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GÉOLOGIQUE
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SOCIETE
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DE FRANCE.
K,/o7ne IDiccmne/i/vû^nu, M/ettaueme ^é&n
1861 A 1862.
AU LIEU DES SÉANCES DE LA SOCIÂTI
^ EDE DE FLEURUS, 39.
SET, i8t)2
% MIAMONf 2.
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DE FRANGE.
Séance du k novembre 1861.
PRÉSIDBNCI DE H. GH. SAINTS -CLAIBB-DBTILU.
Le Président annonce deux présentations.
DONS FAITS A LÀ SOCIÉTÉ.
La Société reçoit :
De la part do M. le Ministre d'État, Journal des sai^anU^
juin à septembre 186) •
De la part du Comité de publication des Suites à la Paléou"
tologie française d'Alcide d'Orbigny, Paléontologie fixinçaise^
terrain crétacé ^ t. VII 5 Échinides irréguliers et réguliers ^ t. Il»
par M. G. Cotteau, 2« et 5* li?r. j Paris, 1861, chez Victor
Masson et fils.
De la part de M. Bénissent :
1* Essai géologique sur le département de la Manche (extr.
des Mém. de la Société des sciences naturelles de Cherbourg^
t. VIII, 1860) ;in-8, 38 p.
2° Réponse aux questions géologiques (extr. des Séances du
Congrès scientifique de France, tenu à Cherbourg au mois de
septembre 1860) ; in-8*, 28 p.
De la part de M. Boucher de Perthes :
1* Nègre et blanc : de qui sommes^nous JUs ? Y a^t^U uhê
ou plusieurs espèces d^ hommes? in-18, 22 p. ; Paris, iSAI,
chez Derache.
2^ De la génération spontanée. --* Ai^ns^nous eu père et
mère? in-18, 1& p, ; Paris» 1861, chez Derache.
3* Réponse aux observations faites par M. E. Robert sur le
diluvium du département de la Somme ; in-i*, h p.
De la part de M. 6. Cotleau, Etudes sur les échinides fos
2r?»465
.■^ .^M^ta^^aa
6 SfiANCB DU A NOTBIBRI 4 861 «
siUi du dépai^ement de PYonne, 29** et 30* livr. ; Paris, 4
chez J.-B. Bailliére et fils.
De la part de M. Delesse, De l'azote et des matières «
niques dans Vécorce terrestre (extr. des yinnalcs des n
t. VIII, 1860) j in-8, 176 p., deux tableaux-, Paris. 1
chez Dunod.
De la part de M. G. -P. Deshayes, Description des ani»
sans i^ertèbreSy découverts dans le bassin de Paris, 25*^ (
livr. *, Paris, 1861, chez J.-B. Bailliére et fils.
De la part de M. J. Dorlhac, Schistes bitumineux de B
res-la-Grue [Allier) (extr. du BulL de la Société de Pind
minérale {Saint-Étienne], I. VI, 11' livr., 1860) ; in-8, /
1 pi., Saint-Étienne, chez V" Théolier alnè.
Delà part de M. le docteur E. Farge, Addition à lapa
tologie de Maine-et-Loire (extr. des Ann, de la Soc. Lih
Maine-et-Loire, t. IV) , în-8, 14 p., 2 pi.
De la part de M. le professeur Gôppert, Ueber die A
çon Malowkn in Cent rai- Russland ; io-S.
De la part de M. Lockhart, Noui^elles recherches sur
géologique de la Sologne (extr. du t. VI des Mémoires
Soc, des sciences, belles-lettres et arts d'Orléans)-^ în-8,
Orléans, 1861 -, chez E. Puget et C.
De la part de M. W. E. Logan, Considérations relati
the Québec group and the upper copper-bearing rocks oj
Superior; in 8, 9 p., mai 1861.
De la part do M. P. Matheron et G. de Saporta, Ex
analytique des flores tertiaires de Provence, par G. de Sa|
précédé d\me notice géologique et paléontologique sur le
rains tertiaires lacustres tle cette région^ par P. Math<
io-foL, 56 p.^ Zurich, 1861; chezZurcher et Furrer.
De la part de M. Gabriel de Mortillel, Notes géologiqm
la Savoie^ IV et V (extr. de la Revue savoisiennCf o* i
août 1861) ; pp. 6 et 17.
De la part de sir Roderick I. Hurchison :
!• On thê altered rocks ofthe western islands of Sco
and the north^westem and central Highiands (extr. des
cêedings of the geoL Soc. /or may 1861) \ in-8, pp. 171
DONS PÀIT8 A LA IIOri«T«. 7
V Address ni tlie anniversary rnrrfin^' o/ ///#• myal f'rftLfrn-
phical Society, 27"' m;ij IS6I, in-S, 81 p.
S*» First sketch of a new f^eolo^hnl map of'Svothuul, with
explanatory notes, by sir II. I. Miirchindii nml A. (ioikiii ;
2^ p., 1 carte; Edimbourg, 18(;I; du./ W.iît A. K . Jolirmii^n!
De la part de M. le docteur J.-B. Noulei ;
i» De la division des êtres naturels, d'ti/tn'.M Hnymond de
Sebonde (extr. des Mémoires de C Acad. I, drs scimms de
Tùalouse, 5' série, t. V, p. 290)^ iri-8, 10 p.
2° Fossiles de la molasse et du calcnirH d'eau douce (viU,
def mêmes Mémoires, 5' série, t. V, p. 405;^ iii-8, 0 p.
De la part de M. V. Rauliri, Description physique de rUe de
Crke ; 2* partie, GéograplUe physique, mcléornlnffir, f^éo-
logie; in-8, 650 p.; Bordeaui, 1861, chc« Th. Laforgue.
De la part de M. Achille deZigiio, llora joêMiliu formaUunis
oolithMcœ. — Le plante fossili dell'oolite^ 1'' cl 2" livr.^ in-M«,
Moae, 1856, chez A. Sicf:a.
De la part de M. Tabbé r>>ohet, lînchett^s dihiuimoes du
hutin de la Somme eilr. des Mém, de In Sof, l. d'émulation
ijUeville, iDDres 1&5S-1S6I, p. 007, ^ in-S, 17 p.; paris,
IIMy cIms Derache.
Deb part de M. Ducrw. hxfr. du jf^tàmnl i»ei»étnl deCin^
tnet'on ptÊh ique \ me'-^.r^di. J s^pte'nhr^ IS'Jl, rj^tres *5
l R>ociier de Perthr?. ir--S, ô p.
Dr h p*rt de M. Pau! G^rT^i*. ht .r^ irs prof^^nr^t oux fu/^e^
iâ5w de -V. 'i: '- -uzo „ ûi-i. i p. . M /r.'se; .^, 1 V5I, dMf
IkkiflCib.
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•cwi-;*?/ v^ V -• --. > >î. r i«Ti»;
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.." ; r '-» * • -S'i - ' : ■ ; ' -•t.: i#ç
Tw^y^^ *- ' 3^ Si lis
i»^tf 1.
8 SÉAIfCB OU à NOVBHBKE 18C1.
De la part do M. George B. Gibb, On canadian caçern
în-8% 29 p., 8 pi. 5 Londres, 1861.
De la part de M. L. Guîdi, Dei lat^ori deW Âccademia agn
ria di Pesaro nell* ulfimo quinquennio ; in-8, 62 p. ^ Pesar
1861.
De la part de M. J. S. Newberry, The rvck oils ofOh.
(from the Ohio a f^ricnltural report for 1859) ; in-8, 14 p.
De la part de M. W. Sharswood, Catalogue of the minera
logical species Allanite (from ihc Proceedùigs of the Bosto
Society of nat. hist.^ VIII, 55-58) ] in-8, h p.
De la part de M. le professeur E. Sismonda, Appendice alh
{lescrizione dei pesci e dei crostacei fossili nel Piemonte (oxtr
des Mem. délia R. Accad. délie scienze di Torino, série II,
t. XIX)-, in 4, 24 p.. 1 pi. \ Turin, 1861.
De la part de M. W. G. H. Slaring, Aperçu des ossements
fossiles de l* époque dduvienne trou\>és dans la ISéer lande et
les contrées voisines ; in-8, 29 p. 5 Amsterdam, 1861, chez
C. G. Van der Post.
De la part de M. R. Weitenweber, Jahresberivht fiir 1860,
in der ordentlichen Sitzung der h\ hôhmischen Gescllschaft
der Wissensch, am 2 Januar 1861 \ in-8, 8 p. -, Prague, 186 1 .
Comptes rendus des séances de l^ Académie des sciences ^
1861, 1" sem., t. LU, n"' 24 et 25^ 1861, 2' sem., t. LUI,
n*^' 1 à 18.
Annales des mines, 5* série, t. XVIII, 5* et 6* livrais, de
1860 i t. XIX, 1" et 2* livrais, de 1861.
Annuaire de la Société météorologique de France, t. IX,
1861, Bulletin des séances, f. 6-11.
Bulletin de la Société de géographie^ 5* sér., t. I, n" 5 et 6,
mai et juin 1861 ^ t. II, n"" 7 à 0, juillet ù septembre 1 86 1 .
Bulletin de la Société botanique de France^ t. VIII, 1801 ,
n*' 3 et 4, mars et avril.
Bulletin des séances de la Société imp. et centrale d* agri-
culture, 2« sér., t. XVI, n' 7, mai 1861.
L'Institut, n" 1433 à 1452^ 1861.
Réforme agricole, par M. Nérée-Boubée, n°* 150 à 154,
13* année, juin à octobre 1860.
Journal d'éducation populaire, juillet-août 1861.
\
DONS FAITS À LA SOCIÉTÉ. 9
Mémoires de la Société cV agriculture^ des sciences y etc. , du
département de V/iube, t. XII, 2* s6r., n°" 57 et 58, 1" sem.
de 1861.
Organisation de la Soc. d'agric, des se, etc,^ du dépar^
tentent de VAube^ 1861.
Journal d'agriculture de la Côte-d'Or, n*** 5 à 8, mai à
août 1861.
Mémoires de la Société dunkerquoise pour V encouragement
î des sciences, etc.» 1860-1861, t. VII.
Annales de la Soc, d'agriculture ^ sciences ^ etc., du dépars
tenient d* Indre-et-Loire ^ t. XL, année 1861, 1*' trimestre.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse^ mai à sep-
tembre 1861.
Bulletin médical du nord de la France^ année 1861, février,
Lille.
Bulletin de la Société de l'industrie minérale (Saint-Étienné),
t. VI, 5* livrais., janvier à mars 1861.
Société académique des sciences ^ etc., de Saiut-Queniiii
{Aisne), 3* sur., t. II, 1858 à 1859.
Mémoires de V Académie imp. des sciences, e/c, de ToU"
louse, 5« sér., t. V. Toulouse, 1861.
Société imp. d' agriculture , etCy de V arrondissement de
f^alenciennes, Bei^ue agricole , etc., t. XII, mars-juin 1861;
t. XUI, juillet, août 1861.
Bulletin de la Soc. des sciences historiques et naturelles de
r Yonne, 1847 à 1859, t. I à XIII ; 1861, t. XV, f et 2* tri-
mestres.
Mémoires de l' Académie royale des sciences, etc., de BeU
gique, t. XXXII.
Bulletins de l'Acad. rojr. des sciences, etc., de Belgique,
2* sér., t. IX et X, 1860.
Annuaire de l'Académie roy. des sciences, etc. , de Belgique,
1861.
Mémoires de la Société roy. des sciences de Liège, t. XVI.
1861.
> Mémoires de la Société de physique et d'histoire naturelle
\ de Genève, t. XVI, 1" part., 1861.
i
(
I
J2 SlAHCI Dtr h HOVSHPRE li>(il.
jinnual report oft/ix geological Survey of li
Musctim ofgeology, 1859-1860, Calculla, 18i
Memoiri of the geological Sarvey of ImUti, \
CalcutU, 1860.
Smitksonian miscellaneous collections : 1°
référence to collecting nests and eggs of norlh a
2* Circiilar in i^Jerence to the degrees oj lelai
différent nations ; Z" Ckeck lisls of the shells nf .
WashiDgtOD, 1860.
Cartes géologique et hydrologique de In f-
par M. Deiesse.
( Cette note a été lue dans la séaoca du 18 m;
J'ai riiouDeur de présenter à la Société deux c
de Paris, qui ont étc cxéculéct d'après les ordres
G.-E. Hausaiiiann, préfet de la Sdoe. L'une eat
gique qui fait connaître le sous-iol de la Ville de I
le permettent les explorations actuelles. L'autre e
drolo|>iquc qui donne la qualité et le mode d'écoul
particulière m eut des eaux aouteTraine*.
fiîeu que en caries n'embrassent qu'une petit
offraient de grandes diffiGultéi et elles m'ont de
anoées de travail. £lles sont d'ailleurs iaite* d'«
iioureaii, et c'est surtout â ce litre qu'îLute paraUl
1er à l'attention de U Société.
CAKTE GÉOLOGiqOE SOUTEKKAIia (i
Uae carte géologique ordinaire indique miiIi
qui se trouve à la surface du sol ; mais on petit se
ser une carte qui fusse connaître la natnre AÎasi
terrains qui composent le tout-sol ; c'est ce que
carte géologique touterraine.
Pour proc^er à son exécution, il est oécessai
dans cliaque terrain, d'iue couclie spéciale qiù ■
(4) Deux feuilles {trand-monde , impritaén ei
Avril frères i cbei Savy, libraire, rue Booapatte, 1
\^
I
NOTE DE M. DELESSE. 13
rer, de telle sorte qu'on la reconnaisse aisément, non-seulenicnt
à la surface du sol, mais encore dans un puits, et même d'après les
écliantilloDS d'un sondage.
Quand on compare les distances de celte couche au sol, on les
trouve assez variables, surtout lorsque ce dernier est ondulé. Il
résulte de là qu'il est difficile de se rendre compte par ces dis-
tances de la forme qui est présentée par la couche-repère.
Mais il n'en sera plus de même si les différents points de cette
couche sont déterminés par leurs distances à un plan fixe; car,
connaissant un certain nombre de cotes de cette couche, il sera
possible de figurer les sections données par des plans horizontaux
équidistants, et, en un mot, de représenter la surface de la couche
par un système de courbes horizontales.
Gonmie cette surface est seulement définie par des points, il est
d'ailleurs utile de multiplier beaucoup le nombre des coupes qui
sont relevées, de manière à tracer les courbes avec quelque pi'éci*
sîon. Plus la surface sera ondulée, plus les observations devront
être multipliées.
D'un autre côté, afin de connaître avec exactitude la cote du
point considéré, il est nécessaire d'avoir recours à un nivellement.
Pour exécuter une carte géologique souterraine, on cherchera
donc une série de points dans lesquels il soit possible de relever
d^ coupes, et Ton déterminera leurs cotes.
Telle est la méthode qui a été suivie pour la carte géologique
souterraine de la ville de Paris. Son exécution présentait de grandes
difficultés, parce que la surface du sol est recouverte presque par-
tout par des remblais ou par des constructions. De plus, la géologie
de Paris est remarquablement variée; et même il est ti*ès rare que
le sol change aussi fréquemment de nature dans un espace aussi
restreint. Mais les nombreux travaux entrepris à Paris dans ces
dernières années m'ont offert pour ces recherches une ciiTonstance
extrêmement favorable et tout exceptionnelle; ils m'ont peimis
de dresser les coupes d'un grand nombre de fouilles, de puits et de
sondages.
Indépendamment des sondages exécutés par MM. Degousée et
Ch. Laurent, ainsi que par MM. Mulot et Dru, j'ai mis à pi-ofit
ceux du service des carrières ; j'ai suivi surtout les sondages très
nombreux qui ont pour but d'obtenir une eau plus pui-e que celle
qu'on rencontre à la partie supérieure de la première nappe.
Pour les nivellements, pour les mesures de puits, et en général
pour les opérations sur le terrain, j'ai d'ailleurs été secondé avec
b
a StÀRCl DD k HOTlHBMl 1861.
iM^neoupdaièlepar MAI. Babinski, Firecki etGodefroy, enipl
du terricf des carrièrei.
La carte géologique souterraine de la Ville de Paris que je ;
laole à la Sociëtë fait connaître le sous-sol jusqu'aux plus grai
profondeurs qui aient été atteintes, et elle résume tout ce
Ton connaît sur sa géologie.
Gomme le terrain de transport constitue la plus grande pa
du sol et recouvre les autres terrains d'uoe sorte de manteau,
supposé qu il avait été enlevé partout ; par suite, les teintes de
carte indiquent les terrains qui se trouvent immédiatement soui
terrain de transport.
Les courbes borisontales sont de la même teinte que le terrs
dont elles représentent la sur£sce; elles sont distantes de 10 niètn
à Texception de celles qui figurent la surface inférieure i
terrain de transport qui sont distantes de 5 mètres seulemen
Afin d'éviter les cotes négatives, le plan de comparaison auqu<
Us cotes sont rapportées a d'ailleurs été pris à 100 mètres au-det
sous du niveau moyen delà mer.
Sans entrer dans des détails plus circonstanciés sur la marclK
suivie pour l'exécution de la carte, je me contenterai d'indiquei
brièvement ici quels sont les principaux résultats obtenus, en me
ranfermant dans les limites de la Ville de Paris antérieures à l'an-
nexion. J'ai d'ailleurs adopté pour les tenains les divisions habi*
toeUesqui sont données par le tableau synoptique de Ai. Gh. d'Or-
CraicM — La craie forme le fond du bassin dans lequel s'est
déposé le terrain tertiaire de Paris. Elle ne remonte pas jusqu'au
terrain de transport, bien qu'elle apparaisse à Issy et au Point-du-
Jour. Sa surfiftoe est très accidentée ; car, entre les anciennes bar-
rières d'Enfer et Saint-Denis les différences du niveau dépassent
W mètres. Gette surface est définie par des courbes horizontales
dont les sinuosités peuvent être étudiées sur la carte ; je me con-
lenlerai donc d'indiquer le trajet de quelques courbes horizon-
tales dans l'étendue de l'ancien Paris.
La courbe 100 coupe la Seine à Passy, s'infléchit au sud et repa-
rail ensuite au pont Napoléon à Bercy.
La courbe 30 passe près des anciennes barrières filanche et du
Gombat ; la courbe 20 près de l'embarcadère du chemin du Nord.
La craie présente au-dessous de Paris un bassin très profond.
Ge bassin se relève fortement vers le sud-ouest, et légèrement à
l'ast i il s'ouvre au contraire vers le nord. Sa partie la plus basse se
iiployés
je pré-
jpraodes
ce que
B parue
î»u, j'ai
ea de la
sous le
; terrain
mètres,
sure du
dément.
i auquel
\ au-des-
mardie
indiquer
1S9 en me
es à l'an-
>ns habi-
Ch. d'Or-
quel s'est
I jusqu'au
Point-du-
nnes bar-
dépassent
>rizontales
e me con-
i borizon*
udetrepa-
Qcbe et du
1 du Nord.
bs profond.
g;èrement à
lut basse se
KOTt Df *. MLfSSl.
tront e au nord-est entre le faubourg Saint-Antoine et les an
barrières de BelleviUe et de Monceaux.
Le terrain tertiaire s'étant dépose sur la craie, ses diyen
présentent une série de bassins superposés qui s'emboAlenC
dans les autres. Ces bassins ont tous la même forme et ils
duisent successivement les principales ondulations de la c
les atténuant de plus en plus.
jér^He plastique. — Ainsi, l'argile plastique offre un f
bassin concentrique^ comme on peut le reconnaître en c
rant la première couche d'argile qu'on rencontre à parti
surface du sol. La courbe 125 de ce bassin passe vers l'ai
barrière Sainte-Marie, puis elle s'infléchit an sud vers les an
barrières de la Santé et d'Italie. La courbe 80 passe près i
ciennes barrières de Gouroelles et du Combat, et s'inflécfai
ment au sud-est. La plus grande dépression du bassin est t
entre le faubourg Saint- Antoine et le nord de Paris; ses t
relèvent, au contraire, an sud et surtout au sud-ouest, entr
et Passy.
L'épaisseur de l'argile plastique est extrêmement variab
est seulement de 20 mètres près de l'entrée de la Bièvi
Paris, au commencement de la rue Geoffroy-Saint-Hîlaii
Salpétrière et à la rue Cochin. Elle s'élève à 80 mètres au]
Grenelle et au boulevard Italien, à ^5 mètres dans la ru
Victoire, à 50 mètres à l'extrémité de la rue du Faubourg
Denis, à 57 mètres près de l'hospice Saint- Antoine. Sou é\
va donc en augmentant rapidement quand ou s'éloigne d^
du bassin dans lequel elle se déposait.
Calcaire grossier et marnes, — Le calcaire grossier et les
qui le recouvrent composent un étage dont l'épaisseur <
régulière. La cote de la partie supérieure de ces marnes esi
élevée à la barrière Sainte-Marie, où elle atteint 165 mèCi
est supérieure à 155 mètres vers la barrière d'Enfer; t\Y\
encore à 1/iO mètres à la barrière de Reuilly et dans les ei
La courbe horizontale la plus basse est à la cote 110 et s
dans le faubourg Saint-Denis.
Dans leur ensemble, les courbes horizontales de cet et
sentent, d'ailleurs, des sinuosités qui correspondent k cell
craie et de l'argile plastique.
Sables moyens, — Les sables moyens ont une épaîsseui
très variable, comme celle de l'argile plastique, et qui ai
également vers le nord de Paris. Sur la rive gauche, elle e
ment de quelques mètres, tandis que sur la rive droite
n
iV
I
' .
I
I
r
16
SÊANCI DU A NOTKHRBB 1S61.
généralement supëi'ieure à 10 mètres; die s'élcv<
même à 15 mètres entre les anciennes barrières
Belleville. Cette épaisseur est comptée scuicmci
sableuse de Tétage dessables moyens.
Quand on étudie la surface formée par la conch*
sables, on trouve qu'elle atteint sa plus p,rande liau
La courbe borixontale 165 passe près de la barrit
La courbe 150 passe à côté des fiassins, puis un pc
rObservatoire et va contourner rancicune butte
d'Italie. La courbe 125 se reploie autour de la
Denis et pénètre très peu dans la grande dépressio
Calcaire lacustre, — De même que les éta(>e<
calcaire lacustre se relève vers le sucî et surtout an
de Passy ou il atteint sa plus gi*andc hauteur. Sa
mèti-es pi-ès de la barrière des Bassins, et de 1^5 ii
du Trône; elle diminue quand on s'avance au
bassin de la Villette, mais elle ne descend pai
135 mètres; ses différences de niveau sont au pli
Sa cote atteignait au moins 1^5 sur la rive ga
Soufflot et près de Saint-Etienne-du-Mont.
Sur la rive droite, le calcaire lacustre présen
bassin dont les boixis suivent Tancien mur d'octro
du nord-est a presque dispam; cependant elle se
l'entrée du canal Saint-Martin, hhs cette époque,
un thalweg vers le haut du canal, et le calcaire h
déjà légèrement le i*elief du bassin dans lequel
struit Ce relief a d'ailleurs été exhaussé par le dép
gypse ; il a surtout été modelé par le terrain diluv
Pente, — Pour comparer la pente moyenne des t
posent le sol de Paris, il fallait la mesurer sur les i
à la surface de ces terrains par un même plan verti<
plan qui est dirigé nord-sud et qui passe par le tertn
On trouve que, pour tous les terrains, la pente 8<
v^rs le nord. Elle est de O^'fOl 1 pour la craie, de Q
gile plastique, de 0",005 pour les marnes supérie
grossier, de 0">,002i pour les sables moyens, de 0**,
caire lacustre. Elle est beaucoup plus grande po
pour aucun autre étage géologique. Pour le calca
n'est guère que le quart de celle de la craie. Elle <
sivement à mesure qu'on s'élève dans la série d<
conséquent, la dépression qui existait dans la crai
Paris tondait de plus en plus à se niveler»
<n
MOTS l)( M. DKLCSSS.
li
r
Le cataclysme qui a donné naissance au terrain diluvien ett venu
raviner postérieurement les différents étages du terrain tertiaire.
Il a exercé ses ravages le long des cours d'eau actuels, la Seine, la
fiièvre et le ruisseau de IVIénilmontant. Alors les coucbet qut se
continuaient sans interruption dans toute l'étendue de Paris ont
été, les unes entièrement enlevées, les autres échancrées d'une
manière plus ou moins profonde. Les étages supérieurs ont été
atteints les premiers et sur la plus grande étendue.
L'étage du gypse a presque disparu et ne se montre guère qu'au
nord et au nord -est de Paris. Il en est de même pour le calcaire
lacustre qui forme une ceinture étroite sur la rive droite et seule^*
meut dans la partie haute de Paris. Sur la rive gauche, ce calcaire
se montre encore par lambeaux vers le sommet de la montagne
Sainte^Gene vie ve .
Les sables moyens étaient très faciles à entraîner comme tous
les terrains meubles. Sur la rive droite, ils dessinent une ceinture
concentrique à celle du calcaire lacustre. Sur la rive gauche» ib
présentent deux lambeaux entre lesquels la Bièvre a creusé son
lit; ils couronnent la montagne Sainte-Geneviève et la butte de la
barrière d'Italie. Quand ils n'ont pas été enlevés, les sables
moyens ont été ravinés profondément dans les endroits où ils
étaient à découvert.
Le calcaira grossier et' les marnes ont été échancrés à l'entrée et
à là sortie de la Seine ainsi que le long du cours de la Bièvre.
L'argile plastique a été seulement effleurée dans la partie où elle
se relève le plus, à la sortie de la Seine. Quant à la craie^ elle n'a
pas été atteinte.
Lorsqu'on passe de la rive gauche à la rive droite de la Seine,
on observe que les couches s'inclinent graduellement vers le Nord
un peu Est . Nulle part elles ne présentent un changement
brusque de niveau ou une faille de quelque importance. C'est ce
que l'on voit très bien dans les anciennes carrières sous Paris ^ car
la moindre faille se reconnaît très facilement dans les galeries qui
ont servi à l'exploitation du calcaire grossier ; ori il est fort rare d'en
rencontrer, et les changements de niveau qu'on observe spnt au plus
de quelques décimètres. £u outre, si l'on compare l'altitude des dif-
férentes couches, soit dans la colline de Ghaillot et vers labarrièine
de Reuilly, soit dans les plateaux, séparés par la Bièvre, qui for-
ment le sud de Paris, on trouve que cette altitude reste la mcme
ou bien qu'elle varie graduellement. C'est particulièrement bien
visible pour la craie, pour le calcaire grossier, pour les marnes qui
le recouvrent et pour les sables moyens. Par conséquent, dans la
Soe. géoi,, 2" série, tome XIX. %
È
18 StARCI DO A IfOTBIBMI 186
traveraée de Paris, la Seine ne coule pas le
comme l'ont admis plusieurs géologues ; les couc
1 elle a creusé son lil se correspondent d'une riv
pas changé de niveau.
Une carte géologique, souterraine et cotée
grandes difiicultés d'exécution ; mais aussi ell
avec précision une sorte d*anatoniie géolof;iqu<
de pousser jusque dans les plus petits détails.
Il importe d'ailleurs de connaître bien coin pi
. sur lequel est bâtie une grande métropole ; car <
f coup plus de valeur que la mine la plus riche,
soit en dessus, soit en dessous, par de nombreu;
Maintenant, une carte géologique souterrain
indications sur les nappes d*eau ; elle éclaire la n
artésiens, et elle permet de prévoir les résultat
suffira d*en citer un exemple pour Paris. On sai
dessus de l'argile plastique coule une nappe d'e«'
à remonter partout au même niveau. Or, sur le
notamment à la Glacière, l'argile est à la cot(
quent, dans l'intérieur de Paris, les sondages poui
plastique devront donner une eau ascendante. Ce
l'expérience a confirmé ; car, dans le faubourg
le faubourg Saint-Antoine, à la prison de la R<
des Célestins, l'eau remonte jusqu'à la cote 13
jeté sur la carte montre que tous les sondages c
du bassin formé par l'argile plastique donneront
tats analogues. Les chances de succès seront d'ai
.qu'on se rapprochera davantage de la grande d
du bassin et de la ligne du thalweg, suivant la<
cessairement des nappes puissantes.
La méthode suivie pour l'exécution de la cari
H terraine de Paris ]iermet d'étudier complétemen
^ iol ; elle sera donc employée très avantagenten
Il sins honillers, dans les districts métaUifères, d
fyj les pays de mines ; en un mot, elle servira à défi
]] le gisement ainsi que les allures de toute matiè
ment exploitable»
: I
I I
11
NOTE DE M. DELBSSI. 19
C4RTE HYDROLOGIQUE (i).
La ville de Paris est traversée par quatre nappes d'eau superfi-
cielles, la Seine, la Bièvre^ le ruisseau de Mënilmontant et le canal
Saînt-Maitin. Le ruisseau de Mënilmontant, dont le cours est
tracé sur les anciens plans de Paris, descendait de la colline qui
porte le méine nom; il se dirigeait vers la rue des Filles-du-Gal-
vaire et dëa*ivait de ce point un arc de cercle autour du centre
actuel de Paris; il allait ensuite se jeter dans la Seine au quai de
fiilly. Les travaux exécutés dans Paris ont complètement changé le
régime de ce ruisseau; il est d'ailleurs dissimulé par les construc-
tions qui le recouvrent, mais il continue à couler dans le grand
égout de ceinture en lequel il a été transforme.
La Bièvre et l'ancien ruisseau de Mënilmontant sont renfermés
dans une cuvette parfaitement étanche^ en sorte que ces deux cours
d'eau ne donnent lieu à aucune nappe d'infiltration.
Indépendamment des nappes superficielles, il existe des nappes
80Uten*aines qu'on rencontre lorsqu'on pénètre dans T intérieur de
la terre; ce sont celles qui sont atteintes dans les puits. La carte
liydrologique les fait connaître d'une manière complète. Elle repré-
sente d'abord les nappes souterraines qui alimentent les puits
ordinaires pour une époque d'ëtiagc de la Seine, le 15 mars 1854.
La surface supérieure de ces nappes est déterminée par des cour-
bes horizontales qui sont tracées de mètre en mètre. Les cotes sont
encore rapportées à un plan de comparaison passant à 100 mètres
au-dessous du niveau moyen de la mer. La carte donne d'ailleurs
le niveau de l'eau, non-seulement dans les puits ordinaires, mais
encoi-e dans les puits forés. Elle donne de plus la nature géolo-
gique des terrains dans lesquels affleurent les nappes souterraines.
Elle indique aussi les terrains dans lesquels se sont arrêtés les
sondages qui ont été exécutés dans Paris. Enfin, les eaux provenant
des différentes nappes ont été essayées avec l'iiydroti mètre de
MM. Boutron et Boudct, et le nombre de degrés obtenus, qtii
représente leur dureté, est inscrit sur la carte à la place à laquelle
l'eau a été puisée.
Dans ce court résumé j'appellerai particulièrement l'attention
sur quelques faits relatifs à la forme et à la position des nappes
souterraines de la ville de Paris.
(4) Deux feuilles grand-monde , imprimées en lithochromie par
Avril frères; chQz Savy, libraire, rue Bonaparte) 90, Paris.
SO SfiAlfCI DO A IVOTtMBlK 1861.
La nappe souterraine qui se trouve en communication iinin
avec la Seine est ce que Ton appelle la nappe d*infiltration.
nappe s'étend sous Paris, et même c'est elle qui fournit cli
«^presque tous les puits. Ses courbes horizontales sont des <
ondulées à peu près parallèles. Elles sont disposées symétrique
sur chaque rive de la Seine et elles vont se raccorder avec lâi
Miperlicielle ; elles se coupent d'ail leui-s deux à deux sous des a
très aigus qui s'emboîtent les uns dans les autres t^t qui ont
sommet dirigé vers l*aniout.
Le niveau de la nappe d'inûltration est généralement stipé
à celui de la Seine; il s'élève a mesure qu'on s'éloii'iie des I
du fleuve. Près de ces bords, il s'abaisse jusqu'à i27'"|5 en ai
de l'ancien Paris, à la barrière de la Gare, et même jiu
125". 5 en aval près de la barrière de la Cunette. Sur la live
che, la différence de niveau entre le point le plus haut et le |
le plus bas de la nappe souterraine est au plus 5 mètres ; •
rive droite cette différence s'élève presque au double, ce qui
être attribué à ce que les terrains y sont beaucoup moins
inéables. La pente moyeime à la surface de la nappe souten
est supérieure à 0™,001 par mètre. Dans les parties contigua
Seine elle est beaucoup plus grande et elle atteint même 0"
La pente moyenne de la Seine dans la traversée de Paris est se
ment de 0"',0002 ; par conséquent elle est bien moindie que
le la nappe d'infiltration. Cette différence dans les pcntei
deux nappes tient à ce que l'eau ne peut s'écouler qu'avec dt
grandes difficultés, même à travers les terrains les plus perméa
La nappe d'inflltration reçoit bien l'eau d'infiltration de la 1^
}ui s'y répand à l'époque des crues; mais elle est surtout alii
jée par les eaux provenant des collines qui environnent Paris
lappes souterraines qui se trouvent à un niveau supérieur ]
rersent aussi leurs eaux.
La forme de la nappe d'infiltration dépend es»*în^'ve\lem€
a Seine. Elle change lorsque la Seine s'élève ou s'abaisse, <
eproduit toutes ses variations, mais elle les att*'J^^^ "ea\
néme à une assez petite distance. Elle dépend ^.^^ cmeu
rua un niomdre det;n\ d cléments constants ^ i- r i
j i • I I II i^ ^'^"^^ <^'
lydrographique avec lequel elle communique. • ,, ..
à disposition des couches imperméables sur les^X ^
iâ nappe d'infiltration a donc une ori(>ine très ^ SL\>i>e aô'
l^s îles Saint-Louis et Notre-Dame ont une ^ -• \ou ^
istincte qui est également une nappe d'infiU*^^^^" ^ttWbV
lorizontales sont concentriques et à peu prêt»
NOTE Dg M. DELESSE. 21
contours. Cette nappe souterraine forme une surface qui sVlève
lé^;èrenient vers la partie centrale et qui s'incline au contraire su
Its bords de ces îles.
Près de l'ancienne barrière Blanche, quelques puits de Paris
sont alimentés par une nappe souterraine dont la cote est supé-
rieure à 142 mètres. Cette nappe est au-dessus du calcaire lacustre ;
elle est toute différente de la nappe d'infiltration de la Seine qui
se retrouve au-dessous, à la cote 132.
Près des anciennes barrières Rocliechouart et de Fontarabie,
des nappes souterraines s'élèvent à la cote 137 mètres; elles sont
également au-dessus de la nappe d'infiltration.
La carte hydrologique montre bien comment s'opère l'écoulé-'
ment dans les nappes souterraines.
Si l'on considère, par exemple, la nappe d'infiltration de la
Seine qui s'étend partout au-dessous de Paris, il est visible que
l'eau se dirigera nécessairement d'un point plus élevé vers un
point plus bas ; par conséquent, contrairement aux idées généra-
lement reçues, elle se déversera vers la Seine. Sa pente est surtout
très grande sur les bords du fleuve. Ainsi, bien que cela puisse
paraître paradoxal au premier abord, la Seine joue à l'égard de la
nappe souterraine le rôle d'un canal de dessèchement; elle déter«
mine l'écoulement de ses eaux et elle opère le drainage de la ville
de Paris.
Les eaux qui tombent sur la surface d'un cimetière pénètrent à
travers les cadavres en décomposition et se réunissent ensuite aux
eaux de la nappe souterraine qui est la plus rapprochée de la sur-
face. iMalgr^ la filtration naturelle à laquelle elles sont soumises et
qni les débarrasse en partie des matières qu'elles tiennent en sus-
pension, elles sont nécessairement très impures et peuvent être
nuisibles à la salubrité. Il était donc utile de rechercher dans
quelle direction s'écoulent les eaux qui ont traversé les immenses
ossuaires de Paris. Un coup d'œil jeté sur la carte suffit pour con-
stater que l'emplacement des cimetières laisse beaucoup à désirer
sous ce rapport; car les eaux du cimetière Montparnasse, par
exemple, s'écoulent dans la nappe d'infiltration de la Seine, et il
est visible qu'elles se rendent ensuite dans le fleuve en traversant
une partie du faubourg Saint-Germain.
Les indications précédentes suffisent pour montrer que la carte
Iiydroiogique de Paris permet de résoudre un grand nombre de
questions importantes relatives à la salubrité, aux inondations, au
drainage, à l'écoMlemeut des eaux, à rétablissement des égouts et
à rexécution de tou4 les travaux souterrains.
/
» u
22 SÉAlfCI DU h ROYEMORK 1861.
Note concernant Vallure générale du bassin houiller rfu n
de la France^ par M. Emile Dornioy, ingénieur des mi
(PI. I).
(Cette note a été communiquée dans la séance du 6 mai.)
Je m'occupe depuis quelques années (Vétudicr le bassin houil
lu nord de la France; j'espère pouvoir bientôt picsenier à
Société la carte souterraine et la description de ce bassin ; mail
voudrais dès aujourd'hui lui soumettre une note qui peut être ce
sidérée comme une préface de mon travail, et dans laquelle
rends conipte de l'allure (générale de cette formation.
Ce bassin, qui se relie sans interruption rccUe à ceux de
Belgique et de la Prusse rhénane, a la forme d'une bande d(
rorientation générale est de l'est à Toucst, et dont la larg<
moyenne, du nord au sud, est, dans le département du Noi*d,
13 kilomètres. Sa limite nord co'incide presque exactement,
allure générale, avec le cours de la Scarpe, depuis iMortagne àl'
jusqu'à Kaches à l'O., c'est-à-dire sur 60 kilomètres de longue
Cette coïncidence n'est pas fortuite ; le dénivellement qui s'est p
duit lors du dépôt de la formation houillère n'a jamais été co
plétement comblé par le dépôt des terrains crétacé et terliaire.
a permis à la Scarpe de se créer un lit. Au nord, le bassin co
menée par un banc puissant de calcaire carbonifère, incliné
25 à 30 degrés vers le midi , qui est connu à Tournay (Belgique) , n
qui ne doit pas s'étendre beaucoup plus au nord, car à Les'
(9 kilomètres au sud de Lille) on a trouvé sur une fosse le te
dévonien. Celte assise calcaire règne de l'est à l'ouest, comt;
bassin houiller ; et, en faisant une coupe du N.-O. au S.-K
la voit finir à ChAteau-l'Abbaye, ce qui lui donne 17 kilor
d'étendue horizontale ; vient ensuite le bassin houiller propi
dit Le grès stérile, [millstonc gril) qui sert de base au lei
houille, s^étend ici, c'est-à-dire près de la frontière belge, s*
largeur de ^ à 5 kilomètres ; en le suivant de l'est à l'ouest
tinue à occuper à peu près la même largeur jusqu'à Marc
et Yred, situés à 20 kilomètres de là. Mais à Yred, la
généialedu bassin fait un coude prononcé vers le nord, <
tir de ce coude, le terrain houiller inférieur parait avoii
considérablement d'épaisseur; peut-être même a-t-il c
ment disparu. fiCS sondages que l'on a faits dans ces der
nées à Raches, A Ostricourt, à Annœulin, etc., ont conf
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22 SÉAlfCI DU h ROVEMORK 180
Note concernant Vallure gêncra/e du bassin
de la France; par M. Emile Dorniov, ingi
(PI. I).
(Cette note a été communiquée dans la soanc
Je m'occupe depuis quelques nniu'csirotudiei'
du uord de la France; j'espère pouvoir l)iciUL
Sociétt^ la carte souterraine et la description do c
voudrais dès aujourd'hui lui soumettre une note
sidérée comme une préface de mon travail, c
rends compte de l'allure p,énérale de cotte foinr
Ce basiin, qui se relie snns interruption rt
Belgique et de la Prusse rhénane, a la fornic
l'orientation générale est de Test à l'ouest, el
moyenne, du nord au sud, est, dans le dcpartei
13 kilomètres. Sa limite nord coïncide presqi
allure générale, avec le cours de la Scarpe, depu
jusqu'à Kaches à l'O., c'est-à-dire sur 60 kilomt
Cette coïncidence n'est pas fortuite ; le dénivelleii
duit lors du dépôt de la formation houillère n';
plétement comblé par le dépôt des terrains crét.
a permis à la Scarpe de se créer un lit. Au nor
menée par un banc puissant de calcaire carboi
25 à 30 degrés vers le midi, qui est connu à Tourna
qui ne doit pas s'étendre beaucoup plus au noi
(9 kilomètres au sud de Lille) on a trouvé sur ut
dévonien. Cette assise calcaire règne de l'est à
bassin houiller ; et, en faisant une coupe du N
la voit finir à Château -l'Abbaye, ce qui lui doi
d'étendue horizontale ; vient ensuite le bassin ho
dit Le grès stérile, {miJlstone gn'i) qui sert de
houille, s^étend ici, c'est-à-dire près de la frontî
largeur de & à 5 kilomètres ; en le suivant de l'e
tinue à occuper à peu près la même largeur juj
et Yred, situés à 20 kilomètres de là. Mais à "^
générale du bassin fait un coude prononcé Ters I
tir de ce coude, le terrain houiller inférieur pa:
considérablement d'épaisseur; peut-être même
ment disparu, fies sondages que l'on a Faits dan
nées à Raches, à Osiricourt, à Annoeulin, etc.,'i
MOTI DB M. DOmOT. 2S
tencc de veines de houille exploitables qui venaient passer à de
très petites distances de la liniile nord du bassin, ce qui n'a jamais
lieu dans tout Tespace compris entre Marchiennes et Blalon (Bel-
gique).
Le terrain à houille commence à la hauteur d'Hergnies; il pré-
sente, comme le grès et comme le calcaire, 30 degrés d'inclinaison
générale vers le sud; il occupe id kilomètres de largeur nord-sud.
Il commence par un faisceau de veines de houille anthraciteuse,
connu sons le nom de charbon de Fresnes. Ce faisceau passe à
Vieux-Condé, Frcsne et Vicoignc; mais, à partir du coude que
forme le bassin houiller à Vrcd, il n'est plus connu ; les sondages
et les puils faits près de la limite nord du bassin, entre Mar-
chiennes et le Pas-de-Calais, n'ont plus rencontré cette nature spé-
ciale de houille anthraciteuse; leur charbon est de qualité analogue
à celui qui porte au couchant de Mons le nom de charbon maigre;
dans le bassin de Valenciennes, où ce nom avait déjà été donné
à la houille anthraciteuse de Fresnes, on Ta remplacé par celui de
houille dure ou demi-grasse. La houille anthraciteuse n'est pas
connue dans le bassin de Mons; son existence est un fait local qui
parait restreint à Vieux-Condé, Fresnes et Vicoigne (15 kilomètres
de longueur sur U de largeur] ; l'altération à laquelle elle doit sa
qualité peut donc être attribuée aux mêmes phénomènes qui
ont, près de la, donné naissance aux sources thermales de Saint-
Amand.
Si, au delà du faisceau anthraciteux, on continue à faire une
coupe dans le bassin houiller, on voit que toutes les assises de
terrain sont constamment inclinées au midi, sauf des accidents
locaux dus à des soulèvements intérieurs, et dont il est inutile de
s'occuper ici. Si le bassin était complet, ou devrai t, à partir de
son axe, voir les terrains changer d'inclinaison, et le pendage au
nord rogner sur toute sa seconde moitié, comme le pendage au
sud règne dans la première. Les terrains que nous possédons en
France ne peuvent donc correspondre qu'à la moitié nord du
bassin. En marchant vers le sud, on voit les couches supérieures
succéder toujours aux inférieures, et la nature du charbon des
veines est en pleine coDcoi*dance avec leur position ; les veines
inférieures, qui ont été soumises â raction la plus directe du feu
central, ont perdu leurs principes gazeux, et sont maigres ou
même anthraciteuses; et la qualité grasse et gazeuse Ta générale-
ment en augmentant d'une manière continuelle du nord au midi,
tandis que dans on bassin complet elle devrait augmenter depuis
le nord jusqa*à Taxe, et décroître depuis Taxe jusqu'à la limite sucL
jt4 SÊANÇK Oli A NOVEMBRE 1S(
L'examen des terrains qui succèdent nu tei
firme pleinement cette manière 4le voit-. Ai
avant la limite sud le grès liouilUr storilo qu
après cette limite, le banc de calcaire cail)oni
d'épaisseur, c'est à peine si Fou trouve quilqut
guliers de calcaire. Le terrain à houille ei les
viennent buter directement contre les teir
Le terrain dévonien a été reconnu en eflet, \
Qniévrcchain et dans Tintérieur même de Vale
à quelques dizaines de mètres de distance de^
• on a également retrouvé, soit les grès, soit le
I tout le long de la limite sud : à Tritli, à la ]
à Douehy, à deux pas des veines, par des sondai
des galeries; ù Âzincourt, dans les fosses de Ma
et dans le sondage tout récent de Férin ; à A
d*Esquercliin; enfin, dans le département d
vient affleurer en maints endroits, et notam
Febrin, Capelle, etc., tout près de la limite si
L'ordre dans lequel les diverses assises des
I tion se succèdent est indiqué dans la planct
on voit, à partir du teirain liouiller, le tern
mont), le jioudingue de Burnot, le calcaire de <
*l>iilr du Condros, puis, après quel(|ues assises de <
l les mêmes couches dans Tordre inverse, jusqt
I i suivi lui-même du terrain anthracifere.
Il est donc indubitable que nous D*avons à
que dans le Pas-de-Calais et qu à Gharleroi el
bassin liouiller ; tout le versant sud que les
originairement, et qui pendait au nord, a été
Il parait difficile de trouver une explicatio
fait aussi extraordinaire que la disparition d'v
! d'une vingtaine de kilomètres de largeur ei
plus de cent lieues ; aussi ce fait n'avait-il jamj
^ admis ni franchement posé. On constatait biei
.1 la disposition, au midi, des roches encaissant
-1 contact direct des houilles les plut grasses,
terrains de transition, qui au contraire, au ne
une chaleur assez puissante pour chasser 1<
travers 6 ou 8000 mètres d'épaisseur de terra
glissement des couches supérieures, ou grai
midi, ou bien un déplacement progressif de
le éud, pendant le dépôt même de» 4iT^n^
.»
y
MOTS DE M. DORMOY. 25
ces liypothèfies, outre que rien ne les justifie elles-mêmes, ne
donnent pas d'explication du pcndage au sud qui pei*siste dans
tout le bassin connu, ni de diverses autres particularités. La seule
explication satisfaisante consiste à admettre, ce que tous les faits
démontrent jusqu'à Tévidence, qu'un soulèvement général s*est
produit vers le milieu de la bande houillère, peu de temps après
le dépôt des terrains ; ce soulèvement rend compte de l'inter-
ruption brusque des couches, de leur pcndage constant vers le
sud, du contact des houilles grasses avec les terrains de transi-
tion, etc. ; il explique également Tallure des diverses assises de
cette dernière formation ; les couches du terrain rhénan, du
poudingue de Burnot, etc., qui ont été relevées jusqu'au jour à la
limite sud du bassin, pressentent leur affleurement sud à Trelon,
Glageon, etc., et leur véritable affleurement nord au delà du
bassin houiller, au nord de Toumay. Ce dernier affleurement est
seulement dissimulé par la présence des morts terrains.
Pourquoi le soulèvement s'est-il produit précisément au milieu
de la bande houillère, ou tout près de ce milieu, et, en allure
générale, parallèlement à son axe ? On ne peut attribuer au hasard
une coïncidence qui règne sur une aussi grande étendue ; mais
la cause même qui avait déterminé le dépôt du bassin houiller
nous donne aussi l'explication de ce fait. Si la mer houillère
s'étendait sur une zone aussi vaste, depuis la Prusse jusqu'en
Angleterre, c'est que les terrains antérieurement déposés présen-
taient suivant cette même direction une dénivellation profonde,
bordée des deux côt/s par des montagnes, ou au moins par des
rivages élevés. L'épaisseur de ces terrains était donc moindre dans
le lit de la mer houillère que sur ses rivages, et même que partout
ailleurs, et elle était minimum suivant Taxe de ce lit. Or, comme
ces terrains de transition constituaient alors l'unique et fragile
barrière qui séparait h^s dépôts houillcrs de la masse ignée centrale,
il était inévitable qu'un soulèvement de celle-ci, s'il avait lieu, ae
produisit à peu prêt suivant Taxe du bassin ; et c'est ce qui est
arrivé. Ainsi, toute la moitié sud du bassin a été soulevée au-
dessus de sa position primitive; comme cette seconde moitié,
ainsi que je l'ai dit, ne s'observe plus actuellement, et njême qu'il
n'en est resté d'autres vestiges que quelques lits peu épais de cal-
caire carbonifère, il a fallu qu'au soulèvement succédât un autre
cataclysn^e d'une tout antre nature, qui pût ratisser et balayer
toute la niasse soulevée. Pour comprendre la nature de ce cata-
clysme, qui a déterminé la fhj de la période houillère, il faut
observer «jue la si^rface du terrain houiller qui a été conservé est
i
*
20 BtAlfCI DU h ROTKMBKI i8(
remarquablement unie dans tout son dévelo
sente seulement une pente douce de 1/500*
arant le passage du cataclysme, elle devait au
d'assez grandes irrégularités. Elle avait en €
fluence des commotions intérieures de la masse
maints endroits, on trouve les faisceaux des
plissés en forme de V ou de W, ayant la point
haut; et, à celles qui ont la pointe en haut
surface houillère, tout Tangie supérieur, tout et
du niveau général a été rasé et enlevé, et roii
* f d'autre les deux branches qui étaient autrel
peut donc pas admettre, même à la simple ii
honiller actuel, que sa surface ait été simplcni
par les flots d'une mer nouvelle, qui lui nui
remarquable uniformité; s*il en eût été ainsi
déposé dans son lit une couche horizontale foi
terrain houiller, grès, schiste et houille, et cett
verait encore aujourd'hui, tandis qu'il n*cn
faut donc qu'un torrent, uu déhi^^e subit, d'un
tible, se soit précipité du nord vers le sud, et q
la surface supérieure des terrains; or, l'arr
\À dévastateur, démontrée comme je viens de le
^.' relatifs a la première moitié du bassin, suffil
ui comprendre la disparition de la seconde moi
entière être charriée et emportée dans la direct
Sur la planche (PI. I) qui accompagne cette n
du bassin houiller, prise à trois époqucs^différc
dépôt ; 2® après le soulèvement général du mid
clysme venant du nord, et par conséquent di
abstraction faite des morts terrains.
I J'ai dit que le soulèvement du midi du bai
I base de mon explication, s'était, eu allure géiiéi
\i à l'ouest, en restant à peu près parallèle &
houillère. Il a cependant fait par rapport & cet
flexions, qui ont produit les effets les plus imp
qui ne constituaient jusqu'à présent qu'une
peuvent, dès que l'on admet l'existence du gni
midi, se comprendre de la manière U plus tâmi
Il y a d'abord une partie du bassin sur laque
a peu empiété, parce qu'il a passé beaucoup m
noo loin de la limite sud réelle. Cette partie, p
gueur, mata la plut large et la plus ridic de t
NOTE DK H. DORMOY. 27
parce que les couclies y possèdent encore leurs deux versants,
constitue le bassin du couchant de Mons. £n son milieu, on trouve
les couches les plus grasses de toute la série, qui donnent par une
coupe horizontale des ellipses fermées : ce sont les Flénu, et de
part et d'autre des Fléau reparaissent les mêmes couches, dont la
qualité gazeuse va toujours en diminuant, soit qu*on marche vera
le sud, soit qu'on s'avance vers le nord. A la limite sud le pendage
est au nord, et à la limite nord il est tourné vers le midi ; il y a
ici un bassin à peu près complet; les veines les plus méridionales
ont été seules enlevées par le soulèvement. Si Ton marche du côté
de la France, on voit à la frontière même, à Quiévrain, un pro-
montoire de calcaire qui s'avance, au midi, dans l'intérieur de la
bande houillère ; il y a ainsi interruption brusque entre les par-
ties sud des bassins belges et français ; mais les parties nord sont
en parfaite communication, car on exploite à Beiiiissart les mêmes
veines qu'à Fresnes, et, si le versant nord des veines n'est pas
encore partout reconnu, c'est un fait local et tout à fait étranger
au soulèvement qui nous occupe. A Quiévrain et à Crespin, ce sou-
lèvement a donc absorbé, outre la moitié sud tout entière, une
bonne partie de la moitié nord du bassin primitivement déposé.
A mesure qu'on marche vers l'ouest, on le voit se rapprocher
davantage de Taxe, c'est-à-dire que les dernières veines qu'il a
respectées sont de plus en plus grasses. A Anzin, elles le sont plus
qu'à Saiut-Aybert et qu'à Crespin ; à Saint- Waast plus qu'à Anzin ;
à Denain et surtout à Douchy plus qu'à Saint*Waast. A partir de
Doucliy, le soulèvement s'est au contraire écarté de l'axe; à Aniche
et à r£scarpelle, les dernières veines connues deviennent moins
grasses. Le Pas-de-Calais est moins bien connu jusqu'à présent; on
y retrouve cependant des veines aussi grasses et plus grasses que
celles de Douchy, et comparables au Fléuu ; c'est que le soulève*
ment s'est rapproché de l'axe. Mais, en continuant à marcher à
l'ouest dans le Pas-de-Calais, on voit, comme tout le monde le sait,
la bande houillère actuelle finir en une pointe, limitée au nord
par le calcaire, au midi par le terrain dévonieu; c'est que de ce
c6té le soulèvement s'est reporté peu à peu vers le nord, et que,
empiétant ainsi de plus en plus sur le bassin, il a fini par l'absor-
ber entièrement et par aller se jeter dans le calcaire carbonifère
du nord, aux envîrootde Fléchinelle. Le bassin boui lier disparaît
donc complètement en ce point; il reparait en partie un peu plus
à l'ouest, à Hardingbein^ dont il faut évidemment rattacher le
gisement au grand basrin. Il est même possible qu'il se trouve
encore, entre J'iéchinelle^ et la oôte do la Manche, diren points
l
vl
28 SftANCI OU à NOTEHBRB 1
sur Icsquek la partie nord du Ixissin subsist
ou moins grande. L'interruption apparente c
ne doit donc pas être considért'^e connue de
décourager les recherches qui se font vois
nient ces recherches sont rendues didiciles
santé des morts terrains, dont rabsence prc
dans le bassin du couchant de Mons, s ajou
richesse du gisement.
Si, en parlant de Mons, on se dirige ver
cher vers l'ouest, on voit des faits analogue
t du soulèvement pénètre bientôt de plus ei
de la bande houillère, et se rapprociie de s
dépassé a Gharleroi, et qu'elle dépasse égal
la Prusse rhénane ; les oscillations qu'elle f
réservent seulement des veines plus ou moi
sud. La planche 1 indique en plan la c
le soulèvement a suivie par rapport à l'axe
bassin.
Les terrains calcaire et dévonien dont 1
midi du bassin houitler ne s'enfoncent pas
légèrement inclinés au midi, et le terrain
^ eux ; c'est ce qui fait qu'on a souvent su
Jp France, soit en Belgique, et notamment
'i Qniévrechain, recoupé, avant le terrain
'\ dévoniens et le calcaire carbonifère, qui g
inférieur, et dont la présence a, sur di
abandonner trop tôt les travaux de recher
inclinaison est variable d'un point a l'au
pour que je puisse l'indiquer ici.
Parallèlement à la ligne du soulèvement
sud du bassin, et à une distance de 4000
limite, on a constaté, en France, dans
houiller, une immense cassure qui Interrot
i^ tions ; elle a été suivie depuis Anzio jusqu
|E sur 20 kilomètres de longueur de l'est à l'o
^F mineui's sous le nom de cmn He reioiur;
démarcation entre les houilles grasses et di
On pourrait encore citer au sujet de ce
ment diverses particularités ; mais, afin d<
détails trop minutieux, je me bornerai à
relief actuel du sol rappelle encore sa pot
partie de son parcourt. En effet, TSlçaut au
li'
II
"7
ï
T-
I ,
i
t
NOTH Dtt M. DOltMOY. 20
Bouchain en marchant vers le nord, pour aller passer à Touriiay,
ville également placée dans la direction du nord, se détourne
brusquement à Test un yieu après Bouchain, précisément au point
où il coupe la limite actuelle du bassin houiller, et fait dans cette
direction an coude considérable sur Valenciennes et Gondé, sui-
vant exactement entre Boucliain et Valenciennes la trace du sou<>-
lèvement du midi. C'est qu'en effet ce soulèvement a dû produire
une assez forte dénivellation, qui s'est continuée même après
Tenlèvement de la partie supérieure du bassin ; et le dépôt des
morts terrains, qui est très uniforme, et qui n'a que 80 mètres
d'épaisseur, n'a jamais fait complètement disparaître cette diffé-
rence de niveau ; les eaux de l'Escaut ont pro6té du pli du terrain
pour se creuser un lit, qu'elles ont suivi sur une longueur de
16 kilomètres. Il en est de même de la Sambre et de la Meuse
entre Gharleroi et Liège; le cours de ces rivières, parallèle à l'axe
du bassin, s'est conformé à la direction que lui traçait le soulève-
ment du midi.
Puisqu'il est démontré qu'on ne possède dans tout le pays qui
s'étend entre la Prusse rhénane et le détroit de la Manche,
Mons excepté, que la moitié du bassin houiller, et puisque la
seconde moitié a été balayée et emportée vera le midi, on est
naturellement poité à se demander s'il est possible de retrouver
cette seconde moitié dans cette direction, et suivant quelles règles
on devrait, pour y parvenir, échelonner les travaux de recherche.
Je m'occupe actuellement de cette question, qui présente la plus
haute iniportance industrielle ; si j'arrive à quelques résultats
satisfaisants, j'aurai l'honneur de les soumettre à la Société.
M. J. Delanoûe a ajouté :
Si l'on étudie le bassin houiller du nord, sans se préoccuper
d'aucune théorie, on reconnaîtra que les faits cités par IVI. £. Dor-
moy sont parfaitement exacts et qu'ils corroborent ce qu'en
avaient dit les savants auteurs de la Carie géologique de la France,
Non seulement le terrain houiller, mais tous les terrains paléo-
zoiques indistinctement, ont été comprimés latéralement, plissés,
soulevas, puis nivelés, et pour ainsi dire rabotés postérieure-
ment. Il est difficile de concevoir que toutes ces roches, tantôt
si tendres et tantôt si dures, aient pu être toutes tranchées auasi
borixontalement par des actions faibles et lentes; les roches tendres
cuasent été, daoa ce cas, entamées bien plus que les roches dures.
Or, on n'obierve rien de pareil Ainsi, au contraire, le terrain
/
»:
II
I
i,-
;
10 StANCI DO A IfOTIlIRRB 4<
laouiller 9Î élevé du borinage a été plus resp<
dévoiiiens des environs. Une action violente
expliquer bien mieux la tranche nettenier
diverMS roches si tourmentées au-dessous.
Les lambeaux de poudingue triasiquc dép
zoatales en Artois, à Stavelot et dans l.i 1
offrent tous les échantillons et les débris de a
si nettement rasées.
La puissance énorme de ce poudin{];uc i
remarquable de ses cléments nous révèlent
vements de transport, et son dépôt nu sud-
semblc indiquer la direction du courant.
M, E. Dormoy me paraît donc avoir raiso
lement des terrains paléozoïques à une se
transport violent d'une masse d'eau quelcoi:
Stratigraphie du système ooUthique inféi
Tournus et d^tne partie du départenu
ai^ec que/fjiies considérations sur la dêl
géologiques ; par M. Th. Ebray.
( Celte note a été communiquée le 3
A peu de distance au nord de Mâcou (
oolilhiquc se développer au-dessus des calca
Ammonites bnllntus et au-dessous des marnes
zelayi, Mufchisoni). Ce premier augmente ra
en se dirigeant vers Tournus. Les marnes ar]
fissiles dont nous avons constaté Ténormc d(
diminuent graduellement de puissance ; le
giqueS| qui nous ont pennis d'établir ui:
entre les dépôts de cette dernière localité et
de la Nièvre, s'atténuent de plus en plus. C
au milieu des marnes à Pholadomyes, quel
(I) Voir pour la composition du système o
départements du Cher, de la Nièvre, da RbO
Micon, t. XYI, t. XYli, t. XVill, Sêêt la corn
terrains du Mont- Dore; Note sur la eomposH
tons de Mdcon; Stratigraphie du système •
département du Cher; par Th. Ébray.
IIOTB Dl H. fiBRAY. 31
calcaire conchoidal, parfois lithographique; c'est au milieu de
ces bancs qu'appai*ait une petite Huître voisine de VOsirea ampulla
qui se rencontre aussi â ce niveau dans d'autres localités; celte
dernière H uUre est associée à VOsirea costata. A la partie sui>é-
rieure de ces dernières couches se montrent vers le haut quelques
polypiers et une nouvelle assise de marnes au milieu de laquelle
se rencontrent encore quelques exemplaires de Pholadomyes (P.
Fezeiayi et Murchisoni), Cette succession se termine par une épais-
seur assez forte de calcaires sublamellaires, dont la partie supé-
rieure a été perforée (1). Ces assises, quoique fort puissantes,
correspondent aux calcaires sublamellaires des environs de IVldcon,
car on peut les suivre sans interruption depuis cette localité jus-
qu'à Tournus. Au-dessus du banc peiforc s'observe déjà à quelques
lieues uu sud de cette dernière ville une nouvelle série de bancs
sublaincllaires pétris de bryozoaires avec argiles ferrugineuses
subordonnées ; ces bancs correspondent aux calcaires à Ammonites
mncrocephalus de Mdcon et aux argiles sur lesquelles reposent les
calcaires à A, coronatns. Comme nous le vcri*ons plus loin, ces
premières assises deviennent de plus en plus calcaires vers le
nord, et tendent à prendre le faciès des couches désignées par
les géologues de la Côte-d'Or, sous le nom de cornbrash.
Au milieu des bancs supérieurs à la surface perforée se remar-
quent deux ou trois niveaux de grandes Huîtres identiques avec
celles que nous avons déjà signalées au nord du département de la
Mièvre (2) et avec celles que nous signalons dans le cornbrash de la
Gôte-d*Or. Li disposition des couches du système ooliihiquc infé*
rieur des environs de Tournus peut s'étudier en suivant la route
de Tournus à Saint-Gengou et le chemin vicinal de Tournus h
Osenay.
(4) L'usure et la perforation de la partie supérieure du greitt ooUthe
ont été constatées déjà par Aie. d*Orbtgny [Cours du paléontologie).
(t) Étude de$ modifications de l'étape callopien^ et prenne de
texistenee de cet étage aux env'ront dt Chdtelcensoir ; par Tb.
Èbny.
1. Onlra(,*>luir*»lIlli^aci <
I.P.[|» «■»..»• d.cor.tr.( (5
S. Elan sibiMm (W •»!•■).
t. Kclli><ii}r«k((OiDêVt».
l
11. CittI (10 iB
ce Hlllrt lluiltei (4
I,» (10 mil>«).
ItU Bit.».).
«tta (tO Btlni).
En quittant Tournus et en se dirit;eant
bordent la rivière de la Saône, on rencontre
lien (OU!i forme d'un calcairu litlio^phïqu<
de dessous ce premier éta{;e, l'oxfnrdu'n n
dilalala, Trigonia clnvellata. Diplopndia dept
étage est plus argileuse v\ contient l'^mmo/i/f.
r.^. cordatus, j'dnéral entent fort petits et qu
en sulfure de fer. L'étage callovien occupt
coteaux, et se compose d'un calcaire jauD<
contenant beaucoup de fossiles [Ti^rebraiula
Chaupiniiina, R/iynr/ionell/i >pathica, Fitchei
eoronalas, et une asacT. grande quantité df
marnes k Jinmoiiiln macrocephalus que non
brash, et qui contiennent une faune tranwloî
truites par les accident* si rat i graphiques c
viennes; cllesn'nfflcurent pas partout ei lean
toujours faciles à miûr.
A l'est des carrières de la route de SaÎD
IIOTB DB M. ÉBKAT* 3 S
inaroes à Phohidomya Vizelayi lecouvi'ir les calcaires oolithiques;
vcrsTouesti au contraire, les mêmes calcaires reposent sur les cal-
caires marneux à Ammonites bullatus et J, arbust/gerus^ qui eux-
mêmes sont superposés au ciret (terre à foulon).
Le calcaire à Entroques avec son cordon ferrugineux suppoite
la série précédente ; mais une faille profonde dont les pai*ois sont
incrustées d'une croule ferrugineuse interrompt subitement la suc-
cession en mettant ces dernières couches en contact avec l'étage
corallien qui se présente ici sous forme d'un calcaire oolithique
à oolitlies oviformes reposant sur les calcaires marneux du même
étage. La dénivellation de la faille est facile à calculer ; elle donne
une dénudation minima qui est de près de 300 mètres, en admet-
tant les épaisseurs indiquées sur la fig. 1 .
L'étage callovien et les marnes à Ammonites macrocephalus
avec bancs sublamellaires affleurent dans les déblais du chemin
vicinal de Tournus à Orsenay et le long du sommet du coteau
situé à l'ouest de la Saône où l'on peut constater avec facilité que
les marnes précédentes avec Holectypus, Nucleoiites clunicularis^
Coilyrites ellipticus^ Ammonites macrocephalus^ etc., reposent, de
même que leurs bancs couverts d'Huities et pétris de bryozoaires,
sur la surface perforée de la gi*ande oolilhe.
En remontant la vallée de la Saône à partir de Tournus on voit
la partie supérieure du système oolithique inférieur se maintenir
avec les mêmes caractères minéralogiques et paléontologiques.
Le massif oolithique si puissant qui se développe à Tournus
immédiatement au-dessus du calcaire blanc jaunâtre à Ammonites
bullatus diminue d'épaisseur et se transforme peu à peu en un
massif suboolithique et conchoïdal qui repose sur la terre à
foulon (ciret) à Ammonites Païkinsoni. Les calcaires fissiles
des environs de Mâcon continuent à s'amoindrir; leur aspect
minéralogique change aussi, car ils deviennent peu à peu plus
calcaires et plus solides ; il se développe au milieu de ce massif
des bancs d'épaisseur variable de calcaire lithographique ou
compacte séparés par des couches marneuses. A mesure que ce
calcaire se développe, les fossiles des stations vaseuses disparaissent;
IcB Pholadomya Fezelayi, Murchisonî, etc., ne s'aperçoivent plus
que dans les couches marneuses subordonnées aux calcaires.
Les bancs qui reposent sur les raarnesà Pholadomyes prennenti
en se dirigeant vers le nord, une texture plus oolithique et moins
sublamellaire, les perforations des bancs supérieurs persistent, mais
elles deviennent plus profondes, et la roche prend un aspect dési-
gné par les géologues de la Gôte-d'Or «ous le nom de ruinijorme.
So€, géol,f 2* série y tome XIX. 3
1
I
\
■ 9
il
S9 StAlfCB DU à IfOVBHBRI
disparaître totalement en ne présumant
bancs fort minces d argile dans lesquels se
bratules (Terebratula pnla et Chauvi niant
YOstrva costata. M. Guillebot de Nervillc
système oolithique inférieur jusqu'à Lyon à
de Saône-et-Loire et faute d'avoir constaté I
oolitlie de Tournus au-dessous des marnes
dessus des calcaires blancs jaunâtres à Ammi
la terre à foulon, a mal inter|)rété, à notre
couches qui affleurent sur les versants de 1:
, y ^ Croix. Sa carte géologique de la Cole-d'Oi
^ caire à Ëntroques, la terre à foulon (1), Icî
supérieurs à la terre à foulon dans le cale
calcaires à Pboladomyes seraient alors les c
à foulon, et le calcaire oolithique supérieur
l'équivalent de la grande oolitlie.
Ce qui a contribué à engager M. Guillebot
cette interpréUtion est l'opinion erroné
Pboladomyes de la Boui-gogne et du déf
représentent la terre à foulon ; ce que nous a
travail sur les poudingues tertiaires et sur
surtout les relations des calcaires à Pholad<
oolithe de Tournus suffisent pour assigner à
leur véritable place.
Vei-s le nord, dans la direction de Beaune,
de- la grande oolithe disparaissent de plus e
Pboladomyes deviennent compactes et ca
grise, la cassure est coneholdalc et les bancs
de strates qui conservent pnrfois une npparei
Aux environs de Gliassagnc les calcaires
cette partie de l'étage hatlionien ont consen
forte. Ils ont été assimilés à la terre à foulon |
de la Côte-d'Or (2). Au nord de Deaune, l\
seule peut déterminer la position du Bradfor
(4) La terre è.foulon occupe à la mootagi
1*^ affleurement d*une très faible étendue; celé s
car dans tous les massifs disloqués les systèmes
1 fort réduits sur les affleurements.
(?} Je dois faire remarquer que dans la earte d
lation des marnes à Pholadomyes à la terre à fc
lesgèologues à confondre les bancs correspondin
avec le calcaire à Bntroqnes.
NOTB DE M. ÉBRAY. 35
fvas cherché à éludior d une inaiiière )>Uis spéciale. Sur le lias
repose le calcaire à Eiilroques. Le calcaire à Fucokles est ici coiisi-
dérahlemtut réduit; cependant od le reconnail encore au pied de
la moQlagiui des Tiuia-Groix par ses empreintes de Fut»ldet>et par
son faciès qui difiere de celui du calcaire à Entroqiics. Le calcaire
à polypiers qui surmonte ce dernier massif parait être remplacé
par uu calcaire j!k cassure conchoïdale qui présente à sa partie supé»
rieure quelques parties fortement rubigineuses. Au-deistis vient
le cîret eous forme d'une argile grise avec quelques AmmonUet
Parki/tsofii et Tertibiatula spharroitialh ; le hanc percé par les litho-
pliagcs parait se maintenir; il est vrai que je ne Fai pas rencootrë
en place; mais, à la partie supérieure de ces assises, on voit
quelques pierres perforées et couvertes de Serpules ; ce banc
est en général fort difiBcile a trouver dans une position très
régulière au milieu d*un ensemble de strates incliné et quel-
quefois disloqué ; à Touest du Morvan, des failles puissantes,
mais éloignées les unes des autres, séparent des lambeaux dont
les strates ont conservé leurs positions relative»; à Touest d<
ces montagnes, au contraire, les mouveindnul géologiques, qui
se sout néanmoins produits à la même époque» furent probable-
ment plus gênés, et c'est pour ce motif que les failles sont moins
profondes et plus multipliées. Au-dessus de la terre à foulon
vient un massif puissant de calcaire oolitbique et conchoSdal qui =
correspond aux calcaires marneux à Ammonitei btiUaitu et aux
calcaires oolitbiques de Tournus, et qui supporte des strates
marneuses et compactes dans lesquelles abondent encore quelques
fossiles (Pholadomya Fezelayif Murchisoni^ TerebrattUa perovaiis,
buliatUf Coliyrites o9aUs.) Toute cette série se termine par une
masse épaisse de calcaire oolithique dont la partie supérieure esC
perforée (couche 2 de la coupe).
Le sommet de la montagne desTrois-Croix est occupé par ces der-
niers calcaires \ et, comme les couches plongent vers la Saône, on
rencontre, sur la montagne voisine, un peu moins élevée, la partit,
supérieure surmontée de calcaires sublamellaires avec nombreux
bryozoaires; ces calcaires se délitent en plaques nommées laves
par les habiunts. La position de ces calcaires qui offrent peu de
fossiles nous autorise à les assimiler ans calcaires sublamellaires
qui surmontent le banc perforé des enrirons de Toumus ; nous
savons que ces bancs sublamellaires commencent à se développer
au milieu des marnes à Ammonites macrocephalus^ un peu au sud
de cette dernière localité ; entre Toumus et Santenay les bancs
du cornbrasli se forment aux dépens des maines qui finissent par
f
I
■I
h
i
I.
I
B8 SÉANCE DU A IfOVElIRlK
de la (grande oolithe, assimilée iii Hrailfoi
terre offre un massif beaucoup plus import
de cornbrasli à laquelle les Anjjl.iis u*a(i
puissance: c'est que les marnes, dites du H
places dans le centre de la Côte -d'Or par i
synchronique de calcaire.
L'ensemble de la grande oolithe de ce d
souvent dëpounru de fossiles, (*t les liorizc
bien déterminés dans le Cliir, dans Snû
Nièvre ont disparu, f^s céplialopoilcs s cila
disparaissent les acéphales, les écliinoderni
podes qui recherchent les mers profondes
que les mers qui ont déposé les sédiments ca
occupons étaient fort profondes dans la Côt
certain qu*ici, comme ailleurs, les riva;;es
minables se trouvaient en arrière de.s affl
combe de Ghambœuf permet de relever une
de type pour le centre du département de 1
Coupe (les envimns de Cm
Fio. 4.
.£^2^2ll2^^^^Li^^*^^^^^
I. OiJordMn ■Mi««as.
S. Ooliih* o&furdi«ou«, avec minanid* f«r m\A\
1,1 Sb Bases sulilaiiMlUim, •▼•« bryosoalrM (brtt
V* 4. Banc* épaii de calcalrM conpMtM ou ooUlhk
\ 5. Bancs compaclei, avac flicfèa «■ pfti plw «rfl
Bradford-claj).
I 0. Bsncf plus épais d« calralie à eaaaar* eo'oc
. SQliooJithiquaa(grMi ooUUm).
7. Lithopbages.
jt-
A^T«rne jà.foi^loa (mames \ Ostr»m semmimmim)
J. Cordon farruftineux.
fO. Gnleaira i polypion.
11. Calcaire à Eotroquaa.
m. H. — p, f . Perforations.
NOTK DB M. ÊBRAT.
87
cette voie Je reclicrclie qui pcriueUra d'assigner au milieu du
puissant massif calcaire du centre du département de la Côte d'Or
la place qu'occupent les strates qui correspondent aux calcaires
luarncux et fissiles que nous allons abandonner. Ces derniers cal*
caires seront, avec un peu d'attention, reconnaissables, même
dans les lieux où le faciès compacte et oolitUique prédomine, par
leur stratification plus fissile, par l'existence des bancs calcaires
compactes d'une texture conchoïdule, lithographique ou marneuse.
On relève entre Chassngne et Beaune la coupe théorique
suivante :
Fie. s.
c.y v^y^7 7
I. r.oriil>ra»h, lare.
t. Ciilraira oolilhîqut el coorboïdaU
7*. Ciilraires compacte*, avec Mimoes fiuilei à Pholadomyet,
4. Culcaire CAncboîdal en bancs tfpaU.
Xt, LtUiopbages.
6. Terre à Toulon, avec Oêirta acuminmlm,
7. Cordon fermciDcux.
s. Calcalic à poTyidcri.
9. Oalcairea à EntroqiMW.
10. Lias supérieur.
m. m, l'icne perforét .
p, tj, Lt<boplia|M«
Les calcaires compactes et fissiles prennent en se dirigeant vers
Dijon un faciès de plus en plus compacte, et c'est à peine si Ton
parvient à distinguer là place que doivent occuper les systèmes
argileux ou marneux de Tëtagc bathonien. La paitie supérieure
de la grande oolithe, de même que la partie inférieure, se présente
entre Beaune et Dijon avec des bancs beaucoup plus épais et sou-*
▼ent oolitkiques. On conçoit donc pourquoi M. Guillebot de
Nerrille ne s'est pat occupé dans sa légende de la partie argileuse
\\
ko SiAKCI DU à rVOVBMURE
correspondent par leur position à l\K}lii
oolithé) et au calcaire blanc jaunâtre à ./. ^
slaies); ils reposent ordinairement sur la
phases qui a échappé dans ces lieux à mon
sans doute doit exister, ici comme ailleurs. Ii
la combe de Chambœuf et en se dirigeant vi
bientôt la terre à foulon peu épaisse reposan
gineux suivi du calcaire à polypiers et du
qui ont été mis à jour par une série de c>
disparaissent à lu base du calcaire à Eutroq
Morey.
Les couches s'affaissent vers Dijon où Toi
les calcaires sublamellaircs supérieurs ((
jimmonitcs macroeephalus) (1). On voit rej
de cette ville Tétagc callovien réiluit à ui]
calcaire argileux avec Ammonitrs coron titu%.
eincta; ce calcaire supporte roolitlie feriu|;
fossiles habituels [Ammonites cordutus^ bipU
par un banc endurci au milieu duquel
comme dans la Nièvre, la trace de quelqi
Ammonites Lambcrti, I^a Tcrebrotula unibot
jusqu'ici toujours rencontrée à la partie
callovien, se trouve aux environs de Dijon ;
de l'oolithe ferrugineuse oxfordienne; ce
d'autres, s'explique par la théorie que j'ai d
des couches ferrugineuses [Bulletin, t. XVII
L'étage callovien se termine donc à une i
Dijon en biseau sur les couches à cornbrasi
aux environs de Beaune ; la suppression de
stitue, au milieu de la série jurassique,
important, car il peut servir à délimiter Vé
considérations stratigraphiques. chose qu*A
faite avec beaucoup de précision. Il résulte c
dance que l'étage callovien est compris ent
(1 ) Le corobrash des environs de Dijon cont
on y rencontre cependant de grandes Battre
marnes à Ammonites macroeephalus ; qaelqae
des Terebratula pala et digona ; mais cas Um
sottdre la question do synchronisme, poiaqae n
des marnas à A* macroeephalus est une laiini
toire.
NOTB DB M. ÉBEàY. 30
Cliainbœuf est bâti sur les calcaires lithographiques delà base
du coral-rag ; ces derniers se lient intimement aux calcaires dii
même nature de l'étage oxfordien, siège habituel de colonies de
spongiaires qui dans cette partie de la Gote-d*Or ne sont pas
abomlants.
Cette première sërie de couches repose à l'entrëe de la combe
de Ghamhœuf sur une oolithe ferrugineuse très riche en fossiles ;
on y rencontre une multitude d'exempialresd' ^ m mon i tes conlaiust
biplex^ Henrki^ am/iitCMlatus^ Lalandtanus^ Pleurotomaria
Munsttri, etc.
Au-dessous de cette oolithe ferru^jineuse se remarque, sans
r intermédiaire d'autres couches, un massif assez épais de calcaires
sublaniellaires qui correspondent aux calcaires de même natui*e
déjà constatés aux environs de Beaune, de Santenay, de Tournus,
au-dessus des bancs perforés de la grande oolithe.
Nous remarquons ici l'absence bien complète du Kelloway-rock
dont nous avons constaté la puissance et les différentes assises aux
environs de Mdcon ; cet étage, déjà réduit à Tournus, diminue gra^
duellement d'épaisseur ; mais au nord de Chàlon il disparaît par
suite du relèvement des couches et par suite des actions dilu-
viennes.
Puisqu'à la combe de Chambœuf l'oolithe ferrugineuse repose
directement sur le cornbrash, et que' les dernières couches corres-
pondent aux marnes à Ammonites macrocephalusy il est probable
que les assises calcaires à Ammonitex coronatus et anceps^ avec les
couches supérieures à A^ othleta^ se terminent en biseau entre la
montagne des Trois-Croix et Beaune (1). 11 sera sans doute inipos-
sible de déterminer exactement la position de la pointe du biseau
du Kelloway-rock (étage callovien) au sud de cette dernière loca**
lîté, car des failles profondes interrompent subitement les affleure-
ments de l'oolithe moyenne.
Les laves du combrash reposent sur un massif puissant de cal-
caires compactes ou oolithiques disposés en bancs fort épais (forest
marble); au-dessous viennent des strates plus minces de calcaires
compactes, qui peuvent être assimilés au Bradford-clay, et un autre
système de bancs fort épais de calcaires à cassure conchoïdale pré-
sentant quelquefois une texture oolltbique. Ces derniers bancs
(4) Dans la vallée qui aboutit à Pommard on voit eoeore roolithe
fsrrugineuse reposer directement sur le oombrash qui oooape réguliè-
rement la fend do It vallée ot dont l'existeiioo n'est pas si^oaléo sur la
carte de la Côte-d'Or.
kt
SÉANCI DC à NOfBHHRE 1
f .
4 #
caractère oolithique ; c'est elle qui forme le
d'Andryes, de Chevroebes; elle corres|)o
fores t marble.
L'étage calloTien continue à angnienler de
transitoires du cornbrash reprennent p/adue
marneux, et avec la marne reparaissent les
phnlus^ Hrrveyiy Nucleoiites clunicuiaris [V
nîtes comnatus tour à tour marneusrs, oolit
se développent aussi de plus en plus, et (
Nevers q^u'elles acquièrent leur plus grande
lieu à de vastes carrières qui ont à plusieurs
tion des {;éolog[ues, et qui ont été assimilées,»
les auteurs de la carte de la France, k rool
d'avoir suffisamment tenu compte du oarac
Le tableau ci-joînt donne le syncliix>nisme
du système oolithique inférieur des départ
du Rhône, de Saône- et- fx>ire et de 1* Yonne.
Après les remarques stratigraphiques que
à la Société, je crois devoir lui soumettre qii
tur la délimitation des bassins géologiques.
la corincidence des affleurements avec les côt
a été tellement prise pour un fait réel et
trouve dans un ouvi*age récent les lignes sa
» pas même, le long de ces anciens riv:
» aommes plu à retracer, des accumulations
» dérables que celles qui sont produites pa
» nous trouvons quelques faibles représent
» tertiaire. Le silence qui régnait dans le go
* même troublé par un bruit comparable à c
Cependant quelques phénomènes déjà <
prémunir contre cette délimitation hasardé
on lit dans M. Cotteau [É taries des Érhtntu
tentent de t Yonne )^ è propos des mers <
débris organiques ont été si bien étudiés par
« La nature des sédiments qui s'accamuU
» combien était agitée cette mer hérissée d'^
tions, estimées à 100 mètres de profondeur,
(4) Étude des modifications de l'étage ea
étaffe aux environs de Chdtelcensotr^ par Th. 1
(5) Hébert. Les mers anciennes et iears rh
P«m(4 857).
NOTE DB M. fiBRAY. Al
nitcs cordatus et les marnes à Ammonites macroccphalus exclusi-
vement; la transformation graduelle de ces dernières marnes et
leur synchronisme avec les bancs sublamellaires du cornbrash
rendent la nécessité de cette délimitation évidente (1).
Si maintenant nous contournons le massif du Morvan vers le
nord, il nous sera facile de constater des modifications analogues
â celles que nous venons de décrire et qui se rapportent au massif
jurassique inférieur situe au sud de ces montagnes; la description
de ces modifications allongeraient sans doute inutilement ce
travail.
Je ferai remarquer cependant qu'en se dirigeant vei*8 le dépar-
tement de r Yonne la partie moyenne de Tétage bathonien qui
n*offre que des calcaires dans le centre de la Gôte-d'Or reprend
peu à peu son faciès marneux ; les Pholadomya Vezelayi^ Murchi"
sonif Anatina JE^ea^ Ccromya striata^ se manifestent de nouveau
m grande profusion. Les parties inférieures qui correspondent à
Toolithe de Tournus perdent aussi peu à peu Télément calcaire ;
elles deviennent marno-compactes, et la couche fossilifère, qui
permet de recueillir entre IVlâcon et Tournus et entre Yezelay et
Nevers une si grande quantité de fossiles (Aîytiltu Sowerbrnnus^
M. asper^ Tercbratula globata^ Holectypus depressus^ Nuclcolites
cluniculaiis, Pygurus dtpressusy Pholadomya Kczelayij Anatina
Aigea^ etc.), se développe de nouveau en formant un horizon ou
repère géologique important.
La base de Tétage batlionieu est pailout assez constante : ce sont,
sur loui le pourtour de ce massif granitique, des calcaires blancs
jaunâtres plus ou moins marneux, avec Ammonites buUatus et
arbitsligcrns,
La terre à foulon dont nous avons remarqué jusqu*ici la con-
stance se réduit de plus en plus et finit par disparaître souvent
en entier sur les limites du département de TYonne et dans le nord
du département de la Mièvre; c'est cette disparition qui est la
cause de l'assimilation erronée de la terre à foulon aux calcaires
blancs jaunâtres marneux de de Bonnard qui, comme nous
l'avons vu, correspondent au Stonesfield'Slates et à la grande
oolitlie (calcaires â Ammonites bullatus et oolithe de Tournus).
La partie supérieure de la grande oolithe conserve seule son
(I ) Les calcaires & msrnts fissiles ne disparaissent cependant jamais
an entier et d*aos manière contiaoa, car on coostata partout de
distance en distance des afflearsments qai indiquent la présence tou-
jours fort réduite de ces marnes.
'V.
t
■••■r
\
d
Butt. de la Sac. géoL^ l. XlX, i». 42.
IHTOLOGIQ.
tatns^ nit'
Vrrebrmtuta
loniteâ ath-
#, Terebra-
<i (10 m ).
^^KMENT DE LA COTE D'OR
(KMVIMONS dp. DIJON).
CA RACTàKR^QQIQUKj.
Calciiires ^
(10 ».)•
*rocefihalus
Argtltfs Itleui
Marnc«io»U/,g„y
avec nuni
(14 m.).
CAKACTiUI PALÉONTOLOCIQ.
Muiiqur.
Munqiie.
Gruudet lluities, Dryoso^im.
m.).
f/rtji, caii-
tlHnta, Te»
ncdiit^ Car-
Culcairessab.^^,^^.
soboruuiini '
r, Myliliu
jtmmonites
'iscus , bi-
»ctypus de-
titej clnnl-
Calcaiict ool
ri rom-
Foniles rares.
Peu de fussilft.
Peu de fossiles.
us, arbusti-
Id.
Colcaires m» „.. ^^u.
M.
oit
IJ.
uomi^ irum-llllMnies.
ipsli.
Osirea acnminnttt.
Coidonfeirti
Caloiires k E
>is , Ostrea
Calcaires k E
,C»lcairet à f
P«*a de fcM'ilet.
Polypiers»
Pecten , Limn probost idea ,
etc.
Pau de rotsiles.
hi StANCI DU à NOVKMBIB i8bl.
tence d*une couche ferru{];incuse au-dessus du calcaire à £i:
ques prouve qu*à la (iii de ces dépôts des sources se sont prodi
à travers les fissures ou les failles qui se sont rouvertes ou agi
<iies par suite des actions [[ëologiques plus ou moins inten
Un système marneux, la terre à foulon se présentant aussi
tout le pourtour que nous étudions avec le même faciès et les inéi
fossiles, surmonté partout par une couche percée par les iitl
phage^ et un nouveau cordon ferrugineux qui présente le fer tan
tous forme compacte, tantôt sous forme oolithique, semble
diquer une continuité dans Tétendue des mers qui ont formé t
dépôts.
A la fin de la formation de la terre à foulon ou peut-être méii
pendant sa formation, des mouvements assez importants, qui ue
sont pas fait sentir sur tous les points avec la même intensité •
au même moment, se sont manifestés à la surface de la terre. I
diminution [^^raduée de cette formation, depuis Lyon jusque dar
le département de TYonne où elle disparaît entièrement, prouT
que le sol s*est exhaussé au nord ou affaissé au midi.
La couche percée par les lilliophages n'indique pas nécessaire-
ment un niveau synchronique, car la question du synchronisme
absolu me parait beaucoup plus complexe qu*on ne le ci'oit géné-
ralement. Pendant la formation de la terre à foulon, le fond de la
mer sur le pouiiour de la couche peri'orée s'est rapproché peu à
peu de la surfare des eaux : ici ce fond a pu être arrivé à la hauteur
nécessaire pour Texistence des lithophnges à une certaine époque,
là à une autre époque; et, comme les cires qui vivent dans la mer
sont soumis à des variations lentes, telles que migrations, variations
de formes, etc., la couche à lilhophages ne doit pas partout pré-
senter exactement la même faune, puisqu'elle ne s*est pas formée
partout h la même époque.
A l'appui de cette dernière asseition, j*ai constaté un fait bien
important, à mon avis, en étudiant tout le pourtour de cette
couche si intéressante; le nombre des fossiles hajociens augmente
en nombre à mesure que l'épaisseur de la terre à foulon sousja-
cente diminue. Ainsi, aux cnvironsdeNevers la couche percée con-
tient, avec des fossiles bajocieiis, V JnininnttrK lin'^iiifmts^ Va. nrbus»
limeras ^ V/f. subbakcriœ ; V A* bullutus se rencontre immédiatement
au-dessus; tous ces fossiles caractérisent la grande oolithe, et nov
savons qu'à Nevers la terre à foulon a une forte épaisseur (30
60 mètres). Aussi longtemps que cette dernière assise se mainti<
à cette puissance, les mêmes fossiles se décèlent aussi au milieu
la couche perforée ; aux espèces énumérces ci-dessus se joigne
ROTI DK ■■ SBBAV. b&
VJ. ilisrut, polymarphus, NautUut (aov. tp.) qui le retroitTeut plut
haut, dans les bancs à Mytiliu Soferbyaniu, Maïs à mesure que la
teue à (oulou diminue, comme aux envlious de Premery, de
Corrol et de Varzy.r^./uUnAer/freit remplacé par r^.iVuf-t</((Fr ;
Va. bultaluî ne «e leuconlre qu'au sein des calcaii-es blanc-jau-
ndtre, et l' J. /î/iguiferus disparait de même que l'A. ditcus.
Les mêmes phënomènes s'observent aux environs de Mdcon, où
lu banc percé par les litliopliages est séparé du calcaire à Eutroquet
pai' une faible épaisseur de terre à foulon. La faune du banc percé
par les lilhopUages et celle de l'oolitlie ferrugineuse sur laquelle
ce banc paraît reposer sont presque en entier bajocieiines. On ne
I encontre guère que trois ou quatre fossiles batlioniens, parmi lc»>
quels se trouve le Cnll)rtt<-i ovnlis {hicontatii»). Après le mouve-
ment ascensionnel du fond de la mer à l'éiioque de la terre k
foulon et sur tout le pourtour du banc perforé [1], un pliénomtiie
contraire s'est produit après la formation de ec dernier banc; let
mers se sont approfondies e( d'autres êtres innl venus les peupler.
Les premiers dépâts qui sunnoutent la terre à foulon utarquent
le coinmencenient de la grande oolitlie. (Nous avons vu qu'il eit
possible que cet étage ne se soit pas formé partout au même ins-
tant (3).) C'est surtout à pailir de la gi-ande oolitfae que des clian-
gements importants se constatent au sein des dépdls synrhro-
niques, et la distribution du système ooli tltique inférieur en bassins
n'est réellement importante que pour la partie supérieure et
moyenne de ce système.
La resseniblance parfaite de la grande ooljtbe et du Kelloway-
rock de l'est du département du Cher, dit sud-ouest du départe-
ment de h Nièvre et des environs de Charolles et de Mâcmi, uoui
démontre que ces étages se sont déposés dans des mers soumises
aux mêmesinnneiices. Nous rencontrons II) ellWl partout, à In base,
des calcaires blaiic-jaiuiâtre plus ou moins nisrnuu» contenant
les mêmes fossiles indiquant des mers profondes; lesoscillalions
rapprochèrent peu i peu le fond de la surfaee dis eaux, et ce fond
s'est trouvé partout dans des eirconstances identiques qui ont
(I) II est difficile de savoir si le sol est soulevé ou si la mer a dimi-
nué de profondeur par l'absissement du oïvean des eaui, ou mfime si
ces deux effets as se sont pas produits srmuIlBDêment.
(2] Je dois fsire remarqoer ici qu'il n'est pas nécessaire d'admetirs
l'anèsntissemeaLdes faunes aux chsngemeots d'étages qui sont tout
simplemsnt le risultat d'oscillstioDs du sol ; lorsque 1 étage bsibo*
nien • succédé à J'éiage bsjocieo, les nera soQt devenues plus pro-
fondes, et cette ejrconstaoce a pu inQuer sur la forme des etnH qui
peuplaient les mars.
I
{
i6 SÊAlfCB ht à NOVRHBIIR *
perm'iB ^nx IWytihis Swvcrbynnus, At, « '/;/>«
Ammonites difcHs, etc., de st» développer
profondeur des mers au{>menta une deuxù
sédiments vaseux, les Pholadouiyes, les F
pullulèrent de nouveau sous une profondeui
qu'à 80 brasses.
Comme nous l'avons vu dans un autre tr
présente dans le bassin vaseux une niénie c
giqne et les mêmes fossiles. Après une t
fond des mers batboniennes se rapprocha
cet étage, de la surface des eaux ; les litliopli
vrirent alors eu grand nombre les séciinu
durcis; puis une quatrième oscillation se pi
et permit aux céphalopodes de reparaître c
fondes. Cette oscillation, peut-être plus ni
dentés, fut accompagnée de phénomènes [;é<
des fissures se formèrent et donnèrent nais!
rugineuses qui, en se répandant dans les eau
qui peuplaient les mers; de là les couches (
si peuplées de fossiles de tout âge et de to
nHirmrrphûltLff CoHyritex rWpticus^ etc.).
Pendant tont Tétage callovien les eaux n
conditions; des céphalopodes de grande tai
nombreux attestent la profondeur des eaux
La coupe suivante donne les oscillation
pendant le système oolithe inférieur.
FiG. 5.
î ! I il
I
S ^ '^5 ô 3
B ~ 9 «
•
•*
B 8
H
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u
§i
s
s
s
non Dl ■. tBBAY.
47
Bassin ifif/d-oolit/it^ue, — Ce bassin comprend les environs de
Lyon, de Lucenay, de Ville Franche, deTournus; les calcaires ooli-
thiques se sont développés à la base du système, au-dessous des
marnes à Pholadomya Vezelayi, Les couclies fossilifères de la par-
tie supérieure de la terre à foulon et des calcaires blanc-jaunâtre
ont disparu.
Tout indique que les dépôts de ce ba&sin se sont formés dans
dos mers plus profondes au milieu desquelles les oscillations n*ont
pu se traduire par des effets paléontologiques ou lithologiques. Ce
bassin parait contourner au sud-est le bassin vaseux et s*étendre
vers le midi de la Suisse.
Bassin oolithiquc. — Ce bassin est développé dans la Côte-d*Or;
le peu d*abondance de fossiles et les bancs épais indiquent des
mei*8 fort profondes. La forme oolithique, sublamellaire, domine
partout. Il parait se développer vers la Moselle et les Ardennes.
Bassin supra -oolithique. — Dans ce bassin, qui comprend le
nord du département de la Nièvre et le département de l'Yonne,
la forme oolithique se développe à la partie supérieure du système ;
rétage callovien devient même oolithique. La Pholadomya Fezelayi
se rencontre, contrairement à ce qui existe dans le bassin infra-
oolithique, sous le massif oolithique.
La figure 6 donne un diagramme théorique indiquant les varia-
tions que nous avons décrites dans ce travail.
Fio. 6.
t
a
e
e
u
i
B
d
fl
iL
S
5*
8
4
•»';».'*J'jtl Fades ooUiliiqat ou compacte.
-M-t^»'
K?(<S^ Faciès lublaRMllaire.
'^Zf^
Faciès maroMix.
I. Terre è foulon,
i. LiUiophiijres.
3. Partie innrilnire de la grapde oolilhe {great oolithe).
4. Partie moyenue de U grande oolithe (èradrord-cUy)
5. Partie sopc'rieure de la grande oolithe (forest-marble).
6. Corobraso, coache Irunsitoire.
7. Kello^vay-ruck.
8. Oolithe lerrugineose, ft Àmmonitti cordmtus.
A8 Mmcs nv i Nomut 1801.
DlttribMliom ikt baitiai autour du Morvam.
3. BeuIb >Dpn4slUblq>».
4. Btuln inlri-oolilbiqar.
Quoique tous ces terrains se reliasHeiit eiitic
soit probable <fu'une partie des inonta<>ncs pi'
sabinergées par les eaui jurassif^ues, on peut r
qu'il a eiistd des îlots granitiques, ou poip'
de ces eaus ; mais, comme la surface ëniep
bjpoihétitjae, ou n'en a pas tena compte A>
LBTTIK DE M. CAIAHÏ. A9
M. Viquesnel préscnlo l'eitrait suivant d'une lettre de
M. Boue :
M. Hobenegger, directeur des usioes de l'erclnduc Albert à
Tfsclien en Silésie, publie une cir(e géologique et des coupes de
la Siiésie autiicliiciinc, d'uue partie de la Galllcie et îles Caip.itlic*
de la Hongrie. Ce travail est vraiment important, puisqu'il classe
dans les étages liasique, jurassique, néocomicn et crétncé, une
puissante foimaiion dont la pliipaii des rocbes ne portaient que
le nom ilc tcbisles ou de giès des Carpatlies. M. Hohcneggor s'est
principalement appuyé sur la palconlologie.
H. Albert Gaudry, secrétaire, communique l'extrait suivant
d'une lettre adressée par M. Caban]f h M. J. Delanotle :
Sur une petite couche de cannel-coal trouvée à la fosse de Bœulx,
concession des mines d'Anzin; par M, Gabany.
Un a rencontré dans la mine de Rœulx, à 180 mètres de profon-
deur, et à la suite d'une faille, coupant le terrain sur 70 degrés
d'inclinaison, une petite coiicLe de cannel-cnal, dont le toit élaît
trèscompacte et assez régulier, sur une inclinaison de 10 dcgi-éa
euTirou. La couclie du cannel-raal était elle-même très irrégu-
lière, et se composait de grosses lentilles empalées dans du sclnsle
cunlouraé et trts luisant, avec quelques rognons de fer car-
bonate.
La cassure de ce cannet-coal est niaïc; elleestconclioidc, et dif-
fère, par son pende brillant, du cannel-coal anglais, espèce de
jayet dont an fait des ornements. Cqiendant les résultats ci-après
prouvent que sa qualité comme combustible éclairant ne le cède
pas à celle du cannel-coal que j'ai recueilli dans les mines de Rosc-
bi'idge, à Wigan, près Manchester.
Efsd du cnnnel de Bosebridge.
Dansilf 1,3S
Coke SB p. 100 (oendrM, 6,IS0 p. 400).
Matière* volatilM. 4S p. lOO.
te txJui éuit bien aggloméré, lei cendres brnn roage clair.
Soê. géot., V séria, loma XtX. t
(9 SÉANCE BU à IfOflHBBI 1861.
Essai du eannel de Rœuix [Compagnie d*Anzin).
4® Variété compacte :
Deosité 4 ,«4
Coke 57 p. 4 00 (cendres, 6,50 p. 4 00]
Matières Tolatiles. 43 p. 4 00.
Le coke était identique avec le prëcëdent, les cendres ëU
bran rouge foncé.
V* Variété schisteuse :
Densité 4,90
Coke 80 p. 4 00 (cendres, 78 p. 4 00).
Matières volatiles. 20 p. 4 00.
Le coke n'était pas aggloméré, les cendres étaient grises.
Un essai en grand pratiqué au gazomètre de râtelier de la
pagnie, sur un mélange de ces deux produits, a donné :
Rendement de 400 kilogr. de cannel. . 99 mètr. cub. (
47 kilogr. de c
Le coke était identiquement semblable à celui que IV
en distillant le cannel-coal anglais; le gaz avait un pou
rant très grand; la distillation s'est faite très vivement
H. Albert Gaudry, secrétaire, communique, d
M. Dalmas, la note suivante sur TArdéche :
Sur la configuration des massifs de V/
par M. J.-B. Dalmas.
La forme extérieure des montagnes, des collir
et des plaines de TArdècLc, de même que les dir
part de ses vallées, est le résultat de la constit
minérales.
Chaque massif, de nature différente, affecte u
qui lui est propre. Ainsi, les granités et les gnr
et les basaltes, produisent constamment de.^
in^les, des crêtes, des pics, des dykes, des
moyenne de iOOO a 1500 mètres au-dessus '
les calcaires durs forment des surfaces plane
nées, et déchirées en divers sens par des <
abruptes qui résultent des soulèvements du
Les marnes, les craies et tous les terrains ïUatilîés, moins durs,
offrent des coupures moins profoudes et des contours plus ar-
rondis ; en outre on y remarque quelques vallées de simple éro-
Daiis l'Ardèrhe, la ïone volcanique pr^Dte les poiiiules plus
élevés, savoir: le dôme pbonoIitliiquedui'Mezen, 1760 mètres au-
dessus des mers; lecôneplionolilliique du Gerbier-de-Jonc, où la
Loire prend sa source, 1575 mètresi le cône basaltique ou cratère
de Cberclieinur, qui domine le lac d'issarlès, 1Û86 mètres; celui
(le Bauzoïi, commune du Roui, 1ÙII7 mètres ; la montagne basal-
tique de Peyremorte, commune de Laclia;np-Rapliaêl, U23 mè-
tres. Les sommets les plus élevés des granités et gneiss sont le moût
Tanaq;ue, commune de Loubaresse, 1528 mètres; celui de l'Af-
pergejre, commune de Mayrcs, i5U7 mètres-, la moutagne où la
rivière de l'Ardèclie prend sa source, IfiSl mètres.
Vieiment ensuite, du côte du nord, la montagne des Hugana,
où lEyrieux prend sa source, 1203 mètres; celle de Cliari té -Per-
drix, commune de Devesset, 1186 mètres, et celle de Vemon, qui
donne naissance aux rivières de Doux et de Cance, commune de
Saint-Bon net- le Froid, 1158 mètres.
Dans la grande chaîne granitique et gneissique, dirigée de S.-O.
à N.-E,, partant de la montagne d'Espervelouse, commune de
S.iini-l^urent-les-liains, et se prolongeant par les montagnes du
Tanargue et celle» où l'Ardèclie, la Loire, r£yrieu:i, le Doux et
la Cince preimenl naissance, jusqu'au mont Pibt (Loire] , le gneiss
otx'upe les sommets les plus élevés [ les pbonoUibes du iMezen et
du (,lerbier-<le-Jonc exceptés).
On voit li^s grnnitcs porpli)ro)des, les pcgmaiiles, les lepty-
niies, les fraydroaites et les filons porpbyriques, quarizeux ,
baiytiques, etc., percer à travers le gneiss, ou à travers le mica-
schiste.
Dans la notice qui accompagne ma carte géologique, j'ai dit
que l'absence du micaschiste entre l'Argcnlière et Privas indique
qu'avant la période paléocolque il y a eu un soulèvement de la
partie granitique et gneissique comprise entre l'AlignoD, affluent de
i'Ardècbe, et la rivière d'£yrieux. En effet, t'est immédiatement
sur le gneiss que repose le terrain houillsr de Prades et de Jaujac, et
sur le gneiss et les granités porphyroïdes que reposent le trias et le
lias, depuis Joanna« (près l'Argentière] jusqu'à Pranles [près Pri-
vas]. Par conséquent, les montagnes où I'Ardècbe, la Loire et leurs
affluents prennent naissance, étaient entièrement élevées au-dcsHU
des toen, aranl l'époque paléoxûque, tandis que les «omôieti d«
62 SÉAHCI DU A ROTIHBIIK 480t.
montagnes donnant naissance aux rWières de Cliassczac, de
Beaume, d'Eyrienx, de Doux et de Cance, étaient seuls cinergiê^
Leurs flancs et leurs cliainons latéraux, recouverts par le niieil*
schiste et le trias, ont été émei*p,és : 1* par le niouvcuicnt qui a
redi'essë les couches des dépôts houillers de Pradcs et de Banne
eu stratification discordante avec le trias; 2* par un autre soulère-
ment qui a dérangé et réduit a un petit nombre de couches discon-
tinues les marnes supraliasiques. Ce dernier soulèvement est con-
finné par Tabsenoe de Toolithe dans TArdèche. Il existe d'aillenn
quelques fragments de trias dans les communes de Saint-l^lichel,
de Ghabrillanoux, deChasemon et de Veriion , au milieu du f^neim^
suffisants pour attester Témersion du trias et du lias avant le grand
soulèvement de la Côte-d*Or. Il faut noter encore que le granité
porphyroïde est moins abondant dans cette région, et que cette
partie du département renferme, au contraire, tous les phonolithes
et les basaltes.
Gomme le gneiss et le micaschiste de l'Ardèchc ne contiennent
ni végétaux ni animaux fossiles, je les rapporte A un âge pi'
ancien que l'époque paléoxo'ique. Ils sont traversés et disloqués
des f,ranites porphyroides et autres roches érnptives.
C'est à Féruption des granités porphyroides à Tétat pâtcu7
faut attribuer l'orientation générale des arêtes et des plisf
du gneiss et du micaschiste de S.-S.-O. ;\ N.-N.-Ë.
Ce n'est qu'à la fin des dépôts tertiaires lacustres que nos
lithes et basaltes ont commencé à paraître. Ce sont eux
mis fin à ces dépôts dans l'Ardèche et la Haute-Loire, ef
ces contrées leur dernier relief. Ils sont sortis à Tétat de '
des fentes et des cratères.
J'ai remarqué que les granités éruptifs, quoique trt
à leur sortie, n'ont jamais scorifié ni même altéré 1
de gneiss et de micaschistes qu'ils ont empâtés, tr
mêmes fragments empâtés par les basaltes sont toi
ou altérés. De là, j'ai tiré la conclusion que les gr
leur état plastique à l'action concomitante du feu i
moment ou l'oxydation des métaux alcalins s'est
contact de l'eau sous une moindre pression, et d
moins profondes que celles d'où provient la lavf
duite à l'état de fusion complète par l'action pré
Ces idées ont déjà été développées dans ma Thé
et géologique.
La zone volcanique composée de domite, c'
basaltes, est orientée de N.-O. à S.-E. et coupe
HOTI tlB U. DALHAB. &3
à angle droit. Elle commence près de la ville «le la Roche,
(Hautc-Loii'c) et a'ëleiid sur le gneits et le granité jusqu'à Gour-
don, par le Meien, le Gerbier-de-Jonc et Lacliamp-Rapbaél.
Ensuite elle rccouTic le trias et les terrains jurassique et néoconiien
des Coirons jusqu'à la ville de Itoclicinauie sur la rive droite du
RliÛDC, Une auU'e zone toute basaUique s'éieud, parallèlement
à la première, sur le granité et le gneiss, depuis la ville d'Atiègrc
(Haute- Loire) jusqu'à Pradèles et la inontague de la Cbavade, où
l'Ardèdte prend sa source. Ces deux cbaiues, ii la fois Toleaniijues
et grauitiques, sont paiallèles à celle de la Margeride (Lozère) sur
l'auUe rive de la rivière d'Allier. Aussi leur oiientaiioii est due,
eoniinc celle de la Margeride, aux p,rauiles ^ruptifs de ré|ioqiie
antépaléozoïquc et non à la matière volcanique f]ui est sortie sans
ciforts violents, à l'état de fusion, par les fractures et les joints
des massifs guejssiques.
Les niDulagnes d'Ëspervelouse, du Grand-Tanargue et celles qui
donnent naissance aux rivières d'Eyrieuj, de Doux, de Cance,
jusques et y campris le mont Pilât (Loire), oui die émergées après
le.di'pût bouillkii et avant celui du trias, par la raison que ces
deux tirraiiis ont une stratification dilTérenle. Ce sont les granités
porpliyronles de répo<|ue paléozoïqnc qui ont donné lieu à ce
second soulèvement. 1^ ti-oisième soulèvement que j'ai observé,
apiès le dépôt du lias supérieur, n'a produit, comme les déjections
voleaniques, que de fuiblcs modîricatiuns dans le relief des monta-
gnes de rArdècbc. Enlin le quatrième soulèvement, dit de la CAtc-
d'Ur, dirigé de (). Z|0° S. à S. 40° N., a fortement relevé tous les
depuis jurassiquesetdoonéàcesinonlagues leur principale éléva-
tiou et orientation. La sortie des porpbyrcs paraît être la cause de
ce r[uairiènic soulèvement.
Les loiies granitiques et volcaniques de l'Ardèche sont sillonnées,
en tous sens, par un grand nombre de vallons et de pedtes rivières
qui dessinent leurs ramiâcations différentes et indiquent constam-
ment les limites des massifs différents.
Au contraire, les zone* de calcaire et de gris durs n'ont qu'un
petit nombre de vallons et de ooiirs d'eau, profondément encaissés
par des escarpements abruptes. Cela tient à ce que les mawfs
d'origine igoée [M'ésenteat pariOBt une surface inégale et irrégu-
lîère, tandis que les mtssib sédineu taire*, formés par l'action
cliimique et mécanique de l'eau, n'offrent que des plateaux ayant
i peu pris le mêiae niveau, sur de grandes étendues. Nos moa-
Ugne» calcaires les plus tàeiiet sont celles de Rcs, ctnnniune de
5A SfiÀKCI DU A IfOVIHBtl 1861.
Gras, iilk mètres, et celle de Her^, commune de Saint-Jean*
le-Centenîer, 892 mètres.
Dans DOS terrains {granitiques et volcaniques, les sources et leà
cours d'eau visibles suivent constimment le modelage général de
diaque massif, et, par suite, leur nmltiplicité résulte du rellel
géologique.
Au contraire, dans les terrains stratifiés, les eaux pluviales et lei
sources disparaissent dans les fissures des couches souterrainet.
Par suite, les ravins n*ont pas de ruisseaux, et les rivières, plus'
rares, ont leur lit encaissé dans des coupures dont les bords à pic
révèlent une dislocation violente dans Torigine, agrandie successi-
vement par Térosion des eaux et des ap,ents atmosphériques.
Dans la région à la fois granitique et volcanique, la Loire grossit
rapidement, à partir de sa source (C^erbier-dc-Jouc) jusqu'à Issar-
lès, par Taffluence d'une infinité de ruisseaux et de petites rivières
qui dessinent les contours et les ramifications de chaque massif
différent. L'Eyrieux, le Doux, la Cance et leurs affluents suivent les
mêmes lois géologiques dans les {>ranites et les gneiss.
1^ rivière d'Ardèche se forme de la même manière p
Taffluence d*une infinité de iiiisseaux et de petites rivières,
dessinent les ramifications granitiques et basaltiques, jusqir
Bégude. De là, pénétrant dans le trias jusqu'au pont d'Au
puis dans le terrain jurassique jusqu'à Ruoms, et eufin
néocoinien jusqu'au Rhône, elle n*nf!ie plus à 4a vue (ey
confluent des rivières tributaires ) qu'un sillon isolé et
murs verticaux, par la raison qu'elle a suivi une suite d
tions, à travers bancs, au lieu de suivi*e la ligne géologiqi
et du terrain jurassique du col de l'Ëscrinet à Aube
Joyeuse et les Vans.
Le Rhône qui baigne la partie orientale de notre '
présente une ligne géologique diflerente des parties
ce qu'elle résulte d'un plissement et non d'une
terrains jurassique et crétacé, relevés à l'ouest par
de la chaîne des Gévennes, et, à Test, par celui <
Alpes. La direction de son cours de N.-N.-Ë, à
Méditerranée résulte évidemment de la direct
presque parallèle des deux chaînes cévennique e;
La Loire, qui prend sa source au Gerbier-d
des faits particuliers dignes de Tattention des
sa souix^e, qui est le point central de Taxe i!
nique^ dite du Mesen, jusqu'au détroit de C
HOTI Dl m. DALtAS. 55
Loire], point eitréme du câté N.-O. , elle forme une ellipse de
100 kilomètres de parcours, avec uue pcnie de 9 centimètres par
mètre, donnant une chiile totaitf de 895 mitres. L'élévation de ai
source au-dessus du niveau du Itlidne, à Ruclieinaure, autre (wint
exti-éme, du côté S.-E., est de 1500 mètres, quoique la dislance
en ligne droite ue soil que de 50 kilomètres au lieu de 100.
Cette direction elliptique de la i^ire a pour cause la double
direction du premier soulèvement des (Icvennes vers le N.-N.-E.
et vers le N,-0. Du Gerbier-de-Jonc à Kieutort, elle suit rorien-
lation de la chaîne cévenriique, et son cours va parallèlement
à celui du Rb&ne de N.-N.-E. à S.^S.-U. Barrée à Rieutort par
le croisement de la deuxième cliaine volcanique dite de Pradèles,
la Loire se replie el suit la lijjne de séparation di>s deux chaînes
volcaniques, dans la direction d<:S.-E, iN.-O. jusqu'à Arlerupde
(Haute- Loire). De là elle se dirige vere le nord jusqu'à Brivei.
Enfin de ce point, jusqu'à la jonction du canal du centre à la
MolIiC'Saint-Jean (Saâne-et- Loire), elle reprend la direction
N.-N.-E. de la chaîne cévennique, parallèlement au cours du
fibône, niais en seai tout oppnsé.
Le cour? de l'Allier, formant la limite occidentale de notre dé-
partement, se dirï);e d'abord vers le N.-N.-E. suivant la direction
de la chaîne cévennique depuis sa source jusqu'à la Bastide. Delà,
jusqu'à Issoire, il suit la direction de la chaîne granitique de la
Margeride et de la cliaine volcanique de Pradèles, vers le N.-O.,
et dévie enfin vers le uoi'd, jusqu'à sa jonciiou à la Lnire.
Les bgoes géologiques qui délcrminent les contours des masses
minérales dessinent dont; d'une manière certaine le squelette de
notre département.
Parmi les lignes liydr<^raphiques, ayant pour première origine
une dislocation des terrains sédiinenlaires, on doit classer, iM>n-
■euieineot la rivière d'Ardèche à partir île ta Béguilr, mais encore
la plupart de ses affluents de la rive droite, notamment les ruis-
seaux de Mercuer, de la Chapelle, les rivières de Lande, de
Ligne, de Roabran et de Beaunie. Ses affluenU de la rive gauche
(à l'exception de la rivière d'Auion qui est une ligne géologique
séparatÎTC de l'oxfordîeu et du néoconiien) sont tous de simples
lignes d' érosion, sur les flancs luarueui des Coirons.
Il en est de même de» afflueutf du RliAne, descendant des mon-
tagiMS néocC miennes de Gras, de Valvignèrea et de la cbalnc
volcanique des Coirons, à l'exception toutefois des rivières
d'Escoatay, d'Ouvèse ei de Miwyon qui sont des lignes hydro-
graphiques par décliirewent et éroiioo.
56 StANCI DU A KOTBHMB 1861.
J'ai reinarqui^ que les li(;net hydrograpliîques par déchiremOMt
sont g^oéraleinent caractérisées par des murs verticaui et parmUèlcB.
Les simples lignes d*érosion formcDt des berges inclinées conwM
les lignes géologiques des massifs granitiques; seulement, dans les
terrains marneux et alluviens, les angles se développent plus régu-
lièrement, tandis qne dans les granités les sinuosités sont sonTSiit
coupées brusquement par des crêtes et des dentelures rocheuses.
Les ligues géologiques sépara tives de terrains sédimentaires de
nature difiérente n*ont qu'un escaqiement, souvent Tcrticsl, da
côté du terrain superposé.
Le secrétaire communique Textrait suivant d'une lettre de
M. Boue :
Extrait d*une lettre Je M, Boue ou Président de la Société.
Gomme j'ai toujours, dans mes écrits, cherché a populariser le
plutonisme, je ne peux garder le silence en présence des aphoris*
mes géogéniques que vient de présenter M. Andréas Wagner, soo-
logiste d'ailleurs fort estimable de rAcadcmie de Munich (^'
zungsbcrichte il. Mûncheu Ak,^ 1660, p. 375-6*25). Al. Wagne'
craint pas de dire (p. /il9) que la clutincs de la terre n*ontjf
subi de changement ; au lieu d'y voir les indices des diff
phases de formation, et d'attribuer leur soulèvement ar
internes du globe, il n'y voit que dos agrégats de
Il réunit les brèches trappécnnes avec les trapps, les tufn
ques avec les basaltes : faction de la cnst/tl/isntion^ dit-'
son maximum li^ intensité dans lc$ Imxaitrs grenus, les g
les trachytes ; elle a sou minimum dans les tuftis. Plus
voyons une opinion plus étrange encore. Il admet que
des roches les plus diverses entre elles sont Tindicati^
gine semblable et contemporaine, et il applique cctu
filons de trapp ou de trachyte enfermés dans les rc
taires. La séparation si évidente des roches érnptiv
sédimentaires est déclarée fausse. Selon M. Wagner
tiens entre le iHtlcanisme et le platonisme sont sans i
théorie platonique est contraire aux notions acquise
mécanique. Il semble qu'il soit encore au temps
Ton croyait les volcans produits par la décompc
et qu'il ait pris au sérieux la comparaison faite
la source du volcanisme avec la chaleur dével'
lETTM DK M. MUG. 57
sur laquelle on verse de l'eau. £u 1861, ïl oie avancer que les
basalte* et let laves lont d'origine diffâienic ; les laves seraient vol-
caniques, mais les basaltes seraient neptuniens. Tout ion ëckafau-
dage lliéoi'iquc repose sur ce fait bieu connu dans les laboratoires
de chimie, que si l'on y peut produire par les deux voies de la silice
amorpbe d'une pesanteur spccilique de 2,2 à 2,3, la voie sèche
n'y produit pas de la silice cristallisée ou du quarts avec le poids
spécifique de 2,6. Mais le quarts des l'oclies granitiques est dans
ce dernier état ; donc il n'a pu être ronné que par la voie lininide.
Ceci admis, beaucoup de poipliyrcs, les tracbyles et les griin-
steins, ne peuvent être, suivant M. Wagner, que des pi-oduits nep-
tuniens, et ce qui est vrai pour les roches quarliifères se laisse
appliquei' à celles qui ne renlenneut pas de quartz, mais qui leur
sont semblables. En un mot, la fonnntion de In croûte terrestre eft
en tout et en graad im rèsattnt neplaiikn nù le calorique dènloppé
pur l'iiclioa électrique et chimique n'a joué qu'un rôle secondaire,
Mous voilà donc rcven;is k la difficulté de la doctrine de Werner
et du père Kircbner, qui cherchaient l'eau nécessaire pour la dis-
solution de loutcs les roches*
Les beauE travaux de notre savant litliologistc U. Delesse et de
M. Virict ont certainement élé mal compris par M. Wagner ; il
n'a )ias tenu compte des reclierulies que nous avons faites, il y a
déji'i longtemps, ni de celles de MAI. Cliarles Sainte-Claire Dcville,
Danlirt'-e, el des autres maîtres de la science, qui ont porte si loin
la connaissance des roches, bc zoologiste Wagner croit que la géo-
logie est encore en 1800. A celte époque, l«s relevés géologiques se
réduisaient à quelques cartes; Werner trônait* ses oppouuits, le
vcuûiahle Vogt, FicLtcl, Disinaresl, n'étaient que des employés de
mines ou des individus isolés. A présent nous avons de notnbrensci
chaires de gcologie, 671) à 700 cartes géologiques, parmi lesquelles
66 à 70 loutdei relevés de grandes coutrées, et même de continents
entiers. Nous possédoni plus d'un millier de descriptioDS locales
géologiques, et plus de 8000 méinoiresde géologie ou de géogénie.
Avec de leli niaiériaux d'obiervaiions, il n'est plus possible de
répandre dans le public des principe* qui renversent l'édifice de
la science géologique.
M. RaulJD donne lecture d'one Notice tar tes trauaux
scientifiifitet de M, Cordicr.
M. d'Archiao communique l'eslrait luÎTaDt d'uoc lellre
adrcftsùe par M. Ed. d'Eiehwald \ M. Auguste Duméril :
58 SfiANCB DD A NOVIHBIB 1861.
M. Rœmer a publié nouvellement un mëmoire intëressaol
ce litre : Die fossile Fauna der silurisc/ien DHuvialgeschi^be
Sadewitz bei Oels in Niedcr-Schlesicn^ et ne palœontologische M
graphie mit S lit/iogr. Ta/e/n, in-6''; Breslau, 1861. Ce n Tant
tingnë vient de faire un voya^^e gëolof^ique en Ksthoiiie et aux e
rons de Tzarskoyé, pour mieux déterminer Tige relatif du cale
d*0el8. Nous avons fait une excursion à Poulkova, afin d'obseï
le calcaire à Ortliocératites /// sien; la petite rivière Poulkoi
nous a fourni un bon nombre de fossiles, identiques avec les espî
qui se trouvent à Sadewitz; de sorte que le calcaire d'Oels I
appartenir à la couche la plus ancienne. Je suppose même q
s'y trouve en place, c'est-à-dire qu'il ne forme pas des masses r
iëes, comme le croit le professeur Kœmer, qui 8up|X)se que
Inasses proviennent de nos provinces baltiques, comme tant
blocs erratiques de i*ocbes plutoniques du nord de i'Ailemag
Je serais plutôt de l'avis que le calcaire d'Oels composât aux en
rons de Sadewitz une petite ile primitive ou un banc à corai
comme le calcaire à coraux des îlts de DagO, d'Oesel, de la pit
qu'île de Nouck en l!]sthonie, près de Lyckliolm et aux envii*ons
Wesenberg en Estlionie. Il y avait dans la période ancienne >
globe un grand archipel, rempli de beaucoup d'îles. H était o
cupë par des bancs à coraux, comme partout au nord de l'Eurof
surtout en Suède, en Angleterre, et même au bord du Rhin, da
TEifel, où il y a près de Gérolstein un petit mont Gess. qui coi
tient des couches calcaires semblables à celles de Sadewitz. Pa
tout se trouvent les mêmes coraux et spongiaires, les mêmes br.
chiopodesetOrthotératites, quoique chaque localité, comme aof
celle de Sadewitz, nous offre plusieurs espèces particulières. L an
nîtë des espèces de Sadewitz avec celles de l' Estlionie et de Txar
koyé est très grande, ainsi que Ta remarqué M. Hœmer »u
même, après avoir comparé les fossiles de ma collection paleonl
logique de TEsthonie, décrits dans ma Lethœa rossica^ en \oW
1860. Comme cet ouvrage avait échappé à iM. i^œmer pendant
publication de sa monographie des fossiles de Sade^\U, i »
glissé quelques doubles emplois sur lesquels j'ai ^^^^"^^ ^^^ ^^^^"^*
pendant son séjour à Saint Pétcrsbourg. Ce »or>^ ^^* avwvanla:
Parmi les plantes jossiles de Sadewitz se rO »-^j^^^^^^. ^^ -î^*"''
ihus vhordaiia (voy. Lethœa rossica pérî^*^^ ancvenne, p
pi. I, fig. 3), fucoïde dout M. Rœmer a f» ^ ^'''^ pleropode
le nom à! Acestra subnlaris ; une sembla ^'L^^:i\\^^ *^ ^^
dans rAmériquo du Nord, décrite par M. ^^ ^ Tcm%r
Parmi les animaux jossiles de Sadewitz ^^^^ ^^ ^
LETTRE DR M. d'bRBWALD. 59
espicM toates particuliëros et locales, les spongiairei, nomméi
par M. Bœmer Aula - eopiuin aararitiiim, Osw., diadema,
Osw., Iiemhphvricum, Rœm., erpa, Hœm., diirus, Rœm.,
çyliridraceaiii , RtBm. ; le doraier seul ressembla un peu au
&yp/iia cyli/idncir m., de Popova, près de Tiarskoyé, taadia
que les aulru espèces prouTsnt la propriété du gisement de
Sadewjtz.
Aslyl'upongia pTœmorsn, Gotdf., se trouve aussi raremeot aux
enviroDa de Popova, tandis que les Aslyloipongia eastnnea,
BiBm., piliila, RcBm., incisa. Rfflm., inciio-lubaia, RcBm.,
DO se reocontrent qu'à Sadenîlz,
jistraenipongia patina, Rœm., se trouve dans une espèce Toisîae
à Pouikowa.
Panni les coraux, on leiuarque le& suivanla :
Strrptelosma ruropttuni, Rcem., se rencontre aussi en Eslhonie;
je l'avais nommé, en 1838, dans mon Naturlihtorisehe Skitte
von Lithaueiij lurbinoUa rmiiiens, et dans ma Letbaa ro'tica
il est figuré sous le nom de Clhiaphytlum emini:».*, eu 1859,
pi. XXX, fig. 15.
Sp'figop/iyl/uni orgaiiiiin, Goldf., et Pmpnra titbalata, Milne
Edw.'ei Haime, se trouvent tous les deux aussi en Eslhonie;
voj. ma Ltt/iiea loi.rica, de mCme le Hrliolil/ies inlerilincla,
Goldf.
Beliolithrf pniviiletla, Rœm., a élé nommé par moi, eu 4807,
Helinpora micropora, dans mou Beilrag zar geographischen
Ferbreitung der Jiniiten Tliiere von Rasslaad, et figuré en
4859 dans ma Lethœn russit-a.
BcUulithe» dubia, Fr. Schmidt, est identique avec le Calamnpora
ref'rnliita, BIsÎDV., de l'Eslhonie ; voy. ma l,rt/i, lossica, où il
esl figuré, pi. XXXIII, fig. 6. L'espèce se rapproche beaucoup
de VOrbipora jangljinmif m., figuré dans ma Lctheea,
pi. XXVIII. fig. i, qui provient de l'Ile de DagS.
nrUolithen Inordinnla, Uilue Edw. et Haîme, et Calamnpora
aspera, Milne Edw. et Qsime, ue se Iroufent pas en Esthonie.
Monliculipora petropolitana , Pand., a été uommè par moi déjà,
en I8S5, AfrIUpora heaiisphterica, dan» mes Observationei de
T^ilobitit, et en (819 Orbitolitei hemispharrica, dana ma
Zatilngia .tpecialis, pi. 111, fig. \. H. PaDderiDommé l'espèce,
en* 830, Favoiites pelropolitanut.
Parmi les Graptolit/iines ae trouve le RetioUtei graeilU, R<sm.,
è Sadewiix ; je ne le conuaia pai de l'Esthonie.
Lb Diciyonema fliibrlliforme m. ae tronve aussi en Suède et
dans le sohisle argileux de l'Esthonie ; j'en fais un genre i part,
le RhabilinoporaJIabettiformit, dans ma Letheea en 1SK9.
Parmi Iw brfotoairea ae trouve è Sadewitz le Belnpora lealpelli-
furmis m., espèce que j'ai décrite le premier dana mon Ôrweit
60 StARCI DU A HOVIMBRB 1801.
vonRusslani^ vol. III, pi. I, fig. 1 , comme ^/c^ Ara, el6B K5S
comme Stiaopora scalpclliformisj dans ma Leiitœa,
Stitodictya pinnata, Rœm., se rapproche beaucoup du Pt€ropc9\
pennula^ m., de rCathonie, voy. Lei/tœa^ pi. II, fig. 45.
Parmi les brachiopodes, on remarque à Sadewîu les Baivanu i
Ort/iis sadefviize/isis, Rœm., qui ressemble beaucoup k VOrtàià
ralUgrammn^ Daim. ; ces espèces sont très communes sus envi-
rous de Poulkowa et eu Suède.
Ortliis svlaris^ Bucb, est identique avec VOrikh disiincia bu,
du calcaire à Orthocéraiites de Reval ; Tespèce a été noausée
par moi déjà en 48iO dans Schichwn System von Esihiamd et
figurée en 4 859 dans ma Lethaa^ pi. XXXVI, fig H; elle
a par conséquent la priorité du nom.
Oithis O^walili, Rœm., me semble se rapprocher de mon Ori&is
scmicireuiaris^ décrit et figuré déjà en 4 829 dans ma Zooiogim
sprcîrtlis, pi. IV, fig. 4 0.
Leptœna J%musû^ de Vcrn., imbrrxj Pand., sericea^ Sow.«
et vinata m. se trouvent aussi en Eslhonie et près de Fosl-
kowa.
Strophomenc semipariitay Rœm., me semble être un givnd
Leptœma de pressa^ Daim., espèce très fréquente en EathonK
et en Suède.
Platystrophia lynx m. se trouve également en Esthonie el
do Gatscbina aux environs de Saint-Pétersbourg'.
Spirifcr insularis m. n'est pas rare en Eslhonio, quoiqu
pèce manque aux environs de Saint-Pétersbourg} on i
elle caractérise la faune primitive des lies Dagô et Odic
c*est aussi VOrt/tis galca^ M'G)y, de l'Irlande.
/itry'pa marginalis^ Daim., var. , se trouve aussi rarf
Estbonie.
Rliyncltonella JFdsonl^ Sow., est caractéristique pour
à coraux de l'Ile d'Oesel.
Vcntamciiis jugions j Rœm., se rapproche beaucou'
mcrus galcatus, Daim. , du calcaire à Pentamères
de la Podolie et du nord de TOural.
Crania papillota ^ Rœm., ressemble beaucoup ai
papulosum, Kut., des environsdoTzarskoyé, voy. ]
p. 4 098,pl.XLI, fig. 4 8.
Ungula quadrata m. se rencontre en quantité co
lement à l'Ile DagO, tout à fait comme à Sadew
Parmi les gastéropodes on distingue :
Holopella amptdlacea m., espèce très fréquer
Nouck.
Mtirchisonia belUcincla , Fr. Scbm. , se '
Esthonie.
62 stAHCt ni A .1UVI1BII 1801.
Illtenms gMMdh, R<em., reMemble un peu a IVi
bergii m , de Tzarskoyé.
lllteniu maiicatida , D«lm.,>e IniUTc comme lelaui
i Erres, eo Ealhonie et «n Suède.
CkoMmopM conirofthlkalmus, Boeck., de SadewiU,
t fait ideotique avec le Chaimops OJim Di.,di
Toy. la pi. LU, 6g. 32, daos ma Lith. nus.
Ptoetut tamriaaiu. Daim., h irouie aussi dans l'Ili
Catymene pettUeba, Rœm., ne m'est pas connu en
Uehai angusiii, Beyr., se trouve ausai en Eslhoni
ronsde Saiot-PélenlMui^. pri^s de Gaischina.
Eiurinurat muliitfgmenlatui, Porll. , se rapproche
mus /fôiràii m., nom géoérique qui a I3 prioriU
rut; TOy. ma i^ri. rois., p. IHt.
Ceraoru-t nrnaiiu, Ang., resieinble heaucoup an 1
eropktlialmtu, Kal, , de Poolkova et de Revat.
Remttpteuridrs naniis, Duc de Leuchl., se renc
Ponlbova.
M. de Verneuil coromonique la note suiTanti
d*Eicbwald.
Sur un crinoîde bUtstoïde découvert pi-és de .
par M. Ed. d'Ëicbwald.
A Humelaaaari, près de Poiilkova, je viens de déo
courbe iorérieure de notre terrain de graunacke, ou
rienr, an blaitoide, qui renemlile heaucoup u un Pi
mais en diffère par quelque* caracières génériques ;
]e nomme l'espèce Afieroblastm tietlnias. 11 lie les
blastoldet par des pores respiratoires, disposés par pai'
du calice à l'entour de la bouche, caractère qui u'
ches les bluloidcs connui jusqu'à présent.
Lecalice formcunglobc urpeuaplali d
lieo de SB base est occupé par une ouvertu
90TB DB M. D^BICDWALD.
tige cylindrique (je ne Tai pas observée] , et Touverture est formée
par trois plaques basales, dont une est très petite et les deux autres
fort grandes, couime dans les Pentatréniatites ordinaires^ Après
ces plaques, viennent vingt-cinq pLiques fourchues, comme aussi
dans les Pentatrématites ; elles ne sont pas Uises, comme chez
ceux-ci, mais ornées de petites élévations en étoiles à cinq ou sept
rayons, caractère tout extraordinaire qui se retrouve aussi chez le
Glyptocrinus decadactyluSy Hall, du silurien inférieur de Cincinnati
parmi les vrais crinoïdes.
Plus haut, viennent les cinq plaques pseudo-ambulacraircs
deltoïdes qui sont divisées par un profond sillon central en deux
parties latérales symétriques, et surmontées à leur commencement
élargi chacune près de la bouche pentagonale par deux proémi*
nences arrondies à doubles pores respiratoires, comme chez les
Sphéronites et les Protocrincs, dont les pores occupent toute la
surface.
Les plaques fourchues sont sans doute les parties les plus essen-
tielles du calice; elles sont triangulaires ou deltoïdes, et pourvues
vers l'extrémité pointue de chaque côté d'une rangée de sept petites
lamelles transversales, qui deviennent insensiblement plus larges
vers les proéminences respiratoires, et qui sont pourvues du côté
extérieur de petits orifices, auxquels sont fixées les petites plaques
supplémentaires, tout à fait comme chez les blastoldes. Les pla-
ques transversales sont striées longitudinalement à stries très fines.
Les sept lamelles transversales sont alternes entre elles, avec des
intervalles en sillons lisses. La plus large des lamelles est surmontée
par une pièce triangulaire à stries longitudinales très fines, comme
les lamelles ellesniêmes.
Les cinq proéminences arrondies à doubles pores sont supei*po-
sées aux pièces triangulaires, de sorte qu'elles se trouvent disposées
entre deux plaques deltoïdes, à leur limite mutuelle supérieure,
où elles forment une surface arrondie, marquée au milieu d'une
petite crête. Les doubles pores qui occupent la surface sont nom-
breux et placés dans de petits enfoncements, compte chez les Pro-
tocrincs. Les pores ont dû avoir le même usage que les pores des
ambulacres chez les échinidées; ils sont également disposée par
paires et percent les petites plaques des ambulacres.
La bouche de Y Aster ob la s tus est pentagonale, comme celle des
méduses vivantes ; elle est formée par les cinq sillons qui passent
au milieu des cinq plaques deltoïdes; elle est limitée par cinq
pièces en arc presque triangulaire, au-dessous desquelles est dis-
posée la proétninence à doubles pores.
th ttAirCB DO A ROTBHUI 1861.
La bouche semble être la seule ouverture qui se prëifl
V/tsieroblasUts; lorifice gëniul manque, et probableina
manque auaii, a moins que celui-ci n*ait existe sur la «ùi
proéminence k doubles pores, qui u*est pas bien conseivée
échantillons. Les orifices génitaux, disposés par paires à I
élargie des plaques deltoïdes du Pentatremntitc^^ manqnen
tement, car leur place est occupée chez V AsteroUastns par d
calcaires non perforées; wt% œufs ont dû sortir par conséq
la bouche, comme dans les échinidées et les actinies.
Recherches sur Veau dans Vintèrieur de la te
par M. Delesse (1 ) .
j 1. -* L'eau se rencontre toujours lorsqu'on pénèt
certaine profondeur dans Tintcricur de la terre, et par coi
il est facile de comprendre qu'elle doit jouer un rôle trèi
tant dans tous les phénomènes souterrains ; c'est ce que
eu Toccasion de développer dans diverses publicalî
remontent à plusieurs années, et en même temps, par un e
de recherches analytiques, j'ai cherché à démontrer q
participe à la formation de presque toutes les roches.
roches stratifiées, son action est de toute évidence, puisq
elle-même qui les a dépesées ; pour les roches non strr
pour les roches métamorphiques, son intervention se
également lorsqu'on étudie avec soin les caractères de
Je me propose aujourd'hui de communiquer les i
diverses expériences qui ont été entreprises dans le bu
miner l'eau contenue dans les roches, et, en outre, de
l'action qu'elle exerce sur elles dans T intérieur de h
uottcc se divisera donc naturellement en deux partir
L EAU CONTENUE DANS LES ROCHF
$ 2. ^- Lorsque des roches sont à l'intérieur c
peuvent être complètement baignées par des nnp
raines, ou bien seulement plus ou moins imp;
midité.
Dans le premier cas, l'eau contenue dans le?
j'appellerai l'eau d'imbibition, dans le second
carrière.
(4) Ce travail a été lu dans la séance du 48 f
Nottdtt 'tti M. Dnisét. ' o5
Eau d'imbibition.
§ 3. — Si Ton considère l'eau d'imbibition, il est visible qu'elle
sera moindre pour une substance en fragments que pour la méine
substance pulvérisée.
J*ai d*abord opéré sur diverses roches qui étaient en fragments,
et j'ai déterminé leur eau d'imbibition. Dans ce bnt, la roche,
quand sa nature le permettait, était enterrée pendant quelques
jours dans un lieu humide, puis elle était lavée et ou la laissait
séjourner pendant plusieurs iieures dans Teaii, afin qu'elle sVn
impi*égnât aussi complètement que possible; après cela sa surface
était essuyée et l'on déterminait son augmentation de poids.
Les roches lithoïdes ont seules été essayées; car les roches
ai^nacëes et celles qui se délayent dans Teau, telles que les argiles,
les marnes, se comportent comme les substances réduites en
poudre.
Généralement les fragments que j'ai soumis à l'expérienoc
pesaient au plus 70 grammes. Pour la craie et pour le calcaire
grossier, les essais ont été faits avec M. Miclielot, ingénieur dès
ponts et chaussées, et ils ont eu lieu sur des cubes de 5 centimètres
de côté qui pesaient environ 200 gramtnes. Pour trois échan-
tillons de grès servant au pavé de Paris, l'eau absorbée a été
ilétcrtninée par M. Daguin au laboratoire de TÉcole des mines.
Eutin j'ai donné encore les résultais d'expériences qui ont été
faites em Angleterre par une commission formée de MiAJ. C. Barry,
de la Bêche, W. Smith et €. H. Smith (1); ces derniei's résulàits
sont indiqués sur le tableau par un ostérisque.
On sait qu'il est très difficile de dégager l'air qui se trouve dans
les])ores d*ùnè substance;. mais, dans mes expériences, rinibibi-
tion se produisait à peu près conime pour les roches qui sont à
l'intérieur de la terre, et les résultats étaient comparables entre
eux ; voici ceux qui ont été obtenus :
Tableau if* 1 • — Eau etimbibiiion pour les substances en Jragmenis.
■ Eau
N*' DMgMUoB <les «aUUtret. imbihuai
(1*01 Ur«. 100 parties.
I . Gypse jaunâtre, grenu et cristallin, du mont Valérien. 2,20
%, Marbre poli, gris, binioAtre, très compacto, de Boulo-
gne-sur-Mer, . 0,08
■^■^^'^^*-^>^'^ I ■ • ^a*^!!»!
» 1 »■ , .
(4) Report mth référence io the sélection pf ut^no. fur bnihliug
thc ne(v ttottses^ of Paritament,
Soc. gêol.f 2* série, tome XIX. 5
66 stkncM oii h KOTiaBiB 1861.
N** DësiinaUon en sabttoacet. laMboBl
d'ordre.
3 . * Calcaire iégèremeot siliceux, avec quelques graiof da
glaucooie, de Chtlmark '«^^ ^
4. Calcaire caverneux, dit la roche, formant le banc
supérieur du calcaire grossier 3,90^'*
6. * Ooliihe légèrement cimentée par du carbonate de
cbaux, de Ketum 6,94 -
6. * Oulii/it à grain fin, cimentée par de la chaux carbo-
natée compacte et cristalline, d'Âncaster 7,38.
7. Calcaire grossier, tendre et poreux, dit lambourde, de
Bagneux 9,67
8. Id. d*Ârcueil 10,80
9. Id. d'Ivry #8,49 '
40. Id. de Gentilly 4 6,tt
44. Id. de Carrière^-Saint-Deuii. 49,69--
42. Id. de Houilles «9».69.:
43. Id. de Nanterre 94,40^
4 4. Craie à l'état naturel, dos Moulineaui, à Issy S4,4^ '
45. * Z)»//) M/ f> semi-cristalline, brun jaunâtre clair, de Bol-
sover en Derbyshire 3^19'^
46. * tVï/c«iw /fi/ï^//wV//, friable, à structure un peu ooli- '''•
thique, de Cadeby 49,lV.''
47. * Grès quartzeux, gris blanchâtre, à grain fin et à ci*
meut siliceux, avec 4 pour 4 00 de carbonate de
chaux, de Craigleith pr^ Edimbourg
48. Grès des sables supérieurs, servant au pavé de Paris.
49. Id. Id
50. Id. Id
24 . Schiste ardoisier, gris noirâtre, avec Trilobites, d'An-
gers
22. Schiste noirfttre, avec empreintes végétales du terrair
houiller
23. Écume de mer blauche, très légère, happant très for
ment è la langue
24. Basalte noir, prismatique, sans cel laies visibles
Borne dans la Haute- toire
25. Phonolite vert grisâtre, prismatique et schistoTd
Mégal
26. BétinitexiQXT^ compacte, en filons, du hameau c
trade dans le Cantal.
27. Trnchyie gris, celluleux et porphyrolde, du me
la scierie, aux Bains du Moot-Dore
28. Granité amphibolique de Sainte-Marie- aux-
29. Granité grenu, gris bleuâtre, de Saint-Brie
Dans les roches lithoides qui sont en fragine
tioQ est très variable. Elle reste inférieure à
ROTICB H M. BIUWI. 00
Eh
MdpilioB ia labiUB». iBblUsl
1. lOOiwIicl.
Jrgile diluTienDO, bruDO, rablfliiBe, foriniat la terro
Tégètale, de Bagneux Si
Jrgile diluTienns, bninftlre, sableuse, formint la terre
Tégélale sur le plateau de Villejuif 6S
Jrgile ameclique, vert jaunâtre, magnéiienne, tris
ODClueuEe, de RoaweiD, en Sue 77
Argile plaaiique, grisâtre et marbrée, de Vaugirard. . 79
^r^'/r gmecljque (fuller'searth], maigre, verljauoitre,
du lorrain néctromien de Nulfield, près Reigale, . , 133
Argile feuilletée, magnésienne, happant très fortement
t la langue, du terrain du gjpse pirisiea, plittrière
de l'Amérifjue ISO
. JÉcumeilemcr, blanche, très légère, happant très fnrle-
ment i la langue 201
. Manie gria bleuStre, avec Troc/iira, du lias sapirieur,
de Pinperdi>J)U«f le Jura 16
. Mtitae amedilue, gria violâlre, trée argileuse, de Lib-
■tadi, en Prusae Si
àtariie grisAire, avec phesphale do chaux, 1res recher-
chée en agriculture, de Caalelnaudary 70
Marne verte, plastique, trëa argileuse, qui recouvre le
terrain du gypse, de Pantin 8<
Murnir ameclique, blanchSire, marbrée, dito pierre i
détacher, entre la deuxième et la troisième mssjo du
gypse, b Pantin 92
, StéatiiK très douce au toucher et en petites lamelles
blanchâtres, de Brianfon 17.
. Porphyre rouge quarizifère du Morran 88
. Ciiiniti: bien compacte, lenace, un peu ampfaibolîque,
Je Saiote-Harie-Bui-Mines 87
oraquc li:s substances minérales sont jiuWériaéea, leur imbibi-
, par l'rau est visiblement beaucoup plus grande que lors-
:lles sont en îrnQmeiits. Elle ne paraît pas être inférieure à
renlîèiiies, ménju dans les rocliei compactes el pierreuses,
lis qui-, <hns cfs ileroièrrs rocbes en Ti-agmeiils, clleae réduit
éraleinent à quelques millièmes.
l'iaOïieiice du l'état pliysit]ue des roches est du reste bien
[lifeste lorsqu'on compare celles qui ont la même composition
mique; ainsi, rimbibilion n'eat que de 17 pour le marbre
vériaé, tuulii qn'elLe t'élère i b1 ponr la emie.
Coutcfoia rimbibilion dépend ésalement de la compoaition
mique; car aile n'est pas la même dans l'anhydrite, le gypse,
urbre, le KhiMe, la atéaiite, le porphyre, le granité, lorsque
■VO êtàKCÊ DO A NOtBMBUS 1861.
cet roches sont réduites ea grains de inèiiie {;ros8
beaucoup aussi dans les argiles et dans les ninrncj
est microscopique; tandis qu'elle descend à ^1 dans
sVIève à 79 dans Targile plastique, à 92 dans la un
de Pantin, à 133 dans Targile de Heigate qui est eua
terre à foulon, à 180 dans l'argile uiagiu^ienne f<
r^conie de mer, qui est une arpjle magnésienne pur
atteint même 201 et par conséquent elle e.st doubli
mitif. Elle est toujours grande dans les roches ar^
les argiles, particulièrement lorsqu'elles sont inngm
L'acide bumique qui absorbe 190 d*eau a)ntribu
augmenter riud)ibition des roches auxquelles il
comme cela a lieu pour les terres végét«iles. Ce <lc
rime des causes pour lesquelles il fertilise le sol,
élément indispensable à la végétation.
Bo résumé, Timbibitiou de différentes subslac
dépend non-seulement de leur état physique, mais
coinpositiou chimique; elle dépend même de
liquides absorbés.. Faible lorsque les substances al
compactes, elle augmente lorsqu'elles deviennent
esc surtout très grande ]X)ur celles qui sont form^
microscopiques et susceptibles de se délayer, comi
les maroes, la craie, le triiK)Ii.
L'imbibitîoà dépend aussi de la composition
substances. Tandis qu'elle est faible pour Tanh^
calcaire ou siliceux et pour la stéatite, elle sVlève I
les roches qui contiennent de l'acide hnmiqae '
ndiammcnt des argiles magnésiennes.
£o un mot, Timbibitioii est due surtout à la ca|
propriétés physiques des substances, mais elle di
raffiuité et de leurs propriétés chimiques.
Eûtt (là carrière,
§ 5. — Lorsque les roches se trouvent dans
terre, elles sont toujours imprégnées d*humidité,
super6cielles, soit par les eaux souterraines. Elle
placées dans les conditions des expériences pri^
elles sont simplement traversées par de reatt'qui
leurs iissures et leurs pores. D'un autre eôté,^
être mélangées à une proportion d'ean encore p'
trouvée daus ces expériences; c'est notamnleo
NOTICE Bit M. DBLKSBB. 7l
elles sont complètement baignées par les nappes souterraines. Il
était intéressant de rechercher directcinent quelle est la propor-^
tion d'eau contenue dans les roches, lorsqu'elles sont dané le sein
de la terre, et de déterminer leur eau de carrière. Dans ce but j'ai
entrepris d^autres expériences desquelles je vais maintenant rendre
coi^fipte, et j'indiquerai d^ abord qu^elles ont été faites pendant la
saison pluvieuse.
Les échantillons sur lesquels j'ai opéré ont généralement été pris
dans des carrières souterraines, ou bien à plusieurs dëeimèti^s àu-
destous de la Surface du sol, en sorte qu'ils étaient autant que pos-
sible à Tabri des variations provenant de l'action du soleil ou de
l'atmosphère. Dans les carrières, ils ont d'ailleurs été choisis à une
certaine distance des parois, qui sont en partie desséchées par le
mouvement de l'air. Enfin, ib ont encore été choisis beaucoup
au-dessus des nappes d'eau qui coulent à l'intiériem* de la terre.
Immédiatement enveloppés dans une feuille d'étatn et dans dès
vases fermés, ces échantillons étaient pesés le plus tôt possible et
on les faisait ensuite dessécher. Ceux qui proviennent des environs
de Semur m'ont été envoyés par MM. CoUenot et Bréon, membres
de la Société géologique.
Les résultat^ obtenus sont résumés dans le tableau qui suit. La
colonne a donne- l'eau contenue dans 100 de la substance huiuide
et à l'état naturel, tandis que la colonne b donne l'eau qui, dans
les conditions de mes expériences, serait absorbée par 100 de la
substance sèche, si elle était replacée dans le sein de la terre.
Tableau n* 3. — Eau de carrière dans diverses substances.
Eau fwar f 00
de la aabttaBci
No» Dtfftignaiion dei uihflaQces. ^ ■■i* ' ^' >
d*oriire. humide. sèche.
4. Gypte dû banc des glaises, à Suresnes au ^ ^
mont Yalérieii 0,45 0,46
5. Gypse du batte des écorcheux qui ferme le cisl
à lu plfttrière d'ÀDtony O.IS 0,48
3. Gx/;.cer du bMio des fleurs, à Bagnenx 4,50 4,8^
i. Calcaire grossier, dur et caverneux, avec Gé->
rites, du ban6 de roche, pris daos les anciennes
ca prières soasla rue Notre- Dame-des-Champs,
à Paris 3.01 3,44
5. Crm> blandiWdtf'la bttsèè niasse, à Meudon. . 49,30 23,94
6. Cra/t' blanchi» de fe tiaute masse, à Meudon. . 20,66 26,04
7. Calcaire grossier, friable, un peu marneux et
très tendre, avec nombreuses MiUiolites du
r
72 StANCB PU a IfOTBMBRE 180
t .
N** Deiignalion det subiUnces,
d OfwVt
banc de lambourde, pris dans les ancienn
carrières sous la rue Notre- Dame>des-Chami
'^ à Paris
. - 8. Quartz blanc laiteux en G Ion dans le grani
de Semur
9. Siiex compacte de la haute masse de craie,
Meudon
40. Siiex compacte de la basse masse de craie,
Meudon
4 4 . Siiex meulière, un peu caverneux, de Targ
i . à meulières supérieures, du plateau de Sèvrc
4 2. Sabtc quartzeiix rougefttre de Tétage de Fo
tainebleau, pris à Meudon
43. Sabie quartzeux grisfttre de l'étage de Fo:
tainebleau, pris à Meudon
4 4. Jrène très grossière formée de débris de gne:
et de granité, de Semur
4 5. Argiie brunâtre, diluvienne, avec débris ti
nombreux de roches granitiques, de Chevign
46. Argiie brun rougeAtre, employée comme tei
à brique, du terrain diluvien supérieur,
Bicétre
47. Argiie hT^n rougeAtre, du terrain diluvien s
périeur; elle forme la terre végétale à Vil!
juif
1 8. Argile plastique grise, prise à 4 "*y50 de profo
deur dans une glaisière à ciel ouvert dlssy.
49. Argile plastique noire, prise dans une glaisiè
souterraine do Vaugirard-Paris
20. Argile blanc grisâtre, enveloppant les me
lières supérieures, à Meudon
24. Marne verte, très argileuse, supérieure {
gypse, servant à fabriquer la brique au mo
Valérien
82. jl/riryre vert jaunâtre, argileuse, supérieure i
gypse, servant à faire de la brique ao Moi
Valérien , .
23. Marne blanche, calcaire, recouvrant le bai
des fleurs, à Bagneux
24. Marne blanc verdAtre, schistolde et magOi
sienne, associée à la précédente dans le te
rain du gypse, à Bagneux
23. Marne blanche, plastique, supérieure au o
caire grossier, des anciennes carrières so
Paris
2G. /i/^rirrnoirAtro avec mica, do Chevigny. . .
MOTIGB DS M. DBLBtBB.
ÇJiî??. B.« p
de la »i
No* Désignation des tubatances. ^ «^
d* ordre. hnmide,
27. Gneiss très micacé, friable et un peu décom* ^
poséy de Fiée 3,00
30p89 28. Granitek^TQg grain, avec quartz, orthoae rose
et deux micas, do Semur 0,87
^»0^ 29. Granité précédent désagrégé et commençant à
passer à l'arène 4,85
OyfS 30. Gm/?//^précédentplu8CompIélementdé8agrégé. 3,68
31. Gr^/i//^ précédent devenu plastique et kaolinisé. 42,44
0,4^ 32. Bois de sapin, mou et décomposé dans des
carrières souterraines •» . . . 38,96
2 4,4 3 33. Bois de chêne, mou et décomposé dans des
carrières souterraines, f/err: 4, 23 4 88,90
4 2,S9
^ ^ Le tableau qui précède met bien en évidence quelques
' intéressants. On voit d'abord que Teau de carrière varie I
I 7 54. avec les difTërentes roches et qu'elle dépend essentielle
leur nature. Tandis que certaines roches sont sèches, d*au
0 4 4,61 sont cependant dans les mêmes conditions de gisement
contraire très humides.
Les roches qui ont le moins d*eau de carrière sont natui
celles qui sont les plus compactes et en même temps 1
hygroscopiques, comme le quartz hyalin, Teurite, le grai
•3 24»SS Le silex de la craie qui est compacte contient enviro
lième d'eau de carrière ; mais le silex meulière qui est c
16 24,32 cil a plus de 1 pour 1 00 . Si ce dernier silex contient beaui
^ ^ d'eau, cela doit tenir à sa porosité et aussi à ce que Ta
>A 3A 4^ a ' i ^
* l'enveloppe est toujours beaucoup plus humide que la ers
^8 32 4 4 ^^ sable qiiartzcux et micacé, lors même qu'il se iaiss
et qu'il présente une certaine plasticité, renferme seule;
3 centièmes d'eau de carrière.
>5 49,83 Le gypse appartient aux roches qui sont remarqu
sèches et l'eau peut s'y réduire à quelques millièmes. Lo
a davantage, cela tient à ce qu'il est alors plus on moins
d'argile. Quand il est dur et pierreux, le calcaire est i
22 34 9S assez sec; car le calcaire grossier du banc de roche, qui (
dant très celluleux, n'a donné que 3 centièmes d'eau de
Toutefois, quand le calcaire est très poreux, désagrégé et
99 38 ,8 7 parcelles microscopiques, il peut en contenir plus de 20 o
c'est notamment ce qui a lieu pour la craie et pour certi
84 39 â>9 (le lambourde.
07 O^OT L'argile et la marne prises dans le sein de la terre 1
0 19,49
)2 26, 4n
7 à StAMGt JMI h MOTBHB» 1861.
toujours beaucoup d'eau de carrière et elles appartiennent essen-
tielUment aux roches liumidet. Quand elles sont iiiélan^^ées de
sable, comme les argiles diluviennes, elles ont moins de 20 pour
100 d'eau de carrière ; elles peuvent en contenir davantage quand
elles sont plus pures, comme i^argile plastique et Targile à meu-
lières. Dans toutes les marnes essayées, même dans celles qui
sont calcaires, j'ai trouTé qu'il y avait beaucoup d'eau de carrière,
souvent plus que dans les arp,iles. Ce résultat doit sans doute étrf
attribué à ce que dans les marnes, les parcelles calcaires soi
excessivement ténues, plus encore qu'elles ne le sont dans I
craie.
Les roches grauitiques, lorsqu'elles sont très compactes, coir
l'earite de Ghevigny, peuvent contenir moins de 1 millième d
de carrière; mais lorsqu'elles se désagrègent et surtout lorsqu'
le kaolkiisenC leur proportion d'eau augmente rapidement
granilede Semur nous montres par exemple, qu'elle est à pe'
de 15 pour 100, même dans un kaolin encore imparfait
mélangé de quarts ainsi que de mica.
Les bois placés dans les mines ou dans les carrières épr
une décomposition très rapide et ônisseut par se changer
sorte de terreau brun noirÂtra. Ils retiennent aloi-s t
d'eau hygrométrique ; car, pour un bois de chêne deveni
friable qui était resté seulement pendant quelques anc
une carrière, cette eau s'élevait à peu près à 89 pour 10^
l'on considère ce bois à l'état sec, la proportion d'eau r
bera sera représentée par 8 fois son poids. On a coiist
que pour la tourbe qui est fonuée de végétaux égalen
posés dans le sol, 100 parties peuvent s'imbiber de
d'eau, c'est-à-dire de plus du double.
Les roches, même celles qui sont les plus compacf
de l'eau de carrière au moment où on les extrait
terre. Gomme il est Cacile de s'en assurer pour le
silex, quelques millièmes ou dix-millièmes de cetf
pour les rendre beaucoup plus tendres, moins tena
diiier très notablement leurs propriétés physiques,
perdent assex rapidement cette eau quand elles s
Taction .de Tair et en même temps elles se délit
part L'argile la plus compacte, comme l'argile pi
peu à peu et finit par se désagréger complète
quelques jours j elle se débarrasse alors de son
même d'une partie de ses matières organiques
rites se d^coin|ii9s<iii.et y produisent des efflorei
' ' kotftt M H. OVLBSM. ih
CoÊtpàtaisdà de feau dinubibition et de Ceau de carrière.
« • ■ <
§ 6. •— Il eftt focîle maintenant de comf>arer la proportion
<l'î*au contenue' dans les roches qni sont dans le sein de la terre,
avec celle qài est susceptihle de les imbiber. Obsetf'vbns d*aborâ
que dans les tableaux n^ 1 et n® 3 Teau d'imbibition est rapportée à
100 tie la substance sèche; par conséquent il faut qu*it en soit de
même pour Teau de carrière. C^est précisément le résultat qui est
donné par la colonne b du tableau n° 3 ; car elle fait conhaitre l'eau
qni serait absorbée par chaque roche sèche après qu'elle aurait été
ref)lacëe dans son gisement. Si Ton compare sur les tableaux pré-
cédents les résultats (roufés pour les mêmes roches, on voit qoe
l'càu de carrière est jgénéralement en proportion beaucoop
moindre que l'eau dlmfcibition. Ainsi pour le sable de Fontaine-
blean, l'eau de carrière n'est pas le dixième de Teau d'imbibition j
pour une marne Vevtè supérieure au gypse elle n'était qiiede (l^iS ;
pour l'argile plastique, elle est de 0,30, et de 0^39 ponr l'argile
diluvienne de 'Villejuif ; pour la craie, elle s'est élevée jusqu*à 0',63.
Lorsque les roches sont pierreuses, comme le quartz, le silex, la
meulière, le bano de'rodie dans le calcaire grossier^ legrenita,
l'curite et en général les roches feldspath iques) il n'y a d'ailkurs
qu'tme très faible dilTét^nce entre Teau de cairière et Veau d'ini-
bifoîtibn.
^€e sont les vocbesqai s'im^bibent de la plus granda proportion
«Feau qui en retiennent aussi le plus dans le sein de la ten-e s telles
sont la craie, les manies, les argiles. CepeiKknt elles n'ont pasÂ
. beaucoup près toute l'eaa qu'elles peoTent retenir et elles sont Idin
! d'en être saturées; c'est facile à concevoir pour la crue etengéoéfal
pour les roches perméables; parce qu'elles laissent écotilev la petite
quantité d'eau qui les trayerse à mesure qu'elles la reçoivent;
mab c'est plus extraordinaire pour les ixwhes impennéables' ou
-peu perméables, ootnmeles ïirgiles et les niames, paiaqa'aUes
supportent elles-mêmes des nappes d'çau qudquefets très pnia-
santes par lesquelles elles sont constamment humectées.
L'eali de carrière cob tenue dans les rodies Vtoit varier^ dans
certaines limites, avec les saisons, et augmenter ^ la auate de grandes
pluies; touiefoia, pour lès roches se trotivant À une petite pro-
ibnlleur bu-déssottMla sol, H est probable qu'elle reste à peu fHrès
constante.^' Ou'rs'ao vendra "compte en observant qufa l'eau qui
pécièlre'danstle sot astésulement nne fraction de celle qui tombe
.4!sa surface f*,<ftiè lie pin», 3 ean de carrière est leteniie -dans la «ocbe
76 SÉANCI M! à POflSMU 1801.
par des affinités puissantes, qu'elle ne peut guère 8*ëvaporer ni
s'égoutter, qu'elle s'introduit surtout par capillarité et qu'elle
proTient en partie des nappes souterraines inférieures.
Enfin, remarquons encore que l'eau de carrière dépend beau*
coup du gisement des roches ; dans certains cas elle devient égale â
l'eau d'imbîbition et c'est même ce qui a toujours lieu quand les
roches sont baignées par des nappes souterraines.
II. — - AGnON DB l'eau CBACDE SUE LES BOCttS.
$ 7. — A mesure qu'on s'enfonce dans l'intérieur de la terre,
la température des roches va en augmentant et par suite aussi
celle de l'eau qui les imprègne; il était intéressant d*après cela de
rechercher quelle est l'action exercée par Teau chaude sur les
roches. C'est dam ce but que j'ai entrepris quelques expérience^
è Tusine de M. E. Goutn aux BatignoUes et je vais en donner '
résumé sommaire.
Des minéraux, des roches et difiiérentcs substances miné
étaient placés dans des cylindres poreux, tels que ceux qui
employés pour les piles de Bunsen. Ces cylindres étaient er
introduits dans une diaudière à vapeur h la partie supérie
laquelle on les suspendait; de cette manière, les substance
rimentées pouvaient être soumises à l'action, soit de l'eau
sous pression, soit de sa vapeur humide et saturée. J>
riences comparatives ont été faites de la même manière
cylindre de fonte qui recevait de la vapeur d'eau sèc^
chaullée. La durée du séjour dos substances dans la ch
dans le cylindre était prolongée pendant huit ou quir
même au-delà, et la machine restait constamment en
ce temps. Dans la chaudière, la pression de la vapeur
pas cinq atmosphères, en sorte que, d'après M. V.
température était au plus de 152''. 219 ; dans le cylir
sèche, la température pouvait s*élever davantage et
dre 300».
Quelques expériences ont été faîtes en mettan
dans un lit de magnésie blanche ou de carbonate
cet état, elles étaient exposées pendant longtem|
humide, soit à la vapeur sèche. On se proposait
cher si elles subiraient des décompositions ov
phoses analogues à celles qu'on observe dans I'
stances minérales essayées étaient d'ailleurs e
■OTlCt M a. DXLBSU. 77
pesait et on les exatnioait avec soin au coinineDceiDent et à la
fin de chaque opération.
Indiquons inainteuant les résultats obtenus pour ces subtUncet
et étudions successivement leur désagrégation, leur diasolulioii,
la variation de leur quantité d'eau.
Désagrégation ,
§ 8. -^ Lorsque les substances minérales sont soumises à Taction
de la vapeur d'eau sèche ou humide, elles n'éprouvent que des
modifications assez faibles dans leurs [Propriétés physiques.
En effet, des cristaux bien trausparents exposés |>endant pins
de huit jours à de la vapeur, ayant une température inférieure
à 155^ et une tension moindre que cinq atmosphères, ont conservé
leur limpidité et n*ont aucunement été fendillés. Je citerai, par
exemple, le quaitx hyalin, le silex, le grenat, Tépidote, le disthène
qui avait encore sa couleur bleue, la topaze et Témerandc qui
sont restées parfaitement transparentes, tes fetdspaihs, notamment
l'orthose pleri*e de lune de Ceylan et le labrador grrs bleuâtre de
Finlande, qui avaient toujours leurs reflets chatoyants. Quant à
Tamphigène, sa transparence avait diminué.
J'ai soumis également diverses substances à la vapeur sèche et
surchauffée qui pouvait atteindre une température de 300*. L'obsi-
dienne vitreuse de l'blande ne s'est |>as fendillée et elle a même con-
servé sa couleur noire. Des verres aitiftcieb provenant de la fusion
du granité, de la dtorite^ du porphyre et du mélaphyi-e dans des
fours de verrerie n'ont pas éprouvé non plus la moindre désagré-
gation. Mais le verre ordinaire s'est comporté tout autrcmeift,
car il est devenu blanc et opaque ; en outre, il a été corrodé à sa
surface et il s'est sensiblement déformé. Le rétinite vert jaunâtre
de Meissen a pris une conleur un peu plus pâle et s'est légèrement
fendillé; le perlite du cap de Gates s'est fendillé également. Le
rétinite et le perlite qui sont des verres hydratés naturels éprouvent
donc une désagrégation, tandis que cela n'a pas lieu pour les verras
artificiels provenant de la fusion du granité et du mélaphyrc. On
peut d'ailleurs s'en rendre compte aisément en observant que
le rétinite et le perlite sont dcjâ fendillés dans la nature et qu'îto
sont même traversés par uue multitude de fissures niic«oscopiques
ayant généralement û forme de éiihéroides (1).
(4] Recherchei sur les roches globuleuses. {Mémoires de la Soeiété
géologique^ f sér.» t. VL)
78 SÊANU IHj h ?iOVB«BBB 1861.
J'ai encore recherché si ks |»or|ihyr(S, les grauites, les rodiet
fehlspalhiqucs en général, sont désagié(;és |>ar la va|K'ur d'eau
sèche ou humide» Uc$ esaais variés ont eu lieu sur le {>raniu: de la
Poutroye etd*Orbcy dans les Vosj^es, sur Teurile poiphyrolde du
Sapois, sur le pétrosilcx [Hallrjiinta) de Suède, sur le niélaphyre
vert antique de Lcbctsova. Or, après avoir été exposée pondant
une ou plusieurs semaines à l'acliou de la vapeur d\*aii, chacune de
ces roches conservait à très peu près les montes caractères; elle
restait dure et tenace; elle n'était aucunement fendillée, iiî
désagi'égée.
Les roches feldspath iques ne se désagrègent doue |>as loit-
qu'elles sont maintenues en contact avec de la vapeur d*eau
ayant une tension de cinq alniosphèrcS| pourvu que leur tempe-,
rature augmente ou diminue graduelleutcut, connue c*est le cas
pour les expériences qui viennent d*ètre mentionnées. Mais ce caf,
doit aussi se présenter le plus souvent dans la nature, la vapeiu*.
d'eau s' infiltrant lentement dans les i^oches et n'étant que trèi
rarement mise en contact subit avec elles. Par conséquent, .;
pense, contrairement à Tavis exprimé par plusieurs savants, q
la kaolinisation du granité et des roches feldspathiquis ne saun
être attribuée à une désagrégation produite par de la vapeur dV
Fariaiion dans la quaniilé d'eau^
$ 9. — II était intéressant de rechercher conuneul Teau
dans les substances minérales, si elle diminuait dans c
sont hydratées, si elle augmentait au contraire danscelhs
susceptibles d'en fixer une certaine quantité. Les résultat
obtenus sont en op|>osition avec ceux que Ton serait natu
porté à admettre.
En effet, les minéraux hydratés ne perdent généra
leur eau, lorsqu'ils séjournent pendant longtemps, soi
peur sèche a 300^, soit dans de l'eau liquide ou en
une température inférieure à 155^.
11 en est de même pour cei laines roches liydratt
stéatite et le porphyre vert antique. Cela doit être
que Teau de ces substances minérales se dégage st
température supérieure à celle à laquelle elles ont
D*un autre côté les substances minérales qui, /
ordinaire, ont la plus grande aflinité ])our Tea
binent le plus avidement avec elle peuvent tr
altérées dans la vapeur d'eau. C'est, par ej
MTICB Dtt V. DSLtSSS. 79
QOQsUté sur des chaux et des ciments qui provenaient de la caki-^'
nation des marnes da gypse ou bien de craie mélangée èi de Far-*
gile plastique. Des fragments de verres scoriacés résultant delà
fvisipu, ïioit de 1/2 craie avec 1/2 argile plastique, soit de 2i/5 craie'
avec 1/5 argile plastique, ne se sont pas hydratés, malgi*éun séjour'
prolongé dans Teau de la chaudière à vapeur.
£n outre, des chaux hydrauliques etdes ciments étant pulvérisés,
puis exposés à Taction de la ^apeur d'eau sèche, n^ont pas fiait prise
et ne se sont pas hydratés davantage ; leur poids n'a même pas
changé. Ainsi les chaux et les ciments ne s'hydratent pas sous
l'influence de la vapeur sèche ou humide.
Lorsque les chaux et les ciments ont été préparés à l'époque dti
gelées, on sait qu'ils se désagrègent très facilement et qu'ils fiiiissetif
même par tomber eu poussière ; on voit de plus qu'à une témpé^'
rature supérieure à 100°, ces produits ne s'hydratent pas du tout;
par conséquent, les hydrosilicates qui constituent les chaux
hydrauliques et les ciments se forment seulement dans des limites
de température assez étroites. Entre ces Irmites, la rapidité de la
prise Varie d'ailleurs beaucoup, et, d'après des expériences récentes'
de M. le lieutenant Gillmore, elle augmente avec la température (1). '
L'aohydrite est l'un des minéraux qui ont la plus grande affinité
pour Teau avec laquelle elle se combine pour se métamorphoser
en gypse. Comme on a souvent fait intervenir cette réaction dans
les phénomènes géologiques, il était patticulièremént intéressant
dp rechercher comment f^anhydrite se comporte en présence de la
vapeur d'eau. Or, de l'anhydrite blanche bien cristallisée, dont le'
s^our dans la chaudière à vapeur avait été prolongé pendant un
inQÎft, s'était seulement un peu fendillée; de plus, sur certains
points de sa surface ainsi que dans ses fissures, il s'était ' déve-'
loppé du gypse en fibres blanches et soyeuses. Toutefois une très
petite partie de rédiantillon s'était changée en gypse; il est doue
v^-aiseiublable que cette métamorphose s'est opérée à la fîn de
l'opération, lorsque la température a diminué dans la chaudière
par suite de la mise hors feu et lorsqu'elle s'est abaissée au-dessous
de 120° qui est celle à laquelle le gypse commence à perdre son
eau. C'est du reste ce qui résulte aussi d'une autre expérience faîte*
en exposant pendant huit jours de l'anhydrite bleuâtre à la vapeur
d'eau sèche; car cette anhydritcest seulement devenue blanche,
mais elle ne s'est pas du tout changée en gypse. Ainsi, l'anhydrite
(4 ) Proceedin^s of the American Association Jor the advaneemeiit
oj sciences f 4860, 499.
80 StÂNCI BU h KOflMUl 1861.
ne 8*bydrâle pu lonqu elle est plongée «Uns de la vapeur dV
bien dans de Teau ayant une température supérieure à 120* ; c'étC
à la température ordinaire et par l'action de riiumidilé que iU
métamorphose en gypse est la plus facile; cette niétamorphote
peut d'ailleurs être exiréuiemeot lente, puisque l'anliydrite cal
assez fréquente dans la nature et qu'elle s*observe quelquefois êia
centie de nodules de gypse ayant de petites dimensions.
En définitive, l'eau liquide ou en vapeur qui agit à une tempe*
rature élevée ne se combine pas nécessairement avec des subsianeca
minérales, lors même qu'à la tem|)ératui*c ordinaire elle aarttk
pour ces dernières la plus grande afliniié ; on conçoit cependanC
que l'eau pourra se combiner avec ces substances, quand elle sera
susceptible de former des composés résistant à la température à
laquelle elle est portée.
Dissolutiom,
§ 10. — Il n*cst pour ainsi dire aucune substance qui soit complet
tement insoluble ; MM. G. fiiscbof, N.-B. Hogers et R.-E. Rogr
ont en effet constaté dans une série d'expériences que la plu'
des minéraux étant réduits en poudre tivs fme se dissolvent
blement dans l'eau pure. On comprend donc qu'il en sera
forte raison de même, lorsque l'eau aura une température
rieure à 100*. Il est très facile de constater cette dissolutior
certains minéraux, notamment pour la chaux carbonatée
le spath fluor. Lorsqu'ils sont restés pendant quelques je
la chaudière à vapeur, les faces de leurs cristaux perder
moins leur brillant, présentent des réseaux irréguliers e
visiblement corrodées.
Quant à la pro|>ortiou du minéral qui est dissoute,
de circonstances diverses, parmi lesquelles il faut in<
température de l'eau, la durée du séjour dans la c
composition chimique de l'eau qui engendre la va
la grosseur de l'échantillon sur lequel on opère. O'
facilement l'influence de cette dernière circonstanc
que certains minéraux presque inattaquables par
qu'ils sont en fragments, se laissent cepend?
décomposer lorsqu'ik sont réduits en poudr
d'ailleurs que la proportion d'un minéral qui e
toutes choses égales, de plus du simple au doub
est en gros ou en petits fragments.
Les substances minérales sur lesquelies j'ai
norUM DE M. pBLBSSI. 81
iiombreuseç ; c^ëtaient des minéraux, des rocbes, des verres pro-
venant de la fusion de ces roches.
Pour le quarU hyalin, la perte de poids a été très faible ; il en
était de uiénie pour la plupart des silicates, tels que le disthène,
la bucholzite, la ^aurotide, Taugite, l'amphibole, le {;i*enat ainsi
que pour les feldspatlis, notamment pour l'orthose, rolip.oclase,
le labrador. Pour diverses roches granitiques ou porphyiiques
et pour les verres résultant de leur fusion, la perte de poids était
également très légère; cependant, pour le perlitc, elle a atteint
environ 2 pour 100. Puur le triphane d*Ulo, elle a été de quelques
millièmes, mais elle s'est élevée à 1,10 dans une tourmaline vert*
noirâtre. Pour Tamphigcne, elle a varié de 1,80 à Zi,5 pour 100 ;
ce dernier nombre a été obtenu pour un cristal d'amphi^ène de la
Somma qui pesait 0^^87 et qui est resté pendant un mois dans l'eau
de la chaudière à vapeur. Quant aux zéolithes, il est évident qu'elles
se dissoudraient aussi ; car elles se laissent attaquer très facilement.
Un cristal de spath fluor qui était blauc jaunâtre a conservé sa
transparence, mais a été fortement corrodé à sa surface et a perdu
1 ,80 de son poids. Il eu a été de même pour un cristal de spatji
d'Islaude dont la perte a été supérieure à 1 pour 100.
Ainsi, le spath fluor et la chaux carbonatée se dissolvent aistv
ment daus l'eau chaude ayant une température inférieure à 160^,
taudis que le quartz et la plupart des silicates, y compris les (eld-
spaths, se dissolvent au contraire très peu dans les mémos condi-
tions. Parmi les silicates, Tamphigène est cependant remarquable
par la facilité avec laquelle il se dissout; ce résultat s'explique
d'ailleurs lorsqu'on observe que ce minéral est très riche en alcalis
dont il contient un cinquième de son poids, et qu'il se laisse
attaquer par les acides.
J'ajouterai maintenant que beaucoup de minéraux considérés
comme inattaquables par les acides sont en réalité sensiblement
attaquables ; et des expériences récentes de IVl. Mitscherlisch oqf
même montré que les feldspaths peuvent être entièrement décom-
posés quand, après porphyrisation, ils sont chauffés avec de
l'acide chlorhydrique dans des tubes de verre fermés.
FuibU influence de la vapeur tCcaa et (tune température élevée sur
la combinaison des substances qui restent à l'état solide,
§ 11. — La magnésie est une des substances qui opèrent le plus
de décompositions dans le règne minéral, comme le prouve sa
fréquence dans les minéraux pseudomorphosés. Il m'a paru inté«
Soc, géol,, V série, tome XIX. 6
82 fllftAIffl DO ft HOTVIBIII 4861.
iTssanl d'après cela de recliercluT si, à Taidc de la Tapoi
et notamment de la vapeur sèche, elle pourrait produire
mëtauiorpliose. Dans ce but, diverses substances minérale
misej dans un lit de magnésie blanche, puis exposées pen
temps prolongé à l'action de la vapeur sèche. On a opéré d
avec le carbonate de soude. Les substances qui ont été essaj
le quarts, le silex, lesfeldspaths, le grenat, l'émeraude, la le
perlite, rampbigène,Ustéatite,etc. Or, en les examinant à
l'expérience, j'ai constaté que leur altération était presqw
quelquefoisseulenient la surface miroitante des cristaux éla
nue plus ou moins terne et avait été très légèrement corrc
perlitc avait surtout été attaqué, ce qui indique bien que la ■
est pas absolument dans le même état que dans les autres i
Comme complément des expériences précéilentes, j'ei
encore quelques autres qui sont déjû anciennes, car elles
faites en 18à8 dans la fa'ienreric de iM. Allioud à Resanç
substances essayées étaient mises dans des creusets et ex poS(
dant toute la durée d'une chaulTe, c'est-à-<lirc pendant p
jours, à la température de fours de faïence. Cette temp
dans la partie du four où se trouvaient mes creusets, étai
rîeure à la fusion de feldspath, mais inférieure â celle du p]
J'ai constaté ainsi qu'un cristal de quartz hyalin mis dai
de magnésie blanche avait conservé sa transparence et
s'était pas combiné avec la magnésie, même à sa suri
quartz hyalin mis successivement dans de la poudre d
carbonatée, de peroxyde de fer, de serpentine, n'a pas i
subi la moindre altération. C'est seulement avec le car^
baryte que le quartz a été att.iqué; tout autour du crit
alors formé une scorie de silicate de baryte qui était
mamelonnée et qui avait une épaisscnu' de quelques ni
Quant au centre du cristal, il était resté parfaite nie '
Comme le carbonate de baryte était entré en fusion, il
facile de comprendre pourquoi il s'était combiné a
Ces expériences viennent confirmer plusieui-s de.'
été émises par M. G. Bischof ; elles montrent que la
soutenue pendant longtemps et secondée par 1:
sèche, ne détermine pas de co m l)i nuisons entre les
ncrales qui ont la plus grande affinité, comme In
gnésic. C'est seulement quand la chaleur est a
produire un ramollissement ou une fusion que
s'o|)èrent entre ces substances, mais la vapc
parait pas les faciliter.
ROTICB H m. DSLMSX. 83
Importance de feau tonUrraine,
5 13. — Ind^endamitient de l'eau superfidelle qui Tomie lea
niilseaiix, let fleurea, lea lacs. In inera, il existe de l'eau (outer-
rniiii; (fiii imbibe toute* lea roclies Aa l'écorce terrestre, et les
d^eloppementa dans lesquels noua lOninifB enlr^ nous monireot
Lien toute ton importance. Celte e^u aoulerraine s'infiliiv par
Ii's fi*sui-es, par les ca?ités niicroicopiqiies et par les puics des
roclies. Dana la partie de notre globe qui est émergée, elle est
tant cesse renourelée par la pluie et par l'atmosplièrc. Dans la
partie qui est immergée, elle pi-ovient de l'infillraljoii de la mer
et vn (•énéral de l'eau superficielle. Elle devient d'autant plus
abonilaiiti: qu'on pénètre à une profondeur plus grande. Elle
forme une série de nappes BU|>erposées cori'eapondant aux coucLes
iinpeoiié.iblM et pouvant avoir une puissance ou une épaisseur très
coiisidérnlife.
L'eau souterraine existe incontestaldement dans toute la partie
de l'écorce terrestre dont la température est inférieure d 100*; en
admettant une au[;meRtatlon de 1° pour 33 uiètrea, elle se rea-
conli-era d'abord jusqu'à une profondeur au moins égale à
3300 mètres. Mais il est facile de comprendre qu'elle pénétrer.^
encore à une profondeur beaucoup plus grande ; car, bien qu'elle
teiiilc à se réduire en vapeur, la preesiou des roches qui la recnu-
Trent et la résistance de la partie solide de l'écorce terrestre
deviennent supérieures à sa tension, en sorte qu'elle sera main-
tenue à l'état liquide. C'est vers la profondeur de 18500 mètres
pour laquelle la température atteint environ 600°, qu'il y aura
équilibre entre la pression supérieure, sup]x)sée réduite au poids
des roches, et la force élastique delà vapeur d'eau (1). Au-dessous
de cette limite, l'eau pourra se vaporiser, à moins qu'elli; ne soit
liquide oit à l'état ^liéroïdal, ou bien retenue par la capillarité,
ou bien encore engagée dans des combinaisons et fixée par des
actions cbi iniques. Toujours est-il qu'il y aura de l'eau souiemlne
libre, au moins jusqu'i une profoudeur de 18500 raiires.
Quelles sont maintenant les rocbes qui composent essentielle-
ment la partie supérieure de l'écorte terrestre? Ce sont précisé-
ment les rorlies stiatiGéeiqui, d'après leur mode de formation,
sont généralement trie poreuses et par conséquent susceptibles de
s'imbiber d'une grande proportion d'eau. Eu outre, lorsqu'elles
(t) Ch. V(^, GnmMader Géologie.
8& SÊANCB DU A VOVBHBRB 18G1.
sont compactes, elles sont ordiniireinent argileuses et alora elki
absorbent l'eau avec beaucoup d'ayidité. La plupart des rocbei
stratifiées sont d'ailleurs niélan(;ées à un peu d'argile qui suffit
pour les rendre très hygroscopiques. On a même vu que ks
marnes retiennent souvent plus d'eau d'imbibition que les argiles
pures.
Quant à l'épaisseur totale de ces roches stratifiées, elle est cer-
tainement très considérable ; et dn ns les îles Britanniques, diaprés
M. Ramsay, elle peut même s'élever jusqu'j 72j8/i pieds, soit à
plus de 27 kilomètres (1). C'est seulement dans Its régions mon-
tagneuses et dans les portions de Técorcc terrestre émergées depuis
longtemps, que le gneiss et le granile servant de supjiort aux
roches stratifiées viennent se montrer à la suifaee du sol.
D'après les données précédentes Teau souterraine constitue
visiblement une portion notable de notre globe et nous pouvons
nous proposer de la calculer (2).
Si l'on admet que Técorce teiTeslre soit pénétrée par Teau sur
une épaisseur de i"»y-,850, que sa densité soit de 2,50 et que
l'unité de poids contienne moyennement 5 pour 100 d'eau d'im-
bibition ; que de plus la terre soit sphérique et que son rayon
moyen soit de 636*"^ -,987, on aura pour le volume de l'eau sou-
teriame - X 3,U (636.987^ — 635,137'). 2.50 X 0,05 =
1,175,089 nivriamètres cubes. Le globe ayant lui-même
1,082.03^,000 myriamèlres cubes, c'est 1/921 de son volume.
Maintenant l'eau superficielle, en tenant compte seulement de
celle des mers et en admettant que ces dernières aient une pro-
fondeur moyenne de 5000 mètres, présente, d'après M. Elle de
Beaumont, un volume de 1,309,000 myriamèlres cubes qui est
1/827 du globe. On voit donc que, dans les hy{>othèses admises,
l'eau souterraine, ou simplement Teau d'imbibition, serait à peu
près égale à l'eau superficielle.
L'évaluation précédente est sans doute très incertaine; car
nous manquons de données précises sur la composition de l'écorce
terrestre et particulièrement sur son état hygrométrique à une
certaine profondeur.
Toutefois le volume trouvé pour l'eau souterraine doit être
considéré comme un minimum, attendu que la valeur attribuée ^
{\) Tht; qnarterly Journal oj the gcolo^ical Society-y 4 860, XVI,
page II.
(«) Sœmonn, Builetin de la Société géologique^ XVIII, 322.
ROtlCB DB II. DBLBSSB. M
trois des facteurs desquels il résulte était visiblement trop faible.
En effet, la densité de l'écorcc terrestre sur réfiaisseur àé
1,85 tnyrianictres est certainement supéricui-e à 2,5 qui est celle
admise pour les roches à la surface de la teire en y comprenani
l'eau superficielle.
En outre l'épaisseur de l<"7''-,85 pour laquelle la force élastique
de la vapeur fait équilibre à la pression est également beaucoup
trop faible; car, lorsqu'on pénètre dans l'intérieur de la tei*i*e^
l'observation montre que la température croit avec la profondeur,
mais moins rapidement que suivant les termes d'une progression
arithmétique, comme on l'a supposé pour calculer cette épaisseur ;
par suite le point d'équilibre se trouve plus bas. D'un autie côté
l'observation des laves rejetées par les volcans brûlants montre que
l'eau souterraine doit être retenue par des actions moléculaires^
ce qui contribue aussi à faire redcKendre ce point d'équilibre.
Ajoutons encore que la résistance opposée au dégagement de la
vapeur par renvelo):>pe solide qui recouvre notre globe tendra
»ui*tout à produire le même effet. Enfin, coumie l'a fait observer
avec raison iVf . Angelot; la pression pourra maintenir la vapeur A
l'état liquide, même à la profondeur à laquelle les roches sont
liquéfiées par la clialeur (1). Il est donc très vraisemblable que
l'épaisseur de l'écorce terrestre imbibée par l'eau est bien supé-
rieurb à celle qui a été admise; des recherches récentes de
M. Hopkins sembleraient même indiquer qu'elle doit être consi-
dérablement augmentée.
Quant à la proportion d'eau contenue moyennement dans les
roches de l'écorce terrestre, elle n'est pas exagérée à 5 pour 100«
car il faut remarquer que ces roches sont fréquemment baignées
par des nappes d'eau souterraines qui s'infiltrent dans leurs inter-
stices; elles sont alors complètement imbibées sur de thés grandes
épaisseurs et lorsqu'elles sont tout à fait désagi-égées, elles ont tou-
jours plus de 15 pour 100 d'eau (tableau n*" 2). 11 est vrai que le
granité étant éminemment compacte contient très peu d'eau ; uiais
ce sont surtout les roches stratifiées qui constituent la partie supé-
rieure de l'écorce terrestre; et du reste le granité lui-luéme est
souvent décomposé et changé en arène ou en kaolin, eu soi*te qu'il
devient très hygroscopique (tableau n° 3). En outre, lorsque le
basalte, le trachyte, la diorite et en général les roches feldspa-
thiques forment des tufs ou des roches stratifiées, lelurs débris sont
(4) Angelot, Bulktiii tk iû Société géoiog/quej 484S, l. XIII,
p. 488.
86 S6AKCK DU & NOVBMBM 1861.
toujoui'8 plus OU moins clccoin|K)S('s cl argileux ; par suite i
bibeiiC de beaucoup ci*eau. Quant aux roches straliGées <
calcaires ou siliceuses, le plus souvent elles sont mélangées
* ; Targilti ; c'est seulement par exception qu'elles sont entic
pures. Dans ce dernier cas, elles |>euvcnt d'ailleurs être trèi
scopiques; on le constate notamment, quand, comme U i
le tripoli, elles sont à un grand état de division. Maintei
roches argileuses pi*oprement dites rcprésenlent environ i
des roches stratifiées; et comme rexpcricnee a montré
ont plus de 15 pour 100 d'enu de carrière, on peut admettn
^ . 100 pour la moyenne de Teau contenue dans l'écorce terre
Observons aussi que la portion de Técorce terrestre qi
considérons et que nous supposons renfermer seule à
souterraine se compose de deux parties, celle qui est ém^
celle qui est au-dessous de la mer. La première partie esi
ment 1/325& du globe, par conséquent elle est à peu près
moindre que la deuxième, qui s'élève à 1/119. £lle est i
d'eau par l'atmosphère, en sorte qu'elle l'est beaucoup inc
la deuxième partie qui forme le fond de la mer. Les di
rencontrées dans le tunnel sous la Tamise et dans les trava
cutés, soit sous la mer, soit sous le niveau des eaux, peu
reste le faire apprécier. .^îais l'eau de carrière ayant été déu
pour des roches appartenant à la partie émergée, le no
pour 100 admis comme la moyenne, est nécessairement tra
lH)ur les roches qui sont au-dessous du niveau de la mer.
Ajoutons d'ailleurs à l'appui de ce qui précède que l'eau
descendra vers l'intérieur de la terre par l'action de la pci
La pression (|ui s'exerce sur les terrains dans la profonde
il est vrai, les rendre plus compactes et par suite moi
méables. D'un autre côté, lorsque Teau rencontre de
entièrement plastiques, en vertu de sa faible densité, ell
remonter; mais ce dernier phénomène se produira sf
une profondeur à laquelle les roches cesseront d'f
c'est-à-dire à une profondeur plus grande que celle d
est actuellement question. L'expérience montre au a
dans les puits et dans les travaux de mines l'eau aug'
raiement avec la profondeur; par conséquent sa y
plus grande à une certaine profondeur dans Técorc
près de la surface.
Euûu, il imj>orte surtout d'observer que nous
tenu compte que de l'eau d'imbibition ou de car
ment de l'eau libre, quoique des nappes souter
KOTICB DX M. DBLBS8B. 87
reconnues à diiTérenU niveaux, et qu'elles aient des épaisseurs et
des étendues considérables; or, ces nappes, qui sont difficiles à
évaluer, représentent certainement une grande partie de Peau
souterraine.
En résumé, bien que le manque de données ne permette pas
de calculer avec précision l*eau souterraine, il résulte cependant
des considérations qui viennent d'être développées que le nombre
trouvé doit être trop faible. Il est même très vraisemblable que
sur notre {^iobe, il y a plus d'eau souterraine que d'eau superfi-
cielle.
Diminution de tenu superficielle,
$ 13. — • Gomme i'a fait observer M. Saemann (i), l'eau qui se
trouve à la surface de la terin: doit pénétrer dans son intérieur et
atteindre successivement des couches de plus en plus profondes.
C'est une conséquence immédiate de l'origine ignée de notre globei
de sou refroidissement et de la jiesantcur.
Il convient encore d'ajouter que la décomposition des roches
tend sans cesse à les hydrater et à fixer de l'eau qui était d'abord à
l'état libre. Ainsi, les roches éruptives qui sont essentiellement for-
mées de silicates passent à Télnt d'hydrosilicates; c'est notamment
ce qui a lieu pour le granité, le gneiss, le porphyre, le trachyte, les
basaltes et les laves modernes. Les fcldspaths donnent du kaolin ;
le pyroxèncy l'amphibole, les micas eux-mêmes retiennent une
plus grande quantité d'eau; tous les silicates enfin se changent en
pixxiuilB argileux par la décomposition. Les gîtes métallifères,
bien qu'ils soient exceptionnels, tendent également à s'oxyder et
en même temps à s'hydrater. Il n*est pas jusqu'aux roches formées
de quaiii hyalin qui ne puissent aussi se combiner avec de l'eau ;
car, lorsque le quartz est dissous, il est généralement déposé à
l'état de silice hydratée, comme dans l'opale et dans le tripoli.
Du reste la désagrégation àii% roches, patticulièrement de celles
qui sont siliceuses ou calcaires, produit encore le même effet; car
nous avons vu que les roches retiennent beaucoup plus d'eau
lorsqu'elles sont réduites en parcelles ténues que lorsqu'elles sont
CB fragments.
En dérmitive, ^eax causes, le refroidissement et la décompo-
sitJoD (XeB it)clies, tendent à diminuer l'eau superficielle de notre
globe. Si l'on admet l'hypothèse d'une origine ignée, l'eau devait
(4) Bulletin de la Société géologiques XVllI, ZU.
88 stAircB DO h ROTumi 18(51.
d'abord être superficielle; mais par suite des pro{',rès da refiXN-
dissement une partie a pénétre de plus en plus profotidéiiient dinl
l'ëcorce terrestre.
Celte partie se subdivise elle-iiièiue en deux : Tune libre qui
s'iofîltre & travers les rocbes, c'est Teau souterraine ; l'autre
cond)inée qui est en quelque sorte devenue latente. Par le rcfroî-
dissenieiit et par la décomposition des rocbes lie IVcorce terrestre,
Teau souterraine et l'eau latente continuent d'ailleurs à s'accroître
aux dépens de l'eau superlicielle.
Les hypothèses précéiientes conduisent a admettre une dîniina-
tion dans l'eau superficielle de notre t;lobe, il est alors naturel de
rechercher s'il en existe des traces et s*il c^t po.ssible de la coDsta-
ter. Or, il faut reaiarquer que la diminution de Teau superficielle
doit nécessairement avoir lieu dans les mêmes conditions que le
refroidissement du (;lobe, c'est-à-dire avec une lenteur extrême.
Elle est d'ailleurs atténuée \viv diverses circonstances, notaintneiit
par les sources minérales, par les Kollioni, par les geysers, |)ar let
fumerolles et surtout par Icb volcans en activité qin i^jettent dans
l'atmosphère ou qui ramènent à Li surface l'eau souterraine dëjA
infiltrée à de grandes iirofondeuis. Quant aux hydrométroresqui
déversent annuellement une énorme masse d'eau, ils compensent
vraisemblablement la perte résultant de réva|K>ratiou qui s'opère-
sur toute la surface du globe. En outre, il faut observer que le er'
émergé n'est pas un repère ali&olument immuable, il a été soûl
et abaissé à dillérentes reprises; en sorte qu'une variation d^
niveau de la mer est assez diflicile à constater. On pentse den
cependant si le retrait de la mer que M . Boue a signalé sur u
nombre de rivages ne doit pas être attribué a une dimin
l'eau superficielle (1). Lorsqu'on examine les cartes géol
on remarque aussi que les terrains les plus anciens fornien
une ceinture cxtéiieurc et même des zones conreiitiiqi
des terrains qui leur ont succédé, comme si la mer s*é
successivement. Enfin, en admettant une diminutif
superficielle, le sol émergé devait nécessairement a
surface ; et c'est précisément ce qui résulte de Tétud
Car, les plantes terrestres sont inconnues dans le
commencent à se montrer dans le dévonien et a Tép
elles deviennent très abondantes. D'un autre co
lacustres n'ont pas encore été signalés au-des'
liouiller ; mais ils sont bien caractérisés dans ce
(4) BulUtin de tu Sùcféié gëologit/ue, 1843. Xi
HOlts ffkîTS k LA SOCIÉTÉ. 89
ceux qui lé recontrent; ils sont surtout très nombreux et très
impoilants dans le^ teiTains tertiaires, c^est-à-dire dans les plus
rëceiUs. Ainsi, les plantes et les animaux terrestres n'ont pas
ëtc observés à Torigine des terrains stratifiés; c'est seulement du
terrain dévonien que leur développement semble dater et à paiiir
de cette époque on voit augmenter les terrains lacustres et en
même temps les terres émergées. Ces faits paraissent donc mon-
trer qtie pendant les énormes durées nécessaires à la fonnatîon des
terrains stratifiés, le niveau de la mer a baissé successivement par
suite d'une diminution dans l'eau superficielle de notre globe.
Séin^e "du 18 novembre 1864 .
PRÉSIDENCE DE M. DELESSB, vice-présUlent,
M. Albert Gaudry, secrétaire, donne lecture du procès-verbal
de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance^ le
Président proclame membres de la Société :
MM.
BbUTtLLiER, à Roncherolies, par Darnetal (Seine-Infériètire))
présenté par MM. A. Passy et de Bouis ^
Dastugue, commandant supérieur du Cercle de Sebdou,
Province d'Oran (Algérie), présenté par M^. Gollo'mb et
Mares \
EvBify rue de rAstronomiè, A, à bruielles (Belgique), pré-
senté par MM. Gb. d'Orbigny et Albert Gaudry ;
Jacques Marmont, ingénieur civil, 0, Victoria street, W6st«
itiinster, London, présenté par MM. Ch. d'Orbign} et Y. RAUlin.
Le Président annonce ensuite une présentation.
DONS PàITS à la société.
La Société reçoit :
De la part de M. le ministre d'État, Journal des savants^
avril 1861.
De la part de M. Aiph. Favre, Notice sur la réunion extra^
orcUnaire/.df la Société géologique de France à Saint-Jean-de-
00 BftARCI tu 18 IfOYESBU 1861.
Maurieme {SaPoU) le 1" sepietnbre 1861 (tiré de It BiUioik.
Hniif. de Genève, octobre 1861) , iii-8, 29 p., 1 pi.
De la part de M. Albert Gaodrj :
1* Résultats géologiques (les recherches entreprises en Grèce
sous les auspices de Vylcadèmie (tiré des C. r. de CAc. des se,^
séance du 26 août 1861) , in-A, 6 p.
2** Résultats des fouilles exécutées en Grèce sous les auspices
de r Académie (tiré des C\ r. de PAc* des sc,^ séances du
26 novembre et du 10 décembre 1860 \duli février^ du i&fi*
vrier^ du 15 avril et du 22 avril 1861), in-A» 20 p.
De la part de M. Jules Marcou. Notes on t/te cretaceoms
and carboniferous rocks of Texas (froin the Proc, of thm
Boston Society of nat. hist.^ vol. VIII, janv. 1861), îii-8,
p. 86-97.
De la part de M. H. Michelin :
1** Notice sur quelques espèces d^Echinides pmvenant de la
Nouvelle-Calédonie (cxtr. de la Revue et Magasin (le zoologie^
juillet 1861, p. 325), in-8, 5 p., 1 pi.
V Carte géognostique du Saint-Gotthard^ 1 f. in-f".
De la part de M. Alphonse Milne Edwards, Observa tiens suit
Inexistence de divers mollusques et zoophftes a de tiès grattdee
profondeurs dans la mer Méditenxinée (exir. des Ann. dd
sciences nat., 4' série, t. XV, n* 8), in-8, 11 p.
De la part de M. Gabriel do Morlillet, Carte des anciet^
glaciers du versant italien des Alpes ^ 1 f. in-f*.
De la part de Giuscppe Ponzi, Sul sistema dcgii Appew
discorso letto alla pontificia accademia Tiberina il ^
iO guigna 1861^ io-8, 51 p. ^ Roina, 1861.
Comptes reiulus hebd. des séances de t Académi
Sciences, 1861, T sem., t. LUI, n*»* 19 et 20.
Bulletin de la Société botanique de France^ table d
1850.
L'Institut, n- 1453 et 1454, 5861.
Journal d'agriculture de la CotC'd'Or, n* 9.
1861.
MémoU^s de l'Académie imp» des sciences, etc.
2* sér., l. VIII, année 1860.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, (
ItftTTftl Al A. Ml BOOYIUJI. Ql
Bulletin fie la Société vaudoise des sciences naturelles.
t. VII.Bullelinn'âS.
The Athenœum, n** 1776 et 1777, 1861.
Revista de los progt^sos de las ciencias exactas^ fisicas y
natur., t. II, n" 7, octobre 1861.
Jtti délia Societa italiana di Scienze naturaliy yol. UI,
Tasc. III, r. 12 à 19, août 18(51.
Denschtijtcn derK. Akadeniie den IVissenscliaflenin IVien^
vol. XVUI, 1860.
Silzungsbetichte der K, Akatlemie den Wissenschajten in
JVieN, vol. XXXIX, n'* h et 6, 3-9 févr. 1860 ; vol. XL, ii*« 7
6 12, 8 mars- 26 avril 1860.
Die feieHiche Sitzung der K, Akadeniie den Wissenschaften
in Wien ani 30 mai 1859, in-18, 233 p.
Anales de la minera mexicana, 1. 1, 1" et 2' livrais., in-8,
Mexico, 1861.
M. le Président exprime le voeu qu'un des membres de la
Société veuille bien rédiger une notice sur M. Berthier et
rappelle sommairement les principaux services que ce savant a
rendus à la science. Il prie M. Daubrée de se charger do cette
notice.
M. Daubrée répond qu'il sera heureux d'accomplir la mission
qui lui est offerte.
M. le Président annoncé que la Société a eu le malheur de
perdre un de ses membres étrangers les plus distingués, M. le
docleur Fitlon, de Londres.
M. le Président lit une lettre dans laquelle M. le Ministre
dlÉtat apprend qu'il a bien voulu souscrire à 30 exemplaires
des Mémoires publiés par la Société géologique de France
en 1861, au prix de 20 francs l'exemplaire.
M. d'Archiac lit la lettre suivante de M. de Rouville sur la
faune tertiaire movenne des environs de Béziers et de Nar-
bonne.
Montpellier, 7 novembre 4861.
Permettez-moi de faire suivre, dans le Baiietin^ votre intéres-
sante Soie sur la faune ierliaire moyenne 'des envirênt de Bêùers et
de Narbonne [BulL Soc. géot,j']a\u 1861) de quelques observa-
02
SB AU» DO 18 ROTIIIBRI 1861.
tions qui me paraissent de nature â apporter des modificationft au
tableau de classiticatioii de nos dépôts tertiaires du Langucdote
dont vous faites précéder votre cotuinuni cation (p. 631 ).
A 12 kilomètres à Test de Montpellier, près du village de Cas^
tries, on trouve la série suivante :
1. M arneg uhkuMs launos.
1. llaro«t hleuei , avec dents da Lmmrtm^
Oxyrhina^ Hemipriitiêt rtc
X Galralrrt à bilir (molUisc) exi»loitê.
4. Oxfordieo.
A quelques pas plus loin, la même mollasse repose immédiate-
ment sur le terrain lacustre (votre (;rou|>e lacustre moyen), qoi
s'interpose entre elle et le terrain jurassique.
Les marnes bleues recouvrent donc d*unc manière évidente^
dans cette région, une masse puissante de calcaires dans laquelle
sont creusées les plus importantes carrières de mollasse de Ddb
environs. Cette même superposition est indiquée à Beaucaîre pa**
M. de Roys dans la comnmnieation dont il a fait suivre votre no^
■ Les assises de mollasse, dit- il, aux carrières de Beaueaire, |ll
gent sous les argiles subapennines ...» Ce même fait normal d
toute la partie orientale du Languedoc et dans le Daupliinë (
mier terrain marin de .M. Se. Gras) devra donc provoquer Y
calation, dans votre série, d'un nouvel étage calcaire e'
marnes bleues, partie inférieure de votre mollasse marine
groupe lacustre moyen.
A partir de Montpellier, vers l'ouest, cette mollasse ii
ne se montre plus; dans toute la plaine de Béziers et de ^
les deux seuls termes de la série, connne vous Tavez si b'
sont la masse sableuse jaune, devenant quelquefois du
table sous le nom de calent re moellon y et les marnes
heures. J'extrais de mon travail sur les environs de
(1853) la coupe suivante» qui pourrait servir de type
cette région de Touest :
IBTTRI M M. DS ROUTILtA. 98
i. Poudingue luperieiur.
t. Mollaise eiploilé».
3. Manit* bl«sae, à denta de Lamna^
Oxyrhina, BemiprUtit^ etc.
Il existe donc ëvidemiuent, dans le midi de la France, deiix
<^ta(;es de calcaire ou de mollasse confondus jusqu^à pr^ot 90\j^
le nom de calcaire moelhn : le supérieur serait généralenieo^, ainsi
que l'indique M. de Roys (/r>c. c/^), d'une qualité inférieuj'e, 4
cause de sa texture plu9 Idche ; il représenterait le^ iparne^ jauo^
sableuses dans un état particulier de solidité ; l'inférieqr. ^^r^ic
plus particulièrement servi et servirait encore à const^niire \^
belles maisons, si communes dans nos anciennes villes du midi.
AI. IVlarcel de Serres n'avait pas méconnu ce double étage a\\.
point de vue technologique ; mais il n'avait pas constaté, jusqu'^
ces derniers temps {^Acnd, des se. et iett. de Montpellier^ L lU^
p. 272, 1856), qu'il éuit séparé en deux par le grand luas^if ci^
marnes bleues, et il plaçait encore, à cette époque, les d^x liOfi-n
zons calcaires immédiatement Tun au-dessus de l'autre en recpu?
vrement sur les marnes bleues.
Dès Tannoe 1850) M. Emilicn Dumas opérait cette sépar2^|ioi^
dans sa carte de Tarrondissement de Nîmes; il y établis^it à^if^.
groupes : Tun sous le nom de terrain subapennin^ contç^ot l^.
marnes jaunes, le calcaire supérieur et les marnes bleues, V^U'^i
sous celui d^ mollasse roquillière^ renfermant la ^no^lasse infé*
rieure: rabsence de texte explicatif fut cause que rcxistenoe defl|
deux mollasses demeura méconnue. La superposition dos marnes
bleues de Castries sur la mollasse qu*on y exploite, observée p£^*
moi en 1859, leva tous les doutes qui restaient eucore dans mon
esprit en 1853, et me permit de comprendre le vrai sens de la
légeoiJe de la carte de Mîmes. Des observations encore inédites de
I^I. Dumas sur les différences que presenlçut les deux dépôts mol 7,
lassiques au point de vue de leur altituile vinrent encore confir-
mer cette distinction ; la mollasse inférieure aurait subi des dislo^^,
cations auxquelles la supérieure est restée étrangère. Dans nos
travaux en commun pour la carte géologique de l'Hérault, qui.
nous occupe en ce moment, M. E. Dumas et moi, nous distia*
guons la première sous le nom dtjausse mollassey la seconde spiit|
0& SÊAKCI DO 18 HOTNBRI ISM .
celui de mollasse coqnillière; l*une et Taulre, je le répète, ont ëtë
appelées calcaire moellon par !VI. Marcel de Srrresdës aea |Ne-
mîèret publications sur la géologie du midi de la France.
Un second point que M. Dumas avait établi dans le département
duGanly et que mes obserralions postérieures à Tannée 4853«
dans les environs de Alontpellier, me |HM-mcllent d*affirmer de
mon côté, c'est 1* identité de Tlioriion dcrs marnes jaunes ou fausse
mollasse avec noa sables jaunes supérieurs, si connus sous le nom
de sables jaunes de Montpellier. Au double point de vue straligra-
phîqne et minéralogique, on passe de nos sables aux marnesjannes,
et de celles-ci à la fausse mollasse, sans rcconiinttre la moindre
solution de continuité ni la moindre interruption; on se oouvainc
sans peine que notre sable n*est qu'une forme de Ac\\oX de cet étage
supériearde la molkisse, appelé par U>s ouvricis .<//// r, ainsi que
le rappelle M. de Roys, et se présentant par places «ous les fonnca
variées de poudingue, de calcaire, de grès ou de marne.
Cette identification est- elle sanctionnée par les fossiles? On ne
saurait en appeler aux invertébrés, à cause de leur mauvais état
de conservation ; quant aux vertébrés, ])hisieurs dents de Sqnalea
se sont trouvées communes aux siblcs et à la mollasse; les pre-
miers ont fourni, dans les exploitations sous la citadelle de Mont-
pellier, deux dents du Cnrcharodon mv^nhdon^ si caractéristiqoe
pour la mollasse inférieure, et une troisièuie dent, appailenant k
la même es|)èce, à quelque distance du premier gîte, sur les bords
du Les, au lieu dit la Pompignanc. Les mammifères seuls semble
raient établir un c^gc distinct pour les sables, ce dépôt renfenu'
une faune que M. Paul Gervais déclare tout l\ fait spécia^
complètement distincte des quelques animaux trouvés d'
mollasse supérieure (calcaire de Saint-Jean-dc-Védas, Cour
Loupian, etc.).
Ce n'est pas au retour de la session de la Société géoloj
Maurienne, et après avoir constaté de mes yeux les brilla^
tais des observations de MM. Pillet, Lory et Vallet, q»
sentirais disposé à nier les conclusions de la paléontol
il s'agit ici de limites bien différentes, on l'avouera;
actuel de nos connaissances, le pliocène et le mince
sont des termes moins irréductibles que ceux mis en
Tarentaise.
J'ajouterai que M. Gervais n'est pas éloigné de
faune de nos sables les carnctcrrs d'une faune de IVp'
Nos sables rentreraient donc tout au moins dans '
du miocène. Resterait à chercber ailleurs un typr
LStniV M H. HOCGUftS, 96
Ce terme de pliocène provoquei-a de ma part une dernière
remarque ; à l'occasion de Tobservation qu*a présentée M. Ssuiann
sur les fossiles si^^nalét par vous dans les marnes jaunes et dans
les marnes bleues, je vous demanderai, monsieur, ou à l'honorable
membre qui a pris la parole après vous, s'il existe quelque part
une série de couches fossilifères dont T^lge pliocène soit établi de
telle sorte qu'elle puisse servir de type et de terme de comparaison.
Cet horizon, qui jusqu'à présent m'a paru singulièrement nébu-
leux, nous serait^ s'il venait à s'éclaircir, d'un précieux secours
pour l'étude de nos dépôts tertiaires.
M. Deshayes regrette l'expression de fausse mollasse pro-
posée par M. de Rouvillc. Il ajoute quo, d'après l'examen des
fossiles, il ne reconnatt pas de couches pliocènes proprement
dites dans le département de l'Hérault.
M. Sœmann, au contraire, persiste à croire à Texistence du
terrain p!iocènc dans le département de l'Hérault; il base
cette opinion sur la liste même des fossiles qui ont été cités par
M. d'Archiac.
M. d'Archiac lit la lettre suivante de M. Nognës.
Sorèze, 5 novembre 4 864.
Mes recherclies pour la confection de la carte géologique du
département des Pyrénées-Orientales m'ont amené cet été dans la
vallée supérieure du Tech. J'ai commencé par explorer les envir
rons d'Amélie-les-Bains, que je connaissais déjà par ce que vous
en dites dans votre méutoire sur les Corbières.
Vous savez que les grès rouges de la vallée du Tech et de la
côte d*Urgelont été l'objet d'une discussion entre IVI. Noblemairei
ingéuieur des mines, et moi ; je crois plus que jamais que le grès
rouge d'Amélie, du pont de Palalda et de Couslouges est un membre
du trias et non une dépendance de la craie. Ce grès rouge est
recouvert par des calcaires diversement colores, noirs, bitumi-
neux, gris ou rougeâtres, qui forment l'escarpement qui longe la
grande route avant d'amver aux premières maisons d'Amélie-kf-
Bains. Les mêmes calcaires noirs avec veines blanches de calcaire
cristallisé prennent un gi'and développement sur la rive gauche
du Tech ; ils fonnent toutes les basses montagnes comprises entre
le village des Bains et Palalda.
Lonqu'on atteint la hauteur de la colline qui s*élève aur U rive
96 sÊAiir.i Di' 18 novBiBRi 1S61.
droite de la ri viens à Test «rAiiu^lie, cm rrocontre des conûhct
d'an calcaire noir avec ostraoétrael polypiert.
Le mauvais état des édiant liions de ft)isilcs que j*ai recrueîUis
dans ces calcaires ne m*a pas permis de les déterminer ri{;ouraa -
sèment; cependant une de ces ostracëes se rapproche de VOtirra
macropiera (Sowerby), et surtout de VOsirm ÂJUitifaita [d*OM^
gny) du gaull.
Ces calcaires noirs à ostraeiVs, qui rei'ouvreiit les assises qui
forment l\!srarpi>ni('iit di> l.i loiiCt*, sont donc un membre de la
craie infërieurc. Alors les calcaires de la route, c?eux de Palalda,
superposas directement sur le ;;rès roii{'e« tlcvr.iiont descendre h
un niveau plus bas, au lias probablement? l^s couches à Hippu-
rites constituent les parties supérieures du système crétacé du paya.
Au-dessousdesHippui ites, dans un (;rès (;rossitT, jaunâtre, se mon-
trent le Cyrlnlitcs vHifJtim (Lam.) et la Hhy/ic/ionclifi fi^f/onHés
(d'Orb.).
Transpoilons-uous maintenant dans une localité bien autrement
intéressante, dans le vallon de Saint-Laurent et de ConstougéSi
dë|)endant en partie de la vallée de la 3]oup,.i.
D'Arles au Pas-de-Lonp, la route, qui niarclii* parallèlement su
Tech, est tracée sur les sel listes satinés et les schistes macliièreSy
recouverts sur certains points par des calcaires cri>tallins en bandes
interrompues.
Cest à la hauteur du Pas-<le-Loup que l'on quitte la rive gauche
du Tech pour entrer dans la vallée p,i-anitiqut? de Saint-Laurent-
de-Gerdans. C'est à environ 2 kiluniètres au sud de cette petite
ville pittoresque, à la métairie de Lai'a(;e, ()ue réapparaissent!^
dépôts sédimentaires. Jusque-là, Tœil ne s* est arrêté que sur
granités presque partout eu voie dedéconqK>sition.
Au vallon de Lal'age, le grès rouge, plongeant au sud-est, ref
directement sur le granité; il est recouvert yuai des assises
calcaire noir présentant la plus grande analo|;ie avec cel
forme les escarpements de la route d'Amélie, au-dessus dt
de Palalda.
Au moulin iVEméngns^ dans le lit du ravin, affleure le f
argileux qui doime un très bon ciment. 1^ colline en face
lin est formée par une série de strates très distinctes d'u'
argileux feuilleté, plongeant au sud- est. Ce calcaire ei
nombreuses présente la plus grande analogie avec certai
du lias, surtout avec ceux des environs de Hédarieux. i\I
de liédarieux, familiarisé avec le terrain jurassique de
de sa ville, m*a assuré que le calcaire argileux que ï
1^ fthrniin par M.K.IXm.MOY
[J I O r E Provinor*
assiii houillfi- de Val ciicicii tirs
ilrpal ri .-ivnnt le Huulrvrmrnl
luulrvnnriil o^ciirml ilu Mitlj
KOTË Dtî M. rroGiîts.
6»
comme ciment, snr le versant espagnol, «îans la vallée de la Mouga,
est un calcaire liasique ; il a la plus granch analogie de com|H>8i-
tion et de position stratigrapliique avec celui que je vous signale
entre Saint-Laurent et Coustouges, lequel pourrait bien être un
affleurement de la couche espagnole.
CoUinê de LajagB.
N.-O.
t..B.
I. Calcaire gris.
S. Calcuire ooir, argileux.
3. Calcaire noir, avec veines blanches.
4. Grès jaunftlre.
5. Grès rou«« très quarUeuz.
6. Grès rouge un peu in<irDeuZ.
7. Grès rouge à grains fins.
8. Grauile.
Au sud de Goustouges, à la métairie de \d^ Cornt, nous trouvons
de bas en haut la succession des grès rou<>e8 calcaires, grès à cou-
leur foncée avec débris d'oslracées, de Rhyochonellet, de Plicar
tules, le tout couronné par des calcaires à Hippurites. Au oamp
d'Amont, au sud- est de Goustouges, le sol présente des accidents
orographiques pittoresques. On dirait un vaste entonnoir dont les
parois sont diversement colorées; au fond se montrent des grès
rouges surmontés par des calcaires rembrunis avec ostracëes ; vers
le haut des collines, des assises d*une marne noire ou gris jaunâtre
renfermant en abondance le Cjclolites elliptica^ qui forma un
horizon bien distinct au-dessous des Hippurites.
Enfin, tout à fait au sommet, se montrent des calcaires gris ou
noirâtres, subcristallins, avec plusieurs espèces d'Hippurites, dei
Radiolites, des Peignes, etc.
En résumé, aux environs d'Amélie les-Bains, d^ns te bassip de
la Mouga (environs de Goustouges) et dans ta vallée de Sainl-
Laurent se trouvent :
4^ La craie supérieure (à Hippurites, à Cyclolfffs eWptica)\
V La craie inférieure (néocomieu ou gault);
Z"" Le lias ?
4° Le trias.
Soc, géoLf V série, tome XIX. 7
1
68 ttAHCI BU 18 ROTMlil i861.
Dant une note spéciale je décrirai et je prourerai ce que je MB
fais que tous indiquer aujourd'hui.
M. Deiesie lit la lettre suivanle de M. Marcou :
Lettre sur les roches jurassiques hors de rEurope^ adreiaèe à
H. A. Delesse par M. J. Marcou.
Boston, 22 octobre 4861.
Les collections de la Société d'histoire naturelle de Boston
sèdent deux belles Ammonites jui'assiques» rapportées pur uo
sionnaire, le révérend Nalcolm, des bords du fleuve Irawaddit
dans Tempire birman, presqu'île indo-siamoise. L'une est 1*.
monites btfrons ou ^atcoiii\ complètement identique avec IV
de France et d'Angleterre, et l'autre est V^é, comnwnis. Ces
fossiles sont tellement semblables à ceux d'Angleterre, méine
l'aspect lithologique, qu'on dirait qu'ilsont été recueillisdaoa le Ite
supérieur de Lyme-Regis. L'^. co//i//7m/i/j est roulée et uséeyIftMiîi
que Va, ff^alcotii a été recueillie en place, avec des fragineoli die jn
roclie encaissante, qui est un calcaire marneux bleuâtre. Le
sionnaire n'a pas indiqué exactement le point des bords du
où il a recueilli ces fossiles; mais, comme c'est en allant de HM^,
goon à Ava, il s'ensuit que le terrain jurassique existe
Birman à une latitude plus méridionale que Calcutta et que
et que c'est la première fois qu'on le trouve aussi près de W
et à l'est du golfe du Bengale. <>
Les publications faites en 1859, 1860 et 1861, tant k Gek
qu'à Londres, par la Commission géologique de l'Inde et |(j|
ciété géologique d'Angleterre, ont confirmé pleinement les f^
minations des plantes fossiles recueillies dans la format'
grès rouges de l'Hindoustan par le docteur Mac-Clelland,
mon ami, le professeur Heer, a reconnues comme apparten/
flore triasique, ce qui m'avait permis, dès février 1859, d
mémoire intitulé : Dyas et trias, ou le nouveau grès
Europe, dans Vjémériqae du Nord et dans tlndc^ de pb
véritable position stratigrapliique la grande et vaste fc
nouveau grès rouge du centre de l'Inde, qui jusqi
regardée comme de l'époque jurassique.
Le capitaine sir F.-L. Mac-Clintocli,qui a découve'
les roches du Jura vers le pôle nord, sur Tile du Pi
en mai 1853, a, dans son dernier voyage de 1859
LBTTâB DB M. MABCOU. 99
exemplaire de la Cardinin ovalis^ Slutdiburg, trouvée en dra-
guant le fond de la mer, à la sortie du port deLively, au Groeiw
laud. Probablement que ce fossile liasique a été transporté par les
glaces des régions placées plus au nord (voy. On the jossils brought
home jrom the artic régions in 1859, par Sam. Haughton, dans le
Journal of the Dublin Society^ p. 53, 1860).
Un trafiquant de la Compagnie des fourrures delà baied'Hud-
son^ nommé Barnston, a recueilli dans la vallée de la rivière
Mackensie, sans désigner toutefois la localité précise, une grosse
Ammonite de la famille des macroccphali^ voisine ou peut-être
identique avec Tune des trois Ammonites jurassiques suivantes,
savoir \ Ammonites fFomessenskii^ Grev., d'Alaeksa (Amérique
russe), \ A, polyptychas^ Keys., de rOienek (Sibérie) et du Pels-
chora-land (Russie), et enfin \A, Tchejkini^ de Bucli, de la rivière
Oka (Russie). Ce fossile jurassique a été décrit par M. Meek
sous le nom à^ A, Barnstoni, A cette grosse Ammonite adhé-
rait une petite de la famille des hcterophylliy décrite aussi par
M. Meek sous le nom d*//. Billingsi. Ces deux fossiles ne laissent
pas de doute sur l'existence des roches du Jura dans la grande
vallée du fleuve Mackensie (voy. Narrative oj the Ctmadian red
river exploring expédition r>/1857, and of the Assinisiboine and
Saskutchewan exploring etpedition of 1858 ; by H.-Y. Hind,
vol. II, p. 306; London, 1860).
Al. H. Ëngelmann (de Saint-Louis), qui accompagnait, comme
géologue, une exploration du pays des Mormons au territoire
d'Utah, a rapporté des bords de la rivière Duchesne et de la rivière
Webcr, à 10 et 30 lieues à l'est de la ville du Grand-Lac-Salé, des
fossiles trouvés dans des couches calcaires, tels que Prrten, Ostrea
et Pentacrinusy ayant des formes jurassiques, et qui indiquent
Texisteoee certaine des roches du Jura dans cette partie occiden-
tale des montagnes Rochonscs (voy. Notice of gcolof»iral disco"
f'£r/7Vr5, dans les Proc. oj the Acad, ofnat, se, of Phiiadelphia, avril
1860, p. 129).
Enfin iM. David Forbes a réussi à trouver dans la Bolivie le
terrain jurassique qui avait échappé aux recherches de feu Aicide
d'Orbigny. Cette découverte joint, par le désert d'Atacania, les
roches du Jura, reconnues au Chili par Ignace Domeyko, à celles
du Pérou, et montre une ligne non interrompue decetle formation,
tout le long de la cote occidentale de l'Amérique du Sud, depuis
le volcan de Maipu, près de Valparaiso, jusqu'au sud de Lima
(voy. On the gcotogy of Bolivia and southern Penty by D Forbes,
100 JltAlICt DU 18 HOTIMMl t86l.
dans le Qaan. Jount, oj ihe ^eot. Soc. nj London ; fé^fitr IMt»
p. 52).
M. Hébert lit la note suivante :
Du terrain jurassique de la Provence; sa diifision en étagfM ;
son imlépendance des calcaires dolomitiqnes associés aux
gypses; par M. Edm. Hébert.
Les auteurs de la Carte géologique de la France n*ont poipt
donné la description du terrain jura8si(|ue de la Provence; in ont
seulement fait remarquer que la séparation di-s étages était moins
nette dans le midi que dans le nord, ce terrain n*y présentant pM,
comme dans le bassin de Paris, cette succession de chatnex de coHimes
et de dépressions concentriques qui marquent le passage d'tine for-
mation Jurassique à f autre (1).
Les (<;éolo(;ues qui s'étaient occupés antérieurement de oettt
région avaient considéré la série jurassique comme formant on
tout dans lequel il était difficile de tracer des coupes et des diVl^
sions naturelles. C'est ainsi, par exemple, que la carte géologique
du département des Hasses-Alpes, par M . Se. Gras, ne |K>rte qu*iiïiè
seule teinte pour le terrain jurassique. Le texte descriptif 1M
prouve an lecteur, et seulement encore d'une manière gëoënl^
que la présence du lins à la base, et rend probable l'existence dt
rOxford-clay à la partie supérieure dans les calcaires à AmmomlêÊS
plicatilis^ dont l'auteur fait du coral-rag. En outre, M. Sci. QMb
signale, dans cette série junissique, des altérations et des tran•IUi^- /
mations par suite desquelles des assises de gypse et les calç||)l9
cloisonnés, qu'on appelle caroncules, s'y trouvent interailéaà IdliÉk v*
les hauteurs. i
Ces caractères élablisstnl des différences considérables
terrain jurassique du reste de la France, et je désirais f^
longtemps pouvoir les vérifier.
Sans doute il y avait U une analogie avec la composit
terrain jurassique des Alpes dans lequel presque tous les
ont regardé les gypses et les cargneules comme partie i
du lias. Mais depuis peu d'années cette question avt
grand pas; d'une part l'étude du lias, surtout en ce qui
(I) £jepi, de la carte géol, de la France^ t. II, p. 76
KOTl DB M. HÉBBIT* lOl
la partie Inférieure, ce qu'on désigne souvent sous le nom d'/ /t/ta-
lia$ et qui comprend les assises antérieures au calcaire à Gryphéet
arquées, a été pouituivie en France, en Allemagne, en Italie et
en Angleterre, jusk]ue dans les moindres détails, avec un soid
minutieux. Il en est résulté que la base du lias est, dans lescon*
trées que je viens de citer, constituée de la même façon et carac-
térisée par les mêmes fossiles. La base de rinfra-liàs a été appelée,
d'après le fossile le plus généralement répandu, couche a Aviculd
contorta (1).
D'autre part, M. Favre (2) a prouvé que les gypses et cargneulea
de la Savoie sont inférieurs aux couches à Àvicula contorta placées
dans ce pays, comice ailleurs, à la base de la série liasique. Les
coupes que M. Favre a relevées le long du lac de Genève^ à Ma-»
triiige ou dans plusieurs autres lieux, ne laissent aucun doute
sur ce point. J'ai récemment visité Matringe, en compagnie de
Mi\l. Studer et Favre, et j'ai constaté la présence des couche^
infra-Iiasiquessur les gypses. Nous avons même rencontré, parmi
les fragments éboulés provenant de la base de ces couches infra-
liasiqu^, des gtës calcaires minces avec dents de poissons et de
sauriens, qui indiquent la présence du Bone-bed[V^,
[K) Voir Essai sur les conditions générales fies couches à Avicula
contorta, etc. y par l'abbé Stoppani, Milan. 1861.
(2) Mémoire sur les terrains liasique et keupéYien de la Savoie^
par Alph. Favre. Genève, 4 859.
(3) Dans le compte rendu de la réunion extraordinaire de la So*
ciété en Maurienne, que M. Favre vient de publier (octobre 1861,
Bibliathèque universelle de Genève)^ le savant professeur rectifio
(p. 11] avec raison ce qu*il avait dit précédemment au sujet de cal-
caires rouges signalés par lui dans la coupe de Matringe i^Mém. sur
les terrains liasique et keapêrien de la Savoie ^ p. 35, pi. Il, fig. 6,
couche 2 a), et qu'il assimilait alors au calcaire ammonitifère de
Saint-Cassian. Comme cela résulte àb la nouvelle mention de M. Favre,
ces couches ne sont pas des calcaires, mais des marnes, ou plutôt
des argiles du reiee cdrrespondant aux marnes irisée», et j'ajevterai que
jusqu'ici rien n^ me semble autoriser un rappro€bement avec les
calcaires de Saint-Cèssianl.
Là coupe doùnée par M. Favre est du reste parfirteihent exacte ;
seulement il nous a paru que les couches {x) et [y) pouvaient être pré-
eiséee plus que M. Favre ii*avait pu le faire. Les calcaires gris (x),
veinée de blanc, nous ont setnblé être exactement les mêmes que ceux
que noua venions de voir le même jour à Saint-Geoire et dans lesquels
des dents de Strophodus et V Ammonites plicatilis nous avaient
montré TOxford-clay supérieur.
Lee grée et sobistee (r) à fucoldes, auxquels des calcairea compactes
102 ttAHCI DU 18 IfOTBHBil 1861.
Dans les excursions de la réunion extraordinaire de la
géologique, où nous avons été diri^jéspar M. Lory avec une ti
faite connaissance du terrain, nous avons reconnu, |^ce auitovit â
rhabileté d'un excellent observateur, M. l'abbé Yallet, proieneur
au séminaire de Chambéry, aujourd'hui notre con frère, cecie même
assise â Jvicula coniarttt^ constamment au contact du système dei
g3q)ses et dolomies et des calcaires liasiques. Je citerai notamment
le niontGenèvre, où les fossiles infra-liasiquessont assex aboodanli;
de telle sorte qu'il nous a été facile de constater, à l'aide de eet
horizon paléontologique bien déterminé, que les gypses et les Car^
gueules appartenaient au terrain inférieur à l'infra-lias, c'est*A-diie
au trias, conformément à l'opinion émise par M. Favre. Nulle part
nous n'avons pu voir de gypses véritablement intercalés dana la aérie
jurassique, et les conclusions du travail de iM. Favre, qui parais»
saient alors si hardies, même aux géologues qui se sont le plm
heureusement occupés de la géologie des Alpes (1), se troareot
^»
lithographiques soDt quelquefois associés, comme on le voit k Mû
font partie du terrain nummulitique et non du terrain jurassiqoÉ^
Ces observations, que nous avons faites en commun avec MM. Siadhr
et Favre, complètent TexceUente description qu'a donnée M. Fam
de cette intéressante localité.
J'ajouterai que j*ai recueilli dans la couche à Avicula contortm^im
fossiles suivants : '* '
Dents de poissons, c.
Cerithium ou Fusus, , "^^ r -'
Cardinia. '^i:^
Mytilus minutas^ Goldf., c.
Avicula contorta, Portl., C.
jÉQÎcttla {(iervillia) prœcitrsor^ Quenst., sp. c.
Plactinopsis [Anomia) irregularis^ Terq«, sp.
Terebratuia gregaria, Su
T J
Au-dessus des couches à Avicula contorta^ les calcaires infra-lii
renferment en grande quantité des silex gris ressemblant sinr
ment aux spongiaires siliceux que j*ai signalés à Montagnac ^
à Villefort (Lozère) [Dull. Soc. géoL de France j 2* sér
p. 906).
(4) 4 Jusqu'à présent cette hypothèse hardie ne repos
fait. Le gypse, comme l'oligiste et les schistes violets, i
pas un terrain constant, mais un simple accident local dans I
Pillet. Études géologiques sur les Alpes de la Mauri
Chambéry, 4 860.
« Je ne crois pas pouvoir adopter d'une manière com]
NOTI DK M. HÉBBHT. 103
ainsi pleinement confirmées. Mais je n'insiste pas sur ces observa-
ions dont le mérite appartient à d'autres, et je laisse aux géologues
alpins le soin de noua faire connailre en détail les faits pour
lesquels nous n'avons été qu'un simple témoin.
Quoi qu'il en soit, il était de mon devoir, avant de faire con-
naître le résultat de mes observations personnelles dans les Alpes
de la Provence, de dire quels étaient les éléments qui avaient pu
me les rendre plus faciles.
La partie de la Provence citée comme présentant les meilleures
coupes du terrain jurassique par M. Se. Gras et par M. Jaubert (1)
est celle qui entoure la ville de Digne. C'est en même temps celle où
M. Se. Gras (2) signale la présence du gypse au milieu des coucbes
jurassiques, l'altération de celles-ci et leur transformation en masses
gypseuscs ou dolomi tiques.
Cette ville est en partie bâtie sur les gypses et les cargneulcsqui
les accompagnent A l'ouest et au nord, sur la rive droilc de la
Bléonne, le gypse donne lieu à plusieurs exploitations. Au sud,
le système de coucbes auxquelles il est subordonné apparaît d'une
manière presque continue pendant plusieurs kilomètres sur
les deux rives de la Bléonne et sur la route de Castellane, jusqu'au
delà de Cbâteauredon. A l'est, on le voit à la base des mon-
tagnes qui dominent Digne. Comme l'a fait observer M. Se. Gras,
les gypses semblent alignés du nord au sud et en rapport avec une
dislocation du sol.
Je me suis attaché â étudier la position des gypses et des car-
gneules, par rapport aux coucbes jurassiques, dans une grande
partie de leur extension aux environs de Digne. Je donnerai les
coupes qui font le mieux connaître cette position, en même temps
que la succession des diverses assises jurassiques.
Le point où il est le plus facile d'étudier les coucbes qui sont
en rapport avec le système gypseux est, sans contredit, le vallon
de Champoran^ à 3 kilomètres au nord de Digne, sur la rive droite
de la Bléonne, où existent plusieurs exploitations. Yoici ce que
l'on y observe :
de M. Favre, qui paraît considérer les gypses et les corgneides comme
un horizon géologique toujours inférieur au lias, etc. »
Lory, Bull, Soc. géol. de France^ 2* sér. , t. XVIH, p. 46, no-
vembre 4 860.
(4) Bull. Soc, géol. de France, t. XVIH, p. 64 0.
(2) Statistique miner, des Basses- Àlpes^ 4840, p. 37 et suir.
•tAMCI M 18 MOTUUa iSM.
NOTI DB M. HÉRtRT. 10^
1* Le (jypse (1, (ig. 1) est aasoeié avec des argiles rouges; il est
formé d'une série de lits ondulés, et présente environ 15 mètres
d'épaisseur; les argiles rouges, qui sont en général au-dessous, et
quelquefois intercalées, ont une épaisseur à peu près égale;
total 30 mètres.
2° An-dessus vient une doloniie (2, fig. 1) jaunâtre, pulvérulente
ou schisteuse, associée quelquefois à des argiles vertes ou bleuâtres,
et renfermant quelques rares lits de gypse; épaisseur, envi-
ron /4O mètres.
3° Puis une dolomie (3, fig. 1), ou plutôt un calcaire dolomitique
plus ou moins caverneux, souvent à l'état de brèche à la base,
empâtant des fragments de schiste, plus terreux à la partie supé-
rieure, où il alterne avec des argiles vertes, quelquefois rouges ;
épaisseur 30 mètres.
La base de cette doloune e&t un gros banc qui forme saillie ;
elle passe quelquefois à une dolomie cristalline, qui la traverse
en filons minces; elle passe aussi à des calcaires bleuâtres, mais
tout à fait accidentels.
Ce système de gypses, d'argiles rouges ou vertes et de cargneulés,
a donc environ 100 mètres de puissance. Partout où on Texamine
autour de Digne il présente à peu près la même série de couches.
Partout aussi il est recouvert par une antre série bien différente,
composée de calcaires noirs ou gris bleuâtres, alternant avec des
marnes plus ou moins schisteuses, mais ne présentant ni gypse,
ni dolomie, et renfermant plusieurs niveaux fossilifères qui se suc-
cèdent dans le même ordre.
Le vallon de Champoran permet d'étudier cette succession de
couches sans qu'il soit possible de se tromper. On peut, en effet,
y relever trois coupes parallèles montrant exactement la même
disposition de couches, et n'offrant une légère différence qu'à
l'endroit de la fracture (A, ti^;. 1). La première, la plus méridio-
nale, est le versant sud du promontoire de Champoran ; je l'ai
dessinée ci-contre.
106 al&Hci i>u 48 itoTni» 1861.
La deuiièine, que je figure ici, eM le Tenant nord de ce mtoe
proinonloirc ;
Fig. 2. — Promontoire de Champoran [verianl nord, vertamt imd
da raPia).
.
!• '
Et enfin la troisième (fig. 3} est le vertant nord du ravio a
est au nord du proinonloire, cl fait (ace à la coupe fi|;. 3 ; .
telle sorte i{ue les deux flancs de ce ravin sont représenta b
les coupes lig. 2 et 3.
La l^ende de la fig. 1 est coinumne aux deux autrea.
Fig. 3. — Venant nord du ravin de Champoran,
La partie inférieure de la série calcaire se laisse Toir daof
coupes avec la plus grande facilité et dans le plus grand dâ*
une épaisseur d'environ 120 mènes, et j'y ai reconnu (ro<
ions fossiliières bien accusés : 1° à b bas>-, en cniilact j
cargncules, sont des couches minces péliies de fossiler
d'elles ne renfei-me guère que des fragments d'osseinentr
ions ou de reptiles, surtout des dents ; une autie est pél
NOTB DE ■• HÊBBRT. 107
eula co/itorta. C'est, à n'en pas douter, la base de l'infra-lias,
le bonc'bed (\), ^
Sur 40 à 45 mètres environ, on remarque que les bancs calcaires
(1) Voici le détail des couches da liss inférieur, pris en a (fig. 3).
\^ Dolomie, partie supérieure du trias.
Injra^lias,
2^ Schistes noirs, base du lias O'^.fO
3* Grès gris 0",80
4° Schistes noirs O^jTO
6° Calcaires et schistes à Avicula conforta avec le bone-
bed à la base, dans lequel j*ai recueilli en outre Gcrvillia
prccnrsor^ Quenst., Pecten ValoniensiSj Oppel et Suess
[Kossener scbichten. etc., tab. 44, fig. 8 (non Defr.)], et 6
ou 7 autres espèces que je n'ai pu déterminer l'^fëO
6^ Alternance de calcaires gris et de schistes noirs. Les
calcaires sont remplis de petits fossiles, notamment de MytUus^
Peignes, etc 6*", 00
7"* Calcaires gris, bleufttres à l'intérieur, peu fossilifères,
alternant avec des schistes noirs 42"',00
8^ Calcaires jaunâtres et argileux i"^}00
9<^ Calcaires en bancs compactes faisant saillie, à fossiles
indéterminables I8'",00
4 0" Calcaire en bancs réguliers, peu distincts en bas. . . ^^''fOO
4 4** Calcaire en gros bancs durs faisant saillie 8", 00
4 2** Calcaires marneux et marnes très fossilifères à la partie
supérieure (couche b des fig. 4, 2 et 3), Ammonites angu-
iatuSy Terebmtuln perforata^ Rhynchonella costellata^ Car'»'
fiinia lameilosa^ etc • • • • • . • 4 O'yOO
«
Total. . . . 83»,40
Calcaires à Cryphées arquées,
4* Calcaires schisteux et en plaquettes, mincet d'abord, plus épais*
sies ensuite • H*, 00
2** Calcaires noduleux en lits minces 5", 00
3*" Calcaires schisteux et en plaquettes O'^fOO
4*^ Calcaires en bancs de O"", 30 environ 7"*, 00
6*> Mêmes calcaires avec un lit de 4 mètre de calcaire schisteux à
la base et Ammonites Bucklandi^ A. Bonnardi^ dans les assises supé»
rieures • 8", 00
6° Calcaire schisteux et noduleux alternant avec des lits de
marne 3",00
Il n'y a dans cette coupe aucune séparation tranchée entre l'infra-
lias et les calcaires ï Gryphées arquées, et la limite que j'ai cru devoir
adopter peut ne pas être tout à fait exacte.
lOS StANCI DO 18 HOTBMBIt 1801.
sout t-eiiiplis de fragments de petits fossiles, mais il esC iiii|
de les déterminer; puis vifiintiit des calcaires compactes ou
neux peu fossilifères, épais de 20 à 30 mètres, recouTeits par 8 à
10 mètres de calcaire esseutiellemeiit marneux [ù, fig. 1, 2 et 3),
remplis de fossiles, dont les principaux sont :
Amnwnitfs nn^itlatut^ Schi. (1).
Terebratuia perjnrnta^ Piette (7*. xtrangulatu^ Martin).
Rhynrhonella cosirliata, Piette.
Cardin ta lamcUosa^ Goldf., sp.
Etc.
Ces fossiles caractérisent la partie supérieure des grès infra-lian-
ques d'Hettange, de Luxembourg et de beaucoup d* autres régions*
Des calcaires (ô, lig. 1,2 et 3) avec Grypliécs arquées et Ammo*
ni tes Bucklandi reposent sur les assises précédentes et se continoeilt
jlisqu'à la rivière de la Bléonne. C*est le ti oisièine horizon fossili-
fère qui occupe, là cotumcpartout ailleurs, une position invariable.
La Bléonne interrompt ici la série liasique qui se continué de
l'autre côté, en plongeant toujours régulicrement à Pest (fig. 1).
(I) \1A, an^utatus^ Schl., De figure point dans le Prodrome do
d'Orbigny : dans la Paicontoio^ie frantaisr^ cette espèce est rapportée
è y /t, spinntuft^ Brug.. Bronn, dans son Indvx palœuntolof^iciu^ 484A«
réunit à cette espèce, d'après Quenstedt, les A. MoreamiSj d'Orb.,
A, m tenu tus, d'Orb., A, Charma ssvi^ dOrb. , A, Laigaeletii^ d'Orb,
MM. Chapuis et Dewalque (Desv. de* terr. sec. du Luxembourg^ p. B6,
1853) admettent Tideotité de V.i. ratenaïus st de VA, anguiuims^ ee
qui est exact. M. Terquem (JM//. «V/^r. gmj/., 2^ sér., t. V, p. ftM^
1855) en détache avec raison les Ammormes Channafsei et Laigm^»
U/tii, mais il y réunit lo Morcanus. M. Qppel [Die J urajormatiom^
etc.^ p. 75, 1856) reproduit à peu près la synonymie de Bronn.
L'A. colubrtuus, Ziet., 1830, V, pi. III, fig. 1, et que d'Orbigny
oe cite pas, est certainement VA. Momuius^ d'Orb., dont le type est
dans la collection d'Orbigny, su Muséum. Même ligne lisse et ssillent
sur le dos, au niveau des côtes; côtes flexueuses effacées sur le miKei
des tours. L'échantillon que j'ai recueilli à Digne se rapporte à VA, um*
gulatus telle qu'elle est figurée et décrite dans l'ouvrage de MM. CS^
puis et Dewalque, et qui diffère de la précédente par un sillon dorr
par des côtes droites en partant de l'ombilic, fortement coudées v
dos, sur lequel elles se continuent plus ou moins. J'ai rencootr
espèce à Uettange dans les bancs immédiatement inférieurs
Caire à Gryphées arquées; à Varangéville, dans les calcaires
pbées arquées, ou peut-être immédiatement au-dessous, et à Iz-
Jsmoigne, dans les marnes à Cardioies, qui doivent être con
somme rborizon fossilifère le plus élevé de Tiofra-lias et
comme le plus inférieur.
Kon Dl m. HtBtET. 109
Ce plongement varie depuis 60 à 90 degrés pour la base de cette
coupe jusqu'à 80 ou (lO degrés pour les assises supérieures.
Si Ton remonte à Touest le ravin de Gliamporan, on parcourt
de nouveau la même série en sens inverse, mais le plongement est
à Fouest, et Ton s'assure ainsi de la manière la plus évidente que
les gypses et les cargneules sont, non point intercalés dans les
couches jurassiques, mais au-dessous de la plus inférieure d'entre
elles, au-dessous du bone bcd.
La disposition des couches liasiques de chaque côté du massif
doloniitique montre, en outre, que c'est par suite d'une fracture
que le système inférieur apparaît au milieu de la série liasique,
mais de façon à é(re de chaque côté et par sa partie supérieure en
contact avec la base reconnue du terrain jurassique. Je laisse, en
e£Pet, de côté Topinign qui place le boue bcd et les couches à
Avicula contorta dans le trias. Cette opinion, qui ne saurait influer
sur la position des gypses, ne peut se soutenir en présence de
l'identité et de la continuité des calcaires à ^v/cttln contorta avec
toute la série liasique, non-seulement dans les Basses-Alpes, mais
dans les Alpes de la Savoie et en Italie, et de la séparation brusque,
sans passage aucun, de ces calcaires et des dolomies qu'ils re-
couvrent.
Le gypse et les cargneules font donc ici partie du trias et non
du lias.
On arrive à celte même conclusion par toutes les observations
qu'on peut faire autour de Digne.
La ligne des gypses et des cargneules se dirige à peu près du
nord au sud et longe la Bléonne jusqu'à Digne. Elle ne se trouve
pas constamment 4 1^ même hauteur au-dessus de la rivière, parce
que l'ensemble des couches éprouve, du nord au sud, d'assez
fortes ondulations par suite desquelles, par exemple, la partie
supérieure du trias qui, à 2 kilomètres du pont, est à une grande
hauteur, est à peu près au niveau de la rivière au pont même.
Fig. U. — Hi*^e droite de la Bléonne,
s. If.
: Pool t Exploilatioiu de gypse. Vallon
: de la 1. Dolomiet. <>•
': Bléonae. t. Lias. ChampucM.
Di|D«.
110
SÉANCl DU 18 ROTIMlll 1861.
Elle traTene le ruisseau de TEscure, derrière Digne aa àod, uÀ
peu avant fon embouchure, et la rive gauche montre exaclieoMOt
la même disposition que nous venons de décrire au valloo àm
Champoran, à savoir, les gypses et cargneules (Ci^i. 5, i et 2) t{Mr*
tant de dessous les assises infra-liasiques (3) inclinées, les uncA à
Test, les autres à l'ouest.
Fig. 5. — Digne, — Rive gauche de fEscure,
faille.
i. AiliU ro«g« «t fJpM.
t. DuTomkt.
3. lofra-lias.
il
ti
Si on passe sur la rive droite de TEscui-e et qu*on se dirige ik
l'est d'abord, puis au nord-est, en suivant le fond de la vallée, 49
coupe successivement toutes les assises, depuis les cargneules, l'in-
fra-lias, les calcaires à Gryphées arquées, jusqu'au lias supérieur»-.
S..0
Fig. 6. — Coupe de la reliée de t Escure.
1 A s 6 8 4 5
DigDc.
Cette coupe (1), dans sa partie inférieure, s'accorde avec
cëdente jusque dans les moindres détails. Les couches à ^
(4) En voici les principaux détails, de bas en haut.
4^ Doiomies (I, fig. 6).
2* Schistes et calcaires de l'iofra-Iias (2) avec les coucl
J vie ni a contorta à la base environ
30 Calcaire noduieux en bancs minces et marneux avec 7'
perjnrata, R/iYnchonelta coUellata^ Cnrdinla lamellnsa^ c'
4* Calcaires compactes ou marneux (je fais commence'
NOTI Dl M. BtBSRT. 111
coniortat celles à Ammonites angniatnx^ les lits de Gryphëes ar-
quées, très abondantes dans cette localité, montrent que la même
série liasique repose sur le système du gypse, au sud comme au
nord de Digne. En outre, en poursuivant Tétude des couches à
i^est, on voit que le lias tout entier se prête exactement et avec la
plus grande facilité aux mêmes divisions naturelles qui depuis
longtemps ont été établies dans le nord de l'Europe.
Les calcaires à Grypliées arquées et Ammonites Bucklandi (3,
fig. 6) ont ici une épaisseur d^environ 50 mètres, et ils sont recou-
verts par 20 mètres de calcaires marneux et de marnes [h) qui
renferment assez communément un fossile bien connu, le Mactro^
mya lia s in a ^ A g.
Les assises qui viennent immédiatement au-dessus contrastent
fortement avec les précédentes. On rencontre en effet successi-
vement :
1° Une série de couches (5) remarquables par leur nature bré-
chiforme, qui se maintient sur 60 mètres de puissance sans qu'il
m'ait été possible d'apercevoir la moindre trace de fossiles. Cette
brèche, très grossière à la base, est composée de gros fragments
anguleux de calcaire bleuâtre, empâtés dans un ciment calcaire.
Ou y i*encon(re quelques minces lits d*argile.
2° Des calcaires marneux et i\t$ marnes (6) avec Avicuia cyc-^
nipes. Epaisseur 80 à 90 mètrps.
3° Des calcaires compactes (7) avec silex noirs en rognons
irrcguliers, très abondants à la partie supérieure ; ces calcaires,
en bancs épais, sans argiles intercalées et sans fossiles, dessi-
nent sur les coteaux de grands escarpemeuts abruptes. Epais-
seur. 50 Â 60 mitres.
k'* Des schistes (8) gris ou bleuâtres, renfermant des amandes cal-
caires dans leur partie moyenne, et passant à leur partie supérieure
à des grès calcaires dont la puissance est au moins de. . 10 mètres.
caires à Gryphées arquées) 6", 00
5^ Calcaires très marneux avec Ammonites Bucklandi^ Lima gi-
gantea^ et Ostrea arctiata disséminés 5", 00
6" Calcaire couvert d*0. arcuata 0",40
7*" Calcaires bleufttres en lits réguliers alternant avec des schistes
noirs peu fossilifères, contenant à la partie supérieure un lit rempli
d'une espèce d'Ammonite voisine de VA. Faldani^ mais trop défor-
mée pour que la détermination en puisse ôlre certaine. . . 45"*, 00
go Calcaires marneux en lits irréguliers et ondulés alternant avec
des marnes grises, et caractérisés par le Mactromya liasina, Ag.
48 à 20»,00
9
112 SÊANCf DU 18 ROflHMI 1861.
Cette série renferme peii de fossilts, quelques Békmnicct cl
V Ainmomtes Margaritaïus, Epaîbseui* 100 inètrci.
tx° Des schistes noirs (9) avec /émmoH/tn ratlians^ serpetitinms^ etc.
Épaisseur 200 mèOPetL
Cette dernière assise app<'irtient évideninient au liai tiipérieor,
comme les quatre précédentes au Uus moyen, qui se trouve avoir
ici une épaisseur de 300 mètres environ, et qui renferme d*aille«n
un certain nombre de fossiles bien conims, la G. cymbimm par
exemple.
La surface de contact du lias supérieur et du lias moyen etH
très tranchée. Le calcaire est irrégulier à sa surface, très dur,
comme usé par les eaux ; le schiste noir et terreux par lequel d^
bute le lias supérieur ne se lie aucunement avec lui (i).
Le lias inférieur, y compris Tinfra-lias, a une puissance de
160 mètres. Le lias supérieur est plus puissant encore; il présente
successivement :
1» Les schistes noirs (9) à J, rtutianx ne renfermant point de
l)ancs calcaires, dont nous venons de parler. Ces schistes, générale»
ment terreux, ont quelquefois une certaine duieté, et passent auK
schistes ardoisiers. l'épaisseur 200 mèCras.
2° Schistes (10) avec bancs minces de calcaires intercalés, pvé^
sentant de nombreuses empreintes d^Ammonius, notamment les
espèces suivantes : .-/. iomplnnatas^ disvo'uUs^ conctwus^ r/r. Cetla
série passe à des calcaires marneux a la partie supérieure. Ëpaissèor
mininmm 200 inètrasir
3° Marnes calcaires grises schisteuses (11) avec Ptmdomiem'^
Ammonites Lt'vvsquci^ y4. vnriabilis^ A. ///.w"^///.v, vtc, de grande- aS*
de petite taille, et reiirerniaiit de numbrcusts petites concrétà
ferrugineuses 80 à 90 uièli
Viennent ensuite des calcaires (12) marneux avec Amm^miêÊm
Humphriciianus de grande taille, renfermant en outre un fpnanJ
nombre de petites Ammonites l'ei rugi nt- uses parmi lesquelles js
citerai les espèces suivantes : A. UumyUricyiunus^ A, I^iag€ie/$L
A. Brongn'artij A.tycloidcs, A. /L;)'^///^r//.v, qui sont caractérisliqir
de roolite inférieure du nord de la France ; on y rencontre r
Bclemnites unicannlivutatus. Dans la même couche, j'ai tror
grande quantité ti-ois espèces qui ne sont généralement pa'
lées à ce niveau ; ce sont les suivantes: ^//?/;/o////rj Calypsn^ A,
{h) Pour bien voir ce contact, il faut passer sur la rive g
monter environ 50 mètres dans un petit ravin creusé précisé
limite des deux étages.
NOTE DE H. HÉBERT* 113
p/iyUtiSy J, t/itn'i'Hs. Les deux premières étaient considëiëes comme
appartenant au lias supérieur, la troisième à l'oxford-clay.
Mais laissons pour le moment de côté cette assise dont l'épais-
seur peut être de 60 à 70 mètres, et contentons-nous de faire re-
marquer l'accord tout à fait complet que la série liastque du Midi
de la France, malgré sa puissance qui est de 1000 mèti^es enri-
ron (1), présente dans la succession de ses élémeuts avec celle du
nord, et l'absence de toute trace de gypse et de cargneules dans
cette série.
Keinarquons aussi combien les trois principaux étages du lias
des Basses-Alpes sont nettement séparés les uns des autres. Le lias
moyen commence par un puissant conglomérat brécbiforme, dont
les éléments paraissent empruntés à des calcaires du lias infé-
rieur démantelés. La ligne de démarcation, entre les calcaires qui
terminent le lias moyen et les scbistes terreux qui commencent
le lias supérieur, est tellement nette, qu'il semble qu'il y ait eu
dans la sédimentation une interruption, pendant laquelle les cal-
caires durcis et lavés par les eaux auraient pris cette surface iné-
gale et rugueuse qu'ils présentent aujourd'hui. On voit qu'une
étude plus attentive fait disparaître les principales différences que
l'on n'était que trop porté à admettre jusqu'ici entre le lias mé-
diterranéen et celui du Nord.
On peut constater que la série jurassique présente exactement,
sauf la base qui n'est pas visible, les mêmes horizons fossilifères
dans le ravin qui, du village de Noraute, à U lieues au sud de
Digue, conduit à Ghaudou. On trouve, dans ce ravin, le calcaire à
Gry phées arquées et Ammonites Bucklandi à la base, le lias moyen (2)
et le lias supérieur, avec leui*s fossiles caractéristiques. L'oolite
inférieure à A, Humphricsianiis recouvre le lias. Des assises rela-
tivement peu puissantes représentent la partie inférieure de la
grande ooiite : ce sont des marnes et calcaires marneux à A. ar^
bustigerus^ Le reste de la grande ooiite manque, et Toxford-clay,
avec ses marnes, d'une épaisseur énorme, et ses calcaires à
A. pUcatilisj constitue la montagne qui domine Ghaudon, et sup-
porte, comme l'indique le diagramme ci-joint (fig. 7), la base du
terrain crétacé.
(4) Je n'ai évalué les épaisseurs citées dans ce travail que tout à
fait approximativement.
(2) Seulement ici, soit que la difficulté de suivre les détails de celte
coupe m*ait fait manquer la brèche servant de base au lias moyeu,
soit qu'elle n'existe plus en ce lieu, je ne l'ai point aperçue.
Soc, géol,, 2* série, tome XIX, 8
illl S£ANC1 du IS MOTEHBRE ISOl.
Fjg, 7. — Coupe lit' Norante à Snùit^Jocques.
e
o
a
\
•I
I. calcaire a GiT|ihc«i «itiurr».
3. SchUlct el Ciilciiiro i Gryphiva c)m buini.
5. LiM siiperirar.
4. C^lcairaa mtrocux ^ Ammonite* Uumphriesianut.
«i. Cilcaires murnoux ii Antnumites arbusligtrtis,
6. Parlie ibtuIUc oa iuiitoitlalile.
7. Marnes uifurdicunrs.
tf. GalcairM cMnpactes («•xft-nl-clay biipriieni).
9. Calcaires mai lieux noocuinitius.
Ou peut doue couelure do ces ol)servntk»iis : V que le syscème
des gypses et cargneules de la Piovencc appai lient au triât et doo
au lias ; 2° que le lias prëscufe dans cette rë|jiou les quatre groupes
naturels du Mord, et est cotnplétcnienl indOpeudaiit des gyutei
avec lesquels il n'est en contact (|uc p.u* sa h.ise.
Toutefois, si dans les Basses- Alpes c'est la hase du lias, le 6èr
bedj qui repose sur les cargneules, dans d'autres régions du Mil
comme dans celles du Nord, on verra quelquefois manquer le H
inférieur et même le lias moyen. C'est ainsi que sur les flanr'
rAi*denne, ou encore dans le iMaine, le terrain primaire est*'
vert tantôt par le lias moyeu, tantôt par le lias supérieur,
même par l'oolite.
De même à Solliès-Pont, près Toulon, le trias qui oP
partie supérieure, des assises gypseui^f s associées à des
compactes ou cloisonnés, est rccouveit dircctcuient j
moyen rempli de Gryphœa cymbium^ Pcrtm œquivahù
formis, etc., surmonté lui-même par du lias supérieur
térisé par les Ammonites radians^ vmiabilis, primordia
Ici l'infra*lias el le lias inférieur manquenl conipl
(I) Je partage donc sur ce point l'opinion de M. Jaub
NOT£ DJK U. BÊBBRT. llÔ
Ailleurs on pourra voir apparaître les gypses et les cargneules,
tantôt sous les schistes du lias supérieur, tantôt mêiuc au contact
des schistes oxfordieus. J*ai vu un exemple de ce (>enrc dans la
Drônie, à quelques lieues au nord-est de ISyons; mais ici il n'y a
plus succession régulière comme dans les Basses-Alpes; des failles
et des dislocations considérables, et surtout le manque de tempt,
ne m'ont pas permis de constater quelles sont les couches qui re-
couvrent immédiatement les dolomies. J*ai vu seulement qu'il n'y
avait ni intercalation des gypses dans la série jurassique, ni trans-
formation. M, hov^ {Description géologique du Dauphiné^ p. 247,
et DulL Soc. gcoi. de France, t. XVIII, p. 46), a précisément cité
celte localité comme montrant une véritable intercalation de
gypse dans le lias, mais il n'a donné jusqu'ici, à ma connais-
sance du moins^ aucune /:;/t?f<r^ de cette intercalation.
J'ajouterai que les gypses de Vieille dont il donne [Description
géologique du Dauphiné) une description spéciale (p. 125) me pa-
raissent, d'après sa coupe même (pi. 1, fig. 6), devoir être classés
dans le trias. Cette coupe montre, en effet, que les gypses forment
la partie centrale et inférieure de tous les plissementB. Iksoul sé-
parés des calcaires du lias par des dolomies, et l'on ne voit jamais
ces calcaires hasiques au-dessous des gypses. Si donc M. Lory,
après la session des Alpes, persiste dans son opinion, il devra lap-
puycr sur de nouvelles preuves; mais nous espérons qu'un examen
plus attentif des calcaires avec lesquels les dolomies sont en con-
tact lui fera découvrir les couches ù Jvicula coniorta.
Jusqu'à production de pièces nouvelles au procès, on peut donc
dire que les différences qui s'observent dans quelques cas, relative-
ment aux rapports du trias du midi de la France avec le terrain
jurassique, sout exactement de la même nature que celles qui se
rencontrent dans le noixl au contact de ce terrain et des terrains
sous-jacents. De rares dislocations viennent troubler ce contact^
des lacunes se présentent quelquefois à la base du terrain jurassi-
que, mais dans le midi, bien plus généralement encore que dans
lo nord, dans la Provence comme dans les Alpes, c'est par sa base,
parait pas possible de voir dans les calcaires cloisonnés ou cargneules
qui termioent, avec des calcaires blancs à structure brécho'tde, la série
triasique, le représentant du lias inférieur altéré; je serais plus disposé
à y voir les marnes irisées; on effet, il y a du gypse à la partie infé-
rieure de 00 système de cargneules, et il n'y a guère de différence
notable avec lo licupcr des Alpes que dans la présence de ces calcaires
siliceux en bancs réguliers qui remplacent les dolomies terreuses des
environs de Digne.
par lo banc hvJ^ que la siôric jiiia>Mque roposr sur les car{*iiciilcb et
les {;yp>s<:s dont elle so montre coiiiplrtciiiciit iii«lé|)ondaiitc.
Je me suis altaclic, dans ce qui procède, à niuiUrer que les cypacs
u*appartieuDeut|>oiiitnu lias, et que ce dernier présente les mêmes
divisions que dans le nord. 11 m est do nicnie pour le reste de la
série jurassique. Elle ne renferme ni {j;ypse ni car[;neule8, e( pré-
sente exactement les mêmes {;roupes naturels que dans le bassiu
de Paris.
Dans les Basses-Alpcs, la série n'est pas complète ; nous venons
de voir qu à Digue et à Cliaudon Toolite inférieure est indiquée
sur une épaisseur relativement peu considérable par une faune
qui, avec des caractères spéciaux, rappelle celle du nord. Sa |jo8Î-
tion y est la même, au-dessus des couches à Jmmonitcs insfgnù cl
primotdialU,
Il en est de même des couches à Ammonites (ubiLUigems^ placées
entre riiorizon de V A, Humphric^ianus et Toxford-clay, et dans des
assises distinctes, composées de calcaires niurneux et noduleux
alternant avec des marnes.
On peut voir ces couches au haut de la montée du ravin de
Ghaudon (5, Hg. 7), mais elles occupent le fond d'une sorte de
précipice, et leur abord est difficile. Probablement en les suivant
au nord| ou les rencontrerait entre Ghaudon et la Glape, dans des
points où elles pourraient être observées à Taise, et dans leur posi-
tion normale, et j'engage ceux qui pourront explorer cette région à
suivre cette indication, en prenant le chemin de Ghaudon à Digne.
Néanmoins j'ai pu voir en détail les calcaires marneux à jé^mmo»
niics arbustigerusn parce que, par suite d'une faille, elles forinenC
la base ou flanc droit du ravin de Morante ù Ghaudon (5, fig. 7L
dont la série liasique forme le flanc (gauche, en sorte qu'ils sont en
contact avec les calcaires à Gryphëes arquées. En ce point oei
calcaires sont presque verticaux, plonj^cant légèrement au 8ud-csC|
sous les marnes oxfordiennes, lesquelles sont recouvertes par les
calcaires compactes à Ammonites pUcatiUs qui supportent 1^
ruines du vieux château de Ghaudon.
La partie supérieure de ces calcaires est très fossilifère sur 3
li mètres seulement; j'y ai recueilli plusieurs espècesd'Amnioni^
principalement les Ammonites nrbtuiigerns, A. tripartitusj y
tricus, Ges trois espèces se trouvent bien certainement en»
dans les mêmes couches (1).
(1) On m'a remis comme provenant du même gisement f
ni tes interruptus.
ROTE DE H. HÉBEBT. 117
Au-dessous de ce niveau, les calcaires sont moins nodulcux, plus
f^cliistoïdes, et renferment peu de fossiles, quoiqu'une espèce
(TAinnionite, que je crois nouvelle, recouvre littéralement un
hanc situé à peu de distance des couclies à Âmmomws arbitsti-
};crus.
Ces mêmes assises inférieures sont visibles sous Tauberge de
Norante, sur une épaisseur de 70 à 75 mètres; elles y sont recou-
vertes également par les coucbes à Ammonites n/bitstigcrux^ qui
plongent sous les marnes oxfordiennes.
Je n'ai pas eu le temps de cberclier le contact de ce système de
coucbes avec celles qui renferment les Ammonites Htimphncsianus,
A, Blagdcni, A, cycloifies, et qui appartiennent à l'oolite inférieure.
Il n'y a donc pas certitude absolue sur leur classement. Elles
dépendent soit de roolite inférieure, [soit de la grande oolite, mais
j'incline pour cette dernière position.
Quant aux coucbes fossilifères qui les terminent, je les rapporte
sans liésitation à la partie inférieure de la grande oolite; à cause
de la présence de V Ammonites nrbustigerns^ qui constitue dans le
nord jusqu'à Gliambéry (1), et aussi comme nous le verrons tout à
riieure dans le midi, un liorizon bien constant. \JA. interruptus
(4) La grande oolite présente, en effet, près de Chambéry, la
môme faune qu'à Ne vers. M. T abbé Yalletaeu TobligeaDce de me
montrer, dans la collection du séminaire, une série de fossiles recueillis
à Ghanaz au-dessous des couches à Ammonites mncrocephalus ^ qui
renferment le minerai de fer sous-oxfordien. J*y ai reconnu les espèces
suivantes :
Ammonites disais ^ Sow.
-^ biflexuosusy d'Orb.
— arbustigerns, d'Orb.
— tttmidus, Zieten (la môme espèce qa'à Nevers).
— polymorp/ius, d*Orb.
Anatina ^gea^ d'Orb,
Thracia viceliaccnsis^ d'Orb.
Je trouve dans la liste que M. deMortillet(C^o/. dclaSavoie^^. 207,
1858) donne de ce gisement, d'après M. Pillet : h^ Ammonites tatri-
eus^ qui se trouve, comme on vient de le voir, au môme niveau à
Chaudon ; 2° A. interruptus^ qui est dans le môme cas, à Chaudon aussi
bien qu'à Nevers; 3^ A, pianulny qu'il est facile de confondre avec
A, arbiistigcnis ; 4* A. Eudesiantis^ Brongniarti et subradiatns^ que
je n'ai point vus dans la série qui m'a été présentée.
Un peu plus loin (p. 24 4), M. de Mortillet, trouvant dans le mi-
nerai sous-oxfordien de Ghanaz les espèces suivantes : A. macro-
118 SÉANCE DU 18 IfOTKXBBE 18C1.
paraît Taccompagner là roinmc A Nevors. et, d'après la c*iiatioii de
."^F. Jaiilicrt (1), il est probable qiu' r\'st nu mcmo gisement qu'ap-
parlicniient, exactement comme à devers ,'2), les A. dimorphus et
pnlymorphus.
La présence, dans ces couches, des ./. ttipartitus et tatricus ne
me paraît pas un obstacle. La première espère, en effet, n*est citée
par d'Orbigny que des mêmes localités que 1'^. arhiisttgcrus. Je
ne connais ancun motif qui puisse la faire placer dans l'oxford-
clay (3\ et la deuxième, nous venons de le voir, se rencontre dès
l'oolîte inférieure. C'est une espèce qui paraît voyager beaucoup, a
moins que, sous ce nom, on n'ait réuni plusieurs espèces distinctes.
Ainsi doncen mettant de côté les fossiles qui ne présentent point
de termes de comparaison avec ceux du nord, on peut dire que
dans le midi la succession est tout à fait régulière et exempte de
ces mélanges et de ces transformations que l'on donne trop souvent
comme le caractère du terrain jurassique de ces régions. Seulement
ici on peut signaler, sans trop de témérité, des lacunes dans cette
série ; probablement l'oolite inférieure n'est pas au complet, et
bien certainement la grande oolite n'est représentée que par 8«i base.
Je pense aussi que les assises les plus inférieures de l'oxford-clay
manquent dans les Basses-Alpes ; je n'ai pu y rencontrer les cou-
ches k Ammofiitcy macrocephaius, an ceps ^ rtc. Phniathmya carinata^
mais peut-être pour cette dernière partie les coupes les plus com-
plètes m'ont échappé.
Les marnes oxfordiennes à Ammonitrs Lamherti^ cordatus, tfr*
ilucnncnsis^ etc., sont très puissantes; elles présentent coilMM
dans le nord, plusieurs niveaux; elles constiluent dans leur co-
crp/taliis , hcctictis et Hcrveyi y qu'il croit caractéristiques de la
grande oolite, taudis qu*cn réalité elles caractérisent l'oxford-clay
inférieur, conclut à un mélange qui n'existe pas. Je ne parle pas der
W4. hullntits^ bien que son gisement ordinaire soit les couches
A. mncrocrp/inias, parce qu'on prétend que c«;tlo cspèco se trr
réellement dans la grande oolite, où je n'ai recueilli, do cette fc
que VA, tttmidiis, Zielcn (voyez //m//., 2' sér., vol. XV, p.
et 717]. On ne saurait donc trop se mettre en gaule contre ces
langes de faunes, qui sont le plus ordinairement le résultat dr
de fossiles incorrectes.
(4) Btii/,, tXVllI, p 609.
h) Bull., t. XV. p. 708.
(3) M. Jaubert ne cite cette espèce que dans l'oolite ir
[Matériaux pour la ^cofogic du far, p. 47, 4 8o9), m:iis il
avoir réuni dans co groupe des couches appartenant ù
oolite.
ROTI DM M« H<BBRT. ll'O
semble un horizon constant, aussi bien que le calcaire compacte à
Jmmo/iiws plicniilis qui les surmonte et forme une grande partie
des sommités de ces régions. Ce calcaire est Voxfard-ciay supérieur.
On l'a quelquefois, mais à tort, rapporté au coral-rag; ÏAmmo-
nitcs piicatilis y est commun, et j'y ai recueilli, en outre, VJ, tor*
iisulcatus et la Terebratula diphya. Ce dernier étage existe néan-
moins, mais un peu plus au sud. Il a été récemment découvert
par M. Se. Gras, sur le versant des montagnes qui dominent Es-
cragnoUes ; il y est, comme dans le nord de TEurope, composé de
calcaires blancs caractérisés par le Cidarisjlorigemma (C. Blumen*
bachii), la TerebratiUa insignis et plusieurs autres fossiles du même
horizon .
Enfin, ces calcaires coralliens sont recouverts par des calcaires
compactes à cassure conchoïdale sans fossiles, qui viennent plon-
ger dans le ravin même d'Escragnolles, sous le terrain crétacé.
SoUiès-Pont, que je citais tout à l'heure, montre une série plus
complète encore. Il semble que les lacunes disparaissent au fur et à
mesure qu'en partant du bord méridional du Dauphiné on marche
vers la Méditerranée. Guidé par notre confrère M. Jaubèrt, j'ai
pu vérifier l'ejtactitude générale de la coupe qu'il a donnée dans le
Bulletin (t. XVIII, p. 606). Comme lui, je pense que le terrain
jurassique commence à Solliès par le lias moyen; le lias supé-
rieur vient ensuite bien caractérisé par ses fossiles ordinaires, Àm^
moniles radians ^ A, primordialiSf A^ variahitis^ mais on y trouve
abondamment dans les mêmes bancs que \A, radians d'énormes
piquants d'oursins, voisins des Rabdocidaris moraldinoy liasina et
maxiêua, La faune de ces assises est bien celle du lias supérieur, 6t,
si on place la limite supérieure au-dessous des couches à A /ma A^rer^?-
morphay Desl. , elle ne renferme aucune des Ammonites de l'oolite
inférieure. Dans une localité que M. Jaubert m'a montrée, la sur-
face du lias présente même ces traces d'usure et ces perforations
si fréquentes à la limite des étages. C'est seulement au-dessus
de cette limite que l'on trouve la faune de l'oolite inférieure.
La base de l'oolite inférieure est un calcaire ferrugineux peu
épais, qui est recouvert de calcaires marneux remplis de fossiles
parmi lesquels on doit surtout citer Lima hetcromorpha^ Ammo^
nitcs Humphriesinnus^ A. Sotverbyij Myoconclia crassn. Ces cal-
caires sont assez peu fossilifères dans leur partie supérieure.
Bientôt on arrive à d'autres calcaires plus dui*s remplis d'Am-
monites. J'y ai reconnu les espèces suivantes : A, interrupttu^
A* arbustigerus^ A, tripartitiis, A. polymorphuSy dont l'association,
comme on le voit, se maintient et continue à caractériser la base
122 sÊATfCK nu 2 D^ccaiiRii 1861.
fait graver en 1806, ol qnî est reslre îiKMlito : il expose ensuite
la classification minéralogique adoptée par M. Gordier pour sa
collection.
Séance du 2 décembre 1 861 .
PRtSIDBlCCK DB H. CH. SAINTE-CLAIBB PBVILLI.
M. Albert Gaiidry. secrêlaire, donne lecture du proc<>s-Yerbal
de la derniùre séance, donl la rédnction est adoptée.
Par suite de la présentation faile dans la dernière sèancep
le PrésidenI proclame membre de la Société :
M. Berthelin (Georges), attaché au ministère des finances,
rue de Seine, 59, h Paris, présenté par MM. Michelin et
Glémcnl-Mullet.
M. le Président proclame ensuite membres de la Société les
personnes suivantes qui ont été admises dans la session extra-
ordinaire de cette année, ù Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie),
en septembre dernier :
MM.
Baddinot, ingénieur des mines, à Grenoble, présenté par
MM. Lory et Paul de Rouville \
Baudl't (Eugène de), rue Sainl-Dominiquc^Sainl-GeriniiQ.
101, ù Paris, présenté par MM. Michelin et Edm. Hébert j
Bat AN (Ferdinand), chez M. son père, inspecteur d'acadëoMQ^
à Rennes (Ille-cl-Vilaine), présenté par MM. Edm. Hébert, et
Lory;
Coche, architecte, à Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie), pr
sente par MM. Favrc et Pillet;
Gl'nisse, inspecteur du service télégraphique, ù Chan
(Savoie), présenté par MM. Tabbé Chamousset et Lory;
Demanet (Charles), ingénieur des mines, îx Liège (Bclr
présenté par MM. Dcwalquc et Edm. Hébert ;
DucuBT (Joseph), professeur, à Porrentruy (Suisse), f
par MM. de Mortillet et Lory ;
Rot (l'abbé), professeur au petit séminaire do
(Isère), présenté par MM. l'abbé Chamousset et Lory
DONS FAITS A LA SOCffiTÉ. 123
Vallet (rabbé Pierre), professeur au grand séminaire de
Cliambéry (Savoie), présenté par MM. Lory et PilleU
Le Président annonce ensuite deux présentations.
DONS FAITS A LA SOCifiTÉ.
La Société reçoit :
De la part de M. A. Caillaux :
1" Etudes sur les mines de Toscane (cxtr. du Bulletin de la
Société de V industrie minérale de Saint-Etienne^ IP, IIP et
IV* années), 4 brochures in-8.
.'2" Presse scientifique des Deujc^Mondes , 1861, n*** 20
et 23.
D(» la part de M. G, -P. Deshayes, Description des animaux
sans vertèbres découverts dans le bassin de Paris^ 27* et
28" livraisons.
De la part de M. L. Ewald :
1* Notizblatt des Fereines jiir Erdkunde^ etc., 2* et
3* années, n*^* 21 à 60, janvier 1859 à juin 1861, DarmsUdt.
2° Geologische spécial Karte des Grossherzogthums Hcssen^
section Dieburg {Darmstadt), par MM. F. Becker et R. Lud-
\vig, 1 feuille, et texte, in-8, 80 p.
De la part de M. Albert Gaudry, L*ile do Chypre. Souvenirs
d*une mission scientifique (extr. de la Revue des DeuX'MondeSy
l"nov. 1861), in-8, 28 p.
De la part de M. A. Yiquesnel, Foyage dans la Turquie
d^ Europe, Description physique et géologique de la Thrace ;
texte. S*" livraison, pp. 457-520^ allas, 8" livraison, pi. 24,
27, 28, 29. Paris, 1861, chez Gide.
De la part de M. A. -T. Kupffer, Compte rendu annuel^
années 1859 et 1860, in- 4, Sainl-PiHersbourg, 3861, chez
A. lacobson.
Comptes rendus hebd, des séances de V Académie des
sciences, 1861, 2*^ SQm., t. LUI, n''' 21 et 22.
Bulletin des séances de la Société imp, et centrale d^agricul-
turc de France, 2* sér., t. XVI, n" 9, 1861.
12& StANCl OU 2 DtCSMltl 1861.
L'Institut, n" 1A55 et 1456, 1861.
BuUetin de la Société dUiist^ire natiu^lle de Colmar^ 1'* mm-
née» 1860, in-8.
Soc. Imp. JCagric,, se, etc., de P'alencienneSm Revue
agricole, etc», septembre 1861.
The Atlienœum, n»* 1778 et 1779, 1861.
Neues Jahrbuch fur Minéralogie, etc., de Leonhard et
Bronn, 1861, 5* cahier.
ZeitschriftderDeutschengeologischenGesellschafi, toK XIII,
1" cabier, doy., <léc« 1860, janvier 1861.
jitti délia Societa di acclimazione e di agricoltura in Sici/ia,
t. I, n'5, 1861.
Résista minera, t. XXII, n"" 276, 15 novembre 1861.
Tlie american journal of science and arts, par Sillîmaa,
vol. XXXII, n* 96, nov. 1861.
Contribuciones de Colombia a las ciencias i a las ariea^
in-8, l'"* année. Bogota, 1860.
M. Michelin annonce que Ton vient de trouver dans Tooéta
PaciBque un Pygorhynchus vivant^ ce genre n*était eaoQra
connu qu*à Tétat fossile.
M. Deshayes présente le mémoire suivant de MM. Terqaeai
et Piette : Le lias inférieur de la Meurthe, de ta Moselb^j^
G^and^ Duché de Luxembourg^ de la Belgique, de la MeuMM
des Àrdennes. ,, ,,
Renvoyé à la Commission des Mémoires. ^
M. Viquesnel lit le mémoire suivant de M. Foumet :
Détails sur la formation, par la ^oie humide et à froid^M^
divers minéraux, et notamment des silicates hydratés ^'
anhydres; fdj VI. J. Fournet, professeur à la Faculté d^
sciences de Lyon.
Le principe de la moindre action en vertu duquel la na]
arrive a son but par la voie la plus courte, principe qui m'a
terminé à préférer, dans une foule de cas, la voie scclic à la '
humide, ce principe, dis-je, doit aussi porter à amoindrir, r
que possible, l'intervention des eaux chaudes, activées par 1
ROTE DB M. FOURNET. 125
sion, (|uclqiic cxaltëcs qu'elles soient depuis les expériences de
MîM. CafjUiard de la Tour, de Sénarniout, Daubrée et Sorby.
J)\ibord, leur appllcaiion n*a aucune portée c*i Tégard des terrains
fossilirères. Ensuite, il n'est pas prouvé que, dans la formation
des rociics éruplives, Teau ait agi seule, comme on le suppose
d'après les résultats des tubes, et je me suis expliqué à ce sujet,
quand j'ai insisté sur le rôle des matières organiques , ainsi que
de divers autres gaz. D'un autre côté, j'ai fait voir comment, à
Taidc de principes connus des fondeurs, tels que ceux de la réin-
caudescence, de la persolidification, etc., on peut rendre raison de
faits fort peu explicables, d'après les résultats des moyens susdits.
Enfin, j'ai démontré que plusieurs minéraux obtenus par les pro-
cédés complexes de nos chimistes se produisent tout naturelle-
ment à froid, et sans pression notable.
Je vais actuellement généraliser davantage mes aperçus en éta-
blissant d'abord que je suis loin d'être demeuré en arrière sur
divers points fondamentaux ; puis, je ferai connaître les résultats
auxquels sont parvenus d'autres géologues.
A l'égard des zéolitlies, j'ui mentionné leur production à froid
d'après les études de M. Forchliammer, revues par M. Duroclier.
Toutefois, pour les minéraux de cet ordre, il ne m'avait pas été
possible de retrouver d'abord une observation par laquelle j'au>
rais pu établir ma très ancienne intervention dans la question ;
mais la nécessité de revoir attentivement mes divers énoncib,
afin de remédier aux absorptions si familières de nos jours, m'a
remis ce document entre les mains. On trouvera donc dans mes
Études sur les gites niétaliijéres (d'Aubuisson, t. lll, p. 630) le
détail suivant, que d'ailleurs je complète pour permettre de véri-
fier mes indications.
Devant jeter un peut sur la Sioule, en aval de Pont-Gibaud et
de Pécbadoire, je me trouvai embarrassé pai* quelques rochers
placés à l'extrémité de la coulée pyroxénique, émanée du volcan
de Louchadière. Une partie de ces rochers était un peu au-dessous
du niveau ordinaire de la rivière, et quoique leurs bullosités fus-
sent remplies d'eau absorbée par capillarité, au travers des pores,
ils avaient conservé leur dureté et leur ténacité, au point qu'il me
fallut les faire sauter avec la poudre. £h bien I lesdites cavités
étaient remplies par les filaments soyeux d'une sorte de mésotype
qni ne se retrouvait pas a quelques décimètres plus haut, dans les
parties de la lave habituellement à sec. J*en conclus qu*il n'y a
aucune incertitude au sujet de la formation d*un certain nombre
d'hydrosilicates aux dépens des éléments de la roche qui les coa-
126 SÉAlfCB bU 2 DfiCBMBiS 1861.
tient. Il est, en outre, évident r]uc l'eau diaudc, aiiléc de la pres-
sion, ne peut pas éti*e invoquée ici.
Passons actuellement aux produiis anhydres.
Lies expériences de M. Mitsclierlicli unt établi que les préci-
pités de l'oxyde de plomb peuvent être hydratés ou anhydres, et,
ces derniers étant cristallins, j*ai admis que la ciistallisation suffit
pour déshydrater certains corps. D*un auti-c injté, iM. Becquerel
ayant trouvé de l*oli{*iste sur un vieux fer rouillé, je pus appliquer
ces aperçus à l'oxyde de fer do la nature, quand je détaillai, eo
18^5, les effets {généraux de la rubéfaction. Depuis, j'en lis ressor-
tir TinQuence d'une manière plus S|)éciale à roccasion de la forma-
tion des minerais de fer du {>enre de ceux de la Youlle. J'en-
gageai ensuite 31. Damour à faire l'analyse d*uu minéral remar-
quablement irisé de cette station; il reconnut en lui un fer carbo-
nate. Ce résultat fut complété par mes détails au sujet des associa*
tions que présente ce p,ite si riche en fossiles. Ainsi, ses fissures et
ses cavernosités contiennent de fort jolies concrétions s talacti tiques,
composées de carbonates ma^nésifères et nacrés: on y Toît aussi
de longues pyramides calcaires, de la barytine en cristaux d'une
magnifique limpidité, et même des cristallisations d'oligiste mé*
talloïdc, accompagnées de jaspes rubigineux, très durs, constituant
la catégorie des minerais dits agatliisés. Rien n'indique que ess
derniers soient plus hydratés que les autres minéraux du gtle de
la Voultc, et |x>urtant celui-ci est disposé en couches; il contient
en outit; des Ammonites, des Uélenmites, etc., et, par conséquent,
tous ces minéraux proviennent des réactions cfl'eetuées à froid sur
un dépôt purement aqueux (.^////. de la Soc, d*agr. de Lyon y 1849
et 18^9).
En 18/i9, devant traiter du gisement de la chamoisitc du Va^
lais, je fis aussi ressortir rexistence de Toxydule de fer, affeelant
la forme de petits points cristallins magnétiques et doués d'
éclat métalloïde très vif. J'observai, en outre, que ces cri
dont la présence a été confirmée depuis par Al. Delessi*, abondent
s^iécialemcnt à proximité des veinules d'un spath calcaire et fer-
rugineux qui, étant elles-mêmes incluses dans la masse fcrrifïiv
sont évidemment des produits de la ségrégation. De ces relationsi,
j'ai conclu que la puriiication occasionnée par le dépait de V€^'
ment calcaire permit la cristallisation locale de l'oxyde noir q
sature Tensemble du dépôt. Du reste, rien ne vient démontr
ici l'influence d'une action métamorphique. Et comme, ^'
autre côté, Tamas de la chamoisite renferme les Ammonitr
Bëlemnitesy ainsi que les Térébratules qui me mirent à i
NOT£ hE M. FOURNST. 127
d'ëtablii' enfin Texistence de l'étage oxfoidieu dans les Alpes, il
faut encore une fois admettre la formation aqueuse et à froid de
l'ensemble [Ann, (It la Soc, cfagr, de Lyon),
Les silex de la craie, et notanunent les charvcyrons du Mont-
d'Or lyonnais, présentent de nombreux passages de Tétat ainoi*plie
à Tétat de quartz hyalin prisme. Ces mêmes minéraux étant sou-
vent chargés de fossiles, rien n*e&t plus logique que la croyance de
la formation aqueuse à froid, et sans grande pression, des masses
siliceuses qui les empâtent.
Tous ces faits étaient bien certainement de nature à metti*e sur
la voie de nouvelles découvertes, et, sur ces entrefaites, M. Delesse,
à l'occasion de son arkosc de la Poirie, station vosgienne [Bull,
géoL^ 18/i7), faisait ressortir quelques détails de nature à laisser
croire à la formation de l'orthose, dans les conditions indiquées
pour les minéraux susmentionnés. Il y trouva, en effet, des cris-
taux réguliers, complets, et n'ayant aucune analogie avec ceux du
granité voisin, dont ils auraient pu être détachés. Toutefois, l'ar-
kosc reposant sur le granité, quelques géologues supposèrent que la
formation du feldspath en question résultait d'une action méta-
morphique, provoquée par cette roche; mais les détails fournis par
M. Delesse laissent croire qu'il eût été tout aussi rationnel de
faire dériver le métamorphisme feldspathique de l'action meta-
morphisante exercée par les liions de quartz, d'oligiste, de s|)ath
fluor, et de baryte sulfatée qui traversent l'arkose. Ils arrivent
d'ailleurs à celle-ci après avoir passé au travers du granité, ainsi
que j'ai pu le voir à Plombières et dans diverses autres localités.
Quoi qu'il en soit, M. Delesse n'ayant pas poussé plus loin ses in*
vestigations, la question reste complètement indécise.
En 1858 {An/i. de chim. et pliys,), M. Lewy fut nettement expU-
cite pour l'émeraude. Il avait vu k ISJuso et autres localités voi«
si nés, dans la Nouvelle-Grenade, un gîte de ces gemmes, depuis
longtemps exploité à ciel ouvert et à l'aide de l'eau, au milieu
d'un calcaire néocomien noir, bitumineux, argileux, avec des
veines blanches et, de plus, des schistes carbui'és, sous-jacents, qui
eux-mêmes passent quelquefois à une sorte de grauwacke. Ces ëme-
raudes sont disséminées dans toute la masse des calcaires et des
schistes en question. Cependant elles se trouvent plus habituelle-
ment dans des veines horizontales, subordonnées à la stratification,
quelquefois formées de spath calcaire blanc, et qui en cela se rap-
proche de celui qui est en relation avec mon oxydule magnétique
de la chamoisite. Mais le plus souvent la gangue est un calcaire
bitumineux, contenant seulement çà et là des cristaux de chaux
12S SÉANCE UU '2 DÉCBMUIIB 1861.
carboiiatéc. On vuit, eu outre, du quartz, de la pyrite et des cris-
taux de parisitc o.u carbouale de lanthane. Du reste, la gangue
calcaire, noire, csl i'iutiblc au rouge vif, en un verre brun, quand
même elle ne contient aucune éniei*aude visible à l'œil nu; Dnns
le cas contraire, elle est beaucoup moins fusible. Bn6n, elle ren-
ferme, indépendamment des carbonates de mafjnésie qui eo font
une sorte de doloinie, les divers éléments de réuieraïade dle-
mème, tels que la silice, Taluniine, la (;lucine, la inagnéue et la
soude. Toutefois, la présence de la glucine est euoore incotnine,
attendu que M. de Sénarniont a constaté la pi*éscnce d^étueraudcs
microscopiques daus l'ensemble de la roche.
L'éuieraude, quoique cristallisée, empâte des portions du cal-
caire ambiant, et, dans ce cas, elle est nébuleuse et susceptible de
se diviser en deux ou trois parties. Elle contient stirtout une telle
quantité d'eau de carrière, qu'il est nécessaire de la renfermer
dans des vases couverts où sa dessiccation s'effectue très lenteinenti
sinon elle se fendille spontanément; d'ailleurs, les bases de tes
prismes, fraîchement extraits, sont toujours humides et très
friables. AJ. Lewy n'y a trouvé que des traces indiscernables de
cbi-ome, plus de l'eau et de la matière or(j;aniqtie à laquelle il
attribue la coloration verte, avec d'autant plus de raison que sa
quantité variable fait aussi varier l'intensité de la nuance du
néral. Bien plus, i\]. BoussingauU qui avait déjà visité ce gîte,
a rapporté des (gypses pareillement verts, et, d'après cela, je crob
entrevoir une certaine analo{;ie entre ce principe colorant et cehii
des argiles d'Oum-Theboul. Il faut d'ailleurs noter que cette ëine-
raude se décolore au feu, contra ii-ement à ce qui arrive pour Iss
cristaux de quelques autres gisements, tels que ceux de l'Hégm,
dont parlent les auteui's arabes.
Or, à Muso, la ixK;he contenant souvent des Ammonites, €t
Ai. Lewy n'indiquante proximité aucune masse éruptive, Bnn<n
caractère pétrographique de nature à déceler une action inétlH
inorphique, il faut bien admettre encore une fois la formation
aqueuse pure et simple du minéral. . ^*
Revenant actuellement au feldspath, je dirai que j'ai chcffcli^
dans la Géologie de la Loircy publiée en 1857 par fd. Grùner, s
détails plus explicites que ne le furent ceux de M. Delesse. Il atl
été question de ce minéral dans Tune des séances de la Réuaii
géologique de Lyon, où il fut mentionné comme jouant un i4
im^iortant dans les |)Oudingues ou grès anthracifèrcs, et, par si?"
j'espéiais trouver quelques doimées de nature à appuyer l'îd '
sa formation aqueuse. Cependant je n'ai pas eu lieu d'ctn
NOTK UB M. POURMET. 129
satisfait que précédemment, car IM. Grùner, tout en rejetant l'in*
fluence calorifique des porphyres dont les éruptions commençaient
à percer le fond de la mer carbonifère, ne parle pas d'une feldspa-
tliisation occasionnée par les eaux minérales ou autres. Il a même
soin de faire remarquer que ces cristaux feldspathiques ne sont
pas réguliers. Ce ne sont que de simples fragments plus ou moins
arrondis, quelquefois argileux et semblables à ceux du porphyre
granitoïde, etc.
Pour ma part, j'ai vu dans les Vosges des grauwackes de la
même formation, qui offraient encore très nettement le caractère
d'un grès, et pourtant ils étaient remplis de cristaux albitiques tel-
lement minces, qu'évidemment ils n'ont pas eu a supporter un
transport. Mais aussi, la pâte de la roche est à demi fondue, et
ses couches étant pour ainsi dire sondées aux porphyres qui les
supportent, il ne fallait chercher dansées masses autre chose que
des productions métamorphiques.
M. Naumann a été cité par M. Dtlesse pour avoir été plus heu-
reux, car il put rencontrer dans les grès d'Oberwiesa, en Saxe, des
géodes dont l'intérieur est tapissé de cristaux feldspathiques qui
ont dû s'y développer. Gïpendant, avant de lui accorder la priorité,
il resterait à savoir si une influence métamorphique ne présida
pas à ces cristallisations. Ainsi, je possède pour ma part, et comme
provenant des schistes chloriteux de Sain-Bel, des rognons feld-
spathiques, creux au centre, ayant leur cavité précisément garnie
d*as8ez jolis pointements d'orthose. Mais, ces mêmes schistes étant
parfois fortement feldspath isés, je n'ai jamais songé à présenter
leurs nœuds pour des exemples de cristallisation aqueuse. En
outre, je présume que les noyaux feldspathiques globulaires, obser-
vés par MM. Grandeau, de SismondactCh. Sainte-Claire-Deville
dans les schistes micacés ou chloritiques du grand Saint-Ber-
nard, rentrent dans les mêmes conditions que les miens {Bn/i,
géoi., 1859).
Quant au gîte albitique de Saint-Laurent (Sa6ne-et-Loire), il
me parait exiger une révision, puisque M. Drouot qui l'a signalé
le considère comme faisant partie d'un calcaire A Gryphées
arquées et métamoi^phique.
Enfin, M. Lory [Biili. grol,, séance du 5 novembre 1860, p. 39)
mentionna les cristaux limpides d*albite, parfaitement terminés,
disséminés indifféremment dans la patc d'une dolomie giise, sub-
compacte, placée un peu à Touest du Bourget, entre Alodane et
l'Esseillon, et dans une dolomie blanche, crislnlline, qui se mon*
Soc. géoi,^ 2* série, tome XIX. 9
4 30 sfïATcrs pr 2 DtcnsnE 1861.
tre an PI an-Saiut-Ni colas. Ces deux stn lions ilc In IMnnrienne mnt
rÎTcraines de TArc, et, d'ailleurs, la roclie du RourgoC rappelle,
jusqu'à un certain point , 1o calcaire snrclinrolde du col du
Donhomine, qui^ d'après Alex. Hrongniart, contenant des cristaux
semblables, pourrait appartenir au même horizon géologique.
J'observe ici que le col du Ronlioinmc ne ni'ayant pas montre ces
albites, j*at pris des renseip^nenienis auprès de M. Tenance Payot,
naturaliste très instruit de Chnnunmv. Il résulte de ses indica-
tions que la doloinic albitifere se trouve nu col de Taux, on au-
trement dit des Cargneuirs, en disceudant sur les chalets du mottt
Jonet, après avoir traversé le col du Bonliomnie. C'est du reste la
prolongation de la couche des doiouiies do In hase du massif du
Mont-Blanc que j'ai réunie au trias.
La n^union géologique à Saint-Jean-de-Maurienne, en 1861,
permit â nos confrères, MM, Billiet et Drian, de revoir ce |jice
important, et je juge à propos de l'cndre compte des recherches
qu'il leur suggéra. £n cela, je passerai sous silence la coupe de
l'ensemble des terrains qui a été détcrniinéo par la Société, a'Sii
de laisser au pi'ocès-verhal (nctuellciuent sous presse) de sa scsMOb
extraordinaire la primeur de cette intéressante constatation. Je
dirai seulement que les schistes cristallins dont parle M. Lory ne
sont pas le vrai micaschiste, quoique M. Delesse ait jugé à propÔÉ
de les classer avec celui-ci {/Jnff. gt'nl.^ séance du 5 novembre
1860, note 1 de la page 37] .
