centre  de  la  France,  et  où  la  YigkèûoÊ 
actuelle  empléuit  déjà  sur  le  sol  qu'elle  avait  auparavant  païUfê 
avec  elle. 

Cette  période  passe  insensiblement  à  la  troitième  qui  a  ter- 
miné les  terrains  tertiaires  par  des  concrétions  calcaires  d'antant 
plus  intéressantes  que  des  travaux  d'insectes  ont  été  leur  point  de 
départ,  et  que  cette  formation  a  marqué  d'une  manière  indélébile 
les  îles  et  les  contours  du  Léman  qui  occupait  autrefois  la  gruidt 
plaine  de  l'Auvergne. 

Ce  sont  encore  des  calcaires  désignés  sous  les  noms  de  ealcatnt 
roncrétionnés^  calcaires  à  Phn'gffnf^^^t  calcaires  à  Indusie  (laéusiû 
tabula  la,  Dose).  On  y  voit  une  espèce  de  formation  oolithique 
accompagnée  d'énormes  masses  dont  les  centres  offrent  des  tubes 
abandonnes  par  les  larves  de  Phrygaues. 

Ces  insectes  si  conmiuns  de  nos  jours,  sur  les  bords  des  grands 
lacs  principalement,  où  nous  les  avons  vus,  coinuie  à  Genève, 
obscurcir  l'air  de  leurs  nuages  épais,  étaient  très  répandus  dans  la 
Limagne,  dès  que  les  eaux  peu  profondes  leur  permirent  de  ic 
développer. 

On  sait  que  ces  larves  ont  l'instinct,  pour  échapper  â  leurs  en- 
nemis, (le  se  construire  des  fourneaux  plus  ou  moins  solides  ;  elles 
produisent  quelques  fils  de  soie,  et  par  ce  moyen  elles  relient  des 
fragments  d'écorre,  de  gravier  et  surtout  les  petites  coquilles 
qu'elles  peuvent  rencontrer,  formant  ainsi  des  iuhea  dans  Icsqueb 
elles  s'abritent  et  qu'elles  transportent  dans  leurs  courses  res- 
treintes. 

Pour  que  ces  larves  puissent  exister,  il  faut  un  fond  vaseux, 
des  eaux  peu  profondes  suffisamment  échauffées,  toutes  conditions 
qu'elles  trouvaient  alors  sous  un  climat  qui  permettait  encore  la 
végétation  des  cyc«idées. 

Les  eaux  calcarîfères  saisissaient  les  fourneaux  de  ces  Phryganct, 
et  aujourd'hui,  les  bords  de  l'ancien  lac,  comme  ses  Iles  nom- 
breuses qui  forment  maintenant  des  collines,  présentent  partout 
des  ceintures  ou  des  masses  de  ces  curieux  calcaires  déposés  sur 
ces  tubes  et  réunis  eu  blocs  parfois  très  volumineux. 

On  ne  peut  douter  que  des  conditions  favorables  a  rexistenoe 
de  ces  larves  ne  l'aient  été  également  à  de  nombreux  végétaux 
qui  ont  précédé  les  nôtres,  et  dont  nous  retrouvons  aussi  quelques 
débris. 

La  période  tertiaire  finissait,  et  quelques  sources  minérales 
déposaient  encore  leurs  produits  sur  les  bords  de  la  Limagne, 


IfOTI    OK   H.    LBGOQ.  767 

dans  le  bassin  d'Aurillac  et  dans  le  creux  du  Puy,  lorsque  les 
premières  éruptions  yolcanicjues  se  manifestèrent»  sans  doute,  vers 
les  contrées  du  Cantal,  du  mont  Dore  et  du  Mézenc. 

Des  coulées  de  trachyte  s'épanchèrent  sur  le  sol  primordial»  ie» 
matières  pulvérulentes  les  accompagnèrent»  et,  à  plusieurs  reprises, 
les  eaux  entraînèrent  les  débris  ponceux  jusque  sur  le  sol  calcaire 
de  la  Limagne,  sur  les  assises  du  bassin  d'Aurillaq,  et  se  mcMUtrireot 
partout  superposées  au  terrain  tertiaire. 

Pendant  longtemps  ces  éruptions  continuèrent,  donnant  tantôt 
des  matières  pulvérulentes  d'une  extrême  abondance,  qui  ont 
enseveli  des  forêts  et  détiiiit,  sans  aucun  doute»  la  majeure  partie 
des  plantes  de  cette  époque,  tantôt  donnant  issue  à  de,  vastes  cou-* 
rants  qui  sont  venus  préserver  d*une  destruction  ultérieure  les 
matières  pulvérulentes  sur  lesquelles  ils  se  consolidaient. 

Bientôt  cet  ensemble  de  coulées,  de  tufs,  de  conglomérats  pon«- 
ceux  que  les  eaux  pluviales  entraînaient  loin  des  centres  d'éruption, 
fut  disloqué  par  l'apparition  de  nombreux  filons  de  même  nature» 
qui  ont  brisé  les  terrains  à  travers  lesqueb  ils  sont  sortis»  et  ont 
comniencé  l'œuvre  de  dégradation  que  le  temps  et  les  eaux  ont  si 
largement  continuée  dans  nos  massifs  tracbytiques. 

JNous  ne  pensons  pas  que  la  végétation  ait  été  un  seul  instant 
interrompue  pendant  ces  longues  crises  volcaniques»  mais  elle  a 
été  certainement  détruite  sur  des  espaces  très  étendus,  qui  ont  du 
se  repeupler  des  mêmes  espèces  ou  d'autres  races  qui  leur  ont 
succédé. 

L'ère  trachytique  paraît  avoir  été  terminée  par  l'apparition  des 
pbonolithes  qui  se  montrent  sur  quelques  points  du  Cantal  et  du 
mont  Dore,  et  qui  se  sont  surtout  développés  sur  une  très  grande 
échelle  dans  la  chaîne  du  Mézenc  et  aux  environs  d'Issingeaux. 

Ces  roches  furent  immédiatement  suivies  et  l'on  peut  dire  aussi 
accompagnées  de  l'épanchemeut  de  très  grandes  nappes  de  basalte, 
dont  plusieurs  couvrent  d'inmienses  espaces,  comme  celui  qui 
sépare  le  mont  Dore  du  Gantai,  la  Planèxe  et  les  environs  de  Saint- 
Flour  et  du  Puy.  £n  général,  ces  basaltes  caractérisés  par  la  pré* 
sence  de  l'olivine,  loorame  les  trachytes  le  sont  par  celle  du  feld- 
spath» paraissent  avoir  eu  une  certaine  répubion  pour  les  autres 
massifs  feldspathiques.  C'est  sur  leurs  bords  qu'ils  ont  coulé»  en 
leur  construisant  une  large  ceinture,  souvent  interrompue  par  des 
vallées»  espèces  de  barruncos  résultant  de  cassures  primitives  élar- 
gies par  les  eaux.  Les  terrains  cristallisés  ou  les  calcaires,  mais 
surtout  les  conglomérats  ponceux,  sont  souvent  mis  à  nu  dans  ces 


768  sÊANCt  DU  28  ÂTBiL  4862. 

profondes  déchirures,  et  les  matërianx  qui  les  compoient  dm 
permettent  à  peine  de  décider  laquelle  dea  deux  rodies,  dn  tn> 
chyte  ou  du  basalte,  a  posé  la  première  pierre  de  l'édifia  dènat' 
télé  dont  les  ruines  attirent  notre  attention. 

Les  débris  mélangés  de  cette  période  ont  formé  des  allaTÎoHi 
peu  près  contemporaines  des  premières  éruptions.  On  y  traim 
rarement  des  restes  de  la  végétation  de  cette  époque,  mais  sonfeit 
les  dépouilles  d*animaux  divers.  Les  Mastodontes,  les  Elépliaiili, 
les  Hippopotames,  les  Rhinocéros,  les  Tapirs,  les  Chevaux,  ki 
Sangliers,  les  Hyènes,  de  nombreuses  espèces  de  Chats,  d*Oiin  cl 
de  Cerfs,  des  Louti-es,  des  Castors,  des  Bœufii  et  beaucoup  d'antre 
types,  habitaient  alors  le  plateau  central  de  la  France  et  ooos 
prouvent,  par  le  grand  nombre  d'individus  qui  riraient  à  la  fois, 
que  la  fécondité  végétale  du  sol  était  en  rapport  arec  leur  f  xceaif 
développement. 

Il  ne  parait  pas  y  avoir  eu  d'interruption  dans  les  émîsNoni 
basaltiques,  et  les  grands  plateaux  n'avaient  pas  fini  de  s'épandier, 
qu'il  leur  succédait,  comme  à  la  période  tracliytique,  desdyktf 
ou  filons  qui  font  partout  saillie  au-dessus  du  sol.  Loin  départir 
de  grands  centres,  comme  ceux  qui  ont  donné  naîssancse  aux  ph- 
teaux,  ces  basaltes  sont  sortis  de  tous  les  points  du  sol  primofdjal 
et  des  terrains  de  sédiment,  traversant  à  la  fois  toutes  les  couclici 
préexistantes,  pour  former  des  affleurements  que  Ton  rencootie 
partout,  et  qui  constituent  des  pics  isolés. 

Ces  basaltes  sont  très  souvent  accompagnés  de  pépérites,  surloiit 
quand  ils  ont  dû  travereer,  pour  se  faire  jour,  des  calcaires  et  dtf 
sédiments.  Ils  contiennent  souvent  de  l'arragonite  et  de  la  méscH 
typc. 

L'apparition  de  ces  pics  nombreux,  disséminés  sur  la  majeure 
partie  du  plateau  central,  en  fracturant  le  sol  pour  sui|pr  an 
dehors,  a  donné  naissance  à  de  nombreuses  sources  ininéraleSi 
dont  les  produits  calcaires  et  siliceux  ont  cimenté  1rs  pépérites  et  y 
ont  abandonné  des  filons  ou  des  masses  de  quarts  résînite  oomine 
nous  le  verrons  un  peu  plus  loin. 

La  volcanisation  moderne  n'a  fait  qu'ajouter  aux  nonibreom 
inégalités  du  sol  tous  les  cônes  de  scories  de  la  chaîne  des  monU 
Dômes,  des  flancs  du  mont  Dore,  et  la  longue  série  de  la  HanCe- 
Loire  ou  les  pics  isolés  du  Yivarais. 

La  conflagration  devint  générale  ;  de  grandes  lueurs,  d'immenses 
incendies,  vinrent  éclairer  ces  grandes  scènes  d'horreur  et  de  ma- 
gnificence dont  l'homme  fut  peut-étre  déjà  témoin,  La  lave  incso- 


NOTB   BB    y,    LBCOQ.  769 

descente  est  soiiio  de  plus  de  cent  cratères;  elle  a  comble  des 
vallées,  vaporisé  des  cours  d*eau  et  changé  en  déserts  de  pierres  les 
sols  fertiles  qu'elle  a  fait  disparaître. 

Une  création  végétale  entièrement  nouvelle  s* est  établie  sur  ces 
laves  refroidies,  et  le  règne  organique,  apràs  une  lutte  patiente  et 
victorieuse,  a  pris  possession  de  ces  terres  nouvelles  qui  semblaient 
vouées  pour  toujours  à  la  plus  aiïreuse  stérilité. 

Les  alluvions  qui  existaient  furent  donc  en  partie  recouvei*tes 
par  des  laves,  mais  il  existe  encore  de  vastes  terrains  où  les  cailloux 
arrondis  par  les  eaux,  les  sables  et  les  galets  déposés  par  les  rivières 
et  les  ruisseaux,  forment  un  sol  graveleux  et  perméable  sur  lequel 
bon  nombre  de  végétaux  se  sont  colonisés. 

Depuis  longtemps  assoupie,  la  formidable  puissance  qui  a  créé 
la  plupart  des  irrégularités  de  celte  région  se  manifeste  encore  de 
temps  en  temps  par  des  trépidations  du  sol,  par  des  émissions 
gazeuses,  par  des  sources  minérales  à  température  élevée  et  par 
des  dépôts  d'arragonite,  de  calcaire,  d'oxyde  de  fer,  etc.  Ce  sont 
les  dernières  traces  du  feu  qui  s'est  éteint  à  la  surface,  mais  qui 
brûle  encore  sous  la  croûte  légère  que  nous  habitons,  sous  cette 
pellicule  terrestre  aujourd*lmi  couverte  d'une  parure  aux  mille 
couleurs  dont  l'éclat  nous  éblouit  et  dont  l'origine  est  un  mystère. 

Parmi  les  faits  nombreux  et  souvent  nouveaux  que  j'ai  rencon- 
t4'és  dans  mes  fréquentes  excursions,  je  me  contenterai  d'en  signa- 
ler deux  qui  m'ont  paru  avoir  une  certaine  importance. 

Le  premier  se  rattache  à  la  fois  aux  terrains  tertiaire  et  volca- 
nique, le  second  au  terrain  erratique. 

Relativement  au  premier  fait,  tous  les  géologues  qui  ont  étudié 
l'Auvergne  ont  vu  avec  étonnement,  à  Gergovia  principalement, 
ralternance  des  assises  teitiaireset  du  basalte.  Ceux  qui  ont  pu 
comme  moi  étendre  leurs  investigations  ont  retrouvé  cette  alter- 
nance sui*  plusieurs  autres  points.  Il  ne  peut  donc  rester  aucun 
doute  sur  cette  succession  de  couches  tertiaires  et  basaltiques. 

D'un  autre  côté,  la  superposition  du  basalte  au  terrain  tertiaire 
est  tellement  évidente  qu'il  faut  accepter  un  ordre  chronologique 
précis  et  reconnaître  que  le  basalte  est  postérieur  au  calcaire. 

Les  sources  calcarifères  qui  ont  donné  naissance  aux  calcaires 
marneux  du  bassin  de  TAuvergne  étaient  presque  taries  ou  ne 
fournissaient  plus  que  des  dépôts  insignifiants  quand  les  basaltes 
oommencèrent  à  s'épancher. 

Mais  la  période  basaltique  a  dû  être  extrêmement  longue,  car 
elle  empiète  déjà  sur  celle  des  trachytes  qui  l'a  précédée,  et  elle 
continue  jusqu'à  Tépoquc  des  volcans  modernes  à  laquelle  elle  se 
Soc.  géoL^  2"  série,  tome  XIX.  49 


770  séàncb  du  28  atril  1862. 

rattache  d'uae  manière  évidente.  Ces  baialtes  se  sont  montniM 
la  majeure  partie  de  F  Auvergne,  se  faisant  jour,  soit  ma  railicnda 
assises  tertiaires  de  la  Limagne,  soit  sur  les  bords  méoMidea 
vaste  bassin,  soit  enfin  sur  le  sol  primitif  de  toute  la  contiée. 

J'ai  relevé  sur  ma  carte  géologique  plus  de  mille  points  éniptili 
de  basalte  ;  j'ai  signalé  un  grand  nombre  de  localités  où  celle 
roche  semble  faire  saillie  sans  avoir  pu  percer  les  calcaires  oom- 
plétement  et  venir  au  jour.  Enfin  on  sait  par  les  oscillations  du 
pendule  que,  prcsdeCiermont^à  Opme.  sur  un  point  tout  entouic 
de  basalte,  se  trouve  une  de  ces  inégalités  ou  amas  de  matière  qsi 
font  que  la  terre  ne  peut  être  considérée  comme  un  s|diénâde 
régulier. 

On  ne  peut  guère  douter  que  Taccu mutation  de  matière  minérale 
que  des  études  géodésiques  ont  fait  remarquer  à  Opuie  ne  soit 
due  à  du  basalte  <lont  une  partie  s'est  épanchée  en  larges  uappci 
dans  tous  les  environs. 

On  peut  donc  considérer  l'Auvergne  comme  ayant  éprouTe, 
après  la  Formation  des  tei  raiiis  tertiaires,  une  réritable  éruptioo 
pustuleuse  de  cônes  basaltiques.  Un  grand  nombrt:  de  ces  poinls 
éruptifs  se  présentent  sous  la  forme  de  pics,  de  dykes  ou  même  de 
simples  fdons,  et  restent  en  saillies  scoriacées  ou  formées  de  prismff 
convergents.  D'autres  ont  fourni  de  vastes  coulées  qui  se  sont 
rpanchées  dans  les  anciennes  vallées,  mais  dont  on  retrouve  le 
point  d'émission  à  une  cirtaine  distance. 

Une  des  conséquences  de  cette  grande  éruption  a  été  de  briser 
le  sol  préexistant  et  de  ramener  les  causes  qui  déterni ioaîcnt  la 
formation  du  terrain  tertiaire,  c'est-à-dire  de  rappeler  les  sources 
minérales  dont  les  émissions  abondantes  avaient  créé  les  dépôu 
calcaires  et  siliceux  de  la  Limagne. 

Pendant  la  première  période  de  dépôt  tertiaire  aucune  ^fl«» 
troublante  n'est  venue  déranger  l'uniformité  de  composition  da 
dépôt.  C'étaient  toujours  des  calcaires  qui  formaient  des  couches 
superposées,  un  peu  de  silice  qui  se  séparait  en  nodules  de  ménilite, 
et  (les  argiles  amenées  mécaniquement  par  les  torrents  tribnUircf 
du  grand  lac  ou  du  Léman  de  l'Auvergne. 

Dans  la  seconde  période,  dans  cette  recrudescence  déterminée 
par  la  soitie  des  basaltes  et  par  la  réapparition  des  sources  miné- 
rales, les  phénomènes  d'action  et  de  réaction  des  eaux  minérales 
te  sont  compliqués  d'un  élément  nouveau^  le  basalte,  qui  ne  poU" 
vait  figurer  à  l'époque  tertiaire. 

L'étude  de  ces  terrains  mixtes  devient  alors  plus  intéressante 
Des  assises  calcaires  ont  été  formées  de  nouveau;  de  là  ces  alter- 


IfOTB   DB    a.    LBCOQ.  771 

nances  d'un  terrain  que  Ton  a  cru  tertiaire  et  du  basalte;  de  là 
ces  réactions  des  eaux  minérales  sur  les  basaltes  et  l'apparition  de 
ces  substances  minérales  désignées  sous  les  noms  de  nontronite, 
collyrite,  halloysitc,  etc.,  dont  plusieurs  ne  sont  peut-être  que  des 
mélanges  et  non  des  combinaisons  en  proportions  définies. 

Les  éruptions  basaltiques  à  travers  les  terrains  primitifs  ont 
préparé  les  issues  à  des  sources  plus  souvent  silicifères  que  calcari- 
fères.  Des  amas  de  meulières  constituant  souvent  des  monticules 
existent  à  proximité  des  pics  éruptifs  de  basalte. 

L'bydrate  de  fer  a  toujours  accompagné  ces  dépôts.  Ce  minerai 
a  été  produit  en  abondance  autour  des  masses  siliceuses;  il  en 
remplit  les  cavités,  mais  il  n*ofFre  jamais  la  forme  granulaire  ou 
pisolitique  des  minerais  des  terrains  plus  anciens. 

Le  gypse  a  été  intercalé  à  celte  même  époque  basaltique  dans 
les  brèclies  et  les  pépérites  qui  avoisinent  ou  entourent  les  basaltes. 

Ce  minéral  existait  déjà  dans  le  terrain  tertiaire  de  l'Auvergne, 
mais  en  petite  quantité. 

Les  sources  antérieures  à  l'apparition  du  basalte  étaient  essentiel- 
lement calcarifères,  silicifères,  gypsifères  et  ferrifères. 

C'est  à  la  complication  cbimique  de  ces  sources  que  sont  dues 
les  innombrables  variétés  de  tufs  ou  pépérites  qui  enveloppent  les 
basaltes  ou  qui  se  sont  épanchés  autour  d'eux.  Les  fragments  de 
roches  des  terrains  traversés,  en  partie  brisés  par  la  force  éruptive, 
ont  été  mêlés  au  fer,  à  la  silice,  au  calcaire  et  aux  débris  de  basalte 
pour  former  ces  roches  hétérogènes  dans  lesquelles  on  rencontre 
encore  des  zéolithes,  des  arragonites  et  des  opales  impures  diverse- 
ment colorées. 

Ces  faits  nous  montrent  partout  l'action  de  l'eau  dans  les  forma- 
tions  volcaniques,  non  de  l'eau  agissant  mécaniquement,  comme 
dans  la  création  des  sédhnents,  mais  l'action  de  l'eau  chauffée  ou 
surchatijfée^  agissant  avec  toute  l'énergie  que  lui  donnent  la  tem- 
pérature et  la  pression  réunies. 

La  seconde  série  de  faits  dont  j'aurai  à  entretenir  la  Société  est 
la  présence  du  terrain  erratique  eu  Auvergne. 

On  rencontre  sur  le  flanc  méridional  du  mont  Dore,  depuis  la 
base  jusqu'à  une  certaine  dislance  de  ce  groupe  de  montagnes, 
tous  les  caractères  du  terrain  erratique  de  la  Scandinavie.  C'est 
principalement  près  de  Latour  et  aux  environs  de  Saint-Genès- 
Champespe  que  l'on  peut  faire  ces  curieuses  observations. 

Quelle  que  soit  la  nature  du  sol,  mais  principalement  le  sol 
granitique,  il  est  parsemé  de  blocs  nombreux,  souvent  arrondis,  la 


772  SÊANCB    DU    2S    AYRtL   18G2. 

plupart  basaltiques  ;  quelques-ulis  sont  quarlzeux,  d'aaires,  moins 
nombreux,  trachy tiques  ou  incmc  granitiques. 

Ces  blocs  sont  de  toute  {;rosseur,  depuis  un  véritable  grafier 
accumule  en  quelques  cndroit^t,  ju8qu\î  des  masses  d*an  mètre 
cube,  dispersées  et  éparpillëes  sur  le  terrain. 

Les  vallées  creusées  dans  le  granité  et  tous  les  monticules  qui 
font  saillie  au-dessus  du  sol,  lorsqu'on  les  aborde  en  tournant  k 
dos  au  mont  Dore,  c'est-à-dire  en  mai^liant  vers  le  sud,  offrent  da 
surfaces  usées,  polies,  moutonnées,  et  rappellent  parfaitement  les 
vallées  des  Alpes  occupées  autrefois  par  des  glaciers,  on  cesplaioei 
de  la  Suède  où  chaque  saillie  a  été  clioquée  et  usée  par  des  cfaoci 
répétés  et  violents.  Des  rainures,  véritables  Karrenj  se  présentent 
aussi  sur  les  {granités. 

Si  au  contraire  on  marche  vers  le  nord,  cVs-tà-dire  en  sens  con- 
traire, ayant  le  mont  Dore  un  face,  les  roches  des  yallécs,  lei 
saillies  dos  plainos,  tout  est  abrupt;  tout  a  conservé  ses  angles  et 
ses  arêtes.  On  reconiinil  distinctement  un  côté  préserve^  tandis  nue 
l'autre  a  otc  choque.  On  a  donc  la  direction  de  la  force  qui  a  pro- 
duit ce  curieux  phénomène. 

Mais  l«\  ne  se  borne  pas  la  ressemblance  de  cette  contrée  res- 
treinte avec  les  plaines  et  les  vallées  de  la  Scandinavie  ;  on  y  trouve 
encore  ces  (rainées  de  blocs  choquants  qui  se  sont  accnmuléscD 
séries  après  avoir  perdu  leur  puissmce.  Un  immense  dépôt  de  ces 
blocs  existe  au  delà  de  Tauves  et  a  reçu  des  habitants  le  nom 
bizarre  et  expressif  de  Cimrt'tvrc  dr.\  cningês.  Nous  pouvons  citer  la 
vallée  d'Orbcviale,  près  de  Latour,  comme  un  des  points  où  lesgra- 
nites  et  même  les  basaltes  prcseutent  au  plus  haut  degré  ce  double 
caractère  de  roche  choquée  d'un  côte  et  préservée  de  l'autre. 

Les  mêmes  faits  se  manifestent  avec  la  plus  grande  évidence  sur 
la  petite  colline  où  est  b^Uie  l'église  de  Saint- Genès-Gliampespe. 
D'un  côté  toutes  les  pentes  sont  adoucies,  les  angles  an-ondis;  à 
l'opposé  le  granité  oflre  de  petits  escarpements  et  conserve  ses 
arêtes.  Toute  la  plaine  qui,  de  Saint-Genès  s'étend  jusqu'au  Cantal, 
tous  les  environs  du  joli  lac  de  Las  Pialacles  présentent  les  mêmes 
faits  d'érosion  et  toujours  dans  le  même  sens. 

C'est  toute  une  contrée  qui  a  été  battue  en  brèche  par  une 
puissante  artillerie.  C'est  la  lutte  des  vallées  blindées  de  granité 
contre  les  projectiles  puissants  de  la  nature. 

Ces  derniei-s  f/isent  maintenant  eur  le  sol  à  l'étit  de  boulets 
morts.  Quelcpies-uns  vaincus  parla  résistance  sont  tombés  impuis- 
sants au  pied  (le  la  foiterosse  qui  résistait  à  leui-s  coups,  d*autres 


]|OTB   PE   a.    UBCOQ.  77S 

fraucLissanl  les  obstacles  ont  usé  toutes  les  saillies  et  se  sont  arrêtés 
api  es  Tœuvie  de  destruction  qu'ils  avalent  accomplie.  C'était  Tâge 
de  pierre,  mais  la  lutte  n'avait  lieu  alors  qu'eiitie  les  éléments. 

La  présence  de  niasses  arrondies  de  basalte  dur  et  compacte 
formant  la  presque  totalité  des  projectiles  ne  laisse  aucun  doute 
sur  leur  ori^^ine.  On  remonte  en  suivant  leurs  traces  jusque  sur  les 
flancs  du  mont  Dore.  Là  d'énormes  plateaux  basaltiques  ont  leurs 
bords  démantelés,  leurs  prismes  brises  en  tronçons  anguleux.  On 
reconnaît  sans  peine  sur  plusieurs  points  les  arsenaux  où  puisait 
la  nature  dans  ces  luttes  de  ravage  et  de  destruction;  reste  à  recon- 
naître le  moteur  puissant  au  moyen  duquel  elle  dirigeait  ses  coups. 

Le  feu  ou  Teau  est  la  seule  force  que  Ton  puisse  invoquer. 
Le  feu  des  volcans,  quelle  que  soit  son  intensité,  ne  peut  rien  expli- 
quer  dans  le  grand  phénomène  qui  nous  occupe  ;  sa  force  soule- 
vante et  les  éruptions  qu'elle  a  pu  occasionner  n'ont  aucun  rapport 
avec  les  faits  que  Ton  peut  observer  dans  tonte  cette  contrée,  et 
d'ailleurs  les  volcans  avaient  épuisé  leui-s  efforts  lors  de  cette  période 
erratique. 

C'est  donc  à  Teau,  cet  agent  mobile  et  destructeur,  qu'il  faut 
demander  compte  du  transport  de  tous  ces  blocs,  de  la  vitesse  dont 
ils  étaient  animés  et  de  l'action  qu'ils  ont  exercée  sur  les  roches 
les  plus  dures. 

Mais  l'eau  des  ruisseaux  qui  coulent  paisiblement  aujourd'hui 
dans  ces  vallées  verdoyantes,  l'eau  même  des  torrents  que  des 
pluies  abondantes  font  descendre  avec  violence  des  hautes  vallées 
du  mont  Dore  ne  peuvent  nous  expliquer  la  projection  de  tous  ces 
blocs. 

11  faut  arriver  à  cette  période  géologique  relativement  moderne, 
où  l'eau,  à  l'état  solide,  est  intervenue  dans  la  formation  des  ter- 
rains. Dès  lors  commence  une  série  de  phénomènes  qui  n'avaient 
pas  encore  eu  lieu  sur  la  terre. 

Notre  planète  douée  d'une  température  plus  élevée,  enveloppée 
d'une  atmosphère  plus  chaude  et  par  conséquent  plus  humide, 
pouvait  alors  réunir  sur  des  points  élevés  et  condensateurs  des 
neiges  abondantes  qui  s'accumulaient  pendant  la  durée  d'une 
saison. 

A  partir  de  cette  époque  commencent  ces  terrains  de  transport 
caractérisés  par  le  tumulte  et  le  désordre  des  ton*ents.  La  fonte 
subite  de  ces  neiges,  les  pluies  vernales  qui  les  accompagnaient, 
donnaient  naissance  à  des  cours  d'eau  périodiques  et  violeuts 
capables  de  communiquer  une  terrible  impulsion  aux  débris  qu'ils 
entraînaient. 


T7h  SÉANCE  DU   28  ATâlL  186S. 

C'est  h  ces  dëbâcles  qu'il  faut  rapporter  et  le  nombre  eth  vilaK 
des  blocs  qui  ravageaient  les  vallées,  et  qui,  ayaot  ëpuisë  lean 
forces,  se  dispersaient  sur  les  plaines,  ou  s'arrêtaient  eu  loDgaa 
traînées. 

Cette  ë|)oque  de  dëpôtetde  fusions  alternatives  de  neiges  abon- 
dantes a  précédé  partout  sur  la  terre  cette  période  glaciaire  pendant 
laquelle  les  nei{;es  transformées  en  névé,  puis  en  f^lace,  se  sont 
étendues  sous  ia  forme  de  fleuves  congelés  à  de  grandes  distances 
de  leur  |)oint  d'origine. 

Los  anciens  glaciers  se  sont  retirés  en  laissant  dans  les  vallées 
des  Alpes  leurs  puissintes  moraines  comme  les  tlieriuomètres â 
mnxinia  abandonnent  leurs  nolleurs.  Il  y  avait  |>our  les  Alpes, 
comme  pour  le  mont  Dore,  comme  pour  toutes  les  montagnes, 
surnlioiiilance  de  ncij;e  produite  par  une  température  plus  élevée 
que  la  nôtre  et  par  une  évaporai  ion  en  rapport  avec  cette  tempé- 
rature. Ceux  qui  ont  invoqur  pour  la  période  {jlaciairo  un  liivcr 
éternel  ou  séculaire,  un  abaissement  de  température,  n^ont  pas 
réfléclii  que  la  glace  îles  glaciers  se  forme  aux  dépens  du  névé, 
celui-ci  par  une  modification  de  la  neige;  la  neige  est  d'autant 
plus  abondante  qu'il  existe  dans  Tair  plus  de  vapeur  d*eau  pour 
en  constituer  les  flocons  cristallins,  et  pei^sonne,  ù  ma  connaissance, 
n'a  imaginé  de  créer  de  la  vapeur  d'eau  sans  chaleur. 

La  communication  de  M.  Lccoq  donne  lieu  à  queîques  ob- 
servai ions  de  la  part  de  MM.  Barrande,  Delessc  et  Hébert. 

Puis  M.  Ch.  Sainte-Claire  Dcville  citOp  à  l'appui  de  ce  que 
M.  Lecoq  vient  do  dire  de  la  relation  qu'il  a  obserrée  entre 
l'apparition  des  dernières  protubérances  basaltiques  et  la  sécré- 
tion de  certains  calcaires  lacustres,  des  faits  analogues  qu'il  a 
eu  lui-même  l'occasion  de  reconnattre  en  Sicile,  dans  les  envi- 
rons de  Palagonia,  de  Mililello  et  de  Scordia.  Le  lac  de  Palici 
et  la  Valancella  [qu'il  a  drcrits  dans  sa  Deuxième  lettre  a 
M.  Dumas^  lui  paraissent  les  derniers  représentants,  pour 
ainsi  dire,  microscopiques,  des  émanations  qui,  aux  époques 
antérieures,  oni  fourni  les  masses  d'acide  carbonique  auxquelles 
OD  peut  attribuer  ces  effets. 

Lo  Secrétaire  extrait  ce  qui  suit  d'une  lettre  de  M.  Zieo* 
kowicz  sur  les  résultats  d'un  sondage  pratiqué  à  Venise  : 


LimS   DI    M.    ZIBNKOWICZ.  775 

Monsieur  le  Président ^ 

Vers  la  fin  de  Tannée  1858,  M.  le  directeur  des  chemins  de 
fer  lombards-vénitiens  m'a  confié  la  direction  du  forage  d'un 
puits  artésien  à  la  station  de  Mestre,  à  8  kilomètres  de  Venise  (1). 

N'ayant,  dans  ce  moment,  que  ce  travail  à  soigner^  j'ai  pu 
suivre  assidûment  cette  opération  et  minutieusement  examiner 
les  matières  que  la  tarière  apportait  d'une  profondeur  croissante, 
qui  atteignait  39  mètres  le  jour  où  les  complications  politiques 
survenues  dans  ce  pays  ont  empêché  de  poursuivre  le  forage. 

Quoique  les  nombreux  puits  artésiens  ouverts  à  Veni§e  aient 
déjà  fait  connaître  la  disposition  du  sol  de  cette  contrée,  je  crois 
cependant  que  les  faits  observés  par  moi  présenteront  quelque 
intérêt  à  la  science,  et  je  vous  prie,  monsieur  le  Président,  de  vou- 
loir bien  les  communiquer  à  la  Société  géologique. 

Pendant  le  forage  du  puits  de  Mestre,  j'ai  remarqué  : 

1°  A  la  profondeur  de  7'°,/i3  à  10™ ,80,  au-dessous  du  niveau 
des  rails,  des  dépôts  de  sable  renfermant  les  coquilles  terrestres 
(Succinia,  Hélix,  Pupn,  etc.);  la  sonde  a  apporté  aussi  des  frag- 
ments d'un  calcaire  blanc,  compacte,  à  cassure  unie  ou  saccha- 
roïde,  translucide  sur  les  arêtes.  Ces  fragments  calcaires  ont  reparu 
dans  le  dépôt  sablonneux  à  la  profondeur  de  21  à  23  mètres. 

2°  A  la  profondeur  de  I/4  à  39  mètres,  les  divers  dépôts  argileux 
renferment  des  strates  de  tourbe  ou  des  matières  tourbeuses  gros- 
sièrement mêlées  avec  l'argile,  souvent  d'une  manière  assez  intime, 
il  est  vrai,  pour  donner  à  l'argile  des  couleurs  ou  teintes  diverse- 
ment variées.  Ma  tarière,  de  0'°,45  de  diamètre,  apportait  des 
tranches  du  sol  bien  taillées,  sans  dérangement  ni  trituration  de 
la  matière,  de  sorte  que  l'on  pouvait  parfaitement  voir  la  dispo- 
sition et  la  succession  des  strates  et  des  dépôts  entiers. 

Dans  tous  les  échantillons  qui  renfermaient  des  restes  organi- 
ques, j'ai  remarqué  que  toujours  la  matière  tourbeuse  constituant 
les  strates  de  tourbe  ou  d'argile  tourbeuse  a  dû  subir  une  espèce 
de  trituration  avant  d'être  déposée,  car  elle  est  en  état  pulvérulent 
ou  en  plaquettes  minces  de  petite  dimension,  ou  quelquefois  en 
petits  noyaux  de  tourbe  compacte.  J'ai  trouvé  aussi  des  fragments 
ligneux  avec  des  angles  arrondis. 

Je  n'ai  trouvé  ni  filament  ou  squelette  de  plante,  ni  filament 


(I)  La  station  de  Venise  est  de  2", 86  à  3", 63  au-dessus  du  niveau 
de  la  haute  mer  ordinaire.  La  station  de  Mestre  est  à  3™,  15  du  môme 

pOÎBt. 


77C  SfiAKCB   DU    28    ATRIL   1862. 

de  racine  pénétrant  dans  Tarp/ile,  ce  qui  me  fait  crcure  que  la 
matière  vé{;étale  formant  les  strates  de  tourbe  ou  disséminée  dans 
l'argile  ne  provient  pas  des  végétaux  croissant  jadis  sur  les  lieux 
mêmes,  mais  vient  plutôt  des  tourbières  éloignées.  En  remontaot 
la  Breula  vers  Piazzola,  on  aperçoit  dans  le  lit  et  sur  les  rives 
de  cette  rivière  des  dépôts  assez  puissants  de  tourbe  et  des  arbrtt 
assez  bien  conservés.  Cette  circonstance  semble  venir  à  Tappui  de 
mon  opinion  (1). 

Les  événemeiUs  politiques  de  1859  m*ont  empêché  de  pousser 
le  forage  au  delà  de  60  mètres;  je  ne  prétends  donc  pas  attribuer 
la  même  origine  aux  dépôts  de  tourbe  que  l'on  a  rencontrés  dans 
le  forage  des  puits  artésiens  au  fort  iMalguena  (2)  dans  la  lagune 
entre  Mestre  et  Venise,  à  Santa  Maria  Formosa  et  a  Tilc  de  la 
Guidccca  à  Venise;  cependant  la  puissance  si  minime  de  ces 
dépôts  et  la  présence  des  ar}',iles  tourbeuses  me  fout  croire  que 
leur  origine  est  aussi  alluviale. 

y  Aussitôt  que  la  sonde  a  pénétré  dans  le  dépôt  argileux  (h 
2U  mètres  de  profondeur),  le  dégagement  abondant  de  gaz  hydro- 
gène carboné  s'est  déclaré  ;  sou  bouillonnement  a  presque  cessé 
à  27*", 70,  mais  à  29  mètres  il  a  recommencé  avec  force  et  a  oon* 
tinué  avec  des  intervalles,  selon  que  la  soude  traversait  les  dé- 
pôts sablonneux  ou  argileux. 

Tous  les  puits  artésiens  ouverts  à  Venise  ou  dans  ses  environs 
produis(Mit  continuellement  le  gaz  inflammable;  c'est  un  don 
providentiel  dont  un  jour  les  Vénitiens  sauront  profiter  en  l'em- 
ployant comme  chauffage  dans  les  établissements  de  bain,  pour 
la  distillation  de  Teau  et  dans  tous  les  besoins  domestiques.  Il  est 
même  étonnant  que  jusqu'à  ce  moment  l'utilisation  de  ce  précieux 
combustible  n'est  fias  venue  à  l'idée  des  habitants  de  Venise  ;  le 
combustible  y  est  cher,  et  pour  un  sacrifice  de  six  à  neuf  cents 


(1)  En  4  857  et  4S58,  étant  chargé  de  rexécution  de  plusieurs  sou- 
dages dans  le  Pô  pour  la  reconnaissaDce  de  la  nature  du  soi  i  Borgo- 
forte  près  Mantoue  et  à  Plaisancu  où  doivent  ôtre  construits  les  ponts 
pour  les  chemins  do  for  lombards-Téni tiens,  j'ai  vu  souvent  que  ce 
fleuve,  pondant  ses  débordcmenfs  fréquents,  charriait  des  morceaux 
ou  blocs  de  tourbe.  C4OS  blocs  avaient  la  forme  sphërique  ou  ellip* 
soldalo,  et  étaient  d'un  volume  qui  dépassait  3"^, 50.  Ils  venaient  du  lac 
Majeur,  et  par  le  Tossin  et  le  Pôso  rendaient  dans  l'Adriatique. 

(2)  Lo  colonel  du  génie,  directeur  des  fortifications,  m'a  dit  que 
l'eau  du  puits  artésien  de  ce  fort  est  le  meilleur  remède  pour  guérir 
les  soldats  de  la  fièvre  intermittente  dont  ils  sont  très  souvent  atleiats. 


LBTTIB    DE    M.    ZIBIVKOWICZ. 


777 


francs,  chaque  propriétaire  pourrait  se  faire  ouvrir  ud  puits  don- 
nant un  cliauffage  continu. 

k^  Vers  la  profondeur  de  27  mètres  la  tarière  a  commencé  à 
apporter  des  tubercules  ou  concrétions  de  diverses  formes,  sou- 
vent perforées;  leur  surface  démontre  qu'elles  se  sont  formées 
sur  le  lieu  même  du  dépôt.  Ces  concrétions  se  montraient  dans 
presque  tous  les  dépôts  argileux,  jusqu'à  la  profondeur  de  SS'^yQO. 
Les  échantillon^  de  ces  tubercules  ont  été  remis  au  secrétariat  de 
la  Société  géolo^jique  au  mois  de  mai  1859. 

Tableau  stratigraphique  du  sol  traversé  par   la  sonde  pendant 
le  forage  du  puits  artésien  à  la  station  de  Mestre  près  Venise, 


Remblai 

Sable  très  t\n,  jaune,  argUeux 

Argiie  calcaire,  jaune,  «alileuse,  queic|aefoi«  bm- 

nAlre 

Argile  ficaire,  bleue  ou  verdfttre 

Argile  catciiire,  janoe,  sableuse,  Irèi  dure,  atec 

nodules  calcaires • 

Sable  fin,  jaune,  urgileux,  déliquescent,  aqnifùre 

remoBUat 

S;ible  fin,  juune  plus  cluir,  argileux 

Sable  fin,  gris  juunâtre,  moins  argileux 

Sftbla,  commo  pins  baut,  gria  plus  clair,  peu  ar- 

Êll^ux 
le  gris,  fin,  peu  argileux,  avec  quelques  ce 
quilles  et    Fragmenls  ralcaires   anguleux;  co 
quilles  {Suarinia,  Hélix,  fragments  de  Pupa) 
lerrestres  des  endroits  bumides  d*eatt  douce  .  . 

Argile  calcaire,  bleue,  fine,  ductile  ;  de'sséchée, 
devient  gris  blaucbltre 

Sable  gris  blenfltre,  très  Cv>mpacle;  liesscchë,  do 
rient  gril • 

Argile  calcaire,  rcsistanle,  renfermant  b  matière 
tourbeuse  en  tftat  pnlTérnlent  ;  dessrclicV,  de- 
Tient  gris  blancbtlre 

Argile,  comme  la  prdcddenle,  sableuse,  bloue 
(gri^e  après  dessicculion) 

Argile  blanc  fauve  ou  Tiolaoëè,  très  résistante; 
renfermant  la  matière  tourbeuse  en  étal  pulvé- 
rnlent  (après  dessiccation,  grise) 

Argile  gris  faunAtre,  sableuse 

Argile  bleue,  violacée  ou  rosAire,  grise  (de  di- 
verses couleurs),  compacte,  présentint  quelques 
tacbes  ou  luberculei  blanchAlres  pins  résis- 
tants que  la  musse  de  matière,  cependant 
moins  dure  que  celle  rencontrée  plus  bas.  .  . 

Sable  gril»  fin,  nn  peu  argileux,  très  compacte, 
avec  quelques  fragmenta  de  calcaire  compacte 
blanc,  translucides  sur  les  ai  êtes.    . 

Ar^  blene (grise  après desstccaiion),avec  loarbo 
pulvérulente  et  limon,  puis  argile  se  divisaul 
par  feuillets 

Tourbe  triturée,  argile  grise,  tourbeuse,  pais  ar 
gile  noire 

Argile  bleue  (grise  après  dessiceallon),  avec  lu 
beraslM  on  oncrétloDs 


un. 


O.iO 
0,10 

1,30 
0,30 

0,15 

0,S5 
0.68 
1,31 

9,92 


3,39 
«,85 
«,18 

l,6i 

1,50 

0,SO 
0,35 

i,eo 


i,50 

3,li 

1,10 
1,57 
0,55 


pioroi- 

HUl. 


1,85 
9,40 


10,73 
19,58 
13,88 

15,50 
17,00 


17,65 
«9,95 


90,75 

93,86 

9»,96 
96,53 


L'eau  stationoalre. 


Apparition  du  gas. 


778 


SfiANCB   DU    28   AfUL    1862. 


kvfijde  maigre,  déliquescente,  hleue  (grise),  ofec 
tabercales  ou  concrétions  souvent  perforées.  . 

Sable  fin«  arrileui,  gris  bleuâtre  (see,  grie  |au- 
nfttre),  résistant,  avec  concrétions. 

Subie  fin,  gris,  argileux,  devenant  peu  k  peu  plus 
pur  et  aquif^ 

Tourbe  triturée  ou  marne  tourbeuse.  • 

Argile  ou  morne  tourbeuse,  brun  noir&tre,  très 
résistante 

Argile  bleue  (giise;,  résisiunle,  avec  des  veines 
blanches  et  noires,  avec  tubercules  ou  concré- 
tions   


Sable  gris  blenitre,  réti^lant,  aqaifère 

Argile  fine,  gris  bleuâtre,  compacte. 

Arj^ile  gris  noiiâtre,  sableuse,  micjcée 

Argile  précèdent!»,  plus  claiir 

Sable  argileux 

Argile  gris  blanchâtre,  Une,  ductile 

Sable  fin,  gris,  un  peu  argileux 

Tourbe  triturée  et  argile  tourbeuse. 

Argile  gris  blanchAtre,  avuc  des  roncrétiont.  .  . 
Sable  fin,  gris,  peu  argileux,  avec  des  coucrétions 

souvent  perforées 

Sable  plut  fin 

Argile  marneuse,  noirâtre,  tourbeuse 

Argile  grisâtre,  avec  tourbe  et  coocrctions 

Sable  gris,  fin,  avec  des  débris  de  coquilles  ter- 

rostrea. 


ipiis- 


0,91 

i,55 
0J5 

0,19 

0,W 

ï,74 
0,S0 
l,0« 
l,W 
0,iS 
OM 

0,16 
0,t4 
0,50 

4,B9 
0,10 
0,15 
0,10 

0,14 


nom- 


tr.To 

i8,33 

39,8g 


S0,95 

39,09 
33,19 
ô4,'Kf 
35,45 
85,69 
36,13 


36,93 

36.46 
39,66 


30,04 


ter. 


L*eau.  plas  aboa- 
<lanl«  et  batf- 
1jibI«,  «iriTe  à 
f  mètre  an-denoFS 
das  raila. 


I/aieeniion  de  Ti'an 

•at  moÀDa  forte. 
L'aacenslon  de  i'ean. 
Iu«  forte  et  beail- 
aate,    arrive    de 
noav«eu  à  f  nèCre 
«a  -  deasona     des 
raila. 


r.' 


L'eau  a 
d««  raila. 


Le  Secrétaire  donne  lecture  de  la  note  suivante  de  M.  de 
Hausiab. 

Comparaison  géographique^  orographique  et  géologique  de  la 
surface  terrestre  açec  celle  de  la  partie  visible  de  la  tune; 
par  le  feldzeugmeister  pensionné  cheYalicr  de  Hausiab  (1). 

La  surface  de  notre  globe  privé  de  sa  pellicule  superficielle  ne 
nous  offre  que  le  pendant  de  la  configuration  ele  la  parité  visible  de 
la  lune,  néaDiiioins,  toute  cachée  qu*e8t  maintenant  cette  resiem- 
blance,  je  crois  en  retrouver  des  traces  en  grand  comme  en  petit 
dans  les  détails  géographiques^  orographiques  et  géologiques  de  notre 
terre. 

Parmi  les  photographies  Je  la  configuration  lunaire,  je  distin- 
gue :  1°  des  formes  circulaires  incontestablement  volcaniques, 
avec  des  bouches  encore  fumantes;  2**  des  formes  semblables, 
moins  aisées  à  reconnaître,  aver  des  traces  de  volcans  actuels  sur 


(4)  Cette  note  a  été  rédigée  par  M.  Â.  Boue. 


NOTB   DB   H.    DB   HAVSLAB.  770 

les  rebords  de  ces  anciens  entonnoirs  cratëriformes  ;  S^  des  formes 
analogues  plus  cachées  à  cause  du  recourrenient  de  dépôts  ou  de 
sédiments  neptuniens;  (i°  des  formes  quoique  semblables,  mais 
plus  ou  moins  défigurées  par  le  concours  de  soulèvements,  d'affais- 
sements et  de  fendillements  postérieurs.  Telle  est  Tidée  que  je 
vais  m'efforoer  d'établir,  tout  en  reconnaissant  d*un  côté  l'oppo- 
sition de  beaucoup  d'incrédules  et  même  de  quelques  géologues 
connus,  tandis  que  de  l'autre  je  crois  mon  opinion  déjà  adoptée 
pur  des  hommes  distingués  et  compétents.  Ainsi,  sans  parler 
de  Galilée,  qui  dès  17/i6  comparait  le  bassin  bohémien  â  certains 
fonds  circulaires  de  la  lune  [Opera^  vol.  II,  p.  8),  dès  1810  Ber- 
zenberg,  et  dès  1826  Gruithuisen  ont  établi  de  semblables  com- 
paraisons pour  le  Cratère-Lac  de  Laach  {Ann.  de  phys.  de  Gilbert, 
vol.  XXXIV,  p.  352,  et  Archiv  f,  naturl.  de  Kastner,  vol.  VIII, 
p.  20j.  En  1829  M.  Elie  de  fieaumont  crut  retrouver  un  cirque 
de  la  lune  dans  celui  de  la  Bérarde  en  Dauphiné  [Soc.  philo^ 
matiq.  de  Paiis,  7  mars,  p.  19;  Mém.  Soc.  (f/tist.  nat.^  vol.  V, 
p.  17,  et  C,  R,  M.  dtts  se,  18/|3,  vol.  XVII,  p.  1208).  En  1881, 
il  détailla  les  rapports  du  relief  de  l'île  de  Crylan  avec  cer- 
taines chaînes  de  la  lune  (Jnfi,  se.  nat.,  vol.  XXII,  p.  88),  et  en 
1840  il  compara  en  général  les  masses  de  montagnes  circulaires 
de  la  terre  avec  celles  de  la  lune  (C  R.  Ac  des  sc^,  vol.  XVI, 
p.  1032).  Environ  vers  la  même  époque,  iM.  F.  de  Strantz  en  fit  à 
peu  près  autant  {Arbcitcn  d.  Schles.  Ges,  J,  çaicti,  Kultur^  p.  70, 
et  N.  Jahrb,  f.  Min,^  18(|4,  p.  55/!t).  En  1858  un  savant  Américain, 
IVI.  St.  Alexander,  adopta  nos  idées,  au  moins  pour  l'hémisphère 
boréal  du  globe  [Americ  Associât.,  V  assemblée),  mais  le  seul 
auteur  qui  se  soit  prononcé  aussi  généralement  que  moi  parait  être 
feu  le  commandant  Rozet.  Dans  son  mémoire  sur  la  sélénologie, 
il  dit  en  toutes  lettres  que,  si  la  surface  de  la  terre  était  débarrassée 
des  mers  et  de  tous  les  dépôts  de  sédiment  qui  la  recouvrent,  les 
formes  annulaires  y  seraient  probablement  dominantes  [Bail,  Soe, 
géol.  de  Fr.,  1846,  nouv.  sér.,  vol.  III,  p.  266). 

Néanmoins,  tous  les  savants  cités,  y  compris  le  dernier,  n'ont  pas 
développé  toutes  les  preuves  de  cette  hypothèse,  qui  tend  cepen- 
dant à  illustrer  si  essentiellement  les  phases  premières  de  forma- 
tion par  lesquelles  a  passé  notre  planète.  Je  me  flatte  donc  qu'on 
ne  regai*dera  pas  mon  essai  comme  un  hors-d'œuvre ,  surtout 
lorsqu'à  ce  court  exposé  viendront  se  joindre  une  série  de  dessins 
des  exemples  les  plus  patents  pour  les  quatre  ou  cinq  genres  de 
formes  possibles  à  reconnaître  sur  la  surface  terrestre.  Mais  pour 
oela  il  me  faut  plus  de  loisirs  que  dans  le  moment  actuel. 


780  SÉANCB   J)U    28    ATHIL    1862. 

iM'adressant  à  une  assemblée  d'iiommes  sachant  depuis  ioag- 
teiups  allier  meLveillcuseiacntla  théorie  avec  la  science  pratique, 
je  n'ai  pas  besoin  d'excuser  mon  entrée  dans  un  champ  si  spécu- 
lalif,  comme  ce  serait  le  cas  si  je  parlais  à  des  réunions  de  savants 
regardant  comme  superflu  ou  purement  idéal  tout  ce  qui  sort  de 
l'A,  B,  C.  de  la  géognosie  de  fait. 

Si  la  projection  sous  laquelle  s'offre  à  nos  yeux  la  lune  change 
pour  ces  derniers  tous  les  cercles  en  ellipses,  néanmoins,  en  com- 
parant une  bonne  carte  lunaire  avec  une  mappemonde  terrestre, 
on  remarque,  à  côté  d'une  foule  de  différences  dans  les  formes, 
quelques  configurations  sur  la  terre  ferme  ou  dans  les  coutoursdes 
mers,  qui  peuvent  se  placer  en  face  des  formes  circulaires  fré* 
quentesdans  notre  satellite.  ÎVlaissi  des  planisphères  on  passe  aux 
cartes  de  plus  en  plus  délai  liées  pour  les  différentes  régions  du 
globe,  on  voit  s'accroître  graduellement  ces  ressemblances  eu 
grand  comme  en  petit,  tandis  que  notre  opinion  gagne  des  prouves 
diverses,  très  valables  et  intéressantes  dans  les  résultats  des  relevés 
exacts  orogi-aphiques,  géologiques,  miniers,  volcaniques,  Lalnëo- 
logiques  et  séismiques.  . 

Une  notion  préliminaire,  essentielle  à  ne  jamais  oublier,  est  que 
la  partie  visible  et  très  montueuse  de  la  lune  ne  parait  pas  con- 
tenir de  l'eau,  ni  par  conséquent  de  vapeurs  et  de  météores  aqueiu. 
Si  sa  surface  est  couverte  d*air,  cette  pellicule  n'y  devrait  avoir 
qu'une  très  petite  altitude.  Nous  n'avons  pas  à  nous  occuper  de  la 
question  si  le  côté  opposé  de  la  lune  a  ou  n'a  pas  une  autre  consti- 
tution physique ,  comme  cela  est  possible,  car  cette  hypothèse 
même  admise  ne  peut  influer  sur  notre  comparaison  qu'en  tant 
qu'il  fût  permis  de  croire  que  cette  distribution  des  eaux  et  de  Tair 
dans  la  lune  n'a  pas  toujours  été  la  même.  En  effet,  dès  qu'on 
admet  des  liquides  et  des  gaz  dans  une  planète,  on  doit  s'attendre 
à  y  trouver  les  mêmes  produits  ou  des  produits  analogues  à  ceux 
dont  ces  facteurs  physiques  ont  trouvé  moyen  d'encroûter  notre 
terre,  savoir  des  dépôts  d'alluvion,  des  sédiments,  ainsi  que  quelques 
précipités  et  combinaisons  chimiques.  Or,  ces  dernières  matières 
doivent  avoir  une  tendance  notable  à  modifier  la  configuration 
originaire  de  toute  planète  de  ce  genre  par  recouvrement  autant 
que  par  décomposition  de  ce  qui  existait.  Dans  la  lune  les  formes 
primordiales  seraient  restées  intactes. 

D'une  autre  part,  tout  nous  dit  dans  notre  globe  que  so  surface 
est  loin  d'avoir  sa  figure  première,  et  que  même  la  nature  primor- 
diale de  cette  superficie  était  autrefois  tout  autre  qu'actuellement. 
En  effet,  à  coté  de  formes  très  différentes  de  celles  d'aujourd'hui  » 


HOTB  DB   a.    DR    nAUSLAB.  781 

les  roches  cristallines  niassivrs  ou  même  feuilletées  produites  les 
premières  nous  donnent  une  idée  de  l'activité  chimique  terrestre 
de  cette  époque  si  reculée.  Or,  pour  se  rendre  compte  de  ce  fait 
très  prohable,  il  ne  nous  reste  que  l'hypothèse  d'une  plus  grande 
dose  de  chaleur,  et,  par  suite,  d'une  intensité  plus  grande  d'électro- 
magnétisme  à  la  surface  de  notre  planète.  Nous  sommes  donc  rame- 
nés malgré  nous  à  l'hypothèse  plutonique,  et  nous  devons  laisser 
forcément  de  côté  ceux  dont  l'entendement  ne  peut  se  plier  à  de 
pareilles  suppositions,  ou  qui  aiment  mieux  rester  dans  un  doute 
ne  conduisant  à  rien  et  sans  remplacement  possible  d'une  idée 
vraiment  philosophique. 

Mais  si  la  surface  terrestre  a  eu  autrefois  une  température  bien 
supérieure  à  celle  d'aujourd'hui,  si  sa  masse  a  rayonné  dans  l'es- 
pace une  bien  plus  grande  quantité  de  calorique,  il  est  clair  qu'il 
en  a  dû  résulter  une  série  de  configurations  telles  que  nous  les  pré- 
sentent ordinairement  les  matières  fondues,  incandescentes,  ou  si 
Ton  veut  simplement  celles  soumises  h  une  extrême  chaleur.  Or, 
la  similarité  de  ces  dernières  formes  avec  celles  tant  de  la  lune 
que  de  notre  globe  a  été  signalée  déjà  plusieurs  fois,  comme  par 
exemple,  par  MM.  Fournet  (fi«//.,  l'«  sér.,  i83/i,  vol.  IV,  p.  200), 
Angelot  (r///o,  18^2,  vol.  XIV,  p.  19),  Viiiet,  etc. 

A  côté  de  cela  Tancienne  chaleur  du  globe  une  fois  admise,  on 
arrive  à  la  donnée  de  matières  visqueuses  ou  semi-fluides,  non  pas 
seulement  à  la  surface,  mais  aussi  dans  son  intérieur,  au  moins 
jusqu'à  une  certaine  profondeur.  Or,  vu  la  double  rotation  du 
globe  deux  forces  ont  dû  agir  sur  la  disposition  et  le  déplacement 
des  matières  en  question,  savoir  la  force  centrifuge  et  la  force  cen- 
tripète, tandis  que  la  pression  a  contre-balancé  dans  l'intérieur 
pour  les  déplacements  possibles  les  suites  de  la  viscosité.  En  con- 
séquence de  ces  forces,  il  a  dû  se  produire  dans  ces  temps  primor- 
diaux non  pas  seulement  des  crevasses  et  des  renflements,  mais 
aussi  des  élévations  ou  éjaculations  de  matière  fondue,  soit  dans 
des  fentes,  soit  dans  des  centres  de  soulèvement;  donc  les  formes 
de  la  lune  auront  dominé  alors  manifestement  sur  la  surface 
terrestre. 

D'une  autre  part,  si  d*abord  des  anfractuosités  ou  bassins  de 
lOches  maintenant  granitoïdes  ont  été  entourés  de  tas  de  scories, 
dès  que  la  température  s* est  assez  abaissée  pour  permettre  la 
conversion  des  vapeurs  aqueuses  de  Tatmosphère  en  eau,  il  a  d 
se  former  des  alluvions  et  des  dépôts  chimiques  qui  n'ont  dû 
et  n'ont  pu  s'accumuler  surtout  qu'autour  des  centres  encoi'e 
ÎQcandescciits.  De  là  sont  nés,  par  un  métamorphisme  autant  de 


782  StAlfCB   DU    28   ATKIL  1862. 

contact  que  de  travail  moléculaire  intérieur  ou  d'ëlectro-chinie, 
une  bonne  partie  de  ces  schistes  cristallins  fcuilleCiés  et  coDloiiitti 
qui  nous  entourent  aujourd'hui.  Si  cespi^iiiîers  recouvrements  de 
la  croûte  terrestre  n'ont  dû  que  peu  altérer  sa  configuration  pii- 
initiye  et  caractérisée  comme  la  lune  par  une  multitude  de  basau 
cratériformes  et  de  fentes  plus  ou  moins  alignées  ou  étoilées,  ca 
grands  traits  primordiaux  ont  dû  s'effacer  d'autant  plus  qne  h 
terre  s'est  recouverte  davantage  de  dépôts  aqueux  par  transport  oi 
action  chimique,  mais  en  même  temps  des  éjections  ou  ëruptiou 
plu  toniques  ont  dû  se  mêler  çà  et  là  avec  ces  derniers. 

Il  est  donc  naturel  de  ne  plus  retrouver  aisément  dans  les  fomMi 
actuelles  de  la  configuration  du  |;lobe  les  traits  principaux  de  sa 
forme  primordiale,  et  cette  difficulté  devient  encore  plus  évidente 
par  la  pensée  que,  pendant  la  suite  des  époques  géologiques,  la 
surface  terrestre  a  dû  éprouver,  soit  par  la  rotation  du  globe,  soii 
par  des  éjaculations  visqueuses,  soit  par  son  refi-oidissenieot  et  le 
l'etraitde  sou  intérieur,  une  série  d'affaissements,  de  redressements 
et  d'exhaussements,  ainsi  que  de  fendillements  locaux,  qui  ont  dû 
modifier  essentiellement  le  dessin  de  sa  surface. 

Malgré  toutes  ses  altérations  les  n<les  du  globe  ainsi  que  les  corn- 
tours  des  terres  et  des  mers  décèlent  encora  en  grand  comme  en 
petit  plus  ou  moins  ces  formes  primordiales.  Mais  si  elles  ne  sodI 
que  peu  effacées  çà  et  là,  ailleurs  elles  le  sont  plus  ou  moins. 
Or,  l'omnie  jalons  de  reconnaissance  on  trouve  alors  â  la  place 
du  fond  des  anciens  entonnoirs  les  traces  d'une  longue  con- 
tinuité d^actions  platoniques  ou  même  volcaniques^  des  amas 
f;ypseux  ou  salijêresj  des  réseaux  de  filons  ou  bancs  méialU- 
fères,  ou  bien  même  des  soijatarrs^  des  volcans  brûlants^  des  éja^ 
culations  de  vapeurs  acides^  ou  tout  au  moins  des  localités  riches 
en  tremblements  de  terre ^  en  eaux  thermales  ou  minérales. 

Nous  adressant  d'abord  aux  océans  et  mers^  nous  en  remarquons 
plusieurs  dont  les  contours  circulaires  ou  elliptiques  frappent  de 
prime  abord,  tels  sont  par  exemple,  la  mer  Pacifique  avec  son 
pourtour  de  volcans,  le  golfe  du  Mexique  avec  ses  îles  à  volcans  ou 
à  roches  plutoniques  de  différentes  dates  avec  ou  sans  imprégna- 
tions métallifères,  la  mer  d'Hudson  et  la  baie  de  Baffin  avec  leur 
prédominance  de  roches  cristallines  schisteuses  ou  plutoniques,  les 
mers  d'Okhotsk  et  du  Japon  environnées  de  dépôts  volcaniques  de 
divers  âges,  la  mer  Jaune,  les  golfes  de  Tonquin  et  de  Siaui,  le 
golfe  Persique,  même  les  golfes  du  Bengale  et  d'Oman,  etc.  Par^ 
tout  se  présentent  à  peu  près  les  mêmes  formes  de  cratères  fermés 
ou  à  moitié  ouverts,  ainsi  que  la  prédominance  de  roches  schistor 


ffOTB  m   M.    DE    HÀireULB.  788 

cristallines  ou  plutoniques  et  plus  rarement  Tolcaniqaes.  Sous  des 
rapports  analogues  on  trouve  à  citer  autour  de  l'Europe  la  mer 
Blanche,  la  mer  du  Nord,  les  golfes  de  Gascogne  et  du  détraît  de 
Gibraltar,  tandis  que  la  mer  Méditerranée,  d'après  ses  formes  et 
ses  diverses  profondeurs,  se  laisse  décomposer  au  moins  en  six  on 
sept  grands  bassins  cratériformes  avec  les  deux  fentes  adjacentes 
de  TAdriatique  et  de  la  mer  Rouge,  dont  le  pendant  complet  est  en 
Californie.  La  Baltique,  comme  la  Manche,  se  sépare  de  même  en 
plusieurs  bassins,  et  en  entrant  plus  avant  dans  le  détail  des  petites 
baies,  des  lagunes  et  des  embouchures  des  rivières,  on  arrive  de 
même  à  de  nombreux  tracés  de  formes  circulaires  ou  ovales, 
comme  nos  dessins  le  feront  sentir  (baies  de  Maracaibo,  d'Âca- 
pulco,  etc.).  Remontant  sur  la  terre  ferme  y  nous  recomiaissons 
encore  les  mêmes  formes  cratériformes  ou  de  fentes  bien  pronon- 
cées dans  toutes  les  mers  intérieures^  comme  la  mer  d'Aral,  la  mer 
Morte  et  la  mer  Caspienne  décomposée  en  deux,  ainsi  que  dans  la 
plupart  des  lacs,  tels  que  les  lacs  d*Ourmia,  de  Gondar,  de  Bol- 
sene,  de  Castoria,  d'Ochrida,  de  Klagenfurt,  de  Baikal,  du  Léman, 
de  Côme  et  de  tant  d'autres  que  je  crois  inutile  d'énumérer  (lacs 
du  nord  de  l'Amérique,  etc.). 

Or,  celui  qui  nous  suit  jusque-là  nous  a  donné  raison  pour  la 
totalité  de  notre  thèse,  car  les  formes  cratériformes,  ou  de  fentes 
sur  terre  ferme,  dans  les  bassins  de  rivières  et  les  vallées ^  ne  sont 
que  la  mise  à  sec  de  ceux  des  mers,  lacs  ou  vallées,  qui  ont  jadis 
existé.  Ainsi,  les  grands  bassins  du  Gange,  de  l'Ëuphrate,  du  Mis- 
sissippi, de  l'Amazone,  etc.,  ne  sont,  aussi  bien  que  les  déserts  de 
la  Perse  et  de  Gobi,  les  steppes  russo-asiatiques,  le  Sahara,  etc., 
que  des  formes  circulaires  ou  ovales,  qui  se  retrouvent  exactement 
dans  la  lune. 

Si  l'on  descend  dans  de  plus  petits  détails,  le  même  fait  devient 
encore  plus  évident,  par  exemple,  dans  le  bassin  circulaire  de  la 
Bohême,,  dans  ceux  de  la  Hongrie,  de  la  Transylvanie  et  du  bas 
Danube ,  dans  ceux  de  Tarchiduché  d'Autriche ,  de  la  Bavière 
supérieure  et  de  la  Suisse,  dans  ceux  de  Paris,  du'Pô,  de  la 
Limagne,  etc.  En  outre,  on  remarque  encore  dans  ces  cas,  à  côté 
de  ces  entonnoirs,  d'autres  formes,  savoir  des  crevasses  continues  ou 
$e  décomposant  en  plus  petites  dépressions  cratériformes  y  comme  le 
bassin  du  Rhin,  de  Bàle  à  Kreuznach  et  à  Bonn,  celui  du  Rhône 
sous  Lyon,  les  bassins  et  défilés  du  Strymon  et  du  Vardar,  les 
4éfiiés  du  Danube  entre  ie  Bannat  et  la  Valachie,  etc. 

Enfin,  en  appliquant  le  même  genre  d'analyse  de  géométrie 
'graphique  aux  vallées  indinduelles^  on  trouve  le  plus  souvent  à 


78A  8ÊÀNCK   DU    28   AVRIL  1862. 

les  ilécomposer,  au  moyen  de  leurs  formes  particulières,  deleun 
foiitls  ou  par  leur  enlouragc  de  montagnes,  en  un  plus  ou  noia 
grand  nombre  de  figures  circulaires  ou  ovales,  fermées  oa  oam- 
les,  ou  bien  en  fentes.  Ainsi,  le  haut  de  bien  des  vaiiëcs  des  r^ioa 
montagneuses  offre  des  fonnes  cratériformesëvidenles,  par  exemple, 
le  vald'EnferauMont-Dore,  lecirquude  GaTarnieâ  latëteduGan 
de  Pau,  le  cirque  du  cul-de-sac  de  la  vallëe  de  la  Fcllacfa  prcsde 
Fellacli  (Windisch-Gersten)  en  CarinlLic,  le  cul-de-sac  évaié  de 
la  vallëe  de  TAgno  autour  de  Recoaro  dans  le  VicentÎD,  la  vallée 
de  Cliamouny,    la  fente  pi-ofonde  des  bains  de  Gastein  en  Sab- 
bourg,  celle  des  bains  de  PfefFers  en  Suisse,    de  Carlsbad  en 
Bohême,  du  Mont-Dore,  etc.,  le  fond  circulaire  des  baius  de  Pjr- 
mont,  les  vallées  de  Tœplitz  et  d'Eger  en  Bohême,  le  pays  do 
Hongrois  Secklor  ilans  la  Transylvanie  orientale^    la  fente  de 
TAluta  au  défilé  de  Kothenthurin,  les  petits  bassins  et  défilés  de 
la  Mur  et  de  TEnns  en  Styrie  et  en  Autriche^  etc. 

Si  nous  |>assons  enfin  à  Texameii  des  tiétaih  de  géographie 
géologiijuCf  minière^  balnéologique  et  séismique  dans  les  bassins 
cratériformes  ou  elliptiques  que  nous  avons  re<x>nnus,  et  si  nous 
faisons  la  même  chose  pour  les  j entes  qui  en  dépendent,  nooi 
trouvons  partout  une  richesse  inouie  de  faits  confirmant  notit 
géogénic. 

Ainsi,  cherchant  des  exemples  de  Jortnes  circulaires  avec  des 
volcans  encore  brûlants^  nous  en  trouvons  un  de  cette  espèce  dans 
la  baie  de  Naples  avec  ses  lies,  ses  volcans  éteints  et  brûlants,  sci 
solfatares,  ses  eaux  thermales,  hydro-sulfureuses  ou  acîduleSi  ses 
émanations  gazeuzes  et  ses  tremblements  de  terre.  De  même  nous 
en  reconnaissons  plusieurs  sur  une  plus  ou  moins  grande  échelle 
dans  les  îles  de  l'Asie  orientale,  etc.  Partout  ce  ne  sont  que  des 
formes  lunaires. 

Passant  aux  formes  svniblables  nu  peu  moins  claires^  nous  pou- 
vons citer  la  campagne  de  Home  et  le  pays  s*étendant  de  là  vers 
la  Toscane.  Les  configurations  circulaires  y  sont  fréquentes,  et  k 
leur  pourtour  s'élèvent  des  masses  trachytiques,  doloritîques  ou 
basaltiques;  de  plus,  il  y  i\  des  cratères  secs,  des  solfatai'es,  des 
sources  minérales  assez  seuiblables  a  celles  de  Maples,  des  eaux 
incrustantes,  etc.  Les  tremblements  de  terre  n*y  sont  pas  rareSp 
et  même  quelquefois  ils  sont  encore  dévastateurs.  Des  dépôts 
neptuniens  récents  remplissent,  en  partie,  les  plus  bas-fonds  de  ces 
entonnoirs,  dont  le  |)ourtour  a  été  encroûté  plus  anciennement  de 
sédiments  secondaires. 

Parlant  à  des  Français,  je  n'ai  guère  besoin  de  leur  rappeler 


NOTE    DE    M.    DE    UAUSLAB.  785 

leur  Limagne,  ce  bassin  tertiaire  d*cau  douce  au  pied  d'une  série 
de  volcans  éteints  et  de  dômes  de  tracliyte,  tandis  qu'ailleurs 
s'élèvent  des  groupes  de  montagnes  étoilées  de  trachyte  et  de 
basalte;  la  lune  offre  une  foule  de  formes  de  cette  espèce.  Les 
sources  thermales,  acidulés,  incrustantes  et  autres,  n'y  manquent 
pas  plus  que  les  chocs  de  tremblements  de  terre. 

On  peut  faire  des  remarques  semblables  sur  la  Hongrie  et  la 
Transyhatde  ;  ces  deux  ou  ti*ois  grandes  formes  circulaires  origi- 
naires   s'y    décomposent    aisément   en   un    certain   nombre   de 
plus  petites.  Leur  pourtour  antique  est   décelé  encore  par  des 
amas  locaux  de  roches  cristallines,  schisteuses  et  massives,  dont 
les   autres  portions  sont  cachées  surtout  sous  d'énormes  sédi- 
ments amoncelés  par  des  courants  pendant  l'époque  secondaire. 
En  même  temps  çà  et  là  des  préci|)ités  chimiques  paraissent  le 
résultat  d'éjaculations  énormes  d'eaux  minérales.  Or,  cette  der- 
nière théorie  peut  s'étayer  aisément  de  la  certitude  acquise  que 
les  eaux  ont  dû  pénétrer  dans  le  sol  et  les  roches  probablement 
autrefois  plus  qu'à  présent,  vu  la  porosité  et  l'état  probable  extrê- 
mement fendillé  des  premiers  dépôts.  Ces  cratères  des  pays  ma- 
gyares ont  été  subdivisés  en  un  bon  nombre   de  petits  bassins 
placés  sur  les  bords  autant  que  dans  le  milieu  des  grands  enton- 
noirs primitifs.  Examine- t-on  l'entourage  de  ces  bassins,  on  y 
remarque  les  restes  de  grandes  éruptions  porphyriques,   serpen- 
tineuses,  trachytiques  ou  même  des  basaltes,  tout  cela  avec  un 
accessoire  de  fentes  remarquables  et  de  localités  souvent  visitées 
par  des  tremblements  de  terre.  Gomme  dépressions  les  plus  pro- 
fondes  apparaissent   deux    plaines    tertiaires  immenses  el  sans 
arbres,  puis,  à  côté  de  ces  lacs  récemment  écoulés,  deux  nappes 
d'eau  véritables.  Enfîn  une  multitude  de  sources  thermales,  hy- 
dro-sulfureuses, acidulés  ou  salines,  y  attestent  encore  aujourd'hui 
une  continuation  du  chimisme  souterrain.  C'est  à  cet  agent  puis- 
sant que  le  sol  magyare  est  redevable  sans  aucun  doute  de  ses  sels 
et  de  ses  sources  salées,  de  ses  gypses,  de  ses  sélénites,  etc.  Si  une  ou 
deux  solfatares  expulsent  encore  des  gaz  chauds  hydro-sulfuriques, 
les  alunites  de  Hongrie  en  sont  jadis  aussi  résultées.  Enfm  on  ob- 
serve encore  de  rares  cratères  éteints. 

Le  bnssin  ovale  du  PS  y  cet  entonnoir  lunaire,  a  été  décomposé 
par  la  suite  en  trois,  qui  forment  maintenant  trois  provinces  dif- 
férentes de  ritalie  septentrionale.  Le  bassin  supérieur  ou  du 
Piémont  a  été  comparé  plusieurs  fois  aux  cratères  de  la  lune  à 
cause  de  sa  profondeur  et  des  formes  abruptes  des  Alpes,  où  règne 
une  si  grande  masse  de  roches  schisteuses  cristallines,  de  proto- 
Soc.  géuL^  2«  série,  tome  XIX.  60 


'i 


780  StANCB   DU   28   ÀYRIL  1862. 

gînes  et  de  serpentines  avec  divers  dépôts  de  mineraîs  dans  ces 
énormes  culots  ignés.  Les  bassins  lombards  et  vénitiens,  quoique 
remplis  de  sédiments  tertiaires  etd*alluvions,  présentent  des  signes 
incontestables  de  volcanisme  ou  piutonisme  à  leurs  pourtours, 
et  çà  et  là  même  dans  leur  intérieur.  Tout  le  monde  y  connaît 
les  porphyres,  les  tracliytes,  les  basaltes,  soit  dans  lai*égion  secon- 
daire de  ces  bassins,  soit  dans  leurs  îlots.  Il  en  est  de  même  de 
la  distribution  des  eaux  thermales,  h ydro- sulfureuses,  acidulés  et 
salines.  Si  ces  dernières  ne  sourdent  pas  immédiatement  de  rochei 
ignées,  on  les  voit  percer  le  fond  d'entonnoirs  où  règne  le  gypse, 
comme,  par  exemple,  à  Recoaro,  â  Agordo,  eta  Enfin,  au  sud  de 
ces  bassins  sont  les  salses  du  Modenais  et  les  exhalations  de  gaz 
hydrogène  carboné  du  Bolonais. 

Le  bassin  de  la  Bavière  méridionale  occupe  évidemment  la  place 
d'un  ancien  cratère,  à  côté/luquel  étaient  non  pas  seulement  celui 
de  la  Bohème,  mais  encore  celui  de  la  Franconie  ou  du  Main,  et 
plus  au  nord  celui  de  la  Hesse  électorale  si  riche  en  basalte  et 
mênie  en  phonolites  et  en  trachytes.  Enti*e  les  cavités  de  la  Ravièiie 
supérieure  du  Mciin  et  du  Neckti*.  se  sont  formés  sur  le  pourtour 
de  ces'marmilfs  plutoniques  des  dépôts  autant  arénacés  que  cal- 
caires, qui  pondant  Tépoque  secondaire  l'ont  recouvert  presqur 
entièrement  à  l'exception  de  certains  petits  cratères  ou  solfatares. 
Or,  ces  derniers  points  soutTorigine  non  pas  seulement  des  localités 
jurassiques  si  riches  en  fossiles  et  connues  par  la  fissilité  de  leurs 
roches,  mais  surtout  de  celles  de  certains  petits  bassins  à  dépôtsd'eau 
douce  ou  d'alluvion  avec  quelques  tufas  basaltiques  ou  éruptlon<i 
de  ce  genre.  Tels  sont  les  bassins  de  Steinheim,  etc.,  où  ont 
jailli  si  longtemps  d'abondantes  sources  déposant  du  carbonate 
de  chaux. 

fia  Bohême  est  une  contre-partie  de  cirques  lunaires,  qui  est 
enchâssée  dans  un  bourrelet  schislo-cristallin  ou  granitique  comme 
un  diamant  dans  une  ban;ue  d'or.  Des  produits  plutoniques,  des 
dé|)ôts  et  filons  métallifères  de  toute  espèce  sont  associés  à  cet 
ancien  entourage  ou  le  coupent  dans  certains  sens.  En  même 
temps  ont  surgi  dans  l'intérieur  de  l'entonnoir,  à  plusieurs  reprises, 
des  roches  porphyriques,  trappéennes,  basaltiques  et  même  voU 
caniques.  Ce  véritable  grand  cratère  a  offert  encore  à  l'époque 
tertiaire  une  dépression  remplie  d'eau  et  d'une  étendue  considé- 
rable, surtout  vers  le  nord.  C'est  là  maintenant  la  place  d'inoom- 
brables  sources  thermales,  acidulés  et  minérales,  qui  y  attestent 
encore  une  action  chimique  Intérieure.  Le  piutonisme  s'y  est 
déplacé  plusieurs  fois  par  la  suite  des  siècles,  connue  cela  arrive 


I 


irOTB    DE   É.    DB    HAUSLAB.  7^7 

dans  tous  les  yolcans,  et  les  tremblements  de  terre  n'y  ont  jamais 
été  rares. 

Pour  les  exemples  de  dépressions  allongées  et  opales^  je  mécon- 
tente des  bassins  inférieurs  du  Rhône  et  du  Rhin.  Le  premier  avec 
sa  dépendance,  celui  de  la  Saône,  se  laisse  aisément  diviser  en 
plusieurs  fonds  elliptiques,  qui  forment  maintenant  les  places 
de  dépôts  tertiaires  et  d'alluvion,  telles  que  I«1  Bresse,  la  plaine  de 
la  Crau,  la  Cnmargue,  etc.  Sur  leurs  rebords  se  sont  accumulas 
autant  de  dépôts  secondaires  que  de  roches  graniloides,  por- 
phyriqueS  et  même  basaltiques  (dans  le  Vivarais).  La  partie  supé- 
rieure du  bassin  de  la  Loire  était  aussi  originairement  une  con- 
cavité cratérifonne  qui  s'est  remplie,  etc. 

Pour  le  bassin  du  Rhin,  il  se  partage  au  moins  en  trois.  M.  Boue 
ainsi  que  d'autres  géologues  ont  cru  dès  longtemps  reconnaître 
dans  la  distribution  des  granités  et  porphyres  des  Vosges  et  de  la 
forêt  Noire  les  restes  démantelés  du  pourtour  d'un  très  ancien 
cratère,  dans  le  milieu  duquel  s'est  élevé  très  postérieurement  du 
milieu  des  eaux  l'amas  volcanique  du  Kaiserstuhl.  Plus  au  nord, 
on  retrouve  des  rebords  assez  semblables  dans  TOdenwald  et  les 
montagnes  du  Palatinat  ;  néanmoins,  sur  ce  dernier  côté,  l'ancien 
entoura|j[e  a  été  plus  recouvert  et  offre  d'immenses  dépôts  de 
roches  poi-pliyriques  et  trappéennes,  où  le  mercure,  le  cuivre  et 
le  fer  ne  manquent  pas.  Les  filons  et  réseaux  métallifères  des 
Vosges  et  de  la  forêt  Noire  sont  connus.  Il  en  est  de  même  de 
l'exti^me  abondance  des  eaux  minérales  sur  les  bords  du  Rhin. 
Ces  actions  chimiques  intérieures  ont  surtout  lieu  dans  le  Nassau, 
ou  dans  la  partie  nord-est,  moins  ailleurs.  Les  rapports  de  ces  der- 
nières Avec  l'énorme  dépôt  basaltique  du  Vogeisberg  et  du 
Westerwald  deviennent  une  probabilité.  Ces  eaux  émanent  entre 
les  limites  de  deux  anciennes  grandes  chaudières  primordiales. 

Le  bassin  tout  à  fait  inférieur  du  Rhin,  ou  si  l'on  veut  le  golfe 
tertiaire  rhénan,  par  opposition  à  la  mer  et  au  lac  tertiaire  du 
Rhin  moyen,  n'est  encore  qu'un  grand  arc  d'une  ancienne  forme 
circulaire.  Sur  ses  pourtours  s'élèvent  du  sol  antique  ou  récent 
des  pitons  trachy tiques  ou  basaltiques  avec  des  volcans  éteints, 
des  cratères- lacs  et  une  quantité  d'eaux  thermales,  acidulés  et 
salines  aussi  bien  que  ferrugineuses.  Ces  contrées  sont  en  Europe 
l'un  des  sièges  d'assez  fréquents  tremblements  de  terre,  tandis 
que  les  boixls  moyens  et  supérieurs  du  Rhin  ont  aussi  leur  chro- 
nique séismique.  Bâle  a  été  une  fois  le  centre  de  tels  mouvements, 
qui  furent  de  longue  durée. 

Enfin,  on  peut  ajouter  que  plus  haut  sur  le  cours  du  Rhin,  se 


788  SÉAlfCB  DU   28    AVRIL  1802. 

trouve  le  fond  ovale  du  lac  de  CoDstance  avec  les  rochers  phoooli- 
tiqucs  de  l'Hegau  et  les  roches  granitiques  de  Rheînfeld;  on 
dernières  dénotent  encoi*e  l'ancien  pourtour  du  cratère,  mainte- 
nant la  portion  d'un  bassin  tertiaire  simplement  avec  (|aelqaei 
eaux  minérales  de  quelque  importance  près  de  son  entourage. 

On  peut  avancer,  en  général,  sans  crainte  d'erreur,  que  tousiei 
grands  bassins  secondaires,  tertiaires  et  d'alluvion  ne  sont  en  der- 
nière analyse  que  de  grandes  places  d'une  petite  altitude  absolue 
ou  au  moins  basses  relativement  à  leur  pourtour.  Leur  forme  eit 
le  cercle  ou  Tovale,  comme  on  l'observe  dans  les  dépressions  de 
la  lune;  tantôt  la  figure  est  complète,  tantôt  elle  est  détruite  à 
moitié  ou  déchirée  en  plusieurs  lieux.  Tels  se  présentent  les  bas- 
sins tertiaires  et  secondaires  de  Londres,  de  Tile  de  Wîght,  de 
Paris,  de  la  Loire,  de  la  Limagne,  du  sud-ouest  de  la  France,  de 
l'Arragon,  des  Castilles,  de  iVJurcic,  du  royaume  de  Grenade, 
de  l'Andalousie,  du  Roussillon,  du  Languedoc,  de  ceux  au  nord 
et  au  sud  des  Alpes,  de  la  Hesse  électorale,  de  la  Tliuringe,  du 
pays  s^axon  autour  de  Leipzig  ou  de  Dresde,  les  bassins  sur  le 
Danube,  ceux  en  Turquie  dans  le  nord  de  l'Albanie,  dans  la 
moyenne  Albanie,  la  Thcssalie,  la  iVIacédoine,  sur  Tlndge-Karas- 
sou,  le  Vardar,  le  Strymon,  eu  Thrace,  dans  le  centre  de  TAsie 
Mineure  au  pied  du  Caucase ,  sur  l'Euphrate ,  Tf  ndus ,  le 
Gange,  etc.,  etc. 

S'il  est  facile  souvent  de  subdiviser  les  bassins  énumérés  en 
de  petites  concavités  cratériformes  (comme  par  exemple  dans  le 
cas  du  Strymon  qui  offre  au  moins  trois  ou  quatre  dépressioni 
manifestes  de  ce  genre  autour  de  Radomir,  Djoumaa,  Aleinîk  et 
Seres,  etc.),  si,  dis-je,  pareil  partage  est  aisé,  la  constitution 
orographique  et  liydiographique  nous  fournît  aussi  les  moyens 
pour  débrouiller  de  la  même  manière  ce  qui  ne  semble  être  que 
des  jj  in  inrs  immenses  .r<7//.f  y?//.  Dansée  casse  trouve,  par  exemple, 
la  grande  région  basse,  qui  s'étend,  en  Europe,  de  la  Hollande 
en  Russie.  Plusieui*s  formes  circulaires  ou  ellipsoïdes  s'y  laissent 
démontrer  tout  aussi  facilement  que  dans  les  bassins  gi{*antesques 
du  nouveau  monde,  savoir  :  dans  ceux  du  IMissis8ippi,de  l'Amazone 
et  des  fleuves  des  républiques  de  la  Plata.  Je  me  flatte  que  mes 
dessins  prochains  écarteront  tout  doute  à  cet  égard. 

lia  place  de  ces  cercles  et  ellipses  une  fois  fixée  sur  des  cartes, 
ou  trouve  que  (fautres  sur  une  plus  grande  échelle  Tiennent  s*y 
adapter,  soit  par  concentiicité  similaire,  soit  par  juxta-positîou 
rationnelle  et  fondée  sur  les  données  oro-hydrograpliiqtics  et 
goolo(;iques.  Pour    chaque  formation    plus  ancienne,   on    voit 


IfOTB   DE    M.    ÉBRâT.  789 

s'agrandir  les  figures  OU  leur  diamètre  jusqu'au  moment  OÙ  on  arrive 
à  reconnaître  que  deux  cavités  voisines  maintenant  n*en  devaient 
constituer  qu'une  dans  l'origine  des  choses.  Or,  ceci  nous  amène 
à  admettre  une  fois  sur  la  surface  terrestre  des  dépressions  circu- 
laires tout  au  moins  aussi  énormes  et  surtout  aussi  profondes  que 
celles  admises  dans  la  lune  .  D'une  autre  part,  on  comprend  que 
par  la  suite  des  siècles  et  des  accidents  géologiques,  bon  nombre 
de  CCS  cartes  et  de  leur  pourtour  ont  dû  disparaître  complètement 
ou  ne  plus  laisser  apercevoir  qu'un  trou  de  peu  d'importance. 
Telle  nous  parait  l'origine  d'une  partie  au  moins  despctics  enton- 
noirs cm lérij ormes,  qu'on  observe  dans  les  régions  des  schistes  cris- 
talliiis  et  terrains  paléozoïques,  comme  en  Scandinavie,  en  Russie, 
en  Ecosse,  dans  l'Angleterre  septentrionale,  dans  la  Bretagne,  au 
Canada,  aux  Etats-Unis  occidentaux.  Les  cavités  en  tout  ou  en 
totalité  sont  souvent  remplies  d'eau  des  lacs,  tandis  que  leur 
pourtour  porte  encore  les  traces  du  plutonisme  par  leurs  granités, 
porphyres,  roches  trappéennes,  gypses,  sels  ou  plus  rarement 
des  dépôts  métallifères,  ou  même  des  sources  minérales. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  de  la  note  suivante  : 

Stratigraphie  de  la   craie  moyenne  de    la    vallée  du   Cher 
et  (le  la  vallée  de  V Indre;  par  M.  Th.  Ébray. 

Les  changements  de  faunes,  la  présence  d'animaux  perforants, 
les  modifications  dans  la  nature  minéralogique  des  couches,  dans 
l'épaisseur  des  étages,  le  durcissement  de  certaines  surfaces  de 
contact,  proviennent  en  grande  partie  des  changements  dus  au 
refroidissement  du  globe,  à  la  composition  variable  avec  le  temps 
des  eaux  de  la  mer  et  de  l'atmosphère,  aux  oscillations  du  sol,  aux 
mouvements  cataclysmiques,  et  ne  s'opèrent  pas  en  tous  lieux  avec 
les  mêmes  caractères.  En  effet,  l'uniformité  que  l'on  remarquerait 
dans  les  sédiments  et  dans  l'apparition  des  êtres  venant  se  déposer 
sur  une  sphère,  sans  lignes  isothermes  et  sans  oscillations  du  sol, 
est  troublée  en  réalité  par  l'action  inégale  des  rayons  solaires  et 
par  l'irrégularité  des  oscillations  qui  ne  se  produisent  ni  partout, 
ni  au  même  moment,  ni  avec  la  même  vitesse;  l'inégalité  dans  la 
profondeur  des  mers  rend  aussi  l'effet  des  oscillations  plus  ou 
moins  apparent. 

On  conçoit  donc  fort  bien,  en  ce  qui  concerne  la  craie  moyenne, 
pourquoi  à  Test  de  la  Loire  il  est  impossible  de  tracer  des  lignes 
de  démarcation  exactes,  tandis  que  les  différents  termes  de  ce 


7QQ  sÊAifcy  pu  28  ATiiL  i862. 

dëpot  puissant  se  séparent  de  plus  en  plus  les  uns  des  autres  îqi 
l'ouest.  En  effet,  certaines  oscillations  d'une  amplitude  dconée, 
qui,  dans  cette  première  direction  et  dans  des  mers  proibiMks^ 
sont  restées  sans  action  sur  les  sédiments,  ont  pu  laisser  des  trsocs 
évidentes  dans  la  seconde. 

Mous  avons  montré  que  dans  la  Nièvre  la  période  de  la  craie 
moyenne  se  compose  d*un  grand  massif  calcaire  au  milieu  duqud 
les  êtres  organisés  se  succèdent  dans  uu  certaiu  ordre,  saus  ofiiir 
cependant  ces  cessations  brusques  d'existences  que  Ton  suppcsait 
autrefois  constituer  le  fait  {;éncral  ;  nous  avons  chcrciié  à  étudier 
les  modifications  auxquelles  sont  soumis  ces  dc^pôtSi  en  donnant 
des  coupes  nomlueuses  qui  élahlissent  que,  dans  tout  le  dépans- 
ment  du  Cher,  il  se  développe  graduellement  au  milieu  de  la  craie 
moyenne  un  système  sableux  qui  augmente  peu  î^  peu  d'épaisseur 
aux  dépens  des  couches  inférieures  et  des  coucliea  supérieures;  que 
ce  système  a  fmi  par  envahir  rensend)le  des  couclies,  et  qu*à  Vier« 
zon  la  craie  chlorilce  ne  constitue  plus  que  des  dépôts  fort  Diinœs 
de  forme  lenticulaire  enclavés  au  sein  des  grès,  et  au  milieu  des- 
quels se  développe  la  faune  de  cet  é(age. 

Nous  prendrons  Yierzoïi  comme  point  de  départ  de  l'étude  qui 
va  suivre,  et  nous  rappellerons  ici,  pour  faciliter  la  lecture,  que 
Ton  relève  aux  environs  de  cette  ville  la  coupe  suivante  : 

Fio.  t. 


1 

2 

3 

4 


S 
6 

7 


Silex  remaaiët,  av*c  tpoagiairci  (lraiicli««t  «le  U  Rauiudièm). 

Marnes  argileusn,  qaelqnefoît  reitifitros,  avae  Ostrea  coiumba  et  Ottr^m 

V9»icularlt  idtUibi  &  Peutrée  sud  «lu  tuunel  de  PAloaette). 
Sables  arec  grèt  et  quelquei  Trigûines  fort  rares. 
Grès  uvcc  quelques  coui  hes  suburdounées  de   craie  chlorilcfc.  Ammomitms 

ManUlltiy  Bhynckoneila  compnssa,  l'rigQttia  spitosa,  Aifg^imta  cmgsië 

(truuchée  de-  Vie  non). 
Argiles  panackvMdn  gault* 
Gresinff;rieuisdu  gauU. 
Terrain!  junissiquei. 


IfOTS   SB.  M.    £B1ÀT.  701 

Vallée  du  Cher, 

La  direction  de  la  vallt'e  du  Cher  étant  peu  éloignée  de  la  direc- 
tion des  couches  de  la  craie  moyenne,  on  doit  s'attendre  à  voir  les 
étages  disparaître  très  progressivement  et  lentement.  Ce  phéno- 
mène se  produirait  avec  une  lenteur  bien  plus  grande  encore  si, 
de  temps  en  temps,  quelques  petites  failles  ne  venaient  pas  hâter 
l'apparition  de  couches  plus  récentes. 

Ainsi,  la  distance  de  Vierzon  à  Toui*8  étant  de  12  myriamètiea 
environ,  Tépais^eur  totale  des  étages  affleurant  étant  de  200  mètres, 
on  obtient,  en  tenant  compte  de  la  différence  d'altitude  des  deux 
points  extrêmes,  une  inclinaison  de  1  à  2  millimètres  par  mètre. 
Cette  inclinaison  est  une  inclinaison  théorique  mininia,  car  Tincli- 
naison  normale  est  un  peu  plus  forte  à  cause  des  contournements 
assez  fréquents  dans  cette  série  de  dépôts. 

A  peu  de  distance  à  l'ouest  de  Vierzon,  au  pied  de  la  colline 
entamée  par  le  canal,  on  reconnaît  de  temps  en  temps  quelques 
faibles  traces  d'argiles  bleues  et  de  grès  rouges  qui  représentent 
les  derniers  vestiges  de  Tctage  albien. 

Ces  couches  inférieures,  qui  font  ici  leur  dernière  apparition, 
sont  surmontées  par  le  système  sableux  et  gréseux  au  milieu  duquel 
nous  avons  constaté  à  Vierzon  quelques  strates  lenticulaires  de  craie 
chloritée;  ces  dernières  paraissent  ici  ne  plus  exister,  et  les  grès 
permettent  de  recueillir  quelques  fossiles,  tels  que  Ammonites 
Mon  telle  ^  Avellana  cassis^  Rhynchonella  compressa. 

Vers  le  sommet  des  coteaux,  on  continue  à  remarquer  que  le 
système  sableux  qui  comprend  la  craie  chloritée  de  Test  et  les  bancs 
calcaires  à  Holaster  subglohoMis  est  surmonté  par  un  système  cal- 
caire à  la  base  duquel  on  constate  les  ostracées.  Ce  dernier  système 
est  difficile  à  étudier  entre  Vierzon  et  îVlenetou,  où  il  est  toujours 
recouvert  par  les  terrains  de  transpoi*t  post-crétacés  et  post-ter» 
tiaires. 

La  couche  à  ostracées  perd  entre  Vierzon  et  Menetou  une  partie 
de  ses  éléments  calcaires  ;  elle  devient  argilo-sableuse  et  se  charge 
de  grains  chlorités.  On  reconnaît  que  les  calcaires  supérieurs  se 
composent  à  la  base  de  marnes  sans  stratification  distincte  et  vers 
le  haut  de  couches  chargées  de  silex  et  de  spongiaires. 

Vers  Villefranche,  la  craie  se  recouvre  du  diluvium  post-crétacé, 
composé,  comme  vers  Sancerre,  de  silex  arrondis  ou  non,  quel- 
quefois agglutinés  et  formant  des  pondingues  qui  se  chargent  par 
place  et  surtout  vers  le  haut,  au  contact  du  calcaire  d'eau  douce, 


702  SÉANCK    DU    2S    AVRIL    1802. 

de  matières  ferrugineuses  correspondant  aux  minerais  du  Berri  ; 
puis  apparaissent  les  calcaires  et  les  marnes  d*eau  douce  reposant, 
ici  comme  ailleurs,  sur  cette  formation  de  transport. 

A  peu  de  distance  au  nord  de  Selles,  les  terrains  tertiaires  s'a- 
maigrissent et  permettent  de  nouveau  d'étudier  la  craie  qui  a  ëtë 
largement  découverte  par  les  travaux  qu'a  nécessités  la  construc- 
tion du  canal. 

Les  affleurements  mis  à  jour  par  ces  travaux  sont  beaucoup  plus 
instructifs  que  ceux  que  l'on  rencontre  en  suivant  la  route  împë> 
riale,  qui  n'offi*e  entre  Selles  et  Saint-Aignan  que  des  terrains 
remaniés  et  quelques  lambeaux  tertiaires. 

Les  déblais  du  canal  montrent  des  sables  qui  correspondent  aux 
sables  de  la  Motte-d'Humbligny,  puis  au-dessus,  des  marnes  sa- 
bleuses vertes  avec  de  nombreux  (p*ains  de  silicates  de  fer  et  pétries 
d'ostracées.  Ce  sont  toujours  les  mêmes  espèces  qui  se  rencontrent 
dans  les  marnes  du  sommet  de  la  Motte;  VOstrea  columba  présente 
une  identité  complète,  mais  VOstrea  vesicit/aris  commence  déjà  à 
se  modifier  ici  en  prenant  une  forme  plus  trapue,  plus  bombée,  et 
en  s'aclieminant  de  cette  façon  vers  la  variété  biauriealata.  Cette 
variation  dans  l'espèce  parait  donc  coïncider  avec  le  passage  des 
sédiments  calcaires  à  la  marne  sableuse,  et  nous  verrons  plus  tard 
que  le  terme  extrême  de  cette  modification  correspond  aux  sédi- 
ments entièrement  sableux. 

Au-dessus  de  la  coucbe  à  ostracées,  on  voit  une  forte  épaisseur 
de  calcaires;  marneux  à  la  base,  ils  présentent  quelques  rares 
exemplaires  d! Itioceramiis  problematicus ;  siliceux  au  sommet,  ils 
sont  sillonnés  par  des  silex  et  souvent  remplis  de  spongiaires. 

Jusqu'ici  les  déblais  nous  ont  permis  de  constater  des  superpo- 
sitions sans  entrer  dans  le  détail  des  couches,  car  il  arrive  souvent 
que  les  coteaux  des  vallées,  lentement  minés  à  l'étiage  par  l'action 
érosive  des  rivières,  ne  présentent  que  des  couches  qui  ont  éprouvé 
des  tassements  et  des  glissements.  Pour  obtenir  des  coupes  nettes, 
il  faut  des  excavations  profondes  comme  celle  que  nous  allons 
décrire,  et  au-dessus  de  laquelle  est  bâti  le  hameau  de  Fortaveau. 

Le  canal,  pour  se  frayer  un  chemin  un  peu  direct,  a  entamé  le 
pied  du  coteau  de  Fortaveau;  mais,  en  entamant  ce  pied,  il  a 
détruit  l'équilibre  des  masses  qui  reposent  sur  des  couches  argilo- 
sabionneusesaquifères;  fonctionnant  alors  comme  un  plan  incliné 
lubrifié,  il  se  produisit  donc  un  fort  éboulement,  qui  repoussa  le 
canal  au  loin  en  donnant  lieu  à  une  véritable  petite  faille  indiquée 
sur  le  croquis  suivant  : 


ifOTK  m  m.  BiBAi. 

Coupe  perpendiculaire  à  la  vallée. 

Fia.  1. 


Cet  accident  a  mis  au  jour  une  épaisseur  assez  foile  de  marnes, 
dont  les  qualité  Tui-ent  bientôt  appréciées  par  les  agriculteurs  ;  et, 
comme  dam  ces  dernières  années,  la  Sologne  réclamait  cet  amen- 
dement minéral,  une  société  industrielle  de  Vierzou  se  mit  à 
ouvrir  à  câté  de  l'éboulement  une  forte  marniËre,  qui  aujourd'hui 
permet  arec  l'escarpement  de  relever  une  coupe  fort  détaillée^ 
précisément  au  point  où  l'étage  tuTonien  repose  sur  l'étage  céoo- 


Coupe  longitudinale  de  l'escarpement  et  des 
de  Fortafeau. 


79i  SÉANCE  »v  28  AYRn  ft862. 

Le  massif  1  est  compose  de  couches  calcaires  a^ec  nombreux 
silex  et  spongiaires;  ce  sont  ces  couches  que  nous  avons  rencon- 
trées en  désordre  sur  tous  les  sommets  des  coteaux  entre  Y ierzon 
et  Selles. 

Au-dessous  se  remarquent  des  bancs  de  calcaire  l^^èrement 
marneux;  ce  sont  les  bancs  2  exploités  dans  les  marnières. 

Les  fossiles  contenus  dans  la  marne  sont  fort  rares;  on  y  ren* 
contre  déjà  quelques  Inoceramus  probiematicusy  si  abondants  à  ce 
niveau  dans  la  vallée  de  Tlndre,  dans  la  Vienne  et  dans  la  Sarthe. 

La  marne  repose  sur  une  couche  de  1  mètre  d'épaisseur  de 
sable  argileux  pétri  de  grains  verts  et  constituant  une  véritable 
oolithe  ferrugineuse.  Les  fossiles  sont  fort  abondants  et  n'appar- 
tiennent qu'à  deux  espèces  d*ostracées  [Ostrea  vesictdaris  et  Ostrea 
columha].  En  examinant  certains   individus  de  cette   première 
espèce,  on  ne  saurait  les  distinguer  de  VOstrea  bfauricuiata.  Au- 
dessous  vient  un  petit  banc  de  calcaire  sableux  endurci  et  pétri  de 
Serpules,  avec  quelques  traces,  il  est  vrai»  assez  rares,  de  litho- 
pliages;  ce  banc  est  assis  sur  une  forte  épaisseur  c(e  sables  avec 
bancs  subordonnés  de  calcaire  fort  sableux,  contenant  Ammonites 
cenomanensis^  qui   repose    lui-même  sur  les  grès  à  Ammoniies 
Mantelli, 

Nous  interpréterons  plus  loin,  quand  nous  nous  occuperons  de 
la  cla»si6cation,  la  succession  que  nous  venons  de  déci'ire. 

Les  couches  s'affaissent  légèrement  en  descendant  la  vallée  du 
Cher,  tout  en  conservant  les  mêmes  caractères.  Un  peu  au  nord 
de  Noyers,  les  couches  supérieures  des  assises  à  Inocrramtu  pro^ 
hlematicus  se  recouvrent  de  bancs  épais  de  craie  micacée,  dans 
laquelle  des  carrières  considérables  ont  été  ouvertes  ;  cette  craie 
possède  tous  les  caractères  litliologiques  et  paléontologiques  de  la 
craie  micacée  de  la  Touraine.  On  y  rencontre  Arca  ligerienfis  (4), 
Nautilus  sublœvigatus.  Ammonites   Fietbanciij   A.  perampins  (2), 
Cardium  subaiternatum,  Pinna  qnadrangularis. 
Le  coteau  au  nord  de  Noyers  offre  la  coupe  suivante  : 


(O  Arca  Nopeliandf  d*Orb. 

(2)  On  remarque  un  gros  exemplaire  de  cette  espèce  déposé  au  bas 
d'une  maison  de  carrier. 


ROTB   Dl   II.   ÉBIAT.  796 


1  —  Craie  sableuse  altërëe  correspondant  probablement  aux  bancs  de  Clion. 
S  —  Bancs  épais  Je  craie  micacée;  épaisseur  :  10  à  15  mètres. 
3  —  Craie  arec  nombreux   silex  ;  ce  tout  ces  bancs  que  les  puits  da  bourg  de 
Noyers  trarerient,  et  qui  sont  exploités  comme  pierres  A  fusil  (SO  mètres). 

• 

La  succession  des  étages  qui  apparaissent  entre  Saint-Âignan  et 
Tours  a  été  suffisamment  décrite  par  M.  d*Archiac  pour  que  noua 
puissions  nous  contenter  d'en  donner  un  résumé  succinct. 

£n  descendant  le  cours  du  Cher,  on  voit  la  craie  micacée,  dont 
nous  avons  déjà  constaté  la  première  apparition  avant  Saint-Aignan^ 
se  rapprocher  de  plus  en  plus  du  fond  de  la  vallée  ;  elle  repose  par- 
tout sur  la  partie  siliceuse  des  marnes  à  Inocuramus  problemati" 
eus  (1)  ;  plus  loin,  vers  Thésé,  la  craie  micacéo  se  recouvre  d'uq 
calcaire  sableux  avec  grains  chloriteux,  bryozoaires,  Ostrea 
columba  de  grande  taille  et  serpules  îî  la  partie  supérieure.  Des 
coutournements  font  apparaître  de  nouveau,  vers  Bourré  et 
]\]ontrichard,  la  craie  micacée,  surmontée  vers  Chissay  d'un  cal- 
caire apathique  sableux,  chloriteux,  avec  Trigonia  scabra,  Ostrea 
tuTonienais^  O.  columba ^  bryozoaires  et  serpules  vers  le  haut.  Les 
oouches  que  nous  étudierons  plus  en  détail  à  Glion  sont  recouvertes 
d'une,  assise  sableuse,  avec  Terebratuia  oc/o^/icaia  et  spongiaires 
nombreux  et  par  lea  calcaires  à  Spondylus  iruncatusy  Janita  ^uo" 
dricosiatOy  Ostrea  vesiculariSy  que  l'on  rencontre  déjà  aux  environs 

de  Saint*Avertin. 

• 

Vallée  de  l'Indre. 

Les  étages  jurassiques  s'amaigrissent  au  contact  de  la  craie  par 
la  disparition  des  couches  supérieures  ;  on  peut  supposer  que  cet 
amaigrissement  provient  de  dénudations,  et  que  les  couches  jur^ 
siques  sur  lesquelles  la  craie  repose  doivent  présenter  au  contact 

^^g^^^^l^^m,    à    m    #MM^H».«*^     ^M^— —         ■!      «     M^w^^^^^^^^^^^^^P^^^^^ii^-^^^^  ■       I    I      ^^^i^».^M^^i^^^^«^^^^^— ^^^^■^■M-^^i^^^^^^.^— ^^^^^—^■^^W^^^-i^»^^^»  g 

(4)  M.  d'Archiac  paraît  avoir  fait  une  légère  confusion  entre  les 
parties  constituantes  de  la  craie  cpicacée,  qui  se  compose,  comme  nous 
venons  de  le  voir,  de  trois  parties  distinctes  de  la  craie  à  Itwceramus 
problematicus^  de  la  craie  à  silex  et  de  la  craie  micacée  proprement 
dite  qui  fournît  les  bancs  de  carrières,  en  disant,  page  29,  que  son 
étage  de  la  craie  jaune  repose  sur  les  couches  à  silex  sans  rintermé- 
diaire  des  bancs  de  carrières. 


796  SÉANCK   DU   23   AVRIL  i862. 

d'assez  grandes  irrëgularitës.  A  Massé,  on  observe  le  calcraire  â 
astartes  surmonté  de  quelques  couches  de  calcaire  caverneux  qui 
pourrait  bien  représenter  en  ce  point  un  lambeau  de  la  fomiatioD 
d*eau  douce  post-jurassique  ;  à  Vatan,  Tétage  cénoinanien  repose  sur 
l'étage  kimméridien  ;  à  Buzançais,  c'est  encore  le  calcaire  à  astartes 
qui  supporte  la  série  crétacée.  Ce  calcaire,  comme  on  peut  s'en 
convaincre  en  visitant  les  cariîères  qui  entourent  cette  ville,  se 
compose  de  petits  bancs  séparés  entre  eux  par  de  petites  coucbes 
d^argile;  elles  contiennent  Ostrca  virguia^  Terebratuia  L^ynu-riL 

A  2  kilomètres  de  Buzançais,  on  voit  déjà  dans  les  fosses  de  la 
route  de  Châtilion  les  grès  et  les  sables  verts  appai-aitre  avec  une 
très  faible  épaisseur;  la  couche  à  ostracées  repose  sur  les  sables  et 
est  immédiatement  recouverte  par  les  calcaires  à  Inoccramus  pro- 
blematlcus;  ces  derniera  sont  déjà  fort  abondants  au  milieu  des 
affleurements  de  la  vallée  de  l'Indre,  l/amaigrissement  des  couches 
de  l'étage  cénomanien  peut  faire  croire  à  l'existence  d'une  de  ces 
petites  failles  assez  nombreuses  au  milieu  des  dépôts  que  nous 
décrivons. 

Entre  Buzançais  et  Glion,  la  route  est  presque  toujours  tracée 
sur  les  affleurements  des  marnes  à  Inoceramus  et  de  la  craie  mica- 
cée recouvertes  par  quelques  couches  peu  épaisses  de  terrains 
tertiaires;  mais,  comme  le  sol  n'est  pas  accidenté,  et  comme  les 
couches  n'ont  pas  été  attaquées  par  des  travaux  profonds,  oo 
pourrait  être  tenté  d'attribuer  peu  de  développement  à  ces  deux 
systèmes  de  couches  ;  cependant  il  est  facile  de  se  convaincre 
qu'il  n'en  est  pas  ainsi,  car,  en  supposant  seulement  une  inclinaiacte 
de  5  millimètres  à  Tensemble  des  étages,  on  obtient  pour  l'épais- 
seur de  la  craie  à  Inoceramtts  et  la  craie  tuffeau  une  puissance  de 
60  mètres. 

La  puissance  de  ces  deux  termes  de  la  craie  micacée  devient 
bien  plus  évidente  en  suivant  la  rive  droite  de  la  vallée  de  l'Indre; 
on  rencontre  sur  le  chemin  de  Buzançais  à  Saint-Genou  la  partie 
supérieure  du  calcaire  à  astartes,  auquel  succède,  après  un  léger 
affleurement  de  sables  cénomaniens,  la  base  de  la  craie  à  Inoccra- 
mus qui  occupe  le  point  le  plus  bas  de  la  colline  de  Palluau.  Le 
sommet  est  couronné  par  des  bancs  épais  de  craie  micacée,  dans 
lesquels  de  nombreuses  carrières  ont  été  taillées;  les  fossiles  que 
l'on  rencontre  dans  ces  carrières  sont  ceux  que  nous  avons  déjà 
mentionnés  à  Noyers  {NauiUus  lœvigatus^  Ammonites  peramplus^ 
Arca  ligeriensiSyArcopagia  numismalis),  La  coupe  suivante  donne  la 
disposition  des  couches  de  la  colline  de  Palluau. 


nOTB   DE   n.   tBHÀT. 
Fio.  S. 


ii 

II 


Il  t>Hli«  de  CIIod). 


A  Clion,  on  voit  reposer  sur  les  assises  supérieures  de  la  craie 
micacée,  snns  ligne  singulière,  des  rocliçs  assez  dures  qui  four- 
nissent des  inatcriaux  de  construction  ;  le  )nciei  est  gréseux,  subla- 
mellairi;,  spailiique  ;  les  bancs  sont  épais,  séparés  par  des  couches 
de  conglomérats,  dont  les  parties  constituantes  sont  tapissées  d'une 
couclie  de  silicate  de  fer  ;  nul  doute  que  ces  parties  représentent 
des  bancs  entiers  qui,  par  des  oscillations,  se  sont  recouverts 
de  dépôts  appartenant  à  des  mers  plus  profondes,  Les  fossiles  sont 
asseî  nombreux,  mais  mal  conservés  ;  inférieuremenl  on  rencontre 
des  bryozoitires,  Carilium  Mootonianum,  ^rea  ligeriensis;  yerale 
haut  se  remarquent  une  grande  quantité  de  seq)nles  et  quelques 
exemplaires  de  Janira  ijuartncomiia,  qui  devient  plus  abondante 
dans  les  couclics  supérieures.  Le  banc  le  plus  éleré  des  carrières 
de  Clion  est  corrodé  et  perforé, 

M.  d'Archiac  réunit  les  bancs  qui  nous  occupent  à  sa  craie 
jaune  ;  ce  géologue  propose  avec  doute  cette  réunion,  et  nous  ver- 
rons plus  loin  qu'il  existe  quelque  motif  pour  faire  des  assises  de 
Clion  la  partie  la  plus  élevée  de  l'étage  turonien.  Entre  Châtillon 
et  Loches,  on  voit  les  bancs  qui  correspondent  à  la  pierre  de  Clion 


798 


SÉANGB    DC    28    ATRIL   1862. 


se  charger  par  place  d'une  grande  quantité  d^Ostrea  columba  (ear, 
major)  ;  iU  se  recouvrent  d*une  marne  sableuse,  avec  nombreux 
silex,  quelquefois  spongiformes,  et  contenant  une  assez  grande 
quantité  de  Rhynchonelles,  que  je  rapproche  plutôt  de  la  R, 
octoplicata  de  la  craie  blanche  que  de  la  R,  pisum,  qui  caractérise 
ou  parait  caractériser,  d'après  Aie.  d'Orbigny,  Tétage  crénomaDÎea 
En  continuant  à  descendre  la  vallée  de  l'Indre,  on  rencontre 
au-dessus  des  sables  calcaires  à  spongiaires  que  nous  considérons 
comme  le  premier  terme  de  l'étage  sénonien  les  bancs  à  Spon- 
dylttx  imncatus,  les  assises  à  Rhjrnchoneila  vespertiiio  et  les  bancs  A 
Aï ic  ras  ter. 

Nous  n'étudierons  pas  ces  assises  qui  sortent  da  cadre  que  nous 
nous  sommes  tracé. 


Essai   efune    classification. 

Nous  allons  nous  appuyer  sur  les  données  qui  précèdent  pour 
chercher  des  limites  d'étage,  renvoyant  le  lecteur  à  notre  noie: 
Consitiérations  sur  qur/(/urs  rpipstions  de  géologie^  Baillièré,  1860, 
aûn  qu'il  puisse  s'édifier  sur  la  manière  dont  nous  comprenons 
l'cicnduc  et  la  constance  de  ces  limites  soi-disant  synchroniqnes. 
L'ensemble  de  nos  observations  peut  se  résumer  dans  le  diagramme 
suivant  : 


710.6. 


i 


fa 

8 


1 

9 
3 
4 
5 
6 
7 
S 
9 
10 
il 


étag«  •ëAonifln. 

Banci  de  Clion. 

Craie  micacée. 

Craie  A  Inoctramus  probtêmatieus  et  à  liiez. 

Craie  i  Inocemmus  problemalicu*  sans  silex. 

Concfaet  à  osimcén. 

Bancs  à  aerpules. 

Parité  tupérienre  de  l'ëtage  cénomanien. 

Partie  ior<érieure  de  rëUce  céBOOMiiieB. 

GauU.  ^ 

Terrains  lorMaiqaes. 


L'ënorme  épaisseur  de  calcaire  dont  se  compose  daos  la  Mièvre 
et  l'Yonne  la  craie  moyenne  (étage  turonien  et  étage  cénomanien) 
prouve  que  les  mers  ont  été  soumises  pendant  un  grand  laps  de 
temps  aux  mêmes  influences  ;  aucun  changement  minéralogique 
important,  aucune  de  ces  lignes  singulières  qui  mettent  le  géologue 
sur  la  trace  de  la  nature  des  changements  qui  se  sont  opérés  au 
sein  des  eaux  ne  vient  éveiller  l'attention  de  l'observateur;  les  êtres 
se  succèdent,  il  est  vrai,  dans  un  certain  ordre  et  prouvent  que  la 
nature,  toujours  active,  crée  de  temps  en  temps  de  nouveaux  êtres 
par  cette  voie  encore  si  mystérieuse  des  générations  spontanées 
sans  l'existence  de  laquelle  la  naissance  de  nouvelles  espèces  ne 
saurait  être  expliquée  ;  mais  celte  succession  ne  s'est  pas  faite  avec 
cette  ré[i;ularité  que  certains  géologues  semblent  reconnaître.  Les 
lignes  d'apparition  d'êtres  nouveaux  ne  sont  pas  tirées  au  cordeau; 
ainsi  tel  fossile,  le  Peeten  asper,  qui,  dans  l'ouest  de  la  France» 
parait  caractériser  les  bancs  inférieurs,  remonte,  dans  le  Gher^ 
jusque  dans  la  couche  à  ostracées  ;  d'autres,  comme  la  Gryphœa 
columba,  semblent  disparaîti'e  pendant  une  certaine  époque  et  puUu* 
lent  de  nouveau,  légèrement  modi6és,  dans  les  dépôts  plus  récents» 

C'est  qu'il  existe  au  sein  des  mers,  comme  au  centre  des  conti* 
nents,  des  lignes  de  propagation  ou  de  migration  concomitante 
avec  les  variations  du  milieu  vital  suivant  lesquelles  les  espèces  se 
meuvent  dans  le  temps  et  dans  l'espace,  guidées  par  leur  instinct 
de  conservation.  Quand  la  variation  du  milieu  ne  rend  pas  ce  der- 
nier incompatible  avec  l'organisation  de  l'espèce,  elle  se  modifie^ 
donne  lieu  à  des  espèces  dérivées,  puis  elle  meurt  lorsque  cette 
variation  dépasse  une  certaine  limite,  pour  être  remplacée  par 
une  nouvelle  création.  Les  variations  dans  les  faunes  au  milieu  de 
la  craie  moyenne,  à  l'est  de  la  Loire,  n'ont  probablement  pas 
d'autres  causes  que  celles  dont  nous  venons  de  nous  occuper  ;  il  est 
probable,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  que  les  amplitudes  des 
oscillations  n'ont  pas  été  assez  grandes  pour  agir  brusquement  sur 
la  migration  des  espèces,  et  que  leurs  effets  ont  été  neutralisés  par 
une  grande  profondeur. 

£n  s'approchant  de  la  Loire,  on  rencontre  au  sein  des  parties 
supérieures  un  grand  développement  d'oslracées  ;  les  dépots  ne 
changent  cependant  pas  brusquement  de  nature  minéralogique  ( 
mais  l'existence  d'une  grande  quantité  d'Huîtres,  qui  ne  sont  com- 
patibles qu'avec  une  faible  profondeur,  prouve  que  sur  le  versant 
ouest  de  Taxe  du  Merlerault  les  oscillations  ont  été  plus  fortes  ou 
qu'elles  se  sont  opérées  sous  une  mer  peu  profonde. 

L'ensablement  qui  s'est  opéré  à  l'ouest  de  la  lioire  prouve  que 


800  SÉANCX  DU  28   AtUL  1862. 

le  régime  des  mers  ne  ressemblait  plus  à  celui  qui,  Teis  Test, 
déposait  des  calcaires.  Quelques  Tri gonies  indiquent  que  les  men 
continuaient  à  être  profondes,  et  la  finesse  du  sable  prouTe  l'exis- 
tence de  faibles  courants  qui  charriaient  des  éléments  fort  éloignés 
de  leur  point  de  départ.  La  persistance  des  ostracëes  dénote  une 
diminution  dans  la  profondeur  des  mers  à  la  fin  de  Tépoque  céno- 
manienne. 

Aucun  signe  ne  nous  a  permis  jusqu'ici  de  reconnattre  riostaot 
exact  où  le  fond  de  la  mer  s'est  le  plus  rapproché  de  la  surface  dci 
eaux,  ou,  en  d'autres  termes,  quelle  a  été  la  limite  extrême  deœ 
mouvement  oscillatoire;  c'est  seulement  vers  Fortaveau  qu'une 
ligne  singulière  vient  donner  l'explication  des  pliéDomènes  qui  le 
sont  opérés  au  fond  de  la  mer. 

La  présence  du  banc  à  serpules  perforé  par  quelt|ues  lithophagei, 
situé  au-dessous  du  banc  à  ostracées,  vient  en  effet  démontrer  que 
le  fond  de  la  mer  s'est  rapproché  de  la  surface  des  eaux  jusqu'au 
moment  uù  les  Huîtres  se  développèrent  en  si  grand  nombre.  C'est 
donc  ce  banc  qui  fixe  le  terme  extrême  du  mouvement  ascendant 
du  fond  de  la  mer  pendant  les  dépôts  cénomaniens  ;  c*est  donc  lai 
qui  doit  former  le  dernier  terme  de  cet  étage  (1). 

Après  la  formation  du  banc  à  serpules,  les  mers  s'approfondirat 
d'abord  lentement,  puisque  les  ostracées  vivent  au  balancement 
des  marées;  puis  ce  mouvement  en  sens  invei*se  prit  une  pro- 
portion plus  grande  au  commencement  des  calcaires  à  Inoceramu 
prùblcmaticus.  On  sait  que  les  Inoceramus  vivent  dans  les  meif 
profondes.  Les  bancs  à  silex  presque  sans  fossiles  se  sont  dépoiéi 
dans  des  profondeurs  plus  grandes  encore.  A  ))artir  de  ce  potot, 
une  oscillation  en  sens  inverse  commença  à  se  développer;  les 
Arches,  les  Carditim,  les  Pinna^  les  Jrcopagia  de  la  craie  micacée 
ne  se  sont  sans  doute  pas  développés  à  une  grande  profondeur  au* 
dessous  de  l'oscillation  des  marées.  En6n,  les  bancs  de  Clion  où 
les  fossiles  abondent,  et  qui  se  terminent  par  des  bancs  entièrement 
composés  de  serpules,  marquent  le  terme  extrême  de  ce  régime. 
C'est  donc  le  système  de  Clion  qui  termine  l'étage  tui*onien,  et 
c'est  au-dessus  des  bancs  à  serpules  usés  et  perforés  que  commence 
l'étage  sénonien  avec  les  couches  à  spongiaires  et  à  RhjrnchonelU 
octopUcata» 

* —■        ^^i^a^M^— — —  I  ■        I         ■  ■  lin  I  ■  II.  ■  mê 

(1)  C'est  eo  vain  que  ron  objecterait  qu>n  plaçant  la  limite  ds 
Tétage  turonien  et  de  Tétage  cénomanien  au-dessous  des  mamss  à 
ostracées  on  diviserait  le  système  sableux  du  llaos  en  deux  parties, 
puisque  dans  tout  le  Cher  le  bano  à  ostracées  est  calcaire. 


MOTS    DR    V.    £nRAV. 


801 


Nous  avons  i'-Mi  rcinnrqucr  qnc  IViago  cénonianicn  coininence 
par  une  couche  trarj^ile  pétrie  tie  grains  vcrls,  située  innncdialc- 
ment  au-dessus  de  la  couclie  à  .-immonites  injlatm^  au  milieu  de 
laquelle  on  trouve  des  bois  criblés  de  Pholades;  en  outre,  nous 
basant  sur  les  oscillations  du  sol,  nous  avons  été  conduit  à  faire 
commencer  l'étage  turonien  avec  la  couche  à  ostracées,  qui  constitue 
aussi  une  véritable  oolithe  ferrugineuse  silicatéc  ;  enfin,  la  pierre 
de  Glion  contient  aussi  à  ses  parties  supérieures  quelques  grains 
verts;  mais  ici  ces  grains  sont  irrégulièrement  distribués,  probable- 
ment par  suite  de  la  lenteur  dans  le  régime  de  l'oscillation.  Nous 
observons,  en  effet,  que  les  Serpules  occupent  dans  ces  assises  une 
assez  forte  épaisseur. 

Les  changementsd'étagcs,  ou,  pour  mieux  dire,  les  changements 
dans  le  régime  des  oscillations,  qui  d'ascendantes  deviennent  des- 
cendantes, sont  donc  accompagnés  de  phénomènes  éruptifs.  Nous 
ajoutons  ces  exemples  à  ceux  que  nous  avons  déjà  fait  connaître 
dans  nos  travaux  antérieurs. 

Les  oscillations  que  nous  avons  décrites,  et  sur  lesquelles  nous 
nous  sommes  appuyé  pour  déterminer  les  limites  des  étages  (1), 
peuvent  être  exprimées  par  la  courbe  suivante,  A  R  étant  l'axe  des 
oscillations,   A  G  l'axe  des  temps  : 


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S- 


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Niveau  de  la  mer. 


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Étage  turouien. 


Étage  cëoomoiiieD. 


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1 

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(h)  Cette  méthode  est  celle  qui  a  été  employée  par  Aie.  d  Orbigny  ; 
mais,  en  consultant  los  travaux  de  ce  savant  géologue,  on  voitqu'd  a  bien 
souvent  péché,  soit  par  une  mauvaise  application  desJaiU.  soit  par  le 
manque  de  ces  (ails.  L'étendue  de  sos  travaux  devait  infadliblement 
le  conduire  à  ce  résultat. 

Soc.  f^coL,  2"  série,*  lomo  XIX. 


51 


802  SfiÂlfCB  DD   28  ATML  1862. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  de  la  note  suivante  : 

Origine  des  sources  sulfureuses  de    la    Savoie; 
par  M.  Gabriel  de  Mortillet. 

Dans  la  séance  du  5  décembre  1859  (1),  j*ai  établi  par  Tinter- 
calation  des  sables  siliceux  au  milieu  (environs  d* Annecy),  etila 
partie  supérieure  (Beauges),  des  couches  nu  m  m  uii  tiques  que  h 
formation  sidérolitique  de  Savoie  est  de  l'époque  ëocène  supé- 
rieure. Une  observation  fort  intéressante  de  IVI.  Sylvius  Chavannes 
vient  de  me  permettre  d*en  donner  une  nouvelle  prenve. 

Cet  habile  observateur  a  constaté  que  les  émanations  sidéroli- 
tiqucs  ont,  dans  le  canton  de  Vaud  (Suisse),  profondément  altéré 
les  surfaces  et  les  fragments  calcaires  tournis  à  leur  action.  Cet 
altérations  se  retrouvent  en  Savoie  sur  une  vaste  échelle.  Le  pou- 
dingue à  la  base  de  la  formation  d*eau  douce  de  Greinpîgny,  entre 
Seyssel  et  Rumiliy,  est  tout  composé  de  cailloux  de  calcaire 
urgonieu  ainsi  altéré.  L'altération  est  contemporaine  du  dépôt  da 
ixmdingue,  car,  partant  de  la  circonférence  de  chaque  caillou,  elle 
diminue  d'une  manière  régulière  en  se  rapprochant  du  centre. 
Les  phénomènes  sidérolitiqncs,  en  Savoie,  auraient  donc  eu  liea 
au  commencement  de  la  formation  des  mollasses  d*eau  douce.  Ils 
seraient  de  la  fm  de  Tépoijue  éocène. 

Le  terrain  sidérolitique  de  Savoie  ne  se  compose  pas  seulement 
de  sables  siliceux  blancs  très  purs,  de  fragments  irréguliers  de  sîles 
et  de  roches  altérées;  il  contient  encore  d'abondants  minerais  de 
fer.  C'est  cet  élément,  éminemment  utile,  qui  a  fait  donner  son 
nom  tk  toute  la  formation.  Ces  minerais  de  fer  se  rencontrent 
habituellement  clans  les  fentes  des  roches  secondaires,  surtout  dans 
celles  du  calcaire  urgonien.  Ce  sont  des  peroxydes  de  fer  hydratés 
qui  primitivement  étaient  des  sulfures.  Lorsqu'on  brise  les  gros 
rognons  de  minerai,  on  trouve  encore  au  centre  de  la  pyrite  plus 
ou  moins  altérée,  et  on  peut  suivre,  en  se  rapprochant  de  la  sur- 
face, toutes  les  phases  de  la  transformation.  De  plus,  dans  les 
géodes,  dans  les  vides,  on  trouve  souvent  des  cristallisations  cubi- 
ques très  nettes  de  peroxyde.  C'est  évidemment  une  épigénie  par 
suite  d'altération  chimique  de  composition,  car  la  forme  cubique 
propre  au  sulfure  n'appartient  pas  au  peroxyde. 

Cette  transformation  des  sulfures  en  peroxyde  se  produit  au 


(4)  Bull.  Soc.  géol.  de  France^  2*  sér.,  vol.  XYII,  p.  449. 


IfOTB   DB   M.    DB   MORTILLBT.  803 

moyen  de  l'humidité.  De  petites  portions  d'eau  se  dëcomposent 
successivement,  cédant  leur  oxygène  au  fer.  L'hydrogène  alors  se 
trouvant  libre  se  combine  avec  le  soufre  abandonné  par  le  minerai 
et.  se  dégage  à  Tétat  d'acide  suifhydrique. 

Cette  réaction  chimique  qui  a  dû  avoir  lieu  autrefois  sur  une 
grande  échelle  se  produit  encore  actuellement  sur  plusieurs  points 
de  la  Savoie,  ce  qui  donne  lieu  aux  sources  sulfureuses.  En  effet, 
ces  sources  sont  intimement  liées  aux  gisements  de  fer  sidéro- 
li  tique. 

Les  sources  de  la  Gailie  et  de  Brominc,  près  d'Annecy,  se  trou- 
vent aux  deux  extrémités  de  la  montagne  de  Mendalaz,  dans  le 
milieu  de  laquelle  s'exploitent  les  mines  de  fer  sidérolitique  de 
Perrière  et  de  Guvaz  qui  alimentent  en  grande  partie  l'usine 
de  Cran. 

Le  Salève,  qui  contient  aussi  beaucoup  de  fer  sidérolitique  et  sur 
les  flancs  duquel  on  retrouve  de  nombreuses  traces  d'anciens  four- 
neaux, se  termine  également  par  deux  sources  sulfureuses,  cellt 
d'Ëtrembières  peu  abondante  du  côté  où  le  minerai  est  en  moin- 
dre quantité,  et  celle  déjà  citée  delà  Caille,  beaucoup  plus  forte  du 
côté  où  les  gisements  sont  plus  nombreux  et  plus  puissants. 

Dans  le  bassin  du  lac  d'Annecy,  où  Ton  exploite  quelques  gise- 
ments de  fer  sidérolitique,  se  trouve  la  source  de  Menthon. 

J'ai  cité  en  commençant  le  terrain  sidérolitique  de  Crempigny; 
tout  près  se  trouve  la  source  sulfureuse  de  Lornay. 

Les  eaux  d'Aix-les-Bains,  sources  sulfureuses  les  plus  abondantes 
et  les  plus  connues  de  la  Savoie,  se  trouvent  dans  le  bassin  du  lac 
du  Bourgct  qui  contient  aussi  des  fers  sidérolitiques.  On  en  a 
exploité  à  la  Chapelle -du-Mont-du-Chat,  exploitation  qui  a  été 
visitée  lors  de  la  première  réunion  extraordinaire  de  la  Société 
géologique  en  Savoie.  Héricart  de  Thury  en  a  cité  à  la  montagne 
de  Saint-Innocent.  Enfin  les  sources  sourdent  au  pied  de  l'escar- 
pement des  Baumes  où  les  exploitations  de  fer  sidérolitique  ont  eu 
de  l'importance  autrefois,  entre  autres  à  Avith ,  immédiatement 
au-dessus  d'Aix. 

En  18/i/i,  quand  les  membres  de  la  Société  géologique  visitèrent 
Aix-les-Bains,  M.  Bonjean  montra  que  l'acide  sulfliydrique  répandu 
à  l'état  de  gaz  dans  l'air  humide  se  change  en  eau  et  en  acide  suU 
furique.  Cette  réaction  parfois  a  eu  lieu  dan.s  les  filons  mêmes,  et 
l'acide  sulfurique,  ainsi  formé,  a  attaqué  les  éléments  les  plus 
sensibles  à  son  action.  On  en  voit  derrière  le  château  d'Annecy 
un  exemple  qui  est  très  frappant.  Il  y  a  un  filon  de  fer  sidérolitique 
composé  de  plaques  minces  de  peroxyde  qui  revêtent  les  parois 


SOA  SÉANCE  DU  28  AvaiL  1862. 

il'iinc  foule.  Ces  pIn(|ucssoiU  recouvertes  de  cristaux  cubîqucsJa 
côté  de  rintérieur.  Du  coté  des  parois  calcaires  de  la  fente  elles 
offrent  en  creux  les  empreintes  très  nombreuses  de  crîslaas 
nictastatîques.  Il  est  évident  qu'elles  étaient  autrefois  fixées  sar 
des  cristaux  de  spath  calcaire  qui  revêtaient  toute  la  feute.  Ces 
cristaux  ont  dispiiru.  Il  est  tout  naturel  d'admettre  qu'ils  ont  été 
attaqués  et  détruits  par  Tacidc  sulfurique  provenant  de  la  décom- 
position des  sulfures  de  fer  dans  un  filon  qui  laissait  circuler  IVir 
lunnide. 

INI.  Bonjean  a  aussi  nmntié  que  le  soufre  peut,  dans  certaines 
circonstances,  se  déposer  à  l'état  solide.  Tout  le  monde,  du  reste 
a  pu  remarquer  les  pellicules  de  soufre  qui,  après  s'être  formées  à 
la  surface  de  certaines  eaux  sidfureuses,  tombent  au  fond  où  elles 
constituent  un  dépôt  parfois  assez  abondant.  CVst  cet  autre  mode 
de  décomposition  de  Tacide  snlfliydrique  qui  a  donne  lieu  à  la 
formation  de  quelques  tares  cristaux  de  soufre  natif  qui  se  ren- 
contrent parfois  dans  le  terrain  sidérolitique.  M.  Sylvius  Clia- 
vannes,  à  la  réunion  de  r^ausannc,  de  la  Société  suisse  des  sciences 
naturelles,  août  1861,  on  a  montre  un,  trouvé  dans  le  canton  df 
Vaud. 

Telles  sont  les  diverses  actions  cbimîques  produites  par  la 
décomposition  des  fers  sidérolitiques,  décomposition  qui  dote  la 
Savoie  de  ses  plus  importantes  sources  sulfureuses. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  du  mémoire  suivant  de 
M.  Le  lion. 

Terrains  tertiaires  de  Bruxelles  ;  leiu  composition^  leur  classe^ 
ment,  leur  faune  et  leur  flore  ;  par  M.  H.  Le  Ilon  (pi.  XVIII). 

Les  systèmes  biuxdlUn  et  lackcnien  de  Duuiont,  maigre  les 
discussions  dont  ilsont  été  l'objet  de  la  part  de  plusieurs  cnjinents 
(jéologues,  sont  encore  enveloppés  de  doutes  et  d'une  certaine 
confusion.  Les  uns  les  ont  considérés  comme  étant  infûricurs  an 
calcaire  grossirr  parisien,  d'au  très,  au  contraire,  cunimc  iKiral- 
lèlcs  à  ce  calcaire  et  mcme  aux  saù/cs  moyens.  Nous  allons  consi* 
gncr  ici  le  résultat  de  nos  reclierclies,  avec  Tespoir  de  donner 
enfin  une  solution  à  cette  question  si  controversée. 

Sir  Cil.  Lyell,  dans  un  travail  remarquable  (1),  a  déjà  fortc- 

(1)   Onthrtt'VtinrystratnnfBclgiitmandfrench  FinnrltTs  Lon- 


NOTJS    DE    M.    LE    IION.  805 

meut  éclaire  ce  sujet,  mais  son  travail  embrassait  toute  la  Bel- 
gique et  la  Flandre  française,  et  nous  devons  confesser  ici  que 
par  rinsuBisance  de  nos  études,  à  cette  époque,  sur  la  localité  de 
Bruxelles,  nous  ne  renseignâmes  pas  avec  assez  d'exactitude  TiU 
lustre  géologue  anglais.  Nous  allons  donc  tacher  d'apporter,  à 
son  savant  mémoire,  quelques  compléments  ou  rectifications  dont 
les  grandes  coupes  nouvelles,  ouvertes  autour  de  la  capitale,  nous 
ont  fourni  les  données. 

Jetons  d'abord  un  coup  d'œil  général  et  rapide  sur  les  terrains 
que  nous  venons  de  mentionner. 

Si  l'on  considère  que  les  couches  bruxelliennes  sont  comprises, 
comme  nous  espérons  le  démontrer,  à  la  colline  de  Laon,  entre  143 
et  155  mètres  d'altitude;  a  Gassel,  entre  116?  et  124  mètres,  et  au 
sud-est  de  Bruxelles,  entre  les  limites  extrêmes  de  60  à  100  mètres, 
tandis  que  dans  la  Flandre  elles  sont  au  niveau  du  sol  ou  plongent, 
pour  affleurer  dans  la  mer  du  Nord,  sous  le  niveau  des  basses 
marées  (1),  il  devient  évident  que  l'ensemble  de  ce  système  a  une 
forte  inclinaison  vers  le  N.-N.-O.,  et  qu'il  serait  fort  diiiicile  de 
se  prononcer  sur  les  limites,  dans  cette  direction,  de  l'ancienne 
mer  qui  a  déposé  ces  couches. 

Si  nous  ramenons  maintenant  notre  examen  à  la  localité  de 
Bruxelles  et  de  ses  environs,  notre  conclusion  ne  fera  que  recevoir 
une  confirmation  nouvelle,  malgré  certaines  anomalies  de  détail 
que  rencontrent  si  souvent  les  études  géognostiques. 

Voici  la  puissance  et  l'altitude  des  couches  du  système  bruxel- 
lien  sur  divers  points;  mais  il  faut  bien  remarquer  tout  d'abord 
que  la  partie  supérieure  de  ce  système  a  été  dénudée  plus  ou 
moins  inégalement,  et  qu'il  est  malheureusement  peu  d'endroits 
où  sa  partie  inférieure  ait  pu  être  reconnue  à  cause  du  manque 
de  coupes  assez  profondes. 


don,  1 852.  Trad.  fr.  par  MM.  Ch.  Le  Hardy  de  Beaulieu  etÂ.  Toilliez. 
Bruxelles,  4  856. 

(4)  Nous  avons  recueilli  à  Wcnduyne  et  à  Blankenberghe  plusieurs 
espèces  fossiles  britxeUicnnes  rejetées  par  les  marées,  particulière* 
ment  Cardita  plunicosta^  Turritclln  imbricntaria^  Cardium  porulo^ 
su  tu,  etc. 


806 


SÉANCE    DU    28    ATRIL   1862. 


LOCALITÉS. 


Groenendael.  Rire  droite 

Boilsforl  (environt).  Id 

VecXe.  Id •  •  • 

Fureit  (chemin  Moiselman).  Id  .  .   .  . 

Forett  (château  de  Buvuy).  Id 

Sfiial-Gillei  (fabrique  d'eau  forte).  Id. 

Chumii  de  manoeuvres.  Id 

Srhaerheek.  Id 

Moortibeek.  Rive  gauche 

Itterlieek  'environs).  Id 


Distance 

de 
Brnzelles. 


10  kilom. 

6  — 

4  — 

5  - 

4  — 
1  — 

5  ~ 
I  — 
4  — 

6  - 


Direction 
cardinale. 


S.-E. 

Id. 

S. 

S.-S.-0. 

Id. 
s. 

E. 
If. 
O. 
Id. 


Limite 
InfiSriem 

d« 
broxelllen. 


? 
? 
T 
55 

80 

? 

47 

«9 
80 
48 


La  pente  générale  tle  la  partie  du  S.-E.  vers  le  N.-O.  est  bien 
saisissable,  et,  si  la  localité  du  château  de  Bavay  fait  exception, 
c'est  qu'elle  forme  une  sorte  de  promontoire  dans  la  vallée  de  la 
Senne,  et  que  les  dénudations  ont  dû  y  a^^ir  avec  plus  d'énergie 
et  en  abaisser  le  niveau,  avant  même  le  dépôt  du  système  bruxel- 
lien. 

La  partie  supérieure  de  ce  système  est  toujours  reconuaissable. 
Partout  elle  est  caractérisée  par  de  (grands  lavages,  des  excavations 
et  des  érosions  violentes,  et,  sur  cette  surface  aitisî  dénudée,  sont 
presque  toujours  semés  des  fossiles  remaniés  à  Tétat  fossile,  roulés 
et  usés.  Ce  sont  surtout  des  Nammu/ites  lœvigfita^  des  fragments 
de  TcrcbrtUnla  Kickxii^  des  osselets  de  Crcnasler^  des  dents  de 
Lamna  et  d' Otodiis^  des  fragments  de  palais  de  raies  des  genres 
Aetobates  et  Myliobates,  etc.  Sur  cette  couche  de  débris  reposent 
invariablement  les  sables  laekénieus  avec  leur  faciès  si  difFéreot, 
comme  nous  le  verrons  plus  loin. 

La  limite  inférieure  du  système  bruxellien  n'a  pas  été  pré- 
cisée sans  un  certain  va;jue  par  Dumont;  un  seul  horizon,  selon 
nous,  peut  l'indiquer  d'une  manière  rationnelle  et  avec  quelque 
certitude  :  c'est  la  couche  en  place  des  Nummulites  planulata 
(LcmicuUtcs  planulata^  Lain.  qu'on  trouve  également  en  rapport 
de  contemporanéité  à  la  colline  de  Laon,  à  la  base  du  banc  n^  5 
de  M.  Melieville  (1);  nous  avons  découvert  cette  couche,  prësen- 


(1)  Descript,  gf'ol.  rie  la  mont,  de  Laon  (Bull,  Soc,  ^éoLj  t.  XVII 
4  860].  M.  Melieville  déclare  que  ce  banc  est  celui  de  toutes  les  couches 
inférieures  du  bassin  de  Paris  où  l'on  rencontre  pour  la  première  fois  des 
Lenticules  (Nummulites).  Nous  n*avons  non  plus  jamais  trouvé,  dans 
le  Brabant,  de  Nummulites  au-dessous  de  la  couche  eo  place  que  nous 
venons  de  spécifier.  Dans  le  travail  de  M.  Melieville,  il  y  a  une  cer- 


NOTt   DS    M.    Ll    BOH. 


S07 


tant  les  mêmes  conditions  de  gisement  et  les  mêmes  caractères, 
prÈ3  du  cliùteau  de  Bavay,  A,  et  à  la  campagne  Mosselman,  H,  à 
Forc'St,  au  sud  de  la  ville;  à  Schaerbeek,  C,  au  Nord,  et  près 
d'Iltei'beek,  D,  et  de  Sanibergen,  à  l'ouest.  Ces  cinq  points  éta- 
blissent déjà  une  sorte  de  généralité,  et  nous  avons  tout  lieu  de 
croire  que,  si  l'onpratiquaitdes  forages,  on  irouveraitcesNumiuu- 
lites  inférieures  dans  beaucoup  d'autres  localités  de  nos  environs. 


Fig.  1 ,  —  Carie  <lrs 


de  BruxeUei, 


JaLmi. 


Quant  à  la  nature  miuëralogique  de  ce  système,  elle  présente 
pour  être  reconnue  et  décrite  de  très  grandes  ditScultés.  En  eQct, 
elle  varie  plus  ou  moins  considérablement  d'un  point  à  un  autre, 
et  l'on  peut  dire  que  souvent,  sans  les  deu\  couches  de  Nuntniu- 
lites  en  place  et  roulées,  on  serait  fort  en  peicic  de 


laine  confusion  au  sujet  de  ce  genre  de  roraminirèresi  sa  liste  des 
fossiles  du  banc  n°  9  porte,  comme  formant  deux  espèces,  la  Leniîca- 
litet  planulata  et  la  NiimmuliCet  planutala,  Lsm.,  qui  n'en  sont 
qu'une  seule. 


808  SÉANCE    DU    28    AVRIL    1802. 

les  fossiles  manquant  presque  toujours.  Cette  difficulté  a  été  signa- 
lée par  sir  Charles  Lycll  lui-même.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  y  ado 
caractères  géuc^raux  assez  constants,  et  nous  allons  essayer  de  les 
faire  ressortir. 

La  puissance  moyenne,  ou  plutôt  la  plus  fréquente  du  système 
hruM'llien,  varie  entre  13  et  20  mètres.  Les  grands  écarts  deœUe 
puissance,  observés  en  diverses  localités,  indiquent  au  géologue 
que  les  érosions  ont  dii  être  le  résultat  d'une  grande  force  agissant 
iné(>alement  en  raison  de  sa  direction  et  de  la  configuration  do 
sol.  Ainsi,  près  du  clialeaudc  Bavay,  à  Forest,  le  système  bruxel- 
lien  a  été  réduit  à  6  mètres  seulement,  tandis  qu'à  un  kilomètre 
de  là,  à  la  campagne  IMosselman,  il  offre  un  développement  de 
25  mètres. 

II  serait  donc  impossible  de  rencontrer  à  la  partie  supérieure 
de  CCS  couches  une  identité  de  matières  minérales^  puisque,  sur 
certains  points,  c'est  la  partie  moyenne  du  dépôt  primitif  qui  est 
devenue  sa  surface,  quelquefois  même  c'est  la  partie  inférieure. 
Ainsi,  au  cbàteau  de  Bavay,  où  les  trois  quarts  peut-être  de  ces 
sédiments  ont  été  emportes,  on  trouve,  immédiatement  sous  les 
Nu/iiinitiitrs  lawigata  roulées,  des  bancs  de  sables  fins  offrant  une 
grande  analogie  avec  ceux  de  la  partie  inférieure  de  ce  même 
dépôt,  près  de  la  campagne  IMosselman  (1). 

Après  ces  réserves  nécessaires,  nous  pouvons  poser  comme  ud 
fait  à  peu  près  constant  que  la  partie  supérieure  du  système 
bruxellien  est  composée  de  sables  très  calcarifières,  d'un  gris  clair 
un  peu  jaunâtre,  tachant  en  blanc,  et  faisant,  avec  les  acides, 
une  vive  elfervesccnce.  Ces  sables  contiennent  presque  toujoun 
des  bancs  de  pierres  concrétionnées  de  forme  aplatie  et  d*un  dia- 
mètre variant  de  20  à  60  centimètres.  Ces  pierres,  de  formation 
postérieure  au  dépôt  îles  sables  où  elles  gisent,  se  présentent  ea 
bancs  réguliei^,  s'écartant,  en  général,  très  peu  de  la  direction 
horizontale.  Vers  leur  surface,  c'est  un  grès  calearifèrc  ;  mais  elles 
passent  vers  leur  centre  à  un  grès  lustré  très  compacte,  se  rappro- 
chant du  silex.  Ces  bancs  ont  une  épaisseur  moyenne  de  15  â 
20  centimètres  et  sont  séparés  par  un  intervalle  qui  varie  de  20  â 
50  centimètres. 


(1)  Malgré  nos  rechorclies,  nous  n'avons  jamais  pu  trouver  les 
NummuUtes  lœvigata  en  place.  Leur  nombre  devait  ôtre  prodigieux. 
Puisqu*on  n'en  trouve  pas  do  traces  dans  la  partie  conservée  du  système 
bruxellien,  môme  là  où  il  présente  le  plus  do  puissance,  il  faut  on 
conclure  que  ces  foraminifcres  vivaient  à  la  partie  supérieure  du  dépôt. 


NOTE    DE    H.    LE    IION.  809 

Âu-dessous  de  ces  bancs,  et  en  approchant  de  la  partie  moyenne 
du  système,  les  sables  deviennent  moins  calcareux,  et  les  bancs 
pierreux  moins  fréquents  et  moins  réguliers.  C'est  vers  ce  niveau 
qu*on  rencontre  ordinairement  les  concrétions  siliceuses  de  forme 
bizarre  qu'on  a  nommées  pierres  de  grottes  ^psirce  (\\x*  on  en  con- 
struit des  grottes  artificielles  dans  les  jardins,  ou  encore  grès  fis tu- 
leiLff  a  cause  d'un  trou  en  forme  de  tuyau  dont  leur  centre  est 
souvent  traversé.  Les  matières  contenues  dans  ce  tuyau  sont 
sableuses,  et  rien  n'y  indique  une  cause  organique  (1). 

Plus  bas  et  vers  la  partie  inférieure  du  système,  on  trouve  gêné-, 
ralement  une  masse  de  sable  siliceux  sans  pierres  ni  fossiles;  mais 
il  y  a  de  nombreuses  exceptions  à  cette  règle.  Ces  sables  sont  sou- 
vent calcarifères  jusque  vers  le  bas,  où  ils  se  terminent  par  des 
bancs  non  calcareux,  d'une  couleur  brune  particulière,  et  des 
bancs  d'un  sable  gris  très  fin  et  doux  au  toucher,  alternant  avec 
des  lits  d'argile  jusqu'aux  Numtnulitcs  planulata^  lesquelles,  à 
Schaerbeek,  adhèrent  à  une  sorte  d'argilite. 

Voilà,  au  point  de  vue  minéralogique,  l'ensemble  général  du 
système  qui  nous  occupe.  Nous  devons  pourtant  mentionner  une 
particularité  importante,  c'est  la  quantité  de  fer  qui  est  venue 
imprégner  ces  dépôts  au  sud-est  de  Bruxelles,  comme  à  Grœnen- 
dael, à  Jsque,  à  Uccle,  et  oii  l'hydrate  ferrique  a  donné,  tant  aux 
sables  qu'aux  pierres,  une  couleur  de  rouille  foncée. 

Bien  que  nous  n'entrions  pas  ici  dans  des  détails  géognostiques, 
qui  n'éclaireraient  guère  la  question  que  nous  avons  à  examiner, 
nous  ne  pouvons  pourtant  passer  sous  silence  un  banc  mince  et 
singulier,  unique  dans  le  système,  et  qui  semble  s'étendre  de 
Schaerbeek  à  Dieghem,  E,  sur  un  trajet  de  k  kilomètres.  Ce  banc 
a  été  reconnu  à  Dieghem  en  1852  par  sir  Ch.  Lyell,  et,  depuis,  je 
l'ai  observé  au  champ  de  manœuvres,  F,  et  à  Schaerbeek.  Ici, 
sous  les  pierres  bouleversées  et  brisées  de  la  surface  du  système, 
gisent  trois  ou  quatre  bancs  de  grandes  pierres  plates,  siliceuses, 
espacées  d'environ  un  demi-mètre.  Sous  le  dernier,  le  sable  passe 
à  une  marne  onctueuse  et  plastique,  laquelle  prend  une  con- 
texture  fissile,  en  se  durcissant  graduellement,  jusqu'à  former  un 
banc  de  pierre  silicéo-calcaire,  de  12  centimètres,  tantôt  d'une 
faible  densité,  tantôt  compacte  et  présentant  l'aspect  du  schiste 


(4)  A  ce  même  niveau  ou  parallélisme,  M.  Melleville  signale  à  la 
montagne  do  Laon  des  rognons  de  grès  à  ciment  calcaire  présentant  les 
formes  les  plus  tourmentées  et  les  plus  bizarres. 


810  8ÉANCB    DD    28    ATIIL    1862. 

coticule  ;  puis  les  sables  calcarifères  recommencent  avec  les  baoc 
siliceux  (voy.  la  coupe). 

L'intervalle  eotre  ce  banc  et  les  bancs  siliceux  voisins  est  d'en 
yiron  25  centimètres,  de  sorte  qu'il  semble  être  là  intercalé  pai 
une  circonstance  étrange,  n'ayant  agi  qu'une  fois  pendant  h 
période  bruxellienne,  et  dans  un  temps  de  parfaite  tranquillité 
mais  voici  la  circonstance  la  plus  curieuse  de  la  formation  de  a 
banc. 

D'abord,  comme  Ta  très  bien  observé  sir  Ch.  Lyell,  ce  schisu 
est  composé  en  parties  de  spicules  de  spongiaires  et  du  test  siliceui 
de  très  petits  foraminifères  des  genres  Nonionina^  Textularia. 
TriloctiUnay  Rotalina,  etc.,  ce  qui  en  fait  une  sorte  de  tripoli  ;  mais, 
tandis  que  les  autres  bancs  ont  dû  se  concrétionner  postérieure- 
ment au  dépôt  meuble  de  la  mer  bruxellienne  et  même  après 
sa  retraite  de  nos  contrées,  celui  qui  nous  occupe  a  dû  se  durcir 
au  moins  à  l'état  de  pâte  compacte,  immédiatement  après  sa  for 
mation  et  avant  d'être  recouvert  par  d'autres  matières;  il  o'es 
besoin  d'autres  preuves  que  les  cheminements  des  nombreuse 
coquilles  perforantes  qui  labourent  cette  petite  couche,  et  dont  le 
autres  bancs  ne  portent  jamais  la  moindre  trace.  Après  un  exaniei 
attentif  qui  nous  montra  que  la  presque  totalité  de  ces  perforation: 
avait  été  creusée  de  baut  en  bas,  nous  en  découvrîmes  quelques 
unes  qui  cheminaient  de  bas  en  haut  ;  cette  circonstance  semblai 
en  contradiction  avec  nos  idées,  mais  elle  s'expliqua  bientôt  pa 
une  trace  que  nous  pûmes  suivre  au-dessous  de  la  partie  pierreuse 
Le  mollusque  entré  par  le  haut,  ayant  traversé  le  banc  d'outre  ei 
outre  et  se  trouvant  tout  à  coup  dans  des  matières  inconsistaDtei 
était  instinctivement  retourné  d'où  il  venait,  en  traçant  un 
courbe  en  forme  de  crochet,  et  il  avait  achevé  sa  galerie  et  s 
carrière  au  milieu  de  la  couche,  en  remontant  et  cheminant  ain 
de  bas  en  haut.  Ce  fait  démontre  une  fois  de  plus  quelle  prudenc 
exigent  les  observations  géologiques  (1). 

Passons  maintenant  à  la  faune  et  à  la  flore  du  système  bruxd 
lien. 

Dans  tout  ce  système,  le  test  des  coquilles  a  été  dissous,  à  l'ex 
ception  des  espèces  qui  s'attachent,  telles  que  les  Huîtres,  les  Spoa 


(1)  Nous  avons  un  spécimen  de  ce  banc  portant,  en  ligne  droiu 
une  veine  rougeâtre  parallèle  à  ses  bords.  Une  perforation  creusa 
perpendiculairement  à  cette  veine  s'en  approche,  et  là  la  veine  s'iv 
fléchit  comme  poussée  à  l'état  de  mollesse  par  le  cheminement  et  I 
pression  du  mollusque. 


MOTS    DB    M.    LE    HOM.  811 

dyles,  les  Peignes,  les  Cranies,  les  Térébratules,  etc.  ;  sont  aussi 
restés  intacts  les  échinodermes  et  les  polypiers.  Ce  n^est  toujours 
qu'une  rare  exception  lorsqu'on  trouve  quelques  espèces  libres  qui 
ont  conservé  leur  test,  devenu  d'une  grande  fragilité,  ou  bien 
qui  ont  été  changées  en  silex  translucide. 

Le  système  bruxellien  présente  deux  niveaux  distincts  de  restes 
organiques.  D'abord  celui  qui  parsème  sa  surface  de  débris  roulés, 
et  ensuite  certains  amas  ou  couches  peu  étendues  de  pierres  pé- 
tries de  moules  de  coquilles  qui  gisent  en  place,  toujours  vers  la 
partie  supérieure  et  seulement  sur  quelques  points  des  environs 
de  la  capitale.  Nous  n'avons  rencontré  ce  gisement  qu'une  fois  à 
8  mètres  de  la  surface  du  système  ;  partout  ailleurs  il  ne  s'écarte 
pas  plus  que  d'une  moyenne  de  3  mètres  de  cette  surface.  Du  reste, 
le  gisement  présente  lui-même  quelquefois  une  épaisseur  assez 
considérable  ;  ainsi,  celui  qu'on  mit  au  jour  en  nivelant  le  champ 
de  manœuvres,  et  qui  nous  a  fourni  tant  d'espèces  nouvelles  pour 
nos  listes,  n'avait  pas  moins  de  5  mètres  d'épaisseur  sur  une 
étendue  horizontale  limitée  à  15  ou  20  mètres  seulement  ;  c'était 
donc  un  de  ces  amas  que  Burtin  appelait  déjà,  le  siècle  dernier, 
des  cimetières  marins. 

À  un  kilomètre  de  ce  gîte,  on  rencontra,  en  creusant  un 
puits,  un  banc  pierreux  d'environ  30  centimètres,  pétri  de  co- 
quilles à  Tétat  de  moules.  Ce  banc  est  situé  à  une  altitude  supé- 
rieure de  5  mètres  à  celle  de  Tamas  fossilifère  dont  nous  venons 
de  parler.  Les  fossiles  bruxelliens  en  place  sont  généralement 
situés,  à  l'est  de  la  ville,  entre  55  et  65  mètres  d'altitude. 

Plus  bas  dans  ce  système,  on  ne  rencontre  plus  de  fossiles,  si  ce 
n'est  parfois  quelques  Huîtres,  soit  dans  les  sables,  soit  prises  dans 
des  pierres  concrétionnées. 

D'après  les  derniers  travaux  des  géologues  français,  les  listes  de 
Cuise -la- Motte  et  des  bancs  n^**"  5,  6  et  7  de  M.  Melleville,  à  la 
montagne  de  Laon,  sont  celles  qui  présentent  l'analogie  la  plus 
grande  avec  la  faune  bruxellienne.  A  Cassel  on  retrouve  éga- 
lement les  deux  systèmes  bruxellien  et  laekénien  avec  la  ma- 
jeure partie  des  espèces  des  couches  correspondantes  du  Brabant. 
Sans  entrer  ici  dans  de  longs  détails  comparatifs  que  de  plus  com- 
pétents que  nous  jugeront  peut-être  utile  d'établir  dans  l'intérêt 
de  la  science,  nous  donnons  la  liste  exacte  des  espèces  bruxel- 
liennes  que  nous  sommes  parvenu  à  recueillir  ou  à  reconstruire 
Au  ttiô^eb  de  moulages  sur  empreintes.  Quelques  espèces  de 
Galeotti  nous  paraissent  douteuses  ;  nous  kie  mentionnerons  ici  que 


812 


SÉANCE    DU    28    AVRIL   18(52. 


les  espèces  positives  qui  font  partie  de  nos  collections  et  qui  com- 
prennent à  très  peu  près  toute  la  faune. 

Liste  des  fossiles  du  système  bruxeUien  (4). 


BEPTILES. 

?  Emys  Cuvieri^  Gai. 
Gavialis  Dixoni^  Owen. 
Palœophis  Typhœus^  id, 

POISSONS. 

Pristis  lathami^  Gai.  [F,  contor- 

tus  ?,  Dix.) 
Cœlorhyncus  rectus,  Ag. 
Carcharodon  heterodon^  id. 
Lamna  elegansj  id. 

—  denticulata,  id. 

—  contortidensy  id. 

—  Hopeij  id. 
Oiodus  macrotus,  id. 

—  obliquuSf  id. 

—  microdon^  id. 
Galeocerdo  latidens^  id. 

—  ûduncuSf  id. 

—  minor^  id. 
Notidanus. 
Saurodon. 
Acrodus. 

Picnodus  toliapicus^  Ag. 
Gyrodus  sphœrodus^  id. 
Myliohates  Dixoni^  id. 

—  toliapicuSy  id. 

—  acutuSf  id. 
jEtobates  recius,  id. 
P/tyliodus,  id. 
Siluroides, 

CRUSTACÉS  BBACBTOniIBS. 

Pseudocarcinus  Burtini,  Gai.  (P. 
Chau(»iftiif  de  Berville). 


Carpilius 

Etisiis. 

Calappus, 

CRUSTACÉS    MACROURES. 

Thenops  scyllarijarmis^  Bell. 
CalUnnassa, 

CÉPHALOPODBS. 

Sepia  Omeriy  Desh. 
Naudltis Burtinif  Gai. 

GASTÉROPODES. 

Rissoa  [Bulimtu)  turricnla^  Brug. 

[Mclania  marginola,  LkJ, 
Mclania  hordacea^  Desh. 
Scalaria     Gorrisscni,     Nyst    et 

Le  HoD. 
Turritella     imbricataria^    Lam. 

(var.  B  et  Dde  Desh.). 

—  terebellatGy  id. 

—  incerta,  Desh. 
Pyramidella  terebellata,  Lam. 
Foharia  bulloidcs^  id. 
Natica  patula^  id. 

—  hantonitnsiSy  Dix. 

—  glauci/ioidcSf  Desh. 

—  epigtottina,  Lam. 
Lamellaria  (Sigarctn.s)  cantdicu- 

lataj  Sow. 
Phorus    (Troc/tus)    uinbicalaris^ 

Brand.     (P.     paris  iensis, 

d'Orb.  )    7".    agglutinans, 

Lam.). 
Solarium  trochijonne.  Desh. 

—  Heberti,  Nyst  et  Le  Hon. 


(4)  Les  espèces  nouvelles  de  cette  liste  et  de  la  liste  laekénienDa 
seront  décrites  et  figurées  prochainement  dans  les  Bulletins  de  la  Soc. 
paléont.  de  Belgique, 

Les  espèces  précédées  d'un  signe  de  doute  ne  sont  pas  définitivemeat 
reconnues  comme  appartenant  au  système. 


NOTR    DE    M.    LE    HON. 


813 


Cypiœn  inflala^  La  m. 

OLivn  [Bill  la)  mi  ti  coin  y  La  m. 

jéncillar'Kt  buccinoidcs,  Lam. 

—  glaiidina^  Desh. 

—  catuilîfcrd^  Lam. 

—  (lubid,  Desh. 
Tcrcbclliim  sopitum^  Brand.  (7". 

convoludtm^  Lam.). 
Folutn  cithara,  Lam. 

—  ho r pilla ^  id. 

—  />/v/,  id. 

—  nngiista^  Desh. 

—  biilbula^  Lam. 

—  spi/iosay  id. 

—  crcnulaCiij  id. 

—  bicoronatn^  id. 

—  ticpressaj  id. 
CdnceÛaria  striatula^  Desh. 
Conus  dcpcrditus^  Brug. 

—  diversiformis?^  Desh. 
Rostcllaria  [Strombus)  Jissurella. 

Lin. 

—  columbaria^  Lam. 

—  ompla^  Nyst. 
Strombus  canalis,  Lam. 
Pleurotoma  undata^  Bast. 

—  crcnulata^  Dix. 

—  transversaria? 

—  Hcberli,  Nyst  et  Le  Hon. 
Fusas  longœvns,  Lam. 

—  [Murex)  bulbua^  Chem.  (^«Z- 

biformis^  Lam.). 

—  erra  us,  Sow. 

—  i/iiortus,  var.  A,  Desh. 

—  (il//ir<?x)    turgidusj     Br^d. 

(F.  /iculacus,  Lam.). 

—  decussatus  ?,  Desh. 

Triton  nodularium  ou  colubrinum. 
Murex  tricarinatus^  Lam. 
Buccinuni  slromboides^  id. 

—  bis  tria  tum  ?,  id. 

—  Honiif  Nyst. 
Buccinnnops  [Buccinum)  fissura^ 

fum^  Desh. 
Pyruta  lœvigata^  Desh. 

—  nexiliSj  Lam. 

i^/c//x  (Pyrula)  elegùns?^  Desh. 
Cassidaria  carinatOy  Lam. 


—  Juniculosa  ?^  Desh. 

/T/o/vo  (  Buccinum  )  nodosum^ 
Brand.  [Cassidaria  cari- 
nata,  Lam). 

—  [Cassidaria)coronata?^  Desh. 
Calyptrca  trochiformis^  Lam. 
Pileopsis  cornucopiœ?y  id. 
fiw//a  lignaria^    Lin.    (5.    /fciv>. 

Defr.). 
Dcntalium   Burtini^  Nyst  [Ditru- 
pa  incrassata^  Sow.}. 

LAMELLIBRANCHES. 

*Sb/t^«  vaginalis^  Desh. 
Mactra  semisulcata^  Lam. 

—  de  pressa  ^  Desh. 
Tel  Un  a  ros  traits  y  Lam. 

—  Lyellii,  Nyst  et  Le  Hon. 
Sanguinolaria  Lamarckiiy  Desh. 
Venus  subcrycinoïdes,  Nyst. 

—  puellata?  Lam. 

—  lœvigata,  Lam. 

—  nitidula^  id. 
Cor  bu  la  gallica,  La  m . 

Cardita[Vcner,)planicosta^  Desh, 

—  acuticosta,  id. 
Erjrcina  orbicularis^  Desh. 
Lucina  mutabilis^  Lam. 

—  sulcata^  id. 

— '  pulchella,    Ag.    (Z.   divari" 
enta,  Lam.). 

— ■  Folderiana^  Nyst. 
Corbis  lamellosa,  Lam. 
Cardium  porulosuni,  Brand. 

—  oblif/uuniy  Lam. 
Pectunculus  puhinatus^  Lam. 
y/rc«  barba tula^  id. 
Lithodomus    [ModioUi)  papyra^ 

ceus^  d'Orb. 

—  sublithophaguSy  Nyst. 
Pinna  margaritacea^  Lam. 
Pccten  plcbeiuSy  id. 

—  corneuSf  Sow. 
Pecten  tri  parti  tus  ^  Desh. 
Spondjrlus  radula^  Lam, 

—  rarispina,  id. 

—  granulosusj  Desh. 
Ostrea  cariosa^  Desh. 


81& 


8ÉÂ1ICE   BU   28    ATRIL   1862. 


—  virgatOf  Goldf. 

—  cymbula^  Lam. 

—  uncinata^  id. 

—  gryphina  ?y  Desh. 

—  inflata?^  id. 
Fulsella  deperdita^  Lam. 

BtACHIOPODKB. 

Terehratula  Kickii,  Gai. 

—  bisînuata^  Lam.    [T.   succi- 

nea,  Desh.). 
Cranta  [Piieopsh)  variabilisy  Gai. 

AlIHÉLIDIS. 

Strpula  tricarinata^  Gai. 

ÉCBIHODSRMSS. 

?  Echynolampas      Galeottianus, 
Forb. 


ISpatangus  Omalii^  Gai. 
?  —  Pes  equuli^  Le  Bon. 

AHORPHOZOAIEBS. 

Honium  brttxelliense^  Lyeli. 

AHTHOZOAIRES. 

Sphenotrochus  {^Turbinoiia)  cris- 
pa^ Lam. 

POlAMIinFÈKBfl. 

Nummulitcs  lύigata^  Lam. 

—  scabery  id. 

—  planulata,  id. 
Triloculina, 


Oq  sera,  selon  nous,  convaincu  par  Texamen  de  cette  liste  que, 
bien  qu'une  partie  de  ces  espèces  passe  dans  le  calcaire  grossier, 
la  faune  dans  son  ensemble  est  suessonienue  supérieure.  Si  notre 
savant  et  regretté  Dumont  n  avait  pas  dédaigné  dans  ses  tra- 
vaux de  consulter  les  fossiles,  il  ne  serait  pas  tombé,  par  exemple, 
dans  la  grave  erreur  du  prétendu  parallélisme  de  son  système 
laekénien  avec  les  sables  de  Beauchanip  !.. . 

Au  veste,  ce  ne  sont  pas  seulement  les  faunes  qui  nous  serreot 
aujourd'hui  de  flambeau  dans  cette  question,  c'est  encore  IVtude 
de  plus  en  plus  attentive  des  couches ,  de  leur  gisement,  de  leur  oa- 
ture,  etc.  Les  grands  courants  diluviens  qui  ont  arraché  la  surface 
du  système  bruxellien  ne  se  sont  pas  fait  sentir  seulement  en  Bel- 
gique. On  en  retrouve  les  effets  â  Cassel,  à  la  montagne  de  Laon  et 
autres  localités  du  bassin  parisien,  par  des  traces  de  grands  lavages 
et  une  couche  de  graviers  et  de  débris  organiques  brisés  et  roulés. 
Cette  couche  est  décrite  par  iM .  Melle ville  dans  son  septième  banc, 
et  elle  renferme  en  outre,  dit-il,  des  fragments  pugillaires  arrondit 
de  calcaire  marneux  semblable  à  de  la  craie  blanche.  M.  ViStW 
et  noAs-même  Tavons  observée  à  Cassel ,  où  l'on  voit  comme  â 
Bruxelles,  à  la  jonction  des  couches  bruxelliennes  et  laekéniennes, 
les  Nummulitcs  lœvigata  disséminées  et  roulées  pèle-  niéle  avec  des 
dents  de  squales,  et,  de  plus,  des  cailloux  roulés  des  silex  de  la 
craie. 

A  Bruxelles,  sur  les  flancs  et  les  crêtes  de  la  vallée  d'éi-osion  oà 
coule  la  Senne,  les  ravages  des  eaux  diluviennes  ont  été  formi- 


NOTI   VE    m.    U    BON. 


815 


dablea.  Malgré  les  bancs  noinlireiix  de  pierres  dont  les  couches 
bruxelltennes  étaient,  en  quelque  sorte,  charpenUes,  ou,  peut- 
être,  à  cause  de  cette  force  même  de  résistance,  les  eaux  creu- 
sèrent des  excavations  et  de  longs  raTÎnements  qui  présentent 
parfois  jusqu'à  10  et  12  mètres  de  profondeur.  Là,  les  bancs 
pierreux  ont  été  arrachés,  et  leurs  débris  concassés  jonchent  la 
superficie  du  système.  Le  croquis  ci-dessous  pourra  en  donner  une 
idée. 

Fig.  S.  —  Coupe  prise  à  Schearbeek. 


Sur  certains  poînls  voisins  de  la  commune  de  Scliaeibeek,  au 
bord  de  la  vallée,  on  voit  la  partie  supérieure  du  biuxellien  re- 
muée par  les  eaux  et  dans  le  plus  grand  désordre.  Là,  aux  pierres 
anciennes  remuées  et  brisées,  se  trouvent  mêlées  d'autres  pierres 
d'une  texture  moins  dense  et  qui  ne  se  sont  formées  qu'après  le 
phénomène  diluvien.  Cette  vérité  ressort  de  cette  circonstance  i  ces 
pierres  de  formation  postérieure  renferment,  comme  à  Cassel, 
(au  uiéuie  niveau),  de  gros  fruits  et  des  fragments  de  branches 
charriés  et  enfouis  là  par  les  courants.  Ces  débris  de  végétaux  ont 
été  la  cause  initiale  des  pierres  concrétionnées  dont  ils  occupent 
le  centre  cl  forment  en  quelque  sorte  le  noyau.  Tel  fut  le  point 
.de  départ  des  blocs  pierreux  qu'on  trouve  souvent  à  la  partie  in- 
férieure du  système  suivant,  ou  système  laekénien,  que  nous  exa- 
minerons tout  à  l'heure. 

Arrêtons-nous  uu  instant  sur  ces  végétaux  de  Schaerbeek  dont 
lei  débris,  mêlés  et  eufouîs  daus  le  plus  grand  désordre,  abondent 
dans  cette  localité. 


8iG  sÉANCB  BU  ^8  AvniL  1862. 

Si  Ton  examine  une  bonne  carte  liypsoniélrique  du  Brâbaiit.oo 
verra  que  là  la  vallée  se  rc^lrécit  ié{»èrciiient  et  s^infléchit  iiiuué- 
dlalement  après  vers  le  nord-est.  Ces  doux  circonstances  ont  dà 
suffire  pour  arrêter,  à  ce  point,  des  arbres  flottants  et  y  produire 
un  encombrement  Les  chocs  de  ces  végétaux  charriés  par  les 
courants  marins  durent  être  d*une  {>rande  violence,  puisqu'on 
retrouve  des  fûts  de  troncs  d'arbres,  encore  recouverts  de  leur 
écorce,  et  qui  ont  été  brisés  avant  leur  fossilisation.  En  effet,  ces 
tronçons  sont  hermétiquement  renfermés  dans  la  pierre  dont  ils 
ont  provoqué  la  concrétion.  Les  débris  d'arbres  de  diverses  es- 
sences y  sont  extrêmement  nombreux,  et  indiquent  jusqu'à  révi- 
dence  une  accumulation  résultant  de  causes  particulières.  L'exameo 
attentif  de  ces  débris  organiques  conduit  à  des  inductions  pleines 
d'intérêt  et  de  nature  a  jeter  de  la  lumière  sur  certains  grands 
faits  de  l'histoire  de  la  terre. 

D'abord,  l'hypothèse  que  Bruxelles  aurait  été  un  point  liuoral 
à  cette  époque  doit  être  abandonnée,  ainsi,  par  conséquent,  que 
l'idée  d*un  estuaire,  puisque  les  couches  bruxelliennes  s'étendent 
jusqu'au  delà  de  Louvain,  Folx-les-Caves,  Gembloux,  etc.  Si  Ton 
tient  compte  en  outre  des  parties  de  ce  dépôt  qui  ont  dû  être 
entièrement  emportées,  on  pourra  considérer  le  plateau  des  Ar- 
dennes,  limité  au  nord  par  la  Sanibre  et  la  Meuse,  comme  ayaot 
marqué,  en  Belgique,  les  rivages  sud  et  sud-est  de  la  nier  suesM- 
nienne  ou  bruxellieone,  ainsi,  vraisemblablement,  quedcsaotra 
étages  tertiaires. 

On  peut  donc  affirmer,  croyons-nous,  que  les  végétaux  de 
Schaerbeek,  ainsi  que  ceux  plus  disséminés  d'Ever.  de  Diegliem. 
de  Peuthy,  etc.,  ont  été  amenés  là  loin  des  côtes  et  par  de  grandes 
eaux.  On  peut  affirmer  en  outre,  par  la  quantité  de  débris  végé- 
taux renfermant  des  Tarets  ou  incrustant  des  Huîtres,  que  ces  eaux 
étaient  marines.  Quant  à  la  direction  des  courants,  elle  devait  être 
du  sud  au  nord,  fait  qu'établissent  les  circonstances  suivantes. 

Les  ravinements  ont  en  général  leurs  axes  ou  thalwegs  dirigés 
dans  le  sens  des  méridiens,  comme  la  vallée  de  la  Senne  elle- 
même. 

L*accumulation  principale  des  végétaux  charriés  se  trouve  au 
sud  du  point  rétréci  et  dévié  de  la  vallée,  donc,  d'après  le  simpk 
raisonnement,  en  amont  d'un  courant  venant  du  sud. 

On  pourrait  difficilement  admetU'e  que  des  palmiers  et  des 
nipas,  végétaux  tropicaux,  eussent  été  charriés  à  Bruxelles  par 
des  courants  venant  du  nord. 

Knfm,  si  Ton  admet  avec  nous  qu'avant  la  catastrophe  la  Bel- 


KOTR    DE    M.    Lfi    IION.  817 

giquc  était  éiucr(>ée,  les  couches  bruxelliennes  consolidées  et  les 
débris  organiques  qu'elles  contenaient,  déjà  fossilisés  (ce  que 
prouvent  des  moules  de  coquilles  du  système  roulés  avec  les 
NummuUtes  lœvigata  et  couverts  de  Serpules  ou  de  bryozoaires); 
si  Ton  admet  CCS  faits  peu  contestables,  il  deviendra  fort  simple  de 
penser  que  nos  contrées  du  nord  émergées  ont  dû  être  de  nouveau 
immergées  par  des  eaux  venant  du  sud,  à  moins  qu'on  ne  préfère 
baser  son  opinion  sur  le  renversement  des  lois  de  Téquilibre. 

Ces  points  élucidés,  la  question  de  savoir  si  les  végétaux  de 
Scliarbcek  sont  des  fossiles  r/i  place^  et  ont  vécu  là  ou  on  les 
trouve,  est  résolue  négativement. 

IMais  nous  n'avons  fait  qu'éclairer  une  face  de  la  question,  et 
il  resterait  à  découvrir  d'ow  sont  venus  ces  vcgctnux. 

Ici,  nous  le  disons  à  regret,  rencbainenient  des  faits  s'obscurcit 
et  nous  échappe,  Tinconnu  commence  et  avec  lui  riiypothèse. 
Les  végétaux  bruxcllieris  peuvent  aussi  bien  avoir  été  charriés  du 
Hainaut  que  du  midi  de  la  France  ou  même  de  l'Afrique.  Les 
nipadites  et  les  palmiers  sembleraient  indiquer  que  ces  débris 
arrivèrent  des  contrées  méridionales,  tandis  que  les  pins  appar- 
tiendraient plutôt  à  la  latitude  de  la  Belgique.  Les  fragments  de 
conifères  sont  du  reste  très  rares  et  les  nipadites  et  palmiers  bien 
plus  fréquents.  Le  champ  des  conjectures  est  donc  ouvert  à  cet 
égard,  en  attendant  que  des  découvertes  ultérieures  viennent 
peut-être  donner  le  mot  de  celle  énigme. 

Il  reste  pourtant  encore  certaines  inductions  fugitives  sur  les- 
quelles j'appellerai  l'attention.  Les  Pandanres,  auxquelles  se  rat- 
tachent les  nipas,  vivent  dans  les  endroits  marécageux,  principa- 
lement au  bord  des  fleuves.  S'il  existait  déjà  alors  de  grands  cours 
d*eau,  où  coulent  aujourd'hui  la  Loire  et  la  Garonne,  ces  contrées 
auraient  peut-être  nourri  les  nipadites  bruxelliens.  Une  partie 
de  ces  fruits  a  dû  être  charriée  à  la  mer  par  des  fleuves,  comme 
fait  le  Gange,  aujourd'hui,  pour  le  IS'ipa  Jruiicans,  car  c'est  dans 
le  temps  de  calme  relatif  qui  a  précédé  la  catastrophe  diluvienne, 
que  des  Tarets  et  des  Huîtres  ont  pu  s'emparer  de  quelques-uns  de 
ces  fruits  flottants  vers  l'embourhure  des  fleuves.  On  sait  que  les 
jeunes  Huîtres  sont  douées  de  la  faculté  locomotrice  et  ne  s'atta- 
chent que  lorsqu'elles  ont  rencontré  un  corps  flottant  ou  fixe  à 
leur  convenance.  La  plupart  de  ces  fruits  fossiles  sont  du  reste 
d'une  conservation  parfaite,  et  semblent  avoir  été  arrachés  à 
l'état  vivant  et  bientôt  enfouis  sans  avoir  longteni]  s  flotté.  Leur 
forme  arrondie  et  leur  péricarpe  coriace  ont  contribué  à  leur  con- 
servation au  milieu  du  bouleversement  des  eaux. 

Soc.  (^êoL,  %•  série,  tome  XIX.  5Î 


818  SÉANCE  BU    28   ÂYBIL   18(5^. 

Ce  qui  indiquerait  encore  c)e  grands  fleuves  situés  au  midi  de 
la  Belgique,  ce  sont  les  carapaces  d*Eniydes  ou  tortues  fluviatiles 
qui  ont  ëté  charriées  avec  les  végétaux,  et  qu*ou  trouve  parfois 
avec  eux  dans  les  mêmes  conditions  de  gisement. 

Pour  en  fmir  avec  cette  flore  fossile  du  Brabant,  établissons 
ici  la  comparaison  des  nipadites  avec  le  nipa  vivant  du  Bengale. 

Ce  qui  frappe  tout  d^abord,  c'est  la  grande  analogie  qui  existe 
entre  ces  fruits  de  deux  époques  si  éloignées  -.  tous  deux  sont  des 
fruits  agrégés  et  indéhiscents.  I/embryon  des  nipadites  en  germi- 
nation se  faisait  jour  par  une  ouverture  placée  à  la  base  du  noyau 
ou  amande,  et  que  fermait  un  tampon  encore  apparent  dans  cer- 
tains spécimens  fossiles.  Tous  deux  présentent  un  endocarpe  et 
un  péricarpe,  ainsi  que  Textrémité  fibreuse  qui  s'attacliait  à  la 
partie  basale  et  centrale  de  l'agrégation. 

Cette  agrégation  a  produit  .sur  les  nipadites  le  même  efl'<ei  de 
gène  et  de  compression  que  sur  les  nipas  de  nos  jours,  lifet  qu'in- 
diquent assez  les  faces  aplaties  des  fossiles,  ordinairement  au 
nombre  de  trois,  et  le  grand  nombre  de  fruits  aboi  tifs  dont 
Tamande  n'a  pu  .se  <]évelopper  faute  d'espace.  Devant  de  tcilci 
analogies,  et  à  la  vue  seulement  de  quelques  échanii lions  entiers, 
on  croirait  aisément  à  une  identité  complète,  mais  les  nombreux 
spécimens  que  nous  avons  réunis,  et  dont  quelques-uns  présen- 
tent leur  noyau  intact  et  libre,  nous  ont  permis  do  reconnaître 
une  différence  caractéristique  importante.  L'amande  du  Nij  n  fm- 
ticans  est  toujours  creusée  longitudinalemenl  d'un  côté,  par  un 
sinus  ou  sillon  profond,  dont  on  ne  voit  jamais  la  moindre  tiace 
dans  l'amande  des  nipadites.  Ajoutons  que  ceux-ci,  dont  la  liille 
dépasse  quelquefois  les  deux  ])oings  réunis,  sont,  en  général, 
d'un  volume  supérieur  à  celui  du  nipa  vivant. 

M.  Ho/,  erbank  a  fait  trois  espèces  de  ces  fi  uits  fossiles,  sur  quel- 
ques spécimens  de  notre  collection  emportés  à  Londres  par  S.  Cli. 
Lyell.  On  pourrait  dire  que  c'est  trop  ou  trop  peu  d'espèces,  car 
nous  en  possédons  une  si  grande  variété  de  tailles  et  de  formes 
qu'il  serait  bien  difficile  d'en  séparer  les  trois  coupes  spécifiques 
de  M.  Bowerbank. 

Qu'on  nous  )>ermette,  après  cette  digression,  de  retourner  un 
instant  à  notre  point  de  départ,  et  de  i*ésumer  à  grands  traits  Irs 
faits  dont  Texamen  défaille  a  pu  nous  faire  perdre  de  vue  Ten- 
semble  chronologique. 

La  grande  période  asti*onomique,  résultant  de  la  précession  équi- 
noxiale^  avait  dû  amener,  ainsi  que  nous  l'avons  exposé  ailleurs, 
la  retraite  des  eaux  des  parties  basses  de  la  Belgique.  Depuis  plu* 


NOTE   DB    M.    LE    BON.  819 

sieurs  milliers  d'années  le  dépôt  bruxellien  était  émergé,  les 
matières  siliceuses  en  dissolution  qu'il  renfermait  s'étaient  con- 
crétionnées  en  bancs  pierreux,  les  corps  organisés  qu'il  avait 
enfouis  s'étaient  fossilisés,  et  le  sol  s'était  peuplé  de  végétaux  et 
d'animaux  terrestres,  lorsque  les  masses  océaniques,  revenant  des 
régions  australes,  se  ruèrent  sur  nos  contrées,  dénudant  et  entraî- 
nant, dans  leur  marche  vers  le  nord,  la  surface  du  sol  et  tout  ce 
qu'elle  portait.  D'autres  débris  de  foréls,  venant  du  sud,  vinrent 
former  un  encombrement  au  nord  de  Bruxelles,  après  avoir  suivi 
la  dépression  où  coule  la  Senne.  Tout  ce  qui  fut  enfoui  dans  les 
sables  briixelliens  mis  à  nu,  ou  dans  les  premiers  troubles  dé- 
posés, se  conserva  jusqu'à  nous  à  l'état  fossile  ;  tout  ce  qui  con- 
tinua à  flotter  se  décomposa  et  disparut.  Les  animaux  ballonnés 
par  la  fermentation  putride  furent  sans  doute  entraînés  dans  les 
régions  boréales  comme  le  furent,  à  une  autre  époque  et  par  un 
phénomène  identique,  les  innombrables  éléphants  qui  habitaient 
l'Asie  centrale  et  dont  les  débris  encombrent  aujourd'hui  les 
rivages  de  la  mer  Glaciale.  La  Belgique  se  trouva  donc  de  nouveau 
sous  les  eaux  marines  jusqu'à  l'antique  plateau  des  Ardennes,  et, 
à  mesure  que  l'équilibre  se  rétablissait,  leurs  troubles  se  dépo- 
saient sur  les  couches  bruxclliennes  dénudées.  Tel  fut  le  com- 
mencement du  dépôt  laekénien. 

Nous  appelons  ce  dépôt  laekcnien^  parce  qu'il  a  été  observé 
sous  celte  dénomination  par  Dumont  sur  un  grand  nombre 
de  points  de  la  Belgique;  mais  qu'importe  le  nom  .^  Il  sagit  sim- 
plement d'éviter  la  confusion  dans  la  synonymie  ;  cette  synonymie 
une  fois  bien  établie,  sans  laisser  place  à  l'équivoque,  ce  n'est 
plus  qu'une  affaire  de  mots  qu'il  serait  oiseux  de  discuter;  qu'on 
nomme  ce  système,  suivant  les  contrées,  glauconie  grossière, 
bancs  n»  8,  9  et  troisième  étage  de  M.  Mclleville,  argile  de  Bar- 
ton,  etc.,  les  faits  seuls  ont  toute  l'importance,  et  le  parallélisme 
des  dépôts  est  la  question  capitale  (1).  l^s  couclies  laekéniennes 
présentent  aussi  de  fréquentes  anomalies  quant  à  leur  composition 
minéralogique,  mais  leur  ensemble  offre  des  caractères  et  un 
aspect  général  si  différents  de  ceux  du  dépôt  bruxellien  qu'il 
recouvre  partout,  que  ce  fait  seul  suffirait  pour  prouver  le  temps 
énorme  qui  a  séparé  les  deux  systèmes. 

La  masse  du  système  laekénien  est  formée  d'un  sable  glauconi- 
fère  souvent  marneux,  doux,  d'un  jaune  verdàtre  à  sa  partie  infé- 


(\)  Voyez  à  la  fin  de  rarticle  notre  essai  d'un  tableau  synchronique 
des  couches  tertiaires  de  France,  de  Belgique  et  d'Angleterre. 


820  SfilKCE    DO    '28    AVRIL    ISô^^. 

rieure  où  il  semble  coloré  par  de  \.\  clilorite  c*n  di^^solutiuu,  cl 
d*un  vert  jaun.llre  à  sa  partie  supérieure  où  il  reiiferiue  de  nom- 
hreux  grains  glauconieux.  Dans  certaines  localités  exceptioti- 
nellcs,  on  voit  à  sa  base  des  lits  irré(];uliers  d\itie  argile  tùi 
compacte,  passant  du  vert  au  brun  ferrugineux,  et  il  se  tcnnine 
constamment  vers  le  bnut,  quand  la  série  de  ses  couches  est  à  piti 
près  complète,  par  une  argile  verte,  d*abord  sibleuse,  puis  plas- 
tique et  bariolée  de  taches  ferrugineuses.  Plus  haut  re|M>sc  une 
couche  sableuse  singulière  qui  ne  renferme  aucun  corps  organisé 
et  dont  nous  ne  savons  que  faire.  Très  souvent,  vei*s  la  ])artie 
inférieure  du  dépôt,  on  trouve  plusieuts  bancs  horizontaux  de 
pierres  de  grès  plus  arrondies  que  celles' qu*on  observe  dans  le 
systènio  bruxcllicn,  et  composées  de  sable  ^;lauconienx  et  enl.  a- 
reux,  agglutiné  et  durci.  A  Scliaorbcek  quelques-unes  de  as 
pierres  glanconieuscs,  gisant  à  la  base  du  système,  renfiinieut 
des  fruits  de  nipaditcs,  ce  qui  vient  confirmer  r.os  précédents 
assertions. 

•>oi!S  donnons  ici  la  série  la  plus  complète  des  enviions  de 
Hruxelles.  Elle  n'existe  pas  tout  d*UDC  pièce  en  un  endroit  unique; 
nous  n'avons  pas  eu  cette  heureuse  chance.  JNous  l'avons  Inlo- 
ricusement  étudiée  sur  Tétendue  de  i  kilon;ètrc,  depuis  le  couvent 
du  Sacré-Cœur  de  .fclte,  G,  jusqu'au  point  culminant  de  la 
chaussée  romaine,  II,  nous  aidant  i\cs  beiges  du  chemin  des 
terriers  de  lapins  (quelquefois  précieux  pour  le  géologue),  et 
enfin  de  fouilles  quand  nous  y  étions  forcé.  Voici  cette  coupe 
dans  son  ordre  naturel  jusqu'à  la  surface  du  sol. 