Abordons maintenant les détails d'après in noie qui m'a été re*
mise par M. Drian.
Entre Modane et Villarodin, sur la rive droite de l'Arc, un
énorme rocher s*élève brusquement; il est formé par unedolonilé
blanche, renfermant, par places, une grande quantité de crislaifst
d'albite, que l'on peut dégager facilrnu'nl de la gangue ïà
moyeu d'un acide. Ces cristaux sont tianspart^nis, sauf quelqiiéÉ
t.'ic'hes opaqn«^ daus I inl''iicni. Ils ne coutin untl point de dàbH
Hkie, p\ns(|ne h'tn? t'av-es u'St^'iii .<. iif-^ ci hiill:iijLi.5, nia1(»ré FéO^
tion «Il raf^i*!*:. A l;i nt-Mii^-ir <I<ihi iU s>nt (iis.-«'iiiinés dans l(
iiiil.i-, on t'st porté \ \w\\if.\ ipi'llv .i- <i* v« lopp/'reni lorsque )^'
luii^^c l'tfùt « tt voie tlt' lo) m 'H il 'II. I itou fMi muI- (I liii Miétainàl
yhibLO p(>*'c.'cni
Leurs formes criblalhuci aoiii ccik» li^;ui('es aaiis L atlas de T
frénoy, planche 168, figures 135, 136 et 137, dont la formu'
en général PMGUi^A'; mais nos cristaux offrent, déplus
double hémiti-opie : savoir, la plus ordinaire qui est celle y
lèle à G*, puis une seconde sur Tarêle H, de telle sorte que 1'
Non Df ■. poumisT. 111
it^ forment une deuxième petite gouttière qui tiHYerse presque
diagonalement le cristal sur les deux faces opposées.
Plus près de Viliarodin, sur la rive gauche de TArc, existe*
une autre masse dolomitique, noire et plus efferTescente qtiè Ift
précédente; clic contient de petits cristaux hoirs d'albite, qui ont
cristallisé dans d^autres conditions que les aihitesprécédentàii Eh-
effet, cette dolomie ou ce calcaire magnésien laisse, après sa dis-
solution, une boue noire et épaisse, qui parait n'être autre chose
qu'une argile légèrement jaunie par de Thydroxyde de fer, et noir-
cie par du carboné qu'il est facile de chasser pDr la combustion.
Ces cristaux d*albite sont donc noirs, parce qu'ils renferment
entre leurs lamelles une certaine quantité de carbone, qui dispa-
raît lorsqu'on les soumet au chalumeau, et l'on obtient alors un
émail huileux, très blanc, de dinicilc fusion, comme avec les al-
bîtes transparentes. Ces mêmes cristaux sont un peu défoitnés, et
ont des facc^ rugueuses; mais l'ensemble des fonnes, et surtonf
l'existence de la seconde petite gouttière déterminée par les faces
6*, établissant une identité de cristallisation, nous en tirerons la
conséquence que les deux roches appartiennent à la même épo-
que, malgré leur grande différence d'aspect.
D'un autre côté, M. Billiet reconnut, dans ces dolomies blan-
ches, une quantité notable de silice gélatineuse et de matièrt or*
ganique.
J'observe maintenant que les échantillons de dolomie blanche
qui m'ont été remis ont, en effet, présenté les divers caractères
susmentionnés, et que, de plus, certains cristaux nlbitiques sont
entrecroisés de manière à constituer des groupes parfaitement
semblables A ceux que forment les cristaux gypseux qui se sont
développés dans les marnes triasiques et tertiaires. Il y a donc
lieu d'admettre que les groupements de l'albite ont dû se consti-
tuer de la même manière, c'est-à-dire dans une pâte encore molle.
Mais ce qui fixa plus particulièrement mon attention, c'est la
ressemblance exacte de cette dolomie î>ver celles du Tyrol et de
Lugano. Je trouvais en cela une réalisation plus complète que j^
ne l'avais espéré de l'exactitude de mes anciens énoncés. « A l'est,
ai-je dit, je pus voir le trias tyrolien aboutir, par le lac (\r. Gônit»,
aux environs du lac Majeur. D'autiepaii. \i Touest, ce m^me ter-
rain est accusé en plusieurs points dans le Jura. Enfin, on le re-
trouve dans le département du Var. Il était donc naturel de sup-
poser que la région intermédiaire devait également montrer U
même formation >» {Jnn. de ta Soc, rfagr. rie Lyon, 1850). On
se rappellera, en sus, que je ne séparais pas la grande assise dolo-
iS2 SftA5CB DU 2 DtClHUI iSOl.
initiqiie blanclie du Tyrul el du Tessin cPayec l'cnteinble tria-
sique {Bttii. gêol.j 18&5). En effet, les tiges rondes de YEncriaitcs
iilii/nrmts que j'avais trouvées au Schleni, ainsi que les Terebraimin
communisy dont je fis une ample i*ollcclion près de MarCigi
au-dessus de Trente, ne me laissaient aucun doute au sujet de
arrangement, qui fut confmné en 485 A par les ëcudes de AliM.
clierdela Lintli et Mérian (Ann, de f .4cad, tir Lron^ 1856, p. i5S).
Cependant, ayant constaté que les doloinies du San-SalvadcNr,
près de Lup,ano, donnant quelques rares étincelles au briquet,
j 'ai supposé que ces étincelles pourraient bien résulter de la pré-
sence de cristaux d'albites microscopiques et noyés dans la pâte
de cette roche. Je répétai donc les essais de M. Ailliet avec l'aide
de l'acide muriafique, et comparativement sur les dolomiet d«
deux gisements. Cette expérience confirma d'aboixl TesiaCeiice
d'une petite quantité de silice gélatineuse et de la matière orga-
nique, non-seulement dans la i*oclie de notre digne confrèic,
mais encoi*e dans celle de Lugano. Supposant, d'ailleurs, que
cette silice pourrait provenir de quelque zéolitlie, j'engageai
IM . Séeligmann à attaquer des fragments de Lugano par Tacida
acétique ; mais, n'ayant pas pu rencontrer dans le résidu, mène
avec le concours, d'un fort microscope, les zéolitlies supposées^ 9
fallut conclure que la silice est simplement dissiMuinée, à l'étal
gélatineux, dans 1rs masses de Tune et de l'autre station.
Ainsi donc, tout porte à croire d'aijord que l'albite, inioAd
anhydre, peut cristalliser au milieu des pâtes dolomitiquea, pliv
facilement que le quartz. £n outre, il faut «idmeltre que des *«a^ifBi
spéciales facilitèrent la proiluction de l'albite dans les Alpeai
mais elles me paraissent devoir cire difficiles à découvrir, c»r, fa
le répète, la simililude entre les deux roches est, |>our ainsi diiUk
parfaite. Du reste, que ces apeiçus cliimiques soient exacts 'oa
non, on n'oubliera pas que la dolomic des Alpes orientales *#i
nécessairement un dépôt aqueux, produit sans grande pressioo ci
à une température millenient exagérée. piii5qtie la roche renferuM
de nombreux fossiles, recueillis tant par moi que pari^liVI. Kscliln|'*^
Mériîin, Stabile, Balsamo-Crivelli, etc. Il reste maintenant A.|
voir si celle des Alpes de la Mauriennc est pareillement
Dès lors, ces albites rentreraient parfaitement dans le cas de
oligistes et de mes oxydules de fer anhydres, ce que le faif-df
l'état gélatineux de la silice permet déjà de soupçonner. En ton|
cas, leur développement ne serait pas un des phénomènes lef
moins intéressants parmi tons ceux qui se sont manifestés dorant
les périodes permiennes et triasiqncs, si reni'irqtiablr^s par Icni^
V*
NOTE DE X. FOUHMET. ISS
minéraux complexes et varies. Aloi*$, coiiiiiic je l*ai dit, les eaux
inai'ines se débarrassaieiit d'une foule d* impure tés, de même que
Tatmosplière s'était débarrassée de son excès d'acide carbonique
pendant Tépoque houillère. Ceci posé, il importe, dès ce moment,
d'arriver à préciser la manière dont s*y est prise la nature pour
aboutir, au milieu de tant de cristallisations effectuées par la voie
humide, à des résultats comparables à ceux de la voie sèche, et
en cela, bien entendu, l'intervention des bouillottes à couvercles
vissés sera rigoureusement interdit.
Avant de terminer mon travail, je crois devoir user du droit
de me justiâer contre certaines imputations d'absolutisme qui
m'est prêté à l'endroit de ma surfusion^ de mes lentilles quart-
zeuseSf de mes imbibitions jelilspathiques ou siliceuses^ de mes en^
(iomorphismes^ etc.. . Il m'a été pénible, je l'assure, de me trouver
aussi dans la nécessité de revendiquer à mes adversaires quelques-
unes de mes découvertes géologiques, mais on comprendra faci-
lement qu'en cela ils m'ont placé dans le cas de légitime défense.
Considérant d'ailleurs que mes détails sur les résultats des actions
plutoniques font complètement perdre de vue cette partie de mes
travaux par laquelle j'ai contribué à perfectionner la stratigraphie
française, autant, au moins, qu'ont pu le faire ceux de la grande
majorité de nos célébrités neptunistes, je juge à propos d'ajouter
ici une note récapitulative à ce sujet. . •
£n suivant Tordre de bas en haut, je pense avoir mis uue cer-
taine précision dans la distinction du micaschiste ordinaire d'avec
le micaschiste nacré. En outre, nos schistes chloriteux se trou-
vent définis, en même temps que leur position, parfois indépen-
dante des deux nappes précédentes, a été déterminée avec plus
d'exactitude qu'auparavant.
La connaissance des terrains silurien, dévonien et carbonifère
du Languedoc est le résultat de mes études combinées avec celles
de M. GrafF. Du reste, il a été dit que, depuis longtemps, j'avais
constaté la présence du carbonifère dans les montagnes lyonnaises.
La démonstration de la non-existence des sous-bassins dans le
bassin général de Saint-Etienne fut, pour les terrains houillers
en général, suivie de l'idée de leur extension, conforme à celles
des autres dépôts sédimentaires. Par là, fut rompu le charme qui
arrêtait nos mineurs; la France peut être assurée d'une longue
suite d'exploitations, car on apprendra successivement à s'orienter
pour les recherches. Quelques méthodes ont été indit|uées a ce su-
jt*t [BulL (le ('indus t. minérale rie Sf r tu t-L' tienne).
iih &ÉANC£ DU 2 DÉCEMBRE 18(51.
Le periiiien du Lanj^uedoc a étc^ mis on évideuce par Al. GraS
et moi.
Mes recherches sur le (rias, poursuivies sur dÎTcrs poiuts coiu-
pris entre la Mëditerrauéc et FAIsace, et du Tyrol aux AlpCiy
m'out permis de conslatiT son prolougemeut dans ce dernier syt*
tème de montagnes, et, par suite^ sa stratigraphie particulièra s*ett
trouvée améliorée. En mcme temps, la question des dolomies
fut réduite à sa véritable portée, bien que Âl. Daubréc ait encore
pris la peine d*eii dire quelques mots.
Quant au jurassique, j'ai écarté de la science la confusiion que
faisait Dufrénoy ù l'égard de son calcaire à Uélemnites. Je
rangeai celui-ci, y compris ses minirais de fer, dans le groupe
oxfordien La conséquence de ce déplacement naturel a été la dé*
moostration de rcsistencc, dans notre France méridionale, d^U
moins deux dépôts de fer oolithiques bien distincts. Outre cela.
l'extension de Toxiordien dans les Alpes vint jeter de uouvf^lles
lumières sur l'ensemble de leurs assises.
Je passe sur mes recherches relatives aux mollasses marinea e|
d'eau douce avec leurs lignites. Mais on compremlra facilement
que la découverte d'un principe colorant très singulier, le cam^"
léon organico-minéral, est appelée à faciliter quelques rappvocliÂ'
ments entre ces parties éparses.
En outre, mes détails sur les farines fossiles de l'Ardèche tti dpi
Puy-de-Dome ont acquis un grand intérêt depuis que i\I. Elireo-
berg a fait connaître le rôle des animalcules infusoires dana kmf
formation. Elles appartiennent, d'ailleurs, à deux époques géo^|r
giques différentes, les dépôts du Yivarais étant accompagnél-4lF
ligultes placés sous les basaltes, ceux de l'Auvergne se troi|TK|||
dans une position tout à fait superficielle, dans un simple IPfll^
Je ne pense pas que d'autres aient apporté une attention be^j|||ç
coup plus sérieuse que ne l'a été la mienne sur les nappea aupnn^
ficielles du diluvium et du lehm. L'endurcissement de ceF^î|^^
bancs de ce dernier, mes détails sur les oolithes qui s'y dévelfgHI
pcnt, sur les aélites, les kiipfstein, les l>étons calcaires et fern||||g^
neux, les déplacements manganésiens, les cailloux épuisés e|.'ù||«
pressionnés, constituent, je le suppose du moins, un enieuaU^jd^
phénomènes assez curieux pour ne devoir pas être omis de IftfN^ii
sente liste.
J'imagme encore que les uéo-wernériens ne voudront paa a*a^
tribuer le mérite d'avoir su metti'e de côté les eaux chaudes 9t
HOTE DE M. DELESSB. 135
comprimées, pour expliquer la formatioa de certains dépôts d*oli->
giste, d'oxydule de fer, de Taragonite, etc. Eu cela, je me sui«
montre ]j1us tempéré que nos antagonistes, et de plus j*ai su ap*
précier Timportance du rôle des bitumes, même dans les roches
sédimentaires.
Enfin, si j'ajoute à ces détails ceux qui concernent la consolida-
tion des stalacl ites, la kaolinisation, la rubéfaction, la production
des carbonates de plomb, ainsi que de diverses autres substances
minérales provenant de Taltération dea parties supérieures des
rdons, on finira bien par comprendre que, mal{|^ré les dires de mes
adversaires, ma vie ne s'est pas passée entièrement au coin de inei»
fourneaux. Toutefois, mon assiduité auprès de ceux-ci m'ayant
permis d'apprendre à fondre, à surfondre, à liquater, à imbiber,
à faire cristalliser, à persolidificr, tout comme à endomorphiser
et à exomorpbiser, sans avoir un bien grand besoin de l'eau et des
matières boueuses, je pense qu'ils m'ont rendu service en me dé-
barrassant de la nécessité d'un intermède, certainement très à la
mode dans quelques laboratoires, mais souvent fort inutile dans
la géologie, où on s'efforce de l'introduire d'une façon très exclu-
sive.
hemaf^ues sur la communication précédente { par M. Delcsse.
M. Fouruet admet que divers minéraux, notamment des sili-
cates anhydres ou hydratés, ont pu se former à froid et par la voie
humide. Eu ce qui me concerne, je suis bien disposé à adopter cette
manière de voir daus certaines limites; niais, en l'absence de
preuves et d'expériences précises^ je ne saurais lui donner la même
extension que IM. Fournet.
Si l'eu considère seulement les substances minérales qui se
trouvent dans les terrains stratifiés à l'état normal, lors même
qu'elles out l'état cristallin, elles se sont assurément formées à
froid et par voie humide. C'est ce qui a eu lieu, par exemple, pour
la dhaux carboaatée et pour la dolomie, ainsi que pour la milice
que la uature a eu le seaet de faire crbtalliser à froid dans un
grand nombre de gisements.
Le quartz hyalin s'observe en effet, dans le gypse, particulière-
ment dans celui des marues irisées ; il s'observe aussi dans les cail-
lasses du calcaire grossier; certains sables quartzeux et quelques
grès paraissent même résulter d'un dépôt cristallin de silice.
Maintenant on doit incontestablement admettre la glauconie et
13(3 SÊANCe DU 2 DÉCBMIIRK 18i)l .
les argiles pamii 1rs hyilrosilicatcs qui se forment à froid; umu il
■rcn esl |)as de iiiéiiie pour les zcolillif s ; car elles ne se tronveDl
pas dans les terrains stratifiés ù Tétat normal ; elles sont au oiMi*
frairc associées à des roches dans la formation desquelles la rlia-
leur a joué quelque rôle, l't la plupart se sont même développées
spécialement dans les roches volcaniques. M. Fournel indique
bien qu*une mésotype aurait cristallisé par infiltration au-dessous
du niveau de la Sioule et dans les cellules de la lave de Loucha-
dière; toutefoiSi j'ai eu l'occasion d'observer moi-même œ gise-
ment et cette preuve ne me parait pas être suflisante; car, lorsque
la lave de Louchadière a fait irruption dans la vallée de la Siotiie.
elle a dû y rencontrer de l'eau ou tout au moins de l'humidité ; par
suite on comprend très bien que des zéolilhes aient cristallisé
dans cette lave pendant qu'elle était encore cliaude, et seulement
dans les cellules de sa partie inférieure.
Quant aux. minerais des (jites métallifères, ils ont encore pu se
former à froid, ou du moins à une température peu élevée, lors-
qu'ils s'observent en couches dans les terrains stratifiés; et celle
remarque s'applique à certains minerais de fer, de manganèse,
de zinc, de plomb, de cuivre et aux {gangues qui les accompagnent,
le quartz, la diaux carbonatéc, la baryte sulfatée, le spath fluor.
Mais il faut remarquer que le plus souvent ces (;îtes métallifirei
en couches sont en relation intime avec des filons, et qu*ils
viennent alors de sources tliermo-minérales qui se sont ré
dans des terrains en voie de drpôt.
Il m'est d'ailleurs impossible d'admetti'e la formation a freid«'
et dans les conditions normales des terrains stratifiés, de divers uû-
néraux qui sont mentionnés par M, Fournet, tels que lachamoif-
sile, l'émeraude et les feldspaths.
Relativement a Li chamoisite, j'observerai d'abord qu'elle se
saurait c(re considérée comme du fer oxydulé ; car l'analyse Av
celle deQuintin m'a montré qu'elle contient de l'alumine, de 1'
et de la silice, indépendamment du sesquioxyde et du protoxjdaL
de fer (1). 11 im))orte maintenant d'observer qu'on ne connaît ff^/m'
la chamoisite dans les terrains stratifiés à l'état normal. Dans lèi
gisements de Quintin, des environs d'Alençon et du Banwald éwmm
les Vosges, elle est toujours associée à des roches métamorpliiqiica«^
Au Mettenberg, je l'ai observée au voisinage d'un granité qui
(») JniuiUs des minesy 4848, t. XIV, p. 69.
flOTB OK M. UKLISSE. 137
Vie coiiipléteuicut du calcaite jurassique, et, liien que ce calcaire
renferme eiicoi*e des fossiles, il est visiblement métamorphique; il
présente, en effet, les caractères qui lui sont habituels dans les
hautes montagnes des Alpes; il est bien compacte, sonore, et il
contient de plus des lamelles minces de mica nacré (séricite).
L'existence de fossiles dans les couches de cliamoisite que M. Four-
uet signale dans le Valais ne prouve pas que la ch«imoisite se soit
déposée à Tépoque à laquelle vivaient ces fossiles ; on doit seule-
ment en conclure que ce minéral résulte d'un métamorphisme
qui était faible et pas assez énergique pour amener leur destruc*
tion (1).
Est- il admissible maintenant que l'émeraude se soit formée dans
une roche stratifiée en voie de dépôt? C'est assurément bien peu
probable; car nous trouvons le plus souvent Témeraude dans les
roches granitiques, et alors cette origine sédimcntaire ne saurait
êtie admise. D'un autre côté la glucinc n'a pss été signalée dans
les terrains stratifiés; elle provient visiblement de l'intérieur de la
terre, ainsi que les substances métalliques qui sont souvent associées
aux émeraudes, et eu particulier le carbonate de lanthane qu'on
rencontre à Muzo. Dans ce dernier gisement, l'émeraude doit
vraisemblablement être attribuée à des eaux chaudes et minérales.
Quant au calcaire magnésien dans lequel elle s*exploite, il est
associé à une roche amplnbolique, et, bien qu'il contienne des
matières bitumineusee, il est métamorphique; c'est d'ailleurs in-
diqué par sa structure géodiquc, par ses veines de chaux carbo-
natée qui le traversent et par les minéraux qu'il renferme.
Enfin, s'il est un minéral qui indique le métamorphisme lors-
qu'il a cristallisé dans les roches stratifiées, c'est assurément le feld-
spath. J<e plus ordinairement même il est accompagné par les
micas, par le quartz et par divers minéraux. Toutefois, dans cer-
tains gisements il s'est développé sans que la stratification ait été
détruite, et on l'observe quelquefois au voisinage de couches dans
lesquelles il existe encore des empreintes végétales; c'est, par
eiemple, ce que j'ai signalé pour la grauwacke métamorphique de
Thann dans laquelle il y a des cristaux d'albite (2). La dolomie
noire qui a été explorée à Yillarodin par la Société géologique
montre en outre que l'albite peut se développer dans une couche
sédimentaire. sans qu'il y ait destruction complète du carbone
(1) Delesse, Études sur le métamorphisme, ia*4| paÇQs 6 et 7.
(2) Anttules des miuesy 4853, t. III, p. 747-
1^0 StANCB DU 16 UtLBMBRB 1801.
Séance du 16 décembre 18()1.
PRÉ8IDBNCB DB M. DBLB8SB, WCê^présÙletii.
M. Albert Gaudry, secrétaire, donne lecture du procès-Ter-
bal de la dernière séance dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance,
le Président proclame membres de la Société :
MM.
Stbphanbsco (Grégoire), de Bucharest, à Paris, rue SoulHot,
IS, présenté par MM. Michelin et Edm. Hébert j
TooBGulNBFF (Albert db), à Paris, rue de Lille, 97, pré-
senté par MM. Laugel et Gh. Sainte-Glaire Deville.
M. Daossb, ingénieur en chef des ponts et chaussées, rue du
Faubourg-Saint-Jacques, 7S, à Paris, ancien membre de b
Société, est admis, sur sa demande, à en faire de DOUTeaa
partie.
Le Président annonce ensuite deux présentations.
DONS FAITS ▲ LA SOCIÉTÉ.
La Société reçoit :
De la part de M. le ministre d'État^ Journal des savanU^
novembre 1861.
De la part de M. G. Gotteau, Rapport sur les p/vgfès de la
géologie en France pendant l'année 18(50 (extr. de Vjénmtaùw
de l* Institut des pi-oçinces^ année 1862), in-8, 2& p., Cmmç
1861, chez A. Hardel. --^^
De la part de MM. Delesse cl Laugel, Reifue de géotùgkt
/;oMrl860, 1'' parlic, in-8, pp. 399 508.
De la part de MM. Gastaldi et Gantoni, Epoca glaciale mHif'
cenica. — Nuovi principj difisiologia végétale (est. dal vol. IMT
degli jitti délia Soc. ital. ili se, nat. in Alilano^ seiL dét
26 maggio 1861), in-8, 16 p.
De la part de M. G. Omboui, / gldacciaj anilchi e il (errena
erratico di Lombaidia (est. dal vol. 111 dcgii A(ti délia Sovm
LITTRI bt M* DB TCHIHATCMIFF. Hl
ital. Ji se, nat. in Mi/ano, 28 «m/ 1861), in-8, 70 p., 8 pi.
Comptes rendus heb(L des séances de rAcad. des sciences ^
1861, 2* sem., t, LIII, n" 23 et 24.
Bidietin de la Société de géogixtphie, 6' série, t. II, n" 10,
octobre 1861.
j4nfinles des mines, 6* série, t, XIX, 8« liv. de 1861 -, l. XX,
4* livr., de 1861.
L'Institut, n*»» 1467 et 1468, 1861.
Réforme agricole, par M. Nérée Boabée, n" 166, 13* année,
novembre 1861.
Journal d'agriculture de la Côtenl'Or, n" 10, octobre
1861.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, norembre
1861.
Bulletin de In Soc. de r industrie minérale de Saint-É tienne,
t. YI, 4** lÎY., avril, mai, juin 1861.
The Jthenœum, n" 1780 et 1781, 1861.
Revista minera, t. XII, n'» 277, 1" décembre 1861.
Refista de los progresos de las ciencias exactas, Jisicas y
naturales, t. XI, n' 8, novembre 1861.
M. d'Archiac communique la lettre suivante de M. P. de
TchihatchefT qui vient d*é(re témoin de la nouvelle éruption
du Vésuve ;
Lettre de M. P. de Tchihatchejf à M. d'Archiac.
Naples, le 9 décembre 4 864 .
Je reviens du Vésuye qui nous a offert un magnifique spectacle ;
hier à trois heures, une fente paraît s'être ouverte au-desisus deTorre
del Greco ; le tout est recouvert en ce moment d'une immense
agglomération de scories en partie incandescentes ; deux monticules
ont %w\^\ à peu près à 600 mètres au nord de Torre del Greco et
vomissent des colonnes gigantesques de fumée; malheureusement
elles sont accompagnées d'une grêle de pierres qui rendent les
approches impossibles. Je suis resté pendant deux heures au mi-
lieu de celte nouvelle scène de désolation pour les habitants, de
jouissance pour le géologue. Naturellement je ne puis rien dire de
très circonstancié, i>arce qu'on n'observe pas bien au milieu de
détonations souterraines et sous une pluie de cendres: cependant
1A3 StAlfCV DC 16 DtCBSRKB 186l.
j'aî faîtuiie relation de mes impressions et je Tai envoyée a l'Ara-
tlémic.
M. d'Archiac présente la note suivante de M. Nogués :
Noie sur Armissan; par M. A.-F. Nogués,
Dans une uoto sur Armissan que le doyen de la Facullë des
sciences de Montpellier, M. Gcrvais, a publiée dans les Comptes
rendtiit des séances de C Acadcmie des snenrcs [l. LUI, p. 777,
année i86i, 2' semestre), Tautcur ne dit pas un mot des recher-
ches antérieures et analogues aux siennes faites dans cette localité
par MM. Marcel de Serres, Noguès, Kaulin, etc., et surtout par
M. le vicomte d'Archiac; ce qu'il y a de nouveau dans cette note,
c'est la probabilité qu'à Annissan se trouve à Fétat fossile le geiirr
Dracœna.
Armissan est une localité intéressante du département de TAude;
le terrain tertiaire, qui renferme la riclie flore dont M. Ad. Bron-
gniart a fait connaître quelques rares espèces, s'appuie en strati-
fication discordante sur le (troupe néocomien de la petite chaîne
de la Glape qui devait former le barrage du bassiu dans lequel ae
sont déposés les végétaux fossiles.
' u IjCS anciens cours d'eaux ayant rencontré des obstacles dans
la montagne de la Clape, relevée antérieurement aux dépôts tetv
tiairesdu bassin de NarlK)nnc, ont laissé déposer leurs sédiments
et les corps flottants dans les incs qui baignaient le pied de cette
montagne. Delà résulte nécessairement Faccumulaliondes fossiles
d' Armissan; mais tous les sédiments n'étaient pas arrêtés; ceux
qui ne rencontraient point d*ob.stacles devaient se jeter dans la
mer par quelque comninnicntion du bassin lacustre avec la Héâi-
terranée, peut-être par le Grau de Gruissan et par un passage' dé
l'emboncburc artuMIedc TAïul*-. ''^ '
• Onaperroil. »vin1 d'arriver \ Atmis<ïai». tm- bande de terràSd
tertiaire formé** par dfs {;ri'S ot des calcaires bl.inrliAtreè <|Éil
constituent deux mamelons autour <\\\ villii{>e bâti hh pied ^
leur talus. Lcsenuchcs des dalles O-'S^ilinT* m, iviouveries par Hes
alliiyion^tioiizonraies. wnt iiic'liiK'es \cis jr N.« f n deux setis 6èi<
posés, suivant la diiecliou du telcvemcni îles mamelons qui Sci(
effectué vers le sud.
» Les dépôts calcaréo-ar{;ileux d'Armîssan sont formés de liaui
en bas : i* d'une couche de terre végétale de 2 mètres d'épaisseur:
2*d*un calcaire très argileux, dur, incliné au N.-O, de 5 cénti*
If 0TB Dl S. N06UÈ8.
lAS
mètres dVpaisseur ; 3** d'une couche de gravier de 10 cenlînièlies;
/i« argile blanchâtre, 60 centimètres ; 5* calcaire argileux, doux âu
toucher, 10 à 15 centimètres; 6* marne délitée noirâtre, 20 cen-
timètres ; 7** calcaire blanc argileux, 60 centimètres; Ô'» couche ar-
gileuse, 1 mètre ; Q'» couclie argileuse plus dure que la précédente,
5 centimètres; 10" dalles exploitées, 28 centimètres d'ëpaisseur;
11* lignite.
Voici la liste des végétaux fossiles signalés à Armissan par
M . Ad. Brongniart :
CrTPTOGAVBS ACR0GÊKK9.
Mousses :
MuscUes Tnnrnnlii, Brong.
Fougères :
Filicites polybotria^ Brong.
M ONOGOTTLÉOOHBS.
Naladées :
Smilacites hastata, BroDg.
DlCOTYLÉDOHES OTMlfOSPIlMBS.
Conifères :
Callitrites BronguiartU^ Endley.
Sequoitcs taxijonnh^ Brong.
Finîtes pseudostrobns, Brong.
Taxitfs Totirrtnlii, Brong.
DlCOTYLtoOHBS AH6I0S»B1IWSS.
Myricées :
Comptonin dryandrœJoUa, Brong.
Bétulinées :
Betula dryadum^ Brong.
Cupulifères î
Carpinm macroptera^ Brong.
Plfttanées :
Ptatanns Hercules, Unger.
Nymphéaoées :
Nymphn^a Arethusœ^ Unger (4).
Les fréquentes excursions que j'ai faites ù Armissan depuis U
publication (1855) de ma notice géologique sur le dépaitement d«
l'Aude m'ont permis de recueillir un certain nombre de plantes
fossiles non indiquées par M. Brongniart dans cette intéressante
localité. Parmi ces plantes je citerai surtout une grande feuille
palm.itilobée, àcinq lobes, mesurant environ 0",^0 de largeur sur
autant de liantein ; elle appartient à un {;eiire voisin des ^/erculis.
Une nuniograpliie deti végétaux iossile$ de« ealcdirfs d'Armissan
serait une étiidt pleine d'intérêt; je tiens k la disposition du bo«
tanibte qui Tentieprcndia le» iiiaiériaiix que. je posii'de.
hans les pi es et dans le» eaieaires des eolline$ d'Aiinissaii,
eOiiiiî.e dans les dalles exploitée», s<' trouvent d*t> empreintes .
même parfois le test, de mollusques d'eau douce des (genres Lymnée,
Planorbe,Cyclas (deux espèces).
(4) Noguès, Notice géologique sur le département de l'Jude,
ilik S(A!<(r.E Ot 10 DÉCEMBKK iSGl.
Les niarues calcarirèresscliisieuses exploitées comme dalles rai-
ferment des oiseaux (i), des reptiles (crocodiles et cliëloaiens), ei
des poissons [Noiœus laiicaïu/ains et d'autres espèces).
Les poissons et les reptiles ne sont pas rares dans les dëpôls
d'Armissan , mais les oiseaux le sont beaucoup.
« Je crois, dit M. Gervais (2), que les calcaires lacustres d*Ariuis-
san doivent être rapportes à la même époque de formation géolo-
gique que les marnes d*Aix el que les {;ypses de Paris et d*Apl, qui
sont si rares en ossements de Paléotliériums. Ils rentreraienl aloia
dans le groupe des terrains que, dans Teiat de nos oonnaistanoes,
nous considérons comme d'origine lacustre ; ces terrains, poster ienis
aux dépôts à Lopliiodons, méritent le nom d*éocènes proprement
dits; ils sont antérieurs â ceux à Antiiracotliériums, Rhinocéros à
grandes incisives, etc., appartenant à IVpoque miocène. Anniasan
serait donc, au point de vue de la géologie stratigrapliiquc comme
aussi de la géologie paléonlologi(|uc, une dépendance de la for-
mation à laquelle j'ai donné le nom de proîcène, et dont ks
marnes gypsiferesd'Aix, ainsi que les gypses d'Apt et de Paris,
sont en France les dépôts les plus riches en débris organiques, cl
le plus souvent cités dans les ouvrages scientifiques. »
Nous prenons acte des conclusions de i\I. Gervais, pour nous
appuyer sur son autorité dans toutes les discussions sur Vàge du
terrain tertiaire lacustre du bassin de Nnrhonne, en même tenni
que nous transcrivons ce qn*en a dit IVI. d*Archiac.
M. d*Archiac est arrive aux mêmes conclusions que M. Gervaif,.
bien avant que le paléontologiste de .Montpellier les eût formn*
lées; c*est pour établir son droit de priorité que j'ai communiqué
ces quelques observations à la Société géologique.
Les couches lacustres dn bassin de Narl)onne et de Sigeon, dit
M. d*Archiac (5), redressées comme les roches secondaires sur
lesquelles elles reposent directement, nous ont offert des caractères
pétrographiques, des gypses et certains fossiles semblables ik ociui
que Ton observe dans le bassin d'Aix et dnns celui de la Seirie;
aussi sommes-nous porté à placer le tout sur le même horixon d
à le réunir à la formation tertiaire inférieure dont il représente
ainsi les derniers sédiments et la dernière faune, v Dans son grand
mémoire intitulé : hs Corbiêrcs, M. d'Archiac, après avoir
(4) M. Pessîetofils, avocat à Narbonnc, en possède quelques éohan»
tillons. i
Comptes rendus, loc, cii,, p. 779.
Buli. fir la Snr. géol., 2' sér., t. XIV, p. 473. 4 857.
(3)
KOTI DK M. NOGUÈS. 1^5
le groupe lacustre tertiaire de l'Aude dont Armîsâan fait partie,
formule ainsi nettement ses conclusions :
a Partout où uous avons observe les relations de ce système
lacustre avec le groupe nummulitique sous-jacent, elles nous ont
paru telles qu'il n'était pas possible de placer entre eux un soulè-
vement d'une importance réelle et que le grand événement qui a
dérangé l'un ne s'est produit qu'après le dépôt de Tautre. En6n
les couches lacustres du bassin de Narbonne et de Sigeon, redres-
sées comme les roches secondaires sur lesquelles elles reposent
directement, nous ont offert des caractères pétrograpliiques, ides
Sypses et trop de fossiles analogues h ceux du bassin d'Aix ou
e celui de la Seine, pour que nous ne mettions pas le tout sur le
même grand horizon, en le réunissant à lu formation tertiaire in-
férieure, n On le voit, les conclusions de M. d'Archiac sont celles
auxquelles est arrivé M. Gervais, ce que je voulais établir dans
cette note.
IVotc, — De l'examen des plantes fossiles d'Armissan, M, Ad.
Brongniart conclut & une flore analogue à celle des régions boisées
du nord de notre hémisphère, à l'époque du dépôt de ces plantes
dans le bassin lacustre qui les contient. iMalgré l'autorité du nom
du savant paléophytologiste, ne peut-on être d'une opinion un
]ieu moins radicale? Si quelques Dracœna croissent dans les
régions australes de l'Afrique, d'autres, ainsi que le Stercuifa, ne
vivent -ils pas dans les régions intertropicales, dans les île& de
l'océan Pacifique ou dans l'Inde ? Une étude complète de la flore
fossile d'Armissan nous fera connaîti^e l'état de la température dans
le bassin de Narbonne lors de la période tertiaire inférieure.
M. d'Archiac présente la note suivante de M. Noguës :
Aoie sur la géologie et la minéralogie des Alberès; par
A. -F. NoguéSy professeur d'histoire naturelle. (Extrait d'un
mémoire sur les Alberés.)
Alberès, — Les Alberès forment un chaînon allongé qui s'étend
de l'ouest à l'est, du col du Perthus à la mer, du nord au sud,
depuis les premières rampes montagneuses que I'om gravit eu
quittant la plaine d*£lue sur la rive droite du Tech, jusqu'à la
plaiue qu'arrose la Muga en Espagne. A son extrémité orientale,
la petite chaîne se termine par des escarpementi |)irofouds et des
caps aigus qui baignent leurs pieds dans la IM édite* ranée. I^s
Soc. géoL , V série, tome XIX. 4 0
115 SÉANCB DU 16 DtClMIBB 1861.
rampes rapides et grandement inclinées se succèdcpt du Bpuloa
au Pertlius; mais, à partir de la Junquièrc (Espagpe), ^llc« perdent
rapidement de leur inclinaison ; la pLMitc générale du to} wa en
diminuant jusqu'à la plaine de Figuèics.
La petite chaîne des Alberès se dirige ouest un peu nord, cil
un peu sud ; elle est formée d'un axe granitique dont le soulève-
ment a relevé et dëjeté les couches palcoxoïqucs qui s'appuient
avec des inclinaisons diverses sur ses dvux veisants>
La fofme générale des Alberès est colle d*un cùue surbaissé dppt
les faces latérales u>ut fortement inclinées sur l'axe du aoUde, fC
comme écrasées, en sorle que la base, au lieu d'être uu oercle. a
pris la GOoSguitition d'une ellipse fort allongée dont le grand
ou le plus grand diamètre se dirige de Test un peu nord à Vi
un peu sud. Ciiaque petit massif du chahion piis en partipi|lier
affecte bien la forme conique, mais l'ensemble de la chaîne pcé-
sente une Ggure plus compliquée.
La chaîne des Alberès est fracturée et déchirée par des fentea
transversales; ces petites vallées transversales sont fnrtrmmt
encaissées à leur origine, puis elles vont en s'évasant à meei||f
qu'elles s'élqignent des sommités montagneuses. Elles sont rrmîp
blement perpendiculaires à la direction générale du chaînon ; §||
négligeant les sinuosités qui les accidentent, elles se dirigent ^
sud au nord. ,• .
La série secondaire manque complètement sur le versapt Awr
çais des Alberès ; je n'y ai observé aucun membre den
i-ains triasiques, jurassiques ou crétacés. Bien entendu que œii
pas compris dans le chaînon des Alberès les dépôts secoodfj^^
d'Amélie-les-BainSy de Lanianère, de Gostojas et du bassin sapé-
rieur de la Muga.
Dans les vallées du Tech et de la .Mu|;a, les lorrains terCilàta
les plus récents s'appuient sur les premières strates schisteuaee^^
la chaîne; on les voit surtout bien à découvert à MîdolèMég
fianyuls-dels-Aspres, le Boulon, Villelon^'ue-dcls-nionls, etè.y-^hiu
tout enfin où le sol a été profondément raviné. Mais tooejei
étages tertiaires situés à un nivrau inférieur îi ces dépota iftll
apennins ou post-pyrénéens manquent romplétenicnt dane^to
vallées du Roussillon. On n'y trouve rien que l'on puisse assintiliÉ
aux couches éocènes et miocènes de TAude, de la Provence, cte.1 ''
Les mouvements du sol, lents ou brusques, qui ont fait émeiyt'
les dépôts de l'ancien pliocène ont affecté le chaînon des Albéi^
d'une manière sensible. On reconnaît à sa base des traces évideoiev
de ce mouvement. Cletle dislocation pitxluit cette ride de ooUiiice
$ableu9€s 011 aigikusea qui looge les deux rives du Tech en t'éU-
yant jusqu'à la baut^ar de ViUelopgue-dehhinoDts.
L'effort intérieur qui s'est propagé le long de la Médilerraoëe,
ayec des inteusités variables, seloo les résistances des couchet qui
le trausmettuient, s'est en parUe amorti oontre les roches solides
et compactes qui forment la base des Alberës déjà montueiises à
cette époque.
Constitution géoilogique ^t minéralogique. — Les temins de
Irjiiisitipa ou paléozdiques et les roches azoiques sont les seuls
dépôts «ti^atiûés qui se montient sur les hauteurs des Alberès. Les
divers dépôts pnt été soulevés par la dislocation du sol qui a donné
une première forme au chainou. Ce sont des gneiss» des mica-
schistesj des schistes ou phyllades aux couleurs vertes ou bleues^
et des c^lc^res cristalliqsp On y trouve, associés à ces roches ou
au graoîte, de U tourmalioe cristallisée, des cristaux de feldspath»
des grenats cristallisés, opaques et violacés, des lames de mica,
du quartz hyalin, du quarts compacte et des minerais métalli-
ques. Ppur étuclier dans un ordre régulier, et aussi rapidement
que possible, la constitution géognostique du chaînon des Alberèa,
suivons les divei*ses couches stratifiées, qui se montrent à décou-
vert à ^ base, jusqu'au granité qui les a disloquées par son
épancbement ou sop éjection vers l'extérieur* Dans les différentes
vi^Uées, les mêmes dépôts se retrouvent presque à la même
hauteur, avec des caractères identiques de composition chimique
e( de reli^tipns stratigraphiques ; de sorte que l'étude complète
d'une petite vallée fait connaître la constitution de l'ensemble du
cb^ipon.
Tran^of tons-nous 4'abord daqs la petite vallée de la Roque des
Alberès, au centre du chaînon. Le village est bâti entr« deux
hautes colUnes diluviennes formées d'argiles compactes, plastiques,
k teintes jaunâtres, couronnées par des dépôts de cailloux quart-
^ox ou granitiques.
En sortant du village de la Roque pour se diriger vers le sud,
la première roche que l'on trouve en place est le schiste de trao*
silion, qui se montre dans toutes les dépressions du sol et sur
toii$ les points assez profondément ravinés pour mettre la roche à
d^^ouv^.
Ce schisie bleuâtre ou verdâtie se nuance parfois de couleurs
rougeâues ou ocreuses qui dénotent la présence du fer et des
pyrites en décomposition. Sur ce^ns points il s'ipnprègne d'élé-
mfi'pta quaftzeux qui augmentent sa dureté et sa compacité; il nt
se divise pas aisément en feuillets, et prend des conlowniemtnii
\h% SÉAlfCB DU 10 DÉCIMBBR 1801.
et des plitsenienls sttir de larges surfaces. Le schiste de transition
affleure jusqu'à U hauteur de la. foun de l'aram (1) eD plongeaut
de 60 degrës vers le nord, 60 degrés est.
Le schiste forme le lit de la rivière dont le courant a naé, lime,
corrodé la roche, rompu et emporté les solides barrages qu*cUc
formait; par son poids^ il a miné le schiste et creusé dans n
masse des cavités arrondies comme dos caves.
Le schiste est recouvert par de puissants dépôts déCriciqaet
formés de cailloux de granité, gneiss, quartz, schistes, mais sur-
tout granité et gnei«s. L*arrangemeiitde ces cailloux indique qa'ib
se sont déposés en dehors d*une eau Iranquille. Ils sont placés
sans ordre, sans stratiûcation les uns par rapport aux aalres; les
gros sont mélangés avec los petits. Ils sont légèremeut arrondisi
leurs angles un peu émoussés ; à leur forme on reconnaît qu'ils
n'ont pas été longtemps roulés. On dirait des dépôts plulAt gla-
ciaires que diluviens.
Le schiste paléozoïque m'a donné à l'analyse chimique de
l'alumine, de la silice combinée et du quartz libre, du fer à Tëlaf
de sulfure, des traces de plomb, etc. ,
A la hauteur de la foun de l'aram le schiste est recouvert par
une espèce de greisen ou d'iiyalomicte essentiellement casn'
posée de quartz et de mica. A la loupe, on distingue très bien k
quartz en cristaux à angles émoussés, avec l'éclat de la siliec
cristallisée; le mica est blanc, d'un aspect argentin, eu pftilji
lamelles nacrées, mais il est peu abondant. Sur certains poinls
on distingue cependant des traces de feldspath; sur d'anlres lar
roche s'est imprégnée d'un élément ferrugineux qui lui dcWS'
une teinte ocreuse ; parfois elle passe à un gneiss, sans jaiMis
pourtant affecter franchement la structure de celte roche g^
nitolde. , :'•>
J'ai distingué dans cette roche, à l'aide du microscope,' ^jdes
cristaux très petits, groupés, d*un vert très franc ; j'ai cru devairlUt
rapporter à l'émeraude? J'y ai encore vu des cristaux nous etcW-
sivement petits, dont je n'ai pu délerniinei* l'espèce minérale^ «'
Bientôt la roche que je viens de déciire passe à un micastïhiil^
incliné comme elle vers le N. 60*' £. Ce micaschiste est fiasilef^
feuilleté, un peu friable à la surface, divisible en tablettes. Sa cd<t'
leur générale est le blanc gris, mélangé de teintes jaunâtres ou
(I) Terme du pays, qui signifie fontaine do cuivre. C'est
source acidulo-ferrugineuse qui sourd au pied d'an puissant esoarbe-'
ment détritique.
NOTE UK H. NOtiUlîS. 149
verdâ(re8. Par ses lissures ou ses plans de rupture a pënétré, posté-
rieurement à son dëpôt, un principe ferrugineux qui colore quel-
ques-uns de ses points d*une manière plus vive. Du reste, les eaux
acidulo-ferrugineuses qui sourdent si abondamment dans le val
Ion peuvent donner l'explication de cette métamorphose. A par*
tir de la hauteur de lus Bnllayras^ jusqu'à la prise d'eau qui ali-
mente les moulins de la Roque, on voit constamment affleurer le
micaschiste ou le gneiss.
Ce gneiss qui a une tendance à se diviser en gros feuillets ou en
tables épaisses, par ses brisures ou par les dislocations de ses plans,
forme à la prise d'eau même des escarpements rapides et pitto-
resques. Sur la rive gauche de la rivière s'élèvent des masses
gnejssiques passant à un granité stratifié dont les pentes verticales
montrent les précipices connus dans le pays sous le nom d^cscar-
rancas.
Ce gneiss ou granité stratifié que je viens de signaler est forte*
ment disloqué; Tensemlile des couches incline vers le nord; quel-
ques-unes sont verticales; d*autres ont été renversées et se mon-
trent avec une inclinaison anormale vei-s le sud. Sur certains points
le gneiss passe au micaschiste. Son mica, disposé en rangées sensi-
blement parallèles, est noir ou gris noirâtre ; parfois il prend des
reflets d'un vert très pAle ; le quartz s'y montre avec son aspect
vitreux et translucide; il est relativement peu abondant. Le feld-
spath orthose est le minéral dominant; il prend en général la
structure lamelleuse ; ses lames nacrées blanches ou légèrement
colorées en jaune terne paraissent, à la loupe, comme un groupe-
ment de petits cristaux.
Sur certains points, la roche granitolde passe, par l'altération de
ses éléments, à une pegmatite grossière. Le quartz est devenu opa-^
que, le feldspath blanc , d'un éclat mat et sans structure lamel-
leuse bien distincte.
En remontant la rivière de la Roque, on atteint bientôt un gra-
nité porphyrolde qui s'est épanché à travers le micaschiste et le
gneiss. Par son épanchement il a dérangé la direction primitive
de leurs couches qui plongent d'environ 65** vers le S.-O., tandis
que lear plongement normal est vers le N. ou le N.-E.
Certaines parties de sa niasse sont constituées par du granité à
petits grains avec mica noir, feldspath lamelleux blanc gris et
quartz vitreux semi- transparent. Mais à côté de ces éléments
assez finement divisés se montrent de gros cristaux d*orthose
d*un blanc jaunâtre ou d'un gris très mat, enclavés au milieu
150 SÉANCE DU 16 NOTBMBKI 1861.
de la pâte granitdide. A la loupe on y recoDDatt ^es criitittt
eicessivement petits de diverses substances inëtallifèrà.
Le fioint culminant de la niontigne est forme par àû granité i
feldspath blanc, mica noir en assez grandes lamelleè kl l|aârb
opaque on demi-transparent.
Toutes les petites vallëes de fracture de la chaîne des Alfieris
pr^ntéût la méine composition que celle de la Rdcfuë | léè
mêmes couches passent de Tune à Tautrc en s'infl^hissalîc TëKlék
parties dëclÎTCs et se relevant vers les sonmiitës.
Eh certains endroits se montrent des filons ou dbs ridieft àt
qûârtt blaîic compacte, le plus souvent maculé de |ieUteS tiHbës
d'otyde de fer.
Dans le vallon de Sorèile , parallèle à Celui de la Rol|uë, ait
pont des forges, â nii -hauteur de Tesrarpemrnt de la Hte drbité,
se montre une couche d'un adcairc cristallin qui parait plob^jëlf â
Test. Le noyau calcaire st*mble s'être déposé dans quelcjuè âéjfttS'
sion ou dans quelque poche de scfiiste, de micaschiste du dt ^àSill.
G*est probablement un fragment de la couche calcaii*e qdi se liklH-
trc à Prata de Molio, Arles, Gërct, etc., et qui forme une bdflffi,
souvent interrompue, sur le versant septentrional des P^r^hëëa dû
RoussilloD.
Le calcaire de Sorède, blanc ou d'un blanc bleliâtte, aé'^M-
sente sous la forme de petites lames rhomlKlIflâles gr6u|>8S'ik
superposées; Il présente une particularité remarquable : â sbriiSiiB*
lact areb la roche encaissante il se recouvre de minces lattifil (Sflt
tallines de feldspath. Si l'on descend dans la partie des AtlMM
qui côtoie la Méditerranée , on coupe des tratiches piilssàbâ^tt
micaschistes à larges lames de mica, renferniHnt pdrfolfa dël^om-
tatix de grenat opdques et violacés. La tourthalinë noire ëH Ii1([(àllll
cHstàllideS on en gros cristaux s'y trouve eilclavée ddtift dël fMff
ments du quartz ; parmi ces roches anciennes ie pl'ë^entetft HM
des cristàuï isolés d'orthose jauliâtrc à l'aspect hacré. '''^*
Ainsi Aéht, outre les schistes, les micaschistes , lé gnfeittylll
^t'atlitès diVers , etc., qui constituent essentiellement le cUHHHI
Ses Alberès, on y trouve de nombreux minérâtix acctHentètL iail
en filons ou en .veines, comme les oxydes et les sulfures de lovfc
sulfure de plomb; la galène argentifère , etc. , soit en etMln
Isolés. »'*^{
jige lia chaînon des Albert* s, — Les Alberès, qui se rattilâlîSI
au Ganigou par les massifs montagneux de IMaureillas , At GMI
et d'Arles, ont été fortement influencées par la dislocatiort Uàidl
HUTB DB M. NOGUÈS. 161
qui a fait surgir ca groupe de tnonlagiies; mais un seul mouve-
ment du sol n'a pas donné au cliaînoii albërien sou relief actuel ;
il n'a pris la configuration, la forme que nous lut voyons aujour-
d'hui qu'à la suite de quelques i*évolutions dont il porte l'em-
preinte évidente et bien sensible.
Les savants auteuis de la carte géologique de la FHiice attri-
buent au soulèvement de la chaîne prjticipale des Alpeà le sur-
gissemeiit du motu Cailigou arec ses fohncs actuelles. Mais, avant
ce grand cataclysnK?, cette Inontague, prescjue là p\ùs élevée ile la
chaîne orientale des Pyrénées, présentait une certaine élétdtlon
ainsi que le chaînon des AlberèS qui eU dépend.
A l'inspection des Albcrcs et du massif du CànîgoU le géo-
logue retrouve partout des traces incontestables des systèmes du
Morbihan , du Westmdreland et du Hundsriick, etc., qui ont
relevé les divers membres des séries azolqué et paléozolque datis
les Pyrénées-Orientales. Les couches anciennes qui composent lés
Alberès (iaraissent donc avoir pris , â cette épdqtie primaire, leurs
inflexion^ primordiales, quoiqu'elles doivent leui* relief actuel à
des mouvements beaucoup plus récents.
Dans les dépressions les plus profondes des vallées transversales,
dans les concavités ouvertes entre les plis des roches anclenhes,
nulle part dans les parties élevées du chaînon des Alberès on ne
trouve aujourd'hui de trace des dépôts subapennins des vallées dû
Tech et de la Tet. Les dépdts marins né péiiètrent pas dans ses
petites vallées transversales qui étaient donc déjà forlhées ou ou •
vertes en partie ; ils ne s'élèvent jamais â des hauteUrs un peu con-
sidérables; ils n'arrivent pas à Mauréillàs, etâ ^cinè atteigncdt-ils
\éi premières collines de Yillelongue-dels-iTibhts.
Le relief des Alberès était assez htonttiëux pour s'élever au-dessus
des baux lorsque les dépôts subatiennins ou pliocènes se ^oni
forthés sur les schistes paléozoïques de la vallée du Tech, déjà
IreletéS par des dislocations antérieures.
Dans les parties élevées des vallées transversales , on aperçoit
partout de puissants dépôts dilnvieîis, horizontaux du très {)eu
itafelinés, qui descendeht dans la plaine. Dans \ts parties élevée^, t;es
dépôts reposent sur les schistes, ou sur les autres roches de ti-ari-
litioDy ou sur les roches granitiques, sans que l'on trouve ctitre les
deux systèmes de couches aucune trace des marnes et des grès
fossilifères de la partie déclive de la vdllée du Tech.
Toate la série secondaire manque complètement dans les
Alberès, du Perthus à Bort-Vendres. Durant cette longue période
géologique la chaîne constamment émergée a formé une île au
152 bfiANCB UL' IH Dt4.EIIRHB 1801.
sein de la nier. Pendant qne les sédiments marins triasiques,
jurassiques et crétacés d'Aniélie-lcs-U.iius, de Gostojas etc., se
déposaient sous les eaux, une grande partie du bassin inférieur d^
Tech était assez élevée pour être complètement émergée. Ce a*eil
qu'une dislocation postérieure qui a permis à la mer tl*occuper.
par un affaissement du niveau du sol, les vallées du RouasilloD
pour dépoter les couches de Tancien pliocène.
L'examen des faits précédents nous conduit k admettre que le
chaînon desAlberès avait un relief assez prononcé dès le coiuinea*
cernent de la période secondaire, où, dès la fin de la période pri-
maire, les premiers soulèvements qui Font affecté remonteot i la
période paléozoïque ou de transition. Mais ces dislocations an-
ciennes ne lui ont point donné sa forme et sa hauteur actuelles.
Lorsqu'on étudie le terrain terliaiie supérieur de la vallée dn
Tech, on s'aperçoit que l'inclinaison générale des couches a lieu
vers le N., ou le N.-Ê.; de manière que les tranches ou les l£Ces
de couches regardent le Canigou et les Alberès. Cest là une preuve
que ces massifs montagneux ont contribué au rilèvement de l'an-
cien pliocène. Il a fallu que les Alberès se relevassent pour pror
duirc cet effet sur les couches de leur base.
De tous ces faits il faut conclure que le relief actuel du chaînon
des Alberès a été produit par la dislocation qui a soulevé et H^rfmgf
les couches marines de l'ancien pliocène à la base des PyrénAesr
Orientales et au pied des Apennins. Tout le monde sait que M» WJt
de Beaumont attribue ce mouvement du sol au surgisseinenl iê
la chaîne principale des Alpes.
Outre ces soulèvements qui ont imprimé les grands traits dn
tableau, on recounait dans les Alberès de petites lignes de dislo-
cation qui n'ont pas influencé l'ensemble de la chaîne.
Une étude attentive des crêtes saillantes et des lignes de dislo-
cation du Houssillon montre la complication de plusieurs soulè-
vements. Chacun de ces mouvements du sol, lents ou rapide m
fourni un trait, une ombre, un accident au tableau. Lesmasaifr
montagneiu des vallées du Tech et de la Tct ont reçu quelqnaiN
unes de leurs formes à chacun des divers soulèvements qui onfiaM
primé leurs caractères aux Pyrénées; mais c'est la dislocation qgà
a fait émerger les dépôts siluriens et dévouions qui a relevé. l|f
Alberès, depuis lors restées coustannncnt émergées.
£n résumé, les Alberès ont pris un relief niontueux
nonce dès la période paléozoïque , mais la dislocation de la
principale des Alpes qui a relevé les dépôts subapennins a dondé^
au chahion toutes ses formes actuelles. .^
NOTE 01 M. LAUGIL. * 153
M. Albert Gaudry coroinuuiquc Textrait suivant d'une lettre
de M. Boucher de Perthes sur les haches trouvées dans la craie
remaniée.
Extrait d^une lettre de M. Boucher de Perthes à M» Albert
Gaudry.
J'ai trouvé à 12 mètres de la superficie et à 4 mètres au-dessous
du banc de sable ferrugiDCUi contenant les os A'Elephas un
banc de 1 à 2 mètres de craie vierge, mais brisée, dominant la
craie en table. Dans cette craie brisée, mais redevenue dure, j'ai
recueilli de nombreuses haches recouvertes d'une épaisse potine
jaune, souvent roulées, mais après la formation de cette potine.
J*ai vu de ces haches tellement adhérentes à la craie, qu^on a peine
à les en séparer. Dans cette craie qui est au-dessous du niveau de
la Somme, ces os fossiles, si communs à h mètres au-dessus, sont
fort rares et toujours brisés.
J'ai trouvé à Mencbecourt dans le banc supérieur aux haches
une coquille qui est bien certainement la Cyrena fluminalU du
Nil ; M. Lyell Ta reconnue comme telle.
II. Deshajes annonce que M. Zejszner vient de publier une
note sur des fossiles trouvés, en Pologne, dans le terrain cal-
lovien, et semblables à ceux de MontreuiUBeilay, décrits par
MM. Edm. Hébert et Eug. Deslongchamps.
M. Laugel fait la communication suivante :
Note sur Vdge des silex et des grès dits ladères;
par M. A. Laugel.
Dans son Histoire des progrès de la géologie, M. d'Archiac
eiprime l'idée qu'il y aurait un très grand intérêt à débrouiller
les terrains superficiels du département d'Eure-et-Loir, pour
compléter la classification des couches tertiaires les plus récentes
du bassin parbien, et pour en saisir le lien avec les formations
qu'il nomme quaternaires.
Je ne me flatte point de pouvoir répondre au vœu du savant
académicien ; je crois cependant avoir réussi à jeter un peu plus de
joiur stu: certaines formations superGciellcs du département d'Eure-
et-Loir et des départements voisins, dont l'étude offre d'assex
graudes difficultés; dans celte note, je veux revenir sur la forma-
15â SÉANCE DU 16 DÉCIXBBK 1861.
tion à laquelle j*ai donne le nom à'argilr a sUex dam man îtU»
moire sur l€t géologie du département d'Eure-et-Loir {BatL de £é
Soc. géoi,y 2* série, t. Wll, p. 316). En traitant de ce terraûitlc
disais dans ce mémoire :
« Je pense donc que la partie inférieure du terrain est «f ndiro-
nique du calcaire de Beauce, et que la partie supérieure seule tait
contemporaine des argiles a meulières supérieures. Ce terrain o*eflt
pas une simple décomposition de la craie, puisqu'il reeoatrs sou-
vent des assises tertiaires et même jurassiques; il a sa place Mar-
quée dans les terrains tertiaires, et doit être subdÎTÎsé em éewà
parties dont le contact est, du i*este, aussi difficile à déHaiiltr
exactement que celui du calcaire lacustre et des argiles à mm*
Hères supérieures qui en sont les termes correspondants. »
Tandis que Téta^je inférienr de l'argile à silex est formé d*Unfe
argile plastique grise, violeuc, blanche, rose ou rouge, traversée
par des lits réguliers de silex tuberculeux tout semhialdes à efenx
de la craie, Tétage supérieur contient ordinairement dès silex ploi
petits, brisés, et des dépôts de ^ablc s;ranitique irrégalièrs. Ces
sables sont très abondants dans les forets de la Fcrté-Vidame et de
Senonches, et dans tous les environs de Ghâteauneuf.
La coupe suivante, prise à'ia Croix de Vcrigny, près de la feréc
de Bailleao, montre la superposition des sables à l'argile à aîUs :
a. Banc d'argile sableuse, d'un mètre d'épaisseur, psssant à
b. Sable ronge et jaune, devenant dans le bas blanc ou viol
très fin et doux au toucher, d'épaisseur irrégulière, ri
sur l'argile à silex ordinaire.
Des sablières analogues se retrouvent dans un très grand D4
de localités, à Fouville, è Laleiix, au Belluet, au Nage; à Id B6toBC,
à JVloulu, à Rijonnettc, dans les bois de Lévaviile-Saint-SauTcar,
àAunay-sous-Grécy, à Sainl-Marlin-de-Lezeau,à Saint-MaxÎBMf-
â Hauterive, filévy, Groulu. sur la route entre Dighy et CHftltieii
à Groualu et firéherville. — Dans cette dernière sabllèrtl^' MB
2 mètres de Sable rouge, se trouvent 10 mètres de sable IïHhKI
sous lesquels on retrouve l'argile à silex . ; •**^ '
A mesure qu'on s'éloigne de la forêt de Scnonclics et «(if '
rapproche de Chartres, il semble que les sables dcviennéiit Hk^
en plus fins. Autour de cette ville ils sont en beaucoup dri
représentés par des grès lustrés, à eassure conchoïdale , ttèil
formés de petits grains anguleux de quartz relies par un tAï
siliceux. Ces grès ne s'observent généralement qu'en blotUfi
portent dans le pays le nom de ladèrcs; la plupart des pluâ
NOTB DB H. LAUCBL. 156
mineux ont servi aux cérémonies drnidique^ dans le temps où la
ville de Chartres était le centre religieux lë pltks ini)ibrtânt de la
Gaule, et il n'est pas étonnant qu'ils aient jusqu'à préseht attiré
l'altention des archéologues plutôt que celle des géologues.
De nombreuses observations m^ont convaincu que la plupart de
ces grès sont en place, et que lëft ladères sont les tieprésefitahth dèà
sables des forêts de Seiibnches et de Châteaùneuf, et en géhéfrâî de
l'étage sopérieur de l'itr^^ilé â silex.
Sûr la toute de Charti'es I Gallardon, oh aperçoit, ati deU dU
fdtibourg Saint-Barthélémy, des blb^ de grès siliceux qui aiir-
gissent Hn limou des plateaux vers la ferme de la Baulièré; tin
pèû au delà, â Archevilliers, j'ai recueilli les deux coiipes Suivâhtes
danï des excavations d'où l'on retire du sable :
Première coupe,
a. GrÂB ladère en rognons à surface arrondie et en apparence usée
dans une argile plastique grise; couche de 40 centimètres
d'épaisseur.
b. Argile grise, tâcHée de roiige.
Deuxième coupe,
n. Argile blanche plastiquOi môlée de sable dans la partie infé*
riebre, et renfermant des plaques et des rognons de grès
ladère; épaisseur de 4 à 2 mètres.
b. Sable blanc très fin, contenant (les plaques de grès etdes rognons
tuberculeux et mamelonnés de sabte à demi endurci.
Ces rognons de grès ont des dimensions très variables ; iU soui
quelquefois gros comtiie \à main, et parfois deviennent d'énormes
bfocè de pliis d'un métré de diamètre.
Près d'ÂrchevilHeri est dti petit bois situé de Tauti-e c6té de la
rbute dëNogent-le-Phâye; dans des excavatiôris qui y sont du-
vfertci, jMI vu de haut en bas :
a. Argile très plastique, rou^e et blanche; épaisseur 4 mètre.
b. Sable fin blanchâtre, veiné de rouge.
Tout autour de ces excavations, on vrtit à la surface du sol des
fragments de grès ladères, au milieu des silex ordinaires.
Les sables et grcs s'étendent jusqu'à Nogent-le-Phaye, et on re-
trouve des rognons et des blocs de ladère aux environs de ce vil-
lage. Sur la route de Nogent-le-Phaye à Houvillc sont des sa-
blières contenant des couches de grès ladère ; le sablon siliceux y
est ordinairement grisâtre et assez grossier. Les sables y sont re-
couverts d'une argile grisâtre très plastique, que je .rapporte au
156 »£ANCK ut 10 DÊt.KMRKE L>oi.
limon des plateaux, de inèinr que rar^^ile blanche dWrchcTillien
et Targile exploitée comiiic terre de pi|>e à l^oiavilliera au nord de
Chartres.
Près de Sours, bâti sur le calcaire siliceux, est le hameaa de
Ghandre, qui se trouve sur le terrain d^argile à silex et oik l'oa
voit d'énormes blocs de ladère disséminés sur le sol.
Éloi(pions-nous de Chartres dans une autre dircctioo, vcn le
hameau de Ver, si remarquable |Yar ses pierres druidiques, toutes
formées de ladère siliceux ; ces blocs ont inalheureuaeinent été
longtemps exploités pour pavés, et il n*en reste plus qu'un nombre
relativement assez restreint. En suivant la vallée de TEure, de
Chartres à Morancez, on longe des vci-sants entièrement forméi
par l'argile ik silex supérieure à la craie; à partir de Morancn
juM^u'àVer, ces versants s'abaissent, et le terrain est formé de cal-
caire siliceux ; en approchant du villa(;e, on voit des blocs de la-
dère disséminés sur le calcaire marneux, su itou t autour de Piem-
Pesant, dont le nom seul indique la présence d'un monument cel-
tique ; à Loche, ces blocs, tics numbi*eux, re|)osent sur le terrain
d'argile k silex ; on en aperçoit encore beaucoup dans le fond de la
vallée, entre Loche et la Yarenne, et l'on peut à peine les oonai-
dérer comme erratiques, tant ils sont à petite distance de leur gi«
sèment primitif. En suivant le chemin qui va de la Varenne â
Barjou ville, et jusqu'à Chartres même, on rencontre constamment
au milieu du limon des plateaux, ou dans les plis de terrahiinr
l'argile à silex, des blocs et des fragments de grès ladère, k canUM
lustrée.
Mais c'est surtout aux environs de Bonneval, sur la ronie di
Chartres à Châteaudun, que la formation des ladères se
dans tout son développement. Quelques coupes feront bien
piendre le gisement et les relations de ces grès avec le oalouiin 4ê
Beauce. En voici une prise à coté de la ferme Girault, aar b
chemin de Bonneval à Vilieteigneux : :•'. -^
//. Argile brune contenant des rognons de grès ladère et deé bibâ
de 4 mètre de diamètre; épaisseur 4 mètre. =^~ -;
h, Marne blanche lacustre. , •"
A Vilieteigneux, on voit dans de grandes excavations :
a. Argile rouge (7 à 8 pieds) remplissant les aufractuositéi dé vh
surface ravinée de
b, Marne argileuse blanche (42 à 4 5 pieds) veinée de jaune clsîri
très douce au toucher, contenant des rognons siliceuaTli
passant dans le bss à une argile compacte. '''«*
e. Siiex empâté dans une argile rouge (argile â silex ordinaireV* "^L
ffOTl OK H. LAUGEL. 457
De la Tuilerie à Trizay, on aperçoit beaucoup de fragineoU de
grès ladère et quelques blocs de ce grès. En amvant à Trizay on
aperçoit la marne blanche sous deux pieds d'argile brune. La
marnière de Vilbon donne la coupe suivante :
ft. Argile brune sans silex ; épsisseur 50 centimètres.
b. Môme argile, avec silex et blocs de ladère, remplissant les
anfractuosités de
r. Marne argileuse d*6au douce, blanche» douce au toacher, con-
tenant des veines irrégulières d'une argile plastique d'un vert
pftle.
Eu montant du moulin de Groteau vera la route de Qiarires à
fionneval, on arrive à de nombreuses carrières de ladère; le grès
y est exploité pour pavé et pour moellon ; les bancs ont ici une
grande épaisseur. On voit très nettement à la partie inférieure des
excavations la rocbe formée par des silex brisés, dont les frag-
ments un peu anguleux sont reh'és par un ciment de grès à pâte
siliceuse, à cassure brillante et conclioidale. Ce ciment est
absolument identique avec le ladère qui forme la partie supérieure
des excavations. Il n'y a point de limite bien déterminée entre le
poudingue siliceux et le grès ; on peut aisément recueillir des
échantillons dont une moitié est formée de silex, agglutinés en
poudingue, Tauti^e moitié de grès fin sans silex. Or, les poudin-
gués siliceux font incontestablement partie de la formation d'argile
à silex ; je pourrais citer une foule de localités où cette formation
en contient; je me contenterai de signaler la forêt de Dreux et
les environs de la Loupe. Il me parait donc nécessaire de faire
rentrer également dans la formation d'argile à silex les ladères
de Bonneval et ceux des environs de Chailres, avec les sables qui
les renferment.
Entre Bonneval et Anjouville, on voit les ladères en blocs au
milieu du limon des plateaux, surtout aux environs de Mon iboîasier
et du Perruchay, où cette pierre est exploitée pour pavé et où l'on
peut également bien observer le passage du poudingue siliceux
au grès proprement dit.
Près de Yoves, on aperçoit aussi des ladères associés à la forma-
tion de l'ar^plc à silex. A Tentrce de Sazeray, bourg situé près
de ce village, le passage de l'argile à silex au grès est très visible ;
des poudingues siliceux formant des bancs puissants sont cimentés
par le grès qui en certains endroits s'isole et forme des roches de
ladère. Ici encore, ces matériaux résistants ont fourni les pierres
druidiques répandues en assez- grand nombre sur la route de
Rouvray-Saint-Florentin et aux environs de ce village.
168 SÉAIICI DU 10 DfiaUlBBB 1801.
Eotrc MoQtaînvJllc et Mealay-lc-Yidaiiie, une vuamière dite du
fiois-Joli foun^it une coupe intéressante en ce q^'eUe inoatra U
superposipon de l'argile à silex supérieure sur le cfiloaim df
fieauce. On aperçoit en allant de haut en baa s
a. Terre argileuse remplie de silex bruns et jaunes ; épaû
60 centimètres.
b. Argile grise et blanche compacte avec silex ; épaîaaanr i mèties.
c. lUrnê lacustre avec bancs siliceux jaunAtrei plna dan.
Avant de tirer des conclusions générales de cet ensemble d'ob-
servations, je dois faire remarquer que les poudinguee de grèpie
retrouvent en beaucoup de points sur toute la surface du temîp
miocène, qnî occupe une si vaste étendue dans l'ouest de U Prancee
Voici, par exeinpie,*'unc coupe prise près de Château-Regnaulty A k
Tuilerie, sur la route de Vendôme :
a. Terre végétale avec silex et rognons de grès ladère; épainewr
48 centimètres,
b. Argile blanche plastique contenant quelques silex.
c. Marne d*eau douce, appartenant à la formation du calcaire db
Beauce.
Les couches a eib représentent dans cette coupe Targil^ 1^ wkl^
supérieure. Ou peut rapporter eucore à cet étage les poudiugncidl
silex à ciment de grès lustré de la grande iorèt de Chioqn». 0|H
des Landes de Ruchard qui eu sont la coutinuation. 0&iiiË|3w%
je citerai lespoudingues à ciment de grès de la forêt d^Ey^tp^
où des blocs réunis forment \?l pierre courcoidée qui m^aété tima|j|
par M. Élie de Beauuiont, et les poudingues et grès de Lyoïi^ dÉ
Broglie, etc., très exactement indiqués sur la carte de rEaçgS
M. Antoine Passy, qui les rapporte, ù tort selon moi, à la périnl'
diluvienne. ' *
Sans recbeixher d'autres exemples, je me crois autoriaé A Itaf
de iT^es observations les conclusions suivantes : • ç;
l°La formation d'ar^jile à silex est formée de deux étagea. ..iv.
2'' L'étage inférieur est synclironique du calcaire de Beauoe,. \^^
y L'étage supérieur, contemporain des argiles à myuiî^yq^:|a.
périeuret, est venu recouvrir également la surface raTioéc; dk
calcaire de Beauce et de l'argile à silex infcrieure.
k** Les poudingues siliceui û pâte de grès lustré, et les grèa^iH'
ladères^ appartiennent à l'étage supérieur.
En adoptant cette manière de voir, on comprend aisémeiit oyf
partout où les deux étages de l'argile à silex sont en contact djr^
la limite en aoit très peu Uanchée, bien qu'il soit cependant
NOTE Dl M. LAUGBl/ 159
(le remarquer en géuëral au*de8SU8 d'HP^ loue inférieure où les
silex sont très gros, tubei-ciileux, en bancs horizontaux, une autre
zone où ils sont plus petits, plus rapprochés, et paraissent avoir
subi un remapienifpt Lea grès et poqdipgues siliceux jouent
dans ces aft*giles supérieures le inén^e rôle que les meulières dans
lesar^jiles à meulières supérieures du bassin parisien. Les grands
courants qui ont décomposé le calcaire lacustre et ont laissé comme
trace les argiles et les meulières sont venus expirer sur des plages
où ils ont déposé ces sables, qui, aujourd'hui consolidés, se pré-
sentent sous la forme de ladères, et qui, mêlés aux silex qu'ils
ont cimentés, forment aujourd'hui des poudinguès siliceux. Il y
a eu là un phénomène unique, avec des phases variables de mou-
vement et de repos; la connexion du terrain des meulières supé-
rieures d*une part et de l*autve des argiles à silex supérieures,
sables granitiques, poudinguès siliceux et ladèrc, est si intime,
que le sable granitique a été maintes fois signalé dans l'argile à
meulière supérieufe, et que, d'autre part, on reconnaît quelquefois
des débris* de mei|iière dans les poudinguès siliceux, ce qui
donnerait à penser qne vers la 6n de ce vaste dépôt miocène il
s'est opéré une sorte de remaniement pu de mouvement violent
des eaux qui a mélangé des matériaux déjà déposés.
M. Hébert dit que pour lui Targile à silex inférieure est bien
plus ancienpe qye ne Tadm^i M. Laugel, qui la place dans le
calcaire de Beauce. Celte argile pst ëocônq ^ elle est qu-dessou;
des sables tertiaires, à empreintes végétales, du Maine et de
TAdjou, qui sont recouverts par des calcaires lacustres à
Cyclostoma miimiay Ceriihiutn lapidum^ Planorbis rotundatus,
Lynmœa longiscaia, etc., c'est-à-dire de Tâge de nos calcaires
de Saint-Ouen. C'est en effet aux calcaires de Saint-Ouen^ et
non aux calcaires de Beauce, comme le pense M. Laugel, qu'il
faut rapporter les calcaires lacustres des environs de Nogent-
le-Rotrou. M. Hubert présentera, ù la séance prochaine, sur
une partie des terrains tertiajres de Touest, ^n lr{iYail détaillé,
dans lequel ces diverses affirmations seront prouvées de la
lyuinière la pl^s jpconteç^ble.
160 sêa5(;k dl I(> DÊrEnnc 1S6I.
M. S<emann fait la communication suivante :
Sur les Anomia biplicata et vesperlilio de Broeehis
par MM. Seemann et Trigcr (PI. II).
Les progrès de la paléontologie n^ont |>ai reDoontré de pliM
sérieux obstacle que la délimitation vague de certaînci espèces
fossiles. Les noms de Terebrattda prisât ^Lcprœna tiepressajTHgomm
Costa ta ^ Ostrea vesicidaris^ Lucina tliwtricata et mille autres, tap-
pellent de longues et ardentes discussions dont les unes ont trooTé
leur solution définitive, tandis que d'autres restent encore à l'élat
de questions ouvertes. La Terebhuula biplicata est une des espèces
qui ont offert les difficultés les plus sérieuses ; il n* j a peut-être pas
un étage des terrains secondaires où quelque auteur ne TsiUcHlié (i),
et ce n*csl que depuis la publication des Brachiopodes de la pa-
léontologie française et de la grande monographie de M. Davidson,
que les erreurs les plus manifestes ont été corrigées et la question
renfermée dans des limites plus restreintes. Son étal actuel est
cependant loin d'être satisfaisant. D*abord les deux auteurs que
nous venons de citer ont adopté deux types différents.
D'Orbigny a cru reconnaître dans une espèce des Glauconies da
Havre et du grès vert du Mans Y Anomia biplicata de Broochii
publié dans la Conchiologia fossile subnptwnina en 181& en
même temps que V Anomia vespcrtilio reconnue depuis Ion|((
par M. Desliayes pour une Aliynclionelle crétacée d'une
blancc parfaite avec les nombreux individus qu'on en trouve (
France. M. Davidson de son côté, s'appuyant sur ce que rien nV
venu confirmer la présence des deux brachiopodes en Toscai
n'ayant pu se procurer aucun renseignement sur leur
gisement a San Quirico» a préféré iV'server le nom de TrrctrmêÊdm
biplicata à l'espèce figurée plus tard par Sowerby sous le mésM
nom (2J et dont il a été facile de retracer l'origine exacte. AnjouTr
d'iiui on se procure aisément les types de U Tercbratida bipiicaêm
de l'un ou de l'autre auteur, mais rinceitilude subsiste en
lorsqu'il s'agit de dioisir entre les deux, dont l'indentité ne
paraît pas encore sufiîsammeut démontrée.
[h) Bull, de la Soc. géoL, 4" sér., l. IX, p. 485 et suiv. ;
d'une discussion entre MM. de Veroeuil et Deshayes.
(2) Yoy : E. Renevier, Dates de la publication des planc/tcs da im
conchyliologie mincrtdugique de la Grande-Bretagne^ dannleSmiiHtm
de la Société vaudoise des sciences naturelles, 2 mai 4 8Ba--vf^|
Terebratula biplicata^ pi. 90, est publiée en avril 184 5.
NOT£ UK MU. S£1IANN £T TRIUBR. 161
Nous avons donc pcn>é rendre un service à la science en choi-
sissant, à l'occasion d*un récent voyage en Ilalie, conunc sujet
d'ëludc, celle question quasi-liislorique, la seule que nous pussions
a)3order dans un pays que nous visitions pour la première fois et
dans la seule intention de nous instruire de visu,
£n examinant en premier lieu avec soin les figures de Brocchi,
il était facile de constater que celle de la Tcrebratula bipUcata n'a
aucun rapport avec les espèces désignées généralement sous ce
nom, ce qui parait avoir écLappé à tous les auteurs qui s*en sont
occupés.
La Tvnbraiuia bipUcntti de Brocclii, sa figure le démontre suf-
tisamuieut, rentre dans le groupe des Ttrebratutœ cinctof^ de
Léopold de Bucli, du sous-genre H'^aldheimia qui comprend les
Tcrcbrouda di^ona , rornutn , numismaUs , etc. , et nous étions
même disposé à y voir une Terebratitlina echînulaUi qui accom-
pagne en France la Rhynchoneilii vesjwrti/io.
Nos recliei cljcs pour découvrir dans les nmsées de Turin, Bo-
logne, Pise cl Florence quelques écliantillons de même prove-
nance restèrent sans résultat. La belle collection de fossiles de la
jj/eira foi te exposée au palais de l'industrie à Florence nous montre
bien que le niveau de la craie blanche existe aux environs de la
ville. La faune fossile de cet intéressant gisement, dont les psam -
mites ou macignos micacés sont bien faits pour dérouter le géo-
logue du nord qui chercherait des analogies pétrographiques, nous
rappela tout de suite le gisement de Haldem en Westphalie dont
nous avons cru reconnaître les principaux fossiles : Ammonites
jjctttmjjliu, Turrilites polypiocus^ Inocerainus Ctivicri (Goldfuss,
pi. m, fig. 1), et bon nombre à'Inoceramiis Cripsii^ mais aucune
trace de brachiopodes.
Ce niveau est assez rapproché de celui où en Touraine on trouve
la RhynchoncUti vespatiUo pour que son existence n'ait plus
présenté une anomalie trop frappante.
Jjes géologues de Florence nous assuraient que notre voyage ne
pourrait donner aucun résultat; et, comme il était cependant évi-
dent pour nous que leur conviction était tirée de considérations
générales plutôt que d'une étude de la question faite sur place^
nous continuâmes notre voyage malgré les renseignements décou-
rageants que nous avions recueillis, et nous nous rendîmes à San
Quirico , gros bourg et station postale sur la route de Florence à
Rome, à moitié chemin de Siène à Acquapendente.
Nous fûmes bientôt à même de nous convaincre que les sédi-
ments pliocènes remplissent toute la vallée de TOmbroueauN.-O.
Soc. géol.f V série, tome XIX. 44
le {>colo(;iic qui y Inuivc lics coupes toujours finiiliL*» et Ticilcsd
explorer. En dcsiciidant vers Pieiiza nous travendiiics toute h
série des sables j«uines ijui se terminait vers le bas |uii' des baiMji
calcaires, remplis de hiyozo.iires tuberculeux (Cérioporcs) qui, à
première vue, présentaient des >ectioii8 très seiiiblaliK's a celli-s
din Muminulites. Un peu plus loin, à Touest do Pictisa, uoiu
arrivâmes sur les art^iics bleues ipii forment la |uirtie iiiférieure
de Téti^^e subapcnnin. Ixs coucbes de contact avec les subies
jaunes étaient remplies de bracbiopodes : liltymhnncUn bi^rniéia^i
Tcrebratidn atnpulla ; le fossile le plus remai'quable à la partie
supérieure des arp/dcs bleues est VOstrvn n/tvictiifirts ^ Broocbi,
acconipa(;née de nombreux cristaux de (;ypse. Li route renioole
ensuite sur la crèlc des ravins, et ne quitte plus Irs sables jaunes
jusqu'à San Quirieo qui eu est cntoui-é du coté du nord et de Test.
A Touest, le mur d'enceinte borde un fo>sc creusé dans les argiles
hleue^, et au sud de la ville une montagne s'clève vers Yî^noue.
On y atteint bientôt une altcrnanee d*ar{;ile8 (prises {scti*;ii'it ?\ et
de calcaires de même cH)uleur, en bancs brisés et recolles par dci
infiltratious cristallines.
Les an* i les nous ont présenté en quelques endroits de iiienns
fra^'uicnts de coquilles, probablement d*lluiires, mais nulle partua
fossile détenu inable.
Plus baul, le calcaire devient plus pur, une espèce de marbre^
qui est exploité pour un four à cbaux.
I\IM. Savi et Mene|>biui ont teinté celle moiita(;iio ootiiiiie odic
de Follouica entièrement par la couleur du pliocène ; ils CdoI
conimtrnccr le terrain éocènc sur la rive [;auelic de rOi*eia, et
nous croyons autorisé à considérer noire calcaire cuiniue
dé|)eudauce de ce dernier terrain, comme un véritable albéffèse.
Pour compléter nos rccberclies autant qu'il était eu nolra
pouvoir, nous avons visité tout près de San Quirico une looalili
que Uroccbi cite sous le nom de Pian délia J^icvr (vol. I, p. m
de la seconde édition), et qu'on appelle aujourd'bui Pcnta in Piemk
Cest un profond ravin bordé d'un poudiii[;ucà éléments aîliceoi
qui sert à Rencaissement des routes, et les DiAroUti de Hix>cchi dw
nous espérions être des Orbitoliles ou des JNiunmulites ueaodl
autre chose que de |K>tits galets de silex ordinairement bien arrandîi
par reli'el irun long cbarriage.
Mous considérons ce }K>udin(>ue coninie appartenant au dil
vium, tandis que 13ix)cclii a cru y voir la Ixiso du terrain
pennin. -:.
11 résulte de notre voyage à San Quirico, (jue sur toute l'ciendiK
NOTR DB MN. SJBMAlfN ET TRfÛBR. 105
du terrain que nous avons parcouru et «étudie sur une longueur
(le 5 lieues environ il existe trois dépôts bien distincts apporte-»
liant à trois formations différentes, dans lesquelles les bracliiopodes
en question auraient dû se trouver. Or, Brocclii les place dans le
pliocène, ce qui n'est nullement probable, puisque jusqu'à présent
personne en Italie n'a trouvé aucun de ces fossiles dans ce terrain,
et que les figures représentent des ly])es dont les analogues ne sont
connus que dans les terrains secondaires. Les mêmes motifs nous
empêchent également d'en chercher Torigine dans le terrain
éocène. Quant au lias qui pourrait être le gisement d*une de nos
espèces, ainsi que nous le verrons plus tard, nous ajouterons que
les recherches multipliées de MM. Pilla et deVecchi, pas plus
que les nôtres, pour cette partie de la Toscane, n'y ont fait dé-
couvrir aucun hrachiopode. Ce ten-aîn, du reste, ne paraît à
la surface qu'au delà de Pienza, à une distance de quatre lieues de
San Quirico.
A notre retour à Florence, en rendant compte de notre excursion
à quelques membres du congrès des géologues italiens, nous
apprîmes que la collection de Brocchi avait été donnée dans ces
derniers temps au Musée d'histoire naturelle de la ville de IVIilan.
Il n'en fallut pas davantage pour nous décider à revenir sur
nos pas, et cette dernière démarche fut couronnée d'un plein
succès. Le directeur du Musée de Milan, M. le professeur Jan,
voulut bien nous aider de son mieux, et nous trouvâmes en effet
les deux fossiles étiquetés de la main de Brocchi avec induration
des planches et figures de son ouvrage et de la localité : u San
Quirico, Toscan a. »
Son Anomin vespertiUo était bien une véritable RhynchoncUn
vespertilio, d'Orb. , et nous ne conservons pas le moindre doute que
l'échantillon de Bit)cchi ne provienne de la Touraine ou d'une
localité voisine en France. La parfaite conservation du fossile avec
son test, de cette couleur particulière blanche tirant légèrement
sur le jaune avec quelques grains de glauconie, indique une roche
entièrement inconmie dans le terrain crétacé de l'Italie.
\J /Énomia bipUcaia^ au contraire, a toutes les apparences d'une
Térébratule jurassique du département de la Sarthe ou de la Nor-
mandie ; il n'est cependant pas possible d'en reconnaître aussi net-
tement que pour l'autre le gisement, parce qu'il y a des localités
nombreuses en France qui fournissent des bracliiopodes très
semblables à l'échantillon de Brocchi au point de vue de leur
conservation.
La couleur du test est brune; une petite cassure à l'un des angles
166 StAMCI DU 16 DÉCBMMI 1861.
saillants de la région palléale fait voir le remplissage de la ooquille
qui est un calcaiie marneux gris jautùtrc. Nous devons â roblU
;;cancc do MM. Jan et Sordelli un nouveau dessin, dont nous
donnons la reproduction, pi. II, et qui fait apprécier la véri-
table forme du fossile. On y retonnait que la forme des plis
dans la figure de Rrocclii est exagérée et la perforation de
la grande valve restaurée. L^originnl piéseikte une cassure qui
a entamé la perforation et la fait paraître plus large qu'elle ne
l'est en réalité. LVnsemblede la coquille présente la forme d'an
ovoïde allongé lé{}èrcnient pentagonal ; elle est fortement renlMe,
surtout dans la région cardinale ; ses dimensions sont : longueuTi
30 millimètres; hrgeur 21 millimètres; épaisseur, 18 millimètrei,
La région palléale se prolonge en deux pointes correspondantes sur
les deux valves et séparées par un sinus médian qui remonte au
tiers de la longueur des valves; au delà il ne reste qu'un aplatisse-
ment triangulaire. Le rostre de la grande valve est fortement re-
courbé et bordé de chaque côté de i'aréa d*une carène qui ne se
prolonge pas au delà du rostre proprement dit (5 à 6 millimèlres),
La ponctuation du test est très visible.
Il nous a semblé tout d'abord évident que ce fossile présente
un ensemble de caractères qui ue se rapporte d'une manière évi-
dente à aucune des ff'aldheimia qu*on voit babituellement dane
nos collections. Nous étions porté à la rapprocher des Terthrainlm
coniuia et subUi^enaliSj et ce n'est qu'en priant notre ami M. Bug.
Deslongchamps de soumettre l'échantillon du nmsée de MilaUf
qu'on a bien voulu nous confier de nouveau, à une étude appro-
fondie« qu'il nous est possible de vider la question d*une manièft
définitive. Nous allons transcrire textuellement la note qu'il nous
a remise :
« Je suis certain que la Terebratula ùiplicata de Broccbi tppaiW
n tient à la période jurassique. En la comparant minutieusemcal
w à trois espèces, deux du lias et une du cornbrash de Boulogo^
M sur-AIer, on voit une grande analogie des formes :
ni'' Avec la Ttrebralala cornuta du lias moyen ; mais cette dtl^
u nièrc est généralement plus large, la carène du crochet plus
» prononcée, unlin nicnic les variétés les plus allongées de la 7'rril-
» ùraiuia cornuta ne se rapportent que diflicilcnicnt à cette co«
H quille.
» 2'^ Avccla Terebratula indaitala Tanalogie est bien plus fra»*
» pante. Coquille allongée, sillon prononcé sur le milieu des valvca*
n forme assez recourbée du crochet, carène liien niarquéc; touelim
M caractères paraissent s'accorder pour justifier l'idcntilication.
NOTI DE MU. 8«|IAIf|l BT TBIGBB. 167
r> 3" Avec la Tvivbrtitula sublagenalis ; il y a eucoi'c beaucoup île
» rapports, mais ici la coquille est beaucoup plus compriuiëe, les
» deux plis frontaux plus accuses; enfin le crocbct est bien plu9
» rccouibé| le trou très petit et la cai^ène presque uulle«
>» Il u*y a donc pour moi aucune diQiculté; la TçrcbnUula
» bipUccita de Brocciii est exactenieut la TcrcbratuUi indc/ttnta de
>> Soweiby, et, si Ton voit quelques différences dans la taille ou la
» grandeur relative du crochet avec les écUantillous de la Nor-
» iiiandie, cela ne doit être attribué qu*à une légère modification
» due ix Tinflueuce de telle ou telle localité sur les caractères de
» Tespèce» »
Les spécimens de Tcrebnitula indentata que M. Eug. Desloug*
champs nous a permis de présenter à la Société comme termes de
comparaison nous ont laissé encore quelques doutes ; ce sont des
individus moitié plus petits que celui de Brocciii, plats, et ayant les
bords latéraux presque parallèles. Mais depuis nous nous sommes
procuré un échantillon du lias moyen de Brûlon (département de
laSarthe), que M. £ug. Deslongchamps a rapporté sans hésitation
à la même Terebraitda indentata et qui lui a paru convenir en tout
à la coquille de firocchi, confirmant, dit-il, une fois de plus cette
règle qui lui a paru malheureusement trop générale, à savoir t que
les brachiopodes revêtent souvent pour chaque localité une forme
particulière, ce qui modifie singulièrement Tidée qu'on pourrait
conserver en supposant qae l'espèce peut toujours être séparée net-
tement et ne jamais présenter qu'un type unique dans le temps et
dans l'espace. M. Eug. Deslongchamps croit au contraire que telle
ou telle espèce varie, et cela dans de grandes proportions, au com-
mencement, au milieu et a la fm d'une période géologique; que la
localité influe d'une manière très notable, surtout sur la grandeur
relative, sur la oouleiu' et même jusqu'à une certaine limite sur
la forme des échantillons, et que, chez les brachiopodes pas plus
que diez les autres animaux, l'espèce ne peut être regardée
comme une chose fixe et immuable, mais au contraire qu'elle
doit ê|re considérée comme essentiellement variable.
La figure A de notre planche représente la coquille de Brûlon
dont nous venons de parler.
Mous ajouterons à ces longs détails quelques réflexions sur la
voie par laquelle les deux brachiopodes ont pu tomber entre les
mains de Brocchi. Il parait que Menard de la (vroyc, visitant
l'Italie en 1806, avait l'intention de réunir les matériaux d'un
ouvrage sur les fossiles subapennins, projet qui, plus taid^ fut
réalisé par Brocchi^
168 HÉAIICB BU 16 BtClIBU 1861.
Ce tieraier était à celle époque professeur (riiistoirc nalurelle
au Lycée de Brescîa, et sa réputation déjù établie connue natura-
liste distingué a pu mettre les deux savants en rapport.
Or, Menardde la Groye habitait le Mans, et il est bien connu
qu'il s'occupait de la manière la plus active de recueillir les fos-
siles du département de la Sarlhe qu'il distribuait abondamment
à ses amis et coiTCspondants.
Nous en avons la preuve dans l'ouvrage de Lamarck « Histoire
nainrelle des animaux sans vertèbres » où le nom de I^îenard se
ti*ouve très souvent et ordinairement avec des indications d'habitat
si exactes, qu'il a été, dans ces derniers temps, souvent possible de
reconnaître par ce moyen certaines espèces , inscrites dans ce
grand ouvrage, que la phrase descriptive de Lamarck n'aurait
jamais permis d'identifier: nous citerons la Tcrehratnia spnthica^
Lamarck, qu'il a été facile de reconnaître k l'endroit cité dans
V Histoire des animaux sans vertèbres^ et qui n'est autre que la
Rhy-nchonella Tharmnnni des auteurs modernes.
Nous avons trouvé encore tout récemment dans la collection
d'un autre contemporain de Nenard de la Groye, M. de GorvilJe,
cette même association d'une magnifique RhynchoncHa vcspertHio
et d'une TerebratuÀa indentata^ cette dernière plus semblable au
type ordinaire, qui pourraient bien avoir la même origine.
M. Âug. Dolifus présente la communication suivante :
Eludes critiques sur tes rlchinodennes fossiles du coraUrag
de Trouçitte (Cahados) \ par MM. L. Sœmann et Aug. Doli-
fus (PI. III).
La découverte récente d'un nouveau gisement d'Echinodermes
fossiles dans les calcaires jaunes de Trouville (Calvados), consti*
tuant la base de l'assise corallienne, nous a fourni de riches maté-
riaux, grâce auxquels nous avons pu repi*endre quelques questions
et éclaii'cir certains points eu litige dans la connaissance des oursins.
Les espèces que nous avons i*ecueillie8 sont les suivantes :
Cidaris flori^em ma^ Ph 111 .
Hemicidaris crenularis^ Lam.
Acrosalenia décora ta , Porbes.
Diplopodia subauguiaris, Desor.
Glypticus hicrogljphicusj Âgass.
Pygaster umbrella^ Agass.
Pygaster Gressfyi^ Desor.
^los observations portent sur trois d'entre elles.
non DS MM. 8A«AlfN ET DOLLFPS. 160
Pygastcr Gresslyi, Desor.
Les espèces assez nombreuses du genre Pygnster se (1istin{yuent
d'ordinaire par des caractères faciles à saisir, et dont le principal
réside dans la forme et la position de l'ouverture anale. L'espèce
que nous avons trouvée à Trouville nous a présenté au contraire
de sérieuses difficultés; nous commencions à désespérer d'en
Tenir à bout, nous nous faisions presque A l'idée d'avoir ù cher-
cher un nom nouveau, lorsque nous avons eu le Ixinheur de
pouvoir nous procurer de rares et précieux matériaux qui ont mis
un terme à nos incertitudes.
Agnssiz, dans ses Échinodermcs fnsxiles de In Suisse (1'* partie,
page 81, pi. 12, fig. 13*l/i» 1839), a figuré sous le nom de Pygastcr
laganoittcs une espèce qu'il dit provenir du terrain portlandien
de Rccdersdorf (Haut-Rhin). Plus tard, M. Desor, dans sa mono-
graphie des Galérides, déclare que l'échantillon décrit et figuré
par Agassiz provient de la grande oolithe de Ranvillc, et que
l'indication de son existence dans le portlandien de Rœdersdorf n'a
été constatée que sur quelques fragments recueillis dans cette
localité par M. Gressly. Ces derniers lui ont paru assez difiérents
du type pour eu faire une espèce distincte, pour laquelle il pro-
posa le nom de Pygastcr Gresslyi, sans cependant en doimer de
description complète.
Il y a â peine une dizaine d'années que cette nouvelle espèce
fut décrite et figurée par M. Cotlcau dans ses Échinidcs du dépar-
tement de l'Yonne; le dessin qu'il en donne a été reproduit par
M. Desor à la 22** planche de si Synopsis des Echinides fossiles.
En comparant nos échantillons à ces descriptions et :i ces
figures, nous n'avions pu leur trouver qu'une très faible ressem-
blance avec le Pygastcr Grcssiyi de iVliM. Desor et Cotteau, sur-
tout à cause du peu d'analogie que présentaient la forme du péri-
procte et la disposition des tubercules.
Ils se rapprochaient au contraire beaucoup plus du Pygastcr
iaganoidcs d'Agassiz, et, écartant dès lors l'idée que notre espèce
pût être celle de M. Desor, nous étions assez disposés à admettre
que le premier spécimen d'Agassiz pouvait bien réellement pro-
venir de Rœdersdorf, d'autant plus que le texte est très explicite
à cet égard. « L'exemplaire figuré (page 82) a été trouvé par
M. Gressly dans un banc li coraux du portlandien à Rœdersdorf
(Haut-Rhin). »
Quelques doutes nous restant encore, nous n'avons épargné ni
170 SÈAHCI DU 16 DftCSMBU 1861.
reclieixîhes, ni déinarclïcs, ni voyages, pour arriver à une solution.
Grâce à l'obligeance de M. Eug. Deslongcliainps, nous avons pu
avoir entre les inains réchantillon type du Pygfister iaganoida
d'Agassiz, qui vient en effet de Hanville ; nous avons aussi été assez
heureux pour nous procurer un écliaulillon du Pygnsicr Grcsslyi de
Tonnerre, très rare dans celte localité, mais parfaitement identique
avec nos échantillons de Trouville. Grâce à ces nouvelles domiéeSt
nous avons pu constater que nous avions fait erreur en ne recoin
naissant pas dins notre espèce le PygaMer Grcsslyi de Desor; mai^
notre erreur sera très explicable pour les personnes qui vouilroot
bien comparer le nouveau dessin que nous doimous (ph III] avec
les ûgures de iMIM. Gotteau et Desor. Il est incontestable que c^
dernières ne rendent que très imparfaitement les exemplaire» de
Trouville et de Tonnerre, ce que Ton pourra attribuer a la
mauvaise conservation du type ayant servi à la première figure.
A Rfcdersdorf, d'après les renseignements que nous devons â
M. Kœchlin-Schlumberger, le Pygaster Grcsslyi se trouve dans le
corallien supérieur ou astartien. Il en est de même à Tonuerrei
tandis qu'à Trouville c'est dans le corallien inférieur qu'on le
rencontre. Cela ne peut pas infirmer le rappi-ochementi car le
même fait s'observe pour le Pseudo-diaderna hcmispkœricumn
La désignation de Tétage par Agassiz, comme portlandieu, est
fausse ; mais il faut se rappeler que les géologues du Jura ont
toujours désigné sous ce nom l'étage kimméridien, et que des
auteurs très compétents comprennent encore aujoiud'hui l'astar-
tien dans ce dernier étage.
Description du Pygaster Gresslyi de Trouville,
Comme il n'a encore été donné qu'une description d'un indi-
vidu isolé du Pygaster Gresslyi^ tandis que nous nous ti'ouvons
avoir entre les mains une série complète d'échantillons repré-
sentant tous les âges de cet oursin depuis le diamètre antéro-pos-
térieur (longueur) 18 millimètres jusqu'à celui de 53 millimètres,
nous avons cru devoir donner une nouvelle description s'appli-
quant à tous les individus possibles, et permettant de les recon-
naître aisément, quelle que soit la taille des édiantillons que l'on
ait entre les mains.
Le contour de l'espèce, circulaire dans les plus jeunes individus,
prend bientôt une forme légèrement pentagonale, tout en s'allon-
géant un peu transversalement. La différence entre les deux dia'*
mètres atteint quelquefois un douzième de la longueur (nous
NOTS DE MM. SJEMANN ET DOLLFVS. 171
nommerons ainsi le diamètre antéio-poslérieur], mais elle est
souvent moindre. La hauteur est, eu moyenne, é^ale à la moitié
de la longueur ; un peu plus forte dans hè jeunes, elle diminue à
mesure que le test grossit Le bord et la partie voisine de la base
sont foitement renflés ; le péristome est enfoncé ; son diamètre est
à sa longueur comme 1 est à S dans les plus jeunes, et comme
2 est à 7 dans les adultes. Il est faiblement entaillé.
Les ambulacres dans le jeune âge sont parfaitement à fleur du
test ; plus tard ils font une légère saillie à la surface de Toursin.
Leur accroissement présente des irrégularités remarquables. Les
ambulacres de notre plus petit échantillon ont presque la moitié
des iuterambulacres (k^^ : 8»2); cette largeur relative diminue
peu à peu, mais régulièrement, et elle n'est plus que le tiers à
peu près (8°'"',5 : 23) daus le plus grand. Nous croyons pouvoir
cipi'imer ce fait en disant que Tambulacre atteint plus rapidement
ses dimensions déûnitives en largeur, ce qui, du reste, est parfai-
tement en riipport avec son importance oi'ganiquo prépondérante
wr celle de Tinterambulacre.
La surface de l'oursin est comme granulée par des tubercules
nombreui, égaux et perforés; nous ne distinguons pas de créne-
Inres à leur base, peut-être à cause de leur petitesse. Les scro-
biculetsont bien prononcés; ils sont entourés à la paitie supérieure
du test d*uoe granulation forte et abondante ; vers le pourtour, et
surtout du côté inférieur, les scrobicules se trouvent très serrés,
et présentent un système de cellules hexagonales, bien reproduit
dans notre figure ij.
Une étude approfondie de la disposition des tubercules nous
a permis d'établir leur ordre d'apparition successive, et nous
espérons qu'un coup d'œil sur la manière plus ou moins confuse
dont ce détail est représenté dans la plupart des oursins à tuber-*
eoles très nombreux ne fera pas juger inutile le développement
que nous donnons ù cette partie de notre travail.
Oo tait que les dix régions que Ton distingue à première vue
sur un grand nombre d*oursins, et qui ont i*eçu les noms d'am-
bttlacres et d'interambulacres, sont composées chacune de deux
séries verticales de plaquettes calcaires. Les plaquettes des ambu-
lacres sont d'un côte bordées de pores donnant passage aux organes
du toucher et de la préhension, et elles sont en contact par le
bord op|>osé a celui qui est perforé. Nous nommerons bord exté-
rieur de l'ambulacre celui qui porte les pores. Limitées de ce côté
par des organes qui ne sauraient se déplacer dans l'enveloppe
calcaire, les plaques ambulaoraires ne peuvent l'accroître en
172 SÉANCE DU 16 DÊCEUBRR 1801.
largeur, c'est-à-dire dans le sens de la pt^ripliérie, que par leur
bord interne. Les deux séries de plaques interanibulacraires ont
au contraire place libre pour leur accroissement tant A droite qu'à
gauche. S'ils se développaient rép,ulièrenient de cliaquc côié,
comme le bord interne des plaques ambulacraires, il s'ensuivrait
qu'elles resteraient constamment deux fois plus larges que ces
dernières. Cette proportion qui existe dans le jeune âge ne persiste
pas, car nous avons démontre plus haut que les ambulacres
atteignaient plus rapidement leur largeur maiimum.
L'oursin grandit donc latéralement par l'élargissement do ses
plaquettes. Son accroissement en hauteur s'opère d*une tout autre
façon par la naissance de nouvelles plaques sur le pourtour do
l'appareil apicial, et cela doit être pour sauvegaixier la distribution
régulière des tentacules le long des ambulacres et la solidité du
test, qui deviendrait impossible avec des éléments changeant
constamment de forme dans toutes les directions.
L'affaiblissement, du test sur les bords verticaux s'oljservc du
reste très souvent et très bien sur les oursins fossiles par les cassures
qui aifectent de pi*éférence ces régions.
On compi-end maintenant dans quel ordre devront apparaître
les nombreux tubercules qui recouvrent la surface du Pygmtter
Grvsslyi. Dans les ambulacres, chaque plaquette naîtra avec un seul
tubercule placé à côté des pores. A mesure que la plaquette grandit,
il s'ajoute un nouveau tubercule à côté du premier, mais seule*
meut du côté interne, puis un second, mais toujoui^s du même
colr. L'ambulacre arrivé à son parfait dévcloppi*ment présente
alors (voy. fig. i li) deux séries verticales de tubercules garnissant
toutes les plaques du sommet jusqu'à la bouche, puis deux antres
séries verticales parallèles, ajoutées intérieurement, ne partant
pas du haut, mais seulement du point on la largeur des plaquettes
a permis leur intercalation, enfm deux autres séries parallèles
partant d'encore moins haut, qui portent le nombre des rangées
verticales de tubercules à six sur la circonférence, nombre que le
Pygaxtcr Grvsslyi ne dépasse pas.
Dans les interambu lucres le développement des plaquettes
n'étant plus gêné, les tubercules n'occupent plus le côté, mais
bien le milieu, pour former les rangées principales. Les suivantes
s'ajouteront aloi-s a droite et à gauche des premières. Il est à
remarquer que les rangées secondaires de même ordre ne sont pas
d'égale longueur. Celle qui prend son origine du côte de l'am- .
bulocrc commence un peu plus tôt. Motre figure 1 d montre bien
cette disposition. On voit les rangées principales atteindre le
NOTE I)£ MU. SJEMAKN ET DOLLVUS. 173
soniiurt, acoouipaj'jiiéts oxlérieuremeiU de qualic i a ngées secon-
daires, et iiklcricnioincul seulement de trois, qui vont eu décroissant
de lon^^ueur aussi bien vers le sommet que vers la bouche (voy.
(]{;. 2). Si Toursin (grandissait encore un peu, un nouveau rang
de Iul)ereu1e8 viendrait prendre naissance en dedans; il y aurait
alors quatre séries de chaque côté de la principale, celles de Tex-
tôricur commençant toutes quatre un peu plus haut que celles de
riulcrieur.
Nous avons observé cette disposition des tubercules si remar-
quable par sa ré^jularité dans tous les Pjgaster, dans les PeeUna^
dans les Echinus. Il est probable qu'on la retrouvera encore dans
plusieurs autres genres; mais, d'après les difiérentes fijjures que
nous avons examinées, nous croyons pouvoir affirmer que c'est la
première fois que Ton saisit nettement cette curieuse disposition.
La conclusion la plus importante à tirer de cette longue disser-
tation, c'est (ju'il ne suHit pas d'indiquer dans la description des
espèces le nombre des rangs de tubercules, puisqu'ils varient avec
l'âge des individus. Il est indispensable que l'on ajoute en même
temps ses dimensions pour que l'indication soit utile. Le Py^asCer
Gress/yi a 18 millimètres de diamètre, a déjà U rangs de tubercules
dans les ambulacres, et 6 seulement dans les interambulacres. Les
cinquième et sixième rangs ambulacraircs ne paraissent que
lorsque le diamètre arrive à ^0 millimètres-, mais il n'en vient pas
d'autres après, quoique l'oursin grandisse encore. Les séries in-
terambulacraires augmentent de la manière suivante : elles sont,
fx>ininc nous ravons dit, au nombre de 6 pour le diamètre de
18 millimètres, de 8 pour 22 millimètres, de i() pour 29 niilli-
mètres, de 12 pour 32 millimètres, de \U pour 36 millimètres,
de 16 pour ^5 millimètres (1), et de 18 pour 5/i milUmètres.
Nous rappelons comme résultat important de nos recherches
les variations que le Pygnstrr Gressiyi subit à mesure qu'il avance
eu âge : 1** les ambulacres sont comparativement plus larges dans
les jeunes; 2" le nombre des tubercules n'augmente pas en propor-
tion de la (aille; 3" lorsque de nouveaux mbercules viennent à
naître, ils se distribuent par séries verticales parallèlement à la
rangée principale, du côté interne pour les plaquettes nmbnla*
» . • .-»
Par un malhoureux hasard, le dessinateur n'a pas bien saisi le détail
sur lequel nous avions le plus insisté, et n'a représenté que 12 rangs
■do tubercules à notre fig. 1, r/, tandis que lo modèlo, échantillon de
43 millimètres de diamètre, en a réellement 1G, ainsi que chacun
peut s*eD assurer dans la collection de l'École des mines.
174
ttUICM DU 10 DftCIItBU 18dl.
craires, des deux côt^ poitr les plaques intciambulnciaiies ; W le
périprocte et le périiluinc sont proportionnellement plus grands
dans les jeunes tjue dans les adultes; 5° la forme g^néralu dus
jeunes est beaucoup moins anguleuse et un peu plus élevëe.
Nous avoua rëuni dans un premier tableau les principaux élé-
ments obtenus sur une grande sërie de Pjrgailcr Grvisl/i, de dif-
férents âges, en mesurant et en comptant tout ce qui s'y prête.
Dans un second, nous avons noté les mêmes éléments pour quel-
ques PygatUi lagtinoitles, correspondant par leur laiUc à dts
individus du premier tableau.
C'est U le seul moyen de pouvoir comparer avec fruil et distin-
guer pai' la suîle les deux espèces.
1"
- PrS"^
Le signe ? indique qu'une imperfection de l'échantillon a eiu-
pécbé des mesures exactes.
Le signe • indique les individus correspondant par leur (aille
â des Prgaster Itigminides du second tableau.
™r' d* l'inihii-
Je flaLcnir.bB-
ïïirrv
■ it VtmhaUtn.
(..»r d-i pAi-
he B* 10 est l'échantilloa modèle de notre figure 1 a; i\ pro-
vient de Trourtlle et appartient â la collection de l'Ecole de*
non DB MU. SAHAKN BT UOLLVUS.
175
iiiiiics. Il a 16 rangs dv tubercules, quoique li; dessina luur, coiuiiic
nous l'avons dit, n'en ait figuré que 12.
Le n" 6 correspoud à noire fijjure 1 ù. Il est aussi do TrouvUle.
Le n" 9 provient de lu colketion de M. Michelin. Localité in-
connue.
Le p" 7 provient du corallien supérieur d'Trouerie près Ton-
nerre.
Tous lea autres ëclianti lions viennent de Trouville.
2* T4BLEAU. — Pygaster laganaides.
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L9>t»r loUlxla pcripiDCIxtdti l'ipp
«il ■pUl.l
Ku„^„d.u.™r„d.U,„^<prtn
Les q" 1 et 3 se prêtent à des mesures fort exactes.
Le n* 8 est Utip écrasé pour pouvoir fournir des termes de coin-
paraisou certains.
Us viennent tous trois de Hanvillc et nous ont été commu-
niqués par M. Eug. Iteslongcliauips.
Le n* Zi est le Pfgaster Aloirhii de Wrîglit, mais que noua
croyons devoir considérer comme un P/gailer loga/ioidct.
Comparaltou des deux espèces.
11 n« nous reste plus maintenant qu'à faire servir nos remarques,
nos tableaux et nos figures, à la comparaison des deux espèces, à
ticher de donner un critëriutn certain, un moyen infaillible de
déterminer avec exactitude un échantillon de l'un ou de l'autre
des deux Pygaster, ne fût-ce qu'un morceau,
La forme ne peut donner aucun caractère ; comme le Pfgasler
Gressfyi, le Pygaitcr laganuides d'abord circulaire devient peu k
peu pentagonal en vîeilLtssBot. Sa hauteur est aussi un peu plus
grande dans le jeune Age. 11 est probable que la taille ne fournira
176 SÉAMCK Dt 1(5 DÊCBMORE lS6l.
pas non plus (riiiilicc, car les ^iniids exemplaires du Pygasltr
Grt'sslri sont rares, et la taille moyenne qu*oii rencontre le pliit
fréquenmienl est aussi la plus ordinaire pour le Py^astcr ia^û'
noidcs.
Dans le dernier, comme dans le premier, les auibulacres ne
conmiencenl à faire saillie que chez les adultes. Le |u*u dVxein-
plaires de Py^d.strr /af^a/toiilrs en bon état, que nous 'aTOas eu
entre les mains, nous permet néanmoins de croire que les varia-
tions du rapport entre Tambulacre et Tinterambulacre suivent b
même loi dans cette espèce que dans celle du coral-rag.
Les péristomes n'oiTrent pas de diflérence appréciable, et obéis*
sent à la même loi dans leurs clian^jements de grandeur. Letpéri«
proctes rarement en bon état, l'appareil apicial manquant toujourSi
ne semblent pourtant pas pouvoir se distin[;ucr. Nous avons faiC
figurer (lig. 3) celui d'un échantillon du coral-rag de Tonnerrei
pour rectifier les (){;urcs de IMîM. Cotteau et Desor, et ((ig. k) la
même partie d'un Vyi^astei liii*annitlc,s de llanville de 31 iiiilli-
mètres de diamètre, nppartenant à iM. Eug. Deslouj^chanips, pt>ur
compléter le dessin d*Agassiz. L'examen de ces figures et la lecture
de nos tableaux feronl voir que le périproete du PygnsWr lagiinoidcs
rst un peu plus allongé ; mais, comme nous n'avons qu'un seul in-
dividu qui présente nettement cette partie, il serait prématuré
d'attacher à ce caractère une grande importance.
Notre longue étude sur la disposition des tubercules dans le
Pygnstcr Gr('$sf) i est exactement vraie pour le Pyg/fstrr faganoûlcs ;
mais si nous arrivons enfui au nombre des rangs de tubci'ctdes,
c'est là que nous trouverons la seule vraie différence entre ces deux
espèces. Comme on peut le voir par l'examen de nos tableaux,
dans le plus jeune âge, à 18 millimètres de diamètre, ils ont tous
deux h rangs de tubercules dans Tambulacrc; mais le Py^axicr
laganaides en a déjtk 6 à 31 millimètres, peut-être avant, taudis
que le Pygastcr Girsslyi n'a ses 6 rangées qu'à 39 millimètres.
Dans rinterand)ulacre, toujours à 18 millimètres, le premier a
dix rnn(;s de tubercules; pour arriver à ce cbiflre il faut que le
second ait atteint un diamètre de 27 millimètres, car, à 18 milli-
mètres, il n'en a encore que six. A 31 millimètres de diamètre, le
premier a seize rangs de tubercules, nombre que le second ne pré-
sente qu'à un diamètre de &0 millimètres, car à 31 millimètres
il n'en a encore que douze.
Dans le désir de pousser plus loin la généralisation de ces obser-
vations, nous avons été amenés à chercher dans d'autres auteurs
s'il ne s'y trouverait pas un exemple de Pygasier laganoidcs plus
NOTK iiB un. sabhàkn et dollfus. 177
âge, c'csl-i'i-dirc plus (•raïul que ceux que nous avions entre les
tiiaiiis. En cUuliant les nclniirablcs pn(;rs de Wright sur les Py^
gftstvr de la grande oolillic. et en parliculier celles qu'il consacre
au Pj'gasier Aïnrnsif\ nouvelle espèce créée par lui, nous nous
sommes bientôt convaincus, que, loin d'être un type nouveau, cet
oursin nVlaît en réalité qu*un Pygttstvr lagnnoUles de dimensions
beaucoup plus considérables que ceux que Ton voit journelle-
ment.
Wright, en effet, dit textuellement que l'exemplaire figuré, celui
sur lequel il a créé l'espèce, est le seul qu'il ait jamais eu entre les
mains, et fait remarquer qu'il échappe à la règle posée par
Agauîz, que les Pygastcrs n'ont jamais plus de quatre rangs de
E tubercules a Tambulacrc, cet oursin en possédant six. Notre étude
L sur raccroissement progressif du nombre des tubercules, un sim-
- pie coup d'œil sur nos tableaux, où près ds la moitié des échantil-
lons cités ont six rangs de tubercules à l'ambulacre, prouvent
i surabondamment la fausseté de cette règle, fondée seulement sur
' l'exameu d'individus encore en bas agc, et i|ui ne peut subsister
derant une observation méthodique du développement de ces
échînodennes. Wright n'ayant jamais vu que des PygasWr luga-
Hoiries k quatre rangs de tubercules, et croyant ce nombre caractc-
[ ristique pour celle espèce, fut naturellement conduit à en créer
* uue nouvelle pour l'échanlillon à six rangs qu'il avait entre les
I mains. La description qu'il en donne se rapporte avec ime exaeti-
}; tude parfaite au Vygastcr laganoides , et lui-même ù rarticlc
Affutités et différences constate que son échantillon ne diflère
i du Pfgatter lagttnuides que par sa taille et le nombre des tuber-
cules.
Devant ces affirmations, et trouvant noiis-méme dans l'examen
de la figure la confirmation de nos études, il nous a été impossi-
ble de ne pas considérer le Pygaatcr Morrisii de Wright comme
DD Pygaiter Inganoides plus âgé et naturellement plus développé
que ceux qu'on avait vus jusqu'à présent. Nous l'avons inscrit
•comme tel au n** k de notre second tableau, et comme tel nous le
T comparons au n« 12 de notre premier tableau. Tous deux, à dia-
|I mètre presque identique (55 et 53 millimètres), ont 6 rangs de
tubercules à l'ambulacre ; à l'interambulacre, le premier en a 22,
•tandis que le Pygaster Gresslyi correspondant n'en a que 18. Ce
' 'îiombre dans un Pygaster laganoitles n'impliquerait qu'un diamè-
l'^lve de &5 millimètres environ , et il nous semble iioi-s de doute
4 que si l'on rencontrait des Pygaster Gresslyi plus âgés encore que
,^^(OttX que nous avons étudiés, de 65 millimètres de diamètre par
, Soc, géol.^ S« série, tome XIX. 4 2
\
178 (Un» DD 16 DfCIIHB ISOt.
etemple, on retrouvetsit sui Ki L'..L.ii)tiliûn> IkS 2'î rangs d
mieux dire, le Prgtuter la^an- i.ltt j 55 iiiilliuiitreâ de diamêtn
Uu le Toit, pour déterminer un eieuiplaire, il ul' suRil pot d
I uiiipter ses rangs de luIwrculcB, mais il faut encore ftvoir calculi
(lour tenue de comparaison, quelque* autres êléuieali, leU qu
1» diamètres, les largeurs de rauihuhcrc et de l'iDlerainbub
cre, ele., car, n l'on peut rencontrer de* échantillons de* Aea
espèces présentant le même nombre de rainées, toutes leui
autres dîiuenaions, dans ce cas, soûl forcément diSrtvutca, cl i^
prcquement. Comme dam notre tableau nous avenu donné aiu
exactement que possible tous les éléments d*uae sciie complète d
Py^ailfr Gresslyi, comme d'un autre côlé il n'y a que le /Vjiwfc
1,1 -■im iilet qui soit aiseï voisin pour pouvoir être tiwfiHidu avt
lui, le Pygimer M->rrit!i n'e'taut en réalité qu'un gi4ud excmpUii
de Lctte deruiêie e^ce , il nous senille <)u'od iKvuiia louJMir
au moyen do calcul de quelque* éléuieutâ et d'un r\^u\* d'uil jet
sur notre tableau, déiider $i uu échantillon, uu &-a|;itieul tu{tiH
est ou n'est pas un Pygatur Greulyi, ce qui revient i décidiS i
c'eU un PjgiiUer Crettlyi ou la^anoiiUs, et pai <:uu*cq(UUt À I
détermioei complétemeuL
Explication rfc la planche III,
F15. l. Prsaiter Grctilri, Desor. ApparlcDant k la coUeCUod i
I'ËcaIc des mines, et cooiintiDiqaé par II. Bayle.
ta. Vu d'en haut, grandeur naturelle.
< 6. Vu de derrière, graodeur naturelle.
Ces deux beare* n'ont que 4âct II rangs di.- labenalM,i
lieu de <fi que Ion en compta sur l'original.
le. Deu plaquettes interambulacraires granirs, prîsm sur
ctrcoDfêrencs, et présentant correctemsiit I r.mgi d« Ivto
cuIm.
I il. rartia supérieure d'un iolerambulacr* gnwi . les deux raii|
principaux de tubercules sodI accompagne^ thacua, int
rieuremeot de Iroiï, eitL-ricuremeot de i^iiutte rsM^
additionnelles,
t e. Partie supérieure d'un ambulacre grgssi. | Les [igoe* sain
nies et les pore* entoarant le sommet ont é[6 ojeul&s pi
le dflMinataur.]
(/. Scrobiculei de la face inférieare grossis, pour monttvr l*i
fwmesaxagonale.
Fis. ^- Aot'B individu do la mbma espèce^ provenant aussi da Tro*
ville. Vu du cdté buccal.
NOTB DB MM. 6ABMÀNN BT DOLLPUS. 179
Fig. 3. Périprocto de la inômo espèce, d'aprùs un spécimen d'Yrouerru
près de Tonnerre (Yonne), appartenant à l'Ëcole des mines.
Grandeur naturelle.
Fig. 4. Pygtistcr Inf^anoules^ Âgass., d'après un individu pre>que
parfait de Banville, ayant 34 millimètres de longueur. De
la collection de M. Eug. Deslongcbamps.
I (T. Périprocte, grandeur naturelle. (Pour suppléer à la figure de
M. Agassis. Échinodtrmcs suinsvs^ pi. Xll, fig. 4 3.)
46. Deux plaquettes interambulacraires grossies à la môme
échelle que la figure 4 c., et présentant, pour une taille
beaucoup moindre, le môme nombre de rangs de tubercules.
Hemicidaris cretmlar'ts^ Lainarck.
•
Les ëdiantîllons que nous avons recueillis se rapportent iucou-
Cestablemeut à V Hnnicitiaris i/iiemicdia^ tel qu*il a été déirnï par
Forbei ; mais nous allons exposer pourquoi nous désirons néan-
moins lui appliquer le nom d'Hemicidtiris crrnulnn's.
Après que Lamai-ck eut créé cette espèce, il n'en fut donné par
Goldfuss et d'autres auteurs que des descriptions et des dessins
pliu ou moins imparfaits.
Agaasix {Échinodermes fonsiles de lu Stiisse^ 2* partie, p. l\[\,
pi. XIX, 6g. 10-13) a le premier figuré cette espèce sous le nom que
Lamarck lui avait précédemment donné. Sans nous occuper pour
le moment de l'échantillon avec ses radiolies en place, de la
pi. XVIII, fig. 2ft, il donne d'excellentes figures qui resteront
le type de l'espèce ; elles sont exéculéeiB arec le plus grand soin,
et inpporteut le grossissement d'une bonne loupe. Si on les com-
pare de la sorte à un de nos échantillons de Trouville, on trouve
iJine ressemblance parfaite jusqu'aux moindres détails. Il n'y a
donc pat lieu de s'étonner si l'on a été si longtemps avant de for-
;> mer les deux espèces qui nous occupent. Ce n'est en effet qu'en
r lB50y que Forbes, en publiant la troisième décade de ses admira-
^ Ues planclics accompagnant les « Mémoires explicatifs de la carte
■y géologique de la Grande-Bretagne », fit remarquer qu'aucuu des
[; apéoimens anglais ne se rapportait au type de l'^. cirnuians por-
• UluI ses baguettes, figuré par Agassiz, et proposa de remettre en
!figUeur le nom tii Hemicidaris intcrmedin^ donné autrefois par
Flcmming à ces mêmes exemplaires. Il en donne ensuite une
Jmigue description, mais qui ne fournit eu définitive aucun carac-
^ elre saisissable pour distinguer les tests des deux espèces. Il en est
de même de M. Cotteauy qui, dans ses belles Eladts àur ies
Échinodermes fossiles du département de /' Yonne ^ déclare que les
180 SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 1861.
doux espèces quoique très voisines sont ((paiTaiteniciit distinctes »,
sans si[][nalcr cependant d'autre diflcrcncc nette et rêcHc r|uc celle
des radioles.
M. Wright est le premier à sentir vivement tout ce qu*il y a
d'inadmissible dans cette hypothèse, par laquelle deux espèces si
répandues et possédant des radioles si diiléreuls offrent dans
leurs lests une ressemblance telle que les plus habiles observa-
teurs u*y trouveutpas la moindre dissemblance, a J'ai de bonnes
raisons, dit-il, de croire que les paléontologistes étrangers confon-
dent souvent ces deux espèces, car j'ai reçu des échantillons éti-
quetés Hvmicidaiis crenularis qui se rapportent évideninient à
l'espèce anglaise, » et page 93 : « Si la détermination de cette
espèce reposait uniquement sur l'anatomie du test, il eût été pour
ainsi dire impossible de distinguer ces deux Hcmicidaris. »
« Le seul vrai caractère, ajoute-t-il plus loin, <loit se trouver,
comme je l'ai toujours observe, dans la forme et la structure des
radioles. » Mous sommes complètement de son avis sur ce point,
et, comme lui, nous ne chercherons que dans les radioles les vrais
caractères spécifiques de ces Hemicidaris. Ceux que Ton veut trou-
ver dans ta forme générale de l'oursin, dans le développement
plus ou moins grand des tubercules anibulacraires, sont trop peu
nets et trop peu constants pour être certains. M. Cotteau dît en
eifet que V HemtcUlaris crenularis a en général une forme plus
élevée ; l'échantillon qu'il figure donne pom* rapport de la hau-
teur au diamèti'c la quantité 0,85, tandis qu'un i\^% spécimens
iï Hemicidaris inter média figuré par Forbes présente pour nom-
bre corres[K>ndant 0,86. Il ajoute que les tubercules ainbulacraires
sont plus développés chez V Hemicidaris crenularis; son dessin au
contraire les montre beaucoup moins gros que ceux de Forbes et
de Wright II n'y a, on le voit, de caractère authentique que dans
les radioles ; arrêtons- nous donc un peu sur cette question. \
Agassiz, à côté de la figure que nous avons déjà citée (pl. 19, <
fijj. 10-12), donne encore (pl. 18, fig. 23-2^) le dessin d'un échan- '
tillon, dont le test est plus ou moins conservé, mais qui porte -
encore presque toutes ses baguettes. C'est celui-là qui a toujoiiri '
depuis lors été considéré comme le type de V Hemicidaris crem^ '^
taris ; c'est à cclui-là que l'on s'est rapporté pour attribuer à cetle *'
ispcrc des radioles en forme de massue, couvertes de stries finci,
à sommets toujours lisses, qu'ils soient ou non tronqués, à anneau
peu développé. Le susdit échantillon, aujourd'hui au musée de
Vienne, a été trouvé par M. le comte Dudressier dans le coral- - •
rag à Chaillesde Brégille, près de Besançon. C'est, nous croyons '
NOTB DE MH. SAEHANN ET D0LLPC8. 181
pouvoir raffiriner, le seul exemplaire de cette espèce qui ait
jamais élé trouvé avec ses radioles en place. M. Cotteau dit avoir
souvent rencontré ces baguettes en l'orme de massue, et en a fait
fîjjurer plusieui*s; encore ne sont-elies pas tout u fait identiques avec
celles de Téchantilion de Vienne; mais il ne cite aucun cas où il
les ait vues à leur place sur le test de TouiVin, et rien ne prouve,
sauf Taflirmatiou d*A(];as8iz, que ces radioles appartiennent à la
même espèce. Aussi M, Cotteau se borne-t-il, sous toute réserve,
à émettre l'opinion qu'elles pourraient n'être que des variétés de
forme propres à la même espèce et au même individu. Ainsi,
rencontre très fréquente du test de l'oursin, mais un seul éclian-
tillou avec ses baguettes en place.
Voyons maintenant s'il en est de même pour les radioles de
VM. in ter média de Forbes. Ce sont les seules que l'on ait vues
jusqu'à présent en Angleterre. M. Wright dit textuellement « qu'il
n'a jamais trouvé dans l'oolitbe anglaise d'épines semblables a
celles qu'a figurées Agassiz. » Dans le Jura neufcliâtelois, parmi
un grand nombre d'échantillons recueillis par M. Jaccard, nous
n*avons jamais vu que les piquants, longs^ grêles et pointus, de
VH. hitermedia de Forbes, entre autres un splendide exemplaire
avec ses radioles en place. En Normandie, nous n'avons ren-
contré aussi que des radioles allongés et aigus, quelquefois en
position.
Nous arrivons donc à cette conclusion remarquable, qu'une
espèce apparemment si bien connue et considérée comme si carac-
téristique que V Hcmicidaris crcnularis ne se retrouve plus, ni en
Angleterre, ni en Normandie, ni dans le Jura, peut-être pas
davantage dans la Sarthe et en Bourgogne, tandis que V Hcmicidaris
inter média le remplace partout.
Nous avons cru un instant qu'une différence de niveau dans les
positions respectives des deux espèces dans les couches du coraU
rag viendrait trancher la question ; mais de nombreux renseigne-
ments, entre autres une longue lettre de IVI. Pidancet, datée de
Besançon, c'est-à-dire de ta localité même d'où provient l'échan-
tillon type d*Agassiz, nous ont montré l'inopportunité de cette
hypothèse.
iVfais il existe une autre solution bien simple de la question, ù
laquelle on arrive en prenant pour point de départ une erreur
d'Agassiz. Toutes les difficultés, en effet, seraient immédiatement
levées, si l'on arrivait à prouver que le spécimen à radioles de la
collection Dudressier ne se rapporte pas au véritable Hemicidaris
18 A SfiÀNC.B DU 16 DtCEMBBI 1861.
La forme plus ou moins bombée est généralement citée dans les
descriptions d'espèces, et, pour le genre Cidaris surtout, dont les
caractères spécifiques sont ordinairement peu tranches, on y
attache une grande importance.
Voici comment nous expliquerons les changements de forme
que nous venons de signaler dans le Cidaris flori^emma ; comme
nous l'avons démontré pour le Pygaster Gresxiyij les plaquettes
s'accroissent dans les directions horizontales et verticales d'une
manière tout à fait indépendante. L'accroissement, toujours plus
actif sur les bords latéraux, tend à augmenter le diamètre de
l'oursin, tandb que celui des bords supérieur et inférieur des
plaquettes n'influe que |)eu sur les variations de hauteur qui sont
dues presque uniquement, comme nous l'avons vu, à la naissance
de nouvelles plaques autour de l'appareil apicial. D'après la com-
paraison déjà faite, on peut donc poser comme certain que l'ac-
croissement en hauteur s'arrête dans le Cidaris florigcmma quand
cette dernière a atteint 35 millimètres ; mais alors, les plaquettes
s'augmentant encore pendant quelque temps par les bords laté-
raux, la forme générale de Toursin tend à s'aplatir.
Il est plus que probable que l'accroissement équatorial, pour
nous servir d'un très bon terme de M. Wright, a pour consé-
quence d'augmenter surtout la granulation qui sépare les cercles
scrobicutaires; il apporte ainsi un changement dans la sculpture
de la surface à différents âges, changement qu'il importe d'étudier
avec soin pour établir de bonnes espèces.
Le secrétaire présente la note suivante de M. Ebray :
Note sur les derniers af/lew^ments de l* étage urgonieR
dans le sud du bassin parisien; par M* Ebray.
On sait que l'étage urgonien affleure sur les limites des dépar-
tements de l'Yonne et de la Nièvre où il a encore 6 à 7 mètres
d'épaisseur ; à l'ouest de ce point il n'a plus été constaté, et arâ
existence dans le département de la Nièvre est/estée problématique
jusqu'à ce jour.
Les eaux très basses de cette année m'ont engagé à visiter les
berges de la Loire, et j'ai été assez heureux pour découvrir k peu
de distance (800 mètres environ] en amont de Myennes un aiflèu*
rement très bien caractérisé d'argile à lumachelles, qui repi*ëtentt
HOTE Dl H. ÊHAT. ISA
cvideniineul letlernîei' vestige île cette fonnalion ; car, d'une part,
elle se|)réKiiteeii ce point avec une tiÈsfnible épaisscuv, cl, d'nu-
liepai't, les eKcavjtions nomlireuses de In rive QaHcltc de la Loire
offrent partout la supeiposition, uns couclies intermédiaires, des
gréa rouges inférieurs du gault et de l'otage néocomien. Ln coupe
du coteau de Myeancs est la suivante ;
La Loire coule sur l'étage néocomien qui se présente ici arec
•on faciès habituel ; il est accompagné de /nnfrn ittava, Paiiepira
neoeoniensis, Echinospaliingus torriiformii, etc.
Au-dessus viennent les aigiles ostréennes sous forme d'argile
grise non micacée, avec bancs de lumachcllcs subordoimés ; les
fosailetiont très abondants, mais les espèces sont peu nombreuses;
ce sont surtout des Osirea Bouisingaiiltii dont la luniacbelle parait
preK{ue entifereinent compusée.
Au-dessus vient une petite couche de grès ferrugineux, 3, avec
grains de quartz assez gros; celte coiKhe contient par places
jtwninHiM lart/i-friiriiius, À . M'ilfliiinus , RhyaehonclUt sulcatii ; elle
est acconipagnée d'une argile ocreuse avec nodules ferrugineux.
J^s couches sont recouverte* par les autres termes du gault,
dont je me suis occupé dans une autre note.
Comme les derniers vestiges de l'étage néocomien se vcucon-
irenl à 10 kilomètres environ à l'ouest de la Loire, il est très pro-
bable que l'éiage nrgonicn a jiarluut accompagné ce premier
186 SfiiNCV DU 10 DÉCKIBRB 1861.
Le Secrélairc communique la note suivante de MM. Marcel
de Serres et Gazalis de Fondouce :
Des formations volcaniques du département de V Hérault dans
les empirons d^Agde et de Montpellier^ faisant suite aux
observations sur les terrains pyroïdes du Salagon et de
Nepîez; par MM. Marcel de Serres et B. Gazalis de Fon-
douce.
I, — Points volcaniques des environs d*/4gde.
Ce qui frappe lorsqu'on passe des formations pyroïdes des pays
montagneux qui avoisinent le Larzac et l'Escaudorgue à celles de
la plaine qui l)orde la Méditerranée, c'est-à-dire de Neffiez et
He Gahrières à Agde et à Saint-Thibéry, c'est Taccroissement de
l'activité volcanique. Si Ton examine attentivement les fonnations
à travei*s lesquelles les matériaux igués se sont fait jour, on ne
tarde pas à reconnaître que les terrains pyroïdes que l'on rencon-
tre en se rapprochant de la mer ne sont pas de la même époque
que ceux qui constituent les chaînes dépendant des montagnes
de Lodève. Ceux-ci, en effet, qui sont une des ramifications de
l'éruption centrale de l'Auvergne, ont surgi à la fin de la période
éocène, taudis que ceux de la côte , beaucoup plus récents, sont
contemporains des dépôts graveleux et caillouteux de la période
quaternaire. Ces deux faits, postériorité et recrudescence d'acti-
vité, que nous allons chercher à établir, s'expliqueront l'un l'autre.
Les environs d'Agde, depuis les bords de la mer jusqu'à Pé-
zénas, depuis les ruines d'Ëmboune jusqu'au delà de Koquehaute,
présentent un ensemble de formations volcaniques dont le déve-
loppement est des plus remarquables. On est tout d'abord frappé,
après avoir observé la plus grande uniformité dans les basaltes
compactes de TEscandorgue, du Salagou, de Gabrières et de Nef-
fiez, de la variété des roches pyroïdes qui constituent la région
d'Agde, de Saint-Thibéry et de Valros.
Ainsi le mont Saint-Loup, près d'Agde, est essentiellement Formé
par des laves scoriacées, souvent cordiformes. Ces laves, qui se
montrent en coulées s'étcndant à de grandes distances dans la
plaine, sont posées sur des couches de tuffa tendre, qui se prolon-
gent à une profondeur qui ne nous est pas connue. Enfm près du^
sommet on trouve dès amas considérables de pouzzolanes, de
cendres et de lapilli.
NOTI DE m. MARCEL DE SERRES ET CiZALIS DE POlf DOUCE. 187
Telle est la composition du mont Saint-Loup, sur lequel le
phare est bâti, ainsi que des deux monticules voisins', connus
dans le pays sous les noms de Pichot-puech ou petit Pic, et de
Puech (taoâ castel ou pic du Château. Ces pics s'ëlèvent sur la
même base que le prëci^dent, et forment â proprement parler avec
lui le même cône volcanique.
La plaine qui s'étend an pied de cette montagne, A l'ouest et au
nord, parallèlement à la Méditerranée, est recouverte par une
grande quantité de laves compactes, isolées et moutonnées, qui
ont la forme de bombes à couches concentriques, du volume
souvent d'un mètre cube. Ces laves surmontent des couches hori-
zontales de lapilli et de tufPa tout à fait semblables k celles qui
forment la base du Saint-Loup. Ces couches, généralement friables
et jaunâtres, très épaisses et très étendues, se prolongent sur toute
la contrée que nous étudions. Elles se retrouvent en effet sur tout
le littoral jusqu'au delà de Roquehaute vers le nord , à Saint-
Thibéry et à Vaht>s, et semblent être en rapport avec les pépé-
rines de la Bégude dans les environs de Béziers.
La tranchée, ouverte près de Yias pour le passage du chemin de
fer, a atteint dans ces tuffas une profondeur de 8 â 10 mètres, sans
être parvenue au point où ils cessent. Ces couches, composées de
laves, de lapilli, de cendres et de différents produits volcaniques,
sont surmontées presque partout par une assise plus ou moins
épaisse de graviers, de sables et de cailloux quartzeux de la
période quaternaire. Elles empâtent en outre dans leur masse des
fragments identiques avec ceux qui composent les assises supé-
rieures, circonstance dont nous aurons â tenir compte plus tard en
raison de la date qu'elle pourra nous fournir.
A une lieue d'Agde et â l'ouest, on aperçoit au-dessus des tuffas
un épatement basaltique d*une faible élévation qui forme la petite
chaîne connue sous le nom de fhf/ue/iauw ^ bien que sa faible
hauteur au-dessus de la plaine ne lui mérite guère un pareil
nom (1). Ces laves, presque compactes, d'un gris moins foncé que
celles de Saint-Loup et du fort Drescou, sont caractérisées par de
petits 'cristaux de pyioxcne souvent m acl os, disséminés dans la
masse. Cette petite chaîne se prolonge pendant environ une demi-
lieue tout à fait à découvert, et a un niveau moyen de 50 mètres
au-dessus du niveau de la plaine. Au delà elle s'abaisse au point
(4) Ch&taigoier de Roquehaute : 79"*, 72 au-dessus de la mer.
Point le plus bas de Roquehaute. . 49*,75 —
ISS SÉAlfCB DU lô DÉCEMBRE 1861.
d*èlrc recouverte par les alluvions graveleuses et sablonneuses qui
composent le sol superficiel. Ce fait, qui se re]n'U(luit égaleuient
pour les pëpérines de la Bégudc, nous a empêchés de déterminer
exactement jusqu'à quelle distance de Béziers s*éteiuient les for-
mations volcaniques. Tout ce que Ton peut dire à cet é|;ar(i,
c*est qu'elles se prolongent à une lieue environ vers le sud-ouest
au delà de la Bégude.
Il n'en est pas de même vers le nord où Ton peut très bien sui-
vre retendue des couches tu (lacées. Tantôt à découvert, tantôt
recouvertes par les alluvions quartzeuses, on les aperçoit toujours
partout où des travaux ont nécessité des tranchées un peu pro -
fondes.
Dans les environs de Bessan jusqu'à Valros, on retrouve les
tuffas surmontés comme au Saint-Loup par des laves compactes
et scoriacées, des pouzzolanes, etc., de façon à témoigner d'un
nouveau centre d'éruption. C'est après avoir passé le village de
Bessan, en se dirigeant vers le nord, que l'on rencontre de nou-
veau les basaltes et les laves.
Ils se présentent en masses généralement moutonnées, comme
celles des environs d'Agde, et le plus souvent encore sous forme
de boml)e8 à couches concentriques, et formant un plateau à
bords abrupts, élevé de 8 mètres au-dessus de la plaine. Un peu
plus loin, ce plateau s'élève encore de quelques pieds, et s'étend
nu nord-est jusqu'à l'Hérault, et au nord jusqu'à Saint-Tliibéry
où son contour est rendu irré^ulier par le prolongement de quel-
ques courants. Il s'abaisse au contraire graduellement vers l'ouest
jusc|u'à se confondre avec les tullas volcaniques et les pépériaes
qui prennent leur plus grand développement auprès de la
Bégude.
Entre Bessan et Saint-Thibéry il est surmonté par trois col-
lines disposées presque en ligne droite du sud-sud-est au nord-
nord-ouest, et se confondant vers leur base. Ces trois monticules
sont composés de laves scoriacées grises, noires ou rougeàtres, de
lapilli, de cendres volcaniques grises , et souvent complét<^nent
blanches. Ce mélange de produits volcaniques divci*s est exploité
avec succès comme pouzzolane.
A la base se trouvent les couches horizontales de tuiïas qui s'é*
tendent sur toute la côte; au-dessus sont les basaltes compactes
en coulées ou en bombes; enfui, au-dessus de ceux-ci et formant
les trois sommités, se présentent les laves scoriacées, les lapilli, les
cendres, etc. Ces trois monticules occupent l'emplacement de trois
bouches ignivomes, et l'on peut les considérer comme représentant
NOTE DE MM. MÀHCBL DE SERRES ET CAZALIS DE FONDOUCE. 189
trois centres d'éruption. Les deux clicz lesquels raclivité volca-
nique .1 exerce son action de la manière la plus faible se sont
bornes à projeter des cendres qui, en s'accumulant autour de la
bouche qui les vomissait, ont produit les cônes que nous voyons
aujourd'hui.
Le mont Kamus, élevé de 136 mètres au-dessus du niveau de la
jher, a été le foyer principal de l'éruption qui adonné naissance à
la chahie de Saint- Thibéry. Des flancs de cette coUiue se sont
échappés des courants de lave compacte, qui fonnent avec des
bombes la plus grande partie du plateau qui s'étend à sa base.
L'un de ces courants est venu s'épancher et s'étendre en forme
de promontoire dans le lieu où l'on a construit plus tard le fort de
Saint-Thibéry. Les laves qui s'y sont accumulées, à ce qu'il parait,
à plusieurs reprises, y ont formé une sorte de plateau circulaire à
bords abrupts, élevé d'une douzaine de mètres au-dessus de la
plaine, vaste pâté d'environ 360 ares d'étendue.
Les basaltes qui composent cet amas, compactes à la base, de-
viennent de plus en plus poreux en s'approchant de la surface su-
périeure, par suite do la diminution dépression. En même temps,
dans les parties qui se sont refroidies avec le plus de lenteur, c'est -
à^ire dans les parties inférieures, ils ont pris une forme tabulaire,
et se sont divisés en couches d'une épaisseur moyenne d'envii-on
iO centimètres. Quant à ceux des parties supérieures, ils ont pris,
par suite d'un abaissement de température plus rapide, la forme
colonnaire.
Les laves prismatiques et tabulaires qui forment la partie du
village do Saint-Thibéry connue sous le nom du Fort reposent
comme toutes celles des environs sur les luft'as; mais ce qui les dis-
tingue, en les rapprochant particulièrement de celles qui compo-
sent le plateau de Roquehaute, c'est qu'elles renferment une grande
quantité de pyroxènc nuj^ite. Ces cristaux sont aussi souvent
inaclés, et si petits qu'on ne les aperçoit pas toujours ù la vue
simple.
Au delà et au nord-ouest de Saint-Thibéry les basaltes appa-
raissant de nouveau et forment le plateau de Péréf^raty qui, coupé
par la grande route de Montpellier à Béziers, s'avance vers le nord
jusque dans les environs de Tourbes en prenant le nom de Causse
tic Fairos. Ce plateau conserve dans toute son étendue un niveau
a peu près uniforme de 89 â 90 mètres au-dessus de la mer, sauf à
la tour du télégraphe où le niveau s'élève sensiblement et atteint
jusqu'à 95 et 96 inètresL
D'après la coupe suivante que nous avons observée en partant
190 6ÉÀNCB DU 16 DÉCIHBHB 1861.
de la tour du télégraphe, le causse de Yalros doit se rattacher du
Saibt-Loup et de Saint-Tliibéry :
4 . Basalte ou laves compactes.
2. Bombes volcaniques coDcentriques. . . 1'°,00 ft 4"*, 50
3. Pépérines et taffàs très altérés .... S",00 à a^^OO
4. Marnes argileusesdevenuesdures comme
de la brique cuite 2*", 00
5. Pouzzolane rougeâtre 2"*, 00 à 3"',00
6. Alluvions de la plaine, composées de
timon rougefttre, de cailloux roulés de
quartz, et de calcaires tertiaire^ d*eau
douce ou marins.
L'épaisseur de cette dernière coudie est extréiiieinent Tariable;
assez GCMisidérable dans quelques endroits, elle devient parfoia très
faible dans d'autres localités.
La coupe que nous venons d'indiquer se rapproche beaucoup de
celles qu'offrent les environs de Saint-Thibéry et d'Agde; elle n'a
au contraire aucun rapport avec celles des formations ignées de
Neffies, de Gabrières et du Salagou. Les laves de Pérégrat et dn
Causse témoignent d'ailleurs d'une température trap élerée pour
être dues comme celles de ces dernières localités A un simple épan-
chement. La scoriBcation de ces laves, la quantité des bombes à
couches concentriques qui les accompagnent, les tuffas, les pouiio-
lanes, en un mot, tout l'ensemble de ces formations prouve
qu'elles sont dues a une bouche ignivome analogue aux Téritables
cratères. En |)arcourant et en examinant attentivement les lieux,
on peut acquérir la certitude que c'est de la partie occidentale dn
plateau de Pérégrat qu'ont dû être éjectées les masses lavîqueSi
qui en coulant ont formé la longue chaîne qui s'étend da ce poÎDt
vers Valrof.
Toutes les formations volcaniques dont nous venons de nous oc-
cuper sont complétées par une couche supérieure de basaltes com-
pactes, qui eu forme comme le couronnement. Mais si, A partir
de Saint-Thibéry, au lieu de se diriger ters le nord, on marche
vers Touesc, on arrive aux environs de la Bégude de Joixly dans
une formation volcanique dont la natui^e et l'aspect sont totale-
ment différents de ceux des précédentes.
Il n'y a cependant pas d'interruption entre ces formations si
différentes, oonlma on pourrait le supposer ; elles sont au contraire
intimement liées. Les pépérines de la Bégude sont en effet en
continuité aTOc les tuffas de la plainn d'Agde, comme cela se voit
très bien dans une coupe des environs du village de Montbianc.
NOTE DB HM. MARCEL DE SERRES ET'cAZALIS DE FONDOUCB. 191
I^it>clic ionnc là une vcrilubic pt'périiit^ tiiiracéc, ayant encore
toul l'aspect des tuffas que Ton observe dans la trancbéc de Vias,
et comincuçaDt en inème temps à présenter celui des pëpérines
grisâtres de la carrière qui se trouve à la Bé(;nde, derrière le poste
de la gendarmerie. C*est un exemple remarquable des différences
que peuvent présenter les formations volcaniques dans des loca-
lités dont la proximité ne laisserait pas supposer qu'il pût en
exister de pareilles. Celles de la Bégudc diffèrent en effet de celles
des environs d'Agde, en ce qu'elles sont composées uniquement
de deux sortes de tuffas superposés.
La coucbc supérieure ou la plus superûcielle, est un tuffa solide
ou pépérino-gris, composé de petits fragments de laves noirâtres,
réunis par un ciment blanc ou gris d'une grande solidité. £lle a
•a surface supérieure à 103 mètres au-dessus du niveau de la
mer.
La seconde couche, qui n'a atteint dans sa plus grande hauteur
que 86 mètres au-dessus de la mer, appartient plutôt à de vérita-
bles tuffas qu'à de la pépérine. Elle est composée de petits frag-
ments de laves plus ou luoins aUérés, de cendres, de nodules
ferrugineux ou terre d'ombre, de lapilli, etc.
L'ensemble de ces divers matériaux constitue une roche peu
•olidc, presque friable, jaunâtre, stratifiée en oouches nombreuses
et peu épaisses.
Ces deux systèmes, ou plutôt ces deux couches de pépérines,
paraissent avoir été confondus en une seule par Alex. Brongniart,
Diais elles doivent être séparées et distinguées, puisqu'elles le
sont autant par leur nature que par leur position.
Les formations volcaniques des environs d'Agde appartiennent
à une é|HX|ue assez récente, surtout en les comparant à celles qui
sont plus éloignées de la Méditerranée. 11 faut en effet les rapporter
« l'époque des dépôts de cailloux siliceux et calcaires qui forment
sur toute la côte de tiéziers jusqu'à Cette la couche immédiate-
ment inférieure à la terre végétale, et sont souvent mémo con-
fondus avec celle-ci. Ce terrain de transport appartient évidemment
à la période quaternaire des auteurs français ou nouveau pliocène
de M. Lyell.
Dans la région que nous venons de décrire, il est impossible
de ne pas reconnaître cette contemporanéité des formations volca-
niques et des dépôts caillouteux. Dans toute la plaine, les tuffas,
qui sont intérieurs aux laves, sont recouverts par les alluvions
composées de cailloux quartiem ou de calcaires terdaireSi Ces
tuffas, formés de couches jaunâtres, de cendres et de lapilli,
k
19^ SfiANCB DU 16 DÉCEMBRE 1S61.
empalent dos cailloux i ouli's iilcnliquc? avec cctix des terrains supé-
rieurs. Les laves eltes-inèines en ixMiferinenl, et Ton observe à
16^ mètres au sud de Saint-Thihéiy une coulée qui a recouvert
le sable et le {jravier quartzeux de la plaine (1). Ce fait, conslat<3
par l'un de nous, il y a déjà cinquante-trois ans (1808), est encore
visible aujourd'hui.
Cette contemporanéité des deux formations explique parfaite-
ment Tunifonnité de cette grande plaine de tulTas qui règne sur
route la côte, depuis la ]>lage jusqu'à Pézénas, et depuis Tctang
de Tliau jusqu'à Portiragues.
C'est eu efl'et pendant que cet espace était recouvert par les eaux,
dans lesquelles les dépôts d'alluvion se sont formés, que l'éruption
volcanique a eu lieu. Les cendres, les pouzzolanes, les laves
brisées et triturées ont été reprises et remaniées par les eaux, et
ont formé une boue épaisse, qui s'est plus ou moins durcie, de.
façon à former les tuflas et les pépérines que nous observons
aujourd'hui.
La présence de Teau n'a pourtant pas em|)éclié dans les éruptions
sous-marines de se foiiner autour des bouches ignivomes des
aicumulations plus considérables de cendres, de scories et de
pouzzolanes, ([ui y ont produit des cônes plus ou moins élevés.
C'est ce qui a eu lieu au Monte Nittn»o et au Monte Bniharo et ce
qui explique la formation des montagnes d'Âgde, de Bessan et de
Saint-Thibéry.
Après les éjaculations de cendres, de scories, etc., qui ont été
Li première manifestation de l'action volcanique, ont paru les
laves qui ont coulé du cratère sur les flancs de la montagne. Elles
se sont ainsi répandues sur une partie de la plaine, recouvrant
toujours les tulTas, bien que ceux-ci soient plus tendres et plus
mous. En même temps il y a eu projection de masses laviques
qui, en tournoyant dans l'air avant de retomber, ont pris la
forme de l)ombes concentriques sous laquelle elles nous appa-
raissent.
Il n'en a pas cependant été toujours ainsi, et l'éruption u'a pas
été complète partout. Les deux pics les plus rapprochés de JSessau
n'ont vomi que des cendres, tandis que le causse de Pérégrat, le
mont Ranms et le Saint-Loup ont aussi éjaculé des basaltes et des
laves com|>actes.
(4) Voyez page i2 àe^ Observations pour servira t histoire tfes
volcans éteints du département de l'Hérault^ par M. Marcel de
Serres, \ vol. in-8. Montpellier, 1808. Y' Touroel.
Terebratula biplicala,i.)rpe, delà collection Ae Brocchi,
T indeillala, Sow..vsr.dulias may.du clép'delaSaHhe.
• •• •*•
I
. IVÉastcr GresslvijDcsor. 4-, P-, _ Udaiioidcs, Ag.
IfOTK DK MM. MAICRL DR SBRRFS RT TAZÀMS DR PONDOUCR. 193
Pour étudier les conditions ])ar(iculii'rcs de ces éjections, il
nous suffira de fixer notre attention sur celle du Snint-Loup.
Sur une base counnune s'élèvent (!inq pics, celui du Saint-
Loup, celui du chîUeau, le petit pic et deux autres moins considé-
rables, formant environ les trois quarts d'un cirque; ce sont
les tén)oins encore debout des bords de l'ancien cratère.
La montagne a dans son ensemble la forme circulaire qui
caractérise les cônes d'éruption. Elle a clé formée par des amas
de ceuiircs, de pouzzolanes et de lapilli qui, retombant autour de
la bouche qui ks vomissait, ont ])roduit des couches île tuftas qui
ont l'inclinaison même de ses flancs.
Après cette première période de l'éruption, pendant laquelle
s'est formé le cône, ont été éjaculéesles laves qui se sont écoulées
par deux courants principaux. L'un se dirige au nord-ouest et se
prolon({p dans la plaine jusqu'A la distance d*environ une lieue;
il se bifurque en deux branches sur Tune desquelles est butie la
ville d'Agde; l'autre forme le cap d'A^^de et se prolonge dans la
iner, sans qu'on puisse déterminer le point où elle s'arrête. Elle
s'est accumulée en une sorte de vaste amas à une demi-lieue du
rivage, et a formé Vtic de Brcscou^ dont la plus grande hauteur
au-dessus de la mer est de 7 à 8 mètres.
Il n'y a eu qu'un cratère, celui que nous avons indiqué plus
haut, et c'est à tort que Gensanne il) en admettait trois, un au
territoire de Sainl-Martin, un sur le sommet du Saint-Loup, et
un ù Brescou. La crête du Saint-Lotip est trop étroite, et ce n'est
que par un manque d'observation qu'on peut y voir remplacement
d'une bouche ignivome. II n'y a pas eu non plus de cratère à l'ile
de Brescou, car elle est formée simplement par un épatement de
la coulée méridionale du Saint-Loup, connue le fort de Saint-
Thihéry est formé par un épatement de la coulée septentrionale
du mont Ranuis.
Quant à celui du territoire de Saint- ïMartin, l'observation de
Gensanne paraîtrait fondée, si ce naturaliste a entendu désigner
sous ce nom le grand cirque formé par les sommités dont la base
du Saint-I^up est hérissée. Du reste, les exploitations de pouzzo-
lanes et les cultures changent tellement la face de cette montagne,
que des cavités, qu'on aurait pu avec peu d'attention prendre il y
a cinquante ans pour des cratères, ont aujourd'hui disparu, tandis
que de nouvelles se sont formées.
Il faut cire par conséquent d'une grande circonspection dans
(4) Histoire naturcUtî (ht L(i!i};u<'(l*>c^ 177-).
Sùc, ^vot.^ 2* série, tome XIX. 13
J9A SÊANCK DU 16 DÉCEMBIIB 1861.
la recherche des bouches igoivomcs. L'un de nous, avec IVl. Fleu-
riau de Bellevue, avait supposé en 1808qu il devait y avoir eu un
cratère près du cap d'Agde, du côté de la mer, d'après la disposition
des couches de tuffa. £n effet, sur le pic du château elles plongent
d'une manière évidente vers le nord du sud au nord, et vers le
sud du nord au sud. En étudiant aujourd'hui, avec plus d'attention
que nous ne Tavions fait lors de notre première visite sur les lieux,
les bords du cratère tels que nous l'avons décrit plus haut, nous
avons remarqué que la même disposition aiiticlitmle se reti*ouvait
sur toutes les sommités de la montagne.
Les couches de tuffa suivent à l'extérieur l'inclinaison des
flaacs du cône, tandis qu'à l'intérieur du cratère leur inclinaison
est inverse et est dirigée de la crête au centre. Cette disposition
est en effet celle qui se reproduit constamment dans les cônes
d'éruption. Les cendres en retombant s'accumulent autour de la
bouche qui les a vomies et forment un amas qui présente dans
sa partie supérieure une crête circulaire, à partir de laquelle
s'étendent des couches inclinées au dehoi*s vers l'extérieur, au
dedans vers le centre.
Cette disposition anticlinate se retrouve dans une infinité de vol-
cans à cratères, et particulièrement au cap de Misènc près de Na-
ples, dans Vile de Graham^ etc. C'est un fait fort remarquable et
pourtant très uaturel qui milite en faveur de la théorie des cônes
d'éruption contre celle des cônes de soulèvement.
IL — Points volcanitfues des environs de Montpellier,
m
Il nous reste encore à dire quelques mots d'une région py-
itude qui appartient au même système, mais se trouve un peu eo
dehors de la ligne principale.
C'est aux environs de Montpellier et au nord de cette ville que
Ton rencontre ce pays pour ainsi dire semé de soufflets volcaniques.
L'éruption s'est faite sur les limites de la formation lacustre et
dans ces terrains même, sauf à Combaillaux où elle s'est produite
dans le corallien, mais sur sa lisière et au contact des terrains la-
custres. Nous connaissons aujourd'hui cinq points où se montrent
les roches volcaniques, et il est probable qu'une recherche atten-
tive dans ces localités pourrait augmenter ce nombre. Ces points
ont fort peu d'étendue et sont tous dus cônes d'épanchement ou
des dykes. Nous en commencerons l'étude par le dyke situé au
nord-ouest du village de Prades, parce que c'est le point le plus
éloigné de la Méditerranée et de la ligne de l'Ëscandorgue.
NOTI Dl MM. MARCEL DE SERRES ET CA/ALIS DE FONDOLXE. 195
Situé AU sud-est de la source du Lez et fort rnpproclié de la
grange du Pin, cet épauolieineiit se ronijiose de plusieurs portions
interrompues et irrégulières etd*undyke d'une faible étendue. Le
basalte, qui a traversé les terrains d'eau douce tertiaires du groupe
éocène, a rendu tes marnes de ces terrains presque analogues à de
la brique cuite, il a atteint entre la grange du Pin et le iMazet une
hauteur de 60 mètres au-dessu3 du niveau de la mer, et ne pré-
sente dans son ensemble aucune particularité digne de fixer plus
longtemps l'attention.
Les formations volcaniques de Montferrier constituent deux
masses principales fort nettement distinguées dans la carte de M. de
Routille. La butte la plus méridionale des deux niasses est celle
sur laquelle le village lie Montfeirier est bâti; c'est aussi la plus
élevée; son sommet est à 103 mètres au-dessus du niveau de la mer
et à 53 mètres au-dessus de la vallée.
Le cône volcanique de Montferrier est isole au milieu d'une
vallée calcaire; ses flancs sont sillonnés par dea courants de laves
lithoïdes et de brèches basaltiques qui ont été remaniées et ravinées
par les eaux, de façon à perdre presque tout leur caractère apparent
de volcanicité.
Au-dessous des prismes et des basaltes compactes du sommet
régnent d'épaisses masses de tiiffa ou bièclies basaltiques, compo-
sées d'un ciment brun foncé enveloppant de nombreux fragments
de lave peu altérée, ou plutôt en partie seulement décomjiosée,
des noyaux d'olivine ou de terre verle de Werner et des cristaux
de pyroxène. Ces tuflas sont surtout très abondants sur la face
septentrionale de la montagne.
On peut les rapporter, comme l'a fait ÎM. Girard, professeur à
l'Université de jMarsburg, aux tuHs palagonites de rAllemagne
et de l'Islande, décrits par iM.M. Bunsen et Waltersliausen (1).
Les fragments de basalte qui composent ces brèches ont un mode
de décomposition tout particulier, qui est analogue à celui des
mêmes roches de l'Alleuiagne et de l'Islande.
Le piton basaltique de Montferrier est situé sur la rive droite
du Lez, au milieu d'une vallée calcaire dans laquelle s'étend la
formation d'eau douce sédimentaire, et que bordent des collines
de calcaire jurassique et néocomien. Au centre de la vallée et sur
les rives du Lez se sont déposés de grands ama:i de calcaire qua-
ternaire, sorte de tufl chargé d'empreintes de végétaux, parmi
(4) Neues Jahrbuch, <853,
106 StANCB DU 16 D^CEMBRB 1801.
lesquels dominent les dicotylédones. Ces couches, horizontalement
stratifiées, sont déposées sur des couches de poudingues lacustres
fortement relevées, qui viennent buter contre la roche pyroide.
Celle-ci est donc antérieure au dépôt quaternaire, et postérieure
au poudingue lacustre, dont les galets sont caractérisés par des
Lymnées, des Planorbes et des Paludines, et qui renferme des
couches très puissantes de calcaire siliceux. D'ailleurs ce qui
prouve d'une manière péremptoire l'antériorité des dépôts éocènes,
c'est que la masse ignée a empâté et calciné des blocs calcaires
provenant d'une façon évidente de cette formation.
Il y a trois ans, l'un de nous, avec le concoui-s de M. J. Ribau,
découvrit, â une deuii-lieue au sud de Montferrier, une coulée de
tu£fa volcanique dépendant de ce foyer. Ce petit épanchement,
signalé à l'Académie des sciences de Montpellier au mois de
février 1859 (1), est situé auprès d'une métairie désignée sur la
carte sous le nom de Mas-de-Lafont, environ à 700 mètres de la
route départementale de Montpellier à Mende.
Placé sur ta ligne droite qui passe par les dykes de la grange du
Pin et le piton de Montferrier, ce point occupe presque le sommet
d'un angle déterminé par cette direction et celle qui joint le soufflet
de Yalmahargucs au dyke de l'Escary. îïangic ainsi formé
mesure environ 65 degrés; il a son ouverture tournée vere le N.*0.,
et, sur le côté qui est dans la direction du nord, on retrouve
quelques affleurements offrant une apparence de calcination. Cette
circonstance jointe à la position de cet épanchement nous porte à
le relier au foyer plus considérable de Montferrier.
Les boucs volcaniques qui composent entièrement la petite
formation pyrolde du Mas-de-Lafont se sont fait jour auprès de la
limite des dé|K>ts travertins ou quaternaires fluviatiles, dépôts qui
suivent les contours du Lez à travers les terrains tertiaires d'eau
douce, avec une direction générale du nord au sud. Elles recou-
vrent donc la formation éocène (luvio- lacustre, qui a été recouverte
aussi après son soulèvement en ce point par la formation supé-
rieure des terrains quaternaires horizontalement strati6é8.
Ce fait, qui est le seul indice de leur âge» présente une grande
analogie avec ce qui s'est passé à Montferrier, et nous permet de
rapprocher les épanchements volcaniques des environs de Mont-
(4) Messager fin widt\ 4 6 février 4 869, ei Moniteur universel^
49 février 4 859 : Note sur la communication faite à rAcadémie des
sciences de Montpellier, psr MM. P. Cazalis de Fondouce et J. Ribau.
NOTK DE MM. MAECKL U£ SKRRK8 KT CAZALIS DE FONDOUCE,' 197
pellier de ceux de Cabiières et du Snla{^ou, et de les rapporter
comme CCS derniers à la fm de la période éocène.
La majeure partie de la coulée du Mas-de-Lafont disparaît sous
la terre vé(;étale. La portion qui reste à découvert forme une sorte
de pentagone d'une surface d'cuviron 1000 mètres carrés. L'épan-
chement ainsi limité a une lon^jueur de 50 mètres sur une largeur
moyenne de 20 mètres. Les observations barométriques que nous
flmes au mois de. février 1859 nous donnèrent les hauteurs sui-
vantes au-dessus du niveau de la mer :
4 . Plateau du Mas-de-Lafont 50»,S7
3. PoiDt supérieur de la partie dénudée 4 2°*, 40
La coulée est formée par une sorte de boue, ou tuft'a volcanique,
colorée en rouge et présentant en ceitains points un aspect noirâtre
comme la matière tufl'acée de iVIontferrier et de Valmahargues.
On y trouve, comme dans ces dernières localités, de noml)reux
nodules allongés de péridot ou terre verte, des cristaux d'amplii-
bole hornblende, de l'obsidienne, de In nigrine ou fer titane, des
spinelles noirs analogues à ceux que Ton trouve dans les sables
pliocènes de Sauret, et des veines de spath calcaire provenant
d'infiltrations faites dans les fissures opérées dans la masse par le
refroidissement.
Enfin, ce qui milite en faveur de Tâge que nous avons assigné
plus haut à ces formations pyroides, on trouve dans ces lull'as des
rognons brûlés de calcaire provenant des poudingues lacustres,
qui formaient primitivement la surface extérieure du terrain. Ces
poudingues, que Ton observe à côté même de la coulée en couches
inclinées à riiorizou de 45 degrés, sont les mêmes que ceux que Ton
retrouve à Montferrier, et qui ont été soulevés entre ces deux points
en conservant leur parallélisme horizontal.
Si nous sommes entrés dans tous ces détails, c'est qu'ils n'avaient
encore été publiés nulle part, tandis que le pilon de Montferrier,
dont noua avons déjà parlé, et celui de Yalmahargues qui va nous
occuper, avaient déjà été l'objet des études de nombreux géologues,
notamment de Moutet, Joubert, Draparnaud, Marcel de Serres,
Girard, de Rouville, etc.
Le petit monticule volcanique de Yalmahargues au S.-E. de
Grabels, nommé dans le pays Ion truc de Rceiounellcs, très peu
élevé au-dessus de la vallée au centre de laquelle il se trouve, a
pourtant atteint la hauteur de 115 mètres au-dessus du niveau de
la mer. L'activité de ce foyer a dû être peu considérable, puisque
les basaltes n'ont pas pu traverser la totalité des calcaires lacustres
198 StANCE DU 16 DÉCKMBIK 1861.
antérieurement déposés (1), si bien que ceux-ci couronnent
comme cUunc calotte la masse pyroïdc.
Ce n'est en effet que vers le N.-O. que cette dernière se montre
à découvert ; dans le reste du cône elle est recouverte par le cal-
caire â travers lequel elle n*a pas pu se faire jour, et dont les
couches ont été seulement soulevées.
On ne peut pas admettre que, s'il en est ainsi, c'est que les
roches d'eau douce n'ont été déposées qu'après la fonnatioa des
terrains volcaniques, car elles ont été altérées par Faction de ces
derniei*s, de façon à présenter un faciès sensiblement modi6é/
Nous avons dit que la roche pyroide n'avait pu que partielle-
ment traverser la roche sédimentaire, tant avait été faible la force
qui la poussait au dehors. C'est ainsi en effet que sur la face méri-
dionale, qui est en grande partie recouverte par le calcaire, on
observe vers la base de petits mamelons de lave, qui semblent mis
au jour par une série d'explosions partielles du calcaire. Leur
forme est lép,èrement conique, et ils ressemblent assez aux four-*
neaux d'écobuage, que Ton dispose dans les champs pour brûler
les terres. On observe également sur la face occidentale un de ces
petits mamelons de lave qui, en se faisant jour à travers le calcaire,
l'a rejeté sur ses flancs de manière à en être comme encadré.
Le cône volcanique de Redounelles se prolonge vers le nord par
une chaussée basaltique sensiblement plus élevée que le niveau
de la vallée, pendant un demi-kilomètre ; au delà, cette chaussée
s'abaisse considérablement et disparait.
Il n'est pas probable que les laves qui la composent proviennent
d'une coulée du pic de Redounelles. Il y a eu sans doute plutîeurs
centres d'action, et en eflet vers le milieu de la chaussée on voit
les laves se bifurquer vers le N.-E., et aller produire dans cette
direction plusieurs mamelons volcaniques, dont le plus considé-
rable est en face du hameau de Yalmahargues. Ces mamelons
sont liés les uns aux autres de manière à former comme une petite
chaîne, et il est probable que la traînée basaltique qui se dirige
vers celui de Redounelles est uue sorte de dyke qui relie ce der-
nier piton à la masse principale.
Il ne nous reste plus qu'à dire quelques mots du dyke volca-
nique de l'Ëscary, qui se trouve au centre du triangle formé par
^■db
(4}. Voy. notre mémoire sur les volcans de la vallée du Saiagou^
dans les Comptes rendus de C Académie des sciences de MontpeUier^
4869.
NOTI DE HM. MÀKCKL DE SERRES ET CAZÀLI9 DE FONDOUCE. 109
les villages de Combaillaux, lic Mûries et la colonie de Mont-
laubre.
Ce n'est point un soufflet ou (^panclienient basaltique en forme
de cône, comme semblerait l'indiquer le point rond Gguré sur la
carte de M. de Rouville, c*est un dyke dirigé du S.-O. au N.-E.,
sur une longueur d'une centaine de mètres à peine, visible seule-
ment sur une partie de son étendue.
Lorsqu'en suivant la route de Grabels à Mûries on a dépassé la
bergerie Azéma et le pont de la Roquette, on trouve sur la droite
un ravin profond creusé dans le calcaire corallien s c'est ia combe
fie tEtcary', Dans l'intérieur de cette combe ^ à une cinquabtaine
de mètres du chemin, et aux trois quarts environ de la hauteur
du flanc occidental, on commence à trouver quelques blocs isolés
de lave compacte. £n montant encore on ne tarde pas à rencontrer
un dyke de basalte qui, partant ou paraissant partir de ce point,
s'élève vers le sommet de la montagne de l'Escary.
La partie de ce filon mise à découvert, et qui surmonte les cal-
caires coralliens, est extrêmement étroite et dépasse à peine 30 à
&0 centimètres. Sa largeur réelle est probablement plus considé-
rable. Si elle paraît aussi réduite, c'est qu'il a été partiellement
recouvert par les décombres extrêmement nombreux et les
ëboulemenls des roches coralliennes qui le masquent également
sur toute sa longueur, ne le laissant paraître que de distance en
distance.
Le niveau de la vallée de la iMasson au point où débouche la
combe de l'Escary est à 85 mètres au-dessus de la mer, et le point
le plus élevé atteint par la roche basaltique est à 157 mètres au-
dessus du même niveau, soit 72 mètres au-dessus de la vallée.
Une dernière observation clora ce que nous avions à dire sur
les formations volcaniques des environs de Montpellier.
(«es volcans éteints de jMontferrier et de Valmahargues ont cela
de particulier qu'ils sont situes dans deux vallées assez profondes
qui connnuniquent ensemble et qui sont bordées au bord par des
collines qui font pressentir la haute chaîne calcaire des Séranes^
ceinture méridionale disposée au pied des cimes granitiques et
schisteuses des Cévenncs. Lu même observation peut s'étendre à
toutes les formations volcaniques des environs de Montpellier dont
nous avons parlé. Gela, avec leur âge, nous permet de les placer,
à cAté des terrains pyroides de Nefflez et du Salagou, dans la caté-
gorie des volcans de la région montagneuse, que nous avons
opposés aux volcans du littoral, représentée par ^ux dé Saint-
Tbîbéry et d'Agde. Il ne Aéra 4ônâ pas sans intérêt dé côntparcT
200 SÉANCE DU IC D^XËMBRE 18()1.
leurs liauteiirs à celles des points volcaniciues, ({iic nous avons
décrits dans deux niëmoires précédents (1).
C'est ce que nous avons l'ait dans le tableau suivant, et l'on remar-
quera que l*ordre de décroissance des hauteurs répond parfaite-
ment à Téloigneinent de la chaîne centrale de l'Escandorgue.
4. Pic de Mourgis, près de Cailles 44 88*°
5. L^Escandorgue, premier sommet 899 1 g^..
3. id. second sommet 907)
4. Montagne volcanique de Murât 897
5. Formation volcanique de la Pésade 764
6. Piton de Saint-Vincent 714
7. Causse de Carlencas et de Rouët 433
8. Vallée du Salagou, Liengède, maximum . , 367) ^97
9. id. Grand-Gèble, minimum. 927 {
4 0. Système de Fontez, maximum 234) .^g
44. id. minimum 423)
42. Dyke de l'Escary 467
4 3. Truc de Redounelles 4 45
4 4. Piton de Montferrier 4 03
4 5. Dyke de la grange du Pin 60
Cette décroissance est très remarquable, surtout si on la com-
pare à ce qui a lieu pour les volcans plus récents et plus actifs des
bords de la JVIéditerrannée. Ici les diiïérences de niveau sont irré-
(julières et considérables. Ainsi le sommet du plateau de Pérégrat
près de Valros n'a atteint que 85 mètres, tandis que le mont Saint-
Loup près d'Àgde a atteint la hauteur de 112 mètres et les pics
de Bessau et de Saint-Thibéry celles de 126, 135 et ilxS mètres.
Nous avons, dans im travail particulier, exposé les conditions
remarquables d'uuii'ormité présentées par les niveaux des forma-
tions volcaniques d^épanchement dans une même localité. Nous
avons dans un autre travail expliqué ce fait d'<iprèsde nouvelles
observations, et nous avons montré que le nombre des soufflets
volcaniques est en raison directe de la facilité des terrains de sédi-
ment à être traversés, et que leur étendue est en rapport inverse.
En même temps nous avons lait remarquer un décroissemeut
général dans le niveau à mesure que Ton s'éloigne du plateau
central de TAuvergne et de la ligne de l'Ëscandorgue. Ce fait a
été complètement vérifie dans ce dernier travail, ainsi que l'âge
(4) Voy. nos travaux sur les Tcrraitts pyroïdes des dépariemeHit
de r Hérault et de t Ardèchc^ dans les Comptes reiuiiis des travaux d^
t Académie des sciences de Montpeilier, 4 869 et 4 860.
NOTE DE MM. MÀKCEL DE bEH»£S ET CAZALIS I)K KONDOUCE. *201
que nous avious assi(^iié à ces iorinalions d'épaiichemeiit ; mais
dans celui-ci un nouveau ^i;eure de volcans nous a pailiculièrenient
occupes : ce sonl les volcans à eratèie. ^ous avons fait voir que,
plus actifs que les précédents, ces foyers pyroides ont été é(Talenient
plus récents, ce qui vérifie la loi de M. d'Omalius d'Halloy qui
les rapporte à la période quaterr.aire. Enfin nous avons eu Tocca-
sien de constater la justesse et la valeur de la théorie des cônes
dVruption et de réfuter par des faits celle des cônes de soulè-
vement.
Pour compléter notre travail, nous renverrons aux auteurs qui
ayant nous ont traité le niénie sujet (1) ; car nous n'avons insisté
que sur les particularités qui leur avaient échappé. De nouvelles
recherches viendront plus tard, nous n'en doutons pas, ajouter à
DOS observations et les rendre plus complètes encore.
Après la découverte que nous fîmes, dans le temps, d*un dyke
volcanique dans les terrains coralliens de la combe ou vallée de
TEscary, le propriétaire de la colonie agricole du même lieu
nous prévint qu'il avait trouvé, ou un autre dyke, ou un prolon-.
geuient de celui que nous avions observé.
Aveiti de cette circonstance, nous nous rendîmes sur les lieux
et nous reconnûmes que le dyke de la combe d'Escary se prolon-
geait dans la direction du nord-est au sud-ouest à travers toute la
vallée de Montlaubre. Ce dyke la coupe entièrement en diagonale
et arrive jusqu'aux sommets des deux petites chaînes coralliennes
qui la circonscrivent et la couronnent. On peut en évaluer approxi-
mativement la hauteur, au-dessus de lu vallée, à 85 ou 90 mètres.
Quant à celle de l'établissement de IMontlaubre, nous l'avons
appréciée au moyen du baromètre ; elle est d'abord, au-dessus de
la Faculté des sciences de .Montpellier^ de ^2 mètres, tandis que
cette Faculté est elle-même à 58 mètres au-dessus de la mer,
point ou Ton faisait ces observations correspondantes. 11 en résulte
que l'établissement se trouve à 100 mètres au-dessus du niveau
de la mer.
Le dyke volcanique de l'Escary, tantôt simple et tantôt ramitié,
(4) MoDlet, Mèm, tic C Ac, lies se. tie Paris, 4760. — De Gen-
sanne, Hist. nnt. du Lanf(., 1776. — Joubert, JlJê/n. de C Ac, des
se, ttt: Paris, 4769. — Draparnaud, Buli, de la S. des se, etb.'let,
de AJonipeiHer, I, 354. — Marcel de Serres, ()b^. pour servir à
l'hist, des vole, cieiaty du de/>. de f Hérault, 4 808. — Taupenot,
Thèse pour le doctorai, 4 8o<. — Girard, Neucs Jahrbuehy 4 853. —
Paul Gervais de RoQTille. Thèse pour le dociorat^ 4 863, etc.
202 SÉANCE DU Kî DÉCEMBRI 1861.
conserve à peu près partout dans son parcours la même épaisseur
d'un mèti'e à {^,50. Il subit toutefois dans son trajet une légère
inflexion qui, dans les environs de l'établissement, en rapproche
la direction de la ligne est- ouest.
Les laves basaltiques qui composent le dyke volcanique de la
combe de TEscary paraissent avoir éprouvé une chaleur violente,
à en juger par leur facile désagrégation, leur couleur d'un noir
sombre, et le petit nombre de substances étrangères qu'elles con-
tiennent. C'est en partie à la couleur noire de ce dyke ainsi qu'à
sa grande étendue que nous avons pu le découvrir au milieu des
roches déchiquetées des terrains coralliens, qui, quoique blan-
châtres, n'en sont pas moins revêtues d'une couche extérieure
généralement grisâtre.
Le Secrétaire donne lecture de la noie suivante adressée par
M. J. Guillemiu :
Premiers résultats des sondages entrepris en Russie par la
grande Société des chemins de fer russes^ pour tmuver le
prolongement de la formation carbonifère du Donetz, vers
roues f; par M. J. Guillemin.
A la page 5ti du résumé de mes observations en i857 et 1858,
publiées à Paris en 1859, j'ai indiqué l'opportunité de rechercher
la formation carbonifère du Donetz au-dessous des terrains plus
modernes qui la recouvrent vers le tracé de la ligne du chemin
de fer du Sud, et page 288 du tome XVIT (2** série) du Bulleiin
dti la i^ociété géolnoir^ue^ j'ai pris l'engagement de communiquer
les renseignements qui me parviendraient.
Cest en 1860 que j'ai déterminé la position de ces sondages,
dont la direction a été coiifîde à mon collaborateur, M. Henri
Fauvage, ingénieur. Par une décision empreinte de hardiesse, je
n'ai pas craint de forer du premier coup à 50 lieues des houillères
alors connues et j'ai indiqué la vallée de la Béristoraîa qui coale
du nord au sud perpendiculairement à la direction générale du
terrain carbonifère.
T^ tracé de la ligne du Sud remonte cette même vallée. Ainsi
tout d'une fois je plaçais les sondages sur la ligne du chemin
de fer.
Trois Sondages ont été entrepris en même temps, au moyen dés
appareils fournis par la maison Degousée, Ch. Laurent et C**.
If 0TB DE M. J. GUILLBIIIN. 203
Le premier forage, entrepris à Perestchepino^ sur le bord de
rOrel, est arrive à une profondeur de 239", 42. M. Fanvage a eu
l'obligeance de ni'envoyer la série géologique des terrains traversés,
et la détermination des roches a été faite par M. Borissiak, pro-
fesseur de géologie à l^Université de Kliarkhov et membre de la
Société géologique de France.
Voici cette classification :
t. Argile MbloDneuM 6,t0 ) '••*«'•""■ • ,ww
8. 8dbU muroeas. ...•..•.•. S,7 1 \
4. Sabla vert i.\OS |
ff. VarBM bleuas âi,51 >FornuiLlOD tcrtiair*. 7f*,OI
Eau iailliifrfnle. \
6w &«bla blanc siliceux. ^>76/
?• Ar^la bruoe aTec det ileli blenf \
ai verU 90,60 1
9. Ar'^le 'aie'c pÛqu'elU; dirM. '. '. ISIm [ ^ormaUoa créUcae iafférieara. 48-.68
10. Marne calcaire dore S,iO 1
it. Argile verte et bleua. /
tt. Caleaire coqnillinr boritODtaU . . 9,M\
13. Argile violette 15,40 I
I4b Altemaarei d*aigU« «diliteose > Pornitlion fartstiqua (Oxibrd). 8Ta,80
avec pjritci et purlles cbarboa- \
neaiet 37,70/
fB. Gril schl.steax. feuilleté par de
nombreux liis charbonneux.
GUement discordant^ iuclinai-
son au S.-S.-0 1,45
t€. Argile verte et grise, plus ou ^Foimation curboniftre. .... 47<b,41
moins eaiilense 11,07
17. Grèt analogue au u* 13 0,63
li. At-glle analogue uo n* 16 34,S9
18. Twrrain Jur, indéterminé.
f39i>,41
Les prévisions qui oui décidé remplacement de ce sondage
n^ODt pas été trompées ; on a successivement traversé les forma-
tions crayeuse et jurassique, comme on s'y attendait, pour descen-
dre à la formation carbonifère dont l'existence vers ce point est
ainsi constatée.
Le combustible minéral n'a pas été rencontré encore, et, si la
question économique n'est pas résolue jusqu'ici, la question tech-
nique et scientifique a reçu une solution prévue par la science.
Je puis conclure de là que le terrain carbonifère du Donetz a
bien certainement l'étendue de mes évaluations hypothétiques et
que la grande Société des chemins de fer russes a bien mérité de
la Russie, si le »ucrès de ces so/idtiges va in il mieux pour cet empire
que iaconffuéie tt une province^ suivant l'expression de notre hono-
rable confrère M. de Verneuil.
20A SÉANCE DU 16 DfiGBMBtE 1861.
M. de Yerneuil donne communication de la lettre suivante^
adressée à M. J. Guillemin par M. le colonel de Heiracrsen :
Saint-Pétersbourg, ce 4 6/28 décembre 1864.
Monsieur,
J*ai examiné les éclianti lions de roches et de fossiles fournis
par le sondage que vous avez exécuté dans le gouvernement
d'Ekaterinoslaw près du village Perestscbepino , et j'en ai pu
conclure, presque sans doute, qu'à la profondeur de 193",ft3 au-
dessous de la surface du sol le sondage a touché le terrain carbo-
nifère et que la sonde a passé 46 mètres environ par les couches de
ce terrain.
Le but du sondage serait donc atteint.
Voici le résultat de l'examen des échantillons :
1* Les couches de terre noire ^ d'argile et de sable, perforées
jusqu'à la profondeur de 12", 71, appartiennent au terrain tertiaire.
2^ En partant de cette profondeur jusqu'à celle de 126"*,60,
toutes les assises paraissent faire partie du terrain crétacé. Cette
conclusion est fondée sur deux données :
a. Sur la présence de la craie tufleau blanche ;
b. Sur la présence d'un grès à ciment composé de phosphate de
chaux. Ce grès, comme on le sait, ne se trouve en Russie que dans
l'étage inférieur du terrain crétacé; il est connu sous le nom de
Samarodc ou hog/ttsch,
3" l^a présence de couches jurassiques dans le trou de PeresCs-
chepino est parfaitement constatée par les échantillons de Grf-
phœii dilatata^ es|>èce très caractéristique pour l'époque jurassique
de la Russie.
Les couches de ce terrain vont jusqu'à la profondetu* d'environ
192 mètres.
Toutes les assises de ces trois différents terrains paraissent avoir
conservé leurs horizontalité primitive, sans avoir subi le moindre
dérangement,
h"* Mais il n'en est pas de même avec les grès et les argiles
atteints par la sonde à une profondeur de 192 mètres.
Les couches de ces grès sont fortement inclinées (/i5®) ; il y a
donc stratification discordante entre ces grès et les couches' dès
terrains crétacés et jurassiques qui les recouvrent. D'ailleurs ces
grès ressemblent à s'y méprendre aux échantillons de certains
NOTE OB M. DISN0TIR8. 205
grès (1) du terrain cnrboiiiiiL>re du distrîcl de Lougane et con-
tiennent des bandes minces de houille.
Dans ce même terrain vous avez trouvé des géodes de spliéro-
sidërite argileuse, minerai trèsroniniun dans h; terrain carbonifère
de l^ugane.
Ces trois caractères, pris ensemble, paraissent suffisamment
prouver que le sondage de Pcrestscbepino s* est arrêté dans le
terrain carbonifère. C'est surtout le caractère des grès et leur
forte inclinaison qui soutiennent mon opinion. En effet, toutes
les couches carbonifères du sud de la Russie sont plus ou moins
redressées et repliées, tandis que les terrains jurassiques et crétacés,
même dans le voisinage du terrain carbonifère, sont rarement
altérées et toujours sur un espace très peu considérable.
M. J. Desnoyers présente la note suivante :
Note sur les argiles à silex de In craie ^ sur les sables du Perche
et d^ autres dépôts tertiaires qui leur sont subordonnés; par
M. J. Desnoyers.
Je proOte de l'intéressante communication de M. Laugel sur
des terrains que j'ai moi-même beaucoup étudiés depuis bien des
années, pour protester encore une fois contre l'opinion que les
observations de i\l. Triger tendent à générnliser de plus en plus,
et que M. Laugel a complètement adoptée, savoir : que les sables
bigarrés des collines du Perche immédiatement recouverts par les
argiles à silex doivent être tous rapportés à un étage moyen de la
période crétacée, identique avec les sables de Sainte-Croix et autres
localités des environs du Mans, et qui s'intercale au milieu de la
craie tuffeau et de la craie de Rouen.
Les vues de M. Triger sur cette question furent exposées pour
la première fois à la Société géologique, à l'occasion d'un mé-
moire que j'avais lu dans les séances du 19 novembre et du 3 dé-
cembre 1855 y sur les Tenains tertiaires du nord-ouest de ta France
en dehors dn bassin de Paris proprement dit (*2). M. Triger com-
(I) Ces échaDtilloDS se trouvent dans les collections du musée de
rinstitut impérial des mines de Saint-Pétershouni;.
(î) Bult. de la Soc. f^éot., 2* sér.. t. Xlll. p. 177. 1855. J'ai tou-
jours différé rimpressioii de ce mémoire, désirant réunir un plus grand
nombre de faits et de coupes sur Tftge et les relations des différents
groupes dont se compose ce vaste dépôt, qui s'étend depuis les côtes
206 SÊANCB DU i6 DfiCBMBBI 1861.
battit vivement l'opinion que j'exprimais de nouveau sur l'âge
de ces sables, après Tavoir plus anciennement exposée dans un
mémoire sur ces mêmes terrains, que je communiquai â la Société
en 1832 (i). Mon opinion était depuis lon{>temps partagée par la
plupart des géologues, et surtout par les savants auteurs de la
Carte géologique de la France, comme elle l'a éic par 31. d'Archiac,
dans son important ouvrage sur V Histoire des progrès de la
géologie.
Vainement a va is-je soumis à la Société, en 1855, quelques-uns
des motifs qui me semblaient devoir faire distinguer deux épo-
ques très différentes de ces sables : les sables crétacés en place, et
les mêmes sables remaniés pendant la période tertiaire, de la même
façon que l'avaient été les bancs de silex de plusieurs étages des
terrains crétacés. Ces arguments ne paraissent avoir convaincu ni
M. Triger, ni M. Laugel qui, dans son mémoire sur la Géologie du
département d* Eure-et-Loir (2), non-seulement n*a pas mentionné
ces objections, mais a fait passer la seule coupe qu'il ait figurée
(p. 321) sur la colline de Groisilles, près Nogent-le-Rotrou, que
j'avais indiquée comme le meilleur type du gisement des sables
remaniés, et les a classés entre la craie tuffeau ou Vupprr green-
sand, dont ils dépendraient, et la craie marneuse. Cependant ces
sables y recouvrent le premier de ces dépôts en gisement transgres-
sif, et ne sont recouverts par aucune trace du second.
J'ai revu récemment les collines du Perche, ainsi que plusieurs
dépôts analogues des départements voisins, et il ne me parait pas
inutile, avant que l'opinion que je ne partage pas ait pris un carac-
tère définitif sur la carte géologique du département d'£ure-el-
Loirque prépare M. Laugel, de soumettre à la Société quelques
nouvelles objections. La question me semble d'autant plus digne
d'examen que c'est à ces sables et aux argiles k silex qui les recou-
vrent, que plusieurs contrées naturelles et surtout le Perche, em*
pruntent leur caractère physique le plus évident.
J*indiquerai en peu de mots les principaux arguments qui me
semblent subsister encore en faveur de l'adjonction des sables du
Perche à l'argile avec silex qui les recouvre, et de leur remanie-
de NormaDdie jusque dans le Poitou, qui se montre, quoique moins
développé, sur le bord oriental et le bord méridional du bassin de Paris,
qui existe aussi en Angleterre autour du bassin tertiaire de Londres, et
sur lequel les opinions sont encore si controversées.
(\) Bull, de la Soc. géoL, 4''sér., t. Il (1831-4 83«), p. 414.
(2) BulL delà Soc. géol., 2«sér., t. XVII (1860), p. 316.
NOTR DE M. DBSNOTERS. 207
ment après la p<^i*ioi1c crétacée, sans reproduite les considérations
que j'avais déjà présentées en 1 855 {Buif. , 2*' sér. , Xïll, 177) . Avant
tout, je répète que je ne nie pas plus qu*aucun des géolo{;ue8 qui ont
observé ces terrains Inexistence, dans le Perche, d*un sable crétacé,
souvent micacé et marneux, avec nombreux débris de Gn-phœa
colitmba^ d'Osfrca carinala^ de T/igonia crcnubtta^ de petits poly-
piers foraminifères, et quelques autres fossiles des sables crétacés
du Mans. On voit ces sables dans les collines de Bertlioncelles, de
Mouliers, du Mage, de Longny, où ils sont reaiuverts par la craie
marneuse. J*en ai reconnu un nouveau gisement au-dessous de
ce dernier terrain, dans le bois de la (raluisière, à la base de la
colline de Margon, près No{>ent-Ie-Rotrou. IVfais ces sables, souvent
accompagnés de grains verts et de petites concrétions calcaires
tuberculeuses, ne peuvent être confondus avec les sables ocracés
recouverts immédiatement par Targilc k silex, et qui forment les
pentes de la plupart des grandes collines du Perche (Croisilles, la
Rapouillère, le Mont-Cendroux, K: Tertre-Blanc, la Rouge, les
crêtes de la forêt de Bellesnie, (\)ontgraliam, etc., etc.).
1. Superposition immcttiate (tcsar^ilrs à silex sur les sa/jies rcmo'
niés. — Une objection des plus fortes à l'opinion qui sépare en-
tièrement les sables ocracés de Targile à sile\ dont ils sont recou-
verts est Tabscuce complète et constante entre ces diux dépôts
des trois étages crétacés qui, suivant les vues de M. Triger, de
M. Laugel, et, je crois aussi, de 31. Hébert, sont piésumés devoir
exister entre ces sables et Targileà silex. Non-seulement ces étages
manquent entièrement dans la coupe donnée par M. Laugel,
comme dans la nature, mais on ne trouve pas dans son mémoire
on seul exemple de cette superposition hypothétique. Il a été au-
devant de l'objection en attribuant en partie cette absence à la
faille qui a fait apparaître, près de Nogent, aux carrières de la
Plante et à Margon, les deux terrains crétacés plus récents que la
craie tuffeau, la craie m«irneuse de Senonches, à silex noirs, à
ïnoceramus probler/iaticns^ et la craie dure «le Touraine à Spondylus
spfnosus. Mais cette faille n*a fait subir aucune modilicatiou aux
contacts des sables crétacés et de Targile à silex. En outre, tous
les puits de logent et des environs, ainsi que les marnières
creusées dans la craie marneuse à silex noirs et gris, au-dessous
de laquelle devraient se trouver les sables ocracés, n'en ont jamais
montré de vestiges, mais au contraire la superposition, le plus
souvent immédiate, de cet étage crétacé à celui de la craie tufleau,
sur lequel reposent les sables remaniés des collines environnantes.
Si ces sables étaient recouvei ts par les différents étages de craie
208 SfiANCI DU 10 DÉCEMBRE 1801.
inanieuse et de craie grise et blanche, dans lesquels se trouvent les
grandes exploitations de chaux hydraulique et de marne des envi-
rons deSenonches, de Châteauneuf, et recouveites elles-mêmes par
un terrain superficiel très épais, ne devrait-on pas rencontrer les
sables entre les argiles à silex et la craie marneuse qui fournit la
chaux hydraulique et les nombreuses exploitations de marnes, et
constanunent au-dessous de celles-ci ? Or, c*est précisément le con-
traire qui a lieu. Le véritable sable crétacé (Longny) se termine en
coin sous la craie marneuse du plateau de Senonches, et les sables
bigarrés, qui en diffèrent essentiellement, non-seulement ne passent
point sous les marnes, mais ils font partie du dépôt superficiel,
quelquefois épais de 30 à /|0 mètres qui, avec les bancs d'argile à
silex de la craie remanirs, avec les brèches à fragments d« silex
et à ciments de grès lustré, avec les argiles ocreusesà minerais de
fer hydroxydé, constitue le manteau dont sont recouverts en grande
partie les véritables terrains crétacés des différents étages des dé-
partements de TEure, de l'Orne, d'Ëure-et-Loir, de Loir-et-Cher,
d'Indre-et-Loire et du Cher.
2. Association habituelle des sables^ des grès et des argiles à silex,
— Presque partout où les argiles à silex sont superposées à un étage
crétacé, elles sont accompagnées de ces mêmes sables, de grès et
de brèches siliceuses. C'est ce qu*on voit aux environs d'Orbec, de
Bonueval, de Chdteaudun, de Chateau-Regnault, de Chàteau-da-
Loir. Les grès ladères des environs de Chartres, que M. J^ugel
vient de décrire, et dont j'avais aussi parlé depuis longtemps sous
le nom de gtcs druidique^ nom qu'ils ont pareillement reçu en An*
gleterre, me paraissent se lier aussi intimement aux argiles à silex
par les brèches à silex crétacés qui les accompagnent. Ces sables
sont superposés non-seulement à la craie tufiPeau, mais encore à
des assises crétacées plus niodernei que les sables du Mans, tandis
que les sables ocracés devraient leur être inférieurs, si, en effet, ib
étaient contemporains des sables et grès crétacés de cette dernière
localité.
Ce n'est pas seulement sur le bord occidental du bassin de
Paris que ce mélange a lieu; on l'a aussi depuis bien longtemps
constaté en Angleterre, sur les bords du bassin tertiaire de Londres,
et sur les collines crayeuses [south doivns et north'downs)^\x\ bor-
nent la dénuJation infra-crétacée du Weald.
Cette association des sables et de l'argile à silex a été pareille-
ment indiquée sur le bord oriental dn bassin de Paris, dans les dé-
partements de l'Aube par M. Leymerie, de l'Yonne par MM. Ley-
merie et Raulin, du Cher (dans le Sancerrois) par M. Raulin. Les
KOTI BI M. DSSNOTIRS. 200
mêmes couches seiublent avoir produit sur tous les bords des
bassins tertiaires de Paris et de Londres une dénudation analogue
des tenraÎDS crétacés et une association pareille de silex et de sables
enleTés à différents étages de ces terrains.
3. Gisement transgressif des sables^ aussi bien que des argiles à
silex ^ sur les terrains crétacés non remaniés. — Non- seulement ces
deux dépôts sont généralement associés entre eux , mais ils sont
encore Fun et Tautre en gisements transgrcssifs sur tous les terrains
crétacés qu'ils recouvrent C'est ce qu'on voit dans le Perche, dans
le pays d'Ouche, aux environs de Laigic, de la Loupe, de Neuilly,
sur les falaises deNormandie, sur les bords de la plupart des vallons
de la rive droite de la Loire, à lUois, à Saumur, dans toute la
▼allée du Loir. M. d'Archiac, qui reconnaît le remaniement des
sables crétacés, a signalé plusieurs exemples de ce gisement trans-
gressif et le ravinementprofond des terrains crétacésantcrieurement
au dépôt de ces sables et argiles tertiaires. Ces dt'pôts, que Ton voit
a£Searer sur les pentes des vallons, y remplissent de vastes cuvettes
dont les fonds sont tellement inégaux et irréguliers, comme la
surface de la craie dans le bassin même de Paris avant le dépôt des
terrains tertiaires, qu'il y a des différences de plus de 20 mètres
dans l'épaisseur dessables et des amas de silex, et que même dans
certaines localités ces dépôts paraissent, comme les terrains qu'on
a nommés diluviens, remplir de vastes puits, ou poches, ou sillons
îrréguliers, creusés par le ravinement des eaux à la fin de la période
crétacée.
4. Grès ferrut;ineux tertiaires, — Sur un point du département
d'£ure-et-l^ir, éloigné de plusieurs lieues à lest de JNogent, â
BUnville près Saint-Denis d'Autou, sont exploités des grès ferru-
gineux et lustrés, qui sont évidemment les sables ocracés tertiaires
cimentés. Us ne sont pas immédiatement recouverts, mais les
colliues environnantes sont formées d'argile à silex, et ils reposent
eux-mêmes sur la craie marneuse et sur la craie tuffcau exploitée
dans le voisinage. Des blocs de ces mêmes grès ferrugineux, larges
de plusieurs mètres, ont été retrouvés dans la partie inférieure
des sables remaniés de la butte de Croisilles, où ils sont recouverts
par plus de 25 mètres de sables et par les silex qui forment une
sorte de calotte sur cette colline isolée.
Ces grès ont une grande ressemblance avec les roussardsy ou grès
ferrugineux du département de la Sarthe, qu'on rapporte généra-*
lementaux terrains crétacés. Mais il me parait certain qu'il yen
a de plusieurs Ages, depuis Yiron'sand]\xsx\\j^k l'époque tertiaire
iDclusivement, et la confusion dans une même époque de ces diffé-
Soc, géoi,^ 2* série, tome XIX. 14
210 SÊàNCI du 16 DÉCMBMB 1861.
reuts grès ferrugineux est peut-être Tune des causes de la confusion
en un seul et même terrain des différents sables du Perche.
5. Fossiles crétavés rr maniés dans les sabirs et les affiles à silex.
— Un des «irgumcnls sur lesquels on 8*est le plus appuyé pour
touteuii* raltribiition des sables ocracés à Tépoque de la craie est
la présence d<ins ces sables de fossiles de cette dernière époque et
Tabsencc de fossiles tertiaires. Or, il n'est pas inutile de rappeler
quVn classant parmi les terrains déposés ou remaniés pendant la
période tertiaire les argiles à silex et les sables, on doit distinguer
essentiellement le mode de dépôt de ces terrains des circonstances
dans lesquelles les terrains marins, fluvio- marins et lacustres du
bassin de Paris ont été formés. La nature des eaux qui ont remué,
modifié, transporté les dépôts crétacés dont proviennent évidem-
ment les argiles a silex et les sables parait être en partie violente
et torrentielle, mais rapide, et vers la fm de la période en paiiie
lacustre. C'est ce que montrent les petits bassins d'eau douce (cal-
caires, meulières et bràclics) disséminés à la surface ou dans des
cavités des argiles et des sables où Ton n'a jamais, au contraire,
rencontœ de coquilles d*eau douce. Les fossiles qu'on trouve dans
les sables sont en eltet d'origine crétacée, mais ils sont généralement
roulés, brisés, corrodés ; s'il y en a de bien conservés, il ne faut pas
oublier qu'ils sont presque toujours silicifié.i. Tel est même le prin*
cipal gisement des Grypliées, Huîtres, Térébratules, etc., conver-
ties en silex concrétionné globulaire.
N*eii est-il pas de même des fossiles de Targile à silex ? Ce sont
toujours des corps (spongiaires ou coquilles) provenant de plusieurs
étages de la craie, et constamment siliciHés, soit isolément, toit
empâtés dans les masses de silex, c'est-à-dire que ces matériaux,
provenant de terrains plus anciens, ont été remaniés et stratifiés
pendant la périoilc tertiaire. Plus ils sont rapprochés de leur gîae-
■lent primitif et plus ils conservent des traces de leur origine.
N'est-ce pas ainsi qu'ont été accunmiés et stratiHés, pour la plut
grande partie, les matériaux, galets, subies, argiles, qui constituent
les terrains tertiaires, sauf les dépôts locaux de sources calcarirèi*es,
silicifères ougypsifèresdu bassin de Paris. Mais, comme œs débris
remaniés sont plus loin de leur origine, ils ont dû être plusallérél
et modifiés.
Loin de regarder c^mme un argument défavorable à l'opinion
que je soutiens sur l'âge des sables o<-racés la présence des fossiles
de la craie, je crois y voir un suji t d'observation des plus milei
et des plus propres à cx>noborer celte opinion. Imi effet, rien n'est
plus généralement coimu que l'abondance des polypiers qpon-
NOTK Dl M. DfiSNOTBRS* 211
giaires, silicifiës, dans ces arp,ilc8 et ces sables ; or, en examinant
attentivement ces corps de différentes provenances, d'une part des
filex reniauiésy d*une autre part des difiPcrents ëtages qui les ren-
fermaient primitivement et d'où ils ont été enlevés avec les silex,
pendant que la craie était dissoute, on reconnaît plusieurs ori(jineSy
aussi bien pour les spongiaires que pour les coquilles qui les
accompagnent.
Ces spongiaires fossiles, décrits et figurtrs déjà, il y a plus d'un
siècle, par Guettard, sous les noms de Caricoùles, iÏÂlcyonites, de
Fungiiesj etc., et dont plusieurs naturalistes modernes, MM. La-
mouroux, Mantell, miss Ë. tieiiett, Al. IMiclielin, M. Toulmin
Smith, etc., ont fait les genres .Sryp/iidy Sip/ionia, Fentrîculites^
Jerctf^ HippalimuXy HfiUirhna^ Chcnondnpora^ Choanites, Tumnia,
Guvtiardia^ Manon ^ Paramoudra^ Poly pot/tri in, etc., genres dont
plusieurs rentrent les uns dans les autres, appartiennent tous, il
est vraiy a la période crétacée qu'ils caractérisent, mais ils se rap-
portent, suivant les espèces, à des étages différents. Je n*en con-
nais encore ni dans la craie blanche supérieure de IVleudon, ni
dans le sable vraiment crétacé du iMnns; on en a trouvé dans tous
les autres étages, depuis les couches innnédialement inférieures
à la craie de iMeudon jusqu^au ^rren^sand ou sable vert inférieur,
soit sur les côtes de Normandie, suit dans les départements de
l'Orne, de l'Eure, d'£ure-et hoir, de Loir-et-Cher, de la Sarthe,
du Cher, soit eu Touraine, soit <ians le Maine, l'Anjou, l'Augou-
iDois et la Saintonge, ainsi que dans touti^s les couches correspon-
dantes d'Angleterre. Or, ces spongiaires, qui sont quelquefois en
nombre si considérable dans les bancs crétacés, tantôt silicillés,
tantôt H l'état calcaire, qu'on peut les croire dans les lieux même
où ils ont vécu, et que souvent on trouve à côté d*eux, ainsi que
l'a bien montré M. Dujardin, les spicules siliceux qui caractérisent
la plupart de ces polypiers amorphozoaires, se retrouvent pour la
plupart dans les argiles à silex, maii ils n'y sont point indifférem-
ment disséminés. On reconnaît les spongiaires des différents étages
crétacés, et cette distinction me fournira le sujet d*un examen
spécial.
Je me bornerai à indiquer ici que les argiles à silex du Perche,
floperposées aux sables, contiennent les spongiaires silicifiés {Halli^
rhna mstatny Jcrœa, etc.) <les couches crétacées inférieures, craie
tufFeau et sable vert. J'y ai reeoimu les mêmes espèces qui, dans les
bancs crétacés inférieurs à ics sables, à Re^^m^lard, à Coulonges,
à Mortagne, à Nogent même, sont accompagnées des Ammonites
rothomagensis^ Turruiites coslatus^ Ptcten asper^ P, quinquecostatiis^
212 8ÉANCI DU 16 DÉCIMBBI 1861.
et autres espèces caractéristiques de La craie tuifeau de la Loire et
de Roueu (1). Si, comme il est incontestable, ces spongiaires dé-
posés dans les argiles proviennent d'un terrain certainement infé-
rieur aux sables oci*acés, comment ces sables intercalés entre les
deux dépôts» Tun en place^ Tautre remanié, n'auraient-ils pas été
reniauiés eux-mêmes, d'autant plus, je le répète, que jusqu'ici on
ne connaît pas dans les vrais sables crétacés du Mans un seul de
ces spongiaires? 11 serait même possible de retrouver le gisement
primitif de ces deux dépôts dans les régions voisines, où le green^
sand inférieur et les terrains jurassiques ont été dénudés; tel
serait, pour le Perche, le vaste bassin compris entre Nogent,
Regmalard, Morlagne et Blamers, où il n'est plus resté que des
lambeaux des terrains crétacés moyens sur les terrains crétacés
inférieurs, et où tous les dépôts supérieurs ont été enlevés et
remaniés, avec la plus grande partie des couches crétacées moyennes
dont les débris ont contribué à former les collines de sables et
d'ai'giles à silex.
6. Brèche calcaire avec fragments tle silex de la craie ^ ciment
tîeau doiicCy déposée a la base et sur les bords du bassin d^eau douce
de Nogent' le^Rotrou. Brèches analogues à ciment de grès, — J*ai si-
gnalé plusieurs fois et dès 1829, dans mon Mémoire sur un ensemble
de terrains tertiaires récents [Ann, des se» nat.^ 1829), un fait auquel
on n'a pas fait assez attention et qui ne me parait pas cependant sans
importance pour mettre sur la voie de l'âge relatif des argiles à silex
et des petits bassins d'eau douce formés dans leur voisinage et le
plus généralement à un niveau inférieur, tels que celui de Nogent,
qui est dominé de toutes parts par les argiles à silex et les sables
remaniés. Ce fait est l'existence d'une brèche à ciment de calcaire
d'eau douce concrétionné et fragmentaire, comme on en observe
si fréquemment dans les calcaires d'eau douce de la Beauce et de
l'Orléanais, et contenant des silex noirs ou gris de la craie. Ces
fragments de silex brisés, broyés, corrodés, mais non ix>ulés, sont
de toutes les grosseur^, depuis les plus petites esquilles jusqu'à
des blocs plus gros que la tête. Or, ces fragnents portent la trace
(4) J*ai recueilli, dans leurs différents gisements, une collection
coDsidérable de ces spongiaires, soit calcaires, soit silicifiés. M. Miche-
lin, dans son bel ouvrage [Iconographie zoophytologique^ in-4, p. 449
à 1 48, pi. 28 à 42), en a indiqué et nommé un assez grand nombre,
que j'avais eu le plaisir de lui communiquer et dont plusieurs étaient
nouveaux; il a m6me bien voulu donner mon nom à l'une de cet
espèces.
IfOTB DE M. DCSifOYERS. 21 S
éfidente de leur sëjoui* à Tair avant d*avoii' été empâtés par le
ciment d^cau douce. Ou recounaît dans ce même ciment des {][rain8
de sable qui indiquent aussi un transport des matériaux entourant
le lac d'eau douce dans lequel ont été formés les calcaires et les
liiez meulières qui les recouvrent, et dont le centre était à peu
près sur la colline occupée aujourd'hui par Tantique château de
Saint- Jean.
Or, cette brèche à ciment calcaire qui forme le pavé de No-
tent et qui est exploitée sur les pentes de la colline de Saint-Jean,
entre le calcaire d'eau douce et la craie compacte de la Plante,
parait évidemment formée après le dépôt des argiles à silex. En
effet, il en renferme les débris, car ces silex ne paraissent pas avoir
été empruntés directement à la craie, qui leur est inférieure; ils
ont subi antérieurement une agitation, des hriseinenis, un contact
de l'air, qui font supposer un intervalle de temps écoulé entre la
dénudation de la craie et renipàtement des silex remaniés. Le
dépôt d'eau douce de Nogent peut donc être considéré comme
plus récent que l'argile à silex et les sables qui en formaient les
bords. Mais dans d'autres localités ces mêmes silex fragmentaires
sont empâtés par un ciment de grès lustré, à teintes vives et va-
riées ; les silex sont aussi d'origine crétacée ; seulement le ciment
n'est pas le même.
Ces brèches sont très diflérentes des poudingues à galets arron-
dis ; elles peuvent être contemporaines des brèches à ciment caU
caire. Ou les retrouve sur plusieurs points des départements
d'Eure-et-Ijoir et de la Sarthe; elles forment aussi, avec les grès
ladères, dont IVl. Laugel a parlé, une partie des monuments drui-
diques de ces départements, ainsi que des départements de l'Eure,
de Loir-et-Cher et d'Indre-et-Loire. Leur présence, en gros blocs,
dans les cantons de Bunneval, d'AUuyes, etc., semble annoncer des
bords de bassins analogues à ceux que la brèche calcaire indique
pour le petit bassin lacustre de Nogent. Mais si ces brèches d'eau
douce à ciment calcaire ou quartzeux ne sont recouvertes, dans le
Perche et la Beauce, que par des dépôts d'eau douce dont l'âge
est encore contesté, on les voit sur un autre point recouvertes par
un dépôt fluvio-marin du bassin de Paris, qui peut fournir un
argument de plus à la discussion. Ce dépôt est celui des lignites de
Yarangeville et du phare d'Ailly près Dieppe (1). On y a
(4) Ce terrain a été signalé pour la première fois avec une grande
exactitude, par M. Lockbart, en 1819, dans les Annales de la Société
des sciences d* Orléans.
21 fi SÉAHCI DU 16 BtCnBRB 1861.
retroaTe, avec quelques espèces de coquilles fluviatiles du Sois-
sonnais, d'autres espèces qui paraissent se rapporter aux lignites
moyens de New-Haueii. (i'était même ce méian(>e qui m'avait
porté, il y a trente ans, ainsi que M. (Constant Prévost, notre ex-
cellent et li regrettable ami et confrère, à élever des doutes sur
l'âge des lignites du Soissonnais. Or, dans ce petit bassin d*eau
douce de Varangeville, on observe, sur les bords et à la partie in-
férieure, des brèches à ciment calcaire et A ciment siliceux, avec
débris de silex de la citiie, tout à fait analogues à celles du Perche
et de la Beauce ; et les coteaux latéraux, qui sont pins élevés, mon-
trent, comme ceux du Perche, les argiles à silex et des sables
ocracés. Des brèches siliceuses analogues se voient au-dessous du
calcaire d'eau douce du département d'Indre-et-Loire et des
£sluns qui les recouvrent en gisement transgressif. Doit-on en
conclure une contemporanéité, ou bien seulement une similitude
de causes et de produits à des époques différentes?
7. Jge de ces ilépôts, — Les faits que je viens de rappeler
peuvent jeter une nouvelle incertitude sur Tdge de l'ensemble des
terrains superficiels de la craie. Toutefois ils me semblent pouvoir
assez bien se concilier avec les nouvelles observations de M. Lau-
gel et de M. Hébert. Celui-ci est porté par l'examen des coquilles
fossiles à rapporter aux terrains d'eau douce moyens du bassin de
Paris, plutôt qu'aux terrains d'eau douce supérieurs, les calcaires
et meulières d'eau douce, ainsi que certains grès qu'ils recouvrent,
des petits bassins de la Sarthe et même de la Touraine. M. Laugel
a partagé les dépôts tertiaires d'Eure-et-Loir en deux étages dont
l'un lui parait présenter comme contemporaines une portion des
argiles à silex et les meulières supérieures. C'est une opinion que
M. de Sénarmont et M. Meugy ont pareillement soutenue pour
d'autres points des bords du bassin de Paris. Les auteurs de la
Carte géohgique de la France rangeaient l'ensemble de ces terrains
superficiels dans l'étage tertiaire supérieur au gypse (grès de
Fontainebleau et meulières). Si l'on s'écarte du boixl occidental
du basûo de Paris en se dirigeant du côté de Dreux, on est disposa,
par la liaison intime de l'argile plastique d'Abondant et de HoudâD
avec les argiles à silex, â rapporter celles-ci à l'étage de l'argile
plastique. Si l'on s'avance, au contraire, vers l'ouest dans la direc-
tion de iVlaintenon et d'Epernon, on voit une telle liaison de l'argile
des meulières supérieures avec les argiles à silex qu'on serait très
disposé, comme l'a fait M. de Sénarmont dans sa carte géologique
et sa desci'iptioQ du département de Seinenit-Oise, k les consklérer ,
comme contemporaines. Si, au contraire, on quitte le bassin de
NOTE Dl M. d'oMÀLICS D*HALL0Y. 215
Paris vers les départoincnts de l.i Seine-Inférieure et de TEure, on
peut être entraîné, coninie l'a été AI. A. Passy, dans sa carte géolo-
gique du dépnrlenienl de rKiire, cl hcaïunup ]>lu.s aiicienncnient
dans sa description |jéolo(;i(pie du dépuitenicnl de la Seine-Infé-
rieure, à rapprocher du terrain de transport diluvien les dépôts
superficiels de la craie.
De ces opinions si diverj^cntes ne peut-on pas conclure que Ten-
semblede ces dépots remaniés qui entourent le bassin tertiaire de
Paris, comme celui de Londres, a été formé en dehors de ces deuK
(folfesou bassins marins, pendant toute la durée de leur comble-
menti depuis l'arf^ile plastique jusqu'aux meulières? C'était Topi-
nion qne j'émettais il y a trente ans, et j'avoue que les observations
recueillies depuis lors, soit par d'autres observateurs, soit par
nioi-uiéme, me la font encore considérer connue la plus vraisem-
blable. Je la conserverais d'autant plus volontiers que je la vois
partagée aujourd'hui par un de nos plus émineuts (;éolo^ues,
Al. d'Uuialius d'Halloy, qui a des premiers, il y a plus de quarante
ans, démontré avec tant de justest»e Tex tension et les relations des
pripcipaux éta^^es du bassin de Paris en dehors des limites que lui
avait assignées iM. Alex. Bronguiart, dans l'admirable ouvrage qui
Servira si longtemps encore de modèle et de base aux géologues
observateurs.
M. d'Omalius d'Halloy fait la communication suivante :
Notice sur les dmsions géographiques de la région comprise
entre le Wiia et les Pyrénées; par J.-J. d'Omalius d'Halloy
(PI. IV),
avantages
tioos politiques, et j'ai, en IS/i^, communiqué clans une autre
enceinte (1), l'ensemble de mes vues à ce sujet, en y joignant un
essai de tableau des divisions géo{;raphiqucs du globe terrestre,
travail bien imparfait, sans doute, mais destiné à appeler Tattcn-
tioD sur ces considérations. Depuis lors, deux savants éminents
ont traité cette matière avec le talent qui les distingue, mais en se
(\) Bulletin de l'Académie royale de Bruxelles, 4<i44, t. XI,
p. <»7.
216 SÉARCI DU 16 DÉCBMBBB 1861.
plaçant à des points de vue différents. L'un, M. Y. Baulin (i),
envisageant la question entièrement sous le rapport des sciences
naturelles, mcru pouvoir faire concorder toutes ses divisions avec
les considérations orographiques et géognosliqucs ; Tautre ,
M. A. Passy, persuadé que les dénominations particulières que
Ton donne à certaines contrées sont toujours déterminées par des
circonstances naturelles, s'est attaché à rechercher toutes les dé-
nominations de ce genre qui ont été en usage en France, et il a
consigné les résultats de cet immense travail sur une carte qui
n'est pas encore publiée, mais dont j'ai eu le bonheur de pouvoir
prendre connaissance. De mon c6té, je m'étais placé à un troi-
sième point de vue, c'est-à-dire que, tout en reconnaissant la né-
cessité de divisions qui fussent indépendantes des variations,
si fréquentes , qu'éprouvent les circonscriptions politiques ,
ainsi que la convenance d'appuyer ces divisions sur des con-
sidérations naturelles , j'ai cru que, pour rendre ces divisions
plus pratiques, il convenait également d'avoir égard à Uasage
et de tâcher de les coordonner dans un système général de classi-
Bcation, en rejetant d'anciennes dénominations, tombées plus ou
moins en désuétude, lorsqu'elles sont inutiles ou lorsqu'elles con-
trarient de nouveaux usages. Cette différence dans nos points de
départ ne m'a pas empêché de profiter des travaux de MM . Passy
et Rauliu, pour modifier quelques parties de mon tableau, et,
comme je n'ai donné, dans ma publication de ISdd, aucun détail
sur mes subdivisions, je demande à la Société la permission de lui
communiquer la partie de mon travail concernant la manière dont
je crois que l'on peut envisager les divisions géographiques de h
région comprise entre le Rhin et les Pyrénées, en faisant précéder
ces détails de la reproduction de quelques considérations gé-
nérales.
La nécessité d'avoir des divisions indépendantes des variations
politiques ou administratives a été reconnue par toutes les per*
sonnes qui se sont occupées de l'étude de la surface de la terre;
aussi tous les géographes ont-ils établi leurs grandes divisions
d'après des considérations purement géographiques ; mais, quand
ils arrivent aux divisions inférieures, ils font souvent usage des cir-
conscriptions politiques, et cela se conçoit, à cause de l'importance
que ces circonscriptions ont pour la plupart des relations que les
hommes ont entre eux ; toutefois ces circonscriptions ont de grands
désavantages, au point de vue de la description de la terre, à cause
(1) J€i€sde la Société linnéenne de Bordeaux ^ 485S.
NOTE Dl M. d'oMàLIUS d'hàLLOT. 217
de leurs frcqueiUes variations et de leur irrégularité, car il y actes
Etats qui enlacent, pour ainsi dire, toutes les parties delà terre, et
d'autres qui ne consistent que dans des points presque impercep-
tibles. D*un autre côte, s'il y a des portions de la surface terrestre
' qui sont nettement circonscrites aux yeux de tout le monde par
des caractères naturels, il en est beaucoup où ces caractères, moins
tranchés, donnent des résultats difl'érenls selon la manière dont on
les envisage.
Il est d'ailleurs à remarquer qu'il en est des classi G cations des
contrées comme de celles des êtres vivants, c'cst-ù-dire que, quand
on veut suivre rigoureusement Tapplication d'un seul principe, on
arrive à des résultats artificiels qui ne peuvent être acceptés par
l'usage. En effet, quoique Taltitude du sol, par exemple, donne à
une contrée ses caractères les plus tranchés, on obtient souvent des
résultats tout à fait contraires à T usage, lorsque l'on veut
prendre des systèmes de montagnes comme des divisions géogra-
phiques, d'aboid parce que les systèmes montueux sont toujours
entamés par des vallées plus ou moins ouvertes qui ne sont que
des prolongements des contrées basses environnantes, et ensuite
parce que le faite d'une chaîne de montagnes fait souvent la sépa-
ration entre des territoires que Ton est habitué à considérer
comme des régions diûérentes.
De même, quoique la nature minéralogique du sol donne éga-
lement des caractères très tranchée, le mélange de roches de di-
verses natures dans certaines contrées, et Tétat d'altération qui,
d'autres fois, donne à une même roche des propriétés différentes de
celles qu'elle a habituellement, empêchent souvent de se servir
de ce moyen pour délimiter une contrée.
Enfin, quoique les grands cours d'eau aient aussi l'avantage de
donner des démarcations fixes, soit qu'on les considère comme
bassin, soit que Ton prenne le cours principal comme limite, il
est beaucoup de circonstances où ces démarcations ne peuvent se
raccorder avec des divisions usuelles, car les limites des bassins
hydrographiques se trouvent quelquefois au miheu de plaines ou
de plateaux que l'usage ne consentira jamais à considérer comme
appartenant à deux contrées différentes, et, d'un autre côté, les
grands cours d'eau, bien loin de faire toujours les limites de ré-
gions distinctes, établissent souvent des relations intimes entre les
habitants des deux rives; aussi remarque-t-on qu'il est rare que
les limites ethnographiques coïncident avec un cours d'eau.
Ces diverses considérations m'ont conduit à admettre qu'indé-
pendatumeut des divisions astronomiques, orographiques, hydro-
218 BÉANCI DO 16 BÉCBMBBI 1861.
graphiques, géognostiques et miiu'ralogiques, Tf^tude de la surface
terrestre réclamait des divisions en contrées purement géogra^
phiqites, et que, ainsi que je Tni rlit ci-dessus, Tusage devait être
un des principaux éléments à prendre en considération pour
l'établissement de ces divisions, en cherchant à les faire concorder,
autant que possible, avec les caractères naturels.
Avant de passer à l'exposition des résultats auxquels m'ont con-
duit l'application, à la France, des principesque je viens d'énoncer,
je me permettrai de i*eproduire les considérations qui m'ont guidé
en ce qui concerne les dénominations des contrées.
Lorsque l'on considère les nouis qui servent à désigner des cir-
conscriptions territoriales d'une manière indépendante de leur
destination, on peut les ranger dans trois catégories. Les uns sont
tout à fait spéciaux au sens dans lequel on les emploie et ne
réveillent aucune autre idée ; ce sont les meilleurs ; d'autres sont
tirés du nom d'une ville; ils sont encore bons, lorsque l'usage a
permis de leur donner la forme adjective ; mais dans les autres cas
ils ont l'inconvénient d'exiger qu'on les fasse piécéder de la dési-
gnation du sens dans lequel on les applique. La troisième catégorie
se compose des noms qui ont une autre signification ; ces noms ont
non-seulement le défaut d'obliger de faire connaître le sens dans
lequel on les emploie, mais ils réveillent aussi des idées fausses,
surtout s'ils se rattachent à d'autres considérations géographiques;
ainsi, par exemple, quand on voit la dénomination de département
des Vosges, on est loin de se représenter une circonscription dont
les trois quaiis sont étrangers à la chaîne des Vosges, et dont le
reste comprend tout au plus le quart de cette chaîne de inoa-
tagnes.
Si l'on envisage les noms des circonscriptions territorialea au
point de vue du rôle que celles-ci jouent dans la société, on peat
les ranger dans deux autres catégories, les uns étant consacrés par
l'autorité des chancelleries officielles^ et les autres étant seule meut
usuels. Ces derniers sont les meilleurs pour les classi H cations gJO^
graphiques, d'aboiti parce que les limites des circouscrîptiomi
auxquelles ils s'appliquent n'étant pas réglées par le pouvoir, OD
peut jusqu'à un certain point les étendre ou les restreindre de Olftr
nière à les faire concorder avec les considérations que Ton a prises
pour point de départ de la classification ; et ensuite parce que la
persistance avec laquelle ces noms se sont perpétués prouvent
qu'ils ont une raison d'être, lors même qu'ils tirent leur origine
d'anciennes circonscriptions politiques, car l'expérience prouve
qu'en général les noms créés par la politique cessent d'eftistaravee
ROTB Dl H. D*0IIAL1U6 D* BALLOT. SIO
la cause qui les a fait naître, 8*il n'y a pas une utilité réelle dans
leur conservation.
Passant ma intenant à Tappliralion de ces principes à la France,
je dirai que Texistence au milieu de cette région d'un massif
montucux connu sous le nom de plateau central^ et celle d'une
dépression en forme de golfe, connue sous le nom de basiin de
Paris^ donnent le moyen de la diviser en sept sous-régions dont
cinq sont respectivement à Voucsty au sud-ouest, au sud-^st, à Vcst
et au /tord du plateau central et du bassin de Paris. IMais, comme
les divisions de Test et du nord contioiment des contrées qui ne
resaor tissent pas àTempire français, on peut éviter dVmploycrdes
noms c]ui forcent d'y ajouter celui de France en employant les
dénominations de pays entre le Rhône et la Na/te et de pays cuire
ie JUiift elle Pas-de-Calais. D*un autre côté, les limites orograplii-
ques du plateau central vers le nord et vers le midi étant très ir-
régulières, et laissant en dehors quelques contrées que l'on est dans
riiabitude de ranger dans le centre de la Frauce^ il est préférable
d'adopter cette dernière dénomination en réunissant cis contrées
au plateau central (1).
Le CENTRE DE LA. France, tcl quc je Tad mets, serait limité à Test
par les plaines où coulent la Saône et le Kliônc; au &\\i\ par les
■ ■ ■ ■ I ■ I I I I IW
(I) J*aieu pendant longtemps la prétention de restreindre ma sous-
région du centre aux limites orographiques du plateau central, ccqui eo
excluait le Berry et le Nivernais que l'on considère ordinairement
comme le centre de la France par excellence, et ce qui aurait exii^é,
pour Mre réellement conséquent, d'en séparer la Liniagne d'Auvergne
ainsi que les plaines du Bourbonnais et du Forez, qui doivent néan-
moins demeurer unies avec les contrées dont elles portent le nom.
D*un autre côté, la limite orographique est tout à fait arbitraire au
N.-E., où le plateau central se lie par Tintermédiaire de la Côte-d'Or
avec les dépendances des monts Hercynions. Enfin cette limite appli-
quée rigoureusement au midi aurait également lo désavantai^e de
morceler des contrées généralement admises.
J'avais aussi voulu, dans le principe, faire concorder ma division
géographique avec les limites des terrains primordiaux qui forment le
caractère principal du plateau central; mais cette manière de voir ne
pourrait s'appliquer à tout le plateau, car le terrain jurassique s'élève
à une grande altitude sur les causses du Kouergue et du Gévaudan,
ainsi que sur la bordure du massif primordial d'entre Lyon etChûlons-
sur-Saône.
Ces diverses considérations mont porté à renoncer à l'idée de faire
concorder complètement ma sous-région du centre avec les limites oro-
grapbiqueset géognostiquM du plateau central, et à y substituer dans
quelques parties, des limites artificielles tirées des démarcations admi-
220 8ÉÀNCI DU 16 DÉCIMBtl 1861.
liai îles des départements de rArdèche, de la Lozère et de l'Avey-
roii ; à l'ouest, par celles des terrains primordiaux du plateau cen-
tral, et ensuite par celles du département de Tlndre ; au nord par
les limites entre les terrains jurassique et crétacé, et enfin parcelles
entre les déparlemenis de la Côte-d*Or et de la Haute-Marne.
Cette sous-région peut se subdiviser en douze contrées sous les
noms de Limousin^ Auvergne, Rouergue^ Gévaudan, Fivarais,
Vélay^ Forez^ Lyonnais^ Bourgogne^ Bourbonnais, Nivernais et
Berry\
Le Limousin est un plateau. ondulé formé de granité et d'autres
roches cristallines avec quelques petits bassins de terrain houiller;
il comprend les trois départements de la Haute-Vienne, de la
Corrèze et de la Creuse, plus quelques petits territoires primor-
diaux ressortissant aux départements de l'Indre, de la Charente,
de la Dordo[;;ne et du Lot. Les trois départements de la Haute-
Vienne, de la Creuse et de la Corrèze y sont devenus les divisions
les plus usuelles, cl pourraient être désignés par les dénominations
de Limousin occidental^ oriental et méridional [{).
L'Auvergne se subdivise en haute et basse qui correspondent
respectivement aux départements du Cantal et du Puy-de-Dôme,
Elle est principalement formée de plateaux primordiaux sur les-
quels s'élèvent des montagnes trachytiques, basaltiques et volca-
niques. La basse Auvergne est traversée par une grande vallée ou
plaine, connue sous le nom de Limagne, laquelle est formée de
terrain tertiaire d'eau douce et remarquable par sa fertilité.
Le RouERGUE, le Gévaudan, le Vivarais, le Velat, le Foaxz et
le Lyonnais, peuvent être considérés comme correspondant res-
pectivement aux départements de l'Aveyron, de la Loxère, de
î'Ardèche, de la Haute-Loire, de la Loire et du Rhône. Ce sont
aussi des contrées montueuses où dominent, en général, les ter-
rains primordiaux ; cependant il y a dans le Rouergue et le Gévau-
nistratives. Du reste, il esta remarquer que les limites septentrionalaa
des départements de l'Allier et de la Creuse, ainsi que les limitai
occidentales des départements de la Haute- Vienne et do la Corrèaei
s'écartent peu de celles des terrains primordiaux du plateau central.
(4) La partie septentrionale de cette contrée figurait dans l'ancîenM
géographie officielle, comme un gouvernement particulier, sous le nom
de Marche; mais, outre que cette dénomination, qui signifie confins^
se retrouve dans plusieurs autres contrées, il est à remarquer qae la
Marche limousine ayant les mêmes caractères que TaDcien Limousla,
et se trouvant partagée entre plusieurs départements, son nom ptmti
être fort peu usité maintenant.
KOTB Dl M. D*OVALIUS d'hALLOT. 221
dans des plateaux connus sous le nom de causses^ qui sont formés
de calcaire jurassique. Ce calcaire et mcmc quelques parties cré-
tacëes 8*ctendent aussi sur la partie sud-est du Vivarais, et il y a
des dépôts tracli y tiques et basaltiques dans le Vivarais, le Yelay
et le Forez ; enfin cette dernière contrée renferme un riche bassin
Louiller et une plaine tertiaire. On divise ordinairement le
Lyonnais en Lyonnais propre et en Beaujolais,
La fioDRGOGNE sc couiposcrait des parties primordiales et juras-
siques des départements de Saùne-ct-Loirc, de la Gôte-d'Or et de
l'Yonne, ainsi que de la portion })rimordiale du département de
laNièvre. EUepeut se subdiviser en septpays ou contrées de second
rangi sous les noms de Maçonnais ^ Charallais^ Morvon^ Auxois^
DuesmoiSf Châtillonnais et Juxerrois, Ces quatre derniers sont de
nature jurassique et célèbres par les vins qu'ils produisent, tandis
que les terrains primordiaux dominent dans les trois autres (1).
Le BoORBOMNAis, qui correspond au département de rAllier,
plut quelques petits territoires du département du Cher plus
anciens que le terrain jurassique, est formé d'une partie de la
plaine qui entame le plateau central et de deux portions de celui-
ci, Tune à Touest, qui comprend près de la moitié de la contrée,
et qui se rattache aux plateaux du Limousin et de l'Auvergne ;
l'autre, à l'est, n'est qu'une bande étroite formant rextréniité
- — - - .
{\\ On donne souvent à la Bourgogne plus d'étendue que je ue lui
en ai assigné ici; mais je crois qu'il convient d'en séparer tout ce
qui se rattache h la plaine de la Bresse, ainsi que la partie crétacée
do département do l'Yonne qui s'associe mieux avec le Gùtinais et la
Champagne. D*un autre côté, on range souvent la Bourgogne dans
l'est de la Franco, mais je ne crois pas qu'il soit convenable de la
séparer du plateau central dont sa partie primordiale a tous les carac-
tères.
Je n'ai pas reproduit dans Ténumcration des subdivisions de la
Bourgogne les noms d' Juiunois^ do C/tâionnois, de Brionnois et do
Dijonnais^ parce que les territoires auxquels s'appliquaient ces noms,
parement administratifs, me paraissent pouvoir Ctre réunis, soit aux
divisions que je viens de citer, soit à la Bresse dont une partie était
connue sous le nom de Bresse chdhnnoise. J'avais cependant donné
antérieurement la proférence au nom de Dijonnais sur celui de Dues-
mois; mais le premier avait le défaut d'avoir été appliqué à la partie
de la plaine de la Saône connue sous lo nom de Pays-Bas qui se rat-
tache à la Bresse au point de vue orographique et géognostique. D'un
outre côté, ayant vu que M. Ch. Ritter [Annuaire de la Soc. met, de
France^ 1855, p. 270) employait le nom de Ducsmois pour désigner
le plateau calcaire entre l'Âuxois et le Châtillonnais, j'ai cru devoir
donner aussi la préférence à cette dénomination.
222 SÉIKCI DU l6 DÉCBHBIK 1861.
septentrionale des montagnes du Forez. Ces plateaux renferment
quelques petits bassins houillers qui donnent lieu à des exploita-
tions importantes.
Le Nivernais comprend le département de la Mièvre, moins
les parties primordiale et crétacée qui appartiennent respective-
ment au JVIorran et à la Puysaie* Il se compose d'une partie juras-
sique et d'une partie de la plaine qui vient d'être citée.
Le Berrt, tel que je le restreins, se compose des pays jurassi-
ques compris entre la Loire et la Gartempe. Il peut se diviser en
haut et bas^ correspondant respectivement aux parties jurassiques
des départements du Cher et de l'Indre. C'est une contrée fertile,
peu élevée, mais assez accidentée ; cependant le pays connu sous
le nom de Brvnne^ dans le bas fierry, où le terrain jurassique est
reconveit par des sables et des argiles tertiaires, est très plat et
couvert d'étangs.
Le fiAssm de Paris, tel que je l'entends ici, ne correspond pas
exactement avec les circonscriptions des bassins orographiqnes,
hydrographiques et géogiiostiqiies, dans lesquels se trouire Paris ;
mais, comme ces circonscriptions, qui ne sont pas d'ailleurs très
tranchées, ne pourraient point être appliquées au bassin géogra-
phique sans morceler des contrées que Ton est habitué à admettre
dans leur ensemble, j'ai cru pouvoir faire concorder ce basai n
avec les limites qu'il convient d'attribuer aux neuf contrées
suivantes: savoir, la Sologne, le GtltinniSy la Bttauce^ Ylle^tiC'
t'ronct*^ la Brie^ la Champagne ^ la Picardie ^ la hante Nttrmandîe et
le Perche, Ces contrées appartiennent, à peu d'exceptions près, au
terrain crétacé sur lequel repose le massif tertiaire des environs
de Paris, lequel forme des collines peu élevées, tandis que lea par-
ties où le terrain crétacé est à découvert, ou simplement recouvert
par du limon quaternaire, forment ordinairement de véritabllHi
plaines.
La Sologne, qui s'étend entre les terrains jurassiques du Berry
et le cours de la Loire, se compose de parties des départements du
Loiret, de I^ir-et-Cber et de petites portions de ceux du Cher et
de rindre. C'est une plaine aride, souvent marécageuse, où le
terrain crétacé est recouvert par des sables tertiaires, quelquefois
argileux.
Il y a au sud- est de la Sologne un petit pays que M. Raulio
nomme Sanccrmis, et que l'on considère ordinairement comme
une partie du Uerry, parce qu'il est fertile, mais qui, de même
que la Sologne, est formé de terrains crétacé et tertiaire. Ce petit
pays est remarquable par son altitude qui atteint 434 mètres à bl
HOTK DB M. D*OIIALII}S d'hàLLOT. 22t
motte d*Hutnbii(];ny, élcvalioii qui su r passe c cl Iode tousles autres
points du bassin de Paris.
Il y a aussi sur la rive (jauclic de la Loire une bande élioite de
terrain alluvicn ordinairement fertile que Ton appelle le Valy et
qui n'est pas réputé comme Sologne.
Le Gatinais est borné au nord par la Seine, à Test par TYonne
et le terrain jurassique de l'Auxerrois et du ^'ivornais, au sud par
la Loire et à l'ouest par la Oeauce. Il se compose de portions des
départements du Loiret, de Seine-et-Marne, de TYonne et de la
Nièvre. On peut le subdiviser en quatre parties, savoir : 1** le Gâti-
fiais proprement dit^ au sud^ qui est une plaine basse et humide
recouverte par des sables diluviens; 2° le Cdunats tiu nord- ouest
formé de calcaire d*eau douce surmonté par les sables de Fontaine*
bleau ; 3** le Gdtimiis du nord-csî où la craie est recouverte par une
puissante assise d'ar(>ile sableuse mêlée de fragments de silex ; et
4** la Puysaie au sud-est, petit pays de coUints formées par les
étages moyen et inférieur du terrain crétacé dont la nature est
généralement argileuse.
La Beauce, située au nord de la Sologne, est une contrée de
plaines découvertes plus élevées que celles de la Sologne, et très
favorable pour la culture des céréalcj». Son caractère principal est
d'être formée par du calcaire d*eau douce.
Cette contrée occupe la plus grande partie du département
d'Eure-et-Loir, ainsi que des portions des départements de Loir-
et-Cher, du Loiret, de Seine-et-Marne et de Seinc-et-Oise. On
peut la subdiviser en haute et biisse^ la première au nord, la se-
conde au midi.
Il y a le long de la Loire une bande étroite où le calcaire est
recouvert par du sable que Ton rapporte à Tàge dcsfaluns; ce petit
pays, qui n*est pas réputé comme fieauce, est ap|)elé le 2>i^'N(tùle,
parce qu'il est couvert de vi);nes (1).
L'Ile-de-France, telle que je la restreins ici, correspond, à
quelques exceptions près, aux départements de la Seine et de
(4) Où distinguait anciennement dans la Beauce, la Beauté propre ^
le rendomois^ le Danois el le Pays charttain; mais ces noms, qui
ne paraissent plus être usités, no sont d'aucune utilité. Les noms
é^Orlédnais et de lilaisois n'ont jamais été que des dénominations
administratives qui ne concordaient pas avec des contrées naturoUcs.
Toutefois ces deux noms et celui de C'//^/iY/r</V# pourraient ôtre employés
si l'on voulait remplacer par des noms spéciaux les dénominations
hydrographiques des départemonts du Loiret, de Loir-et-Cher et
d'Eure-et-Loir.
22& StlHCB DU 16 DÉCHBIIB 1861.
Seine-et-Oise. L'ancien gouvernement de Tlle-de- France était
beaucoup plus étendu, el comprenait des pays qui sont générale-
ment considérés comme Picardie, Brie, Gdtinais et Beauce, cequi
faisait une association très peu naturelle.
On peut diviser cette contrée en quatre parties: le Parisis au
nord-est, le Hurrpoix au sud-est, le Montais au sud-ouest, et le
Vexin français au nord-ouest (1 ).
La Brie, comprise rntre la IMarne, la Seine et la plaine de la
Champagne, est une contrée très bien dessinée au point de vue
géographique et géognoslique. Elle comprend la plus grande par-
tie du département de Seinc-et-IVIarne avec de petites portions
des départements de l'Aube, de la IVIaine, de TAisne et de Seine-
et-Oise.
G*est un pays plat, fertile en blé, renfermant beaucoup d'étangs,
et principalement formé par un dépôt particulier de calcaire et
de marnes d'eau douce.
L'ancien gouvernement de Champagne formait une associa-
tion administrative fort peu naturelle et beaucoup plus étendue
que la contrée à laquelle Tusagc attribue ce nom, car la Brie a
toujours été considérée comme un pays particulier, et l'usage ne
voit pas dans le Bassigny une partie de la Champagne. Je consi-
dère, en conséquence, celte dernière contrée comme formée de la
bande crétacée qui s'étend de l'Yonne à l'Aisne, en y laissant, pour
moins s'éloigner de Tusage, la partie du massif tertiaire parisien,
dite montagne de Reims, et la partie jurassique du département des
Ardennes ; de sorte que cette contrée comprend le département
de la Marne, celui des Ardennes, moins la partie primordiale,
celui de l'Auhc, moins la ]>artie jurassique et la partie crétacée du
département de l'Yonne, ù l'est de la rivière de ce nom.
L'ancienne subdivision du gouvernement de Champagne ^it
aussi fort peu naturelle, en ce sens que la plupart des circonscrip-
(4] Le nom de Parisis est peu employé, et Ton fait ordinaîrameBt
usage de celui de France que je crois ne pouvoir faire figurer ici à
cause de ses autres acceptions. Je m'étais servi, dans mes premièrei
publications, du nom de Plaine de Saint^ Denis que je crois devoir
abandonner à cause des collines de Montmorency, Bellevillo, Dam-
martin, etc. On distinguait anciennement sous le nom de Gt^elU
une petite subdivision de la France, mais il parait que cette distinction
n'est plus en usage et n'est d'ailleurs d'aucune utilité.
J'avais cru aussi pouvoir réunir le Fexin jrançais avec le Fexin
normand^ mais cette manière de voir, qui étendait la Normandie
jusque près de Paris, était trop contraire à l'usage.
NOTE Dl M. D^OUILIUS D*UALLOY. 225
lions, nolauiiiient le lyiiiois, s'étendaient sur des pays très diffé-
rents. Je considère cette grande contrée connue subdivisée en six
pays de grandeur très inégale, sous les noms de Champagne pt-O'
prenient dite^ de Sénonais^ do Pcrthoisy iVjirgonne, de Rethélois et
àt montagne de Reims,
La Champagne proprement dite est une grande contrée très bien
caractérisée, qui se compose d'une plaine de craie, et dont une
partie, connue sous le nom de Champagne pouilleuse^ est très aride
parce que la craie s*y trouve presque à nu.
Le Sénonais est aussi une plaine de craie, mais plus recouverte
de dépôts postérieurs.
Le Perthois^ à Test de la Champagne, est un pays de vallées ar-
gileuses extrêmement fertiles et de plateaux sableux couverts de
forêts (1).
VArgonnc n'est qu'une petite bande étroite qui forme la conti-
nuation septentrionale du Perthois, et qui est caractérisée par la
présence d'une roche particulière nommée gaize dans le pays, la*
quelle est une dépendance du terrain crétacé moyen. Ce petit pays
est en général couvert de forêts (2).
Je restreins le nom de Rethélois aux pai ties du département des
Ardeimes formées de terrains jurassique et crétacé moyen; c'est
uu pays de collines et de vallées, généralement fertile, où il y a
cependant beaucoup de forêts (3).
On entend par montagne de Reims la partie du département de
la Marne qui forme l'extrémité orientale du massif tertiaire de
Paris. C'est un petit pays très remarquable par ses vins.
(4) Ce Perthois géognostique, tel que je l'entends ici. diOTère beau-
coup de rancien Perthois officiel, d'abord parce que celui-ci s'étendait
sur Is craie de Champagne, et ensuite parce que j*y comprends une
partie de l'ancien Fallage officiel, division que je ne puis conserver
parce qu'elle réunissait à un terrain crétacé une portion des terrains
jurassiques du département de la Haute-Marne qui s'associe mi^iix
avec le Dassigny, et parce que Tusago affecte plus spécialement le nom
de Vallago à la partie jurassique de l'ancien Rethélois.
(2) J*Avais, en 4 844, compris YArgonnc dans la Lorraine parce
qu'une de ses parties dépendait de l'ancien Barrois et que je ne savais
pas alors que la gaize appartenait au terrain crétacé. Toutefois il
paratt que le nom d'Argonne n*a pas toujours été employé dans un sens
géognostique, puisque Beaumont en Ârgonne est placé sur un terrain
différent de celui de la véritable Argonne, laquelle d'ailleurs est très
éloignée de Beaumont, sans que rien rappelle le nom d 'Argonne dans
Tespace intermédiaire.
(3) Ce n*est qu'avec beaucoup d'hésitation que je reproduis ici
Soc. géol.^ S* série» tome XIX. 4 5
220 SÉANCE DU 16 I>ÉCB1IBRB 1801.
La Picardie, telle que je fentends, coiiiprcnd les trois départe-
ments de la Somme, de TOise et de TAisnc, moins la portion de
ce dernier située au sud de la Marne et celle qui s*étend sur les
terrains primordiaux d'entre T Escaut et le Rhin.
Cette contrée peut se subdiviser en deux parties, l'une au nord,
l'autre au sud; celle-ci, ou Picardie parisienne^ est comprise dans
le massif tertiaire de Paris. C'est un pays de collines, qui produit
beaucoup de vins, et qui renferme de grandes forêts. Il ressortis-
sait anciennement au gouvernement de T Ile-de-France ; mais on le
considère ordinairement comme Picardie.
La division du nord, ou Picardie proprement dite^ est une vaste
plaine généralement cultivée en céréales, et formée de craie recou-
yerte d'une couche épaisse de limon quaternaire. Il y a beaucoup
de tourbières dans la vallée de la Somme.
Cette contrée est ordinairement divisée en treize petits pays,
savoir: le Tardenois^ le pays de Thelle^ le Valois^ XtBeouvaisiSj
le Noyonnais et le Laonnais^ dans la division du sud ; la Thiéra*
cAc(l), le Fermandois, le Santerre, YAmiénois^ le Ponthieu et le
Vimeux^ dans la division du nord.
La HAUTE Normandie, qui s'étend de la Bresie à la Touque, est
une contrée basse et unie, très fertile, formée par une puissante
assise de craie plus ou moins recouverte par des sables tertiaires
et du limon quaternaire. Il y a néanmoins, dans le nord, une
bande en forme de boutonnière où le terrain jurassique perce au
milieu du terrain crétacé.
Cette contrée, qui correspond aux départements de la Seine-
Inférieure et de l'Eure, peut se subdiviser tu pays de CauXy pays
de Bray^ Fexin normand, Roumois, Lietwin ci pays d'Oucke,
Le pays de Caux comprend toute la partie orientale du départe-
ment de la Seine-Inférieure. On le subdivise en grand CauXy au
sud, et en petit Catix, au nord.
Le pays de Bray correspond à la boutonnière jurassique men-
tionnée ci-dessus (2}«
ranciea nom officiel de Rethélois, j'aurais préféré celui de Faliage^
usité dans le pays; mais je crains que celui-ci ne fasse confusion avec
Fancien Yallage officiel dont j'ai parlé dans la note concemani to
Perthois.
(\) Le nom de TViiVr/ir//^ arinconvcnient d'avoir été étendu à une
portion de la partie de l'Ardenae située sur la rive droite de la Meuse.
(2] Le pays de Bray est une véritable division géognostique qui doit
être maintenue dans ses limites naturelles qui font deux pointes,
l'une entre le grand et lo petit Caux, l'autre entre le Beauvaisîs et le
.y^^ ...... - »
NOTB Bl H. D0HALIU8 b BALLOT. 227
Le f^exin normand s'étend entre l'Andelle et TEpte.
Le Roumoit est entre la Seine et la Kisie.
Le Lieuipin est situé à l'est de la Risle.
hepays tfOuehe^ entie la Seine et le Perche, est caractérisé |Mir
une assise d'argile sableuse rougcatrc, mêlée de silex, qui recou-
vre la craie .
Le Perche est une petite contrée au nord- est de la Beauce qui
•*étend sur les départements d'Eare-et-Loir et de l'Orne. On le
divise en haut Perche, Perche-Gouct et Thimerais.
Le Thimerais est un pays de plaines comme la Beauce, mais qui
«n diffère parce que la craie y est recouverte par de l'argile sableuse
loage, semblable à celle du pays d'Ouche.
Le haut Perche et le Perche- Goiitl ont un sol plus inégal et
]du8 varié, le pied des collines formé de terrain crétacé moyen
étant très fertile, tandis que leurs sommets, recouverts d'argiles et
de sables tertiaires, présentent des forets et des surfaces iiicultes.
- L'ouest de la France serait limité par une ligne sinueuse
partant de Tembouchurc de la Seine, et aboutissant à celle de la
Sèvre niortaise en suivant les limites orientales des départements
du Calvados, de la Sarthe, d'Indre-et-Loire et de la Vienne, ainsi
que les limites méridionales de ce département, de celui des Deux-
.Sèvres et de celui de la Yendce. Celte circonscription embrasse tout
le massif primordial de la Bretagne, la partie occidentale de la
ceinture jurassique du b«assin de Paris et une petite poilion du
masnf crétacé de ce bassin. On y distingue cinq contrées princi-
pales, sous les noms de basse Normandie^ Bretagne ^ AnjoUj Maine
et Poitou^ divisions qui, tirant probablement leur origine de
circonstances politiques, ont le défaut de ne pas concorder avec la
nature du sol.
La BASSE Normandie comprend les départements du Calvados
et de la Manche, ainsi que la plus grande partie de celui de l'Orne.
Cest une contrée riche en pâturages, formée de terrains secon-
daires à l'est et de terrains primordiaux à l'ouest. On y distingue
liait pays particuliers, sous les noms de cdmpagne (Tjlcnçon^
paj's ttÂuge^ campagne de Caen^ Bcssin, Bocage, Cotentin^
Avranchin et pays d*Houlme. Les quatre premiers appartiennent
aux terrains secondaires et les quati-e derniers aux terrains pri-
pays dd Thelle; de sorte que si l'on voulait faire concorder exaclcmeat
la limite de la haute Normandie avec celle qui sépare les départements
de rOise et do la Seine-Inrérioare, il faudrait admettre un Bray nor'-
mand et un Bray picard.
228 8&ANCI DU 16 DÉCEyBRI 1861.
mordiaux ; toutefois les limites gëogiiostiques ne sont pas bien
tiancliées parce que l'on voit souvent les terrains primordiaux
paraître aux pieds des plateaux secondaires, et que d'autres fois,
notamment dans le Cotentin, les terrains secondaires forment de
petits bassins dans les terrains primordiaux.
La Bretagne est une grande contrée primordiale qui se divise
en haute et basse^ division que Ton peut faire concoixier avec les
départements eu considérant le Finistère et le Morbihan comme
composant la basse Bretagne et les départements des Côtes-du-
Nord, d'Ille- et- Vilaine et de la Loire-Inférieure comme compo*
saut la haute Bretagne. Ces trois dénominations hydrographiques
pourraient être remplacées par celles de Brettigne septentrionale,
orientale et méridionale.
Le Maine se divise aussi en haut et bas qui correspondent res*
pectivement aux départements de la Sarthe et de la Mayenne. Le
bas Maine est entièrement primordial, taudis que le haut Maine
est principalement recouvert par des dépôts jurassiques, crétacés
et tertiaires.
11 en est de même de la Touraine qui correspond au départe-
ment d'Indre-et-Loire. C'est une contrée remarquable par la feiti-
Ijté de ses collines de tuffeau et l'aridité d'une partie de ses plateaux
recouverts de sables tertiaires.
L'Anjou, correspondant au département de Maine-et-Loire, est
formé d'une portion crétacée et jurassique semblable à la Tourainc,
et d'une portion primordiale semblable à la Bretagne ; cette der-
nière portion est remarquable par ses carrières d'ardoises et ses
mines de chai'bon.
Le Poitou se compose des départements de la Vienne, des Deux-
Sèvres et de la Vendée. Il est formé d'une partie primordiale
connue sous les noms de Gdtine et de Bocage^ d'une partie juras-
sique et crétacée connue sous le nom de Plaine et d'un Marais;
mais la plaine se terminant par une bande étroite qui s'étend entre
le massif primordial et le marais» et ce dernier n'ayant qu'une
étendue relativement très restreinte, ces distinctions ne peuvent
être employées comme divisions principales et l'on se sert ordinai-
rement des circonscriptions départementales en donnant le nom
de haut Poitou à la Vienne, de Niortais aux Deux-Sèvres, et en
conservant celui de Fcndce,
Le haut Poitou est forme d'une partie crétacée et d'une partie
jurassique.
Le A7or/r//jr se compose de la Gâtiiie ainsi que de petites portioat
de la Plaine et du Marais.
NOTB DB M. D OMALIUS D HILLOY. 220
Ijï Fenrlef comprend le Bocoge ainsi que de petites portions
de la Plaine et du Marais.
Le suD-ODEST DE LA Frange cst limité au nord par le Poitou et
le plateau central, ù Test par le Rhône, au sud par le golfe de Lyon
et le faite des Pyrëndes, à l'ouest par le golfe de Gascogne. Il est
formé par an vaste bassin de nature tertiaire et secondaire, par le
Teraanl septentrional des Pyrénées et par la chute du plateau
central vers le golfe de Lyon. On peut y distinguer sept contrées
principales sous les noms de Saintonge, Atigoumois^ Périgorrij
Gascogne, Quercy^ Languedoc et Roussillon (1).
La Saintonge, Tângoumois et le Périgord peuvent être consi-
dérés comme correspondant respectivement aux départements de
la Charente- Inférieure, de la Charente et de la Dordogne, moins
quelques petits territoires primordiaux sur les confins orientaux
qui se rattachent au Limousin. Ces trois contrées sont principale-
ment formées de terrain crétacé avec une bande jurassique au
nord et à l'est. Les deux premières sont très fertiles et très riches
en vignobles.
La Saintonge se subdivise en Saintonge propre^ Brouageais et
Aunis. Ce dernier pays, malgré sa petite étendue, formait ancien-
nement un gouvernement particulier.
La Gascogne, telle que je l'entends ici, est une grande contrée
qui s'étend du golfe de Gascogne à la Haute-Garonne et qui est
formée d'une partie de la plaine tertiaire et de la portion occiden-
tale du versant septentrional des Pyrénées. On peut la subdiviser
en dnq contrées de second rang sous les noms de Bordelais^
Landes ^ Béarn^ Bfgorre, Jrmagnac et A gênais (2).
(4) M. Raulio, qui sait si bien apprécier les avantages des circon-
fOriptioDs naturelles, admet pour le S.-O. de la France une division
beaucoup plus compliquée que la mienne. La haute estime que j*ai
pour le savant professeur et la connaissance qu'il a de ces contrées
m'auraient fait adopter son travail sans discussion, si nos divergences
n'avaient pas tenu à Tapplication de nos principes généraux. Je me
permettrai même de faire remarquer que ces contrées ne me paraissent
pas favorables au principe qui prend les groupes orograpbiques pour
base des divisions géographiques; car, en faisant deux régions distinctes
des Pyrénées et des contrées basses de l'Aquitaine, on réunit, d'un
c6té, des territoires qui ont toujours été séparés 'comme appartenant
à deux régions différentes» la France et l'Espagne; tandis que, d'un
antre cOté| on sépare des territoires qui ont presque toujours été liés
ensemble, o'est-à-dire les vallées qui entament les Pyrénées et les
plaines qui régnent aux pieds de ces montagnes.
(t) La délimitation que je donne ici à la Gascogne diffère un peu
280 fiAHGB DU 10 DÉCBHBMV 1801.
Le Bordelais, nom tous lequel je désigne la partie fertile du
dëpartement delà Gironde, est une contrée tertiaire qui se subdi-
vise en quatre petits pays nommes Fronsadais, Entre''dritX''I^lers^
Médoc et Basadais (!).
Les Landes, nom que Ton doit appliquer à toutes tes landes
réelles, tant du département de ce nom que de celui de la Gironde,
sont une plaine basse couverte de sables tertiaires et bordée par un
cordon de dunes.
La Chalosse^ nom que j'étends à toute la partie fertile du dépar-
tement des Landes, est aussi une plaine tertiaire ou Ton distingue
la Chalosse propre^ le Marsan et le Tursan.
Le Béarn^ nom que Ton peut étendre à tout le département des
Basses-Pyrénées, est formé d'une partie de ces montagnes et d'une
petite portion.de la plaine tertiaire. Il se divise en Béarn propre^'
ment dit et en Pays des Basques, lequel se subdivise en Pays de
Soule^ basse Navarre^ et Lampoitrdan,
Le Bigorrej que je considère comme correspondant au départe-
ment des Hautes-Pyrénées, est, ainsi que le Béarn, formé d'une
partie de ces montagnes et d'une partie de la plaine tertiaire.il se
divise en Bigorre proprement dit et en Pays des quatre vallées (2).
de celle de rancienne Gascogne officielle : d'abord, parce qu'elle ne
comprend pas les dépendances de celle-ci qui sont aujourd'hui com-
prises dans les départements de la Haute-Garonne et de l'Anége, que
Ton est dans l'habitude de considérer maintenant comme faisant
partie du Languedoc; secondement, parce qu'elle comprend quelques
pays qui appartenaient à d'autres ressorts, mais dont les uns sont
généralement considérés comme Gascogne et dont les autres rendent
la circonscription plus régulière et plus en rapport avec les divisions
administratives actuelles.
(4) M. Raulin rejette tout à fait le nom de Bordelais qui, dit-il,
n'est pas connu dans le pays, et il admet, comme division de premier
rang de son Aquitaine, les quatre pays nommés ci-dessus, lesquels no
forment pas mdme un département. Or, je ne vois pas qu'il y ait entra
ces quatre petits territoires, également tertiaires, bas et fertiles, des
distinctions assez tranchées pour les faire figurer dans un rang aussi
élevé. D'un autre côté, si le nom de Bordelais n'est pas connu sur les
lieux, il est encore très employé au dehors, tandis que, sauf le Médoo,
célèbre par ses vins, les noms des trois autres pays dont il s'agit sont
à peu près inconnus dès que l'on s'éloigne de la Gironde.
L'ancien Bazadais s'étendait sur une petite portion du département
de Lot-et-Garonne, mais on peut maintenant considérer cette portion
comme une dépendance de l'Agénais, contrée qui d'ailleurs ressembla
au Bazadais.
(2) Le département des Hautes-Pyrénées comprend aussi une portion
NOTI DE M. D 0IIAUU8 D UALLOY. 231
\à* Armagnac et VAgènais peuvent être cousidc^rés comme cori'es«
pondant respectivement aux départements du Gers et de Lot-et-
Garonne. Ils sont entièrement compris dans la plaine tertiaire.
L* Armagnac se divise en Armagnac proprement dit au nord, et eu
Jstarac au midi (l).
Le QuERcr peut être divisé eu haut et bas qui correspondent
respectivement aux départements du Lot et de Tarn-et-Garonne,
sauf qu* il y a sur les confins orientaux quelques petits territoires
primordiaux qui se rattaclient au Limousin, à TAuvergne et au
Ronergue, et sur les confins septentrionaux un petit territoire cré«
tacé qui se rattache au Périgord,
Le haut et le bas Quercy sont également composés d'une partie
de la plaine tertiaire et d'une pai'tie de la bordure jurassique du
plateau central (2).
Le Languedoc, tel que je rentends, se compose des six départe-
ments de la Haute- Garonne, de l'Ariége, de TAude, du Tarn,
de THérault et du Gard. Cette vaste étendue est bornée naturelle-
ment à l'est par le Rhône et le golfe de Lyon ; mais, à défaut de
meilleure délimitation, on peut la considérer comme bornée des
autres côtés par les limites départementales (3).
de l'ancien Nêùousan; mais ce petit pays, qui n'a aucun caractdre
distinctif particulier, se trouve maintenant morcelé par la division
départementale, et la conservation de ce nom parait de nature à com-
pliquer la nomeoclature sans aucun avantage réel.
(4) Le département de Lot-et-Garonne comprend aussi une partie
de l'ancien Cnndomois; mais cette division qui, de môme que le
Nébousan, n'avait pas de caractères distinctifs et qui se trouve partagée
entre trois départements, ne parait plus devoir ôtre reproduite.
(9) Le département de Tarn-et-Garonne comprend, outre l'ancien
bas Quercy, une partie de l'ancienne Lomagne et une petite portion
do l'ancien Toulousain ; mais ces deux petits territoires étant sem-
blables à la partie tertiaire du bas Quercy, il n*y a aucune raison de
les en séparer, de sorte que l'on peut sans inconvénient considérer
le Toulousain comme restreint à la partie comprise dans le département
de la Haute-Garonne. Quant h la Lomaî^ne qui se trouve maintenant
partagée entre deux départements, sans avoir de caractères distînotifs,
on ne voit pas de raison pour employer ce nom.
(3) Cette délimitation s'écarte de l'ancien gouvernement de Lan-
guedoc parce qu'elle ne comprend pas le Gévaudan, le Yivarais et
le Velay, qui toutefois ne sont pas réputés Languedoc et que Ton ne
peut séparer du plateau central. Elle en diffère aussi parce qu*el1e
renferme le Comminges, le Couserans et le paya de Foix ; mais on est
maintenant, ainsi que je l'ai déjà dit, trop habitué à considérer tout
le dépertement de la Haute-Garonoe comme Languedoc pour no pas y
232 8ÉANCI DU 16 OtCMBIIB 1861.
Elle se compose d'une partie du grand bassin teiliairc du S -O. ,
d'une partie des Pyrénées avec leurs contre- forts, de quelques
dépendances du plateau central, et des contrées basses qui se
trouvent à son pied méridional.
Je ne connais pas de divisions de ces contrées pins usuelles c(ue
celles des départements, si ce n*est que le département de la Haute-
Garonne se divise naturellement en deux contrées, l'nne basse et
unie connue sous le nom de Toulousain ^ Tautre comprise dans les
Pyrénées et appelée Comminget, Quant aux dénominations des
autres contrées, celles àLJriége, Ôl Hérault^ iLÂude et de Gard
sont devenues tout à fait usuelles ; mais le département du Tarn
est plus connu sous le nom d! Albigeois qui a Tavantafre d'éviter la
confusion avec la rivière du Tarn.
Le RoDSSiLLOif, qui correspond au département des Pyrénées-
Orientales, est entièrement compris dans ces montagnes ; mais il y a
dans son intérieur une plaine d'aliuvion qui sépare les Pyrénées
proprement dites des Gorbières, l'un de leurs contre-forts.
Le SDD-EST Di LA Francb se compose des versants occidentaux
des Alpes maritimes, des Alpes cottiennes, des Alpes graies, d'une
partie de celui des Alpes pennines et de leurs contre-forts avec les
plaines plus ou moins étendues qui régnent entre les Alpes et le
Rhône.
On y distingue trois grandes contrées sous les noms de Provenee^
de Dauphiné et de Savoie.
La PaovENCE comprend les cinq départements des Bouches-du-
Rhône, du Yar, des Alpes-Maritimes, des Basses-Alpes et de Yan-
cluse. Il n'y a pas de divisions plus usuelles que celle des départe-
ments dont on pourrait remplacer les noms par les épitbèlet de
Sud^Ouest^ Sudf Sud" Est, et Nord-Ouest, La division orographique
en montagnes et en plaines est tout à fait insuffisante, les plaines
n'occupant que de petites portions de la Provence. Deux de ces
plaines sont près des Bouches-du-Rhône, l'une, nommée La Crmm^ •
est recouverte par un amas de cailloux roulés, l'autre est uo véri-
table delta formé par le Rhône et connu sous le nom de Camargue,
Le Dauphiné comprend les trois départements de la Drôme, des
Hautes-Alpes et de l'Isère; on le divisait plus i*égulièremeot en
/taut et bas qui correspondent, d'une part, à* la partie montuense
à l'est, et, d'autre part, aux collines et aux plaines de l'ouest. On
comprendre le Comminges, el cette manière de voir entrslne aussi la
réunion du Couserans et du pays de Foix qui formoni les deux tebdi*
visions de l'Ariége,
NOTIt DB M. D OHALIUS D*HALLOT. 23(3
y distiogue un grand nombre de pelits pays; tels sont le Bvlaneon-
naiSy le QueiraSy VEmbrunaix^ le Gapençais^ le Chnmpsaur^ XOisans^
le GrésivaiuLnn^ le Ruyans^ le Vercorps^ le Trièvcs^ le IJévolnij le
Diotjt, les Baronies, dans Le haut Daupliiué; le Tricastinais^ le
Faleniinoisj le Viennois^ les Terres jroi des ^ dans le bas Dauphiné.
Les deux départements de la Savoie, entièrement compris dans
le Tenant occidental des Alpes, fonnent une contrée très naturelle,
lonque l'on y réunit la portion du canton de Genève, au sud du
Rhône. On peut la subdiviser en six pays, dont quatre sont très
nettement distingués et généralement connus sous les noms de
Maurienne^ de Tnren taise j de Faiicigny et de Chablais. Les deux
aatraf sont moins caractérisés, et étaient anciennement connus
sous les noms de Savoie propre et de Genevois.
Les Pats entre le Rhône et la Nahe comprennent le versant
septentrional des Alpes pennines et lépontiennes, la chaîne du Jura,
celle des Vosges, les contre-forts de ces montagnes, et les plaines
qui s'étendent le long de la Saône et du Rhin. On peut y distin-
guer sept contrées principales sous les noms de Suisse ^ de Franche-
Comté^ de Biigeft de Bresse^ de Bassigny^ de Lorraine^ ^Alsace et
de Palatinat,
La Suisse, telle que je l'entends ici, serait bornée, au nord et à
l'est, par le Rhin, au sud, par le faîte des Alpes et le lac de Ge-
nève, à l'ouest, par une ligne irrégulière tirée de Genève à Baie,
délimitation qui laisse en dehors les parties de la Confédération
suisse située sur la rive droite du Rhin et au sud du faite des
Alpes.
On peut diviser la Suisse, ainsi restreinte, en Oberland ou haute
Smisse à Test, en basse Suisse au milieu, et en Suisse Jurassienne
k Touest.
La Fbanche-Conté se compose des départements de la Haute-
Saône et du Doubs, ainsi que de la partie montueuse du départe-
ment du Jura. C'est une contrée montueuse presque entièrement
composée de terrain jurassique. Il y a cependant quelques lam-
beaux de terrain crétacé et les terrains primordiaux des Vosges
s'étendent sur une partie du déparlement de la Haute-Saône. Je
n*y connais pas de division plus usuelle que celle des départements
dont les noms pourraient être remplacées par les dénominations
de Franche*Comté septentrionale ^ orientale et méridionale.
Le BuGET est une petite contrée formée par la partie méridio-
nale de la chaîne du Jura, et comprise dans le département de
l'Ain.
La BsEssi est une plaine tertiaire qui s'étend entre le Jura et
23i 8ÉARCI DU 16 OÉCHBM 4861.
les montagnes de la rive droite de la Saône, ce qui comprend la
plus grande partie du département de TAin, et des portions des
départements du Jura, de Saône-et Loire et de la Cote-d*Or. On
peut la diviser en Bresse proprement dite au milieu, Dombcsj petit
pays couvert d'étangs, au sud-ouest, Bresse cfuVonnaise et Bresse
dtjonnaise ou Pays-Bas au nord (1).
Le Bassigny est une petite contrée comprise dans la ceintui-c
jurassique du bassin de Paris, et que Ton peut considérer comme
correspondant au département de la Haute-Marne, moins la partie
crétacée qui est réputée Perthois, et plus la paitie jurassique de
l'Aube .
• La LoRRAi.fE est une grande conti*ée que je considère comme
bornée, à Touest, par la Champagne et le Dassigny, au sud, par la
Franche-Comté, à l'est, par le faite des Vosges, au nord, par une
ligne tirée de la] Lauter à la Sarre, ensuite par cette rivière, et
puis par la limite du terrain jurassique. Cette délimitation em-
brasse les quatre départements des Vosges, de la Meurthe, de la
Moselle et de la Meuse, moins une petite portion crétacée de ce
dernier, et plus une portion du département du fias- Rhin, ainsi
que les parties jurassiques de la province belge de Luxembourg
et du grand-duché de ce nom.
La Lorraine se divise naturellement en une partie jurassique à
l'ouest et une partie plus ancienne à l'est; mais ce mode de divi-
sion n'est point passé dans l'usage, et on se sert ordinairement
des divisions administratives qui ne sont pas en rapport avec
la nature du sol, les trois départements des Vosges, de laMeurthe
et de la Moselle comprenant chacun une paiiie jurassique et une
partie plus ancienne. Je ne connais pas de dénominations spéciales
pour le département des Vosges, que l'on peut appeler Lorraine
méridionale, 11 existe dans les trois autres départements quelques
nonisspécianx, tels sont: celui de Toalois €\Me l'on pourrait con-
sidérer comme s'appliquant h la partie jurassique du département
de la Meurthe ; celui de Barrais que Ton pourrait faire concoixlcr
avec la partie jurassique du département de la Meuse, k la gauche
de ce fleuve; celui de Voèvrc qui s'applique k la partie du dépar-
tement de la Moselle, entre la Meuse et la Moselle, -qui est égale*
(4) En étendant ici le nom de Bresse à la plaine tertiaire de l'anoien
Dijounais, je lui donne peut-ôtre plus d'extension qui] n*en a dans
Tusago, cette partie de la plaine étant plus connue sous le nom de
Pays-Bas; mais il me paraît que ce territoire ne peut 6tre séparé de
la Bresse dont il a tous les caractères.
NOTl DB ■. D'oVALIVS d'uALLOT. 2Sft
ment jurassique ; celui de Messin que l'on pourrait restreindre à
la partie jurassique du département de la Moselle, à la droite de
la rivière de ce nom ; et celui de pays de lo Sarre que Ton pourrait
étendre à toute la partie ancienne des départements de laMeurthc
et de la Moselle, ainsi qu'à la petite portion du département du
Bas-Rbin, à l'ouest du faite des Vosges ; enfin la portion jurassique
en dehors du territoire français pourrait être désignée par la dé«
nomination de Lorraine luxembourgeoise (i).
L'Alsace, située entre le faite des Vosges et le Rhin, se com-
pote d*nne plaine fertile, du versant oriental des Vosges et d'un
petit massif de collines tertiaires qui s'étendent entre le pied des
Vosges et celui du Jura suisse. On divise ordinairement cette
contrée en basse Alsace^ qui correspond au département du Bas-
Rhin, moins la portion comprise dans le bassin de la Sarre ; en
haute Alsace et Sundgau qui correspondent au département du
Hant*Rhin.
J'entends par Palatticat la contrée située entre le Rhin, l'Al-
sace, la Lon*aine et le plateau du Hnndsriick, ce qui comprend,
outre la province bavaroise du Palatinat^ la province hessoise du
Rhin, ainsi que des portions de l'arrondissement prussien de
Trêves, et de la principauté de Birckenfeld. Cette circonscription
renferme les montagnes porphyriques de la Nabe, le bassin bouil-
1er de la Sarre, une grande partie de la Hardt et une portion de
la plaine du Rhin moyen.
Les Pats entre le Rhin et le Pas-de-Calais se composent de
plateaux primordiaux faisant l'extrémité nord-ouest des monts
Hercyniens et de l'extrémité sud-ouest de la grande plaine d'Eu-
rope. Ils comprennent une grande partie de la Prusse rhénane,
et du grand -duché de Luxembourg, le royaume de Belgique,
moins la petite partie jurassique, les départements français du
(4) J'avais, en 4 808, employé le nom de Luxembourg pour cette
petite contrée parce que ce nom n'avait plus d'application officielle ;
mais actuellement qu'il s'applique ofticiellementà des parties de TAr-
denne et du Gondros, on ne peut plus l'employer dans le sens que je lui
donnais. 11 est à remarquer que pour rendre la Lorraine luxembour-
geoise plus naturelle et plus régulière, il conviendrait d'y comprendre
le canton de Carignan, département dos Ardonnes, et de petites por-
tions des départements de la Meuse et de la Moselle, qui ont aussi
pour la plus grande partie fait anciennement partie du Luxembourg.
Je n'ai pas reproduit dans i'énumération ci-dessus le nom do Ver^
dtmoit parce que cette ancienne dénomination politique s'appliquait à
une partie de la Yoèvre et que l'autre peat se rattacher au Barrois.
236 8ÉAMCB DU 1(5 DfiCBMBRB 1801.
Nord et du Pas-de-Calaîs, avec le» portions primordiales des
départements des Ardenncs et dcTAisne, enfin, une grande partie
du royaume des Pays-Bas.
On peut diviser cette sous-région en quinze contrées, savoir :
dans les plateaux primordiaux, le Httndsriick^ YEi/ely YJrdenne^
le Condros et le Haintiut; dans la grande plaine, Y Artois, la
Flandre^ le Brabant, la Hesbaye, la Campine, le pays de Juliers,
la Gueldre, la Hollande et la Zélande,
Le HuNDSRUcc, entre le Rhin et la Moselle, est un plateau élevé
formé de terrains primaires^ couvert de forêts et de landes. Il com-
prend des parties des arrondissements prussiens de Goblentz et de
Trêves, ainsi que de la principauté de Birckenfeld.
LTiPEL peut* être considéré comme borné à Test parla Moselle
et le Rhin, au nord, par les plaines du pays de Juliers, à l'ouest,
par TArdenne, et au sud, par le teiTain jurassique de la Lorraine.
11 comprend des portions des arrondissements prussiens de Co-
blentz, Trêves, Cologne et Aix-la •Chapelle, ainsi qu'une portion
du grand-duché de Luxembourg.il est principalement formé par
un plateau de terrains primaires sur lequel s'élèvent des cônes de
trachyte et de basalte et s'étendent des coulées de laves. Les par-
ties occidentale et méridionale présentent aussi des dépôts tria-
siqucs. La majeure partie de cette contrée ressemble au Hundsrûck ;
mais il y a des portions fertiles, notamment dans le voisinage des
anciens volcans et dans la vallée du Rhin.
L*Ardenne est un plateau de terrain primaire, aride, de forme
elliptique, qui s'étend des sources de la Kyll à celle de l'Oise et
que l'on peut considérer comme limité par la présence des roches
calcaires qui exercent une grande influence sur l'état agricole des
contrées voisines. Elle se compose de portions des arrondissements
prussiens d'Aix-la-Chapelle et de Trêves, du grand-duché de
Luxembourg, des provinces belges de Luxembourg, Liège, Namor
et Hainaut, ainsi que de quelques petits territoires des départe-
ments français des Ardennes et de TAisne.
Les plateaux les plus élevés de l'Ardenne, qui se trouvent vers
le nord, sont connus dans le pays sous le nom de hautes fagnes qui
paraît dériver de celui de veenen qui signifie terrain tourbeux
dans les langues germaniques.
Le Condros est aussi un plateau primordial, situé entre la Meuse
et l'Ardenne, mais moins élevé et plus favorable à la culture que
cette dernière. Il s'étend sur les provinces belges de Liège, Namar
et Luxembourg, ainsi que sur un petit territoire du département
français des Ardennes. Il peut se subdiviser en trois parties, savoir :
NOTB DB M. u'oVALItS D^UALLOY. 237
le Condros proprement dit qui occupe la ])lus grande parlic de la
contrée, la Famcnnc^ petit pays dans la partie sud-est qui parait
devoir son nom à son aridité, et le pays de Hervé ^ au nord, qui est
remarquable par ses pâturages et ses rronia(;cs (1).
Le Hainaut, tel que je l'entends ici, est un plateau peu élevé
qui se rattache à Test à ceux de TArdenne et du Condros et qui
se confond des autres côtés avec les contrées basses de la grande
plaine d'Europe et du bassin de Paris. Les terrains primordiaux
qui sont au jour dans la partie sud-est sont généralement recou-
vertA dans le reste de la contrée par des dépôts postérieurs, nolani-
meut par du limon quaternaire qui est d'une grande fertilité. Le
Hainaut possède aussi les mines de charbon (es plus riches du
continent européen et beaucoup de minerais de fer.
Il 8e compose de la province belge de ce nom et de portions de
la province de Namur, ainsi que des départements français du
Nord, de TAisne et des Ardennes. On peut subdiviser cette contrée
en Hainaut proprement dit au nord-est, Tournaisis au nord-ouest,
Oitrevant et Cambresis au sud-ouest, et Pays it Entrc-Sambre-ct*
Meuse au sud-est ; une petite portion de ce dernier, qui est alter-
nativement marécageuse et très sèche, est connue sous le nom de
Fagne à cause de sa ressemblance avec les hautes fagncs de l'Ar-
deone; c'est la continuation géognostique de la Famenne.
Je considère TArtois comme correspondant au département du
Paa-de-Galais ; c'est une contrée basse faisant partie du bassin cré-
tacé de Paris, sauf qu'il y a sur les bords de la mer un petit pays
formé par un relèvement des terrains jurassique et primaire. On
peut la diviser en Artois proprement dity qui comprend plus des
trois quarts de la contrée, en Caiaisis et en Boutonnais , sur les cotes
occidentales. Le Boulonnais se compose de la partie formée de
terrains plus anciens que la craie.
La Flandre comprend les deux provinces belges de ce nom, la
partie occidentale dn département français du Nord et la partie
continentale de la province néerlandaise de Zélnnde. C'est une
contrée basse et unie formée par des terrains tertiaires, quaternaires
et modernes. Elle est renommée par l'abondance de ses produits
agricoles; mais il est à remarquer qu'elle est traversée par une
bande sableuse qui ne doit sa fertilité qu'aux soins avec lesquels
(4) Le pays de Hervé a souveat été appelé Limhourg parce qu'il
contieût TaDcienno copilale du duché de ce nom ; mais la dénomination
de Limbourg ayant été transportée officiellement à d'autres territoires,
ce nom ne peut plus ôtre appliqué au pays de Hervé.
238 9ËAIfCB DU 16 DfiCBMBftE ISOl.
on la cultive et que la partie des terrains modernes/ appelés y^o/-
dcrs^ n^est maintenue en culture qu'au moyen de di^pies qui la
préservent des hautes marées. Il y a aussi une ligne de dîmes le
long de la mer du Nord.
La province belge du Baabant est une contrée basse et unie
dans sa partie septentrionale, mais qui se relève dans la paitie
méridionale ; elle est généralement recouyerte par du limon qua-
ternaire qui repose sur des dépôts tertiaires et quelquefois sur les
terrains primaires. On la divise en Brahant wallon au sud et
Brabant flamand au nord ; une partie de ce dernier porte le nom
de Hageland,
On peut étendre le nom de Hesbate aux parlies des provinces
de Liège, Limbourg et Namur situées sur la rive gauche de la
Meuse depuis FOrnoz jusqu'au Demer. C'est un plateau ondulé
qui atteint rarement l'altitude de 200 mètres et qui est recouvert
de limon quaternaire qui le rend très fertile. Les terrains primaires
se montrent à découvert sur les bords de la Meuse ; mais plus loin
le limon repose sur les terrains crétacés et tertiaires.
Le nom de Campine ne s'applique qu'à la grande plaine
sableuse, souvent marécageuse, située entre la Meuse, le Demer
et l'Escaut; mais, pour la régularité d'une contrée géographique,
on doit l'étendre aux bandes fertiles qui longent ces cours d'eau
du côté intérieur. Entendue de cette manière, la Campine com-
prend toute la province néerlandaise du Brabant septentrional, la
paitic du duché de Limbourg sur la rive gauche de la Meuse, ainsi
que les parties des provinces belges de Limbourg et d'Anvers au
nord du Demer.
La plaine qui s'étend entre la Meuse et le Rhin, depuis les pla-
teaux de TArdenne et de l'Eifel, jusqu'à une ligne tirée du con-
fluent de la Roer à celui de TErft, est pour la plus grande partie
connue sous le nom de Pats de Jdliers.
Cette circonscription comprend des portions des arrondisK-
ments prussiens de Dusscidorf, Cologne et Aix-la «Chapelle, ainsi
qu'une partie du duché de Limbourg.
C'est une contrée très fertile, en grande paitîe basse et uoie,
mais dans la portion méridionale de laquelle s'élèvent quelques
collines qui se rattachent aux pays plus élevés du sud. Telle est la
chaîne de la Wille qui est à peu près parallèle au Rhin.
L'ancien duché de Gueldre avait des circonscriptions fort irré-
gulières et fort variables ; mais, à défaut de meilleure dénomination
et de meilleure délimitation, je considère comme Gueldre la con-
trée bornée d'un coté par la Meuse, de l'autre, par le Rhin)
MOTB bB H. PARBTO. 2S0
TYssel (i) et le Zuiderzëe, en sV'tendant du confluent de la Roei- k
celui de la vieille Meuse, ce qui comprend la province néerlan*
daise de Gueldre, moins le pays de Zutphen, plus, quelques par-
ties de la province d'Utreclil, du duché de Limbourg et de
l'arrondissement prussien de Dusseldorf.
Quoique cette contrée fasse partie de la grande plaine d'Europe,
on y voit de véritables collines surtout dans la partie au nord
du vieux Rhin, qui est peu fertile et sableuse ; mais les îles formées
par le vieux Rhin, le Wahal et la Meuse, sont très basses, très
unies et d'une grande fertilité.
On peut diviser cette contrée en trois parties, savoir : la Gueldre
méridionale comprenant les parties prussienne et limliourgeoise;
le JBeiuwe entre la Meuse et le vieux Rhin ; et le rduwc^ nom
que l'on pourrait étendre à toute la partie comprise entre le vieux
Rhin et l'Yssel.
La province de Hollande forme, avec la majeure partie de la
province d'Utrecht, une contrée très basse, très fertile, traversée
par une multitude de cours d'eau et de canaux, et bordée d'un
cordon de dunes le long de la mer; on la divise en septentrionale
et méridionale^ ou noord Holland et zuid Holland.
La Zélajitde, telle que l'ancien usage la restreint, se compose de
la partie insulaire de la province de ce nom ; ce sont des Ues
basses, très fertiles, mais dont la plus grande partie n'est préservée
des inondations que par des digues.
Le Secrétaire donne lecture du travail suivant de M. L. Pa-
reto :
Coupes, à travers l^j4penmn, des bords de la Méditerranée
à la vallée du Po, depuis Livourne jusqu^à Nice; par
M.L.Pareto(Pl. V, VI, VII).
Au congrès des savants italiens qui se tint à Naples en 18&5,
ayant présenté deux coupes de l'Apennin, Tune deLivoume à Forli,
l'autre de Modène k Masse de Carrare, je cherchai a donner une
[h) Pour la délimitation de la région qui fait le sujet de cette notice,
j'ai considéré l'Yssel comme la véritable continuation du Rhin, attendu
que le cours d'eau qui conserve le nom de Rliin se perd presque
entièrement dans les plaines de la Hollande, et que le Wahal, qui est
la branche principale du Uhin, est considéré comme un affluent de la
Meuse.
2Â0 séa:«ce du 16 décembre 18(51.
idée (le la coustitutiou géologique de la partie de cette chaîne de
monlagues, qui s'étend dans une portion de la Toscane, ainsi que
de celle qui se trouve dans le duché de Modène; mais ces deux
coupes étaient trop éloignées Tuue de Tautre pour fournir une
connaissance un peu exacte de la constitution de cette suite de
montagnes assez compliquées et appartenant, quant à leur sou-
lèvement, a des systèmes différents. Ayant, après cette époque,
fait plusieurs autres coupes de cette même chaîne, je prends la
liberté de faire part de mes observations à la Société géologique,
espérant que la reproduction des coupes publiées en 18Â5, réunies,
avec quelques variantes, a celles que je viens de faire plus récem-
ment, pourra donner, sinon une idée complètCi au moins aug-
mcnler les connaissances qu'on a sur la constitution géognostique
de la portion de l'Apennin qui, à partir du point où cette chninc
se détache des Alpes, parcourt la Ligurie, les anciens duchés de
Parme et de Modène et une partie du pays de Bologne et de la
Toscane.
La plus méridionale de ces coupes (PI. Y, fig. 1) est celle qui,
tracée de Livourne à Forli, remontant d'abord l'Arao par sa rive
gauche jusqu'à sa jonction avec la Sieve, puis traversant ladiahic
centrale et suivant la vallée de Montone, vient aboutir à la plaine
du côté de l'Adriatique près de Caslro Caro et Terra del Sole, non
loin de Forli.
Celte coupe fait voir d'abord comment la chaîne littorale, qui
commence à s'élever tout près de Livourne, est composée non loin
de cette ville de roches calcaires et macigniques appartenant à la
période éocène et percées par d'assez nombreuses masses ophioli-
thiques, sur lesquelles s'appuient quelques terrains miocènes et
pliocèncs, tandis que plus loin au S. et au S.-E. , vers les Maremmes,
apparaissent assez souvent des couches beaucoup plus ancienne5,
soit secondaires, soit même paléozoïques, qui constituent soit des
espèces de petits chaînons le long de la mer, soit, dans l'intérieur
des teiTCS, des espèces d'îlots tout entourés de formations plus
récentes.
Mais, comme cette section se poursuit immédiatement le long
de la rive de TArno, pendant longtemps elle ne fait que travenet
le terrain diluvial ou alluvial, comme jusqu'à la Rotta, puis les
terrains tertiaires pi iocènes, qui constituent les dernières ramifica-
tions des collines qui, flanquant les vallées de l'Ern, de l'EvoIa et
de TElza, viennent finir entre autres près de S. MiniatoalTedesco
sur la rive gauche de l'Arno, puis encore le terrain diluvial et de
nouveau les terrains pliocènes, qui s'appuient près de Monte Lupo
NOTB Dl H. PAHBTO, 2A1
sur une chaîne de inacigno éocène, occupée au centre par des
couches calcaires et dout la largeur s* éleod de IVlonte Lupo à la
Lastra. Cette chaîne, qui s'appelle IVIonli Albaui, est coupée à
Signa par TArno; ses couches plongent tantôt à TO. et tantôt à
rÉ.i et elle sépare le bassin de Florence de la partie inférieure du
cours de l'Arno.
Ce bassin de Florence, qui d'une part s'étend vers Prato et Pis-
toja et de l'autre arrive au pied des collines éocéniques d'où sort la
Grève, est composé de terrain de transport ; on le traverse à peu
près de l'O. à l'Ë., et les premières couches plus anciennes, soit
qu'elles appartiennent en général à la période éocène, soit qu'il s'y
montre des bancs qui descendent jusque dans la formation créta-
cée, comme vers Ponte à Sievc, ne se rencontrent que près de
Roveszano, où tout i>aralt indiquer qu'elles plongent vers l'O.,
c'est-à-dire vers la Méditerranée.
Un peu plus loin, vers Ponte à Sicve, on voit poindre, au-dessous
des niacignos, des calcaires compactes, qui sont inférieurs au maci-
gno, et probablement crétacés, et qui plongent aussi vers l'O. ,
inclinaison qui se change cependant bientôt en celle du S.-O. au
N.-Ë. Après le défilé assez étroit où coule la Sieve lorsque, après
avoir parcouru une vallée longitudinale dirigée de l'O.-N.-O. à
l'E.-S.-Ë., elle change tout à coup et prend la direction N.-E.-
S.-0. pei*pendiculaire à la chaîne centrale, pour se rendre dans
l'Arno qu'elle rencontre bientôt, on voit de nouveau au-dessus de
ces calcaires le niacigno qu'on suit le long du Fos,\o de Dicomatio à
S. Gaudenzio et qu'on parcourt encore lorsqu'on entreprend la
montée de la chaîne centrale qu'on traverse peu après ce pays de
S. Gaudenzio. Seulement, après Dicomano le macigno plonge
pendant quelque temps de nouveau vers l'O., mais il reprend
l'inclinaison vers !'£., c'est- A-dire vers l'Adriatique, qu'il conserve
sur le faite de la chaîne centrale tout près de la Faite rona et le
long de la vallée du Montone, vallée transversale dirigée à peu près
du S.-O. au N.-E. qu'on suit toujours jusqu'à la plaine. Seulement,
le long de cette vallée l'aspect du macigno "devient toujours de plus
en plus terreux et il ressemble davantage à la mollasse. L'inclinaison
même des couches devient toujours moincli-e, et avant Portico on
a, au lieu du véritable macigno, des couches d'argile marneuse
micacée alternant avec des bancs de mollasse. Plus loin encore,
après S. Casciano on trouve des argiles et des calcaires marneux;
on ne saurait dire précisément s'ils appartiennent encore au
terrain éocène, mais on pourrait plutôt les regarder comme faisant
partie des mollasses marneuses du terrain miocène.
Soc. gc'oL, V série, tome XIX. 4 6
2A2 SÊANCB DU 10 DÉCKMBRB 1861.
Ce ii'osl qu'à Castro Caro, non loin des dernières pentes des
collines, qu'on trouve enfin le véritable terrain pliocène composé,
principalement de sables jaunes et de calcaires coucrétionnés avec
Huîtres et Peignes appartenant aux sables jaunes des terrains piio-
cènes, teb qu'on les trouve presque partout au pied de 1* Apennin
et au-dessus des marnes bleues, soit dans le Plaisantin et le Parme-
san, soit dans le Tortonois et l'Astesan. Ces dernières couches sont
presque horizontales ou très peu inclinées. De Castro Caro on les
voit passer demère Faenza et f mola d'où elles vont rejoindre les
environs de Bologne, localités où elles sont très développées et où
se trouvent encore plus marqués des terrains miocèries, ainsi que
de très nombreuses couches et de très nombreux amas de gypse.
Ces formations tertiaires plus récentes, c'est-à-dire miocène et
pliocène, sont, comme nous venons de le dire, très développées
dans les environs de Bologne, où, soit que l'on remonte la vallée
de la Savena ou celle du Reno, on voit les relations assez marquées
de ces formations entre elles et avec le terrain éocène, auquel
appartiennent, selon moi, malgré l'opinion contraire de plusieurs
savants, ces masses puissantes dé marnes argilo-calcaires de diffé-
rentes couleurs, qui contiennent de très nombreux bancs presque
fracturés de calcaire compacte ou argileux blanc et verdAtre, relié
de minces veines spathiques très limpides et contenant parfois les
Fucoïdes ou Chondrites Targîonii^ C, furcatns, C, intricattu, etc. Ces
marnes noires, vertes et rouges, abondent assez souvent en cristaux
isolés de gypse et contiennent aussi des espèces d'écaillés ou frag-
ments de cale et d'une espèce de macigno un peu micacé et très
souvent surchargé d'oxyde de fer ou d'oxyde de manganèle. Ces
marnes appelées par plusieurs savants italiens fe argille scagUose^
sont le siège naturel de la pivtia di Bologna ou baryte sulfatée. On
y trouve en outi-e des rognons ou des petites géodes de strondane
sulfatée, des pyrites, du soufre et parfois des traces de cuivre. Dans
certains endroits, une partie de leur masse, comme à Castel del Gesse
ai Fornetti près de Scandiano dans le Modenais, a été métamor-
phosée en gypse spathiquc et en cargneule ou rauchwackey car je
pense qu'il faut faire plusieui*s distinctions dans les gypses qu'on
trouve dans différentes parties de la chaîne de l'Apennin, puisque
je crois qu'il y en a de plusieurs espèces, ou pour mieux dire qu'il
s'en est formé dans des terrains de différentes époques. Le plus
récent serait place dans le terrain pliocène inférieur, c'est-à-dire
dans ces bancs qui font passage entre le miocène et le pliocène.
Ce gypse serait en bancs stratifiés alternant avec des bancs de
marnes avec fossiles parfois d'eau douce ou d'eau saumâtre, et
NOTI M M. PAEBTO. 248
accompagnes très souvent aussi de bancs de cailloux roules cl de
sabljes coutenaut des traces de lignite et des marnes bitumineuses.
Tels seraient le gypse de Sinigaglia, une partie de ceux des environs
de Bologne, celui^des collines de Stradella, fameux lui aussi parla
grande quantité de Phyllites qu'on y a trouvés et qui correspondent
asset à la flore d'OEningen en Suisse. Dans la même catégorie et
dans la même position serait, entre autres, le gypse de Santa-Agata
dans le Tortonois et celui de Guarene dans les environs d'Alba en
Piémont ; en Toscane on devrait rapporter à ces gypses stratifiés
miocène-pliocène le gypse de la Castelliiia di Val dt Gecina, où
mon ami le docteur Capelliui vient de i*etrouver la flore et en
partie la faune qui distinguent les coucbes de Sinigaglia qui
doivent être parallèles à celles de Guarene et d'OEningen.
Viendraient après, en descendant, le gypse qui est le produit des
métamorphoses du calcaire à Fucoides éocénique supérieur au
macigno, et qui cependant pourrait avoir été formé à la même
i^poquCy mais d'une manière différente que le gypse stratifié du
terrain miocène-pliocène, puis celui qui provient des métamor-
phoses des calcaires inférieurs au macigno, comme celui de Sas-
salboy et enfin les gypses qui sont à la base des formations juras-
siques ou liasiques et qui, dans la rivière du Ponent et dans une
partie du comté de Nice, sont intciixisés entre ces couches, qui leur
sont supérieures, et des couches arénacëes et argileuses bigarrées,
souvent stéatiteuses, qui peuvent correspondre aux marnes du
keuper ou à la formation ttiasique. Mais en retournant aux envi*
roDS de Bologne, on voit que les argiles avec calcaire compacte à
Fucoïdes {argilie scagUose) se montrent constamment inférieures a
de grandes masses, non-seulement d'autres couches calcaires à
F^ooldes (montagnes de Sassuolo), mais aussi à de nombreuses
eooohes arénacées qui ont tout à fait l'aspect de la mollasse, et que
par le peu de fossiles qu'on y a trouvé dans ces endroits et plus
encore par le plus grand nombre qu'on en a trouvé ailleurs,
comme dans le pays de Reg^io et dans le Tortonois, où se pré-
sentent les mêmes formations, on est en droit de caractériser
absolument comme miocènes, d'où il résulte que malgré certaines
discordances probablement accidentelles aVec des macignos éocé-
niques observées aux bains de la Porretta, ces marnes bigarrées
[argilie scagliose) doivent être encore rapportées au terrain éocène.
Du reste, ces marnes sont aussi le siège des salse ou volcans de
boue très fréquents dans les basses collines du Modcnais et du
pays de Aeggio; elles sont le siège principal de beaucoup de
sources salées et de pétrole qui sont si fréquentes dans les régions
2AA SÉANCB DU 16 DÊCBMBRK 1861.
moyennes et plus basses de rApcnnîn, qui 8*étcnd de Plaisance
jusque vei's Bologne ; et enfin elles sont le siëgc des terrcni ardvutij
d'où se dégage Tliydrogènc carburé de Velleja, de Bazzigarit), de
Pietra Mala, etc.
En examinant bien ces terrains, on voit qu'ils ont souffert de
très puissantes modifications et dislocations, et il est très probable
que c^cst à des émanations provenant originairement des éruptions
serpentineuses ou de certains Grunstcins qui se sont faites, ou dans
leur voisinage, ou à travers leur masse, qu'elles ont dû et leur
bouleversement et plus encore les étranges apparences qu'elles
présentent, c'ett-à-dire que le changement du calcaire en gypse,
la présence du soufre, celle du cuivre et autres métaux, remontent
û l'époque où les éruptions serpentineuses sont venues boulever-
ser ces argiles, qui, en beaucoup d'endroits, pr^ntent Taspect de
masses de boue consolidées, dans lesquelles seraient épars de nom-
breux fragments de calcaire et de certaines variétés de macigno.
Du reste, ces marnes forment ordinairement des îlots allongés et
presque elliptiques, qui, dans le pays de Bologne, dans ceux de
Modène et de Parme, sont alignés dans le sens de l'O.-N.-O. à
r£.-S.-E., et qui sont entoures par les formations miocène et
pliocène. En général, ce qu*on peut reconnaître de leur stratifica-
tion fait croire qu'elles présentent des couches presque arquées,
qui plongent d'un côté vei's la plaine, d'où cette zone n'est pas or-
dinairement ti*ès éloignée, et de l'autre vers le centre de la chaîne
centrale, en s'approchant de laquelle ou trouve encore assex sou-
vent des apparences de terrain, qui présentent beaucoup d'analogie
avec la zone des urgille scagliosc des basses collines, formant ainsi
une seconde zone de ces mêmes terrains mais plus rappi-ochëe de la
chaîne centrale. On dirait en effet que parallèlement à la chaîne
centrale il y a d'autres chaînons dans lesquels se présentent ces
mômes terrains, qui, par contre, dans les intervalles qui s'inter-
posent entre ces chaînons, sont recouverts par les formations
postérieures.
Ainsi dans la vallée de la Savena (PI. V, fig. 2), ou bien dans les
collines qui sont au sud de Bologne, et qui se trouvent entre cette
petite rivière et le Reno, on a, vers la plaine, quelques traces de
mollasse miocène, comme à Gasulecchio, dont les couches plon-
gent d'abord légèrement S.-S.-O., et puis, au-dessus de ces mol-
lasses, des terrains plioccnes, à la base desquels il y a des masses de
gypse spathique avec des bancs de cailloux roulés ut des marnes,
qui semblent se relever avec les mollasses en inclinant vers le
N.-N.-E.
IfOTB DB H. PARBTO. 2A5
A Paclerno, ces iiiolLisscs présentent bien clairement des escar*
pements dont on voit les couches plon^jer vers le N.-N.-E. et être
supérieures à une masse vert noirâtre iïargilic scagliose qui passe
de la vallée du Reno à la vallée de la Savena, et qui contient de
très nombreux fragments et bancs tout brisés de calcaire compacte
de différentes nuances. On chemine pendant un kilomètre à peu
près sur la crête de cette masse argileuse, et au delà, c'est-à-dire
vers le sud, on voit de nouveau la mollasse miocène plongeant
dans le sens contraire, c'est-à-dire vers le S.-S.-O.
Cette masse d'argiles de différentes couleurs, dont les couches
solides sont toutes fracturées, laissant cependant entrevoir qu'elle
pourrait être formée de bancs arqués, inclinant d'un côté vers le
N., de l'autre vers le S., passe d'abord d'un côté, c'est-à-dire à
!'£., dans la vallée de la Savena et sur la droite même de ce tor-
rent^ vis-à-vis Sesto, et à l'O. vers la vallée du Reno, s'étendaiit
même sur la gauche de cette rivière, à l'endroit dit les Prati, Ce
terrain des marnes bigarrées éocéniques, ou argiile scagiiose, est
bien reconnaissable, même de loin, à ses teintes foncées et à l'as-
pect de dislocation qu'il présente, ainsi qu*à certaines taches
blanchâtres provenant d'efflorescences dues à la continuelle décom-
position des pyrites qui s'y trouvent assez en abondance.
Quant aux mollasses miocènes, qu'on rencontre sur la crête de
partage entre la Savena et le Reno, après la masse des argiles
éocëniques de Paderno, on les suit jusqu'au delà, c'est-à-dire au
S. du village duSabbione, où on les voit plonger vers le S.-S.-O.
sous des masses puissantes et bien caractérisées de marnes bleuâtres
avec fossiles, tels que le Murex d'ara de Brocchi, qui font voir
que ces marnes appartiennent bien à la partie inférieure du terrain
pliocène, et même aussi à ce terrain intermédiaire entre le mio-
cène et le pliocène, que M. IMayer (de Zurich) a nommé tortonivn^
et qui contient un mélange très remarquable de fossiles dont les
uns appartiennent au terrain miocène, les autres au pliocène, et
que nous aurons occasion d'examiner plus eu détail ailleurs, mais
qui cependant paraît déjà différent du véritable miocène, dont la
limite supérieure doit être placée, selon moi, au-dessous de ce
terrain de Tortone.
Or, ces marnes bleuâtres inférieures qui ont un aspect caracté-
ristique et qui ressemblent par leurs flancs ravinés aux crête snttrsi
et aux escarpements de CastcU'arcuato, commencent un peu plus
au sud à alterner supérieurement avec des sables marneux grisâtres
et des sables jaunâtres dont une partie est endurcie en nodules et
qui contiennent une grande quantité de coquilles, telles que Venus
2A6 SÉAIfCI DU 16 DfiCBMBiB 1801.
rftgosit, des Pectoncles, des Natices et autres, qui caractérisent par-
faitement le terrain pliocène moyen et même le supérieur, car ces
sables jaunAtres sont bien identiques avec les sables jaunes de
TAstesan, et les marnes sableuses grisâtres qui alternent inférieure-
meut et font passage avec elles renferment beaucoup de fossiles
des marnes subapennines de CasteU'arcuato.
En continuant à marcher vers le sud ou vers la Pieve del Pîno,
on parcourt encore ces mêmes sables toujours inclinés, mais plus
légèrement au S.-S.-0; i^iais plus loin ils paraissent se relever un
peu et incliner alors vers le N.-N.-E. en s'appuyant plus loin encore
sur les mollasses miocènes, qui à leur tour s*appuient sur le terrain
cocène, qu on trouve plus vers la chaîne centrale, soit qu'on se
tienne sur la crête des contre-forts secondaires, soit qu'on parcoure
les vallées qui bornent d'un cdté ou de l'autre ce même contre-
fort ; c'est ainsi que si Ton remonte la vallée du RenO| qui est à
rO. de ce contre-fort de Paderno et de Pieve del Pino, on voit
parfaitement se confumer sur la droite de cette rivière les faits
qu*on a observés sur les hauteurs; en effet, et la zone des argille
scagliose et celle des mollasses miocènes et des marnes et sables
plîocènes descend du haut des crêtes jusqu'au fond de la vallée,
et on les voit reposer les unes au-dessus des autres avec les mêmes
inclinaisons des couches que nous avons déjà indiquées.
Ces mêmes phénomènes se répètent encore sur la rive gauche tlu
Aeno le long de laquelle j'ai entrepris aussi une coupe transversale
(PI. V, fig. S) jusqu'à la chaîne centrale près de Pistoja, et de là
à la Méditerranée non loin de Pisc et de l'embouchure de rArno.
En partant de Gasalccchio près Bologne et prenant la gauche du
Reno, pendant quelque temps on parcourt d'abord une espèce de
terrasse composée d'un terrain rougedtre de transport et tout
caillouteux, tandis que la rivière a creusé son lit, plusieurs mètres
au-dessous, dans des couches un peu inclinées de cette inéme
mollasse miocène un peu marneuse et grisâtre, dont est com-
posée, comme nous l'avons déjà indiqué, la base des premières
collines, dont on suit le pied en venant de Bologne à Casalecchio,
endroit où l'on passe le Reno. Mais sur le haut et dans les collines
qui sont immédiatement à 10., on a des bancs de marnes grisâtres
et de sables jaunes pliocènes inclinés légèrement vers le N.-N.-E.,
sous lesquels on voit se relever quelques mollasses miocènes qui A
leur tour, à l'endroit dit les Praei\ s'appuient sur une masse de
marnes ou argiles bigarrées {argille scagliose)^ qui est la conti-
nuation de celle que nous avons décrite à Paderno. Après cette
niasse à stratification toute bouleversée, mais où l'on distingue
MOTS P« M. PARITO. 2^7
cependant d'un manière confuae des couches inclinées d'un cûlc
vers le M., de Tautre vers le S., on retrouve encore la mollasse
miocène, mais ici inclinée vers le S.-S.-O., et un peu plus loin,
en remontant toujours la vallée, on retrouve de nouveau dans lo
Laut les marnes bleues et les sables jaunes pliocènes, qui, près
de la Stlva, descendent presque au bord et au niveau de la rivière,
comme ils y descendent aussi eu montrant de très beaux escar-
pements sur l'autre rive, c'cst-i^-dire sur la droite.
A cet endroit de la Selva, on est pour ainsi dire dans le point le
plus bas de l'espèce de courbe concave que décrivent les marnes
et les sables jaunes, car en marchant encore un peu plus vers le S.,
on les voit, près du village du Sasso, se relever de nouveau et incli-
ner alors vers le N.-N.-E. Dans cette localité, on voit se dévelop-
per dans la partie presque inférieure des sables jaunes une couche
assex puissante de poudingue; les marnes bleues cependant sem-
blent se réduire à peu de chose, car sur la rive droite de la rivière,
qui a ici pour ainsi dire un petit changement de direction venant
du S.-O. jusqu'au point où elle reçoit un foit affluent appelé la
Setta, elles disparaissent presque entièrement pour faire place k
dei mollasses marneuses qui semblent plutôt miocènes que plio-
cènes.
La route que j'ai suivie, et le long de laquelle j'ai fait la coupt
que je décris, change, ainsi que la vallée, un peu de direction, et
l'on marche pendant un peu de temps vers le S.-O., en longeant la
base d'escarpements qui sont formés par des mollasses marneuses
ressemblant assez à celles d'une partie du Montferrat, et qui sem-
blent appartenir à la partie moyenne ou supérieure du terrain
miocène. Ces couches inclinent vers le M. ou mieux vers le
N.-N.-E.
On reprend ensuite la direction plus vei-s le S. , et au-dessous de
ces marnes sableuses on voit dans le bas, près d'un endroit ap-
pelé Malifollo, sortir des mollasses plus dures et à grains plus gros-
siers, qui présentent dans leurs couches une espèce de courbure ;
c'est probablement à une protubérance cachée du terrain éocène
sur laquelle ces couches s'appuient qu'on doit cette apparence ;
ce donte est bientôt éclairci, car après avoir suivi pendant un kilo-
mètre k peu près ces mollasses grossières, qui se redressent assez,
on voit poindre au-dessous d'elles une masse très marquée de
marnes bigarrées éocéniques, accompagnées de bancs de calcaire
compacte très fracturés, qui présentent toujours un aspect arqué,
comme s'ils formaient une espèce de voûte. Plus loin, les mol-
lasses grossières ou poudingucs à petits grains descendent encore
2 AS SÉàNCI du 16 DÉCBHBIB 1861.
au niveau de la riyièi*e vers MazzaboUo, et se redressent de nou-
veau avec une inclinaison plus marquée au N.-N.-E., pour s'ap-
puyer ensuite plus au S. et vers le gros boui*g de Yergato sur une
masse, plus considérable que celles que nous avons jusqu'à présent
retrouvées, d'argiles bigarrées (argilit scngliose) avec calcaires
compactes épars en très nombreux fragments au milieu d'elles.
Presque vis-à-vu de ce bourg, mais sur la droite de la rivière, on
voit en plusieurs points sortir du milieu des maities bigarrées
éocènes d'assez nombreuses petites masses de roches ophîoli tiques,
qui affectent une forme quasi-sphérique, ou plutôt celle do
petites coupoles perçant au milieu des marnes, qu'elles semblent
teindre des couleurs les plus variées.
A Yergato, où un asseï gros torrent venant de l'O. se jette dans
le Reno, on reconnaît parfaitement la superposition des mollasses
grossières sur les manies éocéniques, car on voit les escarpements
de ces mollasses couronner tout à l'entour les flancs inférieurs
ravinés des collines ou montagnes plus basset, composées de
marnes bigarrées et de calcaires qui fournissent d'excellente chaux
hydraulique, dont il y a près de Yergato une grande exploitation.
Ainsi, tandis que, d'un côté, les mollasses se dirigent sur la rive
droite du Reno vers le sud, se tenant sur le haut et à une certaine
distance des collines qui la bordent immédiatement, de même sur
la gauche, après avoir remonté pendant un peu de temps le bord
septentrional du torrent de Yergato, ou les voit traverser ce torrent
plus à l'O. et revenir ensuite, décrivant une espèce de demi-cercle,
rejoindre encore le bord gauche du Reno, à 3 kilomètres à peu
près au-dessous du confluent de la Limentra, et en efiet aussi en
suivant la route, après avoir traversé le terrain raviné des marnes
éocéniques, on rencontre bientôt plongeant vers le S.-S.-O. les
mollasses, ou poudingues à petits grains, miocènes, qui, au con-
fluent de la Limentra Maggiore près de Savignauo, passent aussi,
mais sur une petite étendue, sur la droite du Reno et occupent les
dernièi-es pentes du coiitre-fort qui est entre ces deux rivières,
inclinant ici de nouveau vers le N.-N.-E.
La route qui va vers la Porretta se tient sur la rive gauche du
Reno, et elle est toujours tracée jusqu'à ce bourg au milieu des
marnes noirâtres et des calcaires compactes de la formation
éocéttique bouleversés, qui rendent sinon impossible, du moins
très difficile, la construction entreprise du chemin de fer qui doit
réunir Pistoja à Bologne. Les couches de ces marnes et calcaires,
autant qu'il est permis de le reconnaUrej dans leurs contourne*
inenis, paraissent incliner en général vers le N.-M.-E. Le long de
NOTE Dl M. PÀBBTO. 2A0
la route il n'y a pas immédiatemenl de masses serpent ineuses,
mais il y en a à peu de distance des traces assez nombreuses, du
côté de Bombiana, sur la gauche du Reno et à TO. de la route.
On en voit aussi quelques masses sur la rive droite de la rivière,
mais plus en amont quePorretta et vis-à-vis de l'endroit où un autre
torrent qui porte aussi le nom de Limentra, mais qu'on appelle la
Limentra de Spedaletto, se jette dans le Reno sur sa droite.
Ce n'est qu'immédiatement après le bourg de la Porretta que
l'on commence à apercevoir quelque changement de terrain; en
effet, au sud de ce gros bourg, fameux à cause de ses eaux thermales,
s'élève un récif ou espèce de chaîne d'une assez grande hauteur,
composée de cette sorte de macigno solide, qui constitue ordi-
nairement le partie plus centrale de l'Apennin, et c'est de cette
espèce de chaînon que sourdent les eaux thermales de cette loca«
Uté,ainsi que les jets nombreux du gaz hydrogène carburé qui sert
à illuminer l'établissement des bains.
Les couches de ce macigno éocène sont presque verticales,
tandis que les coudies des argiles ou marnes et calcaires à Fucoldes
également éocènes, mais un peu supérieures, que nous avons suivies
jusqu'ici, sont beaucoup moins inclinées. On dirait que ces couches
de marnes et de calcaires sont tout à fait discordantes avec le maci-
gno, dont les couches plongent très fortement au-dessous d'elles.
C'est en s'appuyant sur cette discordance que plusieurs géologues
ont soupçonné que ces marnes bigarrées [argilte scagtiose) sont
plutôt miocènes qu éocènes. Pour moi, quoique je croie que les
marnes soient réellement supérieures au macigno, je ne saurais
souscrire à cette opinion et les séparer du macigno même en les
transportant dans une autre période; tout au plus je les quaiiGerais
comme la partie supérieure de la formation éocène, et j'attribue
les apparences, qui se présentent auprès de Porretta alla Madonna
del Ponte, à une véritable faille, ou à un bouleversement qui a
redressé les couches du macigno, en n'agissant cependant pas avec
la même intensité sur les couches marneuses, lesquelles se sont
fracturées à l'occasion de ce mouvement et sont pour ainsi dire
retombées sur les deux flancs de ce chaînon de macigno. L'idée
d'une faille se lie bien d'ailleurs avec le phénomène des sources
thermales à une très haute température, comme le sont celles qui
surgissent auprès de Porretta, et je me range d'autant plus à
cette opinion, qu'en plusieurs endroits de cette même vallée, et
surtout dans celle du Pauaro, on voit au-dessous des marnes et
argiles bigarrées des bancs de macigno analogue à celui de Porretta,
sans qu'il s'y trouve comme ici une discoixlance complète avec ces
250 SÉANCE DO 16 DÉCIHBIB 1861.
marnes; d*où je conclus qae les marnes bigarrées, argiilescagliosey
quoique en général à la partie supérieure, appartiennent bien
encore à la période éocénique.
Le chaînon de macigno de la Porretta et de la Madonna del
Ponte a la partie de ses couches, qui sont tournées vers le bourg,
plongeant très fortement vers le M .-N.-E. ; celles du centre du
chaînon sont verticales; mais celles qui sont au deU, et auiquelles
s'associent extérieurement quelques bancs d*argile et de marne avec
calcaires, plongent au S.-S.-O., et on se retrouve après, o*est-à-
dire au sud du déGlé (car le Reno coupe très profondément le
chaînon de macigno), dans des bancs d'argile marneuse et de cal-
caire compacte, bien peu différents de ceux des argt'Ue scagUosf,
encore tr^ inclinés vers le S.-S.-O., comme les derniers bancs de
macigno solide qui les supportent, et de ce côté on dirait qu'il n'y
a point de discordance. Ces marnes et calcaires vont graduellement
en diminuant d'inclinaison, et après 2 kilomètres i ]>en près de
chemin on les voit reprendre une inclinaison contraire, car ils
plongent de nouveau vers le N.-N.-E.
Un peu plus loin, c'est-à-dire à un endroit appelé Pavana, la
route de Toscane abandonne la vallée du Reno et, passant sur sa
droite, prend la vallée de la Limentra de Spedaletto, qu'on
remonte jusqu'au sommet de la chaîne centrale. Après quelques
bancs appartenant encore aux calcaires et argiles, on entre en plein
macigno, qui se présente d'abord en couches puissantes inclinées,
comme les calcaires et marnes qu'il supporte, vers le N.-M.-E.
Ce macigno est tantôt très solide et à grains de médiocre gro^
seur ; tantôt il s'approche d'une espèce de schiste noirâtre argileux
tout rempli de paillettes de mica, f^e long de la route il y a de
très forts escarpements, et on voit les couches du macigno descendre
presque verticalement du haut de la montagne dans le fond de h
vallée. D'après les diverses inclinaisons que ces couches affectent
dans un espace assez restreint, on peut presque dire qu'elles sont
ondulées en grand.
Au-dessous de l'endroit appelé la Sambuca ces couches finissent
par incliner, en s'approchant parfois de la verticale, dans le sens
du S.-S.-O. ; mais lorsqu'on s'approche du sommet de la chaîne
centrale, on voit qu'elles sont un peu moins inclinées. Sur le ver-
sant S. de celte même chaîne elles continuent à plonger vers le
S.-S.-O., c'est-à-dire vers la vallée de TOmbrone de Pistoja, qui
est un afïlnent de l'Arno, et elles ne laissent pas d'avoir en général
une pente encore assez considérable. La nature de la roche sur
CCS liniitoui-s et dans h descente vers Pistoja est un peu moins
IfOTI M M. PAEBTO. 261
solide et le macigno 8*approche beaucoup d'un schiste argileux,
ou macigno schistoide, rempli d'un grand nombre de paillettes
de mica. A rexlérieur, c'est-à-dire vers la fin de la descente, il
existe de véritables alternatives entre des argiles scliistoïdes, du
macigno et des bancs calcaires, et on voit ici aussi ce bariolage de
roches de diverses couleurs, qu'on a remarque dans les marnes
bigarrées éocéniques supérieures, que nous avons rencontrées si
souvent avant Porretta; de manière qu'on dirait qu'il y a ici
presque la répétition des nrgiUe scagliose ou la partie supérieure
du terrain éocène.
Les macignos, soit solides, soit scbisto'ides, de cette vallée de la
Limentra, contiennent assez souvent les Fucoïdes qu'on retrouve
presque partout, dans cette formation du flysch qui est si étendue
dans tous ces environs ; car, en se tenant au sommet de la chaîne,
on voit cette formation du macigno se diriger d'un côté et de
l'autre, soit sur les crêtes à l'origine du Reno et du Panaro d'une
part et de la Lima de l'autre, soit sur celles qui sont plus à TE.
et qui sont à l'origine du Bisenzio d'abord, et qui bordent ensuite
la gauche et même la droite de la vallée de la Sieve qui descend
dans l'Amo en amont de Florence.
Au pied des montagnes que nous venons de parcourir, et qui
courent à peu près de l'O.-N.-O. à l'E.-S.-E., s'étend la plaine
de Pistoja ou vallée de l'Ombrone, dirigée un peu plus du JN.-O.
au S.-E., et dont la surface est occupée par ce même terrain de
transport (diluvial?) qui se rencontre aussi dans la plaine de
l'Arno, plus près de Florence.
Au delà de l'Ombrone, c'est-à-dire sur sa droite on vers l'O.,
la vallée est ensuite bordée par un chaînon de montagnes encore
assez élevées, dirigé du N.-O. au S.-E. Ce chaînon est celui des
Monti Albani, qui est coupé, comme nous l'avons dit, plus au S.,
par l'Arno, non loin de Signa et de la Lastra, et de là se poursuit,
toujours avec la même direction, vers les monti du Ghianli, qui
séparent le val d'Arno supérieur des sources de l'Arbia et de
rOnibrone de Grosseto. C'est dans ce chaînon qu'on a retrouvé
non loin de Florence, à l'endroit dit Mosciano, une certaine quan-
tité de Nummulites et de foraminifères, qni indiquent que là on
n*est peut-être pas loin de la partie inférieure du terrain éocène,
comme on n'en est pas loin vers Ponte a Sieve, les Nummulites
ayant été trouvées vers la Consuma, prolongation des couches, et
non des plus profondes, qu'on coupe le long du défilé de la Sieve.
En se dirigeant de Pistoja vers Lucques, on doit passer ce chaî-
non des Monti Albini qui est traversé par le chemin de fer, entre
252 SÉANCE DU 16 DtCBHBU 1861.
ces deux villes, au moyen d'une galerie creusëe dans les argiles el
schistes argileux du macigno sous le bourg de Serravalle; mais
nous le couperons un peu plus vers le S. -E., pour aller tomber
sur un point assez remarquable de cette chaîne, qui resterait sans
cela en dehors de notre section.
Les premières pentes de cette chaîne vers l'Ombrone paraissent
composées de ces mêmes alternances d'argile schisteuse et de maci-
gno, que nous avons rencontrées avant Pistoja à la descente de
l'Apennin ; mais, si là elles inclinaient vers le S.-S.*0., ici, c'est-
à-dire au pied de la chaîne des Monti Albani, elles plongent vers
le N.-E. , c'est-à-dire encore vers la vallée de TOmbrone, mais
dans un sens opposé. En remontant ensuite sur la crête de partage,
entre l'Ombrone et la Nievole au-dessous de ces argiles schisteuses,
on <bit d'abord du macigno inclinant toujours au N.-B. et puis à
la descente, vers la plaine de la Nievole, beaucoup de ces schistes
argileux rouge lie de vin, parfois avec des nodules siliceux noirs
et quelques bancs calcaires, que les Toscans appellent des schistes
gales tri ni. En général ces schistes se trouvent inférieurement au
macigno, et les géologues de la Toscane les placent parfois dans la
partie supérieure du terrain crétacé. On les voit au petit col
qui est à l'E. de Monsummano, et qui relie à la chaîne des Monti
Albani la montagne proéminente de ce nom, plonger, en inclinant
au N.-E., sous le macigno de cette chaîne et s'appuyer sur des
bancs très inclinés d'un calcaire grisâtre, parfois très compacte
et parfois même semi-cristallin,* contenant de nombreux silex
pyromaques, qui plongent aussi vers le N.-E. et qui s'élèvent jus-
qu'au château appelé Monsummano supérieur (élevé de 557 mè«
très au-dessus du niveau de la Méditerranée), qui couronne cette
espèce de haute butte presque isolée placée eu avant de la chaîne
et s'élèvant immédiatement sur la basse plaine de la vallée de
la Nievole où s'étend le marais appelé Patlule di Fueecchio, Ce
calcaire grisâtre avec silex pyromaque noir ressemble assez aux
couches plus extérieures de certains calcaires qui entourent les
Alpes apuennes ou montagnes de Carrare, et qui , pour les géologues
toscans, appartiennent à la formation crétacée inférieure, tandis
que pour moi je penche plutôt à les croire jurassiques.
Cette opinion qu'une partie au moins de Monsummano serait
jurassique est confirmée par la découverte récente, qu'on a faite
dans les couches inférieures, qui contiennent moins de silex et qui
se trouvent vers la partie méridionale, de certaines Ammonites
qu'on retrouve ordinairement dans le lias.
Mais le calcaire à silex auquel on donne parfois le nom d'albe-
NOTB DB U. PARKTO. 253
rèse, n'est pas borné Sk la butte de iMonsimimano ; on en voit aussi
des traces vers Monte Catini, à la base de la colline sur laquelle
est situé le bourg de ce nom et qui est une diraniation des Monti
Albani ; mais ici il est entouré de galcstri ; c*est au pied de cette
butte de Monte Gatini, au milieu d*une espèce de bassin entouré
sur le haut par le macigno et dans la partie moyenne par les
galcsiit, que naissent les fameuses sources médicinales de Monte-
Catini. Ce bassin est encombré de petites collines de travertin qui
a empâté beaucoup de fragments des nodules siliceux qui se
trouvent soit dans les galcstri soit dans les calcaires qui leur sont
inférieure. Le petit torrent qui prend naissance dans ces collines
s'appelle le rio Salzero et a une salure assez considérable. Un
trouve en outre Talberèse et le gales tro en beaucoup d^endroits,
à la base des diramatious de la chaîne qui s*attache aux Monti
Albani et dont on longe le pied lorsque Ton va vers Pescia et de
là vers la vallée du Serchio, à Tendroit de S. Gencignano, sur la
route qpi de Lucques conduit aux bains de Lucques.
La butte de Monsummano, dans l'intérieur de laquelle il y a
une grotte remarquable avec un petit lac à une température assez
haute, s'élève pour ainsi dire abruptement au-dessus de la plaine^
et, si de ce point on tire une ligne dans la direction de N.-Ë.-S.-O.
jusqu'à la mer un peu au N. de Livourne, pendant longtemps en
la suivant on ne chemine que sur des terrains bas, occupés ou
par les marais de Fucccchio ou par ceux du lac de Bientina, et
ce n'est qu'après ce lac, c'est-à-dire au S.-O., qu'on rencontre
lextiémité de la petite chaîne des Monti Pisani qui vient aboutir
à la droite de TArno, lequel en longe le pied, pendant un certain
temps, des environs de Vico Pisano à Caprona.
Cette chaîne, dirigée à peu près de N.-N.-O. au S.-S.-E. connue
celle des montagnes de Carrare, dont elle est pour ainsi dire la
prolongation géologique, est composée de formations assez
anciennes, car une partie descend dans l'époque paléozoïque
comme le verrucano.
Dans la section que nous faisons, on ne coupe que la partie
méridionale de cette chaîne, c'est-à-dire la partie qui est entre
Buti et Caprona, et ce sont des schistes talqueux, des quartzites, des
arragonites qu'on traverse et, plus extérieurement, vers Caprona
et S. Giovanni alla Vena, des calcaires souvent grenus et dolomi-
iiques, qui s'appuient sur les remarquables anagénites de la
Yerruca, d'où est venu le nom de verrucano, les schistes talqueux
et les quartzites qui sont liés avec eux. Il parait que dans la partie
de la montagne qui regarde vers le lac de Bientina les couches
25 A SÉANCE DU 16 DÉCBHBIB 18Q1.
très inclinées plongent vers TE. ou l'E.-N.-E., tandis qu'elles plon-
gent à rO.-S.*0. du côté de S. Giovanni alla Yena. La masse
calcaire ne s*élève pas ici de beaucoup, et, comme elle manque du
côté de TE., on pourrait croire que le Moosummano, quoique^aases
éloigné, ferait partie de la zone calcaire qui enveloppait, peut-être
originairement, le noyau plus ancien semi-cristallin et central des
Monti Pisani.
Quoi qu*il en soit, entre le Monsummano ou la chaîne des
Monti Albani et le Monte Pisano, il n*y a que des terrains de
transport (diluvium ?) composés de marnes rougeâtres et de cail-
loux roulés, et peut-être en dessous quelques lambeani pliocènes,
qui forment de toutes petites buttes ou des espèces de plateaux
très peu élevés qui s'interposent entre le marais de Fucecchio
et celui de fiientina. Les collines qui séparent ces deux bassins
semblent se détacher des environs de Monte Carlo, où la tour
est élevée à près de 183 mètres au-dessus du niveau de la mer,
s'abaisser au petit plateau sur lequel se trouve le lac de. la Si-
bolla, dont le niveau est bien peu di£Eérent de celui dn marais
de Fucecchio et de celui de Bientina, et se relever un peu ensuite
aux hauteurs boisées qu'on appelle les Gcrbaje, qui vont finir à
i'Arno près de Santa-Maria a Monte et Monte Calvoli, où il parait
que le terrain pliocène est un peu plus marqué. Le marais de
Fucecchio est élevé au-dessus du niveau de la Méditerranée de
1& mètres à peu près.
La disposition et la direction de la vallée dans laquelle se trouve
le lac de Bientina sont telles qu'il y a des données pour ne pas
croire improbable l'opinion qui veut que jadis le Serchio en sor*
tant des gorges de l'Apennin, où sa vallée est presque longito*
dinale et parallèle à la chaîne centrale, au lieu d*aller â U mer
en faisant un angle et en coupant la chaîne des Mouti Pisani â Bipa'
fratta, en longeant le pied oriental, dans la plaine de Lucques et
dans l'emplacement où est le marais de Bientina, vint se jeter
dans l'Aruo près de Yico Pisano et S. Giovanni alla Yena. Le fait
est que la plaine de Lucques et le bassin de Bientina semblent la
continuation de la vallée longitudinale du Serchio et qu'actueile-
meut les eaux du lac de Bientina se déchargent également par
rOzzeri dans le Serchio et par le canale impériale dans l'Amo,
ces deux cours d'eau'ayant une pente si légère qu'à l'époque des
grandes crues les eaux refluent très facilement des deux rivières
principales dans ce même lac ou marais de Bientina, ce qui semble
indiquer que la difiérence de niveau entre ces divers points est
bien peu de chose. Au deU, c'est-à-dire au S.-O. des Monti Pisani,
NOTI Dl M. PÀRBTO. 255
après avoir passé TArno, on ne trouve plus jusqu'à la mer que des
terrains bas et marécageux qui sont très probablement le proiiuit
des alluvions de ce fleuve.
La seconde coupe que j'avais publiée en 1865, et que je crois
devoir reproduire encore (PL Y, fig. U) avec quelques observations
ultérieures pour donner une idée plus claire de la suite de TApenuin
en venant vers TO. , part des environs de Modène et vient
aboutir à la Méditerranée non loin de Massa, en traversant le massif
des montagnes de Gan^are presque dans leur centre, et sert ainsi à
avancer la connaissance non-seulement de la chaîne centrale, mais
auasi de ce remarquable groupe de montagnes ou suite de forma-
tions, qui, faisant un angle assez aigu avec la chaîne principale de
TApennin, court (à plusieurs intervalles ou en ellipsoïdes séparées
et dirigées à peu près N.-N.-O. S.-S.-E.) le long delà partie
occidentale de l'Italie et produit plusieurs des plus remarquables
accidents orographiques qu'on observe en Toscane jusqu'aux
limites des Etats du Pape, surtout du côté de la mer. •
Cette coupe suit à peu près, et pendant un temps assez long, le
contre-fort ou chaînon secondaire qui se tient entre la Secchia et le
Dragone, son aiSluent, d'un côté, et la Scoltenna et le Panaro de
l'autre; c'est le long de ce contre-fort que défile la route qui
conduit de Modène en Toscane, en passant par Paullo et Pieve
à Pelago et de là à S. Marcello et Pistoja.
Ou commence d'abord à gravir cette chaîne à l'endroit dit
Maranello, qui se trouve à la hauteur de 137 mètres au-dessus du
niveau de la mer, où les dernières pentes des collines ainsi qu'une
partie de la plaine sont formées par ce terrain rouge:Ure, parfois
marno-argileux, parfois caillouteux, qu'on voit en beaucoup d'en-*
droits superposé aux sables jaunes pliocènes et dans lequel à Gas-
lellarcuato, dans l'Astesan, à Gasteggio, on a trouvé de nombreux
ossements de pachydermes. En montant, on rencontre ensuite les
sables jaunes et puis les marnes bleues, qui se présentent ici avec
leur aspect ordinaire ; en dessous on peut croire qu'il y a quel-
que banc de mollasse qui devrait appartenir au terrain miocène^
comme on en rencontre presque tonjoure des traces non loin de
ces parages entre les marnes pliocènes et les argiles bigarrées,
argille scagliose^ vers la partie inférieure de la vallée du Panaro,
où, à Vignolc, on trouve du gypse; celui-ci est ordinairement à la
partie inférieure des terrains pliocènes et vei*s les mollasses, lors-
que ce n'est pas une modification ou épigénie, d'ailjcurs assez fré-
quente, des calcaires qui accompagnent les argiles bigarrées comme
il y en a une grande masse dans la vallée du Tresinaro et dans
25(5 SÊANCB DU 16 DÉCBMBRB 1861.
celle du Grostolo, à TO. de Sassuolo. Ce gypse de Yignola me paraît
dans la même position que celui de Gesso dans le Bolonais où le
gypse sélénite, sous forme de bancs très inclinés, ressort en dessous
des marnes bleues grisâtres et accompagné de quelque peu de mol-
lasse, s'appuie sur des mollasses qui ne présentent pas Taspect des
argiles bigarrées, mais bien de mollasses marneuses qu'on doit
plutôt rapporter au terrain miocène. Mais, en revenant à notre
coupe, on suit le terrain tertiaire supérieur jusqu'auprès de S. Te-
nanzio, élevé de 287 mètres au-dessus du niveau de la mer. Près
de cet endroit la montagne est composée de marnes et de calcaii*es
du groupe des argiUe scagliose dont nous avons déjà tant parlé et
qui se montrent ici sur une grande étendue, soit à TE. vers le
Panaro dont elles occupent le bas de la vallée de Marano à Festà,
soit ù rO. vers le SGCc*hio, dans laquelle direction se trouve la fa*
meuse Salsa de Sassuolo ou de Monte Zibbio qui est justement
ouverte dans cette formation des argiles bigarrées éocéniques,
no^imées aussi par le géologue Bianconi [terrent ardenti) argilie
siiUfere^ quoique tout alentour régnent encore les marnes sub-
apennines.
Or, ces argiles, ces marnes éocéniques avec calcaires fragmen-
taires souvent enduits d*une espèce de vernis luisant, verdâtre ou
noirâtre, tels que se montrent en plusieurs endroits des environs
de Narbonne les calcaires dans le voisinage des ophites, où ces
roches ont aussi niodiGé le calcaire en gypse, se suivent pendant
un certain temps jusqu'à ce qu'on rencontre à Monte Tagliato de
véritables mollasses miocènes, qui semblent d'abord incliner au
S.-S.-O. pour se relever ensuite vers Montagnana, inclinant alors
au N'-N.-£. Ces mollasses descendent du haut du contre-fort dans
le fond des vallées qui sont vei*s l'O., et de là paraissent se diriger
vers la vallée de la Seccliia, où à Castellarano sur la gauche de celle
rivière elles se montrent avec une grande puissance, inclinant
au N.-N.-E. et formant une espèce de poudingue à petits grains
contenant beaucoup de petits cailloux serpentineux. Après Monla-
gnana il y a sur la crête une petite interruption dans les molbases
puisqu'il y a encore un peu d'argile bigarrée, qui forme la char-
pente de cette chaîne; mais on les retrouve un peu plus loin jusqu'à
Moiitardoncino et à Montardone, le premier de ces endroits étant
élevé de 516 mètres au-dessus du niveau de la mer. Plus loin, les
mollasses miocènes finissent, et on ne parcourt plus que les argiles
bigarrées toutes bouleversées et presque sans stratification disoer'-
nablc jusqu'au' petit village de Stella, devant lequel au midi on a
une chaîne de montagnes plus élevées, qu'on appelle la Serra et
N'OTB OB II. PARETO. 267
qui court à peu près de ÏO. à ÏE. Cette cliaiiic, quoique faisant
partie (le la formation cocénique des argiles et calcaires bigarrés,
appartient à leur partie supérieure et a un aspect assez diilércnt ;
car, tandis que la partie inférieure de la montagne est pour ainsi
dire formée d'une masse de boue argileuse, endurcie, et de diverses
couleurs, remplie d'écailies et de fragments de bancs calcaires
sans aucune strati6cation bien déterminablc, le haut est constitue
par des bancs assez réguliers de calcaires plus ou moins argileux
alternant avec des bancs d'une marne grise assez endurcie et un
peu feuilletée. Ces calcaires contiennent d*asscz beaux Fucoïdes, et
leurs couches qui inclinent d'abord légèrentent vers le S.-S.-O. se
relcvcnt un peu ensuite du côté du midi en inclinant au N.-N-.E.
On traverse cette chaîne, au lieu dit Serra iMassone qui est élevé
de 800 mètres au-dessus de la mer, et on descend ensuite vers une
côte plus basse qui existe entre le Panaro et un affluent de la
Secchia, tandis que jusqu'à ce point on se trouvait entre deux
torrents de moindre importance» le Tepido et le Rio di Spezzaûo,
qui se rendent directement a la plaine. Dons le fond de cette der-
nière vallée, qui est ù VO. de la route, on voit s'élever sous le
parallèle de Stvltiiy à l'endroit dit Yarana» un massif assez considé-
rable de roches opliiolithiques, qui peuvent rendre raison du
bouleversement et des modifications singulières des argiles bigar-
rées qui les entourent.
Du reste, après être descendu au midi du chaînon de la Serra
on se retrouve encore sur ces argiles de diverses couleurs qui
occupent sans aucun doute la partie inférieure des cnlcnircs à
Fuco'ides; car, si au lieu de passer par la grande roule, on nn ive
au même point en passant par la vallée du Panaro, qui est à côté
de ce contre- fort, on ne parcourt que des masses énormes de ces
argiles sur lesquelles on voit en haut reposer un petit banc
de inacigno friable et terreux, mais surtout les couches régulières
des marnes et calcaires à Fucoïdes. Il arrive même qu'en quelques
points au-dessous des argiles on voit poinrire des bancs de ce ma-
cîgno un peu plus ancien que nous avons trouvé à la Porretta et
que nous reverrons bientôt, en reprenant la route par la mon-
tagne, surgir au-dessous des argiles bigarrées vers Paulo et la
partie plus centrale de T Apennin ; d'où il suit qu'il ne peut guère
y avoir de doute sur la position de ces argiles, qui ne sont que* la
partie généralement intérieure du calcaire i\ Furoïdes très boule-
versé, et qui, par conséquent, doivent appartenir à l'éoeène supé-
rieur, et non au miocène, comme quelques géolo;;ues l'avaient
soupçonné.
Soc. svoLy 2* série, tome XIX, 47
258 SÉANCB DU 16 DÉCEMBRE 1801.
De Serra 31assoiie, lorsqu'on a fini la grande descente jusqu'à
iMic certaine distance dePaulo, on parcourt une espèce de plateau
ondulé, qui est d'abord composé des argiles bigarrées avec quel-
ques calcaires et au milieu desquelles se montrent aussi, quand on
avance vers le S., quelques bancs arénacés ressemblant à un maci-
gno terreux. Ce plateau renferme, dans les petites vallées peu
profondes qui d'abord le sillonnent, des petits lacs ou des étangs
qui sont assez abondants en tourbe pour donner lieu à une exploi-
tation de ce combustible.
Plus loin, à l'endroit dit Acquabuona, ou rencontre enfin le
véritable macigno, qui est ici un peu vevdatre et tant soit peu
micacé, ressemblant à celui qui, en Toscane, sert à la décoration
de plusieurs monuments. Ce macigno constitue la Serra Yeturia
et tous les environs de Paulo et de Monte Gucoli. Sur la crête
que suit la grande route les macigno ne paraissent pas très incli-
nés; ces bancs ont subi cependant quelques plissements, mais leur
inclinaison générale est vers le N.-M.-E. Près d'une localité nom-
mée Monte Génère il y a quelques bancs calcaires qui alternent
avec le macigno, et plus loin ce calcaire qu'on voit clairement
sortir de dessous la roche arénacée acquiert une plus grande im-
portance et les couches en sont inclinées d'abord au N.-N.-E. et
ensuite au S.-S.-O., de manière qu'au village appelé la Lama il
parait qu'il y a un de ces points où a lieu un soulèvement plus
marqué. 11 est en outre intéressant d'observer que si de ce point
on tire une ligne dirigée de l'O.-N.-O. à TE.-S.-E., cette ligne va
passer au pied d'une des plus hautes montagnes de cette pailie de
l'Apennin, qui s'appelle le Cimone de Fanano, là où l'on voit à sa
buse des couches contournées, analogues à celles qu'on retrouve
sur la grande route et près d'un endroit où l'on observe certaines
masses noirati'es qui pourraient bien être des roches serpenti-
neuses.
Après cette station de la Lama, qui se trouve sur une crête peu
élevée, qui court enti*e la Scoltenna, afHuent du Panaro, et le
Dragone, affluent de la Secchia, en continuant à monter pour
s'approcher davantage de la chaîne centrale, on a devant soi une
colline assez haute, dans laquelle, au-dessus du calcaire compacte
dont nous avons parlé, on revoit encore le macigno dont les cou-
ches inclinent légèrement vers l'Apennin, c'est-à-dire vei*s le
S.-S.-O. Un grand nombre de bancs et de roches de différente
structure concourent à former cette montagne. Dans la partie infé-
rieure régnent principalement des argiles noirâtres avec quelques
calcaires; puis viennent des macigno terreux et ensuite d'autres
NOTE DE H. PARBTO. 269
inacigao cq bancs liés minces et schisteux. Dans ces niacigno on a
trouvé des traces de combustible, et souvent au milieu de ces
rockes arénacées il y a des noyaux d'argile noirâtre et de malière
charbonneuse. C'est dans ces couches que se développe le gaz
qui alimente le feu de Barigazzo, assez intense pour servir à la
cuisson de la pierre à chaux.
Après Barigazzo et Serpiano ces macigno schistoïdes continuent
encore; mais bientôt ils sont remplacés vers le haut par des bancs
d'argile^ par quelques calcaires et surtout par des masses d'argile
noirâtre avec des noyaux de calcaire compacte. Ces couches, qui
inclinaient d'abord légèrement vers le S.-S.-O., c'est-à-dire vers
la chaîne centrale, deviennent ondulées à l'endroit appelé le Ca-
pannone et finissent par incliner vers le N.-N.-Ë. Quand après cet
endroit on commence à descendre vers la Pieve à Pelago, on ren-
contre encore les macigno schistoïdes et les macigno solides, qui,
en inclinant toujours vers le JV.-N.-£., démontrent évidemment
qu'ils passent au-dessous de ces argiles noirâtres u noyaux calcaires,
que nous avons rencontrées sur le haut de la montagne entre Bari-
gazzo et le Gapannoue. Auprès de Pieve à Pelago les bancs de ma-
cigno sont très inclinés.
Lorsque, pour la première fois, je fis connaître aux savants réu-
nis au congrès de ISaples en iSl\5 cette section de l'Apennin, sui-
vant ridée alors encore prédominante (|ue les macigno avec les
calcaires nummulitiques appartenaient à la craie, ou au moins à
un terrain intermédiaire entre la craie et les terrains tertiaires, je
caractérisais en général cette chaîne comme composée de terrains
secondaires, en ne laissant pas cependant en général de me servir
du nom de formation du macigno, poui* ne pas préjuger une
opinion que je voyais tous les jours se modifier, pour s'approcher
davantage de celle qui considérait les terrains nummulitiques, le
macigno et le flysch comme éocéniques. A présent, je crois pou*
voir déclarer que toutes ces couches sont bien éocéniques, et qu'il
ne reste que quelques doutes sur les calcaires inférieurs que nous
avons vus à la Lama, lesquels pourraient être pris pour de Talbé-
ràse inférieur, et appartenir à la craie, mais qui plus pi*obable-
ment sont encore éocéniques, car il paraît qu'il y a un passage
entre eux et les macigno qu'ils supportent, puisqu'en effet il y a
à la partie inférieure des macigno une alternance de ces couches
calcaires et de ces couches arénacées.
Après ce bourg de Pieve à Pelago, qui est situé dans le fond
de la vallée de la Scoltenna et au confluent de trois de ses bran-
ches principales, la route que j'ai suivie pour aller traverser la
2C0 SÉANCE DU 16 UÉCJltfBRK 1861.
ciiaiiic centrale, ctaiU pendant quelque temps parallèle à cette
niéiuc chaîne, ne m'a (;uère permis de parcourir d'autres couches
que celles que j^avais traversées en dernier lieu en venant de Pievc
à Pelage, c'est-à-dire celles du macigno. C'est seulement à l'en-
droit dit Santa-Anna à l'O. que j'ai repris ma direction perpendi-
culaire à la chaîne centrale et que j'ai commencé à travei-ser des
couches que je n'avais pas encore rencontrées. Ce sont cependant
toujours des macigno schistoïdes et des argiles un peu micacées
qui alternent avec eux, ainsi qu'avec quelque peu de calcaire. A
la dernière montée on voit ces bancs changer d'inclinaison, et sur
le sommet de la chaîne centrale, près de Santo-Pellegrino, il y a le
macigno solide en bancs assez puissants, inclinés pendant quelque
temps vers le S.-S.-O., mais qui reprend bientôt à la descente
Tinclinaison N.-N.-Ë., c'est-à-dire qui parait s'appuyer sur les
masses calcaires qui sont au delà, sur la droite de la rivière du
Serchio, qui sépare la chaîne des montagnes apuennes ou tlelle
Panie de la chaîne centrale de i'Apeunin.
La coupe que je fis connaître au congrès de Naplcs suivait la crête
du contre-fort secondaire sur lequel est situé le sanctuaire de Santo-
Pellegrino, puis, arrivée dans la vallée du Serchio, la remontait
un peu et entrait ensuite dans la vallée du torrent de Yaglj, qu'elle
remontait pour aller gagner les hauteurs de la Tamburra. Cette
coupe de Santo-Pellegrino au Serchio ne parcourait que des ma-
cigno et passait ainsi en dehors d'une des localités les plus inté-
ressantes de ces parages, c'est-à-dire l'Alpe di Corfina Comme
il n'y a pas loin du chemin suivi en 18&5 à un autre qui lui est
parallèle jusqu'au Serchio suivi en 1847, et qui touchait l'Alpe di
Corfmo, j'aime mieux faire entrer dans la coupe actuelle cette
montagne de Corfiuo, une telle section étant plus en ligne droite
avec celle qui parcourt la vallée de Vaglj et la montagne de la
Tamburra. Or, si, arrivés sur la chaîne centrale près de Santo-
Pellegrino, on ne prend pas le contre-fort où est le sanctuaire, mais
si, cheminant un peu au N.-O. sur la crête, on va prendre un peu
plus loin le contre-fort qui est à gauche du torrent de Moscianello,
ou a d'abord, sur le haut, comme précédemment, des macigno
qui inclinent dans certains points au N.-N.-E. ou N.-E. ; puis en
descendant on a devant soi une montagne arrondie en forme de
dôme, qui est coupée en deux par le tori-eut de Moscianello, lequel
laisse voir l'intérieur tout composé de couches concentriques de
diftcrcnts calcaires appartenant très probablement à différentes
époques. Cette inonlague, haute de 1500 mètres, est la Pania de
Corfino. En 1847, j'en donnais une description au congrès de
NOTB DB U. PÀRBTO. 261
Yenîsc. Jo faisais voir qu'au-dessous ries niacîp,no il y avait
d'abord une série de bancs ar{|;ileux, rou(;eatres, suivis d'un banc
d'une espèce de poudingue ou brèche à frn{;nients calcaii*es, mais
plus encore siliceux, qui ressemble beaucoup à une espèce de
ptififiingstone qui, dans le comté de Nice, se retrouve à la base
du terrain nummulitique et du macigno ; qu'au-dessous de cette
brèche était un ensemble de schiste argileux, couleur lie de vin,
alternant avec quelques bancs de calcaire compacte, contenant des
noyaux de silex pyromaque différents de ceux qui se trouvent
dans la masse du calcaire inférieur.
Au-dessous de cet ensemble de schistes, ou mieux d'argiles
schisteuses rougeâti^s bariolées aussi de veit, qui doivent corres-
pondre aux galestro des géologues toscans et qui plongent au-
dessous de la chaîne centrale, on voit, à Tendroit appelé Sasso
Rosso, une masse de calcaire compacte rougeâtre avec de nom-
breuses Ammonites qui ont rendu fameuse cette localité. On y
trouve entre autres j4, tnsigniSj Schùbl., J. radians, Schloth., ^.
compioiiatus^ Brug., J, bisulcatus^ Brug., A.fimbriatusj Sow., A,
Conybeari^ Sow. ; et, dans les bancs un peu plus inférieurs et qui
sont moins rougeâtres, des Bélenmites, entre autres une espèce
qu'on avait un temps cru être une Ortliocère et dont MM. Savi et
Meneghini ont fait le Belemnites orthoceropsis ; il y a aussi beaucoup
de fragments de crino'ides. Cette réunion de bancs calcaires qui est
sûrement jurassique (si on y comprend le lias) plonge sous les
roches argileuses vers différents points de l'horizon, car très pro-
bablement elle enveloppe, comme un véritable manteau, tous les
calcaires subjacents, qui sont d'abord des calcaires compactes
blanc grisâtre avec silex et contenant quelques Ammonites et en
bancs assez minces, puis au-*dessou8 une masse de calcaire blanc
grisâtre subgranulaire, et inférieuremeut un assez grand nombre
de bancs de ce même calcaire, devenu noir et en couches de
moindre puissance. Ces couches sont remarquablement arquées;
car, si on regai*de le plan formé par la section verticale faite par le
torrent de IMoscianello, on voit ces différentes couches former de
véritables arcs plongeant d'un côté vers le N.-£., c'est-à-dire vers
la chaîne centrale, de l'autre vers le S.-O., c'est-à-dire vers la
vallée du Serchio ; tandis que si on coupe le massif dans un sens
perpendiculaire au même torrent, et presque parallèle à la chaîne
centrale, on voit les couches plonger d'un côté à peu près O.-N.-O.
ou N.-O., de l'autre vere l'E.-S.-E. ou plutôt vers le S.-E.
Quoique les Ammonites et les grands noyaux de Bélemnitet,
qa'on avait un temps cru être des Orthocèi'es, se trouvent de pré-
262 SÉANCE DU 16 DÉCEMBRJB 1861.
férence dans le calcaire rouge, qui a tant d*aaalogie et de rapports
avec le calcaire rouge ainmonitifère'du pied des Alpes I^ombardes,
il paraît (|u il s*en trouve aussi, maisen bien moins grande quantité,
dans le calcaire blanc qui Taccompagne infcrieureineni.
Lorsque, en 18&7, je visitai cette montagne, je ne pus recon-
naître les divisions plus minutieuses que les géologues toscans ont
eu le bonheur de pouvoir plus tard y établir ; car M. Gocchi croit
pouvoir rapporter la partie inférieure, celle qui touche tout à fait
au torrent [voir le Bulletin de la Société) à la formation du trias.
Pour moi, je ne voyais alors dans toute la masse depuis et cpnipris
le calcaire ammonitifère jusqu'en bas, que différentes assises de
la formation liasique, dont beaucoup d*Ammonites se trouvent
particulièrement dans le calcaire rouge de Sasso Rosso qui a sur-
tout de Tanalogic Qvec le calcaire de Pian d'Erba dans la Lom-
bardie, dont il contient beaucoup de fossiles. iMais les géologues
toscans, particulièrement M. Cocchi, ayant eu lieu de comparer les
différents calcaires qu'on rencontre dans cette section avec d'autres
dont on a pu ailleurs déterminer la position géologique, pensent,
comme nous venons de le dire, que les calcaires inférieurs noi-
râtfes appartiennent au trias, et les autres, c'est-à-dire le calcaire
grisâtre semi-cristallin du milieu, comme le calcaire rouge 8upé«
rieur ^t certain calcaire avec silex intermédiaire, à différentes
zones ou étages de la formation liasique. Quant â moi, je ne saurais
guère m'éioigner de cette opinion, car je crois bien voir ici les
mêmes roches que celles que j'ai observées au pied des Alpes
Lombardes, où j'ai pu constater à peu près la même succeasioo de
roches et de formations en descendant jusque dans le trias.
En poursuivant la coupe, pour descendre vers le Serchio, on
voit de nouveau après les calcaires des bancs d'argile rougeâtre
schistoïde, comme nous en avons observé à l'E. de la montagne;
ces bancs inclinent ici au S.-O., au-dessus viennnent des macigno,
qui se replient sur eux-mêmes, inclinant iPabord au S.-O., puis au
N.-E., et ensuite apparaissent de nouveau, au-dessous de ces
macigno, les schistes rougeâtres ou du galestro. Ce repliement des
couches est causé,'^à ce qu'il parait, par le pointement d'une masse
de serpentine qu'on voit au milieu de la vallée du Serchio à Vtxxm
droit dit le Poggio, laquelle forme une espèce de butte qui, eo se
prolongeant vers Camporgiano, y est coupée par la rivière. .
Tout le fond de cette vallée du Serchio, non loin de Carapor*
giano et en amont de Gastelnovo di Garfagnano, est occupé par un
terrain erratique ou de transport ancien composé de csilloi^x roulés
et de marnes et argiles sableuses dans lesquels on a trouvé des os
NOTI DB H. PARBTO. 263
de pnchydennes. Je trouve beaucoup d'analogie entre ce terrain
et uo autre que j*ai vu dans la vallée de la Majora, près de Villa-
franca et de Filattiera, composé lui aussi d*alternances de cailloux
roulés et de marnes avec Paludines et autres coquilles ou lacustres
ou terrestres, lesquels banc^ s'étendent horizon taleuient sur les
couches redressées du calcaire à Fucoïdes.
Dans la vallée de la IVIagra, avec ces Paludines et Hélices, il y a
des (races de lignite ou de bois bituininisé un peu feuilleté, bien
différentes de celles de Ganiparola, que tout porte à considérer
oomnie appartenant au terrain miocène. Il se pourrait donc aussi
que les traces de lignite indiquées dans les environs de Gastelnovo
dans la vallée du Serchio appartinssent au terrain erratique plutôt
qu'au terrain miocène.
Du reste la situation de ce terrain paraît aussi analogue à celle
du Yal d*Arno supérieur ; car dans ces trois localités, comme aussi
dans la vallée de la Vara, ce terrain occupe des espèces de bassins
plus ou moins étendus, disposés dans des vallées longitudinales, là
où d'anciens étranglements ou barrages de ces mêmes vallées fai-
saient que les eaux formaient des espèces de lacs.
La serpentine de Gamporgiano parait avoir causé de grandes
modifications dans les couches qui l'a voisinent, car elle est entou-
rée de gabbro rosso qui est très probablement une modification
des schistes argileux et des calcaires qui accompagnent inférieu-
renient la formation du macigno; on trouve une assez grande
masse de ces gabbro et de ces {«alesti-o, qui s'appuie sur la roche
ophiolitliique que nous avous signalée au fond de la vallée, près
du Poggio.
De cet endroit du Poggio en laissant les bords du Serchio, on
entre dans la vallée de Vaglj parcouiiie par un torrent qui
descend de la crête des montagnes de Massa, qui de l'autre côté
envoient directement leurs eaux, à la iVI éditer ranée par le Frigido,
et on se trouve pleinement dans le domaine des Alpes apuennes.
Kéanmoins pendant quelque temps, en suivant le torrent de
Vaglj, on a encoi*e à traverser quelques couches de macigno, les-
quelles sur les collines des environs, comme par exemple près de
Caregine,sc soulèvent à une hauteur considérable, en relevant leurs
tranches comme si elles s'appuyaient sur les monla{;[iies apuennes
elles-mêmes. Ces macigno qui, immédiatement après la butte ser«
pentincuse, inclinaient, ainsi que les galcstro et les calcaires qui
leur sont inférieurs, vers le S.-O., plongent ici vci-s le N.-E. et
indiquent qu'ils sont pour ainsi dire courbés sur eux-mêmes connue
ils étaient repliés de Tautre côté, c'est-à-dire à TË. de cette butte
26& SÉANCE DO 46 DÉCEMBRE 1861.
serpeiilineuse. Dant le bas de la vallëe cependant on quitte assez
tôt les inacigno pour rcncontrei' des calcaires durs, compactes,
noirâtres, qui cependant présentent encore un peu Taspect des
calcaires inférieurs de la formation du macigno, ou mieux du
terrain de galestro, qui ont été ici bouleversés par Tapparition de
la masse ophiolithique de Poggio et de Gamporgiano.
C'est vis-à-TÎs de Puglianella que commencent à se présenter les
bancs de calcaire ; ils sont noirâtres, généralement très compactes
et assez inclint'*s. En passant des plus hauts aux plut bas ils com-
mencent à présenter un aspect un peu plus cristallin. Je serais
presque d'avis que c'est assez près de ce point que doit passer la
limite du terrain de macigno et de ses calcaires, et commencer le
terrain du calcaire inférieur, soit crétacé, soit jurassique. Suf cette
ligne en effet, et je dirais aussi à égale distance de l'axe des Alpes
apuennes, on a trouvé à Tendroit appelé la Bruciana, près de
l'hermitage de Calomini, de petites Mummnlites dans une roclie,
laquelle, quoique tenant un peu du macigno, s'approche cepen-
dant déjà du calcaire et marque ainsi la partie inférieure de la
formation appartenant à l'époque éocène.
£n continuant à remonter la vallée et passant sur la gauche
du torrent, après l'usine de Caregine vis-à-vis de Vagli di Sotto, on
continue à voir des calcaires compactes, même un peu cristallins,
noirâtres, avec des traces indéterminables de fossiles. Ces bancs
paraissent incliner au N.-Ë. ou à l'E.-N.-E., et on peut sûrement
les rapporter aux calcaires inférieurs, aux macigno et aux galestro,
soit qu'on veuille voir dans ces calcaires, qui sont par leur position
et leur nature analogues aux calcaires noirs de la Castellana à la
Spezzia, un représentant du terrain néocomien, comme le pense
M. Meneghini, ou plutôt le représentant du terrain jurassique,
comme je pencherais à le croire.
Eu avançant dans la vallée, ces calcaires se modifient toujours
davantage ; la stratification disparaît presque totalement et ils se
changent en une masse de calcaire blanc semi-sacchardide ; on
dirait que ces couches s'élèvent du fond de la yallée jusqu'au
sommet des montagnes voisines. Après Vagli supérieur on voit
sortir au-dessous de ces calcaii*es un grand banc de roches schis-
teuses plus ou moins cristallines et composées de schistes talqnenx,
parfois vei*dâti*e$. parfois rouges lie de vin avec des veines de
quartz et des parties métalliques ferrugineuses.
Ce hanc, dont on trouve aussi des traces dans d'autres vallées
parallèles qui descendent des montagnes apuennes, sur la droite
du Serchio, comme au Forno Volasco, ne parait pas avoir ime
NOTE UB M. PARKTO. 265
fonne parfaitement régulière, étant en quelques points plus mince,
en d*auti'e8 plus renflé. Il prend mcinc une forme un peu recour-
bée, et au-dessous de lui on voit de nouveau une autre masse de
calcaire saccliaroïde . On dirait aussi, lorsqu'on commence à monter
la Tamburra après les dernières maisons de Yaglj, que ce banc
•*amincit de manière qu'il semble presque disparaître, et alors
ces deux masses calcaires paraissent presque soudées ensemble et
former une énorme masse de marbre blanc presque sans stratifi-
cation, qu'on peut suivre jusqu*à près des deux tiers de la montée.
A celte hauteur, se montrent de nouveau quelques traces de stra-
tification et le calcaire est interrompu par deux ou trois bancs de
tchiates talqueux analogues à ceux que nous avons vus dans le bas,
peu après le haut de Vaglj.
Le sommet de la montagne au passage de la Tamburra est cal-
caire, et, autant que la stratification peu marquée permet de le
voir, on dirait que les couches n'y sont pas très inclinées et que,
•i elles ont une telle inclinaison, elles penchent plutôt vei-s
l'extérieur que vers l'intérieur des montagnes apuenues, c'est-
à-dire plutôt vers la vallée du Serchio que vers la Méditer-
ranée; et, s'il y en a quelques-unes qui inclinent plutôt de ce
côté que de l'autre, on peut croire que c'est accidentel et que cela
dépend du surplomb de cette même couche. Du point culminant
de la montagne, élevée de plus de ÙOOO pieds, jusqu'à Resceto,
dans la vallée du Frigido et au-dessous, sauf une petite inter-
ruption où l'on euti'evoit les têtes de couches schisteuses talco-
diloritiques, celles mêmes probablement que nous avons vues sur
le versant du Serchio, la route est toujours tracée dans le calcaire,
ou pour mieux dire dans le marbre.
Sur la crête ensuite qui est à droite de l'observateur placé sur
la cime du passage de la Tamburra, ayant les yeux tournés vei-s la
Méditerranée, on voit une singulière apparence que prend le
schiste talqueux. Ce schiste parait pénétrer à la manière d'un
coin dans le calcaire; cela rappelle les singulières apparences et
relations entre le gneiss et le calcaire que M. Studer a observées
jadis dans l'Oberland bernois. Probablement ces masses de schiste
•e lient avec les terrains talqueux que nous ol>serverons plus bas
dans la vallée du Frigido, à moins qu'elles ne soient la continua-
tion irrégulièrement stratifiée des couches que nous avons vues à
Ifaglj et dont les têtes se montrent aussi sur le versant de la Médi-
terranée.
Mais avant de poursuivre notre coupe dans la vallée, examinons
un peu ce que peuvent être les différentes masses calcaires que
266 SÉANCE DU 16 DÉCBIIBRB 1861.
nous avons rencontres, ainsi que les schistes talqueux qui leur
sont intercalés dans la vallée de Vaglj et ensuite dans la montée
de la Tamburra.
D'abord, je crois que les calcaires noirâtres compactes, avec
traces de fossiles, qui peu à peu deviennent cristallins, correspon-
dent parfaitement à cette grande masse secondaire, pour moi,
encore jurassique, pour d^autres, crétacée inférieure, qui enve-
loppe de tout côté rdlipsoide des Alpes apuennea. Ge sont les
mêmes calcaires qui, à la Tecchia, contiennent des fossiles iden-
tiques avec ceux de la Castellana, des îles Palmaria, Tino etTinetto,
au golfe de la Spezzia. Ge sont les mêmes calcaires qu'on voit vers
Yergemoli, Eglio et le Forno Yolasco, ainsi que sur les hauteurs
de la Pania et la Pania Forata, et qui se rencontrent encore à
Textrémité S. de rellipsoide vers le monte di Quiesa, pour tour-
ner ensuite derrière, c'est-à-dire à l'Ë. de Pietra-Santa, et former
les montagnes qui bordent immédiatement la plaine alluviale
auprès de Porta et Salto délia Gervia. G'cst le niême calcaire que
nous rencontrerons à la fin de cette coupe, lorsque nous sortirons
des gorges de la vallée du Frigido pour arriver à la plaine qui
s'étend de Massa à la mer. Mais tous ces calcaires qui, quant à
leur époque de formation, paraissent identiques, ne présentent pas
partout le même aspect minéralogique ; parfois ils se changent,
comme au sommet de la Tamburra, en un. calcaire saccharolde;
parfois ce sont de véritables dolomies, parfois encore des rauch*
wAckes ou calcaires poreux, et sous cet aspect ils sont très remar-
quables près de Pieti*a»Santa et de Porta. Ges changements, comme
on peut bien l'imaginer, rendent difficile l'étude de ces mon-
tagnes, et ce n'est qu'en suivant pas à pas pour ainsi dire les divers
passages que forment entre elles ces variétés de calcaire, qu'on
peut dire quelque chose de moins incertain sur la position des
différentes masses qu'on rencontre sur le pourtour et dans les
environs de cette remarquable chaîne des Alpes apuemies.
Quant aux schistes talqueux verts ou rougeâtres que nous avons
rencontrés vers Vaglj et dans quelques points de la descente de h
Tamburra, entre les deux masses de calcaire, je n'hésite pat à les
croire identiques avec ceux qu'on voit dans le fond de la vallée de
Forno YolaEco, et avec cet ensemble de couches schistoîdes et grësi-
formcsqui, auGardoso et à Stazzema, s'intei-posent entre le cal-
caire supérieur de la Pania Forata et des montagnes de Sant»-
Anna et la masse de calcaire inférieur qu*on voit à Stazzema. Gel
schistes coutinuent aussi dans la partie moyenne des montagnes
qui sont entre la mer et la vallée de la Versilia venant vert Riva,
NOTI DE M. PÀRETO. 267
OÙ ils ont un peu l'aspect de schiste micacé et contiennent du
cinabre; et de là nous les rencontrerons aussi, mais moins recon-
naissables, dans la vallée du Fri(;ido, sous la masse de calcaire dont
nous avons précédemment parlé, et au-dessus d'une autre masse
calcaire^ mais plus ancienne. Ces schistes, scisii vcrsicohri de Savi«
paraissent appartenir à Fépoque oolitliique, sans qu'il soit pourtant
possible de préciser à quelle subdivision de cette grande époque on
puisse plus particulièrement les rapporter.
Au-dessous de ces schistes et dans la descente de la Tamburra
vers Resceto, ainsi que dans le fond de la vallée de Vaglj , nous
avons rencontré une masse considérable de calcaire presque sans
stratification bien marquée et qui a tout à fait Taspect du
marbre; c'est ce calcaire qui est le siège des grandes exploitations
qui ont rendu fameuses ces montagnes de Carrare, et ce massif se
voit toujours dans le pourtour intérieur du cirque ou bien dans le
ionà des vallées qui quoiqu'à Textérieur entament profondément
le massif des montagnes qui bordent ce cirque même, comme
après Vaglj et après le Forno Yolasco au-dessous des schistes. C'est
lui qu'on trouve dans le fond de la vallée du Carione (qui est à
l'intérieur du cirque), au canal de Colonnata, qu*on voit près de
la Polla del Gartero non loin de Forno dans la vallée du Frigido,
qu'on voit aussi à Stazzema. CJe calcaire, qui se montre bien clai-
rement au-dessous dçs calcaires ammonitiques comme ceux de
Sasso Rosso et de la Spezzia, appartient au lias, et tout ce que nous
trouverons au-dessous de lui sera rapportable à des formations
plus anciennes, soit qu'on puisse les dire triasiques, soit qu'on
doive les reculer encore dans les époques ou permiennes ou car-
bonifères.
Dans la vallée du Frigido, je n'ai pu trouver de bancs qu'on
puisse sans hésitation rapporter au trias, mais j'ai trouvé au-des-
sous des calcaires que nous venons de décrire une suite remar*
quable de couches de schistes talqueux avec quelques anagénites
peu développées et des qnartzites, qui paraissent parfaitement cor-
respondre au verrucano supérieur. Ces couches inclinent pendant
uq aaseiE long espace vers l'Ë.-N.-E., c'est à-dire qu'elles plon-
gent au-dessous des calcaires que nous avons trouvés à Resceto et
qui se voient aussi dans la principale vallée du Frigido, sur les
hauteurs de Forno et de Casette. Plus on descend, plus ces couches
s'approchent de la verticale, et alors entre Ca(;eg{;i et Cauerara il
sa substitue à ces schistes des espèces de gneiss talqueux, qui sont
liés avec des stéaschistes grisâtres verdâtres, avec des nodules de
quarts gras, qui formeraient la partie inférieure du verrucano.
268 SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 1861.
Dans cet endroit les couches, qui inclinaioiu il'ahord vers TE.-N.-E.
ou étaient devenues verticales, changent d'inclinaison et elles com-
mencent à incliner vers l'O. ou i"0.-S.-0., c'est-à-dire vers la
Méditerranée, indiquant ainsi qu'à peu près ^ la moitié du coui-s
du Frigido se trouve l'axe de cet ellipso'ide des Alpes apuennes ou
la ligne d'un côté ou de l'autre de laquelle les couches ont pris
une inclinaison différente ou opposée.
En descendant encore, on passe bientôt des gneiss et stéaschistes
noduleux dans les stéaschistes ordinaires, en se retrouvant ainsi de
nouveau dans la partie supérieure du verracano dont les couches
conservent dorénavant l'inclinaison vers l'O. ou l'O.-S.-O.
En appi*ochant ensuite de Massa sous la montagne de la Bru-
ciana, il semble qu*il y ait de nouveau du calcaire cristallin qui
s'élève sur les hauteurs voisines. Ce calcaire, qui paraît appartenir
à la masse inférieure et être pourtant liasique, est suivi par un
banc de schistes talqueux appartenant à l'oolitlie, lequel cependant
n'est pas très clairement scparable de la masse sous-jacente. Ce
schiste est suivi à son tour par une autre masse calcaire plus puis-
sante, rapportable aux calcaires de Yaglj et de la Tambnrra.
Au-dessus enfin de ces derniers calcaires, qui arrivent au con-
tact de la grande route de Massa à Canara et qui ont parfois l'as-
pect d'une rauchveacke, se présentent des masses de schistes it>ii*
geatres rapportables aux galestro, qui enfin sont suivit sur la colline
de Mirteto par des couches puissantes, mais moins inclinées, de
macigno, lesquelles arrivent à la plaine qui s'étend du pied de ces
montagnes à la mer, et on se trouve ainsi à la partie extérieure
ou occidentale de l'ellipsoïde des Alpes apuennes, que nous avons
traversée de l'E. à l'O. selon une ligne à peu près parallèle à son
petit axe et dont nous avons, pour ainsi dire, parcouru toutes les
formations qui se disposant autour de son noyau central concou-
rent a former ces remarquables montagnes; leur constitution
trouve son analogue dans lesMonti Pisani et dans plusieurs autrea
points des Maremmes toscanes, qui sont aussi comme des noyaux
ou massifs de terrains plus anciens, dont les axes s'alignent entre
eux généralement dans les sens du N. quelques degrés à l'O., au S.
quelques degrés à l'E., noyaux enveloppés par les terrains posté-
rieurs, comme l'éocène, et même par ceux qui sont plus récents
encore, et qu'on peut regarder par leur ensemble comme formant
une chaîne tout à fait distincte de l'Apennin à la partie occidentale
de laquelle elle se rattache. Cette chaîne, qui arrive dans une
partie des Etats du pape, et dont certaines tles de la mer Thyrré-
nienne ainsi que plusieurs caps très avancés, comme Monte Ar-
NOTE DB 11. PAKKTO. 260
gciitaro, paraisscul faire partie, est appelée par les Toscans chaîne
inétallllerey parce que c'est au milieu irelle que se trouvent les
plus riches et les plus abondantes exploitations uictallur[;iqucs.
Cette même succession de roches, que nous avons en dernier
lieu indiquée depuis le calcaire compacte noir extérieur, se voit
aussi sur la colline qui est vis-à-vis de celle de Mirlcto et sur la
droite du Carione ou torrent de Carrara, colline qui s'attache d'un
cAtë près Caste! Poggio aux Alpes apuennes vers la Gn N.-O. de
l'ellipsoïde, et qui par sa prolongation forme le cliaînon des mon-
tagnes macigniques de Fosclinovo sur la gauche de la Magra, et au
pied occidental duquel sont les remarquables terrains miocènes à
lignites de Caniparola, séparés par la vallée inférieure de la Magra
des deux massifs secondaires, celui de l'E. et celui de TO. du
golfe de la Spezzia, où reparaissent encore, dans le premier les
formations paléozoîques et jurassiques, dans Tautre les forma-
tions jurassiques, qui allant vers TO. ne se retrouvent plus bien
caractérisées que dans les montagnes qui sont au N. et à VO.
auprès de Savone et dans les hautes vallées de la Bormida, du
Tanaro, du Roja, de la Yesubia, etc., où Ton peut dire qu'on voit
a peu près la même succession de roches disposées comme ici
autour de certains noyaux, mais dont les axes principaux ont une
direction différeute, celle del'O.-N.-O. à TE.-S.-E., taudis que
ceux de la Spezzia sont alignés N.-N.-O. S.-S.-E.
La quatrième coupe que je présente (fig. 5.) depuis la mer jus-
qu'à la vallée du Pô est encore parallèle à celles que nous avons
esquissées jusqu'à présent; mais, au lieu de couper au beau milieu
la chaîne métallifère ou les montagnes de Carrare, elle passe à l'ex-
trémité septenti'ionale de cet ellipsoïde et ne traverse que des pro-
tubérances, qui sont bien en partie composées comme cette chaîne,
mais qui en sont séparées et ne présentent que des espèces de
centres secondaires ; quant à leur soulèvement ils peuvent bien
dépendre de l'élévation des montagnes apuennes, mais ils en sont
physiquement séparés.
J*aî commencé cette coupe au bord de la mer, non loin de Rio-
Maggiore, là où la formation du macigno qui plus au midi, c'est-
à-dire vers CampigUa, paraissait s'immerger sous les schistes am-
mouitiferes et les calcaires de la Spezzia, se redresse de manière à
faire voir sans aucun doute qu^elle est réellement postérieure. Ici,
au-dessous du macigno, inclinant en partie comme lui, c'est-à-dire
vers rO.-S.-O., il y a d'abord une masse considérable de schistes
rougeâtres, sci.sti galcstiwij puis à côté une masse considérable de
terrain liasiquci schistes à Ammonites, etc., qui se redrcsseut en
270 SÉANCE DU 16 DÉCEMUBE 1861.
iiicliiiaut versrE.-N.-E., el au-dessus d'eux, mais cii grande partie
recourbés, les bancs de calcaire noir souvent compacte, mais par-
fois subcristallin et doloinitiquc, semblable à celui de la Caslellana
dont il est la continuation, et qui a été tant de fois décrit, ainsi que
les schistes et calcaires ammonitifères qui lui sont inférieurs. Ces
calcaires arrivent au col de la Foce derrière ou au N. de la Spezzia ;
mais un peu plus à TE., vers Marinasco^ ils sont recouverts par
une grande masse de macigno inclinant ù peu près vers le M,-E.
Ces macigno sont mêlés à de nombreux bancs d*une argile
noirâtre et verdatre qu*on voit suitout le long de la route qui
conduit de la Spezzia à la IVIadonna di Buon Viaggio, d'où Ton des-
cend dans la vallée de la Yara, près de son confluent avec la Magra.
Ces macigno sont supérieurs au massif crétacé de Yczzano où Ton
a trouvé des Tuni ii tes y iwoÀs qui est en dehors de notre ligne quoi-
qu'il n'en soit pas très éloigné.
Après avoir passé la première de ces rivières, c'est-à-dire la
Yara, la pointe qui vient finir près du confluent avec la Magra,
et sur laquelle est le pays de BoUano, est composée de ces mêmes
argiles noirâtres inclinées au S.-0. A la base cependant de cetlc
pointe se trouve une masse assez considérable d'un dépùt caillouteux
horizontal, qui correspond probablement à une formation récente
que nous aurons occasion d'examiner un peu plus loin. Ce dépôt,
dont il y a des traces aussi sur la gauche de la Magra, avant d'en-
trer dans les gorges de', San-Stefano, est différent de la formation
miocène à lignites, qui contient aussi beaucoup de poudiogues,
mais en bancs assez fortement inclinés, qui se trouve non loin da
là, et s'étend des environs de Ponzano jusqu'au S. de Caniparola
et Santo-Lazzaro où on exploite ce combustible, dont les couches
s'appuient sur les derniers bancs, inclinés à peu près au S.-O,, de
calcaire et de macigno éocénique, dont est formée la chaîne de
Fosclinovo, qui est coupée presque perpendiculairement dans le
sens du N.-E. au S.-O., depuis la AuUa jusqu'à Santo*SteIaiid,
par la vallée de la Magra, que nous remonterons jusqu'au premier
de ces deux pays pour examiner les couches qui composent celte
chaîne qui forme comme un chaînon presque parallèle à la chaîne
centrale et qui est dirigé S.-E.-N.-O.
(l'est après Santo- Stefano, quand on a quitté des lambeaux de
terrain diluvial en couches horizontales , qu'on enti*e dans U
gorge assez resserrée parcourue par la Magra. Les premières coudies
sont des macigno schisteux avec calcakes en bancs qui inclinent
au S.-O. A Isola, les macigno et les macigno schisteux prennent
le dessus et ik continuent quelque temps à ayoir cette inclinaison;
IfOTB DE M. PÀRETO. 271
ils en changent ensuite et prennent une forme arquée inclinant au
N.'E. Dans la partie inférieure de ces couches il se montre quel-
ques bancs de calcaire compacte alternant avec des maci^^no et des
argiles schisteuses; puis on rencontre encore du maci^^no, et, lors-
qu'on approche de la vallée de TAulella qui se jette dans la 31a(>ra
près du bourg de la AuUa, on a des couches de calcaire argilo-
schistéux et une petite masse de roches ophiolithiques au niveau
de cet affluent de la Magra dont nous quitterons le lit pour cou-
daire notre coupe, toujours dirigée S.-O.-N.-O., sur la droite de
de la Aulella à travers les basses collines qui s*étendent entre le
pays de la AuUa, où au château se trouve une masse considérable
de roches ophiolithiques, et les environs de la ville de Fivizzano,
située dans la vallée du ilosaro, un des plus gros aiHuenlsde droite
de cette rivière.
Ces collines terminées par un plan sensiblement horizontal sont
traversées par de nombreux ravins, dont les principaux sont la Dor-
bola et FArcinasso ; dans le bas on voit qu'elles sont com|>osées de
bancs très inclinés de calcaires argileux à Fucoides et de quelques
marnes et argiles éocéniques, sur les tranches desquels reposent
des couches horizontales de marnes argileuses grisâtres qui contien-
nent des Hclix qui conservent encore des traces de leur couleur
naturelle ainsi que quelques Paludines. Ces argiles sont aussi par-
fois un peu verdâtres et (ant soit peu sableuses; elles alternent
d^abord avec quelques lits de cailloux roulés, etau milieu d'elles on
voit des parties bitumineuses qui passent à un lignite impur et
feuilleté. Sur le haut, il y a des bancs de cailloux roulés et par-
dessus tout, àOlivoIa, une couche d'argile fangeuse, espèce de lœss,
dans laquelle on a trouvé des restes de vertébrés. Ces couches, qui
se prolongent aussi au K. dans la vallée de la Magra jusc|u'au
delà de Filattiera, non loin de Pontiemoli, rendent très probable
l'ancienne existence d'un grand lac qui devait occuper le bassin
de la IMagra, s'étendant du pied de la chaîne centrale a celui des
montagnes assez élevées qui bordent à TO. la vallée de cette
même rivière. Ce sont ces couches à lignites récents, qui parais-
sent analogues, comme nous Tavons déjà dit, aux terrains à
lignites avec ossements que nous avons indiqués dans la vallée du
Serchio non loin de Castelnovo, de Garfagnana, où ils occupent
une position qui paraît identique.
Après avoir passé TArcinasso et plusieurs de ses petits affluents,
en s'approchant un peu des collines plus élevées qui sont situées
sur la droite du Ilosaro en arrière de Soliera, on voit les couches
de calcaire argileux, parfois contenant des Fucoïdes, passer sous
272 SÊAMCK DU 16 UÉCEUUaS 1801.
les lits de cailloux roules et crargilcs. Ces couches inclinent assez
foi'tciucut au S.-O. et forment les montagnes plus basses qui de
Fivizzano courent vers Baslia, Bagnone et Pontremoli, lesquelles
se tenant au pied de la chaîne centrale devaient former les rives
orientales du lac dont nous avons parle, lac qui a laisse des traces de
son existence dans les couches de marnes à Hélix et à Paludiucs,
ainsi que dans les bancs de cailloux roulés et de loess qui les accom-
pagnent. Ces calcaires se montrent encore sur ce chaînon qui se
trouve vis-à-vis de Fi vizzano sur la droite du Rosaro entre la vallée
de cette rivière et celle du Taverone, affluent direct de la Alagra, et
qui va se rattacher à la montagne de Camporaghcna ou Uufanaro
sur la chaîne centrale élevée de 2051 mètres au-dessus du niveau
de la mer, continuant à incliner vers le S.-O. ou TO.-S.-O. On
chemine pendant quelque temps sur ces couches, au-dessous des-
quelles bientôt, vers Botignano, on voit sortir avec la même Incli-
naison des bancs assez puissants de macigno solide, qui se trouvent
aussi sur la grande route de Keggio, laquelle suit la montagne
située sur la gauche du Rosaro, et passent de là vers les AIpi de
IMoinmio et celles de Sillano dans la vallée du Scrchio.
Ce macigno est à son tour soutenu sur Tune et sur l'autre rive
du Rosaro par des schistes luisants, argileux , verdâtreset rougeatres
qui appartiennent probablement au galestro des Toscans. Ces
schistes rouges qui paraissent cependant un peu plus talqueux que
les galestro ordinaires, se prolongent bien au delà de cette vallée
du Rosaro, car on les voit aussi dans la vallée du Tavarone en
amont de Comano, où ils inclinent encore au S.-O.
C'est au-dessous de ces sciiistes que dans une espèce de dépres-
sion se montrent, formant comme un noyau central, d'abord des
calcaires noirâtres assez compactes qui sont bientôt partiellement
modifiés en gypse. Ce gypse est accompagné de rauchwacke ou
cargneule, et il se présente d'abord en espèces de veines et en bancs
mêlés et presque intercalés à ces calcaires noirâtres qui contiennent
aussi des parties dolomitiques ; la masse du gypse parait divisée en
lits assez minces presque ondulés, qui est la forme que devaient
avoir aussi originairement les calcaires postérieurement modifiés
qui se présentent sous la forme de couches arquées inclinant d*iin
côté au S.-O., de l'autre au N.-E., c'est-à-dire plongeant au-dessous
de la chamc centrale dont les crêtes de macigno s'élèvent au-dessus
de cet endroit de Sassalbo et du Bolro dello Spedolaccio. Je pense
que ce calcaire appartient à cette section de calcaires secondaires
que iM . Meneghini classifie comme néoc(5miens et que je consi-
dère encore comme jurassiques, mais dont la détermination locale
NOTE DR M. PARBTO. 273
est assez illflicile, car jusqu'à présent dans celte localité de Sas-
salbo on n'a pas trouvé, que je saolie, de corps organisés,
A côté de ce massif de gypse il y a un amas de décombres au
milieu desqueb j'ai trouvé de nombreux fragments d'un schiste
talqueux verdâtre, qui passe presque à une espèce de gneiss et qui
contient de l'épidote et peut-être de la tourmaline. On ne voit pas
bien quelle est la position du banc d'où ces fragments proviennent ;
mais probablement ils appartiennent à quelque portion des schistes
▼erti et rouges qu'en remontant le ravin on voit de nouveau, mais
dans un sens contraire, s'appuyer sur le gypse et le calcaire modi-
fie et plonger inclinant au N.-E. sous le macigno de la chaîne cen-
trale. H. Savi a indiqué jadis dans cette localité l'existence d'une
mine de fer ; c'est un petit filon de fer oligiste micacé, qui serpente
pour ainsi dire au milieu de ces schistes talqueux qui contiennent
aussi de petits cristaux disséminés de ce même métal. Il y a aussi
dans les schistes it)uges de ces environs, dont les schistes talqueux
▼erditres font probablement partie, des traces assez nombreuses
de cuivre, comme au Botro del Moco vers Camporaghena, où con-
tinuent ces schistes rouges qui se prolongent encore bien au M.-O.
au pied de la chaîne centrale, et sous lesquels on voit encore du
gypse àTorsana, comme il y en a encore plus au JN. en amont de
Bagnone. La ligne qui réunit ces amas de gypse court à peu près
N.-O.-S.-E. ou un peu plus W.-N.-O. S.-S.-E,, et si on la prolonge
vers le sud elle va passer non loin des amas de gypse de Soraggio
dans la vallée du Serchio. Cette ligne est très remarquable, puis-
qu'on peut la regarder connue l'axe anticlinal de cette partie de
l'Apennin ; car d'un côté de cette même ligne les couches inclinent
au S.-O., de Tautre vers le M.-E., et c'est aussi à peu près selon
cette ligne que marche la crête de la chaîne centrale depuis le
Monte Orsajo à la tète de la vallée de la IMagra jusque et au delà
des montagnes de San-Pellegrino dans la vallée du Serchio. Les
traces de filons métalliques et les modifications que paraissent
avoir subies les schistes argileux ou galcslro sont aussi un indice
probable que c'est le long de cette ligne que se trouve l'axe de
soulèvement de ces montagnes, soulèvement qui pourrait bien
avoir aussi quelque corrélation avec celui des Alpes apuenncs et
qui est un peu différent de celui des autres parties de TApennin,
cette direction de S.-E.-N.-O. étant une moyenne des lignes
S--S.-E.-N.-N.-0. des Alpes apuennes rt E.-S.-E.-O.-N.-O. des
autres parties plus septentrionales de l'Apennin.
Tout autour de ce massif de gypse de Sassalbo, qui a une forme
presque elliptique, se présente le macigno tant au N. qu*au S., du
Sœ. géoL , V série , tome XIX. 1 8
27A SfiANCK DU 1(3 DÉCBMBHE l8(3l.
manière qu'on dirait que le calcaire et ses modifications occupent le
centre d'une boutonnière ouverte dans le (jalestro et le macigno ;
en effet, si au Heu d'arriver au col de Sassalbo ou du Spedalaccio
par le Botro de ce nom, on y arrive par la grande route qui se
tient assez baut sur la gauche de ce ravin, on ne parcourt que du
macigno qu^ou a sur sa droite, tandis que dans le bas et là où l'on
pénètre dans les gorges de quelque vallon latéral on touche à
peine le schiste rouge et le calcaire inférieur.
Au col du Spedalaccio, c'est-à-dire à la tête du ravin de ce
nom, il parait qu'il y a le schiste talqueux, modification du gales-
tro, tandis que sur la route, au col de Sassalbo, il y a un lambeau
de calcaire avec gypse, mais qui probablement est différent de
celui qui est dans la vallée, ce calcaire étant plus argileux et assez
analogue à celui qui, plus bas, dans le versant de la Secchia, est
évidemment superposé au macigno. Si cela est, comme nous le
supposons, le macigno serait représenté près du col par les masses
de cette roche qu'on rencontre un peu eu avant du sommet et qui
lieraient les deux massifs plus considérables de macigno du Bufa-
naro à la gauche et de l'Alpe de Mommio à droite de la route,
pour ceux qui viennent de la vallée de la IVlagra.
En descendant vers Piagneto et un peu après cet endroit, on
chemine jusque vis-à-vis de Cereto, qui est sur la droite de la
Secchia, au milieu de marnes et de calcaires argileux noirâtres
éocéniques, qui reposent évidemment en couches ondulées sur des
bancs de macigno, qui sont dans le fond de la vallée et qui, par
la convexité de leur courbure, montent jusqu'au haut de la i'oute«
lorsqu'on commence à prendre la descente, à la moitié de laquelle
à peu près se trouve l'auberge de la Gercta. Ce macigno est d'une
couleur vert noirâtre, et en quelques points il prend l'aspect d^un
véritable poudingue à grains de médiocre grosseur. On le suit pres-
que jusqu'au fond d'un ravin assez considérable qui vient de 1*0.,
et là on voit parfaitement la superposition, au-dessus du macigno,
d'une grande masse d'argiles verdâtres et noirâtres, avec de larges
taches rouges et avec des fragments calcaires ou des bancs frag-
mentaires, qui sont identiques avec les ar^Ule scagUose^ que nous
avons rencontrées dans le pays de Bologne et dans celui de Âlodène.
Au milieu de ces argiles il y a des parties qui forment comme des
espèces de dykes ou de colonnes qui ont été métamorphosés en
gypse saccharoïde. Ces gypses sont accompagnés d'une très grande
quantité de cargneule et ils forment comme des amas columnairet
qui s'élèvent au fond de la vallée jusqu'à une hauteur assez consi-
dérable sur les flancs de la montagne ; il y a un amas de ces gJpKS
nOTB DB M. PARBTO* 275
avant le pays de Culagna, et un autre bien plus considérable
eucore vers Acquabona où on le voit s'élever très haut sur la
inoutagne à l'O. de la route; quoique, en général, ce gypse soit
saccharolde, cependant en quelques points il est en larges cristaux.
Par sa forme irrégulière, par les nombreuses masses de Rauchkalk
qui raccompagnent, on voit assez clairement qu'il est dû à uue
épigénie des marnes et des calcaires au milieu desquels il se trouve,
et dont les couches, qui paraissaient d'abord incliner vers le JN. ou
le N.-E.i inclinent ensuite au S. ou au S.-O. à Tapprodie d'un
maisif de macigno qui se redresse en couches presque verticales
entre Bussana et Gervarezza sur la gauche de la route. Ce macigno
eit tanlAt verdâtre, tantôt presque noir et micacé, et il contient de
DOUibreux fragments de quartz hyalin et de schiste talqueux \ on
dirait presque que cf'est un poudingue à petits grains. Si de cet
endroit de Bussana ou de Gervarezza on regarde vers TE., on voit
devant soi des énonnes masses Xargille scagiiose et de calcaires
fragmentaires, avec des amas très nombreux de gypse qui semblent
accompagner au loin le cours de la Secchia qui tourne vers le
N.-E. , et donnent, par leur nudité et par les tons bigarrés et obscurs
de leurs couleurs, ainsi que par les nombreux ravins dont les col-
lines qu'elles constituent sont sillonnées, un aspect de désolation
qui s'étend fort loin, à la partie de la vallée de cette rivière qui
arrive jusqu'aux parages de Geredoio, où a lieu son confluent avec
le Dragone et un peu au*dessous vers l'endroit où la Tossana qui
descend de Paulo vient encore la grossir de ses eaux ; de manière
que l'on voit clairement que ces argiUe scagiiose vont se réunir et
former une zone presque continue avec celles que nous avons
observées sur la route de Paulo et dans la vallée du Panaro vers
Festà, où le pays présente un semblable aspect de désolation.
Après Gervarezza, où l'on quitte de nouveau le macigno, la
route se tient pendant quelque temps sur la crête du contre-fort
qui est entre la vallée de la Secchia et celle de l'Ënza, et Ton con-
tinue à parcourir la formation des argille scagiiose éocéniqucs
avec bancs de calcaire compacte de différentes couleurs que l'on
voit s'étendre très loin à l'E. et à l'O. de ce contre-fort, c'est-à-
dire aussi vers la vallée de l'Enza. A Montefiorino ces calcaires
font traversés par une masse de serpentine qui n'est pas bien con-
sidérable. Plus loin, c'est-à-dire une demi-heure avant Gastelnovo
de Monti, à l'endroit dit Monte, on rencontre enfin une espèce de
poudingue de couleur foncée, qui appparlientà la partie inférieure
des terrains miocènes. Ce poudingue est surmonté de marnes et de
mollasses de couleur jaunâtre grise, qui appartiennent aussi à celte
27ô SÊÀNCK DU 10 DÉCKMBRB 1861.
fonuation, laquelle présente ici ses cscarpcincnts tournés â peu
près vers le S. , et a par conséquent ses couches inclinées vers le
N. ou le N.-N.-E. C'est au terrain miocène et pailiculièrement
aux mollasses qu'appartient le remarquable rocher qu'on appelle
Bismantova près de Castelnovo, coupé â pic de tous oôtës et qui
forme une espèce de table trapézoïdale, un peu inclinée vers le
N.y sui'plombant les flancs constitués par des roches plus décom-
posables.
De cet endroit de Castelnovo de iMonti le terrain miocène prend
le dessus, et on le voit s'étendre à TE. sur la crête du contre*fort
qui sépare la vallée de la Secchia de celle de Tresinaro, vers Car-
pineti, et à l'O. dans la vallée de l'Ehza, qu'il traverse pour courir
ensuite vers la vallée de la Parma.
Mais malgré la prépondérance des terrains miocènes depuis
Castelnovo vei*s la plaine, on ne laisse pas cependant plus d'une
fois de rencontrer les roches éocéniques qui, particulièrement
dans le fond des vallées, viennent poindre sous les mpUasses et for-
ment, comme autant d'axes de soulèvement, des chaînons partiels
et presque parallèles à la chaîne cenlrale, puisqu'à leur rencontre
on voit les mollasses incliner, d'un côté au S., de l'autre au N. de
ces mêmes Ilots ou zones à\tr^ille scagUose, Cela se voit parfaite**
ment à Vendroit dit Crocc di Teglio^ et ensuite sous Sarzanç à la
tête de la vallée du Crestolo, où la marne éocène soutient des
bancs arqués de poudingue, de marne et de mollasse qui s'élè-
vent assez haut. Même dans ce dernier endroit l'aspect des
marnes et des mollasses jaunâtres supérieures est tel qu'on peut
douter qu'on ait ici un lambeau de terrain pliocène; en effet
on peut croire qu'on est ici (comme il paraît qu'on y est réelle-
ment] sous le parallèle ù peu près de San-Yalentino dans la vallée
de Tresinaro où, au-dessus des véritables mollasses miocènes de
Montebabbio et de Rondinara, on a ensuite des marnes bleues du
pliocène inférieur assez riches en fossiles, et par-dessus, au château,
dessables jaunes également riches en fossiles pliocènes qui, quoi-
que paraissant en couches horizontales, inclinent d'abord un peu
vers le S., puis se relèvent inclinant vers le N. et s'appuyant sur
la mollasse miocène de la cliatne qui va de Castellarano dans la
vallée de la Secchia à CarpineCi, sur le haut de la vallée du Tresi-
naro, disposition de couches qui se reproduit dans le voisinage de
Sarzano, où à la vérité je n'ai pas reconnu les fossiles, mais où les
couches par leur aspect et par leur position ont une ressemblance
remarquable avec celles de San- Valentino.
Plus loin que Sarzano, en descendant vers un endroit appelé le
NOTE DE U. PàRETO. 277
Crocicchio, on a d'un côté les couches de marnes et de sables ou
mollasses inclinant au S., et de l'auU'e, en remontant le côté qu'on
trouve après cette localité, ces mêmes couches inclinant au N. Ce
même fait se reproduit encore plus loin à la dernière descente de
la route, lorsque, après avoir parcouru les hauteurs toutes formées
par des mollasses et des roches arénacées qui ressemblent à un
poudingue et qui appartiennent au miocène, on arrive près de
Pecorile dans la vallée du Gampola, affluent du Grostolo. Ici les
couches de mollasse et de marne inclinent d'un côté vers le S.,
c'est-à-dire qu'elles plongent du côté de la chaîne centrale ; on
voit ensuite assez tôt la raison de cette inclinaison dans une masse
très considérable à couches fragmentaires ou arquées d*argiiie sca-
gii'ose qui viennent traverser de VO. à TE. la vallée et qui semblent
elles-mêmes dans un endroit percées par un massif de roches
ophiolithiques qui n'est pas cependant bien considérable. Cette zone
éocène est la dernière qu'on rencontre en allant vers la plaine, et
elle est la continuation des remarquables collines qui sont au midi
de Scandiano au castel del Gesso et à la Cà del Tento, qui sont
elles-mêmes la continuation de celles des environs de Sassuolo,
et plus loin de celles du voisinage de Bologne; la constitution en
est absolument la même ; c'est une masse énorme de boue, pour ainsi
dire endurcie, de diverses couleurs, vert, rouge, noir, contenant
de très nombreuses écailles ou fragments de calcaire compacte et à
FnccSdesde diverses couleui*s et enduit d'un vernis parfois luisant,
verdâtre ou noirâtre; des fragments de macigno assez souvent un
peu micacé, du manganèse, du fer à différents états, et parfois
da cuivre s'y montrent répandus çà et là ainsi que de la baryte
sulfatée, des pyrites et des cristaux isolés de gypse ; quelquefois
même le gypse forme comme une partie de la masse, et on voit
que c'est au métamorphisme des calcaires qu'on le doit; en effet,
il ne forme pas des couches, mais des amas irréguliers accompa-
gnés d'une grande quantité de cargneule et contenant très souvent
des rognons de soufre, tandis que d'autres gypses également du
pied des Apennins sont disposés en couches régulières alternant
avec des marnes souvent remplies, comme les gypses eux-mêmes,
de restes de corps organisés, ce qui indique que ces couches sont
probablement dues à des dépôts lents causés par des sources char-
gées de chaux sulfatée.
Ordinairement lorsque le gypse est stratifié, il est accompagné
par des bancs considérables de cailloux roulés et de sables jau-
nâtres ou gris , au milieu desquels il y a aussi des marnes qui
contiennent souvent des feuilles, des coquilles lacustres ou flu-
278 8ÉÀNCJI DU 16 DÉCMBIB 1861.
viatiles ou des coquilles d'eau saumâtre comme dans les environs
de 1 ortone, à Guarene près d'Aiba, k Slradella, etc. Alors il semble
appartenir à une époque plus récente, car il est au milieu de tei^-
rains que, selon moi, on doit rapporter à la partie inférieure du
terrain pliocène, ou à cette réunion de bancs fossilifères dans les-
quels se trouvent mélangées des coquilles de l'époque miocène et
de l'époque pliocène. Il se pourrait cependant que le métamor-
phisme du calcaire éocène en gypse ait eu lieu à la même époque
que le dépôt de la chaux sulfatée stratifiée ; la cause qui produisait
le métamorphisme pouvait en même temps saturer des 80uh:ta de
cette même substance, et Ton pourrait dire qu'on n'a dans ces lo-
calités que du gypse de la même époque, pliocène inférieur, mais
dans un endroit lËormé par une épigénie du calcaire préexistant,
dans d'auti'es déposé par des sources au milieu du terrain pliocène
inférieur lorsqu'il se formait.
Le gypse de la première catégorie, c'estrà-dire métamorphique,
se montre beaucoup dans ces environs de Scandiano aux Fornetti
au castel del Gesso, et c'est non loin de lui qu'au milieu des or-
giiie scagliose se trouvent les deux salze d'Iano et de Querxola.
Aux Fornetti aussi on exploitait jadis une mine de soufre située
à très peu de distance de la masse de gypse, qui est toujours Tobjet
d'une exploitation très active.
On trauve même un massif de gypse, que je crois appartenir à
cette première catégorie, très près de la coupe que nous teiMiis
de faire, à Vezzano ou au Monte del Gesso, entre le Grostolo et la
Campola, et je crois pourtant qu il est ici au-dessous des terrûns
miocènes, qui sont très développés, comme nous l'avons déjà indi-
qué, dans la vallée du Tresinaro, où au-dessus des véritables ter-
rains miocènes, mollasses, sables serpentineux et de quelques traces
de lignite, il y a aussi entre ces mollasses et les terrains pliocèoes
de San-Valentino des couches d'eau douce de la partie inférieure
pliocène, puisque non loin de Rondinara j'ai rencontré dans une
espèce de marne des Mélanopsides et desMélanies absolument iden-
tiques avec celles qui accompagnent dans le Tortonais lei couches
d'eau douce qui alternent vers Gavazzana et Santa-Agata avec la
partie inférieure des couches marines pliocènes (ou plutôt mélan-
gées de fossUes pliocènes et miocènes] ou du lerrain torlonitn,
comme Ta appelé M. Mayer(de Zurich).
Mais en retournant à notre coupe lorsque Ton continue à inar-
dier dans la vallée de la Campola on voit, après avoir passé le ma»-
sif serpentineux qui perce au milieu des argilie scagiiose^ qae les
couches plongent au N. ou au N.-N-E. et qu'elles sont niiTits
NOTB DB M. PARBTO. 271)
d'un peu de mollasse et puis par les marnes subapenuines bien
caractérisées auxquelles succèdent les sables jaunes, et de plus le
terrain rouge caillouteux diluvial qui occupe les pentes des der*
uières collines et une partie de la plaine après Pajanello pour aller
vers Kcggio.
J'aurais souhaité joindre aux coupes que je viens de décrire une
autre coupe qui de la vallée de la Magra vint finir vers Parme, en
se tenant entie la Baganza, affluent de la Parma, et le Taro; mais
comme cette coupe serait presque une répétition absolue de celles
que nous venons d'esquisser, car on ne rencontre, à quelques modifi-
cations près, que les mêmes terrains, je préfère en venir à une autre
section plus occidentale. Je noterai néanmoins que sur le contre-fort
qui va du col de la Cèsa vera Fornovo, en se tenant entre la Baganza
et le Taro, les formations serpentineuses avec les gabbro et les
jaspes sont assez fréquentes, et, quant aux terrains sédimentaires,
ils présentent quelque différence, car on retrouve, par exemple,
près de Cassi, au-dessous d'une masse de calcaire argileux à Fucoïdes
éocène, quelques bancs assez singuliers de poudingue, qui font par-
tie de la formation, contenant de très nombreux cailloux d'un
granité blanc grisâtre avec très beau mica noir, granité dont on
n*a presque aucun exemple de masses en place dans cette partie de
l'Apennin et qui ne ressemble qu'aux gros blocs de granité des
brèches, ou roches d'emballage, qui accompagnent les serpentines
de ces parages, blocs dont au reste on ne saurait donner une ex-
plication plausible, si ce n'est en disant qu'ils ont été détachés de
quelque masse granitique subjacente et cachée, et qu'ils ont été
portés au jour par l'éruption des roches serpentineuses.
La section que je fais suivre (fig. 6.) part du iMontc dePortofino,
aux environs et ùl de Test de Gènes, et arrive à la plaine lombarde
en suivant la vallée de la Mura. Cette section coupe l'Apennin
dans des points où dominent encore les directions O.-N.-O.
E.-S.-E., tandis qu'en «'approchant un peu plus de Gènes on voit
régner davantage les directions S.-S.-O. N.-N.-E. qui sont ap-
proximativcmeut celles des Alpes occidentales.
Le cap pittoresque qu'on voit surgir abruptement de la mer
à 12 milles à peu près à TE. de Gênes, et s'élever ù la hauteur
de 588 mètres, se nomme le Monte di Portofino. 11 est composé
à sa partie méridionale et à sousonuuet par des bancs énormes, assez
inclinés, de poudingue ou nagelflue contenant des cailloux roulés,
de diverses dimensions, de calcaire àFuco'ides, de roches serpen*
tineuscs, gabbro, grunstein, jaspes, de roches de quartz, d'anagéni-
tes et de schistes du verrucano, de calcaires compactes jurassiquesp
280 SÉANCE 1)U IG DÉCEMBRE 1861.
de quelques poipliyres, et appartient au terrain miocène inférieur.
Au-dessous de ce terrain miocène on voit, en bancs très inclinés
vers le sud et très tourmentés, du calcaire ai'gileux, compacte, assez
souvent traversé de veines spathiques appartenant à la formation
éocène et qui contient sur la crête de Ruta d'assez nombreux
Fucoîdes. Ce calcaire se poursuit sur cette même crête en allant
vers la M adonna di Caravaggio et Montebello, ainsi que dans la
vallée du Fiume di Recco qui court à la partie occidentale de ce
contre-fort, et où on le voit toujours incliné vers le S.-S.-O. , incli-
naison qu'il conserve dans une grande partie de la petite chaîne
côtière qui va de Rapallo à Cbiavari, ainsi que dans la plupart
des montagnes qui vont à TO. de Recco vers Nervi. Dans cette
vallée de Recco, en avançant vers le N. , on voit poindre au-dessous
de ce calcaire un autre calcaire schisto -argileux, qui s'exploite
comme ardoise et qui est la continuation des fameux schistes cal-
caires éocéniques de Lavagna qui servent à couvrir les toits à
(rênes et dans presque toute la Ligurie, et qu'on nomme lavagnc^
du pays où se fait leur principale exploitation. Or, on voit ces
lava^ne ou ardoises au Ponte del Salio et dans la montée de la
Spinarola qu'on parcourt pour traverser le petit contre- fort
presque parallèle à la chaîne centrale, lequel sépare de la mer la
vallée longitudinale de la Lavagna ou Fiume di Chiavari,
An sommet de la Spinarola et à la descente vers la Fontana*
bona, ou vallée de la Lavagna, sons une première niasse d'ardoise,
on voit un banc assez considérable d'une argile brune noirâtre,
qui fait bien partie de la formation du macigno; cette argile al-
terne encore avec des calcaires compactes et des calcaires schisteux,
et parfois elle en contient d'énormes noyaux ou amas qui sont
comme noyés dans sa pâte.
La vallée de la Lavagna, qui va déboucher vers Ghiavari, court
à peu près de l'O.-N.-O. à TË.-S -Ë. Elle est élevée à peu près i
la moitié de son coui*s, à Fendroit dit Ferrada, de 126 mètres au-
dessus du niveau de la mer, tandis que la chaîne centrale, qui est
au N. et qui lui est parallèle, atteint dans plusieurs points, à la Punta
fil Lavagnoia 1091 mètres, à Monte di Àcqvuipendente 1252, et la
chaîne côtière qui sépare cette vallée de la mer a au Monte Bado
91U et au Monte Orenso 698 mètres au-dessus du niveau de la
Méditerranée.
On commence à gravir la chaîne centrale peu après Gicagna et
Orero, et dans la montée, lorsqu'on laisse les parties basses de la
vallée, on trouve d'abord de l'argile brune avec des noyaux cal-
caires comme il y en avait sur la dmite de la rivière. Peu après,
NOTB DB M. PARBTO. 281
dans ces argiles il y a des amas de inacigno et ensuite des bancs
alternatifs de ce nicnie maci(^no gris un peu micacé, qui incline
pendant un certain temps au S.-S.-O. Plus haut, lorsqu'on arrive
au faîte de la chaîne et au Monte di Licciorno qui atteint
13/i9 mètres d'élévation, on a du macigno plus dur, grisâtre, al-
ternant avec quelques minces lits d'argile, qui se présente d'abord
en couches très inclinées au S.-S.-O. , puis verticales, ensuite
inclinées vers le N.-O., le N. et le N.-N.-£. Ces variations dans
l'inclinaison des couches sont pix>bablement produites par les
contours irréguliers d'une grande traînée de roches serpentineuses
qui M tient non loin de ces parages et qui, partant des bords de
la Méditerranée près de Levanto et se dirigeant à peu près du S.-E.
au N.-O., vient couper obliquement la chaîne centrale vers Bor*
zonasca et Santo-Stefano d'Avcto.
Lorsqu'on descend ensuite sur le versant N. de la chaîne qui
envoie ses eaux dans l'A veto, affluent de la Trebbia, on voit succé-
der supérieurement au macigno des calcaires schisteux ou Invagne
et puis encore des argiles avec calcaires compactes qui, jusqu'au-
près du hameau des Cabanne d^Aveto, se présentent avec des incli-
naisons vers le M. ou le N.-N.-Ë. Plus au N. ensuite que ce der-
nier hameau, les couches de ces mêmes schistes calcaires inclinent
au S.-S.-O. La cause de cette variation peut se reconnaître dans
un massif de roches serpentineuses qui se rencontre bientôt et qui
traverse l'Aveto. Ce massif qui couit à peu près S.-E. N.-O. est
principalement composé de serpentine verte diallagique; mais il
est accompagné aussi de certains grttnstvin variolitiques et de ces
i*emarquable8 brèches serpentineuses qui se présentent en très
grandes masses dans toutes les montagnes de ces environs.
Probablement la plus grande partie de ces conglomérats ou
brèches, qui contiennent un grand nombre de fragments arrondis
de roches de différente nature et plus particulièrement calcaires,
sont de véritables roches d'emballage produites par l'action méca-
nique de la seipentine, lors de sa sortie, sur les bancs environ-
nants; mais il peut y en avoir quelques bancs, auxquels on doit
attribuer une autre origine ; en effet, souvent parmi les bancs schis-
teux et calcaires des formations éocènes, que nous parcourons dans
ces localités, on en trouve de composés d'un schiste semi-argileux
qui contient de très nombreux nodules, un peu arrondis, de cal-
caire compacte, généralement noirâtre et parfois un peu siliceux,
qui se fondent dans la pâte du schiste. Or, il se pourrait qu'une
partie des conglomérats qui avoisinent ces serpentiues et qui, à la
structure près de la pâte et des nodules, ont cette apparence, ne
282 SÉANCB DU 16 DfiCBMBRB 1861.
fussent réellemeut que ces bancs nodulcnx métamorphosés par ia
serpentine même ; car orclinaircnient beaucoup do ces brèches,
qui parfois paraissent stratifiées, ne sont formées que de nodules
calcaires siliceux, verddtrcs, un peu subgrenus ou compactes,
noyés dans une pâte de jaspe ou de schiste argileux rougeatre qui
passe au jaspe, modifications que la serpentine a presque toujours
produites plus ou moins puissamment dans les ualcairet et les
schistes qui Tavoisineot.
Plus loin que ces marnes serpentineuses qui occupent le défilé
qu'on appelle Mazappello^ où le lit de la rivière d'Aveto est élevé
de 8i 3 mètres au-dessus du niveau de la mer, on retrouve de nou-
veau, en bancs très contournés et repliés sur eux-mêmes, les schistes,
les calcaires compactes et schisteux ardoisiers inclinant encore nu
N.-N.-Ë. , et puis, près de Rosagni jusqu'à Santo^Stefano d'Aveto
inclinant encore au S.-S.-O., comme Targile brune avec quelque
peu de macigno, qui est près de ce pays; ces couches s'appuient sur
les énormes masses de brèches serpentineuses de jaspes, de gabbro et
de serpentine dont est composé le gros massif des montagnes qui
sont au N.-E. , à l'E. et au S.-£. de ce bourg, massif qui est le plus
élevé de la Ligurie orientale, puisqu'il atteint à la Cima di Mes-
solasca ou Tomarlo 1803 mètres d'élévation et que d'autres cimes
ont, le Monte Bovo à l'origine de la Nura 1779, la Penna,
non loin de la chaîne centrale, 17^3, la Ragola 1916 et le Groppo
Rosso 1607 mètres. Ce massif est aussi le centre d'un système
hydrographique assez remarquable, puisque, quoique un peu en
dehors et au N. de la chanie centrale, il embrasse les sources de
plusieurs rivières ou torrents assez considérables, comme le
Taro, le Geno, la Nura et un des affluents les plus oonsidërables
de l'Aveto.
Dans ces brèches des environs de Santo-Stefano d'Aveto, ainsi
que dans celles que nous retrouverons dans la vallée de la Nura et
dans celles qui sont vers la vallée de la Trebbie d'un côté et les
vallées du Ceno et du Taro de l'autre, un des phénomènes les plus
remarquables est la présence de blocs assez nombreux d'un gra-
nité gris ou rose avec mica noir très brillant, granité dont on ne
trouve des masses en place qu'à de très grandes distances d« cet
localités ; car on n'en voit des masses que dans une partie des Alpes,
et dans les Apennins ce n'est que vers Savone qu'on en trouvt
quelques monticules. Or, on ne peut guère attribuer l'origine de
ces blocs et cailloux à la même cause que celle à laquelle on attri-
bue le phénomène des blocs erratiques si répandus aux pieds des
Alpes, c'est-à-dire aux causes glaciaires ; en effet ici, et l'époque
KOTB DB M. PÀHBTO. 283
et le gisement sont assez diftlérents; car quanta Tépoque ces blocs
de granité des brèches serpentineuses sont enclavés dans des forma-
tions appartenant à Tépoque éocène ou tout au plus miocène, et
quant à leur position ils sont disposes de manière qu'on ne peut
y Yoir certainement des restes d'anciennes moraines de glaciers
qa*il faudrait croire extraordinairement et contre toute probabi-
lité très étendus, car il faudrait les supposer partant des Alpes
des Grisons ou du Tyrol, pour arriver dans le centre des Apennins
sans laisser aucune trace de leur existence au pied de cette dernière
chaîne. On se trouve donc réduit à expliquer la présence de ces
cailloux et blocs par le charriage au moyen des glaces flottantes;
mais dans ce cas on devrait en trouver plus souvent et plus unifor-
mëment répandus dans les couches régulières et même loin des
niasses serpentineuses ; ceci n'arrivant que très rarement, cette
dernière explication devient aussi invraisemblable, et il ne reste
que celle que nous avons déjà indiquée, et qui suppose ces blocs
détachés de niasses granitiques cachées à une grande profondeur
et portés au jour par la sortie des serpentines, qui réunisse un
assez grand nombre de probabilités pour être préférée aux autres
hypothèses.
De ce bourg de Santo-Stefano d'Aveto, la direction que j'ai
suivie ensuite est d*abord un peu oblique et un peu plus à l'O. ;
car, pour aller prendre la vallée de la Mura, on tourne un moment
à rO. pour aller rejoindre le col de la Crosiglia où l'on abandonne
les versants de TAveto pour entrer dans ceux de la Mura. En sui-
vant pendant une heure à peu près ce chemin, on côtoie pour ainsi
dire le pied occidental du grand massif de roches ophiolitiqnes de
Santo-Stefano, dont les énormes débris, appartenant paiticulière-
ment aux jaspes rougeâtres et aux brèches serpentineuses, qui pré-
sentent l'aspect très confus d'une espèce de stratification verticale,
descendent sur la route vers Torio et tout à côté à l'E. du col de la
Crosiglia, qui est élevé de plus de 1100 mètres au-dessus de la mer,
mais qui est composé de roches sédimentaires, schistes ardoisiers
calcaires et de quelques macigno dont les couches très inclinées
plongent au S.-O., sous l'effet du grand massif serpentineux
dont nous venons de parler et qui se tient a !'£. et au N.-E. du
col, courant particulièrement sur les hauteurs de Montenero et de
Ragola qui sont sur la droite de la Mura entre cette vallée et celle
du Geno.
Du col de la Crosiglia on descend immédiatement dans la vallée
de la Mura et on reprend la direction approximative du M.-M.-E. ,
qui, à part quelques détoun, est celle de cette rivière. Dans la des-
38& SÉANCE DU 16 DfiCBMBRB 1861.
ceiite vers Gainbaro on a du calcaire argileux en partie schisteux,
alternant avec quelques petits bancs de psaminite niacigno, assez
friable et micacé, qui ressemble un peu à la mollasse ; ces bancs,
inclinant entre le S.-O. et le S.-S.-O. en allant vers les Perrière,
sont entremêlés, particulièrement les calcaires, avec des masses con-
sidérables d*argiles brunes, un peu schistoides, qui conservent cette
même inclinaison jusqu'à la distance d'une demi-heure à peu près
avant ce bourg. Près de ce point, dans un gros ravin qui vient de
rO., on voit surgir uu^massif assez considérable d'une belle ser-
pentine vert noirâtre très diallagique, et après cette butte les
couches deviennent beaucoup moins inclinées, mais plongeant
vei-s le N. ou le N.-N. -£. ; elles sont même percées tout près des
habitations par une petite masse de brèches serpentineuses, dans
laquelle les fragments granitiques sont assez nombreux.
Après les Ferriere, où autrefois on traitait du minerai de fer
qu'on tirait des niasses de roches serpentineuses des environs, en
niaitïhant vers Centenaro, ce sont toujours les calcaires schisteux
ou compactes éocènes inclinés au N.-N.-E. qui dominent. Il y a
cependant au milieu du calcaire quelques petits bancs de macigno,
friable et micacé, qui contient des traces de végétaux carbonisés
indéterminables.
A une heure et demie après Ferriere, vera Vaggio, vis-à-vis de
l'endroit où, sur la droite, la Nura reçoit un gros affluent appelé
la Lavajana, qui descend d'une région toute ravinée, laquelle a
bien l'aspect des régions où se montrent les argiiie scagUose^ et
qui est dominée au N. par une chaîue parallèle à la chaîne cen -
traie courant Ë.-S.-E. O.-N.-O. appelée les montagnes de Santa-
Franca, composées de calcaires marneux compactes, on voit un
petit massif d'ophicalce autour duquel les couches sont rompues
et tourmentées. Ici aussi le calcaire est compacte et d'une couleur
verddtre, comme celui des iirgille scagUosc que nous avons vu en
si grande quantité dans les vallées du Reno, du Panaro et de la
Secchia. Ce calcaire est traversé par des veines spathiques et est
enveloppé par un vernis vert obscur ; parfois aussi il est bknc,
sale et jaunâtre et a l'aspect du marbre ruiniforme; les argiles
cependant sont ici en moindre quantité.
Avec ce massif d'ophicalce il y a aussi du gabbro et quelques
brèches serpentineuses verdâtres, au milieu desquelles on voit des
parties couleur de chair qui paraissent être des cristaux incomplets
ou fragmentaires de feldspath, comme il y en a dans la brèche
de Rovagno, dans la vallée de4a Trebbia. Autour de ce massif les
couches sont un peu contournées; mais, avant de descendre dans
NOTK D£ M. PÀRKTO. 285
le torrent do la Lobbia qu'on rencontre bientôt, elles inclinent
bien déciilénieut vers le S-.S.-O.
Après ce torrent de la Lobi)ia et entre lui et le Rovazzano con-
tinuent toujours les calcaires marneux éocéniques inclinant encore
au S. -S. -O. jusqu'à la rencontre d'une nouvelle masse de serpen-
tine, qui détermine vers la i)artie septentrionale un chan(^ement
d'inclinaison, puisque après l'avoir traversée ou voit ces calcaires
toujours alternant avec quelques marnes incliner pendant long-
temps vers le M.-E. ou le N.-N.-E. Ces calcaires s'élèvent sur les
montagnes qui bordent la vallée à une hauteur considérable, et ou
voit qu'après cette masse de serpentine et le confluent du Rovaz-
zano la Nura coupe, en formant des gorges profondes, une chaîne
de montagnes presque parallèle à la chaîne centrale et qui forme
un rehaussement et comme une ride plus élevée que les montagnes
comparativement basses qui se trouvent entre Gambaro, les Per-
rière et ce torrent du Rovazzano.
Cette chaîne qui ne serait que la prolongation de celle de Santa
Frauca, que nous avons vue dominer au N. le pays raviné d'où
vient la Lavajana sur la droite de la JVura, paraît jouer un rôle
assez important dans cette partie de TApennin, car elle s*étend
bien au loin à l'Ë. et a l'O. de ces parages, et c'est de ses versants
septentrionaux que prennent origine les principaux cours d'eau
secondaires, qui viennent aboutir i\ la plaine du Parmesan et du
Plaisantin. Produite probablement par un soulèvement presque
parallèle à celui de la chaîne centrale, on peut reconnaître, comme
faisant partie de cette ride à droite ou à TE. de la Nura, d'abord
les hauteurs de Serra Massone entre le Panaro et la Secchia que
nous avons indiquées dans notre coupe de Modène à Massa. Les
montagnes au N. de Cassi entre la Baganza et le Taro, celles de
Monte Carmo élevé de 1325 mètres, celles du Caswllas fit Lama
qui en a 1337 et qui se trouvent aux sources de TArdaetdu
Chero, celles de Santa Franca et à ÏO, les montagnes qui courent
vers la vallée de la Trebbia, passent par Monte Assereto qui est
élevé de 1680 mètres et se tiennent à la tête du gros torrent Prino,
affluent de cette rivière. Sur la gauche même de cette rivière de la
Trebbia, quoiqu'on soit déjà sous l'influence des soulèvements
dirigés S.-S.-0. N.-N.-E., le soulèvement O.-N.-O. E.-S.-E. ne
manque pas d'avoir laissé ses traces, car on voit le contre -fort
d'Antola, qui a sa direction générale du S.-S.-O. au N,-JN.-£.,
ridé par des accidents dirigés O.-N.-O. E.-S-E. dans le parallèle de
cette chaîne ; et c'est précisément où il y a le croisement de ces
deux systèmes que se trouvent les plus grandes élévations, celles du
28G SÉANCE DU 16 DÉCBIIBRB 1861.
Monte Vesiina qui a ilbU mètres et du Monte Gliiappo ou £bro
qui en a 17i!il. £n général, cette chaîne est composée de calcaires
marno-argilcux compactes alternant avec quelques bancs un peu
plus schisteux et avec quelques lits d'un psanimilc macigno assez
friable, souvent un peu micacé, et contenant parfois des traces
végétales indéterminables. De nombreux Fucoïdes s'y montrent
assez souvent, et je crois pouvoir dire que ces calcaires en général
sont supérieurs aux argiiie scagiiose qui d'ordinaire sont au pied
des montagnes composées de ces calcaires argileux à Fucoides. £n
général dans cette chaîne la stratiGcation est plus régulière, et,
comme il parait que les serpentines, excepté en peu d'endroits tel
que le Casteilas di Lama^ n'ont pas pénétré dans ses flancs à une
grande élévation, ses calcaires et ses marnes sont beaucoup moins
altérés.
On voit bien cela en continuant à parcourir la vallée de la Mura
depuis le confluent du Rovazzano jusqu'au pays de Beltola où Ton
est élevé de 366 mètres au-dessus de la mer et au torrent Ozza, où
Ton observe les couches de calcaire marneux alternant avec des
bancs d'un macigno assez friable avec des Fucoïdes et ces sin-;ii-
lières impressions méandriformes, qui accompagnent toujours les
Fucoïdes dans ce terrain du flysch, incliner très régulièrement et
sans de bien fortes pentes au N.-N.-E.
Cette même régularité s'observe aussi dans les montagnes qui
sont à la tète de la vallée de TArda vers Morfasso à TE. de ces
parages, où régnent des calcaires et macigno identiques, lesquels
paraissent ue pas avoir subi d'altération depuis leur dépôt, quoi-
que non loin de là il y ait Xin massif assez considérable de ser-
pentine.
Après le torrent Qzza, le long de la Nura, on parcourt encore
cette même formation de calcaires à Fucoïdes éocéniques ; mais ici
la régularité des couches est un peu troublée et les calcaires et
les macigno alternent avec des argiles rougeâtres assez semblables,
quoiqu'elles ne soient pas aussi ravinées, à celles qui font partie
des argiiie scagiiose. Ces bancs plongent d*abord au S.-S.*0., et
puis un peu plus loin presque vis-a-vis du Monte Santo^ élevé de
663 mètres, ils inclinent au N.-N,-E. Ces bancs de calcaires et de
mai*nes sont pendant un assez long espace très tourmentés et
arqués , et on dirait qu'il y a encore ici un nouvel axe de soulè-
vement
Ce nouvel axe de soulèvement et ces terrains rougeâtres parais-
sent bien être le prolongement de ceux qu'on observe plus à TE.
à peu près sous ce même parallèle vers les vallées du Cbero et de
NOTE VE H. PAHBTO. 287
la Chiavcnna, où se trouvent les fameux terrcni ardenti de Velloja,
et où le pays présente un aspect désolé connue celui liu Panarci
et de la Seccliia, où se trouve la dernière et la plus basse zone des
argiile scagliosc que nous avons toujours suivie le lon^; de Taxe
central depuis les environs de Bologne et de Reggio ; j'ai eu lieu
aussi de les entrevoir dans beaucoup de points intermédiaires;
car je les ai retrouvés à San Andréa del Taro près de Fornovo,
dans la vallée du Stirone, non loin d'Ajane et de Vigoleno, ainsi
que dans beaucoup de ces contre-forts qui séparent les nom-
breuses vallées secondaires, qui descendent à la plaine, depuis le
Taro jusqu'à la Nura, du chaînon secondaire ou de la ride pa-
rallèle À la chatne centrale. C'est principalement dans cette zone
que sont les nombreuses sources salées qu'on observe au pied de
l'Apennin, comme celles de Saizo Maggiore et autres, ainsi que
plusieurs sources sulfureuses et les petits volcans de boue. En par-
courant ces parages on ne peut guère se refuser à croire que la
serpentine ne soit en grande partie la cause des grandes alté-
rations qu'on y observe ; car on aperçoit au milieu de ces argiles
et calcaires décomposés d'assez nombreuses buttes de roches
opbiolitiques, quoiqu'on n'en voie pas précisément dans le par-
cours de la vallée de la Nura, de Beltola à Ponte dell' Olio qui
correspond à la zone de Yelleja.
Après ces masses de couches arquées qui forment des collines
encore assez considérables, on continue à trouver les calcaires mar-
neux alternant avec quelques bancs de |>samniite micacés et fria-
bles en couches presque verticales, et entre Ponte dcir Olio e
Albarola, sur la gauche de la Nura, on Yes voit descendre du sommet
des collines au fond de la vallée formant des espèces de zigzags.
Ici le calcaire marneux est presque blanchâtre et contient quelques
Fucdides. Il parait presque inaltéré et est tout à fait analogue à
celui qu*ou retrouve aussi vers Travo dans la vallée de la Trebbia
et plus loin k l'O. dans les diramations du Penice oii naissent le
Tidone et la Nuretta, ainsi que dans les hautes collines éocènes
qui se trouvent derrière , c'est-à-dire au S. de Stradclla, et qui ne
sont séparées de la plaine du Pô que par une petite étendue de
terrain gypseux pliocène inférieur et par du terrain pléistocène qui
forme les dernières pentes de ces collines.
Après Albarola, où Ton entre entièrement dans la plaine, le
terrain éocène et en couches verticales ou très inclinées vers le
M.-N-E. disparait sous des couches presque horizontales d*un
terrain sablonneux rougeâtre, qui va peu à peu se confondant avec
celui de la plaine. Je ne pourrais pas assurer que sur la gauche de
2b8 SÉANCE DU 10 DÊCBNBRB 1801.
hi Nura il y ait des couches de inanics bleues pliocènes; mais celles
<|u*on peut distinguer ne sont que des couches de sables jaunes
supérieui*s et surtout une grande masse de terrains, partie caillou-
teux, partie terreux, rougeâtres, qui appartiennent au terrain pléi-
slocène, lequel paraît avoir une assez grande étendue soit à TO. du
côté de Rivergaro, et de là vers les collines de Gastel San Giovanni,
Stradella, Casteggio, où en ce dernier endroit on a trouvé de très
remarquables ossements de pacliydermes, entre autres de rhinocé-
ros, soit à TE. vers les plus basses collines qui sont au N. de Cas-
tellarcuato et au delà.
IVlais sur la gauclie de la Nura on ne voit pas les marnes bleues
et très peu les sables jaunes; il n'en est pas de même à une cer-
taine distance de la droite de cette rivière; car c'est justement dans
retendue de pays qui se trouve à l'£. de Ponte tiell' OliOy qu'on
rencontre les formations de marnes bleues et de sables pliocènes du
Plaisantin si riches en fossiles qui ont rendu célèbres les environs
de Castellarcuato. Ces marnes bleues et ces sables qui acquièrent
une très grande puissance, puisqu'ils atteignent à monte Gioco,
au-dessus de Lugagnano, rallituuo de 651 mètres, s'appuient près
de ce dernier pays, en couches p^ u inclinées, immédiatement sur
des lits presque verticaux de calcaire compacte et de psammite
éocéniques, sans qu'il y ait interposition de terrains appartenant
à Tépoque miocène, lesquels ne se montrent que plus à l'E. vers
les vallées du Taro et du Ceno, où il devait y avoir une espèce de
golfe, pour continuer plus loin encore et plus développés vers
l'Ënra, le Crostolo, le Tresinaro et la Secchia.
Je sais que quelques géologues semblent pencher à Caire des
terrains de Castellarcuato une section du terrain miocène supé-
rieur; mais si on regarde les fossiles, il faut avouer qu'il y en a un
plus grand nombre appartenant au terrain pliocène, comme celui
de l'Astesan, qu'aux véritables terrains miocènes, comme ceux de
la colline de Turin; et, quant à la stratification, on peut voir dans
les endroits où toute la série est développée, que les couches cor-
respondant avec celles de Castellarcuato sont bien supérieures â
celles qu*on ne peut se refuser à regarder comme miocènes. En
effet, il faut regarder ces couches de Castellarcuato comme supé-
ricuies au terrain gypscux et à ces terrains des envii*ons de Tor-
tone, qui, quoique contenant un mélange de fossiles pliocènes et
miocènes où la proportion de ces derniers est un peu plus forte que
dans le Plaisantin, font encore pour moi, comme je tâcherai de le
prouver ailleurs, partie du terrain pliocène et en constituent la
partie inférieure.
NOTB DE 11. rAUKTO. 289
Après celle section qui, dirigée approxitualivcmcnldu S.-S.-O.
auN.-N.-£., traverse encore desré{>ionsoii l'Apennin est pourainsi
dire composé de chaînes parallèles entre elles et à la cbaîue centrale,
et où, par conséquent, ou chemine presque perpendiculairement à
la stratification, si on se porte plus à TO., on se trouve dans des
conditions un peu différentes; car, au couchant de la vallée de la
Trehbia, sur la gauche de laquelle s'élève un des contre-forts les
plus remarquables de l'Apennin ligurien, les directions des cou*
dies sont pendant quelque temps plus gciiéralemcnt dans le sens
du S.-S.-O. au N.-N.-E.y et les principaux accidents orographiques,
tels que ce grand contre-fort qu'on appelle le contre-fort d'Antela et
qui va des environs de Gènes se terminer aux environs de Slradella
où il forme une espèce de cap, indiquent que le relief du pays a été
influencé par une force agissant dans la même direction que celle
qui a causé une grande partie du relief des Alpes occidentales.
£n effet, les principales sommités de ce contre- fort qui se trou-
vent entre la Trebbia et la Scrivia sont à peu près alignées dans
le sens du S.-S.-O. au N.-N.-E., et les vallées de la Trebbia et
de la Scrivia, ainsi que la plaine de Novi à Tortone, qui devait
former autrefois une espèce de golfe, ont a peu près cette même
direction, qui est aussi celle des grandes masses de serpentine qui
constituent à TO. de Gênes les montagnes de Pcgli et de Voltri
et des vallées de la Stura et de TOlba et dont ou peut croire que
Témcrsion a contribué beaucoup au relief du pays.
Or, si dans ces parages on voulait donner une coupe qui pût
indiquer la succession des couches et leurs véritables relations
stratigraphiques, perpendiculairement à leur direction, il faudrait
d'abord faire une section dirigée pendant quelque temps dans le
sens à peu près de l'O. à l'E. ou de l'O.-S.-O. à l'E,-N.-E., et puis,
arrivant au point où commencent les couches appartenant au
miocène, tourner plus au N. et même au N.-O., parce que ces
dernières couches semblent disposées de manière à faire croire
qu'elles forment le pourtour d'un ancien golfe, dont les rives,
au moins orientales, étaient constituées par une chaîne de roches
éocéniques, à la base desquelles se sont postérieurement déposés
les terrains miocènes, qui ont subi eux-mêmes plus récemment
de grandes dislocations.
Mais comme ce que j*ai dit de l'Apennin dépasse presque
les bornes d'une simple note, et qu'il me reste à faire connaître
une autre section plus occidentale pour donner une idée de cette
chaîne plus près de son origine vers les Alpes, je me contenterai
d'indiquer, pour ces environs de Gênes, qu'en partant des mon-
Soe, géol,, 2" série, tome XIX. 49
290 SÉANCE DU 10 DÉCBMBEB 1861.
tagnes serpcntincuses de Voltri ou de Pegli, et en inarcliaiit
dans le sens de l'E.-N.-E., on voit d'abord des roches métamor-
phiques qui ont l'aspect de schistes micacés et talqueux, puis
des calcaires, tantôt compactes, tantôt subgrenus, parfois dolo-
mi tiques au contact de la serpentine, près des schistes argileux
luisants avec de nombreuses veines de quartz mêlés avec quel-
ques calcaires, lesquels schistes peu à peu passent à des schistes du
macigno et ensuite au calcaire k Fucoldes sur lesquels reposent
souvent, sur les hauteurs dans l'espace qui est entre Pietra Bissara
et Casella, des grandes masses de conglomérat miocène qui s'élèvent
à Monte Tigra^ à 866 mètres, et à Monte Maggio à 1002 mètres, et
dont les couches paraissent disposées en forme de fond de bateau
se relevant à TO. et à TE. Les roches éocéniques qui courent gé-
néralement ici 8.-S.-0. N.-N.-E., ouS.-N., inclinent ordinaire-
ment à rE.-N.-E. ; mais parfois aussi dans leurs plissements elles
prennent Tinclinaison àTO.-N.-O. ou à 10., lorsque vers la vallée
de la Trebbia elles viennent à ressentir l'influence d'autres masses
serpentineuses qui dirigées à la vérité un peu différemmentparaissent
néanmoins former une autre traînée qui a comprimé les couches
stratifiées du côté opposé et les a obligées à prendre les singuliers
plissements qu'elles affectent et qu'on ne saurait comparer qu'à
la forme que prendrait un cahier de papier dont on vient à com-
primer littéralement les tranches de deux côtés opposés.
Ces schistes micacés métamorphiques, ces calcaires subgrenus
et ces schistes luisants, avec veines de quartz, régnent particuliè-
rement à l'O. de Gênes vers la vallée de la Polcavera et celles de
la Yarenna et de Yoltri, et sont sûrement inférieurs aux calcaires
à Fucoides dont est formé le contre-fort au pied duquel est assise
la ville ; cependant, quoique leur aspect soit celui de roches assez
anciennes, beaucoup de faits peuvent faire croire qu'elles appar-
tiennent à la partie inférieure du terrain éocène ou à quelque
lambeau indéterminable de ces formations approchant du maci-
gno, qu'on a considéréenToscane comme faisant partie du terrain
crétacé, car on observe une espèce de passage entre ces schistes et
calcaires et les argiles du macigno, et, dans certains de ces schistes
luisants vers les collines qui dominent Saint- Pierre d'Arena, j'ai
retrouvé des Fucoïdes, qui avaient l'aspect talqueux blanchâtre
qu'offrent les impressions de fougères dans les schistes de la Taren-
taise. Si cependant ces schistes talqueux et micacés et ces schistes
luisants argileux appartiennent réellement à des modifications des
roches argileuses éocéniques, il faut dire que dans la partie à l'O.
de Gênes la serpentine a produit des modifications assez diffë-
NOTB I)B M. PARBTO. 291
rentes de celles qu'elle a produites dans les terrains congénères à
l'est de la ville et dans la rivière du levant, où on ne voit point
de ces schistes avec un aspect aussi ancien, mais bien des gabbro
et des jaspes qui ne paraissent pas se montrer dans les environs
à l'O. de Gênes, quoique dans le voisinage immédiat de la ville, à
TE. dans la vallée du Bisagno et au N. vers la vallée de la Secca,
et ensuite dans la haute vallée de la Scrivia et dans celles de plu-
sieurs affluents de droite de cette rivière , il y ait au-dessous dés
couches arquées du calcaire à Fucoides une suite de localités di-
rigées S.-S.-O. N.>N.-E., oii Ton aperçoit les argiles schisteuses
qui commencent à prendre l'aspect du jaspe et où les modifica-
tions que des masses de grunstein, presque cachées, mais dont on
voit cependant quelques indices, ont produites dans les argiles,
ressemblent à celles que nous avons si fréquemment observées
daus le reste de TApennin dont nous nous sommes déjà occupés;
il n'y manque pas même les traces des argiiic scagliose, qu'on voit
dans les petites vallées des affluents de la Scrivia et en fiisagno ;
elles sont évidemment inférieures aux grandes masses du calcaire
à Fucoides et contiennent plusieurs des mêmes minéraux, tels que
quelques traces de cuivre et de manganèse, que nous y avons signa-
lées dans les plus fameux parages où ces argiles prédominent.
Quant à la suite des terrains miocènes qu'on pourrait voir dans
cette coupe en la poursuivant dans le pays de Tortone, je n'en par-
lerai point, en ayant déjà dit quelques mots dans iça note Sur le
terrain nummulUique miocène du pied des Apennins {Bull, , 2' sér,,
t. XII, 1855], de même que j'ai donné dans cette même note
une coupe de l'Apennin embrassant ces mêmes terrains depuis
la Méditerranée jusqu'au Pô, coupe qui est encore plus occi-
dentale que celle de la vallée de la Scrivia et qui traverse un
pays intermédiaire entre la région où prédominent les accidents
orographiques, coordonnés aux directions S.-S.-O. N.-N.-E., et
une nouvelle région plus occidentale que Gênes, où au contraire
recommencent à prédominer les accidents O.-N.-O. E.-S.-E
analogues à ceux que nous avons tant de fois retrouvés dans la
chaîne principale depuis Bologne jusqu'aux environs de Plai-
sance.
Lorsque en cheminant vers TO. le long du littoral de la Médi-
terranée on a quitté les montagnes serpentineuses de Yoltri et de
Yaragine et qu'on a traversé le lambeau de terrain miocène de
Celle, reste d'un terrain disposé de manière à indiquer qu'à
l'époque miocène il y avait une communication marine près de
Saota Giustina entre le versant méditeiTanéen et le versant adria-
292 SÉANCB DU 16 DÉCBMBBB 1861.
tique de rApcuoin ligurien, on coniiitence à voir, surtout aprcs
Savonc, que certains contre-forts secondaires ainsi que quelques
parties de la chaîne centrale prennent plus décidément la direc-
tion O.-N.-O. E.-S.-E., et on en retrouve la cause dans un axe
de soulèvement dirigé dans ce sens et qu'on peut reconnaître
par Tapparition près de ces localités d'un ellipsoïde de roches
semi-cristallines probablement paléozolqucs, qui vient couper la
côte près de Savone, ellipsoïde composé de f,neis8, de schistes mi-
cacés et talqueux, de quartzites, etc.; il a une forme très allongée,
puisque des environs de Savone il s*étend aux montagnes des
environs de Mondovi et de Goni et son axe est justement dirigé
de rO. quelques degrés au N. à TË., quelques degrés au S. Celte
masse cristalline est Aauquée presque symétriquement, soit du
côté du S. y soit du côté du N., par une zone plus ou moins déve-
loppée d'abord de roches élastiques et schisteuses dépendant du
groupe du verrucano et ensuite par une zone calcaire qu'on doit
regarder comme liasique et en tout cas comme jurassique; on n'a
pas de données bien précises, à cause de l'absence des fossiles, pour
distinguer les masses dont elle est composée.
Au S. de la zone calcaire jurassique plus méridionale, après
Albenga, le long de la mer, on recommence à voir les couches
appartenant à la formation du macigno et du calcaire à Fucoîides,
et on a de nouveau, en traversant la diaine du S. au N. , une
série presque complète des terrains que nous avons vus dans la
partie plus orientale de TApennin, plus les terrains remarquables
que nous avons rencontrés dans la chaîne métallifère de Toscane,
avec la différence que, si dans les moutagnes de Massa et de Carrare
les roches anciennes étaient dirigées du N. quelques degrés à l'O.,
au S. quelques degrés à l'E., et qu'elles se trouvaient dans une
chaîne pour ainsi dire séparée de l'Apennin, dans les montagnes
derrière Savone et les vallées de Bormida et du Tanaro, ces
couches au contraire sont dirigées à peu près de l'O. quelques
degrés au N., à VE. quelques degrés au S., et se trouvent pendant
quelque temps dans l'axe même de la chaîne principale.
Voulant donner une coupe qui présentât la relation de toutes
ces couches, dans les parties occidentales de l'Apennin, avec les
terrains plus modernes et avec ceux plus récents encore du versant
adriatique, où le terrain miocène joue un rôle très considérable,
■ 'ai cru convenable de faire partir cette coupe du cap Alele (PI. VI,
fig- 7), promontoire qui forme l'extrémité occidentale du golfe de
Géncs, où se montrent d'abord les calcaires à Fucoïdes, et la con-
duire par la vallée de la Nevia, ensuite par celle du Tanaro et les
NOTE DB H. PABBTO. 298
collines des Langlie jusqu'aux collines de Turin et à la vallée du Pô.
J'embrasse ainsi toutes les dilF^rentcs formations que l'Apennin,
rapproché des Alpes et redevenu plus large et plus complexe que
près de Gènes, comprend dans ses nombreux chaînons secondaires
et dans toutes ses dépendances.
Le cap Mêle» extrémité occidentale du golfe à TO. duquel la côte
prend une direction plus marquée de TE. à 1*0. et qui s'élève de
231 mètres immédiatement au-dessns de la mer, est composé d'un
calcaire grisâtre, un peu argileux, assez compacte, analogue abso-
lument à celui qui forme le cap de Faro à Gênes. Les couches de
ce calcaire contenant des Fuco'ides inclinent, mais non pas très
fortement, vers le S.-S.-O.; en remontant ensuite le chaînon,
dont ce cap forme l'extrémité, on voit ce calcaire d'abord assez
compacte devenir plus schisteux et passer successivement aux
achîites argilo-calcaires du macigno et puis au macigno même,
dont on voit aussi de singulières variétés auprès d'Alassio, le long
de la côte. Ce macigno est tantôt très solide, à grain fin, et presque
cristallin, tantôt il forme une espèce de brèche à fragments assez
grossiers d'une espèce de schiste et de calcaire. Ces couches, qui se
monti*ent parfaitement le long de la mer près du cap SanUi-Croce
sous l'inclinaison S.-S.-O., se prolongent avec la même inclinaison
dans l'intérieur des terres, et où les traverse, comme j'ai fait en
allant de Laigueglia, au bord de la mer, à Garlenda, situé dans un
vallon, affluent du Centa. En effet la chaîne médiocrement élevée
qu'on traverse pour aller du cap Mêle au dernier de ces deux pays,
et dont on traverse aussi perpendiculairement les couches au bord
de la mer, fait partie d'un assez grand contre-fort qui borde au S. le
bassin du torrent Lerone, affluent du Centa, chaînon qui est, comme
la vallée qu'il borde, dirigée de TO -N.-O. à l'E.-S.-E. et dont
les couches inclinées au S.-S.-O. se présentent en ordre descendant
depuis le cap Mêle jusqu'au pied septentrional de cette petite chaîne,
vers la vallée de Garlenda où l'on voit que les brèches et les
macigno semi- cristallins sont, comme le long de la côte, la partie
plus ancienne de ce terrain éocénique ; on peut même soupçonner
qu'une partie de ces macigno subcristallins et très solides ne sont
déjà, comme la pietra Jorte des Toscans, qu'un membre supérieur
de la formation crétacée, qui dans ces parages ne serait i^as distin-
guable des roches congénères appartenant à l'éocène, d'abord
parce que la zone nummulitique, qui marque vers le comté de
Nice (Mortola, col de Braus, etc.,) la limite de l'éocène, manque
absolument au bord oriental du grand triangle de flysch, qui,
ayant sa base à la mer du cap Mêle à Vintimille, a son sommet
20& SfiANCB DU 16 DÉCtMBRB 1861.
vci*s le col de Tende, et ensuite parce que sur le bord oriental de
ce triangle il n'y a pas non plus comme vers Nice, aux Grimalde
ci dans les environs de Sospello, ces couches de calcaires et de
marnes avec glauconie inférieui*s aux macigno, qui par leurs
fossiles montrent clairement qu'elles appartiennent à la formation
crayeuse.
Ces couches de macigno et d'argiles, quoique généralement
inclinées dans ce chaînon vers leS.-S.-O.y présentent en quel-
ques points des plissements en sens contraire; mais on voit que
la masse plonge vers la mer et que les têtes de cet eouches sont
tournées vers la vallée du Lerone ou du Garlenda, au fond et sur
les deux bords de laquelle on voit des bancs presque horisontaux
d'une iqame argileuse bleue avec coquilles appartenant à une des
divisions du terrain pliocène; ces marnes sont ici recouvertes par
une couche de cailloux roulés qui probablement appartiennent
au diluvium.
Le lambeau de terrain pliocène qui se montre avec peu de puis-
sance auprès de Garlenda fait partie d'un bassin beaucoup plus
étendu qui occupe une partie de la plaine d'Albenga et les basses
collines qui depuis Geriale entourent, vers Gisano, Genesi, Bastia,
cette même plaine dans laquelle se fait la jonction des difiérentes
branches ou petites rivières qui forment le Cents. Ce terrain ter-
tiaire pénètre même assez avant dans ces différentes vallées, for-
mant coinn^e de petits golfes bordés par des caps de terrain plos
ancien et s'élevant même asses haut sur les flanos des chaînons qui
constituent ces espèces de promontoires. L'endroit où on peut le
mieux l'étudier, et où l'on trouve de nombreux fossiles dont la liste
a été déjà publiée par M. le docteur Sassi, est le ruisseau du Tor-
sero, aux environs de Geriale. On voit là que ce terrain est composé
dans le bas de marnes bleues coquillières, sur lesquelles il y a an
banc assez considérable de sables jaunes calcaires asses endureia,
contenant de nombreux Pecten et formant comme une espèce de
calcaire moellon, tel qu'on en voit avec les mêmes espèces de fos-
siles dans le classique terrain pliocène moyen de Gastellarcuate.
Ou voit au-de«us de ces sables un autre banc de marnes sableuses
grisâtres aveo coquilles, ensuite un uouveau banc de sables jaunes
coquilliers plus ou moins endurcis, qui passent à un conglomérat
ou panchina formant une brèche à éléments arrondis de différente
nature, assez solide pour fournir des meules de moulin, et qui a
en beaucoup d'endroits, comme vers Cisano, une très grande puis-
sance, et enfin une masse de terrain probablement de transport
composé de marnes argileuses rougeâtres et de masses de cailloux
ROTB hE M. PARBTO. 295
roulés, dont quelques-uns d'assez fortes diiiieosious et qui sont de
difiereute nature, selon la provenance des cours d*eau aux dëbou-
elles desquels ils se trouvent.
loL panchina OM bréclic qui surmonte les marnes et les sables
jaunes endurcis, qui se fondent avec elle, est, en s'approchant des
terrains plus anciens, en bancs assez inclinés, et parfois elle repose
immédiatementj comme vers Cisano, sur les tranches des couches
presque redressées de calcaire compacte jurassique et des rocliet
éocènes. Ce phénomène est aussi assez fréquent le long de la côte
on de la rivière du Ponent où, par exemple, près de Finale, un
calcaire moellon à Pectcn^ qui passe parfois à un conglomérat ou
brèche et qui est aussi une vétiVBiAt panchina tout â fait analogue
à celle de Volterra en Toscane, repose en couches presque hori-
zontales dans un endroit sur la marne bleue, et en d'autres, à hi
hauteur de plus de 200 mètres au-dessus du niveau de la mer,
immédiatement sur les couches très inclinées de calcaire compacte
jurassique.
Les fossiles qu'on trouve à Albenga sont en général ceux qui
de Tautre côté de l'Apennin caractérisent, selon moi, la partie
moyenne et inférieure du terrain pliocène à Castellarcuato dans le
Plaisantin et dans une partie du Tortonois, et ils ont aussi beau •
coup d*analogie avec les fossiles des nombreux petits bassins ter^
tiaires pliocènes qu'on trouve tout le long de la côte de la Médi •
terranée, depuis Nice jusqu'à l'Ë. de Gènes.
Mais en retournant à notre coupe de la vallée de Gartenda pour
passer dans celle de TAroscia ou branche principale du Genta on
a à traverser une petite chaîne, qui est de nouveau composée des
différentes couches du macigno et des argiles brunes, mais qui, au
lieu d'être inclinées comme celles de la chaîne côtière au S.nS.-O.,
paraissent l'être dans un sens contraire, c'est-à-dire au N.-N.-£.,
de manière que dans cette série les couches plus récentes, qui sont
les plus élevées, sont aussi celles qui sont vers la vallée de l'Aros-
cia, sur la gauche de laquelle il y a encore sous l'église d'Orto-
vero un petit mamelon de ces schistes du macigno qui est bientôt
recouvert par une énorme masse de terrain pliocène, qui montre
dans le bas des bancs de marnes bleus à Coiumbeila tiara^ Bel-
lardi, Tarritella subangulata^ Brocc., Naiica pseudo^piglottina^
Pieurotoma rotata^ firocc., Nassa costulata^ Brocc, Denlalium
iiueguaicy Brocc, Pecien pleuronectes^ etc., et au-dessus d'elles
d'énormes bancs de panchina ou conglomérat qui s'élèvent assez
haut et occupent le territoire qui se trouve entre l'Aroscia et la
Nevia, au pied du contre-fort plus ancien d'Arnasco et Gonfiente ;
296 SÉAIfCB DU 16 DÉCEMBRE 1861.
ce territoire est coupe par de nombreux petits cours d'eau, qui ra-
vinent et entaillent profondément les couches de marnes bleues,
de quelques sables et les énormes masses un peu inclinées de pou-
dingue qui constituent lés collines encore assez élevées, qui vien-
nent finir à la plaine près de l'endroit dit Bastia, où a lieu le con-
fluent des princi|>ale8 branches du Centa.
Après avoir parcouru pendant une heure et demie à peu près ce
terrain de conglomérat, on retrouve, près de la bourgade plus méri-
dionale d*Arnasco, les terrains éocènes, qu*on avait quittés près de
TAroBcia à Ortovera, mais inclinés dans le sens du S.-S.-O. , et ici en
remontant, pour le traverser, le contre-fort, qui est entre Arnasco
et ConBente dans la vallée de la Nevia, près de la réunion de ses
deux branches principales; on passe des couches plus modernes
aux plus anciennes ; ainsi on a d'abord du macigno un peu schis-
teux, puis quelques schistes argileux et ensuite des uiacigno un
peu cristallins et solides et des brèches calcaires, comme celles du
cap Santa Croce. Au-dessous de ces macigno il y a encore quelques
schistes et puis des calcaires compactes, d'abord en dalles ou en
noyaux dans des espèces de schistes ou calcaires schistoïdes de cou-
leur également foncée, comme les parties plus solides qu'ils enve-
loppent, et enfin plus bas des bancs puissants de calcaire noir
compacte ou un peu subcrîstallin veiné de blanc, qui paraissent
tout à fait analogues à la partie moyenne des calcaires jurassiques
de la Spezzia. Ces bancs qu'on trouve après avoir surmonte la crête
du contre-fort et lorsqu'on descend vers Conûente sont ici incli-
nés vers le S.-S.-O. et relèvent leurs têtes vers la vallée du tor-
rent de Nasino, qui est la plus méridionale, ou si Ton veut la plus
occidentale des deux branches de la Nevia.
Le confluent de ces deux branches a lieu à une toute petite
distance de GonBente, et la base du petit cap, qui est entre les
deux cours d'eau, est formée par ces calcaires noirs avec nom-
breuses veines spathiques blanches, qui forment un ti-ès beau
marbre. Les deux torrents ont profondément corrodé ces couches,
qui sur ce contre*fort, ainsi que sur celui qui reste sur la gauche
ou à TE. du torrent de Zuccarello, paraissent incliner, contraire-
ment à celles qui sont sur la droite à Gonfîente, vers le N.-N.-E.
A côté des deux ponts qui sont sur les deux rivières, dans le bat
d'une entaille assez profonde, on voit le conglomérat pliocène qui
forme, comme nous l'avons dit, les basses collines qui bordent la
plaine d' Albenga, et composé ici d'énormes blocs liés par un ciment
rougeâtre, s'appuyer contre une berge taillée perpendiculaire-
ment et fonnée par la corrosion du calcaire ancien, et à l'E. même
NOTE DE M. PÀEBTO. 297
de la grande route, qui parcourt une terrasse assez élevëc au-des-
sus du niveau du torrent, on voit la panchinn ou conglomérat
s'appuyer assez haut, en couches inclinées au S.-Ë., contre des
couches de calcaire secondaire, qui plongent aussi dans ce contre-
fort de gauche de la Nevia, vers le N.-N,-E.
Après le confluent, la route que j*ai suivie remonte la vallée de
la Nevia ou torrent de Zuccarello, et parcourt, en allant à peu près
du S. au N. , des gorges profondes creusées par la rivière, dans les
masses calcaires qui forment ses deux rives. Dans ces gorges on
Toit d'abord les parties inférieures de la formation calcaire, qui
sont, comme nous venons de le dire, formées par d'énormes bancs
de calcaire noir veiné de blanc, plonger pendant quelque temps
vers le N.-N.-E., ainsi que les couches qui sont sur les hauteurs,
mais qui sont plus schisteuses et partagées en bancs de médiocre
puissance. Plus loin, en s'approchant de Zuccarello, ces couches
changent un peu d'inclinaison, et on voit les marbres noirs se
redresser et incliner alors plus fortement vers le S.-S.-O. et en
remontant du fond de la vallée jusqu'aux ruines du château qu'on
observe sur une hauteur assez élevée au-dessus de ce bourg.
Après Zuccarello la grande roule s'élève un peu plus au-dessus
du fond de la vallée et elle rencontre, au-dessous des calcaires
que nous venons d'indiquer, d'abord des schistes argileux luisants
avec de grands noyaux de calcaire compacte et subgrenu, puis
quelques schistes argilo-talqueux , et au-dessous d'eux des bancs
d'un calcaire blanc céroïde et parfois saccharoïde qui forme un
véritable marbre blanc. Ce calcaire inférieur aux schistes argilo-
talqueux des environs pourrait correspondre aux calcaires de
même nature qui se trouvent dans la chaîne métallifère de Tos-
cane, laquelle a tant de ressemblance avec ces montagnes de la
ririère du Ponent, au-dessous de certains schistes calcaires de
différentes couleurs, calcaires qu'on rapporte au lias, sinon même
en certains points â une subdivision du trias.
Au reste, dans la partie de la rivière du Ponent qui est entre
Savone et Albenga, la séparation des calcaires secondaires en
deux masses distinctes par un assez grand nombre de bancs
sdiisto-talqueux est assez fréquente. Ainsi, au cap Noii et à Vari-
gotti près Finale on a, à la partie inférieure de la montagne et aux
bords de la mer, d'assez nombreux bancs d'un calcaire marbre
roogeâtre et jaunâtre, parfois presque céroide, parfois presque
cristallin, au-dessus desquels sont des schistes talqueux avec quel-
ques bancs de roches de quartz presque décomposées, et par-dessus
une grande masse de calcaire noirâtre compacte ou subgrenu,
298 SÉANCE DU 16 DÉCKHBRB 1861.
parfois un peu luaj^oésien, qui pour uioi est encore rapporlable au
calcaire jurassique. Celte séparation est aussi recounaissable vers
le sommet de Monte Carmo sur la chaîne centrale avec des incli-
naisons opposées à celles qu on observe au cap Noli à Yarigotti et
même à la Pietra, ce qui semble indiquer que cette séparation est
constante en dessous et sur presque tout le pourtour de la masse
calcaire qu'on rencontre dans cette contrée.
Mais en reprenant le chemin le long de la vallée de Zuccarello,
au-dessous de ce calcaire ou marbre blanc on retrouve enfin près
d'Erli, et sous Castel Yecchio, le terrain de verrucano composé de
roches de quartz, d*anagénites et de schistes talqueux luisants,
grisâtres et couleur lie de vin, dont les couches inclinept en grande
partie vers le S.-S.-O., mais qui en quelques endroits paraissent
aussi incliner un peu dans le sens contraire.
Il n'est ^pas facile dans ces endi-oits de tracer exactement la
marche des couches, car la zone de verrucano, que Ton traverse
et qui court de Kocca Barbcna à Alonte Galet, étant parfois recou-
verte par des lambeaux de calcaires, dont les couches, ainsi que
celles des schistes, sont contournées, il arrive qu'il y a des loca»
lités où les calcaires paraissent presque alternants et inférieure,
parce qu'ils descendent assez bas dans la vallée, quoique réellement
ils soient supérieurs et seulement entourés par ces roches de quaru
et par les anagénites. Ainsi, dans un long détoui* que fait la route
pour entrer dans un profond ravin qui se jette dans la Nevia en
venant du N.-£., le calcaire montre ses couches disposées presque
en forme de fond de bateau, car au delà, et plus près de la chaîne
centrale qui n'etît pas éloignée, on rencontre de nouveau le verm-
cano, qui supporte ce calcaire, et plus loin encore, vers Monte
Dingo, au-dessous du verrucano, il y a des roches qui ressemblent
à certains gneiss et à certains schistes micacés et talqueux qu'il bat
rapporter au terrain cristallin, c'est-à-dire au verrucano inférieur.
La grande route qu'on suit pour passer l'Apennin au ool de
Saint-Bernard, courant ensuite pendant quelque temps vers 1*0.
et le N.-O.y on chemine assez longtemps au contact et sur les.
tranches des calcaires et des roches de verrucano, et l'on ne reprend
une allure pour ainsi dire perpendiculaire à la direction det-
couches que quand, descendu dans la vallée de Tanaro près de
Garessio, ou suit la vallée de cette rivière qui pendant un êa&n
long espace, depuis Trappa jusqu'à Muceto et non loin de Geva,
court du S. au N.
Au bourg de Garessio, qui est encore sur la droite du Tanaro»
le bas de la montagne est composé de ces roches de vermcano;
IfOTl DB M. PABBTO. 209
mais sur le haut de la colline qui Tavoisine il y a supérieurement
des couches de calcaire blanc presque saccharoïde qu'on exploite
comme marbre, comme il y en a aussi sur l'autre côté de la rivière
dans un chaînon qui court de l'O. à TE. et qui forme la berge
méridionale du petit torrent appelé la Lovia qui descend sur la
gauche du Tanaro un peu en auiont de la partie de la commune
de Garessio qu'on appelle Porte,
C'est de cet endroit que nous ferons partir la coupe (PI. VI,
6g. 7 bis) qui sera le complément de celle que nous avons esquissée
jusque sur la chaîne centrale ; en effet, quant à sa constitution géo •
logique, on peut presque regarder ce petit chaînon comme fonné
par le prolongement des couches que nous avons traversées sur la
chatoe centrale au col San Bernardo (953 mètres d'élévation) et
dans la descente vers Garessio.
La montagne plus haute de la chahie centrale qui s'élève au
midi de Garessio et qui est haute, selon certaines observations^ de
i70A mètres, selon d'autres de 1721, s'appelle Monte Galet; les
pentes et les cimes de cette montagne qui sont vers le versant de
la Méditerranée sont formées par du calcaire pareil à celui de la
vallée de Zuccarello et de celle de Masino à la tête desquelles cette
montagne est située. Ces couches, qui ne sont pas très inclinées,
plongent vers le S.*S.-0. et relèvent leurs têtes du côté du versant
du Tanaro; en descendant de cette montagne pour rejoindre la
vallée qu'on rencontre à l'endroit dit Trappa, où le Tanaro com-
mence à prendre la direction du S. au !N. après avoir quitté la di-
rection approximative de l'O. à TE., on trouve sous les couches du
calcaire ordinaire et de quelques schistes des bancs de calcaire
marbre et puis de fortes masses de verrucano qui arrivent au niveau
de la rivière qu'il faut traverser pour prendre sur la gauche du fleuve
la grande route qui descend d'Ormea > Garessio. Après le passage,
on longe pendant quelque temps le pied oriental du chainon de
la berge méridionale de la Lovia dont nous avons parlé, et après
avoir remarqué que près de Trappa les couches calcaires superpo-
sées au verrucano inclinent un peu vers le N., on observe que,
descendues au niveau de la vallée, peu après elles se relèvent et
inclinant au S.-S.-O. elles viennent s'appuyer par leur partie
inférieure, qui est formée par du calcaire marbre, sur les i*oches
de quartz et d'anagénites du verrucano; celles-ci constituent la
portion basse et septentrionale de ce contre-fort et inclinent aussi
vers le S.-S.-O. en s'appuyant sur les roches qui se trouvent sur
la rive septentrionale de ce torrent, lesquelles sont des schistes
talqueai passant aux gneiss talquenx ; ces roches sont probable-
300 SfiAIfCB DU 16 DÉCEMBRE 1S61.
ment plus anciennes et font partie du verrneano infériour qui doit
être un terrain paléozoïquc inférieur entièrement modifié.
Ce terrain après avoir constitué la masse des montagnes qui se
trouvent dans la partie moyenne des cours du Pesio, de TEllea,
de la Corsaglia, descend des hauteurs du Pizzo Mindin et vient
traverser le Tanaro près de Garessio, où cette rivière est élevée
de 582 mètres au-dessus du niveau de la mer, et de là va con-
stituer les Monti Dingo, Spinardo, Sctta-Pani dans les hautes
vallées de la fiormida, et puis, traversant obliquement la chaîne
centrale, descend dans les vallées des environs de Finale et de
Savone, où il aboutit à la mer. La largeur de ce terrain, depuis
Ponte près de Garessio jusqu'après la Pievetta, est du sud au nord
d*à peu près 7 kilomètres ; et Taxe de ce noyau plus ancien se
trouve presque à la moitié de cette largeur, c'est-à-dire non loin
de Priola ; car c'est tout près de cette localité que les couches du
schiste ou gneiss talqueux, qui inclinaient versGaresiioauS.-S.-O.,
changent d'inclinaison et plongent au N.-N.-E. Cette masse de
schistes forme, comme nous l'avons déjà indiqué, un noyau ou
ellipsoïde allongé de l'O.-N.-O. à i'E.-S.-E., qui est échelonné
un peu obliquement avec un autre ayant presque la même direc-
tion, lequel occupe plus à TO. le centre des montagnes, qui tant
entre la Stura, le Gesso, la Tioea, la Vesubia et une partie du
Roja et qui constituent pendant quelque temps la chaîne centrale
près de l'attache de l'Apennin aux Basses-Alpes.
11 y a en outre dans ces parages deux autres de ces noyaux de
roches plus anciennes, mais ils sont de bien moindre impoitanœ ;
nous aurons bientôt à parler de l'un des deux, celui de Nuceto,
car il se trouve sur la ligne que suit notre coupe. Quant à rantre»
celui d'Ormea, quoique très remarquable par les roches qui le
constituent, tels que grès, porphyres, roches de quartz et anagé-
nites, et par Télévation qu'il atteint, nous ne nous en occuperons
pas parce qu'il se trouve en dehors de la section dont nous cher-
chons à donner une esquisse.
Après la Pievetta, pendant 1 kilomètre à peu près, les couchet
sdiisteuses se modifient un peu et paraissent se rapprocher, quoique
cela ne soit pas bien certain, des couches de verrucano plus ré-
centes. Ensuite, à l'endroit nommé Pier Incisa, où la vallée du Ta-
naro se rétrécit de beaucoup, on leur voit succéder des conchct
de calcaires, analogues tout à fait à ceux que nous avons vus de
l'autre côté de l'Apennin, c'est-à-dire des calcaires gris et noi-
râtres, parfois compactes, parfois subgrenus, et probablement an
peu dolomitiques. Ces couches qui sont assez épaisses et aaseï mul*
NOTB DB M. PARBTO. 301
tipLiocs plongent dans le sens du N.-N.-K. cl on est ici dons la
zone extérieure des calcaires jurassiques qui flanque du côté du
nord la zoue de verrucano et le noyau de gneiss et de schistes
talqueux, comme nous avons vu ces deux zones accompagner du
côté du sud ce noyau sur une partie de la chaîne centrale et sur
le versant de la Méditerranée.
La zone calcaire septentrionale peut avoir la largeur d*UD kilo-
mètre et le Tanaro s* est frayé au milieu d'elle un passage tor*
tueux et assez rétréci. Peu après ce défilé, au pont de Bagnasco,
le niveau de la rivière est de 677 mètres au-dessus de la IMédi-
terranée^et c'est à la sortie de ces gorges que commence à paraître
le terrain miocène, qui est représenté à sa base par des couches
puissantes, un peu inclinées au N.-N.-E., d'un poudingue ou
uagelfluhe contenant des cailloux de médiocre grosseur de gneiss,
de calcaire I d'anagénites, de quartzites et de nombreuses autres
i*ocbes. Ce conglomérat est surmonté par des couches de mollasses
et de poudingue à grain plus fin, et il y a avec lui des couches de
marnes fossiles et bitumineuses, daus lesquelles se trouvent des
fragments de lignite et des coquilles d'eau douce, tels que des
Planorbes, des Anodontes, desUnio. Ces marnes, qui contiennent
un grand nombre de feuilles fossiles, se montrent aussi et accom-
pagnent le lignite qu on trouve en plusieurs points des environs
non-seulement de Bagnasco, mais aussi vers Nuceto, où il est
principalement exploité. Près de Bagnasco les couches en général
inclinent vers le N. , c'est-à-dire dans le sens de la pente de la vallée ;
mais en continuant à descendre elles se redressent vers Nucelo cl
inclinent au sud, en s'appuyant sur un noyau de roches cristallines,
schistes micacés ou gneiss, qu'on rencontre pou après ce village et
dans lequel le Tanaro a creusé assez profondément son lit tor-
tueux.
Les couches du terrain miocène de Bagnasco à Nuceto sont
disposées en forme de fond de bateau, et si on ne savait pas qu'elles
se réunissent, soit du côté de TO. vers Baltifollo et Scagnello, soit
du côté de l'Ë. vers Perlo, aux couches miocènes qui forment une
ceinture continue aux pieds de cette partie de l'Apennin, on dirait
qu'on a ici, à Bagnasco et à Nuceto, un bassin miocène isolé et d'eau
douce. Mais pour moi, je pense que probablement ce n'était qu'un
golfe, abrité même par un îlot de roches plus ancieniies et dans
lequel quelques cours d'eau apportaient les coquilles fluviatiles et
lacustres qu'on ti'ouve dans les marnes et les nombreuses feuilles
qu'on y voit, ainsi que les cadavres des Anthracothcrium cl des
Rhinocéros qui vivaient daus les environs, ainsi que tous les muté-
30*2 SâAIfCB DU 16 DÊCBMBRB 1861.
l'iaux qui ont concouru à former les bancs de lignite qu'on ex-
ploite dans ces localités et qui ne diffèrent que par leur puissance
des nombreuses traces de combustible qu'on rencontre dans cette
zone miocène inférieure qui est aux pieds dos Apennins et dont
on a des exemples à Cairo près Carcare, à Sassello, à Gassinelle,
à Yoltaggioy avec la différence que dans ces endroits, au moins à
Garcare et à Sassello, il y a de préférence des coquilles d'eau sau-
mâtre, telles que des Céritlies, des Mélanies et des Cyrènes.
Le massif cristallin qu'on rencontre après Nucetoa laforme pres-
que circulaire, et il est composé en général d'une espèce de gneiss et
de schiste micacé ou talqueux, dont les couches inclinent d'abord
au S., puis au N. Sur les hauteurs à droite, c'est-à-dire à TE. de
la route, qui, avant d*entrer dans le défilé, passe sur un très beau
pont de marbre, de la gauche à la droite de la rivière, il y a
quelques traces de verrucano supérieur et de calcaire; mais le
chemin est toujours frayé dans la roche ancienne jusqu'au sortir
du défilé vers la vallée de la Gevetta, qui, dirigée presque de TE.
à rO. vient se réunir au Tanaro sur sa droite auprès de Ceva.
Lorsqu'on quitte le terrain ancien, on voit reposer au-dessus de
lui les bancs du terrain miocène, dont la partie inférieure est com-
posée de gros blocs de roches anciennes, gneiss, schistes et anagé-
nites, qui forment un amas sans stratification observable et sur
lequel s'appuient ensuite en couches plus régulières, inclinées vers
le N., des poudingues à cailloux de plus petite dimension, puis
des sables à gros grains avec coquilles indéterminables, et ensuite
des mollasses qui constituent l'espèce de plateau dans lequel est
creusé le lit de la Gevetta et dont la surface est l'ecou verte
par une couche assez puissante de cailloux roulés probable-
ment diluviale. La mollasse que l'on observe à la descente vers la
ville de Geva, et qui passe aussi sur la droite de la Gevetta, est à
grain assez fiu, marneuse, fissile, et contient quelques coquilles ap-
partenant à la période miocène ; elle n'est pas très inclinée et sa
pente est vers le M . La Gevetta qui est au fond de la vallée se
réunit un peu au-dessous de Geva avec le Tanaro, et le confluent
s'effectue à une hauteur à |)eu près de 386 mètres au-dessas da
niveau de la mer.
A la droite, c'est-à-dire au N. de la Gevetta, se présentent de
hautes collines composées de plusieurs alternances de mollasMS
grisâtres, marneuses, et de sables jaunes, tantdt presque désagré-
gées, tantôt endurcies en nodules de formes singulières et variables
d'une espèce de grès. Ges couches qui sont un peu inclinées vert
le N. s'étendent assez loin et forment la plupart des coliinei des
If 0TB DE M. PARBTO. 303
Lan^jhe qui au Monte délia Croce, non loin de Monlcztinolo,
s'éièTent à 7^5 mètres, et à Monbarcaro tout à côte de notre sec-
tion à 876 mètres au-dessus du niveau de la mer.
I^ route qui conduit de Ceva à Murazzano sVlève d'abord par
de nombreux lacets sur la colline où se trouvent les ruines du
château de Ceva et coupe ces couches de marne sableuse grisâtre
et de sables jaunes miocènes; puis elle se dirige vers le N. sur
la crête de la colline, en parcourant successivement des couches
de cette nature, dont les alternances se répètent un grand nom-
bre de fois et dont l'inclinaison, excepté sur un point, se montre
constamment, mais assez légère, vers le N. et le N.-N.-E. Ce ter-
rain miocène a une très grande puissance, mais il présente très
peu de fossiles. Lorsqu'on est arrivé sur la partie de la crête qui
donne de l'eau dans le Belbo vis-à-vis de Monbarcaro et qui est un
peu dirigée du S.-E. au N.-<)., la route tourne aussi un peu plus
à rO. ou auN.-O. Cependant elle chemine toujours dans ce même
terrain ; mais eu se rapprochant du Tanaro qui est un plus à
rO.,on voit que les chahions des collines changent un peu de
direction et prennent un peu plus celle du S.-S.-O. au N.-N.-E.
ou S,-0. au N.-E. , en ressentant probablement l'effet du soulève-
ment des Alpes occidentales dont on se rapproche davantage. Il
faut cependant observer que les couches ne se relèvent pas vers les
Alpes ; mais au contraire elles semblent s'abaisser vers elles, puis-
qu'elles inclinent un peu vers l'O. ou le N.-O. , c'est-à-dire vers
la vallée du Tanaro d'abord et la plaine du Piémont, ou pour
mieux dire, vers le plateau qui est entre le Tanaro et la Stura,
plateau qu'on voit devant soi et presque à ses pieds, lorsqu'on
descend des collines de Murazzano vers celles de Dogliani,et qui,
au delà de Stura, continue jusqu'au pied des Alpes occidentales
dont on a devant soi l'admirable spectacle.
De ces hauteurs de Murazzano si on regarde vers le M.-O. on
peut remarquer que les différentes zones des collines, dont la
direction, comme celle des vallées du Belbo et du Tanaro qui leur
sont interposées, est vers le N.-N.-E. , forment comme des marches
d'un escalier à surface inclinée vers l'O. -N.-O., qui vont dimi-
nuant successivement de hauteur jusqu'à se confondre avec le
haut plateau du Piémont dont les dernières formeraient le sub^
stratuniy et c'est aussi dans cette direction qu'on passe des terrains
plus anciens aux plus modernes; ainsi on peut croire que la limite
supérieure du véritable terrain miocène passe non loin de Do-
gliani et de Monforte; les collines de Novello et de la Morra où
sont les gypses sont comme le commencement du pliocène ou
301 SftANCB DU 20 DËCBMDRB 1801.
plutôt correspondent à ces terrains du Tortonois, oii il y a un
mélange de fossiles miocènes et pliocènes et que, pour moi, je
penche à considérer comme formant la base du pliocène.
Près de cet endroit de la Morra il y a une masse assez considé-
rable de conglomérat, comme il y en a dans le Tortonois et le
pays de Vogliere, au-dessus de ces gypses, et si ou suppose que les
couches qui les avoisinent près de la Morra se prolongent dans le
sens du S.-S.-O. sur la gauche du Tanaro, il est remarquable qu'on
les voit passer près de Narzole, où Ton a trouvé un gisement de co-
quilles fluviatiles ou lacustres, Melanopsis^ Melania, Neritina^ etc.,
analogues et presque identiques avec celles que j'ai reti'ouvées dans
les environs des terrains gypseux du Tortonois près de Santa Agata
et de Gavazzana.
Ce terrain gypseux de la Morra se continue vers le N.-N.-E.
et passe sur la gauche du Tanaro, à Piobesi, à Guarcne dans le
groupe de collines qui est entre cette rivière et la partie haute
de la vallée du Borbore son affluent, ou se trouvent vers la Yezza
un certain nombre des coquilles du Tortonois, et c'est cette zone
gypseusw', qui ployant ensuite vers TE., va se réunir, au moyeu des
masses de cette nature qui sont à Alice et à Castel Rochero, non loin
de Nizza de Montferrat, et à celles de Monte Rotondo près de Novi,
aux dépôts plus étendus du pays de Tortone et de Yoghere, en
formant une courbe sinueuse qui suit pour ainsi dire les contours
du massif miocène vers les terrains plus récents, comme une zone
analogue paraît marquer les contours du véritable miocène des
hautes collines du IVlontferrat et de l'Astesan qui devaient autrefois
former connue une île, vers le bassin du Tanaro, sur la gauche
duquel ces collines sont situées, et les terrains pliocènes plus récents
qui occupent la cavité qui devait jadis se trouver entre l'Apennin
et cette île, cavité dont le cours actuel du Tanaro, depuis Asti
jusqu*à son confluent avec le Pô, marque probablement la ligne
de plus grande dépression.
Au-dessus des conglomérats de la Morra et en couches toujoars
moins inclinées sont les marnes bleues pliocènes des bords du Ta-
naro près de Cherasco. On les voit très bien dans les escarpements
que cette rivière a formés sur sa gauche en corrodant le haut pla-
teau sur lequel est située cette petite ville, et qui se termine à côlë
d'elle en une espèce de promontoire élevé de 277 mètres au-dessus
du niveau de la mer et de 93 mètres au-dessus du Tanaro à son
confluent avec la Stura qui se trouve presque immédiatement sous
ce promontoire et à une hauteur de 184 mètres au-dessus de la Mé«
diterranée. La plaine qui vient unir à Cherasco, bornée à TE. par
NOTK DE M. rARBTO. ^05
le Tanaro et à l'O. et au N.-O. par la Stura, et qui a une forme
presque triangulaire, sVlève graduellement du N. au S. jusqu'au
pied des montagnes de Coni et de iMondovi. Elle est généralement
assez nivelée ; on y voit cependant de temps à autre des rides ou es-
pèces de terrasses composées ordinairement de cailloux roulés, qui
paraissent indiquer les différents niveaux occupés successivement
par les cours d'eau qui la sillonnent. Actuellement beaucoup de
cescourad'eauy comme l'Ellea, le Pesio, la Modolavia, parcourent
de profonds fossés creusés déjà dans les marnes bleues de la par-
tie inférieure du terrain pliocène. La Stura même, qui l'entaille
profondément , la séparant de la véritable plaine du Piémont ,
c'est-à-dire de celle qui s'étend de Fossano à Turin, entame les
marnes bleues à (îlierasco ; mais plus haut, à Fossano et sur-
tout à Coni, elle ne met à nu sur ses flancs que d*énormes amas
de cailloux roulés et de sables du terrain diluvial ; dans ce
dernier endroit la partie visible du diluvium est de plus de
64 mètres, car la ville de Coni est à peu près élevée de 534 mètres,
et le confluent de là Stura et du Gesso qui a lieu au-dessous de
cette ville, ettoujoui*s dans ce terrain, est à 470 mètres au-dessus
du niveau de la mer.
Notre coupe, après avoir traversé le Tanaro à Gherasco, passé
par cette ville, et traversé la Stura, remonte près de Brà sur ta con-
tinuation de la plaine du Piémont et voit à côté et à TE. et N.-E.
de cette ville reposer sur les marnes bleues les sables jaunes supé-
rieurs pliocènes, qui forment le petit relief des collines [escarpées
vei*s le cours du fiorbore et du Tanaro, légèrement inclinées vers
1a plaine) de Sommariva Perno, Santo Stefano Rocro et de la
Monta, qui forment comme la ligne de partage des eaux entre le
Tanaro et le Pô jusqu'à la rencontre des collines de Turin, faîte
qui se tient k peu près entre 279, 242 et 290 mètres d'élévation.
Du fond de la vallée de la Stura on monte sur cette plaine en
gravissant, pour ainsi dire, deux gradins entaillés dans le terrain
pliocène, et sur chacun desquels est étendu un lit de cailloux.
Après Brà, c'est le diluvium qui couvre la plaine, et il ne forme
que des ondulations ou de petites rides qu'on traverse en allant
soit vers Sonnnariva del Bosco à la limite orientale de la plaine
ou plateau oii l'on est élevé de 242 mètres, soit vers Cavalier Mag-
giore et Carmagnola, où l'on n'est plus qu'à 212 mètres au-dessus
du niveau de la mer. Dans les environs de celte dernière ville
la plaine est unie ; mais un peu plus à TE. , elle est sillonnée
quoique peu profondément par de nombreux cours d'eau qui
Soc. géol,j 2* série, tome XIX. 20
30l5 SÊANCB DU 16 DÉCBttBHB 1801.
descendent au Pô, mais qui n'entament que le terrain siiperHciel,
c'esl-^-dire le diluvium ou ces argiles marneuses rougeâtres avec
limonite et quelque peu de sables qui couvrent la surface du Pie-
mont vers Poiriuo, Villanova d'Asti, Riva di Giiieri, Buttigliera
d'Asti. Dans ce dernier endroit, si on descend un peu dans un
ravin qui coule à !'£. et qui va dans le Tanaro, on voit comment
ce terrain est en général composé. Sur le haut on a des bancs
d'une marne argileuse rougeâtre avec des traces de fer limoneux,
puis des parties un peu plus sableuses, ensuite un banc d'ar-
gile onctueuse blanchâtre assez solide , en dessous des marnes
câbleuses et plus bas encore des sables quartzeux avec quelques
traces de maroe. Ces derniers bancs semblent se rapprocher des ter-
rains qui sont entre Villanova et Yillafranca, et qui correspondent
â ceux qui sont coupés par le chemin de fer, où l'on a trouvé le
fEuneux Mastodonte, Tetralophodon arvernensis^ qui orne le musée
de Turin.
Ici, près de Yillafranca, la partie la plus élevée est formée par un
terrain marno-argileux rougeâtre avec beaucoup de petits cailloux
principalement de quartz ; en dessous il y a un banc de sables fins
jaunâtres, puis des marnes jaunes grisâtres, puis encore un petit lit
de sables parfois endurcis et çà et là des plaques d'une espèce
de poudingue à petits grains et en dessous une masse de marnes
plus ou moins jaunes ou grises, parfois un peu verdâtres, avec des
concrétions calcaires blanchâtres friables, et de petits bancs et
nodules aplatis d'un calcaire gris marneux et compacte. Au milieu
de ces marnes il y a des Hélix et des Lymnées. Cette masse repose
enfin sur un banc de sables désagrégés quartzeux blancs et gris,
avec de petits lits irréguUers ocracés jaunâtres. Ces sables, quoi-
qu'il n'y ait pas précisément de fossiles pour les caractériser, peu-
vent encore être regardés à cause de leur disposition et de leur
aspect comme étant lacustres ou comme déposés au fond d*un
étang.
Il parait que ce terrain a une grande étendue, car en continuant
de Sommariva del Bosco à se diriger vers leN., pour aller à la
rencontre de la colline de Turin, on le voit former la surface du
sol jusqu'auprès d*Andezeno, où au-dessous de lui commencent â
paraître les sables jaunes pliocènes, qui, en allant vers MarentinOi
sont supportés par les marnes bleues. Ces marnes continuent peu*
dant quelque temps vers Sciolze sous une faible inclinaison ; mate
avant d'arriver à ce pays, qui est sur la crête de séparation entre
ks torrents qui descendent au Pô en amont de Turin et ceua
NOTB DK H. PÀRETO. 307
qui y deflcendent eu aval, on rencontre des sables serpentincux
et des mollasses plus inclinées vers le S.-S.-O. qui appartiennent
au terrain miocène.
La crête de partage marche ici de rO.-N.-O. à l'E.-S.-E. et
les têtes des couches regardent vers le Pô et la vallée presque
longitudinale de Rivalba qui court de TE. à l'O. au pied septen-
trional du faite sur lequel est situé le château de Sciolze. En des-
cendant dans cette petite vallée les couches de mollasse sur sa
gauche sont encore inclinées au S.-S.-O. ; mais sur l'autre rive où
l'on gravit les collines qui vont vers Gastagneto et Chivasso, ces
mêmes couches pendant quelque temps inclinent au N.-N.-E. et
puis avant Gastagneto, où l'on rencontre une masse de poudingue
et de sables serpentincux, elles reprennent Tinclinaison au S.-S.-O.
qu'elles conservent jusqu'à ce village, où il y a un nouveau chan-
gement.
Cette dernière partie de la colline qui forme un cap assez avancé
▼ers le Pô est alignée dans le sens du S.-S.-O, au N.-N.-E et
parait la continuation de la crête qui est à TE. de Superga,
laquelle vient dans cette même direction de la Maddalena au-
dessus de IVloncalieri jusqu'à Bardassano, et reste ainsi coupée
parle vallon de Rivalba. Avant d'arriver à Gastagneto et au-des-
sus de Rivalba, au contraire, certaines crêtes sont dans le sens de
l'O.-N.-O. à TE.-S.-E., et on peut dire qu'il y a ici le croisement
des deux systèmes, celui des Alpes occidentales et celui des Apen-
nins. Les couches mêmes dans leur direction ressentent aussi ce
changement, car, tandis qu'elles allaient de l'O. -N.-O. à l'E.-S.-E.,
de fiardassano à Sciolze, à Ginzano et à Berzano, elles courent du
S.-S.-O. au N.-N.-E. en inclinant généralement à l'E. de Santo-
Raffaele à Gastagneto, et ce dernier massif est composé dans le bas
par des conglomérats à très grosses masses analogues à ceux que
l'on voit à la base des contre-forts, loi*squ*on commence à gravir
les collines qui sont à l'E. de Turin. Les deux changements d'in-
clinaison vers le S.-S.-O. ou le N.-N.-E. dans les couches, qu'on
peut remarquer d'abord dans le vallon de Rivalba et ensuite près
Gastagneto, indiquent presque deux axes parallèles de soulève-
menty et ces couches arquées correspondent à des noyaux de cal-
caire éocénique, qui se trouvent plus à l'E. vers Monteu^ Bru-
sasco et Saint-Jean de Fcrrua^ où le noyau de calcaire éocénique
allongé de l'O. à TE. est flanqué au N. par le calcaire moellon
miocène à Pccten de Verrua et au S. par des mollasses de la
même époque.
Près de Saint-Jean de Yerrua le calcaire éocène à Fuco'ides est
308 SÊAMCB 1)U 1(5 DÉCEHBBB 18(51.
accompagne de marnes verles, rouges et noires qui rappellent
parfaitement les argiiic scaglioxe, et ce calcaire est parfaitement
identique avec celui qu'on voit dans TApennin de Parme et à
Tortone avec ces argiles. On y voit même du psammite noirâtre
et des traces d'oxyde de manganèse ; et je ne serais pas étonne que
quelque masse opliioliiLique ne se trouvât peu loin de là, car je
me rappelle avoir vu autrefois ù une petite distance de Të.-M.-ë.
d*01dolengo et de Castelletto I^Ierli une énorme masse d'opiiio-
lithe, que je n'oserais guère croire être un bloc erratique.
Ces îlots de calcaire ëocénique sont assez fréquents dans la partie
N. des collines du Montferrat, de Yerrua à Valenza et à Pecetto, et
sont alignés précisément de TO.-N.-O. à rE.-S.-E. avec ceux de
même nature, qui sont au cap opposé du golfe, formé par la vallée
du Tanaro et de la Scrivia près de Tortone, et ils correspondent
parfaitement à la dernière ligne ou axe de soulèvement, le long
duquel se trouvent vers la plaine au pied de TApennio les argiiic
scaglioscj que nous avons toujours rencontrées presque à l'extré-
mité de nos coupes vers la vallée du Pô ; de manière qu'on pourrait
regarder les terrains miocènes et pliocènes, qu'on rencontre au sud
de ces noyaux, disposés en forme de fond de bateau vers Reggio,
Scandiano, Sassuolo, Bologne, comme la représentation exacte
des terrains des Langhe de l'Asiesan et du Montferrat, où l'on
passe du terrain miocène du pied de l'Apennin au terrain pliocène
et de celui-ci de nouveau au miocène, au pied des plus hautes
collines du Montferrat, en retrouvant des deux côtés à la base du
miocène ou des conglomérats ou des roches à éléments assez gros-
siers qui peuvent en tenir la place.
Cette suite, pour ainsi dire, n'est presque jamais interrompue,
excepté en quelques points peu nombreux, où des cliaiDons de
roches éocènes ayant assez souvent de préférence la direction
S.-S. -O. N.-N.-E. viennent, par leurs caps plus avancés vers la
plaine, couper en quelques endroits cette zone, qui est en général
presque toujours parallèle a la chaîne centrale de l'Apennin ; elle
présente un développement plus considérable, là où il devait
y avoir autrefois des espèces de grands golfes qui s'avançaient
davantage dans Fintérieur et vers le centre de la partie du relief
de la chaîne qui préexistait au dépôt des terrains miocènes, comme
par exemple, vers Fornova et le confluent du Taro avec le Ceno,
où le terrain miocène pénètre assez avant dans la vallée de ce der-
nier torrent.
Les collines que nous avons décrites comme faisant partie de
notre coupe près de Rivalba sont essentiellement composées d'ar-
NOTB DE M. PARBTO. 309
giles marneuses fissiles et de mollasses grisâtres. Les agrégats et les
sables serpentineux n*y sont pas aussi fréquents; on en remarque
néanmoins quelques couches entre Rival ba et Gastagneto sur les
hauteurs; mais les conglomérats inférieurs sont très fréquents et
à éléments très grossiers à la base de la colline de Santo RafTaello,
et DOD loin du pont de Chivasso sur la rive droite du Pô, où il
arrÎTe, comme non loin de Turin, que ces conglomérats et les
mollasses marneuses qui leur sont immédiatement superposés
semblent un moment incliner vers la rivière, et puis un peu plus
loin changent d'inclinaison et semblent au contraire s'immerger
sous le faite de la colline, c'est-à-dire dans le sens du versant
méridional ou de l'Astesan.
Je devrais finir cette suite déjà assez longue de coupes qui
peuTent donner une idée approximative de l'Apennin et de sa
constitution géologique, même assez près de son origine, mais,
puisque dans le temps j'ai eu lieu de traverser cette chaîne dans
une paitie encore plus occidentale, je ne puis résister à la tentation
d'esquisser une dernière section de cette chaîne encore plus à l'O.
et dans le comté de Nice, d'autant plus que dans cette coupe on
vient à traverser les deux noyaux plus anciens et cristallins que
j'ai dit se disposer obliquement Tun à l'autre comme deux
échelons dans cette partie de la chaîne qui correspond à ce qu'on
appelle ordinairement les Alpes maritimes.
C'est aux pittoresques rochers du Garavano ou des Baussi Rossik
TE. de i\Ienton que je commence cette coupe (fig. 8). Ces rochers
où l'on observe de nombreuses grottes ou cavernes sont en grande
partie composés de calcaire jaune, probablement de la der-
nière période jurassique, s'ils ne sont pas néocomiens, comme les
grandes masses calcaires, qui du département du Yar, où elles
forment de nombreux chaînons au-dessus de Yence et de Saint-
Jeannet, viennent encore passer dans le comté de Nice et consti-
tuent une partie des montagnes de la Turbia et de celles qui sont
au S. de Sospello. Ce calcaire, qui du côté de i'E. supporte des
argiles et calcaires argileux avec glauconie appartenant à la craie,
s'élève à une hauteur considérable et constitue la montagne de
Grand Mondo^ située au S.-E. de Sospello, et élevée de 1378 mè-
tres au-dessus du niveau de la mer. Sur la face N. de cette mon-
tagne et vers le coui*s de la Bevera on voit reposer sur ce calcaire
les marnes glauconieuses et le calcaire de la craie qui occupent lé
fond de la vallée, et remontent sur la gauche où, dans le torrent
qui descend de Brois, on voit la marne glauconieuse contenant
de grandes Ammonites, des Bélemnites et des échinites.
310 SÉANCE DU 16 DÉCBMDRB J8l>l.
Ces marnes et ces calcaires laissent voir dans le bas et non loin
ilo Sospello un «issez puissant amas de gypse avec raucliwacke qui
leur est inférieur, et sur le haut, vera le col de Brois, elles suppor-
tent un lambeau de calcaire nuinmulitique et de macigno, qui est
grandement développé plus à TE. et vers la gauche du Roja, tandis
qu'à rO. et vers les sources de la Bevera et du Paglione il ne forme
que des îlots, cependant assez étendus. Au N. du col de Brois s'élève
la montagne de Mille Forche et de Alangia B6 et plua loin le col
de Raus composé de calcaire noirâtre, qui est analogue à celui
qui dans le bas forme les hauteurs de Saorgio et une partie de
celles qui avoisincnt le canal de Cairos; ce calcaire qui parfois
contient de nombreux silex noirâtres parait appartenir aux terrains
liasiques, et au-dessous de lui, dans le fond.de ce catial de Cairos,
comme près du col de Raus et vers Bollena dans la Vesubia, on voit
de nombreux amas de gypse saccharoide accompagnés de rauch-
wacke qui se tiennent ordinairement au-dessous de ses couches,
lesquelles inclinent au S. ou au S.-S.-O. Ces gypses marquent
ordinairement la limite entre les formations arénacées paléozdlques
et les calcaires qui sont pour le moins liasiques. Le col de Raus
entre la Yesubia et le Roja, non loin duquel et au N. se tit>uve la
limite du calcaire et des grès (du trias ?), est élevé de 2025 et une
pointe qui lui est un peu au S. de 2125 mètres au-dessus du niveau
de la mer. Non loin du col le calcaire gris noirâtre est dolomitique
et quelquefois il a une structure amygdalaire, c'est-à-dire que
dans une pâte calcaire noirâtre il y a des amandes blanches
presque saocharoldes et probablement dolomi tiques.
C'est avec la Bevera et les montagnes qui s'étendent au S. de
cette rivière et qui aboutissent à la mer que finit le système des
terrains de calcaire jaune jurassique récent, ou peut-être même
néocomien, qui constitue une partie des montagnes de la Pro-
vence, de Marseille à la Sainte-Baume et aux nombreuses chaînes
orientées à peu près de TO. à !'£. qui sont entre les cours du
Loup, de TËsteron, du Verdon et du Yar, dans la partie où il
court de l'O. à l'E. Au N. de cette rivière, ainsi que dans la
vallée du Verdon au N. de Castellane et au N. d'Utelle dans le
comté de Nice, ce calcaire disparait et cède la place à des roclies
crétacées qu'il supporte (et dont il y a aussi de nombreux bassins
au milieu de ces chaînes commeà Gourdon, à Briançonnet, etc.),
et puis plus haut encore au terrain nummulitique. Ce calcan« a
ordinairement ses couches, dont l'inclinaison générale paraît être
vers le N., 'disposées de manière à faire croire que les sotilèvemenfs
dont il est affecté dépendent du noyau cristallin ancien qa*M
NOTI DE M. PAIBTO. SU
rencontre vers Cannes et dans le massif de rEstérel et des Maures
et qui 8*étend jusqu'aux environs de Toulon.
En effet, en général les tètes de ces couches calcaires se relèvent
des bords de la nier vers cet ellipsoïde, autour duquel et surtout
sur les flancs septentrionaux se développent le grès rouge et ses
porphyres et les formations du trias, qu'on voit dans le bas des
calcaires» lorsqu'on se rapproche des terrains paléozoïques des
Maures, mais qu'on revoit de nouveau vers le centre des Alpes
maritimes, lorsqu^on s'approche du nouveau noyau cristallin
que nous trouveront, en poursuivant notre coupe» au-dessous de
roches arënacées analogues à celles du Var, qui se rencontrent au
N. du col de Aaus.
Ces couches arénacées, ordinairement à petits éléments et qui
parfois prennent même l'aspect d'un schiste rougeâtre tacheté de
vert tendre (Goniaron), paraissent les mêmes que celles qu'on ren-
contre le long de la Roja au Fontan avec une inclinaison vers
l'hémisphère S., au-dessous des calcaires liasiques de Saorgio et
des environs. Sur le contre-fort qui existe entre la Vesubla et
la Roja ces grès s'élèvent au Cappélletio Sobran^ non loin et au
N. du col de Raus où ils ont une teinte rougeâtre lie-de-vin, à
la hauteur de 2663 mètres, et au mont Bego, qui se trouve encore
un peu plus au N. mais sur le même contre*fort, à celle de
2882 mètres au-dessus du niveau de la mer.
Si de ce point et de la vallée de la Gordolasca on regarde vers
le S., on voit comment sur une grande étendue de pays ces roches
arénacées rougeâti^ sont séparées des calcaires liasiques par
une sone de couleur jaunâtre terreuse, qu'on reconnaît être com-
posée de rauchwacke et de gypse. Cette zone incline au S. ou au
S.-O. , comme les gypses, qui sont sur le pourtour du massif des
Maures a la Yallette près de Toulon et à Gonfaron, et qui semblent
plonger au N. sous les calcaires gris de fumée de Solliès et sous les
calcaires jauuâtres des hauteurs des environs de Toulon et se tenir
entre ces calcaires et les schistes ou marnes bigarrées qu'on voit
•or une grande étendue dans cette partie du département du Yar.
De cette disposition des couches il est facile de conclure que
cette zone de roches arénacées et de calcaires que nous trouvons
vers les Alpes est probablement la même que celle du département
du Yar. Or, si nous avons bien constaté dans le Yar les forma-
tions triasiqueset même quelque partie permienne et carbonifère,
nous sommes en droit de croire que les roches de la vallée de la
Roja et des hauteurs du Cnpelleito et du Morbrgo^ qui ont tant
d'analogie avec elles, contiennent les mêmes formations, forma-
31*2 SÉANCE DU 16 DfiCSMBRB 1861.
lions qui ont du reste aussi tant d'analogie a?ec le vrrrurarm
toscan, ce qui in'a fait toujours soutenir que ces grès et schistes
aux couleurs bigarrées, ces roches de quartz, ces anagénices que
j*avais rencontrés dans les Alpes maritimes, les Apennins de la
riyière du Ponent et dans les montagnes de Carrare et de Pise,
n'étaient pas des roches jurassiques et liasiques, mais bien des
roches paléozoïques, en partie triasiques, en partie penniennes et
même carbonifères.
Ces anagénites à gitM éléments et avec quelque peu de talc,
paraissent aussi en grandes masses dans la vallée de la Roja, entre
autres points, non loin de S. Dalmazso au confluent de la Valancia ;
niais elles sont très développées et leurs grès ont souvent une
couleur rougeâtre vers les vallées de la Yesubia et de la Tinea,
où non loin de S, Sahatorcy Rimplos et Fal de Blora on a trouvé
des traces cuivreuses répandues dans des schistes qui rappellent
presque les schistes du Mansfeld.
Mais, en retournant à notre coupe sur la crête de àionbtgo ou
sont les grès et les qnartzites et en cheminant sur cette même crête
vers le N. , on trouve enfin le terrain cristallin composé principale-
ment de gneiss, percé en beaucoup d'endroits par des filons de
granité à petits grains qui s'élève au mont Clapier, une des pointes
les plus remarquables des Alpes maritimes, située sur la chaîne
centrale entre la Roja, le Gesso et la Yesubia, à la liauteur de
3070 mètres. Cette pointe qui est, comme nous venons de dive,
composée d'une espèce de gneiss, forme avec ses dépendances vert
la mine de plomb argentifère de Tende et quelques pointes un peu
plus à l'E. sur la chaîne centrale, rextrémité orientale du jgnxA
ellipsoïde cristallin qui s'étend de ce point jusqu'aux montagnes
qui sont immédiatement au S. de Largentière, près des sources de
la grande Stura, montagnes composées de gneiss et de sdiiilrs
micacés contenant au milieu d'elles un autre noyau plus central
assez considérable de granité, qui s'étend du col de Finestre ans
cimes de Freina Morta et vers le Maito au*deasus des baint ^
Yaldieri, en envoyant beaucoup de veines et de filons' dans Its
gneiss et les micaschistes des environs, qu'il parait avoir intime-
ment pénétrés.
Du mont Clapier, si on suivait directement la ligne S.-N., gn
irait tomber dans la vallée du Gesso vers Eotragues et Yaldieri;
mais, voulant rejoindre l'autre noyau cristallin paléoscSque qoe
j'ai indiqué exister dans les moyennes vallées de la Yerraenagna,
du Pesio, etc., et dont nous avons traversé la continuation dans
la vallée du Tanaro au N. de Garessio, j'ai préféré faire un petit
NOTE DE H. PARBTO. 313
dëtour, et après avoir marché pendant à pcîne 2 ktloniètres au
N.-E. sur la chaîne centrale dans la direction du col delende,
prendre les crêtes qui sont à TE. de ce passage et aller rejoindre
la plaine dans les environs de Goni vers la Cfuusa et Villonova di
Mondovi,
Pendant un certain espace les montagnes abruptes qui sont sur
la chaîne centrale à l'£. du mont Clapier sont composées de
schistes et de gneiss ; mais, arrivé au col du Sabbione et à la Ci ma
deii Jbisso élevée de 2805 mètres, on trouve de nouveau les roches
arénacées et les anagénites du verrucano, et on est ici sur la par-
tie N.-E. de la zone arénacée qui entoure le noyau cristallin,
comme on était au Monbego sur la partie méridionale de cette
zone qui a aussi un assez grand développement dans la vallée de
la Roja au-dessous de Tende et qui, par les grès et les schistes
talqueux qui sont à TO. et au N.-O. de ce bourg, au-dessous de
nombreuses masses calcaires, viennent se réunir à ce massif de la
Ci ma dell Abisso ou de la Biscia,
A l'E. de cette pointe et en s^approchant du col de Cornio ou
de Tende, on voit bientôt reposer sur les grès une masse calcaire
dont les couches inclinent à FË. et au N.*E., et qui est tout à
fait analogue aux calcaires de Saorgio, où il y a entre autres des
bancs qui contiennent du silex pyromaque, et à ceux que nous
avons vus vers le ool de Raus. Ces calcaires à l'E. de la Biscia sont
identiques avec ceux qu'on voit près de Tende vers la Briga et ne
sont probablement autre chose que la partie inférieure du lias. Ces
calcaires, du reste, se dirigent d'un côté vers Entragues et Yaldieri,
où ils semblent partagés en deux masses, l'une plus cristalline,
ressemblant au bardiglio, l'autre moins cristalline, par un banc de
•chiste ai^lo-talqueuv, et ensuite vers les montagnes qui sont près
de Démonte, en contournant ainsi le massif cristallin qui arrive
parfois jusqu'au bord de la Stura entre Vinadio et Largentière,
et de l'autre côté par les calcaires de Tenda, de Briga et de Saorgio
ils vont rejoindre ceux du col de Raus et ceux qui, plus à rO«,
se trouvent vers Saint-Martin de Lantosca, et plus loin encore,
au midi de Val di filora et de Santo-Salvatore dans la vallée de
la Tinea.
. A TE. de ces calcaires des environs de la Cima dell' Abisso et
continuant toujours à marcher sur la chaîne centrale, on retrouve
en s'approchant du col de Tende d'abord des masses d'une argile
noirâtre avec de petits bancs d'un macigno un peu micacé qui
iemble être un peu différent du terrain numniulitique auquel
il est inférieur; ces argiles et macigno pourraient bien appar-
314 SÉANCE DU 16 DÉOBHBiB 1861.
tenir à la craie. Plus loin, et à côté du col même, ou ti*ouvc
enfin le calcaire numniuli tique éocène, alternant avec quel-
ques bancs de macigno gris verdàtre micacé qui contient aussi
quelques larges NumniuUtes. Ces maci^jno dans la descente vers
Linione présentent parfois une teinte lie de vin avec des parties
verdâtres, et au-dessus des bancs nunuuuli tiques se voient encore
des masses de schistes au milieu desquels il y a des traces de Fu-
coïdcs. Ces couches de macigno inclinent plus ou moins fortement
vers le N.-Ë. et le N.-N.-E. ; mais au levant du col ils conunen-
cent à prendre une inclinaison contraire et en marcliant dans le
sens du M.-E. on redescend dans les coudies plus anciennes;
ainsi on retrouve sous les schistes du macigno les couches num-
muUtiques, puis le macigno et l'argile noirâtre inférieurs, puis
enfin une grande masse calcaire dont une partie correspond à
celle que nous avons vue au-dessus des roches arénacées paléo-
zoïques à TE. de la Cima delF Abisso.
Ces couches du calcaire nummulitique et des macigno ont bien
la forme d'un fond de bateau et elles sont la continuation et, pour
ainsi dire, le sommet du grand triangle de flysch, qui commence
au bord de la mer, d'Albenga à Vintimille, qu'on peut regarder
comme sa base, et qui arrive par les hautes cimes da Monte
Fj-outero, Tanarello, Beitrand, au dessus de la firiga jusqu'au
col de Tende, se montrant encore en ilôts séparés sur quelques
points des chaînes qui sont entre la Vermenagna et le golfe d'En*
tragues. Ces couches ainsi inclinées au S.-S.-O. ressentent l'in**
fluence de l'ellipsoïde septentrional de rodies paléosoiques, qur
commence un peu a l'O. de la vallée de la Vermenagna et
continue dans celle du Pesio, etc. En marchant, en effet, sur la
crête du contre-fort qui est entre la Vermenagna et le FeiiO|
contre-fort remarquable de la Bresimanda et qui s*élève preaque
abruptement sur la plaine du Piémont, on commence, après avoir
quitté les couches décidément éocéniqucs du col de Tende et
autres couches calcaires qu'on peut rapporter à des bancs immé-
diatement inférieurs au calcaire nummulitique, lesquels au Monte
Gros, attache du contre-fort, s'élèvent à 2520 mètres, on con»-
mence, dis-je, à rencontrer des bancs d'un calcaire noir compÉcCO,
parfois subgrenu, assez sonore, divisé en dalles et contenant dea
coquilles indéterminables, mais qui se rapprochent des Peigner;
ce calcaire est probablement jurassique, et après lui on a encore
quelques calcaires, puis un banc de schiste argileux luisant, qui ee
montre assez constamment dans ces parages et qui sépare lamiist
ralcaire supérieure d'une autre masse également calcaire, mais
NOTB DE H. PàRBTO. 316
d'un aspect plus cristallin et ressemblant presque au marbre.
Celle dernière masse, qui doit appartenir au moins à la formation
liasique inférieure, s'appuie enfin à Tendroit dit la Cella ptana
sur des schistes talqueux et probablement sur des anagënites du
verrucano, inclinées commentes calcaires au S.-S.-O., qui s'ap*
puient à leur tour sm* des bancs puissants de gneiss talqueux de
la formation du verrucano inférieur, lesquels s'élèvent au Monte
Faccariie supérieur ou pointe plus haute de la Bresimanda, A
2397 mètres^ De ce point, en cheminant vers le N. sur la crête
de la montagne, qui se tient pendant quelque temps à un niveau
bien peu inférieur, on voit que ces bancs de gneiss talqueux in*
clinent encore au S.-S.«0. ; mais un peu plus loin ils passent en-
suite à l'inclinaison vers le N.'N.-£., ce qui démontre que l'axe
de rellipsoïde passe non loin de la Bresimanda, et que de là il se
prolonge vers !'£., en passant à peu près à la moitié du contre-
fort qui est entre l'Ëilea et le Pesio.
A cette suiie de couches que Ton voit sur la montagne, il en
correspond d'analogues dans le fond de la vallée du Pesio, où,
vers Santo-Bartolomeo, on voit les couches de gneiss talqueux
identiques avec celles du Vaccarile incliner S.-S.-O. et supporter
vei's la Gertosa des bancs très considérables d'une belle anagénite
quartzeuse qui vont s'immerger sous les masses puissantes de cal-
caire subgreuu et compacte du Monte Cassino, élevé de 2681 mè-
tres. Cette montagne est la continuation du Monte Cros et le
commencement de cette suite de hautes montagnes calcaires de
Ciamballu (2628 m^res) et Monte d'ingioja (2656 mètres) qui
font partie de la zone calcaire qui flanque au S. l'ellipsoïde
paléozoïque de la partie miocène des vallées du Pesio, Ellea et
Corsaglia, etc.
La partie haute de cette vallée du Pesio au S. de la Certosa
forme un très beau cirque dans lequel on voit parfaitement com-
ment les grandes masses calcaires, qui présentent dans leurs pitto-
resques escarpements les tètes des couches, reposent sur les anagé-
uites qui plongent ici comme les calcaires vers le S. et le S. -S -0. ,
tandis qu'en descendant on voit les bancs du gneiss talqueux,
après avoir incliné au 8.-S.-0., incliner près Santo Bartolomeo
au N.*N.-£. ou au N. et être suivis plus près de Chiusa par de
nouvelles auagénites et des quartsites qui plongent au N.-N.-E.
ou au N. et supportent non loin de la sortie de la vallée une basse
sone calcaire de même aspect que celle du Cassino, qui forme
le flanquement septentrional du noyau paléozoïque qu'on ren-
contre dans toutes ces vallées.
S(lô SÉANCE DU 16 DÊCBMBIB 1861.
Ce même cliangemeiit d'inclinaison a lieu sur la Dresimanda
où les couches presque verticales du gneiss talqueux descendent
abruptement du haut de la montagne dans la vallée vers la plaine
et sont flanquées^ mais à une bien moindre hauteur, d'abord par
les anagénites et ensuite dans le bas par une mince zone cal-
caire, qui est la continuation de celle qui sur la droite du Pcsio
vient du Calvatio de Villanova de Mondovi où elle atteint encore
812 mètres d'élévation, et qui de l'autre côté, c'est-à-dire a l'O..,
se prolonge vers Boves et le débouché de la Yerraeuagna, dans
laquelle on voit de Roccavionc à Vernante les mêmes succession
et superposition de roches ; seulement, au Pont avant la Ver-
nante on dirait un moment que les anagénites sont supérieures
au calcaire ; mais je crois que ce n'est qu'une simple apparence
due probablement à une oscillation des couches entre la verticale
et des inclinaisons qui s'en approchent dans un point| où cei
mêmes couches semblent ressentir l'influence de deux ellipsoïdes
de soulèvement dont les extrémités des axes sont dans cette loca-
lité très rapprochées, et, comme cette apparence est pour ainsi dire
en contradiction avec de nombreuses observations opposées faites
en beaucoup d'autres localités, je pense que ce n'est qu'un phé-
nomène local et l'effet d'un renversement des couches dont on
a de nombreux exemples dans des montagnes aussi tourmentées
que les Alpes et là surtout, où il est probable que s'est fait sentir
l'influence de deux soulèvements différents.
On observe dans cette localité du Vernante, en marchant du
M. au S. , c'est-à-dire en remontant la vallée de la Vermenagoa,
d'abord du schiste talqueux, puis des anagénites, puis quelques
grès qui passent à un quartzite, puis un calcaire grisâtre siib-
cristallin n° 1, qui a l'aspect du marbre et est accompagné d'un
calcaire plus compacte n<> 2 en dalles ou couches de moindre
épaisseur, lequel est suivi d'un autre banc de calcaire gris blan-
châtre, presque cristallin comme celui du n° 1, et d'autres cal-
caires analogues à ceux du n° 2, qui sont suivis ensuite par un
banc de schiste argileux rougeâtre» légèrement satiné, lequel à
son tour, est suivi par une masse puissante de calcah'e grisâtre,
tantôt compacte, tantôt subgrenu et contenant des espèces de
petits noyaux ou amandes presque spatliiques, masse de calcaire
qu*on parcourt pendant assez longtemps dans', la vallée de la
Vermenagna, de Vernante jusqu'auprès de Limone.
Cette suite de roches, qui dans l'ordre selon lequel nous les
avons indiquées paraissent presque démontrer que le dernier cal-
caire est le plus ancien, tandis que les anagénites sembleraient ici
MOTJK Dl H, PÀKBTO. 317
les plus modernes, se trouve ailleurs et dans presque tous les poiuts
où on les rencontre dans un ordre tout à fait oppose, d'où on
peut dëduire avec une grande probabilité qu'elles sont ici renver-
sées. En effet, dans la vallée du Tanaro et de la rivière du Ponent,
on a toujours daus le bas le gneiss ou schiste talqueux, puis les
anagénites, puis le calcaire marbre (comme au cap Noli et à Giu8«
tenice), puis le schiste argilo-talqueux verdâtre ou rougeatre, puis
le calcaire grisâtre obscur qui est partout supérieur et en masses
beaucoup plus considérables. Cette succession par sa généralité
indique qu'elle est normale, d'où on peut conclure que la super-
position contraire observée près du Yernante est un fait excep-
tionnel dû probablement à un fait local et à une espèce de
renversement. C'est cette apparente superposition des anagénites
et des schistes aux calcaires compactes et subcristallins de la vallée
de la Yermenagna qui avait suggéré à M. Ange Sismonda l'idée
que ces conglomérats étaient parallèles à la formation oxfor-
dienne, les calcaires étant liasiques ; mais pour moi je pense que
les anagénites étant inférieures aux calcaires qu'on croit liasiques
doivent appartenir aux terrains paléozoïques. Ce fait qui ne parait
pas contesté par le même savant géologue pour les roches analogues
qui sont au midi de Tende, dans la vallée de la Roja, qu'il recon-
naît être infraliasiques, donne bien le droit de rapporter à la même
époque celles du vei*sant septentrional des Alpes maritimes, c'est-
à-dire celles de la vallée de la Yermenagna et de celle du Pesio.
Au reste, on n'a ici que la répétition de ce qu'on voit dans la chaîne
des montagnes de Carrare et en Toscane, et plus encore celle des
faits qu'on a observés avec des circonstances même plus détermi-
nantes, comme le serait la présence de fossiles caractéristiques,
dans les environs du lac de Como et du lac Majeur, ainsi que dans
les vallées Uergamasques, où on a pu constate^; la superposition
des roches jurassiques et liasiques à un ensemble de roches tria*
siques et pcrmiennes qui sont si bien développées aux pieds des
Alpes lombardes, et qui présentent tant d*analogie, au moins
pétrographique, avec ces roches de la vallée de Pesio et le verru-
cano de Toscane, et avec les roches du département du Var. Dans
ces localités, c'est-à-dire dans la Lombardie, au moins dans celles
qui sont plus éloignées de la chaîne centrale, les zones de roche,
arénacées et calcaires entourent des noyaux plus cristallins, comme
dans la paitie des Alpes maritimes et des Apennins dont nous ve-
nons d'esquisser 11 description, et cette même succession peut
s'observer aussi dans plusieurs auti'es points des Alpes, particulic-
318 SÊAKCB DU 16 DÊCBHBRB 1861.
l'ctncDt dans le \ icentiii près de Recoaro, où l*on a un ilôt de schiste
talqueux entouré de roches triasiques d'abord et ensuite de roches
jurassiques, ce qui fait presque naître l'idée que les Alpes ainsi
qu'une partie des Apennins et des chaînes qui en dépendent ne
sont en certains points qu'un ensemble d'ellipsoïdes paléozoïques
dift'ércniinent orientés et réunis entre eux par des formations
plus récentes, qui ont soudé, pour ainsi dire, entre eux des reliefs
plus anciens, tout en continuant à ressentir l'influence des soulève-
ments qui peuvent avoir successivement affecté ces contrées.
Aux pieds de la Bresimanda et au N. de la Gliiusa, surtout sur
la droite du Pesio, on trouve en allant vers la plaine et Pianfci
des petites collines qui sont composées d'un schiste argileux lui-
sant grisâtre et verddtre, lequel en quelques points semblerait
passer sous le calcaire et qu'on dirait se réunir par une inflexion
à ceux qui sont dans la vallée du Pesio même; mais je pense
que ce contourneineut est plus apparent que réel, et que ces
schistes des environs de Pianfti sont véritablement supérieurs aux
calcaires, étant même par leur nature différents de ceux de l'inté-
rieur de la vallée. On aurait ici alors une formation plus récente
que le calcaire et on serait presque tenté de voir dans une partie
de ces schistes une espèce de gaies tro avec lequel ils ont une cer-
taine ressemblance. Il est même à observer que justement au
milieu de ces schistes, dans le triangle foimé par les points FHtanoi*a
fie Ayo/i:loffi, Chiusa et Pianfeiy existe la seule masse de serpentine
qu'on retrouve dans le versant septentrional de cette partie des
Apennins, qui se rapproche des Alpes, laquelle masse serpenti-
neuse semble être, avec le petit massif de Monbasilio, l'anneau
de jonction entre les petites mais nombreuses masses ophiolithiques
de la vallée de la Horniida, qui font suite aux graddes traînées
des environs de Géncs, et les grandes masses qui se trouvent aux
environs du Mont Yiso et au pied oriental des Alpes occidentales
d'où elles vont rejoindre le massif du mont Kosa.
Ces mêmes schistes argiio-talqueux moins cristallins des envi-
rons de Pianfci paraissent se montrer aussi vers Peveragno, smr la
gauche du Pesio; mais ici, la masse calcaire étant très amincie et
ayant presque disparu, il est plus difficile d'assurer que c'est une
chose différente des schistes talqueux du verrucano qui descendent
de la firesimanda.
Après les calcaires et les schistes le terrain plus récent qu*ou
trouverait au pied de ces contre-forU et à l'extrémité N. de notre
coupe serait le terrain pliocène qui ne se montre que dans un
NOTE DE M. PÀRBTO. 310
point, vers Pianfei, oii sont des marnes bleues avec Pccten pleuro-
necies. Ce terrain supporte la grande masse de cailloux roules et
de blocs qui forme le dtluvium de la haute plaine du Piémont-
Ces cailloux sont ici aussi ordinairement recouverts par une
couche parfois assez puissante d'une marne argileuse rougeâtre
contenant du fer limoneux, qui se montre même assez haut dans
une grande partie de collines qui s'étendent de Pianfei vers Villa-
Nova et Mondovi*.
Le dépôt caillouteux au débouché du Pesio de la vallée de la
Ghiusa s'élève assez au-dessus du niveau de la rivière et parait com-
posé de blocs très considérables particulièrement d'anagénites, qui
atteignent parfois les dimensions des blocs erratiques ; on soupçon-
nerait presque qu'il y a ici et près du lac de Beinette, où les blocs
sont très nombreux et d'un grand volume, le reste d'une ancienne
moraine terminale d'un glacier qu'on peut croire avoir occupé la
vallée du Pesio, qui descend, au reste, de montagnes assez élevées
pour avoir pu donner naissance à un glacier dont la masse principale
aurait occupé le cirque que nous avons indiqué être à la tête de ce
vallon au-dessus de la Certosa di Pesio et dont les parois sont cou-
ronnées par les cimes duCassino et de Cros qui atteignent une alti-
tude de 2600 mètres et plus. On pourrait aussi observer à l'appui
de cette opinion que dans ce cirque les roches calcaires présentent
dans certains endroits le poli qu'on voit dans les roches qui avoisi-
nent les glaciers et on pourrait ajouter que même actuellement dans
des montagnes qui ne sont pas bien éloignées de celles du Pesio et
qui les surpassent a peine de 300 à /iOO mètres en altitude, il existe
encore sur leur versant nord de petits glaciers, comme dans le
vallon qui descend du Monte Clapier et sur le flanc septentrional
de la IVIaledetta d'Ëntragues.
Avec la cotipe que nous venons en dernier lieu d'esquisser, nous
avons terminé ce que nous pouvions dire, dans les bornes de cette
note, sur la partie de T Apennin sur laquelle nous avons particu-
lièrement dirigé nos observations; il conviendrait après cela, en
comparant entre elles ces coupes faites à différentes distances, d'en
déduire les conséquences pour formuler une vue d'ensemble sur
cette chaîne; mais cela étant trop long, je me contenterai d'indi-
quer comme conclusions de cette note :
1* Que la portion de celte chaîne qui se trouve en Toscane et
dans le pays de Bologne doit être considérée comme composée
presque de deux parties, l'une, le véritable Apennin, éloi(>née de
la Méditerranée où dominent les roches éocènes recouvertes, sur
320 SfiANCB DU 16 BÉCEIIBRB 1861.
le flanc septentrional surtout, par les terrains miocène et pliocène
et dont en général les axes de soulèvement, qui se répètent à plu-
sieurs reprises et parallèlement entre eux, all'ectent à peu près la
direction O.-N.-O. £.-S.-£., et en quelques endroits W.-O. S.-E. ;
Tautre plus rappi*ochée de la Méditerranée, et c'est la chaîne
métallifère des Toscans où se montrent des roches jurassiques et
paléozoïques, qui présente au contraire une direction assez mar-
quée N.-N.O. S.-S.-E. et semble composée à paitir de la Spezzia
jusqu'auprès de Civita-Yecchia de nombreux îlots de verrucano et
de trias contournés de i*oches jurassiques, alignés dans cette direc-
tion et réunis par des terrains plus récents.
2° Que la portion qui se trouve entre le méridien de Gènes et
celui de Parme à peu près, forme une seule chaîne, mais com-
posée de rides parallèles dirigées O.-N.-O. E.-S.-Ë. où conti-
nuent les roches éocéniques flanquées surtout au N. par le terrain
miocène et pliocène et percées par de nombreuses masses ophic-
lithiques accompagnées de jaspes et de brèches avec granité en
blocs et cailloux ; et que dans la partie plus occidentale, c'est-à-
dire vers Gènes, se font sentir les directions S. -S. -O. N.-M.-E. des
Alpes occidentales.
3^ Qu'immédiatement à TO. de Gènes continuent principale-
ment les directions S.-S.-O.-N.-N.-E. et que les roches sédi-
mentaires, probablement encore éocènes, sont si puissamment
modiGées par les grandes masses serpentineuses de Pegli , de VolUri
et de Yaragine, qu'on hésite à les regarder comme telles, parce
qu'elles ont pris un aspect presque cristallin et simulant une
grande ancienneté.
U'' Qu'enfm, plus près de Sa voue, recommencent à régner les
directions O.-N.-O. E.-S.-E. et à reparaître les jrocbes paléo-
zoïques qui forment comme deux grands îlots disposés à la ma-*
nière d'échelons et enveloppés par les roches jurassiques et celles
plus récentes encore ; et que le plus occidental de ces noyaux arrive
par rexirémité occidentale de son grand axe au point où les Alpes
occidentales unissent près de Laigentière, aux sources de laStunii
et où en marchant vers le N. on commence à voir de nouveau les
directions N.-N.-E.S.-S.-0., qui (à part quelques exceptions
dans les environs du Mont Yiso) sont celles qui prédominent dans
cette chame à partir des environs de Coni jusqu'à sa plus haute
pointe, le Mont-Blanc.
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DONS FAITS A LA SOCIÉTfi. 321
Séance du 6 janvier 1862.
PRÉSIDENCE DE M. MICHELOTy vice-présidcut,
M. Albert Gaudry, secrétaire, donne lecture du procès-yer-
bal de la dernière séance dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance,
:e Président proclame membres de la Société :
MM.
BoRCT (Gaetano), professeur à Tlnstitut technique, via Ro*-
nana, 2315, à Florence (Italie), présenté par MM. A. Gaillaux
Bt Ed. Gollomb -,
Petit-Ozonne, propriétaire, à Bussac, commune de Magnao-
Bur-Touvres (Charente), présenté par MM. Haguette et Dan-
glure.
Le Président annonce ensuite deux présentations.
DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ.
La Société reçoit :
De la part de M. J.-T. Binkhorst van den Binkhorst : Mo-
nographie des Gastéropodes et des Céphalopodes de la craie
supérieure du Liml/onrg, in-A, 83 p., 10 pi. Bruxelles, 1861,
chez G. Muquardt.
De la part de M. le préfet de la Seine, Documents relatifs
Qiix eaux de Paris ^ in-18, 461 p., 1 carte. Paris, 1861, chez
Paul Dupont.
De la part de M. W. Haidinger, Ansprache gehalten in der
Jahressitzung der K, K* geologischen Reichanstalt in ÏVien
am 10 not'. 1861, in-8, pp. 89-1 Oâ.
Comptes rendus hebd. des séances de F Académie des
tdences, 1861, 2*^ sem., t. LUI, n"' 25 à 27.
Tables des Comptes rendus des séances de V Académie des
fdencesy 1" scm. 1861, t. LU.
Annales des mines ^ 5" série, t. XX, 5*^ liv. de 1861.
Bulletin de la Société botanique de France ^ t. VIII, 1861^
D^ 6, juin.
Soc. géol.f 2« série, tome XIX. 21
322 '^ SfiANCB DU 6 JANTItft 1862.
L'Institut, n''* 1459 et lâ60, J861 -, n'* 1461, 1862.
Mémoires de la Société des sciences physiques et naturelles
de BordeaujCj t. II» 1" cahier.
Journal d^ agriculture de la Côte-d'Or^ n° 11, novembre
1861.
Mémoires de V Académie de Stanislas (Nanc/), 1860, 1. I
et IL
Revista mineraj t. XIII, n° 279, 1" jaDVÎer 4862.
The Athenœum, n°- 1782 et 1783, 1861 ^ n° 1784, 1862.
Animes dus sciencias e lettras, t. II, 2*" année, juillet 1858.
The Canodian journal o/ ùidustrjr^ science and art^ nouv.
sèr., D° 36, DOfembre 1861.
Le lias inférieur de la MewUie^ de la Moselle^ du grand-
duché de Luxembourg, de la Belgique^ de la Meuse et des
Ardennes; par MM. 0. Terquem et E. Pietle (pi. VIII,
Vill bis) (1),
(Ce mémoire a été présenté dans la séance du 2 décembre 1864.)
Le bone-bed.
Les marnes irisées affleurent en coucbes puissantes dans la
MeurUie, la Moselle, le Luxeiuboui*g et la Belgique. Leurs tein-
tes variées, la blancheur des lits de calcaire dolomitique avec
lesquels elles alternent, le ron[];e vif des doloniies dont elles
contiennent quelques bancs, et les profondes érosions qu'y oat
creusées les moindres cours d*eau, donnent au pays dont çtles
constituent le sol un caciiet tout particulier. Elles sont re-
couvertes par un système de marnes, de sables et de graviers
dont les strates, au point de vue minéralogique, se lient intîuie-
ment aux leurs, quoiquV'n réalité ils forment un étage différent.
Ces sédiments, vestiges les plus récents de l'époque triasîque, se
présentent presque partout dans Toithre suivant:
Poudingue formé de petits cailloux roulés quartzeux, imîs par
un ciment argilo-siliceux qui empâte un grand nombre de ddNri»
de vertébrés;
Grès verdâtre à grains grossiers et mal cimentés ^
(t) Les principaux faits contenus dans ce mémoire ont été Tobjet
d*une communication verbale à la Société géologique de France, dans
la séance du 7 février 4 859 [Bull.^ 2« sér,, t. XYI, p. 289).
NOT^ M mm. JttQVVM ST MKTTS. S28
Marne grise, sableuse, schistoide, micacée, pyriteuse;
Grès jaune mîcacë, rempli de taches de manganèse;
Poudingue, avec débris de vertélirés;
Grès jaune, micacé, mangauésifère, reposant sur les marnes
irisées.
A ces assises se joint souvent un banc plus calcareux que les
autres et dans lequel on peut recueillir des Àvicula contorta avec
d*autres fossiles nombreux et mal conservés. Nous Tavons observé
â Marsal, dans la Meurtlic, à Flocourt et k Saint-Julien dans la
Moselle, a AVolsfmùlil, près d'Ehlange; dans le grand-duclié de
Luxembourg, à Ville^s-sur-Semois, et i\ Harensart, eu Belgique.
U ne parait pas avoir la même continuité que les strates au milieu
desquels il est enclavé. Ceux-<i forment, depuis les confins de la
Menrtlie jas(|u'à Rossignol, en Belgique, une bande de terrain
qui n'est interrompue que par des failles et des éboulis.
Ce dépôt, dont la puissance est très variable, a une épaisseur
çooyeuue de 12 mètres. Assez mal étudié jusqu'à présent, il a été
placé tantôt dans le lias, tantôt dans le keuper, sans que les
•uteui's aient jamais fait valoir des arguments décisifs en faveur
de la classification qu'ils adoptaient. Les uns font appelé infra-
lias, les autres grès de Kédange ou grès de Martinsart. 11 corres-
poùd au boue>bed des Anglais.
Les coupes suivantes vont faire voir quelles sont Tuniformité de
ses caractères et Tinégalité de son développement dans les diffé-
renta pays que nous avons explorés.
A Varangeville, dans la iMeurthe, la colline située au nord du
village est composée de la manière suivante (voyez pi. VIlI, tig. 6) :
Marnes et calcaires à Ammonites bisuUatus et à Ostrea
I . . arcuata»
' Marnes et calcaires à Ammonites an^ulatus ,
Marnes rouges.
.Grès verdâtre, micacé, à grains anguleux et mal cimentés.
/ De petits cailloux roulés apparaissent à sa surface, au
( contact du lias 4 ",60
iGrès pareil au précédent, mais plus sableux et plus ton-
Bone-/ dre ^"|00
bed. \ Marnes grises schistoïdes, sableuses, micacées et pyri-
teuses 4 ",40
Grès jaune micacé, de texture assez fine, rempli de taches de
manganèse, séparé en deux par un mince lit de cailloux
routés, unis par un ciment marneux • O^iBO
Marnes ( Marnes irisées alternant avec des calcaires dolomitiquef 0t
irisées. ( des bancs lenticulaires de sel.
V
32&
SfiÀlICK BU 6 JANVIER 1862.
La colline qui s*clève à Touest de Kedange (département de la
Moselle) est sillonnée par un ravin ou Ton voit une coupe remar-
quable. Voici Tordre des assises que nous y avons observées
(voyez pi. VIII bis^ fig. 8) :
Calcaire à Ammonites hisulcatus et à Ostrea arcttata.
Lias. < Calcaire à Ammonites angulatus.
Marnes rouges.
Poudingue à ciment argilo-siliceux composé de petits cailloux
roulés de quartzites noirs ou gris et de quartz blanc laiteux,
et contenant de rares débris de vertébrés O'^ylO
Grès jaune, micacé, schistoTde. . . •% 2"*, 00
Marne grise, schisteuse, pyriteuse, micacée 0*^,50
Grès jaune, schistolde, micacé 4 "^,00
Argile grise feuilletée, micacée, alternant avec de minces
lits de grès jaunâtre 4™, 00
Poudingue à ciment argileux, formé de cailloux roulés
quartzeux parmi lesquels il y en a qui sont d'un blanc
laiteux. On remarque de nombreux débris de vertébrée
dans cette assise O^.SO
IGrès jaune micacé 0"^,60
jPoudingue semblable au précédent, mais cimenté par de
Targile et ne contenant que de rares débris do verté-
brés 0"J0
[Argile grise, micacée, contenant de petits cailloux roulés.
Bone- y 0»,30
bed. \Grès micacés, gris, tendres, tachés par de Tbydroxyde de
fer, et contenant quelques minces feuillets d'argile. Ou
remarque, empâtés dans le grès, des galets d*un grès plus
dur et plus ferrugineux 5",00
[Argile grise, feuilletée et micacée 2",Î0
rrès jaune, ferrugineux, contenant quelques feuillets d'ar-
gile grise 0"^i80
^ Argile grise, micacée, sableuse 4 "^,00
'Grès jaune, micacé, alternant avec de Targile feuilletée.
4",00
Grès verdâtres ou blanchâtres, micacés, contenant des feuil-
lets de marnes grises et des lits irréguliers de cailloux
roulés épars dans du sable. Cette assise est exploitée dans
une carrière située à Test du ruisseau, au sud du village;
on y a trouvé des empreintes de plantes. Il est fort poisi-
1 ble que ce grès et celui de plusieurs autres bancs qui
\ affleurent au-dessus n'appartiennent plus au bone-bed et
soient du keuper moyen 6*,00
Marnes ( Marnes irisées diversement teintées, bancs de calcaires dolo*
irisées. ( mitiques blancs et bancs de dolomies rouges.
NOTt DE MM. TKftQUBIl ST PnrfTB. 6zS
Nous citerons encore la coupe d'EiiIange et celle de Lorentz-
weiler, dans le grand-duché de Luxembourg :
Coupe prise au nord itEhlange (voy. pi. Vlll bis, fig. 5).
Calcaire à Ammonites hisulcatus et Ostrea arcuaia.
Schistes gris, sans fossiles.
1 . 1 Calcaires à Ammonites angulatus,
* ^* Calcaires à A, planorbis.
Marnes rouges.
Marnes grises, schisteuses, micacées.
/ Poudingue composé de cailloux roulés réunis par un ciment
I argileux. Il renferme de rares débris de vertébrés.
Grés verd&tres, micacés, tendres, à gros grains anguleux.
Marnes micacées, feuilletées, grises ou verdâtres, contenant
de minces lits de grès jaune ou sableux. Un des lits de
grès qui se trouvent intercalés dans cette marne contient, à
Test de la colline, près du moulin du Loup, de nombreux
Bone- j moules de fossiles parmi lesquels on distingue VAvicula
bed. \ cent or ta.
Grès jaune à grains fins, taché par du fer et du manganèse.
{Mince lit de poudingue formé de fragments de grès, de débris
esquilleux de calcaires dolomitiques, de gypse et de grains
très fins de quartz, empâtés dans un ciment argilo-sableux
, qui contient des ossements de vertébrés en grande quan-
; tité.
Grès jaune taché par des dendrites de manganèse.
Marnes C Marnes irisées alternant avec des bancs de calcaire dolo-
irisées. ( mi tique.
Coupe prise entre Lorentzweiler et Blascheidt (voy. pi. VIII, fig. 7).
i Calcaire à Ostrea arcuata et à Ammonites hisulcatus.
Grès à A» angulatus.
Marnes à A, planorbis.
Marnes rouges.
Grès et marnes grises micacées 0",10
Poudingue composé de cailloux roulés quartzeux, réunis par
Bone- 1 un ciment argilo-sableux. Nous y avons remarqué quelques
bed. ) rares écailles de poissons O^'jlS
Grès schistoldes verdâtres reposant sur un grès jaun&tre très
micacé 0",75
Marnes (Marnes irisées contenant des bancs de calcaire dolomitique
irisées. ( blanc et des dolomies d'un rouge vif.
L'âge du bone-bed a été depuis quelque temps l'objet de graves
discussions. Signalé en Allemagne, dès 1718, par Straskircber, ce
terrain a été rencontré en Angleterre, sur la rive gauche du Se?er,
SM ftiASCi i>u 6 livrm 1862.
par .MM. BacUând et Cooybeare qui lui ont donne, en raison cle
la quantité de dents et de petits os qu'on y trouve, le nom khu
lequel nous le désignons aujourd'hui. Ces auteurs le rapportèrent
alors au keuper dont il est très voisin par sa nature minera lo-
gique; leur opinion fut adoptée sans discussion, et pendant long-
temps on le regarda comme une subdivision insignifiante des
marnes irisées. Peu à peu, les études géologiques entreprises sur
toute la surface de TEurope révélèrent son importance; et quand
on l'eut découvert aux environs du lac de Gûme, au-dessus des
couches deGoniatites de Saint-Cassian, quand on y eut recueilli une
faune différente de celle des assises sur lesquelles il repose, on
comprit qu'il ne devait plus être confondu avec les marnes irisées,
et on l'en détacha. On eut raison. Le bone-bed constitue réelle-
ment un étage ^)écial. Il correspond à une époque particulière,
digne d*étre distinguée de celles qui Font précédée eC de celles qui
font suivie ; il représente une des phases de la vie animale à la
surface de la terre. Mais, s'il convenait de le séparer des marnes
irisées, on devait s'arrêter là ; on ne devait pas méconnaître ses
analogies avec le trias dont il fait réellement partie ; et c'est ce
qu'on ne fit pas. Les géologues autrichiens le transportèrent dans
le lias. Ils furent combattus par les géologues suisses. Le débat
venait à peine de commencer, quand M, Quenstedt publia son
ouvrage intitulé Der Jura. Selon cet auteur, le bone-bed se com-
pose de deux horizons géolojjiques distincts : le premier, qu'il
nomme prœcursorj est triasique ; le second, qu'il appelle cloaque^ csl
à cheval sur le trias et sur le lias. Quoique ces dénominations ne
fussent pas très heureusement choisies, surtout la dernière^ les
idées de M. Quenstedt furent accueillies avec faveur. M. Oppel, en
collaboration avec M, Suess, avait traité le même sujet quelque
temps auparavant dans une brochure très lumineuse intituléd:
Uber die muthmassUchtm jEquhnlcnte dcr KUsscner Schiehten in
Schwaben. Dans cet opuscule, il avait isolé le bone-bed sous le
nom de zone des Av'tcula contoria^ et il l'avait placé dans le trias.
Cette opinion est à notre avis l'expression de la vérité ; cependaM
M. Oppel l'abandonna plus tard, entraîné per l'exemple lie
M. Quenstedt, et il reporta la zone des Avicnia cohtorta dans le
terrain jurassique. Quelques auteurs allèrent plus loin. Non con^
tents de placer le bonc-bed dans le terrain jurassique, ils refuse-*
reiit de le considérer comme un étage particulier, et le réunissant
à diverses assises du lias inférieur, ils désignèrent sous le |iom
A^inf rallias les dépôts disparates au sein desquels ils absorbëreot
son individualité. Parmi ces géologues, iM. Martin est celui qiM. n
NOTI M MU. TBftQOM ST IPIEm.' 327
le mieux motivé ses opinions (1 ]. Impuissant a distinguer la limite
des marnes irisées et des couches à Avicula contoria^ tant leur
pclrograpiiie les confond les unes avec les autres, il ne donne que
des raisons paiéontologiques. « L'arÂosCy dit-il (c'est ainsi qu*il
nomme la zone des Avicula contnrta)^ a le tiers de ses espèces^ 12
sur 36, qui passent dans tes lumachelles qui la recouvrent; il n'en
a pas une qui passe dans les marnes irisées, m [Loc, cit, , p. 5(i.}
Nous ne voulons pas nier le mérite des observations de M. Martin;
nous sommes les premiers â reconnaître les qualités de son
mémoire sur la C6te-d*0r; mais nous voulons discuter sérieuse-
ment la valeur de son ar[;umentation ; la faune des marnes irisées
est trop imparfaitement connue pour qu'on base sur elle des
raisonnements. £n Bourgogne, comme dans toutes les autres
contrées de la France et de F Angleterre, ces marnes ne paraissent
renfermer aucun fossile. Ainsi, nous manquons d'un terme de
comparaison pour juger lt*s analogies du bone-bed avec les étages
etitre lesquels il est intercalé. Laissons donc de côté cette argu^
mentation qui consiste à dire que ce terrain n'a aucune espèce
commune avec une faune qu'on ignore, et voyons si les fossile
qu'il contient établissent réellement un lien entre lui et le lias.
Pendant le cours des lougues explorations que nous avons faites
dans la zone des Avicula contorta^ nous n'y avons pas rencontré
une seule coquille que nous ayons retrouvée dans les zones supé*
rieures. 11 est vrai que cela n'infirme pas les observations faites en
Bourgogne par M. Martin, mais ces observations n*ont pas la
conséquence qu'il croit. Les fossiles de l'arkose, il le reconnaît
lui-même [loc. cit., p. 21), sont très mal conservés. Ce ne sont
presque jamais que des moules, et telle est la difficulté que présente
leur classement, que sur les 12 espèces qui, suivant lui, passent
dans le lias, il y en a six sur la détermination desquelles il exprima
des doutes (loc. cit., p. 21). Comme on ne raisonne jamais en
géologie sur des fossiles douteux, il convient de les retrancher de
la liste qu'il doime. Dis lors, il ne reste plus que 6 espèces com-
munes au lias et à l'arkose; ce sont : Ccrithium Scmclcy Cardium
Tcrquemi^ Avicula Dunkeri^ Anomia irregularisy Pecten valoniensii^
Ostrva irregularis (2). Parmi ces 6 fossiles, V Avicula Dunkeri
(4) Voyez Paléontologie s traii graphique de Vinf rallias dans lu
CôtC'd'Or (Mém. de la Soc. géol. de France, 2* sér., t. VU, mém.
nM).
(2) Dans un appendice qui fait suite à son mémoire sur Tinfra-lias,
M. Martio cite eocore plusieurs autres fossiles qui seraient communs
è2Ô SÉÀNCB DU 6 JANVIBR 1862.
doit encore être retranchée ; elle présente de notables différences
avec r Avicule décrite sous ce nom dans la paléontologie d'Hettange.
La liste se trouve donc réduite a 5 espèces. Et c'est sur la présence
de 5 espèces qu'on voudrait assimiler deux terrains séparés jus-
que dans ces dernières années par tons les (géologues ! Mais, est-ce
que deux étages superposés Tun à Tautre ne renferment pas
toujours vers leurs points de jonction quelques fossiles communs ?
S'il fallait assimiler toutes les formations qui présentent dans
leui*s couches en contact, nous ne dirons pas 5 ou 6, mais 20 ou
30 espèces commuixes, il n'y aurait plus qu'un seul terrain en
géologie !
à la zone des Àvicula contorta et à celle des Ammonites Burçfundiœ^
notamment les Cardinia Lijstcn\ sublamellosa^ copides^ qu'il aurait
trouvés associés au Myophoria muitiradiata^ et au MytHus minurus
{loc, cit.^ p. 96 et 97) ; mais il est bon d'ajouter que ces fossiles ont
été trouvés dans les déblais d'un puits, depuis longtemps rebouché,
dont la profondeur dépassait 40 mètres, et dans lequel M. Martin n*est
jamais descendu [loc. ci t. y p. 9 et 96). Les blocs provenant des bancs
multiples traversés par le forage avaient été jetés pèle- môle avec les
terres enlevées. Il nous semble impossible d'asseoir une preuve quel-
conque sur des fossiles recueillis dans ces déblais. Si Ton y observe une
confusion de deux faunes que Ton a trouvées jusqu'à présent nettement
séparées dans tous les endroits où on a pu voir clairement la superpo-
sition des assises, ne convient- il pas de penser que la confusion vient
de la main des ouvriers plutôt que de celle de la nature ? Cette con-
clusion nous paraît surtout exacte eu présence des doutes mômes de
M. Martin. Voici en effet ce qu'il dit, page 9 de son mémoire :
«Nous avons bien vu, parmi les déblais, des roches fossilifères
3 dont nous avons essayé de déterminer l'origine; mais cette opération
» délicate n*a donné que des résultats incertains. Ainsi, nous avons
» trouvé plusieurs blocs d*un grès blanchâtre avec nids de gypse,
3 contenant en abondance Avicula contorta^ Cardium cloacinum^
» Mytilns minutas^ etc. Mais ces fragments provenaient-ils du banc
» salifère ? C'est aujourd'hui encore ce qu'il nous est impossible d*afllr-
» mer, bien que nous inclinions à le croire. «
Quoi qu'il en soit, et lors môme que des Cardinia seraient associées A
quelques Myophoria dans les bancs qui forment la limite de la zono à
Avicula contorta, et de la zone à Ammonites Burgundiœ^ il faudrait en-
core se garder de tirer de ce fait des conséquences, à moins de prouver
qu'il n'est pas exceptionnel et qu'on peut l'observer dans plusieurs
localités. Rien en effet n'est plus commun que de rencontrer au con-
tact de deux terrains des assises où une faune qui tient de l'une et do
l'autre annonce que les dernières couches d'une formation étaient
encore meubles quand les premières de la formation suivante se sont
déposées et se sont mélangées avec elles.
MOTK BB im. TKftQUBM ST PIBTTE • 320
L'aspect tout triasique de la faune du bone-bed aurait dû
eiupécber M. Martin de tomber dans une semblable erreur. Les
Avicules y sont contournées comme aux anciennes époques de la
terre; les Myopbories, ces compagnons les plus constants des
Céralites, si caractéristiques du trias, y ont laissé de nombreux
débris. Us sont si abondants dans l'arkose de la Côte-d'Or, que
M. Martin propose d'appeler ce terrain zone des Myopbories. Ce
genre, un des types les mieux caractérisés des âges triasiques,
avait disparu sans retour quand sonna Tbeure de la période ba-
sique. Ainsi, la faune du bone-bed, non moins que son aspect
minéralogique, se rattacbe au trias. Tout ce que prouvent les argu-
ments des géologues que nous combattons, c'est qu'il n'y a pas
entre le trias et le lias la vaste lacune qu'on a signalée autrefois.
£n découvrant le bone-bed, on a retrouvé un des anneaux de la
chaîne immense qui unit les uns aux autres les terrains et les créa-
tions qu'ils représentent.
Lors même que la faune et la pétrographie du bone-bed ne
donneraient aucune lumière sur son âge, la stratigraphie suffirait
pour faire voir qu'il n'est pas liasique. Soudé en quelque sorte aux
marnes irisées, il est en parfaite concordance de stratification avec
elles; il les accompagne partout et en suit constamment le sort.
Quand elles sont fissurées, il Test également ; quand elles cessent
d'affleurer sur les flancs paléozo'iques du plateau des Ardennes, il
cesse aussi de se montrer à la base du lias. Il est, au contraire,
en discordance de stratification avec ce dernier terrain. A Lœve-
lange, près du moulin, on observe la coupe suivante :
I Marne grise schistoïde, avec banc de calcaire gréseux. . . 4*^,50
Marne noire feuilletée, avec bancs de calcaire bleu subor-
donnés 3"", 00
Marnes rouges 0"*,60
/Grès très dur, jaune, micacé, contenant quelques cailloux roulés
I quartzeux. Ce grès est en discordance de stratification avec les
-ô I assises qui le recouvrent et en concordance avec celles qui le
A 1 supportent 0»,4 0
^ \ Marnes brunes très micacées, pyriteuses, coatenant quelques
^ I minces lits de t^rès fort dur 4 '",00
[ Grès sableux, friable, d'un blanc verdàtre, contenant quelques
\ minces lits marneux 3", 00
Marnes irisées.
La discordance de stratification est si forte qu'elle saisit immé-
diatement les yeux quand on se trouve en face de l'escarpement
formé par le ruisseau. Elle n'est pas le résultat d'un fait isolé.
330 ftfiARCB DU 6 lAMYIBt 1862.
LVpoqueoù elle se produisit ftit pour notre planète une époque
de perturbation. Du foml des mers, les montagnes du Thuritiger-
wnld s'élevèrent tout à coup, dressant leurs faites au-dessus des
va[{ue8. Les grès rouges furent redressés, les marnes keupériennea
plissées et fissurées. Au milieu des commotions qui agitaient le soi,
le plateau ardennais, dont les rochers faisaient depuis longtemps
déjà partie du continent, éprouva un mouvement de bascule ; ses
côtes orientales furent soulevées, entraînant au jour avec elles lefl
dépots nouvellement formés sous les eaux ; ses cotes oocidenlalcs
s'affaissèrent et furent recouvertes par les flots ; en sorte que dans la
IVleurtbe, la Moselle, le Luxembourg et une partie de la Belgique,
la mer jurassique rencontra des rivages formés de bone-bed et de
marnes irisées, tandis que dans Fautive partie de la Belgiqne et
dans le département des Ardennes, elle vint se briser contre les
falaises du terrain ardoisier. Ses dépôts recouvrent le ktuper dans
les pays qui sont situés à Test de Jamoigne ; ils reposent sur lei
schistes paléozoïques, sans intermédiaire de trias, dans toute la
ré(;ion qui s'étend à Touest de ce village. Cette disposition des
sédiments liasiqucs prouve de la manière la plus évidente la réalM
du mouvement de bascule que subit le massif ardennais à celle
époque de dislocation, et la forte discordance de stratificalion 4e
Lœvelange indique clairement la violence et l'instantanéttë delà
commotion qui produisit ce résultat. Toutefois, il est boil di
remarquer qu'une vaste ondulation avait commencé dans le même
sens, mais d'une manière lente et continue dès la période ketqMk
rienne et qu'elle devait se continuer avec les mêmes carectèrei
pendant toute la période liasique ; ce n'est donc pas le cataclysme
qui la fit naître ; il la fit seulement entrer, pour un monienli tlam
une phase violente.
Le lias injérieur.
Quand les troubles eurent cessé et que la nature eut repris iba
cours régulier, les rivages nouvellement conquis par la mer s'étei^
daient du nord au sud, en ligne presque droite, dans la Mearibi
et dahs la Moselle ; ils formaient, entre Sierk et llabay, un raM
golfe, aux plages marneuses et sablonneuses, dont Textrémitë éUii(
au delà d'Echtcrnach ; à Habay, ils s'avançaient en promontoire;
à partir de ce point jusqu'aux confins du département de l'Aine^
ils étaient constitués par des falaises rocheuses qui s'alîgn«iea(
dans la direction de l'est à l'ouest; l'ère du lias inférieur Teaaildi
commencer.
KOTl DK HM» TfiRQUEM ET PIETTB. 8S1
Les dépots qui rcprésentciu cette ('|>oquc sont composés de
quati'e zones coquillièi*<;s :
La zone des Belcmnites bfevîs,
La Z0D6 des Ammonites bisitlcatus,
La zone des Ammonites fingulatiis.
La zone des Ammonites planotbis.
La zone des Ammonites plnnorhis et celle des A. nn^ulatus sont
inféricure.s aux deux autres; elles ne coutiennent pas d*0.v/rfa
arcuata, La zone des Ammonites bisulcatus et celle des Belcmnites
hrevis renfci ment au contraire une {jrande ((uantitc de ces Huîtres.
De la, diaprés la présence ou Tabsence de ce fossile, une autre
division du lias intérieur qu^on décompose en
Strates à Gryphées
et strates sans Gryphées.
Les quatre zones coquillières de ce terrain affleurent avec
constance et (gardent Tordre que nous venons d^indiquer, dans tous
les pays dont nous avons étudié le sol ; mais leur pélro(jrapliie est
très variable. On les voit devenir tour a tour sableuses on mar-
neuses dans des endroits très rapprochés les uns des autres. JVous
divisons, d'après la nature minéralo(>ique et le développemeot
des zones, la contrée qui s*étend entre les confins de la Meurthe
et ceux de l'Aisne en quatre ré{;ions géolo(>/iqucs. La première se
compose de la vallée de la iMeurtbe et de celle de la Moselle ; la
seconde comprend le lias du bassin de la Sure; la troisième est for-
mée par la vallée de la Semois, celle de la Cliiers et celle de la
Meuse; la quatrième 8*étend dans le pays qu'arrose la Sormonne.
PREMIERE REGION. — l'alU'cs de lit Meurthc et de la Moselle.
Dans cette région, le lias affecte une forme constamment mar-
neuse. On y distingue deux divisions principales : les marnes rou-
ges et les calcaires propres à la fabrication de la chaux hydrau-
lique. Les marnes rouges recouvrent le bone-bed; elles ont en
moyenne 3 mètres d'épaisseur, et ne contiennent aucun fossile.
Les calcaires à chaux hydraulique ont en moyenne 50 mètres de
puissance, et se composent de marnes grises ou bleuâtres alternant
avec des bancs de calcaire bleu à l'intérieur, jaune ou gris à la
surface. Ils appartiennent à quatre horizons paléontologiques
distincts : la zone des Ammonites plunorbis, celle des A. nngnlatus^
celle des A, bisulcatus, et celle des Beiemnites brevis. Les calcaires
832 8ÊÀNCB DU 6 JAlfTlBR 1862.
à Ammonites planorhis n'affleurent qu'en très peu d'endroits ; ils
sont extrêmement minces; nous les avons observés à Gondreyille
(Moselle) et à Ehlange (grand-duché de Luxembourg). Les cal-
caires à Ammonites anguiatits n*ont guère plus d'un mètre d'é-
paisseur; ils forment depuis YarangévîUe (IVIeurlhe) jusqu'à
Ehlange (grand-duché) une étroite bande de terrain qui n*est
interrompue que rarement. Les calcaires à A, bisulcatus sont
très développés ; ils ont quelquefois plus de 60 mètres de puis-
sance; ils contiennent vei*s leur base des bancs à Lingules et Yei*s
leur partie moyenne des couches à Spirifères; toutes leurs assises
sont remplies d^Ostrca arcuata. Les calcaires à Belemnites brevis
se confondent avec eux par leur pétrographie, quoiqu'ils soient
généralement plus sableux ; ils atteignent rarement une épaisseur
de plus de 10 mètres. Les Belemnites brevis n'y sont pas toujours
en grand nombre.
L*atrophie des calcaires à Ammonites anguiatus et l'absence
presque totale des marnes à A , planorhis ne peuvent s'expliquer que
de deux manières : ou à l'époque de ces céphalopodes les cou<«
rants entraînaient vers la pleine mer presque tous les sédiments
que laissaient les flots dans ces parages; ou il y eut alors, sur les
plages de la Moselle et de la Meurthe, un soulèvement lent et coq*
tinu qui les mit à sec après le dépôt des marnes rouges, de sorte
que les sédiments à A. planorbis s'y amassèrent seulement dans
les rares endroits qui continuèrent à être baignés par les eaux, et
que les couches à A, anguiatus ne s'y formèrent que lorsqu'au
affaissement eut replacé la mer dans ses anciennes limites. Si
cette dernière hypothèse est vraie» les strates à A. planorbi*
et à A, anguiatus ont dii se déposer plus au large dans leur inté-
grité ; ils doivent exister avec toute leur puissance en ayant des
anciens rivages, c'est-à-dire à Touest de la mince bande de ter-
rains formée par les marnes rouges et les assises atrophiées doot
nous parlons. C'est ce qui a lieu, en effet, au moins dans la partie
du département de la Moselle la plus voisine du Luxembooig;
Là, des failles immenses ont fissuré le sol; elles ont mis au jèûr
une portion du lias inférieur déposée loin des anciens rivages €1
masquée par des terrains plus récents. La zone des Ammonites M^
gulatus et celle des A. planorhis y présentent un développement €t
une série de couches dont la bande de marne voisine des cAtMi
qui affleure à 10 ou 15 kilomètres plus loin et contient les ménM
Ammonites, ne peut donner aucune idée.
NOTS Dl MM. TSRQUm ST putti. 333
DEUXiEBCE REGION. — Bassîn de la Sure.
Cette région comprend les terrains formas au sein du vaste
golfe situé entre Habay, Sierck et Ëcbternach. Elle est arrosée par
TAlzette, la Marner, les deux Erentz. C'est dans son centre que
s'élève la colline de grès sur laquelle est bâtie la forteresse de
Luxembourg, et à son extrémité méridionale que sont ouvertes
les carrières d'Hettange.
Marnes rouges et marnes h Ammonites planorbis.
Les dépôts qui constituent cette région, rangés symétriquement
des deux côtés du golfe, inclinent de deux degrés vers le centre du
bassin. Des argiles rouges, moins puissantes que celles de la
Meurthe et de la Moselle, mais du reste entièrement semblables,
affleurent sur le boue-bed. Elles sont recouvertes par des marnes
noirâtres, bitumineuses ou graphiteuses, tantôt plastiques, tantôt
feuilletées, qui alternent avec des bancs de calcaire aux teintes
enfumées dont les blocs dégagent, sous le clioc du marteau, une
odeur nauséabonde : c'est T horizon des Ammonites planorbis. Des
fossiles assez nombreux, mais appartenant à un petit nombre
d'espèces, y gisent avec ces céphalopodes. On y remarque surtout
les Cardinia Deshaycsea qui forment en certains endroits une véri-
table lumachelle. Les assises à y4, planorbis atteignent quelque-
fois 12 mètres de puissance, mais leur épaisseur moyenne n*est
que de 3 mètres. Rarement masquées par les failles et leséboulis,
elles se montrent partout où affleurent les marnes rouges, s'éten-
dent avec elles, comme une ceinture, sur le pourtour du golfe et
en indiquent les limites.
Zone des Ammonites angulatus.
Ainsi, au début de la période iiasique, la mer ne déposa que de
la marne dans le golfe de Luxembourg, comme sur les plages de
la Moselle et de la Meurthe. Il n'en fut plus de même A Tépoque
des Ammonites angulatus. Quand ces mollusques apparurent, les
flots conimencèr(*nt à charrier du sable dans la partie orientale du
golfe, tandis qu'ils continuaient a apporter de la vase dans sa par-
tie occidentale. Peu à peu, le sable gagna du terrain sur les fonds
boueux , chaque siècle marqua un nouveau progrès de cet élément
envahisseur, et, quand les A, angulatus disparurent pour faire
place aux A. bisulcatus^ le sable couvrait tous les fonds du golfe.
Le romiiienceiiient de l'époque .Îls J. on*;uLuu^ est donc repré-
senté par un grès dan^ la parlie orîrnt.ilc liu [;r;ind-duclié do
Luxcnibourp, et par une marne dans sa fvirtie (x-cidentale ; la
fin de la niëine époque est représentée par un grès dans tout le
grand- duché ; et, comme Te usa bien lent des fonds vaseui a eu lieu
d'orîeni eii occident, et qu*il ne sV'st |Vis eliectué d'une manière
subite, maïs progressivement et par étapes, le grès, qui a pins ilc
60 mètres de puissance dans les iiivirons d'Hetiange, de Liurin*
bour;; et de LarocLetlc, points sur lesquels il s'est amassé dès le
moment où les M. pianotùis ont disparu, perd peu à peu son
épaisseur en se prolongeant veis Toiu-st. Le géologue qui s'avance
de Merscii vers Habay voit ses assises inférieures changer de
uature et s'uuîr une à une au massif marneux sous-jacent dont la
puissance est toujours en raison inverse de celle du (;rès. Les
roches de ce pays attestent la lutte qui eut lieu, dans le temps oti
elles se srint formées, entre rélénient sableux qui s'avançait sans
cesse et l'élément vaseux qui lui résistait. A Rekingen, à Sanel, à
Eichen, au contact de îa marne et du grès, on remarque des
bancs de calcaires sableux noirâtres, se délitant en plaquettes,
contenant quelques traces de fucoides et rendant sons le choc du
marteau une odeur nauséabonde. Ces bancs qui, réunis^ formant
un dépôt d'une épaisseur parfois considérable, proviennent érJ-
(lemment d*un mélange de sable et de boue apportés par deux
courants contraires. A .Metzert, les grès qui affleurent à la base do
massif ne sont pas souillés coiiime à Rekingen, à Sauet el à
Ëiclien, mais entre l«-iii-s assisis s'étendent des lits papyraoët
d'argile grise, minces stHliments laissf\s par des flots qui avaient
passai sur les fonds^ vaseux du voisinage, et qu uue tempête cm
quelque autre influence avait dérangés de leur courant habituel
pour les animer dans ces parages où ils se sont rassérénés en
déposant sur le sable les [^articules terreuses qui les troublaient.
Les strates à /immor,iirs tin^tihitus forment une série de collines
boisées an centre et sur tout le |K>urtour du {;olfc ; les crosîoiis,
en les creusant, et les commotions terrestres, en les Assurant, les
ont sillonnés de vallées dont les côtés taillés à pic ont un aspect
des plus pittoresques (1). Le grès y affleure en bancs assez solides
au milieu de couches sableuses et friables.
Les bancs solides ne sont eu réalité que de vastes lentilles trèe
aplaties; il est rare de le^i suivre pendant un hectomètre sans les
(1 ) Les sites de Larocbette et de Fischbach soDt surtout très remar-
{[aabifls.
NOTB DE HM. TBIQOËII ET FfKTTB. $35
voir se terminer en biseau. La roche dont ils sont formés a une
texture fme; elle est composée de petits crains de sable arrondis,
cinieutés par du calcaire. Sa couleur varie du gris au jaune et au
bleu.
Les fossiles de cette formation sont très nombreux, maïs ils ne
gisent pas à toutes les hauteurs ; on n*en rencontre ordinairement
que dans deux bancs qui sont séparés Tun de l'autre par nne
grande éfuiisseur de grès. Jl ne faut pas en conclure que les plages
du golfe aient été inhospitalières pour les mollusques, et que seule-
ment à deux reprises ditlérentcs elles aient présenté des conditions
favorables à leur propagation. Il est très probable qu'elles n*ont
jamais cessé d'être habitées par eux ; mais les fossiles ne sont pas
toujours enfouis là où ils ont vécu ; les courants les entraînent fort
loin. C'est ce qui est arrivé dans cette région; L'estuaire ne s'y est
formé que deux fois. Le lit coquillier inférieur est remarquable
par la grande quantité de Cardinics aux valves disjointes qu'on y
trouve. Il contient quelques petits cailloux roulés de quartz,
indices d'un dépôt de rivage, il correspond au Thalassitcn Bank
que Quenstedt a signalé dans le Wurtemberg ; il affleure avec une
grande régularité dans tout le Luxembourg ; il manque cependant
en certains endroits. Le lit coquillier supérieur manque plus
souvent encore. L'interiuption de ces bancs n'est pas un fait qui
doive étonner. Lc;» éléments qui les composent étaient mobiles
lorsqu'ils se sont déposés, et, tant qu'ils n'ont pas été solidifiés, le
moindre coup de mer a sulli pour les enlever.
\j^% couches de la partie supérieure du massii gréseux sont schis-
toides et remplies d'empreintes de plantes terrestres qui n'ont pu
être amenées là que par des rivières. Leur bon état de conservation
prouve que les coura d'eau qui les ont charriées ne devaient pas
être éloignés de l'endroit où elles ont été enfouies. Il est probable
qu'ils avaient leur embouchure dans le golfe même. C'est égale-
ment à ces cours d'eau qu'il faut attribuer la présence d'un certain
nombre de coquillc*s d'eau douce mêlées aux coquilles marines
dans les bancs fossilifères.
!Nous avons dit que sur les plages orientales du golfe la zone
des Ammonites angulatiis affleure toujours sous la forme d'un gréé.
Il faut en excepter la petite portion de terrain comprise entre
Hettange, Welfringen et Kédange. Dans cet espace situé entre la
côte et l'immense banc de Sfd>le qui obstruait l'entrée du golfe, un
contre-courant amenait de la vase;, aussi les strates à Ammonites
au^alatus y sont-iis uiarBeux. Leur épaisseur n'est que de i^fifi
à £hlange, et cependant, à 2 kilomètres de ce village, pr& de
336 SÉANCE DU 6 JANYIBR 1862.
Welfrange, les grès dont ils sontsynchroniqucs ont une puissance de
plus de 30 mètres. Il est probable que cette marne ne représente
qu'une partie de Tépoque des Ammonites angulatus ; apparemment,
les lentes oscillations du sol qui n*ont cessé de se manifester dans
ce pays durant l'ère liasique ont empêché les dépots de s*y former
pendant un certain laps de temps, et les rivages qui se trouvaient
primitivement à la limite du banc de sable ont été reportés par
un aflaissement du côté où Ton voit affleurer la bande marneuse.
Nous avons déjà été amenés, en décrivant le lias de la Meurthe et
et de la Moselle, à considérer une bande, qui a la même puissance
et les mêmes caractères que celle-ci, comme un dépôt formé, non
loin des côtes, à la fm de la période des Ammonites angulatus. Or,
les marnes qui s'étendent entre Elilange et Kédange sont le pro-
longement de celles qui affleurent dans ces départements.
Quand on examine, dans les environs de Hettangc et de Luxem-
bourg, les assises qui affleurent à la partie supérieure du massif
gréseux à Ammonites angulatus^ on remarque que ce ne sont pas
toujours les mêmes qui le terminent. Cette circonstance semble
indiquer qu'il a subi des érosions avant de recevoir le dépôt des
strates à Ammonites bisulcatas. D'autres faits non moins concluants
confirment cette supposition. Le banc, quel qu'il soit, qui ae
trouve au contact de ces strates, a une surface onduleuse qui porte
la trace de l'action des flots; des Huîtres et des Plicatules y sont
attachées. Des milliers de Saxicaves y ont creusé des trous dans
lesquels on les trouve encore (1). Ces Huîtres, ces Plicatules et ces
Saxicaves n'ont pu se fixer sur la roche ou dans sçn intérieur que
lorsqu'elle était solidifiée. Jl est probable que pour acquérir de la
dureté elle a dû être émergée, rester exposée aux intempéries de
l'atmosphère pendant un certain nombre de siècles, et ensuite ser-
vir de rivage au flot qui, la couvrant et l'abandonnant tour â touri
apportait pendant le flux des moyens d'existence aux coquilles qni
en avaient fait leur demeure. A Hettange, des galets de grès sont
également criblés de trous de Saxicaves et gisent dans les pre<-
mières assises de la zone des Ammonites bisulcatus; au sud de
fioust, près de la route, un poudingue sépare cette zone de celle
sur laquelle elle repose; dans presque tous les endroits, à Boust,
à Rodemaque, à Filsdorf, à Dalhein, à Ehlange, etc., un minoe
lit de grès coloré en brun par de Thydroxyde de fer apparaît
(4) Les bancs à Saxicaves affleurent notamment à Zœtricb, Het-
tange, Boust, Breistrof, Fantange, Hespérange, Itiig, Âspelt, Marner
et Kehlen.
NOTE DE MM. TERQCBM ET PIETTB. «^37
contact des deux terrains. Tous ces faits prouvent d'une manière
certaine que la fin de l'époque des Ammonites angtdatus et le
commencement de celle des A, hisulcatus ne furent pas exempts de
troubles dans ces parages; mais les agitations no se Hrent pas sentir
sur une grande étendue de mer ; les plages occidentales du golfe
paraissent même y avoir échappé ; au moins, aucun indice n'y
révèle de semblables phénomènes. Adossées au plateau paléozoïque
des Ardennes, elles en suivaient les mouvements, tandis que les
rivages orientaux paraissent avoir été subordonnés à d'autres
influences.
Zone des Ammonites bisulcatus.
Nulle zone ne présente dans le grand-duché une plus grande
variété de roches que celle des Ammonites bisulcatus. A chaque
pas, on la voit changer de nature : à Heltange, c'est un grès très
calcareux dont la texture est grossière; à llespérange, c'est un
grès jaunâtre à grains plus fins, mêlé de lits marneux ; à Dalheim,
c'est un grès calcareux, grisâtre, vacuolaire, contenant des nids
argileux, rempli de Gardinies bivalves et présentant une surface
raboteuse ; à fireistrof, à Luxembourg et à Strassen, c'est une
marne dans laquelle sont des bancs de calcaire bleu. Il en est
de même dans le triangle situé entre Rédange, Welfringen et
Hettange. Généralement, ses assises inférieures sont gréseuses et
ses assises supérieures marneuses. L'élément sableux prédomine
surtout dans la partie occidentale du golfe. Quand on va de
Thion ville vers Arlon, on voit l'épaisseur du grès au^^menter à
chaque- instant par l'adjonction des couches marneuses qui se
métamorphosent. Les plages orientales qui furent les premières à
s'ensabler lors de l'éclosion des A. (ingulatus furent doue aussi
les premières à redevenir marneuses dans l'âge suivant. Quaud
ce retour s'accomplit, il se forma, comme au moment où l'ensa-
blement avait commencé, des grès noirâtres fétides au choc, qui
doivent leur origine à un mélange de vase et de sable apportés par
deux courants contraires. On en peut voir des assises assez puis-
santes entre la Papeterie et la grande route, à quelques kilomè-
tres d'Arlon; les Ostrea arcuata n'y sont pas en moindre abon^
dance que dans les marnes et les calcaires. Ces Huîtres gisent aussi
dans les grès non souillés de cette zone. Nous en avons recueilli à
Hettange, à Hespérange, à Filsdorf, à Dalheim, à Sauel, à
Metzert et dans la tranchée du chemin de fer située près de la
Papeterie. Elles donnent un moyen infaillible pour distinguer les
Soc, géol,, V série, tome XIX. %i
3:^8 SÉANCE DU 6 JANVIER 1S62.
bancs qui les coDtienueut des strates à Ammonites a/iguiatus sur
lesquels ils reposent et auxquels ils sont en quelque sorte soudés.
Les (];rcs à Osirca arcuaM sont très calcareux et assez biables.
Leurs banes les plus durs affleurent sous la Tonne de lentilles
vastes et aplaties qui souvent se bifurquent et se raniiGent. Plu-
sieurs assises contiennent des oolitlics blanclies; d*autres renfer-
ment une grande quantité d*Encrines à cassure spatbique, qui les
fait ressembler ù du calcaire à Entroqut-s; quelques-unes sont
remarquables par les p,nlits gréseux qu Viles contiennent; ces
galets sont aplatis et de forme ovoide; leur cassure laisse voir
des couches concentriques; ils se sont formés par Tagglutination
du sable autour d'un noyau central. Enfm, il y a un banc de
grès fissile dont la schistosité est oblique au plan de stratification;
ses plaquettes sont souvent couvertes d'empreintes de plantes ; il
affleure a Hetiange, à Zœtricli et à Ân{;elsberg, vei-s la partie
supérieure du massif sabirux ; on le trouve aussi à Eblauge; mais
là il se change en calcaire, sans perdie sa sebistosité caractéristi-
que. C'est un excellent point de repère dans le pays situe à Test de
FAIzette.
L'épaisseur de la zone des Ammonites biaiilcatus est très varia-
ble. Cela tient à Tinégalité des fonds que présentait la nier lors de
l'apparition de ces céphalopodes. Le banc de sable qui obstruait
l'entrée du golfe ne fut recouvert que de faibles dépôts, surtout
dans la partie qui avait été un ilol. 11 en fut autrement dans les
environs d'Arlon ou il n'y avait pas de collines sous-niarîues,
connue dans ceux d'flettani^e et de Luxembourg; et, si Ton a mé-
connu juscprà présent riniporianfe des sédiments à A. hiuttçtitus
qui se déploient dans ces para(;es, c'est parce qu'on en a retran-
ché, par une nu^prise regrettable, toutes les couches sableuses et
qu'on les a reportées dans la zone inférieure. Enfin, dans le trian-
gle situé entre llettange, Welfringen et Kédange, où la profon-
deur de la mer était considérable, les marnes dé|K>sées par les
flots ont une épaisseur moyenne d'un moins 60 mètres. Elfei te
relient par Distrof à celles de la IVIoselle et de la Meurtlie dont
elles sont le prolongement.
Au milieu des variations de pétroj;raphie que présente cette
zone, il n'est peut-être pas inutile d'indiquer les endroits oii il y a
du calcaire dont on peut espérer faire de la bonne chaux. Oh en
voit des îlots à Ilalsbach , Waldbillig, Eifange, Larocliette,
Ernzen, Kalclieshacb , Consdorf, llersehberg, iMeyseiiipurg»
Angolsberg, Farrcnhof, Plakenbg, BlaMheid, Sandwtiler, Hassel,
Luxèfhbour^, llonnevoie, Strassen, Tmitange, etc. Afiu d'évîter
NOTB DE MM. TRRQUBM tT PIKTTB. 539
des confusions que des observateurs inexpérimentés pourraient
faire par la suite, nous citerons encore un petit ilot de calcaire à
Lœvelan{^e. Il est au niveau des marnes à Ammonites angulaius et
la colline de j^rès qui s'élève au-dessus de lui semble appartenir à
une formation plus récente. Cen'est qu'une fallacieuse apparence;
cet îlot est un éboulis des marnes qui couronnent la colline.
Zone à Belemnites brevis.
,Le8 marnes à Belemnites brevis^ qui, dans la Meuitlieet dans la
iUçselle, n'ont pas plus de 10 mètres de puissance, preiment un dé-
i^loppeineot assez considérable dans la région du Luxembourg.
A Rodemack et à Mondorf, elles ont au moins 15 mètres d'épais-
teuir. Elles s'amincissent de nouveau sur les sommets de cet amas
sableux qui obstruait, comme la barre d'un fleuve, l'entrée duî
golfe. Elles reprennent promptement leur ampleur à l'ouest de la
partie la plus saillante de ce massif, et près d'Arlon elles n'ont
paf moins de 20 mètres de puissance. En cet endroit elles sont re-
CQuyerles par des sables jaunâtres dans lesquels on voit déminées
lits de grès colorés en brun par l'bydroxyde de fer. Ces sables sont
|e commencement du lias moyen; ils affleurent sur la butte des
Capucins, et les plaquettes ferrugineuses qu'ils contiennent gisent
sur le sol à l'état diluvien dans tout le pays environnait. A Het-
iangc, au lieu de sable, on voit des marnes grises, feuilletées, sans
(iôssiles, s'étendre sur les calcaires à B. brevis : ce sont aussi les
premières assises du lias moyen.
Les Ostrra arcuata ne sont pas rares dans les strates à Belemni-
if's brevis ; on en trouve une grande quantité, à Zœtrich, dans la
ftrandiée du chemin de fer. Mous y avons recueilli aussi des
Jwiuonitcs bistiicatus. La zone à Belemnites brevis affleure presque
çopstamment à l'état marneux dans le Luxembourg;, cependant
^Ue renferme plusieurs îlots de grès. Il y en a un à Plespérange,
f n autre à Bonnert et uu troisième à la fontaine de Stockem ; ils
sont les précurseurs ^es énormes dépôts sableux qui, dans la Bel-
gique, représentent cette époque du lias. Ces ilôts ont une faune
assez remarquable ; ils ne contiennent que peu d'espèces fossiles,
usais les individus appartenant à ces espèces sont en nombre
considérable. A Bonnert, les Ammonites Conybeari forment une
véHtabie lumachelle (1 ).
(4) Le grès de Bonnert est calcareux, grisâtre, rempli de parcelles
*^^' lignïtë ; celui de Stockem est jaunâtre, très calcareux, à cassurs
3A0 S<ANC1 DU 6 JÀNYIBR 1862.
Variations de pétrographie et dislocations.
Toutes les zones coquillières que nous venons de signaler
avaient été méconnues jusqu'à présent dans le Luxembourg. Les
géologues oubliant que jamais à aucune époque la mer D*a été
boueuse partout, ou sableuse sur toutes ses plages, se sont obsti-
nés à y rechercher, pour représenter un même âge de la terre,
des roches de même nature et à créer des divisions reposant sur la
pétrographie. Il en est résulté une monstrueuse assimilation des
couches les plus différentes en réalité. Au milieu des ténèbres en-
fantées par un pareil système, on imagina que les strates à Gry-
phées arquées de la Moselle, les seuis du lias inférieur que Ton
eût distingués dans cette contrée, se prolongent sous le massif de
grès et vont affleurer dans la Belgique et dans les ArdeoDef, à
Jamoigne et à Warcq ; on les nomma marnes de Distrof ou mar-
nes de Jamoigne, pour les distinguer des marnes à Ostrea arcuata
de Strassen qui couronnent le grès de Luxembourg. Ces hypo-
thèses s'évanouissent en présence des faits que nous venons de faire
connaître. Les marnes de Distrof, comme celles de Strassen, sont
intercalées entre des strates à Ammonites anguiatus et des strates
à Belcmnites brevis (voyez la coupe 8 de la planche VIII bis). Nous
verrons bientôt qu'il en est de même de celles de Jamoigne et de
celles de Warcq. Nous ne nous arrêterons pas à réfuter toutes les
erreurs accumulées par les géologues sur le lias du Luxembourg.
Il nous suffira de dire qu'il faut oublier presque tout ce qu'ils ont
écrit, et même abandonner les noms qu'ils ont donnés aux divi-
sions créées par eux. Celui de grès de Luxembourg, bon ponrune
description physique du pays, ne vaut absolument rien pour une
description géologique, puisqu'il sert à désigner à la fois le grès
de la zone à Ammonites anguiatus^ celui de la zone à A, bisulcaUu
qui lui est soudé, et même celui des dépôts à Belemnites brepis qui
à Hespérange couronnent le massif. Le nom de grès infra liasique
qu'on lui a donné pour synonyme convient encore moiniL II
exprime une idée fausse (1).
rugueuse, à texture assez tendre ; son aspect rappelle celai des Inma-
cbelle soolithiques.
(l) Les grès à Ostrea atrunia et à Belemnites brevis qui font
partie du massif gréseux de Luxembourg ne peuvent être regardés
comme infra-liasiques, quelle que soit l'acception qu'on donne an mot
infra-lias. Le sens de ce mot lui-môme est assez mal défini. Poar
NOTE DE MM. TERQUEM ET PIBTTB. 3A1
Les nombreuses variations que subissent les assises du lias in-
férieur clans leur nature niinëralo^ique ne sont pas les seules
causes qui aient multiplié les erreurs sous les pas des géologues et
qui les aient jetés dans un dédale inextricable d'hypothèses et de
contradictions. Tout le sol du Luxembourg a été crevassé par de
puissantes commotions qui Tout soulevé et qui ont plissé forte-
ment ses assises. A chaque pas, on rencontre des failles ; elles sont
devenues |le lit des rivières et des ruisseaux. 11 y eu a une qui
s'étend d'Mettange à Welfringen sur une longueur de 13 kilomè-
tres. Elle a été reconnue pour la première fois en 1852 par la
Société géologique de France, et décrite par M. Hébert. Deux
coupes prises par nous à ses deux exti'émités, à Hettange et à
Ehlange, en démontrent l'existence d'une façon irrécusable :
Coupe prise à Ilettange suivant la tranchée du chemin dejer
(voy. pi. VIII A/j, fig. ^).
a. Marne grise du lias moyen.
b. Marne feuilletée, grise supérieurement, bleue inférieurement, con-
tenant des -ficV^ww/Vc^ brei'is, des Ostrea arcuata, des O. irref^U"
laris, des Encrines et des Spirifères (plusieurs mètres).
c. Calcaire bleu compacte à cassure esquilleuse, contenant : Belem-'
nites bret'is, Ammonites bisuicatus^ Ostrea aicuatUy Pinna
Hartmanni^ Lima Hermanni^ JUâynchonella variabilis . 0"*,40
d. Marne bleue schistolde à 0.>Yr<?^< arcuata 4 "^,4 0
y Grès calcareux à texture grossière O^jSO
Grès grossiers, schistoldes, remplis de parcelles de lignite et
d'empreintes de végétaux , alternant avec des marnes sa-
bleuses 2°»,00
Grès bleuâtre à texture grossière 0°,40
Grès souillé, bleuâtre, 6ssile, dont la schistosité est oblique au plan
de stratification 1°*,20
Marnjs bleuâtre très sableuse, imperméable à Teau, contenant des
galeis de grès bleu, fort durs, percés par les Saxicaves; des
O.strea irreguiaris^ des Lima Hermanni ei des Plicatules sont
attachés sur ces galets. Des Ostrea arcuata gisent dans la
marne; elles sont roulées. . 4 ",00
M. Levallois, c'est le bone-bed; pour M. Hébert et M. Martin, c'est un
étage reposant sur les marnes irisées et recouvert par les calcaires à
Ostrea arcuata; pour d'autres auteurs, enfin, ce n*est qu'une subdi*
•vision du Fias inférieur, formée de l'ensemble de toutes les assises
comprises entre la zone à Jvicuia contorta et les calcaires à y/7^mo/?i7tf#
bisulcatas. Nous partageons Topinion de ces derniers.
3&2 SÉANCE DU 6 JANVIER 1862*
/Grès jaunes, schistoïdes, couverts d*empreintes de plantes ter-
! restres. Nous plaçons ce banc dans la zone des Ammonites
I nnf^tilatux. Nous y avons pourtant trouvé une Ostren arcunta;
, ) mais elle était presque à sa surface supérieure, et elle aura été
enfouie dans le sable non encore consolidé lors de la perturba-
tion dont la couche à galets indique assez rexistence. . 4"*, 50
Grès jaune, friable, contenant des bancs lenticulaires de grès plus
V dur, bleu et calcareux 6", 00
^. Grès coquiltier, poudinguiforme C^GO
/. Grès jaune ou bleu sans fossiles.
Coupe prise à Ehlanga dans lii direction de test à C ouest
(voy. fîg. 5, pi. VHI bis),
h^ Calcaire à Ostren arcunta et marnes. La couche la plus inférieure
de ce calcaire est fissile. Sa schistosité est oblique au plan de
stratification.
2" Grès calcareux, à Ostrea orcuata et Cardinies bivalves, synchro-
nique de la couche n" K .
3" Marne à Ammonites nngulatus.
4° Grès à Ammonites angu/atus^ synchronique de la couche n" 3.
Un grès ferrugineux de 0"J0 d'épaisseur le sépare des conches
4 et?.
( Marne à Ammonites plnnorbis,
5° î Marne rouge.
I Marne grise micacée.
6* Poudingue et sables du bone-bed.
Voyez encore la coupe de Boust, pi. VI U bis^ fig. H .
r^ direction de la faille qui sVtend entre Ilettange et Welfraage
est S. 35° O. à N. 3;V E. ; ce n'est celle d'aueun des systèmes de
inoiita|;nes reconnues par M. Élie de Reaumont. Les Alpes occi-
dentales sont les monts qui s'alignent dans la direction la plus voi-
sine; ils vont de S. 26'' O. à N. 2r)" E. ; ils ont été soulevés à
Topoque tertiaire après le dépôt de la mollasse. La Catastrophe qui
a fissuré le sd! du Lnxcmbour|; a-t-elle eu lieu dans le même
temps? Il serait diflicile de lo dire, (^ette catastrophe est certaine-
ment postérieure au <lépôt du lias moyen. Peut-être est-elle un
effet des forces intérieures qui n\)iit cessé de tourmenter le massif
des Ardennes pondant toute l<i série jurassique, et qui ont fini par
produire les volcans de TEifel à IVpoque tertiaire.
La direction de la faille qui a fissuré le sol entre Hettange et
Welfrange est celle de tontes les grandes failles que nous avons
étudiées dans le Luxembourg. A Hespérange, il y en a une qui est
pareillement dirigée de S. Sj"" O. à N. 35"* E.; on peut l'observer
dans la tranrli^e du olieniin de fera l'ouest du village; nous y
avons pris la coupe suivante (voyez pi. VIII bis^ fig. 2) :
Coupe de la tranchée ctHespérange,
4* Marnes grises, compactes, feuilletées, mises parla faille en contact
avec le grès. Ces marnes appartiennent au lias moyen.
2* Marnes feailletées grises.
3** Calcaire sableux, gris, contenant des Ostrra irrrguiaris et suivant
tous les plis du terrain.
4** Marnes grises sableuses alternant avec des bancs calcareux, vacuo-
laites, dont Tépaisseur varie entre 25 et 60 centimètres. Des
Monttivfdtia Cuettnnli^ des Ostrctt arcuatn et des Cardinies
bivalves gisent dans ces bancs calcareuxqui sont fortement plissés.
/ Poudingue coquillier à cailloux noirs.
Grès sableux 5 Ostrea irrcgularis.
S'/ Grès sans fossiles.
Grès poudingui forme à Hettangia ovata.
Grès bleuâtre.
Un grand uonibre de petites crevasses sont perpendiculaires
aux grandes fissures; une de ces petites failles latérales sert de lit
à un ruisseau qui se jette dans VAlzette près d'Hespérauge. Elle
divise en deux tronçons un banc de grès rempli de Cardinies bi-
valves et de Plagiostouies, appartenant à la zone des Éclcmnitcs
brcvis. Ce sont ces deux ti'onçons affleurant à des niveaux diffé-
rents, Tiin dans la cour d'une auberge, l'autre dans des carrières
situées à l'est du village, que la Soùiété géologique, lors de la
réunion extraordinaire qu'elle a tenue dans le grand-duclié et
diâps la iMoselle , a 'considérés comme formant deux bancs
distincts, inférieurs tous deux aux calcaires à Ostrea arcuata.
' 'tl y a a<i8si dans les environs d'Arlfîn nn système de plissements
très compliqué. Pour en donner une idée, nousallohs'reproduire
une coupe que nous avons prise en suivant le traré du cbemin de
fer depuis Arlou jusqu'à Habay. Il n'est pas en' ligne rigoureuse-
ment droite,'inais les assises bouleversées que les travaux ont mises
au ioiir sont trop intéressantes pour que nous ne sacrifiions pas lé
principe de ne donner que des coupes recti lignes iau désir que
nous avons de faire comprendre combien sont nombreux les accî-
ifents'qùi ont modiGé'raspect de cette contrée. On remarquera
dàhà" cette coupe la faille de Hacby et celle qui a mis â Foucbës
le grès à Ammonites angulatits en contact avec le calcaire à Ostrra
krinatà.
ià!k SÉANCE DU 6 JANVIEU 18C2.
Coupe d* Arlon o Habny suivant te tracé du chemin de fer
(voy. pi. VIII, fig. 4,2, 3, 4 et 5).
8. Sables jaunes du lias moyen et lits de grès ferrugineux noirâtre.
7. Marnes noirâtres plastiques, quelquefois sableuses, contenant des
Bclemnitvs ùrevis, des Ostrea irreguiaris^ des Spirifères et des
Rhynchonelles.
(i. Calcaire gréseux, jaunâtre, contenant des ^Wd7/f/irVtf.f brevis^ des
Pinna Hartmannij des Plagiostoma liiganteti^ etCt
5. Marnes bleues remplies à' Ostrea arcuata et calcaires bleus propres
à la fabrication de la chaux hydraulique.
Grès remplis de C^irdinies et de galets à couches con-
centriques.
i. Massif gré- 1 Grès et sables.
seux . . .j Calcaire gréseux à Ostrea arcuata et à Pinna Hart-
mann i.
Sable à Littorina chlatrata,
3. Marnes et calcaires à Ostrea irregularis affleurant en bancs très
nombreux.
!Grès verdâtre micacé.
Argile noire schisteuse.
Grès verdâtre micacé.
Argile noire schisteuse.
i Calcaire dolomitique blanc.
Marnes rouges et grises.
Dolomies rouges.
Calcaires dolomitiques blancs (4 ).
Orographie,
C*est au soulèvement dont nous venons de parler qu'il faut
attribuer la configuration orograplnque du Luxembourg, dont
Fanomaiie a embarrassé plus d'une fois les hydrographes. La plu-
part des rivières qui Tarrosent coulent du sud-ouest au nord-est.
Telles sont la IMoselle, la Syre, les deux Erens, l'Alzette, la
Marner, TEischen et TAttert. Leur coui-s a lieu en sens inverse de
la pente générale des couches. Celles-ci inclinent vers le centre du
bassin de la [mer liasique ; les rivières coulent au contraire de
l'intérieur vers l'extérieur de ce bassin ; elles prennent leurs sour-
ces dans les vallées dont le niveau est peu élevé, et elles se diri-
gent contre le faite des montagnes qui s'ouvrent devant elles; elles
profitent des failles pour y pénétrer et pour franchir ces obstacles
(4) Nous n'avons pas déterminé d'une manière précise la direction
des failles de Fouches et de Hacby.
NOTE DE MM. TERQUBM ET PIBTTB. 3A5
qui paraissaient devoir les arrêter. Ainsi rAIzctte, qui prend sa
source à la limite du lias et de Toolilhe, se dirigerait d*occideDt
en orient et se jetterait dans la Moselle, près de Thionville, si elle
suivait son cours normal. C'est la direction qu'elle prend à sa
naissance; mais, chemin faisant, elle rencontre comme un bar-
rage les terrains soulevés d'Hettange et de Velfrange, côtoie cette
digue naturelle, profite de la faille d'Hespérange pour franchir les
monticules degrés, et continue à couler vers le nord, à travers les
marnes irisées.
COOPES DIVERSES.
Les coupes suivantes confirment ce que nous avons dit en fai-
sant la description strati graphique du grand-duché.
Coupe de Distroj à Kéciange (voy. pi. VIII bis^ fig. 8).
6. Marnes grises feuilletées du lias moyen.
5. Marnes grises renfermant des Belemnites brevis et quelques Ostrea
arcuata,
4. Marnes et calcaires bleus remplis à' Ostrea arcuata, exploités à
Distrof.
3. Mince lit de calcaire à Ammonites anguiatus,
t. Marnes rouges.
I. Bone-bed.
Coupe de Larochette à E/fingen,
Calcaire bleu et marnes à Ostrea arcuata. Le calcaire est exploité à
Effangc et sur le sommet de la côte située au nord de Larochette.
Grès jaunes, schisto'idea, couverts d'empreintes peu déterminables de
végétaux.
Gr^ sans fossiles.
Banc coqu illier rempli de Plagiostoma gigantea^ de Lima Fischeri^
de Cardinia, etc.
Grès jaunes sans fossiles.
Grès rempli de Cardinies. On y trouve aussi Y Ammonites anguiatus
et d'autres fossiles. On y remarque un grand nombre de petits
cailloux roulés quartzeux (1).
Grès blanchfttres sans fossiles.
Grès vaseux et noirs, subschistoldes.
(4) Ce banc affleure à des niveaux qui diffèrent parfois entre eux
de 4 5 mètres. Il ondule, s'épaissit ou s'amincit à chique pas. Cela
tientà rirrégularité des amas sableux sur lesquels il 8*est déposé, p|vf
encore qu'aux plissements qui l'ont contourné.
3A6 8ÉANCB DU 6 JANVIER 1862.
Marnes à Ammonites jjLinnr'>}s donnant naissance à des sourceti
nombreuses.
Marnes rouges.
Grès du bone-bed et marnes irisées.
Caupc de In colline de riville (1).
Terre végétale.
Marnes et calcaires à Ostrca arcuatn.
Marnes et calcaires gréseux fossilifères 1"\00
Grès à Encrines 0",50
Grés et sables grisâtres O^j'ÎS
Grès rempli de r.ardinies 0"',4 5
Sable jaune 0",30
Grès jaune 0*",30
Sable l u ma chel le à 05/r<rrt /rré'«'////iri> 0",10
Grès er sable jaune.