TtmH    UE    H.    LE    non-  8'21 

Fig.  3.  —  Ct/upe  ritlrn  le  rninriii  <■/'■  /ette  rt  In  i/miissée  romaine. 


'lauiMjl-ni 


■  ,piii>.tb«<]'Drtii|(, 


^^  *.lll<  tri.  •.bl.w.  «Lui 


"  ('!"'  P"«rniil  ■■■  [.li 


Le  bn>  du  celle  coupe  se  tiouve  au  Tood  dt:  la  vallée. 


822  stARCB  DU  2S  ATmiL  1862. 

Là,  le  système  bruxellien  a  été  emporté  en  entier,  et  les  couches 
laekéniennes  semblent  reposer  sur  les  sables  inférieurs  aux  iVu/ir- 
mulîtes  pltmiUata,  Vers  le  haut,  il  serait  di£Bcile  de  décider  où 
finit  le  système  laekénien.  Dumont  a  semblé  regarder  les  ar- 
giles et  le' sable  gisant  entre  56  et  60  mètres  d'altitude  cotnine 
apfiartenaot  à  tes  systèmes  rupélîen  et  tongrieo  ;  mais  après  un 
examen  attentif  nous  n'arons  pu  décourrir  la  moindre  perturba- 
tion, le  moindre  temps  d*arrét,  dans  la  succession  de  ces  cou'.Lts. 
Il  nous  serait  donc  bien  difficile  d'admettre  que  la  uier  lac  Lé- 
nieone  n'a  pas  déposé,  {Nfodant  une  même  période  et  avec  conti- 
nuité, toutes  les  couches  comprises  entre  30  et  69  mètres  d'altj- 
tude  :  mais  l'absence  complète  de  fossiUs  dans  les  argiles  et  le 
sable  qui  les  recouvre  nous  met  dans  rimpnssibtlité  de  lien 
affirmer  à  cet  égard. 

Plus  haut,  repose  évidemment  un  dépôt  d^une  autre  é{>oque 
et  qui  appartient  ao  système  diestien,  parallèle  au  crag  uoir 
d*Auyers. 

La  même  argile  verte,  surmontée  du  sable  fin  panaché  â'oran[;e, 
se  retrouve  à  la  paitie  su|)érieure  du  laekénien  dans  les  berges  de 
la  nouvelle  route  joignant  le  champ  de  manœuvres  à  la  challs^•'^ 
de  Louvain;  mais  ici  le  sable  chamois  se  trouve  en  quelque  sotte 
enclavé  dans  les  couches  ai^ileuses. 

Au  château  de  Bavay,  on  peut  observer  une  singulière  anom.ilie 
de  composition  du  laekénien.  Vers  le  milieu  du  dépôt,  on  voit 
bien  les  sables  verdâtres  reconnaissables,  mais  à  sa  partie  supé- 
rieure, an  haut  du  chemin,  ces  sables  deviennent  très  calcareui 
et  resKmblent  â  du  mortier  pourri  et  désagrégé.  On  croirait  donc 
voir  là,  positivement,  le  système  bruxellien.  Dumont  qui  ne 
consultait  que  la  composition  uiinéralc^ique,  sans  s'éclairer  par 
les  fossiles,  s'y  est  trompé,  et  nous  nous  fussions  ceruioemeot 
trompé  comme  lui,  si  nous  n'y  avious  trouvé  les  deux  couches  de 
Nunimuliies  iœpîgata  et  planulata  dans  leurs  conditions  ordinaires 
de  gisement 

Pour  en  finir  avec  les  variations  des  couches  d'un  même  sys- 
tème, et  apporter  un  argument  de  plus  à  l'indispensabilité  d^une 
observation  éclairée  de  fossiles  dans  les  études  géogoostiques,  nous 
donnons  ci>dessoas  la  singulière  et  tout  exceptionnelle  composi- 
tion du  système  laekénien,  au  grand  pont  du  chemin  de  ïtr  du 
Luxembourg,  près  de  Watermael  : 


NOTK    DB    M.    LE    BON.  823 

AltitQdei. 

4  0^  mètres.  Niveau  du  sol  humus,  limon  hesbayen. 
4  00     —       Argile  verte  un  peu  sableuse. 
99     —       Sable  verdâtre,  argileux,  bigarré  de  fer. 
87     —       Sable  siliceux,  pur,  gris,  bleuâtre  clair. 
85     —       Sable  gris,  panaché  de  fer. 
82     —       Sable    ferrugineux    (orangé    foncé),   devenant,  en 

descendant,  argileux  et  panaché  de  vert. 
74     -         Couches    mélangées  de  sables    argileux  tachés  de 
rouge  et  de  vert  et  de  petites  veines  pures  d'argile 
verte,  comme  à  Schaerbeek. 
70     —       (Voie  ferrée.) 
69     —       Surface  du  système  bruxellien. 

On  a  trouvé,  en  creusant  celte  vaste  tranchée,  des  lits  de  pierres 
dont  une  partie  contenait  des  fossiles  laekéniens;  mais  il  nous 
a  été  impossible,  depuis  tant  d'années  dé ji»,  de  découvrir  le  niveau 
du  gisement  de  ces  pierres 

Les  dénudalions  postérieures  du  dépôt  laekénien  ont  dû  être 
aussi  vastes  que  celles  du  bruxellien  ;  et,  si  sa  surface  ne  présente 
que  des  courbures  plus  ou  moins  irrégulières,  sans  brusques  ravi- 
nements et  excavations,  cela  peut  s'expliquer  rationnellement  par 
le  peu  de  résistance  des  sables  laekéniens,  dépourvus  de  lits  pier- 
reux à  leur  partie  supérieure,  et  Tespèce  de  magma  pâteux  qu'ils 
forment  quand  ils  sont  mouillés.  Ils  ont  dû  offrir,  aux  ravages 
des  courants  diluviens,  cette  résistance  passive  du  matelas  de  laine 
au  boulet  de  canon  qui  emporte  le  matelas  sans  l'entamer.  !Néan- 
moins  le  transport  des  couches  n'en  a  pas  été  moins  profond,  car, 
si  ce  système  présente,  à  certains  endroits,  une  puissance  de  plus 
de  100  pieds,  dans  beaucoup  d'autres  il  ne  reste  plus  qne  2  ou 
3  mètres  de  ce  dépôt,  sans  compter  les  points  où  l'on  n'en  voit 
plus  de  trace. 

D'après  ce  que  nous  venons  de  voir  sur  les  variations  minéralo- 
giques  à  de  petites  distances,  il  serait  bien  hardi  de  tirer  des  con* 
clusions  de  la  composition  minérale  comparée  des  couclics  de 
Belgique,  avec  les  couches  parallèles  de  France  et  d'Angleterre  ; 
nous  ferons  donc  simplement  remarquer,  d'une  manière  générale, 
que  dans  le  système  laekénien,  comme  dans  le  banc  n*^  8  et  les 
couches  du  S''  étage  de  M.  IVIelleville ,  de  même  que  dans  la  bande 
noire  et  la  glauconile  sableuse âeM.  Lyell  à  Cassel,  et  la  glaucïj/f/c 
grossière  du  bassin  parisien,  partout  les  grains  glauconieux  sem- 
blent jouer,  dans  la  composition  de  ces  couches,  un  rôle  impor- 
tant qu'il  est  impossible  de  méconnaître  (1). 

(4]  On  a  employé  quelquefois  la  dénomination  de  grains  de  chlo- 


82& 


8ÉAMCB    DU    *2S    AYRIL    1862. 


Les  corps  organisés  fossiles  occupent  dans  le  système  hchéaia 
lieux  niveaux  bien  distincts.  La  bande  inférieure  ooinineDoepiis 
de  1.1  base  du  système  et  comprend  une  étendue  verticale  appRui- 
niativc  do  6  à  8  mètres,  loi-sque  les  fossiles  existent,  ce  qui  o^ap» 
toujours  lieu.  Les  espèces  principales  qu*on  trouve  à  ce  dîtcm 
sont  : 


Les  échinodermes  de  notre  liste. 
Les  bryozoaires,  ùi. 
Orbf  toit  tes  complnnata^  Lam. 
Pecten  plcbeinx^  Lam. 
—  vornvus^  Sow. 


Anomiti  snbitcvigaîa^  d'Orb. 
Osireu  virgaia  ou  Cymhula. 
Denittifttm      Burimi\     Nyst   (i>. 
Dcsha yesianum ,  GaL  ). 


Ces  fossiles  sont  en  pLicc,  ce  qui  ne  veut  pas  dire  dans  leur 
position  normale  (f existence,  circonstance  que  nous  coiisidérous 
comme  très  peu  fréquente.  Nous  pensons  pouvoir  qualifient 
fossiles  en  place  ceux  qui,  plus  ou  moins  remués  au  fond  des 
eaux  avant  leur  enfouissement,  n*ont  pas  subi  de  inouTCinenls 
violents  ni  été  entraînés  au  loin. 

Cette  conche  fossilifère  est  surtout  bien  caractérisée  aux  euvi- 
rons  de  Saint-Gilles,  au  sud  de  Bruxelles  ;  on  la  retrouve  dans  les 
mêmes  conditions  à  Die(>hem. 

L'autre  niveau  fossilifère  se  montre  veis  la  partie  supérieure  di 
système,  sous  les  ar[;iles  vertes,  particulièrement  à  Laekeo,  et  sur 
les  hauteurs  entre  Jette  et  Wemmel,  du  côté  {jauclie  de  la  vallée. 
Sur  la  rive  droite  de  la  Senne,  les  couclies  laekéniennes  ayant 
subi  de  plus  violentes  dénudations,  nous  n'avons  pu  découvrir  ces 
fossiles  supérieurs,  qui  ont  dû  être  emportés;  nous  u'avooi 
jamais  trouvé  non  plus  de  fossiles  vers  la  partie  moyenne  du 
système. 

Parmi  les  espèces  inférieures,  nous  n*avons  guère  retrouvé  dans 
la  couche  supérieure  qu*un  échinoderme,  Spaiangns  OmaUi^  le 
Pt'ctcn  cornent,  et  quelques  rares  bryozoaii-es.  Mentionnons  aussi 
un  fruit  de  nipadites,  {]isant  dans  la  couche  supérieure,  au  milieu 
des  coquilles.  Ce  fruit  était  deveiui  pulvérulent;  il  semble  indi- 
quer que  les  nipadites  n'ont  pas  été  détruits  entièrement  en  Eu- 
rope par  Tarrivée  <les  eaux  laekéniennes. 

La  couche  fossilifère  supérieure  est  séparée  de  l'inférieure  par 
un  intervalle  de  20  mètres  environ.  Nous  supposons  à  cette  couche 


rite.  Il  est  utile  de  s'entendre.  Les  grains  noirs  ou  verdfttres  que  reu- 
fermcnt  les  couches  laekéniennes  sont  bien  un  silicate  de  fer,  mais, 
contrairemont  aux  grains  de  chlorito,  ils  ne  contiennent  pas  d'alomîne. 


NOTK    DB    U.    LB    UON. 


825 


une  épaisseur  de  3  nièties  an  inoins,  n'ayant  pu  niellre  à  décou- 
vert sa  limite  inférieure.  Les  coquilles,  au  lieu  d'y  être  dissoutes 
comme  dans  le  bruxellien  y  sont  intactes.  Les  laniellibranclies 
sont  souvent  bivalves,  mais  toutes,  surtout  les  (gastéropodes,  sont 
d*une  excessive  frajjilité  et  ne  peuvent  être  conservées  qu'adhé- 
rentes nu  sable  et  avec  les  soins  les  plus  minutieux. 

Ces  testacés  ne  sont  pas  non  plus  dans  leur  position  normale 
d'existence,  mais  ont  été  évidemment  déposés  à  l'abri  de  tout 
{>rand  mouvement  des  eaux.  Leur  altitude  à  Laeken  et  à  Jette  est 
d'environ  50  mèlies,  c'est-à-dire  à  un  niveau  plus  bas  que  les 
fossiles  bruxelliens,  de  l'autre  côté  de  la  vallée;  cette  anomalie 
apparente  tient  à  ce  que,  entre  Jette,  Wcmmel  et  Laeken,  les 
couches  bruxelliennes  ont  été  entièrement  emportées  et  que  les 
sables  laekéniens  reposent  sur  les  couches  inférieures  au  systènie 
bruxellien.  A  Nederheembeek,  le  bruxeUien  est  resté  debout  fort 
près  de  la  rivière,  ce  qui  explique  encore  l'accumulation  des  végé- 
taux en  amont  dece  villa(;e.  Voici  la  liste  des  espèces  laekcniennes 
que  nous  avons  recueillies  pendant  plusieurs  années  de  re- 
cherches : 


REPTILE. 

E/ftys  Caviciif  Gai. 


Liste  des  fossiles  du  système  lackènicn. 

Dcloptera  Bclcmnitoidcu,  Blainv, 

GASTÉROPODES. 


POISSONS. 


Ltimna  clegatis^  Ag. 
Otodns, 

CRUSTACÉS    ANOMOURES. 

Pagiirtts. 

CRUSTACÉS    MACROURES. 

Palcjuniun  ou  Cnlatliœa, 

CIRRHIPÈDES. 

Scalpcllum , 

CÉPHALOPODES. 

Nautiiiis  Bnrtini,  Gai.  (iV,  ;r^«- 

laris  ?,  Sow.  ) 
Scpia  Cuvieri^  Desh. 
Belosepin  brevissina^  Dix. 
—  Ùweni^  id. 


Melania  tvnuiplicata  {pUcatula)^ 

Desh. 
Scalnria  spirata^  Gai. 

—  acutn,  Sow. 

—  tennilnmellay  Desh. 

—  Sp.  nov. 
TurritelUi  nexilis,  Sow. 

—  breviSy    id.    (7*.    granrdosti^ 

Gai.) 

Niso  terebeiiata,  La  m. 

Àctcon    Honiij  Nyst   [Tortt.    si- 
mulât a  ^  Nyst). 

yatica  label/ata,  Lam. 

—  hantoniensis ,  Sow, 

—  cpiglottina,  Lam. 

—  cnrtulus  Py  Desh. 
Lamellarid  (Signfctus)  carralicU" 

l(tta,  Sow. 
f'rrwclus  {Solarium)  Nystii,  Gai. 
SoUirium  trochijurmcj  Desh. 
Bifrontia  marginata^  id. 


•i 

.1 

X 

4 
I 


'î 


826 


SËANCI    DU    28    ATVIL    1862. 


AnciUtiria  canal  if  cm,  La  m. 

—  buccinoides^  id. 
Tvtr.bvllum  ju iifontie^  id . 
foluifi  bicor ouata ^  id. 

—  sirnpit'xlj  Desh. 

—  cithara^  Lam. 
Foluta  ambigua^  id. 

—  bulbuUiy  id. 
Confis  depcrditus  ?^  id. 
JivsU'liarfa  columbarin^  id. 
Plt'urotoma  Gomondi?^  Nysl. 

—  initrco/Uf  Desh. 

—  inarata^  Dix. 

—  dcnt'ita^  ver..  Lam. 
Fusus  lon^jafvus^  Brand. 

—  brcvicidtts ^  Desh. 

—  mgostiSj  id. 
Triton  turricutatnm^  id. 
Pyrula  nvxilis,  Lam. 
Cassidariu  carinata  ?,  id. 
Caiyptrca  ttochiformis^  id. 
Lobaria  [BuUœa)  cxtcnsa^  Dix. 
Sciiphandcr     [Bu  lia)    atténua  ta, 

Sow. 
Dentalium     sitbstriatnni,     Desh., 
var.  A. 

LAHELLIBRAIfCBES. 

It'redo  Btutiniy  Desh. 

—  divisa  y  do  Ryck. 

—  fnigicola,  id. 
Panopœa  Honii^  Nyst. 
Saxicava   nwdioUJormis,  Nyst  et 

Le  HoD. 
Psammobia  rudis,  Desh. 
Solen^  voisin  dero<v///.v,  id. 

—  Dij-nni^  Sow. 
Solecurtus  Dt'shayesii,  Desmoul. 

[parisiensis,  Desh.) 
Ti'llina  r  os  traits,  Lam. 

—  tcxtiiis,  Dix. 

—  canalicnlata?, 
^—  spcciosa,  Sow. 

—  (lonacialis,  Lam. 

/./^'///^    O'Connrllii,  Nyst  et  Le 

Hon. 
Thrticia  Nystii,  Le  Hon. 
y  anus  sulcataria^  Desb. 


f'cnus  subcFjrcinoiiles^  id. 

—  Honti\  Nyst. 
Corbalti  ambomeita^  Deth.  (i 

—  rugosa?^  Lam. 

—  pi  sut»  ^  Sow. 

—  s  tria  ta  ^  Lam. 

—  gaiiica^  id. 

Nerœa  {Corbnia)  arf'cntca 
A  s  tarte  IVjrsrîi,  Kicks. 
Diplodon  ta      puneiurata , 
(A  iiiiata,  DixOD.) 
Crassateiia  Nysiii^  d'Orb. 

—  plicatOf  Sow. 
Cardita  elrgans,  Lam. 

—  acutf'cosinj  Desh. 
Cypricardia  peciinijcrn,  S 
Erychta  erychtnides^   Nyrt 

HOD. 

Luvina  mitis^  So^bv. 

—  Galvottianti^  Nyst. 
Cardium  Honn\  id. 

—  scmigrfinulfilHtit^  So^ 
Cai  dilia  str/aluifi  ^f^ysi  et  1 
Isocardia  Gomontii^  Nvst. 
Nuvuhi  niargnritticea^  Lai 

—  (unulata^  Nyst. 

—  Nystîana^  Le  Hon. 
Ltda  striatu^  Lam. 

—  Galcottiamij  Nyst. 
Limopsis   {  Trigo^iorœiifi  ) 

toidesj  Gai. 
Stalagmium  Nystii^  d"Orb. 
Pcctuncidus  ptiivinatus^  Ll 
/^rc«  barbatula^  id. 

—  Lathvniana^  Le  Hon. 
/^////f/i  margaritacett  ?,   Lï 

^/^/ifA  ?,  Sow.) 
Modiola  naculœjormis^   L 

—  hcteroctita^  id. 
AvicuUi  trigonata^  Lam. 
Pccten  corncus,  Sow. 

—  f/rt/i//.  Nyst. 

—  sublœvigatuSy  id. 

—  scrtbriusculus ^    id.      (, 

bricatus^  Desh.) 

—  plebeius?^  Lam. 
Ostrra  fiabelluia^  id. 


NOTK    DE    M.    LE    HON. 


827 


||î  Ostrca  injiata^  Desh. 

k)     —  gigiintira,  Brand. 

Anomiit  suùlœviguta,  d'Orb.  {/é, 
.  lœvigata^  Nyst.) 

ANMÉLIDES. 

Galeolaria  ^Cycloiites)  irocoides, 
f  Nyst. 

E    Ser/julft  Toilliczi,  Nyst  et  Le  Hon. 
I      —  McUcvillei^xà. 
I 

\  BRYOZOAIRES. 

LunuUtcs  radiata  ?,  La  m. 
DipheUa     (Cariophyliia)     multi- 

strllutn?Ga\. 
Cellt'pora pethlus^  Dix.  ? 
Chrysisina  [^Jdmonœa)  triquetra^ 

Gai. 

—  annula  ta  ^  Nyst. 
Idmonœa  irrcgu/aris,  id. 
Eschara  iirc^uloris^  id. 

—  celleporocra,  MtlQSt. 
Escharitia  npUUa^  Nyst. 
Pyripora      [F lustra)       cou  te  x  ta  ^ 

Goldf. 
MdU'pora  Dakinii,  Morr. 
Zonnpora  [Cvriopora)  variabilis^ 

Mûnst. 
Stylopnra  mofftictdaris  ?^  Dix. 
Marnera  Dewalquiana^  Nyst. 
Biretepora  inœqualiSy  id. 
Flnstra  lancadata^  id. 

éCHINODERMES. 

Echinolanipas  Gaieottianus,  Forb. 
Spata/igus  Ofnaln\  Gai. 

—  frj  rqiiuify  Le  Hon. 


Nucleolites    approximatus^    Gai. 
Echinocyamus  [Echinoneus)  pro- 

pinquus^  id. 
Scutellina    [Nucleolites)  rotunda^ 

id. 

—  Toilliezif  Le  Hon. 

Lenita  {Nucleolites)  patclloides ^ 

Gai. 
Cyphnsoma   tertiariunij  Le  Hon. 
Crcnastcr    (  Asterias)    poritoides^ 

Desm. 

AMTHOZOAIRES. 

Turbinolia    Nystiana^    Hai.    (7*. 

sulcaia^  Nyst). 
Eupsammia   Burtiniana^  id.  (7. 

eWptica^  Nyst). 
Trochocyathus  cupula^  id.  (7".  r/i- 

/?///«,  Al.  Rou.) 

FORAMINIFÈRES. 

Nummulitcs  Hcbcrti^  d'Arc.  [N. 
eleganSy  Dix  ) 

—  variolaria,  La  m. 
Orbitolite's  coinplanatay  id. 
Opt'rcnlina  Orbignyi^  Gai. 
Ddctylopora  cylindracca^  Lam. 

—  eloagata,  id. 

Alvéolites 

Bilocuima 

VÉGÉTAUX. 

Nipadites  Burtini^  Brong. 

—  lanceolatusy  Bow. 

—  Parkinsoni^  id. 
Pinus  Benedianus^  Le  Hon, 

—  stigt/iarioideSy  id. 
Palma. 

Arbres  dicotylédones. 


Cette  liste  démontre  que,  des  15^  espèces  bruxelliennes,  32  pas- 
sent dans  le  laek^oien.  Donc  sur  les  160  espèces  laekéniennes, 
128  n'existaient  pas  encore  a  l'époque  de  la  mer  bruxellienne. 

(>es  faits  suffiraient  déjà  pour  prouver  le  temps  considérable 
qui  a  dû  s'écouler  entre  ces  deux  mers.  Ils  sont  aussi  un  puissant 
argument  contre  la  théorie  beaucoup  trop  absolue  d'Alc.  d'Or- 


828  SÉANCE    DU    28    AVRIL    1802. 

bigny  sur  la  dcstrucliou  totale  des  faunes  par  les  cataclysmes 
ont  lavapjé  la  terre  (1). 

On  remarquera  daus  cette  liste  ce  fait  intéressant,  qu'elle 
contient)  non  plus  que  la  précédente,  une  seule  espèce  de  Céri 
genre  si  important  dans  le  calcaire  grossier. 

Quant  aux  dépôts  contemporains  du  calcaire  grossier  pro| 
nient  dit  et  des  sables  moyens,  ils  paraissent  manquer  en 
gique,  au  moins  dans  Tétat  actuel  des  études  géoguostiqucs  ( 
ce  pays.  Depuis  longtemps  M.  Hébert  avait  émis  cette  opii 
en  opposition  à  celle  de  Dumont.  Nous  avions  adopté  les  i* 
de  ce  dernier  géologue,  mais  les  nouvelles  études  que  i 
avons  faites  de  nos  couclies  et  de  leurs  fossiles  nous  fore 
devant  Tévidence,  d'abandonner  nos  premières  croyances. 

Mais  l'absence,  jusqu'à  ce  jour,  d'un  é(iuivalent  du  cale 
grossier  moyen  sur  le  sol  belge  n'est  toujours  qu'une  preuve  lu 
tive.  Si  les  recbeixbes  ultérieures  ne  viennent  point  Tinfiruier, 
devra  admettre  la  vraisemblance  d'un  mouvement  de  smélt' 
tion  de  la  Belgique,  après  la  période  laekéuienue.  Ce  payï 
serait  abaissé  ensuite  à  son  niveau  antérieur  à  Tépoque  de  la  i 
tongrienne,  qui  suivit  celle  du  calcaire  grossier  et  des  sa] 
moyens  de  France. 

Les  dépôts  tongriens  recouvrent  eu  effet  une  partie  du  pays, 
concordance  de  stratification  avec  les  couclies  lackénlenues,  iâ 
elles  existent.  Ces  dépôts  s'arrêtent,  veis  le  sud,  aux  environs 
Bruxelles,  où  ils  ne  sont  plus  représentés  que  par  des  Ïambe; 
épars.  Dépourvus  de  fossiles,  ik  sont  difficiles  à  reconnaître  a 
certitude,  et  nous  croyons  que  dans  plus  d'un  endroit  ils  ont 
être  confondus  avec  le  système  diestien  (falunien). 

Par  leui^  conditions  de  gisement  et  leurs  faunes,  les  systèu 
rupclicn  et  tongrien  de  Dumont  nous  paraissent  former  le  fo 
d'une  même  mer,  argileuse  au  large  (Boom,  Rupelmonde,  etc 
sableuse  vers  ses  rivages  (Tongres,  Kleinspauwen,  Hœsselt,  etc 
Les  recbercbes  de  M.  Forbes  ont  établi  que  la  faune  de  Rup 
monde  appartenait  à  une  mer  plus  profonde  que  celle  des  en 
rons  de  Tongres  (2). 

(4)  Le  mot  cataclysme^  naguère  encore  très  à  la  mode,  a  cessé 
l'être  aujourd'hui.  Or,  s'il  n'existait  pas,  il  faudrait  le  créer»  < 
chaque  jour,  révidenco  du  fait  qu'il  exprime  devient  plus  manifes 
On  devrait  bien  plutôt  rayer  du  vocabulaire  le  moi  para ilèlv^  dansi 
sens  syuonymique  de  contemporain. 

(â)  Cette  question  demande  de  nouvelles  et  sôrieuses  études.  L  fc 
pothèse   ci-dessus  no  concorde  pas  avec  la  carte  de  Dumont,  v 


NOTE    DE    M,    LE    HON.  82l) 

Plus  Luc],  la  mer  falunicnnc  (dicslienne  de  Dunionl)  est  venue 

^jrccouvrir  la  Belgique,  Les  terrains  qui  en    résultèrent  furenf,  a 

Tjlcur  lour,  dénudés  et  emportés  avec  une  grande  violence.   Dans 

le  Jh'abant  ce  nVst  qu'au  sommet  des  collines  qu'on  retrouve  des 

témoins  des  dépôts  faluniens.  Au  sud  du  Hrahant,  on  n'en  voit 

plus  de  traces.  Faisons  remarquer  ici,  qu'un  des  points  de  l'Eu- 

,  rope,  où  Its  dévastations  des  courants  diluviens  ont  été  les  plus 

"  terribles^   est   l'espace  compris  et  resserré  entre  le  plateau   des 

Ardenneset  l'Angleterre.  Dans  cet  espace,  relativement  étroit,  si 

on  le  compare  à  la   circonférence  du  globe,   lout(S  les  couches 

tertiaires  ont  disparu,  siuf  quelques  jalons  épars,  et  la  craie  s'est 

**  trouvée  à  nu.  Qu'on  no  s'étonne  donc  pas  si   l«^  sud- ouest  de   la 

^   Belgique,  jiisqucs  y  compris  le  ]]rabant,  a  subi  les  énormes  dénu- 

'*   dations  que  nous  venons  d'étudier. 

•J        D'après   les   nouvelles  recberclies  de  IM.  Nysf,   aux   environs 
*■    d'Anvers,  il  semble  aujoind'bni  acquis  à  la  science,  que  le  crng 

*  noir  (qui  repose  sur  Taigile  rnpélienne),  les  syslènus  boldérien  et 
•*     ditstien  de  Dumont,  et  les  couches  de  Turin  et  de  Castel  Arqnato 

*  appartiennent  à  une  seule  grande   mer,  la  même  que  celle  qui  a 
f     déposé  en  France   les  couches  fnluniennes.  Ces  divers  systèmes 

devront  donc,  après  connrmation  de  ce  grand  fait,  prendre  un 
I  nom  unique,  et  le  plus  simple  serait  peut-être  celui  de  falunien, 
i   .  A  cause  des  f'dn ns  qui  le  recouvrent  généralement. 

Qu'on  nous  permette  maintenant  de  revenir  à  notre  point  de 
départ,  en  nous  pinlonnant  de  n'avoir  j)as  suivi  une  métliode 
bien  rigoureuse;  c'est  que  nous  n'avions  guèie  à  nous  occuper 
séricuseuîcnt  que  des  systèmes  bruxellien  et  latkcnien,  et  qu'il 
nous  reste  peu  de  chose  à  dhe  des  dépôts  inférieurs. 

Si  nous  nous  reportons  au  niveau  des  Nummulius  pUmulntn^ 
nous  devrons  confesser  d'abord  que  nous  n'avoiîs  d'autre  raison 
de  terminer  là  inférieurement  le  bruxellien,  que  d'établir  un  hori- 
zon général  et  certain  et  de  s'entendre  sans  équivoque,  immédia- 
tement au-dessous  de  ces  Nummulitts  toutes  les  coupes  on  puits 
s'arrêtent,  et  il  nous  a  été  imjiossible,  par  conséquent,  de  savoir  si 
quelque  grand  mouvement  des  eaux  a  laissé  ou  non  des  traces  sous 
celte  couche  de  foraminifères.  On  aperçoit  bien, en  bas  du  chemin 
RFosselman,  des  indices  de  désordre,  mais  ils  peuvent  être  l'clVet 


quand  les  faunes  locales  seront  mieux  connues,  on  devra  peut- être 
fairo  quelques  rectifications  nouvelles  à  la  carte.  Il  est  difficile  d'ad- 
mettre, dès  aujourd'hui,  que  des  argiles  marines  et  des  dépôts  lacustres 
puissent  Otre  confondus  et  coloriés  d'une  même  teinte. 


830  SfiANCE    DU    28    ÀYRIL   1862. 

de  courants  à  une  ëpoque  postérieure,  ou  peut-être  d'une  faille, 
comme  l*idée  en  est  venue  à  sir  Cli.  Lyell,  bien  que  nous  u'ayons 
pu  découvrir  dans  les  environs  de  véritable  discordance  de  strati- 
fication. Nous  penchons  donc  à  croire  qu'une  partie  des  dépôts 
inférieurs,  que  Dumont  a  désignés  sous  la  dénomination  de 
système  paniselien,  fait,  avec  le  hruxellien,  partie  d^une  même 
période  géolo|jique. 

L'absence  complète  de  toute  trace  de  corps  organisés,  au-dessous 
des  Nummulitcs  planulatn^  nous  laisse  sans  guide  certain  et  nous 
réduit  aux  conjectures.  Cette  masse  de  sables  impurs  et  ces 
bancs  ou  amas  irréguliers  d'argiles  qui  recouvrent  la  craie  (voy. 
notre  carte)  appartiennent  bien  aux  couches  tertiaires  inférieures; 
voilà  tout  ce  qu'il  est  possible  d'affirmer.  Peut-être  les  argiles 
sont- elles  les  derniers  prolongements  de  l'argile  de  Londres, 
dont  l'argile  yprésienne  de  Dumont  n'est  que  la  continuation  sur 
le  continent  (1). 

M.  Prestwich  a  démontré,  par  ses  belles  études,  que  Targile 
de  Londres  traverse  la  mer  du  Nord,  jusqu'à  Cassel,  llailleul  et 
Mons  eu  Pévelie,  et  qu'elle  semble  avoir  été  dénudée  entièrement 
plus  au  sud.  Vers  l'est,  nous  la  suivons  sur  la  Flandre  sui^toutaux 
environs    d'Ypres    où    elle    affleure,    et    Dumont    la     retrouva 
jusque  près  de  Bruxelles.   Si,   poursuivant  le   beau  travail    de 
M.  Prestwich,  on  continuait  une  coupe  profonde  depuis  Cassel 
jusqu'à  Bruxelles,  ce  que  nous  entreprendrons  peut-être,  et  si  ce 
travail  était  prolongé  jusqu'à  la  frontière  de  l'est,  par  Liège,  puis 
continué,  par  les  géologues  allemands,  par  le  bassin  de  M ayencc, 
la  Bavière  et  l'Autriche,    on  aurait  une  œuvre  grandiose,  une 
coupe  de  l'Europe.  Pour  que  cette  œuvre  fût  complète  et  vrai- 
ment utile,  il  faudrait  conserver  pour  base  6xe  des  travaux  le 
niveau  moyen  de  la  Manche  et  déterminer  les  altitudes.  Oette  ques- 
tion (le  grandes  coupes  européennes,  ainsi  que  Tadoption  de  cer* 
taines  bases  générales  pour  les  travaux  géologiques,  seraient  bien 
dignes  des  délibérations  d'un  congrès  de  géologues  européens. 
L'étage  crétacé,  comme  l'indique   notre  carte,   a  peu  d'impor- 
tance à  Bruxelles;  il  nous  semble  que  c'est  là  du  crétacé  remanié 
par  les  eaux.  Le  bord  septentrional  du  bassin  silurien,  sur  lequel 

(4)  Nous  offroos  ici  rexpressioo  sincère  de  notre  gratitude  à  M.  Ph. 
Vandermaelen  pour  son  empressement  à  mettre  à  notre  disposition 
les  spécimens  extraits  de  nombreux  puits  forés  et  que  sa  sollicitude 
éclairée  pour  les  progrès  de  la  science  lai  a  fait  recueillir  avec  le  soin 
le  plus  louable. 


NOTE    DB    M.    LE    BON. 


831 


i 

M 

I 

I 

i 


est  bâti  Oruxelles,  formait  sans  doute  haut  fond  dans  là  mer 
crétacée,  laquelle  s'est  étendue  au  nord  jusqu'en  Scanie.  La  craie 
trouvée  dans  la  Gueldre  ne  peut  guère  laisser  de  doutes  à  cet 
égard,  s'il  pouvait  en  exister  encore. 

Vers  Touest,  la  craie  plonge  par  une  pente  bien  plus  rapide 
encore  que  les  couches  bruxelliennes.  L'espace  angulaire,  compris 
entre  ces  deux  dépôts,  est  occupé  surtout  par  une  puissante 
masse  d'argile,  l'argile  de  Londres  suivant  toute  vraisemblance. 
A  Ostende  les  couches  crétacées  n'ont  été  rencontrées  qu'à  plus 
de  200  mètres  sous  le  niveau  de  la  mer,  et  les  schistes  siluriens, 
qui  leur  servent  de  hase,  à  300  mètres. 


Tableau  synchronique  des  couches  tertiaires. 


t 


ANGLETERRE. 


S  ^ 
g  M 


il 

•g  2 


I  ^HBi 


FRANCE. 


Grog  rouge 

Grag  corallien 

DépôU    lacustres     de 

l'île  de  Wight. 
Lacune? . 

Argile  de  Barton;  su- 
liles  de  RritkU'tham, 
de  SelaeY«  et  sables 
de  Bagshot^  supé- 
rieurs el  moyens. 


Argile  sableuse,  arec 
lits  (le  sahie  ^luuco- 
nlfère  de  Woliing 
(Lvell.) 

Argile  de  Londres,  de 
Bogoor,  el  partie  in- 
fi^neure  des  subies 
de  Bagshot. 

Sables  de  Wool^wich  el 
de  Readiug  ;  couchrs 
du  plastic- duv,  ser- 
vant de  base  a  l'ar- 
gile de  Londres. 


Crag  supérieur,  sables  marins  supéiieurs  de 
Montpellier,  tables  des  Landes 


Faluns,  moll&sses,  crag  inférieur. 


DépAls  lacustres  moyens  et  supéi leurs.  . 

Sables  et  grès  de  Fcntaiochleuii 

Sables  moyeu»,  de  heauchnmp,  etc.  .  . 
Â*  ctage  du  cilcuire  grossier  de  De^bayes. 
8*  otage  (lu  calcaire  gro!«5ierde  Deshuycs. 


i"'  étage  du  calcuire 

grossier    de      Des- 

bayes     (  glauconio 

grojisièrc  ). 
4«  el  h*  étage  des  sa-  |  Bancs 


Sable  vert  «t  buuc  a 
Cei'Uhium  gigan- 
feum  de  Bfelle  vil  le. 


BELGIQUE. 


!••   B   à   9   el 


blés   inférieuis 
Deshuyes. 


«le 


3*  étage  de  Melio- 
▼ille.    (Nummuli- 
tes     {ienticuiites) 
planutata.) 
4«  banc  de  Malleville  (montagne  de  La*>n. .  . 


Systèmes  camplnieu  el 
scaldisiea  de  Du- 
mont. 

Systèmes  dieslien  et 
JMildcrien  de  Du- 
mont. 

Systèmes  tongrien  el 
rupélien  de  Dumont. 

Lacune. 

Lacune. 

Locuue  7. 

.Système  luckrfnlen  de 
Dumoul  (niveau  su- 
périeur des  Num- 
mutités  lœyigata). 

Système  brnxellieo  de 
Dumont.  (Aiimmu- 
lites  (lenticulUes) 
planutata). 

Système  punisélivu  de 
Dumont. 


Argiles,  avec  et  «ans  ligniles,  du  Soissounais. 


Sahles  de  Bracheux,  d'Hébert. 


Système   yprésien 
OumonU 


de 


Système  lundénicn  de 
Dumont. 


832  sf.AxrE  i>o  2S  a\rii.  18G2, 

A  la  suitedo  la  locUiro  du  mémoire  de  M.  Le  Hon,  M.  Hèbfrl 
présente  les  observations  suivantes  : 

Observations  sur  les  systèmes  bruxcllien  et  laekénien  de  Du- 
mont,  et  sur  leur  position  dans  lu  série  parisienne^  faites  a 
r occasion  du  mémoire  de  M,  Le  Hon  ;  par  M,  Edm.  Hébert. 

Je  n*ai  pas  besoin  de  faire  ressortir  Tinlérêt  que  présentent  pb- 
sieurs  parties  du  travail  de  M.  Le  Hon. 

En  premier  iieu^  la  cou|)e  si  curieuse  du  sol  des  environs  de 
Bruxelles,  (|ui  résinne  de  la  façon  la  plus  claire  toutes  les  donnéesque 
Ton  |)os<'6dait  sur  le  prolongement  souterrain  au  Nord  du  terrain  pri- 
maire de  TArdenne.  La  faible  épaisseur  des  dépôts  secondaires  et  ter- 
tiaires, Tahscnce  complète  de  toute  assise  jurassique  dans  cette  région, 
aussi  bien  rpie  dans  les  sondages  de  Calais  et  de  Londres,  indiquent  que 
le  rivage  septentrional  du  l)assin  de  Paris,  pendant  la  période  juras- 
sique, après  avoir  longé  le  versant  sud  de  l'Ardenne,  passait  par  Arras, 
Calais  et  Londres.  Londres  était  donc  un  des  points  du  rivage  orien- 
tal de  Tembouchure  du  golfe  ivarisien;  c*était  1^  à  peu  près  la  pointe 
occidentale  du  massif  primaire  qui  s'étend  jusqu*à  rextrémité  orientale 
de  la  Bohême  et  renferme  toute  cette  région  montagneuse,  les 
monts  hercijniens  de  M.  d'Omalius.  Cette  région  n'a  jamais  été  cou- 
verte par  la  mer  jurassique  qui  la  contournait  au  Nord  par  le  Hanm  re. 
Fendant  toute  la  durOe  de  la  |)ériode  jurassique,  la  partie  orientale 
de  TAnglelerre  n*était  que  l'entrée  du  golfe  parisien ,  entrée  qui  a  dû 
être  relativement  fort  étroite  à  la  latitude  de  Londres.  Ces  observa- 
tions montrent  que  l'expression  de  bassin  de  Paris  est  la  seule  qui 
représente  d'une  manière  exacte  la  configuration  des  terres  de  cette 
époque. 

En  second  lieu,  M.  Le  Hon  donne  sur  le  terrain  tertiaire  de 
Bruxelles  un  travail  beaucoup  plus  détaillé,  et  qui  porte  des  carac- 
tères  d'exactitude  beaucoup  plus  prononcés,  que  tout  ce  qui  avait  été 
publié  jusqu'ici  sur  cette  région.  C'est  un  complément  précieux  à 
I  evcellenle  étude  que  M.  Lyell  a  publiée,  il  y  a  dix  ans,  snr  les  ter- 
rains tertiaires  de  Belgique. 

Les  listes  de  fossiles  que  renferme  le  mémoire  de  iM.  f^  Hon  sem- 
blent on  particulier  dignes  de  toute  confiance.  J'ai  eu  occasion  d*en 
vérifier  une  partie  sur  une  collection  que  je  dois  à  la  générosité  do 
MM.  Nystet  Le  Hon,  et  aussi  h  mes  propres  explorations. 

Je  prends  donc  les  listes  de  M.  Le  Hon  comme  aussi  exactes  qu'elles 
|)euvent  l'être  avant  la  fin  du  travail  de  révision  auquel  se  livre  en 
ce  moment  M.  Desbayes  sur  les  fossiles  du  iMssin  de  Paris,  i^l.  f<e  Hon 


NOTE    B«    H.    HÉBERT. 


833 


nous  apprend  par  ces  listes  la  répartition  des  fossiles  dans  les  deux 
systèmes  bruxellien  et  laekénien  de  Dumont ,  et  c*est  un  senrîce 
signalé  qu'il  rend  à  la  science. 

Gela  posé,  nous  arrivons  aux  conclusions  que  M.  Le  Hon  tire  de  ses 
listes,  et  ici  j'ai  le  regret  d*être  obligé  de  me  séparer  de  mon  savant 
confrère  et  ami. 

La  liste  des  fossiles  du  système  bruxellien  renferme  15i!i  espèces, 
dont  Tensemble  parait  à  M.  Le  Hon  se  rapporter  à  la  partie  supérieure 
des  sables  du  Soissonnais,  à  Thorizon  de  Cuise-la-Motte. 

En  réalité,  si  l'on  s'attache  aux  espèces  importantes  par  leur  abon- 
dance et  la  sûreté  de  leur  détermination,  il  n'y  a  dans  cette  liste 
qu'un  très  petit  nombre  d'espèces  caractéristiques  des  sables  de  Cuise. 
Je  n'en  vois  même  que  deux  : 

Foluta  angusta^ 
^  depressa^ 

qui  puissent  peser  dans  la  balance  en  faveur  de  ce  rapprochement. 
Bien  entendu,  j'écarte  la  Nummulites  planiilaia,  qui  forme  pour 
M.  Le  Hon  la  limite  inférieure  du  système  bruxellien ,  tandis  que, 
loin  d'être  à  la  base  des  sables  de  Cuise  dans  le  bassin  de  Paris,  elle 
est  au  contraire  extrêmement  abondante  à  la  partie  supérieure. 
Cette  couche  à  Nummulites  planulata  forme  en  Belgique  comme  en 
France  la  limite  supérieure  de  i'éocène  inférieur.  Elle  n'appartient 
ni  au  système  bruxellien,  ni  au  calcaire  grossier. 

Au  contraire,  cette  même  liste  est  remplie  d'espèces  extrêmement 
abondantes  dans  le  calcaire  grossier,  et  beaucoup  d'entre  elles  n'ont 
jamais  été  rencontrées  dans  un  autre  horizon  ;  telles  sont  : 

Turritella  terebellaia, 
Foharia  buUoides^ 
Turbo  squamulosusj 
Solarium  troc  hi for  me  ^ 
Cyprœa  inflata^ 
Terebellum  convolutum^ 


Foluta  cithara, 
' —  harpuloj 

—  lyraj 
«—  bulbula^ 

—  spinosa^ 

—  crenulata, 

—  bicorona, 
Conus  deperdituSy 

—  dhersijormis, 
Rostellaria  columbaria, 
Sirombas  tanalis^ 

Soc.  géol.y  V  série  ,  tome  XIX. 


Murex  tricarinatusy 
Pyrula  nexilis^ 

—  elegans, 
Pileopsis  cornU' copia? ^ 
Cardita  acuiicosta^ 
Lucina  mutabilis^ 

—  sulcata^ 
Corhis  lamellosoj 
Arca  barbatula, 
Pecten  plebeius, 

—  corneus^ 
Spondylus  raduloj 

—  rarispinuy 
Vulsclla  deperdUoj 
Tcrebratula  bisinuata^ 
Sphenotrochtis  crispus. 


53 


83&  SÊANCB   DU   28   AVRIL   1862. 

Ce  total  de  33  &s|)èces  a))partcDaQt  czcluai?eineat  aq  caloûra  mn*- 
sier,  et  qui  se  trouvent  parmi  les  fossiles  bruzaUieoi  da  H.  Le  Hm, 
pourrait  être  aisément  doublé  ;  mais  j*ai  choisi  à-dei0eiQ  im  miim 
bien  connues,  abondantes  à  Paris,  et  ausaii  J9  crojm  de«  phn  oam- 
munes  à  Bruxelles. 

G*est  donc  bien  au  calcaire  grossier  qu'apparlimt  la  ijilàiDi 
bruxcUien  de  DumonL  11  n'est  pas  jusqu'aux  ftnita  si  cuiieitt  et  à 
connus  du  système  bruxellien  (  yipadites)  et  que  M.  I^e  Bon  np» 
porte,  il  est  vrai,  au  système  laekéni&n^  que  je  n'aie  retrouvli 
dans  nos  carrières  de  calcaire  grossier  inférieur  d'tey«  pràa  Paris, 
associés  avec  les  Echinolampu»  êimilù^  Pjfgorhyneàm  Cwfîirî^  elc;, 
au-dessous  des  bancs  qui  renferment  toute  la  fume  qive  je  via»  4$ 
citer  plus  haut. 

A  cette  faune  si  caractéristique  se  trouvent  mêlés  dans  la  liste  de 
M.  Le  Hou  des  fossiles,  tels  que  :  Melania  margtnaia,  Pyramidella 
tercbellata,  Ancillaria  bvccmoides^  lîosfellaria  fissurella^  Bueci- 
nuvi  siromboides^  Cassidaria  carinaia^  etc.  (enviran  30  eqpècci), 
qui,  bien  que  plus  abondants  dans  le  calcaire  graasierp  aant  wpea» 
dant  considérés  comme  appartenant  aussi  aux  saUes  de  CniacL  Cûtte 
partie  commune  aux  deux  faunes,  à  Paria  oommeàBnixeUei,  aefait 
qu'ajouter  aux  affinités  de  la  faune  bruxeUienne  avec  celle  da  (alcain 
grossier. 

J'aurai  peu  de  chose  à  dire  du  S3fstème  laekéiiien.  Dumoal  k 
considérait  comme  synchronique  des  sables  de  Beauchampt  M.  LeHaa 
le  rapporte  au  calcaire  grossier,  et  je  suis  depuis  longtemjisdeoelle 
opinion,  commç  M.  Le  Hou  veut  bien  k  rappeler.  La  lialede  fanki^ 
que  notre  savant  confrère  donne  à  l'appui  de  ce  rappnocheoieat,  m 
laisse  aucun  doute. 

Les  Cérites,  les  nombreuses  espèces  d'eau  douce  oo  saumtlra,  si 
abondantes  dans  le  calcaire  grossier  supérieur  du  baasiii  de  Paris^ 
aussi  bien  que  les  espèces  caractéristiques  des  sables  de  Beauchamp, 
mancfuent  tout  à  fait  dans  le  système  laekénien.  Au  ooqttaire»  les 
espèces  assez  nombreuses  du  calcaii*e  grossier  inférieur  qa*il  leQferme 
ne  permettent  pas  de  le  considérer  comme  plus  récent  qoç  ce  dernier 
dépôt 

Le  système  bruxellien,  en  tant  que  supérieur  à  la  coache  à  IVum- 
mulites  plantdata,  et  le  système  laekénien,  appartieoneni  donc  tous 
deux  au  calcaire  grossier  inférieur,  et  il  n'y  a  absolnmeni  rien,  ni 
dans  la  puissance,  ni  dans  les  différences  stratigraphiques  on  minera- 
logiques,  ni  dans  les  faunes,  qui  autorise  à  les  considérer  comme  sor- 
tant des  limites  de  ce  dépôt. 

Notre  calcaire  grossier  inférienr  en  effet  pourrait  toe  aisimim 


NOTE    DE    M.    HÉBERT.  835 

subdivisé  en  sections  qui  différeraient  entre  elles,  surtout  par  les 
faunes ,   au   moins  autant  que  le  système  laekénien,  du  système 
bruxellien. 
Ces  sections  seraient  de  bas  en  hant  : 

1°  Les  sables  jaunes  à  rognons  tuberculeux  {têtes  de  chat)^  à  ci-* 
ment  calcaire  ou  siliceux,  à  fossiles  rares,  et  dont  Tépaissenr  variable 
est  de  10  à  15  mètres,  de  Montataire  à  Chaumont  (Oise).  Cette  assise 
n'est  pas  constante  dans  le  bassin  de  Paris  ;  elle  manque  dans  le  sud ,  est 
très  puissante  au  nord-ouest,  et  assez  variable  en  épaisseur  au  nord-est 
Ainsi,  elle  manque  entre  Yillers-Cotterets  et  Soissons,  pour  reprendre 
ensuite,  mais  à  Tétat  rudimcntaire,  dans  le  Laonnais.  Elle  a  rempli  les 
inégalités  des  sables  du  Soissonnais,  se  montrant  toujours  comprise 
entre  les  sables  à  NummuUtes  planulata^  dont  elle  est  constamment  sé- 
parée par  une  couche  très  mince  remplie  de  dents  de  Squales  et  de  petits 
fragments  roulés  de  silex  noirs,  et  la  glauconie  du  calcaire  grossier 
ou  zone  à  NummuUtes  iœvigata,  dont  elle  est  quelquefois  aussi  sé- 
parée par  une  nouvelle  couche  à  dents  de  Squales^  beaucoup  moins 
constante  que  la  précédente. 

Cette  assise  se  trouve  égaletnent  à  la  partie  inférieure  du  système 
bruxellien  ;  elle  n*a  aucun  rapport  avec  les  assises  de  la  monlagne  de 
Laon  qui  font  partie  des  sables  du  Soissonnais.  A  Bruxelles,  comme 
dans  le  bassin  de  Paris,  ces  sables  jaunes  à  rognons  de  grès  sont  sé- 
parés des  couches  à  NummuUtes  planulata  par  des  sables  gris ,  fins 
et  doux  au  toucher,  alternant  avec  des  lits  d*argile,  qui  constituent 
l'assise  la  pltM  élevée  de  la  série  suessonnienne. 

2**  La  glauconie  du  calcaire  grossier  avec  ses  lits  de  NummuUtes 
lœvigatOj  et  sa  faune  d'une  richesse  si  remarquable,  caractérisée  par 
tant  d'espèces  que  Ton  ne  trouve  point  ailleurs.  Épaisse  de  10  à  12 
mètres  à  Chaumont ,  et  toujours  inférieure  aux  bancs  à  Cerithium 
giganteum^  elle  se  réduit  quelquefois  à  moins  de  0"*,50,  lorsqu'elle 
repose  directement^  comme  nous  venons  de  le  dire,  sur  les  sables  du 
Soissonnais;  alors  la  couche  à  dents  de  Squales,  qui  né  manque  ja- 
mais, renferme  des  NummuUtes^  des  Eupsatnmta  trochiformis^  et 
autres  fossiles  de  la  glauconie.  Il  est  facile,  dans  les  sables  de  Chau- 
mont et  du  Vivray,  de  juger  de  l'abondance  des  espèces  propres  que 
renferme  cet  horizon.  C'est  là  que  se  trouvent  en  quantité  Turritella 
terebellùtaj  Volvaria  bulloides,  Turbo  squamuiosus,  Lucina  sut- 
eotùy  etc. ,  qu'on  ne  trouve  plus  ou  que  bien  rarement  à  un  antre 
viveatr.  La  partie  supérieure  du  système  bruxellien  comprend,  d'après 
la  liste  de  M.  Le  Hon,  la  faune  de  cet  horizon  ;  mais  elle  renferme 
aussi  beaucoup  d'espèces  qu'on  ne  trouve  que  dans  des  couches  pldi 
éleiées  (  K0/«rler  flpmoia,  V.  lyra^  V.  bulbula^  etc.,  eiei). 


836  sÊANCK  nu  28  avril  18G2. 

3"  La  glauconic  d:î  calcaire  grossier  est  recouverte  par  le  colcnirt 
grossier  inférieur  proprement  dit,  depuis  les  bancs  &  Ceriikivu 
(jitjanU'um  h  la  ))asc  jusqu'à  ceux  à  Corbis  pectimculus  et  lAteitu 
concantrica  à  la  partie  supérieure.  C/est  à  cet  horizon  (pi'appartiennent 
les  riches  gisements  de  Liancoiirt  près  de  Ghaumont,  de  Pâmes,  de 
Chaussy,  etc.,  et  les  carrières  de  Sainl-Leu  et  de  Pont-Sainle- 
Maxencc.  Dans  ces  contrées  sa  puissance  est  de  1 5  à  20  mètres  a 
moins.  C'est  aussi  à  cet  iiorizon  qu'appartiennent  la  plupart  des  espèces 
du  système  bnixellicn  que  nous  avons  citées  comme  se  trouvant 
dans  notre  calcaire  grossier  et  un  certain  nombre  de  celles  du  si-stëine 
laekénien  :  ainsi  Tellina  rostrnlis^  Itosfellaria  coluntbaria,  Orbitc- 
lites  coinfjlanata,  elc;  mais  il  y  a  dans  le  système  laekénien  beaucoup 
d'es|)èces  qui  paraissent  manquer  dans  le  bassin  de  Paris.  C'est  qii*eB 
eiïet  à  ce  moment  les  conditions  physiques  du  bassin  de  Paris  ont 
évidcfiiinent  changé.  I^  faune  si  variée  et  si  essentiellement  marine, 
h  la(iuclle  nous  avons  eu  affaire  jusqu'ici,  disparaît;  le  bassin  se 
trouve  partout  rempli  d'une  vase  formée  presque  exclusivement  de 
Miliolilcs. 

d"  Le  calcaire  à  Miliolites  constitue  donc  un  quatrième  horizon 
chronologicpie  dans  notre  calcaire  grossier.  Il  sert  d'intermédiaire 
entre  le  dépôt  inférieur,  qui  est  purement  marin,  et  le  calcaire i 
Cérilcs,  i\\\\  est  d'eau  sanmâtre,  ou  même  d'eau  douce.  On  lut  donne 
souvent  le  nom  do  calcaire  grossier  moyen  ;  mais,  sauf  les  Miliolites 
que  l'on  rencontre  déjà  en  moindre  quantité  au-de&sous,  et  souvent 
presque  aussi  abondamment  dans  le  calcaire  grossier  supérieur  il  n'a 
pas  de  faune  spéciale.  A  sa  base  il  présente  souvent  intercalées  de 
petites  couches  remplies  des  fossiles  du  calcaire  grossier  inférieur  -  en 
haut  il  alterne  de  u)émc  avec  le  calcaire  grossier  supérieur,  et  quel- 
quefois ces  allernances  se  rejoignent  de  manière  à  supprimer  toute 
partie  constituée  par  du  calcaire  à  Miliolites  pur. 

Pendant  que  dans  le  bassin  de  Paris  la  mer  se  retirait  pour  céder 
bientôt  la  place  à  des  lagunes,  il  pouvait  se  développer  sur  les  bords 
du  bassin  belge  une  faune  particulière,  la  faune  iaekénienne.  jUab 
c'est  certainement  entre  les  limites  des  quatre  é|M>ques  que  nous 
venons  d'énumérer  qu'il  faut  renfermer  les  circonstances  auxquelles 
est  due  la  production  des  dépôts  bruxelliens  et  laekéniens.  Ces  cir- 
constances, d'abord  identiques  de  \asi  et  d'autre,  à  l'époque  des 
sables  à  rognons  tuberculeux,  ont  varié  ensuite.  La  faune  reste  la 
même  dans  son  ensemble,  mais  avec  des  différences  notables;  ainsi  le 
Cerithium  giganteum,  qui  a  constitué  des  bancs  continus  depuis  Paris 
jusqu'à  Laon  et  même  jusqu'à  Cassel,  paraît  manquer  en  Belgique. 

Le  maximum  de  différence  des  faunes  est  dans  les  derniers  dépôts 


NOTJB    DE    H.    HÉBKRT.  837 

dans  le  système  laekénien,  beaucoup  plus  séparé  straiigraphiquenicnt, 
d'après  le  travail  de  M.  Le  Hon,  du  système  bruxcllicn,  que  ne  lèsent 
l'une  de  Tautre  les  quatre  parties  de  notre  calcaire  grossier;  mais 
cela  tient  à  ce  que  la  série  est  bien  plus  complète,  bien  plus  continue 
dans  le  bassin  de  Paris  qu'en  Belgique,  où  se  présente  une  lacune 
correspondant  très  probablement  à  une  dénudation  locale  des  couches 
à  Nummuliies  lœvigata  et  à  une  interruption  sédimeniaire  au  moment 
où  le  Cérite  géant  pullulait  en  France. 

En  résumé,  je  considère  comme  démontré  par  toutes  les  études 
faites  jusqu'ici  sur  le  terrain  éocène  de  Belgique,  mais  surtout  par  le 
travail  de  M.  Le  Hon: 

1°  Que  le  système  bruxellien  correspond  à  la  partie  du  calcaire 
grossier  qui  est  au-dessous  des  bancs  à  Cerithium  giganteum  ; 

2°  Que  le  système  laekénien  comprend  la  partie  du  calcaire  grossier 
inférieur  qui  est  au-dessus  des  mêmes  bancs,  jusques  et  y  compris 
le  calcaire  à  IVlilioliles; 

3°  Que  rien  dans  ces  deux  systèmes  ne  peut  se  rapporter  aux  sables 
du  Soissonnais  ou  aux  sables  de  Beauchamp. 

Ces  conclusions,  auxquelles  j'étais  depuis  longtemps  arrivé  par 
mes  propres  explorations,  se  trouvent  fortement  confirmées  dans  mon 
esprit  par  les  faits  dus  aux  recherches  de  M.  Le  Hon,  qui  me  parait 
avoir,  le  premier  parmi  les  géologues  belges,  placé  le  système  laeké- 
nien à  son  véritable  niveau. 

Quant  à  la  partie  théorique  du  mémoire,  à  celle  qui  se  rapporte  à 
la  manière  dont  les  dépôts  ont  été  apportés  dans  le  bassin  de  Bruxelles, 
à  l'invasion  de  ce  bassin  par  des  eaux  venant  du  sud,  je  dois  dire  que 
je  ne  saurais  partager  cette  manière  de  voir.  Je  préfère  d'ailleurs  me 
borner  à  la  discussion  des  faits  qui  est  de  beaucoup  la  plus  im- 
portante. 

£n  descendant  le  système  bruxellien  au  niveau  des  sables  de  Guise- 
la-Motte  (éocène  inférieur),  M.  Le  Hon  a  commis  une  erreur  d'assimi- 
lation bien  pardonnable.  Il  était  en  effet  assez  naturel,  vu  l'absence 
de  fossiles  dans  les  couches  inférieures  au  lit  à  Nummulites  planulata, 
de  rapporter  cette  première  couche  fossilifère  à  celles  qui  venaient 
au-dessus.  En  outre,  n'ayant  point  étudié  par  lui-même  nos  terrains 
tertiaires,  il  a  cru  pouvoir  s'en  rapporter  aux  dernières  publications 
faites  sur  ce  sujet  par  le  BnUetin  de  la  Société  géologique.  Il  a 
donc  pris  pour  base  de  sa  discussion  la  Description  géologique  de 
la  montagne  de  Loxm^  par  M.  Melleville  (1).  Ce  mémoire  n'ayant 
donné  lieu  à  aucune  observation  contradictoire,  M.  Le  Hon,  oubliant 

(I)  Bull.  Soc.  géol.  de  Fr.,  %•  sër.,  t.  XVIT,  p.  740,  juin  1860. 


838  SÉANCE   DU   28   ÀYRIL   1862. 

que  la  Société  géologique  laisse  à  chacun  la  respomabilitë  de  ms 
opinions,  a  cru  que  toutes  les  parties  de  ce  travail  étaient  admise 
comme  exactes,  et  a  été  ainsi  induit  involontairement  en  erreur  pu 
de  fausses  analogies.  Mais  ce  mémoire,  qui  n'est  pour  ainsi  dire  que 
la  reproduction  è  peine  modifiée  d'un  travail  déjà  ancien,  renferme 
de  telles  erreurs,  au  point  de  vue  de  la  géologie  pure  oomme  h 
point  de  vue  de  la  paléontologie,  qu'il  est  impossible  qu'on  pnisK 
s'appuyer  sur  les  données  qu'il  renferme,  sans  y  4>poiter  une  grande 
réserve.  Un  petit  nombre  de  citations  suffira  pour  jostifier  celte  appré- 
ciation. 

l"*  P.  730.  La  montagne  de  Laon  est  une  batte  de  sable  de 
100  mètres  de  hauteur,  avec  un  chapeau  calcaire  reposant  snr  nne 
couche  d'argile.  Les  eaux  qui  alimentent  la  ville  sont  sur  cette  der- 
nière  couche.  L'auteur  prétend  qu'elles  arrivent  dans  cette  posidon 
(à  188  mètres  d'altitude)  par  des  siphons  naturels  qui  trirersent  oes 
100  mètres  de  sable  de  bas  en  haut  ! 

2°  P.  722.  L'auteur  divise  les  fossiles  qu'il  a  recoeilUs  en  tira  grou- 
pes :  l""  les  liadiaires  dans  lesquels  il  place  le  genre  Alveolim; 
2"*  les  Amélidet  dont  pour  lui,  encore  aujourd'hui,  le  genre  Oenia- 
lium  fait  partie;  S*"  les  Conchyfhes  et  MoUmque$,  où  nous  veyw 
figurer  d'une  part  Lenticulites  planulata,  Lk,  et  de  l'antre  Nmi^ 
mulites  planulata,  Lk  ! 

Je  laisse  de  côté  les  nombreuses  erreurs  de  déterminaiionv  parfai- 
tement excusables  il  y  a  vingt  ans,  mais  qui  aujoord'bui  déparent 
singulièrement  les  listes  de  fossiles  que  l'on  trooTe  dans  ce  travail. 
Toutefois,  il  y  en  a  dont  on  ne  sait  comment  se  rendre  compte. 
Certaines  es))èccs,  comme  Volufa  ambiguë,  Oesh.,  extrémemeat 
communes  dans  les  couches  que  décrit  M.  Melleville,  nese  troufoit 
pas  dans  ces  listes,  et  on  voit  figurer  à  la  place  Voluta  crenulaia^  Lk, 
qui  n'existe  que  dans  le  calcaire  grossier. 

Évidemment  l'auteur  ne  professe  ni  en  géologie,  ni  en  paléontologie 
les  idées  généralement  reçues,  et  dès  lors  ses  travaux  peuvent  diflfeile- 
ment  servir  de  termes  de  comparaison. 

Gomment  s'expliquer  dès  lors  qu'en  rééditant  ses  notions  person- 
nelles sur  la  paléontologie  du  Laonnais,  il  ait  cm  devoir  pro6terde 
cette  occasion  pour  insérer  dans  le  Bulletin  des  réclamations  qui  ont 
lien  de  nous  étonner  (p.  715  et  723,  notes),  et  dont  il  est  inipossihie 
d'admettre  la  justice  ! 

Je  regrette  infiniment  d'être  obligé  de  présenter  ces  observations  ; 
je  m'en  serais  volontiers  abstenu  si  je  n'avais  en  li  combattre  h  ftehense 
influence  qu'a  eue  la  pid)lication  de  M.  Melleville  sur  la  partie  théo- 
rique du  travail  d'ailleurs  si  estimable  de  M,  Le  Hoa 


NOTE    DE    M.    DUMORTIKR.  6S0 

Le  Sêorètaire  dontie  leoiure  de  la  noto  suivanle  de  E.  Dû- 
mortier  < 

Coup  d'œil  sut  Vôôllthe  inférieure  du    Far; 
par  M.  E.  Dumortier. 

Depuis  la  publication  de  ma  note  sur  le  calcaire  à  fuco'itJes  de 
Foolithe  inférieure  (1),  je  désirais  vivement  pouvoir  continuer 
Tétade  de  ces  couches  dans  le  Midi.  Les  circonstances  tn'ont 
permis,  il  y  a  quelques  jours,  de  visiter  dans  cette  intention  une 
partie  du  département  du  Yar  où,  suivant  mes  prévisions,  j*ai  pu 
retrouver  cet  horizon  précieux  pout*  le  jurassique  inférieur,  près 
de  Guers,  SUr  un  point  encore  plus  éloigné  que  celui  que  j'avais 
indiqué  déjà  aulc  environs  d'Auriol.  Je  dois  avoUel*  cependant  que 
je  ne  supposais  pas  qu'il  fût  probable  de  rencontrer  les  em- 
preintes du  Chohdrites  scopariai  Couvrant  utie  étendue  de  pays 
aussi  considérable  avec  une  pareille  profusion. 

A  la  description  de  ce  gisement  curieux  j'ajouterai  quelques 
détails  sur  les  fossiles  des  couches  qui  se  montrent  dans  le  Var 
au-dessus  des  fuccfides,  détails  bien  incomplets  sans  doute,  car  ils 
sont  le  résultat  de  courses  faites  trop  précipitamment  ;  j*ai  de  plus 
le  regret  de  n'avoir  pas  pu  profiter  des  renseignetnents  et  des 
conseils  que  j'aurais  trouvés  sûrement  auprès  de  notre  confrère 
M.  Jaubert,  mais  j'ai  été  informé  tardivement  qu'il  résidait  dans 
une  des  localités  que  j'ai  traversées. 

•  Sur  le  ehemln  de  fluers  à  Belgentier,  quand  on  a  dépassé  le 
hameau  de  Valcros,  on  suit  en  inonfant  des  calcaires  luarno- 
stfbleux,  d'une  couleur  bleu  grisâtre  clair,  qui  n*oni  pas  une  très 
grande  consistance,  mais  qui  durcissent  à  l'air  ;  des  calcaires 
forment  le  pavé  du  chemin,  et  partout  pendant  près  de  2  kilo^ 
Mètres  on  peut  les  suivre  et  les  voir  couverts  des  empreintes  de 
ffds  Fucus,  Les  coupes  que  l'on  trouve  sur  plusieurs  points  dé  la 
colline  montrent  une  série  verticale  assez  considérable  de  couches 
É  fuco'ides  de  30  k  50  centimètres  d'épaisseur  alternant  avec  des 
eouehes  marneuses  nn  peu  plus  épaisses.  Les  empreintes  sont  très 
Itetles  et  très  setnbiabids  à  celles  du  Mont-d^Or  lyonnais;  la  senle 
Aiilérenee  appréciable  est  que,  pour  celles  du  Yar,  les  groopél 
s<Mit  nu  peu  plus  grands  et  ne  se  développent  pas  sur  une  sàr- 
iêbé  MM  plané;  j'ai  mesuré  à  Yaleros  des  touffes  tenant  aune 


.ijÀ 


(I)  Bulletin  de  la  Société  géologique,  V  sér.,  t.  XVIII,  p.  87* 
84inai4$64/ 


8/^0  S^^ANCK    UU    28    AVRIL    1802. 

inénic  tige  étalées  sur  une  longueur  de  SO  Gentimètict;  je  n'ai 
trouvé  dans  ces  iiièincs  couches  aucuns  fosulet  aatociés  ani  Aoi. 
Je  dois  signaler  ici  deux  nouveaux  gisements  des  cakaiicsà 
fucoîdes  que  je  n'ai  pas  encore  visités,  mais  dont  je  dois  koonoaii' 
sance  à  notre  collègue  IV] .  Ed.  Flouest  qui  a  rMdé  peodsnt  pb- 
sicurs  années  à  Aix  et  qui  habite  maintenant  à  Semar  (GAled'Or). 
M.  Flouest  a  trouvé  le  Chondrites   scoparius  en  abondsnoe  d 
offrant  de  très  beaux  spécimens  au  hameau  de  Clapa,  dans  b 
vallée  de  Vauvenargues  près  d'Aix  (Bouchea-du-Rbdne).  D'aprtis 
bienveillante  coummnication  on  trouverait  des  Anunooiles  assH 
cices  aux  Chomlritvs  comme  dans  les  calcaires  du  Mont-d'Or;  de 
plus,  M.  GoUenot  a  tout  récemment  trouve  â  Flavigny  (Côte4i*(k) 
le  Chondrius  scoparius  dans  des  couches  schisteuses»  un  poi  aie- 
nacéea,  gris  bleuâtic  «  que  nous  appelons  ici  grès  fisnles,  ajoute 
»  M.  Flouest,  qui  reposent  sur  les  marnes  les  plus  supëricurcs  de 
»  Fétage  toarcicn  et  supportent  les  premières  assises  du  cakaireâ 
»  Enlroques,  caractérisées  ]>ar  le  Pecten  persoifaius,  » 

Il  est  bon  de  remarquer  que  le  niveau  de  tous  les  gisemcsls 
n'offre  aucune  incertitude  au  nord  comme  au  sud,  et,  de  plus,  que  h 
couleur  et  les  caractères  minéralogiques  s'accordent  presque  par* 
tout  :  grain  un  peu  grossier,  sableux,  couleur  gris  bleuAtre  os 
jaunâtre,  empreintes  profondes  sans  conserver  de  traces  de  la 
substance  végétale.  La  connaissance  des  gisements  de  Cuersetde 
Flavigny  agrandit  notablement  Tétendue  que  favais  attribuée  as 
développement  horizontal  des  couches  à  fuooides  de  l'oolithe  ioC^ 
rieure  qui  atteint,  d'après  ces  dernières  données»  une  longueur da 
nord  au  sud  de  650  kilomètres. 

Au-dessus  de  ce  massif  de  calcaires  gris  clair  bleuâtre,  à  ess- 
preintes,  on  trouve  les  diverses  assises  de  l'oolithe  inférieure  avec 
leurs  fossiles  et  dans  leurs  positions  régulières,  en  montant  jusqu*au 
petit  col  que  le  chemin  traverse  pour  aller  descendre  A  fielgentisr; 
mais  on  peut  les  étudier  bien  mieux  encore  en  revenant  de  Valcros 
sur  Cuers.  On  trouve  là,  en  pleine  exploitation,  une  c^arrière  dans 
les  couches  inférieures  du  calcaire  à  Entroques.  Les  bancs  d*eB 
bas  descendent  jusqu*au  calcaire  à  Chondrites  scoparius^  dont  on 
rencontre  des  empreintes,  suivant  le  rapport  des  carriers;  il  est 
remarquable  cependant  que  la  couche  à  fucoîdes  doit  avoir  une 
très  faible  épaisseur  sur  ce  point,  car  les  couches  du  lias  supérieur 
y  sont  elles-mêmes  entamées  par  l'exploitation,  et  j'ai  ramassé  dans 
les  parties  profondes  les  fossiles  caractéristiques  de  cet  étage  i 
Ammonites  scrpentiniix^  A.  mucronaius^  A.  radians.  Cette  dispari- 
tion presque  complète  des  couches  à  fucoîdes,  siur  un  point  qui 


NOTB    DB    H.    DimORTIKR.  8A1 

n'est  distant  qne  de  1  kilomètre  à  l*est  du  gisement  de  Valcros,  où 
elles  forment  un  massif  d'une  épaisseur  notable,  est  quelque  chose 
de  singulier,  puisque  les  autres  étages  paraissent  conserver  leur 
importance  relative. 

On  trouve  dans  cette  carrière  des  fossiles  très  intéressants,  en 
bon  état  de  conservation^  et,  si  le  nombre  des  espèces  est  peu  con- 
sidérable, les  individus  sont  très  abondants. 

Le  plus  commun  est  la  Terebratula  spheroidalis^  Sow.  ;  la  figure 
de  Sowerby  donne  assez  bien  l'ensemble  de  la  forme,  mais  la 
coquille  du  Var  est  d'un  tiers  plus  grande  et  les  valves  se  rencon- 
trent sous  un  angle  moins  ouvert  ;  avec  cette  Térébratule  on  trouve, 
mais  en  nombre  plus  restreint,  la  RhynchoneUa  cynocephala^ 
Richard  Sp.,  remarquable  ici  par  sa  grande  taille  et  le  nombre  de 
ses  plis;  on  en  compte  souvent  quatre  sur  le  bourrelet  de  la  valve 
non  perforée,  accompagnés  de  cinq  plis  latéraux  de  chaque  côté  ; 
ce  n'est  pas  sans  hésitation  que  j'adopte  ce  uom  au  lieu  de  celui  de 
RhynchoneUa  ringens^  de  Buch;  je  suis  d'autant  plus  perplexe 
que  les  figures  données  par  Davidson  (1)  de  la  R.  rfngens  ne  s'ac- 
cordent pas  avec  celle  de  de  Buch  (2)  ;  cette  dernière  montre  un 
crochet  aigu,  saillant»  tandis  que  les  dessins  de  Davidson  font  voir 
un  crochet  plus  petit,  rentré,  contourné  en  avant;  les  échantillons 
da  Var  se  rapprochent  beaucoup,  par  le  crochet  et  les  plis  laté- 
raux des  figures  de  Davidson  10,  11,  12  de  la  /?.  cynocephala^ 
tout  en  étant  beaucoup  plus  grands;  mais  sa  figure  16  d'un  exem- 
plaire exceptionnel,  R.  ringensj  donne  parfaitement  la  forme 
de  nos  échantillons  vus  par-dessus.  Je  doute,  <|uand  ces  types 
seront  mieux  connus,  que  l'on  puisse  justifier  le  maintien  des  deux 
espèces  distinctes. 

Enfin,  un  fossile  des  plus  abondants  avec  les  brachiopodes  cités 
eu  le  Pecien  personatus,  Goldfuss;  mais  ce  Pecten  est  ici  d'une 
taille  si  grande,  comparée  à  ses  dimensions  ordinaires,  qu'il  est 
d'abord  impossible  de  le  reconnaître;  il  dépasse  souvent  hO  milli- 
mètres en  longueur;  de  plus,  il  est  un  peu  plus  large  que  long, 
ce  qui  n'arrive  pas  chez  les  petits  exemplaires  que  l'on  trouve  par- 
tout. La  valve  supérieure,  légèrement  et  régulièrement  bombée^ 
est  couverte  de  fines  côtes  rayonnantes  rectilignes,  dont  le  nombre 
augmente  par  l'insertion,  entre  chacune  d'elles,  de  nouvelles 
côtes  qui  restent  un  peu  moins  fortes  que  les  anciennes.  De  plus, 
toute  la  coquille  est  ornée  de  stries  concentriques  excessivement 

(I)  Palceontological  Society,  I8B2,  pi.  XIV. 
(9)  Ueber  Terebraielfi,  pi.  Il,  fig.  31. 


8ft2  SftARGI   DU   28   ÂVML  1862. 

fioei  et  réguUèrei,  ai  ti  aerréet»  surtout  daut  1|l  région  pallàilc,  que 
Ton  peut  eu  compter  prèa  de  dix  dans  un  millimètre.  La  valve  iii- 
iérieure,  plus  aplatie,  est  absolument  lisse.  Les  deux  valves  por* 
tent  en  dedans  onze  à  treize  côtes  saillantes,  étroites,  qui  n'arrivent 
pas  jusqu'au  bord  de  la  coquille;  Tanf^le  apicial,  qui  est  de 
90  degrés  ordinairement,  est  bien  plus  ouvert  dans  les  échantil- 
lons du  Var.  Les  spécimens  sont  presque  tous  bivalves,  et  l'épais- 
seur la  plus  grande  qui  est  au  centre  des  valves  ue  dépasse  pas 
40  millimètres  ;  les  eôtei  qui  ornent  Tintérieur  des  valves  ne  sont 
nullement  indiquées  à  l'extérieur. 

Les  mêmes  couches  inférieures  du  bajocien,  avec  les  mêmes  fos- 
jsiles,  sa  retrouvent  à  Belgentier  (Var).  La  colline  située  à  Touot 
du  village,  sur  la  rive  droite  du  Gapau,  présente  une  coupe  com- 
plète, depuis  le  trias,  qui  forme  la  base,  jusqu'à  l'oolithe  iafé* 
rieure;  les  fossiles  sont  peu  abondants  et  difficiles  à  recueillir, 
parca  que  l'escarpement  est  formé  par  la  tète  des  couches,  de 
sorte  que  tout  est  mêlé  dans  les  éboulis^  mais  laoouche  ioférieare 
du  calcaire  à  En  troques,  avec  Terebratmia  spÀeroida/u^  Bhpieko^ 
jiéflUi  çyiiacitpAaia  et  Pectfn  pcnonatuâ  de  grande  taille,  est  bien 
en  place  et  fournit  des  échantillons  asses  oombfeux.  J'ai  recueilli 
4e  plus  sur  ce  point  et  associé  aux  fossiles  cités  une  autre  Téré- 
bratule  que  je  crois  nouvelle;  en  voici  la  description  i 

Coquille  à  contour  absolument  circulaire;  diamètre,  2S  milli* 
usètres;  épaisseur,  12  millimètres.  Le  crochet,  petit,  très  rapprccbé 
de  la  petite  valve  ;  la  valve  perforée  montre  un  bourrelet  hico 
marqué  vers  le  crochet.  Les  valves  se  rencontrent  anus  un  soglt 
aasee  aigu  sur  tout  le  contour,  et  s'élèvent  par  une  courbe  régu* 
Hère  jusqu'au  centre  de  figure  où  se  trouve  le  maximum  d'cptis- 
seur  ;  surface  non  ponctuée*  J'ai  rapporté  de  Belgentier  six  exem- 
plaires de  cette  Térébratule,  dont  la  forme  générale  et  la  taillées 
varient  pas. 

Au-db«saus  de  oette  aone  inféviature»  on  tlouvet  à  Cuerset  à  >sl- 
cros,  une  asaex  forte  épaisseur  de  cahudree  jaune  clair,  mats, 
sableux»  durs,  è  grains  fina^  avec  une  grande  quantité  d'une  Ifina 
de  grande  taille,  toujours  bivalve,  à  stries  fines,  régulières;  ellss 
i  3  eentimètrca  de  longueur,  oW  la  Lima  nmicircalmrU^  GeUfoM; 
es' fossiles  qui  l'adoompagnent  sont  rares;  |op«i>a  citer  > 

SJiynchoncUa  pUcatetla^  Sow. 
Ammonites  Bladgeni,  Sow. 
Ammonites  sabradlatus^  Sow. 

Je  n'ai  pas  eu  le  foisir  .d'toii^r  Isf  snaahas  Mpérienrea  du 


HOTE    DB    M.    PUMORTIBII.  fiikS 

i)li]ocien  dans  les  environs  de  Cuers;  mais  en  se  transportonisur  le 
.bord  de  la  mer,  entre  Saint-Nasaire  ei  Bandoi,  ou  retrouve ,  à  la 
Cride,  une  série  de  couches  qui  permet  de  compléter  la  coupe.  Là 
.les  calcaires,  relevés  presque  vertioalemeut,  el  que  la  mer  vient 
rentamer,  me  paraissent  les  équivalents  des  calcaires  d^  Yalcros  à 
Lima  semicircularis.  Ce  fossile  y  est  en  noi^ibre  considérable >  mais 
d'une  taille  un  peu  moindre  ;  on  y  trouve  de  plus  i 

Terebratula  globatOy  Sow. 

Terebratula  spheroidalis^  Sow. 

Ammonites  Brongniarti,  Sow.  ;  figure  de  d'Orbigny. 

£n  continuant  à  suivre  le  rivage  dans  la  direction  de  Baodol, 
on  trouve  les  couches  qui  reposent  sur  les  calcaires  dont  nous  ve- 
nons de  parler  ;  elles  se  composent  d'une  assez  longue  suite  de 
marnes  jaune  clair  elde  calcaires  sableux  plus  ou  moins  inelinét, 
dans  lesquels  je  n'ai  pas  aperçu  de  fossiles.  Cette  série,  dont  la 
mesure  exacte  exigerait  un  assez  long  travail,  recouvre  d'une 
manière  évidente  les  calcaires  de  la  Cride.  Elle  est  elle-mêma  re- 
couverte, là  où  la  côte  reprend  une  direction  M.  pour  former  la 
petite  rade  de  Bandol,  par  un  calcaire  gréseux  foi*t  dur  dont  les 
couches  épaisses,  attaquées  par  la  nier,  laissent  voir  un  grand 
nombre  de  fossiles  intéressants,  mais  qu'il  est  presque  impossible 
d^. dégager  de  la  roche;  les  plus  remarquables  sont  : 

Pectcn^  moyenne  taille,  lisso,  très  abondant,  probablement  le  Péc- 
ten  spathuiatus  ^  Romer. 

Cerithinm  granulato-'costtitum^  Goldf. ,  ou  Ceriihium  erhinalum,  de 

Buch  ;  c  est  le  môme  qui  se  montre,  en  si  grand  nombre^  dans 

notre  bajoQÎea  supérieur  du  Mont-d'Or  lyonnais;  les  éçhantlUons 

de  Bandol  sont  un  peu  plus  grands  et  d'une  conservation,  parfaite. 

■  Ammonites  Parkinsoni^  Sow. 

Ammonites  pygmœus^  d'Orb. 

Ammonites  oolithicus^  d'Orb. 

Ammonites  Martinsiiy  d'Orbu 

Belemniteê  sulcatusy  Miller. 

lly  a  certainement  là  TéquivalciU  de  la  partie  supérieure  de 
Toolithc  ferrugineuse  du  Calvados,  et  uqe  exploration  faite  pins  à 
loisir  doit  auEiener  la  découverte  d'un  bon  nombre  d'autres  foesUes. 
Cependant  cette  subdivision  du  bajocien  n*apas  une  grande  épais- 
seur à  Bandol. 

A  30  ou  tiO  mètres  au-dessus  de  ces  calcaires  à  Cerithium^  on 
trouve  bientôt,  toujours  sur  le  rivage,  un  nouveau  groupe  dont  je 
dirai  quelques  mots,  bien  qu'il  u*appartienne  plus  à  foolithe  ipfé- 


8&A  SÉANCE    DU    ^8    AVRIL    1862. 

rieure;  mais  il  me  semble  doublement  intéressant»  d'abord  par  les 
fossiles  abondants  et  fort  carieui  qu'il  offre  aux  géologues,  puis 
par  la  certitude  que  donne  l'esamen  de  ces  fossiles  de  la  présence 
incontestable  de  l'étage  de  la  grande  oolithe  sur  les  côtes  de  la 
Méditerranée  ;  ainsi,  cet  étage,  qui  s'avance  du  nord  avec  an  si 
beau  développement  jusque  dans  les  montagnes  du  Bugey  et  dans 
les  collines  des  environs  de  Crémieus  (Isère),  qui  eu  sont  le  pro- 
longement, ne  se  retrouve  plus  dans  la  partie  méridionale  du  dé- 
partement de  l'Isère,  ni  dans  la  Dr6me,  ni  dans  l'Ardèche. 
Cependant  les  circonstances  qui  ont  empêché  le  dépôt  des  couches 
de  la  grande  oolithe  et  de  l'oolithe  inférieure  sur  cette  zone  ne 
paraissent  pas  avoir  fait  sentir  leur  effet  dans  la  partie  tout  à  fait 
méridionale  de  la  France  ;  après  une  interruption  de  plusieui^ 
centaines  de  kilomètres,  le  bathonien  et  la  plus  grande  partie  da 
bajocien  se  montrent  de  nouveau  bien  caractérisés  dans  les  dépar- 
tements du  Yar,  des  Bouches-du-Rhôue  et  du  Gard. 

Le  bathonien  de  Bandol  forme  un  massif  de  couches  assez 
inclinées^  composé  de  calcaires  gris  jaunâtre  clair,  micacés,  à  graio 
fin,  excessivement  dur,  surtout  dans  les  parties  exposées  k  Yûr; 
on  peut  fort  bien  l'étudier  tout  autour  de  la  petite  maison  de  pé* 
cheurs,  au  lieu  dit  Gazaiile^  300  mètres  environ  avant  de  rejoindre 
la  route  directe  de  Saint*Nazaire  â  Bandol.  La  mer  vient  se  briser 
sur  les  bancs  fossilifères.  Je  ne  connais  certainement  qu'une  partie 
des  fossiles  de  ces  calcaires,  qui  mériteraient  une  étude  appro- 
fondie^  mais  on  peut  affirmer  cependant  qu'ils  repréaenteoc  les 
couches  de  Banville,  de  Langrune  et  de  fiatli,  qui  forment  laprtie 
inférieure  de  Tétage  bathonien  ded'Orbigny. 

Voici  la  liste  des  espèces  que  j'ai  pu  y  recueillir  dans  une 
journée  : 

Diastopora  JUicheiini,  M.  Edw. 

Heieropora  conijera^  M.  Bdw. 

ConsteUaria  Terquemi^  M.  Edw.  et  H. 

Anabacia  orhuUtes^  d'Orb.  Exemplaires  de  petite  taille,  peu  épais. 

MontUvaitîaSmiihi,  M.  Edw.  et  B. 

Calamophyllia  radiata  ,  M.  Edw.  et  fl. 

Cladophrllia  Babeana^  M.  Edw.  et  fl. 

Thamntutrea  scita^  M.  Edw.  et  B.,  avec  un  bon  nombre  d*aatrs8 

bryozoaires  ainsi  que  de  polypiers,  de  plus  une  foule  de  jolis 

spongiaires. 
Eiigmus  pofytypusy  E.  Deslong.  (4).  en  nombre  assez  considérablo 

(4  )  Mémoires  de  la  Société  Unnéenne  de  Normandie^  vol.  X,  pi.  4 ( 
et  46. 


NOTE   Dl    H.    DUMORTIER.  845 

pour  pouvoir  ôlre  considéré  comme  la  coquille  caractéristique  du 
terrain.  Les  échantillons  s^accordent  très  bien  avec  les  figures 
données  par  M.  Destongchamps,  tout  en  étant  un  peu  moins 
grands.  La  curieuse  ouverture  irrégulière  abords  sinueux  se  fait 
voir  fort  bien  sur  bon  nombre  d'échantillons  ainsi  que  Je  cueille- 
ron  large  à  bords  amincis  et  très  saillant  qui  porte  l'empreinte 
musculaire. 

Il  est  curieux  de  voir  ce  genre  de  coquille,  si  peu  connu  encore, 
passer  du  département  du  Calvados  aux  environs  de  Toulon, 
sans  laisser  presque  de  traces  sur  l'immense  surface  des  dépôts 
jurassiques  qui  séparent  ces  deux  stations.  En  effet,  après  l'exem- 
plaire de  Montreuil-Bellet  cité  par  M.  Deslongchamps,  je  ne 
connais  que  la  jolie  petite  espèce  d'Eiigmus  de  Poitiers,  du 
môme  niveau  de  la  grande  oolithe,  dont  je  dois  un  exemplaire 
fort  bien  conservé  et  bivalve  à  Tobligeance  de  M.  le  docteur 
Constantin.  En  comparant  cet  Eligmnsde  la  Vienne  aux  autres, 
il  y  a  de  telles  différences,  soit  dans  la  forme  générale,  soit  dans 
la  disposition  des  côtes,  qu*il  me  paraît  probable  qu'il  faudra  la 
considérer  comme  une  espèce  nouvelle.  Quoi  qu'il  en  soit,  les 
couches  de  Bandol  renferment  ces  coquilles  singulières  en 
nombre  considérable  ;  malheureusement  la  nature  de  la  roche 
s'opposera  toujours  à  ce  que  Ton  puisse  recueillir  des  exemplaires 
bien  complets. 

Trichites  crassus^  Bronn,  énorme  coquille  fibreuse.  J'ai  des  frag* 
ments  qui  dépassent  49  centimètres;  épaisseur  très  irréguliè- 
rement distribuée;  l'empreinte  musculaire,  formant  une  dépres- 
sion arrondie,  mesure  5  centimètres;  courbure  de  la  coquille 
médiocre;  très  abondante  à  Bandol.  J'ai  des  fragments  de  la 
môme  coquille  que  j'ai  rapportés  de  Banville;  de  plus  j*en  ai 
recueilli  un  exemplaire  bivalve  du  môme  niveau  à  Vernas  (Isère), 
près  des  rives  du  Rhône. 

Pecten  xubspinosus^  Schlotheim. 

Pecien  vagans^  Sow. 

Pecten  arciculatus,  Schloth.?;  longueur  65  millimètres;  vingt- 
quatre  côtes  énormes,  très  rugueuses;  les  oreilles  couvertes 
de  dix  gros  plis  verticaux  irréguliers.  C'est  un  type  rapproche 
du  Pecten  art  i  cul  a  tus  ^  mais  avec  un  faciès  plus  grossier,  plus 
rustique;  c'est  probablement  une  espèce  nouvelle;  très  com- 
mune. 

Sjjondy/us...,;  longueur  <  8  millimètres;  valve  supérieure  très  bom- 
bée, couverte  de  côtes  fines,  régulières,  avec  une  série  de  petites 
lamelles  transverses  dans  les  intervalles  et  sur  lesquelles  s'élèvent 
sans  régularité  de  rares  épines.  Les  côtes  se  réunissent  trois  par 
trois  en  se  rapprochant  du  crochet  ;  le  crochet  est  assez  marqué 
et  dépasse  la  charnière  de  4  millimètre  ;  oreilles  grandes,  fortement 
striées  dans  les  deux  sens  ;  l'exemplaire  un  peu  plus  petit  que 
j'ai  avec  les  deux  valves  réunies,  et  que  je  crois  appartenir  à  la 
môme  espèce,  montre  la  valve  inférieure  fortement  adhérente  à 


8ik6  s«AN(n  DU  6-ttAf    iWfS. 

la  roche  par  une  foulo  d'appendices  en  forme  de  radfeellci.  la 
recueilli  cinq  exemplaires  de  cette  jolie  coquille. 

Ostren  grrgfiria,  Sow.  ;  formes  Tariées,  beaux  et  nombreux  Mub- 
tillons. 

Lima ;  grandeur  moyenne,  aaaei  étroite,  oMique,  lî|çiMiirn- 

gulières  ponctuées  sur  la  région  postérieure,  plis  anguleox  da 
côté  antérieur;  abondante...  J*ai  recueilli  la  même  à  Aïoixa 
(Sartbe). 

Nrrinea  bacHlns,  d*Orb.  ? 

Delphinida  muricata^  BuTÎgnierT,  de  l'oxfoMlîen  des  Ardeonei;  ki 
échantillons  assez  nombreux  sont  un  peu  déformés. 

Tercbrtituia  coarctuta^  Parkinson. 

Terebraîula  intcrmedia^  Sow. 

Terebratala  flabrtlumy  Defr.  ;  asses  oommùtte  et  grande, 

Hhy/tchoneiln  mncinna^  Sow. 

Ci'daris très  grande  et  belle  espèce;  les  groe  tubercules  perfo- 
rés et  crénelés  s'élèvent  au  milieu  d'une  zone  lisse,  peu  déprimée, 
toujours  parfaitement  circulaire;  les  tuberculee  qui  entourent 
oetle  zone  et  couvrent  tout  le  reste  des  plaques  sont  très  gns, 
saillants,  mamelonnés,  dispoaés  irrégulièrement  et  laissant  voir 
une  fine  granulation  dans  les  intervalles;  les  scrobicules  sont  loin 
de  se  toucher;  les  ambulacres,  étroits,  très  faiblement  ooduleoi, 
présentent  des  pores  ronds,  disposés  deux  par  deux  à  droite  et  ï 
gauche  alternativement,  et  au  milieu  deux  séries  de  petits  tuber- 
cules mamelonnés  peu  serrés,  mais  très  réguliers  et  entourés  de 
fines  granulations. 

J'ai  rapporté  encore  de  Bandol  plusieurs  Radioles  de  formel 
variées  parmi  lesquels  deux  sont  probablement  nouveaux.  Quels 
sont  ceux  qu'il  faut  attribuer  au  test  décrit  ci-denus  ? 

Pseiitio^Undema ;  très  rapproché  du  P,  f^yightii^  Cotteau. 

Enfin  il  faut  encore  ajouter  à  cette  liste  une  assez  grande 
coquille,  longueur  48  millimètres,  obloogue,  qui  a  queldue 
analogie  pour  la  forme  générale  avec  la  Natica  Marcoiutmiiy 
d'Orb.  ;  les  échantillons,  assez  mal  conservés,  semblent  porter 
les  traces  de  stries  longitudinales  ;  de  plus,  un  trôs  grand  Pectcn 
srrondi,  aveo  d'énormes  côtes  en  très  petit  nombre,  coquille  qu'il 
m'a  été  impossible  de  détacher  de  la  roche. 


Séance  du  5  mai  ISGâ. 

PRÉSIDBNGS    DE   H.    DUISSI» 

M.  Danglure,  secrétaire»  donne  lecture  du  procée-verbal  de 
la  dernière  séance»  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  fuites  dans  la  dernière  séance,  le 
Président  proclame  membres  de  la  Société  : 


DOltfl    FAITS    A    LA    SO€IÉTft.  8A7 

g  MM. 

LioiJRB  (Augusle),  agent  voyor  d*arrondisscment,  au  Vigan 
(Gard),  présenté  par  MM.  Ed.  Hébert  et  Saemann  ^ 

Root  atné,  à  Gap  (Ba6ses-Alpei),  présenté  par  MM«  Sttider 
Oi  E.  Hébert.  ^ 

Le  Président  annonce  ensuite  quatre  présentations. 

DONS    FAITS    A    LA  SOCIÉTfi. 

La  Société  reçoit  : 

De  la  part  de  M.  A.  Meugy,  Carte  géologique  des  Arrondis'^ 
femeiUs  de  Falenciennesy  Cambrai  et  Jt^esne,  2  feuilles  grand 
colombier  et  1  feuille  de  coupes.  Paris*  18i>0. 

De  la  part  de  M.Hardouin  Michelin»  jânhexe  A  de  r ouvrage 
intitulé:  Notes  sur  Ttle  de  la  Réunion,  par  L.  Maillard.  -^ 
Èehinides  et  Stellérideê^  8  p.  8  pi. 

De  la  part  de  M.  G.  de  Mortillet  : 

1"  l\o(e  sur  le  crétacé  et  le  nummulitique  des  environs  de 
Pistoia  Çroscane)f  in«8,  8  p.,  1  pi.  Milan,  1862. 

2*  V homme  fossile^  in-8,  9  p.  Annecy,  1862. 

De  la  part  de  M.  Alexandre  Véxian,  Prodrome  de  géologie. 
*^  Introduction^  liv.  I)  in«8|  162  p.  Besançon,  1802.  —  Paris, 
cbex  F*  Savy. 

De  la  part  de  M.  Alexis  Perrey,  Note  sur  les  tremblements 
de  tert'e  en  \%h&f  ai^ec  supplément  pour  hs  années  aniériewcs 
(extr.  des  Mém.  cour,  de  l^Ac,  R.  de  Belgique^  I.  XH), 
ui«8,  68  p. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'jécadémie 
des  sciences,  1862,  1*'  sem.,  t.  LIV,  n*  10. 

L'Institut,  n'»  1478,  1862. 

The  Athenceum,  n*^  1801,  1862. 

Reforme  agneoh^  par  M.  Nêrée  Boubée,  n*  160,  arril  1862, 

Abhandlungen  der  K.  BëhmischHi  Gesellcha/l  der  ÏVis- 
senscA^ften  in  Prag,  U  XI,  1860-1861, 

Sitzungsberichte  der  K ,  Bfiimischen  Gesêllsehaft  der  fVts^ 
senschaften  in  Prag^  juillet-dèeeoibre  1861. 

Neue^  Jahrbuck  fur  Minéralogie^  etc.,  de  Leonhard  et 
Bronn,  1862,  2*  cahier. 


8A8  SÉARCB   DU    5   MAI   1862. 

M.  le  Président  offre  h  la  Société  de  la  part  de  M.  Meugy  la 
carte  géologique  des  arrondissements  de  Yalenciennes,  Cambray 
et  Âvesne,  département  du  Nord. 

M.  Maillard  qui,  en  1850»  avait  présenté  à  la  Société  on 
relief  de  Ttlede  la  Réunion  à  l'échelle  de  noôô>  o^rede  nouyeau 
ce  travail  auquel  il  a  fait  subir  quelques  modiScations  et  qu*il 
a  colorié  géologiquement  suivant  les  indications  de  H.  Dau- 
brée,  en  prenant  pour  base  de  son  travail,  en  outre  de  sa 
connaissance  des  localités,  la  collection  géologique  de  plus  de 
300  roches  qu'il  a  offerte  au  Muséum  et  dont  M.  Gh.  d*Qrbigny 
vient  de  faire  la  détermination. 

L*auteur  du  relief  fait  remarquer  que  Ttle  de  la  Réunion^ 
toute  volcanique,  se  compose  pourtant  de  deux  groupes  fort 
distincts,  Tun  plus  spécialement  basaltique  avec  sous-sol  tra- 
chytique,  etTautre,  celui  du  volcan  moderne  encore  en  activité, 
plus  spécialement  composé  de  roches  péridotiques.  Dans  le  pre- 
mier groupe  il  signale  toutefois  un  épanchement  de  roches 
amphigéniques  d'une  certaine  puissance  et  fait  encore  remar- 
quer que  la  partie  moderne,  celle  du  volcan  en  éruption,  est 
traversée  par  une  coulée  de  pumite  et  qu*îl  n'est  pas  rare  de 
voir  le  cratère  brûlant,  entre  deux  éruptions  de  laves  et  de 
scories  péridotiques,  lancer  des  quantités  notables  d'obsidiennes 
en  masses  plus  ou  moins  compactes  et  surtout  sous  forme  de 
lapilli. 

En  outre  des  différentes  teintes  employées  par  M.  Maillard 
pour  indiquer  le  gisement  des  roches  dont  il  vient  d'être  pariét 
il  a  aussi  affecté  d'autres  couleurs  à  l'indication  du  terrain 
d'alluvion  et  des  bancs  madréporiques  ;  enGn,  il  a  marqué  sur 
toute  la  surface  de  l'Ile  par  des  points  en  rouge  vif  les  sommets 
de  prés  de  160  des  cratères  principaux  et  de  bouches  par 
lesquelles  la  lave  a  surgi  sur  les  divers  points  de  cette  lie  si 
profondément  labourée  par  les  feux  volcaniques. 

M.  Michelin  offre  à  la  Société  géologique  une  notice  exti;aite 
du  grand  ouvrage  de  M.  Maillard  sur  Ttle  de  la  Réunion 
(Bourbon)  [voir  la  liste  des  dons]. 

Cette  notice  signale  2&  Échinidcs  vivants,  dont  7  nouveaux, 
13  Stellérides,  dont  un  nouveau,  et  une  espèce  nouvelle  du 
genre  Retepora  (Gindiaire). 


NOTB    BB   M.    DE    MORTILLBT.  8A9 

SoQs  le  nom  de  Karaiaphonts,  M.  Michelin  décrit  un  genre 
nouveau  voisin  des  Hemicidaris^  et  il  cite  aussi  une  espèce 
A'HemipataguSy  genre  que  Ton  ne  connaissait  qu'à  Tétat 
fossile. 

Il  est  important  de  signaler  aux  marins  et  aux  amis  des 
sciences  naturelles  que  Ton  doit  draguer  autour  des  lies  à  de 
grandes  profondeurs,  parce  qu'on  a  la  chance  de  rencontrer 
vivants  des  animaux  dont  on  croyait  les  genres  perdus. 

La  Guadeloupe  a  produit  entre  autres  un  Pleurolomaire  vivant 
et  M.  Petit  de  la  Saussaye  en  connaît  d'autres. 

M.  de  Chancourlois  fait  une  communication  sur  un  système 
de  classification  des  corps  simples. 

M.  de  Mortillet  fait  la  communication  suivante  : 

Terrains  du  versant  italien  des  Alpes  comparés  à  ceux  da 
uersant  français  ;  par  M.  Gabriel  de  Mortillet. 

1.  —  Terrain  cristallin. 

Le  cristallin  forme  une  série  de  trouées  qui  constituent  à  peu 
près  Taxe  central  de  la  chaîne  des  Alpes.  Les  terrains  de  sédi- 
ments fossilifères  se  développent  autour  de  ces  trouées,  suivant 
l'expression  de  M.  Elle  de  Beaumont,  comme  les  lèpres  ilc  vastes 
boutonnières.  On  devrait  en  conclure  que  les  sédiments  fossilifères 
des  deux  côtés  de  l'axe  central  des  Alpes  correspondent  et  présen- 
tent les  mêmes  caractères;  pourtant  jusqu'à  présent  on  a  prétendu 
le  contraire. 

Gela  tient  à  ce  que  le  soulèvement  des  Alpes  est  plus  ancien 
qu'on  ne  l'admet  généralement.  Il  s'est  opéré  successivement  à 
diverses  époques,  avec  des  mouvements  d'oscillation.  Les  sédi*- 
luents  des  deux  versants  se  sont  donc  déposés  d'une  manière  assez 
indépendante  les  uns  des  autres;  néanmoins,  ainsi  que  je  vais 
l'établir,  ils  correspondent  entre  eux  beaucoup  plus  qu'on  ne 
le  croit. 

Si  dans  leur  ensemble  les  roches  cristallines  forment  l'axe  cen- 
tral des  Alpes,  cette  allure  générale  est  pourtant  sujette  à  des 
exceptions.  Sur  le  versant  italien  on  le  voit  parfois  se  prolonger 
jusque  sur  les  limites  extrêmes  de  la  chaîne.  Ainsi,  sur  plusieurs 
points  du  Piémont  ces  roches  cristallines  forment  encore  les  der- 
niers contre-forts,  les  derniers  coteaux  qui  viennent  s'éteindre 
Soc,  iicoL*  2«  série  ,  tome  XIX.  54 


860  ttÂRCI  DU  6  MAI  iMS. 

dans  la  plaine.  On  en  voit  un  très  bel  exemple  du  oAlë  da  SalUnoL 
Toute  la  région  inonUgneuse,  à  partir  de  la  plains  allavioask, 
de  la  grande  plaine  du  Pô,  est  cristalline.  Ce  eont  dca  rocha 
micaschisteuses  qui,  en  général,  se  décomposent  facilement  et  don» 
nent  naissance  à  des  terres  rougeSi  assex  fortes,  très  bonnes  pour 
la  fabrication  des  briques.  Pourtant  certains  de  <:es  micaschiita 
ont  plus  solides,  plus  résistants,  et  fournissent  de  très  bellei 
dalles  (1)  que  Ton  exploite  avec  soin  et  dont  on  fait  un  grand 
commerce,  il  y  a  plusieurs  de  ces  exploitations  dans  la  vallée  de 
la  Yaraita,  k  Piasco. 

En  remontant  la  vallée,  on  rencontre  au  milieu  de  ces  mics- 
schistes,  qui  passent  parfois  au* gneiss,  des  granités.  Ib  se  mon- 
trent au  pont  en  aval  de  Brassasco,  sur  la  rive  droite,  et,  traversant 
la  vallée  très  en  biais,  ils  se  retrouvent  sur  la  rive  gauche  beau- 
coup plus  bas.  Ils  sont  accompagnés  d'une  roclie  plus  schisteuse, 
avec  de  grands  cristaux  quadrilatères  allongés  de  feldspath,  ce  qui 
rappelle  très  bien  les  schistes  cristallins,  à  cristaux  seuiblables^  de 
la  Roche,  en  Tarentaise,  et  de  quelques  points  de  la  Maurienue. 

Toutes  ces  roches  cristallines  ne  sont  interrompues  que  par  un 
massif  de  serpentine  qui  se  fait  jour  entre  Piasco  et  Veuasca  et 
une  énorme  intercalation  ou  enclave  de  doloinie  exploitée  A 
Piasco  pour  faire  de  la  chaux. 

Ces  roches  cristallines  se  montrant,  en  Piémont,  jusqu'à  la  partie 
extérieure  des  Alpes,  ne  doivent  être  considérés  que  comme  une 
déviation  exceptionnelle  de  Taxe  de  soulèvement  de  la  chaîne,  qui 
ne  laisse  pas  moins  subsister  la  loi  générale. 

2.  — -  Silurien  et  déuonien. 

Les  terrains  paléozoïques  anciens,  silurien  et  dévonien,  n'ont 
point  encore  été  reconnus  dans  la  chaîne  des  Alpes  et  dans  ses 
alentours,  si  ce  n*est  vers  Textrémité  nord-est  en  Autriche. 

D'après  Murchison  (2),  Krlach  a  découvert  à  Dienteni  près  de 
Werfen,  du  côté  de  Salzbourg.  de»  fossiles  parmi  lesquels  sont 
V  Ort/ioceraa  gregarium  et  la  CardioUt  interrupta  du  silurien  supé- 


(4)  Ces  dalles,  que  Ton  emploie  beaucoup  à  Turin,  sont  conoues 
sous  le  nom  de  pierres  de  Luserna,  parce  que  c'est  à  Luserna,  du  côté 
de  Pignerole,  que  se  trouvent  les  plus  belles  carrières. 

(2)  Murchison,  On  the  gcological  structure  of  the  Alpi^  Apennines 
and  Carpathians,  Part.  4  Alps^  ch.  î,  dans  The  quarterir  Jtmrm. 
•f  ike  geoi.  Soc,  ofLondon,  vol.  Y,  4849. 


NOTI   n   H.    DB  MORTILLBT.  851 

rieur  d'Angleterre  et  le  Cardinm  gracile^  Munst.  qui  se  troiiye  à 
FeugroUes  dans  le  silurien  de  Noraiandie. 

D'après  le  ménie  auteur  les  calcaires  des  environs  de  Gratz  con^ 
tiennent  aussi  des  fossiles  siluriens  ou  dévoniens,  principalement 
des  polypiers  : 

Gorgonia  injundibulljormis . 
Stromatopora  concentrica, 
Cyathop/tyilum  expinnainm, 

—  turbinatum. 

—  hexagonum. 

—  cœspitosum, 
Astrea  porosa^  Gold. 
Beliopora  interstinctaj  Bronn. 

Favosttei  polymorpha^  var.  ramosoy  du  dévonien. 
Pccten  graneirevus,  Goldf. 
Cyathocrinites  pinnatus^  Goldf. 
Inoceramus  inversus^  Muost. 
Orthvceras  regulare^  etc. 

C'est  donc  du  dévonien  inférieur  ou  silurien  supérieur. 

Ces  deux  terrains  non-seulement  n'ont  pas  été  reconnus  dans  les 
Alpes  italiennes,  mais  même  dans  tonte  la  partie  continentale  de 
ritalie.  Le  silurien  seul  a  été  découvert  dans  Ttle  de  Sardaigne 
par  de  la  Marmora  (1).  11  y  est  composé  de  schistes  talqueuk,  de 
calcaires  et  de  schistes  noirs  avec  Orthocères  et  Graptolithes,  de 
grauwackes  schisteuses  avec  crinoïdes  et  de  leptiniles  arec 
empreintes  d'Orthis.  Meneghini  y  a  reconnu ,  entre  un  giund 
nombre  d'autres,  les  espèces  suivantes  : 

Spihfer  tercbratulifornUs ^  M'Coy. 
Ôrthis  testudinaria,  Dalmau. 

—  noctilioj  Sharpe. 

—  miniensis^  Sharpe. 
Orthisîna  inflexa,  Davids. 
Leptœna  eonvexu^  Vira. 
Piilodiciya  Utnce^iata^  Loosd. 

—  costeUatOj  M'Coy. 
GrapioiUhus  priodon^  3roDQ. 
Ort/iocerns  simpieXj  Desn. 

—  bohemicutn^  Barrande. 
Catdium  subarcuatam^  Munst. 
CarHMa  inienupta^^  Sow. 


*•   •  "  •  -■"■'■■-'  --  ■\  — Tt- 


(4)  Albert  de  la  Marmora,  ^oy^g^  ^f*  Sardafgne.  —  Giuseppe 
Meaeghini,  Paiêontologie  de  laSardaigne  faisant  partie  de  l'ouvrage 
précédent. 


85*2  sÊAifCB  DU  5  MAI  4862. 

Murchison  explique  l'absence  complète  des  roches  iiluricDMi 
et  clévoniennes  caractérisées  par  des  fossiles  dans  la  psrtîc  oucs 
des  Alpes,  et  on  peut  dire  dans  presque  tout  leur  ensemble,  pirk 
grand  développement  du  métamorphisme  qui  aurait  transibras 
ces  roches. 

Quand  on  voit  comme  à  Pesey,  en  Savoie,'des  roches,  qui  on 
tout  l'aspect  du  gneiss,  contenir  en  grande  abondance  des  csilkmi 
roulés  et  occuper  la  place  des  poudingues  inférieurs  du  terrais  i 
anthracite,  quand  on  observe,  comme  aux  enrirons  des  SsUikci, 
à  Piasco  et  «^  Sanfront,  des  lambeaux  de  dolomie,  en  tout  sem- 
blable à  la  dolomie  triasique  des  Alpes  du  Dauphinë  et  de  h 
Savoie,  intercalés  dans  les  micaischistes,  on  ne  peut  nier  le  méta- 
morphisme. Mais  je  crois  qu*on  a  beaucoup  abusé  de  son  actios, 
qu'on  Ta  beaucoup  trop  généralisée. 

Il  est  possible,  probable  méine,  qu'on  découvre  dans  les  Alpes 
ou  leurs  environs  quelques  nouveaux  gisements  siluriens  et  dévo- 
niens.  Mais  il  est  plus  que  probable  aussi  que  la  majeure  partie  de 
la  région  des  Alpes  ne  contient  aucun  dépôt  caractérisé  par  lo 
fossiles  marinade  ces  deux  époques.  S'il  en  était  autrement  ib 
n'auraient  pas  échappé,  sur  une  si  vaste  étendue,  aux  recherches 
des  nombreux  et  habiles  géologues  qui  ont  parcouru  les  Alpes.  On 
les  aurait  reconnus  surtout  dans  les  contrées  adjacentes  qui, 
comme  le  nord-ouest  du  Dauphiné  et  comme  la  Provence,  parais- 
sent bien  moins  altérées  par  les  prétendues  actions  métamor- 
phiques. 

Pendant  les  deux  époques  silurienne  et  dévonienne  la  râdoo 
des  Alpes  offrait  donc  déjà,  suivant  toutes  les  probabilités,  on 
bombement  qui  la  mettait  presque  entièrement  au-dessus  des  eaux. 

3.  —  Carboniférien. 

Gomme  les  terrains  silurien  etdévonien,  le  carboniférien  marin 
à  fossiles  animaux  n'a  été  signalé  dans  les  Alpes  que  vers  leur 
extrémité  orientale,  la  Carinthie,  le  Frioul  et  la  partie  est  dn 
Tyrol.  iMais,  comme  on  le  voit  par  ces  indications  géographiques, 
les  témoins  extrêmes  de  cette  formation  se  rapprochent  plus  du 
centre  et  de  l'ouest  que  ceux  des  deux  autres  époques. 

Murchison,  en  1830  (i),  signalait  déjà  la  présence  de  Produc^ 
tus  du  carboniférien  de  TAngleterre  dans  les  roches  anciennes  des 

(4)   Murchison,  PhiL  Aîag,  and  Annals  oj phil.^  vol.  Vllf^  4930 
et  Geni.  structure  of  the  Alps^  4  849,  part.  4,  oh.  S.  ' 


NOTK    DE    M.    DE    MORTIIXIT.  85S 

environs  de  Bleiberg,  en  Caiindiie.  En  i8(i7,  on  Ini  montra  à 
Vienne,  ainsi  qu*à  de  Verneuil,  une  collection  de  fossiles  de 
Bleiberg,  parmi  lesquels  ces  deux  habiles  géologues  reconnurent 
au  moins  huit  à  dix  espèces  positivement  carbonifëriennes. 

Les  géologues  de  l'Institut  de  Vienne  ont  constaté  Texistence 
du  carboniférien  marin  dans  la  partie  sud-est  du  Tyrol  et  plus 
spécialement  dans  la  partie  méridionale  de  la  Carinthie,  vallée  de 
Gail.  Slur,  en  1856,  dans  son  rapport  à  Tlnstilut  de  Vienne  (i)) 
le  signale  dans  le  nord  du  Frioul,  et,  la  même  année,  le  carboni- 
férien marin  de  cette  province  a  été  reconnu  par  Foetterle  et 
G.  A.  Pirona. 

Ces  dépots  représentent  la  partie  supérieure  du  carbonifère 
marin.  Ils  ont  été,  à  cause  de  leur  faciès  particulier,  désignés,  par 
les  Allemands,  sous  le  nom  de  carbonifère  alpin,  Alpine  Stein^ 
kohlenj or  motion^  ou  bien  à  cause  de  son  principal  gisement, 
schistes  de  la  vallée  de  Gail,  Gailthaler-Schichten. 

Dans  les  Alpes  frioulaines  ils  peuvent  être  divisés  en  deux 
assises.  L^inférieure  est  composée  de  schistes  argileux  souvent  mi- 
cacés, noirs  ou  gris  noirâtres,  parfois  roussâtres  ou  violacés,  et 
de  grès  tendres,  violacés  et  variés,  qui  alternent  avec  les  schistes. 
Les  schistes,  comme  les  grès,  contiennent  des  débris  organiques, 
parmi  lesquels  Stur  cite  : 

Spirifer  mosqucn.ùs,  Fisob. 
Retzia  radialisy  Phill. 
Orthis  eximifi,  Eichw. 
Productus  semiretictdatus^  Mart. 

Pirona  ajoute  le  Spirijer  striatus^  IVIart.,  des  polypiers  apparte- 
nant aux  ^^enres  Fcfiestrclifiy  Jiveolites,  Favositcs  et  Cyathophyllum ^ 
des  articulations  de  crinoïdes  et  des  débris  mal  conservés  de 
plantes,  parmi  lesquels  de  Zigno  a  pu  reconnaître  une  des  formes 
du  carboniférien  de  Sardaigne,  décrite  et  figurée  par  Meneghini. 

L'assise  supérieure  est  formée  d*un  calcaire  souvent  roux,  tra- 
versé en  tout  sens  par  des  veines  de  spath  calcaire.  Ce  calcaire 
repose  en  stratification  concordante  sur  les  schistes  et  contient  les 
mêmes  espèces  de  Productus^  crinoïdes  et  polypiers,  plus  quelques 
Orthoceratitcs  (2) . 

Pour  retrouver  le  carboniférien  marin  on  n*est  pas,  comme 


(!)  SiMT^Genl.  Ferhaltn.^  p.  437. 

(2)  G.  A.   Pirona,  Cenni  geognosiici  sid  Friuli,  4  86K  —  A.  de 
Zigno,  Del  tcrreno  carbonifcro  délie  Alpi  vende ^  <858. 


S6A  BÉANCI   DU    6   MAI    1809. 

pour  le  silurien,  oblif,é  de  sortir  de  la  partie  e^^dnciMalc  k 
l'Italie.  La  Toscane  nous  en  offre  un  gisement  découvert  fm  Sni 
et  IV]ene(;hini  à  Torri,  près  Jano.  On  trouve  là  de  gros  haonle 
poudingue  ou  anagënite  compose  de  fragments  roules  on  angukn 
de  quartz  gras,  blanc,  hyalin,  rosé,  etc.,  i>éunis  par  unrplteali- 
ceusc  et  talqueuse.  Ils  reposent  sur  dos  M!liistes  sîlico-ialqiiein, 
gris  noir,  plus  ou  moins  compacts,  qui  alternent  avec  qoelqiin 
dëpôts  assez  minces  et  interrompus  d'anthracite.  Le  tout  panlt 
avoir  pour  base  d'autres  ])oudingues  quartzeux.  A  hi  partie  sapé- 
f  ieure,  les  schistes  sont  plus  compacts  et  ont  ane  texture  naa 
grossière  pour  être  assimilés  à  des  psammites.  A  la  partie  inCé- 
rieure,  ils  sont  plus  fins  et  on  les  |>reiidniit  pour    de  slMiples 
schistes  argileux. 

Dans  les  schistes  inférieurs,  à  pâte  6ne,  Savi  et  Menrghini  ont 
trouvé  une  flore  houillère  très  bien  caractérisée  : 

Nevroptclis  rotundifoiifi^  BroDg. 
Odontnptcris  Svhlotlieimti^  BrODg. 
Pccojitvris  nrborcscens^  Brong. 

—  ncnta^  Brong. 

—  cyathœn,  Brong. 

—  Bttcklantli^  Brong, 
Annulnrin  longijoliu^  Stern. 

Dans  les  schistes  supérieurs  psanimi tiques,  ils  ont  recueilli  une 
faune  carboniréricnue  incontestal)le  (1)  : 

Pholadnmya  regularis^  d'Orb. 

—  pliciita^  d'Orb. 
Cardinin  teUumha^  Koninck. 
Cardiomorpha  pristina^  d*Orb. 
Leptœna  arachnoidva^  d'Orb. 
ProduL'tus, 

Spirifcr  giabcr^  Sow. 
Cyathocrimis  quinquangularis^  MtU. 
Cerioporn  iirvgularis^  d'Orb. 

Cette  faune  carboniférienne  n'a  été  trouvée  que  vers  1851  et  la 
flore  peu  de  temps  auparavant.  Savi,  avant  leur  dëcouverte,  ne 
sachant  à  quelle  époque  rapporter  les  roches  qui  les  contiennent, 
leur  avait  donné  un  nom  particulier,  vcrriicano^  de  Yerruca,  loca* 
lité  on  ces  roches  sont  très  développées. 

Depuis,  ce  nom  a  été  employé  pour  désigner,  dans  les  Alpes 

(4)  Paolo  Savi  et  G.  Meneghini,  Considerationi  suUageologia  stra- 
tigrafica  délia  Toscana^  4864. 


ROYB  DB   M.    DB   MORTIUBT.  866 

maritimes,  laSuiase,  la  Lombardie,  dea  roches  d'une  composition 
analogue,  dont  l'âge,  par  suite  du  manque  de  fossiles,  ^iait  pro* 
blématique. 

La  découverte,  citëe  par  Angelo  Sismonda,  de  quelques  débris 
de  plantes  houillères  dans  le  Terrucano  des  Alpes  maritimes,  doit 
U  faire  rappoiter  au  terrain  oarboniférien. 

La  flore  houillère  se  trouve  aussi  très  largement  représentée 
dans  les  grès  et  schistes,  plus  ou  moins  talqueux,  contenant  de| 
couches  d'anthracite,  du  Dauphiné,  de  la  Savoie  et  de  la  Suisse. 
Ayant  été  à  même  de  comparer  Tune  avec  l'autre,  la  flore  des 
grès  à  anthracite  des  Alpes  et  celle  du  verrucano  toscan,  je  les  ai 
trouvées  parfaitement  analogues,  tellement  analogues  même  que 
certains  échantillons  mêlés  ne  pourraient  pas  se  distinguer. 

Adolphe  Brongniart,  ayant  eu  entre  les  mains  une  série  des  plantes 
trouvées  dans  les  grès  à  anthracite  de  l'Isère,  y  a  reconnu  quinze 
espèces  et  une  variété  appartenant  à  la  flore  carboniférienne  (i). 
Précédemment,  sur  2U  espèces  des  couches  anthracifères  de  la 
Savoie  et  du  Dauphiné  il  en  avait  trouvé  22  spéciales  au  carbo** 
niférien  et  2  nouvelles  (2).  Oswald  Heer,  de  son  côté,  sur  48  es- 
pèces de  plantes  des  schistes  et  grès  à  anthracite  du  Dauphiné,  de 
la  Savoie,  du  Valais,  de  la  vallée  d'Engelberg  et  de  Glaris,  en  a 
trouvé  37  se  rapportant  exactement  aux  plantes  carbonifériennes, 

5  seulement  particulières  au  terrain  anthracifère  des  Alpes,  et 

6  douteuses  ;  le  tout  sans  uiélange  aucun  de  plantes  d'autres 
époques  (3). 

Il  est  donc  incontestable  que  cette  grande  formation  des  grès 
et  schistes  à  anthracite  des  Alpes,  dont  la  flore,  par  le  verrucano 
des  Alpes  maritimes,  se  relie  à  la  flore  et  à  la  faune  d'iano,  en 
Toscane,  comme  l'a  si  bien  fait  remarquer  Angelo  Sismonda, 
appartient  à  l'époque  carboniférienne. 

Les  grès  et  schistes  talqueux  carbonifériens  se  montrent  encore 
dans  les  Alpes,  au  nord  du  Piémont,  mais,  sur  ce  versant,  Tanthra* 
cite  et  les  empreintes  de  plantes  n'existent,  à  ma  connaissance, 
que  dans  la  partie  supérieure  de  la  vallée  d'Aoste,  du  côté  de  la 
l'huile  et  du  petit  Saint-Bernard.  Plus  à  l'est  et  plus  au  sud,  ces 
roches  s'altèrent,  perdent  leurs  fossiles  et  même,  en  grande  partie, 
leurs  caractères  distinctifs. 

(4)  Charles  Lory,  Description  géologique  du  Dauphiné^  4'*  partie, 
4860,  p.  70. 

(2)  Ad.  Brongniart,  Observations  sur  les  végétaux  Jossites  du 
terrain  tP anthracite  des  Alpes,  4  828. 

(3)  0.  Heer,  Uber die  Anthraziiplfanzên  der  Alpen^  K%h^» 


856  SftARCB  DU    6  MAI    1809. 

Entre  le  carboniférien  à  empreintes  de  plautes  ou  caffixmitérm 
d*eaii  douce  de  la  vallée  d*Â06te  et  le  carboniférien  inario  de  k 
Carinlliie  et  du  Frioul,  les  dépôts  de  cette  époque  aoDCinal  défR>- 
niiiiés  et  peu  connus.  Parfois  on  en  a  nié  rexistenoe;  oependuii 
avec  Ësclier,  Hauer,  Stoppani,  Oinboni,  et  la  plupart  dea  géolo- 
gues, je  suis  disposé  à  rapporter  au  carboniférien,  par  aiiite  de 
considérations  stratigraphiques,  les  schislea  noirs  talqaeoz,  avec 
des  traces  charbonneuses  et  des  empreintes  végétales  indétenni- 
nablcs,  qui  se  trouvent  en  Lombardie,  dans  les  montagnes  entre 
la  Valtciine  et  les  vallées  du  Kreinbo  et  du  Serio,  désignés  dans 
la  carte  géologique  de  la  Lombardie  d*Hauer  sous  le  noin  de 
Kohltnf or  motion . 

Les  grès  et  schistes  à  anthracite  des  Alp»es  contiennent  dei 
poudingues,  surtout  à  leur  base.  Souvent  on  les  désigne  soui  le 
nom  de  poudingues  de  Vtihrsine^  parce  qu'ils  sont  très  dcveloppéi 
près  (In  village  de  ce  nom,  aux  abords  du  Mont-Blanc,  du  câté 
du  Valois.  Ces  poudingucs  de  Valorsine  appartiennent  bien  an 
carboniférien  comme  le  prouve  une  belle  SigfUaria  ejcagona  on 
Doitrnnisti  certainement  houillère,  trouvée  par  Charpentier  (1). 

L'étude  de  la  nature  des  cailloux  contenus  dans  ces  poudingues 
m*a  servi  pour  établir  que  tous  les  grès  et  schistes  A  anthracite, 
auxquels  ils  sont  associés,  sont  antérieurs  aux  dépôts  calcaires  et 
ardoisiers  contenant  des  Bclvmnites  et  Ammonites.  En  effet  on 
ne  trouve  dans  ces  poudingues  aucun  débris  de  calcaire  on  d*ai^ 
doises  semblables  à  celles  qui  renferment  les  restes  de  Beicmnita 
et  d' À  m  ih  on  i  tes  (2  ) . 

L'étude  des  mêmes  cailloux  vient  prouver  la  conclusion  qui  ter- 
mine ce  que  j'ai  dit  du  silurien  et  du  dévouien.  A  ces  deux  époquei 
la  région  des  Alpes  offrait  déjà  un  bombement  qui  la  mettait 
presque  entièrement  au-dessus  de  eaux.  En  effet,  si  celte  répion 
avait  été  recouverte  de  dépôts  siluriens  et  dévoniens,  détruits  plus 
tird,  on  en  trouverait  des  débris  dans  les  poudingues  carbonifé* 
riens.  Or,  il  n'y  en  a  point.  En  Savoie  ces  poudingues  ne  contien- 
nent que  des  cailloux  de  quartz,  de  gneiss  talqueux  et  de  nom- 
breuses variétés  de  sléasohistes  plus  ou  moins  feldspathiqnes. 

Telle  est  aussi  la  composition  des  poudingues  carboniférîens  de 


(t)  Lardy,  Note  sur  deux  empreintes  végétales  uppartentmi  ntt 
terrain  houilicr  des  Jlpes  suisses ^  4  852.  —  Morlot,  Buii,  Soc, 
r^audoise  des  sciences  nat.  4  854,  vol.  IV,  p.  2. 

(2)  G.  de  Mortillet,  Prodrome^  4  855,  et  Géologie  et  miméraingie 
de  la  Savoie,  4  858,  p.  4  78  et  482. 


IVOn   BE   M.    DB    MOITILL&T.  8^7 

la  Suisse  et  du  Dauphiuë.  Lorenzo  Pareto  a  constaté  une  compo- 
sition analogue  pour  ceux  du  verrucano  des  Alpes  maritimes.  Les 
cailloux,  dit-il,  sont  de  quartz,  de  gneiss  et  de  schiste  micacé, 
auxquels  se  joignent,  mais  bien  rarement,  du  granité  et,  plus  rare- 
ment encore,  du  porphyre  (1). 

Pendant  l'époque  carboniférienne  rextrémilé  orientale  de  la 
région  des  Alpes  est  resiée  couverte  par  la  mer  comme  l'établis- 
sent les  dépôts  marins  qu'on  rencontre  en  Carinthie  et  dans  le 
Frioul,  mais  la  côte  n'était  pas  éloignée,  puisque  les  couches  con<^ 
tiennent  des  débris  de  végétaux  triturés  par  les  vagues. 

Le  reste  de  la  région  des  Alpes  s'élevait  au-dessus  du  niveau  des 
mers  et  était  déjà  passablement  accidentée  (2).  £n  elTet,  les  dépôts 
à  anthracite  ont  une  puissance  très  variable  qui  montre  qu'ils  se 
sont  formés  dans  une  série  de  bassins  plus  ou  moins  profonds, 
plus  ou  moins  circonscrits.  Pour  ne  citer  qu'un  exemple,  le  car- 
bouiféricn,  dans  la  vallée  de  Yalorsine,  aux  Céblancs,  a  plus  de 
200  mètres  de  puissance,  tandis  que  de  l'autre  côté  de  la  vallée, 
au  Buet,  seulement  à  H  kilomètres  en  ligne  directe,  il  n'atteint 
que  5  ou  6  mètres. 

Mais  qui  plus  est,  le  relief  d'alors  était  en  partie  celui  de  nos 
cavités  cristallines  actuelles,  moins  l'élévation.  Nous  voyons  les 
dépôts  à  anthracite  se  terminer  en  biseau  contre  les  flancs  de  ces 
arêtes  et  prendre  un  grand  développement  en  s'en  éloignant. 
Ainsi  sur  les  bords  de  la  grande  boutonnière  qui  entoure  la 
trouée  cristalline  qui  va  de  Beaufort  (Savoie)  en  Oisans  (Dauphiné), 
les  grès  à  anthracite  n'ont  en  général  que  peu  de  mètres  de  puis- 
sance, tandis  qu'à  20  ou  30  kilomètres  de  là  ils  atteignent  jusqu'à 
plusieurs  centaines  de  mètres  dans  la  zone  anthracifère  parallèle 
qui  s'étend  du  petit  Saint- Bernard  à  Briançon, 

II,  —    Trias, 

Les  divers  étages  du  trias  sont  admirablement  développés  d;ins 
la  partie  orientale  des  Alj)es,  sur  les  deux  versants  de  la  chaîne, 
et  peuvent  servir  de  type  pour  l'étude  de  ce  terrain.  Aussi,  les  géo- 
logues allemands,  surtout  ceux  de  l'Institut  géologique  de  Vienne, 
ont  cherché  des  deux  côtés  leurs  points  de  comparaison  et  ont 
donné  à  plusieurs  de  leurs  subdivisions  le  nom   de  localités  du 


(4)  Pareto,  Cenni  geologU-i  stt/ia  Liguria  mariai  ma  ^  4  846,  p.  72. 
(2)  Gabriel  de  Mortillet,  La  Savoie  avant  ChommCy  4  85Ç)  p.  4  0. 


858  stAHCi  DU  6  mki  IMS. 

nord,  comme  HalUtatt,  près  de  Salibourg,  et  dm  kmUtéi  (fai  aidi, 
comme  Saint4]a98iau  dans  le  Tyrol  et  Raibl  en  Garialhie. 

A.  Frioul.  —  Dani  le  Frioa)  m  trouvent  les  vrcim  ètMgméÊÊ' 
siques  du  trias  ; 

l»  A  la  base  les  grès  bigarn^  ou  Bnnteupanduein  eonposé  et 
grès  de  diverses  teintes  rouget,  jaunâtres  ou  TenlâCrea  qui  con- 
firment parfaitement  leur  nom  de  bigarrés.  (  m  i^rès  sur  quekqae 
points  passent  à  la  marne  on  à  l'argile  achisteuee  d*un  roui  fi( 
lustré.  Ce  dôpôt  pauvre  en  fossiles  en  a  pourtant  fbornî  quelques^ 
uns  caractéristiques  : 

Myacitts Jnssnensis ^  Wissm. 

Posidonomya  ou  Hnlobia  Lommelii  Wiaam. 

Naticetla  cosiaia,  M unst. 

Cfrntttrs, 

2"  Dans  la  partie  moyenne  le  calcaire  conchylien  ou  inuschel- 
kalk.  Calcaire  compacte  en  général  noir,  parfois  gris,  qui  justifie 
peu  son  nom  de  conchylien.  Cependant  on  y  a  trouvé  : 

Ttrebratula  vu/garis,  Scblotb. 
Posidonotnya  Lommelii ^  Wissm. 
j4virula  socialis^  Bronn. 
Encrinites  lHiijormis^  Schlotb. 

Dans  quelques  localités  ce  calcaire  devient  magnésien  et  se 
transforme  en  dolomie  caverneuse  ou  cargneule.  En  beaucoup 
d'endroits  il  repose  sur  des  bancs  plus  ou  moins  puissants  de 
gypse  cristallin  gris,  blanc  ou  rouge.  Parfois»  au  contraire,  le 
gypse  le  recouvre. 

3*  Au  sommet  les  marnes  irisées,  ou  keuperi  représentées  dans 
leur  partie  inférieure  par  des  grès  vineux,  bruns,  verts,  recou- 
verts par  un  puissant  dépôt  de  calcaire  marneux  à  couches  peu 
épaisses,  presque  schisteuses,  brunes,  à  odeur  bitumineuse.  Ces 
calcaires  contiennent  des  couches  en  général  très  minces  de  char- 
bon ;  cependant  il  en  est  à  Cludinico  et  à  Raveo,  dans  le  canal  de 
Gorto,  qui  atteignent  30  et  35  centimètres.  Les  grès  comme  les 
schistes  calcaires  contiennent  beaucoup  de  fossiles,  mais  très  diffi- 
ciles à  extraire.  J.  -A.  Pirona  (1),  auquel  j'emprunte  presque  tous 
les  détails  qui  précèdent,  y  a  recueilli  : 

Myojj florin  Kcfrrstcinii^  Munst. 

—  elongatfi,  Hsuer. 
Corbis  MeUingi^  Usuer, 


(4)  6.- A.  Pirona,  Cenni  geognostici  sut  FriuU^  4  861. 


S 


IVOTl   BB    M.    M   KOBtilLKT.  869 

fossiles  caractënstiques  de  la  partie  du  keupei'  qui  a  été  désignée 
par  les  géologues  de  l'Institut  de  Vienne  sous  le  nom  de  Raibler- 
Scliichten.  Du  reste,  ces  grès  et  schistes  calcaires  se  relient  avec 
ceux  de  la  vallée  voisine  de  Raibl  en  Carinthie,  dont  les  fossiles 
s'isolent  plus  facilement  et  qui  ont  servi  de  type  aux  géologues 
allemands. 

Au-dessus  des  schistes  calcaires  ae  trouve  dans  le  Frioul  un 
calcaire  gris  blanc,  compacte,  tenace,  d'une  puissance  de  6  à 
700  mètres  dans  lequel  Sturr  a  recueilli  au  mont  Clapsavon,  au 
nord  de  Forni  di  Sotto  : 

Ammonites  Aon^  Munst. 

—  Johannis  Austrice^  Muntt. 

—  tornatus^  Quenst. 
Orthocerns  alveolare^  Quenst. 

—  dtibium^  Hauer. 

C'est  donc  le  niveau  du  calcaire  d'Hallstait  qui  termine  ici 
le  trias. 

B.  Bellunais  et  Vicentin,  —  Les  trois  étages  triasiques  du  Frioul, 
traversant  le  Bellunais,  se  retrouvent  dans  le  Vicentin,  mais  dans 
ce  court  trajet  ils  subissent  de  profondes  modifications  : 

1°  Le  grès  bigarré  ou  Buntei^andstein  est  formé  d'une  puissante 
assise  de  grès  roux,  jaunâtres  ou  variés,  contenant  comme  coucher 
subordonnées  des  marnes  micacées,  un  calcaire  brun  roussâtre  et 
des  amas  stratiformes  de  gypse.  Parmi  les  fossiles  trouvés  dans 
cet  étage,  soit  dans  le  Vicentin,  soit  dans  le  Bellunais,  Achille  dç 
Zigno  (1)  cite  : 

Posidonomya  Clarœ^  Emm. 

—  Lommelii^  Wissm. 

My  acites  jassaentis ,  "W  issm . 

Naticella  costata^  MuDSt. 

Ammonites  (Ceratites)  cas^ianusy  Quenst. 

Au  mont  Spizze,  au  sud  de  Recoaro,  près  de  Vicence,  cet  élage 
a,  à  sa  base,  des  grès  roux,  avec  petits  lits  d'anthracite  et  empreintes 
de  plantes  du  genre  Foitzia. 

2^  Le  calcaire  coquillier  ou  muschelkalk  composé  d'une  série 
de  couches  calcaires  gris  noirâtre,  avec  intercalation  de  marnes 


(4)  A,  de  Zigno,  Prospetto  dei  terrent  sedimentarii  del  Veneto^ 
4958. 


860  6ÊANGI   Di}    5   MAI    1862. 

brun  jaunâtre,  est  très  riche  en  fottiles,  dont  les  plus  caractërb* 
tiques  sont  : 

Encrinites  liliijormisj  Schl. 
Dadocrinus  gracilisy  Buch, 
Tcrehratnla  x^ulgaris^  Schl. 
Spirigera  trigonelta^  Schl. 
Spih/erJragiiiSf  Schl. 
Pecten  discitcs^  Schl. 
Lima  s  tria  ta  ^  Schl. 
Gerviilia  sociaiis^  Wissm. 
Myophoria  cardissoidcs^  Alb. 
—  ovata^  Goldf. 

3°  Les  marnes  irisées  ou  keuper,  mélange  de  couches  sableuses, 
calcaires  et  marneuses,  peu  ou  point  fossililères  sont  beaucoup 
inoins  développées  que  les  assises  inférieures. 

Les  grès  bigarrés  du  Frioul  sont  entièrement  marins.  Ceux  du 
Vicentin,  en  majeure  partie  marins,  reposent  cependant  sur  une 
assise  d'eau  douce  continentale  ou  d'estuaire. 

Le  charbon  se  trouve  dans  le  Vicentin  à  la  base  des  grès  bigar- 
rés. Dans  le  Frioul  il  est  intercalé  dans  les  schistes  de  KaibI  du 
keuper. 

Le  gypse  dans  le  Frioul  se  développe  surtout  dans  le  inuscliel- 
kalk,  tandis  que  dans  le  Yicentin  il  est  généralement  plus  ancien, 
faisant  partie  des  grès  bigarrés. 

Le  calcaire  coquillier  du  Frioul  est  peu  fossilifère;  celui  du 
Vicentin,  au  contraire,  renferme  un  nombre  très  consld^^rable  de 
fossiles. 

Par  contre,  le  keuper  du  Yicentin  en  est  dépourvu,  tandis  que 
celui  du  Frioul  en  contient  beaucoup. 

£n  outre,  le  keuper  du  Vicentin,  dans  les  environs  de  Recoaro, 
est  le  moins  développé  des  trois  étages  triasiques;  il  a  au  plus 
10  mètres,  tandis  que  dans  le  Frioul  c'est  de  beaucoup  Vétage  le 
plus  puissant.  Les  calcaires  d'Hallstadt  seuls,  une  de  ses  parties, 
ont  jusqu'à  6  et  700  mètres. 

Toutes  ces  différences  montrent  que  pendant  l'époque  triasique 
les  Alpes  occidentales  ont  subi  plusieui*s  oscillations.  En  effet, 
au  commencement  de  cette  époque  le  Vicentin,  au  moins  en 
partie,  devait  s*élever  au-dessus  de  la  mer,  tandis  que  le  Frioul 
se  trouvait  recouvert  par  elle.  Le  fond  de  cette  mer  frioulaine 
s'est  relevé  au  commencement  de  la  ])ériode  du  keuper,  et  il  8*est 
formé  des  dépots  littoraux,  des  dépôts  d'estuaire,  contenant  des 
couches  de  charbon  et  de  nombreux  fossiles.  Ce  soulèvement  a 


KOTK    DE    M.    BB    MORTILLBT.  861 

probablement  éié  occasionné  par  l'apparition  de  roches  porphy- 
riques  contenant  de  la  diabase,  de  couleur  verte,  et  de  diorite 
poipliyroide  avec  grains  de  feldspath  blanc  ou  noir  dont  on  trouve 
quelques  dykes  au  milieu  des  roches  triasiques  du  Frioul. 

C.  Lombardie.  — 1"  Grès  bigarrés  ou  Buntersandstein. 

£n  Lombardie,  au-dessus  des  schistes  noirs  talqueux  qui  ont  été 
rangés  dans  le  carboniférien,  se  trouve  une  puissante  zone  de  pou- 
dingues  et  grès  généralement  rouges.  C'est  le  verrucano  lom- 
bard. Il  est  surmonté  de  schistes  argileux  bigarrés  désignés  sous 
le  nom  de  servino^  et  parfois  schistes  et  poudingues  alternent. 
Haner,  dans  sa  carte  de  Lombardie,  désigne  cette  formation  sous 
le  nom  de  Werfener-Schiefer  et  en  fait  la  base  du  trias  en  Lom- 
bardie. Escher  et  Omboni  (1)  la  mettent  dans  le  carboniférien. 
Stoppani  (2)  place  aussi  ce  groupe  dans  les  terrains  paléozo'iques, 
tout  en  reconnaissant  qu'on  a  trouvé  dans  les  schistes  du  servino  : 

Naticella  costata^  Munst. 
Myacites  fassaensisy  Wissm. 
Pectcn  Fuc/iisf\ 

fossiles  triasiques.  11  regarde  le  verrucano  lombard  comme  car^» 
boniférien,  le  comparant  à  celui  de  Toscane,  et  le  servino  comme 
une  formation  de  transition  entre  le  paléozolque  et  le  triasique* 

Les  fossiles  animaux  trouvés  dans  le  servino,  quelques  débris 
de  végétaux  fossiles  du  triasique  inférieur  découverts  dans  le 
verrucano  de  Regoledo,  montagne  entre  Bellano  et  Yarenne,  et 
la  comparaison  de  ces  couches  avec  les  couches  inférieures  de 
Recoaro  me  font  rapporter  la  formation  tout  entière  aux  grès 
bigarrés  ou  Buntersandstein;  d'autant  plus  que,  si  cet  étcige  n'était 
pas  représenté  par  ces  diverses  couches,  il  faudrait  admettre  qu'il 
fait  complètement  défaut  en  Lombardie. 

2*»  Muschelkalk. 

Au-dessus  des  poudingues  et  schistes  bigarrés  viennent  des  dolo- 
mies  et  calcaires  rubanés,  roux,  varies,  ayant  parfois  à  leur  base 
des  grès  avec  végétaux  ;  c'est  ce  que  les  géologues  lombards  ont 
nommé  groupe  de  la  dolomie  inférieure.  Ce  groupe  contient  d'assez 
nombreux  fossiles  bien  déterminables  du  trias  moyen,  partui  les 
quels  Stoppani  signale  : 

(4)  Giovanni  Omboni,  Cvnni  suUa  cartn  geolo^ica  délia  Lonibur" 
r//a,  4  864. 

(9)  Antonio  Stoppani,  Revlsta  ^eologica  délia  Lombardia,  4  859. 


862  .  «ftAifCi  w  6  MAI  iSdB. 

Encrinus  entrocha. 
ActhophyUam  speciosum^ 
Foltzia  heterophylla. 

C'est  bien  le  inuschelkalk  que  Hauer  désigne  sous  le  nom  plus 
particulier  de  Guttensteinerkalk, 

A  la  partie  supérieure  de  cet  étage  se  trouvent  des  calcaires 
généralement  d'un  brun  noir,  parfois  compacte,  parfois  fissiles, 
bitumineux,  qui  contiennent  de  nombreux  squelettes  de  poissons 
et  de  reptiles,  faune  presque  entièrement  spéciale  à  la  LoiiibardM. 
C'est  le  groupe  de  Varenne  et  Pertedo  dans  lequel  on  a  aussi  trouyé 
en  diverses  localités  : 

Ammonites  Mandeisiohii, 

—  Aon, 

Posidonomya  Moussoni^  Mérian. 

—  Lommelii,  Wissm. 
Lima  iineata, 
Terebratula  vulgaris, 

y  Marnes  irisées  ou  keuper.  Cet  étage  en  Lombardie  se 
divise  en  deux  groupes  :  celui  de  Gorno  et  Dossena^  inférieur  et 
celui  d'Esino  supérieur.  Antoine  Stoppani  dans  sa  belle  et  excel- 
lente Monographie  des  pétrifications  d'Esino^  1858-60,  les  a  très 
bien  distingués  et  caractérisés. 

Le  groupe  de  Goruo  et  Dossena  est  formé  de  calcaires  inameux 
noirs,  noirâtres  ou  jaunes,  et  de  grès  souvent  marneux  de  couleuis 
variées.  Les  fossiles  sont  abondants  et  correspondent  à  ceux  de 
Raibl.  Les  principaux  sont  : 

Myophorîa  Kefersteinii^  Groldf. 
Myoconcha  Curionii^  Hau. 

—  lombardica^  Uau. 
Gervillia  biparti  ta  y  Hau. 

—  Meriani^  Stopp. 
PectenfilosuSy  Hau. 
Posidonomya  Lommelii^  Wissm. 

Le  groupe  d*Esino  ou  de  la  dolomie  moyenne  est  formé  de  dolo- 
tnies  et  de  calcaires  purs.  Les  fossiles  les  plus  caractéristiques  sont  : 

Gastrochœna  obtusa^  Stopp. 
Avicula  exHiSy  Stopp. 
Erinospongia  arca^  Stopp. 

Ce  groupe  est  l'équivalent  des  calcaires  d'Hallstatt,  Hmlistmtier» 
sehiehteH^  comme  le  prouvent  les  fossiles  suivants  : 


IVOti  Al  ■•   m  HOlTILUf  • 

Orthoceratiies  dubiuSf  Hau. 
ammonites  Aon^  Muost. 
-^  ausseanus^  Hau. 

—  Johannis  Austhœ^  Klipst. 
Chemnitzia  Escheri^  Bornes. 

—  grariata,  HOrnes. 
Natfca  lemniscata.  Bornes. 

—  Meri(tniy  Homes. 
Posidonomya  Lommeliiy  Wissm.,  etc. 

Ces  rapports  des  deux  groupes  avec  les  groupes  de  Raibl  et 
d'Hallstatl  ne  sont  pas  admis  par  Hauer  ;  pourtant  ils  se  tiouvenl 
confirmés  non-seulement  par  les  études  de  Stoppani ,  mais  encore  par 
la  comparaison  des  dépôts  lombards  avec  ceux  du  Frioul,  attenant 
aux  couches  de  Raibl.  C'est  donc  très  probablement  à  tort  que 
Haucr  met  le  Raibler-Scbichten  de  Lombardie  supérieur  à 
r£sino>Kalk. 

Au-dessus  de  couches  fossilifères  proprement  dites  d*Esino,  il 
y  a  encore  une  grande  puissance  de  dolomie  faisant  partie  du 
groupe  comme  le  prouvent  les 

Posidonomya  LommcliU 
Gastruchœna  obttisa, 
Àviculn  fxiliSy 

et  renfermant  pourtant  de  grands  moules  de  Cnrdium^  désignés 
généralement  sous  le  nom  de  Cardium  ou  Megf dodus  triquettr 
Wulf.,  nom  sous  lequel  on  a  confondu  plusieurs  espèces  d'âge 
divers,  ce  qui  a  occasionné  de  graves  erreurs.  Cette  partie  des  dolo^ 
mies  moyennes  a  été  déterminée  par  Hauer  comme  Dnchstelnkaik^ 
nom  sous  lequel  il  réunit  les  diverses  dolomies  à  Megaiodus  m'- 
quêter^  c'est-à-dire  des  assises  inférieures  à  i'infra-lias,  appartenant 
au  keuper,  et  des  assises  supérieures  appartenant  au  lias. 

Les  assises  triasiques  de  la  Lombardie  se  prolongent  jusque  sut' 
la  rive  gauche  du  lac  Majeur.  En  face,  sur  la  rive  droite,  se  mon- 
trent les  micaschistes  et  roches  cristallines  des  Alpes  du  Piémontt 

Ces  assises  i^ntiennent,  sur  certains  points,  des  dépôts  de  gypse 
et  d'aohydrite,  floot  la  position  géologique  exacte  n'a  pas  encore 
été  bien  déterminée.  Les  nombreuses  assises  de  dolomie  qu'elles 
renferment  passent  souvent  et  sur  d'immenses  proportions  à  la  do« 
lomie  caverneuse  ou  cargneule. 

D.  Tyrol,  Bapière^  Voralberg  et  Claris,  —  Len  assises  triasiques 
de  la  Véiiétie  A  et  B  provenant  de  la  Carintliic,  se  soudent  à  celles 
de  la  Lombardie  C  en  traversant  le  Tyrol  méridional  où  elks  sont 
très  moreelées  par  suite  des  éruptions  porphyriquee»  Les  ooucbés 


g6ii|  SÉANCE    BU    6    MAI   1862. 

keiipci-icnncs  soiitsurtoul  très  ilévcloppëcs  et  Ires  riches  rniosiilei 
sur  certains  points,  principalement  à  Saint- Cassian  ;  aussi  a-t-oa 
pris  ce  point  comme  terme  de  comparaison  et  établi  la  foniiatioB 
de  Sainl-Cassian  ou  du  Stii/ii'Cttssianer'Schic/iien. 

Cette  formation  ne  pouvait  se  rapporter  assex  exactameot  à 
celle  de  Raibl  et  à  celle  de  Gorno  et  Dossena.  Ce  n'eat  U,  îl  ne 
semble,  qu  un  seul  et  même  horiion. 

De  fautive  côté  de  Taxe  central  des  Alpes,  sur  le  versant  nord,oo 
voit  le  trias  avec  toutes  ses  subdivisions,  partant  de  Vienne,  aller 
jusqu*aux  frontières  de  la  Suisse,  dans  le  Vorall>erg,  en  passant  par 
le  Salzbonrg  et  la  Bavière.  Du  Yoralberg,  il  pénètre  même  un 
peu  en  Suisse,  dans  le  canton  des  Grisons.  Mais  ce  trias  bien  ca- 
ractérisé semble  s'arrêter  sur  le  versant  nord  des  Alpes  a  la  ligue 
du  Rhin,  entre  le  lac  de  Constance  et  Coire,  coinme  il  8*arréia 
sur  le  veraant  sud  au  lac  Majeur. 

E.  Toscane  et  département  du  Far,  —  Wc  trouTant  à  Florence, 
il  y  a  quelques  mois,  au  moment  de  l'exposition  italienne,  avec 
Gurioni,  dont  les  travaux  ont  si  puissamment  contribué  à  faire 
connaître  le  trias  lombard.  Stoppant,  le  monographe  des  fossiles 
d*Esino,  et  Omboni,  nous  avons  examiné,  soit  séparément»  soit 
ensemble,  au  nmsée  de  Fisc  et  dans  la  collection  Carlo  Strossi, 
de  belles  séries  de  fossiles  provenant  de  monte  Pisano  et  de  moale 
Rombolo  que  noiisavons  reconnus  tout  de  suite  pour  les  équivaleols 
de  ceux  d'Esino.  Le  kenper  ou  marnes  irisées  sont  donc  repré- 
sentées en  Toscane  par  des  couches  qui  contiennent    la  faune 
d*Esino  ou  d'Hallstatt.  (]es  couches  sont  celles  qui  ont  été  désignées 
par  P.  Siwi  sous  le  nom  de  caicarr  salinn^  et  qui  ont  été  successive- 
ment ballottées  par  les  (;êolo(>ues  depuis  le  silurien  jusqu'au  lias. 
Entre  les  couches  keupériennes  et  les  couches  carlx>niférienues 
se  ti  ou  vent  celles  du  calcare  grigift-capo  scnza  ceice  de  P.  Savi 
(calcaire  {;ris  foncé  sans  silex).  Leur  position  doit  les  faire  ranger 
aussi  dans  le  trias.  Elles  représentent  pi*obableincnt  le  luusckeU 
kalk,  et  leur  base  unie  aux  poudinj^ues  supérieurs  du  ven*ucano 
pourrait  bien  appartenir  aux  marnes  irisées  ou  lluiitersandstein. 
Toutes  ces  assises  contiennent,  sur  certains  |>oinls,  des  déyiôls 
ou  couches  de  gypse  et  de  car{;ncule  ;  mais  en  Toscaue  ce  caractère 
est  de  peu  d*im|)or tance,  car  on  trouve  du  {;ypse  à  tous  lt«  niveaux, 
et  il  s*eo  forme  encore  de  nos  jours. 

Parmi  les  géologues  qui  se  sont  occupés  du  calcare  sniino  de 
Toscane,  un  seul,  je  crois,  Parcto,  Ta  rauf^é  dans  le  trias,  par 
suite  de  sa  ressemblance  avec  les  terrains  des  Alpes  maritimes. 
Le  irtas  bien  caractérisé  se  trouve,  en  effet,  près  de  Nice  et  sur- 


MOtK  Dl   M,   M   BOttlLUT.  866 

tout  dans  le  département  du  Yar,  où  il  forme  une  bande  qui, 
partant  d'Antibes,  se  dirige  au  sud-ouest  et  va  jusqu'à  Toulon  et 
le  fieausset.  Au-dessus  du  terrrain  carbouiférien  bien  caractérisé 
par  ses  couches  de  combustible  et  ses  empreintes  végétales,  il  y  a 
des  grès,  marnes  et  poudingues  qui  constituent  Té  Cage  des  grès 
bigarrés,  puis  vient  une  puissante  assise  calcaire  souvent  magné- 
sienne, contenant  des  gypses  et  cargneules  subordonnés  et  offrant 
des  fossiles  qui  ne  laissent  aucun  doute  sur  son  âge.  Les  plus  ca* 
ractéristiques  sont  s 

Àvictda  socialis, 
Terebratula  vulgaris, 
Encrinites  liliiformis. 

Dans  le  Yar,  comme  l'a  fait  remarquer  Aie.  d'Orbigny,  la  pré- 
sence de  coquilles  flottantes  de  céphalopodes  fait  supposer  que  le 
Cas,  pi^sdu  Beausset,  extrémité  de  la  zone  triasique,  était  un  point 
littoral  au  niveau  supérieur  des  marées;  plus  au  nord-est,  aux  forts 
Malhousquet  etFéron,  près  de  Toulon,  les  gastéropodes  dominent 
et  l'absence  de  céphalopodes  dénote  des  points  voisins  des  côtes, 
mais  au>dessous  des  marées;  enfin,  plus  au  nord-est  encore,  les  envi- 
rons de  Draguignan,  la  montagne  des  Oiseaux  près  d'Hyères,  par 
l'abondance  des  crinoïdes  et  des  brachiopodes,  indiquent  des  points 
profonds  des  mers  qui,  en  se  rapprochant  de  Grasse  et  d'Antibes, 
deviennent  encore  plus  profonds  et  sont  en  grande  partie  dépour* 
vus  de  fossiles.  On  voit  donc  qu'en  partant  de  l'extrémité  sud- 
ouest  de  la  zone  et  se  rapprochant  des  Alpes  les  sédiments  prennent 
de  plus  eu  plus  les  caractères  de  dépôts  pélagiens. 

F.  Alpes  occidentales.  —  Des  plaines  adjacentes  aux  Alpes  dans 
le  département  du  Var,  jusqu'à  la  i-égion  orientale  de  la  chaîne, 
commençant  à  une  ligne  qui  va  du  lac  Majeur  au  lac  de  Con- 
stance, on  ne  connaît  plus,  aussi  bien  sur  le  versant  piémontais 
que  sur  le  versant  français  et  suisse,  de  dépôts  ayant  offert  des 
fossiles  triasiques. 

Cependant  entre  les  grès  carbonifériens  contenant  des  couches 
d'anthracite  accompagnées  d'une  flore  houillère  et  les  dépôts 
offrant  une  faune  infra-liasique  ou  bien  des  Belemnites  et  Ammo- 
nites^  il  y  a  une  série  de  couches  qui  se  montrent  d'une  manière 
régulière,  à  peu  près  constante,  et  occupent  la  place  du  trias. 

Ces  couches  sont  : 

Des  grès  presque  toujours  blancs,  lustrés,  parfois  bigarrés,  habl« 
«Soc.  géoL  ,  t"  série,  tome  XiX.  65 


866  «ÉANCi  wA  haï  1802. 

tuellcnieul  très  compactes,  désignés  gënéraleiBent  «oas  kDoade 
quartzites; 

Puis  (les  scliistes  bariolés,  des  gypses  et  anbjfdriteSf  deiar- 
giieules,  des  calcaires  plus  ou  moins  magnésîena. 

Ces  deux  assises  représentent-elles,  l'une,  celle  des  quartsites.k 
trias  inférieur,  grès  bigarré  et  calcaire  conchylieii,  éiage  coatln- 
lien  d'Alc.  d*Orbigny,  l'autre,  celle  des  gypses,  le  Irns  npéricm. 
kc'uper,  éta^c  salijèrien  ? 

C'est  probable,  mais  aucun  fossile  ne  Ta  prouvé. 

Co  qui  tendrait  à  faire  rapporter  au  keuper  ou  saliférien  l'aflise 
des  {jypses  et  aubydiites,  c'est  que  cet  étage,  comme  le  noui  de 
d'Oibigny  Tiiidique,  est  généralement  ridie  eu  sel,  caractère  qv 
présentent  souvent  les  gypses  et  anhydrites  des  Alpes  occideniaki 
Tout  le  monde  connaît  les  salines  de  Moutier  eu  Savoie  et  de  Bco 
dans  le  canton  de  Ynud.  Les  sources  salées  ou  minérales  ooote- 
nant  en  certaine  abondance  le  chlorure  de  sodium  sont  asm 
nombreuses  auprès  des  dépots  gypseux  alpins. 

Les  dépôts  triasiqnes  de  la  partie  occtdentale  des  Alpes  te 
divisent  en  deux  groupes  très  distincts: 

Le  grou])e  des  quaitziles  ou  grès  blancs  à  la  base  et  le  firaa|K 
des  calcaires  magnésiens,  cargneules  et  gypses  au-dessus. 

Les  roclies  du  premier  groupe  sont  si  pures  qu*il  est  Cooc  natuid 
de  les  rappioclier  des  sables  sidérolitiques  qui  ont  généralement 
la  même  blancheur.  Pendant  la  première  période  triasique,  k 
région  des  Alpes  occidentales  aurait  donc  été  le  tbédtre  de  prandci 
éruptions  d*eau  siliceuse.  Le  phénomène  des  geysers  était  déte- 
loppé  sur  une  immense  échelle  et  répaudait  sur  le  sol  ces  ssbks 
si  purs,  agglutinés  par  un  ciment  siliceux,  qui  ont  maintenant  l'air 
de  quartziteSb 

Pendant  la  seconde  période,  aux  geysers  auraient  succédé  des 
la^oni  et  des  sujfioni^  donnant  naissance  aux  cargneules,  aux  ji||i«f 
et  au  sel  marin. 

La  grande  difTérence  de  puissance  de  ces  iiépûts  d'un  point  â  na 
auti-e,  leur  manque  complet  sur  certains  points,  l'absence  de  fos- 
siles marins,  la  présence  du  sel  dans  les  roches,  Técat  anhydre 
d'une  partie  des  gypses  sont  autant  de  considérations  qui  doivent 
faire  considérer  ces  dépôts  comme  continentaux.  £n  effet  le  sel 
se  serait  dissous  dans  la  mer  et  aurait  été  c^)nstaminent  disséminé 
dans  la  niasse  des  eaux.  Les  anhydrites  pour  se  former  ont  dn 
exi|;er  iW^  conditions  physiques  qui  n'ont  pu  se  rencontrer  que 
dans  dt\s  bassins  eircon>cnls. 


NOTB   9B   «pv    M   MOlTiLUIT.  867 

G.  Résumé  orograpkiqidç.  —  £n  irésuniét  les  dépôts  tria$iques  m 
montrent  dans  l'eosemble  coiupiet  des  Alpes,  mais  ces  dépôts  ée 
divisent  en  deux  régions  bien  distinctes,  de  formation  tout  à  fait 
différente. 

La  première  région,  partie  orientale  des  Alpes,  s'étend  depuis 
rexti'émité  est  de  la  ckaîuc  jusque  vers  son  milieu  à  peu  près,  à 
une  ligne  qui,  partant  du  lac  de  Constance,  suit  le  ooars  du  Rhin 
jusqu'à  Coire  et  se  dirige  sur  le  lac  Majeur. 

Les  dépôts  triasiques  de  cette  région  sont  généralement  marins, 
lisse  divisent  en  plusieurs  assises  bien  caractérisées  par  des  faunes 
particulières  qui  pourtant  ont  toutes  un  certain  nombre  d'espèces 
qui  passent  de  l'une  dans  l'autre.  Il  en  est  même  qui,  comme  le 
Posidonof/tya  LorneUii  se  maintiennent  dans  la  plupart  des  assises. 

Ces  dépôts  marins  passant  par  la  Toscane  se  retiouvent  dans  les 
Alpes  maritimes. 

Mais  tout  le  reste  des  Alpes,  c'est-à-dire  toute  la  moitié  occi* 
dentale  de  la  chaîne,  moins  l'extrémité  sud,  ne  contient  que  des 
dépôts  de  formation  continentale.  Pendant  toute  l'époque  tria- 
sique  le  sol  est  resté  élevé  au-dessus  des  mers,  mais  durant  la 
première  période  il  s'y  est  développé  sur  une  très  grande  échelle 
le  phénomène  des  geysers  comme  actuellement  en  Islande,  et 
durant  la  seconde  période  le  phénomène  des  suflioni  et  lagoni 
qu'on  peut  observer  de  nos  jours  en  Toscane. 

La  mer,  qui  pendant  l'époque  carboniférienne  était  plus  reléguée 
vers  l'est,  au  commencement  de  Tépoque  triasique  s'est  progressi- 
vement avancée  vers  l'ouest.  Ainsi  la  base  du  trias  à  Recoaro  ^sH 
encore  continentale.  Il  en  est  de  même  en  Lombardie. 

Ënfîn  pendant  l'époque  triasique  le  sol  a  subi  certaines  oscilla- 
tions locales,  comme  le  prouvent  le  muscheikalk  et  le  keuper  du 

Frioul. 

5.  —  lÀat. 

A.  Injra-liai,  —  Au'deisus  des  assises  triasiques  qui  sont  si  kmn 
développées  en  Louibatdie  on  trouve,  en  allàtit  de  bas  en  haat  : 

1°  Des  schistes  noirs  marneux  surmontés  de  luinachelfcs; 

2°  Des  calcaires  compactes  ou  marnetlx  alternant  avec  des 
marnes  schisteuses,  et  terminés  par  un  banc  de  madrépores. 

Ces  deux  assises  contienrtefit  Dedncôup  dé  fôsslIeS.  Ces  fossiles 
ont  été  étudiés  avec  le  plus  gk'èitid  soin  par  Antoine  Stoppani  qui 
en  publie  la  monographie  (1).  il  a  reconnu  deux  faunes  assez  dis- 


nl  ■ 


(1)  Monographie  des  Jossîles  d^  i Azzatola  dajas  iaiPatéoritologic 
lombarde» 


868  sÊAiici  »u  6  MAI  1862. 

tÎDctes  qui  pourUnt  contiennent  uu  œrCaio   nonibM  d'opèai 
communes.  Ce  sont  les  plus  caractéristiques^  par  ckcmple  : 

Avicula  coniorta^  Poril. 
GerviWa  inflata^  Schafh. 
Cardium  PhiitfpianuMj  Dkr, 
Cardita  (Cardium)  austriaea,  Haner. 
Ili;ytilus  [Modiola)  ScAaJhauili,  Sturr. 

Stoppani  donne  à  l'ensemble  de  cea  deux  asoiaii  le  nom  ift 
couches  à  ÂPicula  contorta  et  plus  spécîaleuieDt  à  l'aasiae  U*  2  le 
nom  de  groupe  de  fAtzarola^  d'une  localité  irèa  riche  en  ComIb 
des  environs  de  Secco  (Lombardie).  Ces  aasises  STaient  d^à  àr 
désignées  par  les  géologues  allemands  aoua  le  nom  de  Ko$smh 
schichten  ou  schistes  de  Kossen. 

A  ces  deux  assises  Stoppani  en  joint  une  troiaième  qui  le« 
est  immédiatement  supérieure.  Elle  est  composée  de  puimutt 
bancs  de  dolomie  et  de  calcaire  blanc  compacte  :  c'cat  Tassiie  de 
la  dolomie  supérieure. 

Comme  la  dolomie  moyenne  de  Lombardie  qui  fait  iMirlie  ds 
keiiper  ou  trias  supcrieur,  celle-ci  contient  dea  moules  d*un  énome 
bivalve  qui  a  été  désigné  sous  le  nom  de  Caniium  ou  âfegaioéa 
triqucter;  mais,  ainsi  que  Ta  annoncé  Curîoni  et  confirmé  Stop- 
pani, les  moules  des  deux  dolomies  ne  sont  pas  semblables  cl 
appartiennent  à  des  espèces  très  différentes. 

Dans  un  travail  très  remarquable  :  Bssai  sur  les  condWotu  gé' 
nérales  des  couches  à  Jvicula  contorta^  publié  en  1861  Antoine 
Stoppani  établit  que  ces  trois  assises  ont  une  phyaionomie  plu 
jurassique  que  triasique,  et  qu'elles  forment  un  étage  auasi  distiacL 
aussi  complet  que  les  trois  étages  de  d'Orbigny  :  sinémurien  ihh 
sien  et  toarcien.  Il  propose  donc  d'en  faire  sotia  le  nom  d'itifnh 
liasien  un  quatrième  étage  de  lias. 

Dans  cet  étage  rentrent  les  grès  infra-liasiqaes  de  France  le 
cboin-bÂlard  de  Lyon,  la  pierre  bise  ou  foie  de  Teau  de  Boor» 
gogne,  les  grès  d'Hetiange  et  de  Luxembourg,  le  bone-bcd 
d^Angleterre,  etc.,  ensemble  qui,  outre  les  cinq  eapècea  dëjih  citées. 
est  caractérisé  par  les  fossiles  suivants  : 

Phoiadomya  iagenalis^  Sohafh. 
Cardiuiti  cloacinum^  Queast. 
Myophoria  inflata^  Emm. 
Anatina  prœcursor^  Quenst. 
Leda  DeJJneriy  0pp.  et  Suess. 
Pecten  vaioniensis^  Daff. 
—  Falgeriy  Mer. 


IfOTK   BB    M«    Dï   HOBTILUIT.  869 

Plicatttla  (Ostrea)  intusstriatai  Emoi. 
Terebratula  gregaria,  Suess. 
BnctrylUum  striolatum^  Heer. 
—  depianatum  et  g/gantetim^  Heer. 

Dans  son  travail  paru  vers  le  milieu  de  1861,  A.  Stoppani 
donne  des  détails  sur  l'extension  géographique  de  son  étage  infra- 
liasien  qui  s'est  bien  étendu  depuis.  Je  me  suis  assuré,  pour  ina 
part,  que  vers  l'orient  il  ne  s'arrête  pas  aux  limites  de  la  Lom- 
bardie.  J'ai  constaté  qu'il  existe  en  Vénétie  jusque  dans  le  Frioul. 

Dans  la  partie  occidentale  de  la  Vénétie,  on  trouve  sur  les 
assises  keupériennes  des  schistes  argileux  de  couleur  foncée  et  des 
calcaires  bruns  qui  se  rapportent  aux  dépôts  de  l'Azzarola.  Puis 
viennent  les  puissants  bancs  de  calcaire  ci'istallins  et  dolomitiques 
appartenant  à  la  dolomie  supérieure.  Ils  se  développent  dans 
toutes  les  grandes  vallées  vénitiennes  depuis  celle  de  TAdige  jus- 
qu*à  celle  du  Tagliamento.  Non-seulement  leur  aspect  est  sem- 
blable à  celui  de  la  dolomie  supérieure  de  Lombardie,  mais  on  y 
trouve  aussi  l'espèce  spéciale  du  grand  Megalodus  trique ier  qui 
caractérise  cette  assise. 

Ces  couches  infra-liasiennes  ont  aussi  fourni  sur  certaios  points 
au  milieu  d'autres  fossiles  â  détermination  plus  difficile  : 

Plicatuia  intusstriata^  Emm. 
Terebratula  gregaria,  Suess. 

Après  avoir  vu  les  planches  de  la  Monographie  des  jossUes  de 
tAzzarola^  Capellini  a  reconnu  que  les  couches  de  la  Speiia, 
qui  avaient  été  rapportées  auparavant  avec  un  certain  doute  au 
néocomien  ,  étaient  bien  de  l'infra-lias.  Stoppani  a  confirmé 
cette  délerini nation  après  avoir  vu  les  fossiles  des  musées  de  Tos- 
cane et  de  Bologne.  Et  moi-même  j'ai  pu  en  reconnaître  toute  la 
justesse  en  admirant  de  magni6ques  plaques  couvertes  de  Cardita 
austriaca  et  de  Plicatuia  intusstriatu,  recueillies  par  Capellini  à  la 
Spezia. 

Stoppani  avait  déjà  cité  T infra-lias  très  bien  caractérisé  en 
Savoie  ;  mais  lors  de  la  dernière  réunion  de  la  Société  géologique 
dans  ce  pays,  grâce  aux  patientes  recherches  de  Vallet,  on  a  con- 
staté sa  présence  sur  plusieurs  points  nouveaux  des  environs  de 
Saint-Jean  de  Maurienne. 

L'infra-lias  se  trouve  donc  parfaitement  caractérisé  et  très  bien 
développé  des  deux  côtés  de  la  portion  orientale  des  Alpes.  Sur 
le  versant  sud,  Stoppani  le  signale  à  partir  du  lac  de  Côme,  et  je 


V70 


StlKCI  VD   ft   I 


l'ii  suivi  jusqu'à  r«trémil#  île  la  V 

le»  |>^olo{>ucs  alleniands  l'ont  étudié, 

jusqu'aux  frantitres  de  la  Suisse,  dai 

développé,  comme  on  peut  le  voir  sui 

Quant  à  ce  qui  concerne  la  porti 

manque  encore  d'obwrTa lions  luflîsa 

vei'sant  suisse  ;  inai>  depuis  que  Ek 

le  Cbabbia,  sur  les  bords  du  lac  de 

uue  longue  lone  du  versant  français, 

•I allant  jusqu'en  pleine  Maurienne 

au  lud  ,)es  observations  iiianquaienl 

eu  Provence  (So4^iét^  géolo|;ique,  s^ 

montreiil  que  l'infra-lias  du  versi 

celui  du  versanl  lotubard  par  la  Spt 

celui  du  versant  allemand  en  Iravei 

Jusqu'à  présent  il  i)'n  pas  été  cou 

Uis,  si  alléi'é  par  suil<:  des  actions  | 

B.  /.l'o*  inférifHT,  iinémarim.  —■ 

Salirin,  les  {;poloj;ues  loinbards  ont 

liant  au  lias  inférieur,  eourlies  qui 

à  Salirîo,  en  Lnmbni-die,  et  i  An 

entre  Vnrôse  et  Lu);ano.  Cesontdei 

pactesoii  cristallins  qui  varient  deci 

et  qui  parfois  sont  d dort teux  ou  sil 

à  ladoloinie  supérieure  eontiennei 

Tossilcs,  parmi  lesquels  on  peut  cit 

TrhtÂyntaurat  platyoànn^  I 
Belammitci  acHiiu,  Hill. 
NaMiliu  ilriaim,  Sow. 
Jmmonîlet  tUUaris,  Sow. 

—  Burklandi,  Sow. 
Pleumiomaria  angli'ra,  Di 
CarrIIttIa  lirbrida,  Agass. 
Uma  aniiifaata,  Sow. 
Petten  textoriut,  Scbl. 
JUiymeluHiellii  trlrardru,  d 
Terebrutulu  viciaalis,  Scï 
SpiriSer  lyakntii,  Sow. 
Peiitiicriniis  bataltiforiais, 

El  j'ai  vu  dans  la  collection  Su 
arciMin,  Lam.,  provenant  de  Saltrii 
ont  indiqué  cette  formation  sur  touti 


r^ 


IVOTl    DB    M.    DB    MORTILLBT.  871 

depuis  le  lac  Majeur  jusqu'au  lac  de  Garde.  A  Touest,  on  la  r«-* 
trouve  en  Piéuionl  à  Tentiée  de  la  vallée  de  la  Sesia. 

Cette  assise  du  lias  inférieur  a  encore  été  très  peu  étudiée  dans 
l'ensemble  des  Alpes,  et  il  est  fort  difficile  de  la  séparer  nettement 
de  l'ensemble  du  lias.  Cependant  elle  se  trouve  certainement  sur 
plusieurs  points;  ainsi,  dans  ma  Géologie  et  minéralogie  de  lu 
Savoie  y  je  Tai  indiquée  2 

1°  A  iMeillerie  sur  les  bords  du  lac  de  Genève,  où  Ton  tiouve 
assez  abondamment  les  Aatmonites  Buchlnndi  et  Kridion, 

2^  Dans  la  zone  d'ardoise  de  Petit-Cœur  intercalée  au  milieu 
des  grès  carbonifériens,  j'ai  signalé  à  Petit-Cœur  : 

Belemnites  acuius^  Mill. 
Ammonites  BucAlandi,  Sow. 
Pentacrinus. 

Lory,  dans  sa  Description  géologique  du  Dauphiné,  dit  (!)  :  c  Les 
fossiles  caractéristiques  du  lias  inférieur  n'ont  encore  été  signalés 
d'une  manière  positive  que  sur  un  point  au  mont  Rachat,  com- 
mune du  Mont-de-Lans,  en  Oisans,  par  Scipton  Gras.  On  y  trouve  : 

Am»ionites  bisulcatus^  Brong. 

—  stellaris^  Sow. 

—  Kridion^  Henk. 

—  rotiformiSy  d*Orb. 

—  ScipionlanuSf  d*Orb. 
Belemnites  paxillosus^  Voltz. 

Saltrio  d'Arzo,  d'un«  part,  Meillerie,  Petit-Cœur  et  le  mont 
Racbat,  d'autre  part,  se  reliant  au  calcaire  à  Grypliées  de  Pro- 
vence, suffisent  pour  noontrer  que  le  lias  inférieur  eiiste  sur  les 
d^ux  versants  des  Alpes.  Mais  le  manque  de  documents  plus  com- 
plets sur  cette  assise  prouve  combien  il  y  a  encore  de  recherches 
à  faire  pour  éclairer  complètement  la  géologie  des  Alpes. 

C.  I^ias  moyen  et  supérieur.  —  Si  l'on  n'a  que  peu  de  données 
pour  déterminer  l'assise  du  lias  inférieur,  il  en  existe  encore  bien 
moins  pour  séparer  le  lias  moyen  du  lias  supérieur.  Ces  deux 
étages  réunis  se  dessinent  très  bien  dans  toute  l'étendue  des  Alpes, 
mais  il  n'est  pas  possible,  pour  le  moment,de  faire  une  division 
ofi'rant  quelque  valeur. 

En  Lombardie,  ils  forment  une  assise  commune  connue  sous 
le   nom    de  calcareo  rosso  ammoniticoy  calcaire  rouge  à  Ammo- 


(1)   1"  partie,  4860,  p.  405. 


872  stÂHCi  DU  5  MAI  i86fi.  ' 

nites.  Ce  calcaire  rouge  est  bien  déyeloppë  au  alcntouw  dn  hc 
deCôine,  surtout  à  Erba,  entre  le  bras  de  GAne  et  odndi 
Secco.  Son  nom  à^ ammonitico  est  bien  jiMiîSë  par  laboodiiMx 
àLÂmmoniten  qu'il  renferme  presque  partout,  maïs  celui  de  nm 
l'est  beaucoup  moins.  En  effet,  si  cette  assise  est  fiNrmée  d^im  cak> 
Caire  marneux  ronge,  près  de  C6me,  au  point  typique,  il  D*enat 
pas  de  même  ailleurs.  1^  couleur  du  calcaire,  suivant  les  localrtài 
passe  par  toutes  les  teintes  du  blanc  au  brun  noirâtre. 

Le  nom  de  calcaire  rouge  à  Ammonites  doit,  du  reste,  être  rqelé 
parce  qu'il  a  ëté  appliqué  k  des  roches  d'époques  diverses.  Sou 
ce  nom,  les  géologues  lombards  comprennent  indistinctemeot le 
lias  moyen  et  supérieur  et  les  assises  jurassiques  plus  récentei, 
dont  la  principale  est  l'oxfordien.  En  Yënëtie,  où  les  concfaei 
ammonitiferes  liasiques  n'existent  pas,  on  a  appliqué  le  doid de 
calcaire  rouge  ammonitique  aux  seules  couches  o&rordicoocs, 
comme  on  le  verra  plus  loin. 

Hauer,  dans  sa  carte  géologique  de  la  Lombardie,  a  déjà  sub- 
divisé, avec  raison,  le  calcaire  rosso  ammonitico  en  Ohertr-ties 
ou  lias  supérieur  et  en  Jura, 

Pour  justifier  la  réunion  en  un  seul  étage  des  dirers  éléments 
du  rosso  ammonitico,  les  géologues  lombards  admettent  qu'il  vs 
dans  tout  l'ensemble  des  couches  désignées  sous  ce  nom,  uo  mé* 
lan{];e  complet  des  espèces  du  lias  moyen  et  même  du  lias  ioB- 
rieur,  avec  celles  des  étages  supérieurs  jusque  et  y  compriaToxlbr- 
dicn.  Mais  cela  tient,  je  crois,  à  ce  que  la  proTcnance  des 
diverses  espèces  n'a  pas  été  établie  avec  assez  de  soin. 

Pourtant  ce  mélange  de  certaines  espèces  est  incontestable  sur- 
tout entre  le  lias  moyen  et  le  lias  supérieur.  Ayant  recueilli  moi- 
même  une  série  à' Ammonites  dans  les  calcaires  noirâtres  du  litf 
exploités  à  Pilzone,  au  bord  du  lac  Iseo,  pour  l'usine  à  cbaux 
hydraulique  de  Palazzolo,  calcaires  appartenant  à  une  seule  et 
même  époque,  d'une  seule  et  même  composition,  dans  lesquels 
les  fossiles  sont  mêlés  sans  distinction  de  niveau,  MeneebÎDÎ 
auquel  j'ai  soumis  ces  Ammonites^  a  reconnu  i 

Ammonites  radians,  Schl. 

—  fimhriatus^  Sow. 

—  scrpentinus^  Schl. 

—  heterophylluSt  Sow. 

—  mimatensis,  d'Orb. 

—  Czizecki^  Hauer. 

—  zetttSj  d'Orb. 

—  crasstus^  Phil. 


NOTB   »B    V.    DE    MOKTILLKT.  87 1 

Plus  deux  espèces  nouvelles,  dont  l'une  vient  d'être  décrite  par 
Hauer  sous  le  nom  à^Am,  Rugazzonii  (i). 

On  voit  par  cet  ensemble  de  fossiles  qui  sonl  tous  certainement 
d'un  même  niveau,  que  les  mélanges  en  Lombardie  sont  moins 
considérables  qu'on  ne  l'admet  généralement.  £n  effet,  la  réunion 
de  ces  espèces  et  surtout  la  grande  abondance -de  l'une  d'elles, 
Y  4'  radians,  doivent  faire  rapporter  l'assise  au  lias  supérieur.  Cepen- 
dant, après  Vj4.  radians^  la  plus  abondante  est  VA.Jimbriatiu  du 
lias  moyen. 

On  a  vu  précédemment  que  le  lias  des  géologues  vénitiens,  cal- 
caire cristallin  et  dolomitique,  avec  PUcaiula  intusstriata  et 
énormes  moules  de  bivalves  rapportés  au  Megalodus  triqueter^ 
faisait  partie  de  la  dolomie  supérieure  et  devait  être  rapporté  à 
l'infra-lias. 

Quant  au  véritable  lias,  il  est  représenté  en  Yénétie  par  les 
assises  que  les  géologues  de  ce  pays  ont  rangées  dans  le  bajocien  ou 
ooUihe  injérienre.  Ce  qui  a  trompé  ces  géologues,  c'est  : 

1°  La  superposition  de  leurs  prétendues  couches  bajociennes 
sur  celles  qu'ils  croyaient  appartenir  au  lias,  superposition  qui 
n'existe  plus  du  moment  où  il  est  reconnu  que  les  prétendues  cou- 
chés liasiques  sont  plus  anciennes. 

2^  La  nature  oolilhique  de  la  plupart  des  calcaires  de  ces  assises. 
Mais  la  forme  oolithique  n'est  pas  spéciale  aux  terrainsqui  ont  reçu 
le  nom  d'oolitlie  inférieure  et  supérieure  ou  grande  oolithe.  Cette 
forme  se  voit  dans  plusieurs  autres  terrains,  entre  autres  assez  fré- 
quemment dans  les  diverses  époques  du  lias. 

3^  Une  Ammonites  Huntphriesianus  trauvée  dans  le  Yéronais  par 
Massalongo,  au  milieu  de  ces  assises.  Ce  serait  là  une  très  bonne 
raison  si  cette  prétendue  A,  Humphriesianus  n'avait  pas  une  très 
grande  ressemblance  avec  des  espèces  des  lias  supérieur  et  moyen 
de  la  Lombardie,  espèces  que  j'ai  recueillies  moi-même  à  Pilzone 
dans  la  localité  que  j'ai  décrite. 

Ainsi  ces  deux  séries  de  roches  oolithiques  signalées  par  Pasini 
en  Yénétie,  entre  la  dolomie  supérieure  et  les  couches  à  fossiles 
végétaux,  me  semblent  représenter  l'une  le  lias  inférieur,  forma- 
tion de  Saltrio,  dont  certains  bancs  ont  aussi  un  aspect  un  peu 
oolithique,  l'autre  le  lias  moyen  et  supérieur.  Seulement  ici  le 
dépôt,  au  lieu  de  contenir  des  Ammonites  et  d'avoir  le  faciès  litto- 
ral, plages  battues  par  les  vagues,  a  le  faciès  sous-marin  voisin 

(4)  Hauer,  Uber  die  Ammonitcn  aus  dem  sogenannten  AJedoio 
im  val  Trompia. 


m 


%7h 


•ttHCI    BU    b   I 


'11- 


\y^ 


det  càtes,  caractérisé  par  la  présence 
surtout  d'acépliales  qui  K>Dt  assM 
Holer  en  bon  état  et  par  conséquent  à 

En  se  dirigeant  encore  plus  A  )'esl  (. 
lîuiques  se  dessinent  encore  inieui.  f 
rieure  se  trouve  un  calcaire  bnin,  a 
contenant  sur  certains  points,  comme 
et  au  mont  Larra,  au-dessus  de  Tr 
lignite.  Dans  ce  calcaire,  entre  Cim 
Gellina,  on  rencontre  des  moules  < 
ailleurs  il  j  a  des  articulations  de  i 
T^orhnt  et  Plearolemaria  ainsi  que  It 

Au-dcMiis.  dans  l'assise  qui  corres 
niticodc  Lombardic,  il  y  a  surtout  i 
nant  avec  de  petits  lila  de  calcaire 
impressions  è!  Ammonites. 

Le  lias  moyen  et  supérieur  se  trou 
fraitçnisot'i  il  est  énormément  dëvel< 
caires  plun  ou  moins  pura  et  surtout 
fliers.  On  y  rencontre  des  fossiles  sui 
mais  en  général  peu  abondants  et 
Angelo  Sismonda  a  découvert  en  T 
du  col  des  Encombres,  un  gisement 
lÎMe.  J'y  ai  recueilli  en  parfait  état  < 

Ammonites  radiant,  Sohl. 

—  plamcostatiu,  Sow. 

—  fimbriatas,  Sow, 

—  margaritalits,  Monf. 
PUurotnmaria  expansa,  d( 
tihyachonella  variabllis,  d'( 

Le  tout  dans  une  même  coucbe,  un  ii 
sont  du  lias  moyen,  sauf  l'A.  radia 
On  voit  que  c'est  l'inverse  du  fait  sigi 

En  résumé,  le  lias  parait  embras! 
Non-seulement  on  te  retrouve  sur  l< 
voit  de  nombreux  lambeaux  dissémi 
de  la  chaîne.  Parfois  il  a  subi  des  al 
cependant  il  est  presque  toujours  n 
sur  le  versant  pi Anontais,  rë);ioii  la  p 

D.  CimiiHératians  oro/frtipkiqnet.  - 
triasique  la  portion  orientale  des  ft 


Non   m    M.    DB   MORTILLBT.  875 

tandis  que  probablement  la  portion  occidentale  formait  un  con- 
dnent  sur  lequel  des  geysers  d^abord,  des  sufiioni  ensuite,  ont 
dëposë  des  couches  de  quartzitês  et  de  gypse  dans  les  dépressions 
du  sol. 

Pendant  la  période  lîasique  il  s'est  opéré  dans  les  Alpes  un  grand 
mouvement  de  bascule;  la  portion  orientale  de  la  chaîne  se  rele- 
vait lentement  pendant  que  la  portion  occidentale  s'abaissait. 

A  l'époque  de  Tinfra-lias  ,  la  mer  avait  probablement  déjà 
•nveloppé  la  région  entière  des  Alpes  et  plus  ou  moins  péné- 
tré dans  l'intérieur.  Mais,  comme  le  prouvent  les  couches  fos- 
silifères, c'était  une  mer  généralement  peu  profonde,  sur  la  portion 
orientale,  par  suite  de  l'exhaussement  du  sol,  sur  la  portion  occi- 
dentale, parce  que  )e  sol  n'était  encore  que  peu  abaissé. 

Ce  mouvement  de  bascule  a  encore  été  plus  sensible  pendant 
l'époque  du  lias  proprement  dit. 

A  l'orient  se  trouvent  les  couches  très  fossilifères  de  la  forma- 
tion de  Saltrio,  et  du  rosso  ammonitico  de  Lombardie,  si  riches 
en  débris  de  céphalopodes  accumulés.  Elles  dénotent  des  plages, 
dts  régions  littoniles  assez  peu  pixifondes  pour  subir  encore  l'in- 
fluence des  vagues. 

*0n  rencontre  en  Vénétie  des  couches  oolithiques  qui  dénotent 
l'action,  d'un  roulis  et  par  conséquent  d'uiie  faible  profondeur. 

On  voit  dans  le  Frioul  des  indices  de  lignites  dans  des  calcaires 
bitumineux. 

Tout  enfin  inaotre  que  le  sol  de  cette  région  s'élevait  de  plus 
en  plus. 

Au  contraire,  dans  la  région  occidentale  les  fossiles  diminuent 
progressivement.  Ils  se  trouvent  rarement  accumulés,  et  sont  très 
disséminés.  On  voit  peu  à  peu  la  mer  envahir  tout  le  pays  et 
recouvrir  entièrement,  pendant  l'époque  du  lias  moyen  et  supé- 
rieur, tout  l'espace  occupé  par  le  mont  Blanc  et  le  mont  Rose,  pics 
qui  s'élèvent  à  plus  de  /!i600  mètres  au-dessus  du  niveau  actuel  de 
la  mer.  A  la  place  des  Alpes  occidentales  se  trouvait  une  mer  assez 
profonde,  ainsi  que  le  prouve  la  nature  des  sédiments  qui  sont 
disséminés  par  lambeaux  de  toute  part,  comme  pour  servir  de 
témoins,  comme  pour  attester  le  fait. 

E.  Peiit-Cofitr,  —  On  a  vu  que  pendant  la  période  carbonifé- 
rienne  le  relief  de  la  région  des  Alpes  occidentales  avait  déjà 
quelques  traits  communs  avec  le  relief  actuel.  J'ai  signalé  entre 
autres  que  la  ligne  de  pics  cristallins  qui  s'étend  de  la  vallée  de 
fieaufort,  en  Savoie,  jusqu'en  Oisans,  dans  le  Dauphiné,  devait 
offrir  à  cette  époque  un  certain  relief.  En  effet  le  carboniférien,  si 


87d  SÉAHCI  DU    5  MAI    1862. 

puissant  à  quelques  kilomètres  de  là.  Test  fiori  peu  le  long  de  11 
ligne  cristalline.  Les  dépôu  triasiques  font  auni  floaveatdéiulaL 
sont  peu  développes  le  long  de  cette  ligne,  nouvelle  preufc.  Ai 
comnienci'nient   de  l'époque    liasiqiie   proprement  dite ,  qnnl 
a  commence  à  se  déposer  le  lias  inlérieury  cette  ligne  ëuit  encoit 
élevée  au-dessus  de  la  nier,  au  moins  en  partie,  comme  le  proon 
Tnssise  d*ardoises  à  Belrmnitcs  intercalée  dans  le  <:arbooiliérien<k 
Petit-Cœur.  En  effet,  cette  assise  est  éminemment  un  dépôt  Uuo- 
ral.  Sur  k  ou  500  mètres  cubes  d*ardoîses  extraites  de  «de 
assise,  visitée  seulement  à  de  rares  intervalles,  aunrei liée  par  per- 
sonne, on  peut  citer,  outre  une  Ammonites  bisuleatiu,  Brug,  et  me 
RhynchoncUa^  plusieurs  centaines  de  Belemnitrx  aenou^  MilL;  cer- 
tains fragments  d'ardoise  en  contiennent  jusqu'à  trois  ou  quatre 
individus  et  des  milliers  de  fragments  decriiioldes  ;  il  y  adcs  pla- 
ques qui   en  sont  pétries;  enfin  des  FuciiJt,  Ce  sont  certes  bies  là 
les  caractères  d*une  faune  et  d*unc  flore  littorale  ! 