Coupe de Sauelà Tunt/inge {^oj, pi. VIII, fig. 9].
Calcaire bleu propre à la fabrication de la chaux hydraulique et
marnes bleues ou grises. On trouve dans ce calcaire un grand
nombre de fossiles parmi lesquels on remarque : Ammonites bisid-
cntux^ Pinn/i Hartmnnni^ Lima Hermanni^ Avicula sinemuriensisy
O.strea nrcunta, des Cardinics et des Encrines 5", 00
Grès jaune sableux, sans fossiles 4™, 00
Grès calcareux, friable, spongieux, rempli d'Encrines à cassure spa*
thiquc, contenant des galets de grès ferrugineux d'une teinte plus
foncée que celle de la masse. Ces galets, dont les plus grands ont
30 centimètres de diamètre, sont aplatis, ellipsoïdaux, et plusieurs
d'entre eux présentent, quand on les casse, des éouches concentriques
qui semblent indiquer qu'ils ont été formés par agglutination. Le
^rès dans lequel ils gisent contient aussi une quantité considérable
de fossiles très bien conservés et très faciles à extraire. Les plas abon-
dants sont lesCardinies et les Astartes. On y remarque les suivants:
Littnrinii clathrnta^ Hettnn^ia Deshayesi, Ostrca arcitata, 0%30
Grès friable sans fossiles 1",00
Grès coquillier pareil au banc fossilifèro que nous venons de décria,
contenant les mômes ovoïdes et les mômes fossiles, moins les
Astartes. Ce banc et ceux qui lo recouvrent appartiennent probv-
blement à la zone dos Ammonites bisutcntus. Nous rapportons caox
sur lesquels ils reposent au grès à Ammonites angulntus . 0*^,80
Grès calcareux et sableux sans fossiles O'^iOO
Grès calcareux coquillier, très dur, contenant un grand nombre dé
Cardinies .' t)*,41)
Sables gris ou blancs rubannés par de minces bandes ferrugineuses et
par des lits de lignite encore plus minces 30", 00
— _ Il - — ,1 ,- - ^ _ 1 _ _ _^ . . - — i^^j^
(1 ) Cette coupe est prise tout entière dansf la zone des Ammonites
hisulcatui.
KOTS DS MIT. TEItQUBIf ET PIETTS. 3&7
Coupe (C Ai Ion à Oher/jallcn.
Sables jaunes avec minces lits de ijrès brunâtre ferrugineux, appar-
tenant au lias moyen.
Marnes grises ou bleuâtres avec bancs assez épais de calcaire gréseux
bleu ou jaune dans lequel on trouve Belcmnitet brevis^ Pinna
Hartmanni^ Plngiostomn f^fgnntea.
Marnes bleues et bancs de calcaire à chaux hydraulique, remplis
à'Ostrea arcùata.
Calcaire gréseux jaune, à MnntUvaltia Guf'ttanii.
Calcaire sableux rempli de baguettes d'Oursins et d^Encrines à cassure
apathique.
Grès calcareux très durs, contenant deux bancs coquilliers, à Cardi-
nies, dans lesquels gisent de rares Ostrca arrunta.
Grès calcareux sans fossiles.
Grès calcareux très durs remplis de Cardinies.
Sables et grès jaunâfrès ou gris.
Calcaires et marnes à Ammonites angtiiafits.
Calcaires et marnes à Ammonites plnnnrbis.
Marne rouge.
Trias,
Coupe prise à In Pnpeteric {^prês d'Arlon)»
liâmes et cajcaires propres à la fabrication de la chaux hydraulique,
contenant des Ostrca arauita,
Çcdcaire gréseux bleuâtre et marnes grises à Osirea arcuata.
Grès vaseux, noirâtre, et marnes noires, contenant un grand nombre
de coquilles parmi lesquelles on remarque les Ostien arcitnta.
Grès schisto'Ide jaunâtre.
Calcaire grésedx gris, à fînes oolithes blanches.
Orès grossier, très calcareux.
Gl*èê calcareux rempli d'Encrines à cassure spathique.
Sable stérile et grès calcareux très durs, renfermant de nombreuses
Cardinies de grande taille. On y remarque des galets de grès fortrièii
de couches concentriques dont quelques-unes sont ferrugineuses.
Sable jaune.
BàiTDS lenticulaires de calcaire sableux grisâtre, jaunes, contenant
' dèè Cardinies, alternant avec des couches sableuses. Les bancS oai-
ôtitres ondulent et se bifurquent quelquefois.
Caltaire gréseux, bleuâtre, contenant des Ostren arcuata,
OrèVet sables contenant quelques fossiles hettangiens.
IfsrDes à Ammonites anguiatus.
Coupe (le la colline de Heinsch.
Sable jaQDe et grès ferrugineux du lias moyen.
Marfleifà Os&éa arcHata.
iliS 8ÉÀNCI DU 6 JÀlfVIIR 1862.
Grès friable contenant un banc coquillier dans lequel gisent de nom-
breuses Cardinies et quelques Ostrca arcuata.
Sables à Cardinies.
Marnes et grès calcareux à Ammonites anguiatiis^ donnant lieu à des
marécages.
Coupe de la coltine d'Helmsingcn.
Grès jaunâtres ou gris, contenant un grand nombre de Cardinies et
quelques autres fossiles.
Grès calcareux noirâtre.
Marnes bitumineuses noirâtres, très feuilletées, avec bancs de calcaire
gréso*bitumineux contenant Ammonites planorbis^ Ostrea arcuata
et Cardinia Deshayesea,
Marnes rouges (4).
Grès marneux scbistoldes, verdÂtres, du bone-bed.
Marnes irisées avec bancs de calcaires dolomitiques.
Coupe du vallon d'Eischen*
Calcaire à Ostrea arcuata et marnes.
Grès scbistoldes gris ou jaunâtres 5", 00
Grès terminé par une assise coquillière, et traversé par des fentes ver-
ticales et parallèles 10™,00
Grès calcareux, vaseux, d'un gris de fumée, fétide au cboc, contenant
des fucoKdes 30",00
Marnes noirâtres et calcaires terminés par un banc à Cardinia
Deshayesea 20",00
Coupe d'Arlon à Attert.
Sables jaunes du lias moyen et lits de grès ferrugineux brun.
Puissantes couches de marnes sableuses à Belemnites brepis et de
calcaires bleus marneux ou sableux, contenant parfoi;» des lentilles
de grès.
Marnes et calcaires à Ostrea arcuata et à Ammonites bisulcalus,
Marne sableuse.
Grès scbistolde à Ostrea arcuata 0*,60
Marne noire et grise à Ostrea arcuata 0*,76
M I Sables et grès à Ostrea arcuata 0",50
I 1 Grès fossilifère, plein de Cardinies 0*^,50
f) Sables 3-,00
^ \ Grès grisâtres 0"*,Î5
3 i Sables jaunes I*,00
^f Grès coquillier 0",40
1 Sables blancs avec veines jaunâtres ferrugineuses et feuilleta
\ papyracés d'argile grise 20"*,00
(4 ) Entre les marnes rouges et le grès vardfttro raffleuromeoi de
plusieurs couches est masqué par des éboulis.
/
NOTB Df MM. TIBQUBM ET PIKTTB. 3^9
Argile plastique grise et calcaires sans fossiles.
Marnes noires et calcaires coquilliers contenant des Cardinia Deshaye"
sea, des Ostrea /rr^To^w/^m dont la forme rappelle celle des Oj/r^a
arcuata^ et divers autres fossiles.
Marnes brunes et calcaires à /immonites planorbis.
Sable et marnes grises micacées, syncbroniques des marnes rouges
liasiques.
Grès et poudingues du bone-bed.
Marnes irisées et calcaires dolomitiques*
Coupe de la colline de Boust (voy. pi. VIII bis, fig. \\).
Marnes grises du lias moyen.
Calcaire et marnes à Belemnites brevis.
Calcaires et marnes remplis à! Ostrea arcuata, à! Ammonites hisulcatus
et d'autres fossiles.
Grès à Ostrea orcuata.
Poudingue et lit de grès ferrugineux.
Grès contenant un banc coqu illier dans lequel on trouve des Ammo-
nites angttlatus et beaucoup d'autres fossiles hettangiens. Les
bancs inférieurs de ce grès sont noirâtres, schistoldes, fétides an
choc.
Sources annonçant la présence des marnes à Ammonites planorbis.
Coupe d^Arlon à Steinfort par fVolberg,
Grès ferrugineux brun, du lias moyen, affleurant en minces lits dans
du sable jaune.
Marnes à Belemnites brevis et calcaire gréseux.
Marnes et calcaires gréseux gris ou bleus, contenant des Ostrea
arma ta.
Grès en minces bancs lenticulaires alternant avec des couches de
sable ; le grès contient des rognons à couches ferrugineuses concen-
triques.
Banc de grès sableux contenant quelques Cardinies.
Grès et sables. Le grès est schistolde et renferme des fucoïdes.
Cx)upe de Lottert à Fouches (voy. pi. VIII. fig. 3).
Sables jaunes du lias moyen et lits de grès ferrugineux brun.
Calcaire d'un bleu pâle et marnes à Ostrea arcuata.
Grès à faune hettangienne et sables.
Calcaire gréseux et marnes sableuses. Le calcaire contient : Turbo
solarium, Liftnrinn clat/irata^ Turritella Deshayesea, Ostrea
irregularis, Piicatuia hettangiensis^ Montlivaltia Guettardi,
Marnes à Ammonites angulatus.
S50 «fiANCE DL 6 JANVIER 1862.
TROISIEME REGION.
Cette région se compose des vallôos de la Seiuois, de la Chicrs
et de la IVJeuse. Elle s'étend dans uuc partie de la Belgique, <laii8
le nord du département de la Meuse et dans Test de celui <i( s
Ardennes. Le lias y repose entre flabay et les Bulles sur les sables
du hone-hed, et, à Touest des Bulles, sur le terrain ardoisier dont
les rochers quartzeux et schisteux constituaient de ce côté les fa-
laises de la mer liasiqife, et formaient de nombreux écueifs sur ses
bords. C'est donc aux Bulles que se trouve l'axe du uiouve.iiient de
bascule qui éiner^^ea \vs dépôts iriasiquis dans le Luxembourg cl
dans la Moselle, tandis qu'il abaissait sous les flots la partie occi-
dentale du continent ardennais. A l'ouest des Bulles, on ne trouve
le bone-bcd et les marnes irisées que dans les profondeurs de Ta
vallée de la Semois, où de fortes érosions ont enlevé les assises
qui en masquaient raffleurement. Entre Mnno et Mézières,, on
^'en voit plus aucune trace, et des sondages entrepris au Pont- à-
Bar et à Prix, à 7 ou 8 kilomètres au sud du terrain ardoisier, en
ont seuls révélé l'existence en faisant jaillir des sources d'eau
salée.
Deux massifs de grès, séparés par un puissant dépôt marneux
forment le lias inférieur de la troisième régiou.
Premier massij.
Le premier n.assif sertde contre-fort au plateau paléozoïque; il
se soude intimement aux sables du bone-bed dans les pays oii il
reposé sur eux. Composé de bancs correspondant à la marne roiigei
à la zone des Ammonites plnnnrbis et aux strates inférieurs de la zone
des A, af/gulattts, il ne renferme qu'une partie de ces dépôts dî^ns
les environs du cap de llabay. (l'est là qu'il prend naissance. IjCB
sédiments qui doivent le constituer sont tous encore à l'état va-
seux à l'est du cap; ils ne se transforment pas simultanément en
grès. Près de iMetzert (Belgique), la marne rouge coihmencc.à
perdre sa couleur; elle passe presque enlièrenient au grès entre
llabay et les Bulles. Dans ces parafes, la marne à A,^ pUmorbU^
ou du moins sa partie inférieure, subit le même sort (1). La xcoe
des A, a/tgnlaius s'ensable à son tour à l'ouest de Florenville, et
(1) Les Ammonites planorbis sont extrêmement rares dans la
Belgique. Les Ammonium b/suicatus n'y sont pas communst
NOTE DE MU. TERQUKM £T PIBTTB. 35l
ses assises inférieures, se dëtachant une à une de la formation cal-
careuse dont elles cessent de partager les caractères niinëralogi-
ques, s'incorporent succesbivenient au massif de grès sous-jacent.
Peu à peu, en se prolongeant dans les Ardennes françaises, ce
massif absorbe les deux tiers des sédiments à ./. an^^ulutus. Malgré
cette adjonction, il h*apas plus de 12 mètres d*épaisseur dans les
endroits oii il est le mieux développe. Les zones qui le composent
sont donc loin d*avoir la même puissance que dans le Luxem-
bourg. Cela tient à leur nature; ce ne sont ici que des dépôts
côtiers. Les couches qui correspondent à la zone des À. planorbis
et aux marnes rouges sont plus particulièrement atrophiées que
lés autres. Entre Aiglemont et les Bulles, sur une longueur de
bk kilomètres, elles ne sont représentées que par un congloniérat
coquillier qui a rarement 1 mètre d'épaisseur. A Saint-Meiige,
ce conglomérat n'a pas plus de 0'",30, et déjà dans sa partie
supérieure gisent des J, a/tguiatiis. De nontbreux cailloux roulés
arrachés aux roches quartzeuses de l'Aidenne forment avec les
coquilles et quelques polypiers les éléments de ce banc remarqua-
ble. Le ciment qui les unit est tantôt siliceux, tantôt calcareux ; il
devient feldspathique en un point du territoire d'Aiglemont, et la
roche est. alors une arkose vcri(al)le. Sa couleur varie du gris au
jaune, au rouge et au bleu (1).
(1) Il paraît y avoir une certaine relation entre la composition de
la première couche du lias et celle des terrains qui ont servi de rivage
à la mer liasique, dans les Ardennes, la Belgique, le grand-duché de
Luxembourg, la Moselle et la Meurthe. Ainsi, à Aiglemont, point
le plus rapproché des roches granitiques du plateau, lo premier banc
basique est un grès renfermant des cristaux de feldspath. Entre
Mézières et Jamoigne, où les falaises do la mer étaient formées par
Iqs schistes et les quartzites palcozoiques, c'est un poudingue consti-
tué par des cailloux roulés arrachés à ses falaises qui est le premier
banc du lias. Entre Jamoigoe et Attert, où la côte se composait des
couches sableuses du bone-bed, d'un épais amas de galets tria-
siques, etc., la première assise formée dans les eaux est un grès mar-
neux et micacé. Enfin, dans le grand duché, la Moselle et la Meurthe,
où les marnes irisées avec leur immense développement limitaient la
mer par leurs couches rougeâtres que le soulèvement duThuringerwald
venait de plisser et de fissurer, on trouve a la base du lias une marne
rouge sans fossiles déposée probablement après le retrait des eaux qui
8 étaient chargées do particules terreuses, en ravinant le ssol qu'elles
abandonnaient. Ainsi, partout sur les plages que nous décrivons, après
b catastrophe qui mit fin à Tère triasique, la première couche qui sa
forma emprunta ses éléments aux falaises du rivage et aux terres
Toiiinas,
S52 5ÊANCB DU 6 JANTIVR 1862.
Les sëdiments à A. angnlatus qui recouvrent ce conglomërat ne
sont parfois eux-niénies que des amas de coquilles. Dans les en-
virons d'Aigleniont et de Saint-Menge, il n'est pas rare de les
trouver en contact direct avec le terrain ardoisier. Ce dëborde-
nient des dépôts à À, angulatus, au delà des limites occupées par
la zone des J, planorbis, prouve d'une manière irrécusible qu'a-
près la catastrophe qui termina l'ère triasique et qui imprima au
continent des Ardennes un violent mouvcnient de bascule, les ri-
vages continuèrent pendant les premiers temps de la période liasî-
que à s'affaisser sous les eaux dans les régions de l'ouest; mais le
mouvement qui les entraînait, quoique dirigé dans le même sens
que lors de la commotion, n'avait plus rien de violent. C'était un
affaissement lent et progressif.
Les grès à J, angulatus forment moins un massif qu'une succes-
sion de minces bancs gréseux et de lumachelles en plaquettes sé-
parées par des couches argilo-sableuses ou marneuses. On y distin-
gue deux horizons coquiUiers, celui du MontUvaltia Haymei et
celui du Montlivaltia Guettardi (1). Le premier est le seul qui af-
fleure à l'état gréseux dans la Belgique. Encore ne l'y rencontre-
t-on sous cette forme que près de la frontière française. Il y est
très atrophié, et se prolonge dans les Ardennes sans changer de
nature ni gagner en épaisseur. Le second a une puissance assez
grande, mais ses assises les plus inférieures seules passent à l'état
gréseux. Ce passage n'a lieu que dans la vallée de la Meuse. C'est
donc là seulement qu'on trouve la série complète des couclies qui
composent le massif que nous décrivons.
(1) Oq peut diviser le lias inférieur de la Belgique en trois zones
coquillières, celle des MontUvaltia Uaynici^ celle des Montlhaltia
Guettardi et celle des Htttanf;ia o^ata. Cette division est aussi natu-
relle que celle en quatre horizons caractérisés par X Ammonites pla^
norbis^ VA. angulalus, VA. bisnicatus et le Belemnites brcvis; elle a
môme sur elle Tavantage d'être plus facile à reconnaître dans ce pays;
mais elle est moins générale, et ne se retrouve ni dans le Luxembourg,
ni dans la Moselle ni dans la Meurthe. Lorsqu'on veut caractériser
une assise par ses fossiles, il faut autant que possible se servir des
céphalopodes. Ces mollusques étant flottants dans les eaux, aban-
donnent en mourant leurs coquilles aux courants de la mer qui les
transportent souvent fort loin des lieux où ils ont vécu et les en-
fouissent indifl'éremment dans le sable ou dans la vase. Les gastéro-
podes et les acéphales, au contraire, affectionnent les fonds dont la
nature est le plus en rapport avec leurs organes, restent ordinairement
attachés au sol qui les a vus naître et ne laissent presque jamais lenrs
dépouilles que dans une seule sorte de sédiments.
NOTB DB MM. TBRQUSM 6T PIBTTB. 353
Quatre coupes, l'une prise à Villen-sur-SemoiSy non loin du
cap de Habay, l'autre à Watrinsart, près de la frontière française,
la troisième à Fleigneux, près de Sedan, la quatrième à Aigle«
mont, à l'extrémité occidentale du massif, au point où la zone des
Ammonites planorbis est prête à cesser d'affleurer, vont donner une
idée exacte de ce vaste amas sableux.
Succession des assises dont est composée la colline de Villers^sur^
Semois. Chemin de Martinsart (voy, pi. Vlll bis^ fig. 10).
Marnes et calcaires contenant une très riche faune dont fait
partie V Ammonites angulatus,
Marne plastique bleue et calcaire gréseux de même couleur,
renfermant des Encrines, des Ostrea irreguiaris et quel-
ques petits gastéropodes 2'°°, 00
Marnes sableuses et calcaire gréseux d'un gris blanchâtre,
contenant des Ostrea irreguiaris ^ des Lima Omaliusi et
des Encrines 2", 00
[Marnes grises feuilletées, micacées, très sableuses, assez
dures, tachées par des infiltrations de fer et de manga-
- . , nése 0"»,70
Liias. \ Qj.^ calcareux, micacé, fossilifère, jaunâtre et d'un brun
ferrugineux 0",20
{Marne bleuâtre très micacée, en lits irréguliers. . . 0"*,4 0
[Grès calcareux, fragmentaire, très coquillier, formant deux
bancs séparés par un mince feuillet de marnes grise»
micacées. Les fossiles sont cristallisés; on y reconnaît
cependant V Ostrea irreguiaris^ des Cardinies, des Mytilus
et des Âstartes O^'ySO
Marne grise schistoKde, micacée Q^^\f&
Grès calcareux, jaunâtre, schistoïde, micacé, renfermantdes
Cardinies ©"'.^O-
Lit de cailloux roulés à ciment argilo-siliceux, avec débris^
de vertébrés très rares 0",I0
Grès micacé, gris de fumée, couvert de petites taches de
manganèse et contenant de minces lits de lignite. On l'ex-
-. . ploite pour de la pierre de taille 0°*,80'
^^r / Sable micacé d'un blanc verdâtre se colorant parfois en brun
"•" ] pâle 7»,80
Marnes noires, micacées, pyriteuses, feuilletées, alternant'
avec des grès tendres, verdâtres, et produisant un niveau^
de sources 4", 00»
Grès blanc, sableux, micacé, pyriteux et marneux. . 4"',50'
\^Ij^ t '^^'^^ irisées et calcaires dolomitiques.
La base de la colline est formée de marnes irisées, et son fâfCe d ^
calcaires à Ammonites angulatus. Les couches intermédiaires r ^î
Soe, géol,^ %^ série, tome XIX, S9
35& stAifCB DU 6 iÀKviSB 1862.
affleurent sur son penchant appartiennent donc au bone-bed et â
la zone des A, planorbis. Mais à quel point faut-il placer la limite
du bonc-bed et du lias? Jusqu'à présent, les auteurs ont toujours
réuni toutes les assises sableuses dans une seule division à laquelle
ils ont donné le nom de grès de Martinsart. C'est confondre des
strates appartenant à deux terrains fort différents. Le calcaire
gréseux à petites Gardinies et les marnes micacées qui recouvrent
le poudingue sont évidemment liasiques ; leur faune ne peut lais-
ser aucun doute h cet égard. Le poudingue et les sédiments gré-
seux ou marneux qui lui sont inférieurs appartiennent seuls au
bone-bed. Déjà, en décrivant le l)one-bed de Lœvelange, nous
avons indiqué le poudingue comme formant la limite supérieure
de cet étage. Ainsi, des considérations paléontologiques nous ont
ahiencs à placer, à Villers, la limite du lias et du triaSi au point
précis où une discordance de stratification nous l'avait fait mettre
à Lœvelange.
Snccession des assîtes à ff^athnsart (voy. pi: VIII bis, fig. 6).
Calcaire gréseux et sable. On fait de la chaax avec les bancs de ce
calcairt) gréseux, mais elle est maigre et no sert qu'à oiarner les
terres 5", 00
Grès brun, très siliceux, à Entroques O'^yOO
Marnes sableuses grises et calcaire gréseux jaunâtre d'apparence ooli-
thiquo renfermant des Ostrea arcuata et des Myoconcka (nov.
sp.) 7", 00
Marnes à Ostrea orcuatu et calcaires bleus propres à la fabrication
de la chaux hydraulique. Ces couches donnent naissance à des
sources 6", 00
Marnes et calcaires remplis de Montlivaltia Guettardi , . . . 4 ",00
Marne noire très plastique à petites Gardinies 4*,00
Marnes noires et ^rcs, contenant des Ammonites anguiatus, des Pia^
giostoma *^i canton ei Aei Carttinia Desliayesea 4 ",00
Marne noire ot grès compacte gris, se délitant en plaquettes. 0",80
Marne d'un gris noirâtre et £;rès maclé d'apparence psammitique^ CM-
tenant des Mytilus, des Encrines et des valves nombreuses d*Boto-
mostracées 4 ",60
Poudingue coquillier renfermant une faune hettangienne. . . 0",40
Terrain de transition.
l>e conglomérat de coquilles et de cailloux roulés qui forme à
Watrinsnrt la bnse du lias ne parait pas renfermer d'Ammonites;
mais il contient un si grand nombre de fossiles liettangiens qu'on
se demande s* il n'appartient pas comme le grès d'Hettauge k la
zone dos Ammonites an^ulatus» Sa position en i*ecouvremeQt aur le
KOTÉ M MU» THUQtmil Kt ^IftttB. SS5
IM'Aifl palëoto1i<|uef sans intermédioire, n'est pas favorable à ceitt
hypothèse. D'ailleurs il est inférieur à un banc de grès que sonap*
parènce psaminîtique rend très remarquable. Ce faux psammite (î)
qoi fofuiet dans la Belgique, un horizon géologique excellent,
affleure A Villen-fur^Semois» à Harensart, à Orsainfaing, A Ko%*
aignoli il ocoape contumment la partie supérieure de la zone dea
M* plaHorbiê i à moins qu*on ne démontre qu'il y en a pluileura
aalisea, il faut admettra qu'A Watrinsart, comme dans toutes ceë
localités, lea ooUchea qui lui sont inférieures le sont également
aux aédiments A A, ahguiaius.
Compg eCmne minière à Fleigneux.
Varnes et caloaires contenaDt des Osirea arcumta et des Ammonites
hisulçûtus,
Maf A6s et calcaires à Sncrines.
tf arnes et calcaires sablent remplis de fossiles parmi lesquels oti dis-
' tlngtie les Am muni tes angulmus.
Minette rougeatre composée d'oolithes ferrugineuses, exploitée comme
, minerai* Des fossiles tels quAmmo/tiies angulatut^ Ostrea irregu-
laris^ plicatula hettangiensis^ Lima tubercuioja, sont enveloppés
dans la pâte calcaire qui contient les oolitbes.
Conglomérat coquillier à ciment sableux formant un banc dont la
partie supérieure contient des Ammonites angulatus et la partie
inférieure des M, planorbts.
Couche horizontale de minerai de fer, en concordance de stratification
avec les assises qui la recouvrent. Cette couche qui est exploitée
■ttitement, contient un grand nombre de bloos roulés de qoartziteé
dont quelques-uns ont 50 centimètres de diamètre.
Schistes redressés du terrain paléozoTque, traversés par dea veines de
quartz et des filons ferrugineux qu'on exploite.
Cette minière n'est pas la seule qu'il y ait A Fleigneux ; le mi«
herai y git dans trois assises différentes : 1* dans le schiste et dans
le quartzite où il aSecte la forme de filons; 2'' dans une coucha
hgyi;mnial« qui s*épaikOuit à la surface du schiste et qui a servi de
bââe aux députa liasiques ; 3° dans le lias lui-même où on le trouve
A Tétat d'oolithes. Il a été produit par des aouroea minérales qui,
alAevanc à travers les fissures du terrain ardoisier, ont enoroûté les
parois des conduits par lesquels elles parvenaient au jour, et ont
(4) C'est M. Poncelet, ingénieur à Arlon, qui, le premier, nous a
renseignés sur Texistence de ce faux psammite. Ce géologue judicieux
i bi#ii voulu ùous guider dans une des explorations que noua avons
faites dans les envitoBa d'Arlon«. \i\\
356 8ÉAifCi DU 6 jànyieb 1862.
formé, en se répandant sur le sol, un épais dépôt que la mor li
sique a recouvert plus tard de ses sédiments. Ces sources interrom-
pues pendant les premiers temps du lias ont reparu dans la suite et
ont formé les oolitlies ferrugineuses au milieu desquelles on trouye
aujourd'hui des Ammonites angulftius. Ainsi, a Tezception de la
minette ooUtUique qui est contemporaine de ces Ammonites, le
minerai de Fleigneux appartient à une époque plus ancienne que
le lias. Il est postérieur à l'immense cataclysme qui a redressé les
schistes du continent ardennais; car la couche horixontale qu'il
f orme est en complète discordance de stratification avec eux et
renferme une grande quantité de hlocs roulés de quartzites arra-
chés du milieu des schistes. Il faut donc reporter la date de sa
formation à l'ère pénéenne ou à celle du trias. Ces âges sont ceux
du globe qui furent les plus féconds en émissions ferrugmeuse^
Les matières contenues dans le sein de la terre réagirent alors, en
un grand nombre de points, contre sa croûte solidifiée. Le mine-
rai de Fleigneux fait partie d'un vaste ensemble de phénomènes
qui signalèrent ces époques, et c'est sans doute à la cause qui Fa
produit qu'il faut attribuer la couleur rouge ou violacée de tous
les étages du terrain paléozoïque sur le bord méridional du pla-
teau des Ardennes (1).
Succession des assises à Aiglemont (voy. pi. VIII bis^ fig. 7).
Sablfls jaunes à Belemnitcs brcvis.
Marnes bleues donnant naissance à des sources, et calcaire bleu pro-
pre à la fabrication de la chaux hydraulique, contenant quelquaa
MontUvaltia Guettardi et un grand nombre d^Ostrea areuata.
Marnes et calcaires à Montlivaltia Guettardi^
Marnes et calcaires à Ammonites angulatus.
Grès se délitant en plaquettes et marnes contenant une faune bettan*
gienne dans laquelle on remarque une grande quantité ^Ammonites
angulatus .
Grès à Montiivaltia Haymei^ remplacé en quelques endroits par une
lumachelle à Orthostoma et à Cerithium, Quelques cailloux rooMi
sont en?eloppés dans la pftte qui est tour à tour calcareuse, gréeeme
ou feldspathique, jaune, grise ou rose.
Grès et conglomérat de coquilles et de cailloux roulés, contenant des
Ammonites planorbis»
Schistes paléozo'iques et quartzites, en discordance de stratification tvoo
les couches qui les recouvrent.
(1) M. d'Omalius pense, comme nous, que cette couleur ait due à
des matières ferrugineuses qui ont imprégné la roche.
HOTB DB !■• TBRQOBM ST PIlTTB. 857
Massif marneux.
Le massif gréseux que nous venons de décrire est plus ancien
que celui du grand-duché. Ses dernières assises correspondent aux
premières de celui-ci. Il en est entièrement isolé. Les plages sur
lesquelles il s'est déposé étaient séparées de celles sur lesquelles
se sont formés les grès du Luxembourg par de vastes fonds
boueux. La vase, à l'époque des marnes rouges et des Ammonites
pUinorbis, s'étendait, comme nous Tavons dit, sur toutes les côtes
de la Meurthe, de la Moselle et du grand-duché ; elle n'était limi-
tée à l'ouest que par le cap de Habay, au delà duquel se for-
maient des dépôts sableux. Quand vint l'ère des A, angulattisj le
table commença à s'amasser sur les côtes orientales du golfe de
Luxembourg. Peu à peu, il s'avança vers l'ouest, envahissant les
fonds marneux. Pendant qu'il progressait ainsi, les fonds qu'il
couvrait continuaient à être séparés de ceux de la Belgique, oii le
sable dominait depuis longtemps, par une vaste nappe vaseuse.
Cette nappe perdait du terrain du côté de l'est à chaque envahis-
aement du sable dans le grand-duché, mais elle en gagnait plus
qu'elle n'en perdait eu s'avançant progressivement, à son tour, sur
les fonds sableux de la Belgique ; à la 6n de Tère des A, planorbis^
elle dépassait le cap de Habay; dans les premiers temps de Tère
des A. angulalus^ elle atteignait la frontière française ; à la fin de
cette époque, elle couvrait toutes les plages qui s'étendent entre
Élalle (i) et Aiglemont; elle devait persister jusqu'à la fin de la
période caractérisée par les A. bisulcatus. C'est cette nappe vaseuse
qui» en se déplaçant, a formé le massif marneux de la troisième
région, massif remarquable, qui, soudé par un bout aux marnes
rouges et à A, ptanorbis du grand-duché, s'étend sur les grès in-
férieurs de la Belgique, tandis qu'il sert de base à ceux du Luxem-
bourg. Les dépôts dont il est formé sont des marnes bleues ou
noirâtres, généralement plastiques, pyriteuseset efflorescentes, au
milieu desquelles a£B[eurent des bancs de calcaire peu épais, pres-
que toujours propres à la fabrication de la chaux hydraulique.
Ces marnes ne pré^ntent pas sur tous les points la même succession
d'assises. Leur nature dépend de celle des sédiments gréseux entre
lesquels elles sont intercalées. Ainsi, le massif gréseux inférieur ne
(4) Il s*agit ici d*Ëtalle, village de Belgique. Il ne faut pas le con-
fondra avec Étales, village des Ardenoas françaises, qu*on écrit aoss i
quelquefois Étalla.
SS8 stAifci DU 6 jÀNTiii 1862.
comprend dans les environs de Ilahay que des couches correspon-
dant à la marne rouge et à la partie la plus ancienne de la zone
des .-é. planorbLs; il absorbe en se prolon^^eant vers Touest la pvtîe
supérieure de cette zone et les deux tiers de celle des A, anguintus.
Par contre, la formation marneuse qui le recouvre commeoce aux
dernières assises de la zone des A. plnnorbisy dans les environs je
Habay. Elle perd une à une ses couches inférieures en se prolon-
{^eantvers les Ardennes, et ses premiers sédiments, dans la vali^
de la Meuse, sont les derniers de la zone des A. anguiatus, t-es
assises qui forment sa base ne sont donc pas toutes du mênie âge ;
il en est de même de celles qui sont à sa limite supérieure. Celles-
ci, à Lottert, appartiennent à Thorizon des A, nnguhtus ; elles
sont formées, à Jamoigne, par la partie la plus inférieure dç la
zone des A, hisulcatiis ; elles constituent la partie supérieure de )a
même zone à Roniery et à Âiglemont. Voici quelques coupe» qiU,
mises en regard les unes des autres, donnent une idée exacte de
la composition de la formation marneuse, dans ses diverses
parties (1 ). Dans le tableau qu'on va lire, les cases laissées en blimc
représentent des grès, les autres représentent des iparnes.
(4) II est assez facile do distinguer la marne sans Ostrea arcua{a
de celle à O. arcnata^ par les caractères seuls de la roche, surtout
dans la Belgique et dans le grand-duché. Les flones des Ammométes
ptamnbis et des A. éingHhiHs sont formées de minoes lits de oalealre
affleurant dans una marne graphiteuse, tantôt feuilleté^, tgi^tot plw*
tique, presque toujours pyriteuse, dont la couleur noi^ ou yrvi î^
fumée est très caractéristique.
Les marnes à Ostrrn arcunta sont plastiques ou grossièroQient
feuilletées; moins pyriteuses que les bancs à Ammonttes angtdatmsy
elles se colorent en gris ou en bleu selon la quantité de sable deal elles
sont mélangées. Les banos de calcaires qui alternent aveo ell«| sont
plus ép^is que qeux de ta zpne à As uugn^tHs; ils q>fi pifailM^
jamais les teintai eofurA^es e( sont bleuf à Ti^^^érieur, grif on j^u^fs
à la surface.
irOTS M m. TSKQDSV ST PIITR.
360
OORSUYIIXE.
ERVIRONS
D'HBTTAIfGE.
MKTZERT.
vil LERS-
80R-SEMOU.
JAMOIOHB.
WATMjriAtT.
AIOUHOMT.
Mamet
du
liaa moytn.
Zone
des
Ammonites
bisutcatus.
Partie
inférieure
de la aone des
Ammonites
bisulcalus.
Zone
ÀmmmiUs
bisuicatus.
Partie
inférieure
de la aone îles
Ammonites
bisulcatvs.
Zone
des
Ammonites
angulatus.
Zone
det
Ammonites
angulatus.
Partie
ao|térienre
de la aone des
Ammonites
tmgulmtms.
Dernières
couches
de la sone des
Ammonites
angulatus.
Ammonites
amgmtiUus,
Partie
inférieure
de la aune des
Ammonites
angulatus.
2o«e
det
Amtmmiites
pitmorbis.
Zone
des
ammonites
ptanorbis.
Zone
des
Ammonil€S
ptanorbis.
Partie
fupérieare
de la lone des
Jmmoniies
ptanorbis.
Ilam« ronge.
Maine rougt.
Marne ronge.
n ressort de la comparaison de ces coupes que les couches qui
constituent le massif marneux aux environs d'Hettan[;e ne sont pas
du même âge que celles dont il est composé à Villers-sur-Semois,
et que celles de Villers-sur-Semois ne sont pas du même âge que
celles d'Aiglemont. La marne de Villers est plus ancienne que
celle d*Aiglemont; celle d'Heltange plus ancienne que celle de
Tillers. On ne saurait trop se mettre en garde contre la velléité
de regarder comme synchroniques les marnes de tous ces pays. Elles
constituent j il est vrai, un massif unique, mais en réalité ce ne
foptquedea tronçons d* Age différent reliés entre eux bout à bout.
Un point de ce massif mérite de 6xer plus particulièrement
noire attention , c'est celui de Jamoigne ; il ne présente pas des
fMffticiilaritéa plus remarquables que les autres, mais il a été 1 objet
de plus de discussions. D*après la coupe que nous avons donnée,
la marne de Jamoigne se compose de la partie inférieure de la
%0PC à Ammonites bisulcatii.^ et de la zone à À. angulatus tout
entière* Gela est incontestable. La marne à À, bisutcatus est ex-
360 SÊAlfCE DU (5 JÀ!TTIER 1862.
ploitéc dans plusieurs petites carrières situées au sud de la route
d'Arlon près du villa^je; elle y est représentée par deux ou trois
minces bancs de calcaire bleuâtre remplis ôiOstrca arcuata. Les
strates à Ammonites n/igu/atus affleurent dans diverses inarnières
notamment dans celle qui est près de l'église. En voici la coupe :
Marno noire plastique alternant avec de minces bancs de calcaire bleu
ou jaanAtre, contenant une grande quantité de Montlhaltia Guet'-
tardi, une faune hettangienne très riche, mais pas d'Ammo-
nites 3", 00
Marne grise alternant avec des calcaires bleus dont les bancs ont
30 centimètres d'épaisseur et contiennent une faune hettangienne
avec des milliers de petites Cardinies f'^.SO
Marne noirâtre, plastique, alternant avec des lits calcareux de 4 0 cen-
timètres, et contenant une riche faune hettangienne, une grande
quantité à* Ammonites an^ulatus^ des Montlivaltia Haymei et des
petites Cardinies en nombre considérable S'^.OO
Cette coupe prouve que dans la marne, comme dans le grès
inférieur, les Montlivaltia Haymei et les M, Guettardi indiquent
deux horizons géologiques différents. Mais ce qui frappe le plus
les yeux, quand on examine les bancs mis en exploitation, c'est
la faune hettangienne qu'ils renferment. On pourra juger de sa
richesse par la quantité de fossiles que nous avons rapportés et
qui sont étalés sous les vitrines du musée de Metz (1).
Les marnes à Ammonites angulatns affleurent encore, à Jamoi-
gne, sur la rive droite de la Semois, entre la rivière et le bois;
mais nous n'y avons observé que les assises les plus inférieures
du groupe; elles contiennent des Ostrea irregula ris dont les formes
rappellent celles des O. areunta; leurs bancs les plus anciens
ne renferment pas d* Ammonites ; ils sont caractérisés par des
Astartes et par une grande quantité de Cardinia Deshayesea, Quel-
(4) Nous avons recueilli \ 52 espèces à Jamoigne. Toutes, à l'excep-
tion do quelques foraminifères et des Galeolarin^ sont caractéristiques
du lias inférieur ; quelques-unes sont nouvelles ou n'ont encore été
trouvées qu'à Jamoigne ; 68 appartiennent à la faune qui a été recueillie
dansi le gîte d'Hettange. Quelques heures passées dans les marnières
de Jamoigne nous ont suffî pour recueillir tous les fossiles de cette
localité, qui sont étalées dans le musée de Metz, Si Ton songe qu'Het-
tange est séparé de ce village par plus de 80 kilomètres, on reconnaî-
tra que jamais deux formations ne furent assimilées avec plus de raison.
D'ailleurs les marnes qui contiennent cette riche faune sont, comme le
grès d'Hettange, intercalées entre les strates à Ammonites planorbis
et les couches à Ostrea arcuata.
NOTE DB HM. TBRQIIllf BT PIBTTB. 361
ques bancs de grès mêlés de lits marneux, reposant sur un con-
glomérat coquillier, forment, à la base du lias, de très minces
assises qui correspondent probablement à la zone des Ammonites
pianorbis. Elles ne sont pas exploitées. Telle est la composition
de la marne de Jamoigne. On peut la représenter de la manière
suivante :
ÎZone des Ammonites
6i/u/ca(u/ (1 } (par-
Ue inférieure).
d. S^dgae. i \ \ £"!! t^u"lw™ ) Zone des Ammonites
C'est pour n'avoir pas distingué les divers horizons coquilliers
de ces marnes que des géologues d*ailleurs fort habiles, après
avoir remarqué des Gryphées arquées dans les lits supérieurs, se
sont imaginé que le massif marneux auquel ils appartiennent est
tout entier contemporain de ce fossile. Ayant d'ailleurs constaté
le prolongement de ce massif sous le grès du Luxembourg, ils ont
conclu que ce grès, recouvert par la marne de Strassen, n'est
qu'une vaste lentille sableuse intercalée dans la formation des
calcaires à Ostrea arcuata (2). Après ce que nous venons de dire,
il est à peine nécessaire de réfuter une pareille hérésie. Le massif
▼aseux, quand les grès d'Hettange et de Luxembourg reposent sur
luiy ne se compose plus que de la zone des Ammonites planorhis
et des marnes rouges; il n'a plus rien de commun avec la marne
de Jamoigne. Celle-ci formée de la zone à A, angulatus
tout entière et des premiers bancs de la zone des A, bisulcatus^
correspond au grès d'Hettange lui-même et à la partie inférieure
de la marne de Strassen. La zone des A. hisulcatus , mar-
neuse presque tout entière à Strassen, est supérieure en cet en-
droit à la formation gréseuse. £lle passe au grès et pénètre dans
ce massif à Touest de ce village; bientôt (à la Papeterie et à
Fouches) elle en constitue presque la totalité, et à Jamoigne
ses premiers bancs apparaissent au-dessous, à Tétat marneux.
Telle est la solution des difficultés soulevées au sujet des grès
du Luxembourg.
(4) Les marnes à Ostrea arcuata n*ont pas plus de 4 mètre d'épais-
geur à Tintigny; elles en ont 5 à Watrinsart, 60 à Warcq dans les
Ardennes, et autant à Metz.
(2) Il est juste d'ajouter ici que dans ses derniers travaux sur la
lias du Luxembourg, M. Dewalque parait avoir lai-même abandonné
les opinions que nous combattons. On ne pouvait pas moins attendre
d*un géologue aussi éclairé et aussi dé?oué aux intérêts de la ioitùo#.
SOS stÀKCB Dn 6 lAifynR 1862.
Massij grrscnx supérieur.
Nous avons prouva, en dëcrivant la deuxième rëf^on, que Tamas
sableux, formé sur le» côtes orientales du golfe de Luxembouif,
lors de l'apparition des Aiuinonitvs an^ulattis^ ne s'avança sur les
fonds de Touest que progressivement et en employant un im-
mense laps de temps. Les À, (ingulatuit prospémient encore, mais
ils devaient bientôt disparaître quand le sable parvint aux lieux
où s'élève aujourd'hui Fouches, à la limite de la deuxième et de
la troisième région. Il continua ses progrès vers Touest pendant
l'ère dos A. bisulratus^ envahissant peu à peu toutes les plages de
la Belgique vi des Ardennes; quand l'époque des Belemniîes brtvh
arriva, il s'étendait dans la troisième région tout entière.
Ce progrès lent et continuel du sable a donné naissance & un
puissant massif de grès dont la base est formée par des bancs d'âges
différents. Composé, comme nous Tavons dit, de la zone des ^m-
mçnitcs nngulatux tout entière et de quelques bancs à ^. bisiU»
cattLK^ dans la partie orientale du {;rand-ducbé, il perd une à UDe^
en se prolongeant vers l'ouest, toutes les assises qui affleurent à
sa partie inférieure , mais en même temps il s'incorpore une par-
tie des marnes qui le recouvrent près d'Hettange. Ainsi, à Fouchet|
il couiprend les dernières assises de la zone à A. angtdnius
et la zone des A. bisulcatus presque tout entière. A quelques kilo*
mètres de ce village, la marne à Belcmnitcs brevis et celle du liai
moyen qui présentaient déjà, entre Arlon et Luxembourg, quel-
ques couches ou plutôt quelques îlots sableux, passent en masse
au grès, en sorte qu'à Etalie le grès, malgré la perte de toutes
ses assises à Ammonites angulatus^ est beaucoup plus puissant qu'il
n'était à l'est de ce point; il comprend alors tous les strates è A*
bisulcatus^ tous ceux à Belemnitcs brevis et une partie du lias moyeiU
Entre Étalle et Aiglemont, il continue à perdre uue à une
assises inférieures qui se réunissent aux dépôts marneux
jacents. A Jamoignc, il est encore formé de la partie supérieure
de la zone à Ammonites bisulcatus, de la zone à Belemnites brevis
et du lias moyen. A Romery et à Aiglemont, il ne se compose |dui
que des sédiments A B. brevis et de la partie inférieure du lias
moyen.
Le grès à Ammonites angulatus de Fouches n*a pas plus de
5 mètres d'épaisseur ; il se termine en coin à une Caible distance
du village; c'est un sable incohérent au milieu duquel aiQeuirenI
quelques bancs lenticulaires solides; on y trouve dea fiassiles, tah
IfOTS DB Vif. TSEQUB1I BT PIBTTB. tQt
que Littorina clat/tm^fty PUcatula hetlan^icnsis^ Ostrea irregularis;
soaveot masqué par d^s faillis et des éboulis^ il ne peut être étu-
die qu'en un petit nombre d'endroits.
Le grès à Ammonites bisulcatus est très puissant dans la Belgi-
que; il se termine en biseau dans la vaille de la Meuse, Se9 bancs
inférieurs ont presque toujours des teintes yaseuses ; ils sont rem-
pli$ di Ostrea arcuata. Ses bancs supérieurs sont des calcaires jau-
laâtres, d'apparence sableuse, remplis de fines oolitbes blanches;
oa ep lait de la chaux maigre pour amender les terres; ils alter-
nent avec des grès très durs formés de débris d'Encrines et de ba-
guettes d*oursin9 A cassure spath ique qui donnent à la roche l'as-
pect du calcaire à Entroques. Les fossiles sont assez nombreux dans
les assises inférieures. On y trouve cinq ou six espèces de Gardi-
qHiS» des Litiofina çlathrata, plusieurs espèces de mollusques qui
pi:!OspéraiQntdéjà au temps des Ammonites anguimtusy et quelques
fosiUes nouveaux parmi lesquels on remarque surtout des Jfdxo-
e^fàa 9€nbra (Nob.), grande espèce ornée sur les càtés de plis
irr^uliers et anguleux et de sept côtes transverasles (1). La ooupe
d^ la colline de Ghassepierre donne une idée exaete de la suoocs*-
ÙQ^ 4'assises que présentent le plus généralement les grès à Jm-
m^n'f^* ^wê{c4f(f4s.
Cfiupe du massif grésêtue à Chassepierre,
Sable jaune à Tétat diluvien, renfermant des Ostrea cfmbiupt,
. /Sables et calcaire gréseux pleins de Pecten dfsciformiSy de
•jf f petits gastéropodes et de Betemnites brevis,
$1 Hables marneux et grès oaloareux fort dors, eentenant des
«ftl M*iitmmtes Itrews^ des Moules, de grands gastéropodes et
^ ] quelques Ostrea arc¥Wo , « t #>««.«•<• • VA^
5 \ Sables Qt grès k Entroqve? fqrt dwrs, ,,,,..,,• 8",00
-Si Grès très calcareux^ oolithique, coateoant des Betemnites
«q F brevis^ des gastéropodes et des milliers de Cardinies. 0",40
^\ Sable et calcaire sableux 8*,0()
"^ VGnèf à Entroques avec grandes Cardinies 0*,96
I
(4) M. Pellat a trouvé cettç espèce occupant une position analo^e
ittts lesi environs d^AutuD.
86& SÉAlfCE DU 6 JÀHTIBR 1802.
g' /Sable et calcaire grenu, d'apparence oolîthique et nbleiua,
^ / exploité pour faire de la chaux qui sert à amender les terres
•§ [ «0-,00
•â I Grès à Entroques, contenant des Hetiangia opata et quelques
w> 1 autres fossiles mal conservés O'^^BQ
.§ jSables et calcaires gréseux 3*. 00
o < Calcaire bleu gréseux, alternant avec des marnes qui donnent
§ 1 naissance à des sources abondantes. Les calcaires renferment
^1 un grand nombre de fossiles parmi lesquels les Cardînies, les
m I Ostrea arcuata et les Littorina ciathraia sont les plus abon-
"o I dants.
S \ Calcaire propre à la fabrication de la chaux hydraulique et
eS \ marnes à Ostrea arcuata.
Marnes et calcaires à J m mont tes angulatus.
Cette coupe nous donne en même temps une idée de la consti-
tution des sédiments à Belemnites brevis dans la troisième région.
Ce sont des assises sableuses et friables alternant arec des bancs de
grès à Entroques ou de calcaire gréseux plus ou moins coqail-
liers(i). Une coucbe marneuse, contenant des Ostrea arcuata
traverse ce dépôt rers sa partie moyenne et donne naissance A de
nombreuses sources. La formation est entièrement sableuse dans
les Ardennes; elle a un immense développement à Sedan; maïs
elle perd une partie de son importance vers Aomery et Aiglemoat.
Les Plûgiostoma gigantea et les Cardinia eopides^ fossiles contem-
porains des Ammonites angulatas^ abondent dans quelques baocs;
plusieurs autres espèces hettangiennes n'y sont pas nres; on y
rencontre aussi des J. Conybeari^ des A, carusemxis et diverseï
espèces de coquilles qui ne gisent pas dans les sédiments anté-
rieurs. La difficulté de les dégager de la roche dure et cassante qui
les enveloppe est le seul motif qui nous ait empêcha d*en recueil-
lir une aussi grande quantité que nous aurions voulu. Les Belrm-
nites brepts et les Hettangia ovata sont caractéristiques par leur
nombre de cet horizon géologique; ce sont des espèces qui avaient
déjà apparu dès l'âge des Ammonites bisuleatsu; quelques géolo-
gues prétendent même avoir rencontré des Belemnites breptt dans
les couches à Ammonites planorbis; mais cette opinion aurait
besoin d*être confirmée par de nouvelles observations. Les demiA^
res assises de la xone à Belemnites brepis sont remplies de Peetem
disciformis. On peut voir le contact du lias inférieur et du lias
(4) On y trouve aussi plusieurs bancs oolithiquea et quelques
remplies de galets gréseux à couches concentriques ferruginaasss. Il
y a à Muno un récif do polypiers d'une étendue considérable.
IfOTB DB ■■. TBEQUBH BT PIBTTE. 806
moyen dans un yallon qui est situé au nord d'Ethe et de fielmont|
entre les maisons et la forêt.
Coupe du vallon dtEthe.
o / Calcaire terreux et sableux alternant avec des assises de sable
g« I et contenant Ostrea cymbium ^ Belemnites elongaiusy Jmmo'
8 < ni tes planicosta.
2 j Grès et sables stériles contenant quelques minces lits ferru-
\S t gineux.
j^ ^Sables et grés à Pecten discîformis,
^ I I Grés calcareux très coquillier, dur, cassant, rempli de Belem»
© -c \ niies brevis^ de Pecten disciformis et de Cardinies.
§ •>• I Sables et grès.
^ \ Niveau de sources.
Depuis Ethe jusqu'à Romery, on peut suivre sans interruption
les bancs à Pecten disciformis (i); ils forment toujours les derniè-
res assises du lias inférieur. Au-dessus d'eux sont des couches de
sable jaunâtre contenant de minces lits ferrugineux ou des sédi-
ments à la fois marneux et sableux dans lesquels les Ostrea cym-
tiitm font reconnaître le lias moyen.
Les grès des zones à Ammonites bisulcatus et à Belemnites breuis
ont été rarement distingués de la zone à Ostrea cymbium qui les
Keoouvre. Les auteurs les ont placés tantôt dans le lias inférieur,
tantôt dans le lias moyen. Les raisons qu'ils ont données à l'appui
de ces classifications sont trop insignifiantes ou trop fausses pour
que nous les rapportions. C'est la faune qui nous a conduits à ran-
ger les dépôts à Belemnites brevis dans le lias inférieur; ils con-
tiennent une trop grande quantité de fossiles Lettangiens, pour
qpi'on ne les classe pas dans le même étage que les sédiments à
Ammonites angulatus. Nous arrirons donc par l'étude du lias
ardennais^ belge et luxembourgeois, au résultat où Aie. d'Orbigny
était parvenu par l'exploration de la Bourgogne. On sait, en effet,
que pour cet éminent paléontologiste, le Belemnites brepis était un
fMaile sinémurien.
Nous devons, avant d'abandonner la description des assises à
B» bretns de la troisième région, dire quelques mots du grès de
Romery dont l'âge a été l'objet de discussions assez récentes : on
a prétendu que les carrières de ce village sont ouvertes dans le
lias moyen; on en a donné pour preuve des Ostrea eymbium qu'on
•V
(I) Les plus beaux gttes de ces Pecten sont Fagny, Limes, Romery.
ê0é StAltCË Dti 6 JÀltTlVtl l86â.
j û ftttXtïlW^. Il est incontestable que les bancs de grès marneax
qui affleurent à la partie supérieure des carrières sont remplis
iiOstrea cymbium ; mais au-dessous d*eux on exploite des sables
et des calcaires gréseuï qui 8e présentant dans l'ordre suivant
(voyez pi. VIII bis, fig. 7) :
BAUCS h Pêûten discijotmis et à Belemnitrs brepts.
Grès et sables sans fossiles.
Bllùt^ COùtenadt Si Tët^t d'empreintes très nettes : Nautilus (ghande
espèce), Ammonites bisulcatus^ Littorina clathrata^ TuniMia
Deshayesea, Rostellaria dubia, Cerit/iium Qui/tctteum^ et avec leur
lest, OstYctt Irteguïarîs^ O. annmala, Pecten disciformis, îiinnim
Uasinus, Lima Bêrmannî^ Piagioslomu gtgantea^ Pinna Barl^
manni^ Lima hettangiensiSy Cardin ia copides^ Heilangia ovatu tl
Belemnites brevis.
Grès et sables sans fossiles.
lUttCtf h^ durs contenant des milliers de grandes Cdrdlnleè |Mrmi
lesquelles on remarque surtout le Cardinia cftpides; on y trouve
auitfi des Belemnites brevis et des AmmMiitei bisnléaims»
Utroes à Os(r0a arcuaUi,
Cette coupe n'a pas besoin de conomentaii'es^ diacuQ des foieilci
de ces dépôts apporte avec lui la condamnatioo de ropinion qui
les relègue dans le lias moyen.
Le vaste massif sableux qui, prenant naissance à Hettange,
embrasse dans sa puissance les collines de Luxembourg, d*£chter-
oacb, de Sauel, de Hensch, d'Étal les, de Virtouy de Breux, de
t^lorcnville, de Sedan, de Romei-y, d'Aiglemont, ne s'arrête pas
à ce dernier village; il se prolonge dans la quatrième régioii
jusqu'aux confms du dépai'tement de l'Aisne. Ce que nous eu avons
dit jusqu'à présent su Ait pour faire apprécier ses caractères priiir-
cipaux ; résultat du déplacement lent, mais continu, de courants
oui, après avoir cbarrié du sable pendant un laps de temps conei*
durable sur les rives orientales du golfe de Luxembourg, ont fiai
par en accumuler un immense amas sur les plages de la fiel^que
et des Ardenues, il est formé d'assises dont on voit varier le ooiiibre
et l'âge à cbaque pas qu'on fait. Son extrémité orientale, comp9eée
qe grès à Ammonites a/iguiatus et de quelques bancs à J. bisalcapu^
n*a rien de comnmn avec la zone à Belemnites bretns et les stratee
à Ostrea cymbium qui constit^ent, à Aiglemont et à Rimogne, soa
^;ctrémité occidentale. Ce u!est, comme la formation marneMM
sur laquellç il repose, qu'un assemblage de tronçons de différents
âges, soudés les uns aux autres par leurs bouts. La poition de ee
maenf éfû afleuredaBs la deuxième région porte le tMim de ^rèe
KOTB BB MM. tlBQVBH BT PIBTTB. M7
de Luxembourg. Celle qui affleure dans la Belgique et les Ardeimet
est {généralement désignée sous le nom de calcaire sableux. Ces
dénominations vicieuses au point de vue géologique tendent à (kire
confondre les unes avec les autres les assises les plus diiparates, la
zone à Belemnites brevis avec la zone â Ammouites ungulaiu$, le
lias inférieur avec le lias moyen. Il faut, dans les pays que nods
décrivons, caractériser chaque horizon par ses coquilles^ comuie
nous Tavons fait« ou l'on doit s'attendre à se perdre dans un réseau
inextricable de difficultés (1). Les géologues qui, partis de Breux,
m^-^mmti^
[\) ËD préconisant ici la méthode paléontologique, noQs n'atoos
pas rintention de contester les avantages qu*ou peut tirer de Tétude
des roches. La paléontologie et la pétrographie sont les deux yeux du
stratigraphe. Le géologue doit savoir se servir de ces deux sciences en
môme temps, et contrôler les données de Tune par celles de l'autre.
La méthode paléontologique peut se trouver quelquefois eu dèhut;
pour en saisir les défectuosités et ne pas prêter à ses résultats une
importance exagérée, il faut avoir sans cesse présentes è Tesprit les
idées qui lui servent de fondement.
L'histoire de la terre nous montre que la force créatrice a un grand
nombre de fois fait disparaître presque entièrement les faunes qui
B*étaient multipliées à la surface du globe pour les remplacer par
d'autres. La dernière manifestation de cette force fut réclosion des
dtresau milieu desquels nous nous trouvons. Depuis, elle n'a faitsentfr
sa puissance que pour la conservation des espèces vivantes. La terre
est donc maintenant dans une période de calme, si Ton compara les
temps présents à la période de révolution dont l'enfantement de la
faune actuelle a été le résultat. Selon toute apparence, et si Ton s'en
rapporte à l'induction qui est le seul flambeau dont on puisse éclairer
l'histoire des faits géologiques, les périodes de calme ont, depuis l'ori-
gine des choses, toujours suivi les époques de métamorphose, et sans
doute, pendant ces époques de calme, la force créatrice a agi comme
elle le fait maintenant, elle n'a pas enfanté de nouvelles espèces; mais
les espèces qui venaient d'être créées et qui, pour la plupart, étaient
probablement cantonnées dans différentes régions, se sont peu à peu
répandues sur d'autres points du globe, abandonnant ceux où elles
avaient primitivement existé. Tel moIUiAque qui n'avait encore vécu
que dans les mers éloignées a été tout é coup jeté par une tempdte
dans les mers de l'Europe; la semence fécondée de tel autre y a été
apportés de rivages lointains par des courants qu'un soulèvement du
sol a fait changer de direction. Ces ôtres trouvant, sur les plages qui
sont devenues leur habitation nouvelle, des conditions favorables à leur
développement, s'y sont multipliés et ont couvert de leurs dépouilles le
fond d'un bassin dont les premiers dépôts ne contenaient aucune de
leurs coquilles; puis quand, par suite des temps, la mer où ils ont ainsi
pullulé est devenue pour eux inhospitalière, ils ont émigré en colonies
vers d'autres régions, ou bien leur espèce a fini. par s'éteiDdrS| atlfi
368 StANCE DU 6 JANYIBE 18G2.
ont explore les terrains qui s'étendent entre ce village et Hettange,
n'ayant pas pris pour guide les zones coquilUères, se sont imaginé
que les grès de ces deux localités sont synchroniques. Comment
auraient-ils pu ne pas tomber dans cette erreur ? N'avaient-ils pas
toujours marché sur le grès ? Avaient-ils cessé un instant de fouler
du sable sous leurs pieds? Aux deux côtés de la route, ils avaient
vu des marnes et des lignes de sources qui ne leur avaient pas
permis de s'égarer, de quitter une formation sableuse pour gravir
les collines d'une autre. Et cependant, quelles contradictions,
quelles hérésies sont nées de cette assimilation ! Que de luttes et
de difficultés insolubles contre lesquellessont venues se heurter des
intelligences d'élite et des observateurs judicieux ! Tout cela pro-
vient de ce qu'ils avaient oublié un principe bien vulgaire, mais
sans lequel on ne peut rien faire de bon en géologie. Us pensaient,
et quelques géologues s'imaginent encore^ que les dépôts qui
appartiennent à un massif de composition minéralogique uni-
forme sont nécessairement synchroniques. Par exemple, à leurs
yeux, les couches à Ostrca arcuata devaient être partout des cal-
caires et des marnes; les strates sur lesquels ils reposent, des grès
qu'ils appelaient infra-liasiques. Mais est-ce que la mer, à toutes
les époques, n'a pas eu en même temps des fonds vaseux et des
fonds sableux? Les courants, qui apportent sur une plage des sédi-
ments de quelque nature qu'ils soient, ne changent-ils pas de
direction continuellement, et bien plus souvent par un déplace-
ment lent et progressif que par l'efTet d'une commotion? Qui
songe à s'étonner, sur nos côtes, quand une baie dont les fonds
étaient boueux se comble tout à coup de sable ? Ce qui se passe
sous nos yeux doit être pour nous la règle et le flambeau de ce
qui s'est passé autrefois. Une mer d'une certaine étendue qui ne
déposerait sur toutes ses plages que du sable seul ou de la vase
seule serait quelque chose de phénoménal. Proclamons donc cette
vérité que les mers ont présenté simultanément des fonds de nature
diverse et variable pendant le cours des anciens £^ges, comme elles
sédiments qui se sont formés après leur disparition n*en ont plus
contenu aucun reste. C'est ainsi que dans toute retendue d'un bassin,
une espèce peut devenir caractéristique d'une assise, quoique sur
d'autres points du globe, elle ait laissé ses débris dans des coucbea
plus anciennes ou plus récentes. Les pérégrinations des espèces d'un
point de la terre sur un autre ne sont pas une vaine hypothèse; ce
n'est que par elles qu'on peut expliquer ce fait, que souvent un foasile
qu'on trouve à un niveau dans un pays, occupe, dans un autre, un
niveau tout différent.
NOTt DB HM. TBRQCBM ET PlBTTB. 369
le font de nos jours. Là est la clef de toutes les difficultés accumu-
lées au sujet des terrains du Luxembourg (1).
Les sédiments qui constituent le lias inférieur dans la troisième
région ne sont pas très régulièrement stratiGés. Nous y avons
remarqué quelques dérangements de couches qui semblent indi-
quer un vaste plissement dans les grès à Belemnites hrevis de la
Belgique, une faille près de Yillers-Tortru, et une mince crevasse
dans laquelle coule la Meuse à Mohon (2).
COUPES DIVERSES.
Nous allons encore donner quelques coupes à Tappui de la des«
criptionque nous venons de faire.
Coupe du Boisinval près CharlepiUe.
Grès à Belemnites brevis et sables.
Marnes à Ostrca aicunui et à Ammonitts bisulcatus affleurant avec
des bancs nombreux de calcaire expipité pour la fabrication de la
chaux hydraulique. C'est de la partie supérieure de ces marues que
s'échappent les eaux qui alimentent les fontaines de Charleville.
Quelques bancs sont remplis de foramiiiifères et d'eutomostracées ;
ceux de la partie inférieure contiennent des Linguia metensis.
Calcaire gréseux bleu à Tintérieur, jaune à la surface, contenant des
MondivaUia Guettardi et des entomostracées.
Grès en plaquettes grisâtres à Ophiodeima rerneuHi,
Calcaire gréseux noirâtre contenant des Ophiodermes, des entomostra-
cées, des Montlivaltia Haymei^ etc.
Calcaire gréseux noirâtre à Ammonites angulatus; on y trouve des
entomostracées.
Poudingue formé de cailloux roulés provenant des quartzites de
TArdenne. Des Ostrea irregularis y gisent en grande abondance.
Schistes siluriens.
(4) M. d'Omalius d'Halloy semble avoir présenté la véritable solu-
tion à donner à la question des grès de Luxembourg, quand le 6 février
4 854, après avoir lu à la Société géologique de France un mémoire de
M. Dewalque, il s'est exprimé en ces termes : < La répétition des
» mômes roches à des niveaux géognostiques différents, les grandes
» variations d'épaisseur, et probablement les changements de nature
9 que présente une môme assise, sont cause qu'il y a beaucoup de
9 divergence, non-seulement dans le raccordement des dépôts obser-
» vés, mais aussi dans la position assignée à chacun de ces dépôts. »
(9) 11 convient de remarquer que la Semois, la Chiers et la Meuse,
tant qu'elles coulent dans le lias, sont dirigées en sens inverse de»
rivières du grand^duché.
Soc. géoi.^ %• série, tome XIX» U
370 flfiANci DU 6 uRviift 1862.
Coupe de Sainî-Menge à Giaire^YOj. pi. VIII bis^ fig. 3).
^^* ^ { Calcaire marneux et sableux à Osirea cymbium.
moyen, i "
mt [
•Sz ^\ Calcaire sableux à BeletnnUes brrvis.
G
^ I / Calcaire sableux très développé contenanl de rarei ff^t^agia
'X,'^ I ovata et quelques Ostrea irregitiaris.
•* -»
en ^ s I
.g t: c iGrès calcareux à Ostrca arctiatti,
S o *§ /Marnes et caloaires bleus remplis â'Ostrea arcuaia. On v
kS i ^ f ^''Ouve quelques Ammonites bisutcatug,
/ Marnes bleues ou grises, sableuses, alternant avec dea bancs
^' I de calcaire bleu propre à la fabrication de la chaux hydrau-
^ [ lique. On y trouve quelques MimtlnuiUia Gurtiardi,
% l Lumachelle formée d'un grès bleu calcareux, très dur, qui
^1 contient les espèces suivantes : Cartéinitt Deshtryesea^
^ I Osirea irn-guiarisy Pia^iostoma giganieaj Lima iubrrcu-
S ) ^"•*"f ^- Heimanni, Cerithium Terquemi^ Peeten raivns^
5 < Astarte, etc
g j Marnes bleues ou grises, sableuses, alternant atee et rainces
^ j lits de grès bleu, dur, cassant, dont les plaquettes aGat
f couvertes à'Oitieu inegularis,
^ r Grès calcareux, caverneux, coquillier, devenant fernigineuv
o I en certains endroits et contenant des Ammonites angttia»
§ l tas, des Cardinin Deshuycsea, des Plagiostoma glganttn^
\ des Montlivaltia Gut'tturdi.
! Conglomérat formé de coquilles, de polypiers, de cailloux
■^ [ roulés quartzeux réunis par un ciment sableux oa ferragJ-
^ .$ ;§ 1 neux. Ce conglomérat contient un grand nombre de MoH"
® c c \ tlivdltia Haimt'i. Des Aminnnitts angulattts gisent dant
» I § i sa partie supérieure ; des Ammonites planorbis dans
>; Xf partie inférieure.
Sables et blocs de quartzites roulés.
Terrain j
paléo- |6chistee ardoisiers.
zolque. )
Coupe de la colline qui s'élève entre Gerottpille^ Limes ft l&$
Jorgcs Latoy,
8 S j Sables et grès à Ostrea cymblum.
p^ 1*1 Sables avec minces lits de grès ferrugineux brun.
NOTE Dl MVi TBRQÙEBI BT PItTTB. 871
I ( BanQ9 d9 s^ôi oalcareux à Pccu-n ducijwmis.
1 ^ l Sables.
(^ t 1 Bancs de calcaires sableux remplis ô'Hettangia ovata^ de Pecten
« ^ / tiiscijormis^ de /./>//« ^igafiWn, de BiUfmniWs brevis^ de
"o 2 i P/«/?rt Hartmanni et de Cardinin. On y trouve quelques
a $ f Ostrea arcuata,
& \ Niveau de sourcei.
Cof^tf rf'xwir carrière siiuéa entre Haremart et Fiiiers^urSemois.
Sol végétal 0",4 5
Marne grise allernant avec des grès assez durs qui se divisent en dalles
carrées. Ces grès sont tantôt gris, tantôt verdâtres. On les prendrait
pour des psammites si l'on n'y rencontrait des fossiles . . . 3'",00
Harne noire, schistoïde, micacée 0*°,75
Grès 0«,4 0
Poudingue du bone-bed, formé de petita cailloux roulés, quartzeux,
uoiapardu grès O^JÔ
QUATRIÈME xÉGiON. — Fallée de la Sormonne.
\^ quatrième ré(^iou s'étend depuis Cliarleville jusqu'aux gou-
rds des A rde unes et de l'Aisne. Le lias iiilérieur y a une pcirogra-
pllic pluf changeante et plus variable encore que dans les autres
pays, II forme le contre-fort du plateau paléozoique et s'étend sur
la rive gauche de la Sormonne, quelquefois aussi sur sa rive
droite. La disposition de ses assises révèle les circonstances parti-
culières qui ont préside à son dépôt. Lorsqu'on va de Charle-
yille à Si^ny-le-Petit en suivant la limite méridionale du terrain
ardoisier. on voit toutes les zones du lias inférieur venir tour à
tour reposer sur ce terrain, franchissant les limites dans lesquelles
1(M acdiments antérieurs avaient été formés^ et enfouissant ces
dépôts sous leurs assises. La zone des Ammonites anguitUuSf celle
dçs^, bituUatus, celle des Bi:lcmniies brcvis^ disparaissent ainsi les
yDf!l aous les autres. Quant ik la zone des Jmmonitrs planorbis^ elle
(l*90cure pas dans la quatrième ré(];ion. Le dernier point où on
U rencontre est Aiglemont. L'enjambement des dépôts les plus
r^ntssur les plus anciens est dû au changement de niveau des
o^liiçs qui, dans ces parages, ne cessèrent pas de s*at)aisser sous les
eaux pendant toute la période liasique. Leur aflaissemei)t, favo*
risé par les dislocations du plateau silurien, fut beaucoup plus
considérable que celui dont lu troisième région fut le thrâtrc à la
même époque. Il se manifesta surtout sur les plages occidentales.
Il semble avoir eu pour charnière riinineose cr^YMae QMÎ JKrt de
372 StAlfCI DU 6 JANTIBR 1802.
lit à la Meuse et uUonne du nord au sud le continent paléoaKflque
de TArdenne.l
Zone des Ammonites angulatus.
La zone des Ammonites angulatus repose sur le terrain ardoi-
sier. Elle n'a que 2 ou 3 mètres de puissance. On n'y trouve entre
Belair (1) et Ranwez qu'un nombre d'espèces fossiles très restreint ;
dans ces parages elle consiste eu quelques lits de marne noiiitre
et de calcaire gréseux reposant sur un banc de grès br^dioide ou
poudinguiforme. A Ranwez, elle disparaît, masquée par Taflkure-
inent des grès à J. bisuicatus dont les assises viennent s'étendre à
leur tour sur le terrain paléozoique. A l'ouest de ce point, on ne
la retrouve plus si ce n'est dans les profondeurs de la vallée de la
Sermonne, où les strates des zones supérieures ont été enlevés
par les érosions. Nous en avons découvert un lambeau à Rimogne,
et un autre à Laval -Morency. Ces lambeaux, dont la rocbe rap-
])ellc celle qu'on voit à Saint-Menge au même niveau géognosti-
que, consistent en un ou deux minces bancs de grès calcareuz
tendre, vacuolaire, gris ou blanchâtre, contenant quelques raies
cailloux roulés de quartz. Les fossiles y sont très abondants, mais
presque toujours à l'état de moules ; quelques-uns ont le test rem»
placé par du carbonate de chaux d'un blanc mat. La plupart
d'entre eux appartiennent à la faune d'Hettange.
Zone des Ammonites bisuicatus.
La zone des Jmmonites bisuicatus est très puissante dans la val-
lée de la Sormonne. Elle n'a pas moins de 60 mètres d'^iaseur
à Warcq. Entre Mézières et Ranwez, elle se compose d'une série
de bancs calcaires propres à la fabrication de la chaux hydrauli-
que, et de marnes bleues généralement plastiques; une traînée
à'Ostrea areuata couvrant le sol marque partout son affleura
ment. On trouve dans ses strates des Ammonites bisuicatau^ des
MontUvaltia Gucttardi, quelques acéphales, des foraminifîèree et
une multitude de petits gastéropodes que Ton n'aperçoit à la sur-
face de la roche que lorsqu'elle est décomposée. A Ranwex cette
zone devient gréseuse; la carrière ouverte au nord-ouest de ce
village donne la coupe suivante :
(4 ) Il s'agit de Belair près de Charlsvillo.
NOTB DE MM. TBRQUBH ET PIBTTB. 373
Huit bancs de calcaire sableux, grisâtres ou bleu&tres à Tintérieur,
jaunes à Textérieur, alternant avec des sables jaunes. Le premier,
le troisième et le septième contiennent une faune très riche dans
laquelle on remarque surtout des Cardinies et de petits gastéropodes.
On y trouve aussi des Ostrea arcuata 6", 00
Quatre bancs de calcaire bleuâtre sableux ou brun tourbeux, alternant
ayec des lits de marne bleue, très sableuse, à Ostrea arcuata, 3*^,00
Deux bancs de calcaire gris de fumée, contenant des Àmmo^\
nites angulatusy alternant avec des marnes sableuses . . • (jm xa
Grès contenant des fragments brécholdes de quartzites. • • • ( '
Schistes paléozolques et quartzites j
A l'ouest de Ranwez, la zone des Ammonites hisulcatus déborde
par-dessus les strates à A. angulatus^ et vient reposer directement
sur le terrain ardoisier. Ses premières assises contiennent alors
quelques cailloux roulés. Elle se prolonge vers l'ouest en conser-
vant sa nature gréseuse, mais en s'amincissant beaucoup, et af-
fleure à Rimogne sur la rive gauche du ruisseau, non loin de la
grande fosse. En cet endroit, ses bancs sont peu fossilifères, et la
plupart des coquilles qu'on y trouve sont à Tétat d'empreintes.
On la retrouve au Châtelet sur la rive droite du ruisseau. C'est au
nord de ce village, au lieu dit le Ferru que les strates à Belemniies
brevisj enjambant sur les assises â Ammonites bisulcatus^ viennent
reposer directement à leur tour sur le terrain de transition.
Masqués sur les bords du bassin, les dépots à A. bisulcatus ont
encore un trop grand développement pour ne pas apparaître plus
au sud dans les érosions produites par le cours de la Sormonne.
On les retrouve en effet à Laval-Morency sur les deux rives de la
rivière ; ils ont alors une tendance à redevenir marneux ; on les
eiploite dans de vastes carrières pour en tirer de la pierre à bdtir
et de la pierre à chaux. Us sont peu coquilliers ; ou y remarque de
grandes empreintes vermiculi formes qui poun^aient bien être
celles de quelques annélides. Nous avons encore reconnu à Chflly
-ei â Etales des lambeaux de cette zone ; ik ont une faible épais-
•enr et sont formés de grès jaunâtres ou gris, plus ou moins cris-
tallins, très peu coquilliers ; à leur partie supérieure affleure un
conglomérat de fossiles bien conservés. Ces lambeaux sont situés
dans les anfractuosités les plus profondes du terrain pal^zoïque ;
le plus occidental s'étend jusque dans les environs de Maubert. A
l'ouest de ce point, nous n'avons trouvé aucune trace de9 sédi-
ments à A. bisulcatus.
87i fttANCE DU 6 iÀNYIIR 1862.
Zone des Deleinnitcs brevîs.
La zone des Belemnitrs brcvh^ peu épaisse près de Charleville
{elle n'a guère que 10 mètres en cet endroit], prend un prompt
développement à Touest de cette ville, et devient très puissante
dans Icsenvironsde Gliilly. Composée de s«nl)les et de calcaires il-
blcux entre Gliarlcyille et Rimo{;ne, elle est peu coquillîèré dans
ces paraj^es, et ne renferme que des fossiles d*une extraction tiis
difficile.
A Touest de Rimo(;ne, elle devient très fossilifère, et présente
tous les caractères des dépots de rivage; les premières assises re-
posant direetcment sur le terrain paléozoïque contiennent des
cailloux roulés; à chaque pas qu'on fait, on voit sa pétrograpliie
se modifier. Dans les carrières de Ferru, sa partie supérieure est
formée de sables jaunes alternant en lits peu épais avec des bancs
do calcaires sableux, jaunâtres, qui contiennent des débris de ver-
tébrés et des gastéropodes, k Tétat de moules; sa partie Inférieure
est une succession de bancs gréseux assez durs, bleus à l'intérieur,
jaunes à la surface, qui ne sont en réalité que des conglomérats de
coquilles. LesCardinies y sont très abondantes et ont toujours les
valves disjointes ; les Ostrea arriKitny sont remarquablement rou-
lées; les autres fossiles y sont généralement dans nn état de con-
servation parfaite; tous les bancs contiennent des Brlcniçites
brei'is.
On observe à Laval-IVIorency une série d'assises analogues ; mais
la formation y est plus calcareuse et commence à devenir ferru-
gineuse. Les conglomérats qui affleurent sur les bancs à JmmO'
rtitcs btxulcntus sont d*uncx grande dureté, et on ne peut songer k
en extraire des fossiles si on ne les voit tout dégagés à la surface
de la roche. Les calcaires jaunes de la ])artie supérieure contien-
nent des oolithes ferrugineuses; ils sont peu coquilliers; nous y
avons cependant recueilli des Dclcmnitvs Ircvis, de grandes Huîtres
voisines de \Ostrvti lœv'tusvuln^ des Pingiostoma gigantea et des
Harpax nndulosus ,
A Chilly et à Etales, la zone des Brlem/iitcs brrvis, déjà reinar-
quable par sa puissance, contient un nombre si prodigieux de
fossiles faciles à extraire de la roche, qu'elle mérite une description
particulière.
Au-dessus des grès cristallins de la zone à Ammonites bisulcattu^
affleure dans un calcaire ferrugineux et sableux, un conglomérat
de coquilles dont le test est remplacé par du carbonate de chaux
If on D« MM. TBEQOBM ET PIBTTB. ft75
blanchâtre ; on n'y trouve que très rarement des Belemnites
hrcvis^ et Ton peut le classer indinerenimcnt dans la zone des
B, brevis ou dans celle des Ammonites bisulcatits; il est recouvert
par d'autres conp,lomérals qui contientient comme lui une faune
très riche; les Cardinies y ont toujours leurs valves disjointes
et y sont représentées par un (;rand nombre d'espèces; les Pecten
eahtts et beaucoup d'autres coquilles y sont très abondants et
très bien conservés; les Ostrea arcunta seules y sont roulées et
souvent méconnaissables , tant elles sont usées. Sur cet cob-
glomérals sVtend une couche uniquement formée d'oolithes
ferrugineuses, brunes, brillantes, unies par un ciment calcaréo-
•iiiceux, peu cohérent. On trouve dans cette assise de nombreux
débris de vertébrés, des Ostrea de grande taille, des Spirtfer et
quelques autres fossiles. CeXit couche est recouverte par de puis-
sants dépôts de marnes ferruc^ineuses, tantôt oolithiques, tantôt
Mbleuses, alternativement colorées en brun par Thydrotyde de
fer, et en vert par le silicate. Les fossiles y sont souvent remplacés
par de l'argile verte. Des bancs de calcaires ferrugineux, un peu
sableux, et des himachelles vertes formées de débris de coquillts
affleurent dans ces marnes et sont caractérisées par V Ammonites
ffagenowify \\i, Kridion et de grandes Ostrea, La formation eôt
couronnée par des calcaires jaunes, un peu sableux, qui deviennent
gris et marneux dans les assises supérieures. De petits nodules
allongés de marne ferrugineuse gisent dans la roche avec les fos-
siles. On remarque des bancs à Plagiostoma gigantea, et des bancs
à Hnrpax nodt/losas.
La zone des Belemnites brevis^ moins sableuse à Etales qu à
Cbilly, devient de plus en plus marneuse en se prolongeant vers
l'ouest. A Maubert, ses assises supérieures sont presque entière-
«lenl forniées de marne. Il en est de mémo à Eteignères. Elle se
pirotonge sans cesser d'être ferrugineuse, ni de présenter deé con-
glomérats coquilliers, jusque près de Signy. Là, elle disparaît sous
les dépôts du lias moyen qui sont bientôt à leur touf enfouit sous
tes couches du lias supérieur.
La grande quantité de fossiles qu'on peut recueillir à Chilly,
et les différences pétrographiques des bancs qui s'y succèdent,
nous avaieiit fait espérer qu'on pourrait peul->étro établir quelques
■idbdîvisions dans la zone des 'Belemnites brevis. Pour éclaircif ce
point, nous avons, dans une de nos explorations, recueilli sépa-
rémenl les fossiles des divers sédiments qui la composent. Voici le
Hésttlttt que nous avons obtenu t
^
376 SfiANCK DU G JANVIER 1802.
Faune des calcaires jaunes à nodules ferru^^ineux^ formant à Chillf
la partie super i cure de la zone des Bolomnitcs brevis.
Belemnites brevis^ Ammonites raricostntus, .4, KridioNy Liitorina
enroua ta ^ Cerithium Qurnetteum, C. nov. sp., Lucinn^ Cardita
Heberti^ Cardinia copides^ C, crassiuscula^ C, lameHosa^ C. fon-
cinna^ Gervillia Marti ni , Prrna injraliasica^ Lima dcNtata^ L,
{^iguntea^ Pevten calvus^ P. tcxtorius^ Ostrca arcuata^ O. irreguiaris,
Harpax Deslongchampsi ; II. nodulosus^ Spirijcr Valcotii^ Dîatiema
Edwardsiy Pentacrinus scalaris^ Montlivaltia Gucttardi^ Stephano-
cœnia, Spongia^ Dentalina sinuata.
Faune des marnes ocreuscs on vertes ^ des lumachcUcs vertes et de
la couche à oolithes Jcrrugineuses^ jormant à Ckilly la partie
moyenne de la zone des Belemniteâ brevis.
Os et palais de vertébrés, Belemnites brevis^ Ammonites steliaris,
A, Hagenowii^ Littorina cor on a ta ^ Turritella Des/iajresiy Pltasianella
liasina^ Orthostoma turgida^ Tornatella Buvignieri^ Pleurotomaria
lens^ Cerithium nodulnsum^ C. gratum, Cardinia copides^ C, p/ana^
Lima liasina, L, dentata, Mytilus liasinus^ Hinnites lîasinus^ P/ica"
tula tuberculosoj Ostrea irregularis^ O. arcuata, O. iœviuscttla,
O. nov. sp., Spiriferina pinguis, S. IF'alcotii.
Faune des conglomérats coquilliers formant à Chilly la hase de la
zone à Belemnites brevis.
Belemnites brevis^ Melania unicingulata^ Tiirritella Deshayesi^
T, ZenAeniy Natica plicata^ Littorina nuda, L . clathrata^ Trochus
aruminatuSyCerithium Terguemi, C. Quinetteum^ Neritopsrs^ Cardinia
injera^ C. lamellosa^ C. gibbosn, C. elongata^ C. crassiaseula, C,
unioides^ C. scapha, C, Listeri, Cpiriformis, C. Terqiiemi, Hettangia
ovata^ Cucidlœa n. sp., Mytilus productus^ Lima punctaia, L,
gfguntea, L, dentata^ L, nodulosa, Avieula sinemuriensis, GerviUia
acuminataj Pectcn textorius^ P. acutiradiatus, P. calvus, Hinnites
Orbignyanusy Ostrea arcuata^ O, irrr*'ularis^ Harpax ventrîcosa^
Terebratula^ Rhynchonella variabilis^ Diadema Edwardsi^ Pentacri-
nus scalarist Stephanocœnia saulensis^ Montlivaltia poljrmorpha^
Synastrœa^ etc.
Aucun (les fossiles contenus dans ces listes ne paraît particulier
a une |K)rtion de la zone à Belemnites brevis^ si ce n'est peut-être
Y Harpax nodulosus qu*on trouve à la partie supérieure de la foiv
niation. Les autres gisent indifTéi*emnient, soit a Gbilly, soit ail-
leurs, dans toutes les assises que caractërissent les B. brebis; U
plupart d'entre eux appartiennent mcnie aux zones inférieures.
NOTE Bit MM. TBRQtBlI ET PIKTTB. 377
Le gîte d'Etalés très rapproché de celui de Chilly en diffère par
le grand nombre de gastéropodes qu'on y trouve. Quoi qu'il n'y
ait autour du village aucune exploitation depuis plusieurs années,
il mérite encore d'être visité par les collectionneurs. C'est assuré-
ment le gîte liasicjue le plus riche des Ardennes.
Les fossiles d'Etalés sont presque tous d'une merveilleuse con-
servation ; il y a cependant quelques coquilles roulées comme
cela arrive toujours dans les dépôts de rivage ; mais de la présence
de quelques Ostrea arcuata usées et arrondies par la vague, on
aurait tort de conclure à un remaniement des couches dans lesquelles
elles se trouvent. C'est pourtant ce qu'on a fait. La régularité des
dépots, les alternances répétées de marnes et de calcaires gréseux,
la conservation des ornements les plus délicats chez presque toutes
les espèces, ôteut toute vraisemblance à cette hypothèse. A Étales
œmme à Rimogne, à Laval-Morency, à Chilly, à Maubert et à
Eteignères, on est en présence de sédiments normalement formés,
mais de sédiments de-rivages; on retrouve les vestiges des falaises
de la mer ; on voit les rochers siluriens usés par l'action des flots,
leurs écueils s'élevant comme des îlots au-dessus des couches lia-
aiques qui les entourent, leurs blocs énormes roulés et enfouis
dans les strates à Belemnites brevis. Les dépôts se sont formés sur
la déclivité de plages en pente. Cette circonstance peut faire croire
à une puissance qu'ils n'ont pas, ou à un redressement qui n'a
pas eu lieu ; mais jamais strates n'ont mieux indiqué leur origine,
jamais terrain n'a été moins propre à favoriser des théories qui
feraient intervenir des circonstances anormales, des bouleverse-
ments ou des remaniements.
Il y a plusieurs gîtes coquilliers à Maubert. Mous devons en
mentionner un d'une manière particulière : c'est une couche
d'hydroxyde de fer qui s'épanouit horizontalement sur le terrain
silurien à l'ouest du village. Remplie de fragments bréchoîdes,
de roches paléozoïques, elle est cependant exploitée comme mine-
rai (1). Les fossiles y sont eux-mêmes à l'état de fer hydroxydé.
On y remarque beaucoup d'empreintes de Spirijer et quelques
espèces de mollusques qui paraissent particulières à ces parages ;
Dousy avons recueilli un assez graod nombre de Belemnites brevls.
Malgré la présence de ces céphalopodes, quelques géologues trom-
pés par les empreintes de Spirijer ont cru devoir rapporter cette
(4) On trouve aussi à Maubert une pareille couche de fer hydroxydé
qui appartient au lias moyen, malgré la présence des Belemnites
bre9is.
S78 KÉANCB DU 6 JÀNVIRR 1862.
couche au terrain (1<^voiiio:i. l^n faune qu'elle contient met leur
erreur en évidence. On rcnc-onuv do scnd)lal)le8 minerais sur Ici
schistes siluriens, nu nord de la hnndo formel? par le terrain lia-
siqiie, depuis Rimop,ne jusqu'à Sij',ny-li*-l-Vlit ; mais ils ne con-
tiennent pas dtr fossiles; ils sont le résultat de sources minérales
qui parvinrent an jour et déposèrent leurs sédiments sur le littoral
du continirnt à répoque où les sources sous-marines de Maubert
étaient aussi eu activité. Les fissures nombreuses pixxlniteS dans les
roches palcozoïqucs lors de Téruption des quartzites fournissaient
aux eaux des milliers de conduits naturels qu'elles encroûtaient de
Icui-s dépôts ferrugineux et d*où elles s'échappaient pour forn^er
des ruisseaux et s\'<:ouler dans la mer. C'est sans doute à ces ruis-
seaux, plus encore qu'aux sources sous- ma ri nés, qu'il faut attribuer
la production des oolithes et des nodules fernigineux qni remplis-
sent les couches liasiques de Kiniogne, du Tremblois, deGhilly,
d'Étalés, de iVIaubert, d'Eteigucres et de Signy- le- Petit (1).
COUPES DIVERSES.
\a:s coupes suivantes sont destinées à donner une idée de h
variété des assises que présente le lias inférieur dans la quatrième
région.
Coupe prise entre ff^arcq et Char Ir ville.
Sables jaunes et calcaire sableux à Belemnitcs ùrcvis, Pinna Bart-'
rnanni, Lima Rtrmanni^ etc. (sur le haut de la cOtô).
Calcaire sableux à (htrea arma ta, Can/inia Listen\ etc., ot Ihàfties
sableuses (partie supériouro do la carrière do Tivoli).
Marne noire sableuse à Ontica arctuitn, i^arirtas nbliqna (Tivoli).
Marne noire feuilletée remplie de valves d'entomostracées au milieu
desquelles gisent quelques foraminifères ; on y trouve aussi des
Jvicula sincmuriensis^ des Pla^iostnrna ^i^antea el des Ostrea
arcunta (partie supérieure de la carrière de Warcq).
Calcaires bleus à Ammonites bisntcatus alternant avec des lits de
marnes bleues remplis (ÏOstrra nrcanta (même carrière).
Calcaire bleu à Lin};;tUn mrtemis (carrière de Tivoli et de Waroq).
Calcaires bleus à Moatlivaltia (luettariU et marnes bleues rempli
de valves d'entomostracées (mômes carrières, près de la Meuse).
[\) Les émissions Ferrugineuses qui eurent lieu pendant la période
liasique ont probablement contribué à colorer les schistes siluriens du
plateau ardennais, non moins que celles qui se firent Jour pendaat
l'époque triasique.
IfOTI SI MM. TBBQDBM KT PIBTTB. STO
Coupe prise à Laval-Morency (voy. pi. VIII bis^ fig. 9).
Calcaire sableux jauDfttre contenant des Belemnites et déa Oiitea
cymbium.
Calcaire marneux et sableux, jaunâtre, contenant des Belemnitesbrevîs
et des Ammonites Hagrnowii .
Grès caloareux jaune, assez dur, contenant des Belemnites breHé et
des Piagiostoi/ia gigantea.
Qrèa ferrugineux à Belemnites brcvis et Harpax nodulosas.
Conglomérat coquillier, jaunâtre à la surface, bleu intérieuremont ; on
y remarque : Belemnites brevls, Getvillia Martini^ Harpax
Deslongchampsi ^ Cardinia lamellosn^ Cerithium Terqttemf^ C.
gratuinj Otrtlitn Heberti, Cardium Terquemi, Hettangia 6vftta^
Uinnites liasinusy Astarte ringulala. A, trregiilariSy Ostrea
arcuota^ Strpula etalensis^ Sinastrea, Dentalina sinaata^ etO;
Oiicaire gréseux, bleu, compact.
Marnes sableuses contenant plusieurs bancs de calcaire sableux, bleu,
exploité pour pierre à bâtir.
fia ne de calcaire gréseux coquillier, contenant des Ostrea areuatù,
Marne sableuse et calcaire gréseux.
Calcaire gréseux coquillier contenant des Ammonites bisakatus^ des
Lima tubercaiata, des Natica, etc.
Grès calcareux gris, se délitant en plaquettes.
Calcaire gréseux, ferrugineux, coquillier.
Grès calcareux gris, se délitant en plaquettes.
Conglomérat de coquilles fossiles, au test blanc, parmi lesquelles on
distingue des Ammonites nn^ulatus^ des polypiers, des gastéro-
podes. La pâte gréseuse qui les contient renferme aussi quelques
cailloux roulés quartzeux. Ce con^^Iomérat est remplacé sur la
rÎTe droite de la Semois par un grès blanchâtre, friable, plein
d'empreintes de fossiles*
Sobistes et quartzites paléozolques.
Coupe prise au nord-est de Chilly (voy. pi. VIÎI, 6g. 10).
Marne sableuse et calcaire gris ou jaunâtre, un peu sableux, conte-
nant des Ostrea cymbium, des Belemnites et quelques autres
fossiles.
Marne sableuse et calcaire gris ou jaunâtre, contenant des Belemnites
hreviSy deâ Ammonitei raricostatus. des /Jma gigantra^ etc.
Calcaire marneux, jaunâtre, un peu sableux, contenant quelques par*
celles de marne ferrugineuse roulées en nodules allongés. On trouve
dans ce calcaire diverses espèces de fossiles parmi lesquelles on dis-
tingue : Belemnites brevis^ Littorina comnata^ Cerithium Quinet^
teum, Lima dentata, Cnrdita Heberti^ Pecten textorius, Ostrea
irregularis, Harpax Deslongc/tampsiy Spongia , Dentalina
siniiata^ et un grand nombre de Harpax nodulosus.
S80 SÉANCE DU 0 JANVIBR 1862.
Marnes ferrugineuses et calcaires sableux contenant des Belemnitts
brevis^ des Ammonites Hagcnotvii^ des Ostrea cAUijrensts et diven
autres fossiles.
Lumachelle composée de débris de coquilles triturées, colorées en vert
par du silicate de fer. Quelques oolithes ferrugineuses sont répu-
dues dans la pftte. Nous avons recueilli dans cette assise le Cardinia
copideSf le Pecten caivus et plusieurs autres fossiles.
Bancs nombreux de calcaires verdfttres ou bleus, contenaDt de finci
oolithes ferrugineuses et alternant avec des lits de marne Terte,
subschistolde, tachée en brun par de l'hydroxyde de fer. Desfossilas
assez nombreux, mais peu apparents, gisent dans ces asnses. Leur
test est toujours encroûté par la pAte calcaire ou argileuse qui les
entoure. 11 est quelquefois remplacé par de Targile verte. Noos avons
recueilli dans ces dépôts des Belemnites brevix^ Jmmonites Kridion^
A^ Hagenoivii^ Cardinia crassitiscula^ C, concinna, C iameilosa^
Ostrea arcuata et O. chUlyensis,
Banc composé de fines oolithes ferrugineuses, brunes, lustrées, mal
cimentées par du sable. On trouve dans cette assise de nombreox
débris de poisson, des Belemnites brevis^ des Ammonites Kridûuij
Spirijer Valcotii^ Hetlangia ovata, Ostrea arcuata, et plasiears
espèces de grandes Cardinies.
Lumachelle formée de coquilles appartenant aux espèces les plus
variées, parmi lesquelles les grandes Cardinies sont les plas appa-
rentes. Les fossiles dont le test est toujours remplacé par de la
chaux carbonatée sont réunis par un ciment de calcaire sableas
très friable ; on les extrait facilement de la roche. Parmi eux, las
plus communs ou les plus remarquables sont : Belemnites brwis^
Aîelania unicinguiata, Littorina clathrata^ Cardinia inféra^
C, gibbosa, C. elongata^ C, crassiuseuia, C. unioides, C, teapka^
C. Listen\ C. piriformis^ C Terqiiemi, Hettangia opota^ Lima
nodulosa^ Avicitln sinemuriensis^ Pecten textorius, P. aemiiradia^
tus^ P. caivus j Hinnitcs Orbignyanus^ Harpax Destongchmmpsi^
Stcphanocœna saulensis. Les acéphales ont toujours leurs Talves
disjointes. On remarque aussi dans cette lumachelle un assex grand
nombre d* Ostrea arcuata roulées.
Conglomérat de coquilles parmi lesquelles on retrouve tous les fossiles
de la couche précédente, excepté le Belemnites brevis. Le carbonate
de chaux cristallisé qui remplace le test des mollusques est blan-
châtre.
Sables marneux jaunes et grès cristallins, jaunes, ferrugineux, aasea
durs, affleurant en bancs nombreux et contenant des cailloux roulés
au contact du terrain paléozolque. Ces bancs représentent la lone
des ammonites bisnicatus. Peut-être môme le poudingue inférieur
appartient- il k celle des A. angulatus.
Schistes siluriens.
IfOTI DX MM. TIRQUBM ET PIBTTB. 881
Succession d'une partie des bancs à Belemnites brevis dans une
carrière située au nord^est de Chiliy.
Grès grisâtre à Ostrea arcuata et Belemnites brevis. . • . . 0"^,20
Marne grise O^^^SO
Grès contenant quelques Gardinies et des Belemnites brevis, . 0"*,60
Marne verd&tre remplie de petits fragments de coquilles . . 0™,55
Grès yerd&tre contenant des oolitbes ferrugineuses brunes. . . 0"^,4 5
Marne jaune, rubannée par des bandes ferrugineuses, contenant des
débris de coquilles et des Belemnites brevis^ des Ammonites Hage-
/?o«^// et de grandes Huîtres 0",i5
Grès marneux gris 0°*,30
Conglomérat de coquilles colorées en vert par du silicate de fer. Des
oolithes ferrugineuses sont répandues dans la p&te. On y trouve des
Cardinia copides^ des Pccten calvus^ etc O^^ÎS
Marne jaune sableuse, à bandes ferrugineuses 0"°)20
Grès grisfttre contenant quelques oolithes ferrugineuses. On y trouve
de grandes Gardinies et des P<fc/^/2 calvus Û'JS
Marne sableuse d*un vert foncé, contenant des oolithes ferrugineuses
et des parcelles de lignite 0"',4 0
Grès jaune ou gris contenant de grandes Gardinies 0'",3I0
Marnes ocreuses avec lignites d'hydroxyde de fer. On y trouve des
Belemnites brevis^ des Ammonites Hagenowii, des A, Kridion et de
grandes Huîtres 0°*,50
Grès verd&tre, très marneux, friable, en bancs lenticulaires, contenant
des oolitbes brunes . . 0^,4 2
Marnes jaunes, contenant des oolithes ferrugineuses, tachées par de
longues bandes d'hydroxyde de fer. On y trouve : Ammonites
Kridion^ A, Hugenowii^ Belemnites brevis ^ Spirifer Falcotii et
quelques grandes Gardinies et de grandes Huîtres 0",35
G)nglomérat verdâtre ou jaune de coquilles unies par du calcaire
sableux, contenant de l'argile ocreuse roulée en nodules allongés,
et des oolithes ferrugineuses cannabiennes 0",40
CoUpe prise à Étales,
Marnes grises sableuses, contenant des Ostrea cymbinm^ des Belem-
nites, etc. , alternant avec des bancs peu épais de calcaires marneux
et sableux d'un gris pâle. (Dans des marnières situées non loin du
bois, au sud de la grande route qui mène de Rimogne à Maubert.)
Marne sableuse bleue à Harpax nodulosus^ alternant en lits peu épais
avec des bancs de calcaire jaune un peu sableux, couvert de taches
ocreuses. (Dans les mêmes marnières.)
Marne sableuse bleue, contenant des Plicatules, et calcaire bleu,
ferrugineux, mélangé de sable. (Dans les mômes marnières.)
Un banc de grès calcareux bleu, dur, cassant, parsemé de taches
fermgineuses; contenant des Pecten disciJormiSf des Ostrea de
38Â SÉANCE DU 6 JAMTIER 1862.
de cette assise : Belemnites brevis^ Ostrea arcuata, Myoctmtka
scabra, (Môme carrière.)
Coupe {fune marnière au sud d*Éteignèrcs^ près de la route cf^a-
viliers, présentant la succession des assises supérieures de la zone
à Belemnites brevis.
Marne sableuse jaune, durcie, contenant des Belemnites ùrevis et dei
Ostrea irregularis O",20
Conglomérat de coquilles plus ou moins brisées et de nodules ferrugi-
neux avelinaires, unis par du calcaire gréseux, bleu dans l'inté-
rieur du banc, jaune près do sa surface. On y remarque un grand
nombre de Belemnites ^rmj et quelques Spirifer 0",40
Marne bleue ou noire, schistoïde, contenant quelques minces litsd^ar-
gile jaunâtre 0">,60
Calcaire bleuâtre, jaune près de la surface du banc, contenant des
nodules argileux ou ferrugineux, des débris de coquilles, des
Belemnites brevis^ des Harpax nodulosusj des Plicatules et des
Spirifer. 0*,40
Calcaire violacé et marne jaune contenant du minerai de fér, des
Cardinies de grande taille, et des ^r/em////<.'.f ^/*m.v 0",45
Conglomérat de coquilles colorées en vert par le silicate de fer. Des
nodules ferrugineux avelinaires, et quelques noyaux d'argile
ocreuse sont mêlés dans la pAte gréseuse de la roche avec des galets
et des blocs arrondis de quartzites siluriens 0",50
Schistes et quartzites siluriens.
Il résulte de ce que nous venons de dire que le massif sableux,
qui prend naissance à llettange et se continue jusqu'à Romery,
affleure encore dans toute l'ctcndue de la quatrième région. Com-
)>osé à Gharlcville des couches à Belemnites brevis et de celles k
Ostrea cymbiutn^ il s'incorpore de nouveau la zone des AmmonitûM
bisulcatus et celle des A, angulatus dans les environs de Hanwes;
il perd la zone des Ostrea cymbium a Touest de Rimogne. Près de
la frontière du département de TAisne, il disparait masqué par
Tafileurcment du lias moyen.
La figure 6, planche YIII bis^ représente théoriquement^ sans
tenir compte des épaisseurs, les variations de limites des diverse»
formations sableuses que nous avons décrites.
il nous resterait à faire connaître la liste des fossiles que nous
avons recueillLs dans chaque zone ; mais cela nous entraînerait aa
delà des limites dans lesquelles on a coutume de renfermer les
conmiunications imprimées dans le Bulletin ; nous nous contente-
rons d'indiquer d'une manière générale les résultats de ces listes.
' Nous avons recueilli dans la zone des Ammonites planorbit
64 espèces, dout 2 céphalopodes, 15 gastéropodes, 36 acéphalesi:
NOTE DE MM. TERQUBM ET PIETTB. 385
2 Brachiopodes, i Annélidc, 2 Ecliinodernes, 1 Cruslacc, 2 Zoo-
phytcs, 2Amorphozonires, 1 plante. Parmi ces espèces, 7 seulement
paraissenl spéciales à la zone; les autres passent toutes dans les
zones supérieures. Les gîtes où nous avons recueilli des fossiles
dans cette zone sont : Bcaufort, Gondrevillc, Helmsingcn, Wolfs-
inulil, Filds<lorf, Altvirss, Nautiniont, Sainl-îMcngc, Aigleniont,
Watrinsart, Villers-sur-Semois, Metzert, Jamoigne, IMartinsart,
Luxembourg, Floing, Orsainfaing, Reckange. La zone des Jmwo*
nitcs planorbis est généralement trop atrophiée pour que la rcclicr-
clie des fossiles y présente de grandes facilites. Dans les environs
d'Orsainfaing, les espèces sont nombreuses, mais assez mal conser-
vées et d'une extraction tellement difïicile qu'il faudrait séjourner
quelque temps dans le pays pour y recueillir une collection.
Toutefois, il y a lieu de penser que celte recherche ne serait pas
infructueuse. Ajoutons que les raisons qui nous ont déterminés à
classer le grès de Watrinsart dans la zone des /Jmnionitcs planorbis
laissent subsister quelques doutes sur son âge, et qu'il faudra peut-
être, quand on aura réuni de nouveaux éléments sur la question,
le reporter dans la zone des A. angulntus.
Nous avons recueilli dans la zone des À, angulntus 3^0 es-
pèces, dont 7 Verlébrés, 12 Céphalopodes, 119 Gastéropodes,
130^ Acéphales, 7 Brachiopodcs, 12 Annélides, 3 Bryozoaires,
10 Echinodermcà 3 Crustacés, 11 Zoophytes, k Amorphozoaires,
il Foraminifères, 10 plantes. Parmi ces espèces, 53 sont com-
munes à cette zone et a celle dca A, planorbis; 211, c'cst-à-dirc à
peu près les deux tiers des espèces que nous y avons recueillies,
passent dans les zones supérieures; ll/i n'ont été rencontrées par
nous que dans la zone des A, angulatus, et paraissent lui cire spé-
ciales dans les pays que nous avons explorés; mais, si l'on consulte
les ouvrages de MM.^Quensledt, Dunker, Oppcl, Martin, etc., on
reconnaît que plusieurs des fossiles que nous pourrions être tentés
de regarder comme spéciaux a cet horizon coquillier, si nous nous
en rapportions à nos seules observations, gisent également dans
d'antres xones. Ceux qui ne rentrent pas dans cette catégorie sont
des espèces très rares qui n'ont encore été rencontrées que dans cer-
tains gîtes, en sorte que les espèces vraiment caractéristiques de
la zone à A. angulatus sont réellement très peu nombreuses.
Cette zone est celle que nous avons étudiée avec le plus de soin.
A chaque pas nous y avons rencontré des gisements remarquables
par le nombre, la variété et la belle conservation des fossiles. Les
principaux sont Ilettange, Jamoigne, Aiglemont, Zœtrich, Char-
Tille, Saint-Menge, Fleigneux. Metzert, Floing, Lottert, Villers-
,$^ g»ol,^ 8* série, tomç XIX. iH
386 8fiANCB DU 6 JàNVIBE 1862.
sur-Seiiiois, Dalhehn. Liizcriay, iV]erscli, RoUin^^cn, Keispeit,
Lival-.Moi'cncy, Rekiii^eii, Uaiiwcz, Kiino^nc, Waliiiisart, Wolis-
iimlil, I^iochette, Eicli, Altrier, Eclitcrnacli, iMoiidorfy Filsdorf|
Sniiipoiit, Luxeinbour(r, Angi'Ubeq», IJespéiange, Helmsingen,
Esdi-sur-AIzettc, VarainȐvino, (joiidrevilie.
Nous avons découvert peu d'espèces nouvelles daus le gited'Het-
tauge, mais celui de Jauioigne a été pour nous robjet d*uoe étude
très intéressante. Nous avons cru devoir comprendre dans les sédi-
ments à A, angulatus les calcaires à Muntlivaltin Hnymei et les
premiers lianes à M. Gtietuirtii^ qui affleurent au pied de l'égliie
de ce village. Le classement des couches à M. Haymai ne peut
soulever aucune objection. Il n'en est pas de même des premiers
bancs à M, Gurtrurdr, dans lesquels nous n'avons trouvé aucune
espèce d'Ammonites. L'ensemble de la Faune, composée prévue
tout entière de fossiles liettangiens, et rabsence des Ostrea arcuata
sont les seuls faits qui nous aient amenés .'i les classer de la sorte.
Il n'est pas impossible que la découverte de céphalopodes dans ces
parages oblige plus tard les géologues à rattacher ces assises aux
dépôts à Ammonites bisutcntus^ mais s'il arrivait qu'il en fût ainsi,
nous n'aurions presque rien à changer au.\ listes de fossiles que
nous avons dressées. 11 y a peu d'espèces que nous n'ayons trou-
vées à la fois dans les assises à Moritltvaltia Uaymà et dans la partie
inférieure des sédiments à M, CurUardi,
Nous avons recueilli dans la zone des Ammonites bisiilcatas
267 espèces, dont U Vertébrés, 10 Céphalopodes, 62 Gastéropodes,
107^ Acéphales, 12 Hrachiopodes, 9 An né 1 ides, 6 Bryozoah'es,
11 Echinodcrmes, 3 Crustacés, 10 Zouphytes, 5 AmorpliozoaireSi
19 Foraniinifères, *6 plantes. Parmi ces espèces, 17/i, cVst-à-dire
les deux tiers, gisent également dans les zones antérieures, et l/^S.
c'est-à-dire un peu moins des deux tiers, passent dans les zones
supérieures. .')7 paraissent spéciales à la zone, mais la plupart
d'entre elles sont très rares, nt gisent que dans certaines carrières et
ne peuvent en aucune façon être considérées comme caractéris-
tiques (les strates à A. bisuliotus.
Les prinrip:tu\ gîtes que nous avons explorés daus cette zone
sont : Saint Monge, Valière-les-.Melz, Luxcndjourg, LavaURlo-
renc^y, Wanq, Fleigneux, Strassen, Kanwez, Ronnert, CiiarlcvUIe,
Zœtrich. Floing, Hettauge, Rimogne,Peltre, Etales, Saul, Jamoi-
gne, Viville, Chassepierre, Watrinsarl, Aiglemout, Lottert, Fres-
noy, i\letzert, VaKlbilig, llespérangC; Saint-Vincent, Yance»
Yarangéviilc, Steinforl, Villers-sur-Semois, J)amouzy, Saïupont,
Bousty Chilly, Metz, DisUof, tiairen, iMondorf, Echternach,
IfOTB DB MM. TBRQUBM BT PIBTTB. 387
nensch, Muno, Romery, jMpzièri\s, Florenville, Angelsberg,
Sainte-Marie, Puttelange, Guirscli, Eisch-sur-Alzette.
Parmi les gîtes que nous citons, celui de Saul est un des plus
remarquables par le nombre et la belle conservation de ses fossiles.
Nous n'y avons trouvé aucune espèce d'Anuiionite, en sorte que
son classement dans la zone des A, bisulcatiu reste incertain. Déjà
en décrivant les strates à Montlivaltia G//^ /^^/rr// de Jamoigne, nous
avons fait remarquer que leurs premiers bancs paraissent ne pas
contenir de cépbalopodes. Il y a, à la limite de la zone à Amwfh'
nites angulntus^ et de celle à A. bisulcatiis^ Un borizon dans lequel
les coquilles appartenant à cette classe sont extrêmement rares.
C*està cet borizon qu'appartient le gîte de Saul. Sa faune ressem-
ble à celle d*Het(ange. Les fossiles y sont pétrifiés de la même
façon que dans les carrières de ce village, et nous aurions été très
embarrassés pour fixer sa place dans la série des dépôts, si nous
n'y avions trouvé des Gryphéos arquées, (les Huîtres, compagnes
constantes des A, bisulcatus^ y gisent en assez grande quantité;
avec elles sont de nombreux polypiers et des milliers d'Encrines
k cassure spathique, dont les débris donnent à la rocbe un cacliet
qui lui est commun avec les grès à Ostrea arcuata de la Belgique. La
présence des O. arcuata et la grande abondance des Encrines nous
ont paru justifier suffisamment le classement que nous faisons.
Cependant nous nous sommes demandé si les O, arcuata ont été
certainement contemporaines des fossiles au milieu desquels on
les trouve en cet endroit. Le sable déposé à l'époque des Am-
monites angulattis ne peut -il pas être resté sans cobésion jusqu'à
l'éclosion des A. bisulcatas et avoir été bouleversé alors; n'est-ce
pas par un remaniement que les Ostrea arcuata y ont été intro-
duites? Pour éclairer cette question nous avons étudié ce gîte
d*une manière spéciale.
Saul est un village situé au bas d'une colline de grès couron-
née par des calcaires à Ammonites bi su' va tus. A ses pieds coule
un ruisseau dans une vallée formée de marnes keupériennes. En
suivant la nouvelle route qui, de ce village, mène à Tuntange, on
Toit dans l'escarpement des talus un premier banc coquillier qui
appartient évidemment à la zone des A. angulatusj puis à un
niveau supérieur, presque au sortir du bois, deux autres coucbes
fossilifères, très rapprochées l'une de l'autre, d'où proviennent
les fossiles que nous avons recueillis. Ces deux assises révèlent
une assez grande agitation des eaux dans ces parages au mo-
ment de leur dépôt. Quelques gastéropodes y sont roulés et
brisés; les acéphales j ont presque tous leurs valves désunies*
388 SÉÀIICB DO 0 JAlfVIBR 1802.
Avec les coquilles gisent ries nodules ovoïdes et aplatit, qa'a
prendrait pour des galets, si leur coupe, lorsqii^on les a briiés,
ne laissait voir une série de zones concentriques altemative-
nient grises ou ferrugineuses, entourant un noyau central autour
duquel le sable s'est aggUuiné. 11 est évident qu'au tempa oùib
se sont formés ils ont été ballolés, tantôt sur des plagea où iov-
daient des sources ferrugineuses, tantôt sur des fonds où auon
principe étranger ne modifiait Tétat habituel de la mer. Mais kl
sources ferrugineuses ne paraissent s'être épancLces dans le golfe
de Luxembourg que postérieurement au temps oîi y ▼iraient kt
J, annula tus. Les premières traces que nous en ayons trouvéei
dans ce pays coïncident précisément avec Textinction de ces Am-
monites et se rattachent à la perturbation qui produisit raflfai«e->
ment du banc de sable d'IIettange. Ce sont les minces d^ls
ocreux sur lesquels reposent, à Huust et à Dalhcim, les marnes â
Ostrea arcuata. Il est vraisemblable que c*cst aux troubles qui
fireul naître les sources minérales, qu'il faut attribuer la formatico
des ovoïdes de Saul. Ces divers faits sont les indices certains d'une
période d'agitation dans les eaux qui ont déposé les couclies
coquillièrcs dont nous cherchons à fixer Ti^ge. Mais prouvent-ili
d'une manière péremptoire qu'il y ait en un remaniement? Pet'
sonne ne peut répondre aflirmativement. Or, pour admettre un
fait contraire à l'ordre habituel des choses, il faut des preofei
évidentes. La plupart dus fossiles de Saul sont parfaitement con-
servés. Ce n'est pas d'à il! ours le seul gîte où il y ait quelques gas-
téropodes brisés et des acéphales aux valvrs désunies. Il en est
ainsi dans presque tous ceux du Luxembourg. A-t-on jamais en
pour cela l'idée de prétendre qu'ils aient subi un remaniement?
Les ovoïdes de grès ferrugineux, loin de prouver en faveur d'une
pareille hypothèse, sont un lien de plus qui rattache ces assises â
la zone des Ammonites bisnlrntuf. Kn cfiet, cette zone et celle des
Belcmnitcs brevis sont remplies, dans la Belgique, de ces sortes de
nodules, précurseurs des ovoïdes calcareux du lias moyen. Con-
cluons donc, sans nier la possibilité d'un remaniement, que ee
fait anomal n'est pas suffisamment établi, et que, tant qtroo
n'aura pas ajouté aux indices que nous avons recueillis des preuves
plus positives, le gîte de Saul devra rester classé dans la sone oi
nous l'avons mis.
Nous avons recueilli dans la zone des Belemnitcs brevis 233 espè*
ces, dont 5 Vertébrés, 10 Céphalopodes, 70 (gastéropodes. 1 02 Acé-
phales, 15 Urachippodes, 3 Annélides, 1 Bryozoairc, 7 Echinoder«
{nes^^SÇrustac^, 12Zooph]fte8| 2 ^uiorphuzoaire9, t Foraininif^rei
NOTK DE MU. TERQU8M ET PIETTE. 389
2 plantes. Les principaux gîles que nous y avons explores sont :
Étale, Cliilly, IUnio(5ne, Iloniery, Flaubert, Cliasscpicne, Etei-
gnèiTS, Laval-xMorcncy, Vance, Jlcrbeniont, Etlie, Daniouzy,
Virton, Grau^je-aux-Hois, Stockem, Zœtricli, Limes, Florenville,
AIuuo, Mcsscnipré, Hcspéraiijjc, Sedan, Fagny, Claire-Fontaine,
Bonnerty Saint-Lcjjer, Pierre-Fontaine, Rollin(;en, Reckin(5en,
RdDwez, la Sauterie, la Papeterie, Orval, Fouclies, Charleville,
Lînt^cn, Alézières, Arlon. Parmi les espèces recueillies dans ces
divers (;îtes, 167, c'est-à-dire les trois quarts, gisent également
dans les zones précédentes; 65 paraissent spéciales à la zone.
De l'étude des diverses faunes dont nous venons de faire men-
tion ressort cet enseignement, que chaque zone a ses fossiles par-
ticuliers qui lui donnent son cachet, mais que toutes sont ratta-
chées les unes aux autres par un ensemble d'espèces que l'on
retrouve dans chacune d'elles. Le nombre des fossiles communs
aux divers horizons coquilliers est beaucoup plus grand que celui
des espèces qui les caractérisent.
On peut aussi remarquer que les quatre zones du lias inférieur
. se groupent deux par deux, et que les sédiments à Jmmnnites
bisulctUus ont une parenté évidente avec les couches à Bclcmnites
brcvisy tandis que les assises à Ammonites an^itlatus ont les rap-
ports les plus étroits avec les dépôts à /i. planorhis. C'est ce qui jus-
tifie la division du lias en strates à Ostrca arcuata et strates sans
O. arcuata, La démarcation entre ces deux subdivisions est si net-
tement tranchée dans la plupart des pays que beaucoup de savants
eu ont fait des étagesdiffércnts, et sont disposés à expliquer la rencon-
tre d'une grande quantité de fossiles communs à ces deux horizons
géologiques par des remaniements. Nons avons fait justice de ces
hypothèses créées pour sauvegarder des théories démenties par la
nature des choses. Il ressort avec évidence des éludes auxquelles
nous nous sommes livrés, qu'une faune nombreuse, représentant
une des phases de la vie animale à la surface de la terre, a éclos
dans les mers a])rè3 la perturbation qui a mis fin à l'ère triasiquc,
qu'elle s'est perpétuée sans se modifier pendant toute l'époque du
lias inférieur, et que ses débris enfouis dans les quatre zones de
ce terrain les lient indissolublement les unes aux autres. Aussi^ les
avons-nous placées toutes quatre dans un seul étnge à l'exemple
d'Alc. d'Orbigny. Ne cherchons pas dans des phénomènes anor-
maux la raison de faits positifs dont il est très facile d'ailleurs de
trouver l'explication; la mer, qui s'étendait des côtes de la Bre-
tagne aux falaises de l'Ardennc et du massif volcanique de la
France centrale aux rochers de la Grande-Brctague, déposait, à
300 SÉANCE DU 6 JANVIER 1862.
répoquc OÙ vivaient If s Ammonites an^alatus^ du sable sur preiqK
toutes ses côtes, et la faiiiu* qui acconipa^; liait ces ÂinmODita
prospérait et pullulait sur les fonds arénaeés. Quand appanirenl
les Ostrea arcuata^ il y eut un chan^];enient dans la naiure dfi
sédiments. La nier apporta de la vase sur presque tous les poiDts.
Ce fut le signal de la disparition îles Ammonites angutatits et de
quelques autres espèces. Les rares plages où les fonds demeu-
rèrent sableux furent les seules qui présentèrent encore aux uiol*
lusques conieniporains de ces céphalopodes des conditions favo-
rables d'existence, et ce fut là seulement qu'ils contînuèrenlà se
propager. Les eaux du l^uxenibourg, de la Belgique et des Ardennei
furent de celles qui, par exception, dépost'rent du sable, au teiupi
des j4. bistticatus et des Bclemnitrs itrtfîK, Dès lors, il n'y a rien
d'élonnant à trouver, dans les strates qu'elles formèrent alors, lei
restes de ces espèces nond)reuses disparues déjà sur la plus graode
étendue des côtes du bassin parisien.
Résumé,
Des faits que nous avons énumérés dans cette note résultent
les conclusions suivantes :
1° Le bone-bed ne fait pas partie du lias.
C'est un étage distinct des marnes irisées.
Il mérite une place à part dans la formation trîasîque, et doit
être intercalé entre réta{;e .salii'érien et l'étage sînémurien.
Le grès de Varangéville et celui do Kédange sont du bone-bed.
Les assises inférieures du grès de iMartinsart en sont également;
ses assises su]>érienres sont basiques.
Li! i)one-bed est en discordance de stratification avec le lias.
2° Le lias inférieur est (Mr;tctérisé par un ensemble de fossiles
qu'on retrouve dans tontes ses assises. Il contient quatre zones oo-
quillières dont ehaenne renferme des espèces particulières. Ces
zones sont les suivantes :
Strates h Brlemnitcs brevis.
Strates à Ammonites Insulcntus.
Strates à Ammonites angitlatus.
Strates à Ammonites planorbis,
3^ Les strates à Ammonites planorbis et à //. angtilatus ne ren-
ferment pas i\!Ostren tircuata. Ou les désigne quelquefois sous It
nom d' infra-lias.
Les strates à Ammo'^ites bisuicanis et à Belcmnites brms oon*
NOTB DE MM. TKEQUEM BT PIBTTB. %9l
tiennent beaucoup d'Ostn-a arcuata. Ils foriuenl le lias à Grypliées
arquées.
L'infia-lias, si, par ce mot, ou entend la réunion des zones à
Ammonites planoihis et à A. nn^nlntuxy ne constitue pas un étage
(géologique, mais seulement une subdivision du lias inférieur. 11
en est autrement, si, sous ce nom. on désigne toutes les couches
inférieures aux bancs à Ostna cym' ium (1).
k^ Chacune des quatre zones qui composent le lias inférieur
présente deux sortes de sédiments contemporains, des grès et des
marnée.
La faune des grès diifère souvent de celle des marnes dont ils
sont synchroniques par la raison que les espèces qui se plaisent
dans le sable ne sont pas les mêmes que celtes qui se plaisent dans
la vase.
5* On peut diviser, d'après la pétrographie et le développement
des diverses zones, le lias inférieur du pays qui s'étend entre les
confins de la Meurthe et ceux de l'Aisne en quatre régions prin-
cipales.
La première région se compose du bassin de la Meurthe et de
la vallée de la Moselle. La formation du lias inférieur y est tout
entière à Tétat marneux. La zone des Ammonites piannrbis et celle
des J. angulatus y sont remarquablement atrophiées. La zone des
Belemnitrs brcvis est peu épaisse ; celle des Ammonites bisulcatus a
un immense développement.
La deuxième région occupe la place d'un vaste golfe. Elle com-
prend les vallées de l'Alzeite, de TAttert, de la Manier, des deux
Ercntz. La zone des A. piannrbis y afïleure à l'état marneux ; elle
y est plus puissante que dans aucun des autres pays que nous
avons étudiés; la zone des A. nnf^ulatfix y a un développement
considérable ; elle rst représentée par un grès dans la partie orien-
tale du golfe, par un grès et par une marne dans sa partie occi-
dentale. Les strates à A. bisulcatus, quoique assez épais, sont relati-
vement moins développés; ils sont constitués par des (;rès et par
des marnes. La zone des Belemniies hrevis est marneuse et contient
quelques îlots sableux. Sa puissance, sans être très grande, est plus
considérable à l'entrée du golfe qu'elle ne l'est dans le départe-
ment de la iMoselle.
La troisième région se compose des vallées de la Semois, de la
Chiers et de la Meuse. La zone des Ammonites pUmnrhis y est
(4) C'est ce dernier sods que nous avons attribué à co mot quand
nous avons donné à certaines espèces Tépithète inira-liasicus.
302 SÉANCE DU 6 JAMYIBR 1862.
grëseusc et atrophiée; celle des A, angulatiiSj tantôt sabkuK,
tantôt marneuse, y est beaucoup moins puissante que ilnm k
Luxembourg; celle des J. ùi.utlcaius, composée de calcaires et de
grès calcareux, n'n pas un grand développement, surtout dans II
vallée de la Semois; celle des Bclc/nnites bretùs^ entièrement
sableuse, acquiert dans les environs de Florenvillc et de Sedan •
son maximum de puissance.
La quatrième région s*étcnd dans la vallée de la Sormonne.
Elle présente dans l'espace de quelques kilomètres les variations
d'épaisseur et de pétrographie les plus remarquables. On y voit
les divers horizons coquilliers disparaître tour à tour, masqués
sous raflleurcment des plus récents qui, enjambant les uns sur
les autres, viennent reposer directement sur le terrain silurien.
La zone des /immonitcs planorbia n'apparaît pas dans cette région;
le dernier point où on la rencontre est Âiglemout. La zone des
A. (in*;ulntus est très atrophiée ; formée de bancs calcaires etd*UD
poudingue entre Cliarlevillc et Kimogne, elle devient gréseuse et
très coquillièrc à l'ouest de ce village, puis disparait entre Laval-
iMorency et Chili y. La zone dts A. bisulcatus^ non moins calca-
reuse ni moins puissante à Warcq que dans la Aloselle, se charge
de sable cl perd en épaisseur à l'ouest de Ranwez ; elle disparait
entre Etales et iMaubert. Les strates à Hclemnites brcvis^ peu épaisses
dans les environs de Cliarlevillc, s'y ])résenlent à l'état de calcaires
gréseux ; ceux-ci prennent un grand développement et deviennent
très ferru|);ineux et très fossilifères à l'ouest de Riniogne; leurs
assises inférieures disparaissent ù Maubert ; leurs assises supérieures,
dans les environs d'Eteignères.
6° Les grès de Luxembourg sont composés d'assises à Ammonites
an^tilatus^ de couches à A, bisitlcatns et des bancs à Belemnites
brcvis; on ue peut donc les considérer comme infra-liasiques dans
leur intégrité, si le mot infra-liasique veut dire inférieur aux Grj-
phées arquées; ils forment avec les calcaires sableux de la Belgique
et dos Ardennes un massif unique qu'on peut décomposer en tron-
çons de dilTércnts âges soudés par leurs bouts. L'extrémité orientale
de ce massif afileurc à Jlettange.
Le grès d'ilettangc est constitué par la zone des Ammoniiei
arii;ulatus et celle des A, bis nient us.
Les grès d'Arlon, de Breux, de Florcn ville, de Romery, de
Rimogne appartiennent au même massif que ceux de Luxeuiboorg
et d'Hettange, quoiqu'ils représentent des âges de la terre fort
différents.
Le grès d'Arlon doit être rapporté aux zoues des A, anguiattu
NOTB DE MU. TERQUBH ET PIBTTE. 393
et des s4, blsulcntus ; nous n'y comprenons ni les îlots sableux de
la marne à Brlemnitcs bn.vis, ni les sables ferrugineux de la zone
à Ostrea cymbium qui aillcurent à la huile des Capucins.
Le (][rès de Breux apparlient à la partie la plus supérieure du
massif, c'est-à-dire à la zone des Ostrea cymbium.
Le grès de Florenville contient des strates à Ammonites bisul^
catus^ des couches à Bclcmnitcs brci'is et des assises à Ostrea cym^
bium.
Le grès de Rimogne réunit ù la fois la zone des Ammonites an-
gulattis, celle des A, bisulcatus^ celle des Bclcmnitcs brcvis et celle
des Ostrea cymbium,
V JiC massif constitué par les grès d'Jletlange, de Luxembourg,
d'Arlon, de Florenville, de Breux, de Romery, de Rimogne, est
très différent d'un autre massif gréseux qui se soude au bonc-bed
près de Martinsart. Celui-ci, composé seulement des bancs cor-
respondant aux marnes rouges et à la zone des Ammonites pla^
norbis dans les environs de Jamoigne, s'incorpore une partie des
assises à A. an^ulatus à Watrinsart et à Saint-Menge ; il les
absorbe presque toutes à Aiglemont et au Boisinval. Les grès
d'Aiglemont et de Saint-Menge appartiennent donc aux zones
des A, nnguifitux et des A. planorbis. Le massif auquel ils appar-
tiennent se soude par son extrémité occidentale, dans les environs
de Ranwez, au massif des grès d'Hettange, de Breux, de Romery.
8° Une vaste formation marneuse composée de tronçons de
différents âges, réunis par leurs extrémités, sépare ces deux
massif gréseux. Elle a été désignée sous les noms de marnes de
Distrof. d'JIelmsingen, de Jamoigne et de Warq. La marne de
Distrof appartient aux zones des A. planorbis, des A, ariguiatiu,
des A. bisulcatus et des Bclcmnitcx brcvis. Elle se relie par ses
assises supérieures à la marne de Strasscn dont les couches formées
de bancs à Ammonites bisulcatus et à Bclcmnitcs brcvis se changent
en grès près d*Arlon et par ses assises inférieures à la marne
d'Helmsingen qui n'est composée que de marnes rouges et de
couches à Ammonites planorbis. La marne de Jamoigne qui ap-
partient au même massif que celle d'Helmsingen n'a rien de com-
mun avec elle; elle renferme de nombreuses assises à A. angulatus
et quelques bancs à Ostrea arcunta. Sa partie supérieure corres-
pond a la partie inférieure des marnes de Strassen. Le calcaire de
Warcq ne contient que des bancs à Ammonites bisulcatus,
9* La région du Luxembourg présente les traces de perturba-
tîoDS peu considérables et de lentes oscillations qui ont eu lieu
jpendaDt le dépôt du lias inférieur. On y remarque des baocs i
39A SÉANCE DU 6 JANVIER 1862.
lithopha[;e.s, de petits amas de cailloux roulés, de minces couchei
de [;iL>s feri'u^jineu.x, des noJiilcs de (^ivs à couches coiiccnlriques
feiTu;;incuses, des };alets crihlés do trous par les Saxicaves. Les
nrcpliales y ont, la plupart du temps, les valves désunies.
10'' Cette ré^jiou a, en outre, été le théâtre de bouleversemeuli
plus récents qui ont plissé et (issu ré le sol. La direction des failles
est de S. 35" O. à N. 35" K
Le lias de la IMoselle et celui de la Belgique présentent aussi
quelques failles; mais les dépôts paraissent s*y être formés d'une
manière plus tranquille. Ccpeudant la zone à Bctemnites brevft de
la troisième région renferme Avs nodules à couches ferrugi-
neuses concentriques; on y voit aussi de minces lits ferrugineux^
et les acéphales qu'elle renferme ont presque toujours leurs ralves
désunies.
La région de la Sormonne est très ferrugineuse. La présence
du fer y est due à des sources minérales dont Tâge remonte au
lias inférieur. Les acéphales y ont souvent leurs valves séparées,
surtout dans la zone des Belemnites hrcvis,
11° Pendant toute la période liasique le continent des Ar-
dennes ne cessa pas de s^alfaisser lentement sous les eaux du c6té
de l'ouest, tandis que ses côtes se relevaient à l'est. Ce mouve-
ment de bascule qui parait avoir eu sa charnière dans les environs
de Janioigne a été favi)risé p.ir les failles du plateau palcozoïque,
et notamment par rimmensc crevasse qui le sillonne du nord au
sud, près de iVlézières, et sert de lit à la iVleuse.
M. Desbayos, en offrant i\ la Soci^*të de la part de M. de
Binkhorst sa Monographie f/es Gnstvropofles et des Ciphalo^
podes de lu craie supérieure du Limbourg^ présente les Consi-
dérations suivantes :
lorsque des travaux longtemps continués viennent doter la
science paléontologique de documents nouveaux et importantSy
lorsqu'ils sont destinés à combler de regrettables lacunes, lors-
que enfin ils répandent de nouvelles lumières sur des questions en-
core controversi'es, ils doivent être accueillis avce empressement;
on doit même des remerciments à ceux qui les ont entrepris.
Parmi les personnes qui se livrent aux recherches paléonto-
logiques, plusieurs s'attachent de préférence à Pélude des couches
qui, placées entre les grandes formations, semblent destinées, par
leur position même, à contenir des espèces transitoires propres A
établir des liens entre des époques que l'on aurait pu croire Gom-
NOTB DE M. DESHATE8. 395
plétenient sc^paiécs. Cette préoccupation s'est manifestée rëceni-
nient par le travail de notre colli';;iic M. IMartin, sur Vinfra-Uasy
par ceux que Ton prépare sur les couc^hes à Avicula conforta^ par
le beau travail de M. Geinilz, intilulc Dyiis ; enfin il existe aussi à
la partie supérieure de la craie des coucliescpte l'on a considérées
connue interniéiliaires au terrain tertiaire inférieur, et que notre
savant collègue îM. de Rinkliorst a prises depuis bien des années
pour le sujet de ses investi^^ations.
Jusqu'ici la faune de la craie supérieure est restée très pauvre;
aussi il était très difficile d'établir d'uDC manière définitive ses
rapports, non avec les couches crétacées sous-jacentcs, puisque des
espèces communes y sont depuis lon^^temps conimcs, mais avec les
terrains tertiaires inférieurs, parce que cette pauvreté relative lais-
sait trop à Timprévu. On se trouvait, en effet, en présence de deux
faunes à comparer, dont Tune est relativement à l'autre d'une
excessive richesse. Longtemps ce fait a été accepté comme nor-
mal; il paraissait naturel que la faune crétacée s'appauvrît, à
mesure qu'elle approchait davantage du terme de son extinction
définitive.
Si dans quelques circonstances la nature a épargné au paléon-
tologue de pénibles recherches en lui prodiguant les corps orga-
nisés fossiles dans un admirable état de conservation, dans
d autres occasions elle met a de rudes épreuves sa patience, sa
persévérance, aussi bien que sa sagacité, en retenant les débris
organiques dans les couches d'une roche dure, où ils ne sont plus
représentés que par des moules ou des empreintes. Le gisement le
plus riche en fossiles de la craie supérieure de îMaestricht se trouve
justement dans ces fâcheuses conditions. Il a donc fallu que l'auteur
de l'ouvrage intitulé : Monographie des Ga^tcropodcs de la craie
supérieure du Limbourg^ fût doué des qualités que nous venons
d'énumérer, pour avoir consacré dix années à de patientes recher-
ches préalables, dont nous pouvons ju(;er le mérite et l'impor-
tance par les résultats consignés dans l'ouvrage qu'il a Thonneur
d'offrir à la Société. Il nous suffirait, pour prouver cond)ien îM. de
Binkhorst a réussi dans son entreprise, de dire qu'il est parvenu
k constater l'existence de cent six espèces de gastéropodes dans des
couches oii l'on en comptait à peine une douzaine il y a (|uelqucs
années. Nous pourrions également ajouter que, dans le même
temps qu'il enrichissait d'une manière si notable la classe des
gastéropodes, il recueillait plus de deux cents espèces de mollus-
ques acéphales, classe dans laquelle quarante à peine sont connues.
396
SÉANCE DU 6 JANVIER 1862.
Il est vrai que M. Bosquet clans des listes plus rëoentes, et que
nous ne counaissous pas, a au^juicuté de quarante le nombre dei
mollusques de la craie supérieure, ce qui est bien loin encore du
résultat obtenu par M. de Biukliorst. Mais Timiiortance des maté-
riaux réunis dans l'ouvrage de IM. de Binkhorst est assez considé-
rable pour mériter de notre part un examen plus attentif.
Nous dressons ici le tableau des genres et du nombre des
espèces qu'ils renferment, \h>uv faciliter et abréger en même
temps les observations que nous avons à présenter d leur sujet
1 . Aporrhais \
2. AvcUana 2
3. Buccimim \
4. Calyptrœa 4
5. Caticellnria 2
6. Cerii/iinm 6
7. Cyprœa K
8. Dclphiniila -1
9. Dcritalium h
4 0. Emnrginuln 10
h \ . Fusus 6
M. Halioth \
4 3. Hippnnix \
h 4. Mitm 3
4 5. Chemnitzia 4
4 6. Ntttica 8
47. Ncrinœa 4
4 8. Ncrita 3
49.
20.
21.
22.
23.
24.
25.
26.
27.
28.
29.
30.
34.
32.
33.
34.
35.
Olha? . .
Patelin . .
Pyrula . .
Rnstellarta,
ScaltirUi, .
Siptionaria,
Sotariutn, .
Tornatella,
Triton. . .
Trochus. .
Turin nclla.
Turbo . . .
Turritella .
Vcrmetux, .
roluta, . .
Vol varia, .
Xenophorn,
Sur ces trente- cinq genres il en est quelques-uns qui mëritenl
une mention particulière ; ce sont : Buccinuniy CanceUaria^
Calyptrœa^ HaliotiSy Hippnnix^ Oliva^ Siphonaria^ Turbineiia^
Fohaiia^ que Ton voit pour la première fois descendre au-des-
sous des terrains tertiaires. D'autres, tels que Eniarginula^ Ctri'
thiuiiij Fumsy Pjruluy Turboy Tunitclltiy quoique s*étant montrés,
soit dans des couclics crétacées plus anciennes, soit dans des
terrains beaucoup plus profonds, sont ici représentés par un nom-
bre assez considérable d'espèces. LesÉmarginules, par exemple,
ne sont imllc part aussi al)ondantes. On cite dans les assises plus
inférieures de la craie quelques Fuseaux, des Pyrules en petit
nombre. Ces genres ici contiennent six ou huit espèces; il en est
de même pour les Tu rri te 11 es, au nombre de huit, et les Tarbo^au
nombre de quatorze. Au reste, à l'exception de quelques formes
franchement crétacées et au sujet desquelles on ne peut se
LBTTRB DE U. DE ROTS. 397
méprendre, tonte cette faune de gastéropodes que nous fait con-
naUre M. de Binkliorst a une apparence tellement tertiaire, que,
si on la mettait sous les yeux d'un paléontologiste sans le prévenir
de sa provenance, il ne Faudrait pas trop le blâmer de Tliésitation
qu'il pourrait éprouver. Néanmoins, il re.'»sort de l'examen de
toutes ces nouvelles espèces d'une apparence tertiaire, qu'aucune
ne pénètre dans la période tertiaire, et nous constatons avec plaisir
ce fait remarquable de la séparation complète des deux faunes
que nous avions annoncée il y a déjà plus de trente ans et dont la
réalité a été souvent contestée.
A la suite de celte communication, M. Hébert dit qu'il y a
quelques années les gastéropodes de Maestricht n'étaient pas
connus^ ils constituent une faune très remarquable qu'on ne
rencontre pas dans les terrains assimilés, par MM. Goquand et
Bajlc, ù la craie de Maestricht.
Il ajoute que l'analogie entre la faune des gastéropodes de la
craie supérieure n'existe pas avec celle des sables du Soisson-
nais, mais avec celle du calcaire grossier^ il y a cependant une
foule de formes exclusivement crétacées dans la faune de la
craie de Maestricht.
M. Deshayes invite M. Hébert ù publier les documents inté-
ressants qu'il possède sur la craie supérieure, et à fournir
ainsi les moyens de délimiter paléonlologiquement d'une ma-
nière défînitivc la craie et le terrain tertiaire. Il fait allusion
aux discussions soulevées depuis longtemps sur la délimitation
des terrains etïi des discussions récentes sur la limite du trias
et du terrain paléozoYquc. Pour lui, c'est une démarcation pa-
lëontologique absolue qui sert & séparer nettement les terrains.
A Saint-Gassian on n'a vu aucune espèce passer du triasique au
jurassique*, il en est de mOme entre les cinq grandes séries des
terrains qu'il admet.
M. le Président lit la lettre suivante do M. le marquis de
Rojs :
Monsieur le Président,
La lettre de M. de Rouvillc, insérée dans le procès-verbal de la
séance du 18 novembre, me parait nécessiter quelques obser-
YlUions.
398
8ÊANCB DU 6 JANVIER 1862.
Je ne connais pas la coupe de Oastries qu*il donne (page M].
Les marnes bleues y recouvrent, dit-il, la mollasse exploitée, d*uae
manière évidente. Mais il s*est trompé lorsqu'il ajoute que j'ai
indiqué la même superposition à Beaucaire, en disant que lei
assises de la moUnsse plonj^cnt sous les ar(>iles subapeonînes. Dau
la note qu'il cite, comme dans celles de septembre I8&6 et do
6 mars 1856, j'ai toujours indiqué les marnes bleues qui, à Bar-
bantane, passent à un calcaire très lé^'èremeni argileux, comme
réta{;o inférieur de la mollasse. Ces ar^riles subapennines sous
lesquelles plon{>e la mollasse, à stratification très discordante, sont
ordinairement d^uii jaune clair, devenant rarement bleuâtres,
comme à Domazan (note de iM. Tabbc Hertlion du 3 juin 1850).
M. Marcel de Serres et, d'après lui, M. Matlieron, en 1842,
tronq)és par la couleur, avaient placé dans Tétage subapennîu les
marnes bleues et la mollasse qui les recouvre, en la désignant sous
le nom de calrnire movUon. Dès 11 session d'Allais en 18&6, je lui
avais restitué sa véritable place. Voici quelques-uns de ^% prin-
cipaux fossiles :
Natica oUUy
— patutd?^
Troc h us (i^glu tifum s ,
Turritelles, plusieurs espèces,
Cerithium ciuctum ,
— rnarginatum,
— liUcatunty
— il m a y
— crenatunu
Arca diUwU^
Prctuncu lus pulvinatuSj
Pectt'ft latintstatuSy
— hcnvdictusy
— trrebratulœformis^
— soiraf
Os tira aassissima^
— u/ifiala^
Etc.
J'avais dit en 18i!i6 que cet éta{];e inférieur devenait entière-
ment calcaire dans les carrières qui fournissent la belle pierre
bleue exclusivement comme sous \e uoiiide pierre e/c Bnrbirnian^,
quoiqu'à liarbentane les ct.'i(;es supéiieurs de la mollasse soient
aussi très développés et exploitée. (Àt étage inférieur y a au
moins 10 mètres de puissance. Me serait-ce pas un accident dé
même nature qui a produit K>s carrières de Gastries? Les eaux
afiluentes dans ct-lte mer pouvaient a])porter à Gastries, comme 1
Barbentane, du bicarbonate de ctiaux, et plus tard y laisser con-
tinuer le dépùt argileux bleu. Gette explication me semblerait
préférable à la création d'un étage nouveau sur ce point isolé.
M. Matlieron, d'après M. Marcel de Serres, avait donné à la-
nioUasse supérieure le nom de caLaire //kj^/wi. J'ai cru devoir,
en 1846, diviser en deux parties cette puissante formatioD| divi-
LETTRS DB M. DB ROYS. 39d
sîoD établie par les carriers. C'est à I'ota{);e supérieur, espèce de
grès à [j;rains assez gros de cali aire spatliique et de quartz, que doit
s'appliquer le iioni de calcaire moellon, el non aux assises si
ré^julières de mon éta^^e moyen, qui iournissenl une des plus
belles pièces d'appareil. Dans rétaj>e supéiicnr, le safrc des car-
riers, la stratification est assez confuse et les parties les plus
résistantes ne peuvent se dél iter qu'en moellons. 11 est formé de
débris de fossiles, surtout Pei(];nes et Huîtres, indéterminables. Le
seul que j'y aie trouvé un peu entier est le Pectcn scahrcUus dans
les alpines près de Tarascon.
Il est ordinairement très dilTioile d'assi(;ner la limite entre
l'étaj^e moyen et le supérieur. IilUe est assez bien indiquée à Beau-
caire par Texistenee de quelques assises minces (12 à 15 centiniè-
tres), se débitant en grandes dalles très employées comme clôtu-
res. Elles contrastent avec les belles assises de 35 à 50 centimètres
de l'étage ujoyen. Suus le rapport paléontolo[>ique, cette division
est justifiée par l'absence îles Glypéastres et des Scutelles assez
répandus dans l'étage moyen et disparaissant dans Tétagc
supérieur.
Les dents de squale se trouvent dans tous les étages.
Les argiles sous lesquelles plongent les assises inférieures de la
mollasse, .i la sortie du tunnel de Beaucaire, appartiennent certai-
nement à rétage pliocène. iM. Emilien Dumas, dans la carte de
l'arrondissement de Mîmes, les place dans cet étage (|u'elles con-
stituent avec le terrain lacustre qui les recouvre. Elles sont géné-
ralement très pures dans la grande plaine de JMmes et fournissent
â un grand nombre de tuileries et même de fabriques de poteries
assez lines. Les fossiles que M. Emilien Dumas y a recueillis dans
les points où elles deviennent [)lus sableuses appartiennent tous à
l'étage subapeiinin. AI. l'abbé Herilion, pendant qu'il occupait la
cure de Tliésiers, a étudié ce terrain avec le soin le plus minu-
tieux. J'ai lu à la Société, le 3 juin 1850, un extrait détaillé d'un
mémoire qu'il m'avait fait remettre pour elle. Il avait recueilli
dans les cavités d'un ancien pic néocomicn voisin de Tliésiers
formant écueil dans la mer pliocène, dans un état de conservation
remarquable, tous les fossiles décrite par Ihocclii comme apparte-
nant aux marnes subapenniiies et plus de quatre-vingts autres
espèces, la plupart encore vivantes. M. l'abbé Beitbon, aujour-
d'hui curé de Uobiat;, a joint maintenant à sa ma|;nifique collec-
tion de terrains très récenU une collection non moins précieuse
des terrains bouillers de Bességes, Alais, etc.
On voit combieu I\l . Oesbayes avait raison de repousser pour
AOO SÉANCE DO 6 JAlfTIBR 1862.
ces marnes jaunes sableuses le nom de faune mollasse Elles appar-
tiennent à l'étage pliocène. I.e safre, qui leur est inférieur, appir-
tient comme tous les ctafjes de la mollasse à IVta^ye miocène. Sioe
sont les éta(j;es inférieur et moyen de la mollasse qui plongent seob
à Beaucaire sous les aq^iles subapennines, on voit, à peu de
distance, le safre former le sommet des pics de rAigaille,
Jouton, etc., ù 100 mètres de liauU'ur verticale au-dessus de on
ar(jiles qui le recouvrent à stratification discordante à Barben-
tane. Dans aucun cas il ne peut être placé dans Tétagc pliocène.
Toutes les idées que je viens dY'mcttie et qui sont consignées
dans les (liverses notes que j'ai citées, étaient, il y a dix ans, celles
de M. Emilien Dumas qui a si consciencieusement étudie k
département du Gard. C'est d'après elles qu'il a exécuté la carte
de l'arrondissement de Nîmes. Je ne pense pas qu*il les ait inodi*
fiées depuis cette époque. C'est en grande partie de lui que je ks
tiens.
M. Delesse fait la communicalion suivante :
De V azote cl des matières organiques dans Vècorce terrestre;
par M. Delesse (1) (extrait).
§ 1. — Les roclies qui composent Técorcc terrestre renferment
(généralement des matières or{>;aniques. Ces matières sont, il est
vrai, en très petite quantité, mais ellrs présentent une diffusion
extraordinaire et elles se retrouvent pour ainsi dire partout. Elles
contiennent du carbone, de Toxygène, de l'hydrogène, dcTaxote;
et, connue l'azote se laisse doser avec une [grande précision, il peut
servir à constater l'existence de quantités extrêmement minimes
de matières organiques.
§ 2. — On peut se demander d'où proviennent ces matières orga-
niques contenues dans les roches. Or, il est évident comme leur nom-
l'indique, qu'elles résultent de la destruction de corps organisëSi
c'est-a-dire des animaux et des végétaux qui ont peuplé la terne
aux différentes époques géologiques. Indépendamment des êtres
qui frappent nos regards, il en est d'ailleurs qui leur édiappent
par leur taille microscopique et qui sont cependant très importants
à considérer. Tels sont les infusoires. Ils s'observent à la surface de
la terre et aussi dans son intérieur ; ils se développent dans les eaux
( I ) De i'azofc et elrs mnilvrcs organir/ttrs dans t'ècnrce terrestre.
lq-8 de 478 pa^cs; à Paris: chez Dunod, quai des Âugusfips, 49,
HOTB DK M. DtLESSB. AOl
douces OU salées, et même dans les eaux thermales; enfin Ils vivent
dans les régions équatorialcs ou polaires et ils résistent aux tem-
pératures les plus extrêmes. On comprend donc que les êtres mi-
croscopiques aient contribué à répandre des matières organiques,
non-seulement dans les roches stratifiées de toutes les époques,
mais encore dans les roches éruptives, quelle que fût leur origine.
En outre, si Ton remonte dans la série des âges, les roches de
récorce terrestre qui ont précédé l'existence des végétaux et des
animaux pouvaient originairement renfermer des matières dites
organiques; en tout cas elles contenaient nécessairement le car-
bone, riiydrogène, Toxygène et Tazote qui sont indispensables au
développement des êtres.
Voyons maintenant comment on peut expliquer la présence des
matières organiques dans les différentes roches.
§ 3. — Si Ton considère d'abord les roches stratifiées^ elles ont été
déposées par l'eau ou par l'atmosphère; par conséquent, elles doi-
vent contenir les débris des êtres organisés qui se sont développés
à la surface de notre globe, depuis qu'il a commencé à être peu-
plé. Cesêtres sont les animaux et les végétaux qui se trouvaient
dans la mer, dans les eaux douces et à la surface de la terre aux
différentes époques géologiques; les végétaux, les mollusques, les
infusoires, les êtres microscopiques, devaient être les plus répan-
dus et par suite ils contribuaient surtout à former des matières
organiques. LeseauxetTatmosphèrc étaient de[plus chargées elles-
mêmes de matières organiques, indépendamment de ce qu'il s'y
trouvait des êtres organisés. Les roches argileuses, calcaires ou
nliceuses recevaient donc les débris d'êtres organisés, à mesure que
leur dépôt s'opérait, et elles s'imprégnaient aussi des matières
organiques tenues en suspension qui servaient au développement
de ces êtres. Quelquefois les matières organiques deviennent telle-
ment abondantes dans les roches stratifiées, qu'elles en constituent
une notable partie ; c'est en paiiiculier ce qui a lieu dans les argiles
et dans les schistes bitumineux. Enfin, à la limite, il se produit des
roches, comme les combustibles, qui sont entièrement formées de
matières organiques.
Les roches engendrées dans l'atmosphère contiennent aussi des
matières organiques, et même elles peuvent, comme la terre végé-
tale, en renfermer beaucoup. Les infusoires et les matières orga-
niques se retrouvent du reste jusque dans le trass, dans la moya
et dans les cendres volcaniques.
Les i*oches déposées dans les eaux douces ou salées sont tantôt
pauvres et tantôt riches en matières organiques; cependant les
Soc. géol.^ 2* lérie, tome XIX. %i
A02 SfiANCB DO 6 JAHTIBft 1862.
plus riches ont habituel leinenl une origine lacustre ou atnM»-
sphcrique .
La composition minéralogiqiie et Tëtat physique des rod»
stratifiées influent d'ailleurs sur la proportion de leurs matièrcsor^
(janiques, aussi bien que les conditions dans lesquelles elles le
sont formées, l'outes choses égales, elles contiennent gëuértb-
nieut d'autant plus de matières organiques qu'elles sont plus argi-
leuses.
^ U. — Passons aux roc/tes non stratifiées^ qui peuvent être difi-
sées en deux grandes classes, suivant qu'elles sont yolcaniques on
platoniques.
Tjorsqne les roches volcaniques sont i^nipléteineut anhydres,
rexpérieucc montre qu^elles ne renferment pas de matières orga-
niques ou seulement des traces. Il est probable, d'après cela,
que ces matières ont alors été introduites postérieurement, loit
par l'atmosphère, soit par l'infiltration des eaux de la surface.
Dès que les roches volcaniques sont hydratées, elles contiennent
des matières organiques ; il est facile de le constater pour la réti-
nite et Tobsidiennc; quelquefois même certains trapps et basaltes
en sont complélement imprégnés. Leui*s matières organiques sont
c(M'lainement venues de l'intérieur de la terre ; elles ont accom-
pagné les eaux souterraines associées à la roche volcanique ; elles
peuvent d'ailleurs être originaires, ou bien résulter de l'action de
cette roche sur les couches à travers lesquelles elle a fait éruption.
Bien que le trachytc ne renferme généralement pas de matières
organiques, il y en a cependant dans les veines d'opale qui le tra-
versent ; ces matières proviennent alors des eaux thermales qui
ont déposé l'opale.
Les matières organiques qui se trouvent dans une roche éruptive
ne doivent pas nécessairement être attribuées a l'inHIuatioa,
même lorsque cette roche est volcanique; toutefois la tempéra-
ture à la(|uelle celte roche a été soumise était insuffisante pour dé-
truire et volatiliser les matières organiques qu'elle renferme.
Les météorites oflVent des caractères qui les rappioolient beau-*
coup des rocLes volcaniques; cependant elles contiennent quel-
quefois des matières organiques qui ont essentiellement une ori-
gine cosmique comme les météorites eux-mêmes.
Les roches plutoniqucs, connue la serpentine, l'euphotide, le
mélaphyre, la diorite, le porphyre, le granité, contiennent égale-
ment des matières organiques. Ces matières accompagnaient
certainement l'humidité ou Teau souterraine d'imbibition en
présence de laquelle les roches plutoniques se sont formées. li*î
HOTB DB M. DSLB88I. A08
flltration et l'atmosphère n*ont pu en introduire qu'une très ini*
nime partie.
L'exisience de matières organiques dans les roches éruptives
▼ient, du reste, confirmer les idées que j'ai émises précédemment
sur l'origine de ces roches (1).
§ 5. — Les roches anormales, qui comprennent les gîtes métalli-
lires, nous présentent des minéraux généralement bien cristallisés.
C'est seulement par exception que des êtres organisés s'y rencon-
trent; cp|>endant les infusoires pouvaient encore se développer dans
les eaux, tantôt froides, tantôt chaudes qui ont généralement en-
gendré les roches anormales De plus, ces eaux, comme toutes
celles qui coulent à la surface ou dans l'intérieur, de la terre,
contenaient nécessairement elles-mêmes des matières organiques
qui sont restées mélangées avec les minéraux au moment de leur
cristallisation.
Le plussonvent les minéraux des roches anormales n'ont retenu
que des traces de ces matières organiques: mais le bitume, la co-
paline et diverses substances qui leur sont quelquefois associées,
montrent bien que les niatières organiques peuvent également s'y
trouver en proportion très notable.
§ 6. — Les matières organiques étant peu stables, il est facile de
comprendre qu'elles seront facilement modifiées par les divers
agents qui s'exercent à la surface ou à l'intérieur de la terre. Ces
agents sont très nombreux, mais les plus importants à considérer
sont Tatmosphère, l'eau, la chaleur. Ils font subir diverses trans-
formations aux matières organiques, et ils peuvent même les
détruire complètement.
L'atmosphère modifie les matières organiques avec lesquelles
•Ue est en contai, et elle tend surtout à les oxyder. L'état sous
lequel ces matières se présentent dans la terre végétale est relati*
Tement le plus stable à Tégaid de l'atmosphère.
C'est essentiellement l'eau qui produit les transformations re-
marquables que présentent les corps organisés lorsqu'ils sont en-*
fouis sous terre et fossilisés. Dans les végétaux, par exemple, c'est
elle qui change le bois en lignite, puis en houille. Dans la terre
végétale, c'est encore elle qui contribue surtout à la formation de
l'humus.
Bien que les minéraux organiques soient facilement altérables,
ils peuvent d'ailleurs être très stables à l'égard de l'infiltration ;
(4) Recherchfis sur l'origine des roches, [Bulletin de la Sœiéêé
géologique, 1958, V sér., t. XY, p. TUS.)
A0& SÉÀNCI DU 6 JANVIER 1802.
car le succin se conserve très bien dans le sein de la terre, et il
préserve même de la destruction les insectes qu'il enveloppe; d*UQ
autre côté, la mellitc et les résines fossiles sont connues jusque
dans le terrain houiller ; enfin, les bitumes se retrouvent dans les
terrains les plus anciens.
La chaleur fait subir aux matières organiques une décomposi-
tion et une distillation; elle dé(;a{^e des bitumes, des liydrogènei
carbonés, et divers produits gazeux qui peuvent alors accompa-
gner les roches éruptives. Lorsqu'elle est très intense, elle détruit
complètement les matières organiques; c'est ce qui explique leur
absence dans la plupart des laves bien caractérisées. MaiSy lors-
qu'elle n'est pas suffisante pour dégager complètement Teau et pour
détruire les matières organiques, ces dernières se retrouvent dans
les roches éruptives, lors même qu'elles sont volcaniques : tel est
le cas pour le basalte, le tiapp, la rélinite, l'obsidienne.
Les hydrogènes carbonés, tels que le gaz des marais et les bitu-
mes, si analogues à ces carbures, montrent d'ailleurs que certai-
nes matières organiques résisteront à une température élevée; la
présence des matières organiques peut donc se concevoir, même
dans les roches volcaniques.
Maintenant l'existence dans les roches granitiques de matières
organiques volatiles suffirait seule à démontrer qu'elles n'ont pas
été soumises à une forte chaleur et qu'elles n'ont pas une origine
ignée.
L'eau, secondée par la chaleur, la pression et les diverses sub-^
stances qu'elle tient en dissolution, produira des décompositions
très variées et très complexes sur les matières organiques qui sont
à l'intérieur de la terre. Sous Tinfluencc des divers agents aux-
quels elles sont soumises, ces matières subiront des décompositions
successives et elles prendront en définitive l'état le plus stable â
l'égard de ces agents.
Les matières organiques, soit qu'elles forment entièrement une
roche comme cela a lieu pour les combustibles, soit qu'elles s'y
trouvent en quantité plu5 ou moins grande, sont donc sujettes au
métamorphisme. Elles se laissent mcinc modifier et décomposer
beaucoup plus facilement que les matières inorganiques.
Les effets du métamorphisme sur les matières organiques peu-
vent, d'ailleurs, s'apprécier aisément; il suffit pour cela de com-
parer la proportion de ces matières dans une roche avant et après
le mélamorphisme. Que l'on considère, par exemple, les roches
métamorphiques les mieux caractérisées, telles que le marbre sta-
tuaire, la predaszitei le calcaire devenu cristallio au contact de«
NOTE DE M. DBLBSSB. A05
filous, le qiiartzite, le Qxis vilrifié par le basalte, le schiste ardoisier
et inacliltre, les schistes cristallins, talqueux, chlorités et amphi-
boliques, le micuscliiste, le gneiss, le graphite. L'expérience montre
que ces roches ne contiennent pas ou presque pas d'azote et de
matières organiques; en tous cas, elles eu ont beaucoup moins
que les roches normales dont elles dérivent. Le métamorphisme
tend donc à diminuer les matières organiques, et, quand il est très
énergique, il les détruit, même complètement.
Les agents susceptibles de modifier les matières organiques
peuvent être tantôt instantanés, tantôt plus ou moins lents. La
chaleur est un agent qui est le plus souvent instantané, mais les
effets produits par Tatmosphère et par Teau sont ordinairement
très faibles; eu sorte qu'il est nécessaire aussi de tenir compte du
temps.
§ 7. — Lorsque Ton compare des corps organisés appartenant à
une même espèce, animale ou végétale, ou trouve que leur azote
diminue généralement à mesure qu'on descend dans la série des
terrains; par consé(|uent, toutes choses égales, les substances mi-
nérales ont d'autant moins d'azote et de matières organiques
solubles ou vulatiles qu'elles appartiennent à une époque géolo-
gique plus ancienne. On le constate facilement pour les os et pour
les végétaux fossiles.
Il faut observer cependant que la proportion des matières orga-
niques ne dépend pas seulenienl du temps ; elle dépend aussi de
la nature des matières organiques et même des roches qui les
renferment, ainsi que des modifications spéciales que ces dernières
ont éprouvées.
§ 8. — L'azote joue un rôle capital dans la nutrition des végé-
taux et des animaux. D'après 1 harmonie établie dans l'univers, on
pouvait donc prévoir qu*ii ne devait pas rester fixé dans leurs dé-
pouilles. En clTct, l'azote est mis en liberté par la décomposition
des animaux ou des végétaux, qu'elle ait lieu à la surface du sol ou
bien dans son intérieur ; il reparait ensuite à l'état d'ammoniaque»
d'acide nitrique ou d'acide humique; il se répand soit dans Tat-
mosplière, soit dans les eAux. D'un autre côté, la nitrification
donne lieu à des efHorescences qui le ramènent sans cesse à la
surface du sol. La décomposition successive et incessante des
êtres organisés qui ont peuplé notre globe aux époques antérieu-
res transforme en défmitive Tazote en produits solubles et le res-
titue peu à peu à la circulation.
La statique chimique s'établit non-seulement pour l'azote,
mais encore pour toutes les autres substances, organiques ou inor-
A06 8ÉANCB DU 6 JÀNTIER 4862.
ganiques, qui sont nécessaires au développement des êtres oif a-
nisés; ces substances deviennent de nouveau assimilables par les
générations nouvelles, en sorte que, sous Tinfluence de la vie, elles
parcourent un cycle continu.
M. Ed. Gollomb, trésorier, rend compte de rëtat de la caisse
au 31 décembre 1861 :
II y avait en caisse au 31 décembre 4 860. . 232 fr. 78 o.
La recette, du i"' janvier au 31 décembre
4 864, a été de 20,834 90
Total. . . 24,067 68
La dépense, du 4" janvier au 34 décembre
4 864, a été de 20,644 03
Il reste en caisse au 34 décembre 1864. . . 523 fr. 65 c.
La Société adopte successivement les nominations que le
Conseil a faites pour Tannée 1862 dans les diverses Commis-
sions.
Ces Commissions sont composées de la manière suivante :
l» Commission de Comptabilité^ chargée de vérifier la ges~
tion (lu Trésorier : MM. Parés, le baron de Brimoiit, P. Mi-
GHBLOT.
2® Commission des Archives^ chargée de vérifier la gestion
de l'Archiviste: MM. Wàlperdin, Edm. Pellat, Clémbitt-
Mur'LST.
Z^ Commission du Bulletin : MM. Delbsss, Edm. Habirt,
lé marquis de Rots, le vicomte d*àrchiac, Albert Gaudrt.
i* Commission des Mémoires : MM. Lartet , Viqueshbl,
Dbshates*
On procède ensuite à l'élection du Président pour TaDiiée
1862.
M. Dblbssb, ayant obtenu 125 voix sur 153 votes, est ëhi
Président pour Tannée 1862.
La Société nomme ensuite successivement :
Fice'- Présidents : MM. Albert Gaudrt, Grûhbr, Viqubbiiil
et le vicomte d'Arghiag.
COMPOSITION DC BUREAU KT DU COlfSBTL POUR 1862. AO^
Secrétaires : MM. A. Laugel et DAifGLURR.
Vice-Secrétaires : MM. Jannettaz et P. Dalimibr.
Membres du Conseil : MM. Paul Michblot, Damour, Lartbt,
Charles Sainte-Claire Deyillb, Daudrêe.
Par suite de ces nominations, le Bureau et le Conseil sont
composés, pour Tannée 1862, de la manière suivante:
Président.
M. Dblbssb.
M. Albert Gaudrt,
M. Grûnbr ,
Secrétaires*
M. A. Laugbl,
M. Danglurb.
Trésorier.
• Ed. Collomb.
Vice-'P résident s .
M. YlQUESNBL,
M. le vicomte d'Archiac ,
Vice-Secréta ires .
M. JàNNETTAZ,
M. Paul Dalimibr.
Archiviste.
M. le marquis db Rots.
Membres du ConseiL
M. Élib db Bbaumont,
M. Edm. Hébert,
M* Dbshates,
M. Lbvallois ,
M. BaRRAN DB ,
M* DB BiLLT,
M. Pares,
M. Paul MiCHBLOT,
M. Damour,
M. Lartbt,
M. Ch. Sainte-Claire Dbvillb,
M. Daubrée.
Commissions.
Comptabilité: MM. Parés, le baron db Brimont, P. Michblot.
Archives : MM. Walferdin, Edm. Pbllat, Clément-Mullet.
Bulletin : MM. Dblbssb, Edm. Hébert, le marquis de Rots,
le vicomte d'Archiac, Albert Gaudrt.
Mémoires : MM. Lartbt, Viqubsnbl, Dbshatbs.
iOS 8ÉÀNCK DU 13 JANVIKR 1802.
Séance- du IS janvier 1862.
FBÉ8IDBNCB DK H. DILBSSV.'
M. Lougel^ secrétaîrCy donne lecture du procës-vcrbal de la
dernière séance dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance ,
le Président proclame membres de la Société :
MM.
Baudon^ docteur en médecine, à Mouy (Oise), présenté par
MM. Deshayes et Michelol*,
Minier, à Paris, rue des Boulangers, 8, présenté par
MM. Deshayes et Ed. Hébert.
DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ.
La Société reçoit :
De la part de M. le ministre d*État, Journal des sapants,
décembre 1861.
Do la part de M. Julius Haast» Report of a topographieal
and geological e.vploration of the western districts of the
Nelson ptwince^ NewZealand^ in- 8, 150 p. Nelson» 1861,
chez C. et J. Elliot.
De la part de M. Friedrich Rolle, Ueber einige neue oder
wenig gekannte molinsken-Arlen ans tertiàr-Àblagerungênf
in-8, 21 p., 2 pi. Vienne, 1861.
Comptes rendus hebd, des séances de rAcad. des sciences^
1862,1" sera., t. LVI, nM.
L'Institut, n' 1462, 1862.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse^ décembre
1861.
Société imp. d'agriculture, sciences et arts de l'arrondisse^
ment de Valenciennes^ octobre 1861.
Proceedings of the Royal Society, vol. XI, n® 46.
The Athenœum, n* 1785, 1862.
Reifista de los progresos de las ciencias exactas, fisicasy
naturales, t. XI, n* 0, décembre 1861.
NOTB DB M. DBSLONGCHAHPS. AOO
Atti de la Socïeta italiana di sclenzc naturali, vol. III^
fasc. A, (T. 20 à 25.
j4tti délia Socle ta di acclimazione e di agncoltura in Sicilia^
1. 1, n° 6.
M. Eug. Deslongchamps présente la note suivante :
Note sur le développement du deltidium chez les brachiopodes
articulés; par M. Eugène Deslongchamps (pi. IX).
Lorsque dans les diverses conclies de récorce terrestre le géo-
logue rencontre des fossiles abondamment répandus et cantonnés
dans d'étroites limites stratigraphiqucs^ces restes organisés devien-
nent pour lui un guide infaillible, lui permettant de retrouver avec
la pins grande facilité des points de repère précieux, sans lesquels
il serait presque toujours exposé à faire fausse route.
Parmi ces fossiles privilégiés et dont la connaissance exacte est
indispensable, il faut placer les brachiopodes aux premiers rangs.
Malheureusement ces coquilles nous présentent des caractères si
fugaces qu'on ne reconnaît les espèces qu'avec une grande diffi-
culté. La délimitation des geni*es a été de plus basée presque tou-
jours sur des caractères intérieurs impossibles à invoquer dans les
circonstances habituelles (1). Ajoutons enfin que les progrès de
Tâge modifient du tout au tout Taspect primitif, en un mot, que
la coquille d'un brachiopode arrivé à Fàge adulte ne ressemble
plus en rien à ce qu'elle était dans la première période vitale.
Je crois donc faire une chose utile en dévoilant dans cette note
Tune des causes de ces changements, et en montrant combien les
progrès de développement d'une pièce insignifiante au premier
abord, du deltidium, par exemple, peuvent changer Taspect pri-
niîtàf et imprimer à chaque modification un cachet tel qu'il
puisse suffire a caractériser des familles entières.
On a donné le nom de deltidium à l'ensemble de deux pièces
(4) Frappé do la difficulté extrême qu'éprouvent les géologues lors-
qu'il s'agit d'appliquer les caractères intérieurs à la reconnaissance
des genres, j'ai cherché, autant qu'il étuit en moi, à simplifier l'étude
des brachiopodes en prenant pour base les caractères extérieurs qui
demandent un examen moins approfondi. C'est le but que je me suis
proposé dans la continuation do la Paléontologie Jranrni se ^ ouvrage
destiné à terminer l'œuvre du maître qui avait mis à la portée de
tous, en la rendant si attrayante, l'étude de la paléontologie stratigra-
pbique.
AlO SÉÀlfCB DU 13 JAlfYIBR 1862.
accessoires insérées en forme de coin, et destinées A fermer d*i
manière plus ou moins complète le trou donnant passage, chexli
plupart des brachiopodes articulés, au pédoncule chargé defiier
l'animal aux corps sous-marins.
Pendant la période embryonaire, (ig. 1, ^/, b, r, touscesaDÎmaiix
se ressemblent, ils nous montrent invariablement un crochet
entier, nne aréa triangulaire très grande et largement percée d'un
trou deltoïde; les figures grossies, 1 6 et 1 r, nous représentent ce
qu'est un brachiopode atticulé dans la première phase tie ia in>, et
il serait imprudent de vouloir indiquer à ce uioment la famille
qui doit le revendiquer.
Famille des Térébratulidécs .
Prenons au contraire une coquille adulte, une Térébratule par
exemple, fig. 2 ^/. L'aspect de cet être ne ressemble en rien au petit
corps microficopique, fig. 1 a. KuUe trace d'aréa ni de trou arrondi,
à bords épais, tronquant le sommet d'une coquille de forme ovale,
aucun de ces angles aigus qu'on observe dans le premier âge. BnGO|'
entre le trou et la petite valve nous voyons l'espace comblé par àÊ
dcltidium dont le développement a entraîné une difiérence d'as^
pect si grande entre les deux âges extrêmes de notre Térébratule.
Les diverses figures oc, (3, y, ^, de notrepremière colonne A ?onl
nous expliquer ces changements.
a nous montre la première uiodtBcation éprouvée par le jeone
animal; à ce moment ia coquille est encore aplatie, cordifonne,
l'aréa est encore bien marquée ; mais déjà ce trou, primitivement
deltoïde, a un peu changé de forme ; le cnjchet s'est légèrement
tronqué par en haut; enfin, sur les parties latérales du foramm
nous voyons se creuser deux raiuures où viendront s'insérer deiut
petites pièces symétriques ; ces deux petites pièces sont le rtkli»
ment de notre dcltidium.
En |3 nous voyons que les deux pièces deltidiales te sont TÎt^
ment développées, mais laissent intact par en haut le foramen qui,
de son côté, s'élargit en tronquant de plus en plus rextrémilé du
crochet
Les pièces deltidiales continuent de s'avancer l'une vers l'antre
en formant d'abord deux pointes, puis enfin finissent par se souder
sur la ligne médiane. A ce moment y, le trou primitif est déjà bien
changé d'aspect ; il est interrompu dans son milieu par les pièces
surajoutées ; mais le foramen proprement dit par où passe le pédon-
cule d'attache est cordiforme ; seulement sa pointe occupe toujoittt
NOTB DB M. DESLOlfGCHAlIPS. 411
une position diaiiiélralemcnt oppos(*e à celle des premiers instants
de la vie.
Cette pointe va d'ailleurs entièrement disparaître ; les deux
pièces médianes, par les progrès de leur développement, se sou-
dent d'une manière intime, ^, et le ioramen est entièrement fermé
en dessous.
Pour arriver à notre coquille adulte, fig. 2 n, il n'y a plus qu'un
pas; le crochet s'épaissit tout autour du pédoncule maintenant
bien enserré; les pièces deltidialcs restent stationnaires et nous
ayons ce trou arrondi à bords coupés en biseau qui caractérise si
bien la famille des Térébratul idées.
Telle est la marche générale suivie par le deltidium dans une
première famille de brachiopodes articulés; mais il est bon de
noter quelques modifications de détail dans le développement de
ces pièces. Quelquefois l'aréa ne s'atrophie pas et continue au
contraire de s'accroître, le deltidium grandit dans de mêmes ])rO'
portions, et, au lieu d'un crochet recourbé vers la petite valve,
nous voyons un espace quelquefois considérable entièrement
plat qui caractérise nettement les espèces appartenant à la section
Terebrntella^ figure 2 b^ ou bien encore ces pièces paraissent subir,
dans leur marche, un temps d'arrêt et se compléter seulement dans
un âge très avancé; le foramen est généralement cordiforme; l'âge
adulte de ces espèces nous montre donc à peu près la disposition
observée dans la troisième phase vitale y de notre Térébratule pro-
prement dite. La plupart des espèces de la section TcrchnttuUna
figure 2 c sont dans ce cas ; la petite valve présente alors, surtout
dans le jeune âge, une conformation très singulière, c'est-à-dire
deux petites oreillettes sur les côtés du crochet qui font grossière-
ment ressembler la jeune coquille à un Pitcten (1) ; mais, à mesure
que l'animal grandit, ce caractère s'efface de pins en plus. Enfin
certainescoquillesne dépassent jamais l'état rudimcntaire, et jusque
dans un «îge très avancé le trou reste béant et ne se complète pas
par des deltidiums ; il se borne à tronquer le sommet des valves
et à montrer sur les parties latérales de faibles indices de ces pièces ;
tels sont les genres Àrgiopc, fig. 2 r/, et Morrisin,
(4) Cette particularité a donné lieu à bien des méprises et Ton a
souvent fait des espèces différentes avec les jeunes; les 7'. chrysalis^
Duvafii, etc. , etc., de certains auteurs ne sont que le jeune âge d'autres
espèces bien connues.
&12 SÉANCK DU 13 JANVIER 1862.
Ftimilie des Spiriféridées,
Si d*ttn autre côté nous examinons une coquille adulte de Spiri-
fer (colonne C), nous voyons au contraire que janiais le crochet
ne s*cst tronqué, que le trou est resté deltoïde pendant toute la
vie, enfin que la forme de la vieillesse est, à peu de cLose pris,
celle de l'enfance ; Faréa s'est accrue considérablement comnie
dans IcsTérébratcUes, ledeltidium existe pourtant, il a même pris
assez souvent un f|[rand développement, mais en sens itivene des
Térébratulidécs. C\st par le haut du trou deltoïde qu'il 8*estaccrU|
garantissant le crochet i\\\\ est resté entier et n'a pas eu besoin de
se tronquer pour laisser passrr le pédoncule.
On voit, en comparant Tt'^ge adulte d'une Térébratule ou d'un
Spirifer, combien la direction imposée dans la marche du déve-
loppement du deltidium a eu d'influence sur la formé générale
des êtres composant les deux familles, et par conséquent combien
il était nécessaire de bien fixer les idées sur ces causes de cbange-
meut Faisons observer toutefois que, dans la famille des Spirifé-
ridées, les choses ne se passent pas toujours ainsi, et rappelons-nous
qu'en mettant ici en avant la famille des Spiriféridées je n*ai en
en vue que les formes jurassiques. Les dcllidiums dans les genres
Cyrtia, Spirigera^ jétiypa, se comportent en effet d'une manière
tout à fait difl'crente.
Famille des lUiynchonellidées,
Enfîn si nous jetons les yeux sur la colone B de notre planche,
nous verrons une troisième modification non moins curieuse que
les deux premières et le deltidium suivre à la fois son éfolution
en haut et en bas du trou deltoïde; deux petites pointes, p, viennent
peu à peu se joindre, ^, et se souder en dessous vers la ligne médiane,
a peu près comme dans les Térébratulidécs, mais en même tem|is
l'oblitération envahit aussi les parties supérieures et latérales en.
laissant simplement un trou ovale ou circulaire par lequel passera
un pédoncule peu volumineux, figure 3 b. Grâce à ce mode dedévo-
loppcmcnt le crochet ne sera pas entamé; il restera aigu pendant
toute la vie. Ajoutons que Taréa ne suivra pas le développement
du deltidium et que par suite le crochet se recourbera toujonnet
mcmeplus encore que dans les Térébratulidées.
C<Tmme on le voit, cette famille montre un développement qui
est comme une sorte de compromis entre les deux familles voisines ;
ce sont les Rhynchoncllidéts qui sont dans ce cas.
NOTE DR M. DAMOl'R. AÏS
Du reste, ainsi que nous l'avons observé dèy\ dans les Térébratii-
lîdées, ce développement ne sera pas toujours aussi complet;
qaelquefois il restera slationnaire pendant tout ou partie de la vie
de ces coquilles, sect. HemU/iyris, fij». 3f, qui ne possède de delti-
dium à peu près complet que dans l'âge le plus avancé, ou bien au
<X>ntrairc ce deltidium prendra un accroissement tout à fait extra-
ordinaire jusqu'à former de chaque côté du pédoncule deux
petites ailes plus ou moins étalées en Rhynchonclla Grasiana^
fig. 3^, etc.
De cette note on peut donc tirer les conclusions suivantes :
\? Que le deltidium est une pièce des plus importantes à consi*
dérer chez les brachiopodcs articulés ;
2** Que, si nous nous bornons aux coquilles jurassiques, l'étude
du deltidium peut sudire ])Our caractériser les familles;
3* Que le développement de celte pièce suivant qu'il a lieu
dans un sens ou dans un autre cban(j[e du tout au tout l'aspect de
la coquille.
à* Qu'il uous montre trois modifications importantes : A, déve-
loppement en-dessous du pédoncule d'attache caractérisant les 7m'-
braiiilidées ; C, développement au-dessus du pédoncule d'attache,
Spirijérieltfcs ; B, développement mixte autour du pédoncule
d'attache, Rhynchonellidées ;
5* Que des temps d'arrêt plus ou moins prononcés dans le déve-
loppement, ou que des exubérances de ce développement du delti-
dium^ peuvent sufHre pour caractériser des sections parmi ces
familles.
H. Damour fait à la Société la communication suivante :
Examen minèrniogiqne (Vune roche désignée sous le nom
de LherzoUte; par M. A. Damour.
Cette matière, qui constitue des amas importants sur divers
points du département de TArié^ne, et notamment près du lac de
Lherz d*oit lui vient son nom, a été classée par plusieurs minéra-
logistes et en premier lieu par (charpentier comme se rapportant
à l'espèce pyroxcne, et décrite sous le nom de pyroxènc en masse.
A l'aide du microscope et de quelques essais chimiques sur des
ëchantillons récemment recueillis en place par IVI. Descloizeaux,
j'ai pu reconnaître que cette matière constitue, non pas une
seule espèce minérale, mais bien une roche composée de trois élé-
ments distincts, savoir : 1* le péridot-olivine, 2^ un bisilicate
MA SfiAlfCK DO IS lANTISR 1862.
de magnëite et de protoxyde de fer déjà conDu mhu le
iïEnsiatUe; 3" un diopside en grains arrondis, de coukar vat
ëméraude. A ces trois espèces qui forment les ëlëmenu eMcntidi
de la roche, on voit assez fréqueni nient associée une sabtUMC
en très petits grains noirs que l'on avait autrefois classée couuM
espèce distincte, sous le nom de Ptcotite en rhonneur du natun-
liste Picot-Lapeyrouse. Cette dernière substance, par ses csisc^
tères et sa composition, me paraît devoir être rapportée au spinelk
chromifère. Sa densité est de 6,08. Son analyse m'a doonëi
Oxygéna. Iupporli.
Alumine 0,5600 ^t^^'^K «^^.
Oxyde de chrome . . 0,0800 0,0247J '"* '
Oxyde ferreux. . . . 0,2490 ^.<>S53K -.-.-
Magnésie 0,4030 0,0406»"''**" '
Résidu siliceux. . . . 0,0200
4,0120
Le péridot-olivine, isolé des autres substances par un trisfe
exact, a pour densité : 3,38. Il est facile à reconnaître, à sa cou-
leur jaune olive, à sa dureté, à son infusibilité au chalumeau et flor-
tout à sa propriété de faire gelée avec les acides, ce qui n'a pu
lieu pour les autres matières qui raccompagnent. J'ai trouvé pour
sa composition :
OsygèM. 1
Silice 0,4059 0,2407
Magnésie 0,4313 0,4 694 j
Oxyde ferreux. . . . 0.4373 0,0305 >0,2036
Oxyde manganeux. . 0,0460 0,0037)
0,9905
Uenstattie se reconnaît à sa couleur gris brunâtre, à ses
et à ses propriétés optiques indiquant que sa forme dérive d'nft
prisme rliombdiilal droit de 93^ et 87° de coté. Elle se distingue
ainsi du pyroxènc diopside qui cristallise dans le système du
prisme rbomboïdal oblique. Klle est très difficilement fusible è la
flanmie du chalumeau et inattaquable par les acides. Sa densilé
est de 3,27. Sou analyse m*a donné les résultats suivants i
4
Oxygène.
Silice 0,5476 0,2843 %
Magnésie 0,3022
Oxyde ferreux. . . . 0,0935
Alumine 0,0490
Oxyde de chrome • . traces
0,9983
^'^'®^!0 4394
0,0207 j"'*^^*
IfOTB DB H. DAHOCR. il6
Le pyroxèue diopside se fait remarquer, dans cette roclie, par
•a couleur vert éuieraude ; il se montre en petits grains arrondis,
adhérant assez fortement aux autres matières qui l'accompagnent ;
la densité est de 3,28. IL fond à la flamme du chalumeau en un
Terre transparent, de couleur verte. Il se dissout dans le sel de phos-
phore et lui communique une teinte vert de chrome. Il résiste à
l'action des acides. J'ai trouvé pour sa composition :
Oxygène. Rapporti.
Silice 0,5363 0,2785 2
Chaux 0.2037 0,0579 i
Magnésie 0,12i8 0,0490)0,1258 4
Oxyde ferreux. . . . 0,0852 0,0489 1
Alumine 0,0i07
Oxyde de chrome . . 0,0130
1,0037
Le diopside doit évidemment sa couleur verte à l'oxyde de
chrome. Bien qu'on ne puisse défmir exactement le rôle que
joue l'alumine dans cette matière, on peut présumer qu'elle cou-
•liUie avec une portion de la silice un silicate alumineux ; le rap-
port de 1 : 2 entre les bases chaux, magnésie , oxyde ferreux et
la silice, deviendrait ainsi plus exact.
Sur les échantillons que j'ai eus à ma disposition, le péridot-oli-
irine entre pour les trois quarts au moins dans la constitution de la
roche. L*enstatite se montre en plus forte proportion que le diop-
side.
Eu faisant connaître les éléments essentiels qui constituent
cette roche, je'ne prétends pas dire que sur toute IVtcudue de son
gisement, et dans les diverses localités où Ton constate sa pré-
sence, elle se monlre sous un même aspect, ni qu'elle présente
une même proportion dans les quanlilés relatives des espèces
minérales que j'ai signalées; si ces espèces se monlreiit d*une
manière distincte sur \cs échantillons recueillis près du lac de
liherz par M. Descloizeaux et sur ceux qui font partie de la col-
lection du Muséum d'histoire naturelle, j'en ai observé aussi plu-
sieurs autres où le mélan};e intime des trois espèces minérales les
rend très peu disceruables à la simple vue. C'est alors que rem-
ploi des acides perànet de séparer le péridot qui se transforme
en gelée et se dissout en mettant ))lus en évidence l'enstatite et le
pyroxène. Il peut aniver aussi que sur certains points des gites
de Iherzolite le péridot devienne moins abondant et que ce soit
reottatite ou le pyroxène qui prédomine. Les géologues savent
hl6 SÊÀlfCI DU 13 JANVIER 1863.
qu'il est difficile de classer les roclirs, en général , en asigaat
a chacune d'elles une structure et une composition bien définio.
On voit, en ciïet, ces matières se modifier et paner fréqnemiBCM
par des nuances à peine sensibles de l'une à l'autre, par k prf-
doniinance ou la disposition de tel ou tel élément; c'cit mi
que le granité passe au gneiss, à la pegmatite, à la protoginei i
renritc, à la syénite, etc. On conçoit donc qu'il puisse en être de
même pour la Ihcrzolite qui, bien qu'essentiellement formée de
péridot, d'cnstatite et de pyi-oxènc, montrera sans doute, sar di-
vers points de son gisement, la prédominance de telle ou telle des
espèces minérales qui la constituent.
Une i-oche, tout à fait semblable à la Uienolite des Pyrénées
en ce qu'elle est également constituée par du péridot^ de rensta-
tite et du pyroxène, m'a été apportée récemment par M. Bertrand
de Lom qui l'a recueillie dans les terrains granitiques de
Beyssac, département de la Haute- Ivoire. Auprès du lac de Llien
et dans la vallée de Vicdessnu (Ariége), la Iheraolite forme nn
amas engagé dans de grandes masses calcaires.
L'examen de ces matières minérales m'a paru présenter de
rintérct, en permettant de mieux définir la composition d*one
roclic (|Uo Ton croyait formée d'une seule espèce (pytoxènc), et
en montrant une fois de pins que le péridot-olivine ne se rencontre
pas seulement dans les basaltes, comme on le présumait autireibis,
mais qu'il se trouve encore abondamment répandu parmi d'autics
roches d'origine éruptivc.
Il existe une pareille roche dans la vallée d*Ulten auTyrel;
j'avais signalé, il y a quelques années [Jnn, des mines, &* série,
tome VIII, page 90), la présence du péridot dans "des itMhes ma-
gnésiennes de Pfunders en Tyrol.
M. Descloizeaux fait ensuite la communication suifante :
Note sur la présence du zinc carbonate ^ de la Ikerzoliie ef de
la fluorine dans la chaîne des Pyrénées^ aux enwroiudêt
Eaux' Bonnes ; par M. Descloizcaux.
£n partant des Eaux- Bonnes, si Ton monte vers le sud-est dans
le ravin nommé la Coume^d'Aas, on trouve à une heure des Baux-
Bonnes sur la rive dmite de la Coume, au milieu du calcaire
compacte, de petits dépôts de pyrite transformée eu hématite
brune et de blende mélangée de galène associée à du carbonate
de sine coucrétionné, cristallin en quelques pointSi offrent des
NOTB DB M. DB8CL01ZBÀIIX. &17
zoDes blanches cntremêlëes de zones brunes. La galène a été
exploitée par une excavation aujourd'hui abandonnée, mais le
carbonate de zinc a été laissé sur place, probablement parce
qu'on n'en connaissait pas la nature et la valeur. La roche encais-
santé ne diffère pas du calcaire compacte, sans fossiles, de la butte
du Trésor^ au milieu duquel jaillit la source des Eaux-fionnes.
Au lieu de suivre la Coumc jusqu'à Tamas de zinc carbonate, si
Ton prend ù droite et vers le sud la gorge de Balour^ on peut, à
trois quarts d'heure des Eau x-^ Bon nés, voir, en écartant les buis
qui en dissimulent Tentrée, une ancienne galerie parfaitement
taillée à la poudre à travers bancs, dans le calcaire compacte,
ayant l'^jSO de largeur et 2 mètres de hauteur, et se terminant
au bout de 53 mètres de profondeur par un éboulement d'une
marne argileuse très fine et très plastique au delà duquel des dé"
bris de forts boisages et un courant d'air vif et très frais font
soupçonner des travaux ctemUis; et à l'extérieur, un éboulement
coosidérable, formant la lialdc de l'exploitation ne contient que
de la pyrite transformée en hématite brune qui s'est quelquefois
transformée ellc-incme à la surface en hématite rouge pulvéru-
lente, un grand nombre de stalactites calcaires, et des conglomé-
rats formés par de petits galets fortement usés et aplatis d'un
schiste satiné gris. Ces conglomérats, dont les surfaces portent des
(races incontestables de glissement, semblent annoncer l'existence
d'un véritable filon; mais rien, dans les souvenirs des habitants,
ni dans l'iiistoire du pays, ne peut imiiquer l'époque à laquelle
on a ouvert la galerie, construite évidemment par des mineurs
habiles, ni quelle espèce de minerai on y a exploité.
Laissant cette galerie sur sa droite, si l'on suit la gorge de
Baionr^ on débouche dans un petit ])lateau dit prairie de Balour^
et après Tavoir traversé, on rencontn; des schistes siluriens qui
encaissent les calcaires des Eaux-Romies et qui constituent le col
de Brèque. Au bout de deux heures et demie de marche, on re-
joint le sentier a mulet qui,. des Eaux-Bonnes, conduit par le
Gouni au pic de Ger, et l'on observe un mamelon d'ophite altérée
dans laquelle la pâte est devenue d'un blanc verddtre, tandis que
les cristaux (amphibole?) larges et contournés s'en détachent par
leur forme et leur couleur verte. On laisse à gauche la plaine
d'Anoui liasse et après trois heures et demie de marche on par-
vient au col de Lurdé au-dessus duquel se trouve, vers la droite,
un petit dépôt de gypse blanc sacchardiclc intercalé dans les
schistes calcaires. On traverse le col, on laisse à sa droite Xapic du
midi d^Ossan et Ton descend, au milieu de calcaires cloisonnés
Socn géui.t 2* série, tome XIX, 27
418 SÊAWCE DU 18 JANVIER 1862.
remplis (ie cri.staux de pyrite niicléée, dans un ravin qui se dirige
vers la plaine de Susoru. T.e vi rsant <;auolie du ravin est oocnpé
par des s<*liistes altérés, le versaiil droit par un calcaire gris, coin-
]>acte, renfermant de nnnd)reu.v eristaux de quartz noirs et grisâ-
tres (souvent vendus pour de la rouseranite] répandus dans toaté
sa masse, et des moueiies de pyrite cuivreuse généraleiueiit en-
ci làssées dans de ])etites veines de calcaire cristallin blanc. L'in-
troduction de ces substances dans le calcaire s'explique par Texis-
tenee de deux petits mamelons c()uti{]us au ravin, l'un, d'ophité
ampliiholiqne carartrrisée par des cristaux très distincts d'aiiipbi-
bole formant la pâte, avec de Tépidote verte et des lamelles de fer
oli{;iste <lans les fissures; Tautrc, de i/ttrzoliie tout à fait analo-
gue à celle du lac de Llicrz et de la valUv <le Vic-Dessos (dépar-
tement de TAriége), quoiqu'un peu plus compacte que cette der-
nière. On n\ivait pas si{^nulé jusqu'ici <ie llierzolite ilans la partie
des Pyi'cnëcs qui appartient au déparlement des Rasses-Pyrénées,
et il parait bien f|ue cette rocbe, essentiellement composée, d'après
les analyses de M. Damuur, de péridot, d'enstatite et de pyroxèoe,
a joué le même rôle que Topliite anqdiibolique dout elle doit être
contemporaine; les amas qu'elle forme sont seulement moins
répandus et moins inqiortants que ceux d'ophite.
Si maintenant on quitte les Kaux-13onnos pour se rendre aux
Eaux-Cbandcs, on rencontre des scbistes calcaires ou argileux
presque en entrant dans la ^;or[(c des Eaux-Chaudes, puis vieta-
neut les (;neiss et les granités qni continuent jusqu'au village de
Gabas. Le sentier qui, de ce village, conduit aux bains de Pentt-
cosa en Mspagnc, travei>e <lcs alternances de calcaires cristallins
et de scbistes noirs ou rnbanéi; à trois beures et demie de Gabas
on trouve la frontière, et, à 300 ou /|00 mètres du mur de sé|te-
ration, sur le territoire cspaj^nol, on .s'arrête avec étouneineut
devant une véritable coltine de s[atb flnor, quelquefois limpide,
plus souvent translucide et incolore, enclavée au milieti dé kchiA-
tes siliceux compactes, gris, dont les fentes sont tapissées par quel-
ques cristaux cnbiqnes de spatb fluor et par des cristaux limpides
de quartz. Au contact immédiat de la fluorine se montre une
sorte dequailzile c()nq)acle à cassure grenne, d'nn blanc verdâtre
faiblement translucide, mélangée de quelques lamelles de (ak
blanc. Le peu de temps que j'ai pu, dans une première excursion.
passer près de ce gi^;antes(ïuc amas, ne m'a permis de recueillir,
outre les échantillons de fluorine, que des concrétions minces et
peu aboudantis déposées dans les crevasses et les cavités delà
masse, et sur la nature desquelles je ne suis pas encore bien fixé.
NOTI DE M. DSSCLOIZKAUX. A 10
A la prochaine occasion, je nie propose de rechercher s*il existe
quelques substances métalliques dans le voisinage du spath fluor
et d'étudier plus en détail les circonstances d'un gisement si sin-
gulier et si diflérent de tous les giles connus Jusqu'ici pour ce mi-
néral. Si la substance» qu'on ferait facilement parvenir à dos
dane et en charrette jusqu'à Larum, pouvait ensuite être trans*
portée économiquement à Marseille, à Lyon ou à Paris, nul doute
que t'inciustrie métallurgique et surtout chimique n'en tirât ua
excellent parti, a cause de sa pureté exceptionnelle.
H. Edm. Hôbert demande d M. Descloizeaux s'il a recherché
la barytine auprès du gisement de fluorine qu'il a décrit.
M. Descloizeaux dit qu'il n'y en a point vu, mais que la
présence de la barytine lui a été signalée prés du pic de Ger.
M. Delesse fait observer que le gtte remarquable de spath
fluor signalé par M. Descloizeaux paraît analogue à celui d'un
autre fluorure, la cryolite du Groenland. L'ainas de spath fluor
de Gabas est d'ailleurs bordé par une salebande de quartz dont
la présence peut étn* atlribuée, soit à un dépôt opéré par les
agents qui ont produit le spath fluor, soit à une altération
exercée par ces mêmes agents sur les schistes siliceux qui
encaissent l'amas.
L'existence du péridot, qui a été constatée dans la Iherzo-
lite par M. Damour, donne un nouvel exemple du gisement de
ce minéral dans des roches non volcaniques. M. Delesse rap-
pelle à ce sujet que la variété de péridot nommée glinkite se
trouve dans le schiste lalqueux et accidentellement dans les
rbëhes granitiques; que la batrachile, péridot hydraté à basé
de chaux et de magnésie, s'est développée dans le calcaire mé-
tamorphique du Tyrol \ que la Tajalite, péridot ù base de fer,
s'est formée dans le granité du Mourne-Mountain en Irlande.
Un minéral peut donc se développer dans des roches d'origine
Tolcanique ou non volcanique, et c'est particulièrement bien
yisible poUr les feldspaths, les micas, les pyroxénes, les amphi-
boles, c'est-à-dire pour les silicates qui constituent essentielle*
ment les roches (i).
(4) BulUàn de la Soc. géologique, i" séf., I. XV, p. '^28, ^858.
àZO SÊÀlfCI DU 13 JANTIBR 1862.
Le Secrétaire donne lecture de l^extrait suivant d'une letln
de M. Boue :
Vienne, leS4 décembre 4861.
M. le professeur Szabode-Pest parait avoir pris pour point
dVtude le bas Danube, la Yalachie, le Dobroutscha^ TV y retourne
l'été prochain. Outre des calcaires secondaires de la partie septen-
trionale du Dobroutscha, on lui a dit qu'il y avait aussi des
roches à dépôts métallifères!
La carte géologique de la Transylvanie, par Franz de Hauer,
est une nouveauté très digne d'être connue. Il a soumis à l'Aca-
démie de Vienne le résultat de son relayé géologique fia BaAonynvld
ou de la chaîne qui s'étend de fiude, par Stuhlweissenburg, à l'O.
du lac Balaiou, et de là, du N.-E. au S.-O., vers les frontières
croates. Cette chaîne, très bien connue, n'est qu'une miniataire
des Alpes secondaires, avec cette difTérence qu'elle renrerme des
basaltes près du lac fialaton. La base de ces dépôts secondaires
est formée par les couches, rougeâtres de Werseu ou le grès bi-
garré ; puis viennent la série des couches du niuschelkalk et du
Jura des Alpes et le terrain de (josau. Les couches inférieures
redressées ressortent sur la côte orientale de la chaîne, de manière
qu'on marche de l'E. à TO. des anciens aux nouveaux dépôts.
Certains calcaires, comme celui du Dnchstein avec les gros Méga-
lodon, y forment des plateaux. A i'cntour règne le terrain tant
éocène que néogène. Une véritable découverte est, au N.-E. de
Stuhlweisscnburg, un grand massif isolé nom/né Meleg/tegy, Cette
montagne est composée surtout de roches granitiques et por-
phyriques avec des agglomérats quartzeux voisins du verrucano
de l'Italie. OuUe ce que F. de Hauer en a dit à l'Académie, le
docteur Zirkel en a détaillé la constitution avant- hier à l'Institut
géologique.
Un autre relevé fort intéressant est celui de la partie N.'O. de
fEsclavonie, par le docteur Stur. Ce géologue y distingue trois
massifs de montagnes, savoir : celui de TOrljava (aux sources de
cette rivière), celui du Poschega (au S. *dc Poscheg), et celai de
firood (N« de Brood). Du milieu des plaines alluviales, diluvialet
(loess), s'élèvent des collines du néogène (argiles à Gongéries,
Tegel^ sables, etc.), et celles-ci entourent les anciennes fonnationsi
savoir, du trias et des roches cristallines. Le granité et le gneiai
dominent dans les monts d'Orljava; il y a quelques micaschistes
et amphibolites. Dans une brèche porphyrique secondaire on voit
d«s svjiislea e( des do(omie8 du trias avec des poiutements de
LETTRE 1>E H. BOUE. i2l
phyrc ainygdalailc. Knlrc lo trias et le n^O(];èiie ou son agglomé-
rat, on iraperçoit qu'un dépôt cl*aggloiiicrat appartenant proba-
blement à la craie el foiinant la niasse prineipale du massif de
Poscliega. Lq néogène se divise en trois étages: le plus ancien,
marin, est composé de sable argileux, de grès et de calcaire à
algues calcaires ou du Leilha ; puis vieiment les couches marneuses
à Cérithes avec des amas locaux d*argile schisteuse et de grès,
l'équivalent du dépôt de lladoboj, si riche en plantes. Ce nrogène
forme à lui seul le groupe de hauteurs de Drood. La troisième
division du néogène, savoir, le Tcgcl ou argile à Congériesy avec
une faune de mollusques particulière, avec du calcaire d*cau douce
et des couches de cailloux et de sables tertiaires connue à Vienne,
cette division, dis-je, constitue Ks basses collines entre nos trois
massifs de montagnes. Dans les plaines régnent le sable et les
cailloux du diluvium en tcnnssc et uu-dessus vient le loess. Des
trachyies et rhyoliihcs avec des tufas sont liés à la seconde divi-
sion du néogcne, comme cela a lieu aussi en Styrie. C'est près de
Vousehin et sur le point le ])lus élevé de la route de Bcktes à
Naschik qu'on trouve dans le premier endroit un massif assez
considérable de trachytc et dans le dernier le rhyolithe et des
tufas trachytiques juxtaposés aux roches cristallines anciennes.
L'agglomérat des monts de Poschega contient des lignites; Tar-
gile à Congéries en offre aussi çà et là, et près de Petrovoselo
(E, du nouv. Gradischka) il y a des sources de naphte ; du fer
bydraté brun accompagne la brèche porphyrique entre Poschez
et Pleternica. Il y a des sources thermales iodifèresà Lipnik, près
de Pakras, et ferrugineuses à Darouvar.
M. Foetterle a construit la carte géologique de la partie septen'
irionale de la Croatie, Les chaînes principales, l'Ivanschika et les
monts d'Âgram (entre Orana et iheznica), avec la chaîne Kalnik,
sont composées de schistes cristallins, de diorite schisteuse, de la
doloniic du Dachstein et des couches triasiquesde Werfer. Il y a
dfes pointements nombreux de porphyre. A Oresje existe le cal-
caire à Hippurites et dans les monts Kalnik le calcaire jurassique.
Le long et au pied des chaînes sont le grès tertiaire, le calcaire du
LeitUa et les marnes, tandis que les basses collines sont composées
d'argiles à Congéi'i es, qui renferment de grandes couches de lignites
près d'Ivanec.
Le docteur Stache a décrit des dépôts considérables de calcaire
et eau douce composé presque uniquement de coquilles d^ Hélix.
Ces couches sont sur le bord N.-O. du Bakouywald et elles se
trouvent en liaison avec Tétagc à Congéries.
42^ SÉANCE DU 13 JANVIKR 1862.
Le conseiller Lipold a achevé son ctiiJc des terrains coniettMi
les colonies de M. Barraude. Il croit être venu à I)Out de déchifter
entièrement cet hiéroglyphe et de pouvoir démoatrer que les
accidents de stratification en sont seuls les causes.
Franz de Haucr a présenté à l'Académie un mémoire inann-
scrit de W. Gùmbcl, sur 1rs es/itrcs a iUstittgutr ^«inni ct:s grasses
bivalves comprises /iisqu'ici sous le un m r/r Megalodon trîquetrum.
Cette mono{|;rapliie, difficile à cnus^* de la matière l'evèche des tesu
énormes dans des roches très dures, expose les caractères et les
figures de cinq espèces, je crois.
Le même géologue imprime un ouvrage spécial sur les Alpes
secondaires de la Bavière^ en étendant ses ohservatioiis à la partie
de TAutriche qui lui est connue, ou en profitant des lumières de
nos ('éologues. Cet ouvrage paraîtra bientôt*, il contient beaucoup
de coupes et vignettes. 11 raccorde complètement les subdivisioDS
géologiques alpines des Autrichiens avec celles des Suisses. Il fera
probablement épo(]uc et éclipsera surtout Touvragc moins |Kii-fait
de Schafhaùtl, géologue chargé du relevé bavarois par rAcadéuiie
de Munich, tandis que Gund)i'l est, je crois, du corps des uiinei,
qui fait aussi ses relevés gtH.)Ioi;iques.
!\]. Hohenegger a découvert dans la Silésie aiitrîchienoectles
Carpathes du N.-O. de la llonj;ric les dépôts secondaires depuis
le lias jusqu'à la craie, y compris le gault, et de pfus réooène.
Ces dépôts sont placés les uns sur les autres dans leur ordre naturel,
de bas en haut, en procédant de TO. à TE. Alais la pariîcularitëdu
gisement est que plus les dépôts sont rra nts, plus hautes sont les
montagnes qu'ils forment. Ainsi le gault couiTinne en partie les
Carpatiies et a été compris jusqu'ici dans les grès carpathiques.
Une formation d'ophite, à i>eu près celle des Pyrénées, perce ces
terrains.
(^tte découverte, par de Hauer, du gault, soit là, soit au centre
de la Hongrie dans la chaîne du lac Balaton, est un fait remar-
quable, car jusqu'ici cet étage n*a pu être découvert ni dans le sud
de l'Allemagne, ni dans toute la chaîne des Al|>es, une fois passé
le Voralberg et TAllgau.
M. Goubert décrit quelques espèces nouvelles, recuaillies à
à Glos (Calvados).
M. Edm. Hébert fait observer que Y Ammonites ^ rapporté par
M. Goubert à Tespùce cordatus, doit se rapporter h Tespéce
altenians.
MOTS DB M. HBLLBTILLS. A^
Séance du 20 janvier 1 862.
PRÊSIDBNCB DE M. DELESSK.
M. Danglure, secrétaire, donne lecture du procès-verbal
de la dernière séance dont la rédaction est adoptée.
Le Président annonce ensuite trois présentations.
DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ.
La Société reçoit :
De la part de M. Ed. Lambert, Notice historique et géolo-
gique sur Sinceny (^.iisne) (extr. du /)«//. de In Soi:, litt, et
scient, de Ckauny^ t. II, décembre 1801), in-8, pp. 65-120.
De la part de MM. Alexandre Vézian, Prodrome de géologie^
introduction^ in-8, 55 p. Paris, 1861, chez F. Savy.
Comptes rendus hebd. des séances de rAcad, des sciences^
4862, 1" sem., t. LIV, n° !>.
L'Institut, ïf 1403, 1862.
Société imp, dUtgricuUure, sciences et arts de rarrondisse-
méat de yalenciennes^ novembre 18(>1.
The Àthenœuin, n° 1786, 1862.
Jahrbuch der A\ K. geoiogischcn Reic/usanstalt, 1860,
n* 2, avril à décembre.
• Revista minera, t. XII, n** 278, décembre 1861,
M. le marquis de Roys dépose sur le bureau une lettre d(?
M. Tarchiviste de la Société botanique <le France qui remercie
la Société géologique du don (;ui a été fait ù la Société bota-
nique de d<iux troncs de fougères.
M. Melleville fait la communication suivante :
Notice géologique sur les terrains de transport superficiels
du bassin de la Somme; par M. Melleville.
La vallëe de la Souuuc, parliculièreinent dans sa partie iiifë-
rieure, ainsi que quelques-unes des petites vallées qui y abou-
tissent, sont occupées par des coucbes de transport sur lesquelles
Tattention est particulièrement évrillée depuis qu'on y a docou-
verldes objets de Tiadustrie humaine associés à des débris fossiles
4S& SÉANCR du 20 JANVIFII 1862.
de grands carnassiers et d'herbivores d'espèces perdues ou u'habi-
tani ])liis nos contrées.
Ces découvertes qui sont ducs, comme on le sait, à M. Bouclier
de Pcrtlies, Thonombie ])résident de la Société d'éinulatioo
d'Abbeville, ont donné naissance à deux questions différentes:
une question d'ai*chéolo(>;ie ancienne fort importante, piÎ8qu*elle
tend à établir que Texistence de riiomme remonte à une époque
beaucoup ))lus ancienne qu'on ne le supposait coniiiiunéinent,
mais dont je n'ai pas à m'occuper ici (1); ensuite une question
géologique qui ne présente pas moins d*intérèt, puisqu'il s'agit
de fixer deux points sur lesquels on est loin de s'accorder, à sa-
voir, l'âge de ces conchis et la position qu'elles occupent dans
la série des terrains scdiuicutaires.
Las couches de trans)K)rt superficielles de la Somme sont-elles
tout(fs^ en cfl'et, d'une épo(|ue assez moderne, et doit-on les ran-
ger dans le terrain clysmicn ou diluvien, comme on le pense
assez généralement? îN'nppartienncnt-elics pas, au contraire, du
moins en partie, à une autre époque et ne convient-il pas de les
rapporter à une formai ion plus ancienne? Telles sont les ques-
tions que je me propose d'examiner particulièrement dans celte
étude. i^Iais, avant d'entrer dans cet examen, il me paraît indis-
pensable de donner quelques détails précis sur le gisement, la
constitution minéralogique, rallure et les fossiles de ces coucIifS|
seul moyen sûr, en effet, de résoudre les questions que je uc suis
posées.
Deux voyages exécutés l'année dernière, dans le département de
la Somme, m'ont d'ailleurs permis de les étudier sur les princi-
paux points qu'elles occupent, c'est-à-dire dans la vallée de l'Aviei
entre Morueil et Amiens, et dans la vallée de la Somme, depuis
cette même ville d*Amieus jusque la mer.
Examinons d'abord les grevières des environs d'Amiens. Celles
des tuileries de Saint-Acheul, au midi de celte ville, présentent
les particularités suivantes :
Le banc le plus inférieur est formé par un amas de silex de
plusieurs nuances, mais principalement noir, couleur particulière
au silex pyromaque de la craie. Ces silex affectent toutes les formes
possibles, surtout la forme tuberculeuse. Il eu est qui ne préMO-
tent aucune trace d'usure; quelques-uns sont cassés, d'autres, en
plus grand nombre, ont leura angles émoussés; on en trouve aussi.
(1) Voyei à ce sujet ma Notice sur les silex tailles tles départe^
mcnts de la Somme et de l* Aisne; 1861 ; Paris, Dumoulin, libraire.
NOTE DE U. HELLIVILLE. 426
mais fort rarement, qui sont entièrement roulés. Enfin, dans
cette masse énurinc de cailloux il ne m'a pas été possible d'en
découvrir un seul qui ne fut pas un silex et je ne crois pas que
personne en ait sij^nalé aucun d*une autre nature.
Ce banc caillouteux présente, d'ailleurs, des ondulations qui
en rendent Tépaisseur fort irré(;ulière. Réduit à 35 centimètres dans
la carrière de roucst, il atteint jusqu'à 2 et même 3 mètres
dans la carrière située à deux cents pas de la première. On remar-
que aussi que les cailloux sont disposés confusément et non daus
UD ordre en rapport avec leur volume et leur poids, les plus gros
reposant aussi bien dans le haut que dans le bas du dépôt. Les
hachettes façonnées de main d'homme se trouvent particulière-
ment dans ce premier banc.
Dans la carrière de l'ouest, cette masse de cailloux est surmon-
tée par les bancs suivants :
1^ Sable gris jaunâtre, présentant des sortes de lits ondulés, mais
revenant à l'horizontalité et renfermant de nombreuses coquilles
appartenant à des espèces terrestres et d'eau douce. . . 2", 70.
2* Sable argileux et marneux gris jaunâtre avec fossiles sem-
blables aux précédents, et quelques silex ouvrés 0'°>80.
Dans la carrière de Test, ces deux bancs se trouvent i-éduits à
30 centimètres environ par suite de l'épaississement du banc de
cailloux; ils renferment les mêmes fossiles, mais le sable y est
plus J)lanc.
3* Sable jaune, argileux (sable gras des ouvriers), dont l'épais*
seur est également très variable. Dans la carrière de Touest, elle
oscille entre un décimètre et un mètre ; dans celle de l'est, elle
s'élève jusqu'à 1"*,50. Dans cette dernière, ce sable prend une
teinte brune dans le bas où il est rempli de silex ; il redevient gris
jaunâtre dans le haut.
b^ Lit de cailloux empâtés dans un limon brun, environ O^'jlS.
Ce second banc de cailloux présente des différences assez sensi-
bles avec le premier, d'abord en ce qu'il n'est plus exclusivement
composé de silex de la craie, comme je le dirai tout à l'heure,
puis en ce que ces cailloux ont constamment leurs angles émous-
»és» On remarque aussi que ces débris pénètrent dans la couche
sous*jacente au moyen de nombreux sillons ou ravins sur les-
quels je reviendrai également.
5^ Limon gris jaunâtre ( fausse terre des ouvriers ) , envi-
ron ' 0",40.
6* Limon jaune, argileux, servant i la fabrication des briques
et des paunes, environ 0",80.
A26 SÉANCE DU 20 JÀNTIER 1862.
Les grevières de Saint-Rocb, à Touest d'Amiens, offrent peu
de différences avec celles de Saint-Achcul ; seulement, on voit
plus fréquemment, dans le banc caillouteux inférieur, des cailloux
roulés de silex, des morceaux de craie blanche é^^alement roulés,
et tous ces matériaux sont souvent agglutinés en un véritable pou-
dingue. Les sables qui surmontent ce banc forment aussi des no-
dules, des galets et même de larges plaquettes de grès assez
dur.
Quant au second banc caillouteux et aux argiles limoneuses qui
lui sont subordonnées, ils ne présentent rien de particulier à Saint-
Rocli, sinon peut-être qu'ils y sont plus épais.
Les grevières de Montliières, ouvertes à 2 ou 3 kilomètres de
celles de Saint-Roch, sont, à mon avis, les plus intéressantes de
celles qui entourent la ville d'Amiens. Le banc inférieur y est
formé par une masse épaisse au moins de U mètres, de cailloux gé-
néralement tuberculeux de silex de toutes grosseurs, empâtés
dans une sorte de marne calcaire et sableuse. Ces silex ne portent
en général aucune trace de frottement, et le très petit nombre de
ceux qui sont cassés ont conservé leurs angles vifs. Quelques-uns
cependant sont roulés et arrondis comme des galets de rivage,
mais ces derniers sont si rares qu'on pourrait à peine en compter
un sur mille. On y trouve aussi quelques morceaux de craie 'aux
angles émoussés, des Bélemnites, des oursins de la craie, des py-
rites ordinairement spbériqucs, ce qui leur a fait donner le nom
de bouffis par les ouvriers. Quant aux silex, ils sont de toutes les
nuances, grise, blanche, verdàtre (celle-ci est la plus rare) et
plus ordinairement noire foncé. Tous sont recouverts d'aoe
croûte ou patine de nuance différente, blanche (c'est- la plus com-
mune), jaune orange ou rose tendre. Dans le bas de la masse, les
cailloux sont presque sans ciment ; c'est aussi là qu'on trouve or-
dinairement des hachettes et des ossements de grands aniinaux.
Cette masse de cailloux est recouverte par un premier banc de
sable argileux, ou sable doux des ouvriers, puis par un second
banc de sable de couleur blanchâtre, ou sable aigre des ouvriers,
offrant ensemble une épaisseur moyenne d'environ 2*^50. Ces
sables renferment aussi des coquilles fossiles identiques avec celles
signalées plus haut.
Connue à Saint- Acheul et à Saint-Roch, un second banc cail-
louteux recouvre, à Monthières, les sables précédents en strati6-
cation contrastante, et les matériaux qui le composent provien-
nent de roches plus variées, grès quartzeux et nummulitiques,
^ès ferrugineux, fragments de poudingues, etc., mais surtout de
NOTB DE H. MSLLBTILLI. 427
silex qiiartzciix de diverses couleurs^ ordinairement dépourvus de
croûte ou patine. Ces matériaux ont (généralement les an(]les
émoussës et on les exploite à iMoulliicres pour le ballast du che-
min de fer.
Une couche épaisse d'argiles jaunis légèrement sableuses s'é-
tend à son tour sur ce banc caillouteux et s'y lie intimement en
offrant cette particularité, que Ton retrouve d*ailleurs partout,
d*étreplus sableuse dans le bas, à son point de contact avec les
cailloux, que dans le haut. Ces argiles, tout à fait semblables à
celles qui recouvrent les plaines et \vn plateaux de la Picardie,
sont exploitées à Monthières, comme elles le sont partout ailleurs,
pour alimenter les grandes usines tle briques et de pannes établies
dans ce village.
Toutes les coucbes de transport précédentes se retrouvent à
Fouest d'Ailly-sur-Somme, entre ce village et le bourg de Picqui-
gny. On en voit une exploitation abandoimée sur la hauteur,
près du cbemin qui relie entre elles ces deux localités. Elles s'y
présentent exactement dans le même ordre qu'auprès d'Amiens.
Dans le bas, c'est un banc épais et contourné de cailloux, princi-
palement composé de silex tuberculeux de la craie, sur lequel re-
posent le banc de sable gras et celui de sable maigre, tous deux
coquilliers, mentionnés plus haut. Ce dernier banc y est aussi ra-
Tinë à sa surface supérieure et recouvert par un second banc de
cailloux souvent brisés et )>ortant les marques d'un frottement
prolongé. Ces cailloux sont généralement colorés en une nuance
jaune de rouille par des infiltrations ferrugineuses, et se comiK>-
•ent de silex de la craie ou de plus anciens, mélangés à quelques
fragments de roches étrangères au pays.
Sur ce second banc caillouteux s'étend, en s'y liant intimement
cotiime toujours, une couche de limon jaune, argileux, très
épaisse sur ce point, où elle atteint en cllet une puissance de plus
de 3 mètres. Ici encore ces argiles limoneuses sont exploitées
en grand pour faire des briques, et ces briques sont exactement
de même nature et de même qualité que celles fabriquées dans
toute la Picardie avec des terres provenant de la même couche.
Elles sont assez tendres et d'une couleur rouge foncé bien connue
•ous le nom de rottf^e de brique.
Les grevières de Mcnchccourt, faubourg d*Abbeville, oiirent
quelques différences de détails avec les précédentes. Malbeur^use-
ment' je n'ai pu les étudier d'une manière complète, attendu que
les travaux d'extraction étant suspendus durant Tété, elles se trou-
Ttienl eo partie comblées lorsque je suis allé les visiter.
A28 8ÊANLK DU 20 JÀ4^VIBa 1S62.
Le banc caillouteux infciîcur irôlait pas visible clans les car-
rières du village, mais les travaux cVapprofondisseiueut des fosses
de la ville l'avaient mis à déeouveit près de la porte Marcadc. En
ce point, il repose sur un banc assez mince de marne blanche
crayeuse, ou craie remaniée et en bouillie, dans laquelle on a
trouvé des ossements de {grands animaux et des silex taillés.
Ce banc caillouteux est très épais, n'ayant pas moins de k h
5 mètres de puissance. Les silex, tous de la craie, sont mêlés de
beaucoup plus de («ravier et de gros sable qu'à Amiens et surtout
qu'à 3IoutIiières.
Le banc de sable ar^^ileux et marneux, ou sable gras des ouvriers,
qui recouvre ces cailloux, était imparfaitement visible. Le banc
suivant, formé d*un sable gris jaunâtre et argileux , renferme
d'assez nombreuses coquilles dont les espèces sont identiques avec
celles des carrières des environs d'Amiens; son épaisseur est d'en-
viron 1 mètre.
On trouve ensuite un nouveau banc de cailloux empâtés dans
une marne crayeuse [presle crayeuse des ouvriers). Ces cailloux
sont de toutes grosseurs et occupent en général un niveau en rap-
port avec leur volume et leur poids, c'est-à-dire que les plus gros
sont dans le bas et les plus petits dans le haut. Ce banc est d'ail-
leurs très tourmenté et son épaisseur varie entre l'^.SO et 2'",50.
Ce banc de cailloux ne se trouve pas autour d'Amiens. Sa surface
supérieure est ravinée par de nombreuses cavités (tonnelles des
ouvriers), ayant jusqu'à l^^sSO de profondeur, qui affectent en
général la forme d'un V, et sont remplies par les matériaux de la
couclic suivante. Il est d'ailleurs à remarquer que ces ravins sont
tous dirigés dans le sens de la déclivité des collines, comuie s'ils
avaient été creusés par des courants qui descendaient des hau-
teurs dans la vallée.
La couche suivante est formée d'un limon ferrugineux rouge
brun (bief dos ouvriers), mêlé de cailloux roulés de même nuance,
parmi lesquels il y en a beaucoup de quartz. Ces cailloux disparais-
sent dans le haut de la couche où le limon passe à la couleur brune.
C'est à cette couche qu'appartient le dépôt du moulin Qui*
gnon, situé sur la hauteur, au nord d'Abbeville. Mais en ce point
la masse caillouteuse atteint jusqu'à 2'', 50 d'épaisseur, et les cail-
loux, presque tous privés de leur croûte extérieure, et ayant leurs
angles émoussés, accusent un long charriage et un frottement
prolongé. Ils sont d'ailleurs colorés en jaune foncé par une infil-
tration ferrugineuse, et j'y ai vu intercalé un banc oblique et io-
terrompu d'un gros sible gris jaunâtre, mêlé de gravier fin, foit
MOTS DB M. MBLLETILLB. A2Q
cliiïërent des sables précédents et complètement privé de fossiles.
Par-dessus s*étend le limon jaune argileux dont j*ai déjà parlé si
souvent, lequel s'élève jusque sur le plateau et descend jusqu'au
fond de la vallée, en recouvrant toutes les couches sous-jacentes
comme d'un vaste manteau.
Dans la vallée de l'Avre je n'ai pu observer les couches de trans-
port précédentes que sur un seul point, à Boves, dans les tran-
chées de la voie ferrée et dans le chemin creux qui passé au-
dessous.
Sur ce point elles présentent des difTércnccs assez sensibles avec
les dépôts précédents, car elles sont ibrnices sur une épaisseur de
7 à 8 mètres, par une sorte de marne crayeuse, dure, d'un blanc
grisâtre, dans laquelle nagent confusément des silex généralement
d'un petit volume. Je n'y ni pas vu les bancs de sable coquîUier
mentionnés plus haut; maison y a trouvé, dit-on, des ossements
de grands animaux et des silex ouvres.
Telles sont les observations d'ensemble auxquelles donnent lieu
les couches de transport [superficielles du bassin de la Somme.
Bien que présentées ici sous une forme abrégée, et en négligeant
certains détails qu'on trouve d'ailleurs dans les différentes notices
publiées sur ce terrain, elles suffisent pour montrer qu'il existe,
entre la partie inférieure et la partie supérieure de ces dépôts,
des diffcrenccs tranchées dans le mode de gisement comme dans
les caractères minéralogiques et palcoutologiques, différences qui
nécessitent, selon moi, leur division en deux groupes ou systèmes
séparés, bien que superposés.
Le premier système, ou système inférieur, occupe constamment
rt exclusivement le fond des vallées en s' adossant aux flancs des
collines crayeuses qui les bordent, comme le montre la coupe
ci-contre :
Às6 sBamci do 20 jAHTiiR 186S.
Co:^ tranivmate de la vallée tir In Somme, montrant ta ditpoiU
lion et la luperpoiition riet deux gnrnpet arinaeès caUïoataax du
er pajrt.
Ce premier groupe se compose dans le bas d'un banc ^paii
mais îrr^tilier, uniquement forme de silex de la craie parmi les-
quels gisent quelques fossiles de ce icrraiii et des ossethents de
grands carnassiers et il'licrbivorea. Par-dessus s'ctendeut plusieurs
bancs de satiles fins, Icgcremeut aqijileux ou marneux, renfermant
de nombreuse! coquilles fossiles. Tous ces bancs, quoique omlulét
et tourmentes, affectent néanilioins dans leur en^uible une po»-
tion sensiblement liorixontale.
Commeje l'ai fait pressentir, les fossiles propres au groupe iufi!-
ricut sobt de trois sortes. Il y a d'abord des corps organisés prove-
nant de la craie, lesquels ont été arrachés à ce (erlain avec let été-
inents constitutifs des couches de ce sysiètne.
Les osséhitnts de grands carnassiers et (t'lii>rbivore5 gifebt à pli^-'
sieurs niveaux jusqu'à la profondeur de S â 6 mètres. Les util snat
brisés, K-s autres ont leurs aiètcs énioussci'g, les plus entiel'SAODt
aussi le plus profondément enfouis. On a trouvé à JMcncheiourt un
membre lustérieur de rliinocéros, dont les os, placés dans leur
position naturelle, indiquaient qu'ils étaient encore liés par leurs
ligaments au moment où ils furent enfouis sous le sol. Le sque-
lette entier du même animal gisait à peu de distance (1).
Quant aux coquilles fossiles de ces couches, elles piésentent de»
particularités que je dois signaler. D'abord leur provenauce ett
fort variée, car, sur fi2 espèces connues aujourd'hui, il y en a
(1) Mémoini de la Société d'émulatioa d'Abberilte, 1834-18SS,
p. <»7.
NOTE DB a. HBLLByilLR.
A3i
2 lacustres, 8 fluvialllcs, 13 propres aux étaii{>s, flaques d* eau eC
fontaines, autant de tiircslies et 6 marines. Ensuite ces coquilles
sont toutes identiques avec des espèces vivantes, les unes dans la
contrée, les autres dans les parties centrale et niëridionale de la
France, en Coi-se, en Italie et même en Afrique. £nfib, ces
coquilles sont dans un état de conservation parfaite, malgré leur
fragilité, ce qui exclut pour elles toute idée de transport et doit
faire admettre au contraire qu'elles ont vécu dans les lieux mêmes
où elles (jisent actuellement.
Voici d'ailleurs la liste complète des êtres organisés observés
jusqn*à ce jour dans le système arcnacé inférieur du bassin de là
Somme ; je l'emprunte aux dilTérents écrivains qui se sont occupés
de ce terrain, après avoir contrôlé son exactitude en recueillant
moi-même sui* place la plupart des espèces dont les noms y sont
inscrits (1) :
FOSSILES PROVENANT DE LA CBAIB.
Bt'tcniNitrs mucronatus^ Schlotb.
Htiniites rotunduSy Sow.
OursJDs non déterminés.
Trtigos globularisy Reuss. (Poly-
pier).
Carnassiers et herbivores.
Eîcphns primigcNtus^ Cuv.
— nritiquns^ Falcon.
Ufsiis sptlœus^ Blum.
Felts s petit a, Owen.
Hycna speiiva^ Cuv.
Ct'tviis ttmt/éfius prisciiSy Cuv,
I Cervus snmonensh^ id,
! Cnnis spclœuSj Goldf.
Ursm ttrttscuSf Cuv.
Cervus Gueiiiirdi, Desm.
Rhinocéros iichorhiniLs^ Cuv.
i Écaille de Crocodile.
Coquilles lacustres, JluviatHes et d*eau douce.
Crrena consobrina. Caill.
Limnœa sla^nalis^ Drap.
— trancatula^ Mu 11.
Limnœa minuta^ Drap.
AncYlus fluviatiUsj Mull.
Cyclas tornea, LioDé.
(4) Mémoire ^volof^iquc sur te bassin d' Amiens j par Rflvio, dans
les Mémoires de ta Société ef émulation d'Jbbepille, t. II, p. 4 48,
4835. — Esquisse f*rologiqnc du département de la Somme ^ par
Buteux, V édition, 4 849. — L'homme antédiluvien^ par Boucher de
Perthes, 4 860. — On thc occurrence offlint impie ment% associated
tvith the remains oj animais of extinct species in bcds of ffeologicaf
periody by Joseph Prestwich, 4864.
432
SÉàNCB du 20 JANTIBR 1862.
Cyclas palus tris, Drap.
Pliuiorbis corn eus ^ Linné.
— aWus^ Mull.
Pisidium amnicum^ Mull.
Achatina lubrica, Drap.
falvnta piscinnlis, Lk.
— pianorbiSj Drap.
Succinea oblon^o^ id.
Llmnœa auriciUarîs^ id.
Llmnœa opotOy id.
— perrgrn, id.
— palustrisy id.
Plnnorbis vortex, Mull.
— marginattis^ Drap.
— carinatiis, id.
— spiroibis, Linné.
Palitdina impura^ Lk.
Coquilles terrestres^
Hélix arbiistornmy Drap.
— nemoralisy id.
— carthiisianaj id.
— /tispidn, îd.
— striatûy id.
— pulchelln^ id.
■^ rotiindalOy id.
f^r//x cNstnllina, id.
Succinea amphibia^ Drap.
Pw/3fl nwrginata^ id.
— doliolumy id.
— • musrorum^ Linné.
Cyclostoma clegans^ Drap.
Coquilles marines.
Purpura lapillus^ Lk.
Biiccinum undatum^ id.
Tellina soiidula, id.
Cardium edulc, Lk.
Littorina littorea^ Linné.
iVinw/ï reticulata, Lk.
Le second groupe, on système supérieur, recouvre le premier
système en slralification toujours contrastante, et ses matériaux s'y
sont mémo inlro.iuits jusqu'à une certaine profondeur au moyen
de sillons qui en ravinent la surface, double circonstance qui forme
entre les deux dépôts, si je ne me trompe, un hiatus bien marqué.
Ce système se compose d'ailleurs aussi de bancs caillouteux et
sableux dans ses parties inférieure et moyenne, et, dans le haut,
d'une puissante assise d'argile sableuse qui manque dans lèpre*
mier systèine. Mais pour avoir une connaissance exacte et com-
plète de cette formation, il ne suffit pas de l'examiner autour
d'Amiens et d'Abbeville, il est nécessaire de l'étudier dans son
ensemble, et c'est ce que je vais faii*e en réunissant ici les obser-
vations auxquelles elle adonné lieu dans les différentes parties du
département de la Somme, qu'elle recouvre tout entier.
Un banc caillouteux, d'une épaisseur très variable, en oocupey
comme je l'ai dit, la partie inférieure. Ces cailloux sont en majeure
partie des silex de la craie, mais souvent dépouillés de leur croAle
extérieure et ils ont généralement perdu leui-s formes tubercu-
leuses. Il s'y joint d'ailleurs un assez grand nombre de cailloux de
quartz et autres roches de difl'éreptes natures et de plusieurs ifjjt%^
IfOTB Dl M. MKLLEVILLK. AS3
Ainsi, on y signale des débris de calcaire grossier (1), de marne
dure d'eau douce avec empreintes de Lymuées et graines de
Chora (2), de grès à Nummulites (3), de grès à empreintes de
coquilles ou ferrugineux ((i), des silex blancs (5) et autres rochet
étrangères au pays. Ces débris sont d'ailleurs constamment uséi
sur les angles, quelques-uns sont même tout à fait roulés et arron-
dis, et ils occupent dans la masse un niveau généralement en rapport
avec leur volume et leur poids.
Cette assise est aussi le principal gisement, dans les vallées, des
ossements fossiles de grands carnassiers et herbivores (6). On en
a même signalé sur les hauteurs, au moulin Guignon (?) et à Saint-
Roch où Ton a également recueilli un moule intérieur de Cardium
hyppopœnm (8).
Ces ossements appartiennent à la plupart des espèces précé-
demment nommées, à Texccption du Canis spelœus, de VUrsus
eirusciis et du Cervus GueUardi dont les débris n'ont point encore
été signalés avec certitude dans ce terrain. £n revanche, le Bos
primige/iittSy Boj. , et YEquusfossilis^ Owen, semblent lui appartenir
exclusivement (9).
Leur gisement se présente d'ailleurs, en général, dans ce système,
d'une manière assez différente de celle du système inférieur. Ils y
sont toujours roulés et brisés, et constamment isolés des antres
parties de l'animal dont ils proviennent. On trouve parfois avec
eux des hachettes taillics, qui présentent également un caractère
(1) Esquisse géologique du tlépartement de la Somme ^ par
Ch. F. Buteux, V éditioQ, p. 95.
(2) M, ibid.,^. 66.
(3) Id,Jbid., p. 6«, 77, 82.
f4) 2d., ibid,,^. 77.
(5) /r/. , ibid,^ supplément, p. 40.
(6) Buteux. lococit.j p. 91.
(7) Bull, delà Soc, géol., 2* sér., t. XVIII.
(8) Buteux, ouvrage cité, p. 74. Dans les grevières de Viry-Nou-
reuil près de Chauny, j'ai trouvé rannée dernière plusieurs moules de
ce môme Cnrdium hyppopœum associés À des ossements d'Éléphant
et autres. Cette observation coucourt à établir entre ces dépôts un
rapprochement sur lequel je reviendrai.
(9) Il existe encore quelque incertitude dans la fixation des espèces
de grands carnassiers et herbivores propres à chacun des deux groupes
définis plus haut, par suite de ce que, ces deux groupes ayant été
considérés jusqu'à présent comme uue seule et môme formation, on a
négligé de fixer rigoureusement le gisement de cee débris. Cette in«
certitude disparaîtra, je l'espère, par la saite.
Soc. ^rW., 2* série, tome XIX. 28
A3A sêàncb du 20 JANVIER 48(52.
pavticulier, a savoir, qirelleé sont colorées en jaune de lioîiîlle
pal' lies înfiUrAtions fcrrn^'incuses (1).
rar-(iessus cette assise caillouteuse, oii trouve fn'queuiincnt, sur
leè plateaux, et couslanimcnt dàiis les vallc^cs, un où pliisieurs
bancs obliques et Inierî'onipus dé gros subie mélange de fin grÂvier.
J'ai précédemment signalé, au moulin (aiignon, ce sable si diffé-
rent, sous tous les rapports, des sables du système inférieur, et
M. Huteux Ta trouvé sur beaucoup cfautres points du payé [i].
Il ne renretme pas de fossiles, et personne, à ma coiinaissance,
n*5 A trouvé aucune des coquilles si cohiinunes dans le groupe
iilférieur.
O sable est à son tour recouvert pal* une autre assise foirt
variable dans son épaisseur, mais constante dans ses caîractères
minéraiogiqucs. C'est linc argile lëgèreiiient sableuîe, 6\i limon
argileux, de t^ouleur toujours jauiîe dans son état nâliirel, parce
qu'elle est colorée par du fer bydroxydé. Cette substance y
est même Bbsez abondante par places, pour y former des amas
de minerai (3) , circonstance que Ton retrouve dans beaucoup
d'autres pays. Partout aussi ces argiles sont employées, comme
je Tai déjà fait remarquer, à la fabrication des briqiies et des
pannes, et donnent des proiluils identiques, ce qui prouve, à mon
avis, une constance bien remarquable dans leurs éléments consti-
tutifs.
1^ système supérieur, considéré dans son ensemble, affecte
d'ailleurs une allure fort remarquable et bien différente de celle
du premier système, allure qui prouve que, loin d'être, conime
lui, le prcnluit d'une cause toute locale, il doit être dû au cori-
traire à une i-ause étendue, sinon générale. Ijoin, en effiet, de s*ëtre
déposé uni(|uenient dans le foml des vallées, coniinë Ib premier
groupe, il sV'lève sur toutes Us hauteurs, repose à tous les niveaux,
s'étentl sur tous les terraius, quels que soient leur nature et leur
âge, et les recouvre, sous toutes les inclinaisons, en stratification
toujours coiilrasiante. Dans la Somme en particulier, il descend
des plateaux jusqu'au fond des vallées, en suivant toutes les ondii-
lation<< du sous-sol, en recouvrant toutes les pentes, en s'appli^uant
même sur la tranche des couches du système inférieur, coînine
on peut s*en assurer à iMonthières, à Ailly-sur-Somme et ailleuirs.
C*est pour ce second syslènu^ et pour lui seul que j'ai depuis
(1) Boucherde Perthes, yinhcti-^t'olo^iv^ p. 4.
(2) Ottvrn<;c rite, p. 67, 81, 82, 83.
(3; Buteux, ouvnige r/tè.
NOTB DB M. lÎELLSVfLLB. hih
longtemps réserve le nom de diluvium^ comme étant seul le pro-
duit d'une cause unique et générale (1).
La division des couches de transport superficielles de la Sommé
en deux systèmes diflérents, bien que superposés, étant justifiée
par les considérations précédentes (2), il ne me reste plus qu'à
recbercher Tâ^e de ces couches et à examiner si elles peuvent être
toutes rangées dans le terrain diluvien, comme on l'a fait jusqu*à
présent. Mais, pour arriver sûrement à la solution de cette question,
il me parait indispensable d'étudier à leur tour les teirrains de
transport de la vallée de la Seine, avec lesquels ou a cherché à
lè^ identifier, en si(^nalant avec soin les points de resseihblâûce ou
lés différences plus ou moins tranchées qui peuvent exister entre
<iës différeiits dépôts.
Je choisirai précisément pour terme de comparaison la grevière
ouverte â Grenelle, avenue de la Mothe-Piquet, n"' 61-63, donc
les couches ont élé citées comme correspondant particuUèremeut
âoelles de la vallée de la Somme (3).
Le fond de la carrière est constitué par un banc assez mince de
Ijrës gris, à gros grains, reposant sur des argiles vertes et jaunes,
appartenant évidemment aux argiles de ÎNJeudon. Sur ce ^rès
reposent des gros fragments et même des blocs volumineux,
iilésùrant jusqu'à plus de 60 centimètres cubes. Tous ces fiag-
Inents, tous ces cailloux sans exception, ont leurs angles émous-
(4) Voyez mon mémoire intitulé : Dadiluviurn : recherches sur les
'dépots auxquels on doit donner ce no/ftj et sur fa cause qui tes a
fihdtiUs^ Paris, 1842, Roret, libraire.
(2) Dès 4854, M. Kigollot, dans son Mémoire sur les instruments
en silex inmvrs à Saint- Jr/trul^ p. 4, a pressenti cette division ; maiSi
par une méprise pardonnable à un homme étranger à la géologioi
il donne le nom de dilitvium au système inférieur décrit plus haut,
c'est-à-dire à un ens<Mnble de couches dont les caractères tout locaux
repoussent l'idée d'une cause générale qu'éveille au contraire le mot
de dilttviunt,
(3) Il y a beaucoup d'autres ^revières ouvertes à Grenelle; oii en
trouve une rue de Grenelle, quatre ou cinq très vastes rue des Entre-
preneurs, une autre rue de l'Industrie, etc. Les choses s*y présentent
si exactement de la môme manière que dans celle de Tavenue de la
jtothe- Piquet, que la description de celle-ci est aussi la description
de celles-là; les seules différences consistent particulièrement dans
rabondance ou la rareté de certains matériaux. Ainsi, les fragments
de granité rose et gris, fort rares à la Mothe-Piquet^ sont comtiiuQS
à la grevière de la rue de ilndustrie, etc.
iS6 8ÊÀNC1 DU 20 JANVIER 1862.
SCS et accusent un charriage aussi violent que prolongé. Là gisent
particulièrement les ossements de grands animaux [Eiephas
primigcniust Rhinocéros tichorhintts^ Equus^ etc.) associés parfois i
des silex taillés. Par-dessus s'étendent :
1** Un banc irrégulier et interrompu de gros sable de rivière
gris jaunâtre, dur, sans cailloux ni coquilles fossiles, envi-
ron 0",35.
2^ Une masse de cailloux de toutes dimensions nageant péle-
mèle dans un gravier de rivière, et entremêlés de quelques lits
irréguliers et interrompus de gros sable où les cailloux sont rares,
environ S'^i/iO.
Cette masse de débris se compose principalement de cailloux
quartzeux de diverses nuances, de poudingues quartzeux, de
silex de la craie supérieure et moyenne, de morceaux de craie
roulée, de silex du calcaire jurassique, de calcaire siliceux ter-
tiaire, de silex molaire, de gypse, de calcaire grossier, de grès
d*âges divers, de calcaire jurassique et de calcaire compacte litho-
graphique, de schiste ardoisier (très rare), de gneiss, de syénite,
de granités rose et gris et autres roches anciennes. Comme je l'ai
déjà dit, tous ces débris ont leurs angles émoussés et quelques-uns
même sont réduits à l'état de cailloux roulés.
Les fossiles qu'on trouve associés à ces débris sont : des coquil-
les tertiaires provenant du calcaire grossier, des Ananchytes de la
craie et quelques autres espèces arrachées à des terrains plus an-
ciens encore, avec de rares ossements toujours roulés, provenant
des grandes espèces animales précédemment signalées.
3* Gros sable de rivière jaune gris, avec veines de sable ferru-
gineux , 1",60.
Je n*ai pu découvrir dans ce banc, pas plus que dans les précé-
dents, ni une coquille fossile, ni aucun fragment de coquille pa-
reille à celles du système inférieur de la Somme, et personne à ma
connaissance n'en a jamais signalé.
4^ Argile ocreuse ou limon argileux de couleur jaune de rouille,
passant dans le haut à la nuance brune ou bistre, et tout à fait
identique d'aspect et de nature avec le limon des plaines et des
plateaux de la Picardie, environ 2", 30.
11 suffirait, à la rigueur, de placer la coupe précédente en regard
de celle des couches de transport de la Somme pour faire com-
prendre tout de suite les différences considérables qui séparent ces
formations.
Le terrain de transport de la vallée de la Seine forme un en-
semble complet et non divisible, et la disposition des matéi'iaiix
nOTI DE M. MELLITILIB. AS7
:, indique, selon inoi, qu'il est le produit d'une
cnuse unique et (jéni'rale. Cette cause dut être une inondation
dont la violence, d'abord extrême, s'aiiiordt intenfiblement pour
(înir p.ir une période de tranquillité relative, marquée par le dé-
pôt du limon argileux qui termine l'ensemble de cette formation,
période itrnnmoius trop courte pour avoir permis aui eaux de
celte inondation de nourrir aucun mollusque.
Caape du terrain de traniporl de la vallée de la Seine.
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Dans les grevières de la Somme, nous voirons au contraire Tac-
tion et les produits de deux phénon^ènes différents : d'abord, an
grand mouvement d'eaux, mais local et circonscrit, auquel me-
cède une longue période de calme, caractérisée parle dépâtdetlenz
on trois bancs épais de sable fin pétris de coquilles terrestres et
d'eau douce 1 puis, une nouvelle inondation, cette fois violente et
étendue, qui enlève ou ravine les dépôts précédents, et recouvtc
les lambeaux qui en restent d'un nouveau bane de gravier «ir-
inonté d'une couclie de limon sans fosiiles, marquant la fin du
phénomène (1).
Maintenant, si, descendant dans les détails, nous cherchons les
(4) M. Rigollot, dans le mémotre préollé (p. 7 k <<>}, saisit tria
bien ces différentes origines, et il attribue à ca damier phénoEDéu,
comme je l'avais Tait moi-mdme, ta séparalion de l'Angtaterre d'avw
le coatineiit; seulement, il allribne cet évéDemeol i une rupture ia
conlioenl, tandis que je t'ai attribué à an exhaussement d^ nivau 00
l'eau dBQB l'Océan. (Toyei owrage cité, p. 76.)
&38 SfiANCB DU 20 JANVIER 186'2.
I
rapports qui ont pu faire identitiei' le système inférieur de la
Somme avec le terrain clysmitMi de la Seine, nous voyons, au
contraire, les différences qui séparent ces c|épô( s apparaître plut
frappantes encore.
Qu^y a-t-il dans le p,roupe inférieur de la Somme? Unique-
ment des silex de la craie, base i;énéralo du sous-sol de la contrée,
silex évidemment entraînés des hauteurs voisines dans le tenips
où elles n*étaient point encore recouvertes par la couche de limon
qui s'étend aujourd'hui sur elles.
Le dépôt caillouteux de la Seine pré>ente au contraire un mé-
lange constant de roches les plus diverses, arrachées à des terrains
de tous les âges et amenées des pays h^s plus éloignés.
Dans la Somme, le premier banc de cailloux est recouvert par
des sables Rns, argileux, remplis de coquilles terrestreu, d'eau
douce et même marines, appartenant a des espèces actuellement
vivantes.
On ne voit dans la vallée de la Seine que du gros sable de ri-
vière mêlé de gravier et absolument privé des coquilles fossiles
signalées dans la Somme.
Restent les débris de carnassiers et d'herbivores qu'on trouve
également dans les deux dépôts. Ce fait établit un rapport évi-
dent entre ces dépôts; mais l'importance «le ce rapport disparaît
si l'on considère que le diluvium proprement dit, celui de la val-
lée de la Seine, est le produit d'une cause qui a mis tin à la pé-
riode pen(^nt laquelle vivaient ces animaux et se déposait le sys-
tème caillouteux et arénacé inférieur de la Somme, de aorte qiie
leurs débris doivent nécessairement se trouver dans jes deux gvo^-
pes, bien qu'ils soient d'âge, d'origine et de nature dilférents-
A part donc l'existence de ces débris fossiles dans \es deux ter-
rains ()c la Sou)me et de la Seine, on peut dire que npn-seule-
ment il n'existe entre eux aucune analogie, niais qu'ils sQut au
contraire séparés par des différences nûnéralogiques et paléontc^
logiques très considérables et parfaitement Cciractérisées.
En revanche, il y a, selon moi, une ressemblance frapp^pte
entre Içs terrains de transport de la vallée de Iq Seine et le sysièine
supérieur argilo-caillouteux de la Sonmie, sinon que celui-ci pré-
sente moins de développement, dans le sens vertical, aux alen-
tours d'Amiens qu'aux environs de Paris, eli'et çoinmuD 4 tous les
terrains de sédiment, et en particulier aux terrains de transport,
qui forment généralement des traînées plutôt que des couches
régulières.
L*allure générale des deux dépôts est la même. Ils sont égale-
VOTK DV II. MBLLEVILLB. A89
li^eol fqfinéa de niatérinux variés, avraclios îi des terraius de tout
âge et 4e tous pays; ces inatoi iaux ont constamiuepi leurs angles
ëmopstë^; pn y trouve des fossiles provenant des formations an-
ciennes, mais jamais de coquilles intactes annonçant, comme
cel|e9 du système inférieur de lu Somme, qu'elles ont vécu pen-
dant la durée même du phénomène auquel est dû le dépôt du
4i|uvîum. Enfin, les éléments constitutifs de leur assise supé-
rieure sont si exactement les mêmes dans les deux pays, ma]|>ré
la grande distance qui les sépare et des différences considérables
^^ns la constitution f;éolo{vique du sol, qu'elle est employée aux
mêmes usages industriels dans la Seine et qu'elle y donne des pro-
duits tpvit à fait semblables à ceux de la Somme.
Il ne me reste plus maintenant qu'à rechercher Tilge du groupe
inférieur de la Somme et à déterminer la place qu'il doit occuper
^^LD^ la série des terrains de sédiment.
JNous avons vu d'abord qu'il est constamment recouvert, en
8trati6cation contrastante, par je terrain diluvien, preuve qu'il
occupait déjà le fond des vallées quand ce dernier est venu se
Aipéirposer à lui, et par conséquent que sa formation est d'une
date plus ancienne.
Ensuite, la présence dans ce groupe, de débris de grands animaux
provenant d'espèces qui n'habitent plus que les contrées chaudes,
semble annoncer, pour le temps on ces couches hc sont formées,
des conditions climatériqnes différentes de celles où se tix>uve au-
jourd'hui le norrl de la France, conjecture que confirme lexa-
IPfin 4^' co.qui|les fossiles propres à ç^s t^épots, puisque sur
&2 espèces actuellement connues, 28 seulement vivent encore cjans
le pays, tandis que les 1/» autres espèces sont particulières à la
France centrale et méridionale, à la Corse, à Tltalie et même à
rÂfrique, patrie actuelle des éléphants, rhinocéros, hyènes et
katres espèces animales dont les débris sont associés à ces co-
quilles.
Eu résumé, de toutes les observations précédentes et de la dis-
dusion qui les accompagne, il ne me parait pas trop téméraire de
tirer les (conséquences suivantes :
i^ (jes couches de transport superGcielles du bassin de la
Sop^^Ct se divisait naturelleinent en deux groupes ou systèmes
distincts et d'âges différents, bien que très voisins l'un de l'auti'e,
le système supérieur correspondrait sei^l au terrain de transpoi't de
la Vallée de la Seine pris pour type du terrain diluvien ; le sys-
tème inférieur, au contraire, serait un dépôt fluvio- lacustre parti-
• -j^j '''il''» '■ II*
Gtuiêr au bj^in de la Sop^rae.
A&O SfiANCR DU 20 JANVIER 1862.
2^ Ce dépôt se serait formé durant la période géologique qui t
iinmédiatement précède IVpoque moderne, puisque ses fossiles
annoncent des conditions cliinatériques plus rapprochées de celles
actuelles que de toute autre période géologique.
3° Enfin, cette époque pourrait être celle du pliocène supérieur,
puisque, d'une part, c*est la période géologique la plus voisine de
nous, et que, de l'autre, sur les A2 espèces de coquilles recueillies
jusqu'à présent daus le système arénacé inférieur de la Somme,
Mx espèces se retrouvent dans le terrain tertiaire supérieur de
TAngleterre, du midi de la France et de l'Italie, établiswmt
ainsi entre ces différents dépôts un rapprochement que les obser-
vations ultérieures ne peuvent manquer, selon moi, de confirmer
davantage.
M. Hébert dit que les observations que yient de présenter
M. Mellcville sur le terrain quaternaire do la Somme et de la
Seine lui paraissent soulever de graves objections.
1** M. Melleville croit que le terrain de transport delà Somme
est considéré comme un dépôt unique, et il distingue deux partiet
dans ce dépôt. Or, tous les observateurs ont fait cette distinction
depuis longtemps, aussi bien dans la vallée de la Somme que
dans celle de la Seine (l). Ces deux dépôts sont désignAe,
rinférieur sous le nom de diluvnun grisj Je supérieur soiu
celui de diluçium rouge, et tout le monde sait aussi qu'au
contact le diluvium gris est raviné quelquefois profondément
par le diluvium rouge.
2*" M. Melleville croit que les cailloux du dilufium inférieur
ne sont pas roulés, que leurs arêtes ne sont point émoussées,
et que ceux du diluvium rouge le sont au contraire beaucoup.
C'est précisément l'inverse de ce qui existe.
S"" Enfin, M. Melleville croit que c'est dans le diluvium aupè*-
rieur qu'ont été surtout trouvés les ossements des grands
Mammifères. Jamais, au contraire, personne jusqu'ici n'enta
signalé dans cette position j tous les ossements ont été recueillis
dans le diluvium gris, le seul où l'on ait également rencontré
des débris de l'industrie humaine.
m
Evidemment la manière d'observer de M. Melleville diffère
(1) Voir notamment les notes diverses de M. Ch. d*OrbigDj et
colle de M. Buteux. Bufl.y «• sér., t. XVII. p. 7Î et 76.
ROTE DU M. OAUOaY. AAl
etseniiellement de celle de tous les géologues \ aussi arrive-t-il à
des conclusions qui se trouvent tout à fait exceptionnelles. Pour
M. Melleville ce que nous appelons le diluvium gris à osse-
ments de Rhinocervs tichorkinus est du pliocùne.
M. Hébert croit se rappeler que dans un mémoire publié par
le même auteur sur le diluvium, il y a une vingtaine d'années»
les grands animaux (Rhinocéros et Éléphants) enfouis dans les
glaces de la Sibérie étaient considérés comme de Tépoque des
terrains tertiaires moyens. Tout cela, dans la série d'idées que
suit Tauleur peut être logique, mais ne s'écarte pas moins
profondément des connaissances positives établies par la science
moderne.
Quant à la comparaison établie par M. Melleville entre le
diluYium de la Somme et celui de la Seine qu'il croit très diffé-
rents» l'observateur a choisi précisément la carrière (la Mothe-
Piquet) qui offre la série la plus incomplète des dépôts quater-
naires; tout autre lieu lui aurait au contraire démontré la
parfaite identité de ces dépôts dans les deux régions.
Malgré les observations de M. Hébert, M. Melleville persiste
à croire qu'il n'y a qu'une seule partie de la formation diluvienne
de la Somme qui se rapporte au terrain de transport de la vallée
de la Seine.
M. Albert Gaudry présente les observations suivantes :
M. Melleville vient d'émettre l'opinion que dans le diluvium
d'Amiens il existe deux couches distinctes contenant des ossements
fossiles : l'une plus profonde (c'est sans doute le diluvium gris) qui
appartiendrait à la période pliocène, l'autre (c'est sans doute le
diluvium rouge)qui représenterait la période quaternaire. Si l'opi-
uion de notre savant confrère rtait basée sur des preuves positives,
elle devrait jeter rétonncment dans le monde des naturalistes et
des archéologues. Mais M. IMcUeville s'appuie sur un fait qui
semble en contradiction avec les recherches des nombreux géo-
logues qui ont dernièrement visité les environs d'Amiens; selon
lui, ce n*est pas dans le diluvium gris renfermant les silex taillés,
mais c'est dans le diluvium rouge, que se trouvent la plupart des
ossements quaternaires.
Je ne crois pas qu*à Saint-Acheul on ait encore signalé des
tineménts dans le diluvium rouge ; on n'a indiqué des fossiles que
AA2 SÉATfCR DO 20 JAKTT11I 1862.
dans le diluviuin f^ris; j'ai dctaclié de mes propres mains à
Acheul, daiîs le diluviuin gris qui renferme les iiiex taiUég^ dci
deiiU (ÏEquiis caballus et de Bisnn priscits.
M. Mellevillc cite Saint-l\och cpnmie renfermant c)e8 osseiuenls
dans le diluvium rouge. Guidé par iM. Buteux qui connl|^ ri
parfaitement les terrains de la Picardie, j'ai visité Saint-Rocli, et,
comme je Tai dit dans une note lue à C Académie des scientts U
à octobre 1859, il ne semble pas possible de douter de l'identité
de la couche de Saint-Acbeul qui renferme des silex taiilÀ'et des
ossements d'animaux quaternaires avec la couche de Saint-Roch
qui a fourni la plupart des pièces fossiles recueillies aux eoTi-
rons d'Amiens. On peut sans doute ëtabUr la coope sui^mnls df
Saint- Acheul à Saint-Roch :
Saini-Eocb. Saint-ÀchraL
... I . , .
f — Lcrss ou limon exploita pour la briqueterie.
1 — DiluTiam rouge.
3 ~ Alternances irn-gulièret de sables |ri> à OTmiillfii
lacustrei et de dtlnTluAi gris.
4 — Diluvium gris à oasemenis.
Une collection àc^ pièces de Saint-Roch €t QOtamnwniC une
belle suite d'os d'Eicp/ias primigenius se voient dans le musée da
Jardin dos plantes d'Amiens. La gangue de ces os su^r^t seuk
pour prouver qu'ils ne viennent pas du diluvium roii|{e. A inf»ips
que M. Melleyille, qui a fait de si importants travaux sur les ter-
rains tertiaires du bassin de Paris, n'ait découvert aux environs
d'Amiens des faits nouveaux, les géologues persisteront saus doufe
à considérer le diluvium gris qui renferme les débris de Findus-
trie humaine comme un des gisements caractéristiques de la
période quaternaire; ils se garderont de les ranger parniî les
terrains tertiaires.
M. Melleyille réppqd qu'il ne les a pas trouvés iui-mèinç),
mais qq'il a vu je l'ait mepUonné dans un mémoire de M. Bu^s.
M. J. Delanoûe dit :
Si M. OfeUeville n'a pas encore trouvé de fossiles d'eaa dopoe
NOTE DE K. DELANOÛB. AiS
daoa le Icess <lu Noitl, il (vjiura eu observer de bien intacts à
Qui|Syraio à 500 mètres au nord-est.
Les coupes de M. Meileville irpivseutent exactement la dispo-
lît jop (jf-'S terrai nS) mais il y a une cause d'erreur dans l'assimilation
qu'il fait des dépôts intacts île diluviuni et de lœss de la Picardie
«Tec les terrains si souvent démantelés et remaniés de la vallée
de la Seine.
Si M. Meileville a trouve des silex taillés et beaucoup (Casse-
ments dans le diluviuni supérieur dVAmiens, cela doit être un fait
tout récent, car jusqu'à ma dernière visite, il y a six semaines,
j*y ai observé le contraire, comme tout le monde.
: M^ députa meubles i/ifêiicurs des carrières de Saiiit*Acheui
M^odeut en silex taillés de main d'hqmmeetM. Alelleville les
qualifie de ptiocènes. L'avènement de lliommc remonterait ç|odc
^ 1^ f^rioc|e tertiaire ? Cela mériterait bien quelques preuves et
explications.
M. Meileville dit que la dénomination de pliocène qu'il a
appliquée à la partie inférieure du diluvium do la Somme
résulte des fossiles qu'il y a recueillis.
M. d'Omalius d'Halloy prie MM. Hébert et Meileville de
Youloir bien fournir quelques explications au sujet dos dissen-
timents qui existent entre eux, d'après la coupe de |a montagne
de Reims récemment publiée par M. Meileville dans le Bulletin,
M. Hébert répond que la coujie de la montagne de Reims
dont M. d'Omalius vient de parler (1) présente de telles erreurs
3d*ellé ne saurait se prêter à une discussion utile. Cette coupe
b effet place Goulommes entre Vrigny et Gueux, tandis que
c'est Vrigny qui est entre Gueux et Coulommes^ puis elle
donne trois étages de cendriéres, tandis que chacun sait que
tontes les ccndriéres sont au môme niveau géologique, aussi
bien celles de Goulommes, de Rosnay et de Vrigny, que toutes
les autres des pays de Soissons, Noyon, Laon, Reims, Épernay,
Gbt^u-Thierry, etc. C'est aujourd'hui, et depuis plus de vingt
tns, un des f^^its le$ mieux constatés de la géologie. Personne
autre que M. Meileville ne le nie, ou plutôt M. Meileville ne
le discute pas, il n'en tient aucun compte, il ne cherche nulle-
ment à démontrer l'erreur conunune, il se contente d'affirmer
(4) BiilL, 2« sér., t. XVHI, p. 41 8 et 44 ?.
hhh SÉANCE DU 20 JANVIER 1862.
sa manière de voir, sans donner d^autres preuves à Tappui (1)
que des différences de niveau qui ne sont pas sulfisamowBl
établies, et qui, quand môme on les admettrait, seraient le
résultat de glissements sur la base sableuse qui supporte les
argiles le long de ces coteaux escarpés et de TexhaussemeDl
général de Touest ii Test de cette assise et des sables qui sont
au-dessous, exhaussement tel que les lignîtes compris entre
A5 et 55 mètres d*altitude autour de Soissons se trouvent
portés au mont Berru entre 230 et 2A5 mètres, à 250 mètres
à Verzenay.
Cette différence de niveau est en partie au moins antérieure
aux dépôts des sables de Guise, du calcaire grossier et des sables
de Beauchamp, qui ne s'étendent pas aussi loin à TE., où le
calcaire de Saint-Ouen et les meulières de Brie recouvrent
directement les lignites.
Enfin Tune des erreurs fondamentales du travail de M. Mélle-
ville, c'est de mettre (p. &22), contrairement aussi aux obser^
vations de tous les géologues sans exception, la faune tout
entière des lignites sous celle du calcaire de Riiiy.
M. Hébert ajoute que la demande d'explications de M • d'Oma-
lius l'oblige, ù grand regret, de déclarer qu'au point où en est
aujourd'hui la géologie du bassin de Paris de telles opinions ne
peuvent être considérées que comme le résultat d'une imagina-
tion trop aventureuse.
Il n'en résulte pas néanmoins qu'il n'y ait plus aucun sqct
de discussion sur les diverses parties du système des sables du
Soissonnais, mais ces sujets sont tout & fait en dehors des points
que M. Hébert vient de signaler. Telle est, par exemple, la
position des sables et du calcaire de Rilly, non par rapport aux
lignites auxquels ils sont incontestablement antérieurs, mais
par rapport aux sables de Bracheux.
M. Munier fait une communication sur une nouvelle espèoe
de Scissurelle qu'il a recueillie dans le sable moyen de
Guepelle.
(4 ) Il paratt, d'après des annonces faites par rautear(i?ii//. , t* lér. ,
t. XVII, p. 7H» lig. 13, et p. 746, lig. 4), que ces preuves doivent
être données dans un mémoire à part.
IfOTB DB M. nÉBBRT. AA5
M. Hébert fait la communication suivante :
Sur V argile à silex ^ les sables marins tertiaires et les
calcaires d'eau douce du nord-ouest de la France; par
H. Ed. Hébert (pi. X, fig. 2).
M. DesDoyers a lu à la sëance du 19 novembre 1855 {Bull, y
2* sér., t. XI Uy p. 100} un travail intitulé : Nouvelles obser-
vations sur f]uelques terrains tertiaires du M.-O. de la Ftancf^
contemporains det terrains du bassin de Paris,
Cette lecture a donne lieu à une discussion à laquelle j'ai pris
paît, car je venais justement dVHudier cc-ilc année-là et la pré-
cédente, soit seul, soit en compagnie de xM. Trig[er, les terrains
dont M. Desnoyers entretenait la Société.
M. Tri{;er et moi soutenions que la plus grande partie des
aiUes du Perche étaient crétacés et compris entre la craie à
Inoceramus labiatusj Brong. , sp. , base de la craie marneuse, et la
craie de Rouen.
M. Trîgcr présenta, dès la séance suivante (3 décembre), ses
observations qui furent imprimées dans le même volume, p. 118.
Il y annonçait, promesse qu'il a exécutée depuis, qu*il se chargeait
de faire connaître dans un procliain mémoire, l'histoire des ter-
rains crétacés de la Sarthe, et que je décrirais la succession dos
antres dépôts crayeux.
Après cette communication, M. Desnoyers (p. 12(i) m'invita a
donner les motifs qui m'avaient engagé à me rallier à Topinion
de M. Triger. Je préférai attendre la publication du travail de
M, Desnoyers. Ce travail n'a pas été imprimé (1); seulement
notre savant confrère ayant lui-même répondu à ÎM. Triger, cette
rëpouie a été insérée p. 177 ; mais les faits et les coupes citées
dans le mémoire ne se trouvant pas reproduits, toute base sérieuse
de discussion manquait.
Les choses étaient en cet état, lorsque M. Laugel communiqua,
le 27 février 1860, sa note sur la gcfdogie d' Eure-et-Loir y note
dans laquelle se trouve une coupe prise à Nogent-le-Kotrou. Celte
coupe, la seule de ce genre qui ait été publiée sur cette région,
établissait, par rapport aux sables de Nogent-le-Rotrou et à Targile
â silex y les mornes relations stratigraphiques que nous avions
exix>sées, M. Triger et moi. dans les discussions précédentes. J'en
fis la remarque devant la Société après la lecture.
■M
(4) Voyez ci-après p. 463, et antè^ p. 205.
iM SÉANCE Dt) 20 JANTTEll 186?.
La deuxième note que M. Langel a lue tout n^minefal {tétè,
p. 153)» plus spécialement consacrée à l*argtle à silex, m'obligea
décrire les faits que j'ai observés en 1854 et 1855, et pborlé
publication desquels je différais toujours, es|)érant |x)UToir ddtoMr
aux conclusions que j'en ai tirées une plus grande extientfioh. Ofclt
me permettra en même temps de montrer en quoi je diffère des
opiniobs de IM. Desnojers et de préciser d'une mahière toiiindBie
le résultat de mes recherches sur les terraiiii tertl^irts du N.-O.
et sur leurs rapports avec le terrain crétacé.
1. Terrains tertiaires des environs de yogent'^le'Rôtroà:
La note de M . Laugel sur l'argile à silex du doftertement d*Eute-
et-Loir présente, relativement à la position de ce dëp6t au-
dessous des calcaires d*eau douce, des faits qui sont en ooncclrdabce
parfaite avec ce que l'on peut observer plus à l'odèsl, <lanak
Maine, l'Anjou et la Touraine; mais la conclusion que notre
confrère tire de ces faits, à savoir que l'argile à silex qa'îl divise
en deux parties est tout entière contemporaine des calcaires de
Beauce (1) et des argiles à meulières, ne me parait pas légitimey et
c'est ce que je vais essayer de démontrer.
Pour éviter tout malentendu, disons d'abord qu'il y a, conDita
l'a reconnu de son côté M. Laugel, deux argiles à silex, l'une coin*
posée d'ar{>ile pure, plastique, ordinairement rouge, et renCemiant
des silex de la craie non brisés, souvent en lits régalien, l'ailtre
mélangée de débris de silex ou de grains quartxbux, renferinanl
quelquefois des parties sableuses et passant à ce que M. £Ue de
Beaumont a désigné sous le nom de terrain d'argile rottge et.iM
gravier granitique.
Je vais montrer que la première est toujours au-dessoufl, BCpr
seulement du calcaire de Beauce, mais d'assises tertiaires plits
anciennes encore; la seconde au contraire, ce qui n'est pas coatesléi
est toujoura au-dessus.
M. Laugel admet (|ue V argile à silex inférieure fQrine la baicdâ
calcaire de Beauce dans le département d'£ure-et^Loir,,et ii ooilr
sidère le calcaire d'eau douce des environs de Mogent-le-Rolron
comme le prolongement du calcaire de Beauce; sur ces deux poinll
nous différons complètement d*opinion.
(1) Cette argile à silex a été placée phr M. d'Archiac [Hitt. dèt
progrès de la géol.j t. IV, p. 245, 4 864 ; t. II, p. 4 53) dans le temÎB
quaternaire.
KOTB DB n. HÉBBRT. AA7
A Nogent-le-Roti'oii, derrière le vieux cliûtoau, les calcaires
d'esu douce accoiupa^nés de meulières coiistiiueiit la partie supé-
rieure du coteau. A Test de la ville, les rentes de Heauniont, de
TUrOii-GanJais, sont établies sur cette foriiiation, dam uue lon-
gueur de 2 kilomètres à partir des portes de ]No{*ent; on la reu*
contre sur celle de Dreux à 3 kilomètres, au bois des Percliets, à
Brunelles au moulin de Pierre, d'où on la suit jusqu'au hameau
de la Frétaiidièic^ et dans toutes ces localités ce dépôt occupe un
niveau coniUnt, Taltitude de 150 à 160 mètres; la vallée des
Arcis et celle des Noues Teatament de Inanière ù inoutrer sa
relation avec les autres dépôts, et partout on recoimaît en effet
que cette formation lacustre est supérieure à TarfjiLe à silex. Pour
qu'on ne puisse pas en douter, je citerai la cote do Maison-Neuvç,
•nr la route de Tiiiron-Gardais, où Ton voit Taq^ile à silex, sortir
de dessous les meulières, et lo moulin de Pierre près Brunelles où|
le montre la coupe suivante, les couches d'eau douce 6,
rra. t.
MoiUja de Pierre.
Ruiscean dalltrcii.
I
\
I
i
I — Craie uc Roaen. ^ — Arctle & liiez,
ft ». Grèi Tert. A — Calcaire lacuttre.
Ëchellei dek tianteors el dei lftn|iieiirs s 1/10000*.
Mianiées par le ruisseau des Arcis et composées de calcaire asso-
ékéê avec de (<ros bancs de meulières et renfermant des Lim-
nées, etc., reposent de chaque côté du ruisseau sUr Tarj^ile à
illet 5, et celle-ci sur les assises crétacées 2 et 1.
Non-seulement Taq^ile à silex est inférieure au calcaire d'enu
douce de Notent- le-Kotrou, mais elle est inférieuie à des sables
sur lesquels repose le calcaire. On peut le voir sur le prolonge-
ment N.-E. de la coupe de Ihunelles au moulin de Pierre (pi. X,
fis. 2) (1).
(4) J'ai reproduit dans cette coupe rindication du Kimmcrîdge
ëtajrh Sou«ncéque j'avais déjà donnée (Men a/icic/trirs, etc., p. 69,
1857) et qui paraît avoir échappé à M. Laugcl qui n'indique dans
ÉÊ coape qae le coral- rag. Les calcaires kimméridiens se rencontrent
sur le roate dé Nogent-le-Rotrou à Souancé, depais la ferme de
/Î&8 SfiANCB DtJ 20 JANVIER 1862.
A Rrunclles, la craie de Rouen, 3, k Ammonites vnrians^ A.
Bhotn/nagensis, Scaphites œqualis^ surmontée des sables à Ostrea
colnmba {Rnussard) &, passe sous Tar^vile à silex 6, en plongeant
assez fortement. Celle-ci, à son tour, plonge sous le calcaire d*eau
douce 8 (1), pour reparaître plus développée à la Frétaudière super-
posée non plus au roussard, mais à la craie 5, à Janira quadri»
costata^ Rhynchonclla vespcrtilioy etc., qui est exploitée comme
marne, sur le chemin de la P'rétaudière à la Prunetière. L*argile k
silex s'élève en ce lieu à 180 mètres, et, à 1 kilomètre plus à Test, à
200 mètres; puis elle plonge de nouveau, au delà du petit vallon
où affleure la craie à R. vespcrttlio, et passe sous un petit bassin
de calcaire d'eau douce exploité à la Poterie, et renfermant égale-
ment des meulières.
Mais entre le calcaire d*eau douce et l'argile à silex, on voit tout
autour affleurer des sables et des grès, 7.
Nous verrons bientôt que ces sables et grès ne sont pas un
accident, mais au contraire constituent un terme constant de
la série tertiaire du M.-O. de la France.
La coupe (pi. X, fig. 2) dans laquelle on voit l'argile à silex,
après son éniersion de dessous les sables de la Poterie, s'élever à
198 mètres d'altitude sur le coteau de iVIarolIcs, où elle recouvre le
roussard, pour reparaître de Tautre côté de la route de Monllan-
don à 261 mètres, cette coupe, dis-je, montre que l'argile & silex
est complètement indépendante des dépôts tertiaires des environs
de Nogcnt; elle est, par rapport à ces dépôts, dans un état de dis-
cordance complète, comme aussi par rapport aux divers membres
de la série crétacée, recouvrant tantôt la craie de Rouen, comme
on peut le voir au S.-O. de Brunelles à l'altitude 225 mètres sur U
route de Tliiron- Gardais, tantôt les sables crétacés du Haîne
(altitude 278 à Sezérien, 273 à Malitourne, etc.), tantôt enfin la
craie deVilledieu, à la Frétaudière.
Launay, à 3 kilomètres au sud de la ville, jusque près de Souancé, lor
plus de 3 kilomètres, et ils y sont très riches en fossiles [Pholadomya
anitUnstnta^ P, Protrij Panopœa VoUzii^ etc.). Le coral-rag I n'ap*
paraît qu'au chemin de MoDt-Doucct, près du cimetière. Les couches
plongent de 5<> au N. L'argile yerte glauconieuse, formant la basa de
la craie chloritée s'étend, sur les deux étages oolithiques.
(1) Le ploni^ement de ces diverses a<;sises paraît être considérable
dans la grande coupe (pi. X, iîg. 2); mais il faut tenir compte de la
différence des échelles; car, en employant la môme échelle pour la
hauteur et la longueur, ce qui a été fait dans le diagramme ci-dessui
(fig. 4), les tnclioaisons so montrent alors en réalité très faibles.
NOTB DE M. HÉBERT. 4A9
On reconnaît encore dans la nicine coupe, la disposition géné-
rale en forme de bassins, ou plutôt de plissements qu*uft'cctc le
terrain crétacé du Percbe; car il est facile de montrer, en conti-
nuant au N.-E. cette coupe, qui rencontre plusieurs de ces plis
dont le roussard forme toujours les parties saillantes, que la craie
de Rouen, émergeant de dessous les sables, à 233 mètres aujs
sablons^ plonge de nouveau au pied de la butte de iMalitourne où
les sables s'élèvent à 270 mètres, et que tout ce système s*enfonçe
ious la craie de la plaine de Yaupilloii et des Menus (craie à
Jnoceramus labiaius) pour émerger à IMeaucé, former, en s^élevant
â 260 mètres, la colline qui porte la forêt de Senonches, plonger
de nouveau sous la craie à Inocérames qui forme le sous-sol de
la plaine de Senoncbes au Mesnil-Thomas, etc.
Ces plis sont antérieui-s au dépôt de Targile à silex; ils sont
postérieurs au roussard; peut-être se sont-ils formés pendant le
dépôt de la craie marneuse, probablement avant celui des bancs à
gros silex qui reposent immédiatement sur la craie à Inoceramus
labiaius.
Quoi qu'il en soit, le Percbe, avant le dépôt de l'argile à silex,
présentait déjà des collines dont les saillies, quoique moins pro-
noncées qu'aujourd'liui, étaient cependant formées par les mêmes
assises, sables crétacés en haut, craie do Uouen en bas. La coupe
précédente prouve Texistence de trois de ces saillies : la première,
celle de Brunelles, se c )niplique, au ^. et à TO., d'accidents
qui la limitent dans son étendue ; la seconde, qui comprend la
région élevée de 200 à 280 mètres d'alt. depuis MaroUes jusqu'à
la butte de iMalitourne, se continue au N.-O. de manière à con-
stituer une région, dont les parties basses sont formées par la craie
de Rouen qui s'élève à 233 mètres sur les territoires de Coulonges
et de Saint- Victor-de- Bouton ; les parties hautes, couvertes par le
roussard, à 270 mètres à lu butte de Malitourne, comprennent les
collines élevées des environs de Hretoncelles, de la forêt de Saussa,
du bois deVoré; ce pli saillant se prolonge au S.-E., et l'affleu-
rement des sables crétacés à iMontigny, près d*illiers, signalé par
. Laugel {ioc, cit. y p. 321), en est une dépendance; la troisième
illie est celle de la forêt de Senonches, exactement parallèle a la
précédente et à d*autres accidents du bassin de Paris, du pays de
Bray, etc. ; elle se prolonge par Pongouin et Courvilie dans la
direction de Chartres. Entre les deux dernières saillies est une
plaine de craie marneuse, celle de Vaupillon aux Menus, dont la
surface, à 200 mètres d'altitude environ, n'est recouverte que par
l'argile à silex. Entre les deux premières, il y avait aussi avant
Soc, géoK, V série, tome XIX. ^9
i||60 8ÊANCK DU 20 JANVIER i8(>2.
ré|K)que tertiaire une plame composée également de craie mar-
neuse dont [a surface supérieure n'est plus qu'à 170 mètres, bien
qu'elle appartienne à une couche plus récente que la craie da
Menus.
Cette plaine a été ravinée sur ses deux ]x>rd8y et il n'est resté
de la craie marneust* qu'un témoin, le lambeau de la Frétau-
dière, limité par deux petites vallées, celle de la Poteriv et celle
du moulin de Pierre. Ces ravinements ont eu lieu après le plisse-
ment du âol et antérieurement au dépôt de l'arc.ile à silex.
Alors toute cette région de petites et de grandes vallées, de
saillies plus ou moins considérables, s'est trauvée couverte de ce
singulier dépôt, Targile à silex, dont l'épaisseur est énorme, et dont
les silex sont très volumineux et très abondants lorsqu'il repose
sur la craie marneuse riche en silex, mais qui est bien moins
développe, lorsqu*il recouvre les sables inférieurs à la craie mar-
neuse, ou la craie de Rouen.
Il y a de telles diflert-nces d'altitude dans la région occupée
par Targilo à silex, pri's de 100 mètres de la Poterie aux Barres
sur 3 kilomètres de distance (1), qu'on peut supposer avec quelque
probabilité (|ue ce manteau ne se serait pas étendu aussi rëgulië-
rement si vx's différences eussent été si considérables. Il est dooc
permis de penser que le reliei' a dû s'accroître après le dépôt de
rar[;ile à silex ; mais cet accroissement n'a rien pu changer aux
dispositions relatives des collines et des vallées; celles-ci se sont
atiaissées, celles-là se sont éicvces, c'esit-à-dire que le plissement
du sol a continué dans le nicnic sens. Je le répète, on'])eut admettra
soit cette hypothèse, qui a pour but de faciliter l'explication da
mode de dépôt de l'argile à silex, mais qui la sépai-e pi*ofoudéaien(
des assises tertiaires qui la recouvrent, soit rhypr;tbèse que le sol
n'a pus éprouvé de nouvelh; flexion entre feon dépôt et celui du ter-
rain tertiaire. Mais alors la manière, dont cette argile n pu altein^
dre des parties si élevées au-dessus des dépressions dont les dé-
pôts tertiaires ont seulement occupé le fond, établit entre les
eaux qui l'ont porté là et celles où étaient en suspension les sédi-
ments tertiaires, sableux ou lacustres, de telles diftérences que la
discordance n'est pas moins grande.
(t) Sur certains points, comme dans la coupe donnée par M. Laageî
(Bull. Soc. fréol. ffrf'r., 2'= sér., t. XVII, p. 320i ces différences sont
dues à des failles; mais dans la coupe que je donne il n'ya pas ans
seule faille véritable. Cette coupe du reste forme avec celle de
M. Laugel un angle do ISO® environ.
NOTB DB M. HÉBSET. khi
Il est à remarquer en efTel, comme nous Tavons déjà dit, que
raltitude des calcaires d'eau douce, dans ce pays de Nogent dont
le souS'Sol est si singulièrement infléchi en divers sens, conserTe
une constance presque absolue. La surface supérieure de ce dép6t
ne varie qu entre 160 et 168 mètres à la Poterie, au uioulin de
Pierre, au vieux château, sur la route de la Loupe, etc., c*eit-à*
dire dans tous les points qui n*ont pas été affectés par des failles i
cela nous donne pour cette époque un nivellement infaillible*
Quel est maintenant Tâge de ces dépôts tertiaires? C'est paf
Texamen des calcaires lacustres que nous pouvons y arriver^ car
les sables ne renferment pas de traces de corps organisés.
£n général, les fossiles que Ton rencontre dans les calcaires la-
custres sont mal conservés ; ce sont des Paludines et dçs Liraoées
qui cependant paraissent se rapporter à la Limnœa longiscata dtt
calcaire de Saint-Ouen. Mais un lambeau de ce calcaire se trouvç
dans le fond même de la vallée du Âuf/ij au moulin à papier, â
2 kilomètres de Nogent, à un niveau bien inférieur à celui des
meulières qui couvrent le coteau. Ce lambeau qui remonte la
vallée sur unr étendue de 7 à 800 mètres, jusqu'au chemin de
Gros-Bois, est composé de bas en haut : 1^ de marnes calcaires et
de calcaires blancs renfermant des Liinnées et des Plaqorbes
parfaitement conservés ; 2^ de calcaires plus ou moins compactes;
3° de marnes alternant avec des calcaires marneux feuilletés;
U? d'argiles avec silex d'eau douce.
Ce dépôt assez puissant semble adossé au sud à la craie grise de
Belloyme et de Rouen à Ammonites ManUUi, au nord à la craie
marneuse blanche à Tcrcbratella Bnurgeoisii ; mais il peut se trou*
ver dans cette position par suite d'une faille, peut-être une dépen-
dance de la double faille décrite par M. Laugel (BtdL Soc, géoL
de Fr., 2*^ sér., t. XVIÏ, p. 321), Quoi qu'il en soit de la caufe
qui a donné à ce lambeau une position inférieqre à celle du cal-
caire d'eau douce du coteau de Mogent, il est difficile de ne pas le
considérer connue étant de même âge, et représentant seulement
les couches inférieures. Or, les fossiles qu'on peut y recueillir en
abondance et dont plusieurs sont très bien conservés ne permet-
tent pas le doute. J'y ai reconnu en effet, et M. Desbayes n'a
pas hésité â contirmer ces déterminations, PUinorbis rotundatus^
Limmva Ion gis va tu, ce qui range ce dépôt au niveau du calcaire
de Saint-Ouen, avec lequel il a d'ailleurs les plus grands rapports
quant aux caractères minéralogiques* Outre les deux fossiles pré^
cédcnts, on rencontre dans ces calcaires marneux des œufs attri-
bués ordinaire ment a des molbisques terrestres et qui pourrfiient
&52 sÉAifci DO 20 jANviBit 1862.
être, selon M. Desliayes, des œufs de sauriens, et un petit PU-
noi'be qui nie parait être Planorbis planulatus^ Desh., de mène
qu'une petite Paludine globuleuse, qui se rencontre dans les meu-
lières en haut du coteau, et se rapproche beaucoup d'une tMfkat
analogue des calcaires des docks Napoléon.
Ainsi donc, on doit considérer les calcaires d'eau douce de No*
gent-le-Rotrou, non coninie le prolongement de ceux de la
Beauce , mais comme représentant dans le Perche les cal-
caires de Saint -Ouen. A cette époque déjà les collines sableuses
du Perche existaient, et plus tard elles ont serTÎ, de ce côté, de
limites au grand lac de la Beauce qui ne les a pas dépassées.
Au sud-ouest de Nogent-le-Rotrou jusqu'à Angers, et au sud
jusqu'à Tours, on rencontre, en effet, un grand nombre de lam-
beaux de calcaires d'eau douce. Nous allons examiner les plus
importants de ces dépôts, et nous verrons qu'ils sont tous, sans
exception, du même âge que celui de Nogent-le-Rotrou, et que
partout, comme dans le Perche, l'argile à silex est antérieure.
II. — Terrains tertiaires du Maine,
On connaît depuis longtemps le calcaire d'eau douce de la
Chapelle-Saiiit-Aubin, près du Mans. D'après des échantillons
qui lui avaient été remis par Ménard la Groye, AL Brongniart (t}
y cite huit espèces de fossiles, dont une spéciale à la localité,
Hélix Menardi^ une deuxième voisine du BuUmus pygmœsa des
meulières supérieures, mais dont il signale les différences, uoc
troisième semblable au Cyclostoma rlegans^antiqunm des cal-
caires de Beauce, rapprochement qui n*a point été confirme par
les recherches ultérieures, et enfin quatre espèces Limnœas oram,
Z. longiscatus, Crclotosma mumia^ et Cerithium lapidum^ qui
sont précisément, au moins les trois dernières, les plus abon-
dantes dans le calcaire de la Chapelle-Saint-Aubin et que nous
savons être aussi très communes dans le calcaire de Saint-Ouen.
J'ignore comment la présence du Cyclostoma mtimiaetàn Ceriikimm
lapiiiutn dans ces couches, qu'ils ne dépassent que pour se ren-
contrer très rarement dans les assises inférieures du gypse, n'a pas
arrêté les auteurs qui ont placé les calcaires lacustres du Maine
dans le calcaire de Beauce. C'est, en eflet, la classification qui a
été généralement adoptée, et M. d'Archiac lui-même, en décrivant
cette localité, y voit un représentant du calcaire lacustre sopé-
(4) Annales du Muscttm^ t. XV, p. 387, 4 810.
HOTB DR M. BfiBKRT.
465
rieur (1), On ne doit pas Itcsilor ;i lus considérer comme éucèiici.
On (ait qtic Ici sablos tcrliaiies tics environs du Mans n'ont
d'autres fouiiei que des végétaux, inaiii iU sont pWt-s soui lei
marnes lacuitres dont nous venons <\c parler. Ils seraient donc 1
peu près de l'à|>c de ceux de lleniulianip.
Or, il est facile de suivre ces saMis nnx environs du .Mans, sur
la route de Ilallon, par exemple, depuis les liauteurs de Coulaines
jusqu'au cliAleau de Gliapeau, et on les voit, par places, reposer
•ur l'irgile à silex qui recouvre directement U craie tnfau. Ces
iOperpositions riaient bien visibles au hameau de VHiiliant en
1854. C'est une preuve, et iM. Tri{;er pourrait eu ciler beaucoup
d'autres tirées de son départeuieni, que l'aqjile à silex est plus
aocieune que ne le suppose i\I. Lau^^el, dans la Sarllie aussi bien
que dans Eure-et-Loir.
Je dois dire ici que c'est dans le département de la Sartbe et
•ous la dircclioii de M, Triger que j'ai apprisik reconnaître la vraie
position de l'argile à silex, bien que, couinic nous le verrons tout
B l'henre, cette position ait été ilélerniinéc en Touraine bien plus
anciennement par Diijardin.
On peut retrouver au N.-E., dans la direction de No(>ent-le-
Rotrou, les sables et les colcaiics d'eau douce de la Cliapclle-
Saint-Aubin, de manière à se convaincre de l'identité des deux
(MpAu tertiaires. L'argile ù silex an^jinente, dans cette dii-eeiion,
ca épaisseur et en continuité. Quelquefois elle pénètre dans des
poches de la craie d'une l'nçon tout k fait singulière, dont je cite-
rai un exeniple que j'ai eti occasion d'observer en 1853 en com-
pagnie de iM. Tripier. On creusait alors près de Bouni-iable une
trancliée pour le paasii);e du cliemin de Toreé. C«'tte tnmcbiîe,
ouverte dans la iraie qui rctiferine en ce point des lits de silex,
mettait à nu des ilénnd^ttions léelleiucnt bizarres, de plnsieurs
mclrcs de profondeur, que j'ai dessJnée'i sur place et que je repro-
duit ici (fig. 2)
(t) Mcm. de la Snr. urol. de Fr., 2' scr., t.
Bill, det jirogrèi delagéol., t. II, p. 546, 4849.
4t>&
SÊANCB DU SO JinTIBR 1S62.
Cette coupe montre 4'(iie In suihce de la craie a été crcuMe |
sous forme de poches, qui ont Hc- iciiii'liea d'argile rouge et dt
ailex de la craie dénudée. Le plus souvent, les silex sont empâttt
pèle-méle et sans ordre dans l'arfiile, mais qutflquefoia atusi,
comme cela se voit en a, ils continuent dans l'argile le lit régulier
qu'ils forment dans la craie; k peine y a-t-il un léger affaissemeut
qui les dérange de leur position normale.
On rem:irque dans ces coupes i|iii; l'ai;;!!!" .1 silex tapisse Eouin
les sinuosités de la craie: clic pri'feiiieell'''iiièiiie un autre système
de poches plus simples, plus roijuliêres, niuplies pardesnblct
et grès tertiaires, souvent en amas eon^iitt'raliles. Tantôt l'aigle
à silex suit les contours de ces poilies intéiieunr», tnntât cellet-ci
■ont creusées dans l'argile, de mtiiière à couper, sous un an^le
plus ou moins voisin de 90", la direction générale indiquée par
les lits de silex dans l'artjile. Dans le premier cas, un remarque,
entre l'argile à silex li et les sahles ]), un dépôt argtlo- sableux C
contenant des concrétions ferrugineuses sons forme de plaquettes
interrompues, qui suivent dans leur direction les contours de la
poclie sableuse.
Quelque explication que ces fail.s puissent admettre, et je ne nip
charge pas pour le moment d'en fournir une, ils n'en démontrent
pas moins, comme les précédents, l'antdriorité de l'argile à nodu-
les siliceux aux sables et grès qui ont précédé les calcaires à Cr-
eloiloma maiiiia et Cerithiam lapidam.
Dans d'autres poches analogues, comnte j'en ai observé ata
montagnes, entre M éii ères-sous- Haï Ion et Courcemont, le c
d'eau Uoace occupe le centre de la pocbe.
A — Crtk de Touril
H ~ Anile Tert..
C - HaUtt lioBu.
D - Argiln ■TIC n<
De telle sorte que ces dépûts, si dérangés de leur premier Aat,
ont néanmoins conservé leur disposition relative.
Le petit lambeau tertiaire de la Potrrie au iiord-«tt de Nogent<
NOTE I)B M. DÉBBRT. Afi5
le-Roti-ou est coniposéf comme ci'liii de la Cli.ipelle-Saint-Âiibin,
de sable et de calcaire lacuslre, ce qui est une aiinlo(;ie de plus.
m. — Calcaire (Ceau douce tir ta Tnitrainc.
Si du Mans on se dirige sur Tours, par la Ch.'irtre, on rencon-
tre â & kilomètres au sud-est de cette dernière ville, sur la grande
route, des carrières ouvertes au hameau de la (lliaume dans des
calcaires d'eau douce.
Voici la coupe d'une de ces carrières de haut en bas :
r Meulières O^.'iO
î* Marne et calcaire 3", 00
3* Calcaire rempli de Limnées r",00
4° Calcaire dur avec C>r/o3ïo//ir/ m//w/<i. . . 1",00
6* Calcaire bréchiforme 4 '",30
6** Marne verte 2'". 00
T" Calcaire 0"',30
a*» Sable »
Total. . . . 9»,4 0
Bien que les meulières forment en général un l)anc supérieur
aux marnes et aux calcaires, on en voit aussi au milieu du cal-
caire, et Ton reconnaît qu'elles sont le résultat (rune infdcration de
silice dans la marne calcaire postérieurement au dépôt de la
marne, qu'elle a agglutinée ou remplacée plus ou moins complé-
teiqeut, et dont elle renferme souvent des parties dans ses cavités.
On remarque en outre certaines parties siliceuses qui ont tout à
fait l'apparence de stalactites.
Les sables qui supportent les calcaires d'eau douce forment une
dépression; ils sortent en ell'et de chaque côté des calcaires en
s'élevant un peu plus haut, exactement comme l'indique la dispo-
sition du petit bassin de la Pou-nc (pi. X, fig. 2), et la partie
supérieure de ces sables qui se trouve alors à peu près au niveau
des meulières est transformée en grès à grains cristallins. Il est
très probable que la même infiltration siliceuse qui a donné
psissance aux meulières a agglutiné le sable tout autour du bassin
d*eau douce. Il m'a paru que le sable n'était point agglutiné sous
la marne.
Les fossiles qu'on rencontre à la Chaume ne permettent pas de
séparer ces calcaires de ceux du Mans, si d'ailleurs la nature des
roches, calcaires et sables, et leur disposition n'en démontraient
A60 SÉANCE DU ^0 JAnVIBR 1862.
81 bien Tanalogie. Dans ces mêmes calcaires, j'ai recueilU dei
HeiiXj deux espèces de Paludines, l'une petite, allongée, l'autre
assez grosse, semblable à celle qu*on trouve à la Chapelle -Saint-
Aubin.
Le calcaire d'eau douce atteint à peine en ce point une alti-
tude de 120 mètres. Nous avons dit que les sables et les grèi
s'élevaient de chaque côte un peu plus ; ceux-ci aboutissent à leur
tour à une ceinture de poudiiigues qui recouvrent l'argile à silex
à la Picharderie, et la craie s'élève ensuite à 150 mètres environ
de chaque coté (1), formant au sud une colline alignée de l'ouest
à Test, atteignant de 120 à 160 mètres entre Dissay-sous-Gourcil-
lon et Saint-Arnoult.
ADissay-sons-Courcillon, 12 kilomètres à l'ouest de la Chaume,
on rencontre, à l'altitude de 105 mètres, près du fourneau de
Marthe, des calcaires qui présentent une succession de couches
complètement semblable a la précédente par les caractères miiié-
ralogiques et par les fossiles. Ce nouveau lambeau de très peu
d'étendue, quelques centaines de mètres en tous sens, semble éga»
Icment occuper une dépressioii des sables qui l'entourent de toutes
parts en s'élevant à 115 mètres d'altitude, et sont aussi dans leur
pourtour accompagnés de grès et de poudingues.
Le lambeau calcaire de Marthe est a l'extrémité ouest de la
colline crayeuse qui limite au sud le petit bassin de la Chaume.
De l'autre côté de cette colline, sur la route de Tours, un nouveau
petit bassin d'eau douce se rencontre auprès de Chemillé, au
Tremblay, à l'altitude de lOii mètres.
Cette disposition des trois bassins lacustres dont nous venons de
parler montre qu'ici, comme auprès de^Nogent-Ie-Rolrou, il y
avait déjà lors de l'existence de ces lacs des collines, d'une faible
élévation il est vrai, qui les séparaient les uns des autres. Ces
collines à leur sommet ne portent que de l'argile à silex, très dé-
veloppée à la Picharderie.
La surface de ces calcaires d'eau douce présente souvent des
poches et des ravinements remplis d'argile rouge sans sllez, à la
(1) Toutefois à Taltitude de 4 35 à 4 40 mètres, on trouve au N.-O.
des argiles rouges à minerai de fer renfermant des meulières, oomme à
la Vicomte entre Blois et Cangey. Ce dépôt, différent de l'argile à silex
proprement dite, et qui diffère aussi du système des calcaires lacustres,
aurait besoin d'une étude spéciale ; peut-être n'est-il que le résultat
d'un remaniement à l'époque quaternaire de l'argile à silex et des
amas tertiaires plus récents.
NOTB DB' M. HÉBBaT. &57
baie de laquelle, dans le fond des poches, est de l'argile grise. Cette
argile superficielle est très distincte de Targile à silex et ne doit
pas être confondue «ivcc elle.
Un nouveau coteau crayeux, complètement dépourvu de cal-
caire d*eau douce et des sables qui les supportent, commence à
Louestault et s'étend jusqu'à Gerelle, à 10 kilomètres de Tours.
Dans ce parcours, le sol est formé par la craie à silex supérieure à
celle si connue de la tranchée de Tours ; il atteint l'altitude de
180 mètres dans la foret de Beaumont.
Les calcaires d'eau douce reparaissent à la vallée de TAngeu-
nerie; ils descendent de là sur le plateau qui domine Tours au
nord, avec une altitude moyenne de 100 à 110 mètres qui dimi-
nue en se dirigeant à l'ouest. Le chemin de fer de Tours au Mans
a coupé ces calcaires sur une longueur de 23 kilomètres, entre le
pODt de la Loire et la station de Saint-Paterne, et sur beaucoup
de points on les voit reposer sur des sables.
A la station de Mettray, ils présentent une succession de mar-
nes, de calcaires, d'argiles et de meulières dont l'épaisseur est de
7 mètres. Les fossiles, quelquefois très abondants, mais à l'état de
moules, sont principalement des Limnées et des Paludines qui
présentent, avec celles de Nogent et du Mans , la plus grande
ressemblance, tandis qu'on n'y découvre rien qui puisse rappeler
la faune des calcaires de lieaucc.
Si l'on consulte la liste des fossiles du calcaire lacustre de Tou-
raine donnée par Dujardin (1], on reconnaîtra, après rectifica-
tions, qu'elle est caractéristique du calcaire de Saint-Ouen. Ainsi
le Gyclostome auquel Dujardin n'a pas osé conserver le nom de
Cyclostoma mumia^ et qui cependant est bien cette espèce, telle
qu'où la rencontre dans nos calcaires des docks, les deux Lim-
nées {Limnœa imgiscata et L, ovum)^ les deux Planorbes que des
échantillons mieux conserves du Mans et de JNogent montrent être
Planorbis rottuulatus et P. planulatus^ toutes ces identités ne sau*
raient laisser de doute sur l'âge de ce dépôt. Non-seulement il est
plus ancien que le calcaire lacustre de la Beauce, plus ancien que
celui de la Brie, que j'ai montré être également miocène, mais
plus ancien même que celui de (ihampiguy qui est syncbronique
du gypse.
L'opinion de Dujardin était donc fondée; nous devons y reve-
nir. Il restera maintenant à déterminer entre Nogent et Tours,
(I) Menu Soc, géol, de Fr,, 2« sér., t. II, p. 248,
A58 8ÉÀNCK DU 20 jÂnvibr 1802.
d'une part, et la Bcauccde T.iutre, les limites des deux bassins, et
à suivre ces limitas au sud de la Loire.
Dujardin avait é(;alemeut bien reconnu la disposition des dépôts
dVau douce en fornie de bassins isolés; il dit (/or. rU.^ p. 2i!i6) en
parlant du bassin de la Chaume : « CV'St un petit bassin tout à
fait circonscrit qui parait n'avoir pas eu de communication avec
celui de la Chaume et avec ceux plus au sud. Cependant sa posi-
tion et ses caractères ne permettent pas do lui supposer un autre
âge qu'au reste du terrain lacustre. » Il avait non moins bien vu
la superposition des calcaires d'eau douce sur Targile à silex : u Leur
superposition (p. 2h5) sur la formation d'argileset poudingues se
laisse voir dans toutes les tranchées des coteaux, notamment au
nord, à Tours, où elle est évidente (1). » £n6n (p. 2liU) il assi-
mile les poudingues de l'argile à silex a ceux de Nemours, et
j'avoue que jusqu'ici je ne vois aucune hypothèse à préférer; ils
ne peuvent pas représenter les grès de Fontainebleau, comme l'a
voulu M. Éliede Keaumont, ni l'ensemble du terrain tertiaire delà
Seine, selon l'opinion de M. Desnoyers [Annales des sciences nat,,
U XVI, p. 79, 1829).
C'est surtout à l'influence exercée sur la science par le beau
mémoire de M. Desnoyers sur les terrains tertiaires du bassin de
la Loire qu'est due l'assimilation des calcaires d'eau douce de
l'ouest à ceux de la Heance; mais il est facile de reconnaître h la
lecture de ce mémoire, qu'en cherchant à démontrer cette assimi-
lation, non par desfaits stratigraphiques ou paléontologiques, mais
par des considérations générales, le savant auteur était dominé parla
pensÀ^ de détruire l'idée que ces calcaires pussent être supërienil
aux faluns, dont il a eu l'honneur de constituer un membre aé(»rë
delà série tertiaii*e. Son attention ne s'est pas arrêtée sur la posai-
biUté de leur assigner, ce qui eût peut-être été difficile à cette
époque, et ce qui eût compliqué la question des faluns, qui était
la principale, un «4ge beaucoup plus ancien.
Ainsi donc, d'après ce qui vient d*étre exposé, dans la Touraine
comme dans le Perche et dans le Maine, les calcaires d*eau douce
sont de l'âge de ceux de Saint-Ouen ; dans les trois régions ils
recouvrent des sables qui sont de même âge que ceux de la Cht-
pelle-Saint-Aubin, près du Mans, et qui sont postérieurs à l'ai^île
(1) Cette superposition a été admise par M. d*Arcbiac {Hist. des
pro^r,y t. H, p. 186, 1848); mais plus tard (p. 548, 4 849) il inolind
à croire que les poudingues, les marnes, les sables, les meulières et
les grès ne forment qu'un môma tout.
NOTK DE M. HÉBERT. âKO
k silex, d^pôt distinct et tout à fait iiulépciidant des deux autres.
Ce qui nie reste à ajouter est une ronséquence nécessaire de ce
qui précède, mais les faits ne sont jamais de trop.
IV. — Calcaires (Ceati douce et sables tertiaires de C Anjou,
Si Ton continue à s'avancer vers Touest, on voit les calcaires
d'eau douce, qui sont évidemment le prolonj^ement des calcaires
à Cyclostnma mumia dont nous venons de parler, prendre une
extension beaucoup plus considérable entre CliÂteau-la-Yallière
et Beaugé. Leur altitude est un peu moins élevée, de 80 à 90 mètres;
ils reposent sur les sables qui alfleureni au fond des vallées, et
iont Recouverts par les faluns.
Au sud de Beaugé, au point de croisement de lu route de Beaugé
à Ghartrène avec le chemin du Vieil-Be.iugé aux Caves, on voit
l'argile à silex, bien caractérisée, re[>oser directement sur la craie
tafau, et les sables tertiaires par-dessus. Cette coupe est très nette ;
ta voici telle que je l'ai prise en 1855 :
Fie, *.
-a iS ^
g; S|*K.
■— PC u5 P5 *^
f
•
a
il
•?
t
9 -
<8^
1
►
te
•a
t
1
1 -^ Cruie tufau.
S — Argile i silex.
S — Saules et grès.
4 *<- Calcaire d^cau douce.
L'argile à silex, 2, se lie ici avec des poudingues, comme dans
d'autres localités déjà citées. Les poudingues ont été remaniés et
roulés avant le dépôt des sables tertiaires, îJ ; ces sables, à Touest,
où était le rivage, deviennent des graviers et supportent des grès.
1.168 argiles à meulières, 4, sont peu développées sur le boiti, mais
â l'est elles se continuent et prennent plus de puissance en s associant
aux calcaires.
Ou refiiarque encore ici que les sables ne passent aux grès que
Te» le pourtour du dépôt d'eau douce; quand il y en a dessous
A60 6ÊANCB DU 20 JAKTIBR 1862.
les calcaires, ce n'est qu'àunc petite (iistance du bord. Ainsi, on en
voit dans cette position au moulin Saint-Michel, et même eo
masses de 1",50 d'épaisseur; mais ces grès deviennent épais en
dehors du bassin calcaire et leur altitude augmente.
Les sables et grès de Saint- Saturnin -sur- Loire, avec le calcaire
d*eau douce qui les recouvre sur les hauteurs de la rive gauche de
la Loire, depuis Chénehuttc et même depuis la forêt de Fonle-
vrault, sont encore du même âge que ceux de Saint-Aubin, près
du Mans; les calc«')ires présentent les mêmes fossiles, et dans cette
région encore l'argile à silex occu|)e la même position au -dessous
des sables tertiaire?.
Conclusion, •
Ainsi donc toute la région qui s'étend au sud-ouest du bassiode
Paris, au delà des collines du Perche et d'une ligne eiuxMre indé-
terminée entre Gliartres et Tours, a été jusqu*à Angers couverte par
un grand lac, accompagné de plusieurs autres de petite dîmensioD|
pendant que le bassin de Paris était sous les eaux du lac de
Saint- Oueu. Entre le bassin de l'ouest et celui de Paris s'étendait
une saillie dont la largeur était assez considérable, car le calcaire
de Saint-Ouen ne va guère de ce côté au delà d'une ligne tirée
de Houdan à Montereau, ce qui donne pour l'espace émergé une
largeur de plus de 70 kilomètres.
îMais avant l'existence de ces lacs, les deux grands bassins avaient
été occupés par les eaux de la mer, dont les sables de fieaucbamp
et ceux de la Chapellc-Saint-Aubin sont les sédiments. Toutefois,
l'âge de ces derniers dépôts arénacés ne pourra être certain que lors-
qu'on aura déterminé leurs rapports avec les couches marines de
la Loire-Inférieure, dont la faune, publiée en 1855 par M. Gail-
liaud [Bull,, 2« sér., t. XIII, p. 35), semble réunir les caractères
de celles du calcaire grossier et des sables de Beauchamp (1). Peut-
être les sables du bassin de l'ouest ont-ils été le produit de» dunea
de cette double époque.
L'argile à silex est plus ancienne que les sables de Beauchamp;
cela ne peut plus faire aucun doute, puisqu'elle est toujours plaôSe
sous des sables qui ne peuvent pas être plus récents que ceux de
Beauchamp. J'ajoute qu'elle peut être beaucoup plus ancienne, car
[\) M. Desnoyers avait, dès 4832 [Bull.^ 4'" sér., t. Il, p. U3},
indiqué les gisements de Cambon et de fifergon (Loire-Iafériaure)
comme correspondant au calcaire grossier.
non DB H. HÉBIIT. 401
tous les faits cités dans ce mémoire montrent qu'elle est complé*
temenl indëpcndaute des assises tei-tiaires qui Tout suivie, qu'elle
estle produit de phénomèues tout différents, qu elle a été déposée
par des eaux qui ont couvert toutes les saillies qui séparaient les
deux bassins de Touest et du nord, s*étendant indistinctement sur
les divers étages delà craie, craie de Rouen, sables crétacés, craie
marneuse, craieblancheà silex, et que peut-être même ces saillies
se sont accrues entre son dépôt et celui des sables tertiaires.
En raison de ses caractères minéralogiques, on raison aussi des
poudingues auxquels elle est associée, je suis tenté de la considé-
rer comme contemporaine de notre argile plastique, et je ne ci-ois
pas que l'on puisse aujourdMiui faire une hypothèse plus probable.
Les poudingues dont je viens de parler ont en effet une singu-
lière analogie avec ceux de Nemours auxquels Dujardin (1) les
avait déjà assimilés. Dans le petit vallon de Saint-Ëliph, au sud
de la Loupe, j'en ai vu des blocs considérables, agglutinés par un
ciment siliceux^ qui présentaient cette analogie au plus haut degré.
Ils sont là au milieu de l'argile à silex, bien en place dans sa par-
tie inférieure, mais remaniée en haut.
Il faudrait, ce que je n'ai pas encore eu le temps de faire, suivre
ces argiles et ces poudingues au nord et à l'est, et chercher leurs
rapports avec l'argile plastique.
En effet, Vargile à silex, très développée à Chartres, aux Filles^
Ih'eit, s'avance vers Paris au moins jusqu'à INIaintenon. Elle existe
il la station re|K)sant sur la craie, et en descendant du hameau du
Parc à la rivière ( la Voise), on la retrouve, dans des poclips creusées
dans la craie à Micrnster ror-angiitrium , renfermant dans son centre
des masses de sables de Fontainebleau, comme à Bonnétable elle
renferme le sable de la Chapelle -Saint-Aubin.
Quant à l'argile à silex supérieure, dont je n'ai point parlé, et
qui n'est autre chose que l'argile à silex inférieure remaniée par
des courants, elle repose en effet sur les meulières et calcaires de
Deauce; mais, pour la considérer comme faisant suite à ces dépôts
et comme appartenant à la même époque, il faudrait montrer
qu'elle est recouverte par des sédiments de l'âge des faluns; autre-
ment il subsistera toujours un doute. Ce doute est naturellement
d'autant plus fort qu'on assimile l'argile à silex supérieure au
terrain d'argile rouge avec gravier granitique que l'on voit très
bouvent occuper des poches dans les meulières même remaniées,
(4) Loc, cit.^ p. t44.
462 SfiÀNCB DU 20 JÀMYIBI 1862.
ce qui indique des pliéiiomèiies très différents et un âge biea
postérieur.
Niite addltionneilc.
Depuis que ce travail a été lu à la Société, j'ai pu en compléter
certaines parties, et notaïuuient ce qui concerne les limiles cotre
le calcaire di; Beauce et le calcaire d'eau douce de Touraine. J'ai
suivi les riva;res du lac de la Beauce, à partir de Chartres ou
plutôt de iVlorencez, et j*ai vu que la formation d*eau douce con-
tournait les collines crayeuses plus anciennes que j'ai signalées
ci-dessus (p. hh^S). Ainsi, la colline qui part de Senonclies pour
venir abouûr à Cliaitres, et celle qui, de la butte de iMalitourne, le
prolon(;e jusqu'à Illieis, collines qui ne sont antre chose que des
plis du terrain crétacé, laissent entre elles une dépression reii«
trante, limitée au S.-O. par le l^ir et qu'occupe le calcaire de
Beauce.
Le. plissement correspondant à la butte Malitourne se dirige
par Brou vei*s iMarboué et Ghàtejiudun, et détermine l'affleurement
de la craie de Yiliedieu, à une altitude de 110 à 120 mètres.
Les couches crétacées, l'urmnnt une sorte de dos d'âne dirigé
du S.-Ë. au M.-O., plongent à droite et à gauche de l'axe du
pli, t-t se relèvent au A.-O. Ainsi les sables du nmssard affleu-
rent, à ]dus de 200 mètres d'altitude, à un kilomètre au nord
de Dampierrc, près de Brou; ils sont à 190 mètres ù Montigny
près d'iUiers.
Au S.-O. de ce relèvement crayeux, il s'en présente un autre
encore plus saillant, dont Textrcmité, couverte par la forêt de
Frète val et uic>ntrant le roussard près de Fontiii ne- Raoul, à près
de 250 mètres d'altitude, présente la craie à Itmctniinns tabiattu
à 150 mètres d'altitude aux Jicsnmtticnw^ tandis qu'à Montigny,
près de Cloyes, la craie de Villedicii n'atteint que 115 mèti'es.
Le lac de la Beauce a contourné la pointe de cette nouvelle
saillie. Cette pointe dépasse notablement Morée;elle se dirige
vers Beaugeney i mais je n*ai pu en déterminer la limite extrême.
Elle formait un promontoire d*une certaine étendue au milieu du
lac de Beauce, qui s'étendait ensuite au sud et ù Test de Vendôme.
Toute cette plaine, <iui porte le gisement bien connu de YiU^
romain, est incontestablement du cidcaire de Beauce.
Le lac de Beauce venait, au nord de Vendôme, s'adosser au
massif crayeux qui borde la rive droite du Loir, et qui s'ëlèl|p*
plus haut que le plateau d'eau douce. A TU. il n'atteignait pas
Montoire; son rivage se dirigeait ensuite au sud, longeant les
MOTS DB M. HÉBKRT. &6S
massifs de la foret de Piunny, de celle de Cliâteau-Kenault,
jfisqu'à Saint-Nicolas-deS' Motets. Le lambeau de Saint-Gyr en
dépend.
Jusqu'en ce point les rép,ions occupées par le lac de Touraine
et celles qui le furent plus tard par celui de la Beauce sont complè-
tement distinctes ot séparées par des saillies crayeuses, qui n'ont
été recouvertes ni par l'uu ni par Tautre.
Il ne restera plus à déterminer, pour la rive droite de la Loire,
que la limite des deux lacs entre ce fleuve et Saint-Micolas-des-
Motets (iU kilomètres).
Seconde note adctUhnncUe. — Observations sur la comniunicntion
(le M. DesnnycrK (aniè^ p. 205).
Au moment où je corrige les épreuves de ce travail, je reçois
là livraison du Bulletin qui renferme le mémoire de M. Desnoyers
dont j'ai parlé au commencement.
Li'S objections que présente i\I. Desnoyers contre la manière de
Toir, relativement à l'âge des sables du Perche, que je partage
avec MM. Triger et Laugel, me paraissent expliquées et réfutées
par les détails que j'ai donnés.
La coupe (pi. X, fig. 2) permet, en effet, de suivre d'une
manière continue les sables des coteaux dn Perche, et de con-
fiater que, s'ils forment le sommet de ces coteaux, ils plongent
aussi sons la nappir de craie marneuse exploitée, en sorte que
celié craie les recouvre, ce que prouvent d'ailleurs les sondages
des marnières; ce nVst en aucune façon une coupe théorique. On
pourra aisément s'en assurer ()ar une vérification que je me suis
attache à rendre facile, en y reproduisant un grand nombre de
points indiqués sur la carte du dépôt de la guerre.
Si la craie marneuse ne recouvre pas les sables du Perche sur
le sommet des coteaux, j*en ai dit la raison; elle ne les a proba-
blement recouverts qu'en partie, et ce qui a pu s'y déposer a été
dënudé.
Mais, à mon tour, je dirai : si ces sables étaient tertiaires, ils
recouvriraient la craie marneuse, ce qui n'arrive jamais, en excep-
tant les petits lambeaux insignifiants etd*un tout autre caractère,
Isbmthë ccliii de la pofm'r.
Tous Its sables des {;randc3 collines du Perche, notamment ceux
de Montgraham, sont antérieurs à la craie marneuse et reposent
goustattinient siu' la craie de Rouen à Ammonites ManteUi^
Seûjfhiie* aqualin^ etc., qu'ils séparent de la craie marneuse.
A6& SfiÀNCK BU 20 lÀNYIBR 1S62.
M. Desnoyers affirme que les forages des environs' de Nogent
démonlreni la superposition immédiate de la craie marneuse snr
la craie de Rouen. Notre savant confièrc aurait dû produire les
coupes sur lesquelles il s'appuie; jusque-là je ne pourrai croire à
cette superposition directe, contraire à la constitution géologique
de toute la contrée. Dans un travail prochain, je montrerai que
cette constitution du sol est exactement la même jusqu'à Yen-
dôme et Tours. Bonneval, Glidteaudun, Château renault, etc., que
cite M. Desnoyers, donnent des coupes toutes semblables à celles
de ce mémoire.
La position des sahles du Perche^ au niveau des grès crétacés du
Maine, me paraît aujourd'hui établie d'une manière certaine.
Il en est de même pour Yargile à silex du moment qu'on ne la
confond pas avec des produits remaniés. Postérieure à la craie à
RliYnckonelln vespertilio^ elle est antérieure aux terrains tertiaires
de la contrée.
Les sables tertiaires de l'Anjou ne peuvent pas être confondus
avec les sables du Perche. Assez développés dans le Maine et en
Touraine, ils ne sont plus représentés dans le Perche que par de
très petits lambeaux. Leur superposition à l'argile à silex est un
fait général et invariable.
11 restera encore à déterminer d'une manière plus exacte les
poudingues, conglomérats, brèches, argiles remaniées, plus ou
moins sableuses, etc. Ces dépôts si variés et si complexes, mais de
très peu d'étendue, ont causé toutes les erreurs, en établissant
dans l'osprit des observateurs des relations erronées dont il était,
en effet, très difficile de se débarrasser; ils donnent à la géologie
du Perche une difficulté toute particulière, malgré les excellents
travaux qui, comme ceux de M. Desnoyers, facilitaient l'étude
de cette contrée. Je comprends donc parfaitement, sans y trouver
rien à blâmer, que notre savant confrère croie devoir persister
dans ses anciennes opinions ; c*cst à nous à le convaincre par de
nouvelles preuves; c'est ce que, pour ma part, j'ai essayé de faire
dans le travail précédent, et c'est ce que je continuerai prochai-
nement.
M. d'Omalius dit qu'il a éconté avec beaucoup d'intérêt la
communication de M. Hébert et qu'il est tout ft fait dispose à
partager l'opinion de ce géologue sur l'Age des argiles rouges
à silex du Perche cl du pays d'Ouche. Quant aux difficultés
signalées par M. Hébert relativement ft la formation de ces
NOTI DE M. ARNAUD. A66
dépôts, M. d'Omalius y voit des présomptions en faveur de son
hypothèse sur leur origine par voie d'éjaculation.
M. Jannettaz, vice-secrétaire^ lit le mémoire suivant de
M. Arnaud :
Note sur la craie de la Dordogne; par M. Arnaud (pi. XI).
La formation crëlacëe du S.-O. a, depuis quelques années,
▼ÎTement éveille rattcntion des géologues. Analysée à grands
irails dans son enseiuble par ÎM. d'Archiac, clic a été, de la part
de M. G>quand, dans le départcnienl de la Charente, l'objet de
longues études, et doit à ces travaux, à Texanicn des questions
qu'ils ont soulevées, un intérêt justement mérité.
Les résultats auxquels est arrivé le savant professeur de laFaculté
de Alarseille sont-ils applicables à Tensemblc de cette formation 7
Les divisions qu'il a adoptées sont-elles justifiées sur les divers
points du bassin qu'elle occupe ? C'est surtout par une étude de
cette nature, par la recherche de la généralité de son application,
que peut se résoudre la question de légitimité et d'opportunité
soulevée par toute classiûcation nouvelle. J'ai été curieux de ten-
ter ce rapprochement sur quelques points du département de la
Dordogne, et c'est le résultat de celte étude que j'ai l'honneur de
soumettre a la Société.
Craie inférieure.
L — Si Ton étudie la craie dans le département de la Charente
qui a servi de type aux divisions qui nous occupent, on observe
généralement à la base du dépôt une assise irrégulière, coniposéc
de sables et d'argiles lignitifères, variable dans son épaisseur et
dans les rapports des termes qui la constituent.
A cette première couche succèdent des sables, d'abord meubles
et mélangés aux argiles sur lesquelles ils reposent, mais consolidés
à la partie supérieure oîi ils sont souvent dépourvus de stratifica-
lion régulière. I^es grès, tantôt verts, tantôt d'un brun rougeàtre,
forment généralement dans la Charente un dépôt unique, parfai-
tement détaché d(S calcaires ù Caprines qui les recouvrent; mais
il n'en est pas de même sur tous les points du bassin, et l'on peut
notamment constater dans le département de la Charente-Infé-
ricure, sur les bords même de l'Océan, de nombreuses alternances
dca cakaii-es et des grès carentouicns.
Soc. géoL^ 2* série, tome XIX, 30
A06 8ÊÀNCE DU 20 JANVIER 4862.
La formation des };rèH, à laquclic leur peu d'épaisseur assigne
une durée très limiter, n été .suivie d'un assez long temps de repos
pondant lequel, au sein des eaux tranquilles, se sont déposëes
d'épaisses niasses calcaires qui sur certains points ont acquis près
de 30 mètres de hauteur. C'est le rè[;ne des Caprines et des Splté-
rulites qui apparaissent pour la première fois dans la mer crétacëe
du S.-O. et y si^^nalent leur accès par les vastes proportions des
espères et le nond)re considérable des individus.
Des ar(*iles presque pures, micacées comme les dépôts corres-
pondants du bassin li;;érien, recouvrent dans le$ environs d*An-
{;onlènie les calcaires que nous venons d'indiquer ; elles supportent
des s.iMes blnnrs, jaunes ou verts, meubles ou agglomérés» qui,
hors de l'arrondissement d'An^oulcme. se substituent entièrement
aux dépôts ar(>ileux et reposent directeir.ent sur les bancs infé-
rieurs  Ctijjnnti adversn. A cette zone correspond la station prin-
cipale des Huîtres spéciales à rétaf;e carentonien.
Innnédiatement au-dessus des sables, les calcaires reparaissent
et foi nient un banc d'une faible épaisseur où se montrent de
nouveau les Caprines déjà signalées; mais c'est la dernière ap-
parition de ces (grands rudistes; on n'en trouve plus aucune trace
dans les formations postérieures ; bs Spliéruliles même qui les
accuiiipa|;naient dans le banc inférieur ont depuis longtemps
disparu.
nrusqueinent arrêtée dans leur développement, les calcaires ont
cédé \\ place à des marnes {;rises ou vertes, micacées, dont Tir-
rupiion inodifinnt les conditions d^existence de la faune carento-
nienne a subitement frappé de mort les rudistes épargnés par
l'apprirition des argiles tégulines, et successivement entraîné
Textinction des espères qui caractérisaient les dépôts inférieurs. A
côté de ce phénomène se produisait simultanément celui d*UDe
nouvelle création dont les premiers êtres ont laissé leurs débris
au sein des mêmes couclies que peuplaient ceux de leurs prédr-
ccss('Ui*s, De tous ces représentants de Toi-dre de choses qui finis-
s;iit, c'est VOstrra columba qui a le plus longtemps résisté; car, â
travers les milieux les plus variés, les individus de cette espèce se
sont sucerdé sans interruption, quoiqu'à la fm avec de légères
moditications, jusqu'au sein des calcaires blancs qui ont Immëdia-
tenient pré(\'dc l'apparition du Jiuttiolitcs lumbrirnlis. Prolongé
pendant une assez longue période, le dé])ôt des marnes a formé
d.-ins la Chai ente des assises puissantes, d'une homogénéité Taria-
ble, dans lesquelles Télément calcaire a graduellement domîdé,
et fini par s'isoler complètement, en donnant naissaDce à des
KOTI DE M. AIINAUD. Ad?
bancs d*une pureté et crune solidité remarquables, explditél
comme pierre de taille partout où ils affleurent.
Au-cleasusde cette zone les caleaires se suecèdent eu bancs épais,
d'une dureté variable suivant le niveau des couches et les divers
points où on les observe ; ^généralement blancs à la base, ils pren-
nent bientôt une teinte jaunâtre qu'ils conservent jusque vers le
sommet, et se développent sur une hauteur évaluée dans son en-
semble à 75 mètres. C'est aux dernières assises de ce dépôt qu'est
lîmicëe, par M. (ioquand, la période de la craie inférieure; cette
grande division qui, suivant Tauteur, séparerait la craie en deux
groupes, parait complètement justifiée par le renouvellement des
Cnunes et la brusque modifie^ilion qui s'est, à ce moment, opérée
sur tous les points du bassin dans la composition minéralogique
des dépôts crétacés.
II. — Le (groupe de la craie inférieure a été divisé en quatre
ëiages dont il reste i déterminer les limites et k apprécier l'indé-
pendance.
Étage gardonien.
Les derniers travaux de M. Goquand (r^j:/<? explicatif de la
carte géolag, de la Charente; Synopsis des foss/lcs des formations
secoadairesj etc.) détachent complètement des premières couches
crétacées les argiles lignitifères, que cet auteur avait d'abord con-
sidérées comme une dépendance de l'étape des grès verts à Ostrea
coiamba et plivata {Bull, dr in Soc. géoL , 2" sér. , t. XI V, p . 63 et 6A) .
La faune de cet étagr serait représentée par une vertèbre indetcrmi-
uée de saurieii el leTtrtdo hlvuriausiy d'Orb. ; ainsi constituée, cette
faune n'a en effet, à raison de sa simplicité même, rien à redou-
ter du rapprociuMnênt des louelios qui lui sont imniédiatement
superposées ; mais n'est-ce pas se montrer un peu ambitieux pour
elle que de Téri^jcr en royaume indépendant avec un peuple com-
posé d'un seul sujet? Le règne vé^jétal y serait, il est vrai, assez
largement représenté, si l'on eu compare la flore à celle def
autres étages où les plantes ne brillent que par leur absence; mais,
sur ce point, l'étude des premières assises montre que les espèces
déterminées dans le Synopsis nesi^nt pas spéciales aux argiles ligni-
tifères, qu'elles renu>iUent au contraire dans les grès verts qui les
recouvrent, et qu on les retrouve jusque dans les bancs calcaires
à Caprina adversa, d'Orb., et Sphœruliles polycolinitcs^ Bayle*
C'est ce que j'ai constaté poui les grès avec M, fioreau, à Bou-
thieiY et Saint-Trojean dans Tarroudissement de Cognac, à Bas-
lan et Pisaoy près d*Angoulème, pour les calcaires à Caprines, au
&68 sfiANCi DU 20 jÀivYiit 1862.
faubourg Lboumeau d'Angouléme, dans le voisinage des ateliers
ducliemin de fer.
Il est impossible d'un autre côte de rattacber uniquement aui
argiles lignitiferes les gros verts, dont presque tous les fossiles
[Tercbrattda biplicata^ Def. , T. Menardi^ d'Orb., Wiynchonella
Lantarckiana^ d*Orb., Ostren cnltimbay Desli., etc., etc.) sont
communs aux bancs calcaires qui les recouvrent.
G*est par suite de Tanalof^ic qui existe entre la formation ligni-
tifère du sud-ouest et celle du Gard que M. Coquand, frappé de
Timportance de cette dernière, a sans doute été conduit à faire de
la première un étage distinct dans la série des dépots crétacés; on
ne peut en effet douter du synchronisme de ces dépôts dont Tdge
est déterminé par leur position immédiatement inférieure à des
fossiles caractéristiques identiques ; mais il ne faut pas perdre de
vue qu'aux termes de la description donnée par M. Coquand {Buii.
Soc. géol,,2* sér.) t. XIV, p. 61-63) les lignites de Saint-Paolet
constituent une formation lacustre, tandis que ceux du sud-ouest
appartiennent à une formation reconnue marine jusqu'à ce jour.
Le synclironisme ne suffit donc pas pour qu'on leur attribue une
égale importance.
Du reste, l'irrégularité de ces dépôts, leur absence sur certains
points du bassin qui nous occupe, comme dans le bassin ligérien,
malgré la vaste communication, attestée à cette époque, entre les
deux mers, par l'identité des faunes, suffisent pour les faire consi-
dérer, sinon comme un simple accident, au moins comme une
dépendance des bancs à Caprines, et justifier les conclusions ans*
logues de M. Sxmann en ce qui touche le département de la
Sarthe (Bnll. Soc, géol,, 2* sér., t. XV, p. 521).
Etage carentonicn.
L'étage carentonien, plus complexe dans sa composition, serait
constitué par les grès superposés aux argiles lignitiferes^ les cal-
caires inférieurs à Icblhyosarcolitcs, les argiles tégulines, les sables
et grès à Ostracées, le banc supérieur à Caprhta atl^ersa et iriatt^
gularis, et une portion des marnes à Tercbratelln carentonen"
sisy d'Orb., qui le recouvrent.
C'est au point où les marnes passent à des couches plus solides,
quoique grises encore et terreuses, que M. Coquand a fixé la li-
mite de cet étage et l'inauguration du système dans le cours du-
quel lie nouveaux rudistcs ont vu le jour. Cette division, qui offre;
au premier abord, l'avantage de ne pus distraire de la formatioii
NOTE DE Bl. ARNAUD. A09
qu'ils ont cootribué à caiaclériser Ils derniers rcprëscnlants de la
première faune, trouvc-t-elle dans celle circonstance une complète
justification ?
Uue première objection paraît résulter de l'absence de limite
précise entre les étages sépares; la transition des argiles aux cal-
caires étant régulièrement ménagée, et oOrant à leur jonction tous
les degrés iotermédiaires, suivant que la limite sera fixée par le
géologue plus haut ou plus bas, il se trouvera conduit à attribuer
arbitrairement à tel ou tel étage les fossiles placés au-dessus ou
au-dessous de la ligne dont rien ne détermine avec fixité la po-
sition.
D'un autre côté, si les fossiles carontoniens ne sont pas séparés
des bancs qui les ont vus naître, il n*en est pas de même des pre-
miers fossiles angoumiens [Arca Noueli^ d'Orb., PJeurutomaria
Gaiiienni, d'Orb., Cyprina intcrmedia, d'Orb., etc.) qui commen-
cent a apparaître à la base même des marnes t\ Tcrchratula vnren-
ionensis. L'inconvénient évité pour la première faune subsiste donc
pour la seconde ; il naît même, a pioprcment parler, de la cause
qui l'a fait éviter pour celle-là ; or, cet écueil se produit inévitable-
ment toutes les fois que le géologue veut établir une division tran-
dice là où la nature n*a procédé que par Textinction graduelle et
le renouvellement successif des faunes. C*est là un principe dont
les marnes à T. carentonensis présentent la saisissante application,
car elles offrent précisément le spectacle d'une sorte de champ
commun où sont venues s*ensevelir les dépouilles de deux généra-
tions, l'une à son aurore, l'autre à son déclin.
Suit-il de là qu'aucune division ne puisse être établie et que^
malgré Textinction totale à un certain niveau des premières espè-
ces, il faille confondre dans une même formation la série entière
des couches contrairement à la réalité des faits? Faut-il au con-
traire, pour éviter ce nouvel écueil, se rattacher aveuglément aux
niveaux desrudistes et distraire de la faune carentonicnne les mar-
nes qui en ont arrêté le développement? Ce système aussi absolu
que le précédent ne serait pas, suivant nous, plus exact. Entre
deux faunes distinctes, ces marnes forment, selon nous, une zone
dû transition^ telle qu'on en voit se produire à chaque renouvelle-
meut des faunes qui se sont succédé pendant les deux périodes de
la craie; elles montrent le danger des divisions absolues qui ont
|K>ur effet de séparer en étages des dépots dont Thisloire n'a pas
été brusquement arrêtée, mais se déroule dans un ensemble de
faits liés entre eux par des causes communes et la simultanéité du
temps pendant lequel ib se sont produits.
170 SàAlfCB DO 20 JÀNVIBR 1862.
Étages angoumien et provcncictt.
Les bancs solides par lesquels se termine la ivériode de la craie
infërieure ont étë divises en deux dta{;es distincts, quoique aucun
caractère minéralogique constant sur toute IVtendue de la forma-
tion ne permette de préciser avec certitude la limite qui les sépare.
Cette division se trouve néanmoins complètement justifiée par la
divei'sité des faunes assez restreintes qui les caractérisent, et sur-
tout par l'explication de ce pbénonirne, telle qu'elle résulte de
l'étude comparée du bassin méditerranéen. En Provence, en eflTet,
après le dépôt des premières assises calcaires de l'étn^Tc angoumien,
un brusque mouvement s'est produit au sein des mers crétacées
{^BulL de la Société géologique^ t, XVIll, ]ï. \hVj\ la formation
calcaire interrompue a été ensevelie sous des sables dont là surface
s'est peu à peu consolidée et n*a elle-même été recouverte par de
nouvelles coucbes calcaires qu'après avoir donné asile aux co-
quilles perforantes qui y ont laissé les traces de leur séjour. Or,
lé bassin du sud-ouest et celui de la Méditerranée communi-
quant ensemble ainsi que l'établissent la communauté des faunes
{ififrà, %Vi) et le parallélisme dans l'ordre de succession des fos-
siles, il est naturel d'attribuer au contre -coup de la révolution
opérée dans le bassin de la Provence l'extinction de la faune
angoumienne, quoique dans la Charente cette révolmion n'ait pat
laissé, par une perturbation minéralogique correspondante, trace
de son passage.
m. — Les premiers termes de la craie inférieure, peu apparents
dans l'arrondissement de Périgueux, n'y présentent aucun carac-
tère saillant digne de fixer l'attention. Les argiles lignitiferes ottt
échappé à nos recherches dans le canton de Savignac, où nous
n'avons trouvé que les grès, qui paraissent également exister seuls
dans le voisinage de Mareuil. Leur absence est d'autant plus frap-
pante qu'à Simeyrols (10 kilomètres de Sarlat) cette fonnation
atteint un développement relativement considérable, et que le
combustible y est l'objet d'une exploitation régulière.
M. Harlé, ingénieur en chef des mines à Rouen, a recueilli dant
ce dépôt des Cérithes et des Matices qui ne peuvent laisser de
doutes sur sa nature marine. L'dge des couches qui les renferment
a été déterminé avec non moins de certitude par i\I. GuilleboC de
Nerville, ingénieur en chef des mines à Périgueux, qui en a
constaté le recouvrement par les assises calcaires à Ostrta coittmba.
Mous devons à l'obligeance de M. de Nerville la coupe suivante
qui fixe la composition de cette assise :
NOTE DB M. ARNAUD. &71
Au-dessous du banc calcaire à O. columba qui constitue )e toit de la
couche, on trouve en descendant :
4® Argile noire plastique 0'",!5
%^ Marne schisteuse et bitumineuse noire. . ^^^k^
3* Lignite; premier banc 0",33
4° Schiste marneux noirâlre 0'",30
5" Lignite plus pur que le précédent O'",20
Total 4», 43
Sur quelques points la couche atteint jusquVi l^.fiOd'qmiîJseur;
le lignite exploitable y prend aussi quelquefois plus de puissance ;
il se divise alors en trois bancs: l'un de 0°\60, les deux autres
de 0°,20 chacun.
Les autres termes de cet étn(>e, apparents entre les Pyles et
Serges, sur la route de Périjjueux à Limoges, y montrent un ex-
trême amincissement des assises qui le constituent et une absence
presque complète de fossiles qui enlève tout intérêt aux recherches.
Les assises moyennes de Tétage angoiunien apparaissent non
loin de Périgueux par suite d'un soulèvement dont Us effets se
sont fait sentir sur une étendue de plus de 10 kilomètres. La val-
lée de la fieaurounc montre sur ses flancs^ à la hauleui' de (ihan-
celade, des couches redressées, disposées en forme de \ renversé,
qui ont permis d'atteindre au niveau du chemin de fer de Limoges «
les assises tendres peuplé(\s de Ihuliolins Inmbrïvalin^ d'Orb., dont
le grain et la couleur sont identiques avec ceux de la Charente: les
pierres de taille exploitées par cavajje sur ce point sont bien infé-
rieures aux couches homo«;ènes de lVla{>e coniacien; au-dessus
de CCS bancs reposent des calcaires durs, suhcristallins, dont les
assises» entaillées par la voie de fer sur une épaisseur de 7 à 8 mètres,
reproduisent exclusivement:! la base la faune angoumienne [RatUo-
iites cnrnU'pastoris^ Baylc, IL lumbricalis^ d'Orb., Hijjjjurites an-
tiquus^ At*n.), et présentent dans les conclies plus élevées le pas-
sage à la faune provencicnne, par Tassociation des Actéonelles et
des Nérinées au Sphœrulitcs punsianus, d'Ârchiac. La figure i (A)
(pi. XI) montre la position des carrières de Chancelade et la
succession des couches supérieures de chaque coté de ce point.
Les tranchées du ciiemin de fer de Limoges, prescpte perpen-
diculaires, dans le trajet de Gourd de T Arche à Chancelade, à Taxe
de la vallée de la Ueauronne que nous venons de décrire, per-
ipeitcnt de suivre dans tous ses développements le système des
dernières couches de la craie inférieure qui coustituent Télage
proyemcien, fig. 3.
A72 SfiANCB DU 20 JÀNYIBR 1802.
Au village du pont de la Beauronne où le chemin de fer coupe
en remblai la route de Péri{>iieux à An^^oulême, on constate de
chaque côté du viaduc, sur le bord même de la route, à quelques
mètres au-dessous de la voie ferrée, la présence des calcaires dun
A Sphœr alites ponùanus (AC), perforés par les valves inférieures
vides de cesrudistes. La partie supérieure, dont Texploitation a été
tentée, présente des couches grenues, sul)cristallines, caractérisées
par de grands Cérithos qui n'y ont laissé que leurs empreintes.
Au-dessus de cette zone, qui dot la période angoumicnne, paraît
une assise de 3 à ^ mètres dVpaisscur, composée d'une gangue
arfi;ileuse durcie^ jaune et rouge, empâtant un banc épais de Spha>
ml (tes Sauvages t\ Bayle, et de Rad'tnlitrs Jr/iaudi, Goquand, dont
renchevêtrement constitue une véritable lumachelle. Ce banc a
été recoupé ù 2 ou 3 mètres plus loin par la route de Périgueux
à Ribérac, où il présente les mêmes caractères (T).
C'est le premier terme de l'étage provencien que sa faune, non
moins que sa composition minéralogique, dislingue nettement de
celui qui l'a précédé.
En se rapprochant de Périgueux, vers laquelle plongent, par
suite du soulèvement dont nous avons parlé, les couches crétacéet,
on trouve immédiatement un calcaire pur, cristallin, dans lequel
se sont développés les mêmes rudistes, accompagnés d'une faune
' assez abondante, presque microscopique, qui ne se révèle que sur
les points où l'action prolongée des agents extérieurs a désagrégé
la surface du calcaire au sein duquel elle est engagée; j'y ai pu
recueillir des Trochus, des Natices, des Côrilhes, des Liinnpsis, des
CycioUtcs et une espèce bien caractérisée de PUeolus, J'y ai éga-
lement reconnu la Tercbratula Irriticulnris, Arn., très commune
aux environs d'Angoulême dans une position identique. Tous œt
genres sont représentés par des individus d'une petitesse extrême,
dont le test est passé à l'état spathique.
Les calcaires se poursuivent avec les mêmes caractères jusque près
de la Briqueterie où ils prennent une teinte verdâtre, et recèlent,
en face même de cet établissement, une légère bande marneuse
verte qui laisse détacher des échantillons très reconnaissables de
Ghames, de Radiolitcs Arnaudi^ et de SphœruUtcs Moulinsi^ d'Orb.,
associés au Sphœml'ttes angeinelcs, d'Orb. A partir de la Briqueterie,
où apparaissent les Hippurites sulcatus^ Defr., et cornu vaecinam,
Bronn, les couches se succèdent, interrompues de distance en dis-
tance par de vastes crevasses remplies d'argiles sablonneuses mio-
cènes, à cailloux roulés, mélangées aux débris de l'ctago proven-
cien. Solides et subcristallins au début, les calcaires de cet éta^^e
NOTE DK M. ARNAUD. A73
paraissent, en se rapprochant de Toulon, avoir admis clans leur
composition cbiniique une certaine propojtion d'éléments mar-
neux dont la présence se révèle par une plus {>randc friabilité de
la roche, et dont les alternances ré^^ulièrcs avec des calcaires
eonipactes permettent de déterminer avec certitude Tinclinaison
des couches provenciennes.
Si Ton observe C(*s couches à 2 ou 300 mètres de la Briqueterie,
au point où les assises régulières de la craie supérieure viennent
reposer sur celles de Tétage provencien, fig. /*, «-c, fig. 6, on est
frappé de voir que ces dernières plongent en ce point vers Test
sous un angle de plus de 15 degrés, tandis que l'étage se termine
à 7 ou 8 mètres au-dessus de la voie par une ligne sensiblement
horizontale, recouverte par les bancs presque parallèles de Tétage
supérieur. En présence de ce fait on se demande si Tœil de Tobser-
fateur n'est pas le jouet d*une illusion, et s'il n'est pas témoin
d'un de ces phénomènes de clivage en grand dont les calcaires
compactes présentent quelquefois des exemples; un examen appro-
fondi ne tarde pas à détruire cette supposition, car on remarque
dans les divers bancs qui se succèdent la constance des caractères
mînëralogiques qui les distinguent et ne permettent pas cette
erreur.
L'assise infériemc est constituée par un banc, d'environ 8 à
10 mètres de puissance, d*un calcaire irrégulièrement marneux
(PHC), bleu au cœur de la roche, ayant perdu cette coloration
sur les points qu'a pu atteindre l'action des agents atmosphériques ;
ce banc» qui renferme de petits fragments de lignite, est la station
principale des Hippuritcs cornu vacciniim , dont les individus
gisent éparsdans toutes les directions; à ces rudistes sont associés
de nombreux polypiers, des brachiopodes (Rhynchonelles et Térc-
bratules], des Huîtres d'espèces diverses, des Natices, des Ptéro-
dontes et des Oursins, surtout des Goniopygus dont les épines sont
très abondantes; il se termine par une assise (PHC*) assez com-
pacte, d'un calcaire grenu, homogène, dans lequel les Hippurites
cornu vaccinum se sont encore développés.
"L'assise suivante (PGS), de 5 à 6 mètres de puissance, est sépa-
rée de la précédente (PHC) dont elle partage les caractères mi-
iiéralogiques, et divisée en trois ou quatre bancs parallèles par
des lits minces de calcaires très marneux, feuilletés, dont le niveau,
de quelques millimètres seulement, se maintient régulièrement
dans toute leur étendue; les calcaires des bancs les plus élevés
sont d'un grain plus fm, plus compacte, comme lithographiques;
A7A 8ÉANCI DU 20 JANYIBR 1862.
cette zone ne m'a présenté ()ue de très rares fossiles {Cerithium^
Niicif'oii tes,, . , Avtœoficllft ...).
La troisième assise, d'une haulour de 3 à ^ mètres, est cancté^
risée par des calcaires plus (grossiers (PHCO), avec nids mar-
neux, analo(;ues à ceux de la première couciic, où Ton constate le
retour île V Hippuritcs an-nu vaccinuni associé aux //. orgrintMOtt^
Montf.y et snlcatNs; elle est terminée par un banc de SphœndUes
angeiodesy sur lequel est venue s'asseoir une quatrième couche
d'un mètre de puissance qui termine en cxt point la série des dépôts
de la craie inférieure.
Cette couche est constituée par des marnes f.rises (PM) friables,
riches en fossiles, qui rappellent exactement la Tonne de la pre-
mière : Hippurites, brachiopodcs et ostracées; leur Age est déter-
miné avec certitude par la présence des fossiles caractéristiques
qui viennent d'être indifjués. et surtout par Télat de ces fossiles,
dont le lest a conservé les détails les plus fms de son ornementa*
tion et même répidernic chez les brachiopodea.
Dans la première partie de la coupe («r ^, lig. 6), c'est-à-dire
en partant de la Briqueterie, en deçà de la fi&sure qui la divise, ou
voit les couches provenciennes supporter sans intermédiaire et
traii.s(^r('ssivemenl les premiers bancs calcaires à Ostira psttuiom
Afathrrn/n\ Coquand, qui caractérisent la base de la craie supé-
rieure. On remarque en outre qu'avant de recevoir ce dépôt les
calcaires prnvenciens se sont durcis, fendillés, et que lea fissures se
sont remplies de la ^>lauconic de réta;;e supérieur; quelques-uns
de ces fossiles même y ont pénétré ; mais la cause de leur présence
est facile à reconnaître et servirait au besoin à fournir une noa-
vclle preuve des vicissitudes auxquelles ont été soumises les assises
provenciennes dans l'intervalle des deux formations; l'autre par-
tie de la coupe (h r, iig. 6) confirme plus explicitement encore cette
appréciation, en montrant au-dessus du lit de marne à bracKiio*
podes et ostracées un dépôt de véritables poudingue», formé de
fra{;ments de calcaires durs provenciens roulés et associés par une
pnte marneuse à des débris d'IIippuritts. Ce dépôt a nivelé la
surface de l'étape provencien et l'a dis|K>8é à recevoir la fonnatîon
qui devait lui succéder.
Si de cette étude {;éuérale on passe à celle des fossiles, on est
frappé de la («^rande analogie qu'ils présentent en ce point avec la
faune qui va leur succéder; les Huîtres surtout, quoique distinctes
de celles qui se sont développées dans l'cta^je supérieur, présentent
dans leur l'orme générale et dans les détails de leur ornementation
If 0TB M M. ARNAUD. i76
des caractères qui les en rapprochent singiiiièrement; il nous a
paru utile de constater ce pliénomène transitoire manifesté sur le
seul point où les couches supérieures de Tétage provencien parais-
sent avoir été conservées.
Les calcaires qui nous occupent reparaissent à une centaine de
mètres du point que nous venons de décrire, et il est facile de les
suivre sans interruption jusque près de Textréinité de la coupe;
les couches les plus rapprochées paraissent être la continuation
des deuxième et troisième assises de la figure U ; c'est dans leur
sein que se sont développés les Hip/jurites organisons dont on peut
▼oîr en place des groupes volumineux ; elles offrent, eu outre,
avec les Huîtres et les brachiopodcs déjà indiqués, des oui-sins
appartenant aux genres Micraster et Htnninster ; cette formation
Wb continue jusqu*au delà d'une large cavité (r) pincée à la jonction
de U craie supérieure, et se lie par une transition ménagée aux
calcaires lithographiques et sulicristallins (PL) qui se montrent
à peu de distance de Fouverlure. La ligne de jonction plonge vers
l'E. sous un angle plus aigu d'envii on 5** que les couches de la
fig. 6, et le niveau supérieur de l'étage qui coupe en / cette ligne
de jonction offre une inclinaison plus faible elle-même de moitié
que la précédente.
On ne trouve au-dessus des calcaires lithographiques aucune
trace des assises marneuses et du dépôt pondinguiforme que nous
avons ludiques dans la coupe précédente.
Les premiers dépôts de la craie supérieure s^appuient en ce
point, comme dans la première cou))e, sur la ligne de faite, en
eoaches qui lui sont presque parallèles.
On retrouve enfin à quelques centaines de mètres de Toulon,
sur la route de liussière-Hadil, un nffleuiemrnt des mêmes cal-
caires qui s'arrêtent, sur une hauteur de îx mètres, aux bancs à
Nocléolites que supportent au niveau di! la route les couches sub-
cristallines.
IV. — Si des détails qui précèdent on cherche à déiluire l'his-
toire de la formation crétacée du S.-O., pendant cette période,
on en peut tirer cette conséquence qu'elle se lie dans son ensemble
par un cours régulier de phénomènes, et que le bassin qu'elle
occupe n*a point été, pendant cette phase, le théâtre de révolu-
tions subites et générales, analogues à celles qui ont marqué la
séparation des étages jurassiques. Ainsi, lorsque, après la première
irruption des mers crétacées et le dépôt irrégulier des sables et
des argiles lignitifères qui ont comblé les inégalités du sol brus-
fnanient iinniei*gé, a commencé une période de repos caractérisée
&76 SÉANCE DU 20 JANYIBt 1802.
par la consolidation des {|;rès inférieurs, on voit apparaître avec
ces grès eux-mêmes une faune dont certains représentants (7*rrr-
brntula biplicata par exemple) se sont poursuivis, à travers de
nombreuses variations minéralogiques et une épaisseur de cou-
clie considérable, jusqu'au seiu des marnes à Tcrrbrateiia caren-
tonensis.
De même, la réapparition des grandes ('aprines (C. athenn vt
triangularis) dans le banc supérieur à Icbtliyosarcolites, malgré
leur absence dans les couches intercalées entre ce banc et le banc
inférieur (grès et argiles té^;ulines), montre que ces assises inter-
médiaires, quoique nettement diiTérenciées descalcairesà Ichtbyo-
sarcolites par le caractère minéralogique, ne constituent qu'un
accident local, et que ces rudistcs, au développement desquels
un sol marécageux et l'agitation des sables littoraux opposaient
un obstacle tem|>oraire, ont trouvé, à une faible distance, des eaux
paisibles au sein desquelles, et certainement dans une formation
caicarijèrc contemporaine^ se sont perpétuées leurs espèces, jusqu'au
moment où elles ont été rappelées dans la partie aujourd'hui
apparente du bassin par un abaissement du sol et un changement
dans la direction des courants; leur persistance, malgré ce chan*
gement, en montre à un autre point de vue la faible importance.
D*un autre côté, si l'invasion des marnes à Tercbratelia eartn^
toncnsis a subitement arrêté, comme l'avaient déjà fait les argiles
tégulines, sur les points apparents du bassin, le développeuieut
des rudistes, les mêmes effets d'extinction ne se sont pas simulta-
nément produits pour plusieurs autres genres également littoraux,
tels que les ostracées qui se poursuivent jusque dans les calcaires
blancs inférieurs au Hadinlites liunbricalis. Ces marnes elles-
mêmes ont reçu pendant toute la durée de leur dépôt, dont
Tépaisscur dépasse 15 mètres, les débris des céphalopodes qui
avaient apparu avec les premières assises crétacées; et de ces faits
on peut conehire que, si Tirruption de Télément marneux a pu
affecter une vaste étendue du littoral, les effets en ont cependant
été restreints à un nombre limité d'espèces et n'ont pa atteindre
à uue certaine dislance les habitants de la haute mer.
On ne peut cependant se dissimuler qu'une cause contempo-
raine à l'apparition des marnes, mais plus puissante, ait exercé son
action pendant la période de leur dépôt et graduellement entraîné
le renouvellement intégral de la faune. Quelle est cette cause?
Elle est et probablement restera toujours, comme la plupart de
celles qui ont sigi ù ces époques reculées, complètement inconnue;
mais elle se révèle avec certitude par l'importance de ses résnlttls ;
IfOTB Dl M. ARNAUD. A77
outre son existence, il n'est possible d*aflîrmer que son éloigne-
ment attesté par la lenteur de ses effets, son origine septentrionale
constatée par la nature des dépôts correspondants du bassin
ligéiien, et son indépendance des marnes à Tercbratella carento^
nensis; car il est impossible d'attribuer au seul développement de
ces marnes Textinction des espèces de la première faune qui en
ont franchi les assises inférieures, et n*ont disparu qu'au moment
même du retour des conditions minéralogiques au milieu des-
quelles elles avaient pris naissance.
C'est également hors du bassin du S.-O., mais inversement
dans la zone méridionale des mers crétacées, que s'est produit
l'ébranlement à la suite duquel s'est renouvelée la faune angou-
mienne; peut-être moins sensible encore que la précédente, à
cause de la pauvreté de cette faune et de l'absence de modification
constante dans le caractère des rocbes qu'elle divise, cette révolu-
tion ne s'y est-elle aussi traduite que par un contre-coup très
affaibli.
L'étude de ces phénomènes, rapprochée de celle des faunes,
montre par la nature des fossiles presque exclusivement littoraux
qui les constituent, que la formation du S.-O. a dû, pendant
cette période, occuper un bassin peu profond, soustrait par sa
position géographique à l'action directe des bouleversements qui
agitaient la haute mer.
Craie stipéricnre.
V. — Nous avons déjà eu occasion d'apprécier l'exactitude du
système qui place entre les calcaires à llippurites et les premières
assises à Ostrea auricttifiris, Broiig., la grande division de la craie
en deux groupes, et de lui reconnaître une valeur absolue sur
quelque point qu'on Tétudic. Cette classification se trouve en effet
complètement justiGée :
i^ Par la différence des faunes; sur plus de mille espèces jus-
qu'ici connues dans les terrains crétacés du S.-O., à peine en cxiste-
t-il une dizaine entre lesquelles on puisse nier encore l'existence
de différences caractéristiques constantes. Dut-on admettre cette
assimilation qui perd beaucoup de sa vraisemblance par suite de
l'état des fossiles, le simple rapprochement des nombres indiqués
montre que leur identité ne prouverait rien contre la légitimité
de la division ;
2*^ Par le changement minéralogiquc subit qui s'est produit à
ceUe époque dans les mers crétacées, et surtout ^Kir la généralité
A78 SfiANCB DU 20 JANVIER 1862.
de cette moilificatioii qui se icvclo iiii même moment sur tous les
points où la succession régulière des couclies |>ermet de le saisir,
non-seulement dans le bas-'in du S.-O., mais encore en Provence
et jusqu'en Aliema{<;iie;
y Enfin par la nature dts dépôts qui ont succédé à la formation
calcaire.
Le passage de la craie inférieure à la craie supérieure ae lit
nettement dans le département de la Charente sur une coupe très
remarquable que M. Coquaiid a fait figurer dans le texte expli-
catif de la carte géologique de ce département et qu*il interprète
de la manière suivante {Texte rxplimlif^ t. I, p. /48O à (i85] :
u Ou a d\i|tord, en face de la pointe île Tile qui s'avance entre
N la ville (Co;;nac) cl le faubourg Saint-Jacques, la coupe suivante
» représentée par la figure 72 :
» 1" Raucs calcaires épais A, jaunâtres, très dui's, fournissant
» des pavés et pétris de Sphœrulites Sauva^csi et radinsus et d'Hip^
» parités ntfinnisfiNs. Ces bancs appartiennent à la pailie supé-
» rieure de Tctage provencien et sont ondulés comme t'ila avaient
n été soumis à ime dénudaliou avant d'avoir été recouverts par
« les couches supérieures.
» 2° Argile lougcàlre ou brunâtre, plastique, disposée en veinet
» ou en amas inégaux, comme si elle avait rempli les déprestioof
» sous-jacentes ; cette argile forme, sur ce point, la base de la
» craie supérieure et ne se lie en aucune manière avec les calcaires
t» inférieurs.
» 3° Sables verts, friables, G, tins, mélangés de beaucoup de
n particules argileuses.
» U° Grèscaliarifèris, 1), vcrdàtres, assez solides dans les partiel
n fraicliemont coupées, mais s'égrenaut vers les surfaces expoeéet
» aux agents atuiospliériqurset se réduisant en un subie groMÎer.
> La couh'ur verte est due à une très grande quantité de points
» verdatres de silicate de fer qui picotent la rocbe. d'une
I» manière assez uniforme. Les l)ancs ne sont pas straiito ffigu*
NOTI DB M. ARNAUD.
t79
» HèiTmpnt; ils ont <'té ol)li;;('s de suivre les inflexions des calcaires
» (le IVta^je an{;ouniien (provencien) qu'ils ont nivi;lés par dejjrés
» insensibles. On y recueille quelques individus de VUxtrea fiuri-
n ru/arts,
» 5° Sables meubles, 11, jaunâtres, non recouverts, et pouvant
» bien provenir du déniolissenient des {jrès sur lesquels ils repo-
» sent.
» LVpaisseur totale de ce système sableux et ar^jileux est de
» 3 à ^ mètres environ.
M Si, à une certaine distance du lieu où notre coupe est prise,
» il n'était pas recouvert par des couches l'ossilifères, et si le {près
« D ne renfermait Ini-mènie qui; des fossiles de la craie, il serait
Il bien diflicile de ne pas le considérer comme une dépendance
» du terrain tertiaire, et de ne ])as proclamer sa discordance avec
» les étapes de la craie inférieure. Si les faits que nous avons pu
» recueillir ne permettent pas de formuler une conclusion posi-
» tive relativement à ce dernier point, on aurait pres(ïue le droit
V» d'être plus affirmatil pour y reconnaître une tran{];ressivitc qui,
» pour être moins prononcée que celle qui existe entre les argiles
» [;ardonniennes et les divers termes de la formation jurassique,
» ne semble pas moins indiquée par l'indépendance des sables et
» surtout par la diflércnce radicale qu*on observe dans Torigine
» et la composition des roches dont les deux éta(>es sont con-
» stitués.
n Une seconde coupe prise à quelque distance de la première,
» luois sur un point plus rapproché du pont, donne la succession
» des couches suivantes :
» 1" Gilcaires blancs, A, à Ilippuritvs organisaris, en bancs épais
» et ondulés.
n a» Sable blanc, B, jaunâtre, friable, occupant surtout les dé-
» preifions souft-jaceotcs.
A80 aiiKCi -Dv 20 JiKTin 1802.
B 3* Are'le brune ou jaumUre, C, rubann^ en pelitei conclin
p (l'iDégnlc épaisseur.
» /i° Sabl<7s vcrddlres, E, auei résistants, ditpos^ en banci în^
■ g.iux ondules et faisant efferTesceticc avec les acidei,
n Noua voyons ici à peu près la même dispoùtion que dans h
» pi-einière coupe, k cette différence près que lei sableset les argilci
■ semblent se substituer les uns aux autres dans les couchcf let
■ plus inférieures.
1 Les escarpements que l'on trouve immédiatement en sortaat
« de Cognac, au-dessous de lu grande allée du Parc et dont le
■• profil est indiqué par la fig 7ft, présentent les assises suivantes :
■ 1* Des calcaires durs i rudistes A, 8 mètres
B 2° Des calcaii-es compactes B sans fosailea, correspoodaDtaD
a calcaire en plaquettes des environs d'Angouleme, et fbnnwl
n la partie la plus élevée de la craie inférieure, 1",2I).
" 3° Des snblcs vci'dàtrcs, G, friables, mélangés d'argiles, 0*,75.
» /i° Des grès verdàires, D, calcarifèrei, disposés eu banct épiùs
n et bien régléj, S-.SO.
» 5" Des calcaires glaucoiiienx, E, avec O. aurieularls, 0 mètres.
1 On remarque que les saliles verdâtresGet les grès cakarifïrei
• I) ne ciinscrveiit pas une épaisseur bien nniforme sur tout lenr
n dfivi'loppeinent, mais qu'ils s'amincissent graduellement i me-
» sure qu'ils s' en fou ce ut sous les calcaires à O. aarieularit, ie
V manière à laisser supposer que, dans la profondeur, ib le ter>
n uiiiiput so!iB forme de coin, et que d'après celte supposition Ici
« cnleaires provenciens A et les calcaires contaciens E se super-
* (inseiit sans l'iuterméiliaire des couclus sableuses (1). Nous de-
(1) C'est le contraire qui est euct; l'aoglsdn coin regtrdsl'B.at
NOTE DB M. ARNAUD. 481
» TOUS convenir que c*est dans Tarrondissement de Cognac seii-
» lemeiit que nous avons reconnu ces dernières. Les environs
» d'Angoulénie et surtout le canton de Lavalette, où les assises à
« O. fiitricularis prennent une extension si considérable, ne nous
» les ont jamais présentées (1), et nous ne pensons pas qu'elles
» auraient pu échapper complètement à notre observation, mal-
» gré les cultures qui, dans ce département, dérobent si fréquem-
» ment à la vue la nature et les accidents du sous-sol.
» Quoi qu'il en soit, il reste bien établi par les coupes et les
N détails qui précèdent, que dans la Charente la craie supérieure
M se sépare très nettement de la craie inférieure, et qu'elle débute
m par des assisescomposées d'éléments, meubles et remaniés. »
Les deux premières coupes figurées dans l'ouvrage de M. Co-
quand nous paraissent devoir être négligées dans l'étude du pas-
sage de la craie inférieure à la craie supérieure. En effet, ce que
cet auteur a considéré comme pouvant représenter les premières
assises de la craie su|>érieure, sur l'un et l'autre de ces points, n'est
pour nous qu'un ensemble d'éléments hétérogènes, un composé
d'argiles tertiaires associées au produit de la démolition des grès
et des calcaires supérieurs à Ostren aurintlnris, La figure ci-après
explique la formation de ces dépôts, dont la théorie paraît trouver
dans l'inspection générale des lieux une complète justification.
Les deux coupes décrites par M . Coquand ont été opcMccs sur
le Banc de la vallée do la Charente, parallèlement à l'axe de cette
vallée, considérablenkcnt élargie de ce côté par les érosions des
courants post-crétaeés et par l'ouverture voisine d'une petite vallée
tributaire, qui a contribué à raviner les couches supérieures au
travers desquelles les eaux se sont frayé un passage.
les grès s'accroissent en épaisseur à mosure qu'ils s'enfoncent sous les
calcaires à O. nnricularis; il suffit do voir les lieux pour s'en con-
vaincre.
(4) Las grès ont cri effet échappé à l'attention de la Société lors de
Texcarsion qu'elle fit en 1857 à Toutyfaut près d'Ângoulôme; mais
je las y ai rencontrés depuis, et la môme constatation a été faite au
même lieu par M. Guillebot de Nerville.
Soc, géoi,^ 2" série, tome XIX. 31
A82 SÉANCB DU 20 JANTIBB 1862.
Or, soii ADG Touverture primitive de la faille qui a senri de
lit aux coarniits, la cavité CDË n'n j)as tarde à être comblée aprèi
uiu: ltY,èi'c érosion limitée par la résistant des calcaires dort à
Hipimiitvs i>r^nnisans ii° i. L'action prolongée des cauS a attaqué
divcrsenient les aiitros assises, suivant leur degré de friabilité, et
il csL f-icik' (le coni))ren(lre que les grès n<*2, à peine agglutinés dans
leurs couches infcrieures, n'ont pas tardé à être profondément
entames et à laisser entre les couches i et 3 un vide considérable
qui, privant ilc leur soutien les couches à Oslrvn aurictûaris^ n* S,
a culrauié, par leur pcsantrur, aidée du choc des courants, des
ébouii ineuts fréquents et reculé successivement les bords dé la
vallée. Celte aclion^ au contraire, n'a pu être que superficielle eli
ce qui touche les couches compactes de Tétage pi*ovencieti, el elle
ne s'est révélée sur cet étage qu'en émoussant l'angle F et en labou-
rant la surface HI qui en a conservé rap|>arence ondulée décrite
par Tautcur.
Lorsque le cours des eaux s'est ralenti, Taiigle HIJ s'est peu à
peu conJilé par des dépôts légers de sables el d'argiles, sur les-
quels sont venus sasseoir les produits extrêmement divisés de la
dés<v;i-é{^aliou des couches supérieures, dont le calcaire empâtant
les Gryphécs roulées dans les sables a peu à peu consolidé la masse,
tout eu lui laissant la stratilication ondulée caractéristique d'un
dépôt meulile au moment où il s'est formé. C'est celte couche qui
a été entamée par le chemin sur le bord duquel ont été rélëvîies
les coupes figurées. Sa véritable origine nous parait détenniiiée
par sa position et avec non moins de certitude par la préseucèdes
Usiuii auricutaris au milieu des grès, car dans toute l'étendaf .de
la coupe de plus de 150 mètres de longueur sur laquelle est bâti
le mur du parc, el où l'on ne peut nier que les grès soient ofeituac-
MOTS DE M. AANAUD. AS8
ment en place, on ne trouve dans ces grès aucun exemplaire d'O.
auricularis^ ni nicine d'aucun autre fossile, si n'est des dents de
Fycnodontes; on n'y trouve non plus entre les calcaires à O. au-
ricularis et les couches à Hippurites aucune trace d'argile; d'un
autre côté les Huîtres appartenant aux grès remaniés offrent elles-
mêmes les marques de ce remaniement, et enfin Tétude du mode
de remplissage des fissures observées dans les calcaires au sein des-
quels a été ouverte la tranchée du château d'Eau, calcaires supé-
riiBurs aux grès et à plus forte raison à l'étage provencien, présente
ie même ordre et le même caractère dans la succession des dépôts
qui les ont comblées.
Reste la grande coupe analysée en dernier lieu par iVf . Coquand.
tJn examen attentif nous a fait penser qu'elle présentait des ca-
ractères plus complexes que ceux qui ont frappé ce savant ipro-
fesseur.
Sî Ton commence h l'étudier au point le plus éloigné du pont,
ou surplombe un chêne vert, on remarque régnant, au-dessus des
calcaires provenciens (fîg. 5), une large excavation oblique daus
la direction du sud-est, remplie par les argiles rouges et noires (A)
indiquées aux coupes précédentes, mêlées aux sables purs ou réag-
glutinës provenant de la démolition des grès coniaciens. Sur ce
dépôt s*appuient des blocs détachés des bancs supérieurs des
mêmes grès et soudés entre eux par des sables réagrégés (GVRK
L^ouverture finit du côté opposé en forme de coin entre les cal-
caires et les grès par un petit amas de sables verts, purs et meubles,
qui ne dépend d'aucun des termes entre lesquels il est engagé. A
partir de ce point, sur une ligne d'environ /iO mètres, les grès re-
posentsaos intenitédiaire sur les calcaires provenciens, et surtout
ce parcours la ligne de jonction est parfaitement régulière et
droite.
(Test à partir de cette ligne que nous faisons commencer les
dépôts par lesquels a réellement débuté la craie supérieurei et
qne nous allons décrire successivement.
Sur les calcaires provenciens reposent sans transition des grès
bruns (GB) d'un grain fin, compactes, admettint des zones inter-
dlées de grès également purs, bleus, blancs ou verdâtres; codsj-
dêrés dîkhs leur ensemble, ces grès forment une assise distincte,
limitée à sa partie supérieure par une ligne droite, non parallèle
aux calcaires inférieur;* qu'elle recouvre en plongeant vers le S.-O.
•OU6 uti angle plus aigu.
Au-dessus de ces grès, paraissent des dépôts successifs de grès
verts d'abord purs (GVl), puis calcarifèret et tendres (GVCj, enfin
A8A sÉAKCK DU 20 jànviba 1862.
calcarifères et solides (GYS), dont les couches se recouvrenl eu
faisant avec Thonzontale des angles de plus en plus aigus, ce qui
s*cxplique facilement pour Tobservateur qui voit natlre et se
développer successivement chacune de ces assises à mesure qu'il
s'avance dans la direction du S.-O. du côté du pont. L'ensemble
de cette formation s'élève à une hauteur moyenne de 7 à 8 mètres*
Yers le point où s'arrête le mur du parc prennent naissance
au-dessus des grès les assises régulières à O. auricularis (CC).
Reposant d'abord sans transition sur les grès verts calcarifèrei, elles
ne tardent pas à en être séparées par une formation intermédiaire
(CP) qui s'engage entre ces dépots sous forme de coin et finit par
atteindre, vers la faille à 50 mètres environ de son point de départ,
près d'un mètre d*cpaisseur. Cette assise se compose d'une roche
poudinguiforme dans laquelle le calcaire s'est isolé des grès sous
forme de rogncfns subcristallins, où se sont développés les premiers
représentants de la faune coniacienne.
Les calcaires glauconieux à O. auricalarii (CC) qui recou-
vrent cette formation se succèdent en bancs épais, parfaitement
parallèles, montrant manifestement la substitution d'une formar-
tion régulière aux dépôts tourmentés des grès qui l'ont précédée.
Nous avons dit que les grès forment au-dessus des calcaires i
Hippuriles des assises régulières chacune dans son ensemble, quoi-
que non parallèles, et se succédant a angles très aigus, à mesure
qu'on se rapproche du pont, comme si les calcaires qui les suppor-
tent eussent été, immédiatement après leur consolidation, soumis
à un abaissement graduel dans la direction du S.-0., c'esirà-dire
dans le sens général des couches crétacées de ce bassin.
Si telle était eu effet la cause des variations observées dans la
succession des dépôts, on ne peut nier l'importance capitale
qu'aurait cette constatation au point de vue de l'exactitude de la
division qui nous occupe; mais il est juste de reconnaître que les
dépôts de sables et de grès offrent souvent, par la nature même de
leur formation, des ap|)ai*en('cs trompeuses de stratification, et que
les déductions que Ton peut tirer de cette étude ne présentent pas
toujours une certitude absolue. Ija coupe du parc fournit le con-
trôle de ce premier examen par Tétude des assises régulières k
O, auricularis qui recouvrent les grès.
Si les grès en effet ne forment qu'un simple accident, un banc
de sable consolidé, et que dans l'intervalle des deux formations les
niveaux généraux de la mer crétacée niaient pas changé, les baucs
à O. auricularis offriront dfs couches parallèles à celles de la for-
mation inférieure; or, l'examen direct de la coupe révèle entre ces
NOTE DE M. ARNAUD. A85
assises une discordance de stratification nettement accusée, cl
montre les calcaires à O. auricularis s\'n[;ngcant vers le S.-O. sous
un an(;le beaucoup plus ai(^u que les calcaires inférieurs. L'épais-
seur dos calcaires coniaciens ne permet pas de révoquer ce fait en
doute et de l'attribuer à un ébranlement local qui aura cliangé les
rapports primitifs des termes que nous étudions; car, d'une part,
la craie supérieure se développe sur ce point en assises parfaite-
ment parallèles sur une hauteur d'environ 8 mètres, et, de l'autre,
les relations des divers bancs que nous venons de décrire se sont
maintenues sans modification aucune, de l'autre côté d'une
faille à la suite de laquelle toute la formation s'est affaissée au-
dessous du niveau qu*elle occupe dans la partie que nous venons
d'étudier.
Les déductions de cette étude, qui entraînent comme consé-
quence la preuve d'une discordance tranchée entre les deux for-
mations crétacées, se trouvent confirmées par la description que
nous avons donnée plus haut de l'étage provencien à Gourd- de-
FArche dans la Dordogne; la discordance est tellement frappante
sur ce point qu'elle ne peut s'expliquer que par une perturbation
considérable survenue dans les dépôts de la craie inférieure aussitôt
après leur formation, perturbation qui a brisé les couches de cet
étage et ramené violemment au jour des assises depuis longtemps
ensevelies; c'est peut-être à cet ébranlement qui a dû affecter en
même temps les terrains inférieurs à la craie, que doit être attri-
buée la naissance de la source voisine du Toulon, dont la position,
le volume et la régularité de température ne permettent pas de
restreindre l'origine aux eaux fournies par les couches supra-
crétacées.
Balayée par les courants qui l'ont nivelée, la surface ainsi mo-
di6ée n'a reçu que plus tard, transgressivemenl sur ses assîtes, les
premiers dépôts de la craie supérieure; ces dépôts eux-mêmes ne
sont pas parallèles à la ligne de faite de l'étage provencien, et Ton
peut constater, sur un parcours d'environ 300 mètres, des diffé-
rences d'altitude très sensibles entre cette ligne et les diverses cou-
ches dont ils sont composés.
Si l'on prend en effet pour terme de comparaison le sommet de
la formation glauconieuse subcristalline dont nous parlerons plus
loin, et qui offre le premier horizon régulier dans la craie supé-
rieure, on remarque que le niveau s'élève graduellement à me-
sure qu'on s'avance dans la direction du Toulon, et que la distance
qui la sépare du sommet de l'étage provencien, déterminée à
Â'^ySO au commencement de la coupe (fig. 4, a)» est de k^fib à la
Ad6 SÉANCE DU 20 JAKYIEA 1862.
fin (c) de la même conpe: qu'elle s'élève à 5 mètres un peu aa
delà des bancs à Hippuritcs nrganisnns (//), à 5"',i!|0 à la crevasse (r)
qui a interrompu le dépôt continu dos calcaiics provcnciens, et
qu'à la fin de la coupe générale [ç^] elle atteint 6 mètres à 250 ou
300 mètres au plus du point où nous l'avops observée en premier
lieu.
Cette formation glauconieusc subrristalline est elle-même sépa-
rée de l'étage provencicn par des dé(H)ts irrégnliers de marnes et
de calcaires alternativement solides ci marneux, dont les coficbes
ont comblé les irrégularités du fond des mers, et jouent le rôle que
nous avons reconnu aux grès dans la coupe du pni*cde Cognac.
YI. — La craie supérieure a été classée en quatre étages qui
ont leçu leî noms de voniavien, saritonivn^ cauipunicn e\.durdo'
nien. Cette division, au moins en ce qui touche les trois premiers,
se présente naturellement a l'esprit du géologue qui IVtudie dans
l'arrondissement de Cognac. Là en effet, d'une part, la craie à O.
murkularîs est nettement s(^|)arée de celle qui lui a succédé par \^
différence des caractères minéralogiquos, et, de l'auti'e, la nature
elle-même a pris soin de tracer la limite des étages santonien et
campanien par le degré différent de résistance qu* ils ont opposée
aux efforts des courants qui ont dénudé la formation crétacée.
L'étage coniacien, représenté par les grès décrits précédeinment
et par les calcaires solides très glauconieux au sein desquels s'est
multipliée par myriades l'O. auriculnris^ offre dans le développe-
ment de ce dernier terme des assises d'une structure généraleinenf
homogène à quelque niveau qu'on les étudie.
L'étage santonien tranche avec le précédent par la présence
presque subite de l'élément marneux qui donne naissance à aes
calcaires blancs tendres, en couches compactes, largement déve-
loppés dans les environs de Cognac, où les carrières ouvertes 1
chaque pas |>ermettent de se rendre un compte exact de leur ordre
de succession.
Séparé du santonien par un lit mince de marnes friables aoi-
quelles ont succédé des calcaires blancs, solides, chargés de aîlei.
le campanien a dû à cette particularité la conservation d'une
ligne de démarcation franchement accusée, qui forme la base de^
coteaux couronnés par le Sphœrtditrs Hœnin^^luinsiiy Desm.
Mais ces divisions, si faciles à saisir dans les environs de Cognac,
ne se maintiennent pas louj<)ui*s même sur les autres points da
département de la Charente ; dacs les environs de Lavalette, par
exemple, les calcaires coniaciens, d'une solidité variable suivant
les niveaux» offrent généralement une structure grenue qui les
NOTK DK M. ARNAUD.
rend plus friables, et Ton pont constater «'ntre eux ot Tétapie sui-
vant une transition {;railucllt'n)cnt niéna<^ée qui ne porniot pas
d'en fixer toujours exactement les limites.
La confusion, du reste, est d'autant plus facile que les conclies
santoniennes, au lieu de la Llanclieur éclatante qui les caractérise
dans l'arrondissement de Go{;nac, n'oilVcnt en ce point qu'un
aspect ferreux, iutersnédiaire équivoque entre la craie à Ostrca
nuricularis et les premières assises impures elles-mêmes de rcta^^e
campanicn.
Là route de Përigueux, à 6 kilomètres d'Angoulêmc, présente
les méinespliénomènes. A des bancs solides d'abord, puis friables,
ensuite durs et compactes, succèdent des couches tendres où se
révèle la présence de Télément marneux qui conduit graduelle-
ment à la zone des Rliytwhontïla tiijfortnis^ d'Orb., et Tvubratiila
conincvriMs^ Goquand, caractéristiques de la base de Tëtage san Io-
nien. Celui-ci lui-même ne tarde pas à admettre dans sa composi-
tion des calcaires durs qui, au point de vue minéralogique, rap-
pellent toutes les apparences de ceux que nous venons d'étudier.
Il en est de même du troisième étage dont la composition se lit
facilement sur une coupe de la même route, en face de Gardes,
et qui, généralement pins marneux et plus friable que les précé«
. dents, of&e cependant des zones très solides, reproduisant exacte-
nient en quelques points le faciès des premiers dépôts.
Si l'on chercliCià compléter cet exanten ])ar fétude des fossiles,
peut-être est-il encore diHicile de justifier entièrement la sépara-
tion établie en étages distincts. Les (aunes, en efl'et, n'y sont point
rigOiireusement liinîtées, et si la longue période pendant laquelle
elfes se sont développées a dii, par le seul fait du temps, amener
des extinctions et des renouvellements successifs d'espèces, vaine-
ment chercherai t-on à un autre point de vue la trace de ces révo-
lutions dont les terrains antérieuis à la ciaje ont été le théâtre, et
dont la date, précisée par des extinctions subites et générales des
êtres créés, autorise la séparation d'un étage, tableau complet
d'une des phases de la création.
Il est à remarquer, ep effet, que dès le début de la craie supé-
rieure se sont révélés presqpe tous les genres dont les espèces seules
ont varié, que parmi ces espèces un grand npmbre passe d'un
étage dans le suivant, et que plusieurs même sont communes
à tous.
Ainsi, nous avons rencontré indifféremment, soit dans l'étage
Goniacien. .soit dans le santonien, les fossiles suivants exclusive-
ment attribués par le Synopsis à l'un op l'autre de ces étages.
48b StANCE bV 20 JANVIBA 1862.
Mosasaurus carentoncnsis\ Coquand. Cognac.
Cornx Bureau i^ Coq. Id.
Lttmna (plusieurs espèces communes). Id.
TuiriteUa Batiga^ d'Orb. Cognac, Gourd-de-1* Arche.
— ^'g^Tf\ Coq. Id., id.
Glohiconcha intermriiia. Coq. Id., id., Angoulôme.
Conus tttbcrculatusy Duj. Angoulôme, Lavalette.
Ptcrodonta obesa^ Coq. [inflata^ d'Orb.). Grourd-de-l' Arche.
Cardium coniacum^ d'Orb. Cognac, Lachartrie, Périgueus.
Crprina {ligenctisis^ dOrb.). Id., id., id.
Arca xantonetisis^ d'Orb. Id. , id. Javrezac, GourdHle-I*Archo.
Mytilns divaricatits^ d'Orb. Id., id., Gourd -de- l'Arche.
Pinna qruidrnnguiaris, Goldf. Gourd-de-rArche, Lachartrie.
Spondyltts hîppttritum, d'Orb. Id.. id., Cognac, id.
— trtincatus^ Goldf. Id., id., id.
Lima Desjardini^ Desh. Id.
Ostrea probosvidea, d'Aroh. Cognac, Périgueux.
Tcrebratula semigiobosa, Sow. Id., Gourd-de-I'Arche.
Diplopodia stibniida, Desor. Id., id.
Micraster brcvis^ Desor. Périgueux.
Bourgueticrintts elUpticus. Cognac, Périgueux.
Etc., etc.
De même noua avons reocontré, soit dans le santonieo, aoit
même dans le coniacien, les fosai les cousidërëa comme propres à
Vêlage campanien :
Étages conacien et santonten,
Jmmonites petrocoriensis^ Coq, Gourd -de -F Arche, Montignac.
Trigonia inor/intay d*Orb. Cognac, Saint-Georges-de-Périgueax«
— /inibata^ à'Orh. Gourd- de-l'Arche, Bassillac, Musaidan.
Pholadomya Marrotij d'Orb. Id., id.
Àreopagia circinalis^ d'Orb. Id., id,
— Michelini, Coq. Id., Saint-Georges, id., id.
FeMus subplanay d'Orb. Id., id., id.
Limasemisulcata^ Gold. Id., CognaC| Neu?ic, id.
— santonensis, d'Orb. Id.
— maxima^ d'Arch. Périgueux, NeuTÎc.
Janira quadricostnta^ d'Orb. Cognac, Trélisaac.
Pecten Espaillaci, d'Orb. Gourd-de-l' Arche.
Ostrea laciniata^ d'Orb. Cognac.
Étage santonien,
Eostellaria carentonensîs^ Coq. Périgueux.
Trochus Martotiantis, d'Orb. Id. Epagnac.
Cotbts Saiignaci\ Coq. Château -Bernard.
IfOTB DB M. ÀnifAUO. A89
Mytilus Dufrenoyi, d'Orb. Le Parvand.
Oitrea vexicularis, Lamk. Cognac, Lachartrie, etc.
— - froNSj Park. Montignac (Cognac), Toutbianc, Neuvic.
— santofiensiSt d'Orb. Id., id., Périgueux, id.
— turnnensis^ d'Orb. Id., Périgueux.
RhynchoneUa tiiptern^ Coq. Châiteau-Bernard.
— Boreaui, Coq. Toutbianc, Genté.
Etc., etc.
Les rudistes eux- mêmes, considérés comme spéciaux aux hori-
zons qu'ils caractérisent, sont loin d'offrir, dans la craie supérieure,
ces statious nettement limitées qui leur ont été assignées dans la
première période ; l'extinction d'une espèce n'y a que rarement
précédé i^apparition de celle qui s'est développée après elle, et,
sous ce rapport encore, il est difficile de ne pas reconnaître, dans
leur succession, un caractère de continuité exclusif des divisions
absolues qui les ont séparées.
Ainsi, nous avons rencontré à Sainte-Catherine, près d'Angou-
léine, dans la zone à Rliynchonella diffotmis^ d'Orb., le Sphœrulites
Coquandi^ Bayle, et le RadioUtes Mauldei^ Coq. , considérés comme
caractéristiques de l'étage coniacien, dissociés aux Radio li tes ^ssi-
€a$$atusy fiayle, qui se poursuit jusque dans le troisième étage, et
dans la Dordogne, à Trélissac, ces deux Radiolites associés au
Sphœrulites Hœninghausii qui descend jusqu'au niveau des Rhyn"
ckoneUa dijformis.
Inversement, VHippurites Àrnautli,CtO(\,^ dont la station princi-
pale dans les environs de Cognac est la zone santonienne, passe
dans le campanien où M. Boreau et moi l'avons recueilli sur les
coteaux qui bordent le Né derrière Gimeux,
Bien plus, les stations principales des fossiles varient suivant
les localités qu'on étudie, et telle espèce, considérée comme spé-
ciale à un étage sur tel point, présente au contraire, sur tel autre,
dans un étage différent, son maximum de développement ; ainsi,
le Micraster ùrevis, Desor, qui dans les environs de Cognac appa-
raît avec les RliynchoneUa dijformis et Tcrebratula coniacensis^
Coq., à la base de l'étage santonieu où il est très commun, dans la
Dordogne, au contraire, abonde avec le Pentacrinus ctirinatus^
fioemer, et la RhynchoneUa Baugasii, d'Orb., au niveau de YOstrea
aitricuiaris, inférieur de plus de 15 mètres à l'apparition de ces
brachiopodes.
Il en est de même des variations minéralogiques qui sont loin
de s'être produites simultanément sur tous les points du bassin ;
les marnes par exemple, qui dans les environs de Cognac ont signalé
AdO s£anck du 20 jÀNfiBR 1862.
leur apparition couteinpoiaine dos Rhynchonelia diffonnis et Tm»
bratuld cnninccnsis par In blanc! leiir oclalante des calcaires qu'elles
ont modifiés, dans les environs de IVri^ueux, où Ton peut re-
connaître la même modification, ne se sont manifestées qu'après
l'extinction de ce^t espèces, et constituent à Trclissac comme au
S.-E. de Përigueux, sur la route de Bergerac par exemple, des
assises d'un niveau supérieur.
VII. — La coupe de Gourd-de-P Arche que nous avons déjà eu
occasion d'étudier (fig. ft et 6,) permet île saisir facilement, dans
la Dordogne, l'ordre de succession des premiers dépôts de la craie
supérieure.
Si Ton observe les premières assises de cet étage qui se montrent
en place près de la Briqueterie {a L\ fi{«,. l\ et 6), on remarque au
début de la coupe, reposant sur les couches provenciennes, mais
sans transition, des calcaires assez solides, verd«itres, légèrement
piquetés de ^;laucoiiie, au sein desquels abonde VOstrca pseufio"
Matheroni, Coq., spéciale dans les envii-onsde Péri:»ueux à la base
de la craie su|>érieure ; ces calcaires se ramollissent graduellement
A mesure qu'on s'élève, et présentent, à 2 mètres euviron au-
dessus de leur début, un lit mince de marnes noires, friables,
auxquelles succèdent peu à peu des calcaires au grain fin et serré,
se consolidant davantage dans les couches supérieures, où ils firen-
nent une texture cristalline et s'isolent de la glauconie hydratée
qui s'est ahonciumnient précipitée en traînées con t in ties au miliea
de ce dépôt. Cette couche poudingui forme est nettement limitée
H sa partie supérieure, sur laquelle se sont le plus développés sus
transition des calcaires marneux, noirâtres, dont le faciès dHRie
de ceux que nous avons déjà indiqués.
A l'extrémité bc de la coupe se présentent les mêmes cauvdères
à cette seule différence près que l'épaisseur totale du défiéi s'est
accrue de O^'jSS dans la partie inférieure aux marnes friables,
noires, décrites en premier lieu.
Reprenant au point d la coupe générale, fig. &, on oonstale
l'absence du dépôt calcaire glauconieux , que nous avons va
reposer immtxliatement sur les calcaires provenciens au 4^^^'
de la coupe, ou plutôt finterversion des premiers termes, et son
remplacement par les marnes pures, noirâtres, qui se poursuivent
sur tout le reste de la coupe et qu'on retrouve encore au pre-
mier pian sur la route de Bussière-iladil, à 50U mètres environ
de ce point. Au-dessus de ce premier dépôt dont l'épaisseur dépssK
rarement 4 décimètre, se développent des calcaires tendres et
marneux à la base, noirâU*es ou roux, qui s'y lient gradneUamsnt
NOTE DE n. ARNAUD. A9l
et recèlent les inênies fossilos; ces calcaires se consolident dans
les couches supérieures et supportent ininirdiatenient le banc
glauconieux suhcrisiallin dont nous avons parle plus haut, et qui
forme un point de repère constant au-dessus des dépôts variables
par lesquels a débuté la craie supérieuie.
A la fîn de la coupe (g), les marnes noires ou terreuses sont
recouvertes, comme en ^/,d*un calcaire marneux passant au solide;
mais entre ce dépôt et la zone subcristalline est venue s'intercaler
une seconde couche de calcaires marneux, (jris, friables, qui les a
séparés et élevé à 6 mètres Tépaisseur totale de la formation.
Le dépôt subcristallin lui-même présente en ce point des carac-
tères plus complexes que ceux que nous lui avons assi{(nés, car
les noyaux calcaires ne sont pas seulement associés au précipité
glauconieux, mais encore sont enveloppés d'un ^rès fin, calcari-
fère, rose ou rougeatre, léj^èrement micacé, qui lui donne un
aspect poudinguiforme mieux caractérisé, et constitue, sur certains
points, la partie la plus considérable de la roche.
Les fossiles sont très abondants dans cette zone, et, surtout au
sommet où ils ont conservé leur test, peuvent être facilement dé-
terminés; l'étude des espèces^que renferment ces assises conduit â
les a$simil$;r ai^x grès rougeàtres d'Uchaux dont la faune offre de
nombreux termes communs : Canlium Hillnrutm^ Sow., ïsnctirdin
ataxcnsis ^àiOrh. yCypt'ina consobritift, d'Orb., /4rca Malheronia/id,
d'Orb., Spondylus hystrix^ (îoldf., etc., etc.
Nous avons recueilli à ce niveau de nombreuses espèces d'Hui-
tr^s pouvelles et de brachiopodes, dont (|uelqni-s-unes ont été
4|icri^es par M. Coquand dans le Sy/mpsis des formatons secon-
daires qui jtermine le second volume du texte explicatif de la carte
géologique de la Charente ; ces fossiles y son( associés à plusieurs
espèces d'Ammonites, k des Nautiles, à des Turritelles (T. Rauga
et dfffiviUs^ d'Orb.), à dos Ptérodontes ( /'. ohcsa^ Coq., injlatay
d'Orb. ), à des Drntnira/n, à plusieurs C/trd/u/n, aux ^rcti santonen-
Mis et Matheroniann^ d'Orb., aux Tiigoiiia limbatn et scnhro^ à la
Venus nifppia/fff^ d'Orb., à des M)tHuK variés, à la Capsa discre-
gmfl'% d'Or))., k plusieurs espiccts iï Jnopa^ia^ à de nombreux
oursins, et dans les calcaires cristallins à une CUtvngeila^ distincte
de la C. eretaccdy d'Oi+).
C^est à cette zone qu'il faut rapporter tous les fossiles de iMonti-
gnac (Dor.dogne} décrits au Synopsis comme appartenant à l'étage
jcanipaoien.
Att-dessus de la zone f^lauconieuse subcristallinc qui termine le
prenÉier dépôt, se sont développés des calcaires d'un gris noirâtre,
Â92 SÉANCE DU 20 JANVIER 186'\
tendres, très marneux, ciiargés de {grains de glaucouîe, «t daiu
lesquels on trouve encore queiques-unes desHuitresqui ont peu-
plé lescouciirs inférieures ; ces calcaires, à U mètres environ au-
dessus de leur première apparition, passent à des bancs plus soli-
des, blanc jaunâtre, homogènes, d*un grain fin, au sein desquels
se sont éteints les derniers rcprésenlants des Huîtres et des Téré-
bratules qui ont franclu la limite des assises inférieures.
Ces bancs ont eux-mêmes pris (in par une modiâcalion subie
dans la composition chimique des mers, qui a de nouveau brus-
quement précipite la (^lauconie en masses épaisses, et constitue
une zone poudingui forme d*un mètre environ de puissance, analo-
gue à celle que nous avons décrite précédemment, à cette diflfé-
rence près que les fossiles ont presque entièrement disparu.
Les chemins traces dans le coteau de Gourd-de- l'Arche et sur-
tout une carrière ouverte à ce niveau sur la route de Bussière-
Badil, non loin de ce point, permettent de se rendre un compte
exact de la reproduction successive de ce phénomène dans les
couches qui reposent sur celles que nous venons de décrire; cette
zone moyenne qui n'offre que peu d'intérêt se résume dans b
coupe suivante :
4^ Calcaire poudlDgui forme avec grès rose très peu fossi-
lifère 0",W
2* Calcaire schisteux, grisâtre à la base, passant à des
couches blanches, grenues, compactes, caractériséet
par TapparitioD de quelques silex pftles et par la A/i/A-
rhoncUa expnnsa^ Coq., et VOsirra prohoscidea^
V. f/ii/wr (peut-être espèce distincte) 8",00
3* Calcaire subcristallin, poudinguiforme,trè8glauconieux. 4*,dO
4** Calcaire marneux, grisfttre, compacte, feuilleté sur cer-
tains points ; quelques rares silex noirs aplatis ; mômes
fossiles que dans le banc n^ 2 et de plus Terebmtelta
>^r/i/7£ir//, Coq., avec oursins indéterminés 3",00
6® Calcaire poudinguiforme, se fondant insensiblement dans
les calcaires inférieurs et supérieurs 1^,40
6* Calcaires gris compactes, légèrement marnenz, sans
fossiles, passant à des couches très dures, d'un blanc
presque pur, renfermant quelques épines d'oursins. . S*|M
7* Calcaire subcristallin poudinguiforme, avec veines de
grès rose souvent très abondant, micacé; quelques
dendrites dans les fissures de la roche 4"|Sf
$° Calcaire blanc, homogène, très peu piqueté de glauco-
nie, presque subcristallin, avec quelques rares O.
probosvidca^ v, m in or S*yQO
J reporter. . . 4 4*,60
NOTB DK M. ARNAUD. A^S
Report, . . 4 4". 60
9® Calcaire mélangé de grès glauconieux, très calcarifère
à la base, s'isolant vers le sommet, où la gituconie est
plus abondante et mieux détachée du calcaire qui
prend un aspect cristallin et recèle quelques minces
rognons de silex noirs; mômes Huîtres et brachio-
podes avec épines de Cidaris silicifiées 2"*, 50
Total 47»,40
Ces! à partir de ce point que prennent naissance les couches au
sein desquelles sont ouvertes les carrières de pierre de taille des
environs de Périgueux ; elles débutent par un calcaire compacte,
liomogène, en bancs épais, jaunâtre, ^rcnu, à cassure lude et
comme sablonneuse au toucher; cette assise inférieure, sans
fossiles, est caractérisée par la présence du mica régulièrement
dissémine dans la masse et de silex, d*abord noirs, puis blonds, au
moins vers la périphérie, dont la coloration précise avec certitude
le niveau. L'épaisseur totale de cette zone dont on ne tire que du
moellon ne peut être évaluée à moins de 7 à 8 mètres.
Elle passe graduellement à des calcaires d'un grain Bn et serré,
très résistants, d'un blanc légèrement verdatre, micacés comme
ceux qui les précèdent, et empâtant un assez grand nombre de
fossiles que la dureté de la roche ne permet de déterminer avec
certitude que sur les points désagrégés par l'infdtration des eaux
pluviales j c'est dans ce banc, de 15 à 20 mètres de puissance,
que sont exploitées les carrières de pierre de taille, et que se
trouvent exclusivement réunis les fossiles spéciaux à eet étage dans
les environs de Cognac : Ostren auricuinrisy Rhyachonella Btiugn"
siana, Pcntacrinns carf notas; ils y sont associés à V Ostren probos-
eideOy O. minor^ aux Lima santonensis et maxirnci^ aux Spondylns
trUHcatus et htppuritnrnmy à V Arca santoncnsii, an Micrastcr brcvis^
au Bourgueffcrinus clUpticits^ à des Hcmiaster^ k des Sdlenirt, à des
Nticleolitcs et à des Chinris dont les volumineuses antennes se sont
parfaitement conservées.
Ce sont ces couches qu'a entamées à IMarsac (fig. 1) la route de
Përigueux à Bordeaux, et qu'on retrouve (fig. 2) à l'extrémité du
pont qui relie cette route à la ville de Périgueux.
La partie supérieure de cette zone est caractérisée par quelques
lits minces de silex noirs qui ont immédiatement précédé un der-
nier dépôt de glauconie, moins tranché que ceux décrits ci-dessus,
mais sulfiS'mt pour altérer la qualité des calcaires dont les carrières
ne tirent que du moellon.
Des calcaires presque blancs, à peine piquetés de glauconie, au
h9h SÊANCB DU 20 JAXfTItK 1802.
sein desquels vient s'ëtei lui re 1*0. auriruiaris, succèdent à cette
dernière couclie poudiiigiiifonne ; solides sur les points que n'a
pu atteindre raction des agents atmosphériques, îli révèlent à la
surface une diflércnre de nature par une friabilité plus grande
que celle dont étaient doués ceux qui les ont précédés; ils soDt
caractérisés par le développement de VOstrea pmhoscidea.
Ils supportent des assises de couleur bleuâtre, très hnicacées^
consolidées sur quelques points par une certaine pi-opoition de
silice qui entre dans la constitution de la roche; l'épaisseur de
cette zone, jointe à celle que nous venons de décrire, s'élève à envi-
ron 15 mètres ; je \\y ai recueilli avec des débris d'Astéries quels
Cyprina clungata^ d'Orb., le Mytilus divariaitus^ d'Orb., YOsirea
proboscuicti , la Tcrvbratula voniacensis^ Coq., var. depressa (7*.
£ouc/iero/ti ?, Coq,), le Pseudndiadvmn Klefniiy etc.
C*est à partir de ce niveau que se manifeste Cranchement la
faune qui dans la Charente caractérise Tétage santonien; les
premières assises qui la renferment sont constituées par des
calcaires blancs compacti'S susceptibles de fournir de la pierre
de taille à laquelle sont impropres celles sur lesquelles elles
reposent; on y trouve réunies les li/iy-fic/ioneila dijjormis, d'Orb.,
triptcra^ (3oq. , et vcspntdio^ Brocch. , la Tarebratuia coniaccnsh^
Cuq., V Osnni //rnboMidt'ii^ et le Sphœrtditcs Hœntnghausii dont j'ai
constaté la présence au sein de la roche dans une carrière ouverte
prèsdeChampccvincl (1), fig. 2 [3]. Le Caiditun roniacuw^ d'Orb.,
les Spondyitts hippiiritarum et satitonensis^ le Pscudodiadema Kleinli
ont également été rencontrés a cet horizon. La fig. 1 montre la
succession de ces couches dans la vallée de la Combe- des- Dames
près de Périgueux et leur prolon^;enient de l'autre côté de l'Isle;
la carrière n" 1 est ouverte dans la grande zone des pierres de taille
à O. auiicithiris iii Ultym/ioNiHn Bau*^iisi(iNa oploitf^es à etiaquK
pas dans cette vallée ; le n" 2 est une carrière abaudonnée dpat
Texploilaiion avait été tentée dans les calcaires bleus, micacés,
gélifs, à Ostrrfi proLosciden ; le n** 3 est ouvert dans les calcaires
(1] J*ai Ioii<^temps hésité, tant que je n'ai recueilli que des fragmenli
de ce rndiste, à les attribuer au Spliœrulitts HœnitighfiNSii que je M
connaissais pas i^ un niveau aussi bas, et je pensais qu'ils provenaient
du «V. Ct-fjuandi, Davle, trouvé par mot à cet horizon dans lé dé^iar-
tement de la Charente : mais la découverte d'un exemplaire complMi
et son identité avec les Sphérulites recueillis dans les calcaires sili-
ceux bleus et les calcaires marneux blancs immédiatement sopérieucs,
où ils présentent leur appareil cardinal, a dissipé tous mes doutes sur
ce point.
ffOTB DE H. ARNAUl). A96
blancs décrits en dernier lieu où l'on recueille, avec la R/iyn-
chonella difformis et la Tcrehratuln cnniaceni^is^ le SphœruUtes
hœmnffhaiLsii.
Un dernier banc silicco-niarruMix bleuâtre qui afUeure à Tré-
lissac au niveau de la route, où il est pétri des mêmes fossiles, clôt
cette première période, avec laquelle finit la plus {grande partie
de la faune que nous venons dVnuniérer.
L'épaisseur de ces couches dépasse 15 mètres.
Elles sont séparées des assises marneuses blanches, identiques
pour l'aspect et la composition minéralogique avec celles des envi-
rons de Cognac, par une formation intennédiaire de 5 à 6 mètres
d'épaisseur, qu'ont entamée presque en face de Trélissac la route
de liassillac et près d'Anton ne les carrières qui bordent la route
d'Excideuil à 11 kilomètres E. de Péri(];ueux.
Cette zone intermédiaire est constituée par un calcaii-e gris,
siliceux comme celui que nous venons de décrire, mais plus
friable, et admettant dts lits minces et irré^juliers de sables ver-
dâtres agré{^<^s, au sein desquels apparaît encore, mais pour la der-
nière fois, la HhYH(honell(i tliffnitnis^ associée au RddioUtes MaitUieiy
Coq., et au Spliœmlites Hœ/tinf^hausii.
La présence des sables au milieu de ce banc explique les plié-
nomènesqui en ont suivi le dépôt et la modification minéralogique
survenue dans ceux qui lui ont succédé.
Un banc dO^trcn pvoboscnlcu et vasicnhiris, où ces fossiles se sont
développés par myriades, signale Tapparition des marnes blanches
et dea calcaiies tendres qui constituent le coteau de Trélissac;
c'est le terrain de la Grande-Champagne, la patrie des eaux-de-
▼ie de Cognac ; une voie ouverte à travers ce coteau, dans le
domaine de S. E. IVl. le ministre Magne, fixe l'ordre suivant dans
b aoccessioD des couches crétacées :
Au niveau de la route : Calcaires silicéo-marneux micacés, com-
pactes, d'un gris bleu, se délitant superficiellement à l'humidité :
Rh/iic/wnella diffonnis et vespertilio; Terebratula coniacensis ;
Pseudodiadema Klein ii .
Au-dessus :
1* Calcaires verdfttres, grenus, d'une solidité variable, micacés :
Mômes brachiopodes, et de plus Rhynchonelltî triptcra, Coq. ;
SphaTulites Hœtiinghuusii ; Hcmiàattr,
t* Calcaires marneux, blancs, se délitant profondément, banc pétri
é*Ostren probtisridca et vcùcutaris; Tenbraiuia Boreaui^
Coq. ; Dipiopodia subnuda.
A96 SÉÀNCR DU 20 JAKVIBI 1862.
3* Calcaires blancs friables avec nombreux rognons de silei noin
formant la plus grande partie de la roche, sans fossiles.
4° Calcaires blancs compactes légèrement micacés, résistant à la
gelée.
Banc pétri de Sphœruliies Hœningh'ausii K^ez quelques Radiolites
Mtmldei ; RhrnchoneUa Boreatii^ Coq.; quelques Conociypeas
ovtim.
C'est dans les deux numéros précédents que sont ouvertes les car-
rières de chaux hydraulique de Planchaix(fig. 2 [4]).
5^ Calcaires marneux, blancs, friables :
Banc à Ostrea Matheroniana y d*Orb.; RhynchoneUa Boreaui,
Osirea frons^ vesicularis; Conoclypeus opiim ; terminé an
sommet par la RhynchoneUa ghbata (Arnaud).
('/est à ce niveau que se termine dans la Charente l'étage santo-
nien liuHté par la RhynchoneUa dijjormis à sa base et par la R.
globnta au sommet; il serait impossible ici de détacher saut
arbitraire les couches que nous venons de décrire de celles qui
leur ont succédé.
Des calcaires blancs, tendres, friables, cimentent au-dessus de
cet horizon un dépôt abondant de rognons siliceux noirs, auquel
succèdent des assises d*un calcaire moins pur, mais plus résistant,
qui se poursuivent presque sans fossiles jusqu'au sommet du coteau;
elles constituent à Tt^st de Périgueux le maximum de développe-
ment de la craie supérieure.
La continuité de ces dépôts permet, grâce aux altitudes indi-
quées sur les cartes du Dépôt de la guerre, d'en déterminer afec
pr<:cision Tépaisseur.
Si l'on prend ))our terme de comparaison le niveau de Tlsle
égal au faubourg de T Arceau, à 3 ou /i mètres près, à celui de la
route d'Ëxcideuil, on constate que ce niveau est de 84 mètres
au-dessus de la mer, et que la pente maximum de la rivière est
de 0'',002 par mètre.
On peut évaluer approximativement à 25 mètres la série dei
dépôts par lesquels a débuté la craie supérieure et que termine la
zone poudinguiforme sur laquelle reposent les carrières de pierre
de t:iillc ouvertes dans la vallée de Tlsle. C'est le sommet de ëetle
zone qui affleure au niveau de la route, à quelques mètres sa
delà du faubourg de l'Arceau.
L'élévation du coteau étant fixée sur ce point par la carte à
167 mètres, si l'on déduit 3 ou k mètres pour l'épaisseur du maa*
tcau tertiaire qui le couronne, et 86 mètres pour le niveau delà
route, il restera ])onr la formation crétacée plus de 75 mètres qui,
NOTE 1)K M. ÀRNACfi. A97
joints aux 25 mètres de la première zone, donnent une épaisseur
totale d^environ 100 mètres.
Or, ce sommet correspond à la zone des calcaires blancs à
Rhynchonella difjormis et vespertdio que recouvrent les calcaires
gris siliceux auxquels on doit attribuer plus de 15 mètres d*cpais^
seur, et qui à Trélissac viennent affleurer au niveau de la route.
Evaluant sur ce point, distant de k kilomètres de l'Arceau, à
95 mètres Taltitude de la route, il reste pour les couches tendres
qui constituent entièrement le coteau de Trélissac, dont le point
culminant est porté sur la carte à 221 mètres, une épaisseur de
125 mètres au moins, qui, jointe aux 100 mètres pris à TArceau
et aux 15 mètres intermédiaires, donne en ce point à la craie su*
périeure une puissance totale d*au moins 240 mètres.
D*un autre côté, les couches les plus élevées de Trélissac sont
encore inférieures aux bancs à Orbitolines qu'on rencontre à la
base du coteau de Neuvic et qui peuvent être suivis tant sur ce
point que dans les environs de Mussidan, sur une épaisseur de
plus de 60 mètres; il en résulterait, pour Tensemblt! de la craie
supérieure dans le département de la Dordogne, une importance
de plus de 300 mètres, presque égale à celle qu'attribue IM. Co-
quand à la formation tout entière duns le département de la
Charente.
Les couches observées à Trélissac ont été recoupées à la station
de Milhac-d'AuberocIie (15 kilomètres snd de Trélissac) par le
chemin de fer de Périgueux à Brives; elles offrent sur ce point
dans leur ensemble une succession de caractères analogues à ceux
que nous leur avons déjà assignés. L'assise inférieure constituée
par un calcaire pur, bleu, solide, présente un grain fin, lithogra-
phique, inattaquable aux agents atmosphériques, et qui rappelle
certaines couches compactes de l'étage provencien; l'élément sili-
céo- marneux fait défaut dans la composition de la roche peuplée
d'ailleurs des fossiles déjà indiqués, à l'énumération desquels vient
se joindre V Àctœonella involuta ^ Coq. ; le SphœruUtes Hœningliausii
seul, extrêmement abondant à Bassillac et à Trélissac, paraît sur ce
point faire complètement défaut. A 3 ou 4 mètres au-dessus de la
voie, la couche mélangée de calcaires, jaunes, sablonneux, d'un
aspect différent de ceux de Bassillac, passe à des bancs solides quoi-
que marneux, blancs, séparés par des chapelets de silex noirs. Le
RadioUtes il/aa/J^f/» déjà constaté dans la couche inférieure, traverse
jusqu'à un niveau assez élevé cette zone, où il est associé au
B.Jissicosiatasy au Troc/tus MnrroiîaniK^k la Rhynchonella Boreaui^
aux Ostrea turonensls et Matheroni,
Soc, géoLf V série , tçme XIX. 32
A98 ftÉANCB PV 20 JANVIBI^ ^862.
Lvs localités célèbres de Meuvic, Sourzac el $aipt-A|aipe^,
complèteiil dans la Dordof^iic Tenscinble des coucties qui con-
stituent la craie supérieure. L^. en effet, il est possible d*en suivre
le (léveioppeuicnt jusqu^à Tapparitiou des calcaires jaunes supé-
rieurs, au Si'in desquels s'est révélée la faune dordonienne. Npu|
ne tenterons pas lie refaire la description <ie ces assîtes, cqpnue^de
tous; il est seulement utile de constater, dans la succession ^n
fossiles dont elles sont peuplées, la persistance des phénoinèiiei
transitoires que nous avons déjà si^jualés; rapparition des calcaire»
jaunes n*a point subitenient inauguré un ordre de choses nouveau j
avant leur dépôt V Hippuiitcs radios us [H. £s^ailiaçi^ iJOrb.)
avait (onunencé à peupler les calcaires blancs tendres de l'ëtage
canipanien, où il se trouve associé à un grand nombre de fossiles
qui ont francLi la limite de ces étages : Neritopsis laivigani^ d'Orb.;
JvcHnrui royyt/i/t^ d'Orb. ; Phnsianella supractrtncea^ d'Orb. ; .4m\
rnytina^ dOrb. ; Ostrea larvn, Laink, etc., etc. De niéine, les ^hœ-
ruiitt^s tiititus et Hœnin^hausU passent dans les calcaires jaunes où
j'ai pu constater près de Mussidan, la présence de ce dernier rudisl^
à une baiiteiir relativement considérable de ce dépôL
C'est surtout entre le hameau de Planèze et la station de Neuvic
3u il est faeile de faire une étude complète de cette communauté
e l'aunes; h's baïus supérieui-s des calcaires blancs, tendres, en-
tamés par les Iranrliées de la voie de fer, plongen( en ce point vers
Test, sous une faible inclinaison, et l'on peut suivre la suçcessiou
de Iv tus assises, sur une hauteur de 30 à 60 mèti*e8, jusqif'â |*ap-
paiition di\s calcaires jaunes avec lesquels elles commencent par
allernor eu couches minces et régulières avant de disparaitrecoiu-
pléti'meiit. Or, c'est surtout au point de jonction de ces deux ynne^
qui doivent à In présence d'une notable proportion d'a/otai;e8diif|i
la constitution de la roche la propriété de 9e désagréger facile»
mentsous l'influence des a(j;enls extérieurs, que se montra le prin-
cipal ilévelopptMuent des rudistes considérés comuie spéciaux à Té-
ta {;e dori Ionien : /Jipptiritrs ni(/tnsns^ Dèsm. , Ha(h'uiitrs /onaaneiti,
d'Orb., et BomnotUy Desm., as.soeiés au RaUinliivs cratrriformii^
et aux Spluvnttitrs nia tus et Ilœrtin^haitsii. L'examen de cette cl||-
tribut ion de rudistes et le développement que prennent à quelqufS
kilomètres de Neuvic, entre Sourzac et Mussidan, |ef c^lcam
jaunes supérieurs montrent que cette dernière assise fait presôue
entièrement déiaut dans la Charente, qui, sur les points où la
faune dordonienne s'est maintenue, n'en a conservé que la bne
■ ■■ f" i"
ou les débris.
YIII . — Les observations que nous a suggérées l'étude 4e8^îfi-
KOTB PC M. AllI^Àtp. 1^
fiions de la craie supérieure dans la Cli^reutç trouvent duiui la
Dordognc une exacte application; elles établissent pour nousdaof
cette phase de la {>rande forma tien crétacée un caractère de com-
plète continuité; nulle part en eiïet le bassin du S.-Q. ne porte
pendant cette période la trace dVvénements généraux qui aiei^t
subitement modifié la composition des mers et jes conditio4;is
d'existence de leurs habitants; les indices dont on poivrait en
aens contraire constater la présence sur quelques points §\ trouvent
limités, et montrent des accidents locaux sans inflq^i^ct; jur }^
faunes qu'ils n*ont pas troublées.
Les environs de Cognac paraissent, il est vrai, contredire cette
appréciation par la brusque substitution des calcaires tendres,
santoniens, aux couches snbcristallines à Ostrea auriculuris ; mais
nous avons déjà appelé Tattention sur le défaut de simultanéité
de cette modification sur les divers points du bassin et sur son peu
d'importance attesté par le maintien de la plus grfipde pfrtj^ de
la faàné ; si, à Cognac, cette importance parait se relever par sui^
du développement des calcaires marneux, l'examen comparé de
cetlp fio.ne sur les autres points amène à lui attribuer une existence
exceptionnelle, caractériaëe par une mer profonde, sopstraite aiifc
courants qui ont iroubU* sans interruption par des dépôts arénacés
contemporains (mica, sables, etc.) les autres points de la for-
mation.
Il serait cependant loin de notre pensée de contesfçr l'qfilité d^
divisions destinées à faciliter l'étude; mais il importe de ne pas
tn exagérer le véritable caractère, plutôt artificiel que naturel, et
de ne pas méconnaître le rôle de convention qu'elles sont unique*
jncift appelées à jouer dansThistoire de la craie supérieure.
IX. — Nous publierons plus tard la liste de quelques fossiles
recueillis par nous, 8'}it déjà connue, soit inédits, qui p'çnf pas
jusqu'à ce jour été rencontrés dans le bassin crétacé du S.-O,
X. — Conclusions,
!• La division de la craie du S.-O. ep deux gpupes est jus^fiée
par le renouvellement général des faunes et des discordances ma-
nifestes de stratification.
2* Chacune de ces périodes est caractérisée par une succession
graduelle de fauues, liées entre elles par des zones de transition.
V* L'assimilation de la première faune (craie ioCérjeure) aux
grès verts du iMans est confirmée par la découverte de nouvelles
espèces communes.
500 6<àrci du 8 FÉYiiiR 1862.
U^ La faune des calcaires à Hippnrites de la Dordogne étend le
cercle des fossiles communs à la période correspondaDte du basiÎQ
méditerranéen.
5° Les grès verts de Cognac et les calcaires marneux et poudin-
guiforines avec veines de ^rès rose de Gourd-de- l'Arche sont con-
temporains des grès rouges d*Uchaux.
6** Les rudistes de la craie supérieure ne peuvent préciser des
niveaux fixes et indépendants dans la division des faunes qui s'y
sont succédé.
Séance du 3 féwier 1862.
PIÉSIDBNCB DB ■• DBLBSSB*
M. Danglure, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de
la dernière séance» dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance, le
Président proclame membres de la Société :
MM.
Ancion (Alfred), ingénieur civil, à Liège (Belgique), présenté
par MM. d'Omalius d'Halloy et Dewalquc^
GuTPBR (Edmond db), ingénieur civil, à Liège (Belgique),
présenté par MM. d'Omalius d'Halloy et Dewalque^
LsBKuif (Auguste), ingénieur civil, ù Liège (Belgique),
présenté par MM. d'Omalius d'Halloy et Dewalque.
Le Président annonce ensuite quatre présentations.
DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ.
La Société reçoit :
De la part de M. J. Barrande, Défense des colonies^
1. Groupe probatoire contenant la colonie Haidinger^ la colonie
Krejci et la coulée Krejci^ in-8, 3A p. Prague-Paris, 26 no-
vembre 1861.
De la part de M. le professeur G. Gapellini :
1" Délia presenza del ferro oolitico nelle montagne délia
Spezia^ in-8, 11p. Gènes, 5 nov. 1860.
IfOTB DI ■. NOGUtS. 501
2" Re/azioJW sui metodi e norme stabilité dalla Giiinta coti"
sultiva per la Jormazione délia carta geologica del regno
d'Italia, în-â, 15 p.
8* Notizie geologiche e paleontologiche sui gessi di Castel»
lina maritima, in-8.
h^ Cefini geologichi sui giacimento délie ligniti délia bassa
val di Magruy in-â.
Delà part de M. Eugène Deslongchamps, Sur le Phorus re--
cueilli dans le terrain devonien Boulonnais,
De la part de M. de Hauer, Geologische Vebersichts-Karte
von Siebenbilrgeny 1 feuille colombier.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l* Académie
des sciences, 1862, 1" sem.. t. LIV, n'* 3 et â.
Bulletin de la Société de géographie, 5* série, t. II, n" 11
et 12, novembre et décembre 1861.
L'Institut, n'* 1464 et 1465, 1862.
Ré/orme agricole, par M. Nérée Boubéc, n' 156, 13* année,
décembre 1861.
The Àthenœum, n*^* 1787 et 1788, 1862.
Neues Jahrbuch fiir Minéralogie, etc., par Leonhard et
Bronn, 1861, n* 6.
Reifista minera, t. XIII, n" 280, 15 janvier 1862.
Tlie american journal of science and arts, par Silliman,
janvier 1862.
M. d'Archiac présente au nom de M. Nogués le mémoire
suivant :
Recherches sur le terrain jurassique des Corbières ; par
M. A. -F. Nogués, professeur d*histoire naturelle à Soréze.
(Extrait d'un Mémoire sur le terrain jurassique du Lan-
guedoc pyrénéo-méditetra n éen . )
Dans ce travail, nous décrirons les lambeaux du terrain juras-
sique des Corbières. Ces lambeaux ne présentent aucune grande
continuité de surface ; lorsque la mer qui les a déposés baignait
nos rivages méridionaux, les Corbières et les Pyrénées, un peu
montueuses par des dislocations antérieures, offraient déjà des
lies oa des presqu'îles que la vague ne recouvrait pas. Aussi, dèa
â
S02 SÉANCB DU S FÉVRIER 1862.
t
cette ëpoque reculée, des scliistes et (Us calcaires palëozciqueSi
des grès au trias, émergés, ont été les témoins de la formation de
ces dépôts jurassiques qui sout venus les recouvrir.
Après un examen attentif des caractères Itilklëralogtqùes et des
relations slratigraphiqiies des roclics jurassiques qui se montrent
dans les Corbières, nous passerons à l*étude des restes organisés
que la nature y a déposes. Ensuite nous tâcherons d'établir des
divisions basées à la fois sur des considérations paléoutologiques
et stratigraphiques.
Corbières. — Les Corbières, formées d*une série de massifs
montagneux de différents âges, sont coniprises entre les cours de
TAgly et de l'Aude. Les montagnes qui s'élèvent Hut la Hvê droite
de TAgly et celles qui se profdtMit sur la rive gauche de TAude,
dans son cours supérieur, à partir de Liinoux, sout indépendantes
des limites que dans le pays on assigne aux Corbières.
Toutes les couches de cette surHice, essentiellement monta-
gneuse, à l'exception des dépôts modernes et qunternaiitfs, ont
été plus ou moins disloquées. Les brisures n^ont, à peud*exceptions
près, dans ce sol secondaire ou tertiaire, donné lieu qu'à des vallées
et à des montagnes monocliualcs ; on n'y trouve pdiiit de vallées
synclinales; à peine y distingue- t-on deux ou trois exemples de
montagnes ayant un axe anticlinal.
Dans quelques cas, les couches afl'ectent une disposition en
entonnoir ou s'abaissent vers un centre commun; plus rarement
elles constituent un cirque de soulèvement, sur le pourtour duquel
les strates inclinent en dehors.
La surface du pays peut être comparée à un parquet dont chaque
feuillet aurait été déran{;é de sa position premièl-e, en tourdant
sur un de ses côtés, comme charnière, sans jamais dépasser ftin
angle droit. Cependant, en un on deux endroits, la valeur de cet
angle a été dépassée ; de là est résulté un intervertissement dans M
rapports stratigraphiques.
Mais le caractère le plus fra^tpant de la géologie des Corbil^pvs,
fait remarquer M. d'Archiac, c'est la position gi^)graphique rela«
tive qu'occupent lesdé|>ôts tertiaires et six-ondaires. L.i, point d'axe
montagneux portant sur ses flancs les couches disposées suivant
leur ancienneté relative, point de biissin sur les parois duquel les
sédiments offrent des zones concentriques placées en rapport avec
leur ancienneté. Au nord du massif de transition, qui occupe la
|)ortiou centrale des Corbières, se voient les ]K)udingues tertiaires
des plateaux reposant directement sur le grou|)e paléoioique
allongé de Test à l'ouest ; au nord-ouest le groupe nummulitique,
NOTS DS M. NOGUÈS. 608
à l'ouest celui d*Alet on sous-numniulitique, au sud los terrains
crélacé, jurassique et houiller.
Le terrain jurassique, à pou prôs borné au groupe du lias, Se
montre dans les Corhiores avoc des caraclèlos plesque identiques
avec ceux qu'il affecte sur le versant septonlrional des Pyr<^nées. Les
rocihes jurassiques corbiëricnnes ont aussi éprouvé de profonde^
Modifications, peut-être dues à Tilpparition des dioriles ou â
d'autres causes intérieures.
Lès anomalies signalées daiis la chaîne des Pyrénées, relalive-
llieni aux êtres or^janisés fossiles, à leur répartition dans les diverses
couches jurassiques, se reproduisent dans les Corbières avec une
constance qui laisserait, niènie dans notre esprit, du doute sur la
valeur scientifique de nos divisions en étages, si on voulait les assi-
iniler aux étages établis dans d'autres bassins. Mais si l'on n'y voit
qu^une division locale, alors ils sont limités et définis d'une
itianière suffisamment complète.
Le groupe du lias est représenté sur les cartes géologiques de
l'Aude, antérieures J celle de M. d'Archiac, par quelques lantbeaux
tolorés en bleu, qui sont comme perdus au milieu du terrain cré-
tacé des Corblères. La forme et la position des lambeaux liasicpies
ne tout pas identiques dans toutes les cartes, ce qui indique suffi-
samment riucerlitude où se sont trouvés les géologues qui ont
tracé retendue et les délimitations de ce groupe.
M. Dufrénoy a marqué sur la carte géologique de la France
les affleurements basiques qu'il a reconnus dans l'Aude ; ils forment
toihtne 12 poihls espacés dans les Corbièveâ et séparés les uns
des autres par des masses considérables de roches crétacées.
M. Leymerie, dans la carte qu'il a jtointe à son mémoire sur le
tèrhiin à Nummulites des Corbières et de la Montagne-Noire, a
Inodifié U forme de quelques affleuremenls de la carte géologique
ée là France. Mais ce géologue n'a pas Aperçu, non plus que ses
devanciers, les véritables relations de la craie avec le lias, ni par
t^iiséquetit les relations des calcaires magnésiens el des gypses qui
avôiàln^ht les marnés fossilifères du llaà avec ces marnes et les
calcaires qui les surmontent.
Où s'est évidemment mépris sur l'étendue et les caractères des
fèlchteé cn^tàcées ; on leUr a atrooi-dé une extension trop considérable
àtt ilët'rîmétit du lias. Oti h'à considéré comme appartenant ù ce
groupe que les marnes schisteuses fossilifères ; on n'a pas assez fait
attention aux calcaires compactes et feuilletés, aux calcaires magné-
sîseDS et aux gypses, dont Tensemble constitue dans le département
de l'Aude le groupe jurassique iuféhf^ir.
60A SÉANCE DU 8 FÉVRIKR 1862-
L'étude détaillée <|ue nous avons faite de la géologie des Cor«
bières nous a prouyé que les affleurements liasiques, au lieu d*étrf
isolés et distants les uns des autres, forment une zone assez étendue,
avec très peu de solutions de continuité.
Dès 1 857, dans une brochure [1 ) tirée à un petit oombre d'exem-
plaires, nous avons exposé le résultat de nos recherches sur le liai
de TAude; nous avons dès lors fait voir les véritables limites de cei
affleurements.
Vers cette même époque (1856 à 1859) j'entrepris une suite
d'études, à la prière de îM. d'Archiac, pour compléter les reclier^
clics que mon savant ami avait faites à plusieurs reprises dam
le département de l'Aude. Le professeur de paléontologie du
Muséum a tracé sur la carto jointe à son beau mémoire des Cor-
bières les vraies limites des affleurements jurassiques, telles
qu'elles résultent de nos reeliorchos communes.
Le lias forme une bande qui s'étend sans interruption des envi-
rons de Tuclian jusqu'aupiès de Poitel, en faisant deux pointes,
l'une à l'est vers Feuilla, l'autre à Touest de Durban vers Albas.
La bande jurassique commence par un étroit ruban au sud-ouest
et au nord- ouest de Tuclian, sur les pentes du Tauch; de là elle
s'étend vers le château d*Aguilar ou Vialar, ù Test, se dirige vcn
Doiuneuve, Nouvelle, en s'élargissaiit, se dilate encore vers Embrès.
Saint-Jean-de-Harrou, Feuilla, Durban, va de nouveau en se rétré-
ciss'uit vers Gléon, pour Bnir près de Portel.
L'affleurement de Fontjoncouse ou de Saint- Christol est isolé
de tout côté; il est séparé de la bande juiassique qui passe A
Durban par les calcaires du groupe ifAlet.
La bande jura^isique, qui forme un petit poiutement au nord-
est de Portel, est masquée par les calcaires à GaproUnes de la
chaîne de Font -Froide; mais elle reparait vers la latitnde de
Peyriac-de-Mer; on peut la suivre sur les pentes orientales de la
chaîne de Font-Froide, en passant par Lambert, Saiut-Hippolyle,
Lastouret ou Pastouret; de là, elle se dilate vers Moutredoo,
Mévian, Rizanet, etc., et va pousser un pointement à fioutcnac et
à iMoussan.
Le lias se montre aussi au nord du département de l*Aiide, aa
pied de la Montagne-Noire ; aux environs de Bize, il ferme nue
falaise contre laquelle viennent buter les dépôts tertiaireSi qnii
(1) A. -F. Noguàs. Études straiif;rap/tigues sur ies terrains du
environs de Tuchan^ Carcassonne, 1 857.
NOTE OB Al. NOC.UÈS. 606
comme à Fontjoucouse, semblent passer au-dessus. M. Vène s'est
laissé tromper par cette apparence de superposition anormale.
La zone jurassique îles Corbières est recouverte à Test, en partie
par la craie supérieure de la cbaîne de Font-Froide, mais princi-
palement par les terrains tertiaires du bassin de Narbonne, qui
s'étendent jusqu'à Sigean ; à l'ouest, c'est le groupe nummulitique
d'Alet et le terrain crétacé qui la recouvrent.
On voit que nous considérons les calcaires magnésiens des
environs de Durban et de Yillesèque, rapportés au terrain de
transition par les auteurs de la carte géologique de la France,
comme dépendants dn terrain jurassique. Ces calcaires forment
uuc bande rocbeuse depuis les environs de Portel jusqu'à Durban,
eu suivant la Berre; de là, ils s'étendent en divers sens dans le
pays qui avoisine Tuchan et Saint -Jean -de-Barrou.
On observe le lias le long du Taucb ; les gypses et les dolomies
que l'on trouve sur les flancs de cette montagne, depuis Ségure
jusqu'aux environs du grau de Padern, en sont les parties infé-
rieures qui reposent sur le terrain houiller ; elles ont été amenées
à la surface par la dislocation du sol qui a relevé la montagne de
Tuchan. IMais c'est surtout à l'est, aux environs du château d'Agui-
lard, de Domneuve, de Nouvelle, etc., que se montre le lias. On
trouve ici, entre les calcaires magnésiens et les gypses, des calcaires
compactes, des calcaires argileux et des marnes schisteuses, rem-
brunies, renfermant de nombreux fossiles. Au voisinage des gypses,
les marnes et les argiles prennent des couleurs vives; elles se
nuancent bizarrement et se colorent de teintes variées, jaunâtres,
bleuâtres ou rougeâtres. Ces marnes, que l'on serait tenté de ranger
dans le groupe des marnes irisées ou keuper, en les considérant
iaolément, et indépendamment de leurs relations stratigraphiques,
doivent les caractères physiques et minéralogiques assez com-
plexes qu'elles affectent à des actions métamorphiques dont il
sera facile de trouver l'origine et la cause.
A la métairie des Impériaux, près de Narbonne, des marnes
rouges, violacées, contiennent les fossiles du lias supérieur.
On trouve les marnes gypseuse.^, bariolées de divei'ses couleurs,
au voisinage des ophites ou diorites, ou au moins, des gypses.
Tout indique que ces marnes gypseuses bariolées, les gypses, les
dolomies terreuses ou compactes, etc. , du bassin de la Berre, qui
se rattachent aux calcaires et aux marnes liasiques fossilifères
des environs de Durban, de Saint-Jcan-de-Barrou, etc., sont des
assises du groupe jurassique inférieur, du lias anormal et modifié
de l'Aude.
506 SfiAPICB DU 3 FÉVRIER ^862.
Les calcaires inti{pnc$'u,Mis et les marnes {^ypseuses du bassin de
la Uerre ont la plus {;rande analogie de structure et de coinposîtioo
avec les roches analogues de Feiiilla, dont r<^(;e nVst pas douteux,
car elles sortent de dessous les marnes fossilifères du lias et
des calcaires contenant Ammonites bifrortSy Pevten œquivahis^
Sovv., etc.
Lorsque les marnes et les calcaires fossilifères manquent sur
ccrUiins points, soit qu'ils aient été emportés par des causes ërosLves,
soit qu^ils aient chanf^é dans leur nature rhimique, aloi-s la partie
de la bande jurassique qui persiste est réduite à des marnes argilo-
ma^jnésiennes, accompagnées de gypses, ou à des calcaires com-
pactes un peu magnésiens se divisant en plaquettes.
En résumé, le terrain jurassique se compose, dans TAude, de
plusieni-s assises à épaisseurs très variables; quelquefois elles se
trouvent réunies toutes sur un même point; d'autres fois nue oa
plusieurs peuvent manquer et interrompre la série; ce sont, de
haut en bas :
1^ Des cales iros caverneux, cariés, noirft très ou jaunâtres, fétides
et sans fossiles; parfois des calcaires compactes fétides oa des
calcaires compactes magoésiens;
â^ Des calcaires compactes ou Qon cariés, disposés généralement
ou largos feuillots renf^îrmant des fossiles ;
3° Des marnes schisteuses, noirâtres ou bleuâtres, parfois grises oa
jaunâtres, avec fossiles du lias; quelquefois des grès câlca-
rifères.
4** Des calcaires noirs ou bleuâtres, noduleux, tris compactés,
subordonnés en bancs ou en rognons avec Pectm œtfm'caMs^
Ammonites Davœi ; parfois des calcaires bleus en lits mineee.
5° Des dolomies terreuse» ou des calcaires magnésiens plus ou moÎM
compactes, diversement colorés ; parfois un grès feldspatbiqae
ou arkose.
6° Des marnes gypseuses, des amas ou des couches de gypse fibraax
à teintes variées, avec cristaux de quartz.
Les calcaires caveriienx, qui forment généralement (es assises
supérieures du terrain jurassique, sont d*ordinaii'e noirs et fétides;
partout où ils app<iraissent a découvert, on les voit reposer surdcÉ
calcaires non cariés, argileux, qui sont placés sur les niâmes lla-
siques fossilifères qui occupent le plus souvent les pentes des col-
lines et le fond des ravins, tandis que les parties élevées sont foc^
mées par des calcaires compactes ou caverneux.
Ces calcaires celluleux ou caverneux s* observent en divers points
du département de l'Aude, aux environs de Tuchan, dé NMaiii
IfOTI DB ■• NOGUÈS. 607
à Pastouret, près dt? Narbonnc; A Fonijoncouso, ils se montrent
à la Vi(;nole et sur le plateau appelé le Devis; c'est dans leur
matte qu'edt bâtie, à Saint- Ciiristol, la petite chapelle dédiée à
sainte Léocadie.
Ces calcaires, dont iVpaissrur atteint sur certains points plus dé
10 mètres, sont des espèces de car^^^ncules sans fossiles; lorsqu'on
les coupe ou qu'on les brise par Taelion du marteau, ils dé{;agent
une odeur bitumineuse très fétiite. Ces calcaires sont généralement
places siil' des calcaires non cariés, noirâtres, très durs, parfois
jaunâtres, fossilifères, qui se divisent le plus souvent en grandes
plaques ôû en lits distincts.
Cette dernière assise recouvre, le plus souvent, des hiarnes noi-
rAlres ou bleuâtres, plus rarement jaunâtres, schisteuses et très
ibfebilifères; elles résultent de la désagrégation d*une roche cal-
calrëô-argileuse nssile, qui se délite et se divise à l'air; elle est
thiVerst'e par de minces veinules de calcaire blanc, et renferme
des cristaux de gypse. I^^s gypses occupent la partie inférieure de
notre coupe générale. Ils sont en amas confusément placés, ou
bien en couches réglées; ils sont situés au-dessous des marnes, des
doioiuies ou des calcaires magnésiens, connue on peut le consiatcr
en face de Domneuve, dans les excavations formées par le petit
ràvih qui descend de la direction du col de Strem et qui se joint
au Gam|1orel, et sur un grand nombre de points du bassin de la
BëH'é. bès gyjlses ont ube structure fibreuse rarement cohipacte;
on eh iî'ouve en échantillons cristallisés; ils sont diversement colo-
rfft; il y en a d'un beau rouge, de bleuâtres, de gris: la couleur
là plils générale est le blanc gris; on en trouve d'un blanc Mé
pur, parfois à éclat soyeux. Dans ex* gypsir se trouvent des rristaut
dé qikartz bipyraniidal, ordinairement oparpiVs ou demi-trans|^a-
rents, incolores ou colorés en rouge (hy.ieinthe de Coin poste lié).
Dahs toute la région de (iléon àTuihnn. les calcaires magné-
siens prennent un grand développement ; ils paraissent être des
nlôdi6cations locales des roches jurassique^ normales. Leis alté-
rations des ro<:hes sont d'autant plus frap])<'lhtes que l'on s'âp-
pK)blié davantage des centres d'éjection des roches dioritiques
(ôi^hUes).
Cepenttant la présence de^ calcaires maî»n<'*siens ou des gypses
èit pîi'squè ^n cai*actère constant A la partie inférieui*e du lias.
TôUt le monde sait que, dans les Vosges, le lias infcrieitr est fonné
par des grès et des dolomies; dans la lx)rraine, il y a toujours du
gy)>se à la base du terrain jurassique. Le (}ard présente des faits
aiUtlbgùés; dans le vallon de Piâtrièr'es, prv$ de la Salle, des
50S SfiAKCB DU t^ FÉVRIER 1862.
ainas Je {^ypse sont placétt sur des calcaires qui sont passés à tirs
dolomies en baucs inclines.
Environs de Tuchan et bassin de la Bcrre» — Les affleureineuU
jurassiques du vallon de Tuchan jusqu'au col de Nouvelle preo-
nenl une forme assez compliquée. D'un côté, une bande s*étend le
long du Taucby du sud au nord, en formant une espèce de T dout
le pied un peu obli(|ue se diri(;c vers Domneuve; de l'autre côté,
à Test, la bande liasique qui s'appuie sur le schiste de transi tioii
se dirige vers le nord, en jetant quelques ramifications diversement
orientées.
En face de Tancicn château de Nouvelle, on aperçoit des cal-
caires jaunâtres ou bleuâtres avec des Tércbratules et des Bétein-
lïiies [Tcrebratula subjjunctata, T, ornitliucephala^ etc.); ces cal-
caires surmontent les marnes qui forment les terres arables; ils
sont eux-mêmes recouverts par des calcaires noin, compactes,
passant à un calcaire bréchoide qui se termine par un calcaire
noir, spathique, très compacte.
Parfois un calcaire caverneux (colline dite le Bac) recouvre des
calcaires en lits ou en feuillets, de dessous lesquels sortent les
marnes fossilifères.
Toutes les collines qui entourent Nouvelle sont formées par des
i*ocbes jurassiques qui s'appuient à l'ouest contre le terrain de
transition, et sont recouvertes à l'est par la craie inférieure.
Si Ton s'avance dans la direction £. et N.-Ë. en suivant lecoun
du petit ruisseau le Caniporel, on ue tarde pas à rencontrer des
grès calcai ifères et des marnes arénacées sans fossiles reconverti
par des calcaires compactes ou caverneux. De dessous ces grès
sortent des argiles contenant des cristaux de quartz et des calcaires
magnésiens portés sur des gypses. En perçant la route de comuin-
nication de Nouvelle à Embrès, par le vallon de l'Adouz, on a
trouvé les marnes grises fossililères au-dessous de ces assises de
calcaires dont nous venons de parler. Au-dessous de ces marnes,
on voit dans le ravin, sur la rive droite du Camporel, les gypses
et les marnes gypseuses associés à des calcaires magnésiens.
Au-dessus du rocher d'où sourd la fontaine de TAdoux, lorsqu'on
a franchi le point culminant du col, on trouve les calcaires noîn
ou fortement gris, marneux, fossilifères [Tcrebratuia ^ffrmitkote»
pluila^ Rhy-nchonella variabilis, Bélemnites) se présentant sons h
forme de strates feuilletées, et recouverts par de grandes assises
compactes de la craie inférieure, qui forment le plateau du Ponjet
et la serre de las Catarinas.
En suivant toujours le sentier qui conduit à ËmbrèSi on arme
NOTK Dl M. NOGUÈS. 509
dans une concavité du sol «'appelée Courne-Mousse, où a£Q[eureiU de
chaque côte du talus les roches fossilifères du lins. Les marnes
noires schisteuses forment les peutes des collines, et alternent avec
les couches d'un calcaire à Gryphœa Maccullochii^ ou bien lui sont
inférieures. Parfois ces calcaires à G. Maccuttochii passent à un
grès calcarifère, compacte et sans fossiles. Au-dessous de ces cou-
ches se montre une couche mince d'un calcaire argileux bleuâtre
ou noirâtre avec Pecten œqn'walvis y /immonites margaritatus^
Montf., Terehratula numismalh,
A l'entrée du vallon d'Ëmbrès, après un étroit étranglement
qu'affectent les roches jurassiques, au col de Nouvelle, on aper-
çoit les marnes noires fossilifères sur les parties inférieures et
moyennes des collines dont les sommets sont formés par un cal-
caire noir et compacte avec Bélcmnites, calcaire qui établit la
continuité entre les roches jurassiques du vallon de Nouvelle et
celui d'Embrès.
A Domneuve, les marnes fossilifères prennent un grand dévelop-
pemeut, surtout aux lieux appelés Mattecande et Fontmarty, où
le gypse traverse confusément les marnes liasiques à Turbo subda^
plicatusj Ammonites btfrons, sans aucun ordre bien apparent de
•ti'atification.
Les collines et la montagne du château d'Aguilard ou Viaias
sont constituées à leur partie supérieure par un calcaire caverneux
magnésien; les flancs sont formés par des marnes avec Ammonites
hifronsy Brug., Turbo subduplicntus^ d'Oib. , etc. Ces marnes ont
glissé et semblent ainsi à un niveau plus bas qu'une couche d'un
calcaire compacte bleuâtre avec Pecten œqu'vnlvis, Sow. Le gypse
aflOieure partout à la base des collines en sortant de dessous les pré-
cédentes couches ; ce gypse, en masses confuses, se présente sous
des couleurs différentes; il est blanc, rouge, quelquefois bleu ou
verdâtre.
A la base du Tauch, les dolomles et les marnes gypseuscs du
lias reposent sur les schistes paléozoïques ou sur le grès rouge
houiller des environs de Ségure. De là, la bande liasique, en suivant
le pied de la montagne de Tuchan, se dirige vers le sud, comme
notia l'avons indiqué.
Les fossiles les plus répandus dans les diverses couches jurassi-
ques des environs de Tuchan sont :
K^ DaDs les calcaires compactes, placés au-dessous des calcaires
cariés ou bitumineux, et supérieurs aux marnes schisteuses:
Bélemnites [Brlcmnites unisulcatu^^ Blaiûv.), Térébratulos
512 8ÉANCR DU 3 PÉTRIIR 18G2.
rompus cil iiii point, puis soulèves, tandis que certaines stratel
out garde leur position normale. 11 paraît évident que les sëdi-
ments tertiaires d*on sourd la fontaine de Fontjoncouse, les mèniei
que Ton trouve à un niveau plus bas dans le raviu de la Sin(;le,
ont éxé brisés par une fracture qui a disjoint le dépôt d'abord
continu.
En suivant les Qorgcs des moulins à Fontjoncouse, de Test à
Touest, on atteint, après avoir dépasse les moulins, un petit ma-
melon (mourrel de Malvcsi] calcaréo-argileux, avec Ammonites
conravus^ Sow., r., Bclemnites clnngatus^ Mill. , r., Terebratula
punctftta, Sow., c, T. suhpttnrtatn^ T. varinhilis^ Spirifrr mt-
traiusy de Buch, r., Pcctrn dhcijormis, Schub., r., Grjphœa
cymbiittn^ Lani., r. , variété dilatée du lias de la Hourf;ogne et de
TAveyron, Photadomya anibigna, S(ïw., r. Les g r es et les marnes
lie de vin de la base de Saint-Victor reposent sur des calcaires
magnésiens des bords de la Berre on sur la craie. Près du moulin
de la Cadorque, les couclies inclinent d'environ A5 degrés vci-sle
S.-O., et send)lent aller passer sous le promontoire d'où sort la
fontaine de Fontjoncouse.
Les calcaires de ce promontoire, les mêmes que ceux qui for-
ment le Saint-Victor et les escarpements des gorges, sont dirigés
N.-N.-E. ; ils rontonrnent le lias de iMalvési; ils sont le prolon-
gement du groupe d'Âlet^ qui vient du côté d'Albas en s'ap-
puyaut au sud contre le lias.
Au sud de Tonljonconse sVlcvc un petit plateau qui porte dans
le pays le nom de Devis; il se termine à Sainte-Léocadie, avant
d'arriver à la niétjirie de Saint-Cliristol. Tout ce plateau est
formé par des calcaires caverneux, noirs, fétides, sans fossiles.
Au-dessous creux, les marnes sidiisteuses, noires ou grises se mon-
trent sur tous les ])oints ravinés des environs de Saint-ChristoL '
Les couches de marne noire sont traversées par des lits d'un grèl
calcarifère, jaune, à fossiles.
Vers l'ouest de Fontjoncouse, on rencontre, sous les maraei
schisteuses fossilifères à Ammonites offrons, une couche d'un cal-
caire argileux noir contenant Ammonites mar^aritntus^ Montf.i r,,
A. Brr/iei, Sow., espèces du lias moyen du bassin de la Seine el
du Rhône, A, jdanicosta^ Sow., r. A l'est du village, dans le ravin
de Fohtanel, on aperçoit une couche calcaire pétrie de Bélein-
nites; elle recouvre des marnes arénaeées avec les mêmes Bélcni-
nites, B. unisidratus^ e., B. clon^ntus^ iMill.
A environ 2 kilomètres d'Albas se montre un calcaire griii
jaunâtre, avec Gr^phœa MaccuUuchii^ Sow., plongeant au S.-E.,
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DÉVELOPPEMENT DU DELTIDIUM
chez les Wschiopodes articulée.
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cuv/jf If //f/j/j. fOivnnHtrt'ûtitm
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NOTS DB M. NOGUÈS. 613
et vccûuvianl un crilcairo {;ris, compacte, à {;rain Hn, rempli de
ficlemnitcs, le inciiie que je viens (k si(*imler, nu Fontaiiel, sur le
sentier de Durban. Au col de la Peyre, les calcaires marneux,
bleus ou jaunâtres, prennent un grand développement; ils ren-
ferment le Pectcn œquivahis^ etc.
Chatnc (mentale et septentrionale de Fonljroide, — A la hauteur
de la métairie de Fonloubi, au nord-est de Portel, le lias forme
un pointement isole de toute part, et sans liaison extérieure, soit
avec les couches jurassiques de la vallée de la Berre, soit avec
celles qui, sur le flanc oriental de la chaîne de Fontfroide, sortent
de dessous les dépôts crétacés. Les roches qui le constituent ,
ioclinres vers TO. , sont aussi des marnes schisteuses fortement
rcmbrunies, ayant éprouvé des glissenienls; elles renferment
Ammonites bifronSy c. , A. cornU'Copict\ Jun^., r.. A, ruiriabilis^
d'Orb., r., A. JiaquinianuSj d'Orb., c, /i, ercnatus^ Rein., rr.,
J. commufiiSj Sow., A. insignis^ Schub. , r., A, radians^ Scli.,
A. Calypsoj d'Orb., rr., Belemnitcs uni^ulrntus ^ de J31ainv., c. ,
B, paxillosiis^ Scliloth., c, Astaitc foltzii^ H(i3n., c, Nurula ovum,
Lani. , N. llausmunni, Rœm. , r. , Lcda rostralis, d'Orb., Terebratula
punctft/a, Sow., c, T. snbpnnctatn^ Davids., c, Rhy-nchonella
tetraedra, d'Oib., r., Turbo subtlnplicatus^ d'Orb., très commun,
Ceriihiiun Ptitroclus^ C. armatnni^ Goldf. , C. costellatnm^ de
Munst., r.
2" A ces marnes, si riches en fossiles, sont subordonnés des
bancs d'un calcaire arjjileux avec Gryphœa Maccullochii.
3® De dessous les marnes rembrunies on voit ressortir des cal-
caires noirs dont la position slratigraphique n'est pas toujours
très nette à cause des glissements des marnes; ils renferment
Peeten «•«/«/cflfA'/.v, Sow. , c. , /*. disriformis, P. ninticosta^ P.pnmilus^
r., Ammonites Davœi, des Béleninites.
Les couches fossilifères du lias réapparaissent aux environs de
Laml>ert, se continuent par les métairies de Saint-FIippolyte et de
Trcilhcs jusqu'à Pastourel, à 3 kilomètres de Narbonne.
Les gypses et les marnes gypseuses qui se développent au sud
de Lambert, à la Quille, à Sainte-Eugénie, etc., sont inférieurs à
'.ecs affleurements des roches calcaires ou argileuses, et constituent
îlet parties inférieures du lias, qui forme une zone étroite longeant
;le pied des montagnes, non loin de la limite du terrain tertiaire
! lacustre, par Coustal-de-deste, la Pldtrière, Fraissinellc, la Fon-
ttline, Sainte- Eugénie, Garrigue (1).
(4) Voir Les Corbièrcs, etc., p. 421.
Soc, géoL^ 2* série, tome X!X. 33
\ ■
«
51A séàncb du o février 1862.
A la liaiitcur de la nu'tairie de Lanihort, le lias s'arrête uon loin
de la route. Kn leiiiontanl le ravin, on marche d'ahord sur lej
grès et les calcaires argileux, rouges, roses ou hiatus, tertiaires,
inclines au N.-O. Bientôt après, on trouve un poudinj'ue formé d<
cailloux liasiques. Cette roche, qui recouvre les difpots secon-
daires, acquiert une grande épaisseur et forme les première:
penlcs de la montagne qui s'élève devant soi. Hientot on trouv<
une marne fossilifère passant sous les calcaires à Béleniniles
T. ornithocephnla^ que nous avons signalée aux environs de Nou-
velle. Ces marnes sont schisteuses, arénacres ; elles passent à des
psammites peu fossilifères; elles ont la plus grande ressemblance
avec la couche qui affleure dans le Fontanel, à Test de Fontjon-
couse.
Les marnes fissiles à Béleniniles sont recouvertes par un cal-
caire argileux qui passe parfois à un grès. Cette couche rcnferuie
BelemniU's nnisulvntus^ jémmo/tiics bijroris^ A. commnnis^ Tcrf
bratultt rimosa^ de Buch, T. suhpnnctnta^ etc. Un calcaire à po-
lypiers recouvre la coucht; à Bélemnites. Tout ce système de cou-
ches jurassiques plonge veMS le W.-E.
A partir des fours à chaux de Narhonne, en remontant le ravin
de las Tinas (rech de las Tinas), on rencontre bientôt, au niveau
même du lit du ravin, les strates jurassiques recouveites par les
calcaires tertiaires; ce sont, de haut en has : 1* calcaiic carié, Ic-
lidc par le frottement ou le choc; 2** calcaire compacte, noir.U^e,
avec veines blanches, spath iques, quelquefois gris bleuâtre ; 3*> cal-
caire gris clair avec Térébratules, se décomposant en plaquettes;
k^ calcaire gris avec Tenùrainla subpttnctatn. Les diveises couches
qui affleurent dans le lit du ravin sont inclinées au N.-O.; par
leur relèvement elles ont formé toutes les hauteurs qui environ-
nent la métairie de Pastouret.
Les marnes schisteuses du lias supérieur avec Turbo suhrlu/^u.
catuxj Ammonites bijrons^ etc., sortent ici, comme aux environs
de Tuclian, de Fontjoncouse, de dessous les calcaires cariés et les
calcaires compactes, avec Bélemnites, Térébratules. Si partout
on ne les trouve pas à ce niveau, à cette même place, c'est que
les causes dénudantes et érosives les ont emportées, ou bien encore
qu'elles ont glissé, et par conséquent se trouvent ainsi à un niveau
plus bas que celui que leur assigne leur véritable position slrati-
graphique. A l'ouest de la bergerie de Pastouret, les marnes sor-
tent de dessous les calcaires cariés, noirâtres et fétides ; elles recou-
vrent à leur tour des calcaires compactes avec Ammonites fimbriatus^
Pecten œquipahisy qui passent infërieurement k des calcaires noi-
IfOTB DB H. NOGUÈS. 615
ratres avec Rliynclionella tctracdra , Tercbratula punctata. Ces
mêmes marnes schisteuses, près de la métairie des Impériaux,
prennent des teintes rouges ou violacées; elles sont au voisinage
des i^ypses et des ophiles, et cependant elles sont très fossilifères.
Dans le ravin qui passe au pied occidental du Pech de Pastouret
les marnes schisteuses renferment : Ammonites bifrons, ^l'ug. , c. ;
A. radians ^ Schl., r.; A, complonatus, lhu{;., r. ; A. pthnordiaUs^
Brufj., r. ; A. Rnquinianus^ d*Orb., c; Belemnites unisulcatus^
Hartm. ; B. paxillosus^ Schl.; Cerithium ormntum^ Gold.;
C costeliatttm, Hartm. ; Purpurina Patroclimy d'Orb. ; Turbo stib-
duplicatas, d'Or h., c. ; Lima pectinoidcs^ Sow. , r. ; Nucula ovum^
Lam. ; iV^. Hansmanni\ Rœm.; Terebratuln punctata, Sow.
Au-dessous de ces marnes schisteuses, délitées à la surface, dans
le ravin, on trouve une marne fossile argilo-arénacée, crise ou
noirâtre, avec Gryphœa Maccullochii, Cette couclie, relevée pres-
que jusqu'à la verticale, tandis que le restant des strates liasiques
de Pastouret ne dépasse guère un angle de /i5^, vient buter
contre les calcaires compactes à Térébratules, qui forment avec
l'horizon un angle d'environ 60 à 65°, et qui sont inférieurs à la
couche à Gryphœa Maccullochii.
Ce sont ces dislocations toutes locales, restreintes sur de très
petites surfaces, qui donnent aux affleurements jurassiques des
Corbières des caractères particuliers, qui masquent très souvent
les vrais rapports des différentes couches. L'ophite qui pointe tout
|)i*ès n'a pas été sans influence sur les mouvements qu'ont éprouvés
les différentes couches liasiques de Pastouret.
Au col de Pastouret, à l'est de la bergerie, on trouve la succes-
Iton suivante, de haut en bas :
4*^ Calcaire carié ou celluleax, noir&tre, fétide, de quelques mètres
d'épaisseur.
2° Calcaire bréchoide ou compacte.
3** Calcaire compacte avec veines de calcaire spatbique blanc.
k^ Calcaire gris uu peu nacré, fissile, se délitant en minces pla-
quettes.
B* Calcaire bleuâtre ou noir, un peu argileux, avec Terebratula
punctata^ Rhynchonella tctracdra^ etc.
^° Calcaire jaunâtre ou gris, en petites coucbes superposées, aveo
Belemnites paxiilosus, Pentacrinus pentagonalis^ P. scalaris,
Goldf.
7° Calcaire argileux gris bleuâtre, à rognons ayant Taspect d'un
pavé, avec Giyphœa Maccullochii^ etc.
[ ' 8* Marnes grises, bleuâtres ou jaunâtres, sur certains points colorées
^ en ronge lie de vin ou irisées, schisteuses, avec Ammonites
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616 SfiANCB DU 3 FÉTR1BR 1862.
ùifroiiSj Ceriihium ar/nntum, Turbo subduplicatiis^ elc. Ce lia
dernière couche, qui forme le fond de la coupe, a oécessaire-
ment glissé et n'occupe plus sa véritable place comme à Tonest
de Paslouret.
La Gryphœa MnccnlhchU se trouve dans un grès calcarîiere,
gris brunâtre, sur la route de Narbonne à la Grasse, non loin de
la prise d'eau qui alimente l'aqueduc de Narbonne. On voie, sur
le bord du chemin , affleurer les marnes grises scliisteuses, sur-
montées de grandes assises de calcaires compactes ou divisés en
larges feuillets, comme aux environs de Nouvelle. On peut suivre
CCS couclies vers Névian au nord et Quillanet au sud.
Aux environs de Quillanet toutes les crêtes calcaires qui s'élè-
vent au N. et au N.-E. sont jurassiques; à leur base on voit
aflleurcr des marnes grises, schisteuses, dans lesquelles on peut
recueillir : Bclcmnîtcs acntus?, Mill.; B, unisutcatus^ Blainv. ; TVr-
rcbratula Moorci, Davids. ; Rhynchonclla tetracdra^ d'Orb. ; Pcntii"
crinitcs hnsiiltijormis^ Mill., Gold. Au sud de Névian aflleurent
au niveau de la route les couches du li.is ù Pcctcn œquivalvis^
Sow. ; elles plongent d'environ 4;V vers le N.-O. Ces calcaires
noirs à Peignes sont couverts par les marnes schisteuses fortement
rembrunies, avec Tmbn subdnplicntus^ Amninniics bifro/is, primor'
(linlis^ etc. Les parties inférieures des couches à Pertcn œqiiivalvis
passent insensiblement ù un calcaire argileux qui se présente eu
minces lits ou bancs bien stratifiés, passant sur certains points à
des marnes grises.
Ces couches disposées par bancs bien apparents ont la structure
et l'aspect des couches à Térébratulcs de Pastouret (n° 5 de la
coupe ci -dessus); on y trouve les mêmes espèces. Tout ce système
est couronne, connue à Pastouret, à Fontjoncouse, etc., par des
calcaires noirâtres, fétides, inclinés vers le N.-O.; eu sorte qu'on
trouve de haut en bas: 1" calcaire noirâtre, fétide; 2" marnes
grises ou noires avec Turbo subdupUcutus^ Jmmonites bifrons;
y calcaire à Pcctcn œtpàvalvis ; 4° calcaire argileux scliistoïde ou
passant ù des marnes grises; 5^ calcaire noirâtre (couches ù Téré-
bratulcs] avec Tcrcbratula p une ta ta, T, subputictatn^ Rliynchnneila
ietraedra.
A Touest de Névian , à quelques pas du village, sur la petite
colline du moulin, on aperçoit des calcaires noirâtres (avec ro-
gnons ou petits amus de silex) plongeant vers le N.-E. Les marnes
noires se trouvent dans toutes les dépressions du sol au-dessous de
ra.ssise supérieure des calcaires. Pai'fois sur les marnes noires
IfOT£ DE n. NOGUkS. 517
scliisleuscs se trouvent des marnes grises ou un calcaire marneux
avec Giyjj/iœa Maccullocliii, Souvent un calcaire argileux recouvre
ces couches marneuses; on y trouve abondamment les espèces fos-
siles suivantes : Rhynchonella variabilis^ Sclilotli. ; une autre Z?/*//*-
chonella d'une forme inconnue dans le lias; Terebratula ornithocc^
phala^ Sow. , ou Buchmani^ Davids , espèce de Toolilhe inférieure,
mais que M. d'Arcbiac a trouvée dans le lias de Croisel ((ialvados)
et de Torrcmarclia (Espagne) (l); Terebratula subpunctata, Da-
vids., identique avec le type de Davidson ; T, plicaia, Buckni. ?, de
Toolithe inférieure ou une modification de la subpunciataj qui est
aussi à Tuclian; T. perovalis^ Sow.?, forme qui ne se rencontre
pas habituellement dans le lias moyen et supérieur, identique, au
contraire, avec des échantillons de Toolithe inférieure ; Modiola
scalprum, Sow. ?, une 0.slrcn à cotes engagée dans le calcaire.
Dans la colline en face de celle qui porte ie moulin à vent, c'est
le calcaire gris incrusté de silice et avec Terebratula subpttnctata
qui forme les couches supérieures.
Si Ton prend, k Test de Névian, le chemin de traverse de Mon-
tredon, on ne tarde pas à couper les couches du lias parallèlement
à leur direction; elles s'inclinent vers le N. comme les collines
qui en sont formées, et dont les strates supérieures sont coupées
par la tranchée du chemin de fer entre Névian et la station de
Marcorignan. Les marnes grises et noires se voient partout à dé-
couvert sur les bords du chemin. On atteint une couche d*un
calcaire compacte, rougeâtre, surmontée d'un calcaire compacte.
On y trouve : Spirifer rosttatus^ Schloth. ; Mytilus, n. sp. ; Lima^
indét. ; /Jma gigantea^ Desh. ?, Terebratula numismalis^ Lam. ; des
Peignes de petite taille, indéter. ; Nautilus^ indét. , se rapprochant
du N. inornatus (d*Orb.); Ammonites fimbriatus. A, commuais^ etc.
Le lias se montre sur le versant opposé de la colline, aux envi-
rons de Montredon, et s'étend jusqu'aux environs de Narbonne;
il affleure aussi à Mousson, à Montlauris et aux environs de Bou-
tenac; pour ces deux dernières localités, nous n*avons rien à ajou-
ter à ce qu'a publié M. d'Archiac dans son remarquable mémoire
sur la géologie de l'Aude (2).
Divisions du terrain jurassique corbiérien . — Nous venons de
(4) Note et renseignements dus à robligeance de M. d'Archiac, qui
a bien voulu revoir aussi la plupart de nos déterminations et a lui-
mémo déterminé un grand nombre d'espôces de nos listes.
(2) Yoir Les Corbièrcs^ p. 420-4Î3 [Mémoires de la Société géolo*
gifjur^ 2*8ér., t. VI, V partie).
618 sÉÀNCi DU s rÉYRiBi 1862.
passer en revue tous les affleurements jurassiques que nous aTons
reconnus dans les Corbières. Celte longue description nous a mon-
tré que les roches qui les constituent, prises dans leur rnseiiible,
présentent une {^[rande uniformité dans leurs caractères physiques
et dans leurs relations strali graphiques. Cependant on a dû déjà
remarquer que sur certains points de ces affleurements les i-oclies
offrent des caractères particuliers et en quelque sorte spéciaux à
une ou deux localités.
Presque paitout nous avons vu les calcaires gris ou noirâtres,
fétides et bitumineux, former les assises supérieures des deux
grandes bandes jurassiques des Corbières et des pointeiiients
isolés.
Cependant sur certains ])oints ce sont des calaiires compactes,
veinés de hlnnc, ou des calcaires en plaquettes qui terminent su-
périeurement les strates jurassiques. Mais c'est là Texception;
même dans ces cas particuliers on finit presque toujours {^ar trou-
ver des (races des calcaires bitumineux fétides, compactes ou cloi-
sonnés ou cariés.
Au-dessous se présentent des calcaires schistolidcs ou compactes,
parfois des nodules siliceux, d'autres fois ayant une apparence
nacrée et se divisant en plaquettes, parfois renfermant : lUiyncht»'
netla vriritibilis , Terrbvatuln nrnithnrophnla , /'. perovalis^ etc.
(rollinc (hi moulin de JNévian^ etc.)
Ces calcaires recouvrent des marnes fortement rembrunies,
noires ou bleuâtres, schisteuses, avec Turbo xubiiupUcnUts^ .immo~
nites bijnms^ /4. prinwrdialis (Pastourel), etc.
Les marnes qui rorres|K>ndent à ce niveau sont très apparentes
aux environs de Névian, de Pastouret, de Portel, de Saint-Christol,
de Doinncuve, Nouvelle, le chdtoau d'Aguilard, etc.
Il ne faut pas confondre ces marnes très fossilifères, caractérisées
par la présence du Turbo snbduplicatus et de V Jmmnnite.K hifrons^
avec d'autres marnes moins rembrunies, grises ou jaunâtres, par-
fois même d'un bleu un peu clair, ayant souvent l'aspect de
scliistes brist's, peu fossilifères, contenant parfois des Bélenmites,
des Pcntacrinitcs (Boutenac, (luillanet), ou des Ammonites de
grande dimension [j4, fmbriatus, A. Brthc't^ A. communis). Ces
marnes (Névian, Tuchan) sont évidemment inférieures à la couche
à Pevicn œquivalvis*
Los marnes noires ou bleuâtres, foncées, fossilifères, avec Turbo
xiih Inplitntus^ fmissent par passer inférieuremcnt à un calcaire
marneux compacle ou schistoide, ou à un {»rès calcarifhre, avec
('rvjihtrii Mficrul/orhii.
ROTK DB U. NOGL'bS. 510
Au-dessous se montre, en bancs minces ou en ro^^nons^ un cal-
caire noirâtre ou bleuâtre, avec Pecten œquivalvist Ammonites
Dfivœf, A. Bcchei, A. margaritattis (Pontjoncouse}. Ce calcaire finit
par passer à la marne grise que je viens de décrire, qui ne ren-
ferme ni le Turbo subduplicatus^ ni ï Ammonites bifrons.
Ce calcaire argileux ou marneux recouvre des calcaires noirâtres,
avec Térébratules (Névian, Pastouret, etc.), contenant principale-
ment Terebrntula punctata^ Rhfnchonelia tetraedra^ etc.
Parfois cette couche passe à un calcaire Tougeàtre et en partie
à teintes foncées (est de Névian), avec Terebratula numismaiis.
Au-dessous de ces couches que je viens d'ënumérer, lorsque les
dislocations du sol ont été assez intenses pour amener au jour les
couches inférieures, ou trouve des calcaires ferrugineux, des grè
(Feu il la), des calcaires magnésiens, des dolomies, des marne
gypseuses et des gypses. Ces modifications lithologiqnes sont en
relation avec les épanchements des roches dioritiques (ophites).
Un examen attentif des diverses localités liasiques de TAude
montre en chaque affleurement dv.s dislocations locales très
restreintes qui ont affecté certaines couches de manière à renverser
leurs rapports naturels. Cela tient le plus souvent à ce que les
couches ont glissé lorsqu'elles ont pris leur position actuelle.
On s'apercevra d'une de ces anomalies dans la coupe du col à
l'ouest de Pastouret (p. 2i). On y voit les marnes avec Turbo sub^
dupUcatus^ Ammonites bifrons (n°* 8 et 7), à un niveau qui n'est
pas le leur. Peut-être le lieu le mieux choisi pour voir les véritables
relations des diverses couches jurassiques normales de l'Aude
est aux environs de Névian, surtout au sud de cette localité.
En résumé, le terrain jurassique, borné à peu près à son (^,roupe
inférieur ou lias, prisdans l'ensemble des roches qui le constituent
dans le département de l'Aude, est formé de haut en bas :
1^ Calcaire gris ou noirâtre, compacte ou carié, fétide, sans fossiles
(calcaire fétide).
Premier étage,
2° Calcaire gris veiné de blanc, parfois avec silex, ou en plaquettes,
passant à un calcaire argileux avec Rbynrhonrlia vnrinbilts,
T. ornithoeephala^ T, perovalis (calcaire à plaquettes).
3^ Marnes noires ou bleuâtres, schisteuses, avec Tuibo suodupli»
catusy Ammonites bifrons, A, primordialis (marnes à Ammo-
nites).
4° Calcaire bleuâtre ou Doirfttre. parfois se délitant en marnes avec
Grjrphœa Maccullochii (calcaire marneux à Gryphées).
520 SfiANCB DU 3 FÉVRIER 1862.
Deuxième étage,
o"" Calcaire bleuâtre ou noirâtre, parfois jaunâtre à la surface, par-
fois des teintes rougeâlres avec Pcctcn œffuUuilvis^ P. clisci'
forniis^ Tcrcbrattila numismalis. Ammonites Da\xei^ A,
Bechriy A.fimhrmtfts{cdL\c^'\Teh Peignes).
6" Marno grise ou bleuâtre, un peu claire, avec débris de Penla-
crinites, de Bélemnitos (marnes grises à Pentacrinites).
7' Calcaire noirâtre en lits distincts avec Tércbratules. Â/iyac/tO'
neiia tctniedra^ Tercbratula subjjunctateiy Ammonilvs fim-
briatiis, A. Bcchei (calcaire à Térébratules).
Troisième étage.
Absence de la Gryphœa arniatn,
8^ Calcaires ferrugineux et calcaires magnésiens, grès, dolomies
inférieures.
Quatrième étage,
0** Marnes gypseuses et gypses associés quelquefois aux dolomies.
Est-il possible d'assimiler cette série de couclics aux divers
horizons du lias du bassin do Paris, si bien étudie dans ces der-
nières nnnces, ou à celui du bassin du llboue?
Dans nos listes de fossiles, nous tiouvons certaiDCinent les fauiies
bien connues du lias supérieur et du lias moyen du nord, du uord-
ouest et du nord-est de la France.
Mais oii sont les limites naturelles pour établir nos divisious eu
groupes et en éta{>cs? Souvent, dans la même assise, se trouvent
des espèces qui dans les bassins classiques du lias sont parfaitement
cantoiuiccs. Ces mélanges indiquent-ils que ces espèces ont été con-
temporaines, et ont vécu dans la même mer en même temps, ou
bien ^ont-ils les résultats de causes accidentelles qui ont mélangé
nos espèces liasiques après leur morl.^
Cependant, malgré des difficultés de divers ordres, Tétude miou-
ticuse des affleurements jurassiques de TÂude m*a permis d*y
établir des divisions qui paraîtront rationnelles, je Tespère du
moins.
Pourtant je ne prétends pas donner ù mes divisions en étages
une valeur qu'elles n'ont pas dans mon esprit; c'est une division
locale que j'établis, et pas autre chose. Il serait possible de les
paralléliser avec les mêmes éta(^cs établis dans le bassin de la Seiuc
et du Rhône. « Il est nécessaire, aujourd'hui, que chaque bassin
» jurassique soit étudié en lui-même et à fond, qu*on évite des
» comparaisons prématurées entre des dépôts éloignes, quand les
NOT£ DB M. NOGUÈS. 521
M rapports qu'on établit ainsi sont contraires aux rapports naturels
» indiques par les observations faites dans un nicnie bassin (1). »
!Nous avons liësité longtemps k séparer du lias les calcaires gris
ou noirâtres, fétides, compactes ou cariés, qui partout dans l'Aude
forment les assises supérieures du terrain jurassique. Aujourd'hui
nous sommes disposé à ranger ces calcaires cloisonnés ou com-
pactes dans le groupe oolithique. Le lias sera donc, dans l'Aude,
limité supérieurement par les couches fossilifères à RhynchonelUi
variabliis, Tvrchrntula ornithocephala^ T, subpunctata (type),
T, plicata^ T. perovalis?
Cette séparation n*est pas arbitraire, car, quand on considère
que les couches à Rliynchonella vàriabiUs^ Tercbratula ornithocc-
phalay etc., renferment des espèces de Toolitlic inférieure mélan*
gées avec la T. subpunctata du lias supérieur, on est tout disposé à
admettre, dans le terrain jurassique corbiérien, un étage supé-
rieur au lias supérieur, un chapeau du lias, pour employer une
expression pittoresque de M. Leymerie.
Partout ÏJmmo/iites bijrons^ A, primordialis ^ forment les
limites supérieures du lias. Pourquoi n'admettrions-nous pas cette
caractéristique?
Mais, comme les couches que nous séparons du lias sont très peu
fossilifères, que nous n'y avons rencontré aucune faune spéciale,
nous ne pouvons, dès à présent, assigner une place bien rigoureuse
aux calcaires fétides; nous les rangeons donc dans le groupe ooli-
thique sans distinction d'étages.
J'espère que des recherches ultérieures me fourniront des carac-
tères pour mieux préciser Tagc des couches jurassiques qui recou-
vrent le lias dans les Corbicres.
Le tableau suivant résume nos divisions :
(1) Hébert, Les mers anciennes ^ etc., p. 2.
5'22 BÊATirB DD 3 FÉVRIER 1862.
Tibletiu lies tli<-hiniix jitiiiti'-/ii!--t <-iiihUes dans Ir drpi
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GiypàM MaccullotAU.
9- i\t1,t.
IMimmiri Mc-4lMt.
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7. Ci.l»i
^iiTo,.^Ur;.lMl«
f
3. -I»g..
"■ '^îirr!,''
lutin, ftii, ilulonjiuhu-
S>«i ruHllH.
f él.g=.
9. Jl.rnr
gïiseui:., ïTi,.«. : . . ,
Nos deux étn|;es siiprri^iirs du lias ont presque la valeur da
rtagei coirespondaiits dans les mitres h.iMins, puiique nout j mon-
iiaissont les mêmes faunes. Mais l'étage inférieur n'est baeé tm
aucun caractère paléoiilolo(;iquu; cependant la constance de ats
oaracièrea ininéi-alotjiques lui donuu une certaine fixité. Lca cal-
caires ma|;u^siens, les marnes j^ypscu^es et les fiypses aux environ)
dt; Tucliaii, dans le hassiii Ae la lîcire et sur le versant oriental
de la chaîne de Fonifroide, sont consLainini-nt plac^ au-decsoi»
des marnes et des calcaires fossilifères du lias supérieur et moyen.
Du reste, dans le Gard, dans les Pyrénées, dans la Lorraine, dci
gypses se montrent dans la partie inférieure du lias; dans les
Vosges, des (jrès et des dnlomics forment la base île ci: groupe
jurassii|ue.
Il rst probable que ces voclics du lias inférieur des Corbière)
ne se sont pas déposées 'laiis la mer basique avec les mèinM oarac-
lèi-cs n)inéralo,',iqiU'S et cliîiniques que nous leur rcconDaisaoni
aujourd'hui. Leur composition actuelle parait être le i-éauliat de
modiRcaiions postéiieures produites par des influences locales.
IfOTB DB H. NOGUÈS. 623
JUitudes et fiislocations. — Les altitudes des dépôts jurassiques
des Corbi ères, comparées à celles de la craie, sont, en général,
assez faibles, connue vont le montrer les nombres que nous allons
citer. Tandis que les sédiments crétacés sont relevés jusqu'à des
hauteurs de 1200 mètres et plus, les altitudes extrêmes des strates
jurassiques ne dépassent pas 500 mètres.
Les déi)6ts qui nous occupent n'ont point, dans la région des
Gorbières, la puissance qu'on leur connaît dans le bassin de Paris
et dans Vest de la France. On peut s'en assurer aisément en exa-
minant les sédiments jurassiques qui, sur quelques points, reposent
à découvert sur les roches de transition. Ainsi, à la base du Tauch
nord, le lias recouvre les dépots houillers, qui atteignent à la hau-
teur de Noti e-Dame-de-Fasle.
Les sédiments crétacés, élevés à 9/i2 mètres au-dessus du niveau
tle la mer, forment, en recouvrant le lias, les parties supérieures
4e la montagne de Tuchan, et lui impriment les caractères orogra*
phiques qu'affecte la craie dans la petite région des Corbièrcs. C^
sont, en général, des brisures, des murailles surplombantes qui
montrent les tranches de la roche fracturée et taillée à pic connue
de hautes murailles à demi démantelées.
Si Ton se porte à Test de Tuchan, on trouve la cote 177 sur le
lias qui recouvre le terrain de transition sur le bord du Camporel.
La côte UOUj au col de Nouvelle, est le point le plus élevé où attei-
gnent les dépôts liasiqiies dans ce petit bassin. Près de Saint-Jean-
de-Barrou, en face de Notre-Dame-d'Olivé, le lias atteint à une
plas grande altitude.
Aux environs de Feuilla, on peut suivre aussi les diverses cou-
ches jurassiques du pays, depuis les grès feldspathiques et les cal-
caires ferrugineux de la base, qui reposent sur les schistes satinés
de transition, jusqu'aux dépôts de la craie inférieure qui les
recouvrent.
Le terrain jurassique corbiérien n'a pris ni une grande étendue
horicontale, ni une grande épaisseur. Au nord de Feuilla, la
cAte 529 est sur la craie; à peine le lias occupe-t-il la moitié de la
distance qui sépare ce point des schistes paléozoïques qu'il recouvre
au fond du cirque cratériforme, qui est un des <iccidents les plus
remarquables de la géologie du pays (1).
Tous les affleurements jurassiques de l'Aude ne montrent pas
pourtant k découvert leurs limites inférieures, mais ces quelques
exemples suffisent pour donner une idée de l'épaisseur des dépôts
(1) \o\f Les Corbières, etc., pi. IV, flg. 46.
52A SÉANCE bu 3 fêyhier 1862.
jurassiques des Corbicrcs, qu'il serait d^ailleurs facile de cakida.
au moins d*uiie manière approximative.
Le terrain jurassique de l'Aude n'occupe qu'une poitioD trâ
restreinte de la superficie de ce pays. Il ne se iiionti*e Ik décoaTOt
que sur un petit nombre de points; en général» il se trouTe àb
base de montagnes dont les parties moyennes et supérieures tod
formées par les dépots crétacés. Aussi le terrain jurassique o'illfla^
t-il que très peu sur Torographic ou le relief des Corbières. Nos
avons déjà indiqué quelques-unes de ses plus grandes altiluda
dans la région méridionale du massif; sur le versant oriental de b
cbaine de Fontfroide, à peine ses plus graniles hauteurs atleigucnt-
elles 200 mètres
Les dépôts de la période jurassique que nous avons sî^oalfs
dans le massif corbiérien ont éprouvé divei's uiouvcments de
dislocation dont nous allons reclierclier la date géologique
Au pied du Taucli, comme à Test de Tuclian, le lias repose sor
le terrain de transition. La craie le recouvre le plus souvent, par-
fois un poudingue tertiaire couvre ses flancs en s'élevant Juaquâ
des liauteurs de 150 mètres sur les pentes des montagnes du petit
bassin de Tuclian.
En général, c'est la craie inférieure qui recouvre le lias etaoo
chapeau de calcaires fétides ; tous les groupes jurassiques posté-
rieui-8 manquent dans le département de l'Aude. Les lacs ou ki
mei-s oolithiques, oxfordicns, portlandiens, etc., n*ont pas pénétre
dans les petits b<issins des Corbières. Il fallait dooc que le terraio
jurassique du pays fut assez relevé pour interrompre, pendant une
longue période de sédimentation, l'action formatrice des eaux qui
baignaient le versant méridional du plateau central delà France,
en pénétrant dans TAvcyron, Tliérault et le Gard.
Mais, à une époque antérieure à la mer néocomienne, le sol
jurassique de l'Aude, et du bassin de Tuchan en particulier, s'est
affaissé pour permettre à la mer crétacée de porter ses eaux dans
nos golfes corbiériens. Alors se sont formés de nouveaux rivages;
les roclics jurassiques inférieures immergées se sont recouvertes
de dépôts crétacés qui à leur tour ont été relevés.
La dislocation qui a produit ce dernier phénomène a fracture
le sol et a amené au jour ces dépôts de marnes que nous voyoïu
dans la plupart des dépressions. I^es dénudations, les érosions qui
ont exercé leur constante action depuis cette époque reculée ont
enlevé en grande partie les roches recouvrantes, brisées et morce-
lées par les mouvements du sol qui les ont fait affleurer. C'est ainsi
que sur beaucoup de points ont été eniportés les dépôts de la craie
NOTR DB H. NOGUÈS. 525
qui pouvaient recouvrir les strates jurassiques. C'est ainsi que ron
se rend compte de ces solutions de continuité dans les sëdiuieuts
crétacés et jurassiques des Corbières, qui se présentent presque
i partout brisés et morcelés.
. Cependant certaines parties centrales du bassin jurassique de
• Tuclian et de la Bcrre sont restées constamment émergées et sont
^ anjourd'bui des témoins de ces âges passés. Tel est le lambeau de
Saint-Christo], de Névian et celui qui s*étend d'Albas ù Durban.
Le lambeau jurassique de Saint-Chrislol a formé une île pen-
dant toute la période crétacée, mais les parties qui s'y rattaclient
' et qui affleurent sur les rives de la Berne, ont été recouvertes par
les dépôts crétacés de la cbaîne de Fontfroide. Ces portions, re-
couvertes sur une certaine étendue, vont affleurer sur le versant
oriental de la chaîne; elles passent sous la craie qui forme le
massif montagneux compris entre la vallée de la Berre et celle de
FAussou.
Au nord-est de Fontfroide, les dépôts jurassiques ont été aussi
en partie émergés pendant toute la période crétacée et en partie
recouverts par les sédiments de cet âge. Mais ce qui est encore
plus remarquable, comme on le constate dans celte petite chaîne
aux environs de Boutenac et ailleurs, c'est que certaines portions
des dépôts jurassiques émergés pendant que la craie se déposait
sous la mer, se sont affaissés postérieurement pour se laisser recou-
vrir par des sédiments tertiaires, et puis se sont relevés après avoir
reçu ces dépôts recouvrants...
En résumé, les dépôts jurassiques des Corbières ont éprouvé
un mouvement d'exhaussement après leur consolidation; cette
surélévation a été suivie d'un abaissement de niveau qui corres-
pond k la formation des sédiments crétacés de l'Aude. Le mouve-
ment d'affaissement a été suivi d'une dislocation du sol qui a fait
immerger une partie des strates jurassiques pour les faire recouvrir
par des dépôts tertiaires.
Certaines parties des rivages jurassiques qui ont résisté à toutes
les dislocations qui affectèrent le terrain crétacé, ont éprouvé de
grandes fractures ou des dislocations puissantes dès l'époque ter-
tiaire. Ainsi des rivages jurassiques se sont élevés ou se sont
affaissés dans un même sens pour recevoir les strates crétacées ou
pour se mettre à Tabri de la mer qui les déposait.
Mais lorsque le terrain tertiaire a été disloqué, la dislocation
s^est produite dans une direction tout opposée. Aux environs de
Pastouret et sur d'autres points de la chaîne de Fontfroide, la
craie recouvre le terrain jurassique ; les deux systèmes de couches
526 8ÊÀNCB DU 3 FÉYftIBR 1862.
présentent leurs trancLes du même côté de Thorison { ik iodiam
dans le même sens. Le terrain tertiaire n*a jamais pu pénèlm
dans le centre de ce massif montaf;neux. Mais lorsque lelentil
tertiaire a été disloqué, les strates jurassiques et crétaoéet cbb»
lidéos ont éprouvé un mouvement de bascule, elles ont ptoogéa
sens opposé de leur plon(j;ement ])rimitif sur certains poiuli tel-
lement; alors les sédiments lacustres du bassin de NarbonBeort
pu recouvrir les dépôts jurassiques qui avaient été jusque-Uo»
stamment émerges.
Les calcaires fétides qui forment les assises supëriewcs k
terrain jurassique de Taude ont participé à tous les mouvesMirii
des couches liasiques fossilifères...
Dans la bande jurassique du sud-est (Hérault, Gard), on ic-
marque Tabsencc de Toolitiie supérieure (étages kiinniérid|;icB,
portlaudien et purbeckien) que Ton trouve daus la zone du ud-
ouest jusqu'à Culiors.
Lorsque les dépôts jurassiques du sud^ouest de la France étaient
encore sous les eaux, la zone qui s'étend de l'est de Montaubaa
à la rive droite du Rhône avait déjà pris un relief lellcmeot ëlefé
que les eaux de la mer jurassique supérieure ne pouvaient plai
couvrir ses strates partout immergées.
La dislocation du sol, qui a soulevé le lias et l'oolithe înfiMeuic
et moyenne, n'a donc pas produit, sur le versant uiëridîonal da
plateau central de la France, des effets identiques; d'un côté, elle
a relevé le sol au-dcssus des eaux de la mer kimniéridgienDe ei
portlaudienne; de Taulre, elle a immergé les roches jurassiquri
déjà consolidées sous les eaux de cette mer. Ce mouYeuient d'ei-
haussement du sol du sud-est s'est profluit pendant toute la période
jurassique inférieure et moyenne, l/affaissement n'a commenoé
qu'à Tère crétacée lors de renvaliissement de nos contrées méri-
dionales par la mer néocomienne.
Nos dépôts jurassiques du midi n'offrent poiut ces zones Tariéei
de polypiers si caractéristiques dans le Jura; les mollusques cépfaa*
lopodes s'y montrent en nombreux échantillons de la même
espèce, ce qui témoigne d'un régime d'eaux profondes : presque
tous nos sédiments jurassiques sont des dépôts pélagiens ou de
haute mer.
Après avoir passé en revue, dans le mémoire dont celui-<â n'en
qu'un extrait, le terrain jurassique du Languedoc pyrénéo-niédî-
terranéen, il a fallu rejeter comme n'ayant aucune raison d'être
ce prétendu ty|>e méditerranéen de M . de Buch. Nous avons trouvé
dans les régions du sud-est les mêmes faunes et les mêmes hori-
NOTK DB M. N0GUÈ6. 527
1 zons que dans le nord et Test de la France, avec cependant des
modifications ducs a des influences locales qui ont plutôt porté sur
les caractères chimiques des roches que sur les faunes, quoique
celles-ci se soient sensiblement ressenties des différences de iati-
r
I
I tude, des climats, etc.
Sans cxafj;ération, on peut dire qu'en géologie Test ne le cède
pas à l'ouest, la iVIéditerranée à TOcéan ; partout des causes iden-
tiques ont produit des effets semblables...
Le terrain jurassique, à l'est comme à Touest, au nord comnie
au sud, se montre avec une persistance de faciès qui étonne. Si
quelque groupe jurassique du midi perd quelques-uns des carac-
tères qu'il prend dans le nord et le nord-est, ce n'est pas assuré-
ment le terrain jurassique inférieur, ce sont plutôt certaines parties
de Toolithe moyenne ; encore ne sont-ce que des modiGcations
dans les caractères de la roche, car on trouve, dans nos contrées
méridionales comme ailleurs, dans les couches contemporaines, les
principales espèces caractéristiques. Dans Toxfordien du Jura,
comme dans celui du Gard et de THéraull, on trouve VAmmonitex
cortlattts. A, perarmaîus ^ A, biplvx, A. athleta^ etc. Ce n'est pas
que l'on admette d'une manière rigoureuse la persistance des
mêmes espèces, dans des couches contemporaines, à des distances
considérables, mais il y a loin de l'idée systématique qui cantonne
les mêmes espèces fossiles, constamment et irrévocablement dans
un même étage, à l'observation qui, si elle nous montre certaines
associations faites par la nature, nous apprend aussi qu'elles ne
sont pas partout inséparables.
Dans le tableau suivant, nous classons l'ordre des concordances
que nous avons trouvées entre les divers sédiments du terrain
jurassique du Languetloc pyrénéo- méditerranéen.
52S
sËAHCB DU 3 FÉvniBa 18G2.
NOTE DK JU. ZëJSZNER. 529
M. Dauhréo oflVe à la Sociûlé, de la pari de M. Capellini,
qualre notes imprimùcs (voyez la lisle des dons).
Il fait ensuite la communication suivante :
Formation contemporaine de pyrite cuii^reuse sous l'action
d'eaux t/iermales, à Bagnères-de^Bigorre {Hautes^Pyré"
nées); par M. Daubrée.
J*ai rhonneur de présenter à la Société des pièces de monnaie
de Tépoque romaine, qui ont été trouvées dans des fouilles
exécutées à Bagnères-de Bigorre, prés de la source du Pinat.
Sous Taclion prolongée de l'eau thermale, ces pièces se sont
entièrement transformées en sulfure de cuivre -, elles sont en outre
recouvertes d'une substance formant un enduit très mince, en
mamelons confusément cristallisés, jaune et d'éclat métallique,
qui a tous les caractères du cuivre pyriteux ou du cuivre panaché.
Depuis longtemps la pyrite de fer est connue parmi les pro-
duits actuels des eaux thermales, où M. Longchamp et, plus
tard, M. Nœggorath l'ont fait connaître. Les sources thermales
de Plombières ont produit le cuivre sulfuré^ sur du bronze
romain, en cristaux très nets et tout à fait semblables à ceux
des filons de Gornouailles. La pyrite de cuivre ne paratt pas
avoir été encore signalée dans ces mêmes conditions, bien que
ce minéral soit du nombre do ceux que M. de Sénarmont est
parvenu à imiter dans ses expériences.
Il convient d'observer que les sources de Bagnères-dc-Bigorre
ont une température qui n'excède pas 50 degrés. Elles ne sont
pas naturellement sulfureuses, mais les sulfates qu'elles ren-
ferment ont pu être réduits par une matière végétale et tour-
beuse que renferme l'alluvion, dans le voisinage du point où se
sont produits les sulfures métalliques.
Hôte sur le Pachyrisma Beaumonti, n. sp, (pi. XII};
par M. L. Zejszner (1).
Coquille obronde, proéminente; elle forme presque un demi-
cercle ; aussi haute que lar(je, très épaisse, tronquée et aplatie du
côté postérieur et oordifornie, équivalve, très inéquilatérale;
(4) Cette note a été présentée dans la séance du 4 mars 4864.
Soe. géol,^ V ?érie , tonne XIX. 34
530 SÉANCE nr 3 février 18()*2.
crochels très giands, forleinent contournés et inclinés sur le côté
antérieur, et touchant presque la callosité de la lunule. Une
carène partant du sommet domine sur le côté, qui est fortement
tronqué. Corselet très profond, petite lunule ovale, surmontée
d'une callosité, qui touche presque le crochet.
La charnière, très épaisse et très développée, prend presque le
tiers lie la lon[;ueur de la valve. Cette {*rande callosité de la coquille
est vide, ou remplie, rectiligne : sur chaque valve, une grande dent
cardinale, allongée, un peu transversale ; à côté de la dent, il y a
une fossette presque de la même forme ; sur la vulve gauche, la
fossette est en arrière de la dent; sur la valve droite, elle est en
avant de la dent. De Tautre côté de la dent cardinale, il y a encore
une fossette peu profonde et semi-lunaire. La valve gauche a une
grande dent latérale antérieure, formant presque un angle droit
avec la dent cardinale ; dans la valve droite, il y a une petite fossette.
La (lent latérale postérieure est un peu développée ; elle n'atteint pas
à la grandeur de la dent antérieure; elle ne se fait remarquer que
par une petite fossette de la valve droite. Deux impressions muscu-
laires: ranlérieurc est très grande, ovale, oblique et marquée par
une espèce de renflement à bords bien prononcés; l'autre impres-
sion musculaire n'est pas conservée. L'impression palléale parait
être simple. Près de cette ligne, en dedans de la valve, il y a une
grande quantité de petits tious; la partie au delà de l'impression
palléale, vers les bords, présente de nombi-euses stries irrégulières.
Les valves, près des crochets, sont lisses. A partir des trois quarts
de la longueur des valves commencent à se montrer des anneaux
irréguliers, des accroissements plans et assez régulièrement es-
pacés; ces anneaux se prolongent sur la lunule et sur la callosîlé,
où ils sont linéaires et plus rapprochés; on les trouve aussi dans
la partie postérieure. L'épaisseur des valves difière beaucoup dans
les parties antérieure et postérieure; dans la partie antérieure, elle
est presque deux fois aussi épaisse (2*2 millimètres) que dans la
partie postérieure (12 millimètres). La limite de l'épaisseur des
valves est accentuée par une crête transversale qui se prolonge
depuis la partie postérieure de la charnière, où elle est le plus
é|)aisse, et va se perdre insensiblement sur les bords desdites valves.
Observations, — Beaucoup de caractères distinguent le P. Beau-
monti de l'espèce anglaise que MiM. Morris et Lycett ont décrite
et nommée P. grande. L'espèce polonaise est ronde, avec une
grande lunule, surmontée d'une callosité, taudis que l'espèce de
Minchinhampton n'offre aucune trace de lunule ou de callosité,
et sa forme générale est plus allongée. La plus grande différence
entre ces deux espèces consiste dans la charnière ; la diarnière du
NOTI DB H. COQUAIfD. 6S1
P. Bcaumonti est très forte et munie d'une inimeose callosité
recliligne qui ne ressemble qu'à un petit nombre d'espèces dee
bivalves, puis elle a deux dents latérales. La charnière du/', grande
est transversale et sans dents latérales, et ressemble à la charnière
du Mcgalodon cucullatus par sa position transversale et avec uœ
dent latérale,
Loc(ditc, — Le P. Beau/nonti, que j'ai pris la liberté de dédier
à M. Elie de Beaumont, se trouve dans le calcaire corallien, à
Inwatd, entre Wadowice et Andrychow (Polo(>ne autrichienne);
ce calcaire s'étend au pied septentrional des Bieskides, chaîne qui
fait partie des Karpathes, entre Jabtunka, dans la Silésie autri-
chienne, et les sources de la Saw. Ce calcaire est blanc et com-
pacte ; il a élé soulevé par une roche serpentineuse et forme une
crête d'un kilomètre de long, au-dessous d'une haute montagne,
composée de grès carpathique, qui appartient vraisemblablement
au néocomien. Le P, BatumonU est accompagné d'une grande
quantité de fossiles qui caractérisent le corallien, tels que Ciirdiitm
corallinum y Diceias arictina^ D, sinistra^ Desh., Pecten virdunensis^
}^\Xv\\^\\\^\\Rhyrichonella iacttnosa, Tcrebratula insignh^ T. ISottkour-
kiana (7". Rrpeliniana^ d'Orb.), Nerinea Brnntrutana^ N. JUnriœy
d'Orb. (]V, fiohe/ieggeri, Péters.), et d'une grande quantité de nou-
velles et remarquables espèces que j'ai reconnues et publiées dans
difiérents mémoires et notices, A ces espèces appaitiennent \àBJtyn-
choncUa pachyt'iccuj dont les valves ont une épaisseur équivalente
à la moitié de 1 épaisseur de la coquille; la Terebratuta im/muiiSf
plus grande, comme la T. grandis du terrain tertiaii*e.
Explication (FJRure K . Valve gauche.
de la planche XIL (Figure t. La môme, vue en dedans.
M. Goquand fait la communication suivante :
Sur la convenance d'établir élans le groupe inférieur de la
formation crétacée un nouifel étage entre le néocomien
proprement dit (couches à Toxaster complanatus et à Ostrea
Gouloni) et le néocomien supérieur (étage urgonien (F Aie,
d'Orbigny)'^ par M. H. Goquand, professeur de géologie à
la Faculté des sciences de Marseille.
jDans son Cours élémentaire de paléontologie strati graphique (1),
Aie. d'Orbigny établit deux divisions parfaitement tranchées et tou-
[\) T. II, p. 006.
532 SÉANCE DU 3 FÉTRIBR 1862.
jours supei'posées dans Tëtalage néocomien : Tinférieure, compre-
nant les couches à Spantagus rctusus^ Lain. ; c'est le néocomieo
proprement dit ; la seconde, que l'auteur désigne par la dënomî»
nation à*étage urgonien^ embrassant les assises supérieures au
niveau de XOstrea Couloni et s'arrétant à Tétage aptien que carac-
térise si nettement la présence de VAncyloccras Matheronî^ d'Orb.,
et du Beleninites semi^canalictdaUu ^ filainv, D'Orbigoy ne se
préoccupe nullement de la faune inférieure aux marnes d*Hau-
tcrive,dont les travaux de MM. Desor, Pictet, Campiche et Sautier
ont dévoilé Texistence dans toute la chaîne du Jura, depuis Sainte-
Croix jusqu'au delà du Fort-des-Rousses, et qui se trahit jusque
sous le méridien de Marseille par la présence du Stronibus SàU'-
tiert\ Coquand. C'est cette faune que les géologues suisses consi-
dèrent, à jusCc titre, comme spéciale à un néocomien inférieur
au néocomien inférieur des géologues français, qui a reçu le nom
d'éiage valenginien^ et dans lequel on peut voir raisonnablement
l'équivalent marin du wealdien de l'Angleterre.
On sait que, dans le midi de la France, surtout dans les chaînes
montagneuses de la basse Provence, que, dans la Savoie et dans
le Jura, l'étage urgonien est remarquable par l'abondance d'un
fossile, la Chôma ammonia^ Goldf. , qui a valu aux assises qui le
contiennent le nom de cnlcairv h Chôma; il mesure près de
100 mètres à Orgon, et son épaisseur n'est pas moindre entre
Marseille et Cassis; il repose directement sur les bancs marnenx à
Toxosfer rompfonoiiis, A^tïss.j ammonites Astieri^ d'Orb., Osirea
Couioni^ d'Orb., et, soit au point de vue des corps organisés qa'îl
renferme, soit sous celui de la superposition, il se sépare très
nettement de Thorizon à Spatangues et ne saurait être confondu
avec lui. Le calcaire à Chamo ommonioy dans la large zone qu'il
occupe, se fait remarquer par la spécialité de ses fossiles et son
faciès pétro^jrapliiquc, de sorte qu'il devient presque toujours
facile de le reconnaître h première vue. Le calcaire à Chama ne
s'observe pas dans les départements des Basses-Alpes et du Var
partout où se montre le terrain néocomien; ainsi il ne franchit
point le revers méridional de la chaîne de la Sainte-Beauuie, et
c'est dans les environs de Cuges, entre Marseille et Toulon, qu'on
en aperçoit les derniers vestiges. Dans l'espace compris entre la
Sainte- Heaume et les Alpes, on remarque bien, il est vrai, au-
dessus des bancs à Spatangues, des calcaires remplis de coquilles ;
mais ces coquilles ne sont plus les mêmes que celles des calcaires
A Chama, Cependant Aie. d'Orbigny a parallélisc ces deux dépôts
en annonçant que la dissemblance des faunes tenait à ce que le
NOTE DK M. COQUAIfD. 533
pieiiiiei' reprëseiitait un faciès côtier et le second un faciès sous-
inarin, et, pour légitimer ses assertions, il s'est fonde sur la grande
quantité de céphalopodes qu on recueille à Escragnolles, aux
Yergons, à Barréme, à Angles et ailleurs. Cette assimilation a été
repoussée avec raison par plusieurs géologues, et notamment par
MM. d'Archiac, Pictet et Reynès.
M. d'Ai'chiac (1), dans les détails qu'il donne sur une coupe
de Grasse à Gastellane, s'exprime en ces termes relativement aux
environs d'ËscragnoUes :
« Mous ne savons pas quelles sont les couches que M. Aie. d*Or-
» bigny regarde ici comme représentant les calcaires à Caprotines
» (étage urgonien ou néocomien supérieur de l'auteur), car on n'y
n observe pas les fossiles qui caractérisent cet étage. A l'ouest,
» dans les départements des Bouches-du-Rliône et de Yaucluse, et,
N réciproquement, les espèces qu'il cite ne se retrouvent point
I» dans ces départements ni ailleurs, là où les calcaires à Gapro-
» tines offrent leurs vrais caractères stratigraphiques, minéralo-
» giques et zoologiques. »
M. d'Archiac, à son tour, malgré la présence, au-dessous du
gault, des Belemniles semi^canaliculatus , Blainv., B. minaret^
Rasp., Nautilus neocomiensisj d'Orb., N. plicatus^ Sow., Crioceras
Eineiici^ d'Orb., Ammonites difficiUs y d'Orb,, ne reconnaît, à
EscragnoUes, que le représentant du néocomien inférieur, bien
que les calcaires supérieurs à ce dernier et l'étage aptien y soient
réellement représentés.
Dans les conclusions que M. Pictet (2) tire de la discussion des
fossiles observés dans les teiTains néocomiens des Voirons, ce
géologue, après s'être livré, relativement à leur distribution, à
quelques comparaisons avec les gisements le mieux connus,
ajoute :
« Presque tous les géologues sont d'accord pour attribuer les
» dépôts dont fait partie la chaîne des Voirons à la période néo-
n comienne, et pour les classer dans l'étage néocomien proprement
» dit. Mais en acceptant complètement, pour notre part, cette
» conclusion, nous devons ajouter que nous nous trouvons, en
» partie, en désaccord avec Aie. d'Orbigny, qui a placé plus bas
» que nous la ligne de séparation entre le néocomien proprement
» dit et l'urgonien ou néocomien supérieur. Il en résulte qu'une
(\) Hist. des progrès de la géologie ^ t. IV, p. 495.
(2) Description des fossiles contenus dans le terrain néocomien
des i^o irons ^ p. 54 k 61.
63A SÊÀNCR DU S FÉVRIER 1862.
» partie des espèces précitées sont pour lui néocomiennes et en
» partie uqrnniciines. Plusieurs {;colop,ues ont déjà iiiotitn'- que
» sa inétliode repose probablement sur une erreur, et que parmi
» les espèces qui constituent, pour d'Orbigny, la liste de l'urgo-
» nien, il y en a beaucoup qui n'ont cert.iincment pas été con-
u tcmporaines de la Cita m n ammonin ou des fossiles les plus carac-
» téristiques du calcaire à rudistes. >*
Cette réclamât ion est motivée par la découverte faite aux Tôt-
rons des espèces suivantes qu'Aie. d'Orbigny place dans son étage
urf;onif*ii : Bvlrmnitcs minaret^ Ra.sp. , ammonites Ifgatnx, d*Orb.,
A, elfffii'i/fs, d'Orb. , ,y, Rouyanus^ d'Orb., Ancyloecrns Emrrici^
d'Orb., Trn'brntnla lifp/tyoidrf, d'Orb.
M. Pictet cite encore, au quartier des Hivernages et aux cha-
lets de Hoëgc, diMix stations fossilifères de la montagne des Voirons:
Rclrmnitvs mintivct^ Ammonites U^atus^ A. RoityonuSj A . riifficUis^
Anryloctrdx Tabareili^ Astier» A. Emcrici^ Terrbreituin (/f/j/tynfrtes.
M. lleynès (1), dans un travail intéressant qu'il vient de
publier tout récemment, partage complètement les idées du
savant paléontologiste de Genève et ne reconnaît, au-dessous de
Turgonien «î Chama ammonia^ qu'un unique étage iiéoconiieni
dans lequtd on ne saurait distinguer que des subdivisions locales.
Puis, dans la description du département des Bnsscs-Alpes, il
admet que le néocnmien se montre sous deux aspects, à l'état
calcaire et à l'état marneux. Les marnes occu|>ent la partie infé-
rieure de Tétage et renferment des Ammonites ferrugineuaei
connues dans toutes les collections. C'est vers le milieu de la
partie calcaire qu'on trouve VOstrea Conloni ci le Toxnster eom"
planatus. Au-dessous, on observe 100 à 200 mètres de nëocomien
calcaire.
Il reste donc bien éuibli, par les travaux de IV] . ReynèSi que
les bancs à Ostren Cnulnni séparent les calcaires supérieurs de
Barréme à Scfiphites Yvaniiy Pus., d'avec les marnes à Ammonites
neocomiensis, d'Orb. Mais dans la liste qu'il donne des fossiles,
on voit qu'il confond la faune de Barrème avec celle des baocs à
Spantagues.
11 nous reste à préciser les conclusions de l'auteur, et, pour
éviter toute équivoque, nous citons textuellement ;
« Le néocomien calcaire des Basses- Alpes est-il susceptible
(1) Etudes sur le synchronisme et Ut elélimitation fit*s terrmins
crétacés du sud-est de la France [Aie a. dr la Soc, tf émulation de
la Provence ^ t. I, p. 27).
NOTH DE AI. COQUANO. 536
» d'élre divisé, cl les couches supérieures sont-elles l'équivaient
n du calcaire à Cluima? Le uéocouiieii des Basses- Al pas, comme
» celui de Barréme et d'£scragnolles, forme pour nous un tout
» indivisible dans lequel, comme dans tout terrain, on voit des
» assises inférieures et des assises plus ou moins élevées renfermer
» telles ou telles espèces; mais tout n'en est pas moins relié par
M une série d'espèces communes, et on passe d'une assise dans une
» autre assise sans aucune transition sensible. C'est pour nous une
» raison suffisante de ne pas admettre la division absolue de
») l'étage.
» Mais, si le néocomien ne peut se subdiviser, pourquoi séparer
» une partie de ce tout pour en faire l'équivalent du calcaire à
» Chtuna ? Nous avons lieu d'en être d'autant plus surpris qu'au-
N cune espèce commune ne permet d'élablir le synchrouisme.
» £n dernière analyse, nous soutenons que le néocomien des
»» Basses-Alpes, du Var, des Hautes-Alpes et des Voirons, que
» tout néocomien à faciès alpin, en un mot, ne peut se subdiviser
» en deux étages, dont le supérieur deviendrait équivalent et
M syncbronique du calcaire à Chaîna. Ce dernier terrain, suivant
» nous, conserve toujours son individualité. »
Ainsi lAJ. Reynès, pas plus que M. Pictet, ne reconnaît comme
indépendants les calcaires à Scaphites Yvanii de Barréme, puisqu'il
les confond avec les bancs à Spatangues.
Si nous consultons les travaux de M. Duvdl-Jouve (1) sur la
disposition des terrains néocomiens dans les Basses-Alpes, nous
▼errons aussi que ce géologue aflirme que les marnes à Belemnites
dilatnUiAy Blainv., et à Toxaster complanatas ^ sont surmontées par
les assises d'un calcaire blanc, dur, qui contiennent la faune si
remarquable de Barréme, d'Angles et des Vergons.
Nous reconnaissons donc et nous admettons^ au-dessous du cal-
caire A Chama ammonia^ dans le grand bloc qui a reçu primitive-
ment le nom d'étage néocomien, trois étages distincts, qui sont :
1® L'étage valenginien des géologues suisses, caractérisé par
V Ammonites Gevrilianus^ d'Orb., le Sirombus Sauiieri, Coquand;
cet étage est pour nous l'équivalent du wealdien de l'Angleterre;
2® L'étiige néocotnien proprement dit, caractérisé par les Bcltm-
nites dilatatus^ Ammonites Astieri^ Toxaster complanntux^ Osirea
Couloni et Crioceras Duvalii^ d'Orb. ;
3° L'étage pour lequel nous proposons le nom de barrémien,
(1) Belemnites de Ui craie des environs de Caste liane.
536 sAancb du 3 février 1862.
caractéi'isc par les Belemnites minaret^ Ammonites ligatus^ Scaphites
Yi'{iniè, etc.
(Cet cta(j;e n'est point IVqiùvalcnt de Tëtage urgonien.)
L'ëtahlisseiiient de ces trois étages se justifie par les lois de la
sti'ati(;rapliic et la spécialité des faunes de rhaciiQ d'eux; car, si
Aie. d'Orbi(îny a eu le tort d'assimiler Tctaue 6nr/v////r// â son ur-
gonien à Clmmri ammonia^ cette violation des règles du parallé-
lisme ne saurait atteindre en aucune façon rautonomie respective
des deux étages et encore moins leur indépendance ; donc les divi-
sions que nous introduisons ne se trouvent subordonnées «i aucune
idée systématique.
Il nous reste à démontrer à présent que Tétage bnrrènnrny que
nous avons démontré être séparé, dans les fiasses- Alpes, des bancs
à Spatangues auxquels il est supérieur, n*est point Féquivalcnt
des assises \ Chamn ammonia^ mais qu'il constitue au-dessous de
celles-ci un étage spécial, de sorte que les géologues qui voudront
conserver Turgonien dans le néocomien seront obligés d*cn faire
le quatrième terme de cette formation.
Pour arriver à la formation (]ue nous nous proposons d'établir,
nous devons chercher ù saisir, dans la fiasse-Provence, les rela-
tions véritables des bancs à Chama amwonia avec les couches à
Spatangus rctusus.
Le déparlement des fiouches-du-Rhône et surtout les envi-
rons de iMai*seille nous fourniront les éléments nécessaires pour
cette étude, et, par conséquent, la solution désirée du problème.
Tous les auteurs qui ont écrit sur la géologie du midi de la
France sont unanimes à reconnaître, au-dessus des couches â
Spatangus rctttsits^ un grand ensemble calcaire, extrêmement dé-
veloppé entre Cassis et Marseille, et renfermant, à la partie supé-
rieure, une grande quantité de CJiania ammonia. Gomme les
fossiles sont ordinairement empâtés dans la roche, et que, de ploSi
les espèces sont peu variées, on ne s'est jamais inquiété de déter-
miner la place exacte qu'ils occupaient au sein d'un étage dont la
puissance dépasse quelquefois une centaine de mètres. Mais eu
examinant les choses de plus près, on se convainc bien vite que
les Chama qui, nous le répétons, gisent dans les bancs les plus
élevé», ne descendent jamais au-dessous d'une station de 30 mè-
tres d'épaisseur.
Aux calcaires à Chama succèdent d'autres calcaires compactes,
durs, blanchâtres ou jaunâtres, épais souvent de 30 mètres» et
dans lesquels on observe une très grande quantité de silex tuber-
culeux, dont la présence suffit seule pour établir une séparation
NOTE DE M. COQtAKD. 537
entre les couches à Cliamu proprement dites et celles qui leur
servent de base. La compacilë de la roche et Tabsciice de tout
élément marneux rendent la découverte de fossiles dëterminables
bien difficile. C'est en effet une tâche ingrate que de deviner,
dans la coupe de quelques coquilles visibles dans les cassures, le
genre etTespèce auxquels elles peuvent appartenir; seulement, on
peut s'assurer qu'ils ne présentent plus de Chaîna ammohia. Il n'y
a qu'à fouiller les vallons qui, depuis la Bedoule jusqu'à Marseille,
entament les montagnes que Ton voit se dresser entre la route de
Toulon et le littoral de la Méditerranée, pour constater à chaque
pas la position respective des calcaires inférieurs avec silex et
des calcaires supérieurs à Chaîna, On s'assure, en outre, et cela de
la manière la plus incontestable, que ces premières s'appuient
directement sur les bancs à Spatangus retusus et à Ostrca Couloni^
donc sur l'étage qui, dans les fiasses-Alpes comme dans le Jura, a
reçu plus spécialement le nom de néocomien. Ces relations sont
très bien exprimées dans les montagnes de Mazargues, près de
Marseille, où les trois étages que nous venons de mentionner sont
représentées dans une même coupe, ainsi que dans les falaises de
l'anse des Catalans (1), où Ton voit les calcaires avec Chama am-
monia^ qui couronnent le rocher sur lequel est bâtie Notre-Dame-
de-la-Garde, supportés par des calcaires blanchâtres, durs, dé-
pourvus de Chama^ il est vrai, mais renfermant un fossile de la
plus haute importance, le Scaphxtes Yvaiiii, Puzos. Or, comme ce
céphalopode caractérise, dans les Basses-Alpes et à Barrême, sur-
tout les calcaires durs, supérieurs à l'horizon du Spatangus reta-
siUf il est évident que les bancs à Scaphites des Catalans devien-
nent les équivalents des bancs à Scaphites des Basses-Alpes,
puisqu'ils occupent la même position stratigraphique, et que, de
plus, Jlt présentent des fossiles identiques. Ils reposent en outre,
les uns et les autres, sur une base commune, qui est l'assise à
Spaiangus retusus; donc ils sont parallèles et contemporains; donc,
(4) Notre intention n'est point de fournir dans cette notice la
description géologique du terrain néocomien des environs de Marseille ;
il nous suffira de dire que le rocher calcaire contre lequel est adossé
l'édifice des bains des Catalans montre les étages urgonien, barré-
mien et néocomien. Une faille, que Ton observe près de la pointe
qo'entame le chemin de la corniche, fait buter les assises à Chama
ammonia contre le calcaire marneux à Ostrea Couloni. Mais, en re-
aiODtant la série des couches au delà de la région enfailléo, on revoit,
dans leur position normale, les trois étages que nous venons de
nommsr.
538 SÉANCE nu 3 tÉVRiEr. 1802.
enfui, la r.'iuiic de nanèiiie coirespoiid à un niveau inférieur à
celui des Chôma timinoNia ; dont! c'esL à tort que d'Orbiguy lei
a confondus dans son Prodrome et dans son Cours tU: sUaiigrapkit
paléontftlo^iqtte.
Des détails qui précèdent il ressort que l étage à Chnmn am-
monia de la basse Provence et du Jtu'a fait compléteineikt dëfjiut
dans les Basses- Alpes, ou du moins qu'il ne saurait être repré»
sente par le calcaire à Scaphites de Hari'ènie et des Vei*gons.
Une dernière observation donnera plus de poids encoi*e à uotre
opinion. Nous avons fait remarquer que le calcaire à Chama r/w-
monia ne franchissait pas le revers méridional de la cliaine de
la Sa in te- Beau me, 11 existe au nord-est de Marseille une région
remarquable pour le développement qu'y prennent le udoeoniien
à Spatdti^us retustu et létale provencien à Hîppuritrs, Cette ré*
(j;ion, très montagneuse ot tourmentée par de nombreuses failies,
est une dépendance de la commune d*Allaucb. Le vallon des
Escaupo, qui s^ouvre du nord au sud, au uord-est du village,
présente au-di ssus du terrain jurassique de très beaux escarpe-
ments dont la base est occupée par des calcaires marneux à «^<i-
ttingus rriiuus. On y recueille à profusion les Ammonites ciypé^oT'
mis et Asiieri, VO.sireu CoiUoni^ la Ttrchrauda prœloiigu^ enGn la
|>lupart des fossiles particuliers à cet horizon.
Au-dessus des calcaires à Spatangues, on remarque des assises,
puissantes de 60 mètres environ, d*un calcaire couipatte» dur,
blanchâtre ou jaunâtre, qui contient de nombreux roguons de
silex blond ou brun, et qui, par conséquent, représeuieDt les
mêmes bancs qu*â Cassis, à Alazargues et aux («atalant, se trou-
vant places au-dessous du terrain a Chamtt ammonutj et que cara^
tcrise le ScnpUiias Yiuinii. C'est notre nouvel étage barréinien et
c'est par lui que se termine, à Allauch, la formation néocoinienne
proprement ilite. On y rechercherait vainement les assises k
Cliama ummoma^ les étages apticn, albien, rotbomagien et caran-
tonien qui, cependant, sont tous représentés dans la chaîne de
Saiiit-(^yr, qui est en face et qui n'est séparée d'AUauch que
par une distance de 3 kilomètres. Cette absence de l'étage ui^o-
nien démontre son indépendance comme étage, ainsi que l'indé-
pendance des calcaires à silex qui le supportent ailleurs; d'où il
découle, comme conséquence immédiate, que ces derniers ne sali-
raient être confondus ni avec les bancs à Cliama ammonia^ ni avec
les bancs à Spatanii^us retusus, pas plus dans les Basses- Alpes que
dans le vallon des Escaupo.
(Vest dans un ordre identique que les étages à Spatangiis refusas
IfOTK Dl H. COQUAND. Ô30
Cl à Scaphitcs Yvanii sonl disposes dans le département do Vau-
cluse. Daiisla dcsniplion (jcolojçifjuc qui^ :M. Se. Gia8(l) vient de
publier tout nouvolleiuent, cet ingénieur montre que les marnes
ar(;ilense8, avec .-iinmonitcs neocomiensis^ d'Or))., et Belemnites
(lHa tutus ^ sont surmontées par des bancs épais et serrés d*un cal-
caire blond ou blancbàtre^ solide, dont la texture est compacte,
sublamellaire, et qui, presque toujours, est rempli de silex. Ces
calcaires, dans lesquels on recueille les Belemnites minaret^ le
Seaphites Yvanii^ enfin cette lé(;ion de cépbnlopodes à tours dé-
roulés qui ont rendu la localité de tinrrémc si fameuse, sont in-
conteMtablemeut notre éta[;e barrémien, et, comme dans les cnvU
ronsdc (Cassis, d\\llauch et de IMarseille, ils sont remplis de silex.
Nous ne mentionnons cet accident minéralo^jique que parce qu'il
coïncide, dans la basse Provem e, avec la piéscnce du Scaphites
Yvnniiy et que les calcaires à silex sont bien incontestablement
placés au-dessous du terrain à C/tamn nmmonin.
M. Se. Tiras confond certainement notre étap,e barrëmien, qu'il
daigne par le nom de mantv.% à Ancyloccras^ d'un côté, avec les
marnes à Belemnites dilatatus et à Ostren Cntihnt qu'il fait supé-
rieures aux calcaires à Cfiamn amnitmia ^ et, d un autre coté, avec
Tëtage aptien qui renferme, à la Bédoule et ailleurs, V Àncyloceras
Mat/teroni, d'Orb., qui surmonte ces mêmes calcaires à C/iama
ammonia et n'a rien de commun avec les calcaires à Ancyhccras
Enicrici, Scaphites Yvanii^ lescfnels sont inférieurs à ces derniers.
Les céplialopodesà tours déroulés [Crioeeras et Ancyloceras)^ au
lieu d'être confi^ndus dans un même banc^ occupent donc trois
stîitions parfititeinent distinctes dans la baute comme dans la
basse Provence.
Ainsi le Crioceim Duvalii^ que nous avons recueilli à Salon,
associé au To.cnster eompliuuitus^ caractérise les marnes à Ostrea
CbWo/i/, c'est-«î-dire le iiéocomirn proprement dit.
U Ancyloceras E mer ici ^ le Scaphites Yvanii ^ sont spéciaux À
notre étage barrémien.
JSufin V Ancyloceras Matheroni est propre à l'étage aptien.
Nous n'o:>ons |)oint étendre, en debors des points qui nous sont
le mieux connus, c'est-à-dire de la Provence, les divers borizons
que nous venons de signaler dans le terrain néocomien.
(l) Description géologique du département de yaucluse^ Paris,
4S62.
5Â0 SÉANCE DU 3 FÉVRIER 18C2.
Mous soupçonnons nëaninoins qu'il serait possible de trouver
Téquivalent de notre éta^re harréniien dans des couches calcaires
fort épaisses que, dans les environs de Batna, en Afrique, on
observe au-dessus des marnes à Spatan^j^ucs, et qui supportent les
calcaires à Chama ammonia. Nous soupçonnons aussi que les ar-
giles ostréennes de I\IAI. Leynieric et Cornuel représentent, au-
dessus des bancs à Os tien Cuuloni et Taxa s ter complanatus^ dans
le département de TÂube, les assises de Barrémc A Scaphites
Yva/iii, Si ce rapproche ment se confirmait, VO.stren Lcymeriî^
Desh. , serait barrémicnne ; il resterait à démontrer si les grès
ferrup,ineux, les sables supérieurs à VOstrt'n Lcymtrii et inférieun
aux argiles â Piicatules (étage apticn] pourraient èive considérés
comme parallèles des calcaires a Chama atnmonia^ ou de Tétage
urgonien. C'est une simple réflexion que nous nous pei mettons
de consigner ici, laissant aux géologues mieux placés que nous et
au temps la mission de compléter l'histoire si intéressante de la
formation néocomienne.
Il nous sera aussi permis d'indiquer un nouveau rapproche-
ment avec une contrée classique pour l'étude du néocomien; nous
voulons parler des environs de Neufchatel, en Suisse, de Moutier
et de Pontarlier, dans le département du Doubs. Nous ne saurions
mieux faire que de citer la description qu'en a faite M. Lory (1),
et de laquelle il ressortira de la manière la plus claire que, dans
cette partie du Jura, il existe, entre les marnes d'Hauterivc
[Spatangus rctusus) et les calcaires a Chama ammonia^ un nouveau
terme dont notre savant collègue de Grenoble a très nettement
précisé la position.
Après avoir indiqué que, dans le ravin de l'Écluse, les marnes
à Spatangues se lient, dans leur partie supérieure, à des calcaires
chlorités, de 2 à 3 mètres d'épaisseur^ M. Lory ajoute t « On
commence aussi à rencontrer, avec les calcaires chlorités, yen leur
partie supérieure, des couches siliceuses, tantôt contenant det n>«
gnons de silex d'un blanc mat, qui se détachent nettement, comme
à ISeufchâtel, tantôt pénétrées de silice qui se concentre princi'-
palement en zones parallèles a la stratification (environs de Mor-
teau). Puis, au-dessus des calcaires chlorités, se développe de plus
en plus une puissante assise de calcaires jaunes, ayant ])our type
la pierre a bâtir bien connue de Neufchâtel et de Pontarlier, et
(I) Terrains crétacés du Jura, p. 29.
NOTE DE M. COQUAND. bài
qui vicut compléter par un nouveau terme la série des assises de
IVlage néocomien moyen. Cet étage se présente alors, tel qu'on
le connaît à Neufcliâtel, composé de trois parties, intimement
liées par des passages de l'une à Tautre : les marnes bleues (à Spa-
tangues), les calcaires chlorltés et les calcaires jaunes. »
C'est au-dessus des calcaires jaunes à rognons siliceux que se
développent les calcaires à Chama ammonia.
On ne peut guère se refuser^ ce nous semble, à reconnaître dans
la coupe de Meufcliâtel celle des Catalans et d'Allaucli, près de
Marseille, et dans les calcaires jaunes Téqui valent de notre étage
barrémien.
Nous pensons qu'il serait superflu d'énumérer dans ce travail
la faune de notre nouvel étage barrémien^ dont Barréme et Angles
ont fournis les types le mieux connus. Pour suppléer à cette lacune
volontaire^ nous préférons renvoyer à Tétage urgonien du Prodrome
ded'Orbigny, qui mentionne les espèces qu*il renferme, en faisant
i-emarquer toutefois qu*il faut avoir soin d'éliminer toutes celles
qui sont attribuées aux couches à Chama ammonia et qui appar-
tiennent a un horizon plus élevé.
A6n de mettre en relief la position que l'étage barrémien
occupe dans la formation néocomienne, il nous reste à placer en
regard les uns des autres les divers étages dont cette formation se
compose dans la haute et dans la basse Provence.
BA8SES-ALPE8.
A. Étage aptien, avec Ancyloceras
Matheroni,
(L'étage urgonien manquô.)
C. Étage barrémien, avec Sca-
pintes Yvanii,
D. Étage néocomien, avec Ostrea
CoulonL
B» Calcaire inférieur correspon-
dant au valenginien?.
BOUCHES-DU-BHÔNK.
A . Étage aptien , avec Ancyloceras
Matheroni,
B. Étage urgonien, avec Chama
ammonia.
C. Étage barrémien, avec Sca^
phites Yvanii.
D. Étage néocomien, avec Ostrea
Cotiloni,
E. Étage valenginien , avec Strom-
bus Soutier i^ Coquand, à
Allauch.
On voit, en dernière analyse, que notre nouvel étage barrémien
est indépendant par sa position et par sa faune, qu'il est intermé-
diaire entre les bancs à Ostrea Couhni qui le supportent et les
bancs à Chama ammonia qui le recouvrent, qu'en un mot ses
droits à une autonomie existent aussi incontestables que pour les
étages néocomien et urgonien.
5A2 Sfi.AN'CB hV 3 PËVRIEIl 1862.
M. Hébert présente les observations suivantes (1) :
Je ne snurnis trop rendre hommage au zèle et à l'activité
soutenus avec lesquels M. Coquanrl étend au loin les preuves
de runlformité de composition du terrain de craie. Après avoir
montré que la craie de Provence présente les mêmes subdivisions
que celles de T Aquitaine, il a retrouvé cette même sërie en Afrique.
Comme j*ai étudié avec quelque soin la craie de la Provence et
celle de l'Aquitaine, je dois tiéclarer que j admets parfaitement la
concordance (;énérale des subdivisions dans les deux rë|;ioi]S.
La seule objection que je crois devoir reproduire, car je l'ai
déjà faite k cbuqae comnumication de M. Goquand sur la craie,
c^est que je considère (H)mme erroné le rapproclieinent que
I\]. Coquand établit entre la partie supérieure de la craie du sud-
ouest, celle d'Aubeterre, par exemple, et celle de Cognac, avec h
craie de i^Iaestriebt et la craie de .Meudon.
Que IVl. Coquand me permette de le lui dire en toute frauchiie;
qu*il ne voie dans ces critiques que le désir d'arriver plus pit>iu(>-
tenient, et avec son concours, à une bonne classiûcation du terrain
crétacé; autant ses travaux sont clairs et exacts quand il s*agit
d'établir la succession des assises des terrains qu'il a étudiés, au-
tant les syncbronismes que je cond)ats introduisent de confutioD
dans la science, ('es syncbronismes sont établis sur les espèces de
fossiles qui sont lo moins propres à donner une certitude : ainn,
VOstrcii vesiculniîx, qui parait être l'argument principal de
M. Coquand pour assimiler son étage campanien à Meudon, et
que; Ton rencontre à tous les niveaux dans la craie, depuis la craie
de Rouen jusque dans celle de Maestricbt ; \ Anancliyîes ovaia,
nom sous lequel on désigne des variétés distinctes qui se trouvent,
à des niveaux différents, depuis la craie îi Inoceramus iabUilus jOS'
que dans la craie supérieure de Maestriclu, Si ces variétés appar-
tiennent à une ioème espèce, cette espèce ne peut servir comme
caractérisque ; si elles eonstiluent des es[ièces différentes, il faut
montrer que l'on trouve dans le ra /ripant fn l'espèce de Meudon,
ce qui n'est pas. Il en est de même pour beaucoup d'autres esjiècts.
Aussi, si l'on ouvre It: Svnopsrx que M. Coquand vient de pu<*
(1) Ces observations ne se rapportent pas au travail qui précède,
mais à une communication verbale faite, dans la séance du 2 dé-
cembre 1861, sur le terrain crétacé de rÂIgéric, qui n'a point été
imprimée, et surtont à la classification publiée par M. Coquand
{Bull., VséT., t. XVI, p. 962, 4869).
IfOTK DK M. HÉBERT. 5/||3
blier (1), on voit qu'il est conduit à mettre fp. 129) dans la craie
de Meucioii, la zone des Ciddris clavioera^ C. subvrsiculosa, Mi-
crastri Lr.sAvi, etc , si connue dans le bassin de Paris, et qui est
s^parëe clos couches de IVTeudon par un puissant niassif de craie
blanciic à silex, caractérisée par le JJicrmtcr cor^tin^tihnim (type),
la Linid Hoperi^ etc. ; à placer (p. 1Z|6) sur K» niêine horizon
Meudon, tilois, Yilledieu, Dieppe, Lonviers, bien que ces trois
derniers gisements, situés peut-être à 300 mètres au-dessous de
iSleudon, n'aient i\ peu près de commun avec ce dernier horizon
que la couleur de la roche, et que la faune en soit complètement
dîOéi'ente ; à détruire (p. 88) Thorizon le mieux caractérisé, celui
de Vlnorcmmus labintus (Brong. , sp.). qu'il distingue de T/. my
iéloifJex^ IVIantell, bien que ce soit la même espèce, et à les mettre
toutes deux dans son santonieti^ avec Y Ammonites polfopsis^ la
HAffic/io/iclia vtsfjertHin^ le Micrasicr ùrevis, et toute la faune de
la tranchée de Toui'S, au-dessus de ses éta(»es conhtdcn et pro-
pencicn et de Télage an^oumicn à Ammonites papalis^ bien que
la craie ù Innccrumus lubiatiis soit au-dessous de ces dernières
assises.
Il serait trop long de relever toutes les contradictions que Tidée
de voir la craie de IVleudon et celle de Maestricht dans la partie
supérieure de la craie du sud-ouest a introduites dans les travaux
d'ailleurs si éminemment utiles de notre savant collègue. INI. Go-
quand sait que je n'ai jamais partagé sur ce point sa manière de
voh*; néanmoins je n'avais pas encore formulé dans le Bulletin
cette dissidence d'une manière aussi complète, espérant que peu
à peu mon confrère abandonnerait la partie de ses opinions pure-
ment hypothétique, qui est en opposition avec mes éludes person-
nelles; mais loin de là, il poursuit son synchronisme jusque dans
les montignes de l'Afrique septentrionale. Dans l'intérêt de la
vérité, j'ai donc dû dire qu'à h»es yeux, et cela de la façon la
plus évidente, il n'y a dans la partie de l'Aquitaine décrite par
M. Coquand ni craie de iVIeudon, ni craie de iMaestricht, et que
rien ne prouve qu'il en soit autrement en Afrique.
Entre la craie de Meudon et Us assises les plus élevées de la
série crétacée de l'Aquitaine décrite par iM. Coqnand, il y a :
1* la craie à Belemnitella quadrata qui forme la base du système
de Meudon, épais de 100 mètres environ, et qui constitue le sol
des plaines de IVIontdidier, Breteuil, la Fère, Laon, Reims, etc.
(O Synopsis de$ animaux et des végétaux fossiles , etc.^ de la
Charente, etc. Alarseillô, 4 860.
5&Â SfiANCB DU 3 FÊVIIIKR 1862.
2° Le massif non moins épais de la craie à Mivrti\ter eor^angui*
nnnt dont la liasc repose, aux environs de BloU, sur les coucha
les plus élevées de la série de Yilledieu, à laquelle nous rappoi^
tons toute la craie d'Aubeterre et des autres localités donnéei psr
i\I. Goquand comme équivalent de la craie de MeudoD et de
Maestricht, et qui, par sa faune, se rattache d'une manière intime
à Tensemble de la craie de Touraine, et nullement  la cnie k
silex qui la recouvre.
M. Goquand cite plusieurs fossiles de Maestricht et de Men-
don qui se retrouvent dans lo S.-O. de la France et en Algérie.
M. Gontejcan, dit-il, qui a si bien exploré et décrit l'étage
du kimmëridgo dans nos provinces de l'Est, n*y a jamais
trouvé YOstrca dehoidea^ la coquille la plus caractéristique
de cet étage. Cependant aucun géologue ne donte que la puis-
sante formation étudiée par M. Gontejean ne représente le
kimméridge. De même, parce qu'on ne trouve pas dans le
sud-ouest de la France certains fossiles caractéristiques de
rhorizon de la craie de Meudon et de Maestricht, ce n'est pas
une raison pour nier Toxislence de cet horizon.
M. Baylc présente quelques observations à l'appui de la
communication de M. Goquand.
M. Deslongchnmps présente un travail sur la présence du
genro P/ionts dans lo terrain dévonien du Boulonnais.
M. d'Alleizetto fait la communication suivante :
IVofi* sur la craie et la mollasse du Jura ffugeysien, dans /«i
cni'irons de Nantua {^in) -, par M. Gh. d'Alleizette (pL X,
fig. 1).
La présence de la craie, dans le Jura méridional, a déjà Aé
si(;nuléu, en 1858, par IVIM. Bonjour, Defranoux et le frère Ogé-
ricn, près de Saint- Julien (Jura), dans la vallée du Suran, et, en
novembre de la même année, par IVI. Emile Benoit, à Leyssard
(Ain), arrondissement de Nantua, dans la vallée de TAin.
Kn venant aujourd'hui indiquer un nouveau gisement de cnie
et de mollasse, près du lac Genin, au-dessus de Gliarix, et donner
quelques détails sur la position de ces lambeaux de terrains, au
centre du Jura, mon but est d*attircr Tattention des géologuei
NOTE DB M. D ALLEIZETTB.
6A6
riiupoiiancc qirofïVtiit ces (Irpots pour le classement de l'époque
du soulèvement du Jura.
La comnmnication faite, en novembre 1858, par M. Emile Be-
noît, est trop complète pour qu'il me soit permis de donner de
nouveaux détails sur la craie de Leyssard. M. Uenoit, avec cette
sûreté de coup d'œil que lui ont donnée une longue expérience et de
longues études au milieu des chaînes si accidentées et si compli-
quées du Jura, a vu, en peu d'heures, tout ce qu'il y avait à voir,
à cette époque, dans le petit massif de Leyssard.
■ Plus heureux que lui, en raison du temps que j'y ai employé,
j'ai pu retirer du gault, qui est inférieur à la craie, d'assez bons
fossiles en tout semblables à ceux du même étage de la Perte du
Rhône. Ce sont :
Nanti! us Nnkcrianus^ Pict.
Ammonites I)('/ucit\ BroDg.
— nwminiUatus\ Scb.
— Millctifinus^ d'Orb.
Tiirri/itcs cntenatns^ d'Orb.
'jivcllnnn subincrassata^ d'Orb.
Natica gniiiti/tn^ d'Orb.
Dc/ittilium IViodaniy Piolet et
Koux.
Tnoct'raimis couccntricus^ Park.
— su Ira tu s ^ Park.
H oins ter lœvisy Agass.
DJicrastci oblongits^ Agass.
Tous ces fossiles ont subi un charriage qui en rend l'état de con-
servation moins bon qu'à la Perte du Rhône.
Dans la craie, je n'ai rien trouvé de plus que M. Benoît, quel-
ques très rares débris d'Huîtres et d'oursins tout à fait indéter-
minables.
Quelques travaux faits pour l'extraction du silex et quelques
ravinements produits par de grandes phues m'ont fait découvrir
une petite couche, que iM. Benoît n*avait pu apercevoir, et qui a
uue certaine importance, puisqu'elle se retrouve encore dans la
même position au lac Genin et dans la combe de Férirand, près de
Brénod. C'est une couche d'argile d'un très beau rouge, de 1 mètre à
l'^jôO d'épaisseur. Cette argile est très pure et très plastique à sa
base, et contient seulement dans sa partie supérieure quelques
petits rognons siliceux bruus ou noirâtres ; elle repose en parfaite
concordance sur la partie supérieure de la craie. Cette argile fait-
elle encore partie du terrain crétacé? C'est probable, quoique le
manque complet de fossiles puisse faire naître quelques dou es.
Au-dessus de cette argile y a-t-il du falunieu comme au lac
Genin et à la combe d'Evoaz? A ce sujet encore il n'est pas
possible d'avoir, en ce moment, une certitude, car le massif de
craie de Leyssard est recouvert d'une végétation si abondante que
Soc, géol,^ i" série, tome XIX. 35
5A0 SfiAKCB Di: 5 FÉVRIKU 1802.
tontes iiK's rcchcrciics pour découvrir le sous-sol ont été iiifnic-
tneubes.
La (Taie de Leyssard supporte une t'orèt de pius dotit le fourré
est composé principalement de houx, de berberis et «rflutres
])lantt-s qui, quoique existant dans les parties calcaiics du Jura.
n'y sont cependant jamais aussi abondantes et aussi vigoureuses.
Il n'en est pas de même des pins; je n'en connais aucun croissant
naturellement siu* les calcaires du Jura; on ne les trouve que sur
It'S mollasses ou sur des terrains vraiment siliceux, comme dans le
Val-Romey, dans la Miciiaillc, le pays de Gex, la Seinine sa-
voyarde ; c\si dire, qu'autant les lorêts de sapins sont abondantes
et immenses dans le Jura, autant les pins y sont rares. Aussi,
quand on arrive au sommet de la montagne de Beitiand qui
domine la vallée de TAin, on est frappé par Taspectde cetle forêt
de pins, dont les contours dessinent parfaitement le ^ihcnieut de
craie de Loyssard. Dans mes cxcuisions botaniques, j'ai trouvé
dans Cette petite localité plusieurs autres plantes que j'avais vai-
nement clierchécs ilans le Jura et que j'ai retrouvées depuis,
guidé par la nalnre du terrain, au liant de la cond)e de Chnrix et
dans Ci lie de Térirand.
Lj dépôt de craie du lac Genin est situé au sommet nord-est
de la |;ranile cond)e de Gliarix, îi une faible distance du Inc (icniii.
Il forme la pente inférieiire de la montagne qui sépare cette
ciunbe de celle d'Apn mont.
La craie ea là, recouverte de ga/.ons et de broussailles: quelques
petits ravinemertî m'ont permis de l'étudier et tl'y rectieillir
quelques fossdes.
Le terrain lacustre, fjurbrtkivn ou ivraldini^ repose sm* la dolo-
ntie portlandienne; il a de 2 '\oO à 3 mètres de puissance et présente
Il h mêmes caractères que partout ailleurs dans le Jura, c'est-à-dire
iiiarnes |»ii>ssières, gris bleuâtre, mélangées de fragments, plus
ou moins loulés, de ealcaiies alpins, noirs. Je n*y ai pas trouvé
de fossiles d'eau douce.
Sur le terrain purbeckicn s'étend le néocomien , bien déve-
loppé, quoiqu'un ])eu moins puissant qu'au moulin dcCharîx.
Il se (X>mpose de bas en b au t île :
1° Calcaires oolitiques avec Pht^ltulomya ehn^aiti, Trrvbraiaia
tamavindus. Sow. , Tviibiatithi bf/f/frnfa, imita ^ de Hucb.
2" Calcaires compactes en bancs puissants, avec Slnut/hns Sau-
tieriy Cnprotina^ Ncuttcea^ 0,\trea,
3^ Calcaires roux , cristallins, en plaquettes et marnes bleuâtres
avec Ostiea Couio/iiy d'Orb., O. m uvî optera j Sow., Toxatter com^
NOTl DE H. D*ALLBIZBTTB. 5&7
planatusj A^assiz. Le néocoin ien se termine là par un calcaire
8ub-crayeux, I)lancliàtre, un peu chloiité, icnfeiniant encore des
Osina mavn*i)ter(t et quelques {^rosses coquilles bivalves indë-
tenninables.
Uur(>onien qui succède est peu puissant; il n'a {]uère plus de
5 mètres. Il est composé d'un cahralrc blanc plus ou moins
tendre, et contenant dans sa ))artie moyenne des Cnproiina et
des Pygnulwi, Ces Caprotiiies de rur(;onien n<' ressemblent pas à
celles dû néocomien inft'rieur. Il y a (.ntorc au sujet de ces fos-
siles une confusion telle que je n'ai pu obtenir de bonnes déter-
minations. Aie. d'Orbi[;ny, dans son Prodrome^ n'indique aucune
(lapiotinc dans le néoeomien intérieur; il les ))lace toutes dans
son urjjonien. Or, dans quelques loealilés qu'il cite, telles que
Maillât, Jearjat, etc., l'ur^^onien n'exibte pas et les Caprotines
sont dans le néoeomien inférieur, bien au-dessous des marnes à
Ostrea Cou Ion f .
Le gault du lac Genin présente à peu près les mêmes caractères
qu'à Leyssard ; sa stratification est confuse et peu apparente à la
base; il est formé de sables siliceux verdâtres, avec paillettes de
mica et quelques nids d'argiles bariolées ; sa puissance est de
3 mètres. Les fossiles que j'y ai récoltés sont: Animant tes mammU"
laiuSy Inoccranitis sulcatus^ Avellatta subincrassata et quelques dé-
bris \)^ Amylocenis ou (ÏManiites.
Il y a une liaison intime entre le (^aull et la craie. Les der-
nières couches du gault présentent quelques petites parties
crayeuses disséminées dans le sable, et les premieis lits de la craie,
gris, verdiUres, feuilletés, arjjileux par places, offrent dans leur
cassure beaucoup de grains siliceux sendilables à ceux du gault.
Les coucbes qui succèdent sont d'une craie grisâtre, très tendre,
avec rognons siliceux encroûtés et agglomérés en nids. Dans ces
coucbes inlérieuies je n'ai trouvé aucun débris de fossiles.
La craie supérieure est très blanche et renferme deux couches
de silice pyroin.aque, blonde ; les parties qui environnent ces cou-
ches de silice en sont imprégnées et sont très dures ; le reste de la
craie étant friable, les lits siliceux forment saillie. C'est à la partie
tout à fait supérieure que j'ai trouvé quelques débris de fossiles ;
ce sont des fragments do Catillus, d'Ostrva et quelques oursins
roulés et indéterminables; la puissance de cette craie est de 9">,50.
Au-dessus de la craie se trouvent les argiles rouges dont j'ai
constaté la présence à Leyssard ; elles sont presque entièrement
cachées par la terre végétale qu'elles colorent en rouge au bas
d'un ravioemeot.
5A8 SfiA?(CE DU 3 FÉVRIER 18G2.
Il reste au-dessus de l'argile i'OU[[e un petit mamelon de A à
5 mètres de hauteur, entièrement recouvert par le gazon, et qui
n'a pas ëté entamé par les petits ravinements qui sillonnent la
craie et le gauU. Les quelques trous que j'ai creusés sur plusieurs
points m'ont mis en présence du falunien, bien caractérisé par des
Pvctcn svnbrellus et bencdictus^ Lamk, et des dents de squale. Il
ne m'est pas possible, en ce moment, de donner une coupe dé-
taillée de ce lambeau tertiaire, car je n'ai pu suivre d'une ma-
nière assez précise la série des couches qui le composent ; cepen-
dant j'ai remarqué que sa base était formée d'un poudingue de
[galets, les uns calcaires, d'autres plus rares, siliceux ; leur dimen*
sion ne dépasse pas celle d'une noix.
Si l'on suit vers le sud-ouest et de l'autre cùté de la cluse de
Nantua et de la vallée, aux failles si compliquées, des NtyroHes^ le
prolon({oment des couches néocomiennes de Charix, on les voit,
après avoir été fortement repliées en V dans la combe de Mal-
brondc^ se dilater près des j»ran(jes de Férirand (canton de Bré-
nod), et s'enfoncer sous une élévation recouverte par des pâturages.
Un sentier, qui conduit de Brénod à Nantua par le col de BuaC,
longe cette élévation, cl sur ses bords on aperçoit l'argile rouge de
Ijeyssard et du lac (jenin ; elle est accompagnée d*une grande
quantité de ro^jnons siliceux toiii à fiût semblables à ceux que
présentent ces deux localités.
La terre végétale ayant recouvert les talus du chemin, je n*ai
vu, en passant, ni craie ni mollasse, mais j'ai tout lieu de craire
que ces dépôts existent là aussi. Je n'ai pas eu, depuis, le temps
d'aller m'en assuter, ainsi que j*en avais l'intention.
Je ne ferai qtic rappeler le dépôt mnllassiqtie découvert encore
par M. E. Benoît dans la eomhe d'Evoaz, à plus de J200 mètres
d'altitude et dont les fossiles prouvent le caractère jalnnicn.
Y a-t-il aussi de la craie sous cette mollasse?
La difficulté d'evplorer avec soin cette localité fait qu'il est très
difficile de s'en assurer. Cependant je pense qu'elle existe là aussi,
car j'ai trouvé, dans un ravin qui y prend naissance, ]dusicurs
rognons siliceux, exactement semblables à ceux de Leyssaixl et du
lac Genin.
La coupe ci-jointe du Jura bugcysien (pi. X, fig. 1) indique la
position de ces différents dépôts de craie et de mollasse. I^ craie,
découverte par MIVL Bonjour, Defranoux et Ogérien, près de
Saint- Julien, est placée à peu près dans la cinquième chaîne (non
comprise dans cette coupe) ; le dépôt de Leyssard se trouve dans
la quatrième chaîne, celui du lac Genin dans la troisième, celui
NOTE DE M. D*ALLBIZBTTE. Ô&9
critlvoaz dans lu deuxième, et enfin les dépôts mollassiques du
bassin du Léman sur le flanc oriental de la première chaîne.
Je n*atlache aucune importance à cette division du Jura, de
TAin, eu chaînes parallèles, car il est excessivement diflicile de
circonscrire ces chaînes, qui sont plus nombreuses dans le dépar-
tement du Jura, et qui, dans TAin, vont, en se resserrant et en
s' effilant, se rcher aux Alpes par la Savoie et le Dauphinc. Je ne
me sers de cette division que pour faire comprendre que la craie
se trouve dans toutes les parties du mabsif jurassique.
M'occupant en ce moment d'une élude d'ensemble sur le Jura
et les Alpes, je réserve pour ce travail de nombreuses observations
et des détails plus complets. Je puis cependant dès aujourd'hui, et
pour terminer celte note, faire connaître quelques-unes des con-
clusions de huit années de courses et d*études dans le Jura et dans
les Alpes.
1° 11 n'y a pas de véritables discordances entre le néocomicn et
le jurassique, ni entre la mollasse, la craie et le néocomien, et, par-
tout où on trouve la mollasse et la craie, la série crétacée et juras-
sique est complète et régulière.
2^ Ces dépôts crétacés et tertiaires ont participé à toutes les dis-
locations des couches jurassiques.
3*^ Toutes les fois que les terrains crétacés et tertiaires man-
quent sur le portlandien, les dernières couches de cet étage man-
quent également (fait constaté et publié par M. Lory, en 1857,
Société fi*émulaiion du Doubs) ; donc, les causes qui ont fait dis-
paraître le crétacé ont agi de même sur les dernières couches
portlandien nés (dolomies),
k^ La craie et la mollasse se sont déposées sur tout remplace-
ment du Jura méridional et sur un fond sans relief bien pro-
noncé. Les lambeaux de ces terrains, qui ne se retrouvent que
dans une position concordante et régulière, prouvent qu'ils ne
formaient qu'un tout avec ceux qui s'étendent sous la cupc de la
Bresse d'un côté, et dans la vallée du Léman et dans la Savoie de
l'autre.
5^ Le soulèvement du Jura a eu lieu en même temps que celui
de la partie basse des Alpes de la Savoie.
M. Benoît appuie les observations de M. d*Alleizet(e, qu'il
dit concorder enliùremenl avec ses travaux. Il regrette que les
géologues ne portent pas plus souvent leurs investigations dans
le Jura, (|ui leur onVirait d'intéressants points d'étude.
650 JSfiANCR DU 3 FEVRIER 180?.
M. Mîchelot. en ti^moîgnanl le mt^mc ivgret, fait remarqupr
qu'il 0. trouvi'' dans cette région un lambeau de terrain uèoco-
mien.
M. Damour fait la communication suivante :
Note sur la Tchefjkinite tle la cote du CoromanJel;
par M. A. Damour.
Beudaiit a décrit dans son Traité de minéralogie^ sous te nom
ile ininëial du Coroiuaiidei, une matière rapportée de celte con-
trée |)ar le naturaliste Ijesclicnault, et qui , d'après une analyse
faite par Liut>ier, serait composée des éléments suivants :
Silice 0,4 900
Acido titanique .... 0,0800
Oxyde de ccrium. . . . 0,3600
Oxyde de fer 0,1900
Oxyde do manganèse. . 0,04 20
Chaux 0,0800
lîau 0,HOO
Total. . . . 4,0220
Cette matière minérale n'était connue que par cette senic des-
cription. M. Saemann, acquéreur de la collection minéralo^'iqae
de !M. Conlier, ayant remarf|ué parmi les es]>èct*s cl<i5.^ées dans
cette collection un minéral dont les caractères extérieuis se rap-
portaient à ceux lie la matière ci -dessus dési{];née et portant d'ail-
leurs une étiquette indiquant qu*elle «ivait été rapportée du Coro-
mandel par M . Leschenault, m'a prié d'en faire l'examen chimique
et minéralof'iquc ; je viens présenter aujourd'hui le résultat de mes
recherches à ce sujet.
Le minéral du Goromandel forme une masse amorphe, de cou*
leur noir brunâtre, translucide sur les plus minces esquilles seu-
lement. Sa pons.sièrc est brune. Il a tout Taspect extérieur des
matières connues sous les noms d'Allanite et d'Orthite. Il raie le
verre. Sa densité est de 6,26. A la flamme du chalumeau, il fond
avec bouillonnement en une scorie noire faiblement magnétique.
Avec le sel de phosphore, il donne, au feu de réduction, un verre
brun pâle, opalin, qui devient blanc laiteux au feu d'oxydation.
Avec le borax, il donne un verre brun hyacinthe foncé, trans-
parent, au feu de réduction, et qui devient brun pâle et opaque,
au feu d'oxydation.
NOTR DB M. DAMOUn. 551
Cliauflé dans le tube feriné, il laisse (lé{];a(;er une faible quan-
tité d'eau.
L'acide nitrique Tattaque avec facilité, smiout à Taide de la
chaleur, en laissant un dépôt de silice {j;élatineuse mêlée d'acide
titanique et de quelques grains noirs (fer titane) qui restent inat-
taqués. La liqueur nitrique acide donne un abondant précipité
avec Tacide oxalique.
L'analyse de cette matière m'a donné les résultats suivants :
Oxygène. Rapports.
Silice 0,1903 0,0988 1
Aciflo titanique .... 0,2086 0,0832 \
Oxvde céreux 0,3838 0,0565 \
Oxyde ferreux 0,0796 0,0177 i
Chaux 0,0440 0,0125)0,0876 1
Magnésie 0,0027 0,00M
Oxyde monganeux . . . 0,0038 0,0008
Alumine 0,0772
Eau et matières volatiles. 0,0130
4,0030
Je ne vois pas bien le rôle que joue la petite quantité d'alumine
contenue dans ce composé. En ne considérant que ses autres élé-
ments, ce minéral paraît constituer un silico-titanate de cérium,
de fer, de clinux, etc. , dans lequel l'oxygène de la silice, de l'acide
titanique et des bases préservent le rapport approché de 1 : 1 : 1 .
On conçoit, du reste, qu'une matière amorphe et d'une compo-
sition aussi compliquée ne montre {juère de rapports bien exacts
entre ses divers éléments. On ])ent loutpfois conclure des résultats
qui viennent d'être indiqués, que le minéral du Goromandel parait
se rattacher à l'espèce que M. H. Rose. a recueillie dans les monts
Ourals et qu'il a décrite sous le nom de Tchetfkinite. Pour faci-
liter (!ette comparaison, je place ici les résultats de l'analyse de
M. H. Rose sur ce dernier minéral :
Osygèoe. RapporU.
Silice 0,2104 6,1092 1
Acide titanique . . . 0,2017 0.0807 1
Oxyde céreux .... 0,4509 0,0668
Oxyde ferreux . ... 0,1124 0,0249
Chaux 0,0350 0,0H0.. ..,,- .
Magnésie 0,0022 0,0009 ("
Oxyde maoganeux . . 0,0083 0,0019
Potasse, soude. . . . 0,0012 0,0002
1,0218
by2. SÉANCE DU 3 FÉVRIER 1862.
M. Jannettaz, vice-secrétaire, donne lecture, en TabseDce
do railleur, de la noie de M. Ed. Hébert, qu'il a envoyée en
réponse h la demande faite par M. d'Omalius dans la précé-
dente séance :
Note sur rdge du calcaire de RUIy; par M. Ed. Hébert.
Dans un travail communiqué verbalement à la SocîéCc le
18 juin 1800, non encore imprimé, j*ai fait connaître les résultats
suivants que j*avais alors observés depuis peu et que je con-
signe ici :
1^ J\ii constaté que la craie est perforée par des Litiiopha{;o4
sous lessablcsde Rilly, à Rilly même; qu'elle est immédiatement
recouverte d'une couclie de sable avec cailloux très roulés, pré-
sentant quelques empreintes de coquilles marines qui paraissent
appartenir au niveau de Hraclieux. Cette couclic est épaisse de
0»,50.
2° Le sable de Rilly sans traces de coquilles ni cailloux recouvre
ce premier dépôt marin ; il est épais de 6">,50, dont 1",50 de sable
impur à la partie inférieure.
S** Dans un grand nombre de localités, et notamment à Ro»
mery, les lignites bien caractérisés sont sc^parcs des calcaires de
Rilly par des sables et des congloméi ats dont les éléments roulés
sont empruntés en partie au calcaire de Rilly sous-jacent.
li^ A Trle-sur-[Vlarne, près Dormans, immédialemeut au-dessus
des marnes calcaires à Paludina aspcrstij qui n'existent qu'à la
base de la coucbc épaisse de marne à chaux hydraulique, ou peut-
éli'e associés ensemble par voie de remaniement, se trouve le oon-
glomérat ossifère à Coryphodori de IMeudon , avec les mêmes
grandes Uniu (Anodontcs de M. Ch. d'Orbigny).
S'^ Le conglomérat à ossements de Coryphodon et le calcaire i
Paludina nspvrsa (calcaire de Rilly) sont, à Trie, séparés des
lignltes par des marnes gris blanchâtre à chaux hydraulique,
épaisses d'environ 15 mètres.
Ces observations ajoutent de nouvelles preuves à l'appui de
la partie de mes conclusions relatives à la consolidation du
calcaire ù Physa i^rgantea avant le dépôt d'une partie au moins
des sables de Ihachcux, et à sa dénudation par les eaux dans les-
quelles ces sables étaient en suspension, antérieurement au dépôt
des li(;nltes et dans des conditions toutes différentes, mais elles
niodiiient ces conclusions en ce qui concerne Tantérioritc absolue
du \i\r (le lUllv «i la met tertiaire.
NOTE DE M. HÉBERT. 553
Lors (le nia discussion sur ce sujet avec uioi> ami M. Prestwjch,
les faits connus alors, et dont j'ai donne la description avec le
plus grand détail aûn de les soumettre à un contrôle facile, pou*
vaient s'expliquer facilement comme je Tai fiiit. Aujourd'hui,
bien qu'il reste démontré que l'existence du lac de Rilly est
antérieure aux lagunes des ligniles dont il est séparé par def^phé-
nomènes de dénudalion ducs à des eaux marines, il faut recourir
à une autre hypothèse plus compliquée que celle que j'avais pro-
posée. Ou bien il faut admettre avec l'éminent (;éolo{];ue anglais
(^1///. , 2*^ sér., t. X, p. 307) que ie calcaire de Rilly est une amchc
lacustre intercalée à la partie supérieure tics sables de C lui lotis-sur^
Fesle^ ce qui me paraîtrait cependant, je ne puis m'empêcher de
le faire observer, difficile à concilier avec les faits de voisinage
immédiat de la série de Rilly et de la série de Brnchcux, la pre-
mière dénudée par la seconde ; ou bien il faut supposer qu'après
un premier et très court séjour de la mer tertiaire dans le nord du
bassin de Paris, une portion du golfe, a la hauteur de Laon, par
exemple, a été barrée par une dune <lirigée de l'ouest à l'est,
laissant en arrière une plage plus ou moins découpée dans les
terres, mais sur le fond uni de laquelle les vents du nord auront
d'abord apporté un sable fin, trié, exempt de cailloux , le sable de
Rilly, en un mot. La pureté de ce sable et son homogénéité, sur
des points aussi distants les uns des autres, quand les hmbeaux de
sable véritablement marin, intercalés entre les lambeaux de sable
de Rilly, ont des caractères différents, se trouveraient ainsi plus
naturellement expliquées que par aucune des hypothèses émises
jusqu'ici.
Cette plage, probablement par l'exhaussement de la barre, serait
devenue un lac, dont les sédiments plus tard durcis auraient été
ravinés par l'invasion de la mer qui lacérait des lambeaux de
ce dépôt adossés à la craie de chaque côté des larges sillons qu'elle
s'ouvrait, et où elle déposait, côte à côte du calcaire de Rilly,
la série marine de Bracheux et de Châlons-sur^Vesle.
On comprendrait mieux de cette façon la disposition stratigra-
phique des divers lambeaux de ces formations diverses et l'énorme
différence que présentent entre elles la faune du calcaire de Rilly
et celle des lignites.
Alais ces hy])Olhèses, qu'il est bonde présenter, en ce sens qu'elles
résument les données fournies par l'observation, doivent rester
subordonnées à cette dernière. Les faits seuls doivent nous guider,
et je me crois obligé de faire connaître dans leur intégrité ceux
surtout qui peuvent être contraires a ma manière de voir.
55/i sÉAKCK m; 17 iêvhik» !Sîî*2.
1.0 roirhuiuM'afr à O^nphndun de îNieiuloii et de noriiians se
s< rail iouiu'* pendant, ou pliitùl à In lin des dépoU» à Phyta
Puis, pendant qu'an sud se déposaient les marnes !-lanclies
supoi'ienres et fort épaisses de Killy et de Donuans, qu*on peut
assimiler an% marnes asspz sondilahlcs qu'on voit i\ HouM,iraI
entnr rar;',tlc plastique et les sables du ron^'lomérat (1), les dépôts
marins eontininient <lans le nord juscpi'au moment on est Yonuf
rar{;ile plastique', prëlude des ar{;ilesà li|'nites.
Telles sont les consrquenrcs qui d(MK)ulent à la fois et fies faits
eouuus et d(^ ecux que jVspèrc pouvoir publier très proehai-
nement.
Séance du M février l(S(r2.
l'RÊSlUENCE l)R H. DELB88B.
M. Danglun% secr.Hairo, donne lecture du procés-verbal de
la dernière séance, dont la rédaction est adopîée.
Par suile des présentations faites dans la dernière séance, le
Pi'ésident |)roclame membres do la Société :
MM.
Ber?(ahd (Charles-Claude), docteur en médecine, à Dieu-
lonard (Menrtbe), présenté par MM. SaemannctSchlumberger^
D'ICicnwALD (Edouard), professeur i\ Sainl-Pétersbourg
(Russie), |)r;'s: ntô par MM. 'Aichiac el de Verncuil;
KoE(.iiiJ>- (Jean), propriétaire h Willer (H<«ut-Rhin), présenté
|)ar MM. do Vcrncuil et Ed. Collombi
Lemunçois ;S()Sthéne), ingénieur en cliefdes eaux et mines,
au chemin de fer de Madrid (Espagne), présenté par MM. Gh.
Laurenl el Ed. Collomb.
Le Président annonce ensuite trois présentations.
DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ.
La Société reçoit ;
De la part de M. le ministre d'état, Journal êtes savants^
janvier, 18(^2.
(1) BnlL, 2»8ér., t. XI, p. 4S7.
DONS PAIT8 À LA SOCIÉTÉ. 565
De la part do M. J. DolanoOe, De V anciennetô de F espèce
humaine. Lettre (i M, le Ministre de l' Instruction publique,
in-8, 17 p., Vah nciennes, février, 1862^ chez B. Henry. •
De la part de MM. DelesseetLaugel, Rei^ue de géologie pour
Vannée 1860, in-8, J91 p.. Paris, 1861; chez Dunod.
De la pari de M. Scipion Gras :
1° Carte géologique du département de F'aucluse^ 1 f.
grand aigle, Paris, 1861 : chez Thierry frères.
2** Description géologique du département de Fauc/use,
in-8, /14'^ p., 2 pi. de coupes, 1862; Paris, chez F. Savy,
Avignon, chez Cl''menl-Sainl-Jnst.
3" ( onsidérations sur Topposition que l'on observe souvent
dans les Alpes entrée P ordre strati graphique des C'uches et leurs
caractères paléonfologiqnes , suivies d^un nouuel exemple de
cette opposition (extr. des Ann, des mines, 5* sér., t. XVIII,
in-8, 38 p., 1 pi.).
De la part de sir Roderick I. Murchison, On the inapplica-
bility of the nev\* terni Dyas to the Permian group of rocks ^ as
pmpnsed by D. Geinitz ; in-8, 8 p., London. 30 novembre
1861.
De la part de M. Adrien Berbrugger, Les puits artésiens des
oasis méridionales de /' Algérie, in-:l8, 136 p., 1862, à Alger,
chez Bastide; h Paris, chez Challamel aîné.
De la pari de M. Paul de Jouvencel, Genèse selon la science.
Les déluges, — Les commence/nents du monde, — La vie,
3 vol. in 18-, Paris, 1862, chez Garnier frères.
De la part de M. Constantin Malaise :
1® Note sur quelques ossements humains fossiles et sur
quelques silex taillés (extr. des Bull, de V Ac, H. de Belgique,
2' sér., t. X, n"* 11), in-8. 17 p., 1 pi., Bruxelles ;...., chez
Hayez.
2® Mémoire sur les découvertes paléontologiques faites en
Belgique jusqu^à ce /our, in-8, 69 p.; Liège, 1860; chez
F. Renard; Paris, chez F. Savy.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de V Académie
des sciences^ 1862, 1" sein., t. LIV, n"* Ix et 5.
Annuaire de la Société météorologique de France ^ t. IX,
1861, Bulletin des séances ^ f. 12-17.
656 SÉANCE DU 17 FÉVRIER ISO"?.
Bulletin de la Société botanique de France ^ t. YIU, 1861,
n" 7.
L'Institut, n" 1466 et 1467, 1862.
Ré/orme agricole , par M. Néréc Boubëc. n* 156, 13' année,
janvier 1862.
Ministère de V Instruction publique et des cultes. Dtstribution
des récompenses accordées aux Sociétés savantes le 26 novem^
bre 186] 9 in-8, 95 p., Paris,...., chez Paul Dupont.
Journal d'agriculture de la Cotc-d'Or, n* 12, décembre
1861.
Mémoires de la Société d'agt iculturcy etc. , du département
de la Marne, année 1861.
Bulletin delà Société industrielle de Mu l Aouse, ']anyier 1863.
Société L d'agriculture^ etc.^ de Falcncienncs. Reuue agri-
cole, etc., novembre et décembre 1861.
Bei^ista minera, t. XIll, n° 281, !•' février 1862.
Tlie Athenœum, n"' 1789 et 1790, 1862.
jitti délia Societa di acclimazione e di agricoltura in Sicilia,
i. I, n° 7.
The american journal of science and arts, voI. XXXIII,
janvier 1862, n° 97.
Revue de géologie; par MM. Delessc et Laugel (I).
IVJ. Delessc présente, en son nom et au nom de son collabora-
teur M. Laugel, une revue des travaux de {>éologie publies pen-
dant Tannëc 1860.
Cette revue comprend quatre parties :
I. — Préliminaires.
II. — Roches.
III. — Terrains.
IV. — Descriptions géologiques.
Les préliminaires sont consacrés à la mention de quelques
ouvrages géologiques et de divers travaux relatifs à l'eau, à la
glace, il rhydiographic souterraine, à Torographie, aux mouve-
(4) Revue de géologie pour fan née 1S60, par MM. Delessa et
Laugel, in-8 de 192 pages; à Paris, chez Dunod, libraire, quai des
Augiislins, 49.
NOTE DE MK. DELKSSE ET LAUGBL. 567
niLMils (lu sol, aux pliënoinèiics volcaniques, aux systèmes des
montagnes.
Dans cette partie on peut signaler des observations intéressantes
sur le Guif-stieain, sur rinfluence de Torographie sur le climat, sur
les climats géologiques, sur la comparaison des temps géologiques.
La seconde partie consacrée aux roches embrasse quatre subdi-
visions :
1° Propriétés générales des roches, telles que clivage, structure,
hygroscopicité, etc. ;
2° Roches proprement dites parmi lesquelles on a spécialement
étudié les suivantes :
a. Combustibles : tourbe, lignite, guano, asphalte, naphte, etc.
— b. Eaux. — r. Roches salines : sel gemme, soude sulfatée,
glaubérite, etc. — d. Roches calcaires : chaux phosphatée,
maibres, dolomie, etc. — a. Roches argileuses : argile, schiste,
tuf argileux, grunstcin, n:andelstein. — /. Roches feldspa-
tliiques : granité, pétro-silex, trachyte, porphyre Irachy tique,
Crachydolérite, rétinite, phonolithe, mélaphyre, dolcrite, basalte,
néphélinite, trapp, laves, cendres volcaniques. — g. Âérollthes.
3° Roches métallifères comprenant les minerais d'aluminium,
de manganèse, de fer, de zinc, de chrome, d'étain, de cuivre, de
plomb, lie mercure, d'argent, d'or, de platine.
h^ Un court résumé des travaux relatifs au pseudomorphisme,
au métamorphisme, à l'i^gc des roches et à leur origine, complète
la deuxième partie.
La troisième partie comprend l'analyse sommaire des travaux
relatifs aux divers terrains, (leux-ci sont classés par ordre d'an-
cienneté. Nous appellerons l'attention sur les observations relatives
au terrain silurien de l'Ecosse et de la Norvège; au terrain dévo-
nien de h Belgique et de l'Ecosse; au terrain triasique etsalifère de
Strassfui't. Une série de mémoires remarquables a aussi été publiée
sur le bone-bcd et sur la limite entre le trias et le lias en Angleterre,
en Bourgogne, eu Allemagne, en Lombardie. Indiquons encore
an travail d'ensemble sur le terrain jurassique. Le terrain crétacé
a été étudié en France, à iMaestricht et dans la Silésie autri-
chienne. Pour le terrain tertiaire, nous mentionnerons des recher-
ches sur la faune et la flore du succin, sur la flore tertiaire en
général, sur la faune de mauvaises terres de Nébraska, sur celle
des cavernes à ossements, sur les roches striées, sur les silex
taillés, etc.
A la suite des terrains classés systématiquement nous avons
dA placer les descriptions géologiques qui embrassent une régioii
558 SfiANCB DL 17 FÊVllIKH 1802.
doter. :iiuée et i'éuiiisSi.'T]t iiii cns('nil)lc do doiméfs qu'il y aviit
iuroiiV(Miioul À déinciiiluvr. Lanaiyso de ces travaux forme la
qiialriciiie pailie du liviv, cl l'ordre (jéo(;ra|>liique est la seule base
de leur classification Nous a vous d*ailleurs suivi la règle adoptée
par îVl. d'Arcliiac dans son Hixi.>h*' u'efs pruf^rtfx tltt /a géoiogir ; eUt
consiste à marcher sur le [;lol)e d<> Touest à Test, eu |>artani du
méridien de rAn^lelerrc, cl ù avancer sur cliaquo méridien suc*
cessif dans l.cdirecliou «lu nord au sud.
Celte (]uatrième paitie comprend le résumé de iioailireux tra-
vaux exécutés sur tou.s les points liu j'iobe. notamment en lioDj^ric.
dans File de (^rèle cl d;ms diverses parties de Tliurope, aux Aço-
res, dans la steppe tics Kn'{;lii7.(S, dans l'Oural, dans les ileg CeyLiR
et Forniose, lians la NiUivelle-Zél.tnde, dans les deux Ainériquef
et enfin dans des rêvions jusqu'alors complètement inexplorées de
TArcliipel Arctique.
M. Scipion Gras» offre à la Sociélé : 1" un exemplaire de la
carte géologique du départcmient do Vaucluse, accompagnée
d'un volume de texte*,
2" Un mémoire sur Yopposithn que ton observe s€m%*ent
dans tes /Hpes entre r ordre stmti graphique des couches et
leurs caractères patêontologiques,
l*" M. Hébert demande ù M. Se. Gras s'il place dans le néo-
comien supérieur ou ur^onien d'Alc. d'Orbigny toutes les
couches à Jncylocems, aussi bien celles de la Bèdoule k
.'Jnryloceras Matkeroninnus que celles d'Escragnolles à Ancj^
loceras l)ui^alUy Jùnencf\ etc.
M. Gras répond afririnativcmenl.
2" M. Hébert fait observer que M. Se. Gras a signalé aveo
raison une concordance parfaite entre le terrain jurassique et
le terrain crétacé di» la Provence \ (|ue cependani, malgré cette
concordance, il arrive souvent (|uc le néocomien repose en
couches parfaitement parallèles sur Toxlordien, et qu'il en
résulte la preuve d\ine longue interruption de sédiments, occa-
sionnée par des mouvements oscillatoires du sol. Ces lacunes
énormes comprennent les longues épo(]ues pendant lesquelles se
sont dé|)osées les assises coralliennes? kimméridienneet portlau-
dienne. C'est une disconlinuilé qui vaul mieux pour la dassi-
fication des couches que les discordances les plus considérablea.
NOTE DE X. GOSSELKT. 509
M. Se. Gros répond (m'îl n^orrive pas aux mêmes conclu-
sions que M. Hébert parce qu'il no pari pas des mOmes prin-
cipes. M Hébert s'appuie essenliellenienl sur les données
paleoniologiqr.es, tandis que M. Se. Gras prend surtout pour
guide les observations stralii^rr.pbiques, et qu'il ne voit ici
aucune lacune, parce ([ue, pour lui. le ni''ocon»ie!) inférieur
s'est déposé pendant qu'ailleurs se déposait h) terrain jurassique
supérieur.
M. Hébert se borne à prendre acte «le la manière de voir de
M. Se. Gras, voulant montrer combien ce {géologue, auquel
d'ailleurs il aime à rendre complète justice pour le zélé et Tar-
deur remar<iuables qu'il porte dans ses inv<*stigalions, professe
des doc rines différentes de cellrs de la presque unanimité de
ses confrères.
M. Hébert communique la note suivante de M. Gosselet :
Observafr'ons sur tjtœlques gisements Jhssclf'/èrvs du terrain
(ievonien de ( Ardenne; par M. Gosselet, docteur es
sciences.
Si l'on suit le cours de la Meuse ayant en main la carte de la
fie^iquc de Duiiiont, on voit que celte rivière iravi^rse trois t'ois
leseouelies dési{;néi.'s par Tauleur sous le nom de terrain ibénrin.
Ce terrain se présente à .Mézièi*es, à l'entrée même de TArdenne,
et 8*ëtend jusque près de .Monlbermé. La î\Ieuse pénètre la dans
le terrain ardennais (terrain sdnrien], et elle ne rentre pour la
seconde fois dans le terrain rbénan qu'im peu au delà de Fnniay,
pour en sortira Vireux. A (pielqnes lienes au sud de Naniur. elle
rencontre pour la troisième lois une étroite bande de terrain i lié-
Dan {massif du Cotuiros). A JNamur, la Meuse cbaujje de eonrs et
suit la direction de la Sandjre, qui est celle du b.issin boniller;
elle reste donc tonjoui-s dans les mêmes eouebes {jéolojjiques. L'ob-
servateur qui voudra se faire une idée complète de la (M)n$titutiou
gëolo(»iqne de tont le massif primaire de la Hel(;ique devra alors
8Vloi{;ner <le la i^Ieuse et se dirijjer vci-s le Nord en remontant le
cours du Hoyoux. k quelques lieues de Nanmr, il rencontrera de
nouveau, et pour la quatrième fois, le terrain rbénan; e*est le
massif du Hrabant.
Dans des publications antérieui*cs, j'ai annoncé l'existence de
fossiles siluriens dans les massifs du Brabaut et du Condros. On
5(50 SÊANCK DU 17 FÉVHIRn 1802.
savait ilcjà que la l)riiidc du terrain ihcnaii, entre Fumaycl Vi-
reux, est dévonionuc; si jusqu'à prosent on n*avait pas rencontré
de fossiles dans la vallée niènic de la Meuse, on en connaissait dans
le prolongement des mêmes couches, aux environs de Couvin et
d'Anor. J'ai trouvé, Tannée passée, un posément assez abondant
sur les bords de la IMciisc, entre 3Ionli(][ny et Vireux, à 200 mè-
très au nord de la borne kilométrique i\° 16, dans un petit sen-
lier qui {grimpe dans les bois. Les principaux fossiles sont : TVrf-
hrntula Dalcidcnsisy Lvptœna Mnrchisoniy Z. cleprvssa^ Chonetes
plebcia^ Spirijrr nincioptcrus^ S mfcroptrruXj Plctirodyciitim pro»
blrniaticum , Pterinrn costata. Ils caractérisent Tétage que j'ai dé-
signé sous le nom de grauuaeke à Lcptœna Murchisoni* Sous ces
couches fossilifères on trouve, entre Montigny et Fepin, des
schistes compactes rouges et vert pâle, et à Fepin des poudin-
gues formés de très petits grains de quartz hyalin. Duinont a réuni
CCS schistes et ces poudingues sous le nom de système gédinien.
IM . Hébert y a trouvé, à IVIondrepuits, le Grammysia ffamiitth'
nr/ists.
Quant à la bande de terrain rhénan travei'sée par la Meuse, de
IMézières à Monthermé, on n'y a pas encore cité de fossiles, et
elle diffère tellement par Taspect mincralogique du même terrain
situé au nord de Fepin, que Ton pouvait conserver quelques doutes
sur les assimilations faites par Dumont. Gomment reconnaître,
par exemple, dans les schistes luisants, satinés, qui sont en face
de Joigiiy, les sehisles compactes rouges et verts de Montigny*
sur-Meuse. Pour s'en convaincre, ou a besoin de suivre ces cou-
ches en contournant le massif ardennais de Revinel de les Toirse
modifier peu a peu tout le long du bord sud de ce massif. J'ai pU|
(railleurs, y trouver quelques fossiles qui, bien qu'assez mal con-
servés, forment par leur cnsend)le une preuve convaincante de
Texactitude des asseï lions de Dumont. Il fallait certes tout le génie
de stratigraphe dont le savant bel{;e a donné tant de fois la preuTC,
pour déterminer d'une manière aussi sûre les relations des cou-
ches et leur âge respectif dans un pays couvert de bois et où les
routes commencent à peine à s'ouvrir.
C'est en suivant la Scmoy, de Monthermé à Bouillon, que l'on
peut .se rendre plus facilement compte de la structure de ces ter^
rains. La Semoy par ses nombreux replis offre plusieurs bis h
mèinc coupe, et permet au géologue de contrôler luî-niême ses
propres observations.
Depuis Monthermé jusqu'à Tournaveaux, on trouve des schistes
et des quartzites d'un vert pâle, airaantifères, rapportés par Du-
[ m M. COSflELKT.
Sflt
mont au termin aiileiuiais (lerrnin silurien). A Toiiriinveanx, la
route entame un banc énorme (30 iiiètrt-s d'épaisseur) d'un pou-
dingue fonué de cailloux roulés de quariziie vert |iàlf , véuitio par
un uiuient à b fois scliisieux et siliicux, aiialocuc à la snbstauce
des coucties inférieures ; les cailloux sont très (jros ; quelques-uns
ont 5U ceiiiiuièires de diamètre. Un n'y trouve que peu de quartz
blanc, ce qui éublit déjà une différence minéralni>ii]ue avec le
poudingue de iturnot, dont il se rapproclie par la grosseur de ses
éléments. Le poudingue de Tournareaux repose en slratifiLation
discordante sur les schistes du terrain ardennais. C'est ce que mon-
tre la coupe suivante :
Celte discordance est plus inanifeste encore à l'ouest du petit
hameau lie I.incliamps au nord de Hautes-Rivières; on y voit le
poudingue l'eposer en couolic horizontale sur les schistes arden-
nais, inclinés au sud de 60 dej;rés.
Le poudingue de Tournaveaux passe insensiblement par la di-
inioution des cailloux roulés en volume et surtout en nombre k
des schistes qui ne tardent pas à devenir noirs, pyritifens, res-
semblant beaucoup à ccrtainsscliisies des environs de Rtvin {ter-
rain ardennais). L'ensemble de ces couches, poudingue et schistes,
n'a pas plus de lUO métrés d'épaisseur.
Elles sont surmontées par des scliistes d'un bleu foncé, luisants,
ondulés, révélant en quelques points les caractères de l'ardoise. Ils
sont accompagnés par des filons de quartz et de quartzites. Un y
ToU aussi, en face de Naux, un noyau calcaire de 5 à 6 mèlreti
d'épaisseur, dont l'exploitation est maintenant abamlonnée. J'ai
Soe. giol. , V série, tome XIX. 36
562 StANCK DU 17 FÉVRIBR Idolî.
trouvé, dans cette assise, deux niveaux fossilifères : rinférieuTt pi^
de la ferme de la Daupliiiie, n'a guère oiiert que des empreintes de
bivalves ayant quelque aiialo(;ieavec la Grummysiti Httmiltomemis;
le sccund (^iseuient se voit sur le cheiniu de Levrezy A Haulinë,
et aussi à Tentrëe du pont des Hautes-Rivières, sur la route de Nou-
zon. C'est une roche [gréseuse chargée de liinonite ; les foisilesytont
à Tétat do moules tout à fait indéterminables ; on y diidi^[iie de
petits gastéropodes et quelques bivalves. On suit ce8 roches jus-
qu'au sud d'IIaulmé, sur une longueur de 2 kilomètres et avec une
inclinaison do 25 à 30 degrés, ce qui leur doune une épaiaseurde
1000 mètres environ.
Une carrière sur la rive gauche de la Semoy, uu |>eu au sud du
moulin d'Hauhné, montre les couches supérieures aux précéden-
tes ; ce sont des schistes et des quartzites d'un noir verdïtre, mar-
qués do taches do fer oligiste. Ces mêmes roches sont exploitées
vis-à-vis do Braux, sur la rive droite de la Meuse ; elles ont une
épaisseur d'environ 600 mètres.
Au lieu do suivre pas à pas la Semoy, dont le cours est aussi si-
nueux que celui do la Seine do Paris à Rouen, transportons -nous en
Belgiciuc, à rextivmito du coude que fait la rivière entre Membie
et Vresso. JNoiis retrouvons là les schistes et les quartzîtes avec taches
oligisteuses; ils sont $m montés de .schistes compactes ou d'un vert
(;ris.ilrc ; puis, on l'ace de Vrcsso, on rencontre d'autres schistes é^^a-
Icniont compactts, d'une couleur violaoée, marqués par places de
tarht'S iiiogulièns vertes. Ces schistes, que j'appellerai dorénavant
scliîstcs hif^finrs, correspondent .-fux schistes d'un rouge lie de vin
do Mondrcpuils, i!o Montigny-sur-iMeuso et de Cliarle ville. Ce
sont les niônu's schistes qui, devenus plus fissiles et plus luiaaiilSi
forment les esoarponionis do la îMouse, en face de Joigiiy. Cette
dcrniore modi (ira lion parait délei minée par la présence de noui-
hroux filons de quartz. Los schistes bigarrés sont recouverts pardei
schistes compactes, d'un vert clair, l<*gèrement satiné-s et accoiups-
gués do quelques iiliMis do quartz ; ils sont quelquefois assez fissiles
pour SiM'vir d\irdoises grossières. Au moulin de Rebaix, cesschistei
verts, qui sont devenus déplus en plus satinés, alternent avec des
s<*histes noirs presque ardoisiors ; ceux-ci prédominent d'autant
plus qu'on s'approche d'Aile, et au sud de ce village ib reafer-
ment des ardoises exploitées. C'est un peu an sud du moulin de
Keb.'iix que Dumont arrête son système gédinien, et, bien que II
transition soit insiMisihle entre les sohistes verts c*ompactes et kl
schistes noirs plus ou moins ardoisicrs, je crois qu'il a raisoo.
HOn 9M V. dOSftILIT. 668
L'épaisseur des schistes compactes verts et bignirés peut être ë?a»
luée à 1500 mètres, ce qui porte la puissaace de l'étage gédînien,
sur les bords de la Semoy, à 3000 mètres; c'est à peu près son
épaisseur dans la vallée de la Meuse, entre Château-Regoaut et
NouzoD. Au nord du terrain ardennais, de Fepin à Montigny-sur-
Meuse, il n'a pas plus de 2000 mètres.
D'Âlle jusqu'à Bouillon, on trouve des schistes noirs devenant
grisâtres par altératiooi luisants, ondulés, traversés par placrt de
quelques veines de quartz gras. Ils ne possèdent les caractères de
Tardoise que dans une zone large d'environ 1 kilomètre 1/2 au
sud d'Aile. On y trouve fréquemment des lentilles plus ou mohis
épaisses de calcaire, à Sugny, à Aile, à Bouillon, au Bochet, près
de Charleville; mais cette roche n'y forme jamais de bancs con-
tinus.
Au moulin d'en haut, sur le chemin d'Aile à Sugny, et près
de ce dernier village, j'ai trouvé dans un banc gréseux, intercalé
dans les schistes luisants, des moules de Pterinea lineata?^ P.
coitaia, Terebratula Daleidensis^ Leptœna Murdiisoni ?? ^ Pleut o^
dyctum prohlematicum ??. A OËmberloup, près de Saint-Hubert,
dans des schistes moins modifiés, mais qui sont, d'après Dumont,
le prolongement des précédents, j'ai trouvé : Pterinea costuUt^
Terebratula Daleidensis^ Leptœna Murchisoni ^ Spirijer carinatus
Pieurodyctum prohlematicum ?, Ces fossiles sont tous dévoniens. Si
à Sugny surtout il y a doute pour les plus caractéristiques, la Pte-
rinea costata et la Terebratula Daleidensis sont suffisantes pour que
l'on puisse sans témérité rapporter ces couches au terrain dévonien
inférieur. Il me serait difficile d'évaluer, même appt*oximative-
ncDt. l'épaisseur des schistes luisants. Ils paraissent plus puissants
sur les bords de la Semoy que sur ceux de la Meuse, où on les
trouve depuis Nouzon jusqu'à Aiglemont, remplissant un bassin
dont le bord septentrional est fonné par les schistes bigarrés de
Joigny et le bord méridional par les schistes rouges de Cliarle-
Tille. Les deux côtés du bassin sont inclinés dans le même sens;
cette disposition, en forme de V très aigu et très incliné, est assez
fréquente dans tout le massif primaire de la Belgique, pour qu'il
n'y ait pas lieu de s'étonner de la retrouver ici.
Il résulte des observations que je viens de présenter ici t
1® Que la bande de terrain rhénan située au sud du massif
ardennais de Rocroy appartient au terrain dévonien inférieur,
oomme celle qui est située au nord ;
2* Que le nom de terrain rhénan doit être supprimé, puisque
les couches pour lesquelles il a éi^^ créé rentrent naturellemeut
ôOA
SÈAlfCI DC 17 PÉTRIBR 1862.
suit dans le terrain d^vonien, soit dans le terrain silurien, dont les
noms sont antérieurs à celui de terrain rhénan.
▼ALLÉS DE Là MECSC
AU ItOftO DB rOMAT.
▼ALLÉE DB LA MEUSE
AU SUDBBMOHTHBEMÉ.
▼ALLEE DB LA SBMOT.
Schiste* «t gi-faitwucke Scliisles luisunls oiidu»
à LepUtfna Muichi-i lés d« Nouton. Cal-
soni el Terebmlula
DaUidtnsis.
dès tle Mooliguj-fur-
Meuse
Sclii^tef coiii|>acle« .
ver H.
SchisIfS cuinpuclrs ,
routée lie île vin.
cuiie du Buchet.
Schistes gris venlâlre.
Schitlet Yerls laisauls.
Sihistet liiiiarres, lui
tant! « de Joi'ny.
^chistes, lie de viu
de Churleville
Schit(et luisants on-
dules d*Alle el de
Bouillon. Calcvire de
Aile, de Sugny^Ir^-
tœna Murchisoni ?,
Terebraluta Dnlei-
Jemsis,
CLASSinCATIO?i
■B BOHOMT.
Hniidsruckicn.
Éu^e tle 1
grautraci*
Lept. Mm
Taunuiitn. /
Schistes compactes,
vci ts.
Scliisicfe fuBsiUrureK de
Moiidiepuiis.
Schi&lvs et qturtsilesè
lâches oligîslcttses.
Puudiugiic de Fepin.
Scliiiles fo8:>ilirùrei>.
Schistes comiNicles, f 0«édinian supé'
hlgurri's. \ rieur.
Schistes compactes , ,'
giis.
Schiiies et qunriiltes a \
taches oligistenses.
Schistes hlfu fonce,
fossilifères.
Foiidingue de Tour
n-H^eBiis.
(GMinieu îiift'-
, ^ lieur.
]
£tage dnpM
dikfturs
schiiles |H
nieiis.
M. Deshayes annonce la morl do M. Rigault.
M. d'Archiac présonle, ix la demande de M. de Hauer, un
inrnioirc de M. Lipold en réponse ù un travail de M. Barrande
sur les co/o/i/es dans le bassin silurien do la Bohôme.
Il présente ensuite, do la part de Tauteur, la note suivante:
Sur fa grotte ossifère de VHenn {/-friêge)'^ par M. Tabbé
Pouoch (pi. XIII, XIV).
Le tiavail que j'ai l'honneur de présenter à la Société est le
résultat d'obsorvations failt-s à diverses époques, de 18ft7 à
1861 (i). Je le divise en trois parties, dont'ln preinièrr aura pour
(1) Je dois beaucoup, à cet égard, au concours iatelligeot et dé-
Toué de M. Ferra, curé de THerm, et de MM. Laberty et Loubet,
successivement curés de Pradières, et je tiens à leur témoigner ici mt
reconnaissauce.
NOTE DB M. POUBCH. 665
objet la description de la grotte, la seconde et la troisième la dis-
cussion des faits et les conclusions qui en découlent.
!'• Paatie. — Description de la grotte. Exposition ths faits qui s'y
rapportent,
1» Situation de la grotte, — La grotte de THerm, située environ
à 2 kilomètres du village de ce nom, s^ouvre sur le flanc N. et
près du sommet du massif montagneux qui court de TË. S. Ë. à
l'O. N. O. entre la vallée de THerm et la vallée de Pradières (1).
2" Altitude. — L'ouverture de la groUe est à 500 mètres au-
dessus du niveau de la mer et â plus de 200 mètres au-dessus du
niveau de TAriége à Berdonlet, la station la plus voisine.
,"> Nature et âge de la roche, — La roche dans laquelle cette
grotte est creusée est un calcaire marin, gris roux, compacte,
rempli de madrépores, de spongiaires, et autres corps marins sili-
cifiés et appartenant à Tavant-dernier étage de la formation cré-
tacée (2). Ce calcaire, divisé en plusieurs bancs très réguliers, forme
une assise puissante de 80 mètres environ, fortement arquée,
ployée, rompue en plusieurs endroits et présentant fréquemment
des cavernes, des fentes et des abîmes. La grotte elle-même n'est
qu'un de ces accidents, comme on le verra par la suite (pi. XIII,
6g, 3. coupe de la montagne).
/i® Plan et description de la grotte (3). — L'entrée de la grotte
regarde le N. E. C'est une arcade surbaissée de k mètres de hau-
teur sous clef et de 12 mètres de portée. Son bord supérieur, autre-
fois très saillant, est aujourd'hui éboulé, et les débris forment un
tas de gros blocs (yoy pL XIII, ûg. l),qui en obstruent les abords.
5*^ Festibule, — A cette entrée succède de plain-pied un beau
(4) La grotte est située dans les bois de M. de Bertrand et sur le
domaine de la Vernière.
(2) Le dernier étage crétacé dans la contrée est celui que M. d'Ar-
ohiac place après la période du gault, et qu'il a décrit, en 1 85 f , dans
sa coupe géologique des environs des bains de Rennes (Bulletin de la
Société géologique de France, V sév., t. Xf, p. 4 85, 23 janvier 4 854).
Ce dernier étage entoure de toute part le massif de la grotte, et vient
se terminer en biseau à l'E., au N. et à TO., sur les flancs de la
montagne.
(3) Le plan que je donne de ce souterrain, vrai dans Tensemble,
renferme nécessairement des inexactitudes de détail. Néanmoins, il
répond suffisamment è son but, celui de guider Tobservateur et de
servir h l intelligence du texte.
600 86 AN» w 17 PÉfRiii 1862.
vestibule. A, B, C, D, de inéiiie largeur, de même hauteur que
l*eiili'éc, au sol uni d'abord, a la voûte régulière et aux pareil
bien dressées. Il va d*abord du N. au S., puis tourne à TO. ou à
droite. Il a en tout environ 56 mètres de dëveloppemenl et con*
serve à peu près partout sa largeur ainsi que sa hauteur et aussi
son niveau général, bien que le sol s*exliausse et se bombe on
peu vers son extrémité antérieure. Cette partie de la grotte n'a pré-
senté jusqu'ici aucun fait important ; on n'y a trouvé ni ossements,
ni dépôts diluviens, ni sables, ni galets, ni fossiles terrestres ou
marins (1); seulement quelques stalactites pendent  la voûte.
6" Couloirs iittcrnux. — A 50 OU 60 mètres de l'entrée, ce ves-
tibule s* interrompt tout A coup, et deux couloirs latéraux, EF, MN,
lui suc-coilentà droite et à gauche.
7** Cuuloh de th'oitc. — Le couloir EF s'ouvre â l'angle E du
vestibule par un trou i-ond, bas et éti-oit; il est lui-même étroit
et tortueux , au sol glissant, couvert de stalagmites et fortement
incliné en avant, surtout aux deux extrémités en E et en F, où la
pente devient rapide au point d'être dangereuse (voy. pi. XIII»
fig. 2 et fig. 3, le plan de ce couloir et sa coupe longitudinale).
8° Chnmbro F. — Au fond de la dernière ram|ie et après un
ressaut de 1 mètre environ, se trouve une petite chambre F, de
& mètres de diamètre environ, au sol uni, un peu incliné eu avant
t't dans laquelle s'ouvrent à gauche un vaste corridor FI, et sk droite
une petite ouverture basse et assez large donnant entrée dans une
grande et belle salle G qui forme de ce côte rextrémitë de la
caverne (fig. 2 et 3).
9* StiUe G. Ossuaire. — Cette salle est à peu près elliptique et
couronnée par une magnifique coupole. Le sol en est uni, un peu
incliné de F en G, et pres(|ue partout encroûté de stalagmites (2);
elle a ^0 mètres de long sur 25 de large environ, et sa voûte au
centre paraît avoir une hauteur de 12 à 15 mètres. A partir de G
ou mieux de la ligne transversale j;, r, le sol de la partie GH
(4) Des fouilles profondes et réglées devraient être faites dans la sol
de ce vestibule, sfln de découvrir les dépôts diluviens s'ils existent,
sinsi que les dépôts plus anciens qui pourraient s*y trouver, et de ré-
soudre ainsi la question importante qui se rattache aux états aDtériears
de la caverne.
(2) Coi étal de choses est aujourd'hui bien changé (février 486S);
la stalagmite est brisée et le sous-sol bouleversé par des fouilles ré-
centes. On doit avoir trouvé là bien des choses ; des ossements brisés
couvrent le sol. Bien que venu après les autres, j'ai recueilli de très
beaux morceaux dans ces fouilles, peu profondes et oonfasément fiiites.
NOTI DB M. PODBCH. 567
s'incline très forlennent en avant en un talus uni de 30 mètres de
pente environ et encroûte d'une épaisse couche de stalagmites. Il
résulte de cette disposition que la salle G se termine par une sorte
de poche ou cul-de-sac très profond qui forme de ce côté la partie
la plus i>asse de la grotte.
C'est ici un ossuaire d'une richesse incroyable ; les ossements
d'ours y sont littéralement entassés, surtout dans la partie OH.
On ne peut pas donner un coup de pic sans en remuer quelqu'un ;
ils y sont généralement épars et disloqués, confusément enve-
loppés dans un limon collant, argileux, calcareux, roussdti'e, recou-
vert d'une forte couche de stalagmites,
Il a été recueilli aussi au mènie endroit des ossements d'hyènes?,
d'un très grand chien (1), du grand Fciis des cavernes, tigre ou
lion, de cheval enfin et de quelques autres herbivores (2).
Les osseuàents ici se trouvent à des états bien diQerents d'alté-
ration et de conservation. Certains sont fortement altérés, roussis
ou noircis, se gerçant et s'exfoliant au grand air; ce sont ceux
qu'on rencontre eu G dans un terreau friable et mal recouvert par
la stalagmite; en 11, ils sont entiers, blancs, d'un aspect crayeux,
tendres et très cassants, tant qu'ils sont dans le limou humide qui
les enveloppe; ils prennent de la consistance au grand air et de-
viennent très solides. Enfui, il y en a de pétrifiés, et ce sont ceux
qui sont engagés dans un bourrelet de stalagmite terreuse, placé
dans une situation exceptionnelle, tout à fait énigmalique et que
pour le moment je me bornerai à décrire (voy. pi. XIII, fig. 3.).
Ce bourrelet faisant saillie de 40 centimètres environ est attaché
à la paroi de cette espèce d'abside qui limite l'extrémité II de la
salle G; il règne tout autour de l'eufoncement II en corniche
saillante partout de même niveau et à hauteur d'homme, c'est-à-
dire à l'",50 environ du fond même de cette partie de la salle.
Les ossements eu question, aiiachcs à cette masse de tuf y sont
en général implantés et forment une brèche osseuse très dure. On
y voit encore beaucoup d'ossements bridés, à peu près tous pétri-
fiés; on y voyait autrefois plusieurs crânes entiers fortement enga-
gés dans lu plan même de la couche. La plupart ne montraient qu^
l'occiput et paraissaient entiers ; d'autres étaient brisés, sans doute
(4) La détermination des deux genres Cnnis et Feiis est due k
11. Lartet, qui a reconnu dans une canine du premier le loup ordi-
naire.
(2) Ces derniers n'ont pas encore reçu de détermination spéci^
fiqoa.
568 8ÉÀNCB DU 17 FÉYRIBR 1862.
depuis longtemps, car les cassures étaient vieilles et fortement
encroûtées de stalagmites (1).
Du reste, aucun dépôt diluvien proprement dit n'a encore été
observé dans cette partie de la caverne; on n'y voit ni gravier, ni
sable. J'y ai recueilli seulement un fragment de stalagmite, aux
angles et aux arêtes légèrement cmoussés (2) ; j'y ai observé des
parcelles de charbon mêlées aux osseuients, même dans le terreau
recouvert par la stalagmite (3).
Cette salle étant sans issue, il faut, pour visiter le reste de la
caverne, revenir sur ses pas, franchir de nouveau le goulet étroit
par où on est entré et remonter dans la salle F.
Rentré en F, on a à sa droite une galerie haute et spacieuse au
sol uni d'abord et peu incliné; c'est l'entrée de la galerie FI dont
la planche Xill, fig. U, représente la coupe longitudinale.
10** Couloir et galerie FI. — Cette galerie varie peu quant à sa
largeur et à sa hauteur ; mais sa pente qui augmente peu à peu finit
par devenir très rapide. Elle a environ 3 mètres de largeur sur
[\) Les ossements recueillis jusqu'aujourd'hui dans celte salle,
tant en H qu'en G, sont :
h'* D'Ours : ce sont les plus nombreux de beaucoup et ils apparlieo-
Dent à deux espèces très distinctes ou môme à trois et peut-dtre plus;
il y en a do très frais, ce qui prouvo que ce genre de carnassiers a
longtemps habité la grotte;
2° Du grand AV/Av des caverues : tigre ou lion de la taille du plus
grand Ours, représenté par une canine entière do \ i cent, de long,
appartenant à un animal adulte, mais jeune encore; molaires, fémur,
mandibule? (brisée), grifFes et vertèbres caudales ;
3° De Chien : représenté par une canine et quelques os longs.
4* D*Hyène : molaires;
5*^ De Cheval ou tout au moins d'un animal du genre, Ane, Zèbre ou
autre congénère;
- 6° Autres herbivores (Chèvres?, Brebis?, Antilopes?) ; os longs, in-
complets, espèces indéterminées.