La  constatation  de  ce  fait  peut  servir  à  expliquer  ranomalie 
que  présente  le  gisement  de  Petit^Cœur. 

La  coupe  de  Petit -Cœur,  en  allant  de  l'ouest  à  l'est,  se  cob- 
pose  de  : 

4®  Roches  cristallines, 

2^  Grès  carboDifériens, 

3°  Ardoises  du  lias  inférieur, 

4°  Schistes  carbures  sans  fossiles  et  coacbe  d'snthracîta 

5^  Schistes  à  empreintes  de  plantes  houillères, 

6°  Grès  carbonifériens, 

7°  Ardoises  du  lias  moyen  et  supérieur. 

Dans  toute  cette  succession  il  n'y  a  de  répété  que  les  grès  car- 
lx)nifériens.  Il  est  donc  impossible  d'admettre  toutes  les  explica- 
tions basées  sur  des  plissements  généraux  ayant  eu'  Heu  après  le 
dépôt  des  diverses  assises  citées.  Il  me  semble  beaucoup  plus 
simple  de  supposer  un  plissement  local  survenu  pendant  Tëiioquc 
liasique  entre  le  dépôt  du  lias  inférieur  et  celui  du  lias  moyen  et 
supérieur.  A  mesure  que  le  sol  s'afiaissait,  il  y  a  dû  avoir  uue  com- 
pression horizontale  de  plus  en  plus  forte  qui,  à  un  moment  donné 
a  dû  faire  craquer  les  couches  sur  les  points  les  plus  faibles  et  en 
relever,  en  replier  quelques  lambeaux.  C'est  ce  qui  aura  eu  lieu 
à  Petit-Cœur.  Ce  qui  vient  corroborer  cette  explication,  c'est  : 

D'abord,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  la  repétition  du  grès  carbonifé- 
rien,  tandis  que  les  autres  assises  ne  sont  pas  répétées;  ensuite  le 
peu  d'ampleur  du  phénomène,  qui  se  comprend  très  bien  dans  une 


NOtl   Dl   M.    M   VORTIUBT.  877 

tiiiiple  action  de  poussée  superficielle,  mais  qui  a  servi  de  base  à 
une  forte  objection  tant  qu'on  a  voulu  y  relier  toute  la  puissante 
assise  des  ardoises  du  lias  moyen  et  supérieur. 

6.  —  Jurai  sique, 

A.  Formation  oolUhique.  -—  De  Zigno  a  établi  (1)  d'une  manière 
certaine  l'existence  de  la  formation  oolithique  dans  la  Yénétiepar 
l'étude  d'une  magnifique  flore  dont  il  publie  la  monographie. 
Cette  flore  est  contenue  dans  des  calcaii-es  gris  et  blonds  qui  renfer' 
ment  avec  les  plantes  des  Avicula^  des  Pe.cten,  et  une  Naiica  que 
de  Zigno  croit  pouvoir  rapporter  à  la  Naiica  Aciœay  d'Orb.  Elle  a 
d*abord  été  découverte  sur  le  mont  Spitz,  près  Rotzo,  dans  les 
Sette  commuai^  et  se  prolonge  entre  IVlezzaselva  et  Roaua.  On  la 
retrouve  dans  le  Véronais  à  San-Bortolamio  près  Silva  di  Progno, 
et  sur  d'autres  points. 

Le  17  mai  1861,  de  Zigno,  dont  j'ai  pu  admirer  la  magnifique 
collection,  a  eu  l'obligeance  de  m'envoyer  sur  cette  flore  les  ren- 
seignements suivants  : 

M  Cette  flore  présente  dans  ses  caractères  généraux  ceux  qui  dis** 
tinguent,  selon  Brongniart,  la  flore  de  Toolithede  celle  du  lias. 

»  Dans  la  flore  oolithique  du  Yicentin  et  du  Véronais  les  fou- 
gères à  nervures  réticulées  sont  rares  ;  deux  ou  trois  espèces 
dont  fort  peu  d'échantillons.  Les  espèces  à  nervures  pinnées  ou 
flabellées  y  sont  peu  variées,  mais  la  fréquence  des  échantillons  est 
considérable.  Les  Otozamites  et  les  Zamites  s'y  trouvent  en  si  grande 
quantité  qu'elles  constituent  le  caractère  local  le  plus  saillant  de 
cette  flore.  Je  n'ai  jamais  trouvé  des  Ctenis^  rarement  des  Ptero^ 
phyllnm  et  une  seule  fois  une  NUssonia;  encore  je  ne  suis  pas  tout 
à  fait  décidé  à  rapporter  à  ce  genre  le  seul  échantillon  que  je 
possède.  Quant  aux  conifères,  ils  ]>euplent  ces  couches  avec  une 
grande  quantité  de  leurs  restes.  Voilà  quant  aux  caractères  géné- 
raux. Quant  aux  espèces,  il  est  vrai  qu'il  y  en  aura  environ  cin- 
quante entièrement  nouvelles  ;  mais  j'en  ai  pu  reconnaître  aussi 
quelques-unes  identiques  avec  celles  qui  se  trouvent  à  Scarl>orougli 
en  Angleterre.  Ce  sont  : 

Pecopteris  propinqua^  Lind.  H. 

—  poiypodioides,  Lind.  H. 
Sagenopteris  P/nllipsii,  Presl. 


(4)  De  Zigno,  Sut  terreni  Jurassici  délie  Alpi  Venete  e  sullaflora 
fofsilf  che  II  diitingue,  4859.   ^  >  ^ 


878  6ÉÂHGI  i>u  5  haï  1862. 

Tymijanophora  rfu-emosa,  L«  H. 
Otozanites  Beanii,  L.  H. 
Bradiyphyllum  mamiUare^  Brong.  » 

£n  Loinbardie,  et  à  plus  forte  raison  en  Piémont,  la  formatkn 
oolithique  n'a  pas  été  constatée. 

En  traversant  les  Alpes  on  la  trouve  très  bien  caractérisée  U»ti 
fait  à  l'extrémité  occidentale  de  la  Savoie,  sur  les  esoarpementidQ 
mont  du  Chat,  qui  dominent  le  Rhône,  mais  on  est  déjà  dam  b 
région  du  Jura.  Ce  gisement  très  fossilifère  sembla  offrir  on 
mélange  des  espèces  du  bajocien  on  ooiithe  inférieure  et  du  batko- 
nien,  grande  oolitbe. 

Dans  la  région  des  Alpes  proprement  ditca,  sur  le  Terssnt  fian- 
çais, la  formation  oolitliique  se  trouve  mal  déterminée;  cependant 
elle  parait  exister  au  moins  sur  quelques  points,  comme  au  col 
d*Auterne,  entre  Sixt  et  Servoz,  en  Savoie.  Ménéghini  m'a  mootrR 
au  musée  de  Pise  quatorze  échantillons  d'ardoises  du  col  d'Auterne 
contenant  des  Ammonites.  11  y  en  a  une  plate,  voisine  de  Va.  tkih 
discus,  d'Orb. ,  de  la  grande  ooiithe,  mais  trop  altérée  pour  que  la 
dëterniinatioii  soit  sure.  Presque  toutes  les  autres  sont  des  À. 
Uiunpfnie^ianus^  Sow.,  ou  lirtf^uiferns,  d*Orb.^  de  Toolithc  infé- 
rieure. Au  musée  d*Anuecy  il  y  a  aussi  des  Ammonites  de  U 
même  localité  se  rapportant  à  V Humphriesianus  et  le  BelemntUf 
giganteiis  aussi  de  Toolitlie  inférieure. 

(]et  étage  se  dessine  beaucoup  mieux  et  prend  une  assez  grande 
extension  sur  le  versant  suisse  des  Alpes.  Studer  et  Esclier  l'indi- 
quent sur  un  grand  nombre  de  points  de  leur  carte. 

Mais  néanmoins  iln*y  est  pas  nettement  tranciié,  et  surtout  il  ne 
parait  pas  |M)uvoir  se  subdiviser  en  deux  assises,  ooiithe  inférieure 
ou  bajocien  et  grande  uolilheou  bathonien.  Dans  les  Alpessuisses, 
comme  Pictct  (1)  Ta  constaté  pour  le  groupe  du  Stockhorn,  canton 
de  Berne,  la  faune  du  bajocien  est  mêlée  avec  celle  du  bathonien 
et  contient  même  des  espèces  de  Toxfordien  inférieur  ou  cal- 
lovien.  Ainsi  cet  habile  paléontologue  a  trouvé  sur  le  même  échan-^ 
tiilon  : 

Ammonites  Parkinsoniy  Sow. 

—  iatricus,  Pasch. 

sur  un  autre  : 

Aiumonites  Hamphriesiantu,  Sow. 

—  triparti  tus  ^  Rasp. 


(4)  F.-J.  Pictet,  Notice  sur  les  iossiles  flét:ou%*erts  damt  iei  Aipes 
bernoises,  par  M.  E.  Mcyrat,  novembre  4860.  (BibL  iutip.  GertépcA 


NOTK    DB    M,    BB    MOETILUT.  879 

B.  Oxjordicn.  —  Sur  TaMiâe  à  plantes  de  Tépoque  oolithique 
se  trouvent  dans  le  Yicentin  des  couches  calcaires  jaunâtres  qui, 
d'après  de  Zigno,  contiennent  des 

Pecten 

Perna  myiUoideSy 
Terebratuta  insiguis^  Schl., 

fossiles  oxfordiens.  (iC  n'est  qu  au-dessus  de  ces  couches  que  s^ 
montrent  les  calcaires  à  teintes  généralement  jaunes  ou  rouges 
qui  constituent  le  calcare  rosso  ammouitico  de  la  Vénétie.  Mais 
ce  calcaire  ananonitifèrc,  au  lieu  de  contenir  des  espèces  du  lias 
moyen  et  supérieur  comme  en  Lombardie,  ne  contient  que  des 
espèces  oxfoidiennes,  ainsi  que  j'ai  pu  mVn  assurer  dans  les  belles 
collections  Massalongo  ù  Vérone,  Pasint  à  Schio,  Parolioi  à 
Bassaao,  et  de  Zigno  à  Padoue.  On  voit  dans  cette  dernière  col* 
lection  dont  les  déterminations  ont  été  confirmées  par  d'Orbigny  : 

A  mm  on  ites  pticn  tilîs ,  So  w . 

—  octsiatas,  Bean. 

—  ZignoàianuSf  d'Orb. 

—  tortiauleaius^  d'Orb. 

—  viator,  d'Orb. 

—  Honiniairei,  d'Orb. 

—  anceps^  Rein. 

—  Kndcrfiatschf,  Bàuer. 
-*-  iattiraBy  Pu<Jh. 

—  nthletaj  Phil. 

Avec  ces  Ammonites  se  trouvent  les  grands  Aptychus  caractéris- 
tiques de  l'oxfordien  : 

Aptychus  iatuSf  Park. 

—  lamellosus^  Park. 

Cet  étage  oxfordien  parfaiteHlent  caractérisé  passe  de  la  Vénétie 
dans  le  Tyrol  italien,  à  Trente  tt  à  RoVeredo  ;  il  est  donc  tout  natu- 
rel d'admettre  avec  Hauer  (|u'il  continue  en  Lombardie.  C'est,  en 
effet,  ce  que  j'ni  constaté.  Sur  tous  les  points  que  j'ai  étadiés,  j'ai 
trouvé  au-dessus  drs  calcaires  peu  siliceux  en  couches  asset 
épaisses,  contenant  les  fossiles  du  lias  moyen  et  supél'ieur,  une 
assise  calcaire  toute  ditl'érente,  caractérisée  généralement  par  la 
grande  abondance  de  silex  qu'elle  renferme  et  par  Ses  couchM 
nombreuses  et  minces.  Cette  assise  contient  comme  fossiles  très 
caractéristiques  les  Aptyvhus  lains  et  lamcUosus  ^  qui  manquent 
dans  l'assise  inférieure.  Il  y  a  aussi  desBelcmnites  eiàeê  Ammonitu^ 


880  StANCB  DU    5   MAI   1862. 

mais  généralement  elles  sont  oxfordiennes.  C'est  donc  bien 
l'étage  oxfordien.  C'est  le  calctuv  rosso  silrijero  ad  Aptichi  e  Btic 
niti,  calcaiie  rouge,  silicifère  à  Aptychtis  et  Belemnites  des  en^ 
rons  de  Brescia,  distingué  par  Ragazzoni;  c'est  le  calcare  ro. 
ad  Aptichi  des  autres  géologues  lombards.   Pourquoi  donc 
géologues,  qui  ont  très  bien  su  distinguer  ce  calcaire  du  calu 
rosso  ammonitico  proprement  dit,  qui  reconuaissent  qu'il  est  su| 
rieur  à  ce  dernier  et  caractérisé  par  les  Aptychus^  ne  veulent- 
pas  admettre  qu'il  forme  un  étage  à  part  et  représente  Toxf 
dien?  C'est  que  des  Ammonites  liasiques  auraient  été   troiir 
dans  cette  assise,  comme  aussi  des  Ammonites  oxfordiennes 
seraient  rencontrées  dans  l'assise  inférieure!...  Si   j'en  excei 
\  Ammonites  tatrirus^  Puscb,  qui  peut-être  est  commune  à  toute 
série,  je  n'ai  pas  encore  reconnu  de  faits  bien  établis  de  ce  pi 
tendu  mélange.  Il  est  fort  possible  qu'il  y  ait  passage  de  quelq 
espèces  d*un  étage  dans  l'autre  ;  mais  je  suis  certain  que  des  étu 
plus  suivies,  plus  minutieuses,  plus  exactes,  feront  reconnaître 
plus  en  plus  l'indépendance  de  deux  avises,  indépendance  q 
même  pour  les  géologues  lombards,  prendra  l'importance  d'i 
séparation  d'étage.  La  partie  inférieure  restera  dans  le  lias  et 
partie  supérieure  sera  rapportée  à  l'oxfordien. 

Sur  le  versant  français  des  Alpes,  l'oxfordien  est  très  dévelo 
et  fort  bien  caractérisé.  Dans  les  carrières  de  Lemere  à  CbamlM 
continuation  des  ix>chers  qui  dans  la  vallée  de  l'Isère  font  face 
Alpes,  on  trouve  : 

Belcmnites  hastatuSy  Blaiov. 

—  Sauvanausus^  d'Orb. 
Ammonites  plicatiiis,  Sow. 

—  ocu/atuSf  Beao. 

—  tortisuicatus^  d*Orb. 

—  tatricuSf  Pasch. 
Rhynchonella  iacitnosa,  Schl, 
Aptjrc/tus  iameliosus,  Park. 

—  la  tus  ^  Parle. 

En  descendant  l'Isère,  de  Montmélian  jusqu'à  Grenoble,  ce  ; 
toujours  les  mêmes  calcaires  oxfordiens  qui  font  face  aux  A 
et  qui  contiennent  les  mêmes  fossiles. 

A  Chalais  et  surtout  à  Aizy,  au-dessus  de  Noyarey,  près  G 
noble,  Charles  Lory  (1)  a  cité  un  fait  très  intéressant  :  les 


(I  )  Charles  Lory,  Congrès  scientifique  de  Fmnee^  1 858.  S4*5efJ 
vol.  I,  p.  367, 


9 

NOTIS    Dl    M.    DB    MORTILLKT.  881 

Jmmnnites  anrcps^  Rein. 

—  Bakcriœ^  Sow. 

—  jidelœ^  d'Orb. 

— -  Hommaîreî,  d^Orb, 

—  viator^  d*Orb. 

qui,  d'habitude,  caractërisent  l'oxfordien  inférieur,  callovieu  de 
d'Orbtgny,  se  trouvent  superposées  aux 

Ammonites  pltcatilis^  Sow. 

—  ocaiattis,  Bean. 

—  iortistilcntttSy  d'Orb. 
TerebratuUUa  diphya^  Bucb. 

de  Toxfordien  supérieur  et  moyen. 

L'oxfordien  s'observe  d*une  manière  à  peu  près  continue,  avec 
ses  caractères  bien  tranchés,  toujours  caractérisé  par  les  Àptychus 
latus  et  lamellosus  et  par  V Ammonites  pUcatHis^  tout  le  long  des 
Alpes  françaises  jusque  dans  les  Alpes  maritimes. 

Il  en  est  de  même  du  côté  du  nord- est  de  la  Savoie  ;  il  passe  en 
Suisse  et  longe  les  Alpes  de  ce  pays  jusque  vers  le  Rhin  à  Coire  ; 
seulement,  dans  cette  direction,  au  lieu  de  se  tenir  simplement  à 
la  limite  des  Alpes,  il  pénètre  davantage  dans  leur  intérieur.  Ainsi, 
en  Valais,  on  le  voit  remonter  la  rive  droite  du  Rhône  jusqu'au 
delii  de  Leuk,  puis  se  jeter  dans  l'Oberland  et  s'appuyer  sur  les 
hautes  pentes  occidentales  de  la  Jungfrau. 

C.  Corallien  et  kimritlgien  —  G.  A.  Pirona  signale  à  Polcenigo 
et  à  Dardago,  ainsi  qu'au  montQuarnnn,  près  de  Gemona,  dans  le 
Frioul  (1),  une  assise  composée  de  calcaire  blanc  grisâtre  qui 
passe  insensiblement  k  un  grès  gris  verdâtre  qui  est  une  véritable 
agglomération  de  débris  de  fossiles. 

Au-dessus  se  trouve  un  calcaire  blanc  pur  avec  des  coquilles  de 
gastéropodes  à  spire  allongée,  passées  à  l'état  spathique,  et  des  dé- 
bris de  divers  polypiers.  Les  gastéropodes  appartiennent  surtout  au 
genre  Nerinea ,  et  d'après  Pirona,  il  y  aurait  les  espèces  suivantes  : 

Nerinca  Goohalliy  Filt. 

—  dilatnta^  d'Orb. 

—  Cabanetiana  ?,  d'Orb. 

ce  qui  rapporterait  cette  assise  au  calcaire  à  Nérinées  ou  coraU 
lien. 


(4)  G. -A.  Pirona,  Cenni  geognostici  sitl  Friuli^  1864,  p.  26. 
Sor,  génl,,  2*  série,  tome  XIX.  56 


882  8£a!«ce  du  b.  MAI  1862. 

C'est  le  seul  point  du  versanl  italien  des  Alpes  qtû  -puise  être 
rappoité  au  corallien. 

Sur  le  vei-sant  français,  le  corallien  fait  à  peu  près  défaut  aussi. 
On  ne  le  voit  caractérisé  qu'au  Salève,  près  de  Genève,  au 
Youache  et  au  mont  du  Chat,  en  descendant  le  Rhône,  enfin  sur 
quelques  points  du  département  de  Tlsère  en  suivaut  celle  ligne 
qui  appartient  plutôt  au  Jura  qu'aux  Alpes. 

D'Orbigny  le  signale  vers  rextréniité  de  la  cbaioe  dans  le  Var 
et  les  Basses- Alpes  où  il  a  aussi  é(é  reconnu  par  Hébert. 

Le  kinirtdgien  qui  a  été  constaté  d'une  manière  certaine  sur 
le  versant  français  et  suisse  des  Alp^,  entre  leGliablais,  en  Savoie 
et  le  lac  de  Tlmn,  dans  le  canton  de  Berne,  en  passani  par  le  Va- 
lais, Yaud  et  Fribourg,  n'a  pas  encore  été  reconnu  sur  le  Tersant 
italien. 

Ce  terrain  est  caractérisé  en  Cbablaîs,  comme  je  Tai  établi  dans 
ma  Géologie  et  Minéralogie  de  la  Savoie^  par  les  espèces  suivantes  : 

Fenu^  nuculœforiitis ^  Rœm. 
Mytilus  subcequipUcatus^  Goldf. 
Ostrea  solitaria^  Sow. 
Tcrebratiila  subscUa^  Leym. 
Rhynchonella  inconstans,  d'Orb. 

Renevier  cite,  en  outre,  sur  la  route  d*Aigle  au  Sepey,  dans  le 
canton  de  Yaud  (1), 

Cero/nya  exccnfrirn,  Agass. 
Mytilus  jurensiSy  Mérian. 

Sur  plusieurs  points  ce  terrain  renferme  des  dépôts  de  combus- 
tible qui  parfois  est  assez  puissant  pour  éti*e  exploité. 

D.  Considérations  orographiquvs.  —  Le  soulèvement  des  Alpes 
est  généralenunt  considéré  comme  un  phénomène  violent,  qui 
aurait  eu  lieu  en  une  courte  période  de  temps,  à  une  époque  géo- 
logique très  voisine  de  l'époque  actuelle.  C'est,  au  contraire,  un 
phénomène  lent,  successif,  qui  s'est  produit  d'une  manièi-e  pro- 
gressive, continue  dans  son  enseiuhle,  bien  qu'ayant  éprouvé 
diverses  oscillations  locales  ou  teniftoraires.  Ce  phénomène  aurait 
commencé  dès  la  fin  de  l'époque  du  lias. 

En  effet,  pendant  que  se  déposaient  les  assises  du  lias  moyen 
et  supérieur,  toute  la  région  orientale  des  Alpes  était  recouTerte 
par  la  mer.  Le  sol  n'a  commencé  a  s'élever  au-dessns  des  eaux 

(4)  E.  Reoevier,  sur  la  géologie  dc^  Alpes  viiuduisesy  4858. 


IfÛtl   DB   M.    I»B   MORTUXBT.  883 

que  vers  la  fip  da  celte  époque.  Mais  il  y  avdii  déjà  une  vaste 
surface  émergé^  qiianU  se  sont  déposées  les  couches  oxfordiennes. 
Aussi,  ces  couches  manquent  entièrement  dans  Tin^érieur  de  la 
cliaîne,  et  on  )es  voit  former  une  ceinture  tout  autour,  ceinture 
qui,  partant  du  versant  nord-ouest  du  grand  massif  cristallin  de 
rOber|and,  recouvre  une  piirtie  de  la  Jungfrau  et  vient  rejoindre 
le  Rhône  un  peu  en  amont  de  Leuk.  Elle. suit  ensuite  ce  fleuve 
jusqu'au  dessous  de  Martigny,  passe  à  la  Dent  du  Midi,  au  fiuet, 
domine  la  vallée  de  TArve  jusque  vers  la  cascade  d'Aprenaz, 
passe  dans  la  vallée  de  TArly  dont  elle  forme  les  hauts  escarpe- 
ments sur  la  rive  droite,  et  rejoint  F  Isère  un  peu  en  aval  d'AU 
bertviUe,  suit  cette  rivière  jqsqu'à  Grenoble,  remonte  la  rive 
gauche  du  Drac  jusqu'à  Gap,  et  de  là,  par  le  Var,  se  rend  dans 
les  Alpes  maritimes.  La  véritable  région  alpine  était  donc  déjà 
dessinée  à  cette  époque.  Mais,  comme  je  Fai  dit,  il  y  a  en  des 
oscillations  partielles  dans  le  mouvement  ascensionnel.  La  Savoie 
en  présente  un  exemple  très  intéressant.  Sur  rextréme  frontière, 
du  côté  du  département  de  TAin,  au  bord  du  Rhône,  à  la  base 
du  mont  du  Chat,  on  trouve  des  assises  de  la  période  oolithique, 
bathonien  et  bajoci^n  réunis  ;  ces  assises  ont  tout  à  fait  l'aspect 
côtier.  Les  fossiles  abondent  :  ce  sont  surtout  des  céphalopodes 
qui,  poussés  par  les  vagues,  sont  venus  édiouer  #ui^  le  rivage,  et 
des  acéphales  qui  habitent  les  plages.  Il  y  a  avec  les  mollusques 
des  fragments  de  bois,  et  on  y  a  trouvé  des  ossements. 

Au-dessus  sout  les  diverses  assises  de  Toxfordien.  Après  une 
oolilhe  ferrugineuse  très  riche  en  fossiles  qui  dénotent,  comme 
les  couches  précédentes,  une  formation  côtière,  vient  une  assise 
qui  renferme  tellement  de  polypiers  de  la  famille  des  Scyphia 
qu'elle  en  a  pris  le  nom  de  çi|lcaite  à  Scyphia.  Ce  banc  dénote  déjà 
une  mer  plus  profonde;  puis  viennent  des  couches  marneuses  ne 
contenant  que  de  rares  débris  organiques,  dépôts  d'une  mer  plus 
profonde  encore. 

Ces  faits  prouvent  qu'après  le  lias  la  pier  s'est  retirée  jusque 
vei*sles  bords  du  Rhône,  puisqu'au  conunencemeqt  de  l'époque 
oxfordienne  elle  s'est  prog|*ei^iveiuen^  rapprochée  de  nouveau 
des  Alpes  jusqu'aux  limites  que  j'ai  précédemment  indiquées, 
linûtes  dap^  le^uelles  ell^  s'est  longtemps,  l)ien  longtemps,  main- 
tenue, comn>e  le  démontre  la  puissance  des  dépôts. 

Sur  l'oxfordieu  de  la  grande  xpne  qui  enceiut  les  Alpes  man* 
quent  les  assises  corallieunes,  et  les  assises  kiméridgiennes  ne  se 
mouti'cut  qu^  sur  un  espace  asses  restreint  entre  le  Ghablais  et  le 
lac  de  Thun,  avec  des  caraotèret  littoraux  qui  prouvent  qu'après 


88&  sftÂNCi  DU  6  MAI  4802.. 

la  période  oxfordienne  il  y  a  encore  eu  un  moa^enienC  de  recal 
de  la  mer,  et  que  la  région  des  Alpes  occidentales  s'est  de  plus  en 
plus  élevée. 

Dans  la  région  orientale,  le  premier  soulèTement  des  Alpei 
paraît  un  peu  plus  ancien.  On  a  vu  que  les  assises  du  lias  infërieiir 
et  du  lias  moyen  et  supérieur  offraient  en  Lombardie  tous  les 
caractères  d'assises  littorales. 

En  Vénétie,  Fépoque  oolitliique  offre  des  caractères  encore  plus 
continentaux.  Les  assises  de  cette  époque  contiennent  des  couches 
de  charbon  et  une  flore  abondante.  Au-detsus  Tiennent  les  assises 
oxfordiennes  avec  les  caractères  littoraux. 

A  partir  du  lias,  on  peut  dire  que  toute  la  région  centrale  des 
Alpes  a  été  émergée  et  qu'elle  s'est  successivement  ëlevée  de  plus 
en  plus  ;  aussi  voit-on  sur  *soq  pourtour  les  limites  de  la  mer 
s'éloigner  continuellement  et  les  terrains  se  disposer  en  retraits 
successifs  de  plus  en  plus  distants  du  centre. 

7.  —  Crétacé, 

A.  Néocomfen,  —  Sur  le  calcaire  à  Ammonites  oxfordien  de 
Yénétie  se  trouvent  des  couches  d'un  calcaire  compacte  blanc,  i 
cassure  concholde,  désigné  dans  le  pays,  à  cause  de  sa  couleur, 
sous  le  nom  de  biancone.  Cette  assise ,  grâce  aux  travaux  de  de 
Zigno  (i)  est  classée  sans  conteste  dans  le  néocomien.  En  effet,  oa 
y  trouve  entre  plusieurs  autres  espèces  assez  communément  : 

Sphcnodiis  Sabauditinus^  Pict. 
Belcmnitcs  laius,  Blainv. 

—  biparti ttts,  Blainv. 
Ammonites  subjîmbriatus^  d*Orb, 

—  Tethys.à'Ovh, 

—  cryptoceras^  d'Qrb. 

—  Astierianus^  d'Orb. 
Crioceras  Duvalii^  d'Orb. 

—  Emericif  d'Orb. 
Aptychus  Didayi^  Coq. 

—  angulicostatus^  Plot,  et  Sow. 

Les  calcaires  blancs  du  biaucone  conservant  leur  physionomie 
propre  passent  en  Lombardie,  en  traversant  le  Tyrol  italien. 
Allais,  au  delà  du  lac  de  Garde,  ils  changent  de  nom.  Ils  prennent 

(h)  De  Zigno,  Méntoirc  sur  le  terrain  crétacé  de  f Italie  scpientrio»  ■ 
nalcy  4  846,  et  Nouvelles  obserpations^  4850. 


NOTK    Dl    II.    DB    MOETILLKT.  885 

celui  de  maioiicaj  etleur  classificaliou  géologique  se  trouve  encore 
contestëe. 

D'après  Hauev  une  partie  peut  être  considérée  comme  apparte- 
nant au  jurassique,  mais  la  plus  grande  portion,  ou  pour  mieux 
dire  presque  tout  Tensemble,  doit  être  rapporté  à  la  période  cré- 
tacée. Cependant,  dans  sa  carte  de  Lombardie,  Hauer  sépare  encore 
la  maiolica  du  néocomien. 

Avant  ma  Note  {géologique sur  Palazzolo  et  le  lac  fl'Jsro^  1859  (1), 
les  géologues  lombards  regardaient  la  maiolica  comme  faisant 
partie  du  jurassique  et  servant  seulement  d*époque  de  transition 
avec  le  crétacé.  Pour  éclaircir  la  question,  la  Société  italienne 
des  sciences  naturelles  résidant  à  Milan  résolut  en  1860  de  faire 
une  excursion  aux  environs  du  lac  d'iseo.  Dans  le  compte  rendu 
de  cette  excursion,  Giovanni  Omboni  (2)  dit  qu'à  Capriolo  il  y 
a  divers  calcaires  blancs  néocomiens  et  un  calcaire  blanc  avec  mé- 
lange de  fossiles  néocomiens  et  jurassiques,  et  que  tous  ont  été 
confondus  ensemble  sous  le  nom  de  maiolica,  nom  local  qu'il  a 
proposé  d'abolir.  Il  serait  bien  à  désirer  que  le  vœu  exprimé  pour 
la  maiolica,  par  Omboni,  soit  réalisé  non-seulement  pour  ce  nom 
lombard,  mais  encore  pour  tous  ces  noms  locaux  qui  viennent 
encombrer  la  science  et  sont  cause  de  nombreuses  erreurs,  par 
suite  de  fausses  applications  d'un  sens  trop  peu  défini,  ou  d'une 
valeur  trop  générale.  Rien  que  dans  ce  petit  travail,  on  a  pu  voir 
la  confusion  occasionnée  par  les  mots  :  verruauio,  oolithe^  rosso 
amuwnitico. 

Voici  en  partant  d'en  baut  la  coupe  de  la  maiolica  de  Capriolo 

que  j'ai  étudiée  avec  le  soin  le  plus  minutieux  et  que  j'ai  visitée  à 

diverses  reprises  avec  Studer,  Mérian,  Desor,  Cornalia,  Stoppani, 
A.   Villa,  Omboni. 


(4)  Bull.  Soc.  gêoL,  V  sér.,  vol.  XVI,  p.  888. 

(2)  Omboni,  Gita  geoh^ica  net  clintorni  del  lago  (flxeo  jatta  nei 
giorni^  4  et  5  st^ttembre  ^860,  dai  sîgnori  Morlillet^  Cornalia ,  Stop' 
paniy  Villa  Antonio  e  Omboni, 


886  sfiAHCB  BU  6  lÂi  1862ft 

/Au  nWeau  de  3  mètres  enTJron  de  la  partie  aapérienra,  Âpif- 
I  chus  iin^nUcnstnttis^  Pict.  etSow.,  4  mètre  à  la  chapelle  dM 
I      Morts. 

I  A  celui  de  35  à  36  mètre;),  lits  ^ Apiychiis  contenaot  pir 
I  milliers  les  A.  PUtet'uinna^  Mort.,  A.  Serranonis^  Coq.,  i. 
2'|  Mortilletiy  Pict.  el  L.,  A,  /)ffiayi\  Coq. y  évèc  nombreux 
Rhynchotcuth'.s  Sabnudianus  et  Qn&nstedff^  Pict.  et  L., 
gl  Belcmnites  latiis,  Blainv.,  4  exemplaire»  B.  hipartitÊi, 
^  I  Blainv. ,  4  exemplaire,  Ammonites  du  groepe  dea  uaguli- 
^  I  costatns,  4  exemplaire,  traces  de  polypiers;  tonte  cette  fauM 
o  I  est  en  bas  du  mont  Saint-Onafrio  aa  niveau  de  la  plaine. 
►   iDe  45  à  50  mètres,  couches  avec  géodes  siliceuses  affectant  les 

0  I     formes  les  plus  variées  au  point  où  le  Monte   Alto  se  relia 
^    I     par  la  base  au  Monte  San-Onafrio. 

1  K  A  60  mètres,  ancienne  carrière  de  marbre  sur  le  chemin  qei 
n  \     suit  la  base  du  Monte   Alto.  4  Ammonites    snbfimhtintuÈ^ 

d  Orb.  4  A,  du  groupe  des  Astierinnns^    4  petite  acéphale, 

4    Terrbratula    tetroalra^  4  AptychnSy  en  si    mauvsis  élit 

«  I     qu'on  ne  peut  reconnaître  d'une  manière  sûre  si  c'est  VA. 

2  I     MortilUit^  Pict.  et  L.  ou  une  forme  de   VA.    Ifnnelioms^ 


g  ■     Park 


c  I  De  72   à   75  mètres,  partie  inférieure  de  ta  maiolica  sur  lé 
chemin  qui  suit  la  base  du  Monte   Alto  et  va  à  Adro.  7  à  9 
£  ï       Aptyrhus    Itimrlhsus,  Park.  ;  4   Aptychms  du   groupe  dsi 
Dtffnyi,  Coq.,  même  niveau  vers  le  sommet  de  la  monta|soo 
sous  une  ruine;  2  Aptyrhus  lamcUosus,  avec  le  dos  en  partie 
pointillé.  Ces  deux  forme.<  de  /tirttrllosnx  sont  identiques  avec 
\     des  formes  provenant  de  Toxfordien  parfoitement  caractérisé 
\     de  Lemene  près  Chambéry. 

Cette  coupe  monti-c  que  dans  tout  le  haut  de  Tassise  jusque  bien 
au-dessus  de  la  moitié  la  faune  est  entièrement  néocoinienne. 
A  15  mètres  (ic  la  surface  inférieure,  ou  à  60  mètres  ati-dessoos 
de  la  surface  supérieure,  la  faune  est  encore  très  nettement  néoco- 
mienne,  comme  le  prouvent  les  Ammonites.  Il  y  a  un  Aptychns 
douteux  qui  peut  aussi  bien  se  rapporter  au  néocomien  qu*à  Tox- 
fordien,  et  une  Tcreh^^atula  triangulaire  qui  se  trouve  partout  sur 
le  versant  italien  des  Alpes  dans  les  deux  terrains  ainsi  que  le 
type  percé  au  milieu,  soit  Terf^bratnla  dyphia  ou  dyphioides.  Ce 
nVst  qu'à  la  partie  tout  à  fait  inférieure  qu'on  rencontre  en  cer- 
taine abondance  des  Aptychus  de  forme  oxfordienne,  mais  encore 
mêlés  à  une  forme  néocomienne. 

Près  de  Sarnioo,  sur  le  bord  du  lac,  il  y  a  aussi  une  puissante 
assise  de  maiolica;  à  sou  sommet,  à  la  Furcclla,  j'ai  trouvé  un 
Aptyrhus  Strranonis,  Coq.  ;  à  sa  base,  à  Cadé,  j'ai  recueilli  cinq  ou 
six  Aptychus  lamcUosus, 


NOTE    DB    M.    DS    MORTILLÏT.  887 

Entre  Givio  et  Ligornetta,  près  Mendrlsio,  on  rencontre  aussi 
les  couches  i*o(iges  oxfordiennt'S  à  ^ptjchus  iatus  et  lamellosus^  en 
contact  avec  la  maiolica.  A  la  base  tout  à  fait  j'ai  trouvé  dans  la 
maiolica  plusieurs  y^/^O^^/ij  du  groupe  des  lamethsus  Tonnes  oxfor- 
diennes,  à  !2  ou  3  mètres  au-dessus  du  point  de  contact  ;  dans  des 
parties  encore  parfois  maculées  de  ix)uge^  j'ai  recueilli  un  grand 
Aptychux  de  forme  néocomiennc. 

Stoppant  possède  dans  sa  collection 

Ammonites  tatricus. 
—  plicatiiis^  Sow. 
Aptychus  lamellosus,  Park. 
Terebratula  tetraèdra. 

tk-ouvées  ensemble  dans  une  couche  à  la  base  de  la  maiolica  de 
Fraschirolo. 

Ces  diverses  citations  tendraient  à  prouver  que  non-seulement 
rassise  généralement  rouge  de  Toxfordien  lombard  peut  à  sa  partie 
supérieure  passer  à  la  maiolica,  calcaire  blanc  compacte,  mais  que 
dans  les  couches  de  ce  calcaire  il  y  a,  surtout  à  la  partie  inférieure, 
un  mélange  de  fossiles  des  deux  époques.  Malgré  tout  cela,  l'en- 
semble de  la  maiolica  me  parait  devoir  être  rapporté  au  uéo- 
comien. 

Ce  néocomien  de  Yénétie  et  de  Lombardie,  par  sa  faune  et  on 
peut  même  dire  un  peu  par  sa  composition  et  sa  manière  d'être^ 
se  rapporte  tout  à  fait  au  néocomien  alpin  du  versant  occidental 
de  la  chaine,  tel  qu'il  se  rencontre  dans  le  groupe  du  Stockhorn, 
canton  de  Berne,  et  aux  Voirons,  près  de  (»enève,  où  il  a  été  si 
bien  décrit  par  F.-J.  Pictet  et  de  Loriol  (1).  Ce  faciès  alpin  du  néo- 
comien se  reti'oove  dans  le  Daupliiné  et  le  midi  de  la  France 
ju^ue  dans  les  Alpes  maritimes  ;  mais  dans  ces  régions  il  alterne 
plus  ou  moins  avec  le  faciès  ordinaire  du  néocomien,  comme 
Charles  Lory  Ta  constaté  pour  le  Daupliiné. 

B.  GauU  ou  grès  vert,  —  Le  grès  vert  existe  en  Vénétie,  mais, 
comme  ses  couches  ont  la  même  composition  que  celles  de  l'assise 
inférieure,  le  néocomien,  et  de  Tassise  supérieure,  et  qu'elles  sont 
très  pauvres  en  fossiles,  il  est  fort  diflicile  de  le  reconnaître.  II  se 
compose  de  calcaires  blancs  plus  ou  moins  marneux. 

Soupçonné  par  de  Zignodans  le  Yicentin,  il  a  été  retrouvé  par 


(4)  Pictet  et  P.  de  Loriol,  Description  des  Jossiics  du  terrain 
néocomien  des  Voirons,  4  858,  dans  Mutèriaux  pour  la  paiéonto" 
iogic  suisit. 


888  SfiANCB   DU   5   KAI    1862. 

Mtiss»lon{;o  dans  le  Vëioimis.  IMaisalongo,  en  effiet,  a^a il  recueilli 
à  Tri{}na{^o  ime  AmnwnUvs  Mayorianns^  de  Luc,  anez  douteuse  et 
une  Jitimonites  mnmUlutusy  Sclil.,  très  bien  caractérisée.  En  lftâ9. 
guidé  |»ar  Alassalongo,  oUnt  allé  visiter  la  localité  avec  leuvant 
auteur  de  la  Dcsaiption  drs  mollusques  Jossiles  du  grés  vert  rf« 
environs  de  Genève^  F.-J.  Pictet,  nous  avons  rencontré  une  Jmmo- 
ni  tes  inflatus^  Sow.,  de  déternû  nation  certaine  et  une  jémmoniiet 
latitlorsatus  en  bon  état.  Ces  quelques  foasilea  suffisent  pour  uioo- 
trer  qiio  le  grès  vert  se  trouve  sur  le  versant  italien  des  Alpei 
comme  à  la  Perle  du  Riiône  et  dans  les  Alpes  de  la  Savoie  et  de 
la  Suisse  ;  senlenietit  la  rnchc  est  toute  différente  et  les  fossiles  sont 
très  rares.  En  Italie  ee  sont  des  uiaroes  calcaires  blancliei  fort 
pauvres  en  fossiles.  Sur  le  versant  français  et  suisse  ce  sont  des 
sables  ou  grès  grisâtres  comme  à  la  Perte  du  Rhône,  k  Rencurel 
dans  risèrr,  sur  plusieurs  points  des  Alpes  maritimes,  ou  bien  des 
grès  et  calcaires  noirs  comme  dans  l'intérieur  des  Alpes  safoi- 
sienues  et  suisses  ;  niais  presque  partout  les  fossiles  abondent. 

En  Loud>ardie  je  ne  sache  pas  qu'on  ait  encore  trouvé  de  fos- 
siles du  gault;  néanmoins  stratigraphiquement  Passîse  déniâmes 
cale.'iires  plus  ou  moins  blanches  qui  se  trouvent,  à  Capriolo, 
entre  le  néocomien  et  les  grès,  soit  enti*e  la  Chapelle  des  Alorts 
et  celle  de  San  Ouafrio,  ainsi  qu'au  bord  du  lac  Iseo,  la  même 
assise  de  marnes  calcaires  entre  le  néocomien  de  la  Foroella  et 
les  couches  de  poudingue  et  de  grès  des  carrières  de  Sarnico  me 
paraissent  devoir  se  rapporter  au  gault  dont  elle  occupe  la  place; 
malheureusement  on  n'y  a  point  encore  rencontré  de  fossiles, 

C.  TuronieRy  craie  chloritée,  —  Dans  la  Vénétie  on  trouve 
au-dessus  du  néocomien  une  assise  calcaire  de  couleur  habituelle- 
ment blanche  ou  grisâtre,  souvent  avec  des  points  apathiques  qui 
lui  donnent  un  aspect  cristallin,  parfois  oolithiqueet  même  pisoli- 
thique,  parfois  aussi  toute  composée  de  débris  de  coquilles  ou  de 
fragments  calcaires  et  devenant  une  véritable  bi'èche  ou  luma- 
chelle.  On  y  rencontre  dans  certains  endroits,  surtout  près  du  lac 
de  Sauta  Cix)ce,  des  fossiles  très  bien  conservés  parmi  lesquels  se 
trouvent  : 

Jcteonelln  grgantea^  d  Orb. 

AcU'on  ovum^  d'Orb. 

Hippurites  cornu^vaccinum^  Broun. 

—  organisons^  Desm. 

—  S'g^^^''^i  d'Orb. 
Radioliics  angeiodes^  d'Orb. 

Cette  assise  très  développée  dans  le  Belluuais  prend  encore  une 


NOTE    DB    M.    DE    MORTILLBT.  880 

plus  grande  extension  et  une  plus  grande  puissance  dans  le  Frioul 
et  au  delà  vers  Test.  Le  calcaire  devient  plus  compacte.  11  est  tou- 
jours riche  en  rudistes,  mais  ils  sont  difficiles  à  extraire.  C'est  bien 
là  une  faune  appartenant  à  la  ci  aie  ciiloritée  ou  turonienne.  On  la 
retrouve  : 

Jcieoneila  gigantea^  d'Orb. 
Hippuiites  cornU'Vaccinuniy  BronD. 

—  organisons^  Desm. 

dans  un  poudingue  noirâtre,  à  élëments  plus  ou  moins  gros, 
exploité  à  Sirone,  dans  la  Brianza,  entre  Seccoet  Côme.  Malheu- 
reusement le  gisement  est  recouvert  de  terre  et  on  ne  peut  recon- 
naître exactement  ses  relations  avec  les  assises  voisines. 

Des  poudingues  analogues  à  ceux  de  Sirone  existent  dans  la 
province  de  Bergamc,  surtout  entre  Gorlago  et  Sarnico.  Fedre- 
ghini  y  a  rencontré  V Hippurites  cornu-vaccinum^  dans  les  car- 
rières de  Gandozzo.  £n  suivant  ces  poudingues  jusque  vers 
Sarnico,  on  les  voit  s*appuyer  sur  les  marnes  calcaires  blanches 
que  j*ai  rapportées  au  gault,  et  former  la  base  des  grès  bleuâtres 
exploit^  très  en  grand  au-dessus  de  la  ville.  Ces  grès  n'ont 
point  fourni  de  fossiles.  Précédemment ,  d'après  leur  aspect 
minéralogique,  les  comparant  au  flysch  des  Alpes  suisses  et 
savoisiennes,  je  les  avais  placés  dans  Téocène.  Maintenant,  par 
suite  d'études  plus  complètes,  je  me  range  à  Topinion  des 
géologues  lombards  et  de  Hauer  ;  je  les  place  dans  la  craie.  Ce 
sont  évidrmment  les  équivalents  des  poudingues  de  Sirone  et 
des  calcaires  à  rudistes  de  la  Yénétie. 

Cette  assise  à  rudistes  n'a  pas  encore  été  signalée,  que  je  sache, 
sur  l'autre  versant  des  Alpes. 

D.  Craie  supérieure  sénontenne,  —  Au-dessus  des  poudingues  et 
des  grès  de  Sarnico  se  trouvent  de  nombreuses  couches  de  cal- 
caires plus  ou  moins  marneux,  alternant  parfois  avec  des  couches 
de  grès,  le  tout  blanchâtre  ou  jaunâtre,  contenant  beaucoup  de 
fucoides,  et  ayant  fourni  un  grand  Inocerawus  à  Fedreghini  dans 
la  carrière  de  Credaro.  C'est  l'assise  supérieure  de  la  craie,  le 
représentant  de  la  craie  blanche. 

Dans  la  Brianza  les  frères  Villa  ont  recueilli  une  belle  série  de 
fossiles  de  cette  époque;  il  y  a  entre  autres: 

Beleninitetla  mucronaia^  d'Orb. 
Ammonites  varions^  Sow. 

—  rothomagensis,  Lam.? 
Scap/tiies. 

Grands  Jnoeeramus, 


800  SÉANCE    DU    b    MAI    186S. 

La  roche  se  compose  de  grès  calcaires  plus  où  moins  dtirs,  de 
marnes  schisteuses,  le  tout  très  variable  de  couleur  et  de  compo- 
sition, et  affectant  plus  ou  moius  les  aspectftdu  flyscli  alpin. 

La  craie  supérieure  existe  aussi  en  Vënétie.  Je  Tai  vue  à  Tré- 
gnago  au-dessus  des  calcaires  marneux  du  gault,  sans  interposition 
de  poudingues  et  de  grès  luroniens.  L'assise  était  toute  formée  de 
marnes  calcaires  en  général  très  blanches  contenant  : 

Ananchytes  ovata^  Lam. 

—  tubcrculata^  Defr. 
Cardiastcr  italiens,  d'Orb. 

—  Zig/ioanuSj  d'Orb. 
Inoceramus, 

Cette  assise,  désignée  sous  le  nom  local  de  scagli/t,  se  poursuit  à 
travers  toute  lu  Vénétie,  jusqu'au  Frioul,  avec  les  mêuies  fossiles 
plus  ou  moins  abondants.  La  roche  est  toujours  Un  calcaire 
a  strates  très  minces,  fort  argileux,  qui  passe  du  blanc  au  rouge 
brique. 

En  Toscane  la  craie  supérieure  a  aussi  été  reconnue.  £|le  y  est 
désignée;  sous  le  nom  local,  assez  vague,  iXttpielnifurte^  qui  indique 
spulcment  la  nature  minéralogique  d*un  de  ses  éléments.  Elle  se 
compose  de  l'assemblage  le  plus  varié  de  roches  diverses.  Il  y  a 
des  couches  de  grès  tlur,  très  compacte,  vraie  pictra  lorte  de  grès 
plus  ou  moins  tendres,  de  calcaires  purs,  partie  de  Valbcrese^  de 
marnes  sableuses  ou  argileuses,  de  schistes  écailieux,  etc. 

Cet  ensemble  est  caractérisé  par  : 

Ammonites  varians,  Sow. 

—  peramplus,  MsDt.  ? 
Scaphites. 

Grands  Inoccntmus, 

Par  la  nature  d'une  partie  des  roches  et  par  la  faune  le  crétacé 
supérieur  toscan  a  la  plus  grande  anologie  avec  celui  de  la  Briansa 
près  de  Milan,  A  Tex position  italienne  de  Florence,  eu  1861, 
Strozzi  et  Villa  avaient  exposé  chacun  une  partie  de  ieuis  fos- 
siles et  les  deux  montres  se  trouvaient  en  regard.  Ou  aurait  dit 
qu3  cVtait  la  faune  d'une  même  région,  des  mêmes  couches. 

Ce  qu'il  y  a  de  plus  curieux  dans  ce  rapprochement,  c'est  que, 
dans  les  deux  localités,  il  y  a  enchevêtrement  des  couches  créta- 
cées avec  les  couches  éocènes  ou  nummulitiques,  et  qu*îl  est  très 
ditiicile  de  les  distinguer,  d'autant  plus  difficile  qu'elles  paraissent 
avoir  un  certain  nombre  de  fossiles  communs. 

£n  traversant  les  Alpes  on  retrouve  la  craie  supérieure  sur  le 


NOtB    DK    M.    DB    MORTILLBT.  801 

versant  français.  Elle  est  très  bien  dé^loppëe  en  Savoie,  C'est  un 
calcaire  qui  passe  du  noirâtre  au  blanc,  suivant  qu'il  est  plus  ou 
moins  rapproclif^  de  l'axe  central.  Parfois  il  prend  <ies  teintes 
jaunâti^s.  Il  devient  aussi  quelquefois  marneux  ;  on  y  trouve,  sur-» 
tout  k  Entremont  près  Ghambéry  t 

Bi'lemniteiia  /fiucra/Mtn,  d*Orb. 
Janira  quatlricostntti^  d'Orb. 
Spondjrlus  spinosus, 
Juanchyies  conica,  Agass. 

—  ovtita^  Lam. 
Mfcrasecr  cordattis^  Àgass. 
Grands  Inoccramus, 

Cette  assise  calcaire  s'étend  le  long  des  Alpes  suisses  où  elle  a 
éiè  désip,née  par  les  g<^ologiies  du  pays  sous  le  nom  de  calcaire  de 
Scevcn.  On  retrouve  aussi  la  craie  supérieure  avec  de  nombreux 
fossiles  dans  les  Alpes  maritimes. 

E.  Co/jsfdéralic/iv  philosophiques  ci  histoiiqucs  —  Un  fait  <k'8 
plus  intéressants  au  point  de  vue  plnlosopliique  est  celui  du  pas- 
sage continu  qui  semble  exister  en  Italie  entre  l'époque  o\for- 
dienne  et  l'époque  néocomienne.  Sous  le  rapport  stratigrapbique 
les  sédiments  se  continuent  d'une  manière  régulière  entre  les 
deux  époques  sans  qu'il  soit  possible  de  reconnaître  un  point  de 
séparation,  une  altération,  une  action  intermédiaire  même  des 
plus  légères. 

Sous  le  rapport  minéralogique  on  voit  le  calcaire  blanc  com- 
pacte de  la  maiolica  descendre  sur  certains  pofnts  jusque  dans  les 
couches  positivement  oxfordiennes,  comme  à  Frascbivolo.  Ailleurs 
ce  sont  les  dépôts  rouges  oxfordiens  qui  se  prolongent  jusque 
dans  la  maiolica  et  qui  viennent  alterner  avec  elle  et  les  marbres. 

Sous  le  rapport  zoologique,  j'ai  montré  la  faune  oxfordienne 
s'enchevêtrant  avec  la  faune  néocomienne. 

Si  ces  deux  terrains  étaient  d'époques  se  suivant  immédiate- 
metit,  il  n'y  aurait  i-ien  là  de  bien  remarquable;  ce  serait  un 
exemple  de  plus  du  passage  d'espèce^  entre  deux  faunes  succes- 
sives, passage  dont  leé  exen^ples  deviennent  tous  les  jours  plus 
nombreux  et  qni  prouvent  que  la  disparition  et  la  réappàvition  des 
espèces  se  î^ont  faites  progressivement  et  successivement,  au  lieu 
d'avoir  eu  lien  d'une  manière  subite  et  complète,  comme  on  l'ad- 
mettait précëilemnient. 

Mais  i'oxfordien  et  le  néocomieu  sont  séparés  par  pltlsreiu's 
époques,   époques  corallienne,  kimméridgienne,   portlandienne, 


892  SÊANCB  ou  6  MAI  18b2. 

qui  sur  certains  points,  la  France,  rAngleterre,    une  partie  delà 
Suisse,  etc.,  sont  très  tranchées,  bien  caractérisées. 

Il  paraitrait,  s'il  est  vrai,  comme  tout  le  Fait  présumer,  qu*il  y  a 
passage  et  continuité  de  formation  entre  l'oxfordien  et  le  néoco- 
mien,  il  paraîtrait,  dis-je,  que  les  faunes  géologiques  n'ont  pas  une 
égale  valeur.  Il  en  serait  de  premier  ordre  qui  ont  pu  se  continuer 
et  se  lier  ensemble  sur  un  point  du  globe  préservé  des  actions 
modifiantes,  tandis  que  des  faunes  de  second  ordre  se  renouve- 
laient et  se  succédaient  sur  d'auti*es  points  du  globe  moins  calmes, 
soumis»  des  actions  actives.  C'est  ce  qui  aurait  eu  lieu  concernant 
la  faune  oxfordienne  du  nord  de  ritalie.  Elle  se  serait  conservée 
en  Lombardie  jusqu'à  IVpoque  néocomienne,  tandis  que  sur  le 
versant  opposé  des  Alpes  qui  déjà  s*élevaient  au-dessus  de^i  mers, 
une  série  de  causes  particulières  aurait  fait  varier  la  faune  au 
moins  trois  fois  entre  deux. 

8.  —  Tertiaire, 

A.  Éocène,  —  Le  mot /////////)(//#7/V/f<r  doit  être  écarté  parce  que 
lesMummtilites  ne  semblent  plus  aussi  bornées  dans  leur  liorizon 
qu'on  le  cmyait.  Sans  parler  de  quelques  personnes  qui  préten- 
dent en  avoir  trouvé  avec  des  fossiles  crétacés,  il  est  certain  qu'en 
Italie  elles  s'élèvent  au-dessus  du  vrai  terrain  à  Nuramulîtes.  Il  en 
existe  en  Piémont,  par  exemple,  jusque  dans  le  uiéocène  moyen 
bien  caractérisé. 

L'éocène  du  versant  italien  des  Alpes,  avec  ses  riches  gisements 
de  mollusques  de  ftonca  et  de  Ca8tel-(iond)erto,  de  crustacés  et 
d'échinides  des  environs  de  Vérone  et  de  Scliio,  de  poissons  et  de 
plantes  du  mont  Bolca,  est  trop  connu  pour  qu'il  soit  nécessaire 
de  le  décrire.  Je  ferai  seulement  remarquer  qu'il  a  tous  les  carac- 
tères de  dépôts  éminemment  côtiers,  et  que  pouitant  il  se  trouve 
toujours  très  à  l'extérieur  de  la  chaîne  des  Alpes,  beaucoup  plus  à 
l'extérieur  que  la  craie  qui  pourtant  a  un  faciès  moins  littoi-al.  On 
voit  qu'entre  l'époque  éocène  et  les  époques  crétacées  il  y  a  eu  un 
mouvement  de  recul  de  la  mer  très  prononcé. 

Il  n'y  a  pourtant  pas  eu  de  mouvement  violent,  de  révolution 
entre  la  période  crétacée  et  la  période  tertiaire,  car  ces  deus 
périodes  sont  intimement  reliées  l'une  à  l'autre  par  des  couches  de 
transition.  De  Zigno  cite  (1)  en  Yénétie,  «  où  fmissent  les  couches 

(4  )  De  Zigno,  Prospetto  dei  terrent  sedimentarii  del  Veneto^  K  858, 
p.  9. 


NOTB    DB    M.    DB    MOBTILLBT.  808 

do  la  scnglia  et  commencent  le  terrain  tertiaire,  un  banc  de  cal- 
caire marneux  gris ,  parfois  roussâtre,  qui  contient  un  grand 
nombre  de  coraux  et  de  Tërébratules,  et  qui  passe  supérieurement 
à  un  grèscalcarifère  aveclNummulites.  Ce  banc  qui,  par  la  présence 
d'une  Térébratule assez  voisine  de  la  Rhync/tonella  incurva^  d*Orb., 
et  par  sa  position,  rappelle  le  terrain  danien,  semble  constituer  une 
espèce  de  terrain  de  transition  qui  participe  des  caractères  des 
deux  fornialious  crétacée  supérieure  et  tertiaire  inférieure,  con- 
tenant sur  certains  points  mêlées  aux  Nummulites  des  aiticu- 
lations  d'un  crinoide  qui  ne  peut  être  rapporté  qu'au  Bourgueil^ 
crinus  ellipticus^  d'Orb.,  de  la  craie.  »  J'ai  vu  grand  nombre  de  ces 
articulations  si  caractérisées  par  leur  forme  particulière,  et  n'ai  pu 
les  distinguer  de  celles  de  la  craie,  cependant  d'Arcliiac,  auquel 
j'en  ai  remis,  m'a  assuré  que  ce  sont  deux  espèces  différant  par  le 
calice,  assertion  que  je  n'ai  pas  pu  vérifier. 

Le  mélange  de  faune  et  de  flore  s'observe  d'une  manière  encore 
plus  évidente  dans  la  Brianza  et  surtout  dans  la  Toscane.  On  ren- 
contre une  série  de  fucoides  et  de  zoopliytes  qui  paraissent  com- 
muns aux  deux  époques.  Ils  sont  accompagnés  de  formes  animales 
appartenant  aux  Reticniiporeij  Nemertilites^  Ampldtritcs?  etc.,  qui 
se  trouvent  aussi  plus  ou  moins  dans  la  craie  à  Inoccranius  et 
Ammonites  et  dans  les  assises  à  Nummulites.  Cependant  ce  mélange 
pourrait  bien  être  moins  complet  qu'on  ne  l'admet,  ainsi  que 
tendent  à  le.  faire  croire  des  études  minutieuses  que  je  viens  de 
faire  aux  environs  de  Pistoja  (1). 

Le  mouvement  d'élévation  du  sol,  en  Italie,  pendant  l'époque 
éocène,  peut  être  dû,  en  partie,  aux  actions» volcaniques  qui  se 
manifestaient  alors  dans  le  Vicentin  et  le  Yéronais.  En  effet,  les 
coucbes  contenant  la  faune  et  la  flore  éocène,  non-seulement 
sont  coupées  par  des  flions  ou  dykes  de  roches  volcaniques,  mais 
encore  contiennent  de  nombreux  fragments  de  ces  roches.  On 
les  voit  associées  à  des  bancs  plus  ou  moins  puissants  de  pépérino, 
avec  lesquels  elles  alternent. 

Les  roches  éocènes  se  retrouvent  au  lac  de  Garde  entre  Decen- 
zano  et  Salo,  en  Brianza  et  jusque  vers  le  lac  Majeur  entre  Va- 
rèse  et  Sesto-Calenda. 

On  ne  les  retrouve  plus  dans  le  Piémont  au  pied  des  Alpes. 
Elles  ne  se  montrent  que  vers  le  milieu  de  la  plaine  du  Pô,  aa 
pied  des  collines  qui  dominent  Casale.  Puis  au-dessus  de  Cunco, 

(1)  Gabriel  de  Mortiilet,  Note  sur  le  crétacé  et  le  nummuU tique  tics 
environs  de  Pistoia^  4  861  (  ////  Soc.  Ital,  sci,  nat.). 


89Â  SâANCB   DU   6   VAl   18tt3, 

dans  la  vallée  de  la  Stura,  eiitie  les  Alpea  marmaies  et  !•  groupe 
du  nioDt  Viso.  Elles  remoatent  loute  cette  v^Uëe  et  peenmt  en 
France  dans  la  vallée  de  TUbaye,  près  de  Barceloo nette  (Besiet- 
Alpes).  De  là,  se  dirigeant  au  midi,  elles  occupent  la  perti^  sapé- 
rieure  de  la  vallée  du  Yerdou,  et  par  celles  du  Var  et  de  TEsté- 
ron,  elles  se  répandent  dans  la  partie  basse  des  Alpea  niaritîinet. 

Du  côté  du  nord  elles  passent  dans  les  Hautes -Alpes,  au-dessus 
.  dTinbrun,  et  se  dirigent,   par  le  col  de  TElcandar,  juaqu'aox 
Aiguilles  d'Arves  et  en  Maurienne,  où  elles  oot  été  sigualées, 
grâce  à  de  hautes  considérations  géologiques,  par  hutf,   et  dé- 
montrées au  moyen  des  fossiles  découverts  par  J.-F.  Coche. 

Puis  à  partir  des  Bauges,  au  norii-est  de  Chambéry,  elles  for- 
ment une  ligne  à  peu  près  (continue  tout  le  long  des  Alpes  jusqu'à 
Vienne  en  Autriche. 

En  Lombardie,  les  couches  éocènes  reposent  avec  un  simple 
mouvement  de  recul  sur  la  série  régulière  des  terrains  intérieurs; 
mais  dans  la  vallée  de  la  Stura  et  dans  la  Maurienne,  dans  la 
majeure  partie  des  Basses  et  des  Hautes^- Alpes,  elles  reposent 
directement  sur  le  lias  alpin.  Dans  les  Alpes  maritimes,  la  ligne 
des  Bauges  aux  frontières  de  la  Suisse  etoe  dernier  pays,  au  moins 
pour  un  grand  nombre  de  points,  on  les  voit  terminer  comme  en 
Lombardie  la  succession  régulière  des  terrains  antérieurs. 

Sur  le  versant  français,  le  terrain  éocène  contient  de  nom- 
breuses foriiialions  littorales;  mais,  fait  important,  ces  formations 
littorales,  au  lieu  de  se  trouver  en  dedans  de  la  ligne  des  Alpes,  se 
trouvent  en  dehors,  du  côté  de  la  plaine.  On  peut  citer  les  couches 
à  fossiles  littoraux  de  Faudon,  les  lignites  et  fossiles  de  Saint- 
Bonnet,  dans  les  Hautes- Alpes,  les  couches  fossilifères  et  les  in- 
dices de  lignite  du  désert  en  Bauge,  les  lignites  d'Ëntreocoifrs^ 
du  Pctit-Bornaud,  de  Perunut  en  Savoie,  les  lignites  et  fossiles 
littoraux  des  Diablerets,  canton  de  Vaud,  etc. 

Hébert  et  Renevier  (1  )  ont  montré  que  la  faune  de  ces  couches 
littorales  du  versant  français  des  Alpes  avait  une  grande  analogie 
avec  celle  de  Ronca  et  de  (lastel-Gomberto  dans  le  Véronais.  Ib  ne 
se  sont  occupés  que  de  Tensemble  de  la  faune  italiennpe;  mais 
s*ils  eussent  comparé  les  fossiles  français  avec  ceux  qui  se  trou- 
vent dans  les  marnes  à  lignite  de  Pu  lé,  val  d*Agno,  ils  auraient 
trouvé  une  similitude  presque  complète.  Ces  marnes  à  lignites 
occupent  la  base  du  calcaire  à  Nummulites. 

(1)  Hébert  et  Renevier,  Description  des  fossiles  du  terrain  num^ 
muiitique  supérieur  des  environs  de  Gap^  des  Diahlerets  et  de  quel^ 
yues  localités  de  la  Savoie, 


NOTB    DE    M.    DR    MORTILLBT.  80& 

Les  calcaires  nuininuliltques  de  Savoie,  coiiiinc  ceux  de  Tliônes, 
par  exemple,  contiennent  une  grande  Huître  \rè8  épaisse,  Ostrea 
gigantira,  Brand,  qu  on  re^'ouve  aussi  à  Casiel-Gomberto,  sous 
le  mont  Veraldo. 

Dans  les  Alpes  françaises,  le  nuinniulitique  s^ëlève  à  de  trçs 
grandes  hauteurs;  on  le  trouve  à  3162  mètres  dans  le  bassin  de 
la  Durance,  au  nord  d'Embrun,  à  3500  mètres  aux  Aiguilles 
cl'Aryes,  près  de  3aint- Jean-de-Maurienne,  à  2750  mètres  ^  TAi- 
(^uille  de  VVacrus,  près  du  mont  Blanc,  er  à  3000  mèti*es  aux  Dii^- 
blerets,  canton  de  Vaud,  tandis  qu'en  Yénétie  il  ne  dépasse  pas 
500  mètres  et  qu'il  ne  les  atteint  pas  en  Lomb^rdie  et  dans  |^ 
plaine  du  Pô. 

B  Mfotènt'.  —  En  Vénélie,  à  l'épcène  proprement  dit  font  suite 
des  conciles  puissantes  qui  ont  encore  certains  caractères  nummu- 
litiqucs,  qui  contiennent,  par  exemple,  desOperculaires  et  mén^e 
de  vic^ies  Nummulites.  C'est  ce  que  IVlassaloiigo  noii)ine  oligocène 
ou  couches  à  Aiitliracothcrium.  Il  en  est  qui  sont  très  riches  çn 
poissons  et  en  végétaui^  fossiles»  comme  à  Cliiavou^  Salcedp, 
Movale,  etc  Ces  couches  correspondent  à  une  partie  des  inoljas^ 
d'eau  douce  inférieures  de  la  Savoie  et  de  la  Suisse,  Crempigny 
près  de  ^eyssel,  Kochette,  Rivaz  pics  de  Lausanne,  et  doivent  êti'^ 
l'apportées  au  miocène  inférieur. 

Celte  subdivision  oligocène  est  recouverte  par  de  nombreuses 
couckes  de  sables  et  niarnes  alternant  avec  un  très  grand  nombre 
d'assises  de  poudingue.  Le  fossile  le  plus  caractéristique  de  cet 
ensemble  est  Y 0.\trea  iangirostris,  Lam.,  qui  forme  parfois  des 
bancs  entiers.  On  trouve  aussi  bon  nombre  d'autres  espèces  mio- 
cène.'., et  vers  la  partie  supérieure  ces  fossiles  semblent  apparie* 
nir  au  pliocène,  luais  la  division  lies  deux  tcriains  est  très  diffi- 
cile à  établir,  aussi  Ménéghini  et  Hornes  ont-ils  proposé  de  les 
réuiiir  sous  une  même  dénomination,  nèocèiie, 

£n  LpMihardie  le  miocène  p'a  été  caractérisé  nulle  part;  cepen- 
dant il  existe  près  de  Brcscia,  de  Coccaglio,  de  Côme,  de  Sesto- 
Calende.  des  monticules  où  Ton  voit  des  assises  de  poudingue 
alterner  avec  des  couches  de  marne  et  de  grès,  ensemble  qui  a 
tout  à  fait  l'aspect  de  la  p.vit^'  supérieure  du  néocène  véni- 
tien et  qui  pourrait  bien  être  de  la  même  époque,  comme  semble 
aussi  l'indiquer  sa  position.  IVIais  aucun  fossile  caractéristique 
n'est  venu  donner  une  date  certaine  à  tous  ces  monticules,  si  riches 
en  poudin^'uo^.  La  ^ule  chose  qu'on  peut  dire,  c'est  qu'ils  sont 
certainenient  postérieurs  aux  vraies  couches  à  Nummulites. 

£d  Pi(>moot  le  vrai  migcène  n'existe  pas  (c  long  des  Alpes. 


806  SfiANCK    DU    5   MAI   1862. 

Pour  le  liouvcr,  cotnme  pour  IVoctne,  il  faut  aller  vers  le  milieu  de 
la  plaine  du  Pô,  aux  collinesqui  longent  le (Ibuve,  ou  Ters  rApenoÎD. 

Le  versant  français  et  suisse  et  même  le  veisant  allemand  des 
Alpes  sont  coniplëtement  dépourvus  de  miocène.  On  ne  le  tnmve 
qu^au  pied  de  la  chaîne,  tout  à  fait  en  dehors,  on  il  a*ëtale  large- 
ment dans  la  plaine.  Cest  ce  qu'on  a  daigné  aoaa  le  nom  de  for» 
mation  de  la  mollasse. 

Cette  formation  contient  aussi,  surtout  vers  son  contact  avec  la 
chaîne  des  Alpes,  des  assises  nombreuses  et  puissantrs  de  poudin- 
gues.  Il  suffit  de  rappeler  que  le  Righi,  qui  s*élève  à  pliia  de  1300 
mètres  au-dessus  du  lac  des  quatre  cantons  suisses,  en  est  à  pea 
près  entièrement  composé. 

A  Textrémité  orientale  des  Alpes  en  Vénétie  et  en  Styrie,  il  y  a 
passage  et  concordance  de  stratification  entre  les  couches  éocènes 
et  les  couches  miocènes;  mais  il  n*en  est  |K>int  ainsi  sur  le  vemnt 
français,  suisse  et  bavarois.  En  Suisse,  Studer  a  vainement  cber« 
ché  une  section  oflrant  ce  passage  et  cette  concordance.  Dans  le 
Daupliiné,  ces  deux  terrains  semblent  même  ne  pas  se  trouver 
en  contact. 

C.  Pliocène.  —  Si  le  véritable  pliocène  se  dessine  mal  en  Véné- 
tie, on  le  trouve  très  bien  caractérisé  en  Lombardie,  sur  trois 
|>otnts,  le  long  de  la  hgne  des  Alpes  :  Castenedolo,  dans  la  plaine 
près  de  Hrescia,  Ncse,  indiqué  par  Curioni,  au  nord-nord -est  de 
Bergaine,  et  la  Folla  d'Induno  près  de  Varèsc.  Ces  gisements 
non-seuK'ment  offrent  les  fossiles,  mais  au^8i  les  sables  et  argiles 
propres  à  la  formation  suhapennine.  Leur  nature  pliocénique  ne 
saurait  donc  être  mise  en  doute. 

En  Piémont,  entre  le  pliocène  classique  de  TAstésan,  on  ren- 
contre plusieurs  lanileanx  de  ce  terrain  le  long  des  Alpes,  entre  le 
lac  Majeur  et  les  environs  d*Ivrée. 

Ce  terrain  étant  très  meuble  et  tout  à  fait  superficiel  a  été  dé- 
nudé dans  d'immenses  proportions;  c'est  pour  cela  qu'on  ne  le 
retrouve  que  par  lambeaux. 

Bien  que  près  des  Alpes,  il  ne  renferme  que  peu  de  couches 
à  cailloux,  j*en  ai  reconnu  quelques-unes  au  bord  de  la  Chiusella, 
en  face  de  Strambinello,  ))rès  d^Ivrée.  Il  y  avait  aussi  là  des  hois 
flottés  formant  lit  de  lignite,  ce  qui  prouve  que  c'était  un  rivage. 

Dans  tous  ces  lambeaux  aussi  bien  que  dans  l'Astésan,  les 
coni-lics  sont  pour  ainsi  dire  horizontales.  Si  elles  ont  éprouvé 
un  scuilèvement,  il  est  très  faible  et  maintenant  peu  sensible. 

Sur  le  versant  français,  le  pliocène  fait  complètement  défaut. 
31  aigre  mes  recherches,  je  ne  Tai  pas  rencontré  en  Savoie  et  dans 


NOTE   DE    M,    DE   MOIITILLET.  897 

le  département  de  Tlsère.  Les  couches  tertiaires  qui  liront  paru 
les  plus  récentes  sont  celles  qui  se  trouvent  à  Pommiers,  près  de 
Voreppe,  contenant,  au  milieu  d'assises  puissantes  de  poudingues, 
des  couches  de  lignite  et  des  bancs  d'argile  ou  de  grès.  Les  argiles 
supérieures  au  lignite  m'ont  fourni  deux  échantillons  de  Cerithium 
assez  bien  conservés  pour  ne  laisser  aucun  doute  sur  leur  identité. 
Je  les  ai  comparés  avec  de  magnifiques  séries  miocènes  et  pliocènes 
de  Piémont,  des  Apennins  et  de  l'oscane,  et  avec  des  séries  très 
belles  aussi  du  bassin  de  Vienne  et  de  Bordeaux.  J'ai  reconnu  le 
Ccrit/iittm  papaveraceunit  fiast.,  qui  se  trouve  identique  dans  le 
miocène  supérieur  de  Vienne  et  le  miocène  moyen  de  Bordeaux, 
et  qui  est  très  voisin  du  C.  tricinctum^  Brocchi,  de  toute  la  zone 
miocène  du  Piémont,  et  dont  le  type  original  se  trouve  au  musée 
de  Milan.  L'autre  espèce  est  le  €•  Dttiwi.ui\  liorn.,  en  tout  sem- 
blable à  la  figure  donnée  par  cet  auteur  et  à  un  échantillon  du 
miocène  supérieur  de  Vienne,  qu'il  a  envoyé  à  Michelotti.  Gas- 
taldi  Ta  recueilli  dnns  le  miocène  moyen  de  la  colline  de  Turin. 
Cette  espèce  se  rapproche  du  C.  iigriita/um^  avec  lequel  on  le 
confond  souvent,  qui  est  aussi  de  la  zone  miocène.  Ces  fossiles 
sont  caractéristiques  ;  les  couches  supérieures  de  la  mollasse  de 
l'Isère  sont  donc  bien  miocènes. 

D.  Etat  oro^rapliîqite.  —  Sur  le  versant  italien  des  Alpes  il 
semble  qu'il  y  a  liaison  intime  entre  les  dernières  couches  créta- 
cées et  les  premières  couches  éocènes.  Il  y  aurait  eu  continuité  de 
dépôt  et  par  suite  passage  graduel.  Aussi  sous  le  rapport  physique 
et  minéralogique  est-  il  très  difficile  et  même  parfois  impossible 
de  distinguer  les  couches  de  chacune  de  ces  formations.  Sous  le 
rapport  zoologiquc  et  botanique,  il  semble  aussi  y  avoir  passage. 
Il  est  des  plantes  et  des  animaux  qu'on  retrouve  dans  les  couches 
contenant  des  Ammonites  et  de^  Jnoceramus  et  dans  celles  conte- 
nant des  Nummnlites, 

En  Vénétie  et  en  Lomhardie,  par  suite  de  rexhaussement  lent  et 
continu  du  centre  des  Alpes,  la  mer  éocène  a  continué  le  mouve- 
ment de  recul  commencé  aux  époques  précédentes. 

Mais  en  Piémont  il  y  a  eu  abaissement  du  sol  des  Alpes  entre 
le  massif  de  Tende  et  celui  du  mont  Viso,  de  sorte  que  la  mer 
éocène  du  versant  italien  est  allée  rejoindre  la  mer  du  versant  fran- 
çais, entre  Goni  et  Barcelonnette. 

;;,^  G  est  cette  réunion  des  deux  mers  qui  fait  que  la  faune  éocène 
des  deux  versants  est  beaucoup  plus  semblable  que  celle  des  ter- 
rains antérieurs. 

L'abaissement  d'une  partie  du  sol  des  Alpes  s*est  produit  sur 
Soc.  géol,^  2*  série,  tome  XIX.  57 


898  sÊAiffE  Di'  5  MAI  1862. 

une  {;rniu1c  échelle  dans  le  versant  français,  de  aorte  que  la  mer 
éocène  a  recouveii  des  surfaces  qui  étaient  émergées  depuis 
l'époque  oxfordieiuie  et  même  depuis  le  lias.  C*esc  ainsi  qu'elle  a 
pénétré  dans  les  territoires  de  Rarcelonnette  et  d'Embrun,  dani 
le  Briançonnais  et  la  Maurieune. 

Ailleurs,  comme  dans  les  Alpes  maritimes,  dans  la  ligne  qui  n 
des  fiau{;es  à  la  frontière  suisse  et  dans  ce  dernier  paya,  elle  est 
restée  dans  les  bassins  (|ui  ont  reçu  les  dépôts  des  dernières  nien. 
Cependant  ces  ha^sins  se  sont  resserrés  par  le  soulèvement  de  la 
partie  extérieure  des  Alpes.  C'est  ainsi  que  la  craie  supérieure  a 
laissé  ses  dépôts  dans  le  massif  de  la  Chartreuse  et  que  le  nununu- 
litiquc  n'y  a  pas  pénétré.  Il  en  est  de  même  pour  la  continuation 
de  cette  cli.ime  à  travers  le  Dauphiné. 

Après  Tépoque  èocène  il  s'est  opéré  un  mouvement  en  sens 
inverse  au  mouvement  de  bascule.  La  région  précédemment 
occupée  par  la  mer  s*est  ei^haussée  et  mise  à  sec  d*une  manière 
définitive,  tandis  que  la  ré[;ion,  alors  à  sec,  s*est  aOaissée  progres- 
sivement ;  elle  a  d'aboi  d  été  oiTupée  par  des  eaux  douces,  ce  qui 
adonné  lieu  aux  dépots  de  la  mollasse  d*eau  douce  inférieure; 
puis  elle  a  été  envahie  par  lu  mer  qui  a  déposé  la  mollasse  ma- 
rine ;  l'ait  très  remarquable,  presque  nulle  part  les  dépôts  de  ces 
deux  époques  ne  se  trouvent  superposés  sur  le  versant  français  et 
suisse.  Ils  ont  occupé  des  ré(;ions  tout  à  fait  distinctes. 

Sur  le  versant  op|K)sé,  le  versant  italien,  au  contraire,  la  suc- 
cession de  Téocène  et  tiu  méocène  s'est  faite  régulièrement  et  sans 
perturbation  violente  ;  aussi  les  deux  dépôts  occupent  les  mêmes 
ré[;ions. 

Cet  énorme  mouvement  de  bascule  n*a  pas  pu  se  faire  sans  de 
grandes  perturbations  :  aussi  les  dépôts  miocènes  contiennent-ils 
des  a^si.ses  puissantes  de  poudin{>ues  tout  autour  des  Alpes.  C'est  i 
cette  époque  que  les  sommets  ont  dû  se  dessiner  d*uue  mauière 
majestueuse.  C'est  très  probablement  de  cette  époque  que  datent 
les  serpentines  des  Alpes.  En  effet,  on  n*en  trouve  pas  de  débris 
dans  Téocènc  alpin,  tandis  que  le  miocène  du  Piémont  en  est 
chargé.  La  formation  du  mont  Yiso,  masse  de  serpentine  qui 
s'élève  à  3000  mètres,  a  dii  être  bien  capable  de  soulever  le  sol 
occupé  tout  autour  par  la  mer  éotrènc. 

A  la  tin  de  répo4|ue  miocène,  il  y  a  eu  un  nouveau  soulève- 
ment qui  a  été  {;énéral  sur  le  versant  français  et  suisse.  La  mer  du 
moUassique  a  été  refoulée  pour  toujours  en  delioi*sdc  la  Provence, 
du  Dauphiné,  de  la  Savoie  et  de  la  Suisse.  Ses  dépôts  se  sont  trouvés 
élevés  jusque  vers  les  somnieU  des  chaînes  extérieures  des  Alpes. 


IIOTR   DE   M.  DS   «OlTaLW.  899 

En  même  temps  (in  mouvement  d'abaissement  avait  lieu  eh 
Piémont,  ce  qui  a  permis  à  la  mer  pliocène  de  s'avancer  beau- 
coup plus  avant  que  sa  devancière.  C'est  ce  dernier  affaissement 
qui  probablement  a  fait  que  les  arêtes  cristallines,  ordinairement 
centrales,  arrivent  en  Piémont  jusque  vers  la  plaine. 

Dans  la  Yénétie,  au  contraire,  l.i  mer  pliocène  aurait  plutôt 
éprouvé  un  mouvement  de  recul.  La  Lombardie  aurait  tenu  le 
milieu  entre  les  deux  régions. 

Pendant  l'époque  pliocène,  il  y  a  eu  probablement  une  péi*iode 
de  calme,  puisque  les  dépôts  de  celte  époque  contiennent  pen  de 
poudingucs.  Le  dernier  grand  exhaussement  des  Alpes  a  eu  lieu  à 
la  fin  de  l'époque  miocène.  Cet  exhaussement  a  dessiné  les  vallées 
alpines  telles  qu'elles  se  voient  actuellement,  c'est-à-dire  compo** 
sées  de  bassins  clos  par  des  rétrécissements  avec  barrages.  Ces 
bassins  formaient  autant  de  lacs  qui  peu  à  peu  se  sont  comblés 
par  l'accumulation  des  cailloux  entraînés  par  les  torrents;  mais, 
pendant  toute  la  longue  périoile  qu'il  a  fallu  pour  combler  ces 
bassins,  les  eaux  amvaient  à  la  mer  chargées  seulement  de  limon 
d'abord,  de  sable  ensuite  ;  c'est  ce  qui  fait  que  les  dépôts  pliocènes 
formés  par  ces  décantations  successives  se  composent  d'argiles  à  la 
base,  de  sable  à  la  partie  supérieure,  et  contiennent  très  peu  de 
cailloux. 

Le  sol  s'est  ensuite  soulevé  lentement,  faisant  écouler  la  mer 
pliocène  sans  perturbation  violente,  du  moins  du  côté  des  Alpes, 
et  sans  altérer  sensiblement  l'horizontalité  des  couches. 

Alors  a  commencé  l'époque  quaternaire. 

9.  —  Quaternaire, 

Les  dépôts  de  la  période  quaternaire  des  Alpes  sont  beaucoup 
plus  simples  qu'on  ne  Tadmet  généralement.  Ils  se  montrent  dans 
tout  l'ensemble  de  la  chaîne  avec  une  constance  et  une  régularité 
remarquables.  Us  se  divisent  en 

AlluvioDs  aDcienDes, 
Dépôts  glaciaires, 
AlluvioDs  récentes. 

A.  Alluvions  anciennes^  —  Le  soulèvement,  qui  a  fait  écouler  la 
mer  mollastique  et  terminé  les  dépôts  miocènes  sur  le  versarit 
français  et  suisse  des  Alpes  et  qui,  par  contre,  a  occasionné  raftais-» 
sèment  de  la  plaine  du  Piémont,  est  le  dernier  mou  vérifient  violent 
qui  a  donné  «ui  Alpes  leur  aspect  actuel.  G'est  aldrs'que  se  rônt 


900  «ÉAHCl  DO   5   MAI   1802.- 

formëes  let  grandes  vallées  avec  leur  succession  de  bassins  et  de 
rétrécissements  ou  barrages  si  bien  décrits  |Mir  de  Saussure. 

Primitivement,  tous  ces  bassins  devaient  former  des  lacs  succes- 
sifs. Cest  effectivement  ce  qui  a  eu  lieu  comme  on  peut  s'en 
assurer  par  l'étude  attentive  des  vallées.  Je  me  contenterai  de  citer 
pour  exemple  la  plus  parcourue  de  toutes,  celle  de  la  Naurîennc, 
communication  de  la  France  avec  l'Italie  par  le  mont  Cenis.  Sans 
descendre  de  diligence,  on  peut  très  bien  observer  à  Lana-Ie-bourg, 
en  amont  et  surtout  en  aval  du  bourg,  les  dé|)ôts  du  lac  formé  par 
le  barrage  contre  lequel  est  bâti  Tliermignon,  au-dessous  de  ce 
dernier  village  et  sous  l'église  de  Sollièrcs,  les  dépôts  d*un  autre 
lac  formé  par  un  barrage  de  gypse  et  de  cargneules,  détruit  actuelle- 
ment, au  relai  du  Ycrnay,  les  dépôts  du  lac  occasionné  par  le 
barrage  du  fort  de  l'Ësseillon,  à  Modane,  en  aval  du  bour^f,  encore 
les  dépôts  d'un  autre  lac. 

Les  divers  bassins  des  vallées  formant  lacs  se  sont  successive- 
ment remplis  de  matériaux  éboulés  des  montagnes  ou  diarriés 
par  les  torrents.  En  même  temps  les  cours  d'eau  du  fond  de  b 
vallée  minaient,  usaient  lentement,  mais  d'une  manièi'e  continue, 
le  barrage,  et  en  diminuaient  le  niveau, soit  en  le  détruisant  en  en- 
tier, comme  cela  a  eu  lieu  au  dessous  de  Soliières,  soit  en  élargissant 
une  fente  et  en  ouvrant  un  profond  défilé  dans  le  rocher,  comme 
au-dessus  de  Tliermignon  et  au-dessous  du  fort  de  TEsseillon. 

Le  temps  nécessaire  pour  remplir  d^alluvions  torrentielles  tons 
les  bassins  intérieurs  des  vallées  des  Alpes  a  dû  être  fort  long  ;  c'est 
ce  qui  fait  qu*il  n'est  arrivé  que  fort  peu  de  ces  alluvions  dans  la 
mer  pliocène  en  Piémont,  dont  les  dépôts  ne  contiennent  que  peu 
de  cailloux.  C'est  aussi  pendant  ce  long  espace  de  temps  qu*onteu 
lieu  dans  les  plaines  du  Dauphiné  ces  grandes  dénudations  con- 
statées par  Scipion  Gras. 

Les  vallées  une  fois  comblées  et  nivelées,  les  alluvions  torren- 
tielles des  Alpes  se  sont  répandues  dans  les  plaines  environnantes 
et  y  ont  amoncelé  des  quantités  prodigieuses  de  débris  de  toute 
sorte  à  Tétat  de  cailloux,  de  gravier,  de  sable  et  de  limon  argileux, 
suivant  que  le  point  se  trouve  plus  voisin  ou  plus  éloigné  des 
Alpes,  dans  la  direction  du  cours  d'eau  ou  dans  une  position  laté- 
rale. Au  débouché  de  chaque  vallée  se  formait  un  vaste  cône  de 
dégorgement  très  surbaissé,  répandant  autour  de  lui  les  divers 
matériaux  charriés  par  zones  circulaires  de  plus  en  plus  ténues  à 
mesure  qu'elles  s'éloignaient  du  débouché. 

Sur  le  versant  itcilien  les  dépôts  de  l'alluvion  ancienne  ont  en- 
vahi toute  U  plaine  après  l'écoulement  de  la  mer  pliocène. 


NOTB    DE    M.  DB   MORTILLBT.  OOi 

Sur  le  versant  français  ils  sont  venus  combler  les  espaces  dé-* 
nudës  par  les  eaux  claires  de  la  période  prëcëdente. 

Ces  alluvions  anciennes  se  composent  [;énëralemenl  de  puissante 
dépôts  de  cailloux  et  de  graviers  alFectant  la  stratification  torren- 
tielle. Cependant  elles  renferment  surtout  dans  les  plaines  des 
couches  de  sable  etd*argile.  Près  de  Ghambéry,  à  la  Boisse,  elles 
sont  composées,  en  allant  de  bas  en  haut,  d'une  puissante  assise  de 
sables  fins,  surmontée  d'argiles  bleues  et  rouges,  contenant  dn 
lignite,  le  tout  recouvert  par  les  cailloux.  Ce  sont  ces  argiles  qui 
renferment  les  lignites  exploités  à  Sonnaz  et  à  la  Motte.  J'ai  re- 
trouvé dans  les  dépôts  de  cailloux  des  pierres  impressionnées  que 
certains  géologues  avaient  considérées  comme  caractéristiques  de  la 
mollasse. 

La  stratification  est  sensiblement  horizontale,  ce  qui  montre 
que  depuis  le  dépôt  il  n'y  a  pas  eu  de  soulèvements  violents  et 
partiels. 

Ces  anciennes  alluvions  existent  en  aval  comme  en  amont  des 
gi'ands  lacs  qui  bornent  les  vallées  des  Alpes.  Aux  deux  extrémités 
elles  ont  les  mêmes  caractères  et  se  maintiennent  à  des  niveaux 
proportionnels.  Les  cailloux  sont  ù  peu  près  de  même  volume, 
composés  des  mêmes  roches,  dans  les  mêmes  proportions.  Ces 
roches  sont  toutes  celles  qui  se  trouvent  sur  les  flancs  de  la  partie 
supérieure  de  la  vallée. 

Pour  que  ces  cailloux,  provenant  de  la  partie  supérieure  des 
vallées,  aient  pu  être  amenés  en  aval  dts  lacs,  et  cela  sans  aucune 
action  violente,  puisqu'ils  sont  tous  d'un  volume  à  peu  près  uni- 
forme et  de  petite  dimension,  il  faut  forcément  admettre  qiie  ces 
lacs  n'existaient  pas  à  cette  époque;  cette  àlluvion  n'a  pu  arriver 
dans  les  plaines  que  roulée  sur  un  plan  incliné  régulier.  Si  les  lacs 
avaient  existé  avec  leur  profondeur  de  797  mètres  pour  le  lac 
Majeur,  587  pour  le  lac  de  Côme  et  de  Lecco,  298  pour  le  lac  d'iseo, 
290  pour  le  lac  de  Garde,  350  pour  le  lac  de  Genève,  32/i  pour 
le  lac  de  Lucerne  ou  desQnatre-Cantons,  23/i  pour  le  lac  de  Thun, 
ces  grandes  profondeurs  auraient  d'abord  été  comblées  avant  que 
les  cailloux  eussent  passé  au  delà  ;  c'est  ce  qui  certainement  a 
eu  lieu. 

B.  Dépôts  glaciaires.  —  Sur  les  alluvions  anciennes  reposent  le 
terrain  glaciaire  caractéristique,  ses  boues  à  cailloux  striés  et  ses 
blocs  erratiques  à  arêtes  vives. 

L'étude  de  ces  boues  et  de  ces  blocs  montre  que  les  anciens 
glaciers  ont  rempli  toutes  les  grandes  vallées  des  Alpes,  non-seule- 
ment sur  le  versant  nord,  depuis  l'Autridie  jusqu'à  la  Frapce, 


902  flANCB   DU   6   MAI    1862. 

mais  aussi  sur  le  versant  sud,  comme  je  l'ai  uioocré  dans  une  Carte 
des  anciens  placiers  fia  tursani  Un  lien  des  Alpes  (1).  On  les  InxiTe 
depuis  la  vallëe  de  la  Slura  de  Coui  au  sud-ouest  jusqu'à  celle  du 
Tagliamento  à  l'est. 

Les  (placiers  de  la  Stura  de  Goni,  de  la  IMaira,  de  la  Yaroiu, 
de  la  vallée  alpine  du  Pô,  du  Pellice,  du  Chîsone.  de  la  Stura  de 
Lanzo,  de  TOrco,  de  la  Susia,  de  la  Breuta,  de  la  Cismooe  et  de 
la  Piave  ne  sortaient  |)as  de  la  vallée. 

Vj^wTL  de  la  Oora-Riparia,  de  la  Dora-Baltea,  de  la  Toce,  do 
Tessin,  de  l'Adda,  de  TOglio,  de  TAdi^je  et  du  Tagliamento  fiom 
venus  s'étaler  plus  ou  moins  largement  dans  la  plaine.  Us  ool 
laissé  au  dcboucliê  des  vallées  de  vastes  moraines  terniinalei, 
semi -ci reniai reS)  formant  amphithéâtre,  eu  général  encore  par- 
faitement conservées. 

Le  glacier  de  TAdige  s'est  jeté  dans  le  bassin  lalëral  du  lac  de 
Garde,  parce  que,  arrivé  à  IMori,  il  a  été  arrêté  par  les  goi*gestrop 
étioites,  à  parois  trop  élevées,  de  la  Ghinsa,  dans  lesquelles  a^en- 
gage  la  rivière.  On  reconnaît  en  Italie  que  les  glaciers  évitaient 
les  gorges  trop  resserrées.  Ainsi,  le  glacier  de  la  Brenta,  au  lieu  de 
suivre  les  gorges  qui,  au-dessous  de  Priiiiolano,  laissent  passer  la 
rivière,  s*est  étendu  sur  les  hauts  plateaux  des  montagnes,  au  nord 
du  côté  d'Arsié  et  au  sud  du  côté  des  Sette- Coin  muni.  Le  glacier 
de  la  Piave,  près  de  Feltrc,  au  lieu  de  s'engager  dans  la  gorge  qui 
resserre  le  fleuve,  s*est  porté  du  côté  de  la  ville,  dans  la  pisiue 
tertiaire. 

En  Garinthie  les  glaciers  descendaient  au  moins  jusqu'à  Kla- 
genfurt. 

Morlot  a  cité  des  blocs  erratiques  tout  près  de  Vienne  prove- 
nant de  Glocknitz,  du  côté  du  Somring. 

Les  géologues  suisses  ont  parfaitement  décrit  les  anciens  glaciers 
qui  recouvraient  tout  leur  pays,  et  Esclicr  de  la  Linlh  en  a  donoé 
une  excellente  carte. 

Enfin  les  géologues  français  ont  étudié  les  glaciers  qui  recou- 
vraient toute  la  Savoie,  une  bonne  partie  du  Dauphiuë,  s'avançaient 
jusqu'à  Lyon  et  occu|)aient  une  grande  partie  de  la  vallée  de  la 
Dura  n  ce. 

Tous  les  grands  lacs  de  la  Suisse,  lacs  de  Gonstance,  de  Wallen- 
statt,  de  Zurich,  de  Zug,  des  Quatre -Gantons,  de  Sempacli,  de 
Brienz,  de  Thun,  de  Morat,  de  Bienne,  de  Neuchatcl,  de  Genève; 
ceux  de  Savoie,  lacs  d'Annecy  et  du  Bourget;  ceux  du  nord  de 

(K)  4  860,  40  pages  in-8  et  une  carte. 


NOTE    DE    M.    DB    MORTILLBT.  903 

rilalie,  lac  d'Orta,  lac  3Iajeur,  lacs  de  Varèse,  de  Lugano,  de 
Coinc,  d'iseo,  de  Garde  se  trouvent,  sans  excepûoD,  dans  la  rëgioa 
glaciaire,  ceux  d'Italie  tout  à  rextrëmité  des  anciens  glaciers,  ceux 
de  Suisse  dans  les  points  où  les  glaces  devaient  atteindre  leur 
maximum  d'action.  Celte  distribution  prouve  qu'il  y  aune  intime 
relation  entre  les  phénomènes  glaciaires  et  les  lacs  alpins. 

Avant  la  grande  extension  des  glaciers  on  voit  les  alluvions, 
composées  de  débris  de  roches  alpines,  dépasser  la  région  des 
lacs,  et  se  déposer  au  delà,  d'une  manière  régulière,  sans  actions 
violentes.  Les  lacs  n'existaient  donc  pas  pendant  que  ces  alluvions 
se  formaient. 

Après  la  fonte  des  anciens  glaciers  existent  les  lacs,  tous  ren- 
fermés dans  l'espace  qui  a  été  recouvert  par  les  glaces,  et  placés 
généralement  vers  les  points  où  ces  glaces  ont  dû  acquérir  leur 
maximum  d'action. 

Il  est  donc  tout  naturel  d'admettre  que  ce  sont  les  glaciers  qui 
ont  produit  les  lacs. 

Ce  n'est  pas  seulement  par  des  barrages  résultant  des  moraines, 
puisque  le  bassin  de  ces  lacs  atteint  jusqu'à  plusieurs  centaines 
de  mètres  au-dessous  du  niveau  supérieur  des  alluvions  anciennes 
qui  supportent  les  moraines. 

C'est  donc  par  une  action  de  creusement.  Les  glaciers  affonillant 
profondément  ce  sol  meuble,  ont  déblayé  les  grands  bassins  rem- 
plis d'alluvions  anciennes,  et  ces  bassins  après  la  fonte  des  glaces 
sont  restés  occupés  par  l'eau. 

Les  glaciers  exercent  une  action  des  plus  violentes,  sur  les  terrains 
sous-jacents,  puisqu'ils  rongent  et  moutonnent  les  roches  les  plus 
.  dures,  granités,  quartz,  quartzites,  porphyres.  Que  ne  doivent-ils 
pas  produire  sur  des  terrains  meubles,  des  alluvions?  Tout  le  monde 
sait  qu'ils  enl rainent  les  matières  meubles  dans  le  sens  de  leur 
marche,  comme  le  prouvent  le  polissage  et  le  striage  des  roches  en 
place,  le  striage  et  l'arrondissement  successif  après  de  nombreuses 
fractures  des  cailloux  contenus  dans  les  boues. 

Ces  actions  devaient  se  produire  d'une  manière  d'autant  plus 
puissante  aux  points  où  se  trouvent  les  lacs,  qu*en  ces  points 
la  hauteur  de  la  glace  au-dessus  du  niveau  actuel  de  Teau  variait 
de  300  à  800  mètres.  Chaque  mètre  carré  de  surface  supportait 
donc  un  poids  de  300  à  800  000  kilogrammes.  Cette  pression 
verticale  combinée  avec  une  force  de  poussée  encore  plus  grande 
qui  agissait  dans  le  sens  de  la  vallée,  c'est-à-dire  presque  horizon- 
tale, et  qui  a  été  capable  de  porter  à  des  distances  de  50,  75  et 
100  kilomètres  des  blocs  erratiques  cubant  plus  de  ^00  mètres,  a 


006  ^tÀNCB   DU    Ô    MAI    1862, 

grande,  indépeudante  de  tout  ciiiieot.  L'alluvioQ  récente,  au  con- 
traire, est  beaucoup  plus  meuble,  parce  qu'elle  D*a  «ubi  aucune 
pression. 

Cette  division  si  simple  du  quaternaire  alpio  en  alluvioDs  an- 
ciennes, dépôts  glaciaires  et  alluvions  récentes*  qui  se  reconnaît 
partout  quand  on  étudie  avec  soin,  a  pourtant  encore  di:s  oppo- 
sants. Scipion  Gras  et  Morlot,  par  atemple  ,  admettent  deux 
époques  (glaciaires.  Mais  je  crois  que  tout  le  raisonnement  dt 
Scipion  Gras,  comme  a  clierclié  à  le  prouver  Lory  et  comme  il 
m'a  semblé  le  reconnaître  aussi,  s'appuie  sur  des  boues  (glaciaires 
et  des  blocs  erratiques  remaniés.  Quant  à  Morlot  (1),  il  n'a  signalé 
l'intcrralation  de  Talluvion  ancienne  entre  deux  dépôts  glaciaires 
que  sur  un  seul  point,  à  la  Drance,  au-dessus  de  Thonon  (Savoie), 
où  un  petit  lambeau  de  boue  glaciaire  se  trouve  au  pied  d'une 
berge  d'ail uvion  ancienne,  supportant  un  abondant  dépôt  gla- 
ciaire. N'est-ce  pas  encore  là  un  remaniement?  Il  s'appuie  aussi 
beaucoup  sur  les  blocs  erratiques  de  la  colline  de  Turio»  signalés 
par  Martins  et  Gastaldi  et  plus  tard  reconnus  par  Gastaldi  lui- 
même  pour  n'être  pas  erratiques. 

Partout  où  j'ai  observé  Talluvion  ancienne,  je  l'ai  toujours 
trouvée  sans  aucun  mélange  de  produits  glaciaires  dans  son  inté- 
rieur. Je  l'ai  toujours  vue  reposer  directement,  soit  sur  les  roches 
anciennes,  soit  sur  les  roches  les  plus  récentes,  sans  aucune  inter- 
position de  boue  à  cailloux  striés  ou  de  blocs  erratiques. 

C'est  ainsi  qu'en  Piémont  elle  se  trouve  sur  les  dépôts  pliocènes, 
comme  on  peut  le  vérifier,  entre  autres,  à  la  Ghiusella,  près 
d'Ivrée. 

C'est  ainsi  qu'en  Suisse,  en  Savoie  et  en  Daupbiné,  elle  repose 
sur  la  mollasse  comme  on  le  voit  au  bord  du  Rhône,  au  saut  de 
Vernier,  près  de  Genève,  et  au  bord  du  Fier,  au  pont  de  Brogny. 
près  d'Annecy. 

10.  —  Conclusions. 

Les  conclusions  de  ce  travail  peuvent  se  résumer  dans  le  tableau 
ci-joint,  qui  montre  qu'il  y  a  parallélisme  à  peu  près  complet  entre 
les  terrains  du  versant  italien  et  ceux  du  versant  français  des 
Al(>os.  Ce  fait,  tout  simple  et  tout  naturel  qu'il  est,  a  pourtant 
été,  pendant  longtemps,  contesté  et  il  Test  encore  par  des  géo- 
logues d'un  vrai  mérite. 

(1)  A.  Morlot,  Sur  fe  terrain  quaternaire  du  bassin  du  LêmaM, 
4  858. 


s  ou  NORD?^^  «^^'^  ^"'^*- 


viNÉTIK. 


TYROL,  CARINTHIE  ET  TOSCANS. 


Pcri< 


N^ocioe. 


UtM  marine 


Oligocèue. 


Flysch  et  — — — — — ^ — 

aTBD  Eocène.  Calcaire  nummulitiqae. 


Macigno  et  calcaire  nummulilique  de  Toscaoe. 


Zone  crlie  supérieure  Je  la  Scaglia  A  Anancbttes. 
Dans  le 


Calcaires  à  radiâtes. 


rextrémile'  d^^^  iofér,  de  la  Scaglia  ;  Véronais  et  Vicentin. 


Mp«s«  corom 


Biancone. 


En  Chabl 


Très  en 
prèi 


Calcaire  à  Nërio^es  du  Frioul. 


^extrcmittf  d^Blcare'o  rosso  ammonitico  de  Yëne'tie. 


Col  d*Aj^^^"  ^  plantes  du  Vicentin  et  du  Vérouais. 


rie  de  roches  oolithiques  sufër.  de  Pasini. 
Calcaire  oolithique  du  Friunl. 


»iiH 


loches  oolithiques  inférieures  de  Hasioi; 
Bfeill4       calcaires  bitumineux  du  Frioul. 


touches  à  Melgalodus  triqueler;  lias  des 
I  Vénitiens. 

^rhi>tes  argileux  de  couleur  foncée,  et  cal- 
tfairifs  bruus. 


'.alcaire  compacte,  équiralent  de  Hallslalt 
rn  Frioul. 

irrès  Teineux  et  calcaire  marneux,  Raibler- 
Schichlen  en  Frioul.  Mélanges  de  couches 
sableuses  et  calcaires  peu  développés,  en 
Bellunais  et  Vicentin. 


Aasii 

infériel 


Calcaire  compacte  brun  du  Frioul. 
Bjlluuais  et  Vicentin. 


Grèsj 
et  pouding 


Grès  de  diverses  teintes. 


tférien    maiin  :  Alpiue  Slein,  Kohlen» 
rerracano  àé  iqion  ou  Gaîltbaler-Schichlen,  nord  du 


Pietra  forte  de  la  Toscane. 


Biancone  du  Tyrol. 


Cwlcaréo  rosso  ammonitico  du  Tyrol  italien. 


Couches  à  petits  gastéropodes  el  acéphales 
de  la  Speiia. 


Formation  de  Sainl-Cussian  (équivalent  de  Rxib, 

de  Gorno  et  Dossena).  Tyrol. 

Cttlcareo  salino  de  monl  Pisauo  et  de  mont 

Rombola  (Toscane). 


Calcarco  grigio  cupo  sema  celce  de  Sari 

(Toscane). 


Poudingnes  supérieurs  du  verrucano 
de  Toscane. 


Carboniférien  msrin.CurinlhiectTyrol  orirnlal. 
Id.  marin  «ur  terrestre  à  Torri  près  lano  (Tos- 
cane); majeure  partie  du  Terrucano. 

Extrémité  est  des  Alpes  :  environs  de  Grati. 
Dévonieu  inférieur  ou  silurien  snpériear. 


:3 


t 


J 


yOTI    Dl    M.    DALIllIBi.  907 

L'étude  des  terrains  des  deux  versants  parait  établir  aussi  d'une 
manière  très  nette  que  le  bombement  de  la  région  des  Alpes,  après 
s'être  dessiné  d'une  manière  asseï  complète  dans  les  temps  paléo- 
zoïques,  s'est  affaissé  progressivement  pour  faire  place  à  un  bassin 
de  mer  profonde  pendant  Tépoque  liasique. 

La  région  centrale  des  Alpes  s'est  ensuite  relevée  progressivemeul 
pendant  les  époques  ultérieures,  se  dessinant  toujours  de  plus  en 
plus,  jusqu'à  la  un  de  l'époque  miocène  où  elle  a  acquis  son 
maximum  d'élévation.  Mais  cet  exhaussement,  au  lieu  de  se  faire 
d'une  manière  régulière  et  continue,  s'est  opéré  par  une  série 
d'oscillations  ou  mouvements  de  bascule  qui  successivement  relcr 
vaient  un  côté  ou  extrémité  de  la  cliaine  pendant  que  l'extrémité 
ou  côté  opposé  éprouvait  un  affaissement. 

Ces  mouvements  oscillatoires  se  dessinent  a  toutes  les  époques. 

Un  autre  fait  très  intéressant  qui  parait  ressortir  de  Tétude  des 
terrains  du  versant  italien  des  Alpes  est  celui  du  mélange  des 
faunes  entre  certains  terrains,  non-seulement  entre  des  terrains 
qui  se  suivent  immédiatement  comme  entre  le  crétacé  supérieur 
et  Téocène,  mais  encore  entre  des  terrains  qui,  bien  que  directe* 
ment  superposés  les  uns  aux  autres  en  Italie,  comme  l'oxfordicn  et 
le  néocomien,  soDt  séparésau  moins  par  trois  époques  géologiques 
sur  d'autres  points. 

M.  Dâlimier  fait  la  communication  suivante  : 

Sur  les  terrains  primaires  des  empirons  de  Falaise  {Cahados); 

par  M.  Paul  Dâlimier. 

La  note  que  j'ai  Thonneur  de  présenter  à  la  Société  géologique 
sur  les  terrains  primaires  des  environs  de  Falaise  a  pour  objet, 
d'abord  de  signaler  un  horizon  fossilifère  inconnu,  je  crois,  en  ce 
point,  et  surtout  d'étabhr  la  succession  complète  des  roches  de  cet 
âge  qu'on  y  rencontre.  Je  m'efforcerai  de  montrer  que  cette  loca- 
lité présente  sur  un  petit  espace  la  démonstration  des  faits  strati- 
gvaphiques  que  j'ai  reconnus  et  publiés  dans  mon  travail  sur  les 
Terrains  primaires  de  la  presqu  île  du  CoW/itin;  cette  confirmation, 
d'ailleurs,  je  Tai  trouvée  partout  où  j'ai  observé  l'ensemble  des 
roches  siluriennes.  Je  me  réserve  d'en  donner  ultérieurement  des 
preuves  nombreuses  par  des  coupes  prises  sur  les  points  les  plus 
éloignés  de  la  Bretagne  et  de  la  Normandie. 

Pour  le  moment,  voici  les  raisons  qui  ont  dirigé  mon  attention 
du  côte  de  Falaise. 


908  SÉAMCI   DU    5   MAI   iSOS. 

I.  •«  Il  y  a  deux  ans,  M.  A.  de  BrébÎMon,  correspondanl  de  la 
Société  linnéenne  de  Normandie^  a  signalé  à  cette  Société  des 
empreintes  trouvées  par  lui  à  Nornn  (CalTados)»  à  3  kîlofiiètref 
au  S.-O.  de  Falaise,  sur  une  grauwacke  schisteuse  verdâcre  qu'il 
a  rapportée,  d'après  l'avis  de  M.  IVIorière,  au  terrain  <:aiiibrîeD(i). 
M  Ces  fossiles,  peu  saillants  au-dessus  de  la  roche,  semblent  pré- 
w  senter  de  larges  plaques  ayant  desboi*ds  fortement  siuués,  dont 
M  les  lobes  allongés  sont  arrondis  et  présentent  une  certaine  épais» 
»  seur.  —  Les  lobes  des  contours  des  plaques  paraissent  entrelaoéi 
»  avec  ceux  d'une  plaque  voisine  ;  mais  il  serait  possible  que  celte 
»>  apparence  fût  due  à  l'élévation  de  la  pâte,  encore  molle,  de  h 
M  couche  sur  laquelle  est  venu  se  placer  le  débris  dont  le  poids  i 
M  déterminé  cet  effet,  avant  que  la  formation  eût  pris  de  la  con* 
M  sistance.  —  On  y  distingue  souvent  des  sommets  d*articles  ar- 
»  rondis  présentant  une  configuration  palmée  tout  à  fait  reniar- 
»  quable.  » 

Telle  est  l'unique  description  qui  a  été  donnée  de  ces  empreintes. 
Je  mets  sous  les  yeux  de  la  Société  géologique  une  excellente  pho- 
tographie de  cette  roche,  que  je  dois  à  l'obligeance  de  iVI.  Eugène 
Deslongchamps.  Cette  photographie  a  été  envoyée  à  plusieun 
géologues  d'Angleterre,  à  MM.  Kinahan,  Haughton,  Baily,  Salter, 
et,  selon  l'opinion  assez  générale,  ces  empreintes  seraient  dues  à 
des  crustacés,  «  animaux  qui ,  à  ces  époques  primordiales,  attei- 
»  gnaient  souvent  de  grandes  dimensions  ».  M.  Haughton,  profes- 
seur a  Dublin,  plus  explicite,  pense  même  que  ces  empreintes 
appartiennent  à  des  trilobites,  u  Les  sutures  emboîtées  ont  la  plus 
»  grande  analogie  avec  les  impressions  qu'on  remarque  sur  les 
»  côtés  d'empreintes  qui  se  trouvent  dans  le  grès  carbonifère  de 
»  Lugacavan,  et  que  je  crois  être  des  trilobites  (2).  » 

M.  de  Brébisson,  au  contraire,  semblerait  pencher  vers  une 
origine  végétale  et  se  demande  si  ces  empreintes  ne  seraient  pas 
des  formes  gigantesques  tV joignes  corallotdes. 

Quelque  respect  que  je  professe  pour  ces  opinions,  on  me  per- 
mettra de  conserver  des  doutes  sur  de  semblables  déterminations. 
Je  ferai  d'abord  observer  qu'en  présence  de  débris  si  probléma- 
tiques, on  regrette  de  les  rencontrer  sur  un  espace  aussi  limité, 
qui  n'avait  pas  plus  d'un  mètre  carré  de  superficie.  Cette  couche 
s'engageait,  il  est  vrai,  dans  le  sol,  mais  rien  n'a  montré  si  le 
phénomène  des  lignes  sinueuses  s'y  continuait  ;  et  je  ne  sache  pas 


(4)   Bulletin  de  la  Société  linnérnne  de  Normandie^  4  860. 
(2)  Lettre  de  M.  Haughton  à  M.  William  Archer,  à  Oublia. 


KOTtf   m-  M.    DAlIfllBi.  909 

qu'ailleurs  on  ait  rien  découvert  d'ana1of>ue.  La  bizarrerie  (i*une 
forme  nouvelle  silurienne  n'aurait  rien  de  suiprenaut,  mais  en- 
core faut-il,  lorsque  cette  forme  ne  rappelle  aucun  type  connu; 
qu'elle  se  répèle  un  grand  nombre  de  fois  pour  nous  montrer 
qu'elle  n'est  pas  Teffet  du  hasard. 

D'un  autre  côté,  lorsqu'on  a  rapproché  ces  vestiges  des  formes 
trilobitiques,  je  crains  qu'on  n'ait  été  trop  frappé  par  l'apparence 
de  régularité  qu'offre  l'épreuve  photographique.  Les  géologues 
anglais,  que  j'ai  nommés  plus  haut,  n'ont  eu  que  cette  épreuve 
sous  les  yeux.  Or  on  ne  doit  pas  oublier  qu'elle  ne  représente  en 
grandeur  que  le  sixième  ou  même  le  septième  de  la  réalité.  Dans 
une  copie  réduite,  les  irrégularités  d'un  contour  sont  considéra- 
blement amoindries;  il  faut  donc  se  reporter  par  la  pensée  à  la 
roche  elle-même,  et,  pour  mieux  s'édifier,  dessiner  à  une  échelle 
de  grandeur  réelle  les  lignes  sinueuses  de  la  figure. 

Comme  exemple  je  mets  ici  sous  vos  yeux  trois  dos  lignes  If's 
plus  saillantes  et  les  plus  curieuses,  calquées  sur  l'épreuve  photo- 
graphique. 

Prenez  une  ('ciiclle  sept  fois  plus  grande  et  reproduisez  fidèle- 
ment les  mêmes  contours,  ce  qui  peut,  à  défaut  d'instrument 
spécial,  s'obtenir  aisément,  par  exemple  à  l'aide  de  deux  axes  de 
coordonnées.  J'ai  la  conviction  qu'après  avoir  effectué  ce  travail, 
vous  ne  pourrez  vous  empêcher  d'avoir  des  doutes  sur  l'origine 
organique  de  ces  apparences.  Vous  y  trouverez,  en  effet,  des  élé- 
ments tellement  irréguliers  et  différents  les  uns  des  autres,  que  je 
ne  sais  de  quelle  forme  animale  on  pourrait  les  rapprocher.  Ce 
défaut  absolu  de  symétrie  ne  saurait  d'ailleurs  s^expliquer  par  une 
déformation  ultérreure  de  l'empreinte  ;  car,  lorsque  ce  cas  se 
présente,  il  reste  toujours  un  cachet  particulier  qui  rappelle  l'an- 
cienne symétrie  de  la  forme  primitive. 

Sans  insister  davantage  sur  cette  question  que  des  découvertes 
ultérieures  cclairciront  peut-être,  je  m'occuperai  maintenant  de 
la  position  stratigraphique  de  cette  grauwacke  schisteuse  (1)  et  des 

(4)  Il  se  Irouye,  par  hasard,  que,  dans  la  carte  géologique  du  Cal- 
vados de  M.  de  Caumoiit,  la  grauwacke  schisteuse  n'est  point  indiquée 
en  ce  point;  elle  y  est  remplacée  par  le  terrain  jurassique. 


PIO  SfiAKCI  VU   5  H4f  ISItS. 

couches  qui  TaToisinent.  Cette  roche  appardenl  bien  à  l'étage  dci 
schistes  cambriens  des  auteurs  de  la  carte  géologique  de  Franoe, 
schistes  que  j'ai  raugés  dans  la  partie  asolque  da  aîlarien  înfériear. 
C'est  Téqui valent  de  la  plus  grande  partie  des  schiste»  do  Bocage 
normand,  des  schistes  de  Saint*Lô.  Elle  leprésente  minéralogie 
quenient  la  variété  de  roche  qae  les  anciens  auleura  appelaient 
grauwacke  phylladifèrc  et  dont  un  type  eiiste  aa  roc  dn  Ham, 
près  de  Condé  sur  Vire.  Cette  dernière,  décrite  en  1836  par 
M.  Héraut  (l),  y  est  recouverte  au  hameau  da  Fay  par  un  grès 
uiicacé  rougeâtre,  longtemps  regardé,  à  cause  de  sa  oonleiiTi 
comme  un  représentant  du  grès  bicarré  triasique.  C'est  la  inémt 
grauwacke  micacée  que  Dufrénoy  a  signalée  au  sud  de  Tho* 
rigny  (2),  et  qui  est  recouverte,  près  de  Guiberville,  par  un  grès 
•  rougeàire,  siliceux,  formant  de  petites  couches  associées  â  ua 
»  poudingue  de  galets  de  quartz  avec  argile  ferrugineuse,  grès  qoi 
H  contient  en  outre  des  parties  blanches  feldspatbiques  ».• 

Or,  près  de  Noron,  si  on  s  élève,  du  point  appelé  haut  da  valiom, 
vers  les  sommités  gréseuses  au  nord,  on  rencontre  successivcmeot 
(voy.  page  911  la  coupe  n®  2)  : 

4°  La  grauwacke  schisteuse  verdfttre,  micacée,  plongeant  de 
25  degrés  vers  le  nord. 

2**  Ud  grès  rougeâtre  micacé,  en  lits  peu  épais,  sans  couche 
visible  de  poudingues.  11  présente  d'ailleurs  le  même  plon- 
gemenl  que  la  grauwacke. 

30  Des  grès  blancs  qui  couronnent  toutes  les  hauteurs  et  domi- 
nent la  vallée  de  Noron. 

Il  semble  y  avoir  une  concordance  parfaite  de  stratification 
entre  ces  trois  assises  différentes.  La  seconde  représente  pour  moi 
celles  des  grès  pourprés  du  Bocage  normand ,  nom  par  lequel 
M.  iVlurchison  a  désigné,  en  Ecosse,  à^^  couches  analogues  aussi 
bien  par  leur  position  que  par  leurs  caractères  lithologiques  (3). 

Quant  aux  grès  blancs  qui  font  suite,  ce  ne  sont  pas,  comme  le 
dit  M.  de  Brébissou,  Xesgrès  de  Caradoc,  Je  sais  bien  que  Tauteur 
n'a  pas  voulu  indiquer  par  là  que  ces  grès  sont  supérieurs  à  la 
faune  d'Angers,  de  même  que  les  véritables  grès  de  Caradoc  sont 
supérieurs  à  la  faune  de  Llandeilo.  Mais,  comme  ces  grès  ont  en 
France  un  représentant,'  sinon  parfait,  du  moins  approché,  daos 

(4)  Annales  des  mines,  3*  sér.,  t.  VI.  Seconde  lettre  sur  les  ter-^ 
rains  de  transition  de  Normandie, 

(2)  Explication  de  la  carte  géologique  de  la  France j  t.  I,  p.  S4  3. 

(3)  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences,  4860. 


NDTB    M    ■.    DALlVni.  Oit 

les  roches  qtie  l'on  désigne  du  nom  de  grés  de  May,  il  importe  de 
Taire  dès  aujourd'hui  une  dialinction  <|ui  nous  e>t  facile,  d'aban» 
donner  cette  nticienne  habitude  cjui  consiste  »  appeler  gréa  de 
Caradoc  tout  j;rè!  de  transition,  et  de  donner  A  la  roche  de  Noroa 
le  nom  qui  résulte  et  de  sa  pnsiiinn  et  des  iléhrh  organique!  qu'elle 
ten  ferme. 

Il  est  vrai  qu'aucun  de  ces  deun  derniers  caractères  n'a  ftë  si»- 
fjnalë  jusqu'ici,  h  ma  connainiance  du  moins,  pour  les  grès  de 
Moron  et  de  Falaise.  Mais  Toici  les  résultats  auxquels  m'a  conduit 
l'élude  de  la  vallée  si  pitloresffiic  dans  laquelle  coule  la  rivière  de 
l'Ante  depuis  Vnllembras,  village  de  Noroi),  jusqu'à  Falaise. 

II.  —  La  dirrclion  générale  de  la  vallée  de  l'Anle  euli«  Noron 
et  Falaise  est  O.-F.  Dans  h  partie  occidentale  où  ont  été  trouvée* 
!e)  emprvinteî  ci-dessus,  on  ne  voit  que  les  ttois  roches  que  j'ai 
décrii>s.  Mais  avnnceï  vers  l'est  et  dans  la  partie  la  plus  pitto- 
resque. :<  un  kilomètre  de  Falaise,  la  vallée  olfie  la  coupe  suivante 
(Pig.  1  ]  du  S.-O.  au  N,  -Ë. ,  eoupe  qui  se  reproduit  identiquement 
la  même  jusqu'au  pied  du  château  de  cette  ville. 


Au  sud  le  plateau  élevé  est  recouvert  par  lesroches  jurassiques; 


9t2  stANCi  DU  5  MAI  1862. 

les  roclics  inférieures  au  terrain  silurien  sont  masquées.  Le  grèi 
forme  un  escarpement  peu  saillant  de  ce  coté,  mais  qui  domine 
au  nord  la  vallée.  Ce  grès  (Gr.)  fait  suite  à  celui  de  Noroo  ;  il  ta 
rejoindre  à  Touest  la  baude  identique  que  Ton  voit  de  Tautrecôlé 
de  la  coupe.  C'est  dans  ce  grès  que  j*ai  découvert  des  édbantilloiUi 
rares  à  la  vérité,  mais  fort  nets,  de  tiges  altongées  perpendiculaires 
à  la  surface  des  bancs.  Jusqu'ici,  ignorant  la  véritable  origioe  de 
ce  fossile,  je  Tavais  simplement  désigné  sous  le  uotn  de  iiges  de 
fucouîes^  c'est  le  même  que  M.  Rouault  a  appelé  tigiiiites  et  que 
les  géologues  américains  nomment  ScoUthus  UnrariM^  J.  Hall. 

Sur  ce  grès  repose  un  minerai  d'iiydroxyde  de  fer»  quelquefois 
schistoïde,  à  couches  compactes  ou  pisolitiques«  surtout  au  nord, 
près  du  château,  où  Ton  en  peut  voir  des  bancs  de  plusieurs 
décimètres  d'épaisseur.  Il  est  associé  à  des  schistes  d*uu  gris  cen- 
dré, recouverts  de  larges  taches  rougeâtres. 

Ce  minerai,  enfin,  supporte  des  schistes  ardoisiers  d'un  bleu 
noirâtre,  tachetés  d'hychoxydc  de  fer,  dans  lesquels  des  trilobites 
ont  été  signalés  dès  1821.  Ils  y  sont  peu  abondants,  mais  on  y 
reconnaît  sans  peine  la  Calymcne  Trisfanij  si  caractéristique  do 
niveau  de  la  faune  seconde  silurienne  dans  nos  ardoises  de  TouesC 

En  remontant  de  l'autre  côté  de  la  vallée,  la  même  successioo 
se  reproduit  et  les  grès  qui  sont  visibles  de  ce  côté  sur  une  vaste 
surface  m'ont  fourni  des  échantillons  plus  nombreux  de  ScoiHhus 
ii/ienris\  La  ))ointc  escarpée  de  rocher  qui  est  située  vis-à-vis  du 
château  montre  parfaitement  cette  superposition  et  l'on  y  voit  des 
masses  considérables  de  minerai.  Le  château  lui-même  est  bâti 
sur  la  ligne  de  jonction  des  schistes  ardoisiers  et  des  grès.  Si  l'on 
dépasse  plus  au  nord  la  hande  des  grès,  on  retrouve  les  schistes 
nzoiques  plongeant  en  sens  inverse  des  grès,  dans  la  même  vallée 
de  l'Ante,  qui,  de  Falaise,  remonte  vers  le  nord-est.  Hors  de  la 
vallée  les  dépôts  jurassiques  masquent  toutes  les  autres  roches. 

C'est  donc  seulement  sur  une  longueur  de  1  kilomètre  et  demi 
qu'il  m'a  clé  donné  d'apercevoir  les  schistes  à  Calymcne,  Mais, 
chose  singulière,  c^est  précisément  en  ce  point  que  les  roches  ont 
éprouvé  les  dislocations  les  plus  violentes.  Ceci  explique  pourquoi 
nous  ne  retrouvons  pas,  dans  la  coupe  n**  i,  entre  les  schistes  azol- 
qurs  et  les  grès,  une  concordance  qui  peut  au  contraire  s'observer 
à  2  kilomètres  plus  loin  à  l'ouest.  J'ai  observé  la  même  concor- 
dance accompagnée  même  d'alternances  plusieurs  fois  répétées 
entre  les  schistes  et  les  |;rès  pourprés,  à  6  kilomètres  au  sud  de 
Falaise,  sur  la  route  de  Cordey,  à  la  limite  des  deux  départements 
de  rOrne  et  du  Calvados. 


NOTfi   ht   M.    DÀLIteiBft.  dis 

Pour  qui  voudra  jeter  les  yeux  sur  la  succession  des  roches 
siluriennes  dans  le  Golentin,  telle  que  je  l'ai  présentée  Tannée 
dernière,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  géologique,  il  demeurera 
évident  que  la  série  se  reproduit  ici  exactement  la  même. 

A.  J'appelle  particulièrement  l'attention  sur  la  position  toujours 
constante  de  ce  minerai  d'Iiydroxydc  de  fer  qu'accompagne  souvent 
une  pâte  de  silico-aluminate  de  1er.  J'ai   montré  l'année  der- 
nière (1)  qu'il  est  intercalé  dans  la  chaîne  de  Mortain,  entre  leis 
grès  à  Scolithas  linearis  et  les  ardoises  à  Calymcne  Tristani,  Cette 
positionne  l'ai  retrouvée  à  ^0  lieues  au  nord,  près  de  Cherbourg, 
dans  le  département  du  Calvados,  dans  celui  de  l'Orne;  et,  par 
de  nombreux  exemples,  j'ai  acquis  depuis  la  conviction  que  c'est 
là  un  fait  constant  pour    toute  la  presqu'île    armoricaine.  Du- 
frénoy  rapporte  en   effet  ('2)   que,   d'après  les   observations  de 
M.  Lorieux,  les  (cnains  de  transition  fournissent  une  proportion 
assez  notable  des  minerais  de  fer  exploités  dans  les  départements 
ouest  de  la  France.    iVlais  il  ajoute  qu'ils  y  existent  à  la  ligne 
de  contact  de  ces  terrains  de  transition  et  des  roc/tes  anciennes.  Cette 
dernière  conclusion  ne  saurait  être  admise.  H  en  est  des  minerais 
siluriens  de  la  Bretagne  comme  de  ceux  de  la  Normandie.  C'est 
un  seul  et  même  horizon.  M,  Boblaye  l'a  signalé  dès  1838  à  l'at- 
tention de  la  Société.  «  Il  existe,  entre  autres  points,  aux  salles  de 
»  Rohan.    Ce  fer  souvent  magnétique  (silico-aluminate  de  fer, 
w  analogue  de  composition  à  la  chainoisite),  reconnu  pour  la  pre- 
»  mière  fois  en  1826,  dans  la  forêt  de  Lorges,  près  de  Quintin,  se 
»  rencontre  aussi  à  Fresnay-le- Vicomte  où  il  contient  des  trilo- 
9  bites.  Il  est  au-dessus  des  fi[rès  de  Caradoc  ou  d'Ecouves;  il  est 
»  quelquefois  pisolithique  (Fresnay  et  forêt  de  Lorges),  tandis  qu'à 
M  Sainte-Brigitte,  près  des  salles  Rohan,  il  a  des  cristaux  octaé- 
»  driques  de   fer   oxydulé   dans   une    pâte   de  silico-aluminate 
»  de  fer  (3).  » 

Ces  conclusions  sont  celles  que  je  me  suiseffbrcé  de  démontrer. 
Encore  faut-il  cependant,  pour  arriver  à  une  description  parfaite- 
ment exacte,  substituer  au  nom  de  grès  de  Caradoc  celui  de  grès 
à  ScoUthus  linearis.  Les  trilobites  qu'on  rencontre  dans  ce  minerai 


(4)  Stratigraphie  des  terrains  primaires   dans  la  presqutlc  du 
Cotentin,  p.  49  et  67. 

(2)  Expl,  de  la  carte  géologique  de  la  France^  p.  238,  vol.  I. 

(3)  Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France^  4838. 

Soc.  géoLy  2*  série,  tome  XIX.  58 


Olk  8ÊAMCB    DU    Ô    lUi   1&Ô2. 

sont  eu  effet  ceux  de  la  faune  d'Angers.  Ils  sootdpnç  iofiérîeimni 
Téi'itable  grès  de  Caradoc. 

Je  signalerai  eu  passant  la  présence  de  ce  même  minerai»  Ciièi 
magnétique,  près  de  Segré  (Maineret-Loire),  a||»»c)MiQii«  im 
schistes  à  CcUymcna, 

fi.  Pour  terminer,  j'insisterai  sur  riiorizon  dece  singulier  débris 
organique,  du  Scoiithus  ii/iearis.  Hall.  Sur  celte  qiiesii^o,  j'ai 
limité  jusqu'à  ce  jour  toutes  mes  déductions  à  laprfsqu'île  du  G»- 
t^ntin.  Les  auteui-s  qui  m'ont  précédé  dans  U  deacriptioa  de  ec 
pays  semblent  n'avoir  guère  vu  U  qu'un  phénoinèiie  porûculier 
à  quelques  rares  localités.  Dufrénoy  lui-même  (1),  qui  dans 
vues  d'ensemble,  avait  touché  de  bien  plus  près  Ii|  vérité  que 
successeurs  en  Bretagne,  Dufrénoy  place  tous  les  grès  au-des- 
sous des  schistes  ardoisiers  et  atlirme  qu'ib  renfermeut  d^  fossiles 
nombreux  et  surtout  des  tiges  ciinnelces^ 

J'ai  été  conduit  à  penser,  comme  cet  illustre  savant,  que  la  luasse 
principale  des  grès  est  inférieure  aux  ardoises  à  Caiymesie  Trixumi; 
mais  le  seul  fossile  que  j  y  aie  rencontré  jusqu'ici  en  Nonnandiei 
c'est  le  Scotithus  Uneaiis.  Cet  horizon  me  semble  inférieur  à  tous 
les  autres  grès  siluriens  fossilifèi  es.  Quant  aux  tiges  cannelées^  elles 
ne  sont  point  l'apanage  exclusif  de  deux  ou  trois  localités.  J'en  ai 
déjà  signalé  l'année  dernière  un  bon  nombre  de  gisements;  depuis 
je  les  ai  retrouvées  sur  beaucoup  d'autres  points. 

A  l'étranger,  je  vois  aujourd'hui  citer  de  tous  côtés  ce  même 
fossile  : 

En  Bohème,  iM.  Barrande  Ta  signalé  depuis  bien  des  années, 
sur  divers  horizons  de  la  faune  seconde  silurienne,  sous  le  nom 
de  Fucoiiles  cylindricus. 

M.  Kiuahan  le  signale  comme  accompagnant  les  Oldhamia  près 
de  Dublin. 

M.  Murchison  nous  a  appris  aussi  que,  sur  ce  point  où  manque 
la  faune  primordiale,  les  grès  pourprés  sont  recouverts  par  des 
quartzites  traversés  par  de  longs  tuyaux  vides  qu'il  rapproche  des 
traces  laissées  par  des  annélides  dans  les  sables  de  nos  rivages,  il 
en  est  question,  dans  la  dernière  édition  de  Siluria,  comme  de 
fossiles  caractérisant  les  sti/Jcr-.sto/ns. 

M,  Richardson  les  a  découverts  récemment  sur  la  côte  N.-O. 


(4  )  Mémoire  sur  les  terrains  de  transition  de  C ouest  de  la  France, 
—  Ann.  des  mines^  3*  sér.,  t.  XIV,  p.  Î4  3. 


nOTB    PB    H.    DALIMIBE.  91( 

de  Terre-Neuve,  au  détroit  de  Belle-Ile.  Sur  beaucoup  de  points 
de  rAmérique  ils  ont  été  depuis  longtemps  reconnus  et  décrits 
dans  les  grès  de  Potsdam  (1). 

Quelque  minime  que  puisse  être  la  valeur  organique  de  ce 
fossile,  n'est- il  pas  sintjulier  qu'on  le  rencontre  â  de  si  grandes 
distances  et  dans  une  position  toujours  identique?  Il  ne  faut  pas  s'y 
tromper;  ces  tuyaux  ne  ressemblent  en  rien  à  ces  cavités  ou  à  ces 
petites  tiges  qu'on  observe  dans  des  roches  de  tout  âge.  Ce  sont 
ici  des  cylindres  juxtaposés  quelquefois  par  centaines,  perpendi- 
culaires A  la  surface  des  bancs,  d'un  diamètre  à  peu  près  invariable 
dans  toute  la  hauteur,  atteignant  des  dimensions  en  longueur  de 
50  centimètres  â  un  mètre,  et  au  delà. 

Je  n'avancerai  pas  ici  immédiatement  que  la  position  des  gfès 
à  Scolithus  Unearis  est  constante  pour  tout  l'ouest  de  la  France. 
On  comprendra  Textrême  réserve  que  j'apporte  dans  cette  ques- 
tion, quand  on  saura  qu'une  pareille  assertion  renverserait  de 
fond  en  comble  la  succession  assignée  par  M.  Marie  Rouault  aux 
couches  siluriennes  de  Bretagne  dont  il  a  si  bien  su  mettre  au  jour 
les  curieux  fossiles*  Je  m'abstiendrai  donc  pour  le  moment  d*une 
généralisation  qui  pourrait  paraître  anticipée  ;  mais  j'espère,  d'iei 
à  quelques  mois,  avoir  réuni  une  quantité  suffisante  de  matériatïx 
pour  étayer  solidement  mes  conclusions  et  faire  partager  mes  coq* 
viciions  aux  membres  de  la  Société. 


Séance  dt/  19  mai  1862. 

PRÉSIDENCE    DE    M.    ALBERT    GÀUDRT,    VlCe-présidenU 

M.  Danglure,  secrétaire,  donne  lecture  du  procés*verbal  de 
la  dernière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séanc^, 
le  Président  proclame  membres  de  la  Société  : 

MM. 

Â.  Martinbz  Alcibar,  ingénieur  en  chef  des  mines,  â  Sara- 
gosse  (Espagne),  présenté  par  MM.  Amalio  Maestre  et  de 
Terneuil. 


(4)  Voy.   PaldBontologr  of  Nem^Yorày  par  J.  Mail.  -^  Scnlithus 
HneQviSy  p.  2. 


616  8ÊAMCB  DU  19  aAi  1862. 

ÂRAifZAZu,  ingénieur  des  mines  et  membre  de  la  Commission 
de  statistique,  rue  Atocha,  n""  27,  à  Madrid  (Espagne),  pré- 
senté par  MM.  Amalio  Maestre  et  de  YerneoiL 

Garcia  (Don  Rafaël) ,  docteur  es  sciences,  professeur  d*his- 
toire  naturelle,  à  Valence  (Espagne),  présenté  par  MM.  Amalio 
Maestre  et  de  Verneuil. 

Mbza  (Don  Pedro),  ingénieur  en  chef  des  ponto  et  chaussées, 
à  la  Commission  de  statistique,  à  Madrid  (Espagne)^  présenté 
par  MM.  Amalio  Maeslre  et  de  Verneuil. 

Le  Président  annonce  ensuite  trois  présentations. 

DONS    FAITS    A   LA   SOCIÉTÉ. 

La  Société  reçoit  : 

> 

De  la  part  de  M.  le  Ministre  d'Elat,  Journal  des  sat^oNts, 
avril  1862. 

De  la  part  de  M.  le  Ministre  de  Pagriculture,  du  commerce 
et  des  travaux  publics,  tiésumé  des  traifaux  statistiques  de 
l* Administration  des  mines  de  1868  à  1859,  în-â,  690  p., 
1  carte.  Paris,  1861  ;  Imprimerie  impériale. 

De  la  part  du  Comité  de  la  paléontologie  française  :  Terrain 
crétacé.  Echinides  réguliers^  par  M.  G.  Cotteau,  f.  12  à  14, 
pi.  1043  à  1052  et  1080  et  1088.  Paris,  1861,  chez  Victor 
Masson  et  fils. 

De  la  part  de  M.  Paul  Gervais,  Sur  de  grandes  empreintes 
végétales  tmut^ées  à  Armissan  (Aude)^  in-12,  7  p.  Montpellier, 
1861,  chez  Gras. 

De  la  part  do  M.  J.  J.  d^Omalius  d'Halloy,  Notice  sur  les 
tlii^isions  géogravhiques  de  la  région  comprise  entre  le  Rhin  et 
les  Pyrénées  (exlr.  du  Bulletin  de  la  Soc.  géol,  de  Fr.^  2*  sér., 
t.  XIX,  1861),  pp.  215-239,1  carte. 

De  la  part  de  M.  F.  J.  Piclet,  Matériaux  pour  la  palénnto^ 
logie  suisse  :  Reptiles  et  poissons  fossiles  de  r  étage  uirgtdien  du 
Jura  neuchatelois,  par  MM.  F.  J.  Pictet  et  A.  Jaccard,  in-4, 
88  p.,  18  pi.  Genève,  1860,  chez  J.  Kessmann,  et  chez  H. 
Georg. 

De  la  pari  de  M.  F.  Chapuîs,  IS/oupelles  recherches  sur  les 
fossiles  des  terrains  secondaires  de  laproi^ince  de  Luxembourg^ 


NOTK    PB   M.    O'OHALIUS   O^HALLOT.  917 

1"  partie  (extr.  du  t.  XXXIII  des  Mém,  de  rJc.  /?.  de  Bel- 
gique), in-â,  450  p.,  20  pi. 

Comptes  rendus  hebd,  des  séances  de  F  Académie  des 
sciences,  1862, 1"  sem.,  t.  LIV,  n"  17  et  18. 

Bulletin  de  la  Société  de  géographie,  5"  sér.,  t.  III,  n*  lô, 
mars  1862. 

Bulletin  de  la  Société  botanique  de  France^  t.  IX,  1862, 
n**  1,  janvier. 

L'Institut,  ïf'  1479  et  1480,  1862. 

Journal  d'agriculture  de  la  Côte-d'Or,  n°  1,  janvier  1862, 

Bulletin  de  la  Société  de  l'industrie  minérale  {Saint-Etienne")^ 
juillet  à  septembre  1861. 

The  Athenœum,  n°"  1802  et  1803,  1862. 

Beuista  de  los  progresos  de  las  ciencias  exactas^  fisicas  y 
naturales,  t.  XII,  n°  3,  mars  1862. 

Bevista  minera,  t.  XIII,  n**'  287  et  288,  !*«•  et  15  mai  1862. 

The  Canadian  journal  of  industry^  science  and  art^  mars 
1862. 

M.  Delanotie  communique  une  note  imprimée  de  M.  G.  De- 
walque  sur  la  non-exislence  du  terrain  houiller  àMenin. 

M.  Dangiure  offre  à  la  Société,  au  nom  du  Comité  de  la 
paléontologie  française ,  la  h^  livraison  des  Échinides  de 
M.  G.  Cotleau  (voy.  la  liste  des  dons). 

M.  d'Omalius  d'Halloy  présente  la  nouvelle  édition  de  soh 
Abrégé  de  géologie,  et  fait  à  ce  sujet  la  communication 
suivante  : 

Sur  une  noupelle  édition  de  V Abrégé  de  géologie; 
par  M.  J.  J.  d*0malius  d'Halloy. 

En  présentant  à  la  Société  une  nouvelle  édition  de  mon  Abrégé 
de  géolooie^  je  crois  inutile  de  Tentretenir  de  tous  les  changement! 
que  j'ai  introduits  dans  ce  petit  ouvrage,  puisque  ce  serait,  en 
quelque  manière,  revenir  sur  les  objets  dont  (a  Société  s'est  occu- 
pée depuis  neuf  ans;  mais,  comme  j'ai  reproduit  dans  ce  volume 
un  article  sur  la  géologie  spéciale  de  la  Belgique,  et  que  cette 
matière  a  fait  le  sujet  d'une  importante  communication  de 
M.  Gosselet,  insérée  au  Bulletin^  1861,  t.  XVIIÏ,  p.  18,  je  croi» 


018  s*Ailcli  ttu  19  MAI  1M2. 

deToir  faire  connaître  à  la  Société  les  pointa  où  ]*ai  profité  det 
observations  de  notre  jeune  et  savant  confrère  et  de  ceux  oè  je 
n'ai  pu  partager  ^  inanièr^^  de  voir. 

Je  dirai  d'abord  que  M.  Gosselet  ayant  fait  conftâtCre  que  U 
partie  supérieure  de  mon  étage  dévonien  moyen,  ou  calcaire  de 
j^rasne,  a  une  faune  diiTérente  de  celle  du  calcaire  de  Givet  et  ana* 
lo((ue  à  celle  des  schistes  de  Famenne,  qui  formaient  la  base  de 
mon  étage  supéiMeur,  je  me  suis  empressé  de  mettre  les  limite» 
de  mes  deux  étages  en  harmonie  avec  U  manière  de  Toir  de 
M.  Gosselet. 

I^assant  maintenant  aux  dissentiments  qui  ont  lieu  entre 
M.  Gosselet  et  moi,  ou  plutôt  entre  M.  Gosselet  et  Dumonf,  je 
commencerai  par  faire  remarquer  que,  entre  l'Escaut  et  la  Roer, 
le  massif  dévonien  réduit  aux  limites  que  je  lui  assigne,  c'est-à-dire 
e^  n'y  comprenant  pas  le  terrain  rhénan  de  Dumont,  se  termine 
le  long  de  sa  bordure  septentrionale  par  une  bande  très  peu 
épaisse  et  d'une  coni position  très  variée,  que  IVI.  Gosselet  a  nom- 
mée, avec  raison,  bande  de  Rhisne.  Dumont  voyait  dans  cette 
bande  la  représentation  de  presque  tous  les  systèmes  qui  compo- 
sent le  terrain  dévonien,  tel  que  je  viens  de  l'indiquer,  mais 
réduits  à  une  faible  épaisseur  et  presque  confondus,  ainsi  que  la 
chose  a  souvent  lieu  sur  les  bords  des  bassins.  M.  Gosselet,  au 
contraire,  y  voit  seulement  la  partie  supérieure  de  ce  terrain,  ou 
plutôt  un  système  particulier  supérieur  aux  autres  systèmes  dévo- 
niens  connus  dans  ces  contrées. 

Le  molif  principal  sur  lequel  s'appuie  M,  Gosselet,  c'est  qu'il 
n'a  pas  trouvé  dans  la  bande  de  Rhisne  le  Strigoeephalus  Burtini 
et  la  Terebratula  cuboides,  fossiles  que  l'on  considère  comme 
caractérisant  respectivement,  sur  la  bordure  méridionale,  les  cal* 
cairesde  Givet  et  de  Frasne  ;  mais  cette  circonstance  me  parait  bien 
atténuée  par  celle  que  sur  huit  espèces  de  mollusques  que  M.  Gos- 
selet a  recueillies  dans  la  bande  de  Rhlsnie,  H  y  en  a  six  qui  se 
trouvent  également  dans  les  calcaires  de  Givet  et  de  Frasne,  c'est- 
à-dire  dans  deâ  systèmes  inférieurs  aux  schistes  de  Famenne  au- 
dessus  desquels  on  veut  placer  la  bande  de  Rhisne.  J'ajouterai  en- 
core à  ce  sujet  que  notre  confrère,  M.  Dewalque,  qui  s* est  rendu 
dernièrement  dans  la  vallée  de  l'Ornoz,  sur  la  composition  de  la- 
quelle M.  Gosselet  s'est  principalement  appuyé,  y  a  trouvé  a  une 
n  coupe  de  coquille  bivalve,  que  sa  grande  taille  et  son  épaisseur 
M  ne  lui  permettent  pas,  dit-il,  de  rapporter  à  autre  chose  qti'au 
I»  Strigoceplutlus  Burtini  ».  M.  Dewalque  y  a  également  découvert 


NOTE    DE   M.    d'oMALIUS    d'bÀLIOT.  919 

des  f;a8t<'ropodes  qui  avaient  ëchappé  à  M.  Gosselet,  et  qu'il  con- 
sidère comme  étant  la  Murchisunia  bilineata^  Tun  des  fossiles  carac- 
téristiques du  calcaire  de  Givet  (i). 

D'un  antre  côté.  M.  Gosselet  sentant  que  la  présence  dans  la 
bande  de  Rhisne  du  poudingue  de  Burnot,  c'est-à-dire  d'un  sys- 
tente  inférieur  au  calcaire  de  Givet,  contrarierait  sa  manière  de 
voir,  conteste  le  rapprochement  que  Dumont  et  moi  avions 
fait  des  poudingues  de  cette  bande  avec  celui  de  Burnot,  et  il 
s'appuie  sur  ce  que  le  poudingue  de  la  vallée  de  TOrnoz  est  inter- 
calé dans  du  calcaire  et  qu'il  y  a  trouvé  un  Spirijcr  à  petites  côtes. 

Quant  aux  intercalations  de  portions  d'un  système  entre  des 
parties  d'un  autre  système  d'âge  différent,  je  ferai  remarquer 
qu'elles  sont  très  communes  dans  les  contrées  dont  les  dépôts  ont 
été  disloqués,  soit  qu'elles  résultent  de  poussées  éruptives,  soit 
qu'elles  proviennent  de  ces  plissements  avec  renversement  dont 
M.  Gosselet  a  présenté  des  exemples  très  bien  prononcés  dans  les 
figures  26  et  38  de  son  mémoire;  mais  il  parait,  d'après  les  nou- 
velles observations  de  M.  Dewalque  (*i),  que  l'on  n'a  pas  besoin 
de  recourir  à  ces  phénomènes  pour  justifier  l'opinion  qui  admet 
l'existence,  sur  les  bords  de  l'Ornoz,  de  poudingues  ayant  la  même 
position  que  celui  de  Burnot,  car,  à  150  mètres  du  lieu  où 
M.  Gosselet  a  observé  des  roches  poudingiformes  entre  des  bancs 
de  calcaire,  M.  Dewalque  a  vu  de  véritables  poudingues  qui  sont 
en  dessous  de  tous  les  calcaires. 

Si,  d'un  autre  côté,  on  voulait  se  prévaloir  de  ce  que  les  pou- 
dingues que  l'on  voit  au  jour  sur  les  bords  de  TOrnoz  ne  présen- 
tent pas  très  bien  les  caractères  de  celui  de  Burnot,  je  répondrais 
que  M.  Dupont  a  recueilli  dernièrement  à  Bovesse,  également 
dans  la  bande  de  Rhisne,  des  échantillons  où  ces  caractères  sont 
des  mieux  prononcés. 

Pour  ce  qui  est  du  Spiriftr  trouvé  par  M.  Gosselet  dans  une 
roche  poudingiforme  des  bords  de  l'Ornoz,  il  serait  tout  à  fait  sans 
valeur  si  cette  roche,  ainsi  que  paraît  le  croire  M.  Dewalque, 
n'appartient  pas  au  système  du  poudingue  de  Burnot  ;  mais,  lors 
même  que  cette  roche  serait  effectivement  une  dépendance  de  ce 
système,  je  dirais  que  Ton  ne  doit  pas  s'appuyer  sur  un  échantil- 
lon unique,  si  mal  conservé  que  l'on  n'a  pas  pu  en  déterminer 
l'espèce,  pour  contester  des  opinions  fondées  sur  d'autres  consi- 
dérations. 


(4)   Bulletin  de  V Académie  de  Belgique,  t.  XIII,  p.  446. 
(2)   Idem.^  p.  4  54. 


020  SÉANCB   DU   10  MAI  1862.        . 

Je  suis  loin  toutefois  de  prétendre  qu'il  n'ait  pu  se  former  des 
poudingues  dans  toute  la  série  des  temps  ;  mais,  quand  on  voit 
que,  partout  où  le  terrain  dévonien  d'entre  TËscaut  et  la  Roer 
est  bien  développé,  il  n'existe  de  poudingue  qu'au  niveau  de  celui 
de  Burnot,  ce  n'est  point  d'après  des  considérations  aussi  dou* 
teuses  que  celles  invoquées  par  IVJ.  Gosselet  que  l'on  peut  admettre 
rexistence  d'une  seconde  formation  de  poudingues. 

M.  Dewalque  fait  aussi  remarquer  (1)  que  M.  Gosselet,  dans  sa 
coupe  des  bords  de  TOrnoz,  représente  la  dernière  assise  de  cal- 
caire dévonien  comme  étant  immédiatement  recouverte  par  de  la 
dolomie  carbonifère,  tandis  qu'il  y  a  entre  ces  deux  systèmes  une 
assise,  peu  épaisse  à  la  vérité,  de  schistes  et  de  psammiles  qui 
représentent  les  schistes  de  Famennect  les  psammites  du  Gondros- 
Or,  on  conçoit  que  cette  omission  a  pu  contribuer  à  faire  voir 
dans  les  calcaires  de  la  bande  de  Rhisne  un  dernier  terme  du 
terrain  dévonien  plutôt  que  des  systèmes  appartenant  aux  parties 
moyennes  et  inférieures  de  ce  terrain. 

En6n,  je  ferai  remarquer  que,  quand  on  établit  des  divisions 
dans  un  terrain,  on  doit  en  prendre  les  types  dans  des  lieux  où  ce 
terrain  est  bien  développé,  et  non  pas  dans  ceux  où  il  est  réduit  à 
une  faible  épaisseur  et  où  ses  divers  membres  sont  pour  ainsi  dire 
confondus.  Or,  quand  on  fait  attention  que  dans  le  Gondros,  où 
le  terrain  dévonien  est  très  puissant,  il  n'y  a  pas  de  calcaire  dans 
la  partie  supérieure  du  massif,  on  doit  convenir  que  l'absence  de 
deux  fossiles  dans  la  bande  de  Rhisne,  lors  même  que  le  fait  ne 
serait  pas  contesté,  n'est  pas  suffisant  pour  voir  dans  cette  bande 
un  système  particulier  qui  ne  se  retrouverait  pas  dans  les  autres 
parties  du  massif,  d'autant  plus  que  les  trois  quarts  des  fossiles 
de  cette  bande  et  ses  rapports  stratigraphiques  concordent  avec  sa 
nature  minéralogique  pour  la  rapprocher  des  autres  systèmes 
connus  dans  le  massif.  Toutefois,  pour  prévenir  une  nouvelle 
objection  à  l'égard  de  ces  calcaires,  je  rappellerai  qu'il  y  a  dans 
le  Gondros  du  calcaire  qui  alterne  avec  des  schistes,  lesquels  se 
lient  avec  la  partie  supérieure  des  psammites  du  Gondros,  mais 
ce  calcaire  appartient  au  système  de  Tournay  et  il  a  une  faune 
différente  de  ceux  de  la  bande  de  Rhisne. 

Un  autre  point  sur  lequel  je  n*ai  pu  encore  me  ranger  à  Topi* 
uion  de  M.  Gosselet,  c'est  relativement  au  terrain  ancien  du  Bra- 
bant  qu'il  considère  comme  silurien,  tandis  que  Dumont  le 
rapportait  à  son  terrain  rhénan,  ou  terrain  dévonien  inférieur  de 


(4)  Notice  citée  ci^dessiiSy  p.  4  49. 


NOTB    DB    M.    d'oMALIUS    D*«ALL0T.  921 

la  plupart  des  auteurs  actuels.  J'avais  eu  pendant  longtemps  une 
opinion  analogue  à  celle  de  notre  savant  confrère,  en  ce  sens  que 
je  considérais  le  terrain  du  Brabant  comme  semblable  à  ce  qu'il 
y  a  de  plus  ancien  dans  TArdenne  ;  mais,  lorsque  Dumont,  guide 
par  sou  admirable  coup  d'œil  stratigraphique,  est  parvenu  à  dis- 
tinguer six  divisions  cbronologiques  dans  les  dépôts  que  j'avais 
jusqu'alors  désignés  par  le  nom  collectif  de  terrain  ardoisier,  et 
que  j'ai  vu  qu'il  rangeait  les  dépôts  du  Brabant  dans  les  quatrième 
et  cinquième  de  ces  divisions,  j'ai  cru  devoir  m'inclincr  devant 
une  semblable  autorité,  d'autant  plus  que  mon  opinion  n'avait 
été  déterminée  que  par  l'aspect  des  roches,  caractère  qu'il  y  a  lieu 
d'attribuer,  avec  Dumont,  aux  effets  du  métamorphisme,  phéno- 
mène que  l'on  ne  connaissait  pas  encore  lorsque  j'avais  établi  ma 
première  classification. 

M,  Gosselet  appuie  principalement  son  opinion  sur  quelques 
fossiles  recueillis  à  Gembloux  et  dans  lesquels  on  avait  cru  recon- 
naître les  caractères  siluriens,  surtout  par  la  présence  des  genres 
Trinucleus  et  Calymeite ;  mais  celte  considération  m'avait  paru 
fortement  atténuée  par  les  observations  postérieures.  En  effet, 
M.  Gosselet  ne  parlait  que  d'un  petit  nombre  de  fossiles  qui  en 
général  étaient  mal  conservés,  puisqu'il  ne  citait  qu'une  seule 
détermination  spécifique,  celle  de  la  Lcptœ/ui  deprcssa^  espèce  qui 
appartient  au  terrain  dévonien  aussi  bien  qu'au  terrain  silurien, 
tandis  que  M.  Malaise,  professeur  à  Gembloux,  y  a  recueilli, 
depuis  lors,  un  grand  nombre  d'échantillons  qui  lui  ont  permis 
de  dresser  une  liste  beaucoup  plus  étendue  qu'il  a  communiquée 
à  l'Académie  de  Belgique  (1),  en  ajoutant  qu'il  n'avait  rencontré 
aucun  fossile  qui  se  rapprochât  des  genres  Trinucleus  et  Calymene, 
Or  ce  résultat,  obtenu  par  un  homme  qui  habite  sur  les  lieux,  me 
paraissait  mériter  plus  de  confiance  que  celui  donné  par  quelques 
fossiles  recueillis  dans  un  voyage,  d'autant  plus  que  notre  con- 
frère, M.  Dewalque,  qui  s'est  rendu  sur  les  lieux  pour  vérifier  les 
assertions  de  M.  Malaise,  partage  entièrement  sa  manière  de 
voir  (2)  et  que  cette  opinion  est  aussi  celle  de  M.  de  Koninck, 
auquel  les  fossiles  ont  été  soumis.  Je  n'avais  donc  pas  hésité  à  me 
ranger  à  l'opinion  de  ces  messieurs,  qui  avait  l'avantage  de  faire 
voir  que,  dans  le  Brabant,  comme  dans  beaucoup  d'autres  con- 
trée!, un  examen  plus  complet  des  faits  faisait  disparaître  les  con- 
tradictions que  l'on  avait  cru  exister  entre  les  résultats  doimés 

4)  Bulletin  defAcad,  royale  de  Belgique,  4  862,  t.  XIH,  p.  4  68. 
|2)  Ibid.,1^,  4  48. 


9%2  ftfiAlfCI    DO     IP    MAI    186^. 

par  la  stratigraphie  et  par  la  paléontologie.  MalheurewKiBeM  de 
nouveaux  doutes»  résultent  des  considérations  conimaniqaéet  à  li 
Société,  dans  sa  dernière  séance,  par  le  savant  pttlëoolologîiae  ^ 
a  si  puissamment  i*oniriliué  à  nous  faire  connaître  les  fiiisoetae- 
cieniies,  lequel  est  venu  appuyer  de  son  autorité  iinponole  les 
conclurions  de  M.Gosselet,  en  faisant  voir  qu*en  réunissaiit  ks 
fossiles  que  ce  géologue  a  recueillis  tant  à  Genibloux  qu*i  Fost^ 
localité  située  sur  Tautre  bord  du  bassin  dévooien  qui  s'éceod  m 
sud  de  Geinbloux,  on  a,  outre  les  genres  Trittitclttu  eC  Cmirmrju, 
detix  autres  {jenres  exclusivement  siluriens  :  savoir,  les  genra 
Sphivrexoc/tiis  et  Hatrsitrs, 

tM.  Barrande  termine  sa  communication  en  émettaot  ropînîoB 
qu'il  ponri-ait  y  avoir  à  Gembloux  un  état  de  choses  analogoci 
celui  qu'il  a  reconnu  dans  les  monts  Cantabres,  e'est-à-dire  que 
les  terrains  silurien  et  dévonien  s*y  trouveraient  dans  une  position 
telle  que  les  stratigraplies  n'auraient  pas  encore  reconnu  le  point 
de  séparation. 

Je  suis  loin  de  prétendre  que  cette  supposition  ne  aem  psa  uo 
jour  confirmée  par  des  observations  directes,  et,  s'il  ne  s'agissait 
que  de  moi,  je  serais  d'autant  plus  disposé  à  l'adopter,  dès  re  mo» 
ment,  que  ce  serait  revenir  à  mes  premières  inspirations;  mais, 
comme  il  s'agit  des  opinions  que  Duinont  a  émises  stir  la  compo- 
sition générale  du  grand  massif  ancien  d'entre  l'Escaut  et  la  Die- 
mel,  je  crois  pouvoir  me  permettre  quelques  observations  tendant 
à  faire  voir  qu'il  n'est  pas  encore  impossible,  dans  l'état  actuel  de 
nos  connaissances,  de  faire  comorder  les  observations  paléontolc^ 
gtques  avec  les  conclusions  stratigraphiques  de  Dûment. 

On  sait  que  ce  laborieux  géologue  avait  créé  sous  le  noon  ds 
terrain  rhénan  une  division  particulière  qui  se  place  entre  \ti 
terrains  silurien  et  dévonien,  et  dont  la  faune  est  intermédiaire 
entre  celles  de  ces  deux  grou|>es.  Or,  parmi  les  dépôts  que  Dumont 
rangeait  dans  cette  division,  il  existe,  en  Belgique,  trois  gttes  fos- 
silifères qui  ont  attiré  l'attention  des  paléontologistes,  ce  sont  cent 
de  IIoufFalize,  de  Gembloux  et  de  Fosse,  que  Dumont  avait  été 
conduit,  par  ses  observations  stratigraphiques,  à  ranger  dans  un 
même  étage.  Or  persoime,  jusqu'à  présent,  n'a  (contesté  au  gîte 
de  flouffalize  la  qualité  de  dévonien  inférieur,  et  cependant  les 
paléontologistes  belges  trouvent  qu'il  y  a  une  telle  identité  entre 
les  fossiles  de  Houffalize  et  ceux  de  Gembloux  qu'ils  affirment 
que,  si  l'on  mêlait  les  échantillons  provenant  de  ces  deux  localités 
il  serait  absolument  impossible  de  les  distinguer.  D'un  autfene  cAté, 
il  est  à  remarquer  que  les  trilobites  recueillis  par  M.  GosdèleC  ne 


IfdTB   Oit    M.    BAEHAflDB.  9^^! 

sont  pas  assez  eotn|}lets  pour  que  M .  Barrande  les  ait  rapport^^ 
à  des  espèces  connues,  de  sorte  qu*il  est  possible  qu'ils  forment  des 
es|>èces  difFërentt^  de  celles  déjà  décrites,  ce  qui  rend  moins  Im- 
probable la  supposition  qu'ils  appartiennent  à  des  dépôts  supérieurs 
au  terrain  silurien  proprement  dit,  car  ce  ne  serait  pas  la  pre- 
mière fois  que  des  genres  que  Ton  avait  crus  restreints  à  un  groupe 
se  seraient  retrouvés  dans  le  groupe  supérieur. 

Cette  manière  de  voir,  qui  vient  à  l'appui  des  considérations 
stratigraphiques  et  minéralogiques  qui  avaient  porté  Dumont  à 
créer  son  terrain  rliénan,  peut  encore  être  appuyée  par  la  circon- 
stance que  1rs  (^îtes  fossilifères  de  Gembloux  et  de  Fosse  se  trouvent 
précisément  au  point  on  le  terrain  rhénan  est  en  contact  avec  le 
terrain  dévonien  proprement  dit,  ou  terrain  dévonien  moyen  des 
auteurs. 

Je  terminerai  en  faisant  connaître  à  la  Société  que  M.  Nyst, 
ayant  revisé  ses  listes  des  fossiles  tertiaires  de  Belgique,  a  été  con- 
duit à  réunir  au  terrain  pliocène  les  sables  du  Boldcrberg,  ou 
système  boldérien  de  Duiuonl,  que  l'on  rangeait  dahs  le  terrain 
miocène.  Il  résulte,  en  eftet,  des  nouvelles  listes  de  IM.  Nyst,  déga- 
gées de  tous  les  noms  douteux,  qu'il  n'existe  au  Bolderberg 
qu*bne  seule  espèce  qui  se  trouve  déjà  dans  les  véritables  dépôts 
miocènes  de  Belgique,  tandis  qu'il  y  en  a  dix -neuf  qui  se  pro- 
pagent dans  les  dépôts  supérieurs  que  l'on  range  généralement 
dans  le  terrain  pliocène.  Il  est  très  remarquable  que  ce  nouveau 
classement,  uniquement  déterminé  par  la  comparaison  numé- 
rique des  listes  de  fossiles  recueillis  en  Belgique,  donne,  pour  les 
dépôts  de  ce  pays,  des  coupes  analogues  à  celles  auxquelles 
M.  Beyrich  a  été  conduit  dans  son  travail  sur  les  terrains  ter- 
tiaires du  nord  de  l'Allemagne,  car  nos  systèmes  miocènes  de 
Belgique  se  trouvent  ainsi  correspondre  exactement  au  terrain 
oligocène  de  M.  Beyrich,  et  nos  systèmes  pliocènes  à  ses  terrains 
miocène  et  pliocène. 

  la  suite  de  cette  communication  M.  Barrande  présente  les 
observations  suivantes  : 

Réponse  à  M,  d*Onia/iits^  an  sujet  des  fossiles  siluriens  de  la 

Belgique;  par  M.  J.  Barrande. 

Notre  très  respecté  maître,  M.  d'Omalius  d'Halloy,  en  discu- 
tant les  observations  de  M.  Gosselet  sur  les  terrains  primaires  de 
la  Belgique,  ne  semble  pats  disposé  à  admettre  que  les  fossiles  de 


02Â  SÊANCB   DU    19    MAI    1862. 

Graiid-Manil  et  de  Fosse,  reconnus  par  nous  comme  représentant 
des  genres  exclusivement  siluriens,  doivent  nëcessairement  indi- 
quer que  les  roches  dans  lesquelles  ils  ont  été  i-ecueillis  ap|iar- 
tiennent  réellement  à  la  période  silurienne.  Avant  d*alKirder 
l'objection  à  laquelle  cet  éminent  géologue  a  recours  pour  s'af- 
franchir de  la  preuve  tirée  de  ces  fossiles,  nous  devons  appeler 
l'attention  de  la  Société  sur  un  fait  sur  lequel  M.  d'Oiiialiui 
pourrait  peut-être  jeter  aujourd'hui  quelque  lumière. 

A  l'Exposition  univei*selle  de  1855,  tous  les  géologues  ont  i«- 
marqué  comme  nous  la  belle  carte  d'Europe  de  Diiiiiont.  Ce  grand 
travail  était  encore  manuscrit  et  n'a  paru  que  depuis  la  mort 
prématurée  et  sincèrement  regrettée  do  ce  savant,  qui  a  laissé  un 
si  grand  vide  dans  les  rangs  des  plus  émi neufs  stratigraplies. 

En  étudiant  cette  carte,  nous  remarquâmes  avec  surprise,  dans 
la  légende  qui  l'accompagnait,  que  le  terrain  rhénan  était  subdi- 
visé en  deux  étages,  l'un  à  faune  silurienne ^  et  l'autre  à /aime 
dévoniennc.  Ces  subdivisions  du  terrain  rhénan  ont  été  maintenues 
dans  la  légende  de  la  carte  publiée,  ainsi  que  ehacuQ  peut  t'en 
assurer. 

Gela  posé,  nous  demanderons  avant  tout  à  M.  d^Omalius  et  à 
M.  Delunoùe,  qui  sont  si  parfaitement  instruits  en  tout  ce  qui 
touche  la  géologie  de  la  Belgique,  s'ils  pourraient  nous  donner 
quelques  renseignements  sur  les  faits  ou  considérations  qui  ont 
déterminé  Dumont  à  incorporer  à  la  fois  la  faune  silurienne  et  la 
faune  dévoiiionne  dans  son  terrain  rhénan.  Duiuout  n*aui-ail-il 
pas  eu  connaissance  de  quelques  fossiles  siluriens  des  phylldides 
de  Grand-i^îanil  et  de  Fosse  ou  de  toute  autre  contrée  de  la 
Belgique? 

JM.  d'Omalius  répond  que  le  terrain  rhénan  avait  été  conçu 
par  Dumont  comme  constitué  par  une  masse  de  dépôts  intermé- 
diaires entre  les  formations  siluriennes  et  les  formations  déro- 
niennes.  Il  n'a  jamais  entendu  Dumont  s'expliquer  sur  les  motifs 
qui  l'ont  porté  à  admettre  la  faune  silurienne  dans  son  terrain 
rhénan,  mais  il  pense  que,  ce  terrain  étant  intermédiaire  entre  les 
terrains  silurien  et  dévonien,  il  serait  tout  naturel  qu'il  renfermât 
un  mélange  de  fossiles  appartenant  à  ces  deux  périodes  géolo- 
giques. 

M.  Barrande  continue  dans  les  termes  suivants  : 

D'après  la  classification  de  Dumont  que  nous  venons  de  rappeler 
et  surtout  d'après  la  déclaration  do  notre  très  respecté  inatcre. 


NOTE    DB    SI,    BAERANDB.  925 

M,  rrOinaliiis,  ndtiieltant  qu'il  peut  exister  un  tnëlange  de  fossiles 
siluriens  et  de  fossiles  dévoniens  dans  le  terrain  rhénan,  il  nous 
semble  que  notre  honorable  confrère,  IM.  Gosselet,  est  parfaite* 
ment  justifié,  lorsqu'il  nous  annonce  avoir  trouve  des  fossiles 
siluriens  dans  les  schistes  de  Fosse  et  de  Grand-Mauil,  près  de 
Gembloux.  Il  nous  semble  aussi  que  nous  sommes  également 
justifié,  lorsque  nous  soutenons  avoir  reconnu  dans  ces  fossiles 
quatre  types  distincts,  et  considérés  comme  exclusivement  siluriens, 
dans  toutes  les  contrées  paléozdiques  du  monde. 

Examinons  maintenant  les  objections  de  M.  d'Omalius,  au  sujet 
de  la  valeur  qu'on  doit  attribuer  à  ces  fossiles. 

D'après  les  vues  exprimées  par  cet  éminent  géologue,  une  cir- 
constance paralyserait  ou  détruirait  même  la  preuve  fournie  par 
les  quatre  genres  exclusivement  siluriens  de  Grand-IVlanil  et  de 
Fosse  :  c'est  que  l'état  de  conservation  de  ces  fossiles  ne  nous  a  pas 
permis  de  déterminer  leur  nature  spécifique  et  nous  a  réduit  à 
indiquer  seulement  leur  nature  générique.  En  se  fondant  sur  cette 
circonstance  déjà  si{înalée  par  M.  Dewalque  dans  son  rap- 
port sur  la  note  de  M.  Malaise,  notre  savant  maître  insinue  que 
ces  fossiles  pourraient  représenter  des  espèces  congénères  connues 
dans  le  terrain  silurien,  et  qu'ainsi  ces  nouvelles  formes  pour- 
raient appartenir  au  terrain  dcvonien.  A  l'appui  de  cette  opinion, 
il  fait  remarquer  qu'on  a  plus  d'une  fois  reconim  l'extension  ver- 
ticale de  divers  types,  bien  au  delà  des  limites  qu'on  avait  d'a- 
bord assignées  à  leur  existence. 

1.  —  Nous  ferons  d'abord  observer  que  parmi  les  quatre  genres 
exclusivement  siluriens  que  nous  avons  reconnus,  savoir  :  7r/- 
nucleus^  Ctilynicnr^  xSphœrexnclius  et  Ha  ly  si  tes,  il  iTy  a  que  les 
trois  premiers  dont  nous  n'ayons  pas  jugé  à  propos  de  nommer 
les  espèces.  Nous  avons,  au  contraire,  très  distinctement  reconnu 
et  nommé  l'espèce  Halysitcs  catennlarinx,  qui  est  un  polypier, 
caractérisant  exclusivement  la  période  silurienne.  Mous  avons 
déjà  constaté  qu'on  le  rencontre  dans  presque  tous  les  bassins 
siluriens,  et  qu'il  existe  aussi  bien  dans  la  faune  seconde  que 
dans  la  faune  troisième,  dont  il  n'atteint  pas  même  la  limite  supé- 
rieure. Ainsi,  pour  ce  fossile,  du  moins,  l'objection  de  M.  Dewal- 
que, reproduite  par  (Vl.  d'Omalius,  est  sans  fondement. 

2.  — Si  nous  n'avons  pas  ap{)liqué  un  nom  spécifique  aux  frag- 
ments a])partenant  aux  types  trilobitiques,  Trinucleus,  Cn/ymeney 
Sphœrexnchus  et  Daimnnites,  cela  ne  signifie  pas  que  ces  fragments 
sont  indéterminables  et  indistincts,  par  suite  de  leur  état  de  con- 
servation, comme  oti  pourrait  le  penser,  d'après  rôbjectiôii  qui 


926  slAiiCB  DO  iO  HAÏ  1862. 

■ 

nous  est  faite.  Notre  réserve  doit  s*eipliqaer  «niplemcnC  par  la 
règle  pratique  que  nous  nous  somiiies  imposée,  de  ne  détcnniacr 
définitivement  les  espèces  qu'à  l'aide  de  Ions  les   élésuenls  qû 
doivent  les  caractériser.  Or,  les  fossiles  recueillis  par  M.  Gnf  Ift 
se  réduisent  à  des  tètes  ou  à  des  fragments  de  têtes,  qui  indiquent 
parfaitement  leur   nature  générique»  mais  qui  ne  suffisent  pas 
pour  déterminer  chacune  des  espèces  en  particulier,  de  manière  à 
exclure  toute  chance  possible  d'erreur.  Ou  sait,   en   effet,  que 
parmi  les  trilobites.  certaines  formes  qui  ne  pourraient  fias  être 
spécifiquement  distinguées  par  leurs  téies,  sodi  nettement  diffé- 
renciées par  quelque  autre  élément  du  corps,  appartensAt  soit  au 
thorax,  soit  au  pygidium.  Un  observateur  moins  scrupuleux  que 
nous  aurait  pu  reconnaître  dans  les  fragments  qui   nous  out  été 
soumis  les  quatre  espèces  nommées  TriniultHs  oruaius,  Caiyweae 
incrrea,    Sphœrexochus   miru<  et    Dulmaaiiex    conophikaimus,  Cc9 
déterminations  n'auraient  pu  entraîner  aucune  méprise  plus  grave 
que  la  confusion  éventuelle  de  deux  espèces  très  Yoisines,  faisant 
partie  d*un  même  groupe,  dans  chacun  des  genres.  £n  présence 
d'une  liste  ainsi  formulée  avec  tous  les  noms  spécifiques,  il  n'y 
aurait  pas  eu  lieu  d'élever  un  doute  sur  la  nature  silurienne  de 
ces  trilobites,  et  l'on  n*auraii  pas  invoqué  la  possibilité  de  les  Toir 
transformés  en  espèces  dévoniennes.   Nous  avons  préféré  rester 
fidèle  à  nos  habitudes,  en  laissant  le  champ  libre  à   toutes  les 
combinaisons  hypothétiques. 

3.  -  L'expérience  nous  apprend  certainement  à  nous  méfier 
beaucoup,  en  paléontologie,  des  preuves  purement  négatives,  etâ 
ne  pas  considérer  comme  absolues  les  limites  quelconqueSt  pro- 
visoirement assignées  à  Textension  verticale  de  certains  genres. 
Cependant,  suus  le  rapport  des  extensions  inattendues  de  cette 
nature,  les  faits  qu'on  peut  invoquer  sont  généralement  excep- 
tionnels et  isolés.  Il  est  presque  inonl  qu'ils  embrassent  à  la  fois 
de  nombreuses  formes,  soit  génériques,  soit  spécifiques,  de  ma- 
nière à  faire  pénétrer  subitement  une  faune  dans  une  autre.  Au 
contraire,  dans  le  cas  qui  nous  occupe,  il  se  présenterait  à  la  fois 
quatre  genres  qui,  après  avoir  éti*  jusqu'ici  réputés  comme  esclu- 
si vemenl  siluriens,  se  montreraient  sur  un  horizon  dévonien,  dans 
les  deux  localités  privilégiées  de  Grand- Manil,  près  deGembloux, 
et  de  Fosse,  près  de  Namur,  savoir  :  Trinucteus^  Oïlymea^^  Sphœ^ 
rexochus  et  Halysitcs,  A  l'extension  verticale  très  inattendue  de 
ces  quatre  genres  viendrait  s*ajouter  une  extension  semblable 
pour  le  groupe  de  Dalmanites  connphthalmus  qui,  aux  yeux  de  cer- 
tains paléontologues,  devrait  aussi  constituer  un  type  indépendant. 


HOTK   DB  M.    BÀMANM.  927 

En  outre,  Halysites  catenulari^s^  espèce  exclusivement  silurienne, 
se  reproduirait  sur  cet  horizon  dëvonien,  bien  qu'elle  ne  traverse 
pas  toute  la  faune  troisième  silurienne.  En  somme,  six  espèces^ 
que  tous  les  paléontologues  s*accorderaient  à  reconnaître  comme 
propres  au  terrain  silurien,  d'après  les  analogies  existantes,  se 
trouveraient  subitement  ëlevëes  sur  un  borizon  dévonien,  dana 
les  deux  localités  qui  nous  occupent.  Plus  ces  faits  exceptionnels 
sont  nombreux,  et  moins  iU  présentent  de  vraiseniblance,  £a  outre, 
comme  les  roches  de  Grand- Manil  et  do  Fosse  ont  été  simple- 
ment explorées  en  passant,  par  iM.  Gosselet,  mais  n'ont  pas  été 
ré^ulièrenient  fouillées,  on  doit  sattcndre  à  une  série  de  sem- 
blables anomalies  à  mesure  qu'on  y  recueillera  de  nouveaux  fos* 
siles.  Il  est  évident  que  la  découverte  de  chaque  nouvelle  espèce 
d'apparence  silurienne  réduira,  dans  une  rapide  proportion,  les 
chances  déjà  si  minimes  en  faveur  deThypotlièsc  dévonienne. 

40  —  Considérons  maintenant  que,  parnii  les  tribolites,  lesgenres 
Caiymvnc  et  Sphaicxochus  sont  représentés  dans  la  faune  troisième 
silurienne.  Par  conséquent  leur  réapparition  dans  la  première 
phase  des  faunes  dévoniennes,  sous  la  nouvelle  (orme  spécifique 
que  suppose  M.  d'Oinalius,  ser4it  concevable  comme  une  prolon- 
gation immédiate  de  l'existence  de  ces  (>eu|'es.  Mais  il  en  est  tout 
autrement  pour  Trinucleusy  qui  caractérise  exclusivement  la  faune 
seconde,  par  toutes  ses  espèces  connues,  aussi  bien  sur  le  nouveau 
que  sur  Tancien  continent.  La  réapparition  de  ce  {>enre  dans  le 
terrain  dévonien  constituerait  donc  une  anomalie  jusqu'ici  sans 
exemple,  c'est-à-dire  la  résurrection  d'un  type,  non-seulement 
après  son  extinction  apparente,  mais  encore  après  l'extinction 
de  toute  une  faune  intermédiaire,  c'est-à-dire  de  la  faune 
troisième  silurienne.  Ce  serait  une  intermittence  incomparable- 
ment plus  longue  que  celle  qui  est  admise  dans  la  doctrine  des 
colonies,  à  laquelle  notre  très  respecté  maître,  M.  d'Omalius,  n'a 
peut-être  pas  encore  accordé  son  entier  assentiment. 

Ce  que  nous  venons  de  dire  pour  les  deux  espèces  de  Trinucleus 
s'applique  littéralement  à  l'espèce  qui  représente  le  groupe  de 
Dalmanites  conophthulmus  qui  n'est  connu  jusqu'ici  que  dans  la 
faune  seconde  silurienne. 

En  définitive,  il  ne  nous  paraît  nullement  vraisemblable  que 
les  quatre  genres  en  question,  reconnus  comme  exclusivement 
siluriens  sur  toute  la  surface  du  monde  paléozdique,  ainsi  que  le 
groupe  de  Dalmonites  cnnophthnlmus^  aient  reparu,  par  exception, 
à  Grand-iManil  et  à  Fosse  durant  la  période  dévonienne.  Dans  tous 
les  cas,  rhypothèse  de  cette  réapparition  e9t  jusqu'à  ee  jotir  pure- 


928  sÊAifci  DU  i9  MAI  1802. 

ment  gratuite  et  ne  peut  présenter  qu'une  très  mince  probalbiiité, 
puisqu'elle  ne  peut  invoquer  Tappui  d*aucun  fait  seinblable,  rela- 
tivement aux  quatre  genres  et  au  groupe  inentionné.  Ainsi,  toute 
la  vraisemblance  nous  parait  rester  en  faveur  de  l'opinioa  con- 
traire, que  nous  soutenons  avec  M.  Gosselet,  en  appuyant  sur 
l'analogie  unanime  de  tous  les  faits  connus  jusqu'à  ce  jour. 

M.  Alph.  Favre  lit  la  note  suivante  : 

^ote  sur  la  présence  en  Sai^oie  de  la  ligne  anticlinale  de  la 
mollasse  qui  traite rse  la  Suisse  et  une  partie  de  fa  Bavière; 
par  M.  Alph.  Favre,  professeur  li  rAcadèmie  de  Genève. 

On  nomme  li{;ne  anticlinale  une  ligne  qui  passe  par  le  sonmiet 
des  angles  que  forme  une  couche  inclinée  dans  deux  sens  opposés. 

Une  ligne  semblable  s'observe  dans  la  mollasse  tertiaire  de  la 
Suisse.  Elle  a  été  tracée  sur  la  carte  géologique  de  ce  pays,  publiée 
en  1853  par  JMiM.  Eschcr  et  Studer.  Elle  n'est  point  rectiligne,  mais 
ondulée,  et  à  peu  près  parallèle  aux  chaînes  extérieures  des  Alpes. 
On  la-  voit  pariir  des  bouîs  du  Rhin,  près  de  Bregenz,  traverser 
l'Appeiizell,  arriver  à  Uziiacli,  à  Risch,  sur  les  bords  du  lac  de  Zug, 
et  à  Lucernc,  d'où  on  la  suit  jusqu'à  la  Falkenflulie,  près  de 
Tlioune.  Elle  reparait  dans  le  Gu{>gisberg.  De  là  à  Lausanne  elle 
présente  une  pelile  interruption,  mais  MM.  Escher  et  Studer  l'oDt 
figurée  sur  leur  carie  dans  cetle  dernière  localité. 

Plus  tard,  en  1861,  MM.  Gandin  et  de  Rumine  ont  encore 
(onsiaté,  dans  les  travaux  de  la  gare  du  chemin  de  fer  de  Lau- 
sanne, la  présence  de  cette  ligne  anticlinale  (1).  En  mesurant  It 
direction  prise  par  cette  ligne  des  deux  côtés  du  chemin  de  fer, 
u  on  obtient,  disent-ils,  la  direction  S.-O.-N.-E.  Cette  direction 
»  irait  aboutir  au  lac  de  Constance.  C'est  exactement  la  direction 
0  de  l'axe  anticlinal  tracé  sur  la  carte  de  M.  Studer  v;  et  ils  ajoa* 
tent  :  <(  C'est  en  cet  endroit,  semble-t-il,  que  les  couches  infé- 
»  rieures  de  la  mollasse,  poussées  latéralement  par  les  Alpes  et 
»  arrêtées  par  le  Jura,  ont  cessé  de  se  redresser.  » 

D*après  M.  Studer  (2),  cette  ligne  traverse  toute  la  Suisse, 
presque  sans  interruption,  à  40  kilomètres  environ  des  Alpes  cal- 
caires. Il  la  regarde  connue  une  preuve  de  la  pression  latérale 


(1)  Bulletin  Soc,  vnudoisr^  4  855,  7  décembre,  n*  47. 
{t)  Géologie  der  SchtveiZf  t.  Il,  p.  4  7i. 


'MU'XEl.i 


NOTE    DE    M.    PAVRE.  920 

exercée  par  les  Alpes  sur  le  sol  tertiaire,  et  ceUe  origine  se  lie 
pour  lui  au  fait  très  connu  de  la  superposition  des  terrains  cré- 
tacés ou  jurassiques  sur  les  terrains  tertiaires,  fait  qui  se  voit  sur 
une  grande  longueur  dans  la  chaîne  extc^rieure  des  Alpes. 

IVI.  Studer  a  donné  plusieurs  sections  dos  couches  qui  forment 
la  ligne  anticliiiale  qui  nous  occupe  maintenant  a  la  Falkenfluhe, 
à  Ëscholzmatt,  etc. 

M.  Kaufmann,  en  1860,  dans  son  travail  sur  la  mollasse  (1),  a 
légèrement  modifié  la  direction  qui  était  assi{;née  à  cette  ligne  sur 
la  carte  de  MM.  Escher  et  Studer.  La  principale  modification 
consiste  en  ce  qu'il  la  fait  passer  à  Mavhacli,  près  des  sources  de 
l'Ëmme  ;  la  différence  est  peu  grande.  Il  a  observé  également  une 
autre  ligne  anticlinale  plus  rapprochée  des  montagnes  calcaires 
que  celle  qui  nous  occupe.  Je  crois  en  avoir  retrouvé  la  trace 
dans  la  montagne  des  Voirons;  mais,  à  une  aussi  grande  distance, 
je  ne  puis  être  certain  du  prolongement  exact  de  cette  dernière 
ligne  anticlinale.  Cependant  les  pages  suivantes  viennent  à  Tappui 
de  cette  idée. 

Dans  le  magnifique  atlas  géognostiqne  du  royaume  de  Bavière, 
publié  par  Gùmbel,  en  186Î,  on  voit  que  des  environs  de  Bregenz 
la  grande  ligne  anticlinale  de  la  mollasse  se  prolon^jo  au  N.-E.,  au 
travers  des  collines  et  des  plaines  de  la  Bavière  jusqu'au  Hauchen 
Berg,  sur  la  rive  gauche  de  rfllei*,  entre  Innnensladt  et  Kemplen. 

On  peut  donc  suivre  cette  ligne  presque  sans  interruption,  des 
bords  de  TU  1er,  en  Bavière,  jusqu'à  ceux  du  lac  de  Genève,  près 
Lausanne. 

J*ai  recherché  si,  sur  la  rive  méridionale  du  lac  de  Genève,  on 
pouvait  trouver  des  traces  de  cette  ligne  anticlinale.  Cette  recherche 
n'est  pas  facile,  parce  que  les  terrains  diluviens  et  glaciaires  occu- 
pent presque  toute  la  plaine.  Cependant,  près  du  hameau  de  Bon- 
natraix,  j'ai  trouvé  au  sud  de  la  route  de  Thonon,  et  à  l'ouest  de 
cette  ville,  une  carrière  de  mollasse.  Elle  forme  le  point  extrême 
du  côté  de  l'est,  où  le  grès  micacé  bleuâtre  ou  mollasse,  qui  con- 
stitue la  colline  de  Boisy,  vient  se  montrer.  Les  couches  de  cette 
carrière  étant  relevées  du  côté  du  N.-E.  appartiennent  à  la  lèvre 
septentrionale  de  la  ligne  anticlinale.  Ces  couches  sont  en  partie 
recouvertes  par  la  glaise  glaciaire  à  cailloux  striés.  Pi  es  de  là,  dans 
le  ravin  voisin  du  village  de  Sciex,  et  près  du  moulin  de  la  Serpe, 
dans  le  lit  du  Redon,  on  voit  encore  cette  même  mollasse  redressée 

(1)  Mémoires  de  la  Société  helvétique  des  sciences  nntnrclles^ 
4860. 

Soc.  géol.^  2"  séries  tome  XÎX.  59 


930  «iflANCL'    1)1      '\\)    MAI    180!^ 

flaiis  le  iiïvïuc  sons  (diri^cc  au  N  TtO'  îÀ  35"  K.,  et  plougeanl  au 
N.  ^0<*  à  35"  O.;  C*csl  i'iicorc  la  l(>vre  iiorI  ilu  soulèvement  du 
coUaii  (le  Hoisy  qui  se  luoitliL  ici.  l^is  couches  sont  pt:ii  inclinées; 
elles  plon|;eiit  de  20  à  30  lU  jjréa. 

En  amoiit  du  moulin  les  couelii-s  se  redressent.  Elles  plon^jeut 
de  bO**  en  gardant  la  même  direction;  puis,  en  continuant  ù 
remonter  le  rayin,  on  les  ironve  ])lus  liorizonlalcs,  lUtiis  dirigées 
au  nord  5"  E.  et  plon{;eant  de  10  à  15°  à  TE.,  5**  S.  Ici  elle» 
appartiennent  à  la  lèvre  sud  du  pli. 

11  est  donc  évident  que  dans  celle  localité  se  trouve  un  axe  antî- 
clinalde  la  mollasse  (1).  Celle  structure  se  continue  dans  la  colline 
de  Boisy,  dont  ces  couches  fuiil  partie.  Cette  petite  nioniagne  est 
entièrement    formée   par  des  (ouches   lediessées    nu    nord,    qui 
appartienui  nt  à  la  lèvre  méridionaU*  de  cette  li{;iic  ant.cliiiaJe. 
Nulle  part  ailleurs  que  dans  le  lit  du  Redon,  dont  je  viens  de 
parler,  on  ne  peut  apercevoir  la  lèvre  septentrionale;  les  couches 
qui  la  forminl  manquerit  ou  sont  ensevelies  sous  les  puissants 
éboulemcnts  partis  du  haut  dt;  la  colline.  La  lèvre  incriHiooale 
est  au  contraire  rch  vée  à  une  hauteur  con>idérable  ;  elle  atteint  le 
niveau  do  363  mélns  au dosus  (ki  lue  de  Genève  (2),  et  présente 
de  jjrands  escarpenu.iil  -  du  côté  de  ce  lac. 

Celte  colliuf  csl  doni*  loiniée  par  le  prolon[;ement  de  Taxe  anti- 
clinal reconnu  A  LausaMiu*,  «ixe  qui  déjà  a  été  rori{>ine  de  collines 
send)lables  dans  rintérieur  rlc  la  Suisse. 

Si  nous  recherchons  le  prolon|;rment  de  cette  li(;ue  du  côté  du 
S.-O. ,  on  serait  tenté  de  le  tionver  dans  la  petite  colline  de 
Alonthoux,  placée  entre  le  montSalève  cl  les  Voirons;  ceprnilant, 
en  examinant  sa  structure,  on  voit  qu'elle  est  entièrement  formée 
par  des  couches  redressées  .lu  N.-E. 

Mais  si  on  oliscrve  la  ]^osilioii  des  couches  du  mont  Salèvc,  on 
y  reconnaît  la  ])résence  de  Taxe  anlidinal.  En  cITet,  toutes  les 
couches  de  mollasse  qui  se  trouvent  sur  son  vci'saut  intérieur  du 
côté  des  Alpes  sont  reilressées  au  iS.-O.,  et  toutes  les  couches  de 
mollasse  placées  sur  son  veisanl  extérieur  sont  redressées  au 
S.-E.,  en  sorte  que  ces  couches  se  redressent  les  unes  contre  les 


(4)  Dans  le  lil  du  Redon  la  direction  des  couches  de  la  mollasse  est 
très  variable.  Kilo  est  comprise  entre  N.  SC»  E.  et  le  N.  40'*  E.; 
cependant,  comme  je  lui  dit,  on  voit  qiitfl(|ues  couches  dirigées  au 
N.  5^  E.  L'inclinaison  dos  couches  vano  h^^aucoup  aussi;  quelques- 
unes  se  rapprochent  Je  la  verticale. 

(2)  Ce  lac  est  h  373  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer. 


nOTB    DB    M.    FAYRB.  9U 

autres  ;  mais  elles  sont  séparées  les  unes  des  autres  par  le  grand 
massif  de  roches  jurassiques  et  néocomiennes  qui  constitue  le 
corps  de  la  monta^^ne  cl  le -même,  et  qui  présente  deux  systèmes  de 
couclies.  L'un  plonge  du  côté  des  Alpes,  c'est-à-dire  au  S.-E.; 
l'autre  est  yertical;  et  à  eux  deux  ils  forment  l'axe  anticlinal. 
Cette  montagne  présente  beaucoup  d'analogie  de  forme  avec  la 
colline  de  Boisy. 