(2J Le 6 février 4 862, étant revenu dans cette salle, j'ai trouvé
dans une anfractuosité un amas de petits galets mêlés de limon ; mais,
bien que polis en général, aucun de ceux que j'ai pris n'était complète-
ment arrondi; leurs angles et leurs arêtes étaient seulement émoussés
par frottement. D'ailleurs, sur plus de trente que j'ai cassés, je n'en
ai pas trouvé un seul qui ne provînt des roches qui composent la
montagne. Sur l'un d'entre eux se voient des sections d* Orbifo/i/ta
conoit/tra très bien marquées; c'est un galet de calcaire siliceux grit
bleu très commun dans la roche encaissante.
(3) Co dernier fait, qui m'avait paru douteux, est pleinement véri-
fié. C'est du charbon de bois brûlé, des braises éteintes véritables.
NOTE DB H. POUBCH. 569
80 nièlres de longueur (1) mesurés sur la pente. Sa paroi de droite
présente quelques anfractuosités et quelques appendices caver-
neux, tortueux et sans issue. Ji y a été recueilli des ossements
d'Ours de la petite espèce.
11° Galerie IJ. — Parvenu en I, non sans danger et sans peine,
en gravissant une rampe de 35 mètres de long et de -30 à ZiO et
même 50 degrés de pente, sur un sol de stalagmites humide et
glissant , après 8*ctre hissé à droite, et en s'aidant des pieds et des
mains, sur une roche saillante, on se trouve à Tentroe et sur le
seuil même d'une belle galerie latérale IJ venant dôboiichcr sur
celle qu'on vient de parcourir et formanl comme le vestibule de
l'étage supérieur de la grotte (fig. 2 et 5).
Cette galerie, au sol rocheux et inégal tout d'abord, est élevée
et spacieuse; elle a environ 27 mètres de développement, et vient
rencontrer en J la galerie KL sons une direction un peu oblique.
12° Gtileric KL. — Celte dernière, qui ne mVst connue que sur
une longueur de 80 mètres environ, se divise nntiuellement en
deux parties par rapport an point J, celle de droite et celle de
gauche {fig. 2 et 6).
La partie droite JL monte bientôt à partir du point J, et même
assez rapidement; elle s'élève aussi en même temps de manière à
devenir une simple fente tortueuse et étroite, d'apparence sus-
pecte et où il serait peut-être dangereux de s'engager (2).
La partie gauche, au contraire (JK}, unie, ouverte, spacieuse et
élevée, forme une belle galerie de 50 mètres de profondeur, fer-
mée à son extrémité^ et de ce côté absolument sans issue. C'est
ici la partie la plus régulière de toute la caverne, comme aussi la
plus tranquille, la plus retirée, la plus saine ; aucun bruit n'y
parvient; il n'y pénètre aucun souffle; un calme perpétuel y règne
avec une douce température. C'est un lieu d'hibernation parfait;
aussi les Ours de la plus grande espèce y avaient établi leur de-
meure; ils donnaient là, ils mouraient là; pendant plusieurs
centaines de générations peut-être , ces grands carnassiei-s s'y
étaient succédé et avaient couvert la terre de leurs ossements
gigantesques. C'est là qu'on a recueilli descn^nes de 50 centimètres
de long (3) et des canines de 13 centimètres de longueur sans
(1) N, B, — Les figures de la pi. XIII, disposées de manière à
s^arraDger dans un cadre régulier, ne sont pas à réchelle.
(9) Je présume que cette fente peut atteindre lexlra-dos de la voûte
et s'ouvrir quelque part sur la croupe de la montagne.
(3) Un crâne de cette dimension se voit dans la collection de
570 SÉANCE DU 17 FifRIKR 4862.
compter la courbure. Le sol meuble de la caverne consistant en
une couche de 30 mètres d'épaisseur n*est qu'un terreau noir couc
composé d'os pourris de ces ours, de leurs chairs, de leurs poib,
on un mot des débris de leurs dépouilles. Là, les ossements n'étaienl
pas dispersés ; on trouvait généralement ensemble et assez rap-
prochées léii diverses ])ièces d un même squelette. Seulement, ces
restes étaient profondément altérés, noirs et friables pour la plu-
part, effet dû sans doute à l'action inmiédiate et continue de l'air
humide (1) ; aujourd'hui ce riche ossuaire est entièrement épuisé;
il n'y reste que les pièces les plus altéi'ées.
Mais ce n'était pas précisément à raison des ossements d'ours
qu'elle renfermait que cette partie de la caverne de i*Hcrin se
recommandait à l'attenlion des naturalistes. Celait surtout par des
fossiles marins, attacliés aux parois et aux voûtes; c'ctaîent <Ies
madrépores de plusieurs espèces tout siliciHés, (;rou|>és par touffes
et saillant sur le roc. (\c& coquilles bivalves et turriculées. enté-
riformes et enroulées, tantôt (groupées, tantôt isolées, toujours sili-
cifiées, saillant sur les voûtes et les parois de 10, 20, 30 centi-
mètres et n'y tenant souvent que par uu simple pédoncule.
C'était ici en réalité, sauf la lumière et le jour, une de ces
demeui-es de divinités marines, une de ces {;rottes de Néréides,
ornées de rocaillcs et de coquilles, créées par l'imagination des
poètes. Tout cela est encore dévasté et il en reste à peine quelque
vestige. Il y a été recueilli tU*. bien remarquables morceaux, notam-
ment une Nérinée de 11 centimètres de long, coquille turriculée,
de dix tours, presque cylindrique, portant à son sommet une
Huître ou Exogyre collée contre elle. Ce groupe curieux a été ren-
contré saillant de toute sa longueur sur le nu de la roche, c*est-é-
dire au moins de 15 centimèti'es. Il y a été i*ecueilli aussi de
grands bivalves cratériformes , appartenant aux rudistes sans
doute, parfaitement fermés par leur opercule, cependant complè-
tement évidés et saillant, eux aussi, sur le roc de 10 et 12 centi-
mètres. Je ne pirux mieux les comparer qu'au HadiolUes Fieuriausa
d'Orb., enfin, des Poriies, des Astrées, des iMéandrines, des madré-
pores rameux groupés eu touffes et eu buissons, de 20 et 30 cen-
timètres de saillie. Ce qu'il y a ici de remarquable, c'est que tons
M. Âlzieu, médecin aux Cabannos. Ce beau morceau est un osse-
ment relativement frais; sur plusieurs points il présente cet aspect
céroYde qu'on observe sur les ossements frais et qui les caractërisa.
{\) Là les ossements étaient complètement à découvert et privés de
Tenveloppe limoneuse qui les protège eo plusieurs autres eadroitt.
HOTI M H. POOBCH. 671
ces corps marins ont été disséqués dans la roche même, et non-
seulement séquestrés, mis en relief et à nu, mais encore é vidés, el
même si parfaitement, que des Térébratules montraient leurs osse-
let» intérieuis, si minces cependant, si délicats, parfaitement en
place, parfaitement ajustés et disséqués avec une perfection in-
croyable (1).
Ces fossiles marins s'observaient surtout dans les deux galeries IJ
et JK. On en trouve des restes partout, mais nulle part d'aussi
nombreux ni d'aussi complètement isolés de la roclie (3).
Les animaux à qui ces restes appartiennent n'ont certes pas vécu
dans la caverne dans l'état où on les voit aujourd'hui ; après leur
mort, ils avaient été engagés dans la roche» et les agents chimiques
les ont depuis isolés en corrodant celle-ci qui est calcaire et en res-
pectant les parties siliceuses. C'est du reste un fait bien connu en
géologie, et dans lequel ici en particulier, avec quelques données
de plus, on pourrait trouver un assez bon chronomètre pour déter«-
miner approximativement Tàge de la caverne.
Toutes les parties connues de cette caverne accessibles par le
corridor de droite du fond du vestibule d'entrée sont désormais
parcourues et décrites. Si ntaintcnant, revenant au point D du
même vestibule (Hg. 2), on se tourne à gauche, on a devant soi le
(4) Les espèces recueillies là et détermiuées par M. d'Ârchiac sont
les suivantes : Belemnites^ fragment voisin du B. semicanaliculatus^
Blainv.; Tvrebnuula bipUcoia^ Sow. (individu très jeune), telle que
cette espèce est comprise par Aie. d'Orbiguy ; T, mstrata^ Sow.
[Rfiynchonnella Lamnrckiana, d'Orb. ) ; Terebratella Morcnna^
d'Orb., ou individu jeune et un peu modifié de la T. Menardi^ Lam.,
avec le type de celle-ci ; Osfrea^ peut-ôtre un fragment de YExoy^ra
fiahtllata^ Gold.?; Thamnastrœa lamclUstriata^ Miln.-Edw. et
J. Haime; T, indét., rappelant le T. conica^ Defr., mais dépourvue
de support; OrbiiuUna conoidea^ Alb. Gras, et des polypiers ou bryo-
zoaires indéterminables.
(s) Les morceaux les plus intéressants recueillis en cet endroit font
aujourd'hui partie de la collection de M. ÂIzieu, aux Cabaones. Le
premier j'attirai l'attention de cet habile et intrépide explorateur sur
des objets de ce genre observés sur d'autres points de la grotte. Cette
observation, qui le trouva d'abord incrédule, lui a cependant valu la
riche et abondante récolte qu'il a faite plus tard, quand le premier il a
exploité les galeries supérieures. Je u*ai fait que glaner après lui.
M. AIzieu est le premier qui ait écrit sur la grotte de l'Herm ; il en
adonné dans le temps une description poétique, pleine de verve et de
talent, publiée dans les journaux du pays.
Ô72 sfiÀNCi DU 17 FÉfii» i862.
corridor MN qui conduit à la grotte inférieure^ que j'appelieni
aussi la (jrande caverne.
13. Couloir MN. — Ce corridor assez élevé, mais étroit, a envi-
ron ZiO mètres de développement; il se courbe en arc de gauche à
droite et vient ainsi déboucher très obliquement sur le bord de la
caverne principale.
1 h* Grande caverne, — I^e sol de cette dernière est à 6 à 7 mètrei
en contre-bas de remboucliure du coiTÎdor. La paroi de ce côté
est verticale et Ton ne peut pénétrer dans l'immense cavité queron
a devant soi qu'au moyen d'une échelle (fi^j. 7).
Si, avant de descendre en N, on regarde un instant devant soi,
le spectacle que l'on a sous les yeux, du l>out de ce corridor, est
vraiment saisissant. Ces voûtes, ces piliers, ces murailles, ces vides,
ces profondeurs, ces arcatuies immenses, entrevus à la faible
lueur des bougies, et à travers des ombres profondes qui en décu-
plent la grandeur, tout cela étonne d'abord, et cause une horreur
secrète, que vient encore accroître l'idée qu'on ya descendre
dans ces abîmes.
Quand on est en N, au bas de l'échelle, on se trouve dans
une galerie de 10 à 15 mètres (1] de largeur, et dont la voûte.
élevée de 15 à 20 mètres, ressemble à celle de nos grandes cathé-
drales, et en rappellerait assez exactement l'idée dans la 1od«
gucur,qui se continue indéRniment k droite et à gauche (fig. 2
et 8).
15. Partie NP. — Si l'on suit d'abord cette galerie dans la direc-
tion NP, c'est-à-dire au S. E., on la trouve descendant d*abord,
puis remontant par ime pente très roide, tournant à gauche, puis
à droite, pour tourner encore à gauche et à droite deux ou trois
fois, descendre, remonter, s'exhausser, s'élargir, s'abaisser, se
rétrécir et se terminer enRn en TU à \(x^ mètres de réchelle
environ, par un labyrinthe de corridors ascendants et tortueux,
où il serait dangereux de s'aventurer, tant la pente en devient
glissante et rapide (2).
J'ignore ce que l'on trouverait au delà. C'est là que je me sois
arrête, et c'est là qu'on s'arrête. A 1200 mètres au S.E., et,seloo
mon estimation, dans la même direction, se trouve un trou vertî-
(1) Cette largeur n*est atteinte que vers le niveau du corridor d'ar*
rivée; su bas la largeur en N n'est que de 6 à 7 mètres.
(2) Le 6 février 4862, un de mes travailleurs est monté à Toxtré-
mité de Is rampe de droite, et il m'a dit que la galerie en se bîfiar-
quant pénétrait plus loin à droite et h gauche.
NOTK DS M. POUBCH. 57S
cal (le 32 mètres de profondeur, un vrai puits ; sur la croupe de
la montagne, peut-être communique-t-il avec la caverne.
Quoi qu'il en soit, on est loin de connaître cette partie de la
grotte de l'Herm, et je doute qu'on la connaisse parfaitement de
longtemps, tant les travaux à exécuter seraient pénibles et dispen-
dieux, tant il parait difficile et dangereux de pénétrer partout, de
parcourir toutes les anfractuosités, de sonder tous les abîmes. Ou
observe, en effet, çà et là des trous, des fentes, des puits d'une
profondeur inconnue, des couloirs bas et étroits, profonds et tor-
tueux, à pente rapide, allant dans tous les sens, et qu'il serait témé-
raire d'aborder et de vouloir parcourir dans toute leur étendue.
L'action pétrifiante se montre dans toute sa puissante activité dans
cette partie de la caverne. Le sol est couvert d'épaisses stalagmites
presque partout, et des stalactites énormes pendent aux voûtes;
certaines atteignent le sol, et s'élèvent en piliers de 15 et 20 mètres ;
ce sont presque partout des culs-de-lampe et d'élégantes draperies,
et, à l'opposite, des milliers de cierges se dressant sur le sol, grou-
pés de toute manière. La masse calcaire ainsi transportée et trans-
formée par les eaux est véritablement étonnante, et l'action qui
produit de tels effets, encore de nos jours, est l)ien ancienne ou
bien énergique.
Cette action, du reste, se manifeste par des faits corrélatifs
d'érosion. Ici aussi on voit des madrépores, des coquilles, des con-
crétions tuberculeuses, siliceuses, saillant sur le roc, mais bien
moins qu'aux galeries supérieures; partout le roc bumecté se
oorrode ; peu à peu son calcaire est dissous et emporté par les eaux,
et ses parties terreuses tombent en poussière. C'est ainsi que des
trous profonds se creusent dans les parois, que les saillants s'émous-
sent et que les fentes s'élargissent ; ainsi s'agrandit la caverne tout
entière dans une proportion encore inconnue, mais régulière sans
doute.
Cette action dissolvante s'exerce aussi sur les ossements que la
grotte contient, lesquels, dans presque toute cette partie, sont sin-
gulièrement ramollis et réduits à une consistance pulpeuse (1).
Quel est l'agent dissolvant? La cliimie le dira. Est-ce Teau? est-ce
l'air? sont-ce les deux réunis? l'acide carbonique, comme la
tbéorie le veut? les sels ammoniacaux et les produits nitreux (2)?
Elle devra dire aussi le rôle positif ou négatif que peuvent pro-
(4) Encore ici les ossements enveloppés dans le limon humide se
distinguent par leur état de conservation parfaite.
(3) Les terres du sol de la grotte du Masd'Azil ont été anciennement
571 8ÉANCI DU i7 FÊTRIBII 1862.
duîrc les déjections des chauves-souris, ces tas énormes de gtuMo
entassés presque partout dans la caverne. Pour nous, quanta
présent, constatons les faits apparents ; c'est ce qa*îl y a d'împo^
tant; les explications viendront ensuite. Or, comme faits intém-
sants, citons encore ces corniches, ces arcades, ces ponts jetés dsai
Tespace, ces rotondes et les coupoles qui les surmontent, témoins
muets mais expressifs des grandes dislocations qu'ont éprouvées les
bancs rocheux qui coniiK)sent la montagne. Ces bancs, acctiséipir
des saillants et des rentrants, se correspondent généralement sur
les parois opposées, et s'y dessinent en lignes horisontales large-
ment ondulées dans le sens NP, qui est celui de l'axe de lacaTemc.
Aux voûtes et aux areades, ces bancs se succèdent et se recooTreat
en encorbellement ; ils se dessinent en corniches le long des gale-
ries et à rinterieur des coupoles (1). Ces détails sont importants â
noter, parce qu'ils peuvent servir à expliquer l'origine de la
caverne, qui, selon moi, résulte du ploiement forcé et de la rup-
ture des couches rocheuses qui composent la montagne.
16. PaNii7 NO, — *La partie NO a un tout autre aspect. La
voûte n'y conserve sa hauteur que jusqu'à 15 à 16 mettes du pied
de l'cchcUe (ou de N). A partir de là, sa hauteur diminue loat
à coup et si rapidement que bientôt elle se réduit à 60 centimètres
et nionie à 50 centimètres; il faut alors aller en rampant, comme
sous la voûte d'un four. La (galerie se termine de ce c6té, et à une
distance NO de fiO à 60 mètres environ, par une rotonde de
9 mètres de diamètre à peu près, au sol bombé au milieu, et
occupé par un groupe de cierges stalactitiques de kO a 50 centi-
mètres de longueur, unissant le sol à la voûte.
Cette exti'émité O, selon mon estimation, doit être très rappro-
chée de l'extrémité H des cavernes de droite, et à peu près sur le
même niveau. Ces deux endroits sont de part et d'autre deux
points des plus bas de toute la caverne (2) et sans doute les n
exploitées pour la fabricsttoii du salpêtre. On conçoit que les matières
animales entassées dans les cavernes en général y favorisent la pro-
duction de composés nitreux de diverses sortes.
(\) On démôle tout cela avec un peu d'attention ; il ne faut recher-
cher ni éléj^ance ni régularité dans l'agencement des membres divers
de celte architecture gigantesque.
{%) Le point le plus bas paraît être situé à 20 ou 25 mètres au S. B.
du point N vers NPQ. Â partir de ce point vers I le sol monte tou-
jours par une pente moyenne de plus de 20 degrés ; à partir delèsunî
la galerie s'élargit etlavoOte s'élève au point qu'elle atteint une lai^iar
de 36 mètres environ et une hauteur de 30 mètres.
IfOTl Dl M. POUKCB. 676
par lesquelles les eaux 8*écoulent au moins en partie (fig. 2).
D^ailleurs on voit ici comme en H, et, selon mon estimation,
à la même hauteur, des restes d'un bourrelet de stalagmites (fig. 9
et 10).
Toute cette partie NO de la grande caverne renferme beau-
coup d'ossements; ils y sont dans un terreau roussàtre, friable,
nullement recouvert par les stalagmites. Ces os sont généralement
blancs, tendres, spongieux et cassants, souvent même friables
quand ils sont humides; en se desséchant, ils deviennent consis-
tants et solides. Ce sont encore ici des os d'Ours de la grande et
de la petite espèce, de cette dernière surtout. Il y a été recueilli
des squelettes presque entiers, sans compter des pièces fort impor-
tantes de la tète, du tronc et des membres. Je citerai, entre autres,
un tibia de la grande espèce portant encore les profondes em-
preintes des dents canines d'un autre carnassier plus petit qui a dû
le ronger.
11 y a été recueilli aussi des restes de grand Felis et d'Hyène,
enfin des ossements humains ; ces derniers, quand le temps de
la discussion des faits sera venu, seront l'objet de remarques par-
ticulières. Pour le moment, terminons par cette question qu'on se
pose malgré soi quand on voit la prodigieuse quantité d'ossements
que renferme cette partie de la caverne : Ces ossements, d'où vien-
nent-ils? Ils sont évidemment les restes d'animaux qui ont habité
la caverne de génération en génération, pendant longtemps sans
doute. Dès lors, par où y venaient-ils? Etaient-ils capables de
franchir d'un bond la hauteur verticale de 7 mètres qui sépare le
bout du couloir d'arrivée du sol de la caverne? Cela semble bien
peu probable^ surtout pour les Hyènes, et même pour les Ours et
les Lions; grimper le long de la paroi rocheuse et unie paraît
^plement impossible. Dès lors, il faut supposer qu'il y avait et
que peut-être il y a enpore quelque issue inconnue, ce que
permettent parfaitement de supposer les grandes et nombreuses
anfractuosités encore inexplorées que présentent le fond et le
côté NE de la grande caverne (1).
(4) Le G février 4 863, me trouvant en U, à Textrémité SE de la
galerie NP, et remarquant les sillons creusés par les grit)es des chats
jauvages et des fouines sur la stalagmite encore tendre qui couvre la
fampe extrêmement rapide terminant cette galerie, j en observai de
bien plus larges et de plus profondes et telles qu^en pourraient creuser
les griffes des ours ; un ours était passé par là autrefois. Cela me sug-
géra l'idée d'enlever la croûte saperfioielle pour voir a*il y en avait
576 SÉAlfCE DU 17 FÊTRIBR 1862.
Jixjjlicatiofi drs figures de la planche Xlli^
Fis? \. Entrée de la arotle.
Fi^. 2. Plan général de la grotte en projection horizontale.
Fig. 2 bis. Coupe longitudinale verticale du Tostibule ABCD.
Fig. 3. Coupe id., selon EFGII, du couloir de droite et de la salle
elliptique.
Fig. 4. Coupe id., selon HGFl, en remontant de l'extréinité H dt
Tossuaire Yers I.
Fig. 5. Coupe id. de la première galerie de l'étage supérieur de la
grotte, selon IJ.
Fig 6. Coupe id. de la seconde galerie du deuxième étage, selon KJL.
Fig. 7. Coupe id. d*uno partie du vestibule et du couloir de gauche
IIN, suivie de la coupe en travers ONP ou de la grande
caverne, ainsi que du couloir FI.
Nota, — Q, fig. 5, est la coupe transversale de la grande
caverne en Q, dans les rapports d'altitude avec la galerie
supérieure IJ.
Fig. 8. Coupe longitudinale de la grande caverne dana sa partie
explorée do 0 en V; pp^ piliers de stalactites; r, cavité
profonde avec limon ossifère ; //, trous verticaux à osse-
ments incomplètement explorés: r, aile de rocher se pro-
jetant dans r intérieur de la caverne, banc eu saillie sor
lequel on peut constater la flexion générale de l'assise cal-
caire dans laquelle la grotte est creusée; la coupe de oa
banc en .saillie est représentée fig. 9 ; hh^ forts bourrelets de
stalagmites traversant la caverne et résultant de rupture
violente de la couche entière, qui a plus de 4 mètre d'épais-
seur;/>', pilier rocheux en place; v, couloir inaccessible
ascendant; //, cavité dans la paroi en forme de berceau oo
de niche. C'est tout près de là que le squelette humain a
été trouvé.
rii;. 1). Coupe en travers: de la grande caverne selon la ligne r/. On
y voit la section du banc saillant avec sa flexion en gout-
tière ; on trouve des ossements sous cette aile de roche
comme dans les cavités qui se trouvent sous le bourrelet de
stalagmites hb; on voit en noir, dans le fond de ce.te
coupe, la représentation des issues extrêmes de la ca*
verno ?•?''?;".
Fi^. 4 0. Coupe selon ZVW On y voit les cavités extrêmes v et »■, l5
pilier de stalactites/^', enfin la cavité ossifèro r; les ti
d'ours s'observent sur la rampe UV.
au-dessous ; il s'y en trouva, en effet, de bien plus nombreuses et de
bien plus grande dimension. Dès lors la question était résolue, au
moins avec grande probabilité. C'est par là que passent les animaui
qui du dehors pénètrent dans cette partie de la caverne; c'est par là
que sont venus ceux qui l'ont remplie de leurs os.
NOTE DE M. POUSCH, 677
Fig. 4 \ . Coupe selon OH montrant les relations des deux gîtes ossî-
fères 0 et G.
Fig. 4 2. Coupe SE,NO par le travers de la brèche superficielle du
Baux. A' est l'entrée de la caverne en petit.
N. B, — Dans les coupes verticales les lignes pointées et les cotes
qui les accompagnent indiquent les diverses parties de la caverne avec
leurs niveaux relatifs. Ces cotes ne sont pas d'une exactitude parfaite,
mais elles suffisent; elles sont rapportées à l'altitude de 500 mètres,
qui est supposée être celle de l'entrée môme de la caverne et du ves-
tibule qui la suit.
Il* Partie. — Discussion des faits.
Faits primordiaux, A^c relatîj et origine de la caverne.
Le calcaire dans lequel cette grotte est creusée a été formé au
fond de la mer à la manière de ces bancs de coraux de même
genre qui se forment encore aujourd'hui dans les mers tropicales.
A l'époque de celte formation la mer crétacée baignait le pied
même des Pyrénées (1) et en particulier le pied N du massif mon-
tagneux ancien qui, par le sud de Foix, s'étend de Saint-Girons
au pic de Saint-Barthélémy et dans TAude. Ainsi la région qui
forme la haute Ariége aujourd'hui se trouvait dans des conditions
à peu près insulaires, coupée encore qu'elle était de golfes assez
étendus, tels que celui qui par Engomer, Alos, Oust et Massât
s'étendait de la Bellongue jusqu'à Rabat (2).
Tel était Télat de cette région lorsqu'un premier mouvement
souterrain vint la rider et en émerger une partie. Ainsi une longue
presqu'île se forme, comprenant tout le massif montagneux qui
s'étend de Pércillc à Taurignan, et se reliant au massif principal
par un isthme situé entre Saint-Girons et Saint -M art in de Caralp.
Un golfe étroit partant de ce dernier point allait s'ouvrir en pleine
mer sur Lavelanct et Bclesta , comprenant tout le bassin de Foix
et IVlontgaillard, les territoires de Celles, et Saint-Paul et tout le
bassin de l'Espone (3), portant sa rive méridionale à Freychenet
Cl Gabachon, Montferries et Fougax [li). Alors aussi la vallée de
(4) J'entends de la masse des Pyrénées ou des Pyrénées primor-
diales, région insulaire alors et complètement séparée du continent
européen comme du reste de la France.
(2) Le sol de ce bassin, qui forme une contrée montueuse aujour-
d'hui» n'en porte pas moins les caractères de son origine.
(3] Ce bassin comprend en partie les territoires de Soula, Leychert,
Malzon et Roquefissade.
(4) Môme observation que ci-dessus; le sol de ces contrées est au-
Soc. géoi.y 2* série, tome XIX. 37
678 SÊANGK DU 17 FfiVRIBR 1862.
rAiîé(>e n*exîstait pas, si ce n*cst dans sa partie supërîenre. Le
bourrelet inoiitn{rneux ainsi forint^ n'avait pas un relief aussi fort
qu'aujourd'hui ; mais il se continuait tout d'une pièce de sa pointe
orientale à son extrémité occidentale, sans brèche, ni coupure, lie
Pech de Foix se reliait à Saint^Sauveur sans aucune solation de
continuité et sans trace de la coupure profonde qui les sépare
aujourd'hui. Alors aussi l'Ariége n'existait pas encore si ce n'est
dans le haut de son cours.
Quel fut l'état de la montagne de THerm alora et du massif de
la caverne en particulier? On ne saurait le dire. Une anse péné-
trait dans la vallée de Pradières et ladite montagne formait un
cap ayant la pointe au N. O. Si la caverne était ouverte alors,
clic ne Tétait qu*en partie, mais j'en doute, et je ne puis même
dire si le point où se trouve son ouverture, aujourd'hui était au
niveau du balavenient des eaux, émergé ou immergé. Ce serait
aux faits observés de nous le dire ; et, pour moi, je confesse que je
n'en ai pas remarqué d'assez positifs pour me prononcer à cet
égard. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'alors c'était l'époque des
Ammonites vi des rudistcs, sans compter cent autres genres et
espèces de madrépores, d'ccliiiiides, de coquilles, etc. , et rien de
tout cela n'a été rencontré dans la caverne à l'état roulé, comme
cela devrait être, si elle avait été ouverte au-dessous des eaux, ou
au niveau de leur surfac e. On n'y a encore vu, non plus, ni des
trous de Plioladcs, ni des sables, ni des galets roulés. Peut-être
déeouvrira-t-on toiil cela, car l'imprévu doit compter pour beau-
coup en géologie ; peut* être un jour y trouvera-ton des ossements
d'animaux terrestres ou aquatiques de cette époque, des poissoitf,
des amphibies, qui décideront si la grotte était émergée ou si elle
était sous-marine, toujours, si elle existait ou non. Mais ces décou-
vertes ne sont pas faites encore; c'est à l'avenir de trancher la
question (voy. pi. \\\\ fig. l, la coupe idéale représentant l'état
de choses à Tépoque crétacée).
Ce que je puis seulement aflirmer dès à présent, c'est que les
diverses couches crétacées, qui se sont déposées dans la mer apris
ce premier mouvement, se tiennent à environ 60 mètres (1) plus
bas que le niveau actuel de la caverne, sur le flanc du massif cal-
jourd'hui montagneux, mais son origine est attestée par sa constitution
géologique.
(1 ) Ces différences de niveau sont évaluées à vue d'œil et par esti-
mation grossière.
NOTl D» M. POUBCH. 670
caire contre lequel elle vient de toute part, et transgressivement^
se terminer en biseau (1).
La période tertiaire, du moins dans nos régions sous-pyré^
néennes, succéda sans secousse à la formation crétacée. Bien qu^
les premières couches éocènes s'appliquent sur les dernières oou-
ches crétacées en stratification transgressive et absolument discor-»
dante, on ne remarque pas entre elles ces oppositions frappantei,
ces situations heurtées, ces transitions bruscjues qui annoncent
des mouvements violents (2).
Ici, je le répète, la grotte de THerm était-elle déjà complè-
tement ou partiellement ouverte pendant cette période ? émer-
gée, submergée? Rien ne le dit. Aucun des phénomènes auxquels
ces diverses suppositions permettent de s'attendre ne s'y présente;
pas de coraux et de coquilles roulées, pas de galets, pas de sables,
pas de trous de Pholades. Si ces divers accidents y existent, ce
n'est que dans les parties les plus profondes, non encore explorées,
et dans lesquelles seulement on pourrait espérer de ti'ouver des
restes de ces grands reptiles qui signalèrent cette époque, enfin del
Lophiodons qui devaient habiter la contrée, puisque des restes
importants de ce genre viennent d'être recueillis dans les grès
nummulitiques des environs de Mirepoix (3). Mais encore un coup,
tout cela reste jusqu'à présent à vérifier comme fait.
Enfin, un grand et puissant mouvement arriva qui mit fin à la
période coccne, qui donna à la chaîne des Pyrénées son relief
actuel j avec sa forme dernière, et qui redressa si fort enfin les cou-
m I III ■ i.i» I II iiiii »,
(4) C'est UQ fait évident qu*on peut observer de TE. au N. et à FO.
•ur tout le pourtour de la montagne; de plus, on n^observe ces dépôts
nulle part sur les croupes et les plateaux. D'ailleurs, la nature des dé-
pôts argilo-macigno-poudioguiforaie, psammites, calcaires marneux et
grossiers avec profusion d'Ammonites (souvent énormes) et des bancs
de rudistes annonce des dépôts littoraux. La complète émersion do
la caverne pendant cette période semblerait donc évidente et son habi-
iation possible si elle était déjà ouverte ; mais les dépôts miocènes,
bien postérieurs à ceux-ci, atteignant jusqu'à 480 mètres et parais^
•ant en avoir atteint au moins 540, viennent nous présenter ud«
nappe d'eau douce postérieure et bien supérieure aux eaux marines et
former partout une sérieuse difficulté.
(2) Voyez, pi. XIV, fig. 2, le peu de surélévation qu'on peut suppo-
ser que la montagne a éprouvé pendant la période éocène.
(3) C'est évidemment le contemporain de celui qui a été signalé
dans le temps comme recueilli dans le bassin de l'AmbroIe; le point
où ce fossile a été recueilli n'est pas à 6 kilomètres de Tembouolrara
de cette rivière.
580 SÉANCK DO 47 PÉY11B1 i802.
elles iiuminuli tiques situées précisément à 1200 inèlres au N. el
en face de la caverne de THerin [!]• C'est à ce dernier mouvement
que sont dues, sinon Touverlure et Témersion définitÎTe de cette
caTcrne, du moins sa forme actuelle et ses dimensions.
J'omets le détail des grands effets produits sur la forme, le relief
et l'état général de la chaîne pyrénéenne, même dans nos contréei
Je dirai seulement que la vallée actuelle de l'Ariége 8*ouTrit alors,
ainsi que celle de ses principaux affluents, par TefiTet des grandes
et profondes brisures dont on voit les traces partout. Alors la mer
se retira et fit place à Teau douce. Un grand lac ou estuaire s'éta-
blit dans le bassin sous-pyrénéen, refluant chez nous en partîca«
lier jusque dans les vallées de la haute Ariége, Ainsi, une nou-
velle région émergée s'ajoute à la première région probablement
insulaire et consistant tout au plus en une chaîne d'îles isolées,
séparées par des baies et de petits détroits, et où put s'établir une
nouvelle population animale avec une nouvelle végétation (2).
Mais revenons au principal objet qui nous occupe et examinons
les effets de soulèvement sur la montagne de l'Herm.
Cette montagne fut probablement surhaussée et très certaine-
ment disloquée dans ses parties constituantes; trois plis se for-
mèrent parallèlement ù l'axe, très rapprochés, très aigus, et
encore aujourd'hui très fortement accusés. Or, cela ne pouvait
pas s'opérer sans rupture, et c'est aussi ce qui arriva. Entre
la poussée venant du nord et la résistance placée au sud, les
deux bords du plateau rocheux, forcés de se rapprocher, for-
cèrent la couche calcaire qui le formait à s'élever e» voûte. Mais
cette voûte d'une trop grande portée s'affaissa sous son propre
poids. Ainsi, trois plis se formaient: un pli concave entre deux
convexes, et la courbure qu'ils furent forcés de prendre les
rompit en même temps. De là cette rupture complète sur plu-
sieurs points du premier pli convcxv et qui s'annonce sur le
premier plan par des escarpements considérables en certains
endroits; de là la rupture générale selon l'axe du S. £. au N. O.,
du pli concave avec tous les accidents d'où résulte la caverne
aussi sans doute, et bien d'autres cavités encore inconnues; de U
(4) Ce redressement est excessif et dépssse môme la verticale
(voy. pi. XIV, fig. 3).
(2) Les points les plus élevés de la crête nummulitique, ainsi que
les sommets des hautes collines poudingui formes de la formation éocèns
sont seuls au-dessus du niveau delà grotte, seuls ils dépassent 600 n^
très; tout le reste est au-dessous.
MOTS DE M. POOBCH. 581
enfin la rupture moins prononcée du second pli convexe plus
ouvert et plus large que le premier, mais d*où résultèrent ces
puits, ces fentes, ces enfoncements cratériformes que l'on observe
sur la croupe de la montagne, et qui en absorbent les eaux pour
les porler aux sources puissantes qui sourdent de paît et d'autre
au fond des deux vallées de Pradièies et de rilcrni (voy. pi. XIV,
fig. 3). Sans doute, le vestibule de la grotte et certains des cou*
loirs ne sont pas parallèles à Taxe de la montagne, mais une sem-
blable secousse n'a pas pu avoir lieu sans contre-coup et sans
produire des ruptures accidentelles de plus d'une sorte. On observe,
en effet, à Tcxtérieur même, des ondulations transversales dans le
massif de la montagne et des ruptures correspondantes. On en
observe même une à l'O., tout à côte de l'entrée de la caverne elle-
même ; c'est une rupture opérée dans les coucbes supérieures de la
roche et dont est résultée une petite brèche transverse représentée
pi. XIII, fig. 12, et qu'on appelle le Baux. Les grands mouvements,
connue il faut s*y attendre, produiront simultanément des effets
de toute sorte, grands et petits.
La grotte, comme je l'ai dit, pouvait avoir été avant cela
comme ébauchée en quelque sorte ; elle fut proprement formée à
la fin de l'époque éocène, et c'est nécessairement à cette époque qu'il
faut la rapporter.
Alors aussi commença la période miocène avec ses terrains allu-
viaux et lacustres, en particulier avec ces dépôts d'argiles et de
sables, ces lits de gravier et de cailloux granitiques, ces mollasses
d'eau douce intercalées de lits d'argiles et de marnes qui occupent
à partir de Varilhes toute la partie septentrionale du département,
CCS terrains si remarquables par leur faune fossile dont la caverne
renferme peut-être des restes enfouis dans ses profondeurs. On
trouve, en effet, dans ces terrains des restes de Mastodontes, d'Elé-
phants, de Dinotherium, de Rhirv>céros de plusieurs espèces, de
Tapirs, de chœridiens nombreux, qui ne peuvent avoir vécu ail-
leurs que sur les montagnes voisines, les seules immergées, avec de
grands carnassiers dont on trouve aussi les restes, qui peuvent avoir
habité la caverne et y avoir traîné les ossements des herbivores dont
ils se nourrissaient (1). Rien dans ce genre n'a encore été rencontré
dans la grotte. Aussi n'avons-nous fait jusqu'ici qu'effleurer le
dépôt, nous amusant à recueillir les débris d'une faune remar-
(4) On raisonne ici dans la supposition que la grotte aurait été im-
mergée pendant la période miocène ; cette supposition n'est pas à
Tabri de sérieuses difficultés. Les dépôts miocènes au S. de Pamiers
582 8ËÀNCS DU 17 FÉVKiit 1862.
quable sans doute, mais bien moins que les autres â raison de u
moindre antiquité. Espérons que rimportance du sujet sera oo
jour appréciée et qu'il sera donné & la science de mettre au jour
les richesses immenses que peut receler cet horrible et curieux
souterrain.
Tels furent Tétat de la contrée et les condîtioDS de la caverne
de rifcrni pendant la période miocène. D'ailleurs, imposible de
préciser et de dire combien cette période dura.
Pendant ce temps, quel qu'il soit, la contrée se peupla d'ani-
maux proportionnellement à son étendue, à ses ressources alimeo-
taires et & la richesse de sa vé(;étation. Peut-être même des com-
munications s'établirent -elles avec des contrées précédemment
isolées et donnèrent-elles entrée à des espèces jusque-là étrangères.
Quoi qu'il en soit, l'eau douce alors remontait jusque dans lei
vallées de la haute Ariéf;c (1), et celles-ci se comblaient de nom-
breux débris qui devaient tomber des pics de nos montagucs, bien
phis élevés alors et plus ai{;us qu'aujourd^hui.
Enfin le dernier mouvement arriva, ce mouvement subit et
fvénéral des eaux dont on trouve partout la trace et dont le résul-
tat fmal fut l'état d(> cliosos ()ui ilure encore, la fixation définitive
des limites respectives des continents et des mers, telles qu'on les
voit aujourd'hui.
atteignent 450 et 480 mètres d*altitude ; ils s'élèvent plus haut Ters
Varilhes, et, en comptant rabaissement que les dénudattons leur ont
nécessairement fait subir, ainsi que l'épaisseur de la nippe d'eau lous
laquelle ils se déposèrent à l'origine, on peut porter sans ezagératioa
à 540 mètres le niveau des eaux sous-pyrénéennes de cette époque.
Or, co niveau est à peu près celui du fond de la vallée do rAriéga
auxCabannes; il dépasse celui de Tarascon de 60 mètres, et partant
aussi, selon Tévaluation que j'en ai faite, celui de la grotte do rHerm.
(4) Cela résulte de la comparSison des niveaux, comme on Ta v«
dans la note précédente ; mais l'inspection attentive des faits Tient
encore le confirmer de nouveau. On voit, en effet, sur le flano des
vallées, surtout aux environs de Tarascon, tant dans la Tallée de Rabat
et de Vicdessos que dans la vallée de TAriége proprement dite, des
dépôts de gravier et do sable granitique jusqu'à de grandes hantsuis
au-dessus des rivières actuelles, jusque dans les cavernes dent ils
bouchent encore quelques-unes, enfin, jusque sons ces grands tas de
blocs calcaires éboulés des montagnes voisines et qui sont tombés de-
puis, puisqu'ils reposent sur eux. Or, ces dépôts accusent évidemment
un ancien niveau d'eau postérieur au grand soulèvement des Pyré-
nées, d'où résultent ces mêmes vallées, mais antérieur au grand cats*
clysme dilqvien après lequel la pays a été définitivement immargé.
IfOTB DB H. POUBCH. 58S
Sans dire ce que ce grand ëvénement produisit dans la cavité
soutcnaine qui nous occupe, sans prétendre lire sur son fond
ni sur ses parois les traces qu'il peut y avoir laissées et qu'on n^y a
pas encore aperçues, ce mouvement plus étendu que le précédent,
mais moins violent et moins brusque, vida le bassin sous -pyré-
néen et inaugura pour les contrées un état de choses qui n'a pas
essentiellement varié depuis.
Alors aussi eut lieu la grande débâcle qui a si profondément
dénudé le dépôt miocène de la basse Ariége, enlevant totalement
ce dépôt sur une profondeur de plus de 200 mètres et sur une
largeur de 12 à 15 kilomètres, séparant ainsi les coteaux, dits du
Terrefort, sur la rive gaucbe de l'Ariége, de ceux du Lauraguais
sur la rive droite de l'Hcrs, couvrant en6n tout l'espace ainsi
dénudé d'une couche continue et épaisse de sables, de graviers et
de blocs granitiques descendus du haut pays. On peut, en effet,
suivre pas à pas ces dépôts diluviens et sans jamais en perdre la
tract% depuis la limite N. du dépaitement de l' Ariége jusqu'aux
gor(>es de Tarascon d'où ils sont partis.
Donc, pendant que se formaient dans l'estuaire inférieur les
couches miocènes, les vallées supérieures se comblaient par les
débris des montagnes que les divers affluents y portaient. Or, tous
ces dépôts devenus très puissants, ;\ la fin de la grande débâcle,
lorsque les eaux prirent leur écoulement vers le N., descen-
dirent tous à la fois vers la plaine. De là, aussi, ce profond ravi-
nement du miocène dans le bassin de Pamiers et au-dessous ; de
là cette immense traînée de matériaux erratiques, déposés à la
place et produits d'un seul jet; de là enfîn ces autres dépôts de
même nature, mais non de même forme, que l'on voit encore dans
les hautes vallées s'élevant eu talus sur leurs flancs jusqu'à des hau-
teurs considérables, encore aujourd'hui supérieures de 60 mètres
et plus au cours des rivières actuelles et pénétrant même dans les
cavernes qu'ils obstruent quelquefois complètement.
On doit me pardonner ces détails ; ils m'ont paru nécessaires
pour bien préciser l'état de la contrée à partir de la complète et
définitive émersion de la grotte ; ils se rattachent nécessairement
d'ailleurs à la question principale, c'est-à-dire à la discussion des
faits que présente la caverne de l'Herm.
En effet, une prodigieuse quantité d'ossements de grands car-
nassiers se trouve entassée dans cette caverne, et il n*estpas indif-
férent pour expliquer leur présence de savoir comment ils ont pu
y venir. Or, comme il u*est pas possible de supposer que ces osse-
ments aient été traînés là par les eaux, puisque le dépôt qui les
68A SÊANCB DU 17 FÉVRIER 1862.
renferme ne paiait pas d'origine diluvienne» comme il n'est pu
plus possible d'admettre, ainsi qu'on le verra par la auice, que kl
animaux qui ont laissé là leurs dépouilles y soient morts tous en
mcmc temps, comme tout dit au contraii-e qu'ils y sont morts suc-
cessivement, à une époque où ces grandes espèces réunies habitaient
la contrée, c'est à l'état de la contrée |)endant cette même époque
qu'il faut remonter pour avoir l'explication des faits obseiTés.
Explication des figures (le la planche XI F.
Fig. 4 . État présumé de la montagne de THerm pendant la dernière
période crétacée et la période éocène.
Fig. 2. État de la même montague pendant la période naiocène.
Fig. 3. État définitif et actuel do la même montagne.
Notn, — La ligna horizontale pointée N. S. indique les
niveaux d'eau présumés aux diverses époques; le niveau
est fixé à 500 mètres dans les figures 9 et 3 ; mais, d'après
l'altitude des dépôts raiocôncs des environs de Pamiers, il
semble qu'il faudrait porter ce niveau à 540 on 550 mètres;
c'est ce que figure la ligne supérieure, cotée à 550 mètres.
H» est la vallée de rUorm ; P, celle de Pradières; M, fig. 3,
le vieux château de Montlaur; R, le ruisseau et le moulin
de la Vernière ou de IHerm ; G, la grotte; S', la source
puissante de Pradières.
Détail de la coupe de bas en haut :
c : massif crétacé do la montagne; r/, dolomie grenue sans fos-
siles ; r, calcaire madréporique siliceux à Orbitoline conique
et dans lequel est creusée la grotte. Ces deux assises, con-
cordantes d'ailleurs, sont séparées par une couche ferrugi-
neuse pisolitique.
nirp: massif crétacé supérieur ; ni^ calcaire marneux à Orbito-
iincs et à Ammonites ; r, banc calcaire grossier à radiales ; pj
psammites, marnes argileuses, etmacignos poudinguiformeS|
à coraux, madrépores roulés et Orbitolines (petites Bélem-
nites?, échinides, etc., etc.) très fossilifères, les macigoos
surtout, très riches en Orbitolines; j'y ai recueilli de jolis
articles de Pcntacrinites ; le reste, /i, /, g,gm^ est le groupe
d'Âlet(d'Archiac), composé de grès pyriteux avec un banc à
lignitcs, des grès et des marnes rouges en /^/7', enfin de deux
assises calcaires sous-nummulitiques séparées par une assiso
marneuse, quelquefois avec gypse ; en un mot, les séries III et
IV du Mémoire sur les terrains tertiaires {Bulletin^ 2* série,
t. XVI, p. 381).
Or, c*cst ù la fin de la grande débâcle que le vaste baasin
pyrénéen a été mis h sec et ajouté aux autres i-égions Gontîncu-
NOTB DE M. POUfiCH. 585
taies déjà ëinergëes ; c'est à partir de là que de larges communi-
cations ont été établies entre les Pyrénées et la péninsule Ibérique
d'un côté, de Tautre entre ces mêmes Pyrénées, région séquestrée,
insulaire jusque-là, et le reste de la France et de l'Europe; de
larges voies ont donc alors été ouvertes aux migrations des espèces
animales, et k partir de là une faune nouvelle a pu s'établir dans
le pays.
Alors, en cfret, la végétation, et une végétation puissante comme
toutes les végétations primordiales, a dû s'établir dans ces régions
toutes neuves, sur ces plateaux étendus, dans ces plaines ouvertes
que nul pied humain n'avait encore foulées et encore toutes riches
du frais et humide limon que les eaux y avaient déposé. C'est
aussi avec celte végétation ou bien peu après elle que dut venir
s'établir dans ces mêmes lieux une population animale correspon-
dante d'herbivores d*unc richesse proportionnée, suivie d'une
population carnassière puissante et nombreuse aussi en proportion.
Alors, ont dii prendre possession de la grotte de l'Herm et des
autres ces grands Ours et ces autres grands carnassiei^s dont on y
Toit les dépouilles; car, pour une population de ce genre, il faut
une population d'herbivores correspondante, et à celle-ci une
végétation riche et puissante dans une contrée ouverte et com-
plètement libre, c'est-à-dire dans un pays tout à la fois fertile
et désert.
L'homme n'habita donc pas probablement des premiers la con-
trée ; la cohabitation avec ces grands et nombreux ennemis ne lui
était pas possible tout de suite; il a fallu qu'il y vînt peu à peu
et en nombre, c'est-à-dire pas à pas, de proche en proche, et par-
tant, le dernier.
C'est donc à partir du cataclysme diluvien que la faune de la
caverne de Tllerm s'est établie dans la contrée; c'est de là qu'elle
date; c'est à cette époque, la dernière des époques géologiques,
qu'il faut la rapporter.
Telle est, à priori^ la conclusion naturelle qui résulte des faits
primordiaux sérieusemeut discutés. Nous verrans si la discussion
des faits subséquents amène une conclusion différente.
Faits subséquents à Couverture et h V immersion de la grotte. Dépôt
ossijèrc; ossements humains.
La formation de la grotte expliquée, l'époque de son immersion
déBuitive fixée, celle du commencement de la faune qui l'a rem-
plie de ses dépouilles déterminée, il ne reste qu'à examiner sous
586 SÉANCR DU 17 FÉTtlIt 1862.
quelles conditions les ossements qu'on y voit ont pa s'y acamm-
1er, discussion importante, intéressant tout à la fois la palÀMito-
logie, la zoologie et même l'ethnographie.
Gomme cela a été observé à la fin de la discussion prëcédenle,
il faut une région vaste, fertile et déserte à une nombreuse popu-
lation carnassière, et, comme c'est seulement à la fin de la période
diluvienne que cette condition a été remplie pour la contrée qui
nous occupe, c'est aussi de cette époque qu'il faut dater l'origiiie
de la faune nombreuse et puissante qui a fréquenté la caTerne de
THerm. Ce premier point acquis, la discussion des faits particu-
liers devient facile, les conséquences viennent tout naturellement,
et les faits observés sont loin de les contredire.
Ainsi, d'abord, c'est un fait évident, pendant des siècles de
nombreuses p,énéralions d'Oui*s ont habité ce souterrain ; c^est là
qu'ils avaient leur repaire, c'est là qu'ils .hibernaient, c'est U
qu'ils élevaient leurs petits, comme le prouvent les noinbreufei
dépouilles d'oursons qu'on trouve partout ; c'est là que les adultes
et les vieux se retiraient aux approches de l'hiver, après avoir cbsssé
pendant toute la belle saison dans la plaine.
Les grands Feiis et les Hyènes hantaient aussi les souterrains,
sans doute à la suite des Ours, les premiers pour en faire leur proie
probablement, les autres pour en briser les os et en dévorer la
restes : car telles sont les hal>itudes des Hyènes, on le sait, et quel-
ques os portant l'empreinte de profonds coups de dents, d'autres
cassés, certains corrodés par un dissolvant et comme à demi digé-
rés, semblent prouver qu'ici elles ont été fidèles à leurs liabi-
tudes (1).
Quant au grand /'V//.v, tigre ou lion, il pouvait certai Dément
faire sa proie de TOurs de la petite espèce, et s'emparer aussi des
(4) J'ai ici principalement en vue un fort tibia d'Ours trooTé en N|
lequel est tout criblé de trous faits comme avec un poinçon, et daos
lesquels entre facilement la pointe d'une canine d'Ours de la petite
espèce. Ce sont des empreintes de dents supposant une très forte prsi-
sion. J'ai aussi, dans la collection faite à THerm, an or&ns d'Ours
mutilé et ouvert à Tocciput, absolument comme si on l'avait brisé
exprès de ce côté comme pour en extraire ou pour en sucer la csr*-
velle; les bords de cette ouverture ne présentent pas de traces évi-
dentes de dents; la brèche semble plutôt faite avec un instrument
contondant, par exemple un caillou, plutôt que par la dent d'un ani-
mal quelconque. Au reste, cet ossement est très frais et semble appsr^
tenir à l'un des derniers ours qui ont habité la grotte. Sar des
vertèbres d'ours et des fragments de crâne de la même sspèsty r^
TfOTK DE M. POUECn. 587
jeunes sujets de la grande; il n'y avait que les adultes de cette
dernière qui pussent lui résister. La comparaison pièce A pièce des
ossements de ces deux grands carnivores montre évidemment
qu'ils étaient de même force, et que, si l'Ours était plus massif et
plus robuste, le FcUs était plus agile et mieux armé (1).
Au reste, des combats à outrance entre ces grandes espèces de
carnassiers expliqueraient assez bien la mort de tant d'Ours encore
jeunes et i-obustes, ainsi que l'état de leui^s dents le prouve ; je ne
tais si l'hypothèse des épizooties toute seule suffirait pour expli-
quer ce fait (2).
\jisi quantité d'ossements d'Ours existant dans la caverac de
r lier m est vraiment prodigieuse ; on y en trouve partout, mais
partout aussi on voit qu'ils y ont été déposés successivement pen-
cueillis le 6 février dernier, j'ai aussi reconnu de profondes empreintes
de dents. Ces ossements ont été trouvés dans une anfractuosité latérale
de la salie G, à 5 mètres au-dessus du sol ; elld était remplie d'os la
plupart brisés, à bords arrondis, émoussés et usés, indiquant un frot-
tement prolongé, tel que le produirait le passa<;'e fréquent d'un repaire
d'Hyènes. Dans le même individu j'ai trouvé une deuxième molaire d'en
haut d'un grand /'V//5 (voy. Cuv., Ossem. foss,^ pi. 194, fig. 3);
l'état des os précédents s'expliquerait ainsi beaucoup mieux que par un
commencement de digestion, comme je l'avais supposé d'abord. Des
grains de fer hydraté attachés à ces os prouveraient que ces cavités ne
sont pas loin de la couche indiquée pi. XIV, fig. 2 et 3.
(1) Voici en regard les dimensions respectives de deux canines infé-
rieures droites de ces deux grands carnivores :
Ours,
Longueur absolue, sans
compter la courbure. . 4 3*,2
Longueur de la racine. . 9 ,2
Longueur de la couronne. 4 ,»
Diamètre moyen à la base
de la couronne 8,8
Épaisseur moyenne, maxi*
mum 3 ,6
Felit.
Id. id.,
Id. id.,
Id. id.,
Id. id.,
Id. id.,
4 4*
,»
8
,»
6
f»
t
.8
3
.«
Ainsi Tépaisseur moyenne étant à peu près la même, la canine du
Felis est plus longue, surtout la couronne qui l'est d'un tiers de plus;
•lie était donc bien plus pénétrante que celle de l'ours.
(9) Un genou d'Ours ankylosé, dans lequel les têtes du fémur et du
tibia avec la rotule ne font qu'une masse osseuse, ne semblerait'il
pis supposer une profonde morsure qui aurait offensé cet osT Je cita
M fait sans en tirer une conclusioD absolue.
588 SÉANCB DU 17 FÉVRIER 1862.
dant une longue période de temps, qui parait s'étendre juaqu^à
une époque assez voisine de nous.
En effet, ainsi que je l'ai déjà observé, on y trouve ces os à tous
les états de conservation et d'altération; il y en a de pétriGés;
d'autres conservent encore leur état frais et toute leur matière
animale, et entre ces deux extrêmes on en rencoutre à tous les
degrés de décomposition. Sans doute, les circonstances localesoù
ils se trouvent intervertissent souvent cet ordre, qui se conserve
cependant dans l'ensemble, de sorte qu'eu général ce sont les plus
récents et les plus superficiels qui sont le mieux conservés.
Une autre preuve de l'habitat permanent de la caverne par lc!S
animaux de ce genre, c'est la présence de dépouilles d'individus
de tous les âges, depuis les oursons les plus jeunes jusqu'aux vieil-
lards décrépits. De plus, dans les endroits retirés, là où les indi-
vidus des diverses générations sont morts successivement les uns
sur les autres, on a trouvé les ossements déposés par lits et par
couches, les plus superficiels comme les plus récents se ti-ouvant
aussi le mieux conse'rvés; c'est ce qu'on a observé en JK la pre«
micre fois qu'on a exploré le gitc; les ossements y étalent disposés
par couches les uns sur les autres, et ceux de dessous étaient géné-
ralement pourris. Ici ces os n'avaient jamais été transportés hors
de leur place, comme sur d'autres points, où ils ont été trônes et
entassés par les eaux.
Ce dernier cas est celui de l'ossuaire HG. Là cependant aussi
il y a des ossements de diverses époques et aussi diversement dis-
posés. En efl'et, il y en a là aussi d'enfouis dans un terreau meuble
et superficiel, en G principalement, terreau à peine aujourd'hui
couvert par une mince couche de stalagmites. Or, là, en général,
on trouve assez rapprochées les pièces d'un même squelette; là
aussi se rencontrent les ossements les plus frais. En H, au con-
traire, c'est un amas confus d'ossements, de limon, de fragmeuts
de pieiTes et de stalagmites; les os y sont souvent encroûtes de
longue main, et avant même d'y avoir été entraînés. C'est là évi-
demment le ramassis de tout ce qui se trouvait dans les parties
déclives de la caverne à l'époque de l'invasion périodique des
eaux, qui a dû avoir lieu autrefois tous les printemps (1), k la
(1) On doit se rappeler que le point H est l'endroit le plus bas delà
caverne, l'entonnoir qui en absorbe les eaux. Si donc il y a eu de ces
inondations périodiques, c'est là que, des couloirs EP, FI de la salle F
et de la salle G, les eaux devaient aller se réunir entraînant tout os
qu'elles trouvaient sur leur passage, les cadavres, les ossemsnls
NOTE DB V. POUECH. 580
fonte (les neiges, alors que le paysëiail plus boise qu'aujourd'hui.
Je ne puis pas dire grand'chose des dépôts ossifères de la
région NP, encore à peu près inexplorée, et en grande partie
recouverte de stalagmites. Je dirai seulement que le peti d'osse-
ments que j'ai remarqués dans quelques anfractuosités étroites,
où ils avaient pu être portés, sans doute, par des carnassiers plus
petits, étaient généralement enveloppés de terreau et intacts, seu-
lement dans un état d'altération très avancée (1).
En N et en 0 ce sont aussi généralement des os en place, peut-
être et probablement remués autrefois par les hommes, mais nul-
lement transportés par les eaux. Là, en effet, pas d'indice d'allu-
vioD, un simple galet schisteux isolé, et un seul, est l'unique
témoin qui puisse rappeler une action de ce genre ; mais que con-
clure de la présence d'un seul galet isolé? Si un dépôt véritable-
ment diluvien existe dans celte partie de la caverne, je n'en ai
épars avec les autres débris qu'elles rencontraient. Sans doute aujour-
d'hui cela n'a plus lieu ; les fouilles faites il y a dix ans sont restées
aussi intactes que le lendemain du jour où elles ont été faites, mais
aussi la région tout entière a éprouvé do bien grands changements
quant aux conditions climatériquçs et au régime des eaux, co qui est
dû, sans doute, à la destruction des forôts. Quant au dépôt en ques-
tion, il s'explique par cette supposition, et je ne crois pas qu'il puisse
s'expliquer par une autre; la grande quantité d'ossements, leur mé-
lange dans le limon avec des fragments de roches et des stalagmites, la
réunion dans un môme dépôt d'os encroûtés et d'os libres, la présence
de parcelles de charbon rencontrées parmi les os et quand ces derniers
se sont trouvés ouverts et jusque dans leur cavité médullaire, font voir
là UD amas confus provenant d'un lavage opéré par les eaux. Au reste,
ce dépôt lui-môme a été anciennement fouillé et partant dérangé; j'en
donnerai les preuves.
(4) Le 6 février 4 862, ayant de nouveau visité cette partie de la
caverne, j'ai eu l'occasion de constater de nouveau l'observation déjà
faite et consignée plus haut, à savoir que l'état de conservation des
ossements dépend des conditions locales et de la nature du sol. Ainsi,
dans le terreau et à l'air libre et humide ils sont ramollis et pourris,
dans le limon collant et humide ils sont conservés et blancs bionique
ramollis, tandis qu'aux endroits où la stalagmite les a enveloppés ils
sont durs, fermes et dans un état de pétrification au moins commencée.
Ce dernier cas s'observe en 0, dans un endroit où la stalagmite en
reliant les o^ en a fait une sorte de brèche. Le cas des os ramollis
mais conservés dans le limon s'observe dans une profonde dépression
située entre U et T. Le cas des os altérés et pourris est le cas ordi«
naire et s'observe presque partout. Des os longs, des crânes entiers, des
dents, paraissant parfaitement entières avant d'ôtre touchées, tom-
bent souvent en poussière quand ou veut les prendre.
590 SfiÀMCB DU 17 FÉTRIBR 1^62.
pas vu de trace, et c'est moi cependant qui ai opéré jusqu ici
(6 février 1862) les fouilles les plus profoudes. Si ce dépôt existe,
il est inférieur au dépôt ossifcic exploré jusqu'à celte heure, et il
n'a pas été encore atteint. Je tiens à noter cette circonstance assci
importante, comme on le verra dans la suite, car là, avec dci
ossements de chèvre ou de brebis, de cerf et autrea herbivores,
ont été recueillis des ossements d'ours (1), de {Felùl], de loup et
(4) Quant aux ossements d'ours que j'ai recueillis à rHerin, ils me
paraissent se rapporter à quatre ou même cinq espèces; deux au motos
sont bien distinctes et bien tranchées ; les autres ne sont peut-ôtrequo
des variétés ; ce sont :
4*^ Le grand Ours des cavernes, Ursits spelœas, bien caractérisé; od
peut en voir un crâne magnifique aux Cabannes, dans le cabinet de
M. Alzieu ; il a 50 centimètres de long depuis la pointe oocîpttale joa-
qu'au bord incisif; les ossements de cette espèce out été trouvéa prin-
cipalement dans la galerie supérieure ; on en trouve cependant dei
débris presque partout, surtout en G dans la salle elliptique.
S** Une espèce bien distincte et de 4/5 environ plus petite, aux
formes bien plus allongées et plus grêles, au crftne bien plus étroit,
aux arcades zygomatiques bien moins saillantes, aux dents propor-
tionnellement bien moins fortes ; animal frugivore sans doute, selon
toute apparence, autant que le précédent parait avoir été carnassier.
Je possède douze ou quinze crânes do cette espèce, dont un seul assez
bien conservé. Cette espèce paraît avoir été très nombreuse; on trouve
ses restes partout en quantité prodigieuse.
3<* Des dents environ de 4/4 plus petites que -celles de cette der-
nière espèce, auxquelles cependant elles ressemblent pour les formai,
me font soupçonner une troisième espèce très ressemblante à la pré-
cédente, mais seulement bien plus petite, et dont elle n'était peutnfttrp
qu'une variété.
4** Des canines différentes de celles de Tespèce n' 2, assez ressem-
blantes pour la forme à celles de VU. >fjelœus, mais plus petites, me
suggèrent l'idée d'une quatrième espèce de grands ours à frout très
bombé et très large, au museau court et relevé, enfin aux roembrai
épais, aux proportions raccourcies et aux formes ramassées et trapues,
un peu plus petites que celles de W. spelctus^ qui a en particulier le
museau plus long do 4/7. C'est l'espèce que Ton rencontre seule à la
grotte du Mas-d'Âzil.
5<* Enfin une grande espèce ou variété dont la taille parait avoir
égalé celle du grand Ours des cavernes, mais dont les formes certaine-
ment aussi développées étaient cependant plus minces, ce qui dénota
des animaux aussi grands, bien que non pas aussi forts. Cette dernière
espèce ou variété semble être la dernière qui ait fréquenté la eaverne;
ses ossements s'y présentent constamment frais et récents.
En résumé, les espèces n°' 4 et !2 sont très tranchées, très distinctes;
ce sont certainement des espèces différentes qui ont babité la cavarna
NOTB DK M. POUKCH. 691
d*byène; enfin les ossements humains dont j'ai parlé plus haut.
Le sol de cette partie de la caverne est un terreau meuble, rous-
sâtre, qui n'a été exploré jusqu'ici qu'à une profondeur de
30 à ^0 centimètres, et qui me parait s'être formé ou se former
tcms les jours du détritus argilo-siliceux de la roche que l'eau dis-
sout et corrode ; ce terreau est au moins en partie tombé, et tombe
encore, des parois et des voûtes sous forme d'une poussière ter-
reuse qui couvre le sol et s'accumule tous les jours (1). Le reste
6D môme temps. Le n° 2, sauf les molaires caduques dont je n'ai môme
jamais trouvé de traces ni sur les mandibules ni sur les crfines très
nombreux que j*ai eu occasion d'observer, ressemble beaucoup à
VU. priscus de Goldfuss (Cuv., Jt/as, pi. 4 89, fig. 5). Les dimensions
des individus de THerm semblent seulement plus grandes ; les crânes
ont de 40 à 42 centimètres, tandis que celui qui figure dans Cuvier,
•i les proportions sont exactes, n'en aurait que 35. Quant au n'^ 5, il
n'a pas de fausses molaires non plus ; sans cela ou pourrait le prendro
pour Tours noir d'Europe actuel.
(1) Le fait de cette production journalière du terreau et des limons
aux dépens de la roche est un fait constant, incontestable, évident. Par-
tout, si on le remarque, à l'exception des endroits encroûtés de stalac-
tites, on trouve sur la surface du rocher une couche de 4 millimètre au
moins d'efflorescences terreuses, blanches, grises, roussâtres, de sorte
qu'en grattant légèrement les parois de la grotte on peut eu ramasser à
pleines mains. Ces parties délitées ne tiennent pas à la roche; elles s'en
détachent, au contraire, avec la plus grande facilite. Si donc on con-
çoit un excès d'humidité, si l'eau vient à suinter plus abondamment
du dehors, comme cela doit arriver aux temps pluvieux, au dégel, à la
fonte des neiges, les voûtes et les parois de la grotte ainsi lavées, les
efflorescences terreuses s'en détachent et tombent. Dans le cas d'un
excès de sécheresse, encore bien que par un effet tout contraire, ces
croûtes desséchées se soulèvent et tombent pareillement. Ainsi jour-
nellement la masse pulvérulente ou limoneuse augmente dans le fond
de la caverne ; ainsi les terreaux et les limons qui recouvrent les osse-
ments dont est jonché le sol de cette cavité souterraine augmentent
d'épaisseur tous les jours. Les infiltrations terreuses du dehors sont pa-
reillement certaines, et ces éléments étrangers, môles de détritus végé-
taux, d'humus, du suc calcaire destiné aux stalagmites, enfin des
matières pulvérulentes tombées des parois et des voûtes, forment en
particulier ce limon onctueux et collant qui remplit les parties les
plus déclives et qui conserve si bien les ossements qui s'y trouvent
enfouis.
La production de ces terreaux et de ces limons est évidemment
.correspondante à celle de la stalactite, et, à les considérer en masse, on
semble nécessairement amené à conclure que la cause qui Jes produit
doit être fort actiye ou qu'elle agit depuis bien longtemps; cependant,
si l'on réfléchit, on rabat aussi beaucoup de cette première opinion. Car,
592 SÉANCE DU 17 FÉftIBR 1862.
est fourni par le peu de limon extérieur que les eaui entraînent
du dehors avec elles à travers les fentes du rocher.
J*en viens aux ossements humains rencontrés dans cette pailie
de la grande caverne. Mais, avant d'entrer dans la discussion di
fait en lui-même, il convient d'en déterminer exactement Isi
conditions.
J'ai rencontré de ces ossements en 18^7 pour la première ImsJ
j'en ai rencontré de nouveau en décembre 1861, et cette foisdiii
des fouilles que d'autres avaient faites peu de temps avant moi(l)«
En 18Û7, c'est un squelette entier qui a été trouve conchile
long de la paroi de la grotte, un peu à droite du pied de i*éclirib|
il était entier et en place, à peine recouvert d'un peu de
L'inspection de ces ossements me montra un squelette
relativement peu ancien, et l'idée qu'il me suggéra» ce fat odlè
d'un meurtre dont on serait venu là dérober les traces à la justiei^
mes compagnons, en général, pensèrent comme moi. Cesoaavaiai
un aspect sanieux et repoussant, tel que celui des os qu'on eztnÉ
des sépultures peu anciennes. Je les laissai en place; mais OCB
qui m'accompagnaient les dispersèrent çà et là, et cesontpeut-tee
ceux-là mêmes qui ont été rencontrés depuis. Quoi qu*ii en
les notes que je rédigeai de ce fait sur les lieux portent,
autres choses, que certains habitants de THenn, qui m'acconpa*
gnaieiit, expliquaient la présence de ces ossements humains en cet
endroit par une tradition locale, qui disait que « quelques hommes
ayant aborde la caverne sans la connaître, s'y étaient égarés et y
avaient péri. » Au reste, les ossements recueillis depuis ne parais
sent pas non plus être anciens; ils sont privés de tout enduit miné-
ral adhérent ; assez fortement chauffés, ils répandent l'odeur carac-
comme ce n'est certes pas exagérer que de porter à 4 millimètre par aa
la production du terreau et du limon sur le fond de la caverney tant Is
calcaire d'où il provient abonde en matière insoluble, comme I milli-
mètre par an donne 4 décimètre par siècle et 2 mètres en vingt siè-
cles, la couche dQ terreau et de limon des dépôts ossifères explorés
jusqu'ici tout au plus jusqu'à une profondeur de 60 centimètres a'a
rien d'inconciliable avec la théorie qui sert à l'expliquer.
(1) J'en ai retrouvé quelques fragments encore le 6 février 486S|
vers 0, entre N et 0, c'est-à-dire à quelques 20 mètres à peina ds
distance et absolument dans la même région, ainsi que dans les mêmes
conditions, c'est-à-dire celles d'ossements pareillement récents, eoa-
servant leur matière organique et provenant des dépôts les plus super-
ficiels. C'est un fait digne de remarque que Tidentité de conditioas
dans lesquelles tous ces restes humains ont été troavéS| et dans la
même partie ou région souterraine de la grotte.
NOTE DK 11. rOllECll.
503
tcristiquc des os brûlos; ils ruinent, ils noirciss(?ntau feu, de sorte
que, vu cette circonstance et le peu de profondeur auquel ces
restes ont été trouvés, je ne balance pas à dire que Fuxien ou
étranger, Maure ou Yisigoth, Testossage ou Romain, Ibère ou
Ceitibère, Tindividu à qui ces ossements appartiennent est tout
amplement de Tépoquc historique, et ce serait tout au plus aux
ithropologistes de dire de quelle race sont ces débris ; mais évi-
pt ils sont peu anciens, et il n*est pas nécessaire de remon-
ta nuit des temps pour en trouver l'origine (1).
doute, quand les hommes arrivèrent pour la première fois
contrée, plusieurs purent être surpris par les bêtes féroces
irtés dans la caverne. iMais combien peut- il y avoir eu de
£t quelles chances a-t-on d'en retrouver les restes? Ces
»ut bien compti* et déduit, ne semblent-elles pas nulles,
l'on considère que les grandes espèces carnassières,
|it d'un corps comme celui d\in homme, en dévorent
liair avec les os? Au reste, si Ton en trouve jamais,
(bablement les marques de leur origine, et on ne
i. Sans doute, encore, les hyènes ont assez riiabi-
[S corps morts dans les cavernes, mais elles les
entier. D'ailleurs, dans ce cas aussi, les em-
[u'on devrait remarquer sur les ossements
Lés du dehors témoigneraient de leur origine,
encore été remarqué, au moins par moi.
lommes avaient habité la caverne avant ces
gran
guèr
leur a
surtou
traditi<
joui*s ca
abruti al) il
différence
Quand do
même temps qu\ ux, ce qui ne se conçoit
: lieu s'annoncerait par des produits de
|ic, par des vestiges de leurs habitudes,
u, de cuire les aliments; car, habitude
stinctif, allumer du feu est un fait tou-
'humanité. L'homme sauvage le plus
feu, cuit ses aliments et se chauffe, à la
iimaux.
trouvé à rilerm, connue IM. Lartet à Auri-
(1) Un de nos chroniqueurs, Lascazes (de Foix), dit Jquo lorsde
l'exterrainalion des Goths ariens dans le pays de Foix, au vi* siècle,
les restes de cetto nation « se sauvèrent dans des souterrains et dans
des grottes où ils périrent de misère et de faim». N'est-ce pas là un
fait historique suffisant pour expliquer, à défaut de tout autre, la
présence d'ossements humains dans la grotte de THerm, la plus voi-
line de Foix, la plus isolée, la plus cachée, la plus sûre comme aussi
la plus propre à l'habitation?
Soc. gêol,, 2« série, tome XIX. 38
60& 8ÉANCB DU 17 FfiYRlBR 1862.
gnac, la place et les débris d'un foyer au-dessous du dëpôt qu'on
exploite, la cendre, les charboufl, les os à demi brûlés, sinon da
os d'éléphants et de rhinocéros, de lions et d'ours, non^senlemcst
cuits, mais entaillés, et raclés avec des outils tranehants pour en
détacher les chairs et en extraire la moelle, alors ou pourrs dite
que riiomnic a été le contemporain des lions et des ours qui ool
habité la caverne ; jusque-là on n'aura rien de sur, on ne pourra
rien conclure, sinon que Thomme est passé par là à uue époque
ou à une autre, sans pouvoir dire, si c'est avant, pendant ou apiii
le séjour qu'y ont fait ces farauds animaux.
Pour moi, j'ai observé des os cassés, un crâne d*ours ouvert
peut-être ]>ar la main de l'homme, mais je n'oserais rien conclure;
rien ne dit qui a ouveit ce crâne, qui a cassé ces os; bien plus, a
crâne pst récent, el, s'il a été mutilé par la main de l'hoinuie, c'est
à une époque relativement bieu rapprochée de nous. J'ai au«i
observé des parcelles de charbon jusque sous les stalagmites, en H
et en O, dans le dépôt ossifère, et jusque dans la cavité niédullaÎR
du fémur d'un grand Fcih ; mais cet os était cassé et ouvert etb
cassure était vieille (i). D'aillcura, les chroniqueurs disent encon
qu'au vi** siècle le pays de Foix, désert jusque-là, fut défriché, la
forets brûlées, et dès lors, le fait pouvaut ti'ouver uue explication
sufiisaiite, il est ini|>ossiblc d'en rien inférer. D'ailleurs encoit,
n'aurions-nous pas tort de supi>o6er que nous sommes les seuk
qui ayons visité les cavernes depuis les temps his^riques, elqni
ayons été frappés de la présence des {>rands ossements qu'elles
(1) Olhagaray, prrfnrr^ p. 8, dit on parlant du pays de Foix
Théodoric : a Ce pays, qui estoit tout presaue forests fut défriché,
bnîir et rendu propre pour le labourage. » Ne pourrait-on pas trouTer
là Torigine de ce charbon? Si les forêts de cotte région ont été suisi
brûlées, le charbon a bien pu pénétrer dans la caverne à travers Isi
fentes de la montagne. Mais, en supposant fndme qu*il ait été porté
jusque dans la caverne par la main de l'homme, que conclura? car
ttst-ce à l'époque même où se formait le dépôt ossifére ou depuis T Les
eaux d'infiltration délayant et emportant le limon creusent sou veatde
grandes cavités jusque sous les couches de stalagmites qu'elles isolenl
ainsi du sol sous-jacent ; c'est un fait que j'ai observé en cent endroits.
De sorte que, supposant è l'amont une rupture, une fente. oomasQ
s'en trouve tant, une ouverture quelconque, le charbon peut péoéficr
jusque sous les stalagmites et, qui plus est, jusque dans les eavilésou-
vertes des ossements qui s'y trouvent cachés. Certes je ne dis pis : il
sn est ainsi, mais bien : cela peut être; et, comme on ne foil jansii
plus de tort à la vérité qu'en l'appuyant sur de mauvaises preuves, je
préfère douter que tirer des conséquences foroéss de ces isile.
NOTK DB M. PODECH. 60b
renferment? De tout temps ce fait a frappé l'attention et éveillé
la curiosité. Le même historiographe du pays de Foix, Olhagaray
avait, il y près de trois cents ans, remarqué les ossements des
grottes de Tarascon, puisqu'il les chante dans un quatrain, en
mettant faussement cette remarque sur le compte de Silius Ita-
liens qui n'en dit pas un mot (1). On sait d'ailleurs ijue déjà dès
les temps les plus reculés, par motif de su])erstition, d'intérêt, de
curiosité ou toutautre, on a exploité les ossements des cavernes, et
Cuvier dit lui-même qu'il a été retiré des quantités prodigieuses
de dents d'ours, sous le nom de licorne fossile (2), et il constate
d'ailleui*s que la médecine et la pharmacopée de Tépoque en
tiraient grand profit. Or, qui peut aflirmer que le dépôt ossifère
de l'Herm n'ait pas été fouillé pour des motifs analogues? Au
Mas-d'Azil le dépôt ossifère de la grotte a été exploité à diverses
époques (;) pour la fahrication du salpêtre, et c'est ce qui l'a à peu
près détruit. A Massât et ailleurs, c'est pour la fahrication des
armes, des ornements ou des amulettes, et c'est ce qui explique
dans ces cavernes la présence de tant d'os cassés, de dents hrisées,
usées ou percées. Les trihus industrieuses qui ont hahité ces lieux,
tout en préférant pour la fahrication île leurs armes les os frais et
solides, ne dédai;;naient pas cependant toujours les ossementsplus
anciens qu'ils trouvaient dans ces cavernes elles-mêmes et qu'ils
avaient ainsi sous la main (4).
(4 ) Voici ce quatrain ; il me sera permis de le citer ici commt tout
autre texte:
Ce roc cambré par art, par nature ou par l'âge,
Ce roc de Tarnscnn hébergea quelquefois
Les géants qui couroyent les montas^nes de Foix,
Dont tant d'os excessifs rendent seuls témoignage.
L'auteur indique évidemment la grotte de Lombrive, en face des
bains d'Ussat, la seule des grottes des environs de Tarascon do tout
temps renommée par les ossements qu'elle présente. J'en possède quel-
ques-uns appartenant à un très grand cerf. J'ai pareillement recueilli
à la grotte de Sabar une moitié inférieure de tibia de brebis, très an-
cien, aiguisé en pointe et paraissant évidemment avoir servi de pointe
de javelot ou de lance.
(2) Cuvier, Ossements jossiles, t. Vil, p. 247, et Dictionnaire à^
Trévoux, au mot Licobkb.
i3) Au commencement du xvii* et à la fin du xvni* siècle.
4) De nos jours on exploite le gîte ossifère de la caverne supérieure
du Ker de Massât pour en répandre les terreaux dans les prairies.
Pareillement à TUerm, l'extraction du guano de chauve-'souris, quia
596 SÉANCE DU 17 FÉftIBft 1S02.
Quant à la (grotte de riienn dont il est ici principalement ques-
tion, depuis que les hommes sont établis dans la coutrëe, elle a
pu être bien des fois visitée, elle a pu être et a été même plnsieun
fois exploitée dans le sens que je viens de dire. Depuis les temps
historiques, elle a pu même avoir été habitée ; quelquefois des
prosci'iis ont pu aller y chercher un refuge, y enterrer leurs morts,
y mourir eux-mêmes ; les dominateurs de la contrée ont pu y
aller exterminer ces derniers restes de leurs ennemis ou y périr
eux-mêmes victimes de leur vengeance (1). Gomme on le voit,
il y a t)icn des suppositions possibles, très possibles même, pour
expliquer la présence dans cette caverne d'ossements humains
dans la condition de ceux qui y ont été observés jusqu'ici, c*cst4-
dirc des ossements récents trouvés à la surface même du dépôt.
Que d'ailleurs le déput ossifère ait été profondément fouillé, cela
me paraît hors de doute, témoin le bourrelet de stalagmites encore
attache aux parois de la caverne en O et en H (fig. 3-6 et 11,
pi. XIII) f surtout lésas brisés, remués, et les parcelles de charbon qui
les accompagnent en H jusque sous la couche des stalagmites qui
recouvre le talus en HG. Ce talus n'était pas d'abord aussi incliné;
il devait se terminer en (/<), au niveau du bourrelet de stalagmites
qui marque l'ancien fond de la caverne, ce qui suppose qu'une
quantité consiflérablc de matériaux a été enlevée (2). Or, ce qui a
eu lieu sur un point peut certainement avoir eu lieu sur bien
d'autres, de sorte que ce ne sera pas do la présence de ces vestiges
humains qu'on pourra découvrir qu'il faudra se préoccuper, mais
surtout des circonstances dans les(|uelles ils se trouveront, pour en
amonc dans la grotto dos trarailleurs préoccupés d'autre chose que da
paléontologie, a été roccasion do bien des bouleversements du dépôt
ossifère.
(4 j Sans parler de fépoquede la Terreur à la fin du siècle deroier,
ni des guerres de religion au xvi* et au xvu* siècle» ou à l'époque des
Albigeois, lors de l'invasion et de l'expulsion des Maures, de la domint-
tion et de roxtermination des Goths et à bien d'autres époques anté-
rieures de guerres et de troubles depuis les temps historiques, dans
toutes ces circonstances des individus ou des familles entières ont pa
se retirer dans ce souterrain, y mourir enfin et y laisser leurs déponillâib
Mais l'époque de l'extermination des Visigoths, citée spécialomeot, est
de toutes celle qui fournit Texplication la plus naturelle et la plos
plausible.
(2) Comme on Ta vu dans une précédente note, le oharbou peut
avoir été porté sous la stalagmite après coup. C'est le fait du bourrelet
supérieur (/i] et Tétat des os mêlés de fragments de stalagmites brisées
qui sont la preuve la plus forte.
HOTB DB M. POUICH. 597
assigner sûrement Tâge et l'origine. Sans cela, tout ce qu'on pour-
rait dire ou écrire serait nécessairement hasardé. Car, autrement,
trouver des ossements humains en contact avec des ossements
d'ours ou autres grands carnassiers est un fait qui n'a rien de
merveilleux en lui-même, surtout dans une contrée où, il n'y a
pas cent ans, l'ours était un animal indigène, à plus forte raison,
si l'on tient compte de ce que cette même contrée fut dans les tenips
antérieurs, c'est-à-dire (malgré ce que dit Pline (i) en général de
la Narhounaise à son époque), une contrée déserte et boisée, peu-
plée de bctcs fauves, où le chevreuil et le cerf comptaient une
population nombreuse, où l'ours et le sanglier vivaient en pleine
liberté (2). Ce n'est donc pas à reculer indéfiniment l'existence
de l'homme dans la contrée qu'amène la logique des déductions
dans le sujet qui nous occupe, mais bien plutôt à prolonger l'exis-
tence des grandes espèces carnassières dont nous trouvons les dé-
pouilles à THerm, et à les faire vivre dans le pays à une époque
bien pkis rapprochée de la nôtre qu'on ne se le figure communé-
ment. Ce n'est pas la chaleur suffisante qui a manqué à ces ani-
maux pour y vivre et s'y perpétuer, mais bien la tranquillité avec
la liberté et l'abondance ; ce n'est pas le changement de climat qui
les en a chassés, c'est l'homme qui les a exterminés.
Tels sont les faits observés à l'Herm ; telles sont les conclusions
qui me paraissent en résulter; je les résume de la manière sui-^
▼an te.
Résumé, — Conclusions,
V La grotte de l'Herm est due originairement à la rupture des
calcaires crétacés de l'avant-dernière formation dans nos contrées,
(4)Piin., Nnt,hist,, liv. III, chap. 5.
(S) Encore au xiv* siècle la grande forôt de Boulbonne s'étendait de
Mazères jusqu'à Pamiers et occupait toute la plaine comprise entre
TAriége et THerm, région aujourd'hui si fertile. C'est là que les an-
ciens comtes de Foix chassaient le sanglier, le cerf, le che-
Yreuil dont les bois détachés avec le coutelas ont été trouvés en si
grand nombre dans les anciens fossés du chftteau de Pamiers avec des
têtes do bouquetin tout entières. En 4 391, Gaston Phœbus, douzième
comte, mourut au retour d*une chasse où il avait abattu un ours énorme
à Sauveterre, dans le Béarn, exactement sur la zone de Foix et de
l'Herm et au pied des Pyrénées.
EnBn, selon le récit de Lascazes, déjà cité, en 4 597, « un ours des
plus grands et des plus furieux poursuivi par des chiens » vint se ré-
fugier jusque sous les murailles de la ville de Foix où les soldats de ta
608 sÊANci ou 17 FfiTRin 1862.
et son ouverture date du grand et principal soalèTeinent des
Pyrénées h la fin de In période éocène.
2^ On ne peut dire dès à présent si elle a été émergée ou noo
pendant la période miocène.
8° Aucun dépôt diluvien ou simplement allayîaly fluvîatile oa
marin, n'y a encore r(p rencontré ; toutefois, on n'est nullement en
droit de nier Texistence de pareils dépôts; les fouilles opérées jus-
qu'à ce jour sont trop superficielles.
k° La grotte est restée éiner<;ée depuis le dernier cataclysme
diluvien jusqu'à nous. C'i'st depuis lors qu'elleaété habitée par les
grands carnassiers tt que s'est formé le dépôt ossifère qu'on y
observe.
5" Pendant celte dernière période et jusqu'à une époque rela-
tivement très récente, cette grotte a été le repaire des ours et des
autres grands carnassiers dont on y trouve les os, et cet état de
chose a dure longtiinps snns trout)le et sans inteiTUption ; seule-
ment, dans les dernirrs ti!mps il y a eu probahlemcnt quelques
intermittences ; enfin des oui-s relativement plus voisius des espèces
actuelles, sinon ideiuicpu's avec elles, l'ont habitée les derniers.
6° Les ossements de grands /r'//5 et d'hyènes, bien que rencon-
trés dans des couches supeificielles, paraissent toujours être anciens,
tandis que parmi les ossements d'ours plusieura paraissent d'ori-
gine récente. Tous ces genres ensemble paraissent avoir habité h
caverne drs le principe, mais les ours paraissent l'avoir occupée
plus longtemps.
7^ Enfm, taudis qu'en droit et à priori on voit que l'homme a
dû visiter le dernier la caverne, les ossements humains rencontrés
jusqu'à ce jour dans le déi)ôl ossifère, pas plus que les autres indices
de la présence de Tliomnie, ne contredisent en quoi que ce soit cette
conclusion .
Telles sont, je le répète, les conclusions qui me paraissent résul-
ter des faits observés dans l'i grotte île ITlerm, comparés aux condi-
tions géologiques de la contrée. Sans doute, il reste enc*ore des dif-
ficultés, et plusieurs ile ces conclusions devront peut-être un jour
être modifiées, car il faut compter avec l'imprévu en géologie
surtout, où sans cesse on est avec des données incomplètes en
face de problèmes compliqués, en face de formes inconnues et
des mille variations que le temps amène dans leurs effets selon les
garnison lo tuèrent. Cet ours venait du côté de Prayols, est-il dit,
mais rien n'empôche qu'il n'eût son repaire à rHerm et qu'il ne fQtao
des derniers habitants de la caverne.
NOTE Dl H. DK VEftNBUIL. 599
trois dinieusions de l'espace, enfin avec ce secret de Dieu que
rbomiuc rencontre partout et toujours comme un perpétuel défi
au fond des questions qu^il aborde.
M. de Verneuil présente, de la part de M. Murchison, une
brochure intitulée : On the inappUcabillty ofthe neiv term dyas
to the Permian group of rocks, as proposed hy doctor Geinitz,
et ajoute les observations suivantes :
Dans la uote que nous déposons sur le bureau, i>J. Murchison
rappelle que le mot dyas a été proposé par M. Marcou en 1859 (1)
pour rcniplacer celui de perrnien^ et pour exprimer, par sa ressem-
blance avec celui de trias, une idée à laquelle Tautenr attache
beaucoup d'importance et qu'il expose ainsi à la fm de sun mémoire :
« £n résumé, je suis conduit à regarder le nouveau grès rouge, com-
» prenant le dyas et le trias, comme une grande période géologique
» égale dans le temps et dans l'espace aux périodes paléozoîque
• (silurien et dévonien), carbonifère (calcaire de montagne et houille),
• secondaire (jurassique et crétacé), tertiaire et moderne. »
Cette idée de réunir en un seul groupe les couches comprises
entre les terrains houiller et jurassique, idée qui est ancienne, mais
qui a été généralement abandonnée, est-elle juste, et le mot que
M. Marcou propose est-il bien choisi 7 C'est ce que nous allons exa-
miner.
Quels sont les véritables rapports du système permien 7 avons-
nous eu raison, il y a dix-huit ans, de le réunir au terrain paléo-
zoîque dont il nous semblait être le couronnement plutôt qu'au trias
dont il formerait la base, ou bien nous sommes-nous trompés comma
le dit M. Marcou ? A l'époque où nous revînmes de Russie, MM. Mur-
chison, de Kcyserling et moi, cette question encore indécise nous a
beaucoup préoccupés, et ce n'est qu'après avoir revu non -seulement
tous les fossiles recueillis dans nos voyages, mais encore ceux existant
dans les collections ou publiés dans les ouvrages, que nous avons
reconnu que, soit par l'identité de certaines espèces, soit parla ressem-
blance de certaines autres, ou la persistance de genres éminemment
paléozoïques, le système permien devait plutôt être considéré comme
h un de la |)ériode paléozoîque que comme le commencement de la
période suivante (2).
{h\ Dyas et Trlns, par M. J. Marcou (4 859).
\t) Bull. Soc, géol., vol. I, p. 475, 4 844; voy. aussi Géologie de
la Russie d^ Europe et de l'Oural, 4845.
600 SÉANCE DU 17 FfiVRIBR 1862.
Depuis 18&5, la science a fait de grands progrès ; le système per-
inien a été étudié avec plus de soin en Angleterre, en Allemagne et
méinc on Américpie, lo nombre des fossiles s'est accru, mais tontes
ces découvertes nouvelles, loin d'ébranler nos conclusions, n*ont fait
que les ronfuiuer. Prouvons-le par quelques citations.
Au retour de noire voyage en Russie, nous avions soumise M. A.
Bi'ongniart les végét!ui\ recueillis dans le terrain auquel nous don-
nions le nom de permien, el dont la plupart provenaient do couches
qui nous avaient paru supérieures à des calcaires plus ou nwins
analogues au zeclislein. Apres un mûr examen, M. Broogniart
déclara : 1° qu'il y avait deux on trois esp(*ccs qui paraissaient iden-
tiques avec celles du terrain liouiller; 2" que tous les genres étalent les
mêmes que dans ce dernier terrain ; 3" qu'aucune de ces plantes
n'était comparable h celles du grés bigarré.
Plus tard, en 1869 (1), M. Rrongniart reprend le môme sujet, et,
après avoir groupé séparément les plantes des schistes bitumineux de
la Thuringe, celles du grès permien de Russie et des schistes ardoi-
siers de Lodève, il remaïque qu'il y a do grandes différences entre
les végétaux de ces localités, mais ((u'un caractère Cf)mmun rapproclic
les deux dernières llores, savoir h; nip|)orl qu'elles offî-ent avec celle
du terrain liouiller, dont elles semblent être une sorte d'extrait et
dont elles rappellent les couches les plus récentes.
En 1858, M. Gœppert fit paraître sur la (lorc |)ern)ienne un tra-
vail {'}) qu'il a\ait déjà annoncé en 1855 dans IcJuhrbuch de Leonlurd
et Rroim, p. 5/i7. 11 examina 1 82 es|)èccs réparties de la manière sui-
vante : Bohème, 63; Saxe, 58; Russie, /i6 (3); Silésie, 30; France, 22;
Mora^ie, 9; Thuringe, 7, etc., etc. Cette étude suggère an savant bota-
niste allemand les remar(|ues suivantes : « En général, dit-il, la flore
• pcrmienne offre, dans sa com|)osi(ion, une grande ressemblance
A avec celle du terrain houiller. Quatorze ou seize espèces sont iden-
* tiques. Orluines familles, qui caractérisent les formations ancieimes,
9 telles que les Lépidmlendrées, les Annulariécs, les Astérophyliites et
» les Sigillariées y Unissent leur existence et ne se montrent plus au-
» dessus; quelques autres, il est vrai, comme celle des Gupressinêes,
(4) Tableau des vô^c taux fossiles.
(2) Schlrsischc Gesvllsv/i. Natfirtvisscnsch, Schtion^ 47 mars 1868.
(3] M. Marcou dit que l'examen de M. Gœppert a porté sar
68 espèces russes. C'est le chiffre qui figure dans son travail de 4855,
mais dans le mémoire de 1858, qui a peut-être échappée M. Marcou,
il réduit ce nombre h 46, la réduction portant sur des espèces dont les
localités n'étaient pas bien certaines.
VOTE DE M. DE TERNBUIL. 601
ù y apparaissent pour la première fois. Mais en réalilé, cette flore
» tranche complètement avec celles des formations plus récentes
» n'ayant qu'une seule espèce (1) qui leur soit commune, le Cala-
» mites arenacem dont la détermination est même encore assez dou-
» teuse. En un mot, dit en terminant M. Gœppcrt, la flore permienne
» est une flore propre, indépendante, qui, placée au terme de la pé-
a riode paléozoîque, est digne du plus grand intérêt. »
Deux autres auteurs se sont occupés, en Allemagne, de la flore
permienne, M. Gutbier qui, en 1849, a publié un ouvrage intitulé :
Die Versteinorungen des Rothliugenden in Sachscn, et M. Gcinitz
auquel nous devons un excellent travail qui date de 1858 : Die Lcit-
pflanzen des Rotldiegenden imd des Zechsteins oder der Permischen
Formation in Sachsen. Tous deux s'accordent à reconnaître qu'il y a
entre le terrain liouiller et le rolliliegcnde des espèces identiques,
telles que le Cyatheites arborescens^ et le Walchia piniformisy puis
d'autres extrêmement voisines, telles que VAnnularia carinata et le
Calamités infractus, qui trou\cnt leurs analogues dans VAnnularia
longifolia et le Calamités approximatus du terrain hou Hier.
Ënfln, en Angleterre, îM. Howse (2) a découvert, dans les grès
rouges permiens de Tynemouth, cinq espèces de plantes identiques
avec des espèces houillères, savoir : Finîtes Brandi ing i ^ Tri-
gonocarpus Nœggerathi, Sigillaria renifoitnis, Calamités approxi-
matus, et C inœquulis (2).
Si nous passons rapidement en revue la faune permienne, nous
arriverons aux mêmes résultats.
Les polypiers se présentent d'abord en petit nombre, il est vrai,
mais appartenant tous à des types paléozoïques. On y trouve, suivant
M. King, les genres Aulopora, Calamopora, Stenopora^ Alvéolites^
Petraia, etc. Plusieurs d'entre eux ont été réunis i)ar MM. Milne
Edwards et J. Haime aux Chœtetes qui sont également tros abondants
dans les terrains inférieurs.
Les Échinodermes, comme M. Marcou le fait justement remarquer,
ne sont représentés jusqu'ici que par deux genres, tous deux paléo-
zoîque^, Archœocidaris et Cyathocrinus, Ces types disparaissent
bientôt pour faire place, dans le trias, aux Cidaris, Hemicidoris,
■"•
(1) M. Gœppert connaissait, en écrivant ceci, Tannonce faite par
If. Marklin de 3 espèces du keuper trouvées dans les grès de Perm,
et sur lesquelles M. Marcou appuie en partie ses conclusions, mais il
pense que les déterminations de l'auteur ont besoin de con6rmation.
(2) Howse, On Perm, syst. of Nvrth, and Diirham. [À nu. and
Magaz. nat..lnst., 2« sér,, vol. IX, p. 38.)
602 SÉAIfCB DU 17 FÉYRIBR 18ô2.
Encrinus et Pentacrinus, précurseurs des formes si variées qui ca-
ractérisent la faune des terrains jurassique et crétacé.
Les Brachiopodes continuent ici le rôle prépondérant qu'ils joueut
dans les terrains plus anciens. La plupart des genres sont les mêmes.
Les Productus, les Strophalosia^ les Aulosteyes^ les Strcptoryn"
chus, les Camarophoria, prolongent leur existence pendant loute la
durée de la période permienne, mais ils s'éteignent avant le dépôt
du trias.
Étudiées jusque dans les caractères spécifiques, les analogies ne sont
pas moins frappantes. En effet, lorsque nous avons examiné cette
question relativement à la Russie (1), nous avons indiqué plusieurs
espèces de Brachio|K)des carbonifères qui réapparaissent h léiMMjue
permienne, telles que les Terebratula elongnta, T, Jtoi/ssiiy T. SMo-
tkeimt\ le Spirifer cHsfntus, le C/wnetes sarcimilata^ la Lingula
mytiioides, et quelques autres espèces plus douteuses.
Les travaux récents de MM. Th. Davidson (2) et Kirkby (3) con-
firment plusieurs de nos appréciations et signalent six espèces qui
passent d'un terrain dans l'autre. Cimj d'entre elles ont été décrites
sous des noms différents, suivant les strates où elles ont été décou-
vertes : ainsi la Terebratula sacculus, Mart. (C.) correspond à la
1\ sufpata, Schl. (P.), la T. 7'homboidea, Phill. (C.) à la Canmro-
phoria ghbulina, Ph. (P.), la Spirifera Urti, Flem. (C.) à la
5. Clannyaua, King (P.), la Spiriferina ocfoplicata, Sow. (C.) à
la S. cristata, Sclnl. (P.), la Camarophoria erumena Aîart. (C.) à
la Terebratula Schlotlieimi, Bucb. (P.). La sixième espèce est la
Lingula Crf'dferi, Geinitz, connue déjà dans le zechstein et que
M. Kîrkbv a découverte dans les couches houillères de Durhani.
Si les acéphales et les gastéropodes ont peu d'importance dans le
système permien, ainsi que dans les systèmes plus anciens, il n'eu
est pas de même à l'égard des ptéropodes. Ceux-ci conservent à l'épo-
que permienne les véritables types paléozoîqdes. En effet, tandis que
M. Geinitz dans son nouvel ouvrage [k) nous fait connaître deux ptéro-
podes i^rmiens dont l'un appartient au genre Theca^ et dont l'autre est
une Conularia, si voisine des espèces dé voniennes qu'il faut y regarder
de près pour l'en distinguer, les paléontologistes américains découvrent
(4) Bull. Soc. géol., vol. I, p. 500, 4844.
(î) Monog. carbon. brnchiopoda^ p. 4 4, 38 et 58 ; voy. aussi The
geologistf vol. III, p. 4 9.
(3) Qaarterlyjour/i, of the geol. Soc. y vol. XVI, p. 442.
(4) Die animal, liber reste der Dyas, Leipzig, t864.
NOTE DB M. DS YBRNBUIL. 60S
dans les solitudes pcrniiennes du Kaiisas cl du Nouveau-Mexique le
genre BellerophoUy si caraciéristiqtie des anciens terrains (1).
Nous devons aussi à ces intrépides pionniers de la science une
autre découverte importante pour ces dépots, celle d'un Trilobile
du genre Philliysia. On avait cru jusqu'ici que les Trilobites, déjè
très rares à TéfMxpie carbonifère et représentés priuci|)alement alors
par le genre PhilUpsia, s'y éteignaient complètement, et la disparition
de ces fossiles, les plus renianiuables des formations paléozoïques,
comme dit >l. Marcou, fournissait à ce géologue un de ses principaux
arguments |X)ur unir le terrain permien au trias, il en est de cet
argument connne de tous ceux qui ne sont basés que sur des preuves
négatives; un seul fait positif suffit pour le renverser.
Les dé|)ols permiens ont offert jusc|u'ici peu de crustacés. Cepen-
dant, dans certaines localités, les roches sont remplies de petits en-
lomostracés que, dans notre ouvrage sur la Hussie, nous avons dé-
signés sous le nom de Cythérines; nous en avons découvert au N.-l.).
de l'empire russe, sur les bords de la Pinega, et «t TE., entre Seigiesk
et Samara près du Volga. En Allemagne comme en Angleterre, ces
petits êtres abondent. >!. Geinitz en décrit vingt-six es|)èees, et
M. Hupert Jones, (|ui lésa également étudiés en Angleterre, est d'avis
que trois ne peuvent être distingués des espèces carbonifères savoir :
les difthereelofiffata, Munst , Cythoro. inornnta, M'Coy, et la Bairdia
gracUiSy M*(ioy.
En |X)rtant nos regards sur les poissons, nous découvrons encore
les mêmes analogies. M. Geinitz, qui en décrit ^3 espèces, fait observer
lui-même que ce qui prédomine, c^ sont, comme dans les épo(fues
antérieures^ des Ganoîdes hétérocerques et, parmi eux, les genres
Prtl n'ont se fis et Platysnmm qui, au premier coup d'œil, révèlent leur
affinité avec Ips formes du terrain carbonifère. MM. King, Morris et
Kirkby admettent mémo qu'il y a une espèce, \^Gyrncantfnisf(inno$u$^
Ag. , qui n'est pas rare dans le terrain houiller et qui a été trouvée
dans les grès rouges permiens de Westoe en Angleterre (2). Ajoutons
encore aux genres précédents les Acrolepis et les Pygopterus qui
[\) Mcek and Hayden^ Netv org. remains jmm Kansas indicating
i/te rxist. r)/pEB]iiAN rocAs. [Trans, Alhany Inst.^ vol. II, 4858). —
»S«'/?//o«' and Haiv/i, Rocks nf Knnsas with permian fossils (.-/rad, se,
Saint-Louis^ vol. I, p. 2). — Hnydfffiy Grohi^. mnp nj sScbraska and
Kansa^y Philadelphie, 1858. — Meek and Hnyden^ GeoL explorât,
in Kansns {/4cnd. oj nat. se Philadvlplda^ 4 859).
(2) M. GtMDitz exprime quelques doutes sur Tâge des grès de Westoe,
et se demande s'ils ne seraient pas une dépendance du terrain carbo-
nifère.
60A sêàrcb i)U 17 FËYRiiH 1862.
passent du terrain honiller au zechstein pour disparatlre avant le trias.
Quant aux reptiles, on a cru longtemps que leur premiôre appa-
rition sur la terre ne renionrait pas au delà du systènae permien, et
c'était Targumcnt principal sur lequel s'appuyaient les naturalistes
qui, comme M. Agassiz, voulaient rattacher ces dépôts au terrain
secondaire. Lorscpren 18^.'4 (1) nous discutâmes avec soin les ca-
ractères de la faune du rothliegende, du kupfcrschiefer et du zech-
stein, |X)ur bien définir l'expression de système pertnien, que nous
proposions, et {Mtur justifier la position que nous lui donnions en t^\e
de la grande péricnle paléozoïque, nous fîmes voir qu*îl fallait prendre
en considération Tensemble des caractères, plutôt que de s'attacher 3i
un fait négatif que Tavenir pouvait modifier. En cela nous avions rai-
son; car, grâce aux recherches infatigables des géologues, on connait
aujourd'hui des reptiles dans le terrain carbonifère, et Ton suit môme
leurs traces encore plus bas. La famille des Labyrinthodons semble
établir quelques rapports entre les terrains houiiler, permien et tria-
sique, mais les analogies ne s'étendent pas jusqu'aux genres qui res-
tent distincts dans ces trois périodes. Ainsi les genres /*ro/or/wflMrw<,
Parasuurus j Thecodontosanrus y Sphenosovrus , Phnnerùsnurus^
Osfoojjfiorns, Anchiodon et lihopaladon, du système permien, ne
passent pas dans le trias, et, quoique pour les reptiles l'analogie avec la
faune paléozoïque soit moins prononcée que pour les poissons, il
n'en est pas moins inexact de dire, comme le fait M. Marcou, que
les débris fossiles de ces deux classes de vertébrés sont en faveur de
l'union du dyas avec le trias. C'est le contraire qui est vrai.
L'exposé rapide que nous venons de tracer démontre incontestable-
ment que, par les vertébrés comme par l'ensemble de sa faune, le sys-
tème permien doit être réuni aux dépôts paléozoîques, plutôt qu'au
trias, et qu'il faut le considérer comme la fin de la grande période an-
cienne, plutôt que comme le commencement d'une ère nouvelle. En
effet, le plus grand nombre des êtres qui vivaient aux époques précé-
dentes n'existe plus, mais ceux qui restent appartiennent anx mêmes
genres et quelquefois aux uiOmes espèces. 11 y a dégradation, plutôt que
surexcitation dans les forces créatrices. Le trias, au contraire, semble
être le |X)int de départ de formes ou de types nouveaux qui se déve-
loppent de plus en plus pendant l'époque secondaire. N'est-ce pas,
en effet, dans le trias du Wurtemberg qu'on a trouvé les premières
traces de mammifères? Ne rapporte-t-on pas généralement à celte
époque les grès du Connecticut, sur lesquels sont gravées les traces les
(1) Bull, Soc. gco/,, vol. I. p. 480 (l^oie sur 1rs équivalents du
système permien).
NOTB DB M. DE VBRNEOIL. 605
plus anciennes que les oiseaux aient laissées sur la terre? NVst-ce pas
dans des dépôts contemporains, qu'à Saint-Gassian, dans le Tyrol,
apparaissent pour la première fois, et en abondance, les véritables
Ammonites à cloisons persillées, si caractéristiques des terrains secon-
daires? Enfin, si l'on en croit M. Bosquet, n'est-ce pas aussi au
trias qu'il faut faire remonter l'origine d'un genre de brachiopodes
qui s'est continué jusqu'à nos jours, le genre Thécidée (4)?
Après la publication de noire mémoire sur le système permien (2)
et celui de notre ouvrage sur la Russie (3), presque tous les
géologues adoptèrent notre opinion sur les dépôts compris entre le
terrain houiller et le trias, ainsi que la dénomination de permiens,
que nous avions proposé de leur appliquer. Il serait trop long d'énu-
mérer tous les auteurs qui se sont servis de ce terme, mais nous en
citerons quelques-uns pour faire voir qu'il est généralement admis
dans la science, et que ce n'est ni sans droit ni sans raisons que nous
protestons contre le mot nouveau de dijas, par lequel M. Marcou
voudrait le remplacer.
En 18/i9, MM. Geinitz et Gutbier publient une excellente mono-
graphie de ces dépôts sous le litre de : Die Vei^stfiinerungen des
Zechsteins und liothliegenden oder der Permischen Systems in
Sachsen, La mOme année, M. W. King livre au public un ouvrage
sur le même terrain, mais étudié en Angleterre, et l'intitule : A
Monograpinj of tlie pekmian fossils in England, Ces deux ouvrages
importants complètent, en même temps qu'ils confirment, notre tra-
vail sur la Russie, et fixent les principes de la classification.
En 1852, Aie. d'Oriwgny, dans son Cours élémentaire de paiéon^
tologiey désigne son quatrième étage sous le nom de permien, en lui
donnant le même sens que nous, et eu déclarant que l'ensemble des
caractères zooiogiques annonce d^s relations bien plus prononcées avec
l'étage carbonifère qu'avec les dépôts triasiques.
C'est également eu 1852 que MM. Milne Edwards et J. Haimc pu-
blient dans les volumes de la Société paléontographiquc de Londres
la description des coraux de cette époque, sous le nom de : Corals
from the Pekmian formation.
Quand, en 1855, MM. Coquand et Marcel de Serres distinguent
les schistes de Lodève du trias et du terrain carbonifère dans lesquels
ou les avait tour à tour placés, ils emploient le mot de Permien pour
(4 ) Le Thecidium productif orme^ Schauroth, du zechstein [Dcutsch,
geoi. Geselisc/i.fYo\.\\^p. 547) paraît n'ôtre qu'un jeune Spirijer Util,
(2) Bttil.^ vol. I, p. 475.
(3J Russia and the Ural mountains (1845).
606 SÉANCE DU 17 FÉTRIIR 486%.
désigner le terrain auquel ils appartiennent véritableaieDt(l). C'est
encore du même terme ((ue se sert M. (locfuand, lorsque* poursuivant
eu France Tétude du nicMue terrain, il le découvre dans le départe-
ment de Saône-et-Loire e( dans la monlagne de II Serre (Jura] (2).
En 1857, M. Th. Davidson, l'habile paléontologiste, publie une
excellente monograi>liie sous le titre de Rritish Perhiaii brachiopoda
et démoutre que cinq es|)occs sont identiques ivec des espèces car-
boniR*res.
La même année, M. R. Ilowse, un de ceux qui ont le mieux étu-
dié les fossiles du magnesirm limestone du nord de TAngletcrre, inti-
tule son mémoire : ISotes on the pkrmian System (S). Dans un antre
travail : Catal, of the pirmian fossils of North. and Durh,^ ce
même auteur indique le Spirorbis globosus comme commun aux
terrains carbonifère et |)ertnien.
Dans leurs ouvrages classiques de paléontologie, M. Bronn et
I^L Pictet adoptent le mot de ponnien et le sens que nous lui doononi.
Kn effet, ce dernier donne le nom d'Époque permienne à sa qua-
trième époque, en Tnccompagnant de celle note :
« Dans notre premier volume, cette époque est désignée par le nom
» de pi'iukune adopté par 31 >l. d*Omalius d'Halloy et BeudanL L'usage
» .1 prévalu d'employer le mot Përmien, pro|)osé par M. >iurchison. Il
» ajouti^ : Celte é))oque a été associée tantôt ^ la période paléozoique,
» tantôt [i la |)éri(Klc secondaire. Elle a, en effet, des rapports avec Tune
» et avec Tinitre. Dans ces dernières années, son association avec la
» période paléozoique a prévalu, et je me rniigc d'autant plus volontiers
» à cette idée qu'elle est confirmée par le tableau des modifications gé-
» nériques. Le |)assage de Tépocpie rarbonifére à ré|K)que permienne
» est semblable en importance aux précédents; le ))assage de l'époque
» permienne h ré|)oque triasiquo présente la plus forte inodificadon
» connue (û). »
M. Bronn eni|)loie aussi dans la troisième édition de sa iMkaa
geofjnostiat l'expression de gron/w p1':hmien. « Sous cette dénomina-
» lion, ajonte-t-il, je comprends une série de dé|)ôts que l'on a ralta-
B chés assez longtemps au trias à cause de leur ressemblance litholo-
• gique avec les roches de cet a!];e, mais que Ton considère aujourd'hni
» comme le groupe su|)érieur du terrain paléozoique, parce qu'une
(1) Ihwcr. (lu tnr. permit n dit dvpait. de V Aveyron et de eetm
des f/ivirofts dr Loavvr. [Bidl,^ vol. XII, p. 4 28).
(2) /?!///., vol. XIV, p. t3.
(3) Anmds tind Ma^. of mit, liist,^ 1 857.
(il Pictet, Traité de palëontolo^ir, 2«édit.. vol. IV, p. 605.
NOTE Dl M. DE VBRNBUIL. 007
9 élude (le leui-s restes organiques a prouvé que leurs caractères s'ac-
9 cordeut mieux avec ceux de la faune houillère qu*avec ceux de la
» faune triasique. »
M. Naiiinaun, dans son excellent Traité de géologie [Lehrbuch
der Geognosié), emploie aussi le nom de Permien. Ce nom, dit-il,
proposé par Murchison, a été admis si généralement que je n'ai aucun
scrupule à Faccepter. Quant aux rapports de ce système, voici ce
qu'il dit : « Après le terrain houiller, il s'est développé çà et là une
» formation qui, par ses restes organisés, doit être considérée comme
» la dernière des formations primaires ou paléozoïquos. »
M. Lyell,dans son livre classique : Manual of elementary geology^
devenu populaire en France parla traduction qu'en a faite, en 1856,
M. Hugard, adopte le mot de Permien,
Eiifm, iM. Vogt s'en sert aussi dans son Manuel de géologie si ré-
pandu en Allemagne : Grimdriss der Géologie,
Nous avons vu plus haut que les hardis explorateurs qui ont dé-
couvert les premiers fossiles de cette époque dans les déserts du Kansas
et dcNebraska en Amérique, MM. >leek, Hayden, Swallowet Hawn,
ont tous employé le mot de Permien.
C'est aussi celui dont se sert iM. R. Jones en décrivant les ento-
mostracés de ce même terrain dans le nord de l'Angleterre (1).
Je terminerai cette revue bibliographique en m'arrétanl plus long-
temps sur une intéressante notice put)liée par M. G. W. Kirkby et
intitulée : On the occurrence of Lingula Cuedneiu Gein, in the
coal measurcsof Durhnin, and on the daims of the Permian aocKS
to be entitled a SYSTEM. S'écarlant plus encore que nous des idées
anciennes que veut ressusciter M. Marcoii en unissant le système
permien au trias, et frappé des rapports si intimes que le premier
de ces terrains présente avec celui qui lui est inférieur, M. Kirkby
émet des doutes sur la légitimité de ses droits à être érigé en système
particulier, et se demande si, tout en lui conservant son nom de per-
mien, on ne pourrait pas le joindre au terrain carbonifère dont il ne
serait qu'une dépendance.
Après avoir rappelé qu'en Angleterre MM. Lonsdale, K. Jones,
Howse, King et Th. Davidspn ont déjà depuis longtemps signalé des es-
pèces identiques entre les systèmes carbonifère et permien, M. Kirkby
prouve que les recherches nouvelles en ont accru le nombre. H
lait remarquer qu'en Angleterre, sur cent trente-six espèces qui com-
posent la faune du magnesian lirnestone, quinze lui sont communes
(4) R. Jones, O/i Permian entoniost. {^Jrans, Tynes, nat, field
ciuh, yo\. IV).
608 SfiANCE DU 17 FfiVRIER 18A2.
avoc le tciTiiin carbonifère. Cette proportion qui n*ost pas moins de
11 pour 100, indique une relation plus intime que celle qui existe
entre plusieurs subdivisions du systènio silurien. En effet, le rretiton
limesione du bassin paléozoîque de New- York qui renferme deux
cent cinquante espèces n'en a que six qui lui soient fournies parles
couches sous-jaccntes. Ilépondant ensuite au mémoire de M. Marcoa
sur l*union du dyas et du trias, il fait voir le danger de revenir ï
cette vieille doctrine do Tuniversaliti^ dos caractères minéralogiqoes
de certains dépôts |)endant une épo(|ue donnée, et de s'appuyer, pour
déterminer Tàge d'un terrain, sur des ressemblances et des dîIRrences
lithologiques, ou sur des discordances et des concordances de stratîG-
calion, phénomènes qui sont tous plus ou moins locaux, plutôt que sur
la succession des êtres oi*ganisés. Il combat alors l'auteur sur le terrain
de la paléont()logi(\ « Quoique M. Manon, dit-il, ait cité les vertébrés
» et les crustacés comme venant confirnier ses vues, cependant, qoand
» nous nous sou\enons (jue la masse des vertébrés offre des genres
•> aussi émineinmetu paléozoïques que les PalœoniscuSy lesAcroiepis^
» les Pi/f/opfcnts et les ihjrnrnnthm^ et qu'à une exception près les
» crustacés appartiennent ù des [genres qui existent pendant les épo-
» ques antéfnTmiennes, il est difficile de voir oti se trouve cette con-
> firmation. On |)eut, au ontraire, affirtner que le faciès de la faune
» permienne est décidément paléozoîque, car, outre les genres /^/Yx/f/r-
» /«/s, Slrofilmlosin, Aulosicges^ Stf^eptorynchus, Athyris^ Cardio~
n innrphn^ nellerophnn^ Comdorin parmi les mollusques, il y en a
» dans les autres classes, tels que les genres Fenestella^ Synocladia^
» Cyntliurrim/s, A'irhùi/a^ Phillipain^ etc., dont le faciès estégale-
» iMont celui d'une faune anticiue. »
De ce ({ui pioc(\le, nous avons, il me semble, le droit de conclure
que la place assignée par nous au système permien, dans notre ouvrage
sur la Iliissie, est relie qui lui convient ; que tous les géologues sont
d'accord sur les rap|x)rts qur* nous lui a\ons reconnus et que presque
tous ont adopté notre nom, sans doute i)arce (]U*ii s'appliquait à un
objet inii'ux défini palcontologiquement qu'il ne l'avait été avant nousL
C'est après dix-huit ans qu'il est attaqué; mais si, comme nous ve-
nons de le prouver, nos idées sur les afïinitrs naturelles du système
permien avec les dépôts qui l'oru précédé et suivi sont plus exactes
que celles de M. Marcou, nous pouvons avec toute justice demander
qu'au nom nouveau, pro}^>osé par lui, on préfère le nôtre qui a pour
ainsi dire la consécration du temps et l'autorité de la chose jugée.
Quelles sont, d'ailleurs, les objections que lui fait M. Marcou? Sui-
vant lui, dans le t\pe permien de Russie, nous aurions compris tout
le trias. Gomment le prouve-t-il ? Est-ce que, confondant, par suite de
NOTK DE U. DB YERNEUIL. 009
mauvaises observations, le trias avec le terrain permien, nous aurions
présenté à nos lecteurs une faune et une flore dans lesquelles les
caractères des deux formations seraient mélangés 7 S'il en était ainsi,
je reconnais que le type proposé par nous serait mauvais, et que le
nom de permien devrait être rejeté. Mais, sur ce point, et c'est le
principal, nous sommes à Fabri de toute critique.
Maintenant, trouvera-t-on ou ne trouvera-t-on pas en Russie, dans
cette région plus vaste que la France que nous avons coloriée comme
permienne, des représentants du trias autres que ceux que nous avons
signalés au mont Bogdo ? Cela est possible, mais cela ne changera rien
au type permien. [\J. Marcou prétend que, si les géologues admettent ce
type tel que nous Tavons défmi, le trias disparaîtra des classifications en
Asie, en Amérique et en Australie I Mais ou pourrait lui répondre :
ou les grès dont vous parlez, dans ces (rois parties du monde, ne con-
tiennent pas de fossiles, et alors comment aflirmez-vous qu*ils sont
de Tépoque triasique ? ou bien ils en contiennent, et alors ils ne ren-
trent pas dans notre type permien dont nous excluons expressément
toutes les couches h fossiles triasiques.
Lo type permien, dans la pensée de ses auteurs, correspond h un
certain ensemble de couches calcaires, marneuses, arénacées ou gyp-
seuses, avec des plantes et des animaux offrant, en Russie, des alter-
nances qui n'existent pas dans le type plus simple de TAlleaiagne (1).
Comme il s'étend sur des espaces bien plus considérables, comme ses
couches n'ont pas été dérangées de leur position primitive, il nous
a paru le type le plus normal des terrains de cette époque.
Nous avons indiqué dans notre ouvrage sur la Russie qu'à sa par-
tie supérieure il y avait encore des grès, des marnes et des cal-
caires sans fossiles, sur lesquels on pouvait entretenir des doutes.
Nous avons réservé l'avenir en coloriant d'une teinte plus faible
certaines parties des gouvernements de Vologda, de Kostroma et
de Nijni Novgorod où existent principalement ces dépôts supérieurs,
et en faisant sur notre tableau général, à droite de la carte, une petite
place au trias. Mais nous avons cru qu'en l'absence de toutes traces de
fossiles, il était plus rationnel de joindre provisoirement ces couches
au système permien et de laisser aux explorateurs futurs l'honneur de
(1) Nous citerons les environs deBielebei, de Nikcfur, le plateau de
Carlinsk, à l'O. deSterlitamak, où les calcaires et les marnes à Pror/tto
tus Cancrini paraissent être surmontés par des grès et des conglomé-
rats cuprifères, avec des plantes permiennes et des ossements de Theco*
dontosaurus^ tandis que, sur le versant de TOural, les grès cuprifères
occupent la partie inférieure de tout le système.
Soc. géol,^ 2* série, tome XIX. 39
610 SfiAIfCB DU 47 FÉfRIBB 1862.
les en séparer, s'ils panenaient à y décoiiTiir les preoves qui nous
avaient manqué (l). Â nos yeux, d'ailleurs, ce n'eût été \ï qn'aoc
légère modification du type permien, lequel est priDGipalenient carac-
térisé par ses étages fossilifères.
Un autre motif nous inspirait une sage réserve. On sait qn'i la
suite de nos explorations nous avions été conduits à reconnaître que
le lias manque dans toute l'étendue de la Russie. Qa*y aurait-il
d'étonnant que le trias y fît également défaut, et que pendant ces
deux époques une grande partie de cet empire eût été pla€ée au -dessus
de la surface des eaux de la mer? I^ paléontologie seule noo^ éclaire
au milieu de ces ténèbres, et si, trop servilement attachés soit aux
caractères roinéralogiqucs, soit à l'ordre théorique que présentent les
tableaux de i'écorce du globe, nous avions classé comme triasiques
des grès et marnes sans fossiles qui peuvent n'être que la partie su-
périeure du système permien, je dis qu'outre rextrfime difficulté de
les distinguer sur notre carte, nous aurions pu être taxé de témérité.
(1] Voici les expressions dont nous nous servions à ce sujet dans
notre ouvrage sur la Russie, vol. I, p. 482 : «Quoique ces dépôts
» recouvrent les couches contenant des fossiles du zechstein, cependant
» comme, dans leur position et leurs caractères minéralogiques. ili
» ressemblent à d'autres membres du groupe permien des gouverne-
» menls de Perm, Yiatka et Orembourg, dans lesquels il existe de*
» plantes permiennes et des sauriens Thécodontes, nous ne pouvooii
» pas ri^ourrusemtnt les exclure de co système. Nous n^avons pas de
» preuves que les masses que nous venons de décrire constituent une
> partie du trias de l'Europe et puissent être mises en parallèle avec
• le //ra* rcd sandstoNc des Iles Britanniques, mais, sachant quelle
» longue période s'est écoulée avant que des fossiles caractéristiqnet
» aient été découverts dans le hunttr s,iftdxU'iii de l'Alleinagne (grèt
» bigarré de France), nous croyons agir suivant Tesprit de véritables
» observateurs, en laissant cette masse rouge sous le nom à^upj.tr red
» sandstonc (grès rougo supérieur), la considérant ainsi simplement
» comme une grande et ample couverture du système permien. Si
» dans la suite on y découvre des fossiles qui rattachent une partis
» de ces dépôts soit au système permien, soit au trias, en nous bornant
s aujourd'hui à constater qu'ils sont supérieurs au zechstein propre-
1) ment dit, nous n'avons rien fait qui puisse empêcher de les placer
» dans l'un ou Tautro de ces doux terrains. » Jusqu'à présent je ne
crois pas que l'on ait encore trouvé dans le gouvernement de Perm
des fossiles bien caractéristiques du trias, et M. R. Ludwig [Uebrr^
blick dvr geoL lienbiicht, in HiLu/n/id, 4 860) ne cite, dans les couches
qui nous occupent et qu'il rapporte au terrain triasique, qu'une seule
plante semblable à un VoUiia qu'il a trouvée à l'embouchure de la
Yiatka dans la Kama.
NOTE DB ■• DB TBRNEUIL. 6ll
En altaquant te mot de permien, M. Marcou veut-il au moins lui
substituer ceux de yj^'neew ou de jfsamméryt/frique que je m'abstiens
de critiquer, mais qui, créés par 1\IM. d'Omalius d'UaUoy et Huot,
ont évidemment la priorité ? Non, les anciens noms ne lui conviennent
pas, il en veut un nouveau et propose celui de dyas. Voyons donc
quels avantages ce nom a sur les précédent^-.
A notre avis, non-seulement il n'en présente aucun, mais il a au
contraire deux graves défauts. Le premier est que par sa ressemblance
avec le terme do trias, il indique à lui seul l'union intime que M. Mar-
cou croit avoir reconnue entre ces deux séries de strates. Mais si c«tte
union n'existe pas, si, au contraire, comme nous venons de le démon-
trer, le système permieji a plus d'analogie avec le système carbonifère
qu'avec le trias, le nom trop signilicatif de dyas ne peut que propager
une erreur. Le second défaut n'est pas moins grave, et Ai. Murchison
le signale avec raison. La notion de dualité que ce terme implique est
une notion étroite, qui ne convient qu'à certains pays, et qui n'a pas la
généralité qu'exige le nom d'une des divisions importantes de l'écorce
du globe. Est-il philosophique, en effet, de supposer que, partout, les
dépôts compris entre le terrain houiller et le trias se divisent en deux
étages? N'est- ce pas une idée, condamnée par les progrès de la science,
que celle de limiter le nombre des groupes naturels que peut exiger
dans l'avenir la connaissance plus parfaite d'un terrain ? N'avons-
nous pas vu et ne voyons-nous pas tous les jours ce nombre varier
à mesure que la distribution des fossiles est mieux étudiée, et que les
terrains eux-mêmes sont suivis et observés dans des contrées géo-
graphiques nouvelles? (iitons comme exemple'*le terrain crétacé. Dans
la belle carte géologique de la France, il n'est divisé qu'en deux étages ;
M, d'Omalius d'Halloy le divise en trois groupes et M. d'Archiac en
quatre; Aie. d'Orbigny en distingue six à chacun desquels il donne un
nom ; puis enfin M. Cocjuand en établit onze dont huit reçoivent des
noms nouveaux. Ëli bien ! on peut affirmer que si en Saxe le terrain
permien se divise assez naturellement en deux étages, cela n'est
qu^un caractère local.qui ne peut servir de base l\ l'établissement d'un
nom juste et bien approprié. M. Murchison, dans la note que nous
présentons, cite des exemples où cette division n'est pas possible, et
rappelle qu'en Russie la série dos couches est trop complexe pour
s'y prêter facilement. En Angleterre même, M . King divise le terrain
permien en six étages distincts (1). Si, comme l'établit M. Élie de
Beaumont, le grès des Vosges est discordant avec le grès bigarré, et
s'il doit être réuni au terrain qui nous occupe, comme l'ont fait
(4) Monogr, oj pcrminn fossiU^'mivod. p, 4 7.
612 SÉANCE DU 17 FÉVRIER 1862.
plusieurs auteurs, uc forme-t-il pas un troisième étage dîslinct du
zechstein ?
Le nom de pcrmivn, au contraire, emprunté, comme ceux de siin-
rien, de dévonicn, de jurassique, à une contrée où le système est dé-
veloppé sur une très grande échelle, et où les couches qui le compo-
sent ont conservé leur ]>osition normale, présente tous les avantages
que la science exige et qu'elle ne trouve que dans les noms géogra-
phiques. Il est d'ailleurs assez généralement adopté pour qu*il y ait
des inconvénients à lui substituer un nom nouveau, dont le double
défaut, ainsi (jue nous venons de le dire, est de faire croire à des
rapports phis intimes avec le trias que ceux qui existent véritable-
ment, et d*(Mre un obstacle aux progrès de la science en Gxaut irrévo-
cablement le nombre des étages du terrain qu*il désigne.
Je ne veux pas terminer cette note sans faire ici Taveu que
j'attache moins d'im|>ortance que ne le font beaucoup de géologues à
ces divisions de l'ècorce du globe, qui sont peut-être plus dans notn*
esprit que dans la nature, plus conformes à l'état actuel de la science
qu'h son complet dévelnpjKMuenf.
La discordance qui règne entre ks stratigraphes et les iialéonto-
logistes sur les limites de ces divisions a ébranlé mes croyances. Les
dislocations du sol, sur lesquelles elles avaient d*abord été fondées,
ont beaucoup perdu de leur importance. Le nombre de ces disloca-
tions, qui augmente chaque jour, leur enlève ce caractère d'univer-
salitc qu'on réclamait pour elles, et ou peut affirmer aujourd'hui qoe
la discordance des couches n'est pas nécessairement la preuve qu*une
période géoIogi([ue Huit et qu'une autre commence (1).
D'un autre coté, les lacunes signalées dans la succession des fos-
siles sont dues peut-être h des interruptions dans la continuité des
c^tuses cinxfiuelles ceux-ci doivent leur conservation, plutôt qu*à des
interruption j dans la continuité de la vie sur le globe. Elles n'auraient
donc également (pi'une im[)orlance locale. Suivant cette manière de
voir, les espèces n'auraient pas été détruites toutes ensemble pour
être créées de nf)uveau apr^s un intervalle où la mort seule aurait
régné sur le glohe. Les changements seraient dus à des causes lentes,
à des modilications et à des créations partielles, en rapport avec l'état
(I) Nous ne saurions trop engager à lire les excellentes réflexions
que M. d'ArcIiiac a publiées sur co sujet daos les observations géné-
rales qui formonl l'introduction du V^ volume de son Hfst, eirsprogrès
(le la grotfi^h\ et OÙ il démontre que les hiatus ou lacunes, que l'on
avait cru roconnattre, disparaissent à mesure que les études paléonto-
logiques et straligraphiques deviennent plus complotes.
LBTTRB DK H. TÀLÀBARDON. 613
de la terre, des eaux et de l'atmosphère, interrompues sur des points
de notre planète par des accidents locaux, mais permanentes sur
d*aulres et ne formant qu'une série continue, une chaîne dont
quelques anneaux, il est vrai, sont encore à retrouver.
M. J. Delanoue fait hommage ù la Société d'un opuscule sur
\' Ancienneté de [espèce humaine. Ce n'est, dit-il, qu'un résumé
des faits relatifs aux vestiges humains récemment découverts
dans les terrains quaternaires. Il a pour but de provoquer un
examen désormais plus attentif des fossiles de cette période,
car on y a trop longtemps foulé aux pieds les vestiges de l'homme
sans les voir ou sans vouloir les reconnaître. Ces produits de
l'industrie primitive paraissent se distinguer de tous les autres
plus récents par cette particularité, qu'ils ne sont jamais en
pierre polie. Ne conviendrait-il pas dés lors, si Ton veut con-
server le nom d'âge de pierre à la première période de l'huma-
nité, de spécifier que c'est Yâge de la pierre exclusivement
ébauchée ?
M. Albert Gaudry lit l'extrait suivant d'une lettre qui lui a
été adressée par M. Talabardon, professeur au collège de Redon :
Redon, 7 février 1862.
Il y a quelques jours, le Journal de Rennes annonçait qu'uu
nommé Carlu (de Redon), qui est établi ici après avoir rapporte de
Californie une somme de vin{>t mille francs, avait découvert un
gisement d'or à Saint- Ferreux et que chaque jour il pouvait en
recueillir pour quatre-vingts francs, etc. Voici ce que nous lisons
aujourd'hui dans le Journal de Redon : «Il n'est bruit autour de
nous depuis huit jours que de l'or trouvé par un habitant de Redon
dans un terrain sablonneux des environs de Saint-Perreux . Après
Texamen d'un échautillon de ce sable envoyé à Rennes par les
soins de Tadministration, M. Tin^jénieurdes mines du départe-
ment est venu à Redon ces jours derniers pour juger par lui-même
et sur les lieux de l'importance de la découverte du sieur C...
qui, depuis, a fait une demande en règle pour obtenir la conces-
sion <lu terrain et l'autorisation de faire des fouilles dans la
contrée. Le sable trouvé a une certaine valeur en or, mais rien,
jusqu'ici du moins, ne prouve encore que la couche de sable auri-
fère ait plus de 1 kilomètre, ni qu'elle soit d'une assez grande
61 A sÉAivcB nu 17 pétiib» 1862.
profondeur et d'une richesse considérable aÎDsî que la noaTelk
en a été répandue. »
M. Auguste Dollfus fait la communication suivante :
Sur une nouvelle Trigonie de V étage kimmèridgien du Havre;
par M. Auguste Dollfus (pi. XV).
Ayant eu l'occasion de faire quelques recherclies dans les con-
ches do marnes bleu:Un'S qui constituent Tétage kiiiiméridgieu au
Havre, j*y ;»i rciicoiilré unoTrij^oiiii' qui m'a semblé devoir se rap-
porter à une espèce nouvelle. En L'fTet, plusieurs visites dans les
collections pnl)liques, de nom birnscs recherches dans les diffè-
re nts ou v :;){>, i^s où il osltinité «irs Tiij^onies, notamment lamono-
grapliic do M. Ap,assi7.. IVtude île iU. Gonlejeaii sur le terrain
kininuM'idj;ion, l'ouvrât;*' de Soweihy, les catalogues de Itronn ot
d'Oppi'l, etc.. m'ont donné la leitilude que cette espèce u'était
pas encore connue.
.l'en privsonte doni* une diS'M'iption et une figure (pi, XV) à la
Société qui juî;era s'il eonvieni de lui donner un nom nouveau,
.le propose relui de « Tii^tinui Bnytvi m, comme homma^ie nu
professeur distingué qui m'a fait faire les premiers pas dam la
science de la paléontologie.
.l'ajouterai qu'à ma connaissance il n'existe que quatre exem-
plaires de ce fos ile remarquable, ]m)venant tous les quatre du
kiminénd;pen du Havre, savoir :
Un éeliantillon à deux valves bien conservé, appartenant à Ta
collretioii de l'Ecole des mines; c'est celui qui est fi^juré dans la
])lancl)e ci-jointe (pi. XV);
Un autre semblable appartenant à la collection de M, Micbaud,
ancien professeur au Havre ;
\)tt\\\ valves j^auclies séparées appartenant à ma collection.
Dcsciiptinn <lr l'rsjtvcr.
Autant qu'on peut en jujjcr par le peu d'échantillons que j'ai
entre les mains, l'espèce est de petite taille. Trois spécimens qnc
j'ai mesurés seudjlent arrivés ù leur complet développement et
présentent exactement les mêmes dimensions, savoir : 5 centi-
mètres dans 11 plus {grande lon(>ueiir et h centimètres dans la plus
j>rande larjjenr. L^ lest est épais comme chez tontes les autres
espèctfs du ;;enrc Tri^oniu. La forme est remarquablement trian-
NOTB DE M. ÉBRAT. 616
gulaire, ud peu comprimée en arrière, renflée et fortement tron*
quée en avant.
Les crochets, mëdiocrement développes, semblent un peu recour-
bés d'avant en arrière.
Lfs flancs sont munis de côtes composées de petites varioeSi
remarquablement régulières et égales entre elles. Toutes ces côtes
sont bien développées et atteignent constamment jusqu'au bord
inférieur; celles qui appartiennent à la partie postérieure sont
convexes en arrière, et celles qui garnissent la partie antérieure
sont convexes en avant; le passage se fait à la côte la plus longue,
qui réunit les deux convexités en présentant à peu près l'aspect
d'une S allongée. La face antérieure, légèrement arrondie, se dis-
tingue nettement par une ligne de gros tubercules coupant obli-
quement les côtes de la partie postérieure ; chacun de ces tuber*
cules donne naissance à une côte transversale formée par la fusion
de quelques varices qui diminuent régulièrement jusqu'à leur
complète disparition.
Un sillon assez profond, auquel viennent aboutir les côtes, sépare
le corselet du flanc de la coquille. La carène marginale borde la
corselet dans toute sa longueur; la carène interne est aussi nette-
ment marquée. Toutes deux sont formées de petits tubercules;
leur intervalle est finement, mais très nettement strié par de
petites lignes droites et parallèles. L'espace compris entre les
carènes internes des deux valves présente une forte dépression.
Les lignes d'accroissement ne sont pas fortement marquées.
Ces caractères sont en général assez nets pour distinguer faci-
lement cette rare Trigonic des autres individus du même genre
que Ton rencontre dans les couches kimméridgiennes.
Le secrétaire donne lecture de la note suivante de
M. Ebray:
Note sur le terrain houiller des environs de Decize (Nièvre) •,
par M. Th. Ébray.
Nous diviserons cette note en trois paragraphes; le premier
traitera des causes qui ont fait apparaître le terrain houiller au
milieu d'affleurements jurassiques ; le deuxième donnera quelques
détails sur la constitution du terrain houiller des environs de
Decize ; dans le troisième, nous examinerons la puissance et les
allures des terrains de recouvrement, et nous appliquerons les
principes qui résultent de l'étude géologique aux résultats obtenus
616
SÉANCE DU 17 FÉVRIER 1862.
dans le sondage de Vanzë, entrepris par la Société de recherches
du Nivernais.
§ 1. De la cause de fojfleuremetu du terrain houiller tic Deàu.
— Le d<^partenient de la Nièvre est sillonné par une série de failles
ou ruptures qui se dirigent vers le N.-N.*£. en falsaDt affleurera
nn même niveau des roches qui, dans Tordre naturel, devraient
se rencontrer à de grandes distances les unes des autres.
Une de ces ruptures prend naissance dans le département de
TYonne, aux environs d*Andryes, où elle met en contact, et au
inènie niveau, le coral-rag inférieur avec le calcaire blanc jauniire
de la grande oolitlie; à Uisy, la faille a eu pour action de faire
buter IccoraUrag contre le lias supérieur; àGuncy-lcs-Varzy, c*est
le calcaire à Grypliées arquées qui se trouve en contact avec
l'oolithe moyenne; à Brinon, on remarque la juxtaposition anor-
male du calcaire infra-liasique et du calcaire à Entroques.
Dans tout Tespace situé entre Andrycs et Brinon la rupture est
unique el parfaitement rectiligne; mais, à partir de Brinon et de
Clievannes-Cliaugy, elle se divise en deux ramifications qui se
dirigent à Test et à l'ouest du petit massif de Saint-Saulge ; cette
disposition singulière est donnée par le diagramme suivant :
u
a
m
u
kl
i
"3
1 — Calcaires à Enlroques.
9 — Marnes supra -liusiques.
% — Muroi's à Bclcmuites.
4 — Culciiires ■ Gryiihëos urqu^s*
5 — Infru lias.
6 — Muritet irîsd«!5.
7 — Granités et [lorphyres.
Les deux ramifications se (liri[;cnt ensuite à Test et à Touest du
bassin houiller de Decize et le diagramme suivant donne la dispo-
sition suivant une ligne qui relie la ferme de Travant à celle de
Cliouix.
KOTI Dl M. fiBIAT.
Cette disposition prouve (jue l'appai-itioa du terrain houiller
est due à la même cause que celle du matsif poiphyiique de
Saint-Saulgei ces deux massifs de tciraiiis anciens, situés à un
niveau topogiapbique supérieur à celui des roches plus modernes
qui leur sont voisiucs, sont d'ailleurs alignas sur une même ligue
S. -H. qui coïncide avec la diiection de la faille (1) dont nous
venons de faire connaître les priucipajes actions.
S 2. Coiistiltttioit du terrain houiller de Drcize. — Le len'aîn
liouillei'de Dccize aune puissance inconnue; limités d'une part
par le massif granitique de Nenville, par celui de Saint-Saulge et
par celui du Morvan, les bancs de cette formation viennent mourir
■ur tes lianes de ces montagnes; les terrains de recouvrement et
les Ùilles eaipcclient de dëtcrmiiier cette puissance par la longueur
des affleurements et par les inclinaisons; les puits d'extraction
KuU pourront fournir des données, et l'on sait que les travaux de
la concession de la Machine n'ont nulle part atteint les couches
■ut lesquelles le terrain houiller repose ; on est autorisé A supposer
que cette puissance est au moins de 800 mètres.
La coupe du terrain houiller de la Machine, qui ressort des
Uavatu de mines, est la suivante t
(t ) L'ige du résMU des failles da UorvaD date de la fin de la pirioda
cr6(acéa>
618 SÊAIVCB DU 17 PtTIlIR 1802.
lUtrcf.
Argile schisleuse, tendre 46,80
Argile schisteuse, dure, ferrugineuse 0,33
Argile schisteuse, tendre 0,44
Argile schisteuse, dure, ferrugineuse 0,14
Argile schisteuse, noire, avec écailles de poissons. . . . 2,68
Argile schisteuse, dure 0,67
Argile schisteuse, tendre 0,23
Grès houiller 2,83
Argile schisteuse 0,25
Grès schisteux 0,33
Argile schisteuse 2,00
Grès 0,80
Argile schisteuse, avec empreintes 0,60
Houille schisteuse 0,4 0
Grès schisteux 0,45
Grès compacte, très dur, à gros grains 0,30
Grès peu dur, gris brun, à gros grains 2,20
Grès gris clair, à gros grains 4,50
Argile schisteuse 2,20
Grès assez dur, à grains fins, gris clair 0,50
Argile schisteuse 0,60
Grès compacte, à gros grains, gris clair 0,20
Argile schisteuse , 0,30
Grès assez dur, gris clair 0,20
Argile schisteuse 2,60
Grès schisteux, assez tendre, gris cendré 4,00
Grès 0,60
Argile schisteuse 8,00
Grès houiller, d'un gris clair 2,00
Grès assez dur 0,50
Argile schisteuse, d'un gris noir, en rognons 2,40
Grès à gros grains 0,20
Argile schisteuse, avec empreintes 0,60
Grès schisteux d'un gris foncé 0,70
Grès schisteux, assez tendre 1,60
Grès un peu dur, d'un gris clsir 1,60
Argile schisteuse 2,00
Grès d'un gris clair 8,50
Argile schisteuse, d'un gris cendré 40,30
Argile schisteuse, avec empreintes de gris brun 4,30
Argile schisteuse, en rognons 0,60
Grès et schistes, sur la nature desquels les renseigne-
ments manquent totalement et qui occupent une épai»*
seur de 80^00
Couehe de houille, appelée première Blard; cette couche
ne contient aucun lit de schiste 4,80
A reporter. • • 90|6t
NOTB M M. <ftRÀT. 019
Mètres.
Report. . . 90,62
Grès schisteux 0,80
Argile schisteuse, imprégnée de fer, avec empreintes. . 0,70
Argile schisteuse, tendre 0,4 5
Grès à grains fins, avec empreintes 8,30
Houille schisteuse 0,4 5
Argile schisteuse, d'un gris noir 4,4 0
Grès schisteux, avec empreintes 7,4 0
Argile schisteuse, avec empreintes 4,80
Grès à grains fins 4,70
Argile schisteuse, d'un gris cendré 4,50
Argile schisteuse, d'un gris clair 0,35
oc j u 11 f Houille 0,65
2® coupe de houillei ... ... ^' ,
anoelée 2- ^/^;.,/ Argile schisteuse 0,4 4
appelée 2 ^^""^'^{^omW^ 4,00
Houille schisteuse, mauvaise 4,4 0
Argile schisfeuse, blanche 4,00
Argile schisteuse, noire, imprégnée de fer 0.20
Grès d'un gris noir, dur 0,24
Grès d*un gris brun, tendre 0,45
Grès d'un gris cendré 0,20
Grès à grains fins, d'un gris cendré 0,20
Grès schisteux, noirâtre 0,45
Grès à grains fins, blanchâtre 0,40
Argile schisteuse, friable. 0,25
Grès dun gris cendré 0,90
Argile schisteuse 0,40
Grès dur, à gros grains, gris noirâtre 0 23
Grès dur, à grains fins 0,4 6
Grès à gros grains, gris blanchâtre 0,30
Argile schisteuse, friable • 0,05
Grès dur, à grains fins, gris cendré 0,50
Argile schisteuse, friable 0,55
Argile schisteuse, assez dure 4,20
Grès à grains fins 0,80
Argile schisteuse, friable 0,60
Grès schisteux, tendre, à grains fins 4 ,60
Grès compacte, gris brun 0,60
Grès schisteux 0,65
Grès assez dur, gris brun 0,50
Grès schisteux avec empreintes 0,25
Grès dur, gris blanc >,»»
Argile schisteuse 0,65
Grès dur, gris blanc 0,65
Grès schisteux 0,60
Grès dur, gris clair 4,90
A reporter, . . 4 33,98
(520 SÉÀNCK DU 17 FÉYRIBB 18Ô2.
Mclrci.
Report, . . 433,98
Grès schisteux 0,70
Grès à gros grains, gris clair 0.55
Grès assez dur 0,80
Grès schisteux 3,40
Grès gris clair • 0.50
Grès schisteux 0,60
Grès dur, à grains assez fins, gris clair 0,20
Grès schisteux, noirfttre 3,00
Grès assez dur, gris cendré, à grains fins 0,35
Grès schisteux, brun 0,60
Argile schisteuse, noire 1,60
Grès d'un gris clair, à grains assez fins 0,80
Argile schisteuse, noire 0,20
Grès d'un gris clair .... OJO
Argile schisteuse, noire, tendre 0,15
Grès schisteux, gris clair 0,15
Argile schisteuse 0,25
Grès jaunâtre 0,50
Argile schisteuse, noire 2,40
Grès schisteux, noirâtre 4,00
Argile schisteuse, avec houille 0,06
Grès dur, gris clair 4,40
Argile schisteuse 0,40
Grès schisteux, noirâtre 4,00
Grès dur, gris clair, à grains fins 3,00
Grès dur, à grains 6ns 5,20
Argile schisteuse 0,50
Grès à grains fins 16,30
Grès schisteux, noirâtre 0,90
Grès à grains fins, gris clair 2,70
Argile schisteuse, noirâtre 4,70
Argile schisteuse, noire, avec houille 2,50
Couche de houille, dite du Crot Bcmnt 2,00
Argile schisteuse 0,40
Couche de houille 0,30
Argile schisteuse formant le mur de la couche »,■»
Total du terrain houiller exploré. . . . 4 93,79
§ 3. Des terrains de recouvrement, — Nous croyons que dam
rétude des terrains de recouvrement on ne doit tenir compte que
des grès rouges, des grès bigarrés, des marnes irisées et des étages
inférieurs du lias; nous ne nous occuperons pas des étages supé-
rieurs au lias, car nous supposons qu'on ne sera jamais tenté de
faire des rcclierches de liouille dans les terrains ootitiiiques.
Des grès rouges, — En faisant abstraction de la couleur rouge,
NOTE DE H. ÉBRàY. 621
les grès roii(];es ressemblent beaucoup aux grès houillers, mais on
n'y rencontre pas de schistes cl la houille fait défaut.
La puissance des grès rouges est fort variable; ils reposent à
Decize sur le terrain houiller en concordance de stratification.
Le sondage de Rozières a donné pour ces grès une épaisseur
del21",/i0.
Le redressement du terrain houiller vers Test a pour consé'
quence la disposition, ou au moins la réduction considérable des
grès rouges dans cette direction ; en effet, si ceux-ci accompagnent
le terrain houiller en stratification faiblement discordante, on ne
doit pas les retrouver U où Ton ne rencontre que la partie moyenne
et la partie inférieure du terrain houiller. C'est pour ce motif que
les affleurements situés à Test de la Machine n'annoncent pas de
gi'ès rouges, car ceux-ci ne se rencontrent que dans le sens de
Tinclinaison des couches, c'est-à-dire vers le nord, le sud et
l'ouest.
Des grés bigarrés, — Les grès bigarrés ne se distinguent pas
facilement des grès rouges; en général ils contiennent plus de
couches argileuses subordonnées, et ils ne représentent pas cette
couleur lie de vin que l'on remarque dans les grès rouges; la
formation des grès bigarrés est indépendante de celle des grès
rouges, car elle recouvre ceux-ci et le terrain houiller en discor-
dance de stratification.
Le sondage de Rozières a donné pour ces grès une épaisseur
d« 64", 20.
C'est aux environs de Decize que les grès bigarrés acquièrent
leur plus grand développement ; ils diminuent de puissance vers
l'est, d'abord rapidement entre Decize et Rouy, ensuite lentement,
entre celle dernière localité et le IMorvan, où ils ne sont plus repré-
sentés que par une faible épaisseur d'arkoses.
Des marnes irisées. — Les marnes irisées forment l'étage le plus
constant entre les terrains jurassiques et le terrain houiller ou le
granité ; elles sont très variables de puissance, et elles se composent
vers le haut d'argiles rouges ou vertes avec gypse, et vers le bas
d'arkoses et de grès.
On peut aux environs de la tuilerie de Chassy relever des coupes
qui donnent une idée fort exacte de cette formation. Elle y repose
sur un banc de 30 à 60 centimètres de calcaire magnésien qui
occuperait la place du muschelkalk, si celui-ci pouvait encore
exister dans le département.
L'absence de fossiles et la présence de calcaires magnésiens à la
622 SÉANCE DU 3 MARS 1862.
base des marnes irisées de certaines localités rendent raasimilatioo
de ce banc au niuschclkatk fuit problématique.
L'épaisseur maximum dos marnes irisées se rencontre aussi aui
environs de Decize, qui peut être re(;ardé comme le centre du
bassin triasique du dépaitcmcnt ; à partir de cette ville cette for-
mation diminue fort rapidement vci-s l'est; de telle sorte qu'à
Rony elle se trouve déjà réduite à 80 mètres; aux environs du
Morvan les marnes irisées ne sont plus représentées que par
quelques mètres d'argile rougo avec aikoses à la base.
Application des priticipes précédents au sondage de J'anzé, —
Appelé à fixer la position la plus avantageuse à donner à ud
sondage destiné à rechercher le prolongement des couches de la
concession de la Machine, j'ai indiqué les environs de Vanzë
comme présentant beaucoup de chances de rencontrer le terrain
houiller à une faible profondeur.
Les considérations précédentes m'ont permis, en effet, d'arriver
à cette conclusion.
Aujourd'hui que le sondage de Yanzé, exécuté par la Société
des rechei'ches du Nivernais, a rencontré le terrain houiller, nous
pouvons donner les couches qu'il a traversées et qui sont les
suivantes :
Terre végétale 7", 00
Lias et infra-lias 46", 00
Marnes irisées 43*°, 00
Grès bigarrés el grès rouges 20*", 00
Total. . . . H 6", 00
Reste à savoir quelles sont les couches que la sonde traversera;
comme nous l'avons dit, on ne peut fiure que des suppositions
étnyéos sur des bases peu solides; si la sonde devait n'atteindre
que les terrains anciens, les poudingiics et le calcaire carbonilère
de la base, on se reporterait de 2000 mètres au sud sur lepeiulage
des couches et l'on serait à |K'u près certain de rencontrer une
grande épaisseur de terrain houiller.
Séance du 3 mars 186'2.
PRfiSlDEIfCB DB M. DBLKBSI.
M. Danglure, secrétaire, donne lecture du proo(^s- verbal de
la dernière séance dont la rédaction est adoptée.
D01V8 PÀITS A LÀ gOClÊTÊ. 62S
Par suile des présentations foite» dans la dernière séance ,
le Président proclame membres de la Société :
MM.
GosTK, interne à Thôpital de» la Charité, rue Jacob, à Paris,
présenté par MM. Delesse et de Verneuil;
KoPKB DE FoNSECA, à Porto (Portugai), présenté par MM. de
Sénarmont et Daubrée ^
Rames, grande allée, chemin de Mont-Plaisir, à Toulouse,
présenté par MM. Noulet et Lartet.
Le Président annonce ensuite deux présentations.
DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ.
La Société reçoit :
De la part de M. de Gessac, Esquisse d^une carte géologique
du département de la Creuse, échelle de ye^ôÔô* ^ feuille
colombier, 1860.
De la part de M. Th. Davidson :
1° A monography of british carhonijerous brachiopoda;
part V, portion IV, in-â, 210 p., pL XXVII à XL VII,
Londres, 1861.
2° On récent Terebratulœ^ in -8, 1Ô p., july 1861.
3° On some carboni ferons brachiopoda collecied in India
by A. Fleming and W. Purdon (exlr. des Proc, of the geoL
Soc. of London, 20 nov. 1861). in-8, pp. 25-36, 2 pi.
De la part de M. Terquem, Recherches sur les Foraminiferes
de r étage moyen et de l* étage inférieur du lias (extr. des Mém.
de rJc. I. de Metz, année 1860-1861), in-8, pp. Aiô-AOÔ,
2 pi.
De la part de M. Aug. Rémond, Report ofan exploration
and swvey ofthe coal mines ^ mount Diablo district. Contra-
Costa county^ în-8, 2A p., 1 pi., San Francisco, septembre
1861^ chez L. Albin.
Comptes rendus heid, des séances de l*Acad, des sciences y
1862, 1" sem., t. LIV, n" 6 et 7.
Bulletin de la Société de géographie, b* série, t. III, n** 13,
janvier 1862.
r)2à 8ÊANCB PU 3 MAIS 1862.
Bulletin de la Socictê botanique de Fmnce, t. VIII, 18Ô1,
n" 8, novembre.
L'Institut, n°' 1468 et 14695 1862.
Bulletin des séances de la Société Imp. et centrale d^ agricul-
ture, 2* sôr., l. XVII, n"« 1 el 2, novembre et décembre 1861.
Mémoires de la Société (V agriculture, etc., du dépariemeni
de l'Aube, t. XII, 2* sér., n^' 59 et 60., 2- sem. de 1861,
Bulletin de la Soc. des se. hist. et naturelles de rYonne^
XV vol., année 1861, 3- trim.
IVie Mhenœunfy n" 1791 €11792^ 1862.
iVeues Jahrhuch Jur Minéralogie^ etc,^ de MM. Lconhard et
Bronn, 1861, 7' cahier.
Hciûsta minera, l. XIII, n' 279, 15 février 1862.
M. Tabbé Bourgeois dépose au nom de M. Auguste Rëmond,
le rapport imprimé d'une exploration des mines de charbon du
district du mont du Diable, comté de Gontra-Gosta (voir la liste
des dons).
M. le Président annonce ù la Société la mort de M. Ëlallon,
professeur d'histoire nulurelle au collège de Gray (Hanle-
Sa6ne).
M. Desbayes présente, de la part de M. Jules Marcou, la
leltro suivante :
Bemarques sur les expressions pénéen^ permien et dyas;
par M. Jules Marcou.
Sir Roderick Tnipey iMiircbison, dans un article qui vient de
paraître siinuUancment dans trois ou quatre journaux scîentifiqim
anglais (1), s*cxpriinc ainsi :
u Quand nous étions à iMoscou, en octobre \%k\ , j'ai suggéré à
>» mes compagnons (i\Ii>J. de Verneuil et de Keyserliogjridéed'em-
0 ployer le nom [jcrmien pour désigner par une expression géogn-
» phique précise [unnmbiguous) un groupe de roches diverscSi qui
(1) Voy. On the inapplicabitity n/thc netv tcrnt « Dyas » to tke
• Pcvmian » i^roup nf rocl>\, as proposai by Dr Geinitz; by Mar~
rhison [Edinhitr*'h nen* phi tosnphical Journal ; the Geologîst; the
London^ Edinbargh and Dublin philosnphicat Magazine; et auM
the iilustraicd London News, Janvier 4 862).
NOTE DB H. MARCOt. 625
p jnsqu^alors n'avail point riçu de nom collectif, ni en Allemagne,
• ni ailleurs. >» L'auteur ajoute en note au bas de la pa{;e : « 11 est
» vrai que l'expression pénéen a été proposée autrefois par mon
» éminent ami iVl. d'Umalius d'Halloy ; mais, comme ce nom, qui
• signifie stérile (M. d'Omalius ne traduit pas le mot pénéen par
» stérile^ mais \iàv pnuvre. — J. M.), était employé pour désigner
w un massif isolé de conglomérats près de Malmédy en Belgique,
» dans lequel on n'a jamais découvert de restes organiques , il était
w évident que Ton ne pouvait plus continuer de se servir de ce
!• nom pour l'appliquer à un groupe de roclies riches en débris
» fossiles animaux et végétaux. »
[VI. Murchison en finissant d'exposer les raisons qui, suivant sa
manière de voir, montrent ce qu'il nomme « l'inapplicabiliié du
mot dyas », ajoute :
« Je ne réclame pas d'autre mérite pour mes collègues de Ver-
M neuil, de Reyserling et moi-même, que d'avoir proposé, il
» y a vingt ans, le nom de pennivn , pour renfermer dans une
» série naturelle des sou»-groupes pour lesquels on n'avait adopté
» aucun nom collectif J'ai la confiance que, suivant les règles
» de priorité qui guident les niturallstes, le mot pcrmicn sera
» maintenu dans la classification géologique. »
Comme réponse, je prie les géologues de lire l'extrait suivant :
« Ti rrnin pcnéen. — Le terrain que nous désignons par l'épi -
M thèle de pénéen (pauvre) a pour type principal des dépôts de la
M Thuringe {M, d'Umalius ne parle pas des congloiucrats do Mal-
» médy comme type principal. — J. IM.).., que l'on désigne ordi-
n nairement par les dénominations allemandes de Zcrhstvin ,
» Kupff'.rxcfiivfcr ^l Todtlirgenrle. Les fossiles sont notamment
» des Paiœoniscus, Piatysonins, PygnptrruSf Spiiijcr, etc. La
» Thuringe étant la terre classique du terra in/'eV/tr//, nous allons
t la citer comme exemple, etc. » (Voy. Éléments de gé:)tooic^ par
J.-J. d'Omalius d'Halloy, V édition, Paris, 1839 ; p. /il5 et i!il6.)
Bien plus, dans la seconde édition de ses Eléments de géologie,
publiée en 1834, M. d'Omalius se sert déjà de l'expression pénéen
pour désigner le zechstéin et le rothliegende.
Ainsi la question de priorité n'est pas douteuse.
4g34. — M. d'Omalius réunit sous le nom de terrain pénéen le
zechstéin et le rothliegende.
1339, — M. d'Omalius continue à se servir du terrain pénéen,
4g40 — M. Kittel réunit les formations du rothliegende et du zech-
stéin en un seul terrain [Lehrbuch der Geognosie, Nau-
mann).
Soe. géol,^ %• série, tome XIX. 40
626 3ÉAIICB DU S MARS 1862.
4 842-45. — M. Murchîson propose rezpresBion permfen pour dési-
gner toutes les roches du nouveau grès roago qu*il a ti
à l'est du Volga (Russie).
4g50. — M. Hausmann se sert du mot de Thûringefformatimm,
1853. — II. d'Omalius continue à sesenrir du m^l fiém^m,
4 854-69. — M. Murchiaon appliqua Teipresaion i^ermimm aT«o aa
aigni&cation de type ruase au lower nrw red sasuLtMe^
magnrs tan limes tone et mari slate d'kttfiiei^Tr^^ et iuti
aux rolhliegende, zechstein et bunter achîefer avec Oi/a-
mites arenaceiis du trias d'Allemagne {Stiuria^ V M
3* édition.)
4 854-56. — M. Dumontae sert du nom de terrain pèmêen.
4 859. — M. Marcou expose les objections que aoulève l'expreaMon da
pcrmiin avec sa signification de typeruaaa, et propoae les
noms de terrain saxon i en ^ terrain thuringien^ terraÎM
eislèhênien ou de tiyas.
4854 , — M. Geiuitz publie le premier volume de aa monographie du
dyas^ en collaboration de MM. Eiael, Ludwîg, Reaaa et
Richter.
4 862. — M. Murchison montre ce qu'il nomme rinappUGabilité des
expressions /T^/ier/i, dyas^ trias et grauwacke.
Mon luënioire, Dyas et Trias (voy. Archiçes de la Bihlolhèqwt
universelle de Genève j 1859) traite de deux queatîons bien dia-
ti notes.
LkI première, et la principale, puisque c'est une rëponae à la de-
mande d'ex pli cal ion que m'avait adressée air R. L Murchiaon,
expose les nombreuses et graves objections qu'enlratne TexpresMo
géo{>;raphique de pcrmien^ avec sa significatiou telle qu'elle eit
expliquée par M. IVIurcliison dans son ouvrage i{itj(.vf a in Ettrope
and tht: Ural mountains, i8^5| soit qu'on veuille Tappliquer à la
Russie mémo, à l'Allemagne, à l'Augleterre, à TAsie ou à
rAmëiique.
M. IVIurchison dans aes deux mémoires (Voy. Siliiman*$ Jornr^
nal 1859 et Edinimrg new plùlosopliicai Journal^ 1862} a dé^
cliné toute réponse sur ce sujet, parce que, dit-il, « Fauteur v*cit
jamais allé en Russie. » Un des collaborateurs du profeneor
Geinitz, M. Ludwig, est allé explorer la Ruaaie, et aes redicrcbea
seront publiées dans le second volume de la monograpbie du
dyas. D'autres observateurs suivront, et, avant un grand nouibie
d'années, on saura à quoi s en tenir sur le dyaa et le trias rnsBen
La seconde question est Tunion dans une seule grande période
de riiistoire du globe terrestre du dyas et du trias sous le nom
de période du nouveau giès rouge , période que je lej^arde dans le
temps et dans l'espace comme étant placée sur U même ligne
KOTB DB M, MAKCOU. 627
que les périodes des grauwackes ou palëozo'ique, carbonifère,
secondaire (jura et craie), tertiaire et actuelle.
Je n'ai uni le nouveau grès rouge, ni avec le secondaire, ai
avec le carbonifère.
Pour opérer cette classification en grandes périodes dans This-
toire des rocbes stratifiées , cla&sifîcation qui reproduit à peu de
différences près, celles proposées et employées par Werner, Smyth,
Brongniart, de la Récbe, de Bucli, de Huinboldt, d'Omalius et
Elie de fieaumont, je me suis appuyé sur tous les caractères qui
sont à la disposition des géologues, c'est-à-dire, la stratigraphie,
la paléontologie, la litliologie, l'orographie et la distribution géo-
graphique.
Des savants, s'appuyant exclusivement sur la paléontologie et
faisant abstraction de tous les autres caractères, ont proposé la
classification de toutes les roches stratifiées en trois ou quatre
grandes périodes, sous les noms de azoïque, paléozoïque (grau-
wacke, carbonifère et dyas), et néozoîque (trias, jura, craie,
tertiaire et récent), ou de mésozoïqne (trias, jura et craie] et de
cainozo'ique (tertiaire et récent).
Si Ton ne considère dans la paléoutologie que la classe des mol-
lusques> et même plus particulièrement les brachiopodes, et aussi
les plantes, il est bien certain que dans Vctai actuel de i4os con~
naisêances^ la classification précédente est parfaitement motivée.
Mais, si l'on sort des mollusques et des plantes, et que Ton étudie
les radiaires, les crustacés, les poissons, les reptiles et les mammi-
fères, la classification avec le dyas dans le paléozoïque n'est plus
aussi bien justifiée, et même alors plusieurs savants paléontolo*
gistes placent le dyas dans le uiésozoïque.
Tout eu comprenant et en respectant ces diverses classifications
|ialéontologiques, je pense suivre les véritables principes et mé^
thodes de l'histoire naturelle, en me tenant à rancienne classifi-
cation, telle que je Tai apprise dans les œuvres des fondateurs de
la géologie, et telle que je l'ai vue dans les deux hémisphères.
M. de Verneuil exprime son étonoement de voir M. Marcou
ae bire le défenseur des droits de priorité, dans une cîrooa-
tlance où lai-môme ne les a pas respectés. Sans doute, dit-il,
M. Marcou trouve les anciens noms mauvais, et pense que dans
oe cas on a le droit de les changer, puisqu'il propose de leur
substituer le nom de dyas. Mais alors pourquoi ne permet^il
pas aux autres ce qu'il se permet à lui-roôme ? Si le mot de
628 SÉANCE nu «3 mak$ 1862.
pénéen est plus ancien que celui de /^r/vii/V/i, celui-ci jouit du
inOme privilège ù Tôgard du mot dyas^ et, si H. Marcou Ips
efTacc tous les deux, nous avons pu faire disparaître le premier.
Il y a celle différence entre nous, qu'c'i Pùpoque où nous pro-
posâimes le nom de permien pour Tensemble des dépôts compris
entre le trias et le terrain houiller, le nom de pùnéen, de créa-
tion récenle, était encore peu connu, et qu'on avait déjà môme
essiiyé de le remplacer par celui de psamincrYthrique, tandis
qu'aujourd'hui M. Marcou attaque un nom déjà ancien et
généralement accepté (1 ) et en propose un autre qui a le
double inconvénient, ainsi que nous Pavons dit dans la der-
nière séance : 1" d'imliquer, par sa ressemblance avec le mot
trias sur lequel il est calqué, une union intime entre les deux
formations, uniim qui n'existe pi!S, et 2° de ne pas permettre
de diviser en trois éloges ou en un plus grand nombre la formation
permieime, si son étude plus ap|>rofondie en fait une nécessité.
Ce (|ue nous regrettons le plus, c'est de voir M. Gcinilz, dont
les travaux nous insfiiront tant d'estime, admettre dans son
dernier ouvrage \^l)ie animal ischcn Lebenvsie der Uyai^ le
nom proposé par M. .Marcou. alors que. loin d'accepter les
i(lé(*s de cet auteur, il pense, comme nous, que la prétendoc
relation intime entre le trins et le SNStéme permien n'existe pas.
M. Iia|)lisla lait ensuite obsi-rver que le nomdelerrain/;cW>/i
ne peut plus subsister dans la science, car il est en contradiction
aY(M'. la (It'iinition et avec les caractères dislinclifs do ia forma-
tion qu'il devait di'signor, depuis que MM. de Vcrneuîl etMur-
chison ont démontré ti Perm, dans l'Oural, la grande richesse
métallifère de ce terrain et les liaisons étroites de sa faune
avec celles des groupes paléozoYques.
[K) Jt) renvo'ti lu lecteur h la note que j'ai lue dans la dernière
séance ; on y verru que le nom de' firrtnitN a été adopté par
MM. Kin^. Davidsun, Kowso, Milno Eùwards et IJaime, Kirkby,
Lycll, R. Jones, GoppfTt^ Bronn. Geinitz et Gutbier, Naumaan,
Voi;l, d Orhigny. Piclet. CuquanJ, Mcck et Ilayilcn, Swallow et Hawn.
On pourrait encore ajouter les nomsd'autres auteurs, tels que Keyser-
\\ne,\Sclnink\K Rcisr) Bînncy, Harkness [Pfvminnrockg ofSraifnnt/)^
Edw. Hull [Pt'imian rucks of Odvnivnld) ^ Norwood [Permian fonn.
in Illinois) y Hclmersen et Pacht (^Pennixche Syst, ttuj der J'ni^iu
1858), Lea \On ajoss. snurinn^ etc., 4 852).
NOTE BI M. GAUORY. 629
Il ajoule que le nom de terrain permien doit, au contraire,
être définitivement adopté, non-seulement parce qu'il établit
Tanalogic de ces groupes avec le terrain en question, et qu'il
représente, comme les noms des groupes inférieurs, un fait
positif, un type local bien caractérisé, mais encore parce qu'il
forme de leur ensemble une grande série indivisible, en se
séparant nettement des terrains super[K)sés par tous les ordres
de caractères, confirmant ainsi l'ancienne dénomination attri-
buée à ces deux classes, do terrains primaires et secondaires^
ce que ne pourrait jamais faire un nom négatif qui signifie
absence ou pauvreté de dépôts organiques et métallifères.
M, Desbayes n'est pas de cet avis : les mots, dit-il, n'ont pas
une grande importance dans les nomenclatures^ mais ce ù quoi
il faut avoir égard, c'est i\ l'antériorité des noms*, celui de
pènéen ayant précédé celui Aq permien y c'est lui qui doit être
adopté. Il ajoute que cette méthode est en harmonie avec ce
qui a toujours été pratiqué en zoologie.
M. Albert Gaudrv fait la communication suivante :
Note sur les débris d^ oiseaux et de reptiles trouvés h Pikermi
[Grècé)^ suivie de quelques remarques de paléontologie
générale ; par M. Albert Gaudry (PI. XVI).
Dans nies précédentes communications sur les résultats dca
fouilles que TAcadéniic des sciences m'a charp,é d'entreprendre à
Pikenni, j'ai pnrié seulement des maniniifères. Des débris d'oiseaux
el de reptiles se renconlicnt aussi dans ce curieux gisement de
l'Altique; j'ai dii \vs étudier pour compléter nos connaissances
sur la faune de lancienne Grèce. Je donnerai d'abord l'indication
des espèces les mieux déterminées, puis je présenterai quelques
remarques de paléoulologie générale que cet examen m'a sug-
gérées.
1" Enumàratton des espèces.
IM. Blanchard a bien voulu m*aider de 9t% conseils pour la dé-
termination des ossements d'oiseaux, M. Duméril el M. Guicbe-
not pour Id détcriulnaiiou des pièces Je reptiles.
Les oiseaux se rapportent ù l'ordre des Gallinacés et à celui des
Ecliassiers.
0SO stAirct DO S tfÀKs 1802.
Je citerai d*abord plusieurs pièces qui semblent appartenir i un
gallinacé grand comme une pouie de moyenne taille i ce sont ou
tête, un coracoide, di^s humérus, des cubitus, un radiua, un os da
carpe, des parties de fémur et de tibia, une phalange. Oo s
représenté PL XYI, fig. 1, 2, 3, & et 5, quelques-unes de oa
pièces.
La tête surtout est remarquablement conservée ; il ne lui manque
que la portion antérieure ; elle a pu être dégagée de tous cAlés,
fait bien rare pour les têtes d'oiseau qui généralement ont été tel-
lement aplaties qu*il est difficile de les isoler sans les briser,
l/atlas est encore fixé au condylc occipital. En examinant la
fi^^urc 1. on distinguera les l'égions occipitale, pariétale, tempo-
rale, frontale, une partie du maxillaire supérieur, le jugal, Tapo-
pliyse de la région zygomatique du temporal, ra|>opliyse post-
orbilaire, la cavité tynipaniqne, Tos tympaniquc (os carré), le
lacrymal (os sourcilier de Cuvier). On trouve Tliyoïde dans sa
position normale entre les deux branches de la mâchoire înfé*
rieure. Voici quelques mesures de cette tête t
Longueur (la face est endommagée en avant] 0*,0i9
Largeur (le orftne est un peu comprimé latéralement). . O",093
Largeur de l'os tympanique depuis Textrémité de sa
branche orbitaire jusqu'à Textrémité da sa brancha
temporale 0",0O
Largeur de la branche descendante de Tos tympanique qui
s'articule avec la mâchoire inférieure o"i^03
Hauteur de la mâchoire inférieure 0*,007
Longueur du lacrymal 0*,009
Largeur du lacrymal Il",00l
Largeur du frontal antérieur 0*,04i
Longueur des branches paires de l'hyoïde 0*,02i
Longueur de la pièce impaire de l'hyoïde 0*,0<û
L'oiseau fossile dont nous nous occupons se distingue des oiieaux
de proie, des grimpeurs, des écliassiei'S et des paluiipèdet, soit par
la forme des os de la tête et spécialement de l'os lacrymal et
de l'os tympanique, soit par les proportions des membres. Il
rentre dans le type des gallinacés et a plusieurs traits de ressem*
blance avec le faisan. L'humérus, dans sa région articulaire
supérieure, s'élai^it comme cliex le faisan, plus que clies le
coq ; le cubitus est moins courbé que celui du coq et e&t semblable
à celui du fai^an. L'os lacrym:tl et Vos tympanique ont la
même disposition que dans le faisan, et, comme dans cet oiseau,
l'apophyse zygomaiique du temporal se prolongeait de manière A
NOTB DB H. GAUDKT. 631
rejoindre l'apophyse post^orbi taire pour former un anneau com-
plet autour du muscle temporal. Cependant on observe entre
Toiseau fossile de Grèce et le faisan cette différence importante,
que le frontal antérieur est plus allongé dans le premier, et que
les iuter-maxillaires, au lieu de s'étendre jusqu'au niveau de la
limite postérieure des os lacrymaux, ne se prolongent qu'au niveau
de leur limite antérieure, s'éloignant ainsi du type ordinaire des
gallinacés pour se rapprocher de celui des édiassiei^s. Outre cette
diflPérence, les branches de la mâchoire inférieure sont un peu plus
hautes que dans le faisin, la pièce impaire de Thyolde est plus
allongée ; enfin l'oiseau de Grèce était un quart ou un tiers plus
grand.
Il est probable qu'on devra établir pour ce fossile un genre
spécial. On sait combien Tostéologie des oiseaux est encore
peu avancée. M. Blanchard a entrepris de faire connaître cette
partie de la science si nécessaire aux paléontologistes. En atten-
dant cette publication, je crois prudent de ne pas ajouter un
nouveau nom de genre, basé seulement sur l'examen des pièces
osseuses, et je range provisoirement notre fossile près des faisans.
Je le nomme Phasianus Archiaci^ le dédiant à M. d'Archiac
comme témoignage de ma reconnaissance pour les conseils que
m'a donnés ce savant académicien.
Parmi les os des membres, on en remarque qui sont plus courbes
et plus trapus. Ainsi Thumérus de la figure k et le cubitus de la
figure 5 sont plus courbés que l'humérus de la figure 2 et le
cubitus de la figure 3. M. Blanchard pense que ces os doivent
appartenir à des femelles. Les mesures suivantes offriront un
eiemple de ces différences de proportion :
Uâlo. FomeUe.
Bu/tiêrus.. Sa longueur 0".088 0*,085
Largeur de sa face articulaire supérieure. 0*,021 0*,023
Largeur de sa face articulaire inférieure. . 0*^,017 0*,017
Largeur au milieu du corps de Tos. . • . 0*,007 0",04 0
CubiHts. Sa longueur 0'",086 0",07«
Largeur de sa face articulaire supérieure. 0"',0I0 0*,043
Largeur de sa face articulaire inférieure. 0^,009 0*,04l
Largeur au milieu du corps de Tos. . . . 0'",007 0",006
On a représenté (PI. XVI, fig. 6 et 7) des tai-ses qui semblent pro-
Tenir d'un coq de petite taille. Ils sont armés d'un ergot plus
grand et plus effilé que ceux des coqs qu'il m'a été donné
d'examiner. Un de ces tarses est en connexion avec le tibia, la
première phalange du pouce et la première phalange du second
632 SÉANCB DU 3 XAB8 1862.
doigt ; 011 voit encore les baguettes osseuses des tendous qui pas-
saient aupivs de Tergot. J'ai inscrit le coq fossile de Grèce sons le
nom de Gatlus ASiculapU |K>iu' rappeler que, sur cette terre de la
inytliolo<;ic, le coq était un attribut du dieu de la médecine.
M. (servais, ilamsu. PnU'ontoio^t> frartcaise^ a figuré un tarse de
Gatlus Bravardi recueilli en Auvergne, arme aussi d*un éperon
très allongé; ce coq était bien plus fort que celui de Pikeriiii. Voici
quelques mesures des os du Gallns JEsculapii :
7/^/V/. Largeur de sa face articulaire inférieure 0",04l
Tarse, Longueur 0*,073
Largeur de sa face articulaire supérieure O'^.OfS
Largeur de sa face articulaire inférieure O'^.OfS
Longueur de l'ergot (sa pointe est brisée) 0*,00S
Il dut exister en Grèce un grand échassier voisin de nos grues.
J'en ai recueilli les dobris suivants : des vertèbres du cou, un
coracoïde, un bunic'rus, un cubitus, un mëtacarpey le iMissin
presque entier avec le sacrum, une extrémité iuléricuredc fémur,
une extrémité supérieure de tibia et deux tarses. On a repré*
sente PI. XVI, n[;. 8, 9, 10, il, 12, quelques-unes de ces pièces.
Si les vertèbres cervicales appartiennent au même individu que
les antres os, elles indiquent un écliassier à petite tcte, car elles
sont grêles et même un peu plus faibles que dans les grues; on
sait, en eflct, (jue la force des vertèbres du cou dans les cchassiers,
comme dans l.i plupart des animaux, est proportionnée à la puis-
sance de la tête; ainsi, dans les cigognes le cou a des vertèbres
bien plus grosses que dans les grues. Le coracolde est semblable
à celui des {;rucs ; lu tête de sa face articulaire supérieure n'est
pas élargie comme dans les cico[;nrs. L'iiumérus ne diffère pas de
celui de la grue cendrée, sauf qu'il est un peu plus fort. Le cubitus
est bien moindre que celui de la cigogne à poche ; il a la même
longueur que dans la grue cendrée, mais il est un peu plus grêle.
Le métacarpe est incomplet ; il est semblable à celui des fpruei.
Le sacrum est remarquable par la soudure intime de ses pièces
et leur union complète avec celles du bassin. Les deux iliaques
figurent un toit à pente très roide. Dans les grues on observe le
même caractère. Au contraire, les iliaques des cigognes forment un
toit dont la pente est faible, et la soudure des pièces du sacrum est
en général moins complète. Dans les lierons, les iliaques, au lieu
de s'unir en un Feul os avec le sacrum, forment deux crêtes sail-
lantes. Quoique le bassin de notre oiseau se rapproche de celui
des grues, il en diffère par son trou ischiatique notablement plus
NOTB DB M. GAUDRY. 63^
grand. Le tibia porte à sa face articulaire supérieure une apophyse
moins forte que dans la grue australe, mais semblable à celle
de la grue cendrée. Le tarse, au bord de sa région articulaire
supérieure, a une seule crête comme dans les grues, tandis que
dans la cigogne il a deux crêtes fort saillantes. A son extrémité.
inférieure^ les trois poulies digitales sont fort inégales en longueur^
la poulie du premier doigt interne étant très raccourcie latérale-
ment, de sorte que le doigt devait s'écarter notablement des autres
pour se porter en dedans. Ce caractère se retrouve, mais d*une
manière moins frappante, dans les grues [la grucceudiéc, la grue
couronnée, la grue australe). Au contraire, dans les oiseaux du
groupe des cigognes (cigogne ordinaire, jabiru) et des lierons, les
trois poulies digitales sont plus égales. Cette grande inégalité
des poulies digitales permet également de distinguer notre taise
de celui du messager, ce curieux oiseau de proie dont les jambes
sont hautes comme celles des échassiers. Bien que les deux pièces
du tarse que nous possédons soient brisées, on peut estimer que
cet os était fort long, moins grêle pourtant que dans le flamant.
Voici quelques mesures des pièces qui viennentd'être citées :
Vertèbre cervicale. Longueur. . O^.OS?
Coracoïde. Largeur prés de la tôle humérale O'^.Oîî
Httmcrns. Longueur 0",25î
Largeur de sa facf) articulaire supérieure 0"*,050
Largeur de sa face articulaire inférieure O^'^OS?
Cubitus. Longueur 0"*,273
Largeur de sa face articulaire supérieure 0"*,026
Largeur de sa face articulaire inférieure 0^,014
il/f7<7r^//y>r. Sa plus grande largeur O"™,©!!
i?/rwfV/. Sa longueur 0",106
Sa largeur 0",073
Fémur. Largeur à sa face articulaire inférieure 0"',028
Tibia, Largeur à sa face articulaire supérieure 0*^,083
Tane. Longueur (il en manque probablement une grande
partie) 0'°,235
Largeur de 83 face articulaire inférieure 0'",026
Les détails qui précèdent montrent que notre oiseau était un
peu plus grand que la grue cendrée; par son squelette, il parait
rentrer dans le genre des grues. Il avait sans doute une tête moins
lourde comparativement aux membres (]ue les oiseaux du groupe
des hérons et surtout du groupe des cigognes ; mais il était cepen-
dant moins grêle que le flamant. Une des principales différences
des cigognes et des grues consiste en ce que les premières ont une
656 sÊANCB ou 3 MAas 1802.
comparée avec la notre, car elle est d*iine dimension f^igaiiUfôque.
iM. Pomcl a sifiiialc une secoiulc espace recueillie par M. Bravard
cl dont le plaslro:! senilile avoir été mobile en arrière connue dans
l'espèce i'ossile de Grèce ; mais elle était iiotaMement plus («rande.
Le même naturaliste a indiqué, sous le nom de PtycJmgnxier^ od
(jenrede tortue terrestre, trouvée dans ledéparlemeutde l'Allier, et
dont le plastron était mobile. A en ju(;er d'après la description et
la fi[j;ure données par AJ. Pomel (1), lu partie mobile égalerait la
moitié du plastron, taudis que dans notre fossile et les espèces
vivantes elle n'é^'ale que le tiers du plastron.
II me reste à mentionner une veitèlire dorsale, qui indique
rexisteiice d'un [;ran(l reptile. (Àtte vertèbre, tiès plane à la face
ventrale de sou corps, ne peut être d'tm crocodile, car dans les
cro(!oiliU'S la l'ace ventrale du corps de-i vertèbres est bombée, ni
d*un serpent, car les vertèbres des serpents ont une apopbyse ven-
trale. Elle diffère moins des vertèbres des i|;uaniens, mais c*est
seulement avec les vertèbres des varans que sa ressemblance est
complète. KUe annonce un sauri( n qui ])Ouvait avoir, y (Touiprîs
la queue, l'",.'^) de lon^. En Afrique, on voit encore des varuniei»
qui atteif^nenlet mémo dépassent cette taille; la Grèce ne nourrit
plus que des reptiles de bien moindre dimension.
2° CvnsicL rations au sujet des Jaits <fui viennent itétre signalés.
Voici les remarques qui m'ont t'té suf^jérées par rexaiucn
des débris d'oiseaux et de reptiles enfouis à Pikermi.
1** Ces débris provieiment d'animaux qui avaient des mœurs
terrestres : ainsi nos tortues sont ccrt.iimmentdLS 7Vjr//fr/o, reptiles
qui ne vivent que sur la terre forme, et le varan est é^jalemcnt
un reptile terrestre. J'ai si(;nalé des éeliassiers. Ces oiseaux liabi-
tent fréquenunent au bord des lacs et des ruisseaux, mais ils ne
peuvent vivre exclusivement dans Teau comme les palmipèdes;
quant aux {;allinacéK qui ont été indiqués, ce sont les plus terres-
tres des oiseaux. On avait déjà pu remarquer que tous les mam-
mifères cités  Pikeruii sont terrestres; le nom de Thalassictit
(civette de nuM') a été donné par M. de Nordmann à l'un de ces
(1) Pomel, Nntt^ sur tlrx nnimaux fo.ssiirs rfrcnnvertx eiant /#* dé"
l>artcmrnt de C Allier (liulUtin dt; lu ,Sor, }*e^ol. fie Fr,^ 2" série.
▼oL lY, p. 378, pi. 4, fig. 9. 4 846)6l(v/r///.>''«f dtsvrrtcbrvsfossilts
dcr ouvert s il tin s /<; bassin liydr.'f^ra/fltif/ue supcricur de la Ijouc
in R, p. 120. Paris 1853.
WOTB DK M. GAUDltT. 637'
aiiiiiiaux {Vlctitheriitm robastuni)^ parce qu'il a été trouvé d'abord
en lîessaiabif, dans un terrain d'ori{>iuc marine ; Victtthcrium a
pu s*approclier dos rivages, mais ce n'étaitpas un carnassier marin.
La seule coquille que j'aie recueillie dans le gisement même de
Pikermi est une terrestre, et les coquilles rencontrées aux environs
sont des Htlijc. Aucune trace de poisson n'a encore été découverte
dans les limons ronges qui renferment K's ossements, et il est bien
douteux qu'on en rencontre jamais, car, à défaut même des fossiles,
rinspection seule de ces terrains démontrerait qu'ils ont été pro-
produits hors des lacs et des rivières; ils sont le résultat d'allu-
▼ions torrentielles, analogues à celles qui se forment encore au-
jourd'hui en Grèce. Ainsi le dépôt ossifère de Pikermi a une
origine tout autre que plusieurs de nos plus célèbres dépôts ossi-
fères d'£urope, et notamment que celui de Sansan, où on a
recueilli, k côté de nombreux animaux terrestres, des émydes, des
grenouilles, des poissons, des Limnées, des Planorbes (1).
2' Si j'ai trouvé un nondjre bien peu considéitible de petits
reptiles, il ne faut pas en conclure que la Grèce ancienne en était
presque privée. Eu effet, les débris de petits animaux sont très
rares sur les points on j'ai fait mes fouilles ; les assises que j'ai
exploitées renferment ])iincipalement de gros ossements; je n'ai
pas découvert les bancs où est enseveli ee qu'on pourrait appeler
\;x petite faune, (Mais quantaux reptiles de grande taille, comment
n'a-l-on rencontré aucun de leurs débris parmi tant de pièces de
manmiifôrcs dont plusieurs sont gigantesques? S*ils eussent existé
lors rie la formation du dépôt de Pikermi, pourquoi les eaux
torrentielles n'auraient -elles pas entraîné leurs ossements en même
t^mps que ceux <\^!i mammifères? La Grèce vient donc nous
donner une confirmation de co fait qui a déjà été remarqué dans
les autres gisements de l'Europe : c'est que pendant la période ter-
tiaire la classe des reptiles est faiblement représentée. Alors
les rois des continents n'étaient point des êtres analogues aux
mégalosaures et aux iguanodons de la période secondaire; aux
grn/ielx reptiles ont succédé les ^rnn(h mammifères : Hellndothr»
rinm^ girafes, mastodontes, Dinothtrittm, Aujourcriuii les mam-
mifères continuent à l'emporter de beaucoup sur les reptiles par
leur puissance ; c'est là une des preuves que la faune tertiaire res-
semble a 11 faune actuelle, bien plus qu'à la faune secondaire. Si
les géologues pouvaient un moment perdre de vue la grande figure
[\) Voy. Lartet, ouvrage déjà cité.
638 SÉANCI DU 3 MAtS 1802.
derhoinine pour ne considérer que les animaux^ îk ratUckeraienI
sans doute la période actuelle à Tépoque tertiaire.
y Les oiseaux et les reptiles trouvés à Pikermî |Mirai«eot,
auUnt qu'on peut en iu(j;er par le peu de débris que l'oo poiiéde,
très voisins des animaux existant aujourd'hui. Il est iutérettaai
de voir une grue fossile daus un pays où les grues ont été si
nombreuses, car on sait combien ces oiseaux ont attiré l'aUentioo
des anciens Grecs. J'ai cité une tortue de terre cxtrémemeDC voi-
sine des tortues si abondantes actuellement sur le sol de la
Grèce ; lorsque mes ouvriers la découvrirent, ils ne doutèreot pas
que ce ne fût une tortue vivante enterrée par hasard. Ces
remarques prennent quelque intérêt si on les rapproche de celles
que j'ai déjà présentées à la Société, On a vu, en effet, que les
plus parfaits des animaux fossiles à Pikermi, les uiauimirères,
sont très différents de ceux qui vivent actuellenienC On sait d'autre
part qu'un grand nombre des mollusques des terrains tertiaires
moyens et suitout des terrains tertiaires supérieurs sont au con-
traire identiques avec les mollusques actuels. Aux nombreux faits
déjà connus, je peux ajouter que dans des couches miocènes
placées en stratification discordante au-dessous du limon ossiftrs
de Pikermi, j'ai découvert les Melanopsit cosiata^ nodosa^ emriasa^
espèces encore vivantes ; l'identité de ces espèces a été coustatéf
par M. Deshayes. On semble donc conduit à supposer que les
oiseaux et les reptiles, plus parfaits que les mollusques, moins
parfaits que les mammifères, sont intermédiaires pour la variabi-
lité. Ils se rapprochent des types actuels, plus que les mammi-
fères, moins que les mollusques. Ceci confirme les remarques que
j'avais, Tannée dernière, Tbonneur de présenter & la Société en
l'entretenant de la géologie de Chypre (1) ; si on signale des faits
analogues sur plusieurs autres |>ointSt on pourra donc penssf
que depuis les temps géologiques jusqu'à f époque aeiueile ieg mai*
maux ont dC autant moins varié quiis sont moins éievés en ar^ml*
sation. Des savants distingués ont discuté avec succès sur ledegitf
de variabilité des divers animaux inférieurs, soit d'un temps à un
autre, soit d'un pays à un autre ; mais on a peu comparé encore
la puissance de longévité des espèces d'animaux inférieurs avec
la puissance de longévité des espèces d'animaux supérieurs. En
dehors de son attrait philosophique pour l'histoire du dévclop-
(1) Sur la longévité des animaux supérieurs et des animaux infé'
rieurs dans les dernières périodes géologiques [Bull, de la Soe,géoL
de Fr., S* série, vol. XVIII, p. 408. Séance du 4 mars 4861).
HOTI 01 a. GÀUMT, 080
pemeiit des êtres, une telle question offre un puissant intérêt dans
son application à la connaissance des terrains. Car, s'il est vrai
que les espèces d'animaux supérieurs passent moins facilement
d'un teri*ain à un autre que les espèces d'animaux inférieurs,
alors la découverte des os de vertébrés et surtout des os de mam*
miftres deviendra pour les géologues le plus précieux des secours.
Explication de la planche XFI,
Fig. 4. Crftne de Phaxianus Jrchiacij Gaud., vu de profil. La mâ-
choire inférieure adhère encore à ce crftne ; Tatlas est placé
contre le condyle occipital ; on distingue facilement la cavité
tympanique, Tes tympaniqae, Tapophyse zygomatique qui
s'avance le long de la branche postérieure de Tos lympa-
nique, la région occipitale, la région pariétale et surtout la
région frontale qui est très prolongée en avant, le lacrymal,
le commencement du nasal, une partie du maxillaire et le
jugal.
Fig. S. Humérus de Phasiantn Archiaci mftle vu sur la face anté«
rieure.
Fig. 3. Cubitus de Phasiamts Archiaci mftle vu sur la face externe.
Fîg. i. Humérus de Phasiantis Archiaci femelle vu sur la face anté-
rieure.
Fig. 5. Cubitus de Phasiamts Archiaci femelle vu sur la face externe.
On peut remarquer que cet os et le précédent sont plus
trapus et plus courbés que ceux des figures 2 et 3 apparte-
nant à des mftles.
Fig. 6. Tarse de Gallns Msculapii^ Gaud,,muni d*un très fort épe*
ron vu sur la face interne. Il est en connexion avec une
partie du tibia et une première phalange.
Fig. 7. Autre tarse de la môme espèce de coq vu sur la face anté-
rieure. On l'a représenté afin de montrer les apophyses
digitales qui manquent dans l'échantillon de la figure 6.
Fîg. 8. Humérus de Gras Pvntelici^ Gaud., vu sur la face posté-
rieure.
Fig. 9. Cubitus du même oiseau vu sur la face interne.
Fig. 40. Sacrum et bassin du même oiseau vus sur la partie ventrale.
Les pubis sont brisés.
Fig. 4 4 . Partie supérieure d'un tarse du même oiseau vu sur sa faoa
antérieure.
f%. 4t. Autre tarse du même oiseau vu sur sa face antérieure. Oa
remarque combien l'apophyse digitale interne reste en
arrière des autres apophyses.
Fig. 43. Testttdo marmorum, Gaud., vue par sa face supérieure. On
observe sur la carapace deux sortes de divisions, les unes
correspondant auik écailles, caUes-là très bibles, lat
6&0 stAHCB DU S VAta 1862.
autres correspondant aux diverses pièces dorsales^ costilei
et marginales dont la carapace est formée.
Fig. 4 4. Même Tvstutio vue par sa face ventrale. Od remarque en a^
une fissure qui indique la mobilité de la partie poalérienra
du plastron.
M. d'Ârchiac présente, de la part de M. de CeasaCi une
Esquisse de la carte géologique du département de la d'euse^
accompagnée de la note suivante :
Esquisse géologique du dcparlement de la Creuse;
par M. P. de Gessac.
La carie géolo^yique du département de la Creuse, que j'ai
rhonncur crodrir aiijourcriiui à la Société géologique de France,
a étô terminée en 1857. Dans les prcniici'S mois de l'année suivante
j'en ai ôci il rcxplicntion i\\\\ forme un «issez volumineux mémoire.
Cette es<)nisse ^('olo^'irpte du département de la Cnnise devant
paraître par fra[;ments dans lej» Mémoires de la Société des sciencei
naturelles de cette conuoe, je crois nécessaire d*en faire ici un
résiimt* succinct, en in !>Mat sur les points qui nie paraissent
pouvoir intéresser.
Ce travail, précédé d'une introduction, comprend quatre sec-
tions : Description pliysitpie, — description géologique; — des-
cription et classification des filons, dislocations du sol ; — géologie
appli()uoe.
I/iiiiioduction, dont nnc partie a été publiée dans les Mémoires
(If In Sovit'^tt^ ((('S scîftirt's ntiturt'ltvs /ir in Creuse (1859 t. III,
p. 1()8 et suiv.), comprend Tindication des travaux précédemment
pui)li(*s, soit par différents auteurs, soit par moi, sur la minéralogie
on la jjcologie dr la (hcnse, des indications sur la rédaction de k
carte, sur les dillicultcs du trace de ses limites, etc., etc.
Ces limites ont été tracées sur le terrain sur la carte de Cassini,
celle de Tétat- major n\*tant pas encore complètement publiée,
puis rapportées sur une carte A récliclle de 700*0^0 ^^ ensuite pour
la publication sur une nouvelle earte d récliclle de -ff^nV*
Tous l'cs transports ont diî, dans certains cas, altérer les
limites, ces difTérentes cartes ne s'accordant pas toujours entre
elles. Mais un autre genre d'erreur tient à la carte dont je me
suis servi dans mes c*onrses. Celle de Cassini est très souvent butîve
pour le placement des villages, surtout dans le sud du département,
NOTE pB M. BB CBSSÀC. ô^i
et, |H>ur mettre ces villages sur le terrain où ils sont dans la nature^
j'ai dû redresser ou briser des ligues qui élaicol courltesou droites.
La carte que j'ai puldiëe n'ayant que les chefs-lieux de communes,
j'ai pu corriger quelques-unes des erreurs, mais beaucoup ont pu
m'échapper. Au surplus, eu égard à la petitesse de Tëchelle, elles
doivent être peu appréciables.
F* SECTION. — Description physique, — Celte section avait été
publiée en 1852 dans l'Aimuaire du département, et lors de cette
publication j'ai eu l'honneur d'adresser un exemplaire du tirage à
part à la Société géologique de France. Pour mon esquisse géolo-
gique je l'ai revue et entièrement refondue.
Chapitre 1*'. — Situation, étendut^ limites {tdminixtratiurs.
Chapitre 2. — Orographie. — Configuration du sol, régions
naturelles, chaînes de montagnes, plateaux, plaines, vallées,
bassins orographiques.
Les bassins orographiques de la Creuse diffèrent en deux points
assez sensiblement des bassins hydrographiques. Le bassin orogra-
pliique de Bourganeuf s*étend du sud au nord environ, tandis que
le bassin hydrographique du Thoriun, après avoir été S.-£.,
N.-O., devient N.-E. S.O. pour traverser par une faille étroite
la chaîne ouest de Bourganeuf et permettre à cette rivière d'aller
se jeter dans la Vienne l\ Saint-Priest Thorion, au lieu d'aller au
nord rejoindre la Gartempe. Le bassin orographique de Gouzon
est borne au nord par la chaîne de Toulx-Sainte-Croix que coupe
perpendiculairement le cours du Véraux.
Chapitre 3. — Hydrographie, — Rivières, ruisseaux, étangs,
leur régime, leur étendue flottable, bassins hydrographiques,
parties à dessécher, à arroser.
Il* SECTION. — Description géologique.
Chapitre !•'. — Classification générale des terrains.
Terrain moderne : tourbes, alluvions modernes, etc.
— quaternaire : blocs erratiques, argile, sable, brèche ferrugi-
neuse, etc.
— > tertiaire : miocène; argile, gypse, calcaire marneux.
i Formation houillère ; poudingue, grès, schiste,
houille.
Formation carbonifère ; grauwacke, grès, schiste,
anthracite, graphite.
$oe. géol.^ 2* série, tome XIX. 41
0A2 SfiAlfCB DU 5 MARS 1802.
Formation métamorphico-granitiqna; griDito
i micacé, leptynite (weisstein), gneiss ft deox
Terrain paléozoïquei micas.
inférieur .Formation quartzo-schisleuse; micaschiste,
ou j schiste argileux^ schi.nte talqueux.
azoïque: r Formation ftranito gneijisique; granité à graios
fins ol moyens, gneiss, leptynite (wefsstein).
— - cristallisé (hors sério) ; granité bleu, syénîte, amphibolite.
Ces terrains sont coupés par les liions suivants :
Quartz, direction N.-O., S.-E,
Granulite et pegmatito.
Wacke, directio^n N. 35 à iO^" 0.
Porphyre pinuitifère N. -iO à 45" 0.
— quartzifère, N. un peu E.
Euriteot argilophyro, 0. Ë. environ.
Porphyre grauito'ide.
Minette.
Chapitre 2. — Gneiss, — Le gneiss de la Creuse présente deox
vai'iëtes : le gneiss à un seul mica et le gneiss à deux micas. Je ne
m'occupe dans ce chapitre que du premier, du granité à graini
fins ou schisteux et du leptynite (wcisstein), roches qui m*ont
paru toujours associées cnsemhie dans la Creuse. Le gneiss à deui
micas est décrit dans le elinpitre h. A la fin de ce chapitrerai
indique soniniairenient 1rs filons qui coupent ce terrain ; j*ai fait
de nicnie à la fui des autres chapitres pour les terrains qui suivent.
Chapitre 3. — Micnsvhhtcs^ etc. — Le micaschiste est nne
roche assez iniport.inlc dans la Creuse. Au nord il forme une larae
bande lil.-O. qui se prolonge dans les départements de Tliidre,
du Cher et de l'Allier. Cette hande a suhi depuis son drpùt deux
phénomènes imporlanisà si^;naler : Tamphibolisation et la feldspa-
thisation. Ces ileux phénomènes vus en grand semblent bor-
nés, le premier a la partie occidentale, le second à la partie
orientale, et sont assez bien limités par la route de la Cliâtre ï
Auhusson.
Dans la partie amphibolisée, Tamphibolite disséminée dans
toute la lormation du niie^iseliisle y a i'ormé de nombreux amas
allongés du K.-E. au S.-O. environ, et autour raniphibole
s*est sulistituée au mica du micaschiste. Dans la sc(X)ndc région,
Tamplnbole s'est loealisét- et constitue une sorte do bourrelet an
pied de la chahie de Toulx : amphibolite et syénitc do Clidtelusà
Clugnat.
Dans cette région le micaschiste est profondément altéré, îlcsl
VOTB DS M. DK CBSSAC. 6Ai
moios scliisteux, contient du feldspath en assez {grande quantité ;
enfin il n'est plus un véritable micascliiste sans être encore du gneiss.
Si l'on cherche à reconnaître à quelle cause est due cette devnièr^
altération du micaschiste, on la trouvera, coinniepour Taltération
précédente, dans la présence de rorhes érupiivcs. Le grnuulite et
la pegnialite criblent le niicaschisio de toute cette contrée connue
il est facile de Tobserver le long de la roiUc do Clugnat à Bou^sac-,
et dans toutes les cariièies ouvertes pour rcmpierrenient des
routes. Une de ces carrières nionlre lo fait dans sa plus grande
évidence, et j*en ai rapporté un échantillon parfaitement carncté-
ristique. On y voit le granulite à feldspath rose injecter ce feldspath
dans le micaschiste noir et le veiner de feldspath rose. Je revien-
drai plus en détail sur cette idée dans le chapitre suivant.
Le micaschiste de la Creuse contient de fréquentes roches gra
phiteusei, notannnent aux Boissières, commune de Saint-Dizier-
les-Domaines où Ton a cherché à l'exploiter, à Soulier, commune
de Janaillat, etc. D'après i^J. Poyet, ingénieur civil des mines, ces
failles remplies u seraient les débris conservés d'un terrain de
transition qui devait recouvrir un assez grand espace, et que les
nombreuses dislocations du sol suivies de puissants courants dilu-
TÎens ont presque fait disparaître. »
Le micaschiste du sud est assez variable comme roche. A Soulier
il passe au schiste argileux ; d'ArrèiiCs à Champroy, le mica est
remplacé par une substance verte qui est peut-être de la chlorite
OU du talc, et au village de la Cour, connnune de Saiut-Pardoux,
et au moulin de Parsac, commune de Ghavaiiat, la roche composée
de quartz et de mica en grains ressemble à un grès, mais devient
bientôt normale.
Un lambeau de stéaschiste occupe les environs d'Evaux; c'est
de cette roche que sourdent les eaux thermales de cette ville.
Je donne dans mon mémoire un grand nombre d'observations
de directions de cette roche.
Chapitre U. — Cranitt: micacé, — Ce chapitre, dans mon tra-
vail, me semble être le plus intéressant de ceux qui traitent des
roches azotqucs; j'en donnerai donc une analyse plus complète.
Le granité à deux micas, aussi variable dans son aspect que le
granité à un seul, présente comme lui, une variété jouant un rôle
tellement important dans la constitution du pays qu'il est néces-
saire de la décrire à part et de la désigner par un nom spécial (1).
(I) M- Delesse [Bull, de la Soc. gcol. de Fr., 2* sér., t. X, p. 254)
a, lui aussi, séparé le granité des Vosges en deux roches distinctes : le
6&& SÊANCK DU 3 MAftS 1862.
Le GRAKiTE MICACÉ, vrai pendant du granité bleu, ti*a pas la
grains serrés comme lui ; il a quelque chose de lâclie dans n
structure ; son toucher est plus rude ; on sent que le quartz y estplni
abondant II varie beaucoup dans la grosseur de ses principes con-
stituants qui, sans être jamais fins, ce qui est son caractère essen*
tici, passent cependant d'une grosseur assez considérable â une
texture grenue et assez fine pour constituer un vrai leplynite
(weisstein).
Les feldspaths sont de couleur jaunâtre assez vive, rarement
blancs. (!c granité, comme le granité bleu, a deux feldspaths, l'un
formant sa pâte, Tautre ordinairement de couleur moins foncée,
s'en séparant quelquefois pour constituer des cristaux semblables
â ceux du granité bleu porphyroide. Ce second feldspath est plus
dur que le premier, et ses cristaux surlesroclics altérées forment
des saillies assez prononcées. Le quartz est gris, le mica noir plni
commun, le mica blanc plus rare recouvrant souvent le premier.
Sa structure est souvent stratifiée, tibulaire, divisée en petites
plaquettes de 1 à 3 centimètres d'épaisseur, se suivant sur dfs
espaces considérables comme de vrais strates de roches sédimen-
taires. Sur ses bords il est parfois {>neissique sans que ses élémenti
diminuent de grosseur. De plus, de même que le granité bleu, il
a, en se décomposant, laissé dans de certaines régions dVnormcs
blocs sur les montagnes qu'il constitue ; mais ce phénomène ne
m'a paru avoir lieu que là où ses feldspaths sont blanchâtres.
En somme, pour moi, cette roche a tous les caractères d'une
roche métamorphique, malgré sa structure assez souvent porphy-
roide Les pénétiationsdu granité micacé dans le micaschiste et dn
micaschiste dans le grnnile micacé et leur enchevêtrement réci-
proque si fréquents semblent démontrer que cette dernière roche
a été formée aux dépens de la première. Pour cela il a suffi
qu'une énorme quantité de felcbpath ait été injectée dans le mi*
caschiste et s'y soit cristallisée; sa structure siratifonne serait un
reste de sa structure primitive restant là pour démontrer rorigîne
à la fois sédimentairc et métamoiphique de la roche nouvelle.
Plusieurs faits semblent mettre hors de doute cette origine dn
granité micacé. Sans revenir sur le fait rapporté dans le chapitre
granile des ballons, qui serait mon granité bleu, et ie granité des
Vosges, qui répondrait à mon granité micacé. Gomme moi, il attribas
une origine métamorphique au second ; seulement dans la Creuse, Iss
deux roches n'ont pas la même position relative, ce qui m 'empêcha de
les assimiler complètement.
IfOTB DE m. DB CB88ÀC. 016
précédent et observé entre Glugnat et Boussac, sur les enchevê-
trements si fréquents du granité micacé dans le micaschiste et
du micaschiste dans le granité micacé, j'insisterai sur le parallé*
lîsme des deux roches au nord et au sud du département, sur leur
passage insensible de Tun à l'autre à l'aide du gneiss à deux micas,
euBn sur ce passage matériellement constaté au sud de Felletin
et bien établi par des échantillons de ma collection. Ces échan-
tillons sont des micaschistes ordinaires dont le mica brun a été
recouvert par de nombreuses paillettes de mica blanc qui le dis«
simulent presque entièrement. Entre les feuillets de ce micaschiste
de gros cristaux de feldspath rose en forme de lentilles de plus
de 1 centimètre d'épaisseur sur 3 de longueur se sont développés
et ont contonrné les feuillets. Il est évident qu'en augmentant la
quantité de feldspath on aura le gneiss à grands éléments du gra-
nité micacé, puis en augmentant encore cette quantité, le granité
micacé avec ses deux micas et son quartz grisâtre, vrai quartz des
micaschistes.
Ainsi donc le granité micacé aurait pour origine le micaschiste
feldspathisé par le granulite et la pegmatite qui auraient fourni
outre le feldspath le mica blanc, le seul que j'aie jamais vu dans
la pe(;matite. La pegmatite coupant dans la Creuse le granité bleu,
l'âge métamorphique de notre roche serait parfaitement indiqué.
Le terrain de granité micacé est composé dans la Creuse du
granité micacé décrit plus haut, de gneiss sur les bords de la for-
mation le long du micaschiste et jamais ailleurs, (ce gneiss est à
deux micas et à gros éléments; on y voit de gros cristaux de
feldspath contourner les feuillets de la roche, et leur origine est
bien évidemment postérieure à sa formation primitive], et enfin de
leptynite (weisstein). Cette dernière roche, composée de quartz
gris et de deux micas, ne paraît contenir qu'un seul feldspath blanc
jaunâtre ou rougeâlre. Ce leptynite est plus feldspathique que
celui qui est en connexion avec le gneiss à un seul mica; au tou-
cher il est moins rude, et sous le marteau il est moins dur et
moins sonore ; il s'écrase au lieu de se briser comme le premier.
Pour donner une idée de la composition de ce terrain, je yais
présenter ici une coupe de la partie la plus complexe. En partant du
MoDteil-au-Yicomte et allant jusqu'à Saint-Julien-la-Brugère, on
rencontre les alternances suivantes : le Monteil, granité à parties
moyennes ou plus fines, peu porphyroide ; Lardillas, granité por-
phyroide; Saint-Pierre-le-Bost, micaschiste sur le flanc est de la
montagne ; au-dessus du bourg, granitc porphyroïde, puis lepty-
nite jusqu'au Compeix ; la Yediéne, granité porphyroïde ; entre
6i6 SÉAlfCV DO ^ MARS 1862.
ce vilb{][e et celui de Villeinesno, micascliiUe sur le flanc est de
la iiionla^jne ; puis {jr.inirc imipliyroide jusqu'à Saînt-Pardoux;
flanc out-sl de la nion(aj;nc, leptynite jus(|u'à la Court: dans k
villa{>e, micaschiste toujours sur le flanc vsi de la montagne; aa-
dessus, [jrauitepoi'phyro'idc jusqu'à Saint-Julien.
Chapitre 5. — Cranitr hini. — Ce {>ranite à un seul mica est
la roche rruptive qui occupe le plus d'espace dans le d^partenieat.
Il cst(;i*i'nu ordinaiicnicnl, iiuelquefois porphyroîde, surtout sur
les soninicts. Il a sni-{;i anlcricu renient au terrain houiller qui en
contient iians la Creuse des cailloux roulés dans son poudingue, et
a clc rclivé suiv:inl une Irjjne .\.-()., S.-E., |)Ostcrieurement à ce
tcirain qui lui-inènie a été aflccté par cette direction dans h
vallée de la (lieuse, mais sans que je puisse préciser autrement la
date d'après les faits que j'ai pu observer dans le départenieat
dont j 'esquisse la j'éoloj'ic.
Dans ma note siu' le tunnel de la Souteiraine (Creuse} j'aî parlé
du filon de {jidène ar^ientilèie qui y fut découveit, mais je oe
mcniioiinai pas un faii rpii vient encore corrohorer mes idées sur
rori(;ine du granité micacé : c*cst la présence de quelques pail-
lettes de mica hlane dans le {;ranite hleu ie long dv. la fente occu-
fjt'v fjiir Ifi f^ntrtic. LWliantitlou le plus curieux que je possède
est un rraj;uient de (;raiiite profondément altéré. La partie qui
constituait la paioi de la fente est formée par du feldspath
d'mi heaii hlane, quelques rares cristaux assez gros de quarts
violet, quelques paillettes de mica noir très petites et des pail-
lettes de mica hlane plus {'landes. Cette partie fi'Ids|)ai bique qui
stï fond avec la masse de la rorhe n environ i centimètre d'épais-
seur. Le mica hlane en outre est dissénnné dans tout récbantillon
qui a environ 10 centimètres de largeur. Quelques autres échan-
tillons des salhandcs du même filon, dont le granité n'a subi
d'antre altération que d'avoir son feldspath trt*s jauni, ont ausn
quelques rares parcelles de mica Mane. Si je me suis bien expli-
qué, on doit voir là un fait analogue à celui cité au chapitre 3-
Ëntre Chignat et Roussac, j*ai vu le feldspath |Yénétrer le mica-
schiste ; ici c'esi' le mica hlane qui pénètre le granité sous l'influeDce
d'un rdon de pe(>inati(c. J'ai donc lieu d'espéi*er avoir surpris
le secret de la nature dans le mode qu'elle a employé pour trans-
former le micaschiste en granité micacé.
Chapitre 6. — Formation carbonifère? — I^ formation carbo-
nifère? forme anjom'dMiui plusieurs lambeaux qui paraisKOt
avoir été autrefois icnnis. Ce terrain est formé eu grande partie
de grauwacke métamorpbisée semblable a celle que M. DelesR
NOTE DK M. DB CB68ÀC. 6A7
a décrite dans le BuHvtin de la Société géologique de France
(2* sér., t. X). Ou y trouvo, en outre, des {',rès qu'on ne distin-
guerait pas des grès liouillers, des schistes argileux verdâtres et de
l'auttiracite.
Dans mon niënioire je décris avec détail tous les affleurements
charbonneux, j'indique les travaux de recherches qui y ont étë
faits, les principales variations des roches qui forment tout cet
ensemble, et ks filons qui le coupent.
Au sud de Saint-Julicn-la-Genête, sur la rive gauche du Gha*
crot, vis-à-vis du confluent du ruisseau de Tliy, la grauwacke
verte à grains fms contient une lentille de calcaire. Un échan-
tillon de ma collection contient une petite étoile spathique que
M. Poyet a reconnue pour un débris dVncrinite. M. Tingénieur
en chef des mines Furgaud avait autrefois trouvé dans ce terrain
des impressions de fougères dans un schiste argileux et dans un
grès grisâtre et noirâtre à Taleix. Ce calcaire et cette encrinite
m'ont fait assimiler ce terrain à celui de l'Allier et de la
Loire, etc.; il en serait la dernière extension ouest sur le plateau
de la France centrale.
Chapitre 7. — Terrain houi/ler, — Les bassins houillers de la
Creuse sont au nombre de cinq : les bassins d'Ahun, de Saint-
iV]ichel-de-yaisse,de Fanx-!Mazuras, de Bouzogles etde Bosmoreau.
Je passe légèrement sur le terrain houiller de la Creuse dans mon
mémoire, l'administration ayant chargé M. Grùner d'en faire la
description, et cet ingénieur étant sur le point de publier son
travail.
Chapitre 8. — Terrain tertiaire moyen, — Le terrain n'a de
représentant dans la Creuse que le petit bassin de Gouzon. Il
appartient à l'étage moyen et doit être probablement rattaché à
celui de l'Allier. M. Furgaud n'y a trouvé comme fossiles que
quelques mousses.
Chapitre 9. — Terrain quaternaire. — Ce terrain est assez
répandu dans la Creuse, on il occupe les plateaux. A la base on
firoure souvent un con[^lomérat contenant des cailloux cimentés
- par de l'argile fort dure ou de l'oxyde de fer ou de manganèse.
Uoe argile assez pure et blanchâtre recouvre presque toujours ce
conglomérat. Lts blocs erratiqnes sont rares dans la Creuse ou du
moins fort difficiles à reconnaître; j'en ai cependant remarqué
sur le terrain houiller d'Ahun.
Chapitre 10. — Terrain moderne. — Alluvionsdes rivières, etc. ;
tourbières; elles sont nomhrenscs dans la Creuse et deux sont dé-
•igoées dans la grande carte géologique de la France comme
6A8 SÊANCB DU 3 MAIS 1862.
bassins liouillers (sud du di'parteinent, près Fénîera) . Eaux miné-
rales (Evnux, les Ghauineites, etc.). On a trouvé des cristaux de
ch'iux siilfj«tée trape^zienne dans une ar|>ile jaune près du villaf^e
de Doullcnux, a gauche de la ruutc de Cliambon â Êvaux. Celte
argile paraît déposée dans les anfiactuosités du stéascliîste. Je
serais tenté de voir là un orifice hourlié des eaux thermales
d^Évaux qni sont toutes voisines, plutôt que de croire à une
ancienne extension jusque-là du bassin tertiaire de Gouzon qui
contient lui aussi du gypse.
III* SECTION. — DrsnipiioN ci classification des filnng; dislncû'
tions du sol, — Avant d'esquisser cette section, je dois dire qu'écrite
depuis longtemps, elle m'a toujours paru n'être qu'ébauchée. Je
l'ai, à dessein, i*eléguée à la fin pour qu'il me soit possible de U
perfectionner on nicme de la refondre en entier, jusqu'au moment
où cette partie de mon travail verra le jour. Je n'aî pu, cela se
comprend facilement à cause de la série si incomplète de ses ter-
rains, trouver dans la Creuse les éléments d'une classification de
ses filons ; il me faudra donc pour y arriver poursuivre mes recher-
ches au dehors.
Chapitre 1'^ — Quartz. — En étudiant le quarts de In Creuse
le mémoire de I\l. Grùner à la main, on en trouve de plusieiiis
époques (1); je me Inirnerai ici à le diviser en trois groupes.
Le premier groupe comprend les rognons quartzeax si abon-
dants dans le micaschiste et le granité associé au gneiss et les
petits (ilôts qui traversent ces terrains. Ce quarts est à aspect fpm
et sembla! >le à celui des pep,matites.
Le second groupe comprend les filons de quarts hyalin avee
tourmaline, mica et felds)Kith, qui dépendent des pegiiiatites. G(f
filons, signalés par iVl.M. Manès et Grùner dans la Haute-YieoDCf
se retrouvent dans la Creuse.
Le troisième groupe comprend les vrais filons de quarts. Dani
la Creuse, ils sont orientés en moyenne N.-0.,S -E. Le quarts de
ces filons, ainsi que je l'ai déji\ fait remarquer en 185&, est nc-
charoide et d*un beau blanc et nullement semblable à celui da
groupes précédents. M. Grùner, d'après ses observations dansla
Creuse au sud de Bourganeuf, les considère comme postérieuisaa
terrain hou i lier.
Description et orientation des principaux filons de quarts;
substances minérales qui s'y trouvent.
(I) Essai (tune classification des principaux fiions dm piatemi
central de la France^ etc. {Société impériale de Lyon, 4B56).
NOTS DB M. DE CESSÀC. 6A9
Chapitre 2. — Pegmntite et granaiite. — La pegmatite est un
granité à gros cléments sans mica. Cependant ce minéral s'y
trouTe souvent; alors il est toujours blanc argentin ou légèrement
doré. Dans la Creuse j*ai vu la pegmatite couper tous les terrains
azolques y compris le granité bleu. £lle est donc postérieure à
cette dernière roclie, mais elle csi antérieure au groupe carboni-
fère dans lequel elle ne pénètre pas.
L'orientation n'est pas constante, moyenne. — Kaolin, etc.,
minéraux accidentels qu'elle contient.
Le granuliteest un granité compacte rose, très feldspatliique, à
grains presque indiscernables; il contient souvent de petits grenats
rouges et quelquefois des pyrites. Il doit être contemporain de la
pegmatite.
Chapitre 3. — Porphyres, — Nous avons dans la Creuse tmis
orientations bien marquées, sans compter celle du porphyre gra-
nitoide. Ces orientations sont N. un peu E. ; N.-O., S.-E. et
0. 10° N.
Le porphyre granitoide de M. Grùner n'est pas commun dans
la Creuse, ou du moins je n'ai peut-être pas su toujours le séparer
du granité. M. Poyetl'a vu dans le poudingue houiller d'Ahun en
cailloux roulés; il serait donc dans la Creuse, comme ailleurs,
aotérieur à ce terrain.
Le porphyre N. un peu E. coupe dans le département le terrain
carbonifère et se retrouve en cailloux roulés dans le conglomérat
houiller d'Ahun ; il est donc intermédiaire entre ces deux terrains.
Celui trouvé dans le conglomérat contient des pinnites; ce miné*
rai est rare dans ce porphyre, tandis qu'il est à peu près constant
dans le porphyre N.-O. Cette roche éruptive parait cantonnée
daos la partie est de la Creuse, où elle forme de nombreux fdons
qu'on peut suivre sur de longues étendues de terrain.
Le porphyre orienté E.-O. environ ne peut être classé comme
Age d'après les éléments existant dans la Creuse. Il y coupe la
grauwacke métamorphisée, ce qui est cependant déjà une indi-
cation, mais il ne se retrouve pas dans le conglomérat houiller.
Gc dernier fait n'a peut être pas une grande importance, Ahun en
étant assez éloigné. Ce porphyre forme des monticules au milieu
ou sur les bords du terrain tertiaire de Gouzon ; il y est fort décom-
posé en général et a été pris pour nn grès miocène, mais les petits
cristaux rares de quartz terminés par une pyramide ne permettent
pas de s'arrêter à celte idée. Plus à l'ouest, près deParsac, et dans
la commune de Saint-Sulpice-le-Guéritois il est normal. C'est
alors une argilophyre composée d'une pâte feldspath ique corn-
650 SÊANCB DU 8 MÀ18 1862.
parte roiige.4tre ou verdatre, contenant des cristaux plut ou moins
abondants de quartz terminés par une pyramide à six pau.
A Longechaud (commune de Saint-Sulpice-le-Guéritois), ce por-
phyre contient de plus de petites taches ocreuses jaunes et csl
traversé par de nombreux filets de quartz, tantôt à aspect grai,
tantôt radié.
Le poi'pliyre N. -G. S.-E. contient différentes substances acci-
dentelles : mica noir, amphibole, pinnites, etc. Dans le sud du
département, il coupe le terrain houiller au midi de Rouif^aneuf.
M. Grùner, qui lui donne une orientation presque nord vrai dam
son mémoire déjà cité, l'a vu près de ce terrain houiller en rap-
port avec des filons de quartz N.-(). S.-£. A Domérot, dans le
boui(; même, un (ilon de quartz partajje eu deux un filon depoi^
phyre à aspect un peu seliisleux.
I^a minette n*e$t pas commune dans la Creuse ; elle ne se trouve
guère qu'aux environs d'Aubusson et |>eut-étre de Cliénéraîlles;
son orientation parait être N. 5°0. Au village des Portes, au nord-
est de Saint-Loup-les-Landt'R, le granité bleu perce au milieu du
terrain tertiaire. Ce granité est traversé par un filon de porphyn
quartzifère. longé à louest par un filon parallèle de minette. Tout
cet ensemble est recouvert de tous côtés par l'argile tertiaire; il
m'a donc été impossible de voir si la minette coupait le poi-phyre
ou était coupée par lui. Tout ce que je puis dire, c'est que la mi-
nette est |>ostérieure au granité bleu; mais elle peut être anté-
rieure au terrain carbonifère, le poi'phyre N. un peu £. ayant pa
s'intercaler postérieurement à la formation de ce terrain entre clk
et le graiiitc bleu.
Un filon de wacke, semblable, d'après M. Grùner, à celai qui
traverse le terrain houiller de Rive-de-Gier, coupe ce terrain k
Ahun ; sa direction est N. 35 à ^O^O. M. Mallard, qui a analysé
cette roche, termine sa note en disant que la composition chi-
mique et les caractères minéralogiques de ce porphyre noir dA
vent la faire considérer comme une roche trachytique.
Chapitre U. — jimpluhotitc. — L'amphiliolitc et la diorite delà
Creuse sont antérieures à la pegmatite, qui les traverse souvent.
Ces deux roches, qui passent de Tune à l'autre, forment dans b
micaschiste des bourrelets allongés dont- l'orientation moyenne
peut-être rapportée au N.-E.; elles se décomposent en blocs sein*
blables à ceux du granité bleu, notamment entre ChâteluseC
Ci ligna t.
Chapitre 5. — Granité bleu, — Le granité bleu paraît avoir
surgi dans la Creuse suivant une direction E. un peu S. à Ol on
HOTB DB H. DE CB8S1C. àHl
peu M., antérieareinent au terrain liouiller, qui en contient dans
son conglomérai. Il a été ensuite orienté dans les chaînes qui
bordent la Creuse N.-O. S.-E., postérieurement à laformatiou de
ce terrain qui en a été affecté et a été relevé suivant cette direc-
tion. Ces deux directions se rapportent : la première, au système
des Ballons, la seconde, au système du Morvan. Quelque étrange
que paraisse la première orientation, qui donnerait au granité
bleu une origine plus moderne que celle qui lui est généralement
attribuée, elle n'est pas nouvelle dans la science ; elle se retrouve
dans la Lozère (1) et peut-cire dans les Vosges, où le granité des
Ballons de IM. Delesse parait correspondre à mon granité bleu.
Cette observation d*nn granité contemporain du système des
Ballons viendrait détruire ce que j'ai dit de l'Âge du granité mi-
cacé et de la pegmatite qui sont certainement antérieurs au ter-
rain carbonifère. Je serais donc tenté de croire que le granité bleu
a surgi dans la Creuse à plusieurs époques, mais en même temps
je doiâ dire que ces granités sont minéralogiquemenl semblables.
Chapitre 6. — Systèmes de dislocation du sol et sotdèvements, —
J'ai reconnu dans la Creuse un certain nombre des systèmes de
dislocation du sol décrits par les auteurs et si bien défînis par
M. Elie de Beaumont.
Système du Longmynd^ N. 26** 52' E. (2). — Ce système parait se
retrouver dans le gneiss du N.-E. du département près d'Evaux.
(Test suivant celle direction qu*a surgi Tamphibolite du N.-O. Ce
èystème semble avoir laissé peu de traces dans la Creuse.
Système des Ballons, O. 11° 21' N. — Ce système aff'ecte dans la
Creuse le granité bleu, surtout dans les environs de la Souterraine,
du Grand-Bourg, de Bénévent, etc. , et le terrain carbonifère dont
ta limite nord est 0. 12 à IS*» N.
Système du Forez, N. 16° 22' 0. — Les micaschistes du sud du
département à l'ouest de Bourganeuf et le gianite micacé ont été
orientés par ce système de soulèvement. La direction des mica-
acbistes est N. 15 à iS'* O. , et la petite chaîne de granité micacé
(<) Voir Dorlbao, Esquisse géologique du département de la Lo"
tére, 4 860.
. (S) M. Maliard, ioj^énieur au corps impérial des mines et profes-
•eur à récole de Saint-Étienne, a eu robiigeance de me remettre un
tableau des différentes directions des systèmes de montagnes rappor-
tées au signal de Maupuy, montagne près Guéret, lat. 46° 9' 20'' N.,
léng. 0* 20' 0. Je me suis toujours servi dans ce travail de ce tableau
«dealéparioi.
662 SftAlfCB DO 3 HARS 1862.
qui s*étcnd de Ponlarion à Saint-Pierre-le-Bost a à peu près la
inéme orientation.
Système du Monvin, IS. UVO. — Ce système a fait sentir svi
effets au granité bleu et au terrain Iiouiller dont il a redressé les
couches. C'est lui qui a soulevé les deux chaînes de montagnes qui
bordent le cours de la Creuse, et qui a disloqué le terraiu carboni-
fère. Ou retrouve cette orientation dans la liinitenord-eat du granité
micacé du sud du département ; elle est très fréquente au surplus
dans tout l'ouest du plateau central.
Système fies Pays- Bus, O. 6"29' N. — Ce systèiue a donné son
orîentition au micaschiste et au granité micacé du nord du dépar-
tement. Ce micaschiste et le stéaschiste d'Evaux sont orienté!
0. 10*^8. environ, et la chaîne tle Toulx a sa limite N. 6*1/2 N.
environ.
IV* Section. — Géologie appliquée.
Chapitre l*^ — /agriculture. — Sol naturel , amendeinents mi-
néraux, etc.
Chapitre 2. — Exploitation tics mines tic la Creuse, — Leur
histoire, minéraux utiles, carrières.
Je terminerai cet aperçu de mon travail par les lignes soi-
vantes de mon inti*oduction : « Les documents géologiques écrits
sur la Creuse sont nombreux, et malgré cela ce département eit
encore peu connu. Aussi accucillera-t-on, jVime à le croire, avec
intérêt et indulgence les détails que je me propose de donner.
Je ne dirai que ce que j\ii vu ou ce qui est hoi*s de doute ; mais,
comme j'ai aujourd'hui parcouru tout le département, Tesquine
que je présente sera juste, je l'espère, dans son ensemble ; des
détails y seront ajoutés avrc le temps, et les découvertes de la
science viendront certainement en changer les appréciations et la
points de vue, mais les faits observés sans théories préconçues res-
teront, et c'est là ma seule ambition. »
M. le comte Jaubert donne lecture d'uoe notice nècrologiqoi
sur M. Cordier.
M. Tabbé Bourgeois fait la communication suivante :
Distribution îles espèces dans les terrains crétacés de Loir^*
Cher; par M. Tabbé Bourgeois.
Notre but en faisant connaître les espèces des terrains crétacés
de Loir-et-Cher et la manière dont elles y sont distribuées est de
KOTB DK n. BOURGEOIS. 653
faciliter une division naturelle des assises qui constituent cette for-
mation. Nous avouerons volontiers que nos observations ont été
faites sur un espace trop restreint pour fournir les éléments d'une
solution générale et définitive de la question ; mais il nous a sem-
blé que de modestes recherches, opérées minutieusement et con-
sciencieusement dans une contrée particulière, pouvaient présen-
ter de l'intérêt, et même que rien n*était plus favorable aux
progrès de la science que la réunion et la comparaison de ces
monograpliies.
Nous allons considérer successivement les différents étages, en
suivant de bas en haut l'ordre de superposition.
I. — Étage cénomanien {snble, et grès du Maine),
L'étage cénomanien présente un développement assez considé-
rable au nord-ouest, dans les cantons de Savigny, iVlondoubleau
et Droué, sur les confins de la Sarthe et de l'blure-et-Loir ; puis
il plonge sous les étages supérieurs, traverse le département dans
le sens de son grand axe et se relève au sud-est, dans les cantons de
Mennetou et de Saint-Aignan, sur les limites de Tlndre et du Cher.
Par Tune de ses extrémités il se relie d*une manière immédiate
aux sables et aux grès du Maine et par Tautre à ceux du Berry.
On peut le subdiviser en trois zones bien distinctes, au triple
point de vue de la stratigraphie, de la minéralogie et de la paléon-
tologie.
1® Cénomniùen inférieur {zone du Pecten asper). — Nous l'avons
rencontré dans le nord-ouest du département, au Plessis-Dorin,
près du hameau des Gaves, à Fontaine- Raoul, près du village
nommé Petit-Fontaine-Haoul, à Houffry, près de la ferme du
Gormont, et au fond d'une fosse, près de la ferme de Granlay ; dans
le sud-tst, à IMaray, sur le chemin de Saint-Georges, et à Ghâ-
tillon-sur-Cher, au village de Fretevou, sur le bord du canal. Il
se présente sous la forme d'une argile gris verddtre ou d'un cal-
caire très-chlorité. Ces rares affleurements n'ont qu'une puissance
de 3 à !i mètres, mais il est à présumer que la puissance totale de
la couche est beaucoup plus considérable. Si le gault et le néoco-
inien n'existent pas dans cette partie du bassin de la Loire, comme
tout porte à le croire, la craie à Pecten asper doit reposer immé-
diatement sur les terrains jurassiques (1).
(1) Dans les forages artésiens pratiqués à Tours et poussés jusqu'à
%K% mètres, au puits Champoiseau, on a traversé toutes les couches
trétacées sans rODCoatrerle gault ni Télage néocomien.
66A sfiÀNCs DU 3 MiJLS 1862.
2° Cénomanien moyen {zone du Scaphites aMfualis). — La partie
moyenne de Tétage cénomanien est la plus considérable eo élmi-
due et en puissance, mais elle ne présente pas» comme dans la
Sarthe, ce beau dévcloppemenl qui a permis à MM. Triger et
Cotteau d'établir si nettement la superposition des zones. EUecft
constituée, dans le nord-ouest, par des sables et grès ferrugineui
généralementjaunes, comme à Savigny yiMondoubleau, Bail Ion, tftc.,
ou par des grès de couleur brune appelés roussanis, comme i
Sargé. Dans le sud -est, ce sont tantôt des calcaires crayeux oo
compactes (Mennetou, sous les vieux murs de la ville), tantôt des
grès très durs, de couleur grise et en grande masse (Maray, prèsda
1)ourg), tantôt enfin des grès jaunâtres en lits minces, alternaDt
avec des sables [Clidtillon-sur-Cher, près du TÎUage de Fretevou);
la puissance varie de 2 à 15 mètres.
3* Cénomanien supt^rieur [zone fie /'Ostrea biaurîculata) .-— La
partie supérieure de Tétage cénomanien se compose de coucbei
d'argile grise ou verdâtre et de sable ou de calcaires cliloritésdool
la puissance ne dépasse pas Zi mètres. Nous avons constaté sa présence
dans l'ouest, à Bonnevau, près de R<'ssé (Sarthe), dans le sud-est, i
Clidtres, sur la rive droite du Cher, et plus bas à Ghâtillon. Dam
cette dernière localité, les ar(>ilcs sableuses à ostracées ressemblent
d'une manière frappante à celles du Mans, avec cette seule difle-
rencc ijue VOsircn biauriculata y est très rare.
Nous devons maintenant faire connaître le résultat de nos re-
cherches paléontologiqucs dans les trois zones de l'étage cénoma-
nien dont nous avons esquissé les caractères stratigraphiquei et
pétrO[rraphiques
Total des espèces déterminées (|
Espèces passant dans les étages supérieurs 9
Espèces atteignant l'étage séQODieo 4
Distribution des espèces dans ies zones inférieure^ moyeHne
et supérieure comparées entre elles.
Cénomanien inférieur (craie à Pcctcn asper) \%
Espèces propres Il
Cénomanien moyen (craie à Scaphites œquaiis) 56
Espèces propres |5
Cénomanien supérieur (craie à Ostrea biauriculata) |
Espèces propres 4
(Voir le tableau page 669.)
Nous allons terminer ces détails sur Tétage céqomaiMen par
KOn OB M. BOURQBOIS. 066
coupe de la colline de Fretevou (Ghâtillon-sur-Chcr). Dans cette
localité si intéressante, que nous recouiinandons aux géologues,
les trois zones réduites à de très petites proportions sont visible-
ment superposées, nettement distinctes et recouvertes par un vaste
idéveloppenient de craie turonienne à RfiYnchonvUn Cuvteré, Voici,
de haut en bas, Toi-dre des couches tel que nous l'avons constaté
arec M. Hébert, dont les lumières, dans cette circonstance comme
en beaucoup d'autres, nous ont été si utiles (1) t
Turonien inférieur.
4* Craie à silex noir 7", 00
2° Lit d'argile jaune 0°*,4 0
3® Craie blanche, h inoceramux problcmaticus 7", 00
4** Craie grise, marneuse, schisteuse, à Rliynchonella Cu-
Pieri, . . ■ 4™, 00
ft* Craie jaune, avec grains verts (mélaQge) 1'',50
Cénomanien supérieur,
6* Argile à ostracées 0",60
V Sable jaune O-.SO
%^ Sable gris, avec petites Huîtres 0"*,60
Cénomanien moyen,
9° Grès à Serpules (lit supérieur) O^jîO
4 0° Sable gris, avec Ostrea columba minor 2", 00
41° Grès à Serpules (lit inférieur) 0"",20
12* Sable gris, avec Ostrea columba minor 4"*,00
■ 1 3* Grès à Ostrea columba minor et jémmonites cenoma"
nensisCi) ©■,20
4 4° Sable gris peu fossilifère 2™, 00
45° Grès jaune peu fossilifère 0",50
4 6° Sable jaunâtre et grès en lits minces 3", 50
Cénomanien inférieur,
■
47° Argile à Cnrdium hillanuni 3",00
»■'■ '
• (4) La savant professeur de la Sorbonne, en nous apprenant à ne
S confondre les silex de la zone à liliynchonella Cuvicn avec ceux
zones supérieures, nous a donné la clef de plusieurs difficultés in-
solubles pour nous jusque-là.
(8) Il existe une grande confusion dans la science au sujet de cette
fspèce. Nous désignons ici par ce nom une Ammonite voisioe de
V Ammonites rhotomagcnsiSy à dos carré, à tours largesse côtes simples
,ige StANCI DU 3 IIH 1802.
La craie i Ammn„lm peraMplm, qui ii'»pi«iratt pas dini li
nniiif siip<'rieure de IVstarpciiu'nt de FreieTOU, se montre mu U
liaiiteiir, au lieu nommé les Maiilellcs.
Celle colline, déjà si reinar<iuable p»r le nombre des condiit
■uper|iosée«, ne l'est po» moini par la dislMBlîon et rinclilUÎMra
do ce» mêmes couclits, ainsi (jwe par une faille pria de laquelle
eiiite un pliisement du sol Iris ërident. La situation dea coudia
esl repiésenlée par la figure suivante :
Coupe prlie à t'reifvna, prêt de CMtiUoH-$Hr-Scine.
II. — Eluge luTonien,
I.» craie de Touraiiie se montre au sud, à l'ouest et aa noid-
ouest, dans les valléi-s du Clier, du Loir et de U Broie. Nom U
iliviseroiis en trois xunes.
Zone delà Rhynrkaarlln (Tni'fKrf (lurooisn toHneur);
Zone de Wlminoiiitcs perampltut (luronieD moyen);
Zone du S/nmityliii tninriiuis (tuTODien sapérieiir).
Les faits que nous niions signaler nous semblent démontrer la
lâi;i(imitc> de cotte claskification.
1" Tiirniiirn it>JrrieHr[z'ine ilc lu RhynchoncIlBGaTieri).^Maaa
avons constaté sa prési-dce dans la vallée du Cher, & MenDcHM
(tertre du Godet), A Vtllefranclieprt-sdubourg, sur le cAté B'D'bs
ferrement prononcées et prétentaul de chaque o6ié deu> gros tnbsN
culessaillaatsea pointe; c'texl' Àmmonitr.t cenomanenMitAa F
de paléon totogie.
If 07 fi DB M. BOURGEOIS. 657
de la route de Hoinorantin, à Ghâlillon, près du village de Fre-
tevou, comme on peut le voir dans la coupe que nous avons
donnée de cette localité, à IVIeusnes, à CoufFy, à Saint-Âignan, sar
le quai, près du chemin de la Quérardière, à Mareuil, près du
hameau nommé les Papiers, et dans une petite vallée adjacente
au Cher près du moulin de INiesiies. Dans la vallée du Loir, nous
l'avons rencontrée à Trôo où elle forme la base de la colline
pittoresque sur laquelle est situé le village, â Ternay près de la
fermé de la Jarretière, et  Artins, au village de Dineaux. On la
trouve aussi dans la vallée de la Braie, aux Radrets, commune de
Sargé. On y distingue généralement les trois assises suivantes de
bas en haut :
A. Craie marneuse, grise, tendre, micacée, avec Rhynchonelln
Cuvieri, Puissance de 1 à ^ mètres.
B. Craie marneuse, blanche, onctueuse, micacée, à Inoceramus
probiematicus. Puissance, de 2 à 7 mètres.
Ces deux assises fournissent une excellente chaux hydraulique.
C Craie blanche, peu micacée , à silex généralement noirs,
avec Terebrniula oùcsa. Puissance, de 5 à 10 mètres. Les silex de
cette craie ont été longtemps exploités sur une grande échelle
danss les communes de Meusnes, Couffy et Châtillon-sur-Cher
pour la fabrication des pierres à fusil. Cette industrie si nuisible
à la santédes ouvriers est heureusement presque tombée. Au puits
de Saray, commune de Lye (Indre), près de la limite du dépar-
tement, les silex de celte même assise passent au jaspe et pré-
sentent des nuances, le plus souvent rouges, d'une beauté remar*
quable. Ou y trouve aussi des opales produites par la décomposition
de la matière siliceuse. A Villefrauche, la même cause, c'est-à-dire
la présence de l'oxyde de fer, a coloré en rouge vif des grès fins et
micacés qui renferment des zoophyles à l'état de silexrésinite.
La craie à Rhynchonella Ctivieri est employée dans la plus
grande partie du Perche pour marner les terres. Dans tous les
puits d'extraction que nous avons visités, elle repose sur les sables
ou grès moyens de l'étage cénomanien, et elle est recouverte par
les argiles à silex de la zone à Spondylus spinosus (v. plus haut
la coupe de Châtillon, sur les bords du Cher et plus bas celle de
Trôo, dans la vallée du Loir).
2® Turonien moyen {zone de /'Ammonites peramplus). — Cette
craie présente le développement le plus considéiable sous le
double rapport de la puissance et de l'étendue. Sur les bords du
Cher, uous l'avons déjà signalée au sommet de la colline de Châ-
tillon. Mous la retrouvons aux carrières de Belleroche, près de Sainw
Soc, géol.^ 2* série, tome XIX. 4^
658 sÉÀifCi vu 3 màeb 4802.
Aignan, à Bourré, k Montrichard , à Chiisay et à Saint-Geoigei,
où elle plonge sous la craie à Spondyius tmneatâts. Dans la vallée
du Loir, les premiers affleui*eineo(s Gonimenoent entre Veudàme
et Montoire; puis elle se montre partout, soit â U base, joit an
sommet des collines, notamment à Teacarpement ai abrupt des
roches, à iMontoire, à Saint-Quentin, àTi-ôo, à Sougé, à Artiosel
à Villedieu. On la rencontre aussi dans plusieurs des vallées adja-
centes de la Loire, du Cher et du Loir. Pour la trouver bico
caractérisée dans l<i val Ire de la Loire, il faut descendre plus bas
que la limite du département. Partout elle contient dea paioellcs
de mica, en plus ou moins grande quantité.
Afm de faire connaître la superposition des assises dont cette
zone est composée, nous donnerons plusieurs coupes prises sur des
points très distants les uns des autres.
Coupe de la colline ih Chissay^ sur la rive droite du Cher^
à la limite du département^ de haut en bas.
4* Craie fçris Terdâtre avec petites Huîtres 5",0D
2* Craie à silex gris 4"*.00
3® Craie marneuse à Ostre'a colnaibn g'gas 4 ",00
4" Culcnire compacte noduleux à Oxtrm rolumùa ^/geis . 4*, 30
5*^ Craie à bryozoaires avec un lit de silex noir au milieu • 4<",00
Niveau de la route, qui s'élève de quelques mètres au-dessus de la
rivière.
En remontant le Cher on rencontre à quelque distance de là,
en face du vill.ige de Vrigny, situé sur la rive gauche, une couihc
plus pi-ofonde formée par un calcaire noduleux dont la puissance
est d*environ iU mètres.
Enfin l'assise inférieure de cette zone, la craie à Ammoniin
papalis se montre au village de Bourré, à 6 kilomètres pliu haut,
sur la même rive, avec un dév<'loppement plus considérable que
dans toutes les autres localité» du département ; il est diflicile d'en
préciser la puissance, parce qu'elle se lie d*une manière insensible
avec les assises supérieures; mais on peut lui donner au moÏDl
15 mètres.
Coupe de la colline du ( hrr entre Cherelle [communes de SainP-
Georges et Jùivtrn/lcf), de haut en bas.
Zone du Spondylus truncatus.
!• Craie à .S//'*// r/>/wv rrw/?rr/r//5 (partie supérieure). . . . 9^,00
2* Craie à Sponthlns trnmattts (partie inférieure), banc
compacte avec Turritelles et bryosoai ras ^,00
HOTI n M. BODBGKOXS* MO
Zone lie rkmmonxXes peramplat.
S* Craie nodaleuse compacte 5*^,00
4° Craie blaDcbfttre à CaUhtnassa Àrchincf . 3**, 00
6* Craie invisible cachée par les terres 3", 00
6° Craie tendre avec silex et Ostrea columba gigas à la
base 2", 00
7* Cnie dure ayeo Osirea columba gfgas 0",00
En suivant le cours du Cher dans la contrée dëpartementale
traTei*8ée par cette rivière, de Mennetou à Saint-Georgei, on voit
donc les couches plus anciennes plonger et disparaître successive-
ment sous les couches plus récentes. Ijt contraire a lieu dans les
vallées de la Loire el du Loir.
Coupe de la colline de Tr6o^ sur la rive droite du Loir^ en face du
pontj de haut en bas.
Zone de /'Ammonites peramplus.
4* Craie sableuse, friable, micacée, avec Donabreox bryo*
zoaires et Terebrat<^lla Boargeoisii 4 6", 00
2* Craie à Ammonites papalis, ,.•, 4 5", 00
Zone de la Rbyncbonella Cuvieri.
3* Craie à R/ty-nrhonella Cuvieri avec bancs horiiontauz
de silex noir , 15"»00
4** Craie à Rhynchonella Cuvieri (couche marneuse blan-
che) 3-.00
Niveau du Loir.
Cette coupe montre le point de contact du turonien Inférieur
et du turonien moyen, comme la coupe de Cherelle montre la
superposition du turonien moyen et du turonien supérieur.
Coupe de la colline des Essards^ au hameau de la Fontaine^
sur la rive gauche du Loir, de haut en bas.
4* Craie marneuse, friable, micacée, avec nodules de grès. 4",00
î* Craie avec silex brun î*,00
3* Craie à nodules calcaréo-siliceuz gris 5*,00
4* Calcaire compacte, noduleux, caverneux, avec Callia»
nassa Arehiaci et emp&tant à sa base ï Ostrea
columba gigas 0",70
5* Craie maraeuse k Ostrea columba gigas 4 ",50
660 StANCB DU 3 MAB8 1862.
6^ Calcaire compacte, noduleux, cayerneux, empâtant à sa
partie supérieure VOstrea columba gigas 0",50
7* Craie assez compacte à bryozoaires et à Serpidafihsa . 6", 00
8* Craie friable, sableuse, peu fossilifère, avec nodules
calcaréo-siliceuz gris 0",00
Coupe des caves de Villefrein^ sur les bords de la Branle,
à Authon^ près de Chdtcau-Regnault, de haut en bas.
4* CItm mzxnexï&t k Osîrea columba glga s 1".00
S* Craie friable à bryozoaires et à 5r?ryyM/rt yf/o.i^/ 4°, 00
3* Calcaire noduleuz, très dur. I^.OO
4* Craie marneuse, verdfltre, 0"*,70
5® Craie plus compacte, yardfttre, avec un banc horizontal
de grès noduleuz. 0",00
Od peut se convaincre par ces coupes prises sur différents points
du département que les caractères de la craie à Ammonites pcram-
plus ne varient pas beaucoup. Les couches les plus constantes sont
de haut en bas :
4 ^ La couche à Ostrea columba gigas,
2® La couche à bryozoaires.
3^ La couche à Ammonites papali s.
Cette dernière assise formée d'une craie blanclie ou un peu
grisâtre, à grain fin et parfaitement égal, fournit d'excellentes
pierres de construction exploitées dans plusieurs localités et no-
tamment à Bourré qui en fait un commerce considérable.
3® Turoftien supérieur {zone du Spondylus truncatus). — Eu
suivant le cours du Loir, sur la rive gauche, on trouve les pre-
miers affleurements de cette craie au château de Chisserav, corn-
mune de Pezou. Interrompue aux approches de Vendôme, près
du moulin de la Chappe, sur un espace de 350 mètres, par un lam-
beau de calcaire lacustre qui descend jusqu'au niveau de la
rivière, elle reparaît ensuite avec un -très grand dévelop|>einent
dans les escai*pements qui dominent la ville. Elle continue à se
montrer plus bas à Yilliers, aux Roches, à Yillavard et enfin à
Yilledieu devenu célèbre par le nombre et la belle conservation
de ses fossiles. Elle est beaucoup moins développée sur K's rives
du Cher, car nous ne l'avons rencontrée que sur deux ou trois
points isolés, c'est-à-dire au moulin Rolland, dans la vallée des
Anguilleuses, entre Thenay et iVlonthou^ au moulin de rfiermitage,
à Faverolles et enfin sur la commune de Saint-Greorges, comme
nous l'avons dit plus haut. Elle existe dans la vallée de la Cisse^ i
«OTI DB M. B0UR6B0I8. 661
Moliueuf près de Blois, mais elle ne parait dans la vallée de la l^ire
qu*au delà des limites dëpartem en laies, k Gangcy et à Limeray
(Indre-et-Loire).
Coupe ffe la colline de Saint-André^ commune de Filliers^
près de P'endâme^ de haut en bas,
1** Argile avec nodules siliceux, appartenant à la zone supé-
rieure du Spondfius spinosus 0"*,00
2** Calcaire blanc très compacte. 2". 50
3" Calcaire assez compacte, avec Ostrea santoncnsiSy ex*
ploité pour la construction 2™, 00
4*^ Bancs de gros nodules siliceux noirs 0"*,50
5° Craie faiblement compacte, fragmentée 7™, 00
6"* Craie dure, caverneuse, à nodules siliceux et à nodules
calcaires , 2", 60
V Craie très blanche, graveleuse et grossière 7™, 00
8** Craie grise avec Ostrea Mntheroniana 2° ,00
9° Craie grise, compacte et cbloritée à la base 6"^, 00
Niveau du Loir.
Coupe de la colline de F^illedieu [carrière de la Rihochère)^ de haut
en bas,
4^ Alluvions sableuses avec blocs de grès roulés (époque
tertiaire) l"*,50
Zone du Spondylus truncatus.
2" Craie très tendre, marneuse, cbloritée, à silex gris, con-
tenant de gros spongiaires et présentant à la surface
des bryozoaires incrustés, Rhynchonella vesperlilio^
Spondylus truncatus 5", 00
3° Craie plus marneuse, avec nodules siliceux, avec Mi^
craster brevis et nombreux bryozoaires 1",00
4* Craie bréchiforme, assez compacte, avec Ostrea àîathc»
roniann en grande quantité, Ammonites Bourgeois
si anus ^ Janira quadricostata et substriato-costatOy
très fossilifère «■,20
5*^ Calcaire très dur, plus ou moins spathique, exploité
pour la construction, avec Ammonites polyopsis et
Nautilus rotundus^ Hébert. , 4", 00
Zone de /'Ammonites peramplus.
6*^ Craie friable, micacée, à silex ^oirs, avec Callianassa
Anhiiici 7",00
V Craie friable, micacée, à nodules calcaréo^siliceux gris. 3*",00
M2 sÊAifCt no 8 lAis 186S.
Coupe de la carrière de la Âtaladrerie^ à Cangry^ près de Limerar^
sur la rive droite de la Loire ^ de haut en bas,
4* Craie frinble, marneuse, peu chloritée, à nodules silî-
oeux gris, avec Oxirea Matheroniana (variété épi-
neuse), RhyuclwnvUa vespertilio^ Micraster brevis, 7"|00
V Craie noduleuse très chloritée, avec Osirea Mathero^
niana en grande quantité» Osirea santonensis^ Ci-
daris cyathiferu 0",80
3* Banc de calcaire compacte avec Ammonites trieari"
natusy Cidaris vindocinensis 5'*,00
Ce dernier blanc est composé de deux aisiaea. L'aatiae supé-
rieure présente au milieu uoe partie apathique très blanche,
exploitée comme pierre k chaux, et qui renferme beaucoup de
bryozoaires. C'est dans Tassise inférieure principalement que se
trouvent les beaux Cidarit de cette localité.
La coupe de Villedieu et la coupe de Cangey accusent la plus
parfaite identité aux points de vue stratigrapliique, minéralogiqoe
et paléontolo{];ique. IVIais celte complète similitude n'existe pas
partout. A Villiers, le nombre des assises et la structure du cal-
caire varient d*une manière assez notable. A Yillavard, Fassise
inférieure du banc dur est mélanp,ée de grès; c*est le grès calcaire
â EUipsosmilia Bourgeois! t de MM. Cotteau et Triger.
Résultat de nos recherches paléontologiques dans l'étage iuronien.
Espèces déterminées 456
Espèces communes avec l'étage cénomaDien» ...... 9
Espèces passant dans Tétage sénooien 41
Distribution des espèces dans les zones inférieure^ moyenne
et supérieure f comparées entre. elles.
Turonien infériecir (craie h Rhynchonella Cuvieri), ... 45
Espèces propres 7
Turonien moyen (craie à Ammonites peramplas), ... 70
Espèces propres 46
Turonien supérieur (craie à Spondylus truncatus), • . • 409
Espèces propres 79
(Voir le tableau.)
Mous ne faisons pas figurer ici dans notre ënumération US es-
pèces de bryozoaires décrites par Aie. d'Orbigny et signalées comme
appartenant à cet étage des terrains crétacés de Loir-et-Cher. Le
ROTB DM M. BO0ROBO18. flOt
célèbre paléontologiste les place presque toutes dans la zone du
Spondyius tru/uatus, mais il a commis sous ce rapport des erreurs
nombreuses que la connaissance des localités citées nous permet
de rectifier. La craie à Ammonites peramplus en renferme 98 et la
craie à Spandylus truncatits 235. Sur les 98 espèces de la première
sone, 88 passent dans la seconde.
III. — Étage sénonien.
Les couches crétacées qu*il nous reste à décrire devront former
la base d** cet éta(;e, dont nous n'a$si(;nerons pas les limites supé-
rieures. Elles sont pour nous la zone du Spondylus spinostts que
nous divisons eu deux assises : celle de la craie à silex et celle des
argiles h silex,
1** Assise de la craie à silex. — En remontant la Loire on ren-
contre tout à coup sur la rive gauche, entre Killy etCbaumont, la
craie à Spondylus spinosus qui ensuite constitue à elle seule
presque toute la colline sur les deux rives, jusqu'à Saint-Gcrvais
et à Ulois, où elle plonge brusquement sous le calcaire lacustre de
la Beaucc. Elle est très blanche, dure, imprégnée de silice et rem-
plie de nodules siliceux qui enveloppent des zoophytes particu-
liers. Sa puissance est de 20 à 25 mètres.
Dans la vallée du Loir, elle se montre d'abord avec ses vrais
caractères sur les hauteurs qui dominent Vendôme, A la base des
murs du vieux château. Nous y avons recueilli la Lima Hoperi et
le Vcctcn crctostts» En remontant le cours de la rivière sur la rive
gauche, on la voit descendre jusqu'au fond de la vallée à Chisse-
ray, commune de Pezou, et recouvrir couiplctenient la craie à
Spondylus truncatus. Eufin, elle atteint à la colline de Fréteval
une puissance de 35 à 60 mètres. Les nodules siliceux disposés
par bancs horizontaux sont en général très durs et quelquefois
d*un volume énorme. La craie moins imprégnée de silex, et par
suite ])lus tendre que sur les bords de la Loire, contient des dents
de poisson appartenant à la famille des S(|ualides, la Terebratufa
semiglobnsa et aussi la Teicbrutula Bourgeoi.sii , beaucoup plus
commune dans la zone de V Ammonites peramplus (i).
Sur les rives du Cher elle est peu développée comparativement;
nous la signalerons seulement au moulin Rolland, commune de
(1) Après un examen sérieux et impartial nous sommes resté con-
Tsincu que la Térébratelle trouvée dans cet étage par M Bouvet et
par nous ne différait pas de la Teiebraieila Bour^eoisii^ d'Orb.
66& sÉANCB uu 3 Mxas 1862.
TLenay, près de PontUvoy où elle re|K)fie «ui* la craie à Spondyliu
truncatus.
Mous devons faire remarquer ici que son dëve loppement de?ieot
de plus en plus considi^raLle, à mesure qu'elle s*avaDce vers le
nord et le nord-est.
2* assise tltjs argiles ti .silex. — Les argiles à silex de la loue
du Spnndylus s/jinosus forment comme un vaste manleau qui
recouvre presque partout les autres couches crétacées. Mous les
voyons aussi présenter quelques affleurements très cii*conscrits au
milieu du calcaire de la Beauce, dans la vallée de la Cisse, à Ten-
droit où elle coiijte la roule de Blois à Yendôme, entre Yilleber-
folle et Pontijou près do Conaii, à Saint-Léonard, à Verdes et
principalement à Ouzouer-le-.M arche. Dans le Perche elles repo-
sent généralement sur la craie à Rh)!iclnnicUa Cuvitri et atteignent
une puissance de 20 mètrts. Au château des Diorières, commuue
deChauvi[>ny, nous les avons vues en contact avec les sables rouges
du cénomanien moyen. Celle assise, qui renferme comme la pré-
cédente le Spondylus spinmits^ est la seule qui présente VEckimo-
tory s vuigaris^ var. gibha.
Quelle est Toiigine de ces ar(;iles? La présence de V Echinoeoryt
vui^an\s\ var. gibba^ que nous venons de signaler semble nooi
autoriser à penser qu'elles proviennent de la destruction d*uiie
craie analogue à celle de Chartres, pendant la période tertiaire.
Quant à Tépoque de ces phénomènes de remaniement, il est
évident pour nous qu'elle est antérieure aux dépôts lacustres de
la Beauce. car ces dépôts recouvrent constamment les argiles i
silex. Nous avons consuilc ce fait de supeqiosition, dans la vallée
de la Cisse, aux localités citées plus haut, à Blois, dans le forage
d'un puits, au faubourg des Granges, et en vingt autres endroitib
Du reste, la coupe suivante ne laisse aucun doute à cet égard :
Coupe priai' à la Bénardcrie^ commune de Thenay^ près de Pontlewcf^
Mir les bords du ruisseau , de haut en bas,
4° Falun avec débris de coquilles 4",00
S** Marne lacustre renfermant un lit mince de calcaire
compacte I",M
3** Alluvion formée d'argile empâtant des galets ocroux et
de petits fragments siliceux plus ou moins roulés. . 0*,iO
i° Argile verdâtre à nodules siliceux résinites (4) S*,O0
(I) M. Laugel, dans une note intéressante sur ce sujet qu'il a p«
bliée dans le Bulletin île la Socictc gvolo^ifjuc^ t. XIX, p. 453,
MUTI DB M. BOURGEOIS. Ô66
L'assise des argiles à silex, là où elle n'est pas recouverte par
le calcaire de la Beauce ou les falunS| présente à la surface des
silex plus petits et plus roulés, presque toujoui-s associés à de nom-
breux spongiaires crétacés, parmi lesquels domine le Siphonia
ifcoperditeSy d'Oib.
Le remaniement de cette partie supérieure est d'une date plus
récente, car à TËtang-Neuf, près de Pontlevoy, elle repose sur le
calcaire lacustre (1).
Résultat général de nos recherches paléontologiques
dans rétage sénonien.
Espèces déterminées. 22
Espèces communes avec l'étage cénomanien. ... i
Espèces communes avec l'étage turonien 4 8
(Voir le tableau.)
Les couches crétacées que nous avons décrites, et dont nous
avens fait connaître la faune dans le département de Loir«et-
Ciier, n*ont pas toujours uue allure très régulière. Nous avons
déjà constaté à Châtillon-sur Cher la dislocation du sol et la
faille qui en a été le résultat. A Limeray, sur la rive droite de la
LoirCy la craie à Spondylus truncatus descend jusqu'au fond de la
Tallée, et sur la rive gauche, en face, à Chargé, la craie à Ammo^
Mites peramplus s'élève presque jusqu'au sommet de la colline.
A Ghissay et à Saint-Georges, sur les deux rives du Cher, les
ooaches présentent une différence de niveau de 20 mètres. Nous
avons fait les mêmes observations dans la vallée du Loir, notam-
ment aux Roches, près de Montoire, où on voit un redressement
très prononcé.Ces phénomènes de stratigraphie peuvent s'expliquer
en certaines localités par une simple inégalité du sol soub -marin qui
recevait les dépôts de l'océan crétacé, mais la situation des cou-
ches à Frétevou prouve qu'il faut quelquefois recourir à une autre
canse et que nos contrées ont subi le contre-coup des grandes per-
turbations qui ailleurs ont modifié si puissamment l'ccorce du
globe terrestre. Nous ne pouvons pas facilement préciser l'époque
de ces dislocations, mais nous devons croire qu'elles out eu lieu
que la partie inférieure des argiles à silex est synchronique du calcaire
de Beauce. Nous croyons que s'il eût eu l'occasion d'observer les faits
que nous citons, il n'aurait pas admis cette contemporanéité.
(4) Nous sommes heureux de voir que sur ce point nos observations
tout parfaitement d'accord avec celles de M. LaugeU
Md SftANGB DU 8 lÀftS 1862.
avant les dépôts de h période tertiaire, paîaqu'elles n'ont pas
déran|]é leur horizontalilë.
Nous croyons qu'il est important de ne pas changer sans raiioo
la terminologie des classifications et qu*on doit, autant que pos-
sible, conserver h s noms imposés par des liomines faisant aulo*
ri lé dans la science, ou consacrés par Tusage. G* est ce qne nmii
faisons; mais, en terminant, nous allons proposer une légère nioib-
fication relativement à la craie de Toiiraine. M. d'Arcliiac ena
parfaitement saisi les traits distincts, si on peut sVxprimer aiiisi|
en admettant la craie mfcncér^ la rfaie faune et la craie à siltx.
Cependant nous pensons qu'il faut établir, comme nous l'avoDi
fait, une subdivision dans la craie micacée, et que la partie infé-
rieure caractérisée dans notre département par V Inttceramus pro'
h fc //ta tiens, la I(/i y nc/ionelia Cuvierieilà, Terebra tula oùesa^ éoîl
former un groupe spécial. La structure scliisteuse, la nature onc-
tueuse de la craie qui est à la base de ce groupe et la nuance par-
ticulière des silex qui sont au sommet constituent un faciès géuéni
qui permet de le reconnaître facilement ; nous devona faire obsn^
ver aussi que dans le Percbe il est constamment isolé du groupe
supérieur.
Le nom de craie micacée a, du reste, un inoonTénîcnt qoe nom
devons signaler. La craie jaune de Touraine, parfaitement carac-
térisée en certaines localités par le Spontiyius truncottts et les
autres espèces de cette zone, offre de nombreuses parcelles àt
mica (Saint-Georges, carrière de Gherelle) ; d*où il suit que la
présence de ce minéral dans les couches n*est paa un criirriam
suffisant pour les distinguer. Nous pourrions en dire autant de ce
nom de craie jaune donné à la zone du Spondflns tnmcauuti
du nom de craie à silex par lequel on désigne la aone du JjiMa-
dy/tis .tpinostts, car la craie jaune est souvent blanclie ou cofeiée
en vert par la cblorite, et les bancs de nodules siliceux se fco-
contrent dans tous les étages.
Aie. d*Orbigny a placé la craie à Spondyliu truncatus dans
l'étage sénonien, sous prétexte qu'il existait dans celte craie bd
assez grand nombre d'espèces identiques avec celles de la craie de
Sens et de Meudon; mais un examen plus attentif démontre qne
la ressemblance est presque nulle. Parmi les espè<:es de Vîlledieu,
si nombreuses et si bien constTvées, nous ne pouvons citer coinoie
passant dans les faunes de Sens et de IVleudon que dea espèces
dont la présence ne prouve rien, VOstrea vesicularix^ par exemple,
et la Janira quadricostata qui se trouvent dans presque toutes 1^
assises. Les espèdes signalées dans la craie à Spond) ius trmmemimJà
iroTi M ■• Bovnaiois. 607
Tendôme par IMIlustre auteur de la Paléontologie française, sous
les noms de Terebrattda carnea, metgns pnmilux^ etc. , sont bien
certainement des espèces nouvelles et inédites. Le prétendu Micras"
ter cor-anguinum est le Micraster cor-testudinarium ^ var. brepîs.
Le tableau des espèces que nous publions démontre que la
laune de la craie à Spondylux truncattis ne diffère |>as sensible-
talent de celle de la craie à Ammonites peramplus; c'est pourquoi
nous pensons qu'il est très naturel de réunir dans un même
l^upe général, sous le nom à^ étage turonien ou croie de Ton-
raine y la craie à RhynchonelfnCnvicri ^ la craie à Ammonites peramplus
et la craie à Sponffylus trttnratns, qui toutes trois sont parfaite-
ment développées dans les départements d'Indre-et-Loire et de
Loir-et-Cher.
Mais nous croyons devoir placer dans un groupe spécial les
MBÎses supérieures.
La différence des faunes au premier abord ne paraît pas autori-
•er ces conclusions ; mais il faut considérer qu'il existe dans cette
lone du Spondyfus spinosus un grand nombre d'espèces qui lui
■ont propres, et que nous ne pouvons pas signaler parce qu'elles
ne sont pas décrites.
L'étage que nous appelons sénonien^ pour conserver le nom
donné par Aie. d'Orhigny, et qui devra du reste embrasser la
craie de Sens, se distingue de Tétage précédent :
1® Par l'apparition d'un grand nombre de spongiaires dont
nous devrons bientôt la détermination aux savants travaux de
11. de Fromentel, auquel nous les avons confiés ;
2* Par la présence de Y Echinocoiys vuigaris^ var. gibboy qui relie
notre craie supérieure à celle de GhartiTs;
8® Par une diminution sensible dans le nombre des bryozoaires ;
&* Par la disparition complète des céphalopodes.
Ce fait négatif nous parait très important.
EnGn, nous devons faire observer que cette espèce de craie est
généralement mal caractérisée ou faiblement développée en Tou-
laine et qu'elle n'acquiert son vrai caractère et sa plus grande
puissance qu'en s'avançant vers le nord et en se rapprochant de la
craie de Chartres.
Ces études géologiques sur les terrains crétacés de Loir-et-Cher,
faites sans idée préconçue, sans aucune opinion systématique, sont
généralement conformes aux recherches savantes et conscien-
cieuses de M i\] . Cotteau et Triger sur les mêmes terrains. Dans la
Sartlie il devait en être ainsi, puisque nos travaux ont eu lieu
sur des points situés dans un même bassin généraL
668 SfiAACB DO S HAIS 1802.
Nous avoD9 probablement commu quelque! erreun, Miitootcii
ce qui concerne la délerminatioa toujours difficile des fioiiiki
crétacés. Ceux qui voudront les rectifier trouveroDi dans ootie
collection, à Ponllevoy, presque toutes les espèces que noui
avons citées. Celles qui nous niauquent se trouTCDC dans les ridiei
collections que M. le marquis de Vibraye» M. Tabbé Delaunay d
M. Uouvet ont mises à notre disposition avec une amabilité dont
nous devons ici les remercier.
Le tableau suivant ne comprend pas toute la fauue crëtaoée de
Loir-et-Cher; pour être complet, il devrait contenir en outre:
1^ 2U5 espèces de bryozoaires dont la de terni i nation pu
Aie. d'Orbigny demande vérification ;
2*^ Les polypiers et les spon^riaires, dont nous ne connaivoui
avec certitude que quelques espèces ;
3* Enfin, un assez grand nombre d'espèces appartenant au
classes que nous faisons figurer ici, mais qui sont encore inédîlei
ou insuffisamment étudiées.
Plus tard nous donnerons un catalogue supplémentaîre.
MOTB Dl ■■ BOGKQIOH.
Mei/U lie la iliilribulitiit ilei espèces dans les terrains
de Loir-et-Cher,
FSPÈCES.
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Apincriuai cilipliciii, Miller
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A la Boite de cetle communication M. Triger présente Im
observations suivantes :
C'est avec la plus vive satisfaction, dil-il, que je vieni d'en-
tendre M. l'ulibë Bourgeois nousrHirel'iinalyiedesonUënioireiar
la distribution des fossiles dans les dilTërcntes zones du temil
crétacé du département de Loir-et-Cher, car cette analyse m'a
pleinement convaincu qu'on possède dans la Sarlhe dei tODM
correspondantes offrant des faunes dont la dislribulioD verticale
NOTB DB m, CAPBLL1NI. ô76
est exactement la même que celle observée par M. Bourgeois
dans le département de Loir-et Cher.
Qu'il me soit permis cependant, ajoute*t-il, d'exprimer ici
un regret : celui de ne pouvoir adopter certaines opinions et
surtout certaines conclusions de M. Bourgeois, qui nous pro-
pose la création d'un nouveau sénonien et d'un nouveau
taronien.
Outre l'inconvénient de double emploi qu'offriraient ces nou-
velles divisions, M. Triger pense qu'Aie. d'Orbigny, qui con-
naissait très bien aussi le département de Loir-et-Cher, s'est
appuyé sur des bases beaucoup plus larges et beaucoup plus
solides que ne l'a fait M. Bourgeois pour fixer les limites de
son turonien et de son sénonien.
II pense qu'il lui serait facile de le prouver à l'instant même,
mais il préfère attendre la publication du mémoire pour entrer
dans quelques détails à ce sujet.
M. Hébert fait une communication sur un calcaire lacustre
des environs de Provins renfermant des ossements de lophiodon^
M. Daubrée donne lecture de la note suivante de M. le pro-
fesseur J. Gapellini :
Éludes stratigraphiques et paléontologiques sur l* infra-lias
dans les montagnes du golfe de la Spezia ; par M. le pro-
fesseur J. Gapellini [Résume).
Dans les Mémoires et le Bulletin de notre Société on a vu bien
des fois apparaître des notes sur la géologie et la paléontologie des
environs de la Spezia.
L'accueil favorable que ces travaux ont toujours rencontré chez
nos confrères étant la preuve la plus certaine de l'intérêt qui se
rattache à la connaissance d*une localité appelée depuis long-
temps la clef de la géologie toscane, j'ai cru de mon devoir de vous
communiquer quelques renseignements sur la stratigraphie et les
fossiles Su calcaire noir des montagnes qui bordent les deux côtés du
golfe, question que j'ai développée dans un mémoire présenté à
l'Institut (Académie des sciences de Bologne), et dont je nie pro->
pose de vous offrir plus tard un exemplaire.
Le calcaire noir fossilifère des montagnes de la Spezia regardé
comme jurassique par la presque totalité des géologues italiens
676 SÉANCE DU 3 MAItS 180*2.
et ëtrangars qui ifavaieot pu consacrer que quelques jours â
rëlude (le la géologie des environs du golfe, avait dernièrement
ëté déclaré appartenir au crétacé inférieur.
De longues études et de pém'b ?3 recherches faites pendant
plusieurs années, indépendauuncnt des idées émises dans tous
les travaux puhlics jusqu'à présent, nous ont permis dVtablir que
la série des couches n*esl pas aussi bouleversée qu*on Ta prétendu,
et que la plupart des fossiles trouvés par nos prédéccsseui*s de-
vaient être bien peu rcconnaissables pour qu'on puisse s*oxp]iqucr
«eur fausse détermination et les conséquences qu'on en a tirées.
D'abord j'ai cherché a découvrir quelle était la véritable sac*
cession des couches, et, lorsque l'examen stratigrapliique fut
achevé dans la chahie occidentale, j*ai pu vérifîer que les cou-
ches présentent une direction inveise aux deux extrémités de la
chahie même. Une coupe {;éologique faite dans la partie la plus
scpientrionalc nous fait voir que toutes les couches inclinent vers
l'ouest, et depuis le niacigno qui représente la partie su|>éricure
et la plus jeune de toute la écrie, nous descendons jusqu'à la
dolomie celluleusc ou cargncule qui en forme la base, sans qu'il
y ait la moindre interversion dans la stratigraphie. L'ordre chro-
nologique des couches les plus intéressantes que nous rencontrons
dans cette coupe cet le suivant :
4» Macigno.
T Schistes.
3** Jaspes.
4° Schistes.
5" Calcaire avec silex.
e*" Schistes.
7* Schistes à Poxftionomya Bronni,
8** Calcaire rouge ammonitifèrc.
9° Calcaires et schistes à empreintes d'Ammonites et à Ammo-
nites pyritisées.
40® Calcaire Jolomitiquo.
hh^ Calcaire noir et schistes fossilifères (parmi lesderniei^d
schistes à Ractryllium),
4 2® Dolomio colluleuso (cargneule).
Si nous parcourons la chaîne en avançant vers le sud, nous
voyons les couches se redresser de plus en plus, devenir verticales
et après se renverser complètement dans une direction inverse.
En même temps le macigno avec les schistes n* 2 disparaît et
des failles viennent morceler la partie méridionale de la chaîne
qui est la moins élevée et la plus étroite, ce qui a favorisé le ren*
NOTE DE 11. CAPELLINI. 677
versement de la série. Les coupes {jéologiques de Goregna et de la
Castellana, celles de TUc Palinaria, Tiro, Tiretto, nous offrent la
même succession que celle que nous avons ind iquée prccëdeinment ;
la relation est la même ; seulement nous avons en haut ce qui
ailleurs et chronologiquement est à la base, et vice versa.
Dans la chaîne orientale, et notamment au Capo Coito, on
trouve ; à partir du golfe et se dirigeant vers rembouchure de la
Magra :
1*^ Calcaire dolomitique, le même que celui qu'on voit dans la
cliatne occidentale ; les couches inclinent vers le golfe et repo-
sent en stratification concordante sur les couches suivantes.
2** Calcaire noir et schistes que dans le mois d'octolire 1861
j*ai découvert être des couches très fossifères avec les mêmes fos-
siles qu'on trouve de l'autre côté du golfe, de sorte que j'ai le
plaisir d'avoir vérifié et assuré ce que GoUegno, Pilla et Mur-
chison avaient soupçonné il y a longtemps.
3** Dolomie celluleuse (cargneule).
&* Quarzites, anagénites et autres roches indiquées avec détail
dans mon mémoire. H nous suffit de rappeler ici qu'ils appar-
tiennent aux terrains appelés complexiveinent le vernicnno.
Si quelques doutes pouvaient encore s'élever après l'examen des
couches dans la chame occidentale, ce qu'on voit à rextrémité et
le long de la chaîne orientale prouve évidemment que les cal-
caires noirs fossilifères avec leurs schistes reposent sur la cargneule
et celle-ci sur le verrucano. L'opinion de quelques géologues qui
placent ces roches au-dessus du calcaire dolomitique et des cal-
caires et schistes ammonitifères n'est pas soutenable.
La position des schistes à Pcfsidononiyn Bronni^ telle qu'on la
voit à Goregna au-dessous des calcaires et schistes ammonitifères
et au-dessus des roches qui reposent sur le macigno, est tout à fait
naturelle, dès que Ton considère la série comme renversée. Les
géologues qui ne l'admettent pas ont été forcés d'imaginer des
coupes théoriques et des failles qui n'existent pas en nature.
. Pendant que nous étions occupé des études stratigraphiques,
nous n'avons pas négligé de ramasser tous les fossiles que nous
avons rencontrés. Leur détermination devait appuyer les obser-
vations stratigraphiquos si elles étaient justes, et j'étais décidé à
recoimnencer les études locales s'il y avait eu quelque divergence
dans les résultats.
Parmi les nombreux "échantillons que j*ai pu examiner j'en ai
rencontré de si bien conserves que j'ai pu reconnaître une quan-
tité d'espèces infra-lia^^iqucs et liasiques, sans que le moindrcdoutc
078 8ÊÀNCB DU 3 «Àlf 1802.
pniase être ëleve à cet égard. Les espèces les plus abondantes et
CD nié me temps les plus caractérisliques sont x Ptieatulm intui-
striatHy Emm.; Prcten Zaigeri, iVlër.; P, aviruioides, Stopp. ; Lima
punctata^ Sow. ; Avicula Deshayesi, Terq. ; Ltiia faha^ Winkler;
Nuculéi siibovtUis, Gold. ; Ctirdinia regniarh^ Terq. ; Cardita aiu-
triara, Hauer, sp ; C. tn uni ta ^Siopp. ; Astnrte cingtiiata^ Terq.
Ce serait inutile de rappeler ici certains gastéropodes qu'on a
rencontrés aussi enLombardie et à Hettange, des annélides recon-
nus depuis longtemps comme espèces liasiques, des polypiers et
des écliinides appartenant à des genres du même étage géolo-
gique ; mais, à Tappui de mes déductions, il ne sera pas sans
intérêt de rappeler les schistes à Btirtryiiinm^ ces fossiles micro-
scopiques découverts il y a plusieurs années dans le Vorariberg et
ailleurs pur Vf. Ësclicr de la Liuth, et rapportés )>ar M. Heer à
la famille des diatomées. D*après les recherches des paléontolo-
gistes, le ;>enre Bnctryllium n*a jamais été rencontré jusqu'à présent
dans des couches plus jeunes que l'infra-lias, dont le B. strinla»
titm paraît être caractéristique ; plusieurs espèces sont décidément
triasiques.
Dans les montagnes de la Spezia le genre BaetryUinm caracté-
rise des couclies schisteuses en rapport avec les couches k Lrda
faha^ à la partie inférieure de Tétage infra-liasique.
De celle manière la stratigraphie et la paléontologie ont conduit
aux mêmes résultats. On ne pouvait pas espérer un accord plus
parfait.
Après avoir déterminé Tétage auquel devait être rapporté le
calcaire noir fossilifère de la Spezia et des Alpes apuennes, j'ai
voulu connaître exactement tout ce qu'avaient dit précédemment
les gdtdogues, et mon mémoire se termine par une revue critique
des différents travaux publiés jusqu'à ce moment, afin qu'on
puisse établir ce qui avait été signalé par d'autres et ce qui était
encore inconnu.
Enfin des tableaux comparatifs ont pour but de constater que
la faune infra-liasique des environs de la Spezia a la plus grande
ressemblance avec celle de TAzzarola eu Lombardie, décrite par
Tabbé Sloppani, et celle du grès d' Hettange, décrite par M. Ter-
quem.
Dans une planche on a les coupes de Coregna, Grotta Arpaja,
Tiro, Tiretto, (Japo Corvo.
DOKf PARS ▲ LA S0CIÉT6. 070
Séance du 17 mars 1862.
PRÊSIDBNCI DB M. DBLB8SI.
M. Danglure, secrétaire, donne leclure du procés-yerbal
de la dernière séance dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance^
le Président proclame membres de la Société :
MM.
GoNTHiBR (Edmond), à Namur (Belgique), présenté par
MM. Danglure et Collomb \
RiYiÈRB, ingénieur des mines de plomb de Pesey, en Savoie,
présenté par MM. Grtîner et Ed. Hébert.
Lie Président annonce ensuite quatre présentations.
DONS FAITS A LA SOCIBtB.
La Société reçoit :
De la part de M. le ministre d^État» Journal des savants,
février 1862.
De la part de M. Th. Ebray^ Études géologiques sur le dé~
partement de la Nièvre^ 11* et 12* fascicule , in -8, pp. 146-
212, 2 pi., Paris, 1862^ chez J.-B. Bailliére et fils.
De la part de M. Jules Marcou, Carte géologique de la
terre ^ construite par J. M. Ziegler, échelle ^300*0000» ^ feuilles,
Winterthur, 1861 ; chez Joh. Wurster et C".
De la part de M. Fr. de Hauer, Ueber die Ammoniten aus
dem sogenannten 3Jedoio der Berge Domaro und Gnglielmo
im ValTrompiay Provinz B rescia (extr. des Sitzungsb. der K.
K. Âk. d. mss. in fVien, XLIV Bd.), in-8. p. 408, 1 pi.
De la part de M. 0. C. Marsh, On the Snurian vertebrœ
from Nova Scotia (extr. de American journal of science and
arts, V. XXXIII, mars 1862), in-8, 1 p.
Comptes rendus hebd, des séances de C Académie des sciences y
1862, 1" sem., t. XLIV, n" 9 et 10.
L'Institut, n^' 1470 et 1471, 1862.
Bulletin de. la Société industrielle de Mulhouse , février
1862.
680 8ÉANCB JIU i7 MAEI 1862.
Annales de la Société (Vémulation du département des
Vosges, t. X, 3« cahier, 1860.
Société imp. d'agriculture y tcienees et arts de ^arrondisse'
ment de Falenciennes. Revue agricole^ e/c, jaD?ier 1862.
The Àthenœum , n" 1 793 et J 704 , 1 862 .
Juhvhuch der K. K. geologischen Heic/tsanstaltf 1S61 und
1862, XII Bond, n"* 1, janvier h décembre 1861.
Heifista de los progresos de In s ciencias exactas^ Jisicas y
naturalesy t. XII, n° 1, janvier 1862.
Revis ta minera, t. XUI, n*" 283, mars 1862.
Atti délia Societa di acclimazione e di agricoltura in Sicilta,
1. 1, n°8, 1861.
M. le Président offre do la part de M. Jules Marcou sa Carie
géologique de la terre, et lit la nomenclature des terrains aëopite
par ce dernier.
M. Doshayes critique la réunion du trias au permien que
M. Marcou a faite ^ il y a, dit*il, de Tanalogie» pour les faunes,
entre le terrain permien et le terrain carbonifère^ ils forment
un tout lié, tandis que le terrain triasiquc «"éloigne toul & fait
du terrain permien sous le rapport paléontologique.
M. Ed. Collumb, trésorier^ présente le projet suivant de
Budget pour 1862, adopté par le Conseil dans sa séance do
ee jour : ^
BUDGET POUR 18(52.
681
Projet de Budget pow* 1802.
RECETTE.
DÉ81GITAT10N
RECIITES
RCCKTTES
RECSTTKS
de*
cIm pitres
a
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NATURE DES RECETTES.
prévues
au budget
effectucee
prévues
de la recette.
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1 i rcdciite)). . .
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publications . 1
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li Arrérages d*obligalioiis. . . .
f IS Allocation du Ministre de Pin-
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510 »
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struetio» publique pour
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les public-tllons de lu Soc.
1.000 »
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13 Tunnée dernière
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S 4. Recettes di> ,
' Sonteriplion du Minisire
Tcrses '
! d'I\tat k r>0 exemplaires
li d«-s Mémoires. . « . . . .
600 »
600 >»
600 »
; Recette cxtruurilinaire rela-
ie tire au Bulletin
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190 a
400 a
16 Receiti-s imprévues
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1 »
2'iO »
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Loyer de la Soc. Métcorol.
Totaux. . . .
400 •
400 n
400 m
90,067 29
20,851 00
20,760 »
5. Solde du
compte
de 1861. . . .
Reliquat en caisse nu 31 décei
Total de la rece
593 65
nbrc 18GI .
Lte prévue p(
>ur 18Cf. . .
91,285 65
082
StAMCB DD 17 HA18 1862.
Projet de Budget pour 1862,
DÉPENSE.
t
DÉSIG[«ATION ! -S
dot
chapitres
de U dépense. S
NATURE DES DÉPENSES.
S I. personnel..
S t. FraU de
gemeaL
S n. Frais de hu<
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S 4. Magasin. .
16
$5. Pnblicalions < an <
91
S 6. Em
cupituux
ploi de j
/ son traitemoBl. . . .
i traTBux eilraoïdi-
. ,7 naires
***^"**igraiificaiion
I indemuiiës de loge-
V ment • .
isrt gages
*'n.Tw "*""'*'
gralïkiitio'n'ex'
traordlnairo. .
Loyer, coiitrikntions, aun-
runces i • • . .
Cbauflaga ri éclairage ....
nép«>nse« diverses. ..•••.
Ports «le lettres
Impressiona d*aTls et drcn-
lain*s
Change et retour de mandats.
Mobilier, le démena goment. .
Rikliothè- j Reliure |
qne. . . ( port (
Collections
( impression , pa-
Bullctin, < pier et planches.
(porl. .......
Histoiie de> pi ogres de la
geolope.
iimpresUoB, pa-
» pier et plan-
che'
Dépensas sup-
plémeutaires.
Plucemenl des cotisations uni-
quHS
Dépenses inipréTues.
Totaux. . . . 19,000 •
prévint
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de 1861.
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1,955 78
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7.900
900
8,400
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11,800 e
BALANCE.
La recette étant évaluée à
La dépense à
Il y aura un excédant de recette de
Ce projet de budget est adopté.
24,283 fr.66c.
24,200 1
83 fr. 65 G.
LITTU M M. DB lOUTILLI. 088
M. Ed. Hébert donne lecture de la lettre suivante qui lui a
été adressée par M. de Rouville :
Sur rdge essentiellement triasique des dépôts gypseux
secondaires du midi de la France; par M. P. de Rouville»
; Je viens de lire, avec tout rintérét que mëriteni ^90^ observa-
! tionSy votre note sur les terrains jurassiques de la Provence conte-
nue dans le Bulletin qui vient de paraître (t. XIX, f. 7-12, p. 100).
; Vous y établissez, avec une évidence parfaite, Textréme unifor-
' mité des dépôts jurassiques dans les diverses régions de notre pays
; les plus distantes, et confirmez par de nouvelles preuves ce résul-
^ tat important de notre session en M aurienne, si bien préparé par
' MM. Lory, Vallet et Pillet, à savoir que les Alpes elles-mêmes
: n'ont pas écliappé aux circonstances spéciales de nos mers secon-
I daires.
Parmi ces preuves, il en est une que j'ai rencontrée avec bon*
i beur, c'est la constatation du gisement du gypse dans le terrain du
, trias et son exclusion du terrain jurassique.
^ Ce fait, capital pour les Alpes, avait été déjà afHrmé pour nos
;; régions méridionales f)ar M, Ëmilien Dumas et par moi, et c'est
; pour ces affirmations antérieures que j'ai été heureux de recevoir
' de vous une si pleine confirmation.
Nos courses géologiques dans le département de T Hérault ont
; fourni à M. Dumas de nouveaux faits en-faveur de son classement
de toui les gypses du département du Gard dans le trias, alors
qu'ils étaient généralement placés par les auteurs dans le terrain
jurassique.
C'est sous l'impression de ce fait, qui allait se généralisant à
mesure que nous reconnaissions de nouveaux gîtes, que dans mon
travail avec le docteur Reyiiès sur l'arrondissement de Saint-
Affrique (1858) (1) j'ai écrit les lignes suivantes, à propos du
gyi>8e de Nefiiez conservé par iVlIVl. Graff et Fournet dans l'/zi-
fra'tlias : « Une seule localité présentait le gypse dans les couches
» inférieures du lias : c'est celle de Meffiez signalée par M. Four-
» net, et encore M. Fournet s'exprime- til à propos de cette cou-
» che dans les termes suivants :
« Infra-lins. — Système remarquable à cause de la présence du
» gypse dans les argiles schisteuses de sa partie supérieure. Cepen-
(4) Acad, des se. et lett, de Montpellier. Section des sciences^
t. lY, 1868.
QSh séàmcb du 17 uàMS 1862.
n dant celte exception ne nous a pas paru de nature a motiver uu
» autre arran(>cmcnt, bien qu'il puisse être conlesté, et dans ce cas
» tout se réduirait à changer Le titre (ïinfrfi'fias en celui de
» kaipcr supérieur, o {^Acad, de Lj'o/i, t. IV, p. 70.)
Nous croyons « ctic autorises à dire que M. Graff incline pré-
» scuteuient à la ranger dans le keuper. N'cst-il pas naturel de
M reculer devant une exception à introduire dans les résuiials gr/ié-
M raux de notre géologie méridionale^ et de se laisser entraîner à
» maintenir cet horizon de gypse dans les marnes irisées?... •
C'est toujours sous la même impi*ession qu'à la session de
Lyon (1859) je crus devoir apporter quelques modifications à uoe
coupe faite par M. Drian des terrains jurassique et triasique de
l'Arbrcsle, ainsi qu'il résulte du procès-vcrhal de la séance (Bull,
de la Soc, gcol,, 1859, p. 1131), et que je rappelai notre obser*
vatioii de Tàge essentiellement triasique di>sgy|)ses secondaires du
midi de la France. Celte observation provoqua, de la part du sa-
vant professeur Mérian, la réflexion « qu'il serait porté à généra-
liser dans les Alpes l'opinion exprimée par M. de Rouville tou-
chant la présence du gypse, plus ordinaire dans le keuper que
dans les couches liasiqucs. a En rappelant l'opinion émise par
moi, M. Mérian en a atténué le caractère absolu que j*avaÎ8 cra
devoir lui donner (loc, cit., ibid.).
En conséquence de ces précédents, vous ne serez pas étooné
d'apprendre que, la même année 1859, au mois de juillet, con*
duit à Viziile par notre cher et savant ami le professeur Loryi
je lui exprimai surplace l'opinion que les gypses de Viziile de-
vaient rentrer dans le trias, classement qui, indépendaïuinent des
caractères généraux que vous éiiumérez si bien dans votre noie,
me paraissait confirmé par la présence du chlorure de sodinm
dans les eaux d'Uriage, sourdant à une faible distance de Viziile
de ces mêmes terrains à gy|Yse.
M. de Vcrneuil fait remarquer qu'en Espagne le gypse se
voit toujours au-dessous du lias, dans les marnes irisées. Des
fossiles n'ont pas permis do révoquer en doute la présence de
ces dernières.
M. Deshayes lit une notice nécrologique sur M. Rigault.
Dons FAITS A LA SOCIÉTÉ. 686.
Séance du lavrtHS62.
PRÉSIDBNCE DE II . DBLBSSB.
M. Donglure, secrétaire, donne lecture du procés-yerbal de
la dernière séance, dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance,
la Président proclame membre de la Société :
MM.
Brbtbnièrbs (l*abbé Just db), rue do TEst, 21, Paris, pré-
senté par MM. Ch. d'Orbigny et Alb. Gaudry 5
Brbtbnières (Christion db) , licencié es lettres, rue de PEst, 21 ,
à Paris, présenté par MM. Ch. d'Orbigny et Alb. Gaudry,
Bochbbrunb(db)^ membre de la Société botanique de France,
à Angoulême (Charente), présenté par MM. de Verneuil et
Goubcrt.
M. Paul Gbrvais, doyen de la faculté des sciences, à Mont-
pellier (Hérault), ancien membre de la Société, est admis, sur
sa demande, à en faire de nouveau partie.
Le Président annonce ensuite trois présentations.
DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ.
La Société reçoit :
De la part de M. le ministre d'Etat, Journal des savants^
mars 1862.
De la part de M. A. Leymerio :
1" Notice géologique sur Jmé/ie-leS'Bains [vallée du Techj
Pyrénées-Orientales) (exlr. des yéctes de la Soc, Linn, de
Bordeaux, t. XXIII, 6' liv-, 1861), in-8, 16 p.
2' Mémoire sur le terrain tertiaire post^pyrénéen du dépar-
tement des Hautes-Pyrénées considéré principalement dans
ta vidlée de l'Adour (exlr. des Actes de la Soc, Linn, de
Bordeaux, t. XXIV, l"^' liv., 1861), in-8, 26 p.
De la part de M. V. Raulin, Notice sur les trai^aux scientl^
fiques de M. Conlier (extr. des Actes de la Soc. Linn, de
Bordeaux, t. XXIII, 6« liv.), in-8, 32 p., Bordeaux, 1862 j
chez Lafargue.
680 stJMCM m 7 atiil 1862.
De la part de M. P. Reynès, Études sur le synchronisme et
la délimitation des terrains crétacés du sud-esi de la France^
in-8, W^ p., 1 pi.. Paris, 1861 ; chei F. Savy.
De la part de M. A. Viquesnel, Notice sur la me et Us
trai^aux de M, le docteur Ferrol/ot, în-8, 27 p. 1861.
De la part du Comité de la Paléontologie française^ Terrain
crétacé; zoophytes^ par M. de Fromentel, f. 1 à S, pi. 1 à IS,
Paris, 1861 : chez Victor Masson et fils.
De la part de M. Maillard, Noie sur les travaux du port Js
Saint-Pierre, par un crôole de Ttle de la Réunion, in-&, 15 p.,
1 pi., Saint-Gloud, 1862; chez veuve Belin.
De la part de M. L. Rûtimeyer, Die Fauna der Pfahlbauten
inder Schweiz^ in-A, 2A8 p., 6 pi., Bâie, 1861; ches Babn-
maier.
Comptes rendus hebd, des séances de F Académie des
sciences, 1862, 2* sem., l. LIV, n" 18 à 12.
Bulletin de la Société de géograplUe, 6' sér., t. II[, n* li,
février 1862.
Annuaire de la Société météorologique de France^ i» DC,
1861. Bulletin des séances, T. 18-22.
Bulletin de la Société botanique de France^ t. VII, 1860,
n'» 7, t. VIII 1861, n'^9.
Bulletin des séances de la Société imp, et centrale d^agneelr
ture de France, t. XVII, n** 3, 1862.
L'Institut, n°' 1472 à 1474, 1862.
Reforme agricole, par M. Nérée Boubée, n** 168 et 169,
février et mars 1862.
Mémoires de la Société imp. d'émulation d' AbbeuUle^ 1857,
1858,1859 et 1860, un vol. in-8.
Journal d'agriculture de la Côte^d'Or, n® 2, février 1862.
Annales de In Société d'agric, etc., du dép, d^/ndre-et"
Loire, t. XL, 1861, 2« et .V trim.
Précis analytique des travaux de l'Académie imp* des
sciences, etc,^ de Rouen, 1860-1861.
The At/ienœum, n° 1795 à 1797, 1862.
Neues Jahii}uch fiir Minéralogie^ etc., de Leonhard et
Bronn, 1862, l«r cahier.
LETTRE DB M. GUILLBBOT BB HBEYILU. M7
ReçUta minera^ t. XIII^ o° 28â et^85y 15 mars et l""' avril,
1862.
Anuario del real observatorto de Madrid y 1862, iD*l8.
Atti de la Societa italiana di scienze naturali^ Yol. III,
fasc. 2A à 30, avril 1862.
The american Journal of science and arts y vol. XXXIIIi
mars 1862, d" 08.
The Canadian journal oj industry^ science and arts ^ janyier
1862.
The CanadicLn.naturalist and geologist, vol. YII, 20 février
1862, n^ 1.
M. Danglure offre à la Société, au nom du Comité de la
Paléontologie française^ la première livraison des zoophytes
du terrain crétacé par M. de Fromentel.
M. le Président donne lecture d*une lettre de M. le ministre
de rînstruction publique* qui l'informe qu'une allocation de
1000 francs est accordée à la Société pour Tannée 1862.
Il donne aussi connaissance d'une lettre de M. Leymerie,
annonçant qu'il se met entièrement à la disposition de la Société
dans le cas où cette dernière se déciderait à tenir la session
extraordinaire de cetle année dans le déparlement de la Haute-
Garonne.
Cette lettre est renvoyée au Conseil.
M. le Président lit la lettre suivante de M. Guillebot de
Nerville ;
<Sur/i0bone-bed delà Bourgogne; par M. Guillebot de Nerville.
(Lettre adressée à M. Delesse.)