Ainsi  <ionc,  le  mont  Salève  offre  un  axe  anticlinal  énorme 
s'élovanl  à  10C0  mètres  au-dessus  du  niveau  du  lac  de  Genève,  et 
cet  axe  est  placé  sur  le  prolongement  de  celui  de  Boisy  et  de  Lau* 
sanne,  qui  lui-même  est  la  continuation  de  celui  de  la  Suisse  et 
de  la  Bavière. 

Si  je  jette  un  coup  d'oeil  d'ensemble  sur  la  structure  que  je  viens 
de  décrire,  je  vois,  en  parlant  de  la  Bavière  pour  arriver  en  Savoie, 
une  fente  ou  dislocation  longue  d'environ  370  kilomètres,  qui  tra- 
verse toute  la  Suisse  ;  au  bout  de  cette  fente,  je  trouve  à  Boisy  une 
dislocation  très  grande,  qui  a  donné  naissance  à  une  colline  qui 
s'élève  à  363  mètres  au-dessus  du  lac;  je  vois  encore  que  cette 
ligne  arrive  au  Salève,  où  la  dislocation  s'élève  à  1009  mètres  au- 
dessus  du  lac,  et  où  la  sortie  de  la  (>randc  masse  calcaire  a  cnor* 
mément  écarté  les  deux  lèvres  de  la  mollasse  (1). 

Je  crois  donc  que  le  mont  Salève,  la  colline  de  Boisy  et  la  ligne 
anticliuale  qui  traverse  la  Suisse  et  se  prolonge  jusque  sur  les 
bords  de  l'Iller,  ont  la  même  origine  et  sont  une  seule  et  même 
manifestation  d'un  grand  phénomène  de  plissement  qui  a  eu  une 
très  large  part  dans  le  relief  des  Alpes  et  des  contrées  voisines. 

La  montagne  du  Salève  présente  une  position  exceptionnelle; 
c'est  une  grande  élévation  calcaire  (  ntourée  de  tous  les  côtés  par 
la  mollasse  tertiaire.  Cette  position  a  déjà  été  souvent  signalée,  et 
souvent  aussi  on  a  discuté  pour  savoir  si  celte  montagne  appartient 
à  la  chaîne  du  Jura  ou  à  celle  des  Alpes.  Un  coup  d'œil  rapide  jeté 
sur  les  cartes  géologiques  de  la  Suisse,  de  la  Bavière  et  de  l'Au- 
triche, fera  bien  comprendre  la  position  exceptionnelle  du  mont 
Salève,  car  on  ne  verra  nidle  part  aucune  montagne  formée  par  les 

(t)  Ce  genre  de  dislocation  me  rappelle  ce  qui  a  été  dit  naguère 
par  UD  savant  in^éDieur.  o  On  peut  suivre,  dit-il,  ces  lignes  parsl- 
»  lèles  de  fractures  (celles  des  environs  de  Plombières,  département 
»  des  Vosges)  jusque  dans  le  département  de  la  Côte- d'Or,  et  Ton 
»  retrouve  encore  auprès  de  Dijon,  c'est-à-dire  à  plus  de  160  kilo- 
»  mètres  de  Plombières,  un  pointement  granitique  résultant  de  la 
»  môme  cause  géologique.  »  ,M.  de  Billy,  Comptes  rendus  de  t*Jca* 
demie  des  sciences^  t.  XLIII,  19  mai  4  856.) 


1 

932  sÊAifCE  DU  49  «AI  1862. 

terrains  jurassiques  ou  iK^oconiicns,  isolée  au  milien  de  h  pUM 
(le  mollasse  tertiaire. 

En  rattachant  la  formation  exceptionnelle  et  locale  de  celle 
monta(>ne  â  un  phénomène  plus  étendu,  j'ai  montré  qu'elle  eitliée 
à  une  [;rande  di^location  qui  paraît  être  an  trait  d'unîcm  entre  la 
Alpes  orientales  et  les  Alpes  occidentales. 

Si  nous  recherchons  le  prolongement  de  cet  axe  anticlinal  di 
côté  (lu  S.  O. ,  eu  partant  du  mont  Salève^  nous  n>n  retroofooi 
pas  la  trace  d'une  manière  claire.  M.  Pillet,  dans  sou  traTSÎlair 
les  environs  d'Aix-les- Bains,  a  cependant  signale  de  grandes  dislo- 
cations au  pied  des  montagnes  des  Bauges;  mais,  d*après  la  carie 
qu'il  a  puhlic'o ,  ces  dislocations  ne  paraissent  pas  se  racoonfer 
d'une  manière  certaine  avec  celle  du  Salëve.  Plus  au  sud-ouest 
encore,  nous  arrivons^  au  delà  de  Ghamhéry,  dans  une  région  oi 
la  chahie  du  Jura  vient  se  réunir  avec  celle  des  Alpes.  Il  y  existe 
de  nombreuses  dislocations  ;  mais  nous  ne  savons  â  laquelle  nous 
devons  rapporter  celle  du  Salève,  et  les  montagnes  calcaires  isolcel 
au  milieu  de  la  mollasse,  qui  sont  figurées  sur  la  carte  du  Daa- 
pliiné  de  M.  Lory,  me  paraissent  appartenir  pins  au  Jura  qu^anx 
Alpos. 

Je  ne  puis  terminer  cette  note  sans  faire  remarquer  combien  il 
est  diflieile  de  tout  voir  et  de  tout  coniprendi'e  dans  lastruclure 
d*un  pays.  Certes  les  environs  de  Genève  sont  abordables  et  faciles 
à  scruter,  et  depuis  de  Saussure  tant  de  géologues  y  ont  paas^, 
qu'on  aurait  pu  croire  que  cette  région  avait  été  suffittmment 
examinée,  si  je  ne  venais  de  montrer  un  trait  nouveau  dans  sa 
structure.  On  arrive  à  croire  que  le  nombre  des  observations  i 
faire  dans  un  pays  est  presque  inépuisable. 

M.  Jannettaz  fait  la  communication  suivante  : 

Note  sur  Vobsenfntion  de  quelques  feuilles  dans  les  marnes  dn 
gypse  des  buttes  Cliaumont;  par  M.  Ed.  Jannettai. 

Je  ne  veux  redire  devant  la  Société  ni  l'énumération  des  mamci 
supérieures  au  gypse  étudiées  dans  la  Description  géologique  des 
environs  de  Paris  avec  le  génie  scrupuleux  qui  a  illustré  les  au- 
teurs de  ce  beau  livre,  ni  même  le  résumé  sagace  qui  en  est  pi^- 
senté  dans  le  Tableau  synoptique  de  M.  Ch.  d*Orbigny.  Je  ne 
contenterai  de  rappeler  qu'aux  huttes  Chaumont,  au-dessous  des 
marnes  vertes,  des  marnes  marines,  puis  des  marnes  blanches  by- 
drauliques,  on  voit  encore  tout  un  système  de  marnes  bleuâtiea, 


NOTE    DK    H.    DE    QUATREFAtiKS.  933 

verdâtres,  ordinairement  colorées  en  jaune  par  suilode  l'oxydation 
etderiiydratation  simultanées  du  fer  qu'elles  contiennent,  et  quel- 
quefois ornées  de  zones  qu'y  dessinent  des  infdtrations  ocreuses. 

On  sait  aussi  que,  dans  sa  partie  inférieure,  ce  dépôt  de  marnes 
renferme  plusieurs  petites  couches  de  gypse  grenu.  Dans  la  der- 
nière de  ces  couches,  qui  est  épaisse  de  quelques  décimètres,  et 
qui  repose  sur  la  haute  masse  du  gypse  saccharoïde,  et  surtout 
dans  un  lit  très  mince  d'une  marne  blanche  qui  surmonte  immé- 
diatement le  gypse  grenu ,  on  observe  des  empreintes  végétales. 
J'ai  pu  y  distinguer  une  feuille  de  monocotylédonée  lacustre  et 
une  feuille  de  dicotyiédonée.  Je  regrette  de  ne  pouvoir  donner 
encore  qu'un  indice,  mais  le  procédé  d'exploitation  qu'on  suit  en 
ce  moment  pour  Tabatage  du  gypse  rend  l'accès  de  ces  marnes 
périlleux^  et  m'a  défendu  jusqu'ici  une  recherche  plus  complète. 
C'est  dans  un  des  lits  de  marne  plus  élevé  qu'Alex,  firongniarta 
signalé  la  découverte  d'un  tronc  de  palmier.  Peut-être  des  obser- 
vateurs plus  heureux  trouveront-ils  dans  ces  couches  des  restes 
végétaux  plus  faciles  à  comparer  à  ceux  que  l'on  rencontre  en 
abondance  dans  les  gypses  d'Aix. 

M.  Gh.  Sainte-Glaire  Devillc  présente  au  nom  de  M.  de 
Quatrefages  la  note  suivante  : 

Noie  sur  l'origine  artificielle  des  amas  de  coquilles  connus 
sous  le  nom  de  buttes  de  Saint- Michel^en^Ltierm  [Vendée) -^ 
par  M.  A.  de  Quatrefages  (PI.  XIX). 

Les  buttes  de  Saint-Michel-en-Lherm,  longtemps  indiquées  seu- 
lement au  point  de  vue  descriptif,  n*ont  été  l'objet  de  recherches 
scientifiques  qu'en  1816,  et  c'est  à  Flcuriau  de  Bellevue  que  l'on 
doit  le  premier  travail  ayant  pour  but  de  rendre  compte  de  l'o- 
rigine de  ces  singuliei'S  amas  de  coquilles  (1).  Depuis  cette  époque 
M.  Rivière  (2)  et  M.  Goquand  (3)  sont  tous  deux  revenus  sur  le 


(1)  Ce  travail,  présenté  à  rAcadémie  en  \%M  et  imprimé  dans  le 
Journal  de  physique,  a  été  reproduit  en  grande  partie  dans  la  Statistique 
tlu  département  de  la  Vendée  de  J.-Â.  Cavoleau,  annotée  et  considé- 
rablement augmentée  par  M.  A.-D.  de  la  Fonteuelle  de  Yaudoré, 
correspondant  de  Tinstitut,  1 844. 

(2)  Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France^  4  835,  et  Diction- 
naire pittoresque  (C histoire  naturelle.  M.  de  Yaudoré  a  reproduit  et 
discuté  les  recherches  de  M.  Rivière. 

(3)  Bulletin  de  la  Société  géologique^  4  836. 


Mh  êÈkncn  du  19  mai  1862. 

même  sujet  et  leurs  opinions  se  trouvent  repmduites  dans  les  âiwen 
traités  de  géologie. 

M.  Rivière  admet  que  les  huttes  dont  il  s'a»it  sont  un  banc 
d'Huîlres  qui  s'ost  formé  sur  place  et  est  parvenu  à  la  hauteur  où 
nous  le  voyons  aujourd'hui  sans  avoir  aie  souleyd.  Ce  banc  serait 
resté  h  découvert  p;ir  suite  du  retrait  de  la.  nier.    Fleurinu  de 
Bellevue  avait  combattu  d'avance  cette  explication  en  se  fondant 
sur  ce  fait,  que  le  point  culminant  des  huttes  est  de  beauc*onp  au- 
dessus  du  niveau  de  la  plaine  calcaire  de  la  Vendée,  et  que  par 
conséquent,  si  l'opinion  qu*il  examinait  et  qu*a  embrassée  M.  Ri- 
▼ière   était  fondée,  on  devrait  trouver  à  la  surface  de  celle-ci  des 
traces  du  séjour  prolongé  des  mers  actuelles,  traces  qui  manquent 
entièrement.  M.  de  Vaudoré  a  insisté  depuis  sur  cette  considéra- 
tion, qui  a  sans  doute  paru  concluante  à  la  plupart  des  géolofraes, 
car  ils  ont  généralement  adopté  une  autre  explication  que  Fleu- 
riau  avait  proposée  d*abord  avec  réserve,  mais  qu'il   a  très  ft)r- 
mellemeut  admise  plus  tard  (1).  D'après  cette  seconde  manière 
de  voir,  les  buttes  dont  il  s*agit  se  seraient  formées  au  niveau  des 
autres  amas  d'HuUrrs  qui  ont  été  signalés  dans  les  environs,  an- 
dessous  du  niveau  des  marais  qui  les  entourent  et  devraient  leur 
relief  actuel   à   un  soulèvement  local.    J'ai   moi-même  accepté 
autrefois  cette  interprétation  d'un  fait  que  je  ne  pouvais  juger  que 
sur  les  témoignages  que  je  viens  d'indiquer  (2), 

Toutefois,  la  conservation  remarquable  des  coquilles  signalées 
par  tous  les  observateurs  précédents  m'avait  laissé  des  doutes,  et 
ces  doutes  s'accrurent  en  pi'ésence  des  résultats  obtenus  par  les 
naturalistes  danois,  et  en  particulier  par  iM.  Steenstrup,  {;râce  à 
Texamen  d'amas  de  coquilles  qui  semblaient  présenter  une  cer- 
taine analogie  avec  les  buttes  de  Saint-Michel-en  Llierm.  On  sait 
que  ces  amas,  désignés  par  le  nom  aujourd'hui  classique  de  Kink' 
kcfimadings  (3),   sont  essentiellement  formés  des  dépouilles  des 
mollusques  qui  servirent  jadis  aux  repas  des  hommes  de  l'âge  de 
pierre,  et  que  leur  étude  a  fourni  sur  l'industrie  de  ces  antiques 
races,  sur  la  faune  de  ces  âges  reculés,  des  renseignements  du  plus 
haut  intérêt.  J'espérai   bientôt  que  les  buttes   de  Saint- .Michel 
pourraient  nous  être  aussi  utiles  au  même  |K>inl  de  vue,  et  celte 
pensée  me  décida  à  aller  les  étudier  à  mon  tour  (/i). 

(1)  Dans  une  lotte  adressée  en  1843  à  M.  de  Vaudoré  et  oités  par 
celui-ci. 

(2)  Souvenirs  d'un  ntiUutilistc^i.  II,  1854. 

(3)  Littéralement:  rebuts  de  cuisine. 

(4)  Je  suis  heureux  d'adresser  ici  mes  remercimonts  à  M.  Leroux, 


NOTB    DB    M.    DE    QUATRBPA6BS.  986 

Dès  ma  première  visite  jo  restai  convaincu  que  les  bulles  n'a* 
vaienl  été  façoimëcs  ni  par  l'action  des  vagues,  ni  par  un  soulève- 
ment. Ni  Tune  ni  l'autre  de  ces  causes  ne  me  parurent  pouvoir 
rendre  compte  de  leur  configuration  dont  on  s'est  trop  peu  préoc- 
cupé jusqu'ici. 

En  arrivant  dajis  les  carrières  ouvertes  sur  deux  points,  je  con- 
statai en  outre  des  faits  assez  peu  en  harmonie  avec  certains  dé- 
tails donnés  par  quelques-uns  de  nos  prédécesseurs.  Je  croîs  donc 
utile  de  faire  connnitre  d'abord  mes  observations  sur  ces  deux 
points. 

Flcuriau  de  Bellevue  compte  trois  buttes  distinctes,  et  a  cher- 
ché à  donner  une  idée  de  leur  ensemble  en  disant  qu'elles  res- 
semblent à  deux  S  de  grandeur  inégale  couchées  et  séparées  par 
un  trait  d'tmion  (  ««  -'Ti  ).  Il  est  difficile  d'être  moins  exact. 

En  réalité,  les  buttes  de  Saint-Michel-en-Lherm  se  composent 
de  deux  massifs  distincts  séparés  par  une  sorte  de  goulet. 

La  direction  de  l'ensemble  s'étend  de  l'ouest -nord-ouest  à  l'est- 
sud-est  sur  une  longueur  d'environ  575  mètres  (1).  Le  premier 
massif,  ou  massif  du  nord,  comprend  la  petite  s  et  le  trait  d'union 
de  Fleuriau.  Le  second  massif,  ou  massif  méridional,  répond  à  la 
grande  S  du  même  naturaliste.  Tous  deux  sont  entièrement 
revêtus  d'un  gazon,  souvent  très  abondant,  principalement  sur  les 
plateaux  supérieurs. 

Le  massif  du  nord  (I)  se  compose  d'une  butte  et  de  deux  Jetées, 
Il  paraît  être  intact  dans  toute  sa  portion  nord-est,  est  et  sud. 
IVLiis  à  l'ouest  on  a  bâti,  à  mi-côte  de  la  butte,  une  ferme  consi- 
dérable (la  ferme  drs  Chamls  ou  des  ChaitVy  A),  et  les  terrains  ont 
été  manifestement  remaniés  (^,  g).  Les  renseignements  recueillis 
sur  les  lieux  ne  peuvent  d'ailleurs  me  laisser  de  doute  à  cet 
égard. 

La  butte  de  ce  massif,  placée  à  l'ouest,  est  restée  intacte  sur  une 


député  au  corps  législatif,  qui,  informé  du  but  de  mon  voyage,  voulut 
bien  m'autorisera  faire,  dans  ces  buttes  qui  lui  appartiennent,  toutes 
les  fouilles  qufl  je  jn^erus  convenable. 

[\)  Il  est  fort  diflicilc,  à  raison  mômo  de  l'ôteodue  des  buttes,  de 
se  rendre  un  compte  exact  de  leur  forme.  Pour  lover  cette  difficulté, 
j'ai  calqué  le  plan  cadastral  qui  reproduit  la  plus  grande  partie  des 
contours  delà  base  et  donne,  par  la  distribution  des  canaux  et  diverses 
autres  indications  des  points  de  repère  très  précis.  C'est  en  m'aidant 
de  ce  calque  et  de  quelques  mesures,  que  j'ai  dessiné  sur  les  lieux  un 
plan,  fautif  sans  doute  dans  quelques  détails,  mais  certainement  très 
exact  pour  tous  les  traits  essentiels. 


930  SÉAM.K    DU    19    MAI    1802. 

longueur  d  euviion  190  uièlies  sur  85  de  largeur  (4).  llaiu  la  por- 
tion lion  remaniée,  les  talus  sont  presque  aussi  nets  que  ceux 
d'une  forlification.  Le  profil  en  est  légèrement  ondule  du  nord  au 
sud.  Cette  butte  forme  un  plateau  mamelonné,  et  un  de  ces  nia- 
melons  est  le  point  culminant  des  buttes  {a).  Ce  point,  d'après 
Fleuriau,  est  à   ^5  pieds  (15  mètres}  au-dessus  du  niveau  des 
marais  voisins.  A  Tangle  sud-ouest  de  la  butte  dont  il  s'agit,  et 
sur  un  point  (jui  n'offre  que  des  traces  de  remaniement,  on  avait 
élevé,  il  y  a  quelques  années,  un  four  à  chaux,  aujourd'hui  aban- 
donne (e),  C*est  là  qu'ont  été  trouvés  les  deux  squelettes  dont 
MAI.  Rivière  et  Coquand  ont  parlé.  D'après  les  renseignements 
qui  m'ont  été  donnés,  je  ne  puis  douter  qu'ils  ne  fussent  les  restes 
d'honnnes  ensevelis  dans  ce  lieu  assez  longtemps  peut-être  après 
la  formation  des  buttes.  M.  Ck>quand  était  déjà  arrivé  à  la  même 
conclusion. 

La  butte  dont  nous  parlons  envoie  dans  la  direction  du  nord- 
nord-est  une  jetée  d'environ  85  mètres  de  long,  qui  présente  une 
particularité  remarquable  (b).  Cette  jetée  continue  d'abord  une 
sorte  de  terrasse  marginale  de  la  butte,  et  présente  sur  une  étendue 
d'environ  35  mètres  une  surface  à  peu  près  plane  de  i2  à  15  mètres 
de  large.  Puis  tout  à  coup  elle  se  rétrécit  presque  à  angle  droit  et 
ne  présente  plus  à  sa  partie  supérieure  qu'un  large  dos  d'Ane 
arrondi.  Mais  la  base  des  talus  reste  la  même  et  n'a  guère  moins 
de  UO  mètres  en  largeur.  La  hauteur  de  cette  jetée  est  d*ahord 
égale  à  celle  de  la  butte  ;  elle  diminue  vers  son  extrémité  qui  est 
arrondie. 

De  l'angle  sud^est  se  détache  une  seconde  jetée  qui  se  dirige 
presque  en  ligne  droite  dans  la  même  direction  (/)  et  présente  une 
longueur  d'environ  98  mètres.  Celle-ci  est  bien  moins  considé- 
rable que  la  précédente.  Sa  hauteur  ne  dépasse  pas  de  beaucoup 
U  mètres  ou  /i'°,50.  La  largeur  de  sa  base  est  seulement  de 
20  mètres  à  peu  près.  Sa  partie  supérieure  est  formée  par  une 
arête  arrondie.  A  son  cxtiémité  sud-est,  elle  s'élève  quelque  peu 
et  présente  une  sorte  de  renflement  coudé  à  angle  droit,  qui  se 
dirige  vers  le  sud-ouest  siu*  une  longueur  de  35  à  38  mètres. 

C'est  cette  petite  jetée  que  représente  le  (mit  d'union  de  Fleu- 
riau. Il  eu  fait  une  butte  distincte,  et  en  cela  il  se  trompe.  Il  est 
facile  de  constater  son  erreur  en  examinant  les  berges  du  petit 
canal  £.  On  voit  sur-le-champ  qu'il  a  été  creusé  au  milieu  des 

(1)  Â  en  juger  par  les  traces  qui  restent,  cette  largeur  devait  être 
h  pou  près  double  et  la  butte  devait  former  un  quadrilatère  irrégulier. 


NOTB    1>S    M.    DK    QUATEKFÀGB8.  037 

11  uilies,  et  que  la  sëparalion  de  la  butte  et  de  la  jetée  est  tout 
artiûcielle. 

Il  n'en  est  pas  de  même  de  TintervaUe  ou  goulet  qui  sépare  les 
deux  massifs,  et  dont  la  largeur  est  de  55  à  56  mètres.  Un  canal 
a  été  creusé  au  milieu  même  de  cet  espace  libre,  et  ses  berges  ne 
présentent  rien  qui  rappelle  et  qui  frappe  tout  d'abord  dans  celui 
dont  nous  venons  de  parler.  Il  est  évident  que  les  deux  massifs 
sont  bien  indépendants  Fun  de  Tautre. 

Le  second  de  ces  massifs  (II,  II,  II)  diffère  considérablement  du 
premier.  Use  compose  de  deux  buttes  et  de  àeixx  jetées.  Le  tout  res- 
semble assez  à  une  faucille  dont  le  manche  serait  étroit  et  dont  la 
lame,  large  à  son  origine,  étroite  au  milieu,  se  terminerait  par  un 
large  quadrilatère  presque  régulier.  La  corde  allant  de  Textrémité 
du  manche  à  L'angle  interne  du  quadrilatère  a  300  mètres  de  long. 
Le  développement  de  Tensemble  est  de  plus  de  520  mètres.  Ce 
massif  est  intact  dans  toute  son  étendue,  à  Texception  d'une  faible 
portion  de  la  butte  qui  se  termine  au  sud-est. 

En  partant  de  l'ouest,  on  rencontre  la  première  jetée  (/i),  ter- 
minée de  ce  côté  par  une  sorte  de  tête  arrondie,  se  prolongeant 
presque  en  ligne  droite  de  Touest-sud-ouest  à  l'est-nord-est  sur 
une  longueur  de  178  mètres.  Cette  jetée  n'a  guère  plus  de 
5  mètres  de  haut  ;  la  largeur  de  sa  base  est  d'environ  20  mètres, 
et  elle  présente  à  sa  partie  supérieure  une  arête  dont  la  portion 
arrondie  n'a  parfois  que  60  à  50  centimètres  de  large.  Les  talus 
en  sont  très  nets  et  à  peine  ondulés. 

A  cette  jetée  se  rattache  la  première  butte  (f).  Celle-ci  est 
allongée,  coudée  vers  son  milieu  presque  à  angle  droit.  Les  deux 
branches  qu'elle  forme  ainsi  sont  en  outre  légèrement  arrondies, 
et  la  première  inclinant  vers  le  nord  forme  avec  la  jetée  dont  nous 
venons  de  parler  un  angle  obtus.  Les  deux  branches  sont  à  peu 
près  égales,  et  leur  longueur  mesurée  à  la  base  des  talus  est  d'en- 
viron 95  mètres.  Cette  base  elle-même  a  environ  k^  mètres,  et  le 
plateau  qui  règne  en  dessus  n'a  guère  moins  de  22  mètres  de  large 
en  moyenne.  Il  est  d'ailleurs  bien  moins  accidenté  que  celui  de  la 
grande  butte  du  premier  massif  et  sensiblement  moins  élevé.  II 
s'élève  brusquement,  formant  un  mamelon  arrondi  au-dessus  de 
la  première  jetée,  et  s'abaisse  insensiblement  vers  la  seconde  jetée, 
à  laquelle  il  se  relie  par  un  rétrécissement  qui  |K>rte  surtout  sur 
le  contour  extérieur. 

Cette  seconde  jetée  (/*)  est  courbe.  La  corde  qui  la  soutendrait 
aurait  105  mètres  environ.  Sur  certains  points  la  base  n*a  guère 
plus  de  15  mètres  de  large.  Le  talus  est  très  sensiblement  moins 


988  SÉANCE    DU     '^^    MAI    48fl*>. 

rapidp  sur  la  facr  orirnraic  ([\\c  sur  l'ocridentale.  £nGn  i'arète, 
quoique  fort  rdoitc  pir  ])lacrs.  ur  l'est  pourtant  pas  autant  que 
dans    la  première  jetre   dtMit    nous   venons   de   parler   tout  i 

riirure. 

F^a  seconde  hutte  du  mnssif  mi^ridional  toninne  ce  singulier 
ensiinlde  fX).  Nous  avons  déjA  dit  qu'elle  est  A  peu  près  qu-idri- 
latèiv.  Sa  lou(;ueur  est  d'environ  90  mètres,  sa  largeur  de  70  Au 
nord,  i\  Test  et  drius  la  plu  «  j;raude  partie  «les  côtés  ouest  et  su/1, 
les  talus  sont  parfaitement  entiers  ;  mais  l'an^^le  snd-onest  a  été 
remaidé.  On  a  construit  là  ime  ber{»enc  dépendant  de  la  ferme 
du  Travert  (R),  A  côté  de  Incpielle  s'ouvre  une  véritable  carrière 
sur  laquelle  j'aurai  à  revenir.  Les  an[»les  sud-est  et  est  sont  fortf- 
ment  arrondis.  Ii*an|;le  nord,  nu  contrai iv,  s'allonge  beaucoup 
pour  rejoindre  la  jetée  eourbe  décrite  dans  falinéu  cfui  pnVède. 
A  en  \U[\r\'  par  les  traci^s  «U-  Tancien  talus,  l'angle  sud  ouest  s'al- 
longeait aussi  d'une  manière  assez  scnsihlc,  si  bien  que  les  deux 
dia{;Oiialis  ne  difl -raient  (;uèri'  que  d'une  douzaine  de  inètret 
(100  et  112  mètres  environ \ 

Voilà  ce  que  les  hri'fc^  .!r  Saint- Mirhi'l-en'Lherm  montrent  an- 
dessn«5(!ii  soi  qui  les  c  nloine  ;  mais  il  est  évident  qu'elles  s'enfoncent 
au-d»'ssous  de  ce  niveau.  Jusqu'à  quelle  profondeur  pénètrent- 
elles  PTe  <M(>is  que  nous  n'en  savons  encore  rien.  Les  deux  fer- 
miers qui  se  les  partagent  m'ont  tous  deux  assuré  que  même  dans 
les  sécheresses  les  plus  fortes  ou  avait  trouvé  Tenu  avant  «l'avoir 
franchi  les  massifs  de  coquilles.  Un  puits  (D),  placé  dans  le  voisi- 
na{;e  de  la  ferme  des  Chaux,  a  son  fond  dans  ces  mêmes  nKissifs, 
et  un  canal  d'assèchement,  creusé  un  peu  plus  bas,  montre  des 
coquilles  jusqu'au  bas  de  sa  berge.  Il  n'en  est  que  plus  remai- 
quable  de  ne  ri'Mi  t  rouvcr  de  semblable  dans  le  canal  H ,  creusé  dans 
\e  fToiifre  (|ui  sépare  les  deux  massifs. 

Si  je  ne  me  trompe,  les  dispositions  que  je  viens  de  dcK:rirc, 
mais  dont  il  est  d'ailleurs  difficile  de  se  faire  une  idée,  si  Ton  n'a 
pas  un  ])lan  sous  I»  s  yeux,  ne  s*accordent  guère  avec  la  théorie 
qui  attribue  à  un  soulèvement  la  formation  de  ces  étranges  mon- 
ticides  Si  les  bnlte.s  étaient  isolées,  on  pourrait  peut-être  s'ar- 
rêter à  e»tte  opinion:  mais  l'existence  de  ces  lonp,ue8  jetées,  à 
arêtes  presque  vives,  à  bases  si  étroites,  me  parait  à  elle  seule 
devoir  la  faire  rejeter.  Au  contraire,  elle  s'accorde  très  bien  avec 
l'idée  d'un  travail  fait  de  main  d'hoiume  ;  et  ecrtaîneuient,  si  les 
buttes  <I(  Saiiit-Miehcl  eussent  été  en  tire  au  lien  d'être  exclu- 
sivement conipo.ées  de  c0(|nilles,  on  n'aurait  jamais  vu  en  elles 
autre  ehos(^  que  de*;  travaux  élevés  dansime  intention  quelconque. 


MOTS    DK    M.    DE    QUATRBFAGBS.  9S0 

Or,  eii  prtfeence  des  faits  observés  en  Danemark,  celte  difficulté 
ne  pouvait  m'arrétcr. 

Un  premier  examen  de  la  structure  des  huttes  ne  fit  que  me  con^ 
firmer  dans  des  idées  qui  ne  reposaiiMit  encore  que  sur  des  pré»- 
somptions.  Fleuriau  les  a  décrites  comme  composées  de  couches 
régulièrement  stratifiées  ;  il  affirme  avoir  fait  ouvrir  des  tranchées 
sur  plusieurs  points  et  avoir  partout  retrouvé  le  même  fait  ;  mais 
en  même  temps  il  déclare  n'avoir  pu  consacrer  à  celte  étude  qu'un 
petit  nombre  d'heures. 

Cette  dernière  circonstance  explique  l'erreur  où  est  tombé 
l'ancien  correspondant  de  notre  Académie.  Il  est  évident  que  ses 
tranchées  ont  été  trop  peu  profondes.  S'il  eût  pénétré  un  peu 
plus  avant  dans  les  massifs,  ses  opinions  eussent  été  tout  autrts(l]. 
Voici,  en  effet,  ce  que  j'ai  constaté  relativement  à  ce  point  de  la 
question. 

Lorsqu'on  examine  les  buttes  extérieurement,  surtout  sur  cer- 
tains points,  et  en  particulier  le  long  des  jetées  étroites  h  et  /,  on 
peut  tout  d'abord  être  tenté  de  croire  à  une  stratification  des  mieux 
caractérisées.  En  eftei,  le  lonj;  des  talus  on  voit  se  dessiner  de 
loin  des  bandes  presque  horizontales  et  dont  le  nombre  varie.  Ces 
bandes  sont  formées  par  des  lignes  de  gazon  où  l'herbe  est  bien 
plus  fournie  que  dans  les  intervalles  qui  les  séparent.  Pour  voir 
si,  en  effet,  il  y  avait  là  une  slratiMcaiion  réelle,  j'ai  fait  faire  une 
tranchée  sur  un  des  points:  où  cette  disposition  était  le  plus  forte* 
ment  accusée  vers  le  milieu  «le  la  jetée  y.  Je  reconnus  bientôt  que 
ces  lignes  de  gazon  tenaient  à  ce  que  la  ttrre  végétale  s'était  acco- 
mulée  en  plus  grande  quantité  sur  les  points  indiqués  par  la  végé- 
tation plus  abondante.  C'est  un  phénoincrie  analogue  à  celui  qui 
se  produit  sur  toutes  les  ])C'nles  un  |)eu  rapides,  et  que  j^avais  eu, 
l'annéo  dernière,  l'occasion  de  constater  sur  des  buttes  à  talus 
rapides,  composées  de  matériaux  où  n'existait  cerlaineinent  p^s 
même  Tombre  de  stratification. 

Mais  celle-ci  pouvait  avoir  lieu  parallclemenl  aux  reliefs  des 
buttes.  C'est  même  dans  Cl' sens  qu'il  faut  prendre,  je  crois,  les 
expressions  de  Fleuriaii.  J'ai  trouvé,  eu  effet,  des  traces  de  cette 
disposition  dans  une  carrière  ouverte  à  une  assez  faible  profon- 
deur derrière  la  ferme  des  Chaux.  Quelque  chose  de  semblable 
s'est  aussi  présente  partout  où  j'ai  fait  ouvrir  des  tranchées.  Mais 
cette  structure,   plus  ou  moins  straliliéc,  u(;  pénétrait  jamais  pro- 


«■■■  1 1 


(!)  M.  Rivière,  tout  on  a'îfnoltanl  la  stratification,  reconnaît  qu'elle 
est  peu  marquée. 


9i'i  gfiANCE    DU    19    MAJ    1862. 

travaillé  à  IbuilUr  lu  lochcr^  Cartcau  répliqua  qu'il  avait  Iravaillé 
il  y  a  Yin^l-iiiiit  ;iiis  à  déhiiirassiT   les  nl)onU  de   la  ferme  des 
Gliuiix,  et  qii  il  avait  trouvî*  au  iniliiu  îles  lluîtrtâ»   uuc   cartouche 
de    vin^l'.'^v fit  pièces  de  mourtaii'  iiivclopixvs  dans  un  morceau  de 
toile  grossière  cdiiinie   In   toile  à  vuile.  Cette  toile  ët.iit  pourrie, 
mais  encore  rrconnaissable    11  porta  sa  trouvaille  ciicz  uu  M.  Du- 
four,   qui   s  occupait  tic  cliosrs  anciennes.    Celui-ci    chercha  dont 
un  livre  oit  étaient  repKwt  niée.s  toutes  xortes  de  munn€iics.  Il  trouva 
et  montra  à  Carteau  la  représi' nia  lion  exacte  de  celles  €|u'il  venait 
de  rceueillir,  et  lui  dit  que  c'étaient  des  monnaies  tic  Ptrp'n  ic  BreJ, 
Il  est  bien  difficile  de  ne  p.is  accipler  ce  témoij'nage   que  j'ai 
clierclu!  à  reproduire  dans  sa  naïveté   Carteau  est  un  simple  jour- 
nalier |>ariaitenient  illettré,  et  il  ne  peut  avoir  invente  ce  nom  de 
roi,  pas  plus  que  l'iiistoiie  du  volume  où  étaient  représentées  toutes 
sortes  de  monnaies,  ^lallieuieusiinenl  ces  pièces  de  conviction  ont 
été  perdues  parce  que  personne  ne  conipiit  Tinlérêt  qu'elles  pré- 
sentaient (t). 

Caiteau  ajoutait  que  les  lettres  étaient  encore  très  bien  mar- 
quées sur  les  monnaies  Kl  les  travaient  donc  été  que  |>cu  de  temps 
en  cireulatiun  et  étaient  restées  ensevelies  dan»  les  buttes  depuis 
le  règne  de  Pépin  ou  de  (|ucl(|u'un  de  ses  successeurs  inimédicits. 
Gela  même  permettrait,  à  la  i  i(jucnr,  ifadmcttre  d'ors  et  déjà  l'o- 
pinion que  m'exprimait  M.  de  (lhatei[jner,  qui  reportait  l'érectioD 
des  buttes  au  temps  de  Ciiarlemagne.  On  s:iit,  en  oITet,  que  ce 
monarque  fit  construire  le  \o\\\^  de  uns  côtes  des  abris  destinés  à 
prolé{;er  les  marins  contre  les  premières  invasions  des  Normands. 
Or,  la  disposition  des  buttes  dont  nous  parlons  semble  eu  effet 
très  piopie  à  avoir  formé  un  poil  de  refuge  |>uur  de  petites  em- 
barcations à  l'époque  dont  il  s^agit.  La  mer  entourait  alors  la 
plupart  d(-s  fies  calcaires  qui  s'élèvent  au  milieu  du  marais. 
Les  huttes  de  Saini-Miclicl-en-Ll)crm  avaient  au  nord  et  h 
200  mètres  environ  Tilc  étroite  et  longue  de  la  dune,  qui,  placée 
presque  perpendiculairement  Â  l'axe  du  premier  massif,  complé- 
tait un  véiital)le  bassin.  Ce  bassin  lui-même  placé  entre  les  îles  de 
Triai /(■  à  Test,  et  d-j  Saint-iMiebel  au  sud,  était  déjà  abrite 
contre  les  ]>lus  violents  coups  de  mer.  A  tous  égards  il  pouvait 
donc  j(>u<  r  le  lôle  d'abi  i.  Il  présentait  même,  on  pont  le  dire,  un 
port  iatrnûur  «'Oinpris  entre  la  dune  et  Ks  deux  massifs  (2),  et  un 


(i)  Cartoau  employa  >qs  médailles  en  t^uiso  de  moules  de  boutoo. 
(%)  C'est  entre  ces  deux  derniers,  mais  sur  un  point  qu'on  n*a  po 
m'indiquer  avec  une  précision  suffisante  pour  que  je  le  marque  sur  le 


NOTR    DK    M.    I)K    Ql'ATREFAGFS.  ij^îi 

part  cxiciicui  ow  (iv/int-port,   foi  nie  par  la  courbure  du  second 
nr.issif,  là  où  isl  aiijum<riiui  l'iihinivoir  V  (1). 

Quoi  qu'il  en  soil  de  celle  hypolliès^'  relalive  à  la  destination 
des  but  Us,  on  voit  tjue  leur  énction  se  trouve  reportée  à  une 
ép()(pie  rilaiivenient  très  réeente.  Or,  malgré  les  mouvements  de 
ré(H)ree  terrestre  qui  me  paraissent  avoir  incontestablement  mo- 
difié le  niveau  de  ces  contrées  et  d'autres  portions  de  nos  cotes 
de  Touest,  depuis  les  temps  bistoriques  et  jusque  dans  le  moyen 
a(;e  (2),  rien  ne  nous  autorise  à  admettre  l'existence  pendant  celte 
période  «l'actio  >s  violentes  et  localisées  au  point  de  produire  un 
soulèvement  comme  celui  de  ces  buttes,  en  laissant  même  de  c(^té 
ce  que  leur  con[i';uialionme  semble  avoir  d'incompatible  avec  nue 
pareille  origine.  Nulle  part  ailleurs,  ni  la  Vendée,  ni  les  pays 
voisins  ne  présenlent,  —  du  moins  que  je  sache,  —  rien  qui  rap- 
pelle faction  de  semblables  forces. 

Voici  enfin  un  dernier  fait  qui  vient  ajouter  encore  aux  proba- 
bilités qui  militent  en  favetu'  de  mon  opinion,  savoir,  que  les 
buttes  dont  il  s'a^^il  sonl  le  produit  de  l'industrie  bumaine  cl  nul- 
lement le  résultat  de  la  mise  en  jeu  des  forces  naturelles. 

Meuriau  et  tous  ceux  (juise  sont  après  lui  occupés  de  ces  élrani'cs 
amas  de  coquilles  ont  constaté  que  la  majorité  ilcs  mollusques 
bivalves  que  l'on  y  trouve  ont  conservé  leurs  deux  valvts  en 
place.  Ce  fait  est  parfaitement  exact.  J'ajouterai  même  cju'à  l'in- 
térieur de  la  {grande  butte  où  peintre  la  carrière  de  la  ber(jcrie  du 
Travert,  ce  n'est  plus  ta  mujtnitc^  mais  à  pm  près  la  totalitc  des 
individus  qui  présentent  cette  curieuse  particularité. 

Or,  dans  un  moment  où  je  suivais  de  Tœil  avec  une  atleutiou 


plan,  qu'ont  été  trouvés,  non  loin  de  la  petite  digue/,  les  débris  d'une 
grande  barque  enfouis  1  une  faible  profondeur.  N'est-il  pas  permis  de 
voir  là  une  de  ces  vieilles  embarcations  qui  pourrissent  et  échouent 
sur  place,  comme  on  en  voit  dans  presque  tous  nos  petits  ports  de  nier  ? 

(i)  Les  berges  de  cet  abreuvoir  creusé  asbcz  profondément  ne  pré- 
sentent pas  de  coquilles  ou  n'eu  présentent  que  d'isolées.  Il  est  cer- 
tainement placé  en  dehors  des  amas  qui  nous  occupent,  quoique  distant 
seulement  de  30  mètres  environ. 

(i)  De  quelques  faits  signalés  par  W  de  Vaudoré  il  résulterait  que 
ces  mouvements  se  contiouenl  encore  do  nos  jours.  Il  cite  un  rocher 
qui  s'élève  progressivement  au-dessus  de  la  mer  dans  les  environs  de 
àaremmos  et  un  marais  salant  dont  on  est  obligé  de  renivelor  périodi- 
quement une  partie  qui  sélève  aussi  au-dessus  du  niveau  établi. 
Tout  ce  que  j'ai  pu  recueillir  sur  ces  contrées  me  semble  devoir  fixer 
d'une  manière  toute  spéciale  fattentiou  des  géologues. 


9ikA  SfiANCR   DU   19  BAI  1802. 

facile  à  comprendre  le  travail  de  mes  ouvriers,  j'aperçus  touti 
coup,  au  milieu  des  Huttres  entières^  un  peut  ainas,  une  sorte  de 
nid  de  valves  séparées  les  unes  des  autres.  Le  contraste  ëlait  à 
remarquable  qu'il  frappa  même  mes  journaliers  une  fois  que  j'eus 
ap|)elé  leur  attention  sur  ce  point.  Je  Téplucbai  avec  soin  et  comp- 
tai environ  35  à  Z|0  de  ces  valves  ainsi  isolées.  Toutes^  et  surtout  des 
valves  planes ^  portaient  au  bord  opposé  à  la  charnière  des  fractures, 
des  écaillures  parfaitement  semblables  à  celles  qui  se  produisent  aa 
même  point  lorsqu'on  clierclie  à  ouvrir  une  Huître  TÎTanle  avec 
un  couteau.  —  Il  me  paraît  lioi's  de  doute  que  j'ai  eu  là  sous  les 
yeux  les  traces  d*un  repas,  un  petit  KiQkkenmading  englobé  an 
milieu  des  matériaux  de  la  butte. 

Je  le  répète,  —  si  les  sin[;uliers  ouvrages  du  maran  de  Saint- 
MiclieUen-Lherm  étaient  en  terre  ou  en  cailloux^  personne  n'au- 
rait mis  eu  doute  qu^ils  fussent  dus  à  la  main  de  l'homme.  La  on« 
ture  seule  des  matériaux  a  pu  et  tlâ  faire  naître  l'idée  d'une  ac- 
tion géologique.  Dans  Tétat  actuel  des  choses  et  malgré  les  bits 
que  je  viens  d'exposer,  bien  des  pei-sonnes  peut-être  reculeront 
encore  devant  la  pensée  d'admettre  qu'on  a  pu  élever  tout  un 
ensemble  de  collines  artificielles  et  de  jetées  dont  le  développe- 
ment représente  une  lon[>ueur  d'environ  900  mètres,  en  n'em- 
ployant d'autres  matériaux  que  des  Huîtres  entières,  vivantes,  et 
les  mollusques  qui  les  accompagnent  d'ordinaire  (!}. 

Mais  lorsqu'on  a  visité  les  lieux,  loi-sqn 'on  s'est  rendu  compte 
de  ce  qu'ils  étaient  il  y  a  huit  ou  neuf  siècles,  le  fait  parait  au  con- 
traire fort  simple.  Les  plaines  actuelles  étaient  une  mer  peu  pro- 
fonde et  pour  ainsi  dire  pavée  de  bancs  d'Huîtres  dont  les  sommets 
se  montrent  encore  sur  plusieurs  points,  à  une  petite  profondeur 
au-dessous  du  niveau  actuel  des  terres  (2).  Les  collines  liasses  qui 


[\)  Les  pierres  sont  partout  excessivement  rares  dans  les  buttes. 
Mes  ouvriers  ont  pelversé  certainement  plusieurs  charretées  de  co- 
quilles. J'avais  appelé  leur  attention  d'une  manière  toute  spéciale  sur 
les  pierres  qu'ils  pourraient  rencontrer.  Je  les  surveillais  en  outre  avec 
grand  soin  d'une  manière  à  peu  près  constante.  Or,  nous  n'avons  trouvé 
que  deux  petits  galets  de  la  grosseur  du  poing.  Ces  deux  galets  et  un 
troisième  plus  gros  que  je  découvris  lors  de  ma  première  visite  sur  les 
flancs  d'une  exploitation  située  derrière  la  ferme  des  Chaux  sont  tout 
ce  que  j'ai  vu  dans  mon  étude  incessante  de  quatre  jours. 

(2]  Fleuriau  de  Bellevue  et  M.  de  Vaudoré  ont  indiqué  plusieurs 
localités  où  les  Huttres  viennent  affleurer  le  sol.  Il  serait  fort  intéressant 
d'examiner  ces  divers  bancs;  mais  cette  recherche  ne  peut  6tre  hitt 
que  par  des  personnes  fixées  sur  les  lieux.  Je  ferai  seulement,  à  pnqios 


NOTI    DB    M.    DB   QUATRBFAGBS.  0A6 

dominent  le  marais  élaient  autant  de  petites  iles  fort  peu  élevëes. 
L'extraction  et  le  transport  des  roclies  et  des  terres  nëcessaires  pour 
former  les  buttes  auraient  été  plus  difHcilesque  la  récolte  de  mol- 
lusques, évidemment  surabondante,  qu'on  trouvait  au  voisinago 
même  des  travaux  et  que  recueillait  habituellement  une  popula- 
tion forcénieat  adonnée  à  la  pèche.  — Ainsi  s'explique  bien  natu- 
rellement un  choix  qui  peut  paraître  plus  qu'étrange  au  premier 
abord. 

Celte  manière  de  concevoir  Torigine  des  buttes  de  Saint-IVf  ichel- 
en-Lherm  permet  de  rendre  compte  d'une  foule  de  détails  inex- 
plicables dans  l'hypothèse  d'une  formation  naturelle  et  sur  place. 
Elle  explique  en  particulier  la  forme  générale,  l'existence  de  ces 
grandes  masses  d'où  se  détachent  de  longues  jetées,  la  régularité 
des  talus  aussi  intacts  encore  de  nos  jours  que  le  seraient  ceux 
d'une  fortification  en  terre  abandonnée  depuis  peu  d'années  (1). 
Elle  explique  surtout  l'absence  totalf?de  stratification  à  l'intérieur 
des  massifs,  là  où  ne  s'est  pas  étendue  l'action  toute  superficielle 
des  (lots  (2)  et  peut-être  aussi  de  réparations,  d'additions  succes- 
sives de  matériaux. 

Les  buttes  de  Saint-Michel  ne  sont  donc  pas  des  KHikktmma* 
tUngs,  A  divers  points  de  vue  ce  résultat  est  regrettable  pour  l'an- 
thropologie et  pour  la  zoologie  ;  mais  il  faut  bien  Taccepter. 

de  ces  bancs,  une  réflexion  que  je  livre  aux  géologues.  Ces  bancs  qui 
semblent  bien  occuper  encore  aujourd'hui  leur  position  primitive  sont 
de  3  à  4  mè^es  au  moiris  au-dessus  du  niveau  moyen  des  basses  mers 
de  syzygies.  Or,  dans  les  mers  actuelles  les  Huîtres  ne  sont  réellement 
abondantes  et  surtout  ne  forment  des  bancs  qu'à  une  hauteur  bien 
inférieure  à  ce  niveau.  Pour  que  les  bancs  du  marais  soient  aussi  élevés 
qu'ils  le  sont,  il  est  nécessaire  d'admettre  que  la  contrée  tout  entjère  a 
été  soulevée  depuis  l'époque  de  leur  formation.  Ce  fait  vient  à  l'appui 
de  bien  d'autres  données  conduisant  toutes  à  la  même  conclusion  et 
que  j'ai  brièvement  exposées  ailleurà  [Souvenirs  d'an  naturalistt*^  t.  II). 

(1)  J'ai  visité  en  Alsace  des  rester  de  fortifications  de  campagne 
élevées  pendant  la  guerre  de  Trente  ans.  ils  sont  sensiblement  plus 
dégradés  que  les  buttes  de  Saint-Michel.  Les  talus  sont  surtout  beau- 
coup plus  arrondis.  La  terre  avait  cédé  bien  plus  facilement  à  l'action 
des  agents  extérieurs  que  ne  l'ont  fait  ces  coquilles  enchevêtrées  les 
unes  dans  les  autres,  se  soutenant  mutuellement,  et  revêtues  d'une 
sorte  de  croûte  formée  par  les  débris  agglutinés  entre  eux  par  les 
indurations  calcaires. 

('2]  On  sait  que  dans  les  Kifiklsetimadinj^s  eux-mêmes,  dont  la  for^r 
mation  artificielle  est  incontestable,  on  trouve  des  traces  de  stratilip^n 
tiens,  des  couches  alternantes  de  sable  et  de  coquilles,  lorsau'ils  spot 
placés  a^r  das  points  où  venaient  battre  les  flots  à  marée  haute. 
Soc.  géol.,  2*  série,  tome  XIX,  60 


9A6  sfiANCB  ou  19  haï  1862. 

Dolt-oii  pour  ci'Ia  renoncer  à  Fcspoir  de  trouver  dans  not  oon* 
trées  Téquivalenl  de  ces  résidus  de  cuisine  A  iatëreatanU  pour  h 
science?  Je  ne  le  pense  pas;  maïs  il  faudra  les  chercher.  La 
anciens  rivagesdu  golfeduPoitou,  si  faciles  à  suivre  sur  la  carte  de 
IMM.  £lie  de  Beaiunont  et  Dufrénoy,  doivent  surtout  être  ezploiéi 
avec  grand  soin.  S'ils  étaient  habités  à  Tâge  de  pierre,  nul  doale 
qu'ils  n'aient  dû  laisser  des  traces  de  festins  analogues  à  ceux  que 
nous  ont  fait  connaître  les  savants  danois.  L'abondance  des  mol- 
lusques  attestée  par  Tctrangc  monument  que  nous  venons  d'étu- 
dier est  une  garantie  presque  certaine  à  cet  égard.  J'appelle  donc 
toute  Tattention  des  hommes  intelligents  qui  habitent  ces  contrées 
sur  les  amas  de  coquilles  d'HuUres  signalés  par  divers  auteurs,  et 
en  particulier  sur  ceux  qui  semblent  être  quelque  peu  ëlevës  au- 
dessus  du  niveau  actuel  du  marais  mèridioiiaL  J'adresse  les  mêmes 
observations  aux  antiquaires  et  aux  naturalistes  plscésdans  le  voi- 
sinante du  marais  occidcntaL  Là  aussi  on  a  signalé  des  amas  de 
coquilles  ;  là  aussi  des  recherches  intelligentes  peuvent  être  cou- 
ronnées d'un  succès  qui  intéresserait  à  la  fois  les  sciences  natu- 
relles et  farchéologie. 

En  résumé,  de  renscniblc  de  faits  et  de  considérations  qui  pré* 
cèdent,  je  crois  pouvoir  tirer  les  conclusions  suivantes  : 

1°  Les  buttes  de  Saint- IV)  ichel-cn-Lherm,  considérées  jusqu'ici 
comme  devant  leur  ori{;ine  à  Faction  des  forces  naturelles,  ont  été 
en  réalité  élevées  de  main  d^homme  au-dessus  du  niveau  de  la 
mer  qui  les  entourait. 

2°  Cette  construction  est  postérieure  au  règne  de  Pépin  le  Bref 
et  date  peut-être  du  règne  de  Gharlemagne. 

3^  Il  paraît  probable  qu'on  devra  découvrir  le  long  des  anciens 
rivages  du  golfe  du  Poitou  et  des  contrées  analogues  en  France 
des  Kiô/(kcnmadings  plus  ou  moins  semblables  à  ceux  qu'on  a 
trouvés  en  Danemark. 

M*  Piette  fait  la  communication  suivante  : 

La  partie  inférieure  du  terrain  crétacé  dans  t  Aiêne  ei  la  région 
occidentale  des  A  tonnes;  par  M.  Edouard  Piette. 

En  1863,  M.  d'Archiac  décrivit  le  terrain  crétacé  du dépsrtement 
de  l'Aisne  (voyez  Mém.  de  la  Société  géol,  de  France^  l'user.,  t.  V, 
seconde  partie).  H  rapporta  au  gault  ses  assises  inférieures.  Depuis 
cette  époque,  plusieurs  géologues  ont  étudié  dans  ce  pays  la  suc- 
cession des  couches  de  ce  même  terrain.  Leurs  travaux*  quoique 


IfOTB    DB    M.    PIETTE.  947 

faisant  connaître  des  faits  intéressants,  n*ont  rien  appris  sur  l*âge 
des  dépôts  qui  en  font  la  base.  Duinont  seul  émit  à  leur  sujet 
une  opinion  qui  parut  des  plus  excentriques.  Il  prétendit  qu'ils 
appartenaient  à  Tétage  néocomien.  Repoussant  par  système  toute 
considération  paléontologique,  il  n'indiqua  pas  les  raisons  sur  les- 
quelles il  basait  son  opinion  ;  aussi  ne  fut-elle  pas  admise  dans  le 
monde  scientifique,  et  M.  d'Archiac  essaya  de  la  réfuter  dans 
V Histoire  des  progrès  de  la  géologie. 

Je  viens  de  parcourir  à  mon  tour,  en  compagnie  de  iMl\l.  Pa- 
pillon et  Rogine,  qui  ont  voulu  me  guider,  le  terrain  crétacé  du 
département  de  TAisne,  sur  les  rives  du  Thon  et  de  TOise,  et  j'ai 
pu  me  convaincre  que  Dumont  avait  bien  observé. 

Deux  ruisseaux,  Tun  qui  descend  des  coteaux  de  L.indouzy  et 
se  jette  dans  le  Thon,  près  du  moulin  d'Ëparcy,  l'autre  qui  tra- 
verse le  bois  des  Moines,  et  se  jette  un  peu  plus  haut  que  le  pre- 
mier dans  la  même  rivière,  montrent  sur  leui*s  rives  dénudées  par 
les  eaux  l'affleurement  de  couches  sableuses,  noirâtres,  à  grains 
grossiers,  contenant  quelques  nodules  noirs  et  une  grande  quan- 
tité de  parcelles  de  glauconie  verdatre.  La  formation  a  environ 
15  mètres  d'épaisseur  dans  le  bois  des  Moines.  On  y  voit  d'énormes 
Huîtres  dont  j'ai  l'honneur  de  présenter  quelques  spécimens  à  la 
Société  géologique.  Les  unes,  arquées,  fortement  carénées,  ne  sont 
auti*e  chose  que  des  Ostrea  aquila  géantes  ;  les  autres,  plus  larges, 
plus  courtes,  moins  carénées,  constituent  une  variété  inédite  de  la 
même  Huître,  sinon  une  espèce  nouvelle  ;  quand  elles  sont  atta- 
chées par  le  crochet,  leur  longue  charnière  leur  donne  une  forme 
lyrée.  Quelques  fossiles,  compagnons  ordinaires  des  Ostrea  aquila, 
apparaissent  avec  elles  ;  ib  ont  généralement  des  couleurs  irisées, 
mais  sont  si  fragiles  qu'on  peut  rarement  en  obtenir  de  détermi- 
nables. 

Ce  groupe  d'assises  repose  sur  la  grande  oolithe  ;  il  est  bien 
distinct  du  gault  qui  le  recouvre  ;  représentant  l'étage  aptien  de 
d'Orbigny,  il  n'appartient  pas  au  néocomien  proprement  dit.  W 
n'est  pas  étonnant  qu'il  ait  échappé  aux  investigations  de  M.  d'Ar- 
chiac. Ne  présentant  ni  marnes  pour  les  terres,  ni  pierres  pour 
bâtir  ou  pour  faire  de  la  chaux,  il  n'était  exploité  nulle  part  quand 
ce  savant  a  exploré  le  département  de  l'Aisne;  son  affleurement 
sur  les  rives  des  ruisseaux  est  presque  toujours  masqué  par  des 
arbres  et  des  buissons,  et  son  épaisseur  est  loin  d'être  partout  aussi 
considérable  que  dans  le  bois  des  Moines. 

On  trouve  encore  des  Ostrea  aquila  à  Éparcy,  sur  la  rive  droite 
da  Thon,  au  sommet  du  coteau,  k  la  Hérie,  dans  un  chemin 


9A8  SÉANCE   DU    19   MAI   1862. 

creux,  à  Ohis,  dans  la  carrière  du  four  à  chaux»  où  elles  caracté- 
risent une  marne  rougeâtre  qui  repo&e  sur  la  grande  oolitbe,  et  à 
Luzoir,  dans  la  carrière  du  Foit^  près  de  la  rivière  (1).  Il  est  pro« 
bable  qu'en  cherchant  raffleurenient  des  couches  qui  les  contien* 
nent  on  les  retrouverait  à  Mondrepuis. 

Pour  mieux  faire  connaître  la  position  de  Tétage  aptîen  dans  le 
département  de  TAisne,  je  donne  une  coupe  passant  près  de  Tégliie 
de  Landouzy  et  du  vieux  moulin  d'Eparcy. 


A  —  Blarncs  bleues,  onUcuranl  li  lu  montée  de  rc);li>e. 

B  —  Marnes  rertlitres. 

C  >-  Couches  argilo-^ableutes,  couleojut  des  bancs  de  silicate  d'alomlne  blancbSlr»,  Mmt, 

ù  giuins  très  fins,  rcufe  mant  des  înocçramus  ^u/c/i/«4  ut  quelques   iiutrgi  %% 

silos.  Sans  le«  ïnocernmus  snlcaltis^  je  ser.ii^  lente  de  mei:re  cet  coucben  sur  la 

mêaie  ligne  que  la  fsaicn  (>et  Ardennrs. 
n  —  Couchci  argilo'Sahleu^es,  arec  rognons  de  grèf  et  TossiUi  dn  gaiill. 
E  —  Marne  i.oire,  grossièremcut  feuillclce,  contenant  des  fossiles  oax  couleurs  iritrftti 

aplati»  entre  les  feuillets. 
F  —  Sables  noire,  glauconieux,  à  Ostrea  aquila. 
G  —  Grande  oolitlic. 
H  —  Allumions. 

L'étage  apilcn  se  prolongc-t-il  dans  le  département  des  Ar- 
deniies?  Cela  est  probahle.  Je  pense  l'avoir  retrouvé  à  Ruiiiigny. 
dans  la  partie  inférieure  d'un  groupe  que  MM.  Sauvage  et  Buvi* 
gnier  ont  dési^jné  sous  le  nom  de  grès  vert,  et  que  M.  d*Archiac 
a  rapporté  au  gault. 


^i— "^***'^^»— ^wn 


(1)  M.  Rogine  a  trouvé  à  Luzoir  une  Ostrea  aquila  attachéo  sur 
un  banc  d*oolithe  miliaire  bathonienne. 


NOTE    DE    M.    riETTR. 

Voici  la  coupe  du  grès  vert  à  Kuinigny  : 


9h9 


V 

es 
w 

p 


A  —  Couches  argilo-subleuscs,  avec  rognons  de  grès  tuberculeux,  coiitcnanl  lu  f>unc  eu- 
lactéristique  du  gauU. 

B  —  Grès  glauconicux,  verdfitres  ou  noiiâties,  h  graius  grossieis,  suus  fosïîlcs,  uyunl  une 
cassure  tanlûl  lustre'e,  tantôt  grenue,  aflleuraut  dans  des  argiles  murbre'et.  J^y  ai 
reconnu  des  fragments  dMfaUres  ënormes,  trop  mal  con8<*rTées  pour  ôlre  de'Iermi- 
nables,  mais  appartenant  probablement  à  VOtlita  aquila.  Ces  grct  sont  peut-être 
l'cquh  aient  de  ceux  du  bois  des  Moines. 

C  —  Marne  bleue  ou  noire,  feuillctce,  tiès  pyritcuse,  efflorcscente,  dégageant  une  odeur 
siiirureuse.  exploitée  aux  buttes  de  IVgUse  poar  l'amendAment  des  prés.  Des  mil- 
liers de  petites  Abtartes,  des  Teignes,  des  Limes,  des  Nucules,  des  Trigonies,  des 
Pernes  ot  d*autres  fossiles  y  forment  une  riche  faune  qui  n'a  rien  de  commun  avec 
celle  du  gault.  Malhour«ui«lkientt  ce*  fossilM,  fort  beaux  quand  on  les  recueille,  Se 
décomposent  promplcmcnt  »ous  l'influence  de  l'air,  cummo  les  marnes  qui  les  con- 
lienncnt,  et  larcmeht  on  peut  les  conserver  eu  bon  étal. 

D  —  Grande  oolitbe. 

E  —  Alluriond. 

Résumé  et  conclusions,  —  1**  Le  iiëocoinieti  supérietir  ou  étage 
aptien  affleure  dans  les  Ardeiines  et  dans  TAisne;  peut-être  iiiénie 
les  marnes  dos  bulles  de  Tc^jHse,  à  Ruinigny,  appartiennent-elles 
a  un  étage  plus  ancien.  2°  Les  couches  dt'signéos  sous  le  nom  de 
giès  vert  par  Mî>L  Sauva';e  et  Ruvignicr,  sous  le  nom  de  {;ault  par 
i\J.  d'Ardiiac,  dans  sa  description  du  département  de  TAisue,  doi- 
vent être  dédoublées;  les  plus  inférieures  sont  de  Taptien,  les 
autres  sont  du  gault.  3®  Il  reste  à  étudier  les  questions  suivantes  : 
N'y  a-l-il  pas  à  la  base  du  fjrès  vert  quelqties  couches  que  Ton 
doive  rapporter  à  Turgonien?  N'y  en  a-t-il  pas  à  sa  partie  supé- 
rieure que  Ton  doive  rapporter  à  Talbien? 

M.  Bclgrand  termine  sa  communicalion  sur  les  eaux  du 
bassin  de  la  Seîne. 

Le  secrétaire  donne  communication,  au  nom  des  auteurs^ 
des  quatre  notes  suiyantes  : 


950  SÉANCK    DU    19    MAI    1S62. 

Résumé  du  1. 11  de  son  ouvrage  intitulé  :  Brachiopodes  fossiles 
des  lies  Britanniques  ;  par  Th.  DavidsoD. 

Après  cinq  années  de  recherclies  des  plus  assidues,  les  dernières 
pages  du  second  volume  de  mon  grand  ouvrage  sur  les  Brachio' 
pndvs  jossiUs  des  (les  Britanniques  viennent  d'être  impritiiécs.  Ce 
second  volume  est  entièrement  consacré  aux  espèces  Garbomifèbii 
et  Permiennes,  et  se  compose  de  325  pages  de  texte,  et  de  58 
planches  in-quarto,  dans  lesquelles  toutes  les  espèces  coiuiues  de 
ces  terrains  dans  les  iles  Britanniques  ont  été  décrites  et  dessinées 
J'ai  pensé  que  peut-être  la  Société  géologique  de  France  me  per- 
mettrait de  lui  soumettre  très  brièvement  quelques-uns  des  résul- 
tats déduits  de  ces  recherches. 

Le  terrain  carbonifère  occupe  une  étendue  considérable  dts  iles 
Britanniques  et  est  une  source  des  plus  importantes  de  ses  grandes 
richesses  industrielles.  11  occupe  un  certain  nombre  de  bassins  oa 
provinces  assez  distinctement  limités.  Ainsi  nous  pourrions  par- 
tager la  surface  carbonifère  de  ces  iles  de  la  manière  suivante: 

\°  Bassin  écossais;  2°  de  Northumberland,  Durliani  et  duTccs 
(la  ligne  de  la  rivière  Eden  et  du  Tees  formant  une  bonne  limite 
pour  séparer  du  n°  2)  3°  celui  du  Yorkshire  et  du  nord  du  Lan- 
caster,  aussi  loin  sud  que  Wharfedale  ;  4°  celui  du  Cunihcrlaod 
ou  Whitehaven;  5^  du  Derbyshire  avec  ce  que  l'on  nomme  le 
bassin  houiller  du  Yorhshire  et  du  Lancashire  sur  chaque  flauc; 
6°  le  nord  du  pays  de  Galles  (Wales)  et  le  comté  d'Angleaey  ; 
7^  du  Shropshire  et  de  la  Forets  de  Wyre,  ainsi  que  les  lambeaux 
du  Staffordshire  et  du  Leicestershire;  8°  le  bassin  du  sud  du  pays 
de  Galles;  9*"  Forest  de  Dean,  Bristol  et  des  Mendips;  10*  du 
Devonshire;  li''  de  l'île  de  IVlan;  12**  de  l'Irlande,  qui  pourrait 
aussi  être  divisée  en  quelques  bassins. 

Après  des  recherches  considérables  j'ai  trouvé  que  soixante  et 
onze  comtés  ou  départements  contenaient  des  roches  carbonifères 
accompagnées  de  brachiopodes,  et  après  avoir,  avec  grande  peine 
et  persévérance,  aidé  du  secours  obligeant  et  zélé  de  nombreux 
géologues  et  collecteurs  locaux,  rassemblé  toutes  les  espèces  de 
ces  comtés,  il  m'a  été  possible  de  m'assurer  jusqu'à  un  certain 
point  de  leur  distribution  générale  dout  voici  quelques-uns  des 
lésultats.  Nous  commencerons  d'abord  par  I'Anoleteake,  dont 
dix-huit  comtés  ont  fourni  cent  douze  espèces,  étant  en  même 
temps  la  portion  des  îles  Britanniques  la  plus  riche  sous  ce  rap* 
port.    Le  plus  grand  nombre  des  espèces  sont  répandues  dans 


NOTK    DE    M.    DAVIDSON.  951 

le  calcaire  carbonifère  [iower  scar  limes:onc  et  les  schistes  qui  les 
accompagnent).  Quelques-unes  se  sont  trouvées  en  même  temps 
dans  les  couches  superposées,  dites  yoredale-rocks  eimillstone-grit^ 
et  un  petit  nombre  d'espèces  ont  continué  leur  existence  jusque 
dans  la  période  houillère,  c'est-à-dire  dans  les  dépôts  carbonifères 
supérieurs. 

Quelques  bracbiopodes  carbonifères  anglais  ont  été  figurés  en 
1686-1692  par  Lister  dans  son  «  Historia  sive  synopsis  methodica 
conchyliorum  et  iubularum  marinarum^  vol.  IV;  »  mais  ce  n'est 
que  depuis  1809  que  les  fossiles  carbonifères  ont  commencé  à 
être  sérieusement  étudiés  en  Angleterre. 

Dans  le  Pats  de  Galles,  neuf  comtés  ont  jusqu'ici  fourni  envi- 
ron /!tO  espèces,  dont  nous  donnerons  la  distribution  plus  loin. 
£n  Ecosse,  quatorze  comtés  ont  offert  50  espèces,  et  il  a  été  cal- 
culé que  près  d'un  dix-septième  de  la  surface  entière  de  ce  der- 
nier pays  est  composé  de  roches  carbonifères;  mais  c'est  dans  la 
portion  centrale  que  ce  terrain  occupe  la  plus  grande  surface  ;  il 
forme  là  une  large  bande  sub-parallèle  de  près  de  100  milles  an- 
glais de  longueur  sur  environ  50  de  largeur,  s'étendant  de  la 
portion  nord  du  Firth  de  Forth  à  la  rivière  Glyde,  et  aussi  loin 
que  l'extrémité  du  Cantyre.  Aucune  portion  du  système  ne  parait 
avoir  été  rencontrée  dans  le  nord  de  l'Ecosse  ;  mais  dans  le  sud  il 
existe  une  bande  étroite  partagée  en  lambeaux  détachés,  qui 
s'étendent  le  long  des  frontières  de  l'Ecosse  et  de  l'Angleterre,  de 
Berwick  jusqu'à  près  de  Kircudbri|;ht. 

Les  dépôts  carbonifères  de  l'Ecosse  diffèrent  cependant  de 
ceux  existant  en  Angleterre  et  eu  Irlande,  par  la  manière  dont 
les  couches  diverses  de  calcaire  à  crinoïdes  et  à  polypiers  alternent 
avec  des  couches  de  houille  et  de  schistes  bitumineux  dans  la 
portion  inférieure  du  système. 

Aucune  localité  n'offre  une  coupe  complète  ;  l'absence  de  cer- 
tains strates  et  l'amincissement  de  quelques  autres  constituent  ^ 
des  diflférences  locales  que  l'on  doit  s'attendre  à  rencontrer  et  qui 
sont  communes  à  tous  les  terrains.  Par  exemple,  dans  le  comté  du 
Lanarkshire  généralement,  ainsi  que  dans  les  autres  parties  du 
bassin  houiller  de  la  vallée  de  la  Glyde,  les  strates  carbonifères 
ont  été  divisés  en  quatre  groupes  principaux,  c'est-à-dire  de  bas 
en  haut:  1**  la  série  du  calcaire  inférieur;  2*>  les  couches  houil- 
lères inférieures;  3°  la  série  calcaire  supérieure,  el  enfin  la  série 
houillère  supérieure  ;  et  dans  toutes  les  séries^  à  l'exception  de  la 
quatrième  ou  houillère  supérieure,  on  trouve  des  bracbiopodes. 

En  1856,  M.  Taie  donna  le  nom  de  Tfveedian-group  à  une  série 


9^2  sÊAiHJi  i)u  19  Bài  1862. 

de  couches  qui  dans  certaines  parties  de  rEcotte  se  irouvent  au- 
dessous  du  calcaire  à  Produrm»  et  à  Ëncrines  et  qui   forment  U 
portion  la  plus  inférieure  du  système  carbonifëi*e  du  NorCfauin- 
berland  et  du  ficrwickbliire.  Co  terrain  tweedien  se  oompose  de 
schistes  arénacés  gris  veixlâtres,  et  de  couleur  violette,  iolerstra- 
tifiés  avec  des  grès  schisteux  de  couleur  jaunâtre  et  blanchâbre, 
ainsi  qu'avec  des  couches  minces  argileuses*  Ces  dépôts  (»ntientieDt 
des  Lepidodcndron^  des  arbres  conifèreSi  des  Stigmafftt  ficoidcs; 
mais  il  n'existe  aucune  couche  exploitable  de  charboo  ;  quelques 
écailles  de  poisson,  des  Modioles  et  des  Enwmosiracn  sont  asMi 
abondants,  et  à  Tweed-Mill  dos  espèces  d'Orthocères  et  des  Pieuro- 
tomaires  se  trouvent  associés  à  des  conifères  ;  mais  ce  groupe  infé- 
rieur est  spécialelnent  reiliaitiueble  par  Tabsence  de  bracbîopodes 
qui  sont  très  abondants  dans  les  couches  calcaires  qui  lui  sont  su- 
perposées. Dans  ce  dépôt  tweedien,  des  oonditions  d'eau  douce  ou 
Uoustre  sont  apparentes,  et,  dans  les  cas  rares  où  nous  trouvons  des 
corps  marins,  ils  sont  accompagnés  de  plantes  terrestres  qui  dé» 
montrent  que  ces  dépôts  inférieurs  ont  été  formés  dans  des  estuaires 
peu  profonds. 

Bien  que  quelques  espèces  de  brachiopodei  du  terrain  carbo- 
nifère de  rÉcosse  puesent»  par  leur  taille,  rivaliser  aveo  celles  de 
rAngleterre  cl  de  l'Irlande,  les  espèces  de  TEcosse  sont  générale- 
ment de  taille  plus  petite  )  mais  elles  n^offrent  pas  uioius  d'inlérét 
pour  cela,  car  en  bien  des  ces  elles  sont  plus  parfaitemeut  conser- 
vées que  partout  ailleurs. 

Les  fossiles  carbonifères  de  TEcosse  paraissent  avoir  attiré  l'at- 
tention de  quelques  collecteurs  depuis  bien  des  années.  On  sait 
qu'en  1757  Ri  Wodrow  avait  rassemblé  un  certain  nombre  de 
ceux  qui  se  trouvent  si  al)ondnmment  répandus  dans  le  Laiiarkshire 
et  dans  les  comlés  voisins  ;  mais  c'est  à  David  Ure  que  l'on  doit  les 
premières  descriptions  accompagnées  de  figures  et  publiées  dans 
un  remarquable  ouvrage  pour  l'époque,  intitulé  :  Ths  /mtory 
qfRuthergien  and  East'KUbrides  1793.  Depuis  cette  époque  jusqu'à 
ces  dernières  années  on  a  peu  ajouté  aux  douie  espèces  décrites 
et  figurées  |)ar  Ure.  l'Nlais  les  recherches  assidues  que  j'ai  faites  en 
compagnie  de  divers  {;éolo(>ue$  ccossais  ont  considérablement 
augmenté  le  nombre  des  espèces  connues» 

Dans  r Islande,  trente  comtés  ont  fourni  79  espèces )  il  est 
possible  que  de  ce  nombre  3  ou  /!t  ne  soient  que  des  synonynies, 
et  que  quelques  autres  soient  découvertes  par  Ïù  suite^  mais  toutes 
mes  recherches,  qui  ont  été  très  considérables,  ainsi  que  celles 
de  plusieurs  de  mes  amis  on  Irlande^  ne  noiu  eA  ont  pas  fait  dé- 


MOTB    DB   M.    OAYI0BON.  M8 

couvrir  un  plus  grand  nombre.  Nous  reviendrans  sur  ce  sajet 
dans  quelques  instants  et  nous  exposerons  pour  quelles  raisons 
un  si  grand  nombre  de  celles  énuniër^es  par  M.  le  professeur 
IM'Coy,  dans  son  Synopsis^  186^,  doivent  être  nécessairement 
rejetées. 

Le  système  carbonifère  de  l'Irlande  peut  se  diviser  de  la  ma- 
nière suivante  de  bas  en  haut  :  1*^  (^rès  rouges  et  jaunes  inférieurs; 
2**  ardoises  calcifères  ;  3°  calcaire  ;  U°  houilles  et  schistes.  Le  grès 
rouge  et  jaune,  selon  M.  Kelly,  n'est  pas  le  dépôt*  qui  prédomine, 
n'excédant  pas  1,000  pieds  d'épaisseur,  et  n'étant  â  découvert 
que  sur  une  petite  étendue.  Les  ardoises  calcifères  ne  présentent 
pas  non  plus  une  très  grande  épaisseur,  et  dans  les  eiidrôitâ  où 
elles  sont  le  mieux  développées  (Clonea  et  Dungaivan),  elleâ  sont 
à  moitié  composées  de  calcaire  pur  et  de  schistes  calcaireé  cOtt- 
tenant  les  mêmes  fossiles.  Le  calcaire  carbonifère  a  50  pieds  d'é- 
paisseur à  Drumquin,  en  Tyrone,  1,500  à  peu  près  à  Rlackhead, 
dans  le  comté  de  Clare,  et  occupe  environ  20000  milles  carrés 
de  la  surface  de  TLlande,  tandis  que  les  dépôts  hôuillers  ont 
environ  2,000  pieds  d'épaisseur. 

Le  plus  grand  nombre  des  espèces  de  hrachiopodes  se  trouve 
dans  la  seconde  et  la  troisième  division,  un  plus  petit  nombre  dans 
la  première  et  la  quatrième.  Je  rapporte  aussi  (en  commun  avec  la 
généralité  des  géologues)  au  calcaire  carbonifère  ces  bandes  au  sud 
de  la  rivière  Biackwater,  telles  que  celle  de  Cork,  où  les  fossiles 
sont  généralement  très  tordus,  car  ces  roches  contiennent  58 
espèces  de  hrachiopodes  qui  sont  des  plus  caractéristiques  du  sys- 
tème. 

No.nbrc  des  espèces  trouvées  jiisqu*ici  dans  chaque  Comté. 

Angleterre.  Yorkshire,  90.  —  Derbysbire,  76.  —  Lancashire,  69.  — 
Westmoreland,  30  —  Cumberland,  6.  —  Durbam,  33.  —  North- 
uraberland)  42.  —  lie  do  Man,  50.  —  Herefordshire ,  2.  — 
Staffordshire,  78.  —  Shropshire,  <9.  —  Worcestershire;  3.  — 
Cheshire,  2.  —  Soraersetshire,  32.  —  IMonmouthshire,  4  3.  — 
Glouceslershire,  10.  —  Leiceslershire,  7. 

Pays  bfl  Gallbs.  Pembrokeshire,  9.  —  Anglesey,  5.  — CaernarVon- 
shiro,  8.  —  Monlgomeryshire,  3.  —  Denbighshire,  84.  •*-*  Plittl- 
shire,  '23.  —  Brecknockshire,  7.  —  Glamorganshire,  15,—-  Car- 
martheoshire,  4. 

Ecosse.  Lanarkshire,  46.  —  Renfrewshire,  38.  —  Ayrsbire,  42.  — 
iuteshire,  H.  — Dumbartonshire,  ï8.  —  Stîrlingshire,  41.  — 
tJumfriesshire,  3.  — Edinburglishire,  18.  — Lînîilhgowshire,  26. 
—  Haddingtonshire,  20.  —  Fifeshirp,  26.  —  Berwlckshire,  44.  •*- 
Kirkudbright«hire,  7. 


95&  SÊAlfCB  DU  19   MAI  1862. 

IiLANos.  Armagh,  4  9.  —  Cork,  57.  —  Carlow,  4  3.  —  atra,  4t.  — 
Càvan,  4  3.  —  Dublin.  52.  —  Donegal,  46. —  Dowd,  7.  Fema- 
nagh.  34.  —  Galway,  2.  —  Kerry,  23.  —  Kildare,  44. —  Kiog's 
County,  4.  —  Limerick,  30.  —  Louth,  7.  —  Longford,  Si.  — 
Leitrim,  34.  —  Mealh,  39.  —  Mayo,  22.  —  MoDaghan,  4.  — 
Qaeen's  County,  5. —  Roscommon,  26.  —  Sligo,  4  3.  —  Tipperary, 
24.  —  Tyrone,  35.  —  Waterford,  26.  —  Weslmoath,  8.  —  Wex- 
ford,  25.  —  Kilkenny,  2.  —  Ântrim,  4. 

Le  nom  des  espèces  pour  chaque  comté  a  été  donné  dana  one 
série  de  tableaux  que  nous  ne  pourrions  reproduire  à  cause  de  leur 
étendue. 

Les  espèces  qui  se  sont  trouvées  dans  le  plus  grand  nombre  de 
comtés,  et  qui  ont  eu  par  conséquent  la  plus  grande  dialributioni 
sont: 

Terehratula  hastata^ trouvé  dans  39  comtés. 

Athyris  Royssii 35  — 

—  plano^sulcata 26  •**• 

—  ambigtta 34  — - 

Spirifera  striata 25  — 

—  trigo/ialis  ou  bisulcata 48  — 

—  glabra 37  — 

—  lineata 44  — 

Rhynchonella  pleurodon .35  — 

Strophomena  analoga 38  — 

Streptorftynctu  crenistria 50  •— 

Orthis  resupinata 45  -— 

—  Michelini 37  — 

Productus  giganteus 43  -— 

—  semireiiculatus 57  — 

—  longispinus 40  — 

—  pustulosus 32  — 

—  scabriculus 40     — 

^^ /imbriatus • 32     •— 

—  punctatut 38     — - 

Chonetes  hardrensis 36     — - 

Discina  niiida, 25     — 

Toutes  les  autres  espèces  ont  eu  une  distribution  ploa  petite,  et 
quelques  espèces  ne  se  sont  rencontrées  que  dans  une  ou  quelques 
localités. 

Quatre-vingt-treize  des  espèces  trouvées  dans  les  Iles  Britanoi^ 
ques  ont  été  rencontrées  dans  d'autres  pays;  mais,  à  rexoeption  de 
la  Belgique,  aucune  région  n'a  été  aussi  soigneusement  exploiée 
que  ne  l'ont  été  les  Iles  Britanniques  pendant  les  cinq  dernières 
années.  Par  les  savantes  recherches  de  M.  le  professeur  de  Ko- 


NOTE    DE    M.    DAVIDSON.  966 

niiick,  U0U8  savons  que  la  Belgique  est  aussi  riche  en  brachio- 
podes  carbonifères  que  le  sont  les  îles  qui  font  le  sujet  de  cette 
communication.  Les  espèces  carbonifères  de  France  ne  me  parais- 
sent pas  avoir  été  encore  suffisamment  étudiées;  mais  là,  aussi 
bien  qu'en  Russie  et  dans  les  autres  portions  de  TEurope,  nous 
retrouvons  un  grand  nombre  des  espèces  caractéristiques  de  TAn- 
gleterre  associées  à  quelques  formes  qui  sont  spéciales  à  la  loca« 
lité.  Ayant  récemment  examiné  et  décrit  les  brachiopodes  carbo- 
nifères du  Punjab,  rapportés  des  Indes  par  le  docteur  Fleming  et 
(Vf.  Purdon,  j'ai  trouvé  que,  sur  28  espèces,  au  moins  13  étaient 
communes  à  TEuropc  et  aux  Indes,  quoique  plusieurs  des  formes 
indiennes  eussent  des  proportions  plus  considérables  que  celles 
que  présentent  les  mômes  espèces  en  Europe. 

AÎDsi  nous  pouvons  mentionner  parmi  les  espèces  des  Indet 
\ Athyris  Royssii^A.subtilita,  Retziaradialis^  var.  grandicosta^  Spi" 
ri  fera  striata^  S.  Uneata^  S.  octopiicattiy  Rhynchonella  plturodon^ 
Orthis  resupinatUy  Strcptor/iynciis  crcnistria,  Producttis  siriaius^ 
P.  semireticulatusy  P,  longispinus,  et  il  est  probable  que  des 
recherches  futures  en  feront  trouver  un  plus  grand  nombre. 

L'Australie  et  la  Tasmanie  ont  aussi  fourni  quelques  brachio- 
podes carbonifères  identiques  avec  ceux  des  îles  Britanniques, 
et  des  collections  récemment  envoyées  à  Londres  de  Bundaba 
et  du  Port-Stephan,  en  Australie,  nous  ont  fourni  la  Tertbratula 
hastata ,  Spirifcra  striata ,  S.  glabra  ,  S.  lineata ,  Eliynchonella 
pleurodon^  Streptorhyncus  crenistria^  Orthis  Michelini^  Prodiictus 
Cora^  etc.,  etc.  Si  encore  par  un  hasard  quelconque  nous  nous 
trouvions  jetés  sur  les  côtes  glaciales  du  Spitzberg,  nous  y  ramasse- 
rions aussi  uu  certain  nombre  de  nos  formes  communes,  tels  que 
les  Spirijcra  ocioplicatOy  Streptorhyncus  crenistria^  Producttis  semi^ 
reticulatusy  P,  costatus^  etc.,  avec  des  formes  jusqu'ici  inconnues 
dans  les  iles  Britanniques  ;  car,  bien  que  tant  de  formes  com- 
munes paraissent  se  trouver  partout  où  des  calcaires  carbonifères 
fossilifères  se  présentent,  on  ne  peut  s'attendre  à  trouver  toutes  les 
espèces  d'une  localité  répétées  partout,  car,  même  dans  les  Iles 
Britanniques,  certaines  espèces  se  trouvent  en  Ecosse,  que  nous 
ne  rencontrons  point  eu  Angleterre,  et  vice  vend.  Si  nous  donnons 
en6n  un  coup  d'oeil  rapide  à  ces  immenses  dépôts  carbonifères  de 
TAmërique,  noua  y  ren€x>ntrerons  un  grand  nombre  de  nos 
espèces  européennes  accompagnées  d'autres  qui  sont  spéciales  â  ce 
vaste  continent.  Possédant  une  très  nombreuse  série  de  brachio- 
podes carlK>nifères  de  l'Amérique,  je  puis  mentionner  entre  autres 
Les  espèces  suivantes  qui  sont  identiquement  semblables  à  celles  de 


056  SÉANCE    DU    10    MAI    1862 

nos  terrains  carbonifères  i  T,  sacculns,  A,  atnbigua^  A.  subtiiiia^ 
A.^piunosuicatûf  A,  lamellosoj  Reizia  radialis^  Sp.  siriaitt,  S.  tri- 
gonaiisy  S.  ii/ieata^  Sp.  Uriif  S,  octopltvata,  Rh,  pleurodoftj  Orthis 
Miche li ni ^  Streptorhyncus  erenistria^  Prod.  Cortiy  Pé  pUHCtatuM^ 
P.  longispinnSfP.semireticuiatfts,  P,  scabriculus,  P,  costaius,  Cranta 
qiêadratOt  Diseina  nitida^  Linguia  mytiloidvs^  etc.,  et  je  pense  que 
cet  quelques  exemples  suffiront  pour  prouver  la  contemporauité  et 
runiformité  de  température  qui  ont  dû  prévaloir  partout  pendant 
la  formation  des  sédiments  dans  lesquels  ces  formes  caractérislîques 
du  terrain  sont  ensevelies. 

A  l'époque  où  je  commençais  mes  études  relativeiuent  aux 
espèces  carbonifères    des   lies  Britanniques,   environ    260   pré- 
tendues espèces  de  bracliiopodes  avaient  été  décrites  ou  citées 
par  divers  auteurs  comme  se  trouvant  dans  notre  pays»  Mais  après 
les  reclierclies  les  plus  minutieuses,  je  ne  puis  admettre  conscien- 
cieusement sur  ce  nombre  qu'à  peine  100  espèces.  Il  est  aussi  néces- 
saire de  mentionner  que  dans  la  seconde  édition  du  catalogue  de 
M»  Moriis,  publiée  en  185^.  193  espèces  avaient  été  énuiitërëei, 
mais  de  ce  nombre  nous  n'en  avons  conservé  que  93.  En  1836,  le 
professeur  Pliillips  décrivit  100  espèces  comme  ayant  été  trouvées 
en  Angleterre  ;  de  ce  nombre,  52  seulement  ont  été  par  nous  con- 
servées, les  autres  étant  des  synonymes.  Dans  le  Synopsis  des  fos- 
siles carbonifères  de  l'Irlande,  publié  par  M.  le  pi-ofeaseur  I\rGoy, 
en   186^,   230  soit-disant  espèces  de  bracliiopodes  carbonifères 
avaient  été  décrites  comme  se  trouvant  en  Irlande,  mais  62  seu- 
lement avaient  été  fij^urées  par  l'auteur.  De  ces  230^  70  seule- 
ment m'ont  paru  être  de  bonnes  espèces*,  environ  61  étaient  des 
noms  d'espèces  dévoniennes  ou  siluriennes ,  dont  l'existence  dans 
les  rocbes  carbonifères  n'avait  été  jusqu'ici  prouvée,  ni  en  Irlande, 
ni  en  aucune  autre  contrée,  et  environ  117  étaient  évidemment 
des  synonymes  ou  des  espèces  sans  valeur  dues  à  de  fausses  déter- 
minations. 

Daàs  son  mémoire  sur  les  localités  à  fossiles  carbonifères  de 
l'Irlande  ,  M.  Kelly  n'énumère  pas  moins  de  240  espèces  de 
bracliiopodes  carbonifères.  Ce  catalogue  comprend  les  3^0  déjà 
mentionnées  par  M.  M'Goy,  et  auxquels  il  a  ajouté  quelques 
autres  proposées  par  M.  le  généVal  Portlock  dans  sa  Géologie 
de  Londonderry ^  etc.,  et^  si  à  ce  nombre  nous  ajoutons  10  autres 
espèces  récemment  découvertes,  le  nombre  total  d'espèces  de 
'  brachiopodes  carbonifères  attribuées  à  l'Irlande  monterait  à  250. 
Cependant  mes  reclierclies  les  plus  assidues  n'ont  point  dé- 
montré l'cxisttnce  de  plus  de  80  espèces  dans  oette  portion  des 


VOTB    DB    M.    DAVIDSON.  957 


ik's  Hi  itanniqncs,  et  un  grand  nombre  de  ces  fausses  détenni nations 
des  géologues  irlandais  ont  éié  mises  hors  de  doute  par  Fexaraen 
même  des  pièces  auiheniiques  (ait  par  îVJ.  le  professeur  L.  de 
Koninck,  31.  Salter  it  moi-même. 

lieureusemcnt  les  lypes  ou  rcbantillons  originaux  de  toutes  nos 
espèces  anglaises  sont  soigneusement  conservés.  Une  portion  de 
CL-iles  de  IVlartin,  toutes  celles  de  Sowerby  et  celles  de  Phillips  font 
partie  du  British  iVIusenm,  on  elles  peuvent  être  facilement  con- 
sultées, et  la  plupart  de  celles  de  M .  M'Coy  et  d'autres  auteurs  sont 
conservées  dans  le  IVInseum  du  Geologicnl  Survejr,  et  celui  de  la 
Société  géologique  de  Londres  dans  les  collections  de  Cambridge, 
d'Oxford  et  dans  celle  de  sir  Richard  Griffith  à  Dublin,  ainsi  que 
dans  quelques  autres  que  j'ai  signalées.  Toutes  les  pièces  originales 
m'ont  été  communiquées  avec  une  extrême  obligeance  et  sont 
restées  chez  moi  durant  tout  le  temps  qui  m'a  été  nécessaire  pour 
les  comparer  minutieusement  avec  des  milliers  d'autres  échan- 
tillons qui  me  parvenaient  de  toutes  les  parties  de  l'A  ngl  et  erre. 

Liste  des  Brachiopodes  carbonifères  des  ilcs  Britanniques  main» 
tenus  dnn^  mon  ouvnn^e^  avee  synonymes,  et  renvois  aux  pasirs  et 
planches  de  ma  grande  monographie  y  etc. 

Tcrrbratuln  hastata^  Sow. ,  Min.  conch.,  tab.  CDXLVI,  fîg.  1-3  ;  Dav., 
Monogr.,  pp.  \\  et  213,  pi.  I,  fîg.  1-17  et  pi.  XLIX., 
ag.  11-17.  —  7\  ficus,  M'Coy. 

—  var,  giiiingensis,  Dav.,  Monogr.,  pp.  17  et  21 3,  pi.  I,  fig.  1  -20  ; 

pi.  XLIX,  fig.  4  9.-20. 

—  *f  saccuius,   Martin,  Pet.  Derb,,  tab,  XLVI,    fig.    4-2;    Dav., 

A/o//r7o^r.,pp.  Uet243,pl.  I,  fig.  23-30;  pi.  XLIX,  fig.  27-29. 

—  7'.  suj/lata,  Schlotbeim. 

—  vesicularis,  de  Kon.,  A  ni  m.  Joss.  Belg,,  p.  666,  pi.  L  VI,  fig.  4  0  ; 

Dav.,  Monogr.,  p.  45,  pi.  I,  fig.  25,  26,  28,  34,  32;  p.  213, 
pi.  XLIX,  fig.  26.  30. 

ToutAs  les  formes  deTérébratules  carbonifères  ci-dessus  mentionnées 
sont  si  intimement  liées  qu'il  est  très  incertain  qu'elles  soient  réellement 
des  espèces  distinctes. 

Àthyris  Royssii,  Léveillé,  Mcm.  Soc.  gêol.  de  France^  1"^  série,  vol.  II, 
pi.  Il,  fig.  18-20;  Dav.,  il//^//(;^/-.,p   84,  pi.  XVIII,  fig.  1-4  4. 

—  S.  gtnbristria  ei  S.Jimbriata,  Phill.  —  A.  depressa, WCoy» 

—  j4.  pectinijeroy  J.  de  C.  Sow. 

—  expansu.,  Phill.,  CeoL  Yorh.^  vol.   II,  p.  220,  pi.  X,  fig.  48; 

Dav..  Monogr.,  p.  82.,  pi.  XVI,  fig.   14,  16-48;  pi.  XVII, 
fig.  4-6.  —  A.fimbriatUy  Sow.  (non  Phillips). 

—  carringtoniana,  Dav.,  Monogr.,  p.  247,  pi.  LU,  fig.  4  8-20. 


958  sfiAifCB  DO  19  MAI  1802. 

Jtfiyris}  squamigerûy  de  Kon.,  Mnim,  Josf.  Beig.^  p.  667,  pi.   LVI, 
fig.  9;  Dav.,  Manngr.,  p.  83,  pi,  XVIII,  fig.  4 «-4 3. 

—  Uimellosn,  Léveillé,   Mém.  Soe.  géoi.  rie  France ^  ▼ol.  Il,  pi.  II, 

fig.  24-23;  Dav.,  Monogr.y  p.  79  et  247,  pL  XVI,  fig.  f  : 
pî,  XVII,  fig.  6  :  pi.  LI,  fig.  U.  —  .9.  sqaamosa,  PhilL 

—  p/ano'Sulcaia,  Phillips,   Grol.    York,^   ToI.  II,  p.  ÎM,  pi.  X, 

fig.  45;  Dav.,  Monogr,,p.  80  et  247,  pi.  XYI,  fig.  2-43,  45: 
pi.  LI,  fig.  4  4-13.  —  A.  oblof/gaj  Sow.  —  A.  nbiusaj  A, 
potadaxa  et  j4.  virgnides^  M'Coy, 

—  ambîgua,  Sow.,  ^fin,  cnnch,^  vol.  IV,  p.  405,  pi.  376;  Dav., 

Monogr,,  p.  77,  pi.  XV,  fig.  4  6-22  :  pi.  XVII,  fig.  4  4-44. 
—  T,  pentacdrn^  Phi  11.  —  À.  sublohata^  Portiock. 

—  subit li ta ^  Hall,  in  Hot\'nrd  Stansburfs  exploration  of  the  valley 

aj  thc  Gnat  Sait  Lakc  of  XJtah,  p.  409,  pi.  II,  Û^.  4-2; 
Dav..  Monogr.,  p.  48  et  86,  pi.  I,  fig.  24-22:  pi.  XVIf, 
fig.  8-40. 
Rvlzia  rndialis,  Phill.,  Genl.  York.,  vol.  II,  pi.  XII,  fig.  40-44; 
Dav..  sMonogr.^  p.  87  et  248.  pi.  XVII,  fig.  49-«4  :  pi.  U, 
fig.  4-9.  —  T,  Mantiœ^  de  Kod.,  non  Sow. 

—  ulotrix^  de  Kon.,  Jnim,  foss.  Belg,^  p.  292,  pi.  XIX,  fig.  5; 

Dav.,  Monogr.,  p.  88,  pi.  XVIII,  fig.  4  4-46. 

—  caibonaria^  Dav.,  AJoaogr.^  p   24  9,  pi.  LI,  fig.  3. 

Spiiifrrn  s  tri  a  ta  ^M^riÏQ^  Pet.  Drrb,,  tab.,  XXXIII;  Dav.,  JUonogr,^ 
p.  19  et  224,  pi.  II,  fig.  4  2-21  :  pi.  III,  fig.  2-6  :  pi.  LU, 
fig.  1-2.  —  T,  spirijrraj  Val.  —  S,  attenuatus,  Sow.,  S^ 
pr  inceps  y  M'Coy. 

—  ?  mosquensisy  Fischer.,  Prog.  sur  les  C/ioristiies,  p.  8,n®  4  ;  Dav., 

Mo/ingr.,  p.  22  et  221,  pi.  IV,  fig.  4  3,  4  4.  —  C.  Sowerbyi 
et  Klciniij  Fischer  —  *V.  choristites^  V.  Buch. 

—  dupUcicosta,  Phill.,  Gcol.  York.,  vol.  II,  p.  24  8,  pi.  X,  fig.  4  : 

Dav.,  Monogr,,  p.  24,  pi.  III,  fig.  3-4?  5-44  :  pi.  V, 
fig.  35-37:  pi.  LU,  fig.  6.  — Var.  humerosa^  Phill.;  Dav., 
Monogr.y  p  23  et  224 .  pi.  IV,  fig.  4  6-46. 

—  trigunalis,  Martin,  Pet,  Derb.,  tab.  XXXVI,  fig.  4  ;Dav.,  Jfo- 

/logr.,  p.  29  et  222,  pi.  IV,  fig.  4-2  :  pi.  V,  fig.  4,  4-23,  24 
et  38-39  :  pi.  VI,  fig.  4-22  :  pi.  VII,  fig.  4  et  4,  7-46  :  pi.  I, 
fig.  3-9.  —  S.  bisalcata,  Sow.,  Dav.,  p  34.  —  S.  crassa, 
de  Kon.,  p.  25.  — ?  S,  grandicostata,  M*Coy,  p.  33.  —  S, 
tr  an  siens,  M'Coy,  p.  33. 

—  convoltita,  Phillips,  Geol,  YorÂ,^  vol.  II,  p.  247,  pi.  IX,  fig.  7; 

Dav..  Monogr,,  p.  35  et  223,  pi.  V,  fig.  9-45  (2-8  excliisis)  : 
pi.  I,  fig.  4-2. 

—  triangularis,  Martin,  Pet.  Derb.,  pi.  XXXVI,  fig.  2;  Dav.,  3fo- 

nogr.,  p.  27  et  223  :  pi.  V,  fig.  46-24  :  pi.  I,  fig.  40-47 

S.  ornithorhynca^  M*Coy. 

—  1  fusiformis,   Phillips,    Gcol.  York.,  vol.   II,  p.  247,  pL   IX, 

fig.  40-41;  Dav..  Monogr.,  p.  56,  pi.  XIII,  fig.  45  (cette 
espèce  est  douteuse) . 


NOTB    DE    M.    DAYI080N.  059 

Spirifera  rhomboidea^  Phill.,  GeoL  York,^  vol.  II,  p.  247,  pi.  IX, 
fîg.  8-9;  Dav.,  Manoir,,  p.  36  et  223,  pi.  V,  fig.  2-8. 

—  acuta,  Martin,  Pet.  Drrb,,  pi.  XLIX»  fig.  46-6  ;  Dav.,  Afo/ïog'/*., 

p.  224,  pi.  LU,  fig.  6-7. 

—  planata,  Phill.,  Geol.  ïork.^  vol.  II,  p.  219,  pi.  X,  fig.  3;  Dav., 

Monogr,,  pi.  Vil,  fig.  25-36. 

—  cuspidata^  Martiu,   Trans,  lin,  Soc,^  vol.  IV,  p.  44,  fig.  4-6; 

Dav.,  Monogr.,  p.  44,  pi,  VIII,  fig.  4  9-24  :  pi.  IX,  fig.  4-2  ; 
pi.  LU,  fig.  3. 

—  subconica^  Martin,  Pet.  Deib,,  tab.  XLVII,  fig.  6-8;  Dav., 

Monogr,^  p.  48  et  224,  fig.  3,  pi.  LU,  fig.  4. 

—  tiLstans,  Sow.,  Min,conch.^  tab.CDXClV,  fig.  3;  Dav.,  Monogr.^ 

p.  46  et  224,  pi.  VIII,  fig.  4-47  :  pi.  LU,  fig.  6.  —  S,  bica- 
rinnta,  M'Coy. 

—  mesogonifi ,    M'Coy. ,   Synopsis   rarb,  Joss.    Irelandy   p.    4  37, 

pi.  XXII,  fig.  43;  Dav.,  Monogr.,  p.  48,  pi.  VU,  fig.  24. 

—  pi/igni SfSovf.,  Min,  eonc/i.y  vol.  III,  p.  4  25,  tab.  CCLXX;  Dav., 

Monogr.y  p.  50,  pi.  X,  fig.  4-2.  —  S,  rotundatay  Sow.  — 
»V.  subrotunflata^  M'Coy. 

—  ovnlis,  Phillips.    Gcot,    York,,  vol.   II,  p.  24  9,    pi.  X,  fig.  6; 

Dav.,  Monogr.,  p.  53,  pi.  IX,  fig.  20-26,  pi.  LU,  fig.  8.  — 
S,  exnrata^  Fleming.  —  B.  hemisphœrica^  M'Coy. 

—  integricosta,    Phillips,    Geol,    York,,  vol.    II,    p.   249,  pi.  X, 

fig.  2;  Dav.,  Monogr.^  p.  55,  pi.  IX,  fig.  43-49.  —  t  A,  ro- 
tundatus^  Martin.  — tS.  paucicosta,  M'Coy. 

—  triradialis^   Phil.,    Geol.    York.^   vol.  II,  p.  24  9,  pi.  X,  fig.  7; 

Dav.,  Monogr.j  p.  49,  pi  IX,  fig.  4-4  2.  —  S.  trisulcosn^  et 
S.  sexradialis^  Phillips. 

—  fReedii,    Dav.,   Aîonogr.^    p.    43,    pi.  V,  fig.    40-47  (espèce 

douteuse)» 

—  glabra,  Martin,  Pet.  Derb.,  pi.  XLVIII,  fig.  9-4  0;  Dav.,  J/o- 

"ogr,y  p.  59  et  225,  pi.  IX.  fig.  4-9  :  pi.  XIÏ^  fig.  4-5,  44-42. 

—  Sp,  oblatus  et  obtus  us,  Sow.  —  S,  linguifera^  S,  symmc" 
trica  et  S,  décora,  Phillips.  —  S.  rhomboidaUs^  M'Coy., 
pi.   XII,  fig.  6-7. 

—  carlukrnsis^  Dav.,  Monogr,^  p.  59,  pi.  XIII,  fig.  4  4. 

—  Uni,  Fleming,  British  animais^  p.  376;  Dav.,  Monogr,^  p.  58, 

pi.  XII,  fig.  4  3-44.  —  S.  clannyana,  King.  — S.  unguiculus, 
Sow. 

—  lineata^  Martin,  Pet,  Derb,j  tab.  XXXVI,  fig.  3  ;  Dav.,  Monogr,^ 

p.  62  et  225,  pi.  XIII,  fig.  4-43  :  pL  LI,  fig.  4  5.  —  ^.  me^ 
soloba^  Phill.  —  S,  reticulata  et  S,  stn'ngocepbaloides,  M'Coy. 

—  S,  imbricatOy  Sow.  —  S,  Martini^  Fleming. 

—  elliptica,  Phillips.,  Geol.  York,^  vol.  II,  p.  249,  pi.  X,   fig.  46  ; 

Dav.,  Moiiogr,,  p.  63,  pi.  XIII,  fig.  4-3. 
Spiriferina  laminosa,  M'Coy,  Synopsis  carb,  foss.  Jreland,  p.  4  37. 
pi.  XXI,  fig.  4;  Dav.,  Monogr.,  p.  36,  pi.  VII,  fig.  47-22. 


9a0.  SÊàNCB   DU    19   HÀI   1862. 

—  Sp,  hystericus^  de  Kon.,  non  Schlotheim.  — S.  iricornisj 
de  Kon. 

Spiriferina  cristata^  var.  ortnplUaia,  Sow.,  Min,  conch,^  p,  4  20, 
pi.  DLXII,  fig.  2-4  ;  Dav.,  Monngr,,  pi.  XXXVIlIetCCXXVI, 
fig.  37-47:  pi.  LU,  fig.  9-10,  4  3.-5.  pariita,  Portlock.— 
S,  octopUcatn^  var.  biplicata^  Dav.,  p.  226,  pi.  LU,  fig,  41-4  2. 
^  minimay  Sow.,  M.  C,  p.  405,  tab.  CCGLXXVII,  fig.  4  ;  Dav., 
Monogr.,  p.  40,  pi.  VII,  fig.  66-59  (espèce  douteuse). 

—  insculpta,  Phill.,  Geol,  York.^  vol.  Il,  p.  24  6,  pi.  IX,  fig.  2-3; 

Dav.,  Monogr^.p.  42,  pi.  VU,  fig.  48-55:  pi.  LUI,  fig.  4  4-4  5. 

—  S.  crispas  et  heteroclytus,  de  Kon.,  non  LinnaBus,  nec  De- 
france.  — S.  quinqueloba^WCoy,  —  S,  Koninchiana^  d'Orb. 

Cyrtœna  septosa^  Phill.,  Geol.  York.^  vol.  II,  p.  24  6,  pi.  IX,  fig.  7; 

Dav.,  Monogr.,  p.  68,  pi.  XIV,  fig.  4-40  :  pi.  XV,  fig.  4-2  : 

pi.  I,  fig.  49:  pi    Lï,  fig.  4  7-48. 
Cyrtina  dorsata,  M'Coy,  Synopsis^  p.  4  36,  pi.  XXÏI,  fig.  4  4. 
— •  carbonaria,   M'Coy.,  sp.,  Brit,  pal,}oss.^  p.  442,  pi.  III,  D, 

fig.  4  2-18;  Dav.,  Manogr.,  p.  74, 'pi.  XV,  fig.  5-4  4. 
Rhynchonella  rcniformisy  Sow.,  Min.  concli.^  pi.  CDXCVI,  fig.  4-4; 

Dav.,  Monogr,,  p.  90,  pi.  XIX,  fig.  4-7. 

—  cordijnrmis,    Sow.,    Min.    conc/t.,  pi.  CDXCV,  fig.   2;  Dav., 

Monogr,^  p.  92,  pi.  XIX,  fig.  8,  9,  40  (espèce  encore  dou- 
teuse). 

—  acnniinata,   Martin,   /V/.  Dcrb.^  pi.  XXXII,  fig.  7-8,  ;  Dav., 

Monogr.,  p.  93,  pi.  XX,  fig.  4-4  3  :  pi.  XXî,  fig.  4-20.  — 
T.  piftlylobn,  Sow.  —  T,  mesogona^  Phillips. 

—  pugnus  y  MaHiHj  pet.  Derb.  jinh,  XXII,  fig.  4-5;  Dav...  Monogr., 

p.  97,  pi.  22,  fig.  4-5  —  ?  r.  sulcirostris,  Phillips.  —  ?  ^. 
iaticiiva,  M'Coy. 

—  pleurodon,  Phillips,    Geol,    York.,  vol.    II,  p.    222,  pi.  Xlï, 

fig.  25-30  (mais  pas  46);  Dav.,  Monogr.^  p.  404,  pi.  XXIII, 
fig.  4-4  5,  4  6-22?.—  T.  Mmitiœ,  Sow.  —  7\  ventiiabrum, 
Phill.  —  T»  pcntatoma,  de  Kon.  (non  Fischer).  A,  triplex ^ 
M'Coy.  —  T.  Davrcuxiana,  de  Kon. 

—  flexislria,   Phill.,    Geol.    York.,    vol.    II,    p.   222,    pi.    XII, 

fig.  33-34;  Dav,,  Monogr,,  p.  4  05,  pi.  XXIV,  fig.  4-8.  — 

T,  tumida,  Phill.  —  /f.  hcteroptycha ^  M'Coy. 
-«-  angulatn,    Linuffius,   Systemtt  naturœy    I,   pars  2,    p.   4  4  54; 

Dav.,  Monogr,,  p.  4  07,  pi.  XIX,  fig.  4  4-4  6.  —  T,  cxcavata^ 

Phill. 
-^  trilntera,  de  Kon.,  Anim.  foss,  de  la  Belgique^  p.  292,pl.XïX, 

fig.  7;  Dav.,  Monogr.^^.  409,  pi.  24,  fig.  23-26. 

—  ^  gregnrin^   M'Coy,    Synopsi.^  carb. /oss,    of  Jreland,  p.  4  53, 

pi.  XXII,  fig.  48;  Dav.,  Monogr.,  p,  4  4  2,  pi.  XV,  fig.  27-28. 

—  cnrringtoniana,   Dav.,  Monogr.^  p,   227,  pi.  XXIII,  fig.  22  : 

pi.  LUI,  fig.  4-2. 
Camarojihûria  crumena^  Martin,  Pet,   Derb,,  pi.  XXXVÏ,  fig.  4; 


NOTK    DB    M.   DÀTIDSOlf.  96l 

l>&y,,Monogr,^^,  11 3,  pi.  XXV,  fig.  3-9. —  T.Schlotheiml^ 
V.  Buch. 
Cnmarophoria  ghhnlina^  Phill.,  Encyc,  méth.  géol.^vol,  IV,  pi.  III, 
fig.  3  ;  Dav.,  ikfo«o^/-.,  p.  1 45,  pi.  XXIV,  fig.  9-22.-7,  r/iom^ 
boidea^  Phil.  —  ?  71  seminuia,  Phill.  ?.  —  T.  longa,  M'Cof. 

—  Inticlha,   M'Coy,  Br,  pat.  foss,,  p.  444,  pi.  III  D,  fig*   20-24 

(non  A.   laticUva^  M'Coy.  du    Synopsis)  \   Dav.,    Monogr,^ 
p.  H  6»  pi.  XXV,  fig.  4  4-12  (espèce  encore  incertaine). 

—  'i  isorliyncha,  M'Coy,  Synopsis^  p.  4  54,  pi.  XVIII,  fig.  8;  Dar., 

Mnnogr,,  p.  4  4  7,  pi.  XXV,  fig.  4-2.  • 

Strophomcna  analoga^  Phillips,  GeoL  York,^  vol.  H,  p.  24  5,  pi.  VII, 
fig.  40;  Dav.,  Monogr.y  p.  4  49,  pi.  XXVIlï,  fig.  4-43.  — 
lept.  distorla,  Sow.  —  L.  muUiriigatti ^  M'Coy. 
Streptorhyncus  crenistrin^  Phill.,  Gcol,  York.^  vol.  II,  p.  9, 
fig.  5-6;  Dav.,  Monngr,,  p.  424,  pi.  XXVJ,  fig.  4-6: 
pi.  XXVII,  fig.  4-5  :  pi.  XXX,  fig.  14-4  5  :  pi.  LUI,  fig.  3. 
—  S.  seniUs  et  arnchnoulca^  Phill.  *—  Lept,  anomala^  pare, 
Sow.  —  O.  quadrata^  O.  Bechei^  O,  comnta^  O.  caduca^ 
M'Coy.  —  O.  Porllockianoy  Semenow,  O.  Kcokiikj  Hall. 

—  Kellii^  M'Coy.,  Synopsis,  p.  424,  pi.  XII,  fig.  4;  Dav.,  Monogr,y 

p.  427,  pi.  XXVII,  fig.  8. 

—  cyitndricaj  M'Coy,  Synopsis,  p,  4  23,  pi.  XXII,  fig.  4;  Dav., 

Monogr.,  p.  4  28,  pi.  XXVII,  fig.  9  (espèce  douteuse). 

—  radialis,  Phillips,  GeoL    York.,    vol.  II,   pi.  II,    fig,  5;  Dav., 

Monogr.,  p.  429,  pi.  XXV,  fig.  4  6-4  8. 
Orthisresupinata,  Martin,  Pe(.  Derh.,  tab.  XL IX,  fig.  4  3-44;  Dav., 
Monogr.,  p.  4  30,  pi.  XXIX,  fig.  4-6  :  pi.  XXX.  fig.  4 '-4.  — 
S.  connivens^   Phil.  —  A,  gibbera^  Portl.  —   O.  latissima^ 
M'Coy. 

—  Keyscrlingiana,  de  Kon.,  An.  Joss.  Beig.,   p.   230,   pi.  XIII, 

fig.  42;  Dav.,  Monogr.,  p.  432,  pi.  XXVIII,  fig.  44. 

—  Mic/uUni,  Léveillé,  Mém.  Soc,  géol.  Fn,  vol.  II,  p.  39,  pi.  II, 

fig.  44-47;  Dav.,  Monogr.,  p.  132,  pi.  XXX,  fig.  6-42.  — 
S.filiaria,  Phill.  —  O.  divaricata  et  O.  circularis,  M'Coy. 

—  ?antiquatn,  Phill.,  Geol.  York.,  vol.  II,  pi.  Xî,  fig.  20;  Dav., 

Monogr.,  p.  4  35,  pi.  XXVIII,  fig.  4  5. 
Productus  striatus,  Fischer,  Otyct,  du  Gouv.  de  Moscou^  pi.  XIX, 
fig.  4;  Dav.,  Monogr.,  p.  4  39,  pi.  XXXIV,  fig.  4-6  :  pi.  LUI, 
fig.  4 . —  P,  comoides,  Dillwyn  (non  Sow).  — Pinna  injlata^ 
Phill.  —  Pecten  tenuissimus,  Eichw.  —  Lima  waldaica^  V. 
Buch.  —  Lept,  anomala,  pare,  J.  Sow.  —  P,  limoeformis, 
V.  Buch. 

—  giganteiis,  Martin,  Pet.  Derb.,  pi.  XV,  fig.  4  ;  Dav.,  Monogr.^ 

p.  444,  pi.  XXXVII,  fig.  4-4:  pi.  XXXVUI,  fig.  4  : 
pi.  XXXIX,  fig.  4-5  :  pi.  XL,  fig.  4-3.  —  A.  crassus,  Mar- 
tin. —  P,  anrita  et  Edciburgensis,  Phillips.  —  Lept,  varia-- 
bilis,  Fischer.  —  P.  gigas,  V.  Buch.  —  L,  mavima^  M'Coy, 
Soc,  géol ,  2*  série,  tome  XIX.  64 


992  SfiANf.fi   DU    19  MAI   1862. 

ProdtUius  hemisphœricus^  J.  Sow. ,  Min.  conch,^  tab.  CCCXXVIIÎ 

(non  tab.  DLXI);  Dav.,  Monogr.,  p.  4  44,  pi.  XL,  fig.  4-9. 

-M  iatissimus,  J.  Sow. ,  Aï  in,  conch,^  tab.  CCCXXX  ;  Dav.,  Monogr,, 

p.  4  45,  pi.  XXXV,  fig.4-4. 
-^  humcrosuSf  Sow.,  ^#/i.  conch.,  tab.  CCCXXIl;  Dav.,  Afonogr,, 
p.  U7,  pi.  XXXVI.  fig.  4-2. 

—  Cora,  d'Orb.,  Pa/.  duvoy.  dans  l'Amérique  méridionale^  pl.V, 

fig.  8-40;  DaY.,  Monogr,,  p,  448,  pi.  XXXVI,  fig.  42.  — 
P.  cvmoideSf  de  Kon.,  non  Sow.  —  P.  corrugata^  M'Coy.  — 
P,  ^effedievi^  Vern.  —  P,  pileijormis^  M'Chesney. 

•^  undijerus^  de  Kon.,  Monogr,  du  genre  Productus^  pi.  V,  fig.  4  : 
pi.  XI,  fig.  5;  Dav.,  lidonogr,,  p.  230,  pi.  LUI,  fig.  6-6.  — 
P,  spinniosns^  de  Kon.,  non  Sow. 

— .  semireeiculntusy  Martin,  Ptt,  Derb.,  pi.  XXXII,  fig.  4-2: 
pi.  XXXni,  fig.  4;  Dav.,  Monogr.^  p.  4  49,  pi.  XLIII, 
fig.  4-4  4  :  pi.  XLIV,  fig.  4-4.  —  J.  prodncius^  Martin.  — 
P,  scoticus^  P,  Martini,  P.  antiquatus  et  P.  concinnus,  Sow. 
P.  ptigiiîs,  Phill.  —  jé,  tubuiijcra,  Fischer.  —  P.  Inca  et  P. 
PeruvianitSy  d'Orb.  —  P.Jlexittria,  M'Coy. 

^-*  costatus^i.  Sow.,  Min,  conch,^  pi.  DLX,  fig.  4  ;  Dav.,  Monogr.^ 
p.  4  52,  pi.  XXXII,  fig.  2-9.  —  p.  sulcaius,  Sow.  ~P.  coj- 
teiiatns^  M'Coy. 

—  muricattis^  Phill.,  Géo/.  J^or^.,  pi.  VIII,  fig.  3  ;  Dav,,  Monogr.j 

p.  .453,  fig.  40-4    . 

—  longispinus^  Sow.,  Min.  conch.^  pi.  LXVIII,  fig.  4  ;Dav.,  Mo- 

nogr.^  p.  4  54,  pi.  XXXV,  fig.  5-47.  —  Jn,  echinatœ^  para, 
Ure.  P.  Flemingii,  P.  tpinosiîstiP.  lobattu^  Sow.'^P.  eie- 
^/ï/fj,Davreax,— P.  5e/ojr^,  Phill.-^P.  Capocii ^i'Orh, —  P. 
tubfjriiiSt  de  Keyserl.  —  P.  wabnshensis  et  P,  jtpirndensj 
Norwofd  et  Prattan. 

—  siniuttiUf  de  Kon.»  Anim,  Joss,  Iklg.^  p.  654,  pi.  LVI,  fig.  2; 

Dav.,  Monogr.,  p.  457,  pi.  XXXIII,  fig.  8-4  4. 

—  margariiaecHSy  Phill.,  Geol.  York,^  vol.  H,  p,  245,  pi.  VIII, 

ftg.  8;  Dav.,  Monogr,,  p.  4  69,  pi.  XLIV,  fig.  5-8.  —  P. 
pectinoidesy  Phillips. 

—  arcitariusj  de  Kon.,  Ànim.foss,^  Bcig.^p,  474,  pi.  XII,  fig.  40  ; 

Dav.,  Monogr.,  p.  160,  pi.  XXXIV,  fig.  47. 
^^  cnrbonariusj  de  Kon.,  Anim.  foss,  Belg.^  pi,  XII  bii|  fig.  4  ; 

Dav.,  Monogn^  p.  460,  pi.  XXXIV,  fig.  6. 
à..  HndntuSfD^t,,  /)/c.  <fe. /in/.,  vol.  XLIII,  p.354;Day«,  iK/r7/;o^r., 

p.  164,  pi.  XXXIV,  fig.  4-4  3.  —  P.  iortiiis,  M'Cpy. 
— .  fFrightii,  Dav.,  Monogr.,  p.  4  62,  pi.  XXXIII,  fig,  6-7. 

—  pruboscidêtts,  de  Vern.,  Buii.  Soc.  géol,  fn^  vol.  XI,  p.  259, 

pi.  III,  fig.  3  ;  Dav.,  Monogr.,  p.  453,  pi.  XXXIII,  fig.  4-4. 
^-*  C.  prisca,  Goldfuat. 
«^  ermineus,  da  Kon.,  Jmm,  foss.  Belg.^  p.  484,  pi,  X,  fig.  5; 
Dav.,  MoRùgr.s  p.  454,  pi.  XXXIII,  fig,  5. 

—  iâsieilatusyie  Kon.,  Jnim,  foss.  B^lg.^  p.  49Î,  pL  IX,  fig.  2  ; 


% 


NOTE   BB   M.   DAVIDSON.    .  062 

et  pi.  XIII  bis,  fig.  5  (non  Phillips)  ;  Dsy.,  Monngr.,  p.  465, 
pi.  XXXIII,  fig.  24-26  :  pi.  XXXIV,  fig.  44. 
Produettis  maiginalis^  de  Kon.,  Mon.  genre  Prod,j  pi.  XIV,  fig  7; 
Dar.,  Monogr.,^.  229,  pi.  LUI,  fig.  3. 
— •  Nystiannsy  de  Kon.,  Dcsc.  anim.Joss.  Belg.y  p.  202,  pi.  VII  bis, 
fig.  3  :  pi.  IX,  fig.  7  :  pi.  X,  fig.  9;  Dav.,  Monogr,^  p.  231 
pi.  LUI,  fig.  9. 

—  ncnlctitiis,  Martin,  Pet.  Derb.,  p\,  XXXVII,  fig.  9-10;  Dav., 

Moiwgi.,  4  66  et  233,  pi.  XLIII,  fig.  4  6-48,  20.  —P.  iaxi- 
spinn,  Phillips. 

—  YoungiamiSyDdiV.,  Monogr,,  p.  167,  pi.  XXXIII,  fig.  21-23. 

—  Koninckianiis^  de  Vemeuil,  Hufsia  and  Ournl,  vol.  11,  p.  253  ; 

Dav.,  Monogi\y  p.  230,  pi.  LUI,  fig.  7.  —  P.  .spinulosus, 
de  Kon.,  non  Sow. 

—  spinuiosus.Soyr, ,  Mi/i,  conc/i. ,  pi.  LXVIII,  fig.  3  ;  J)ây.,Monogr., 

p.  176,  pi.  XXXIV.  fig.  ^H'iUP.gnmuiosNs,  Phillips.  — 
P.  papiiifitusy  de  Kon,  —  P,  Canaini ^  de  Kon.  (non  de 
Vemeuil). 

—  DcshayesianuSy  de  Kon, ^Jnim.Joss.  Beig, ,  p.  4  93,  pi.  X,  fig.  7j 

Dav..  pi.  LUI,  fig.  41-42. 

—  pîicatiUs,  So-w.jMin.  conch.^  pi.  XDLIX,  fig.  2  ;  Dav.,  Monogr.^ 

p.  476,  pi.  XXXI,  fig.  3-5.  —  Lept,  polymorpha^  Munster. 

—  suhlœvh,  de  Kon.,  Jnim.joss.  Bclg,,  pi.  X,  fig.  4  ;  Dav.,  Mo- 

nngr.,  p.  177  et  234,  pi.  XXXI,  fig.  1-2  :  pi.  XXXII,  fi^,  4  : 
pi.  Lï,  fig.  4-2  ?  —  Seroph.  antiqtiatn,  Potiez.  —  />.  Chris-' 
tianiy  de  Kon. 

—  mesoiobtis,   Phillips,  Geol,  York,^  vol.  II,   pi.  VU,  fig.  12-13; 

Dav.,  Monngr.,  p.  178,  pi.  XXXI,  fig.  6-9. 
Chonetescomnides^  Sow.,  Min.  conck.j  pl.CCCXXIX  ;  Dav.,  Jkfonogr.. 

p.  480.pl.  XLV.fig.  7  (?1-6):  pi.  XLVI.  fig.  1. 
— .  papilionaceay  Phillips,  Geol.  York^^  vol.  II,  pi.  II,  fig.  6;  Dav., 
AJonogr.,  p.  182,  pi.  XLVI,  fig.  3-6.  —  P.  jabeiUjormis, 
Lister,  P,  multidcntata^  M'Coy.  —  ?  P.  pnpyracçn^  M'Coy. 

—  Dalmaninna,  de  Kon.,  Ànim.  foss.  Beig.,  pi.  XIII,   fig.  3  ; 

pi.  XIII  bis,  fig.  2  ;  Dav.,  Monogr.,  p.  483,  pi.  XLVI,  fig.  7. 

—  Buchiana^  de  Kon.,  Ànim.  foss.  Belg,^  pi.  XIII,  fig.  4  ;  Dav., 

Monogr.,  p.  4  84,  pi.  XLVII,  fig.  4  -7  et  28  :  pi.  LU,  îi^,  24. 
—  Ls  crassisiria^  M*Goy. 

—  hardrensis,  Phillips,  Fig,  and  desc,  (^  the  Pal.  joss.  oj  Corn- 

wall,  p.  438,  pi.  XL,  fig.  404  j  Dav.,  Monogr.,  p.  486, 
pi.  XLVII,  fig.  12-4  8. 

—  polita,  M'Coy.,  Brit.  pni.joss.,  p.  456,  pi.  III  D,  fig.  30;  Dav., 

Monogr.,  p.  490,  pi.  XLVII,  fig.  8-44.      ' 
Cranla  quadrata^  M'Coy.,  Synopsis^  pi.  XX,  fig.  4  ;  Dav.,  Monogr,. 
p.  4  94,  pLXLVIII,  fig.  4-4  3 

—  Rycklioltiana,  de  Kon , ,  Anim.  foss.  Belg. ,  pi.  XXIII,  fig.  6  ;  Dav. . 

Monogr.j  p.  195,  pi.  XLVIII,  fig.  46,  46  (17?).  ^  C.  v«/. 
c«/am,MCoy. 


Çî6ft  /ÉANCE    DU    19    MAI    1862. 

Craniat  irigonalis,  M'Coy.,  Synopsis,  pi.  XX,  fig.  2  ;  Ddv.,  Monogr.^ 

p.  4  96.,  pi.  XLVIII,  fig.  4  4  (espèce  douteuse). 
Discina   nitida,    Phillips,     Geol.     York.,  vol.   II,  p.  2Î4,  pi.    IX, 

fig.  40-13;  Dav.,  Monogr.,  p.  497,  pl.XLVIÎl,  fig.  48-25. 

Z).  cincut,  Portlock.  —  />.  btilln^  M'Coy.  —  D,  KonmcA£i\ 

Geinitz. 

—  Daifretixiana,  de  Kon.,  Anim,  Joss.  Belg.^  p.  306,  pi.  XXI, 

fig.  4  ;  —  Dav.,  Monogr.,  p.  4  98,  pi.  XLVIII,  fig.  26. 
Lingiila  squamijormis^  Phfllips,  Gcol,  York.^  vol.  II,  pi.  IX,  fig.  44  ; 
Dav.,  Monogr.,  p.  205,  pi.  XLIX.  fig.  4-40. 

—  scntica,  Dav.,  Monogr.,  p.  207,  pi.  XLVIII,  fig.  27-28. 

—  mytiloidesy  Sow.,  Min.  conch.^  tab.  XIX,  fig.  4-2;  Dav.,  3/o- 

nogr.,  p.  207,  pi.  XLVIII,  fig.  29-36.  —  /,.  elUptica^  L, 
marginnta  et  L.  partdlela^  Phill.  ?  —  L.  Credneri^  Geinilz; 
Dav.,  Monogr,,  p.  209,  pi.  XLVIII,  fig.  38-40. 

—  ?  latior,  M'Coy.,  £r,pal.  foss.^  pi.  III  D,  fig.  23  ;  Dav.,  Monogr,. 

p.  24  0,  pi.  XLVin,fig.  37. 

Hiote  additionnelle, 

Hhy-nchonella  ivctionensis,  Dav.,  Monogr.  carb.^   p.  274,    pi.  LV, 

fig.  4-3. 
Productus  carringtoninnus,  Dav.,  Monogr.  carb.y  p.  275,  pi.    LV, 

fig.  5. 
Productus   lUmgollensis,    Dav.,  Monogr,  carb.,  p.   277,   pi.    XIV, 

fig.  4-6,  et  pl.LV,  fig.  9-4  0. 
Clwnetcs  conccntrica,  Kon.,  Dav.,  Monogr,  carb,^  pi.  LV,  fig.  4  3. 

Le  résultat  de  cette  longue  étude  est  que,  au  lieu  de  250  ou  260 
prétendues  espèces  de  hrachiopodes  carbonifères  annoncées  par 
divera  auteurs  comme  ayant  été  rencontrées  dans  les  iles  Kritan- 
niques,  je  ne  puis  consciencieusement  en  admettre  que  les  113  de 
ma  liste,  et  encore  de  ce  nombre  18  sont  douteuses,  ayant  été  le 
plus  souvent  fabriquées  sur  des  échantillons  fort  insuffisants  et 
plusieurs  fois  sur  un  seul  fragment,  tels  que  le  Sp.  fmiformisy  Cyf 
tina  dorsata! 

Ainsi,  si  nous  retranchons  ces  18  espèces  incertaines,  qui  ne  sont 
probablement  le  plus  souvent  que  des  synonymes  ou  des  variétés 
nous  ne  pouvons  évaluer  à  beaucoup  plus  de  95  les  espèces  bien 

déterminées  qui,  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  se  trouvent 
dans  les  couches  carbonifères  des  îles  Britanniques  ;  et  de  plus  il 

faut  remarquer  que  dans  ce  nombre  sont  incluses  plusieurs  espèces 
qui  n'avaient  point  été  trouvées  ni  mentionnées  dans  les  Iles  Bri-^ 
lanniques  avant  mon  travail. 

Les  espèces  incertaines,  on  dont  Texistence  n'a  pas  été  positive- 
ment prouvée  faute  d'échantillons  suffisants,  sont  les  Athyrls  squa^» 


■iAk.J 


NOTE    D£    M.    DàYIDSOI^.  065 

mtgera,  Sjj.  mosquensis,  Sp.  Jtuiformis,  Sj?,  subconica^  Sp.  Recdit^ 
Sp,  minima^  Cyrtina  dorsata^  Rh,  cordiformis^  Ca/ii,  laticlha^  Cam» 
isorhynca^  Strept.  cylindrica,  Orthis  nnt'tquata^  Piod.  carhonariiis^ 
P.  Dcshayesianus^  Chonctcs  Daimaniana^  Crania  trigonalis^  Discina 
Davreuxiana^  Li/iguia  latior^  et  peut-être  même  quatre  ou  cinq 
autres. 

Le  sujet  est  extrêmement  difficile,  et  bien  que  j'aie  pris  tout 
le  temps  nécessaire,  et  que  j'aie  étë  muni  de  matériaux  immenses 
et  peut-être  plus  considérables  qu'aucun  autre  paléontologiste  ait 
jamais  eus  à  sa  disposition  pour  l'étude  d'un  sujet  spécial,  je  suis 
loin  d'être  satisfait  de  mon  œuvre  qui  laisse  encore  bien  des  ques- 
tions indécises  ;  mais  ce  sont  des  questions  qui  ne  pourront  être 
éclaircies  définitivement  qu'avec  le  temps  et  par  l'beureuse  décou- 
verte des  spécimens  nécessaires.  Mais  en  confessant  la  faiblesse 
de  mon  travail  sur  quelques  points,  je  ne  puis  m'abstenir  de 
regretter  la  légèreté  extrême  et  la  précipitation  même  avec  la- 
quel  le  quelques  paléontologistes  ont  fabriqué  de  prétendues  espèces 
si  difficiles  maintenant  à  déraciner  du  domaine  ou  de  la  routine 
de  la  science. 

Monographie  des  Brachiopodes  permiens  des  îles  Britanniques, 

J'ai  beaucoup  regretté  de  n'avoir  point  commencé  ma  série  de 
monographies  par  les  espèces  de  l'époque  silurienne,  et  de  n'avoir 
pas  de  ce  point  progressé  régulièrement  jusqu'à  Tépoque  récente. 
Par  ce  moyen  des  avantages  importants  auraient  été  obtenus. 
J'aurais  pu  reconnaître  d'une  manière  plus  certaine  Tidenlité  des 
formes  qui  ont  vécu  pendant  deux  ou  plusieurs  périodes  ;  car 
Tétude  des  fossiles  carbonifères  et  permiens,  quand  elle  est  con- 
sciencieusement faite,  semble  démontrer  qu'une  très  grande  inti- 
mité existe  entre  les  deux  faunes  des  deux  périodes,  le  système 
permien  étant  la  continuation  naturelle  de  la  grande  période 
carbonifère,  quoiqu'il  puisse  être  très  avantageux  ou  désirable  de 
conserver  le  nom  de  permien  tel  qu'il  a  été  proposé  originairement 
par  les  célèbres  auteurs  de  la  Géologie  de  la  Russie  et  de  t  Oural ^ 
pour  distinguer  les  strates  qui  succèdent  à  la  portion  la  plus  élevée 
de  la  série  carbonifère.  La  dénomination  dyasj  récemment  pro- 
posée comme  substitution  à  celle  de  permien,  me  paraît  être  une 
idée  malheureuse  ;  car,  outre  que  cette  désignation  est  incorrecte 
dans  son  sens,  elle  est  en  réalité  simplement  un  de  ces  synonymes 
dont  la  science  est  journellement  accablée. 

Je  ne  récapitulerai  point  ici  les  résultats  obtenus  par  les  nom- 


96Ô  8ÉANCB  DU  19  haï  1862. 

breux  et  iinportanU  travaux  qui  ont  traité  de  ce  terrain  et  de 
ies  fossiles;  mais  je  me  contenterai  de  mentionner  brièvenieot 
que  le  résultat  de  mes  plus  récentes  études  me  porte  à  croire  que 
17  espèces  seulement  de  brachiopodes  permiens  ont  été  jusqu'à  ce 
jour  rencontrées  dans  les  îles  Britanniques,  et  que  les  meilleures 
localités  fossilifères  se  trouvent  dans  le  comté  de  Durbam. 

D'après  ces  études  je  crois  pouvoir  affirmer  que  près  de  la  moitié 
de  ces  espèces  existaient  déjà  pendant  la  période  carbonifère. 

Espèces  pcr/niennes, 

4 .  Terebratula  elongataj  Schloth.  Jhad,  Mùnch,^  vol.  VI,  p.  27, 
pi.  VU,  fig.  7-4  4  ;  Dav.,  Monogr,  perm,^  p.  9,  pi.  !,  fig.  6-7, 
42*4  4  et  4  8-22. 11  est  indubitable  qu'un  bon  nombre  de  spéci- 
mens de  cette  forme  sont  identiques  avec  certains  autres  de  T, 
hastata  et  que  Ton  trouvera  dessinés  dans  la  planobe  LIV  de 
ma  Monographie  carbonijère ;  mais,  comme  il  existe  une  assez 
grande  différence  dans  la  forme  générale  des  deux  espèces,  on 
ne  peut  pas  les  considérer  comme  identiques. 

2.  Terebratula  sacculus^   Martin,   T,  sufflata^  Scblotheim   Akad, 

Mùnch,^  vol.  VI,  pi.  VII,  fig.  40-44.  L'identité  de  ces  deux 
prétendues  espèces  me  parait  irrécusable  dans  la  planche  LIV 
de  ma  Monographie  carbonifère  ;  j'ai  dessiné  à  c6té  les  unes  des 
autres  des  échantillons  de  ces  coquilles. 

3.  Athyris  Uoyssii^  Léveillé.  Athyris  pectinijera^  J,  de  C.  Sow., 

Min,  conch.,  vol.  VII,  pi.  DCXVI,  4840  ;  Dav. ,  Monogr,  pcrni., 
p.  20-21,  pi.  I,  fig.  60-56  :  pi.  II,  fig.  4-5. 

M.  de  Verneuil  et  le  professeur  King  ont,  chacun  de  son 
côté,  fait  allusion  à  la  ressemblance  qui  semble  exister  entre  les 
formes  carbonifère  et  permienne;  et,  bien  que  j*aie  pensé  à 
une  époque  que  Ton  pourrait  peut-dtre  trouver  quelques  carao* 
tares  pour  distinguer  ces  coquilles,  je  crains  beaucoup  qu*il  ne 
faille  les  réunir  en  une  seule  espèce. 

VA.  pcctinifern  ne  paraît  nulle  part  atteindre  les  grandes 
proportions  de  VA.  Royssii  quand  elle  est  développée  dans  des  cir- 
constances favorables.  Mais  la  taille  seule  ne  peut  être  considérée 
comme  caractère  distinctif  entre  des  formes  qui  se  ressemblent 
sous  tous  les  autres  rapports,  et  spécialement  dans  le  cas  présent, 
«  car  les  coquilles  permiennes,  en  règle  générale,  sont. d'une  taille 
moindre  que  celles  de  l'époque  carbonifère. 

4.  Spirijera  aiata^  Scblotheim'.  Leonhard,  Taschesibuch^  vol.  VII, 

p.  58  :  pi.  II,  fig.  4-3;  Dav.,  Monogr,  perm,^  p.  43,  pi.  I, 
fig.  23-36  :  pL  II,  fig.  6-7. 

5.  Spirifera  Urii,  Flemiog.  M.  dannyana^  King;  Dav.,  Monogr, 

perm,^  p.  4  5,  pi.  I,  fig.  47-49,  et  Monogr.  carb,,  p.  267, 
pi.  LIV,  fig.  4  4-4  5. 

Après  avoir  comparé  avec  le  plus  grand  soin  de  fiotnbreux 


MOTK    DE    Jâ.    liAMDiOy.  967 

échantillODtder/^.  ungukulus,  Sow.  (dévonien)»  Sp,  lJrii[i^f^ 
booifère)  et  du  i9/>.  clannynna  (permien),  ils  m*ODt  paru  tous 
appartenir  à  une  seule  espèce  qui  a  continué  son  exist^iee 
durant  toute  la  période  qui  est  incluse  entre  sa  première  et  sa  der- 
nière apparition  ;  il  faut  ajouter  aussi»  comme  autres  synenymet, 
le  Sp,  Goldjussiana y  de  Kon.,  et  la  Mnrtinia  ff^inehimna^  King. 

8.  Spirijcrina  cristata^  Schlotheim.  Beitr.  z  Natnrg,  rf.  Vers  t.  in 
Àkademie  der  fVisstnschaften  ta  Mûnchcn,  tab.  I,  fig.  3  ; 
Dav.,  Monogr.  perm,^  p.  17,  pi.  I,  fîg.  37-40,  45-46  :  pi,  II, 
fig.  43-45.  Monngr.  carb.^  p.  267,  pi.  LIV,  fig.  41-43.  Il  est 
évident  pour  moi,  ainsi  que  pour  M.  Kirkby,  qu'il  ne  peut  exister 
de  doute  que  la  forme  carbonifère  dite  Sp,  octopllcata  de  Sow. 
n'appartienne  à  la  même  espèce  que  celle  de  Schlotheim,  et,  si 
le  lecteur  a  la  bonté  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  la  planche  LIV 
de  ma  Monographie  carbonifère,  il  trouvera  dessinés  à  côté  les 
uns  des  autres  des  spécimens  des  deux.  La  môme  remarque 
relative  à  la  taille  plus  grande  de  la  forme  carbonifère  que  j'ai 
mentionnée  en  parlant  de  VA.  pectinijcra  est  ici  applicable.  Je 
crains  aussi  que  la  Spirijcrina  mnltipUcnta  de  Sow.,  Dar., 
Monogr.,  p.  49,  pi,  î,  ûg.  41-44,  et  la  Sp,  fonesiana.^  de 
King,  ne  doivent  être  rangés  parmi  les  synonymes  de  l'espèce  do 
Schlotheim,  quoique  plusieurs  auteurs  semblent  croire  que  la 
Sp.  cristata  et  la  Sp.  muttiplicata  doivent  être  considérées  comme 
des  espèces  distinctes. 

7.  Camarophoria  crumcnay  Martin,  sp.  C,  Schlothebni^  Von  Buch, 

Dav.,  Monogr.  perm,,  p.  25,   pi,  XI,  fig.  16*27,  et  Monogr, 
carb.y  p.  267,  pi.  LIV,  fig.  16-19. 

Après  une  très  longue  étude  de  la  C.  emmena  du  terrain  car- 
bonifère et  de  la  C.  Sc/ilothcimi  du  terrain  permien,  je  n'ai  pu 
trouver  entre  ces  deux  formes  la  moindre  différence  ;  en  un  mot, 
l'identité  est  si  complète  que,  si  l'on  mêlait  ensemble  un  nombre 
de  ces  coquilles  provenant  des  deux  terrains,  on  ne  pourrait  les 
séparer.  Le  nom  Schiothcimi  devra  donc  nécessairement  être 
supprimé. 

8.  Camarophoria  giobuiina^  Phillips.  Encyc,  méth»  gcoi,^  vol.  IV, 

pi.  m,  fig.  3;  Dav.,  Monogr.  pcrm,^  p.  27,  pi.  Il,  (ig.  28-31 
et  Monogr,  carb.y  p.  26tt,  pi.  LIV|  fig.  23-25. 

Comme  synonyme  de  cette  espèce  il  faudra  ajouter  la  C 
rhomboidea^  Phillips,  cette  forme  permienne  ayant  existé,  ou 
oommencéà  exister  dans  la  période  oarbonifère. 

9.  Camarophoria  humbietonensis,  Hovese,  Dav.,  Monogr.  Perm,^ 

p.  27,  pi.  II,  fig.  9-15.  C.  muitiplicata^  King. 

10.  Streptorhyncus pelargonatasy  Schloth.  Jkad.  Mûnch.,  vol.  Vl, 

p.  28,  pi.  VIII,  fig.  21-24;  Dav.,  Monogr,  perm,^  p.  32, 
pi.  II,  fig.  32-42. 

11.  Producius  horridus^  J.  Sow.,  Min,  eonch,^   vol.  IV,  p.  47, 

pi.  GGCXIX;  Dar.,  Monogr. perm.^  p.  SS,  pi.  IV,  ilg.  43-86. 


968  sêànck  du  19  mai  18(52. 

4S«  Productus  latirostratus,  Howse,  Dav. ,  Monogr,  perm,^  ?•  36, 
pi.  IV,  fig.  4-12.—  P.  uinbonillatus,  King. 

43.  Strophalosia  GoIdJussUyliUnsier^  Beitrage^  vol.  I,  p.  43,  pi.  IV, 

fig.  3;  Dav.,  Monogr.  perm,^  p.  39,  pi.  III,  fig.  î-10. 

44.  Stropfialosia  Morrisîana ^  King,  Dav.,  Monogr.^  p.  44,  pi.  III, 

fig.  24-44  (sous  le  faux  nom  de  Str,  lamellosa). 

Je  pense  que  toutes  les  Stropholosia  permienoes  que  nous 
connaissons  dans  les  Iles  Britanniques  se  rapportent  à  deux  seules 
.  espèces  : 
\,Strapholoùa  GoUfiissii,  }êi&\^Té  Topinion  contraire  du  docteur 
Geinitz,  je  crois  que  les  coquilles  attribuées  à  Tespèce  de  MOnster, 
à  la  page  39  de  ma  Monographie  permienne^  ont  été  correcte- 
ment identifiées.  Je  suis  aussi  d'opinion  que  ce  que  Geinitz 
appelle  St,  excavata^  du  Zechstein-Dolomit  de  Pôssneck,  et  la 
forme  type  de  la  St.  Goidfussii  de  Y  Untcre  Zechstein  de  Trebnitz 
près  do  Géra,  appartiennent  à  une  seule  et  môme  espèce,  mais 
avec  cette  différence,  que,  dans  la  dernière  localité,  la  coquille  se 
rencontre  parfaite  avec  toutes  ses  épines  en  place,  taudis  qu'à 
Pôssneck  les  échantillons  sont  à  Tétat  de  moule,  ou  dans  un 
mauvais  état  de  conservation,  et  c'est  dans  ce  dernier  état 
que  Ton  trouve  ceux  de  l'Angleterre  qui  sont  identiques  en 
apparence  avec  ceux  de  Pôssneck.     . 
%,Strapholosia  Morrisiana,  Lorsque  je  préparais  mdi  Monographie 
perniienne^  il  y  a  cinq  ou  six  années,  je  pensais  avec  MM.  Howse 
et  Kirkby  que  la  Si.  Morrisiana  de  King  pourrait  bien  n'être 
qu*un  synonyme  de  la  S.  lamellosa  de  Geinitz,  et,  quoique 
mes  amis  ci-dessus  nommés  ne  soient  pas  encore  persuadés  du 
contraire,  je  suis  plus  porté  maintenant  à  partager  ropinion 
récemment  émise  par  le  docteur  Geinitz,  c'est-à-dtre  que  son 
espèce  et  celle  de    King  sont  distinctes ,   quoique  je   n'en 
sois  pas  absolument  certain.  Aucun  des  échantillons  bien  con- 
servés de  Tunstall  Hill,  pas  plus  que  les  moules  de  Humbleton 
en  Angleterre,  ne  semblent  posséder  ce  nombre  immense  d'épines 
que  Ton  observe  sur  la  valve  ventrale  des  échantillons  types  de  la 
St,  lamellosa  de  Geinitz  provenant  de  Trebnitz;  au  contraire, 
sur  nos  échantillons  de  St,  Morrisiana^  elles  sont  comparati- 
vement peu  nombreuses,  couchées  le  long  de  la  surface  de  la 
coquille  et  permettent  de  voir  entre  elles  les  fines  stries  lon- 
gitudinales caractéristiques  de  l'espèce. 

45.  Cranta  Kirkbyi,  Dav.,  Monogr,  crét,^  p.  49,  etMonogr,  carb,j 

p.  270,  pi.  LIV,  fig.  36-38.  Il  n'est  pas  tout  à  fait  certain  que 
cette  espèce  soit  distincte  de  la  Crania  quadrata^  de  l'époque 
carbonifère. 

46.  Discina  nitida^  Phillips.  Discina  Koninckii^  Greinitz,  D,  spc- 

luncaria,  King,  Dav.,  Monogr, perm,^^,  60.  pi.  IV,  fig.  27-29, 
et  Monogr,  carb.j  p.  ?68,  pi.  LIV,  fig.  26  et  27.  Ayant  com- 
paré avec  la  plus  grande  attention  un  nombre  considérable 
d'échantillons  de  la  Z>.  nitida  (carbonifère)  et  de  la  Z>,  Koniit^ 


NOT£    bh    H.    GERYAIS.  909 

cÂii  (permien),  je  n'ai  pas  pu  apercevoir  la  moindre  différence 
entre  ces  coquilles  qui,  j'en  suis  convaincu,  appartiennent  à  une 
seule  espèce.  Les  meilleurs  échantillons  de  la  forme  permienAo 
se  trouvent  dans  le  calcaire  compacte  de  East  Thickley,  près  de 
Darlington,  où  elles  atteignent  une  assez  grande  taille. 
47.  Li/igula  myiiloides^  Sow.,  ou  Li/igula  Credneri^  Geinitz,  Dar., 
Monogr,  perm,^  p.  51,  pi.  IV,  fig.  30-34,  et  Mono^r,  carb., 
p.  268,  pi.  LIV,  fig.  32-34. 

M.  Kirkby  a  déjà  démontré  que  la  Li/iguia  Credneri  se  trouve 
aussi  dans  les  roches  carbonifères  de  TAngleterre;  mais  il  faut 
que  je  fasse  un  pas  de  plus,  en  disant  que  la  Liogule  permienne 
se  distingue  à  peine  de  la  Lingula  mytiloulcs  de  Sow.,  qui 
provient  aussi  des  schistes  carbonifères  de  Wolsingham,  dans  le 
comté  de  Durham;  en  conséquence  je  partage  l'opinion  de 
M.  Tate  qui  considère  la  Lingula  Credneri  comme  n'étant 
qu'une  petite  variété  de  l'espèce  de  Sowerby. 

Je  vais  maintenant  in'occuper  du  troisième  et  dernier  volume 
de  mon  grand  ouvrage,  lequel  sera  entièrement  consacre  à  la 
description  des  espèces  dévotnennes  et  siinriennes  des  îles  Britan- 
niques. 

Sur  le  dépôt  lacustre   d^Armissan  [Aude]^  à  propos  d^une 
réclamation  de  M,  A.  F,  Noguès;  par  M.  Paul  Gervais. 

J'ai  communiqué  à  TAcadémie  des  sciences  dans  la  séance  du 
4  novembre  1861  (1)  le  fait  curieux  de  la  présence  dans  le  dépôt 
lacustre  d'Armissan  de  grandes  empreintes  végétales,  paraissant 
appartenir  au  genre  Dracœna,  et,  pour  mieux  faire  ressortir  l'inlé- 
rét  de  cette  observation,  j*ai  cru  convenable,  après  avoir  dit 
quelques  mots  sur  la  nature  du  gisement  lui-même,  de  rappeler 
mon  opinion  sur  l'époque  de  sa  formation.  M.  A.  F.  Noguès  n'a 
pas  tardé  à  écrire  à  la  Société  (2)  pour  réclamer  contre  l'omission 
dans  la  note  insérée  par  moi  aux  Comptes  rendus  du  nom  des 
géologues  qui  se  sont  antérieurement  occupés  du  même  gisement. 
La  réclamation  de  M.  A.  F.  Noguès  a  été  présentée  à  la  Société 
par  M.  d'Archiac. 

J'avoue  que  je  ne  puis  accepter  comme  fondés  les  reproches 
qui  me  sont  adressés  par  notre  confrère.  Mon  but,  en  publiant  le 


(\\  Comptes  rendus  hebd,^  t.  LUI,  p.  777. 

(2)  Bulletin  de  la  Société,  2*  sér.,  t.  XIX,  p.  4  42,  décembre  4  864 . 


970  SÈANCt    DL    19    MAI    1862. 

travail  qu'il  critique,  u*éiait  point  de  traiter  historiquement  des 
diverses  opinious  qui  ont  été  émises  par  les  auteurs  au  sujet  d*Ar- 
missan  et  encore  moins  de  discuter  ces  opinions  ;  et,  si  l'âge  que 
j'attribue  au  dépôt  qu'elles  concernent  concorde  avec  celui  que 
lui  suppose*de  son  côté  M.  d'ArchiacJ'aVaîs  peut-être  le  droit  d'en 
prendre  la  responsabilité  en  1861,  puisque  en  1659  déjà  (1),  c'est- 
à-dire  l'année  même  de  la  publication  du  mémoire  de  M.d'Ar- 
chîac,  et  sans  avoir  pu  connaître  alors  le  travail  de  ce  savant  géo- 
logue, j'avais  émis  sur  le  même  sujet  une  opinion  conforme  à 
celle  exposée  dans  ma  note.  Quoi  qu'il  en  soit,  je  n'ai  point  l'in- 
tention de  soulever  à  cet  égard  une  question  de  priorité,  et,  si  je 
regarde  encore  aujourd'hui  la  manière  de  voir  que  j'ai  soutenue 
comme  émanant  de  moi,  c'est  moins  par  âmouivpropre  d'auteur, 
que  pour  être  plus  libre  d'en  discuter  la  valeur;  ce  que  je  vais 
faire. 

IJn  examen  complet  des  fossiles  d'Ârmissan  que  je  possède 
aujourd'hui,  et  plus  particulièrement  le  résultat  d'une  étude 
approfondie  des  plantes  de  cette  localité,  faite  par  M.  Gaston  de 
Saporta  sur  les  échantillons  que  j'ai  réunis  ici,  rendent  en  effet 
probable,  pour  ne  pas  dire  certain,  qu'il  s'agit  d'un  dépôt  miocène 
inférieur,  et  non,  comme  moi  et  d'autres  auteurs  l'avions  adfnrs, 
d'un  déiiôt  proicène.  C'est  avec  la  seconde  flore  d'Aix  et  avec  la 
flore  des  autres  assises  miocènes  inférieures,  soit  en  France,  soit 
en  Allemagne  et  en  Suisse,  qu'il  faut  comparer  les  végétaux 
enfouis  à  Armissan,  et  plusienrs  des  plantes  tt^ouvées  dans  cette 
localité  sont  en  réalité  les  mêmes  que  celles  déjà  connues  dans  les 
autres  gisements  que  les  paléontologistes  appellent  quelquefois 
tongriens  et  qui  répondent  à  la  partie  la  plus  inférieure  de  la 
série  miocène.  Cest  ce  dont  on  pourra  juger  par  la  liste  suivante 
dressée  en  grande  partie  sur  les  indications  de  M.  de  Saporta 
recueillies  sur  les  échantillons  qu'on  a  réunis  jusqu'à  ce  jour.  Le 
nombre  des  espèces  de  cette  liste  dépasse  déjà  trente.  J'ai  marqué 
d'un  astérisque  *  le  nom  de  celles  que  je  ne  possède  pas  encore, 
mais  dont  il  est  question  dans  des  ouvrages  publiés  récemment 


ACOTTLiOOHES. 

Muscites  Toumaiii. 


*  Filiciies  polylfptryum 
Adiantuni  CussolU  ^S). 
Equisctum  brachjfoaon. 


^. 


{\\  ZooL  eipaléoni,  franç,^  %*  édit.,  p.  630. 

(2}  Espèce  inédite  que  je  propose  de  dédier  à  M.  Gussûl,  ouré  d'Ar- 
missan, qui  m*a  remis  de  très  beaux  échantillons  recueillis  dans  cette 
localité. 


NOTB   DE    M.    GBRTAI8. 


971 


GYMNOSPERMES. 

Taxites  Tournalii, 

Séquoia  [Abies   brc^JoUii  et  A, 

acicularis), 
Pinus  (espèce  h  deux  fenilles). 
Pi/uis  (espèce  à  trois  feuilles)* 
Pi  fins  (espèce  à  cinq  feuilles). 

augiospermbs. 

a,  MOMOCOTTLÉDONEf . 

Poacites, 

*  Smiiacitcs  /m status, 

Dracœna  narboncnsis  (^). 

Flabellnria. 

h,  DICOTYL^OONBS. 

Nymphœa  (à  déterminer  spécifi- 
quement). 


Dryandra  Schrankii  (î), 

•  Hakea  tanceolata. 

Banks i tes  intrger[Z), 

Anacardites  ? 

Palœolobiutn* 

Laurus? 

Cinnamomon  polymorphum, 

Cinnamomon  spectabile, 

Sterculia  digitata  (4). 

Ficus, 

Jagians, 

Betula  dr)'adum% 

Acer  (voisin  du  triiobatum), 

Oii'fjînus  macroptcra. 

Ulnius, 

Qucrcus  cr (teinta. 

Quercns  ilicoidcs. 

Quercus  lonc/iitis. 


,* 


Aucune  de  ces  espèces  ne  se  retrouve  avec  certitude  dans  les 
marnes  gypsifères  d'Aix,  ni  dans  les  autres  dépôts  appartenvint  au 
même  étage  que  ces  dernières.  Le  Nrmjihœa  d*Armissau  attend 
lui-même  une  détermination  spëcitique  définitive,  et  il  n*y  a  pas 
plus  de  certitude  pour  les  autres  espèces  supposées  connu  unes  à 
Armissan  et  au  proïcène.  Au  contraire,  la  similitude  d'espèce  est 
démontrée  entre  plusieurs  des  végétaux  que  nous  venons  d'énu- 
mérer  et  ceux  du  miocène  inférieur  que  Ton  connaît  à  Radoboj 
(en  Croatie),  au  mont  Promina  (eu  Dalmatie),  à  Hering  [en  Tyrol), 
dans  plusieurs  localités  de  la  Suisse,  dans  les  lignites  des  bords  du 
Abin  et  même  en  Auvergne  ainsi  qu'en  Provence.  Une  des  espèces 
d' Armissan  les  plus  concluantes  sous  ce  rapport  est  le  Dryandra 
Schrankii^  singulière  protéacée  à  faciès  australien  qui  est  en  efiet 
commune  à  Armissan  ainsi  qu'à  Kéring,  Epéris,  Promina,  Gler-'^ 
mont-Ferrand  et  Saint-Jean-de-Garguier. 

Je  renvoie  pour  une  appréciation  comparative  détaillée  de  la 
flore  d'Armissan,  telle  qu'elle  nous  est  maintenant  connue,  aux 
travaux  de  MM.  Brongniart,  Unger,  Heer,  Weber,  Wessel  et  de 


(4)  Nom  par  lequel  je  désignerai  l'espèce  de  Dracosna  découverte 
dans  le  dépôt  d'Armissan. 

(2)  Asplenioptcris  Sc/trankii,  Siernb,,  Comptonia  dryandrœfolia^ 
Brong.,  Dryandra  Brongniarti,  Kttingsh. 

^3|  MM.  Wessel  et  Weber  citent  le  Banksites  longifoHaï  Armissan. 
4)  Platanus  Hercules^  Duger. 


972  SÉANCE    UL    lu    MAI     1802. 

Sapoi'ta,  et  je  me  borne  à  faire  remarquer  que  la  Aoro  du  miocène 
européeD  dans  laquelle  elle  se  confond  se  laisse  aussi  aisément 
séparer  de  celle  dn  proïcène,  que  les  mammifères  miocènes  se 
distinguent  eux-mêmes  de  ceux  de  Tépoque  précédente  et  de  ceux 
de  réocène  proprement  dit.  C'est  pour  avoir  confondu  les  espèces 
propres  à  chacune  de  ces  populations,  qui  caractérisent  autant  de 
grands  terrains  dans  la  période  tertiaire,  que  les  géologues  ont  si 
souvent  hésité  sur  la  place  respective  qu'il  faut  attribuer  dans  la 
série  géologique  aux  terrains  dans  lesquels  on  recueille  des  restes 
fossiles  de  ces  divei^ses  populations.  Bl.  A.  F.  Moguès  a  donné,  dans 
sa  Notice  géologique  sur  le  département  de  l'Aude,  un  exemple 
de  cette  confusion  d'époques,  lorsqu'il  a  associé,  comme  étant 
également  miocènes,  les  conglomérats  et  les  grès  «i  Lophiodons 
d'Issel,  de  Carcassonue,  etc.,  les  marnes  à  Paléolhériums  du  Mas 
Sainte-Puelle,  les  couches  d'Armissan,  celles  de  Sijean,  etc. ,  ainsi 
que  les  dépôts  marins  à  Ostrea  lottgissima  du  même  département. 
S'il  avait  consulté  mou  ouvrage,  il  y  aurait  trouvé,  même  dans  la 
première  édition,  la  séparation  complète  de  l'étage  à  Lophiodons 
d'avec  celui  qui  renferme  les  ossements  des  Paléothériums  et  celle 
de  ce  dernier  d'avec  les  dépôts  que  caractérisent  les  Rhinocéros 
et  les  autres  animaux  du  miocène  proprement  dit,  soit  inférieur, 
soit  supérieur. 

Quant  à  la  liste  des  végétaux  fossiles  d'Armissan  que  donne 
M.  A.  F.  Noguès,  d'après  M.  firongniai*t,  il  y  commet  une  erreur 
contre  laquelle  l'illustre  botaniste  aurait  droit  de  protester;  c'est 
lorsqu'il  place  le  Smilacites  hastatm  parmi  les  Nàiadées.  G*est 
également  par  erreur  qu'il  ajoute,  comme  indiquant  une  espèce 
différente  de  celles  déjà  signalées  par  le  savant  botaniste,  les 
grandes  feuilles  palmées  à  cinq  lobes  qu'il  rapporte  au  genre  S(er^ 
cuiia.  Ces  feuilles  sont  les  mêmes  qu'on  a  aussi  décrites  comme 
indiquant  un  Platane,  le  Platanus  Hercules  de  M.  Unger,  et  il  y  a 
ici  un  double  emploi  évident. 

Je  diffère  encore  sur  un  point  important  avec  M.  A. -F.  Noguès. 
En  reproduisant,  danssa  No(e  insérée  au  Bui/eiin^  un  passage  de  sa 
Notice  EUT  l'Aude,  notre  confrère  complète  cette  citation  par  une  in- 
terpolation qui  est  au  moins  contestable.  Il  y  dit  en  parlant  de  la 
disposition  du  sol  aux  environs  du  lac  miocène  inférieur  d'Armis- 
san :  «  De  là  résulte  nécessairement  l'accumulation  des  fossiles 
»  d'Armissan  ;  mais  tous  les  sédiments  n'étaient  pas  arrêtés;  ceux 
»  qui  ne  rencontraient  pas  d'obstacle  devaient  se  jeter  dans  la  mer 
»  par  quelque  communication  du  bassin  lacustre  avec  la  Méditer- 
»  ranée,   peut-être  par  le  Grau  de  Gruissan  et  par  un  passage  de 


NOTB    DE    HI.    GERVAlS.  073 

»  Vembouc/iurc  de  l'Aude.  »  Au  lien  du  passage  souligné  le  texte 
original  porte  :  Ceux  (les  sédiments)  qui  ne  rencontraient  pas 
»  d'obstacles  devaient  se  jeter  dans  la  nier  par  Tenibouchure  de 
0  TAude  et  par  Graissa n  pour  aller  former  des  dépôts  stratifiés 
»  dans  la  mer  (1).  »  IM.  A.-F.  Noguès  aurait  sans  doute  mieux 
fait  de  s'en  tenir  à  sa  première  rédaction,  car  il  est  évident  qu'il 
ne  peut  être  question  de  la  Méditerranée  à  propos  d'un  lac  de 
Vépoqne  miocène.  Il  y  a  là,  si  je  puis  m'exprimcr  ainsi,  un  véritable 
anachronisme  géologique. 

J'ai  dit  qu'Armissan  était  plutôt  miocène  inférieur  que  proïcène. 
Il  n'est  donc  pas  probable  qu'on  y  trouve,  comme  je  l'avais  laissé 
enl  revoir  dans  ma  Note  sur  le  Dracœna  fossile,  des  restes  de  Paléo- 
tliériums  ni  d'animaux  contemporains  de  ces  derniers;  et,  si  ce 
dépôt  fournit  quelques  ossements  de  mammifères,  ils  appartiens 
dront  plutôt,  à  en  juger  par  les  plantes,  à  la  faune  lacustre  de  la 
Limagne  et  de  Saint-Gerand-le-Puy.  Il  serait  curieux  d'en  com- 
parer les  espèces  avec  celles  des  dépôts  de  Montredon,  situés  à 
peu  de  distance  dans  le  même  département,  et  parmi  lesquels  j'ai 
reconnu  des  débris  du  genre  Hipparion  (2)  ;  mais  le  gisement  de 
Montredon  paraît  appartenir  au  miocène  supérieur  plutôt  qu'au 
miocène  inférieur,  puisqu'on  y  trouve  aussi  le  Dinothérium. 

Je  ne  m'arrête  pas  à  rOrnitholitlie  que  M.  A.-F.  Noguès  me 
reproche  de  ne  point  avoir  connu.  Il  m'avait  été  jusqu'à  ces  der- 
niers temps  impossible  de  l'étudier  en  nature;  mais,  grâce  à 
M.  Pessiéto,  j'ai  pu  réparer  cette  omission  bien  involontaire  et  je' 
viens  d'en  publier  une  description  dans  les  Comptes  rendus  {Z). 
C'est  un  Gallinacé  voisin  des  Tétras  et  des  J^agopèdes.  J'ai  pro- 
posé de  l'inscrire  sous  le  nom  provisoire  de  Tetrao  ?  Pessieti, 

Quelques  remarques  sur  le  ISotœus  d'Armissan  termineront  la 
présente  note. 

Ainsi  que  l'ont  fait  remarquer  MIVI.  d'Archiac  et  A.-F.  Noguès, 
c'est  M.  Marcel  de  Serres  qui  a  le  premier  signalé  ce  poisson 
dans  la  localité  qui  nous  occupe  et  c'est  lui  qui  l'a  assimilé  à  l'es- 
pèce de  Montmaitre  sur  laquelle  Guvier  avait  déjà  donné  quelques 
renseignements  fort  exacts.  J'ai  cité  de  mon  côté,  et  cela  dès  1859, 


[\)  A.-F.  Noguès,  Notice  géol.  sur  le  dvp.  de  V Aude ^ précédée  dc 
quelfjucs  notions  de  géologie  générale^  in- 8,  Carcassonne,  1851, 

(2)  Mém.  Acad,  se.  Montpellier,  t.  V,  p.  121. 

(3)  Comptes  rendus  Itebd. ,i,Liy,  ^S6%, 


97A  SÉANCE    DU    10    MAI    1862. 

le  Notœus  laticuudatus  d*Arniissan  dans  ma  Paléontologie  fran- 
çaise, L*exainen  que  j'avais  fait  alors  de  la  pièce  conservée  par 
J\] ,  Marcel  de  Serres  ne  me  paraissait  pas  contredire  ce  classement, 
qui,  s'il  n'est  pas  tout  à  fait  exact,  doit  s'éloigner  fort  peu  de  la 
vérité.  Tout  récemment,  et  par  suite  de  l'étude  plus  complète  des 
plantes  d'Armissan  que  j'ai  faite  avec  le  concours  de  M.  de  Saporta, 
j*ai  été  conduit  à  revoir  cette  détermination. 

Guvier  a  très  judicieusement  rapproché  des  Amies  le  poisson 
fossile  de  Montmartre  que  IVI.  Agassiz  a  pris  pour  type  de  son 
genre  Notœus  et  qu'il  a  placé  parmi  les  Ganoldes  dont  les  Amies 
ont  d'ailleurs  un  certain  nombre  de  caractères  ;  mais  d'autre  part 
le  second  de  ces  naturalistes  a  établi  sous  le  nom  de  Cyclurus  un 
autre  genre  de  poissons  lacustres  de  la  période  tertiaire  qu'il  a 
rapporté  a  la  famille  des  Cyprinidés.  On  connaît  un  Cyclurus  à 
Menât  (Puy-de-Dôme),  c'est-à-dire  dans  le  terrain  miocène  infé- 
rieur. Les  observations  de  M.  Heckel  ainsi  que  celles  de  M.  Pictet 
et  les  miennes  propres  ayant  montré  que  les  Notœtts  et  les  Cyclurus 
sont  des  animaux  très  voisins  fun  de  l'autre,  si  non  congénères,  une 
nouvelle  comparaison  de  l'IcbthyoUtbe  trouvé  à  Armissan  deve- 
nait indispensable.  Cette  comparaison  ne  m'a  pas  été  possible  avec 
l'aide  seule  des  figures  et  des  descriptions  publiées  par  Cuvier  et 
par  M.  Agassiz.  C'est  aux  originaux  eux-mêmes  qu'il  faudra  avoir 
recours  et  cette  question  reste  en  suspens  jusqu'à  ce  que  j'aie  pu 
achever  ce  travail,  ce  qui  ne  peut  te  faire  qu'à  Paris,  Je  verrai 
alors  si  le  Notœus  d'Armissan  peut  ou  non  être  assimilé  au  Cyclurus 
Falencicnnesii  ou  s'il  reste  un  véritable  Notœus  laticaudtttus^  M.  de 
Serres,  avec  sa  complaisance  accoutumée,  a  bien  voulu  mettre  de 
nouveau  à  ma  disposition  la  pièce  signalée  par  lui,  et  j'en  ai  fait 
faire  un  dessin  exact  qui  pourra  être  publié. 

En  résumé,  les  nouvelles  recherches  que  j'ai  entreprises  sur  les 
fossiles  d'Armissan  ne  sont  pas  contraires  au  résultat  obtenu  par 
M.  de  Saporta  au  sujet  de  l'âge  miocène  inférieur  de  ce  dépôt; 
mais  le  but  que  je  me  pi*opose  surtout  dans  ces  recherches  est 
l'étude  zoologique  de  quelques-unes  des  espèces  curieuses  que  ces 
fossiles  permettent  de  reconstruirci  et,  en  laissant  à  M.  de  SaporU 
le  soin  de  publier  les  nombreuses  remarques  que  ma  collection 
de  plantes  d'Armissan  lui  a  déjà  fournies,  je  me  propose  de  ne 
poursuivre  que  ce  qui  a  plus  particulièrement  trait  aux  espèces 
animales.  Je  prierai  la  Société  de  vouloir  bien  m'autoriser  à  en 
publier  les  résuluts  (descriptions  et  figures)  dans  le  recueil  de  k% 
Mémoires, 


vota  OB   M,  COUNUBL.  07i 

Essai  sur  les  rapports  qui  existent  entre  le  grès  vert  inférieur 
du  pays  de  Bray  et  celui  du  sud-est  et  du  nord'-ouest  du 
bassin  anglo-français ^  par  M.  J.  Gornuel. 

I.  Orographie  et  hydrographie  locales.  Épaisseurs  diverses  du  groupe.  \ 

L'orographie  sous-marine  du  bassin  parisien,  pendant  les  pé- 
riodes crëtacëe  et  tertiaire ,  a  ëté  habilement  esquissëe  par 
M.  d'Ârcbiac,  au  moyen  de  faibles  reliefs  du  sol  actuel,  qu'il  a 
figurés  sur  une  carte  sous  les  noms  de  lignes  du  Merlerault,  de  la 
Sambre,  de  l'Artois  et  de  la  Manche  [Mém.^  2*  sér.,  t.  If,  p.  116  et 
117,  et  pi.  I,  fig.  1  ;  Hist.  des  progr,  de  la  géoi^  t.  II,  p.  634  et 
suiv.;  t.  IV,  p.  385  à  388,  et  t.  VI,  p.  202  à  204).  Nous  n'y  ajou- 
terons  donc  que  quelques  considérations  concernant  particulière- 
ment notre  sujet. 

La  ligne  de  la  Sambre  a  pour  prolongement  un  faite  hydrogra- 
phique qui  se  continue  du  N.-E.  au  S.-O.,  entre  TOise  et  le 
bassin  de  la  Somme,  jusqu'auprès  de  Guvilly,  et  qui  court  ensuite 
de  TE.  à  l'O,,  par  les  environs  de  Breteuil,  Forges  et  Yvetot, 
jusqu'au  cap  d'Antifer.  au  nord  du  Havre.  Ce  faite  circonscrit,  avec 
les  lignes  de  TArtois  et  de  la  Manche,  un  espace  trapézoïdal 
totalement  indépendant  du  bassin  géographique  de  la  Seine. 
L'hydrographie  actuelle  de  cet  espace  montre  qu'il  incline  à  pré- 
sent vers  le  N.-O.  Mais  son  inclinaison  était  différente  lorsque  la 
région  française  du  bassin  géologique  était  plus  basse  que  sa 
région  anglaise,  ce  qui  a  eu  lieu  pendant  la  formation  du  sous- 
étage  néocomien  inférieur»  ainsi  que  nous  l'avons  expliqué  dans 
notre  notice  précédente.  En  effet,  voici,  suivant  les  positions  rela- 
tives, les  épaisseurs  connues  du  grès  vert  inférieur  et  dessables  qui 
le  séparent  du  gault,  sans  y  comprendre  même  les  dépôts  weal- 
diens  d'Angleterre  : 


lient,  113*39 

n«deWleht,tt4",65 


Calait.  S«»3I 

Bas  BonloDniit,  S» ,00 

L«  B»Tr«,  S5»,00 

BannequetUle,  ? 


Brty,  entlroB  60i",00 


Haate-MarBe,  84*30 


D'après  ces  données  (1),  la  puissance  est  considérable  en  Angle* 
terre,  et  bien  plus  encore  dans  l'ile  de  Wight  que  dans  le  Kent. 

[\)  Voir  Graves,  Essai  sur  la  topogr.  g**ognost,  de  fOisc^  Beauvaîs 


976  SÉANCB    DU    19   MAI    1862. 

Elle  est  extrêmement  réduite  sur  la  ligne  diamétrale  de  Calais  à 
Henneqaeville.  Elle  redevient  plus  forte  dans  le  Bray,  ou  elle 
Test  cependant  encore  moins  que  dans  la  Haute-Marne.  De  plus, 
nous  retrouverons,  dans  le  pays  de  Bray,  les  deux  étages  du  grès 
vert  inférieur  et  les  sables  qui  précèdent  le  gault  proprement  dit» 
tandis  qu'on  n'a  pu  jusqu'à  présent  les  trouver  réunis,  ou  les  dis- 
tinguer par  leurs  véritables  caractères,  sur  aucun  point  du  littoral 
français  du  détroit.  Donc  le  sol  du  Bray  se  rattachait  au  versaot 
de  la  ligne  de  la  IVIanclie  qui  inclinait  sur  l'Oise. 

Le  Hainaut,  la  Flandre,  l'Artois  et  une  partie  de  la  Picardie 
s'étant  trouvés  émergés  pendant  la  période  dont  il  s'agit  ici,  et 
principalement  au  commencement  de  l'ère  néocomieune,  le  sol 
du  Bray  devenait  en  même  temps  le  prolongement  sons-marin  du 
vei*sant  de  l'Artois  qui  inclinait  vers  la  basse  Seine.  On  ne  peut 
en  douter,  puisque  le  groupe  de  couches  que  nous  allons  exa- 
miner est  plus  mince  au  N.-E.  qu'au  S.-O.  de  Taxe  du  pays  de 
Bray. 

Cette  dernière  contrée,  ainsi  placée  en  deçà  des  lignes  de  l'Ar- 
tois et  de  la  (Manche  par  rapport  au  bassin  parisien,  appartenait 
par  conséquent  à  la  région  française  du  bassin  géologique.  EUle  y 
subissait  les  influences  combinées  des  deux  pentes  à  l'intersection 
desquelles  elle  se  trouvait,  mais  avec  les  différences  résultant  de  1 

l'inégalité  d'altitude  des  deux  faîtes.  Or,  comme  la  ligne  de  TAr-  l 

tois  s'est  maintenue  relativement  plus  et  plus  longtemps  émergée 
que  l'autre,  et  que  son  maximum  d'émersion  a  coïncidé  avec  le 
commencement  de  la  période,  tandis  que  la  ligne  de  la  Manche 
n'a  dû  excéder  que  de  très  peu  le  niveau  de  la  mer,  et  seulement 


4847,  p.  54;  Rozet,  Descript,  du  bas  Boulonnais.  i^,  46  etsoiv.  ; 
Fitton,  Quart,  j'ourn,  geol.  Sor.  of  London^  vol.  Iil,  p.  320;  d'Ar- 
chiac,  Hist.^  IV,  p.  80,  499,  279,  306  et  309;  Bull.,  »•  sér.,  VIII, 
p.  453. 

Pour  le  grès  vert  inférieur  du  Bray,  nous  inscrivons  60  mètres,  éva- 
luation maxima  de  M.  d*Archiac,  au  lieu  de  57  mètres  que  donne 
M.  Graves,  uue  remarque  de  ce  dernier  tendant  à  faire  croire  que  son 
point  do  repère  supérieur  aurait  subi  une  légère  dénndation. 

M.  Rozet  indique  6  mètres  dans  le  bas  Boulonnais,  plus  1  à  2  mètres 
d*argile  bitumineuse  à  la  base.  L'argile  à  Huîtres  découverte  à  Wissant 
par  M.  Albert  Gaudry  [BulL^  V  sér.,  XYII,  p.  30j  serait  même, 
d*après  ce  dernier  géologue,  le  seul  représentant  connu  du  groupe,  et 
il  ne  Ta  observée  que  sur  3  mètres  d'épaisseur. 

Nous  ne  citerons  ci -après  l'ouvrage  de  M.  Graves  que  par  Tinitiale 
G.  et  le  numéro  de  la  page. 


KOTB    DB    M.    CORNUBL.  077 

pendant  la  durée  des  dépôts  weaidiens,  contemporains  de  notre 
sous-étage  néoconiien  inférieur,  sauf  peut-être  encore  les  inter- 
mittences pendant  lesquelles  les  eaux  marines  envabissaient  le 
lac  de  Weald,  il  en  est  nécessairement  résulté  que  le  pays  de  Bray 
ne  recevait  que  des  cours  d'eau  tributaires  de  la  région  française, 
c'est-à-dire  lui  arrivant  du  nord  oudu  nord-est  par  T  Artois.  De  laces 
débris  d'origine  fluviatile  et  terrestre  qui  existent  dans  la  portion 
la  plus  basse  du  grès  vert  inférieur  du  Bray,  et  qui  ont  déterminé 
M.  Graves  à  admettre  un  groupe  virealdicn  à  la  base  de  son  étage 
néocomien,  en  ne  donnant  à  ce  groupe  que  la  valeur  d'une  des 
divisions  de  Tétage.  Mais  ces  débris  n'ont  évidemment  de  commun 
avec  le  groupe  wealdien  anglais  que  leur  contemporanéité  ;  et 
c'est  ainsi  que  le  géologue  de  Beau  vais  en  a  jugé  lui-même,  en 
disant,  à  propos  des  alternances  que  nous  rappellerons  plus  loin, 
qu'elles  n'ont  rien  qui  soit  vcritablenicnt  lacustre,  mais  qu'elles 
représentent  des  matières  apportées«dans  les  eaux  marines  par  des 
courants  fluviatiles  (G.,  p.  71).  En  effet,  cette  partie  de  la  région 
française  n'aurait  pu  communiquer  avec  le  lac  wealdien  que  dans 
des  moments  d'immersion  de  la  digue  naturelle  de  ce  lac.  Or, 
cette  immersion  ne  déplaçait  pas  les  dépôts  d'eau  douce  déjà 
formés  dans  le  lac,  et,  pendant  sa  durée,  si  courte  qu'elle  fût, 
elle  y  interrompait  la  sédimentation  lacustre;  de  sorte  que  ce  n'est 
pas  à  une  communication  avec  le  lac  anglais  que  sont  dues  les 
premières  couclies  du  Bray. 

Rien  n'indique  que  la  ligne  de  la  Manche,  qui  d'ailleurs  n'est 
pas  parallèle  à  la  grande  fosse  centrale  du  détroit,  ait  conservé  son 
orientation  primitive,  et  qu'elle  n'ait  pas  été  inégalement  modifiée 
depuis  son  origine,  ne  fût-ce  que  par  la  mer  qui  la  baigne  aujoul^• 
d'bui  ;  d'autant  plus  que  M.  d'Arcliiac  en  fait  lui-même  dévier 
le  prolongement  sur  sa  carte,  en  le  traçant  par  Calais,  Gand  et 
Mali  nés.  Dans  tous  les  cas,  si,  avec  son  installation  actuelle,  elle  a 
servi  de  digue  au  lac  wealdien,  ce  ne  peut  être  que  dans  une  partie 
de  sa  longueur,  le  surplus  ayant  dû  être  fourni  par  des  cordons 
littoraux  effacés  depuis,  ou  dont  les  eaux  de  la  Manche  empêchent 
de  retrouver  les  vestiges.  En  effet,  si  ce  lac  s'était  étendu  depuis 
le  banc  de  Golbart  jusqu'aux  rochers  du  Calvados,  la  région 
marine  française  aurait  été  une  Caspienne  pendant  la  formation 
du  90u»-'étage  néoeomien  înf^ieur,  et  son  isolement  aurait  dû 
faire  différer  sa  faune  de  celle  des  autres  mers  néocomiennes,  ce 
qui  n'existe  pas.  De  plus,  les  différences  de  profondeur  d'un  côté 
à  l'autre  du  pays  du  Bray,  et  celles  qiri  ont  existé  sur  îa  ligne 
même  de  Calais  au  Havre,  et  qui  sont  attestées  par  l'inégalité 
Soc.  géoL ,  2*  série,  tome  XIX.  62 


078  8ÊANCB    DU    10   MAI    1862. 

dVpaissciir  des  dépôts,  prouvent  rpie  l.i  n'jîion  française  était  un 
Yéritiible  {^olfe,  coiiiinnniquanl  avec  la  pleine  nier  principalement 
par  la*  partie  où  est  maintenant  Teinhouchure  de  la  Seine. 

L'axe  des  oscillations  du  bassin  angio- français  ne  parait  pas  non 
plus  avoir  exactement  co'incidé  avec  la  ligne  sous-marine  actuelle 
de  la  Manche,  d'autant  plus  que  nous  avons  fait  voir,  dans  notre 
notice  déjà  citée,  que  cet  axe  des  mouvements  avait  subi  des 
écarts  de  direction.  Il  a  dû,  au  contraire,  la  couper  obliquement 
en  se  dirigeant  plus  ùi  TE.,  et  en  se  rapprochant  un  peu  de  la  ligne 
de  la  Sambrc,  de  manière  à  rester  au  N.-O.  du  Bray  et  à  être 
généralement  parallèle  à  la  grande  fosse  centrale  du  détroit.  C'est 
une  position  qui  se  prête  mieux  que  toute  autre  à  TinteHigence 
des  faits  qui  ont  présidé  à  la  formation  de  l'étage  néocomien  du 
nord  de  l'Alletnagne,  si  semblable  à  celui  de  la  région  anglaise, 
tel  que  nous  le  traçons  dans  notre  précédent  travail  et  dans 
celui-ci. 

II.  Différence  entre  le  pays  de  Bray  et  la  zone  extérieure  du  bassin 
parisien^  sous  le  rapport  de  la  nature  et  de  la  disposition  des 
dépôts. 

La  somme  des  sédiments  calcaires,  marneux  et  argileux  l'em- 
porte sur  celle  des  sédiments  sableux,  dans  la  zone  de  l'est  et  du 
sud'cst,  parce  que  cette  zone  dépendait  de  la  portion  déprimée  et 
tranquille  du  bassin.  Le  contraire  a  lieu  dans  le  pays  de  Bray, 
parce  qu'il  appartenait  aux  côtes  plates  de  la  portion  convexe  du 
même  bassin  et  en  même  temps  à  la  partie  qui  rattachait  le  golfe 
à  la  pleine  mer,  ce  qui  devait  en  rendre  les  eaux  moins  calmes  et 
favoriser  l'action  des  vagues  et  des  courants.  Aussi,  la  plupart  des 
couches  sont  longues,  continues  et  régulières  dans  l'est,  tandis 
que,  dans  le  Bray,  il  y  a  entre  elles  des  alternances  diverses,  et  les 
sédiments  fms  surtout  y  sont  disposés  en  couches  interrompues,  ou, 
ce  qui  revient  au  même,  en  amas^iscontinuS)  qui  semblent  subor- 
donnés à  la  masse  sableuse  (G.,  p.  55,  Ikei  76). 

III.   Corrélations  str ait  graphiques  et  organiques  du  pays  de  Bray  et 
des  régions  S.^E.  et  N,'-0.  du  bassin  anglo-français. 

Malgré  les  différences  qui  viennent  d'être  signalées  et  les  varia- 
tions que  leurs  causes  ont  produites,  M.  Graves  a  éubli  un  ordre 
chronologique  dans  ce  qu'il  nomme  la  série  normale  la  moins  va- 
riable, sinon  la  plus  constante  des  couches  du  pays  de  Bray  (G., 


ttOTl   DE   H.    CORRUBL.  0/9 

p.  68  à  82) .  En  rappelant  celte  série  dans  une  analyse  extrémèmisiit 
lucide,  iM.  d'Arcbiaç  a  exprimé,  avec  une  certaine  réserve,  son 
opinion  sur  ses  rapports  stratigraphiques  avec  les  couches  obser- 
vées dans  la  bordure  extérieure  de  la  région  française.  Cette  opi- 
nion nous  paraît  confirmée  par  les  faits  paléonlologiques,  ainsi 
que  nous  essayerons  de  le  prouver. 

Nous  laissons  en  dehors  de  ce  travail  la  himachellc  à  Paludines, 
observée  en  blocs  superficiels  dans  le  Bray  (G.,  p.  63  et  la  note). 
Placée  à  la  suite  des  couches  à  Cry/j/iceavirguln  et  avant  l'étage 
portlandien,  elle  ne  représente  pas  le  calcaire  de  Purbeck,  malgré 
sa  ressemblance.minéralo^ique  avec  le  marbre  purbeckien  d'An« 
gleterre  ;  mais  elle  prouve  que  le  Bray  avait  reçu  des  eaux  douces 
avant  le  dépôt  de  son  étage  portlandien,  ce  qui  est  d'autant  plàs 
admissible  que  cet  étage  y  est  peu  puissant  ;  et  elle  annonce  par  là  - 
une  alternance  dans  la  faune  marine  avant  la  fin  de  la  période 
jurassique.  Pour  supposer  que  cette  lumachelle  pourrait  être  hors 
de  sa  position  primitive,  et  provenir  des  couches  purbeckiennes 
détruites  par  la  dénudation,  il  faudrait  que  ses  lambeaux  fussent 
diversement  inclinés,  ou  bouleversés  en  différents  sens,  et  entre- 
mêlés (le  débris  des  couches  porllaudiennes  qui  l'auraient  précé- 
dée ;  et  c'est  ce  qui  n'a  pas  été  vérifié  jusqu'à  présent.  D'ailleurs, 
dans  un  cas  comme  dans  l'autre,  elle  serait  antérieure  à  la  série 
que  nous  allons  examiner,  puisque,  fût-elle  même  purbeck ienne, 
l'étage  de  Purbeck  ne  se  montre  pas  à  l'est  et  au  sud-est  de  la 
région  française,  et  nous  ne  prenons  ici  que  les  faits  postérieurs  au  . 
mouvemeut  du  sol  qui  a  mis  fin  à  cet  étage. 


080  «ÊAJici  DU  10  «il  1802. 

Tabittm  ^'  rapporu  tlei  treli  parties  connuet  Ha  gréi  vert  \tiférhnr  dtt  bassin , 
en  prenant  pour  Irpei  les  localités  où  le  groupe  ett  le  ptui  '** 


,  S<.l,li>.d.l jS-U.  «nlilr=|f. 


f^f     ^-ïf  /Iu(i<.ieu-'JS"  Cri.   cl   hI.U    faniilaïlii.    XlV.   FernglgLS 

|;l')  ;  }     '"I" f i,,rc,i,n-|M."™,(7^;,.ic,rp*. 

li  1 


Ar|ll*   conpiil*,   • 


II.  Fcroi>llll.i<|iii. .  . 

10.  S.1,1b  ri  tel''   f-r- 
_  ruEti..,.!     .np.-. 

t  ...;;z™. ..„ 


lillll    1  ^ 


Fer  grLnuloui  da  8.inl-C»™oiD-' 
I..PolpilerlJ»Li1.DiulJr-        ' 


|||3J      >  /■Hpjf.     S-^*,^gil.Mr^«^o«g--l"l>l™âl»,     II.  ilhorBaU    cl.j. 


ir  llin«iui  *  ciiq»lll.i 


(1)  C«tt>  fsoiili*  H  lii  ioaliHlqiuiB4..l  lui  eoachatBqBl  11  pr^cWcnl;  mijiaaut  skUmmi  «m  nnw) 
rtn«mphi<TB»i  ttTrE  riulM  t  J-Twa  #H'/rlJ  Itli  ipi*  Ban*  In  *•<»)  nil^aH  «lllnra  " 


KOTI   Dl    M»    COAMUKI,.  081 

1"  Étage  méocomien.  -"^  Rapports  Hc  ses  assises. 
A.  Sous-étage  néocomien  inférieur. 

Première  assise.  —  Cette  assise,  dans  le  Orayi  ressemblei  par 
sa  coin))ositioii,  à  celle  de  l'est,  autant  que  cela  peut  être  eu 
égard  à  la  distaïKe  et  aux  causes  des  diffëi*ences  indiqua  plut 
haut.  Ses  alteruances  de  fer  limoneux  à  coquilles  marines,  de 
couches  à  végëiaux  et  de  coudies  à  fossiles  d*eaii  douce  et  à  fos« 
slies  marins  mêlés  à  des  débris  d'origine  fluviatilc  ou  terrestre, 
rappellent  les  oscillaMons  secondaires  qui,  d'une  pai  t^  permettaient 
à  la  mer  de  pénétrer  de  temps  en  temps  dans  le  lac  anglais,  et  qui, 
d*auli'e  part,  imprimaient  des  balancements  latéraux  à  la  ma^sc 
des  eaux  marines  du  golfe  français.  Il  est  naturel  d'ailleure  que 
cette  partie  du  sol  du  département  de  rOise,  qui  tenait  exclu- 
sivement au  golfe  fiançais,  ait  reçu  comparativement  plus  de 
sédiments  d'eau  douce  que  la  pleine  mer  du  golfe,  et  plus  de 
sédiments  marins  que  le  lac. 

Les  fossiles  détermioés  des  couches  d'oiigiuo  fluTio-uuirino«oiity 
outre  oaxe  espèces  de  végétaux  : 

POISSONS  (4). 
N"     64 .   Ùyrodus  Mantclli,  Ag. 

M0IXU80UBS  M^aUlS, 

4  078.  Cardium  subhilia/ium,  Leym. 

4  243.  Nuculrt  linguiata^  d'Orb.  (IV.  spathulata^  Forb.  —  Leda 

iinguiatn,  d'Orb.,  Prod,) 

MOLLUSQUES   FLUVIATILKS. 

4  422.  Cycias  angulatti,  Fitt. 

4  4  25.     —  média j  Sow.  —  MantelK 

4  426.     —  mcmbrtinaceay  Mantell. 

FORAHIIflFÈSES. 

4  636.  Lituola  comprijssa^  d*Orb. 

Le  fer  limoneux  à  coquilles  marines,  qui  va  être  cité  dans  la 
seconde  assise,  commence  par  des  alternances  dans  la  première, 
sans  toutefois  que  ces  alteitlanees  existent  partout  dans  celle-ci.  Il 
a  une  faune  plus  étendue  qùè  celle  q^i  vient  d'être  indiquée, 
ainsi  que  nous  allons  le  faire  voir. 

(4)  Les  numéros  qui  précèdent  les  noms  d'espèces,  dans  cette  liste 
et  dans  les  listes  suivantes,  sont  ceux  de  la  liste  générale  de  M.  Graves, 
pages  583  à  74  4 .  .  i . 


682  SÊANCB   DU    19   MAI    !862. 

Deuxième  assise^ — Ce  fci*  limoneux,  qui  est  un  minerai  ou 
une  marne  ferrugineuse  jaunâtre  ou  jaune  et  brune,  a  une  faible 
puissance,  mais  cependant  plus  grande  ici  que  dans  ses  alternances 
de  la  première  assise,  de  sorte  que  son  développement  le  plus 
complet  et  sa  position  habituelle  sont  au-dessus  de  cette  pre- 
mière assise  (G.,  p.  71  et  72*73).  Pris  ainsi  à  son  niveau  le  plus 
élevé  et  le  plus  constant,  il  forme,  selon  nous,  la  seconde  assise 
du  sous-étage  néocomien  inférieur,  correspondant  par  conséquent 
à  la  marne  et  au  calcaire  n*"  5  de  Test.  A  la  vérité  il  n*en  a  pas  la 
composition  minéralogique,  et  à  peine  est-il  rappelé  dans  la  Haute- 
Marne  par  un  lit  de  marne  verdâtre  ou  veit  brunâtre,  à  graius 
d'hydrate  de  fer  et  à  débris  de  coquilles  plus  ou  moins  brisées, 
variant  entre  30  et  60  centimètres  d'épaisseur,  et  interposé  dans 
le  calcaire  à  Spatangues  au  S.  d'Attancourt  et  au  S.-O.  de  Wassy. 
Mais,  si  la  seconde  assise  de  Test  et  du  sud-est  n'a  qu'un  repré- 
sentant relativement  rudinientaire  dans  le  Bray,  la  cause  en  sera 
expliquée  à  la  fin  de  cette  notice. 

Le  fer  limoneux  du  pays  de  Bray,  quoique  contenant  une 
grande  quantité  de  Cypris  granulosa^  est  pour  ainsi  dire  pétri  de 
fossiles  marins  à  Tclat  de  moules  et  d'empreintes.  Les  espèces  y 
sont  abondantes,  mais  difficiles  à  déterminer  à  cause  de  leur  mau- 
vaise conservation  (G.,  p.  82-83);  c'est  ce  qui  fait  que  ^î.  Graves 
n'y  cite  que  les  suivantes  dans  sa  liste  générale  : 

MOLLUSQUES   MARINS. 

N"    396.   Turbo  inconstans,  d'Orb. 

927.  Panopœa  irrc^ularis^  d'Orb. 

929.     —    Prevosti,  d'Orb. 

964 .   Corbula  elegansy  Sow.  —  d'Orb.  (C  elegantula^  d'Orb. , 
Pro(L), 

969.     —  striatula,  Sow. — d'Orb. 
4038.  Venus  Brongniartinoy  Leym.  —  d'Orb. 
4040.     —  Cottaldina.à'OTh. 
4054.     —  vassiacensis^  d'Orb. 
4  055.    Thetis  lœuigata^dVrh. 
4  061.   Cardium  Cottaldinum ,  d 'Orb. 
4073.     —  peregrinosum,  d^ Orb. 
44  84.    Trigonia  candata^  Âg.  —  d'Orb. 
i490.     —  ru€Us,  Parkins.— d'Orb. 

4202.  /irca  consobrina^  d'Orb. 

4203.  —  Cornueliana^  d'Orb. 

CaUSTACÉS. 

1494.  Cypris  granulosa^  Sow. 


IfOTS   DB    M.    CORNUBL.  Q83 

Ainsiy  d'après  les  faits  stratigraphiques  et  biologiques,  le 
pays  de  Bray  a  subi  une  première  oscillation  descendante,  parta- 
gée par  des  oscillations  ou  balancements  secondaires,  en  même 
temps  que  le  reste  du  golfe  français,  mais  à  un  degré  moindre,  à 
cause  de  sa  profondeur  moins  grande  et  de  sa  proximité  de  Taxe 
des  mouvements. 

B.  Sous-étage  néocomien  supérieur. 

Première  assise,  — Au-dessus  de  la  couche  principale  du  fer 
limoneux,  et  pour  correspondre  à  la  première  assise  du  sous-étage 
néocomien  supérieur  de  Test  et  probablement  aussi  à  notre 
marne  argileuse  jaune  n»  6,  le  Bray  présente  dans  l'ordre  chro- 
nologique : 

1°  Un  sédiment  variable  qui  consiste  en  une  argile  jaundtre 
marbrée  de  vert,  près  de  Saint-Germain-la-Polerie,  en  de  Tar- 
gile  contenant  des  frajjments  de  grès  ferrugineux,  ou  de  sable 
ocracé,  ou  en  un  sable  à  fougères,  à  Saint-Paul,  et  en  feuillets  de 
grès  ferrugineux  recouvrant  du  sable  blanchâtre,  varié  de  gris  et 
de  jaune  ocracé,  à  la  Chapelle-aux-Pols  (G.,  p.  56,  61  64 
et  69) . 

2  •  L'argile  grise  ou  grisâtre,  nommée  dans  le  pays  blancy  glaise 
blanche^  terre  à  plo  m  mure  ou  àplombure^  et  terre  à  creusets  (Ibid. 
p.  59,  63,  64.  68.  75  et  76). 

3°  L'argile  bleue  ou  gris  bleuâtre,  d\ie  glaise  bleue,  terre  à  pots ^ 
qui  est  toujours  au-dessus  de  la  précédente,  dans  les  localités  où 
elles  existent  toutes  deux  [Ibid.,  p.  64,  68,  75  et  76). 

Dans  notre  dernière  notice,  nous  avons  attribue  à  l'exhausse- 
ment de  toute  la  région  française  et  à  l'abaissement  du  sol  auijlais 
le  transport  de  la  presque  totalité  de  la  faune  marine  dans  l'assise 
à  Perna  Mulleti  de  l'ileile  Wight,  ainsi  que  son  amoindrissement 
dans  la  couche  6  et  sa  disparition  presque  totale  dans  l'argile 
ostréenne  inférieure  de  l'est,  et  à  une  oscillation  inverse  moins  forte 
son  partage  entre  l'argile  dite  Atherfield-clay  et  notre  argile 
ostréenne  supérieure,  dans  laquelle  elle  est  partiellement  revenue. 
Dans  le  Bray,  elle  a  subi  les  mêmes  changements  que  dans  l'est  et 
le  sud-est.  Seulement,  comme  elle  y  a  toujours  été  moins  étendue 
elle  s'y  est  effacée  davantage  dans  les  moments  de  migration,  et 
elle  y  est  revenue  moins  ample  aux  époques  de  retour  et  de  par- 
tage, ses  variations  se  trouvant  en  cela  proportionnées  à  son  im- 
portance totale  dans  chaque  contrée.  C'est  ainsi  qu'on  ne  la  cite 
pas  dans  l'argile  grise  du  pays  de  Bray  et  dans  le  sédiment  variable 


08&  6ÉAMCB    DU    19    MAI    1862. 

qui  Ty  procède  immédiatement,  et  qu'elle  reparaît  amoindrie 
dans  l'argile  bleue  ou  terre  à  pots j(\\MLnd  celle  de  l'est  rerient 
amoindrie  dans  l'argile  ostrëeime  supérieure. 

Dans  l'argile  bleue  du  Bray  die  n*a  laissé,  en  effet,  qae  des  em- 
preintes plus  rares  ou  plus  difficiles  à  distinguer,  de  soite  que 
M.  Graves  n'a  pu  y  reconnaître  que  les  espèces  snÎTantet  men- 
tionnées dans  sa  liste  générale  : 

N<>*    961.  Corbula  elegansy  Sow.-d'Orb.  (C.  etegantula^  d'Orb.. 

Prod.) 
4040.    Fenus  Chttaldina^  à'Oth, 
4  073.   Cardium  percgrinosum^  d'Orb., 

4247.  Nucula  ohtusa,  Fitt.-d'Orb.  (iV. /^////itfffl,  Desh.-d'Orb., 

Prod.^  et  xubohtusa^  d'Orb,,  Prod, y 
4260.     —  Scapha,  d'Orb.  [Leda  scapha,  id.). 

plus  le  véf[étal  u*  1886,  nommé  Lonchopteris  ManieUi^  Broiig.* 
Mantell,  et  des  empreintes  de  fucoides. 

Les  débris  organisés  paraissent  former,  dans  l'argile  bleue,  des 
lits  parallèles  aux  joints  de  stratification.  L'argile  bleue,  corn- 
pncte,  des  friches  de  Saint-Germain-la-Poterie  est  couverte  d'em- 
preintes de  coquilles,  et  dans  celles  des  coteaux  de  Lhéraule  et  de 
(irène,  c'est  èi  la  partie  supérieure,  qui  est  une  vraie  marne  argi- 
leuse, que  sont  les  empreintes  des  coquilles  avec  d'autres  defacoides 
et  de  fou^jèrcs  (G.,  p.  67,  71,  75, 82  et  83).  Une  disposition  ana- 
lo(>ue  se  r:ût  remarquer  dans  notre  ai gile  ostréenne  supérieure,  où 
les  fossiles  sont  plus  en  lits  que  dans  les  autres  couches. 

UOstrea  Lrymerii\  Desh.,  et  VOstrea  Boussingaultif^  d'Orb,,  si 
communes  dans  l'est,  ne  sont  pas  mentionnées  dans  les  espèces 
déterminées  du  Bray.  Si  elles  y  manquent  réellement,  cela  peut 
provenir,  soit  de  ce  que  la  couche  est  moins  développée  dans  le 
J3ray  que  dans  Test  du  bassin,  où  les  litsà  ostracées  sont  précédés  de 
lits  et  d'alternats  à  Cardium j  bénits  et  Nur.ula^  et  suivis  d'un  ou 
plusieurs  alternats  à  Corhnin,  Cnrdiam^  Corbis^  etc.,  soit  de  ce  qae 
les  Osticdy  ayant  liesoin  d'un  support  solide  pour  se  fixer  et  ne  pou- 
vant se  mouvoir,  ne  s'accommodent  pas  de  toutes  les  stations  des 
espèces  libres.  Cette  circonstance  ne  peut  pas  empêcher,  selon 
nous,  de  regarder  l'argile  bleue  du  Bray  comme  synchronique  de 
l'argile  ostréenne  supérieure,  dans  laquelle  des  Corbula^  des  Fenus, 
des  Cardium  et  la  Nucula  o^///.vri  sont  communs,  et  dans  laquelle 
soniSii\ssi\e  Cardium prregri/wsurn^  la  Nucula  [Ledà)  scap/iaetdes 
fucoldes,  le  tout,  soit  dans  cette  argile  même,  soit  dans  ses  alter- 
nats. 


NOTE    DE    M.    CORNUEL.  985 

En  retrouvant  des  espèces  du  fer  limoneux  dans  Targile  bteuCi 
M.  Graves  a  été  porté  à  croire  que  ces  deux  couches  étaient  équlr 
valcntes  plutôt  que  superposées  (G.,  p.  75).  Cette  conjecture  n'est 
pas  admissible,  d'abord  parce  que  le  fer  limoneux  précède  en 
réalité  les  argiles  du  sous-étage  néocomien  supérieur,  et  ensuite 
parce  que  la  comparaison  des  deux  bords  du  bassin  a  fait  voir 
que  beaucoup  d'espèces  passent  non-seulement  d'une  couche  dans 
une  autre,  mais  encore  d'un  étage  dans  l'étage  suivant.  Mous 
relèverons  plus  loin  d'autres  appréciations  inexactes  qui,  avec 
celle  qui  vient  d'être  signalée,  ont  empêché  de  donner  à  la  clas- 
siûcation  des  couches  du  pays  de  Bray  toute  la  précision  désirable. 

Deuxième  assise,  —  Dans  le  Bray,  V argile  rouge  ou  marbrée 
occupe,  au-dessus  de  l'argile  bleue  ou  gris  bleuâtre  à  poterie,  la 
position  que  Yargilc  rose  marbrée  a  prise  dans  l'est  et  le  sud-est, 
au-dessus  de  l'argile  ostréenne.  Il  y  a  dans  toutes  deux  la  iiicinc 
absence  de  fossiles  marins  et  les  mêmes  variations  de  couleur  ;  de 
sorte  que  la  description  de  l'une  s'applique  parfaitement  à  l'autre. 

L'argile  rose  marbrée  de  l'est  est  placée  entre  les  sables  et  grès 
n'*  8  et  10  de  notre  coupe  de  la  Haute-Marne,  et  de  plus  l'inter- 
position d'une  partie  de  ces  sables  dans  cette  argile  a  été  reconnue 
dans  le  département  de  l'Aube  (1).  De  même  l'argile  rouge  ou 
marbrée  du  Bray  est  séparée  de  l'argile  bleue  à  poterie  par  du  grès 
ferrugineux  et  par  des  sables  versicolores  (ferrugineux^  ocracé, 
jaune,  jaunâtre,  grisâtre,  gris  rubané);  elle  est  même  entrecou- 
pée par  ces  sables,  et  elle  est  aussi  recouverte  par  du  sable  et  du 
grès  ferrugineux,  M.  Graves  le  constate  dans  un  résumé,  en  par- 
lant des  grès  et  sables  ferrugineux  (G.,  p.  78), après  avoir  exposé 
ses  observations  de  détails  faites  à  Saint-Germain -la-Poterie,  dans 
le  bois  de  l'Italienne,  à  la  montée  de  la  route  de  Gournay  à  Beau- 
vais,  an  Courtil-Leuillier,  à  la  carrière  grise  de  Saint-Paul,  à  la 
Ghapelle-aux-Pots,  en  descendant  à  la  Boissière,  aux  ateliers 
d'extraction  de  la  tuilerie  voisine  du  taillis  de  Saint-Germer,  aux 
coteaux  de  Lhéraule  et  de  Crène,  et  à  la  lisière  du  bois  de  Qau- 
mont  (G.,  p.  57,  60-61,  62,  64.  66,  66-67  et  68). 

Le  fer  oolithiqiie  n°  11  de  Test,  qui  repose  immédiatement  sur 
l'argile  rose  marbrée  n°  9,  partout  où  notre  couche  10  manque,  a 
lui-même  un  représentant  dans  le  Bray  :  c'est  le  minerai  de  jer  gra- 
nuleux, dont  les  grains  ont  la  finesse  de  la  poudre  à  feu  ordinaire 
(G.,  p.  81).  Si  les  indications  données  au  sujet  deqtlui  de  Hainvil- 
liers,  qui  contient  des  fragments  de  grès  ferrugineux,  sont  peu  pré- 

(4)  Voy.  Mémoires  de  la  Soc.  géoL,  4"  sér.,  IV,  p.  S40  à24S, 
330  et  334 ,  et  Buvignier,  Statist.  de  la  Meuse^  p.  484 ,  i^%  et  487. 


i 


086  sftANCK  DU  19  uAi  1802. 

cUes  (G. ,  p.  60),  il  en  est  autremeul  de  celui  de  Laboissière  et  de 
Saint-Germain-la-Potciie.  Le  fer  (granuleux  qui  a  ëlé  observé  en 
descendant  à  Laboissière  est  empâté  dans  une  marne  ferrugineuse 
brune,  dure,  se  divisant  par  feuillets,  et  il  recouvre  uu  lit  d'argile 
rouge  (G.  )  p.  6U).  Celui  de  Saint-Germain  est  en  grains  libres  (ibid,  ), 
ayant  pour  gangue  de  Targile  (G.,  p.  62-63,  74,  81-82).  Il  suc- 
cède à  Targile  rouge  marbrée,  et,  si  cet  ordre  de  succession  n*e8t 
pas  suffisamment  précisé  dans  la  coupe  du  puits  ouvert  en  1826, 
par  ces  mots  un  dèjUit  de  minerai  de  Jeret  d'argile  rou^c  épais  d'en- 
vironi  mètres  (G.,  p.  56  57),  il  l'est  plus  loin.  En  effet,  IVl.  Graves 
dit,  dans  une  observation  générale,  que  le  minerai  de  fer  en  grains 
de  Saint-Germain  constitue,  au-dessus  de  Vargitc  rouge^  la  première 
couche  du  système  argilo- ferrugineux  (G.,  p.  74). 

Par  suite  de  la  ressemblance  minéralogique  et  de  l'identité 
d'usage  dans  les  arts,  M.  Graves  a  rapporté  àJ'argile  bleue  ou 
gris  bleuâtre  à  poterie  du  sous-étage  néocomien  supérieur  celle 
qui  est  mélangée  avec  le  fer  en  grains  de  Saint-Germain,  et  qui 
forme  aussi  une  couche  régulière  au-dessous  de  ce  fer,  ce  qu'il 
n'a  pu  expliquer  qu'en  disant  que  dans  les  friches  de  Saint-Ger- 
main elle  fait  exception  à  sa  position  normale  (G.,  p.  62-63,  74, 
81).  Mais,  de  deux  choses  l'une  :  ou  l'argile  rouge  marbrée  man- 
que, comme  dans  la  coupe  du  puits  ouvert  en  1835  auprès  de 
Saint-Germain,  et  alors  les  argiles  jaunes  et  les  argiles  gris 
bleuâtre  qui  gisent  sous  le  fer  granuleux  de  ce  puits  (G.,  p.  56) 
sont  une  dépendance  de  Taigile  bleue  ou  gris  bleuâtre  à  poterie, 
et  se  trouvent  dans  leur  position  normale;  ou  bien  l'argile  rouge 
marbrée  existe  sous  les  argiles  qui  se  mêlent  avec  le  fer,  et,  dans 
ce  cas,  ces  dernières  sont  les  analogues  de  celle  qui  forme  la  gangue 
du  fer  oolithique  de  Test  et  des  marnes  à  grains  de  fer  oolithique  du 
département  de  la  Meuse  (Buii,,  2"*  série,  XVII,  p.  748),  et  elles 
constituent  un  dépôt  différent  des  argiles  à  poterie  proprement  dites 
et  plus  récent  que  celles-ci.  On  sait  d'ailleurs  que  le  fer  oolithique 
de  l'est  repose  immédiatement  sous  une  argile  (l'argile  à  Plica- 
tules)  partout  où  la  couche  rouge  fait  défaut  ou  ne  recouvre  pas 
elle-même  un  lit  d'argile. 

Quant  au  fer  granuleux  de  Saint-6ermain-la-Poterie,  les  rognons 
de  fer  cloisonné  qu'il  contient  ne  suffisent  pas  pour  le  faire  rap- 
porter, comme  l'a  fait  le  géologue  de  Beauvais  (p.  81-82),  au 
dépôt  plus  récent  qu'il  a  nommé  Jer  cloisonné.  (]e  serait  conmie 
si  le  fer  géodique  n^  2  de  la  Haute-Marne  était  mis  au  niveau  de 
notre  couche  n*^  11,  parce  qu'il  y  a  des  localités  où  il  est  ooli- 
thique. 

Si  M.  Graves  avait  eu  pour  éléments  de  comparaison  les  listes 


ttOlB    Dl    M.    CORntlKL.  087 

de  fossiles  et  U  coupe  géologique  de  l'angle  oriental  du  basùn,  il 
aurait  assurément  ^TÎté  lui-même  les  confluions  que  nous  veuoiia 
tie  signaler  et  que  l'absence  de  la  faune  rendait  possibles. 

Les  trois  dépAls  d'argile  du  sous-étage  néoconiieu  supérieur  dil 
Braysoni  en  eoucbes  interrompues, on  lenticulaires, ou, eu  d'aulrea 
tenues,  en  amas  discontinus,  ovec  cette  différence  toutefois,  que  loi 
amas  de  l'argile  rouge  ou  marbrée  sont  moins  conilnus  que  ceux 
des  argiles  à  poterie,  quoique  d'une  puissance  souvent  bien  supé- 
rieure {Cl. ,  p.  7û  et  76).  En  oulre,  il  est  probable  que  le  fer  grauu- 
leux  qui  repose  sur  l'argile  rouge  est  encore  moins  continu  quo 
celle-ci,  puisque  ses  gisements  connus  sont  bien  moins  nombreux 
que  ceux  de  cette  dernière  argile.  Il  semble  que  les  lieux  tran- 
quilles, qui  ont  rtçu  les  sédiments  Bus  et  ensuite  le  dépôt  cbî- 
mique  dn  fer  en  grains,  se  soient  restreints  en  étendue  à  tiiesure 
que  le  relèvement  du  sol  les  rapprochait  de  la  surface  de  la  mer 
où  les  causes  d'agitation  sont  plus  grandes  ou  plus  nombreuses. 

Rapports   saologii/aes  de  l'eittemble de  l'étage  néocnmien. 
Pour  achever  la  comparaison,  voici  dans  quelles  proportions  les 
mollusques  marins  de  tout  l'étage  nëocomien  dn  pays  de  Bray  te 
retrouvent  dans  Us  étages  des  deux  bords  du  bassin  entier  : 


"°d'..°B,.7°""" 

*"'d'.'«!'ct™"'' 

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ÉT»GE 
NÉOCOMIEn 

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390.  1038,  tOlO,  106),  tlM,  ISOl. 

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TBl.i  «/n^ril  <).•  <ii>tc»  4u  S..;  . 

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1 

(1)  Aie.  d'Orbigoy  dit  celle  espèce  tris  commune  dans  l'étage 
apiien  de  l'Ile  de  Wight;  mais  H.  Fittos  ne  1';  indique  pas  daiu  H 
publlettion  de  4Bi7. 


088  SÉANCE    DU    19    MAI    1862. 

On  rencontre  ici  ce  qui  s*cst  déjà  produit  dans  la  coni|HU*aisoii 
àm  bords  français  et  anglais  du  bassin,  comparaison  qui  a  prouvé 
que  chaque  étage  a  des  espèces  qui  se  trouvent  dans  Tautre  étage 
de  sa  région  et  dans  les  deux  étages  de  la  région  opposée.  Mais 
voici  ce  que  les  fossiles  de  l'étage  uéocomien  du  firay  présentent 
d'intéressant.  D*abord,  ses  19  espèces  déterminées  existent  toutes 
dans  l'ensemble  des  deux  étages  de  Test,  tandis  que  10  seulement 
sont  citées  dans  l'ensemble  des  deux  étages  de  File  de  Wigtit. 
Donc  les  rapports  paléontologiques  de  cette  partie  du  Bray  avec 
tout  le  groupe  français  sont  presque  le  double  de  ceux  qu'elle  a 
avec  tout  le  groupe  anglais.  Ensuite,   en  considérant  les  étagcf 
sépaiément,  sur  le  total  des  19  espèces,  5  sont  de  tous  les  étages 
des  deux  régions.  Des  16  autres,  12  sont  dans  l'étage  néocomien 
de  Test  et  6  dans  l'étage  aptien  de  Test,  tandis  que  5  seulement 
sont  dans  l'étage  néocomien  deTîle  de  Wigbt,  ctqu'il  n'y  cna  aucune 
dans  Tétage  aptien  de  la  même  île.  En  ne  séparant  ]>as  les  espèces 
communes,  l'étage  du  Bray  dont  il  s'<igitales  fj  de  toutes  ses  espèces 
déterminées  dans  l'étage  néocomien  de  l'est,  tandis  qu'il  n'en  a 
que  les  f|  dans  Tétage  néocomien  de  Tile  de  Wight;  et»  si  les  f^ 
se  continuent  dans  l'étage  aptien  de  Test,  Il  ne  s'en  reproduit 
que  ^  dans  l'étage  aptien  de  Tile  de  Wight.  Donc  la  paitie  du 
Bray  qui  vient  d'être  mise  en  comparaison  avec  les  autres  râlons 
du  bassin  se  rapporte  à  Tctage  néocomien  beaucoup  plui  i(|u'à 
Tétage  aptien,  et  à  TétogiB  néocomien  de  la  région  française  bien 
plus  qu'à  celui  de  la  rë(;ion  anglaise,  malgré  sa  posilion  géogra- 
phique à  peu  près  intermédiaire. 

De  plus,  le  principal  et  le  plus  constant  des  niyjeapK,fo^ilifèrc8 
du  Bray^  celui  dont  la  liste  comprend  les  }-|  du  total  dis  espèces 
relevées  numériquement  dans  le  tableau  précédent,  est  dans  la 
dernière  et  la  plus  importante  des  couches  de  la  marne  ferr|igi- 
neuse,  dite  fer  limoneux,  comme  le  niveau  fossilifère  le  plu#  cofl- 
sidérable  de  la  zone  de  l'est  est  dans  le  calcaire  à  Spatangues  et  la 
marne  calcaire  bleue  ;  et  tous  deux  se  correspondent  exactement 
dans  la  série  chronologique.  Enfin,  chacun  des  autres  horizons 
fossilifères  marins  de  l'étage  néocomien  du  Bray  trouve  son  corré- 
latif dans  l'étage  néocomien  de  l'est,  à  des  hauteurs  correspon- 
dantes. Les  faits  zoologiques  sont  d'accord  avec  les  données 
orographiques  et  stratigraphiques,  et  la  place  de  ce  qui  précède 
fixe  elle-même  celle  de  ce  qui  suit. 

2®  Étage  aptien, 

La  coudie  rouge  n®  12  de  Test,  qui  a  peu  de  buissance,  et  qui 
manque  souvent  ou  se  réduit  à  de  simples  nodules  fossilifères, 


NOTB    DE    M.   CORRUBL.  980 

tantôt  repose  dircctenient  sur  le  fer  oolitbiquc  n°  1)^  et  tautât  fii 
est  séparëe  par  un  lit  d'argile  d'épaisseur  variable,  ipais  t^  dépat* 
santpas  0".70  {Bull,,  2«  sér.,  t.  XYII,  750).  Nous  Vavao»  mise 
au  niveau  de  la  couche  brown  and  yellow  sand  de  Tassis^  lY  de 
nie  de  Wight  {ibid,t  p*  765  et  782),  qui,  outre  œ  que  nous  en 
avons  dit,  contient  des  concrétions  fossiliftres  à  sa  base  (Fitt.  iSUl, 
p.  302}.  Au-dessus  de  la  couche  rouge  est  Fai'gile  à  Plicatules 
inférieure,  qui  a  peu  d'épaisseur,  et  qui  se  termine  par  un  ou 
deux  lits  de  fossiles  marins  dont  l'espèce  dominante  est  VExogyra 
sinuata.  I.eym.  {Gryphœa  sinuata^  Sow«,  Ostrea  aquila^  d'Orb.)  (1). 
A  la  descente  de  Montiéramey  au  rupt  des  Plantins,  vers  Saint- 
Martin  (Aube),  cette  argile  fossilifère  contient  çà  et  là  quelquels 
lits  de  grès  friable  {Mém.  !'•  sér.,  t.  IV.  p.  316). 

Dans  le  Bray  on  a  remarqué  près  de  Yesseficourt  un  dépôt 
d'argile  compacte,  bleue  ou  grise,  renfermant  des  nids  de  calcaire 
blanc  et  des  lits  de  sable  ferrugineux,  au  milieu  desquels  se  U*ou- 
vent  des  noyaux  de  fer  carbonate  litlioade,  avec  une  enveloppe  ou 
écorce  de  fer  hydraté.  Au-dessus  est  un  lit  de  marne  argileuse 
d'un  gris  brunâtre ,  contenant  des  fossiles  parmi  lesquels,  dit 
Graves,  on  doit  distinguer  les  suivants  (G.^  p.  59),  qui  figurent 
aussi  dans  sa  liste  générale  : 

N**  h  034.   Fcntis  vassiacensisy  d'Orb, 
4201.  j4rca  Carieront,  d'Orh, 

4433.  Gryphœa  sinuata^  Sow.  (Exogyra  sinuata^  Leym.  — 
Ostrea  aqnila^  d'Orb.) 

La  Qouche  qui  contient  ces  espèces  est  désignée  dans  In  liste 
générale|[  sous  la  dénomination  d'argile  grise  néot^wnicMfic  stipr- 
rieiirc;  mais  elle  est  distincte  de  toutes  les  argiles  que  nous  avohs 
rappoiiées  i  l'étage  néocomien  (G.,  p.  68),  et  elle  est  assez  con- 
stante pour  ne  pas  être  considérée  comme  un  fait  acddeiitel,  étant 
de  plus  caractérisée  par  ses  fossiles  (G.,  p.  78). 

Ainâ  la  couche  rouge  n^  i2  de  Fest  ne  s'est  pas  montrée  ûam 
le  pays  de  Bray.  Hona  en  cbercberona  le  motif  ci  ^après.  Peut- être 
les  noyaux  de  fer  carbonate  litbdide  mentionnés  ci-dessus  la 
représèntent-ils  dans  son  état  rudimentaire,  c'e8t-à<lire  rétiulto 
aux  nodules  et  aux  rognons  qui  en  dépendent  dans  l'est,  et  qui 


tmmmmmam^UÊm^i 


(I)  C'est  par  erreur  que  M.  Meugy  a  cité  cette  espèce  sous  le  nom 
d' Ostrea  Couloni  dans  Targile  à  Plicatules  infériruro  de  Test;  cette 
argile  n'est  bigarrée  de  gris  et  de  jaun&tre  que  dans  les  portions  en 
contact  avoc  le  dituvium  (voir  BulL^  2*  sér.,  XIII,  p.  880). 


090  SfiANCB    DU    19   MAI    1862. 

ont  été  cités  dans  rAubc  et  la  IVIeusc  et  inéine  dans  la  Haute- 
Marne  (1).  Mais  il  n'est  i>as  nécessaire  d'insister  sur  op.  point,  car 
il  est  évident  que  l'argile  de  Vessencourt  et  fa  marne  argileuse  à 
Grfphœa  [Exog}'ra)sinn£t ta  qui  la  recouvre  sont  lossynchroniques 
de  notre  argile  à  Plicatulcs  inférieure  et  de  ce  qui  y  correspond 
dans  l'île  de  Wijjht.  Si  \tk  Te/ws  vassiacetish  et  YArca  Carteroni 
sont  tout  à  la  fois  dans  Tétage  néocomicn  et  dans  la  partie  infé- 
rieure de  l'étage  aptien  de  l'est,  VExogyra  sinuatn  doit  suffire  pour 
lever  tous  les  doutes,  en  raison  surtout  du  niveau  qu'elle  prend 
dans  la  série  du  groupe. 

L'argile  jaunâtre  observée  en  descendant  à  Laboissière,  et  qui 
recouvre  le  fer  granuleux  superposé  à  Targile  rouge  (6.,  p.  6ft}, 
l'argile  d'un  blanc  grisâtre  du  tertre  des  Mootoiles  et  l'argile 
grise  de  la  sablonnière  de  Saint-Paul,  qui  reposent  sur  l*argîle 
rouge  (G.,  p.  59  et  78)  sont  des  dépendances  de  l'argile  à  Plîca- 
tules  inférieure  ou  moyenne. 

Au-dessus  des  niveaux  qui  viennent  d'être  passés  en  revue  il  j  a 
des  alternances  de  grès  et  sable  plus  ou  moins  ferrugineux  et 
d'argile.  Ainsi  l'argile  du  tertre  des  Montoiles,  que  nous  venons  de 
ritcr,  supporte  nn  banc  de  grès  ferrugineux  de  2  mètres  de  puis- 
sance (G.,  p.  59  et  80).  \a^  gros  massif  de  grès  ferrugineux  de  la 
cirrière  du  revers  sud  du  mont  Pénard  vers  la  Fresnoye,  qui  est 
supérieur  à  la  terre  à  plommurc  (G.,  p.  58-59,  75,  70--é0),  a 
nu-de>8us  de  lui  une  argile  gris  bleuâtre  dite  terre  à  gr^is^  et  une 
argile  gris  pâle  et  savonneuse  qui  servent  à  la  conCection  des 
poteries  (G. ,  p.  58),  cl  qui  nous  paraissent  être  un  alternat  rap- 
portable  à  l'argile  à  Plicatulfs  plutôt  qu'aux  argiles  à  poterîe  du 
sous-étage  néocomieu  supérieur.  Son  usage  a  pu  induire  Graves 
en  erreur,  mais  la  coupe  des  puits  d'extraction  ouverts  sur  le 
sommet  de  la  colline  vient  à  l'appui  de  notre  manière  de  voir 
(G.,  p.  58).  Cette  coupe  est  analogue  à  celle  de  la  tranchée  des 
tertres  traversés  par  la  route  de  Beau  vais  à  Rouen,  entre  Ons-en- 
Bray  et  Saint-Gcrmer.  £n  suivant  l'ordre  chronologique  ou  de 
bas  en  haut,  on  voit  dans  celle-ci  des  argiles  alterner  avec  le  sable 
et  le  grès.  Ces  argiles  y  sont  en  amas  dans  la  partie  inférieure. 
Au-dessus  elles  ne  forment  plus  que  des  litsminces-et  irréguliers, 
puis  elles  disparaissent,  ainsi  que  le  grès,  dans  le  haut  où  il  n*y  a 
plus  qu'un  sable  quartzeux^  qtu  exi  assez  pur  et  faune  verdétre  dans 
sa  partie  supérieure  (G. ,  p.  78).  Outre  ce  dernier  sable,  il  y  a  un 


\ 


(1)  A/r///.,  r«  sér.,  IV,  p.  236-237 et  332;  BuvigDÎer,  Statistique 
géoL  de  la  Meuse,  p.  487. 


KOTB   DE   M.   COBIfUSL.  001 

sable  ver, Mire  f^ross/er  qui  est  plus  récent  que  lui,  puisqu'il  est 
iminédiatetncnt  au-dessous  de  ce  que  Graves  noninie  la  craie 
inférieure,  et  qu'il  fonne  le  comuiencement  de  son  système  nrgilo- 
ferrugineux  dans  Tordre  de  haut  en  bas,  et,  pal*  conséqtient,  sa 
fin  suivant  Tordre  chronologique  (G.,  p.  81). 

Les  argiles  dont  nous  venons  déparier,  et  qui  alternent  avec  le 
grès  et  le  sable  du  bas  et  du  milieu  de  cet  étage  correspondent 
évidemment  à  notre  argile  à  Plicatules  moyenne  et  supérieure. 
Elles  ont  une  disposition  analogue  à  celle  que  Ton  remarque  dans 
les  arrondissements  de  Verdun  et  de  IMoutmédy  (IVÎeuse),  à  celle 
des  argiles  sans  fossiles  qui  finissent  par  alterner  avec  les  grès  et 
sables  dans  le  lit  de  la  rivière  de  Marne,  entre  Saint-Dizier  et  les 
côtes  noires  de  (VIoëlains  (Haute-Marne),  et  même  à  celle  observée 
par  M.  Leymerie  à  Krvy  et  A  VIontiérnmey  (Aube)  [I\Icm.i  1"  sér. 
t.  IV.  p.  317)/ 

Quant  au  sable  jaune  verdâtrc  et  an  sable  verdâtre  grossier  qui 
terminent  ces  alternaiices,  et  auxquels  le  gault  succède  dans  leBray, 
ils  sont  les  équivalents  de  nos  sables  n""  \k  et  15,  que  le  gault  I 

recouvre  pareillement  dans  Vest.  ] 

Ënfm,  Graves  cite  un  minerai  de  fer  cloisonné  en  petits  lits  1 

irréguliers  dans  le  sable  verdâtre  grossier  (G.,  p.  81),  et  en  lits  j 

continus  et  irréguliers  dans  le  sable  et  le  grès  qui  appartiennent  au  ' 

sommet  de  la  série,  dans  la  sablonnièrc  de  Saint-Germer,  touchant 
presque  à  la  craie  verte  (G.,  p.  82).  Ce  minerai  correspond  évi- 
demment à  celui  des  sables  verts  de  l'arrondissement  de  Vouziers 
(Ardennes) . 

Ainsi,  l'étage  aptien,  considéré  dans  son  ensemble,  et  les  sables 
qui  le  séparent  du  gault  sont  recounaissables  dans  le  pays  de  Bray 
comme  dans  Test  du  bassin. 

rV.   Ressemblances  et  dljférences  produites  par  les  mouvements 

du    sol. 


Le  paragraphe  1 1  ne  concerne  que  les  différences  minéralogiques  i 
et  stratigraphiques  résultant  de  la  disposition  du  bassin  et  de  la 

forme  de  son  fond.  Il  reste  à  vérifier  le  degré  de  similitude  que  \ 

les  balancements  du  sol  ont  imprimé  aux  sédiments.  1 

Le  pays  de  Bray,  bien  plus  rapproché  de  Taxe  d'oscillation  que  \ 

la  zone  de  Test,  s'abaissait  moins  pendant  les  périodes  d'abaissé-  | 

ment  et  se  relevait  moins  durant  celles  d'exhaussement.  C'était  ' 

la  conséquence  de  ce  que  les  arcs  d'oscillation  de  deux  points  qui  \ 
sont  à  des  distances  inégales  de  Taxe  commun  de  leurs  mouv^tneots 


902  sÊANfR  DU   10  siÀi  1862. 

sont  proportionnels  à  ces  distances.  Cependant  il  y  a  eu  deux  cir- 
constances dont  les  effets  se  sont  combines  plus  ou  moins  a^ec 
Teffet  principal  :  la  première  est  que,  tant  que  Taxe  conaer?Mt 
le  même  niveau,  le  Bray  était  un  peu  plus  élevé  qu*il  ne  l'aurait 
été  sans  le  bombement  dont  il  faisait  partie;  la  seconde  est  que 
cet  axe  n'a  pas  toujours  eu  un  niveau  et  une  direction  inva- 
riables (1),  mais  qu'il  a  été  seulement  le  moins  mobile  de  tous  lea 
diamètres  du  bassin  anglo-français.  Tout  considéré,  voici  ce  qui 
est  à  remarquer. 

Jbans  la  première  assise  du  sous-étage  néocomien  inférieur,  le 
Bray  et  Test,  qui  avaient  des  niveaux  peu  différents,  ont  eu  de 
grands  rapports  de  composition.  Cependant,  comme  le  Bray 
s'abaissait  moins,  les  mouvements  secondaires  y  produisaient  des 
alternances  de  dépôts  marins  et  de  dépôts  fluvio-marins,  tandis 
que  CCS  mouvements  ne  se  manifestaient  guère,  dans  l'est,  que  par 
des  variations  dans  l'étendue  des  coucbes  et  par  des  différencea 
dans  la  quantité  des  espèces  marines  et  des  débris  de  v^élaux 
terrestres  charriés  par  les  affluents. 

Pendant  la  seconde  assise  du  même  sous-étage,  l'est  s'étani  bien 
plus  abaissé  que  le  Bray,  la  composition  est  devenue  différente 
dans  ces  deux  contrées.  Dans  la  dernière,  elle  est  restée  ce  qu'elle 
était  dans  ses  alternats  marins,  c'est-à-dire  que  la  marne  dite  fer 
limoneux  s'y  est  continuée,  mais  en  y  prenant  plus  de  constance 
et  de  développement  qu'aupai-avant  Dans  la  première,  où  presque 
tout  se  portait,  elle  a  changé  par  Tadvention  de  la  marne  calcaire 
bleue  et  du  calcaire  à  Spatangues.  Il  n*a  pas  été  constaté  s'il  y  avait 
eu  quelque  augmentation  numérique  dans  les  esp«Vces  de  la  ooncbe 
ou  Bray  que  nous  rapportons  à  la  seconde  assise;  mais  c'est  bien 
la  même  faune  marine  qui  existe  de  part  et  d'autre;  seulement 
elle  est  bien  moindre  dans  le  Bray,  où  Tensemble  des  mollusques 
déterminés  ne  consiste  qu'en  un  seul  gastéropode  et  quatorze  acé- 
phales, sans  céphalopodes  ni  échinodermes,  et  avec  mélange  de 
beaucoup  de  Cypris granuhsa  (G.,  p.  73). 

Au  début  de  la  première  assise  du  sous-étagc  néocomien  suf  é- 
rieur,  tandis  que  la  faune  marine,  s'appaurrissant  dans  l'est  et 
disparaissant  du  Bray  par  l'eiïet  de  leur  relèvement  commun,  se 
portait  dans  l'assise  à  Pernn  Muiieiide  Tile  deWight,  par  l'abaisse- 
ment du  sol  anglais,  le  bombement  central  ne  reçut  d'abord  que 
du  sable  et  de  l'argile  à  fragments  de  grès.  Survint  ensuite  la  prc- 
mière  période  d'équilibre  ou  de  nivellement  presque  égal  des  deux 

(4)  Nous  avons  parlé  ailleurs  de  ses  écarts  de  direction. 


NOtÉ   t>K   IC.    CORNUfiL.  903 

(♦outrées  françaises  et  de  l'île  cîc  Wjgbt.  Alors  l'argile  se  produisit 
siinultanément  dans  toutes  trois,  et.  la  faune  marine  se  partagea 
entre  Targile  ostréenoe  de  Test,  Targile  bleue  à  poterie  du  Bray 
et  Targile  d'Atberfield,  moins  toutefois  dans  celle  du  Bray  que 
dans  les  autres,  à  cause  de  la  convexité  qui  affectait  le  centre  du 
bassin  total. 

L'effet  de  cette  convexité  fut  plus  que  compensé  lorsque  l'est 
atteignit  le  maximum  de  Texhaussement  du  golfe  français,  ce  qui 
eut  lieu  durant  la  formation  de  la  seconde  assise  du  sous-étage 
néocomien  supérieur.  A  ce  moment,  en  effet,  la  faune  marine 
disparut  entièrement  de  Test,  où  des  espèces  d*eau  douce  la  rem- 
placèrent dans  la  baie  ou  lagune  orientale,  et  elle  ne  parut  que 
momentanément  dans  le  firay,  à  la  base  de  l'argile  rouge,  ainsi 
que  nous  le  dirons  bientôt,  se  réfugiant  dans  Tassise  des  crackers^ 
sur  le  sol  anglais  qui  s'abaissait.  Alors  aussi  les  deux  contrées 
françaises  eurent  un  niveau  à  peu  près  identique,  et  des  sédiments 
semblables  s'y  formèrent  dans  le  même  ordre. 

Au  commencement  de  la  première  assise  de  l'étage  aptien,  le 
Bray  et  l'est  se  sont  abaissés  de  nouveau,  celui-ci  plus  que  celui- 
là,  comme  se  trouvant  à  l'extrémité  du  diamètre  mobile.  La  faune 
marine  revint  dans  la  coucbe  rouge,  mais  elle  ne  reparut  pas  sur 
les  pentes  du  Bray,  parce  que  l'abaissement  de  la  région  française 
était  un  peu  moindre  qu'à  l'époque  du  calcaire  à  Spatangues  et 
que  le  sol  anglais  se  relevait.  Aussi  n'entrevoit-on,  dans  le  Bray, 
qu'un  représentant  minéralogique  douteux  de  la  couche  rouge  à 
l'état  rudimentaire.  Il  en  fut  autrement  à  la  6n  de  cette  même 
assise,  car  ce  fut  l'époque  de  la  seconde  période  d'équilibre  ou  de 
nivellement  presque  égal  des  trois  parties  du  bassin.  Aussi,  la  faune 
marine  se  partagea-t-elle  entre  l'argile  à  Plicatules  inférieure  de 
l'est,  l'assise  IV  [lower  Gryphœa  group)  de  l'île  de  Wight  et  la 
marne  argileuse  à  Gryphœa  {Exogyrà)  sinuata  du  Bray,  restant 
néanmoins  plus  restreinte  dans  cette  dernière  localité  par  la  raison 
que  nous  avons  déjà  donnée  au  sujet  du  partage  précédent. 

La  mênîe  raison  sert  à  faire  comprendre  pourquoi  la  faune 
manque  dans  les  couches  subséquentes  du  pays  de  Bray,  et  pour- 
quoi Ton  n'y  indique  que  du  bois  fossilisé,  d'autant  plus  qu'au- 
d(*ssus  de  l'argile  à  Plicatules  moyenne  de  l'est  et  de  l'assise  XIY 
d'Angleterre,  dans  laquelle  les  espèces  se  sont  en  partie  réfugiées, 
les  mollusques  sont  nuls,  ou  n'ont  que  des  stations  locales,  dans 
les  sédiments  de  l'île  de  Wight  qui  précèdent  le  gault  proprement 
dit.   : 

La  composition  minéralogique  "est  idéntic^ùe  dans  les  deux  con« 
Soc.  génl.^  V  série,  tome  XIX.  63 


99&  SÉANCE    DU    19    MAI    1862. 

trées  françaises,  au  uiveau  de  l'argile  à  Plicatules  inférieure.  Noua 
ayons  fait  voir  l'analogie  qu'elle  a,  de  part  et  d'autre,  aa-dfltsus, 
même  jusqu'au  gault.  Cette  analogie  est  plus  prononcée  entre  les 
deux  parties  françaises  qu'entre  le  Bray  et  la  portion  correspon- 
dante du  lower  green  sand  anglais,  la  succession  des  argiles  dans  ^ 
celle-ci  n'étant  pas  la  même  que  dans  les  deux  parties  du  golfe 
français.  Cependant  il  est  vrai  de  dire  qu'à  partir  de  l'argile  à 
Plicatules  inférieure  le  Bray,  géographiquement  intermédinire 
entre  les  deux  régions  marginales,  a  pris,  dans  une  certaine 
mesure,  une  constitution  pétrographique  intermédiaire,  ce  qui  est 
d'autant  plus  naturel  que  toutes  les  parties  du  bassin  étaient  alors 
marines,  avec  des  niveaux  moins  différents  et  moins  changeants  que 
pendant  la  formation  de  l'étage  néocomien. 

11  faut  un  grand  concours  de  conditions  physiques  pour  que 
l'égalité  de  profondeur  produise  simultanément  la  similitude  des 
dépôts  et  celle  de  la  faune.  Aussi  insistons-nous  sur  toutes  les  corré- 
lations que  nous  venons  de  signaler,  non  pour  établir  une  règle 
générale,  mais  pour  faire  remarquer  que  la  comparaison  des  deux 
bords  du  bassin  géologique,  qu'on  peut  nommer  bassin  de  la 
Manche,  confirme  celle  qui  vient  d'être  faite  avec  le  pays  de  Bray, 
et  que,  réciproquement,  celle-ci  confirme  celle-là. 

U  y  a  une  circonstance  que  nous  ne  devons  pas  omettre. 
Graves  a  écrit  que  la  couche  à  Gryphœa  tinuata  {Exogjrra 
sinuata^  Leym.)  du  pays  de  Bray  existait  tantôt  au-dessus  et  tantôt 
au-dessous  de  l'argile  rouge  ou  marbrée  (G. ,  p.  77).  Nous  ayons 
parlé  de  sa  place  au-dessus.  Quant  à  celle  de  dessous,  si  toute 
l'argile  rouge  n'a  qu'un  seul  niveau,  voici  la  réflexion  qu'elle  nous 
suggère.  Pendant  la  dernière  assise  néocomienue,  l'est  était  trop 
élevé  pour  recevoir  la  faune  marine,  et  l'assise  des  crackers  de 
rtle  de  Wight  n'éuit  pas  dans  des  conditions  favorables  an  dëve* 
loppement  de  certaines  espèces.  C'est  ainsi  que  la  plupart  des  FenuM 
et  VArca  Carieront  n*ont  pas  été  signalées  dans  les  crackers^  et  que 
VExogyra  sinuata  n'y  est  citée  que  dans  la  couche  9  de  cette  assise 


,^Y^a  sinuata  n  y  est  citée  que  dans  la  coucbe  9  de  cette 
c'est-à-dire  vers  son  sommet,  une  grande  diminution  numérique 
d'espèces  s'étant  même  produite  dans  le  milieu  de  cette  qaéme 
assise.  Or,  pendant  que  celles  que  nous  venons  de  désigner  n'étaient 
dans  aucune  des  deux  régions  extrêmes,  il  fallait  bien  qu'elles 
prissent  possession  de  quelques  points  intermédiaires.  Le  Bray 
aurait  été  un  de  ces  points.  Elles  auraient  ainsi  trouvé,  i  proximité 
de  l'axe,  pendant  une  oscillation,  un  nircau  correspondante  oelui 
qu'elles  y  ont  retrouvé  plus  tard,  lors  de  l'état  d'équilibre  qui  les 
a  distribuées  dans  tout  le  bassin. 


NOTR   BB   MM.    SÀBMANN    ET   C.UYBRDST.  09^ 

£d  résumé,  la  position  du  pays  de  Bray  au  S.-E.  de  la  ligne  de 
la  Manche,  l'épaisseur  de  ses  dépôts,  plus  considérable  que  sur  les 
cAtes  françaises  du  détroit,  ses  rapports  minéralogiquesetpaléon* 
tologiques  plus  grands  avec  la  zone  de  Test  qu'avec  l'Angleterrei 
la  marche  de  sa  fauue  en  raison  directe  de  celle  de  la  faune  de 
l'est  et  en  raison  inverse  de  celle  de  Tîle  de  Wight,  tout  concourt 
à  prouver  que  cette  contrée,  malgré  sa  position  géographiquement 
centrale,  n'a  fait  partie  ni  du  lac  wealdien,  ni,  plus  tard,  de  la 
région  marine  anglaise,  et  qu*elle  n'a  pas  cessé  d'appartenir  à  la 
région  française  du  bassin  total. 

Les  dérangements  du  sol  du  Bray,  sa  nature  meuble,  ses  couches 
interrompues  et  le  manque  d'escarpements  naturels  ont  été  de 
grandes  causes  de  difficulté  pour  la  Société  géologique  lors  de  ses 
excursions  de  1831  {Bull.,  1"  sér. ,  t.  Il,  p.  23).  Une  exploration 
de  courte  durée  nous  donnerait  à  nous-mème  des  résultats  moins 
complets  et  plus  contestables  que  ceux  que  Graves  a  consignés 
dans  son  ouvrage,  fruit  de  longues  et  consciencieuses  investigations. 
C'est  ce  qui  nous  a  fait  préférer  son  travail  à  tout  autre  moyen 
d'étude,  jusqu'à  ce  que  les  tranchées  d'une  voie  ferrée  rendent 
plus  facile  l'observation  directe  des  faits  géologiques. 

M.  Guyerdet  présente^  tant  en  son  nom  qu'en  celui  de 
M.  Saemann^  la  note  suivante  : 

Expériences  sur  l^  formation  du  sulfate  de  magnésie  [Epsomite) 
aux  empirons  de  Saint- Jean-de-Maurierme  (Savoie);  par 
MM.  L.  Saemann  et  À.  Guyerdet. 

Les  membres  de  la  Société  géologique,  réunis  en  septembre 
dernier,  en  séance  extraordinaire  à  Saint-Jean-de-Maurienne,  ont 
eu  l'occasion  de  constater  aux  environs  de  cette  petite  ville,  qui 
leur  a  fait  un  si  bon  accueil,  la  présence  du  sulfate  de  magnâie 
en  quantité  assez  notable.^ 

La  source  thermale  d'Ëchaillon  que  la  Société  a  visitée  doit 
probablement,  à  en  juger  par  le  goût,  quoique  nous  n'en  connais- 
sions pas  l'analyse,  sa  saveur  amère  à  ce  sel,  et  pendant  ces  fortes 
chaleurs  de  l'été  le  lit  du  ruisseau  de  Saint- Pancrace  et  les  rivet 
de  l'Arvan  étaient  couvertes  d'efflorescences  blanches  dont  le  goût 
amer  en  révélait  également  la  nature. 

L'abondance  des  dolomies  (cargneules)  et  du  sulfate  de  chaux 
(karsténite  et  gypse)  dans  les  montagnes  environnantes  constituait, 
avec  le  sulfate  de  magnésie^  cette  association  observée  depuis  déjà 


d9Ô  SÉANCE    DU    10   MAI    1862. 

si  longtemps  dans  les  Alpes  et  les  Pyrénées  et  qui  de  tout  temps  a 
suggéré  aux  géologues  la  pensée  qu'une  saine  interprétation  des 
actions  chimiques  entre  les  carbonates  et  les  sulfates  de  chaux  et 
de  magnésie  conduirait  un  jour  à  la  découverte  du  grand  mystère 
de  la  dolomitisation. 

Il  est  cependant  certain  que  jusqu'à  présent  les  plus  habiles 
chimistes  ne  sont  arrivés  qu'à  des  résultats  tout  à  fait  contra- 
dictoires. 

M.  Mitscherlich  parait  être  le  premier  qui  ait  cherché  par  des 
expériences  directes  à  éclaircir  la  question  ;  il  a  établi  qu'une  scia- 
tion  de  gypse  filtrée  à  travers  du  carbonate  de  magnésie  produit 
une  faible  quantité  de  sulfate  de  magnésie  ;  d'où  il  suit  que  le 
sulfate  de  magnésie  ne  saurait  concourir  à  la  formation  de  la 
dolomie. 

Notre  savant  confrère,  M.  T.  .Sterry-Hunt,  qui  a  étudié  avec 
tant  de  soin  et  de  succès  les  roches  du  Canada,  a  publié  en  1857  et 
1858  (4)  une  série  d'expériences  très  instructives.  L'auteur  s'est 
servi  de  dissolutions  des  divers  sels  qui  entrent  dans  la  compo- 
sition des  eaux  minérales  et  de  l'eau  de  mer,  et  il  a  noté  avec  soin 
les  réactions  produites  à  différentes  températures.  Nous  recom- 
mandons ce  grand  travail  à  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  l'étude 
de  la  formation  des  roches  dolomitiques.  Mais  pour  la  question 
qui  nous  occupe  en  ce  moment,  il  suffit  de  dire  que,  d'après 
M.  Sterry-Hunt,  les  solutions  de  sulfate  de  chaux  et  de  bicarbo- 
nate de  magnésie  ne  donnent  pas  lieu  à  la  formation  du  sulfate  de 
magnésie  et  que  l'auteur  est  porté  à  croire  à  une  sédimentation 
directe  de  la  dolomie  de  Teau  de  la  mer.  Nous  ne  pouvons  pas 
passer  sous  silence  un  fait,  constaté  déjà  par  de  Sénarmont  et 
confirmé  plus  tard  par  M.  Sterry-Hunt,  fait  qui  est  de  nature  à 
dérouter  complètement  la  sagacité  des  chimistes,  c'est  l'extrême 
difficulté  de  combiner  chimiquement  et  artificiellement  les  car- 
bonates de  chaux  et  de  magnésie,  quand  dans  la  nature  le  carbo- 
nate de  magnésie  pur  et  cristallisé  est  d'une  extrême  rareté  et  ne 
paraît  se  produire  qu'en  l'absence  totale  de  tout  autre  carbonate 
isomorphe. 

Il  nous  reste  à  mentionner  l'expérience  de  MM.  Haidinger  et 
Morlot  qui  ont  cherché  à  produire  la  décomposition  du  car- 
bonate de  chaux  et  du  sulfate  de  magnésie  à  une  haute  tempéra- 
ture et  sous  une  forte  pression.  L'échange  des  acides  entre  les  deux 


(4)  Voy.  SiWitmti's  journal,  V  sér.,   vol.  XXVII,    p.    470.    On 
some  réactions  of  the  salis  oj  lime  and  magnesia^  etc. 


NOTE    DE    MM.    SÀBMÀNN    ET    GUTERDET.  097 

bases  a  pleinement  et  complètement  réussi,  mais  il  a  été  impos- 
sible de  constater  la  combinaison  chimique  des  deux  carbonates, 
et  de  bonnes  autorités,  MM.  Karsten  et  Bischof  entre  autres,  n*ont 
pas  hésité  à  déclarer  que  Tcxpérience  n'est  pas  concluante,  tant 
que  la  dolomie  même  ne  sera  pas  produite.  Nous  ajouterons 
qu'au  point  de  vue  purement  géologique  il  est  inadmissible  de 
considérer  le  sulfate  de  magnésie  comme  l'agent  dolomîsateur, 
d'abord  parce  que  c'est  une  substance  comparativement  rare  dans 
la  nature  et  dont  l'existence  paraît  dépendre  de  celle  de  la  dolomie, 
tandis  que  d'un  autre  côté  il  existe  de  grandes  étendues  de  roches 
dolomitiques  dans  le  terrain  jurassique  de  TAilemagne  centrale 
et  dans  les  terrains  de  transition  qui  ne  sont  accompagnés  d'au- 
cune trace  de  sulfate  de  magnésie,  évidemment  parce  que  le 
gypse  y  manque. 

Les  seules  expériences  qui  aient  réellement  abouti  à  la  formation 
de  carbonates  doubles  de  chaux  et  de  magnésie  sont  celles  qui  ont 
été  faites  à  Taide  du  chlorure*  de  magnésium  d'après  l'idée  de 
M.  Virlet  d'Âoust,  expérimentée  par  MM.  Marignac  et  Sterry- 
Hunt.  La  voie  en  apparence  la  plus  simple  et  la  plus  rationnelle, 
Faction  d'une  dissolution  de  bicarbonate  de  magnésie  sur  des 
roches  calcaires,  n'a  jamais  pu  aboutir  à  cause  de  l'impossibilité, 
mentionnée  plus  haut,  de  combiner  ces  deux  sels  mis  ainsi  en 
contact. 

Les  membres  de  la  Société  que  nous  avons  entendus  traiter  la  ques- 
tion de  l'origine  du  sulfate    de  magnésie  près  de  Saint-Jean-de- 
Maurienne,  surtout  ceux  habitant  le  pays,  se  sont  prononcés  pour 
une  origine  secondaire,  en  admettant  la  présence  de  l'acide  sul- 
furique  produit  par  la  décomposition  des  pyrites  et  agissant  sur 
les  cargneules.  Il  nous  a  semblé  que  l'existence  de  l'acide  sulfu- 
rique  sortant  des  terrains  schisteux   principalement  chargés  de 
pyrites  n'aurait  pu  échapper  à  une  constatation  directe.    Quand 
même  la  quantité  serait  trop  faible  pour  donner  un  goût  acide 
aux  eaux  qui  l'entraînent,  on  le  reconnaîtrait  certainement  par  les 
dépôts  ferrugineux  qui  accompagnent  les  eaux  de  cette  nature. 
Nous  avons  néanmoins  recueilli  des  débris  de  diverses  roches  qui 
accompagnent  les  efflorescences  salines. 

Parmi  les  roches  schisteuses  nous  avons  en  effet  trouvé  une 
espèce  d'ampélite  fortement  chargée  de  pyrite  dont  la  présence 
était  facilement  reconnaissable  quand  on  la  chauffait  dans  un  tube 
ouvert  sur  la  lampe  à  alcool;  il  s'en  dégage  de  l'acide  sulfureux 
qu'on  reconnaît  facilement  à  l'odeur.  Les  efflorescences  mêmes 
contiennent  beaucoup  moins  de  sulfate  de  magnésie  qu'on  ne 


008  SÉÀNCB   DU    19   MAI    1862. 

cioit  à  première  vue.  Une  partie  recueillie  près  des  carrières  à 
albâtre,  au  sud  de  Saint-Jean-de-Maurienne,  nous  a  donne  20 
pour  100  de  sulfate  de  magnésie  ;  le  reste  était  formé  d'un  sable 
fin  de  dolomie,  de  karsténite  et  de  gypse. 

Cette  composition  des  sables  nous  a  ramenés  à  rexpërience  de 
M.  Mitscberlich  que  nous  avons  voulu  répéter  avec  les  matériaux 
naturels  recueillis  sur  place. 

Nous  avons  d'abord  extrait  d'un  échantillon  de  cargneale  le 
sable  gris  et  dolonii tique  que  renferment  les  cellules  de  la  roche, 
qui  nous  a  paru  plus  riche  en  magnésie  que  la  masse  même. 

N*en  ayant  pu  réunir  plus  de  2  grammes,  nous  y  avons  mêlé 
une  quantité  égale  de  gypse,  pris  sur  un  cristal  parfaitement 
limpide,  et  nous  avons  soumis  le  mélange  à  une  digestion  de  plu- 
sieurs jours  dans  500  grammes  d'eau  distillée  à  une  faible  cha- 
leur. 

Le  liquide  filtré  a  été  évaporé  dans  une  étuve  jusqu'à  ce  qu'il 
n'en  restât  que  quelques  grammes.  On  l'a  séparé  par  décantation 
du  sulfate  de  chaux  qui  avait  cristallisé  dans  la  capsule,  et  on  a 
ajouté  à  la  liqueur  un  tiers  à  peu  près  de  son  volume  d'alcool  à 
36  degrés.  Tout  le  gypse  encore  en  dissolution  s'est  précipité  et 
le  liquide  filtré  de  nouveau,  et  évaporé  à  siccité  dans  un  creuset  de 
platine,  n'a  laissé  qu'une  pellicule  de  substance  gommeuse  presque 
entièrement  détruite  en  faisant  rougir  le  creuset.  Ce  dernier  a  été 
lavé  à  l'eau  distillée  ;  on  a  filtré,  et  dans  la  solution  le  phosphate 
de  soude  et  d'ammoniaque  n'a  révélé  aucune  trace  de  magnésie. 
Nous  avions  donc  obtenu  dans  cette  première  expérience  le 
résultat  négatif  de  M.  Sterry-Hunf. 

Nous  avons  répété  l'expérience  à  une  température  plus  élevée, 
ensuite  à  froid,  en  saturant  l'eau  de  gaz  acide  carbonique  sans 
obtenir  davantage  un  résultat  non  équivoque. 

Ne  voulant  cependant  pas  nous  en  tenir  là,  nous  avons  résolu 
de  la  répéter  plus  en  grand;  il  nous  a  fallu  alors  recourir  à  l'obli- 
geance de  nos  savants  guides  de  Taùtomne  dernier,  et  MM.  Pillet 
et  Copello  ont  eu  l'extrême  obligeance  de  nous  envoyer  une  petite 
collection  de  roches  dans  laquelle  nous  avons  choisi  un  échantil- 
lon de  cargneule  qui,  à  une  rapide  analyse,  fournit  environ  20 
pour  100  de  carbonate  de  magnésie.  La  roche  fut  réduite  en 
poudre  fine  que  nous  .délayâmes  dans  de  l'eau  distillée  après  l'a- 
Toir  préalablement  lavée  sur  un  filtre,  A  160  grammes  de  car- 
gneule nous  ajoutâmes  1  litre  d'eau  et  6  grammes  de  gypse  par- 
faitement pur  également  pulvérisé. 
Après  deux  jours  de  digestion  nous  avons  traité  la  solution 


NOTE   DE   MM.    SÀBHANN    ET    GUIERDET.  9U9 

de  gypse  comme  il  a  été  dit  plus  haut,  et  pour  la  première  fois 
nous  avons  obtenu  du  sulfate  de  magnésie  en  cristaux  quoiqu^en 
très  petite  quantité.  Nous  avons  répété  i*expérience  en  ajoutant 
ehcore  le  gypse  obteuu  par  Tévaporation  et  nous  avods  ainsi 
doublé  la  quantité  de  sulfate. 

Une  troisième  expérience  a  été  faite  en  saturant  Teau  d'acide 
carbonique  sans  que  le  résultat  eût  visiblement  varie. 

Cette  seconde  série  d'expériences  confirme  évidemment  celle 
de  M.  MitscherlicL,  et  il  ne  paraît  pas  douteux  'que  la  non- 
co'incidence  de  la  première  ne  saurait  être  attribuée  qu'à  la  faible 
quantité  de  substances  mises  en  présence. 

Berzéliusa  depuis  longtemps  signalé  l'effet  de  certaines  réactions 
des  masses  contraires  aux  lois  rigoureuses  des  affinités  chimiques. 
Les  explications  qu'on  en  donne  ne  sont  guère  que  des  périphrases 
qui  au  fond  n'expliquent  rien. 

Le  fait  cependant  sufBt  à  la  conclusion  que  Texistence  du  sul- 
fate de  magnésie  à  Saint-Jean-de-Maurienne^  au  contact  des  dolo- 
mies  et  des  gypses,  s'explique  de  la  manière  la  plus  simple  et  la  plus 
naturelle  par  la  réaction  directe  de  ces  deux  derniers  sels  l'un  sur 
Tautre. 

Nous  croyons  utile  d'ajouter  que  la  présence  du  même  set  de 
magnésie  dans  la  source  thermale  d'Échaillon,  soit  qu*il  s'y  pro- 
duise à  de  grandes  profondeurs,  ou  qu'il  s'y  accumule  par  des 
infiltrations  descendantes,  n'est  pas  favorable  à  la  théorie  d'une 
métamorphose  rétroactive  dans  ces  profondeurs  et  à  une  tempé- 
rature élevée. 


Séance  du  i  juin  186'2. 

PRÉSIDENCE    DE    M.    ALBERT    GACDRY,    VW&'président. 

M.  Danglure,  secrétaire,  donne  lecture  du  procés-verbal  de 
la  dernière  séance  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  de  la  prèftentaiion  faite  dans  la  dernière  séance , 
le  Président  proclame  membre  de  la  Société  : 

M.  DupoRTÀL,  ingénieur  ordinaire  des  ponts  et  chaussées,  à 
Pâssy,  passage  des  Eaut,  4;  présenté  par  MM.  Bayle  et 
Michelot. 

Le  Président  anbonee  ensuite  uttè  présentation. 


1000  6ÉÀNCB    DU    2    JUIN    1862. 

DONS   FAITS    À   LA    SOClÉTfi. 

La  Société  reçoit  : 

De  la  part  de  M.  de  Binkhorst,  Monographie  des  céphalo^ 
podes  de  la  craie  supérieure  du  duché  de  Limbourg^  in-A, 
Ai  p.,  pi.  V  i  à  VIII  a. 

De  la  part  de  M.  J.-L.  Combes,  De  V univers.  —  Études  sur 
l'origine  du  monde  et  ses  inodi/lcations  successives,  îii-8,  87  p., 
AgeOy  1862  \  chez  P.  Noubel. 

De  la  part  de  M.  Ébray,  : 

1*  Carte  géologique  du  département  de  la  Nièvre,  dressée 
par  MM.  Bertera  et  Ébray,  1  feuille  grand-monde,  Nerers, 
1861  ^  chez  Morel. 

2®  Rapport  à  la  Société  des  recherches  du  Nivernais  sur  la 
position  la  plus  avantageuse  à  donner  à  un  sondage  situé  au 
nord  de  la  concession  de  la  Machine,  h  p.  in-P,  Pouilly,  mars 
1862. 

De  la  part  de  M.  T.-H.  Huxley,  Address  delivered  ai  the 
anniversarjr  meeting  of  the  geological  Society  of  London^ 
21  féyrier  1862;  in-8,  30  p.,  Londres,  1862^  chez  Taylor  et 
Francis. 

Comptes  rendus  hebd.  des  séances  de  l^Acad.  des  sciences, 
l"sem.,  t.  LIV,  n*»-  19  et  20. 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  Imp,  et  centrale  d'agricul" 
tare,  t.  XVII,  n*5,  mars.  1862, 

L'Institut,  n^-  lâ81  et  1482,  1862. 

Ré/orme  agricole,  par  M.  Nérée  Boubée^  n*  161,  mai  1862. 

Recueil  des  travaux  de  la  Société  libre  d^ agriculture,  etc., 
de  rEure,  t.  VI,  année  1869. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse,  avril  1862« 

The  quarterly  journal  oj  the  geological  Society  of  London. 
vol.  XVIII,  1"  mai  1862,  n*  70. 

The  Athenœum,  n*»-  1804  et  !805,  1862. 

Tlie  american  journal  of  science  and  arts,  by  Siditian, 
vol.  XXXIII,  mai  1862,  n^  99. 

T/ie  Canadiannaturalist and geologist^  t.  VU,  n"  2, 19  avril, 

1862.    . 

». 

M.  Hébert  anoonce  la  mort  de  M.  Meynier. 


NOTB   J>B   MM.    BBATXAÀ    BT   ÉBRAT.  4001 

M.  DaDglure  offre  à  la  Société,  au  nom  de  M.  Ébray,  la  carte 
géologique  du  département  de  la  Nièvre,  et  donne  ensuite  lec- 
ture de  la  note  suivante  qui  accompagne  cet  envoi  : 

Carie  géologique  du  département  delà  Nièi^re;  par  MM.  Bertera 

et  Th.  Ébray. 

J'ai  l'honneur  de  faire  hommage  à  la  Société  géologique  de  la 
carte  géologique  du  département  de  la  Mièvre. 

MM.  Bertera  et  de  Chancourtois,  primitivement  chargés  par 
le  Conseil  général  de  dresser  cette  carte,  y  travaillèrent  depuis  1866 
jusqu'en  1856,  époque  à  laquelle  ces  ingénieurs  livrèrent  leur 
carte  à  la  Préfecture. 

Vers  cette  dernière  époque  je  fus  chargé  de  dresser  la  carte  des 
terrains  que  la  construction  du  chemin  de  fer  du  Bourbonnais 
devait  traverser;  mon  travail  fut  mis  par  hasard  sous  les  yeux  de 
MM.  Bertera  et  de  Chancourtois  qui  y  reconnurent  des  inter- 
prétations différant  entièrement  des  leurs  ;  ces  ingénieurs,  après 
examen,  me  proposèrent  alors  de  compléter  la  carte  géologique 
qui  exigeait  des  études  suivies  à  cause  des  difficultés  toutes  parti- 
culières résultant  de  l'existence  de  nombreuses  failles  et  des 
variations  minéralogiquesqui  s'opèrent  dans  les  formations  géolo- 
giques de  ce  département. 

La  carte  ne  relate  que  les  observations  que  j*ai  eu  l'occasion  de 
faire  pendant  les  deux  premières  années  de  mon  séjour  dans  le 
département  ;  depuis,  j'ai  constaté  beaucoup  de  faits,  nouveaux, 
suivi  les  traces  des  failles,  perfectionné  les  limites  des  étages  ;  mais 
ces  observations  ne  pourront  être  relatées  que  dans  mon  ouvrage 
intitulé  :  Études  géologiques  sur  le  département  de  la  Nièvre  et  dans 
une  carte  pins  parfaite  qne  je  dresse  eu  ce  moment. 

Malgré  les  lacunes  et  les  imperfections  naturelles  et  inhérentes 
aux  cartes  géologiques,  la  carte  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  i  la 
.Société  est  beaucoup  plus  exacte  que  la  Carte  de  la  France  ;  il  suffit 
de  jeter  les  yeux  sur  ce  travail  pour  saisir  les  différences.  La 
légende  est  confonne  à  celle  qui  a  été  dressée  par  MM-  Elle  de 
jpeaumpnt  et  Dufrénoy  ;  je  fais  obseiver  que  cette  légende  il*est 
pas  suffisamment  détaillée  pour  les  cartes  géoloj[][iqu^s  départe- 
mentales qui  doivent  guider  les  recherches  des  Industriels  et  des 
agriculteurs. 

.  Ainsi»  le  système  oolithique  inférieur  contient  des  matériaux  les 
plus  hétérogènes;  à  la  base  ou  trouve  les  calcaire^  à  Entroques  qui 


1002  BtÀNCB   DU   2  JUIN   1862. 

fournit  des  matëriaux  de  construction  fort  estimés;  «u-devos 
Tient  l'oolithe  ferrugineuse  qui  donne  du  minerai  de  fer;  puis  se 
remarque  la  terre  à  foulon  ou  formation  A  Ammomitêê  Parikimoâi 
fournissant  du  ciment  ;  les  parties  supérieures  du  système  donnent 
des  UMurnes  pour  amendement  (marnes  à  Plioladomyes)  et  des  cal- 
caires oolithiques  de  construction. 

L'industriel  et  l'agriculteur  nOn  géologues  devraient  pouvoir 
suivre  ces  différentes  formations  affectées  de  teintes  spéciales. 

Les  frais  de  déplacement  de  MM.  de  Ciiaocourtôls  et  Bertera, 
remboursés  par  le  département  se  sout  élevés  seulement  â  3,000  fr. 
environ;  j'ai  dépensé  pour  étudier  le  déparlement  à  fond  une 
somme  de  6^000  fr. 

Celte  dernière  observation  a  pour  but  de  montrer  que  les  allo- 
cations fournies  par  les  dépaitements  sont  en  général  insuflBsantes 
pour  permettre  de  mener  à  bonne  fin  des  travaux  qui  ne  txMirront 
se  refaire  qu'à  des  intervalles  de  temps  fort  éloignés,  et  que,  si  le 
désintéressement  de  quelques  géologues  ne  venait  pas  en  aide,  les 
départements  seraient  souvent  dépourvus  de  cartes  géologiques 
exactes  et  dont  l'utilité  se  fera  surtout  sentir  quand  la  routine 
aveugle  sera  remplacée  par  les  méthodes  scientifiques. 

11.  Deshayes  présente,  au  nom  de  Fauteur^  M.  de  Binkhdrst, 
la  monographie  des  céphalopodes  de  la  craie  supérieure  du 
duché  du  Limbourgy  et  ajoute  les  observations  suivantes  : 

J*ai  rfaonneur  d'offrir  à  la  Société,  de  la  part  de  notre  collègue 
M.|de  Binkhorst,  la  seconde  partie  de  son  ouvrage  sur  les  mollus- 
ques fossiles  de  la  craie  supérieure  du  Limbourg  ;  elle  est  consacrée 
àl^histoire  des  céphalopodes.  Cette  seconde  partie  mérite,  comme 
la  première,  l'accueil  favorable  de  la  Société,  car  elle  ne  lui  est 
inférieure  ni  en  intérêt,  ni  en  bonne  exécution.  Ces  dent  parties 
du  même  ouvrage  offrent  néanmoins  un  contraste  frappattt.   En 
effet,  dans  la  première  où  sont  figurés  et  décrits  un  grand  nombre 
de  gastéropodes,  on  observe  des  formes  en  présence  desquelles  On 
pountit  se  demander  si  elles  ne  sont  pas  tertiaires,  tant  elles 
offrent  d'analogie  avec  celles  qui  caractérisent  ces  dernières  ht*" 
mations;  mais  pour  les  céphalopodes  rhésitation  n'est  plus  pos- 
sible; ils  vous  transportent  immédiatement  dans  le  domaine  cré- 
tacé. Nous  trouvons  ici  les  derniers  représentants  de  ces  puissantes 
familles,  si  abondamment  répandues  dans  toute  la  série  des  ter- 
rains crétacés  et  jurassiques,  et  dont  les  terrains  tertiaires  ne  ren- 
ferment plus  le  moindre  vestige;  c'est  à  savoir  : 


HOTI    DJB   M.    DE    liNKHOaiT.  1003 

4®  Une  Bélemnite  (le  mucronatus)  li  bien  connue  de  tous  lee  natu- 
ralistes comme  l'un  des  meilleurs  fossiles  caractéristiques  des 
parties  supérieures  de  la  craie • 4 

2°  Une  jicanthoteuthis^  genre  voisin  des  Bélemnites  et  qui  jus- 
qu'ici était  propre  aux  terrains  jurassiques \ 

V  Cinq   espèces  de  Nautiles  parmi  lesquels  le  ddnleus  de 
Schlotheim *  •   .   .     ^ 

4°  Le  genre  Rhyncholithus  de  Faure-Biguet  ne  devrait  peut- 
.  être  pas  subsister,  puisqu'il  réunit  les  parties  solides  des 
mandibules  des  céphalopodes;  malheureusement  Timpos- 
sibilité  où  Ton  se  trouve  d'attribuer  telle  forme  de  man- 
dibule à  telle  espèce  de  céphalopode  rend  encore^  nécessaire 
la  description  séparée  de  ces  corps,  mais  ils  ne  devraient 
pas  constituer  un  genre  au  môme  titre  que  les  autres. 

5^  Six  Ammonites,  parmi  lesquelles  une  très  grande,  coUigatus^ 
de  25  à  30  centimètres  de  diamètre 6 

6**  Deux  Hamiies.   ...  « 2 

7^  Un  Scap/ittesy  longtemps  confondu  avec  les  Ammonites.    .     4 

8"  Trois  Baculites 3 

Quoique  ce  nombre  de  19  éspètes  de  cëphalopodea  9oit  extrê- 
mement faible,  si  nous  le  comparons  à  celui  de  1 01  espèces  qu^Alc. 
d'Orbigny  indique  dansTétage  précédent  (sënonien) ,  il  est  cepen- 
dant de  beaucoup  supérieur  à  celui  des  espèces  inscrites  par  le 
même  auteur  dans  l'étage  danien,  ou  3  seulement  sont  mention- 
nées. Il  est  vrai  que  d'Orbigny  rapportait  à  la  craie  blanche  la 
plus  grande  partie  des  fossiles  de  Maestricht  Néanmoins  en  re- 
cherchant ceux  qu'il  a  connus,  ils  sont  au  nombre  de  Y  Seulement, 
ce  qui  établit  une  différence  très  notable  en  faveur  du  travail  de 
M.  de  Binkhorst  ;  nous  acquérons  ainsi  une  notion  bien  plus  exacte 
de  l'importance  relative  que  les  céphalopode  avaient  conservée 
jusqu'au  dernier  moment  de  leur  existence. 

M.  de  Binkhorst  a  donné  des  descriptions  fort  bien  Caites  de 
toutes  les  espèces  ;  quelquefois  elles  sont  étendues  lorsqu'il  a  ren- 
èontré  des  rariétéa  ou  lorsqu'il  a  eu  d'utiles  indications  à  ajouter 
à  leur  sujet;  il  a  également  porté  son  attention  sur  la  synonymie 
qui  me  parait  très  exacte  et  en  même  temps  très  complète,  ce  qui 
à  davantage  de  faciliter  les  recherches  en  dofinànt  l'inciicâtion 
d'une  foule  d'ouvrages  C[U6  Ton  ne  songerait  pas  toujours  à  côd- 
•ulter,  par  la  croyance  où  l'on  est  qu'ils  ne  renferment  rien  sur 
un  tel  sujet.  Nous  remarquons  particulièrement  la  synonymie  des 
Bélemnites  mucronams  ;  elle  est  certainement  la  plus  complète  qui 
existe  actuellement;  elle  contient  au  moins  cent  quarante  citatioùs 
dans  l'ordre  chronologique. 


100&  66ANCB    DU    16    JUIN    1862. 

Nous  devons  attendre  avec  une  vive  impatience  la  tit>isîèin€ 
partie  de  Touvrage  de  notre  savant  et  zélé  collègue  destinée  à 
faire  connaître  les  mollusques  acéphales;  elle  sera  plus  riche 
encore  que  les  deux  premières  paities  et  contribuera  pour  une  put 
considérable  à  compléter  la  faune  si  peu  connue  jusqu'ici  de  U 
craie  supérieure. 

M.  Reynés  communique  le  résultat  de  ses  observations  sur 
la  différeDce  de  sexe  qu*il  croit  avoir  reconnue  dans  lés  Ammo- 
nites.  Les  individus  à  forme  renflée  seraient  les  femelles  et  ceux 
à  forme  plate  les  mftles.  On  arriverait,  suivant  lui,  è  simplifier 
la  synonymie  si  Ton  admettait  cette  classification. 

MM.  Barrande,  Hébert,  Deshayes,  Michelin  et  Saemann 
font  quelques  objections  aux  observations  de  M.  Reynés.  La 
plupart  de  ces  messieurs  pensent  (]u*il  faudrait  établir  une  série 
de  passages  avant  d'arriver  è  une  conclusion  irréfutable. 

M.  Virlet  fait  une  communication  sur  le  terrain  houiller  de 
la  Dordognc,  de  la  Corréze  et  de  TArdéche. 

A  la  suite  de  cette  communication,  M.  Barrande  exprime 
le  désir  qu'un  jeune  géologue  entreprenne  Tétude  des  divers 
terrains  houillers  de  la  France  et  les  mette  en  comparaison 
avec  ceux  de  TAIlemagne.  II  pense  que  ce  travail  offrirait  un 
grand  intérêt. 


Séance  du  16  juin  1862. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GÀUDRV,  vice^président. 

M.  Danglure,  secrétaire,  donne  lecture  du  procés<verbai  de 
la  dernière  séance  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  de  la  présentation  faite  dans  la  dernière  séance,  le 
Président  proclame  membre  de  la  Société  : 

H.  le  docteur  L.-M.  Rossi,  de  Yicence,  professeur  d'histoire 
naturelle  et  directeur  du  lycée  I.  R.  de  S.  Procolo,  à  Venise 
(Vénétie)  ;  présenté  par  MM.  le  baron  Achille  de  Zigno  et  Ed. 
Collomb. 


DON$    FAITS    A    LA    SOCIÉTÉ é  lOOft' 

DONS    FAITS    A    LA    SOCIÉTÉ. 

La  Société  reçoit  : 

De  la  part  de  M.  le  Ministre*  d'État,  /owr/ia/  des  savants^ 
mai  1862. 

De  la  part  de  M.  6.  P.  Deshayes,  Description  des  animaux 
sans  ifertèbres  découverts  dans  le  bassin  de  Paris^  29*  et 
30*"  livraison,  Paris  ^  chez  J.  B.  Bailliére  et  fils. 

De  la  part  de  M,  J.  Fournet,  18'  année  :  Résumé  des  obser» 
Dations  recueillies  en  1861  dans  le  bassin  de  la  Seine  par  les 
soins  de  la  commission  hydro métrique  du  Rhône, 

De  la  part  de  M.  B.  Gastaldi,  Nuot^i  cenni  sugli  oggetti  di 
al  ta  antichità  troi^ati  nelle  torbiere  e  nelle  marniere  deW  Italia^ 
in-A,  95  p.,  6  pi.,  Turin,  1862  ^  chez  G.  Marzoratî. 

De  la  part  de  M.  le  docteur  H.  B.  Geinilz,  Dyas  oder  Zech" 
stein  formation  unddas  Rothliegendcy  1'*  partie,  in-4, 130  p., 
23  pi.,  Leipzig,  1862^  chez  W.  Engelmann. 

De  la  part  de  M.  L.  Grûner,  État  présent  de  la  métallurgie 
du  fer  en  Angleterre^  par  MM.  Grûner  et  Lan,  in-8,  AOO  p», 
1  carte  et  1  pi.  de  coupes,  Paris,  1862^  chez  Dunod. 

De  la  part  de  M.  H.  Le  Hon,  Descriptions  succinctes  de  quel^ 
ques  nouvelles  espèces  animales  et  végétales  fossiles  des  terrains 
tertiaires  éocènes  des  environs  de  Bruxelles^  par  MM.  Nyst  et 
Le  Hon,  in-8,  21  p.,  Bruxelles. 

De  la  part  de  M.  W.  E.  Logan  : 

1"  Geology  oj  Canada^  in-8,  â6â  p.,  Montréal;  ches  J. 
Lowell. 

2**  Geological  survey  oJ  Canada .  —  Descriptive  catalogue  of 
a  collection  of  the  économie  minerais  of  Canada  and  ofifs 
cristalline  rocks  sent  to  the  London  international  exhibition 
for  1862,  in-8,  88  p.,  Montréal  -,  chez  J.  Lowell. 

De  la  part  de  M.  H.  Michelin  : 

1°  Voyage  du  monde  de  Descartes,  în-12,  487  p.  Paris/ 
1690. 

2°  Entretiens  sur  la  pluralité  des  mondes  y  par  de  Fontenellè, 
in-12,  240  p.  Paris,  1724. 

S'»  Histoire  du  ciel,  par  Pluche,  2  vol.  in.l2.  Paris  i 767] 


1000  sÉÀifCB  DU  16  JUIN  1862. 

&o  U action  du  feu  central  bannie  de  la  surface  ilu  gloieH 
le  soleil  rétabli  dans  ses  droits ^  par  de  Rome  de  Tlde,  in^ 
84  p.  Paris,  1779. 

ô""  Leçons  élémentaires  d'Histoire  naUsirelie.  par  Gotte, 
in-12.  471  p.  Paris,  1787. 

6""  Théorie  physico-mathématique  de  Vargamisatiom  des 
mondesy  par  Lanoelin,  in-8,  206  p.  Paris,  1805. 

7°  r^s  six  Jours  de  la  création  selon  Mo'ise^  par  de  Lormel, 
in-8,  23  p.  Paris,  1806. 

*8o  Système  nnii^ersel,  par  Thilorier,  4'Yol.  in-S,  Paris, 
1816. 

0^  Mémoires  présentant  les  bases  d*une  nouvelle  théorie 
physique  et  chimique^  par  J.  B.  Lamarck,  iD-8,  AlO  p.  Paris, 
1797. 

10"  HydrogéologiCf  par  J.  B.  Lamarck,  in-8,  2«8  p.  Paris, 
an  X  (1802). 

11*  Recherches  sur  l'organisation  des  corps  'vii^anis,  par 
J.  B.  Lamarck,  in-8,  216  p.  Paris. 

12*  Système  analytique  des  connaissances  poeiUpme  de 
r  homme  J  in-8,  364  p.,  par  de  Lamarck.  Paris,  féTrier  1820. 

13"  Du  déluge  au  point  de  pue  scientifique  et  tkèologique, 
par  F.  L.  M.  Maapied,  in-12,  00  p.  Paris. 

14*  Introduction  à  la  géologie^  par  le  docteur  Pouohet,  iihS, 
16  p.  Rouen,  1834. 

15"  Moïse  et  les  géologues  modernes^  par  Victor  àê  Bonald, 
in-18,  290  p.  Avignon,  1835. 

16"  Traité  inédit  ile  géographie  métallurgique^  par  J.  P. 
Chevalier,  in-8,  102  p.  Amiens,  1835. 

17*  Essai  sur  la  destinée  îles  mondes^  par  J.  Déal,  in-8, 
46  p.  Paris,  1836. 

18"  Trois  noies  relatives  à  la  théorie  de  la  terre^  par  Jean 
Reynaud,  in-8,  36  p. 

10"  Cours  élémentaires  de  géologie ^  minéralogie  et  géoguo^ 
sie^  par  M.  6.  Barruel,  in-8.  480  p.,  6  pi.  Paris,  1843. 

20"  Physiologie  de  la  terre.  —  Etudes  géologiques  et  agri» 
coles,  par  M.  de  Travanet,  in-8,  560  p.  Paris,  1844. 

21"  Cosmogonie  oujormation  des  corps  célestes ^  par  Didier 

Thîerriatt  iD-8, 141  p.  Belleville,  1854. 


DONS  FAITS    A   LA   SOCIÉTÉ.  1007 

22**  La  rotation  souterraine  de  la  masse  ignée,  ses  causes 
et  ses  conséquences^  par  Karl  Schroeder^  in^8,  16  p.  Paris, 
1856. 

23°  Grande  restauration  scientifique,  y^  Philosophie  miné^ 
ralogiqucy  par  Achille  Brachet^  in-S^  56  p.  Paris»  1859. 

De  la  part  de  M.  Ferd.  Roemer.  Die  fossile  Fauna  der  sUu- 
rischen  Diluvial-Geschiebe  von  Sademtz  bei  Oels  in  Nieder 
Schlesien. —  Eine  palœontologische  Monographie  y  iQ*4»81p., 
8  pi.,  Breslau,  1851  \  chez  R.  Niscbkowsky. 

De  la  part  de  M.  Angelo  Sismonda,  Carta  geologica  diSa^oja, 
Piemonte  e  Liguriay  \  f.  1802. 

De  la  part  de  M.  A.  Viquespel,  Voyage  autour  du  monde ^ 
sur  les  frégates  /'Uranîe  et  la  PhysicieDDe,  de  1817  à  1820, 
par  Louis  de  Freycînet,  8  yol.  io-A,  et  k  atlas  in-f .  Paris. 

De  la  part  de  M.  Ach.  de  Zigno  : 

1""  Sulla  costituzione  geologica  dei  monti  Euganei,  in<'8, 
20  p.,  Padoue,  1861  ^  chez  G.  B.  Randi,  etc. 

2"*  Sopra  un  nuovo  génère  di  felce  fossile^  in-8|  15  p.,  k  pl.^ 
Venise,  1861 }  chez  6.  Antonelli. 

De  la  part  de  M.  W.  M.  Gabb»  Synopsis  ofthe  mollusca  (ff 
the  cretaceous  formation  y  in-S,  201  p» 

De  la  part  de  MM.  Gh.  Gaudin  et  Ch.  Strozzi»  Contributions 
à  ia^ore  fossile  italienne^  —  Second  mémoire,  —  Fald^Arno^ 
in-&,  59  p. 9 10  pi.,  Zurich»  1859-,  chez  Zurcher  et  Furrer. 

De  la  part  de  M.  Moriz  Homes»  DiefossUen  Mollusken  des 
tertiaer-Beckens  von  fVien,  în-P*,  pp.  H  7-214,  pi.  XII-XXXI, 
2*vol.,  n^  3  et  4,  Bivalves. 

De  la  part  de  M.  F.  A.  Quenstedt,  Ueber  Pterodaelylus  âue- 
vicus  im  lithographischen  Schie/er  fVurttembergs,  ÎihA,  6S  p., 
1  pL,  Tubinge,  1855^  chez  H.  Laupp. 

De  la  part  de  M.  F.  Stolioza,  Uber  die  Gastropodem  und 
Acephalen  der  Hierlatz-Schichten,  in-*8,  48  p.,  7  pi.,  Wien, 
1861  *,  chez  K.  6erold*s  Sobn. 

De  la  part  de  M.  Ed.  Suess  : 

1^  Einige  Bemerkungen  ûber  die  secufulàren  Brachiopoden 
Portugais^  in-8,  4  p.,  1  pi. 

2*  Uber  die  grossem  Raubthiere  der  ostemciehi^chen  Tertiar- 
Ablagerungen^  iD*S,  16  p.,  2  pi. 


lOOÔ  SÈAffCB    DU    16    JDIN    1862. 

8*  Der  Boden  der  Stadt  Jrien,  in-8,  320  p.,  1  carie,  Wîeo, 
1862;  chez  W.  Braumûller. 

Comptes  rendus  des  séances  de  V jécadémie  des  sciences^ 
1861, 1''  sem.,  t.  LIY,  n"""  21  et  22;  tables  du  2*  sem.,  1861, 

t.  LUI. 

Annales  des  mines^  5*  série,  t.  XX,  Ô*  livrais,  de  1861.  " 

Bulletin  de  la  Société  de  géographie^  5*  sër.,  t*  lU,  n*  16, 
avril  1862. 

L'Institut,  n"  1383  et  1484,  1862. 

Bulletin  de  la  Société  d'émulation  du  département  de  VjiUier^ 
t.  VIII,  1"  et  2«  livraison. 

Journal  d'agriculture  de  la  Côte-d'Or^  n*  8,  mars  1862. 

The  Atheuœum,  n"  1806  et  1807,  1862. 

Verhandlungen  der  natwjorschenden  Gesellschaft  in  Basel^ 
vol.  m,  3°  cahier,  186-2. 

Reifista  de  los  pmgresos  de  las  ciencias  exactas,  fisicasr 
naturales,  t.  XII,  n°  4,  avril  1861. 

Rei^ista  minera,  t.  XIII,  n°  289,  1*' juin  1862. 

Anmial  report  ofthe  geological  Surveyoflndia  1800-1861| 
Calcutta,  1861  ;  chez  A.  Dozey. 

Memoirs  of  the geological  Sun'ejr  of'India ,  vol.  III,  !'•  part., 
Calcutta,  1861. 

M.  Suess  offre  à  la  Société  un  travail  imprimé  contenant  la 
description  géologique  du  sous-sol  de  la  ville  de  Vienne,  etc. 
[Der  Boden  der  Stadt  Wien^  etc.,  voir  ci-dessus  la  liste  des 
dons). 

Présentation  à  la  Société  de  routrage  de  M.  le  professear 
Geinitz,  intitulé  :  Dyas;  par  M.  J.  Barrande. 

Noire  savant  ami,  M.  le  professeur  Geinitz  (de  Dresde) ,  nous  a 
charge  d'offrir  à  la  Société  un  nouvel  ouvrage,  publié  par  lui  en 
1861,  sous  le  titre  de  :  Dyas  ou  formation  du  Zechitein  et  du  gjrès 
rouge  [Dyas  oder  die  Zcchsteinjormation  und  dus  RoMiegende). 

Cet  ouvrage  a  été  envoyé  depuis  près  d'une  année,  mais  notre 
absence  nous  a  empêché  de  nous  acquitter  de.  l'honorable  com- 
mission qui  nous  a  été  confiée.  Depuis  notre  retour,  nous  avons 
attendu  le  second  volume,  annoncé  par  M.  Geinitz,  et  acheminé 
par  la  voie,  malheureusement  ti-op  lente,  des  libraires.  Ce  second 


ffOTR    DK    SI.    DARRANM.  1000 

envoi  n*ëlant  pas  encore  parvenu,  nous  ne  pouvons  pas  laisser 
passer  la  dernière  sëance  de  cette  année  sans  nous  acquitter  de 
notre  agréable  devoir. 

Avant  que  cet  ouvrage  ait  été  mis  sous  les  yeux  de  la  Société, 
son  titre  Dyas  a  déjà  retenti  dans  cette  enceinte.  Il  a  été  le  sujet 
d'une  communication  spéciale,  faite  par  notre  maître  et  ami 
M.  de  Yerneuil,  qui  a  présenté  à  cette  occasion  une  notice  publiée 
par  sir  KoderickMurcbison,en  raccompagnant  et  en  la  développant 
]>ar  ses  propres  observations.  11  paraît  que  M.  Marcou  a  adressé  à  la 
Société  une  réponse  à  ce  sujet  dans  une  lettre  qui  doit  être  insérée 
au  Bulletin,  Cette  discussion  relative  à  la  nouvelle  dénomination 
de  Dyas  étant  encore  présente  dans  l'esprit  de  tout  le  monde, 
nous  croyons  inutile  de  la  rappeler  plus  explicitement. 

Mous  devons  seulement  faire  remarquer  que  le  nom  de  Dyas, 
introduit  dans  la  science  par  notre  honorable  confrère,  M.  Jules 
Marcou,  en  1859  {Dyas  et  Trias),  et  adopté  par  M.  le  professeur 
Geinitz,  ne  correspond  pas  rigoureusement  à  celui  de  système 
permierij  antérieurement  établi  par  sir  Roderick  Murchison.  £n 
effet,  M.  Geinitz  restreint  le  Dyas  aux  deux  formations  connues 
en  Allemagne  sous  les  noms  de  Zechstein  et  de  Rothliegendey  tandis 
que  sir  Koderick  Murchisou  a  compris  dans  son  terrain  permien, 
non-seulement  ces  deux  mêmes  formations,  mais  encore  une 
partie  du  grès  bigarré  qui  est  au-dessus,  et  qu'il  a  désignée  par 
le  nom  de  Bunter-Schiefer  {Siluria,  2"  édit.,  p.  3û6, 1859). 

D'un  autre  côté,  il  faut  aussi  observer  qu*en  adoptant  le  nou- 
veau nom  de  Dyas,  M.  Geinitz  s'écarte,  sous  un  rapport  impor« 
tant,  de  la  classification  générale  de  M.  Marcou,  et  qu'il  main- 
tient le  principe  de  la  classiâcation  de  sir  Roderick  Murchison. 
En  effet,  dans  l'ouvrage  qui  est  en  ce  moment  sous  nos  yeux,  le 
terrain  désigné  par  le  nom  de  Dyas  est  considéré  comme  apparte- 
nant à  la  grande  série  paléozdique,  dont  il  constitue  le  terme  le 
plus  élevé  dans  le  sens  vertical,  suivant  l'idée  fondamentale  qui  a 
présidé  à  l'établissement  du  système  permien.  Au  contraire, 
M.  Marcou  regarde  le  Dyas  comme  le  premier  terme  de  la  série 
mésozoïque. 

Afin  de  montrer  les  motifs  de  sa  conviction  à  l'égard  de  cette 
question  importante,  M.  le  professeur  Geinitz,  dans  son  introduc- 
tion, s'attache  à  faire  ressortir  les  connexions  qui  existent  entre  la 
faune  de  son  Dyas  et  les  faunes  de  la  grande  période  paléozoique. 
A  cet  effet,  il  passe  brièvement  en  revue  toutes  les  classes  et 
familles  de  la  série  zoologique  qui  sont  représentées  dans  la  faune 
dont  il  offre  la  monographie.. Nous  ne  pouvons  mieux  faire  que 
Soc,  géol.f  %*  série,  tome  XIX.  6i 


îent  à  des  genres  q»»         prédominantes,  a  ^^^^^^^^^  U, 

.  ««ère  époqne  f  J*   . .  aUparu  durant         r- 

".TnVobite..  avaient  dé,à     P»  ^^,»a«iO -P*-.-^ 

.  fSve  et  prenne»»  P»»  ^ j  «•P*!!^îi 

«  le  Trias.  ^oot  non»  aTon»  -.  Le»  «•!*«• 

.  Gan.ides^^'^;;^«S-  ^'«-^vt^.^-anTrS  î-pp»«  ^ 
•  ';J'  io"«  «^'-'""'re^ce.  carbonifère..  ,^„h 

•  fi.e  -«w^  'J^^::^^epré.enu.  n„f^  .^!ï""s; 

„  La  classe  *«  ^^„,„acé.  qu.,  «»"^;;.ùo».  P»«  -^^^-r 
de  nombreux  E«»;^^,,ett%  aan.  \'' SSpodesetd^ï^Prî^; 


,.  en 
»  es 

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,  dcnomPï^--       nombreux  aaa»  7"  ,^x,3podc»  et  aei  i»**!--    • 
"  !^;  ossèdentuneorgan«at      V.^.^^.^^,  ^^ 


ptéropode» 


NOfI    D«    M.    BARRàNDB.  lOli 

»  encore  i*époque  paléozoïque,  Conularia  Hollebeni  est  la  dernière 
»  espèce  de  ce  genre. 

»  Parmi  25  espèces  de  Gastéropodes  et  &0  espèces  de  Conchi- 
»  fères,  nous  trouvons  à  la  fois  des  genres  paléozuïques  et  des 
;i  genres  inésozoïques.  Dans  tous  les  cas,  parmi  les  GastéropodeS| 
»  Straparolus  et  Murchisonia^  parmi  les  Conchifères,  Schizodus^ 
»  CUdophorus  et  Pleuraphorus^  semblent  n'avoir  jamais  été  obaervéi 
n  jusqu'ici  sur  un  horizon  plas  élevé  que  celui  du  Zecbstein. 

D  Les  Brachiopodcsy  dont  nous  distinguons  30  espèces,  sont  les 
»  formes  les  plus  communes  du  Zechstein,  et  qui  servent  le  plus  à 
»  déterminer  sa  position.  Quelques-uns  de  leurs  genres,  comme 
»  Productus  et  Strophalosia^  par  le  nombre  immense  de  leurs  indi- 
»  vidus,  ont  exactement  joué  dans  cette  formation  le  même  rôle 
»  que  les  Conchifères  dans  les  formations  mésozoïques.  Outre  ce% 
»  deux  genres,  Orthis  et  Caoïarophoria  appartiennent  exclusive- 
»  ment  à  la  période  paléozoïque,  tandis  que  Terebratula^  Rhya-' 
»  chonelUiy  Spingeroj  Lingula^  Discinaj    Crania^  et  même  Spi- 
m  rijer^  se  sont  propagés  plus  haut  dans  la  série  des  couches  de 
»  l'écorce  terrestre.  Mais  il  est  suffisamment  connu  que  la  plus 
»  commune  des  Térébratules  du  Zecbstein  ressemble  à  une  espèce 
»  dévonienne,  à  tel  point  qu'on  peut  s'y  troinper,  tandis  que  les 
»  rapports  très  rapprochés  entre  Camarophoria  Schlotheimi  du 
»  Zecbstein  et   Camarophoria  emmena  du  calcaire  carbonifère, 
«»  entre  Spirifer  Clannyanus  du  Zeclistein  et  Spirifer  Urii  du  caU 
»  caire    carbonifère  ,  entre    Spirijer    cri  status  du   Zecbstein    et 
»  Spirifer  oetoplieatus  du    calcaire    carbonifère ,    entre  Lingula 
I»  Çredncri  du  Zecbstein  et  une  Lingule  de  la  formation  carboni- 
M  fère  de  Rbyope,  près  Sunderland,  sont  si  intimes,  que  Davidson 
it  et  Kiikby  ont  déclaré  identiques  les  formes  correspqndantes, 
»  manière  de  voir  à  laquelle  nous  ne  pouvons  pas  nous  associer 
»  (Kiikby,  On  the  occurrence  ofLingula  Credneii  in  the  Coal^mea* 
»  sures  of  Durham,  Quart.  Journ.  GeoL  Soc.London^  1860,vol.  XYI, 

9  p.  h\%  «./). 

»  Parmi  nos  trois  Radiaires,  Cyathocrinus  ramosus  appartient  à 
»  un  genre  qui  n'est  connu  que  dans  les  plus  anciennes  forma- 
it tions.  Eocidaris  Keyserlingi  est  la  forme  la  plus  rappi-ocbée  du 
»:  genre  paléozoïque  Jrchœacidaris,  La  troisième  espèce,  qui  est 
p  une  Astérie  à  6  bi*as,  est  encore  trop  imparfaitement  connue 
a  pour  pouvoir  être  bien  jugée. 

»  Parmi  nos  13  Zoopbytes,  toutes  les  formes  qui  se  rapprochent 
•  de  Fenestclla  et  qui  prédominent  de  beaucoup  dans  le  Zecbstein 
»  ae  vattachesBt  très  ncifeement  aussi  bien  qu'an  Siênopora  à  la 


1012  sÉAîfCK  DU  16  jriN  1802. 

»  période  paléozoique.  Au  contraire,  12  espèces  de  Foraniint(k(i 
»  et  7  Aniorphozoaircs  du  Zeclisteiii  ne  peuvent  guère  cootribaer 
M  à  la  solation  de  cette  question,  puisque  la  conDaistaoce  de  oa 
»  organismes  dans  le  Zechstein  est  encore  très  peu  aTancée. 

p  Les  plantes  du  Dyas  seront  mentionnées  en  détail  dans  Tm 
M  des  chapitres  de  notre  second  volume.  Une  grande  partie  de  ces 
•  végétaux  fossiles  a  été  exactement  décrite,  en  18&9,  ptr 
»  M.  le  colonel  de  Gutbier  (/>/>  Fersteinerungen  ties  Bothliegendm 
n  in  Sachsen)^  et  par  nous,  en  1858,  dans  notre  ouvrage  UOie 
n  Leitpflanzen  des  Rothliegendcrty  etc.). 

M  II  a  été  bien  constaté  que  quelques  espèces  de  plantes  de  la 
»  formation  houillère  s*élèvent  jusque  dans  les  couches  du  Rothlie- 
»  gende,  nommément  Cyat/teites  arborescens^  fValchia  piniformis^ 
»  et  quelques  formes  de  la  famille  des  Noeggerathiëet.  D'un  autie 
M  côté,  d'autres  plantes  caractéristiques  du  Rothliegende  ont  leurs 
n  analogues  les  plus  rapprochés  dans  la  formation  houillère, 
N  comme  AnnuUiria  carinata^  Calamités  injractus^  Annularia  Ion- 
n  gijolia  et  Calamités  approximatus^  etc.  Dans  tous  les  cas,  la  flore 
»  du  Rothliegende  est  étroitement  liée  avec  celle  de  la  formation 
»  houillère,  bien  qu'on  y  observe  le  développement  de  quelques 
w  genres  qui  sont  particulier  à  cette  zone  de  la  période  paléo- 
»  zolque,  coexistant  avec  d'autres  types  qui  n*ont  atteint  une  plus 
»  grande  extension,  que  dans  les  couches  mésozoïques. 

»  D'après  ces  observations,  le  dyas  se  rattache  positivement  à  la 
»  période  paléozoique,  par  ses  restes  organiques  aussi  bien  que 
M  sous  d'autres  rapports.  » 

Cette  conclusion  est  foimulée  en  termes  si  clairs  et  si  positifs 
qu'elle  n'a  besoin  d'aucun  commentaire. 

M.  le  professeur  Geinitz,  ayant  embrassé  son  sujet  de  la  manière 
la  plus  générale,  son  ouvrage  est  une  complète  monographie  du 
terrain  décrit  Le  savant  auteur  ne  s'est  pas  borné  a  l'étude  per- 
sonnelle des  contrées  classiques  de  l'Allemagne,  où  les  formations 
du  Zechstein  et  du  Rothliegende  sont   bien  développées  et  ont 
attiré  depuis  longtemps  son  attention,  comme  le  prouve  le  pre- 
mier ouvrage  qu'il  a  publié  sur  ce  sujet,  en  1858.  Grâce  à  la  pro- 
tection efficace  que  le  gouvernement  éclairé  du  royaume  de  Saxe 
accorde  aux  recherches  utiles,  même  sous  le  rapport  purement 
scientifique,  il  a  reçu,  durant  ces  dernières  années,  une  mission 
pour  aller  étudier  dans  la  Grande-Bretagne,  aussi  bien  les  loca« 
lités  du  terrain  permien  que  les  collections  de  fossiles  renfermant 
les  types  déjà  décrits  et  qu'il  se  proposait  de  reproduire.  N.  6ei<« 
pitz  n'a  donc  négligé  aucune  source  d'information  et  il  a  ooncen» 


NOTI   Dl    M.    lÀRRÀNDB.  1018 

ivé  toutes  les  lumières  qui  pouvaient  contribuer  à  la  perfection  de 
son  travail.  Il  est  à  peine  nécessaire  de  dire  que,  dans  la  descrip- 
tion de  la  faune,  il  a  ajouté  ses  judicieuses  observations  à  celles 
des  savants  qui,  les  premiers,  ont  décrit  les  espèces  étrangères 
à  rAUemagne. 

En  outre,  le  titre  de  Touvrage  nous  apprend  que  plusieui's 
géologues  ont  contribué  à  la  seconde  partie,  principalement  des- 
tinée aux  descriptions  stratigrapliiques  des  formations  dissémi- 
nées dans  diverses  contrées.  Les  noms  bien  connus  de  ces  savants 
sont  ceux  de  M.  Robert  Eisel,  qui  a  particulièrement  étudié  les 
environs  de  Géra,  de  M.  Rudolpli  Ludwig  (de  Darmstadt),  qui  a 
résidé  en  Russie,  sur  le  sol  typique  du  système  permien,  do 
M.  le  professeur  Auguste-Emmanuel  Reuss  (de  Prague),  qui  a 
fait  une  étude  approfondie  des  formations  de  la  même  période  en 
Boliême,  et  de  M.  le  docteur  Reinhard  Ricliter  (de  Saalfeld),  qui 
a  fait  des  rechcrcbes  si  fructueuses  dans  la  Thuringe. 

Le  concours  de  tous  ces  savants  complétera  les  travaux  de 
M.  Geinitz,  en  ajoutant  ce  qui  aurait  pu  manquer  à  ses  obser- 
vations personnelles,  dans  les  éludes  de  nature  locale. 

Le  volume  qui  est  sous  nos  yeux  est  entièrement  consacré  à  la 
partie  paléontologique.  Les  130  pages  grand  in-^  dont  il  est 
composé  renferment  les  descriptions  de  216  espèces  de  fossiles  du 
règne  animal  qui  sont  figurées  sur  23  planches  d'une  très  belle 
exécution,  sans  compter  les  gravures  sur  bois  intercalées  dans  le 
texte  et  qui  reproduisent  pour  la  plupart  des  figures  déjà  publiées 
dans  d'autres  ouvrages. 

Tout  ce  qui  a  rapport  aux  plantes  fossiles  est  réservé  pour  le 
second  volume. 

En  somme,  ce  nouvel  ouvrage  de  notre  savant  ami,  M.  le  pro- 
fesseur Geinitz^  mérite  comme  toutes  ses  œuvres  précédentes,  la 
plus  haute  considération  et  la  reconnaissance  de  tous  les  hommes 
de  science.  C'est  un  nouveau  fleuron  ajouté  à  la  couronne  scien- 
tifique de  la  Saxe, 


101& 


sÊÂifci  DU  16  inm  1802. 


Compte  des  recettes  et  des  dépenses  effectuées  pe 
l* année  1861  pour  la  Société  géologique  de  Fr 
présenté  par  M.  Ed.  Collomb,  trésorier. 


RECETTE. 


DESIGNATION 

des 

chapitre» 

d«  la  recalte. 


•m* 

b 
3 
M 

« 

e 


%  I.Prodaittordi-  i 
naiies  des  ré-} 
ceptioni | 

<  2.  ProdaiU  extr.  | 


$  3.   ProJuit  det 
pablications.    . 

C  4.  Copitauz  pla- 
ces  


NATURE  DES  RECETTES. 


$  5.  Recallat  di- 
v«rs«É* .  .  .  .  , 


I     Droits  d'entrée  et  de  diplôme  . 

id«  Taon,  conrunle 
desann.  précéd. . 
aiilicipëes.    .  .  . 
5  1  Cotitalions  une  fuh  payêf  s.  .  . 

iBiilteiin 
Mémoires.    .... 
caries  rotoiiëes.  .  . 
Histoire  des  progrès 
dti  la  géolugie.. 
Arrcroges  de  renies  5  ,/«».    ,  .  . 

Arrcmpes  d'o!iSi](uiioas 

Alloctilion  du  ministre  de  Tfns- 
Iriicliiiii  publique  pour  les  p«- 
blicalions  de  Im  Société.  .  .  . 

13  Souscription  du  Hiiiistie  d^Elat 
&  50  e&i*mpl.   des  Mémoires. 

14  ReceMesttxlruurdiiiuires  relatives 
ua  Ballrliu. 

15  Recettes  imprévues 

.  16    Loyer  de  la  Suclëtë  inëtëorol<^« 


56.  Solde  du  com- 
pte 4860 


17 


Total  de  la  recette.  .  .  . 
Reliquat  au  31  décembre  1860. . 

Totaux  de  la  recelte  et  du  reli« 
qnat  en  cuisse 


BECETTU 

prévues 

au  budget 

de  1861. 


500 
7,000 
3,000 

:fOO 
t  800 
1,100 

500 
10 


iO.SOO 


» 

M 

M 

II 


1,900    » 

1,870    » 

610    » 


1,000  » 

600  » 

»0  » 

77  fJ 

400  » 


20,067    2« 
78 


KECCTTES 

eflectuées 

en  1861. 


905     90 
1,870     » 
610     » 


600  » 

GOO  » 

180  » 

1  • 

40O  » 


i0,8:U    90 

S3S     7tt 


21,067    68 


e 
E 


6-^0 

» 

100 

7.  .75 

» 

975 

5.«nO 

» 

iV) 

4i4 

» 

lf4 

1.8O0 

M 

B 

1,670 

» 

5T1 

8GI 

90 

36! 

4 

50 

■ 

1.665 


COMPARAISON. 


La  Recette  présumée  était  de.  . 20,300 

La  Recette  effectuée  est  de 24,067 

Il  y  a  augmentation  de  Recette  de 767 


6{ 


6S 


■APPORT   DM  LA   COIHIMIOH   DM   COMPTABILITÉ. 


1015 


DÉPEjhâe. 


^JlTttàË  DES  DÉPENSES. 


It  rie  bu- 
•  •  •  •  • 

riel. . .  f 


(traitement 
traronx  eilraordioaires 
grutificatlon 
iodemnité  de  logement. 

bur«ta  ||„uf,c.  «xlMOrdin. 
Loyer,  contributions,  aunrancei. 

Chuuflfage  et  e'clalrage 

De'penies  direrses 

Ports  de  lettres 

Impreslion  d'avis  et  circulaires. 
Chonge  et  retour  de  mandats. .  . 
Mobilier,  appropria lion  du  nou- 

Teaa  local,  déménagements.  . 

Bibliothèque.  —  Reliure 

papiers, 


16  ^  Y  impression, 

S  Bolletin ,  ]      planthtfl 


licalioni., 


ploi   des 

3t*  •  .  •   , 


17)  (_ 

18  I  Histoire  det'progrès  de  la  gëolog. 

19  \  f  Impresètbn,  papier, 

V^olrél,  )     P»««»cbel.  .  .  .  . 
*  ^  Dépenses    supplé- 
mentaires.  .  .  . 
tl    Ddpcoièf  Imprévues 


15  I 

sol 


DéPEMSBS 
prévues 

aa  budget 
de  1861. 


1,800 
300 

éoo 

900 
800 
100 
100 
1.ft80 
87» 
300 
S50 
12(0 
90 


» 

»> 
» 

m 

M 
» 

n 

» 


1,8Ô((  A 

400  » 

t.OOO  • 

800  * 

a  » 

9,800  » 

1,000  n 

90  s 


19,900 


DEPBRSU 

effectuées 
en  1861. 


1,800  « 
300  » 
SOO  a 
SOO    M 

800  40 

100  j« 

100  a 

1,500  GB 

694  50 

315  90 

M  90 

94  50 

19  56 

2,643  83 

410  95 

7,010  40 

748  05 

198  60 

9,953  75 

1,000  35 

a  » 


1^,544    03 


GOHPABÂISOII. 


La  Dépense  présumée  était  de 4  9,900     » 

La  Dépense  effectuée  est  de 20,544     03 

11  y  a  diminution  de 


644     03 


RESULTAT  GÉNÉRAL  ET  SITUATION  AU  31  DÉCEMBRE  ISCl* 

Là  RècMte  totale  étabi  de 24,067     68 

Et  la  Dôpedite  totale  étant  de  ;....;  .    20,541    03 

Il  reste  en  caisse  audit  jour 523     65 


1016 


gtiNCi  DU  16  JUIN  1862. 


MOUVSaiBNT  DBS  COTISATIONS  UNS  FOIS  PÂTÉES  ET  DES  PLAC£BIK!fT8 

* 

DE  CAPITAUX,   EXERCICE   1861. 


Receite 


! 


antérieurement  à  4  864 

pendant  Tannée  4  864 

Totaux 


HOMBll 

DES 

COTISITIOHS. 


Legs  Roberton 

Total  des  capitaux  encaissés. 


44,338  65 

4,800      9 

46,4  38   55 

43.000      • 
58,438  55 


PUCBMEIIT. 


4,870 


fr. 


C* 


Rentes  3  0/0  et  frais  de  mutation 

4  4/2  en  3  0/0 47,699  25 

435     >  Intérêts  de   29    obligations   de 

chemins  de  fer,   antérieure-  / 57,557  Si 

ment  à  4  860 ê,Ul  4  5 

75     »  Intérêts  de  5  obligations  de  che- 
mins de  fer,  achetées  en  4860.     4,470  85/ 


2,380     »  —  Excédant  de  la  dépense  sur  la  recette.  . 


594    30 


MOUVEMENT  DES  ENTRÉES  ET  DES  SORTIES  DES  MEMBRES 

AU   31    DÉCEMBRE   1860. 

Au  34  décembre  4  860,  le  nombre  des  membres  main- 
tenus sur  les  listes  officielles  comme  devant  contribuer  aux 
dépenses  de  4  860  s'élevait  à  504,  dont  : 

377  membres  payant  cotisation  annuelle)  .  ,.^. 

et   424  membres  à  vie j^**   '     ^^^ 

Les  réceptions  du  4*' janvier  au  31  décembre  4  864 
ont  été  de 44 

Total 542 

A  déduire,  pour  cause  de  décès,  démissions  et  radiations 
(en  4864) 34 

Le  nombre  des  membres  inscrits  sur  les  registres,  au 
4«' janvier  4  862,  s'élève  à 608 

jj      •     j  378  membres  payant  cotisation  annuelle, 
^*^®*'^-|4  30  membres  à  vie. 


EAPPOftT    mi   LA   GiMiaiSBION   Dl    €0II?TAB1L1TÉ .         1017 

M.  Parés  présente  la  rapport  de  la.GommissioD'daoomptabi- 

litô  sur  les  comptes  du  trésorier  pour  l'année  1861  : 

Rapport  présenté^  par  M.  Parés,  au  nom  de  la  Commission 
de  comptabilité f  sur  les  comptes  du  Trésorier^  pour  Vannée 

1861. 

Messieurs, 

Lorsque  Tadministration  d'une  Société  est  confiée  à  des 
hommes  intelligents  et  soucieux  de  leurs  devoirs,  le  compte 
rendu  annuel  des  recettes  et  des  dépenses  n'est  guère  qu'une 
répétition  du  passé.  L'action  incessante  du  Trésorier,  la  surveil- 
lance et  la  direction  du  Conseil  sont  autant  de  garanties  du 
maintien  de  l'équilibre  financier.  Si  parfois,  dans  le  cours  de 
son  existence,  la  Société  est  obligée  à  des  dépenses  extraordi- 
naires, l'administration  sait  y  pourvoir,  et  rien  n'est  changé  à 
la  marche  générale,  parce  qu'une  économie  bien  entendue  finit 
par  rétablir  la  balance.  Un  fait  de  ce  genre  s'est  produit  dans  le 
cours  du  présent  exercice-,  vous  devinez  déjà,  messieurs,  que 
nous  parlons  du  déplacement  du  lieu  de  nos  séances.  Là  s'est 
rencontré,  par  la  force  des  choses,  un  excédant  de  dépense  que 
nous  aurons  à  vous  signaler^  mais  ce  n'est  qu'un  accident,  qui 
n'est  pas  de  nature  à  se  renouveler  de  longtemps,  et  dont  les 
effets  ne  se  feront  bientôt  plus  sentir  sur  l'économie  de  notre 
budget. 

La  recette  et  la  dépense  ont  été  classées,  dans  le  budget  pro- 
visoire qui  vous  a  été  soumis,  sous  divers  paragraphes  :  quatre 
pour  la  r^cf^/e  (produit  des  réceptions,  produit  des  publications, 
placement  de  capitaux,  recettes  diverses)  *,  six  pour  les  tlépenses 
(personnel,  logement  et  accessoires,  frais  de  bureau,  magasin, 
publications,  emploi  de  capitaux).  Nous  allons  adopter  ces 
mêmes  divisions,  que  nous  ferons  suivre  de  quelques  chiffres 
sur  les  mouvements  du  personnel  des  membres. 

L  Rbcettb. 

.•    Le  §  1"  se  rapporte  au  produit  des  réceptions. 

Il  embrasse  cinq  sous-divisions  :  droits  d'entrée  et  de  diplôme, 


1018  Uànc»  du  16  loiN  i^tlà. 

Q6tiMti0nt  de  PAtmée  (xmrafiiey  dm  innées  ttitèriearMp  afelici- 

pées,  une  fois  payées* 

Droits  (Ventrée  et  de  diplôme.  —  600  fr.  au  projet  de  budget, 
(XK)  ft*.  effectivettient  reçtis. 

Cotisations  voamnteè.     —  7000  fr.  prétdÉ,  7î76fr.  rë^us. 

Cotisations  arriérées,       —  3000  fr.  prévus,  8280  frk  féçus. 

Cotisations  anticipées,     —    300  fr.  prévus,    A2A  fr.  reçus. 

Cotisât,  une  fois  payées.  —  1800  fr.  prévUI^  1800  fr.  reçus. 

Ces  cinq  articles  doivent  être  réunis  pour  être  mieui  apfirë- 
oiéSy  ear  ils  sont  dans  une  dépendance  mutuelle.  Ils  forment  un 
total  de  Id  320  fr.  Chacun  d'eux  accuse  un  accroissement  de 
reoette  :  réunis,  ils  offrent  un  excédant  de  729  fr.  sur  le  budget 
provisoire,  et  sur  Texercioe  précédent  de  11A9  fr.  Les  uns 
comme  les  autres  sont  la  preuve  de  la  vigilance  du  Trésorier. 

Dans  le  rapport  de  Tannée  dernière  nous  vous  faisions  remar- 
quer que,  malgré  tous  les  soins»  les  recettes  des  cinq  catégories 
avaient  été  en  dessous  des  prévisions,  tattdis  qu'elles  lel  avaient 
dépassées  au  précédent  exercice  ;  nous  retrouvons  donc  ici  cette 
loi,  si  générale  dans  la  nature  morale  comme  dans  la  nature 
physique,  la  loi  des  oscillations,  que  nous  retrouverions  «uasi 
en  remontant  plus  haut  dans  le  passé*  Il  ne  faudrait  pas  pourtant 
regarder  ce  fait  avee  des  yeux  fatalistes,  car  c'est  au  milieu 
d'efforts  incessants  qu'il  se  produit,  et  le  relAcbement  bous 
conduirait  bientôt  à  un  défiait  permanent. 

Le  2*  §,  non  moins  important  que  le  1*%  se  rapporté  au 
produit  des  ventes ,  soit  Axk  Bulletin,  soit  des  MémoirtsetcaiHes, 
soit  de  V Histoire  des  progrès  de  la  géologie. 

Bulletin,  -^Prévision  1100  fr.,  recette  1768  fr.,  e'esl^è- 
dire  058  fr.  d'excédant  sur  les  prévisions,  mais  SA  fn  seule^ 
ment  sur  la  recette  de  1860.  Dans  ces  deux  exeroiees^  le 
projet  de  budget  avait  prudemment  fixé,  un  chiffre  peu  élevé^ 
en  rapport  d'ailleurs  avec  les  reeettes  antérieures  \  vous  yefrei 
avec  satisfaction  que  l'augmentation  de  1800  s'est  ooetinuée 
en  1861.  Il  y  aura  à  tenir  compte  d'une  légère  diminution  de 
20  fr.  sur  les  recettes  extraordbiaires  relatives  au  Bulletin  : 
l'accroissement  est  donc  de  683  fr.  sur  les  prévisions. 

Mémoires  et  cartes.  -^Prévision  610  fr.  recette  1A64  fr. 
tO  e.y  différence  en  plus  966  fr.  40  c.  Cette  différence  toutefois 


RAPPORT    ni   iéA    COMMlMlOlf   HI   GOHrTÀBlLlTt .  lOltf 

n'est  réella  qu'en  partie,  M.  le  Ministre  d'Etat  a  bien  vouiiicon^ 

tinuer  sa  souscription  à  30  exemplaires,  formant  une  somme 
de  600  (t. y  laquelle  est  bien  relative  à  la  vente  des  Mémoires; 
mais  le  projet  de  budget  Ta  classée  parmi  les  recettes  diverses  : 
l'augmentation  effective  n'est  donc  que  de  356  fr.  &0  o. 

Histoire  des  progrès  île  la  géologie.  —  Prévision  1200  fr», 
recette  905  fr.,  différence  en  moins  205  fr. 

Nous  n'avons  pas  besoin  de  faire  remarquer  que  ces  TâKations, 
en  plus  ou  en  moins,  sont  indépendantes  de  l'admidistration, 
et  tiennent  à  des  circonstances  que  nul  ne  peut  apprècie^  paf 
avance. 

Le  k"  §  (nous  réservons  le  3*  poiu*  la  fib)  comprend  les 
recettes  diverses. 

Là,  rentrent  deux  recettes,  dont  nous  vous  avoné  déjà  entre- 
tenus à  l'occasion  d'articles  auxquels  elles  se  rapportaient  : 
d'une  part,  la  souscription  ministérielle;  d'autfe  part,  les  recettes 
extraordinaires  relatipes  au  Bulletin^  article  important^  même 
quand  le  chiffre  en  est  peu  élevé,  parce  que  le  concours  des 
auteurs  à  la  dépense  permet  seul  de  donner  aux  publications 
toute  leur  utilité. 

Il  y  a,  en  outre,  Vallocation  que  M.  le  Ministre  de  l'Instruc- 
tion publique  nous  continue,  dans  sa  bienveillance»  comme 
encouragement  à  nos  publications.  Elle  est  de  1000  hé,  mais 
500  fr.  seulement  ont  été  reçus  dans  le  cours  de  l'exercice.  Il 
y  a  donc  déficit  de  500  fr.  sur  les  prévisions^  mais  déficit  pure- 
ment nominal. 

Enfin  le  loyer  de  la  Société  météorologique^  pour  &00  fr» 
Cet  article  comprenait  précédemment  hOO  fr.  de  plus^  qui  ne 
figurent  plus  au  budget  depuis  que  la  Société  botanique  s'est 
séparée  de  nous. 

Il  ne  reste,  pour  compléter  le  chapitre  de  la  recette,  que 
le  §  3,  concernant  le  placement  des  capitaux. 

Les  rentes  et  antres  valeurs  appartenant  à  la  Société  n'ont 
éprouTé  aucun  changement.  Le  seul  qui  eût  pu  se  produire 
normalement  dans  la  sous-division  concernerait  le  placement  des 
cotisations  à  vie,  reçues  dans  le  courant  de  l'exercice.  Six  ont 
èt6  reçues,  au  total  de  1800  ir.  )  nulle  n'a  été  placée.  Le  chan- 
gement de  local,  avec]  toutes  eea  exigences,  entraînait  une 


1020  SÉANCE  DU    16   JUIN   i862« 

augnebtation  de  dépense  considérable  *,  le  Conseil  a  élé  sage, 
en  appliquant  momentanément  h  ces  besoins  impérieux  les  fonds 
que  ces  cotisations  avaient  mis  entre  nos  mains.  Ne  pouvant 
échapper  à  la  dépense,  ne  voulant  pas  entraver  le  service,  il  ne 
lui  restait  que  deux  moyens,  ou  vendre  de  nos  capitaux,  ou 
laisser  pour  cette  année  sans  placement  ceux  que  nous  avions 
reçus;  nous  nous  sommes  emprunté  à  nous-mêmes^  cela 
valait  mieux.  Mais  déjà  nous  trouvons  assurés  une  partie  des 
fonds  nécessaires  pour  rentrer  dans  la  règle,  soit  dans  le  solde 
de  Tallocation  ministérielle,  soit  dans  une  recette  extraordi- 
naire sur  les  Mémoires;  l'économie  fera  le  reste. 

Tel  est,  messieurs,  Tétat  complet  de  nos  recettes.  Elles 
présentent  une  diminution  de  478  fr.  50  c.  sur  Texercico  JSôO, 
mais  diminution  simplement  apparente,  puisque  Tallocation  de 
1000  fr.  n'a  pas  été  cette  fois  reçue  en  totalité,  et  que  d'ailleurs 
le  loyer  de  la  Société  botanique  nous  a  fait  défaut.  Sur  les  pré- 
visions, au  contraire,  il  y  a  augmentation  de  767  fr.  68  c. 

IL  Dépense. 

Les  détails  que  nous  venons  de  vous  donner  sur  la  recette 
ont  simplifié  ceux  que  nous  aurons  à  vous  présenter  sur  la 
dépense;  bien  des  articles  se  correspondent,  qui  ont  déjà  reçu 
leur  explication. 

Six  paragraphes  composent  ce  chapitre. 

Le  §  1"  concerne  le  personnel  de  V administration.  Gomme 
rien  n*a  été  changé  aux  allocations  annuelles,  nous  n'aurions 
rien  à  relever  si  notre  déplacement  n'eût  exigé  un  surcrott  de 
travail  qui  a  nécessité  Temploi  d'un  auxiliaire,  dont  la  rétribu- 
tion a  été  portée  à  200  fr.  ;  c'est  la  seule  augmentation  que  cet 
article  ait  reçue. 

Le  §  2  (Jrais  de  logement  )  comprend  le  loyer^  les  contribua 
tionSy  les  assurances ^  Véclairage  et  le  chauffage. 

Les  trois  premiers  articles  sont  fixes  de  leur  nature,  ou 
n'éprouvent  que  de  légères  variations,  indépendantes  de  notre 
volonté.  11  y  a  eu  diminution  de  71  fr.  sur  1580  fr.  portés  au 
budget. 

Quant  au  chauffage  et  à  Téolairage,  augmentation  de  119  fr. 
due  en  partie  au  changement  de  local. 


happort  db  la  commission  m  comptabilité.      iOÈl 

Le§  3  {frais  de  bureau)  embrasse  divers  articles  peu  im- 
portants, qui  80  résolvent  en  une  diminution  de. dépense  de 
70  fr.  environ. 

Le  §  A  {magasin)  se  réfère  à  deux  articles  considérables,  le 
mobilier  et  la  bibliothèque. 

La  bibliothèque  di  deux  sous-divisions  :  reliure  et  port.  AOO  fr. 
alloués,  AlO  fr.  95  c.  dépensés.  A  son  égard  tout  est  normal. 

Il  n'en  est  pas  de  même  du  mobilier.  A  lui  revient  une. bonne 
part  dans  les  augmentations  de  In  dépense.  Ce  fait  est  déjà 
expliqué-,  nous  sommes  tous  en  mesure  d'apprécier  la  consé- 
quence de  notre  déplacement,  surtout  pour  Tappropriation  au 
local  nouveau.  Comme  il  arrive  toujours  en  pareil  cas,  la  dépense 
a  dépassé  les  prévisions^  on  avait  compté  sur  1805  fr.,  elle 
s'est  élevée  à  2â43  fr.  83  c,  c'est-à-dire  à  638  fr.  83  c.  de 
plus.  Nous  n'avons  pas  besoin  de  dire  que  Ton  n'a  pu  faire 
plus  économiquement.  Heureusement  ce  n'est  Id  qu'une  dépense 
accidentelle*,  les  budgets  antéric^urs  ne  portaient  pour  cet  article 
qu'une  cenlaine  de  francs. 

Le  §  5  {publications)  comprend,  dans  le  budget  provisoire, 
deux  articles  :  Bulletin^  Mémoires. 

7800  fr.  y  sont  porlés  pour  le  Bulletin^  la  dépense  a  été 
moindre  de  hh  fr.  55  c. 

Pour  les  Mémoires,  2500  fr.  se  rapportaient  aux  frais  ordi- 
naires (impression,  papier  et  planches)  ]  iOOO  fr.  à  une  dépense 
supplémentaire  et  relative  au  solde  dû  à  M.  Gide  pour  les  publi- 
cations sous  le  régime  modifié.  Dans  les  2500  fr.  entrait  déjà 
une  pareille  somme  due  au  même  éditeur  pour  achat  de  volumes. 
Le  total  est  de  3500  fr.,  sur  quoi  il  a  été  dépensé  325Afr.  70  c., 
différence  en  moins  2A5  fr.  90. 

Reste  enfin  le  §  6  (jjlacement  de  capitaux).  Nous  avons  déjà 
dit  pourquoi  il  n'en  a  pas  été  placé  en  1861. 

En  résultat,  la  recette  a  été  de 20,83A  fr.  90c. 

La  dépense  est  de 20,5AA      03 


Différence  au  profit  de  la  première.  .  •  .        290       87 
Ajoutons  le  solde  en  caisse  au  31  déc.  1860.        232       78 


Il  reste  en  caisse,  au  81  décembre  1861.       523      65 


^931 


1022  SftANCI   DU    16   JUIlf    JUN*.. 

Cette  silualioD,  messieurs,  est  aussi  satisfaisaDta  qoM  te 
pouYaient  permettre  les  circonstances  -,  ce  qui  lui  a  manqué 
était  indépendant  de  notre  volonté,  et  sera  bientôt  rétabli. 

ni.  MomniiiiT  DU  pnsoimBL. 

L'amiée  dernière,  en  vous  signalant  un  temps  d*arrèt  dan» 
la  proportion  ascendante  du  chiiïre  des  membres,  nous  mani- 
iaitions  la  ferme  espérance  que  ce  n'était  point  là  le  dernier 
mot  *,  Texeroice  écoulé  commence  à  justifier  nos  préviaiou  \ 
noua  ayons  eu  12  réceptions  de  plus  qu'au  précédent  exercice. 
Eipérona  encore  en  Tavenir-,  il  faut  bien  que  nos  traTanv 
portent  leurs  fruits. 

Nous  ne  saurions  trop  louer  le  zélé  soutenu  de  notre  trésorier. 
Nous  aimons  aussi  à  redire  combien  l'agent  de  la  Société  est 
digne  de  sa  confiance. 

Nous  vous  proposons  d'approuver  les  comptes  de  1801,  el 
de  voter  des  remerctments  au  trésorier. 

Le  rapporteur f  T.  PaeèS* 

La  Société  approuve  les  conclusions  du  rapport  et  vote  des 
remerctments  à  M.  Ed.  Gollomb,  trésorier,  et  à  M.  Parés, 
rapporteur  de  la  commission  de  comptabilité. 

MM.  les  vice-présidents  et  M.  le  trésorier  étant  absents, 
M.  le  marquis  de  Roys,  archiviste,  prend  la  présidence  de  la 
Société. 

M.  Albert  Gaudry  fait  la  communication  suivante  : 

Sur  le  singe  fossile  de  Grèce  (1)  j  par  M.  Albert  Gaudry. 

Du  temps  de  Cuvier,  on  n'avait  point  encore  rencontre  de  singes 
fossiles.  Aujourd'hui,  on  en  connaît  dix  espèces,  sans  compter 
celle  de  Grèce  :  deux  espèces  dans  l'Aniërique  du  Sud,  trois  en 


(4)  Celte  note  est  le  résumé  d'un  travail  qui  va  paraître  dans  nu 
oavrage  intitulé  :  animaux  Jos^U^s  et  géologie  de  fAttique,  itrand 
in-i.  Paris,  4868.  "^      ^  ^    '* 


NOTE    Dl    M.    GAUDRY.  10$9 

Asie,  cinq  eu  Europe.  Ces  espèces  ne  soni  dëteiuiiuées  que  d*aprèt 
des  pièces  très  incomplètes;  leurs  débris  sont  d\uie  extrén^e  rareté. 
En  Grèce  au  contraire  les  singes  fossiles  sont  coqaipuns.  Lt&  fouilles 
dont  TAcadémie  m'a  chvgé  pnt  amen^  la  découverte  de  YÎngt 
crânes  de  ces  finimaux,  djB  plusieurs  mâchoires  et  d'ossements  de 
toutes  les  pairties  du  corps.  Aussi  j*ai  pu  faire  exécuter  un  dessin 
qui  représente  la  restauration  d'un  squelette  entier  de  singe  fos- 
sile :  je  mets  ce  dessin  sous  les  yeui^  de  la  Société» 

Wagner  est  le  premier  qui  ait  eu  à  sa  disposition  des  Cfâaea  du 
singe  de  Pikermi  ;  d'après  leur  inspection,  il  a  cm  cet  animal 
intermédiaire  entre  les  gibbons  et  les  semnopithèques  et  il  l'a 
inscritsous  le  nom  de  mésopithèque  (ft^oç,  qui  est  au  milieu,  ircOqÇ, 
yiM^çj  singe).  Sans  doute  le  savant  professeur  de  Munich  avait 
reçu  des  échantillons  déformés,  car  le  crâne  du  màopithèque, 
sauf  ses  formes  un  peu  plus  lourdes,  est  semblable  à  celui  des 
semnopithèques,  et  il  n'a  aucun  rapport  avec  celui  des  gibbons. 
Aussi  en  1856,  à  la  suite  de  mes  premières  fouilles  en  Grèce, 
M.  Laiiet  et  moi  avons  jugé  inutile  l'établissement  d'un  nou- 
veau nom  de  genre  et  nous  avons  classé  le  singe  de  Pikermi 
parmi  les  semnopithèques.  Il  paraît  que  Wagner  se  rapprocha 
de  notre  manière  de  voir;  car,  en  1857|  il  ne  considéra  plus  le 
mésopithèque  que  comme  un  sous-genre  des  semnopithèques. 
En  1860,  l'habile  paléontologiste  de  Berlin,  M.  Beyrich,  adopta 
notre  opiniou  et  rejeta  le  nom  de  mésopithèque  à  titre  même  de 
spus-genrc.  Cependant  vers  la  même  époque,  j'entreprenais  en 
Grèce  de  nouvelles  fouilles  et  j'extrayais  les  diverses  pièces  du 
squelette  du  singe  grec.  Ces  découvertes  eurent  un  curieux  résultat  ; 
elles  prouvèrent  que  les  membres  de  ce  singe  sont  très  différents 
de  ceux  des  semnopithèques  ;  ils  sont  moins  grêles  et  plus  égaux 
en  avant  et  en  arrière.  Autant  le  mésopithèque  ressemble  par  sa 
tête  aux  semnopithèques,  autant  il  ressemble  aux  macaques  par 
ses  membres. 

Voilà  donc  un  type  transitionnel  reliant  deux  genres  distincts 
dans  la  nature  actuelle.  Quand  nous  avons  eu  sous  les  yeux> 
non  pas  seulement  un  moi*ceau  de  mâchoire  (comme  c'est  le  cas 
pour  un  grand  nombre  des  mammifères  fossiles  inscrits  dans 
les  catalogues),  mais  des  crânes  parfaitement  entieirs,  nous  avons 
dû  croire  que  le  singe  grec  était  un  semnopithèque  ;  c'était  une 
erreur.  Si  au  contraire  nous  eussions  trouvé,  non  point  un  os  isolé 
des  membres,  mais  les  membres  entiers,  nous  aurions  attribue 
ces  pièces  à  un  macaque  ;  nous  aurions  également  commis  une 
faute.  Ceci  nous  apprend  combien  il  faut  se  gardas  d'exagérer  bs 


1024  sÊAwr.K  DU  16  ji'îN  1862. 

applications  du  principe  de  la  connexion  des  organes  :  il  est  difli-* 
cile  de  délermincr  un  maininifère  fossile  dont  on  ne  possède  quTun 
petit  nombre  de  pièces. 

J'ai  dû  reprendre  le  nom  de  mésopithèque  proposé  dès  1839  |>ar 
Wagner,  mais  entendre  ce  mot  dans  un  sens  tout  différent;  car  le 
mésopithèque,  par  ses  membres,  aussi  bien  que  par  son  crâne, 
s'éloigne  extrêmement  du  gibbon  qui  est  un  singe  supérieur.   - 

Tous  les  quadrumanes  jusqu'à  présent  découverts  en  G^èce 
appartiennent  à  une  seule  espèce  :  le  Mesopithecus  Pentelici,  Cer- 
tains individus  sont,  il  est  vrai,  plus  forts  que  les  autres;  Wagoer 
avait  supposé  qu'ils  constituaient  une  seconde  espèce  :  le  il/efo/^/- 
thecus  mnjor.  Nous  avons  même  remarqué  dans  ces  singea  des 
différences  plus  importantes  que  celles  de  la  taille;  ils  ont  de  très 
hautes  canines  et  la  branche  montante  de  la  mâchoire  inférieure 
s'est  élat'gie  en  proportion  du  développement  des  canines.  Cepen- 
dant M.  Lartet  et  moi  avons  reconnu  que  ces  différences  ne  soiit 
|>as  spécifiques;  on  en  observe  de  semblables  entre  le  mâle  et  la 
femelle  dans  une  même  espèce  de  singe  vivant. 

Le  mésopithèque  pouvait  avoir  un  demi-mètre  de  long  depuis 
la  tête  jnsqu*à  Textrémité  du  bassin.  11  avait  une  longue  queue. 
Son  angle  facial  était  environ  de  57  degrés.  Ses  dents,  disposées 
comme  celles  du  semnopithèqne,  indiquent  qu'il  se  nourrissait 
principinleincnt  des  parties  herbacées  et  ligneuses  des  végétaux. 
Gomme  elles  sont  peu  usées  dans  tous  nos  individus,  il  faut  sap- 
]>oser  que  ces  animaux  ne  sont  pas  moiis  de  vieillesse,  mais  qu'un 
Ijoulevei'sément  de  la  nature  physique  amena  leur  destruction. 

Le  mésopiihèque  avait  les  ischions  aplatis  en  arrière;  cet 
aplatissement  coïncide  avec  la  callosité  des  fesses  dans  Us  singes 
vivants;  il  est  donc  bien  probable  que  le  singe  grec  avait  des  fesses 
calleuses. 

Il  avait  un  pouce  aux  pattes  de  devant,  ce  qui  atteste  une  certaine 
dextérité  de  préhension  comme  dans  la  plupart  des  singes  actuels. 
Ses  mains  de  derrière  munies  de  très  longs  doigts  ont  dû  être  peu 
favorables  pour  la  course  ;  ainsi  ce  singe  des  temps  passés  est  reste 
sans  doute,  comme  les  singes  d'aujourd'hui,  confiné  dans  d'étroits 
espaces. 

11  n'avait  pas  les  mêmes  facilités  pour  grimper  que  les  gibbons 
dont  les  bras  sont  démesurément  grands,  ou  que  les  semnopithèques 
dont  les  cuisses  sont  très  hautes.  Comme  les  macaques  et  les  magots 
dont  les  membres  sont  moins  longs  et  moins  inégaux,  il  semble 
avoir  été  principalement  organisé  ]X)ur  se  promener  a  terre  appuyé 
sur  ses  quatre  pattes. 


KOTR    DE    U.    SÀBVANff.  102S 

Puisque  les  singes  vivent  aujourd'hui  dans  des  contrées  où  les 
hivers  sont  plus  chauds  qu'en  Grèce,  on  peut  croire  qu'à  l'ëpoque 
du  niésopithèque  la  température  de  ce  pays  était  plus  élevée  que 
de  nos  jours;  plusieurs  faits  corroborent  cette  supposition. 

Il  semble  que  la  distinction  établie  par  notre  ^rand  naturaliste, 
Bulfon,  entre  les  singes  de  l'ancien  et  du  nouveau  continent  soit 
vraie,  non-seulement  pour  les  temps  actuels,  mais  encore  pour  I9 
période  tertiaire,  car  les  deux  singes  trouvés  par  Lund  au  Brésil 
appailiennent  à  la  tribu  des  singes  du  nouveau  continent;  le  singe 
de  Grèce  et  les  huit  autres  espèces  signalées  dans  les  terrains  ter- 
tiaires de  l'Asie  et  de  l'Ëui-ope  se  rapportent  à  la  tribu  des  singes 
de  l'ancien  continent.  Ceci  pourrait  contribuer  à  faire  supposer 
que  la  séparation  de  l'ancien  et  du  nouveau  continent  remonte  au 
moins  à  la  période  tertiaire. 

M.  Saemann  fait  la  communication  suivante  : 

Obsen^ations  sur  Belemniles    quadratus,    Defr.; 
par  M.  L.  Saemann  (pi.  XX) 

Paniii  les  nombreuses  Bélemnites  qu'on  connaît  dans  les 
terrains  secondaires,  il  y  en  a  deux  espèces,  parues  les  dernières, 
qui  présentent  un  caractère  jusque-là  inconnu,  consistant  dans 
la  forme  courte  et  anguleuse  de  l'alvéole  qui  reçoit  le  cône  cloi- 
sonné. Ce  sont  les  Bélemnites  quadratus^  Oefrance,  et  B.  sub-- 
ventricosuSf  Wahlenberg,  appartenant  toutes  les  deux  à  la  partie 
inférieure  de  la  craie  blanche.  Leur  alvéole,  au  lieu  d'être  parfaite- 
ment rond  et  conique,  comme  dans  toutes  les  autres  Bélemnites, 
présente  la  forme  d'une  pyramide  renvei-sée,  à  trois  ou  quatre  faces; 
la  surface  intérieure  de  cette  cavité  montre  les  affleurements  des 
couches  concentriques  composant  la  gaîne  calcaire  de  la  Bélem- 
nite  et  ne  présente  aucune  trace  d'un  revêtement  interne  comme 
dans  les  Bélemnites  ordinaires. 

IV1.  KIoeden  paraît  être  le  seul  savant  qui  ait  observé  des  cloi- 
sons dans  un  alvéole  angulaire,  celui  du  B.  subpentricosus^  et   le 
silence  des  principaux  auteurs  ferait  supposer  que  des  observations 
de  ce  genre  ont  été  excessivement  rares. 

Sharpe  (1),  en  donnant  la  description  de  la  cavité  alvéolaire 


(<)  Fossil  remains  of  mollusca  in  the  chalk  oj England^  Londoo, 
4863,  p.  9. 

Soc.  géol, ,  î'  série,  tome  XIX.  65 


NOTE    DB    M.    SABMAMIV.  1027 

taires  de  \di  Paléontologie  française  (1).  On  s'est  servi  de  cette 
figure  pour  la  construction  de  la  coupe  (fig.  k)  après  rectification 
de  Terreur  du  dessin  original  (fig.  1)  qui  fait  paraître  le  plan 
terminal  incliné  du  côté  ventral,  quand  il  devrait  Tétre  vers  le  côté 
dorsal  du  fossile,  comme  l'indiquent  correctement  les  fig.  2  et  3 
de  la  même  planche. 

JNotre  fig.  3  a  est  une  reproduction  exacte  de  la  face  articulaire, 
d'après  Toriginal  de  la  figure  3  de  la  collection  de  M.  Triger. 

Cette  facette  articulaire  avec  ses  sculptures  régulières  en  relief 
fait  dire  à  Miller  :  Ceci  est  une  preuve  excellente  que  jamais  un 
cône  cloisonné  n'a  existé  en  cet  endroit,  puisque  non-seulement 
il  n'existe  point  de  cavité  pour  le  recevoir,  mais  qu'au  contraire 
la  forme  de  l'extrémité  est  tout  à  fait  l'opposé  de  ce  qu'elle  est 
dans  les  Bélemnites  ordinaireSb 

La  conclusion  n'est  pas  irréfutable,  et,  puisque  le  cône  du  B, 
quadratus  prouve  l'existence  d'une  substance  qui  le  rattache  au 
corps  de  la  liélemnite,  rien  ne  s'oppose  à  ce  que  dans  l'Actino- 
camax,  ce  caractère  ne  soit  plus  développé  et  que  la  substance 
car(ila(;ineuse  ne  forme  toute  la  région  alvéolaire. 

Aie.  d'Orbigny,  le  monograplie  des  céphalopodes  vivants,  n'ad- 
mettait évidemment  pas  l'existence  d'une  Bélemnite  sans  cône 
cloisonné  ;  ses  idées  sur  TActinocamax ,  tout  extraordinaires 
qu'elles  paraissent,  en  sont  la  preuve,  llcroit,  en  effet,  que  TActi- 
nocamax  est  une  Bélemnite  cassée  dans  le  corps  et  du  vivant  de 
l'animal,  et  que  ce  que  j'appelle  la  facette  articulaire  est  un  effet 
de  frottement  des  deux  bouts  de  la  cassure. 

J'ignore  si  en  physiologie  il  est  admis  qu'un  animal  puisse  s'ac- 
commoder d'un  08  casséet  continuer  à  vivre,'8an8  que  son  organisme 
cherche  à  réparer  le  mal  ;  mais  au  point  de  vue  purement  empi- 
rique il  suffit  de  faire  remarquer  qu'on  n'a  jamais  l'encontré  la 
partie  alvéolaire  de  l'Actinocamax  usée  de  la  même  manière  et 
qui  se  reconnaitrait  très  facilement. 

Il  me  reste  quelques  mots  à  dire  sur  les  genres  Belemnitella  et 
Actinocamax,  Ce  dernier,  comme  on  Tient  de  le  voir,  représente  en 
effet  un  type  fort  singulier,  et  ce  n'est  qu'une  preuve  de  plus  des 
entraînements  faciles  dans  la  science  de  >oir  l'unanimité  des 
auteurs  pour  rejeter  le  genre  Actinocamax  et  l'empressement  de 
beaucoup  d'autres  à  adopter  le  genre  Belemnitella, 

Celui-ci  n'est  pas  suffisamment  circonscrit,  caractérisé  comme 

(\  )  Aie.  d'Orbigny ,  Paléontologie  française ,  terrain  crétacé,  Supplé- 
mentf  pi.  II,  fig.  3.  Je  n'ai  pu  me  procurer  le  texte  de  cette  livraison. 


1028  SÉANCE  DU  16  JUIN  1862. 

il  Test  selon  d'Orbigny  par  la  fente  ventrale  de  Talvëoie  ci  le% 
lignes  vasculaires  latérales. 

Belemnites  semisulcatus  présente  d'après  BlaînTÎlle  (1)  ane  caniie» 
lare  assez  profonde ,  courte  et  jormant  fissure  à  son  origine; 
Belemnites  minimus  a  les  lignes  latérales  et  ce  même  sîUon  ooort 
et  profond  à  la  région  alvéolaire  ;  il  est  probable  que  si  on  ooin* 
naissait  des  individus  plus  complets,  on  verrait  la  fente  comme 
dans  Tespèce  précédente.  Ajoutons  que  persoqne  ne  sait  comment 
est  fait  le  bord  alvéolaire  dans  les  espèces  profondément  canalî» 
culées  {B.  hastatusy  canaliculatusj  etc.),  et  il  paraîtra  au  moins 
certain  que  ce  caractère  est  très  peu  propre  pour  distinguer  les 
deux  genres.  Quant  aux  lignes  imprimées  sur  les  côtés  des  fiélem* 
nitelles,  il  n'est  pas  facile  de  comprendre  en  quoi  elles  diffèrent  de 
celles  que  d'Orbigny  lui-même  figure  (2)  sur  les  côtés  des  Belem- 
nites subjusiformis  et  dilatatus. 

Ces  lignes,  comme  les  granulations  de  la  surface  qu'on  observe 
sur  les  Belemnites  de  la  craie  blanche  et  Talvéole  cartilagineux, 
ne  sont,  ce  me  semble,  que  les  signes  de  la  disparition  totale  et 
prochaine  des  Belemnites  qui  sont  envahies,  impressionnées  et 
partiellement  remplacées  par  la  substance  organique.  Il  est  pro- 
bable que  des  changements  de  cette  importance  ne  se  sont  pas  opérés 
sans  des  modifications  correspondantes  dans  l'organisation  de 
l'animal  et  que  les  Belemnites  caractérisent  plutôt  une  famille 
qu'un  genre  de  céphalopodes;  mais  il  n'est  pas  moins  certain 
que  ce  qui  en  reste  est  tout  à  fait  insuffisant  pour  faire  des  subdi« 
visions. 

Puisqu'il  y  a  des  Belemnites  qui  présentent  l'un  ou  Tautre  des 
caractères  assignés  au  genre  Belemnitella^  puisque  deux  des  trois 
Bélemnitelles  [B.  quadrata  et  B,  subventricosa)  partagent  le 
caractère  de  l'Âctinocaniax  indiqué  par  la  forme  carrée  de  leurs 
alvéoles  et  qu'enfin,  en  plaçant  avec  d'Orbigny  l'Actinocamax 
dans  les  Bélemnitelles,  on  serait  obligé  de  restituer  à  ces  dernières 
le  nom  de  Miller,  ce  qui  augmenterait  encore  la  confusion  ;  pour 
toutes  ces  raisons,  il  parait  préférable  de  supprimer  ces  cou- 
pures insigni6anteset  de  rendre  au  genre  Belemnites  ses  anciennes 
limites. 

Si  toutefois  une  division  du  genre  est  maintenue,  elle  devait 
comprendre  sous  le  nom  d'Actinocamax  les  trois  espèces  Actino- 


(4)  Blainvilie,  Mémoire  sur  1rs  Belemnites,  p.  67,  4827. 
(J)  Paléontologie jranç,  Terr.  crétacés^  pi,  II,  fig.  4,  4,  9,  etc.: 
pl.ïViflg.  U-45. 


KOTI   M    M.    ÉBKàY.  1029 

camax  verusy  quadratus  et  subventricosus  comme  réuniMant  le 
caractère  qui  est  de  beaucoup  le  plus  important,  celui  d'avoir 
un  alvéole  cartilagineux  entre  le  cône  et  la  gaine  des  Bélemnites 
ordinaires.  Les  trob  espèces  appartiendraient  de  plus  au  même 
horizon  géologique. 

Explication  de  la  planche  XX. 

Fig.  4 .  Bélemnites  quadratus  y  Defr.^  avec  cône  cloisonné  en  place,  do 
la  craie  jaune  des  environs  de  Galoppe  (Limbourg  hollan- 
dais). Â.  Coupe  théorique  de  l'alvéole,  avec  partie  du  cône. 

Fig.  S.  Actinocamax  vcruSy  Miller,  croquis  d'un  jeune  individu  de 
la  craie  blanche  inférieure  de  Tartiguy  (Oisej,  de  la  collec- 
tion de  M.  de  Mercey. 

Fig.  3.  Même  espèce,  de  taille  moyenne,  de  Visé  (Belgique).  Collec- 
tion de  M.  Triger. 

Fig.  3âr.  Facette  articulaire  du  môme,  grossie. 

Fig.  B.  Môme  espèce,  adulte  ;  section  verticale,  au  trait,  montrant  la 
forme  creuse  de  la  facette  articulaire  à  cet  âge  et  la  posi- 
tion supposée  du  cône.  —  Copie  corrigée  de  la  PaléontQ" 
logiejrançaisey  Terrains  crétacés  ;  Supplément ^  pi.  11. 

Les  lettres  d  et  v  indiquent  les  côtés  dorsal  et  ventral. 
Le  secrétaire  donne  lecture  de  la  note  suivante  : 

Sur  la  minette  du  Morvan;  par  M.  Th.  Ébray. 

La  minette  est  une  ix>che  éruptive  qui  ne  se  rencontre  pas  en 
grandes  masses  comme  les  porphyres  et  les  granités  ;  sa  présence  a 
été  constatée  dans  les  Vosges,  aux  environs  de  Lyon,  dans  le 
Forez  ;  mais  elle  n'a  pas  encore  été  signalée  dans  le  Morvan.  Il 
convient  d'ailleurs  de  réunir  sur  son  âge  la  plus  grande  somme  de 
renseignements. 

MM.  Drian,  Fournet,  Coquand,  de  Léonhard,  ont  déjà  décrit 
la  minette  et  les  roches  qui  s'y  rapprochent,  comme  le  porphyre 
micacé  et  la  fraidonite. 

M.  Delesse  (^w//.  Soc,  géoL^  2*sér.,  t.  XVï,  et  Annales  des  mines, 
5"  sér.,  t  X,  p.  317.)  a  donné  la  description  et  la  composition  de  la 
minette  des  "Vosges;  cette  roche  est  composée  d'orthose  et  de  mica 
ferro -magnésien  disséminés  dans  une  pâte  feldspathique  avec 
hornblende. 

Le  mica  est  le  minéral  le  plus  abondant  ;  puis  viennent  Vorthosu 
et  le  quartz;  ces  deux  derniers  disparaissent  quelquefois  ;  la  minette 
passe  au  porphyre,  et  M.  Delesse  ne  la  distingue  pas  du  porphyre 


<Û30 


SËAIfCB    DU    16    JDIN   18Ô2. 


micacé  ;  elle  traverse  la  série  des  terraÎDS  strati&és  jusqu'au  terma 
déTonieo. 

La  Diiiiette  du  Morvan  présente  les  caractères  ordioairoi  dM 
mioeues  ;  c'est  une  roche  dure,  verddtre,  avec  aspect  subsoyeuz  ; 
le  miDéral  doiiiiQant  est  le  mica  ;  l'orlliose,  le  qiiarU  et  l'amphi- 
bole sont  rares. 

Le  croquis  suivant  donue  la  disposition  des  filou)  de  minette 
de  SaJut-Trancby  : 


La  oiasse  P  est  probablement  un  grand  dyke  de  porphyre 
quartzifère  qui  a  traversé  le  granité  porphyrolile  G  ;  ce  porphyre 
passe  vers  le  sommet  de  la  monlagne  de  la  variété  quartziftre  i 
un  véritable  pétro-silex  piuitifère. 

Plusieurs  petits  filous  de  minette  FFF  de  0-,15  à  Û'°,20  d'épais- 
seur travei-sent  le  granité  poi-pliyroïde  G  sans  le  modifier;  ces 
filons  peuvent  s'étudier  à  l'origine  de  l'escarpemeut  granitique 
que  l'on  rencontre  imméilialement  après  la  faille,  sur  la  i-oute  de 
Prétnery  i  Saint-Saulge,  Un  peu  plus  loin,  on  rencontre  un  gros 
filon  de  cette  roche  dans  une  carrière  à  arène  ;  ce  filon  f  a  une 
épaiiseur  de  1  mètre  A  O^gôO.  Il  plonge  contrairement  auK  autres 
de  10°  à  15"  versl'O.,  30"^. 

Le  granité  qui  forme  la  roche  encaissante  est  comme  frîltée  ; 
elle  se  désagi-ége  facilement  et  forme  une  arène  très  maigre  ;  l'or^ 
those  n'est  pas  Iransformé  en  kaolin;  il  est  devenu  opaque  et  fen- 
dillé; l'altération  du  granité  s'étend  fort  loin  du  toit  et  du  mur 
du  filon.  Les  salbandes  de  ce  filon  présentent  un  phénomène 
assez  particulier  ;  on  y  rencontre  des  plaquettes  de  quarts  appuyées 
contre  la  roche  encaissante. 

Les  filons  de  minette  du  porphyre  sont  à  peu  près  verticaux, 
peu  épais  ;  ils  ne  paraissent  pas  avoir  altéré  la  roche  avec  laquelle 
ils  «ont  eu  contact. 

On  rencontre  d'autres  filons  de  minette  vers  l'ettrAnitë  sud  de 


HOTB   Dl   M.   GUISCiUDI.  1031 

la  pointe  méridionale  du  Morvan  ;  ces  filant  travenent  le  por- 
phyre curitique  ;  ils  ne  présentent  pas  tous  la  même  inclinaison, 
et  je  suppose  qu'ils  ont  ëté  diversement  tourmentes  par  l'action 
des  failles  que  Ton  remarque  dans  le  voisinage  de  ces  filons  ;  celui 
de  Sémelay  s'incline  de  20°  vers  l'ouest. 

Je  n'ai  jamais  rencontré  de  filons  de  minette  ni  dans  les  schistes 
métamorphiques  qui  forment  la  base  du  terrain  houiller»  ni  dans 
le  terrain  houiller  proprement  dit  ;  mais,  comme  les  schistes  méta- 
moi*phiques  sont  traversés  par  les  porphyres  quartzifèreSi  cause 
présumée  du  métamorphisme,  il  est  probable  que  ces  schistes  ont 
été  traversés  par  la  minette  et  que  l'on  découvrira  plus  tard  des 
filons  de  cette  roche  éruptive  dans  la  base  du  terrain  houiller,  qui, 
comme  on  le  sait,  forme  un  système  spécial  séparé  du  véritable 
terrain  houiller  autant  par  des  accidents  géologiques  que  par  des 
différences  paléontologiques. 

M.  Gh.  Sainte-Glaire  Deville  communique,  au  nom  de  l'au- 
teur, la  note  suivante  : 

Siu*le  Sphœrulites  Tenoreana;  par  M.  6.  Guiscardi. 

J'ai  l'honneur  de  communiquer  à  la  Société  quelques  obser- 
vations sur  la  structure  de  l'un  des  genres  de  la  classe  des  rndistes. 

La  valve  supérieure  du  Sphœrulites  qui  forme  l'objet  de  cette  note 
provient  du  terrain  crétacé  des  Abruzzcs.  £ile  est  transformée  en 
quartz  hyalin;  sa  conservation  pourrait  bien  passer  pour  parfaite 
si  l'une  des  apophyses  ne  fût  brisée  et  si  les  lames  externes  ne 
manquaient  complètement.  Le  Lord  de  la  valve  est  lui-même  un 
peu  cassé;  sans  cela  ce  serait  une  pièce  vraiment  remai*quable.  La 
cassure  de  l'apophyse  est  fraîche  et  un  petit  vide  au  centre  de  son 
épaisseur  y  laisse  voir  le  quartz  cristallisé. 

Cette  valve  est  convexo-conique,  très  déprimée,  oblique  ;  son 
sommet  très  excentrique  est  presque  marginal  et  rencontré  par  la 
scissure  du  bord  cardinal.  Les  deux  bancs  de  Tarête  cardinale  font 
une  petite  saillie  à  l'intérieur  ;  elles  sont  très  minces,  et  leur  juxta- 
position cesse  bientôt  pour  former  la  petite  cavité  v  presque  cylin- 
drique, ouverte  naturellement  à  l'extérieur. 

Les  dents  cardinales  font  suite  de  part  et  d'autre  à  cette  cavité, 
et  il  est  à  remarquer  que  la  lame  correspondant  à  la  dent  G  fait 
avec  elle  un  seul  corps;  ainsi  cette  dent  porte  une  gouttière  qui  est 
le  prolongement  de  la  surface  cylindrique  interne  de  la  cavité  v. 


i03A 


sÊjkncB  DU   16  JUIN  18C2. 


M.  Bayle,  que  l'unigue  éch&actare  qu'il  areconoue  bien  développée 
dâU  lu  Radiolitei  et  lei  Sphœrutiiei  ^lait  deitinée  k  fouroir  oo 
pasHge  à  rintesÙQ  avant  de  se  lerminer  à  l'aaus.  J'ajauUrsi  que, 
■i  la  poudon  des  organe*  daua  ces  inollusquei  étùt  celle  cIm 
bivalves  ordinaires,  il  geiait  difficile  de  se  rendre  compte  de  la 
marcbe  du  tube  digestif,  à  moins  de  supposer  qu'il  devait  moutv 
d'abord  sur  le  bord  tranchant  de  la  lame  et  se  cuuder  enauite  pour 
M  placer  dans  i'écbancruie.  Je  serais  porté  à  admettre  cette  hypo- 
ihèie  ai  les  choses  se  passaient  toujours  comme  dans  le  A.  Bournoai 
et  encore  plus  comme  dans  le  Spharaliies  Hœninghtituii  où  la  laine 
semble  manquer  complètement,  d'après  les  très  bouues  Cgara*  de 
Al.  fiayle. 

Enfin  I*  forme  de  l'apophyse  de  la  vaWe  que  je  viens  de  décrire 
est  bien  étrange,  surtout  par  son  bord  inférieur  en  créta  aiguë  et 
par  le  manque  de  sillons  i  l'extérieur  pour  l'Insertion  des  musclM 
addnctsuTB.  Peut-on  supposer  que  l'insertion  se  faisait  à  l'intérieur 
quand  les  apophyses  ont  la  forme  de  celle  de  la  valve  dont  il  est 
question? 


Explication  des  figures  (jgraideut  naturtUe). 
Fig.  1 .  a.  ArOts  cardinale  dont  les  lames,  sapsrposées  d'abord , 


IfOTB    J)R    M.    TOURNODBR.  1036 

séparent  pour  former  la  cavité  i\  Le  prolongement  de  celle-oi 
produit  sur  la  dent  G  h  gouttière  g,  dont  le  bord  eaX  libre. 
u  u.  Cavités  postéro-dentaires. 

F.  Première  dent  cardinale. 

G.  Seconde  dent  cardinale. 

ci.  Apophyse  antérieure  dont  la  face  interne  a  des  replis  sur  les 

2/3  de  son  étendue  à  partir  de  la  crôte  c. 
a»  Ârôte  obtuse  striée. 
c.  Cassure  de  l'autre  apophyse. 
Fig.  2.  Les  mômes  parties  sont  indiquées  avec  les  mômes  lettres  que 
dans  la  fig.  \ . 
s.  Sommet  de  la  valve. 

Les  li.^nes  brisées  font  voir  nettement  la  forme  pentagonale  de 
l'apophyse  d.  La  ligne  paralfèle  à  l'arête  a  est  son  attache  à 
l'intérieur  de  la  valve. 
Fig.  3.   Montre  la  surface  conique  intérieure  de  la  valve  coupée  sui- 
vant la  ligne  //i//,  fig.  4. 

J'espère  pouvoir  un  jour,  d'après  une  exploration  personnelle 
sur  les  lieux,  donner  une  description  complète  de  cette  espèce. 
En  attendant,  comme  j'ai  toute  raison  de  croire  qu'elle  est  encore 
inconnue,  je  l'appelle  Sphœrulites  Tenoreana. 

M.  Tournouër  fait  la  communication  suivante  : 

Note  stratigraphique  et  paléontologique    sur  les  f aluns  du 
dépatiement  de  la  Gironde  ;  \iaT  M.  TournouCr  (pi. XXI). 

Les  terrains  tertiaires  inférieurs  du  département  de  la  Gironde 
ont  d'abord  attiré  Us  études  des  géologues,  et  nous  ne  pouvons 
mieux  faire  que  de  renvoyer  à  Y  Histoire  des  progrès  de  la  géologie 
(t.  Il,  2*  partie)  pour  l'exposé  de  ces  travaux  et  de  leurs  résultats. 
Nous  nous  contenterons  de  rappeler  rapidement  que  les  calcaires 
des  rives  de  la  Garonne  et  de  la  Gironde,  depuis  Langon  jusqu'à 
Blaye,  un  instant  confondus  (Dufrénoy,  Mémoire  sur  Us  terrains 
tertiaires  du  midi  de  la  France,  1836),  ont  été  depuis  longtemps 
distingués  par  la  stratigraphie  et  par  les  fossiles.  Il  a  été  établi 
qu'ils  étaient  séparés  par  une  formation  d'eau  douce  importante 
(mollasse  du  Fronsadais  et  calcaire  lacustre  du  Périgord).  Les  cal- 
caires inférieurs  ou  de  Blaye  ont  été  rapportés  au  calcaire  grossier 
du  bassin  de  Paris,  la  formation  d'eau  douce  à  la  formation  gyp- 
seuse  do  Montmartre,  et  les  calcaires  de  Bourg  et  de  Saint-Macaire 
(ou  calcaire  à  Astéries)  aux  marnes  vertes  et  aux  sables  de  Fon- 


1036  SÉÀMCB  DU  16  JUIN  1862. 

tainebleau.  Ces  résuluts  généraux  dus  aux  travaux  prépantoini 
de  M.  Des  Moulins,  pour  les  fossiles,  de  MM.  Drouot  et  de  CoUcpo 
pour  la  subordination  des  couches,  et  définitivement  ma  mémoire 
important  de  M.  Delbos,  inséré  dans  les  Mémoires  de  la  Société 
géologique  (2"  sér.,  t.  II)»  n*ont  pas  été  encore  contesta. 

Ainsi,  bien  qu'il  y  ait  sans  doute  encore  beaucoup  â  faire  pour 
rétude  complète  de  ces  terrains,  leurs  relatioos  stratigraphiqnei 
du  moins  semblent  bien  établies. 

Il  n'en  est  pas  de  même  pour  les  terrains  supérieurs,  ceux  que 
Ton  désigne  habituellement  sous  le  nom  de  faluDS,  et  qui  font 
l'objet  principal  de  cette  note. 

Les  divers  faluns  ont  été  confondus  d'abord  par  de  Bastérot. 
M.  Des  Moulins,  qui  avait  parfaitement  distingué  les  calcaires  de 
Blaye  de  ceux  de  Saint-Macaire  et  ceux-ci  des  faluns»  réunissait 
sous  ce  dernier  nom  tous  les  fossiles  des  Landes   daus   la  liste 
insérée  dans  le  mémoire  de  Dufréuoy.  M.  Grateloup  {jConchyiiù' 
logie  de  tAdour,  1840,  etc.)  distingua  bien  Its  faluns  biens  de 
Gaas  qu'il  rapportait  à  l'éocène  ou  au  miocène  inférieur  ;  mais  il  y 
réunit  ceux  d'Orthcz  et  de  Saubrigues  qui  en  sont  fort  éloignés» 
et  confondit  tous  les  autres  dans  le  miocène  supérieur.  Aie.  d'Or- 
bigny  reproduisit  dans  son  Prodrome  de  paléontologie ,  sous  les 
noms  d'étages   tongrieu  et  falunien  les  mêmes  distinctions   et 
aussi  les  mêmes  confusions  qui  ont  été  relevées,  eu  ce  qui  touche 
Saubrigues  et  Orthez,  par  MM.  Raulin  et  Delbos  (Buii.^  2*  sér., 
t.  IX,  p.  418,  etc.).  Enfin^  en  18/i8,  M.  Delbos,  daus  uue  note 
détaillée  sur  les  faluns  du  S.-O.  (Bull, y  2*  sér.,  t.  V,  p.  &2Sy  etc.)»  a 
distingué  les  faluns  supérieurs  au  calcaire  à  Astéries  en    deux 
groupes  séparés  par  un  calcaire  lacustre  :  le  groupe   inférieur 
comprenant  la  mollasse  ossifère  et  les  faluns  de  Léognan  et  de  Sau- 
cats,  et  le  groupe  supérieur  comprenant  les  faluns  de  Mérignac.  etc. 
En  même  temps,  M.  Raulin  {Bull,  même  numéro)  établissait  la 
même  division,  dans  un  nouvel  essai  d'une  classification  des  ter- 
rains tertiaires  de  l'Aquitaine.  En  tenant  compte  des  complé- 
ments et  des  rectifications  apportés  depuis  par  l'un  et  par  l'autre 
à  ces  premières  vues  (Delb.,  RauL,  Bull. y  t.  IX,  p.  Ii06,  Raul., 
Aci.  Je,  Bord.y  1855;  Delb.,  Thèse^  1855,  etc.),  voici  la  classi- 
fication adoptée  en  définitive  par  M.  Delbos  et  par  M.  Raulin,  et 
que  nous  croyons  utile  de  rappeler  ici  pour  l'intelligence  de  la 
discussion  : 

Terrain    (Sable  des  Landes. 

pliocène.  (Faluns  de  Salles  et  de  Saubrigues. 


NOTE    Dl!    M.    TOURNOtiftR.  iOi7 

Calcaire  lacustre  de  Bazas  et  de  l'ÂrmagDac. 

Palunsde  Mérignac,  do  Bazas,  de  Saint-Paul  et  de  Saint* 
Terrain    1      Avit. 
miocène,  j  Calcaire  d'eau  douce  de  Saucats  et  de  TAgenais. 

Faluns  de  Léognan  et  de  Saucats. 

Calcaire  à  Astéries,  faluns  bleus  de  TAdour. 

A  Tappui  de  cette  division  M.  Raulin,  en  collaboration  avec 
M.  Delbos,  a  publié  dans  le  Bulletin  y  t.  IX,  2®  sër.,  p.  412,  un 
tableau  coniparatifdes  principales  espèces  de  Léognan,  de  Mérignac 
et  de  Salles  auquel  nous  nous  référons  également. 

Tel  est  Tordre  adopté  pour  Tétude  de  ces  terrains  par  les  seuls 
géologues  qui  en  France  se  soient  occupés  spécialement  de  leur 
stratigraphie  depuis  18/i8  jusqu'à  présent,  et  qui  a  été  reproduit 
encore  par  M.  Raulin  en  1859  [Notes  géologiques  sur  l\4quitainc). 

Cependant  en  1858  notre  confrère  M.  Mayer  a  publié  en  Suisse 
un  vaste  tableau  synchronique  des  terrains  tertiaires  de  TEurope, 
dans  lequel  les  assises  supérieures  du  bassin  de  l'Aquitaine  sont 
présentées  dans  un  ordre  différent.  Pour  ce  qui  est  des  dépôts 
lacustres,  M.  Mayer  n'est  en  accord  ni  avec  M.  Baulin,  ni  avec 
M.  Noulet  [Mémoires^  etc.,  4  854,)  et  nous  ne  croyons  pas  qu*il 
ait  parfaitement  saisi  le  rôle  que  ces  dépôts  jouent  dans  la 
constitution  géologique  de  l'Aquitaine.  En  ce  qui  touche  les  dépôts 
marins,  M.  Mayer  intervertit  la  place  assignée  aux  deux  prin- 
cipaux faluns  de  Mérignac  et  de  Léognan  ;  il  fait  descendre  le 
premier  au-dessous  du  calcaire  lacustre  de  Saucats,  qui  est 
surmonté  alors  par  la  série  des  faluns  de  Léognan,  de  Salles  et  de 
Saubrigues  sans  interruption.  Et  en  cela  nous  croyons  que 
M.  Mayer  a  parfaitement  raison  ;  et,  comme  nos  propres  recherches 
nous  ont  conduit  à  un  résultat  semblable,  nous  nous  associons  à 
cette  rectification  et  à  toutes  les  conséquences  qui  en  découlent. 
Nous  commencerons  par  la  discussion  circonscrite  du  point  en 
litige,  la  relation  des  deux  faluns  de  Mérignac  et  de  Léognan, 
et  nous  le  ferons  à  l'aide  de  descriptions  locales  et  de  quelques 
coupes  exactes,  qui,  appuyées  ensuite  par  les  considérations  paléon- 
tologiques,  motiveront  suffisamment,  nous  l'espérons,  la  classifica- 
tion nouvelle  que  nous  croyons  devoir  être  adoptée  pour  les 
terrains  tertiaires  moyens  de  l'Aquitaine. 

Descriptions  locales. 

C'est  dans  les  environs  de  Bordeaux  que  les  relations  des  faluns 
peuvent  être  le  mieux  étudiées.  Dans  le  bassin  de  TAdour,  les 


1038  SÉANCE    DU    10   JUIN    1862. 

relations  stratigrapliiqucs  ont  été  troublées  souvent  par  des  coin- 
motions  qui  se  rattacheut  au  soulèvement  des  Pyrénées  ;  les  foisilci 
des  faluns  eux-mêmes  présentent,  dans  quelques  gisements,  une 
sorte  de  confusion  que  nous  croyons  pouvoir  expliquer  CscUemoit, 
mais  qui  les  rend  insuffisants  pour  établir  solidement  la  dassifi* 
cation  chronologique  des  couches. 

Le  bassin  de  la  Garonne,  le  département  de  la  Gironde  en 
particulier,  sont  bien  plus  favorables  à  ce  travail.  Dans  ce  bassin  qui 
ne  semble  avoir  été  tourmenté  par  aucune  secousse   depuis  le 
dépôt  tout  au  moins  des  terrains  tertiaires,  et  qui    n*offi:e  pas 
d'autre  trace  d'action  un  peu  violente  que  le  creusement  tout 
moderne  des  vallées  et  les  dépôts  diluviens  qui  l'ont  accompagné, 
les  couches  se  sont  déposées  tranquillement,  et  elles  se  pràenteot 
dans  une  succession  normale  de  l'est  à  l'ouest,  les  plus  ««o-î^fiF^wi 
plus  près  du  plateau  central  (comme  le  remarquait  M.  Ranlio 
dès  1848,  t.  V,  p.  463],  les  plus  modernes  plus  près   du   rivage 
actuel  de  la  mer.  Ainsi,  les  mollasses  éocènes  occupent  la  vallée 
de  la  Dordogne,  le  calcaire  à  Astéries  ou  miocène   inférieur  la 
vallée  de  la  Garonne,  et,  entre  celle-ci  et  la  masse  du  sable  des 
Landes  rapportée  généralement  à  Tépoque  pliocène,  se  tronvort 
les  faluns,  dont  les  affleurements,  partout  ailleurs   masqués   par 
l'épais  manteau  des  sables  et  des  graviers,  se  voient  près  des  petits 
ruisseaux  qui  successivement  du  nord  au  sud  portent  à  la  Garonne 
les  eaux  qui  peuvent  s'écouler  du  faite  des  Landes.  Ces  petits 
vallons  ou  ravins,  tous  dirigés  du  S.-O.  au  N.-O,  peipendiculaî* 
rement  nu  cours  de  la  Garonne,  et  contrairement  à  rincllnaisoD 
générale  de  l'Aquitaine  vers  l'ouest,  offrent  par  sui]te  de  cette  dis- 
position des  coupes  diagonales  des  couches  dans  leur  succession 
naturelle.  On  saisit  tout  de  suite  que,  ces  coupes  étant  comprises 
entre  deux  extrêmes  géologiques  iocontest^y  le  calcaire  à  Astéries 
à  l'est  et  le  sable  des  Landes  à  l'ouest,  il  suffit  de  les  suivre  pati 
pas  et  dans  cette  direction  pour  se  rendre  un  compte  exact  de  la 
subordination  des  couches  intermédiaires. 

C'est  ce  que  nous  allons  faire  rapidement  pour  le  ravin  du  mis- 
seau  de  Saucats,  le  plus  favorable  de  tous,  parce  qu'il  est  assex  pro- 
fond relativement,  et  parce  qu'il  présente,  dans  sa  partie  moyeime 
une  intercala  tic  11  de  calcaire  lacustre  qui  a  été  depuis  longtenins 
signalée  et  étudiée  (Guilland,  1825,  Act.  Soc.  Linn,  de  Bor€ietuuc. 
Dufrénoy,  mém.  déjà  cité),  et  qui  fournit  un  point  de  division 
précieux,  et,  dans  sa  partie  supérieure,  une  suite  de  couches  fossi- 
lifères très  riches  et  très  connues. 
Ruisteau  de  Sauçais.  —  En  pénétrant  de  la  vallée  de  la  Garonne 


IfOTË    DB   M.    TOURNOfTBR.  J0S9 

dans  le  petit  vallon  du  ruisseau  de  Labrède  et  Sauçais,  on  est  sur 
le  calcaire  à  Astéries,  qui  est  visible  depuis  Laprade  jusqu'au  bour[; 
de  Labrède,  dans  de  petites  extractions  à  fleur  de  sol  le  long  du 
ruisseau.  On  y  trouve  des  moules  de  Natica  crassatina  et  des  em- 
preintes nombreuses  de  Gérites. 

Au  bourg  de  Labrède,  si  Ton  quitte  le  ruisseau  pour  prendre  la 
route  de  Saint-Morillon,  on  a  à  la  montée  de  cette  route  une  petite 
Goupe  intéressante  qui  nous  donne  tout  de  suite  la  superposition 
des  couches  qui  surmontent  le  calcaire  à  Astéries.  On  trouve  en 
effet,  immédiatement  après  avoir  traversé  le  ruisseau  :  1<*  une  for- 
mation d'argiles  et  de  marnes  bleues  et  blanches,  qui  peut  avoir 
8  à  10  mètres  d'épaisseur  en  cet  endroit,  et  qui  offre  communément, 
surtout  à  la  partie  moyenne,  les  fossiles'  suivants  :  Neritina 
picta^  Turritella  Desmaresti^  Cerithittm  calcuhsuniy  C.pticatum,  C. 
margaritaceum,  C,  JaliaXy  Lucina  scopulorum^  etc.  Plus  haut,  ces 
marnes  présentent  une  espèce  de  Ht  de  calcaire  marneux,  brisé,  qui 
a  une  certaine  apparence  lacustre.  Ces  argiles  forment  les  deux 
côtés  du  vallon,  depuis  Laprade,  au-dessus  du  calcaire  à  Astérîes, 
avec  une  épaisseur  variable  ;  elles  renferment  souvent  des  blocs 
ou  des  bancs  irréguliers  de  calcaire  concrétionné,  et  elles  suppor- 
tent un  niveau  de  sources  au-dessous  des  sables  et  des  graviers  du 
sommet  qui  les  surmontent  généralement.  Mais  ici,  à  la  montée 
de  Saint-Morillon ,  au-dessus  de  ces  argiles,  nous  trouvons  : 
2'  une  roche  calcaire  sableuse  jaune,  friable,  à  couches  plus 
dures  alternant  avec  des  lits  sableux,  un  peu  fossilifères,  où  Ton 
trouve  encore  les  mêmes  Gérites,  avec  Turritella  terebralis,  var,  B 
(Raul.)  et  quelques  bivalves,  Mactra  strîatella?^  Lucina  scopulo- 
rum^  L,  (ligitatiSf  L.  ornata,  L,  cnlumbella  mfnor,  Gratelupia  tri- 
gonula^  Àvicula,  Cette  roche  n'a  ici  qu'une  épaisseur  de  8  mètres 
environ,  au-dessus  desquels  on  trouve  le  gravier  diluvien. 

Mais,  si  nous  revenons  au  ruisseau  pour  continuer  à  en  remonter 
le  cours  en  amont  de  Labrède,  nous  retrouverons  successivement 
les  mêmes  couches  et  toutes  celles  qui  les  surmontent.  En  effet,  entre 
le  bourg  de  Labrède  et  le  moulin  appelé  Bernachon  sur  la  carto 
de  rÉtat-major,  on  remonte  ces  mêmes  marnes  du  n*  1,  et,  arrive 
là,  on  y  retrouve  le  même  niveau  de  Gérites  et  de  Nériti'nes,  et  au- 
dessus  la  roche  sableuse  jaune  n°  2,  qui,  entre  ce  moulin  et  le 
moulin  de  C  Église^  prend  plus  de  développement  et  forme  les 
berges  du  ruisseau  sur  une  hauteur  de  6  à  7  mètres. 

A  moitié  de  la  distance  entre  les  deux  moulins,  sur  la  rive  droite, 
à  la  hauteur  du  hameau  de  Lorler^  cette  roche  jaune,  renfermant 
les  mêmes  fossiles  que  nous  avons  cités,  est  surmontée  par  : 


1040  SÉAIfCF   DU    4()    Jl'I!^    1862. 

3°  Un  calcaire  inaiiieux,  sans  fossiles,  mais  d'apparence  tout  à 
fait  lacustre,  lié  intimement  à  la  roche  précédente,  et  perforé 
supérieurement  par  les  Pholas  et  les  Clotho  unguîformis  ; 

te*  Uo  dépôt  marin  coquillier,  ou  falun,  sur  lequel  nous  reTieo* 
droDS  tout  à  Theure; 

k^  bis,  une  couche  argilo-marueuse  remplie  de  Cerithium  marga* 
ritaceumy  Cplicatum^  Cyrcna  Brongniarti^  Bast.,  Ostrea  cyathula? 
(G.  producta  et  digitaiina,  Raul.  et  Delb.,  Monogr.)^  LiUraria 
sonna ^  etc.  ; 

5°  Une  marne  ou  calcaire  marneux  lacustre,  avec  Hélix  girott-' 
elicaj  Litnnea  girondicii  ?  Ptanorbis   subpyrenaicttSj  etc.  (Noulet, 

Nous  voici  donc  arrivés  aux  dépôts  lacustres  de  Saucats,  et  arant 
d'aller  plus  loin  il  est  intéressant  de  voir  quels  fossiles  renferme 
ce  falun  de  Lariey,  qui  est  manifestement  inférieur  à  la  manie 
n«5. 

Ces  fossiles  sont  les  suivants,  au  moins  les  plus  communs  (1)  t 
Crtiyptrœa  sinensrs,  ISeritina  picta^  Natica  compressa ^  N.  tigrina 
minor^  Trochus  turgidulus,  Dtrritella  s,-cathedraUs  minor,  T.  tUT" 
ris,  Cerithium  psendo'obelisctis ,  C.  bidentatumj  C,  ampullosum^  Cm 
corrugatum,  C.  papaveraceum^  C  margaritaccumy  C.  calcufosum, 
Cpictum,  C.  pnpœforme  ?  Plcurotoma  Borsoni  miftor,  Murex  s," 
InvatuSy  Rnnclla  scrobiculata^  Pyrttta  Laineiy  Buccinum  baccatitm 
minus,  B,  politum^  B,  flcxuosum^  Oliva  clavula^  Conus  tarbeUianms^ 
Cyprœa  leporina  ?.  —  Ostrea  undata,  (Raul. ,  Delb.)  G.  digitalina, 
Aîytilus  antiquorum  f  Jrca  cardiijormis^  A,  scapulina,  Chama  grf" 
p/iina,  Cardita  hippopœu,  Cytherœa  undata,  C.  Deshayesi,  Lucina 
scopulorum,  L.  neglecta,  L,  digitalis,  Teilina  zonaria  minor, 
LtUraria  sonna ^  Corbula  striata,   Solcn^  Balanus  et  polypiers. 

Il  suffit  de  se  reporter  au  tableau  comparatif  des  espèces  de 
Léognan  et  de  IMérignac,  inséré  dans  la  note  de  M.  Raulin,  du 
21  juin  1852,  et  cité  plus  haut,  pour  s*assurcr  que  ce  falun  est  le 
falun  de  Mérignac,  puisque  Mérignac  est  pris  pour  type  de  l'un 
des  faluDS.  C'est  la  même  abondance  caractéristique  de  Gérites, 
avec  la  Pyrula  Lainei,  V  Oliva  clavuta,  les  Cjprœa^  un  banc  de  grands 
Mjtilus^  la  Cyihcrœa  undata  et  les  polypiers,  —  et  négativement, 
ce  qui  est  tout  aussi  important,  la  rareté  des  Pleurotomes,  l'absence 
des  Cancellaires,  des  grands  Murex,  des  grandes  Turritelles,  des 
Volutes,  des  Vis,  des  grands  Peignes,  des  grandes  Vénus,  etc. 


[h)  D*après  Grateloup  et  de  Bastérot  dont  nous  emploierons  prot»i* 
soirement  les  déterminations. 


froTB  t>s  M.  toum^ottKii.  iOAl 

Et  nous  pouvons  constater  des  à  présent  qu'entre  le  calcaire  à 
Natica  crassatina  et  le  calcaire  lacustre  supérieur  de  Saucats,  nous 
n'avons  rencontré,  en  somme,  qu'une  même  faune  dans  les  argiles, 
les  roches  ou  les  faluns,  et  une  faune  caractérisée  par  des  espèces 
propres  à  Mérignac.  En  nous  donnant  la  suite  des  terrains  qui 
surmontent  le  calcaire  lacustre,  la  rive  gauche  nous  donnera  ea 
même  temps  le  complément  de  la  démonstration. 

En  effet,  au  moulin  de  TEglise,  à  ^  ou  500  mètres  en  amont 
du  hameau  de  Lai-iey,  la  berge  gauche  du  ruisseau  en  aval  de  la 
chute  d*eau  donne  la  coupe  suivante,  de  bas  en  haut  : 

La  roche  n<*  2,  sableuse,  irrégulière,  passant  à  une  roche  dure 
pétrie  de  Cythcrea  undnta^  etc. 

Le  calcaire  lacustre  n*  3,  très  mince  et  presque  anuihilë;  un  lit 
charbonneux  ; 

La  cout-hc  jaune  à  Cérites,  Cyrènes,  et  Ostrea  producta^  n^  k  bis  ; 

La  marne  et  le  calcaire  manieux  lacustre,  n°  5. 

A  quelque  distance  de  ce  point,  dans  le  taillis  et  dans  les  vignes, 
en  amont  et  en  aval,  on  a  ouvert  quelques  petites  carrières  pour 
l'extraction  du  calcaire  lacustre,  qui  donnent,  de  bas  en  haut  : 

Le  calcaire  lacustre  n®  3,  très  dur,  zone,  ou  bréchitique  à  noyaux 
noirs,  perforé  supérieurement  par  places; 

La  couche  jaune  à  Gérites  et  Cyrènes,  n®  tx  bis  ; 

Et  la  marne  lacustre  n®  5,  avec  Dreissena  Brardi^  Planorbis 
Gottssardi'antis,  Noui.,  Paludina  Dubuissoni^  associés  dans  le  haut 
à  quelques  Cérites  et  Cyrènes. 

Mais  ici  on  trouve  en  outre,  au-dessus  de  ces  couches  où  s'arrê- 
tait la  coupe  de  la  rive  droite  : 

6®  Une  mollasse  sableuse,  rosée,  fine,  avec  fossiles  marins  et 
nombreux  grains  de  quartz  et  petits  cailloux  roulés  à  la  partie 
inférieure; 

Et  7"  un  falun  argileux,  jaune,  roulé,  avec  Pecten  burdignlensis, 
Scutelln  subrotiuida,  etc.,  etc. 

En  réunissant  ces  trois  petites  coupes,  et  en  les  opposant  rive  à 
rive,  nous  avons  le  tableau  figuratif  suivant  qui  montre  bien  la 
disposition  des  couches  et  la  place  respective  des  deux  faluns  : 


Soc.  séoL^  S*  série,  tome  XlX.  66 


10&2 


SÉANCl  DU   16   JUIN   1802. 


N*6. 


If  6.  .  . 