Je viens de recevoir votre intéressante Revue de géologie (1) et
j*y trouve, pages 130 et 131 , un paragraphe relatif aux travaux de
M.Jules Martin sur V infra-lias de la (vôte-d'Or, paragraphe dans
lequel vous annoncez que depuis la publication de son mémoire
II. J. Martin a découvert Je bonc-bed en Bourgogne et se propose
de le décrire prochainement.
(4) Revue de géologie pour Vannée 4 860, par MM. Délasse et
Laugel ; Paria, chez Dunod, quai des Augustioa, 49.
6^8 SÉANCS DU 7 AVtIL 1862.
Puisque vous paraissez attacher une importance spéciale à cttlc
découverte, il est de mon devoir de vous inrormer que dès l'in-
née 18&7 j*ai reconnu et constate IVxîsteoce du bone^éed parfaite-
ment caractérisé à la base de Vin/ra'lias dans les travaux de per-
ceuient du tunnel de Rlaisy (Gôte-d'Or).
Je ne Tai noté, il est vrai, sous ce nom, que dans le texte encore
inédit destiné à compléter ma carte géologique de la CôCe-d*Or;
mais j*en ai déposé de nombreux et volumineux érliantîllons dans
la collection géologique départementale que j*ai formée à Dijon,
et, cette même année 18^7, plusieurs géologues, notamment
M. Jules IMarcou, dont le passage m*a été très utile pour la déter-
mination d*un grand nombre de mes fossiles, Tout vu et étudié
dans ma collection.
Ce banc a été rencontré dans les travaux des puits n^ 16 et 17
du tunnel de Blaisy, à 6 ou 700 mètres environ de la tête sudda
souterrain. Dans cette partie, Y infra-lias repose sur les assises dn
keuperti les deux terrains sont en stratiRcation concordante, ainsi
du reste que cela a lieu dans tous les points de la Gôte-d'Or où
Ton peut observer leur superposition.
Il n*cst peut-être pas sans intérêt de vous communiquer le dé-
tail complet de la coupe que j'ai relevée dans mes travaux ; la voici
telle que je l'extrais du chapitre de mon texte concernant le lias
et Vinjra'lias,
Zone du calcaire à Gryphées arquées 7*,7I
Calcaire lumachcllo, gris compacte, à grains très serrés, à
fossiles généralement brisés, mais parmi lesquels on dis-
tingue quelques Cardinies, entre autres les Cardimia cofh'
cinna et scauiformis^ Âgass. Cette lumaclielle empâte de
nombreux grains quartzeux 0,*76
Marne schisteuse grésique, noirâtre, avec débris de fossiles
indéterminables 0",4I
Grès fin, quartzeux, grisûtre, à texture rubanée, soudé par
un ciment calcaire peu abondant, renfermant qaelqnes
fossiles indistincts et des Cardinies : Cardinia eoncinna^
Agass 0'*,60
Marne feuilletée, grésique, noirâtre, très quaiizeuse, s'exfo-
liant facilement, presque sans consistance, empâtant do
petits cristaux de pyrite de fer • . . . . 0*,4B
Grès gris&tre à grains fîos, renfermant quelques filets marneax
bitumineux; nombreux débris fossiles, souvent indislincla t
Pleuromya^ Corîmyn ? ChcmnitziUy Cardium^ eic^ ciCm
(Ce grès paraît correspondre au grès de Marcigny-sona*
Thil) 0",8»
Marnes schisteuses noires, pyrikeuses, à feuillets contoaméa.
LETTRB DB H. GUILLBDOT DB NBRYILLB. 680
. enchâssant de petites Ienlilla<» degrés fin, grisâtre. .... 0",40
Calcaire marneux compacte, grisâtre, à grains serrés, à tex-
ture rubanée, en bancs de 0'",30 à 0".40 d'épaisseur,
séparés par de minces lits argilo marneux verJâtres. Ce
calcaire donne un très bon ciment hydraulique 4"*, 20
Il correspond au ciment de Pouilly,
MaroM schisteuses noires enchâssant des feuillets lenticulaires
degrés fin grisâtre, avec fuco'ides et empreintes de fougères. 0",4<l
6r^ fin quartzeux, grisâtre, pyriteux, avec empreiotas char-
bonneuses de fucoldes et de fougères 0"',60
Ifarnes schisteuses, noires, très feuilletées O'^i^O
Grès grisâtre, quartzeux, effervescent, à grain inégal, avec
fucoldes 0",60
Iklarnes noires schisteuses, à feuillets contournés 0"*,?5
A. — Grès quartzeux, effervescent, moucheté de pyrite de
fer, présentant des rubans è gros grains anguleux, avec
dents de poissons (Squales?) 0",55
B. — Marnes noires, schisteuses, renfermant quelques ver-
tèbres de sauriens. . 0",4 0
C. — Grès fin, blanchâtre, avec veinules marneuses noires. . 0",30
D. — Marnes argileuses, noires, très feuilletées, enchâssant
de gros bancs lenticulaires d'un grès à ciment calcaire^
à grains quartzeux, anguleux et luisants, avec dents de
poissons et de sauriens.
Ces bancs at.leignent parfois une épaisseur de 0",40 à 0"%50 ;
ils dégénèrent en beaucoup de points en une brèche cnl^
entre à ciment de grès, très remarquable. Cette brèche est
formée de fragments anguleux, de plaquettes, de calcaire
marneux gris de fumée, à pâte fine compacte, qui ont dû
ôtro brisées el réagglutinées sur place ; elle est très pyri-
touse; on peut môme dire qu'en beaucoup de points elle
est à ciment do pyrite do fer. Elle empâte de nombreux
ossements et dents de sauriens et de poissons 4"*, 00
Marnes grisâtres, très grésiques 0",20
Banc de calcaire marneux, gris verdâtre, à structure caver-
neuse et à fausse apparence scoriacée, empâtant de gros
grains^le quartz, dégénérant, même par places, en une
sorte do grès, renfermant des nids de pyrite de fer, de
blende et de calamine. Ce dernier banc repose directement
sur l'assise dolomi tique du Âcupcr 0™,tO
Épaisseur totale de Tinfra-lias 4f ,06
Les grès à dents de poissons et la brèche à ossements de sau-
riens (couches A, B, C, D) paraissent représenter aussi exactement
qne possible le bone^bed. Je n'ai trouvé celte zone aussi bien ca-
ractérisée et avec des débris fossiles aussi abondants que dans les
travaux du souterrain de Blaisy. Dans les puits à plâtre de Mé-
Sor, ^^oi,<j î' série, tome XIX, 44
\ •
600 BÉAIfCl DO 7 ATIIL 1802.
mont, qui en sont assez voisins Pt qui traversent le lias et V/'nJra-
If ai avant ii*atleindre le ((ypse du Acnprr, on rencontre bien les
mêmes grès à dents à grains quartzeux luisants, divisibles en pla-
ques minces dont la suiface est fréquemment incrustée de dents de
poissons, mais on nest jamais tombé sur un banc k ossements.
Dans XUaj rallias du plateau de Tbnstes et Beauregard que j'ai
longtemps exploré, les mêmes ossements de sauriens se reti-ouveut,
mais très disséminés, dans une lumaclielle ferrifere qui tn*a para
renfermer îles Aviculi's, des Pectens et des (^liemnitzies. Lfa collec-
tion géolo^'ique départementale que j*ai laissée à Dijon, eu 1848,
en renfermait é{>aleiiient quelques échantillons
Je vous livre ma communication, je ii^ose pas dire ma récla-
mation, tant j*ai peu Tintent ion d'en faire une question de prio-
rité, en vous priant de lui donner telle suite que votis ju{*erez
utile.
M. Harlë fait la communication suivante :
Note sur les elislocations auxquelles est due la confitruration
de la vallée de la Seine aux en%firons de Rouen ; par M. Harlé.
Ayant eu à reclierclier la position à Rouen des sables aquiferes
de la base des terrains crétacées (sables du gault) dans lesquels on
pouvait avoir Tespoir de trouver un moyen d*alinientation de la
disU'ibution dVan de la villf, j*.ii été frappé de rimporlance des
dislocations annoncées dans le sol. tant par la confî{;uratîon de la
vallée de la Seine cpu' ])ar la diviisiié de positii^ns de fra^^ments
de conclus qui primitivement iravairnt pu être que continues,
et j'ai pensé quM pourrait y avoir quelque intérêt à si^^iialer cei
dislocations à Tatten lion des géolo^, nés, comme un exemple sin*
giilier (les effets qui peuvent se pi'odnire dans une brisure de
Técorce terrestre. •
L*e\islenced\in mouvement prononcé du sol, qui se serait pro-
duit à Rouen même, a déjà été annoncée d*abord par iM. Pany,
qui, aprcs avoir reconnu à Rouen un elfort souterrain qui a relevé
les couches inféi ienies, a même ajouté {Df.srr'pihtn géologique du
département de la Seine-Injérienre^ p. 231) : « Peut-être la vallée
de la Seine dans le département doit elle son origine à l'actloD
souterraine qui a séparé en deux la masse de craie dans le pays
de Hray? »
Dans V Explirniion df In carte géologique fie la France (t. D,
p. 60(i et 605), Ai M. Dufrénoy et Élie de Ueauuiont précisent
KOTB DE H. HARLi. 001
davantage les choses en disant que la surface de contact du terrain
crétacé avec réta»;e jurassique supéiieur ne doit pas tarder à s'en-
foncer rapidement ou pcut-éire tout à fait subitement sur la rive
gauche de la Seine, avant même i'extréniilé de la banlieue de
Rouen, par Teilet d'un ph tiès rapide des couches ou d'une faille
dont ils annoncent qu ils duunrront la description dans la suite
de leur ouvrage, suite qti*ou doit tant regretter de ne pas encore
voir paraître.
l>e|)uis, Al. d'Archiac s'étanl aussi occupé de la géologie de$
environs de Rouen (Hr>loirt' des progrès fie ta géologie^ t. IV»
p. 276) trouve dans l'examen de la rive droite de la Seine les
preuves d'une dislocation, et ajoute que, suivant toute probabihté,
la Seine coule dans une fracture par suite de laquelle les assises
ont été relevées sur le coté de la rive droite.
Après avoir rappelé, dans ce qui précède, que d'éminents géo-
logues, qu'on peut citer en toutes circonstances comme des auto-
rités, ont reconnu à Rouen l'existence d'une dislocation, qu'il me
soit permis de chercher à en donner maintenant une description.
Si Ton prend, d;ins lecoursde la Seine, la partie la plus sinueuse
depuis (iaillon jusqu'au delà de Caudebec, on remarquera que les
grandes courbes que décrit le fleuve se trouvent partout bordées
du côté de la convexité de hauteurs Ae dressant souvent en falaisef
coupées à pic, tandis que, au contraire, du côté de la concavité le
terrain d'abord tiès bas sur le brird du fleuve ne se relève qu'en
peute très ilouce |>our se relier à la masse de$ plateaux élevés qui
s'étendent au loin d'un côté et de l'autre de la vallée, et l'on peut
dire que le cours de la Seine découpe une suite de presqu'îles
s'enchevèliaiit les unes dans les autres, dont le sol se relève en
peute douce alternativement vers la droite pour Tune, vers la gau-
che pour la suivante, depuis le fond de la vallée jusqu'au niveau
du graud plateau ilans lequel cette vallée est ouverte.
Les presqu'îles se rattachent aux bords du plateau par des
isthmes alternativement aussi du côté droit et du côté gauche de
la vallée, et entre deux isthmes consécutifs du même côté s'éten-
dent des hauteurs abruptes, même en quelques endroits des fa-
laises à pic disposées en concavités dont le fleuve baigne le pied et
faisant face à la presqu'île intermédiaire qui se relève doucement
du côté opposé.
Qu'un observateur se place sur les hauteurs du Mont-aux-Ma-
lades, à 150 mètres au-dessus de la vallée, avec la ville de Rouen
au-dessous de lui, il verra la Seine baigner le pied des hauteturs
escarpées de la rive droite sur lesquelles il se trouve et envelopper
692 SÉANCE DU 7 AV11L 1862.
les plaines de SoUeville, de SaîiiC-Sever et du Pelit-Qucyîllf , de
manière à en former une presqu*ile dont le sol se relève graduel*
lenicnt jusqu'à un isthme entre Moulineaux et Orival» îstlime par
lequel celte presqu'île se ratlaclic en face au plateau élevé de
Bourg theroude.
Plus à droite, au delà de Canteleu, il verra la ligne des liau-
teurs de la rive droite s^abaisser jusqu*au fond de la vallée, do-
minée au contraire en face par les liau(eui*s de Gauuiont. Vers la
gauche, de même, il verra, à partir de Belbeuf, la ligue des hau-
teurs s'abaisser pour formel' au dehi de T isthme du Port-Saint-
Ouen la presqu'île d'Elbeuf, dont la pointe se trouve cachée der-
rière le relèvement eu sens opposé de la presqu'île de Saint- Se ver.
Puis, au-dessus des deux lignes montrant les inclinaisons de ter-
rain opposées dans le croisement des deux presqu'îles, il aperce-
vra à r horizon les hauteurs qui dominent Pont-dc- l'A relie et se
rattachent aux ])latt*aux du département de l'Kurc.
Cette magnifique vue de la vallée de la Seine ic trouve être
ainsi en mcme temps une vue géologique montrant de la manière
la plus frappante la disposition générale du terrain.
Se reportant plus loin on remontant la vallée, on verrait au
grand morceau qui forme la presqu'île d'Elheuf eu succéder un
autre qui, se détachant des hauteurs au-dessus de Pou t-dc-l* Arche,
vients'abaisscr au pied de la côte des Deux -Amants; puis encore,
au del«i de cette côte, c*est un morceau sMncli liant en sens con-
traire à partir du côté droit de la vallée qui forme la presqu'île
que bordent les hauteurs de Saint- PiiTrc-de-Vanvmy et que con-
tourne le chemin de fer de Paris. Les souterrains de Gaillon tra-
versent l'isthme d'une dernière presqu'iltt inclinée en sens opposé.
En aval de Rouen on voit les falaises passer de Caumont, rive
gauche, à Duclair, rive droite, et la presqu'île de la Maillerayc,
en faee dis hauteurs de Ciiudebec, succéder à celle de Jumiéges,
rive droite.
Nulle part des falaises ne se trouvent en face les unes des autres
sur les deux rives, mais elle» passent avec les conlournemonis du
fleuve d'une rive à l'autre, en ayant toujoui-s en face d'elles on
terrain se relevant à partir de leur pied en pente très douce.
Si maintenant nous cherchons à quelle c:iuse attribuer la coii-
figiiialioii si remarquable que présente celte vallée sur une éten-
due de près de 60 kilomètres, nous ne pourrions y voir un effet
d'érosions qui n'auraient pu modiGer les rives opposéees de la
vallée d'une manière alternativemeut si complètement dissembla-
ble, mais nous y reconnaîtrons une dislocation en rapport, aînii
IfOTI DB M. UÀRLÉ. 60S
que Tindiquait IVI. Passy, avec le soulèvement du pays de Bray,
dont elle a été le contre-coup, et voici TexplicatioD que nous en
donnerons :
Pendant qu'un soulèvement se produisait au pays de Bray, à
l'époque, suivant !V]. Elie de Bcauniont, de la révolution terrestre
à laquelle est due rappailtion en Europe des Pyrénées et des
Apennins (voy. Recherches sur les rêvolutinns du globe, note de la
page 316), et que siu* toute la longueur du pays de Bray s'ouvrait
une fente rectiligne dont les bords en s'écartnnt prenaient la
forme d'arcs arrondis en sens opposé et mettaient h découvert, au
travers de toute Tépaisseur de la craie, dans l'espace compris
entre ces deux arcs, la partie supérieure des terrains jurassiques,
il se produisait dans le sol, à une distance de 35 à UO kilomètres
vers le sud-ouest, comme effet opposé résultant de l'effet combiné
de roscillation du terrain et d'une compression exercée latéra-
lement par l'écartement des bords de la fente du pays de Bray, un
mouvement d'affaissement accompagné dans la masse du terrain
d'une longue brisure suivant une ligne extrêmement sinueuse qui
traçait un grand feston, et découpait en forme de grandes dents
le bord de cliacune des deux parties entre lesquelles se partageait
la niasse du terrain. En même temps, cbaque dent du feston for-
mant unepréominence sur le bord d'un des côtés de la masse du
terrain, en s'avançant dans le creux compris entre deux dents du
côté opposé, prenait une position inclinée à partir de sa base par
un refoulement dans le sol de sa partie avancée convexe qui, sous
l'action que nous venons d'indiquer d'une oscillation du terrain
et d'une compression latérale, s'abaissait avec glissement et écra-
sement contre la paroi verticale concave du côté opposé de la
masse.
Li ligne de brisure est devenue le cours de la Seine après que
le fond de la vallée et la place du lit du fleuve se sont postérieu-
rement trouvés ouverts suivant les sinuosités de cette même ligne
par les érosions dues aux grands courants qui descendant des
Alpes, après l'époque tertiaire, apportaient en même temps les
alluvions restées déposées au fond de la vallée; les grandes décou-
pures en forme de dents de feston saillantes, Inclinées vers la
gaucbc à partir du bord droit de la vallée, vers la droite à partir
du bord gauclie, sont devenues les presqu'îles enveloppées par les
sinuosités du cours du fleuve, presqu'îles dont le sol s'abaisse en
pente depuis le niveau du plateau général dans lequel la vallée
est ouverte jusqu'au fond de la vallée; enfin, de cbaque côté de la
masse du terrain, les concavités découpées par la brisure dans
09A SÉÀNCB DU 7 ÀTmiL 1862.
rinlei'valle séparant deux dents ou presqu'îles saillantes, conca-
TÎlcs sur lesquelles le mou veulent d^affaiiseuienl n'avait pas
d'effet, tandis que, eu face, Tautre côté de la brisure fonné par
la saillie de la dent opposée était refoulé dans le sol, sont deve-
nues les hauteurs abruptes et les falaises à pic qui bordent les con-
vexités de toutes les sinuosités du cours du fleuve.
L'ori(;ine que nous venons d'atitibuer à l'ouverture de la vallëe
de la Seine, aux environs de Rouen, donne, comme on le voit,
l'explication des accidents topograpbiques que nous avons signalés
dans cette vallée.
Au lieu de voir dans la dislocation de Rouen principalement
nu relcveuienl local très pronoiu'é des couches du terrain sur la
rive droite de la Seine, nous y verrons donc, au contraire, un
abaissement de la presqu'île de la rive {;auclie, ainsi que de toutes
celles qui lui font suite eu amont et en aval.
De ce refoulement souterrain de niaiîèie devait, en effet, résul-
ter à une certaine distance un soulèvement correspondant que
nous rencon Irons au pays «le Bray, et les deux accidents s'expli-
quent ainsi réciproqneuient Tun par Tautre.
Nous ft rons remaïquer que le soulèvement dans le pays de
Uray s'est beaucoup plus f.iit sentir sur la falaise suil-ouestdu côté
de la Seine, que sur la falaisi* nord-est; aussi M. Passy appelle-
t-il la première : la ^.rande falaise [Dmcrifjtion ^èntttgiffue rir. la
Seinr-Injérirurf, p. 231). Le côté sud-onest, eu effet, |>arlicipait à
tout le mouvement du terrain depuis la vallée de la Seine, tandis
que (*e mouvement s*arrctait à la l'alaise nord-est, de même que
dan^ la vallée de la Seine il s*arrelail aux limites sud ouest de la
bande de terrain dans laquelle s*est ouverte la vallée.
Ajoutons qu'au pays de Ihay la présence de la craie supérieure
sur le côté droit de la vallée de la Béthune, au fond de cette vallée,
depuis (laillefontaine juscju'à Bures, tandis que l'autre coté est
formé par des terrains inférieurs au-dessus desquels la craie
blinche ne reparaît (|u*.i un niveau bien supérieur, indique quels
Bétluine coule dans une faille <luiit le côté ijaucbe est considé-
rablenit-nl rclt vr par rapport au côté droit.
En même temps que la pression latérale résultant de l'écarle-
menl îles bonis de la fente par soulèvement du pays de Braj
imprimait à la fracture de la v dlée de la Seine sa forme sinueuse,
cette pnssion donnait aussi n'iissance à des fentes qui se sont
on ver les an fond de toutes les coneavités du côté droit île la vall^
de la Seine dans l.i masse du terrain en mouvement, eutre cette
vallée et le pays de Bray.
MOTS OS M. HÀRLÉ. (506
Toutes les convexités des presqu'îles, au moment de leur refou-
lement dans les concavités qui les enveloppaient, devaient, en effet,
sous Teifort d*une pression latérale, a(i[ir au fond de ces conca-
vités cuinnie des coins pour les fendre, mais, comme le côté
gauche de la vallée auquel se sont an étés les effets de dislocation
. présentait beaucoup plus de résistance que le côté droit sur lequel
agissait le mouvement d'oscillation du sol, ce n'est que sur ce
dernier côté que de grandes fentes se sont ouvertes.
Toutes ces fentes qui, généralement, se sont ramifiées à mesure
que, s'étcntlantdans l'intérieur de la masse, elles se rapprochaient
du pays de Bray, sont devenues autant de vallées arrosées par des
cours d*eaux produits par des sources artésiennes qui, au travers
de ces fentes elles-mêmes, se sont élevées du grand réservoir sou-
terrain des sables verts de la base de la forniation crétacée. Aux
Ândelys, c'est la vallée du Gambon ; dans la côte des Deux-Amants,
la vallée d'Andelle; à Rouen, où la pression paraît avoir été la
plus considérable, nous trouvons deux vallées : celle de Darnétal
el celle de Maromme ; à Duclair débouche dans la Seine la vallée
deSainte-Austreberthe, etc.
L'ouverture de la vallée de Darnétal paraît avoir aussi été
accompagnée d'un accident géologique particulier, le refoulement
de 35 mètres dans le sol, à l'entrée de la vallée, de tout un grand
morceau de craie inférieure sur lequel se trouve maintenant bâtie
la partie basse de la ville de Rouen, entre la côte Sainte-Cathe-
rine et les hauteurs qui dominent Rouen du côté opposé de la
vallée.
Cette différence de niveau a été reconnue par les différences
de position de fragments d'une même couche très nconnaissable
de marne bleue de il à 12 mètres de puissance qui affleure sur le
bord de la Seine à Saint-Paul au bas de la côte Sainte-Catherine,
et qui a été rencontrée au mên e niveau de U mètres au-dessus de
la mer <lans un forage de recherche d'eau que nous exécutions au
mont Renard, dans une t'.orgi^ au-dessus de la ville, sur le côté de
la côte de Neulchàtel, mais qu'on n'a atteinte qu'à la profondeur
de 31 mètres au-dessous de la mer dans le puits artésien de la
brasserie de iVI. Lecerf, rue Mariainville, puiis que M. Pas>y a
fait connaître dans une des planehes de sa description géologique
de la S 'ine-lnférieure el qui se trouve cité dans l'explication de
la Ctirtr iirolttfr'q//f> ,/r In France^ t. Il, p. 60'l.
La seule grande fente ouverte dans la ré;;ion dont nous nous
occupons, stir la rive gauche de la Seine, est le débouehé de la
vallée de 1 Eure ; mais l'origine de cette vallée doit se rattacher
606 SÉANCE Dt 7 AVRIL 1802.
à une autre action géologique, probablement A celle qui aara
ouvert la fente que suit le cours de la Seine au-dearas de Gaillon,
et qui doit être plus moderne que le soulèvement du pays de
Brav, à en juger par les couches tertiaires qu'elle a coupées.
Nous ferons aussi remarquer ici que dans le pays de Bray des
coui-s d'eau s'écoulent par des fentes ouvertes au travers de toute
la hauteur de la falaise sud-ouest, tandis qu'il ne t'est ouvert
aucune fente de ce genre dans la falaise nord-est.
Cette diiïérence peut encore servir à montrer rinëgalité des
mouvements qui se sont produits dans la niasse du terrain fur
l'un et sur l'autre des côtés de la fente.
Enfin, pour terminer ce que nous avons à dire des rapproche-
menls cpi'on peut établir entre la vallée de la Seine et le pays de
Bray, nous ferons encore remarquer que si, eu enveloppant par
uneconrhe sur chaque rive de la Seine les sinuosité^ de son cours,
on trnyiit le contour de l'espace dans lequel s*ett fait eentir la
suite d'affaissements qui a donné naissance à la vallée, on obtien-
drait une figure ayant une grande ressemblance arec celle de
l'ouverture au fond de laquelle les terrains crétacés inférieurs et
jurassiques supérieurs se montrent au jour -nu pays de Bray.
Di* pliiSf les pentes des presqu'lk-sde la vallée de la Seine, qui
dans un sens et dans l'autre forment scnsihlement deux plans
inclinés en sens opposé, se coupent suivant une ligne passint par
le milieu des sinuosités du cours du Heuve, et cette ligne qui cor-
respond ainsi à la direction de rensenihlc de cette paitie de la
vallée se trouve être parallèle à Taxe de la fente du pays de Bray.
i^'effet produit en creux d'un côté se retrouve donc en i-elief de
l'autre côté.
Quant à Tinlensité de l'action qui a produit dans le sol de la
Seine-Inférieure le mouvement dont nous nous occupons, oh
peut en donner pour mesure l'inclinaison qui en est résultée dans
les couches du terrain.
Depuis Rouen jusqu'au pays de Bray cette inclinaison n'est
guère que de 5 millimètres par mètre, correspondant à 475 inctrrs
de difl'érencc d'aliitudc sur une étendue de 35 kilomètres.
HOTI m M. HÀftLÉ.
«97
Coupe passant par Rouen ei Neufçhdttil,
▲lUtadei : S
ToxAinA
«Jicr/i$siques .
Cette différence d'altilitde s'observe dans les bancs si recon-
Haïssables de la craie chloritëe qui se voient à Rouen et à la
Ali-voie à la base des hauteurs qui bordent la rive droite de la
Seine, et se retrouvent dans les montées par lesquelles on s'éli*ve
du fond du pays de Bray sur le plateau du pays de Gaux.
La présence de la craie chloritëe h la base de la falaise de la
rive droite de la Seine à Rouen et sa disparition pour ne repa-
raître que vers renibouchurc du fleuve peuvent avoir été pro-
duites par une ondulation du sol indépendante des dislocations
dont nous nous occupons ici.
Quant à Tinclinaison des couches dans les presqu'îles de la
vallée de la Seine, nous pouvons l'évaluer dans la presqu'île de
Saiut-Sever à près de 1 centimètre par mètre correspondant à un
abaissement de 125 mètres de la partie supérieure de la craie sur
une étendue de 13 kilomètres, depuis les hauteurs de Tisthme qui
se trouve entre Orival et Moulineaux jusqu'à Saint-Sever.
La présence des bancs de la partie supérieure de la craie au fond
de la vallée de la Seine se reconnaît dans les carrières à ciel
oaveit qu'on rencontre depuis la sortie de Rouen par la rne
d'Elbeuf, en face de la forge de Trianon, jusqu'au rond point de
la route de Caen, au Petit-Quévilly , et nous pouvons y citer
comme fossiles caractéristiques : le Mîrraster cer-fi/igninumj la
Terebrattilii carnra^ Y Inoceramus dwicrii^ etc , qu'on ne retrou-
verait en face que dans la partie la plus élevée des hauteurs de la
rive droite.
La différence des niveaux où se trouvent ces fossiles sur Tune
698 - IBAHCI DU 7 AVRIL 1802.
et l'autre des rWes de la Seine peut de ion côté «nir A coufinnci
l'alnissement de 135 mètres qu'iinitonce rinclinaito» générale Ju
sol de la presqu'île i\e Saint-SL-ver et le refoulemeot daus le lol
de tout ce côté de la rive de la Seine.
La dilTéience de 125 iiu^trcs se retrouve également entre Ict
niveaux qu'occupe la couche de iiiaiiie dans lei para|>es de ta riTC
droite de la Seine et du Petii-Quévilty, ainsi que le montre la
coupe ci-dessous «nr laquille on a aussi place le sondage de la rue
Martainville, dont il a été quustiou plus haut.
Coupe de ta vallée de la Seine à BoHen.
l \ i
IfteTT-n— ,;_..
I ;
Nous pouvons en outre trouver la preuve que la craie a bien an
P(-tit-(jucvdly la uiènie épaisseur que dans les liauieurs qui domi-
nent t-u face du cuuis de la Seine, dans le puils artésien de la
falH-iqne de produits i'iiiuiiques de îVI. Alalétra, prèsdu roml-poinl
de b miif de Ciien. Ce puits, après avoir iiaversé toute IVpaisKur
de h craii: liluuciie. a n-iicouliéà uue profonde ui de 12S mètres
le coiniMenceiM<-i)t îles f.hiicniiies de la liase de la côte Sainte-
C'iUierine, et a fuit jiiillir des sildcs vertu, à la profondeur de
166 métré*, une snu'ce diiui l'eau aliuiente des réservoirs i
7 mètres au-dessus du sol.
Voici quelle est la i-oupc de ce puits dont l'orifice cit i U CoU
de 1 1 "i 1 5 au dessus de la uier :
irOTB Dl ■• HARLÊ. 609
Terrain argileux supérieur, avec galets. . 7", 10
Craie blanche, sans silex 401", 90
Craie avec silex et roches dures IQ^'^OS
Glauconie crayeuse 3*", 99
Argile brune ou marne 4 6"*, 54
Sables verts 47",66
Eau jaillissante, à la profondeur de. . . . 4 66'",24
D'autres forages ont été exécutés à Rouen sur la rive gauche de
la Seine; mais au lieu d^avoii' été placés comme celui de iM. Ma-
létra sur la partie supérieure de la craie, les uns, près de l'église
Saiut-Sever, piiaissent être tombés au milieu de la brisure dans
des remplissages provenant d'alluvions plus récentes; ce sont les
forages exécutés en 183'i par M. Flacliat; les autres, placés sur
l'autre coté de la brisure, se rattachant à la masse des terrains de
la rive droite, npi-ès avoir traversé une faible épaisseur des sables
de la base de la formation crét icée, sont entrés dans les terrains
jurassiques ; ce sont les forages de Sotte ville.
A Elbeuf, les puits artésiens ont été ouverts au travers des cou-
ches de la craie dépendant de la presqu'île abaissée^ et ce n'est
qu'après avoir traversé la paitie supérieure de la craie qu'ils ont
atteint dans les siblts inférieurs aqnifères dis sources jaillissantes
à une profondeur qui va jusiprà 150 mètres.
Ce serait donc commettre à Elbeuf une erreur que d'ajouter la
profondeur de ces puits à l'épaisseur de la craie dans les hauteurs
qui dominent la ville pour avoir l'épaisseur totale de la formation
crétacée. Il existe là, comme à Saint-Sever, un refoulement dans
le sol, et les couches crétacées ne peuvent y avoir que l'épaisseur
de 170 à 180 mètres, qu'on peut leur reconnaître tout à côté, à
Rouen.
Au sujet des puits artésiens d'Elbeuf, on remarquera que l'eau
qui les alimente vient du pays de Bray, tandis que c'est de l'eau
venant du département de TËure qui alimeute le puits artésien du
Petit-Quévilly, et nous ajouterons à ce sujet que sur la rive droite
de la Seine, à ilouen, les sables <ians lesquels on est allé, à Ëlbenf
et au Petit-Quévilly, chercher des sources jaillissantes à de grandes
profondeurs, se trouvent à nn niveau peu différent de celui de la
vallée, de sorte que la position s'annonce comme très favorable
pour se pixx'urer dans ces siibles un moyen d'aliment ition d'eau.
Aussi des travaux ont-ils été enlrepiis par la ville de Koueu pour
faite cet essiii.
Le forage a été placé au fond d'uue gorge b'enfooçaDt dans la
700 SfiAlfCB DU 7 ATllL 1802.
masse de craie blaDchc des hauteurs qui dominent la ville au
niveau de 60 mètres au-dessus de la nier.
Un puits artésien placé à Tiianon, à la sortie de Rouen, dans
les mênics conditions que celui de M. Malëtra an Petit-Qnévilly,
devrait également fournir un moyen d'alimentation pour la rive
gauche de la Seine.
Au fond des gorges s'avança nt dans la masse de la cûfc qui
domine la ville, à Ellieuf, des recherches pourraient aussi être
tentées du côte où le terrain n'est pas abaissé, avec l'espoir de ren-
contrer les sables aquifères de la rive gauche à une faible pro-
fondeur.
Après avoir trouvé dans les carrières et le sondage du Petit-
Qucvilly la preuve que Tabsence de hauteiu's sur la rive gaurlic
de la Seine, à Rouen, en face des hauteurs de la rive di*oite. pro-
venait d'un refoulement de 125 mètres dans le sol de toute la
masse qui, primitivement, faisait suite de ce côté aux hauteurs
restées en place sur la rive droite, on est certainement autorisé \
considérer, comme nous L'avons fait, la reproduction dos mêmes
circonstances topographiques dans les autres sinuosités du cours
(!e la Seine, an-drssus et au-dessous de Rouen, comme devant
être attribuée à la même cause géologique.
Mous étendant plus au loin, nous ferons encore remarquer que,
en se rapprochant de Paris, des sinuosités analoguet reparaissent
et se succèdent dans le cours de la Seine à partir de Honnières, et,
là encore, on pourrait se demander si des affaissements Incaus,
coutrmporains de Tépoque tertiaire ou même postéricui's, u*au-
rnicnt pas joint leur effet à celui de grandes éi*osion8 pour donner
à la vallée cette configuration.
Cette seconde suite de sinuosités commence en face de Ron-
nières par une presqu'île entourée par les hanteui-s qui bordent
la rive j^auche de la Seiue, auxquelles font suite celles du cdté
droit de h vallée de TEpte, et c'est par une fente latérale ouverte
au travers de la masse de ces hauteurs que la Seine passe pour ic
rendre du fond de cette sinuosité à Gaillon où elle rentre dans
rentre suite de sinuosités s*ctendant jusqu'au-dessous de Cau-
debec.
Vers rrnibouchure du fleuve on, entre Quillebeufet le Havre,
on voit l'indication de sinuosités se continuer par les pointes qui
successivement sur chaque rive font face à une concavité de la
rive opposée, on pourrait également se demander si cette grande
ouverture ne serait pas due â rabaissement complet d*un grand
morceau de la niasse du terrain, ou à une suite d'affaissements
NOTE DB H. HàRLÉ. TM
qui seraient là cii rapport avec un soulèvement de la craie qu'on
observe entre Fécanip et Uoibec.
Pour s*en assurer, il faudrait arriver à connaître la nalutc des
rochers du fond de la incr en face de Honfleur ; mais, comme ils
ne se découvrent pas à la mer basse, ce serait très diflicile.
Le soulèvement dont nous venons de parler s'observe à Fécamp
dans le relèvement vers le sud des couches de la craie chlorilée.
Ces couches forment la base des hauteurs de deux côtés de la
vallée de la rivière de Valmont avec une direction sensiblement
est ouest, et dans les vallées qui partant de celle de Valmont se
dirigent vers le sud, telles que le Val-aux- Clercs, qui suit le che-
min de fer de Fécamp à lieuzeville et la vallée de (lanzoville, on
voit, au contraire, ces couches se relever avec une inclinaison d'en-
viron 1 1/2 pour 100. On les sin't en remontant la vallée de Gan-
Keville jusque dans le vallon de Pétrcval.
Si le même relèvement de couche ne s'observe ])as dans la
falaise entre Fécamp et Yport, sur le bord de la mer, c*est qu'il
existe eu cet endroit une faille parlant de la pointe de la fal«iisc
près de l'établissement des bains de mer de Fécamp cl se dirigeant
▼ers le sud lé|>èrement est.
La partie du terrain ù l'ouest de cette faille dont dépend la
falaise au sud de Fécamp n'a pas bougé, tandis que la partie à
Test dont dépend la falaise au nord a éprouvé le mouvement de
relèvement que nous venons d'indiquer à partir de la vallée de
Valmont.
La contre-pente de ce relèvement se retrouve dans la vallée de
Bolbec à Lillfbonne où la craie chlorilée reparait au jour.
Enfîn, après ce que nous avons dit de l'effet produit par l'en-
foncement des presqu'îles de la rive gauche de la Seine sur les
concavités qui leur faisaient face, concavités dans lesquelles
s'ouvraient de grandes fentes, ne pourrait-on pas voir éga-
lement dans la découpure sinueuse de la côte de la IM anche,
depuis le Havre jusqu'à Saint-Valery-sur-Somme, avec la fa-
laise coupée dans sa concavité par une suite de grandes fentes
devenues des vallées, l'efiet de renfoncement d'un grand mor-
ceau de la masse de craie qui auparavant s'étendait de France en
Angleterre?
Cet enfoncement, postérieur au dépôt des terrains tertiaires qui
entourent Southampton, en Angleterre, s'annoncerait par sa
direction générale indiquée par le Pas-de-Calais comme pouvant
se rattacher au soulèvement des Alpes occidentales dirigé
M. 26*>E.
702 stAifCB »i3 7 ATmiL 1862.
Le pliénomène {i;ëologique dont nous nous sommen particuliè-
remeiu occupé dans cctie note nous a paru mériter d'attirer Tat-
tention drs géologues comme présentant des effets de soulêvenicrnt
et de refoulement i|ui, bien qu'en i*elation le» uns avec les autres,
se sont cepeiid.mt produits isolément et sans avoir ensuite été
soumis à d'autres honleversements qui les auraient modifié», en
sorte qu'on peut y retrouver parfaitement conservés les principaiu
caractères qui en accusent l'origine.
La brisure par refoulement de la vallée de la Seine nous parait,
en même temps, pouvoir servir d'exemple pour faire comprendre
la possibilité du retournement complet d'un ensemble de couchei
dans les pays monta^>neux profoiidément bouleversés.
Si, en effet, une action géologique, qui n'a imprimé «i l'ensemble
du soulèvement qu'une inclinaison de 5 millimètres par mètre
dans les coucbes du terrain, a cependant suffi pour produire les
refoulements de 12.') mètres dans le sol que nous observons dans
la vallée de la Seine avec une inclinaison de couches double de
Tinclinaison générale dans l'espace où s'est produite la brisure
par refoulement, quels refoulements et quelles inclinaisons de
couches n'auront donc pas dii se produire dans les brisures résul-
tant des affaissements et des écrasements latéraux qui aurout
accompagné le soulèvement au jour des noyaux primitifs des
grandes chaînes de montagnes.
Sous une action d'une grantle énergie, le refoulement, au lieu
de produire une faille comme à Kouen, aura fort bien pu se faire
par un plissement des couches s'inclinant de chaque côté jusqu'à
devenir verticales et s'enfonçant dans le sol par leur tranche.
Si une action postéri*MU*e est venue changer la position de l'en-
semhle de couches ainsi bouleversées, les couches les |dus
anciennes auront ensuite pu se présenter comme recouvrant des
couches plus modernes.
IfOTB DB H. HARLt.
SONDAGES A ROUEN.
708
1
MONT BEÏliRD.
WTIT QUÉVILLT.
Sol.
llm
T«rruiH
•upfilii iel<
Crdie
blanche
SUIIt lilrX,
i'ruie
avec hlLcr.
G---III orne.
ArRÎle,
rouin*'.
Subies.
RUB MARTAOIVILU.
Sol.
Pfit^eau
Tel niio
0-
sii|)flrficiel.
Glaoconie.
Murne.
i
Sables.
«•
de la
10-
31-
43-
63-
Terruin
su|-erHci«'l
( rain
sans «l'es.
Craie
avec files.
Gluuconi*.
45-
36-
13^
M'iine. O" mer.
Sables, j
0-
7- Pro>OTidi*ur du fo-
rage, le 5 BTill
t
"— —"'18- Pfofoadi-ur i la-
quelle on espè-
re Iroavpr l'eau
jaillissante.
5I« Ea« laillissant à 2 mètret «a-deMua da
Ml.
08m
117a
laim
137ni
I V&" Eau jaillissante, alimentant «les réservoirs à 7 mètres 8U-d«ssas
du sol.
iU
M. Gh. Laurent cite plusieurs sondages pratiqués à Rouen,
où le terrain jurassique ne semblerait pas accuser les disloca-
tions dont parle M. Harlé.
Ce dernier dil qu'il n'a pas étendu ses investigations jusqu'à
ce terrain.
M. Ânt. Passy mentionne plusieurs localités du département
de la Seine- Inférieure où il a constaté des relèvements de cou-
ches dans le terrain crétacé.
M. Hébert croit que M. Harlé a trop généralisé les accidents
de terrains que présentent les environs immédiats de Rouen, et
704
SÊANCB DU 7 ÀVBIL 1862.
quo par suite sa théorie sur la formation de la vallée de k Sme
ne saurait ôtrc admise. Do Meudon ù Manies, aux Aodeljiet
môme jusqu'à Pont-dc-rArche, les couches de la craie se aor-
respondeiit de chaque côté de la vallée à des hauteurs sensible-
ment égales, et les ondulations qu'elles décrivent ne sont nuls-
ment en rapport avec des fractures correspondant aux sinnosiUl
du fleuve. Ces sinuosités sont donc bien le résultat d'^rosioaiy
comme on Va admis jusqu'ici. Il en est de même au-dessous de
Rouen, depuis Duclair jusqu'au Havre et À Honfleur. Ssh
aucun doute le soulèvement ou plutôt le plissement du pijtde
Bray a été accompagné de mouvements secondaires qui aat
influé sur la forme du massif crayeux que traverse la Seioei
mais ces mouvements sont indépendants des sinuosités.
A celte occasion, M. Hébert rappelle une observation qu'ils
déjà eu occasion de présenter plusieurs fois. Le plissement da
pays de Bray, qui a commencé dés la fin du terrain jurassique,
puisque les calcaires néocomiens ne s'y sont pas déposés, s'est
terminé avant le dépôt de la craie supérieure qui entoure la
pointe du pays de Bray, à Laversine, Vigny, Ambleville, ete.,et
ne Ta point recouvert. Ce plissement avait acquis sa forme défi-
nitive, actuelle, avant la fin des dépôts crétacés. Il n'en estpes
do même du soulèvement des Pyrénées, dont le maximum pi-
ralt avoir eu lieu après les dépôts nummuHtiques (ôccèneiafè"
rieur) , et qui s'est prolongé jusqu'à la fin de l'éocéne supérieor.
Ces deux mouvements du sol ne sauraient être considérés
comme contemporains.
M. Bolgrand pense, comme M. Hébert, que les couches dei
terrains sont toutes au même niveau des deux côtés de la vallée
de la Seine, bien que partout on remarque des escarpemaals
du côté où frappait le courant et des pentes douces du eMè
opposé. Il en est de même dans la vallée do la Cure (Yonne).
M. Dclesse fait observer que les études si précises faites par
M. Hurlé démontrent rexistcnco de failles qui, près de Rouen,
séparent les deux rives de la Seine. Mais dans les environs de
Paris il n'en est pas de même. Bien que la craie sur laquelle
repose le terrain tertiaire présente des changements de nivesn
de plus de 100 métrés dans les limites mêmes de la ville de
Paris, on doit plutôt les attribuer à dos ravinements qu'à él$
LETTRK DE M. IVOULKT. 706
failles. Maiulenant si Ton considère une même couche apparte-
nant au terrain tertiaire et qu*on la suive depuis U rive droite
de la Seine jusque sur la rive gauche, on voit qu'elle s'incline
en pente douce sans présenter de failles proprement dites. Dans
le calcaire grossier notamment, où les moindres changements
de niveau deviennent immédiatement bien sensibles par suite
des exploitations , ils sont toujours trop peu importants et
seulement de quelques décimètres^ dans les environs de Paris
les changements de niveau doivent donc être attribués à de
faibles glissements ou bien aux ondulations que présentent
habituellement les couches.
M. Lartet donne lecture des deux lettres suivantes :
Lettre à M. Lnrtct^ sur le calcaire lacustre miocène de Nar--
bonne, et sur In mollasse fluviale^ également miocèney dn
bassin de Perpignan; par M. le docteur J.-B. Nouict.
A mon retour de Narbonnc et do Perpignan, j'ai lu, dans le
Bulletin de In Socicfé gco logique de France ^ 2* sér., t. XIX, 1861,
deux notes de iM. Nngucrs, qui nfoiit suggéré quelques réflexions
que je vous adresse, avec prière de les coinniuniquer à la Suciétc
géoloj'iquc. La première est la note sur Arnûssan (Aude} [loc. cit,^
p. i^i2). Je n*ai pas eu le temps de visiter Aruiissan, it je m'abs-
tiens de nie prononcer sur Và^c des dépôts d*eau douce de cette
inténssaute localiië; mais je ne puis laisser sans protestation
passer ce que IVl. Moguès dit d'autres dépots tertiains d'eau douce
du bissin de Narbonnc. Le 6 mars 1862, j'ai visité de nouveau, et
pour la troisième fois, les calcaires lacustres des fours a chaux,
qui, au S.-O. de Narbonnc, s*appuient sur le terrain secondaire
constituant les dernières ramifications des Corbières, dont ils ont
ttiîvi la dislocation.
Ce sont particulièrement les calcaires dont M. d'Archiac a
donné de si excellentes coupes, dans son beau travail sur les
Gorbières, que j'ai explores. Comme piécédemmcnt, je n'y ai
trouvé que des coquilles caractérisant le miocène inférieur, par
conséquent de l'Age du R/iinocero.% minutas ei âe Y Anthmcntherium
magnum^ sans aucune trace d'espèces propres aux divers étages de
l'éocène, ce qui est confirniatif de ce que j'ai établi en 1858 [De
fàge de ta formation lacustre de Narbonnc et de Sigean (Aude),
dans les Mémoires de C Académie des sciences de Toulouse^ 5* sér.y
Soc. géoL^ î" série, tome XIX. 4G
706 sÉAifci DO 7 AvmiL 1862.
t. II). Ces coquilles sont : V Heliv Rnmnndi^ Brongniart; 1'^.
Touniali^ Noiilct; le Pia/tofbh sith/jyrtNaicux^ Noultft; ta Limnœa
Lartctiy Noulel ; la Bythinia (PaUniùm) Dnhuhsonn\ Bouillet, et la
Ncriu» [iVrnJna) nurbonvnsis^ Nouli:!. Ce poiut de fait peut donc
être cousidéié désoniiais coiuiiie eiitièreiiieiit acquit k la science,
et je lie vois pas pourquoi ou s'habituerait tantôt à radiuelU*e,
tantôt à le mettre eti doute et tantôt à le uier.
Je venais de Perpignan, lorsque je nie suis arrêté à Narbonne
pour y revoir les calcaires en litige. A Perpignan, où je n*ai passé
que peu de jours, je lue suis uniquement pr('*occupé des «issisrs
horizontales de mollasse d'eau douée sur lesquelles e.s( bâtie l.i ville,
et qui de là s'étendait au loin, en oci:u|>ant le bassin tertiaire qui
l'entoure (1 }.
Malgré tous mes soins, je n'ai pu découvrir un seul débris orga-
nique dans la formation mollassique perpignanaise, mais j'ai pu
étudier les restes de Mastodontr^ parmi lesquels des molaires,
provenant d*un gisement proehe de la ville, ossements cités |)ar
M. le docteur Company o dans son HUtnire nnturetlv dvs Pyrpnrrs^
UiifrUults^ 1861, t. 1., p. 366, et plaeés par lui dans le Musée
public dont il est le fondateur. C'est Tespèce la pitis commune
dans les couches mollassiques sous-pyrénéeuues, le Ahntodfm
arigustidtns^ Cuvier, caractérisant, de l'avis de tout le monde, le
miocène falnnicn.
Au reste, les argiles calcaires de Perpignan et les sables qui les
accompagnent sont tellement Si*mblal>les à ceux qui remplissent
l'espace s(uis-pyrénéen, qu*en les observant je croyais être chez
nous. D'après cela, je suis convaincu que Perpignan s*élève sur le
terrain tertiaire moyen ou miocène qui, de là, se prolonge jusqu'au
pied des Al hères, et non sur le terrain tertiaire supérieur ou plio-
cène, comme M. Dnfréiioy l'avait pense [Ciirtv gctdogique de ia
France)^ et comme iM. Noguès le maintient, sans avoir égard aux
faits paléontologiques, dans sa Note sur lu niinéttilo^ie de* Albères^
toc. cit., p. lû/i.
Apri^s celte lecture M. d'Archiac dit qu'il s*en réfère pour
les environs de Narbonne ù ce qu'il a déjà dit (/^j Corb.,
p. 288, nota), et il ne trouve dans les nouvelles observaiîous
M) Les dépOts marins, que l'on dit pliocènes et que je n'ai point
étudiés, se trouvent à 20 ou 25 kdomèires de Perpignan.
IfOn DB M. SCflLUMBBBGBi. 707
de M. Noulet rien qui éclaircisse la question essentielle oii
straligraphique telle qu'il Ta |)osée. Les déduelions tirées dt
ridentité des coquilles fluviatiles et tcrreslresi hii paraissent
tout ^ fait insuffisantes dans cette ^circonstance et d'une iinpoi^
tance secondaire.
Quant à ce qui concerne les environs de Perpignan, M. d*Ar-
chiac regarde comme très prématurées les conclusions déduites
de quelques os et d'une dent de Mastodonte, et, en Pabsence
d'études géologiques sérieuses et délaillées, il ne peut pas
admettre que les dépôts superficiels de la plaine où ces débris
ont été trouvés appartiennent ù la formation tertiaire moyenne,
tandis que ceux de ses bords, depuis Esperaza jusqu'à Millies,
NefGach,Boulou9 etc., appartiennent à la formation supérieure.
Les coupes des nombreux sondages exécutés, tant à Perpignan
que dans la plaine au nord et au* sud, devraient être prises en
considération, comparées attentivement et discutées, ainsi que
les coupes données par les talus dès vallées du Tech ou de la
Têt, avant qu'on tranchât une question avec des données aussi
contestables ou dont Pinterprétation peut être fort différente*
M. Aug. Dollfus donne lecture, au nom de Tauteur, de la
note suivante :
Dent de Geratodus runcinatus « Plien. ^
par M. Schlumberger (PI/XVII).
Les poissons du genre Ccratodus^ Ag., ne sont connus que par
leurs dents, et celles que Ton a figurées dans les différents ouvrages
de paléontologie ne sont généralement représentées que par
leur partie émaillée, isolée de son support osseux. C'est ce que
nos ouvriers appellent des griffes, nom assez bien justifié par la
forme plus ou moins triangulaire de la dent et les côtes ou cornes
qui garnissent Tun des côtés.
On en est encore réduit aux hypothèses quant au nombre et à
la position de ces dents dans la bouche de l'animal, et, si Ton
consulte le bel onvrage de M M. Hermnnn de iMeyer et Plieninger
sur le nmscheikalk du Wurtemberg, on voit que sous ce rapport
il règne encore la plus grande indécision. S'appuyant sur ce que
jamais on ne remarque d'usure à la partie émaillée des dentS|
tandis que le dessous osseux des cornet parait coniparatiTement
708 SÉAîfCR DU 7 AVRIL 1862.
pins aplati dans les exemplaires de grandes dimensions et à nom*
bi*euses stries d'accroissement, les savants auteurs des « Bviirarge >•
concluent que la partie ëmaillée ne servait pas à broyer les ali*
ments. Cet oftice, contrairement à ce qui se pasK chez tous les
autres animaux, aurait été rempli par la partie osseuse, beaucoup
moins l'ésistante, de la dent, située au-de:»sous des cornes. Je crois
que cette hypothèse est iiiadmissihle et qu'il suffira pour s'en
convaiiici*e de jeter un coup d'œil sur la planche que j'ai l'Iionueur
de présentera la Société géologique. Elle reproduit sur trois faces
une dent, accompagnée d'une imporiante portion de l'os maxil-
laire, que j'ai trouve dans nos célèbres gisements de Lunévîlle et
que j'ai pu dégager de la roche.
LVmail a la forme connue des dents de Ceraiottus. L'os qui
supporte la dent est intimement lié à rémail et se développe du
côté de la plus forte cote, qui est toujours extérieure^ en forme de
cuilleron (1) sur toute la longueur du côté. Au-dessous de Tangle
opposé aux cornes, u;tc lame osseuse, à peu près perpendiculaire
au plan de la dent, réunit le cuilleron à la partie de Tos située de
l'autre côté, et celle-ci est rcufoicée par une nervure qui part du
même angle (Hg. 2). iMalUeureusement cette seconde partie do Tos
maxillaire est incomplète.
1^ figure 3 représente la dent du côté opposé à l'émail, et Ton
voit qu'entre la lame osseuse située vis à vis des cornes, les cornes
elles-mêmes et le cuilleron, il y a uh creux très prononcé.
Si h forme du support osseux de cette' dent paraît infirmer
l'hypoilièsc de M. Plieninger, elle seuxhic au contraire militer
m faveur de Topinion de M. lironn (2) qui suppose qu*unc de ces'
dents occupait ù elle seule un des côtés de la mâchoire.
La reproduction ci-jointe ne snllira certes pas à dissipeç toute
l'incertitude cpii règne au sujet du genre Ceratodus, mais j'ai l'es-
poir que, jointe aux découvertes que Ton pourra faire plus tard,
elle servira à de plus savants que moi h en déterminer les vrais
caractères.
M. Laugcl fail la communicalion suivante :
(4) La courbure de cette lame ossoase D*cst pas assez marquée sur
les figures 4 et 2 ; de plus, lo dessinateur ne s'étant pas servi de miroir,
il faut supposer le dessin renversé pour se représenter Ja dent telle
qu'elle est. Sur la figure 3, la gangue que l'on voit à droite et celle
qui reste au fond du creux sont de môme nature.
(2) BrODD, Lethaea gro^nostica, ill, p. 93.
IfOTB liE II. LÀUGBL. 709
La faune de Saint" Près t^ pi-es Chartres (Eure*et''[AÙr\;
par M. Laugel.
La libéralité de M. de Boisvillelte, ingénieur eu chef des pontt-
et-chaussëes, à Chartres, et mes propres recherches me permettent
de compléter les indications que j*ai données, avec le concours
obligeant de notre collègue M . Lartet, sur le remarquable gisement
de Saint-Prest près de Chartres, dans mon mémoire sur la géologie
du département d'Eure-et-Loir, inséré dans le Bulletin de la Société
i;colo};iqucy T sér. , t. XVIf, p. 316. L'âge de celte faune intéres-
sante est d'autant mieux déterminé qu'il n'y a à Saint-Prest
aucune couche miocène: les sables pliocènes y reposent directe-
ment sur la craie; les derniers dépôts de l'âge des fahluns que
j*ai signalés dans T Eure-et-Loir, à Âuneux, etc., sont à une grande
dislance de Saint-Prest. 11 n'y a donc lieu de craindre ici aucune
de ces confusions qui se sont produites dans l'étude de la vallée
de TArno. Les grands animaux dont les restes ont été découverts
dans le terrain pliocène de Saint-Prest sont les suivants :
KlepLas merulionalix^ Nesti, — Je ne ferai que mentioiinei*
cette espèce. M, Lartet est entré récemment dans des détails pleins
d'inlérèt sur la dentition des Eléphants et a décrit avec une
remarquable fidélité les dents de V Elepltas mcridionalis ^ N.
L'École des Mines de Paris, à laquelle iM. de Boisvillette a bien
voulu faire don de tous ses échantillons, possède une très belle
série d'ossements appartenant à \ Elephas meridionaiis^ et leur
description ne pouvait figurer que dans une monographie coui*
plète, que je ne puis entreprendre en ce moment.
Rhinocéros leptorhinus^ Cuvier. — On a trouve à Saint-Prest de
nombreuses dents de Rhinocéros ; mais leur spécification m'a
oifert quelques difficultés, en raison même des obscurités qui
euveloppent en ce moment la délimitation précise; de l'espèce dite
leptoihinus. Cette histoire a été exposée avec beaucoup de lucidité
par AI. Owen, ds^ns ses li ri ti s h Mamnials, Je rappellerai seulement
que Cuvier ne connaissait point les molaires supérieures du
Rhinocéros auquel il donna le nom de Irptorhinus^ et qu'il fonda
cette espèce sur des caractères insuffisants. M. Owen conserva
toutefois ce nom pour un Rliiuocéros, trouvé à Clacton, et dont
Iccràijc a un septum osseux, moins étendu, il est vrai, que celui
du tivhnriniLs; Cuvitr avait exprimé le ri'gret de ne point posséder
de niolaircs supérieures de son b^ptorhinus; les spécimens de
710 SfiÀIfCI DU 7 ATKIL 1862.
Clacton et d'Essex ont coinhié cette lacune, et à ces noms je puis
ajouter celui de Saint- ''rest.
J'ai constat*^ une iilentilc^ parfaite entre les molaires tant supé-
rieures qu^infërieures qui ont été ranimées par M. Owen dans son
espèce teptorhinns et celles de Saint -Prest. J'avoue toutefois que
le dessin d'une molaire supérieure, donné par 1\L Owen dans ses
British Mammnls^ m'avait jeté dans le doute à cet ë{];ard; in«iis
l'inspection des dents mêmes, conservées au British Muséum,
m'a convaincu que le dcssiiialeur avait mal rendu la forme du
vallon postérii^ur ; celui-ci, qui semble, dans le dessin de M. Owen,
plus profond î\ l'entrée qu*au milieu et à la partie interne, a, au
contraire, la forme d*nn véritable cône, dont l'arête est marqnëe
sur la face do la dent par un bourrelet saillant. J'ai constaté une
identité complète entre les molaires d'Essex et celles de Saint-
Prest. La série du Kritish Muséum, si variée et si complète,
montre qu'on ne doit pas attacher une importance exa{j;érée
«î la forme des cf)nlonrs du vallon interne; ces formes changent
singulièrement avec le degré de l'usure : il faut, je pense, tenir
surtout l'omptc de la disposition générale des collines et des
vallons, sans s'ai rêtcr à des <lé(:iils trop minutieux. i
Les prémolaires sans collet, les molaires principales, la dernière
molaire, si caractéristique, où le vallon est barré comme par une
sorte de mur, toutes les dents en un mot de Saint-Prest sont
identiques avec celles que îM . Owcu a rangées dans son espèce irpto»
rhînus. le dois ajouter que d.ms la collection du British Muséum
j'ai vu une molaire supérieure donnée par IVI. Pentland et
venant du val d'Arno, parla forme enfoncée da vallon posté-
rieur très profond et séparé de fa face externe par un véritable
bourrelet, par les contours et Tétroitesse du vallon principal, par
la présence, sur le côté antérieur, d'une crête basale qui vient
obliquement rejoindre le sommet de la dent l'exemplaire du val
d'Arno m'a paru identique avec ceux d'Essex et de Saint-
Prest.
Les molaii*es supérieures de Saint-Prest, qui font partie de la
collection de l'École des !\lines, sont au nombre de dix ; ce sont :
Trois molaires droites, cinq molaires gauches, parmi lesquelles
il y a trois exemplaires, à divers ilegrés d'usure, de la dernièi*e
molaire interne, deux prémolaires entièrement usées et dont les
racines sont partiellement absorbées.
Hippnptittitmts majnt . — \j fffppopoteimtis major est représenté
par un grand nombre de dents; je n'ai aucune observation spé-
MOTB PB M. LAUQBL. 71 1
ciale à faite au sujet de celte espèce, qui accompagne ordiaaîr6-
ment VElcphas ineru^hmtiUs et le Rhinocen/s itpiorhinus,
Ceifs. — Tous les anatomistes savent combien Tétude des cerb
fossiles est encore imparfaite; L'abondance des ossements de cer6
à Saint-Prest m'a cependant obligé à en entreprendre Tétude el
laclassifîcaiioii. Je ne m'occuperai, en commençant, que des dents.
Le cabinet de l'Ecole des Mines possède :
1** Un maxillaire inférieur gauche presque entier, portant les
deux dernières molaires du fond, et montrant les alvéoles de la
première molaire et des trois prémolaires. La longuenr totale de
Tespace occupé par les six dents s'élève à 17 centimètres. L'arrière-
molaire porte entre les deux premiers lobes, la molaire qui la
précède entre ses deux lobes, une courte colonnette d'émail qui
dépasse peu le collet.
2° Trois maxillaires inférieurs droits qui montrent les trois
molaires et les deux dernières prémolaires. Celles-ci, à un état peu
avancé d'usure, ont, du côté externe, une surface unie et convexe;
du côté interne l'émail s'épanouit en quatre dentelures; après an
certain degré d'usui*e, les deux dentelures postérieures s'unissent
en laissant entre elles une île d'émail.
Les molaires ne montrent pas dans tous les exemplaires les
petites saillies d'émail entre les deux liits; celles-ci ne paraissent se
prononcer nettement que dans les dents déjà usées et qui sont en
partie sorties du maxillaire.
Les molaires inférieures du Cerf de Saint-Prest ressemblent à
des dents de Cerf du val d'Arno, conservées au Jardin des plantes.
S*" Deux molaires supérieures contignës. J'attirerai spécialement
Tattention sur ces deux dents si remarquables par leurs formes
carrées et trapues, par la grosseur extraordinaire du tubercule
d'émail situé à la partie interne entre les deux fûts. Ce tubercule,
dans les exemplaires que je possède, est assez élevé pour être
entamé par l'usure comme le reste des dents.
Par leurs formes, leur grandeur, par la disposition des croissants,
les molaires supérieures de Saint-Prest sont très semblables à celles
de l'Elan el à celles du Mrgaceros hibernictis^ Owen [Britifh jossil
Mammals). Les bois dont je parlerai tout à l'heure conârment eu
effet l'exisience, dans la laune pliocène de la Beauce, d'un animal à
ramure réellement gigantesque, comme le Afegaceros /tfber/iicus^
et la <iécouverte de grands ossements des extrémités et de vertèbres,
faite à Saint-Prest, appuie encore ce rapprochement. Toutefois le
magnifique animal trouvé dans les tourbes de l'Irlande ne ressem-
blait que par la taille au grand Cerf de la Beauce ; il y a eutre
712 bSarci du 7 avkil 186*2.
leiiiiolaires supérieures du Megaceros liiberniau tX celles qocje
]>osti<l(' une difTêreuce: lecroiuant inléro-poMéneurïksdernièrcs
renf<rrme toujours vers la partie médiane de la deni au llotd'Anail
isolé d'iitit! (jrande profoodcur (voy. lig. 1).
J'ai vu valu clicnJitf ce caractère dans les nombreui et compleit
«Echantillons du Mtgaeerat hibrmlcai que poiaède le Brtiiab
itJugi'uiii; ne l'ayant trouvé sur ancun exemplaire, je inewiia cru
en droit du ne pascoostdérer la préseoce de cet ilôt d'émail ooinine
iiii faitnccidciilL'l, dëpoiidaiit du dtrgrë d'usure, et j'ai cra poaiytir
le raiisidérui- avec (|uel(|ue degré de rniion comine «n caracCàe
s|ié<:inc|Ue,
La disliiiclion entre le Megacerat iiibermieas et lu Cerf noaTcaii
de S/iint-l'rcst se complète nu reste eucore par l'eiamcn des hoia ;
Je Mr-fj/icriiif hitiernicitt {lorte un andouiller hasilairc appointé, tl
eat poiu-vn d'une énorme empanuiuru diRiléc plua allongée que
celle des Élans.
Lu d'ildc Saint-Prcst a la base des ntcmins remarquablement
rapproclié'' ; lii mculu à ]>eu pivs circulaire a 8 centiinèirt.'a onviro'n
de diamètre ; û 5 crntimûires de lj lueule part un ■ndouiller, qui
■'avance en avant; la partie nicdinnu de laperrlie ne m'est connue
que par un fracmcnt à forme aplaliej les andouillers des eilré-
milés sont é(;alenifnt très aplatis; il paraît y eu avoir cinq; ils
•ont à courbure varinblu ; s'ils étaienl rémiis en eiiipauinure, l'épa*
nouisscmenl ilti la pcrolie n'était toulerois (tas aussi grand que ilaus
le Migmini hiUiniiats.
De ces andouillers estrêmes, le plus grand, de forme drtnte, a
36 cciilimètres de Iouj;.
Les bois reeueillia à Saint-lVcst ne se rapportent pas tout à celle
i;raude espèce; il y en a encore d'autres qui indiquent la ptôenre
de trois au tics espèces de moindre dimension; ce sont :
I rnecspi'^:i' earactrri.séc par un {K-doncide 1res élance qni a
HOTE DB M. LÀUGEL. /fS
8 ceutiinèti-es de longueur et 5 centimètres de diamètre ; le collet
de pierrures qui le tennine est extrêmement saillant et la bifur-
cation commencée 10 centimètres au-dessus.
2"* Une espèce caractérisée par un andouiilcr partant du collet
lui-même et par un pédoncule très court. Cette espèce est de taille
moyenne, un peu supérieure à la précédente; son pédoncule a
6 centimètres de diamètre.
3** Une très petite espèce indiquée par des fragments qui mon-
trent un andoniller partant à petite distance de la meule qui n'a
que U centimètres de diamètre.
Quelques ossements fournissent des éléments nouveaux pour
la détermination du Cerf de Snint-Prest. Le plus remarquable est
un métaiarslen de 41 centimètres de longueur; il appartient
évidemment à l'espèce (gigantesque dont j'ai figuré une molaire
supérieure.
Vient ensuite tin métacarpien, à forme moins élancée, qui a
32 centimètres de longueur. J'ai retrouvé dans la collection dii
Jaixlin des plantes un métatarsien venant du val d'Arno, dont la
taille correspond exactement à celle de ce métacarpien.
Je citerai encore une puissante vertèbre lombaire qui appartient
à la très grande espèce et qui ressemble par la grandeur et la forme
a celles du Mcgrtceros hibernicus.
Les caractères de ressemblance entre ce grand animal et celui
de Saint-Prest m*ont engagé à conserver à ce dernier le nom de
Megaceros ; néanmoins, en raison des différences signalées dans
la ranuire et dans les caractères des molaires supérieures, j*ai cru
qu'il y avait lieu de faire du grand Cerf de Sain t-Prest une espèce
nouvelle, que j*ai wontméa Mt'gaceros Otrniitorum, pour rappeler
qiTelie vivait dans Tancien pays des Carnutes.
Je n'entreprendi-ai point de caractériser spécifiquement les trois
autres Cerfs de Saint-Prest, pas même celui qui me paraît identique
avec une espèce du val d'Arno, dans l'espoir que des i*estes plus
nombreux et sui*tout des dents apporteront bientôt de nouveaux
éléments pour ce travail.
Chepaf, — Le Cheval de Saint-Prest est représenté par quatre
molaires supérieures droites, dont une arrière-molaire, une
molaire supérieure gauche, et par une molaire inférieure.
Le caractère le plus remarquable des molaires supérieures est
l'étroitesse relative de la colonne ou pilier intérieur. (!e caractère
se retrouve dans le Cheval du val d'Arno, dans celui d'Auvergne
trouve par iM. Bertrand de liOm, et dans VEquus plicUivns^ Owen,
découvert daiis le crag rouge de Norwicb. La colonne du pliridcns
71& SfiANCI DU 7 ÀTAIL 1802.
est néanmoins encore relativement beaucoup plus large que celle
du Cheval de Saint-Prest.
IVlais le caractère le plus original des molair6ft de Saint-Prest
est de montrer sur la surface d'usure un tloC dVmail à la partie
postérieure entre la deuxième aire d'émail et la ceinture extérieure
d'émail qui fait le tour de la dent. Cet tlot se voit dans la figure
ci-dessous (fig. 2)
Fia. I.
où je n'ai marqué que les lignes d'usure de l'émail i a y représente
l'aire autérienre, à, l'aire postérieure, c, le pilier interne, </, rilot
d'émail. Sur le fût externe de la dent, une saillie longitudinale
marque la place qui correspond k cet îlot sur la surface d'usure.
Ce caractère ne se montre au reste que dans la dernière molaire
iuterne et dans celle qui la précède ; il fait défaut dana toutes les
autres.
Je n'ai pas en le moyen de comparer ces molaires supérieures
de Cheval à celles du val d'Arno, et j'ignore si ces dernières pré*
sentent le curieux caractère que je viens de signaler. Si le Che-
val de Saint-Prest n'est pas identique avec celui du val d Aroo,
il diffère certainemeut de VEquus plicideNs^ et mérite de former
une espèce à part. Il serait bien utile qu'un travail d'ensemble
tût entrepris sur les cheveaux fossiles ; parmi nos collèges, per-
sonne ne possède de documents aussi nombreux sur ce geure que
M. Lrirtet, et j'ai à peine besoin d'ajouter que peraonne n'eai plus
capable de lever les difficultés d'un semblable sujet.
Bœuf. — Je possède un nombre extrèmemeut considérable de
dents de Bœufs provenant des sables de Saint-Prest. Cet dents
ressemblent à des dents de Bœuf conservées au Jardin des plantes
et venant du val d'Arno; seulement elles y sont faussement rap-
portées au genre Cerf. On trouve également au JVluaéuin des
dents du Velay appartenant à la mêmeespècci qui semble être un
Bos voisin de l'Aurochs.
M. de Boisvillette possède également dans sa belle collection
des cornes du grand Btson priseus, Owen, animal qui a été trouvé
en Angleterre dans des couches pliooènes.
NOTI M M. LACQBL. liH
Rongeur de Saint'" Prest. — J'arrive enÔD à ranimai le pluâ
curieux peut-èue de la faune de Sainl-Piest; c'est un très grand
Rongeur, de taille un peu supérieure au Castor des tourbières.
Il est représenté par le crâne et par quelques os d'extrémité. .
Le crâne a été mis avec beaucoup de complaisance à ma dispo-
sition par IVJ. Bayle, à qui M. de Boisvillette en avait fait doa
pour la collection de l'École des Mines, et qui m'a permis d'ea
donner la description.
La ligne supérieure du crâne est droite et horizontale ; les na-
seaux sont brisés de façon à laisser voir la racine des incisives qui
font défaut. La partie supérieure de la tête n'est point une surface
bombée ; elle est plate vers la partie antérieure du frontal et pour
ainsi dire en forme de toit légèrement incliné vers les temporaux
et l'inter-pariélal.
Les arcades zygomatiques sont malheureusement brisées, et Ton
ne peut juger de la grandeur du ti*ou soua-orbitaire. Il y a cepen-
dant lieu, dans la position méine des attaches de l'arcade zygoma«
tique qui restent visibles, de faire une observation importante ; oil
peut constater que l'arcade s'étend beaucoup en avant de l'alvéole
de If première molaire antérieure, caractère singulier et excep-
tionnel, car généralement elle s'attache chez la plupart des Ron-
geurs en arrière de cette dent.
On peut donc être assuré que l'arcade zygomatique était très
étendue dans le sens horizontal, et occupait une grande longueur
par rapport à celle de la tète.
l.e frontal a une apophyse post-orbitaire extrêmement saillante
qui se rattache par une crête oblique à la ligne médiane du crâne.
Cet os est étroit entre les orbites; aussi, en raison de ce fait, comme
de l'extrême largeur de l'occipital, le haut du crâne affecte la
forme générale d'un triangle dont la pointe serait tournée en avant.
L'inter- pariétal est de forme triangulaire.
Bien que l'arcade zygomatique ait disparu, on peut juger aussi
par la position de ses extrémités que la concavité du maxillaire
au-dessous de sa base était extrêmement grande. L'angle de la
ligne supérieure du crâne et d'une ligne menée des palatins à la
base de loccipital est assez aigu, au lieu que chez un très grand
nombre de Rongeurs, chez la Viscacbe par exemple, ces deux
lignes sont à peu près parallèles, comme j'ai pu m'en assurer sur
une tète de Viscacbe que M. Lartet a eu la complaisance de mettre
à ma disposition.
La facette glénoide est très peu creusée, très large et très plate.
L*oociput est tronqué verticalement et a une largeur très frap*
716 sÊANOB DU 7 ÀtPAiL 4862.
pantc ; la partie postérieure de la léte est très évasée et a exacte-
ment la forme d'une demi-ellipse ; elle ne porte point d*apopliyses
mastoîdes, comme le Castor, la Viscachc et comme beaucoup
d'autr(*s Ronfleurs.
I«es caisses sont relativement petites ; elles ont une fbitue très
peu bombée. La région basilaire qui les sépare est creusée aases
profondément.
Les apophyses plcr y -moitiés sont brisées.
A l'intérieur, le fond de la cavité cérébrale est assez uni; la
selle est peu élevée ; il n'y a point d'apophyse clinolde, mais une
légère crête sur chaque rocher.
La surface externe du cn^ne estasses rugueuic, mais beaucoup
moins que chez les Paccas.
J'altiicrai spécialement Taltention sur la dentition de ce remar-
quable Rongeur. L'exemplaire que je viens de décrire porte trois
dents, In deuxième, la troisième et la quatrième ou dernière; la
première est brisée et il n'en reste que la racine dans Talvéole.
Ces dents sont cylindriques, À surface lisse, sans échancrurc interne
(comme chez les Paccas). Les deux premières présentent dans
l'intérieur du cercle d'émail deux sillons d'émail isolé dout U
convexité est tournée vers la bouche; la troisième dent, dont la
surface de trituration est presque double de celle de la troisième,
a une forme des plus singulières et des plus caractéristiques ; c^est
un triangle (voy. fîg. 3) dont la pointe la plus aiguë est dirigée ver»
le fond de la houche.
Kic. 3.
De caractère ne se rencontre chez aucun Rongeur ; on ne peut
confondre l'animal de Saint-Prest, ni avec un Castor, dont les
molaires ont de profondes échancrures, et dont la quatrième
molaire est arrondie et plus ])etite que les précédentes, ni avec le
Tro^oiitherhim Otvieri, dont le caractère est d'avoir des dents
dont la taille va en diminuant jusqu'au fond de la bouclic. {Cet
animal se distingue encore du Roivjnu* de Satnt-Preat "par 'On
ROTS 01 ■• LlllGiL. 7t7
nccipiil iclaùveineiU beaucoup moins large, par l'absence iïuu^
a)K>pliyse post-orbitaire du fionial). Les plis d'émail des Visc^cl^
sont beaucoup plus complexes que ceux des dents que je ^g^l'4
ici ; chez \vs Paccas, la ressemblance est plus grande, maiâ ieurf
dents montrent toujoui*s plus de deux sillons dVmail ; la deuxième
et la troisième ont trois sillons et un pointa un état d'usure un
peu avancé ; la quatrième a une écliancrure et trois sillons.
On cliercl>erait en vain parmi tous les genres de Rongeurs Tana-
logue de la dentition que je signale chez ranimai de Saint- Prest,
dont la dernière molaire affecte une forme si nettement triangu-
laire et une taille si remarquable. En joignant à cette considératioa
celles qui dérivent de Tétude du crâne, surtout en ce qui concerne:
rallongement dans le sens horizontal des arcades zygomatiques, le
développement des maxillaires dans le sens vertical, récrasement
et la forme aplatie de Tocciput, Tabsence d'apophyses masloides,
je me suis cru autorisé à créer pour le Rongeur de Saint-Prcst un
genre nouveau que je nomme Omodontes^ pour rappeler la foi*me
de la dernière molaire. Je désignerai l'espèce sous le nom de
Conodontes BoisviUetiij en le dédiaut à M. de Boisvjllctte qui s'est
attaché avec taut de patience à recueillir les ossements fossiles de
S:iint-Pre8t et en a fait don à la collection de l'Ecole iXcA Mines.
IjC grand Rongeur de Saint-Prest est encore représenté par le
quatrième métatarsien.
En résumé, la faune do Saint-Prest est composée des animaur
suivants :
Elephtis m ciidionalis ,
lihinoccros le/ttorhinus,
Hijipitpotamus major.
AJ(':;nvrros Onnutorum,
Crrvtts, trois espèces qui demeurent non spécifiées.
EqnuSf une espèce différente du plicitir/iSj et dont je n'ai point
voulu faire une espèce nouvelle, parce que je n'ai pu la
comparer à celle du val d*Arno.
Boxy une espèce.
Conodontes Bnisfilleitr»
en tout dix espèces.
I/enseniblc de cette faune a le caractère éminemment pliocène ;
on peut y remarquer l'absence des Mastodontes arveinensis qui,
dans l'Astésan, au val d*Arno et dans le crag de Norwich, accom-
pagnent VEle/ihas meridionalis^ le Rhinocéros leptorhinus et V Hip"
pbpotamus major. Aucun débris de ce genre n'a été rencontré dans
les sables de SainuifusliAe âîast^^n, fapirMi^é que j'ai Irouré
71 s B«Àii€B »u 28 atbh 1862.
moi-même dans le département d^Eure-et-Loir, à Auneux, se
trouve dans les sables miocènes de rOrléanais (équivalent aux
Ceihluns) avec les Rhinocéros de cette région et le Castor subpy»
renaicusy Lartet.
Séance du 28 a'ûfil 1862.
PAÉSIDBNCB DB M. DBLBftSB.
M. Danglure, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de
la dernière séance dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance, le
Président proclame membres de la Société :
MM.
Gabrigou» docteur en médecine, rue Valade, 38, è Toulouse
(Haute-Garonne), présenté par MM. Lartet et Ed. Collomb;
Olivbira (P. J. D*), ancien élève de PÉcole des Mines, rue
des Saints*-Péres, 25, à Paris, présenté par MM. Aug. Dollfus
et Paul Hébert \
Saporta (le comte Gaston db). à Àtx (Bouches-du-Rhône),
présenté par MM. P. Matiieron et Goquand.
Le Président annonce ensuite deux présentations.
DONS FAITS A LA SOCIÊTt.
La Société reçoit :
De la part de M. J. Barrande, Défense des colonies, IL In-
compatibilité entre le système des plis et la réalité des faits
matériels^ in-8, 62 p., 1 pi. Prague-Paris, 11 février 1862.
De la part de M. Giov. Gapellini, Le schegge di diaspro
dei monti délia Spezia, in-8, 1â p., I pi. Bologne, 1862.
. De la part de M. Charles Sainte-Glaire Deville :
1" Éruption du Fésui^e, Lettre à M. le Président de F Aca-
démie (extr. des Comptes rendus des séances de l* Académie
des sciences^ 1861, t. LUI), in-A, 6 p.
2* XI' à XIV lettres à M. Élie de Beaumont sur les Pké-
nomènes émptifs de l^ Italie méridionale (extr. des Compta
rendus de l'Acad. des se., 1802, t. LIV), iti-A.
DONS FAITS À Là SOCIÉTÉ. 719
De la part de M. G. Dewalque, JSotice sur le système eifélien
dans le bassin de ISaniur (extr. des lUdletins de V Acad. r, de
Belgique, 2« sur., t. XIII, d" 2), in-8, 18 p.
De la part de M. Jules Marcou, The taconic and hiver silw-
rian rocks oj l^erinont and Canada (extr. des Proceedings of
Boston Society of nat, hist., (5 novembre 1861), in-8,
pp. 239-253.
De la part de M. Rames, L^homme fossile des cavernes de
iMmbrive et de Lherm (Àriége), par MM. Rames, Garrigou et
Filhol, in 8, 92 p., 2 pi., Toulouse, 1862, chez Delboy.
De la pari de M. Malaise, De l'âge des phyllades fossilifères
de Grand-Manil (extrait des Bulletins de l'Acad. r. de Bel-
giqne, 2* sér., t. XIll, n" 2), in-8, 8 p.
D(^ la part de M. Searles V. Wood, A monogrnph ofthe
eocene mollusca, or^ Descriptions of shells from the older ter^
tiaries of Kngland^ part 1, Biçalçes^ in-4, 74 p., 13 pK,
Londres, 1861.
De la part de M. H. C. Sorby, On the organic origin ofthe
so^called crjstalloides of the chalk (from the Ann. and mag^
oj nal, hist,, septembre 1861), in-8, 8 p.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de t Académie
des sciences y 1862, 2* semestre, t. LIV, n°' 13 à 15.
Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d^a*
griculture de France, 2* sér., t. XVII, n** 4, 1862.
L Institut, n"- 1476 à 1477, 1862.
Bulletin de la Soc. indiist, de Mulhouse^ mars 1862.
Société imp. d'agriculture, sciences et arts de l'arrondisse'
ment de Falenciennes, Reifue agricole, etc,^ février 1862.
The Journal of rvf al Dublin Society, janvier et avril 1861,
juillet et octobre 1 861 , in-8.
The Athenœum, ir 1798 à 1800, 1862.
Zeitschri/t der Deutschen geologischen Gesellschafty 2* et
3* cahiers de 1861.
Reifista de los progresos de las ciencias exactas, fisicas y
naturales, t. XII, n** 2, février 1862.
Revista minera, t. XIII, n^ 286, 15 avril 1862.
Atti délia Societa di acclunazione e di agrieoltura in Siciiia,
t. U, nM.
720 sfcAwce DU 28 avril 1802.
Thejournalo) thc Bombay bmnch aftlie R. asiatic Society,
jdDvior 18ôî?.
M. Cb. Sainto-Claire Deville offre k la Société plusieurs
exemplaires des lettres qu'il a adressées à rAcadémie sur la
dernière éruption du Vésuve.
M. le Président donne lecture d'une lettre de M. Laugel
annonçant que ses travaux ne lui permettant plus d*exercer les
fonctions de secrétaire, il se voit dans la nécessité de donner sa
démission.
M. le Président annonce que le Conseil a proposé de choisir
Saint-Gaudens (Haute-Garonne) comme lieu de la réunion ex-
traordinaire de cette année ^ la première séance se tiendrait le
dimanche ià septembre.
La Société approuve cette proposition.
M. Hébert communique la lettre suivante de M. Lory sur le
gisement des gypses des environs de Vizilie (Isère).
Sur le gisement des gypses des environs de Vizilie [Isère) -^
par M. Gh. Lory (extrait d'une lettre à M. Ed. Hébert).
Grenoble, 6 avril 4 862.
' Je viens de revoir le gisement des gy|)Si*s exploités dans le vallon
de Champ, près Vizilie (Isère), et je suis heureux de vou^ annon-
cer la coiilirinaiion complète des prévisions que vous avcx expri-
mées récemmeiu au sujet de ces gy|tses (^«r//., t. XIX, p. 115).
Comme vous Tavez fait remarquer, la coupe que j'ai donnée de
cette localité (Bull.j t. XVI, p. 820 et Description gêoiogique Hu
Datiphinéj pU I, fig. 6) prouvait déjà que ces gypses appartiennent
à une même assise inférieure à tous les calcaiies du /fax qui affleu-
rent dans le vallon de Champ et séparée de ces calcaires par des
dolomies compactes. D*après cette coupe même et d*après les
résultats désormais acquis pour les gypses de la Savoie et ceux de
Digne, vous pensiez que nos gypses de Vizilie devraient se ranger
aussi dans le trins et « qu'un examen plus attentif des calcaires
»> avec lesquels les dolomies sont en contact me ferait découvrir
M les couches à Aviada contortn, »
Je viens en effet de trouver la iumachelle infra^liasique bien
caractérisée, avec Aviadn contarta et plusieurs autres foviles, sur
!'Sé™.TAIX,PL»l,PaSe629,
1 101 TCspoiidant aux div
phjiscs (le b uViilli- .
IIJck^.cGéoldeKrarce ,^^1?,^^^ i,', ?.'a"IX[X.PI ÂY, fa,^6R
Tngonia Daylei . AUoHfus
Il
P Albert GAUDRY, sur Ici £' Série T XIX, Pi, XV], Page 6
■|Grand:i6t. Fil6 Gvar\ii;ï 1^ '/?. Ornnil
■ r /iX.,Pl >;v! Paît 6£r,
ilÀ^ul Fijb lJ!iL^d^^l5•
115 Archiac
cntelici Ga
nus Archiaci ci. Gaud.
cntelici Gaud, rura Gaud.
r\
NOTK DE M. r.ARUAXOF.. 721
,11 poliil \\\\ vall.iu ilc(]Itaiii|) ^jiliu' au S.-(). <lc l'ancienne oaiTière
Ircton. Le niassil' de dolonûcs comparus qui forme le toit du
ypse est leeouvcrt d*al)oid par un petit banc de f^irs de 0'",iO
l'épaisseur; puis l'",20 de calcaire sableux, noir, très (issile; puis
nviron 5 mètres de calcaire noir plus nu moins coquillier, à
hicitld contât ta f etc.; au-dessus, viennent des bancs de calcaire
ublamellairc avec Entroques, puis les calcaires noirs schisteux à
iclenmitcs qui seuls avaient été sijjnalés jusqu^ici comme repré-
entant le //V/^.
Fas bouleversements très compliqués que les coucbes eut subis
lans le vallon de Champ ont donné lieu :\ beaucoup de petites
iiiiU'S locales qui iont souvent disparaître une partie de la série
les cou(^hes; et celte cireonstauce, jointe ù la rareté des fossiles
léterminablLS dans le lias et dans la lumaclielle injrn-liasique,
vait eni])èehé jus(|u'iei de recoimaître Texistence de ce dernier
lorizon. Les liyjfscs de Champ et de Vizille, qui renferment les
xploitations les plus importantes du Danphiné, appartiennent
lone an //vV/v, comnic vous l'aviez prévu, et Tborizon de Wlviculn
ontotta se retrouve encore ici, sur le versant occidental des Alpes,
onime Tindication nette et précise de la base du système liasUjuc,
M. Barrandc fait la communication suivante :
Avant crenlamer le sujet dont nous nous ])roposons d'entretenir
\ Société, nous demandons la permission de lui faire hommage
Tune nouvelle brochure que nous avons récemment publiée à
•ra;;ue, pour la défense de nos colonies [Dt'Jense des colonies^ 11^
i février ISO^).
La nature des faits nouveaux que nous indiquons dans cette
ublieation et que nous opposons au système des plis nous fait
ipérer que cette |>olémiquc commencée ù Vienne, il y a bientôt
X)is ans, se terminera procliainement, et qu'en présentant alors
î résumé des discussions, nous aurons le plaisir de mettre sous les
eux de la Société quelque dociunent final et aussi satisfaisant que
eux que nous venons lui communiquer aujourd'hui au sujet des
ébats relatifs a la faune primordiale eu Amérique.
hscntimcnt du professeur James Hidi et autres documents nouveaux,
nu sujet dr laftiunc primordiale en Amérique,
m
I. — Dans la séance du K avril 1861, nous avons eu Tlionneur
e communiquera la Société quelques publications récentes venant
Soc. gf''"f., 2' série, tome XÎX. 46
722 SÉANCB DU 28 AYRIL 1802.
de r Amérique du Nord et faisant suite à nos Docnmenis sur la
faune primordiale ft Ir système taconique.
La plus importante de ces publications, alors nouvelles, consis-
tait dans une leltre adressée par le professeur James Hall, paléon-
tologue officiel de l'Etat de New- York, aux éditeurs du Jtuirnai
anu*rirain des sciences et des arts. Le savant auteur de celte lettre
y comparait d'une manière sommaire les types de la faune pri-
mordiale d'Europe avec les genres trouvés en Amérique, soit sur
riiorizon du |;rèsde Potsdaui, soit dans le groupe de Québec, tel
qu'il a été défini en 1860 par sir W. E. Logan. Cette ooiiipaiaisoo
seuil lia il tendre à démontrer qu'en Amérique les plus anciennes
faunes paléozoiques ne se présentent, ni avec la même coin position
zoolo^^ique, ni dans le même ordre de succession, ni civec des
ditltM-enccs aussi tranchées que sur l'ancien continent. Gepeiidaut
le professeur J. Hall, loin di: formuler cette conclusion d'une
manière al»sulue et définitive, reconnaissait hautement la nécessité
d'étudier encore cette question. C'est ce que montre le passade
suivant, qui termine sa lettre.
M 11 ne m'est pas possible en ce moment de trouver le temps
» néccss'iiro pour une discussion complète de cet important sujet.
» En présentant ce piïtil nombre de faits sous cette (orme, je suis
» loin de le faire dans un esprit de chicane, ni pour tënioi(vnei
» aucune méiiance. dans une direction quelconque. 11 est clair que
» le cas qui se présente ne se rencontre ]>as dans le plan des faunes
» trilobiliques succt^sbives de M. Uarrande, et les faits découverli
M jusqu'à ce jour ne servent pas à éclaircir la difKculté. 11 est
Y évident qu*il reste à résoudre une question importante et einbar-
» rassanic, qui exi(;e toute lasi^^esse et la sa(>acilé des pins sérieux
» investigateurs^ ainsi que Tapplication de tontes nos eouuaissances
» en {'éolo^'ie struti(>raphique et en paléonlolo^yie, question daus la
M liiscussion de laquelle eh.icun doit apporter bonne volonté et
M indul{;ence, |)our faire accorder les faits discordants connue ils
» sont maintenant présentés. L'existence dans les roches de la
» point(; Lévis de tant ilc types de la faune seconde, associés avec
» un plus petit nund}re de types reconnus comme primordiaux,
» nous prt'ïsente l'alternative de considérer ces couches connue
N étant du second éta{>e avt'c la réapparition de types priinoixlîaux
N dans cette époque ou de ranger daus la zone priniordiale plu-
» sieurs (genres jusqu'ici considérés comme commençant leur
» existence dans la faune seconde. Dans les deux jcas, ces coinbi-
n n-iisons semblent jusqu^ici en discordance avec la ccuiccption de
N M. Barraude, relative aux fauuvs succesûvet des Trilobilci,
NOTE Dl H. BÀRRANDB. 723
>i telles qu'elles sont établies en Bohême et dans le reste de
M l'Europe.
» Quant à moi, je puis dire qu'aucune opinion antérieurement
» exprimée, ni aucune combinaison artiJicivUe de la stratigraphie^
» auparavant adoptée par moi^ ne m'empêchera d'abordei' la qucs-
n tion avec loyauté et franchise. Je n'ai pas provoqué une contro-
» verse sur ce point, mais il est bien temps que nous reconnaissions
n tous qu'il y a quelque chose d'un haut intérêt et de grande
n importance à déterminer, par rapport aux limites des faunes
» successives de nos plus anciennes roches paléozoiques. »
?tous avions traduit non-seulement ce passa{',e, mais la lettre
tout entière en l'accompap^nant de quelques observations, ^otro
note était achevée et préparée pour être publiée dans le Bulletin;
mais, au moment de la remettre, il nous sembla qu'il serait plus
sage d'en diUéier l'impression, parce que les hésitations exprimées
par notre éminent confrère américain nous paraissaient ne pouvoir
être que transitoires, s'il appliquait son attention à l'étude des
faits déjà connus, au sujet des faunes les plus anciennes sur les
deux continents.
Aujourd'hui nous sommes heureux de voir nos prévisions réali-
sées, et nous nous félicitons de n'avoir pas publié notre communi-
cation du 8 avril 4861, car les observations qu'elle renfermait ont
perdu tout leur à-propos et seraient complètement superflues, en
présence d'un nouveau document que nous avons à communiquer
à la Société. Ce document consiste dans une lettre que le professeur
J. Hall nous a fait Thonneur de nous adresser tout récemment,
c'est-à-dire environ une année entière après sa lettre du 28 janvier
1861, dont nous venons de reproduire le passage Bnal.
Il parait que, pendant Tintervalle de temps qui s'est écoulé
entre ces deux communications, le grand paléontologue américain
a sérieusement médité les faits relatifs à la question agitée, et que,
86 dégageant de toute opinion antérieurement exprimée, il a abordé
cette question avec franchise et loyauté^ selon ses honorables expres-
sions.
Cet examen approfondi a été suivi d'un résultat qui mérite toute
notre attention : c'est que le professeur J. Hall itrconuaît aujour-
d'hui que les Trilobites américains présentant les mêmes carac-
tères que les Trilobites de la faune primordiale d'Europe, au lieu
d'occuper, comme il le supposait durant un temps, un horizon
courouuant la divisiou silurienne inférieure, se trouvent réelle-
ment placés au-dessous de tous les autres groupes et fossiles de la
faune seconde, c'est-à-dire sur un niveau géologique correspon-
724 SÉANCE DU 28 AVRIL 1862.
dant à celui qu'occupe la faune primordiale dans toutes les contrées
de l'ancien continent.
L'établissement 6nal de cette liai*monie au sujet de la question
principale pouvait- être d'autant plus aisément attendu, qu'il
n'existait réellement aucune différence quelconque entre le pro-
fesseur James Hall et nous, en tout ce qui concerne les apprécia-
tions paléontologiques, car notre éminent confrère n'avait pas plus
hésité que nous à reconnaître et a constater par ses dénominations
les caractères propres aux Trilohites primordiaux. C'est une cir-
constance remarquable, sur laquelle nous avons déjà appelé
l'attention de la Société, dans nos communications de 1860 et
1861 (Documents, p. 289). Cette concordance se trouve encore
une fois constatée dans un passage de la lettre qui suit.
Ainsi toute la différence entre les vues du professeur J. Hall et
les nôtres était uniquement relative à la position géologique de la
faune primordiale, dont les éléments étaient reconnus. Sous ce
rapport, les opinions du grand paléontologue américain dérivaient
de l'interprétation d'apparences stratigrapliiqucs réellement obs-
cures et ambiguës, dans certaines régions des Etats de New- York,
Yermont, Massachusetts et dans le Canada. Comme nous l'avons
déjik dit, cette obscurité du terrain, co'incidant avec Tabsence
presque absolue de documents paléontoiogiques, a été l'unique
cause des dissentiments qui, depuis plus de vingt aus, ont divisé les
géologues américains, mais qui, grâce aux découvertes récentes
de fossiles nond}reux et bien caractérisés, semblent aujourd'hui
parvenus à leur terme.
Avec la lettre du professeur J. Hall, nous mettons sous les yeux
de la Société deux sections géologiques, émanant de la même
source et citées dans le texte. Ces sections sont déjà ancieimes,
puisqu'elles remontent à la période de 184^ à 1846, mais elles
n'ont jamais été publiées, bien qu'elles aient été gravées et miseï
dès l'origine entre les mains de divers géologues. Les exemplaires
que j'ai l'honneur de présenter ont été récemment. annotés au
crayon par l'auteur lui-même, pour monti*er que ses première)
opinions, conçues après l'exploration du terrain, divergeaieni
relativement peu de celles du professeur Emmoos, tandis que li
manière de voir admise depuis lors par le pi*ole8Beur J. Hall, sou
l'influence étrangère de la stratigraphie et de la chimie minéralo
gique, est devenue diamétralement opposée. Celte lettre exprime
rait donc en quelque sorte un retour du graod paléontologu
américain à ses premières impressions personnelles.
IfOTK DB M. BARRANDB. 725
Lettre de M, le professeur J ornes Hall.
« Albany, avril ^862.
» Mon cher luonsieur,
» Il est dès satisfaisant pour moi d'avoir une occasion de vous
communiquer mes vues sur Fàge de certaines formations qui
maintenant, après un intervalle de tant d'années, sont devenues
encore une fois le sujet de discussions, et je m'en félicite d'autant
plus qu'en relisant vos lettres de 1852 et de 1853, je vois que le
sujet delà faune primordiale en Amérique attirait, dès lors, votre
attention. Je regrette seulement de n'avoir pas été en état à cette
époque de vous donner des renseignements très satisfaisants. Je
regrette encore plus de ne vous avoir pas communiqué de temps
en temps, plus complètement, les faits nouveaux <à ma con-
naissance.
»» Je reviens donc à ce sujet avec plaisir, pensant remplir un devoir
envers la science que je cultive aussi bien qu'envers vous. Mes
vues primitives n'ont jamais été distinctement publiées, mais elles
ont été verbalement communiquées à l'Association américaine
des géologues et naturalistes, et elles furent bien comprises, si ce
u'est par tous, du moins par plusieurs de ceux qui s'occupaient
activement de recherches géologiquas durant la période de \%lxk à
1846. Les sections que je dressai, comme exprimant le plus claire-
ment qu'il m'était possible les relations de ces roches, furent
placées dans les mains de plusieurs géologues explorateurs, parmi
lesquels je citerai les professeurs Hitchcock et Adams. Afin de
faire comprendre clairement ce que j'ai à dire, il me semble
nécessaire de donner une courte esquisse historique du progrès
des recherches géologiques dans l'Etat de New- York, à partir du
temps du Geological Survey^ et ensuite j'indiquerai les vues anté-
rieurement conçues au sujet des roches de la vallée de Hudson
river.
n Durant le progrès du Geohgicnl Survey de New- York et vers
sa fin, il devint nécessaire pour les géologues explorateurs d'adopter
une nomenclature uniforme, puisque les diverses formations n'é-
taient pas connues par des noms établis. Le grès de Potsdam fut
reconnu comme la base fossilifère du système. A cette époque, et
même durant un certain temps plus tard, on ignorait qu'il con-
tint d'autres fossiles que lesLingules. Le grand groupe des schistes
et des grès argileux et autres avec des couches de calcaire impur,
726 sÉAHCi DU 28 AviiL 1862.
si larf;cment développé le lonjj de la vallée de THudson, fut nommé
Gfoujjr de Hudsnn river.
» Ces roches de la vallée de l'Hudsoii furent ref^aiilées par
MiVI. Mather, Eiiinions et Vanuxen» géologues des districts dans
lesquels elles se trouvent, comme étant du niénic âge que les
schistes et grès placés au-dessus du calcaire de Trentou, clans la val-
lée de la Mohawk et dans les comtés de Lewis. Oswego et Jcfferson.
On peut s^assurer en lisant les rapports de ces messieurs, que leurs
opinions sur ce point étaient en parfaite harmonie, i.es obser-
vations postérieures n'ont pas confirmé cette manière de voir.
» \jc docteur Ennnons appliqua le nom de Taronic System aui
roches schisteuses et aux calcaires placés plus loin vers Test, le
long dt» la frontière orientale de l'Etat de New-York et oc<*upnnt
la partie occidentale des Etats de Massachusi'tts et Verniont, en
plaçant ce système au-dessous du grès de Pots^lam. Le système
taconique, tel qu*il est illustré, par les sections de la planche XI
du G(()bi»ivat Stuvt'Y i\\\ second district, a sa limite occi<lenta1o
dans les villes de Ik^rlin, Peterahurgli et Hoosic dans le comté de
Rensselaer, et le groupe de Hu<ison river est indiqué comme
sVtendant jusqu'à ces villes, à environ 20 milh*sà Test de la rivière
Hudson. Unesemblahle extension est donnée au groupe de Hurlson
river dans les sections au droit du lac Cliamplain (1).
» J*insiste sur ce fait, parce que ma connaissance des roches
taconiques fut dérivée des vues alors maintenues et publiét^s par
(1) a Le système tRConique, comme son nom Tindique, est placé
» le Ions; des deux côtés de li chaTne taconique dont la direction
19 est à peu près N. S., ou parallèle, sur une grande distance, à la
B lii;DC frontière entre les États de New-York, (^nnecticut, Massa-
» chusctts et Vermout. Les comtés à travers lesquels passent les ro-
» ches taconiques sont West( bester, Colombia, Rensselaer et Washîng-
» ton, et, après avoir traversé l'État, elles s'étendent à travers toute
n la longueur de Vermont, ot pénètrent dans le Canada jusqu'à
» Québec, vers le nord C'est cependant dans Massachusetts, dans te
» comté de Berksbirc, que Ton trouve la plus satisfaisante exposition
» de ces roches, t'iles forment une zone dont la largeur estd^envtron
» 4 5 milles, le long do toute la frontière occidentale, et qui s'étend
n clairement jusqu'à la base occidentale de la chaîne taconique. Ainsi,
ft la plus grande largeur, comme on peut K^ voir par l'inspection d'une
» carte quelconque de cette contrée, est plus étendue sur le côté orien*
» tal que sur le côté occidental de cette chaîne. Dans le Vermont, les
1) mêmes roches s'étendent le long des membres supérieurs du groupe
Il de Champlain, et ainsi se trouvent en conDexion avec le second
A district. » (limmous, GcoL Kvport. Svawii ti/istn'ct, p. 436.)
NOTE DE M. BÀR&ÀNDB. 727
r auteur du systcnie. Ni les roches du groupe de Hudson river,
ni celles du système laconique ne s'étendaient dans la partie occl»
dentale de TÉtat de New -York, c'est-à-dire dans le district dont
rexploralion m'avait été particulièrement con6ée.
» Ce fut seulement en 1863, après avoir été chargé de la paléon-
tolo^vje de cet Etat, que mon devoir m'obligea de massurer s'il
existait une série distincte de couches fossilifères au-dessous du
grès de Potsdam. Dans le but d accomplir ce devoir, mes recher-
ches furent poursuivies, à partir des vallées de THudson et de
Cijamplam vers Test, passant de la zone bien déterminée des
roches de Hudson river au système taconique. Durant ces explo-
rations, faites principalement pendant les années i8/i/i et i8i!i5, il
me fut impossible de trouver le moyen de tracer une li^ne de
démarcation entre les roches de la vallée de l'Hudson et celles de
la chaîne taconique. Dans beaucoup de localités, j'avais constaté
que ces roches schisteuses sont placées immédiatement au-dessus
du grès de Potsdam ou quartzite granuleux. Cependant, comme je
l'ai dit dans mes premières communications à l'Association amé-
ricaine en \SU6t il m'avait été impossible de trouver nulle part
des fossiles distincts jusqu'à ce que, en approchant de la vallée de
l'Hudson, je rencontrai quelques localités présentant des fossiles
de l'âge du calcaire de Trenton, on bien des fossiles qui étaient
connus dans les schistes au-dessus de ce calcaire, dans la vallée de
la Mohawk.
n Un peu plus tard, le docteur Fitch et le docteur Emmons
découvrirent les Trilobites olénoïdes dans les sciiistes du comté
de Washington (New- York). Cependant la valeur de ces Trilobites,
pour la détermination de Tâge des roches, ne fut pas comprise à
cette époque, et toutes mes investigations slratigraphiques avaient
été faites dans la ferme croyance que les roches des vallées de
l'Hndson et Champlain avaient été suivies jusqu'à leur connexion
absolue avec les roches schisteuses de la vallée de la Mohawk e
de la contrée placée à l'onest Cette manière de voir était aussi
confirmée par la présence dans quelques localités des roches schis-
teuses dans la vallée d'Hudson ou dans les calcaires associés de :
Triniicleus tessellatus^ Asaphus [Isotrius) gigns, Orthis testudinaria^
Lrptœna sericea^ etc. y tandis que les nombreux graptolites, placés
à un niveau inférieur dans ces schistes, tendaient également à la
même conclusion. Ainsi, quoique vers l'est, aussi bien dans Ver-
mont que dans La partie occidentale de Massachusetts, comme
prèsd'Adamset de Williamstown, les roches schisteuses recouvrent
immédiatement les quartzites granuleux ou grès de Potsdam, en
728 SÉANCB DU 28 ÀYBIL 1852.
forniaut des inoutagnes élevées, je les trouvai en continuité phy-
sique et immédiate avec la grande masse dts schistes et autres
couches qui constituent le groupe de Hudson river AdXïS la vallée de
THudson.
D Un calcaire que j'ai identifié par ses fossiles avec le calcaire de
Trenton recouvre les schistes près de Hoosic, dans le comté de
Aensselaer et autres localités, taudis que dans heaucoup d'autres
endroits il ne paraissait y avoir aucun moyen absolu de détermi-
ner la position relative des calcaires et des roches schisteuses, un
hiatus existant ordinairement sur leur li^ne de contact. Dans
beaucoup de localités, par suite de failles dans les couches, le
calcaire paraît presque ou entièrement en contact avec le [«rès.
» Les sections que j'avais faites durant cette première période
de nos recherches étaient destinées à paraître dans mon premier
volume de la Paiœontology of ISciv-York ; mais, en 18^6, ayant
communiqué mes sections de Yermont au professeur Adams, alors
occupé de l'exploration géologique, je trouvai que ses vues, qu'il
me communiqua avant la publication de ses rapports, différaient
essentiellement des miennes. Le grès que j'avais déterminé comme
grès de Potsdam, d'après ses caractères lithologiques, sa position
stratigraphique et la présence de Scolithusy seul fossile que j'avais
alors trouvé dans cette roche, fut déterminé par le professeur
Adams comnie étant le grès de Médina, tandis que les roches
schisteuses, que j'avais regardées comme recouvrant le grès, furent
placées par lui au-dessous^ et indiquées comme correspondant aux
schistes de Lorraine, que nous considérions alors comme iden-
tiques avec le groupe de Hudson river. Cette manière de voir
me fit hésiter, et j'attendis la publication des résultats de l'explo-
ration de Vermont, avec l'espoir que je pourrais visiter et exami-
ner de nouveau ces localités pour revoir mon premier travail.
M Pendant que ces différences d'opinions étaient eu discussion,
il fut annoncé, d'abord devant l'Association américaine pour
l'avancement de la science, et, bientôt après, dans les rapports du
Canadian Survey^ que les roches schisteuses et partiellement mé-
tamorphiques des Grcen Moimiains avaient été suivies vers le
nord dans le Canada où, devenant presque horizontales, et per-
dant leur aspect métamorphique, elles se montraient clairement
identiques avec les roches du groupe de Hudson river ou schistes
de Lorraine. On assurait aussi que la composition chimique de
toutes ces roches avait prouvé leur identité.
» Cette manière de voir les relations des couches appuyait celle
qui avait été exprimée par le professeur Adams et contredisait les
IfOTB DB M. BARRANDB. 720
vues que j'avais conçues par rapport aux localités de Yerinont. Je
donnai mon entier assentiment à ces conclusions apparemment
bien fondées, et j'abandonnai mes propres opinions originales sur
les rapports entre les schistes et les grès.
» Des devoirs impérieux m'avaient empêché de visiter de nou-
veau les localités, et ce fut seulement en 1856, lorsque je vis pour
la première fois les trilobitcs de Georgia, que mon attention fut
de nouveau dirigée sur ce sujet. En 1857, ces trilobites furent
placés entre mes mains pour être étudiés et décrits. Il s'entend
bien que je ne pouvais pas manquer de reconnaître leurs carac-
tères primordiaux, et mon désir de visiter de nouveau les localités
de mon premier travail se réveilla. Mais, cédant encore une fois
à la croyance que les relations des roches avaient été complètement
établies dans le Surpey du Canada, je me bornai à différer la pu-
blication de ces trilobites jusqu'à ce qu'il me fût possible d'avoir
la dernière détermination de sir William E. Logan, au sujet des
couches renfermant ces fossiles. C'est cette détermination que
j'ajoutai dans la note qui accompagne les descriptions publiées.
» La succession stratigraphique des fossiles du nord de l'Eu-
rope, telle qu'elle a été donnée par Hisinger et qui avait été
adoptée par nous dans ce pays, me rendit, sans aucun doute, plus
disposé à accepter et à défendre ces vues; mais, sans Tappui de
ai hautes autorités en stratigraphie et en chimie, j'aurais hésité à
exprimer des vues opposées à celles que vous aviez avancées et si
complètement établies. Quant à moi, je reconnais très franche-
ment qu'en abandonnant ainsi les opinions que j'aurais dû main-
tenir au seul point de vue paléontologique, je suis devenu l'avocat
de vues erronées au sujet de la succession des plus anciennes
formations (1).
» Tant qu'il a semblé possible d'expliquer la présence de deux
ou trois formes primordiales, durant l'époque de la seconde faune,
[\ ) Ceci ne doit être entendu, ni comme une excuse pour moi-même,
ni pour un biftme quelconque pour mes amis, sir W. E. Logan et le
professeur T. Sterry Huut, dont je reconnais très amplement et très
cordialement la haute capacité et le génie. Bien que spécialement
dévoué à la paléontologie, j'ai depuis longtemps admis et soutenu
l'opinion que la chimie et la minéralogie pouvaient devenir, dans la
détermination de Tâge des roches métamorphiques, des guides aussi
sûrs que les fossiles, pour ce qui concerne les roches sédimentaires
non altérées. Cette opinion m'a disposé, dans toute occasion, à accepter
les résultats dérivés de ces sources, bien que quelquefois ils ne fussent
pas eo parfaite harmonie avec les prei^yes paléontologiques.
780 SÉÀNCB DU 28 AVRIL 1862.
coin me une colonie, ou comme les restes d'un a[;e plus ancien,
les résultats des observations de tonte nature se trouvaient en
harmonie apparente. iVlais le grand nombre de telles formes,
découvert auprès de Québec en 1860, a rendu cette conception
impossible, eli^l. fiillin(>s a été parfaitement fondé à demander
qu'on cherchât quelque autre explication pour les relations évi-
demment anormales et la position assignée à ces roches.
w En discutant cette question, je ne veux rien réclamer pour
moi-même ni pour mes anciennes vues, car nous devons aux in-
vestigations du Survry du Canada la solution finale de cette ques-
tion. Il reste cependant quelques vues divergentes, par rapport
aux relations entre les roches schisteuses et le grès de Potsdam.
Je vous exprime mon opinion, basée sur mes propres recherches,
principalement durant les années 184^ à 1846.
w Je vous prie de vous rappeler qu'à l'époque de mes recher-
ches personnelles dans ces roches, il n'avait pas encore été
clairement établi que le grès de Potsdam appartenait à la zoue
primonhale, et je trouve, dans Tune des lettres que vous m'avez
adressées eu 1852, un passage relatif à ce point et à Tabsence de
toute preuve, excepté celle qui est fournie par les Lingules. J'au-
rais cependant dû vous avoir informé qu avant cette époque j'avais
déterminé un fragment trilobitique des grès de Vermont, comme
appartenant au genre Conocephalites,
» Néanmoins, ce grès formait un horizon commode et sûr
comme terme de comparaison, et je le pris pour base, en faisant
mes sections à partir des vallées de THudson et de Champlain vei-s
l'est. Par intervalles, le long du lac Chauplain et vei*sson extré-
mité méridionale, la base de cette formation peut étie observée,
et nous ne pouvons trouver nulle part aucune roche schisteuse
passant au-dessous d'elle. D'un autre côté, dans le voisinage de
Whitehall, situé à l'extrémité sud du lac Champlain, le grès de
Potsdam se voit avec une inclinaison vers l'est, plongeant sous
les roches schisteuses. Dans plusieurs localités de Vermont, le grès
n'a éprouvé aucun changement essentiel, lorsqu'il reparait de
dessous les schistes ; mais dans iVIassachusetts, nous trouvons une
roche plus cristalline^ connue sous le nom de quartz ^ninttieux,
et présentant les mêmes relations avec les roches schisteuses. Je
l'ai toujours rapportée sans hésitation au grès de Potsdam.
» Dans la partie nord de l'État de New-York et ailleurs, le grès
de Potsdam est recouvert par le grès caicijcrc ou calcaire i..f.^ac''
sien inftrttiu\ A l'est de la rivière Hudsou, autant que j'ai pu
l'observer, nous ne trou vous pas cette roche au-dessus du grès;
HOTE DB M. BARRÀNDB. 731
mais au sommet ou dans la partie supérieure des roches schis-
teuscs, uous avons une roche ressciubluitl beaucoup au grès caU
cifère, tandis que, dans la même association et au-dessus de la
plus grande masse de ces schistes, nous avons un calcaire bréchi-
forme. Je conçois que ces roches schisteuses avec leurs grès im-
purs, les conglomérats, le calcaire bréchiformc et le grèscalcifère
(ou une roche qui lui ressemble), sont placées entre le grès de
Potsdam et le groupe du calcaire de Trenton. L'existence du
calcaire en juxtaposition apparente avec le grès ne me semble
pas être la relation naturelle de ces deux roches.
» La relation de ce groupe de schistes, etc., avec le grès de
Potsdam me semble être celle d'une formation supérieure. D'après
aucun des affleurements que j'ai vus dans la région disloquée à
Test de la rivière Hudson, je ne puis expliquer les phénomènes
qui se présentent dans la supposition que le grès est la roche su-
périeure. Les roches schisteuses avec les couches associées forment
de longs plis synclinaux, offrant souvent les conglomérats comme
la formation la plus élevéç, tandis que quelquefois les parties su-
périeures sont le calcaire bréchiforme ou un grès calcifère. Le
grès de Potsdam semble être sans aucun doute la formation infé-
rieure de cette série.
>» Cependant, lorsque nous essayons d'établir la succession des
formations suivantes, nous rencontrons beaucoup de difficultés
dans tous les points que j'ai examinés. Car il est très vrai que,
tandis que les fossiles trouvés dans Vermont et une partie de ceux
des con)tés de Washington et de Rensselaer appartiennent à des
types primordiaux, il y a néanmoins des localités où les affleure-
ments les plus élevés, dans ce qui parait être des plis synclinaux,
conservent quelques courbes qui présentent seulement des fossiles
de la faune seconde. Le même fait est vrai dans d'autres localités
le long de la vallée de l'Hudson où l'on n'a reconnu jusqu'à présent
aucune dislocation ou faille entre les roches contenant les fossiles
de la faune seconde, bien qu'elles soient séparées les unes des
autres par une considérable distance ou épaisseur des couches.
» Tandis qu'il semblerait que les localités près de Québec pré-
sentent un passage assez complet de la faune primordiale à la faune
seconde, celles que nous connaissons plus loin vers le sud n'offrent
pas la transition graduelle, mais présciitent des exemples où les
schistes de la seconde période ont été déposés, peut-être en discor-
dance, sur ceux qui renferment les fossiles de la faune primor-
diale.
» Dans toutes les localités à graptolites que j'ai examinées dans
782 sÉÀifCB DU 28 AVRIL 1862.
la vallée de l'Hudson, il n'y a pas d'autres fossiles associés dans
les mêmes couches, el les fossiles de la faune seconde connus dans
celle vallée se trouvent dans quelques localités isolées, et évidem-
ment beaucoup au-dessus des couches à graptolites. Je suis donc
induit à rapporter les graptolites des roches de la rivière lludson
à la faune primordiale, à laquelle il semblerait aussi que les
graptolites de la Pointe-Lévis au Canada doivent appartenir. Nous
savons déjà que les graptolites sont représentés par le genre
Dendrograptus dans le grès de Potsdam, el des recherches récentes
ont aussi constaté sa présence dans la faune primordiale du nord
de l'Europe.
» Vous concevrez donc que, si mes vues touchant les relations
de ces roches sont exactes, la vallée de la rivière Hudson, à partir
des montagnes du nord jusqu'au lac Champlain, sauf un petit
nombre d'exceptions peu considérables, est occupée par les roches
de la zone primordiale, c'est-à-dire par les roches placées entre
le grès de Potsdam et le groupe de Trenton. Ainsi le groupe de
Hudson River dans ses localités typiques appartient à la période
primordiale. L'identification de ce groupe de couches dans la val-
lée de l'Hudson avec celles de la seconde période, qui sont dans
la vallée de la I\Ioha\vk, a été erronée. Au lieu de chercher à
l'est de l'Hudson, comme nous l'avons fait, la ligne de démarca-
tion entre les roches de ces deux périodes, nous devons la chercher
à l'ouest de cette rivière, où \ hiatus^ qui probablement existe,
est resté inaperçu, à cause de l'accumulation du diluvium.
» En vous donnant ces faits et conclusions comme les résultats
de mes propres observations, je ne puis, sans faire tort à l'histoire
de la science et des progrès de la géologie dans ce pays, passer
sous silence les premières vues conçues et enseignées durant
longues années par feu le professeur Amos Ëaton, au sujet de la
succession des formations, dans la vallée de la rivière Hudson et
à l'est de la même vallée. Dans sa classification géologique, le
professeur Ëaton établissait les roches schisteuses comme base du
système de transition, sous les noms à^argiiite et de première
grautvatAe, cette dernière roche renfermant le grès grossier ou
conglomérat de la chaîne de Shawangunk, Dans cette série primi-
tive étaient compris le quarlz granuleux et le calcaire granuleux.
» Le tableau suivant, qui présente les noms donnés aux forma*
lions par Eaton et ceux qui ont été récemment adoptés, montrera
jusqu'à quel point nos vues actuelles coïncident avec celles qui ont
îDseigné^ il y a trente ans.
NOTB DE H. BARBÀNDB. 733
.- „ NOMENCLATDRB DD Gcol. SttrvcY
NOMBNCUTURE DE EATON. xt -. V
DE MeW-iORK.
Calcaire métallifère j Calcaire de Trenton, renfermant
b [ les calcaire de Bird's eye et do
a ) Chazy.
Grès calcifère, géodique et schis- Grès calcifère, ou calcaire magné-
teux. sien inférieur.
Calcaire spathique Calcaire spathique, bréchiforme
et concrétionné.
Première grauwacke \n x ^ ^ - jou i
n X ■ A k- »^ ^.« JGrès grossier de Shawangunk, et
Grès grossier, grès schisteux, etc. f„juj ji
A .,? ; ° , , k- * ? groupe de Hudson river de la
Argilile renfermant les schistes i ^ i,/ , ,,„ .
° , , 1 vallée de 1 Hudson.
argileux, etc j
Calcaire granuleux Considéré comme représentant le
calcaire métamorphique de
Trenlon.
Quartz granuleux, quartz sableux Grès de Potsdam.
et quartz compacte.
» Vous reconnaîtrez combien la classincation de Eaton se rap-
proche de celle que nous croyons maintenant représenter la suc-
cession dans celte région disloquée,
>» Dans sa série secondaire inférieure {lower secondary séries),
qui suivait la série do transition en remontant, Eaton plaçait la
seconde grawauckc immédiatement au-dessus du calcaire métal-
lifère ou calcaire de Trenton. Cette seconde grauwacke renfermait
le schiste d'Utica et les schistes de Lorraine, en se terminant par
le conglomérat d'Oneida et comprenant Textension vei*s l'est du
grès de Médina. Il avait très distinctement reconnu ces roches
schisteuses de la vallée de la Mohawk dans leur véritable position
géologique et comme constituant un groupe distinct des roches
schisteuses de la vallée de THudson. En parlant de ces dernières
roches, il a dit très positivement qu'à l'ouest de la rivière Hudson
il n'avait jamais été capable de les suivre jusqu'à leur contact
avec tes formations suivantes. Ce fait, s'il avait été bien remar-
qué, aurait pu causer quelque hésitation, avant qu'on se décidât
à réunir dans un seul gi-oupe les roches schisteuses de l'Hudson
avec celles de la Mohawk.
»> Il est vrai cependant que Eaton unissait les couches schis-
teuses, qui sont à l'embouchure de la Mohawk et qui renferment
TrinucleuSf avec la grande masse des roches de la rivière Hudson ;
il a aussi indiqué ce fossile comme caiactérisant la première
grauwacke. Il noi|S reste à reconnaître les véritables relations de
73A sÉAifCB nu 28 avril 186^.
ces couches contenant des fossiles de la faune seconde, par rappoi
aux roches schisteuses du véritable groupe de Hudson rÎTer.
» Agrëez, etc. J. Haix. »
n Po^t-scHptttm, — Au sujet du ^rès de Potsdam, je puis Toui
faire connaUre que, dans TEtat de Wisconsin, il existe plusiear
localités qui permettent d'étudier les couches inférieures de celU
formation et son contact avec les roches placées an -dessons. Dan
CCS lucnlités, les couches inférieures du (>rès dePotsdam prenneni
le caractère d'un con^'loinérat ou d'une brèche^ le sable ^lis rea
fermant des cailloux roulés et des fragments d'un quartzite rouge
et brun, des fragments de jaspe, etc. Ëii traversant un coii(*lomé-
rat intermédiaire, principalement composé de cailloux de quart-
zite brun, nous atteignons un quaitzite inférieur massif, louge el
brun et gris brun. Cette roche semble homogène dans les cassures
fraîches, mais les surfaces, décomposées  rav*, montrent des lignes
de défiôt et fréquemment des traces de lamination diagonale, arec
u.e séparation distincte des matériaux fins et grossiers. Cette roche
a été évidemment métamorphosée, tandis que le grès qui lui suc-
cède ne présente aucune trace de semblables influences. Le grès
de Potsdam et le grès calcifèi^ ou calcaire magnésien inférieur
forment un groupe naturel, d'après les nombreuses alternances
des matériaux, h leur jonction, tandis que les trilobites du grès
(le Potsdaiii se trouvent dans le calcaire magnésien inférieur. »
Il résulte de la lettre qui précède, que la question principalei
relative à l'existence et à la position géologique de la faune pri-
mordiale en Amérique, an-dessous de la faune seconde, se trouve
aujourd'hui résolue d'une manière satisfaisante, par Tasse nti ment
que vient de donner la plus liant-* autorité paléontologique aux
vui^'S générales que nous avons exposr'es dans nos Documents en
1860 et 1861 {Hnll.. XVII, p. -203).
Nous espérons que cet accord, que nous devons principalement
attribuer aux récentes découvertes palik)ntologique8, entraînera
' prochainement tous les autres géologues américains, qui pour«
raient encore hésiter à reconnaître la grande et belle harmonie
qui existe sur les deux continents, dans la succession des première!
1 aunes paléozoiques.
Mous constatons en |>a8sant que, depuis la reprise récente de
cette (|ue8tion, le professeur Hitchcock est le seul, à noti-e Con-
naissance, qui paraisse publiquement persister dans l'ancienne
manière de voir, suivant laquelle les si^histes de Georgia renfer-
mant les trilobites de formes primordiales devraient être placés
NOTB DE M. BÀRRAIIBB. 786
sur rhorizoïi de la faune troisième silurienne, ou peut-être même
dans le terrain dévonien. Cette opinion aurait été récemment
énoncée dans la Géologie de Vermont^ suivant un article que nous
lisons dans VJmcricon /aurnal[nmrs 1862), p. 283, et qui ne porte
d'autre signature que la lettre T.
La solution de la question principale laisse encore à disenter
plusieni*s questions secondaires qui, touchant à des faits stratîgra-
phiques, ne sauraient être traitées que par les savants à portée de
faire de^ observations personnelles sur le terrain.
Ainsi, en lisant la lettre qui précède, on remarquera que le pro-
fesseur J. Hall considère toute la masse principalement schisteuse,
occupant la vallée de THudson et connue jusqu'ici sous le nom de
Hudson river group^ couronnant la faune seconde, comme devant
faire partie de la série primordiale avec le grès de Polsdam. Ce
nouveau groupement de deux formations jusqu'ici considérées
comme occupant les liniites extrêmes de la division silurienne in-
férieure, est tout à fait analogue an déplacement vertical que sir
W. £. Logan a fait subir au groupe de Québec, ainsi que nous
l'avons annoncé dans nos Documents. La masse schisteuse de la
vallée de THudson, renfermant de nombreux graptolites, Texis-
tence de ces fossiles sur l'horizon de la faune primordiale serait un
fait particulier au continent américain et digne de la plus grande
attention. Il testerait à établir les relations, soit paléontologiques,
soit stratigrapliiques, entre ces graptolites de la vallée de THudson
et ceux de la Pointe-Lévis, près Québec.
Le professeur J. Hall exprime aussi l'opinion que le grès calci-
fère ou calcaire magnésien inférieur, se reliant au grès de Pots-
dam dans it'S régions de Touest, par un passage minéraloglque
dans la nature des roches, par des alternances straligraphiques,
comme aussi par la propagation verticale de certains genres trilo-
hitiques, devrait être également compris dans la série primor-
diale.
Il résulterait de ces indications, comme de celles que nous
avons déjà signalées an Canada, que les faunes primordiale et
seconde seraient liées en Amérique par des coimexions zoologiques
plus étendues que celles qui existent entre elles sur Tancien con-
tinent.
Les documents relatifs à ces questions ne sont pas encore assez
nombreux ni assez explicites, pour qu'il nous semble à propos de
nous étendre en ce moment sur ce sujet, mais nous nous réservons
d'en entretenir un jour la Société, lorsque le progrès des obser-
vations et des pubhcations de nos confrères américains aura fourni
7S6 SÉANCB DU 28 ÀYRIL 1862.
des lumièi'cs suffisantes sur les points iniporlanls que nous venons
d'indiquer.
Nous constatons seulement aujourd'hui que plusieurs saranti
s'occupent activement de la recherche des faits paiéontologtques
et stratigraphiques qui doivent contribuer à la solution des ques-
tions secondaires, telles que la distinction et Tordre de superpo-
sition des divers étages de la série primordiale , leurs relations
stratigraphiques avec Thorizon des grès de Potsdani, la nature
des fossiles qui caractérisent ces subdivisionSy et enfin les con-
nexions qui peuvent exister entre la faune primordiale considérée
dans son ensemble et la faune seconde.
II. — D'après deux lettres publiées en novembre 1861, dans
les Comptes rendus de t Académie des sciences^ et d'après deux
autres documents que notre honorable président vient de présenter
à la Société, au nom de M. Marcou, nous voyons que notre savaut
confrèi'e résidant à Boston prend une part très active à ces recher-
ches et qu'il a entrepris de nouvelles explorations dans le Yermout
et le Canada, durant l'automne de 1861.
Les résultats principaux de ces explorations sont exprimés de la
manière la plus concise et la plus claire dans deux sections théo-
riques publiées par M. Marcou dans les Proceedings de la Société
d'histoire naturelle de Boston (séance du 6 nov. 1861). Nous
croyons donc utile de reproduire ici ces deux sections. L'une est
prise dans la contrée aujourd'hui célèbre de Georgia et de Saint-
Albans, dans l'Etat de Yermont, et l'autre dans la localité non
moins remarquable de la Pointe-Lévis, près Québec, au Canada.
NOTE BB M. BAKRaNDB.
747
Section théorique des roches laconiques supérieures et des roches
siluriennes injérieures, dans t État de Vcrmont^ suivant M, /.
Marcou, novembre 1861.
6
S
p
«0
GROUPES.
SchUtea de Lorraine
(Hudaon riverj.
Scbute» a^Ulira.
Calcaires de Trenlon.
Calcaires de Black ri-
ver, Bird's eye el
Cbasy.
Grès calcifère.
PIEDS.
40
60
40
LOCALITÉS, SUBDITISIONS ET FOSSILES.
Péiiintule d'Alburgh.
Higbgale Sptiog».
Hi({hgate Springs.
A la base, un Ciilcuiru blea très fossilifère,
avec Ampyx HtiUi ; — f pieds. — Uigbgatc
Spriug.'i.
/ 3. Scbittles gris et blana, contenant des no-
/ dules U*un calcaire bleu, avec des fossiles ;
environ f30 pieds. A l'eslde Phillipsburgb
(Billings).
3. Cblcbire bleu et noir, très fossilifère [Ba-
700 V Ihyitrus Saffordi)\ environ 300 pieds.
h / Phillipshurgh (Billings). Baie de Saiot-
900 \ Albuiis.
1 . Calcaire gi i& el presque lilanr, contenaut
de nombreuses veines spatbiques; marbie
et calcaire magnésien; environ 3o0 pieds.
Pbillipsburgh (Billings). Buie de Saint-
Albsns, Swantou.
V
o
D
P
«
§
<
H
P *
II
Recourre les roches laconiques en stratification discordante.
Grès de Potsdam.
Lingula flags
Schistes de Georgia.
Groupe de Sl-Alba«s.
300
&
4U0
: 4. ConglorocriitdolomiUque;30 pieds. Saint*
' Albans.
rouge, avec Conocephaliles AdamtH
Fnlcanut; 80 piv<<s. Suxe's Milb,
Albans
t Ainan
\ 3. Grès
iOO 1 et C.
& / Saini-
ii. Dolomie; 150 è 200 pieds. Saxe's MilU,
I Swanioii, Saint-Allians.
1 1. Grès rouce et blanc; 40 pieds. Baie de
\ Suiul-Alkans.
800 i Schistes brnns, gris et noirâtres, avec Liri'.
n \ if"'«» Orthisina^ Orthis, Chondrites,
600 I Gmptolites. Highgate Springs.
500
h
600
Schistes gris, noirs, sableux, avec Paradoxi-
d»s {Oleneltuê) Thompsoni, P. vermon-
tnna^ Pellura hotopygn, Con. Teucmr^
OboUila cingulftta, Orthisina festinata^
Camerella antiquala^ Chondrites^ Fun-
gus. A Touest de Goorgiu, Swanlon.
S500
3000
ni
iScbisles gris, bruns et rougeâlres, contenan
de grun'ies niasses lenliculuires d'un cal
cuire gris blanchAire, très dnr (trilobite)
Saiot-Aibans, centre de Geoigia.
Qnartsites, conglomérais el schistes talqnenx, entre Saint-Albantel Fairfield;
masse appartenant au système laconique inCérieur.
BIS
Soc, géol.y 2* série, tome XIX,
47
3
M
P
M
738 8fiANCK DU 28 AYUIL 1862.
A Tappui de ce tableau, M. Marcou présente quelques remarqt
au sujet de chacune des subdivisions ou étages locaux, qui j so
indiqués.
D'après les travaux récents de divera géologues dans les Etats
New- York et de Yermont, et principalement d'après les déco
vertes de M. Billings dans le Canada, le grès calcifère, autreine
nommé calcaire magnésien inférieur^ présente, dans ces rëgioi
une importance beaucoup plus grande que celle qui lui arait^
primitivement attribuée. On voit, sur le tableau de M. Marco
que cette formation occupe une hauteur verticale de 700
900 pieds, c'est-ù-ilire environ la moitié de la hauteur totale i
la division silurienne inférieure dans le nord de l'Amërique. i
richesse palconlologique, qui n*est encore connue que par d<
évaluations approximatives, semblerait devoir au moins ëgali
celle de Tensemble de tous les autres groupes de la même divisioi
Mais il nous semblerait prématuré d'exprimer cette richesse reli
tive par des chiffres quelconques.
Ce que nous connaissons de cette première phase de la faun
seconde par diverses publications du professeur J. Ha IL et d
M. fiillings; et surtout par les communications particulières de c
dernier, suffit pour nous montrer que le grès calcifèrc renferm
un grand nombre de mollusques, parmi lesquels se IrouTen
beaucoup de Céphalopodes. Cette circonstance, copibinée avec le
formes de ces derniers, imprime à cet ensemble de fossiles 1
caractère non méconnaissable de la faune seconde, bien qu*à li
base de cette formation il paraisse exister divers genres et mém<
quelques cs|>èees qui auraient déjà apparu clans la faune primor-
diale placée immédiatement au-dessous.
Le tableau précédent montre aussi que ]\I. IVIarcou considère II
grès de Potsdam comme couronnant la division supérieure du
système taconique. Cette formation siliceuse, depuis longtemps
connue dans le Vermont sous le nom degrés rouge [rt*fi santlrock)^
avait été incorrectement appréciée dans ses rapports géologiques,
par suite de ce seul fait, qu'on n'avait pas accordé assez d'attention
à la recherche et à la détermination des trilobites et autres fossiles
qu'elle renferme. En effel, le professeur C. B. Adams, et après lui
divers autres géologues, ont supposé que ce red sandrnck de
Yermont représentait le grès de Médina ou le groupe de Clinton,
c'esi-àdire la base de la division silurienne supérieure. Mais, grâce
aux observations à la fois paléontologiques et stratigraphiques de
M. Billings, en 1861, et aux recherdies actives faiteb par le révé-
i*end J. B. Perry et par le docteur G. M. Hall, il a été récemment
NOTE DE H. BARRANDB. 739
établi, d'une manière évidente, que ce grès rouge, qui a déjà
fourni plusieurs espèces de Conocephalites^ fait partie de la série
primordiale.
Nous ferons remarquer que iM. Marcou, dans sa section, sépare
le grès de Potsdam {recl sandrock) des schistes de Georgia, qu'il
place beaucoup au-dessous. Au contraire, M. Billings, dans un
article publié dans Y American Journal qf science^ janvier 1862,
au sujet de ce mèine grès rouge, constate, à la page 102, que
dans une localité située à un mille et demi a Test de Swanton, on
voit ce grès alternant avec les schistes noirs de Georgia, qui ren-
ferment les trilobites caractéristiques de cette formation.
Les trois autres formations indiquées par M. Marcou dans le
système taconique supérieur ne paraissent pas bien tranchées
dans la nature, et n'ont été distinguées que par quelques fosiiles,
pour faciliter l'étude de cette masse, dont l'épaisseur totale serait
de (lOOO k 5000 pieds.
Quant au système taconique inférieur, dont M. Marcou évalue
approximativement la puissance à 10,000 pieds, sa faune n'est
encore indiquée par ancun fossile dans la contrée explon'c.
Voici maintenant la section théorique faite par M. IMarcou à la
Pointe-Lé vis près Québec, et qui semble atteindre à peu près les
mêmes limites dans le sens vertical.
SÉAMCB OU 28 AVRIL 1862.
Seetian théorique de* rocher oux enviromê tie Québec,
suivant M. J, Utircou, 9 novembre 4861 .
GROUPES,
P..»..
LOCALITÉS, SUBDIVISLCWS et roS5IL,E&
1
1
1
SchiilFi •!> Lormiii*
{lUina ri.fr).
Hnaliu.
Sch,.l« d'Olic.. . . .
«
Cile.ir« d> Trtnlon.
30
G,™p.,,,BL«kri..,.
Non .«.
G,i, r>\da,,
• vacd» co<iBl<>i»ui>.litI.iiirjlc»i>e M»
L Qu.WrlPnlnl«-Wn..
Ift, - hçhlu« ir^, q..<.,a^i. nni.Iu,,
i ciiirp gril. L( «Icilri a-l irù* fsHtlibaL
1 Oo(*/iirM Saffonll, B. Cordai. Etr<i
r i^i/an, < ii;. T'ria du Cur^, .'. l3 Pa.uK
UtIi. Lu pinli laHriiiire lia « ■roui»
GrtiJoPotlilam.. . .
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—
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HP. -...
Scl,W„a,0.,„Bi...
Non™.
f
/.. - S^biX» f[l., I.™i.. tl a„l,». d. u i.K^
J. Oilnlor.ï l'r» ,1< Ip roinla-L.ïii. ri
\ K:""",'. '"''"' """"■''■''" =î^ "iVlrrBriî
3000 ; .la Guy?. La oleoua .Il U Bailuule lin-
b. — ScbliUi riii(ai, cl fit d> SUIrrj at d(
1
m. — Comme terme important de comparaison, noua repro-
duisons imiiiéilialemcnt après la seition <le M. Marcou une autre
s<-rtioii tln^oriciiie des mêmes L'iivirons <le Québec, publiée un peu
nii)>niavniit )iar air W. Ë. Log.in, dans le courant de la uièuie
aiuicc 1861.
NOTE DB H. BAHRAUBI. 7^1
Section théorique aux environs de Québec^ par Sir fV* E. Logan,
— Considérations relatives au groupe de Québec, Mai 1861
[Considérations relating to the Québec groupe etc.).
GROUPES. BOCHES.
Hudson river u^ Schistes gris foncé, et grès.
Utica u^ Schistes noirs.
Bird's eye, Black river
et Trenton b Calcaires.
f q^ Grès et schistes rouges (Sillery).
Québec. l q^ Schistes rouges et gris.
= J <7^ Schistes verts et gris, et grès.
(Chazy et grès calci-j^' Grès et conglomérats magnésiens.
fère) 1 q^ Grès verts.
\q^ Conglomérats magnésiens et schistes.
PobîHam f^^ Grès.
\p^ Schistes noirs et calcaires.
Laurentien g Gneiss.
Nous regrettons beaucoup qu'en publiant cette section, sir
W. E. Logan n'ait pas8onf;p à indiquer la correspondance qui doit
nécessairement exister entre ses nouvelles notations ^1-72, etc.,
appliquées aux formations du groupe de Québec et les nota*
tions A1-A2, etc., B4-B2, etc., antérieurement données par
lui au sujet de ces mêmes formations, dans la lettre qu'il nous a
fait riionneur de nous adresser le 31 décembre 1860 {Bull,,
1861, t. XVIÏI, p. 309).
En comparant ces deux sections idéales de cette même contrée,
nous ferons remarquer qu'elles concordent en ce que nous con-
sidérons comme le fait principal, tandis qu'elles diffèrent nota-
blement au sujet des faits secondaires.
Le fait principal que ces deux sections s'accordent à constater,
c'est que les formations renfermant les formes trilobitiques de la
faune primordiale sont également placées sur un horizon inférieur
à celui de la faune seconde, ou du moins à la base de celle-ci.
Les faits secondaires, au sujet desquels les deux savants géo*
logues nous présentent des opinions divergentes, consistent dans
l'appréciation du niveau géologique de certaines formations et de
leur correspondance avec les étages considérés comme types, dans
les Etats de New-York et de Vermoni.
1. -^ Le calcaire occupant, suivant sir W. E. Logan, l'horizoïi
7&2 SÊÀKCB m 28 àteil 1862.
le plus bas à la Pointe- Lévis, près Québec, et désigné par lui sous
le nom de conglomérais magnésiens 9% est placé à la base du groupe
de Québec ou du grès calcifere, immédiatement au-dessus du grès
de Potsdam. Au contraire, M. Marcou, en nommant calcaire de
la Redoute les rocbes qui lui paraissent les plus inférieures dans
cette localité, leur assigne une position beaucoup au-dessous du
grès de Potsdam, dans son groupe de Saint- Albans, à la base du
taconique supérieur.
II. — Les grès et schistes rouges de Sillery, indiques par sir
W. £. Logan au sommet du groupe de Québec, constitueraient,
suivant M. Marcou, la formation la plus basse de son groupe de
Saint-Aibans.
III. — Sir W. E. Logan considère certains grès, schistes noirs
et calcaires jj^-p^, comme représentant le grès de Potsdam
et les schistes de Georgia, tandis que IVI. Marcou n'admet pas
que ces étages soient représentés dans la contrée de Québec.
Il nous semble que de telles différences, dans la manière devoir
decesdeux géologues, sont très concevables et presque inévitables,
puisqu'il s'agit d'une contrée où les formations ont été disloquées,
et où les études stratigraphiques et patcontologiques sont encore
incomplètes. D'ailleurs une semblable diversité doit se manifester
fréquemment, par suite de l'idée encore trop prédominauie
qu'on doit retrouver partout les mêmes horizons géologiques et
les mêmes sulxlivisions, correspondant aux types d'une contrée
plus ou moins éloignée, qu'on choisit arbitrairement pour
modèle.
Outre les différences stratigraphiques que nous signalons, nous
devons indiquer aussi entre MM. Marcou et fiiilings une diffé-
rence paléontologique qui aurait quelque importance, au sujet
du genre Bnthyurus, Ce type, fondé par M. Billings, serait repré-
senté, suivant lui, dans la faune primordiale comme dans la faune
seconde. Au contraire, selon M. Marcou, ce genre n'aurait apparu
que dans la faune seconde et n'existerait pas dans la faune pri-
mordiale.
Par suite des explorations et des études qui se poui*suiveut
en ce moment, les savants, dont nous constatons les différences
d'opinions sur ces questions secondaires, ne peuvent manquer
d'arriver à une complète harmonie.
IV. — Parmi les recherches les plus fructueuses et qui doivent
le plus contribuer à jeter une vive lumière sur plusieurs despoints
controversés, nous devons mentionner celles qui ont été faites sur
les côtes qui bordent le détroit de Belle-Isle, séparant l'ile de Terre-
NOTE DB M. BARRÀIIDS. 7A3
Neuve du Labrador. Suivant quelques détails donnes par M. Bil-
lings dans VAmcric, Journ. o/ science; eic. (janv. 1862, p. 101), ces
explorations ont été exécutées, durant Télé de 1861, par M. J. Ri-
cliardson, que sir W. E. Logan avait envoyé dans ces parages aBa
d'étudier les formations qui s*étcndent sur les deux rives opposées
du détroit et de cherchera y découvrir une section dans laquelle
on pût voir la succession des dépôts, plus clairement que dans la
région disloquée du Canada. Mais M. J. Richardson s'est acquitté
de cette mission avec un grand succès. En effet, sur la côte nord
du détroit de Belle-Isle, il a clairement reconnu la succession des
formations dans l'ordre suivant :
iParadoxides Thomp-X
sorti )%Z\ pieds.
Paraaoxiaesvermon'i '^
tftna J
2. — Grès de Potsdam avec Scolithus lincnris^ 4 44 pieds.
4 . — Syst. laurenticD, à la base.
Les calcaires de la côte nord du détroit de Belle-Islc ont fourni
à M. Richardson 19 espèces, que M. Billings a reconnues
comme représentant des formes primordiales et comme apparte-
nant à ce qu'il nomme provisoirement groupe de Potsdam, Yoici
le tableau de ces espèces publié par M. Billings (p. 106). Ce
tableau est destiné à faire ressortir les rapports qui existent entre
les espèces de Belle-Isle et celles de Yennont, qui s'élèvent
ensemble au chiffre de 27 formes distinctes.
7AA
SÉAfVClK Dt) 28 ATmiL 1862.
Bttlle-Iste.
DKSTIlIBimON
OÉOORAPmQUE.
1
i
3
4
5
6
7
8
9
10
H
13
13
14
15
16
17
18
19
10
il
U
S5
S6
27
Yermont.
GENRES ET ESPECES.
DISTRIBUTION
GÉOLOGIQUE.
Groupe
de
PoUdkOO.
•
•
•
*
«
ScolUhu» linéarisa Hall
PttlœophycHS incipiens^ Billinp.
— congregalus^ id
Jrcheocynthns atlanitcus^ id. .
— minganensiSy id
Oholit* labradoricus^ id
OboleUa chrùmatita^ id
— cingtttala, i.l
Or(/iû (8|».), id. . . . ,
— («P)."
— (*P-^ »•'
Orthisina frsUnata^ id. . . . . .
— («P-).»»*
— ksu.), id
Camerella antianata^ id
Paradoxideê Tnamptoni^ Hall. .
— tfermontana, id
Conocephaliles miser ^ Blllingt. .
— Adnmsii, id
— Teucer. i ï
— yuifMtius^ id.
— arenosusy id, ,
Bathyurui seneclus^\à
— paivulus, id ,
Snlteretla nigosn^ id
— o6l«JA, id t . .
— pulehelln^ id
*
«
«
«
♦
*
*
«
«
Giès
calcifèrf.
On i^emarquera que, parmi les vingt-sept espèces piiiuordiales
qui fi^^u relit dans ce tableau, une seule, ArcheotyatkHS mingnnensh^
qui parait éUe un polypier, est coininiiiie au (groupe de Potsdain
et au {;rès calcifère, (:*est-à-dirc à la faune primordiale etâ la faune
seconde. iMais le fait le plus important, c*est que les calcaires de
Belle-Isle ont fourni quatre espèces identiques avec celles qui carac-
térisent les 9cliistesde(>eorgia, savoir :
Palœophycus incipiens,
OboleUa chromatica,
Pitradoxidv.s ( O/cnci/us) Thomp-
son i.
— (Olenetlus) vermontana.
'N. B. Ces 4 espèces sout très
abondantes dans les calcai-
res de Belle-Isle (Billings).
Ainsi, diaprés les faits palëontologiques, ces calcaires représen-
tent le même horizon que les schistes noirs de Georgia, c'est-à-dire
riiorizon de la faune primordiale. Une circonstance rend encore
plus remarquable la présence des mêmes fossiles sur la côte du
détroit de Belle-Isle et dans TÉtat de Vermont i c'est que oes
NOTB Di M. BÀRmAlfDÏ. 7ft6
contrées sont séparées par une distance liorizoniale d'eniiron
860 milles, c'est-à-dire envimn 1600 kiloinèlres.
V. — Â roccasiou de ces découvertes de M. Richardson, nous
rappelons que M. J. Beete Jukes, actuellement directeur local du
Geol. Survey eu Irlande, a fait, eu i8/!i3, une reconnaissance des
formations de l'île de Terre-Meuve. Ses observations sont résu-
mées dans la section suivante, que nous empruntons à son excel-
lent ouvrajje élémentaire : The Stiidtnt^s Manual of Gevlogy^
(p. Û07, 2''édit., 1862).
Formation schisteuse (Schistes et grès grossiers de Belle^Isle.
supérieure. (Schistes bigarrés.
Formation schisteuse (Grès de Signal-Hill.
inférieure. (Schistes de Saint-John.
A la suite de cette section, M. Beete Jukes ajoute : « Je ne fus
n pas assez heureux pour découvrir des fossiles dans ces roches;
» mais {)lus tard M. G. Bennett a eu le bonheur de frapper sur
» une couche mince de trilobites, du genre Parndoxidex^ dans
» les schistes de la côte occidentale de la baie de Sainte-Marie [Pa-
» radoxides Benneîti^ Salter). Ces schistes appartiennent au groupe
» que j'ai nommé schistes de Saint-John, et qui est recouvert
» conformablement par le grès de Signal-Hill. D'un autre côté,
» les schistes bigarrés passent vers le haut dans les schistes et grès
» de Belle- Isle, et on peut les voir reposant en stratification dis-
• cordante sur les schistes de Saint-John, près du port de Brigus,
» dans la baie dé la Conception. >*
Nous espérons que sir W. Ë. Logan, encouragé par le succès
de la mission confiée à M. Richardson, fera continuer Texplora-
tion de cette contrée, de manière à mettre en toute évidence la
succession de ces formations, dont les relations &tratigraphiques
paraissent très simples et très claires, d'après le passage cité de
M. Beete Jukes.
En somme, les faits que nous venons de passer brièvement en
revue montrent que la science doit se féliciter des progrès récents
dans Tétude des plus anciennes formations paléozoîqucs, sur le
nouveau continent, qui nous fournit constamment de nouvelles
lumières et qui nous en promet encore beaucoup pour l'avenir.
Nous regrettons vivement que le docteur Ëminons, enfcruié
au milieu du théâtre de la guerre^ et privé de toutes relations
avec ses amis scientifiques, ne puisse prendre aucune part à ces
progrès, dont ses anciennes observations ont été le point de départ
dans le nord de rAmérique.
7&6 SÉANCE DU 28 AYEIL 1862.
M. Delesse offre à la Société, de la part de M. Marcou, une
notice intitulée: The taconic and lower silurian rocks; en
mOme temps il donne lecture de la lettre suivante :
Liste additionnelle des fossiles du terrain taconique
de V Amérique du Nord; par M. Jules Marcou.
Boston, le 47 février 4 862.
M. Barrande, dans son important et si remarquable mémoire
intitulé : Documents anciens et nouveaux sur la faune primordieile
et le système taconique en Amérique [Bulletin de la Soc» géoL de
France, T sér., 1861, t. XVIII, p. 2Ô3), donne à la page 267 un
tableau général des fossiles indiqués par le docteur Einmons
comme caractérisant le taconic system. Ce tableau comprend
k^ espèces, toutes primordiales, et recueillies par M. Emmons
dans les États de New- York, du Vermont, du Maine, de la Virginie,
de la Caroline du Nord et du Tennessee.
En offrant aujourd'hui à la Société géologique un ei^emplaire
d'un résumé (1) très succinct des recherches et explorations que
j'ai faites l'été dernier sur les bords du lac Chainplain et autour de
Québec, l'ancienne capitale de la Nouvelle-Franoe, je demande la
permission d'ajouter quelques espèces au tableau des fossiles taco-
niques de MM. Emmons et Barrnnde»
Comme plusieurs des mémoires où ces fossiles sont décrits et
cités sont assez difficiles à trouver, je vais d'abord en donner une
liste :
Owen (D. D.). Report oj a geological Survey oj IVisconsin^ lowa
. and Minnesota ; in-4. Philadelphia, 4 852.
Rœmer fFA Die Kreidebildungen von Texas; in- 4. Bonn, 4 852.
Billings (E,). On some new species offossltsjrom the limestone near
Point Leifis opposite Québec {The Canadian geologisty
Août 4 860, Montréal).
— On some new or little^known species oj lower silurian fossiU
Jrom the Potsdam group [Primordial zone) [Geological
Survey of Canada^ Montréal, 4864).
Billings (E.) et Bradley (F. H.). Description ojanew trilobite front
the Potsdam sandstone, fvith two notes [Sillimans Jour^
nalj septembre et nov. 4 860).
(4) Les roches laconiques et du silurien inférieur du Ferment et
flu Canada [The taconic and lower silurian rocks of Fermant and
Canada^ Boston, 4862).
NOTE D£ U. «ARCOU.
747
Hall (J). PakontohgY of New-York; in-4, vol. I. Albany, 1847.
— Note ttpon the trihbitcs nj the shaîes of the Québec gronp
in the town oj Georgfa, Fermont[Thirteenlh annual Report
oj the State cabinet of Ncw^York^ January <861, Albany,
in-8).
— Descriptions of new species of fossils front the investigations
of the Survey {Geological Survey oj fVisconsin^ 4 86<,
Madison, in-8).
Sbumard, (B. F.). The primordial zone oj Texas ^ with description oj
ncw fossils [Sillimans Journal, septembre 1864).
Hayden (F. V.). The primordial sandstone oj the Rochy mounlains
in the Northwestern territories oj the United States {Silli-
man's Journal^ January 1862).
Salter (J. -W.). On the fossils oj the Lingula^flags or zone primor^
diale. — Paradoxides and Conocephalus from North
America [Journal of the geol. Soc, nj London, November
1859).
Green (J). New trilobites — Paradoxides Harlani — [Silliman's
Journal^ vol. XXV, 1^' série).
Ordway (A.). On the supposed identity of the Paradoxides Harlani^
Green, with the Paradoxides spinosus^ Boeck (Procecdings
of the Boston Soc. ofnat, hist,, January 1861).
GENRES ET ESPECES.
TBILOBITES.
Paradoxides Harlani, Greeo.
~~ Bennel<iï,SuU
Olenellus {Barrandia) Thom-
psoni^ Hall.
— > vermonlana, Hiill. . . . .
Bathynotut (Peltura) holopy-
gcp, Huil.
OUnus ïnéà. (Billings)
Dikeiocephnius minnesoten-
tis^ Owen.
ROCHES.
Srhutet métamorphi-
ques.
Id
LOCALITES.
Schistes de Georgta. .
— pepinensis, Ow. ,
— miniscaensis^ Ow.
— granuiosiis, Ow. .
— ? lowensis, Ow. . .
— Rœmeri^ bhumard.
— magni ficus, Biliisgs. . . .
— pianijrons^ BilU
_ Oweni. Bill. . . «
— Beiii, Bill
— megnlopSt Bill
— cristaius^ Bill
Conotephaiites antiqualns^
Suit.
— minutust Brudlcy
— Zenkeri, Bill.
Id.
Id.
Id.
Grès les pltu inféi iean
du WiscoDSiD et du
Minnesota.
Id
Id
Id
Id
Calcaire crislallin. . .
Calcaire de la Redoute.
Id
Id
Id
Id
W , . .
G rèt (erratique). . . .
Marne sableuse du grès
de Polsdam.
Calcaire de la Redoule.
Braintree (Massachusetts).
Baie de Sainte-Marie (Terre-
NcureJ.
Georgia, Swauton(Vermont), et
à Tanse au Loup (Labrador).
Id.
Geurgia (Yermont).
Btick roounlain (Vermonl).
Stiliwater ; Miaiskah ; mont La
Grande (haut Misslssipi).
Lac Pépin (haut Mississipi).
Rivière Mioiskah (id.).
Id.
Ile de la Montagne (id.).
Rivière Clear, comté de Buinet
(Texas).
Pointe Léris (Canada).
Id.
Id.
Id.
Id.
Id,
Etat de Georgia, sans localité'
précise.
Keeseville (New-York); et è
Black river fiills(Wisconsin).
Poiple Lév^i (Canada).
7*8
StAKCB DO 28 AVRIL 1862.
GENRES ET ESPECES.
ConoeephalUes Àdamêit^ Bill.
— yulcanus, Bill
— arenosuSy Bill
— mUêr^ Bill
~ Teucer, Bill
— Biliingsi^ Shuififtrd. . . .
— depressus^Sham.
— {cre/tlcBphaiuê) wiscoH'
sensis^ Owen.
— {crep,) minitcaênsis^ Ow.
— inédit
— une espèce figurée, sans
nom, fMr Reemer, fig. 5,
tab. XI.
Pterorephalia saneti Sahœ^
Rfcmer.
Agnostus coloradoensis^ Sbu-
mard.
— OHon^ Bill • . . .
— americantts, Bill
— canadensis^ Bill
Arionellus texanus, Shumard.
ROCHES.
Giès do Potsdam. . . .
Id
Id
Calcaire grisâira. . • .
Schistes de Georgia, ,
Calcaire cristallin. . .
LOCALITES.
Id.
Grès les plus inferiftafS
du Witconân.
Id
Schistes argilo-aréna-
ces métamorphiqatt.
Calcair«i
— planuSs Shumard
— ? Oweni^ M. et Haydcn. . .
— cyilndricnSf Bill
— subctafaluSt Bill.. . . . .
ilenocephalus Sedgewicki^
BilliDKS.
— globosns^ Bill
— minnesotensiss Owen. . .
Calcaire gris
Calcaire crist.illin. . .
Calcaire de la Redoute.
Id
Id
Calcaire cristallin. . .
Id.
Grès calraréo- ferrugi-
neux.
Calcaire de la Redoute.
Id
Id
Lonchoce/fhaius hamuluSf Ovr.
— chippewaensis^ 0\r, . . .
MOLLUSQUES^ STC.
Capulus inëd. (Murcou). . . .
— inéd. (Shumard)
Idngtila prima^ Conrad. . . ,
— antiqua, Hall.
M.
Grès les plus inférieurs
du Minnfsotu.
Grès les plus inférieurs
f)a Wisconsin.
Id
Calcaire de la Redoute
Calcaire cristallin. . ,
Grèi de PotsJam. . . <
Id.
— pinnaformiSy Owen. .
— ampla^ Ow
— P'flila^ HuU
— aumra^ Hall
— nctilnnguta^ Rœnier. .
— inéd. (Marcou)
— iiiéd. (Billings). . . .
Oholus iabradaricus, Bill.
— ÀppoiinuSy de Vern. .
■ •
Grès U« plus infériears
du Wisconsin.
Id
td.
Id.
Calcaire riistullin. . .
Liiigul.i flags
Ciilcaîre de lu Redoute.
'■ulcuire gris
Grès inférieurs. • . . .
Highgate (Yermont).
Id.
Saxe*s Mills (TerMout).
Anse an Loup (Labrador).
Swanton (Vermoni).
Rivière Morgan, comté de Bar-
oe( (Texas).
Ririère Clear, comté de Bornât
(Texas).
Lae Pépin (haut Mississipi).
Rivière Miniskah(id.).
Baie Suint e>Marie (Terre-If eu-
▼e) ; et k Braintree (Boston).
RiTière San Sabu (Texas).
Id.
Rivière Morgan, comté de Bnr-
nel (Texas).
Pointe Lévis (Canada;.
Id.
Id.
Ririère Clear, comté de BorBel
(Texus).
Id.
Black Hills et Bi^ Bora roonn-
thins (montagnes Rocheuses).
Pointe Lévis (Canada).
Id.
Id.
Id.
Ririère Bliniskah (haut Misais-
sipi).
Rivière Miniskah (haot Missis-
sipi).
Arnucnl de la ririère Ghippéwa
(haut Biis48sipi).
Pointe Léris (Canada).
Riviùre Morgan (Texas).
Reeserille, coniiéd^Esaex (New^
Tork; rivière Escanaba et
Bainte -Croix (Michigan et
\Vi<contln).
Hammond, comté de Saint-La n-
rcnt (New-Tork); diilrict de
Jobnston (C^inada) ; rivière
Esranaba (llichiean); chutes
de Sainte-Croix T Wiiconsin) ;
et uussi aux B^ck Hills et
Big Horn mountuius dans les
montagnes Bochenses.
Chutes de 1m lirière Sainte-
Croix (Wisconsin).
Mountkiii Island (Wisconsin }.
Trempeleau (Wisconsin).
Id.
Rivièie San Suha (Texns).
Higbgaltf Springs (Vernionl).
Pointe Lcvis (Ciiiiudu^.
Anse au Loup(Labiadoi).
Près de Muuntaiu Island (h^ut
Mississipi).
NOTB DE M. MàKCOU.
7A0
GENRES ET ESPECES.
ROCHES.
Obolella cingulata^ Bill. . .
— chromatictt, Bill. ,
— nana, M. et Hajd,
Orbicula prima^ Owen. . . .
Orthisinafesiinata^'^ïW., . .
— inéd. (Marron)
Orlhis coloradoensis^ Shiim. .
— iiicd. (Dr Hall.)
— incd. (Billings)
Camerella antiqtiatn^ Bill. . .
— ined. (Shumard),
•Discina microscopica, Shum.
Theca gregarea^ M. et H, . . .
— primordialis. Hall
Scrpuliles MurchUonia^ Hall.
SaUerella rugosa^ Bill
— pulchetia, Bill
— obtusuy Bill
CHnoidta inod. (HarrouJ. . .
Schistes de Oeorgia. . •
Calcaire gris . . . . .
Grès calcarëo-ftrrufi*
neax.
Grètinférieun. . . . .
Schistes de Grorgia .
Ungula flags
Culcaîre cristallin. .
Lingula flag9
Calcaire gris ....
Schistes de Georgia.
Calcaire cristulUu. .
Id
Grès
LOCALITES.
POLTPIiaS.
Discophyllum peltatunty Hall.
Archeoryathus ailanticus^
Bill.
Grès inrérleurt.
Dolomie. . . .
Calcaire gris.
M
Id.
Calcaire de la Redoute.
Schiste argilo'«rëaace\
Calcaire gris
Georgia el S>vsnton (Vermonl) ;
anse au Loap ^Labrador),
Anse an Loup f Laorador).
Black Hills (moDlaguM Ro«
cheuses).
Chutes de Sainte-Croix (Wi»-
consin).
Swanton (Yermont).
Highgate Springs (Vermout).
Rivière Morgnn (Texas).
Highgale Spriugs.
Alise au Loup (Labiador).
Swanton (Vermonl).
Rivière Morgan (Texas).
Id.
Big Horn mouulaios(montag;ae«-
Rocheuses).
Trenpelean (Wisconsin).
La Grange mountain (Minne-
sota).
Anse au Loup (Labrador).
Id.
Id.
Pointe Lévis (Canada j.
Près de Troy (New- York).
Anse au Loup (Labrador).
Je n'ai mis dansée tableau ni les fuco'ides, ni les Graptolitcs.
Ces fossiles, quoique plus nombreux que tous les autres, surtout
dans certaines localités, sont si difiiciles à caractériser par des
descriptions ou des dessins, que po^r le moment j'ai préféré les
laisser de côté.
Tous ces fossiles primordiaux se trouvent dans le taconique
supérieur, à l'exception ])eut-êUe des Paracloxides Harlani^ P,
Bennettii^ cl des ConoceplutUtes inédits de Braintree et de la baie
Sainte-Marie, qui pourraient bien se trouver dans des strates du
taconique inférieur ; et alors dans ce cnsces trilobites seraient, avec
les coraux, Palœnttochis major el minor des quartzites de la Caro-
line du Mord, les êtres organisés fossiles les plus anciens du conti-
nent américain.
Quoique le trilobite de Thompson de Georgia ne soit connu que
depuis à peine deux années, il a cependant déjà joui du privilège,
très commun aujourd'hui, d*étre placé dans quatre genres diffé-
rents; savoir : Olenus, Paracloxides^ Bnrrandin et Otrntllus,
Maintenant est-ce trop demander aux savants qui s'occupent de
la classification et de la création des genres, s'il ne leur serait pas
possible d'avoir des lois et des règles un peu plus précises, et qui
760 sÊAî^CB DO 28 AVKïL 1862.
permissent aux géoîo[i;iies pratiques de s'enteiulre dans l'usige
qu'ils sont obligés de faire des inëdaiiies de la création 7 Pendant
ces dix dernières années surtout, on a créé un si grand nombre de
genres nouveaux, et cela sans aucune espèce d'entente, chacao
ayant ses genres et ses noms, qu*il est maintenant beaacoup plus
difficile de savoir à quel genre -appartient un fossile que de con-
naître son espèce.
On remarque que je n'ai pas placé dans la liste précédente plu-
sieurs fragments de têtes de divers trilobites, recueillis à la Pointe-
Lévis près de Québec, et à Tause au Loup sur la côte de Labrador^
dans le détroit de Belle-Tsle vis-à-vis de Terre-Neuve, etque le savant
paléontologiste M, Billings a classé, provisoirement, il est vrai,
dans le genre Bat/tyurtu, Ce genre, créé par M. Billings, est voisin
des genres Jsnphas, Mcgalaspis et Ogygin de la faune seconde;
et il n'a compris primitivement que 6 espèces, toutes de la faune
seconde du Canada et de New- York. Essayer de l'étendre de ia
faune seconde à la faune primordiale est un fait paléontologîque
très grave, et qui ne doit être tenté qu'avec des matériaux încon-<
testables, comme genre et comme gisements. Or, là-dessus je dois
le dire, il y a des doutes dans les deux cas, et je crois plus prudent
pour le moment de mettre en réserve tous les Bathyurtis^ rapportés
au terrain taconique, jusqu'à ce que de nouvelles reclierches
viennent dissiper tous les doutes.
Celle liste additionnelle contient 81 espèces; si l'on y joint les
13 espèces du tableau de MIVI. Barrande et Emmons, en faisant
absiraclion dans ce tableau des graptolites et des fucoldes, et en
en défalquant les 3 trilobites de Georgia, que j'ai répétés dans ma
liste, on arrive à ^h espèces; et, en ajoutant 6 espèces pour le
Tennessee et pour des échantillons que j'ai pu oublier, ou qui se
trouvent dans des collections, sans que j'en aie connaissance, on
peut dire avec certitude que les faunes primordiales renfermées
dans le terrain taconique de l'Amérique du Nord sont actuelle-
ment composées de 100 espèces, appartenant aux Trilobites,
Gastéropodes, Brachiopodes, Serpules, Crinoïdes et Coraux. Plus
de 50, c'est-à-dire plus de la moitié de ces espèces, appartiennent
à la grande famille des Trilobites.
Si Ton ajoute maintenant à ces 100 espèces les Graptolites, les
Plantes, les Bryozoaires, on peut dire sans exagération que l'on a
les débris fossiles d'au moins 150 espèces primordiales américaines.
Ce chiffre de 150 n'est qu'un premier grand résultat; qui sera rapi-
dement augmenté, et l'on arrivera, j'en suis convaincu, à quatre ou
cinq cents espèces laconiques, surtout si l'on considère les vastes
If 0TB Dfi M. MÀBCOtJ. 751
surfaces fie rAinëriqae qui sont recouvertes parce terrain, le peu
de recheiches et d'explorations minutieuses, et sui*tout quand on
pense qu'il n'y a à peine que vingt années que le docteur Emmons
a recueilli les premières espèces primordiales et reconnu le système
taconique ; que pendant plus de dix-huit années il a été non-scule«
ment Tunique explorateur, mais le «eul croyant, et qu'à l'heure
qu*il est il y a encore un bon nombre d'opposants, qui continuent
à nier l'existence d'un des terrains les plus importants de la géolo-
gie du nouveau monde.
Jusqu'à présent on n'a pas trouvé avec certitude une seule
espèce taconique identique avec les espèces primordiales d'Eui'ope ;
on a les représentants, mais pns les identiques; et d^ailleurs les
genres Pmvtdoxir/es, Conocephnlites^ Olcnus^ Arionellus^ Lingula^
Orthisina, Cnpulus^ etc., sont les mêmes sur les deux continents.
De plus, en Amérique comme en Europe, on a plusieurs faunes
taconiques : ainsi celle de la Nouvelle- Angleterre et du Canada
est différente de celles du Texas, des montagnes Rocheuses et du
haut Mississipi; exactement comme en Europe, où M. fiarrande
nous a montré les différences des faunes primordiales de Bohême,
de Scandinavie, d'Angleterre et d'Espagne.
En terminant, je désire soumettre une simple suggestion aux
géologues des Alpes, surtout à ceux d'entre eux qui habitent les
vallées de ces montagnes. Je n'ai jamais fait d'études spéciales et
détaillées d'aucune partie des Alpes, mais en les parcourant et
en les travei*s:int dans diverses directions, comme simple touriste,
j'ai toujours été frappé de la ressemblance des schistes cristallins,
qui occupent les parties centrales, tels que : schistes verts, schistes
gris, schistes amphiboliques, schistes aqplo-talqueux, etc., que
l'on rencontre si bien développés dans les Grisons (routes de Goire
à Saint-Moritz et au Splugen), dans le Valais et en Savoie, avec
les roches taconiques de la Nouvelle-Angleterre et du Canada. Ces
schistes cristallins sont placés au-dessous du terrain carbonifère,
et, comme ils ne renferment pas ces nombreux fossiles de TEifel et
de la Bohême, ils n'appartiennent ni aux grauwackes supérieures,
ni aux grauwackes moyennes, mais bien aux grauwackes les plus
anciennes, c'est-à-dire, au terrain taconique.
Il est prouvé maintenant, par une infinité d'exemples, que le
métamorphisme ne détruit pas entièrement les restes fossiles, et
qu'il y a des êtres vivants aujourd'hui à toutes les profondeurs de
la mer ; par conséquent l'absence ou la très grande rareté de restes
fossiles dans les schistes et ardoises des Alpes, qui reposent sur les
protogine, granité, porphyre, etc., sont une raison en faveur de
762 SÉANCB DU 28 AVRIL 1S6*2.
l'âge laconique de ces roches. Coiiuiie la lithologie est ideDtique,
que la structure en éventail de ces strates se retrouve aussi dans
les montagnes Vertes du Vermont, on a là des rapprocheincnU,
qui certainement ne doivent pas être mis de côte, sans des preuves
paléoiitologiques bien certaines du contraire.
Ces schistes cristallins des ^l(>es sont-ils azoïqucs? Je ne le pense
pas ; et déjà je vois dans les Archives dv la bibliothèque unwerselU
.de Genève^ octobre 1861. p. lô/i, que mon ami le savant (>éologue
alpin, ^\, Favre. en rendant compte de la réunion de la Société
géologique de France à Saint-Jean- de-.Mauriennc, indique la dé-
couverte de traces de fossiles dans des calcaires magnésiens recou-
verts de schistes amphiboliques aux bains de rÉchaillou; ces
fossiles sont des espèces de tubes se bifurquant, indiquant soit des
plantes marines, soit des empreintes de la marche d'animaux
marins; et cette découverte est d'autant plus intéressante, que
c'est presque toujours ainsi que Ton a commencé à trouver les
premières traces de la faune primordiale en Amérique, en Angle-
terre, en bohème, etc.
M. Barrande présente quelques observations sur le travail de
M. Marcou^ il se réserve de les compléter prochainement.
M. Gosselel présonle les observations suivantes :
Je désire soumettre à la Société quelques observations sur deux
mémoires do M. Dewalque que notre honorable président doit
vous présenter dans quelques instants. Notre collègue belge émet
plusieurs opinions en contradiction avec des observations que j*ai
publiées dans ces dernières années. Je ne m'occuperai pour le
moment que d'un seul point et je n'en dirai qu'un mot. J'ai déjà
entretenu la Société de la découverte de fossiles siluriens que
j'avais faite à Gembloux, près de Namur. MM. Dewalque et Ma-
laise ont visité cette localité et n'y ont trouvé que des fossiles
dévoniens; ils concluent que ce terrain est dëvonieu.
Celte divergence d'opinion ne peut s'expliquer que de trois ma-
nières : ou je me suis trompé complètement dans la détermina-
tiou des fossiles (car je n'ai trouvé d'autre fosbile dévonien que la
Lffjtœna tlepieasa qui, sous des noms divers, existe dans tous les
teirains primaires), ^u mes honorables conti'adicteuis se trompent,
ou bien nous avons raison les uns et les autres. 11 y a à Geuibloux
mélange de fossiles dévoniens et siluriens, et, par un hasard singu-
lier, ces messieurs n'ont trouvé que des fossiles dévoniens, taudis
LETTRK DB M. DKWALQUS. 76S
que j'ai ramassé uniquement des fossiles siluriens. Ce mélange, s'il
était constaté, serait un fait extrêmement grave. On a bien indi-
qué en Bretagne un mélange de fossiles du dévonien inférieur et
du silurien supérieur, mais il s*agit ici de trilobites qui n'ont
encore été ti*ouyés que dans la division moyenne du silurien (silu-
rien inférieur de MM. Murcliison et fiarrande) et que Ton veut
faire remonter jusque dans le dévonien.
Je ne veux examiner pour le moment que la première hypo-
thèse. i\]e sui&-je trompé dans la détermination des fossiles? Je
puis ici en appeler au témoignage d'un bon juge en cette matière,
M, Barrande, et si j'ai pris la parole aujourd'hui, c'est que je
désirais profiter de la présence de ce savant pour appuyer sur
son autorité incontestable et incontestée les faits que j^ai cités et
les conclusions que j*en ai tirées. Il vous dira que, dans les fossiles
que j'ai rapportés de Gembloiix, il a reconnu une Calymène et
un Tnnucieus, et que partout où on trouve ces fossiles on peut
aflirmcr que Ton est dans le terrain silurien.
M. Delesse présente, de la part de M. Dewalque, deux no-
tices qui sont extraites des Bulletins de r Académie royale de
BelgiquCy 2"^ sér., t. XIII, n"" 2, et il donne lecture de la lettre
suivante qui les accompagne :
Liège, le 7 avril 4 862.
Monsieur le président.
J'ai l'honneur de vous adresser une note sur. notre système
eifelien, et une autre de M. Malaise sur l'âge des roches fossili-
fères de Gembloux, suivie du rapport que j'ai fait à notre Aca-
démie. En vous priant de vouloir bien les présenter à la Société
géologique de la part des auteurs, je vous serais obligé d'attirer
son attention sur leurs conclusions, qui sont le maintien des idées
de Dumont sur deux points importants de la géologie de notre
pays.
La note de M. Malaise mérite surtout d'être remarquée. La
Société se rappellera que AI. Gosselet a rapporté au terrain silu-
rien les roeh^s rhénanes deGembloux, dans le massif du firabant|
c'est-à-dire au nord de notre terrain anthracifère, puis celles de
Fosses, dans le massif du Condroz, entre nos deux bassins anthraci«
fères ; on sait d'ailleurs que notre troisième massif rhénan, celui
de i'Ârdenne, est dévonien. La conclusion de M. Gosselet est basée
sur des trilobites rapportés à des genres siluriens par une autorité
Soc. géoi,^ V série, tome XIX. 49
76& SÉANCB DU 28 AVRIL 1862.
en qui nous avons tous pleine confiance; de son côté, M. Malaiie
ne cite, d'après les déterminations de M. de Koninck, quedei
fossiles rhénans, y compris les trilobites. Mais on doit remarquer
que M . Gosselet annonce avoir rencontré aussi cinq ou six eqpèces
à'Orihis qu'il ne spécifie pas, puis les avoir retrouvées à Fosses.
Pour le moment donc, il me paraît que la seule conclusion à tirer
des observations dont il s'agit, c'est que les roches de ces localités
renferment la faune du dévonien rhénan, avec quelques trilo-
bites appartenant à des genres que Ton connaissait seulement
dans des assises considérées comme plus anciennes.
Après la lecture de cette lettre M. Barrande présente les
observations suivantes :
Existence de la Jaune seconde silurienne en Belgique ;
par M. J. Barrande.
Le rapport de M. le professeur Dewalque et la note de M. Ma-
laise, qui viennent d'être présentés à la Société, ont pour but de
démontrer que les phyllades fossilifères de Grand- Manil, près
Gembloux, et de Fosses, près Namur, appartiennent uniquement
à la période dévonienne. Cette opinion est fondée, d'abord sur les
considérations stratigraphiques et niinéralogiques qui ont induit
Dumont à classer ces roches dans le terrain dévonien, et ensuite
sur une série de fossiles recueillis à Grand-Manil par M. Malaise
et déterminés comme dévoniens par M. le professeur de Roninck
(Académie royale de Belgique, Bnlietin^ t. XIII, n* 2).
M. le professeur Gosselet, au contraire, a établi qu'il existe des
dépôts siluriens dans la même masse de phyllades, près de Grand-
Manil et de Fosses. Il appuie principalement sa manière de voir
sur la nature de quelques fossiles, qu'il a recueillis dans les roebes
de ces deux localités et parmi lesquels nous avons reconnu des
formes trilobitiques et autres, qui caractérisent exclusivement la
grande période silurienne {Mémoire sur les terrains primaires de
la Belgique^ p. 32, 1860; Bulletin delà Société géologique de
France, 2* série, t. XVIII, p. 538, 1861).
Yoilà donc en présence des opinions très divergentes, non-seu-
lement sur les questions stratigraphiques, mais encore sur des
faits purement paléontologiques.
M 'ayant jamais visité la contrée dans laquelle sont situées les
localités de Grand-Manil et de Fosses, nous n'aborderons ni direc-
tement, ni indirectement, la question sCratigraphique. Mous nous
NOTI Dfi M. BARRAlfBB. 755
bornerons donc à discuter les faits paléontologiques, représenta
par un petit nombre de fossiles. L'établissement de ces faits semble
seul devoir nous conduire immédiatement à des conclusions sa-
tisfaisantes. Le principe qui nous sert de point de départ et que
nous considérons comme incontestable, c'est qu'il existe diverses
faunes siluriennes, successives dans l'ordre des temps et tout aussi
distinctes les unes des autres qu'elles sont distinctes des faunes
dévoniennes.
1. — Nous ferons d'abord remarquer que les fossiles de Grand-
Manil, près Geuibloux, qui nous ont été montrés par notre hono-
rable confrère, M. Gosselet, n'ont pas été soumis à M. le profes-
seur de Koninck et que, par contraste, les fossiles qui ont été
recueillis par M. Malaise dans la même localité, et qui ont été
déterminés par iM. de Koninck, n'ont jamais été sous nos yeux.
Par conséquent, il n'y a réellement aucun fossile sur lequel les
déterminations du savant professeur de Lioge puissent être con-
sidérées comme en contradiction avec les nôtres. Accoutumé â
honorer M. de Koninck comme l'un des plus habiles maîtres de
notre science , nous ne saurions concevoir l'idée qu'il se soit
trompé dans -l'une quelconque de ses dénominations. D'un autre
côté, nous ne croyons pas trop nous flatter, en pensant que M. de
Koninck attache quelque importance à nos observations, presque
uniquement relatives à des trilobites qui ont été longtemps le
sujet de nos études. Ainsi, nous admettons sans aucune hésitation,
que les espèces de Grand-Manil nommées par M. de Koninck sont
réellement dévoniennes, tandis que nous sommes certain d'avoir
vu d'autres fossiles de la même localité, qui sont indubitablement
siluriens. Notre certitude ne repose pas sur de vagues souvenirs,
mais sur l'étude immédiate de ces fossiles, que nous venons de
revoir, avant de livrer ces lignes à l'impression.
2. — Les fossiles de Grand-Manil, près Gembloux, qui qous
ont été présentés par iM. Gosselet, en 1860, sont les suivants :
Trinncleus — fragment de la tète très analogue à T, ornatus de
Bohème. — Faune seconde silurienne.
Calymene, — Tète très rapprochée de Calymcnc incerta de
Bohème. — Faune seconde. — Cette espèce elle-méine est très
voisine de Calymene Blumenbachi^ qui caractérise, en Angleterre,
les faunes seconde et troisième.
Strophotnenn (Lcptœna) depressa. — Brachiopode apparaissapt
dans la faune seconde et se propageante travers la faune troisième
silurienne et à travers tout le terrain dévonien, jusque dans le
terrain carbonifère.
756 SÉÀNCB DU 28 AVRIL 1862.
Orthis, — Cinq formes qui nous ont paru analogues à celles de
la faune seconde de Bohême. N'ayant sous les yeux à Paris aucun
type de notre terrain pour comparer ces espèces, ooas n'avons
pas jugé nécessaire de leur accorder plus d'attention.
D'après ces indications nous n'avons pas hésité à rapporter au
terrain silurien, et même àThorizon de la faune seconde, le gise-
ment qui avait fourni à iVI. Gosselet lestrilobites que nous venons
de nommer. En effet, le genre Trinudeus caractérise exclusive-
ment cette faune dans tout le monde silurien, surtout depuis qu*il
a été constate que c*était par erreur que sa présence avait été
indiquée en Angleterre, à Torigine de la faune troisième, dans
laquelle il ne parait jamais. Le genre Calymenc est aussi exclusi-
vement silurien, et il est reprcseiUc par des formes spécifiques dif-
férentes, dans la faune seconde et dans la faune troisième. Jusqu'à
ce jour, ce type n*a jamais été rencontré sur des horizons réelle-
ment dcvoniens.
En présence des Trinudeus et Calymcne, qui déterminent d'une
manière si positive la grande période silurienne, les bracliiopodes
trouvés dans la même localité ont relativement une bien moindre
importance. D'abord, l'état de conservation de la plupart d'entre
eux ne permettrait pas une détermination spécifîque très exacte.
En second lieu, les espèces de cette famille traversant souvent
plusieurs étages d'un même terrain, et même plusieurs terrains,
sont loin de nous fournir, pour déterminer les horizons géologi-
ques, des caractères aussi positifs que les trilobites, dont Tcxten*
sion verticale est généralement très restreinte. Stiophomena {Lep^
tœno) drprcssa nous présente l'exemple le plus frappant de cette
extrême longévité de certains bracliiopodes, ainsi que nous venons
de le rappeler. Le genre Orthis nous offre aussi des espèces com-
munes aux deux terrains silurien et dévonien. Par exemple, la
belle Orthis Gavilldy qui n'est pas rare dans l'étage moyeu F de la
faune troisième silurienne, en Bohême, se retrouve assez fréquem-
ment dans la faune dévonienne du nord-ouest de la France. Nous
pourrions citer bien d'autres exemples de même nature.
Ainsi, au point de vue purement paléontologique, il eût été
irrationnel de rapporter les rochesdeGrand-Manil qui ont fourni
ces fossiles à une autre période qu'à celle du terrain silurien.
3. — En ISÔl, M. Gosselet nous a présenté une autre série de
fossiles provenant des environs de Fosses, au sud-ouest de Namur.
Nous avons reconnu parmi eux les formes suivantes, que nous
venons d'étudier pour la seconde fois, sur les spécimens originaux.
Trinudeus, — Tête presque complète, qui représente une espèce
NOTB DE M. BÀRRÀNDB. 757
appartenant au groupe de Trinuclcns seticornis^ His., de Suède
et d'Angleterre, et de T, Bucklandi^ Barr., de Bohême. Cette
forme serait donc spécifiquement distincte de celle de Grand-
Manil, que nous rapportons au [groupe de T, ornattis. L'une et
l'autre appartiennent également à la faune seconde silurienne^
d'après Tiiorizon caractérise à la fois par ces deux groupes, dans
les contrées citées.
Sphœrcxoc/uis, — Tête bien caractérisée. Ce genre, exclusive-
ment silurien, apparaît dans la faune seconde et se propage dans
la faune troisième. Sa présence n'a jamais été signalée dans le
terrain dévonien.
Dalmanitcs, — • Fragment d'une tête. — On sait que ce type
apparaît dans la faune seconde et se propage non-seulement dans
la faune troisième, mais encore dans le terrain dévonien, où il
s'éteint. Ainsi, la présence seule de ce genre ne caractérise pas un
seul horizon, ni une seule période. Mais il faut remarquer que
diverses espèces et même divers groupes d'espèces de ce type ap-
paraissent et disparaissent avec chacune des trois faunes que nous
venons de nommer, et peuvent servir, par conséquent, à carac-
tériser chacune d'elles. Par exemple, le groupe comprenant les
nombreuses formes dont le pygidium est orné de pointes et qui
a reçu divers noms génériques, tels que Pleuracanthusy Cry-
phœus^ etc., n'est représenté que dans les dépôts dévoniens. De
même, les formes dont le type est Dalmanites [Phac) conophthaU
mus, Boeck, n'ont existé que durant la faune seconde, en Russie, en
Suède, en Norvège, en Angleterre, etc.
Or, le fragment de tête recueilli à Fosses par M. Gosselet re-
produit, d'une manière frappante, les traits caractéristiques de la
glabelle àt Dalmanites conophthalnms^ tels qu'ils sont figurés sur la
planche IV, figure 11, delà Siluria^ 3* édition, 1859. Cet ouvrage
classique étant entre les mains de tous les savants, la figure citée
exposera fidèlement à leurs yeux la forme du fragment qui est
sous les nôtres. Un spécimen entier de la même espèce est figuré
sur la page 225 du même ouvrage. En consultant le tableau gé-
néral de la distribution verticale {Ibid,, p. 560), on voit que ce
trilobite est du nombre de ceux qui apparaissent et disparaissent
entre les limites verticales du grès de Caradoc, l'un des étages de
la faune seconde en Angleterre. Il a donc eu une existence rela-
tivement peu prolongée et il en est de même des autres formes
de ce groupe, en Russie et en Scandinavie.
D'après ces circonstances, nous sommes autorisé à considérer
le fragment de Dalmanites trouvé à Fosses, comme indiquant
768 SÉANCK DU 28 AVRIL 1862.
également la faune seconde, dans cette localîtë. Cette induction
devient pour nous d'autant plus puissante, que ce fragment ac^
compagne Trinucleusj qui caractérise exclusivement la même
faune.
Outre ces trilobites, M. Gosselet a reconnu à Fosses un polypier
nommé Haly sites catennlarins [Catcnipora escharoides) . Ce fossile
mérite notre attention, parce qu'il jouit du double prÎTilége de
se trouver à peu près dans tous les bassins siluriens sur les deux
continents et de se reproduire aussi bien dans la faune troisième
que dans la faune seconde. C'est donc encore un fossile ëininem-
meiit silurien. Mous constatons de plus qu*il est exclusivement
silurien, car nous n'avons jamais vu sa présence signalée hors de
cette grande période, dont il n'atteint pas même la limite supë-
rienre. Ainsi, le tableau de la Silurin que nous venons de citer
indique, page 533, que cette espèce ne s'élève pas au-dessus de
l'étage de Wenlock, en Angleterre. L'étage de Ludlow, placé au-
dessus et appartenant également à la faune troisième, ne présente
aucune trace de ce polypier. De même, en Bohême, il ne dépasse
pas la limite supérieure de notre étage calcaire inférieur E, c'est-
à-dire de la première phase de la même faune. On peut donc
considérer cette espèce comme ayant cessé d'exister longtemps
avant l'apparition de la faune dévonienne. C*est uniquement par
erreur que iM. Dewalque, dans sa note (p. 6), regarde Halysites
catenularias comme également silurien et dévonieHy et^ par consé-
qucnty eomme sans importance dans cette question. Nous croyons,
au contraire, que la présence de ce polypier dans la localité de
Fosses est d'une haute importance, car elle vient conârmer les
indications déjà si positives que nous fournissent les types trilobi<-
tiques passés en revue, pour constater que les dépots qui les ren-
ferment appartiennent à la période silurienne.
/i. — En somme, les fossiles qui nous ont été soumis à deux
reprises différentes par M. Gosselet nous autorisent à formuler les
conclusions suivantes :
A. — Les dépots de Grand-i\Ianil et de Fosses renferment des
couches siluriennes, indubitablement caractérisées comme telles
par la présence de quatre genres exclusivement siluriens : 7>//iic<-
cleus^ Calymene, Sphœrexochus et Halysites^ et du gi*oupe de Dal-
manites conophthalmus^ également caractéristique de cette période.
Ces cinq types ont fourni ensemble six espèces.
B. — D'après Krs analogies connues, les types Cnlymene, Sphce^
rexochus et Halysites pourraient indiquer aussi bien la faune troi-
sième que la faune seconde. Mais les deux espèces du type 7>i-
NOf B BS ■• BÀAâAIfBS. 75d
nadeus et celle qui repré^nte le groupe de Dalmanites conophthaU
mus, caractérisant exclusivement la faune seconde, nous induisent
nécessairement à penser que Fensemble de tous ces fossiles appar-
tient uniquement à cette faune.
Nous ferons aussi remarquer en passant que le groupe de
Dalmanites conophthalmus n'est connu jusqu'ici que dans les con-
trées siluriennes situées sur la zone paléozoïque du nord, c'est-à-
dire la Russie, la Suède, la Norvège et les Iles Britanniques. Son
existence n'a été signalée jusqu'à ce jour, ni en Bohême, ni dan!l
aucun des autres bassins siluriens placés sur la zone centrale
d'Europe. Cette observation, que nous exprimons avec toute
réserve, semblerait indiquer que le bassin silurien, dont nous
reconnaissons les traces près de Gembloux et de Fosse, aurait été
en connexion avec ceux qui appartiennent à la zone du nord.
L'idée d'une semblable connexion paraît aussi appuyée par l'exis-
tence de Halysites caienularius ^ dans la localité de Fosses. En effet,
ce polypier, qui n'est pas rare dans la faune seconde de la zone
du nord, sur les deux continents, ne s'est montré jusqu'ici que
dans la faune troisième en Bohème, c'est-à-dire dans la zone
centrale de l'Europe.
5. — Jetons maintenant un coup d'œil sur la liste des fossiles
recueillis à Grand- IManil par MM. Malaise et Dewalque, et dé-
terminés par M. le professeur de Koninck :
Pleuroiomariaj sp. d.?
Cypricardîa ?
Conularia ?
Phacops lati/ronsy Bronn.
— sp.
Romalonotus.
Spirifer micropterus, Ooldf.
Orthis Murchisont, d'Arob. et de
Yern. {Lcptœna piicatOy
Sow.)
Orthis Setigwickiy d'Ârch. et de
Vern.
— orbicuiaris, de Vern.
Strophomcna laticosta, Sandb.
— pi If géra y id.
Leptœna depressa, Sow.
— tœniolata^ Sandb.
— sp.
Athyris^ sp.
Chonetes sarcinulata^ Schl., sp.
Cynt/iophylium ?
Mous feroùs abstraction de toutes les formes indiquées avec
doute et qui ne peuvent fournir aucune lumière dans cette ques-
tion.
Suivant nos vues, il convient de considérer d'abord les trilobites .
Or, cette famille n'est représentée que par trois espèces, dont
deux appartiennent au genre Phacops et la troisième au genre
Homalonotus,
Phacops et Homatonoius sont deux types qui apparaissent dans
760 SÉANCB BU 28 ÀTRIL 1862.
la faune seconde silurienne, se propagent dans la faune troinème,
et sont encore représentés par un assez grand nombre d'espèces
dans les faunes dévoniennes. On ne peut donc invoquer que ks
différences des formes spécifiques de ces genres pour caractiérûer
les diverses faunes. Dans le cas qui nous occupe, la eeule espèce
déterminée par M. de Koninck est Phacops latijrons^ Bronn^tp.,
très répandue dans tous les terrains dévoniens. Nous ferons re*
marquer, sans infirmer en rien cette détermination , que la fiiuoe
troisième silurienne de Bohême renferme plusieurs variété» de P^tf-
cops Jecundus qui se rapprochent beaucoup de Phacops iaiijrom*
Ainsi, les caractères fournis par les trilobites de Grand-Maoil,
en faveur de l'âge dévonien, sont évidemment inféiieurs k ceux
que cette famille nous a présentés pour la détermination de la
faune seconde silurienne, soit dans le même lieu, soit anprèsde
Fosses, puisque nous avons reconnu trois types exclusivement silu*
riens dans rensemble de ces deux localités.
Les brachiopodes énumérés dans la même liste sont au nombre
de onze, dont neuf seulement ont reçu un nom spécifique. En re-
tranchant Lcpiœna depressn qui appartient également à trois
terrains paléozoiqnes, il resterait donc huit brachiopodes dévo-
niens. Ce nombre d'espèces déterminées par M. de KonimJi est
trop considérable pour ne pas attirer fortement notre attention.
En y ajoutant Phacops laiijrons, nous avons un total de neuf
espèces qui nous indiquent un étage dévonien, dans la même
carrière où les trilobites mentionnés ci-dessus nous obligent à
reconnaître l'existence d'un étage silurien.
Cette singularité doit-elle être expliquée par la coexistence ou
mélange de tous ces fossiles dans les mêmes couches?
Bien que nous admettions aisément que certains fossiles, surtout
parmi les brachiopodes, peuvent être communs à plusieurs étages»
cette supposition ne nous semblerait pas admissible dans ce cas,
d'abord à cause du chiffre assez considérable des espèces qui sont
au nombre de neuf, et, en second lieu, à cause de la présence de
Phacops îatijrons parmi elles. En outre, la coexistence suppoeée
rapprocherait sur un même horizon, non pas deux faunes succes-
sives et contiguës, mais la faune seconde silurienne et la première
phase des faunes dcvonicnnes, partout largement séparées par la
faune troisième du terrain silurien. Si ce fait est possible, du
moins au premier aspect, il ne paraît pas vraisemblable d*après
Tétat de nos connaissances actuelles, et même en admettant bi
doctrine des colonies.
D*uQ autre côté, on ne peut pas s'expliquer facilement coui-
NOTI DK M. BARRÀNDB. .761
ment MM. Malaise et Dewalque n'ont recueilli à Grand-Manil
aucun des trilohites trouvés par M. Gosselet, et comment M. Gos-
selet n'a rencontré aucun des trilot^ites recueillis par MM. De-
walque et Malaise. Cette circonstance tendrait à faire penser que,
dans cette même localité, il pourrait exister deux horizons fossi-
lifères très distincts sous le rapport paléontologique, sans qu'ils
soient notablement différenciés par les apparences minéralogiques
des roches.
La chaîne cantabrique nous a offert, il y a peu d'années, un
exemple analogue. Le mémoire de M. Casiano de Prado, publié
dans le Bulletin (t. XVII, p. 516, 1860), constate l'existence
d'une bande calcaire qu'on a longtemps considérée comme uni-
quement déyonienne, à cause de quelques fossiles réellement dé-
voniens, recueillis à la surface du sol. Plus tard, des fossiles de
la faune primordiale ayant été trouvés dans les mêmes localités,
leur mélange apparent avec les espèces dévoniennes présentait la
même anomalie qui reste à expliquer dans la carrière de Grand-
Manil. Mais, après avoir soigneusement séparé, à Paris, les es-
pèces primordiales des espèces dévoniennes , notre savant ami
M. de Yerneuil et nous reconnûmes que les premières pré-
sentaient toutes une teinte rougedtre , tandis que les secondes
se distinguaient par une teinte verdâtre. Cette différence, presque
insignifiante pour ceux qui avaient recueilli les fossiles sur la
bande calcaire, est devenue un caractère physique très facile à
saisir^ pour trouver la ligne de démarcation entre les calcaires
de l'époque primordiale et ceux de l'époque dévonienne.
Ces calcaires sont en contact immédiat, non sur un point isolé
comme la carrière de Grand-Manil, mais sur une étendue d'en-
viron 100 kilomètres. Par cette simple observation, la coexistence
apparente de deux faunes si éloignées dans la série des âges pa-
léozoïques s'est évanouie.
Ne peut-on pas espérer que quelque observation analogue,
jointe à des rechercher encore plus actives et plus prolongées dans
les phyllades fossilifères de Grand-Manil et de Fosses, conduira
à uD semblable résultat ?
M. Lecoq présente un exemplaire de la Carte géologique de
TAuvergne qu'il vient de terminer.
Il donne à co sujet les explications suivantes :
762 sÉÀifCV DU 28 atkil 1M2.
Note sur la géologie du plateau central de la France et m
la grande carte géologique du département du Pay^i^
Dôme; par M. Henri Lecoq, professeur d'histoire naturelk
à la Faculté des sciences de Glernaonl-Ferrand, etc.
La carte que j'ai l'honneur de présenter à la Société est iHsr
tinée à inoutrer Teiisemble et les détails géologiques de l'un da
points les plus intéressants de TEuropc.
La multitude des détails, la variété des terrains, les différences
d'altitude, en un mot, l'extrême diversité du relief et des accidenti
du sol, m'ont déterminé à adopter une échelle beaucoup plus
étendue que celle des cartes géologiques ordinaires.
Trente années de courses en Auvergne, ou de séjour sur les
points les plus curieux de cette intéressante contrée, in*oiit permis
de recueillir une foule de faits qui avaient échappé à mes prédé-
cesseurs, faits que j'essaye de réunir en un seul faisceau, sous le
titre de : Épof/ues géologiques de r Aiwergne (1).
La carte géologique est l'expression colorée de ces faits ; c'est
le moyen de faire saisir à l'œil l'ensemble et les détails.
Je ne parlerai ni des obstacles matériels que j'ai rencontrés, ni
des dépenses occasionnées par ce grand travail. Les obstacles, je les
ai surmontés; les dépenses, je les ai supportées.
Je préfère donner le tableau rapide des grandes «époques de
cette histoire du globe peu'lant lesquelles le point de terre que
nous habitons a subi de si grandes et de si profondes modi 6 cations.
Reculons par la pensée jusqu'à ces temps éloignés où les tei^
rains de sédiment ne s'étaient pas encore déposés.
Plusieurs îles primitives s'élevaient au-dessus d*un océan sans
bornes.
Représentons-nous un instant l'Auvergne sous la forme d'un
large plateau contre lequel venaient expirer les flots d'une mer
agitée. Un espace étendu séparait cette Sle d'une autre également
émergée, dès les temps les plus reculés, de la Bretagne, qui, peut-
être à cette époque, était liée à une grande partie de rAngleterre,
aux Coruouaillcs, et formait, comme notre sol, un pays isolé au
milieu des mers. De nombreux tlots existaient autour de ces
deux îles, séparés par des détroits plus ou moins larges et plus OU
(\) Ce long travail ne pourra être terminé que dans deux ans.
Deux volumes sont déjà rédigés, mais non encore publiés.
ItOTi D« H. LIGOQ. 70S
nioihs profonds; mais rien ne fait présumer la présence d'tles
intermédiaires.
Beaucoup d'autres lies devaient s'ajouter encore à ces fragments
d'tm futur continent. Citons seulement la grande île des Ârdennes
séparée du massif du Han, Ttle des Asturies aujourd'hui liée à
rËspagne, Une partie de la Corse et de la Sardaigne, les Ilots
primitifs de l'Italie, Tarchipel détaché de l'Ecosse, de l'Angleterre
et de l'Irlande. C'étaient les terres les plus rapprochées de l'île
centrale de la France; mais alors il existait déjà un continent, ou
du moins une terre assez grande pour qu'elle puisse, relativement
aux autres, recevoir cette dénomination un peu prétentieuse ; c'était
la Scandinavie comprenant toutes les parties désignées sous les
noms de Suède, Norvège, Laponie et Finlande. C'était la plus
grande terre de l'Europe, terre entourée d'îles innombrables,
ayant au nord le Spitzberg, également primitif, à l'ouest et à l'est,
à de grandes distances, le Groenland et Tile de l'Oural.
Partout ailleurs, c'était la mer dont les flots mobiles venaient
battre ces lointains rivages.
Tel était alors l'archipel dont les parties réunies ont constitué
TEurope. Nous voyons l'île centrale, que nous occupons, au milieu
d'tin gland archipel. Mais à cette époque les mers qui séparaient
ces îles recevaient leurs débris entraînés par des pluies torren-*
tfelles ; des sources minérales y versaient déjà des masses considé-^
râbles de chaux, de fer et de silice. Des polypes saxigènes éle-»
vaiebtsur des bas-fonds leurs patients et gigantesques édifices, en
même temps qu'un soulèvement lent et continental amenait, à la
suite des siècles, tout l'archipel au-dessus des eaux.
Chacun des anciens sommets de cet archipel est maintenant
entouré d'une ceinture de dépôts chimiques ou sédimentaires
dans lesquels des êtres anciens ont laissé leurs dépouilles comme
des pièces à l'appui de ces grandes et mystérieuses révolutions.
L'île que nous isolons maintenant et sur laquelle nous avons
^rté nos investigations est> en effet, circonscrite par des terrains
èédimentaires formés de couches concentriques dont les plus
anciennes s'appuient sur le terrain primitif et supportent ensuite
toutes les autres.
Si le plateau central ne s'élève plus au-dessus des flots, et si,
comme autrefois, il n>st plus battu par les vagues des anciens
(Océans, il peut encore être considéré comme une grande île géo-
logique limitée partout par des terrains jurassiques ou par quel-
ques dépots plus anciens. Rien ne vient révéler à sa surface ces
puissantes assises siittiiennes si développées autour des autres 11^
70A SÊAICCB BU 28 AVRIL 18C2.
de l'Europe, rîcii de cette faune si curieuse appartenant aui pn-
inicrs terrains sédimentaires. i\lais alors une longue fracture tia-
Ycrsait le plateau central, alors des golfes plus ou moins profaadi
découpaient les bords de cette île ou pénétraient dans soa inté-
rieur. La végétation houillère s'était développée, et les frooda
élégantes de fougères gigantesques et d'énormes lycopodiacéa
balançaient sur les eaux leurs majestueuses couronnes. C'est alon
que la nature amassait dans les anses, dans les lacs et les bas-tDodi
de cette grande île, des richesses minérales que l'industrie e
extrait aujourd'hui.
Après ces depuis de houille, les mers triasique et jurasiiqix
ont entouré le plateau central, et, abandonnant partout leon
puissants sédiments, elles ont relié cette ilc granitique à celle de
la Bretagne. Elles ont comblé les détroits et les brns de merde
ce continent naissant et réuni les îles dispersées et les points émer-
gés, pour constituer ce que nous appelons aujourd'hui aotre
vieille Europe,
Circonscrits sur un point de cette ile qui forme maintenant le
plateau le plus étendu de la France, nous allons Toir les phéno-
mènes géologiques s'y succéder avec une incroyable activité.
Les terrains tertiaires, les éruptions volcaniques d'dgediflfércnC,
de grandes actions de transport, semblent se confondre ou indi-
quent du moins une longue période dont toutes les phases se rat-
tachent sans discontinuité.
Nous venons de citer les calcaires jurassiques et les dëpAtide
trias qui sont venus entourer les terrains cristallisés et agrandir
le sol émergé de l'ile centrale ; aucun autre sédiment ancien n'est
venu s'y ajouter, et un laps de temps très long a dû s*écouler
avant qu'une sédimentation plus moderne vînt recouvrir une par-
tie du plateau primitif. Nous sommes à l'époque des formations
tertiaires ; de grands lacs recevaient les eaux de tous les environs
et les débris qu'elles amenaient avec elles. Des sources calcariftres
et siliceuses avaient surgi partout et occupaient principalement
les grandes lignes de fracture que d'anciens soulèvements avaient
tracées. Le temps a fait le reste, et les siècles ont combla les lacs
transformés maintenant en fertiles campagnes.
L'époque tertiaire a été longue. Ses dépôts couvrent la Lîmagne,
le Lembron, le Livradais, les bassins de Saint-Dier, d'01by« de
Paulliaguet, du Puy, d'Aurillac, du Malzieu. H faut y joindre le
bassin de Montbrison et la plaine de Roanne séparée par un long
déBlé des terrains tertiaires de la Haute-Loire,
w Trois périodes se sont succédé pendant l'époque tertiaire.
NOTE DB U. LSCOQ. 765
La première a fourni ies argiles, les sables et les graviers qui
constituent, dans la plupart de ces bassins, un sol tout particu-
lier, et, lorsque celte sédimentation ne les a pas remplis, comme
ceux de Roanne, de Montbrison, d'Olby, etc., elle a du moins
constitué leurs bords, comme dans la Limagne, dans le creux du
Puy, etc.
La seconde période est celle où les sources calcarifères ont do-
miné. Si plusieurs bassins sont entièrement remplis par des argiles
sableuses, plusieurs autres ont reçu de leurs sources de nombreuses
assises toujours superposées aux premières, et indiquent un ordre
de choses tout différent.
C'était Tépoque des grands lacs, des grands bassins remplis
d'eau, comme le sont aujourd'hui ceux de l'Amérique du Nord.
Il est certain qu'alors le plateau central avait une grande partie
de sa surface inondée, et cet état particulier a dû contribuer au
développement d'une végétation toute particulière, dont les débris
sont jusqu'ici peu connus. Peu à peu les calcaires qu'abandon-
naient ces eaux ont exhaussé le fond des bassins, pendant que
l'acide carbonique, qui arrivait au jour, en dissolvant les bases
terreuses, comme cela se passe actuellement dans toutes nos
sources minérales, se répandait dans l'atmosphère, et devait con-
courir, par son abondance, à l'activité de cette ancienne végéta-
tion. 11 fallait, du reste, une assez grande quantité de végétaux
pour nourrir les nombreux mammifères herbivores qui habitaient
alors l'Auvergne, depuis le rhinocéros jusqu'à ces légions de ron-
geurs et ces nombreux pachydermes contemporains de ces assises
calcaires. Il n'est pas rare d'y rencontrer des os d'oiseaux et sur-
tout des œufs qui paraissent provenir d'espèces aquatiques. Enfin,
des débris de Toitues, de Crocodiles et de quelques autres reptiles,
des mollusques d'eau douce, complètent, avec quelques restes de
végétaux, la série des êtres organisés de cette curieuse période.
C'est peut-être à cette même époque qu'il faut rapporter les
dépôts de lignitesde l'Auvergne et probablement celui de Menât
qui occupe un petit bassin au milieu du sol primordial. Ce lignite
est caractérisé par la présence de pyiites et d'un grand nombre
de débris organiques parmi lesquels on remarque des insectes,
des poissons (Cyprimn papyraeeus, Brown}, cl parmi les végétaux
beaucoup de feuilles que l'on peut déterminer. On y reconnaît
les genres Castanea^ Tilia^ Salix, Popultis^ etc., et des feuilles qui
se rapprochent du Liqaidambar styracifltia et du Gossypium arbo-^
reum. Ces empreintes rappellent les temps où les espèces équato-
766 SÉAIfOI DU 2S ATRIL 1862.
riales abandonnaient le centre de la France, et où la YigkèûoÊ
actuelle empléuit déjà sur le sol qu'elle avait auparavant païUfê
avec elle.
Cette période passe insensiblement à la troitième qui a ter-
miné les terrains tertiaires par des concrétions calcaires d'antant
plus intéressantes que des travaux d'insectes ont été leur point de
départ, et que cette formation a marqué d'une manière indélébile
les îles et les contours du Léman qui occupait autrefois la gruidt
plaine de l'Auvergne.
Ce sont encore des calcaires désignés sous les noms de ealcatnt
roncrétionnés^ calcaires à Phn'gffnf^^^t calcaires à Indusie (laéusiû
tabula la, Dose). On y voit une espèce de formation oolithique
accompagnée d'énormes masses dont les centres offrent des tubes
abandonnes par les larves de Phrygaues.
Ces insectes si conmiuns de nos jours, sur les bords des grands
lacs principalement, où nous les avons vus, coinuie à Genève,
obscurcir l'air de leurs nuages épais, étaient très répandus dans la
Limagne, dès que les eaux peu profondes leur permirent de ic
développer.
On sait que ces larves ont l'instinct, pour échapper â leurs en-
nemis, (le se construire des fourneaux plus ou moins solides ; elles
produisent quelques fils de soie, et par ce moyen elles relient des
fragments d'écorre, de gravier et surtout les petites coquilles
qu'elles peuvent rencontrer, formant ainsi des iuhea dans Icsqueb
elles s'abritent et qu'elles transportent dans leurs courses res-
treintes.
Pour que ces larves puissent exister, il faut un fond vaseux,
des eaux peu profondes suffisamment échauffées, toutes conditions
qu'elles trouvaient alors sous un climat qui permettait encore la
végétation des cyc«idées.
Les eaux calcarîfères saisissaient les fourneaux de ces Phryganct,
et aujourd'hui, les bords de l'ancien lac, comme ses Iles nom-
breuses qui forment maintenant des collines, présentent partout
des ceintures ou des masses de ces curieux calcaires déposés sur
ces tubes et réunis eu blocs parfois très volumineux.
On ne peut douter que des conditions favorables a rexistenoe
de ces larves ne l'aient été également à de nombreux végétaux
qui ont précédé les nôtres, et dont nous retrouvons aussi quelques
débris.
La période tertiaire finissait, et quelques sources minérales
déposaient encore leurs produits sur les bords de la Limagne,
IfOTI OK H. LBGOQ. 767
dans le bassin d'Aurillac et dans le creux du Puy, lorsque les
premières éruptions yolcanicjues se manifestèrent» sans doute, vers
les contrées du Cantal, du mont Dore et du Mézenc.
Des coulées de trachyte s'épanchèrent sur le sol primordial» ie»
matières pulvérulentes les accompagnèrent» et, à plusieurs reprises,
les eaux entraînèrent les débris ponceux jusque sur le sol calcaire
de la Limagne, sur les assises du bassin d'Aurillaq, et se mcMUtrireot
partout superposées au terrain tertiaire.
Pendant longtemps ces éruptions continuèrent, donnant tantôt
des matières pulvérulentes d'une extrême abondance, qui ont
enseveli des forêts et détiiiit, sans aucun doute» la majeure partie
des plantes de cette époque, tantôt donnant issue à de, vastes cou-*
rants qui sont venus préserver d*une destruction ultérieure les
matières pulvérulentes sur lesquelles ils se consolidaient.
Bientôt cet ensemble de coulées, de tufs, de conglomérats pon«-
ceux que les eaux pluviales entraînaient loin des centres d'éruption,
fut disloqué par l'apparition de nombreux filons de même nature»
qui ont brisé les terrains à travers lesqueb ils sont sortis» et ont
comniencé l'œuvre de dégradation que le temps et les eaux ont si
largement continuée dans nos massifs tracbytiques.
JNous ne pensons pas que la végétation ait été un seul instant
interrompue pendant ces longues crises volcaniques» mais elle a
été certainement détruite sur des espaces très étendus, qui ont du
se repeupler des mêmes espèces ou d'autres races qui leur ont
succédé.
L'ère trachytique paraît avoir été terminée par l'apparition des
pbonolithes qui se montrent sur quelques points du Cantal et du
mont Dore, et qui se sont surtout développés sur une très grande
échelle dans la chaîne du Mézenc et aux environs d'Issingeaux.
Ces roches furent immédiatement suivies et l'on peut dire aussi
accompagnées de l'épanchemeut de très grandes nappes de basalte,
dont plusieurs couvrent d'inmienses espaces, comme celui qui
sépare le mont Dore du Gantai, la Planèxe et les environs de Saint-
Flour et du Puy. £n général, ces basaltes caractérisés par la pré*
sence de l'olivine, loorame les trachytes le sont par celle du feld-
spath» paraissent avoir eu une certaine répubion pour les autres
massifs feldspathiques. C'est sur leurs bords qu'ils ont coulé» en
leur construisant une large ceinture, souvent interrompue par des
vallées» espèces de barruncos résultant de cassures primitives élar-
gies par les eaux. Les terrains cristallisés ou les calcaires, mais
surtout les conglomérats ponceux, sont souvent mis à nu dans ces
768 sÊANCt DU 28 ÂTBiL 4862.
profondes déchirures, et les matërianx qui les compoient dm
permettent à peine de décider laquelle dea deux rodies, dn tn>
chyte ou du basalte, a posé la première pierre de l'édifia dènat'
télé dont les ruines attirent notre attention.
Les débris mélangés de cette période ont formé des allaTÎoHi
peu près contemporaines des premières éruptions. On y traim
rarement des restes de la végétation de cette époque, mais sonfeit
les dépouilles d*animaux divers. Les Mastodontes, les Elépliaiili,
les Hippopotames, les Rhinocéros, les Tapirs, les Chevaux, ki
Sangliers, les Hyènes, de nombreuses espèces de Chats, d*Oiin cl
de Cerfs, des Louti-es, des Castors, des Bœufii et beaucoup d'antre
types, habitaient alors le plateau central de la France et ooos
prouvent, par le grand nombre d'individus qui riraient à la fois,
que la fécondité végétale du sol était en rapport arec leur f xceaif
développement.
Il ne parait pas y avoir eu d'interruption dans les émîsNoni
basaltiques, et les grands plateaux n'avaient pas fini de s'épandier,
qu'il leur succédait, comme à la période tracliytique, desdyktf
ou filons qui font partout saillie au-dessus du sol. Loin départir
de grands centres, comme ceux qui ont donné naîssancse aux ph-
teaux, ces basaltes sont sortis de tous les points du sol primofdjal
et des terrains de sédiment, traversant à la fois toutes les couclici
préexistantes, pour former des affleurements que Ton rencootie
partout, et qui constituent des pics isolés.
Ces basaltes sont très souvent accompagnés de pépérites, surloiit
quand ils ont dû travereer, pour se faire jour, des calcaires et dtf
sédiments. Ils contiennent souvent de l'arragonite et de la méscH
typc.
L'apparition de ces pics nombreux, disséminés sur la majeure
partie du plateau central, en fracturant le sol pour sui|pr an
dehors, a donné naissance à de nombreuses sources ininéraleSi
dont les produits calcaires et siliceux ont cimenté 1rs pépérites et y
ont abandonné des filons ou des masses de quarts résînite oomine
nous le verrons un peu plus loin.
La volcanisation moderne n'a fait qu'ajouter aux nonibreom
inégalités du sol tous les cônes de scories de la chaîne des monU
Dômes, des flancs du mont Dore, et la longue série de la HanCe-
Loire ou les pics isolés du Yivarais.
La conflagration devint générale ; de grandes lueurs, d'immenses
incendies, vinrent éclairer ces grandes scènes d'horreur et de ma-
gnificence dont l'homme fut peut-étre déjà témoin, La lave incso-
NOTB BB y, LBCOQ. 769
descente est soiiio de plus de cent cratères; elle a comble des
vallées, vaporisé des cours d*eau et changé en déserts de pierres les
sols fertiles qu'elle a fait disparaître.
Une création végétale entièrement nouvelle s* est établie sur ces
laves refroidies, et le règne organique, apràs une lutte patiente et
victorieuse, a pris possession de ces terres nouvelles qui semblaient
vouées pour toujours à la plus aiïreuse stérilité.
Les alluvions qui existaient furent donc en partie recouvei*tes
par des laves, mais il existe encore de vastes terrains où les cailloux
arrondis par les eaux, les sables et les galets déposés par les rivières
et les ruisseaux, forment un sol graveleux et perméable sur lequel
bon nombre de végétaux se sont colonisés.
Depuis longtemps assoupie, la formidable puissance qui a créé
la plupart des irrégularités de celte région se manifeste encore de
temps en temps par des trépidations du sol, par des émissions
gazeuses, par des sources minérales à température élevée et par
des dépôts d'arragonite, de calcaire, d'oxyde de fer, etc. Ce sont
les dernières traces du feu qui s'est éteint à la surface, mais qui
brûle encore sous la croûte légère que nous habitons, sous cette
pellicule terrestre aujourd*lmi couverte d'une parure aux mille
couleurs dont l'éclat nous éblouit et dont l'origine est un mystère.
Parmi les faits nombreux et souvent nouveaux que j'ai rencon-
t4'és dans mes fréquentes excursions, je me contenterai d'en signa-
ler deux qui m'ont paru avoir une certaine importance.
Le premier se rattache à la fois aux terrains tertiaire et volca-
nique, le second au terrain erratique.
Relativement au premier fait, tous les géologues qui ont étudié
l'Auvergne ont vu avec étonnement, à Gergovia principalement,
ralternance des assises teitiaireset du basalte. Ceux qui ont pu
comme moi étendre leurs investigations ont retrouvé cette alter-
nance sui* plusieurs autres points. Il ne peut donc rester aucun
doute sur cette succession de couches tertiaires et basaltiques.
D'un autre côté, la superposition du basalte au terrain tertiaire
est tellement évidente qu'il faut accepter un ordre chronologique
précis et reconnaître que le basalte est postérieur au calcaire.
Les sources calcarifères qui ont donné naissance aux calcaires
marneux du bassin de TAuvergne étaient presque taries ou ne
fournissaient plus que des dépôts insignifiants quand les basaltes
oommencèrent à s'épancher.
Mais la période basaltique a dû être extrêmement longue, car
elle empiète déjà sur celle des trachytes qui l'a précédée, et elle
continue jusqu'à Tépoquc des volcans modernes à laquelle elle se
Soc. géoL^ 2" série, tome XIX. 49
770 séàncb du 28 atril 1862.
rattache d'uae manière évidente. Ces baialtes se sont montniM
la majeure partie de F Auvergne, se faisant jour, soit ma railicnda
assises tertiaires de la Limagne, soit sur les bords méoMidea
vaste bassin, soit enfin sur le sol primitif de toute la contiée.
J'ai relevé sur ma carte géologique plus de mille points éniptili
de basalte ; j'ai signalé un grand nombre de localités où celle
roche semble faire saillie sans avoir pu percer les calcaires oom-
plétement et venir au jour. Enfin on sait par les oscillations du
pendule que, prcsdeCiermont^à Opme. sur un point tout entouic
de basalte, se trouve une de ces inégalités ou amas de matière qsi
font que la terre ne peut être considérée comme un s|diénâde
régulier.
On ne peut guère douter que Taccu mutation de matière minérale
que des études géodésiques ont fait remarquer à Opuie ne soit
due à du basalte <lont une partie s'est épanchée en larges uappci
dans tous les environs.
On peut donc considérer l'Auvergne comme ayant éprouTe,
après la Formation des tei raiiis tertiaires, une réritable éruptioo
pustuleuse de cônes basaltiques. Un grand nombrt: de ces poinls
éruptifs se présentent sous la forme de pics, de dykes ou même de
simples fdons, et restent en saillies scoriacées ou formées de prismff
convergents. D'autres ont fourni de vastes coulées qui se sont
rpanchées dans les anciennes vallées, mais dont on retrouve le
point d'émission à une cirtaine distance.
Une des conséquences de cette grande éruption a été de briser
le sol préexistant et de ramener les causes qui déterni ioaîcnt la
formation du terrain tertiaire, c'est-à-dire de rappeler les sources
minérales dont les émissions abondantes avaient créé les dépôu
calcaires et siliceux de la Limagne.
Pendant la première période de dépôt tertiaire aucune ^fl«»
troublante n'est venue déranger l'uniformité de composition da
dépôt. C'étaient toujours des calcaires qui formaient des couches
superposées, un peu de silice qui se séparait en nodules de ménilite,
et (les argiles amenées mécaniquement par les torrents tribnUircf
du grand lac ou du Léman de l'Auvergne.
Dans la seconde période, dans cette recrudescence déterminée
par la soitie des basaltes et par la réapparition des sources miné-
rales, les phénomènes d'action et de réaction des eaux minérales
te sont compliqués d'un élément nouveau^ le basalte, qui ne poU"
vait figurer à l'époque tertiaire.
L'étude de ces terrains mixtes devient alors plus intéressante
Des assises calcaires ont été formées de nouveau; de là ces alter-
IfOTB DB a. LBCOQ. 771
nances d'un terrain que Ton a cru tertiaire et du basalte; de là
ces réactions des eaux minérales sur les basaltes et l'apparition de
ces substances minérales désignées sous les noms de nontronite,
collyrite, halloysitc, etc., dont plusieurs ne sont peut-être que des
mélanges et non des combinaisons en proportions définies.
Les éruptions basaltiques à travers les terrains primitifs ont
préparé les issues à des sources plus souvent silicifères que calcari-
fères. Des amas de meulières constituant souvent des monticules
existent à proximité des pics éruptifs de basalte.
L'bydrate de fer a toujours accompagné ces dépôts. Ce minerai
a été produit en abondance autour des masses siliceuses; il en
remplit les cavités, mais il n*ofFre jamais la forme granulaire ou
pisolitique des minerais des terrains plus anciens.
Le gypse a été intercalé à celte même époque basaltique dans
les brèclies et les pépérites qui avoisinent ou entourent les basaltes.
Ce minéral existait déjà dans le terrain tertiaire de l'Auvergne,
mais en petite quantité.
Les sources antérieures à l'apparition du basalte étaient essentiel-
lement calcarifères, silicifères, gypsifères et ferrifères.
C'est à la complication cbimique de ces sources que sont dues
les innombrables variétés de tufs ou pépérites qui enveloppent les
basaltes ou qui se sont épanchés autour d'eux. Les fragments de
roches des terrains traversés, en partie brisés par la force éruptive,
ont été mêlés au fer, à la silice, au calcaire et aux débris de basalte
pour former ces roches hétérogènes dans lesquelles on rencontre
encore des zéolithes, des arragonites et des opales impures diverse-
ment colorées.
Ces faits nous montrent partout l'action de l'eau dans les forma-
tions volcaniques, non de l'eau agissant mécaniquement, comme
dans la création des sédhnents, mais l'action de l'eau chauffée ou
surchatijfée^ agissant avec toute l'énergie que lui donnent la tem-
pérature et la pression réunies.
La seconde série de faits dont j'aurai à entretenir la Société est
la présence du terrain erratique eu Auvergne.
On rencontre sur le flanc méridional du mont Dore, depuis la
base jusqu'à une certaine dislance de ce groupe de montagnes,
tous les caractères du terrain erratique de la Scandinavie. C'est
principalement près de Latour et aux environs de Saint-Genès-
Champespe que l'on peut faire ces curieuses observations.
Quelle que soit la nature du sol, mais principalement le sol
granitique, il est parsemé de blocs nombreux, souvent arrondis, la
772 SÊANCB DU 2S AYRtL 18G2.
plupart basaltiques ; quelques-ulis sont quarlzeux, d'aaires, moins
nombreux, trachy tiques ou incmc granitiques.
Ces blocs sont de toute {;rosseur, depuis un véritable grafier
accumule en quelques cndroit^t, ju8qu\î des masses d*an mètre
cube, dispersées et éparpillëes sur le terrain.
Les vallées creusées dans le granité et tous les monticules qui
font saillie au-dessus du sol, lorsqu'on les aborde en tournant k
dos au mont Dore, c'est-à-dire en mai^liant vers le sud, offrent da
surfaces usées, polies, moutonnées, et rappellent parfaitement les
vallées des Alpes occupées autrefois par des glaciers, on cesplaioei
de la Suède où chaque saillie a été clioquée et usée par des cfaoci
répétés et violents. Des rainures, véritables Karrenj se présentent
aussi sur les {granités.
Si au contraire on marche vers le nord, cVs-tà-dire en sens con-
traire, ayant le mont Dore un face, les roches des yallécs, lei
saillies dos plainos, tout est abrupt; tout a conservé ses angles et
ses arêtes. On reconiinil distinctement un côté préserve^ tandis nue
l'autre a otc choque. On a donc la direction de la force qui a pro-
duit ce curieux phénomène.
Mais l«\ ne se borne pas la ressemblance de cette contrée res-
treinte avec les plaines et les vallées de la Scandinavie ; on y trouve
encore ces (rainées de blocs choquants qui se sont accnmuléscD
séries après avoir perdu leur puissmce. Un immense dépôt de ces
blocs existe au delà de Tauves et a reçu des habitants le nom
bizarre et expressif de Cimrt'tvrc dr.\ cningês. Nous pouvons citer la
vallée d'Orbcviale, près de Latour, comme un des points où lesgra-
nites et même les basaltes prcseutent au plus haut degré ce double
caractère de roche choquée d'un côte et préservée de l'autre.
Les mêmes faits se manifestent avec la plus grande évidence sur
la petite colline où est b^Uie l'église de Saint- Genès-Gliampespe.
D'un côté toutes les pentes sont adoucies, les angles an-ondis; à
l'opposé le granité oflre de petits escarpements et conserve ses
arêtes. Toute la plaine qui, de Saint-Genès s'étend jusqu'au Cantal,
tous les environs du joli lac de Las Pialacles présentent les mêmes
faits d'érosion et toujours dans le même sens.
C'est toute une contrée qui a été battue en brèche par une
puissante artillerie. C'est la lutte des vallées blindées de granité
contre les projectiles puissants de la nature.
Ces derniei-s f/isent maintenant eur le sol à l'étit de boulets
morts. Quelcpies-uns vaincus parla résistance sont tombés impuis-
sants au pied (le la foiterosse qui résistait à leui-s coups, d*autres
]|OTB PE a. UBCOQ. 77S
fraucLissanl les obstacles ont usé toutes les saillies et se sont arrêtés
api es Tœuvie de destruction qu'ils avalent accomplie. C'était Tâge
de pierre, mais la lutte n'avait lieu alors qu'eiitie les éléments.
La présence de niasses arrondies de basalte dur et compacte
formant la presque totalité des projectiles ne laisse aucun doute
sur leur ori^^ine. On remonte en suivant leurs traces jusque sur les
flancs du mont Dore. Là d'énormes plateaux basaltiques ont leurs
bords démantelés, leurs prismes brises en tronçons anguleux. On
reconnaît sans peine sur plusieurs points les arsenaux où puisait
la nature dans ces luttes de ravage et de destruction; reste à recon-
naître le moteur puissant au moyen duquel elle dirigeait ses coups.
Le feu ou Teau est la seule force que Ton puisse invoquer.
Le feu des volcans, quelle que soit son intensité, ne peut rien expli-
quer dans le grand phénomène qui nous occupe ; sa force soule-
vante et les éruptions qu'elle a pu occasionner n'ont aucun rapport
avec les faits que Ton peut observer dans tonte cette contrée, et
d'ailleurs les volcans avaient épuisé leui-s efforts lors de cette période
erratique.
C'est donc à Teau, cet agent mobile et destructeur, qu'il faut
demander compte du transport de tous ces blocs, de la vitesse dont
ils étaient animés et de l'action qu'ils ont exercée sur les roches
les plus dures.
Mais l'eau des ruisseaux qui coulent paisiblement aujourd'hui
dans ces vallées verdoyantes, l'eau même des torrents que des
pluies abondantes font descendre avec violence des hautes vallées
du mont Dore ne peuvent nous expliquer la projection de tous ces
blocs.
11 faut arriver à cette période géologique relativement moderne,
où l'eau, à l'état solide, est intervenue dans la formation des ter-
rains. Dès lors commence une série de phénomènes qui n'avaient
pas encore eu lieu sur la terre.
Notre planète douée d'une température plus élevée, enveloppée
d'une atmosphère plus chaude et par conséquent plus humide,
pouvait alors réunir sur des points élevés et condensateurs des
neiges abondantes qui s'accumulaient pendant la durée d'une
saison.
A partir de cette époque commencent ces terrains de transport
caractérisés par le tumulte et le désordre des ton*ents. La fonte
subite de ces neiges, les pluies vernales qui les accompagnaient,
donnaient naissance à des cours d'eau périodiques et violeuts
capables de communiquer une terrible impulsion aux débris qu'ils
entraînaient.
T7h SÉANCE DU 28 ATâlL 186S.
C'est h ces dëbâcles qu'il faut rapporter et le nombre eth vilaK
des blocs qui ravageaient les vallées, et qui, ayaot ëpuisë lean
forces, se dispersaient sur les plaines, ou s'arrêtaient eu loDgaa
traînées.
Cette ë|)oque de dëpôtetde fusions alternatives de neiges abon-
dantes a précédé partout sur la terre cette période glaciaire pendant
laquelle les nei{;es transformées en névé, puis en f^lace, se sont
étendues sous ia forme de fleuves congelés à de grandes distances
de leur |)oint d'origine.
Los anciens glaciers se sont retirés en laissant dans les vallées
des Alpes leurs puissintes moraines comme les tlieriuomètres â
mnxinia abandonnent leurs nolleurs. Il y avait |>our les Alpes,
comme pour le mont Dore, comme pour toutes les montagnes,
surnlioiiilance de ncij;e produite par une température plus élevée
que la nôtre et par une évaporai ion en rapport avec cette tempé-
rature. Ceux qui ont invoqur pour la période {jlaciairo un liivcr
éternel ou séculaire, un abaissement de température, n^ont pas
réfléclii que la glace îles glaciers se forme aux dépens du névé,
celui-ci par une modification de la neige; la neige est d'autant
plus abondante qu'il existe dans Tair plus de vapeur d*eau pour
en constituer les flocons cristallins, et pei^sonne, ù ma connaissance,
n'a imaginé de créer de la vapeur d'eau sans chaleur.
La communication de M. Lccoq donne lieu à queîques ob-
servai ions de la part de MM. Barrande, Delessc et Hébert.
Puis M. Ch. Sainte-Claire Dcville citOp à l'appui de ce que
M. Lecoq vient do dire de la relation qu'il a obserrée entre
l'apparition des dernières protubérances basaltiques et la sécré-
tion de certains calcaires lacustres, des faits analogues qu'il a
eu lui-même l'occasion de reconnattre en Sicile, dans les envi-
rons de Palagonia, de Mililello et de Scordia. Le lac de Palici
et la Valancella [qu'il a drcrits dans sa Deuxième lettre a
M. Dumas^ lui paraissent les derniers représentants, pour
ainsi dire, microscopiques, des émanations qui, aux époques
antérieures, oni fourni les masses d'acide carbonique auxquelles
OD peut attribuer ces effets.
Lo Secrétaire extrait ce qui suit d'une lettre de M. Zieo*
kowicz sur les résultats d'un sondage pratiqué à Venise :
LimS DI M. ZIBNKOWICZ. 775
Monsieur le Président ^
Vers la fin de Tannée 1858, M. le directeur des chemins de
fer lombards-vénitiens m'a confié la direction du forage d'un
puits artésien à la station de Mestre, à 8 kilomètres de Venise (1).
N'ayant, dans ce moment, que ce travail à soigner^ j'ai pu
suivre assidûment cette opération et minutieusement examiner
les matières que la tarière apportait d'une profondeur croissante,
qui atteignait 39 mètres le jour où les complications politiques
survenues dans ce pays ont empêché de poursuivre le forage.
Quoique les nombreux puits artésiens ouverts à Veni§e aient
déjà fait connaître la disposition du sol de cette contrée, je crois
cependant que les faits observés par moi présenteront quelque
intérêt à la science, et je vous prie, monsieur le Président, de vou-
loir bien les communiquer à la Société géologique.
Pendant le forage du puits de Mestre, j'ai remarqué :
1° A la profondeur de 7'°,/i3 à 10™ ,80, au-dessous du niveau
des rails, des dépôts de sable renfermant les coquilles terrestres
(Succinia, Hélix, Pupn, etc.); la sonde a apporté aussi des frag-
ments d'un calcaire blanc, compacte, à cassure unie ou saccha-
roïde, translucide sur les arêtes. Ces fragments calcaires ont reparu
dans le dépôt sablonneux à la profondeur de 21 à 23 mètres.
2° A la profondeur de I/4 à 39 mètres, les divers dépôts argileux
renferment des strates de tourbe ou des matières tourbeuses gros-
sièrement mêlées avec l'argile, souvent d'une manière assez intime,
il est vrai, pour donner à l'argile des couleurs ou teintes diverse-
ment variées. Ma tarière, de 0'°,45 de diamètre, apportait des
tranches du sol bien taillées, sans dérangement ni trituration de
la matière, de sorte que l'on pouvait parfaitement voir la dispo-
sition et la succession des strates et des dépôts entiers.
Dans tous les échantillons qui renfermaient des restes organi-
ques, j'ai remarqué que toujours la matière tourbeuse constituant
les strates de tourbe ou d'argile tourbeuse a dû subir une espèce
de trituration avant d'être déposée, car elle est en état pulvérulent
ou en plaquettes minces de petite dimension, ou quelquefois en
petits noyaux de tourbe compacte. J'ai trouvé aussi des fragments
ligneux avec des angles arrondis.
Je n'ai trouvé ni filament ou squelette de plante, ni filament
(I) La station de Venise est de 2", 86 à 3", 63 au-dessus du niveau
de la haute mer ordinaire. La station de Mestre est à 3™, 15 du môme
pOÎBt.
77C SfiAKCB DU 28 ATRIL 1862.
de racine pénétrant dans Tarp/ile, ce qui me fait crcure que la
matière vé{;étale formant les strates de tourbe ou disséminée dans
l'argile ne provient pas des végétaux croissant jadis sur les lieux
mêmes, mais vient plutôt des tourbières éloignées. En remontaot
la Breula vers Piazzola, on aperçoit dans le lit et sur les rives
de cette rivière des dépôts assez puissants de tourbe et des arbrtt
assez bien conservés. Cette circonstance semble venir à Tappui de
mon opinion (1).
Les événemeiUs politiques de 1859 m*ont empêché de pousser
le forage au delà de 60 mètres; je ne prétends donc pas attribuer
la même origine aux dépôts de tourbe que l'on a rencontrés dans
le forage des puits artésiens au fort iMalguena (2) dans la lagune
entre Mestre et Venise, à Santa Maria Formosa et a Tilc de la
Guidccca à Venise; cependant la puissance si minime de ces
dépôts et la présence des ar}',iles tourbeuses me fout croire que
leur origine est aussi alluviale.
y Aussitôt que la sonde a pénétré dans le dépôt argileux (h
2U mètres de profondeur), le dégagement abondant de gaz hydro-
gène carboné s'est déclaré ; sou bouillonnement a presque cessé
à 27*", 70, mais à 29 mètres il a recommencé avec force et a oon*
tinué avec des intervalles, selon que la soude traversait les dé-
pôts sablonneux ou argileux.
Tous les puits artésiens ouverts à Venise ou dans ses environs
produis(Mit continuellement le gaz inflammable; c'est un don
providentiel dont un jour les Vénitiens sauront profiter en l'em-
ployant comme chauffage dans les établissements de bain, pour
la distillation de Teau et dans tous les besoins domestiques. Il est
même étonnant que jusqu'à ce moment l'utilisation de ce précieux
combustible n'est fias venue à l'idée des habitants de Venise ; le
combustible y est cher, et pour un sacrifice de six à neuf cents
(1) En 4 857 et 4S58, étant chargé de rexécution de plusieurs sou-
dages dans le Pô pour la reconnaissaDce de la nature du soi i Borgo-
forte près Mantoue et à Plaisancu où doivent ôtre construits les ponts
pour les chemins do for lombards-Téni tiens, j'ai vu souvent que ce
fleuve, pondant ses débordcmenfs fréquents, charriait des morceaux
ou blocs de tourbe. C4OS blocs avaient la forme sphërique ou ellip*
soldalo, et étaient d'un volume qui dépassait 3"^, 50. Ils venaient du lac
Majeur, et par le Tossin et le Pôso rendaient dans l'Adriatique.
(2) Lo colonel du génie, directeur des fortifications, m'a dit que
l'eau du puits artésien de ce fort est le meilleur remède pour guérir
les soldats de la fièvre intermittente dont ils sont très souvent atleiats.
LBTTIB DE M. ZIBIVKOWICZ.
777
francs, chaque propriétaire pourrait se faire ouvrir ud puits don-
nant un cliauffage continu.
k^ Vers la profondeur de 27 mètres la tarière a commencé à
apporter des tubercules ou concrétions de diverses formes, sou-
vent perforées; leur surface démontre qu'elles se sont formées
sur le lieu même du dépôt. Ces concrétions se montraient dans
presque tous les dépôts argileux, jusqu'à la profondeur de SS'^yQO.
Les échantillon^ de ces tubercules ont été remis au secrétariat de
la Société géolo^jique au mois de mai 1859.
Tableau stratigraphique du sol traversé par la sonde pendant
le forage du puits artésien à la station de Mestre près Venise,
Remblai
Sable très t\n, jaune, argUeux
Argiie calcaire, jaune, «alileuse, queic|aefoi« bm-
nAlre
Argile ficaire, bleue ou verdfttre
Argile catciiire, janoe, sableuse, Irèi dure, atec
nodules calcaires •
Sable fin, jaune, urgileux, déliquescent, aqnifùre
remoBUat
S;ible fin, juune plus cluir, argileux
Sable fin, gris juunâtre, moins argileux
Sftbla, commo pins baut, gria plus clair, peu ar-
Êll^ux
le gris, fin, peu argileux, avec quelques ce
quilles et Fragmenls ralcaires anguleux; co
quilles {Suarinia, Hélix, fragments de Pupa)
lerrestres des endroits bumides d*eatt douce . .
Argile calcaire, bleue, fine, ductile ; de'sséchée,
devient gris blaucbltre
Sable gris blenfltre, très Cv>mpacle; liesscchë, do
rient gril •
Argile calcaire, rcsistanle, renfermant b matière
tourbeuse en tftat pnlTérnlent ; dessrclicV, de-
Tient gris blancbtlre
Argile, comme la prdcddenle, sableuse, bloue
(gri^e après dessicculion)
Argile blanc fauve ou Tiolaoëè, très résistante;
renfermant la matière tourbeuse en étal pulvé-
rnlent (après dessiccation, grise)
Argile gris faunAtre, sableuse
Argile bleue, violacée ou rosAire, grise (de di-
verses couleurs), compacte, présentint quelques
tacbes ou luberculei blanchAlres pins résis-
tants que la musse de matière, cependant
moins dure que celle rencontrée plus bas. . .
Sable gril» fin, nn peu argileux, très compacte,
avec quelques fragmenta de calcaire compacte
blanc, translucides sur les ai êtes. .
Ar^ blene (grise après desstccaiion),avec loarbo
pulvérulente et limon, puis argile se divisaul
par feuillets
Tourbe triturée, argile grise, tourbeuse, pais ar
gile noire
Argile bleue (grise après dessiceallon), avec lu
beraslM on oncrétloDs
un.
O.iO
0,10
1,30
0,30
0,15
0,S5
0.68
1,31
9,92
3,39
«,85
«,18
l,6i
1,50
0,SO
0,35
i,eo
i,50
3,li
1,10
1,57
0,55
pioroi-
HUl.
1,85
9,40
10,73
19,58
13,88
15,50
17,00
17,65
«9,95
90,75
93,86
9»,96
96,53
L'eau stationoalre.
Apparition du gas.
778
SfiANCB DU 28 AfUL 1862.
kvfijde maigre, déliquescente, hleue (grise), ofec
tabercales ou concrétions souvent perforées. .
Sable fin« arrileui, gris bleuâtre (see, grie |au-
nfttre), résistant, avec concrétions.
Subie fin, gris, argileux, devenant peu k peu plus
pur et aquif^
Tourbe triturée ou marne tourbeuse. •
Argile ou morne tourbeuse, brun noir&tre, très
résistante
Argile bleue (giise;, résisiunle, avec des veines
blanches et noires, avec tubercules ou concré-
tions
Sable gris blenitre, réti^lant, aqaifère
Argile fine, gris bleuâtre, compacte.
Arj^ile gris noiiâtre, sableuse, micjcée
Argile précèdent!», plus claiir
Sable argileux
Argile gris blanchâtre, Une, ductile
Sable fin, gris, un peu argileux
Tourbe triturée et argile tourbeuse.
Argile gris blanchAtre, avuc des roncrétiont. . .
Sable fin, gris, peu argileux, avec des coucrétions
souvent perforées
Sable plut fin
Argile marneuse, noirâtre, tourbeuse
Argile grisâtre, avec tourbe et coocrctions
Sable gris, fin, avec des débris de coquilles ter-
rostrea.
ipiis-
0,91
i,55
0J5
0,19
0,W
ï,74
0,S0
l,0«
l,W
0,iS
OM
0,16
0,t4
0,50
4,B9
0,10
0,15
0,10
0,14
nom-
tr.To
i8,33
39,8g
S0,95
39,09
33,19
ô4,'Kf
35,45
85,69
36,13
36,93
36.46
39,66
30,04
ter.
L*eau. plas aboa-
<lanl« et batf-
1jibI«, «iriTe à
f mètre an-denoFS
das raila.
I/aieeniion de Ti'an
•at moÀDa forte.
L'aacenslon de i'ean.
Iu« forte et beail-
aate, arrive de
noav«eu à f nèCre
«a - deasona des
raila.
r.'
L'eau a
d«« raila.
Le Secrétaire donne lecture de la note suivante de M. de
Hausiab.
Comparaison géographique^ orographique et géologique de la
surface terrestre açec celle de la partie visible de la tune;
par le feldzeugmeister pensionné cheYalicr de Hausiab (1).
La surface de notre globe privé de sa pellicule superficielle ne
nous offre que le pendant de la configuration ele la parité visible de
la lune, néaDiiioins, toute cachée qu*e8t maintenant cette resiem-
blance, je crois en retrouver des traces en grand comme en petit
dans les détails géographiques^ orographiques et géologiques de notre
terre.
Parmi les photographies Je la configuration lunaire, je distin-
gue : 1° des formes circulaires incontestablement volcaniques,
avec des bouches encore fumantes; 2** des formes semblables,
moins aisées à reconnaître, aver des traces de volcans actuels sur
(4) Cette note a été rédigée par M. Â. Boue.
NOTB DB H. DB HAVSLAB. 770
les rebords de ces anciens entonnoirs cratëriformes ; S^ des formes
analogues plus cachées à cause du recourrenient de dépôts ou de
sédiments neptuniens; (i° des formes quoique semblables, mais
plus ou moins défigurées par le concours de soulèvements, d'affais-
sements et de fendillements postérieurs. Telle est Tidée que je
vais m'efforoer d'établir, tout en reconnaissant d*un côté l'oppo-
sition de beaucoup d'incrédules et même de quelques géologues
connus, tandis que de l'autre je crois mon opinion déjà adoptée
pur des hommes distingués et compétents. Ainsi, sans parler
de Galilée, qui dès 17/i6 comparait le bassin bohémien â certains
fonds circulaires de la lune [Opera^ vol. II, p. 8), dès 1810 Ber-
zenberg, et dès 1826 Gruithuisen ont établi de semblables com-
paraisons pour le Cratère-Lac de Laach {Ann. de phys. de Gilbert,
vol. XXXIV, p. 352, et Archiv f, naturl. de Kastner, vol. VIII,
p. 20j. En 1829 M. Elie de fieaumont crut retrouver un cirque
de la lune dans celui de la Bérarde en Dauphiné [Soc. philo^
matiq. de Paiis, 7 mars, p. 19; Mém. Soc. (f/tist. nat.^ vol. V,
p. 17, et C, R, M. dtts se, 18/|3, vol. XVII, p. 1208). En 1881,
il détailla les rapports du relief de l'île de Crylan avec cer-
taines chaînes de la lune (Jnfi, se. nat., vol. XXII, p. 88), et en
1840 il compara en général les masses de montagnes circulaires
de la terre avec celles de la lune (C R. Ac des sc^, vol. XVI,
p. 1032). Environ vers la même époque, iM. F. de Strantz en fit à
peu près autant {Arbcitcn d. Schles. Ges, J, çaicti, Kultur^ p. 70,
et N. Jahrb, f. Min,^ 18(|4, p. 55/!t). En 1858 un savant Américain,
IVI. St. Alexander, adopta nos idées, au moins pour l'hémisphère
boréal du globe [Americ Associât., V assemblée), mais le seul
auteur qui se soit prononcé aussi généralement que moi parait être
feu le commandant Rozet. Dans son mémoire sur la sélénologie,
il dit en toutes lettres que, si la surface de la terre était débarrassée
des mers et de tous les dépôts de sédiment qui la recouvrent, les
formes annulaires y seraient probablement dominantes [Bail, Soe,
géol. de Fr., 1846, nouv. sér., vol. III, p. 266).
Néanmoins, tous les savants cités, y compris le dernier, n'ont pas
développé toutes les preuves de cette hypothèse, qui tend cepen-
dant à illustrer si essentiellement les phases premières de forma-
tion par lesquelles a passé notre planète. Je me flatte donc qu'on
ne regai*dera pas mon essai comme un hors-d'œuvre , surtout
lorsqu'à ce court exposé viendront se joindre une série de dessins
des exemples les plus patents pour les quatre ou cinq genres de
formes possibles à reconnaître sur la surface terrestre. Mais pour
oela il me faut plus de loisirs que dans le moment actuel.
780 SÉANCB J)U 28 ATHIL 1862.
iM'adressant à une assemblée d'iiommes sachant depuis ioag-
teiups allier meLveillcuseiacntla théorie avec la science pratique,
je n'ai pas besoin d'excuser mon entrée dans un champ si spécu-
lalif, comme ce serait le cas si je parlais à des réunions de savants
regardant comme superflu ou purement idéal tout ce qui sort de
l'A, B, C. de la géognosie de fait.
Si la projection sous laquelle s'offre à nos yeux la lune change
pour ces derniers tous les cercles en ellipses, néanmoins, en com-
parant une bonne carte lunaire avec une mappemonde terrestre,
on remarque, à côté d'une foule de différences dans les formes,
quelques configurations sur la terre ferme ou dans les coutoursdes
mers, qui peuvent se placer en face des formes circulaires fré*
quentesdans notre satellite. ÎVlaissi des planisphères on passe aux
cartes de plus en plus délai liées pour les différentes régions du
globe, on voit s'accroître graduellement ces ressemblances eu
grand comme en petit, tandis que notre opinion gagne des prouves
diverses, très valables et intéressantes dans les résultats des relevés
exacts orogi-aphiques, géologiques, miniers, volcaniques, Lalnëo-
logiques et séismiques. .
Une notion préliminaire, essentielle à ne jamais oublier, est que
la partie visible et très montueuse de la lune ne parait pas con-
tenir de l'eau, ni par conséquent de vapeurs et de météores aqueiu.
Si sa surface est couverte d*air, cette pellicule n'y devrait avoir
qu'une très petite altitude. Nous n'avons pas à nous occuper de la
question si le côté opposé de la lune a ou n'a pas une autre consti-
tution physique , comme cela est possible, car cette hypothèse
même admise ne peut influer sur notre comparaison qu'en tant
qu'il fût permis de croire que cette distribution des eaux et de Tair
dans la lune n'a pas toujours été la même. En effet, dès qu'on
admet des liquides et des gaz dans une planète, on doit s'attendre
à y trouver les mêmes produits ou des produits analogues à ceux
dont ces facteurs physiques ont trouvé moyen d'encroûter notre
terre, savoir des dépôts d'alluvion, des sédiments, ainsi que quelques
précipités et combinaisons chimiques. Or, ces dernières matières
doivent avoir une tendance notable à modifier la configuration
originaire de toute planète de ce genre par recouvrement autant
que par décomposition de ce qui existait. Dans la lune les formes
primordiales seraient restées intactes.
D'une autre part, tout nous dit dans notre globe que so surface
est loin d'avoir sa figure première, et que même la nature primor-
diale de cette superficie était autrefois tout autre qu'actuellement.
En effet, à coté de formes très différentes de celles d'aujourd'hui »
HOTB DB a. DR nAUSLAB. 781
les roches cristallines niassivrs ou même feuilletées produites les
premières nous donnent une idée de l'activité chimique terrestre
de cette époque si reculée. Or, pour se rendre compte de ce fait
très prohable, il ne nous reste que l'hypothèse d'une plus grande
dose de chaleur, et, par suite, d'une intensité plus grande d'électro-
magnétisme à la surface de notre planète. Nous sommes donc rame-
nés malgré nous à l'hypothèse plutonique, et nous devons laisser
forcément de côté ceux dont l'entendement ne peut se plier à de
pareilles suppositions, ou qui aiment mieux rester dans un doute
ne conduisant à rien et sans remplacement possible d'une idée
vraiment philosophique.
Mais si la surface terrestre a eu autrefois une température bien
supérieure à celle d'aujourd'hui, si sa masse a rayonné dans l'es-
pace une bien plus grande quantité de calorique, il est clair qu'il
en a dû résulter une série de configurations telles que nous les pré-
sentent ordinairement les matières fondues, incandescentes, ou si
Ton veut simplement celles soumises h une extrême chaleur. Or,
la similarité de ces dernières formes avec celles tant de la lune
que de notre globe a été signalée déjà plusieurs fois, comme par
exemple, par MM. Fournet (fi«//., l'« sér., i83/i, vol. IV, p. 200),
Angelot (r///o, 18^2, vol. XIV, p. 19), Viiiet, etc.
A côté de cela Tancienne chaleur du globe une fois admise, on
arrive à la donnée de matières visqueuses ou semi-fluides, non pas
seulement à la surface, mais aussi dans son intérieur, au moins
jusqu'à une certaine profondeur. Or, vu la double rotation du
globe deux forces ont dû agir sur la disposition et le déplacement
des matières en question, savoir la force centrifuge et la force cen-
tripète, tandis que la pression a contre-balancé dans l'intérieur
pour les déplacements possibles les suites de la viscosité. En con-
séquence de ces forces, il a dû se produire dans ces temps primor-
diaux non pas seulement des crevasses et des renflements, mais
aussi des élévations ou éjaculations de matière fondue, soit dans
des fentes, soit dans des centres de soulèvement; donc les formes
de la lune auront dominé alors manifestement sur la surface
terrestre.
D'une autre part, si d*abord des anfractuosités ou bassins de
lOches maintenant granitoïdes ont été entourés de tas de scories,
dès que la température s* est assez abaissée pour permettre la
conversion des vapeurs aqueuses de Tatmosphère en eau, il a dÂ
se former des alluvions et des dépôts chimiques qui n'ont dû
et n'ont pu s'accumuler surtout qu'autour des centres encoi'e
ÎQcandescciits. De là sont nés, par un métamorphisme autant de
782 StAlfCB DU 28 ATKIL 1862.
contact que de travail moléculaire intérieur ou d'ëlectro-chinie,
une bonne partie de ces schistes cristallins fcuilleCiés et coDloiiitti
qui nous entourent aujourd'hui. Si cespi^iiiîers recouvrements de
la croûte terrestre n'ont dû que peu altérer sa configuration pii-
initiye et caractérisée comme la lune par une multitude de basau
cratériformes et de fentes plus ou moins alignées ou étoilées, ca
grands traits primordiaux ont dû s'effacer d'autant plus qne h
terre s'est recouverte davantage de dépôts aqueux par transport oi
action chimique, mais en même temps des éjections ou ëruptiou
plu toniques ont dû se mêler çà et là avec ces derniers.
Il est donc naturel de ne plus retrouver aisément dans les fomMi
actuelles de la configuration du |;lobe les traits principaux de sa
forme primordiale, et cette difficulté devient encore plus évidente
par la pensée que, pendant la suite des époques géologiques, la
surface terrestre a dû éprouver, soit par la rotation du globe, soii
par des éjaculations visqueuses, soit par son refi-oidissenieot et le
l'etraitde sou intérieur, une série d'affaissements, de redressements
et d'exhaussements, ainsi que de fendillements locaux, qui ont dû
modifier essentiellement le dessin de sa surface.
Malgré toutes ses altérations les n<les du globe ainsi que les corn-
tours des terres et des mers décèlent encora en grand comme en
petit plus ou moins ces formes primordiales. Mais si elles ne sodI
que peu effacées çà et là, ailleurs elles le sont plus ou moins.
Or, l'omnie jalons de reconnaissance on trouve alors â la place
du fond des anciens entonnoirs les traces d'une longue con-
tinuité d^actions platoniques ou même volcaniques^ des amas
f;ypseux ou salijêresj des réseaux de filons ou bancs méialU-
fères, ou bien même des soijatarrs^ des volcans brûlants^ des éja^
culations de vapeurs acides^ ou tout au moins des localités riches
en tremblements de terre ^ en eaux thermales ou minérales.
Nous adressant d'abord aux océans et mers^ nous en remarquons
plusieurs dont les contours circulaires ou elliptiques frappent de
prime abord, tels sont par exemple, la mer Pacifique avec son
pourtour de volcans, le golfe du Mexique avec ses îles à volcans ou
à roches plutoniques de différentes dates avec ou sans imprégna-
tions métallifères, la mer d'Hudson et la baie de Baffin avec leur
prédominance de roches cristallines schisteuses ou plutoniques, les
mers d'Okhotsk et du Japon environnées de dépôts volcaniques de
divers âges, la mer Jaune, les golfes de Tonquin et de Siaui, le
golfe Persique, même les golfes du Bengale et d'Oman, etc. Par^
tout se présentent à peu près les mêmes formes de cratères fermés
ou à moitié ouverts, ainsi que la prédominance de roches schistor
ffOTB m M. DE HÀireULB. 788
cristallines ou plutoniques et plus rarement Tolcaniqaes. Sous des
rapports analogues on trouve à citer autour de l'Europe la mer
Blanche, la mer du Nord, les golfes de Gascogne et du détraît de
Gibraltar, tandis que la mer Méditerranée, d'après ses formes et
ses diverses profondeurs, se laisse décomposer au moins en six on
sept grands bassins cratériformes avec les deux fentes adjacentes
de TAdriatique et de la mer Rouge, dont le pendant complet est en
Californie. La Baltique, comme la Manche, se sépare de même en
plusieurs bassins, et en entrant plus avant dans le détail des petites
baies, des lagunes et des embouchures des rivières, on arrive de
même à de nombreux tracés de formes circulaires ou ovales,
comme nos dessins le feront sentir (baies de Maracaibo, d'Âca-
pulco, etc.). Remontant sur la terre ferme y nous recomiaissons
encore les mêmes formes cratériformes ou de fentes bien pronon-
cées dans toutes les mers intérieures^ comme la mer d'Aral, la mer
Morte et la mer Caspienne décomposée en deux, ainsi que dans la
plupart des lacs, tels que les lacs d*Ourmia, de Gondar, de Bol-
sene, de Castoria, d'Ochrida, de Klagenfurt, de Baikal, du Léman,
de Côme et de tant d'autres que je crois inutile d'énumérer (lacs
du nord de l'Amérique, etc.).
Or, celui qui nous suit jusque-là nous a donné raison pour la
totalité de notre thèse, car les formes cratériformes, ou de fentes
sur terre ferme, dans les bassins de rivières et les vallées ^ ne sont
que la mise à sec de ceux des mers, lacs ou vallées, qui ont jadis
existé. Ainsi, les grands bassins du Gange, de l'Ëuphrate, du Mis-
sissippi, de l'Amazone, etc., ne sont, aussi bien que les déserts de
la Perse et de Gobi, les steppes russo-asiatiques, le Sahara, etc.,
que des formes circulaires ou ovales, qui se retrouvent exactement
dans la lune.
Si l'on descend dans de plus petits détails, le même fait devient
encore plus évident, par exemple, dans le bassin circulaire de la
Bohême,, dans ceux de la Hongrie, de la Transylvanie et du bas
Danube , dans ceux de Tarchiduché d'Autriche , de la Bavière
supérieure et de la Suisse, dans ceux de Paris, du'Pô, de la
Limagne, etc. En outre, on remarque encore dans ces cas, à côté
de ces entonnoirs, d'autres formes, savoir des crevasses continues ou
$e décomposant en plus petites dépressions cratériformes y comme le
bassin du Rhin, de Bàle à Kreuznach et à Bonn, celui du Rhône
sous Lyon, les bassins et défilés du Strymon et du Vardar, les
4éfiiés du Danube entre ie Bannat et la Valachie, etc.
Enfin, en appliquant le même genre d'analyse de géométrie
'graphique aux vallées indinduelles^ on trouve le plus souvent à
78A 8ÊÀNCK DU 28 AVRIL 1862.
les ilécomposer, au moyen de leurs formes particulières, deleun
foiitls ou par leur enlouragc de montagnes, en un plus ou noia
grand nombre de figures circulaires ou ovales, fermées oa oam-
les, ou bien en fentes. Ainsi, le haut de bien des vaiiëcs des r^ioa
montagneuses offre des fonnes cratériformesëvidenles, par exemple,
le vald'EnferauMont-Dore, lecirquude GaTarnieâ latëteduGan
de Pau, le cirque du cul-de-sac de la vallëe de la Fcllacfa prcsde
Fellacli (Windisch-Gersten) en CarinlLic, le cul-de-sac évaié de
la vallëe de TAgno autour de Recoaro dans le VicentÎD, la vallée
de Cliamouny, la fente pi-ofonde des bains de Gastein en Sab-
bourg, celle des bains de PfefFers en Suisse, de Carlsbad en
Bohême, du Mont-Dore, etc., le fond circulaire des baius de Pjr-
mont, les vallées de Tœplitz et d'Eger en Bohême, le pays do
Hongrois Secklor ilans la Transylvanie orientale^ la fente de
TAluta au défilé de Kothenthurin, les petits bassins et défilés de
la Mur et de TEnns en Styrie et en Autriche^ etc.
Si nous |>assons enfin à Texameii des tiétaih de géographie
géologiijuCf minière^ balnéologique et séismique dans les bassins
cratériformes ou elliptiques que nous avons re<x>nnus, et si nous
faisons la même chose pour les j entes qui en dépendent, nooi
trouvons partout une richesse inouie de faits confirmant notit
géogénic.
Ainsi, cherchant des exemples de Jortnes circulaires avec des
volcans encore brûlants^ nous en trouvons un de cette espèce dans
la baie de Naples avec ses lies, ses volcans éteints et brûlants, sci
solfatares, ses eaux thermales, hydro-sulfureuses ou acîduleSi ses
émanations gazeuzes et ses tremblements de terre. De même nous
en reconnaissons plusieurs sur une plus ou moins grande échelle
dans les îles de l'Asie orientale, etc. Partout ce ne sont que des
formes lunaires.
Passant aux formes svniblables nu peu moins claires^ nous pou-
vons citer la campagne de Home et le pays s*étendant de là vers
la Toscane. Les configurations circulaires y sont fréquentes, et k
leur pourtour s'élèvent des masses trachytiques, doloritîques ou
basaltiques; de plus, il y i\ des cratères secs, des solfatai'es, des
sources minérales assez seuiblables a celles de Maples, des eaux
incrustantes, etc. Les tremblements de terre n*y sont pas rareSp
et même quelquefois ils sont encore dévastateurs. Des dépôts
neptuniens récents remplissent, en partie, les plus bas-fonds de ces
entonnoirs, dont le |)ourtour a été encroûté plus anciennement de
sédiments secondaires.
Parlant à des Français, je n'ai guère besoin de leur rappeler
NOTE DE M. DE UAUSLAB. 785
leur Limagne, ce bassin tertiaire d*cau douce au pied d'une série
de volcans éteints et de dômes de tracliyte, tandis qu'ailleurs
s'élèvent des groupes de montagnes étoilées de trachyte et de
basalte; la lune offre une foule de formes de cette espèce. Les
sources thermales, acidulés, incrustantes et autres, n'y manquent
pas plus que les chocs de tremblements de terre.
On peut faire des remarques semblables sur la Hongrie et la
Transyhatde ; ces deux ou ti*ois grandes formes circulaires origi-
naires s'y décomposent aisément en un certain nombre de
plus petites. Leur pourtour antique est décelé encore par des
amas locaux de roches cristallines, schisteuses et massives, dont
les autres portions sont cachées surtout sous d'énormes sédi-
ments amoncelés par des courants pendant l'époque secondaire.
En même temps çà et là des préci|)ités chimiques paraissent le
résultat d'éjaculations énormes d'eaux minérales. Or, cette der-
nière théorie peut s'étayer aisément de la certitude acquise que
les eaux ont dû pénétrer dans le sol et les roches probablement
autrefois plus qu'à présent, vu la porosité et l'état probable extrê-
mement fendillé des premiers dépôts. Ces cratères des pays ma-
gyares ont été subdivisés en un bon nombre de petits bassins
placés sur les bords autant que dans le milieu des grands enton-
noirs primitifs. Examine- t-on l'entourage de ces bassins, on y
remarque les restes de grandes éruptions porphyriques, serpen-
tineuses, trachytiques ou même des basaltes, tout cela avec un
accessoire de fentes remarquables et de localités souvent visitées
par des tremblements de terre. Gomme dépressions les plus pro-
fondes apparaissent deux plaines tertiaires immenses el sans
arbres, puis, à côté de ces lacs récemment écoulés, deux nappes
d'eau véritables. Enfîn une multitude de sources thermales, hy-
dro-sulfureuses, acidulés ou salines, y attestent encore aujourd'hui
une continuation du chimisme souterrain. C'est à cet agent puis-
sant que le sol magyare est redevable sans aucun doute de ses sels
et de ses sources salées, de ses gypses, de ses sélénites, etc. Si une ou
deux solfatares expulsent encore des gaz chauds hydro-sulfuriques,
les alunites de Hongrie en sont jadis aussi résultées. Enfm on ob-
serve encore de rares cratères éteints.
Le bnssin ovale du PS y cet entonnoir lunaire, a été décomposé
par la suite en trois, qui forment maintenant trois provinces dif-
férentes de ritalie septentrionale. Le bassin supérieur ou du
Piémont a été comparé plusieurs fois aux cratères de la lune à
cause de sa profondeur et des formes abruptes des Alpes, où règne
une si grande masse de roches schisteuses cristallines, de proto-
Soc. géuL^ 2« série, tome XIX. 60
'i
780 StANCB DU 28 ÀYRIL 1862.
gînes et de serpentines avec divers dépôts de mineraîs dans ces
énormes culots ignés. Les bassins lombards et vénitiens, quoique
remplis de sédiments tertiaires etd*alluvions, présentent des signes
incontestables de volcanisme ou piutonisme à leurs pourtours,
et çà et là même dans leur intérieur. Tout le monde y connaît
les porphyres, les tracliytes, les basaltes, soit dans lai*égion secon-
daire de ces bassins, soit dans leurs îlots. Il en est de même de
la distribution des eaux thermales, h ydro- sulfureuses, acidulés et
salines. Si ces dernières ne sourdent pas immédiatement de rochei
ignées, on les voit percer le fond d'entonnoirs où règne le gypse,
comme, par exemple, à Recoaro, â Agordo, eta Enfin, au sud de
ces bassins sont les salses du Modenais et les exhalations de gaz
hydrogène carboné du Bolonais.
Le bassin de la Bavière méridionale occupe évidemment la place
d'un ancien cratère, à côté/luquel étaient non pas seulement celui
de la Bohème, mais encore celui de la Franconie ou du Main, et
plus au nord celui de la Hesse électorale si riche en basalte et
mênie en phonolites et en trachytes. Enti*e les cavités de la Ravièiie
supérieure du Mciin et du Neckti*. se sont formés sur le pourtour
de ces'marmilfs plutoniques des dépôts autant arénacés que cal-
caires, qui pondant Tépoque secondaire l'ont recouvert presqur
entièrement à l'exception de certains petits cratères ou solfatares.
Or, ces derniers points soutTorigine non pas seulement des localités
jurassiques si riches en fossiles et connues par la fissilité de leurs
roches, mais surtout de celles de certains petits bassins à dépôtsd'eau
douce ou d'alluvion avec quelques tufas basaltiques ou éruptlon<i
de ce genre. Tels sont les bassins de Steinheim, etc., où ont
jailli si longtemps d'abondantes sources déposant du carbonate
de chaux.
fia Bohême est une contre-partie de cirques lunaires, qui est
enchâssée dans un bourrelet schislo-cristallin ou granitique comme
un diamant dans une ban;ue d'or. Des produits plutoniques, des
dé|)ôts et filons métallifères de toute espèce sont associés à cet
ancien entourage ou le coupent dans certains sens. En même
temps ont surgi dans l'intérieur de l'entonnoir, à plusieurs reprises,
des roches porphyriques, trappéennes, basaltiques et même voU
caniques. Ce véritable grand cratère a offert encore à l'époque
tertiaire une dépression remplie d'eau et d'une étendue considé-
rable, surtout vers le nord. C'est là maintenant la place d'inoom-
brables sources thermales, acidulés et minérales, qui y attestent
encore une action chimique Intérieure. Le piutonisme s'y est
déplacé plusieurs fois par la suite des siècles, connue cela arrive
I
irOTB DE É. DB HAUSLAB. 7^7
dans tous les yolcans, et les tremblements de terre n'y ont jamais
été rares.
Pour les exemples de dépressions allongées et opales^ je mécon-
tente des bassins inférieurs du Rhône et du Rhin. Le premier avec
sa dépendance, celui de la Saône, se laisse aisément diviser en
plusieurs fonds elliptiques, qui forment maintenant les places
de dépôts tertiaires et d'alluvion, telles que I«1 Bresse, la plaine de
la Crau, la Cnmargue, etc. Sur leurs rebords se sont accumulas
autant de dépôts secondaires que de roches graniloides, por-
phyriqueS et même basaltiques (dans le Vivarais). La partie supé-
rieure du bassin de la Loire était aussi originairement une con-
cavité cratérifonne qui s'est remplie, etc.
Pour le bassin du Rhin, il se partage au moins en trois. M. Boue
ainsi que d'autres géologues ont cru dès longtemps reconnaître
dans la distribution des granités et porphyres des Vosges et de la
forêt Noire les restes démantelés du pourtour d'un très ancien
cratère, dans le milieu duquel s'est élevé très postérieurement du
milieu des eaux l'amas volcanique du Kaiserstuhl. Plus au nord,
on retrouve des rebords assez semblables dans TOdenwald et les
montagnes du Palatinat ; néanmoins, sur ce dernier côté, l'ancien
entoura|j[e a été plus recouvert et offre d'immenses dépôts de
roches poi-pliyriques et trappéennes, où le mercure, le cuivre et
le fer ne manquent pas. Les filons et réseaux métallifères des
Vosges et de la forêt Noire sont connus. Il en est de même de
l'exti^me abondance des eaux minérales sur les bords du Rhin.
Ces actions chimiques intérieures ont surtout lieu dans le Nassau,
ou dans la partie nord-est, moins ailleurs. Les rapports de ces der-
nières Avec l'énorme dépôt basaltique du Vogeisberg et du
Westerwald deviennent une probabilité. Ces eaux émanent entre
les limites de deux anciennes grandes chaudières primordiales.
Le bassin tout à fait inférieur du Rhin, ou si l'on veut le golfe
tertiaire rhénan, par opposition à la mer et au lac tertiaire du
Rhin moyen, n'est encore qu'un grand arc d'une ancienne forme
circulaire. Sur ses pourtours s'élèvent du sol antique ou récent
des pitons trachy tiques ou basaltiques avec des volcans éteints,
des cratères- lacs et une quantité d'eaux thermales, acidulés et
salines aussi bien que ferrugineuses. Ces contrées sont en Europe
l'un des sièges d'assez fréquents tremblements de terre, tandis
que les boixls moyens et supérieurs du Rhin ont aussi leur chro-
nique séismique. Bâle a été une fois le centre de tels mouvements,
qui furent de longue durée.
Enfin, on peut ajouter que plus haut sur le cours du Rhin, se
788 SÉAlfCB DU 28 AVRIL 1802.
trouve le fond ovale du lac de CoDstance avec les rochers phoooli-
tiqucs de l'Hegau et les roches granitiques de Rheînfeld; on
dernières dénotent encoi*e l'ancien pourtour du cratère, mainte-
nant la portion d'un bassin tertiaire simplement avec (|aelqaei
eaux minérales de quelque importance près de son entourage.
On peut avancer, en général, sans crainte d'erreur, que tousiei
grands bassins secondaires, tertiaires et d'alluvion ne sont en der-
nière analyse que de grandes places d'une petite altitude absolue
ou au moins basses relativement à leur pourtour. Leur forme eit
le cercle ou Tovale, comme on l'observe dans les dépressions de
la lune; tantôt la figure est complète, tantôt elle est détruite à
moitié ou déchirée en plusieurs lieux. Tels se présentent les bas-
sins tertiaires et secondaires de Londres, de Tile de Wîght, de
Paris, de la Loire, de la Limagne, du sud-ouest de la France, de
l'Arragon, des Castilles, de iVJurcic, du royaume de Grenade,
de l'Andalousie, du Roussillon, du Languedoc, de ceux au nord
et au sud des Alpes, de la Hesse électorale, de la Tliuringe, du
pays s^axon autour de Leipzig ou de Dresde, les bassins sur le
Danube, ceux en Turquie dans le nord de l'Albanie, dans la
moyenne Albanie, la Thcssalie, la iVIacédoine, sur Tlndge-Karas-
sou, le Vardar, le Strymon, eu Thrace, dans le centre de TAsie
Mineure au pied du Caucase , sur l'Euphrate , Tf ndus , le
Gange, etc., etc.
S'il est facile souvent de subdiviser les bassins énumérés en
de petites concavités cratériformes (comme par exemple dans le
cas du Strymon qui offre au moins trois ou quatre dépressioni
manifestes de ce genre autour de Radomir, Djoumaa, Aleinîk et
Seres, etc.), si, dis-je, pareil partage est aisé, la constitution
orographique et liydiographique nous fournît aussi les moyens
pour débrouiller de la même manière ce qui ne semble être que
des jj in inrs immenses .r<7//.f y?//. Dansée casse trouve, par exemple,
la grande région basse, qui s'étend, en Europe, de la Hollande
en Russie. Plusieui*s formes circulaires ou ellipsoïdes s'y laissent
démontrer tout aussi facilement que dans les bassins gi{*antesques
du nouveau monde, savoir : dans ceux du IMissis8ippi,de l'Amazone
et des fleuves des républiques de la Plata. Je me flatte que mes
dessins prochains écarteront tout doute à cet égard.
lia place de ces cercles et ellipses une fois fixée sur des cartes,
ou trouve que (fautres sur une plus grande échelle Tiennent s*y
adapter, soit par concentiicité similaire, soit par juxta-positîou
rationnelle et fondée sur les données oro-hydrograpliiqtics et
goolo(;iques. Pour chaque formation plus ancienne, on voit
IfOTB DE M. ÉBRâT. 789
s'agrandir les figures OU leur diamètre jusqu'au moment OÙ on arrive
à reconnaître que deux cavités voisines maintenant n*en devaient
constituer qu'une dans l'origine des choses. Or, ceci nous amène
à admettre une fois sur la surface terrestre des dépressions circu-
laires tout au moins aussi énormes et surtout aussi profondes que
celles admises dans la lune . D'une autre part, on comprend que
par la suite des siècles et des accidents géologiques, bon nombre
de CCS cartes et de leur pourtour ont dû disparaître complètement
ou ne plus laisser apercevoir qu'un trou de peu d'importance.
Telle nous parait l'origine d'une partie au moins despctics enton-
noirs cm lérij ormes, qu'on observe dans les régions des schistes cris-
talliiis et terrains paléozoïques, comme en Scandinavie, en Russie,
en Ecosse, dans l'Angleterre septentrionale, dans la Bretagne, au
Canada, aux Etats-Unis occidentaux. Les cavités en tout ou en
totalité sont souvent remplies d'eau des lacs, tandis que leur
pourtour porte encore les traces du plutonisme par leurs granités,
porphyres, roches trappéennes, gypses, sels ou plus rarement
des dépôts métallifères, ou même des sources minérales.
Le Secrétaire donne lecture de la note suivante :
Stratigraphie de la craie moyenne de la vallée du Cher
et (le la vallée de V Indre; par M. Th. Ébray.
Les changements de faunes, la présence d'animaux perforants,
les modifications dans la nature minéralogique des couches, dans
l'épaisseur des étages, le durcissement de certaines surfaces de
contact, proviennent en grande partie des changements dus au
refroidissement du globe, à la composition variable avec le temps
des eaux de la mer et de l'atmosphère, aux oscillations du sol, aux
mouvements cataclysmiques, et ne s'opèrent pas en tous lieux avec
les mêmes caractères. En effet, l'uniformité que l'on remarquerait
dans les sédiments et dans l'apparition des êtres venant se déposer
sur une sphère, sans lignes isothermes et sans oscillations du sol,
est troublée en réalité par l'action inégale des rayons solaires et
par l'irrégularité des oscillations qui ne se produisent ni partout,
ni au même moment, ni avec la même vitesse; l'inégalité dans la
profondeur des mers rend aussi l'effet des oscillations plus ou
moins apparent.
On conçoit donc fort bien, en ce qui concerne la craie moyenne,
pourquoi à Test de la Loire il est impossible de tracer des lignes
de démarcation exactes, tandis que les différents termes de ce
7QQ sÊAifcy pu 28 ATiiL i862.
dëpot puissant se séparent de plus en plus les uns des autres îqi
l'ouest. En effet, certaines oscillations d'une amplitude dconée,
qui, dans cette première direction et dans des mers proibiMks^
sont restées sans action sur les sédiments, ont pu laisser des trsocs
évidentes dans la seconde.
Mous avons montré que dans la Nièvre la période de la craie
moyenne se compose d*un grand massif calcaire au milieu duqud
les êtres organisés se succèdent dans uu certaiu ordre, saus ofiiir
cependant ces cessations brusques d'existences que Ton suppcsait
autrefois constituer le fait {;éncral ; nous avons chcrciié à étudier
les modifications auxquelles sont soumis ces dc^pôtSi en donnant
des coupes nomlueuses qui élahlissent que, dans tout le dépans-
ment du Cher, il se développe graduellement au milieu de la craie
moyenne un système sableux qui augmente peu î^ peu d'épaisseur
aux dépens des couches inférieures et des coucliea supérieures; que
ce système a fmi par envahir rensend)le des couclies, et qu*à Vier«
zon la craie chlorilce ne constitue plus que des dépôts fort Diinœs
de forme lenticulaire enclavés au sein des grès, et au milieu des-
quels se développe la faune de cet é(age.
Nous prendrons Yierzoïi comme point de départ de l'étude qui
va suivre, et nous rappellerons ici, pour faciliter la lecture, que
Ton relève aux environs de cette ville la coupe suivante :
Fio. t.
1
2
3
4
S
6
7
Silex remaaiët, av*c tpoagiairci (lraiicli««t «le U Rauiudièm).
Marnes argileusn, qaelqnefoît reitifitros, avae Ostrea coiumba et Ottr^m
V9»icularlt idtUibi & Peutrée sud «lu tuunel de PAloaette).
Sables arec grèt et quelquei Trigûines fort rares.
Grès uvcc quelques coui hes suburdounées de craie chlorilcfc. Ammomitms
ManUlltiy Bhynckoneila compnssa, l'rigQttia spitosa, Aifg^imta cmgsië
(truuchée de- Vie non).
Argiles panackvMdn gault*
Gresinff;rieuisdu gauU.
Terrain! junissiquei.
IfOTS SB. M. £B1ÀT. 701
Vallée du Cher,
La direction de la vallt'e du Cher étant peu éloignée de la direc-
tion des couches de la craie moyenne, on doit s'attendre à voir les
étages disparaître très progressivement et lentement. Ce phéno-
mène se produirait avec une lenteur bien plus grande encore si,
de temps en temps, quelques petites failles ne venaient pas hâter
l'apparition de couches plus récentes.
Ainsi, la distance de Vierzon à Toui*8 étant de 12 myriamètiea
environ, Tépais^eur totale des étages affleurant étant de 200 mètres,
on obtient, en tenant compte de la différence d'altitude des deux
points extrêmes, une inclinaison de 1 à 2 millimètres par mètre.
Cette inclinaison est une inclinaison théorique mininia, car Tincli-
naison normale est un peu plus forte à cause des contournements
assez fréquents dans cette série de dépôts.
A peu de distance à l'ouest de Vierzon, au pied de la colline
entamée par le canal, on reconnaît de temps en temps quelques
faibles traces d'argiles bleues et de grès rouges qui représentent
les derniers vestiges de Tctage albien.
Ces couches inférieures, qui font ici leur dernière apparition,
sont surmontées par le système sableux et gréseux au milieu duquel
nous avons constaté à Vierzon quelques strates lenticulaires de craie
chloritée; ces dernières paraissent ici ne plus exister, et les grès
permettent de recueillir quelques fossiles, tels que Ammonites
Mon telle ^ Avellana cassis^ Rhynchonella compressa.
Vers le sommet des coteaux, on continue à remarquer que le
système sableux qui comprend la craie chloritée de Test et les bancs
calcaires à Holaster subglohoMis est surmonté par un système cal-
caire à la base duquel on constate les ostracées. Ce dernier système
est difficile à étudier entre Vierzon et îVlenetou, où il est toujours
recouvert par les terrains de transpoi*t post-crétacés et post-ter»
tiaires.
La couche à ostracées perd entre Vierzon et Menetou une partie
de ses éléments calcaires ; elle devient argilo-sableuse et se charge
de grains chlorités. On reconnaît que les calcaires supérieurs se
composent à la base de marnes sans stratification distincte et vers
le haut de couches chargées de silex et de spongiaires.
Vers Villefranche, la craie se recouvre du diluvium post-crétacé,
composé, comme vers Sancerre, de silex arrondis ou non, quel-
quefois agglutinés et formant des pondingues qui se chargent par
place et surtout vers le haut, au contact du calcaire d'eau douce,
702 SÉANCK DU 2S AVRIL 1802.
de matières ferrugineuses correspondant aux minerais du Berri ;
puis apparaissent les calcaires et les marnes d*eau douce reposant,
ici comme ailleurs, sur cette formation de transport.
A peu de distance au nord de Selles, les terrains tertiaires s'a-
maigrissent et permettent de nouveau d'étudier la craie qui a ëtë
largement découverte par les travaux qu'a nécessités la construc-
tion du canal.
Les affleurements mis à jour par ces travaux sont beaucoup plus
instructifs que ceux que l'on rencontre en suivant la route împë>
riale, qui n'offi*e entre Selles et Saint-Aignan que des terrains
remaniés et quelques lambeaux tertiaires.
Les déblais du canal montrent des sables qui correspondent aux
sables de la Motte-d'Humbligny, puis au-dessus, des marnes sa-
bleuses vertes avec de nombreux (p*ains de silicates de fer et pétries
d'ostracées. Ce sont toujours les mêmes espèces qui se rencontrent
dans les marnes du sommet de la Motte; VOstrea columba présente
une identité complète, mais VOstrea vesicit/aris commence déjà à
se modifier ici en prenant une forme plus trapue, plus bombée, et
en s'aclieminant de cette façon vers la variété biauriealata. Cette
variation dans l'espèce parait donc coïncider avec le passage des
sédiments calcaires à la marne sableuse, et nous verrons plus tard
que le terme extrême de cette modification correspond aux sédi-
ments entièrement sableux.
Au-dessus de la coucbe à ostracées, on voit une forte épaisseur
de calcaires; marneux à la base, ils présentent quelques rares
exemplaires d! Itioceramiis problematicus ; siliceux au sommet, ils
sont sillonnés par des silex et souvent remplis de spongiaires.
Jusqu'ici les déblais nous ont permis de constater des superpo-
sitions sans entrer dans le détail des couches, car il arrive souvent
que les coteaux des vallées, lentement minés à l'étiage par l'action
érosive des rivières, ne présentent que des couches qui ont éprouvé
des tassements et des glissements. Pour obtenir des coupes nettes,
il faut des excavations profondes comme celle que nous allons
décrire, et au-dessus de laquelle est bâti le hameau de Fortaveau.
Le canal, pour se frayer un chemin un peu direct, a entamé le
pied du coteau de Fortaveau; mais, en entamant ce pied, il a
détruit l'équilibre des masses qui reposent sur des couches argilo-
sabionneusesaquifères; fonctionnant alors comme un plan incliné
lubrifié, il se produisit donc un fort éboulement, qui repoussa le
canal au loin en donnant lieu à une véritable petite faille indiquée
sur le croquis suivant :
ifOTK m m. BiBAi.
Coupe perpendiculaire à la vallée.
Fia. 1.
Cet accident a mis au jour une épaisseur assez foile de marnes,
dont les qualité Tui-ent bientôt appréciées par les agriculteurs ; et,
comme dam ces dernières années, la Sologne réclamait cet amen-
dement minéral, une société industrielle de Vierzou se mit à
ouvrir à câté de l'éboulement une forte marniËre, qui aujourd'hui
permet arec l'escarpement de relever une coupe fort détaillée^
précisément au point où l'étage tuTonien repose sur l'étage céoo-
Coupe longitudinale de l'escarpement et des
de Fortafeau.
79i SÉANCE »v 28 AYRn ft862.
Le massif 1 est compose de couches calcaires a^ec nombreux
silex et spongiaires; ce sont ces couches que nous avons rencon-
trées en désordre sur tous les sommets des coteaux entre Y ierzon
et Selles.
Au-dessous se remarquent des bancs de calcaire l^^èrement
marneux; ce sont les bancs 2 exploités dans les marnières.
Les fossiles contenus dans la marne sont fort rares; on y ren*
contre déjà quelques Inoceramus probiematicusy si abondants à ce
niveau dans la vallée de Tlndre, dans la Vienne et dans la Sarthe.
La marne repose sur une couche de 1 mètre d'épaisseur de
sable argileux pétri de grains verts et constituant une véritable
oolithe ferrugineuse. Les fossiles sont fort abondants et n'appar-
tiennent qu'à deux espèces d*ostracées [Ostrea vesictdaris et Ostrea
columha]. En examinant certains individus de cette première
espèce, on ne saurait les distinguer de VOstrea bfauricuiata. Au-
dessous vient un petit banc de calcaire sableux endurci et pétri de
Serpules, avec quelques traces, il est vrai» assez rares, de litho-
pliages; ce banc est assis sur une forte épaisseur c(e sables avec
bancs subordonnés de calcaire fort sableux, contenant Ammonites
cenomanensis^ qui repose lui-même sur les grès à Ammoniies
Mantelli,
Nous interpréterons plus loin, quand nous nous occuperons de
la cla»si6cation, la succession que nous venons de déci'ire.
Les couches s'affaissent légèrement en descendant la vallée du
Cher, tout en conservant les mêmes caractères. Un peu au nord
de Noyers, les couches supérieures des assises à Inocrramtu pro^
hlematicus se recouvrent de bancs épais de craie micacée, dans
laquelle des carrières considérables ont été ouvertes ; cette craie
possède tous les caractères litliologiques et paléontologiques de la
craie micacée de la Touraine. On y rencontre Arca ligerienfis (4),
Nautilus sublœvigatus. Ammonites Fietbanciij A. perampins (2),
Cardium subaiternatum, Pinna qnadrangularis.
Le coteau au nord de Noyers offre la coupe suivante :
(O Arca Nopeliandf d*Orb.
(2) On remarque un gros exemplaire de cette espèce déposé au bas
d'une maison de carrier.
ROTB Dl II. ÉBIAT. 796
1 — Craie sableuse altërëe correspondant probablement aux bancs de Clion.
S — Bancs épais Je craie micacée; épaisseur : 10 à 15 mètres.
3 — Craie arec nombreux silex ; ce tout ces bancs que les puits da bourg de
Noyers trarerient, et qui sont exploités comme pierres A fusil (SO mètres).
•
La succession des étages qui apparaissent entre Saint-Âignan et
Tours a été suffisamment décrite par M. d*Archiac pour que noua
puissions nous contenter d'en donner un résumé succinct.
£n descendant le cours du Cher, on voit la craie micacée, dont
nous avons déjà constaté la première apparition avant Saint-Aignan^
se rapprocher de plus en plus du fond de la vallée ; elle repose par-
tout sur la partie siliceuse des marnes à Inocuramus problemati"
eus (1) ; plus loin, vers Thésé, la craie micacéo se recouvre d'uq
calcaire sableux avec grains chloriteux, bryozoaires, Ostrea
columba de grande taille et serpules îî la partie supérieure. Des
coutournements font apparaître de nouveau, vers Bourré et
]\]ontrichard, la craie micacée, surmontée vers Chissay d'un cal-
caire apathique sableux, chloriteux, avec Trigonia scabra, Ostrea
tuTonienais^ O. columba ^ bryozoaires et serpules vers le haut. Les
oouches que nous étudierons plus en détail à Glion sont recouvertes
d'une, assise sableuse, avec Terebratuia oc/o^/icaia et spongiaires
nombreux et par lea calcaires à Spondylus iruncatusy Janita ^uo"
dricosiatOy Ostrea vesiculariSy que l'on rencontre déjà aux environs
de Saint*Avertin.
•
Vallée de l'Indre.
Les étages jurassiques s'amaigrissent au contact de la craie par
la disparition des couches supérieures ; on peut supposer que cet
amaigrissement provient de dénudations, et que les couches jur^
siques sur lesquelles la craie repose doivent présenter au contact
^^g^^^^l^^m, à m #MM^H».«*^ ^M^— — ■! « M^w^^^^^^^^^^^^^P^^^^^ii^-^^^^ ■ I I ^^^i^».^M^^i^^^^«^^^^^— ^^^^■^■M-^^i^^^^^^.^— ^^^^^—^■^^W^^^-i^»^^^» g
(4) M. d'Archiac paraît avoir fait une légère confusion entre les
parties constituantes de la craie cpicacée, qui se compose, comme nous
venons de le voir, de trois parties distinctes de la craie à Itwceramus
problematicus^ de la craie à silex et de la craie micacée proprement
dite qui fournît les bancs de carrières, en disant, page 29, que son
étage de la craie jaune repose sur les couches à silex sans rintermé-
diaire des bancs de carrières.
796 SÉANCK DU 23 AVRIL i862.
d'assez grandes irrëgularitës. A Massé, on observe le calcraire â
astartes surmonté de quelques couches de calcaire caverneux qui
pourrait bien représenter en ce point un lambeau de la fomiatioD
d*eau douce post-jurassique ; à Vatan, Tétage cénoinanien repose sur
l'étage kimméridien ; à Buzançais, c'est encore le calcaire à astartes
qui supporte la série crétacée. Ce calcaire, comme on peut s'en
convaincre en visitant les cariîères qui entourent cette ville, se
compose de petits bancs séparés entre eux par de petites coucbes
d^argile; elles contiennent Ostrca virguia^ Terebratuia L^ynu-riL
A 2 kilomètres de Buzançais, on voit déjà dans les fosses de la
route de Châtilion les grès et les sables verts appai-aitre avec une
très faible épaisseur; la couche à ostracées repose sur les sables et
est immédiatement recouverte par les calcaires à Inoccramus pro-
blematlcus; ces derniera sont déjà fort abondants au milieu des
affleurements de la vallée de l'Indre, l/amaigrissement des couches
de l'étage cénomanien peut faire croire à l'existence d'une de ces
petites failles assez nombreuses au milieu des dépôts que nous
décrivons.
Entre Buzançais et Glion, la route est presque toujours tracée
sur les affleurements des marnes à Inoceramus et de la craie mica-
cée recouvertes par quelques couches peu épaisses de terrains
tertiaires; mais, comme le sol n'est pas accidenté, et comme les
couches n'ont pas été attaquées par des travaux profonds, oo
pourrait être tenté d'attribuer peu de développement à ces deux
systèmes de couches ; cependant il est facile de se convaincre
qu'il n'en est pas ainsi, car, en supposant seulement une inclinaiacte
de 5 millimètres à Tensemble des étages, on obtient pour l'épais-
seur de la craie à Inoceramtts et la craie tuffeau une puissance de
60 mètres.
La puissance de ces deux termes de la craie micacée devient
bien plus évidente en suivant la rive droite de la vallée de l'Indre;
on rencontre sur le chemin de Buzançais à Saint-Genou la partie
supérieure du calcaire à astartes, auquel succède, après un léger
affleurement de sables cénomaniens, la base de la craie à Inoccra-
mus qui occupe le point le plus bas de la colline de Palluau. Le
sommet est couronné par des bancs épais de craie micacée, dans
lesquels de nombreuses carrières ont été taillées; les fossiles que
l'on rencontre dans ces carrières sont ceux que nous avons déjà
mentionnés à Noyers {NauiUus lœvigatus^ Ammonites peramplus^
Arca ligeriensiSyArcopagia numismalis), La coupe suivante donne la
disposition des couches de la colline de Palluau.
nOTB DE n. tBHÀT.
Fio. S.
ii
II
Il t>Hli« de CIIod).
A Clion, on voit reposer sur les assises supérieures de la craie
micacée, snns ligne singulière, des rocliçs assez dures qui four-
nissent des inatcriaux de construction ; le )nciei est gréseux, subla-
mellairi;, spailiique ; les bancs sont épais, séparés par des couches
de conglomérats, dont les parties constituantes sont tapissées d'une
couclie de silicate de fer ; nul doute que ces parties représentent
des bancs entiers qui, par des oscillations, se sont recouverts
de dépôts appartenant à des mers plus profondes, Les fossiles sont
asseî nombreux, mais mal conservés ; inférieuremenl on rencontre
des bryozoitires, Carilium Mootonianum, ^rea ligeriensis; yerale
haut se remarquent une grande quantité de seq)nles et quelques
exemplaires de Janira ijuartncomiia, qui devient plus abondante
dans les couclics supérieures. Le banc le plus éleré des carrières
de Clion est corrodé et perforé,
M. d'Archiac réunit les bancs qui nous occupent à sa craie
jaune ; ce géologue propose avec doute cette réunion, et nous ver-
rons plus loin qu'il existe quelque motif pour faire des assises de
Clion la partie la plus élevée de l'étage turonien. Entre Châtillon
et Loches, on voit les bancs qui correspondent à la pierre de Clion
798
SÉANGB DC 28 ATRIL 1862.
se charger par place d'une grande quantité d^Ostrea columba (ear,
major) ; iU se recouvrent d*une marne sableuse, avec nombreux
silex, quelquefois spongiformes, et contenant une assez grande
quantité de Rhynchonelles, que je rapproche plutôt de la R,
octoplicata de la craie blanche que de la R, pisum, qui caractérise
ou parait caractériser, d'après Aie. d'Orbigny, Tétage crénomaDÎea
En continuant à descendre la vallée de l'Indre, on rencontre
au-dessus des sables calcaires à spongiaires que nous considérons
comme le premier terme de l'étage sénonien les bancs à Spon-
dylttx imncatus, les assises à Rhjrnchoneila vespertiiio et les bancs A
Aï ic ras ter.
Nous n'étudierons pas ces assises qui sortent da cadre que nous
nous sommes tracé.
Essai efune classification.
Nous allons nous appuyer sur les données qui précèdent pour
chercher des limites d'étage, renvoyant le lecteur à notre noie:
Consitiérations sur qur/(/urs rpipstions de géologie^ Baillièré, 1860,
aûn qu'il puisse s'édifier sur la manière dont nous comprenons
l'cicnduc et la constance de ces limites soi-disant synchroniqnes.
L'ensemble de nos observations peut se résumer dans le diagramme
suivant :
710.6.
i
fa
8
1
9
3
4
5
6
7
S
9
10
il
étag« •ëAonifln.
Banci de Clion.
Craie micacée.
Craie A Inoctramus probtêmatieus et à liiez.
Craie i Inocemmus problemalicu* sans silex.
Concfaet à osimcén.
Bancs à aerpules.
Parité tupérienre de l'ëtage cénomanien.
Partie ior<érieure de rëUce céBOOMiiieB.
GauU. ^
Terrains lorMaiqaes.
L'ënorme épaisseur de calcaire dont se compose daos la Mièvre
et l'Yonne la craie moyenne (étage turonien et étage cénomanien)
prouve que les mers ont été soumises pendant un grand laps de
temps aux mêmes influences ; aucun changement minéralogique
important, aucune de ces lignes singulières qui mettent le géologue
sur la trace de la nature des changements qui se sont opérés au
sein des eaux ne vient éveiller l'attention de l'observateur; les êtres
se succèdent, il est vrai, dans un certain ordre et prouvent que la
nature, toujours active, crée de temps en temps de nouveaux êtres
par cette voie encore si mystérieuse des générations spontanées
sans l'existence de laquelle la naissance de nouvelles espèces ne
saurait être expliquée ; mais celte succession ne s'est pas faite avec
cette ré[i;ularité que certains géologues semblent reconnaître. Les
lignes d'apparition d'êtres nouveaux ne sont pas tirées au cordeau;
ainsi tel fossile, le Peeten asper, qui, dans l'ouest de la France»
parait caractériser les bancs inférieurs, remonte, dans le Gher^
jusque dans la couche à ostracées ; d'autres, comme la Gryphœa
columba, semblent disparaîti'e pendant une certaine époque et puUu*
lent de nouveau, légèrement modi6és, dans les dépôts plus récents»
C'est qu'il existe au sein des mers, comme au centre des conti*
nents, des lignes de propagation ou de migration concomitante
avec les variations du milieu vital suivant lesquelles les espèces se
meuvent dans le temps et dans l'espace, guidées par leur instinct
de conservation. Quand la variation du milieu ne rend pas ce der-
nier incompatible avec l'organisation de l'espèce, elle se modifie^
donne lieu à des espèces dérivées, puis elle meurt lorsque cette
variation dépasse une certaine limite, pour être remplacée par
une nouvelle création. Les variations dans les faunes au milieu de
la craie moyenne, à l'est de la Loire, n'ont probablement pas
d'autres causes que celles dont nous venons de nous occuper ; il est
probable, comme nous l'avons déjà dit, que les amplitudes des
oscillations n'ont pas été assez grandes pour agir brusquement sur
la migration des espèces, et que leurs effets ont été neutralisés par
une grande profondeur.
£n s'approchant de la Loire, on rencontre au sein des parties
supérieures un grand développement d'oslracées ; les dépots ne
changent cependant pas brusquement de nature minéralogique (
mais l'existence d'une grande quantité d'Huîtres, qui ne sont com-
patibles qu'avec une faible profondeur, prouve que sur le versant
ouest de Taxe du Merlerault les oscillations ont été plus fortes ou
qu'elles se sont opérées sous une mer peu profonde.