RIVE  DROITE 
(HJLinAII  DB  LAKIET). 


SSeSaEeSBBSHHBBBHBl 

RIVE  GAUCHB 

(MOOUM  Dl  L'ioUB). 


Ftlttn  il  Pecten  hurdigaUnsis,  etc. 

0»,tO 


M ollaMt  maria*,  lrl»bl«  , .  •  •  •"j60 

àO-,70 


If46M. 


W04  .. 


IToS.  . 


H*  t. 


Calcaire  marnenx  et  marne  laciuitre, 
Planorbei,  Limnécs,  Helix^  etc. 


Couche    jaune,    à    Gtfrilcs,   Cjrèots, 
Oslrea  producta%  etc. 

FaluD  de  Lariej Û",<H)  à  0",40 


Calcaire  perfore,  tans  fossiles.  .  0*,I0 


Marne  locuslre  à  Faludinm  Dubnis^ 
tonit  Dreissena  Brandi^ 


U  etc.  fi"*,30  I 
à<»*,40 


GoncUe  janne  à  Cérltea.  Gjrèa««,  «tr., 
et  un  lit  charbonneux,  acciden- 
tellement. 


!fo|.. 


Roche  tahlense,  Irr^gulière,  aTec 
Maclra  striateila^  Lucina  digi- 
talisa f  t  formant  la  berge  du  mis- 
seuu,  sur  une  hauteur  de  5  à  6  mè- 
tres, ius<iu'au  niyeuu  de  l'eau. 


Calcbire  Inrustre,  brëchoïde  <m 
perfore,  très  rirbe  «n  PUnorbea  «f 
Limnées.  —  Épaisseur  Tiiriabl«, 
I  mètre  an  plus. 


Roche  sableuie,  vtetCythêrea  unda- 
ta,  etc.,  très  abeodanlc  dans  le 
haut,  formant  la  berge  dn  rois- 
•tau. 


Marne  Meuc  arec  Nerilina  picta^ 
Cerithium  catcitiosttm^  Turritetin 
Desmaresti^  etc.,  <lo  moulin  de  Ber- 
nachon,  fniSanI  suite  aux  argiles  et 
au  calcaire  è  Natica  crastatina  de 
Lahrcde. 


iJl 


On  voit  manifestement  par  cette  double  coupe  (dont  les  détails 
Bont  d*ailleur8  conformes  à  ceux  qu'avait  donnés  Guilland  en  1825), 
que  le  falun  de  Lariey,  n"  hj  analogue  incontestable  du  falim 
de  Mérignac  pour  M.  Delbos  lui-même  [BuU,^  2*  aër.,  t  V, 
p.  /i25),  est  intercalé  dans  le  dépôt  lacustre  et  compris,  pour  ainsi 
dire,  dans  sou  épaisseur,  entre  le  calcaire  dur  et  la  marne,  et  que 
ce  dépôt  lacustre  est  surmonté  lui-même  par  un  nouveau  dépôt 
marin,  dont  nous  n*avons  ici  que  les  premiers  affleurements,  n**  6 
et  7,  et  qui  est  tout  aussi  certainement  Tanalogue  du  falun  de 
Léognan. 

En  effet,  nous  avons  déjà  cité  les  deux  fossiles  les  plus  caracté- 
ristiques de  Léognan,  la  Scutella  subrotundoy  si  commune  dans  la 
«  mollasse  ossifSre  »  de  Léognaa,  etc.,  et  le  Peeten  burdigaUnsis^ 


non  M  M.  TooftHovn.  iOA8 

•i  «aractériitique  également  de  oea  moiksaes  et  du  yrai  fahin.  Ces 
deux  fossileft  suffiraient  à  eux  seuls  pour  assigner  sa  place  au  falun 
que  nous  étudions.  Mais  voici  les  autres  mollusques  qu'on  y 
rencontre  également  : 

Calyptrasa  dejormis^  Natica  tigrina^  Trochit$  Benettiœ^  T.  patti- 
lusf  T.  Audebardi,  Turritella  k-pUcaia,  T.  turris^  T.  terebralis 
glongata,  Pleurotoma  Borsoni^  P,  cataphracta^  P»  asperulata^ 
Cancellnria  acutangula,  Fasciolaria  burdigalensis^  Fusus  jaseioUt' 
TinuSy  Mm-ex  rusticuius,  Pyrula  clava^  P.  condiia,  Ranella  Icevigaià^ 
Triton  clathratum^  Buccinum  poliium,  B,  flexuosum^  Cassis 
Rondeleti^  C,  texta,  Terebra  plicaria,  T,  pertusa^  Olha  Dujresnei, 
Ancillaria  glandiJormiSf  Panopœa^  Corbula  stHata^  Tellina  HùnarlOf 
T.  bipartiia,  Luctna  columbella^  L,  leonina,  Fenus  catinoidts^ 
Cyi/terea  erycinoides^  Cyprina  islandieoides^  Cardium  ambiguum, 
C.  discrepansf  Cardita  pinnula^  Arca  diluviiy  A»  biangula^  Pectiut^ 
culus  pilosuSt  Pecten  burdigalensis,  etc.,  et  quelques  polypiers 
roulés  avec  V  OpercuUna  complanaM, 

Toutes  ces  espèces^  d'après  le  tableau  comparatif  cité  plus  haut, 
sont  caractéristiques  de  Léognan^  sauf  la  Cardita  pinnula  et  la 
Lucina  leoninaj  qui  se  trouvent  à  Mérignac  et  à  Saint-Âvit,  mais 
qui  ne  suffiraient  pas  à  elles  seules  assurément  pour  enlever  à 
cette  faune  le  faciès  de  Léognan,  quand  même  la  C  pinnula  ne  se 
trouverait  pas,  comme  elle  s'y  trouve,  dans  les  couches  supérieures 
de  Mérignac  et  à  Léognan  même,  comme  nous  le  verrons. 

C'est  d'ailleurs  la  base  de  Léognan  que  nous  avons  ici  dans 
cette  couche  de  sable  pâle  n^  6  qui  repose  sur  le  calcaire  marneux 
lacustre  ;  c'est  le  représentant,  peu  important  ici^  de  la  masse 
exploitée  à  Léognan  en  moellons  tendres  au-dessous  du  falun, 
désignée  par  M.  Delbos  sous  le  nom  de  «  mollasse  ossifère  »,  et 
placée  par  M«  Mayer,  nous  ne  savons  en  vertu  de  quelle  obser- 
vation, bien  loin  du  falun  auquel  elle  est  intimement  liée,  et 
immédiatement  au-dessus  des  marnes  bleues  et  des  argiles  à 
concrétions  calcaires  dont  nous  avons  parlé  précédemment 

Quant  aux  fossiles  de  la  couche  à  Pecten  burdigalensis  dont  nous 
venons  de  citer  les  principaux,  non-seulement  ils  appartiennent 
à  la  faune  de  Léognan,  mais  ils  présentent  déjà  quelques  espèces 
qu'on  ne  trouve  guère  que  dans  les  couches  plus  récentes,  comme 
le  Cassis  Rondeletiy  le  Cardium  discfepans^  la  Panopœa  qu'on  re- 
trouve à  Salles,  comme  le  Pleurotoma  rataphracta^  la  Ranella  lœvi- 
gaiUi  V  Ancillaria  glandijormis y  le  Triton  ctathratum^  qu'on  retrouve 
si  abondamment  dans  les  marnes  supérieures  de  Saubrigues.  La 
iMcina   leonina  elle-même  est  une   espèoe   subapcnmae.  Cette 


lOAA  sfiAircK  DU  IG  imn  1862. 

remarque  n'est  pns  sans  intérêt  pour  la  répartition  des  fossilrs  dans 
le  falun  supérieur,  dont  les  difers  gisements  offrent  dans  leun 
faunes  une  variété  qui  suppose  peut-étre  moins  une  saeeesMhn 
chronologique  qiiUtnc  variété  dans  les  conditions  d'habiiatm 

A  partir  du  moulin  de  TEglise  jusqu'au  bourg  de  SftacatSp  et  en 
amont  de  ce  bourg,  jusque  près  du  hameau  de  la  Sime,  on  ne 
rencontre  plus,  en  s'élevant  toujours  insensiblement  avec  le  coun 
du  ruisseau,  que  les  faluns  supérieurs,  les  vrais  faluns  de  Léognan. 
On  a  d'abord,  au  lieu  dit  la  Gassagne,  un  falun  jaune  paaaant  à  nn 
calcaire  coquillier,  avec  les  grandes  Turritelles,  les  F'aseioiarfa 
burdigalensii,  les  Canceilaria  acniangula  si  caractéristiques  du  inio> 
cène  bordelais,  les  Pétoncles  et  les  Peignes,  et  quelques  dents  de 
poisson;  plus  loin,  au  moulin  de  Lagus,  un  falun  bleu,  dont  les 
nombreux  fossiles  sont  parfaitement  semblables  à  ceux  du  falun  de 
Léognan,  et  qui  est  remarquable,  comme  celui-ci,  par  Tabondance 
des  Natica  tigrina^  Turritclla  terebralis  et  cnthedraiit^  des  TYocims 
Benettiœ  et  T,  patulus^  des  Pleurotoma  semi^marginata^  P.  hutei" 
noidcSf  des  Canceilarin  acutangida^  C.  trocMearis^  etc.,  des  Fusms 
cornutus  (^Pyruta  melongena,  Grat.),  des  Murex  iingua'bopit  et  M. 
asperrimusj  Grat.,  des  Voluia  rarispina,  den  Pecten  èurdigaiensiSf 
des    Cyprina  islandicoides^  Cytherea  erycinoides,  etc.,  etc. 

Supérieurement  à  ce  falun  bleu  (Gieux,  etc.,  et  en  amont  da 
bourg  de  Sancats),  les  boids  du  ruisseau  découvrent  des  couches 
qui  se  distinguent,  comme  l'a  remarqué  M.  Delbos  (Note  sur 
les  faluns  du  S.-O.),  par  un  sable  plus  blanc  et  très  fin,  et 
par  la  fréquence  de  quelques  espèces  :  Buccinum  Kenerit  et  A 
baccatum^  Olipa  pli  cari  a,  Terebra  pUcaria^  Donax  transffcrsa^  £s- 
cina  columbeila  mafor^  Tellina  zonaria,  Mactra  siriateila^  etc.,  etc. 
Ce  falun  passe  par  places  à  une  roche  renfermant  les  mêmes  fossiles, 
et  ce  qu'il  présente  peut-être  de  plus  digne  d'attention,  c'est  la 
présence  de  quelques  Cérites,  roulés,  il  est  vrai,  le  plus  sonvent, 
ou  variétés  des  espèces  antérieures,  qui  avaient  complètement 
disparu  dans  les  faluns  précédents.  Nous  reviendrons  sur  ce  point. 

Enfin,  arrivé  en  haut  des  prairies  et  près  du  hameau  de  la 
Sime,  dont  les  sources  du  ruisseau  sont  voisines,  on  atteint  une 
dernière  couche  fossilifère,  argileuse,  terreuse,  à  caillons  roulés, 
et  très  intéressante  parce  qu'elle  contient  en  abondance  les  Cardita 
Jouanneti  et  d'autres  fossiles  caractéristiques  du  falun  de  Salles 
(voy.  le  tableau  comparatif,  Raul.,  etc.),  falun  dont  les  relations 
stratigraphiques  avec  \cs  autres  faluns  ont  été  longtemps  un  des 
desiderata  de  la  géologie  locale,  et  dont  le  développement  doit 
être  cherché  de  l'autre  côté  du  faite  des  Landes  dans  les  giseiMMs 


ROTS  SB   M.    TOUaifOUSi.  10A6 

de  la  vallée  de  la  Leyre.  11  se  montre  ici  en  superpostlion 
Dte  et  concordante  avec  les  derniers  faluns  sableux  dont  nous 

parle,  et  d'un  autre  côté  en  liaison  avec  les  sables  et  les 
B  des  LandeS;  dont  la  masse  puissante  et  stérile  recouvre, 
ir  du  point  où  nous  sommes^  tous  les  teiTains. 
résumé,  en  remontant,  comme  nous  venons  de  le  faire^  le 
au  de  Saucats  depuis  la  Garonne  jusqu'au  faite  des  Landes^ 
avons  traversé. avec  lui  toutes  les  couches  qui  sépai*ent  le 
re  à  Astéries  du  falun  de  Salles.  Etant  sur  le  calcaire  à  Asté- 
le  Labrède  à  environ  1^  mètres  d'altitude^  nous  sommes 

au  sable  des  Landes  jusqu'à  près  de  A5  mètres  (cotes  de 
•major).  L'épaisseur  des  argiles  et  des  faluns  est  comprise 
itre  ces  deux  cotes;  et,  comme  nous  le  disions  en  commen- 
le  ruisseau  nous  a  donné  diagonalement  une  coupe  de  ces 
B  assises  marines,  faciles  à  suivre  ici,  faciles  à  confondre 
Itre  partout  ailleurs,  et  que  nous  avons  vues  interrompues 
e  milieu  par  un  dépôt  lacustre  qui  les  sépare  nettement,  en 
,raphie,  en  faluns  inférieurs  et  faluns  supérieurs. 
s  aborder  ici  les  considérations  paléontologiquesque  nous  nous 
ons  de  développer  plus  tard,  nous  pouvons  dire  cependant 
présent,  et  en  deux  mots,  que  la  distribution  des  fossiles 
es  couches  ainsi  ordonnées  est  parfaitement  d'accord  avec  la 
graphie  pour  démontrer  que  tel  est,  en  effet,  Tordre  vrai  de 
lioation  de  ces  terrains;  les  couclies  moyennes  comprises 
le  calcaire  à  Astéries  et  le  dépôt  lacustre,  caractérisées  par 
dance  des  Cérites,  se  lient  très  bien  par  leur  faune  à  la  faune 
ocène  inférieur,  comme  la  faune  des  faluns  supérieurs  à  ce 

lacustre,  caractérisée,  au  contraire,  par  l'absence  ou  la 
des  Cérites,  et  par  l'abondance  des  Pleurotomes,  des  Can- 
es, des  Buccinées,  des  Peignes,  etc.,  se  lie  à  la  faune  sub- 
ine  qu'elle  annonce  déjà,  quoique  restant  unie  parjdes  espèces 
unes  aux  organisations  précédentes. 

in,  topographiquement,  nous  voyons  qu'en  marchant  de  la 
ne  vers  l'ouest,  on  va  des  faluns  les  plus  anciens  vei*s  les  faluns 
B  modernes  qui,  par  suite  de  leurs  limites  superficielles,  et 
Jte  aussi  de  leur  faible  épaisseur  et  des  dénudations  de  la 

se  voient  très  rarement  en  superposition  verticale  les  uns 
isof  des  autres.  Cette  disposition  strati graphique  très  simple 
yu  démentie  par  l'observation  des  autres  petits  ruisseaux 
rdelais  que  nous  allons  passer  rapidement  en  revue. 
tseau  de  Moras.  —  Le  petit  ruisseau  de  Moras,  qui  se  joint 
i  de  Saucats  un  peu  en  amont  de  Ltibrède,  présente  la 


10A6  tfiÀNGB  DU  16  luiH  1862. 

mimo  lUGoeasion  de  couchei  et  le  même  intérêt.  On  troovi»  dfa> 
bord,  en  le  remontant,  les  argiles  avec  concrétions  oalcaim,  poil 
les  marnes  bleues  et  blanches  n*  1 ,  avec  Tuiriieila  DesmaretU^  Cf» 
reua  Brongniarti^  etc.,  puis  la  roche  n®  2,  qui  est  ici  réduite  à 
une  faible  épaisseur,  et  qui  est  terminée  par  un  faiaii  identique- 
ment semblable  a  celui  de  Lariey  (tous  lesCerithium^  Pyrmia  Lmimm^ 
Mytiltts,  Arca  cardiiformis^  Cytherea  undata^  Lucina  subseopmi^' 
rum^  Lutraria  tanna,  Scutelia  bioculata^  etc.).  AudelÀ  on  trouve 
bientôt  le  calcaire  lacustre  faisant  le  fond  du  ruisseau  pendant  plu- 
sieurs centaines  de  mètres,  plus  dur  dans  le  bas  et  passant  dansb 
haut  a  une  véritable  inarne,  renfermant  les  Planorbes,  lesLimuées, 
les  Hélices,  les  Paludines  déjà  nommés.  Ce  calcaire,  tout  eriblë  à 
la  surface  de  perforations,  supporte  de  gros  polypiers  et  un  falun  (pii 
forme  les  petites  berges  du  ruisseau,  et  qu'on  reconnaît  d*abord  pour 
le  falun  de  Léognan  aux  lits  dePecien  burdigalensisei\  rabondsnoe 
des  Pectunculusqixii  contient,  avec  Pyrula  metongena^P.  nuiiemla^ 
Pleurotoma     asperulata,  Àncillaria    glandijorntis,    Cardita    plm^ 
nulot  etc.,  fossiles  que  nous  venons  de  voir  dans  la  couche  n*  7  du 
moulin  de  TEglise.  Cette  succession  ne  nous  semble  pouvoir  laisser 
aucun  doute  ;  elle  s'observe,  comme  au  ruisseau  de  Sauçais,  entre 
les  altitudes,  1^  mètres  pour  le  point  de  jonction,  40  mètres  environ 
pour  le  falun  de  Léognan,  et  60  mètres  pour  la  source. 

Ruisseau  de  Martlllac.  —  C'est  encore  dans  le  même  ordre  qu'on 
rencontre,  sur  le  ruisseau  voisin  do  Martillac,  les  deux  faluns  et  aux 
mêmes  niveaux.  Le  falun  inférieur,  qui  est  richement  représenté 
ici  par  une  grande  abondance  de  Néritines,  de  Rissoa^  de  TVirrf- 
telia  Desmarestiy  avec  tous  les  Gérites  caractéristiques  de  Tétage,  la 
Pyrula  Lainei^  VOitrea  cyathula  (ou  producta)^  la  Lucina  giobuiosa^ 
Desh. ,  la  Cytherea  undata,  la  Lutraria  sanna  et  des  polypiers(Z/Mtfi- 
r€ea)^  etc.,  s'observe  en  bas  du  bourg,  au  Breyra,  dans  le  lit 
marneux  du  ruisseau  ;  et  c'est  à  1200  mètres  environ  en  amont 
de  ce  point,  à  Pas  de  Barreau,  qu'on  voit  un  affleurement  incon- 
testable du  falun  de  Léognan,  avec  tous  ses  principaux  fossiles 
qu'il  est  inutile  de  citer. 

Ruisseau  de  Léognan,  —  Le  ruisseau  de  Léognan,  qui  coule  au 
nord  de  celui  de  Saucats  et  dans  une  direction  parallèle,  doit  nous 
arrêter  un  instant,  parce  qu'il  présente  un  des  faluns  types  en  dis- 
cussion et  ce  falun  qui  reposerait  «  immédiatement  sur  le  calcaire 
de  Saint-Macaire.  »  Il  n'en  est  pas  ainsi  cependant,  et  nous  croyons 
qu'il  est  facile  de  s'en  assurer  en  remontant  le  ruisseau  de  Léognan 
même,  comme  nous  l'avons  fait  pour  le  raisseau  de  Saucats,  En 
effet,  après  avoir  dépassé  le  calcaire  à  Astéries,  qui  est  visible 


KOfl  01  V.  T01IIIfOVl&«  10A7 

dans  le  valioD  à  k  hauteur  de  Bicora  à  peu  prèSi  et  qui  y  eel  ex* 

ploitë  près  du  ruisseau  pour  les  fours  à  chaux,  ou  trouve  au-dessui 
de  ce  calcaire  la  formation  argileuse  avec  concrétions,  qui  le  sur- 
uioute  des  deux  côtés  ;  et  à  moins  de  2  kilomètres,  dans  les  prairies 
de  Louvière,  on  rencontre  la  marne  n^  1  el  Taffleurement  d*un 
falun  à  Gérites  qui  contient  exactement  les  mêmes  fossiles  que  le 
falun  inférieur  de  Martillac,  dont  il  n'est  que  le  prolongement. 
On  y  trouve  en  outre  abondamment  VOstrea  undaia^  Raul. 
(var*  rniHor)^  qui  est,  comme  nous  le  verrons,  un  fossile  très  carac- 
téristique de  cette  assise.  A  partirde  ce  point,  ce  falun  àMéritines 
et  à  Gérites  forme  au-dessous  du  quartier  appelé  le  Sable,  et  pen- 
dant environ  500  mètres,  les  berges  du  ruisseau.  11  y  esta  l'état  de 
marne  bleue  et  blanche,  et  est  remarquable  par  Tabondance  du 
Cl  rithium  calculosum  et  de  la  Lucina  globulosa,  A  la  partie  supé- 
rieure, il  passe  à  une  roche  agglutinée  avec  grains  de  quartz,  irré- 
gulière, jaune,  plus  calcaire  et  plus  marneuse  dans  le  haut,  qui 
représente  pour  nous  la  roche  n*  2  de  Saucats.  A  la  fonderie  de 
cuivre,  cette  roche  devient  dif&cile  à  suivre,  et  nous  ne  trouvons 
ici  ni  le  vrai  falun  de  Lariey  n'^  hy  ni  le  dépôt  lacustre  qui  le  sur- 
monte. iVIais  au-dessus  du  misseau,  des  deux  côtés,  on  touche 
immédiatement  à  la  formation  proprement  dite  de  Léognan  et 
aux  couches  exploitées  comme  moellon  tendre,  et  appelées  par 
M.  Delbos  mollasse  ossifère  ou  à  Échinides,  Les  carrières  de  la 
rive  droite,  les  plus  considérables,  présentent  au-dessous  des  sables 
et  des  graviers  superficiels  une  masse  de  10  à  12  mètres  de  cal- 
caire sableux,  très  tendre,  où  abondent  les  Scutella  subrotunda  et 
Echinolampas  Laurillardij  et  qui  est  divisée  par  un  banc  dur 
roquillier  de  quelques  centimètres,  renfermant  à  Tétat  de  moule 
toutes  les  coquilles  caractéristiques  de  Léognan,  Pecten  burdiga- 
lensis,  etc.  La  masse  exploitée  renferme  d'ailleurs  ici  rarement 
quelques  fossiles  libres.  IVIais  il  en  est  autrement  sur  la  rive  gauche 
aux  anciennes  exploitations  dites  les  Puits,  qui  donnent  la  coupe 
suivante  de  haut  en  bas  : 

Gravier  diluvien. 

Sable  argileux,  jaune  ou  verdfttrtf. 2  à  3",00 

Argile  rouge  et  plaques  ferrugineuses  boursouflées.  0"^,20 
2.  Falun  très  coqu illier,  passant  par  places  et  dans  le 

haut  à  un  calcaire  dur  coquillier 0"^50 

4.  Sable  calcaire,  jaune  pâle,  exploité  par  places,  sur 

environ 2", 00 

Le  falun  ou  banc  coquillier  que  l'on  trouve  immédiatement 
au-dessous  des  argiles  et  des  graviers  superficiels  se  fait  recon- 


1048 


SftÀlfCB  DC  16  JUIN   1862. 


naître  d*abord  pour  le  vrai  falun  de  Lëognan  (ai  ricbe  un  peu  plus 
haut»  en  amont  du  bourg,  aux  carrières  du  Coquillat)»  -à  l'aboo- 
danoe  des  Pecten  burdigale/isiSy  des  Pedimculus^  des  Vemtu^  d«a  Clsn- 
eellaria  aeutangula^  etc.  Et  le  sable  calcaire  pâle  qa'il  numioale 
est  très  intéressant  paléontologiqucment,  parce  qu'il  aouM  dotmt^ 
à  l'état  libre  et  très  nombreux  en  espèces,  les  fossiles  de  la  masK 
exploitée   des   moellons  de   Léognan.   Ces  fossiles,  die  couleur 
blanche  et  de  petite  taille  en  général,  ne  sont  \iêb  antres  que 
ceux  du  Goquiliat;  c'est  la  même  faune,  avec  quelques  espèess 
qui    semblent    plus   particulières  à  cette  assise,    Celles  que    la 
Tiirrùella     U-pUcata^     T.    ierebralis    elongata  ^    le     €}eriikimm 
salmoj  le    Cassis  mamillaris  major,  Grat.,    le  Cassis  Hasideùfti, 
YEhmrna    spirata  ^    VÀncillaria    glandijormis  ^    VOiiva    eiaptUtt^ 
le  Cornu  turrituSy  le  Cardium    discrepansy  la  Cardita  pimmuia^  la 
Tellina  biparti  ta ,  etc.  On  reconnaît  là  les  fossiles  du  inoulin  «le 
l'Eglise  n^  6  et  7,  comme  nous  Tavions  dit,  et  Ton  y  trouve  même 
associés  quelques  fossiles  de  Mérignac,  comme  TwrrtieUa  Desmm» 
restiy  ou  strangulata  ?,  quelques  rares  Gériles,  RosteUaria  dentatSÊj 
Cytherea  Lamarcki^  ete.,  à  côté  de  la  Panopœa  Memmrdiy  etc.  La 
base  de  la  formation  s'observe  d'ailleurs  également  et  mieux  ewxMre 
à  la  fontaine  près  du  pont  de  la  route  de  Saucats,  où  l'on  voit  (su- 
dessous  de  la  masse  des  carrières)  un  falun  abondant  surtout  en 
Turritelles  et  en  Mactres,  et  mêlé  à  des  lits  de  cailloux  roulés,  de 
galets,  qui  annoncent  certainement  un  ancien  rivage,  reposer  sur 
les  dernières  assises  de  calcaires  marneux  de  la  bei^  du  ruisseau 
dont  nous  avons  parlé  plus  haut  La  disposition  des  couches  que 
nous  venons  de  décrire  est  figurée  dans  la  coupe  suivante  |  prise 
au  quartier  du  Sable  : 


Curttret 
da  P«r«yrtt, 


Le  Sable 
(«•ine). 


CerrUm 
det  Pulls* 


HtUSSUiU/ 


4  — >  Falun  de  Ldocnan*  * 

3(  '-  Mollasse  ossilere,  l>ancs  de  Pêctên  burdi$»Unsit, 

s  —  Roche  de  Butas. 

I  -~  Marnes  bleaes  à  Cerithium  caieuloêum  et  Lmcinm  gtobulosm. 

Cette  coupe  et  la  description  rapide  qui  la  précède  nous  sem- 
blent mettre  hors  de  doute  deux  clioses  : 


KOTB  Vm  H.  TOUEIIOIIM.  MAO 

.  4*  La  iiaiton  inlime  du  falun  de  Lëognan  et  de  la  «  mollasse 
ossifère  b  ,  à  laquelle  il  sert  de  toit ,  liaison  prouvée  par  Tidentité 
des  faunes,  et  qui  ne  permet  pas  de  les  séparer,  comme  l'a  fait 
M.  Mayer  dans  le  tableau  précité,  où  les  deux  assises  sont  éloignées 
l'une  de  l'autre  et  placées  même  dans  deux  étages  di£Pérent6 
(l'étage  aquitanien  et  l'étage  mayencien)  ; 

2**  La  superposition  évidente  du  falun  de  Léognan  au  falun  à 
.Cérites  ou  falun  de  Mérignac,  qui  est  ici,  comme  partout,  inter* 
posé  entre  lui  et  les  argiles  du  calcaire  à  Astéries. 

En  remontant  le  ruisseau  au  delà  du  bourg,  etsur  la  rive  gaudie, 
on  retrouve  et  on  suit  le  banc  coquiliier  de  la  carrière  des  Puits,  si 
nous  ne  nous  sommes  pas  trompé,  jusqu'aux  carrières  du  Coquillat, 
où  ce  banc  dur  est  surmonté  par  une  épaisseur  de  1  à  2  mètres  de 
sable  calcaire,  surmouté  lui-même,  à  fleur  de  sol,  par  le  riche 
lalun  qui  a  donné  sa  notoriété  à  ce  gisement. 

Ruisitau  de  Gratlig/ia/i.  —  Ce  ruisseau  offre  à  2  kilomètres  envi- 
ron en  amont  du  pont  de  Gradignan  (auprès  duquel  est  exploité 
le  calcaire  à  Astéries)  un  dépôt  lacustre,  isolé  et  intéressant,  qui 
donne  la  petite  coupe  suivante  (au-dessous  de  Ganéjan)  : 

Terre  végétale. 

Falun  avec  polypiers  et  coquilles  roulés 0™,20 

Galets  de  calcaire  lacustre,  roulés  et  perforés. 

Calcaire  blanc  à  Cyrènes  et  Cérites 0",20 

Calcaire  marneux  lacustre  avec  Potnmides  Lamarcki 
dans  le  haut  et  petites  Paludina  Dubuissoni  dans 
le  bas 4",00 

Ce  dépôt  lacustre,  dont  les  relations  inférieures  sont  masquées 
par  la  nature  marécageuse  des  terrains,  est  manifestement  au-des- 
sous des  carrières  de  Ganéjan,  où  l'on  exploite  un  moellon  iden- 
tique avec  celui  de  Léognan,  et  que  Ton  retrouve  au  moulin  de 
Rouillac,  un  peu  en  amont  du  point  où  nous  sommes^  for- 
mant le  lit  et  la  berge  du  ruisseau.  Au  delà  du  moulin  de  Rouil- 
lac, à  Fourcq  et  autour  du  bourg  de  Gestas,  c'est-à-dire  à  peu  près 
à  /iO  mètres  d'altitude,  on  trouve  de  riches  affleurements  des 
couches  supérieures  de  Léognan  et  de  Saucats,  avec  un  retour 
intéressant  de  Mytilus  et  de  coquilles  d'embouchures,  Nérites, 
Mélanies,  Cérites,  etc.  Ainsi  au-dessus  et  au  delà  du  calcaire 
lacustre  de  Ganéjan  on  ne  voit  que  les  diverses  assises  du  falun  de 
Léognan,  et  dans  les  coquilles  roulées  et  parmi  les  galets  qui  le 
surmontent  immédiatement,  ce  sont  les  Turritelles,  les  Pétoncles 
et  IcsYénus  de  ce  falun  que  l'on  rencontre  ;  donc  nous  voyooe  encore 


1060  sÉAMCi  DU  16  JUIN  1862. 

ici  une  superposition  manifeste  de  oe  falun  au  calcaire  latustre, 
Ruisteau  de  Mérignac.  —  En6n  dans  le  raisMau  de  Mëriguac 
même  nous  pouvons  chercher  et  trouver,  et  à  la  place  que  npns 
lui  assignons,  le  falun  de  Léognan,  comme  dans  le  ruiwcaa  de 
Lëognan,  à  Tinverse,  nous  avons  retrouve  le  falun  de  Mërignac. 
En  effet,  à  2  kilomètres  environ  en  aval  de  l'ë{>lise  du  bourg,  aoi 
environs  du  lieu  dit  la  Glacière,  on  trouve  au-dessus  des  marnes 
n®  i,  et  dans  ces  marnes  blanches,  les  couches  à  Cëritea  que  nous 
avons  déjà  suivies  à  Labrède,  à  Martillac  et  à  Lëogoan,  et  carac- 
térisées ici  encore  par  l'abondance  des  Cerithium  piécaimm^  C  tf»/- 
eulosum ,  C,  margaritaceitm  (  conjunctum  ) ,  etc. ,  de  la  Pyrmia 
Laineiy  var,  minor^  Turritella  Desmaresti,  Cyrena  Bromgniarii^ 
Cyiherea  undata,  etc. 

Au-dessus,  viennent  des  blocs  irréguliers  d'une  roche  jaune, 
épars  dans  le  sol  des  vignes,  ou  à  une  faible  profondeur,  qui 
appartiennent  évidemment  au  n*  2  de  la  coupe  de  Saucata.  Par 
conséquent,  le  gisement  classique  et  célèbre  par  ses  foaaîlev  (tdj. 
le  tabl.  compar.,  Raul.,  Delb.),  que  Ton  rencontre  plus  loin,  doit 
représenter  à  peu  près  la  situation  du  falun  de  Lariey  (n*  ft)  avec 
lequel  nous  avons  vu  qu'il  offrait  tant  d'analogies  par  sa  faune.  Maïs 
ce  falun  n'est  point  ici  le  dernier,  et  l'on  trouve  encore  au  delà  de 
l'église,  dans  les  jardins  du  bourg  à  droite  de  la  route,  des  affleure- 
ments ooquilliers  qui  n'ont  pas  été  signalés  jusqu'ici  et  qui  nous 
semblent  intéressants,  parce  quils  renferment  toute  la  faune 
caractéristique  de  Léognan.  Nous  citerons  seulement  les  Buila 
ifgnarioj  Trochus  Benctiiœ,  Turritella  cathedralis^  T,  h^piicaia, 
Cerithium  saimo,  Cancellaria  acutangula^  etc.,  Fusus  Jasciolarinus^ 
Folnta  ran'spina^  Ancillaria  glandijormis^  Pccten  burdigalensis^  Arca 
dilttvU^  Cardium  discrepans,  Cardita  pinnnla^  Cyprina  isianiiicoides 
Cytherea  erycinoides^  Fenus  catinoides,  etc.,  Lucina  columbella 
major  y  Tellina  zonaria^  Lutraria  elliptica^  Panopœa  Menardi,  avec 
une  grande  fréquence  de  Scutella  subrotunda^  et  à* Echinolampas 
Laurillardi.  On  remarque  dans  cette  énumération  la  présence  de 
ces  fossiles  que  nous  avons  indiqués  déjà  comme  plus  particuliers  à 
la  base  du  falun  de  Léognan  et,  eu  d'autres  termes,  une  analogie  avec 
les  fossiles  du  moulin  de  l'Église  ou  des  Puits  à  Léognan,  qui  ne 
nous  permettent  pas  de  douter  que  nous  sommes  ici  au-dessus  du 
falun  dit  de  Mérignac,  quoique  les  lieux  ne  nous  aient  pas  laissé  voir 
la  superposition  de  ces  couches,  si  peu  épaisses  d'ailleurs.  Nous  re- 
marquerons également  ici  l'absence  du  calcaire  lacustre  de  Saucats 
n®  5,  de  celui  que  nous  avons  vu  supérieur  au  falun  de  Lariey  ;  et 
cette  absence,  si  elle  est  confirmée,  nous  expliquerait  sans  doute  le 


mëlangty  dani  le  falun  ordinairement  appelé  de  Mërignae,  d« 
quelques  espèces  de  Lëognan  (voy.  le  tabl.  compar.,  RauL,  Delb.) 
qui  ne  se  rencontrent  pas  dans  le  falun  de  Lariey  ou  de  MartillaCy 
ou  dans  les  faluns  de  Basas  ou  de  Saint-*Avit.  Ceux-ci  sont  en 
efifet  séparés  des  derniers  faluns  par  un  phénomène  d'émersion  dont 
il  n*y  a  pas  de  trace  ici ,  et  Us  ojfrent  par  conséquent  un  type  plus  pur 
que  Mérignac  des  faluns  injérieurs.  Quant  au  calcaire  lacustre  qui  a 
été  donne  comme  substratum  à  ce  falun  de  Mérignac  (Delb.,  ^ii//. , 
2*  série,  t.  Y,  p.  ft*25)  et  dont  nous  n'avons  vu  d'ailleurs  pour  notre 
part  que  des  fragments  usés  et  roulés  dans  le  falun  même,  ce  cal- 
caire lacustre  serait  celui  de  Saucats  n?  3,  probablement. 

Jalle  fie  Blanquejort.  -*-  Au  nord  du  petit  ruisseau  de  Mérignac, 
nous  n'avons  plus,  avant  de  toucher  le  calcaire  à  Astéries  du  Médoc, 
d*autre  ruisseau  traversant  les  faluns  que  la  Jalle  de  Blanquefort  et 
son  petit  affluent,  le  ruisseau  du  Haiilan,  qui  vont  nous  offrir  encore, 
quoique  plus  imparfaitement,  la  même  succession  de  couches. 
Au  Haillan,  au-dessus  des  argiles  à  concrétions  calcaires  avec 
empreintes  de  Cérites  qui  forment  le  fond  du  petit  vallon, 
on  trouve  l'affleurement  d*un  falun  dont  la  faune  mixte  offre 
une  association  des  espèces  de  Mérignac  et  des  espèces  de 
Léognan.  C'est  ainsi  qu*à  côté  des  Cytherea  LamarcAi,  Àrca 
cartiiiformis ,  Chama  asperula ,  Pecten  Beudanti ,  des  Mêla'- 
nopshf  des  Neritinaj  des  Turritella  terebralis^  var.  B.,  7'.  Dcsma- 
resti\  de  Cerithium  assez  abondants,  des  Turbinello  multistrtata, 
Rostellaria  dentata^  Strombus  Bonelli,  et  de  quelques  poly- 
piers, toutes  espèces  caractéristiques  de  Mérignac,  on  trouve 
abondamment  les  Psammobia  Labordei,  Lutraréa  elUptica^  Maetra 
s  tri  a  tel  la,  Tellina  zonaria^  Lucina  orna  ta  ^  Fenus  catinoides^  Car^ 
dium  burdigftlimiftty  C,  ambiguum^  Pleurotoma  senthmarginata, 
Fasciolaria  burdigalensix^  Murex  rusticulus^  Buccinum  baecaîum^ 
Terebra  plicaria^  Voluta  rarispinoy  Cassis  testa ,  Aneillaria  glan- 
diformisy  Olim  plicaria,  etc. ,  espèces  plus  particulièrement  propres 
aux  faluns  de  Léognan.  Ce  mélange,  qui  rappelle  singulièrement 
la  faune  de  Saint-Paul  pi^s  de  Dax,  et  qui  prouve  en  définitive 
Tunité  paléontologique  des  diverses  assises  des  faluns,  s'explique 
dans  les  deux  localités  sans  doute  par  les  mêmes  causes,  l'absence  du 
calcaire  lacustre  de  Saucats  et  la  continuité  des  dépôts  marins 
sur  un  littoral  toujours  immergé,  car  nous  touchons  ici  an  rivage 
que  formait  le  calcaii*e  à  Astéries,  qui  est  exploité  à  300  mètres 
peut-être  de  Taffleurement  du  falun  dont  nous  parlons. 

C'est  dans  ce  calcaii*e  à  Astéries,  dans  ses  couches  supérieures, 
que  le  petit  ruisseau  du  Haillan  se  jointe  la  Jalle  de  BUaquefort, 


1062  8ÊÀNCB    DU    iO. JUIN    18ë2. 

gnr  les  bords  de  laquelle,  au  moulin  du  Thil,  le  calcaire  à 
crasAiiina  et  à  Scuteila  striaUila  est  exploité  dans  d'aocîeiuies 
rîères.  En  remontant  le  ruisseau,  on  tiouve  près  de  Saint-Médard, 
au  camp  des  Lanciers,  un  affleurement  du  falun  de  M érignac, 
caractérisé  par  les  Meianopsis,  Trochus  subtur^idulus^  CerUhimm 
plhaium^  pictum,  calculosum^  Osirea  crispata^  Cytherea  undata^ 
Lycophris  lenticularis^  et  de  nombreux  polypiers.  A  2  kilomètres 
plus  haut,  on  atteint  les  carrières  de  Caupian,  où  Ton  exploite  le 
même  moellon  qu'à  Léognan,  avec  les  mêmes  moules  et  empreintes 
de  fossiles,  de  grands  Pecten^  et  une  grande  abondance  dedentade 
poissons.  Si  l'on  remonte  encore  le  ruisseau  jusqu'à  lVlaitignaa,on  y 
troure  d'autres  carrières,  où,  avec  les  mêmes  grands  Pecicn^  lesDba- 
siles  les  plus  communs  sont  le  Pecten  opcrcuiaris^  et  des  empreintes 
ou  moules  de  Cardita  /onannetiy  et  Panopœa  Menardi  associés  aux 
fossiles  ordinaires  de  Léognan.  aux  Scuteiia  et  aux  Echinolatupas 
LauHllardif  etc.  La  considération  de  ces  fossiles,  ajoutée  à  celle  de 
l'altitude  qui  est  ici  environ  de  ^0  mètres,  nous  porte  à  croire  que 
nous  avons  ici  un  représentant  du  falun  de  Salles,  en  même  temps 
que  sa  liaison  intime  avec  les  faluns  ordinaires  de  Léognan  nous 
est  montrée  par  le  mélange  des  espèces. 

Mous  avons  ainsi  achevé  la  revue  stratigraphique  des  petits  ruis- 
seaux qui  descendent  de  la  lande  à  la  Garonne  autour  de  Bordeaux  ; 
cette  revue  est  imparfaite,  particulièrement  en  ce  qui  touche  les 
petits  gisements  supérieurs  de  Saucats,  de  l^éognan,  de  Cestas; 
des  études  plus  détaillées  et  plus  précises  sont  encore  nécessaires 
pour  bien  établir  leur  succession  ou  peut*étre  leur  contemporanéitë. 
Cependant,  avec  les  indications  ti'ès  incomplètes  aussi  de  fossiles 
que  nous  avons  données,  nous  pensons  que  cette  étude  suffit  déjà 
pour  mettre  en  lumière  les  relations  des  faluns  principaux  et  leur 
subordination  réelle.  Mais  tous  ces  ruisseaux,  même  celui  de 
Saucats,  ne  donnent  pas  encore  la  série  complète  des  assises  du 
terrain  miocène  de  Bordeaux,  au  moins  des  assises  intéressantes  qui 
séparent  le  calcaire  à  Astéries  des  faluns  de  Léognan.  Pour  avoir 
cette  série  complète,  c'est  dans  le  Baxadais  qu'  il  faut  Taller  chercher. 

Bazadais,  —  Au  sud  du  ruisseau  de  Saucats,  sur  la  rive  gauche 
de  la  Garonne,  pas  plus  que  sur  la  rive  droite,  on  ne  trouve  plus 
dans  le  département  de  la  Gironde  d'afflem-emcnts  des  faluns  supé- 
rieurs, ou  de  Léognan  et  de  Saucats.  Toute  cette  conti^,  plus 
élevée  cependant  que  celle  dont  nous  venons  de  nous  occuper, 
n'offre  au-dessus  du  calcaire  à  Astéries  que  des  dépôts  marins  et 
d'eau  douce  qui  ne  dépassent  pas  le  calcaire  lacustre  de  Saucats  ; 
nous  pensons  pouvoir  le  démontrer  facilement.  Mais  ces  dépôts 


NoYt  tt  M.  tOtfillOtftt.  I05t 

sont  ici  pins  complets  e(  bien  plus  puissants,  et,  quoiqu'ils  n'offrent 
pas  de  gisements  de  fossiles  comparables  à  ceux  des  environs  de 
Bordeaux,  c'est  ici  qu'il  faut  les  étudier  pour  avoir  une  juste  idée 
de  leur  situation  et  de  leur  importance  relative  dans  la  série  des 
terrains. 

Ils  se  résument  d'ailleurs  fort  heureusement  dans  les  escarpe- 
ments de  Violle  et  de  Sainte-Croix -du-Mont  sur  la  rive  droite  de  la 
Garonne,  à  (iO  kilomètres  S.-E.  de  Bordeaux.  Il  existe  là  une  dë<* 
pression  en  forme  de  cuvette  du  calcaire  à  Astéries,  qui  a  été  très 
nettement  signalée  par  de  Gollegno  [.4ce,  Acad,  de  Bordeaux^ 
vol.  V,  48^3),  et  qui  a  été  comblée  par  des  dépôts  postérieurs. 
C'est  dans  ces  dépôts  postérieurs  que  l'érosion  de  la  vallée  de  la 
Garonne  a  taillé,  sur  une  étendue  de  3  kilomètres  environ,  des 
rsc»r|>ements  dont  TaspeCt  et  la  hauteur  se  confondent  avec  ceux 
du  calcaire  à  Astéries,  mais  qui  en  ont  été  déjà  très  bien  distingués 
par  Drouot,  en  1839,  dans  son  très  bon  travail  sur  les  ten*ains 
compris  entre  la  Garonne  et  la  Dordogne. 

Ces  escarpements  montrent  la  disposition  suivante  :  au-dessus 
du  calcaire  à  Astéries  qui,  depuis  Loupiac,  s'est  abaissé  au  niveau 
des  prairies  et  est  masqué  par  elles,  mais  qui  se  relève  rapidement 
du  côté  du  sud,  et  est  exploité  de  nouveau  sur  les  bords  du  ruisseau 
de  Verdelais,  avec  une  puissance  de  lU  à  15  mètres  déjà,  on  trouve  t 

1"  Un  grand  talus  formé  par  des  argiles  et  des  marnes  cultivées 
en  vignobles  et  terminé  par  une  corniche  rocheuse  d'une  hauteur 
variable  de  6  à  15  mètres  au  moins,  qui  forme  avec  les  graviers 
diluviens  le  couronnement  du  coteau. 

A  la  base  de  cette  corniche  on  rencontre  :  une  formation 
lacttstre  qui  est  très  bien  développée  du  côté  de  Violle,  où  l'on 
observe  de  bas  en  haut  un  calcaire  lacustre  plus  ou  moins  dur, 
jaune  ou  gris  bleu,  pétri  de  moules  de  Planorbes,  de  Limnées  et 
d'Hélix  [Hélix  girondicn^  Limnea  girondîca^  Planorbis  subpyre^ 
ftaicttijj  avec  une  épaisseur  de  1  mètre  environ,  passant  à  un 
calcaire  marneux  blanc  et  très  dur,  sans  fossiles,  et  à  une  marne 
blanche,  2  mètres,  au-dessus  de  laquelle  commence  la  roche 
marine.  Ce  calcaire  lacusti'e  s'observe  aussi  au-dessous  de  Sain te- 
Croix»iiu-Mont,  dans  la  même  situation,  ou  peut-être  un  peu  plus 
bas  par  suite  de  glissements  des  couches,  en  rognons  dans  l'argile 
marneuse.  Il  y  est  même  surmonté  par  une  marne  verdâtre  à 
Cérites  et  à  (3yrènes,  d'après  des  observations  personnelles  de 
M.  Raulin  dont  nous  sommes  redevables  à  son  obligeance. 

2^  Au-  dessus  de  cette  formation  lacustre  vient  le  calcaire  marin 
sableux,  jaune,  irrégulier,  mmolia9se  fo^uiiiiêre»  deOrouoC,  qui 


106i  sfiÀNCB  DU  16  juiM  1862. 

forme  la  corniche  des  coteaux .  Cette  roche  est  peu  ouquilUèic 
yert  le  nord  de  ce  petit  massif,  où  elle  est  très  compacte  et  lièi 
dure,  dans  le  bas,  avec  moules  àiArea  cardiiformU^  el  autns 
fossiles  marins  ;  mais,  du  côte  de  Sainte-Groix-du-Moot  et  ven  k 
sud,  elle  est  riche  en  ostracées  et  en  moules  ou  empreintes  de 
coquilles,  dont  la  détermination  est  très  facile.  Yers  la  base  on 
trouve  d'abord  au-dessus  des  marnes  un  lit  de  petites  Huîtres 
agglutinées,  sans  doute  ÏOstrea  producia^  Raul»,  Delb.^  puis  un 
banc  criblé  d'empreintes  de  fossileS|  parmi  lesquelles  les  plus 
nombreuses  se  rapportent  à  une  petite  Turritelle  voisine  die  la 
7.  Archimedis^  Brong.,  aux  Cerithium  pUcatum^  ùide/itaiumj 
corrugatum ,  etc.  ,  Pyrula  Lainei ,  Arca  cardiijormis ,  Caniiim 
pinnulOf  etc.  Au-dessus  viennent  des  bancs  très  puiaaanto  d'Oj^ 
trea  undata,  Raul.,  Delb. ,  accumulées  ici  en  prodigieuse  quantité, 
et  la  roche  se  termine  par  des  couches  plus  ou  moins  dores  criblées 
d'empreintes  de  Cerithium  plicatum^  etc. 

Supérieurement  on  trouve  enfin,  notamment  entre  YioUe  et 
Sainte-Croix,  et  faisant  suite  aux  couches  à  Gérites  i  3**  des  assises 
d'un  calcaire  blanc  lacustre,  plus  ou  moins  compacte,  avec  Drtiê^ 
sena  Brardi^  Paludina  Dubiùssoni^  Planorbis  Goussardianus^  elCt 
sur  une  épaisseur  de  3  mètres  peut-être,  qui  terminent  la  oornicbe, 
et  dont  les  débris  jonchent  le  sol  du  plateau,  avec  les  gravieis 
diluviens. 

Cette  cpupe  ne  peut  laisser  aucun  doute,  à  ce  qu'il  nous  semble. 
Les  argiles  des  talus  sont  les  argiles  n^  1  de  la  coupe  de  Sauçais, 
et  la  roche  de  la  corniche  correspond  exactement  aux  o^  2  et  ft  de 
cette  coupe  ;  les  fossiles  sont  les  mêmes  ;  nous  avons  trouvé  VOstrea 
undata^  k  Lariey,  à  Léognan  inférieur,  à  Mérignac,  et  les  autres 
espèces  se  trouvent  à  Tétat  libre,  à  Balisac,  exactement  dans  la 
même  situation,  de  manière  à  enlever  toute  incertitude  aux  dëter* 
minations  spécifiques  d'après  les  empreintes.  Enfin,  et  par  odd- 
séquent,  le  calcaire  lacustre  qui  surmonte  cette  roche,  avec  ses 
Paludines  et  ses  Dreissena^  correspond  parfaitement  aux  dépôts 
lacustres  du  moulin  de  TEglise  et  particulièrement  au  n*  5  ;  les 
n^'  3  et  4  nous  semblent  un  détail  local  et  particulier  à  Saucats.  Ce 
que  nous  avons  de  nouveau  ici  et  ce  qui  complète  la  série  des  couches, 
c'est  le  dépôt  lacustre  inférieur,  entre  les  argiles  et  la  base  du  cal- 
caire marin,  que  nous  n^avons  pas  rencontré  dans  les  petits  ruis* 
seaux  des  environs  de  Bordeaux,  mais  qui  joue  un  rôle  important 
dans  la  constitution  géologique  des  terrains,  à  partir  d'ici  et  en  re- 
montant le  cours  de  la  Garonne.  Nous  voyons  donc  que  les  dépôts 
marins  auxquels  se  rapportent  les  faluns  inférieurs  de  AUrignac, 


NOn    DB   ■.    TOVRNOimi* 


1056 


de  Léognati,  de  IVIartillac,  de  Lariey,  etc.,  sont  compris  entre 
deux  dépôts  lacustres,  dont  le  supérieur  est  le  calcaire  lacustre 
de  Saucats  n°  5,  et  dont  l'inférieur  est  le  premier  calcaire  lacustre 
de  Sainte-Croix-du-Mont.  Nous  remarquerons  dès  à  présent  que 
ces  deux  calcaires,  si  on  les  observe  sur  plusieurs  points,  ren- 
ferment les  mêmes  Planorbes,  les  mêmes  Limnées»  les  mêmes 
Hélix  et  les  mêmes  Paludines  spécifiquement  identiques,  et  ont 
même  souvent  un  aspect  minéralogique  semblable,  quoique  ordi* 
nairement,  dans  le  département,  le  calcaire  lacustre  supérieur  se 
présente  sous  un  aspect  plus  marneux  et  plus  jaune.  Ici,  à  Sainte- 
Groix-du-Mont,  leur  distinction  et  leur  subordination  sont  mises 
hors  de  doute  par  une  coupe  naturelle  très  nette,  et  la  place  du  cal- 
caire lacustre  de  Saucats  est  fixée  une  autre  fois  au-dessus  du  falun 
de  Mérignac 

Cette  coupe  de  YioUe  et  de  Sainte-Groix-du-Mont,  avons- nous- 
dit,  résume  tout  le  fiazadais.  £n  effet,  c'est  la  même  succession  de 
terrains  que  l'on  rencontre  près  de  la  Réole,  en  montant  depuis 
la  Garonne  jusqu'au  sommet  de  la  côte  de  Graveilleuse.  Ici  seule- 
ment VOsirea  undala  est  remplacée  par  ÏOstrea  crispatOy  Raul. 
Delb.,  dont  un  banc  se  voit  au-dessus  du  calcaire  lacustre  infé- 
rieur, et  la  formation  marine  intermédiaire  est  réduite  à  une 
épaisseur  de  3  à  6  mètres,  et  le  calcaire  lacustre  supérieur  à  0^,50, 
d'après  Drouot  {loc.  r/r.). 

G'est  encore  la  même  succession  de  couches  que  nous  avons 
rencontrée  dans  la  vallée  du  Giron,  en  montant  depuis  relise  de 
Bommes  sur  la  rive  droite  jusqu'à  Château-Filhot,  ao-dmus  de 
Sauternes. 


Ch&ieaa  FilhoU         Sauteniet. 


BlKlIlDOf* 


4- 

^\1 

• 

i. 

»      <H» 

"v^^ 

6  —  C«tc«lre  lacattre,  à  Patudlna  DubmUiOni, 

0  —  Calcain  inarlu  groMkr  («U  Bm»»). 

4  —  Banc  à^Ostrea  crispata. 

5  —  Calcair*  lacMln,  à  PJbaorbM  et  à  Liâmes. 
S  —  Argiles,  onoUaues  et  calcali-et  argileux, 

1  *  Câlcair*  à  AMérki. 

J^e-  ûri 

Kom   DE   il.    TOUHNOVBA.  l057 

(Uoiniiies),  Lutraria  .f/////ir/?(la  Revoie),  qui  confirment  la  place  que 
la  stratigraphie  assigne  à  ces  couclies. 

he  premier  caicafre  lacustre  qui  vient  au -dessus,  et  qui  D*a  jamais 
ici  une  grande  puissance,  est  très  développe  en  surface  dans  le 
tiazadais,  et  surtout  dans  la  yaliée  du  Giron  (Léogeats,  Noaillaoy 
Yillandraut,  Balizac,  etc.),  où  il  est  toujours  associé  à  la  Cyrena 
Brongninrtt\  Bast.,  et  aux  Cerithium  plicatnm^  etc.,  et  ou  il  faut 
Tétudier. 

1^  calcaire  marin  supérieur  à  ce  calcaire  lacustre  (mollasse  coquil- 
lière  de  Drouot)  est  très  développé  au  contraire  en  puissance  et  en 
étendue.  Cette  roche,  qui  était  à  peine  représentée  dans  le  ruisseau 
de  Saucats,  au-dessous  de  Lariey,  par  une  épaisseur  de  5  à  6  mètres, 
et  qui  plus  au  nord  disparaissait  tout  à  fait,  atteint  dans  tout  le 
Bazadais  une  puissance  égale  ou  même  supérieure  à  celle  qu'elle 
présente  dans  Tescarpement  deYiolleetdeSainle-Croix-du-IVIont. 
Elle  est  exploitée  pour  les  constructions  ou  pour  l'empierrement 
des  routes,  dans  de  nombreuses  carrières,  qui  sont  surtout  consi- 
dérables près  de  Nizan,  d'Aubiac  et  de  Cazats. 

Cette  masse  est  précédée  généralement,  quelquefois  accom- 
pagnée ou  surmontée  même  par  un  banc  d'Ostrea  crispata^  Raul., 
Delb.,  Monog.^  qui  fournit  pour  ces  terrains  un  excellent  horizon, 
et  que  nous  avons  reconnu  déjà  à  la  Béole,  à  Léogeats,  Sauternes, 
Roquetaillade,  Bazas,  Brouqueyran,  Auros,  etc.  Elle  présente  en 
outre  généralement  un  ou  plusicura  bancs  coquiliiers  ou  faluns, 
soit  à  la  base,  soit  au  sommet,  comme  à  Léogeats,  la  Saubotte, 
Villandraut,  Balizac,  Bazas,  et  surtout  aux  environs  d*Uzeste,  où 
les  fossiles  sont  très  abondants.  Tous  ces  fossiles,  de  la  masse  vo* 
cheuse  ou  des  faluns  subordonnés,  sont  les  mêmes  et  appartiennent 
iiiconlestablement  au  type  de  Mérignac  avec quelqu(*s  espèces  parti- 
culières et  locales  ;  ce  sont  communément  :  Lucina  sub^scopulomm, 
L,  muiiiiameiiaiaj  Venus  jiglaurœ^  C,  untiaia^  Arcn  cardiiformis^ 
Cardila  hippopœa^   Ostrea  producta^    O.  undata^  Ncritina  picta^ 
Turritella  Desmaresti^  T.  Archimedis^  Brong.,   var.  de   Balizac, 
T.  U'plicata?,    Cerithium  piieatnmy   bidentaium,  papaveraccum , 
corrugatum^  margariiaceum^  etc..  Murex  s.-lupatus,  etc. ,  Litharœa 
asbesiellay  Scuteiia  bioculaia,  A  Uzeste  seulement,  à  ces  cspè(?es 
s'en  joignent  peut-être  quelques-unes  qni  annoncent  la  faune 
supérieure  de  Léognao. 

Enfin  le  deuxième  calcaire  lacustre^  moins  puissant  que  le  pre- 
mier dans  cette  partie  du  département  de  la  Gironde,  y  semble 
moins  constant  aussi;  nous  ne  le  connaissons  encore  qu'à  Viol  le,  à 
la  Aéole,  àChâteau-FilbotetàBasas.  Mais  ces  points,  assez  distants 
Soc.  »éol,,  V  sérip ,  tome  XIX.  67 


i 


1058  stAifCB  DU   10  JUIN  186!^. 

les  uns  lies  au  lies,  sont  coin  nie  des  jalons  qui  perinelteut  de  mctu- 
rer  pour  ce  dépôt  une  étendue  snpciiicielle  é^ale  à  cselle  du  dépôt 
inférieur.  Ce  second  calcaire  lacustre,  qui  se  développe  sur  la  lifiëre 
en  dehors  du  département,  est  parfois  remplacé  par  uu  banc  irre- 
gulicr  de  silex  et  de  meulières,  qu'on  observe  très  bien  à  Basas 
au-dessus  de  la  roche  jaune,  et  qui  semble  même  aasea  développé 
pi-ès  de  Mizan.  C'est  aussi  à  ce  niveau  que  noua  rapportons  des 
marnes  bleues  Qnes,  qui,  au-dessus  du  calcaire  coquillier  ontélc 
traversées  par  le  fora(;e  d'un  puits  à  Roquetaillade,  et  où  bous 
avons  trouvé  en  abondance  des  cristaux  de  gypse  très  purs,  avec 
la  Drcissvna  Brardi^  ÏOsirca  protincta^  VArca  cardii formiez  el& 

Lan  diras  et  n  lia  grains,  —  Pour  continuer  la  revue  Btratigra- 
pliique  de  la  rive  gauche  de  la  Garonne,  au  moins  dans  la  partie 
qu*embrasse  cette  étude,  il  ne  nous  reste  plus  qu'A  parler  de  lit 
contrée  comprise  entre  la  vallée  duCiron  au  sud  et  les  ruisseaux  de 
Gabanac  et  de  Saucats  au  nord.  Dans  cette  petite  étendue  on  ren- 
contre au-dessous  de  la  masse  dessables  peu  de  fahinSf  peu  d'affleu- 
rements supérieurs.  Mais  c'est  la  partie  de  la  rive  gauche  où  le 
calcaiic  à  Astéries  est  exploité  avec  le  plus  d'activité»  dans  les 
nombreuses  carrièresde  Saint-.Morillon,  de  Castres,  de  Vii'elade«de 
Cenotis»  de  l^ndiras,  de  Pujols  et  de  Uarsac,  le  long  de  la  Garonne. 
Les  ar|;iles  qui  les  surmontent  forment  du  c6té  du  nord  tout  le 
vallon  du  Guaniort  jusque  près  de  Cabanac,  comme  du  calé  du 
sud  celui  du  Ciron  et  de  ses  a  il]  uents  jusqu'à  Villandraut  et  Baliiac; 
et  à  Âiii^;ues  près  de  Uiiuliras  elles  s'élèvent  à  piès  de  60  mètres, 
attestant  ainsi  un  dcvirloppenient  et  un  rennemvnt  du  calcaire  à 
Astéries,  (pii  suppose:  liii-inênio  nue  inégalité  du  sol  antérieur. 

Eu  efl'et,  c'est  dans  cette  partie  du  département  qu'out  été 
signalés  des  aflleurenu-nts  du  terrain  crétacé,  bien  impi*éviis  au 
milieu  des  sables  <les  l^mdes  et  des  terrains  tertiaires  supérieurs, 
et  dont  nous  n'avons  à  parler  ici  que  comme  substratiun  des 
terrains  dont  nous  nous  oct  u|)oii.s.  C'est  dans  le  haut  du  ruisseau  du 
Guaniort  que  la  craie  a  été  d'abord  signalée  ^av  ftl«  Pigeon,  près 
de  Ilaut-Yillagrains,  et  plus  tard  un  autre  affleurement  a  été  indi- 
qué par  iM.  Aaulin  près  de  Landiras  (C/iri/;//;  itviude  d^une  sotiéié 
d'histoire  naturelle^  i853). 

Ces  affleurements  sont  dirigés  de  l'est  à  l'ouest  de  Landiras  ù 
Yillagrains  par  Guillos.  Cette  direction,  qui  s'écarte  un  peu  A  Touest 
de  celle  de  la  Garonne,  est  celle  de  l'axe  du  petit  plateau  dont 
nous  nous  occupons,  et  duquel  les  eaux  descendent  au  nord  vers 
le  Guamort,  à  l'est  vers  la  Garonne,  au  sud  vers  le  Ciron  et  ses 
affluenu.  A  Touesti  les  eaux  descendent  du  fidu  des  Landes  vers  la 


NOTE    DK    M.    TOCRNOCin.  1059 

[S  la  masse  des  sables.  L'étude  comparée  des  terrains 
Landiras  et  de  Yillagrains  porte  à  croire  que  l*appa- 
;s  lambeaux  isolés  n'est  pas  duc  à  un  soulèvement  pos« 

dépôts  tertiaires,  mais  qu'ils  sont  plutôt,  comme  on 
liqué,  des  témoins  restés  de  la  grande  dénudatlon  qui 
er  les  dépôts  crétacés  de  l'Aquitaine,  depuis  les  Pyré- 
'à  l'emboucbui-e  de  la  Gironde,  et  qu'ils  formaient 
r  tritiaire  des  bauts  fonds  ou  des  ilôts  sur  lesquels  ou 
quels  se  sont  déposés  les  sédiments  de  cette  époque, 
lent  à  un  relief  qui  existe  encore. 

près  de  Landiras,  au  moulin  de  Perron,  nous  avons 
le  Ton  trouvait  au-dessus  de  la  craie  en  montant  vers 

le  calcaire  â  Astéries,  concrétîonné,  avec  Turbo  Par- 
:.,  exploité  dans  de  petites  extractions;  2*  les  argiles, 
isquées  par  les  sables,  avec  Ostrea producta?,  etc.;  3*  le 
ustre,  avecPlanorbos,  Limnées  et  Paludina  Dubuissonl; 
lent  coquillier,  très  ricbe  en  Gérites  avec  Cyrènes,  Myti- 
:ardiiJorniis,  C.  undata,  etc.  dans  une  argile  verdâtre; 
ne  roche  jaune  calcaire,  en  plaquettes  irrégulières, 
)aisseur,  et  les  sables  et  graviers  superficiels, 
rs  dépôts,  qui  donnent  le  commencement  complet  de 
>s  dépôts  miocènes  et  qui  sont  compris  entre  SO  et 

d'altitude,  sont  ici  à  des  niveaux  supérieurs  (de 
\  peu  près)  à  ceux  qu'ils  atteignent  près  de  là,  à  Léo- 
cemplc,  dans  la  vallée  du  Giron,  et  cette  différence  de 
use  dans  les  couches  une  ondulation  prononcée.  Mais 
rite,  leur  succession  normale,  en  même  temps  que  leur 
sseur,  semblent  bien  indiquer  que  ce  n'est  là  qu'une 
de  dépôt,  et  que  le  dépôt  s'est  effectué  tranquillement 
t  fond,  dans  une  mer  peu  profonde. 
iTillagrains,  les  couches  régulières  et  horizontales  de  la 
mmédiatement  surmontées  par  une  épaisseur  de  1*^,50 
)  d'argile,  sans  caractère  particulier,  au-dessus  de 
us  avons  constaté,  avec  notre  confrère  M.  Gosselet,  un 
siu  douce  également  horizontal  de  0",30  à  0"*,ZiO  d'épai»- 
les  Planorbes,  les  Limnées,  les  Hetlx  ordinaires,  la 
'kibuissonij  le  Po  ta  m  ides  LamarcAi\  et  quelques  petits 
au-dessus,  le  sable  des  Landes.  Ce  calcaire  lacustre, 
relations  habituelles,  est-il  le  premier  ou  le  deuxième 
iistre? 

ndàh  t  le  ruisseau  de  Y illagrains  vers  Cabanac,  on  observe 
le  Cab^ac,  dans  le  lit  du  ruisseau,  un  véritable  grès  très 


JÛ6Û  sÊANci  OU  1(5  JUIN  1862. 

compaclc,  gris,  sans  fossiles,  et  une  mollasse  dure,  clans  laquelle 
nous  avous  trouvé  VOstrea  productaP  ;  sur  la  rive  droite^  on  réà 
la  roche  jaune,  avec  quelques  fossiles  (roche  de  Basas  et  de  Saiale* 
Croix  sans  doute),  à  laquelle  il  faut  probablement  rapporter  les  dé- 
pôts coquîUiers  voisins  de  Pouquet,  avec  Ceritium  piicaiumy  C.  auu*' 
garitaceunif  etc.,   Cyrena    Brongniarti^  Lutraria    tanna^   €!àniiiÊ 
kippopœa^  PyrulaLaineif  etc.,  qui  rappellent  le  falun  de  Lariey,  cC 
doivent  probablement  lui  être  assimiles  et  placés  c!oinine  lai  en 
haut  de  la  roche  jaune.  Au  contraire,  c'est  le  bas  de  cette  roche 
que  l'on  trouve,  en  aval  de  Gabanac,  à  Gassie,  surmontant  m 
calcaire  lacustre  perforé,  qui  ne  peut  être,  croyons-nous,  qne  le 
calcaire  lacustre  inférieur  de  Saiute-Groix-du-Mont,  car  il  repose 
immédiatement  sur  les  argiles  et  marnes  qui  font  le  tfaaiwes  du 
Guamort  depuis  Saint-Morillon,  et  il  est  surmonté,  comme  nous 
venons  de  le  dire,  par  une  roche  jaune  avec  quelques  fosMics,* 
C  undaiGj  petits  Gérites,  etc.,  qui  semble  bien  être  la  roche 
n*  2  de  la  coupe  de  Sauça ts.  G*est  le  seul  point,  au  nord  dn 
massif  de  Guillos,  où  nous  ayons  encoi*e  rencontré  ce  calcaire 
lacustre  inférieur,  qui  manque,  comme  nous  l'avons  vu,  plus  près 
de  Bordeaux  ;  et  il  est  probable  que  ce  dépôt  et  celui  du  calcaire 
marin  qui  le  surmonte,  que  l'on  retrouve  A  des  niveaux  semblables 
de  l'autre  côté  à  Balizac,  se  sont  effectués  dans  une  dépression  ont 
séparait  l'île  ou  le  haut  fond  crétacé  de  Landiras  de  celui  de 
Yillagrains,  et  par  laquelle  la  mer  communiquait  entre  les  points 
qui  sont  aujourd'hui  Balizac  et  Gassie.  Entre  le  Guamort  et  le 
ruisseau  de  Saucats,  on  suit  le  calcaire  jaune  marin,  et  l'on  retrouve 
A  Son  le  calcaire  lacustre  supérieur  du  moulin  de  TÉglise. 

Nous  avons  ainsi  rejoint  le  ruisseau  de  Saucats,  point  de  départ 
de  cette  étude. 

Salles.  — Enfin, quant  au  faluu  de  Salles,  dont  nous  avous  trouvé 
un  faible   affleurement   eu  haut  du   ruisseau  de   Saucats,  son 
gisement  normal  est  tout  à  fait  en  dehors  de  la  vallée  de  la 
Garonne,  et  s'observe  dans  la  petite  vallée  de  la  Leyre  parallèle  i 
celle-ci,  de  l'autre  côté  du  faîte  des  Landes,  et  qui  se  rend  direc- 
tement au  bassin  d'Arcachon.  Nous  ne  dirons  ici  que  quelques 
mots  de  ce  faluu,  qui  mérite  une  grande  attention  au  point  de  vue 
paléontologique  (voy.  le  tableau  compar.,  Raul.,  Delb.),  et  qui, 
au  point  de  vue  stratigraphique  même,  est  intéressant.  En  etfet, 
au  nord  du  bourg  de  Salles,  sur  les  bords  du  ruisseau  de  Lassieu,  la 
formation  assez  puissante  et  en  grande  partie  arénacée  est  divisée 
par  des  lits  coquilliers  à  Cardita  Jouannetl  qui  semblent  parfaite- 
ment horizontaux  ;  il  en  est  de  même  dans  les  affleurements  moins 


ROTI  tm  m.  TouRNouia.  1Q61 

importants  qu*oa  trouve  au  sud  du  bourg.  M^is  entre  ces  deux 
points  très  rapprochés,  on  observe  dans  le  bourg  même,  dans  des 
carrières  exploitées  au  bord  de  la  rivière,  des  couches  calcaires 
avec  la  même  Cnrdita^  etc.,  qui  sont  inclinées  de  18  à  20  degrés, 
suivant  la  double  direction  de  Test  à  l'ouest  et  du  sud  au  nord, 
et  surmontées  en  stratification  discordante  par  le  dépât  horixontal 
du  sable  des  Landes.  Cette  disposition,  si  elle  n'est  pas  un  simple 
clivage  ou  une  inclinaison  de  dépôt,  est  au  moins  due  à  un  acci- 
dent géologique  très  restreint,  a  ce  qu'il  semble.  En  effet,  du  côté 
du  nord,  vers  Mios,  du  côté  du  sud,  vers  Belin,  et  du  côté  de 
Touest,  en  face  du  bourg  de  Salles,  Taffleurement  coquillier 
plonge  et  disparait  rapidement  sous  la  masse  des  sables  ;  c'est  un 
point  à  étudier. 

Le  falun  de  Salles  termine  la  série  des  faluns  dans  le  département 
de  la  Gironde,  et  Ton  ne  trouve  plus  au-dessus  de  lui  que  le  subie 
des  Landes^  qui  est  généralement  considéré  comme  pliocène,  et 
auquel  il  a  été  réuni  à  ce  titre  par  MM.  Delbos  et  Raulin.  Nous 
doutons  cependant  qu'il  en  doive  être  ainsi .  Non-seulement  le 
sable  des  Landes  recouvre  trausgressivement  le  falun  de  Salles, 
tout  comme  les  faluns  de  Léognan  ou  de  Basas  ;  mais  dans  les 
carrières  de  Salles,  tout  comme  dans  celles  de  Léognan  ou  de 
Saint-Médard-en-Jalle,  ce  sable  remplit  les  roches  et  puits  naturels 
qu'on  observe  dans  les  mollasses  exploitées,  et  on  Fy  voit  même, 
comme  nous  venons  de  le  dire,  reposer  sur  ces  mollasses  en  strati- 
fication évidemment  discordante.  On  est  donc  porté  à  croire  que 
ces  deux  formations  sont  indépendantes.  Quant  au  sable  des  Landes 
lui-même,  il  soulève  des  questions  qui  ne  sauraient  être  résolues 
dans  les  limites  du  département  de  la  Gironde,  et  que  nous  réser- 
vons pour  cela. 

Résumé  géologique. 

En  résumé,  et  pour  coordonner  les  observations  stratigraphiques 
précédentes,  nous  voyons  que  les  terrains  tertiaires  dont  nous 
nous  occupons,  et  qui  sont  soumis  à  une  inclinaison  générale  et 
dominante  vera  Fouest,  correspondant  à  Texhausseroent  graduel 
du  continent,  se  sont  déposés  dans  un  bassin  crétacé,  dont  le  fond 
était  accidenté.  En  effet,  les  terrains  crétacés  qui  se  montrent  au  nord 
de  la  Gironde,  à  son  embouchure,  disparaissent  subitement  pour 
reparaître  d'une  façon  inattendue  dans  les  Landes,  et  disparaître 
de  nouveau  jusqu'au  bassin  de  i'Adour,  sans  avoir  pu  être  atteints 
dans  l'intervalle  par  des  sondages  de  100  à  200  mètres.  Lester- 


1062  sÊAifCB  DU  16  juuf  1862, 

rains  tertiaires  inférieurs  qui  te  sont  déposes  ensuite,  les  calcures 
marins  de  filaye  et  du  Médoc,  disparaissent  plus  complètement 
encore  ;  et  les  formations  d*eau  douce  du  Fronsadais  et  de  la  vallée 
de  la  Doi'dogne  plongent  rapidement  sous  le  calcaire  à  Astéries, 
dont  les  ondulations  attestent  à  leur  tour  les  irrégularités  des  ter- 
rains sous-jacents. 

Ces  ondulations  ont  été  signalées  depuis  longtemps  sur  la  rive 
droite  de  la  Garonne.  Il  en  existe  tout  autant  au  moins  sur  la 
rive  gauche,  où  elles  ne  sont  pas  mises  en  évidence  par  des 
escarpements  comme  ceux  de  la  rivicre,  mais  où  elles  sont  bien 
prouvées  cependant  par  l'étude  des  altitudes  et  de  la  stratigraphie. 
Ainsi  y  entre  le  Médoc  et  le  petit  massif  de  Landiras  et  Yillagraios, 
il  y  a  une  première  dépression,  comblée  par  les  faluns;  c'est  le 
bassin  falunieu  du  Bordelais,  et  de  Tautre  côté  de  ce  massif,  dans 
le  Bazadais  proprement  dit,  de  Léogeats  à  Bazas,  une  seconde 
dépression,  un  bassin  tout  à  fait  comparable  à  celui  de  Sainte- 
Croix-du-Mont,   dont  il  est  ]>ourtant  séparé  par  un  autre  petit 
bombement  intermédiaire.  C'est  donc  autour  du  pointeiuent  cré- 
tacé de  Landiras  que  les  dépressions  des  couches   sout  le  plus 
accentuées,  comme  cela  est  rendu  sensible  par  nos  coupes  u**  3,  & 
et  5  (voy.  pL  XXI).  C'est  encore  une  dépression  semblable  qui  est 
accusée,  au  cœur  de  l'Ëntre-dcux-Alers,  par  le  forage  du  puits  de 
Créon,  relaté  par  M.  Delbos.  {Bull.^  2'  série,  t.  X,  p.  41.) 

Ces  ondulations  nous  semblent  des  ondulations  de  dépAt|  et 
elles  suffisent  peut-être,  avec  l'inclinaison  générale  des  terrains 
vers  l'ouest,  à  expliquer,  sans  recourir  à  l'hypothèse  d'une  faille 
(Dufrénoy,  loc,  c//.),  les  dénivellements  qu'on  observe  entie  les 
deux  rives  de  la  Garonne,  aux  environs  de  Bordeaux,  En  effet,  si 
ces  dénivellcmenls  sont  assez  marqués,  par  exemple  entre  Lormont 
ou  Cenons  et  Bordeaux,  ou  entre  Beaurech  et  Labrède  (comme  dans 
notre  coupe  n**!,  qui  tombe  précisément  en  face  d'un  relèvement 
très  local  du  calcaire  à  Astéries),  nous  pourrons  Caire  remarquer, 
sans  vouloir  ici  résoudre  cette  question,  qu'au  sud  de  Bordeaux, 
en  fiace  de  Saiute-Croix-duMont,  c'est  le  calcaire  à  Astéries  qu'on 
a  sur  la  rive  gauche,  précisément  là  où  l'on  devrait  avoir  les 
ialuns  supérieurs  ;  plus  au  sud  encore,  après  Langoo»  le  calcaire 
à  Astéries  est  à  peu  près  à  la  inéme  hauteur  sur  les  deux  rives  et 
détermine  des  collines  à  peu  près  égales  dans  l'arrondissement  de 
la  Réole  et  dans  celui  de  Bazas,  comme  cela  est  rendu  évident  par 
l'épaisseur  semblable  de  la  formation  argileuse  et  par  le  niveau 
semblable  qu'y  atteint  le  banc  d'Osttea  crùpata^  très  bon  horizon 
(80  mètres  environ,  à  la  Réole,  à  Auros,  à  Brouqueyran,  etc.) 


► 


MOTK   OK   ■.    TOUBNOUSR.  106S 

C'est  dans  les  dépreMions,  dans  les  bassins  occasionnés  par  ces 
ondulations  que  se  sont  déposées  régulièrement  les  couches  des 
terrains  suivants,  ^qui  enfin  et  postérieurement  ont  été  rasés  et 
nivelés  lors  de  l'action  des  causes  qui  ont  donné  au  sol  son  relief 
actuel  et  creusé  les  vallées  existantes. 

Les  argiles  qui  surmontent  le  calcaire  à  Astéries  ont  leur  plus 
grande  épaisseur,  comme  nous  l'avons  vu,  dans  les  arrondissements 
de  la  Uéole  et  de  Basas,  et  diminuent  beaucoup  d'importance  en 
approchant  de  Bordeaux.  Elles  ne  manquent  nulle  part  cependant, 
ot  nous  croyons  qu'il  faut  les  réunir  au  calcaire  à  Astéries  dont 
elles  ne  semblent  pas  indépendantes  stratigraphiquenient,  et  auquel 
elles  se  lient  par  les  calcaires  concrétion  nés  qu'elles  renferment 
avec  empreintes  de  Gérites,  semblables  à  celles  des  dernières 
couches  de  la  masse  calcaire  précédente.  Elles  termineraient  ainsi 
la  première  formation  marine  composée  d'un  groupe  calcaire  et 
d'un  groupe  argilo-marneux,  atteignant  ensemble  une  épaisseur 
de  80  à  100  mètres  maximum. 

Le  calcaire  lacustre  qui  vient  ensuite  atteste  une  émeraion 
considérable  des  terres,  et  nous  semble,  à  cause  de  cela,  propi^  à 
établir  une  division  importante  dans  les  terrains;  car  il  n'est  pro- 
bablement dans  le  département  de  la  Gironde  que  la  continua- 
tion et  la  fin  d'un  grand  dépât,  dont  il  faut  chercher  tout  le  déve- 
loppement dans  les  départements  voisins.  Gomme  les  argiles 
pi*écédentes,  il  est  bien  développé  dans  le  Bazadais,  où  il  est  presque 
toujours  accompagné  par  un  banc  de  Cérites  et  de  Cyrènes  très 
caractéristique  ;  sur  la  rive  droite,  il  est  limité  (Drouot,  loc.  eit,) 
par  une  ligne  allant  de  Gazaugitat  h  Rions,  vers  Langoiran,  et  c'est 
lui  sans  doute  qui  a  été  rencontré  dans  le  forage  déj&  cité  du  puits 
de  Créon.  Sur  la  rive  gauche  nous  ne  l'avons  pas  constaté  au  nord 
de  Cahanac  ;  et  dans  tous  les  petits  ruisseaux  du  Bordelais,  il  semble 
représenté  uniquement  par  les  marnes  à  Cérites  et  à  Cyrènes  aux- 
quelles il  est  lié.  Son  niveau  obéit  k  la  double  inclinaison  dont 
nous  avons  parié,  vers  l'ouest,  inclinaison  qui  est  celle  du  littoral, 
et  vers  le  nord-ouest,  qui  est  celle  du  cours  de  la  Garonne,  tout 
en  suivant  cependant  les  ondulations  des  terrains  sous-jacents.. 
Ainsi  k  la  Réole  il  est  à  80  mètres  environ  ;  il  est  à  la  même 
hauteur  à  peu  près  à  Créon  ;  mais  à  VIolle  il  est  à  AO  ou  50  mètres, 
dans  la  vallée  du  Giron,  au-dessous  de  /iO,  et  de  même  à  Cabanac. 

Après  ce  dépôt  d'eau  douce  et  d'eau  saumÂtre,  qui  s'est  effectué 
pt*obablement  dans  des  étangs  littoraux,  la  mer  est  i-evenuc  de 
nouveau  et  a  repris  pendant  assez  longtemps  ses  anciennes 
limites,  commue  le  montrent  les  dépôts  puissants  dont  tiens  a%ons 


lOOA  SÊANCJt    DU    16    JUIN    lbÔ2. 

trouvé  les  types  à  Bazas  et  à  Sainte-Ci'oix*du-Moo|.  Ce  retour  de 
la  mer  est  indique  par  des  dépôts  d^Huitre»  fort  remurquihlcs 
et  fort  étendus,  et  qui  attestent  un  ancien  rivage.  Les  calcaiici 
moellons  coquillîers  de  Bazas  {mollasse  cotfuUitére  de  Dionot, 
falun  de  Bazas  et  de  Méri(;nac  de  iMM.  Raulio  et  Delboa)  loiil 
également  très  développés  dans  le  fiazadais  où  iU  atteigoent  une 
puissance  égale  à  peu  près  à  celle  du  calcaire  à  Attëriee  ;  mais  dans 
le  petit  bassin  bordelais  ils  vont  en  diminuant  rapidement  d'ion* 
portauce  ;  au  ruisseau  de  Léognan,  ils  sont  à  peine  représentés  par 
quelques  mètres  d'une  roche  très  irrégulière,  et  à  Mërîgnac,  â 
Saint-Médard,  où  il  y  avait  encore  moins  de  fond,  par  des  moellons 
disséminés  qui  forment  à  peine  un  banc  Au  Haillan,  où  nont 
touchons  le  rivage  du  calcaire  â  Astéries,  il  n*y  en  a  pas  trace.  Les 
limites  supei  6ciclles  de  ce  dépôt  sur  la  rive  droite  ne  semblent  pas 
atteindre  tout  à  fait  celles  du  calcaire  lacustre  (t.  Orouot,  /oc.  eiL). 
C'est  la  même  disposition  que  pour  le  calcaire  a  Astéries,  et  pour 
toutes  ces  formations  marines  de  l'Aquitaine,  très  faibles  à  Test  vers 
leurs  rivages,  et  augmentant  d'importance  vers  l'ouest,  en  luéue 
temps  qu'elles  plongent  dans  cette  direction. 

Après  ce  séjour  prolongé  des  eaux  salées,  la  nier  se  retire  de 
nouveau  et  laisse  sur  le  rivage  des  lagunes  sauinâtres  et  des 
étangs  qu'elle  envahit  parfois,  et  qu'elle  quitte  encore.  Tons 
ces  mouvements  sont  attestés  par  la  réapparition  des  G^riteSy  des 
Gyrèncs,  des  Paludines,  des  Potamides,  des  coquilles  d'eau  douée 
et  terrestres,  et  par  leurs  alternances  avec  des  dé|)ôts  -  marins 
comme  à  Saucats.  La  perforation  des  roches  est  aussi  une  indiea^- 
tion  de  toutes  les  perturbations,  souvent  très  locales,  ëprouTées 
par  ces  rivages  qui  devaient  ressembler  aux  rivages  actuels  de 
la  Gascogne,  du  Languedoc  ou  de  la  baie  de  Naples,  pour  la 
disposition  relative  des  eaux  douces  et  des  eaux  marines.  Ce  que 
nous  avons  en  effet  sous  nos  yeux  et  les  phénomènes  d'oscillatioo 
du  sol  dont  les  côtes  d'Italie,  par  exemple,  ont  été  souvent  le 
théâtre,  suffisent  tout  à  fait  à  expliquer  les  alternances  et  les 
interruptions  des  dépôts  marins  et  lacustres  dont  nous  nous 
occupons. 

En  particulier,  l'émersion  du  sol  de  l'Aquitaine,  qui  est  indiquée 
daos  le  département  de  la  Gironde  par  le  dé^i  lactutre  de 
Saucnts^  a  été  fort  étendue  comme  la  première.  Mais  cct(e  émer- 
sion  cependant  n'a  pas  été  complète  sur  tout  le  rivage,  et  il  semble 
qu'aux  extrémités  du  bassin  les  dépôts  marins  n'aient  pas  été 
interrompus,  et  que  la  faune  marine  ait  pu  se  transformer  dans  les 
mêmes  eaux  à  côté  de  dépôts  émergés.  C'est  ainsi  que  nous  expli* 


non   DK  ■•    TOURHOUIft.  1065 

quon«  à  Mërignac  et  au  Haillan,  près  de  Bordeaux  (et  à  Saint-Paul 
près  de  Dax),  le  mélange  ou  le  contact  immédiat  des  espèces.  Pour 
nous,  ces  faluns,  que  nous  appellerions  faluns  mixtes,  et  qui  ne 
doivent  pas  être  pris  pour  types  (le  falun  roulé  de  Dax  surtout] 
sont  des  dépôts  marins  en  partie  synchroniquesaux  dépôts  succès- 
sivement  marins  et  lacustres  qu'on  observe  ailleurs. 

Avec  ce  deuxième  dépôt  lacustre  se  termine  le  groupe  du  falun 
fie  Bazas.  Ce  groupe  comprend  ainsi  toutes  les  assises  placées 
entre  les  argiles  et  les  vrais  faluns  de  Léognan,  et  un  ensemble  de 
couches  fluvio-marines  qui  attestent,  localement  au  moins,  entre 
les  grands  dépôts  marins  inférieur  et  supérieur  une  époque  inter- 
médiaire et  agitée,  Tépoque  des  lagunes.  C'est  un  dépôt  marin 
compris  et  enfermé  entre  deux  dépôts  lacustres  principaux  parfai- 
temenl  semblables  par  leurs  fossiles.  Le  calcaire  lacustre  de 
Noaillan  par  exemple,  à  la  base  de  la  roche  marine  de  Bazas, 
et  le  calcaire  lacustre  de  Saucats,  au-dessus,  c'est  le  même  cal- 
caire lacustre,  avec  les  mêmes  fossiles  caractéristiques,  P)a- 
norbes,  Limnées,  Hélices  et  Paludines  spécifiquement  identiques, 
accompagné  par  les  mêmes  Cyrena  Brongniftrti\  et  les  mêmes 
Cerithium  margaritaceum^  C.  plicatum^  etc.  La  similitude  est  telle 
que,  là  oii  il  n'y  a  qu'un  dépôt  lacustre  ou  qu'une  couche  de 
Cyrènes  et  de  Cérites,  comme  à  Canejan  ou  à  Yillagrains,  il  est  im- 
possible, par  la  seule  considération  des  fossiles,  de  décider  à  quel 
membre  de  la  formation  l'on  a  affaire,  à  l'inférieur  ou  au  supé- 
rieur. —  Quant  aux  dépôts  marins  intercalés,  nous  verrons  que 
leur  faune  est  parfaitement  une  faune  intermédiaire  également 
entre  celle  des  dépôts  à  Natica  crassaiina  et  celle  des  dépôts  à  Pecten 
burdigalensis. 

Ceux-ci  s'annoncent  par  les  cailloux  roulés  de  Léognan,  du  mou- 
lin de  l'Église  (n°  6)  (voyez  plus  haut),  de  Canéjan,  etc.,  par  les 
masses  de  gros  polypiers  qui  reposent  sur  ce  fond  de  mer,  comme 
aux  carrières  de  Léognan,  au  ruisseau  de  Moras,  etc.,  et  par  l'abon  • 
dance  des  coquilles  marines  qui  s'accumulent  sur  des  plages  ou  dans 
des  eaux  tranquilles.  Ces  dépôts,  ou  du  moins  leurs  affleurements, 
sont  super6ciellement  très  peu  étendus,  et  c'est  à  leurs  riches  gise- 
ments de  fossiles  qu'ils  doivent  d'avoir  été  distingués  de  bonne 
heure;  car  on  ne  les  trouve  dans  le  département  de  la  Gironde  que 
dans  ce  petit  bassin  du  Bordelais  proprement  dit,  compris  entre  le 
Médoc  et  le  ruisseau  de  Saint -Morillon.  Dans  le  Bazadais  ou  dans 
l'Entre-deux-Mers  ils  n'ont  pas  encore  été  reconnus,  soit  qu'ils  aient 
été  enlevés  par  les  dénudations  des  dernières  époques,  soit  que  l'élé- 
vation déjà  existante  de  ces  parties  du  sol,  comme  nous  le  pensons. 


I 


1066  sÉAifCK  DU  16  JUIN  1862. 

ne  leur  ait  pas  permis  d'atteindre  ces  limites.  Plus  à  l*ouett,  on 
devrait  les  retrouver,  et  ils  doivent  contourner  la  craie  de  Villa- 
grains;  mais  ils  disparaissent  sous  la  masse  des  sables  qui  masque 
tout.  Ce  sont  donc  des  dépôts  peu  im|)ortants  en  puissance  et  en 
sti*ati{;raphie,  mais  d'un  grand  prix  sous  le  rapport  paléontologique, 
et  qui  indiquent  par  une  faune  tout  d'abord  très  riche  et  très  variëe, 
le  coinmeucement  définitif  d'un  ordre  de  choses  qui  se  continue 
jusqu'à  l'époque  actuelle.  Mous  les  désignerons  sous  le  nom  de 
f aluns  de  Bordeaux  proprement  dits. 

Le  groupe  suivant,  ou  ftdun  de  Salles^  rejeté  en  arrière  du  prrcë* 
dent  vei-s  l'ouest,  c(  qui  d'ailleurs  est  bien  moins  développé  ici  que 
daus  le  bassin  de  i'Adour  et  de  ses  afllucnts,  semble  attester  un 
nouveau  et  troisième  rivage  de  la  mer  des  faluns.  Et  ce  dépôt 
semble  avoir  été  recouvert  ensuite  d'une  manière  assez  violeote 
par  la  mer  des  Landes  qui  l'a  rasé,  raviné,  et  débordé  transgres- 
sivement,  comme  tous  les  faluns  précédents,  en  ramenant  quelques- 
unes  de  ses  coquilles,  brisées,  roulées  et  mêlées  à  des  argiles  et  â 
des  galets,  jusqu'en  haut  du  ruisseau  de  Saucats. 

En  somme,  la  disposition  et  la  subordination  des  terrains  dont 
nous  nous  sommes  occupé,  se  résument  dans  le  tableau  de  classifica- 
tion et  dans  les  deux  coupes  générales  (n*''  1  et  2)  qui  sont  â  la  fin  de 
ce  travail,  et  sur  lesquelles  nous  ferons  o!)sei  ver  seulement  que  nous 
avons  dû  exagérer  singulicrenieut  les  hauteurs,  puisqu'elles  sont  par 
rapport  aux  longueurs  dans  le  rapport  de  50  à  1  ;  il  s'ensuit  que 
Tapparence  d'inclinaison  des  couches  ou  des  dillérences  de  niveaux, 
à  la  vallée  de  la  Garonne,  par  exemple,  est  aussi  singulièrement 
exagérée,  et  qu'un  profd  à  hauteur  vraie  les  rendrait  bien  peu 
sensibles.  Cette  inclinaison  générale  des  couches  de  Test  h  l'ouest, 
que  la  coupe  n^  2  est  destinée  à  montrer,  eût  été  d'ailleurs  bien 
plus  marquée  si  nous  avions  continué  cette  coupe  au  delà  des 
terrains  qui  nous  occupent  spécialement  dans  cette  étude,  c'est- 
à-dire  jusqu^à  la  vallée  de  la  Dordogne  où  l'on  retrouve  le  calcaire 
A  Astéries  et  le  banc  iïOstrea  tongirostrU  au  sommet  des  coteaux, 
au-dessus  du  calcaire  lacustre  du  Périgord  et  de  la  mollasse  du 
Fronsadais. 

Considérations  paléontologiques  (1). 

Les  considérations  paléontologiques  viennent  hautenienl  à  l'ap- 
pui de  l'ordre  de  succession  des  couches  que  nous  avons  essayé 

t 

(4)  Dans  ces  considérations,  nous  emploierons  protisoirement  les 


NOTI   DE    M.    TOURNODBR. 


1067 


d*établir|  et  la  succession  normale  et  graduée  des  faunes  que  Hn- 
tervcrsiou  des  faluns  de  Mérignacet  de  Léognan  avait  rompue  se 
rétablit  d'elle-même   dans   notre   classification  stratigrapliique. 

D'après  le  seul  tableau  comparatif  de  MM.  Delbos  et  Raulin 
[Bull.,  2*sér.,  t.  IX,  p.  412),  tout  incomplet  qu'il  est,  on  peut 
voir,  selon  nous,  que  le  falun  de  vSalles,  terme  supérieur  incontesté 
de  la  série  stratigrapbique  et  paléontologique,  a  plus  d'analogies 
avec  Léognan  qu'avec  Mérignac  :  absence  caractéristique  des 
Gériies,  etc.,  présence,  abondance  et  analogie  des  Cancellaires, 
des  Plenrotomes,  des  Vis,  des  Véims,  des  Pétoncles,  des  Pei- 
gnes, etc.  Mais  il  manque  à  ce  tableau  un  terme  essentiel  de 
comparaison,  le  terme  inférieur,  celui  de  la  faune  du  calcaire  à 
Astéries  qui  est  le  substratum  également  incontesté  de  tous  les 
faluus  (1).  En  le  rétablissant,  nous  veirons  la  suite  et  rcncbaîne- 
ment  des  faunes  se  rétablir  aussi  de  la  façon  la  plus  satisfaisante  : 
Gaas  se  relie  \  Mérignac  {ou  Bazas),  Mérignac  à  liéognan,  et  Léo- 
gnan à  Salles. 

Pour  cela,  il  faut  prendre  une  idée  de  cette  faune  inférieure. 
Voici  les  espèces  les  plus  caractéristiques,  et  pour  la  plupart  les 
plus  communes,  des  mollusques  qu'elle  renferme  : 


1 .  Melnnîa  costellata^  G  rat. 
t .   Catien  rrassatina ,  Desh .  Héb . 

3.  —  angustatn^  Grat.  Héb. 

4 .  Deshayesia  ncriioides,  d ' Orb . 

5.  Dclphinula   scobina^  Brong. 

Grat. 


6.  Trochus  tabarum^  Bast. 

7.  —  BoscianiiS,  Brong.  Grat. 

8.  Turbo  Parhinsoni,  Bast. 

9 .  Turriiella  strangulata ,  Gra t . 
10.  Ccni/uum  Koninckii^  Grat. 
14.  —  CharpeniicriyBàBi. 


déterminations  spécifiques  de  Bastérot  ou  de  Grateloup,  tout  erronées 
qu*elles  peuvent  ôtre,  parce  que  ce  sont  les  seuls  auteurs  qui  aient 
donné  des  figures  des  fossiles  de  Dax  ou  de  Bordeaux. 

(4)  Le  calcaire  des  coteaux  de  la  Garonne  depuis  Bourg  jusqu'à  la 
Eéole  (appelé  par  M.  de  Collegno  calcaire  à  Astéries)  a  été  assimilé 
par  M.  Delbos  aux  calcaires  et  aux  marnes  de  Gaas,  Lesperon,  etc., 
sur  la  rive  gaucbe  de  TAdour,  Cette  assimilation  pour  nous  ne  peut  pas 
être  contestée.  Nous  ejuploierons  donc  sans  hésiter  le  terme  de  Gsas 
comme  terme  de  comparaison  dans  nos  considérations  paléonlplo- 
giques,  quoique  pris  en  dehors  du  département  de  la  Gironde,  parce 
que  Gaas  a  sur  Bordeaux  Tavantage  d'offrir  des  fossiles  à  Pétat  libre, 
bien  conservés  et  bien  connus,  des  assises  que  l'en  oonsidère  générale- 
ment comme  le  miocène  inférieur  du  S.*0.  Nous  en  ferons  de  même 
pour  le  falun  de  Saint^Avit,  analogue  certain  du  falun  de  Basas,  et 
pour  les  marnes  de  Saubrigues,  placées  incontestablement  à  la  partie 
supérieure  des  faluns  de  l'Aquitaine. 


1068 


8ÉANCB    DU    JO    JUIN    1802. 


42.  Cerithium  leniniscatum,  Br. 
et  Grat. 

13.  —  ierebellum^  Grdii. 

14.  —  irochlearCf  Héb.  (C.  dia- 

holi^  Grat.). 

15.  i—  gihberosum^  Grat.,  var. 

a, 
«S***—  var.  b. 

46.  —  calculosunty  Bast.  {nas- 

soides,  Grat.). 

47.  — -  pUcatumy  Lam. 

48.  Pieitroioma  Gratelupii^   Des 

M. 

49.  Faseiolaria  polygonata^ 

BroQgn.,  Grat. 
20.     —  subcarinata^  Grat. 
24.    TurbineUa  pugillarh^  Grat. 

22 .  Murex^stnlosus^'BTOCC.  Grat. 

23.  —  erinaceusy  Lin. 

24.  Fbiuia  subambigua^  d'Orb. 

25.  —  subharpuia,  d'Orb. 

26.  Cassis  nianiillaris^  Grat. 


27.  Triton  H i singer i y  Grat. 

28.  —  corriigatum,  var.  Grit. 

29.  —  clnthraium^  Lia  m. 

30.  StrombttS  auricmiarius^  Gnt. 
34 .     —  fascioiarioMes^  €hral. 

32.  Cyprœa  spiemiens^  Grat. 

33.  Conus  deperditiUj  Gral. 

34.  Crassateila  tutnida^  Lam. 

35.  Lucina  Delbosii^  d*Orb. 

36.  —  globttlosa^  Desh. 

37.  —  gibbosula?  Lam. 

38.  —  coiumbtilia(minor)XMn. 

39.  Venus  Agiaurœ^  Brongn. 

40.  Cardium  discrepans  p^  BaaC 
44.     —  telluris?^  Lam. 

42.  Cardiia  Bazini^  Deah. 

43.  Ostrea    puncti/ern^      Raill., 

Delb. 

44.  —  ^tfrf/mi7?,Raal.,DeIb. 

45.  —  longirostrisj  id. 

46.  Nutnmuiites  garansiana^M. 

Leym. 


V  Ostrea  longirostris^  qui  ne  se  trouve  patà  Gaas,  forme  deabaoca 
à  la  base  des  calcaires  de  Bordeaux,  comme  les  couches  supérieures 
à  Rions,  Cadillac,  Labrède,  Saint-Morillon,  renfenneot  de  nom- 
breuses empreintes  des  Crr/ï/i/ii/ii  plicatum,  C,  margaritaeeum^  etc., 
rares  dans  le  bassin  de  TAdour. 

En  décomposant  cette  faune,  nous  y  trouvons  : 

1«  Des  espèces  spéciales,  qui  lui  donnent  une  physionomie  et 
un  caractère  bien  tranchés,  n"*'  2,  3,  h,  5,  6,  7,  8,  9,  10.  11,  12, 
13,  14,  19,  20,  21,  26,  27,  30,  31,  32,  M,  62,  M,  &5,  et  dont 
quelques-unes,  comme  la  Natica  crassatina  et  le  Turbo  Parkinsoni^ 
sont  répandues  à  profusion  dans  le  bassin  de  la  Garonne  et  dans 
celui  de  l'Adour  ; 

2*  Des  espèces  de  faciès  éocénique,  n®'  1, 18,  24,  25,  33,  36, 
35,  37,  4&,  66,  sur  lesquelles  nous  reviendrons; 

3*  heê  espèces  miocéniques  ou  même  pliocéniques,  n**  15» 
15^/5,  16, 17,  22,  23,  28,  29,  36,  38,  39,  60,  qui  établissent  que 
ceAe  faune,  toute  tranchée  qu'elle  est,  n'est  pas  sans  liaison 
cependant  avec  la  faune  des  faluns. 

Mais  ce  n'est  pas  avec  le  falun  de  Léognan,  c'est  «lu  contraire  avec 
le  groupe  inférieur  des  faluns  de  Mérignac,  Basas  et  Saint-Avlt, 
qu'elle  a  naturellement  le  plus  de  liens,  moins  encore  peut-être  par 
le  nombre  des  espèces  communes  ou  analogues,  que  par  le  caractèra 


IfOTK   OK   «•    fOORffOUBlt.  iÔÔd 

(le  celles-ci  et  par  la  profusion  des  individus.  En  effet,  c*est  dansées 
assises,  faluns  ou  calcaires  coquillieis,  et  surlout  dans  les  marnes 
fossilifères  de  la  base  de  Tétage  (marnes  inférieures  de  Mérignac, 
Leognan,  Martillac,  .Labrède,  Saint- Morillon,  etc.)  qu'on 
retrouve  :  la  TurritcUa  Desmaresiina^  Bast.,  qui  semble  n'être 
qu'une  variété  ornée  de  la  7*.  strangulatOy  qui  se  rencontre  elle- 
même  à  Mérignac,  etc.,  les  divers  Cérites  :  Cerithium  hidentatum^ 
Grat.,  qui  n'est  que  le  C,  gibberosumy  var.  A  de  Gaas,  le  C,  gibbe^ 
rostiifty  var.  B,  C.  calculosum^  C.  pUcatum^  C,  pseudo^obeliscus^ 
voisin  du  C.  Charpentieri^  Triton  corrugnium,  var.  (à  Saint-Âvit), 
Tiirbinella  pugi lions  (à  Dax),  Folutn  horpula  (à  Martillac,  Leo- 
gnan), LUcina  globulosa  (id.,  et  Saint-Avit),  Z.  gibbosnla  ?  (Saint* 
A  vit;  Lariey),  f^e/uis  Jglaurœ  (Mérignac,  le  Bazadais,  Saint* 
A  vit;  etc.).  Ce  groupe  se  relie  donc  au  premier  coup  d'œil  au  groupe 
précédent,  négativement  d*abord,  par  Tabsence  ou  la  pauvreté  des 
genres  Pleurotome,  Cancellaire,  Buccin,  Vis,  Rocher,  Peigne, 
Pétoncle,  etc.,  et  positivement  par  l'abondance  des  Cérites  et  la 
persistance  de  quelques  espèces  de  ce  genre,  si  riche  dans  les  ter- 
rains éocèues,  diminué  déjà  dans  le  miocène  inférieur,  et  qui  au 
delà  des  marnes  à  Cyrènes  on  il  pullule,  au  moins  en  individus 
va  disparaître  pour  ainsi  dire  de  l'Aquitaine  dans  les  vrais  fafuns. 
D'ailleurs  la  faune  de  cet  étage  fluvio-marin  n'est  naturelle- 
ment que  l'expression  des  conditions  biologiques  diverses  qui 
sont  résultées  des  phénomènes  géologiques  très  variés  de  cette 
époque.  Ainsi,  elle  est  essentiellement  caractérisée,  comme  faune 
de  mers  basses  et  d'eaux  saumâtres,  par  l'abondance  des  Néri- 
tines,  des  Cérites,  de  la  Cyrena  Brong/ilarti,  Bast.,  OstreaproductOy 
Raul . ,  Belb.  (voisine  de  l' Ostrea  cyaihula) ,  et  par  les  bancs  si  remar- 
quables A^Ostrea  crispata  et  à^  Ostrea  undata  dont  nous  avons 
parlé.  Là  où  les  dépôts  sont  plus  profonds,  la  faune  devient  aussitôt 
plus  riche  et  plus  variée;  outre  des  espèces  spéciales,  comme  la 
Lucina  multilamellatriy  la  Cythrrea  undata ^  la  Cardita  hippopœa^ 
Y jirca  cardtiforfttiSj  la  Pyrttla  Laineiy  le  Lycbphrrs  Itnticfdaris 
elle  présente  déjà,  surtout  dans  les  faluns  supérieurs  de  Mérignac, 
Lariey,  etc. ,  beaucoup  d'espèces  communes  avec  celle  du  falun 
de  Lëognan  (voy.  le  tabl.  comparât.,  Raul.  et  l)elb.,  déjà  cité). 

Le  falun  de  Léognan  et  de  Sauça ts,  lui,  n'a  guère  de  commun 
avec  la  faune  du  calcaire  à  Astéries  ou  de  Gaas  que  le  Triton  cla^ 
thrntum^  le  T,  mrrttgntum^  le  Cassix  mnmiltaris  ?^  var.  major, 
le  Murex  erînaceus\  la  Cyprœa  ovulina  (Saucats),  la  Tttrrftrlia 
cathedralis?^  d'après  les  empreintes  des  calcaires  de  Bordeaux 
peut-être  le   Trochu»   Benettfœ,  Bast.,   d'après   ces  mêmes  em- 


1070  SÉANCE    Dl     16    JUIN    1862. 

preintes.  Les  aflinités  de  ce  falun  sont  ailleurs,   ëTÎcleinmeot.  Il 
est  caractérisé,  on  le  sait,  par  la  présence  de  la  Scutelitt  subroimnia^ 
de  VEchinolampas  Laurillrirrii,  de  f  Operculina  complanata^  et  par 
l'extrênie  abondance  des  TurritcUa  terebralis^  var.  B,  Raul.,  Del., 
Pectên  burilfgalensiSj  Pectunculus  pîlosus  Cl  P.  cor^  Oardtum  bmrdi' 
galinuniy  Cyprina  fstandrcoides,  Cytherea  erycinoides^  et  en  gtfnëral, 
par  la  ricbesse  des  genres  Cythérée,  Peigne,  Turritelle,   Pleu- 
rotome,   Cancellaire,   Rocher,    Pyrule,  elc.  Noua    rappeUerons 
^u'à  la  base  de  ces  dépôts  on  retrouve  (notamment  aux  carrières 
des  Puits  à  Léognan)  quelques  espèces,  comme  Natîca  compressa^ 
Turritella  terebralis^  var.  Â,  Raul.,  Delb.,  T.  strangnlatap^  Hosiel- 
laria  dentata,  Cytherea  Lamarckiij  Cardita  pinnula^  Lueina  ieonîna^ 
qui  se  trouvent  déjà  à  un  niveau  inférieur,  à  IVTërignac  ou  1  Saint- 
Avit,  et  quelques  espèces  assez  particulières  à  ces  premières  couches» 
ou  qui  se  retrouvent  plus  haut,  comme  Cerithium  saimo  qui  annooce 
le  groupe  du   C.    vulgaium^  Cassis  Rnndelcti^   Cassis  mamiUaris 
major^  Jncillaria  glandijormis,  etc.  M«iis  dans  tous    ces   faJuns 
la  rareté  des  Cérites  est  frappante.  Cependant  dans  les  ooucfaes 
supérieures,  dans  les  faluns  blancs  do  Cestas  et  du  haut  du  ruiffeau 
de  Saucats,  on  constate  localement  un  retour  intéressant  de  Mytllus 
antiquorum  y  Bas  t.,  et  de  Cérites  avec  des  Meiania,   Melanopsis^ 
Nerita^  Tieritina^  Cyciostomay  et  Hélix ^  associés  à  toutes  les  espèces 
marines  des  faluns  de  Léognan.  Ce  mélange  d'espèces  marines 
et  d'espèces  lacustres  ou  terrestres  dénote  évidemment  ici  Tac- 
tion  locale  de  courants  et    d*afiluents  d*eau  douce,    comme  le 
retour  des  Cérites  et  des  bancs  de  Mytitus  annonce  le  retour  de 
conditions  d'habitat  semblables  à  celles  que   nous  avons  déjà 
rues.  Il  faut  noter  d'ailleurs  que  ces  Cérites  n*out  ici  ni  Timpor- 
Dnce  numérique  ni  Timportance  spécifique  qu'elles  avaient  plus 
haut  ;  elles  ne  caractérisent  plus  la  faune  des  dépôts.  Le  Cerithium 
margaritaceuni,  si  abondant  et  si  particulier  dans  le  falun  inférieur, 
a  disparu,  on  peut  le  dire  ;  le  C.  plicatum  est  à  Tétat  de  Tariétë 
(C  inconstans^  C,  pictumP,  etc.);  le  C,  calculosum  de  même;  les 
seuls  Cérites  qui  persistent  réellement  sont  le  C.  papaveraceum, 
Grat.  [C.  tricinclum,  Duj.),  et  le  C,  bidentutum^  Grat.  [Ccrassumy 
Duj.,  C,  iig/iitarum^  Uôru.),  celui  de  tous  les  Cérites  qui  caracté- 
rise le  mieux  le  genre  dans  le  terrain  miocène,  et  qui  en  traverse 
dans  le  sud-ouest  toutes  les  assises,  depuis  le  falun  de  Gaas  jusqu'à 
celui  de  Salles.  C'est  avec  ce  dernier  falun  que  le  falun  de  Léognan 
a  toutes  ses  aflinités,  comme  nous  allons  le  voir. 

Le  {alun  de  Salles,  le  plus  haut  placé  dans  la  série,  a  déjà 
avec  la  faune  subapennine  des  analogies  nombreuses,  qui  ont  été 


NOTI    DB    M.    TOURNOUfiR.  407) 

mises  en  lumière  par  IV] M.  Haulin  et  Deibos.  {Bull. y  2^  sér. ,  t.  IX, 
tableau  déjà  cité.)  Ces  analogies  qui  portent  surtout  sur  les  bival- 
ves, relativement  d'ailleurs  très  aboiidautes  dans  ce  falun,  ont  été 
estimées  au  tiers  du  nombre  total  des  espèces^et  ont  paru  suffi- 
santes à  MM.  Deibos  et  Raulin  pour  constituer  dans  l'Aquitaine 
le  terrain  pliocène.  Elles  ne  nous  semblent  pas  cependant  assez 
nombreuses,  ni  surtout  assez  fortes,  pour  légitimer  cette  coosë- 
quence  et  enlever  à  la  faune  de  Salles  une  physionomie  après 
tout  miocénique  qui  Ta  longtemps  fait  confondre  avec  les  autres 
faluns.  £n  effet,   nous  remarquons  :   1**  que  plusieurs  espèces 
subapennines  sont  d'après  ce  tableau  même  communes  aux  autres 
faluns  ;  2°  que  plusieurs  des  espèces  subapennines,  qui  y  sont  don- 
nées comme  spéciales  à  Salles,  se  trouvent  cependant  déjà  au 
niveau  de  Léognan  ;  nous  citerons  :  la  Panopœa  Faujaù^  fiast.,  qui 
se  trouve  à  Saucats,  a  Léognan,  à  Dax,  à  Mérignac,  et  peut-être 
déjà  dans  le  calcaire  à  Astéries,  la  Mactra  triangulay  la  Lucina 
divaricata^  le  Cardium  hianSy  le  Pecten  opercularis,  le  Scaphander 
iignarius,  etc.;  y  aux  espèces  communes  entre  les  deux  faluns  il 
faut  ajouter,  d'après  Grateloup  et  nos  propres  recherches  :  Trocho- 
para  conica^  Lutraria  eiliptica^  Tellina  tumida,  Lucina  columbella^ 
Fenus  burdigalemis,  May.,    Cardium  discrepans^   Ostrea  crassis^ 
srma,  O,  saccellus^  Trochus  Bcnettiœ^  Scalaria  subspinosay  Pieu- 
roioina   semimar^inata^   P.  ramosa^  P,    cataphracta^  Fasciolaria 
Falencicnnesi^   Murex  asperrimus^  Grat.  (var.   turonensis),  Pyrula 
Jaubertiy    Cassis   Rondelcti^    Oliva    Dufresneiy    Foluta    Lamberti 
qui,  réunies  à  toutes  celles  déjà  nombi'euses  que  donne  le  tableau 
;.(plus  de  20)  et  à  toutes  les  espèces  très  analogues,  établissent 
de  grands  rapports  et  une  physionomie  commune  entre  les  deux 
CaluDs.  JMous  pensous  donc  que  Salles  ne  doit  pas  être  séparé  du 
miocène,  et  que  ce  n'est  pas  encore  là  qu'il  faut  chercher  à  poser  la 
limite  si  délicate  entre  les  deux  terrains.  Il  y  a  seulement,  selon 
nous,  assez  de  raisons  stratigraphiques  et  même  zoologiques  pour 
faire  de  ces  dépôts  un  groupe  à  part  dans  les  faluns  de  l'Aquitaine. 
Mais  quels  sont  les  rapports  de  Salles  avec  Saubrigues  et  Saint- 
Jean-de*Marsac^  dans  le  bassin  de  l'Adour,  qu'on  classe  également 
dans  le  pliocène  ? 

La  pliysionomie  de  cette  dernière  faune,  assez  pauvre  en  bivalveit 
et  riche  en  gastéropodes,  semble  bien  subapennine  par  ses 
espèces  les  plus  communes  (et  c'est  par  celles-là,  selon  nous, 
fussent-elles  même  peu  nombreuses,  que  doivent  s'établir  les 
âssimilatioQi  paléontologiques  qui  ne  doivent  pas  être  basées  sur 


1072 


SÊANCS    DU    16    JUIN    1862. 


la  proportion  num^riqup  brute  dos  espèces,  mais  sur  la  considéra- 
tion de  leur  fréquence  ou  de  leur  rareté  et  surtout  du  canctèfc 
général  de  la  forme,  de  la  tendance,  du  faciès  zoologique).  Aiitfi 
ces  marnes  se  caraclérisent  par  la  profusion  ou  tout  au  moins  par 
la  fréquence  des  espèces  suivantes  : 


Nucmia  rostrata, 

—  margaritacea, 
Pinna  nobilis, 
Jrca  ariiiqttnta, 
Dentalium  elephantinum, 
7*rochtti  injundibnlum, 
Turritella  jirchimcdis, 
Pleurotomaria  Borsoni,  var. 

—  cataphracta. 

—  dimUliaia. 

—  monile. 


Pleurotomaria  inêerrmpia^  ete. 

ColumbeUa  nassoideSm 

Ranclla  mnrginata. 

Murex  spinicosia, 

Bticcinum  prismaticum,  var.  T 

—  polygonum. 

—  semistriatum , 

— -  subeiaihramm^  etc. 
Mitra  scrobieuiaia, 
Ancillaria  giandi/ormis. 
Etc. 


Toutes  ces  espèces,  avec  quelques  autres  spéciales,  mais  égale- 
ment communes  et  de  faciès  très  voisins  (Pleurotomes,  CAnes,  ctc.)| 
donnent  la  vraie  physionomie  de  Saubrigues,  très  analogue,  comme 
on  Ta  dit  déjà,  à  celle  des  marnes  de  Tortone  ou  des  argiles  de 
Haden;  on  ne  peut  donc  pas  hésiter  à  assigner  une  place  très 
élevée  dans  la  série  de  l'Aquitaine  à  une  faune  ainsi  caractérisée,  la 
plus  élevée  sans  doute.  Il  semble  même  qu'elle  doive  être  mise,  noo 
pas  au  niveau,  mais  au-dessus  de  Salles.   En  effet,  les  espèces 
communes  entre  les  deux  localités  sont  peu  nombreuses,  douze  ou 
quinze  peut-être  ;  mais  d'un  autre  côté,  cette  faune  locale  oflfire, 
avec  les  vrais  faluns  de  Bordeaux  ou  de  Dax,  d'abord  des  rapports 
comme  ceux  que  le  falun  de  Salles  offre  lui-même,  et  d'antres 
ensuite   que   celui-ci   ne   présente  pas;   ainsi   (voy.   Grateloup, 
atlas, etc.):  Ccrithium salmo^ Pleurotomaria Borsoni^  Turritella  terr 
(jralixy  Pyruta  melon^cna^  Murex  aquitnnicuSy  M,  asperrimux^  Ai,  w- 
tulinuSy  Rostellitria  dcntata,  Mitra  Dnjrcsnei,  OU  va  Basteroti.  jÊnriU 
laria  glandiformis^  Conus  brtuiiuoidesy  etc.  ;  il  y  a  même  quatre  ou 
cinq  espèces  communes  avec  Gans,  qui  avaient  trompé  Grateloup 
et  d'Orbifjny  et  qu'il  est  plus  singulier  de  trouver  à  Gaas  qu'à  Sau- 
brigues.  11  est  vrai  que  presque  toutes  les  espèces  que  nous  venons 
de  citer  sont  rares,  et  qu'elles  ne  détruisent  aucunement'  la  phy- 
sionomie plus  récente  et  plus  subnpennine  en  général  de  la  faune 
de  Saubrigues;   mais  elles  suffisent  du  moins  pour  rattacher  ce 
falun  aux  autres  faluns  du  sud-ouest,  et  elles  lui  donnent  un  carac- 
tère mixte  entre  le  miocène  et  le  pliocène  qui  rend  difficile   la 


ROtl  tt   U.   TOOBlfOOlt.  107S 

fixation  de  son  niveau.  Mais  Tortone  lui-même  n*esC-il  pas  dans 
ce  cas  [voy.  Pareto,  Buit.j  t  XIX,  p.  288]  (1)? 

On  le  voit,  le  caractère  dé  tous  ces  faluns  supérieurs  de  Dax, 
Bordeaux,  Salies,  Saubrigues,  est  celui  de  faunes  mixtes  et 
intermédiaires,  où  les  espèces  subapennines  sont  mêlées  aux 
espèces  du  miocène,  dans  des  proportions  différentes  et  variables 
selon  les  localitéa. 

Les  faluns  de  Dax  et  de  Bordeaux  placés  au  milieu  de  la  série 
donnent  le  vrai  type  du  miocène  :  au-dessous,  le  mélange  de  cer- 
taines formes  propres  à  l'éocène,  et,  au-dessus,  le  mélange  de  plut 
en  plus  marqué  d'espèces  pliocéniques  donnent  quelque  chose 
d'indécis  et  d'artificiel  aux  limites  inférieure  et  supérieur  du 
groupe  généralement  reconnu  du  terrain  tertiaire  moyen.  En  effet, 
considérée  en  elle-même,  la  faune  que  nous  venons  de  passer  en 
revue  présente  une  série  remarquable  par  la  succession  et  l'en- 
chaînement continus  et  rationnels  de  ses  parties  qui  correspondent 
à  la  succession  régulière  des  couches.  Mous  n'avons  trouvé  ni 
dislocations  violentes  dans  les  terrains,  ni  brusques  temps  d'arrêt 
dans  les  faunes,  mais  des  émersions  et  des  immersions  lentes  et 
locales  du  sol  qui  suspendaient  sur  un  point,  sans  arrêter  sur 
d'autres,  le  développement  et  les  lentes  transformations  des  organi« 
sations  animales. 

Synchronismes, 

Si  maintenant  nous  considérons  cette  faune,  non  plus  en  elle- 
même,  mais  dans  ses  rapports  avec  les  faunes  des  terrains  synchro- 
niques,  nous  y  trouverons  une  distribution  des  fossiles  très  inté- 
ressante. 

Étage  inférieur.  —  L'étage  inférieur  d'abord,  c'est-à-dire 
les  faluns  de  Gaas  et  les  calcaires  à  Astéries  de  Boi*deaux,  pré- 
sentent, avons-nous  dit,  un  mélange  d'espèces  propres  à  ce  niveau 
et  d'espèces  analogues  à  celles  des  terrains  tertiaii'es  éocèneS.  Nous 
citerons,  d'après  Grateloup  et  d'après  nos  propres  recherches,  en 


(4)  Peat-étre  y  aurait-il  lieu  de  distinguer  entre  Saubrignes  et 
SaiatrJean-de-Marsac,  et  ce  serait  dans  cette  dernière  localité  parti- 
culièrement, et  à  un  niveau  peut-être  inférieur  à  celui  de  Saubrigues, 
qu*oo  trouverait  plus  abondamment  les  espèces  miocéniques,  comme  : 
Turriteila  terebralis*  var.  elongtita^  T.  proto  vel  k-pUcata;  Tro^ 
chus  patutns;  Pieurotoma  Borsoni,  P,  calcaraia^  P,  buccinoides^ 
Pyrula  melongena^  Foiuta  nffifiîs  (voisine  dt  la  K  rarispina),  OUpa 
Basterotiy  Cyprœa^  Ostrea  crassissima^  O.  sacceltus,  etc. 

Soc.  géoL.f  %*  série  ,  tome  XIX»  68 


1074 


sfiANCi  nu  10  JUIN  1862. 


réservant  encore  une  fois  la  question  d'identité,  et  en  ne  donnaDt 
que  comme  variétés  ou  comme  analogues  les  espèces  qne  Gnte- 
loup  avait  complètement  assimilées  : 


Crassatella  tumida^  cale,  de  Bor- 
deaux et  Gaas. 
Lucina    giganWa    (Z.    Dclbosii, 

d'Orb.). 

—  gibbosula,  var. 
Cytherea  ovalinay  vel  Histlncta. 
Emarginula  subclathrata^  d'Orb. 
Melania  costellata. 

Natica patula  et  ccpacea?  (G rat. 
atlas). 

—  sigantififi  {j^ibberosa^  G  rat.). 
Delphinula  sulcata. 

—  marginala. 
Troc/tus  mo/itltjer,  Grat. 
Turritella  imbrica-  \  var.    voisine 

fr/,  Grat.      >   de  la  T.  im- 

—  replicttla^  id.    )    bricataria. 
Ccrithium  in vcr,\ um . 

—  angnlnsum^  Grat. 


pu,  Des  M.     i   "**^   «^ 


—  filosa^  Grat. 

—  marginata, 

Grat. 


les  F,  €la. 
I    pieaiaris 
1  et  P.  sut- 
J  angutata. 


Pyruia  eleganty  Grat, 
Murex  triptvroides, 
MittaeburneaA  -,        -^ 

-  submutica,  \  «^  •»  ^-  P''"' 

dOrb.  j  """• 
Foluta  subanibfgua,  d'Orb. 

—  suhharpula^  d'Orb. 
Harpa  snbnttttica,  d'Orb. 
Conus  tiepertiitus^  Grst. 
Tercbcllum  subeoavaiutÊtm  ^d'Ott. 
Marginella  cburnea. 
EchinocYamux  pir\jormis^  etc. 


Nous  pourrions  en  citer  davantage  d'après  l'atlas  de  Grateloup, 
si  les  fleures,  pour  les  espèces  que  nous  n'avons  pas  pu  vérifier 
encore,  nous  inspiraient  plus  de  confiance.  Mais  il  suffit  de  cette 
liste  incomplète  et  à  laquelle  on  pourrait  ajouter  des  espèces  qui, 
certaioemenl  distinctes, ont  cependant  un  aspect,  une  physionomie 
bien  positivement  éocène,  pour  montrer  quels  rapports  la  faune 
du  miocène  inférieur  du  sud-ouest  comporte  avec  les  terrains 
tertiaires  plus  anciens  du  bassin  de  Paris,  et  l'on  remarquera  que 
ces  rapports  sont  paiticulièremcnt  non  pas  avec  la  jaune  des  tables 
moyens^  qui  semble  manquer  dans  le  S. -G.,  mais  bien piuidi  avec 
celle  du  calcaire  grossier  et  même  des  sables  infërieuraL 

En  admettant  que  dans  cette  trentaine  d'espèces  citées  il  n'y  ait 
pas  une  identité,  il  faut  i*econnaitre  au  moins  qu'il  y  a  pour  tontes 
dans  la  forme  une  affinité  qui  les  rapproche  infinlmeai  pimt  des 
espèces  antérieures  que  des  espèce»  des  j  aluns  ^  et  qui  les  consti- 
tuera souvent  à  l'état  de  variétés  des  premières,  ce  qui  donne  à 
réfléchir,  car  ces  espèces  sont  incontestablement  associées,  d'après 
nos  observations  personnelles,  au  même  niveau  et  dans  les  mènes 
marnes  ou  les  mêmes  calcaires,  non-seulement  aux  espèces  propres 
qui  caractérisent  si  fortement  cet  étage  géologique,  mais  même 


irOTI   DR    M.    TOURlfOUSR.  1076 

espèces  plus  rares  qui  relient  cette  faune  à  celle  des  faiuns 
Irieura  (1). 

e  n'est  pas  seulement  d'ailleurs  avec  l'ëocène  de  Paris  que  le 
cène  inférieur  du  sud-ouest  offre  des  rapprochements,  c*est 
i  avec  le  terrain  nummulitique  du  Midi.  Ainsi,  M.  d'Archiac 
nog,  des  Numrn,)  cite  cinq  espèces  de  Nummulites  de  Gaas: 
'aransensiSf  iV.  intermedia^  N,  Rouaulti^  N.  Lucasana,  N.  plfi' 
!ta,  var.  UEupatagus  ornatus  et  VOstrea  giganiea  ont  même 
rencontres  à  Bordeaux,  dans  le  falun  de  Terrenègre  de  cette 
e  (Delb.,  T/tèse;  Raulin,  Bali.,  2»  sër.,  vol.  V,  p.  123). 
fais  c'est  surtout  avec  le  terrain  nummulitique  des  Alpes 
ientales  (et  par  conséquent,  quoique  d'une  façon  plus  éloi- 
;,  avec  le  Vicentin),  que  la  faune  de  Gaas  a  des  analogies 
arquables.  Ces  analogies  ont  été  signalées  par  MM.  Hébert  et 
évier  [Dascript,  des  fossiles  du  terr,  numrn .  supérieur^  1854), 
ont  cité,  comme  communes  entre  les  deux  localités.  13  espèces 
ctéristiques,  auxquelles  nous  pourrions  déjà  en  ajouter  plusieurs 
es.  La  Nummulites  garansiana  notamment,  si  caractéristique 
raas,  a  été  retrouvée  dans  le  Valais  par  M.  Renevier  {Buii,, 
^r.,  t.  XII,  p.  97).  Nous  avouerons  que  la  présence  de  certaines 
«es  aussi  caractéristiques  d'un  étage  géologique  que  la  Natica 
miina^  N.  angustatOy  Des/iayesia  cochtearia^  Chemniizia  semi" 
issatOy  Cerithium  trochleare^  et  C  gihherosum^  Fusus  poly'^ 
Uus,  BJtyzangia  brevissimay  etc.,  nous  frappe  beaucoup,  et 
i  semble  devoir  l'emporter  à  Saint- Bonnet,  tout  comme  à 
i,  sur  la  présence  des  espèces  éocéniques  diverses  qui  ici 
à  y  sont  associées.  Nous  sommes  porté  à  tirer  de  ces  rappro- 
nents  des  conclusions  auxquelles  MM.  Hébert  et  Renevier  se 
refusés,  et  à  croire  avec  M.  Mayer,  que  nous  n'avons  ici  qu*un 
oe  horizon,  celui  des  sables  de  Fontainebleau,  caractérisé  dans 


)  Oq  peut  bien  en  effet,  dans  Tépaissear  des  marnes  de  Gaas  ou 
calcaires  de  Bordeaux,  distinguer  certains  niveaux,  certaines 
bas  où  abondent  plus  particulièrement  quelques  espèces,  comme  les 
MS  Naticas  ou  le  Turbo  Patkinsoni^  ou  les  Cerithium  Diaboii, 
efosum^  etc.  ;  mais  ces  niveaux  semblent  n'avoir  rien  d^exciusif,  et 
troQve  parfaitement  associés,  par  exemple  dans  les  marnes  cal- 
»  inférieures  de  Lesbarrilz  à  Gaas,  la  Nummulites  garansensis,  la 
tta  ambigna,  ou  Harpa  matiea  la  Turriteila,  stranguiata^  et  le 
ùrt  elaihratwn,  o'est-à-dire  quatre  espèces  appartenant  habi- 
lement à  quatre  étages  tertiaires,  ou  bien  dans  le  m6me  bloc 
etlcaires  de  Bordeaux  les  empreintes  réunies  de  la  Crassatelia 
\da^  du  Turbo  JHarÀinsonij  et  du  Trochus  Beneuiœ, 


1076  8ÊANCR    DU    16   JUIN    1862. 

une  rertaiiie  zone  iiK^rîdionnle  par  une  fanne  particulière  c(  m^bil- 
gée  ;  c'est  ce  qui  a  déjà  été  indiqué  avec  justesse,  selon  nDua,etdcpau 
longtemps,  par  les  géologues  italiens  (Michelotti,  Bulletin  deiaSth 
eiété géologique^  2*sér.,  t  IX  ett  XII;  Sismonda,  t.  X,  p.  &9;  tXII, 
p.  510;  Pareto,  t.  XII,  p.  370;  t.  XVI,  p.  56),  qui  ont  de  bonne  bemt 
signalé  au  pied  septentrional  de  l'Apennin  ligurien,  à  Casanelk, 
Carcare,  Dego,  Âcqui,  etc.,  et  à  Turin  même,  Une  lone  noinmo* 
litique    supérieure,  un   miocène    nnmmulitiqut^    prësenUnC  nue 
association  singulière  de  fossiles  éocènes  et  de  fosniet  iniocèneSi 
fort  différente  assurément  de  ce  qu'on   ayait  observe  dans  ks 
bassins  du  nord  et  du  nord-ouest,  mais  fort  analogue  à  ce  que 
nous  voyons  dans  TAquitaine,  et  même  à  ce  qui  a  ëré  constaté 
dans  les  Alpes  occidentales.  Il  y  a  là  un  étage  à  Aoqui»  à  Gaas^  â 
Gap  (peut-être  même  à  Ronca  et  à  Csstel  Gomberto?),  caractérisé 
par  la  même  association  inattendue;  ce  sont  :  i*  des  Nuniinulites; 
2*  des  espèces  éocènes  ou  voisines,  variant  selon  les  localités  et  se 
rapportant  à  Tune  ou  à  Tautre  des  subdivisions  du  bassin  de  Paris; 
5^  des  espèces  propres,  très  particulières  et  très  caractérisliqoes  de 
l'étage,  répandues  partout;  h?  même  quelques  espèces  da  miocène 
supérieur.  C'est  à  cet  étage  /tummulitigtte  supérieur,  dans  lequel  il 
y  aura  lieu  sans  doute  de  distinguer  différents  niveaux,  que  se 
rapporte,  selon  nous,  la  faune  de  Gaas  et  du  calcaire  à  Astéries  de 
Bordeaux,  qui  représenterait  dans  le  sud-ouest  de  la  France  le  faciès 
nummulitique  et  méditerranéen  des  sables  de  Fontainebleao. 
Stratigraphiquement  il  est  digne  de  remarque  que  dans  le  bassin 
de  l'Adour,  au  pied  des  Pyrénées,  les  calcaires  du  miocène  infé- 
rieur ont  participé  plus  ou  moins  aux  redressements  des  cooches 
crétacées  ou  nunimulitiques  (environs  de  Dax]. 

lien  résulterait  peut-être  que  l'Aquitaine  formait  à  cette  ëpoqae 
un  golfe  dépendant  de  la  Méditerranée  plutôt  que  de  TOcéan,  on 
bassin  en  rapport  avec  celui  de  la  Ligurie  et  des  Alpes  occidentales, 
et  séparé  de  celui  de  la  Seine  par  des  terres  liantes,  plus  considé- 
rables même  que  ne  les  a  figurées  M.  Hébert  dans  sa  carte  ai  inté- 
ressante des  mers  tertiaires  à  l*époque  des  sables  de  Fontainebleau. 
Ou  peut  croire  en  effet  qu'entre  Bordeaux  et  Etampes,  pendant 
cette  période,  toutes  les  terres  étaient  émergées,  puisqii'on  ne 
trouve  pas  de  traces  du  miocène  inférieur  dans  la  vallée  de  la 
Loire,  et  que,  d'après  une  communication  toute  récente  de 
M.  Hébert,  les  dépôts  lacustres  de  la  Touraine  seraient  contempo- 
rains de  éeux  de  Saint-Ouen  ;  au  contraire,  le  golfe  toogrien  de  la 
Garonne  et  de  FAdour  pouvait  communiquer  avec  le  golfe  de 
Ligurie,  ftuivant  les  rivages  peut-être  déjà  bizarrement  décôapés^ 


i 


KOTB   DE   H.    TOV&HOUia.  1077 

el  eo  tout  cas  fort  incertains  encore,  de  la  Uëditerranée  nammiili- 
tique  (1).  C'est  ainsi  que  s'expliquerait  «  la  liaison  stratigraphique 
et  peut-être  même  zoologique  observée  par  M.  Leymerie  entre  les 
derniers  dêpAts  nummulitiques  et  les  premiers  dépôts  miocènes 
de  l'Adour  »•  (d'Arcli.,  Bull. ,  2*  sër.,  t.  XVI,  p.  812),  et  qui  avait  ëlé 
déjà  indiquée  par  M.  d'Archiac  lui-même  et  par  M.  Delbos.  C'est 
ainsi  que  s'expliquerait  aussi,  par  Findépendance  des  bassins  in- 
voquée déjà  par  MM.  Hébert  et  Renevier,  et  conformément  aux 
idées  de  M.  Leymerie  sur  la  zone  méditerranéenne  géologique,  le 
peu  de  rapports  que  le  miocène  inférieur  du  sud-ouest  présente 
avec  celui  du  nord.  En  effet,  et  c'est  là  une  preuve  négative  de  ce 
que  nous  avançons,  Gaas  a  bien  moins  de  rapports  avec  Etampes 
qu'avec  la  région  des  Alpes,  comme  le  montre  le  tableau  suivant, 
d'ailleurs  provisoire  pour  plusieurs  déterminations  et  très  incom- 
plet (le  toutes  façons,  puisque  nous  n'y  avons  pas  même  compris 
l'Apennin  ligurien,  le  moins  contesté  peut-être  de  ces  divers  syn- 
cbronismes,  faute  de  liste  d'espèces  un  peu  suffisante  ;  mais  nous 
y  avons  fait  figurer  le  Vicentin,  pour  montrer  les  rapports  si 
intéressants  de  Gaas,  déjà  indiqués  par  Basterot,  avec  cette  Ikune 
éloignée  que  le   grand   nombre  d'espèces    du  bassin   parisien 


(4  )  Nous  n'ignorons  pas  qu'il  y  a  à  cela  quelques  di/ficaltés.  En  effet, 
M.  â'ArchiBc(ffist,  des  progrès,  t.  III.  et /?«//.,  2»  sër.,  t.  XVI,  p.  810), 
comparant  les  diverses  faunes  nummulitiques  du  versant  nord  des  Py- 
rénées, soit  entre  elles,  soit  avec  la  faune  éocène  de  Paris,  est  conduit 
à  supposer,  pour  Texplication  de  ces  rapports,  Texistence  d'un  haut  fond 
ou  d'un  isthme  entre  les  bassins  de  rÀùdé  et' de  l'Adour,  pendant  la 
période  nummulitique.  M.  Noulet  est  conduit  aux  mdmes  résultats 
par  rétude  des  formations  d'eau  douce  éocènes  du  bassin  supérieur  de 
la  Garonne  [Buii.^  2*  sér.,  t.  XV,  p.  283).  D'un  autre  côté^  on  admet 
généralement  qu'au  nord  de  l'Aquitaine  le  calcaire  grossier  de  Paris  se 
retrouve  exactement  dans  le  calcaire  de  Blaye.  Peut-être  la  révision 
des  fossiles  des calcairesdu  Blédoc,  qui  n'ont  pas  été  étudiés  depuis  4836, 
montrera -t- elle  que   leur  faune   ressemble  toul  autant  à  la  faune 
nummulitique  méditerranéenne  qu'à  la  faune  du  bassin  de  Paris.  C'est 
aux  faits  à  répondre.  Quoi  qu'il  en  soit,  nous  ne  parlons  ici  que  da 
miocène    inférieur   de  l'Aquitaine,  et  nous    sommes   conduit  à  le 
séparer  de  celui  du  nord  et  à  le  rapprocher  de  celui  des  régions  mé- 
diterranéennes par  des  raisons    paléontologiques  de  même    valeur, 
croyons-nous,  que  celles  qui  ont  conduit  Bl.  d'Archiac  à  des  résultats 
inverses  pour  la  période  précédente.  S'il  ne  fait  pas  partie  de  la 
même  méditerranée,  il  fait  partie  du  moins  d'une  même  zone  méri- 
dionale. 


1078 


stkncE  DU  16  jom  1802. 


qu*elle  renferme  a  fait  classer  gëoéralemeat  àànsVéoeittè  nnniH 
mulitîque  (1). 


r 


BH 


OAAS. 


!. 
2. 
3. 


Natica  cnusatina, 

—  angustata,,  .  . 

—  gibberosut  Grat. 


4.  Deghayesia  cochlearia. 


B. 

6. 

7. 

8. 

9. 
10. 
11. 
It. 
15. 
14. 

15. 

16. 

n. 

18. 

la. 

flO. 
91. 

st. 


Ckemnitsia  cosUilata,  , 

—  senti- decussata,  •  . 
Turriutia  asperuln}  .  . 
Trochus  monU^fer,  Grat. 

—  Bosclanus,    •  .  .  .  . 
»-  Benettim 

Delphinula  scobina,   .  . 
—•  marginmtat  GraU  .  . 

Turbo  Atmodei 

Cerithium  troehlêare{t^. 
C,  Diaboli,  Grat.). 

—  lemniscatum^OtT^X,  . 


—  gibberosum. 


iT. 

98. 


50. 
31. 

at. 

». 

54. 
35. 

SA. 
37. 
58. 
59. 

4a 

41. 


—  terebellum,   .... 

—  pticatuiu.  ..... 

-—  Koninckiiy  Grat.  • 

—  BeltarJi,  Gral.  .  . 

—  nassoideSt    Grat.  . 
Pleurotoma  Jtiosa^  mar- 

ginata^  Grat.  .  .  . 
Ftutis  poiygonatiu  lFa$' 

ciolaria,  Grat.).  .  . 
Voluta  nmkiguUy  Grat.  . 
Sirombut    aurieularius^ 

Grat. 

—  fasciolarioides^Grui. 

Mitra  mmticMy 

Conus  deperditus 

Terebellum    obtu>lutuin^ 

Brung.    .  .  

Cmtsatella  tumida?.  .  . 
jMcina  gibbosula 

—  globuiosa 

Feniu  Aglanrœ.  .  .  .  .  . 

Cardita  Boiter oti 

Oêlrea  HartinâU^  Raul., 

Delb 

Bhy%angia  brevisêima,  . 
Stephanocœnia  eSgans. 

Cladocora 

Hummutiteê  intermedia^ 

a'Arch 

—  Lucasana^  d'Arch.  . 

—  garansiana,  .  .  .  .  . 


Atâmpbs. 


OA»,  ETC. 


...     w     .  • 


*  (N.  Beaumon- 
U,  Htfb.) 

...      w     .  «  • 


...        m        .    . 


♦        *     •    I 


...        w        •    . 


w       ... 
4(      ... 


w      ... 
9       •   •    . 


»  {Amputi,  oèmsm^  Broaf.) 


«  Âmptûl 
Bnmg. 

« 

♦  {Troch, 

m 
m 
« 

* 


Brm.  7.  ) 

7  (an  C.    mmpmiiotmm. 
Brong.}.) 

* 
« 


»  (anr.  tffVJMicta?,  Br.) 
7  (an  Ptmroe,  nuHxr,BrJ) 


« 
« 
é  {Corbie,  Brong.) 


« 
» 
7 


Ainai  le  miocène  inférieur  du  midi,  pour  prendre  la  dénomina- 
tion ordinaire  de  cet  étage,  diflere  notablement  de  celui  du  nord; 


(4)  Après  une  nouvelle  comparaison  des  fossiles  de  Gaaê  avao  lea 
fossiles  du  Vicentio  de  la  collection  du  Muséum,  nous  pouvons  indi* 


NOTE   DS    H.    TOURHOUIA.  1070 

e(  cette  physionomie  différente  est  encore  tnieax  accusée  par  les 

espèces  spéciales  au  miocène  du  sud  (nous  en  avons  cité  quelques- 
unes)  et  par  les  espèces  spéciales  au  miocène  du  nord,  comme  : 
Cytherea  incrassata^  C.  splendida,  Cyprina  rotundata^  Natica  NystUj 
Pieuroioma  belgica,  Foluta  sutnralis,  etc.,  pour  ne  noter  que  les  plus 
saillants,  qui  ne  se  rencontrent  jamais  dans  la  zone  méridionale. 
Cependant,  malgré  des  différences  si  sensibles,  le  tout  est  relié  par 
quelques  espèces  communes  très  caractéristiques,  et  contenu  par 

conséquent  dans  les  limites  d*un  synchronisme  général  qui  nous 
semble  certain. 

Étage  moyen,  ^-  Si  nous  comparons  aux  dépôts  contemporains 
Tétnge  moyen,  fluvio-marin,  qui  vient  ensuite,  nous  y  trouverons 
une  distribution  de  fossiles  tout  aussi  particulière  et  sur  certains 
points  tout  aussi  inattendue.  Nous  avons  dit  que  cet  étage  était 
caraclérisé  par  deux  niveaux  de  Cyrena  Brongniarti  et  Cerithium 
piicatum  et  margariiaceum^  et  deux  niveaux  de  calcaire  lacustre, 
enfermant  entre  eux  les  dépôts  marins  de  Bazas. 

On  saisit  d'abord  que  les  Gérites  que  nous  venons  de  nommer 
sont  ici  à  un  niveau  particulier  et  fort  élevé. 

£n  effet,  dans  le  bassin  de  la  Seine,  le  premier  niveau  dn  Ci 
pUcatum  (qui  se  montre  déjà,  mais  rarement,  dans  le  calcaire 
grossier  supérieur)  est  dans  les  marnes  qui  terminent  la  série  gyp-* 
seuse,  au-dessous  des  marnes  vertes  et  de  VOstrea  longirosiris ;  il 
se  montre  ensuite  et  très  abondant  dans  les  sables  d'Etampes,  sous 
trois  variétés  et  à  trois  petits  niveaux ,  à  Jeurre  avec  la  Natica  cras* 
satina j  à  Morigny,  et  â  Ormoy  avec  la  Cardîta  Basinf.  -^  Dans 
l'Aquitaine,  c'est  à  peine  s'il  se  montre  dans  les  couches  supé-^ 
rieures  du  calcaire  à  Astéries  de  Bordeaux  (et  de  Bourg?,  Delbos, 
Mém,)  :  à  Gaas,  à  Lesperon  il  est  rare.  Son  premier  niveau  véri-^ 
table  est  au-dessus  des  argiles  avec  le  premier  calcaire  lacustre  bien 
au-dessus  par  conséquent  de  la  Natica  crassathia.  On  le  trouve 
ensuite  mêlé  [variété  de  Jeurre)  à  la  faune  marine  de  Bazas,  Méri* 
gnac  et  Saint-Avit  ;  son  second  niveau  est  au-dessus  encore,  avec 
le  calcaire  lacustre  de  Saucats,  et  enfin  on  le  retrouve  même  dans 
le  miocène  supérieur  à  l'état  de  variété  (C.  inconstans^  etc.). 


quer,  d'après  les  étiquettes  de  cette  cûllection,  une  distinction  qui 
serait  intéressante  :  c*est  avec  CnsteUGombcrto  que  Gaas  a  toutes  ses 
affinités.  Et  c'est  à  Ronca  qu'appartiendraient  Neritina  Schmideliana^ 
Fusas  Noej  F.  ficulneusy  Cerithium  vulcanicum^  C  Maraschini^ 
C  combustumj  etc.  Ronca  semble  donc  plus  ancien,  tout  en  étant  lié 
cependant  aux  deux  autres  faunes,  et  môme,  par  quelques  espèces, 
aux  faunes  subapennines.        [Note  ajoutée  pendant  Vimprcssion,] 


1080  SÉAMCB  DU  16  JUIN  1862. 

Le  Cerithium  margaritaceinN^  Grat.^doQt  pous  flfuimifaMig,  ^"^Mwmf 
M.  Hébert  (v.  Hëb.,  Renev.,  p.  ftO,  note),  la  ▼ariété  U  {dni lé 
pandue,  au  Cerithium  conjunctum  d'Étanapes,  ne  se  montre  dam  le 
bassin  de  Paris  qu'un  instant,  au  niveau  de  Jeurre.  il»»^  rAqni- 
taiue  il  est  constamnient  associé  au  C.  pUcatum^  et  il  serait  repit* 
sente  à  Gaas  par  le  C  lemniscatum^  Grat.,  selon  MM.  Hébert  cl 
Renevier. 

Ln  Cyrena  Brorigniarti,  Bast.,  a  été  assimilée  par  MM.  HAwi 
et  Renevier  à  la  C.  subarata  et  à  la  Maeira  sirena^  Broog.  à  la 
Cythcrea  conpexa  qui  ne  se  montre  à  Paris  que  dans  les  mania 
supérieures  au  gypse  avec  le  C,  pUcatum,  En  Aquitaine  dk 
accompagne  invariablement  les  Cérites  précédents,  et  ne  aemontic 
pas  plus  qu'eux,  ou  plus  rarement  encore,  avant  on  pendant  le 
miocène  inférieur  (citée  dans  le  calcaire  de  Bourg,  Mém,  DeUm), 
mais  précède  ou  suit  avec  eux  les  deux  calcaires  JacusCresL 

Pour  ces  trois  fossiles  si  caractéristiques,  il  n'y  a  donc  pas  w 
analogie  parfaite  de  situation  avec  le  bassin  de  la  Seine. 

Le  Cerithium  plicatum  est  encore  signalé  près  de  l'Aquitaine, 
dans  le  Languedoc,  associé  au  C.  margaritaceum^  C.  bidentaium  de; 
Plusieurs  gisements  de  Cérites  et  de  Cyrènes  associés  sont  auM 
indiqués  en  Provence,  dans  l'Auvergne,  dans  les  bassins  supérieun 
de  la  Loire  et  de  l'Allier.  Mais  le  niveau  géologique  de  tous  oa 
gisements  intéressants  n'est  pas  encore  établi  assez  nettement, 
à  notre  connaissance  du  moins,  pour  que  nous  puissions  ca 
parler. 

Dans  la  région  des  Alpes,  on  trouve  les  Cérites  et  la  Cyrènedoot 
nous  parlons,  confondus  à  Gap  dans  toute  la  faune  de  Faudoo  et 
de  Saint-Bonnet,  dans  le  Valais,  etc.  Dans  le  Viceutin  ils  sont 
également  mêlés  aux  fossiles  de  Roncaetdans  l'Apennin  liguneo 
ils  sont  de  même  réunis  ou  inférieurs  aux  fossiles  de  Caix:are  et  de 
Dego,  d'après  une  note  de  M.  Pareto  {BulL^  2*  ^ér.^  t.  XII, 
p.  370).  Mais  il  eu  est  autrement  dans  le  Jura  bernois  ou  ^v^ 
les  Alpes  bavaroises  et  dans  le  bassin  de  Mayence,  où  nous  retroa- 
vons  nos  niveaux  de  l'Aquitaine.  En  effet  en  Bavière  (Peitsem* 
berg  et  Meisbacli]  les  géologues  allemands  signalent  rezisteocc 
de  la  faune  de  Bazas,  surmontée  par  des  lignites  avec  Cjrèoes 
et  Cérites.  Dans  le  bassin  de  Mayence  nous  trouvons  également 
d'après  M.  Sandberger  [BulL,  2*8ér.,  1860,  p.  153),  des  marnes 
à  Cyrena  subarata^  Cerithium  plicatum^  Cl  margariioeeum  etc. 
au-dessus  des  sables  de  Weinheim  et  des  argiles  à  Leda  Deskme^ 
siana,  considérés  comme  les  équivalents  des  sables  de  Fontaine- 
bleau et  du  Limbourg,  c'est-à-dire  dans  une  situation  qui  f^M» 


NOTE    DB    H.    TOURNOUBR.  i08i 

parfaitemeut  analogue  à  celle  que  nous  constatons  dans  le  bassin 
du  S.-O.  (1). 

En  soninie,  le  gisement  de  ces  Cérites  et  de  ces  Cyrènes  est 
fort  intëressant  à  étudier.  Ce  sont  des  fossiles  émiueuiment 
caractëristiques,  surtout  par  leur  abondance,  de  la  formation  ter- 
tiaire moyenne;  et,  d'après  ce  que  nous  venons  de  dire,  on  voit 
qu'ils  y  dessinent  plusieurs  niveaux  qu'on  peut  suivre  déjà  sur  une 
partie  de  TEurope  occidentale,  tantôt  au-dessous  ou  à  la  base  du 
miocène  inférieur,  tantôt  au-dessus  et  même  à  des  horizons  sensi- 
blement plus  élevés,  comme  dans  l'Aquitaine. 

Quant  aux  dépôts  marins,  qui  dans  l'Aquitaine  se  montrent  au- 
dessus  du  premier  niveau  de  Cérites  et  de  Cyrènes,  il  semble  qu'ils 
soient  assez  particuliers  à  cette  contrée,  et  qu'ils  y  soient  dus  à  des 
phénomènes  locaux  d'éniersions  et  d'immersions  successives  des 
rlvaf'cs.  Cependant  nous  avons  dit  plus  haut  qu'on  les  retrouvait 
en  Bavière  au-dessous  des  Cyrènes  et  des  Cérites. 

£u6n  IfS  calcaires  lacustres  du  miocène  doivent  nous  occuper 
un  instant.  Le  premier  calcaire  lacustre  a  été  assimilé,  par 
MM.  Raulin  et  Delbos,  au  calcaire  de  Beauce,  et  cependant  il 
était  pour  eux  au-dessus  du  falun  de  Léognan,  qu'ils  faisaient  ren- 
trer forcément  aloi*s  dans  le  miocène  inférieur,  «  comme  équivalent 
n  des  sables  de  Fontainebleau  sans  fossiles  >*  ;  et  forcément  aussi  le 
falun  supérieur  au  calcaire  lacustre,  c'est-à-dire  le  falun  de  Bazas, 
devenait  l'équivalent  des  faluns  de  Touraine,  et  le  second  calcaire 
lacustre  de  Bazas  ou  de  l'Armagnac  restait  sans  représentant.  Les 
seules  données  de  la  paléontologie,  nous  croyons  l'avoir  montré 
et  nous  y  reviendrons  tout  à  l'heure,  s'opposent  à  cette  classi- 
fication des  dépôts  marins.  Pour  nous,  au  contraire,  il  n'y  a 
aucune  difficulté  à  admettre  que  le  premier  calcaire  lacustre, 
qui  se  montre  au-dessus  des  dépôts  incontestés  du  miocène 
inférieur  à  Natica  crassatina  et  qui  s'y  montre  avec  le  Ceri' 
thium  pUcatum^  la  Paludina  Dubu'tssonl  et  le  Potamides  Lamarcki, 
soit  l'équivalent  du  calcaire  de  la  Beauce;  on  peut  même  penser 
que  le  second  calcaire  lacustre  qui,  sur  une  certaine  étendue  de 
l'Aquitaine,  revient  plus  tard  avec  les  mêmes  Cyrènes,  les  mêmes 

(4)  C'est  au  même  niveau  sans  doute  qu'il  faut  rapporter  les  schistes 
à  Cyrènes,  Dreissena  Hranlii  et  C  plicaturu^  signalés  par  M.  Kœchlîn 
Schlumberger  aux  environs  de  Mulhouse  {Buii.^V  sér. ,  t.  XV,  p.  297), 
et  les. couches  kCertihium  margantnreum^  C,  plicaiam^  Cyrcna  semi- 
sirieita^  etc.,  du  Limbourg  (V.  de  Binkborst,  /?«//.,  9*  sér.,  t.  XVII, 
p.  460).  EnfiD,  le  C  pUcatum  se  montre  égalemeot  dans  le  départe- 
ment de  la  Manche. 


1082  BÉAÏCLlt    bt    16    JUIN 

Cërites,  les  mêmes  PoUmides,  les  mêmes  Palodiiiet  et  Ict 
Hélices,  représente  encore  le  calcaire  de  Beaacc,  qui  •emUeaîiKÎit' 
présenté  deux  fois  ou  plutôt  en  deux  foisdana  lebasModehCarooiiL 
Les  faunes  marines  qui  précèdent,  qui accoinpagoentoa  qui  mircÉ 
ces  dr*pots  lacustres,  ne  font  aucun  obstacle  à  cette  MiîiMitrtiiii. 
bien  au  contraire.  Au-dessous,  cVst  Tétage  à  NaUea  cnuMiénêt 
c'est -a-dire  la  faune  d*Ekanipes;  au  milieu,  c'est  MArignacetSaiiS» 
A  vit,  c'est-à-dire  une  faune  spéciale  qu'on  ne  titm^e  nulle  psrt  dus 
le  luissin  de  la  Seine  ou  de  la  Loire,  mais  qui  contient  enooie  qad- 
qnes  fossiles  de  Tétage  inférieur  et  relie  ainsi  très  hennaenol 
les  deux  ternies  zoologiques  du  miocène,  sépares  si  complétemcit 
dans  le  bassin  de  la  Seine  ;  et  au-dessus,  c'est  le  Cslan  de  Léocnu, 
c'est-à-dire  le  vrai  et  le  seul  équivalent  des  faluns  de  Tounîoe, 
comme  nous  le  dirons  tout  à  l'heure.  Le  synchronisme  noussemhk 
donc  bien  établi  stratigraphiquement,  et  les  preuTes  tiréCÊ  dei 
fossiles  mêmes  du  dépôt  lacustre  ne  nous  manquent  pas  noo  pl« 
complètement,  puisque  nous  y  retrouvons  déjà,  sous  rautoritéde 
Al.  Desliayes,  la  Paludhta  Dubuissoni  et  le  Poiamides  Lamanki  di 
calcaire  de  Beauce.  Quant  aux  Hélices,  aux  Planorbes  et  am  Lin- 
nées,  c'est  un  travail  à  faire. 

En  France,  en  dehors  du  bassin  de  la  Seine  et  de  la  Loire, 
nous  retrouvons  sans  doute  le  même  horizon  dans  les  caIttÎRi 
lacustres  de  l'Allier,  de  l'Auvergne  et  du  Cantal,  avec  la  mênie 
association  de  Paludina  Dubuissoni  et  de  PotamUies  Lamàrrki^  et 
dans  la  Bresse,  où  les  intéressantes  recherches  de  AI.  Benoit  (i9«//., 
2'  sér.,  t.  XVI,  p.  hkzi)  nous  montrent  un  calcaire  lacustre  avec 
Potainities  Lamarcki^  inférieur  à  la  mollasse  marine  miocène.  Nom 
le  retrouvons  peut-être  encore  dans  la  Côte-d'Or,  près  de  DijoD^ 
et  jusque  dans  le  département  de  la  Manche. 

En  dehors  de  la  France,  dans  le  bassin  de  Mayence,  nous  en 
avons  certainement  le  représentant  dans  les  calcaires  à  Hélices  de 
Hocheim  qui  se  trouvent  au-dessus  des  marnes  à  Cyrènes  dans  la 
même  situation  exactement  qu'en  Aquitaine.  C'est  aussi  ce  que 
propose  M.  Sandberger.  Dans  la  Bavière,  de  même,  les  lig nites  à 
Cyrènes  et  à  Cérites  dont  nous  avons  parlé  sont  surmontés  par  des 
calcaires  bitumineux  à  Planorbes  et  à  Hélices  qui  sont  au  même 
horizon. 

Autour  du  massif  des  Alpes,  il  est  sans  doute  représenté  par 
certains  dépôts  d*eau  douce,  mollasses,  calcaires  et  lignites  de  la 
Suisse,  du  Daupliiné  et  de  Tltalie  septentrionale,  et  dans  l'Italie 
centrale,  par  les  lignites  inférieurs  à  la  mollasse. 

En  somme,  les  points  que  nous  Tenons  d'indiquer  témoignent 


MOTB    DM   M.    TOUBNOUBR.  l(Aft 

d'une  émersion  coDtidërable  des  terres  â  ce  moment  dane  l'Europe 
occidentale,  éinersioa  lente  et  graduelle,  comme  l'attestent  les  fos^ 
siles  des  eaux  saumâtres  qui  partout  pi-ëcèdent  les  fossiles  des  eaux 
lacustres,  ëmersion  inégale  et  variée  selon  les  latitudes  et  selon  les 
oscillations  non  synchroniques  du  sol«  puisque  dans  la  yallëe  de  la 
Loire,  par  exemple,  elle  s'est  accomplie  en  une  fois,  tandis  que  dans 
celle  de  la  Garonne  elle  a  été  interrompue  par  un  retour  momentané 
de  la  mer  dont  les  dépôts  assez  puissants  permettent  de  mesurer 
la  lenteur  et  la  durée  du  pbénoniènc*  Cette  ëmersion,  â  laquelle 
l'Aquitaine  a  participé  sur  une  grande  étendue  et  qui  avait  donné 
en  général  à  nos  contrées  à  peu  près  la  même  surface  qu'elles  ont 
aujourd'hui,  est  un  phénomène  dont  l'importance  a  été  reconnue 
déjà  pour  le  N.-O.  de  la  France,  mais  qui  a  eu  peut-être  autour  du 
plateau  central,  autour  des  Vosges  et  des  Alpes,  une  généralité  et 
une  uiiiforniité  plus  considérables  encore  qu'on  ne  l'a  dit.  Un  fait 
géologique  aussi  important  indique  que  c* est  là  sans  doute  qu'il  faut 
établir  la  principale  coupure,  si  ce  n'est  pour  Tensemble  de  tous 
les  terrains  tertiaires,  comme  nous  penchons  à  le  faire,  tout  au 
moins  pour  les  terrains  tertiaires  moyens,  qui  se  divisent  natu- 
rellement en  dépôts  antérieurs  ou  postérieurs  à  cette  grande  limite. 

Éia(;e  supérieur, — En  effet,  les  dépôts  marins,  faluns  ou  mollasses, 
de  cette  nouvelle  période,  qui  dessinent  sur  la  surface  de  l'Europe 
de  si  vastes  horizons,  offrent  dans  leur  faune  une  physionomie 
nouvelle  qui  permet  de  les  synchroniser  facilement. 

Nous  avons  dit  que  c'étaient  les  faluns  de  Léogn an  plutôt  que  ceux 
de  Bazas  qui  étaient  les  équivalents  de  ceux  de  Touraine;  en  effet, 
c'est  avec  les  faluns  supérieurs,  et  particulièrement  peut-être  avec 
les  faluns  blancs  de  Cestas  et  de  Saucats,  que  la  faune  de  Touraine 
a  toutes  ses  analogies,  comme  on  peut  s'en  assurer  facilement;  on 
n'y  trouve  en  réalité  aucune  des  espèces  caractéristiques  de  Bazas 
ou  de  Saint- A  vit  ;  les  Cérites,  qui  pourraient  tromper  d'abord, 
(C,  crassuniy  Duj.,  C,  tricinetumj  Duj.,  C.  pictum,  etc.)  ne  sont 
que  les  Cérites  dont  nous  avons  signalé  la  présence  ou  le  retour  à 
Cestas  (C.  bideniatum,  Grat.,  C  papaperaceum ^  Grat.,  picium^ 
iHconstans^  etc.)  associés  à  toute  la  faune  de  Dax,  de  Leognan  ou 
de  Salles.  Nous  citerons  seulement  la  Scutei/a  subrotunda^  le  Cly- 
peaster  marginatus,  la  Cupularia  Cuvieri^  la  Lutraria  clliptica^  le 
Cardium  discrcpans^  les  Cyt/urea,  les  Pecten  scabrcUus  et  P,  latis- 
simusy  VOstrea  saccelltiSy  Bulla  tignaria,  Natica  redempta^  Uôru«, 
Ttoc/ius  paluiuSf  TurrUeiia  triplicata^  7*.  Arckimtdis^  T,  acuia/igula, 
Pleurotoma  raniosa^  P,  tuberculosa^  ete.f  turonica^  etc.,  lt$  Pyruia 
melongenoy  P.  rtisiicula,  P,  condita,  les  variétés  du  Murex  aquitani" 


108A  stÀNCi  DU  16  JUIN  1802. 

eus,  le  Triton  comtgatum^  la  Folata  Lamberii^  les  Naitei  et  Buc- 
cins, etc.,  etc.,  associés  d'ailleui-s  à  de  uoiiibreuses  espèces  prapccs 
et  locales  qui  font  de  la  faune  de  Touraine  une  fauue  asKs  spédalet 
et  même  assex  différente  de  celle  de  Bordeaux»  pour  Caire  croiie 
que  les  deux  golfes  étaient  encore  séparés  par  des  lerrcs  peot-ctie 
considérables. 

C'est  aussi  avec  les  faluns  supérieurs  que  le  bassin  de  Vienne  et 
Auti'iclie  a  toutes  ses  analogies;  la  seule  inspectiou  des  uiagoi- 
fiques  planches  du  D'  Hôrnes  et  du  tableau  de  rëpartilioo  da 
espèces  entre  les  terrains  contemporains  de  la  France  et  de  riiilic 
montre  eu  effet  que  Tensenible  de  la  faune  viennoise  se  rapporte 
incontestablement,  sinon  à  la  faune  pliocène,  du  mokas  â  la  faune 
supérieure  de  nos  faluns,  à  celle  de  Léognau  et  de  Gestas  et  méise 
à  celle  de  Salles  et  de  Saubrigues  (1)  avec  laquelle  la  faune  de 

(4)  Selon  M.  Suess,  tous  les  principaux  gisemeDCa  du  bsMÎa  4e 
Vienne  seraient  contemporains  et  ne  contiendraient  qu*uiis  mèas 
faune  distribuée  dans  une  môme  mer  à  des  profondeurs  diverses.  Cei 
grands  dépôts  marins,  les  plus  anciens,  auraient  ensuite  été  remplacéii 
d'après  M.  Suess  et  d'après  les  tableaux  de  M.  HSrnes,  par  des  dépOtt 
plus  restreints,  des  couches  à  Ceritex^  qui  n'auraient  ainsi  rien  de 
commun  stratigraphiquement  (ni  même  zoologiquement  peat-étre; 
ce  sont  de  petites  espèces  spéciales  pour  la  plupart  au  miocène  oriea- 
tal]  avec  les  couches  à  Cérites  de  l'Aquitaine,  puis  enfin  par  des  dépUs 
d'eau  saumfttre  et  d'eau  douce,  plus  récents  par  conséquent  que  le 
miocène  supérieur  ou  que  l'infra- pliocène.  Nous  n'avoua  rien  à  direi 
cet  ordre  géologique,  établi  sur  des  observations  locales  que  nous 
n'avons  pas  pu  contrôler.  Nous  remarquons  seulement,  au  point  de  vue 
paléontoiogique,  que  l'ensemble  de  la  faune  viennoise  semble  en  eAt 
pouvoir  être  compris  dans  les  limites  de  notre  miocène  supérieur;  et 
la  présence  à  ce  niveau  de  Cérites  assez  nombreux,  parmi  lesquels  no» 
C.  b iden tatiim ,  poptwtirnceum ,  w ar^aritaceum ,  pliai inm ,  e t  picinm^ 
n*est  pas  plus  singulière  qu'à  Saucats  et  à  Cestas,  ou  qu*en  Touraine, 
et,  pas  plus  ici  que  là,  elle  n*eolève  à  l'ensemble  de  la  faune  son  caractère 
général.  II  faudrait  noter  cependant,  pour  le  C,  mnrgaritacemn  et  le  C. 
plictitum,  si  caractéristiques  dans  l'Aquitaine  et  ailleurs  du  miocène  in- 
férieur ou  moyen,  qu*ils  se  trouveraient  à  Vienne,  d'après  les  tableaux 
de  M.  Hôrnes,  spécialement  dans  son  assise  n*  3,  c'est-à-dire  au-dessus 
des  marnes  de  Bsden  et  de  Vôslau  (assise  n*  4 ,  équivalentes  des  msrnes 
de  Saubrigues]  où  se  trouve  le  C  vulgatum^  avec  beaucoup  d'autres 
espèces  subapennines.  Si  la  distribution  des  fossiles  de  M.  Hôrnes  est 
incontestable,  elle  n'en  est  que  plus  intéressante.  Mais  nous  Toyons 
que  dans  son  grand  tableau  synchronique,  malheureusement  sans 
texte  explicatif,  M.  Mayer  a  adopté  pour  les  mêmes  sssises  un  ordre 
tout  différent,  et  presque  complètement  inverse.  Nous  ne  pouvons  que 
constater  le  désaccord  des  géologues  allemands. 


nùU  DB  t.  foonNotBft.  iOÔ5 

Lapugy  on  pnrtîcnlier  présente,  à  une  si  grande  distance,  une  ana- 
logie si  leinarqnable. 

D'un  autre  côté  les  faluns  de  Léognan  ont  des  i^eprësentants  très 
exacts  en  Piémont  dans  les  fossiles  de  la  Superga,  près  de  Turin,  et 
nous  avons  montre  les  grandes  analogies  de  Tortone  et  de  Sau^ 
brigues,  qui  a  peiit-éCre,  d'ailleurs,  quelque  rapport  avec  les 
dépôts  supérieurs  du  département  de  la  Manche,  à  Buecinum 
prismaticum. 

Quelle  était  donc  la  distribution  des  mers  du  Midi  à  cette  seconde 
époque  ?  Après  la  grande  émersion  dont  nous  avons  parlé,  après 
l'époque  des  lagunes  et  des  étangs,  la  mer  a  envahi  de  nouveau  les 
bassins  qu'elle  avait  quittés  et  est  rentrée  au  moins  dans  ses  limites 
de  l'époque  tongrienne,  les  dépassant  transgressîvement  dans  la 
plupart  des  gt*andt's  vallées.  Les  terres  de  la  Gascogne  et  les 
Pyrénées  ont-elles  dès  lors  divisé  absolument  les  eaux  de  TOcéan 
de  celles  de  la  Méditerranée,  comme  elles  le  font  aujourd'hui  ?  La 
seule  étude  des  fossiles  aquitaniens  de  cette  période  ne  nous  per- 
met pas  de  décider  eette  question  ;  elle  ne  nous  permet  guère  que 
de  douter;  car  il  y  a  de  grands  rapports,  nous  le  l'épétons,  entre 
les  faunes  de  Léognan  et  de  Saubrigues  et  celles  de  Turin  et  de 
Tortone,  plus  grands  peut-être  qu'entre  celles-là  et  celles  de  la 
Touraine.  Ces  rapports  divers  auraient  besoin  d'être  étudiés  de 
plus  près  que  nous  ne  l'avons  pu  faire,  pour  qu'on  en  puisse  tirer 
quelque  induction  solide  dans  une  question  que  la  paléontologie 
toute  seule  ne  peut  pas  résoudre. 

Résumé. 

En  résumé,  pour  prendre  le  groupe  du  miocène  tel  qu'on  le 
compose  généralement  en  France,  c*est-à-dire  l'ensemble  des  assises 
tertiaires  qui  sont  comprises  entre  la  formation  gypseuse  de  Paris 
et  les  marnes  subapenuines,  nous  dirons  que  ce  groupe  forme  dans 
le  S.>0.,  et  en  particulier  dans  le  département  de  la  Gironde,  une 
série  sans  lacune  d'assises  et  de  faunes  correspondantes,  mais  qui 
se  divise,  au  premier  coup  d'œil,  en  deux  étages  bien  distincts, 
l'étage  tongrien  et  IVtajUe  falunien  de  d'Orbigny,  sur  lesquels  nous 
ferons  les  observations  suivantes  : 

V  L'étage  inférieur  se  relie  à  l'éocène  par  un  mélange  intéres- 
sant d'espèces  identiques  ou  très  voisines,  assez  nombreuses,  et  par 
là  il  s'éloigne  du  miocène  inférieur  du  bassin  de  la  Seine,  et  se 
rattache,  selon  nous,  à  certains  dépôts  nummuittiques  supérieurs 
des  Alpes  ou  de  l'Italie  septentrionale;  de  façon  qu'il  appartiens 


1088  St^ANCB   DU   16  JUIN   1802. 

Nous  avons  ilouiié  t^  ces  grands  groupes  les  dénominations  or« 
dinaires  de  miocène  inférieur  et  miocène  tupërieur.  Cependant 
nous  doutons  si  les  terrains  tertiaires  ne  devraient  pasélre  a^parês, 
comme  le  donnait  déjà  à  entendre  M.  Hébert  en  1855  (Bmil., 
2""  sér.,  t  XII,  p.  771],  et  comme  l'ont  proposé  quelques  géologues 
étranger,  en  quatre  groupes  au  lieu  de  trois.  La  dÎTision  aérait 
alors  celle-ci,  selon  nous,  et  sous  des  noms  quelconques  : 

!  pliocène, 
miocéae. 
dépôts  lacustres. 

Î  oligocène, 
dépôts  lacustres, 
éocène. 

et  les  deux  grandes  divisions,  seraient  séparées  par  Fensemble  des 
dépôts  lacustres  ou  d'eaux  saumâtres  de  Thorizon  des  calcaires  à 
Hélices  de  la  Beauce,  de  Hoclieim,  de  l'Auvergne,  de  1* Aqui- 
taine, etc.,  et  des  marnes  à  Cérites  et  à  Cyrènes  subordonnée!. 

Dans  l'Aquitaine,  par  conséquent,  les  couches  inférieures  au 
premier  calcaire  lacustre  du  Bazadais  (calcaire  à  Astéries  et  falans 
de  Gaas)  rentreraient  dans  Toligocène,  avec  le  miocène  inférieur 
du  nord  et  divers  dépôts  nummulitiques  supérieurs  des  Alpes  et 
de  l'Italie  septentrionale,  et,  tout  en  restant  séparée*  de  téoeétie 
inférieur^  feraient  partie  de  la  même  grande  division  inférieure  des 
terrains  tertiaires. 

Ce  serait  le  résultat  le  plus  éloigné  et  le  plus  général  auquel 
pourrait  nous  conduire  ce  travail;  mais,  comme  il  dépasse  la 
portée  immédiate  des  faits  que  nous  avons  étudiés  dans  un  i>assio 
particulier,  nous  ne  le  proposons  encore  qu'avec  une  certaine 
réserve. 


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(it/utu.r 

Itl/ltll  itut/lUlIt^ 

Mas^Mf  septentrional 

tUnt  cuhmmuU 

Jtier  n  atrtr  ëtt'oHe 

l'anièir  ai  t.v/tiuitatwn 

.  -tndt'fine.f  eaploitutionj' 

Ancit'iijôin'à  t'fMu.v 

Itiiii^^  ^fr /My-jrtita/tt  tfminwvmiii'ffintiim 

Tcrimius  frmttnie.r 

3[aHsifm<^dionAl 

LitntfMtjttee  A  a/r/t  tiwebvite 

lUiiffiititnt/i'  ctHwbe 

Jeter  qui  ivutùt  Usdrux  IntUM 

Hutte  teiininale  tnmdntatèi^ 

t'aifièiYeu  ejifdwtgtion 

Tenuinx  rwMunit'J' 

I  oints  tni  j'ai  Jntt  fîmiUet* 


H 


finp'  fltu'tim't  /'itt.f. 


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'.'>■«  r\7X  I-LX. 


c  lit  M  I,  Sseniaiir 


I    r^ 


1,    Bclcmiiil.cs  qiiadratus.Dbi 

2,  -3.    A'-luiO'-.anuix  vnis  ,  Mill'^i-, 


l'T.Hrir  r.A/À/fSSIJhj^m» 


JÂt/Y/y/ift.r  f(* 

Mt'fttfitiit  .*t' 
i;oui)i.Ar\ 


Ir  //lu'fftifi 


^BZESeSZBOaaxaa 


/(•■         ('lUtttlilt'    *»■-      » 


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Jf'!'t/fJtûytt.t\tr 


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1% 


ÎION    EXTRAORDINAIRE 

A  SAINT-GAUDENS 

(hàute-garohhb). 

Du  U  au  23  septembre  1862. 


»res  de  la  Société  qui  se  sont  rendus  à  cette 


I     MM. 

m,  GUTERDET, 

Hébert  (Ed.), 

Jannettaz, 

kobchlin, 

LABTBTy 

Lebrun, 
Letmbrie, 
PouECH  (l'abbé), 
Rames, 

ROUVILLB  (de), 

Stephanbsco, 

TOUBMAL, 

Vène. 


1  nombre  de  personnes  étrangères  à  la  Société  ont 
à  prendre  part  aux  travaux  de  la  réunion, 
personnes  nous  citerons  : 

MM. 


in), 


). 


Sauzet  (H.  de), 
Seigrette  (P.)y 
Stâvart. 


}/.,  2*  série^  tome  XIX. 


69 


1090  RÉUNION  EXTRÀORDINAIEE    ▲   SàINT-GàUDB] 

Séance  (V ouverture^  le  14  septembre  M 

PRÉSIDENCE    DE    M.    ALBERT    GAODRT. 

Le  là  septembre,  à  une  heure,  la  Sociùlé  j 
séances  à  Saint-Gaudens  à  la  sous-préfecture,  doi 
conseil  d'arrondissement,  salte  que  M.  le  sous 
bien  voulu  mettre  à  sa  disposition  avec  tous  le 
indispensables.  M.  le  maire  de  Saint-Gaudens,  c 
cueilli  avec  tant  d'empressement  notre  projet 
assistait  à  cette  séance  avec  un  assez  grand  nombr 
de  la  ville. 

La  Société  Impériale  (KAgriculture  de  la  Haul 
était  représentée  par  son  bureau  presque  <'oni| 
M.  de  Papus,  président;  M.  de  Bastoulh,  vice-priv 
Moly,  secrétaire  général;  par  M.  le  colonel  GI 
membre  de  la  Société  géologique,  el  par  M.  Ga 
les  autres  assistants,  on  remarquait  )L  Jules  Glei 
de  la  Société  d'Agriculture  de  l'Ariége.  et  les  pc 
nommées  dans  la  liste  précédente. 

La  séance  est  ouverte  sous  la  présidence  de 
vice-président  actuel  de  la  Société  géologique.  C 
par  la  formation  du  bureau  pour  la  réunion  extra 

M.  Letmerte  est  nommé  Président,  à  Tunanim 

Sont  nommés  ensuite  : 

Secrétaire^  M.  Jannettaz  ; 

y ice  ^  Secrétaire^  M.  Dolfcss. 

M.  Gaudry  invite  le  Président  et  les  Sécréta  in 
prendre  place  au  bureau. 

iM.  Leymerie,  après  avoir  remercié  ses  confrères 
qu'ils  ont  bien  voulu  lui  faire  en  Tacceptant  poi 
courses,  et  en  le  chargeant  de  la  direction  c 
propose  de  fixer  un  ordre  général  d'excursions, 
le  désir  qu'il  aurait  de  faire  passer  successif em 
terrains  qui  constituent  les  Pyrénées  centrales  s 
des  membres  de  la  réunion,  dans  l'ordre  inv< 
ancienneté  relative.  Pour  atteindre  ce  but,  ii  condi 


DU  1/k  AU  2S  sEPTsmiiiB  1862. 


i09l 


la  Société  au  bord  de  la  plaine,  à  la  racine  des  montagnes»  pour 
ainsi  dire,  et  lui  ferait  remonter  la  vallée  de  la  Garonne  par 
Saint-Gaudens  et  Saint-Béat,  et,  plus  haut  encore,  par  la 
vallée  de  la  Pique,  ijusqu'à  Luchon,  où  se  tiendrait  la  séance 
de  clôlurc. 

Ce  plan  ayant  été  adopté,  la  réunion  décide  qu'elle  le  mettra 
à  oxôcution  dés  le  lendemain,  qui  sera  consacré  à  Tétude  du 
petit  massif  d'Ausseing. 

En  conséquence,  et  sur  le  désir  qui  lui  en  avait  été  exprimé, 
M.  Leymerie  donne  Paperçu  suivant,  où  se  trouvent  résumés 
les  principaux  caractères  des  terrains  pyrénéens  supérieurs, 
considérés  principalement  dans  le  massif  d'Âusseing. 

Aperçu  gcognostique  des  petites   Pyrénées  et  particulièrement 
de  la  montairfie  d^  Hussein  g;  par  M.  Leymerie. 

Les  montagnes  arrondies  et  boisées  qui  forment  la  première 
zone  pyrénéenne,  en  face  de  Sainl-Gaudens,  de  Tautre  cMé  de 
la  Garonne,  sont  composées  de  couches  appartenant  à  la  forma- 
tion jurassique,  sauf  une  bordure  encore  indéterminée,  qui, 
peut-être,  pourrait  être  considérée  comme  cénomanienne,  à 
cause  des  petites  Orbitolines  qu'elle  renferme  (voyez  la  coupe 
ci-dessous). 

Coupe  de  ta  vallée  de  la  Garonne  à  Saint ^Gaudens. 


Criiie. 


Mioccno. 


Garonne.         Tcrnia  jurassique. 


Les  terraiiïS  pyrénéens  supérieurs  n'y  paraissent  pas,  et  ces 
intéressantes  forfifiations  seraient  restées  cachées  à  nos  yeux 


1092  RÉUNIOlf   BXTRÀORDIIfÀIRE   À    8ÀINT-GÀUDBNS , 

par  les  dépôts  lacustres  du  bassin  sous-pyrénéen»  et  par  cod* 
séquent  inconnues  aux  géologues,  si  un  soulèvement  pariicolier, 
concomitant  du  souléyement  général  de  la  chaîne,  ne  les  avait 
portées  au  jour  en  avant  des  montagnes  principales. 

Le  massif  d'Ausseing,  du  côté  droit  de  la  Garonne,  et  les 
petites  montagnes  d'Aurignac,  du  côté  opposé»  sont  le  résultat 
de  ce  soulèvement  du  sol.  Ce  sont  comme  Ae petites  Pyrénées 
en  avant  de  la  chaîne  proprement  dite.  La  carte  ci-annexée, 
planche  XKIl  et  les  coupes  de  la  planche  XXIII,  peuvent  donner 
une  idée  de  leur  forme,  de  leur  position  et  de  leur  étendue.  Ces 
petites  montagnes  montrent,  d'une  manière  claire  et  évidente,  la 
craie  supérieure  et  le  terrain  éocône  pyrénéen  dans  leur  état  le 
plus  complet.  Ces  terrains  ont  été  de  ma  part,  soit  à  Ausseing, 
soit  à  Aurignac,  et  généralement  partout  où  ils  affleurent,  Tobjet 
d'une  étude  soignée  et  persévérante,  et  j'en  ai  fait  connaître 
la  composition  et  la  disposition  dans  plusieurs  publications,  et 
notamment  dans  une  notice  insérée  au  Bulletin  (2*  sér.,  t.  X, 
p.  518).  Mais  je  crois  devoir  ici  offrir,  sous  forme  de  tableau 
un  résumé  de  ces  publications  dans  lequel  j'introduirai  une 
modification  assez  importante  que  j'ai  récemment  faite  dans  la 
classification  de  celte  partie  des  formations  pyrénéennes. 


TABLEAU 


DES   TERRAINS    PTRÉlfÉENS    SUPÉRIEURS,    COMPRENANT    LA   CRAIE    SUPÉRIEURB 

AVEC  l'Étage  oaruhnien  et  l'éocènb. 


o  V  /Poudingue  de  Palassou  et  grès  roux  de  Furnes. 

-^  J  1  Couches  à  Nu  m  mu  II  tes. 

"C  I  j  Niveau  de  Terebratula  Montoleavensis^   Spon- 

•2  lÉocène \      dylus  coce.nus, 

•S  i  I  Couches  à  Môlonies. 

t,  ]  [  Niveau  de  Ostrea  uncifera, 

H  /  ^Calcaire  à  Milliolites. 

!/ Colonie   {Micraster  hrevis^  Hemlaster  puncta» 
/       //*.ç,  etc.). 
i  Calcaire  lithographique  avec  silex. 
Étage        )  ^''Siïos  bariolées  et  sables  à  lignites,  avec  calcaire 
garumnien.    \      f^^''°""^  spathique,    et   calcaire  argil.fère, 
i      troue,  en  bancs  subordonnés.  Venus  gamm' 
I      nica,    Leym.,    Tornalella    Baylei^     Leym., 
[       SphœruUtes  Lermeriei,  Bayla,  Ostrea  depres- 
/  \     5tf,  Leym.,  Crocodiles,  Tortues. 


o 


o 


DU  1 A  AU  28  sspTnBiB  1862.  lOOS 

,  .  (  Calcaire  à  Hemipneustes  radiatus^  Nerîta  ru- 

supérieure     )  /n  ,       /  «♦« 

"^  <      gosfiy  Ostrea  larva,  etc. 

1  {  de    Maitricht.  (  ^^"""^  ""''''''  *  Orbitolites. 

Calcaire  argilifère,  grisâtre  ou  jaunâtre,  à  Orbi- 
tolites,  avec   fossiles  de  la  craie  (faune  infé- 
rieure de  Monléon  et  de  Gensac),  principale- 
pir'Kl       h      )      ^^^^  Terebratula  alata,   Oiirea  vesicularis 
«5  I  *    j      (variété  énorme)  et  Ananchytes  ovata, 

^  I  I  Argiles  grises,  avec  dalles  de  calcaire  gris  offrant 

^  \  [de  longues  taches  couleur  de  lavande  (Orbi- 

tolites  et  fossiles  de  la  craie  blanche). 

La  modification  dont  je  viens  de  parler  consiste  dans  une 
forme  nouvelle  et  plus  précise  que  je  viens  de  donner  à  lu  partie 
de  nos  terrains  qui  semble  faire  transition  entre  les  formations 
crétacée  et  tertiaire,  état  de  choses  que  j'exprimais  naguère 
par  le  mot  èpicrétncé.  Je  renonce  maintenant  à  ce  nom,  moyen- 
nant la  création  de  l'étage  gammnieny  qui  représenterait  une 
craie  supérieure  à  toutes  celles  qui  ont  été  jusqu'à  présent 
reconnues,  même  à  celle  de  Maëstricht,  et  offrant  ce  fait  cu- 
rieux d'être  terminée  par  une  assise  (colonie)  qui,  avec  des  fos- 
siles particuliers,  renfermerait  à  la  fois  des  espèces  de  la  craie 
blanche,  et  quelques-unes  aussi  de  Téocéne  pyrénéen.  Cette 
manière  de  voir  n'est  réellement  nouvelle  que  dans  la  forme; 
mais  je  la  crois  préférable  parce  qu'elle  peut  être  acceptée  même 
par  les  géologues  qui  se  refuseraient  à  admettre,  malgré  l'évi- 
dence du  fait,  le  mélange  d'espèces  que  je  viens  de  signaler. 

Par  cette  création  et  par  les  éléments  que  le  tableau  précé- 
dent indique,  on  peut  voir  jusqu'à  quel  point  la  géologie  pyré- 
néenne se  trouve  remaniée  en  ce  qui  touche  ces  terrains  supé- 
rieurs, et  l'on  conçoit  qu'il  était  très-important  pour  moi,  et 
pour  les  progrès  de  la  science  elle-même,  de  rendre  la  réunion 
témoin  des  faits  qui  ont  servi  de  base  à  ces  changements.  Nulle 
part  ces  faits  ne  se  montrent  d'une  manière  plus  claire  et  plus 
complète  que  dans  les  montagnes  d'Ausseing,  où  je  dois  con- 
duire d'abord  la  Société,  et  dont  je  vais  donner  ici  préalablement 
une  courte  description. 

Le  massif  auquel  on  a  donné  le  nom  d'Âusseing,  village 
situé  vers  le  milieu  de  sa  longueur  au  pied  de  sa  principale 
cime,  consiste  dans  une  protubérance  allongée  dans  le  sens  des 


109A  RÉUNION   IXTRAORDINÀIRB    ▲    SÀllfT-€iÀ9J>BIf S  , 

Pyrénées  et  qui  s'avance  comme  un  promontoire  dans  le  bassia 
sous-pyrénéen,  dont  il  est  séparé  par  la  petite  rivière  du  Volp(l). 
Bien  que  Taltiludedeson  point  culminant  (Gardan  de  Montagut 
deCassini)  n'atteigne  que  628  métrés,  c'est-à-dîre  350  métrés 
au-dessus  de  la  vallée  de  la  Garonne,  son  relief  est  trés-acci- 
denté,  et  heurté,  et  se  fait  nettement  distinguer  aux  yeux  du 
voyageur  qui  se  rend  de  Toulouse  à  Luchon,  lorsqu'il  traverse 
le  parallèle  de  Martres.  Cette  petite  montagne  semble  avoir  été 
soulevée  et  modelée  conformément  au  plan  suivi  par  la  nature 
pour  la  chaîne  du  Jura.  Elle  consiste,  ainsi  qu'on  peut  le  voir 
clairement  sur  la  carte  et  sur  la  coupe,  planche  XXill,  figure  1, 
en  une  vallée  centrale  de  nature  argileuse  arquée  et  bombée, 
arrêtée  à  ses  extrémités  comme  une  boutonnière.  Des  crcts 
.  calcaires  assez  élevés,  Irès-escarpés  à  l'intérieur,  dominent  la 
vallée  de  part  et  d'autre,  k  l'extérieur  ces  créts  sont  épaulés 
par  des  crêtes  moins  hautes  mais  très-prononcées,  au  moins  du 
côté  méridional,  auxquelles  succèdent  d'autres  rides  moins  ac- 
cusées. A  la  verrerie  d'en  bas  (Cassini),  se  trouve  l'extrémité 
orientale  de  la  vallée^  la  boutonnière  s'y  trouve  complètement 
fermée.  Du  coté  opposé,  où  le  massif  subit  une  courbure  qui 
l'amène  dans  une  direction  anormale  (0.  S.  0.),  le  bombement 
intérieur  semble  passer  par-dessous  une  sorte  d'arche  calcaire, 
pour  venir  affleurer  derrière  le  village  de  Roquefort,  au  fond 
d'un  évasemcnt,  près  du  confluent  de  la  Garonne  et  du  Salât. 

Dans  l'état  normal  d'un  soulèvement  de  cet  ordre,  les  deux 
masses  qui  se  trouvent  rejetées  de  part  et  d'autre  comme  de 
grosses  écailles,  offriraient  une  stratification  inclinée  à  l'exté- 
rieur en  sens  inverse  ou  antlclinale ;  mais  ici,  une  seule  de  ces 
écailles,  celle  du  sud,  obéit  à  la  loi^  l'autre  est  le  plus  souvent 
renversée. 

La  vallée  centrale  et  les  créts  qui  la  dominent  immédiatement 
de  part  et  d'autre  appartiennent  à  la  craie  blanche  et  à  la  craie 
supérieure  -,  les  flancs  offrent  l'éocéne  pyrénéen  complet,  e^, 
entre  les  deux,  se  trouve  le  garumnien. 

Au  moment  de  lever  la  séance,  M.  le  Président  propose  une 


(4)  Lt  carte,  déjà  citée,  représente  topograpbiquement  cette  mon- 
tagae  d'une  manière  compiète. 


DO  là  AU  23  SEprniBRB  1862.  1096 

promenade    géologique  à  Vaientine  :   cette    proposition  est 
adoptée. 

La  ville  de  Saint-Gaudens  (altitude,  405  métrés),  située  en 
face  des  montagnes  dont  elle  n'est  séparée  que  par  la  vallée  de 
la  Garonne  (voyez  la  carte  et  la  petite  coupe  donnée  précé- 
demment), au  bord  d'un  plateau  diluvien  qui  dépend  de  cette 
vallée,  doit  être  regardée  comme  un  observatoire,  un  peu 
bas  peut-être,  d'où  l'on  peut  jouir  d'une  belle  vue  de  leur 
ensemble.  De  la  terrasse  qui  est  la  promenade  principale  de  la 
ville,  on  voit  immédiatement  à  ses  pieds,  à  50  métrés  au- 
dessous,  la  vallée  proprement  dite,  dont  la  largeur  est  d'en- 
viron 1800  métrés,  et  au  delà,  un  cordon  de  basses  mon- 
tagnes arrondies  et  boisées,  principalement  constituées  par 
le  terrain  jurassique.  Derrière  ce  premier  cordon  se  dessine 
le  trait  le  plus  marqué  de  cette  vue,  qui  consiste  dans  les 
cimes  nues  et  hardies  de  Gar  et  de  Cagire.  Cette  dernière 
surtout,  qui  occupe  le  centre  du  tableau,  et  dont  l'altitude 
atteint  1911  mètres,  attire  particulièrement  le  regard  par  sa 
forme  creusée  en  gouttière,  terminée  par  une  crête  légèrement 
concave.  .Ces  deux  massifs,  qui  font  partie  d'une  zone  jurassique 
surélevée,  cachent  les  montagnes  de  transition  et  primordiales 
qui  se  trouvent  derrière,  et  particulièrement  la  Maladettaj 
mais  on  aperçoit  à  droite,  dans  l'éloignement,  les  glaciers  de 
Crabioules  et  d'Oo,  qui  couvrent  des  granités  et  des  schistes 
cristallins. 

Ayant  jeté  ce  premier  regard  sur  les  Pyrénées  de  la  Haute- 
Garonne,  la  Société  s'est  rendue  à  Vaientine  par  la  route 
de  Luchon  qui  suit  d'abord  le  plateau  diluvien  parallèlement 
à  la  vallée  jusqu'à  environ  1  kilomètre.  Là  elle  s'est  trouvée 
au  bord  d'un  talus  très-rapide  appartenant  à  l'enceinte  du 
vaste  bassin  de  Vaientine  qui  résulte  de  la  réunion  de  la  Neste 
et  de  la  Garonne.  Après  avoir  payé  son  tribut  d'admiration  au 
beau  spectacle  offert  par  ce  bassin  et  par  les  montagnes  éche- 
lonnées qui  le  dominent,  la  Société  est  descendue  à  Vaientine, 
toujours  en  suivant  la  route  qui  consiste  là  en  une  rampe  en- 
taillée dans  le  flanc  du  coteau,  et,  par  ces  entailles,  et  surtout 
par  les  coupes  vives  faites  pour  les  besoins  des  tuileries,  elle  a 
vu  avec  intérêt  le  dépôt  diluvien  trés-grossicr  qui  oonstrtue 


10Q6  RÉUNION   EXTRÀ0RDINÀ1BE    A    SÀINT-GÀUDBN8 , 

immédiatement  le  sol  de  Saînt-Gaudens,  en  relation  discordante 
avec  le  terrain  argilo-marncux  (miocène)  qui  lui  est  inférieur, 
M.  Urbain  Fonian,  qui  accompagnait  la  Société  dans  cette 
promenade,  lui  a  montré  le  niveau  où  Ton  a  principalement  ren- 
contré les  débris  de  mammifères  et  les  coquilles  terrestres  qu'il 
a,  le  premier,  signalés,  et  qui  permettent  d'assimiler  ce  gîte  à 
celui  de  Sansan  (Gers).  Nous  nous  bornons  à  rappeler  ici  une 
mâchoire  de  Singe  d'une  très-belle  conservation  et  des  restes 
d'un  grand  Paresseux  {Macrotherium)^  de  Rhinocéros,  de  Di- 
crocére  (1).  Ce  terrain  tertiaire,  dont  la  stratification  horizon- 
tale éloigne   toute  idée   d'un    dérangement   postérieur,   est 
presque  homogène,  et  contraste  par  la  (inesse  de  ses  éléments 
avec  le  diluvium  qui  lui  est  superposé.  Celui-ci  consiste  prin- 
cipalement en  un  amas  de  cailloux  céphalaires  et  de  blocs  plus 
volumineux  de  roches  originaires  des  Pyrénées,  et  particulière- 
ment de  granités  toujours  en  décomposition,  de  quartzite,  de 
quartz,  de  poudingue  siliceux,  de  grès  rouge,  d'ophite  plus  ou 
moins  décomposée,  le  tout  entremêlé  et  surmonté  d'un  limon 
impur  souvent  graveleux. 


Séance  du  16  septembre  1862, 

  huit  heures  du  soir. 

PRESIDENCE   DE   M.  LETHER1B. 

M.  Jannettaz,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès -verbal  de 
la  séance  d'ouverture^  la  rédaction  de  ce  procès-verbal  est 
adoptée. 

L'ordre  du  jour  de  la  séance  actuelle  porte  le  compte  rendu 
de  l'excursion  de  la  veille  dans  le  massif  d'Àusseing,  celui  de 
la  course  d'aujourd'hui  dans  les  environs  de  Salies,  et  l'aperçu 
des  terrains  à  visiter  dans  la  course  du  lendemain  à  Âurignac. 

M.  Leymerie  prend  la  parole  pour  le  premier  compte  rendu. 

[h]  Pendant  le  séjour  que  la  Seciété  a  fait  à  Saint-Gaudens, 
M.  Fontan  a  mis  avec  empressement  à  la  disposition  des  membres,  son 
cabinet  qui  renferme  de  bons  spécimens  des  fossiles  qui  caractérisent 
les  terrains  pyrénéens. 


DU    14    AU    23    SRPTEHBRB    1862.  1097 

Excursion  du  15  septembre  à  tnwers  le  massif  d*Ausseing^ 

compte  reDclu  par  M.  Leymerie. 

La  traversée  du  petit  massif  d'Ausseing  par  sa  principale 
cime,  entre  Belbèze  et  Mauran,  passant  par  Âussein^etMontclfli 
est  trés-favorable  pour  Tétude  des  terrains  qui  composent  cette 
montagne.  C'est  pour  cela  que  j'avais  choisi  cette  direction 
pour  la  petite  coupe  passée  inaperçue^  sans  doute  à  cause  de 
ses  proportions  Irop  modestes,  dans  le  Bulletin  de  la  Société^ 
2'sér.,  t.  X,  p.  520,  et  que  je  reproduis  planche  XXIII,  figure  1^ 
sur  une  plus  grande  échelle,  avec  les  modifications  que  des 
études  plus  récentes  m'ont  permis  d'y  introduire.  Il  était  donc 
tout  naturel  d'adopter  cette  coupe  comme  base  de  notre  excur- 
sion. Il  eût  été  avantageux  d'ailleurs  de  la  suivre  du  sud  au 
nord,  c'est-à-dire  de  commencer  par  le  versant  où  les  faits 
se  présentent  d'une  manière  normale  et  avec  une  grande  évi- 
dence'^  mais  des  circonstances  particulières  nous  ont  obligés  W 
prendre  l'itinéraire  en  sens  inverse,  et  à  gravir  d'abord  le  ver- 
sant nord  composé  de  couches  renversées,  écrasées,  et  cachées 
le  plus  souvent  par  des  amas  de  débris. 

Le  point  de  départ  naturel  pour  atteindre  la  coupe  de  ce 
côté  est  Martres,  où  nous  nous  sommes  rendus  par  le  chemin 
de  fer.  Ce  bourg  est  situé  au  milieu  de  la  vallée  de  la  Garonne, 
en  face  des  montagnes  que  nous  allions  étudier  (voyez  la  carte).. 
Ayant  traversé  la  plaine  qui  le  sépare  de  la  Garonne  dont  les 
eaux  baignent  le  pied  de  la  montagne,  nous  nous  sommes 
trouvés,  au  bord  de  ce  fleuve,  vis-à-vis  du  village  de  Mauran. 

Au  point  où  nous  devions  prendre  le  bac  pour  traverser  la 
Garonne,  les  membres  de  la  réunion  ont  vu  sous  le  dépôt  dilu- 
vien de  la  plaine,  sortir  des  roches  vives  appartenant  déjà  au 
massif  d'Ausseing.  Ces  roches  ne  sont  autre  chose  que  le  pou- 
dingue de  Palassou,  dernier  étage  de  l'éocéne  représenté  sur  la 
coupe  par  6^,  dont  les  galets  calcaires  d'un  volume  médiocre  et 
souvent  impressionnés  par  une  pression  mutuelle,  se  trouvent 
là,  fortement  liés  par  un  ciment  calcaire  sub-cristallin  offrant  des 
couleurs  variées,  souvent  le  rose  ou  le  fleur  de  pêcher.  A  une 
petite  distance  en  aval  du  point  où  nous  attendions  le  bac,  plu- 
sieurs de  nos  confrères  ont  pu  voir  des  bancs  presque  verticaux 


1098  BÉUNIOK  BXTllOWnfAWE   A   SÀIIfT-GAITDElfS , 

de  ce  même  poudingue  descendre  de  la  montagne  pour  venir 
couper  le  fleuve. 

C'est  encore  ce  poudingue  et  des  grès  roux  grossiers  qui  en 
dépendent  et  qui  renferment  des  cailloux  calcaires  que  la 
Société  a  traversés  en  commençant  à  gravir  la  pente  rapide  qui 
conduit  à  la  métairie  de  Turre.  Malgré  la  confusion  qui  règne 
sur  ce  versant  septentrional,  elle  a  pu  remarquer,  d  plusieurs 
hauteurs,  des  bancs  plongeant  au  sud,  c'est-à-dire  à  Tinté- 
rieur  du  massif.  C'est  après  cette  assise,  la  plus  récente  de 
toutes  celles  qui  constituent  Tôocène  pyrénéen,  que  nous  avons 
coupé.,  sans  les  apercevoir,  les  couches  à  Nummulites  c%  qui 
se  montrent  d'une  manière  très-claire  à  une  petite  distance  à 
TE.,  du  côté  de  Montcrabun,  où  elles  sont  représentées  par  des 
calcaires  argileux  d'un  jaune  brunâtre  pétries  de  Niunmuliies 
Lcymeriei,  d'Arch.,  de  N.  gtobulus^  Leym.,  et  d'Operculines. 

Dans  une  halte,  un  peu  avant  d'arriver  à  la  métairie  de 
Turre,  la  Société  avait  jeté  un  coup  d'œil  sur  la  plaine»  et 
j'avais  eu  soin  de  lui  faire  remarquer  que  les  coteaux  entre 
lesquels  la  vallée  est  encaissée,  sont  composés  de  marnes  plus 
ou  moins  sableuses,  de  sables  avec  grumeaux  calcaires  et  de 
grès  impurs.  Ce  terrain,  qui  constitue  tout  le  bassin  sous- 
pyrénéen  de  la  Gascogne,  est  stratifié  horizontalement  et  l'on 
peut  le  voir  eu  différents  points,  et  notamment  au  village  du 
Plan,  reposer  sur  le  conglomérat  de  Palassou  en  stratification 
transgressive. 

Coupe  du  vallon  du  Volp^  au  sud  du  Plan, 

Volp. 


m  —  Torruin  tertiaire  miocène,  avec  petits  cailloux 

quurtteux  i  la  partie  supe'rieure. 
t    -.-  Pbteau  tertiaire  !tal>lo-cailiouteux. 
p    —  Conglomérat  de  Pulassou,  grossier, 
n    — •  Marnes  à  Nummulites. 
c    —  Calcaires. 
en  — >  Calcaires  marneux,  fossilifères,  à  Hnitres. 

On  sait  d'ailleurs  que  cette  formation,  déposée  dans  un  lac 
au  pied  des  Pyrénées  antérieurement  soulefées,  renferme  de 


DO  14   AU   28   SBPTIMBRl   1862.  J099 

nombreux  débris  do  aiamiuiféres  (Mastodonte,  Dinothérium, 
Rbinocéros),  qui  indiquent  clairement  la  période  miocène. 

C'est  un  peu  au-dessous  et  au  nord  de  la  métairie  de  Turre, 
après  les  calcaires  à  Milliolitese*,  que  Téocène  cède  la  place  au 
crétacé  dont  la  partie  la  plus  récente  constitue  Tétage  garum- 
nien.  La  colonie  g^  par  laquelle  ce  système  est  séparé  de 
Téocéne,  forme  de  ce  côté  do  la  montagne  une  zone  continue 
que  j'ai  eu  l'occasion  de  couper  en  beaucoup  de  points  dans  mes 
courses  particulières-,  mais  nous  n'avons  pas  eu  le  temps  de 
la  chercher  à  Turre  méme^  où  cependant  j'avais  recueilli  une 
fois  de  nombreux  Micraster  brevis.  En  revanche,  nous  avonf 
parfaitement  reconnu  le  calcaire  compacte  à  silex  g^  qui  consti* 
tue  l'assise  moyenne  de  ce  système,  sous  la  forme  d'un  bour- 
relet au  pied  du  quel  est  située  la  métairie. 

Au  delà,  le  chemin  direct  de  Montcla  qui  fait  partie  du  tracé 
de  notre  coupe,  traverse  une  région  longitudinale  déprimée, 
une  sorte  de  fossé  qui  correspond  au  garumnien  inférieur  ^. 
La  Société  y  a  vu  d'abord  des  calcaires  blancs  sub*crayeui 
appliqués  contre  les  derniers  bancs  du  calcaire  compacte  à 
silex,  puis,  des  calcaires  cloisonnés  sub-spathiques,  et  enGn, 
en  contact  avec  les  calcaires  nankin  de  la  craie  proprement 
dite,  upe  assise  d'argile  liariulée  exploitée  pour  les  fayenceries 
et  les  tuileries  de  la  contrée.  Ici,  comme  dans  toute  la  tra- 
versée précédente,  les  couches  ont  une  inclinaison  très*pronoii« 
cée  vers  l'intérieur  de  la  montagne,  qui  les  place  les  unes  à 
l'égard  des  autres,  dans  une  position  inverse  de  celle  qu'elles 
occuperaient  dans  un  soulèvement  normal. 

Après  avoir  traversé  cette  assise  de  roches  friables,  la  So- 
ciété  avait  devant  elle  une  crête  assez  haute  (A81  mètres) 
qui  la  séparait  de  la  vallée  centrale^  c'est  la  craie  supérieure  c*, 
correspondant,  en  partie  du  moins,  à  la  craie  de  Maestricbt.  En 
effet,  plusieurs  de  nos  confrères  ont  trouvé,  au  milieu  des  cal- 
caires de  couleur  nankin  dont  elle  est  composée,  divers  fossiles 
caractéristiques,  notamment  Hemipneustes  radiatus,  Agass., 
Natica  rugosa,  Hœning  {NeritUy  d'après  M.  de  Binkborst),  et 
des  Orbitolites  planes.  Au  delà  de  cette  crête,  en  descendant 
au  village  de  Montcla,  la  réunion  avait  sous  ses  yeux  et  è 
ses  pieds  la  vallée  intérieure  de  soulèvement,  et  elle  a  pu  em 


1100  «ÉUNIOlt   EXTIAOllDIKÀIllB    A    SÀINT-GÀtDBNS, 

embrasser  Tensemble.  Du  côté  opposé,  elle  voyait  en  face  d'elle 
les  têtes  redressées  des  couches  de  calcaire  nankin  qui  cons* 
tituent  la  plus  haute  cime  (628  métrés)  du  crét  méridional ,  qui 
est  aussi  le  point  culminant  de  tout  le  massif  d'Ausseing. 

Après  avoir  étudié  et  admiré  cet  exemple  de  soulèvement 
véritablement  classique,  la  Société  a  achevé  sa  descente  sur 
des  calcaires  à  inclinaison  incertaine,  et  disloqués  par  les 
efforts  violents  qui  ont  produit  le  renversement  du  terrain  que 
nous  venions  de  parcourir.  Cependant  elle  a  vu  les  bancs  cal- 
caires ^  formant  le  bord  de  la  vallée  reprendre  une  incli- 
naison septentrionale  comme  pour  montrer  que  Tétage  argi- 
leux, qui  constitue  le  bombement  central,  passe  sous  les  étages 
précédents,  et  forme  ainsi  la  partie  la  plus  ancienne  de  tout  le 
massif. 

J'avais  annoncé  à  mes  confrères  dans  les  calcaires  <?  voisins 
des  argiles  la  présence  de  Tei^bratula  alata  Brong,  et  des 
grosses  huttres  rapportées  à  Ostrea  vesicidans^  et,  en  effet, 
la  plupart  d'entre  eux  ont  recueilli  ou  au  moins  vu  sur  place 
un  certain  nombre  d'exemplaires  de  ces  fossiles.  Dans  la  tra- 
versée du  bombement  central,  la  Société  a  reconnu  la  nature 
argileuse  de  celte  assise  inférieure  c^  de  la  craie  d*Ausseing,  et 
elle  a  pu  s'assurer  que  la  ligne  de  faite  de  ce  bombement  qui 
porte  les  métairies  de  la  Serre,  de  la  Citadelle,  etc.,  était  en 
même  temps  une  ligne  anticlinale  de  part  et  d'autre  de  laquelle 
les  couches  argileuses  plongeaient  d'un  c^té  sous  les  calcaires 
inférieurs  de  Montcla,  et  du  côté  opposé,  sous  ceux  qui  consti- 
tuent le  crét  méridional  que  nous  allions  gravir.  Chemin  fai- 
sant, nous  avons  rencontré  plusieurs  dalles  de  calcaire  argili- 
fére  gris,  souvent  bleu  de  lavande  à  Tintérieur.  couvertes  d'or- 
bitolites  planes.  Ces  dalles  proviennent  des  argiles,  où  elles 
forment  des  bancs  intercalés  ài  plusieurs  niveaux. 

M.  Daubrée  a  fait  la  remarque  que  cette  vallée  intérieure 
n'offrait  pas  de  cailloux  roulés,  fait  d'autant  plus  intéressant 
que  le  massif  d'Ausseing  est  entouré  de  dépôts  diluviens  con- 
sidérables qui  dépendent  de  la  Garonne  et  du  Salât. 

Après  avoir  traversé  ce  bombement  arqué,  la  Société  se  trou- 
vait au  pied  de  l'escarpement  trés-élevé  et  abrupt  du  Gardan  de 
Montagut  (Cassini)  qui  porte  au  sommet  un  signal  géodésique 


PU    lA    AU    23    SBPTSMBIB    1862. 


1101 


appelé  dans  le  pays  la  Tour  d'Ausseing.  Nous  ayons  dû  renon- 
cer à  gravir  directement  cette  surface  escarpée  qui  offre  tous 
les  caractères  d'une  fracture,  et,  pour  faire  Tascension  du  crét, 
il  nous  a  fallu  prendre  un  sentier  rapide  un  peu  à  droite 
de  la  ctme  que  nous  venons  de  nommer.  En  montant,  nous 
avons  retrouvé  les  calcaires  nankin  à  Orbitolites  de  Montcla  c^^ 
mais,  comme  nous  traversions  les  tètes  de  couches  le  plus  sou- 
vent cachées  par  des  fragments  et  par  des  détritus,  nous  y 
avons  rencontré  peu  de  fossiles.  Je  dois  dire  toutefois  que  M.  de 
Binkhorst  y  a  fait  la  découveite  d'un  fragment  d'ammonite 
indéterminable,  mais  qui  mérite  d'être  signalé  toutefois, 
comme  le  seul  indice,  à  ma  connaissance,  de  la  présence  de  ce 
genre  dans  ces  montagnes  (1). 

En  haut  du  crêt,  où  j'avais  promis  une  certaine  abondance 
d'espèces  de  la  craie  supérieure,  j'ai  vu  avec  plaisir  mes  pro- 
messes entièrement  réalisées.  En  effet,  nos  confrères  ont  pu 
recueillir  dans  la  traversée  de  cette  protubérance  et  en  descen- 
dant au  village  d'Ausseing,  un  assez  grand  nombre  d'individus 
appartenant,  la  plupart,  à  des  espèces  de  la  craie  de  Maestricht, 
et  notamment  : 


HemipncHStes  radiatus,  Agass. 
G  lier i tes  gigos^  Desor. 
Ncrita  rugasa^  Hœning.,  sp. 


Janira  striato-costata^  Goldf.,  sp. 
Ostrea  iorva,  Lamk. 
Thecidea  radia  ta  y  Defr. 


Cet  étage  des  calcaires  de  la  craie  est  ici  très-épais  ;  je  crois 
rester  au-dessous  de  la  vérité  en  évaluant  sa  puissance  à 
300  mètres. 

Nous  avons  dit  que  le  versant  méridional  du  massif  d'Aus- 
seing était  redressé  d'une  manière  normale  relativement  à 
l'axe  du  soulèvement  central  ^  en  effet,  après  avoir  gravi  péni- 
blement le  crêt  du  côté  N.,  sur  les  tètes  des  couches  calcaires, 
nous  voyions  ces  mômes  couches  descendre  vers  le  S.,  pour 
passer  sous  l'assise  suivante,  qui,  ù  son  tour,  plongeait  sous 


(1)  M.  de  Binkhorst  qui  a  examiné,  depuis,  ce  fragment  avec  plus 
d'attention,  pense  qu'il  réunit  plusieurs  caractères  du  groupe  des 
Legati  d'Orbigny,  auquel  appartiennent,  à  l'exception  d'une  seule 
espèce,  les  Ammonites  jusqu'ici  rencontrées  dans  la  craie  de  Maës- 
Iricbt. 


1102  EÉOMÎOH  BXTlAOlDIIfAlRB    A   SAlNt-GAUDENS , 

une  seconde  assise,  etc.,  c'est-è-dire  que  nous  entrions  dans 
un  versant  où  les  divers  éléments  du  terrain  allaient  se  pré- 
senter à  nous  dans  Tordre  de  leur  ancienneté  relative,  en  rap- 
port ici  avec  un  ordre  très-clair  de  superposition.  La  coupe 
générale,  déjà  citée  (pi.  XXIII,  fig.  1).  et  la  coupe  particulière 
(pi.  XXIII,  fig.  2),  montrent  cette  disposition  et  permettent  de 
voir  que,  de  ce  côté  normal,  les  étages  sont  plus  puissants  et 
plus  développés  que  du  côté  opposé.  Nous  ajouterons  que  cette 
différence,  bien  réelle  entre  les  deux  versants  du  massif,  n'al- 
tère pas  d'ailleurs  la  correspondance  que  la  théorie  indique  et 
que  nous  allons  effectivement  reconnaître  entre  les  diverses 
assises  qui  les  composent. 

Parvenue  au  village  d'Ausseing,  situé  au  pied  de  ia  cime 
principale  du  massif  du  côté  sud,  la  Société  avait  devant  elle 
une  combe  longitudinale,  très-profonde  en  cet  endroit  à  cause 
d'un  vallon  qui  vient  y  prendre  naissance.  Au  delà  appa- 
raissait une  crête,  au  contraire  trés-saillante,  et  légèrement 
contournée,  comme  tordue  en  certaines  parties,  dont  la  ctme 
de  Pédégas  est  un  accident  remarquable.  Ayant  retrouvé  dans 
les  calcaires  d'Ausseing  les  équivalents  de  ceux  du  crèt  septen- 
trional de  Monlcla,  qui  renferment,  au  moins  vers  leur  partie 
supérieure,  les  fossiles  caractéristiques  deMaestricht,  la  réunion 
devait  s'attendre  à  rencontrer,  dans  le  fossé  où  elle  était  sur 
le  point  de  descendre,  les  calcaires  cellulaires  et  les  argiles 
bariolées  ^  de  Turre,  qui  représentent  Tassise  inférieure  de 
Tétage  garumnien.  C'est,  en  effet,  ce  qu'elle  a  vu  au  fond  de 
cette  dépression  :  seulement,  de  ce  côté,  l'assise  friable  est 
plus  puissante  et  plus  étalée,  et  l'on  y  remarque  des  bancs 
intercalés  d'un  calcaire  gris  argileux  percé  de  trous  cylindriques, 
et  enfin  des  sables  assez  développés. 

Après  ce  groupe  de  roches  peu  consistantes,  la  coupe  indi- 
quait les  deux  autres  assises  garumniennes,  savoir  :  le  calcaire 
compacte  lithographique  à  silex  ^,  et  la  colonie  g^.  C'est  ce  que 
nous  avons  en  effet  trouvé,  après  avoir  franchi  le  fossé  \  mais  avec 
cette  différence  que  ces  assises  s'accusaient  ici  d'une  manière 
beaucoup  plus  marquée.  En  effet,  l'épaulement  qui  encaisse  le 
fossé  du  côté  du  sud,  et  qui  forme  une  crête  saillante  qui  est  un 
des  accidents  les  plus  considérables  de  Torographie  du  pays,  et 


DU  lA  AD   23   SBPTXMBIIB  1862»  110$ 

les  calcaires  puissants  qui  la  composent  ont  une  compacité  si 
prononcée  qu'ils  ont  été,  et  qu'ils  sont  encore,  Tobjet  de  tcn«- 
tatives  d'exploitation  comme  pierres  lithographiques.  La  Société, 
en  gravissant  cetle  crête  par  un  sentier  en  écharpe,  a  rencontré 
d'abord  des  calcaires  blancs  crayeux,  dont  les  relations  avec  le 
calcaire  compacte  sont  les  mêmes  qu'à  Turre,  et  les  nombreux 
blocs  de  silex  grossier  dont  le  chemin  était  jonché,  la  texture 
et  la  couleur  du  calcaire  lui-même,  ne  pouvaient  lui  laisser 
aucun  doute  sur  son  identité. 

C'est  derrière  cette  crête  que  devait  se  trouver  la  colonie^'; 
c'est  là,  en  effet,  que  je  l'ai  montrée  à  la  Société.  Mes  con- 
frères ont  vu  qu'elle  y  consistait  en  une  sorte  de  combe  offrant 
deux  assises  marneuses  fossilifères,  entre  lesquelles  existe  une 
légère  protubérance  parallèle  à  l'axe  de  soulèvement. 

La  première  assise  qui  repose  immédiatement  sur  le  dernier 
banc  et  au  pied  de  la  crête,  est  formée  par  des  marnes  d'un 
blanc  grisâtre  renfermant  des  couches  de  calcaire  très-mar- 
neux. 

On  y  trouve  beaucoup  de  fossiles  presque  toujours  à  l'état 
de  moule  et  plus  ou  moins  détériorés  à  cause  de  leur  friabilité. 

La  Société  y  a  recueilli  un  certain  nombre  d'espèces  appar- 
tenant aux  genres  Natica,  Cardita^  yoluta,  Crassatella^ 
Fénus,  Osivea  et  quelques  Oursins,  La  plupart  de  ces  espèces 
sont  nouvelles^  mais  on  y  trouve  aussi  des  fossiles  crétacés, 
et,  chose  remarquable,  c'est  dans  cette  assise  inférieure  de  la 
colonie  que  Ton  rencontre  le  plus  fréquemment  JSatica  hreçir- 
spira^  et  plusieurs  autres  espèces  éocènes,  comme  Fenus  stria- 
tissima,  Bellardi,  tandis  qu'on  n'y  voit  que  rarement  les  fos- 
siles crétacés,  et  notamment  les  oursins,  qui  abondent  dans 
l'assise  supérieure. 

L'assise  intermédiaire,  qui  s'accuse,  comme  nous  l'avons  dit, 
par  un  relief  peu  prononcé,  est  formée  par  des  calcaires  un 
peu  plus  consistants  que  les  précédents,  et  par  des  grès  plus  ou 
moins  friables.  On  n'y  rencontre  pas  de  fossiles,  si  ce  n'est  quel- 
ques huîtres  larges  d'une  espèce  particulière.  Derrière  ce  pli  de 
terrain,  la  Société  a  trouvé  une  dépression  dont  le  versant  méri- 
dional consiste  en  une  marne  plus  argileuse  que  la  précédente, 
et  remplie  de  petits  points  glauconieux,    qui  représente   la 


110&  RÉUKION  BXTEA0EDI9À1RB  A   8ÀIRT-0AUDBK8  9 

partie  extrême  de  la  colonie,  et,  par  conséquent»  de  la  craie; 
et,  chose  singulière,  c'est  là  où  les  caractères  crétacés  devraient 
s'effacer  et  mourir,  qu'ils  se  montrent,  au  contraire,  de  la  ma- 
nière la  plus  prononcée.  La  Société  a  pu  s'en  convaincre  elle- 
même,  en  y  voyant,  avec  des  espèces  propres  au  terrain, 
comme  des  Arches,  des  Pleurotomaires  (grandes  espèces)»  de 
nombreux  individus  de  Micraster  brevis,  de  Hemiaster  punc^ 
tatus,  avec  Ostrea  vesiculan's^  Terebratula  tenuistriata  :  on 
y  trouve  encore  Ànanchyles  oi^ata  (petite  variété),  Terebratula 
alatay  et  presque  jamais  les  espèces  éocènes  qu'il  n'est  pas 
très-rare  de  rencontrer  dans  les  marnes  inférieures. 

L'étage  garumnien  est  au  moins  aussi  puissant  à  Ausseing 
que  les  calcaires  de  la  craie,  soit  2A0  mètres,  répartis  à  peu 
près  également  entre  les  trois  assises. 

Partie  d'Âusseing,  la  Société,  après  avoir  quitté  définitive- 
ment les  couches  que  caractérisent  les  fossiles  principaux  do 
Maestricht,  avait  donc  traversé  successivement  une  puissante 
assise  argilo-sableuse  avec  calcaires  subordonnés,  sans  fossiles, 
une  crête  importante  de  calcaire,  compacte,  également  dé- 
pourvue de  débris  organiques  reconnaissables,  et  enfin  une 
assise  fossilifère.  Prévenue  que  cette  assise  dépendait  encore  de 
la  craie,  elle  aurait  été  médiocrement  surprise  d'y  rencontrer 
quelques  espèces  de  Maestricht  qui  se  seraient  trouvées  en  retard, 
pour  ainsi  dire  \  mais  les  choses  se  sont  passées  tout  autrement. 
Nos  confrères  ont  cherché  vainement  dans  ces  couches  mar- 
neuses, par  lesquelles  le  garumnien  se  termine,  les  espèces  de 
la  craie  supérieure,  si  abondantes  au  nord  d'Ausseing,  et  ils  ont 
trouvé  une  faune  toute  nouvelle,  comprenant  des  espèces  cré- 
tacées étrangères  pour  la  plupart  à  la  craie  de  nos  pays,  mais 
que  Ton  sait  être  largement  représentées  dans  la  craie  blanche 
du  nord  de  la  France  (1),  comme  si  une  peuplade  égarée,  venant 
on  ne  sait  d'où,  s'était  réfugiée  à  une  place  qui  devait  lui  être 
tout  à  fait  interdite.  Si  jamais  une  faune  a  mérité  le  nom  de 

colonie^  c'est  bien  celle-là,  et  j'oserais  presque  affirmer  que  la 


(1)  Cette  faune  est  la  môme  que  celle  des  couches  glauconifères  de 
Marsoulas,  signalées  par  M.  Dufrénoy,  et  rapportées  par  lui  au  grès 
vert. 


DU  li  AU  23   SSPTBMBRB  1862.  1105 

colonie  type  de  Bohème,  due  aux  longues  et  belles  études  de 
notre  éminent  confrère  M.  Barrande,  n'offre  pas  des  caractères 
aussi  prononcés.  Ce  fait  était  bien  propre  à  étonner  la  Société, 
d'autant  plus  qu'il  se  trouvait,  dans  la  réunion,  plusieurs  incré- 
dules; mais  ceux-ci  mêmes,  avec  la  sincérité  qui  accompagne 
toujours  la  vraie  science,  ont  dû  reconnaître  sa  réalité,  qui 
devait  devenir  plus  évidente  encore  le  surlendemain,  par  les 
observations  faites  aux  environs  d'Aurignac. 

Après  avoir  gravi  le  talus  fossilifère  qui  constitue  la  partie 
la  plus  récente  et  en  même  temps  la  plus  curieuse  de  la  colonie, 
la  réunion  s'est  trouvée  sur  un  nouveau  bourrelet  longitudinal, 
et,  sans  qu'elle  eût  pu  remarquer  aucun  changement,  ni  dans 
la  stratification,  ni  dans  le  relief,   ni   même  dans  la  nature 
essentielle  de  la  roche,  elle  a  marché  sur  les  couches  infé* 
Heures  de  l'Eocéne,  et  aussitôt  elle  a  vu  la  faune  de  la  colonie 
remplacée  par  un  ordre  de  choses  paléontologique  tout  à  fait 
nouveau,  qui  lui  a  offert  des  Lucines,  de  grandes  Cérites  (Cm- 
thinni  gnrumnicum^  Lcym.),  des  Natices  [Natica  breifispira^ 
Leym.),  des  Cardites,  des  Pygorh/nc/ius,  et  Nerita  conoidea. 
Elle  voyait  alors  s'étendre  au  Sud  jusqu'au  pied  d'un  dernier 
bourrelet  qui  supporte  le  village  de  BeJbéze,  une  large  surface 
accidentée  par  des  sillons  longitudinaux,  avec  une  inclinaison 
médiocre.  En  descendant  ce  versant  normal  dans  Ja  direction 
de  Belbèze,  nos  confrères  auraient  successivement  traversé  et 
reconnu  tous  les  éléments  qui  constituent  l'éocéne  pyrénéen 
dans  son  état  le  plus  complet  -,  malheureusement  l'heure  avan« 
cée  n'a  permis  à  la  réunion  que  de  jeter  un  coup  d'œil  rapide 
sur  les  assises  inférieures,  les  premières  qui  se  présentaient  à 
elle.  Cependant,  malgré  la  rapidité  de  sa  course  et  nonobstant 
la  désagréable  diversion  causée  par  une  pluie  diluvienne,  elle 
a  pu  encore  jeter  un  regard  de  regret  sur  les  tranchées  de  la 
route  qui  lui  offraient  l'étage  supérieur  de  l'Éocéne,  c'est-à-dire 
le  conglomérat  de  Palassou,  avec  ses  volumineux  cailloux  cal- 
caires, et  apercevoir,  un  peu  plus  haut,  les  déblais  des  carrières 
de  Fumes,  dans  lesquelles  on  exploite  un  grès  calcaire  roux 
grossier,  contenant  des  débris  de  coquilles  marines  et  quelques 
cailloux,  qui  constitue  la  partie  inférieure  du  poudingue. 
La  série  éocéne  de  Belbéze,  malheureusement  soustraite  & 
Soc.  géol.,  î«  série,  tome  XÏX.  ^  70 


1106  RÉUNION   EXTRAORDINAIRE    A    SAINT-GAUDEM8  , 

robscrvalion  de  la  Soci6té  par  des  circonstances  purement  ma- 
térielles, se  présente  avec  quelques  modifications  secondaires  à 
Aurignac,  où  nous  devions  la  traverser  dans  des  conditions 
beaucoup  plus  favorables^  maïs  il  n'en  était  pas  moins  regret- 
table de  laisser  une  lacune  aussi  importante  dans  I*étude  du 
massif  d'Ausseing.  Pour  remédier  autant  que  possible  à  cet 
état  incomplet  de  nos  observations,  je  crois  devoir  offrir  à  nos 
confrères  une  coupe  développée  (pi.  XXIII,  fig.  2)  du  versant 
méridional  et  normal  du  massif,  avec  l'indication  succincte  des 
assises  qui  le  composent. 

Je  procéderai  dans  Tordre  de  superposition  des  terrains  et 
des  étages  en  commençant  par  les  plus  modernes. 

Êocène  pyrénéen, 

fa.  Conglomérat  de  Palassou,  à  galets  calcaires  formés  aux 
dépens  des  calcaires  antérieurs  (calcaire  à  Milliolites, 
calcaire   lithographique,   calcaire    naukin,    calcaire  à 
Dicérates).  Le  ciment  est  terreux,  grossier,  et  passe  de 
la  marne  au  grès  et  au  calcaire,  et  se  dégage  assez  sou- 
vent de  manière  à  former  des  couches  particulières.  Sa 
couleur  est  blanchâtre,  jaunâtre  ou  roageâtre,  qaelqae^ 
fois  jaspée  de  rouge  et  de  violet.  —  Ce  cooglomérat  est 
quelquefois  très-grossier,  et  renferme  des  blocs  incom- 
plètement arrondis  et  mOme  presque  anguleux;  le  plus 
souvent  ses  éléments  sont  des  cailloux  arrondis,  conso- 
lidés par  places  de  manière  à  former  un  poudingue. 
Ce  dépôt  grossier  me  paraît  être  le  résultat  des  secous- 
Etage       I    ggg  (ju  gQJ  qyi  Qjjt  jû  précéder  le  soulèvement  pyrénéen^ 
supérieur:/     combinées  avec  Tagitation  violente  des  eaux  delà  mer 
puitsmice,    \     éocène.  Palassou,  avecson  admirable  sagacité,  a,  le  pre- 
mier, signalé  ce  conglomérat  à  une  époque  où  la  géologie 
pyrénéenne  n'était  pas  même  ébauchée,  et  a  su  le  distin- 
guer d'autres  agglomérations  de  cailloux  d'un  ftge  plus 
récent,  avec  lesquels  on  Ta  souvent  confondu  depuis. 

b.  Calcaires  roux,  de  Fumes,  avec  galets  calcaires,  ren- 
fermant des  débris  de  coquilles  marines,  alternant^  Tera 
le  haut,  avec  le  conglomérat  de  Palassou. 

c.  Calcaire  jaune  pétri  de  débris  d'animaux  marins,  no- 
tamment d'Oursins,  passant  au  grès,  riche  en  Opercu- 
lines  et  autres  foraminifères,  avec  Terebratutn  tenui- 
striatn  ?  de  très-petite  taille. 

C'est  là  le  niveau  des  Nummulites  qui  n'existent  pas 
\     de  co  côté  du  massif. 


1 


DU    ià    AU    23    6EPTEUBRB    1862. 


1107 


Étage 
moyen  : 

puissance, 


Étage 
inférieur: 

puissance, 
60«. 


ff!.  Calcaire  blanc   grisftlre,  marneux,  pétri  de  Mélonies, 
renfermant  aussi  des  Huîtres,  accompagné  de  marnes. 

Niveau  habituel  de  Tcrcbratula  Montolearensis  et 
de  Spondylns  eocenus  et  d'une  Came  encore  indéter- 
minée. 

c.  Calcaire  gris  fragile  renfermant  de  grandes  lucines; 
bancs  cariés  ou  cellulaires  subcristallins,  souvent  ferru- 
gineux. 

/.  Calcaire  gris  marneux,  divisible  en  lopins,  avec  de  pe- 

,     tites  parties  blanches  concrétionnées. 

'g'.  Marne  riche  en  Osirca  uncifera^  nov.  sp. 

/t.  Calcaire  blanc,  irrégulièrement  fissile,  à  Natices  (AV<- 
ticfi  brevispiniy  etc.). 

/.  Assise  sans  délits  de  calcaire  blanc  ou  bleuté,  sub- 
crayeux, un  peu  marneux,  à  milliolites,  exploité. 

Dans  ce  calcaire  on  trouve  des  moules  de  grands  ce- 
rites  (Cerithiuni  garumnicum ^  Cerithium  Daubuissoni)^ 
des  Cardites,  de  nombreuses  Lucines,  etc. 

j.  Calcaire  marneux,  divisible,  eu  rooailles  aplaties  à  Py^ 
gorhyncfius^  Neritaconoidea^  analogue  au  calcaire  h, 

X.  Niveau  d'une  couche  blanche  ordinairement  calcaire, 
contenant  de  grandes  Operculines  d'un  blanc  prononcé 
et  comme  spathisées. 

Craie.  —  Etage  garumnien.  Puitiancc,  jw*. 

k.  Marnes  grises  glauconieuses  à  Micraster  brevis ,  he^ 

miasterpunctatus^  etc.,  avec  une  physionomie  crétacée 

très- marquée. 

/.  Sables  et  grès  jaunes  et  gris,  passant  au  calcaire  infé* 

rieurement. 

(Colonie).  J///.  Marnes  et  calcaires  marneux  fossilifères,  avec  Cardites, 

Vénus,  Crassatelles,  Natices,  offrant  peu  de  fossiles  cré- 
tacés et  quelques  espèces  éocènes ,  notamment  Natica 
brevispira. 

Calcaire  lithographique  des  crêtes  avec  de  volumineux 
silex  passant  à  la  meulière, 
moyenne.  |^    Bancs  de  calcaire  blanc  crayeux. 

.    .       Cp,  Assise  de  faible  consistance  ,  offrant  des  sables  et  des 

Assise      1       . :i^^   Um.:^ix.%^  *»am  r]»«   K««A«   :.«*A-m.kix^  j^    .^i^.*  ^ 


Assise 
supérieure 


Assise 


inférieure 


r 

10. 


argilea  bariolées  avec  des  bancs  intercalés  de  calcaire 
gris,  argileux  percé  de  trous. 


Celte  derniôre  assise  n'offre  pas  de  fossiles  dans  le  massif 
d'Ausseing  proprement  dit,  mais  déjà  à  Marsoulas,  un  peu  au 
sud  de  Belbéze,  où  Ton  a  fait  quelques  recherches  de  lignite, 
on  y  a  trouvé,  avec  do  longues  huîtres  aplaties,  des  débris  de 
vrai  crocodile  et  de  tortue.  Nous  verrons  bientôt  que,  de  Tautre 


nos  RÉUNION    EXTRÀORDIKÀIRB    À    SÀINT-GAUDBIHS^ 

côté  de  la  Garonne,  elle  recèle  des  coquilles  caractéristiqaef 
particulières  à  nos  contrées  et  de  plus  des  sphèrulîtes. 

Craie  supérieure  et  craie  blanche» 

q.  Calcaire  nankin  ou  grisâtre  à  orbitolites  avec  Hemi» 
meus  tes  radiatus^  Ncrita  rugosa^  Ostrca  lftr%*a^  Janira 
striatO'Costnta^  et  autres  fossiles  de  Maëstricht. 
calcaires  :  1  r.  Calcaire  nankin  à  orbitolites  et  fossiles  de  la  craie  ordt- 
300  met.  \      naire. 

s.  Calcaire  gris  très-marneux  avec  Terebratula  ntata , 
Ostrca  vesicularis  (variélé  énorme),  Ananchyies  opa^ 
ta,  etc.,  et  de  beaucoup  d'autres  espèces  de  la  craie. 

t.  Argiles  avec  dalles  de  calcaire  gris  et  bleu,  quelqttefoit 
couvertes  d'Orbitoli tes,  etc.  (puissance  inconnue). 

En  certaines  local  ités»  comme  au  piquon  de  Roquefort,  on 
trouve  dans  les  deux  ou  trois  dernières  assises  que  nous  Venons 
de  citer,  beaucoup  d'autres  fossiles  de  la  craie  blanche  iden- 
tiques, pour  la  plupart,  à  ceux  de  Monlëon  et  de  Gensac. 

Après  cet  exposé  des  faits  observés  dans  la  montagne  d*Aus- 
seing,  M.  le  président  propose  de  réserver  les  discussions  aux- 
quelles ces  faits  pourraient  donner  lieu  pour  la  séance  suivante, 
afin  de  pouvoir  faire  entrer  en  ligne  de  compte  les  obseryations 
du  même  genre  que  la  Société  devra  faire  demain  dans  les  en- 
virons d'Aurignac. 

La  réunion  partage  cetle  manière  do  voir  et  lo  renvoi  de  la 
discussion  est  décidé. 

M.  Hébert  est  invité  à  rendrecompte  de  la  course  de  ce  joufi 
aux  environs  do  Mont-Saunës  et  de  Salies. 

Compte  rendu  de  Vexcursion  du  16  septembre^  dans  les  environs 
de  Mont-Saunès  et  de  Salies^  par  M.  Hébert. 

Notre  président  m*a  chargé  de  le  remplacer  dans  Texcursion 
projetée  à  Mont-Saunès  et  à  Salies,  à  laquelle,  à  notre  grand 
regret,  il  n'a  pu  assister.  Je  n'ai  accepté  cette  tâche  difficile  qui 
n'est  pas  exempte  do  dangers  dans  un  pays  nouveau  pour  moi, 
que  parce  que  M.  Loymerie  a  bien  voulu  me  munir,  en  détail^ 
de  tous  les  renseignements  dont  je  pourrais  avoir  besoin.  Je 
vais  donc  vous  rendre  compte  de  ce  que  nous  avons  vu. 

Nous  nous  sommes  dirigés  de  Saint-Martory  à  Salies,  par  la 


DU    lA    AU    23    SEPTEMBRE    186?. 


H09 


route,  jusqu'à  Mont-Saunôs  (voyez  la  carie).  Un  peu  avant  ce 
dernier  village,  une  modification  récemment  faite  à  la  route 
nous  a  permis  d^étudier  la  succession  des  couches  le  long  d'une 
grande  tranchée,  sur  une  étendue  de  1  kilomètre  environ.  En 
ce  point,  la  route  se  dirige  du  N.-E.  au  S.-O.,  et  des  couches 
plongent  de  30  degrés  au  N.-E.  Comme  l'indique  la  coupe 
ci-dessous,  on  rencontre  successivement,  en  allant  des  assises 
les  plus  récentes  aux  plus  anciennes,  la  série  suivante  : 


B 


tt  — 


D  E  F  G 

Partiel  ravinées  et  romplieg  de  terrtins  de  Iraniport. 


II 


4^  A.  Argiles  violettes  ou  verdàtres  avec  de  petits  bancs  de  grès,  inter- 
calés ;  épaisseur  8  à  1 0  mètres. 

2^  B.  Grès  terreux  alternant  avec  des  argiles.  Ces  grès  renferment  de 
nombreux  débris  osseux  de  reptiles  que  notre  collègue  M.  Gau- 
dry  a  pensé  pouvoir  ôtre  àes  plésiosaures ^  des  écailles  de  poissoos 
qu'il  a  rapportées  au  genre  Lcpidotiis^  de  nombreuses  empreintes 
de  Venus  Garumnica^  Leym.,  des  plantes  terrestres  et  ma- 
rines, etc.  ;  épaisseur  4  à  6  mètres. 

3*  C.  Argiles  bariolées  6  à  8  mètres. 

4°  D.  Calcaires  marneux  sans  fossiles. 

6^  E.  Argiles  bariolées. 

6»  F.  Grès. 

7*  G.  Argiles. 

Le  temps  n'a  pas  permis  d*évaluer  l'épaisseur  de  ces  der- 
nières couches,  beaucoup  plus  puissantes  que  les  premières  (1). 

Après  un  intervalle  H  assez  court  pendant  lequel  le  sous-sol 
n'est  pas  visible^  on  arrive  à  une  grande  carrière  exploitée,  au 
pied  du  pech  de  Montsaunés,  dans  un  calcaire  M  très-compacte, 
très-peu  fossilifère,  où  le  sens  de  la  stratification  est  difficile  à 
définir,  en  raison  de  la  complète  homogénéité  de  la  masse,  et 
des  nombreuses  lignes  de  fissuration  en  sens  divers  qui  souvent 
simulent  des  plans  de  stratification. 


(4)  Ce  système  représente  probablement  l'étage  inférieur  de  Tétage 
garumoien  de  H.  Leymerie. 


M 


1110  néUNIOIf   SXTBÀOBDINAIRB    À   6AI?IT-GÀUDBKS  , 

Toutefois,  en  montant  au  sommet  du  pech,  la  direction  des 
couches  s'accuse  bientôt  d'une  manière  trùs-nettc,  et  on  recon- 
naît qu'elle  reste  conforme  à  celle  de  la  série  précédente,  c'est- 
à-dire  que  le  calcaire  plonge  au  N.-E.,  mais  avec  une  inclinai* 
son  beaucoup  plus  forte  et  qui  atteint  la  verticale  au  sommet. 

Dans  les  couches  qui  constituent  la  partie  la  plus  élevée  de 
cette  petite  montagne  et  qui  ont  une  teinte  jaune  trés-pronoD- 
cée,  les  fossiles  deviennent  nombreux,  ce  sont  surtout  des  Orbi- 
tolites,  des  peignes  {Jouira  siriatocostata),  des  Hemipneustes 
des  Thécidées,  des  Huîtres  {O.  la/va?),  M.  Rames  y  a  rébueilli 
un  bel  exemplaire  de  V Exogy-ra  columha  (var.  major). 


N.     Pecb 

de 
Monlsaunif. 


B  -»  Partiel  rarinëes  et  remplies  de  terrains  de  transport. 

En  redescendant  du  pech^  on  rencontre,  en  se  dirigeant  au 
sud,  h  la  suite  des  calcaires  jaunes  à  Orbitolites  N,  des  calcaires 
marneux  gris  0  renfermant  encore  quelques  rares  Orbitolites, 
mais  caractérisées  surtout  par  le  Galerites  gig<i9  et  YOstren 
a)esicularis  ?  Puis  enfîn  des  argiles  P,  évidemment  inférieures 
à  la  série  précédente. 

Nous  avions  ainsi  rejoint  la  route  de  Salies,  et  nous  recon- 
naissions dans  le  système  crayeux  que  nous  venions  de  tra- 
verser la  même  série  que  celle  que  nous  avions  étudiée  la 
veille  à  Ausseing,  sous  la  direction  de  notre  savant  chef,  et 
dans  les  argiles  qui  en  forment  la  base  la  partie  la  plus  infé- 
rieure du  groupe  d*Ausseing. 

M.  Leymerîe  nous  avait  prévenu  que  nous  trouverions  sur 
notre  route  des  gypses  et  des  ophîtes,  et  en  effet,  tout  à  côté 
de  ces  argiles,  presque  en  contact,  se  trouvent,  de  chaque  côté 
de  la  route,  des  exploitations  de  gypse  R,  adossées  à  des  fiions 
d'ophite  S,  et  nous  avons  pu  nous  rendre  compte  de  la  dispo- 
sition de  ces  différentes  masses  minérales.  Nous  avons  essayé 
de  représenter  cette  disposition  dans  notre  coupe. 


DU    ià    AU    23    SBPTBMBRB    1862.  illl 

Le  gypse  R  accompagné  de  marnes,  lie  de  vin  et  vertes,  se 
présente  entre  les  argiles  crétacées  V  et  la  masse  principale 
d'ophile  T,  et,  bien  que  la  stratification  soit  ici  un  peu  confuse^ 
il  est  facile  de  constater  que,  dans  son  ensemble,  la  formation 
des  argiles  avec  gypse  affecte,  comme  la  série  précédente,  une 
position  voisine  de  la  verticale.  L'opbite,  qui  n'est  qu'une 
véritable  diorite,  tantôt  compacte,  tantôt  porphyroïde,  et  qui 
présente  exactement  les  mêmes  caractères  et  les  mêmes  variétés 
que  les  diorites  de  toutes  les  autres  parties  de  la  France,  semble 
aussi  s'élever  verticalement,  avec  un  petit  filon  dioritique  S» 
chargée  (Pépidote  et  parallèle  aux  couches  ou  système  gypseux« 
se  montre  à  la  partie  inférieure  de  cette  série. 

En  examinant  de  prés  le  système  gypseux,  frappé  des  cou- 
leurs vives  des  argiles,  de  la  disposition  zonaire  des  lits  de 
gypse,  disposition  indiquant,  selon  nous,  d'une  manière  certaine 
un  mode  de  formation  sédimentaire,  nous  n'avons  pas  bésité  à 
déclarer  que  ce  système  faisait  partie  du  trias,  et  qu'il  ne  pou* 
vait  avoir  aucun  rapport  avec  le  terrain  crétacé  en  contact 
duquel  il  se  trouvait  placé  par  suite  d'une  dislocation  du  sol. 

En  m'exprimant  ainsi,  je  traduis  l'expression  générale  des 
membres  de  la  Société  présents  sur  les  lieux,  car  en  même 
temps  que  je  formulais  ma  penséci  la  même  opinion  était  émise 
par  M.  de  Rouville,  qui  reconnaissait  comme  moi  la  grande  ana- 
logie de  ce  système  gypseux  avec  les  calcaires  des  Cévennes  et  des 
Alpes,  et  j'ajoutais  ce  qui  était  confirmé  par  d'autres  membres, 
que  les  argiles  que  nous  avions  devant  nous  avaient,  malgré 
leur  peu  d'importance,  tout  h  fait  les  caractères  des  marnes 
irisées  du  Nord,  à  un  bien  autre  degré  que  les  roches  corres- 
pondantes des  Cévennes  et  des  Alpes,  qui  sont  ordinairement 
à  l'état  schisteux,  et  que,  quant  au  gypse,  les  petites  couches 
superposées  de  cristaux  de  différentes  teintes  qui  donnent  à 
cette  roche  son  apparence  zonaire,  disposition  que  Ton  retrouve 
dans  les  assises  inférieures  des  marnes  gypseuses  du  bassin  de 
Paris,  devaient  faire  exclure  toute  pensée  de  métamorphisme. 

Nous  n'avons  pas  cependant  été  assez  heureux  pour  con- 
vaincre tous  nos  confrères.  M.  Gaudry  a  persisté  à  considérer 
les  argiles  bariolées  de  Salies  comme  ayant  subi  une  action 
métamorphique  par  suite  de  l'éruption  des  masses  ophitiques. 


1112  RÊUIflOlf   EXTRAORDINAIRE   A    RAllfT-GACDENS, 

Mais  quelles  argiles  crétacées  auraient  subi  cette  transforma* 
tion?  Nous   venions  do  voir  les  plus  inférieures   du  groupe 
d'Ausseing.  D^ailleurs,  le  système  gypseux  de  Salies  est  accom- 
pagné de  cargneules  et  de  sel  gemme,  dont  on  y  a  constaté  la 
présence  -,  aujourd'hui  encore,  des  sources  salées  sortent  de  ces 
masses  minérales,  légitimant  les  noms  donnés  au  village  de 
Montsaunès,  au  bourg  de  Salies  et  à  la  rivière  du  Sa/at  qui 
arrose  cette  vallée.  Le  sel  gemme  serait  «il  aussi  un  produit  du 
métamorphisme?  Il  serait  bien  singulier  qu'au  milieu  de  la 
période  crétacée,  ces  phénomènes  de  métamorphisme  aiept  pu 
avoir  la  propriété  de  transformer  une  partie  de  ce  terrain,  de 
telle  manière  à  lui  faire  produire  des  argiles  ayant  toutes  les 
propriétés  des  marnes  irisées  les  mieux  caractérisées,  et  à 
y  introduire  les  trois  éléments  normaux  du  trias  supérieur,  le 
sel  gemme,  le  gypse  et  la  dolomie.  Nulle  part,  ni  dans  les  Ce- 
vennes,  ni  dans  les  Alpes,  ce  terrain  ne  présente  une  telle  réu- 
nion de  caractères  identiques  avec  leKeuper  du  Nord. 

La  ville  de  Salies  est  dans  une  position  pittoresque  sur  la 
rive  gauche  du  Salât,  et  s'élève  trés-peu  au-dessus  de  la  base 
d'une  grande  butte  d'ophile  au  sommet  de  laquelle  se  trouve 
Tancienne  église. 

La  craie  se  développe  derrière  cette  butte,  du  côté  du  nord 
ainsi  que  le  représente  le  diagramme  suivant  : 


s. 


Ancianne  église  de  Saliea 


N 


T  —  Diorite  porpbyrolde  et  compacte. 

P  —  Argiles  crétacées  inférieures. 

0  —  Calcaires  marneux  à  Galerites  gigas, 

N  —  Calcaires  à  Hemipneustcs, 

De  ce  côté  en  effet,  en  suivant  la  rive  gauche  du  Salât, 
on  voit  reparaître  la  série  crétacée  en  sens  inverse.  Au  contact 


DO    lA    AU    23    SIPTBIIBRB    1862.  1113 

do  la  Diorite  se  préseDtent  on  couches  verticales  sans  inter- 
médiaire :  1^  Les  marnes  P  avec  plaquettes  calcaires  \  2^  des 
calcaires  marneux  0,  recouverts  par  des  calcaires  plus  com- 
pactes N  avec  Nérites  et  Hemipneustes^  etc.  Ces  couches  sont 
le  prolongement  de  celles  du  pic  de  Montsaunés,  dirigées^ 
comme  la  masse  dioritique,  de  TO.  N.  0.  à  TE.  S.  E.  (Direc* 
lion  des  Pyrénées). 

De  ce  point,  nous  nous  sommes  dirigés,  en  franchissant  le 
Salât,  un  peu  au  sud  vers  le  hameau  d*Espancousses,  nous 
n'avons  pas  tardé  à  rencontrer  un  petit  massif  granitique  qui 
nous  avait  été  indiqué  par  M.  Leymerie.  Nous  avons,  en  o\]tre, 
constaté  qu'au  nord,  ce  granité  était  bordé  d*une  zone  de  schistes 
cristallins,  gneiss  et  micaschistes,  et  nous  avons  vu  dans  la  po- 
sition de  ce  noyau  granitique,  de  son  auréole  (selon  Texpression 
de  M.  Leymerie),  des  schistes  anciens,  que  nous  considérons, 
avec  lui,  comme  anlé-siluriens,  une  preuve  de  plus  de  Tâge 
triasique  des  couches  gypsiféres.  Ces  roches  anciennes  sont, 
en  effet,  au  S.  S.  0.  de  la  Diorite  et  du  système  des  gypses, 
comme  celui-ci  estauS.  S.  0.  du  terrain  crétacé.  Les  lacunes 
qui  se  présentent  entre  ces  trois  termes  de  la  série  géologique 
des  Pyrénée^ont  dues,  soit  à  des  failles,  soit  à  une  absence  de 
dép6t8  en  ce  point,  et  la  disposition  qu'ils  affectent  paraît  par  sa 
direction  et  la  forme  qu'elle  présente,  une  dépendance  immé- 
diate des  dislocations  qui  ont  donné  à  la  chatne  entière  sa 
forme  actuelle,  et  non  point  le  résultat  de  l'éruption  du  gra- 
nité ou  de  la  Diorite. 

L'heure  du  retour  ayant  sonné,  il  a  fallu  renoncer,  à  notre 
grand  regret,  à  poursuivre  plus  loin  ces  intéressantes  investi- 
gations. 

En  marchant  vers  Marsoulas,  c'est-à-dire  au  N.  E.,  nous 
aurions,  comme  nous  l'avait  annoncé  M.  Leymerie,  et  comme 
en  effet  l'exigeait  la  disposition  générale  des  couches,  remonté 
la  série  jusqu'à  l'horizon  le  plus  élevé  de  la  craie,  celui  que 
M.  Leymerie  a  baptisé  du  nom  de  Colonie^  et  même  jusqu'au 
terrain  nummulitique.  Mais  nous  n'avions  plus  que  le  temps 
strictement  nécessaire  pour  rejoindre  la  station  de  Boussens 
avant  l'arrivée  du  train  qui  devait  nous  ramener  à  Saint-Gau- 
dens. 


111&  RftUNION   BITIAOEDIXÀIRR    ▲    SAINT- GAU DSNS  , 

A  In  suite  do  cette  communication,  il  s'établit  sur  le  mode 
de  formation  et  sur  Tûge  des  gypses  qui  sont  en  relation  «fec 
Tophite,  une  discussion  à  laquelle  prennent  part  MM.  Hébert 
et  de  Rouville  d'un  côt6,  et  MM.  Gaudry  et  Leymerie,  de 
l'autre.  Les  arguments  des  deux  premiers  de  ces  géologues 
ayant  été  rassemblés  dans  la  communication  de  M.  Hébert, 
nous  ne  donnerons  ici  que  ceux  opposés  par  M.  Leymerie  et 
par  M.  Gaudry. 

M.  Leymerie,  après  avoir  reconnu  l'exactitude  des  faits  ex* 
posés  avec  tant  de  clarté  par  M.  Hébert,  regrette  de  se  trouver 
en  opposition  formelle  avec  lui,  à  Tégard  de  Tâge  et  de  rorigioe 
des  gypses  de  Montsaunés.  Il  ne  voit  dans  ces  masses  cristal- 
lines qu*un  résultat  plus  ou  moins  médiat  de  TéruptioD  de 
Tophite  qui  accompagbe  presque  toujours  le  gypse,  non-sea- 
lement  b  Montsaunés  et  à  Marsoulas  \  n^if  encore  dans  toute 
la  chaîne  des  Pyrénées. 

Dans  son  opinion,  la  présence  du  gypse  dans  les  gttes  bou- 
leversés par  Tophite,  serait  indépendante  de  Tàge  des  terrains 
traversés. 

Dans  les  Pyrénées  orientales,  ce  minéral  se  trouve  tantôt 
dans  le  lias,  tantôt  dans  le  terrain  de  transition.  Aux  Corbiéres, 
où  d'ailleurs  il  existe  des  gypses  sédimentaires  qui  datent  de 
Tépoque  tertiaire,  la  plupart  des  gypses  cristallins  gisent  au 
sein  du  terrain  crétacé  inférieur.  A  Montsaunés,  c*est  au  mi- 
lieu des  argiles  inférieures  de  la  craie  et  des  assises  marneuses 
qui  en  font  partie,  que  cette  matière  a  été  introduite  ou  formée  î 
et  la  disposition  zonaire,  que  Ton  remarque  en  certains  en- 
droits, n*est  autre  chose  qu'uq  reste  de  «slratification  de  çe# 
argiles  ou  marnes.  L'Ophitea  produit  également  les  vives  cou- 
leurs que  prennent  généralement  les  marnes  et  les  argiles  au 
voisinage  de  cette  roche^  ainsi  que  les  accidents  minéralogiqùes 
[pyrite^  fer  oligiste^  mica^  amphibole^  talc)  que  Ton  y  ren» 
contre  fréquemment,  notamment  dans  les  environs  de  Tarasoon 
(Ariége),  où  d'ailleurs  le  gypse  se  trouve  associé  avec  des  qaN 
caircs  cristallins  et  non  avec  des  argiles.  Ces  relations  des 
ophites  avec  les  terrains  sédimentaires  traversés  ont  été  recon< 
nues  par  MM.  Dufrénoy,  François,  Durocher,  et  par  tous  les 
géologues  qui  ont  étudié  les  Pyrénées. 


DU    1 A   AU    23    SEPTEHBRB   1862.  1H5 

M.  Lcymcrîe  ajoute  que,  dans  les  nombreuses  excursion* 
qn^il  a  faites  dans  toutes  les  parties  de  la  chaîne,  il  s'est  fré- 
quomment  servi  de  la  vive  coloration  du  sol,  et  presque  tou- 
jours avec  succùs,  comme  indice  de  la  présence  de  Tophite. 

Relativement  au  sel  gemme  accuse  à  Salies  par  une  source 
peu  considérable,  il  pourrait  être  mis  hors  de  cause,  car  des 
sondages  n'indiquent  la  présence  de  cette  roche  adventive  qu'à 
une  trés-grando  profondeur.  Mais,  en  retenant  même  ce  fait 
parmi  ceux  qui  sont  ici  en  question,  il  n*y  aurait  rien  d'inad^ 
missible,  ni  même  d'insolite  à  considérer  également  ce  sel 
comme  un  dépôt  d'eaux  saturées  qui  auraient  profité  de  Térup^ 
tion  pour  venir  s'intercaler  dans  les  terrains  qui  gisent  sous 
le  sol  de  Salies.  L'idée  de  rapporter  à  Tétage  supérieur  du 
trias  les  argiles  bariolées  qui  servent  de  matrice  au  gypse  no 
paraît  pas  soutenable  en  présence  de  ce  fait  fondamental,  bien 
que  négatif,  que  cette  formation  est  en  dehors  de  celles  que 
les  études,  même  les  plus  rëcentesi  portent  à  admettre  comme 
éléments  essentiels  des  Pyrénées.  Il  serait  fort  singulier,  il  faut 
bien  le  reconnaître,  que  les  marnes  irisées  n'existassent  que  là 
oùl'ophîte  devait  faire  irruption,  tandis  que  le  lias  et  le  calcaire 
jurassique^si  largement  développés  dans  la  chaîne  è  quelques 
kilomètres  au  sud,  n'y  seraient  pas  représentés. 

En  terminant  ces  observations,  M.  Leymerie  fait  remarquer 
à  ses  confrères  que  tous  les  faits  qui  pourraient  contribuer 
k  écUircir  cette  question  pe  se  trouvent  pas  réunis  dans  ta 
localité  de  Montsaunés  et  de  Salies,  et  qu'il  les  croit  trop  sages 
pour  fonder  sur  les  observations  restreintes  et  incomplètes  de 
ce  jour,  une  opinion  qui  aurait  besoin,  pour  être  réellement 
sérieuse,  de  s'appuyer  sur  l^nsamble  des  phénomènes  du  même 
genre  qui  sont  répandus  sur  toute  la  longueur  des  Pyrénées. 
Relativement  à  l'emploi  du  mot  Ophite^  pour  désigner  les 
dioritesdes  Pyrénées,  que  M.  Hébert  semble  critiquer,  M.  Ley- 
hierie  rappelle  que  ce  nom,  auquel  il  convient,  d'après  les  rues 
de  Palassou,  d'attribuer  un  sensgèognostique,  ne  s'applique  pas 
seulement  à  des  diorites,  mais  bien  à  des  roches  variées  qui  ne 
méritent  pas  toujours  la  dernière  dénomination,  et  dans  les- 
quelles, d'ailleurs,  l'èpidote  semble  jouer  un  rôle  presque  es^ 
sentiel.  Ce  type,  que  nous  devons  encore  à  la  sagacité  de 


1110  RSUNION   BXTAAORDINAIEB    A   SAIN T-GAUDBN S  , 

Palassou,  est  trop  précieux  pour  que  jamais  les  géologues  py-. 
rénéens  consentent  à  le  détruire*,  car  il  représente  un  fait  géo- 
logique qui  joue  un  rôle  important  et  identique  dans  toute 
rétendue  de  la  chaîne  et  qui  doit  être  considéré  comme  un  ca- 
ractère très-marqué  de  ces  belles  montagnes. 

M.  Albert  Gaudry  présente  les  observations  suivantes  :  Il 
ne  m'appartient  pas  de  décider  si  les  argiles  de  Salies  se  rap- 
portent à  tel  ou  tel  terrain  *,  mais  il  me  semble  bien  probable 
que  leur  aspect  si  particulier  doit  être  attribué  au  métamor- 
phisme. Si  elles  ressemblent  aux  assises  de  Tétage  des  marnes 
irisées^  elles  ressemblent  encore  davantage  aux  roches  méta- 
morphiques des  régions  où  j'ai  rencontré  d'importants  massifs 
ophitiqueSi  telles  que  l'Italie,  la  Grèce  et  l'Ile  de  Chypre.  A  la 
vue  des  argiles  bariolées  de  Salies,  bien  que  je  n'aie  aucune 
connaissance  du  pays,  j'ai  émis,  devant  plusieurs  de  nos  con- 
frères, l'opinion  que  des  roches  ophitiques  devaient  se  trouver 
dans  le  voisinage,  et,  en  effet,  la  Société  rencontra  bientôt  de 
puissantes  masses  ophitiques. 

M.  Leymerie  rappelle  que  la  Société  doit  aller  le  lendemain 
explorer  les  environs  d'Aurignac,  pour  continuer  les  observa- 
tions sur  les  terrains  pyrénéens  supérieurs.  Il  expose,  k  l'aide 
des  coupes  3,  A  et  6  (pi.  XXIII),  la  série  des  observations  à 
faire  à  Aurigoac  même,  et  celles  par  lesquelles  la  Société 
pourrait  compléter  ces  dernières  à  la  métairie  de  Tuco  (colonie) 
et  à  Auzas  pour  les  fossiles  de  Tètage  inférieur  de  l'étage 
garumnien. 

Séance  du  18  sqptembre  1862, 

A  midi. 

FRÉSIDBKCB  DB  M.    LBTHBRIB. 

Après  la  lecture  et  l'adoption  du  procès- verbal  de  la  séance 
précédente,  sont  présentés  pour  obtenir  le  titre  de  membres  de 
la  Société* 

M,  le  docteur  Schvargz,  de  Stublweissemberg  (Hongrie)  ; 
présenté  par  MM.  de  Verneuil  et  d'Archiac  : 

M.  David  Honbtmak,  F.  6.  S.  à  Antigomish  (Nova  Scotia)  ; 
présenté  par  MM.  de  Verneuil  et  Barrande  : 


DU    lA    AU    2S    SErTEMBRB    1862.  1117 

M.  Henri  dbSauzbt,  licencié  es  sciences  naturelles  à  Toulouse*, 
présenté  par  MM.  Hébert  et  Lcymerie: 

M.  Paul  Seignitti,  professeur  au  collège  de  Pamiers 
(Ariége)-,  présenté  par  MM.  Hébert  et  Leymcrie: 

M.  Leymerie  rend  compte  de  la  courso  d'Âurignac,  faite  la 
veille. 

Compte  rendu  de  la  course  d^Anriguac  et  d'Juzas; 

par  M.  Leymerie. 

Les  basses  montagnes  d'Aurignac  (voyez  la  carte,  pi.  XXII, 
et  la  coupe  générale  pi.  XXUI,  fig.  8),  situées  du  cAlô  gauche 
de  la  Garonne,  semblent  sortir  du  terrain  tertiaire  de  la  plaine, 
dans  le  prolongement  du  massif  d'Ausseing,  et  marquent  Tex- 
trémité  occidentale,  ou,  si  Ton  veut,  la  naissance  du  soulève- 
ment avancé  qui  a  produit  cette  dernière  montagne  et  les  autres 
protubérances  quiJui  font  suite  dans  TAriége  et  même  dans 
1  Aude,  parallèlement  aux  Pyrénées. 

Cette  circonstance  explique  suffisamment  pourquoi  ces  pro* 
tubérances,  d'ailleurs  très-accusées,  s*élèvcnt  moins  que  celles 
du  côté  droit  de  notre  grande  vallée  et  comment  il  se  fait  qu'elles 
se. trouvent  entièrement  séparées  de  la  ciiatno  principale  par 
une  région  tertiaire  qui  doit  être  considérée  comme  faisant 
partie  du  bassin  sous-pyrénéen,  tandis  que  le  massif  d'Ausscing 
et  de  TAriége  se  soudent  plus  ou  moins  complètement  à  la  base 
des  grandes  montagnes. 

Pour  arriver  à  Aurignac,  centre  administratif  et  on  même 
temps  géologique  de  celte  région  si  favorable  pour  les  études 
stratigraphiques,  nous  avons  pris  la  route  la  plus  directe,  celle 
qui  passe  par  Latoue  et  Aulon.  Cette  route  traverse  d'abord 
du  S.  au  N.  le  plateau  diluvien  de  Saint-Gaudens,  dans  toute 
sa  largeur  qui  est  d'environ  3  kilomètres.  Elle  rencontre 
ensuite  un  coteau  rapide  entaillé  jadis  par  l'érosion  dilu- 
vienne dans  le  massif  tertiaire  miocène^  et  qui  nous  a  montré 
d'abord  un  dépôt  marneux  assez  obscurément  stratifié.  Par  ce 
coteau  nous  sommes  parvenus  sur  le  plateau  tertiaire  où  noua 
avons  trouvé  un  dépôt  assez  considérable  de  cailloux  générale- 
ment quartzeux  d'un  petit  volume,  entremêlés  d'un  limon 
grossier^  dépdt  que  je  crois  devoir  rattacher  proviaoïrement  au 


J118  RÉUmOlf   BXTRAOaDlNAlRB    A    SAIIfT^GACDENS^ 

tcrrdin  sous-jacent,  après  avoir  reconnu  la  difiiculté  de  l'en 
séparer,  comme  Tavait  essayé  M.  Dufrénoy,  pour  en  faire  un 
étage  parliculièr. 

Au  village  de  Liéoux,  où  Pon  commence  à  descendre  dans 
la  vallée  de  la  Noue»  les  tranchées  de  la  route  nous  ont  montré 
un  système  de  couches,  formées  par  des  calcaires  impurs, 
inclinées  normalement  et  assez  fortement  au  N.  £.,  qui  appar- 
tiennent è  la  craie,  et,  vers  le  bas  de  la  descente,  il  existe  des 
argiles  bariolées,  des  calcaires  compactes  et  des  sables  blancs 
quartzeux  très-pt^,  qui  représentent  le  système  garumnien. 
La  Société  n'a  pu  que  jeter  un  coup  d'œil  trôs-rapide  sur  ces 
roches,  des  portières  de  ses  voitures;  mais  elle  a  parfaitement 
reconnu,  ainsi  que  je  le  lui  avais  annoncé,  que  Laloue  était 
sur  une  faille  synclinale.  En  effet,  après  avoir  traversé  le  yillage, 
elle  a  vu  du  côté  opposé  les  couches  de  la  descente  de  Liéoax 
(craie)  se  représenter  avec  une  inclinaison  méridionale  dont  la 
valeur  absolue  est  beaucoup  plus  faible  que  celle  qQ'elles 
avaient  au  sud  de  Latoue.  Cette  faille,  indiquée  sur  la  coupe 
générale,  planche  XXIU,  figure  8,  se  trouve  figurée  à  pari 
dans  le  croquis  suivant. 

Craie.  La  Noue,  r.  Craie. 


Latoue. 


A  partir  de  Latoue,  la  route  d'Âurignac  suit  la  vallée  de  la 
Noue,  ayant  presque  constamment  à  gauche  de  faibles  trao* 
chées  du  terrain  qui  représente  la  craie  ]  mais,  vers  le  Village 
de  Sainl-Elix,  elle  entre  dans  le  terrain  tertiaire  éocène,  qu'elle 
ne  quitte  plus  jusqu'à  Aurignac. 

A  peine  arrivée  au  centre  de  ses  explorations,  pour  cette 
journée,  la  Société  a  voulu  les  commencer  immédiatement. 
J'ai  cru  devoir  la  conduire  d'abord  sur  la  route  de  Martres,  où 
une  c6te  assez  rapide  l'a  fait  parvenir.  De  ce  point  assez  élevé, 
au  bout  d'Armas,  elle  pouvait  voir  dans  son  ensemble  une 
vaste  région  soulevée  qui  n'est  autre  chose  qu'une  croupe 
argilo-marneuief  représentant  le  garumnien  inférieur,  large* 


DU   lA    AU    23    tBPTBMBRB    1862.  IJIO 

mont  bombée  et  plongeant  de  tous  côtés  excepté  du  S.  E.  sous 
les  calcaires  lithographiques  à  silex  dont  les  escarpements 
constituent  une  enceinte  en  forme  de  cirque.  Ces  deux  assises 
garumniennes  représentent  la  partie  la  plus  ancienne  des  envi- 
rons immédiats  d*Aurignac,  et  l'on  Toit  qu'elles  s'j^manifestent 
d'une  manière  tout  à  fait  large  et  extraordinaire. 

On  peut  se  former  de  cet  état  de  choses  curieux  une  idée 
assez  complète  en  consultant  notre  carie  des  petites  Pyrénées 
et  les  coupes  3  et  A  de  la  planche  XXIII.  Ce  fait^  au  reste, 
est  jusqu'à  un  certain  point  comparable  à  celui  du  soulèvement 
d'Ausseing  avec  cette  différence  toutefois  qu'à  Aurignac  ce 
sont  les  argiles  garumniennes  qui  constituent  le  fond  de  la  région 
soulevée,  tandis  que^  de  l'autre  côté  de  la  Garonne,  ce  rôle  se 
trouve  rempli  par  une  argile  appartenant  à  la  craie  proprement 
dite. 

La  coupe,  planche  XXIII,  fig.  A,  qui  traverse  le  système  dans 
toute  sa  largeur,  du  S.  S.  0,  au  N.  N.  E. ,  montre  bien  ce  fond 
garumnien  argilo-marneux  avec  sa  forme  largement  bosselée. 
Nous  y  avons  indiqué,  par  dessous,  le  calcaire  jaune  de  la  craie  ^ 
mais  en  réalité,  cette  roche  ne  se  manifeste  que  par  quelques 
affleurements  au  fond  des  ravins  vers  l'extrémité  orientale  delà 
région.  Dans  cette  coupe  on  voit  l'assise  argileuse  ^^  s'enfoncer 
sous  les  calcaires  compactes  à  silex  ^  qui  s'élèvent  en  escarpe- 
ment de  part  et  d'autre  et  notamment  au  S.  S.  0.  où  ils  con- 
stituent la  petite  montagne  de  Soterne,  un  des  points  culmi* 
nants  du  pays.  Ces  calcaires  eux-mêmes  passent  sous  une 
assise  de  sable  ^ ,  qui  sert  de  support  aux  premières  couches 
de  la  formation  éocène.  Enfin  la  coupe  montre  celles-ci  s'enfon- 
çant  du  côté  opposé,  au  N.  N.  E.  de  la  métairie  de  Bernède,  au 
delà  de  la  Louge,  sôus  un  épais  dépôt  horizontal  qui  appartient 
au  terrain  feftiaire  miocène  sous-pyrénéen. 

La  petite  coupe  n*  8  représente  la  même  région  garumnîenne 
dans  le  sens  de  son  axe,  c'est-à-dire  à  peu  près  de  l'E.  à  l'O., 
sous  la  forme  d'une  protubérance  soulevée  qui  vient  inter- 
rompre la  continuité  du  plateau  tertiaire  miocène,  dont  on 
voit  deux  parties  correspondantes  à  l'est  et  à  l'ouest.  On  y  re- 
trouve le  fond  argileux  soulevé,  dominé  d'un  seul  côté,  à  l'ouest, 
par  le  calcaire  compacte^*  delà  montagne  des  Espléchaux  sous 


1120  RfiUNlOïl    BXTRAORDINAIRB    A   SAIMT-GAUDBNS , 

lequel  il  passe  et  qui  lui-môme  supporte  les  sables^*  d'Aurignac 
sur  lesquels  repose  à  son  tour  rétage  èocéne  que  nous  allons 
bientôt  étudier  d*une  manière  toute  particulière. 

J*avais  annoncé  la  présence,  dans  le  fond  argilo-marneni 
du  soulèvement  garumnicn  d'Âurignac^  de  Fenus  garttmmca^ 
Leym.  fossile  nouveau  et  tout  à  fait  caractéristique  pour  cette 
assise.  Nos  confrères  y  ont,  en  effet,  trouvé  de  nombreux 
individus  de  cette  belle  coquille  dans  un  état  de  conseryatioD 
qui  ne  laissait  presque  rien  à  désirer.  J'ajoute  que  j'y  avais  ren- 
contré antérieurement  un  fossile  de  la  craie  supérieure  Osîrea 
larva  qui  ne  doit  être  considéré  ici  que  comme  un  accident. 

Il  est  bon  de  faire  remarquer,  avant  de  quitter  cetto  région 
soulevée  à  l'est  d'Aurignac,  que  le  terrain  crétacé  n'y  est  repré- 
senté que  par  le  système  garumnicn  *,  la  craie  proprement  dite 
n*y  paraît  point  si  ce  n'est,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  tout 
à  fait  à  l'est  et  seulement  dans  quelques  endroits  bas  ou  creux. 
Ce  développement  considérable  que  prend  ici  le  nouveau  système 
indépendamment  de  la  craie  ordinaire,  nous  semble  être  une 
nouvelle  preuve  de  sa  réalité  et  de  la  nécessité  où  je  me  suis 
trouvé  de  l'établir. 

Ayant  pris  connaissance  de  cette  base  des  terrains  d'Auri- 
gnac,  nous  sommes  rentrés  dans  ce  bourg,  et  après  y  avoir  dé- 
jcunéy  nous  avons  accompli  la  partie  la  plus  importante  de 
notre  tûche  de  ce  jour,  savoir  Pétude  do  la  série  éocène,  que 
des  circonstances  défavorables  nous  avaient  empêchés  de  faire 
à  Ausseing. 

Nous  venions  de  constater  la  présence  des  assises  inférieures 
de  l'étage  garumnicn  -,  j'ai  fait  remarquer  à  la  réunion  que  la 
troisième  assise  (colonie)  était  représentée  ici  par  une  forma- 
tion de  sable  et  de  grès  friable  sans  fossiles  qui  repose  immé- 
diatement sur  le  calcaire  à  silex,  et  qui  passe  sous  le  calcaire  à 
milliolites.  Cette  dernière  roche,  qui  est  ici  beaucoup  plus  solide 
et  plus  pure  qu'à  Ausseing,  s'accuse  sous,  la  forme  d'une  crête 
parallèle  aux  Pyrénées,  découpée  en  trois  petites  montagnes 
allongées.  Aurignac  est  situé  en  couronnement  et  en  amphi- 
théâtre, au  S.  0.,  sur  celle  du  milieu,  et  exclusivement  du 
côté  occidental,  sur  les  bancs  solides  du  calcaire  à  milliolites. 
En  regard  de  l'Orient,  il  n*y  a  pas  une  seule  maison,  et  cela  se 


DO   là    AU    2ft   8Bl>fllVBK8    1862i  i\H 

conçoit.  Gomment  auraient-elles  pu  se  fonder  et  se  maintenir 
dans  les  sables  garumniens  qui  forment  de  ce  côté  un  talus 
très-rapide  !  La  petite  montagne  du  N.  0.  s*appelle  Portet  (1)  ; 
celle  du  S.-E.  s*appelle  Martin. 

La  coupe  figurée  planche  XXIII  sous  le  n*  6  montre  que  le  sys- 
tème garumnien  Tient  se  terminer  derrière  Aurignac,  dont  la 
première  rangée  de  maisons  est  exactement  sur  les  premiers 
bancs  de  Téocène.  C'est  devant,  c'est-à-dire  au  S.  0.  de  cette 
ligne  que  ce  dernier  terrain  se  manifeste  de  la  manière  la  plus 
claire  et  la  plus  complète.  Afin  de  couper  toutes  les  assises,  la 
réunion  a  suiyi  la  route  de  Boulogne,  jusque  sous  le  ch&teau 
d'Aurignac,  où  elle  a  yu  les  bancs  d'un  calcaire  franc^  quelques- 
fois  même  subcristallin  ou  presque  compacte,  blanch&tre,  rosé 
ou  un  peu  jaunâtre,  renfermant  de  nombreuses  milliolites 
et  des  sections  de  coquilles  fossiles  peu  déterminables.  Nos 
confrères  ont  pu  observer,  même  dans  une  ècorchure  à  l'ex- 
trémité et  au  pied  N.-E.  de  la  crête,  le  sable  garumnien  en 
contact  avec  le  système  éocéne  dont  le  premier  banc,  inférieur 
aux  milliolites,  consiste  en  un  calcaire  jaunâtre  renfermant 
beaucoup  de  fragments  d'oursins,   de  polypiers  et  quelques 
coqurlles  encore  indéterminées  et  peut-être  indéterminables.  A 
quelques  pas  d'ailleurs,  en  sortant  de  la  ville,  ils  avaient  remar- 
qué des  couches  blanchâtres  et  jaunâtres,  plus  ou  moins  mar- 
neuses et  très-bien  réglées,  qui  passent  sur  les  calcaires  à 
milliolites,  et  dont  l'une  avait  la  face  supérieure  couverte  d'hut- 
très  [Ostrea  uncifera^  Leym.).  Les  autres  renfermaient  de  nom- 
breuses Lucines  plates,  de  petite  taille,  et  un  Gérite  assez  court, 
que  l'on  a  reconnu  pour  une  espèce  des  environs  de  Paris* 

Ainsi,  avant  même  de  quitter  la  route,  la  réunion  avait 
observé  deux  éléments  de  la  série  éocéne.  savoir:  les  calcaires 
à  milliolites  et  les  calcaires  marneux  à  Ostrea  uncifera.  C'est 
entre  ces  deux  groupes  de  couches,  qu'il  existe,  à  Belbézc,  une 

assise  calcaréo-marneuse  à  Natices,  qui  semble  manquer  ici. 

Les  calcaires  d'Aurignac  se  présentent  d'ailleurs  sous  la  forme 


(4)  Cette  moDlagaa  mérita  d'êtra  tignaléo  à  Musodet  fossiles  que 
Von  y  rencoDtresouTent  dtas  la  oaloaira  à  milliolites  f Natices,  Céritet, 
Luoiues,  etc.)etprinoipalemeDt  par  un  bano  madréporiqua  qui  s  y 
montre  à  un  certain  niveau. 

Soc,  géoi.^  %"  série,  toma  XIX.  71 


1122  RfiUNIOK   IXTBÀORDIHAlRft   k  SAlHt-GAIJBBNS , 

de  belles  couches  bien  réglées,  inclinées  régulièrement  au  S.4). 
et  qui  souvent  offrent  à  Tobseryateur  leur  face  supérieure  à  nu. 
Les  autres  assises  de  l'éocéne  pyrénéen  se  montraient  derabt 
la  Société  au  S.-O.  de  la  route^  sous  la  formé  de  petites  rides 
rocheuses  parallèles  aut  PyrértèeS)'  de  part  et  d'autre  d'un  j^tit 
Talion  (Val  d' Arrodes)  d^à  signalé»  et  topographiquéffient  dé- 
crit par  M.  Lartet. 

En  trayersant  ce  petit  système,  elle  a  Vu  successIvMient  et 
dans  leur  ordre  d'ancienneté  relatite»  toutes  les  assises  Supé- 
rieures à  VOstrea  nncifera^  jtasquë  et  y  compris  le  cbfagloUftrat 
de  Palassou  qui  ne  tarde  pas  toutefois  è  s'enfoncer  et  à  dfs{)a- 
raltre  so\is  le  terrain  tertiaire  miocène.  La  figure  0  de  la 
planche  XXIIIi  ci-dessus  signalée,  suffira  pouf  donner  une  fdèe 
générale  de  tout  cet  ensemble.  Ifous  engageons  le  lecteur  à 
Tayoïr  sous  les  yeux  lorsqu'il  lira  les  courtes  indications  sui- 
vantes destinées  à  lui  faire  connaître  les  principaux  eai^étéfes 
des  étages  et  assises  qui  s'y  troutent  représentés. 

Coupe  détaillée  de  la  série  éocène  d^Aurignae. 

a.  Tetfàttt  tertiaire  mîocènô  (post-pyrénéen). 

^ondingne  |  B.  Coogloihérat  k  gros  éléments  calcaires,  souvent  arrondis. 
de       <c.  Calcaire  blanchâtre  îhïpur,  divisible  en  lopins  îrréga- 
Palassou.  (     liers,  en  partie  vacuolaires,  avec  grès  et  argiles  impars. 
^d.  Calcaire  jaunâtre  consistant  avec  grains  de  quartz,  et 
calcaire  plus  tendre  renfermant  de  nombreux  moules  de 
fossiles  et  quelques  Nummulites. 
e»  Calcaire  jaune  argilo«ferrugineux ,  divisible  en  lopins 
entièrement    pétris  de  Nummulites   [N,    LermérM^ 
d'Ârcb.,  N.  globulus^  Leym.},  avec  des  Opercalines  et 
de  très-petites  Orbîtolites. 
/.Marnes,  argiles  et  calcaires  marneux,  blanchâtres  ou 
gris,  contenant  des  Nummulites. —  Cette  assise  offre  un 
niveau  x  û'Ostrea  gigantetï^ 

^^.  Calcaire  avec  grains  de  quarts  et  points  spathiques,  gri- 
sâtre, jaunâtre,  rosé. 

h.  Calcaire  en  partie  fissile,  souvent  rosâtre,  avec  Mélonif  s 
[âlvéotfné^siépjrrenatta^  Leym.),  et  petites  parties con- 
crétionnées;  calcaire  blanc  subcristallin,  pétri  de  Mé- 
lonies. 

/.  Calcaire  blanchâtre  impur  avec  Mélotiies  disséminées 
dans  la  partie  supérieure  seuleâient. 

— -  Niveau  des  sources  d*Aurîgnaa 


Assise 
à  Num- 
mulites. 


Assise 

àMélonies 

(Crête  de 

Fajolea}. 


:^ 


M  ii  AU  23  MpnaBii  18d2.  11  il 

IJ.  Âuise  a rgilo* marneuse. 
k.  Puissante  assise  de  calcaires  jaunâtres  ou  rosés»  plup 
ou  moins  fissiles,  quelquefois  friables,  pétris  de  graine 
(!e  qoarti!,  pttï  ou  pditft  Ib'ssnifèfes, 
AMise    ri.  Système  daMaféo-m«fneuï,  blune  griéfttfè,  k  Ottrik 
à  Oetrea  ]     itncifera^  Luctnes^  Ceritts. 
Uncifera.  \m.  Argile  et  calcaire  marneuii^ou  terreux,  jaune-bru D&(rQ« 
/i.  Calcaires  à  Milliolites,  disposés  en  bancs  de  couleur 
claire,  avec  parties  roftèeé,  contenant  dès  Àids  de  cal- 
caire cristallisé.  Ces  calcaires  renferment,  deè  fossiles 
Assise     )     assez  nombreux  à  la  montagne  de  Portet{  mais  à  Auri^ 
à        (     goac,  on  n*y  voit  le  plus  sourent  que  des  linéaments  d^ 
itilliolites*  ]     coquilles  à  la  surface  des  cassures. 

0,  Coucher  inférieures,  composées  de  lopins  emballés  dani 
une  matière  terreuse  d'un  jaune  brunfttre  ;  en  y  trouTé 
des  fragments  d'Oursins^  de  Polypiers,  de  Coquilles. 
^p.  Assise  de  sable  quartzeux  et  de  grès  friables  ayec  acci* 

dents  ferrugineux. 
q.  Calcaire  compacte  blanc  grisftti'e  ayec  silei  grossieni 
Étage    \     plus  ou  moiis  yolumineux  et  adhérente ,  passant  à  \é 
Garum-  \      meulière, 
nien.     J  r.  Calcaires  crayeux  et  calcaires  cloisonnées,  en  partie  spt* 
thiquôs. 
.T.  Argile  gH«e  avec  grès  argileux  et  calcaire  gtls,  argilifèrfc 
^     troué  en  bancs  intercalés. 

Toutes  les  assises  composant  cette  coupe  et  qui  sont  dfispo- 
sëës  dans  leur  ordre  d'aucienneté  relative,  avec  une  nettéU 
remarquable,  ont  été  observées  successivement  pdr  la  réunion^ 
et  ctiacun  des  membres  a  pu  se  procurer  facilement  des  écban* 
tltlons  des  principales  roches,  et  notamment  du  calcaire  à  Mé- 
lonies  et  du  calcaire  à  Nùmmutites  qui  sont  magnifiquement 
repWsèhtôs  dans  fcctle  région.  Je  signalerai  particulièremeiiti 
parmi  les  fossiles  qui  ont  été  recueillis,  un  individu  complet  de 
VOsirea  gtgantea^  rapporté  jusqu'à  Saint-Gaudens,  malgré 
son  poids  considérable,  par  notre  zôlé^confrére  M.  Duportal, 
ingénieur  des  ponts-et-chaussées. 

Cette  partie  essentielle  de  notre  course  étant  acbeyée,  nous 
avons  suivi  longitudinalement  dans  le  sens  N.-O.,  la  petite 
crête  de  Fajoles  formée  par  Icà  coucbes  à  Mélonies,  et  nous 
avons  trouvé,  vers  son  extrémité,  la  peti(e  cavité  que  M.  Lar- 
tèt  a  rendue  célèbre  sous  le  nom  de  groiie  (TAurignac. 
M.  Gaudry  a  recueilli  dans  ce  gtte  un  certain  nombre  d'oi^ 
(lodt  n  va  tout  à  rfaeùfe  entretenir  la  réunion» 


112i  RAUKtOK    fi^TRÀOBDlRAIRË   À   8AIllt-GAUDBNS| 

Étant  rentrés  à  Aurignac,  notre  tâche  n'était  pas  terminée; 
car  notre  programme  comportait  une  visite  à  la  localité  d'Auzas, 
qui  se  trouve  sur  la  route  de  Saint-Gaudens  par  Saint-Martory. 
Kos  voitures  ont  dû  par  conséquent  suivre  cette  nouvelle  route. 
Arrivés  à  la  vallée  de  la  Noue,  après  avoir  traversé  Tétage 
éocène  et  passé  au  village  de  Bouzin,  j*ai  proposé  de  faire  ar- 
rêter les  voitures  et  de  monter  de  Tautre  côté  de  la  rivière,  à 
un  col  que  je  désigne  par  le  nom  de  la  métairie  voisine  (le  Tuco) 
et  qui  devait  nous  offrir  un  gite  intéressant  dépendant  de  la 
colonie  garumnienne.  Nos  confrères  ont  trouvé  là  beaucoup  de 
fossiles,  parmi  lesquels  de  nombreux  individus  de  Micraster 
hrevis  très-bien  conservés,  de  Hemiasler  punctatus  et  d*UDe 
variété  particulière  constamment  petite  et  ovoïde,  à'Anan^ 
chytes  ouata^  et  de  plus,  Ostrea  vesicularis  petite,  des  fVir- 
îlites^  Arches^  etc.,  fossiles,  pour  la  plupart,  à  Tétat  de  moule 
intérieur,  et  qui,  presque  tous,  appartiennent  à  des  espèces 
nouvelles.  Cette  assise  se  trouve  là,  comme  partout,  entre  le 
calcaire  compacte  à  silex,  et  les  couches  à  milliolites  qui  for- 
ment le  revers  septentrional  de  la  protubérance  dont  la  colonie 
occupe  le  côté  méridional. 

Avant  de  monter  en  voiture,  j*ai  montré  à  la  réunion,  au 
bord  de  la  route,  des  calcaires  d'un  blanc  mat  avec  parties  sub- 
spathiques,  qui  se  trouvent  dans  cette  vallée  entre  la  colonie 
et  le  calcaire  à  Milliolites,  et  qui  leur  ont  offert  plusieurs  indi- 
vidus d'un  fossile  nouveau  que  j'ai  aussi  rencontré  au-dessus 
des  marnes  de  la  colonie  de  Tuco.  Ce  fossile  paraît  être  une 
caprotine  qui,  même,  se  trouve  avoir  beaucoup  de  ressemblanœ 
dvec  Caprotina  vart'ans  du  calcaire  d'Orgon.  A  ce  niveau,  se 
montrent  aussi  les  larges  operculines  spathisées,  que  nous 
avons  déjà  signalées  à  la  môme  place  dans  les  montagnes  d'Aus- 
seing,  et  qui  diffèrent  de  celles  qui  accompagnent  habituelle- 
ment les  Nummulites  dans  le  terrain  éocène. 

La  route  de  Saint-Martory,  où  nous  nous  trouvions,  suit 
d'abord  la  vallée  de  la  Noue,  à  peu  près  sur  la  ligne  qui  sépare 
Téocène  de  la  formation  crétacée  \  elle  traverse  ensuite  la  ri- 
vière en  bas  d'Auzas.  Nous  avons  dû  nous  arrêter  un  peu  au 
delà  du  pont,  à  l'entrée  d'un  petit  vallon  qui  passe  au-dessous 
dû  village  que  je  viens  de  nommer,  et  qui  peut  être  regardé 


»u  lA  AU  2S  siPTHBRi  1862.  1126 

comme  une  localité  classique  pour  le  garuronien  inférieur.  Le 
coteau  oriental  de  ce  vallon  par  lequel  on  peut  monter  à  AuxaSj 
offre  des  localités  fossilifères  d'une  richesse  exceptionnelle»  où 
Ton  trouve  en  grande  abondance»  et  libres  sur  le  sol,  des 
Vénus  {Fènus  garumnica.  Leym) ,  dans  un  état  admirable  de 
conservation,  pourvues  encore  de  leur  ligament,  et  ensuite  des 
Torna telles  (7.  Baylei^  Leym),  des  Sphérulites  {Sph.  I^me- 
riei^  Bayle) ,  des  huttres  et  d'autres  espèces  {Ancillaire^  Cérite, 
Turbo...).  Les  membres  de  la  réunion  ne  pouvaient  se  lasser 
de  ramasser  des  individus  de  ces  beaux  fossiles  qui  étaient  tout 
nouveaux  pour  eux  et  qui,  en  effet,  paraissent  exclusivement 
propres  au  garumnien  inférieur  de  la  Haute-Garonne. 

L'assise  à  Vénus  d'Auzas  repose  sur  des  calcaires  nankins 
qui  appartiennent  à  la  craie  supérieure^  et  sur  lesquels  le  vil* 
lage  repose  en  partie  \  elle  se  trouve,  par  conséquent,  à  la  base 
de  l'assise  garumnienne  inférieure  *,  les  autres  éléments  de  cette 
assise  se  montrent  vers  le  fond  du  vallon  et  sur  le  versant  occi- 
dental. 

Nous  en  donnons  ici  une  courte  indication  avec  une  coupe 
(pi.  XXIII,  Gg.  5)  qui  montre  en  même  temps  les  relations  avec 
les  terrains  inférieurs  et  supérieurs  de  l'étage  entier,  dont  la 
puissance  peut  être  portée  à  environ  200  métrés. 

Coupe  du  vallon  d^Auzas. 

la.  Calcaire  blanc  marneux  à  Huîtres  {Ostrea  uncifera), 
£ocène.  |  b.  Calcaire  blanc  à  MiUioIites.  —  Operculines  et  Capro- 
(     tines  ?. 

c.  Colonie,  Cachée  sous  les  alluvions  de  la  vallée. 

d.  Calcaire  compacte  à  silex. 

e.  Calcaires  blancs  ou  rosés,  en  partie  celluleuz,  à  pSte 
spathique  et  calcaires  impurs,  de  couleur  sombre,  plus 

Étafia  y  ^^  moins  troués,  intercalés  dans  une  argile. 
Garinn-  <  ^'  ^*'*'^®*  •'  calcaire  marneux  avec  quelques  fossiles  ren- 
fermant des  bancs  troués  de  calcaire  argilifère  et  uni» 
assise  de  grés  subspathique  jaunfttre. 
p.  Couche  calcaréo-marneuse,  ferrugineuse  par  place,  riche 
en  fossiles  (Vénus,  Tornatelles,  Ancillaires,  Sphérulites). 
avec  un  banc  plus  consistant  et  plus  compacte  pétri  d« 
Tornatelles. 


nien. 


inaire  !     ^^^^^^  nankinf  représentant  la  craie  supérieure. 


Craîe 
ordinaire 


11X6  EÊCNIQIV  BkTRÀORD|KiIB«    A    »A19T-GÀUDENS^ 

Après  celle  oommupicatioot  M.  Hébert  demande  à  faire 
guelqaes  ob^rvatîoos;  îl  s'exprime  en  ces  termes: 

M*  Hébert  reconnaît  que  les  coupes  données  par  H.  Ley- 
merie  sur  le  terrain  crétacé  supérieur  do  )a  Haute-Garonne 
lont  parfaitement  exactes.  La  Société  a  pu  s*en  assurer  à 
Ausseing,  aussi  bien  qu'aux  environs  d'Aurignac  et  d'Ausas. 

II  est  bien  certain  qne  les  calcaires  h  orbitolites  et  à  Hemi- 
pneustes  sont  inférieurs  à  deux  systèmes  do  couches  crétacées 
présentant  deux  faunes  distinctes,  postérieures  toutes  deux  à 
la  faune  des  Hemipneustes  et  séparées  par  une  puissante  assise 
de  calcaire  compacte  sans  fossiles. 

D'abord  les  argiles  et  grés  &  Vénus^  Tornatelles,  Turbos, 
Gerites,  Sphérulites,  etc.  En  second  lieu,  des  marnes,  souvent 
glauconieuses,  avec  calcaires  d'apparence  crayeuse,  riches  en 
Ananchytes^  Micraster  pt  Hemiaster.  C'est  celte  dernière  as- 
sise que  M.  Leymerte  a  considérée  comme  une  colonie. 

M.  Leymerie  avait  d'abord  (1)  regardé  cette  colonie  comme 
intercalée  dans  le  terrain  tertiaire  [Epicrétace).  Depuis,  il  a 
abandonné  cette  opinion,  et  pour  notre  savant  président,  ce 
ne  serait  plus  qu'une  faune  plus  ancienne,  celle  du  Micraster 
brcifU^  qui  aurait  reparu  postérieurement  à  une  faune  crétacée 
considérée  généralement  comme  plus  récente,  celle  de  VHcmi- 
pneitstes  radiatus^  ou  de  la  craie  de  Maeslricht. 

La  Société  a  pu  s'assurer  qu'aucune  couche  tertiaire  n'exis- 
tait au-desspps  des  assises  à  Micraster.  Quant  à  l'interpréta- 
tion des  ^eu^  faunes  qui  constituerait  le  fait  d'une  colo^fe, 
M.  Hébert  doit  avouer  qu'il  n'est  point  encore  convaincu  ; 
1**  que  les  couches  où  se  rencontrent  les  Hemipneustes  soient  de 
l'âge  de  a  cfaie  de  Maestrîcht  -,  2*  que  celles  où  se  trouvent  les 
Anancbytes  et  les  Micraster^  dits  hrevis^  soient  de  |'âge  de  la 
craie  de  Yilledieu.  Pour  lui,  donc,  la  colonie  n'est  pas  démon- 
trée. Il  faut  pour  cela  une  étude  plus  approfondie  qu'elle  n'a 
pu  l'être  jusqu'ici  de  ces  deux  faunes.  Il  est,  d'ailleurs,  dis- 
posi^  à  accepter  pleinement  les  résultats  de  cette  étude. 

Dans  tous  les  cas,  si  la  craie  de  Provence,  des  Alpes  et  du 


(k)Msquissç  géog{iot tique  des  Pnô  ^çs  dp  la  ^auêe^Getronne^ 
p.  6  ^  — -  Toulouse,  4  858. 


PU  ih  AU  23  fBPTiJU&B  1862.  1127 

reste  de  TEurope,  se  rangQ  aisément  dans  le  cadre  fourni  par 
celle  du  nord  de  la  France,  il  faut  avouer  que  celle  des  Pyrè^ 
nées  présenta  des  caractères  tout  différents,  et  qu'ici  les  rap- 
prûcbamenls  ne  se  font  plus  aussi  aisèmeqt.  La  connaissance 
de  ces  couches  et  de  leurs  rapports,  soit  entre  elles,  soit  aveo 
les  terrains  adjacents,  est  une  précieuse  acquisition  que  la 
science  devra  à  M.  Leymerie. 

M.  Leyuierie  est  heureux  de  voir  ses  observations  confirmées 
par  celles  de  la  réunion,  mais  il  s'étonne  que  les  faits  si  clairs 
et  si  caractérisés  dont  M.  Hébert  a  reconnu  \di parfaite  exacti^ 
iude  n'aient  pas  entraîné  notre  savant  confrère  à  l'adoption  de 
la  colonie,  et  il  se  flatte  de  répondre  à  ses  objections,  M.  Hé-: 
bert  dit  qu'il  n'est  pas  encore  convaincu  que  les  couches  qui 
contiennent  Hemipneustes  radiatus,  Ostrea  tarifa^  Thecidea 
radiatûy  soient  de  l'âge  de  la  craie  de  Maestricht, 

  cet  égard,  dit  M.  Leymerie,  je  rappellerai  à  M.  Hébert 
qu'il  n'a  pas  toujours  eu  ce  scrupule.  Il  n'hésitait  pas,  en 
18iQ,  quand,  à  l'occasion  d'une  communication  sur  la  craie 
que  je  venais  de  découvrir  dans  les  Pyrénées,  et  dont  je  prenais 
le  type  àMonléon  et  à  Gensac  ,  il  écrivait  {Bull.,  2''  sér.,  t.  0, 
p.  570)  :  a  Nous  avons  été  assez  heureux,  grâce  â  Tobligeance 
»  (je  M.  Bayle,  pour  pouvoir  examiner  les  fossiles  que  cite 
»  M.  Leymerie,  et  qu'il  a  envoyés  à  l'École  des  mines.  Ces 
»  fossiles  ne  nous  paraissent  nullement  autoriser  les  conclusions 
^  précédentes  (c'est-ù-dire  que  la  craie  pyrénéenne  représen- 
ï>  tait,  dans  son  ensemble,  toute  la  craie  proprement  dite  y 
»  compris  celle  de  Maestricht),  mais  bien  plutôt  démontrer  que 
»  le  terrain  auquel  ils  appartiennent  représente  uniquement 
»  la  craie  do  Maestricht,  et  peut-être  aussi  la  partie  supérieure 
»  de  la  craie  blanche ,  qui  d'ailleurs  se  montre  aussi  à  Maestricht, 
)}  dans  les  mêmes  conditions.  » 

Après  cela,  est-il  besoin  de  citer  l'important  témoignage  de 
M.  de  Binkhorst  qui,  après  avoir  examiné  nos  fossiles  en  nature 
et  les  figures  qu'il  ne  connaissait  pas  antérieurement  de  mon 
mémoire  sur  Gensac  et  Monléon,  a  reconnu  de  prime  abord 
l'identité  des  deux  faunes? 

Je  passe  h  la  seconde  objection  de  notre  honorable  confréroi 
qui  porte  sur  le  colonie  ello-m6me«  M»  Hébert  doute  que  la 


1128  RÉUNlOlf  BZTRAUADlIfAlM   ▲   SAlHT-GAUDIlfS, 

faune  de  cet  étage  appartienne  à  la  période  de  la  craie  blandM^ 
Cependant,  ai  nous  conaidérons  seulement  les  Oursins  qoi 
constituent  le  caractère  le  plus  saillant  de  cet  horixon,  nous 
verrons  que  les  espèces  qui  s'y  trouvent  le  plus  rèpandoei 
sont  :  Micraster  breifis^  qui  s'y  montre  avec  profosiony  d'abonl 
sous  la  forme  ordinaire  et  aussi  avec  le  faciès  gibbeux  da  Mi^ 
craster  des  bains  de  Rennes,  Ananchytes  ot^ata^  HemîasUr 
punctatus  ;  on  y  trouve  aussi  Cyphosoma  magniftcum  Agass., 
espèce  de  la  craie  ordinaire.  J'ajouterai  que  cette  assise  reor 
ferme  :  Ostrea  vesicularis  et  quelques  rares  individus  de 
Terebratula  alata  et  Crassatella  Dufrenayi^  espèces  de  la 
craie  pyrénéenne  ordinaire.  D'ailleurs,  on  n'y  rencontre  plus 
les  fossiles  caractéristiques  de  Maestricht,  si  communs  à 
Ausseing.  Si  cette  faune,  dont  la  plupart  des  espèces  sont 
nouvelles,  il  est  vrai,  n'était  pas  comparable  à  la  craie  blanche, 
je  demande  è  quoi  il  faudrait  la  comparer. 

M.  Hébert  attend  une  étude  plus  approfondie  pour  se  déci- 
der. Cependant,  il  a  dit  en  pleine  séance,  en  parlant  d'Ausseing 
et  d'Aurignac,  qu'il  avait  vu  rarement  une  région  aussi  étudiée. 
Quant  aux  fossiles,  j'ai  employé  plusieurs  mois  à  l'étude  des 
mollusques,  et,  de  son  côté,  M.Gotteau  s'est  occupé  &  diverses 
reprises  des  Oursins  avec  cette  consciencieuse  exactitude  que 
vous  lui  connaissez. 

Je  conçois,  dit  en  terminant  M.  Leymerie,  que  Ton  éprouve 
quelque  répugnance  en  présence  d'une  observation  nouvelle 
qui  vient  contrarier  des  idées  trop  facilement  reçues  ;  mais, 
d'un  autre  côté,  il  serait  nuisible  pour  les  progrès  de  la  géolo- 
gie, d'opposer  comme  une  fin  de  non  recevoir  à  tous  les  faits 
qui  offrent  quelque  chose  d'insolite,  et  lorsque  ces  faits  sont 
accompagnés  de  garantie^  suffisantes,  on  agit  dans  le  véritable 
intérêt  de  la  science,  en  leur  faisant  accueil* 

M.  de  Binkhorst  demande  la  parole  pour  manisfester  la  satis- 
faction qu'il  a  éprouvée  en  retrouvant,  à  une  aussi  grande  dis* 
tance  de  son  pays,  une  faune  tout  à  fait  analogue  à  celle  qu'il 
étudie  en  ce  moment,  et  dont  il  a  fait  connaître  déjà  une  partie 
considérable  au  monde  savant. 

M.  Paul  de  Rouville  adopte  volontiers  la  création  d*un 
nouYel  étage  (étage  garumnien)  crétacé,  supérieur  à  la  oraia 


DO  14  AU  28  •iPTiaiAi  18dS.  IISO 

de  Maestricht,  comme  un  type  auquel  on  pourra  rapporter  do* 
rénavant  d'autres  terrains  intermédiaires  entre  la  craie  de 
Maastricht  et  le  terrain  tertiaire  inférieur;  mais  il  désirerait 
que  la  colonie,  qui  est  un  fait  particulier  et  exceptionnel,  ne 
Ûki  pas  considérée  comme  un  membre  essentiel  de  ce  type. 

M.  Leymerie  comprend  et  apprécie  Tobjection  de  son  con* 
frère-,  il  y  répond  en  faisant  observer  que  la  faune  crétacée  et 
anormale  offerte  par  la  colonie,  et  dont  il  se  préoccupe  depuis 
longtemps,  est  justement  le  caractère  qui  l'a  déterminé  et 
presque  forcé  d'établir  le  noureau  type,  et  il  lui  serait 
difficile  de  Ten  séparer.  Une  colonie  doit  toujours  être  rat- 
tachée à  une  métropole,  qui  est  ici  naturellement  Tétage 
garumnien.  D'ailleurs,  la  faune  de  l'assise  inférieure  du  ga- 
rumnien,  si  caractérisée  à  Auzas,  est  elle-même  un  fait  local. 
M.  Leymerie  ne  prétend  pas  que  tous  les  terrains  susceptibles 
d'être  rapportés  au  garumnien  devront  présenter  la  colonie  ou 
la  faune  d'Àuzas*,  mais  ces  (aunes  étaient  nécessaires  pour 
démontrer  aux  géologues  Texistence  du  type  qui  était  dèjh 
indiquée  toutefois  par  le  grand  développement  que  prennent 
les  argiles  et  les  calcaires  garumniens  à  l'est  d'Aurignac,  in- 
dépendamment de  la  craie  proprement  dite.  Dés  à  présent» 
nous  entrevoyons,  sans  quitter  les  Pyrénées,  des  groupes  de 
couches  très-différents  de  composition,  qui  paraissent  devoir 
être  placés  sur  cet  horizon.  Tels  sont  les  sables  {d'Aurignac^ 
le  groupe  d'Alet  de  M.  d'Archiac,  et  probablement  les  couches 
à  Terebratula  tenuisfriata  et  Ostrea  vesiculans  des  Basses- 
Pjrénées  et  des  Landes.  Il  est  bon  de  faire  remarquer,  en  fa- 
veur de  ce  dernier  rapprochement,  que  Terebratula  tenuis' 
triata  se  trouve  assez  fréquemment  dans  la  colonie  d'Ausseing. 

M«  Leymerie  met  sous  les  yeux  de  la' Société  les  descriptions 
et  les  figures  des  espèces  qui  composent  la  faune  garum- 
nienne.  Ces  espèces,  au  nombre  de  70,  sont  très-inégalement 
réparties  entre  l'assise  inférieure,  qui  n'en  a  fourni  que  16, 
et  la  colonie,  dont  la  faune  se  compose  de  56  espèces.  Ces  der- 
nières sont  nouvelles  pour  la  plupart.  Les  espèces  déjà  connues 
de  la  même  assise,  parmi  lesquelles  il  en  est  qui  sont  très-habi- 
tuelles  à  ce  niveau,  appartiennent,  dans  le  nord  de  l'Europe,  à 
la  craie  blanche,  tandis  que  d'autres  se  trouvent  dans  réocène 


iilO  BÉUNIOH  UTaiOaPIlfAIRI   A   lÀU|T-GAIID£lf 8  , 

du  midi  de  U  France.  Pai^nii  oes  disrnierg,  on  remaïqoe  x  Kar 
tUa  br^çispira,  LeyiD.f  TêrfibeliopsU  Brauniy  Lejm.^  Isocaiêm 
acutattgulUf  BeUardi*)  ITeaus  striaUssima^  BeUardi.j 

Le  môme  membre  montre  aussi  plusieurs  feuillea  de  Gassai 
sur  lesquelles  se  trouvent  figurés  et  coloriés  eo  détail  lu 
twraius  du  département  de  la  Haute-Garonoe,  •!  nae  carte 
réduite  où  tous  ces  résultats  ont  été  rassemblés.  |1  (ait  reaur- 
quer»  en  ce  qui  concerne  les  terrains  pyré^éeus  aupérieen, 
que  la  réunion  a  vu  dans  ses  trois  jours  d'ej^cursion,  ies  is- 
portantes  modifications  que  la  carte  géologique  de  France  devn 
subir  pour  cette  partie  des  Pyrénées  et  appelle  particulièrement 
Tattention  de  ses  confrères  sur  la  physionomie  noiivelle  et 
expressive  que  vient  de  prendre  la  carte  de  la  Haute-Garonoa 
par  l'introduction  de  Tétage  garumnien. 

M.  Albert  Gaudry  rend  compte  do  la  manière  suivante  des 
observations  faites  dans  la  petite  grotte  d'Aurignac  : 

Tandis  qu'une  partie  des  mcjitbrcs  de  la  Société  vjsitajt  une 
carrière  de  calcaire  blanc  à  Mélonies,  je  suis  entré  ^vec  K.  Qu- 
portal  dans  la  petite  cavité  ossifére  d'Aurigpac.  Les  ossements 
y  spnt  tellement  abondants  qu'en  peu  d'instants  nous  arons  pn 
en  découvrir  plusieurs  s^ns  autres  instruments  que  aosmar- 
i^Mt.  Nous  avons  4ussi  vu  l'ouvrier  Bonnemaisop  qui  a  1^ 
premier  signalé  ce  c^rie^x  gisement;  il  nous  a  cédé  quelques 
os»  Voici  la  liste  des  piépes  que  nous  avons  rapportées  : 

4^  Une  première  phalange  et  deux  secondes  phalanges  d*une  maiu  hx^j 
maine.  Ces  pièces  indiquent  des  doigts  petits  et  grêles;  elles  pro- 
viennent peut-ôtro  d'une  femme. 

%^  Une  vertèbre  dorsale  ayeo  une  très-lougue  apophyse  épineuse  ; 
deux  vertèbres  caudales;  un  humérus  qui  a  un  trou  glécraniffi  et 
est  dépourvu  d'arcade  pour  le  passage  de  Tartère  brachiale  ;  un  ra- 
dius de  forme  grêle;  deux  métatarses  très-allongés;  une  première 
phalange.  Ces  diverses  pièces  s'accordent  bien  pour  la  taille  et  pa- 
raissent provenir  d'un  renard  ordinaire.  .^ 

a*  Deux  dents  incisives  d'un  rongeur  qui  a  la  taille  d'un  gfos  ra(. 

40  Molaires  inférieures  et  supérieures  d'un  cheval  ordinaire. 

5*  Molaire  inférieure  d'un  très-grand  bœuf  qui  pourrait  être  l'Âuroclis, 
indiqué  par  If.  Lartet. 

6*"  Troisième  prémolaire  supérieure  d'un  ruminant  d^  la  taille  d'ape 

biche  ou  d'un  renne, 
7»  Quelques  os  d*oiseaux. 


\ 


i^D  1&  AU  28  8|KrTjyf|uu[  186?.  fflf 

L'aspect  des  osseineDis  d'Aurigoac  i^emblo  indiquer  yn 
^nfouis^meot  ppM  ^ociieu  ^  cpp^nd^i^t  plusieurs  d'eolre  eux, 
d'après  M'  Lartet,  apparlieDoent  ft  des  espèces  perdues^  Ou 
9ait  d'ailleurs  que  ieç  os  des  griindes  caveroes  do  TAriége  ont 
Ipuveoi  une  fraîcheur  reiuarqua))le  :  j'ai  uotammeut  éié  irè^- 
frappé  de  ce  fait  daus  la  caveroe  de  î'Ifero),  où  M.  Pouecl^f 
\Àea  voulu  me  conduire. 

Plusieurs  membres  s'associent  aux  conclusions  de  M.  Gau- 
dry.  Ils  émettent  aussi  l'opinion  que,  généralement  les  faits 
anciennement  ou  nouvellement  offerts  aux  observations  par 
les  cavernes  à  ossements  sont  loin  d'être  aussi  concluants  en 
faveur  de  l'existeDce  de  l'homme  pendant  l'époque  diluvienne, 
que  ceux  qui  ont  été  signalés  dans  certains  dépôts  diluvienSi 
notamment,  dans  la  vallée  de  la  Somme. 

M.  le  président  prie  M.  Albert  Gaudry  de  donner  quelques 
détails  sur  le  Dinothérium.  Ce  fossile,  dit  M.  le  président,  est 
.un  des  plus  caraclérisques  des  terrains  miocènes  des  Pyrénées  ; 
par  conséquent,  son  étude  intéresse  les  géologues  qui  s'occu- 
pent de  ces  montagnes.  M.  Albert  Gaudry,  pour  répondre  &  la 
demande  qui  lui  est  adressée»  présente  le  résumé  de  ses  re- 
cherches sur  le  Dinothérium  (i)  ]  il  termine  par  les  considéra- 
tions suivantes  : 

Le  Dinothérium  était  un  animal  terrestre  :  ceci  parait  prouyé 
par  l'examen  des  ossements]  qui  lui  appartiennent,  aussi  bien 
que  par  la  nature  des  terrains  dans  lesquels  on  le  trouve.  Il  a  été 
plus  voisin  du  mastodonte  et  do  Téléphant  que  les  autres 
mammifères  jusqu'à  présent  connus  ;  mais  une  distance  consi- 
dérable le  sépare  de  ces  genres.  Ce  fut  le  plus  grand  des  mam- 
mifères qui  ont  habité  l'Europe.  Il  a  embrassé  un  vaste  espace, 
car  on  le  retrouve  au  pied  du  Pentélique  en  Grèce,  comme  au 
pied  des  Pyrép^e^;  pptre  ces  deux  pqiqts  exUrèqips^  l'^Hc* 
magne  nous  pn  offre  des  débris  abondants.  A  côté  du  Dino- 
thérium vivaient  plusieurs  espèces  de  ipastpdop^^;  nul  pays 
^|Q  l'Ëprope  ue  semble  ^voir  renfermé  m  plus  grand  nombre 
de  proboscidiens  que  le  versant  français  des  Pyrénées  :  M.  Lartet 

(4)  Voir  dans  le  JBull.  de  la  Soc.  géol.  de  Fn,  Série  2%  vol.  XVIII, 
p.  91,  séance  du  3  décembre  4  860. 


11S2  EÉOlflOlf    BXTRÀOEDlllÀlRB    A    SAIlf T-6À0DBM8 , 

en  signale  trois  espèces.  Ce  dut  être  un  imposant  spectacle  que 
celui  des  mammifères  géants  répandus  sur  les  yertanta  de  doi 
grandes  montagnes.  Aucun  point  du  monde  actuel  ne  présente 
de  semblables  scènes.  En  Grèce,  je  n'ai  recueilli  que  deux  es- 
pèces de  mastodontes  dans  le  même  gisement  où  se  trooye  le 
Dinothériom,  mais  j'ai  rencontré  beaucoup  de  débris  de  deux 
ruminants  gigantesques  qui  n'ont  point  encore  été  décou?erts 
dans  les  Pyrénées  :  une  girafe  et  un  animal  plus  fort  que  la  gi- 
rafe, PHelladotherium.  Il  existe  des  connexions  entre  les  dif- 
férents êtres  qui  constituent  une  faune  •  comme  entre  les 
organes  qui  forment  le  corps  de  chaque  être.  D*après  ces  coih 
nexions,  on  doit  penser  que  le  sud  de  la  France,  aussi  bieo 
que  la  Grèce,  a  nourri  non-seulement  de  grands  pach  jderaies 
et  des  proboscidiens,  mai^]  aussi  des  ruminants  gigantesques; 
sans  doute  quelque  jour»  on  y  trouvera  les  débris  d*uD  animal 
correspondant  à  THelladotherium. 

Les  excursions  dans  les  basses  montagnes  étant  terminées» 
plusieurs  membres  demandent  une  modification  à  Tordre 
adopté  pour  les  courses  à  faire  dans  les  Pyrénées  proprement 
dites.  Ils  pensent  que,  vu  Tincertitude  du  temps  et  le  petit 
nombre  de  jours  dont  la  réunion  peut  disposer,  il  conviendrait 
d'aller  au  plus  pressé,  c'est-à-dire,  de  monter  directement  à 
Bagnères  de  Luchon,  pour  y  reconnaître  les  terrains  anciens. 
De  lu,  il  serait  facile  de  se  rendre  dans  le  bassin  de  Saint-Béat, 
pour  y  compléter  autant  que  possible  l'étude  des  faits  géolo- 
giques les  plus  imposants  des  Pyrénées  centrales. 

Cette  modification  ayant  été  adoptée,  la  réunion  décide 
qu'elle  partira  le  lendemain  matin  par  le  chemin  de  fer  pour 
Montréjeau,  où  des  voitures  ordinaires  devront  la  prendre  pour 
lui  faire  remonter  la  vallée  de  la  Garonne  et  celle  de  la  Pique. 

Avant  de  lever  la  séance,  M.  le  président  prie  M.  Déaddé, 
maire  de  Saint-Gaudens,  et  M.  le  sous-préfet  Roger,  de  vou- 
loir bien  agréer  les  remerctments  de  la  Société  pour  l'hospi- 
talité et  l'accueil  empressé  qu'elle  a  reçus  à  Saiot-Gaudeni. 


N 


DO  1Â  AU  23  siPTiVBftB  1862.  11 9S 

Séance  de  clôture  tenue  le  23  septembre  \  862, 

dam  la  grande  salle  des  Thermes  à  Bagnèrea-de-Lochon. 

PaÉSIDIlfCB    DB    M.    LBTIBBIB. 

Parmi  les  personnea  qui  ont  bien  touIu  noua  faire  Tbonneur 
d'aaaiatar  à  cette  séance,  noua  nommerons  d*abord  M.  Tron, 
maire  de  Lucbon,  qui  avait  mis  à  la  disposition  de  la  réunion, 
avec  le  plus  aimable  empressement,  la  belle  salle  des  Thermes, 
parfaitement  appropriée  pour  la  circonstance.  Nous  croyons 
encore  devoir  citer  le  respectable  M.  Paul  Boileau,  ancien 
maire,  naturaliste  distingué,  et  d^une  obligeance  extrême  qui 
a^  pour  ainsi  dire,  guidé  et  assisté  dans  leurs  courses,  les  bo- 
tanistes et  les  géologues  |les  plus  célèbres  qui  se  sont  occupés 
des  Pyrénées  centrales  (de  Charpentier ,  Dufrénoy,  etc.)  ; 
M.  Lembron,  inspecteur  des  eaux,  auteur  d'un  Guide  pyré- 
réen,  trés-complel  et  remarquable  à  plusieurs  égards  ^  MM.  les 
médecins  des  eaux  \  M.  Chambert,  architecte,  auquel  on  doit 
la  construction  des  Thermes;  M.  Duhamel,  président  de  l'aca- 
démie des  sciences  de  llnstitut,  avait  bien  voulu  également 
honorer  la  réunion  de  sa  présence. 

Après  avoir  indiqué  l*objet  de  la  séance,  M.  le  président  a 
passé  très-rapidement  en  revue  les  terrains  rencontrés,  et  à 
peine  aperçus  par  la  réunion,  le  10  septembre,  dans  le  trajet 
de  Saint-Gaudens  à  Luchon. 

Trajet  de  Saint-Gaudens  à  Luchon^  compte-rendu  par 

M.  Leymerie. 

Les  wagons  du  chemin  de  fer  nous  ont  fait  parcourir  la 
partie  méridionale  du  bassin  diluvien  de  Valentine,  non  loin 
des  montagnes  arrondies  et  boisées  qui  forment  le  premier 
gradin  des  Pyrénées.  Ces  montagnes  sont  composées  de  cal- 
caires jurassiques  variés,  parmi  lesquels  on  distingue  une  as- 
sise de  calcaire  à  dicérates  (Dufrénoy).  Ce  même  calcaire  est 
aussi  trés-caractérisé  dans  le  promontoire  au  pied  duquel  est 
établie  la  gare  de  Montrejeau,  promontoire  dont  Textrémité 
occupe  Tangle  formé  par  la  réunion  de  la  Neste  et  de  la  Ga- 
ronne, et  qui  semble  barrer  à  l'ouest  le  bassin  de  Valentine. 


iiih  RÉUmOK   KtTliAdttomAinE    a    SAIHT-GAtJDBNS , 

La  voie  ferrée,  prùs  de  la  gare,  est  profondément  creusée 
dans  un  terrain  de  transport  dans  lequel  nos  confrères  ont  pu 
Yoir,  aux  abords  du  pont  de  Polîgnan,  des  blocs  grilnltiq4es  et 
autres,  plus  ou  moins  arrondis,  et  d'un  volume  considérable. 
Je  leur  ai  indiqué  derrière  Polignan,  au  delà  de  la  (jaronne^le 
village  d'Ausson,  près  duquel  est  tombé,  le  9  décembre  1859, 
le  principal  morceau,  pesant  plus  de  50  kilogrammes  de  la 
pierre  météorique,  dîtedeMontréjeau. 

Les  diligences  que  nous  avons  prises  à  la  gare  nous  ont  fait 
sortir  du  vaste  bassin  de  Yalentine,  pour  nous  conduire  dans 
la  vallée  de  la  Garonne.  Nous  y  sommes  entrés  par  une  sorie 
de  pertuis  aujourd'hui  encombré  de  matériaux  de  transport»  et 
par  lequel  la  Garonne  arrivait  jadis  dans  ce  bassin.  Une  tois 
engagés  dans  la  vallée,  nous  Tavons  constamment  suivie  en  la 
rémontant  principalement  sur  la  rive  gauche.  Dans  celte  partie 
de  notre  voyage,  nous  n'avons  cessé  de  couper  des  calcaires 
gris  et  noir(\trcs  accompagnés  de  schistes  qui  appartiennent  k  la 
série  jurassique,  et  notamment  au  Lias  à  Bélemnites,  Ammo- 
nites, Gryphées  {G,  Macculockit)^  térébratulcs,  etc. 

A  Bagiry,  nous  avons  vu  s'ouvrir  devant  nous  le  bassin  de 
Saint-Béat,  dominé  à  Test  par  l'imposant  pic  du  Gar.  Lji,  com- 
mence utiofdre  de  choses  très-différent,  très-varié  et  ticcidénté, 
sur  lequel  nous  aurons  l'occasion  de  revenir. 

Lebaâsirï  de  Saitit-Bëàt  correspond  à  la  réunion  de  deux  ri- 
vières, dont  l'une,  la  Garonne,  proprement  dîtè,  dël^béffd  dci 
hauteurs  de  la  vallée  d'Aran  en  Espagne  *,  l'autre,  la  Pique, 
prend  sa  source  dans  les  montagnes  qui  dominent  Luchôn. 
C'est  celle-ci,  par  conséquent,  qili  débouche  dans  le  bassin  à 
Gîerp,  que  nous  avons  dû  remonter*  Dans  cette  dernière  partie 
de  notre  route,  après  avoir  traversé»  sans  nous  en  apercevoir^ 
une  bande  étroite  de  grès  rouge  et  un  étage  Dévonien  dont  il 
sera  question  plus  tard,  nous  nous  sommes  constamment 
trouvés,  jusqu'à  Luchon,  resserrés  entre  deux  massifs  dé  Vmn*^ 
sition,  principalement  siluriens,  dont  l'un,  celui  de  gailehe, 
porto  le  nom  de  Baccanère  (2195  mètres)  (voir  la  coupe  géné- 
rale, pi.  XXIII,  fig.  8). 

A  peine  installée  dans  sa  nouvelle  rèsidetice,  la  Société  à 
voulu  cottitoencer  8à  secbnàe  série  d'observations  par  une  p^ 


DO  lA  iu  2S  ssMitBii  ISOSi  1195 

menade  dans  le  bassin  de  Luchon.  M*  Lejmerio  rend  compte 
de  la  manière  suivante  des  faits  intéressants  qui  ont  été  ob- 
servés dans  ceUeJpromenade. 

Promenade  à  Saint^Mamet^  le  20  au  matin^  Compte*rendu 

par  M.  Le|merie. 

(  Voyei  la  coupe  générale. }  ' 

■ 

Le  petit  bassin  qui  modifie  si  agréablement  le  faciès  hiibi- 
foellement  assez  sévère  de  la  Talléc  de  la  Pique,  offre  ft  sbh  dt- 
tfémité  méridionale,  è  Tcnlrée  du  vallon  de  Burbc,  lin  Taît  de 
Boalèvement  tout  h  fait  caractéristique.  Ce  soulèvement  û  fait 
sortir  de  dessous  la  montagne  de  Superbagnères  (1797  mètres) 
qbi  domino  immédiatcm(?nt  LUcfaon  (928  mètres)  un  massif 
granitique  qui  se  prolonge  à  Test  en  remontant  le  vallon  de 
Burbè,  jusque  dans  la  vallée  d'Aran  (Espagne),  parallèlement 
atix  Pyrénées.  Ce  typhon  a  crevé  et  relevé  de  part  et  d'âut^e 
lès  schistes  gneissiques  et  les  phyllades  cristallins  qui  consti- 
tuent dans  cette  région  là  base  du  système  silurien. 

Lorsque,  do  la  fonderie  de  Saint-Mnmet  ou  du  monticule  de 
Gastelviel,  qui  fait  partie  de  cet  ensemble  granfto-schisteut, 
fious  avons  jeté  un  regard  sur  le  vallon  de  Burbe  à  son  erftrée, 
principalement  sur  le  cOté  septentrional,  Il  nous  a  été  facile  de 
voir  de  grosses  écailles  qui  flanquent  et  contournent  le  massif 
soulevé  ;  et,  en  entrant  dans  le  vallon  lui-même,  au  sein  des 
roches  granitoïdes,  la  Société  n'a  pas  tardé  à  s'aJ)ercevoîr  qu'elle 
n^avait  pas  sous  les  yeux  un  granité  ordinaire  plus  ou  moins 
homogène,  mais  bien  une  masse  trèS-riche  en  feldspath,  pauvre 
ëta  quartz,  dont  les  caractères  varient  beailcotip  d'un  point  2i  un 
autre,  et  qui  offre  le  faciès  de  la  Leptynite  ou  celui  de  la  Pegma- 
tite,  et  dans  lequel  le  granité,  proprement  dit,  ne  se  trouve  ({ue 
comme  variété  secondaire.  Le  mica  est  ie  plus  souvent  blanc 
d'argent  dans  ces  roehes>  et  c'est  lui  qui,  dans  le  voisinage  des 
Thermes,  afTecte  une  disposition  palmée  si  remarquable. 

Ce  typhon  granitique  de  Luohon  a  dû  faire  éruption  à  l'état 
de  fusion,  an  moins,  à  l'état  pâteux;  car  on  voit  partout  les 
fMhes  qui  lé  bompt^ent  pè^nétrer  dans  left  terrains  MhfAeux, 


1180  nfiUNrON   KITIàOIDINAIHV   à   SAlNt-GAUDKNS , 

8*y  incorporer  de  toutes  maDiéres,  et  enfin  y  former,  à  une  cer- 
taine distance  du  contact,  des  filons  dont  la  richesse  en  felds- 
path paraît  diminuer  à  mesure  que  la  distance  augmente. 

Nous  ayons  yisité,  prés  du  village  de  Montaoban,  un  de 
ces  filons,  et  M.  Fourcade  (1)  tous  a  Tait  recueillir,  dans  les 
salbandes  ou  dans  les  nids  de  ce  filon,  des  échantillons  bi^ 
caractérisés  d'un  minéral  fibreux,  découvert  à  Gèdra  par 
H«  d'Arcbiac,  pea  répandu  dans  les  Pyrénées  et  qui  a  été 
décrit  par  M.  Dufrénoy,  sous  le  nom  de  Gédrite. 

Entre  cette  région,  signalée  par  Téruption  des  roches  gra- 
nitoldes,  et  le  système  des  schistes  cristallins  de  Luchon,  qui 
est  particulièrement  développé  à  rentrée  de  la  vallée  de  Lar- 
boust,  il  existe  une  zone  où  l'éruption  s'exerce  encore  latéra- 
lement, et  dans  laquelle  les  roches  granitoldes  poussent  des 
ramifications  ou  des  filons.  Les  eaux  sulfureuses  de  Luchon  dr- 
culent  et  sourdent  à  la  base  de  la  montagne  dite  de  Superba- 
gnéres  dans  cette  zone  d'enchevêtrement.  Chacun  connaît  les 
belles  Pegmatites  à  Mica  palmé  qui  pénétrent  le  schiste  gneis- 
sique  vers  les  points  d'émergence  des  sources.  Les  nombreux 
blocs  extraits  des  travaux  souterrains  des  Thermes  ont  fourni 
à  nos  confrères  de  très-beaux  échantillons  de  cette  roche 
intéressante. 

M*  Leymerie  a  saisi  cette  occasion  de  mentionner  la  richesse 
exceptionnelle  de  ces  eaux,  tant  à  l'égard  du  nombre  et  de  leur 
variété,  que  de  leur  thermalité^  et  de  rappeler  les  nombreux 
travaux  dont  elles  ont  été  l'objet,  principalement  sous  Padmi- 
nistration  active  et  éclairée  de  M.  Tron  (2).  A  cet  égard,  il  ne 
pouvait  oublier  les  savantes  analyses  de  MM.  Fontan  et  Filhol  ; 
les  admirables  travaux  de  captation  et  d'aménagement  de 
M.  Jules  François,  ni  le  talent  de  (l'architecte,  M.  Ghambert, 

(4)  M,  Fourcade,  médecin  vétérinaire  à  Luchon,  a  fait  dans  ce  pays 
plusieurs  découvertes  heureuses,  soit  en  minéralogie,  soit  en  géologie. 
C'est  lui  qui  a  trouvé  dans  la  pegmatite  de  Burbe  un  béryl  qui  a  figuré 
à  l'exposition  de  Londres.  Antérieurement,  M.  Tingénieur  François 
avait  vu,  dans  la  même  région,  ce  minéral  si  rare  dans  nos  montagnes, 
et  j'en  avais  recueilli  un  prisme  au  milieu  du  quartz  de  Maccaye  (Bas- 
ses-Pyrénées), dans  la  région  des  kaolins. 

(2)  Le  groupe  de  Luchon  se  compose  de  40  à  50  sources,  dont  la 
température  varie  de  30^  à  68°.  Une  des  principales,  celle  de  la  Reine 


\ 


PO  ih  AU  23  BBPTËiiBU  1862.  iiB7 

qui  est  |>arveDU  à  latisfaire,  dans  la  construction  de  rèta>* 
blissemeni  où  nous  recevions  rhospitalitë,  les  exigences  de  Tart 
et  celles  de  la  science  la  plus  avancée. 

Compte  rendu  de  la  course  du  20  septembre  dans  lés  vallées 
de  iMrboust  et  d'Oueil;  par  M.  Leymerie. 

(Coupe  générale,  pi.  XXIII,  fîg.  8.) 

Cette  course  avait  pour  objet  Tétudedu  terrain  de  transition 
du  pays  de  Luchon,  et  la  reconnaissance  des  trois  étages  que 
j*y  ai  distingués  et  qui  se  trouvent  délimités  et  coloriés  sur 
une  carte  géologique  que  je  mets  sous  les  yeux  de  la  réunion. 

L'entrée  de  Larboust,  de  part  et  d'autre  de  la  rivière  de  ce 
nom,  se  fait  à  l'extrémité  nord  de  Luchon  (faubourg  deBarcug- 
oas) ,  dans  une  formation  de  schistes  cristallins  dont  les  uns 
sont  gneissiques,  de  couleur  brune,  et  les  autres»  habituelle- 
ment supérieurs  aux  premiers,  consistent  en  de  vrais  phyllades 
très-fissiles,  de  couleur  assez  claire  et  plus  ou  moins  éclatants 
ou  satinés.  L'ensemble  de  ce  système  azolque,  généralement 
dépourvu  de  calcaire,  constitue  Tétage  inférieur  du  terrain  de 
transition  (silurien  inférieur  ou  cambrien).  Les  schistes  gneis* 
siques  existent  principalement  du.  côté  droit  de  la  rivière  de 
Larboust,  à  la  base  de  Superbagnères,  où  ils  sont  chargés  de 

(température  58°),  renferme  par  litre,  d'après  M.  Filhol,  0*'.252  de 
substaoces  solubles,  dont  nous  ne  signalerons  que  les  principales , 
savoir  : 

Sulfure  de  sodium 0(^052 

Chlorure  de  sodium 0    062 

Sulfate  de  chaux 0    034 

Sulfate  de  soude 0    031 

Silicate  d'alumine 0    025 

Silico  en  excès  •  • 0    025 

0   22G 

En  outre,  la  plupart  de  ces  sources  contienneutuDe  certaine  quantité 
de  matières  organiques  (Barégine,  etc.),  et  l'acide  sulfbydrique  qui 
s'en  dégage,  décomposé  en  présence  de  l'air  chaud  et  humide  des  ga- 
leries, laisse  déposer  sur  leurs  parois  du  soufre  cristallisé  qui  s'y  accu- 
mule quelquefois,  en  formant  des  croûtes  ayant  plus  de  4  centimètre 
d'épaisseur. 

Soc.  géol. ,  2*  série ,  tome  XiX  J  72 


1138        RtumoH  iiiiLàoaDiiiAïai  a 

grenats  eo  ceriaios  points.  Les  phjfllades  se  montrent  du  cM 
opposé,  au  pied  de  la  montagne  de  Cazarii.  Au*dcssua  de  cet 
étage  cristallin,  se  développe  un  schiste  remarquable  par  sa 
couleur  noire  qu'il  doit  à  du  graphite  dont  il  est  comme  impré- 
gné. Ce  schiste  est  encore  caractérisé  par  la  présence  presque 
constante  de  la  pyrite  qui  sW  trouve  intimement  ou  mélangée 
ou  disséminée  et  qui,  par  une  décomposition  habituelle  chez  ce 
minéral  dans  des  circonstances  aoalogues,  donne  naissance  à  la 
formation  d'efflorescences  yitrioliques  (sulfates  d*alumine  et 
de  fer).  Enfin^  cette  roche  schisteuse,  que  Ton  peut  appeler 
schiste  carburé  ou  graphitique,  offre  fréquemment  un  éclat 
asseiyif  et  comme  métalloïde,  et  contient,  dans  certaines  régions 
(Gouaui,  hospice  de  Vénasque),  des  mâcles  cruciformes  dissé- 
minées. 

L'étage  des  schistes  carbures  ou  graphitiques  se  distingue  à 
première  yue  et  même  h  distance  par  sa  couleur  noire  et  semble 
un  large  coup  de  crayon  tracé  par  la  nature  à  la  limite  infé- 
rieure de  ce  deuxième  groupe  du  terrain  de  transition.  On  le 
Toit  de  Luchon  même,  s'étendre  obliquement  sur  le  flanc  de  la 
montagne  de  Gazaril  et  descendre  au  fond  de  la  tailée  de 
Larboust«  Là,  il  traverse  celte  gorge  et  se  prolonge  ensuite  de 
l'autre  côté,  derrière  Superbegnéres,  dans  le  vallon  de  Gonrom, 
où  il  disparaît  sous  des  couches  plus  récentes  (1\ 

La  réunion,  en  quittant  Luchon  par  Tailée  et  le  pont  des 
Soupirs,  sur  la  route  de  Bagnéres  de  Bigorre,  a  oonslaté  la 
présence  des  schistes  gneissiques  et  des  phyllades  satinés  dont 
il  vient  d'être  question,  et  les  a  vus  passer  sous  les  schistes 
carbures.  Après  atoir  traversé  le  torrent,  elle  n'a  pas  tardé  à 
rencontrer  et  à  couper  ces  schistes  vers  la  base  de  la  mon- 
tagne de  Gazaril.  Plus  loin,  elle  a  vu  à  sa  gauche,  de  l'autre 
côté  du  torrent  de  Larboust,  une  carrière  ouverte  dans  une 
assise  calcaire  qui  passe  sur  les  schistes  précédents.  Ce  calcaire 
est  gris,  à  pâte  fine  et  à  cassure  esquilleuse.  On  le  retrouve 


(4)  Cet  borizoD  noir»  si  bien  dessiné  autour  de  Luohon,  n'avait  pM 
échappé  à  la  sagacité  de  M.  Jules  François,  chargé  avant  mot  de  la 
carte  géologique  du  département.  J'en  ai  rencontré  la  trace  dans  ua 
pahier  de  notes  manuscrites,  où  se  trouvent  d'ailleurs  consigoés  beav* 
coup  de  faits  intéressants. 


DU  H  AU  23  •iFTiiiBiB  1862.  1139 

plu8  loin  à  droite  de  la  route,  en  bas  de  Trébons,  où]il  est  encore 
exploité  comme  pierre  à  chaux  ou  pour  les  constructions.  Ces 
calcaires  sont  associés  avec  des  schistes  gris  passant  à  Tardoise 
quelquefois  sub-fibreux,  veinules  en  blanc  par  du  calcaire  spa- 
thique. 

Les  couches  de  ce  système  sont  d'ailleurs  recourbées  et 
contournée.s  et  renferment,  à  Tétat  de  filons  ou  autrement,  du 
spath  calcaire  et  du  quartz  ^  en  un  point  même,  nous  avons 
rencontré  un  affleurement  d'une  sorte  d'eurite. 

Telle  est  la  manière  dont  se  présente,  de  ce  côté  du  bassin  de 
Luchon,  Tétage  que  j'ai  cru  pouvoir  désigner  par  le  nom  de 
silurien  supérieur^  à  une  époque  où  Ton  ne  connaissait  dans  ce 
terrain  aucun  fossile,  si  ce  n'est  quelques  débris  d'Encrines 
indéterminables.  Récemment,  M.  Fourcade  y  a  trouvé  des 
Encrines  bien  caractérisées  et  quelques  autres  fossiles  et  enfin 
des  Orthocéres  parmi  lesquelles,  Orthoceras  Bohemicay  Bar- 
rande,  qui  sont  venus  confirmer  ma  détermination. 

Ces  observations,  que  nous  avons  faites  au  bord  de  la  route, 
en  remontant  la  vallée  de  Larboust  sur  la  rive  gauche  du  torrent, 
nous  ont  conduits  jusqu'au  débouché  du  vallon  d'Oueil,  où 
nous  sommes  entrés  pour  aller  voir  les  griottes  dévoniennes  de 
Sainl-Paol  qui  sont  situées  à  A  ou  ô  kilomètres  en  amont. 
Il  nous  a  fallu,  pour  atteindre  ce  but,  suivre  le  vallon  sur 
son  versant  occidental,  è  une  assez  grande  hauteur.  Dans 
ce  trajet,  nous  avons  vu  peu  de  roches  en  place;  cependant, 
à  l'entrée  du  vallon,  j'ai  fait  remarquer  à  nos  confrères,  une 
grauwacke  noire,  très-caractérisée,  que  je  crois  pouvoir  ratta- 
cher encore  au  silurien.  Toutes  les  couches  supérieures  à  cette 
grauwacke  consistent  en  des  schistes  et  caischistes  de  couleur 
terne  un  peu  jaunâtre,  qui  s'accusent  de  part  et  d'autre  do 
vallon,  surtout  du  côté  nord,  par  des  formes  assez  arrondies, 
et  par  une  teinte  plus  ou  moins  claire,  grise  légèrement  nuancée 
de  jaunâtre  ou  de  rosâtre.  Ces  caractères  nouveaux  indiquent 
la  présence  de  l'étage  dévonien  dont  l'assise  supérieure  est  bien 
accusée,  au-dessus  du  village  de  Saint-Paul^  par  des  calcaires 
amygdalins  vivement  colorés,  analogues  aux  griottes  et  aux 
marbres  verts  de  Campan  dont  on  doit  la  première  détermina- 
tion à  M.  de  Buch. 


ll&O  ftÊumON   filTAAÛâDlNAlRB    À   5AINT'»GÀt'DBlC4  ^ 

Ces  calcaires  sont  irès^-déYcloppés  dans  la  partie  supérieure 
du  vallon^  d'où  ils  passent  latéralement  dans  la  vallée  de  Lar- 
boust.  Plusieurs  carrières  ouvertes  dans  ces  marbres  permettent 
de  les  observer  aussi  complètement  qu'on  peut  le  désirer,  et 
dans  celle  qui  est  située  à  une  certaine  hauteur  en  face  da 
village  de  Saint-Paul  sur  le  versant  droit  du  vallon,  ta  réunioD 
a  trouvé  des  caischistes  amygdalins  dont  les  ganglions  calcaires 
sub-cristallins  et  plus  ou  moins  déterminés  aiïectent  une  teinte 
qui  varie  du  blanc  au  rosé  et  au  rouge,  tandis  que  le  schiste 
qui  entrelace  ces  ganglions  est  habituellement  d'un  vert  clair 
ou  gris-verdâtre.  Malgré  Taclion  métamorphique,  probablement 
thermale^  qui  s'est  exercée  sur  ces  roches,  et  qui  les  a  plus  ou 
moins  modifiées,  il  nous  a  été  facile  de  reconnattre,  dans  les 
cassures,  des  sections  plus  ou  moins  marquées  de  Clyménics  et 
de  Goniatites  et  plusieurs  de  nos  confrères  ont  vu  sur  certains 
blocs  des  indices  évidents  d'Orthocères  (1). 

Au  retour,  j'ai  fait  remarquer  à  la  réunion,  sur  les  pentes 
occidentales  de  la  montagne  qui  sépare  le  vallon  d'Oucil  de  la 
vallée  de  Larboust»  des  blocs  d'un  granité  porphyroîde  à  grands 
cristaux  qu'on  ne  trouve  en  place  qu'à  la  crête  des  Pyrénées 
au-dessus  des  lacs  d'Oo,  et  qui  ont  dû  nécessairement  franchir 
cette  montagne  intermédiaire  de  600  à  800  mètres  de  hauteur, 
pour  parvenir  dans  le  vallon  où  nous  nous  trouvions.  J'ai  égale- 
ment appelé  l'attention  de  mes  confrères  sur  les  atterrissements 
du  vallon  lui-même  au  milieu  desquels  le  torrent  s'est  creusé 
un  lit  très-profond.  Il  est  très-probable  que  ce  vallon  était 
autrefois  en  grande  partie  comblé  par  ces  puissants  amas  d*allu- 
vions  et  de  détritus,  et,  en  appliquant  cette  idée  à  la  vallée  de 
Larboust,  on  aplanit  singulièrement  la  difficulté  indiquée  ci- 
dessus  à  l'occasion  des  blocs  erratiques. 

Cette  excursion,  trop  rapide  sans  doute,  a  suffi  néanmoins 
pour  montrer  à  la  réunion  les  trois  étages  superposés  que  j'ai 
reconnus  dans  le  terrain  de  transition^  et  aucun  de  nos  con- 
frères n'a   élevé  le  moindre  doute  contre  leur  existence,  ou 


(4)  M.  Fourcade  vient  de  découvrir  dans  un  schiste  ardoisier  pro- 
bablement silurien  qui  existe  dans  le  môme  vallon  vers  son  originOi 
des  empreintes  de  Trilobiles  et  notamment  O^gia  Edtvardsi, 


DO   1&    AU    23    6EPTBIIBRB   1862.  llftl 

contre  leur  ordre  de  superposition,  faits  qui,  d'ailleurs,  devaient 
(^tre  amplement  confirmés  dans  une  excursion  subséquente  à 
Saint-Béat  et  à  Cierp. 

De  ces  trois  étages,  le  plus  récent,  qui  occupe  presque  toute  la 
\allée  d'Oueil,  appartient  évidemment  au  système  dévonien,  dont 
les  caischistes  amygdalins  à  couleurs  vives  constitueraient  une 
assise  supérieure  recouverte  elle-même  par  des  phyllades  colorés 
et  par  des  bancs  de  quartzites  qui  existent  tout  à  fait  en  haut 
du  vallon  et  que  nous  n'avons  pas  vus  (i).  L*étage  intermé- 
diaire qui  commence  par  les  schistes  graphitiques,  au-dessus 
desquels  se  développent  des  calcaires  gris  esquilleux^  avec 
Encrines  et  Orthocéres,  notamment  Orthocems  Bohemicay  des 
schistes  en  partie  ardoisiers  et  des  grauwackcs,  représente  le 
terrain  silurien  supérieur.  Enfin,  Tétage  des  schistes  cristallins 
azoîques  pourrait  être  regardé  comme  du  terrain  silurien  infé- 
rieur modifié,  ou,  ce  qui  revient  à  peu  prés  au  même,  assimilé 
au  système  cambrien.  L'étage  inférieur  des  schistes  azoîques 
est  trés-développé  au-dessus  de  Luchon,  dans  la  vallée  de  la 
Pique.  Ces  schistes  occupent  notamment  presque  tout  l'espace 
compris  entre  cette  vallée  et  celle  du  Lys,  et  prennent  des 
mâcles  au  voisinage  des  granités.  Ils  sont  çà  et  là  percés,  tantôt 
par  l'eurite,  tantôt  parle  quartz,  qui  y  pénétrent  l'un  et  l'autre 
par  imbibition,  et  constituent,  à  l'ouest  du  Port^Yiel,  la  crête 
des  Pyrénées  de  la  Haute-Garonne  qui  est  formée,  à  l'est  du 
même  point,  par  des  roches  granitiques  surincombantes  (voir 
la  coupe  générale,  pi.  XXIII,  fig.  8). 

L'étage  silurien  (schistes  graphitiques  et  calcaires  en  partie 
accidentés  par  des  rubans  parallèles  d'une  matière  euritique  ou 
quartzeuse)  se  montre  aussi  de  ce  côté,  en  superposition  sur 
ce  système  de  schistes  cristallins,  dans  le  massif  de  Campsaure, 
à  l'ouest  de  la  vallée  d'où  il  descend  pour  traverser  la  Pique^  à 
l'entrée  du  vallon  du  Lys  dont  il  forme  le  versant  septentrional. 
Ce  même  étage,  principalement  représenté  par  des  grauwackes 
schisteuses  à  empreintes  végétales  et  par  les  calcaires  sub- 

(4)  Il  existe  en  d*autres  points  des  Pyrénées,  notamment  dans  les 
environs  de  Gèdre  et  de  LaruDs,  des  couches  dévoniennes  d'un  faciès 
tout  différent,  à  Spirijers^  Atripa  reticularis^  Retepora^  etc.,  qui 
pourraient  être  considérées  comme  une  assise  inférieure. 


11A2  RÉUNION   EXTRAORDINAIRE    A    SÀINT-GÀDBBNS , 

marmoréens  avec  dolomies,  reparaît  au-delà  de  la  crête,  pour 
combler  en  partie  rintervalle  compris  entre  cette  ligne  culmi- 
nante et  le  massif  espagnol  de  In  Maladetta.  De  ce  côté  d'ail- 
leurs, il  n*y  a  plus  trace  de  Tétage  déyonien. 

Ces  terrains  de  la  vallée  supérieure  ont  été  parfaitement 
reconnus  dans  une  excursion  dirigée  par  M.  Hébert,  el  dont 
notre  savant  confrère  va  rendre  compte. 

Compte-rendu   de  l'excursion  du  21  septembre  au  port 
de   rénasque;  par  M.  Hébert. 

(Coupe  générale,  pi.  XXIII,  Gg.  8.) 

La  Société  ayant  désiré  faire  une  excursion  au  port  de 
Yenasque,  M.  Leymerie,  qui  ne  pouvait  nous  accompagner  ce 
jour-là,  m'a  chargé  de  le  remplacer,  après  m'avoir,  comme  pré- 
cédemment, muni  de  tous  les  renseignements  nécessaires.  Cette 
excursion  n'offrait  d'ailleurs,  au  point  de  vue  géologique, 
aucune  difficulté.  Nous  avions  vu  la  veille  les  diverses  masses 
minérales  que  nous  devions  rencontrer  sur  notre  route.  Uo 
temps  magnifique  nous  permit  d'exécuter  cette  promenade 
dans  les  conditions  les  plus  agréables. 

Des  voitures  nous  transportèrent  jusqu'à  Vhospice  el 
nous  pûmes  remarquer  que  les  schistes  cristallins  qui  accom- 
pagnent le  granité  de  la  tour  de  Castcl-Viel  ne  s'étendent 
pas  beaucoup  au  sud  sur  la  rive  droite  de  la  Pique.  Bientôt  nous 
fûmes  dans  les  schistes  carbures  du  silurien  supérieur,  qui 
occupent  tout  ce  côté  de  la  vallée  jusqu'au  delà  de  Thospice, 
tandis  que  les  schistes  cristallins  azoïques  constituent  le  versant 
gauche.  Arrivés  à  Thospice  (1360  mètres),  nous  prtmes  le  sentier 
qui  conduit  au  port  de  Venasque.  A  peine  eûmes-nous  franchi 
la  Pique  que  le  terrain  changea  de  nature,  ce  n'étaient  plus  des 
caischistes  ou  des  schistes  carbures,  mais  de  véritables  schistes 
ardoisiers,  Teuilletés  d'abord,  puis  compactes  et  pénétrés  de 
filons  de  quartz  de  plus  en  plus  nombreux  au  fur  et  à  mesure 
que  nous  avancions,  et  notamment  sur  la  crête  dentelée  qui 
forme  la  frontière  et  qui  traverse  le  port  de  Venasque.  Quel- 
quefois la  roche  renfermait  des  nodules  disséminés  de  quartz 
micacé.  Ce  système,  inférieur  aux  schistes   carbures  où  se 


DU    ih    AU    2S    8BPTBHB1I    1862.  11&8 

rencoDtrent  les  fossiles  du  silurien  supérieur,  est  classé  par 
M.  Leymerie  dans  le  silurien  inférieur.  Ce  rapprochennent  nous 
paraît  d'autant  mieux  fondé,  que  les  phyllades  à  filons  de 
quartz  nous  onl  rappelé  de  la  manière  la  plus  frappante  les 
roches  de  Laifons  sur  la  Meuse  et  de  Spa,  aussi  bien  que  celles 
des  ponts  de  Gé,  auprès  d'Angers,  qui  forment  la  base  des 
ardoises  à  trilobijles. 

La  même  opinion  fut  exprimée  par  M.  Stévart,  qui  ayaiteu 
occasion  d'étudier  le  système  ardoisier  de  Dumont  aux  envi- 
rons de  Spa.  Dans  tout  ce  parcours,  jusqu'au  port  de  Venasque» 
il  n'y  a  ni  micaschistes  ni  gneiss. 

En  arrivant  iiu  portdeYenasque  (2't27  mètres),  on  constata 
du  côté  nord  que  les  rochers  sont  striés,  polis  et  moutonnés  de 
la  manière  la  plus  évidente,  et  qu'il  a  dû  exister  en  ce  point 
un  glacier  plus  ou  moins  étendu^  et  dont  les  petits  amas  de 
neige,  qui  couvraient  encore  le  sol  dans  les  parties  abritées  du 
soleil,  ne  sont  plus  (|ue  les  restes  dégénérés. 

Je  ne  chercherai  pas  à  décrire  le  tableau  splendide  qui  s'éta- 
lait à  nos  yeux  par  cette  journée  exceptionnellement  belle î 
mais  la  Maladetta,  qui  était  en  face  de  nous  toute  éclatante  de 
son  manteau  de  glace,  nous  inspirait  de  vifs  regrets  de  ne 
pouvoir  suivre  jusqu'à  son  massif  central  la  constitution  de  ce 
sol  si  accidenté. 

Cependant  nous  descendions  dans  la  vallée  qui  sépare  ce 
massif  de  la  crête,  et  qui  appartient  déjà  à  l'Aragon  jusqu'à 
un  bourrelet  longitudinal  qui  est  bien  connu  des  géologues 
sous  le  nom  de  Penna-blanca;  nous  nous  retrouvions  de  nou- 
veau sur  les  schistes  carbures  de  la  rive  droite  de  la  Piquet 
amenés  là,  soit  par  un  plissement,  soit  plutôt  par  une  fracture, 
en  contact  avec  les  phyllades  à  filons  de  quartz. 

La  partie  supérieure  de  ces  schiste^  offre  un  caractère  remar- 
quable-, elle  renferme  des  assises  de  calcaires  gris  et  veinés  de 
blanc,  quelquefois  dolomitiques,  dont  l'ensemble  se  détache 
trés-ncttement  sur  le  fond  noir  des  schistes,  et  dessine  à  l'œil  un 
ruban  blanc  qui,  parlant  du  fond  de  la  vallée  s'étend  fort  loin  à 
TE.  S.-E.  sur  la  croupe  des  montagnes  de  Vielle  (Catalogne). 

Mous  franchîmes  bientôt  une  crête  transversale  dirigée  sen- 
siblement du  N.  au  S.,  et  qui  forme  la  limite  entre  rAragon 


iihh  RÉUNION   EXTRAORDINAIRE    À    SÀ1NT-GÀUDBNS , 

et  la  Catalogne.  Celte  crête  nous  a  présenté  à  la  suite,  c'est-à- 
dire  au  sud»  des  calcaires  blancs  du  silurien  supérieur  el  4es 
grauwackcs  noires  plus  ou  moins  schisteuses  où  Ton  troutedei 
empreintes  végétales. 

C'est  par  le  port  de  la  Picade  que  nous  sommes  rentrés  en 
France.  Ce  passage,  récemment  amélioré,  est  ouvert  dans  les 
schistes  carbures,  recouverts  par  une  assise  decaicaire  en  partie 
rubané  par  des  strates  siliceux  ou  euritiques. 

Une  personne,  étrangère  à  la  Société,  mais  assidue  depuis 
longtemps  à  ses  excursions,  M.  Lecocq,  y  a  découvert  des 
Orthocéres.  C'est  la  première  fois  que  des  fossiles  se  trouvent 
dans  cette  région.  Les  mêmes  schistes  nous  ont  roontré,  en 
descendant  à  Thospice,  des  couches  remplits  de  mAcles.  Par 
suite  de  ces  observations,  nous  avons  donc  pu  constater  que  le 
silurien  supérieur  occupe  entièrement  la  rive  droite  de  la  Pique 
depuis  le  port  de  la  Picade  jusqu'au  delà  du  débouché  de  la 
vallée  du  Lys. 

Sur  Tinvitation  qui  lui  avait  été  faite  par  M.  le  Président, 
M.  Collomb  expose  les  principaux  phénomènes  offerts  par  les 
glaciers  de  la  Malade tta. 

Note  de  M,  Collomb  sur  les  glaciers  de  la  Maladetta. 

Le  massif  si  connu  sous  le  nom  de  Maladetta  offre  deux 
ctmes  principales  :  l'une  (335i  mètres)  porte  le  nom  même 
du  massif,  et  l'autre,  le  pic  de  Néthou  (3A0i  mètres),  est 
considérée  comme  le  point  culminant  de  toute  la  chaîne.  A  cha- 
cune de  ces  cîmes  est  subordonné  un  glacier-,  ces  deux  glaciers 
sont  d'ailleurs  séparés  par  une  longue  arête  rocheuse  qui 
descend  du  sud  au  nord,  depuis  le  sommet  de  la  Bialadetla 
jusqu'auprès  du  Trou  du  Toro  (2023  mètres),  arête  très-aigOe» 
faisant  l'office  d'un  mur. 

Ayant  visité  ces  glaciers  plus  en  détail,  en  juillet  1861  avec 
M.  de  Verneuil,  je  puis  communiquer  à  la  réunion  quelques 
faits  qui  auraient  pu  lui  échapper,  parce  que  le  21  septembre 
ces  amas  glaciaires  étaient  déjà  couverts  d'une  légère  couche 
de  neige,  fratchement  tombée  qui  cachait  les  crevasses  et  autres 
accidents  superficiels. 


DU   lA   AU   23   SBPTBUBIIB   1862.  11A5 

La  longueur  du  glacier  de  la  Maladetta  est  d'eDvIron  1500  mô- 
très,  sa  largeur  de  1000  ù  1200,  il  repose  sur  un  fond  de 
granité  à  très-forte  pente  qui  peut  aller  approximativement 
de  0,ôO  à  O96O',  son  accùs  est  donc  assez  difficile.  Il  peut  se 
classer  dans  la  catégorie  des  glaciers  de  second  ordre  de  de 
Saussure.  Pareillement  à  tous  les  glaciers  des  Alpes»  sa  partie 
supérieure,  près  du  sommet  de  la  Maladetta,  est  composée  de 
champs  de  neige  formés  de  couches  de  névé,  soit  de  neige 
tassée,  consolidée  en  partie  et  passée  à  Pétat  grenu^  puis  suc- 
cessivement en  descendant,  ce  névé  passe  lui-même  à  Tétat  de 
glace,  d*abord  huileuse  et  légère,  puis,  tout  à  fait  compacte, 
jusqu'au  point  où  il  se  termine  en  aval. 

Ce  petit  glacier  est,  comme  tous  les  autres  glaciers,  doué 
d'un  mouvement  de  translation  qui  porte  les  masses  de  glace, 
d'amont  en  aval  à  la  manière  d'une  coulée  de  lave.  Sans  qu'il 
soit  nécessaire  de  prendre  des  mesures  directes,  on  a  la  preuve 
de  ce  mouvement  dans  l'existence  des  moraines  qui  le  bordent 
sur  tout  son  pourtour  inférieur,  moraines  qui  nécessairement 
ont  été  transportées  par  le  glacier.  Elles  sont  composées  de 
blocs  de  granité  accumulés  sous  forme  de  bourrelet  j  mais 
comme  le  point  où  le  glacier  dépose  ces  blocs  est  très- incliné» 
ils  ne  restent  pas  tous  en  place,  mais  ils  s'éboulent,  en  faisant 
de  longues  tratnées  sur  les  flancs  de  la  montagne.  Quand  on  est 
témoin  de  la  chute  d'un  de  ces  blocs»  on  le  voit  se  détacher 
tout  doucement,  puis,  par  un  mouvement  accéléré,  rebondir» 
rouler  avec  fracas  et  s'arrêter  prés  de  la  Rencluse  (1).  Quelques- 
uns  des  blocs  de  la  moraine  frontale,  atteignent  environ  [un 
mètre  cube;  ils  sont  la  plupart  anguleux*,  très-peu  sont  arron- 
dis ;  les  menus  débris^  les  sables,  les  boues  glaciaires  manquent, 
on  n^aperçoit  même  pas  le  plus  petit  filet  d'eau  sortant  du 
glacier-,  l'eau  provenant  de  la  fonte  se  perd  dans  la  masse  des 
débris,  on  n'en  voit  point  à  la  surface  du  sol,  peut-être  que 
dans  les  journées  chaudes  de  l'été  il  en  est  autrement  ? 

Les  crevasses  de  ce  glacier  sont  nombreuses  et  profondes, 


(4)  On  donne  ce  nom  à  une  sorte  de  réduit  recouvert  par  une  assise 
inclinée  de  calcaire  silurien,  en  un  point  de  la  ligne  de  contact  du 
granité  et  du  terrain  sédimentaire  de  la  Yallée. 


11A6  RÉUNION    BXTEÀORDINAIRB    À    SÀINT-GAUDINS , 

on  D*a  pas  perdu  le  souvenir,  à  Luchon,  d'un  guide  nommé 
Barrault  qui>  en  accompagnant  un  de  nos  confrères»  il  y  a  uo 
certain  nombre  d'années,  périt  malheureusement  dans  une  de 
ces  cretasses.  A  la  partie  inférieure,  elles  sont  longitudinales', 
plus  haut  elles  deviennent  transversales. 

Nous  ne  dirons  rien  du  glacier  du  Nëthou>  que  la  Société  t 
pu  très-bien  voir  du  point  où  elle  se  trouvait  -,  c'est  une  répéti- 
tion de  celui  de  la  Maladetta,  seulement  il  paraît  être  un  peu 
plus  grand,  soit  environ  1800  à  2000  mètres  de  longueur,  il 
vient  se  terminer  à  la  base  du  flâne  nord  du  Nethou,  un  peu 
au-dessus  du  trou  du  Toro  et  du  plan  des  Âygoualuts. 

Maintenant,  on  peut  se  demander  pourquoi  ces  glaciers 
existent  dans  ces  montagnes  ?  On  peut  répondre  qu'ils  se 
trouvent  dans  les  mômes  conditions  que  partout  ailleurs;  qa*à 
cette  latitude,  à  la  hauteur  de  3300  à  3i00  mètres,  les  neiges 
de  rhiver  étant  accumulées  et  chassées  par  le  vent  sur  le  revers 
nord  de  la  Maladetta,  assez  analogue  à  un  cirque,  elles  s*y  accu- 
mulent de  telle  façon  et  en  telle  quantité,  que  la  chaleur  des 
étés  n'est  plus  suffisante  pour  la  fondre  en  entier  ^  il  y  a  un 
reste  qui  s'additionne  à  lui-même  d'année  en  année  et  finit  par 
former  des  masses  constituant  les  grands  champs  de  neige 
supérieurs,  qui,  de  leur  côté  se  transforment  en  névé  par  la 
pression  et  un  commencement  de  fusion,  puis  en  glace  de  plus 
en  plus  compactée  mesure  que  le  mouvement  de  tranalaiioo 
les  porte  dans  la  région  basse. 

M.  Leymerie  rappelle  que,  dans  une  ascension  h  laMaladetta 
(pic,  deNéthou)  qu'il  fit  en  1858,  avec  MM.  Lembron,  Lésât  et 
d'autres  personnes  (1),  il  a  reconnu  que  la  roche  dont  celle 
montagne  est  essentiellement  composée,  est  un  granile  blanc,  à 
mica  noir  ou  brun,  à  grains  assez  petits,  très-homogène  et  très- 
vif.  Ce  granile  semble  resU^r  indifférent  au  contact  du  calcaire 
silurien  qui  lui  est  juxta-posé  vers  la  base  de  la  montagne, 
et  paraît  avoir  été  percé  vers  le  milieu  par  un  granité  parti- 
culier. Ce  dernier  est  porphyroïde,  à  cristaux  d'orthose  assez 


(4)  Lettre  à  M.  Cordier  sur  une  ascension  au  pic  de  Néthoa  (Hala- 
deitt),  et  sur  les  granités  de  la  Haute-Garonne.  {Comptes  rcntltu  d§ 
VAcad,  des  sc^y  pour  4  868.) 


DU   là  AU   2S   SIPTKMBRI   18C2.  11A7 

petiU»  simples  et  étroits,  dont  la  section  est  rectangulaire*,  il 
renferme  de  raniphibole  en  petites  parties  disséminées.  Il  est 
assez  remarquable  que  cette  roche  éruptive,  qui  pourrait  être 
regardée  comme  un  passage  du  granité  à  TElvan,  soit  justement 
celle  qui  constitue  la  cime  de  Nèthou.  Sa  couleur  est  le  blan- 
châtre teinté  de  rougeâtre. 

Compte  rendu  de  Ceacursion  faite  le  22  septembre  dans  le 
bassin  de  Saint^Uéat;  par  M.  Leymerie. 

La  réunion  a  voulu  consacrer  sa  dernière  journée  d'explora- 
tions au  bassin  de  Sainl-Béat»  où  se  réunissent  la  Pique  et  la 
Garonne,  et  certes  elle  ne  pouvait  mieux  faire,  car  cette  région 
offre  plusieurs  faits  géologiques  du  plus  haut  intérêt.  D'abord 
la  partie  inférieure  de  la  vallée  d'Aran,  en  amont  de  Sainl-Béat^ 
devait  présenter  a  nos  confrères  une  succession  de  terrains  vérita- 
blement classique  pour  les  Pyrénées,  comprenant  le  terrain  silu- 
rien supérieur  fossilifère,  Tétage  dévonien,  le  grès  rouge  séparé 
du  calcaire  jurassique  marmorisé  par  une  masse  d'ophite,  et  nous 
devions  trouver  dans  le  pic  du  Gar,  qui  domine  le  bassin  lui- 
même,  une  série  plus  complète  encore  arrachée  aux  profon- 
deurs du  globe  par  un  soulèvement  particulier  d'une  énergie 
exceptionnelle.  Au  bord  occidental  du  bassin,  nous  avions  à 
reconnaître  un  massif  granitique  tout  à  fait  analogue  à  celui  de 
Luchon,  flanqué  au  nord  par  des  gneiss  et  par  des  schistes  cri- 
tallins  azoYques.  Nous  devions  voir  même,  dans  la  gorge  de 
Siradan,  ces  schistes  en  contact  avec  le  calcaire  jurassique  par 
une  faille  très-curieuse  où  Tophitc  s'est  insinuée  sous  la  forme 
de  plaque.  Enfin,  la  montagne  de  Cierp  avait  à  nous  montrer 
ses  belles  griottes  contournées  en  demi-cercles  et  les  assises 
remarquables  qui  les  recouvrent. 

Pour  observer  suffisamment  tous  ces  faits,  plusieurs  jours 
eussent  été  nécessaires^  mais,  n'ayant  plus  qu'une  journée  à 
notre  disposition^  nous  avons  voulu  au  moins  l'employer  dans 
toute  son  étendue  possible.  Nous  sommes  donc  partis  avant  le 
jour  en  voiture.  Après  avoir  descendu  la  vallée  par  la  route 
impériale,  nous  sommes  arrivés  à  Cierp,  où  commence  le  bassin 
que  nous  nous  proposions  de  visiter.  C'est  là  que  nous  avons 


liiS  EÉUlflOlf    KXTiAOEBINÀIil   À   6ÀINT-GÀ0DBNS , 

dû  quitter  la  roule  de  Toulouse  pour  prendre  uue  route  parti- 
culière qui  conduit  à  Saint  Béat  en  contournant  reztrémilé 
nord  du  massif  de  Baccanère. 

A  peu  près  à  égale  distance,  entre  Gierp  et  Saiot-Béat, 
nous  avons  rencontré  le  village  de  Marignac,  situé  au  débouché 
d*un  vallon  qui  descend  des  Pales  de  Burat,  une  des  parties  cul- 
minantes de  la  montagne  que  nous  venons  de  nommer.  Il  était 
alors  grand  jour  et  nous  avons  mis  pied  à  terre  pour  entrer 
dans  cette  gorge  où  nous  avons  trouvé,  sous  des  schistes  de- 
voniens,  un  calcaire  noir,  contenant  de  nombreux  fossiles,  qui 
établissent  d'une  manière  certaine  sa  position  géognostîque  à  la 
partie  supérieure  de  Tétage  silurien.  Nous  y  avons  recueilli  des 
orthocéres  lisses,  d'auires  cannelées  transversalement  (  Oiih. 
Bohemica^  Barrande)  et  de  ^\xx%Cardioli\  interrupta^  Goldf.,  es- 
pèce tout  à  fait  caractéristique  et  trés-répandue  à  ce  niveau. 
M.  Hébert  y  a  trouvé  un  orthis.  Nous  ajouterons  que,  aux 
Pales  de  Burat,  c'est-à-dire  à  Torigine  de  ce  vallon,  où  la 
même  assise  silurienne  paraît  exister  aussi,  MM.  Saint-Martio 
et  Fourcade  ont  recueilli  de  beaux  morceaux  de  scyphocrinites, 
divers  mollusques  univalves  et  bivalves  et  des  polypiers  que  je 
n'ai  pas  encore  eu  le  temps  d'étudier. 

Étant  revenus  à  la  route^  après  avoir  fait  cette  fructueuse  ex- 
ploration, nous  avons  continué  à  nous  diriger  vers  Saint-Béat, 
où  nos  voitures  étaient  déjà  arrivées.  Cette  partie  de  la  route 
est  resserrée  entre  une  montagne  de  marbre  blanc  (montagne 
d'Arri),  dernier  échelon  du  massif  de  Baccanère,  et  une  protu- 
bérance de  granité  et  de  gneiss  (montagne  de  Saint-Gréry)  qui 
s'élève  comme  une  tie  vers  le  bord  du  bassin.  Au  moment  d'en- 
trer à  Saint-Béat,  la  réunion  a  passé  sous  des  carrières  très- 
élevées  où  l'on  exploite  le  marbre  statuaire,  si  connu  des  géo- 
logues et  des  artistes.  Ces  carrières  offrent  plusieurs  faits 
intéressants  au  point  de  vue  de  l'origine  et  du  mode  de  forma- 
tion des  calcaires  marmoréens  qui  s'y  trouvent  entaillés.  On  y 
remarque  d'abord  des  veines  d'une  matière  d'un  vert  foncé  qui 
rappelle  Tophite,  des  pyrites,  des  mouches  de  soufre,  des  la- 
melles de  mica  et  de  talc...  Je  crois  devoir  signaler  particuliè- 
rement aux  minéralogistes  la  pyrite  qui  gît  au  milieu  de  ce 
marbre  sous  la  forme  de  beaux  cristaux  hexadiëdriques,  isolés. 


DU    1&    AU    S3    SBPTEMBRt    l86â.  11^9 

ayant  k  centimètres  d^axe.  Le  temps  nous  manquait  pour  mon* 
ter  aux  carrières  ;  mais  nous  avons  pu  constater,  sur  les  blocs  et 
les  nombreux  débris  accumulés  ù  la  base  de  la  montagne,  que,  à 
raison  de  sa  couleur  et  de  sa  texture,  ce  marbre  méritait  par- 
faitement Tépithéto  de  saccharoïde.  Nos  confrères  y  ont  vu  des 
enduits  et  des  mouches  de  soufre  d*un  beau  jaune  et  des  points 
pyriteux,  et  ont  pu  s*assurer  que  ce  calcaire,  si  cristallin  et  si 
pur  en  apparence,  laisse  néanmoins  dégager  sous  le  marteau 
une  odeur  fétide  qui  semblerait  indiquer  la  présence  d'une 
matière  organique  décomposée. 

La  vallée  d'Aran,  où  coule  la  Haute-Garonne,  s'ouvre  dans 
le  bassin  de  Saint-Béat  par  un  étroit  défilé  qui  laisse  tout  juste 
assez  d'espace  pour  le  passage  de  la  rivière  et  pour  une  double 
rangée  de  maisons  qui  forme,  sur  la  rive  gauche,  la  petite  ville 
de  Sainl-Bêal.  Ce  défilé  résulte  évidemment  d'une  fracture  qui 
a  séparé  les  deux  massifs  de  calcaire  plus  ou  moins  marmoréen 
trôs-escarpés,  dont  l'un,  celui  qui  s'élève  derrière  les  maisons 
de  la  ville,  dans  lequel  on  exploite  le  marbre  statuaire,  porte  le 
nom  d'^r/7  et  dont  l'autre  s'appelle  simplement  le  Mont.  Der- 
rière ce  défilé,  la  vallée  s'élargit  et  prend  le  caractère  d'une 
vallée  ordinaire  qu'elle  conserve  jusqu'à  Fos. 

Cette  partie  de  la  vallée  d'Âran  offre,  immédiatement  en 
amont  de  Saint*  Béat,  principalement  sur  son  versant  droit  ou 
oriental,  une  succession  très-claire  des  assises  du  terrain  de  tran- 
sition supérieur  en  relation  avec  le  grès  rouge  et  avec  le  calcaire 
marmoréen  dont  il  vient  d'être  question.  Ce  petit  ensemble  est 
d'ailleurs  dirigé  normalement,  c'est-à-dire  parallèlement  aux 
Pyrénées,  avec  une  position  des  couches  plus  ou  moins  voisines 
de  le  verticale.  On  peut  donc  le  regarder  comme  classique, 
d'autant  plus  que  les  assises  siluriennes  y  offrent  des  fossiles 
trèS'déterminables  et  tout  à  fait  caractéristiques.  Je  tenais  donc 
à  le  montrer  à  la  réunion  cl  à  lui  faire  passer  en  revue  tous  les 
éléments  d'une  coupe  que  j'ai  décrite  et  figurée  en  1850  dans 
le  bulletin  de  la  Société  (2""  sér,,  t.  YII,  p.  211)  et  que  je  crois 
utile  de  reproduire  ici  en  la  complétant  par  la  projection  du 
Pic  du  Car  (pi.  XXIII,  fig.  7). 

Âpres  avoir  franchi  la  Garonne  sur  le  pont  de  Saint-Béat, 
nous  avons  pris  le  chemin  de  Boutx,  qui  suit  la  base  du  Mont 


1150  RÉCIflOlf   BXTRAOBDIIfAIRlS    A    SAINT-GATTBElfS , 

sur  la  rivedroitede  la  Garonne.  Nous  avons  remarqué,  chemio 
faisant,  que  le  calcaire  qui  constitue  cette  montagne  et  qui  est 
représenté  par  (i)  sur  notre  coupe,  est  gris  clair,  plus  ou 
moins  cristallin,  passant,  par  places,  au  marbre  blanc.  Ce  cal- 
caire, qui  se  prolonge  dans  celui  d'Arri,  par  dessous  le  sol  de  la 
vallée,  forme  là  une  assise  trés-puissante  composée  de  coQchei 
presque  verticales  dirigées  0.  N.  0.  Une  de  ses  dernières 
couches,  au  Sud,  consiste  en  une  brèche  à  fragments  marmo* 
rèens  blanchâtres  ou  nuancés  de  jaunâtre,  et  que  Ton  aexploitée 
depuis  un  temps  immémorial  dans  une  carrière  â  hautes  entailles 
attribuées  aux  Romains.  Après  avoir  accordé  quelques  instants 
à  cette  carrière,  qui  a  fourni  des  blocs  pour  plusieurs  monu- 
ments de  Toulouse»  nous  avons  continué  à  suivre  le  chemin  de 
Boutx,  qui  quitte  brusquement  la  vallée  au  point  où  se  trouve 
la  carrière,  pour  monter  rapidement  à  gauche,  derrière  le  Mont, 
au  bord  du  vallon  de  Labach,  et  nous  n'avqns  pas  tardé  à  voir 
à  droite,  tout  près  de  nous,  un  monticule  d*ophite  (o).  Nous 
avons  alors  quitté  le  chemin  de  Boutx  pour  prendre  un  sentier 
par  lequel  on  peut  descendre  au  village  de  Lez,  situé  au  fond 
du  vallon,  en  passant  vers  le  pied  du  monticule  ophitique.  La 
roche  qui  constitue  principalement  cette  protubérance  est  une 
diorite  â  petites  parties  d'amphibole  lamclleuse  verte  avec  des 
points  ou  taches  feldspathiques  (albite?)  d'un  blanc  verdâtre.  Il 
est  remarquable,  ainsi  que  je  Pavais  fait  voira  la  Société  sur  le 
chemin  de  Boutx,  que,  dans  le  voisinage  de  cette  roche  éruptive, 
le  calcaire  cristallin  du  Mont  oITre,  en  plusieurs  places,  de  nom- 
breux prismes  carrés  très-grèles  de  couzeranite  qui  souvent  ne 
sont  indiqués  que  par  leurs  empreintes  en  creux. 

Nous  avons  traversé  le  village  de  Lez,  qui  est  en  partie  sur 
Tophite,  et  en  remontant  de  Pautre  côté  du  vallon,  avant  même 
de  quitter  les  dernières  maisons  du  village,  nous  avons  vu 
apparaître  le  grès  rouge  pyrénéen  (r  de  la  coupe),  composé  de 
psammite  argilo-schisteux  d'un  rouge  très-prononcé  et  d'un 
poudingue  que  constituent  des  cailloux  blancs  quartzeux  ci- 
mentés par  du  grès  rouge  argileux. 

C'est  après  cette  assise  que  commence  le  terrain  de  Iransitioû 
dont  nous  avons  été  reconnaître  les  assises  en  montant  obli- 
quement sur  le  versant  oriental  de  la  vallée*  Nous  allons  suc- 


DU  1&  AU  23  SSPTIMBRX   1862.  1161 

oetsÎTement  les  indiquer;  mais  pour  cette  partie  de  la  s^rie, 
nous  mettrons  de  côté  la  forme  d'itinéraire  pour  nous  reporter 
directement  à  la  coupe  dont  voici  la  légende  explicative  : 

j.  Calcaire  murmorôen  ci-dessus  décrit. 

0.  Ophite(hors  série).  Id. 

R.  Grès  rouge  et  poudingue  quartzeux.  Id. 

D.  La  partie  de  la  coupe  affectée  de  cette  lettre  correspond  éfidem* 
ment  an  systèmo  defonieo.  Du  point  où  nous  l'observions,  au  sud 
de  Lez,  on  voyait  celte  assise  et  le  grès  rougo,  de  I  autre  côté  de  la 
vallée,  passer  dans  le  vallon  de  Marignac,  d'où  elle  vase  rendre  dans  la 
vallée  de  la  Pique,  où  nous  la  retrouverons  bientôt  à  ('ierp  avec  des 
caractères  très-marqués.  Ici  elle  consiste  en  des  couches  d'argilolite 
de  couleur  verte  ou  rouge  de  sang,  associée  à  des  calcaires  colorés  en 
gris  clair  et  en  jaune  avec  des  teintes  vertes  et  roses.  On  trouve  là 
aussi  des  caischistes  bréchiforroes,  passant  aune  brèche  versiicolore, 
è  laquelln  nous  appliquerons  Tépithète  de/Irurit\  qui  rappelle  ses 
▼ives  et  agréables  couleurs.  11  n'y  a  pas,  dans  la  région  travers<3e 
par  notre  coupe,  de  véritables  griottes  ni  de  vert  de  campan  ;  mais 
ces  marbres,  les  premiers  surtout,  avec  leurs  goniatites  caractéris- 
tiques, existent  et  sont  même  exploitées  plus  haut,  au-dessus  du 
village  d*Ârgut. 

S^i.  Cette  assise,  la  première  de  la  série  silurienne,  que  nous  désignons 
d'une  manière  générale  par  la  lettre  (s),  est  composée  de  calcaire 
gris  bleuâtre  foncé,  en  partie  fissile  par  la  présence  d'enduits 
schi.steux  entre  les  strates.  On  y  trouve  fréquemment  les  Orthocères 
et  les  autres  fossiles  signalés  à  Marignac,  dans  une  assise  très-ana- 
logue. 

SA.  Le  calcaire  précédent  est  suivi  d'autres  couches  d'une  couleur  plus 
claire,  d'une  texture)  plus  compacte,  renfermant  des  fragments 
d'encrines,  dont  la  roche  constituante  est  un  calcaire  souvent  ma- 
gnésien, passant  même  à  unedolomie  un  peu  roussfttre  qui  renferme 
des  géodes  tapissées  de  cristaux  (rhomboèdres  primitifs)» 

Ici  se  termine  la  partie  calcaire  de  la  coupe,  et  en  môme 
tem|)S  s'arrêtent  les  fossiles.  Plus  loin,  ou  en  d'autres  termes, 
plus  bas  dans  la  série,  se  développe  un  système  schisteux  où 
je  n'ai  jamais  vu  le  moindre  débris  organique,  et  dans  lequel  on 
peut  distinguer  d'abord  une  assise  ardoisière  se),  exploitée  prés 
d'Argut-dessous,  à  laquelle  succède  une  longue  série  où  do- 
mine un  schiste  gris  (sd)  souvent  rubané  par  des  zones  paral- 
lèles de  nature  quarzo-feldspathique  ou  calcaire,  associé  à  des 
caischistes  rubanès. 

Ces  assises  siluriennes,  comme  l'étage  dévonien  et  le  grès 
i^uge/se  prolongent  parallèlement  aux  Pyrénées  à  travers  le 


11&2  tÉONIOM  BXTIULOftblNÀIM  À  ftAINt^GAUDBNS , 

valloû  de  Marignac  où  la  réunion  avait  recueilli  le  matin  iei 
orthocéres  et  les  autres  fossiles  que  nous  ayons  indiqués,  M 
coupent  ensuite  la  vallée  de  la  Pique  où  elles  passent  sous  \m 
marbres  dévoniens  de  Signac  et  de  Gierp. 

En  revenant  à  Saint-Béat,  après  avoir  étudié  cette  coopOt  ou 
s'est  occupé  de  Tâge  du  marbre  statuaire  et  de  son  mode  de  for- 
mation. Pai  fait  remarquer  à  la  réunion  que  Tassise  manso* 
réenne,  qui  s'étend  au  loin  vers  TOuest  dans  le  département 
des  Hautes-Pyrénées  avec  les  mêmes  caractères,  se  trouvait 
pour  ainsi  dire  continuée  du  côté  oriental  par  des  calcaires 
communs  qui  font  partie  des  massifs  du  Gar  et  de  Gagire.  Or. 
les  calcaires  et   les  brèches  qui    constituent  essentiellement 
ces  montagnes  sont  certainement  jurassiques,  car  elles  oiïreot 
là,  OU' dans  les  localités  plus  basses  où  ils  se  prolongent, 
des  parties  riches  en  fossiles  du  Jura.  D'un  autre  côté,  dans 
la  série  que    représente   notre   coupe ,   cette   assise  occupe 
justement  la  place  qui  lui  convient  si  elle  appartient  réelle- 
ment à  l'époque  dont  il  s'agit,  puisqu'elle  vient  immédiate» 
ment  après  le  grès  rouge  qui  représente  le  trias  dans  les  Pyré- 
nées. Son  état,  habituellement  marmoréen,  s'expliquerait  par 
des  actions  métamorphiques  plus  ou  moins  thermales  qui  au- 
raient accompagné  les  éruptions  ophitiques.  N'est-il  pas  frap- 
pant, en  effet,  de  voir  cette  assise  de  marbre  comprise  entre 
deux  lignes  d'éruptions  (  voir  la  coupe),  et  l'influence  de  ces 
phénomènes    éruptifs  n'est-elle  pas   accusée   d'une    manière 
évidente  par  la  présence  de  la  couzeranite  dans  les  couches  les 
plus  voisines  de  l'ophite  tant  au  nord  qu'au  midi,  par  les  autres 
minéraux  que  nous  avons  signalés  dans  le  marbre  des  carrièreSi 
et  enGn  par  les  petits  filons  ou   veines  probablement  ophiti- 
ques qui  traversent  les  calcaires  marmorisés  ! 

En  quittant  définitivement  Saint-Béat,  nous  devions  porter. 
nos  explorations  dans  le  bassin  même  en  continuant  à  en  faire 
le  tour  déjà  commencé  à  la  base  de  Baccanère.  La  partie  orien- 
tale de  l'enceinte  nous  offrait  un  beau  sujet  d'étude  dans  le  Pic 
du  Gar  (voir  la  coupe)  qui  domine  toute  cette  région  j  mais  le 
temps  ne  nous  a  permis  que  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  cette 
montagne  curieuse  et  instructive  dont  j'ai  donné  une  coupe  fi- 
gurée en  1856  dans  le  bulletin  de  la  Société  (  2*  sér.,  t.  XIII, 


DU    ià    AU    23    SBPTBMBMB    1862.  1153 

p.  (571)  9  et  qui  peut  être  considérée  comme  un  gigaotcsque 
éohantillon  de  l'ensemble  des  terrains  de  nos  montagnes  N'ayant 
pas  jugé  contenable  de  reproduire  cette  coupe,  j'ai  cru  qu'on 
me  saurait  gré  d'introduire    la    montagne,  par  une  projec- 
tiouy  dans  la  fig.  7,  pi.  XXIII,  à  la  suite  de  la  Tallëe  d'Aran. 
Nos  confrères  ont  pu  voir  et  retrouveront  dans  la  Ggure  que  je 
viens  d'indiquer,  à  la  base  de  ce  massif  abrupt,  des  roches  érup- 
tives  très-feldspathiques  granitoTdes  (g)  tout  è  fait  semblables  à 
celles  de  Luchon  et  sortant  de  dessous  la  montagne  qu'elles 
semblent  supporter,  absolument  comme  le  typhon  granitique  de 
Superbagnères  et  de  Saint-Mamet  soulève  et  supporte  les  assi^ 
ses  cristallophylliennes  du  bassin  de  Luchon.  Les  relations  de 
ces  roches  éruptives  et  des  gneiss  et  schistes  cristallins  s/,  qu'elles 
pénètrent  et  qui  leur  sont  superposées,  sont  identiquement 
celles  que  nous  avons  signalées  à  l'entrée  du  vallon  de  Burbe. 
Sur  ce  système  cristallophyllien  granitisé,  repose  le  terrain  de 
transition  (s)  représenté  par  des  schistes  azoTques  auxquels  se 
superposent  des  schistes  et  des  calcaires  fossilifères.  On  trouve 
dans  les  schistes  ou  dans  des  grauwackes  schisteuses  très-fines 
qui  leur  sont  associées,  des  empreintes  d'orthis,  et,  dans  les 
calcaires,  les  orthocères  de  Marîgnac  avec  CanUola  interrupta, 
indice  certain  du  silurien  supérieur. 

Ces  terrains  anciens  forment  près  des  deux  tiers  du  massif 
du  Gar  )  toute  la  partie  supérieure  ou  culminante,  dont  la  forme 
escarpée  et  crénelée  fait  distinguer  cette  montagne  parmi  toutes 
celles  qui  forment  l'enceinte  du  bassin,  est  constituée  par  des 
calcaires  (i)  en  partie  brèchiformes  dont  l'âge  jurassique, 
parfaitement  déterminé  paléontologiquement,  est  prouvé  au 
point  de  vue  stratigraphique^  par  une  assise  de  grès  rouge  (a), 
peu  épaisse  mais  très-évidente,  qui  sépare  ces  calcaires  du 
terrain  de  transition. 

Je  ne  dois  pas  oublier  de  dire  que,  avant  de  jeter  ce  coup 
d'œil  sur  le_  pic  du  Gar  lui-même,  nous  avions  fait  quelques 
observations  de  détail  sur  le  chemin  de  Saint-Béat  à  Eup. 
D'abord  en  passant  à  la  base  de  la  montagne  du  Mont,  du  côté 
septentrional,  les  blocs  éboulés  de  calcaire  gris  marmoréen  qui 
gisent  en  grand  nombre  au  bord  du  chemin,  ont  offert  à  nos 
confrères  des  prismes  carrés  de  couleur  noire,  simples  ou 
Soc,  géol,^  V  série,  tome  XIX.  73 


115i  HÊUNION    BXTaAOaDlNÀlHE    A    SAINT-GAUDENS , 

modifies  par  troncature  sur  les  arêtes  latérales,  d*uDe  neUelé 
remarquable^  qui  appartiennent  à  Tespéce  Couzeranite  (1}« 
Nous  ayons  aussi  traversé,  en  montant  à  Eup,  le  terrai» 
cristallophyllien  sous  la  forme  de  gneiss  principalemeot  et  la 
réunion  a  échantillonné  prés  de  ce  village  de  nombreut  blocs 
d'une  ophite  vert-foncé  qui  afDeure  largement  un  peu  au-dessas 
[en  (o)  de  la  coupe]  et  qui  est  remarquable  par  l'éclat  des 
clivages  de  Tamphibolc. 

Les  observations  faites  à  la  base  du  pic  du  <iar  dans  les 
roches  granitoïdes  nous  ont  conduit  jusqu'à  Ghaun  où  nos 
voitures  nous  attendaient.  Nous  y  sommes  montés  et  nous 
avons  dû,  à  notre  grand  regret,  nous  résigner,  à  cause  de 
rheure  avancée,  à  y  rester  jusqu'à  Gierp  pour  achever  le  tour 
du  bassin. 

Après  avoir  traversé  la  Garonne  sur  le  pont  de  Ghaun,  nous 
nous  sommes  trouvés  sur  la  route  impériale  de  Toulouse  à 
Luchon  que  nous  avons  remontée  en  contournant  un  large 
promontoire  de  roches  granitiques  et  de  gneiss,  dont  le  typhon 
observé  à  la  base  du  Gar  n'est  qu'une  dépendance.  Ce  massif, 
dont  les  pegmatites  contiennent  de  belles  tourmalines  signalées 
par  Gharpentier,  et  qui  se  prolonge  à  l'ouest  à  travers  d'autres 
vallées,  est  flanqué  du  côté  du  nord  par  un  système  cristallo- 
phyllien de  gneiss  et  de  schistes  azoïques,  au  sein  duquel  gisent 
des  minerais  de  cuivre  naguéres  exploités  à  Saléchan.  Ges 
schistes  s'avancent  au  nord  jusqu'à  la  gorge  de  Siradan  et 
s'arrêtent  brusquement  sur  la  rive  droite  du  torrent  qui  coule 
au  fond  de  cette  crevasse^  l'autre  rive  étant  occupée  par  des 
escarpements  de  calcaire  carié  et  caverneux  ou  cargneules 
dépendant  du  grand  massif  jurassique  qui  constitue  tout  le 
pays  au  nord  de  cette  ligne.  11  y  a  là  une  faille  rendue  encore 
plus  évidente  par  la  présence  d'une  grande  plaque  d'ophite 


(4)  M.  Dufrénoy  avait  adopté  pour  cette  espèce  un  prisme  rhomboldal 
oblique;  mais  il  est  bien  reconnu  maintenant  que  c*est  par  erreur.  La 
Couzeranite  et  le  Dipyre,  ainsi  que  je  Tai  dit  le  premier  je  crois,  ap- 
partiennent réellement  à  une  môme  espèce  dont  la  forme  primitive  est 
le  prisme  droit  à  base  carrée.  M.  Descloizeaux  a  mis  plus  récemment 
dans  tout  son  jour  ce  fait  dont  on  retrouve  d'ailleurs  la  trace  dans  la 
description  de  la  Couzeranite  par  Charpentier. 


DU    ili    AU    23    SfiPTESIBHB    18G2.  1155 

flanquée  contre  les  calcaires.  Il  esl,  au  reste^  tout  naturel  de 
rattacher  à  cette  éruption  opliitiquo,  non-seulement  la  modifi- 
cation des  calcaire^,  mais  encore  l'existence,  k  Siradan  et  à 
Sainte-Marie,  d'eaux  salines  très-riches  en  sulfate  de  chaux  et 
qui  attirent  chaque  année  dans  cette  partie  de  la  vallée  un 
grand  nombre  de  malades.  J'ai  beaucoup  regretté  que  le  temps 
nous  ait  manqué  pour  visiter  ce  point  curieux  et  intéressant*, 
mois  la  nuit  approchait  et  (i  peine  nous  est-il  resté  assez  de 
jour  pour  monter,  au-dessus  de  Cierp,  ù  la  carrière  de  griotte, 
et  pour  apercevoir  le  grès  rouge  immédiatement  superposé  à 
ce  calcaire  dévonien,  dont  il  semble  ne  pas  partager  les  beaux 
contourncments  en  demi-cercirs  concentriques.  Ces  couches 
de  griotte,  après  avoir  subi  cette  courbure  demi-circulaire  dont 
le  centre  esl  marqué  par  une  grotte,  s'étendent  d'abord  laté- 
ralement jusqu'à  Sîgnac,  où  existent  aussi  des  carrières,  et 
s'élèvent  après  jusque  sur  les  hauteurs  qui  séparent  la  vallée 
de  la  Pique  de  celle  de  Barousse.  Ce  bel  accident  stratigraphique 
a  de  tout  temps  attiré  rallenlion  des  géologues  pyrénéens  et 
même  des  simples  touristes.  Palassou,  dans  son  essai  sur  la 
minéralogie  dos  Pyrénées,  en  a  donné  une  esquisse.  J'en  ai 
pris  moi-même  un  croquis  qui  se  trouve  inséré  dans  ma  lettre 
à  M.  de  Verneuil  [Bulletin,  2^^  sér.,  t.  VU,  p.  216).  Je  le  repro- 
duis aujourd'hui  dans  une  vue  générale  de  la  montagne  de 
Cierp,  à  la  suite  de  laquelle  je  crois  devoir  donner  quelques 
indications  pour  les  divers  éléments  géognosliques  qui  s'y 
trouvent  représentés.  Je  procéderai  dans  celte  légende  dans 
l*ordre  d'ancienneté  des  couches. 


ll;)i)  hGUNIUN    IXTUaBDINÂlIIB    A    UINT-SADDINB , 

Vue  géognoui^ue  de  la  montagne  de  Cierp. 


Ij-j-rnil''  /mur  la  roupe  ilr  la  mnntagne  lU  Cierp. 


a.  Ëlnge  de  calcaire  et  de  schiste  de  couleur  noire,  oft  j'ai  tronvi,  m 
pnvirons  de  Binos,  des  pliquen  entièremeat  cOQTsrleB  de  débrù  d* 
Scy  pli  oc  ri  ni  le»  (tÎKe,  ramPaoï,  iiMe  ou  cupale). 

b.  Calschisles  ordioaires,  uairâlres  6  l'intérieur  faciloment  dÎTJiiblM 
en  pièces  aplaties  parallèleo,  plu»  ou  moini  lerreuM*  et  jaunSirwt 
la  surface,  renfermant  de  peiita  article*  d'eDcrine*.  l'-j  ei  recueilli 
plusieurs  impressions  de  trilobites  (Phacopt). 

c.  Schistes  gris  et  yem  passant  au  calschiste,  ayec  encrioes. 

d.  Cnischisles  amygdalins  variéi  (griotte,  vert  de  moulia,  Campau],  i 
Gonialites  éTidenles,  Clyméoies,  Eucrines...,  exploitée  i  Cierp  etl 
Signac,  et  calcaires  ordinaires  subcompacte*  reofermant  dee  dttrît 
d'encriaes, 

e.  Psammite  argileux  et  schistes  rouges,  avec  poudinguei  ft  caîlloni 
quarlzeux. 

f.  Assise  puissante  très-sini^ulière ,  véritable  magma,  eettpoeée  d'un 
schiste  dans  lequel  se  montrent  et  s'incorporent  d'antree  éléments 

Cette  assiae  commence  par  des  schistes  noirs,  argileni,  fragmen- 
tés, plissés,  veinules  de  calcaire  blanc;  mais  la  ma»e  consiste  en 
une  roche  schisteuse  à  plis  aigus ,  serrés  et  croiaéa  en  divers  moi, 
pénétrée  de  granité  en  petites  parties  et  de  quartz  ea  teioes.  Le 
tout  est  verdi  par  de  l'amphibole  et  par  une  autre  matière  grenue 
qui  est  probablement  de  l'épidoie.  On  dirait  que  ces  ichistes  appsr- 
tenant  sans  doute  à  l'étage  silurien,  qui  réapparaîtrait  ici  par  inter- 
calaiion,  ont  été  pénétrés  et  comme  iojectéâ  d'une  ophite  riche  en 
épidole  qui  correspondrait  à  celle  de  Lez. 

g.  Assise  de  calcaire  crislallin  blanc,  veinule  de  grii  ou  réciproque- 
ment, contenant  de  la  couzeranite  en  prismes  noire  Irés-Dets  au  voi- 
sinage de  l'assiae  précédente.  Cette  masse  de  calcaire,  qui  paaae  dans 
la  vallée  de  Barousse  et  qui  se  prolonge  plus  loin  encore  dans  le* 
Hautes-Pyrénées,  fait  évidemment  suite  è  celle  de  Saiat-Béat,  qai 
se  trouve  dana  la  même  direction. 


DU 


lA  AU  23  sBPTEXBti  1862.  1157 


Là  s(!  termine  lu  série  de  Gierp.  Au-delà  commeoce  et  se 
développe  le  grand  massif  m  de  granité  et  de  gneiss  que  la  réu- 
nion avait  contourné  avant  d*arriver  à  Gierp  et  qui  doit  être 
regardé  ici  comme  un  accident  considérable. 

La  nuit  nous  a  surpris  pendant  que  nous  descendions  au 
village  pour  y  reprendre  nos  voitures.  Nous  sommes  arrivés  à 
Lucbon  à  huit  heures  et  demie.  Ainsi  s'est  accomplie  cette 
tournée  de  seize  heures  assurément  bien  employées;  mais  qui 
se  sont  trouvées  insuffisantes  eu  égard  au  nombre  et  à  la  variété 
des  faits  intéressants  que  nous  avions  à  constater. 

Après  celle  communication,  M.  le  président  croit  devoir 
mentionner  la  visite  que  la  réunion  a  faite  au  plan  en  relief  do 
M.  Lezat,  qui  se  trouve  ex|)osé  dans  une  des  salles  de  rétablisse* 
ment  thermal.  Ce  plan  représente  les  Pyrénées  de  la  Haute- 
Garonne  depuis  la  Maladelta  jusqu'à  Saint-Gaudens  à  Téchellc 
de  xûvn  P^^^^'  '^^  dis!anccs  horizontales.  Les  hauteurs  sont 
doublées,  et  grâce  à  cette  intelligente  satisfaction  donnée  par 
M.  Lezat  à  Timperfeciion  de  nos  sens  et  à  la  manière  heureuse 
avec  laquelle  il  a  rendu  le  faciès  pittoresque  de  ce  beau  pays, 
Taspect  de  son  plan  produit  une  véritable  illusion.  M.  le  Prési- 
dent, qui  n  assisté  pour  ainsi  dire  à  Tœuvre  de  M.  Lezat  et  qui 
a  été  témoin  de  la  scrupuleuse  exactitude  qu'il  a  apportée  dans 
rétablissement  des  bases  avec  des  documents  fournis  par  le 
Dépôt  de  la  guerre,  lui  adresse  ses  félicitations  et  le  remercie 
de  Taimable  attention  qu*il  a  eue  de  mettre  son  relief  à  la 
disposition  de  la  réunion  pendant  son  séjour. 

Les  comptes  rendus  des  excursions  étant  terminés,  plusieurs 
membres  demandent  la  parole  pour  faire  des  rapprochements 
et  des  observations. 

M.  Stévart  indique  de  la  manière  suivante  les  analogies  qu'il 
a  cru  reconnaître  entre  nos  terrains  de  transition  et  ceux  de  la 
Belgique. 

Les  griottes  à  goniatites  de  Saint-Paul  et  de  Gierp,  qui 
correspondent  aux  marbres  de  Gampan,  paraissent  avoir  pour 
représentants,  en  Belgique,  les  marbres  rouges  des  carrières 
de  Merlemont,  prés  Philippeville  et  de  Sainl-Remy,  près 
Rochefort  (province  de  Namur). 

73* 


1168  nÉUNION   BXTftAOtDINÀIBB    A    SAIlfT-OAODINSy 

M.  Leymerie  considère  les  griottes  pyrénéennes  eomme 
appartenant  au  dévonien  supérieur,  et  c'est  bien  à  celte  hao- 
teur  que  se  trouvent  nos  marbres  belges,  superposés  partout 
aux  puissantes  couches  de  calcaire  dévonien  à  Stryngocephahs 
Burtiin,  dont  ils  ne  sont  séparés  que  par  les  schistes  et  calcaires 
de  Frasne, 

Dumont,  dans  sa  carte  géologique  de  la  Belgique,  a  raMem* 
blé  sous  la  même  teinte  (E^)  et  compris  sous  la  même  déno* 
mination  à'étage  calcnrenx  du  système  eijélien^  ces  calcaires 
de  Frasne  avec  ceux  auxquels  nous  restreignons  aujourd'hui 
le  nom  de  calcaire  de  Givet.  Gela  ne  veut  pas  dire  qu'il  les 
considérait  comme  contemporains»  seulement  il  avait  basé  ses 
limites  sur  le  changement  de  caractère  minéralogique. 

M.  6.  Dewalque  réunit  depuis  longtemps  déjà  les  calcaires 
de  Frasne  à  l'étage  quartzo*schi$teux  du  système  condrusien, 
c'est  à-dire  aux  schistes  de  Famenne  et  aux  psammites  du 
Gondroz,  avec  lesquels  ils  constitueraient  le  dévonien  supérieur* 

Quant  aux  fossiles,  nous  dirons  que  les  Glyménies  sont  rares 
chez  nous  et  nous  n'en  connaissons  pas  dont  la  position  soit 
nettement  fixée. 

On  trouve  dans  les  schistes  qui  accompagnent  nos  marbres 
rouges  : 

Gnnintitcs  rrtrorsttSy  de  Buch.        |  Triebratula  jormosa^  Schnorr. 

EnRn  nous  connaissons  dans  les  marbres  eux-mtoies  les 
espèces  suivantes  : 


Tneùraiultt  cttbrtïdes,  PhiU. 

—  concentrica^  de  Bucb  « 

—  pu*^nus,  Mart. 

—  rcticuloris^  Lxïiu. 

—  setnilœviSy  Rœmer. 


Terebratala  seminnîa^  PbîH. 
Spirijer  dUJuRctus,  Sow. 
Pentamerus  Galeatus,  Dtlmaon. 
RecrptacuUtes Ncptuni^  Defrance. 


M.  de  Rouville  esquisse  à  grands  traits  les  analogies  qui  lient 
les  Pyrénées  à  toutes  les  autres  régions  qui  sont  constituées 
par  des  terrains  de  même  ordre.  Il  signale  particuKèrement 
l'identité  des  calcaires  siluriens  supérieurs  et  des  caischîstes 
dévoniens  ùgoniatites  dans  les  Pyrénées  et  dans  les  Gévennes. 

M.  de  Binkhorst  exprime,  comme  l'avait  fait  de  son  côté 
M.  Stevart,  la  satisfaction  qu'il  a  éprouvée  en  retrouvant,  vers 


DU  lA  AD  2S  tipmm  1862.  1169 

la  base  des  Pyrénées,  si  loin  du  Limbourg,  après  one  inter- 
ruption d'environ  300  lioues,  des  assises  qui  lui  rappellent  celles 
de  son  pays.  Il  décrit  brièvement  la  montagne  de  Saint-Pierre 
de  Mnëslricbt  et  ses  vastes  souterrains  et  rappelle  que  ce  sont 
deux  savants  français,  Faujas,  de  Saint-Fond  et  Bor;  de 
Saint-Vincent,  qui,  par  leurs  observations  et  par  leurs  écrits, 
ont  les  premiers  appelé  Tattention  sur  les  précieux  restes  orga- 
niques ensevelis  dans  ce  glie  devenu  célèbre.  Il  fait  remarquer, 
en  terminant,  que  Thorizon  scientifique  s'élargit  de  plus  en  plus 
d  mesure  que  les  observations  se  multiplient,  et  que  les  travaux 
modernes,  en  reculant  les  limites  entre  lesquelles  on  avait  cru 
pouvoir  renfermer  certains  faits,  considérés  d*abord  comme 
locaux,  apportent  ainsi  incessamment  de  nouvelles  preuves  de 
l'admirable  simplicité  de  la  nature  et  de  Tunité  de  la  création. 

M.  Leymerie  s'excuse  de  prendre  encore  une  fois  la  parole 
après  avoir  occupé  une  si  grande  partie  de  cette  longue  séance  ; 
mais  il  lui  semble  utile  de  rattacher  ù  u.i  ensemble  toutes  les 
observations  plus  ou  moins  partielles  ou  locales  faites  par  la 
réunion.  En  conséquence,  il  expose  sur  le  tableau  une  coupe 
générale  des  Pyrénées  de  la  Haute-Garonne  qui,  partant  de 
la  Maladetta,  suit  la  vallée  de  la  Pique  et  celle  de  la  Garonne 
et  se  prolonge  jusque  dans  le  bassin  sous-pyrénéen  par  les 
protubérances  soulevées  d'Aurignac.  Il  passe  rapidement  en 
revue  tous  les  grands  éléments  de  cette  coupe,  qui  peut  être 
regardée  comme  une  représentation  géognostique  presque  com- 
plète de  toute  la  chatne.  Les  points  principaux  traversés  sont  : 
le  pic  de  Nétbou  (Maladetta),  le  pic  de  Sauvegarde  du  port  de 
Yenasque,  Luchon^  le  massif  de  Baccanère,  le  pic  du  Gar,  Saint- 
Gaudens  et  Aurignac. 

Explication   de  la   coupe   des    Pyrénées   centrales  y 
pi.  XXIII,  fig.  8',  par  M.  Leymerie. 

Dans  la  coupe  générale  que  je  mets  sous  les  yeux  de  la 
Réunion,  les  terrains  des  Pyrénées  ne  forment  pas  une  série 
unique. 

D'abord  il  faut  mettre  à  part  la  Maladetta  et  la  Pefina  blanca^ 
qui  appartiennent  an  versant  espagnol  et  que  j'ai  été  très- 


H60  «ÊUKIOX  XXTâAOtDlHAIBH    A   SAIKT-GAUDKNS, 

heureux  de  trouver  dans  la  direclion  de  mon  profil.  La  Mala- 
detfa,  la  Reine  des  Pyrénées,  consiste  en  une  montagne  hardie 
et  imposante,  couronnée  par  une  crête  vive  oITrant  plusieurs 
pointes  anguleuses  dont  la  plus  élevée  est  le  pic  de  Néthou 
(3&0A  métrés),  point  culminant  de  toute  la  chaîne.  Elle  est 
essentiellement  composée  d'un  granité  franc  et  homogène  à 
grains  assez  petits  qui  semble  avoir  surgi  à  Tétat  solide  tel 
qu'il  était  dans  le  sein  de  la  terre  avec  Tétage  silurien  supé- 
rieur (s)  qui  se  trouve  immédiatement  appliqué  contre  lui 
sans  aucune  liaison  et  d'une  manière  pour  ainsi  dire  in- 
différente. Cet  étage  lui-même,  dont  la  puissance  dépasse 
2000  métrés,  vient  combler,  en  stratification  presque  verticale, 
rintervallo  qui  sépare  le  massif  granitique  de  la  crête  pyré- 
néenne formée  par  des  schistes  azoïques. 

Il  se  compose  de  schistes  noirs  en  partie  m&clifères,  de 
graowackes  de  même  couleur  ù  impressions  végétales  et  de 
calcaires  sub-marmoréens  de  couleur  claire  en  partie  dolomi- 
tiques,  offrant  des  veines  et  des  bavures  de  dolomie  rousse. 

C'est  dans  ce  système  que  se  trouve  le  fossé  dans  lequel 
coule  l'Essera  (Plan  des  étangs)  \  c'est  lui  qui  constitue  le 
bourrelet  (Penna  b/anca)  qui  s'étend  derrière  la  crête  comme 
un  gradin  qui  serait  destiné  ù  en  faciliter  l'accès  du  cùté  de 
l'Espagne. 

La  crête  où  commence  le  versant  français  est  formée  par  des 
schistes  azoïques  (s^^.  Le  port  de  Yenasque  n'est  autre  chose 
qu'une  entaille  ouverte  dans  ces  schistes,  comprise  entre  le  pic 
de  la  Mine  et  celui  de  Sauvegarde  (2786  mètres)  figuré  sur  la 
coupe.  Â  partir  de  cette  arête  culminante  jusqu'en  bas  de  la 
chaîne,  les  terrains  tendent,  pour  ainsi  dire»  à  se  disposer, 
conformément  à  la  théorie,  dans  leur  ordre  d'ancienneté  rcla* 
tive,  à  niveaux  décroissants,  et  ils  se  présenteraient  en  effet  à 
l'observateur  en  une  seule  série,  si  deux  soulèvements  grani- 
tiques n'étaient  venus,  en  deux  point  de  la  vallée,  dans  le 
bassin  de  Luchon  et  dans  le  bassin  de  Saint-Béat,  troubler  cette 
disposition  normale. 

Entre  la  crête  et  le  premier  de  ces  soulèvements,  régnent 
presque  exclusivement  les  schistes  azoïques  du  côté  gauche  de 
la  Pique,  représenté  sur  la  coupe,  tandis  que  l'autre  côté  est 


DU  lA  AU  SS  fltrrMilii  186%.  IIM 

presque  eniiéremeht  formé  par  les  sdiistes  «arbarèA  et  les 
caleaires  souvent  rubanés  (Barégtens)  du  silurien  sopèrienr. 
La  coupe  ne  montre  eo  dernier  terrain  que  dans  la  tratersée 
de  la  vallée  du  Lys  et  sur  le  versant  méridional  delà  montagne 
de  Superbagnéres  qui  sépare  la  vallée  du  Lys  de  celle  de 
Larboust.  Cette  montagne  se  trouve  coupée  dans  notre  destin 
où  Ton  voit  clairement  qu'elle  résulte  d'une  réapparition  des 
schistes  aioTques,  ici  trés-cristallins»  soulevés  par  un  typhon 
granitique  (g)  celui  que  la  réunion  a  particuliéremeut  étudié 
à  Saint-Mamet.  Elle  se  rappellera  sans  doute  que  ce  granité, 
essentiellement  feidspatbique  et  très -variable  dans  sa  composi- 
tion et  dans  sa  texture,  offre  ici  un  caractère  éruptif  que  n'avait 
pas  celui  de  la  Maladetta,  très-différent  d'ailleurs  au  point  de 
vue  lithologique. 

Je  crois  devoir  faire  remarquer  sur  le  second  plan,  en  arriére 
delà  coupe,  un  léger  profil  qui  accuse  deux  montagnes  impor- 
tantes, savoir  :  le  pic  espagnol  de  Poxets  (33(M)  métrés)  qui  est 
granitique  et  le  Tue  de  Man/xis  (8110  métrés).  Ce  dernier, 
qui  se  trouve  sur  la  crête,  offre  au  sommet  un  granité  porphy- 
rolde  sur>incombant  relativement  aui  schistes  cristallins  mftcli* 
féres  dont  sa  masse  est  essseni tellement  composée. 

Nous  avons  vu  dans  la  vallée  de  Larboust  et  notamment  sur 
la  montagne  de  Gaxaril,  immédiatement  au  nord  de  Luchon, 
toujours  du  côté  gauche  de  la  Pique,  le  schiste  carburé  et  Te 
calcaire  silurien  supérieur  (s)  «uccéder  aux  schistes  azofques 
soulevés  dont  il  vient  d'être  question.  Ces  gisements  ne  figurent 
pas  dans  le  profil,  parce  que  je  lui  ai  imprimé  une  légère  déTia** 
tion  à  Lucboo  même,  afin  de  le  diriger  vers  le  pic  du  Car, 
Saint-Gandenset  Aurignac,qui  sont  des  points  fondamentaux 
pour  la  représentation  géognostique  de  nos  montagnes.  En 
passant  ainsi  du  côté  droit  de  la  vallée,  notre  coupe  traverse 
l'important  massif  de  Baeoanére  presque  entièrement  ^eompoeé 
de  schistes,  de  caischistes  et  de  calcaires  siluriens  supéHeQr8{e)« 
Les  schistes  carbures  dee  environs  de  Luehon  y  reparaissent 
par  des  replis  à  AKigues  et  h  Gouaux  où  ils  prennent  den 
mAcles  blanches  cruciformes,  et,  sur  les  hauteurs  des  Pales  de 
Burat,  ils  sont  accompagnés  du  calcaire  h  Orthocères,  Ge  der- 
nier calcaire  va  se  représenter  encore,  à  l'extrèmîtè  éa  ttiasaif, 


Ifl^^  HÈUNION.  BXTRAOaOlIfÂIRE    A    8A1NT-GAUDBlfS , 

i^ffs  la  vallée  de  Marignac  sous  des  couches*  déToniennes  et  de 
grès  rouga  (trias)  que  Ton  voit  figurer  sur  la  coupe  près  Saint* 
Béat  sous  la  forme  d'étroits  rubans  (d)  et  (t).  A  ces  terrains 
peu  développés  succèdent  les  montagnes  marmoréennes  (j*) 
A'Jiri  et  du  Mont  qui  doivent  être  regardées  comme  une 
dépendance  des  calcaires  du  Jura  que  nous  allons  ci-après 
rencontrer. 

J'ai  indiqué  sur  l'arriére-plan,  par  un  trait  beaucoup  plus 
fin,  la  montagne  do  Gierp  sur  laquelle  les  roches  (d)  et  (r)  se 
prolongent  ainsi  que  le  calcaire  jurassique  marmorisé. 

Après  Saint-Béat,  la  série  des  terrains  se  trouve  une  seconde 
fois  inlerrornpue  par  une  nouvelle  apparition  d'un  système  de 
granilc  de  gneiss  et  de  schistes  azoïques  presque  identique  avec 
celui  du  bassin  de  Lucbon.  C'est  au  soulèvement  de  ce  typhon 
qu'il  faut  attribuer  la  surélévation  du  pic  du  Gar  où  se  trou- 
vent réunis  dans  leur  ordre  de  superposition  tous  les  terrains 
pyrénéens  jusques  et  y  compris  le  calcaire  jurassique  qui 
constitue  sa  crèle  crénelée.  J'ai  reproduit  sur  la  coupe  générale 
les  éléments  variés  de  cette  curieuse  montagne  et  l'on  peut  y 
voir  les  éruptions  ophitiques  (o)  qui  la  percent  soit  au  nord, 
soit  au  midi.  Celle  qui  se  manifeste  entre  Cazaunous  et  Argue- 
nos  par  un  aflUeurement  très-étendu  y  a  transformé  le  calcaire 
jurassiqqeen  un  marbre  blanc  plus  pur  et  plus  cristallin  encore 
que  celui  de  Saint-Béat. 

Au  nord  du  Pic  de  Gar  et  de  Gagire,  seconde  ctme  jurassique 
qui  se  montre  à  l'est  derrière  le  Gar,  c'est-à-dire  au-delà  de  la 
zone  de  soulèvement  exceptionnel  que  nous  venons  de  signaler, 
le  relief  s'abaisse  tout  d'un  coup  d'une  manière  remarquable.  Il 
ne  présente  plus  qu'une  suite  de  montagnes  mamelonnées  ou 
coDoYdes  dont  la  hauteur,  généralement  médiocre,  se  réduit  à 
une  faible  valeur  près  de  la  Garonne,  en  face  de  Saint-Gaudens. 
Ces  montagnes  se  composent  de  calcaires,  de  brèches  et  de 
schistes  jurassiques  (j)  plusieurs  fois  repliées  qui  oiTrent»  en 
certaines  places,  des  fossiles  bien  caractérisés  dont  les  uns  indi- 
quent le  lias  supérieur  et  les  autres  les  assises  moyennes  du 
groupe  jurassique  proprement  dit. 

Cette  grande  région  jurassique,  dont  les  montagnes  étagées 
constituent  les  deux  premiers  gradins  des  Pyrénées,  s'arrête 


DU  lii  AU  23  8EPTBatiK  1862.  116S 

brusquement  à  la  vallée  de  la  Garonne-Neste,  en  face  do  Saint- 
Gaudens,  dont  Theureuse  situation,  au  bord  d*une  terrasse  dilu- 
vienne» est  indiquée  sur  la  coupe.  Au-delà  de  cette  terrasse 
devrait  s'étendre  la  grande  plaine  sous-pyrénéenne  composée 
de  terrain  tertiaire  moyen  horizontalement  stratifié.  C'est  ainsi, 
en  effet,  que  les  choses  se  passent,  un  peu  plus  à  Touest,  dans 
le  département  des  Hautes-Pyrénées  *,  mais  ici  la  plaine  (m) 
ne  fait  que  commencer  et  ne  tarde  pas  ix  être  interrompue 
par  un  soulèvement  qui  a  mis  au  jour,  heureusement  pour  les 
géologues,  la  craie  et  le  terrain  tertiaire  éocéne.  On  peut  voir, 
en  effet,  sur  la  coupe,  et  la  réunion  Ta  reconnu  sur  les  lieux 
mêmes,  en  se  transportant  de  Saint-Gaudens  &  Aurignac  par 
Latoue,  les  couches  crétacées  (c)  affleurer  de  part  et  d'autre  de 
la  vallée  do  la  Noue  où  elles  se  trouvent  partagées  en  deux  sé« 
ries  par  une  faille. 

Enfm,  le  terram  éocéne  (b),  mes  confrères  doivent  s'en  sou- 
venir, forme  une  série  complète  à  Aurignac,  où  il  repose  sur 
l'étage  garumnien  {gr)  très-développè.  La  coupe  montre  en- 
core l'éocéne,  au  bord  de  la  Louge,  passant  sous  le  dépôt 
horizontal  post-pyrénéen,  dans  une  région  très-riche  en  débris 
do  grands  pachydermes  et  surtout  de  Dinotherium^  et  s'y 
enfonce  définitivement.  Au  nord  do  la  Louge,  en  effet,  la 
plaine  miocène  s'étend  au  loin,  sans  aucune  nouvelle  interrup- 
tion, pour  constituer  cette  vaste  région  comprise  entre  la  Ga- 
ronne et  l'Océan,  que  l'on  désignait  anciennement  par  le  nom 
A^  Aquitaine^ 

M.  le  Président  lève  la  séance  et  prononce  la  clôture  de  la 
session  extraordinaire  de  la  Société  pour  1862. 


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lir'mumêtm  tt  Jt/auvém 


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NOTICE 


Sl?ll 


LA  VIE  ET  LES  TRAVAUX 


DE    M.    CORDIER 


MR 


le  c^Mte  JAVBEmT, 

MeBbra  do  linitilat. 


PARIS 

IMPRIMERIE   DE   L.  MARTINET, 
■01  MiGaoR,  s. 

1802 


HJiUrt'K!   .m 


^i*A« 


NOTICE 


8UK 


LA  VIE  ET  LES  TRAVAUX 


DE  M.   CORDIER 


Soixante-six  années  de  fonctions  dans  le  corps  des  Mines,  le 
premier,  suivant  la  hiérarchie  scientifique,  de  nos  services  pu- 
blics; des  écrits,  un  enseij^netnent,  des  collections  qui  ont  puis- 
samment contribué  aux  pni^Tès  de  la  géologie;  un  canictère 
intègre,  la  praticjue  des  vertus  publi(jues  et  privées  dans 
une  longue  vie  :  tels  sont  les  titres  qui  assurent  au  nom  de 
M.  Cordier  une  réputation  durable. 

Pierre-Louis-Antoine  Cordier  est  né  à  Âbbeville,  le  31  mars 
1777,  d'un  jurisconsulte  honorable.  Il  lit,  au  collège  de  cette 
ville,  de  bonnes  études  classiques,  fondement  de  toute  distinc- 
tion, quelle  que  soit  la  carrière  à  hujuelle  un  jeune  homme 
puisse  être  destiné.  Un  penchant  i>récoC(î  l'enlraînait  vers  les 


Le  présent  écril  m'avait  été  demandé,  et  je  l'avais  remis  pour 
être  inséré,  avec  ma  signature,  en  têle  du  catalogue  de  la  bibliollièque 
de  M.  Cordier.  Plus  lard,  d'as.-ez  nombreux  fragments  .-en  sont 
retrouvés  fondus  dans  le  lexte  d  une  nolire  sans  nom  d'autour,  jointe 
à  ce  catalogue  par  l'éditeur.  PluMeurs  de  mes  confrères  «le  la  Soiiété 
géologiqu*'  m'ayanl  témoigné  lo  désir  du  coanailre  mou  travail  dans 
sou  intégrité,  j'en  ai  dunné  lecture  à  la  Société  dans  sa  séance  du 
3  mars  4  86i  {BuUeUn  Ue  laSociélé  géologique  de  France,  tome  XIX). 


-   4  — 

sciences.  En  janvier  1795,  il  fut  admis  au  concours  comme 
élève  de  TEcole  des  mines,  alors  dirigée  par  des  maîtres  illus- 
tres, Haûy,  Dolomieu,  Vauquelin  ;  il  fut  en  même  temps  admis 
à  suivre  les  cours  de  TÉcole  polytechnique.  Dans  la  même 
année,  le  premier  de  ses  voyages  eut  pour  objet  l'exploration 
du  centre  de  la  France  sous  la  direction  de  l'ingénieur  Miche. 
Il  n'avait  pas  encore  vingt  ans  lorsqu'il  obtint,  le  17  janvier 
1797,  le  grade  d'ingénieur  des  mines  :  c'est  en  cette  qualité  qu'il 
accompagna  Dolomieu  dans  les  Alpes.  Ce  naturaliste  éminent 
considérait  Al.  Cordier  comme  son  principal  disciple,  et  le  trai- 
tait, selon  sa  propre  expression,  en  fils  adoptif;  aussi  s'em- 
pressa-t-il  de  le  demander  pour  adjoint  dans  le  commissariat 
scientifique  qui  prit  une  part  si  glorieuse  à  l'expédition  d'Egypte. 
M.  Cordier  quitta  omette  contrée  avec  Dolomieu.  Leur  navire, 
échappé  comme  par  miracle  aux  Anglais  et  au  naufrage,  désem- 
paré, coulant  bas,  avait  abordé  la  plage  de  Tarente;  mais  au 
lieu  de  l'hospitalité  due  à  leur  infortune,  à  défaut  du  privilège 
cosmopolite  de  la  science  chez  toutes  les  nations  civilisées,  le 
gouvernement  napolitain  leur  fit  subir  d'indignes  traitements  et 
une  captivité  rendue  plus  pénible  encore  par  la  spoliation  de  tout 
ce  que  la  mer  leur  avait  laissé  :  la  perte  la  plus  sensible  fut  celle 
de  leurs  collections.  H.  Cordier  n'avait  pu  en  sauver  que  sa 
description  et  ses  dessins  des  ruines  de  San,  qu'il  a  publiés  plus 
tard  dans  le  grand  ouvrage  sur  l'Egypte.  Des  prisons  de  Tarente 
ils  furent  transférés  dans  celles  de  Messine.  Dolomieu  devait  y 
languir  près  de  deux  ans.  M.  Cordier  fut  rendu  au  bout  de  trois 
mois  à  la  liberté,  et  le  premier  usage  qu'il  en  Gt,  après  avoir  erré 
pendant  deux  mois  sur  les  côtes  des  États  romains  et  de  la  Corse 
avant  de  pouvoir  percer  les  croisières  anglaises,  fut  d'employer 
tout  ce  qu'il  avait  de  forces  et  d'intelligence  pour  hâter  la  déli- 
vrance de  son  maître.  Dans  une  lettre  datéede  Florence,  le  7  ger- 
minal an  IX,  Dolomieu  exprime  en  termes  touchants  sa  recon- 
naissance; elle  contient,  en  outre,  ce  passage  qui  témoigne  de  la 
haute  opinion  qu'il  avait  du  jeune  ingénieur  :  «  Je  suis  si  étran- 
»  ger  à  tout  ce  qui  s'est  passé  dans  le  monde,  je  suis  tellement 
n  arriéré  pour  tous  les  progrès  qu'ont  dû  faire  les  sciences,  que 


--  5  — 

»  je  devrai  vous  prendre  pour  mon  maître  à  mon  arrivée  à 
»  Paris  ;  j'aurai  un  plaisir  extrôme  à  recevoir  les  instructions 
»  du  plus  aimable  de  mes  anciens  disciples  et  d*étre  rerais  par 
»  lui  dans  une  carrière  où  moi-même  je  Tai  introduit.  »  Haùy 
lui  écrivait  aussi  :  a  Vous  irez  loin  dans  la  carrière,  parce  que 
»  vous  y  portez,  avec  un  œil  observateur,  un  esprit  juste,  libre 
»  de  préjugés  et  qui  ne  prétend  pas  Faire  dire  à  la  nature  plus 
»  qu'elle  n'a  dit.  » 

A  dater  de  son  retour  d'Egypte  et  jusqu'à  sa  mort,  il  s'est 
écoulé  soixante  années,  presque  deux  existences  moyennes  de 
l'homme  ;  aucune  de  ces  années  ne  s'est  passée  sans  qu'il  exé- 
cutât quelque  voyage.  Non-seulement  il  y  employait  scrupu- 
leusementlesrcssourcesquerËtat  mettait  parfoisà  sa  disposition, 
mais  afin  d'en  rendre  les  résultats  plus  fructueux,  il  n'épargnait 
rien  de  ce  que  sa  modeste  fortune  pouvait  lui  fournir  d'écono- 
mies :  c'était  là  tout  son  luxe.  L'un  de  ses  premiers  voyages,  et 
des  plus  considérables,  celui  d'Espagne  et  des  lies  Canaries,  ne 
fut  interrompu  que  par  les  circonstances  difficiles  résultant  de 
la  rupture  en  1803  du  traité  de  paix  d'Amiens;  mais  il  avait  eu 
le  temps  de  parcourir  la  plus  grande  partie  des  montagnes  de 
la  Péninsule,  l'île  de  Ténériffe,  de  monter  deux  fois  sur  Je  pic 
de  Teyde  et  de  prendre  la  première  mesure  exacte  qui  en  ait  été 
donnée.  A  diverses  reprises  il  parcourt  les  Pays-Bas,  les  bords 
du  Hhin,  la  Corse,  l'Italie.  Les  diverses  chaînes  des  Alpes  qu'il 
avait  abordées  pour  la  première  fois  avec  Dolomieu,  celle  des 
Pyrénées,  le  Jura,  et  surtout  le  massif  central  de  la  France, 
offrirent  souvent  à  ses  études  leurs  magnifiques  problèmes.  Les 
inspections  dont  il  était  chargé  par  le  gouvernement  lui  four- 
nissaient sans  cesse  de  précieuses  occasions  de  visiter  avec  toutes 
les  facilités  désirables,  tantôt  une  contrée,  tantôt  une  autre. 
Aussi  personne  n'était  plus  à  portée  d'éclairer  les  affaires  admi- 
nistratives par  une  connaissance  plus  exacte  des  lieux.  Comme 
il  était  doué  d'une  constitution  robuste,  mise  au  service  d'un 
talent  d'observation,  d'une  sagacité  remarquables,  d'une  mé- 
moire enfin  qui  ne  s'est  jamais  trouvée  en  défaut,  on  peut  dire 
qu'aucun  naturaliste,  sans  excepter  Humboldt  et  Léopold  de 


_  6  — 

Bucli,  n'a  plus  voyagé,  n*a  étudié,  décrit  pliis  défaits  géologiques 
et  de  gisements  minéraux,  aucun  na  mieux  voyagé.  Cet  art  de 
voyager,  M.  Cordier  l'avait  porté  à  sa  perfection,  j'en  ai  été  plus 
d'une  fois  le  témoin  privilégié,  car  il  fi'ad mettait  que  bien  rare- 
ment des  compagnons,  afin  de  mieux  sauvegarder   sa  liberté 
d'action  ;  il  employait  le  temps  avec  uri  soin  jaloux,  mais  sans 
précipitation.  Jamais  il  ne  se  mettait  en  route  sans  un  itinéraire 
bien  étudié  :  les  stations  principales  et  leur  durée,  les  points 
spéciaux  à  visiter  avec  détail,  les  questions  à  traiter  surplace 
avec  les  cartes,  plans  et  dessins  à  l'appui,  les  personnes  à  con- 
sulter, les  rendez-vous,  tout  était  déterminé  à  l'avance.  Sauf  de 
rares  exceptions  amenées  par  des  cas  imprévus,  il  ne  s'écartait 
point  de  son  programme;  il  savait  ce  que  cachent  de  déceptions, 
au  point  de  vue  scientifique,  les  plus  séduisantes  promesses,  à 
l'aide  desquelles  la  bienveillance  des  gens  du  monde  essaye  de 
détourner  le  naturaliste  de  sa  route  :  la  prétention  de  tout  voir, 
disaii-il  aussi,  empêche  de  bien  voir.  Tout  ce  que,  dans  une 
journée,  il  avait  rassemblé  de  notes  pour  ses  mémoires  ou  pour 
ses  cours,  résolu  de  difficultés,  recueilli  et  étiqueté  d'échantil- 
lons de  roches  bien  choisis  et  bien  préparés,  était  sui'prenant,  et 
le  moment  du  repos  n'arrivait  pour  lui  qu'après  que  tout  avait 
été  coordonné.  Le  bagage  du  géologue,  moins  encombrant  que 
celui  du  botaniste,  s'alourdit  plus  rapidement  en  voyage  :  ce 
que  M.  Cordier  a  expédié  de  caisses  de  minéraux,  au   Muséirtn 
seulement,  suffirait  à  construire  un  édifice;  disons  mieux,  il  en 
a  élevé  à  la  science  un  monument  impérissable  dans  les  galeries 
du  Muséum,  formées,  enrichies,  classées  par  ses  soins. 

A  l'esprit  méthodique  et  patient  s'alliait  chez  M.  Cordief  le 
sentiment  profond  de  la  nature.  Il  écrivait  à  Dolomieu  en  iSOf  : 
»  Une  demi-heure  passée  à  réfléchir  sur  une  sommité,  au  pied 
»  d'un  escarpement  ou  sur  le  bord  d'un  cratère,  agrandit,  élère 
»  et  instruit  Tesprit  bien  plus  que  la  lecture  de  la  plupart  des 
»  livres.  »  L'enthousiasme  ne  mancjuait  pas  à  ce  savant  au  main- 
tien grave,  que  les  gens  légers  taxaient  de  froideur,  et  l'on  peut 
dire  que  son  âme  était  comme  une  image  de  ce  feu  central,  objet 
de  ses  plus  belfes  éludes.  Sa  correspondance  porte  des  traces 


—  7  ~ 

nombreuses  d^une  imagination  inspirée.  En  1803,  il  éerivait, 
du  sommet  du  pic  de  Ténériffe,  à  la  vue  de  ce  grand  spectacle  : 
«  Quelle  compeiisatiori  pour  les  fatigues  passées!  quels  dbùi 
ï>  moments  de  repos?  quelle  place  pour  réfléchir  aut  i^évoliiliônl^ 
»  du  globe  î  »  En  1857,  traçant  pour  moi  le  plan  d*unfe  explo- 
ration des  Pvrénées,  il  me  recornmatidait  âVfeé  iihe  véritable 
éloquence  le  mont  Pitnéné,  trop  négligé  par  les  touristes,  et 
pourtant  Tun  des  plus  beaux  observatoires  de  cette  chaîne 
grandiose.  Quelle  n'est  sous  une  main  habile  la  supériorité, 
même  au  point  de  vue  littéraire,  des  voyages  dofit  l'histoire 
naturelle  est  le  but  et  dont  elle  fotirnit  les  tableaux,  sur  cent 
qui  sont  qualifiés  exclusivement  de  pittoresques  !  Quel  qUe  Soit 
le  talent  du  voyageur,  s'il  est  étranger  alix  sciences,  les  for- 
mules de  son  admiration  seront  bientôt  épuisées,  il  totnberà  datié 
les  redites  ou  dans  Texagération,  ou  bien  ses  contours  sei^ont 
vagues,  et  l'ennui  se  glissera  bientôt  parmi  les  fleurs  de  la  rhéto- 
rique, parce  qu'il  n'a  pas  su  puiser  la  variété  à  sa  véritable 
source.  Les  arts  du  dessin  eux-mêmes  ont  tout  à  gagner  à  se 
^rapprocher  aussi  de  la  nature  et  à  reproduire  ses  formes,  noti 
sans  quelque  mélange  d'idéal  assurément,  mais  avec  plus  d'exaé- 
titude  que  ne  l'ont  fait,  par  exemple,  les  peintres  même  les  pliis 
célèbres  dans  ce  que  je  ne  saurais  appeler  que  leurâ  imitations 
des  beautés  végétales.  M.  Cordler  aurait  désiré,  dans  le  doublé 
intérêt  de  Tart  et  de  la  géologie,  que  les  grandes  scènes  de  la  na- 
ture, que  le  crayoti  où  le  pinceau  sont  appelés  à  reproduire,  lie 
hissent  poiiit  déparées  éotnme  elleé  le  Sotlt  trop  souveM,  par  dés 
Fatites  grossières  tx)ntre  la  vérité  des  faits,  la  physionotnié  et  là 
ëouleur  locales,  les  lois  de  la  stratification  :  c'est,  d'aprèè  celte 
idée  très  juste  que,  pour  l'instruction  sérieuse  et  pour  l'agré- 
ment des  personnes  qui  fréquentent  la  galerie  de  géologie  au 
Muséum  d'histoire  naturelle,  il  y  a  fait  placer  quelques  spéci- 
mens de  représentation  fidèle  empruntés  aux  montagnes,  le 
volcan  du  Stromboli,  une  cascade  dans  les  monts  Dore,  là 
Vallée  de  Meyringen,  etc.  M.  Cordier  était  persuadé  que  l'art  et 
ta  science,  dans  toutes  leurs  applications,  étaient  appelés  à  se 
prêter  on  mutuel  appui,  et  il  ne  taisait  pas  moins  de  cas  du 


—  8  — 

style,  la  plus  noble  partie  de  l'art  pris  dans  sa  plus  large  accep- 
tion, la  peinture  par  excellence.  Il  écrivait,  à  propos  da  traité  de 
Haûy  sur  les  caractères  physiques  des  pierres  précieuses  :  c  Fod- 
1  tenelle,  Buffon,  et  après  eux  M.  de  Laplace,  H.  Ramond  et 
»  M.  Cuvier,  nous  avaient  appris  qu'il  existe  un  art  de  populari- 
»  ser  les  connaissances  scientifiques  les  plus  abstraites  et  les  plus 
»  difTiciles  ;  M.  Haûy  vient  de  nous  prouver  de  nouveau  que  cet 
»  art  n'appartient  qu'aux  bons  écrivains  :  il  est  tout  entier  dans 
»  l'heureuse  alliance  du  savoir  et  du  goût  qui  revêt  la  pensée 
»  d'une  expression  élégante  et  facile,  qui  captive  les  esprits  par 
•  l'agrément  de  la  diction,  les  dirige  par  une  habile  distribution 
»  du  sujet,  et  les  dispose  par  la  clarté  du  style  à  accueillir  sans 
»  effort  les  derniers  résultats  d'une  méditation  profonde.  »  Ce 
passage  contient  à  la  fois  le  précepte  et  lexemple :  la  plume  du 
maître  s'était  transmise  au  disciple. 

L'Administration  des  mines  trouvait  M.  Cordier  toujours  prêt, 
sans  préjudice  des  inspections  ordinaires,  lorsqu'il  s'agissait  de 
quelque  mission  spéciale  et  de  confiance.  Il  en  est  une  qui  lai  6t 
grand  honneur  et  qui  me  touche  d'ailleurs  de  trop  près  par  des 
souvenirs  de  famille  pour  que  je  puisse  négliger  d'en  faire  men- 
tion. C'était  au  commencement  de  l'année  1812,  une  houillère 
du  pays  de  Liège,  la  mine  de  Beaujon,  venait  d'être  le  théâtre 
d'un  événement  extraordinaire.  A  la  suite  d'une  explosicm  de  gai 
hydrogène  carboné  qui  avait  fait  beaucoup  de  victimes,  soixante- 
dix  mineurs  étaient  restés  pendant  cinq  jours  et  cinq  nuits  en- 
fouis vivants  à  170  mètres  de  profondeur,  dans  une  galerie  à 
moitié  envahie  par  les  eaux  souterraines.  Au  milieu  de  l'angoisse 
inexprimable  des  malheureux  luttant  dans  cet  horrible  cachot 
contre  une  mort  ([ui  semblait  inévitable,  et  du  public  tout  en- 
tier, comme  penché  sur  rorifice  de  la  mine,  leur  résurrection 
est  opérée  par  des  prodiges  d'intelligence  et  d'énergie,  inspiréa, 
organisés  par  le  préfet  de  l'Ourthe,  le  baron  Micoud  d'Uœons, 
digne  de  s'associer  à  riiéroïque  dévouement  du  chef  mmcurGof- 
fin.  L'événement  avait  produit  une  vive  sensation;  l'Empereur 
choisit  deux  ingénieurs  pour  lui  en  rendre  conipte  et  proposer 
les  mesures  propres  à  prévenir,  autant  ((ue  possible,  le  retour 


—  0  — 

de  pareils  désastres  :  c'étaient  H.  Cordîer,  alors  inspecteur  divi- 
sionnaire des  mines,  et  son  camarade  d'école,  M.  Beaunier,  qui 
eut  riionneur  d'attacher  son  nom  au  premier  chemin  de  fer 
exécuté  en  France,  de  Saint- Etienne  à  Andrezieux.  Les  deux 
amis  remplirent,  à  la  satisfaction  de  l'empereur»  la  mission  qui 
leur  avait  été  confiée.  Quinze  ans  après,  en  1827,  la  Société 
d'émulation  de  Liège,  en  adressant  à  M.  Cordier  le  diplôme  de 
membre  honoraire,  lui  écrivait  qu'elle  avait  voulu  c  non-seule- 
ment rendre  hommage  à  la  science,  mais  lui  témoigner  la 
reconnaissance  du  pays  pour  les  services  qu'il  avait  rendus  lors 
de  l'épouvantable  catastrophe  de  la  mine  de  Beaujon  en  1812, 
et  pour  les  conseils  qu'il  avait  donnés  alors  aux  propriétaires  de 
houillères,  conseils  qui  avaient  produit  un  bien  immense  dans 
la  province  et  amené  des  résultats  incalculables.  » 

Cependant  H.  Cordier  ne  cessait  pas  de  se  signaler  par  des 
travaux  insérés  dans  les  principaux  recueils,  le  Journal  de  phy- 
sique ^  le  Journal  des  mines,  etc.,  et  des  mémoires  présentés  à 
l'Académie  des  sciences.  En  1819,  s'ouvrit  un  nouveau  champ 
d'activité  à  ses  vastes  connaissances.  Il  fut  appelé  alors,  quoi- 
qu'il ne  fui  encore  que  correspondant  de  l'Institut,  à  remplacer 
Faujas  de  Saint-Fond  dans  la  chaire  de  géologie  au  Muséum 
d'histoire  naturelle.  La  minéralogie,  d'où  la  géologie  est  issue, 
n'avait  commencé  à  prendre  place  dans  l'enseignement  qu'en 
17/i5,  grâce  à  Buffbn,  et  les  rares  échantillons  du  règne  inorga- 
nique, confondus  alors  dans  le  domaine  de  la  chimie,  faisaient 
encore  partie  du  droguiery  premier  nom  collectif  de  l'ancien 
cabinet  du  Roi  em  Jardin  des  plantes  médicitiales,  embryon  des 
galeries  actuelles  du  Muséum  :  la  chaire  de  géologie  ne  fut  fon- 
dée qu'en  l'an  II  de  la  République.  Pour  apprécier  les  travaux 
accomplis  par  M.  Cordier  durant  les  quarante-deux  années  de 
son  professorat,  il  suffit  de  dire  cequi  existaitau  Muséum  en  1819 
et  ce  qu'on  y  voit  aujourd'hui.  La  collection  de  géologie  n'était 
encore,  il  faut  le  dire,  qu'un  simulacre;  elle  se  composait  d'en- 
viron 1200  échantillons  de  roches  et  de  300  échantillons  de 
débris  fossiles,  les  uns  et  les  autres  assez  mal  caractérisés  et  en 
désordre,  le  plus  souvent  fans  indiciUion  de  la  provenance.  Ou 


n'a^'ait  tenu  jusque-là  aucun  rëgistfë  d'entrée  ni  de  sortie.  Le 
premier  soin  de  M.  Cf»rdier  fut  d'entrer  en  correspondance  di- 
recte avec  tous  les  savants  étrangers  pour  solliciter  leur  con- 
cours ;  en  même  temps,  d'etciter  et  de  régler  par  des  instruc- 
tions bien  rédigées  les  efforts  des  voyageurs  du  Muséum,  de 
fixer  leur  attention  sur  \esdesififTata  de  la  géologie  dans  les  pays 
qu'il  ne  lui  était  pas  donné  de  visiter  lui-même  Rappelons,  en 
particulier,  la  protectioti,  l'affectueuse  S(»llicitude  doiit  M.  Cor- 
dier  a  entouré  la  mission,  dans  l'Inde,  de  notre  malheureux 
ami  Victor  Jacquemont,  dont  la  correspondance  fitfnilière,  pu- 
bliée en  18:^3,  a  obtenu  un  si  brillant  succès,  qu'elle  a  pour  ainsi 
dire  rejeté  dans  l'ombre  son  mérite,  si  remarquable  pourtant, 
de  naturaliste. 

En  18'49,  on  comptait  dans  la  galerie  plus  de  175,000  échan- 
tillons de  roches,  et  plus  de  *i3,000  boîtes  contenant  les  débris 
organiques  fossiles.  Les  échantillons  ont  atteint  et  dépassé  au- 
jourd'hui le  chiffre  de  200,000.  Tout  est  méthodiquement  cata- 
logué, classé,  étiqueté,  et  compose  un  ensemble  qui  n'a  rien  de 
comparable  dans  aucun  musée  de  l'Europe,  soit  pour  le  nOmbte, 
la  variété,  la  helle  conservation,  et  lorsque  cela  est  fiéces- 
saire,  le  volume  des  échantillons,  soit  pour  la  valeur  qu'ils  otit 
reçue  par  les  délernnnations  et  les  soins,  même  manuels,  de 
M.  Cordier.  Son  classement  présente  trois  grandes  séries.  1*  Les 
Monographies  géographiques  :  chaque  c/>ntrée  y  est  représentée 
Suivant  l'ordre  de  superposition  dans  la  nature.  Le  manque 
d'espace  a  relégué  jusqu'ici  dans   des  tiroirs  cette  collection 
qu'il  serait  si  important  d'exposer  aux  regards  pour  l'étude: 
mais  du  moins  le  professeur  en  donnait  connais-^ance,  daii^ 
son  laboratoire,  à  ceux  qui  avaient  le  plus  d'intérêt  k  les  con- 
sulter, et  il  y  joignait  avec  empressement  la  communication 
des  catalogues  correspondants.  2°  La  collection  spécifique  des 
Roches,  composée  de  plus  de  6000  échantillons,  est  classée  par 
familles  ou  groupes  naturels,  l'étiquetage  est  poussé  jusqu'aux 
simples  variétés.  V  La  collection  générale  et  systématique,  dite 
des  Terrains^  qui  comprend  aussi  les  fossiles,  est  classée  par 
périodes  géologiques,  étages,  sous-étages,    terrains,    coudies 


—  H   — 

prÎTlcipule»,  couches  subordoniK^es  ;   toutes  ces  divisions  sont 
indiquées  d'une  manière  détaillée  et  apparente. 

Les  catalogues  ont  été,  de  la  part  dfe  M.  Cordier,  l'objet  d'une 
sollicitude  extrême,  et  si  l'on  songe  à  la  multiplicité  des  recher- 
ches, à  la  rédaction  «scrupuleuse  exigées  en  pareil  cas,  on  aura 
une  idée  de  la  somme  de  travail  que  représentent  les  900  cata- 
logues dressés  depuis  1819  et  conservés  au  laboratoire  de 
géologie,  où  leur  réunion  constitue  des  archives  de  la  plus  haute 
importance.  Quelques-uns  sont  de  véritables  ouvrages  avec  carte* 
et  coupes  de  terrains.  Beaucoup  scmt  accompagnés  de  tous  les 
documents  (pi'il  a  été  possible  d'obtenir  des  explorateurs,  soit 
par  correspondance,  soit  verbalement. 

La  classiticalion,  écrite  dans  la  disposition  même  des  gale- 
ries et  sur  les  étiquettes,  professée  dans  les  cours  de  M.  Cordier, 
dont  elle  formait  la  base,  a  été  publiée  par  M.  Charles  d'Orbigny, 
l'aide-naturaliste  de  M.  Cordier,  son  savant  et  loyal  auxiliaire 
durant  vingt-huit  années.  Son  article  Rocbhs,  l'un  des  plus  im- 
portants du  Dictionnaire  uuiverael  d'histoire  noturelle^  est  intitulé 
dans  un  tirai'e  h  part  :  «  Ciassificnf ion  et  principaux  caractères  mi- 
nêr*afofffÇues  des  roches  d'après  la  méthode  de  J/.  Cordier  et  les 
notes  prisf^s  à  son  cours  de  géfdogie  du  Muséum  d'histoire  natu- 
relle. i>  D'autre  part,  en  1857,  M.  Charles  d'Orbigny  composa  un 
tableau  donnant  la  coupe  fiijurative  de  la  structure  de  l'écorce 
terrestre^  et  classification  des  terrains  d'aprh  ia  méthode  de  M.  Cor- 
dier^ professeur,  etc. ,  avec  indication  et  figures  des  principaux  fos^ 
siles  caractéristiques  des  divers  étages  géologiques.  Il  déclare  qu'il 
y  a  reproduit  «  les  idées  de  M.  Cordier,  particulièrement  en  ce 
*  qui  concerne  la  structure  des  terrains  pyrogèhes  et  leur  puis- 
»  sance  relative  comparée  à  celle  du  sol  neptunien.  » 

La  collection  particulière  de  M.  Cordier,  résumé  des  observa- 
tions de  toute  sa  vie,  se  compose  de  1200  échantillons  de  choix: 
c'est  là  que  jusqu'à  son  dernier  jour  il  s'est  appliqué  à  compléter 
ses  déterminations  des  roches,  œuvre  où  il  s'est  montré  un 
roaitre  accompli.  Pas  une  substance  n'y  figure  dont  il  n'ait 
marqué  la  place  dans  l'écorce  du  globe,  le  rôle  réel  dans  la  na- 
ture :  quelques  mois  seulement  lui  ont  manqué  pour  introduire 


—  12  — 

dans  les  collections  du  Muséum  les  derniers  perfectionnement 
qu'il  avait  en  vue. 

Le  règlement  du  Muséum  impose  au  professeur  de  géologi 
robligation  de  faire  vingt  leçons  par  année  :  M.  Cordier  en  don 
naît  habituellement  une  quarantaine.  Ce  nombre  alla  jusqu' 
quarante-deux  en  1858.  Dans  le  principe,  notamment  en  182^ 
il  avait  traité  de  toute  la  géologie  dans  un  seul  coui's  ;  mais 
Tavait  bientôt  divisé  en  deux  parties,  c'est-à-dire  qu'il  traitaii 
une  année,  «  des  caractères  généraux  que  présente  la  constitutio 
»  du  globe  terrestre  et  de  la  structure  particulière  de  son  écorc 
»  minérale  »  ;  l'année  suivante,  il  s'occupait  «  de  la  spécificatior 
»  de  la  classification  et  de  la  description  des  roches^  ou  associa 
i>  tions  diverses,  soit  de  minéraux,  soit  de  corps  organiques  fos 
V  siles  plus  ou  moins  minéralisés,  composant  les  parties  solide 
M  du  globe  terrestre.  »  En  dernier  lieu,  Taccroissement  incessai 
du  domaine  de  la  gœlogie  lui  avait  fait  prendre  le  parti  d'an 
noncer  qu'il  diviserait  désormais  son  cours  en  trois  années 
Celui  qu'il  avait  commencé  pour  la  quarante  et  unième  fois  1 
8  novembre  1860,  et  venait  de  terminer  le  8  janvier  1861,  avai 
roulé  sur  le  premier  tiers  de  ce  nouveau  programme,  c*est-à-dir 
sur  la  physique  du  globe  :  il  y  était  entré  dans  de  grands  déve 
loppements  et  avait  apporté  à  ces  leçons  une  ardeur  nouveil 
qui  avait  été  remarquée. 

M.  Cordier  signala  son  enseignement  de  ce  qu'il  appelait  1 
géologie  positive,  par  l'attachement  exclusif  à  la  méthode  expé 
rimentale  qui  l'avait  guidé  dans  ses  premiers  travaux.  Adver 
saire  prononcé  de  l'esprit  de  système,  des  idées  préconçues,  i 
n'accordait  à  l'imagination  que  ce  que  l'appréciation  rigoureus 
des  faits  pouvait  lui  permettre  de  déductions.  D'autres  cours  on 
pu  avoir  plus  d'éclat  extérieur,  aucun  ne  fut  ni  plus  solide,  i 
au  fond  plus  attachant  pour  les  vrais  amis  de  la  science. 

L'Académie  des  sciences,  qui,  dès  1808,  avait  placé  M.  Gordi€ 
sur  la  liste  de  ses  correspondants,  ne  le  cx)mpta  pourtant  parmi  se 
membres  qu'en  1822:  la  mort  de  H.  Haûy  ouvrit  pour  lui  un 
glorieuse  succession  que  l'opinion  générale  lui  avait  depuis  lon( 
temps  assignée.  11  a  pris  une  part  active  aux  travaux  de  TAca 


—  18  ^ 

déraie,  non-seulement  par  la  lecture  de  plusieurs  grands  mé- 
moires, notamment  de  1827  et  années  suivantes,  sur  la  tempéra" 
tvre  intérieure  de  la  tetre,  œuvre  classique  reçue  avec  applau- 
dissement en  France  comme  à  rélranger  ;  mais  encore  par  une 
foule  crinslructions  pour  les  expéditions  scientifiques  entreprises 
sous  les  auspices  de  l'État,  et  sur  leurs  résultats,  en  Morée,  dans 
le  nord  de  l'Europe,  dans  l'Inde  et  les  deux  Amériques,  autour 
du  monde. 

Ses  écrits  scienlifi«jues  sont  nombreux,  variés  ;  ils  embrassent 
toutes  les  parties  de  la  science  et  plusieurs  des  arts  industriels 
qui  en  dépendent.  Tous  sont  essentiellement  le  produit  de 
l'observation  directe,  de  la  méditation  en  présence  des  faits; 
ce  sont  dos  œuvres  toutes  personnelles  où  les  matériaux  d'em- 
prunt n'entrent  jamais  que  pour  marquer  entre  les  recher- 
ches de  ses  prédécesseurs  et  ses  propres  découvertes  des  rap- 
ports nécessaires  de  filiation  scientifique  ou  d'instructives  oppo- 
sitions. Sans  duute  M.  Cordier  n'a  publié  aucun  de  ces  ouvrages 
généraux,  traités  ou  résumés  delà  science,  qui  popularisent  leurs 
auteurs,  ni  couronné  d'une  sorte  d'inscription  générale  l'en- 
semble de  ses  travaux.  Mais  l'absence  d'une  telle  publication  n'a 
point  empêché  Bernard  de  Jussieu  d*être  aux  yeux  de  ses  con- 
temporains et  de  la  postérité  un  savant  de  premier  ordre.  Si  les 
herborisations  de  Bernard  de  Jussieu  et  son  jardin  botanique  de 
Trianon  ont  suffi  pour  fonder  sa  célébrité,  celle  de  M.  Cordier, 
indépendamment  de  ses  écrits,  n'est  pas  moins  assurée  par  les 
quarante-deux  années  de  son  professorat,  par  sa  création  de  la 
galerie  de  géologie  du  Muséum.  Nous  avons  lieu  d'espérer  qu'une 
main  amie  rassemblera  quelque  jour  les  parties  éparses  de  son 
œuvre,  ses  principaux  mémoires,  ses  leçons  et  sa  correspon- 
dance, si  abondante  en  témoignages  d'estime  rendus  à  son 
mérite  par  tous  les  savants  de  l'Europe,  en  renseignements 
précieux  pour  l'histoire  de  la  géologie;  enfin  les  manuscrits  où 
M.  Cordier  a  consigné  ses  opinions  déjà  anciennes,  mais  fortifiées 
chez  lui  par  l'expérience  et  la  réflexion,  sur  les  grandes  ques- 
tions géologiques  les  plus  controversées. 

Pronm  en  1832  au  grade  d'inspecteur  général  des  mines,  et 


—  ià  — 

chargé  d'abord  de  l'inspection  du  sud-ouest  composée  de  vingt- 
deu3^  départements,  M.  Cordier  siégea  pendant  plus  de  trente 
années  dans  le  conseil  général  de  cette  Administration,  et  y  porta 
avec  les  fruits  de  son  expérience  les  qualités  qui  le  distinguaient 
dans  le  maniement  et  la  discussion  des  atfaires,  la  lucidité,  la 
précision,  et  cette  espèce  de  tact  qui  font  reconnaître  sans  effort 
les  points  décisifs,  enGn  une  parfaite  urbanité.  Le  nombre  est 
grand  des  dossiers  qu'il  a  analysés,  des  rapports  qu'il  a  faits 
k  ce  conseil;  ils  formeraient,  s'ils  pouvaient  être  extraits  des 
archives  et  rasserpblés  par  ordre  de  matières,  un  cours  complet 
de  l'administration  des  mines.  La  présidence  du  conseil  appartient 
de  droit  au  ministre  des  travaux  publics  ou  à  un  sous-secrétaire 
d'État;  en  fait  elle  a  été,  à  de  très  rares  exceptions  près,  exercée 
par  iH.  Cordier. 

Aux  travaux  déjà  si  considérables  du  Muséum,  du  conseil  gé- 
néral des  Mines,  des  inspections  officielles  et  des  voyages  pi^re- 
ment  géologiques.  M-  Cordier  ajouta  encore,  pendant  presque 
toute  la  durée  du  règne  du  roi  Louis-Philippe,  ceux  du  conseil 
d'État,  d'abord  en  qualité  de  maître  des  requêtes,  puis,  à  dat^r 
de  1S37  comme  conseille^  d'État  On  a  souvent  regretté  que  des 
savants  eussent  pour  ainsi  dire  dérobé  à  la  science  et  à  leur 
propre  gloire  une  portion  de  leur  temps  pour  le  dépenser  dans 
)a  pratique  secondaire  des  affaires  publiques.  Mais  outre  qu'un 
esprit  supérieur,  assez  actif  pour  doubler  le  bon  emploi  du  temps, 
peut  mener  de  front  des  occupntions  diverses  sans  détriaient 
ppqr  aucune,  pourquoi  ne  pas  fdire  profiter  l'Administration  de 
l'aptitude  générale  que  l'exercice  des  méthodes  scientifiques,  de 
celles  qui  par  exemple  sont  familièresaux  naturalistes,  ne  manque 
pas  de  communiquer  à  la  pensée  ?  Cu vier  en  a  fait  la  remarque,  et 
il  en  a  (ourni  dans  sa  personne  le  plus  éclatant  exemple.  A  la 
rigueur  pourtant,  le  conseil  d'État  peut  se  passer  d'un  natura- 
liste, mais  le  concours  d'un  ingénieur  tel  que  M.  Cordier  lui 
était  en  quelque  sorte  indispensable  dans  les  nombreuses  affaires 
traitées  en  première  instance  dans  le  conseil  général  des  Mines, 
et  qui  devaient  subir  le  contrôle  du  conseil  d  État,  régulateur  de 
Tadministration  publique,  avant  d'être  converties  eu  ordon- 


-  16  — 

naucos  royales.  l.e  nombre  el  Uniporlanfïe  de  ces  afTairea  inté- 
ressant raniénagemcnt  des  richesses  minérales  de  la  France,  la 
développement  de  Tindustrie  métallurgique,  n'avaient  cessé  da 
s'accroitre.  Bien  avant  son  entrée  au  conseil  d*État  et  dès  18ib 
et  1815,  H.  Cordier  avait  exercé  sur  les  résolutions  du  gouver- 
nement et  sur  la  législation  une  notable  influence  par  son  rap- 
port sur  les  mines  de  houilles  de  France  et  sur  la  question  de 
l'importation  des  houilles  étrangères,  qu'il  fut  appelé  à  traiter 
encore,  en  1832,  dans  le  conseil  supérieur  du  commerce;  et  lors- 
que après  la  révolution  de  1848,  il  cessa  de  faire  partie  du  conseil 
d'État,  c'était  encore  à  ses  lumières  que  cette  assemblée  faisait 
appel  en  le  consultant  sur  le  projet  de  loi  concernant  les  appa^ 
reils  et  les  bateaux  à  vapeur,  matière  habituelle  des  délibérations 
d'une  connnission  spéciale  d'ingénieurs,  formée  depuis  long- 
temps au  ministère  des  travaux  publics,  et  qu'il  présidait. 

Ui  politique,  heureusement  pour  la  science  et  pour  M.  Cordier 
lui-niéme,  n'a  guère  mêlé  ses  tébriles  distractions  à  une  vie  si 
laborieuse.  Une  seule  fois  en  1837,  cédant  (on  peut  employer 
avec  vérité  cette  expression  devenue  banale)  aux  instances  de  ses 
amis,  de  ses  compatriotes,  il  consentit  à  accepter  une  candidature 
pour  la  chambre  des  députés  et  à  se  présenter  au  collège  élec- 
toral de  sa  ville  natale.  Sa  profession  de  foi  fut  celle  d'un  bon  ci- 
toyen dévoué  au  bien  public,  également  éloigné  de  transiger  avec 
les  exigences  d'une  vaine  popularité  et  de  céder  aveuglément  à 
l'impulsion  du  pouvoir.  Les  passions  du  jour  ne  s'accommodèrent 
point  de  sa  modération;  avant  l'élection  il  écrivait  à  sa  famille  : 
tt  On  fait  rage  contre  moi,  tout  en  rendant  justice  à  mon  carac- 
»  tare  et  à  mes  connaissances...  Un  de  mes  anciens  camarades 
»  qui  a  conservé  les  listes  des  prix  donnés  de  notre  temps  au 
»  collège  me  les  a  offertes ...  Ce  sera  peut-être  tout  ce  que  jerap- 
»  porterai  de  ma  campagne...  »  H.  Cordier  se  consola  facilement 
de  son  échec. 

Les  promesses  qu'il  ne  lui  fut  pas  donné  d'accomplir  envers 
les  électeurs  d'Âbbeville,  il  les  tint  fidèlement  à  lui-même,  lors- 
qu'en  1839  il  se  vit  appelé  par  le  roi  à  siéger  à  la  chambre  des 
pairs.  L'atmosphère  sereine  de  €^tte  assemblée  si  riche  en  talents 


—  10  — 

« 

convenait  parfaitement  à  M.  Cordier  :  il  y  fat  accueilli  avec  em- 
pressement et  montra,  par  ses  travaux  législatifs  et  par  ses  votes, 
ce  qu'il  aurait  été  dans  Tautre  chambre.  Il  le  montra  aussi  par 
son  désintéressement  dans  une  circonstance  qu'il  m'est  permis 
aujourd'hui  de  faire  connaître.  En  1840,  le  gouvernement  était 
porté  à  penser  qu'il  y  avait  utilité  et  convenance  à  rendre  au 
corps  des  Mines,  par  une  réorganisation  sous  le  litre  antérieur  à 
181ii  de  direction  générale,  une  situation  administrative  plus  en 
rapport  avec  le  mérite  de  ses  membres  et  l'importance  de  leurs 
services  :  M.  Cordier,  premier  inspecteur  général  et  pair  de 
France,  était  naturellement  désigné  pour  le  rang  et  les  fonctions 
de  directeur  général.  Il  les  déclina  avec  modestie,  les  regardant 
comme  l'apanage  du  poste  de  sous-secrétaire  d'Etat  alors  occupé 
par  un  administrateur  éminent,  M.  Legrand.  On  ne  donna  point 
suite  à  ce  projet,  qui  sans  doute  sera  repris  quelque  jour. 

La  révolution  de  1848  avait  rendu  M.  Cordier  tout  entier  à  ses 
travaux  de  prédilection  au  conseil  général  des  mines,  à  ses 
voyages,  à  ses  cours,  à  ses  collections.  C'est  à  la  suite  de  douze 
années  employées  de  cette  sorte  et  eu  dehors  de  la  politique  et 
dans  une  réserve  pleine  de  dignité,  que,  sur  la  proposition  toute 
spontanée  du  ministre  des  travaux  publics,  M.  Cordier  fut  promu 
au  grade  de  grand  officier  de  la  Légion  d'honneur.  Il  fut  d'au* 
tant  plus  sensible  à  cette  distinction,  qu'elle  coïncidait  avec  la 
résolution  prise  par  le  ministère  de  l'instruction  publique  de 
retirer  certaines  mesures  tendant  à  une  réorganisation  du  Mu- 
séum, et  qui  semblaient  avoir  jeté  un  blâme  immérité  sur  les 
professeurs  administrateurs  de  ce  grand  établissement. 

M.  Cordier  a  conservé  jusque  dans  un  grand  âge  une  activité 
rare  d'esprit  et  de  corps.  La  veille,  pour  ainsi  dire,  du  jour  où 
sa  santé,  qui  paraissait  inébranlable,  fut  atteinte,  nous  l'avons 
entendu  développer  avec  chaleur  et  dans  la  plénitude  de  ses  fa- 
cultés la  théorie  de  la  formation  des  calcaires  et  des  roches  dolo- 
mitiques,  haute  question  de  géogénie  dont  il  nous  annonça 
qu'il  avait,  dès  1844,  consigné  la  solution  dans  une  note  sous  pli 
cacheté,  remise  à  l'Académie  des  sciences  comme  une  sorte  de 
testament  scientifique  :  telles  furent  ses  expressions,  il  avait,  à 


—  17  — 

(les  époques  (Uyà  assez  éloignées,  visité  une  des  contrées  où  les 
rocbes  de  dolomie  se  présentent  le  plus  en  grand  et  avec  leurs 
caractères  les  pins  saillants.  Les  noms  et  la  physionomie  des 
montagnes,  les  détours  de  leurs  vallées,  les  détails  de  la  struc- 
ture géologique,  tout  lui  était  présent  ;  ses  impressions  parais- 
saient toutes  fraîches,  comme  s'il  était  récemment  revenu  du 
Tyrol.  Il  parla  ensuite  d'un  voyage  en  Ecosse  qu'il  projetait 
pour  l'automne  prochaine.  Tous  les  assistarits  furent  frappés  de 
son  attitude,  de  sa  parole  si  pleine  de  vie.  Le  lendemain  une  ma- 
ladie se  déclara,  et,  pour  la  première  fois  peut-être,  il  fut  obligé 
de  manquer  la  séance  du  conseil  général  des  Mines  :  ses  collè- 
gues ne  purent  se  défendre  d'un  douloureux  pressentiment. 
«  La  mort  ne  surprend  pas  le  sage.  »  M.  Cordier  l'envisagea  avec 
le  calme  de  l'homme  de  bien;  il  dicta  ses  dernières  dispositions, 
prescrivant,  pour  l'ordre  de  ses  obsèques,  la  simplicité  qui  avait 
présidé  aux  habitudes  de  sa  vie  entière.  Entouré  des  soins  de  sa 
famille,  il  expira  dans  la  soirée  du  30  mars  1861,  à  l'âge  de 
quatre-vingt-quatre  ans.  Il  en  avait  passé  quarante-quatre  dans 
une  admirable  union  avec  une  femme  digne  de  lui,  la  nièce  et 
pupille  du  célèbre  naturaliste  Ramond. 

L'Institut,  le  corps  des  Mines,  le  Muséum  d'histoire  naturelle, 
représentés  par  leurs  députations,  entourèrent  silencieusement 
le  cercueil  de  M.  Cordier  ;  s'il  avait  lui-môme  par  une  disposition 
expresse  enchaîné  leur  voix  dans  ce  moment  solennel,  son  âme 
a  dû  recueillir  le  concert  d'éloges  et  de  regrets  qui  s'échappaient 
de  tous  les  cœurs.  La  sollicitude  des  corps  illustres  auxquels  il 
avait  appartenu  se  reporta  immédiatement  sur  les  droits  que 
pourraient  créer  à  la  noble  compagne  de  sa  vie  des  services, 
grands  en  eux-mêmes,  exceptionnels  aussi  par  leur  durée.  La 
munificence  de  l'Empereur  n'a  pas  tardé  à  décerner  à  madame 
Cordier  le  rang  auquel  les  lois  de  récompense  nationale  avaient 
précédemment  placé  les  veuves  de  Cuvier  et  d'Antoine  Laurent 
de  Jussieu. 

En  attendant  qu'un  éloge  solennel  prononcé  au  nom  de  l'In- 
stitut inscrive  dans  ses  .fastes  le  nom  de  M.  Cordier  parmi  les  sa- 
vants d'élite,  on  pardonnera  au  fils  d'un  de  ses  anciens  compa- 


—  18  — 

gtions  d'Egypte,  au  disciple  appelé  sous  son  patronage  à  l'insi 
honneur  de  siéger  auprès  de  lui  à  l'Académie  des  sciences,  d'à' 
osé  otïrir  à  sa  mémoire  ce  juste  tribut  de  vénération  et  de  rec 

naissauce. 

1 

'  O-  JAUBERT, 

de  l'Institut. 
KoU  l»6t. 


LISTE  CHRONOLOGIQUE 

DES 

ÉCRITS  IMPRIMÉS**'   DE   M.    CORDIER 


4  798.  Nolico  sur  la  Piclile.  (Journal  de  physique,) 

4S04.  Extrait  d'un  mémoire  du  citoyen  Haupt  sur  les  volcans  éteints 
des  bains  de  Berlrich,  département  de  Rhin-el-Moselle»  ci- 
devant  Élecloratde  Trêves.  (Journal  des  mines,) 

1801.  Rapport  à  la  ConTérence  des  Mines  sur  les  manganèses  oxydés, 

susceptibles  d'être  employés  dans  les  procédés  des  arts,  travail 
fait  en  commun  avec  M.  Beaunier.  (Journal  des  mines^  Annales 
de  chimie.) 

1 804 .  Extrait  du  Traité  de  minéralogie  de  Brochant.  [Journal  des 
mines,  ) 

1802.  Examen  des  propriétés  minéralogiquos  et  chimiques  qui  prou- 

vent Tidentité  delà  Lépidoliteavec  le  Mica,  précédé  de  quelques 
réOexions  sur  la  spécification  des  substances  minérales.  (Journal 
de  physique,) 

1802.  Extrait  dun  mémoire,  lu  à  l'Institut,  sur  l'amalgame  natif 
d'argent  (mercure  argental  de  Haùy).  (Journal  de  physique,) 

4802.  Mémoire  sur  le  mercure  argental,  lu  à  l'Institut  national. 
(Journal  des  mines,) 

4802.  Sur  le  minéral  connu  sous  le  nom  d'CEiUde-chat  (Katzenauge]. 
(Journal  de  physique.) 

4  803.  Lettre  au  citoyen  Devilliers  fils  sur  les  volcans  d*Auvergne. 
(Monileur.) 

4  803.  Lettre  à  J.  C.  de  Lamétherie,  sur  les  volcans  récents  du  Viva- 
rais  et  de  TAuvergne,  et  sur  les  Cévennes  et  les  Pyrénées. 
[Journal  de  physiqtie,) 

4  803.  Lettre  au  citoyen  Devilliers  fils,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées, 
sur  son  excursion  aux  Canaries,  sur  i'tle  et  le  pic  de  TénérifTe. 
[Journal  de  physique,) 


(4)  Les  travaux  administratifs  restés  en  manuscrits  sont  immenses 
(voyez»  pour  ceux  du  conseil  général  d^  mines  seulemeol,  ce  que  noua 
avons  dit  ci-dessus ,  p.  4  4]. 


—  22  — 

4  84  7.  Noie  sur  les  roches  de  Serpentine  observées  jusqu'à  présent 
dans  les  montagnes  de  rinlérieur  de  la  France.  {AnnaUs  da 
mines,) 

4  847.  Article  sur  le  «Traité  des  caractères  physiques  des  pierres 
précieuses,  pour  servir  à  leur  détermination  lorsqu'elles  ont 
été  taillées  >,  publié  par  Tabbé  Haiiy.  {Moniteur  universel.) 

4  847.  Notice  nécrologique  sur  le  baron  Micoud,  ancien  préfet  du  dépar- 
tement de  rOurthe.  {Moniteur  universel,) 

4847.  Note  sur  un  nouvel  emploi  de  la  vis  d'Àrchimède.  {Annules  des 
mines.) 

4  847.  Instructions  données  par  TÂcadémie  des  sciences  à  M.  Louis  de 
Freycinet  pour  diriger  les  recherches  de  géologie  el  de  miné- 
ralogie dont  il  doit  s'occuper  pendant  son  voyage  autour  do 
monde,  sur  les  corvettes  de  sa  Majesté  fUranie  et  la  Physi- 
cienne. (Ms.) 

4  848.  Tableaux  et  observations  :  4»  sur  les  substances  minérales  pro- 
duites ou  importées  en  France  en  4  846  et  4  847;  2®  sur  les 
produits  bruts  des  usines,  minières,  tourbières,  sources  salées 
et  marais  salants  du  royaume.  {Annales  des  mines,) 

4  84  8.  Description  des  ruines  de  San  {Tanis  des  anciens),  et  observations 
sur  les  atternssements  de  la  basse  Egypte.  (Dans  le  grand 
ouvrage  sur  TÉgypte,  Antiquités  et  Descriptions.) 

4  84  8.  Notice  sur  plusieurs  substances  minérales  récemment  décou- 
vertes. {Annales  des  mines.) 

4  848.  Description  de  la  Craitonite  et  comparaison  de  ses  caractères 
avec  ceux  de  THelvin.  {Annales  des  mines.) 

4  849.  Mémoire  sur  les  cristaux  de  cuivre  carbonate,  d*après  les  der* 
nières  observations  de  M.  Tabbé  Haiiy.  {Annales  des  mines.) 

4  849.  Mémoire  sur  la  roche  anomale  dite  Brèche  siliceuse  du  mont 
Dore,  lu  à  T Académie  des  sciences  le  7  septembre  4  818. 
{Annales  des  mines.) 

4  849.  Notice  sur  la  mine  de  sel  gemme  récemment  découverte  à  Yic. 
{Annales  des  mines.) 

4819.  Extrait  d*un  article  de  M.  André  del  Rio  sur  la  découverte  da 
chrome  dans  le  plomb  brun  de  Zinapan.  {Annales  des  mmes.) 

4  820.  Observations  sur  une  lettre  de  M.  Abel  Rémusat  à  M.  Gordier, 
relative  à  Texistence  de  deux  volcans  brûlants  dans  la  Tartarie 
centrale.  {Annales  des  mines.) 


—  23  — 

4  820.  Mémoire  sur  la  pierre  d'alun  (Alunite,  Alaunstein)  cristallisée. 
[Annales  de$  mines,) 

4  820.  Note  sur  les  sels  ammoniacaux  qu'on  pourrait  rencontrer  acci- 
dentellement dans  les  mines  de  bouille  embrasées.  {Annales 
des  mines.) 

1822.  Distribuzione  delle  Rocce  e  classiScazione  geologica  dei  terreni, 
del  signer  P.  L.  Cordier,  professore  di  Geologia  al  Museo  di 
Storia  naturaledi  Parigi,  esposta  nel  suo  corso  delfanno  4  822. 
(Publié  par  Tabbé  Marascbini  dans  la  Biblioleca  italiana  de 
Milan.) 

4  824.  Note  sur  une  suite  de  roches  de  Sardaigne,  décrite  par  le  cbe- 
valier  Albert  de  La  Marmora.  {Mémoires  du  Muséum  d'histoire 
naturelle.) 

4  824.  Rapport  verbal  fait  à  l'Académie  des  sciences  en  4  824  sur  le 
c  Traité  élémentaire  de  minéralogie  »  publié  par  M.  Beudant. 

4  824.  Instructions  de  minéralogie  et  de  géologie  (chapitre  IV  des 
instructions  pour  les  voyageurs  et  les  employés  dans  les  colo- 
nies, sur  la  manière  de  recueillir,  conserver  et  d'envoyer  les 
objets  d'histoire  naturelle,  rédigées  sur  l'invitation  du  ministre 
de  la  marine  et  des  colonies,  par  les  professeurs  administra- 
teurs du  Muséum). 

4  825.  Rapport  fait  à  l'Académie  des  sciences,  le  lundi  22  août  4  825, 
sur  le  voyage  de  découvertes  exécuté  dans  les  années  4  822- 
4  824,  sous  le  commandement  de  M.  Duperrey.  [Annales  de 
chimie  et  de  physique,) 

4  826.  Mémoire  sur  la  mine  d'alun  du  mont  Dore  (situation,  description 
et  explication),  juin  4  826.  {Annales  des  mines,) 

4  826.  Note  sur  la  Gaylussite,  ou  bicarbonate  hydraté  de  soude  et  de 
chaux  récemment  découvert  dans  TAmérique  du  Sud,  4  826. 
[Annales  de  chimie  et  de  physique,  et  Annales  des  mines.) 

4  827.  Rapport  fait  à  l'Académie  des  sciences  sur  une  pierre  météorique 
tombée  près  de  Ferrare  en  4  824.  [Annales  de  chimie  et  de 
physique.) 

4827.  NotesurleKersanton.  Addition nouvelleàan essai deM.  Puillon- 
Boblaye,  ofGcier  au  corps  royal  des  ingénieurs-géographes, 
sur  la  configuration  et  la  constitution  géologique  de  la  Bre- 
tagne. [Mémoires  du  Muséum  d'histoire  naturelle,) 

4827.  Rapport  verbal  fait  à  l'Académie  royale  des  sciences  sur  un 


—  25  — 

4832.  Cotnmanicalion  faite  en  mard  4  832  à  rAcadémie  des  sciences, 
de  trois  lettres  de  Victor  Jacquemont,  voyageur  naturaliste  da 
Muséum  en  mission  aux  Indes  orientales,  écrites  de  Lahore 
et  de  Cachemyr  les  17  mars,  28  mai  et  47  juin  4834.  (An- 
nales du  Muséum  (V histoire  naturelle.) 

4  832.  Rapport  fait  à  l'Académie  des  sciences,  le  21  novembre  4  834, 
sur  une  Notice  de  M.  Turpin  relative  à  des  expériences  micros- 
copiques exécutées  sur  la  matière  albumineuse  des  œufs  du 
Colimaçon  des  jardins  [Ilelîx  hortensis).  (Annales  des  sciencet 
naturelles.) 

1 832.  Rapport  l'ait  à  l'Académie  des  sciences,  le  9  avril  4  832,  sur  un 
Mémoire  de  M.  Théodore  Virlet,  membre  de  la  Commission 
scientifique  de  Morée  :  c  Caverne  dans  les  phyllades  anciens, 
et  théorie  de  sa  formation.  »  (Ms.) 

4  832.  Observations  sur  les  systèmes  volcaniques  et  les  |)rétendus  cra- 
tères de  soulèvement.  [Bulletin  de  la  Société  géologique  de 
France.) 

4  832.  Exposé  des  systèmes  volcaniques  de  l'intérieur  de  la  France, 
mis  en  présence  de  l'hypothèse  des  prétendus  cratères  de  sou- 
lèvement. (Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France.) 

4  832.  Rapport  fait  en  juin  4  832  à  la  Commission  de  l'Institut  relative 
à  l'expédition  scientifique  do  Morée.  (Ms.) 

4  833.  Opinion  sur  le  phénomène  memnonien,  ou  craquement  sonore 
de  la  statue  de  Memnon.  (Voyez  V Etude  historique  de  Letronne 
sur  la  statue  vocale  de  Memnon.) 

4  834.  Rapport  fait  à  l'Académie  des  sciences,  le  24  avril  4  83i,  sur  les 
résultats  scienlifiques  du  voyage  de  M.  Alcide  d'Orbigny 
dans  TAmérique  du  Sud,  pendant  les  années  4  826  à  4  833. 
Partie  géologique.  (Nouvelles  Annales  du  Muséum  d'histoire 
naturelle.) 

4  835.  Observations  présentées  à  l'Académie  des  sciences,  le  4  2  oc- 
tobre 4  835,  contre  l'exactitude  d'une  observation  de  M.  Dau- 
beny,  qui  tend  à  prouver  la  volatilisation  du  carbonate  de 
magnésie  par  l'action  volcanique,  et  qui  vient  à  l'appui  do  la 
théorie  de  M.  de  Buch  sur  la  formation  des  dolomies.  (Comptes 
rendus  de  V Académie.) 

4835.  Instruction  concernant  la  géologie  et  la  minéralogie  pour  le 
voyage  autour  du  monde  do  la  corvetlo  la  Bonite^  sous  les 
ordres  du  capitaine  de  vaisseau  Vaillant.  (Comptes  rendus.) 


—  20  — 

4  835.  Délaiis  présentésà  l'Académie  des  8cienc6S,le  4  4  dôcombre  4  835, 
sur  quelques  phénomènes  observés  dans  le  cirque  de  Trou- 
mousse  (vallée  de  Gavarnie)  pendant  la  première  secousse  du 
tremblement  de  terre  du  27  octobre  4  835.  (Comptes  rendus.) 

4  835.  Résultats  d'observations  sur  les  prétendues  superpositions  du 
granité  au  calcaire  jurassique  et  aux  roches  de  sédiment  de 
rOysan,  signalées  par  M.  Provana  de  Collegno.  [Bulletin  de 
la  Société  géologique  de  France.) 

4  836.  Rapport  fait  à  l'Académie  des  sciences,  le  8  février  4  83G,  sur  la 
carte  géologique  du  département  de  la  Vendée,  dressée  par 
M.  Rivière.  [Comptes  rendus.) 

4  836.  Rapport  fait  à  TAcadémie  des  sciences,  le  7  mars  4836,  sur  le 
voyage  de  M.  Constant  Prévost  à  Tlle  (sous-marine)  Julia,  à 
Malte,  en  Sicile,  aux  lies  Lipari  et  dans  les  environs  de  Naples. 
[Comptes  rendus,) 

4  836.  Noie  sur  le  chauffage  des  machines  à  vapeur,  et  spécialement 
sur  les  distributeurs  mécaniques  de  la  hooille,  présentée  à 
r Académie  des  sciences.  [Comptes  rendus,) 

4836.  Relation  d'une  course  faite  le  6  juillet  4  836,  en  compagnie  de 
M.  Cordier,  au  versant  méridional  de  Néouvieile,  de  Baréges  à 
Luz.  (Dans  la  Sentinelle  des  Pyrénées,) 

4  837.  Rapport  fait  à  l'Académie  des  sciences  en  4  837  sur  on  lit  de 
mines  inventé  par  M.  Valat,  docteur  en  médecine.  [Annales 
des  mines.) 

1 837.  Instructions  de  géologie  pour  le  voyage  de  circumnavigation  des 
corvettes  f  Astrolabe  et  la  Zélée,  sous  le  commandement  du 
capitaine  d'Uumont-Durville.  [Comptes  rendus  de  l*Aeadémie.) 

4  837.  Rapport  fc  il  à  l'Académie  des  sciences,  le  4  4  décembre  4  837, sur 
une  Note  de  M.  Borie,  relative  à  des  filons  arsénifèros  décou- 
verts à  Anzat-le-Luguet,  dans  le  Puy-de-Dôme.  {Comptes 
rendus.) 

4  837.  Circulaire  à  MM.  les  électeurs  de  Tarrondissement  d*Abbeville 

(intra  muros). 

4  838.  Rapport  fait  à  l'Académie  des  sciences,  lo  7  mai  4  838,  sur  les 
résultats  géologiques  et  minéralogiques  du  voyage  de  la  Bonile 
autour  du  monde.  [Comptes  rendus,) 

i  838.  Rapport  fait  à  l'Académie  des  sciences,  le  20  août  4  838,  sur  un 
Mémoire  de  M.  Maravigna  concernant  les  formes  cristallines 
du  soufre  de  Sicile.  [Comptes  rendus,) 


—  27  — 

4  839.  Rapport  fait  à  rAcadémie  des  sciences,  lo  1*' juillet  4  839,  sur 
une  monographie  de  la  Célesline,  ou  sulfate  de  strontiane  de 
Sicile,  présentée  par  M.  Maravigna.  {Comples  rendus,) 

4  839.  Classification  des  roches,  par  M.  Cordier.  (Voy.  V Essai  sur  les 
roches.) 

4  844.  Rapport  fait  à  T Académie  des  sciences  sur  les  collections  et 
observations  géologiques  recueillies  en  4  838  et  4  839  par 
M.  Eugène  Robert,  dans  le  cours  de  la  dernière  expédition 
nautique  et  scientiOque  au  nord  de  TEurope.  (Comptes  rendus,) 

4  841.  Communication,  faite  à  l'Académie  des  sciences  le  28  juin  4  844 , 
des  remarques  auxquelles  a  donné  lieu  de  sa  part  un  petit 
échantillon  de  Taérolithe  tombé  le  4  2  juin  dans  les  environs  de 
Château-Renard  (Loiret).  {Comptes  rendus,) 

4  844.  Classification  des  roches  et  des  terrains,  par  M.  Cordier.  (Extrait 
du  Voyage  de  la  Bonite  autour  du  monde.) 

4844.  Mémoire  sur  la  formation  des  roches  de  dolomie  (octobre  4  844). 

4  845.  Observations  présentées  h  T Académie  des  sciences,  le  6  janvier 
4  845,  à  propos  d'une  discussion  sor  le  coloriage  des  cartes 
géologiques  au  moyen  de  la  lithographie.  {Comptes  rendus.) 

4  847.  Rapport  fait  à  l'Académie  des  sciences,  le  4  9  avril  4  847,  sur  un 
Mémoire  de  M.  Raulin  concernant  la  constitution  géologique 
du  Sancerrois.  {Comptes  rendus.) 

4  848.  Classification  des  terrains  de  Técorce  consolidée  du  globe,  expo- 
sée par  M.  Cordier  dans  les  cours  de  géologie  qu'il  fait  au 
Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris,  {Thèse  de  géologie  pré- 
sentée à  la  Faculté  des  sciences  de  Paris,  par  M.  A.  Rivière.) 

4  848.  Classification  et  principaux  caractères  des  roches,  d'après  la 
méthode  de  M.  Cordier  et  les  notes  prises  à  son  cours  de  géo- 
logie du  Muséum  d'histoire  naturelle,  par  M.  Charles  d'Orbi- 
gny.  (Extrait  du  Dictionnaire  universel  d'histoire  naturelle,) 

4  849.  Note  présentée  à  l'Académie  des  sciences,  le  5  février  4  849,  sur 
une  masse  de  cuivre  natif  provenant  des  rives  du  lac  Supérieur, 
aux  États-Unis  d'Amérique.  {Comptes  rendus.) 

4  849.  Rapport  fait  à  l'Académie  des  sciences,  le  49  mars  4  849,  sur  un 
travail  de  M.  Eugène  Robert,  intitulé  :  «  Recueil  de  recherches 
géologiques  sur  les  dernières  traces  que  la  mer  a  laissées  à  la 
surface  des  continents  dans  l'hémisphère  du  nord,  notamment 
en  Europe.  »  {Comptes  rendus.) 


4  949.  Itappart  fjit  à  l'Acailémie  des  se 
Mémoire  de  M.  Lamare-Piuqu 
fiqiios  de  son  dernier  voyage  < 
Hioéralogie  et  géologie.  (Comj 

1Si9.  Tableao  général  de  la  slruclure 
terrains  de  M.  Cordier.  {Voy. 
Itrraint  qui  eoiutitutnl  Cécoi 
bigny.) 

4850.  InstnictioDâ  de  géologie  et  de 
H.  d'EjCdyracdeLauluro.  Exp 
des  sources  du  Nil.  [Complet  r, 

<  S57.  Note  sur  le  flystëme  proiéniqae  ( 
da),  remise  au  Cooseil  d'admi 
naturelle  le  20  janvier  1 857.  | 
de  France,") 

1857.  Coupo  figurative  des  lorrains  d'; 
professeur  de  géologie  au  Uusé 
avec  indication  et  figures  des 
tiques  des  divers  étages  géolo 
et  Cil.  Léger. 

4SG2.  De  l'origine  des  roches  calciiire 
primordial  (nolo  déposée  sous 
sur  le  bureau  de  l'Académie 
demande  de  mon  ami  Cordier) 
du  17  février  4SG3.) 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  ARTICLES 


CONTENUS  DANS  CE  VOLUME. 


DiLiMi.  —  Cartes  géologique  et  hydrologiqae  de  la  Tille  de  Paris  .     .       12 

Emile  DoiHov.  —  Sur  l'allure  générale  du  bassin  houiller  du  nord  de  la 

France  (PI.  1) 22 

Th«  EiiAV.  —  Stratigraphie  du-système  oolithique  inférieur  des  envi- 
rons de  Toumus  et  d'une  partie  du  département  de  la  Gôte- 
d*Or,  aTec  quelques  considérations  sur  la  délimitation  des 
bassins  géologiques ' •       30 

BouA.  —  Annonce  de  la  publication  d'une  carte  géologique  et  de  cou- 
pes de  la  Silésie  aulrichienne,  d'une  partie  de  la  Gallicie  et 
des  Garpathes  de  la  Hongrie,  par  M.  Hohenegger,  directeur 
des  usines  de  l'archiduc  Albert,  à  Teschen,  en  Silésie.     .     .       Â9 

Cabant.  —  Sur  une  petite  couche  de  cannel-coal  trouvée  à  la  fosse  de 

Raulx,  concession  des  mines  d'Anzin à9 

J,  B.  Daluas.  —  Sur  la  configuration  des  massifs  de  l'Ardéche.     .     .       50 

Bovi,  —  Réfutation  de  différents  aphorismes  géogéniques  présentés 
par  M.  Andréas  Wagner,  zoologiste  de  l'Académie  de  Mu- 
nich  56 

Ed.  d'Eichwald.  —  Lettre  adressée  à  M.  Auguste  Duméril  sur  le  cal- 
caire d'Oels,  des  environs  de  Saedewitz,  et  sur  les  fossiles  de 
cette  dernière  contrée 57 

Ed.  d'Eichwald.  —  Sur  un  crinoïde  blastoïde  découvert  près  de  Poul- 

kova,  Asterobtastut  ttetlatut 62 

DiLissi.  —  Recherches  sur  l'eau  dans  l'intérieur  de  la  terre.     ...       6A 

Db  RouviLLi.  —  Sur  une  faune  tertiaire  moyenne  des  environs  de  Bé- 

ziers  et  de  Narboone 91 

NoGuàs.  —  Sur  les  couches   de  terrain   qui  composent  les  environs 

d'Amélie-les- Bains  (Pyrénées-Orientales)  .......       95 

Maicou.  —  Sur  les  roches  jurassiques  hors  de  l'Europe 98 

Ed.  HiBBiT.  —  Du  terrain  j  urassique  de  la  Provence  ;  sa  division  en 
étages;  son  indépendance  des  calcaires  dolomitiques  associés 
aux  gypses iOO 

FoniifiT.  —  Détails  sur  la  formation  par  la  voie  humide  et  à  froid  de 
divers  minéraux,  et  notamment  des  silicates  hydratés  et 
anhydres •..     124 

Dblbssb.  —  Remarques  sur  la  communication  précédente 185 

Db  Tcrivatchbff.  —  Sur  une  éruption  du  Vésuve  du  8  décembre  1861.    141 
Soc.  géol,j  2*  série  ,  tome  XIX.  74 


H6« 


I  inr  Armluaa  (AuJe)  .  . 
lu  gi;ol<><;i(:  et  l>  iuiD<-rali));i 
mu,  —  Sur  il>!i  liacLvb  trou 
Ih  Cyrena  Puniinalii  tcacoQl 


A.  LiOBiL.  —  Sur 


CW.ll).  .     .    . 
SiiMiia  et   Aug.    UoLLF,,,»  ^  ^,-u„.  v... 
fouili;!  tlu  coral-rag  d«  TrDUTilIc 


a  Anémia  tiylic 
s.  —  Étudet  c 


Miio 


cl  C41 


■  roi 


„..,„„ ,, ut  du  riléraul 

et  de  Mouliiellier,  ttifol  luile  » 
raio*  |>yraidei  du  Salagou  et  de  Ji 

J.  UuiLLKMin.  —  Picziuiers  rèkultjti  dut  te 
pu-  la  gratidu  Socitlù  de*  clieoiin: 
le  i)ruluugemeal  du  la  furniitioa 
l'ouett 

Le  culonel  dr  UiuiaitiR,   —  Lettre  à  M, 

Ijgc  de  PriTilichi-plau  .... 

J.  UoHOtiai.  —  Sur  lei  ai^ilei  à  tilei  di 

Perelie  et  d'ïutret  dépùU  tertiaire 

O'Ouiuvt  d'Hilu».  -  Sur  le>  diviaiunt 

cumpriie  cutiï  le  liLio  et  le*  Pyi 

L.  PiiiTO.  —  Gonpei  i  traien  t'Apcnalu, 

aie  iU  vallée  du  Pu,  dvpuit  Lii 

VI,  Vil) 

O.  TuquiM  et  E.  PiiTTi,  —  Le  liai  infir. 

Muiellc,  du  gr:iDd-duc:L«  du  Luxe 

la  Meule  et  des  Arduunet  (1>I.  V 

Di  BuiKHOiat.  —  Monographie  dut  gailii 

de   la   craie  tupéiieuru  du  LiiuL 

M.  Detliajui. 

L«  mirquU  m  Ru»,  —  Otiierratiuni  lut 

liamcritu  k  )a  page  91.     ,  .     . 
Diiuu.  —  De  l'azutu  ul    des  uiatiÉrc.  or 

Li  SuciïTt.  —  Couipotilion  du  Uureau  et  d 
Eug.  DiïLuaecHiiiPi.  — Sur  le  dévdoppe 

brachiupedei  artieulêi  (PI.  tX) 
i,  UaMOUa.  -  Exuiueu  mi  aéra  logique  d'un 

DucLUiaiiux.  —  Sur  la  prétciice  du  lim 
et  de  la  fluorine  dani  la  chaîne  de 
Eaux-lti.uDut 

tovi.  —  Lettre  anuocgant  l'étude  pu  le 


TàBLB    GÉNÉRàLB    DBS    ÀRTICLBS.  1167 

bat  Danube,  de  la  Valachie  et  du  Dobrotscha;  —  la  publica- 
tion de  la  carte  géulogique  de  la  Transylvanie,  par  Franc  de 
Rauer  ;  —  le  relevé  de  la  partie  N.  O.  de  l'Esclavonie,  par  le 
docteur  Sur  ;  —  la  carte  géologique  du  N.  de  la  Croatie,  par 
Poetterle;  —  la  description,  par  le  docteur  Stache,  de  dé- 
pôts considérables  de  calcaire  d'eau  douce,  composé  presque 
uniquement  de  coquilles  d'/fe/top,  sis  sur  le  bord  N.  O.  de 
Bakonywald;  —  l'étude  des  terrains  contenant  les  colonies  do 
M.  Ëarrande,  par  M.  le  conseiller  Lipold;  —  la  présentation 
à  l'Académie  d'un  mémoire  de  W.  GUmbel  sur  les  Megalodon 
trufuelrum  ;  —  Timpression  d'un  ouvrage  spécial  du  mémo 
géologue  sur  les  Alpes  secondaires  de  la  Bavière,  —  la  décou- 
verte^  dans  la  Silésle  autricbienne  et  les  Garpathes  du  N.  O. 
de  la  Hongrie,  par  M.  Hohenegger,  des  dépôts  secondaires 
depuis  le  lias  jusqu'à  la  craie,  y  compris  le  gault,  et,  de  plus, 

Téocène ^29 

Mkllitillb.   —  Sur  les  terrains  de  transport  superficiels  du  bassin  de 

la  Somme ^2* 

Ed.  HÀBEET.  —  Sur  l'argile  à  silex,  les  sables  marins  tertiaires  et  les 
calcaires  d'eau  douce  du  N.  O.  de  la  France,  contemporains 
des  terrains  du  bassin  de  Paris  (PI.  X,  fig.  2).     .     ,     ,     ,     ,     ^^^5 

AiJiAoi).  —  Sur  la  craie  de  la  Dordogne  (PI.  XI) ,     ,     ^^1 

NoGuàs.  —  Sur  le  terrain  jurassique  des  Corbières 5g| 

DAuamia.  —  Formation  contemporaine  de  pyrite  cuivreuse  sous  l'ac- 
tion d'eaux  thermales,  à  Bagnères-de-Bigorre  (Hautes-Pyré- 
nées)   529 

L.  ZBJsmaa.  —  Sur  la  PachyrUma  Bcaumonti^  n.  sp.  (PI.  XII)  ,     ,     .     529 
CoQDARO.  —  Sur  la  convenance  d'établir  dans  le  groupe  inférieur  de  la 
formation  crétacée  un  nouvel  étage  entre  le  néocomien  pro- 
prement dit  (couches  à  Toxaster  complanatus  et  à  Ostrea  Cou* 
toni)  et  le  néocomien  supérieur  (étage  urgonien  d'Alc.  d'Or- 

bigny).    •     •     • -     .     531 

Ed.  UiBBBT. —  Observations  au  sujet  d'uue  communication  verbale  de 
M.  Goquand,  faite  dans  la  séance  du  2  décembre  1861,  sur  le 
terrain  crétacé  de  l'Al^ûe,  et  au  sujet  surtout  de  la  classi- 
fication publiée  par  le  même  {Bull,,  2*  sér.,  t.  XVI,  p.  953, 

1859) 542 

Gh.  o'Allbixbttb.  —  Sur  la   craie  et  la  mollasse   du  Jura  bugeysien 

dans  les  environs  de  Nantna  (Ain)  (PI.  X,  fig.  1).  .    •     •     ,     544 
Dahoub.  —  Sur  la  Tchefilinite  de  la  côte  du  Goromandel.     •     •     •    •     55| 

Ed.  Habbbt.  —  Sur  l'&ge  du  calcaire  de  Killy 552 

Dblbssb  et  Ladobl.  —  Revue  géologique  pour  l'année  1860 556 

Gos&blbt.  —  Sur  quelques  gisements  fossilifières  du  terrain  dévonien 

de  l'Ardenne * 559 

PouBCH.—  Sur  la  grotte  ossilére  de  THerm  (Ariége)  (PL  XIII  et  XIV).     56A 
Db  Vbbiibuil  et  MuacHisoa.  —  Sur  l'inapplicabilité  du  nouveau  terme 
dyas  au  groupe  des  roches  permiennes,  proposé  par  le  doc- 
teur Geinitz 599 

Talabaeoom.  —  Sur  U  découverte  d'un  gisement  d'or  dans  les  envi* 


1168  TABLE    GËNËRjlLE    tiEi 

r«n3  de  Sai.>t-P«rreiii  [MurbiLi;.n) 
A.  Don™..  -  Sur  «ne  nouvelle  Trigoiie  d 

H.tre,  Trigonia  Bayiti  (PI.  XV)  . 
Th.  ÉMâT.  —  Sur  le  terrain  houiller  d«  en 
J.  Mji«cOu.  —  Sur  lui  eipreHloni  [itiiécn, 
A.  «.iDïi.  —  Sur  tei  débri»  d'oiseaui  el  de 

(UrÈce),  luivlc  ic  quclquci   remiii 

néroletPI.  XVI) 

P.  H  Ciisic.  ~  Eiqiiiue  géulugique  dn  de 
BoUBOEoii.  —  Distribiilion  dei  e»ptce»  dun 

Luir-et-Chïr 

J.  CittLLijn.  —  Étudet  tlrillgraphiquei  tt  p\ 

li»  du  gotfi:  de  U  Speiia.  .  .  . 
LiSacint.^  Budget  puDrlBeS.     .     .      . 

DHCondairei  du  midi  de  la  France. 

G1KI.I.IBOI  ni  tVoviLLi.  —  Sur  le  bone  bcd  A 

Hitiit.  —  fiiir  lec  diilocalioni  aiiiqiiclles  ci 

Es  vallée  de  la  Seine,  aux  eavironi 

J.  il.  NoEi.IT.  —  Sur  le  t:atc;iire  licuitre  mil 

la  mullaSte   fluviale,  égateniEnt  m 

P'Bn»" 

ScRLuxiinc».  —  Dcai  de  Ceraloiiat  rundm 
LiuciL.  -  La  fauDC  de  Sainl-Fred,  ptËt  c 
Loai.  —  Sur  \'.  giifrauDl  [les  gfpiUB  de>  en' 
J.  BiiaïaDB,  -  ABsentiinenl  du  professcui 
eunient.  Qouvcauï,  au  lujel  de  la 

'•V^ 

J.  Miatoi'.—  Lulu  additionnelle  des  tusiilt 

l'Amérique  du  ^l)^d 

GoiSBWT.  —  Sar  la  dicouveric  de  foHilea  ûl 

Mamur. 

QiTViLQt».  —  ht:inatqim>  tur  la  communie 
J.  B.aa.KDi.  -  Eiiileoel-  de  la  faune  iccoi 
U.  Licuo.  -  Sur  11  E.'„l()(-ie  du  plaleau  CCI 
grande  carte  grolugique  du  dépar 
Ziinaonici,  —  Sor  l<^&  réiullala  d'un  aund 
Da  Htu6L>B.  —  CuiuparaieuD  géographiqi 
glque  de  la  luL'race  icrreitre  avec 

la  Inue 

Tb.  Éuir.  —  Straligraphie  de  la  craie  me 
et  rie  la  vallée  de  l'Indre.  .     .     . 

La  Uon.  —  Teiraint  tertiaires  de  Bruiell 
cLssement,  leur  Faune  et  leur  floi 

Ed.  QliiaT.  —  Obsïrvatinna  sur  Ici  lyilèi 
de  Dumanl,  TaileB  A  l'occilion  du 

E.   DvMoiTi».  —  Conp  d'ail  lur  l'oolitlic  i 

Q,  Bi  Mouiixn.  —  Terraint  du  rcriant  il. 


TABLX    GfiNfiRALK    DBS   ÀRTICLKS.  Ii69 

ceux  da  versant  françtiit 8&9 

Pt   Dalihibm.  —  Sur  \cn  tf-rraÎDs  primaires  des  environs  de   Falaise 

(Calvados) 907 

O'Ohauus  o'Halloy.  —  Sur  une  nouvelle  édition  de  VAbrigé  dé  géo- 
logie  917 

J.  Bah  AND  a.  —  Réponse  k  M.  d'Omalins  an  snjet  des  fossiles  siluriens 

de  la  Belgique 928 

Alph.  Favbi.  —  Sur  la  présence  en  Savoie  de  la  ligne  anticlioale  de  la 

mollasse  qui  traverse  la  Suisse  et  une  partie  de  la  Bavière.  .  928 
Jamhrtaz.  —  Sur  l'observation  de  quelques  feuilles  dans  les  marnes  du 

g}'pse  des  buttrs  Chaumont 982 

Di  QuATBiFAGKs.  —  Sur  Torigine  artificielle  des  amas  de  coquilles 

connus  sous    le   nom  de  buttes  de   Saint-Micbel  en  Lherm 

(Vendée)  (PI.  XIX) 988 

Piiini.  —  La  partie  inférieure  du  terrain  crétacé  dans  l'Aisne  et  la 

région  occidentale  des  Ardennes 948 

Th.  Davidson.  —  Rr«chiopodis  fossiles  des  iles  Uritanni(|ues.  .     .     .     950 

P.  Gbbvais.  —  Sur  le  dépôt  lacustre  d'Armîssan  (Aude) 989 

J.  GoajfDiL.  —  Essai  sur  leâ  rapports  qui  existent  entre  le  grès  vert  in- 

ft^rieur  du  pays  de  Bray  et  celui  du  sud-est  et  du  nord-ouest 

du  bassin  anglo- français 975 

L.  SABMAifif  et  A.  GuTiaDKT.  —  Expérience  sur  la  formation  du  snlfate 

de  magnésie  (epsomite)  aux  environs  de  Saint-Jean  de  Mau- 

rienne  (Savoie) 995 

BiaTiMA  et  Th.  ÉaBAV.  —  Carte  géologique  du  département   de   la 

Nièvre. lOOi 

Da  BuvanoBST. —  Monographie  des  céphalopodes  de  la  craie  supérieure 

du  duché  du  Limbourg,  avec  observations  de  M.  Deshayes.  1002 
RaTM&s.  — Observations  sur  la  différence  de  sexe  leconnue  dans  les 

Ammonites 1004 

J.  BABBAhDi.    —  Sur  l'ouvrage  de  M.  le  professeur  Geinita^  intitulé 

Dya$ 1008 

La  GoMMissio»  DB  coHnABiLiTtf.  —  Rapport  sur  la  gestion  du  Trésorier 

en  1861 lOU 

Albert  Gaudby.  —  Sur  le  singe  fossile  de  la  Grèce 1022 

SABMAifif.  —  Observations  sur  le  Belemnites  quadralus,  Defr.  (PI.  XX).   1025 

Th.  Ebbat.  —  Sur  la  minette  du  Morvan 1029 

G.  GuiscABDu  —  Sur  le  SphœrnliUi  Tenoreana 1081 

TuuBKOOBB.  —  Note  stratigraphique  et  paléontologique  sur  les  faluns 

du  département  de  la  Gironde  (PI.  XXI) 1085 

Hénnion  extraordinaire  à  Saint-Gaudens  (Hauie-Garonne) 1089 


riJI    DB    I.A    TABLB    CKNBBALB    DBS    ABTICLBS, 


BULLE! 

SOCIÉTÉ    GÉOLOGÏQU 
TABLï 

DES  MATtÈRES  ET  D 

POUR   LB    DIX-nBDTitl 


Akrigi  rf»  nialogit.   Mniivflle   édlliao  l 

(wr  M.  d'UnaliuS  d'Bitlojr.  p.  917. 
4lbtrii    (les)    (Pycénécj-Ofientali-"). 
Noie   sur   Itur  |;éoli>Kie  rt  sar  Irar 
mlntiralogie,  par  M.  A.  ¥.  Hofioèa 
p.  US. 
All>ii(tti  [Ch.  d').  Nule  sur  1«  cm'ic 
et   Ih  moltaue   du  Jara  bugrvtien, 
dai»  \n  CDTiront  de  Nanlua  (Ain), 
(pi.  X,  Gg.  1)  p.  SU. 
^nui  dv  coquillrs  connus  sou)  If  ''□ 
iIf  hiiltes  de  Siiot-Micbel  de  Lher 
(Vendée).    Leur   orlxint-    srtîGcirUc 
■ipllquée    par  M.  de  Quatre tii|;'S 
p.  9J5. 
Aaeienntti  de  l'etpére    liumainr.  Bia 

churr  de  H.  J,  DHaiiDue,  p.  6)3. 

J*»mia  biplirala  el  iiupertilio  (<ur  le>], 

par  HU.  Saeiuana ri Trificr  (H.  Il}, 

Aaeniic  (il").  Observations  ;iu  sujrl  d 
!■  lellre  de  M.  J.  B.  NoiiM.  sur  I 
ealraire  lacuslre  minri-ne  de  N;ir- 
bonne  et  sur  la  mollasse 
fgalemeni  niiocine  du  bawiii  de  Prr- 
piKoan,  \>.  706. 

ÂrgUu  a  silei  de  lu  crnir,  SHbles  d 
Prrche  rt  autres  dé|iâts  terlixin 
qui  leur  iotiI  subordunn^*.  Note  d 


Silbl.-! 


s  lerliai 


TABLB    DBS    MATltRlSS    ET    DSS    AUTEURS. 


1171 


B 


Baptista.  Obserfalions  au  mi  jet  des 
remarquet  de  M.  J.  Marcou  sur  les 
expria-^ions  pénéen»  pcrmirn,  dyas, 
p.  62S, 

Babbaxdr.  OhsprTiitions  au  sujel  d'un 
ouvraf^e  qu'il  Tient  de  faire  pftrailre, 
inlitulé  Défense  det  colonies,  A'Mcn- 
liment  du  professeur  Jdmes  Hall  et 
auties  documents  sur  la  faune  pri- 
mordiale on  Amérique,  p.  731.  — 
Existence  de  la  faune  seconde  silu- 
rienne en  Belgique,  p.  754.  —  Ré- 
fnm^e  à  M-  d'Oinalius.  au  sujet  (i«'!4 
bssiles  >ilurifDS  de  la  Belgique, 
p.  935.  —  Observations  au  sujet 
d'une  communication  de  M.  Reynès, 
sur  la  (liflTérence  de  sexe  des  Ammo- 
nites, p.  )oo4.  —  Présentation  de 
l'ouvrage  du  professeiir  Geinilz,  inti- 
tulé Diai^  p.   1008. 

Bassin  bouiller  du  nord  de  la  France. 
Son  allure  générale,  par  M.  Emile 
Dormoy,  p.  22. 

BeUmniUs  qiiadratus^  Defr.  Note  sur  ce 
fossile,  par  M.  L.  Saemann  (p).  XX), 
p.  loaS. 

Basoix,  Ubst-i  valions  «m  sujtl  de  lii 
note  de  M.  Gh.  d'Alleizette  sur 
l'existence  de  Ki  craie  et  ()f  iamojliisse 
du  Jura  bugeytien,  dans  le^i  environs 
de  Naptua  (Ain) ,  p.  549* 

BiBTEiA  et  Th.  Ébbay.  Carte  idéolo- 
gique du  départeipent  de  la  Nièvfe. 
p.  1001. 

BiblingraphiCt  p.  5,  18,  12a.  i4o,  3ai, 
4o8. '4a5,  5oo,  554,  6a9,  ^7H)  ^^^t 
718,  847*  9^^»  ^'io^  ioo5. 

BinnnoBST  (de).  Monographie  dis  gas- 
téropodes et  des  Céphalopodes  de  la 
craie  supérieuie  du  Liinbourg,  394- 
—  Monographie  des  Céphalopodes  de 
la  même  formation,  p.  1002.  —  Ob- 
scrvatioui  sur  la  concordance  qui 
existe  entre  certaines  assise*:  de  la 
base  des  Pyrénées  et  celles  de  la  m<»n- 
tagne  de  Saint-Pierre  di-  Mae.strichi, 
p.  1 159. 

Bone-bed  (sur  le)  do  la  Bourgogne,  par 
M.  Guillebut  de  JServille,  p.  687. 

BoucBBB  »B  PiBTBBS.  Lettre  Annonçant 
que  des  hacbes  ont  été  trouvées  dans 


la  craie  vierf»e  de  la  Somme,  et  qu'i  I 
a  été  recueilli  à  Mencbecourt  In  Ty^ 
rena  fluminaiis  dans  un  bano  supé* 
rieur  au\  haches,  p.  i53. 

BouÉ.  Lettre  annonçant  la  publication 
d'une  carte  géolojjique  el  des  coupes 
de  la  silésie  mitrichieqpQ,  d'upe  par- 
tie de  la  Gallicie  el  des  Garpalhis  d? 
la  Hongrie,  par  M.  Uobenegger, 
directeur  des  usines  de  l'archiduc 
Albert  à  Teschen,  en  Silesip,  p,  49. 
—  Lettre  réfutant  les  apborisnifi 
géogéniquis  de  M.  Andréas  Wag- 
ner, zoologiste  de  l'Académie  de 
Munich,  p.  56.  —  Lettre  aouqnçant 
l'étude  du  bas  Danube,  de  la  Valachif 
et  du  Dobroutscha.  par  le  professeur 
Szabode-Pest.  —  La  publication  de 
la  carte  géologique  de  la  Transyl- 
vanie, par  Franz  de  Hauer. —  Celle 
de  la  partie  N.  0,  de  l'Esclavonie, 
par  le  docteur  Stur.  — -  Celle  de  la 
partie  septentrionale  de  la  Croalie, 
par  M.  Fpetter)e.  —  La  description, 
pfir  le  docteur  Stacbe,  de  dép6ts 
considérables  de  calcaire  d'eau  douce, 
composé  presque  uniquement  de 
coquilles  â'Helija,  existant  sur  le 
bord  fi,  O,  de  Bakonyvald.  —  L'é- 
tude, par  le  conseiller  Lifwld,  des 
terrains  contenant  les  colonies  de 
M.  Bitriande,  —  La  présentation,  i 
l'Académie,  d'un  mémoire  de  W. 
Gbmbel,  sur  les  ktpgalodon  triqw' 
trum.  —  La  publication  prochaine 
d'un  ouvrage  spécial  aur  les  Alpes 
secondaires  de  la  Bavière,  par  W. 
Gùmbel.  —  Enfin  la  découverte,  par 
M.  Tloheneggt  r,  dans  la  Silésie  autri- 
chienne et  les  Carpatiies  du  N.  O, 
de  la  Hongrie,  des  dépôts  secon- 
daires depuis  le  li^s  jusqu'à  la  craie, 
y  compris  le  gauU  et  ae  pluK  l'éo- 
cène,  p.  43  t. 

BoL'BCBois  (l'abbé).  Distribution  des 
espèce:*  dans  les  terrains  crétacés  de 
Loir-eUCher,  p.  65a. 

Braehiopodcs  fossiles  des  terrains  per- 
miens  et  carbonifères  des  lies  Britaa* 
niques.  Uésumé,  par  M.  Davidson, 
de  son  ouvrage  sur  ce  sujet,  p.  950. 


Cabary   décrit  une  petite  couche  de  1      concession  des  mines  d'Anzio,  p.  49* 
cannelcoal  trouvéeà  la  fosse  de  Rau|x,  I  Ca/c0Îra   lacustre  (sur  le)  miocène  de 


1172 


TABLB    DBS    MÀTlkBBS 


Narbonne,  et  sur  la  mollasse  fluria- 
tile  également  miocène,  du  basiio 
de  Perpigoao,  par  M.  J.  B.  Noulet, 
p.  7o5. 

Cûleaire  lacustre  de  Provins  renfer- 
mant des  ossements  de  Lophiodon 
(sur  le).  Communication  de  M.  Ed. 
Hébert,  p.  CyS. 

Cmleaire  de  Rit/y,  Son  âge,  d'après 
M.  Ed.  Hébert,  p.  55a. 

Cannet'Coat  (petite  couche  de)  trourée 
à  la  fosse  de  Raulx,  concession  des 
mines  d'Anzin,  décrite  par  M.  Gaba- 

Capklliri  (J.).  Etudes  Btratigraphiques 
et  paléontologiques  «ur  i'infra-lias 
dans  les  montagnes  du  golfe  de  la 
Spczia,  p.  675. 

Cmrtei  géologique  et  Uydrologique  de  la 
▼ille  de  Paris,  par  M.  Delesse,  p.  la. 

Ctkrte  géologique  du  département  de  la 
Nièvre,  par  MM,  Beitera  et  Th. 
Ëbray,  p.  1001. 

CAZàLiB  oa  FoHDoucE  et  MAaCCL  Dl 
SiBiEa.  Note  sur  ie«  formations  yoI* 
canîqiii's  de  l'Hérault  dans  les  envi, 
rons  d' Agde  et  de  Montpellier,  faisant 
suite  au\  observations  sur  les  terrains 
pyroïdes  du  Salagou  et  du  IVefBez, 
p.  186. 

Ceratodusruncinatus  (sur  une  dent  de), 
par  M.  Schlnmhcrger  (pi.  XVH), 
p.  707. 

GisSAc  (  p.  dp).  Esquisse  géologique  du 
déparlement   de  la  Creuse,  p.  64o. 

CoLLOMB  (Ed.).  État  de  la  caisse  au 
Si  décembre  1861,  p.  4o6.  —  Projet 
de  budget  pour  l'année  i86î,  p.  680. 

—  Compte  des  recettes  et  des  dé- 
penses pt-ndaiit  l'année  1861,  p.  101  î. 

—  Note  aur  les  glacier*  de  la  Mala- 
detta,  p.  11^4. 

Colonies  dnns  le  bassin  silurien  de  Bo- 
hême. Réponse,  par  M.  Lipold,  au 
travail  de  M.  Barrande  sur  ce  sujet, 
p.  564. 


Cammissiotu,  Composition  pourTaBnée 
186a,  p.  4o6.  —  de  comptabilité, 
rapport  sur  les  comptes  du  Trésorier 
pour  Tannée  i86x,  p.  1017. 

Comparaison  géographique,  orogra- 
phique et  géologique  de  la  aurface 
terrestre  avec  celle  delà  partie  visible 
de  la  lune,  par  M.  de  Hauslab, 
p.  778. 

Configuration  des  massifs  de  l' Ardèche, 
par  M.  J.  B.  Dalmas.  5o. 

CoQOAMo.  Sur  la  convenance  d'établir 
dans  le  groupe  inférieur  de  la  forma- 
tion crétacée  un  nouvel  étage  entre 
le  néocomien  proprement  dit  (couches 
k  Toxaster  eomplanmius  et  à  Ostrea 
Coulant)  et  le  néocomien  aupérieur 
(étage  urgonien  d'Alc.  d*Orbigny), 
p.  53 1. 

GoBNoiL  (J.).  Easal  sur  les  rapports 
qui  existent  entre  le  gréa  vert  infé- 
rieur du  pays  de  Bray  et  celui  du 
sud-est  et  du  nord-oaest  du  basain 
anglo-français,  p.  975. 

Coupes  k  travers  l'Apennin,  dea  borda 
de  la  Méditerranée  à  la  vallée  du 
P6,  depuis  Livoume  jusqu'à  Nice, 
par  M.  L.  Pareto  (pL  V,  VI,  VJl), 
p.  aSg. 

Craie  de  la  Dordogne.  Note  sar  elle, 
par  M.  Arnaud  (pi.  XI),  p.  465. 

Craie  du  Jura  bugeysien  existant  dans 
les  environs  de  Nanlua  (Ain),  d'après 
M.  Ch..  d'Allerzette  (pi.  X,  fig.  i), 
p.  544* 

Craie  moyenne  de  la  vallée  du  Cher  et 
de  la  vallée  de  l'Indre.  Sa  stratigra- 
phie, par  M.  Th.  Ébray,  p.  789. 

Crinolde  blastoîde  découvert  prè»  de 
Pouikova,  par  M.  Ed.  d'Bicbwald, 
p.  6a. 

Cyrena  fluminalis  trouvée  è  Menche- 
court  (Somme),  par  M*  Boucher  de 
Pertbes,  dans  le  bano  aupérieur  aux 
hache.%  p.  x53. 


D 


DALimia  (Paul).  Note  sur  les  terrains 
primaires  des  environs  de  Falaise 
(Calvados),  p.  907. 

Dalmas  (J.  B.).  Note  sur  la  conBgura- 
liqn  des  massifs  de  l' Ardèche,  p.  5o. 

Damoob.  Examen  minéralogique  d'une 
roche  désignée  'sous  le  nom  de  Iher- 
îoliie,  p.  4i3,  —  Note  sur  la 
(dieffkinite  de  la  côte  du  Coroman- 
del,  p.  55o. 


DAVBBiK.  Formation  oontemporaiiie  de 
pyrite  cuivreuse  sous  l'action  d>aus 
thermales  à  Bagnères-de-Bigorre 
(Hautes- Pyrénées]|«  p*  5ao. 

DAvio<K>if  (Th.).  Résumé  de  ton  ou* 
vragc  sur  les  brachiopodcs  fossiles 
des  terrains  permiens  et  cftrboBÎftics 
des  tles  Britanniques,  p.  o5o» 

Débris  d'oiseaux  et  de  rcptilet  trouvés 
à    Pikermi    (Grèce),    décriU    par 


BT    DES   ÀtITB0RS. 


1178 


M.  Albert  Gaiidry,  arrc  quelques 
rcinurques  de  paléontologie  générale 
(pi.  XVl),  p.  Gag. 

Définit  dês  colonies,  par  M.  Barrande, 
arec  observations  orales  de  ce  der- 
nier, p.  7»!. 

D8LàKODi.,Ob$erTationt  sur  une  note 
de  M.  Emile  Dormoy,  concernant 
rallnrc  générale  du  biisfin  houillcr 
du  nord  de  la  France,  p.  99. — 
Observât  ions  au  Mijet  d'une  notice 
géologique  de  M.  Mellcville  sur  les 
terrains  de  transport  superficiels  du 
bassin  de  la  Sonaine,  p.  44^'  — 
Opuscule  sur  l'ancienneté  do  l'espèce 
humaine,  61 3. 

DiLista.  Cartes  géologique  et  bydro- 
logique  de  la  ville  de  Paris,  p.  la. 
^-  Recherches  sur  l'eau  dans  l'inté- 
rieur de  la  terre,  p.  64.  —  Remarques 
au  sujet  d'une  note  de  M.  Four- 
net,  sur  la  formation,  par  la  voie 
humide  et  k  froid,  de  divers  mi- 
néraux et  notamment  des  silicates, 
hydratés  et  anhydres,  p.  i55.  -*  De 
l'azote  l't  des  matières  orgnntq«it>s 
dans  l'écorce  terrestre,  p.  4oo,  — 
Ohserrations  au  sujet  d'une  note  de 
M*  Descloizeaux,  sur  !ii  présence  du 
xinc  carbonate,  de  la  llierzoUte  et  de 
la  fluorine  dans  la  chaîne  des  Pyré- 
nées, aux  environs  des  Baux-Bonnes, 

p.  4i9' 
DcicssB  et  Lacoxl.  Revue  de  géologie 

pour  l'année  1860,  p.  556. 

Dc^cLoixi&ox.  Note  sur  la  présence  du 
xinc  carbonate,  de  la  Iherzolite  et 
de  la  fluorine  dans  la  chaîne  des  Pyré- 
nées, aux  environs  des  Eaux-Bonnet, 
p.  4i6 

DasHAvxs.  Observations  sur  une  note 
de  M.  de  Rouville,  relative  à  la  faune 
tertiaire  moyenne  des  environs  de 
Béliers  et  de  Narbonne,  p.  95.  — 
Considérations  au  sujet  de  la  naono- 
graphie  des  gastéropodes  et  des  cé- 
phalopodes de  la  craie  supérieure  de 
Limbourg,  par  M.  de  Binkhor<^t, 
p.  394.  —  Observations  au  sujet  des 
remarques  de  M.  J.  Marcou,  sur  les 
expressions  pénéen,  permien  et  dyas, 
p.  629,  — Critique  de  la  réunion  du 
trias  au  perniit-n  faite  par  M.  Mar- 
cou dans  sa  carte  géologique  de  la 
•terre,  p.  660.  -^  Observations  au 
sujet  de  la  monographie  des  cépha- 


lopodes de  la  crnie  supérieure  du 
Limbourg,  par  M.  de  Binkborsi, 
p.  100a.  —  Observations  au  snjet 
d'une  communication  de  M.  Reynès 
sur  la  différence  de  sexe  dans  les 
Ammonites,  p.  roo4« 

DastONGoaiiirs  (Bog.)*  Note  sur  le 
développement  du  deltidium  dux 
les  hnirhiopodes  articulés  (pi.  IX), 
p.  609.  —  Note  sur  la  présence  du 
genre  Phorus  dans  le  terrnin  dévo- 
nien  du  Boulonnais,  p«  544* 

DxsROYxas  (J.).  Note  sur  les  argiles  à 
silex  de  la  craie,  sur  les  sables  du 
Perche  et  d'autres  dépôts  tertiaires 
qui  leur  sont  subordonnés,  p.  ao5. 

Dévêfnppement  (sur  le)  du  deltidium 
chez  les  brachiopodes  articulés,  par 
M.  Eugène  Oeslongcharops  (p).  IX}, 
!>•  409. 

OawÀLQox.  Note  sur  le  système  eifelien. 
p.  753. 

Dinotherium.  Détails  sur  cet  animal, 
par  M.  A.  Gaudry,  p.  i|3i. 

Distocaiiont  (sur  les)  auxquelles  est  due 
la  configurai  :on  de  la  vallée  de  la 
Seine  aux  environs  de  Rouen,  par 
M.  Uarlé,  p.  690. 

Distribution  aes  rspèct's  dans  les  ter- 
rriins  crétacés  de  Loir-et-Cher,  par 
M.  l'abbé  Bourgeois,  p.  65s, 

Divisions  géographiques  de  la  région 
comprise  entre  le  Rhin  et  les  Pyré- 
nées, par  M.  J.  J.  d'Omalius  d'Ual- 
loy  (pi.  iV),  p.  ai5.^ 

DoLLFus  et  SABUAifif.  Etudcs  critiques 
sur  les  échinodermes  fossiles  du  coral* 
rag  de  Trouville  (Calvados)  (pi.  1||), 
p.  168. 

DoLLvus  (  Aug.  ).  Sur  une  nouTelle 
Tiigonie  de  l'étage  kimmeridgien  du 
Havre  (Trigonia  Baylti)  (pi.  XV)t 
p.  6i4-  , 

DoaMuv  (Emile).  Allure  générale  du 
bassin  houiller  du  nord  de  la  Francfi 
(pi.  1).  p.  aa. 

DoMOBTi»  (E.).  Coup  d'œil  sur  l'oo- 
lithe  inférieure  du  Var,  p.  839. 

Dyas.  Brochure  de  M.  Murchison  éta- 
blissant l'impossibilité  de  donner  ee 
nouveau  nom  aux  roches  du  groupe 
permien,  comme  le  propose  le  doc- 
teur Geinitz,  p.  599.  —  Présentation 
de  l'ouvrage  de  M.  Geinitz,  par 
M.  Barrande,  p.  ioo6> 


117A 


TABLB   DES    MATIERES 


E 


Smu  (recherches  sur  l^  dans  l'intéripur 
de  la  terre,   par  M.  Deiesse,  p.  64* 

EauoB'Bonnes  (environs  dei)  (Basses- 
Pyrénées.)  Présence  du  zinc  carho- 
nati',  de  la  Iherzolite  et  de  la  fluo- 
rine, constatée  par  M.  Descloizeaux, 
p.  4i6. 

ËBRAY  (Th.).  Stratigraphie  du  système 
ooUllii<|ue  inférieur  des  environs  de 
Tournuset  d'une  partie  du  départe- 
ment de  la  G6te-d'0r,  avec  quelques 
considérations  sur  la  délimitation  des 
bassins  géologiques,  p.  3o.  —  Note 
■ur  les  derniers  affleurements  de 
l'étage  uigunien  dans  le  sud  du  bassin 
parisien,  p.  184.  —  Note  sur  le  ter- 
rain houiller  des  environs  de  Dcrize 
(Nièvre),  p.  6i5.  —  Stratigraphie 
de  la  craie  moyenne  de  la  vallOe  du 
Cher    et   de  la   vallée   de  l'Indre, 


p.  789.  —  Nota  sur  la  minette  dn 
Morvan,  p.  10S9. 

Ébbat  et  BatTBRA.  Carfe  géologique  du 
dépaitement  de  la  Nièvre,  p.  looi. 

Échinoefermtt  fintiiet  (études  critiques 
sur  les)  du  coral-rag  de  Trouville 
(Calvados),  par  MM.  L.  Saemann  et 
Aug.  Dolfuss  (pi.  III),  p.  168. 

EiCBWALD  (Ed.  a').  Lettre  sur  le  cal- 
caire d'Oels,  environs  de  Sadewitz, 
et  sur  les  fossiles  de  cette  dernière 
contrée,  p.  Sj,  —  Note  sur  un  cri- 
noîde  blaloïde  découvert  prés  de 
Poulkovii,  p.  63. 

Esquisse  géologique  du  déparlement 
de  la  Creuse,  par  M.  P.  ne  Ce.^sar, 
.  p.  640. 

Etage  urgonien.  Ses  denders  affleure- 
ments dans  le  sud  du  bassin  parisien, 
par  M.  Ébray,  p.  184. 


Falunt  du  département  de  la  Gironde. 
Note  sur  leur  «tratig^^phie  Cl  sur 
leur  paléontologie,  par  M.Tournoudr 
(pi.  XXI),  p.  iu35. 

Faune  primordipleen  Amérique.  Assen- 
timent du  professeur  James  Hall 
et  autres   documents   nouveaux   au 

.  sujet  de  eeltt^  faune,  présentés  par 
M.  Barrande,  p.  721. 

Faune    (sur  la)  de   Saint-Prest,   près 

.  Ghartrrs (Eure-et-Loir),  par  M.  Lau- 
gel,  p.  709. 

Fauntf  seconde  silurienne.  Sonc«istep<e 
con<>tatée  en  Belgique,  par  M,  Bar- 
rande, p.  7S4. 

Faune  tertitire  moyenne  des  environs 
de  Béziers  et  de  ÎVarbonne,  Note  de 
M.  de  Rouvilie,  p.  91.  —  Observa- 
tions de  M*  de  Roys,  p.  597. 

Favrb  (Atph.).  Noie  %i\T  la  présence, 
an  Savoie,  de  la  ligne  antidinale  de 
la  mollasse  qiii  traverse  la  Suisse  el 
une  partie  de  la  Bavière,  p.  928. 

FtuUlet  dans  les  marnes  du  gypse  des 
bulle»  Chauniioot,  obseï  vée^  { ar 
M.  Ed«  J^unel'az,  p.  93a. 

Formation  cprbonifère  du  Oouplz.  Pre- 
miers résultats  des  sondages  entrepris 
en  Russie  par  Ifi  grande  Sticiété  des 
chemins  de  fer  russes,  pour  trouver 
son  prolongement  vers  l'ouest,  par 
M»J.  Guiliemin,  p.  aoa. 

Formation  crétacée.  Convenance,  sui- 


vant M.  Coquaad,  d'établir  dans  le 
groupe  inférieur  un  nouvel  étage 
entre  le  néocomien  proprement  dit 
(couches  à  Toxastcr  eompianatui  et 
à  Ostrca  Coutoni)  et  le  néoconûen 
supérieur  (étage  urgonien  d' Aie.  d'Or- 
bigny),  p.  53i. 

Formation  (détails  sur  la),  par  la  voie 
humide  et  à  froid,  de  divers  miné- 
raux, et  notamment  des  silicates 
hydratéa  et  anhydres,  par  M.  J. 
Fuurnet,  p.  ia4« 

Formations  volcaniques  (note  sur  les) 
du  département  de  l'Hérault  dan»  les 
environ»  d'Agde  al  de  MontpeRier, 
relisant  suite  aux  observations  sur 
les  terrains  pyroîdt*»  du  Salafim  et 
deNefGez,|>arMM.  Marcel  de  Serres 
et  R.  Caialjsde  Foiidoucc,  p.  186. 

FouaaaT  (J.).  Détails  sur  la  formation. 
par  \is  voie  humide  et  à  froid,  de 
(livera  minéraux,  el  notamment  des 
Kilirate»  hydratés  et  anhydres,  p.  194* 

Fossiles  de  l'ile  de  la  Réunion  (Bourbon) 
cité»  dans  l'oiiyrage  de  M.  Maillard. 
Notice  à  U'ur  sujet,  par  M.  Micha|in, 
p.  848. 

Fostitet  du  terrain  callovîen  ds  la 
Pologne,  décri'.»  p«r  M,  Zejsmer» 
p.  i53* 

Fossiles  siluriens  de  la  Belgique,  Ré* 
ponse  à  leur  sujet  à  M.  d'OnikliuS, 
par  M.  Barrande,  p.  923. 


BT    DIS    AUTBUBS. 


^n 


Gaobbt*  Obs«rTatioas  au  snjet  d'une 
notice  géologique  de  M.  MelieTiile 
sur  les  ferratna  de  tranKport  superfi- 
ciel du  ba«sin  de  la  Somme,  p.  44  >• 
—  Note  sur  des  débris  d'oiseaux  et 
de  reptiles  trouvés  à  Fikermi  (Qrèee^, 
suivie  de  quelques  remarques  Je 
paléontologie  générale  (pi.  XVI}, 
p.  639.  —  Note  sur  le  singe  foasUe 
de  Grèce,  p.  losa.  —  Observations 
sur  la  petite  grotte  d'Aurignac 
(Haute-Garonne),  p.  ii3o.  —  Sur 
)e   Dinolherium,  p.  ii3i.| 

GéohgU  du  plateau  central  de  la 
France  et  grande  carte  géologique 
du  département  du  Puy-de-Dôme, 
par  M.  H.  Lecoq.  p.  j&%. 

GaavAii  (Paul).  Note  sur  le  dépôt 
lacustre  d* A rmissan  (Aude), à  prom)s 
d'une  réclamation  de  M.  A.  F.  ffo- 
gués,  p.  969. 

Gisement  d'or  découvert  à  Saint-Per- 
reux  (Morbihan)  et  annoncé  par 
M.  Talabardoo,  p.  6i3. 

GossiLBT.    Observations  sur  quelques 
gisements  ros5ilifèrcs  du  terrain  dëvo- 1 
nien  de  l'Ardenne,  p.  SSg.  —  Obsprvl 
valions  an  sujet  de  deux   notes  de 
MM.    Devalqiie  et  Malaise   sur  les 
fossiles  siluriens  de  Gembloux,  près 


de  Namur,  p.  jSa. 

GoDiKiT.  Description  verbale  de  quel- 
ques espères  nouvelles  recueillies  à 
Glus  (Calvados),  p.  4  sa. 

(irés  vert  inférieur  du  pays  de  Rray. 
Essai  sur  les  rapports  qui  existent 
entre  lui  et  celui  du  sud-est  et  du 
nord-ouest  du  bassin  anglo-français, 
par  M.  J.  Qomuel,  p.  976. 

Grotte  (la)  ossifie  de  i'Herm  (àriége), 
par  M.  l'abbé   Pouech   (pU  Xlif, 

XIV),  p.  5fi4. 

GoiLLBBOT  DB  Nbbvillb.  Lcttrc  sur  le 
bone-bed  de  la  Bourgogne,  p.  6Sj» 

GeiLLEMiv  (J.).  Premiers  résultats  des 
sondages  entrepris  en  Russie  par  la 
grande  Société  des  chemins  de  ter 
russes,  pour  trouver  le  prolooffement 
de  la  formation  carbonifère  du  Oo- 
netx  vers  l'ouest,  p.  aoa. 

GuiscABDi  (G.).  Note  sur  le  Sphmru' 
Utet  Tenoreana^  p.  io3i. 

GoYBtoiT  (A.)  et  Sabmawn  (L.)«  Expé- 
riences sur  la  formation  du  sulfate 
de  magnésie  (epsomite)  aux  envi- 
rons de  Saint-Jean  de  Maurieone 
(Savoie),  p.  995. 

Gypses  des  environs  de  Vizille  (IsèreJ, 
Lettre  sur  leur  gisement,  par  M.  Cn. 
Lory,  p.  790.  I 


H 


Haehês  recueillies  par  M.  Boucher  de  / 
Perthrs  dans  une  craie  vierge  de  la 
Somme,  p.  i53. 

Uablé.  Note  sur  les  dislocations  aux- 
quelles est  due  la  oonûguration  de  la 
▼allée  de  la  Seine  aux  environs  dé 
Rouen»  p.  690. 

Uaoslab  (de).  Comparaison  géogra- 
phique» orographique  et  géologique 
de  la  surface  terrestre  avec  celle  de 
la  partie  visible  de  la  lune,  p.  778. 

Hébrbt.  Note  sur  le  terrain  jurassique 
de  la  Provence.  Sa  division  en  étages. 
Son  indépendance  des  calcaires  dolo- 
mitiques  associés  aux  gypses»  p.  100. 
—  Observations  au  sujet  d'une  note 
de  M.  Laugel  sur  les  silex  et  grès  dits 
ladères,  p.  169.  —  Obserralions  au 
sujet  de  la  note  de  M.  Descloizeaux 
sur  la  présence  du  ziiir  carbouaté. 
de  la  Iherzolite  et  delà  fluorine  dana 
la  chaîne  des  Pyrénées,  aux  environs 
des  EtuK-Bonncs»  p.  4>9>  —  Obier* 


vations  sur  la  description  de  quel- 
ques espèces  nouvelles  recueillies  à 
Glos  CCalvados),  par  M.  Gpuberl, 
p.  4aa.  —  Obserralipns  au  sujet  d'une 
notice  géologique  sur  les  terrains 
de  transport  superQpiels  du  bassin 
de  la  Somme,  par  M.  Melleville, 
p.  44o.  —  Jden\  5^r  la  coufie  df  la 
montagne  de  Reims  du  mépae  autf  i|r 
{Bull.  Soc,  géol.,  îi'sér.,  t.  XVIII, 
p.  4i8),  p.  443.  —  Pote  §ur  l'argile 
à  silex,  les  sables  ipariQS  tertiaires  et 
les  calcaires  d'eau  dot^rf  c)u  nord- 
ouest  de  la  France  (pi.  ^,  fig.  a), 
p.  44^'  —  Obaei'vatipns  $qr  l^  oom- 
municalion  di*  M.  Oesnoyers  (anîê, 
p.  ap5),  p.  46S.  —  Observations  au 
sujet  d'une  communication  verbale 
de  M.  Coquand  sur  le  terrain  crétacé 
de  l'Algérie,  et  au  sujet  surtout  de  la 
classification  publiée  par  le  même 
(fia//.,s«sér.,  t.XVI.p.  95s,  i85o), 
p.  S4a*  —  Note  sur  l'ége  du  calcaire 


1176 


TÀBLB   DBS   MATIBEBS 


<1e  Rilly,  p.  553.  —  Obscrvaiionn 
au  sujet  des  travaux  géologiques  de 
M.  Se.  Gras  sur  la  Provence,  p.  558. 

—  Goiiimunicalion  aur  le  calcaire 
lacustre  de  Provioa  renrermant  des 
ossements  de   Lophiodon,    u.   675. 

—  Observations  au  sujet  d  un  mé- 
moire de  M.  Le  Hon,  sur  les  terrains 
tertiaires  de  BruxeileB,  p.  85  a.  — 
Observations  au  sujet  d'une  commu- 
nication de  M.  Reynès  sur  la  diffé- 
rence de  sexe  dans  les  Ammonites, 
p.  1004.  —  Compte  rendu  des  ex- 
cursions de  la  Société  géologique  di^ 


France  dans  les  environs  de  Moot- 
Sauoès  et  de  Salies  (Haute>Garoone), 
p.  1 108.  —  Et  au  port  de  Venasque 
\Uiem)f  p.  1143. 

HEiJiBRSEfi  (le  colonel  de).  Examen 
des  roches  et  des  fosailea  fouinb  par 
le  iondage  exécuté  dans  le  gouver- 
nement  d'Ekaterinoslaw,  près  du  vil- 
lage de  Perestichepino,  par  M.  J. 
Guillemin,  p.  3o4* 

HoR  (Li).  Terrain  tertiaire  de  Bruxelles 
leur  composition,  leur  claafement« 
leur  fnune  et  leur  flore  (pi.  XVI 11), 
p.  8o4* 


I 

Infra-lias  dans  les  montagnes  de  la  |     paléoutulogiquessur  cette  formation, 
Spezia.  Etudes  ttratigrapbiques  et  |     par  M.  J.  GapclUni,  p.  675, 


liaMETiAZ.  Note  sar  l'obsenration  de 
quelques  feuilie<i  dans  les  marnes  du 


gypse    des    buttca   de    Chaumoot, 
p.  93a. 


Larbouti  et  à*Oueîi  (  Talléet  de  V 
Compte  rendu  d'une  excursion  de  la 
Société  géologique  dans  ces  vallées, 
par  M.  Leymerie,  p.  iiSj. 

Laugbl  (A.).  Note  sur  Tâge  des  silex  ef 
des  grès  dits  ladères,  p.  i53.  —  Note 
sur  la  faune  de  Saint-Prest,  près 
Chartres  (Eure-et-Loir),  p.  709. 

Laucbl  et  DaLESse.  Revue  de  géologie 
pour  Tannée  1860,  p.  556. 

Lbcoq  (Henri).  Note  sur  la  géologie  du 
plateau  central  de  la  France  et  sur 
la  gratode  carte  géologique  du  dépar- 
tement du  Puy-de-Dôme,  p.  76  a. 

LiTMaaix.  Aperçu  géogno&tique  des 
petites  Pyrénées  et  particulièrement 
de  la  montagne  d'Ausseing,  p.  1091. 
—  Compte  rendu  des  excursions  de 
la  Société  géologique  à  Valentine, 
p.  1095.  —  à  travers  le  massif 
a'Aosseing,  p.  1097.  —  ^  Aarignac 
et  Auzas,  p.  1 1 17.  —  Compte  rendu 
du  trajet  de  Saint-Gaudensà  Lnclion, 
p.    II 33.  —  Cumpte-rendu  des  ex- 


cursions à  Saint-Mamet,  p.  ii35. 
—  Dans  tes  vallées  de  Larbouat  et 
d'Oueil,  p.  1137.  — Dans  le  ba.vMu 
de  Saint-Béat,  p.  1147.  —  Explica- 
tion de  la  coupe  des  Pyrénées  cen- 
trales, p.  1 159. 

Lhertolite,  Son  examen  minéralogique, 
par  M.  Damour,  4i3* 

Liû$  (le)  Inférieur  delà  Meurlhe,  de  la 
Moselle,  du  grand  duché  de  Luxem- 
bourg, de  la  Belgique,  de  la  Meuse 
et  des  Ardenne»,  par  MM.  O.  Ter- 
quem  et  E.  Pielte  (pi.  VIII,  VIII  6is;. 
p.  3aa. 

Ligne  aniicUnale  de  la  mollaiM  qal 
traverse  la  Suisse  et  une  partie  de  la 
Bavière,  existant  en  Savoie,  diaprés 
M.  Alph.  Favre,  p.  938. 

LiPOLD.  Réponse  à  un  travail  de  M.  Bar* 
rande  sur  les  colonies  dans  le  bassîD 
silurien  de  la  Bohème,  p.  564. 

LoBT  (Ch.)  Lettre  sur  le  gisement  des 
gypses  des  environs  de  Visille  psère), 
p.  720. 


M 


Mailla».   Présentation  du  relief  del     giquemeni,  avec  obserralions,  fi.  649. 
J*ile  de  la  Réunion,  colorié  géolo- 1  Matadetta  (glacieis  de  la).  If  oie  de 


BT    DES    ACTEURS. 


H77 


M.  CoUomb  k   leur  ^ujel.  p.  ii44« 
Malaise.    Note  sur   Tâge  des  roches 
fossUtrèresdeGeffiblouz,  prèsNamur, 
p.  755. 
If  AictL  Di  8B1IIKS  et  Caialis  di  Fon- 
Doccf.  Note  sur  les  fuririiitions  Tolca- 
niques  du  département  de  PHérault 
dans  les  environs  d*Agde  et  de  Mont- 
pellier, faisant  suite  aux  observations 
sur  les  terrains  pyroldes  du  Salagou 
et  de  Neffîez,  p.  186. 
Maicou   (J.).    Lettre   sur  les  roches 
jurassiques  hors  de  l*Burope,  p.  98. 

—  Remarques  sur  les  expressions 
pénéen,  permien  et  tlyas,  p.  614.  — 
Carte  géologique  de  la  terre,  p.  680. 

—  Liste  additionnelle  des  fossiles  du 
terrain  laconique  de  1* Amérique  du 
Nord,  p.  746. 

MeLLBViLLe.  Notice  géologique  sur  les 
terrains  de  transport  saperlicieU  du 
bassin  de  la  Somme,  p.  4>^* 

MiCHRLiN.  Notice  sur  les  fossiles  cités 
dans  i*ouTrage  de  M.  Maillard  sur 
nie  de  la  Réunion  (Bourbon),  p.  848. 

—  Observations  au  sujet  d^une  com- 
munication de  M.  Reynès  sur  la 
différence  de  sexe  dans  les  Ammo- 
nites, p.  1004. 

MicHBLOT.  01>servations  au  sujet  d'une 
note  de  M.  Gh.  d*Aileiiette  sur  la 
craie  et  la  mollasse  du  Jura  bugey- 
sien,  dans  les  environs  de  Nuntua 
(Aio),  p.  55o. 


Minette  du  Morvan.  Note  de  M.  Th« 
Ébray,  p.  1039. 

MoUatse  fluviatile  (sur  la)  miocène  du 
bassin  de  Perpignan  et  sur  le  calcaire 
lacustre  également  miocène  de  Nar- 
bonne,  par  M.  J.  R.  Noulet,  p.  7o5. 

Mollaste  du  Jura  bugeysien  existant 
dans  les  environs  de  Nantua  (Ain), 
d'après  M.  Cb.  d'Alleizette  (pi.  X, 
fig.  1),  p.  54^. 

Monographie  des  gastéropodes  et  des 
céphalopodes  de  la  craie  supérieure 
du  Limbourg,  par  M.  de  Rinkhorst, 
p.  59 i.  < — des  céphalopodes  du  même 
terrain,  par  le  même,  p.  roo?. 

Moni'Sauné^  (Haute-Garonne).  Compte 
rendu  d'une  excursion  de  la  Sociûlè 
géologique  de  France  dans  Cftle 
contrée,  par  M.  Hébert,  p.  1 108. 

MoKTiLLKT  (Gabbibl  db).  Origine  des 
sources  sulfureuses  de  la  Savoie, 
p.  809.  —  Terrains  du  versant  italien 
des  Alpes,  comparés  à  ceux  du  ver- 
sant français,  p.  849. 

MuNiRR.  Communication  sut  une  nou- 
velle espèce  de  scissureile  recueillie 
dans  le  sable  moyen  du  Guépelle, 
p.  444. 

MuacHisoN.  Rrochure  établissant  Pim- 
possibilité  d'appliquer  le  nouveau 
nom  de  dyas  aux  roches  du  groupe 
permien,  comme  le  propose  le  docteur 
Gcinirx,  p.  599. 


N 


NoQDÈs.  Lettre  sur  les  couches  de 
terrain  des  environs  d'Amélie>les- 
Rains,  des  environs  de  Coustouges 
(bassin  de  la  Mouga)  et  de  la  vallée 
de  Saint  Laurent  (Pyrénées-Orien- 
tales), p.  95.  —  Note  sur  Armissan 
(Aude),  p.  i4a.  —  Note  sur  la  géo- 
logie et  la  miuéralogie  des  Aiberès 


(Pyrénées  Orientales^,  p.  i45.  — Re- 
cherches sur  le  terrain  jurassique  des 
Corbiéres,  p.  5ou 
NoDLBT  (J.  R.).  Lettre  sur  le  calcaire 
lacustre  miocène  de  Narbonne,  et  sur 
la  mollasse  également  miocène  du 
bassin  de  Perpignan,  p.  70$. 


o 


Omalids  d'Halloy  (d').  Notice  sur  les 
divisions  géographiques  de  la  région 
comprise  entre  le  Rhin  et  les  Pyré- 
nées, (pi.  IV)  p.  31 5. — Observations 
au  sujet  d'une  note  de  M.  Hébert  sur 
l'argile  à  silex,  les  sables  marins  ter- 
tiaires et  les  calcaires  d'eau  douce  du 
nord-ouest  de  la  France,  p.  4^4 •  — 
Notice  sur  une  nouvelle  édition  de 


V Abrégé  de  géologie,  p*  91?. 

Oolithe  inférieure  du  Var.  Coup  d'œil 
sur  cette  formation,  par  M.  Ë.  Du- 
mortier,  p.  839. 

Oueil  et  de  Larboust  (vallées  de)  (Haute- 
Garonne).  Compte  rendu  d'une  ex- 
cursion de  la  Société  géologique 
dans  ces  vallées,  par  M.  Leymerie, 
p.  1137. 


1178 


TAILE    DIS   lATlfttlS 


Pa€k$riswut.  Bttmmomii,  b.  s^  (oote 
sar  le),  pr  H.  L.  Zeyiiiicr  Tp!.  XU;, 

Piftcro  rJU;.  Coo|iesà  Iraven  rApeasio 
do  bord»  de  la  Uédiiemnée  à  la 
f  ailée  da  PA,  depiin  Lifoaroe  jiisqa*à 
Hiee  pi.  V,  VI,  VU,,  p.  339. 

Pimétm^  per»ieo  et  djaiw  Ranrqqes 
«aroeteipreMioii»,parll.  J.  Ifareoa, 
pu  6^« 

piuruê  'k  geore)  eiisUot  dam  le  ter- 
rain dévooieo  da  BoukMiiiaby  d*aprH 
M.  Eogèoe  ne»k>n(ciiamp«,  p.  544* 

PitTTB  (B.)  et  TcaQvaa  (0.>  Le  lias  infé- 
rieur de  la  Meiirtbe,  de  la  Mo^te, 
do  gnnd-docfaé  de  Loicmbouryt  de 
la  Be%ique,  de  la  Meuse  et  des  Ar- 
demies  CpL  VllI,  VIII  Hm),  p.  3s9. 

PiBTTt  (K.).  Noie  sur  la  partie  infé- 
rieure du  terrain  crétacé  dans  TAisoe 
et  la  région  ocddentale  des  Ardennes, 
p.  (ji6. 


Pdncn  {Tabbé}.  5ole  sv  b  grotte  «m- 
ftre  de  l'BenB  (Ariége)  (pi.  XU, 
XIV;,  1*.  54|. 

Prmiiu  (rakaire  lacustre  àt)  reaCer- 
BMol  an  «HseaieBla  de  Lophiodon. 
GofDBiuaii'^lioii  ue  M*  Hébert, 
p.   675. 

Pyrémê€ê  eemtrmUê  (mope  éti^  ,  eipli- 
quèepar  M.  Lejoierie,  pw  1159.  — 
Petites  P}'rcttécs.  Apei^i  |(éogiM»ti- 
qoe,  par'  M.   Leyaene  ,  p.   1091. 

Pifrémée^OritMiaUu  Coocbes  de  Icrrain 
des  entiroos  d*Afliélie-lei>Baiaiy  des 
eof  irons  de  t^onstonges  rbaaôn  de  la 
Mooga)  et  de  la  Tallée  de  Saint 
Laurent,  décrites  par  M.  Kognès, 
p.  95. 

Pfritt  cuwremêe»  Sa  Ibnnation  con- 
leoporaine  sons  ractbin  d'eaoi 
tbermalcs  à  Bagnére!»-de- Bigorre 
(  Hautes- Pjrénées),  pv  Daobrèe, 
p.  5 19. 


Q 


QvAiMUJLQU  (m).  Note  sur  Torigioe 
artiflcielle  des  amas  de  coquilles 
connus  sous  le  nom  de  battes  de  Saint- 


Micbel  en  Lberm  (Vt^dée)  (pi.  XIX), 
p.  953. 


R 


Réunion  (ilc delà)  (Bourbon).  Son  relief 

colorié  géoiogiquement,  présenté  par 

M.    Msillard,    afee    observations , 

p.  8&8. 
Bevuc  de  géologie  pour  Taunée  1860, 

par  MM.  Delesse  et  Laogel,  p.  656. 
BaTRèi.  ObterTations  sur  la  différence 

de  seie  dans  lei  Ammonites,  p.  1004. 

Roches  et  fossiles  fournis  par  un  son- 

I,  dage  exécuté  par  M.  J.  Guillemin 

*  daub  le  gouvernement  d*Ekalerinos- 

law,  pr^s  du  village  de  Peresischepi- 

no,  déterminés  par  M.  le  colonel  de 

Helmersen,  p.  au4* 
Roehei  fossilifères  de  Gembloux,  près 

Namur.  Note    sur    leur    6ge»   par 

M.  Malaise,  p.  753* 


Roche»  jarassiques  hors  de  TEurope 
(lettre  sur  les),  par  M.  J.  Maroou, 
p  98. 

RooviLLB  (db).  Note  sur  la  faooe 
tertiaire  moyenne  des  eavirons  de 
Béliers  et  de  NarboAne,  p.  91  et  597. 

—  Lettre  sur  Tâge  essentiellement 
triasique  desdépôu  gypseux  secon- 
daires dn  midi  de  la  France,  p.  683. 

—  Observationa  sar  les  analogies 
qui  lient  les  Pyrénées  à  toutes  l«» 
autrrs  légions  qui  sont  constituées 
par  des  terrains  de  uiéme  ordre, 
et  sur  ridmtité  des  calcaires  silu- 
riens sopérirurs  et  des  ralchistes 
dôvonieos  à  Gouialite«,  dans  les  Py- 
rénées et  dans  les  Cévenoes,  p.  1 158. 


RoYS  (le  marquis  db).  Observations  au 
sujet  d'nne  lettre  de  M.  de  Rouville 
sur  la  ftiune  tertiaire  moyenne  des 


environs  de  Béziers  et  de  ^farboone, 
^  transcrite  à  la  page  91*  p«  397. 
Sablet  du  Percbe,  argiles  à  silex  de  U 


BT   DIS    AUTEURS. 


1179 


craie  cl  autres  dépôts  tertiaires  qui 
leur  sont  subordonnés.  Note  par  M.  J. 
Desnoyers,  p.  ao5. 

Sabhanii.  Obiiervations  sur  une  note  de 
M.  de  Rouville  relative  â  la  faune 
tertiaire  moyenne  di's  environs  de 
Béliers  et  de  Narbonne,  p.  95.  "— 
Ob^enraiions  au  sujet  de  fa  note  de 
M.  Hébert  sur  le  terrain  jurassique 
de  la  ProTence,  p.  1  ai.  —  Observa - 
tioo»  au  sujet  d*une  note  de  M.  Pour- 
rtet  sur  In  fortnation,  par  la  voie 
humide  et  à  froid,  de  divers  rdinéraux 
et  notammeot  des  silicates  hydratés 
et  anhydres,  p.  i38.  —  Obséi-vations 
au  sujet  d*une  communication  de 
M.  Reynès  sur  la  difTêrence  de  sexe 
dans  lés  Ammonites,  p.  1004.  — Ob- 
servations sur  le  Belemnite»  qtiadra- 
tu*,  Defr.  pi.  XX),  p.  lOaS. 

SiBHANNet  Thigbb.  Noté  sur  les  Anomia 
hiplicatd  et  vesptrtUio  de  Brocchi 
Cpl  11),  p.  160. 

Sabmann  et  DoLLFus.  Études  éritiques 
sur  les  échinodermes  fossiles  du  coral- 
rag  de  Trouville  (Calvados)  (pi.  111), 
p.  i68. 

Sabmann  (L.^  et  GtïERUET  (A.).  Expé- 
rience sur  la  formation  du  sulfate  de 
magnésie  (epsomilejaux  environs  de 
Saint-Jeau-de-Maurleniie    (Sjvoie) , 

P«  995. 

5dfnfi^^a/ [bassin  <le)  (Haute-Garonne). 
Compte  rendu  d'une  excursion  de  la 
Société  géologique  dans  ce  bdssiii, 
par  M.  Léytîierie,  p.  1147. 

Saintb-Claibb  DbvIllb  (Cu.).  Observa- 
tions au  sujet  d*une  noie  de  M.  H. 
Lecoq  sur  là  géologie  du  plateau 
central  dé  la  France  et  sur  la  grande 
carte  géologique  du  déparlement  du 
Puy  de-Dôme,  p.  763. 

Saint-Gaiîdens  (Haute-Gironne).  Pro- 
cès-verhal  de  Id  réuaion  extiaordi- 
nnire  de  la  Sov^élé  géologique,  par 
M.  Jannettâz,p.  1089. 

SaiM-êtamBt ,    près   Luchon  (Baule- 


Garonne).  Comple-rendu  d'unne  ex- 
ciir«ion  de  la  Société  ^'éologique 
ddos  celtt*  «ont fée,  par  M.  Leyme- 
rie,  p.  11 35. 

Salle*  (Haute-Garonne).  Gompte-renJu 
d'une  excursion  de  la  Société  géo- 
logique de  France  dans  celle  contrée, 
par  M.  Hébert,  p.  1108. 

ScRLUMBBRGRB.  Nolc  sur  unc  dent 
de  Ceraioàti»  rjin«ina(ui,  Plieo. 
(pi.  XVll).  p,  707. 

Sctisurelle,  Nouvelle  espèce  recueillie 
par  M.  Meunier  dans  le  sable  moyen 
du  Guépeile,  p.  444* 

SÙca:  et  grès  dits  ladères.  Note  sur  leur 
âge,  par  M.  A.  Laugel,  p.  i53. 

Singe  (le)  fossile  de  Grèce.  Note  de 
M.  Albert  Gaudry,  p.  loaa. 

Société  géologique  de  France.  Procès- 
verbal  de  sa  réunion  extraordinaire 
à  Saint-Gaulens  (Ilaule-Garonnt)« 
par  M.  Junnettar.,  p.  1089. 

Sondage  pratiqué  à  Venise.  Ses  résultats» 
par  M.  Zienkowicz,  p.  774. 

Soureei  sulfureuses  de  la  Savoie.  Leur 
origine,  par  M.  Gabriel  de  Mortillel, 
p.  802. 

Spkœrulites  Tenorcana,  Note  sur  ce 
fossile, par  M.  G.  Guiseardi,  p.  io3i. 

Stkvabt.  Analogie  reconnue  entre  lea 
terrains  de  transilion  des  Pyréuéef 
ceiitraleti  et  ceux  de  la  Belgique, 
p.   1157. 

Stratigraphie  du  système  oolîlhique  in- 
férieur  de-»  environs  de  Tournus  et 
d*une  partie  du  département  de  la 
Côte-d'Or,  avec  quelques  considéra- 
tions sur  la  délimitation  des  bassins 
géologiques,  par  M.  Th.  Ëbray, 
p.  3o. 

Sulfate  de  mnguésie  (epsomite)  aux 
environs  de  SaintJean-de-Maurienne. 
Expériences  sur  sa  formation,  par 
M VI.  L.  Saemann  et  A.  Guyerdet, 
p.  995, 

Système  eifelien.  Note  sur  ce  système, 
par  M.  Dewalque,  p.  753. 


Talabardo^t.  Lettre  sur  !un  gisement 

d*or  découvert  à  Saint-Perreux  (Mor 

bihan),  p.  61 3. 
Tche/fkinite  (la)  de  la  côte  rfu  Coro- 

mandel.  Sa  description,  par  M.  Da- 

mour,  p.  55o. 
TcHiHATCiBFr  (db).  Letlfc  sur  Térup- 


lion,  du  Vésuve  de  décembre  1861, 
p.  141* 
TBrtQUBM  (O.)  et  (B.)  PiBTTB.  Le  lias  in- 
férieur de  la  Meurlhe,  de  la  Moselle, 
du  grand  duché  de  Luxembourg,  de 
la  Belgique,  de  la  Meuse  et  des 
Ardennes  (pi.  VIII,  VIII  bis),  p.  3aa. 


i^"»>7  '^sy*^40. 


1180 


TABLE  DBS  MATIÈRCS  BT  DBS  AUTBURB. 


Terrain  crétacé  dans  l'Aisne  et  la  région 
occidentale  des  Ardennes.  Note  sur 
sa  partie  inférieare  par  M.  E.  Pielle, 
p.  94^* 

Terrain  dévonien  de  TArdenne.  Obser- 
Tations  de  M.  Gosselct  sur  quelques- 
uns  de  ses  gisements  fossilifères, 
p.  559. 

Terrains  du  versant  italien  des  Alpes 
comparés  à  ceut  du  versant  français, 
par  M.  G.  de  Mortillet,  p.  849. 

Terrain  houilUr  des  eof  irons  de  De- 
cize  (Nièvre).  Note  de  M.  Tli.  Ébray, 
p.  6i5. 

Terrain  JurattUfue  de  la  Provence.  Sa 
division  en  étages.  Son  indépendance 
des  calcaires  dolomitiques  associés 
aux  gypses.  Note  de  M.  Edm.  Hébert, 
p.  100.  —  desCorbières.  Redierches 
sur  lui,  par  Itf.  Noguès,  p.  5oi. 

Terrains  primaires  des  environs  de 
Falaise  (Calvados}.  Note  par  M.  Paul 
Da limier,  p.  907. 

Terrain  taeonique  de  T Amérique  du 


Nord.  Liste  additionnelle  de  ses 
fossiles,  par  M.  J.  Marcou,  p.  746. 

Terrains  tertiaires  de  Bruxelles.  Leurs 
classement,  leur  faune  et  leur  flore, 
par  M.  H.  Le  Hon  (pi.  XVIII),  p.  804. 

Terrains  de  transport  superGciels  du 
bassin  de  la  Somme.  Notice  géolo- 
gique sur  eux,  par  M.  Melleville, 
p.  4*3* 

TouEROCia.  Note  stratigraphique  et 
paléontologique  sur  les  faluns  du 
département  de  la  Girosde  (pi.  XXI), 
p.  io35. 

Tbioir  et  SAtKAHN.  Note  sur  les  Anomia 
biplieata  et  vespertHio  de  BrocchI 
(pi.  II),  p.  z6o. 

TaiGBR.  Observations  an  sujet  de  la  dis- 
tribution des  espèces  dans  les  terrains 
crétacés  de  Loir-et-Cher,  par  M.  Tabbé 
Bourgeois,  p.  675. 

Trigonia  BayU,  Nouvelle  Trigonie  de 
i*étage  kimmeridgien  du  Havre,  dé- 
crite par  M.  Auguste  Dolfuss  (pi.  XV), 
p.  6(4« 


Falentine  urès  Saiot-Gaudens  (Haute- 
Garonne).  Compte  rendu  d'une  ex- 
cursion de  la  Société  géologique 
dans  celte  contrée,  par  M.  Lejmerie, 
p.  1095. 

Vênatque  (port  de)  (Haule-Garonne). 
Compte  rendu  d'une  excursion  de  la 
Société  géologique  à  cet  endroit, 
par  M.  Hébert,  p.  ii4s* 

ViBRBuiL  (db).  Note  sur  une  brochure 
de  M.  Murchison,  établissant  Tim- 
possibilité  d*appliquer  la  nouvelle 
dénomination  de  dyas  aux  roches 


du  groupe  permien,  comme  le  propose 
le  docteur  Geinitx,  p.  599.  —  Obser- 
vations au  sujet  des  remarques  de 
M.  J.  Marcou  sur  les  expressions 
pénéeo,  permien,  dyas,  p.  627.  — 
Observations  au  sujet  d*one  lettre  de 
M.  de  Rouville  sur  FAge  essentielle- 
ment triasique  des  dépôts  gypseux 
secondaires  du  midi  de  la  France, 
p.  684. 

Vésuve.  Éruption  de  décembre  i86i. 
Lettre  de  M.  de  Tchihatchefl;  p.  i4i . 


Zbjsznbb.  Description  des  fossiles  du 

terrain callovien  delà  Pologne,  p.  i53. 

—  Note  sur  le  Pachyrisma  Baumonti, 

D.  sp.  (pi.  XII),  p.  629. 
ZiBNKOwicx.  Résultats   d*un    sondage 

pratiqué  à  Venise,  p.  774* 


Zine  carbonate,  Iherzolite  et  fluorine. 
Leur  présence  constatée  par  If.  Des- 
cloizeaux  dans  la  chaîne  des  Pyré- 
nées, aux  environs  des  Baux-Bonnes, 
p.  4i6. 


FIN    DE   LA   TABLB, 


LISTB  DBS    PLAHCBBS.  1181 


Liste  des  planches, 

I,  p.  22.  E.  DoRMOT.  —  Plan  général  approximatif  da  bassia  bouiller 

franco-belge-rhéDan. 

II,  p.  460.  Saema!!!!  et  Trigcr.  —  Terebratula  bîpUcata^  type  de  la 

collection  de  Brocchi  :  A,  T.  indentata^  Sow.,  var.  du  lias 
moyen  du  département  de  la  Sarthe. 

III,  p.  4  68.  Sakhann  et  Aug.  Dollfcs.  — Pigaster  Gressfyi,  Desor; 

P,  laganoideSf  A  g. 

IV,  p.  21 4.  D'Omalius  d'Hallot.  —  Divison  en  contrées  géographiques 

de  la  région  comprise  entre  le  Rhin  et  les  Pyrénées. 

V,  p.  239.  L.  Paeeto.  —  Coupes  de  Livourne  à  Forli  ;  de  la  rive  droite 

du  fleuTe  Reno  au  sud  de  Bologne  ;  de  la  Méditerranée,  près 
de  LiTourne,  à  la  plaine  du  Pô,  près  de  Bologne;  des  envi- 
rons de  Mass  à  Maranello,  près  de  Modène. 

VI,  p.  239.  L.  Parbto.  —  Coupes  de  Rio  Maggiore,  non  loin  de  la 

Spezzia  à  Reggio;  de  la  Méditerranée  aux  sources  de  la 
Nura  et  de  la  plaine  près  de  Plaisance  ;  du  cap  Melo  à  la 
chaîne  centrale,  près  de  Monte  Dingo  à  TE.  de  Caressio;  de 
Monte-Galet,  au  S.  de  Garessio,  à  Chiavasso  sur  le  Pô. 

VII,  p.  239.  L.  Pareto.  —  Suite  de  la  coupe  précédente;  coupe  des 

environs  de  Menton  à  la  plaine  du  Piémont,  près  de  Cbiusa. 

VIII  et  VIII  bis,  p.  322.  0.  Terqdem  et  E.  Piettk.  —Coupes du  lias 

inférieur  dans  le  Luxembourg,  la  Belgique  et  les  Ardennes. 

IX,  p.  409.  £ug.    Deslongchamps.  —  Développement  du  deltidium 

chez  les  bracbiopodes  articulés. 

X,  iîg.  4,  p.  544.  Ch.  d'Alleizette.  —  Coupe  du  Jura,  de  TAin,  de 

la  rivière  d'Ain  au  bassin  du  Léman. 

X,  fig.  2,  p.  445.  Hérert.  — Coupes  à  travers  les  collines  du  Perche, 

de  Souance  à  Senonches. 

XI,  p.  465.  Arkaud.  -—  Coupes  de  la  craie  de  la  Dordogne,  notam- 

ment celles  du  chemin  de  for  de  Limoges,  du  parc  de  Cognac, 
de  Gourd-de-l' Arche. 

XII,  p.  529.   L.  Zejszner.  —  Pachyrisma  Beaumontiy  Zejsz. 

XIII,  p.  564.  L*abbé  Pouech.  —  Plan  de  la  grotte  de  THerm,  avec 

coupes  verticales,  longftudinales  et  transversales. 

XIV,  p.  564.   L*abbé  Pousch.  —  Coupes  par  le  travers  de  la  montagne 

de  THerm  correspondant  aux  diverses  phases  de  la  grotte. 

XV,  p.  6H.  A.  DoLLFUs.  —  Trigonia  Baylei^  A.  Dolf. 

XVI,  p.  629.  Albert  Gauort.  —  Débris  d*oiseaux  et  de  reptiles  trou- 
Soc,  géoi,^  2*  série,  tome  XIX.  75 


1182  LISTB    VUS   PLANCBBS. 

▼és  à  Pikermi  (Grèce):  Phasianus  Jrchiaci,  Gaad.;  Gras 
Penteiici,  \d.\  Gallus  jEsculapii,  iû,;  Testtuio  marmorum^ 
id. 

XVII,  p.  707.  ScBLUMBEKGEE.  —  Dent  de  Ceratodus  runcinatus^  Plien. 

XVIII,  p.  864.  Le  Hon.  —  Coupe  géognostique  de  Bruxelles  partant 

à  l'est  du  point  culminant  au  nord  du  champ  de  manœuvres 
et  se  terminant  au  hameau  de  Moortebeek. 

XIX,  p.  933.  De  Qdàtbefages.  —  Amas  de  coquilles  connus  sous  le 

nom  de  buttes  de  Saint-Michel  en  l'Herm  (Vendée). 

XX,  p.  4025.  Sasbamn.  —  Bclemnites  qnadratus^  Blainr.  ;  Actino^ 

camax  vcrus,  Miller. 

XXI,  p.  4  035.  TouRBOUER.  — Coupes  de  Bazas  à  Bordeaux,   rive 

gauche  de  la  Garonne  ;  du  poste  de  Cazau  à  Beaurech  sur 
la  Garonne;  de  Sainte-Croix  du  Mont  à  Léogeats,  suivant 
la  rive  droite  du  Ciron  ;  de  Landiras  au  moulin  do  Baures. 

XXII,  p.  4  089.  Letberie.  — Carte  géologique  des  petites  Pyrénées 

de  la  Haute-Garonne  situées  en  avant  de  la  grande  chaîne. 

XXIII,  p.  4  089.  Letbeeie.  —  Coupes  relatives  è  la  Réunion  extra- 

ordinaire de  la  Société  géologique  dans  les  Pyrénées  de  la 
Haute-Garonne. 


ERllATA. 


l'ayri.  I.igiirs. 

Si,  ^5,  (ui  lien  tir  :  terrain  anthracifère,  lisez  :  terrain  ardoisier. 
Planche  I,   légende,  au  lieu  de  :  terrain  anlhracifère, 
lisez:  terrain  ardoisier. 

.      '       "'  uin  Ut'u  de  :  moulin  Guignon,  lisez  :  moulin  Quignon. 

434,       3,  au  lieu  de  :  jaune  de  houille,  lisez  :  jaune  do  rouille. 

438,  23  et  3G,|€//i  lieu  de:  vallée  de  la  Seine,  lisez  :  plaine  de 

i39,  41,  )      Grenelle. 

849,  3G,  iiu  lieu  de  :  le  voit,  lisez:  on  les  voit. 

8î)0,        7,  itu  lieu  de  :  ont  plus,  lisiz  :  sont  plus  solides. 

853j  4o,  an  lieu  de  :  son  principal,  lisez  :  leur  principal. 

856,  17,  au  lieu  de.  ;  du  Valois,  Usez  :  du  Valais. 

867,  21 ,  au  lieu  de  :  cavités,  lisez  :  arôtes  cristallines. 
859,  32,  au  lieu  de  :  de  Spizze,  lisez  :  Spitz. 

864,  5,  au  lieu  de  :  no  pouvait,  lisez  :  cette  formation  pouvait  se 

rapporter. 

865,  I  ii,  au  lieu  de  :  Cas,  ii\ez  :  Gas,  près  du  Beausset. 

866,  l  i,  au  lieu  de  :  Ben,  lisez  :  de  Bex. 

868,  \\,  au  lieu  de  :  Secco,  lisez  :  do  Lecco. 

871,  2  "5,  au  lieu  de  :  Sallrio  d'Arzo,  lisez  :  Saltrio  et  Arzo. 

872,  3,  au  lieu  de  :  Secco,  lisez  :  Lecco. 
874,        8,  au  lieu  de  :  Larra,  lisez  :  Lavra. 

876,        9,  an  lieu  de  :  4  ou  500,  Usez  :  40  ou  50. 

878,  4  5  et  4  6,  au  lieu  de  :  d'Auterne,  lisez  :  Anterne. 

880,  23,  au  lieu  de  :  Lemcre,  lisez:  Lemonc. 

884,  34,  an  lieu  de:  Picl.  et  Sow. ,  lisez  :  Pict.  et  Lor. 

886,       2,  au  lieu  de  :  Pict.  et  Sow.,  4  mètre,  lisez  :  Pict.  et  Lor., 

4  cxcmpl. 

886,  29,  au  lieu  de  :  Lemene,  lisez  :  Lemenc. 

886,  31,  au  lieu  de  :  au-dessus,  lisez  :  au-dessous. 

887,  4 ,  au  lieu  de  :  Civio,  lisez  :  Clivio. 

888,  2j  au  lien  de  :  Trignago,  lisez  :  Tregnago. 
888,  22,  au  lieu  de  :  San-Ouafrio,  lisez  :  San-Onafrio. 

888,  22  et  23,  supprimez  :  la  môme  assise  de  marne  calcaire. 

889,  10,  au  lieu  de  :  Secco,  lisez  :  Lecco. 

891,  27,  au  lieu  de  :  Fraschivolo,  lisez  :  Fraschirolo. 

894,  29,  au  lieu  de  :  marbres,  lisez  :  marbrer. 

892  22,  au  lieu  de  :  méocène,  lisez  :  miocène. 
894,       8,  au  lieu  de  :  Elcandar,  lisez:  Echauday. 

894,  29,  au  lieu  de  :  désert,  li^ez  :  Désert. 

894,  29,  au  lieu  de  :  Entreoconus,  lisez  :  Entreverne 


894,  30,  tiu  lîr/i  de  :  Ptîlit-BoniamJ,  Iluz  .  Pelil-Bomaivl. 

895,  9,  nu  lieu  de  :  Wacrus.  lisez  :  AVarcn-î. 

S96,     1 1,  au  lieu  de  :  lac  ili's  i|ii3lri'  *  aiilon^  suissf»?,  lisez  :  lac  dos 

Qii.itro-Ci nions  en  Suis-o. 
890.      28.  ////  II' ru  de  :  ontiv,  l/^ez  :  ontro. 
808,     15.  au  litu  de  :  inverse  nu  mouvement,  /w*:  :  inv«;r>'»,  un 

mou\e!m.'nt. 
89ÎJ,      2*»,  au  lieu  de  :  inûocrn*^,  l.'srz  :  niioc«'*n('. 
9(M  .     38.  an  l/u  île  :  cira«;t»M!>li.j'î.*,  !\t  :.  :  raractôri^ô  p.ir. 
902,         •»,  tiu  lieu  de  i   V;iin:l:i,  /'.w:  :  V,«rii.I;i. 
900.      29,  au  lu  u  tir  :  au  saul,  Avr:.  ;:ii]  nant. 
983,      \o,  au  lieu  d-  :  dU  ilt*  sal?!»»,  l-.wz  :  •.".u  «lu  .■;obîi\ 
9!»:»,        3  "//  lentt'Htitnt,  au  /'»  u  -le  :  Ijh  ••»'•  rin-.^nU  il  ■  l'^lo  ..1.^  Wiiilit. 

/•w  7  ;  lis  Si''  lim«*nts  •!  •  r'--'t  i:t  do  l'il.*  d:-  W'^ht. 
994.        '►,  au  lieu.  /A   ;  •K'<  .ir^ii-'s,  /.'*.":  :  '\'.'^  .-:i!ili*-i  aux  îir.i.'iî'.*s. 
40:<l.        8  eu  re/unufiiu.%  au  Iru  dr  :  \\.>\\  'U\  liiîics  di*  l'airî  '  ';.'ir- 

din;di',  It^e-,  :  l'.<  douv  l.jni;--  di'  Tarit'.*  cMr.l:na!e. 
10  NO.        9,  au  lieu  dr  :  \\  \i\   (\    .\uoai.:t:i  ot   à   la   M:  en  a   »'/i////, 

BruniTM.,  /.'w  :  ;  (a*.  .'C  !.i  (\  Sidjiinit.i  o\  1 1  Mar/r..' 

.V//V7/»/,  Unuicn.'. 
108<i.      31 ,  au  lieu  dr  :  c'cs!  pf«'ir  niî»nli*'^r  h-  jural!i''li'*me  pur.nt  d»^-; 

dfux   li.i-'iji'  liiL'ii   moins  quo,  »'t«\.   A•^.•r  :  o'e.-st 

bit.Mi  m-.'iiis  pour  monlrs-r  le  [)ar:di!'îi-mrt  \-j:-i  cloi:\ 

bassins  f.|u<\  c'r. 


ALinEM)J  aur  flRîl  t  l'.l  d,i   /"..■/.     W  ///. 

•wO,  i^,  ^/«  //r7/  </(■  •  Siorton.  Ue-  :  II  '.rl-i, 

CTO  i  I,  ////  hrii  de  :  Sun,  /••^•'■:  ;  m>u. 

f)7l ,  22,  au  Ittu  de  :  Tamworis,  /.w  :•  ;  Taniwjr'h. 

(»7I,  2l',  au  lieu  df  :  Muni'!.»,  /-^v.:  ;  Man>!!,i. 

iu\,  l'\,  au  lieu  di  :  (îo!iin^:ft«i;i,  liytz  :  V.  idlin^lui. 

07-,  \\),  au  lit  u  ili  :  1  Au-'r^l..',  /.'W3  :  I  Autrirlî"» 

G7i  3i.  r/,7  Inu  dr  :  Sîai.'»l.slîut v.  /•*  :     !l.ivv\.^h;rv. 

072,  38  01  41,  a'i  Itu  île:  Linn  M.jti:i,  l-<-z:  \Vi;ia:îmatf.'. 

673.        .*<,  ////  lieu  dr  :  Slai'îdv-l'Urv.  /■%/■::  ll.iuk.sli'.iîy. 

673.  In,  'lu  l'eu  di- .   I.MUM  .M:ilt,i,  l/si  z  :  W   '!jamn*::i 


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