L'ensablement qui s'est opéré à l'ouest de la lioire prouve que
800 SÉANCX DU 28 AtUL 1862.
le régime des mers ne ressemblait plus à celui qui, Teis Test,
déposait des calcaires. Quelques Tri gonies indiquent que les men
continuaient à être profondes, et la finesse du sable prouTe l'exis-
tence de faibles courants qui charriaient des éléments fort éloignés
de leur point de départ. La persistance des ostracëes dénote une
diminution dans la profondeur des mers à la fin de Tépoque céno-
manienne.
Aucun signe ne nous a permis jusqu'ici de reconnattre riostaot
exact où le fond de la mer s'est le plus rapproché de la surface dci
eaux, ou, en d'autres termes, quelle a été la limite extrême deœ
mouvement oscillatoire; c'est seulement vers Fortaveau qu'une
ligne singulière vient donner l'explication des pliéDomènes qui le
sont opérés au fond de la mer.
La présence du banc à serpules perforé par quelt|ues lithophagei,
situé au-dessous du banc à ostracées, vient en effet démontrer que
le fond de la mer s'est rapproché de la surface des eaux jusqu'au
moment uù les Huîtres se développèrent en si grand nombre. C'est
donc ce banc qui fixe le terme extrême du mouvement ascendant
du fond de la mer pendant les dépôts cénomaniens ; c*est donc lai
qui doit former le dernier terme de cet étage (1).
Après la formation du banc à serpules, les mers s'approfondirat
d'abord lentement, puisque les ostracées vivent au balancement
des marées; puis ce mouvement en sens invei*se prit une pro-
portion plus grande au commencement des calcaires à Inoceramu
prùblcmaticus. On sait que les Inoceramus vivent dans les meif
profondes. Les bancs à silex presque sans fossiles se sont dépoiéi
dans des profondeurs plus grandes encore. A ))artir de ce potot,
une oscillation en sens inverse commença à se développer; les
Arches, les Carditim, les Pinna^ les Jrcopagia de la craie micacée
ne se sont sans doute pas développés à une grande profondeur au*
dessous de l'oscillation des marées. En6n, les bancs de Clion où
les fossiles abondent, et qui se terminent par des bancs entièrement
composés de serpules, marquent le terme extrême de ce régime.
C'est donc le système de Clion qui termine l'étage tui*onien, et
c'est au-dessus des bancs à serpules usés et perforés que commence
l'étage sénonien avec les couches à spongiaires et à RhjrnchonelU
octopUcata»
* —■ ^^i^a^M^— — — I ■ I ■ ■ lin I ■ II. ■ mê
(1) C'est eo vain que ron objecterait qu>n plaçant la limite ds
Tétage turonien et de Tétage cénomanien au-dessous des mamss à
ostracées on diviserait le système sableux du llaos en deux parties,
puisque dans tout le Cher le bano à ostracées est calcaire.
MOTS DR V. £nRAV.
801
Nous avons i'-Mi rcinnrqucr qnc IViago cénonianicn coininence
par une couche trarj^ile pétrie tie grains vcrls, située innncdialc-
ment au-dessus de la couclie à .-immonites injlatm^ au milieu de
laquelle on trouve des bois criblés de Pholades; en outre, nous
basant sur les oscillations du sol, nous avons été conduit à faire
commencer l'étage turonien avec la couche à ostracées, qui constitue
aussi une véritable oolithe ferrugineuse silicatéc ; enfin, la pierre
de Glion contient aussi à ses parties supérieures quelques grains
verts; mais ici ces grains sont irrégulièrement distribués, probable-
ment par suite de la lenteur dans le régime de l'oscillation. Nous
observons, en effet, que les Serpules occupent dans ces assises une
assez forte épaisseur.
Les changementsd'étagcs, ou, pour mieux dire, les changements
dans le régime des oscillations, qui d'ascendantes deviennent des-
cendantes, sont donc accompagnés de phénomènes éruptifs. Nous
ajoutons ces exemples à ceux que nous avons déjà fait connaître
dans nos travaux antérieurs.
Les oscillations que nous avons décrites, et sur lesquelles nous
nous sommes appuyé pour déterminer les limites des étages (1),
peuvent être exprimées par la courbe suivante, A R étant l'axe des
oscillations, A G l'axe des temps :
« «»
«
S-
•s s
1 §
eu :2
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S
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Niveau de la mer.
X-
Étage turouien.
Étage cëoomoiiieD.
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(h) Cette méthode est celle qui a été employée par Aie. d Orbigny ;
mais, en consultant los travaux de ce savant géologue, on voitqu'd a bien
souvent péché, soit par une mauvaise application desJaiU. soit par le
manque de ces (ails. L'étendue de sos travaux devait infadliblement
le conduire à ce résultat.
Soc. f^coL, 2" série,* lomo XIX.
51
802 SfiÂlfCB DD 28 ATML 1862.
Le Secrétaire donne lecture de la note suivante :
Origine des sources sulfureuses de la Savoie;
par M. Gabriel de Mortillet.
Dans la séance du 5 décembre 1859 (1), j*ai établi par Tinter-
calation des sables siliceux au milieu (environs d* Annecy), etila
partie supérieure (Beauges), des couches nu m m uii tiques que h
formation sidérolitique de Savoie est de l'époque ëocène supé-
rieure. Une observation fort intéressante de IVI. Sylvius Chavannes
vient de me permettre d*en donner une nouvelle prenve.
Cet habile observateur a constaté que les émanations sidéroli-
tiqucs ont, dans le canton de Vaud (Suisse), profondément altéré
les surfaces et les fragments calcaires tournis à leur action. Cet
altérations se retrouvent en Savoie sur une vaste échelle. Le pou-
dingue à la base de la formation d*eau douce de Greinpîgny, entre
Seyssel et Rumiliy, est tout composé de cailloux de calcaire
urgonieu ainsi altéré. L'altération est contemporaine du dépôt da
ixmdingue, car, partant de la circonférence de chaque caillou, elle
diminue d'une manière régulière en se rapprochant du centre.
Les phénomènes sidérolitiqncs, en Savoie, auraient donc eu liea
au commencement de la formation des mollasses d*eau douce. Ils
seraient de la fm de Tépoijue éocène.
Le terrain sidérolitique de Savoie ne se compose pas seulement
de sables siliceux blancs très purs, de fragments irréguliers de sîles
et de roches altérées; il contient encore d'abondants minerais de
fer. C'est cet élément, éminemment utile, qui a fait donner son
nom tk toute la formation. Ces minerais de fer se rencontrent
habituellement clans les fentes des roches secondaires, surtout dans
celles du calcaire urgonien. Ce sont des peroxydes de fer hydratés
qui primitivement étaient des sulfures. Lorsqu'on brise les gros
rognons de minerai, on trouve encore au centre de la pyrite plus
ou moins altérée, et on peut suivre, en se rapprochant de la sur-
face, toutes les phases de la transformation. De plus, dans les
géodes, dans les vides, on trouve souvent des cristallisations cubi-
ques très nettes de peroxyde. C'est évidemment une épigénie par
suite d'altération chimique de composition, car la forme cubique
propre au sulfure n'appartient pas au peroxyde.
Cette transformation des sulfures en peroxyde se produit au
(4) Bull. Soc. géol. de France^ 2* sér., vol. XYII, p. 449.
IfOTB DB M. DB MORTILLBT. 803
moyen de l'humidité. De petites portions d'eau se dëcomposent
successivement, cédant leur oxygène au fer. L'hydrogène alors se
trouvant libre se combine avec le soufre abandonné par le minerai
et. se dégage à Tétat d'acide suifhydrique.
Cette réaction chimique qui a dû avoir lieu autrefois sur une
grande échelle se produit encore actuellement sur plusieurs points
de la Savoie, ce qui donne lieu aux sources sulfureuses. En effet,
ces sources sont intimement liées aux gisements de fer sidéro-
li tique.
Les sources de la Gailie et de Brominc, près d'Annecy, se trou-
vent aux deux extrémités de la montagne de Mendalaz, dans le
milieu de laquelle s'exploitent les mines de fer sidérolitique de
Perrière et de Guvaz qui alimentent en grande partie l'usine
de Cran.
Le Salève, qui contient aussi beaucoup de fer sidérolitique et sur
les flancs duquel on retrouve de nombreuses traces d'anciens four-
neaux, se termine également par deux sources sulfureuses, cellt
d'Ëtrembières peu abondante du côté où le minerai est en moin-
dre quantité, et celle déjà citée delà Caille, beaucoup plus forte du
côté où les gisements sont plus nombreux et plus puissants.
Dans le bassin du lac d'Annecy, où Ton exploite quelques gise-
ments de fer sidérolitique, se trouve la source de Menthon.
J'ai cité en commençant le terrain sidérolitique de Crempigny;
tout près se trouve la source sulfureuse de Lornay.
Les eaux d'Aix-les-Bains, sources sulfureuses les plus abondantes
et les plus connues de la Savoie, se trouvent dans le bassin du lac
du Bourgct qui contient aussi des fers sidérolitiques. On en a
exploité à la Chapelle -du-Mont-du-Chat, exploitation qui a été
visitée lors de la première réunion extraordinaire de la Société
géologique en Savoie. Héricart de Thury en a cité à la montagne
de Saint-Innocent. Enfin les sources sourdent au pied de l'escar-
pement des Baumes où les exploitations de fer sidérolitique ont eu
de l'importance autrefois, entre autres à Avith , immédiatement
au-dessus d'Aix.
En 18/i/i, quand les membres de la Société géologique visitèrent
Aix-les-Bains, M. Bonjean montra que l'acide sulfliydrique répandu
à l'état de gaz dans l'air humide se change en eau et en acide suU
furique. Cette réaction parfois a eu lieu dan.s les filons mêmes, et
l'acide sulfurique, ainsi formé, a attaqué les éléments les plus
sensibles à son action. On en voit derrière le château d'Annecy
un exemple qui est très frappant. Il y a un filon de fer sidérolitique
composé de plaques minces de peroxyde qui revêtent les parois
SOA SÉANCE DU 28 AvaiL 1862.
il'iinc foule. Ces pIn(|ucssoiU recouvertes de cristaux cubîqucsJa
côté de rintérieur. Du coté des parois calcaires de la fente elles
offrent en creux les empreintes très nombreuses de crîslaas
nictastatîques. Il est évident qu'elles étaient autrefois fixées sar
des cristaux de spath calcaire qui revêtaient toute la feute. Ces
cristaux ont dispiiru. Il est tout naturel d'admettre qu'ils ont été
attaqués et détruits par Tacidc sulfurique provenant de la décom-
position des sulfures de fer dans un filon qui laissait circuler IVir
lunnide.
INI. Bonjean a aussi nmntié que le soufre peut, dans certaines
circonstances, se déposer à l'état solide. Tout le monde, du reste
a pu remarquer les pellicules de soufre qui, après s'être formées à
la surface de certaines eaux sidfureuses, tombent au fond où elles
constituent un dépôt parfois assez abondant. CVst cet autre mode
de décomposition de Tacide snlfliydrique qui a donne lieu à la
formation de quelques tares cristaux de soufre natif qui se ren-
contrent parfois dans le terrain sidérolitique. M. Sylvius Clia-
vannes, à la réunion de r^ausannc, de la Société suisse des sciences
naturelles, août 1861, on a montre un, trouvé dans le canton df
Vaud.
Telles sont les diverses actions cbimîques produites par la
décomposition des fers sidérolitiques, décomposition qui dote la
Savoie de ses plus importantes sources sulfureuses.
Le Secrétaire donne lecture du mémoire suivant de
M. Le lion.
Terrains tertiaires de Bruxelles ; leiu composition^ leur classe^
ment, leur faune et leur flore ; par M. H. Le Ilon (pi. XVIII).
Les systèmes biuxdlUn et lackcnien de Duuiont, maigre les
discussions dont ilsont été l'objet de la part de plusieurs cnjinents
(jéologues, sont encore enveloppés de doutes et d'une certaine
confusion. Les uns les ont considérés comme étant infûricurs an
calcaire grossirr parisien, d'au très, au contraire, cunimc iKiral-
lèlcs à ce calcaire et mcme aux saù/cs moyens. Nous allons consi*
gncr ici le résultat de nos reclierclies, avec Tespoir de donner
enfin une solution à cette question si controversée.
Sir Cil. Lyell, dans un travail remarquable (1), a déjà fortc-
(1) Onthrtt'VtinrystratnnfBclgiitmandfrench FinnrltTs Lon-
NOTJS DE M. LE IION. 805
meut éclaire ce sujet, mais son travail embrassait toute la Bel-
gique et la Flandre française, et nous devons confesser ici que
par rinsuBisance de nos études, à cette époque, sur la localité de
Bruxelles, nous ne renseignâmes pas avec assez d'exactitude TiU
lustre géologue anglais. Nous allons donc tacher d'apporter, à
son savant mémoire, quelques compléments ou rectifications dont
les grandes coupes nouvelles, ouvertes autour de la capitale, nous
ont fourni les données.
Jetons d'abord un coup d'œil général et rapide sur les terrains
que nous venons de mentionner.
Si l'on considère que les couches bruxelliennes sont comprises,
comme nous espérons le démontrer, à la colline de Laon, entre 143
et 155 mètres d'altitude; a Gassel, entre 116? et 124 mètres, et au
sud-est de Bruxelles, entre les limites extrêmes de 60 à 100 mètres,
tandis que dans la Flandre elles sont au niveau du sol ou plongent,
pour affleurer dans la mer du Nord, sous le niveau des basses
marées (1), il devient évident que l'ensemble de ce système a une
forte inclinaison vers le N.-N.-O., et qu'il serait fort diiiicile de
se prononcer sur les limites, dans cette direction, de l'ancienne
mer qui a déposé ces couches.
Si nous ramenons maintenant notre examen à la localité de
Bruxelles et de ses environs, notre conclusion ne fera que recevoir
une confirmation nouvelle, malgré certaines anomalies de détail
que rencontrent si souvent les études géognostiques.
Voici la puissance et l'altitude des couches du système bruxel-
lien sur divers points; mais il faut bien remarquer tout d'abord
que la partie supérieure de ce système a été dénudée plus ou
moins inégalement, et qu'il est malheureusement peu d'endroits
où sa partie inférieure ait pu être reconnue à cause du manque
de coupes assez profondes.
don, 1 852. Trad. fr. par MM. Ch. Le Hardy de Beaulieu etÂ. Toilliez.
Bruxelles, 4 856.
(4) Nous avons recueilli à Wcnduyne et à Blankenberghe plusieurs
espèces fossiles britxeUicnnes rejetées par les marées, particulière*
ment Cardita plunicosta^ Turritclln imbricntaria^ Cardium porulo^
su tu, etc.
806
SÉANCE DU 28 ATRIL 1862.
LOCALITÉS.
Groenendael. Rire droite
Boilsforl (environt). Id
VecXe. Id • • •
Fureit (chemin Moiselman). Id . . . .
Forett (château de Buvuy). Id
Sfiial-Gillei (fabrique d'eau forte). Id.
Chumii de manoeuvres. Id
Srhaerheek. Id
Moortibeek. Rive gauche
Itterlieek 'environs). Id
Distance
de
Brnzelles.
10 kilom.
6 —
4 —
5 -
4 —
1 —
5 ~
I —
4 —
6 -
Direction
cardinale.
S.-E.
Id.
S.
S.-S.-0.
Id.
s.
E.
If.
O.
Id.
Limite
InfiSriem
d«
broxelllen.
?
?
T
55
80
?
47
«9
80
48
La pente générale tle la partie du S.-E. vers le N.-O. est bien
saisissable, et, si la localité du château de Bavay fait exception,
c'est qu'elle forme une sorte de promontoire dans la vallée de la
Senne, et que les dénudations ont dû y a^^ir avec plus d'énergie
et en abaisser le niveau, avant même le dépôt du système bruxel-
lien.
La partie supérieure de ce système est toujours reconuaissable.
Partout elle est caractérisée par de (grands lavages, des excavations
et des érosions violentes, et, sur cette surface aitisî dénudée, sont
presque toujours semés des fossiles remaniés à Tétat fossile, roulés
et usés. Ce sont surtout des Nammu/ites lœvigfita^ des fragments
de TcrcbrtUnla Kickxii^ des osselets de Crcnasler^ des dents de
Lamna et d' Otodiis^ des fragments de palais de raies des genres
Aetobates et Myliobates, etc. Sur cette couche de débris reposent
invariablement les sables laekénieus avec leur faciès si difFéreot,
comme nous le verrons plus loin.
La limite inférieure du système bruxellien n'a pas été pré-
cisée sans un certain va;jue par Dumont; un seul horizon, selon
nous, peut l'indiquer d'une manière rationnelle et avec quelque
certitude : c'est la couche en place des Nummulites planulata
(LcmicuUtcs planulata^ Lain. qu'on trouve également en rapport
de contemporanéité à la colline de Laon, à la base du banc n^ 5
de M. Melieville (1); nous avons découvert cette couche, prësen-
(1) Descript, gf'ol. rie la mont, de Laon (Bull, Soc, ^éoLj t. XVII
4 860]. M. Melieville déclare que ce banc est celui de toutes les couches
inférieures du bassin de Paris où l'on rencontre pour la première fois des
Lenticules (Nummulites). Nous n*avons non plus jamais trouvé, dans
le Brabant, de Nummulites au-dessous de la couche eo place que nous
venons de spécifier. Dans le travail de M. Melieville, il y a une cer-
NOTt DS M. Ll BOH.
S07
tant les mêmes conditions de gisement et les mêmes caractères,
prÈ3 du cliùteau de Bavay, A, et à la campagne Mosselman, H, à
Forc'St, au sud de la ville; à Schaerbeek, C, au Nord, et près
d'Iltei'beek, D, et de Sanibergen, à l'ouest. Ces cinq points éta-
blissent déjà une sorte de généralité, et nous avons tout lieu de
croire que, si l'onpratiquaitdes forages, on irouveraitcesNumiuu-
lites inférieures dans beaucoup d'autres localités de nos environs.
Fig. 1 , — Carie <lrs
de BruxeUei,
JaLmi.
Quant à la nature miuëralogique de ce système, elle présente
pour être reconnue et décrite de très grandes ditScultés. En eQct,
elle varie plus ou moins considérablement d'un point à un autre,
et l'on peut dire que souvent, sans les deu\ couches de Nuntniu-
lites en place et roulées, on serait fort en peicic de
laine confusion au sujet de ce genre de roraminirèresi sa liste des
fossiles du banc n° 9 porte, comme formant deux espèces, la Leniîca-
litet planulata et la NiimmuliCet planutala, Lsm., qui n'en sont
qu'une seule.
808 SÉANCE DU 28 AVRIL 1802.
les fossiles manquant presque toujours. Cette difficulté a été signa-
lée par sir Charles Lycll lui-même. Quoi qu'il en soit, il y ado
caractères géuc^raux assez constants, et nous allons essayer de les
faire ressortir.
La puissance moyenne, ou plutôt la plus fréquente du système
hruM'llien, varie entre 13 et 20 mètres. Les grands écarts deœUe
puissance, observés en diverses localités, indiquent au géologue
que les érosions ont dii être le résultat d'une grande force agissant
iné(>alement en raison de sa direction et de la configuration do
sol. Ainsi, près du clialeaudc Bavay, à Forest, le système bruxel-
lien a été réduit à 6 mètres seulement, tandis qu'à un kilomètre
de là, à la campagne IMosselman, il offre un développement de
25 mètres.
II serait donc impossible de rencontrer à la partie supérieure
de CCS couches une identité de matières minérales^ puisque, sur
certains points, c'est la partie moyenne du dépôt primitif qui est
devenue sa surface, quelquefois même c'est la partie inférieure.
Ainsi, au cbàteau de Bavay, où les trois quarts peut-être de ces
sédiments ont été emportes, on trouve, immédiatement sous les
Nu/iiinitiitrs lawigata roulées, des bancs de sables fins offrant une
grande analogie avec ceux de la partie inférieure de ce même
dépôt, près de la campagne IMosselman (1).
Après ces réserves nécessaires, nous pouvons poser comme ud
fait à peu près constant que la partie supérieure du système
bruxellien est composée de sables très calcarifières, d'un gris clair
un peu jaunâtre, tachant en blanc, et faisant, avec les acides,
une vive elfervesccnce. Ces sables contiennent presque toujoun
des bancs de pierres concrétionnées de forme aplatie et d*un dia-
mètre variant de 20 à 60 centimètres. Ces pierres, de formation
postérieure au dépôt îles sables où elles gisent, se présentent ea
bancs réguliei^, s'écartant, en général, très peu de la direction
horizontale. Vers leur surface, c'est un grès calearifèrc ; mais elles
passent vers leur centre à un grès lustré très compacte, se rappro-
chant du silex. Ces bancs ont une épaisseur moyenne de 15 â
20 centimètres et sont séparés par un intervalle qui varie de 20 â
50 centimètres.
(1) Malgré nos rechorclies, nous n'avons jamais pu trouver les
NummuUtes lœvigata en place. Leur nombre devait ôtre prodigieux.
Puisqu*on n'en trouve pas do traces dans la partie conservée du système
bruxellien, môme là où il présente le plus do puissance, il faut on
conclure que ces foraminifcres vivaient à la partie supérieure du dépôt.
NOTE DE H. LE IION. 809
Âu-dessous de ces bancs, et en approchant de la partie moyenne
du système, les sables deviennent moins calcareux, et les bancs
pierreux moins fréquents et moins réguliers. C'est vers ce niveau
qu*on rencontre ordinairement les concrétions siliceuses de forme
bizarre qu'on a nommées pierres de grottes ^psirce (\\x* on en con-
struit des grottes artificielles dans les jardins, ou encore grès fis tu-
leiLff a cause d'un trou en forme de tuyau dont leur centre est
souvent traversé. Les matières contenues dans ce tuyau sont
sableuses, et rien n'y indique une cause organique (1).
Plus bas et vers la partie inférieure du système, on trouve gêné-,
ralement une masse de sable siliceux sans pierres ni fossiles; mais
il y a de nombreuses exceptions à cette règle. Ces sables sont sou-
vent calcarifères jusque vers le bas, où ils se terminent par des
bancs non calcareux, d'une couleur brune particulière, et des
bancs d'un sable gris très fin et doux au toucher, alternant avec
des lits d'argile jusqu'aux Numtnulitcs planulata^ lesquelles, à
Schaerbeek, adhèrent à une sorte d'argilite.
Voilà, au point de vue minéralogique, l'ensemble général du
système qui nous occupe. Nous devons pourtant mentionner une
particularité importante, c'est la quantité de fer qui est venue
imprégner ces dépôts au sud-est de Bruxelles, comme à Grœnen-
dael, à Jsque, à Uccle, et oii l'hydrate ferrique a donné, tant aux
sables qu'aux pierres, une couleur de rouille foncée.
Bien que nous n'entrions pas ici dans des détails géognostiques,
qui n'éclaireraient guère la question que nous avons à examiner,
nous ne pouvons pourtant passer sous silence un banc mince et
singulier, unique dans le système, et qui semble s'étendre de
Schaerbeek à Dieghem, E, sur un trajet de k kilomètres. Ce banc
a été reconnu à Dieghem en 1852 par sir Ch. Lyell, et, depuis, je
l'ai observé au champ de manœuvres, F, et à Schaerbeek. Ici,
sous les pierres bouleversées et brisées de la surface du système,
gisent trois ou quatre bancs de grandes pierres plates, siliceuses,
espacées d'environ un demi-mètre. Sous le dernier, le sable passe
à une marne onctueuse et plastique, laquelle prend une con-
texture fissile, en se durcissant graduellement, jusqu'à former un
banc de pierre silicéo-calcaire, de 12 centimètres, tantôt d'une
faible densité, tantôt compacte et présentant l'aspect du schiste
(4) A ce même niveau ou parallélisme, M. Melleville signale à la
montagne do Laon des rognons de grès à ciment calcaire présentant les
formes les plus tourmentées et les plus bizarres.
810 8ÉANCB DD 28 ATIIL 1862.
coticule ; puis les sables calcarifères recommencent avec les baoc
siliceux (voy. la coupe).
L'intervalle eotre ce banc et les bancs siliceux voisins est d'en
yiron 25 centimètres, de sorte qu'il semble être là intercalé pai
une circonstance étrange, n'ayant agi qu'une fois pendant h
période bruxellienne, et dans un temps de parfaite tranquillité
mais voici la circonstance la plus curieuse de la formation de a
banc.
D'abord, comme Ta très bien observé sir Ch. Lyell, ce schisu
est composé en parties de spicules de spongiaires et du test siliceui
de très petits foraminifères des genres Nonionina^ Textularia.
TriloctiUnay Rotalina, etc., ce qui en fait une sorte de tripoli ; mais,
tandis que les autres bancs ont dû se concrétionner postérieure-
ment au dépôt meuble de la mer bruxellienne et même après
sa retraite de nos contrées, celui qui nous occupe a dû se durcir
au moins à l'état de pâte compacte, immédiatement après sa for
mation et avant d'être recouvert par d'autres matières; il o'es
besoin d'autres preuves que les cheminements des nombreuse
coquilles perforantes qui labourent cette petite couche, et dont le
autres bancs ne portent jamais la moindre trace. Après un exaniei
attentif qui nous montra que la presque totalité de ces perforation:
avait été creusée de baut en bas, nous en découvrîmes quelques
unes qui cheminaient de bas en haut ; cette circonstance semblai
en contradiction avec nos idées, mais elle s'expliqua bientôt pa
une trace que nous pûmes suivre au-dessous de la partie pierreuse
Le mollusque entré par le haut, ayant traversé le banc d'outre ei
outre et se trouvant tout à coup dans des matières inconsistaDtei
était instinctivement retourné d'où il venait, en traçant un
courbe en forme de crochet, et il avait achevé sa galerie et s
carrière au milieu de la couche, en remontant et cheminant ain
de bas en haut. Ce fait démontre une fois de plus quelle prudenc
exigent les observations géologiques (1).
Passons maintenant à la faune et à la flore du système bruxd
lien.
Dans tout ce système, le test des coquilles a été dissous, à l'ex
ception des espèces qui s'attachent, telles que les Huîtres, les Spoa
(1) Nous avons un spécimen de ce banc portant, en ligne droiu
une veine rougeâtre parallèle à ses bords. Une perforation creusa
perpendiculairement à cette veine s'en approche, et là la veine s'iv
fléchit comme poussée à l'état de mollesse par le cheminement et I
pression du mollusque.
MOTS DB M. LE HOM. 811
dyles, les Peignes, les Cranies, les Térébratules, etc. ; sont aussi
restés intacts les échinodermes et les polypiers. Ce n^est toujours
qu'une rare exception lorsqu'on trouve quelques espèces libres qui
ont conservé leur test, devenu d'une grande fragilité, ou bien
qui ont été changées en silex translucide.
Le système bruxellien présente deux niveaux distincts de restes
organiques. D'abord celui qui parsème sa surface de débris roulés,
et ensuite certains amas ou couches peu étendues de pierres pé-
tries de moules de coquilles qui gisent en place, toujours vers la
partie supérieure et seulement sur quelques points des environs
de la capitale. Nous n'avons rencontré ce gisement qu'une fois à
8 mètres de la surface du système ; partout ailleurs il ne s'écarte
pas plus que d'une moyenne de 3 mètres de cette surface. Du reste,
le gisement présente lui-même quelquefois une épaisseur assez
considérable ; ainsi, celui qu'on mit au jour en nivelant le champ
de manœuvres, et qui nous a fourni tant d'espèces nouvelles pour
nos listes, n'avait pas moins de 5 mètres d'épaisseur sur une
étendue horizontale limitée à 15 ou 20 mètres seulement ; c'était
donc un de ces amas que Burtin appelait déjà, le siècle dernier,
des cimetières marins.
À un kilomètre de ce gîte, on rencontra, en creusant un
puits, un banc pierreux d'environ 30 centimètres, pétri de co-
quilles à Tétat de moules. Ce banc est situé à une altitude supé-
rieure de 5 mètres à celle de Tamas fossilifère dont nous venons
de parler. Les fossiles bruxelliens en place sont généralement
situés, à l'est de la ville, entre 55 et 65 mètres d'altitude.
Plus bas dans ce système, on ne rencontre plus de fossiles, si ce
n'est parfois quelques Huîtres, soit dans les sables, soit prises dans
des pierres concrétionnées.
D'après les derniers travaux des géologues français, les listes de
Cuise -la- Motte et des bancs n^**" 5, 6 et 7 de M. Melleville, à la
montagne de Laon, sont celles qui présentent l'analogie la plus
grande avec la faune bruxellienne. A Cassel on retrouve éga-
lement les deux systèmes bruxellien et laekénien avec la ma-
jeure partie des espèces des couches correspondantes du Brabant.
Sans entrer ici dans de longs détails comparatifs que de plus com-
pétents que nous jugeront peut-être utile d'établir dans l'intérêt
de la science, nous donnons la liste exacte des espèces bruxel-
liennes que nous sommes parvenu à recueillir ou à reconstruire
Au ttiô^eb de moulages sur empreintes. Quelques espèces de
Galeotti nous paraissent douteuses ; nous kie mentionnerons ici que
812
SÉANCE DU 28 AVRIL 18(52.
les espèces positives qui font partie de nos collections et qui com-
prennent à très peu près toute la faune.
Liste des fossiles du système bruxeUien (4).
BEPTILES.
? Emys Cuvieri^ Gai.
Gavialis Dixoni^ Owen.
Palœophis Typhœus^ id,
POISSONS.
Pristis lathami^ Gai. [F, contor-
tus ?, Dix.)
Cœlorhyncus rectus, Ag.
Carcharodon heterodon^ id.
Lamna elegansj id.
— denticulata, id.
— contortidensy id.
— Hopeij id.
Oiodus macrotus, id.
— obliquuSf id.
— microdon^ id.
Galeocerdo latidens^ id.
— ûduncuSf id.
— minor^ id.
Notidanus.
Saurodon.
Acrodus.
Picnodus toliapicus^ Ag.
Gyrodus sphœrodus^ id.
Myliohates Dixoni^ id.
— toliapicuSy id.
— acutuSf id.
jEtobates recius, id.
P/tyliodus, id.
Siluroides,
CRUSTACÉS BBACBTOniIBS.
Pseudocarcinus Burtini, Gai. (P.
Chau(»iftiif de Berville).
Carpilius
Etisiis.
Calappus,
CRUSTACÉS MACROURES.
Thenops scyllarijarmis^ Bell.
CalUnnassa,
CÉPHALOPODBS.
Sepia Omeriy Desh.
Naudltis Burtinif Gai.
GASTÉROPODES.
Rissoa [Bulimtu) turricnla^ Brug.
[Mclania marginola, LkJ,
Mclania hordacea^ Desh.
Scalaria Gorrisscni, Nyst et
Le HoD.
Turritella imbricataria^ Lam.
(var. B et Dde Desh.).
— terebellatGy id.
— incerta, Desh.
Pyramidella terebellata, Lam.
Foharia bulloidcs^ id.
Natica patula^ id.
— hantonitnsiSy Dix.
— glauci/ioidcSf Desh.
— epigtottina, Lam.
Lamellaria (Sigarctn.s) cantdicu-
lataj Sow.
Phorus (Troc/tus) uinbicalaris^
Brand. (P. paris iensis,
d'Orb. ) 7". agglutinans,
Lam.).
Solarium trochijonne. Desh.
— Heberti, Nyst et Le Hon.
(4) Les espèces nouvelles de cette liste et de la liste laekénienDa
seront décrites et figurées prochainement dans les Bulletins de la Soc.
paléont. de Belgique,
Les espèces précédées d'un signe de doute ne sont pas définitivemeat
reconnues comme appartenant au système.
NOTR DE M. LE HON.
813
Cypiœn inflala^ La m.
OLivn [Bill la) mi ti coin y La m.
jéncillar'Kt buccinoidcs, Lam.
— glaiidina^ Desh.
— catuilîfcrd^ Lam.
— (lubid, Desh.
Tcrcbclliim sopitum^ Brand. (7".
convoludtm^ Lam.).
Folutn cithara, Lam.
— ho r pilla ^ id.
— />/v/, id.
— nngiista^ Desh.
— biilbula^ Lam.
— spi/iosay id.
— crcnulaCiij id.
— bicoronatn^ id.
— ticpressaj id.
CdnceÛaria striatula^ Desh.
Conus dcpcrditus^ Brug.
— diversiformis?^ Desh.
Rostcllaria [Strombus) Jissurella.
Lin.
— columbaria^ Lam.
— ompla^ Nyst.
Strombus canalis, Lam.
Pleurotoma undata^ Bast.
— crcnulata^ Dix.
— transversaria?
— Hcberli, Nyst et Le Hon.
Fusas longœvns, Lam.
— [Murex) bulbua^ Chem. (^«Z-
biformis^ Lam.).
— erra us, Sow.
— i/iiortus, var. A, Desh.
— (il//ir<?x) turgidusj Br^d.
(F. /iculacus, Lam.).
— decussatus ?, Desh.
Triton nodularium ou colubrinum.
Murex tricarinatus^ Lam.
Buccinuni slromboides^ id.
— bis tria tum ?, id.
— Honiif Nyst.
Buccinnnops [Buccinum) fissura^
fum^ Desh.
Pyruta lœvigata^ Desh.
— nexiliSj Lam.
i^/c//x (Pyrula) elegùns?^ Desh.
Cassidaria carinatOy Lam.
— Juniculosa ?^ Desh.
/T/o/vo ( Buccinum ) nodosum^
Brand. [Cassidaria cari-
nata, Lam).
— [Cassidaria)coronata?^ Desh.
Calyptrca trochiformis^ Lam.
Pileopsis cornucopiœ?y id.
fiw//a lignaria^ Lin. (5. /fciv>.
Defr.).
Dcntalium Burtini^ Nyst [Ditru-
pa incrassata^ Sow.}.
LAMELLIBRANCHES.
*Sb/t^« vaginalis^ Desh.
Mactra semisulcata^ Lam.
— de pressa ^ Desh.
Tel Un a ros traits y Lam.
— Lyellii, Nyst et Le Hon.
Sanguinolaria Lamarckiiy Desh.
Venus subcrycinoïdes, Nyst.
— puellata? Lam.
— lœvigata, Lam.
— nitidula^ id.
Cor bu la gallica, La m .
Cardita[Vcner,)planicosta^ Desh,
— acuticosta, id.
Erjrcina orbicularis^ Desh.
Lucina mutabilis^ Lam.
— sulcata^ id.
— ' pulchella, Ag. (Z. divari"
enta, Lam.).
— ■ Folderiana^ Nyst.
Corbis lamellosa, Lam.
Cardium porulosuni, Brand.
— oblif/uuniy Lam.
Pectunculus puhinatus^ Lam.
y/rc« barba tula^ id.
Lithodomus [ModioUi) papyra^
ceus^ d'Orb.
— sublithophaguSy Nyst.
Pinna margaritacea^ Lam.
Pccten plcbeiuSy id.
— corneuSf Sow.
Pecten tri parti tus ^ Desh.
Spondjrlus radula^ Lam,
— rarispina, id.
— granulosusj Desh.
Ostrea cariosa^ Desh.
81&
8ÉÂ1ICE BU 28 ATRIL 1862.
— virgatOf Goldf.
— cymbula^ Lam.
— uncinata^ id.
— gryphina ?y Desh.
— inflata?^ id.
Fulsella deperdita^ Lam.
BtACHIOPODKB.
Terehratula Kickii, Gai.
— bisînuata^ Lam. [T. succi-
nea, Desh.).
Cranta [Piieopsh) variabilisy Gai.
AlIHÉLIDIS.
Strpula tricarinata^ Gai.
ÉCBIHODSRMSS.
? Echynolampas Galeottianus,
Forb.
ISpatangus Omalii^ Gai.
? — Pes equuli^ Le Bon.
AHORPHOZOAIEBS.
Honium brttxelliense^ Lyeli.
AHTHOZOAIRES.
Sphenotrochus {^Turbinoiia) cris-
pa^ Lam.
POlAMIinFÈKBfl.
Nummulitcs lύigata^ Lam.
— scabery id.
— planulata, id.
Triloculina,
Oq sera, selon nous, convaincu par Texamen de cette liste que,
bien qu'une partie de ces espèces passe dans le calcaire grossier,
la faune dans son ensemble est suessonienue supérieure. Si notre
savant et regretté Dumont n avait pas dédaigné dans ses tra-
vaux de consulter les fossiles, il ne serait pas tombé, par exemple,
dans la grave erreur du prétendu parallélisme de son système
laekénien avec les sables de Beauchanip !.. .
Au veste, ce ne sont pas seulement les faunes qui nous serreot
aujourd'hui de flambeau dans cette question, c'est encore IVtude
de plus en plus attentive des couches , de leur gisement, de leur oa-
ture, etc. Les grands courants diluviens qui ont arraché la surface
du système bruxellien ne se sont pas fait sentir seulement en Bel-
gique. On en retrouve les effets â Cassel, à la montagne de Laon et
autres localités du bassin parisien, par des traces de grands lavages
et une couche de graviers et de débris organiques brisés et roulés.
Cette couche est décrite par iM . Melle ville dans son septième banc,
et elle renferme en outre, dit-il, des fragments pugillaires arrondit
de calcaire marneux semblable à de la craie blanche. M. ViStW
et noAs-même Tavons observée à Cassel , où l'on voit comme â
Bruxelles, à la jonction des couches bruxelliennes et laekéniennes,
les Nummulitcs lœvigata disséminées et roulées pèle- niéle avec des
dents de squales, et, de plus, des cailloux roulés des silex de la
craie.
A Bruxelles, sur les flancs et les crêtes de la vallée d'éi-osion oà
coule la Senne, les ravages des eaux diluviennes ont été formi-
NOTI VE m. U BON.
815
dablea. Malgré les bancs noinlireiix de pierres dont les couches
bruxelltennes étaient, en quelque sorte, charpenUes, ou, peut-
être, à cause de cette force même de résistance, les eaux creu-
sèrent des excavations et de longs raTÎnements qui présentent
parfois jusqu'à 10 et 12 mètres de profondeur. Là, les bancs
pierreux ont été arrachés, et leurs débris concassés jonchent la
superficie du système. Le croquis ci-dessous pourra en donner une
idée.
Fig. S. — Coupe prise à Schearbeek.
Sur certains poînls voisins de la commune de Scliaeibeek, au
bord de la vallée, on voit la partie supérieure du biuxellien re-
muée par les eaux et dans le plus grand désordre. Là, aux pierres
anciennes remuées et brisées, se trouvent mêlées d'autres pierres
d'une texture moins dense et qui ne se sont formées qu'après le
phénomène diluvien. Cette vérité ressort de cette circonstance i ces
pierres de formation postérieure renferment, comme à Cassel,
(au uiéuie niveau), de gros fruits et des fragments de branches
charriés et enfouis là par les courants. Ces débris de végétaux ont
été la cause initiale des pierres concrétionnées dont ils occupent
le centre cl forment en quelque sorte le noyau. Tel fut le point
.de départ des blocs pierreux qu'on trouve souvent à la partie in-
férieure du système suivant, ou système laekénien, que nous exa-
minerons tout à l'heure.
Arrêtons-nous uu instant sur ces végétaux de Schaerbeek dont
lei débris, mêlés et eufouîs daus le plus grand désordre, abondent
dans cette localité.
8iG sÉANCB BU ^8 AvniL 1862.
Si Ton examine une bonne carte liypsoniélrique du Brâbaiit.oo
verra que là la vallée se rc^lrécit ié{»èrciiient et s^infléchit iiiuué-
dlalement après vers le nord-est. Ces doux circonstances ont dà
suffire pour arrêter, à ce point, des arbres flottants et y produire
un encombrement Les chocs de ces végétaux charriés par les
courants marins durent être d*une {>rande violence, puisqu'on
retrouve des fûts de troncs d'arbres, encore recouverts de leur
écorce, et qui ont été brisés avant leur fossilisation. En effet, ces
tronçons sont hermétiquement renfermés dans la pierre dont ils
ont provoqué la concrétion. Les débris d'arbres de diverses es-
sences y sont extrêmement nombreux, et indiquent jusqu'à révi-
dence une accumulation résultant de causes particulières. L'exameo
attentif de ces débris organiques conduit à des inductions pleines
d'intérêt et de nature a jeter de la lumière sur certains grands
faits de l'histoire de la terre.
D'abord, l'hypothèse que Bruxelles aurait été un point liuoral
à cette époque doit être abandonnée, ainsi, par conséquent, que
l'idée d*un estuaire, puisque les couches bruxelliennes s'étendent
jusqu'au delà de Louvain, Folx-les-Caves, Gembloux, etc. Si Ton
tient compte en outre des parties de ce dépôt qui ont dû être
entièrement emportées, on pourra considérer le plateau des Ar-
dennes, limité au nord par la Sanibre et la Meuse, comme ayaot
marqué, en Belgique, les rivages sud et sud-est de la nier suesM-
nienne ou bruxellieone, ainsi, vraisemblablement, quedcsaotra
étages tertiaires.
On peut donc affirmer, croyons-nous, que les végétaux de
Schaerbeek, ainsi que ceux plus disséminés d'Ever. de Diegliem.
de Peuthy, etc., ont été amenés là loin des côtes et par de grandes
eaux. On peut affirmer en outre, par la quantité de débris végé-
taux renfermant des Tarets ou incrustant des Huîtres, que ces eaux
étaient marines. Quant à la direction des courants, elle devait être
du sud au nord, fait qu'établissent les circonstances suivantes.
Les ravinements ont en général leurs axes ou thalwegs dirigés
dans le sens des méridiens, comme la vallée de la Senne elle-
même.
L*accumulation principale des végétaux charriés se trouve au
sud du point rétréci et dévié de la vallée, donc, d'après le simpk
raisonnement, en amont d'un courant venant du sud.
On pourrait difficilement admetU'e que des palmiers et des
nipas, végétaux tropicaux, eussent été charriés à Bruxelles par
des courants venant du nord.
Knfm, si Ton admet avec nous qu'avant la catastrophe la Bel-
KOTR DE M. Lfi IION. 817
giquc était éiucr(>ée, les couches bruxelliennes consolidées et les
débris organiques qu'elles contenaient, déjà fossilisés (ce que
prouvent des moules de coquilles du système roulés avec les
NummuUtes lœvigata et couverts de Serpules ou de bryozoaires);
si Ton admet CCS faits peu contestables, il deviendra fort simple de
penser que nos contrées du nord émergées ont dû être de nouveau
immergées par des eaux venant du sud, à moins qu'on ne préfère
baser son opinion sur le renversement des lois de Téquilibre.
Ces points élucidés, la question de savoir si les végétaux de
Scliarbcek sont des fossiles r/i place^ et ont vécu là ou on les
trouve, est résolue négativement.
IMais nous n'avons fait qu'éclairer une face de la question, et
il resterait à découvrir d'ow sont venus ces vcgctnux.
Ici, nous le disons à regret, rencbainenient des faits s'obscurcit
et nous échappe, Tinconnu commence et avec lui riiypothèse.
Les végétaux bruxcllieris peuvent aussi bien avoir été charriés du
Hainaut que du midi de la France ou même de l'Afrique. Les
nipadites et les palmiers sembleraient indiquer que ces débris
arrivèrent des contrées méridionales, tandis que les pins appar-
tiendraient plutôt à la latitude de la Belgique. Les fragments de
conifères sont du reste très rares et les nipadites et palmiers bien
plus fréquents. Le champ des conjectures est donc ouvert à cet
égard, en attendant que des découvertes ultérieures viennent
peut-être donner le mot de celle énigme.
Il reste pourtant encore certaines inductions fugitives sur les-
quelles j'appellerai l'attention. Les Pandanres, auxquelles se rat-
tachent les nipas, vivent dans les endroits marécageux, principa-
lement au bord des fleuves. S'il existait déjà alors de grands cours
d*eau, où coulent aujourd'hui la Loire et la Garonne, ces contrées
auraient peut-être nourri les nipadites bruxelliens. Une partie
de ces fruits a dû être charriée à la mer par des fleuves, comme
fait le Gange, aujourd'hui, pour le IS'ipa Jruiicans, car c'est dans
le temps de calme relatif qui a précédé la catastrophe diluvienne,
que des Tarets et des Huîtres ont pu s'emparer de quelques-uns de
ces fruits flottants vers l'embourhure des fleuves. On sait que les
jeunes Huîtres sont douées de la faculté locomotrice et ne s'atta-
chent que lorsqu'elles ont rencontré un corps flottant ou fixe à
leur convenance. La plupart de ces fruits fossiles sont du reste
d'une conservation parfaite, et semblent avoir été arrachés à
l'état vivant et bientôt enfouis sans avoir longteni] s flotté. Leur
forme arrondie et leur péricarpe coriace ont contribué à leur con-
servation au milieu du bouleversement des eaux.
Soc. (^êoL, %• série, tome XIX. 5Î
818 SÉANCE BU 28 ÂYBIL 18(5^.
Ce qui indiquerait encore c)e grands fleuves situés au midi de
la Belgique, ce sont les carapaces d*Eniydes ou tortues fluviatiles
qui ont ëté charriées avec les végétaux, et qu*ou trouve parfois
avec eux dans les mêmes conditions de gisement.
Pour en fmir avec cette flore fossile du Brabant, établissons
ici la comparaison des nipadites avec le nipa vivant du Bengale.
Ce qui frappe tout d^abord, c'est la grande analogie qui existe
entre ces fruits de deux époques si éloignées -. tous deux sont des
fruits agrégés et indéhiscents. I/embryon des nipadites en germi-
nation se faisait jour par une ouverture placée à la base du noyau
ou amande, et que fermait un tampon encore apparent dans cer-
tains spécimens fossiles. Tous deux présentent un endocarpe et
un péricarpe, ainsi que Textrémité fibreuse qui s'attacliait à la
partie basale et centrale de l'agrégation.
Cette agrégation a produit .sur les nipadites le même efl'<ei de
gène et de compression que sur les nipas de nos jours, lifet qu'in-
diquent assez les faces aplaties des fossiles, ordinairement au
nombre de trois, et le grand nombre de fruits aboi tifs dont
Tamande n'a pu .se <]évelopper faute d'espace. Devant de tcilci
analogies, et à la vue seulement de quelques échanii lions entiers,
on croirait aisément à une identité complète, mais les nombreux
spécimens que nous avons réunis, et dont quelques-uns présen-
tent leur noyau intact et libre, nous ont permis do reconnaître
une différence caractéristique importante. L'amande du Nij n fm-
ticans est toujours creusée longitudinalemenl d'un côté, par un
sinus ou sillon profond, dont on ne voit jamais la moindre tiace
dans l'amande des nipadites. Ajoutons que ceux-ci, dont la liille
dépasse quelquefois les deux ])oings réunis, sont, en général,
d'un volume supérieur à celui du nipa vivant.
M. Ho/, erbank a fait trois espèces de ces fi uits fossiles, sur quel-
ques spécimens de notre collection emportés à Londres par S. Cli.
Lyell. On pourrait dire que c'est trop ou trop peu d'espèces, car
nous en possédons une si grande variété de tailles et de formes
qu'il serait bien difficile d'en séparer les trois coupes spécifiques
de M. Bowerbank.
Qu'on nous )>ermette, après cette digression, de retourner un
instant à notre point de départ, et de i*ésumer à grands traits Irs
faits dont Texamen défaille a pu nous faire perdre de vue Ten-
semble chronologique.
La grande période asti*onomique, résultant de la précession équi-
noxiale^ avait dû amener, ainsi que nous l'avons exposé ailleurs,
la retraite des eaux des parties basses de la Belgique. Depuis plu*
NOTE DB M. LE BON. 819
sieurs milliers d'années le dépôt bruxellien était émergé, les
matières siliceuses en dissolution qu'il renfermait s'étaient con-
crétionnées en bancs pierreux, les corps organisés qu'il avait
enfouis s'étaient fossilisés, et le sol s'était peuplé de végétaux et
d'animaux terrestres, lorsque les masses océaniques, revenant des
régions australes, se ruèrent sur nos contrées, dénudant et entraî-
nant, dans leur marche vers le nord, la surface du sol et tout ce
qu'elle portait. D'autres débris de foréls, venant du sud, vinrent
former un encombrement au nord de Bruxelles, après avoir suivi
la dépression où coule la Senne. Tout ce qui fut enfoui dans les
sables briixelliens mis à nu, ou dans les premiers troubles dé-
posés, se conserva jusqu'à nous à l'état fossile ; tout ce qui con-
tinua à flotter se décomposa et disparut. Les animaux ballonnés
par la fermentation putride furent sans doute entraînés dans les
régions boréales comme le furent, à une autre époque et par un
phénomène identique, les innombrables éléphants qui habitaient
l'Asie centrale et dont les débris encombrent aujourd'hui les
rivages de la mer Glaciale. La Belgique se trouva donc de nouveau
sous les eaux marines jusqu'à l'antique plateau des Ardennes, et,
à mesure que l'équilibre se rétablissait, leurs troubles se dépo-
saient sur les couches bruxclliennes dénudées. Tel fut le com-
mencement du dépôt laekénien.
Nous appelons ce dépôt laekcnien^ parce qu'il a été observé
sous celte dénomination par Dumont sur un grand nombre
de points de la Belgique; mais qu'importe le nom .^ Il sagit sim-
plement d'éviter la confusion dans la synonymie ; cette synonymie
une fois bien établie, sans laisser place à l'équivoque, ce n'est
plus qu'une affaire de mots qu'il serait oiseux de discuter; qu'on
nomme ce système, suivant les contrées, glauconie grossière,
bancs n» 8, 9 et troisième étage de M. Mclleville, argile de Bar-
ton, etc., les faits seuls ont toute l'importance, et le parallélisme
des dépôts est la question capitale (1). l^s couclies laekéniennes
présentent aussi de fréquentes anomalies quant à leur composition
minéralogique, mais leur ensemble offre des caractères et un
aspect général si différents de ceux du dépôt bruxellien qu'il
recouvre partout, que ce fait seul suffirait pour prouver le temps
énorme qui a séparé les deux systèmes.
La masse du système laekénien est formée d'un sable glauconi-
fère souvent marneux, doux, d'un jaune verdàtre à sa partie infé-
(\) Voyez à la fin de rarticle notre essai d'un tableau synchronique
des couches tertiaires de France, de Belgique et d'Angleterre.
820 SfilKCE DO '28 AVRIL ISô^^.
rieure où il semble coloré par de \.\ clilorite c*n di^^solutiuu, cl
d*un vert jaun.llre à sa partie supérieure où il reiiferiue de nom-
hreux grains glauconieux. Dans certaines localités exceptioti-
nellcs, on voit à sa base des lits irré(];uliers d\itie argile tùi
compacte, passant du vert au brun ferrugineux, et il se tcnnine
constamment vers le bnut, quand la série de ses couches est à piti
près complète, par une argile verte, d*abord sibleuse, puis plas-
tique et bariolée de taches ferrugineuses. Plus haut re|M>sc une
couche sableuse singulière qui ne renferme aucun corps organisé
et dont nous ne savons que faire. Très souvent, vei*s la ])artie
inférieure du dépôt, on trouve plusieuts bancs horizontaux de
pierres de grès plus arrondies que celles' qu*on observe dans le
systènio bruxcllicn, et composées de sable ^;lauconienx et enl. a-
reux, agglutiné et durci. A Scliaorbcek quelques-unes de as
pierres glanconieuscs, gisant à la base du système, renfiinieut
des fruits de nipaditcs, ce qui vient confirmer r.os précédents
assertions.
•>oi!S donnons ici la série la plus complète des enviions de
Hruxelles. Elle n'existe pas tout d*UDC pièce en un endroit unique;
nous n'avons pas eu cette heureuse chance. JNous l'avons Inlo-
ricusement étudiée sur Tétendue de i kilon;ètrc, depuis le couvent
du Sacré-Cœur de .fclte, G, jusqu'au point culminant de la
chaussée romaine, II, nous aidant i\cs beiges du chemin des
terriers de lapins (quelquefois précieux pour le géologue), et
enfin de fouilles quand nous y étions forcé. Voici cette coupe
dans son ordre naturel jusqu'à la surface du sol.
TtmH UE H. LE non- 8'21
Fig. 3. — Ct/upe ritlrn le rninriii <■/'■ /ette rt In i/miissée romaine.
'lauiMjl-ni
■ ,piii>.tb«<]'Drtii|(,
^^ *.lll< tri. •.bl.w. «Lui
" ('!"' P"«rniil ■■■ [.li
Le bn> du celle coupe se tiouve au Tood dt: la vallée.
822 stARCB DU 2S ATmiL 1862.
Là, le système bruxellien a été emporté en entier, et les couches
laekéniennes semblent reposer sur les sables inférieurs aux iVu/ir-
mulîtes pltmiUata, Vers le haut, il serait di£Bcile de décider où
finit le système laekénien. Dumont a semblé regarder les ar-
giles et le' sable gisant entre 56 et 60 mètres d'altitude cotnine
apfiartenaot à tes systèmes rupélîen et tongrieo ; mais après un
examen attentif nous n'arons pu décourrir la moindre perturba-
tion, le moindre temps d*arrét, dans la succession de ces cou'.Lts.
Il nous serait donc bien difficile d'admettre que la uier lac Lé-
nieone n'a pas déposé, {Nfodant une même période et avec conti-
nuité, toutes les couches comprises entre 30 et 69 mètres d'altj-
tude : mais l'absence complète de fossiUs dans les argiles et le
sable qui les recouvre nous met dans rimpnssibtlité de lien
affirmer à cet égard.
Plus haut, repose évidemment un dépôt d^une autre é{>oque
et qui appartient ao système diestien, parallèle au crag uoir
d*Auyers.
La même argile verte, surmontée du sable fin panaché â'oran[;e,
se retrouve à la paitie su|)érieure du laekénien dans les berges de
la nouvelle route joignant le champ de manœuvres à la challs^•'^
de Louvain; mais ici le sable chamois se trouve en quelque sotte
enclavé dans les couches ai^ileuses.
Au château de Bavay, on peut observer une singulière anom.ilie
de composition du laekénien. Vers le milieu du dépôt, on voit
bien les sables verdâtres reconnaissables, mais à sa partie supé-
rieure, an haut du chemin, ces sables deviennent très calcareui
et resKmblent â du mortier pourri et désagrégé. On croirait donc
voir là, positivement, le système bruxellien. Dumont qui ne
consultait que la composition uiinéralc^ique, sans s'éclairer par
les fossiles, s'y est trompé, et nous nous fussions ceruioemeot
trompé comme lui, si nous n'y avious trouvé les deux couches de
Nunimuliies iœpîgata et planulata dans leurs conditions ordinaires
de gisement
Pour en finir avec les variations des couches d'un même sys-
tème, et apporter un argument de plus à l'indispensabilité d^une
observation éclairée de fossiles dans les études géogoostiques, nous
donnons ci>dessoas la singulière et tout exceptionnelle composi-
tion du système laekénien, au grand pont du chemin de ïtr du
Luxembourg, près de Watermael :
NOTK DB M. LE BON. 823
AltitQdei.
4 0^ mètres. Niveau du sol humus, limon hesbayen.
4 00 — Argile verte un peu sableuse.
99 — Sable verdâtre, argileux, bigarré de fer.
87 — Sable siliceux, pur, gris, bleuâtre clair.
85 — Sable gris, panaché de fer.
82 — Sable ferrugineux (orangé foncé), devenant, en
descendant, argileux et panaché de vert.
74 - Couches mélangées de sables argileux tachés de
rouge et de vert et de petites veines pures d'argile
verte, comme à Schaerbeek.
70 — (Voie ferrée.)
69 — Surface du système bruxellien.
On a trouvé, en creusant celte vaste tranchée, des lits de pierres
dont une partie contenait des fossiles laekéniens; mais il nous
a été impossible, depuis tant d'années dé ji», de découvrir le niveau
du gisement de ces pierres
Les dénudalions postérieures du dépôt laekénien ont dû être
aussi vastes que celles du bruxellien ; et, si sa surface ne présente
que des courbures plus ou moins irrégulières, sans brusques ravi-
nements et excavations, cela peut s'expliquer rationnellement par
le peu de résistance des sables laekéniens, dépourvus de lits pier-
reux à leur partie supérieure, et Tespèce de magma pâteux qu'ils
forment quand ils sont mouillés. Ils ont dû offrir, aux ravages
des courants diluviens, cette résistance passive du matelas de laine
au boulet de canon qui emporte le matelas sans l'entamer. !Néan-
moins le transport des couches n'en a pas été moins profond, car,
si ce système présente, à certains endroits, une puissance de plus
de 100 pieds, dans beaucoup d'autres il ne reste plus qne 2 ou
3 mètres de ce dépôt, sans compter les points où l'on n'en voit
plus de trace.
D'après ce que nous venons de voir sur les variations minéralo-
giques à de petites distances, il serait bien hardi de tirer des con*
clusions de la composition minérale comparée des couclics de
Belgique, avec les couches parallèles de France et d'Angleterre ;
nous ferons donc simplement remarquer, d'une manière générale,
que dans le système laekénien, comme dans le banc n*^ 8 et les
couches du S'' étage de M. IVIelleville , de même que dans la bande
noire et la glauconile sableuse âeM. Lyell à Cassel, et la glaucïj/f/c
grossière du bassin parisien, partout les grains glauconieux sem-
blent jouer, dans la composition de ces couches, un rôle impor-
tant qu'il est impossible de méconnaître (1).
(4] On a employé quelquefois la dénomination de grains de chlo-
82&
8ÉAMCB DU *2S AYRIL 1862.
Les corps organisés fossiles occupent dans le système hchéaia
lieux niveaux bien distincts. La bande inférieure ooinineDoepiis
de 1.1 base du système et comprend une étendue verticale appRui-
niativc do 6 à 8 mètres, loi-sque les fossiles existent, ce qui o^ap»
toujours lieu. Les espèces principales qu*on trouve à ce dîtcm
sont :
Les échinodermes de notre liste.
Les bryozoaires, ùi.
Orbf toit tes complnnata^ Lam.
Pecten plcbeinx^ Lam.
— vornvus^ Sow.
Anomiti snbitcvigaîa^ d'Orb.
Osireu virgaia ou Cymhula.
Denittifttm Burimi\ Nyst (i>.
Dcsha yesianum , GaL ).
Ces fossiles sont en pLicc, ce qui ne veut pas dire dans leur
position normale (f existence, circonstance que nous coiisidérous
comme très peu fréquente. Nous pensons pouvoir qualifient
fossiles en place ceux qui, plus ou moins remués au fond des
eaux avant leur enfouissement, n*ont pas subi de inouTCinenls
violents ni été entraînés au loin.
Cette conche fossilifère est surtout bien caractérisée aux euvi-
rons de Saint-Gilles, au sud de Bruxelles ; on la retrouve dans les
mêmes conditions à Die(>hem.
L'autre niveau fossilifère se montre veis la partie supérieure di
système, sous les ar[;iles vertes, particulièrement à Laekeo, et sur
les hauteurs entre Jette et Wemmel, du côté {jauclie de la vallée.
Sur la rive droite de la Senne, les couclies laekéniennes ayant
subi de plus violentes dénudations, nous n'avons pu découvrir ces
fossiles supérieurs, qui ont dû être emportés; nous u'avooi
jamais trouvé non plus de fossiles vers la partie moyenne du
système.
Parmi les espèces inférieures, nous n*avons guère retrouvé dans
la couche supérieure qu*un échinoderme, Spaiangns OmaUi^ le
Pt'ctcn cornent, et quelques rares bryozoaii-es. Mentionnons aussi
un fruit de nipadites, {]isant dans la couche supérieure, au milieu
des coquilles. Ce fruit était deveiui pulvérulent; il semble indi-
quer que les nipadites n'ont pas été détruits entièrement en Eu-
rope par Tarrivée <les eaux laekéniennes.
La couche fossilifère supérieure est séparée de l'inférieure par
un intervalle de 20 mètres environ. Nous supposons à cette couche
rite. Il est utile de s'entendre. Les grains noirs ou verdfttres que reu-
fermcnt les couches laekéniennes sont bien un silicate de fer, mais,
contrairemont aux grains de chlorito, ils ne contiennent pas d'alomîne.
NOTK DB U. LB UON.
825
une épaisseur de 3 nièties an inoins, n'ayant pu niellre à décou-
vert sa limite inférieure. Les coquilles, au lieu d'y être dissoutes
comme dans le bruxellien y sont intactes. Les laniellibranclies
sont souvent bivalves, mais toutes, surtout les (gastéropodes, sont
d*une excessive frajjilité et ne peuvent être conservées qu'adhé-
rentes nu sable et avec les soins les plus minutieux.
Ces testacés ne sont pas non plus dans leur position normale
d'existence, mais ont été évidemment déposés à l'abri de tout
{>rand mouvement des eaux. Leur altitude à Laeken et à Jette est
d'environ 50 mèlies, c'est-à-dire à un niveau plus bas que les
fossiles bruxelliens, de l'autre côté de la vallée; cette anomalie
apparente tient à ce que, entre Jette, Wcmmel et Laeken, les
couches bruxelliennes ont été entièrement emportées et que les
sables laekéniens reposent sur les couches inférieures au systènie
bruxellien. A Nederheembeek, le bruxeUien est resté debout fort
près de la rivière, ce qui explique encore l'accumulation des végé-
taux en amont dece villa(;e. Voici la liste des espèces laekcniennes
que nous avons recueillies pendant plusieurs années de re-
cherches :
REPTILE.
E/ftys Caviciif Gai.
Liste des fossiles du système lackènicn.
Dcloptera Bclcmnitoidcu, Blainv,
GASTÉROPODES.
POISSONS.
Ltimna clegatis^ Ag.
Otodns,
CRUSTACÉS ANOMOURES.
Pagiirtts.
CRUSTACÉS MACROURES.
Palcjuniun ou Cnlatliœa,
CIRRHIPÈDES.
Scalpcllum ,
CÉPHALOPODES.
Nautiiiis Bnrtini, Gai. (iV, ;r^«-
laris ?, Sow. )
Scpia Cuvieri^ Desh.
Belosepin brevissina^ Dix.
— Ùweni^ id.
Melania tvnuiplicata {pUcatula)^
Desh.
Scalnria spirata^ Gai.
— acutn, Sow.
— tennilnmellay Desh.
— Sp. nov.
TurritelUi nexilis, Sow.
— breviSy id. (7*. granrdosti^
Gai.)
Niso terebeiiata, La m.
Àctcon Honiij Nyst [Tortt. si-
mulât a ^ Nyst).
yatica label/ata, Lam.
— hantoniensis , Sow,
— cpiglottina, Lam.
— cnrtulus Py Desh.
Lamellarid (Signfctus) carralicU"
l(tta, Sow.
f'rrwclus {Solarium) Nystii, Gai.
SoUirium trochijurmcj Desh.
Bifrontia marginata^ id.
•i
.1
X
4
I
'î
826
SËANCI DU 28 ATVIL 1862.
AnciUtiria canal if cm, La m.
— buccinoides^ id.
Tvtr.bvllum ju iifontie^ id .
foluifi bicor ouata ^ id.
— sirnpit'xlj Desh.
— cithara^ Lam.
Foluta ambigua^ id.
— bulbuUiy id.
Confis depcrditus ?^ id.
JivsU'liarfa columbarin^ id.
Plt'urotoma Gomondi?^ Nysl.
— initrco/Uf Desh.
— inarata^ Dix.
— dcnt'ita^ ver.. Lam.
Fusus lon^jafvus^ Brand.
— brcvicidtts ^ Desh.
— mgostiSj id.
Triton turricutatnm^ id.
Pyrula nvxilis, Lam.
Cassidariu carinata ?, id.
Caiyptrca ttochiformis^ id.
Lobaria [BuUœa) cxtcnsa^ Dix.
Sciiphandcr [Bu lia) atténua ta,
Sow.
Dentalium sitbstriatnni, Desh.,
var. A.
LAHELLIBRAIfCBES.
It'redo Btutiniy Desh.
— divisa y do Ryck.
— fnigicola, id.
Panopœa Honii^ Nyst.
Saxicava nwdioUJormis, Nyst et
Le HoD.
Psammobia rudis, Desh.
Solen^ voisin dero<v///.v, id.
— Dij-nni^ Sow.
Solecurtus Dt'shayesii, Desmoul.
[parisiensis, Desh.)
Ti'llina r os traits, Lam.
— tcxtiiis, Dix.
— canalicnlata?,
^— spcciosa, Sow.
— (lonacialis, Lam.
/./^'///^ O'Connrllii, Nyst et Le
Hon.
Thrticia Nystii, Le Hon.
y anus sulcataria^ Desb.
f'cnus subcFjrcinoiiles^ id.
— Honti\ Nyst.
Corbalti ambomeita^ Deth. (i
— rugosa?^ Lam.
— pi sut» ^ Sow.
— s tria ta ^ Lam.
— gaiiica^ id.
Nerœa {Corbnia) arf'cntca
A s tarte IVjrsrîi, Kicks.
Diplodon ta puneiurata ,
(A iiiiata, DixOD.)
Crassateiia Nysiii^ d'Orb.
— plicatOf Sow.
Cardita elrgans, Lam.
— acutf'cosinj Desh.
Cypricardia peciinijcrn, S
Erychta erychtnides^ Nyrt
HOD.
Luvina mitis^ So^bv.
— Galvottianti^ Nyst.
Cardium Honn\ id.
— scmigrfinulfilHtit^ So^
Cai dilia str/aluifi ^f^ysi et 1
Isocardia Gomontii^ Nvst.
Nuvuhi niargnritticea^ Lai
— (unulata^ Nyst.
— Nystîana^ Le Hon.
Ltda striatu^ Lam.
— Galcottiamij Nyst.
Limopsis { Trigo^iorœiifi )
toidesj Gai.
Stalagmium Nystii^ d"Orb.
Pcctuncidus ptiivinatus^ Ll
/^rc« barbatula^ id.
— Lathvniana^ Le Hon.
/^////f/i margaritacett ?, Lï
^/^/ifA ?, Sow.)
Modiola naculœjormis^ L
— hcteroctita^ id.
AvicuUi trigonata^ Lam.
Pccten corncus, Sow.
— f/rt/i//. Nyst.
— sublœvigatuSy id.
— scrtbriusculus ^ id. (,
bricatus^ Desh.)
— plebeius?^ Lam.
Ostrra fiabelluia^ id.
NOTK DE M. LE HON.
827
||î Ostrca injiata^ Desh.
k) — gigiintira, Brand.
Anomiit suùlœviguta, d'Orb. {/é,
. lœvigata^ Nyst.)
ANMÉLIDES.
Galeolaria ^Cycloiites) irocoides,
f Nyst.
E Ser/julft Toilliczi, Nyst et Le Hon.
I — McUcvillei^xà.
I
\ BRYOZOAIRES.
LunuUtcs radiata ?, La m.
DipheUa (Cariophyliia) multi-
strllutn?Ga\.
Cellt'pora pethlus^ Dix. ?
Chrysisina [^Jdmonœa) triquetra^
Gai.
— annula ta ^ Nyst.
Idmonœa irrcgu/aris, id.
Eschara iirc^uloris^ id.
— celleporocra, MtlQSt.
Escharitia npUUa^ Nyst.
Pyripora [F lustra) cou te x ta ^
Goldf.
MdU'pora Dakinii, Morr.
Zonnpora [Cvriopora) variabilis^
Mûnst.
Stylopnra mofftictdaris ?^ Dix.
Marnera Dewalquiana^ Nyst.
Biretepora inœqualiSy id.
Flnstra lancadata^ id.
éCHINODERMES.
Echinolanipas Gaieottianus, Forb.
Spata/igus Ofnaln\ Gai.
— frj rqiiuify Le Hon.
Nucleolites approximatus^ Gai.
Echinocyamus [Echinoneus) pro-
pinquus^ id.
Scutellina [Nucleolites) rotunda^
id.
— Toilliezif Le Hon.
Lenita {Nucleolites) patclloides ^
Gai.
Cyphnsoma tertiariunij Le Hon.
Crcnastcr ( Asterias) poritoides^
Desm.
AMTHOZOAIRES.
Turbinolia Nystiana^ Hai. (7*.
sulcaia^ Nyst).
Eupsammia Burtiniana^ id. (7.
eWptica^ Nyst).
Trochocyathus cupula^ id. (7". r/i-
/?///«, Al. Rou.)
FORAMINIFÈRES.
Nummulitcs Hcbcrti^ d'Arc. [N.
eleganSy Dix )
— variolaria, La m.
Orbitolite's coinplanatay id.
Opt'rcnlina Orbignyi^ Gai.
Ddctylopora cylindracca^ Lam.
— eloagata, id.
Alvéolites
Bilocuima
VÉGÉTAUX.
Nipadites Burtini^ Brong.
— lanceolatusy Bow.
— Parkinsoni^ id.
Pinus Benedianus^ Le Hon,
— stigt/iarioideSy id.
Palma.
Arbres dicotylédones.
Cette liste démontre que, des 15^ espèces bruxelliennes, 32 pas-
sent dans le laek^oien. Donc sur les 160 espèces laekéniennes,
128 n'existaient pas encore a l'époque de la mer bruxellienne.
(>es faits suffiraient déjà pour prouver le temps considérable
qui a dû s'écouler entre ces deux mers. Ils sont aussi un puissant
argument contre la théorie beaucoup trop absolue d'Alc. d'Or-
828 SÉANCE DU 28 AVRIL 1802.
bigny sur la dcstrucliou totale des faunes par les cataclysmes
ont lavapjé la terre (1).
On remarquera daus cette liste ce fait intéressant, qu'elle
contient) non plus que la précédente, une seule espèce de Céri
genre si important dans le calcaire grossier.
Quant aux dépôts contemporains du calcaire grossier pro|
nient dit et des sables moyens, ils paraissent manquer en
gique, au moins dans Tétat actuel des études géoguostiqucs (
ce pays. Depuis longtemps M. Hébert avait émis cette opii
en opposition à celle de Dumont. Nous avions adopté les i*
de ce dernier géologue, mais les nouvelles études que i
avons faites de nos couclies et de leurs fossiles nous fore
devant Tévidence, d'abandonner nos premières croyances.
Mais l'absence, jusqu'à ce jour, d'un é(iuivalent du cale
grossier moyen sur le sol belge n'est toujours qu'une preuve lu
tive. Si les recbeixbes ultérieures ne viennent point Tinfiruier,
devra admettre la vraisemblance d'un mouvement de smélt'
tion de la Belgique, après la période laekéuienue. Ce payï
serait abaissé ensuite à son niveau antérieur à Tépoque de la i
tongrienne, qui suivit celle du calcaire grossier et des sa]
moyens de France.
Les dépôts tongriens recouvrent eu effet une partie du pays,
concordance de stratification avec les couclies lackénlenues, iâ
elles existent. Ces dépôts s'arrêtent, veis le sud, aux environs
Bruxelles, où ils ne sont plus représentés que par des Ïambe;
épars. Dépourvus de fossiles, ik sont difficiles à reconnaître a
certitude, et nous croyons que dans plus d'un endroit ils ont
être confondus avec le système diestien (falunien).
Par leui^ conditions de gisement et leurs faunes, les systèu
rupclicn et tongrien de Dumont nous paraissent former le fo
d'une même mer, argileuse au large (Boom, Rupelmonde, etc
sableuse vers ses rivages (Tongres, Kleinspauwen, Hœsselt, etc
Les recbercbes de M. Forbes ont établi que la faune de Rup
monde appartenait à une mer plus profonde que celle des en
rons de Tongres (2).
(4) Le mot cataclysme^ naguère encore très à la mode, a cessé
l'être aujourd'hui. Or, s'il n'existait pas, il faudrait le créer» <
chaque jour, révidenco du fait qu'il exprime devient plus manifes
On devrait bien plutôt rayer du vocabulaire le moi para ilèlv^ dansi
sens syuonymique de contemporain.
(â) Cette question demande de nouvelles et sôrieuses études. L fc
pothèse ci-dessus no concorde pas avec la carte de Dumont, v
NOTE DE M, LE HON. 82l)
Plus Luc], la mer falunicnnc (dicslienne de Dunionl) est venue
^jrccouvrir la Belgique, Les terrains qui en résultèrent furenf, a
Tjlcur lour, dénudés et emportés avec une grande violence. Dans
le Jh'abant ce nVst qu'au sommet des collines qu'on retrouve des
témoins des dépôts faluniens. Au sud du Hrahant, on n'en voit
plus de traces. Faisons remarquer ici, qu'un des points de l'Eu-
, rope, où Its dévastations des courants diluviens ont été les plus
" terribles^ est l'espace compris et resserré entre le plateau des
Ardenneset l'Angleterre. Dans cet espace, relativement étroit, si
on le compare à la circonférence du globe, lout(S les couches
tertiaires ont disparu, siuf quelques jalons épars, et la craie s'est
** trouvée à nu. Qu'on no s'étonne donc pas si l«^ sud- ouest de la
^ Belgique, jiisqucs y compris le ]]rabant, a subi les énormes dénu-
'* dations que nous venons d'étudier.
•J D'après les nouvelles recberclies de IM. Nysf, aux environs
*■ d'Anvers, il semble aujoind'bni acquis à la science, que le crng
* noir (qui repose sur Taigile rnpélienne), les syslènus boldérien et
•* ditstien de Dumont, et les couches de Turin et de Castel Arqnato
* appartiennent à une seule grande mer, la même que celle qui a
f déposé en France les couches fnluniennes. Ces divers systèmes
devront donc, après connrmation de ce grand fait, prendre un
I nom unique, et le plus simple serait peut-être celui de falunien,
i . A cause des f'dn ns qui le recouvrent généralement.
Qu'on nous permette maintenant de revenir à notre point de
départ, en nous pinlonnant de n'avoir j)as suivi une métliode
bien rigoureuse; c'est que nous n'avions guèie à nous occuper
séricuseuîcnt que des systèmes bruxellien et latkcnien, et qu'il
nous reste peu de chose à dhe des dépôts inférieurs.
Si nous nous reportons au niveau des Nummulius pUmulntn^
nous devrons confesser d'abord que nous n'avoiîs d'autre raison
de terminer là inférieurement le bruxellien, que d'établir un hori-
zon général et certain et de s'entendre sans équivoque, immédia-
tement au-dessous de ces Nummulitts toutes les coupes on puits
s'arrêtent, et il nous a été imjiossible, par conséquent, de savoir si
quelque grand mouvement des eaux a laissé ou non des traces sous
celte couche de foraminifères. On aperçoit bien, en bas du chemin
RFosselman, des indices de désordre, mais ils peuvent être l'clVet
quand les faunes locales seront mieux connues, on devra peut- être
fairo quelques rectifications nouvelles à la carte. Il est difficile d'ad-
mettre, dès aujourd'hui, que des argiles marines et des dépôts lacustres
puissent Otre confondus et coloriés d'une même teinte.
830 SfiANCE DU 28 ÀYRIL 1862.
de courants à une ëpoque postérieure, ou peut-être d'une faille,
comme l*idée en est venue à sir Cli. Lyell, bien que nous u'ayons
pu découvrir dans les environs de véritable discordance de strati-
fication. Nous penchons donc à croire qu'une partie des dépôts
inférieurs, que Dumont a désignés sous la dénomination de
système paniselien, fait, avec le hruxellien, partie d^une même
période géolo|jique.
L'absence complète de toute trace de corps organisés, au-dessous
des Nummulitcs planulatn^ nous laisse sans guide certain et nous
réduit aux conjectures. Cette masse de sables impurs et ces
bancs ou amas irréguliers d'argiles qui recouvrent la craie (voy.
notre carte) appartiennent bien aux couches tertiaires inférieures;
voilà tout ce qu'il est possible d'affirmer. Peut-être les argiles
sont- elles les derniers prolongements de l'argile de Londres,
dont l'argile yprésienne de Dumont n'est que la continuation sur
le continent (1).
M. Prestwich a démontré, par ses belles études, que Targile
de Londres traverse la mer du Nord, jusqu'à Cassel, llailleul et
Mons eu Pévelie, et qu'elle semble avoir été dénudée entièrement
plus au sud. Vers l'est, nous la suivons sur la Flandre sui^toutaux
environs d'Ypres où elle affleure, et Dumont la retrouva
jusque près de Bruxelles. Si, poursuivant le beau travail de
M. Prestwich, on continuait une coupe profonde depuis Cassel
jusqu'à Bruxelles, ce que nous entreprendrons peut-être, et si ce
travail était prolongé jusqu'à la frontière de l'est, par Liège, puis
continué, par les géologues allemands, par le bassin de M ayencc,
la Bavière et l'Autriche, on aurait une œuvre grandiose, une
coupe de l'Europe. Pour que cette œuvre fût complète et vrai-
ment utile, il faudrait conserver pour base 6xe des travaux le
niveau moyen de la Manche et déterminer les altitudes. Oette ques-
tion (le grandes coupes européennes, ainsi que Tadoption de cer*
taines bases générales pour les travaux géologiques, seraient bien
dignes des délibérations d'un congrès de géologues européens.
L'étage crétacé, comme l'indique notre carte, a peu d'impor-
tance à Bruxelles; il nous semble que c'est là du crétacé remanié
par les eaux. Le bord septentrional du bassin silurien, sur lequel
(4) Nous offroos ici rexpressioo sincère de notre gratitude à M. Ph.
Vandermaelen pour son empressement à mettre à notre disposition
les spécimens extraits de nombreux puits forés et que sa sollicitude
éclairée pour les progrès de la science lai a fait recueillir avec le soin
le plus louable.
NOTE DB M. LE BON.
831
i
M
I
I
i
est bâti Oruxelles, formait sans doute haut fond dans là mer
crétacée, laquelle s'est étendue au nord jusqu'en Scanie. La craie
trouvée dans la Gueldre ne peut guère laisser de doutes à cet
égard, s'il pouvait en exister encore.
Vers Touest, la craie plonge par une pente bien plus rapide
encore que les couches bruxelliennes. L'espace angulaire, compris
entre ces deux dépôts, est occupé surtout par une puissante
masse d'argile, l'argile de Londres suivant toute vraisemblance.
A Ostende les couches crétacées n'ont été rencontrées qu'à plus
de 200 mètres sous le niveau de la mer, et les schistes siluriens,
qui leur servent de hase, à 300 mètres.
Tableau synchronique des couches tertiaires.
t
ANGLETERRE.
S ^
g M
il
•g 2
I ^HBi
FRANCE.
Grog rouge
Grag corallien
DépôU lacustres de
l'île de Wight.
Lacune? .
Argile de Barton; su-
liles de RritkU'tham,
de SelaeY« et sables
de Bagshot^ supé-
rieurs el moyens.
Argile sableuse, arec
lits (le sahie ^luuco-
nlfère de Woliing
(Lvell.)
Argile de Londres, de
Bogoor, el partie in-
fi^neure des subies
de Bagshot.
Sables de Wool^wich el
de Readiug ; couchrs
du plastic- duv, ser-
vant de base a l'ar-
gile de Londres.
Crag supérieur, sables marins supéiieurs de
Montpellier, tables des Landes
Faluns, moll&sses, crag inférieur.
DépAls lacustres moyens et supéi leurs. .
Sables et grès de Fcntaiochleuii
Sables moyeu», de heauchnmp, etc. . .
Â* ctage du cilcuire grossier de De^bayes.
8* otage (lu calcaire gro!«5ierde Deshuycs.
i"' étage du calcuire
grossier de Des-
bayes ( glauconio
grojisièrc ).
4« el h* étage des sa- | Bancs
Sable vert «t buuc a
Cei'Uhium gigan-
feum de Bfelle vil le.
BELGIQUE.
!•• B à 9 el
blés inférieuis
Deshuyes.
«le
3* étage de Melio-
▼ille. (Nummuli-
tes {ienticuiites)
planutata.)
4« banc de Malleville (montagne de La*>n. . .
Systèmes camplnieu el
scaldisiea de Du-
mont.
Systèmes dieslien et
JMildcrien de Du-
mont.
Systèmes tongrien el
rupélien de Dumont.
Lacune.
Lacune.
Locuue 7.
.Système luckrfnlen de
Dumoul (niveau su-
périeur des Num-
mutités lœyigata).
Système brnxellieo de
Dumont. (Aiimmu-
lites (lenticulUes)
planutata).
Système punisélivu de
Dumont.
Argiles, avec et «ans ligniles, du Soissounais.
Sahles de Bracheux, d'Hébert.
Système yprésien
OumonU
de
Système lundénicn de
Dumont.
832 sf.AxrE i>o 2S a\rii. 18G2,
A la suitedo la locUiro du mémoire de M. Le Hon, M. Hèbfrl
présente les observations suivantes :
Observations sur les systèmes bruxcllien et laekénien de Du-
mont, et sur leur position dans lu série parisienne^ faites a
r occasion du mémoire de M, Le Hon ; par M, Edm. Hébert.
Je n*ai pas besoin de faire ressortir Tinlérêt que présentent pb-
sieurs parties du travail de M. Le Hon.
En premier iieu^ la cou|)e si curieuse du sol des environs de
Bruxelles, (|ui résinne de la façon la plus claire toutes les donnéesque
Ton |)os<'6dait sur le prolongement souterrain au Nord du terrain pri-
maire de TArdenne. La faible épaisseur des dépôts secondaires et ter-
tiaires, Tahscnce complète de toute assise jurassique dans cette région,
aussi bien rpie dans les sondages de Calais et de Londres, indiquent que
le rivage septentrional du l)assin de Paris, pendant la période juras-
sique, après avoir longé le versant sud de l'Ardenne, passait par Arras,
Calais et Londres. Londres était donc un des points du rivage orien-
tal de Tembouchure du golfe ivarisien; c*était 1^ à peu près la pointe
occidentale du massif primaire qui s'étend jusqu*à rextrémité orientale
de la Bohême et renferme toute cette région montagneuse, les
monts hercijniens de M. d'Omalius. Cette région n'a jamais été cou-
verte par la mer jurassique qui la contournait au Nord par le Hanm re.
Fendant toute la durOe de la |)ériode jurassique, la partie orientale
de TAnglelerre n*était que l'entrée du golfe parisien , entrée qui a dû
être relativement fort étroite à la latitude de Londres. Ces observa-
tions montrent que l'expression de bassin de Paris est la seule qui
représente d'une manière exacte la configuration des terres de cette
époque.
En second lieu, M. Le Hon donne sur le terrain tertiaire de
Bruxelles un travail beaucoup plus détaillé, et qui porte des carac-
tères d'exactitude beaucoup plus prononcés, que tout ce qui avait été
publié jusqu'ici sur cette région. C'est un complément précieux à
I evcellenle étude que M. Lyell a publiée, il y a dix ans, snr les ter-
rains tertiaires de Belgique.
Les listes de fossiles que renferme le mémoire de iM. f^ Hon sem-
blent on particulier dignes de toute confiance. J'ai eu occasion d*en
vérifier une partie sur une collection que je dois à la générosité do
MM. Nystet Le Hon, et aussi h mes propres explorations.
Je prends donc les listes de M. Le Hon comme aussi exactes qu'elles
|)euvent l'être avant la fin du travail de révision auquel se livre en
ce moment M. Desbayes sur les fossiles du iMssin de Paris, i^l. f<e Hon
NOTE B« H. HÉBERT.
833
nous apprend par ces listes la répartition des fossiles dans les deux
systèmes bruxellien et laekénien de Dumont , et c*est un senrîce
signalé qu'il rend à la science.
Gela posé, nous arrivons aux conclusions que M. Le Hon tire de ses
listes, et ici j'ai le regret d*être obligé de me séparer de mon savant
confrère et ami.
La liste des fossiles du système bruxellien renferme 15i!i espèces,
dont Tensemble parait à M. Le Hon se rapporter à la partie supérieure
des sables du Soissonnais, à Thorizon de Cuise-la-Motte.
En réalité, si l'on s'attache aux espèces importantes par leur abon-
dance et la sûreté de leur détermination, il n'y a dans cette liste
qu'un très petit nombre d'espèces caractéristiques des sables de Cuise.
Je n'en vois même que deux :
Foluta angusta^
^ depressa^
qui puissent peser dans la balance en faveur de ce rapprochement.
Bien entendu, j'écarte la Nummulites planiilaia, qui forme pour
M. Le Hon la limite inférieure du système bruxellien , tandis que,
loin d'être à la base des sables de Cuise dans le bassin de Paris, elle
est au contraire extrêmement abondante à la partie supérieure.
Cette couche à Nummulites planulata forme en Belgique comme en
France la limite supérieure de i'éocène inférieur. Elle n'appartient
ni au système bruxellien, ni au calcaire grossier.
Au contraire, cette même liste est remplie d'espèces extrêmement
abondantes dans le calcaire grossier, et beaucoup d'entre elles n'ont
jamais été rencontrées dans un autre horizon ; telles sont :
Turritella terebellaia,
Foharia buUoides^
Turbo squamulosusj
Solarium troc hi for me ^
Cyprœa inflata^
Terebellum convolutum^
Foluta cithara,
' — harpuloj
— lyraj
«— bulbula^
— spinosa^
— crenulata,
— bicorona,
Conus deperdituSy
— dhersijormis,
Rostellaria columbaria,
Sirombas tanalis^
Soc. géol.y V série , tome XIX.
Murex tricarinatusy
Pyrula nexilis^
— elegans,
Pileopsis cornU' copia? ^
Cardita acuiicosta^
Lucina mutabilis^
— sulcata^
Corhis lamellosoj
Arca barbatula,
Pecten plebeius,
— corneus^
Spondylus raduloj
— rarispinuy
Vulsclla deperdUoj
Tcrebratula bisinuata^
Sphenotrochtis crispus.
53
83& SÊANCB DU 28 AVRIL 1862.
Ce total de 33 &s|)èces a))partcDaQt czcluai?eineat aq caloûra mn*-
sier, et qui se trouvent parmi les fossiles bruzaUieoi da H. Le Hm,
pourrait être aisément doublé ; mais j*ai choisi à-dei0eiQ im miim
bien connues, abondantes à Paris, et ausaii J9 crojm de« phn oam-
munes à Bruxelles.
G*est donc bien au calcaire grossier qu'apparlimt la ijilàiDi
bruxcUien de DumonL 11 n'est pas jusqu'aux ftnita si cuiieitt et à
connus du système bruxellien ( yipadites) et que M. I^e Bon np»
porte, il est vrai, au système laekéni&n^ que je n'aie retrouvli
dans nos carrières de calcaire grossier inférieur d'tey« pràa Paris,
associés avec les Echinolampu» êimilù^ Pjfgorhyneàm Cwfîirî^ elc;,
au-dessous des bancs qui renferment toute la fume qive je via» 4$
citer plus haut.
A cette faune si caractéristique se trouvent mêlés dans la liste de
M. Le Hou des fossiles, tels que : Melania margtnaia, Pyramidella
tercbellata, Ancillaria bvccmoides^ lîosfellaria fissurella^ Bueci-
nuvi siromboides^ Cassidaria carinaia^ etc. (enviran 30 eqpècci),
qui, bien que plus abondants dans le calcaire graasierp aant wpea»
dant considérés comme appartenant aussi aux saUes de CniacL Cûtte
partie commune aux deux faunes, à Paria oommeàBnixeUei, aefait
qu'ajouter aux affinités de la faune bruxeUienne avec celle da (alcain
grossier.
J'aurai peu de chose à dire du S3fstème laekéiiien. Dumoal k
considérait comme synchronique des sables de Beauchampt M. LeHaa
le rapporte au calcaire grossier, et je suis depuis longtemjisdeoelle
opinion, commç M. Le Hou veut bien k rappeler. La lialede fanki^
que notre savant confrère donne à l'appui de ce rappnocheoieat, m
laisse aucun doute.
Les Cérites, les nombreuses espèces d'eau douce oo saumtlra, si
abondantes dans le calcaire grossier supérieur du baasiii de Paris^
aussi bien que les espèces caractéristiques des sables de Beauchamp,
mancfuent tout à fait dans le système laekénien. Au ooqttaire» les
espèces assez nombreuses du calcaii*e grossier inférieur qa*il leQferme
ne permettent pas de le considérer comme plus récent qoç ce dernier
dépôt
Le système bruxellien, en tant que supérieur à la coache à IVum-
mulites plantdata, et le système laekénien, appartieoneni donc tous
deux au calcaire grossier inférieur, et il n'y a absolnmeni rien, ni
dans la puissance, ni dans les différences stratigraphiques on minera-
logiques, ni dans les faunes, qui autorise à les considérer comme sor-
tant des limites de ce dépôt.
Notre calcaire grossier inférienr en effet pourrait toe aisimim
NOTE DE M. HÉBERT. 835
subdivisé en sections qui différeraient entre elles, surtout par les
faunes , au moins autant que le système laekénien, du système
bruxellien.
Ces sections seraient de bas en hant :
1° Les sables jaunes à rognons tuberculeux {têtes de chat)^ à ci-*
ment calcaire ou siliceux, à fossiles rares, et dont Tépaissenr variable
est de 10 à 15 mètres, de Montataire à Chaumont (Oise). Cette assise
n'est pas constante dans le bassin de Paris ; elle manque dans le sud , est
très puissante au nord-ouest, et assez variable en épaisseur au nord-est
Ainsi, elle manque entre Yillers-Cotterets et Soissons, pour reprendre
ensuite, mais à Tétat rudimcntaire, dans le Laonnais. Elle a rempli les
inégalités des sables du Soissonnais, se montrant toujours comprise
entre les sables à NummuUtes planulata^ dont elle est constamment sé-
parée par une couche très mince remplie de dents de Squales et de petits
fragments roulés de silex noirs, et la glauconie du calcaire grossier
ou zone à NummuUtes iœvigata, dont elle est quelquefois aussi sé-
parée par une nouvelle couche à dents de Squales^ beaucoup moins
constante que la précédente.
Cette assise se trouve égaletnent à la partie inférieure du système
bruxellien ; elle n*a aucun rapport avec les assises de la monlagne de
Laon qui font partie des sables du Soissonnais. A Bruxelles, comme
dans le bassin de Paris, ces sables jaunes à rognons de grès sont sé-
parés des couches à NummuUtes planulata par des sables gris , fins
et doux au toucher, alternant avec des lits d*argile, qui constituent
l'assise la pltM élevée de la série suessonnienne.
2** La glauconie du calcaire grossier avec ses lits de NummuUtes
lœvigatOj et sa faune d'une richesse si remarquable, caractérisée par
tant d'espèces que Ton ne trouve point ailleurs. Épaisse de 10 à 12
mètres à Chaumont , et toujours inférieure aux bancs à Cerithium
giganteum^ elle se réduit quelquefois à moins de 0"*,50, lorsqu'elle
repose directement^ comme nous venons de le dire, sur les sables du
Soissonnais; alors la couche à dents de Squales, qui né manque ja-
mais, renferme des NummuUtes^ des Eupsatnmta trochiformis^ et
autres fossiles de la glauconie. Il est facile, dans les sables de Chau-
mont et du Vivray, de juger de l'abondance des espèces propres que
renferme cet horizon. C'est là que se trouvent en quantité Turritella
terebellùtaj Volvaria bulloides, Turbo squamuiosus, Lucina sut-
eotùy etc. , qu'on ne trouve plus ou que bien rarement à un antre
viveatr. La partie supérieure du système bruxellien comprend, d'après
la liste de M. Le Hon, la faune de cet horizon ; mais elle renferme
aussi beaucoup d'espèces qu'on ne trouve que dans des couches pldi
éleiées ( K0/«rler flpmoia, V. lyra^ V. bulbula^ etc., eiei).
836 sÊANCK nu 28 avril 18G2.
3" La glauconic d:î calcaire grossier est recouverte par le colcnirt
grossier inférieur proprement dit, depuis les bancs & Ceriikivu
(jitjanU'um h la ))asc jusqu'à ceux à Corbis pectimculus et lAteitu
concantrica à la partie supérieure. C/est à cet horizon (pi'appartiennent
les riches gisements de Liancoiirt près de Ghaumont, de Pâmes, de
Chaussy, etc., et les carrières de Sainl-Leu et de Pont-Sainle-
Maxencc. Dans ces contrées sa puissance est de 1 5 à 20 mètres a
moins. C'est aussi à cet iiorizon qu'appartiennent la plupart des espèces
du système bnixellicn que nous avons citées comme se trouvant
dans notre calcaire grossier et un certain nombre de celles du si-stëine
laekénien : ainsi Tellina rostrnlis^ Itosfellaria coluntbaria, Orbitc-
lites coinfjlanata, elc; mais il y a dans le système laekénien beaucoup
d'es|)èces qui paraissent manquer dans le bassin de Paris. C'est qii*eB
eiïet à ce moment les conditions physiques du bassin de Paris ont
évidcfiiinent changé. I^ faune si variée et si essentiellement marine,
h la(iuclle nous avons eu affaire jusqu'ici, disparaît; le bassin se
trouve partout rempli d'une vase formée presque exclusivement de
Miliolilcs.
d" Le calcaire à Miliolites constitue donc un quatrième horizon
chronologicpie dans notre calcaire grossier. Il sert d'intermédiaire
entre le dépôt inférieur, qui est purement marin, et le calcaire i
Cérilcs, i\\\\ est d'eau sanmâtre, ou même d'eau douce. On lut donne
souvent le nom do calcaire grossier moyen ; mais, sauf les Miliolites
que l'on rencontre déjà en moindre quantité au-de&sous, et souvent
presque aussi abondamment dans le calcaire grossier supérieur il n'a
pas de faune spéciale. A sa base il présente souvent intercalées de
petites couches remplies des fossiles du calcaire grossier inférieur - en
haut il alterne de u)émc avec le calcaire grossier supérieur, et quel-
quefois ces allernances se rejoignent de manière à supprimer toute
partie constituée par du calcaire à Miliolites pur.
Pendant que dans le bassin de Paris la mer se retirait pour céder
bientôt la place à des lagunes, il pouvait se développer sur les bords
du bassin belge une faune particulière, la faune iaekénienne. jUab
c'est certainement entre les limites des quatre é|M>ques que nous
venons d'énumérer qu'il faut renfermer les circonstances auxquelles
est due la production des dépôts bruxelliens et laekéniens. Ces cir-
constances, d'abord identiques de \asi et d'autre, à l'époque des
sables à rognons tuberculeux, ont varié ensuite. La faune reste la
même dans son ensemble, mais avec des différences notables; ainsi le
Cerithium giganteum, qui a constitué des bancs continus depuis Paris
jusqu'à Laon et même jusqu'à Cassel, paraît manquer en Belgique.
Le maximum de différence des faunes est dans les derniers dépôts
NOTJB DE H. HÉBKRT. 837
dans le système laekénien, beaucoup plus séparé straiigraphiquenicnt,
d'après le travail de M. Le Hon, du système bruxcllicn, que ne lèsent
l'une de Tautre les quatre parties de notre calcaire grossier; mais
cela tient à ce que la série est bien plus complète, bien plus continue
dans le bassin de Paris qu'en Belgique, où se présente une lacune
correspondant très probablement à une dénudation locale des couches
à Nummuliies lœvigata et à une interruption sédimeniaire au moment
où le Cérite géant pullulait en France.
En résumé, je considère comme démontré par toutes les études
faites jusqu'ici sur le terrain éocène de Belgique, mais surtout par le
travail de M. Le Hon:
1° Que le système bruxellien correspond à la partie du calcaire
grossier qui est au-dessous des bancs à Cerithium giganteum ;
2° Que le système laekénien comprend la partie du calcaire grossier
inférieur qui est au-dessus des mêmes bancs, jusques et y compris
le calcaire à IVlilioliles;
3° Que rien dans ces deux systèmes ne peut se rapporter aux sables
du Soissonnais ou aux sables de Beauchamp.
Ces conclusions, auxquelles j'étais depuis longtemps arrivé par
mes propres explorations, se trouvent fortement confirmées dans mon
esprit par les faits dus aux recherches de M. Le Hon, qui me parait
avoir, le premier parmi les géologues belges, placé le système laeké-
nien à son véritable niveau.
Quant à la partie théorique du mémoire, à celle qui se rapporte à
la manière dont les dépôts ont été apportés dans le bassin de Bruxelles,
à l'invasion de ce bassin par des eaux venant du sud, je dois dire que
je ne saurais partager cette manière de voir. Je préfère d'ailleurs me
borner à la discussion des faits qui est de beaucoup la plus im-
portante.
£n descendant le système bruxellien au niveau des sables de Guise-
la-Motte (éocène inférieur), M. Le Hon a commis une erreur d'assimi-
lation bien pardonnable. Il était en effet assez naturel, vu l'absence
de fossiles dans les couches inférieures au lit à Nummulites planulata,
de rapporter cette première couche fossilifère à celles qui venaient
au-dessus. En outre, n'ayant point étudié par lui-même nos terrains
tertiaires, il a cru pouvoir s'en rapporter aux dernières publications
faites sur ce sujet par le BnUetin de la Société géologique. Il a
donc pris pour base de sa discussion la Description géologique de
la montagne de Loxm^ par M. Melleville (1). Ce mémoire n'ayant
donné lieu à aucune observation contradictoire, M. Le Hon, oubliant
(I) Bull. Soc. géol. de Fr., %• sër., t. XVIT, p. 740, juin 1860.
838 SÉANCE DU 28 ÀYRIL 1862.
que la Société géologique laisse à chacun la respomabilitë de ms
opinions, a cru que toutes les parties de ce travail étaient admise
comme exactes, et a été ainsi induit involontairement en erreur pu
de fausses analogies. Mais ce mémoire, qui n'est pour ainsi dire que
la reproduction è peine modifiée d'un travail déjà ancien, renferme
de telles erreurs, au point de vue de la géologie pure oomme h
point de vue de la paléontologie, qu'il est impossible qu'on pnisK
s'appuyer sur les données qu'il renferme, sans y 4>poiter une grande
réserve. Un petit nombre de citations suffira pour jostifier celte appré-
ciation.
l"* P. 730. La montagne de Laon est une batte de sable de
100 mètres de hauteur, avec un chapeau calcaire reposant snr nne
couche d'argile. Les eaux qui alimentent la ville sont sur cette der-
nière couche. L'auteur prétend qu'elles arrivent dans cette posidon
(à 188 mètres d'altitude) par des siphons naturels qui trirersent oes
100 mètres de sable de bas en haut !
2° P. 722. L'auteur divise les fossiles qu'il a recoeilUs en tira grou-
pes : l"" les liadiaires dans lesquels il place le genre Alveolim;
2"* les Amélidet dont pour lui, encore aujourd'hui, le genre Oenia-
lium fait partie; S*" les Conchyfhes et MoUmque$, où nous veyw
figurer d'une part Lenticulites planulata, Lk, et de l'antre Nmi^
mulites planulata, Lk !
Je laisse de côté les nombreuses erreurs de déterminaiionv parfai-
tement excusables il y a vingt ans, mais qui aujoord'bui déparent
singulièrement les listes de fossiles que l'on trooTe dans ce travail.
Toutefois, il y en a dont on ne sait comment se rendre compte.
Certaines es))èccs, comme Volufa ambiguë, Oesh., extrémemeat
communes dans les couches que décrit M. Melleville, nese troufoit
pas dans ces listes, et on voit figurer à la place Voluta crenulaia^ Lk,
qui n'existe que dans le calcaire grossier.
Évidemment l'auteur ne professe ni en géologie, ni en paléontologie
les idées généralement reçues, et dès lors ses travaux peuvent diflfeile-
ment servir de termes de comparaison.
Gomment s'expliquer dès lors qu'en rééditant ses notions person-
nelles sur la paléontologie du Laonnais, il ait cm devoir pro6terde
cette occasion pour insérer dans le Bulletin des réclamations qui ont
lien de nous étonner (p. 715 et 723, notes), et dont il est inipossihie
d'admettre la justice !
Je regrette infiniment d'être obligé de présenter ces observations ;
je m'en serais volontiers abstenu si je n'avais en li combattre h ftehense
influence qu'a eue la pid)lication de M. Melleville sur la partie théo-
rique du travail d'ailleurs si estimable de M, Le Hoa
NOTE DE M. DUMORTIKR. 6S0
Le Sêorètaire dontie leoiure de la noto suivanle de E. Dû-
mortier <
Coup d'œil sut Vôôllthe inférieure du Far;
par M. E. Dumortier.
Depuis la publication de ma note sur le calcaire à fuco'itJes de
Foolithe inférieure (1), je désirais vivement pouvoir continuer
Tétade de ces couches dans le Midi. Les circonstances tn'ont
permis, il y a quelques jours, de visiter dans cette intention une
partie du département du Yar où, suivant mes prévisions, j*ai pu
retrouver cet horizon précieux pout* le jurassique inférieur, près
de Guers, SUr un point encore plus éloigné que celui que j'avais
indiqué déjà aulc environs d'Auriol. Je dois avoUel* cependant que
je ne supposais pas qu'il fût probable de rencontrer les em-
preintes du Chohdrites scopariai Couvrant utie étendue de pays
aussi considérable avec une pareille profusion.
A la description de ce gisement curieux j'ajouterai quelques
détails sur les fossiles des couches qui se montrent dans le Var
au-dessus des fuccfides, détails bien incomplets sans doute, car ils
sont le résultat de courses faites trop précipitamment ; j*ai de plus
le regret de n'avoir pas pu profiter des renseignetnents et des
conseils que j'aurais trouvés sûrement auprès de notre confrère
M. Jaubert, mais j'ai été informé tardivement qu'il résidait dans
une des localités que j'ai traversées.
• Sur le ehemln de fluers à Belgentier, quand on a dépassé le
hameau de Valcros, on suit en inonfant des calcaires luarno-
stfbleux, d'une couleur bleu grisâtre clair, qui n*oni pas une très
grande consistance, mais qui durcissent à l'air ; des calcaires
forment le pavé du chemin, et partout pendant près de 2 kilo^
Mètres on peut les suivre et les voir couverts des empreintes de
ffds Fucus, Les coupes que l'on trouve sur plusieurs points dé la
colline montrent une série verticale assez considérable de couches
É fuco'ides de 30 k 50 centimètres d'épaisseur alternant avec des
eouehes marneuses nn peu plus épaisses. Les empreintes sont très
Itetles et très setnbiabids à celles du Mont-d^Or lyonnais; la senle
Aiilérenee appréciable est que, pour celles du Yar, les groopél
s<Mit nu peu plus grands et ne se développent pas sur une sàr-
iêbé MM plané; j'ai mesuré à Yaleros des touffes tenant aune
.ijÀ
(I) Bulletin de la Société géologique, V sér., t. XVIII, p. 87*
84inai4$64/
8/^0 S^^ANCK UU 28 AVRIL 1802.
inénic tige étalées sur une longueur de SO Gentimètict; je n'ai
trouvé dans ces iiièincs couches aucuns fosulet aatociés ani Aoi.
Je dois signaler ici deux nouveaux gisements des cakaiicsà
fucoîdes que je n'ai pas encore visités, mais dont je dois koonoaii'
sance à notre collègue IV] . Ed. Flouest qui a rMdé peodsnt pb-
sicurs années à Aix et qui habite maintenant à Semar (GAled'Or).
M. Flouest a trouvé le Chondrites scoparius en abondsnoe d
offrant de très beaux spécimens au hameau de Clapa, dans b
vallée de Vauvenargues près d'Aix (Bouchea-du-Rbdne). D'aprtis
bienveillante coummnication on trouverait des Anunooiles assH
cices aux Chomlritvs comme dans les calcaires du Mont-d'Or; de
plus, M. GoUenot a tout récemment trouve â Flavigny (Côte4i*(k)
le Chondrius scoparius dans des couches schisteuses» un poi aie-
nacéea, gris bleuâtic « que nous appelons ici grès fisnles, ajoute
» M. Flouest, qui reposent sur les marnes les plus supëricurcs de
» Fétage toarcicn et supportent les premières assises du cakaireâ
» Enlroques, caractérisées ]>ar le Pecten persoifaius, »
Il est bon de remarquer que le niveau de tous les gisemcsls
n'offre aucune incertitude au nord comme au sud, et, de plus, que h
couleur et les caractères minéralogiques s'accordent presque par*
tout : grain un peu grossier, sableux, couleur gris bleuAtre os
jaunâtre, empreintes profondes sans conserver de traces de la
substance végétale. La connaissance des gisements de Cuersetde
Flavigny agrandit notablement Tétendue que favais attribuée as
développement horizontal des couches à fuooides de l'oolithe ioC^
rieure qui atteint, d'après ces dernières données» une longueur da
nord au sud de 650 kilomètres.
Au-dessus de ce massif de calcaires gris clair bleuâtre, à ess-
preintes, on trouve les diverses assises de l'oolithe inférieure avec
leurs fossiles et dans leurs positions régulières, en montant jusqu*au
petit col que le chemin traverse pour aller descendre A fielgentisr;
mais on peut les étudier bien mieux encore en revenant de Valcros
sur Cuers. On trouve là, en pleine exploitation, une c^arrière dans
les couches inférieures du calcaire à Entroques. Les bancs d*eB
bas descendent jusqu*au calcaire à Chondrites scoparius^ dont on
rencontre des empreintes, suivant le rapport des carriers; il est
remarquable cependant que la couche à fucoîdes doit avoir une
très faible épaisseur sur ce point, car les couches du lias supérieur
y sont elles-mêmes entamées par l'exploitation, et j'ai ramassé dans
les parties profondes les fossiles caractéristiques de cet étage i
Ammonites scrpentiniix^ A. mucronaius^ A. radians. Cette dispari-
tion presque complète des couches à fucoîdes, siur un point qui
NOTB DB H. DimORTIKR. 8A1
n'est distant qne de 1 kilomètre à l*est du gisement de Valcros, où
elles forment un massif d'une épaisseur notable, est quelque chose
de singulier, puisque les autres étages paraissent conserver leur
importance relative.
On trouve dans cette carrière des fossiles très intéressants, en
bon état de conservation^ et, si le nombre des espèces est peu con-
sidérable, les individus sont très abondants.
Le plus commun est la Terebratula spheroidalis^ Sow. ; la figure
de Sowerby donne assez bien l'ensemble de la forme, mais la
coquille du Var est d'un tiers plus grande et les valves se rencon-
trent sous un angle moins ouvert ; avec cette Térébratule on trouve,
mais en nombre plus restreint, la RhynchoneUa cynocephala^
Richard Sp., remarquable ici par sa grande taille et le nombre de
ses plis; on en compte souvent quatre sur le bourrelet de la valve
non perforée, accompagnés de cinq plis latéraux de chaque côté ;
ce n'est pas sans hésitation que j'adopte ce uom au lieu de celui de
RhynchoneUa ringens^ de Buch; je suis d'autant plus perplexe
que les figures données par Davidson (1) de la R. rfngens ne s'ac-
cordent pas avec celle de de Buch (2) ; cette dernière montre un
crochet aigu, saillant» tandis que les dessins de Davidson font voir
un crochet plus petit, rentré, contourné en avant; les échantillons
da Var se rapprochent beaucoup, par le crochet et les plis laté-
raux des figures de Davidson 10, 11, 12 de la /?. cynocephala^
tout en étant beaucoup plus grands; mais sa figure 16 d'un exem-
plaire exceptionnel, R. ringensj donne parfaitement la forme
de nos échantillons vus par-dessus. Je doute, <|uand ces types
seront mieux connus, que l'on puisse justifier le maintien des deux
espèces distinctes.
Enfin, un fossile des plus abondants avec les brachiopodes cités
eu le Pecien personatus, Goldfuss; mais ce Pecten est ici d'une
taille si grande, comparée à ses dimensions ordinaires, qu'il est
d'abord impossible de le reconnaître; il dépasse souvent hO milli-
mètres en longueur; de plus, il est un peu plus large que long,
ce qui n'arrive pas chez les petits exemplaires que l'on trouve par-
tout. La valve supérieure, légèrement et régulièrement bombée^
est couverte de fines côtes rayonnantes rectilignes, dont le nombre
augmente par l'insertion, entre chacune d'elles, de nouvelles
côtes qui restent un peu moins fortes que les anciennes. De plus,
toute la coquille est ornée de stries concentriques excessivement
(I) Palceontological Society, I8B2, pi. XIV.
(9) Ueber Terebraielfi, pi. Il, fig. 31.
8ft2 SftARGI DU 28 ÂVML 1862.
fioei et réguUèrei, ai ti aerréet» surtout daut 1|l région pallàilc, que
Ton peut eu compter prèa de dix dans un millimètre. La valve iii-
iérieure, plus aplatie, est absolument lisse. Les deux valves por*
tent en dedans onze à treize côtes saillantes, étroites, qui n'arrivent
pas jusqu'au bord de la coquille; Tanf^le apicial, qui est de
90 degrés ordinairement, est bien plus ouvert dans les échantil-
lons du Var. Les spécimens sont presque tous bivalves, et l'épais-
seur la plus grande qui est au centre des valves ue dépasse pas
40 millimètres ; les eôtei qui ornent Tintérieur des valves ne sont
nullement indiquées à l'extérieur.
Les mêmes couches inférieures du bajocien, avec les mêmes fos-
jsiles, sa retrouvent à Belgentier (Var). La colline située à Touot
du village, sur la rive droite du Gapau, présente une coupe com-
plète, depuis le trias, qui forme la base, jusqu'à l'oolithe iafé*
rieure; les fossiles sont peu abondants et difficiles à recueillir,
parca que l'escarpement est formé par la tète des couches, de
sorte que tout est mêlé dans les éboulis^ mais laoouche ioférieare
du calcaire à En troques, avec Terebratmia spÀeroida/u^ Bhpieko^
jiéflUi çyiiacitpAaia et Pectfn pcnonatuâ de grande taille, est bien
en place et fournit des échantillons asses oombfeux. J'ai recueilli
4e plus sur ce point et associé aux fossiles cités une autre Téré-
bratule que je crois nouvelle; en voici la description i
Coquille à contour absolument circulaire; diamètre, 2S milli*
usètres; épaisseur, 12 millimètres. Le crochet, petit, très rapprccbé
de la petite valve ; la valve perforée montre un bourrelet hico
marqué vers le crochet. Les valves se rencontrent anus un soglt
aasee aigu sur tout le contour, et s'élèvent par une courbe régu*
Hère jusqu'au centre de figure où se trouve le maximum d'cptis-
seur ; surface non ponctuée* J'ai rapporté de Belgentier six exem-
plaires de cette Térébratule, dont la forme générale et la taillées
varient pas.
Au-db«saus de oette aone inféviature» on tlouvet à Cuerset à >sl-
cros, une asaex forte épaisseur de cahudree jaune clair, mats,
sableux» durs, è grains fina^ avec une grande quantité d'une Ifina
de grande taille, toujours bivalve, à stries fines, régulières; ellss
i 3 eentimètrca de longueur, oW la Lima nmicircalmrU^ GeUfoM;
es' fossiles qui l'adoompagnent sont rares; |op«i>a citer >
SJiynchoncUa pUcatetla^ Sow.
Ammonites Bladgeni, Sow.
Ammonites sabradlatus^ Sow.
Je n'ai pas eu le foisir .d'toii^r Isf snaahas Mpérienrea du
HOTE DB M. PUMORTIBII. fiikS
i)li]ocien dans les environs de Cuers; mais en se transportonisur le
.bord de la mer, entre Saint-Nasaire ei Bandoi, ou retrouve , à la
Cride, une série de couches qui permet de compléter la coupe. Là
.les calcaires, relevés presque vertioalemeut, el que la mer vient
rentamer, me paraissent les équivalents des calcaires d^ Yalcros à
Lima semicircularis. Ce fossile y est en noi^ibre considérable > mais
d'une taille un peu moindre ; on y trouve de plus i
Terebratula globatOy Sow.
Terebratula spheroidalis^ Sow.
Ammonites Brongniarti, Sow. ; figure de d'Orbigny.
£n continuant à suivre le rivage dans la direction de Baodol,
on trouve les couches qui reposent sur les calcaires dont nous ve-
nons de parler ; elles se composent d'une assez longue suite de
marnes jaune clair elde calcaires sableux plus ou moins inelinét,
dans lesquels je n'ai pas aperçu de fossiles. Cette série, dont la
mesure exacte exigerait un assez long travail, recouvre d'une
manière évidente les calcaires de la Cride. Elle est elle-mêma re-
couverte, là où la côte reprend une direction M. pour former la
petite rade de Bandol, par un calcaire gréseux foi*t dur dont les
couches épaisses, attaquées par la nier, laissent voir un grand
nombre de fossiles intéressants, mais qu'il est presque impossible
d^. dégager de la roche; les plus remarquables sont :
Pectcn^ moyenne taille, lisso, très abondant, probablement le Péc-
ten spathuiatus ^ Romer.
Cerithinm granulato-'costtitum^ Goldf. , ou Ceriihium erhinalum, de
Buch ; c est le môme qui se montre, en si grand nombre^ dans
notre bajoQÎea supérieur du Mont-d'Or lyonnais; les éçhantlUons
de Bandol sont un peu plus grands et d'une conservation, parfaite.
■ Ammonites Parkinsoni^ Sow.
Ammonites pygmœus^ d'Orb.
Ammonites oolithicus^ d'Orb.
Ammonites Martinsiiy d'Orbu
Belemniteê sulcatusy Miller.
lly a certainement là TéquivalciU de la partie supérieure de
Toolithc ferrugineuse du Calvados, et uqe exploration faite pins à
loisir doit auEiener la découverte d'un bon nombre d'autres foesUes.
Cependant cette subdivision du bajocien n*apas une grande épais-
seur à Bandol.
A 30 ou tiO mètres au-dessus de ces calcaires à Cerithium^ on
trouve bientôt, toujours sur le rivage, un nouveau groupe dont je
dirai quelques mots, bien qu'il u*appartienne plus à foolithe ipfé-
8&A SÉANCE DU ^8 AVRIL 1862.
rieure; mais il me semble doublement intéressant» d'abord par les
fossiles abondants et fort carieui qu'il offre aux géologues, puis
par la certitude que donne l'esamen de ces fossiles de la présence
incontestable de l'étage de la grande oolithe sur les côtes de la
Méditerranée ; ainsi, cet étage, qui s'avance du nord avec an si
beau développement jusque dans les montagnes du Bugey et dans
les collines des environs de Crémieus (Isère), qui eu sont le pro-
longement, ne se retrouve plus dans la partie méridionale du dé-
partement de l'Isère, ni dans la Dr6me, ni dans l'Ardèche.
Cependant les circonstances qui ont empêché le dépôt des couches
de la grande oolithe et de l'oolithe inférieure sur cette zone ne
paraissent pas avoir fait sentir leur effet dans la partie tout à fait
méridionale de la France ; après une interruption de plusieui^
centaines de kilomètres, le bathonien et la plus grande partie da
bajocien se montrent de nouveau bien caractérisés dans les dépar-
tements du Yar, des Bouches-du-Rhôue et du Gard.
Le bathonien de Bandol forme un massif de couches assez
inclinées^ composé de calcaires gris jaunâtre clair, micacés, à graio
fin, excessivement dur, surtout dans les parties exposées k Yûr;
on peut fort bien l'étudier tout autour de la petite maison de pé*
cheurs, au lieu dit Gazaiile^ 300 mètres environ avant de rejoindre
la route directe de Saint*Nazaire â Bandol. La mer vient se briser
sur les bancs fossilifères. Je ne connais certainement qu'une partie
des fossiles de ces calcaires, qui mériteraient une étude appro-
fondie^ mais on peut affirmer cependant qu'ils repréaenteoc les
couches de Banville, de Langrune et de fiatli, qui forment laprtie
inférieure de Tétage bathonien ded'Orbigny.
Voici la liste des espèces que j'ai pu y recueillir dans une
journée :
Diastopora JUicheiini, M. Edw.
Heieropora conijera^ M. Bdw.
ConsteUaria Terquemi^ M. Edw. et H.
Anabacia orhuUtes^ d'Orb. Exemplaires de petite taille, peu épais.
MontUvaitîaSmiihi, M. Edw. et B.
Calamophyllia radiata , M. Edw. et fl.
Cladophrllia Babeana^ M. Edw. et fl.
Thamntutrea scita^ M. Edw. et B., avec un bon nombre d*aatrs8
bryozoaires ainsi que de polypiers, de plus une foule de jolis
spongiaires.
Eiigmus pofytypusy E. Deslong. (4). en nombre assez considérablo
(4 ) Mémoires de la Société Unnéenne de Normandie^ vol. X, pi. 4 (
et 46.
NOTE Dl H. DUMORTIER. 845
pour pouvoir ôlre considéré comme la coquille caractéristique du
terrain. Les échantillons s^accordent très bien avec les figures
données par M. Destongchamps, tout en étant un peu moins
grands. La curieuse ouverture irrégulière abords sinueux se fait
voir fort bien sur bon nombre d'échantillons ainsi que Je cueille-
ron large à bords amincis et très saillant qui porte l'empreinte
musculaire.
Il est curieux de voir ce genre de coquille, si peu connu encore,
passer du département du Calvados aux environs de Toulon,
sans laisser presque de traces sur l'immense surface des dépôts
jurassiques qui séparent ces deux stations. En effet, après l'exem-
plaire de Montreuil-Bellet cité par M. Deslongchamps, je ne
connais que la jolie petite espèce d'Eiigmus de Poitiers, du
môme niveau de la grande oolithe, dont je dois un exemplaire
fort bien conservé et bivalve à Tobligeance de M. le docteur
Constantin. En comparant cet Eligmnsde la Vienne aux autres,
il y a de telles différences, soit dans la forme générale, soit dans
la disposition des côtes, qu*il me paraît probable qu'il faudra la
considérer comme une espèce nouvelle. Quoi qu'il en soit, les
couches de Bandol renferment ces coquilles singulières en
nombre considérable ; malheureusement la nature de la roche
s'opposera toujours à ce que Ton puisse recueillir des exemplaires
bien complets.
Trichites crassus^ Bronn, énorme coquille fibreuse. J'ai des frag*
ments qui dépassent 49 centimètres; épaisseur très irréguliè-
rement distribuée; l'empreinte musculaire, formant une dépres-
sion arrondie, mesure 5 centimètres; courbure de la coquille
médiocre; très abondante à Bandol. J'ai des fragments de la
môme coquille que j'ai rapportés de Banville; de plus j*en ai
recueilli un exemplaire bivalve du môme niveau à Vernas (Isère),
près des rives du Rhône.
Pecten xubspinosus^ Schlotheim.
Pecien vagans^ Sow.
Pecten arciculatus, Schloth.?; longueur 65 millimètres; vingt-
quatre côtes énormes, très rugueuses; les oreilles couvertes
de dix gros plis verticaux irréguliers. C'est un type rapproche
du Pecten art i cul a tus ^ mais avec un faciès plus grossier, plus
rustique; c'est probablement une espèce nouvelle; très com-
mune.
Sjjondy/us...,; longueur < 8 millimètres; valve supérieure très bom-
bée, couverte de côtes fines, régulières, avec une série de petites
lamelles transverses dans les intervalles et sur lesquelles s'élèvent
sans régularité de rares épines. Les côtes se réunissent trois par
trois en se rapprochant du crochet ; le crochet est assez marqué
et dépasse la charnière de 4 millimètre ; oreilles grandes, fortement
striées dans les deux sens ; l'exemplaire un peu plus petit que
j'ai avec les deux valves réunies, et que je crois appartenir à la
môme espèce, montre la valve inférieure fortement adhérente à
8ik6 s«AN(n DU 6-ttAf iWfS.
la roche par une foulo d'appendices en forme de radfeellci. la
recueilli cinq exemplaires de cette jolie coquille.
Ostren grrgfiria, Sow. ; formes Tariées, beaux et nombreux Mub-
tillons.
Lima ; grandeur moyenne, aaaei étroite, oMique, lî|çiMiirn-
gulières ponctuées sur la région postérieure, plis anguleox da
côté antérieur; abondante... J*ai recueilli la même à Aïoixa
(Sartbe).
Nrrinea bacHlns, d*Orb. ?
Delphinida muricata^ BuTÎgnierT, de l'oxfoMlîen des Ardeonei; ki
échantillons assez nombreux sont un peu déformés.
Tercbrtituia coarctuta^ Parkinson.
Terebraîula intcrmedia^ Sow.
Terebratala flabrtlumy Defr. ; asses oommùtte et grande,
Hhy/tchoneiln mncinna^ Sow.
Ci'daris très grande et belle espèce; les groe tubercules perfo-
rés et crénelés s'élèvent au milieu d'une zone lisse, peu déprimée,
toujours parfaitement circulaire; les tuberculee qui entourent
oetle zone et couvrent tout le reste des plaques sont très gns,
saillants, mamelonnés, dispoaés irrégulièrement et laissant voir
une fine granulation dans les intervalles; les scrobicules sont loin
de se toucher; les ambulacres, étroits, très faiblement ooduleoi,
présentent des pores ronds, disposés deux par deux à droite et ï
gauche alternativement, et au milieu deux séries de petits tuber-
cules mamelonnés peu serrés, mais très réguliers et entourés de
fines granulations.
J'ai rapporté encore de Bandol plusieurs Radioles de formel
variées parmi lesquels deux sont probablement nouveaux. Quels
sont ceux qu'il faut attribuer au test décrit ci-denus ?
Pseiitio^Undema ; très rapproché du P, f^yightii^ Cotteau.
Enfin il faut encore ajouter à cette liste une assez grande
coquille, longueur 48 millimètres, obloogue, qui a queldue
analogie pour la forme générale avec la Natica Marcoiutmiiy
d'Orb. ; les échantillons, assez mal conservés, semblent porter
les traces de stries longitudinales ; de plus, un trôs grand Pectcn
srrondi, aveo d'énormes côtes en très petit nombre, coquille qu'il
m'a été impossible de détacher de la roche.
Séance du 5 mai ISGâ.
PRÉSIDBNGS DE H. DUISSI»
M. Danglure, secrétaire» donne lecture du procée-verbal de
la dernière séance» dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations fuites dans la dernière séance, le
Président proclame membres de la Société :
DOltfl FAITS A LA SO€IÉTft. 8A7
g MM.
LioiJRB (Augusle), agent voyor d*arrondisscment, au Vigan
(Gard), présenté par MM. Ed. Hébert et Saemann ^
Root atné, à Gap (Ba6ses-Alpei), présenté par MM« Sttider
Oi E. Hébert. ^
Le Président annonce ensuite quatre présentations.
DONS FAITS A LA SOCIÉTfi.
La Société reçoit :
De la part de M. A. Meugy, Carte géologique des Arrondis'^
femeiUs de Falenciennesy Cambrai et Jt^esne, 2 feuilles grand
colombier et 1 feuille de coupes. Paris* 18i>0.
De la part de M.Hardouin Michelin» jânhexe A de r ouvrage
intitulé: Notes sur Ttle de la Réunion, par L. Maillard. -^
Èehinides et Stellérideê^ 8 p. 8 pi.
De la part de M. G. de Mortillet :
1" l\o(e sur le crétacé et le nummulitique des environs de
Pistoia Çroscane)f in«8, 8 p., 1 pi. Milan, 1862.
2* V homme fossile^ in-8, 9 p. Annecy, 1862.
De la part de M. Alexandre Véxian, Prodrome de géologie.
*^ Introduction^ liv. I) in«8| 162 p. Besançon, 1802. — Paris,
cbex F* Savy.
De la part de M. Alexis Perrey, Note sur les tremblements
de tert'e en \%h&f ai^ec supplément pour hs années aniériewcs
(extr. des Mém. cour, de l^Ac, R. de Belgique^ I. XH),
ui«8, 68 p.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'jécadémie
des sciences, 1862, 1*' sem., t. LIV, n* 10.
L'Institut, n'» 1478, 1862.
The Athenceum, n*^ 1801, 1862.
Reforme agneoh^ par M. Nêrée Boubée, n* 160, arril 1862,
Abhandlungen der K. BëhmischHi Gesellcha/l der ÏVis-
senscA^ften in Prag, U XI, 1860-1861,
Sitzungsberichte der K , Bfiimischen Gesêllsehaft der fVts^
senschaften in Prag^ juillet-dèeeoibre 1861.
Neue^ Jahrbuck fur Minéralogie^ etc., de Leonhard et
Bronn, 1862, 2* cahier.
8A8 SÉARCB DU 5 MAI 1862.
M. le Président offre h la Société de la part de M. Meugy la
carte géologique des arrondissements de Yalenciennes, Cambray
et Âvesne, département du Nord.
M. Maillard qui, en 1850» avait présenté à la Société on
relief de Ttlede la Réunion à l'échelle de noôô> o^rede nouyeau
ce travail auquel il a fait subir quelques modiScations et qu*il
a colorié géologiquement suivant les indications de H. Dau-
brée, en prenant pour base de son travail, en outre de sa
connaissance des localités, la collection géologique de plus de
300 roches qu'il a offerte au Muséum et dont M. Gh. d*Qrbigny
vient de faire la détermination.
L*auteur du relief fait remarquer que Ttle de la Réunion^
toute volcanique, se compose pourtant de deux groupes fort
distincts, Tun plus spécialement basaltique avec sous-sol tra-
chytique, etTautre, celui du volcan moderne encore en activité,
plus spécialement composé de roches péridotiques. Dans le pre-
mier groupe il signale toutefois un épanchement de roches
amphigéniques d'une certaine puissance et fait encore remar-
quer que la partie moderne, celle du volcan en éruption, est
traversée par une coulée de pumite et qu*îl n'est pas rare de
voir le cratère brûlant, entre deux éruptions de laves et de
scories péridotiques, lancer des quantités notables d'obsidiennes
en masses plus ou moins compactes et surtout sous forme de
lapilli.
En outre des différentes teintes employées par M. Maillard
pour indiquer le gisement des roches dont il vient d'être pariét
il a aussi affecté d'autres couleurs à l'indication du terrain
d'alluvion et des bancs madréporiques ; enGn, il a marqué sur
toute la surface de l'Ile par des points en rouge vif les sommets
de prés de 160 des cratères principaux et de bouches par
lesquelles la lave a surgi sur les divers points de cette lie si
profondément labourée par les feux volcaniques.
M. Michelin offre à la Société géologique une notice exti;aite
du grand ouvrage de M. Maillard sur Ttle de la Réunion
(Bourbon) [voir la liste des dons].
Cette notice signale 2& Échinidcs vivants, dont 7 nouveaux,
13 Stellérides, dont un nouveau, et une espèce nouvelle du
genre Retepora (Gindiaire).
NOTB BB M. DE MORTILLBT. 8A9
SoQs le nom de Karaiaphonts, M. Michelin décrit un genre
nouveau voisin des Hemicidaris^ et il cite aussi une espèce
A'HemipataguSy genre que Ton ne connaissait qu'à Tétat
fossile.
Il est important de signaler aux marins et aux amis des
sciences naturelles que Ton doit draguer autour des lies à de
grandes profondeurs, parce qu'on a la chance de rencontrer
vivants des animaux dont on croyait les genres perdus.
La Guadeloupe a produit entre autres un Pleurolomaire vivant
et M. Petit de la Saussaye en connaît d'autres.
M. de Chancourlois fait une communication sur un système
de classification des corps simples.
M. de Mortillet fait la communication suivante :
Terrains du versant italien des Alpes comparés à ceux da
uersant français ; par M. Gabriel de Mortillet.
1. — Terrain cristallin.
Le cristallin forme une série de trouées qui constituent à peu
près Taxe central de la chaîne des Alpes. Les terrains de sédi-
ments fossilifères se développent autour de ces trouées, suivant
l'expression de M. Elle de Beaumont, comme les lèpres ilc vastes
boutonnières. On devrait en conclure que les sédiments fossilifères
des deux côtés de l'axe central des Alpes correspondent et présen-
tent les mêmes caractères; pourtant jusqu'à présent on a prétendu
le contraire.
Gela tient à ce que le soulèvement des Alpes est plus ancien
qu'on ne l'admet généralement. Il s'est opéré successivement à
diverses époques, avec des mouvements d'oscillation. Les sédi*-
luents des deux versants se sont donc déposés d'une manière assez
indépendante les uns des autres; néanmoins, ainsi que je vais
l'établir, ils correspondent entre eux beaucoup plus qu'on ne
le croit.
Si dans leur ensemble les roches cristallines forment l'axe cen-
tral des Alpes, cette allure générale est pourtant sujette à des
exceptions. Sur le versant italien on le voit parfois se prolonger
jusque sur les limites extrêmes de la chaîne. Ainsi, sur plusieurs
points du Piémont ces roches cristallines forment encore les der-
niers contre-forts, les derniers coteaux qui viennent s'éteindre
Soc, iicoL* 2« série , tome XIX. 54
860 ttÂRCI DU 6 MAI iMS.
dans la plaine. On en voit un très bel exemple du oAlë da SalUnoL
Toute la région inonUgneuse, à partir de la plains allavioask,
de la grande plaine du Pô, est cristalline. Ce eont dca rocha
micaschisteuses qui, en général, se décomposent facilement et don»
nent naissance à des terres rougeSi assex fortes, très bonnes pour
la fabrication des briques. Pourtant certains de <:es micaschiita
ont plus solides, plus résistants, et fournissent de très bellei
dalles (1) que Ton exploite avec soin et dont on fait un grand
commerce, il y a plusieurs de ces exploitations dans la vallée de
la Yaraita, k Piasco.
En remontant la vallée, on rencontre au milieu de ces mics-
schistes, qui passent parfois au* gneiss, des granités. Ib se mon-
trent au pont en aval de Brassasco, sur la rive droite, et, traversant
la vallée très en biais, ils se retrouvent sur la rive gauche beau-
coup plus bas. Ils sont accompagnés d'une roclie plus schisteuse,
avec de grands cristaux quadrilatères allongés de feldspath, ce qui
rappelle très bien les schistes cristallins, à cristaux seuiblables^ de
la Roche, en Tarentaise, et de quelques points de la Maurienue.
Toutes ces roches cristallines ne sont interrompues que par un
massif de serpentine qui se fait jour entre Piasco et Veuasca et
une énorme intercalation ou enclave de doloinie exploitée A
Piasco pour faire de la chaux.
Ces roches cristallines se montrant, en Piémont, jusqu'à la partie
extérieure des Alpes, ne doivent être considérés que comme une
déviation exceptionnelle de Taxe de soulèvement de la chaîne, qui
ne laisse pas moins subsister la loi générale.
2. — - Silurien et déuonien.
Les terrains paléozoïques anciens, silurien et dévonien, n'ont
point encore été reconnus dans la chaîne des Alpes et dans ses
alentours, si ce n*est vers Textrémité nord-est en Autriche.
D'après Murchison (2), Krlach a découvert à Dienteni près de
Werfen, du côté de Salzbourg. de» fossiles parmi lesquels sont
V Ort/ioceraa gregarium et la CardioUt interrupta du silurien supé-
(4) Ces dalles, que Ton emploie beaucoup à Turin, sont conoues
sous le nom de pierres de Luserna, parce que c'est à Luserna, du côté
de Pignerole, que se trouvent les plus belles carrières.
(2) Murchison, On the gcological structure of the Alpi^ Apennines
and Carpathians, Part. 4 Alps^ ch. î, dans The quarterir Jtmrm.
•f ike geoi. Soc, ofLondon, vol. Y, 4849.
NOTI n H. DB MORTILLBT. 851
rieur d'Angleterre et le Cardinm gracile^ Munst. qui se troiiye à
FeugroUes dans le silurien de Noraiandie.
D'après le ménie auteur les calcaires des environs de Gratz con^
tiennent aussi des fossiles siluriens ou dévoniens, principalement
des polypiers :
Gorgonia injundibulljormis .
Stromatopora concentrica,
Cyathop/tyilum expinnainm,
— turbinatum.
— hexagonum.
— cœspitosum,
Astrea porosa^ Gold.
Beliopora interstinctaj Bronn.
Favosttei polymorpha^ var. ramosoy du dévonien.
Pccten graneirevus, Goldf.
Cyathocrinites pinnatus^ Goldf.
Inoceramus inversus^ Muost.
Orthvceras regulare^ etc.
C'est donc du dévonien inférieur ou silurien supérieur.
Ces deux terrains non-seulement n'ont pas été reconnus dans les
Alpes italiennes, mais même dans tonte la partie continentale de
ritalie. Le silurien seul a été découvert dans Ttle de Sardaigne
par de la Marmora (1). 11 y est composé de schistes talqueuk, de
calcaires et de schistes noirs avec Orthocères et Graptolithes, de
grauwackes schisteuses avec crinoïdes et de leptiniles arec
empreintes d'Orthis. Meneghini y a reconnu , entre un giund
nombre d'autres, les espèces suivantes :
Spihfer tercbratulifornUs ^ M'Coy.
Ôrthis testudinaria, Dalmau.
— noctilioj Sharpe.
— miniensis^ Sharpe.
Orthisîna inflexa, Davids.
Leptœna eonvexu^ Vira.
Piilodiciya Utnce^iata^ Loosd.
— costeUatOj M'Coy.
GrapioiUhus priodon^ 3roDQ.
Ort/iocerns simpieXj Desn.
— bohemicutn^ Barrande.
Catdium subarcuatam^ Munst.
CarHMa inienupta^^ Sow.
*• • " • -■"■'■■-' -- ■\ — Tt-
(4) Albert de la Marmora, ^oy^g^ ^f* Sardafgne. — Giuseppe
Meaeghini, Paiêontologie de laSardaigne faisant partie de l'ouvrage
précédent.
85*2 sÊAifCB DU 5 MAI 4862.
Murchison explique l'absence complète des roches iiluricDMi
et clévoniennes caractérisées par des fossiles dans la psrtîc oucs
des Alpes, et on peut dire dans presque tout leur ensemble, pirk
grand développement du métamorphisme qui aurait transibras
ces roches.
Quand on voit comme à Pesey, en Savoie,'des roches, qui on
tout l'aspect du gneiss, contenir en grande abondance des csilkmi
roulés et occuper la place des poudingues inférieurs du terrais i
anthracite, quand on observe, comme aux enrirons des SsUikci,
à Piasco et «^ Sanfront, des lambeaux de dolomie, en tout sem-
blable à la dolomie triasique des Alpes du Dauphinë et de h
Savoie, intercalés dans les micaischistes, on ne peut nier le méta-
morphisme. Mais je crois qu*on a beaucoup abusé de son actios,
qu'on Ta beaucoup trop généralisée.
Il est possible, probable méine, qu'on découvre dans les Alpes
ou leurs environs quelques nouveaux gisements siluriens et dévo-
niens. Mais il est plus que probable aussi que la majeure partie de
la région des Alpes ne contient aucun dépôt caractérisé par lo
fossiles marinade ces deux époques. S'il en était autrement ib
n'auraient pas échappé, sur une si vaste étendue, aux recherches
des nombreux et habiles géologues qui ont parcouru les Alpes. On
les aurait reconnus surtout dans les contrées adjacentes qui,
comme le nord-ouest du Dauphiné et comme la Provence, parais-
sent bien moins altérées par les prétendues actions métamor-
phiques.
Pendant les deux époques silurienne et dévonienne la râdoo
des Alpes offrait donc déjà, suivant toutes les probabilités, on
bombement qui la mettait presque entièrement au-dessus des eaux.
3. — Carboniférien.
Gomme les terrains silurien etdévonien, le carboniférien marin
à fossiles animaux n'a été signalé dans les Alpes que vers leur
extrémité orientale, la Carinthie, le Frioul et la partie est dn
Tyrol. iMais, comme on le voit par ces indications géographiques,
les témoins extrêmes de cette formation se rapprochent plus du
centre et de l'ouest que ceux des deux autres époques.
Murchison, en 1830 (i), signalait déjà la présence de Produc^
tus du carboniférien de TAngleterre dans les roches anciennes des
(4) Murchison, PhiL Aîag, and Annals oj phil.^ vol. Vllf^ 4930
et Geni. structure of the Alps^ 4 849, part. 4, oh. S. '
NOTK DE M. DE MORTIIXIT. 85S
environs de Bleiberg, en Caiindiie. En i8(i7, on Ini montra à
Vienne, ainsi qu*à de Verneuil, une collection de fossiles de
Bleiberg, parmi lesquels ces deux habiles géologues reconnurent
au moins huit à dix espèces positivement carbonifëriennes.
Les géologues de l'Institut de Vienne ont constaté Texistence
du carboniférien marin dans la partie sud-est du Tyrol et plus
spécialement dans la partie méridionale de la Carinthie, vallée de
Gail. Slur, en 1856, dans son rapport à Tlnstilut de Vienne (i))
le signale dans le nord du Frioul, et, la même année, le carboni-
férien marin de cette province a été reconnu par Foetterle et
G. A. Pirona.
Ces dépots représentent la partie supérieure du carbonifère
marin. Ils ont été, à cause de leur faciès particulier, désignés, par
les Allemands, sous le nom de carbonifère alpin, Alpine Stein^
kohlenj or motion^ ou bien à cause de son principal gisement,
schistes de la vallée de Gail, Gailthaler-Schichten.
Dans les Alpes frioulaines ils peuvent être divisés en deux
assises. L^inférieure est composée de schistes argileux souvent mi-
cacés, noirs ou gris noirâtres, parfois roussâtres ou violacés, et
de grès tendres, violacés et variés, qui alternent avec les schistes.
Les schistes, comme les grès, contiennent des débris organiques,
parmi lesquels Stur cite :
Spirifer mosqucn.ùs, Fisob.
Retzia radialisy Phill.
Orthis eximifi, Eichw.
Productus semiretictdatus^ Mart.
Pirona ajoute le Spirijer striatus^ IVIart., des polypiers apparte-
nant aux ^^enres Fcfiestrclifiy Jiveolites, Favositcs et Cyathophyllum ^
des articulations de crinoïdes et des débris mal conservés de
plantes, parmi lesquels de Zigno a pu reconnaître une des formes
du carboniférien de Sardaigne, décrite et figurée par Meneghini.
L'assise supérieure est formée d*un calcaire souvent roux, tra-
versé en tout sens par des veines de spath calcaire. Ce calcaire
repose en stratification concordante sur les schistes et contient les
mêmes espèces de Productus^ crinoïdes et polypiers, plus quelques
Orthoceratitcs (2) .
Pour retrouver le carboniférien marin on n*est pas, comme
(!) SiMT^Genl. Ferhaltn.^ p. 437.
(2) G. A. Pirona, Cenni geognosiici sid Friuli, 4 86K — A. de
Zigno, Del tcrreno carbonifcro délie Alpi vende ^ <858.
S6A BÉANCI DU 6 MAI 1809.
pour le silurien, oblif,é de sortir de la partie e^^dnciMalc k
l'Italie. La Toscane nous en offre un gisement découvert fm Sni
et IV]ene(;hini à Torri, près Jano. On trouve là de gros haonle
poudingue ou anagënite compose de fragments roules on angukn
de quartz gras, blanc, hyalin, rosé, etc., i>éunis par unrplteali-
ceusc et talqueuse. Ils reposent sur dos M!liistes sîlico-ialqiiein,
gris noir, plus ou moins compacts, qui alternent avec qoelqiin
dëpôts assez minces et interrompus d'anthracite. Le tout panlt
avoir pour base d'autres ])oudingues quartzeux. A hi partie sapé-
f ieure, les schistes sont plus compacts et ont ane texture naa
grossière pour être assimilés à des psammites. A la partie inCé-
rieure, ils sont plus fins et on les |>reiidniit pour de slMiples
schistes argileux.
Dans les schistes inférieurs, à pâte 6ne, Savi et Menrghini ont
trouvé une flore houillère très bien caractérisée :
Nevroptclis rotundifoiifi^ BroDg.
Odontnptcris Svhlotlieimti^ BrODg.
Pccojitvris nrborcscens^ Brong.
— ncnta^ Brong.
— cyathœn, Brong.
— Bttcklantli^ Brong,
Annulnrin longijoliu^ Stern.
Dans les schistes supérieurs psanimi tiques, ils ont recueilli une
faune carboniréricnue incontestal)le (1) :
Pholadnmya regularis^ d'Orb.
— pliciita^ d'Orb.
Cardinin teUumha^ Koninck.
Cardiomorpha pristina^ d*Orb.
Leptœna arachnoidva^ d'Orb.
ProduL'tus,
Spirifcr giabcr^ Sow.
Cyathocrimis quinquangularis^ MtU.
Cerioporn iirvgularis^ d'Orb.
Cette faune carboniférienne n'a été trouvée que vers 1851 et la
flore peu de temps auparavant. Savi, avant leur dëcouverte, ne
sachant à quelle époque rapporter les roches qui les contiennent,
leur avait donné un nom particulier, vcrriicano^ de Yerruca, loca*
lité on ces roches sont très développées.
Depuis, ce nom a été employé pour désigner, dans les Alpes
(4) Paolo Savi et G. Meneghini, Considerationi suUageologia stra-
tigrafica délia Toscana^ 4864.
ROYB DB M. DB MORTIUBT. 866
maritimes, laSuiase, la Lombardie, dea roches d'une composition
analogue, dont l'âge, par suite du manque de fossiles, ^iait pro*
blématique.
La découverte, citëe par Angelo Sismonda, de quelques débris
de plantes houillères dans le Terrucano des Alpes maritimes, doit
U faire rappoiter au terrain oarboniférien.
La flore houillère se trouve aussi très largement représentée
dans les grès et schistes, plus ou moins talqueux, contenant de|
couches d'anthracite, du Dauphiné, de la Savoie et de la Suisse.
Ayant été à même de comparer Tune avec l'autre, la flore des
grès à anthracite des Alpes et celle du verrucano toscan, je les ai
trouvées parfaitement analogues, tellement analogues même que
certains échantillons mêlés ne pourraient pas se distinguer.
Adolphe Brongniart, ayant eu entre les mains une série des plantes
trouvées dans les grès à anthracite de l'Isère, y a reconnu quinze
espèces et une variété appartenant à la flore carboniférienne (i).
Précédemment, sur 2U espèces des couches anthracifères de la
Savoie et du Dauphiné il en avait trouvé 22 spéciales au carbo**
niférien et 2 nouvelles (2). Oswald Heer, de son côté, sur 48 es-
pèces de plantes des schistes et grès à anthracite du Dauphiné, de
la Savoie, du Valais, de la vallée d'Engelberg et de Glaris, en a
trouvé 37 se rapportant exactement aux plantes carbonifériennes,
5 seulement particulières au terrain anthracifère des Alpes, et
6 douteuses ; le tout sans uiélange aucun de plantes d'autres
époques (3).
Il est donc incontestable que cette grande formation des grès
et schistes à anthracite des Alpes, dont la flore, par le verrucano
des Alpes maritimes, se relie à la flore et à la faune d'iano, en
Toscane, comme l'a si bien fait remarquer Angelo Sismonda,
appartient à l'époque carboniférienne.
Les grès et schistes talqueux carbonifériens se montrent encore
dans les Alpes, au nord du Piémont, mais, sur ce versant, Tanthra*
cite et les empreintes de plantes n'existent, à ma connaissance,
que dans la partie supérieure de la vallée d'Aoste, du côté de la
l'huile et du petit Saint-Bernard. Plus à l'est et plus au sud, ces
roches s'altèrent, perdent leurs fossiles et même, en grande partie,
leurs caractères distinctifs.
(4) Charles Lory, Description géologique du Dauphiné^ 4'* partie,
4860, p. 70.
(2) Ad. Brongniart, Observations sur les végétaux Jossites du
terrain tP anthracite des Alpes, 4 828.
(3) 0. Heer, Uber die Anthraziiplfanzên der Alpen^ K%h^»
856 SftARCB DU 6 MAI 1809.
Entre le carboniférien à empreintes de plautes ou caffixmitérm
d*eaii douce de la vallée d*Â06te et le carboniférien inario de k
Carinlliie et du Frioul, les dépôts de cette époque aoDCinal défR>-
niiiiés et peu connus. Parfois on en a nié rexistenoe; oependuii
avec Ësclier, Hauer, Stoppani, Oinboni, et la plupart dea géolo-
gues, je suis disposé à rapporter au carboniférien, par aiiite de
considérations stratigraphiques, les schislea noirs talqaeoz, avec
des traces charbonneuses et des empreintes végétales indétenni-
nablcs, qui se trouvent en Lombardie, dans les montagnes entre
la Valtciine et les vallées du Kreinbo et du Serio, désignés dans
la carte géologique de la Lombardie d*Hauer sous le noin de
Kohltnf or motion .
Les grès et schistes à anthracite des Alp»es contiennent dei
poudingues, surtout à leur base. Souvent on les désigne soui le
nom de poudingues de Vtihrsine^ parce qu'ils sont très dcveloppéi
près (In village de ce nom, aux abords du Mont-Blanc, du câté
du Valois. Ces poudingucs de Valorsine appartiennent bien an
carboniférien comme le prouve une belle SigfUaria ejcagona on
Doitrnnisti certainement houillère, trouvée par Charpentier (1).
L'étude de la nature des cailloux contenus dans ces poudingues
m*a servi pour établir que tous les grès et schistes A anthracite,
auxquels ils sont associés, sont antérieurs aux dépôts calcaires et
ardoisiers contenant des Bclvmnites et Ammonites. En effet on
ne trouve dans ces poudingues aucun débris de calcaire on d*ai^
doises semblables à celles qui renferment les restes de Beicmnita
et d' À m ih on i tes (2 ) .
L'étude des mêmes cailloux vient prouver la conclusion qui ter-
mine ce que j'ai dit du silurien et du dévouien. A ces deux époquei
la région des Alpes offrait déjà un bombement qui la mettait
presque entièrement au-dessus de eaux. En effet, si celte répion
avait été recouverte de dépôts siluriens et dévoniens, détruits plus
tird, on en trouverait des débris dans les poudingues carbonifé*
riens. Or, il n'y en a point. En Savoie ces poudingues ne contien-
nent que des cailloux de quartz, de gneiss talqueux et de nom-
breuses variétés de sléasohistes plus ou moins feldspathiqnes.
Telle est aussi la composition des poudingues carboniférîens de
(t) Lardy, Note sur deux empreintes végétales uppartentmi ntt
terrain houilicr des Jlpes suisses ^ 4 852. — Morlot, Buii, Soc,
r^audoise des sciences nat. 4 854, vol. IV, p. 2.
(2) G. de Mortillet, Prodrome^ 4 855, et Géologie et miméraingie
de la Savoie, 4 858, p. 4 78 et 482.
IVOn BE M. DB MOITILL&T. 8^7
la Suisse et du Dauphiuë. Lorenzo Pareto a constaté une compo-
sition analogue pour ceux du verrucano des Alpes maritimes. Les
cailloux, dit-il, sont de quartz, de gneiss et de schiste micacé,
auxquels se joignent, mais bien rarement, du granité et, plus rare-
ment encore, du porphyre (1).
Pendant l'époque carboniférienne rextrémilé orientale de la
région des Alpes est resiée couverte par la mer comme l'établis-
sent les dépôts marins qu'on rencontre en Carinthie et dans le
Frioul, mais la côte n'était pas éloignée, puisque les couches con<^
tiennent des débris de végétaux triturés par les vagues.
Le reste de la région des Alpes s'élevait au-dessus du niveau des
mers et était déjà passablement accidentée (2). £n elTet, les dépôts
à anthracite ont une puissance très variable qui montre qu'ils se
sont formés dans une série de bassins plus ou moins profonds,
plus ou moins circonscrits. Pour ne citer qu'un exemple, le car-
bouiféricn, dans la vallée de Yalorsine, aux Céblancs, a plus de
200 mètres de puissance, tandis que de l'autre côté de la vallée,
au Buet, seulement à H kilomètres en ligne directe, il n'atteint
que 5 ou 6 mètres.
Mais qui plus est, le relief d'alors était en partie celui de nos
cavités cristallines actuelles, moins l'élévation. Nous voyons les
dépôts à anthracite se terminer en biseau contre les flancs de ces
arêtes et prendre un grand développement en s'en éloignant.
Ainsi sur les bords de la grande boutonnière qui entoure la
trouée cristalline qui va de Beaufort (Savoie) en Oisans (Dauphiné),
les grès à anthracite n'ont en général que peu de mètres de puis-
sance, tandis qu'à 20 ou 30 kilomètres de là ils atteignent jusqu'à
plusieurs centaines de mètres dans la zone anthracifère parallèle
qui s'étend du petit Saint- Bernard à Briançon,
II, — Trias,
Les divers étages du trias sont admirablement développés d;ins
la partie orientale des Alj)es, sur les deux versants de la chaîne,
et peuvent servir de type pour l'étude de ce terrain. Aussi, les géo-
logues allemands, surtout ceux de l'Institut géologique de Vienne,
ont cherché des deux côtés leurs points de comparaison et ont
donné à plusieurs de leurs subdivisions le nom de localités du
(4) Pareto, Cenni geologU-i stt/ia Liguria mariai ma ^ 4 846, p. 72.
(2) Gabriel de Mortillet, La Savoie avant ChommCy 4 85Ç) p. 4 0.
858 stAHCi DU 6 mki IMS.
nord, comme HalUtatt, près de Salibourg, et dm kmUtéi (fai aidi,
comme Saint4]a98iau dans le Tyrol et Raibl en Garialhie.
A. Frioul. — Dani le Frioa) m trouvent les vrcim ètMgméÊÊ'
siques du trias ;
l» A la base les grès bigarn^ ou Bnnteupanduein eonposé et
grès de diverses teintes rouget, jaunâtres ou TenlâCrea qui con-
firment parfaitement leur nom de bigarrés. ( m i^rès sur quekqae
points passent à la marne on à l'argile achisteuee d*un roui fi(
lustré. Ce dôpôt pauvre en fossiles en a pourtant fbornî quelques^
uns caractéristiques :
Myacitts Jnssnensis ^ Wissm.
Posidonomya ou Hnlobia Lommelii Wiaam.
Naticetla cosiaia, M unst.
Cfrntttrs,
2" Dans la partie moyenne le calcaire conchylien ou inuschel-
kalk. Calcaire compacte en général noir, parfois gris, qui justifie
peu son nom de conchylien. Cependant on y a trouvé :
Ttrebratula vu/garis, Scblotb.
Posidonotnya Lommelii ^ Wissm.
j4virula socialis^ Bronn.
Encrinites lHiijormis^ Schlotb.
Dans quelques localités ce calcaire devient magnésien et se
transforme en dolomie caverneuse ou cargneule. En beaucoup
d'endroits il repose sur des bancs plus ou moins puissants de
gypse cristallin gris, blanc ou rouge. Parfois» au contraire, le
gypse le recouvre.
3* Au sommet les marnes irisées, ou keuperi représentées dans
leur partie inférieure par des grès vineux, bruns, verts, recou-
verts par un puissant dépôt de calcaire marneux à couches peu
épaisses, presque schisteuses, brunes, à odeur bitumineuse. Ces
calcaires contiennent des couches en général très minces de char-
bon ; cependant il en est à Cludinico et à Raveo, dans le canal de
Gorto, qui atteignent 30 et 35 centimètres. Les grès comme les
schistes calcaires contiennent beaucoup de fossiles, mais très diffi-
ciles à extraire. J. -A. Pirona (1), auquel j'emprunte presque tous
les détails qui précèdent, y a recueilli :
Myojj florin Kcfrrstcinii^ Munst.
— elongatfi, Hsuer.
Corbis MeUingi^ Usuer,
(4) 6.- A. Pirona, Cenni geognostici sut FriuU^ 4 861.
S
IVOTl BB M. M KOBtilLKT. 869
fossiles caractënstiques de la partie du keupei' qui a été désignée
par les géologues de l'Institut de Vienne sous le nom de Raibler-
Scliichten. Du reste, ces grès et schistes calcaires se relient avec
ceux de la vallée voisine de Raibl en Carinthie, dont les fossiles
s'isolent plus facilement et qui ont servi de type aux géologues
allemands.
Au-dessus des schistes calcaires ae trouve dans le Frioul un
calcaire gris blanc, compacte, tenace, d'une puissance de 6 à
700 mètres dans lequel Sturr a recueilli au mont Clapsavon, au
nord de Forni di Sotto :
Ammonites Aon^ Munst.
— Johannis Austrice^ Muntt.
— tornatus^ Quenst.
Orthocerns alveolare^ Quenst.
— dtibium^ Hauer.
C'est donc le niveau du calcaire d'Hallstait qui termine ici
le trias.
B. Bellunais et Vicentin, — Les trois étages triasiques du Frioul,
traversant le Bellunais, se retrouvent dans le Vicentin, mais dans
ce court trajet ils subissent de profondes modifications :
1° Le grès bigarré ou Buntei^andstein est formé d'une puissante
assise de grès roux, jaunâtres ou variés, contenant comme coucher
subordonnées des marnes micacées, un calcaire brun roussâtre et
des amas stratiformes de gypse. Parmi les fossiles trouvés dans
cet étage, soit dans le Vicentin, soit dans le Bellunais, Achille dç
Zigno (1) cite :
Posidonomya Clarœ^ Emm.
— Lommelii^ Wissm.
My acites jassaentis , "W issm .
Naticella costata^ MuDSt.
Ammonites (Ceratites) cas^ianusy Quenst.
Au mont Spizze, au sud de Recoaro, près de Vicence, cet élage
a, à sa base, des grès roux, avec petits lits d'anthracite et empreintes
de plantes du genre Foitzia.
2^ Le calcaire coquillier ou muschelkalk composé d'une série
de couches calcaires gris noirâtre, avec intercalation de marnes
(4) A, de Zigno, Prospetto dei terrent sedimentarii del Veneto^
4958.
860 6ÊANGI Di} 5 MAI 1862.
brun jaunâtre, est très riche en fottiles, dont les plus caractërb*
tiques sont :
Encrinites liliijormisj Schl.
Dadocrinus gracilisy Buch,
Tcrehratnla x^ulgaris^ Schl.
Spirigera trigonelta^ Schl.
Spih/erJragiiiSf Schl.
Pecten discitcs^ Schl.
Lima s tria ta ^ Schl.
Gerviilia sociaiis^ Wissm.
Myophoria cardissoidcs^ Alb.
— ovata^ Goldf.
3° Les marnes irisées ou keuper, mélange de couches sableuses,
calcaires et marneuses, peu ou point fossililères sont beaucoup
inoins développées que les assises inférieures.
Les grès bigarrés du Frioul sont entièrement marins. Ceux du
Vicentin, en majeure partie marins, reposent cependant sur une
assise d'eau douce continentale ou d'estuaire.
Le charbon se trouve dans le Vicentin à la base des grès bigar-
rés. Dans le Frioul il est intercalé dans les schistes de KaibI du
keuper.
Le gypse dans le Frioul se développe surtout dans le inuscliel-
kalk, tandis que dans le Yicentin il est généralement plus ancien,
faisant partie des grès bigarrés.
Le calcaire coquillier du Frioul est peu fossilifère; celui du
Vicentin, au contraire, renferme un nombre très consld^^rable de
fossiles.
Par contre, le keuper du Yicentin en est dépourvu, tandis que
celui du Frioul en contient beaucoup.
£n outre, le keuper du Vicentin, dans les environs de Recoaro,
est le moins développé des trois étages triasiques; il a au plus
10 mètres, tandis que dans le Frioul c'est de beaucoup Vétage le
plus puissant. Les calcaires d'Hallstadt seuls, une de ses parties,
ont jusqu'à 6 et 700 mètres.
Toutes ces différences montrent que pendant l'époque triasique
les Alpes occidentales ont subi plusieui*s oscillations. En effet,
au commencement de cette époque le Vicentin, au moins en
partie, devait s*élever au-dessus de la mer, tandis que le Frioul
se trouvait recouvert par elle. Le fond de cette mer frioulaine
s'est relevé au commencement de la ])ériode du keuper, et il 8*est
formé des dépots littoraux, des dépôts d'estuaire, contenant des
couches de charbon et de nombreux fossiles. Ce soulèvement a
KOTK DE M. BB MORTILLBT. 861
probablement éié occasionné par l'apparition de roches porphy-
riques contenant de la diabase, de couleur verte, et de diorite
poipliyroide avec grains de feldspath blanc ou noir dont on trouve
quelques dykes au milieu des roches triasiques du Frioul.
C. Lombardie. — 1" Grès bigarrés ou Buntersandstein.
£n Lombardie, au-dessus des schistes noirs talqueux qui ont été
rangés dans le carboniférien, se trouve une puissante zone de pou-
dingues et grès généralement rouges. C'est le verrucano lom-
bard. Il est surmonté de schistes argileux bigarrés désignés sous
le nom de servino^ et parfois schistes et poudingues alternent.
Haner, dans sa carte de Lombardie, désigne cette formation sous
le nom de Werfener-Schiefer et en fait la base du trias en Lom-
bardie. Escher et Omboni (1) la mettent dans le carboniférien.
Stoppani (2) place aussi ce groupe dans les terrains paléozo'iques,
tout en reconnaissant qu'on a trouvé dans les schistes du servino :
Naticella costata^ Munst.
Myacites fassaensisy Wissm.
Pectcn Fuc/iisf\
fossiles triasiques. 11 regarde le verrucano lombard comme car^»
boniférien, le comparant à celui de Toscane, et le servino comme
une formation de transition entre le paléozolque et le triasique*
Les fossiles animaux trouvés dans le servino, quelques débris
de végétaux fossiles du triasique inférieur découverts dans le
verrucano de Regoledo, montagne entre Bellano et Yarenne, et
la comparaison de ces couches avec les couches inférieures de
Recoaro me font rapporter la formation tout entière aux grès
bigarrés ou Buntersandstein; d'autant plus que, si cet étcige n'était
pas représenté par ces diverses couches, il faudrait admettre qu'il
fait complètement défaut en Lombardie.
2*» Muschelkalk.
Au-dessus des poudingues et schistes bigarrés viennent des dolo-
mies et calcaires rubanés, roux, varies, ayant parfois à leur base
des grès avec végétaux ; c'est ce que les géologues lombards ont
nommé groupe de la dolomie inférieure. Ce groupe contient d'assez
nombreux fossiles bien déterminables du trias moyen, partui les
quels Stoppani signale :
(4) Giovanni Omboni, Cvnni suUa cartn geolo^ica délia Lonibur"
r//a, 4 864.
(9) Antonio Stoppani, Revlsta ^eologica délia Lombardia, 4 859.
862 . «ftAifCi w 6 MAI iSdB.
Encrinus entrocha.
ActhophyUam speciosum^
Foltzia heterophylla.
C'est bien le inuschelkalk que Hauer désigne sous le nom plus
particulier de Guttensteinerkalk,
A la partie supérieure de cet étage se trouvent des calcaires
généralement d'un brun noir, parfois compacte, parfois fissiles,
bitumineux, qui contiennent de nombreux squelettes de poissons
et de reptiles, faune presque entièrement spéciale à la LoiiibardM.
C'est le groupe de Varenne et Pertedo dans lequel on a aussi trouyé
en diverses localités :
Ammonites Mandeisiohii,
— Aon,
Posidonomya Moussoni^ Mérian.
— Lommelii, Wissm.
Lima iineata,
Terebratula vulgaris,
y Marnes irisées ou keuper. Cet étage en Lombardie se
divise en deux groupes : celui de Gorno et Dossena^ inférieur et
celui d'Esino supérieur. Antoine Stoppani dans sa belle et excel-
lente Monographie des pétrifications d'Esino^ 1858-60, les a très
bien distingués et caractérisés.
Le groupe de Goruo et Dossena est formé de calcaires inameux
noirs, noirâtres ou jaunes, et de grès souvent marneux de couleuis
variées. Les fossiles sont abondants et correspondent à ceux de
Raibl. Les principaux sont :
Myophorîa Kefersteinii^ Groldf.
Myoconcha Curionii^ Hau.
— lombardica^ Uau.
Gervillia biparti ta y Hau.
— Meriani^ Stopp.
PectenfilosuSy Hau.
Posidonomya Lommelii^ Wissm.
Le groupe d*Esino ou de la dolomie moyenne est formé de dolo-
tnies et de calcaires purs. Les fossiles les plus caractéristiques sont :
Gastrochœna obtusa^ Stopp.
Avicula exHiSy Stopp.
Erinospongia arca^ Stopp.
Ce groupe est l'équivalent des calcaires d'Hallstatt, Hmlistmtier»
sehiehteH^ comme le prouvent les fossiles suivants :
IVOti Al ■• m HOlTILUf •
Orthoceratiies dubiuSf Hau.
ammonites Aon^ Muost.
-^ ausseanus^ Hau.
— Johannis Austhœ^ Klipst.
Chemnitzia Escheri^ Bornes.
— grariata, HOrnes.
Natfca lemniscata. Bornes.
— Meri(tniy Homes.
Posidonomya Lommeliiy Wissm., etc.
Ces rapports des deux groupes avec les groupes de Raibl et
d'Hallstatl ne sont pas admis par Hauer ; pourtant ils se tiouvenl
confirmés non-seulement par les études de Stoppani , mais encore par
la comparaison des dépôts lombards avec ceux du Frioul, attenant
aux couches de Raibl. C'est donc très probablement à tort que
Haucr met le Raibler-Scbichten de Lombardie supérieur à
r£sino>Kalk.
Au-dessus de couches fossilifères proprement dites d*Esino, il
y a encore une grande puissance de dolomie faisant partie du
groupe comme le prouvent les
Posidonomya LommcliU
Gastruchœna obttisa,
Àviculn fxiliSy
et renfermant pourtant de grands moules de Cnrdium^ désignés
généralement sous le nom de Cardium ou Megf dodus triquettr
Wulf., nom sous lequel on a confondu plusieurs espèces d'âge
divers, ce qui a occasionné de graves erreurs. Cette partie des dolo^
mies moyennes a été déterminée par Hauer comme Dnchstelnkaik^
nom sous lequel il réunit les diverses dolomies à Megaiodus m'-
quêter^ c'est-à-dire des assises inférieures à i'infra-lias, appartenant
au keuper, et des assises supérieures appartenant au lias.
Les assises triasiques de la Lombardie se prolongent jusque sut'
la rive gauche du lac Majeur. En face, sur la rive droite, se mon-
trent les micaschistes et roches cristallines des Alpes du Piémontt
Ces assises i^ntiennent, sur certains points, des dépôts de gypse
et d'aohydrite, floot la position géologique exacte n'a pas encore
été bien déterminée. Les nombreuses assises de dolomie qu'elles
renferment passent souvent et sur d'immenses proportions à la do«
lomie caverneuse ou cargneule.
D. Tyrol, Bapière^ Voralberg et Claris, — Len assises triasiques
de la Véiiétie A et B provenant de la Carintliic, se soudent à celles
de la Lombardie C en traversant le Tyrol méridional où elks sont
très moreelées par suite des éruptions porphyriquee» Les ooucbés
g6ii| SÉANCE BU 6 MAI 1862.
keiipci-icnncs soiitsurtoul très ilévcloppëcs et Ires riches rniosiilei
sur certains points, principalement à Saint- Cassian ; aussi a-t-oa
pris ce point comme terme de comparaison et établi la foniiatioB
de Sainl-Cassian ou du Stii/ii'Cttssianer'Schic/iien.
Cette formation ne pouvait se rapporter assex exactameot à
celle de Raibl et à celle de Gorno et Dossena. Ce n'eat U, îl ne
semble, qu un seul et même horiion.
De fautive côté de Taxe central des Alpes, sur le versant nord,oo
voit le trias avec toutes ses subdivisions, partant de Vienne, aller
jusqu*aux frontières de la Suisse, dans le Vorall>erg, en passant par
le Salzbonrg et la Bavière. Du Yoralberg, il pénètre même un
peu en Suisse, dans le canton des Grisons. Mais ce trias bien ca-
ractérisé semble s'arrêter sur le versant nord des Alpes a la ligue
du Rhin, entre le lac de Constance et Coire, coinme il 8*arréia
sur le veraant sud au lac Majeur.
E. Toscane et département du Far, — Wc trouTant à Florence,
il y a quelques mois, au moment de l'exposition italienne, avec
Gurioni, dont les travaux ont si puissamment contribué à faire
connaître le trias lombard. Stoppant, le monographe des fossiles
d*Esino, et Omboni, nous avons examiné, soit séparément» soit
ensemble, au nmsée de Fisc et dans la collection Carlo Strossi,
de belles séries de fossiles provenant de monte Pisano et de moale
Rombolo que noiisavons reconnus tout de suite pour les équivaleols
de ceux d'Esino. Le kenper ou marnes irisées sont donc repré-
sentées en Toscane par des couches qui contiennent la faune
d*Esino ou d'Hallstatt. (]es couches sont celles qui ont été désignées
par P. Siwi sous le nom de caicarr salinn^ et qui ont été successive-
ment ballottées par les (;êolo(>ues depuis le silurien jusqu'au lias.
Entre les couches keupériennes et les couches carlx>niférienues
se ti ou vent celles du calcare grigift-capo scnza ceice de P. Savi
(calcaire {;ris foncé sans silex). Leur position doit les faire ranger
aussi dans le trias. Elles représentent pi*obableincnt le luusckeU
kalk, et leur base unie aux poudinj^ues supérieurs du ven*ucano
pourrait bien appartenir aux marnes irisées ou lluiitersandstein.
Toutes ces assises contiennent, sur certains |>oinls, des déyiôls
ou couches de gypse et de car{;ncule ; mais en Toscaue ce caractère
est de peu d*im|)or tance, car on trouve du {;ypse à tous lt« niveaux,
et il s*eo forme encore de nos jours.
Parmi les géologues qui se sont occupés du calcare sniino de
Toscane, un seul, je crois, Parcto, Ta rauf^é dans le trias, par
suite de sa ressemblance avec les terrains des Alpes maritimes.
Le irtas bien caractérisé se trouve, en effet, près de Nice et sur-
MOtK Dl M, M BOttlLUT. 866
tout dans le département du Yar, où il forme une bande qui,
partant d'Antibes, se dirige au sud-ouest et va jusqu'à Toulon et
le fieausset. Au-dessus du terrrain carbouiférien bien caractérisé
par ses couches de combustible et ses empreintes végétales, il y a
des grès, marnes et poudingues qui constituent Té Cage des grès
bigarrés, puis vient une puissante assise calcaire souvent magné-
sienne, contenant des gypses et cargneules subordonnés et offrant
des fossiles qui ne laissent aucun doute sur son âge. Les plus ca*
ractéristiques sont s
Àvictda socialis,
Terebratula vulgaris,
Encrinites liliiformis.
Dans le Yar, comme l'a fait remarquer Aie. d'Orbigny, la pré-
sence de coquilles flottantes de céphalopodes fait supposer que le
Cas, pi^sdu Beausset, extrémité de la zone triasique, était un point
littoral au niveau supérieur des marées; plus au nord-est, aux forts
Malhousquet etFéron, près de Toulon, les gastéropodes dominent
et l'absence de céphalopodes dénote des points voisins des côtes,
mais au>dessous des marées; enfin, plus au nord-est encore, les envi-
rons de Draguignan, la montagne des Oiseaux près d'Hyères, par
l'abondance des crinoïdes et des brachiopodes, indiquent des points
profonds des mers qui, en se rapprochant de Grasse et d'Antibes,
deviennent encore plus profonds et sont en grande partie dépour*
vus de fossiles. On voit donc qu'en partant de l'extrémité sud-
ouest de la zone et se rapprochant des Alpes les sédiments prennent
de plus eu plus les caractères de dépôts pélagiens.
F. Alpes occidentales. — Des plaines adjacentes aux Alpes dans
le département du Var, jusqu'à la i-égion orientale de la chaîne,
commençant à une ligne qui va du lac Majeur au lac de Con-
stance, on ne connaît plus, aussi bien sur le versant piémontais
que sur le versant français et suisse, de dépôts ayant offert des
fossiles triasiques.
Cependant entre les grès carbonifériens contenant des couches
d'anthracite accompagnées d'une flore houillère et les dépôts
offrant une faune infra-liasique ou bien des Belemnites et Ammo-
nites^ il y a une série de couches qui se montrent d'une manière
régulière, à peu près constante, et occupent la place du trias.
Ces couches sont :
Des grès presque toujours blancs, lustrés, parfois bigarrés, habl«
«Soc. géoL , t" série, tome XiX. 65
866 «ÉANCi wA haï 1802.
tuellcnieul très compactes, désignés gënéraleiBent «oas kDoade
quartzites;
Puis (les scliistes bariolés, des gypses et anbjfdriteSf deiar-
giieules, des calcaires plus ou moins magnésîena.
Ces deux assises représentent-elles, l'une, celle des quartsites.k
trias inférieur, grès bigarré et calcaire conchylieii, éiage coatln-
lien d'Alc. d*Orbigny, l'autre, celle des gypses, le Irns npéricm.
kc'uper, éta^c salijèrien ?
C'est probable, mais aucun fossile ne Ta prouvé.
Co qui tendrait à faire rapporter au keuper ou saliférien l'aflise
des {jypses et aubydiites, c'est que cet étage, comme le noui de
d'Oibigny Tiiidique, est généralement ridie eu sel, caractère qv
présentent souvent les gypses et anhydrites des Alpes occideniaki
Tout le monde connaît les salines de Moutier eu Savoie et de Bco
dans le canton de Ynud. Les sources salées ou minérales ooote-
nant en certaine abondance le chlorure de sodium sont asm
nombreuses auprès des dépots gypseux alpins.
Les dépôts triasiqnes de la partie occtdentale des Alpes te
divisent en deux groupes très distincts:
Le grou])e des quaitziles ou grès blancs à la base et le firaa|K
des calcaires magnésiens, cargneules et gypses au-dessus.
Les roclies du premier groupe sont si pures qu*il est Cooc natuid
de les rappioclier des sables sidérolitiques qui ont généralement
la même blancheur. Pendant la première période triasique, k
région des Alpes occidentales aurait donc été le tbédtre de prandci
éruptions d*eau siliceuse. Le phénomène des geysers était déte-
loppé sur une immense échelle et répaudait sur le sol ces ssbks
si purs, agglutinés par un ciment siliceux, qui ont maintenant l'air
de quartziteSb
Pendant la seconde période, aux geysers auraient succédé des
la^oni et des sujfioni^ donnant naissance aux cargneules, aux ji||i«f
et au sel marin.
La grande difTérence de puissance de ces iiépûts d'un point â na
auti-e, leur manque complet sur certains points, l'absence de fos-
siles marins, la présence du sel dans les roches, Técat anhydre
d'une partie des gypses sont autant de considérations qui doivent
faire considérer ces dépôts comme continentaux. £n effet le sel
se serait dissous dans la mer et aurait été c^)nstaminent disséminé
dans la niasse des eaux. Les anhydrites pour se former ont dn
exi|;er iW^ conditions physiques qui n'ont pu se rencontrer que
dans dt\s bassins eircon>cnls.
NOTB 9B «pv M MOlTiLUIT. 867
G. Résumé orograpkiqidç. — £n irésuniét les dépôts tria$iques m
montrent dans l'eosemble coiupiet des Alpes, mais ces dépôts ée
divisent en deux régions bien distinctes, de formation tout à fait
différente.
La première région, partie orientale des Alpes, s'étend depuis
rexti'émité est de la ckaîuc jusque vers son milieu à peu près, à
une ligne qui, partant du lac de Constance, suit le ooars du Rhin
jusqu'à Coire et se dirige sur le lac Majeur.
Les dépôts triasiques de cette région sont généralement marins,
lisse divisent en plusieurs assises bien caractérisées par des faunes
particulières qui pourtant ont toutes un certain nombre d'espèces
qui passent de l'une dans l'autre. Il en est même qui, comme le
Posidonof/tya LorneUii se maintiennent dans la plupart des assises.
Ces dépôts marins passant par la Toscane se retiouvent dans les
Alpes maritimes.
Mais tout le reste des Alpes, c'est-à-dire toute la moitié occi*
dentale de la chaîne, moins l'extrémité sud, ne contient que des
dépôts de formation continentale. Pendant toute l'époque tria-
sique le sol est resté élevé au-dessus des mers, mais durant la
première période il s'y est développé sur une très grande échelle
le phénomène des geysers comme actuellement en Islande, et
durant la seconde période le phénomène des suflioni et lagoni
qu'on peut observer de nos jours en Toscane.
La mer, qui pendant l'époque carboniférienne était plus reléguée
vers l'est, au commencement de Tépoque triasique s'est progressi-
vement avancée vers l'ouest. Ainsi la base du trias à Recoaro ^sH
encore continentale. Il en est de même en Lombardie.
Ënfîn pendant l'époque triasique le sol a subi certaines oscilla-
tions locales, comme le prouvent le muscheikalk et le keuper du
Frioul.
5. — lÀat.
A. Injra-liai, — Au'deisus des assises triasiques qui sont si kmn
développées en Louibatdie on trouve, en allàtit de bas en haat :
1° Des schistes noirs marneux surmontés de luinachelfcs;
2° Des calcaires compactes ou marnetlx alternant avec des
marnes schisteuses, et terminés par un banc de madrépores.
Ces deux assises contienrtefit Dedncôup dé fôsslIeS. Ces fossiles
ont été étudiés avec le plus gk'èitid soin par Antoine Stoppani qui
en publie la monographie (1). il a reconnu deux faunes assez dis-
nl ■
(1) Monographie des Jossîles d^ i Azzatola dajas iaiPatéoritologic
lombarde»
868 sÊAiici »u 6 MAI 1862.
tÎDctes qui pourUnt contiennent uu œrCaio nonibM d'opèai
communes. Ce sont les plus caractéristiques^ par ckcmple :
Avicula coniorta^ Poril.
GerviWa inflata^ Schafh.
Cardium PhiitfpianuMj Dkr,
Cardita (Cardium) austriaea, Haner.
Ili;ytilus [Modiola) ScAaJhauili, Sturr.
Stoppani donne à l'ensemble de cea deux asoiaii le nom ift
couches à ÂPicula contorta et plus spécîaleuieDt à l'aasiae U* 2 le
nom de groupe de fAtzarola^ d'une localité irèa riche en ComIb
des environs de Secco (Lombardie). Ces aasises STaient d^à àr
désignées par les géologues allemands aoua le nom de Ko$smh
schichten ou schistes de Kossen.
A ces deux assises Stoppani en joint une troiaième qui le«
est immédiatement supérieure. Elle est composée de puimutt
bancs de dolomie et de calcaire blanc compacte : c'cat Tassiie de
la dolomie supérieure.
Comme la dolomie moyenne de Lombardie qui fait iMirlie ds
keiiper ou trias supcrieur, celle-ci contient dea moules d*un énome
bivalve qui a été désigné sous le nom de Caniium ou âfegaioéa
triqucter; mais, ainsi que Ta annoncé Curîoni et confirmé Stop-
pani, les moules des deux dolomies ne sont pas semblables cl
appartiennent à des espèces très différentes.
Dans un travail très remarquable : Bssai sur les condWotu gé'
nérales des couches à Jvicula contorta^ publié en 1861 Antoine
Stoppani établit que ces trois assises ont une phyaionomie plu
jurassique que triasique, et qu'elles forment un étage auasi distiacL
aussi complet que les trois étages de d'Orbigny : sinémurien ihh
sien et toarcien. Il propose donc d'en faire sotia le nom d'itifnh
liasien un quatrième étage de lias.
Dans cet étage rentrent les grès infra-liasiqaes de France le
cboin-bÂlard de Lyon, la pierre bise ou foie de Teau de Boor»
gogne, les grès d'Hetiange et de Luxembourg, le bone-bcd
d^Angleterre, etc., ensemble qui, outre les cinq eapècea dëjih citées.
est caractérisé par les fossiles suivants :
Phoiadomya iagenalis^ Sohafh.
Cardiuiti cloacinum^ Queast.
Myophoria inflata^ Emm.
Anatina prœcursor^ Quenst.
Leda DeJJneriy 0pp. et Suess.
Pecten vaioniensis^ Daff.
— Falgeriy Mer.
IfOTK BB M« Dï HOBTILUIT. 869
Plicatttla (Ostrea) intusstriatai Emoi.
Terebratula gregaria, Suess.
BnctrylUum striolatum^ Heer.
— depianatum et g/gantetim^ Heer.
Dans son travail paru vers le milieu de 1861, A. Stoppani
donne des détails sur l'extension géographique de son étage infra-
liasien qui s'est bien étendu depuis. Je me suis assuré, pour ina
part, que vers l'orient il ne s'arrête pas aux limites de la Lom-
bardie. J'ai constaté qu'il existe en Vénétie jusque dans le Frioul.
Dans la partie occidentale de la Vénétie, on trouve sur les
assises keupériennes des schistes argileux de couleur foncée et des
calcaires bruns qui se rapportent aux dépôts de l'Azzarola. Puis
viennent les puissants bancs de calcaire ci'istallins et dolomitiques
appartenant à la dolomie supérieure. Ils se développent dans
toutes les grandes vallées vénitiennes depuis celle de TAdige jus-
qu*à celle du Tagliamento. Non-seulement leur aspect est sem-
blable à celui de la dolomie supérieure de Lombardie, mais on y
trouve aussi l'espèce spéciale du grand Megalodus trique ier qui
caractérise cette assise.
Ces couches infra-liasiennes ont aussi fourni sur certaios points
au milieu d'autres fossiles â détermination plus difficile :
Plicatuia intusstriata^ Emm.
Terebratula gregaria, Suess.
Après avoir vu les planches de la Monographie des jossUes de
tAzzarola^ Capellini a reconnu que les couches de la Speiia,
qui avaient été rapportées auparavant avec un certain doute au
néocomien , étaient bien de l'infra-lias. Stoppani a confirmé
cette délerini nation après avoir vu les fossiles des musées de Tos-
cane et de Bologne. Et moi-même j'ai pu en reconnaître toute la
justesse en admirant de magni6ques plaques couvertes de Cardita
austriaca et de Plicatuia intusstriatu, recueillies par Capellini à la
Spezia.
Stoppani avait déjà cité T infra-lias très bien caractérisé en
Savoie ; mais lors de la dernière réunion de la Société géologique
dans ce pays, grâce aux patientes recherches de Vallet, on a con-
staté sa présence sur plusieurs points nouveaux des environs de
Saint-Jean de Maurienne.
L'infra-lias se trouve donc parfaitement caractérisé et très bien
développé des deux côtés de la portion orientale des Alpes. Sur
le versant sud, Stoppani le signale à partir du lac de Côme, et je
V70
StlKCI VD ft I
l'ii suivi jusqu'à r«trémil# île la V
le» |>^olo{>ucs alleniands l'ont étudié,
jusqu'aux frantitres de la Suisse, dai
développé, comme on peut le voir sui
Quant à ce qui concerne la porti
manque encore d'obwrTa lions luflîsa
vei'sant suisse ; inai> depuis que Ek
le Cbabbia, sur les bords du lac de
uue longue lone du versant français,
•I allant jusqu'en pleine Maurienne
au lud ,)es observations iiianquaienl
eu Provence (So4^iét^ géolo|;ique, s^
montreiil que l'infra-lias du versi
celui du versanl lotubard par la Spt
celui du versant allemand en Iravei
Jusqu'à présent il i)'n pas été cou
Uis, si alléi'é par suil<: des actions |
B. /.l'o* inférifHT, iinémarim. —■
Salirin, les {;poloj;ues loinbards ont
liant au lias inférieur, eourlies qui
à Salirîo, en Lnmbni-die, et i An
entre Vnrôse et Lu);ano. Cesontdei
pactesoii cristallins qui varient deci
et qui parfois sont d dort teux ou sil
à ladoloinie supérieure eontiennei
Tossilcs, parmi lesquels on peut cit
TrhtÂyntaurat platyoànn^ I
Belammitci acHiiu, Hill.
NaMiliu ilriaim, Sow.
Jmmonîlet tUUaris, Sow.
— Burklandi, Sow.
Pleumiomaria angli'ra, Di
CarrIIttIa lirbrida, Agass.
Uma aniiifaata, Sow.
Petten textoriut, Scbl.
JUiymeluHiellii trlrardru, d
Terebrutulu viciaalis, Scï
SpiriSer lyakntii, Sow.
Peiitiicriniis bataltiforiais,
El j'ai vu dans la collection Su
arciMin, Lam., provenant de Saltrii
ont indiqué cette formation sur touti
r^
IVOTl DB M. DB MORTILLBT. 871
depuis le lac Majeur jusqu'au lac de Garde. A Touest, on la r«-*
trouve en Piéuionl à Tentiée de la vallée de la Sesia.
Cette assise du lias inférieur a encore été très peu étudiée dans
l'ensemble des Alpes, et il est fort difficile de la séparer nettement
de l'ensemble du lias. Cependant elle se trouve certainement sur
plusieurs points; ainsi, dans ma Géologie et minéralogie de lu
Savoie y je Tai indiquée 2
1° A iMeillerie sur les bords du lac de Genève, où Ton tiouve
assez abondamment les Aatmonites Buchlnndi et Kridion,
2^ Dans la zone d'ardoise de Petit-Cœur intercalée au milieu
des grès carbonifériens, j'ai signalé à Petit-Cœur :
Belemnites acuius^ Mill.
Ammonites BucAlandi, Sow.
Pentacrinus.
Lory, dans sa Description géologique du Dauphiné, dit (!) : c Les
fossiles caractéristiques du lias inférieur n'ont encore été signalés
d'une manière positive que sur un point au mont Rachat, com-
mune du Mont-de-Lans, en Oisans, par Scipton Gras. On y trouve :
Am»ionites bisulcatus^ Brong.
— stellaris^ Sow.
— Kridion^ Henk.
— rotiformiSy d*Orb.
— ScipionlanuSf d*Orb.
Belemnites paxillosus^ Voltz.
Saltrio d'Arzo, d'un« part, Meillerie, Petit-Cœur et le mont
Racbat, d'autre part, se reliant au calcaire à Grypliées de Pro-
vence, suffisent pour noontrer que le lias inférieur eiiste sur les
d^ux versants des Alpes. Mais le manque de documents plus com-
plets sur cette assise prouve combien il y a encore de recherches
à faire pour éclairer complètement la géologie des Alpes.
C. I^ias moyen et supérieur. — Si l'on n'a que peu de données
pour déterminer l'assise du lias inférieur, il en existe encore bien
moins pour séparer le lias moyen du lias supérieur. Ces deux
étages réunis se dessinent très bien dans toute l'étendue des Alpes,
mais il n'est pas possible, pour le moment,de faire une division
ofi'rant quelque valeur.
En Lombardie, ils forment une assise commune connue sous
le nom de calcareo rosso ammoniticoy calcaire rouge à Ammo-
(1) 1" partie, 4860, p. 405.
872 stÂHCi DU 5 MAI i86fi. '
nites. Ce calcaire rouge est bien déyeloppë au alcntouw dn hc
deCôine, surtout à Erba, entre le bras de GAne et odndi
Secco. Son nom à^ ammonitico est bien jiMiîSë par laboodiiMx
àLÂmmoniten qu'il renferme presque partout, maïs celui de nm
l'est beaucoup moins. En effet, si cette assise est fiNrmée d^im cak>
Caire marneux ronge, près de C6me, au point typique, il D*enat
pas de même ailleurs. 1^ couleur du calcaire, suivant les localrtài
passe par toutes les teintes du blanc au brun noirâtre.
Le nom de calcaire rouge à Ammonites doit, du reste, être rqelé
parce qu'il a ëté appliqué k des roches d'époques diverses. Sou
ce nom, les géologues lombards comprennent indistinctemeot le
lias moyen et supérieur et les assises jurassiques plus récentei,
dont la principale est l'oxfordien. En Yënëtie, où les concfaei
ammonitiferes liasiques n'existent pas, on a appliqué le doid de
calcaire rouge ammonitique aux seules couches o&rordicoocs,
comme on le verra plus loin.
Hauer, dans sa carte géologique de la Lombardie, a déjà sub-
divisé, avec raison, le calcaire rosso ammonitico en Ohertr-ties
ou lias supérieur et en Jura,
Pour justifier la réunion en un seul étage des dirers éléments
du rosso ammonitico, les géologues lombards admettent qu'il vs
dans tout l'ensemble des couches désignées sous ce nom, uo mé*
lan{];e complet des espèces du lias moyen et même du lias ioB-
rieur, avec celles des étages supérieurs jusque et y compriaToxlbr-
dicn. Mais cela tient, je crois, à ce que la proTcnance des
diverses espèces n'a pas été établie avec assez de soin.
Pourtant ce mélange de certaines espèces est incontestable sur-
tout entre le lias moyen et le lias supérieur. Ayant recueilli moi-
même une série à' Ammonites dans les calcaires noirâtres du litf
exploités à Pilzone, au bord du lac Iseo, pour l'usine à cbaux
hydraulique de Palazzolo, calcaires appartenant à une seule et
même époque, d'une seule et même composition, dans lesquels
les fossiles sont mêlés sans distinction de niveau, MeneebÎDÎ
auquel j'ai soumis ces Ammonites^ a reconnu i
Ammonites radians, Schl.
— fimhriatus^ Sow.
— scrpentinus^ Schl.
— heterophylluSt Sow.
— mimatensis, d'Orb.
— Czizecki^ Hauer.
— zetttSj d'Orb.
— crasstus^ Phil.
NOTB »B V. DE MOKTILLKT. 87 1
Plus deux espèces nouvelles, dont l'une vient d'être décrite par
Hauer sous le nom à^Am, Rugazzonii (i).
On voit par cet ensemble de fossiles qui sonl tous certainement
d'un même niveau, que les mélanges en Lombardie sont moins
considérables qu'on ne l'admet généralement. £n effet, la réunion
de ces espèces et surtout la grande abondance -de l'une d'elles,
Y 4' radians, doivent faire rapporter l'assise au lias supérieur. Cepen-
dant, après Vj4. radians^ la plus abondante est VA.Jimbriatiu du
lias moyen.
On a vu précédemment que le lias des géologues vénitiens, cal-
caire cristallin et dolomitique, avec PUcaiula intusstriata et
énormes moules de bivalves rapportés au Megalodus triqueter^
faisait partie de la dolomie supérieure et devait être rapporté à
l'infra-lias.
Quant au véritable lias, il est représenté en Yénétie par les
assises que les géologues de ce pays ont rangées dans le bajocien ou
ooUihe injérienre. Ce qui a trompé ces géologues, c'est :
1° La superposition de leurs prétendues couches bajociennes
sur celles qu'ils croyaient appartenir au lias, superposition qui
n'existe plus du moment où il est reconnu que les prétendues cou-
chés liasiques sont plus anciennes.
2^ La nature oolilhique de la plupart des calcaires de ces assises.
Mais la forme oolithique n'est pas spéciale aux terrainsqui ont reçu
le nom d'oolitlie inférieure et supérieure ou grande oolithe. Cette
forme se voit dans plusieurs autres terrains, entre autres assez fré-
quemment dans les diverses époques du lias.
3^ Une Ammonites Huntphriesianus trauvée dans le Yéronais par
Massalongo, au milieu de ces assises. Ce serait là une très bonne
raison si cette prétendue A, Humphriesianus n'avait pas une très
grande ressemblance avec des espèces des lias supérieur et moyen
de la Lombardie, espèces que j'ai recueillies moi-même à Pilzone
dans la localité que j'ai décrite.
Ainsi ces deux séries de roches oolithiques signalées par Pasini
en Yénétie, entre la dolomie supérieure et les couches à fossiles
végétaux, me semblent représenter l'une le lias inférieur, forma-
tion de Saltrio, dont certains bancs ont aussi un aspect un peu
oolithique, l'autre le lias moyen et supérieur. Seulement ici le
dépôt, au lieu de contenir des Ammonites et d'avoir le faciès litto-
ral, plages battues par les vagues, a le faciès sous-marin voisin
(4) Hauer, Uber die Ammonitcn aus dem sogenannten AJedoio
im val Trompia.
m
%7h
•ttHCI BU b I
'11-
\y^
det càtes, caractérisé par la présence
surtout d'acépliales qui K>Dt assM
Holer en bon état et par conséquent à
En se dirigeant encore plus A )'esl (.
lîuiques se dessinent encore inieui. f
rieure se trouve un calcaire bnin, a
contenant sur certains points, comme
et au mont Larra, au-dessus de Tr
lignite. Dans ce calcaire, entre Cim
Gellina, on rencontre des moules <
ailleurs il j a des articulations de i
T^orhnt et Plearolemaria ainsi que It
Au-dcMiis. dans l'assise qui corres
niticodc Lombardic, il y a surtout i
nant avec de petits lila de calcaire
impressions è! Ammonites.
Le lias moyen et supérieur se trou
fraitçnisot'i il est énormément dëvel<
caires plun ou moins pura et surtout
fliers. On y rencontre des fossiles sui
mais en général peu abondants et
Angelo Sismonda a découvert en T
du col des Encombres, un gisement
lÎMe. J'y ai recueilli en parfait état <
Ammonites radiant, Sohl.
— plamcostatiu, Sow.
— fimbriatas, Sow,
— margaritalits, Monf.
PUurotnmaria expansa, d(
tihyachonella variabllis, d'(
Le tout dans une même coucbe, un ii
sont du lias moyen, sauf l'A. radia
On voit que c'est l'inverse du fait sigi
En résumé, le lias parait embras!
Non-seulement on te retrouve sur l<
voit de nombreux lambeaux dissémi
de la chaîne. Parfois il a subi des al
cependant il est presque toujours n
sur le versant pi Anontais, rë);ioii la p
D. CimiiHératians oro/frtipkiqnet. -
triasique la portion orientale des ft
Non m M. DB MORTILLBT. 875
tandis que probablement la portion occidentale formait un con-
dnent sur lequel des geysers d^abord, des sufiioni ensuite, ont
dëposë des couches de quartzitês et de gypse dans les dépressions
du sol.
Pendant la période lîasique il s'est opéré dans les Alpes un grand
mouvement de bascule; la portion orientale de la chaîne se rele-
vait lentement pendant que la portion occidentale s'abaissait.
A l'époque de Tinfra-lias , la mer avait probablement déjà
•nveloppé la région entière des Alpes et plus ou moins péné-
tré dans l'intérieur. Mais, comme le prouvent les couches fos-
silifères, c'était une mer généralement peu profonde, sur la portion
orientale, par suite de l'exhaussement du sol, sur la portion occi-
dentale, parce que )e sol n'était encore que peu abaissé.
Ce mouvement de bascule a encore été plus sensible pendant
l'époque du lias proprement dit.
A l'orient se trouvent les couches très fossilifères de la forma-
tion de Saltrio, et du rosso ammonitico de Lombardie, si riches
en débris de céphalopodes accumulés. Elles dénotent des plages,
dts régions littoniles assez peu pixifondes pour subir encore l'in-
fluence des vagues.
*0n rencontre en Vénétie des couches oolithiques qui dénotent
l'action, d'un roulis et par conséquent d'uiie faible profondeur.
On voit dans le Frioul des indices de lignites dans des calcaires
bitumineux.
Tout enfin inaotre que le sol de cette région s'élevait de plus
en plus.
Au contraire, dans la région occidentale les fossiles diminuent
progressivement. Ils se trouvent rarement accumulés, et sont très
disséminés. On voit peu à peu la mer envahir tout le pays et
recouvrir entièrement, pendant l'époque du lias moyen et supé-
rieur, tout l'espace occupé par le mont Blanc et le mont Rose, pics
qui s'élèvent à plus de /!i600 mètres au-dessus du niveau actuel de
la mer. A la place des Alpes occidentales se trouvait une mer assez
profonde, ainsi que le prouve la nature des sédiments qui sont
disséminés par lambeaux de toute part, comme pour servir de
témoins, comme pour attester le fait.
E. Peiit-Cofitr, — On a vu que pendant la période carbonifé-
rienne le relief de la région des Alpes occidentales avait déjà
quelques traits communs avec le relief actuel. J'ai signalé entre
autres que la ligne de pics cristallins qui s'étend de la vallée de
fieaufort, en Savoie, jusqu'en Oisans, dans le Dauphiné, devait
offrir à cette époque un certain relief. En effet le carboniférien, si
87d SÉAHCI DU 5 MAI 1862.
puissant à quelques kilomètres de là. Test fiori peu le long de 11
ligne cristalline. Les dépôu triasiques font auni floaveatdéiulaL
sont peu développes le long de cette ligne, nouvelle preufc. Ai
comnienci'nient de l'époque liasiqiie proprement dite , qnnl
a commence à se déposer le lias inlérieury cette ligne ëuit encoit
élevée au-dessus de la nier, au moins en partie, comme le proon
Tnssise d*ardoises à Belrmnitcs intercalée dans le <:arbooiliérien<k
Petit-Cœur. En effet, cette assise est éminemment un dépôt Uuo-
ral. Sur k ou 500 mètres cubes d*ardoîses extraites de «de
assise, visitée seulement à de rares intervalles, aunrei liée par per-
sonne, on peut citer, outre une Ammonites bisuleatiu, Brug, et me
RhynchoncUa^ plusieurs centaines de Belemnitrx aenou^ MilL; cer-
tains fragments d'ardoise en contiennent jusqu'à trois ou quatre
individus et des milliers de fragments decriiioldes ; il y adcs pla-
ques qui en sont pétries; enfin des FuciiJt, Ce sont certes bies là
les caractères d*une faune et d*unc flore littorale !
La constatation de ce fait peut servir à expliquer ranomalie
que présente le gisement de Petit^Cœur.
La coupe de Petit -Cœur, en allant de l'ouest à l'est, se cob-
pose de :
4® Roches cristallines,
2^ Grès carboDifériens,
3° Ardoises du lias inférieur,
4° Schistes carbures sans fossiles et coacbe d'snthracîta
5^ Schistes à empreintes de plantes houillères,
6° Grès carbonifériens,
7° Ardoises du lias moyen et supérieur.
Dans toute cette succession il n'y a de répété que les grès car-
lx)nifériens. Il est donc impossible d'admettre toutes les explica-
tions basées sur des plissements généraux ayant eu' Heu après le
dépôt des diverses assises citées. Il me semble beaucoup plus
simple de supposer un plissement local survenu pendant Tëiioquc
liasique entre le dépôt du lias inférieur et celui du lias moyen et
supérieur. A mesure que le sol s'afiaissait, il y a dû avoir uue com-
pression horizontale de plus en plus forte qui, à un moment donné
a dû faire craquer les couches sur les points les plus faibles et en
relever, en replier quelques lambeaux. C'est ce qui aura eu lieu
à Petit-Cœur. Ce qui vient corroborer cette explication, c'est :
D'abord, comme je l'ai déjà dit, la repétition du grès carbonifé-
rien, tandis que les autres assises ne sont pas répétées; ensuite le
peu d'ampleur du phénomène, qui se comprend très bien dans une
NOtl Dl M. M VORTIUBT. 877
tiiiiple action de poussée superficielle, mais qui a servi de base à
une forte objection tant qu'on a voulu y relier toute la puissante
assise des ardoises du lias moyen et supérieur.
6. — Jurai sique,
A. Formation oolUhique. -— De Zigno a établi (1) d'une manière
certaine l'existence de la formation oolithique dans la Yénétiepar
l'étude d'une magnifique flore dont il publie la monographie.
Cette flore est contenue dans des calcaii-es gris et blonds qui renfer'
ment avec les plantes des Avicula^ des Pe.cten, et une Naiica que
de Zigno croit pouvoir rapporter à la Naiica Aciœay d'Orb. Elle a
d*abord été découverte sur le mont Spitz, près Rotzo, dans les
Sette commuai^ et se prolonge entre IVlezzaselva et Roaua. On la
retrouve dans le Véronais à San-Bortolamio près Silva di Progno,
et sur d'autres points.
Le 17 mai 1861, de Zigno, dont j'ai pu admirer la magnifique
collection, a eu l'obligeance de m'envoyer sur cette flore les ren-
seignements suivants :
M Cette flore présente dans ses caractères généraux ceux qui dis**
tinguent, selon Brongniart, la flore de Toolithede celle du lias.
» Dans la flore oolithique du Yicentin et du Véronais les fou-
gères à nervures réticulées sont rares ; deux ou trois espèces
dont fort peu d'échantillons. Les espèces à nervures pinnées ou
flabellées y sont peu variées, mais la fréquence des échantillons est
considérable. Les Otozamites et les Zamites s'y trouvent en si grande
quantité qu'elles constituent le caractère local le plus saillant de
cette flore. Je n'ai jamais trouvé des Ctenis^ rarement des Ptero^
phyllnm et une seule fois une NUssonia; encore je ne suis pas tout
à fait décidé à rapporter à ce genre le seul échantillon que je
possède. Quant aux conifères, ils ]>euplent ces couches avec une
grande quantité de leurs restes. Voilà quant aux caractères géné-
raux. Quant aux espèces, il est vrai qu'il y en aura environ cin-
quante entièrement nouvelles ; mais j'en ai pu reconnaître aussi
quelques-unes identiques avec celles qui se trouvent à Scarl>orougli
en Angleterre. Ce sont :
Pecopteris propinqua^ Lind. H.
— poiypodioides, Lind. H.
Sagenopteris P/nllipsii, Presl.
(4) De Zigno, Sut terreni Jurassici délie Alpi Venete e sullaflora
fofsilf che II diitingue, 4859. ^ > ^
878 6ÉÂHGI i>u 5 haï 1862.
Tymijanophora rfu-emosa, L« H.
Otozanites Beanii, L. H.
Bradiyphyllum mamiUare^ Brong. »
£n Loinbardie, et à plus forte raison en Piémont, la formatkn
oolithique n'a pas été constatée.
En traversant les Alpes on la trouve très bien caractérisée U»ti
fait à l'extrémité occidentale de la Savoie, sur les esoarpementidQ
mont du Chat, qui dominent le Rhône, mais on est déjà dam b
région du Jura. Ce gisement très fossilifère sembla offrir on
mélange des espèces du bajocien on ooiithe inférieure et du batko-
nien, grande oolitbe.
Dans la région des Alpes proprement ditca, sur le Terssnt fian-
çais, la formation oolitliique se trouve mal déterminée; cependant
elle parait exister au moins sur quelques points, comme au col
d*Auterne, entre Sixt et Servoz, en Savoie. Ménéghini m'a mootrR
au musée de Pise quatorze échantillons d'ardoises du col d'Auterne
contenant des Ammonites. 11 y en a une plate, voisine de Va. tkih
discus, d'Orb. , de la grande ooiithe, mais trop altérée pour que la
dëterniinatioii soit sure. Presque toutes les autres sont des À.
Uiunpfnie^ianus^ Sow., ou lirtf^uiferns, d*Orb.^ de Toolithc infé-
rieure. Au musée d*Anuecy il y a aussi des Ammonites de U
même localité se rapportant à V Humphriesianus et le BelemntUf
giganteiis aussi de Toolitlie inférieure.
(]et étage se dessine beaucoup mieux et prend une assez grande
extension sur le versant suisse des Alpes. Studer et Esclier l'indi-
quent sur un grand nombre de points de leur carte.
Mais néanmoins iln*y est pas nettement tranciié, et surtout il ne
parait pas |M)uvoir se subdiviser en deux assises, ooiithe inférieure
ou bajocien et grande uolilheou bathonien. Dans les Alpessuisses,
comme Pictct (1) Ta constaté pour le groupe du Stockhorn, canton
de Berne, la faune du bajocien est mêlée avec celle du bathonien
et contient même des espèces de Toxfordien inférieur ou cal-
lovien. Ainsi cet habile paléontologue a trouvé sur le même échan-^
tiilon :
Ammonites Parkinsoniy Sow.
— iatricus, Pasch.
sur un autre :
Aiumonites Hamphriesiantu, Sow.
— triparti tus ^ Rasp.
(4) F.-J. Pictet, Notice sur les iossiles flét:ou%*erts damt iei Aipes
bernoises, par M. E. Mcyrat, novembre 4860. (BibL iutip. GertépcA
NOTK DB M, BB MOETILUT. 879
B. Oxjordicn. — Sur TaMiâe à plantes de Tépoque oolithique
se trouvent dans le Yicentin des couches calcaires jaunâtres qui,
d'après de Zigno, contiennent des
Pecten
Perna myiUoideSy
Terebratuta insiguis^ Schl.,
fossiles oxfordiens. (iC n'est qu au-dessus de ces couches que s^
montrent les calcaires à teintes généralement jaunes ou rouges
qui constituent le calcare rosso ammouitico de la Vénétie. Mais
ce calcaire ananonitifèrc, au lieu de contenir des espèces du lias
moyen et supérieur comme en Lombardie, ne contient que des
espèces oxfoidiennes, ainsi que j'ai pu mVn assurer dans les belles
collections Massalongo ù Vérone, Pasint à Schio, Parolioi à
Bassaao, et de Zigno à Padoue. On voit dans cette dernière col*
lection dont les déterminations ont été confirmées par d'Orbigny :
A mm on ites pticn tilîs , So w .
— octsiatas, Bean.
— ZignoàianuSf d'Orb.
— tortiauleaius^ d'Orb.
— viator, d'Orb.
— Honiniairei, d'Orb.
— anceps^ Rein.
— Kndcrfiatschf, Bàuer.
-*- iattiraBy Pu<Jh.
— nthletaj Phil.
Avec ces Ammonites se trouvent les grands Aptychus caractéris-
tiques de l'oxfordien :
Aptychus iatuSf Park.
— lamellosus^ Park.
Cet étage oxfordien parfaiteHlent caractérisé passe de la Vénétie
dans le Tyrol italien, à Trente tt à RoVeredo ; il est donc tout natu-
rel d'admettre avec Hauer (|u'il continue en Lombardie. C'est, en
effet, ce que j'ni constaté. Sur tous les points que j'ai étadiés, j'ai
trouvé au-dessus drs calcaires peu siliceux en couches asset
épaisses, contenant les fossiles du lias moyen et supél'ieur, une
assise calcaire toute ditl'érente, caractérisée généralement par la
grande abondance de silex qu'elle renferme et par Ses couchM
nombreuses et minces. Cette assise contient comme fossiles très
caractéristiques les Aptyvhus lains et lamcUosus ^ qui manquent
dans l'assise inférieure. Il y a aussi desBelcmnites eiàeê Ammonitu^
880 StANCB DU 5 MAI 1862.
mais généralement elles sont oxfordiennes. C'est donc bien
l'étage oxfordien. C'est le calctuv rosso silrijero ad Aptichi e Btic
niti, calcaiie rouge, silicifère à Aptychtis et Belemnites des en^
rons de Brescia, distingué par Ragazzoni; c'est le calcare ro.
ad Aptichi des autres géologues lombards. Pourquoi donc
géologues, qui ont très bien su distinguer ce calcaire du calu
rosso ammonitico proprement dit, qui reconuaissent qu'il est su|
rieur à ce dernier et caractérisé par les Aptychus^ ne veulent-
pas admettre qu'il forme un étage à part et représente Toxf
dien? C'est que des Ammonites liasiques auraient été troiir
dans cette assise, comme aussi des Ammonites oxfordiennes
seraient rencontrées dans l'assise inférieure!... Si j'en excei
\ Ammonites tatrirus^ Puscb, qui peut-être est commune à toute
série, je n'ai pas encore reconnu de faits bien établis de ce pi
tendu mélange. Il est fort possible qu'il y ait passage de quelq
espèces d*un étage dans l'autre ; mais je suis certain que des étu
plus suivies, plus minutieuses, plus exactes, feront reconnaître
plus en plus l'indépendance de deux avises, indépendance q
même pour les géologues lombards, prendra l'importance d'i
séparation d'étage. La partie inférieure restera dans le lias et
partie supérieure sera rapportée à l'oxfordien.
Sur le versant français des Alpes, l'oxfordien est très dévelo
et fort bien caractérisé. Dans les carrières de Lemere à CbamlM
continuation des ix>chers qui dans la vallée de l'Isère font face
Alpes, on trouve :
Belcmnites hastatuSy Blaiov.
— Sauvanausus^ d'Orb.
Ammonites plicatiiis, Sow.
— ocu/atuSf Beao.
— tortisuicatus^ d*Orb.
— tatricuSf Pasch.
Rhynchonella iacitnosa, Schl,
Aptjrc/tus iameliosus, Park.
— la tus ^ Parle.
En descendant l'Isère, de Montmélian jusqu'à Grenoble, ce ;
toujours les mêmes calcaires oxfordiens qui font face aux A
et qui contiennent les mêmes fossiles.
A Chalais et surtout à Aizy, au-dessus de Noyarey, près G
noble, Charles Lory (1) a cité un fait très intéressant : les
(I ) Charles Lory, Congrès scientifique de Fmnee^ 1 858. S4*5efJ
vol. I, p. 367,
9
NOTIS Dl M. DB MORTILLKT. 881
Jmmnnites anrcps^ Rein.
— Bakcriœ^ Sow.
— jidelœ^ d'Orb.
— - Hommaîreî, d^Orb,
— viator^ d*Orb.
qui, d'habitude, caractërisent l'oxfordien inférieur, callovieu de
d'Orbtgny, se trouvent superposées aux
Ammonites pltcatilis^ Sow.
— ocaiattis, Bean.
— iortistilcntttSy d'Orb.
TerebratuUUa diphya^ Bucb.
de Toxfordien supérieur et moyen.
L'oxfordien s'observe d*une manière à peu près continue, avec
ses caractères bien tranchés, toujours caractérisé par les Àptychus
latus et lamellosus et par V Ammonites pUcatHis^ tout le long des
Alpes françaises jusque dans les Alpes maritimes.
Il en est de même du côté du nord- est de la Savoie ; il passe en
Suisse et longe les Alpes de ce pays jusque vers le Rhin à Coire ;
seulement, dans cette direction, au lieu de se tenir simplement à
la limite des Alpes, il pénètre davantage dans leur intérieur. Ainsi,
en Valais, on le voit remonter la rive droite du Rhône jusqu'au
delii de Leuk, puis se jeter dans l'Oberland et s'appuyer sur les
hautes pentes occidentales de la Jungfrau.
C. Corallien et kimritlgien — G. A. Pirona signale à Polcenigo
et à Dardago, ainsi qu'au montQuarnnn, près de Gemona, dans le
Frioul (1), une assise composée de calcaire blanc grisâtre qui
passe insensiblement k un grès gris verdâtre qui est une véritable
agglomération de débris de fossiles.
Au-dessus se trouve un calcaire blanc pur avec des coquilles de
gastéropodes à spire allongée, passées à l'état spathique, et des dé-
bris de divers polypiers. Les gastéropodes appartiennent surtout au
genre Nerinea , et d'après Pirona, il y aurait les espèces suivantes :
Nerinca Goohalliy Filt.
— dilatnta^ d'Orb.
— Cabanetiana ?, d'Orb.
ce qui rapporterait cette assise au calcaire à Nérinées ou coraU
lien.
(4) G. -A. Pirona, Cenni geognostici sitl Friuli^ 1864, p. 26.
Sor, génl,, 2* série, tome XIX. 56
882 8£a!«ce du b. MAI 1862.
C'est le seul point du versanl italien des Alpes qtû -puise être
rappoité au corallien.
Sur le vei-sant français, le corallien fait à peu près défaut aussi.
On ne le voit caractérisé qu'au Salève, près de Genève, au
Youache et au mont du Chat, en descendant le Rhône, enfin sur
quelques points du département de Tlsère en suivaut celle ligne
qui appartient plutôt au Jura qu'aux Alpes.
D'Orbigny le signale vers rextréniité de la cbaioe dans le Var
et les Basses- Alpes où il a aussi é(é reconnu par Hébert.
Le kinirtdgien qui a été constaté d'une manière certaine sur
le versant français et suisse des Alp^, entre leGliablais, en Savoie
et le lac de Tlmn, dans le canton de Berne, en passani par le Va-
lais, Yaud et Fribourg, n'a pas encore été reconnu sur le Tersant
italien.
Ce terrain est caractérisé en Cbablaîs, comme je Tai établi dans
ma Géologie et Minéralogie de la Savoie^ par les espèces suivantes :
Fenu^ nuculœforiitis ^ Rœm.
Mytilus subcequipUcatus^ Goldf.
Ostrea solitaria^ Sow.
Tcrebratiila subscUa^ Leym.
Rhynchonella inconstans, d'Orb.
Renevier cite, en outre, sur la route d*Aigle au Sepey, dans le
canton de Yaud (1),
Cero/nya exccnfrirn, Agass.
Mytilus jurensiSy Mérian.
Sur plusieurs points ce terrain renferme des dépôts de combus-
tible qui parfois est assez puissant pour éti*e exploité.
D. Considérations orographiquvs. — Le soulèvement des Alpes
est généralenunt considéré comme un phénomène violent, qui
aurait eu lieu en une courte période de temps, à une époque géo-
logique très voisine de l'époque actuelle. C'est, au contraire, un
phénomène lent, successif, qui s'est produit d'une manièi-e pro-
gressive, continue dans son enseiuhle, bien qu'ayant éprouvé
diverses oscillations locales ou teniftoraires. Ce phénomène aurait
commencé dès la fin de l'époque du lias.
En effet, pendant que se déposaient les assises du lias moyen
et supérieur, toute la région orientale des Alpes était recouTerte
par la mer. Le sol n'a commencé a s'élever au-dessns des eaux
(4) E. Reoevier, sur la géologie dc^ Alpes viiuduisesy 4858.
IfÛtl DB M. I»B MORTUXBT. 883
que vers la fip da celte époque. Mais il y avdii déjà une vaste
surface émergé^ qiianU se sont déposées les couches oxfordiennes.
Aussi, ces couches manquent entièrement dans Tin^érieur de la
cliaîne, et on )es voit former une ceinture tout autour, ceinture
qui, partant du versant nord-ouest du grand massif cristallin de
rOber|and, recouvre une piirtie de la Jungfrau et vient rejoindre
le Rhône un peu en amont de Leuk. Elle. suit ensuite ce fleuve
jusqu'au dessous de Martigny, passe à la Dent du Midi, au fiuet,
domine la vallée de TArve jusque vers la cascade d'Aprenaz,
passe dans la vallée de TArly dont elle forme les hauts escarpe-
ments sur la rive droite, et rejoint F Isère un peu en aval d'AU
bertviUe, suit cette rivière jqsqu'à Grenoble, remonte la rive
gauche du Drac jusqu'à Gap, et de là, par le Var, se rend dans
les Alpes maritimes. La véritable région alpine était donc déjà
dessinée à cette époque. Mais, comme je Fai dit, il y a en des
oscillations partielles dans le mouvement ascensionnel. La Savoie
en présente un exemple très intéressant. Sur rextréme frontière,
du côté du département de TAin, au bord du Rhône, à la base
du mont du Chat, on trouve des assises de la période oolithique,
bathonien et bajoci^n réunis ; ces assises ont tout à fait l'aspect
côtier. Les fossiles abondent : ce sont surtout des céphalopodes
qui, poussés par les vagues, sont venus édiouer #ui^ le rivage, et
des acéphales qui habitent les plages. Il y a avec les mollusques
des fragments de bois, et on y a trouvé des ossements.
Au-dessus sout les diverses assises de Toxfordien. Après une
oolilhe ferrugineuse très riche en fossiles qui dénotent, comme
les couches précédentes, une formation côtière, vient une assise
qui renferme tellement de polypiers de la famille des Scyphia
qu'elle en a pris le nom de çi|lcaite à Scyphia. Ce banc dénote déjà
une mer plus profonde; puis viennent des couches marneuses ne
contenant que de rares débris organiques, dépôts d'une mer plus
profonde encore.
Ces faits prouvent qu'après le lias la pier s'est retirée jusque
vei*sles bords du Rhône, puisqu'au conunencemeqt de l'époque
oxfordienne elle s'est prog|*ei^iveiuen^ rapprochée de nouveau
des Alpes jusqu'aux limites que j'ai précédemment indiquées,
linûtes dap^ le^uelles ell^ s'est longtemps, l)ien longtemps, main-
tenue, comn>e le démontre la puissance des dépôts.
Sur l'oxfordieu de la grande xpne qui enceiut les Alpes man*
quent les assises corallieunes, et les assises kiméridgiennes ne se
mouti'cut qu^ sur un espace asses restreint entre le Ghablais et le
lac de Thun, avec des caraotèret littoraux qui prouvent qu'après
88& sftÂNCi DU 6 MAI 4802..
la période oxfordienne il y a encore eu un moa^enienC de recal
de la mer, et que la région des Alpes occidentales s'est de plus en
plus élevée.
Dans la région orientale, le premier soulèTement des Alpei
paraît un peu plus ancien. On a vu que les assises du lias infërieiir
et du lias moyen et supérieur offraient en Lombardie tous les
caractères d'assises littorales.
En Vénétie, Fépoque oolitliique offre des caractères encore plus
continentaux. Les assises de cette époque contiennent des couches
de charbon et une flore abondante. Au-detsus Tiennent les assises
oxfordiennes avec les caractères littoraux.
A partir du lias, on peut dire que toute la région centrale des
Alpes a été émergée et qu'elle s'est successivement ëlevée de plus
en plus ; aussi voit-on sur *soq pourtour les limites de la mer
s'éloigner continuellement et les terrains se disposer en retraits
successifs de plus en plus distants du centre.
7. — Crétacé,
A. Néocomfen, — Sur le calcaire à Ammonites oxfordien de
Yénétie se trouvent des couches d'un calcaire compacte blanc, i
cassure concholde, désigné dans le pays, à cause de sa couleur,
sous le nom de biancone. Cette assise , grâce aux travaux de de
Zigno (i) est classée sans conteste dans le néocomien. En effet, oa
y trouve entre plusieurs autres espèces assez communément :
Sphcnodiis Sabauditinus^ Pict.
Belcmnitcs laius, Blainv.
— biparti ttts, Blainv.
Ammonites subjîmbriatus^ d*Orb,
— Tethys.à'Ovh,
— cryptoceras^ d'Qrb.
— Astierianus^ d'Orb.
Crioceras Duvalii^ d'Orb.
— Emericif d'Orb.
Aptychus Didayi^ Coq.
— angulicostatus^ Plot, et Sow.
Les calcaires blancs du biaucone conservant leur physionomie
propre passent en Lombardie, en traversant le Tyrol italien.
Allais, au delà du lac de Garde, ils changent de nom. Ils prennent
(h) De Zigno, Méntoirc sur le terrain crétacé de f Italie scpientrio» ■
nalcy 4 846, et Nouvelles obserpations^ 4850.
NOTK Dl II. DB MOETILLKT. 885
celui de maioiicaj etleur classificaliou géologique se trouve encore
contestëe.
D'après Hauev une partie peut être considérée comme apparte-
nant au jurassique, mais la plus grande portion, ou pour mieux
dire presque tout Tensemble, doit être rapporté à la période cré-
tacée. Cependant, dans sa carte de Lombardie, Hauer sépare encore
la maiolica du néocomien.
Avant ma Note {géologique sur Palazzolo et le lac fl'Jsro^ 1859 (1),
les géologues lombards regardaient la maiolica comme faisant
partie du jurassique et servant seulement d*époque de transition
avec le crétacé. Pour éclaircir la question, la Société italienne
des sciences naturelles résidant à Milan résolut en 1860 de faire
une excursion aux environs du lac d'iseo. Dans le compte rendu
de cette excursion, Giovanni Omboni (2) dit qu'à Capriolo il y
a divers calcaires blancs néocomiens et un calcaire blanc avec mé-
lange de fossiles néocomiens et jurassiques, et que tous ont été
confondus ensemble sous le nom de maiolica, nom local qu'il a
proposé d'abolir. Il serait bien à désirer que le vœu exprimé pour
la maiolica, par Omboni, soit réalisé non-seulement pour ce nom
lombard, mais encore pour tous ces noms locaux qui viennent
encombrer la science et sont cause de nombreuses erreurs, par
suite de fausses applications d'un sens trop peu défini, ou d'une
valeur trop générale. Rien que dans ce petit travail, on a pu voir
la confusion occasionnée par les mots : verruauio, oolithe^ rosso
amuwnitico.
Voici en partant d'en baut la coupe de la maiolica de Capriolo
que j'ai étudiée avec le soin le plus minutieux et que j'ai visitée à
diverses reprises avec Studer, Mérian, Desor, Cornalia, Stoppani,
A. Villa, Omboni.
(4) Bull. Soc. gêoL, V sér., vol. XVI, p. 888.
(2) Omboni, Gita geoh^ica net clintorni del lago (flxeo jatta nei
giorni^ 4 et 5 st^ttembre ^860, dai sîgnori Morlillet^ Cornalia , Stop'
paniy Villa Antonio e Omboni,
886 sfiAHCB BU 6 lÂi 1862ft
/Au nWeau de 3 mètres enTJron de la partie aapérienra, Âpif-
I chus iin^nUcnstnttis^ Pict. etSow., 4 mètre à la chapelle dM
I Morts.
I A celui de 35 à 36 mètre;), lits ^ Apiychiis contenaot pir
I milliers les A. PUtet'uinna^ Mort., A. Serranonis^ Coq., i.
2'| Mortilletiy Pict. el L., A, /)ffiayi\ Coq. y évèc nombreux
Rhynchotcuth'.s Sabnudianus et Qn&nstedff^ Pict. et L.,
gl Belcmnites latiis, Blainv., 4 exemplaire» B. hipartitÊi,
^ I Blainv. , 4 exemplaire, Ammonites du groepe dea uaguli-
^ I costatns, 4 exemplaire, traces de polypiers; tonte cette fauM
o I est en bas du mont Saint-Onafrio aa niveau de la plaine.
► iDe 45 à 50 mètres, couches avec géodes siliceuses affectant les
0 I formes les plus variées au point où le Monte Alto se relia
^ I par la base au Monte San-Onafrio.
1 K A 60 mètres, ancienne carrière de marbre sur le chemin qei
n \ suit la base du Monte Alto. 4 Ammonites snbfimhtintuÈ^
d Orb. 4 A, du groupe des Astierinnns^ 4 petite acéphale,
4 Terrbratula tetroalra^ 4 AptychnSy en si mauvsis élit
« I qu'on ne peut reconnaître d'une manière sûre si c'est VA.
2 I MortilUit^ Pict. et L. ou une forme de VA. Ifnnelioms^
g ■ Park
c I De 72 à 75 mètres, partie inférieure de ta maiolica sur lé
chemin qui suit la base du Monte Alto et va à Adro. 7 à 9
£ ï Aptyrhus Itimrlhsus, Park. ; 4 Aptychms du groupe dsi
Dtffnyi, Coq., même niveau vers le sommet de la monta|soo
sous une ruine; 2 Aptyrhus lamcUosus, avec le dos en partie
pointillé. Ces deux forme.< de /tirttrllosnx sont identiques avec
\ des formes provenant de Toxfordien parfoitement caractérisé
\ de Lemene près Chambéry.
Cette coupe monti-c que dans tout le haut de Tassise jusque bien
au-dessus de la moitié la faune est entièrement néocoinienne.
A 15 mètres (ic la surface inférieure, ou à 60 mètres ati-dessoos
de la surface supérieure, la faune est encore très nettement néoco-
mienne, comme le prouvent les Ammonites. Il y a un Aptychns
douteux qui peut aussi bien se rapporter au néocomien qu*à Tox-
fordien, et une Tcreh^^atula triangulaire qui se trouve partout sur
le versant italien des Alpes dans les deux terrains ainsi que le
type percé au milieu, soit Terf^bratnla dyphia ou dyphioides. Ce
nVst qu'à la partie tout à fait inférieure qu'on rencontre en cer-
taine abondance des Aptychus de forme oxfordienne, mais encore
mêlés à une forme néocomienne.
Près de Sarnioo, sur le bord du lac, il y a aussi une puissante
assise de maiolica; à sou sommet, à la Furcclla, j'ai trouvé un
Aptyrhus Strranonis, Coq. ; à sa base, à Cadé, j'ai recueilli cinq ou
six Aptychus lamcUosus,
NOTE DB M. DS MORTILLÏT. 887
Entre Givio et Ligornetta, près Mendrlsio, on rencontre aussi
les couches i*o(iges oxfordiennt'S à ^ptjchus iatus et lamellosus^ en
contact avec la maiolica. A la base tout à fait j'ai trouvé dans la
maiolica plusieurs y^/^O^^/ij du groupe des lamethsus Tonnes oxfor-
diennes, à !2 ou 3 mètres au-dessus du point de contact ; dans des
parties encore parfois maculées de ix)uge^ j'ai recueilli un grand
Aptychux de forme néocomiennc.
Stoppant possède dans sa collection
Ammonites tatricus.
— plicatiiis^ Sow.
Aptychus lamellosus, Park.
Terebratula tetraèdra.
tk-ouvées ensemble dans une couche à la base de la maiolica de
Fraschirolo.
Ces diverses citations tendraient à prouver que non-seulement
rassise généralement rouge de Toxfordien lombard peut à sa partie
supérieure passer à la maiolica, calcaire blanc compacte, mais que
dans les couches de ce calcaire il y a, surtout à la partie inférieure,
un mélange de fossiles des deux époques. Malgré tout cela, l'en-
semble de la maiolica me parait devoir être rapporté au uéo-
comien.
Ce néocomien de Yénétie et de Lombardie, par sa faune et on
peut même dire un peu par sa composition et sa manière d'être^
se rapporte tout à fait au néocomien alpin du versant occidental
de la chaine, tel qu'il se rencontre dans le groupe du Stockhorn,
canton de Berne, et aux Voirons, près de (»enève, où il a été si
bien décrit par F.-J. Pictet et de Loriol (1). Ce faciès alpin du néo-
comien se reti'oove dans le Daupliiné et le midi de la France
ju^ue dans les Alpes maritimes ; mais dans ces régions il alterne
plus ou moins avec le faciès ordinaire du néocomien, comme
Charles Lory Ta constaté pour le Daupliiné.
B. GauU ou grès vert, — Le grès vert existe en Vénétie, mais,
comme ses couches ont la même composition que celles de l'assise
inférieure, le néocomien, et de Tassise supérieure, et qu'elles sont
très pauvres en fossiles, il est fort diflicile de le reconnaître. II se
compose de calcaires blancs plus ou moins marneux.
Soupçonné par de Zignodans le Yicentin, il a été retrouvé par
(4) Pictet et P. de Loriol, Description des Jossiics du terrain
néocomien des Voirons, 4 858, dans Mutèriaux pour la paiéonto"
iogic suisit.
888 SfiANCB DU 5 KAI 1862.
Mtiss»lon{;o dans le Vëioimis. IMaisalongo, en effiet, a^a il recueilli
à Tri{}na{^o ime AmnwnUvs Mayorianns^ de Luc, anez douteuse et
une Jitimonites mnmUlutusy Sclil., très bien caractérisée. En lftâ9.
guidé |»ar Alassalongo, oUnt allé visiter la localité avec leuvant
auteur de la Dcsaiption drs mollusques Jossiles du grés vert rf«
environs de Genève^ F.-J. Pictet, nous avons rencontré une Jmmo-
ni tes inflatus^ Sow., de déternû nation certaine et une jémmoniiet
latitlorsatus en bon état. Ces quelques foasilea suffisent pour uioo-
trer qiio le grès vert se trouve sur le versant italien des Alpei
comme à la Perle du Riiône et dans les Alpes de la Savoie et de
la Suisse ; senlenietit la rnchc est toute différente et les fossiles sont
très rares. En Italie ee sont des uiaroes calcaires blancliei fort
pauvres en fossiles. Sur le versant français et suisse ce sont des
sables ou grès grisâtres comme à la Perte du Rhône, k Rencurel
dans risèrr, sur plusieurs points des Alpes maritimes, ou bien des
grès et calcaires noirs comme dans l'intérieur des Alpes safoi-
sienues et suisses ; niais presque partout les fossiles abondent.
En Loud>ardie je ne sache pas qu'on ait encore trouvé de fos-
siles du gault; néanmoins stratigraphiquement Passîse déniâmes
cale.'iires plus ou moins blanches qui se trouvent, à Capriolo,
entre le néocomien et les grès, soit enti*e la Chapelle des Alorts
et celle de San Ouafrio, ainsi qu'au bord du lac Iseo, la même
assise de marnes calcaires entre le néocomien de la Foroella et
les couches de poudingue et de grès des carrières de Sarnico me
paraissent devoir se rapporter au gault dont elle occupe la place;
malheureusement on n'y a point encore rencontré de fossiles,
C. TuronieRy craie chloritée, — Dans la Vénétie on trouve
au-dessus du néocomien une assise calcaire de couleur habituelle-
ment blanche ou grisâtre, souvent avec des points apathiques qui
lui donnent un aspect cristallin, parfois oolithiqueet même pisoli-
thique, parfois aussi toute composée de débris de coquilles ou de
fragments calcaires et devenant une véritable bi'èche ou luma-
chelle. On y rencontre dans certains endroits, surtout près du lac
de Sauta Cix)ce, des fossiles très bien conservés parmi lesquels se
trouvent :
Jcteonelln grgantea^ d Orb.
AcU'on ovum^ d'Orb.
Hippurites cornu^vaccinum^ Broun.
— organisons^ Desm.
— S'g^^^''^i d'Orb.
Radioliics angeiodes^ d'Orb.
Cette assise très développée dans le Belluuais prend encore une
NOTE DB M. DE MORTILLBT. 880
plus grande extension et une plus grande puissance dans le Frioul
et au delà vers Test. Le calcaire devient plus compacte. 11 est tou-
jours riche en rudistes, mais ils sont difficiles à extraire. C'est bien
là une faune appartenant à la ci aie ciiloritée ou turonienne. On la
retrouve :
Jcieoneila gigantea^ d'Orb.
Hippuiites cornU'Vaccinuniy BronD.
— organisons^ Desm.
dans un poudingue noirâtre, à élëments plus ou moins gros,
exploité à Sirone, dans la Brianza, entre Seccoet Côme. Malheu-
reusement le gisement est recouvert de terre et on ne peut recon-
naître exactement ses relations avec les assises voisines.
Des poudingues analogues à ceux de Sirone existent dans la
province de Bergamc, surtout entre Gorlago et Sarnico. Fedre-
ghini y a rencontré V Hippurites cornu-vaccinum^ dans les car-
rières de Gandozzo. £n suivant ces poudingues jusque vers
Sarnico, on les voit s*appuyer sur les marnes calcaires blanches
que j*ai rapportées au gault, et former la base des grès bleuâtres
exploit^ très en grand au-dessus de la ville. Ces grès n'ont
point fourni de fossiles. Précédemment , d'après leur aspect
minéralogique, les comparant au flysch des Alpes suisses et
savoisiennes, je les avais placés dans Téocène. Maintenant, par
suite d'études plus complètes, je me range à Topinion des
géologues lombards et de Hauer ; je les place dans la craie. Ce
sont évidrmment les équivalents des poudingues de Sirone et
des calcaires à rudistes de la Yénétie.
Cette assise à rudistes n'a pas encore été signalée, que je sache,
sur l'autre versant des Alpes.
D. Craie supérieure sénontenne, — Au-dessus des poudingues et
des grès de Sarnico se trouvent de nombreuses couches de cal-
caires plus ou moins marneux, alternant parfois avec des couches
de grès, le tout blanchâtre ou jaunâtre, contenant beaucoup de
fucoides, et ayant fourni un grand Inocerawus à Fedreghini dans
la carrière de Credaro. C'est l'assise supérieure de la craie, le
représentant de la craie blanche.
Dans la Brianza les frères Villa ont recueilli une belle série de
fossiles de cette époque; il y a entre autres:
Beleninitetla mucronaia^ d'Orb.
Ammonites varions^ Sow.
— rothomagensis, Lam.?
Scap/tiies.
Grands Jnoeeramus,
800 SÉANCE DU b MAI 186S.
La roche se compose de grès calcaires plus où moins dtirs, de
marnes schisteuses, le tout très variable de couleur et de compo-
sition, et affectant plus ou moius les aspectftdu flyscli alpin.
La craie supérieure existe aussi en Vënétie. Je Tai vue à Tré-
gnago au-dessus des calcaires marneux du gault, sans interposition
de poudingues et de grès luroniens. L'assise était toute formée de
marnes calcaires en général très blanches contenant :
Ananchytes ovata^ Lam.
— tubcrculata^ Defr.
Cardiastcr italiens, d'Orb.
— Zig/ioanuSj d'Orb.
Inoceramus,
Cette assise, désignée sous le nom local de scagli/t, se poursuit à
travers toute lu Vénétie, jusqu'au Frioul, avec les mêuies fossiles
plus ou moins abondants. La roche est toujours Un calcaire
a strates très minces, fort argileux, qui passe du blanc au rouge
brique.
En Toscane la craie supérieure a aussi été reconnue. £|le y est
désignée; sous le nom local, assez vague, iXttpielnifurte^ qui indique
spulcment la nature minéralogique d*un de ses éléments. Elle se
compose de l'assemblage le plus varié de roches diverses. Il y a
des couches de grès tlur, très compacte, vraie pictra lorte de grès
plus ou moins tendres, de calcaires purs, partie de Valbcrese^ de
marnes sableuses ou argileuses, de schistes écailieux, etc.
Cet ensemble est caractérisé par :
Ammonites varians, Sow.
— peramplus, MsDt. ?
Scaphites.
Grands Inoccntmus,
Par la nature d'une partie des roches et par la faune le crétacé
supérieur toscan a la plus grande anologie avec celui de la Briansa
près de Milan, A Tex position italienne de Florence, eu 1861,
Strozzi et Villa avaient exposé chacun une partie de ieuis fos-
siles et les deux montres se trouvaient en regard. Ou aurait dit
qu3 cVtait la faune d'une même région, des mêmes couches.
Ce qu'il y a de plus curieux dans ce rapprochement, c'est que,
dans les deux localités, il y a enchevêtrement des couches créta-
cées avec les couches éocènes ou nummulitiques, et qu*îl est très
ditiicile de les distinguer, d'autant plus difficile qu'elles paraissent
avoir un certain nombre de fossiles communs.
£n traversant les Alpes on retrouve la craie supérieure sur le
NOtB DK M. DB MORTILLBT. 801
versant français. Elle est très bien dé^loppëe en Savoie, C'est un
calcaire qui passe du noirâtre au blanc, suivant qu'il est plus ou
moins rapproclif^ de l'axe central. Parfois il prend <ies teintes
jaunâti^s. Il devient aussi quelquefois marneux ; on y trouve, sur-»
tout k Entremont près Ghambéry t
Bi'lemniteiia /fiucra/Mtn, d*Orb.
Janira quatlricostntti^ d'Orb.
Spondjrlus spinosus,
Juanchyies conica, Agass.
— ovtita^ Lam.
Mfcrasecr cordattis^ Àgass.
Grands Inoccramus,
Cette assise calcaire s'étend le long des Alpes suisses où elle a
éiè désip,née par les g<^ologiies du pays sous le nom de calcaire de
Scevcn. On retrouve aussi la craie supérieure avec de nombreux
fossiles dans les Alpes maritimes.
E. Co/jsfdéralic/iv philosophiques ci histoiiqucs — Un fait <k'8
plus intéressants au point de vue plnlosopliique est celui du pas-
sage continu qui semble exister en Italie entre l'époque o\for-
dienne et l'époque néocomienne. Sous le rapport stratigrapbique
les sédiments se continuent d'une manière régulière entre les
deux époques sans qu'il soit possible de reconnaître un point de
séparation, une altération, une action intermédiaire même des
plus légères.
Sous le rapport minéralogique on voit le calcaire blanc com-
pacte de la maiolica descendre sur certains pofnts jusque dans les
couches positivement oxfordiennes, comme à Frascbivolo. Ailleurs
ce sont les dépôts rouges oxfordiens qui se prolongent jusque
dans la maiolica et qui viennent alterner avec elle et les marbres.
Sous le rapport zoologique, j'ai montré la faune oxfordienne
s'enchevêtrant avec la faune néocomienne.
Si ces deux terrains étaient d'époques se suivant immédiate-
metit, il n'y aurait i-ien là de bien remarquable; ce serait un
exemple de plus du passage d'espèce^ entre deux faunes succes-
sives, passage dont leé exen^ples deviennent tous les jours plus
nombreux et qni prouvent que la disparition et la réappàvition des
espèces se î^ont faites progressivement et successivement, au lieu
d'avoir eu lien d'une manière subite et complète, comme on l'ad-
mettait précëilemnient.
Mais i'oxfordien et le néocomieu sont séparés par pltlsreiu's
époques, époques corallienne, kimméridgienne, portlandienne,
892 SÊANCB ou 6 MAI 18b2.
qui sur certains points, la France, rAngleterre, une partie delà
Suisse, etc., sont très tranchées, bien caractérisées.
Il paraitrait, s'il est vrai, comme tout le Fait présumer, qu*il y a
passage et continuité de formation entre l'oxfordien et le néoco-
mien, il paraîtrait, dis-je, que les faunes géologiques n'ont pas une
égale valeur. Il en serait de premier ordre qui ont pu se continuer
et se lier ensemble sur un point du globe préservé des actions
modifiantes, tandis que des faunes de second ordre se renouve-
laient et se succédaient sur d'auti*es points du globe moins calmes,
soumis» des actions actives. C'est ce qui aurait eu lieu concernant
la faune oxfordienne du nord de ritalie. Elle se serait conservée
en Lombardie jusqu'à IVpoque néocomienne, tandis que sur le
versant opposé des Alpes qui déjà s*élevaient au-dessus de^i mers,
une série de causes particulières aurait fait varier la faune au
moins trois fois entre deux.
8. — Tertiaire,
A. Éocène, — Le mot /////////)(//#7/V/f<r doit être écarté parce que
lesMummtilites ne semblent plus aussi bornées dans leur liorizon
qu'on le cmyait. Sans parler de quelques personnes qui préten-
dent en avoir trouvé avec des fossiles crétacés, il est certain qu'en
Italie elles s'élèvent au-dessus du vrai terrain à Nuramulîtes. Il en
existe en Piémont, par exemple, jusque dans le uiéocène moyen
bien caractérisé.
L'éocène du versant italien des Alpes, avec ses riches gisements
de mollusques de ftonca et de Ca8tel-(iond)erto, de crustacés et
d'échinides des environs de Vérone et de Scliio, de poissons et de
plantes du mont Bolca, est trop connu pour qu'il soit nécessaire
de le décrire. Je ferai seulement remarquer qu'il a tous les carac-
tères de dépôts éminemment côtiers, et que pouitant il se trouve
toujours très à l'extérieur de la chaîne des Alpes, beaucoup plus à
l'extérieur que la craie qui pourtant a un faciès moins littoi-al. On
voit qu'entre l'époque éocène et les époques crétacées il y a eu un
mouvement de recul de la mer très prononcé.
Il n'y a pourtant pas eu de mouvement violent, de révolution
entre la période crétacée et la période tertiaire, car ces deus
périodes sont intimement reliées l'une à l'autre par des couches de
transition. De Zigno cite (1) en Yénétie, « où fmissent les couches
(4 ) De Zigno, Prospetto dei terrent sedimentarii del Veneto^ K 858,
p. 9.
NOTB DB M. DB MOBTILLBT. 808
do la scnglia et commencent le terrain tertiaire, un banc de cal-
caire marneux gris , parfois roussâtre, qui contient un grand
nombre de coraux et de Tërébratules, et qui passe supérieurement
à un grèscalcarifère aveclNummulites. Ce banc qui, par la présence
d'une Térébratule assez voisine de la Rhync/tonella incurva^ d*Orb.,
et par sa position, rappelle le terrain danien, semble constituer une
espèce de terrain de transition qui participe des caractères des
deux fornialious crétacée supérieure et tertiaire inférieure, con-
tenant sur certains points mêlées aux Nummulites des aiticu-
lations d'un crinoide qui ne peut être rapporté qu'au Bourgueil^
crinus ellipticus^ d'Orb., de la craie. » J'ai vu grand nombre de ces
articulations si caractérisées par leur forme particulière, et n'ai pu
les distinguer de celles de la craie, cependant d'Arcliiac, auquel
j'en ai remis, m'a assuré que ce sont deux espèces différant par le
calice, assertion que je n'ai pas pu vérifier.
Le mélange de faune et de flore s'observe d'une manière encore
plus évidente dans la Brianza et surtout dans la Toscane. On ren-
contre une série de fucoides et de zoopliytes qui paraissent com-
muns aux deux époques. Ils sont accompagnés de formes animales
appartenant aux Reticniiporeij Nemertilites^ Ampldtritcs? etc., qui
se trouvent aussi plus ou moins dans la craie à Inoccranius et
Ammonites et dans les assises à Nummulites. Cependant ce mélange
pourrait bien être moins complet qu'on ne l'admet, ainsi que
tendent à le. faire croire des études minutieuses que je viens de
faire aux environs de Pistoja (1).
Le mouvement d'élévation du sol, en Italie, pendant l'époque
éocène, peut être dû, en partie, aux actions» volcaniques qui se
manifestaient alors dans le Vicentin et le Yéronais. En effet, les
coucbes contenant la faune et la flore éocène, non-seulement
sont coupées par des flions ou dykes de roches volcaniques, mais
encore contiennent de nombreux fragments de ces roches. On
les voit associées à des bancs plus ou moins puissants de pépérino,
avec lesquels elles alternent.
Les roches éocènes se retrouvent au lac de Garde entre Decen-
zano et Salo, en Brianza et jusque vers le lac Majeur entre Va-
rèse et Sesto-Calenda.
On ne les retrouve plus dans le Piémont au pied des Alpes.
Elles ne se montrent que vers le milieu de la plaine du Pô, aa
pied des collines qui dominent Casale. Puis au-dessus de Cunco,
(1) Gabriel de Mortiilet, Note sur le crétacé et le nummuU tique tics
environs de Pistoia^ 4 861 ( //// Soc. Ital, sci, nat.).
89Â SâANCB DU 6 VAl 18tt3,
dans la vallée de la Stura, eiitie les Alpea marmaies et !• groupe
du nioDt Viso. Elles remoatent loute cette v^Uëe et peenmt en
France dans la vallée de TUbaye, près de Barceloo nette (Besiet-
Alpes). De là, se dirigeant au midi, elles occupent la perti^ sapé-
rieure de la vallée du Yerdou, et par celles du Var et de TEsté-
ron, elles se répandent dans la partie basse des Alpea niaritîinet.
Du côté du nord elles passent dans les Hautes -Alpes, au-dessus
. dTinbrun, et se dirigent, par le col de TElcandar, juaqu'aox
Aiguilles d'Arves et en Maurienne, où elles oot été sigualées,
grâce à de hautes considérations géologiques, par hutf, et dé-
montrées au moyen des fossiles découverts par J.-F. Coche.
Puis à partir des Bauges, au norii-est de Chambéry, elles for-
ment une ligne à peu près (continue tout le long des Alpes jusqu'à
Vienne en Autriche.
En Lombardie, les couches éocènes reposent avec un simple
mouvement de recul sur la série régulière des terrains intérieurs;
mais dans la vallée de la Stura et dans la Maurienne, dans la
majeure partie des Basses et des Hautes^- Alpes, elles reposent
directement sur le lias alpin. Dans les Alpes maritimes, la ligne
des Bauges aux frontières de la Suisse etoe dernier pays, au moins
pour un grand nombre de points, on les voit terminer comme en
Lombardie la succession régulière des terrains antérieurs.
Sur le versant français, le terrain éocène contient de nom-
breuses foriiialions littorales; mais, fait important, ces formations
littorales, au lieu de se trouver en dedans de la ligne des Alpes, se
trouvent en dehors, du côté de la plaine. On peut citer les couches
à fossiles littoraux de Faudon, les lignites et fossiles de Saint-
Bonnet, dans les Hautes- Alpes, les couches fossilifères et les in-
dices de lignite du désert en Bauge, les lignites d'Ëntreocoifrs^
du Pctit-Bornaud, de Perunut en Savoie, les lignites et fossiles
littoraux des Diablerets, canton de Vaud, etc.
Hébert et Renevier (1 ) ont montré que la faune de ces couches
littorales du versant français des Alpes avait une grande analogie
avec celle de Ronca et de (lastel-Gomberto dans le Véronais. Ib ne
se sont occupés que de Tensemble de la faune italiennpe; mais
s*ils eussent comparé les fossiles français avec ceux qui se trou-
vent dans les marnes à lignite de Pu lé, val d*Agno, ils auraient
trouvé une similitude presque complète. Ces marnes à lignites
occupent la base du calcaire à Nummulites.
(1) Hébert et Renevier, Description des fossiles du terrain num^
muiitique supérieur des environs de Gap^ des Diahlerets et de quel^
yues localités de la Savoie,
NOTB DE M. DR MORTILLBT. 80&
Les calcaires nuininuliltques de Savoie, coiiiinc ceux de Tliônes,
par exemple, contiennent une grande Huître \rè8 épaisse, Ostrea
gigantira, Brand, qu on re^'ouve aussi à Casiel-Gomberto, sous
le mont Veraldo.
Dans les Alpes françaises, le nuinniulitique s^ëlève à de trçs
grandes hauteurs; on le trouve à 3162 mètres dans le bassin de
la Durance, au nord d'Embrun, à 3500 mètres aux Aiguilles
cl'Aryes, près de 3aint- Jean-de-Maurienne, à 2750 mètres ^ TAi-
(^uille de VVacrus, près du mont Blanc, er à 3000 mèti*es aux Dii^-
blerets, canton de Vaud, tandis qu'en Yénétie il ne dépasse pas
500 mètres et qu'il ne les atteint pas en Lomb^rdie et dans |^
plaine du Pô.
B Mfotènt'. — En Vénélie, à l'épcène proprement dit font suite
des conciles puissantes qui ont encore certains caractères nummu-
litiqucs, qui contiennent, par exemple, desOperculaires et mén^e
de vic^ies Nummulites. C'est ce que IVlassaloiigo noii)ine oligocène
ou couches à Aiitliracothcrium. Il en est qui sont très riches çn
poissons et en végétaui^ fossiles» comme à Cliiavou^ Salcedp,
Movale, etc Ces couches correspondent à une partie des inoljas^
d'eau douce inférieures de la Savoie et de la Suisse, Crempigny
près de ^eyssel, Kochette, Rivaz pics de Lausanne, et doivent êti'^
l'apportées au miocène inférieur.
Celte subdivision oligocène est recouverte par de nombreuses
couckes de sables et niarnes alternant avec un très grand nombre
d'assises de poudingue. Le fossile le plus caractéristique de cet
ensemble est Y 0.\trea iangirostris, Lam., qui forme parfois des
bancs entiers. On trouve aussi bon nombre d'autres espèces mio-
cène.'., et vers la partie supérieure ces fossiles semblent apparie*
nir au pliocène, luais la division lies deux tcriains est très diffi-
cile à établir, aussi Ménéghini et Hornes ont-ils proposé de les
réuiiir sous une même dénomination, nèocèiie,
£n LpMihardie le miocène p'a été caractérisé nulle part; cepen-
dant il existe près de Brcscia, de Coccaglio, de Côme, de Sesto-
Calende. des monticules où Ton voit des assises de poudingue
alterner avec des couches de marne et de grès, ensemble qui a
tout à fait l'aspect de la p.vit^' supérieure du néocène véni-
tien et qui pourrait bien être de la même époque, comme semble
aussi l'indiquer sa position. IVIais aucun fossile caractéristique
n'est venu donner une date certaine à tous ces monticules, si riches
en poudin^'uo^. La ^ule chose qu'on peut dire, c'est qu'ils sont
certainenient postérieurs aux vraies couches à Nummulites.
£d Pi(>moot le vrai migcène n'existe pas (c long des Alpes.
806 SfiANCK DU 5 MAI 1862.
Pour le liouvcr, cotnme pour IVoctne, il faut aller vers le milieu de
la plaine du Pô, aux collinesqui longent le (Ibuve, ou Ters rApenoÎD.
Le versant français et suisse et même le veisant allemand des
Alpes sont coniplëtement dépourvus de miocène. On ne le tnmve
qu^au pied de la chaîne, tout à fait en dehors, on il a*ëtale large-
ment dans la plaine. Cest ce qu'on a daigné aoaa le nom de for»
mation de la mollasse.
Cette formation contient aussi, surtout vers son contact avec la
chaîne des Alpes, des assises nombreuses et puissantrs de poudin-
gues. Il suffit de rappeler que le Righi, qui s*élève à pliia de 1300
mètres au-dessus du lac des quatre cantons suisses, en est à pea
près entièrement composé.
A Textrémité orientale des Alpes en Vénétie et en Styrie, il y a
passage et concordance de stratification entre les couches éocènes
et les couches miocènes; mais il n*en est |K>int ainsi sur le vemnt
français, suisse et bavarois. En Suisse, Studer a vainement cber«
ché une section oflrant ce passage et cette concordance. Dans le
Daupliiné, ces deux terrains semblent même ne pas se trouver
en contact.
C. Pliocène. — Si le véritable pliocène se dessine mal en Véné-
tie, on le trouve très bien caractérisé en Lombardie, sur trois
|>otnts, le long de la hgne des Alpes : Castenedolo, dans la plaine
près de Hrescia, Ncse, indiqué par Curioni, au nord-nord -est de
Bergaine, et la Folla d'Induno près de Varèsc. Ces gisements
non-seuK'ment offrent les fossiles, mais au^8i les sables et argiles
propres à la formation suhapennine. Leur nature pliocénique ne
saurait donc être mise en doute.
En Piémont, entre le pliocène classique de TAstésan, on ren-
contre plusieurs lanileanx de ce terrain le long des Alpes, entre le
lac Majeur et les environs d*Ivrée.
Ce terrain étant très meuble et tout à fait superficiel a été dé-
nudé dans d'immenses proportions; c'est pour cela qu'on ne le
retrouve que par lambeaux.
Bien que près des Alpes, il ne renferme que peu de couches
à cailloux, j*en ai reconnu quelques-unes au bord de la Chiusella,
en face de Strambinello, ))rès d^Ivrée. Il y avait aussi là des hois
flottés formant lit de lignite, ce qui prouve que c'était un rivage.
Dans tous ces lambeaux aussi bien que dans l'Astésan, les
coni-lics sont pour ainsi dire horizontales. Si elles ont éprouvé
un scuilèvement, il est très faible et maintenant peu sensible.
Sur le versant français, le pliocène fait complètement défaut.
31 aigre mes recherches, je ne Tai pas rencontré en Savoie et dans
NOTE DE M, DE MOIITILLET. 897
le département de Tlsère. Les couches tertiaires qui liront paru
les plus récentes sont celles qui se trouvent à Pommiers, près de
Voreppe, contenant, au milieu d'assises puissantes de poudingues,
des couches de lignite et des bancs d'argile ou de grès. Les argiles
supérieures au lignite m'ont fourni deux échantillons de Cerithium
assez bien conservés pour ne laisser aucun doute sur leur identité.
Je les ai comparés avec de magnifiques séries miocènes et pliocènes
de Piémont, des Apennins et de l'oscane, et avec des séries très
belles aussi du bassin de Vienne et de Bordeaux. J'ai reconnu le
Ccrit/iittm papaveraceunit fiast., qui se trouve identique dans le
miocène supérieur de Vienne et le miocène moyen de Bordeaux,
et qui est très voisin du C. tricinctum^ Brocchi, de toute la zone
miocène du Piémont, et dont le type original se trouve au musée
de Milan. L'autre espèce est le €• Dttiwi.ui\ liorn., en tout sem-
blable à la figure donnée par cet auteur et à un échantillon du
miocène supérieur de Vienne, qu'il a envoyé à Michelotti. Gas-
taldi Ta recueilli dnns le miocène moyen de la colline de Turin.
Cette espèce se rapproche du C. iigriita/um^ avec lequel on le
confond souvent, qui est aussi de la zone miocène. Ces fossiles
sont caractéristiques ; les couches supérieures de la mollasse de
l'Isère sont donc bien miocènes.
D. Etat oro^rapliîqite. — Sur le versant italien des Alpes il
semble qu'il y a liaison intime entre les dernières couches créta-
cées et les premières couches éocènes. Il y aurait eu continuité de
dépôt et par suite passage graduel. Aussi sous le rapport physique
et minéralogique est- il très difficile et même parfois impossible
de distinguer les couches de chacune de ces formations. Sous le
rapport zoologiquc et botanique, il semble aussi y avoir passage.
Il est des plantes et des animaux qu'on retrouve dans les couches
contenant des Ammonites et de^ Jnoceramus et dans celles conte-
nant des Nummnlites,
En Vénétie et en Lomhardie, par suite de rexhaussement lent et
continu du centre des Alpes, la mer éocène a continué le mouve-
ment de recul commencé aux époques précédentes.
Mais en Piémont il y a eu abaissement du sol des Alpes entre
le massif de Tende et celui du mont Viso, de sorte que la mer
éocène du versant italien est allée rejoindre la mer du versant fran-
çais, entre Goni et Barcelonnette.
;;,^ G est cette réunion des deux mers qui fait que la faune éocène
des deux versants est beaucoup plus semblable que celle des ter-
rains antérieurs.
L'abaissement d'une partie du sol des Alpes s*est produit sur
Soc. géol,^ 2* série, tome XIX. 57
898 sÊAiffE Di' 5 MAI 1862.
une {;rniu1c échelle dans le versant français, de aorte que la mer
éocène a recouveii des surfaces qui étaient émergées depuis
l'époque oxfordieiuie et même depuis le lias. C*esc ainsi qu'elle a
pénétré dans les territoires de Rarcelonnette et d'Embrun, dani
le Briançonnais et la Maurieune.
Ailleurs, comme dans les Alpes maritimes, dans la ligne qui n
des fiau{;es à la frontière suisse et dans ce dernier paya, elle est
restée dans les bassins (|ui ont reçu les dépôts des dernières nien.
Cependant ces ha^sins se sont resserrés par le soulèvement de la
partie extérieure des Alpes. C'est ainsi que la craie supérieure a
laissé ses dépôts dans le massif de la Chartreuse et que le nununu-
litiquc n'y a pas pénétré. Il en est de même pour la continuation
de cette cli.ime à travers le Dauphiné.
Après Tépoque èocène il s'est opéré un mouvement en sens
inverse au mouvement de bascule. La région précédemment
occupée par la mer s*est ei^haussée et mise à sec d*une manière
définitive, tandis que la ré[;ion, alors à sec, s*est aOaissée progres-
sivement ; elle a d'aboi d été oiTupée par des eaux douces, ce qui
adonné lieu aux dépots de la mollasse d*eau douce inférieure;
puis elle a été envahie par lu mer qui a déposé la mollasse ma-
rine ; l'ait très remarquable, presque nulle part les dépôts de ces
deux époques ne se trouvent superposés sur le versant français et
suisse. Ils ont occupé des ré(;ions tout à fait distinctes.
Sur le versant op|K)sé, le versant italien, au contraire, la suc-
cession de Téocène et tiu méocène s'est faite régulièrement et sans
perturbation violente ; aussi les deux dépôts occupent les mêmes
ré[;ions.
Cet énorme mouvement de bascule n*a pas pu se faire sans de
grandes perturbations : aussi les dépôts miocènes contiennent-ils
des a^si.ses puissantes de poudin{>ues tout autour des Alpes. C'est i
cette époque que les sommets ont dû se dessiner d*uue mauière
majestueuse. C'est très probablement de cette époque que datent
les serpentines des Alpes. En effet, on n*en trouve pas de débris
dans Téocènc alpin, tandis que le miocène du Piémont en est
chargé. La formation du mont Yiso, masse de serpentine qui
s'élève à 3000 mètres, a dii être bien capable de soulever le sol
occupé tout autour par la mer éotrènc.
A la tin de répo4|ue miocène, il y a eu un nouveau soulève-
ment qui a été {;énéral sur le versant français et suisse. La mer du
moUassique a été refoulée pour toujours en delioi*sdc la Provence,
du Dauphiné, de la Savoie et de la Suisse. Ses dépôts se sont trouvés
élevés jusque vers les somnieU des chaînes extérieures des Alpes.
IIOTR DE M. DS «OlTaLW. 899
En même temps (in mouvement d'abaissement avait lieu eh
Piémont, ce qui a permis à la mer pliocène de s'avancer beau-
coup plus avant que sa devancière. C'est ce dernier affaissement
qui probablement a fait que les arêtes cristallines, ordinairement
centrales, arrivent en Piémont jusque vers la plaine.
Dans la Yénétie, au contraire, l.i mer pliocène aurait plutôt
éprouvé un mouvement de recul. La Lombardie aurait tenu le
milieu entre les deux régions.
Pendant l'époque pliocène, il y a eu probablement une péi*iode
de calme, puisque les dépôts de celte époque contiennent pen de
poudingucs. Le dernier grand exhaussement des Alpes a eu lieu à
la fin de l'époque miocène. Cet exhaussement a dessiné les vallées
alpines telles qu'elles se voient actuellement, c'est-à-dire compo**
sées de bassins clos par des rétrécissements avec barrages. Ces
bassins formaient autant de lacs qui peu à peu se sont comblés
par l'accumulation des cailloux entraînés par les torrents; mais,
pendant toute la longue périoile qu'il a fallu pour combler ces
bassins, les eaux amvaient à la mer chargées seulement de limon
d'abord, de sable ensuite ; c'est ce qui fait que les dépôts pliocènes
formés par ces décantations successives se composent d'argiles à la
base, de sable à la partie supérieure, et contiennent très peu de
cailloux.
Le sol s'est ensuite soulevé lentement, faisant écouler la mer
pliocène sans perturbation violente, du moins du côté des Alpes,
et sans altérer sensiblement l'horizontalité des couches.
Alors a commencé l'époque quaternaire.
9. — Quaternaire,
Les dépôts de la période quaternaire des Alpes sont beaucoup
plus simples qu'on ne Tadmet généralement. Ils se montrent dans
tout l'ensemble de la chaîne avec une constance et une régularité
remarquables. Us se divisent en
AlluvioDs aDcienDes,
Dépôts glaciaires,
AlluvioDs récentes.
A. Alluvions anciennes^ — Le soulèvement, qui a fait écouler la
mer mollastique et terminé les dépôts miocènes sur le versarit
français et suisse des Alpes et qui, par contre, a occasionné raftais-»
sèment de la plaine du Piémont, est le dernier mou vérifient violent
qui a donné «ui Alpes leur aspect actuel. G'est aldrs'que se rônt
900 «ÉAHCl DO 5 MAI 1802.-
formëes let grandes vallées avec leur succession de bassins et de
rétrécissements ou barrages si bien décrits |Mir de Saussure.
Primitivement, tous ces bassins devaient former des lacs succes-
sifs. Cest effectivement ce qui a eu lieu comme on peut s'en
assurer par l'étude attentive des vallées. Je me contenterai de citer
pour exemple la plus parcourue de toutes, celle de la Naurîennc,
communication de la France avec l'Italie par le mont Cenis. Sans
descendre de diligence, on peut très bien observer à Lana-Ie-bourg,
en amont et surtout en aval du bourg, les dé|)ôts du lac formé par
le barrage contre lequel est bâti Tliermignon, au-dessous de ce
dernier village et sous l'église de Sollièrcs, les dépôts d*un autre
lac formé par un barrage de gypse et de cargneules, détruit actuelle-
ment, au relai du Ycrnay, les dépôts du lac occasionné par le
barrage du fort de l'Ësseillon, à Modane, en aval du bour^f, encore
les dépôts d'un autre lac.
Les divers bassins des vallées formant lacs se sont successive-
ment remplis de matériaux éboulés des montagnes ou diarriés
par les torrents. En même temps les cours d'eau du fond de b
vallée minaient, usaient lentement, mais d'une manièi'e continue,
le barrage, et en diminuaient le niveau, soit en le détruisant en en-
tier, comme cela a eu lieu au dessous de Soliières, soit en élargissant
une fente et en ouvrant un profond défilé dans le rocher, comme
au-dessus de Tliermignon et au-dessous du fort de TEsseillon.
Le temps nécessaire pour remplir d^alluvions torrentielles tons
les bassins intérieurs des vallées des Alpes a dû être fort long ; c'est
ce qui fait qu*il n'est arrivé que fort peu de ces alluvions dans la
mer pliocène en Piémont, dont les dépôts ne contiennent que peu
de cailloux. C'est aussi pendant ce long espace de temps qu*onteu
lieu dans les plaines du Dauphiné ces grandes dénudations con-
statées par Scipion Gras.
Les vallées une fois comblées et nivelées, les alluvions torren-
tielles des Alpes se sont répandues dans les plaines environnantes
et y ont amoncelé des quantités prodigieuses de débris de toute
sorte à Tétat de cailloux, de gravier, de sable et de limon argileux,
suivant que le point se trouve plus voisin ou plus éloigné des
Alpes, dans la direction du cours d'eau ou dans une position laté-
rale. Au débouché de chaque vallée se formait un vaste cône de
dégorgement très surbaissé, répandant autour de lui les divers
matériaux charriés par zones circulaires de plus en plus ténues à
mesure qu'elles s'éloignaient du débouché.
Sur le versant itcilien les dépôts de l'alluvion ancienne ont en-
vahi toute U plaine après l'écoulement de la mer pliocène.
NOTB DE M. DB MORTILLBT. OOi
Sur le versant français ils sont venus combler les espaces dé-*
nudës par les eaux claires de la période prëcëdente.
Ces alluvions anciennes se composent [;énëralemenl de puissante
dépôts de cailloux et de graviers alFectant la stratification torren-
tielle. Cependant elles renferment surtout dans les plaines des
couches de sable etd*argile. Près de Ghambéry, à la Boisse, elles
sont composées, en allant de bas en haut, d'une puissante assise de
sables fins, surmontée d'argiles bleues et rouges, contenant dn
lignite, le tout recouvert par les cailloux. Ce sont ces argiles qui
renferment les lignites exploités à Sonnaz et à la Motte. J'ai re-
trouvé dans les dépôts de cailloux des pierres impressionnées que
certains géologues avaient considérées comme caractéristiques de la
mollasse.
La stratification est sensiblement horizontale, ce qui montre
que depuis le dépôt il n'y a pas eu de soulèvements violents et
partiels.
Ces anciennes alluvions existent en aval comme en amont des
gi'ands lacs qui bornent les vallées des Alpes. Aux deux extrémités
elles ont les mêmes caractères et se maintiennent à des niveaux
proportionnels. Les cailloux sont ù peu près de même volume,
composés des mêmes roches, dans les mêmes proportions. Ces
roches sont toutes celles qui se trouvent sur les flancs de la partie
supérieure de la vallée.
Pour que ces cailloux, provenant de la partie supérieure des
vallées, aient pu être amenés en aval dts lacs, et cela sans aucune
action violente, puisqu'ils sont tous d'un volume à peu près uni-
forme et de petite dimension, il faut forcément admettre qiie ces
lacs n'existaient pas à cette époque; cette àlluvion n'a pu arriver
dans les plaines que roulée sur un plan incliné régulier. Si les lacs
avaient existé avec leur profondeur de 797 mètres pour le lac
Majeur, 587 pour le lac de Côme et de Lecco, 298 pour le lac d'iseo,
290 pour le lac de Garde, 350 pour le lac de Genève, 32/i pour
le lac de Lucerne ou desQnatre-Cantons, 23/i pour le lac de Thun,
ces grandes profondeurs auraient d'abord été comblées avant que
les cailloux eussent passé au delà ; c'est ce qui certainement a
eu lieu.
B. Dépôts glaciaires. — Sur les alluvions anciennes reposent le
terrain glaciaire caractéristique, ses boues à cailloux striés et ses
blocs erratiques à arêtes vives.
L'étude de ces boues et de ces blocs montre que les anciens
glaciers ont rempli toutes les grandes vallées des Alpes, non-seule-
ment sur le versant nord, depuis l'Autridie jusqu'à la Frapce,
902 flANCB DU 6 MAI 1862.
mais aussi sur le versant sud, comme je l'ai uioocré dans une Carte
des anciens placiers fia tursani Un lien des Alpes (1). On les InxiTe
depuis la vallëe de la Slura de Coui au sud-ouest jusqu'à celle du
Tagliamento à l'est.
Les (placiers de la Stura de Goni, de la IMaira, de la Yaroiu,
de la vallée alpine du Pô, du Pellice, du Chîsone. de la Stura de
Lanzo, de TOrco, de la Susia, de la Breuta, de la Cismooe et de
la Piave ne sortaient |)as de la vallée.
Vj^wTL de la Oora-Riparia, de la Dora-Baltea, de la Toce, do
Tessin, de l'Adda, de TOglio, de TAdi^je et du Tagliamento fiom
venus s'étaler plus ou moins largement dans la plaine. Us ool
laissé au dcboucliê des vallées de vastes moraines terniinalei,
semi -ci reniai reS) formant amphithéâtre, eu général encore par-
faitement conservées.
Le glacier de TAdige s'est jeté dans le bassin lalëral du lac de
Garde, parce que, arrivé à IMori, il a été arrêté par les goi*gestrop
étioites, à parois trop élevées, de la Ghinsa, dans lesquelles a^en-
gage la rivière. On reconnaît en Italie que les glaciers évitaient
les gorges trop resserrées. Ainsi, le glacier de la Brenta, au lieu de
suivre les gorges qui, au-dessous de Priiiiolano, laissent passer la
rivière, s*est étendu sur les hauts plateaux des montagnes, au nord
du côté d'Arsié et au sud du côté des Sette- Coin muni. Le glacier
de la Piave, près de Feltrc, au lieu de s'engager dans la gorge qui
resserre le fleuve, s*est porté du côté de la ville, dans la pisiue
tertiaire.
En Garinthie les glaciers descendaient au moins jusqu'à Kla-
genfurt.
Morlot a cité des blocs erratiques tout près de Vienne prove-
nant de Glocknitz, du côté du Somring.
Les géologues suisses ont parfaitement décrit les anciens glaciers
qui recouvraient tout leur pays, et Esclicr de la Linlh en a donoé
une excellente carte.
Enfin les géologues français ont étudié les glaciers qui recou-
vraient toute la Savoie, une bonne partie du Dauphiuë, s'avançaient
jusqu'à Lyon et occu|)aient une grande partie de la vallée de la
Dura n ce.
Tous les grands lacs de la Suisse, lacs de Gonstance, de Wallen-
statt, de Zurich, de Zug, des Quatre -Gantons, de Sempacli, de
Brienz, de Thun, de Morat, de Bienne, de Neuchatcl, de Genève;
ceux de Savoie, lacs d'Annecy et du Bourget; ceux du nord de
(K) 4 860, 40 pages in-8 et une carte.
NOTE DE M. DB MORTILLBT. 903
rilalie, lac d'Orta, lac 3Iajeur, lacs de Varèse, de Lugano, de
Coinc, d'iseo, de Garde se trouvent, sans excepûoD, dans la rëgioa
glaciaire, ceux d'Italie tout à rextrëmité des anciens glaciers, ceux
de Suisse dans les points où les glaces devaient atteindre leur
maximum d'action. Celte distribution prouve qu'il y aune intime
relation entre les phénomènes glaciaires et les lacs alpins.
Avant la grande extension des glaciers on voit les alluvions,
composées de débris de roches alpines, dépasser la région des
lacs, et se déposer au delà, d'une manière régulière, sans actions
violentes. Les lacs n'existaient donc pas pendant que ces alluvions
se formaient.
Après la fonte des anciens glaciers existent les lacs, tous ren-
fermés dans l'espace qui a été recouvert par les glaces, et placés
généralement vers les points où ces glaces ont dû acquérir leur
maximum d'action.
Il est donc tout naturel d'admettre que ce sont les glaciers qui
ont produit les lacs.
Ce n'est pas seulement par des barrages résultant des moraines,
puisque le bassin de ces lacs atteint jusqu'à plusieurs centaines
de mètres au-dessous du niveau supérieur des alluvions anciennes
qui supportent les moraines.
C'est donc par une action de creusement. Les glaciers affonillant
profondément ce sol meuble, ont déblayé les grands bassins rem-
plis d'alluvions anciennes, et ces bassins après la fonte des glaces
sont restés occupés par l'eau.
Les glaciers exercent une action des plus violentes, sur les terrains
sous-jacents, puisqu'ils rongent et moutonnent les roches les plus
. dures, granités, quartz, quartzites, porphyres. Que ne doivent-ils
pas produire sur des terrains meubles, des alluvions? Tout le monde
sait qu'ils enl rainent les matières meubles dans le sens de leur
marche, comme le prouvent le polissage et le striage des roches en
place, le striage et l'arrondissement successif après de nombreuses
fractures des cailloux contenus dans les boues.
Ces actions devaient se produire d'une manière d'autant plus
puissante aux points où se trouvent les lacs, qu*en ces points
la hauteur de la glace au-dessus du niveau actuel de Teau variait
de 300 à 800 mètres. Chaque mètre carré de surface supportait
donc un poids de 300 à 800 000 kilogrammes. Cette pression
verticale combinée avec une force de poussée encore plus grande
qui agissait dans le sens de la vallée, c'est-à-dire presque horizon-
tale, et qui a été capable de porter à des distances de 50, 75 et
100 kilomètres des blocs erratiques cubant plus de ^00 mètres, a
006 ^tÀNCB DU Ô MAI 1862,
grande, indépeudante de tout ciiiieot. L'alluvioQ récente, au con-
traire, est beaucoup plus meuble, parce qu'elle D*a «ubi aucune
pression.
Cette division si simple du quaternaire alpio en alluvioDs an-
ciennes, dépôts glaciaires et alluvions récentes* qui se reconnaît
partout quand on étudie avec soin, a pourtant encore di:s oppo-
sants. Scipion Gras et Morlot, par atemple , admettent deux
époques (glaciaires. Mais je crois que tout le raisonnement dt
Scipion Gras, comme a clierclié à le prouver Lory et comme il
m'a semblé le reconnaître aussi, s'appuie sur des boues (glaciaires
et des blocs erratiques remaniés. Quant à Morlot (1), il n'a signalé
l'intcrralation de Talluvion ancienne entre deux dépôts glaciaires
que sur un seul point, à la Drance, au-dessus de Thonon (Savoie),
où un petit lambeau de boue glaciaire se trouve au pied d'une
berge d'ail uvion ancienne, supportant un abondant dépôt gla-
ciaire. N'est-ce pas encore là un remaniement? Il s'appuie aussi
beaucoup sur les blocs erratiques de la colline de Turio» signalés
par Martins et Gastaldi et plus tard reconnus par Gastaldi lui-
même pour n'être pas erratiques.
Partout où j'ai observé Talluvion ancienne, je l'ai toujours
trouvée sans aucun mélange de produits glaciaires dans son inté-
rieur. Je l'ai toujours vue reposer directement, soit sur les roches
anciennes, soit sur les roches les plus récentes, sans aucune inter-
position de boue à cailloux striés ou de blocs erratiques.
C'est ainsi qu'en Piémont elle se trouve sur les dépôts pliocènes,
comme on peut le vérifier, entre autres, à la Ghiusella, près
d'Ivrée.
C'est ainsi qu'en Suisse, en Savoie et en Daupbiné, elle repose
sur la mollasse comme on le voit au bord du Rhône, au saut de
Vernier, près de Genève, et au bord du Fier, au pont de Brogny.
près d'Annecy.
10. — Conclusions.
Les conclusions de ce travail peuvent se résumer dans le tableau
ci-joint, qui montre qu'il y a parallélisme à peu près complet entre
les terrains du versant italien et ceux du versant français des
Al(>os. Ce fait, tout simple et tout naturel qu'il est, a pourtant
été, pendant longtemps, contesté et il Test encore par des géo-
logues d'un vrai mérite.
(1) A. Morlot, Sur fe terrain quaternaire du bassin du LêmaM,
4 858.
s ou NORD?^^ «^^'^ ^"'^*-
viNÉTIK.
TYROL, CARINTHIE ET TOSCANS.
Pcri<
N^ocioe.
UtM marine
Oligocèue.
Flysch et — — — — — ^ —
aTBD Eocène. Calcaire nummulitiqae.
Macigno et calcaire nummulilique de Toscaoe.
Zone crlie supérieure Je la Scaglia A Anancbttes.
Dans le
Calcaires à radiâtes.
rextrémile' d^^^ iofér, de la Scaglia ; Véronais et Vicentin.
Mp«s« corom
Biancone.
En Chabl
Très en
prèi
Calcaire à Nërio^es du Frioul.
^extrcmittf d^Blcare'o rosso ammonitico de Yëne'tie.
Col d*Aj^^^" ^ plantes du Vicentin et du Vérouais.
rie de roches oolithiques sufër. de Pasini.
Calcaire oolithique du Friunl.
»iiH
loches oolithiques inférieures de Hasioi;
Bfeill4 calcaires bitumineux du Frioul.
touches à Melgalodus triqueler; lias des
I Vénitiens.
^rhi>tes argileux de couleur foncée, et cal-
tfairifs bruus.
'.alcaire compacte, équiralent de Hallslalt
rn Frioul.
irrès Teineux et calcaire marneux, Raibler-
Schichlen en Frioul. Mélanges de couches
sableuses et calcaires peu développés, en
Bellunais et Vicentin.
Aasii
infériel
Calcaire compacte brun du Frioul.
Bjlluuais et Vicentin.
Grèsj
et pouding
Grès de diverses teintes.
tférien maiin : Alpiue Slein, Kohlen»
rerracano àé iqion ou Gaîltbaler-Schichlen, nord du
Pietra forte de la Toscane.
Biancone du Tyrol.
Cwlcaréo rosso ammonitico du Tyrol italien.
Couches à petits gastéropodes el acéphales
de la Speiia.
Formation de Sainl-Cussian (équivalent de Rxib,
de Gorno et Dossena). Tyrol.
Cttlcareo salino de monl Pisauo et de mont
Rombola (Toscane).
Calcarco grigio cupo sema celce de Sari
(Toscane).
Poudingnes supérieurs du verrucano
de Toscane.
Carboniférien msrin.CurinlhiectTyrol orirnlal.
Id. marin «ur terrestre à Torri près lano (Tos-
cane); majeure partie du Terrucano.
Extrémité est des Alpes : environs de Grati.
Dévonieu inférieur ou silurien snpériear.
:3
t
J
yOTI Dl M. DALIllIBi. 907
L'étude des terrains des deux versants parait établir aussi d'une
manière très nette que le bombement de la région des Alpes, après
s'être dessiné d'une manière asseï complète dans les temps paléo-
zoïques, s'est affaissé progressivement pour faire place à un bassin
de mer profonde pendant Tépoque liasique.
La région centrale des Alpes s'est ensuite relevée progressivemeul
pendant les époques ultérieures, se dessinant toujours de plus en
plus, jusqu'à la un de l'époque miocène où elle a acquis son
maximum d'élévation. Mais cet exhaussement, au lieu de se faire
d'une manière régulière et continue, s'est opéré par une série
d'oscillations ou mouvements de bascule qui successivement relcr
vaient un côté ou extrémité de la cliaine pendant que l'extrémité
ou côté opposé éprouvait un affaissement.
Ces mouvements oscillatoires se dessinent a toutes les époques.
Un autre fait très intéressant qui parait ressortir de Tétude des
terrains du versant italien des Alpes est celui du mélange des
faunes entre certains terrains, non-seulement entre des terrains
qui se suivent immédiatement comme entre le crétacé supérieur
et Téocène, mais encore entre des terrains qui, bien que directe*
ment superposés les uns aux autres en Italie, comme l'oxfordicn et
le néocomien, soDt séparésau moins par trois époques géologiques
sur d'autres points.
M. Dâlimier fait la communication suivante :
Sur les terrains primaires des empirons de Falaise {Cahados);
par M. Paul Dâlimier.
La note que j'ai Thonneur de présenter à la Société géologique
sur les terrains primaires des environs de Falaise a pour objet,
d'abord de signaler un horizon fossilifère inconnu, je crois, en ce
point, et surtout d'étabhr la succession complète des roches de cet
âge qu'on y rencontre. Je m'efforcerai de montrer que cette loca-
lité présente sur un petit espace la démonstration des faits strati-
gvaphiques que j'ai reconnus et publiés dans mon travail sur les
Terrains primaires de la presqu île du CoW/itin; cette confirmation,
d'ailleurs, je Tai trouvée partout où j'ai observé l'ensemble des
roches siluriennes. Je me réserve d'en donner ultérieurement des
preuves nombreuses par des coupes prises sur les points les plus
éloignés de la Bretagne et de la Normandie.
Pour le moment, voici les raisons qui ont dirigé mon attention
du côte de Falaise.
908 SÉAMCI DU 5 MAI iSOS.
I. •« Il y a deux ans, M. A. de BrébÎMon, correspondanl de la
Société linnéenne de Normandie^ a signalé à cette Société des
empreintes trouvées par lui à Nornn (CalTados)» à 3 kîlofiiètref
au S.-O. de Falaise, sur une grauwacke schisteuse verdâcre qu'il
a rapportée, d'après l'avis de M. IVIorière, au terrain <:aiiibrîeD(i).
M Ces fossiles, peu saillants au-dessus de la roche, semblent pré-
w senter de larges plaques ayant desboi*ds fortement siuués, dont
M les lobes allongés sont arrondis et présentent une certaine épais»
» seur. — Les lobes des contours des plaques paraissent entrelaoéi
» avec ceux d'une plaque voisine ; mais il serait possible que celte
»> apparence fût due à l'élévation de la pâte, encore molle, de h
M couche sur laquelle est venu se placer le débris dont le poids i
M déterminé cet effet, avant que la formation eût pris de la con*
M sistance. — On y distingue souvent des sommets d*articles ar-
» rondis présentant une configuration palmée tout à fait reniar-
» quable. »
Telle est l'unique description qui a été donnée de ces empreintes.
Je mets sous les yeux de la Société géologique une excellente pho-
tographie de cette roche, que je dois à l'obligeance de iVI. Eugène
Deslongchamps. Cette photographie a été envoyée à plusieun
géologues d'Angleterre, à MM. Kinahan, Haughton, Baily, Salter,
et, selon l'opinion assez générale, ces empreintes seraient dues à
des crustacés, « animaux qui , à ces époques primordiales, attei-
» gnaient souvent de grandes dimensions ». M. Haughton, profes-
seur a Dublin, plus explicite, pense même que ces empreintes
appartiennent à des trilobites, u Les sutures emboîtées ont la plus
» grande analogie avec les impressions qu'on remarque sur les
» côtés d'empreintes qui se trouvent dans le grès carbonifère de
» Lugacavan, et que je crois être des trilobites (2). »
M. de Brébisson, au contraire, semblerait pencher vers une
origine végétale et se demande si ces empreintes ne seraient pas
des formes gigantesques tV joignes corallotdes.
Quelque respect que je professe pour ces opinions, on me per-
mettra de conserver des doutes sur de semblables déterminations.
Je ferai d'abord observer qu'en présence de débris si probléma-
tiques, on regrette de les rencontrer sur un espace aussi limité,
qui n'avait pas plus d'un mètre carré de superficie. Cette couche
s'engageait, il est vrai, dans le sol, mais rien n'a montré si le
phénomène des lignes sinueuses s'y continuait ; et je ne sache pas
(4) Bulletin de la Société linnérnne de Normandie^ 4 860.
(2) Lettre de M. Haughton à M. William Archer, à Oublia.
KOTtf m- M. DAlIfllBi. 909
qu'ailleurs on ait rien découvert d'ana1of>ue. La bizarrerie (i*une
forme nouvelle silurienne n'aurait rien de suiprenaut, mais en-
core faut-il, lorsque cette forme ne rappelle aucun type connu;
qu'elle se répèle un grand nombre de fois pour nous montrer
qu'elle n'est pas Teffet du hasard.
D'un autre côté, lorsqu'on a rapproché ces vestiges des formes
trilobitiques, je crains qu'on n'ait été trop frappé par l'apparence
de régularité qu'offre l'épreuve photographique. Les géologues
anglais, que j'ai nommés plus haut, n'ont eu que cette épreuve
sous les yeux. Or on ne doit pas oublier qu'elle ne représente en
grandeur que le sixième ou même le septième de la réalité. Dans
une copie réduite, les irrégularités d'un contour sont considéra-
blement amoindries; il faut donc se reporter par la pensée à la
roche elle-même, et, pour mieux s'édifier, dessiner à une échelle
de grandeur réelle les lignes sinueuses de la figure.
Comme exemple je mets ici sous vos yeux trois dos lignes If's
plus saillantes et les plus curieuses, calquées sur l'épreuve photo-
graphique.
Prenez une ('ciiclle sept fois plus grande et reproduisez fidèle-
ment les mêmes contours, ce qui peut, à défaut d'instrument
spécial, s'obtenir aisément, par exemple à l'aide de deux axes de
coordonnées. J'ai la conviction qu'après avoir effectué ce travail,
vous ne pourrez vous empêcher d'avoir des doutes sur l'origine
organique de ces apparences. Vous y trouverez, en effet, des élé-
ments tellement irréguliers et différents les uns des autres, que je
ne sais de quelle forme animale on pourrait les rapprocher. Ce
défaut absolu de symétrie ne saurait d'ailleurs s^expliquer par une
déformation ultérreure de l'empreinte ; car, lorsque ce cas se
présente, il reste toujours un cachet particulier qui rappelle l'an-
cienne symétrie de la forme primitive.
Sans insister davantage sur cette question que des découvertes
ultérieures cclairciront peut-être, je m'occuperai maintenant de
la position stratigraphique de cette grauwacke schisteuse (1) et des
(4) Il se Irouye, par hasard, que, dans la carte géologique du Cal-
vados de M. de Caumoiit, la grauwacke schisteuse n'est point indiquée
en ce point; elle y est remplacée par le terrain jurassique.
PIO SfiAKCI VU 5 H4f ISItS.
couches qui TaToisinent. Cette roche appardenl bien à l'étage dci
schistes cambriens des auteurs de la carte géologique de Franoe,
schistes que j'ai raugés dans la partie asolque da aîlarien înfériear.
C'est Téqui valent de la plus grande partie des schiste» do Bocage
normand, des schistes de Saint*Lô. Elle leprésente minéralogie
quenient la variété de roche qae les anciens auleura appelaient
grauwacke phylladifèrc et dont un type eiiste aa roc dn Ham,
près de Condé sur Vire. Cette dernière, décrite en 1836 par
M. Héraut (l), y est recouverte au hameau da Fay par un grès
uiicacé rougeâtre, longtemps regardé, à cause de sa oonleiiTi
comme un représentant du grès bicarré triasique. C'est la inémt
grauwacke micacée que Dufrénoy a signalée au sud de Tho*
rigny (2), et qui est recouverte, près de Guiberville, par un grès
• rougeàire, siliceux, formant de petites couches associées â ua
» poudingue de galets de quartz avec argile ferrugineuse, grès qoi
H contient en outre des parties blanches feldspatbiques ».•
Or, près de Noron, si on s élève, du point appelé haut da valiom,
vers les sommités gréseuses au nord, on rencontre successivcmeot
(voy. page 911 la coupe n® 2) :
4° La grauwacke schisteuse verdfttre, micacée, plongeant de
25 degrés vers le nord.
2** Ud grès rougeâtre micacé, en lits peu épais, sans couche
visible de poudingues. 11 présente d'ailleurs le même plon-
gemenl que la grauwacke.
30 Des grès blancs qui couronnent toutes les hauteurs et domi-
nent la vallée de Noron.
Il semble y avoir une concordance parfaite de stratification
entre ces trois assises différentes. La seconde représente pour moi
celles des grès pourprés du Bocage normand , nom par lequel
M. iVlurchison a désigné, en Ecosse, à^^ couches analogues aussi
bien par leur position que par leurs caractères lithologiques (3).
Quant aux grès blancs qui font suite, ce ne sont pas, comme le
dit M. de Brébissou, Xesgrès de Caradoc, Je sais bien que Tauteur
n'a pas voulu indiquer par là que ces grès sont supérieurs à la
faune d'Angers, de même que les véritables grès de Caradoc sont
supérieurs à la faune de Llandeilo. Mais, comme ces grès ont en
France un représentant,' sinon parfait, du moins approché, daos
(4) Annales des mines, 3* sér., t. VI. Seconde lettre sur les ter-^
rains de transition de Normandie,
(2) Explication de la carte géologique de la France j t. I, p. S4 3.
(3) Comptes rendus de l'Académie des sciences, 4860.
NDTB M ■. DALlVni. Oit
les roches qtie l'on désigne du nom de grés de May, il importe de
Taire dès aujourd'hui une dialinction <|ui nous e>t facile, d'aban»
donner cette nticienne habitude cjui consiste » appeler gréa de
Caradoc tout j;rè! de transition, et de donner A la roche de Noroa
le nom qui résulte et de sa pnsiiinn et des iléhrh organique! qu'elle
ten ferme.
Il est vrai qu'aucun de ces deun derniers caractères n'a ftë si»-
fjnalë jusqu'ici, h ma connainiance du moins, pour les grès de
Moron et de Falaise. Mais Toici les résultats auxquels m'a conduit
l'élude de la vallée si pitloresffiic dans laquelle coule la rivière de
l'Ante depuis Vnllembras, village de Noroi), jusqu'à Falaise.
II. — La dirrclion générale de la vallée de l'Anle euli« Noron
et Falaise est O.-F. Dans h partie occidentale où ont été trouvée*
!e) emprvinteî ci-dessus, on ne voit que les ttois roches que j'ai
décrii>s. Mais avnnceï vers l'est et dans la partie la plus pitto-
resque. :< un kilomètre de Falaise, la vallée olfie la coupe suivante
(Pig. 1 ] du S.-O. au N, -Ë. , eoupe qui se reproduit identiquement
la même jusqu'au pied du château de cette ville.
Au sud le plateau élevé est recouvert par lesroches jurassiques;
9t2 stANCi DU 5 MAI 1862.
les roclics inférieures au terrain silurien sont masquées. Le grèi
forme un escarpement peu saillant de ce coté, mais qui domine
au nord la vallée. Ce grès (Gr.) fait suite à celui de Noroo ; il ta
rejoindre à Touest la baude identique que Ton voit de Tautrecôlé
de la coupe. C'est dans ce grès que j*ai découvert des édbantilloiUi
rares à la vérité, mais fort nets, de tiges altongées perpendiculaires
à la surface des bancs. Jusqu'ici, ignorant la véritable origioe de
ce fossile, je Tavais simplement désigné sous le uotn de iiges de
fucouîes^ c'est le même que M. Rouault a appelé tigiiiites et que
les géologues américains nomment ScoUthus UnrariM^ J. Hall.
Sur ce grès repose un minerai d'iiydroxyde de fer» quelquefois
schistoïde, à couches compactes ou pisolitiques« surtout au nord,
près du château, où Ton en peut voir des bancs de plusieurs
décimètres d'épaisseur. Il est associé à des schistes d*uu gris cen-
dré, recouverts de larges taches rougeâtres.
Ce minerai, enfin, supporte des schistes ardoisiers d'un bleu
noirâtre, tachetés d'hychoxydc de fer, dans lesquels des trilobites
ont été signalés dès 1821. Ils y sont peu abondants, mais on y
reconnaît sans peine la Calymcne Trisfanij si caractéristique do
niveau de la faune seconde silurienne dans nos ardoises de TouesC
En remontant de l'autre côté de la vallée, la même successioo
se reproduit et les grès qui sont visibles de ce côté sur une vaste
surface m'ont fourni des échantillons plus nombreux de ScoiHhus
ii/ienris\ La ))ointc escarpée de rocher qui est située vis-à-vis du
château montre parfaitement cette superposition et l'on y voit des
masses considérables de minerai. Le château lui-même est bâti
sur la ligne de jonction des schistes ardoisiers et des grès. Si l'on
dépasse plus au nord la hande des grès, on retrouve les schistes
nzoiques plongeant en sens inverse des grès, dans la même vallée
de l'Ante, qui, de Falaise, remonte vers le nord-est. Hors de la
vallée les dépôts jurassiques masquent toutes les autres roches.
C'est donc seulement sur une longueur de 1 kilomètre et demi
qu'il m'a clé donné d'apercevoir les schistes à Calymcne, Mais,
chose singulière, c^est précisément en ce point que les roches ont
éprouvé les dislocations les plus violentes. Ceci explique pourquoi
nous ne retrouvons pas, dans la coupe n** i, entre les schistes azol-
qurs et les grès, une concordance qui peut au contraire s'observer
à 2 kilomètres plus loin à l'ouest. J'ai observé la même concor-
dance accompagnée même d'alternances plusieurs fois répétées
entre les schistes et les |;rès pourprés, à 6 kilomètres au sud de
Falaise, sur la route de Cordey, à la limite des deux départements
de rOrne et du Calvados.
NOTfi ht M. DÀLIteiBft. dis
Pour qui voudra jeter les yeux sur la succession des roches
siluriennes dans le Golentin, telle que je l'ai présentée Tannée
dernière, dans le Bulletin de la Société géologique, il demeurera
évident que la série se reproduit ici exactement la même.
A. J'appelle particulièrement l'attention sur la position toujours
constante de ce minerai d'Iiydroxydc de fer qu'accompagne souvent
une pâte de silico-aluminate de 1er. J'ai montré l'année der-
nière (1) qu'il est intercalé dans la chaîne de Mortain, entre leis
grès à Scolithas linearis et les ardoises à Calymcne Tristani, Cette
positionne l'ai retrouvée à ^0 lieues au nord, près de Cherbourg,
dans le département du Calvados, dans celui de l'Orne; et, par
de nombreux exemples, j'ai acquis depuis la conviction que c'est
là un fait constant pour toute la presqu'île armoricaine. Du-
frénoy rapporte en effet ('2) que, d'après les observations de
M. Lorieux, les (cnains de transition fournissent une proportion
assez notable des minerais de fer exploités dans les départements
ouest de la France. iVlais il ajoute qu'ils y existent à la ligne
de contact de ces terrains de transition et des roc/tes anciennes. Cette
dernière conclusion ne saurait être admise. H en est des minerais
siluriens de la Bretagne comme de ceux de la Normandie. C'est
un seul et même horizon. M, Boblaye l'a signalé dès 1838 à l'at-
tention de la Société. « Il existe, entre autres points, aux salles de
» Rohan. Ce fer souvent magnétique (silico-aluminate de fer,
w analogue de composition à la chainoisite), reconnu pour la pre-
» mière fois en 1826, dans la forêt de Lorges, près de Quintin, se
» rencontre aussi à Fresnay-le- Vicomte où il contient des trilo-
9 bites. Il est au-dessus des fi[rès de Caradoc ou d'Ecouves; il est
» quelquefois pisolithique (Fresnay et forêt de Lorges), tandis qu'à
M Sainte-Brigitte, près des salles Rohan, il a des cristaux octaé-
» driques de fer oxydulé dans une pâte de silico-aluminate
» de fer (3). »
Ces conclusions sont celles que je me suiseffbrcé de démontrer.
Encore faut-il cependant, pour arriver à une description parfaite-
ment exacte, substituer au nom de grès de Caradoc celui de grès
à ScoUthus linearis. Les trilobites qu'on rencontre dans ce minerai
(4) Stratigraphie des terrains primaires dans la presqutlc du
Cotentin, p. 49 et 67.
(2) Expl, de la carte géologique de la France^ p. 238, vol. I.
(3) Bulletin de la Société géologique de France^ 4838.
Soc. géoLy 2* série, tome XIX. 58
Olk 8ÊAMCB DU Ô lUi 1&Ô2.
sont eu effet ceux de la faune d'Angers. Ils sootdpnç iofiérîeimni
Téi'itable grès de Caradoc.
Je signalerai eu passant la présence de ce même minerai» Ciièi
magnétique, près de Segré (Maineret-Loire), a||»»c)MiQii« im
schistes à CcUymcna,
fi. Pour terminer, j'insisterai sur riiorizon dece singulier débris
organique, du Scoiithus ii/iearis. Hall. Sur celte qiiesii^o, j'ai
limité jusqu'à ce jour toutes mes déductions à laprfsqu'île du G»-
t^ntin. Les auteui-s qui m'ont précédé dans U deacriptioa de ec
pays semblent n'avoir guère vu U qu'un phénoinèiie porûculier
à quelques rares localités. Dufrénoy lui-même (1), qui dans
vues d'ensemble, avait touché de bien plus près Ii| vérité que
successeurs en Bretagne, Dufrénoy place tous les grès au-des-
sous des schistes ardoisiers et atlirme qu'ib renfermeut d^ fossiles
nombreux et surtout des tiges ciinnelces^
J'ai été conduit à penser, comme cet illustre savant, que la luasse
principale des grès est inférieure aux ardoises à Caiymesie Trixumi;
mais le seul fossile que j y aie rencontré jusqu'ici en Nonnandiei
c'est le Scotithus Uneaiis. Cet horizon me semble inférieur à tous
les autres grès siluriens fossilifèi es. Quant aux tiges cannelées^ elles
ne sont point l'apanage exclusif de deux ou trois localités. J'en ai
déjà signalé l'année dernière un bon nombre de gisements; depuis
je les ai retrouvées sur beaucoup d'autres points.
A l'étranger, je vois aujourd'hui citer de tous côtés ce même
fossile :
En Bohème, iM. Barrande Ta signalé depuis bien des années,
sur divers horizons de la faune seconde silurienne, sous le nom
de Fucoiiles cylindricus.
M. Kiuahan le signale comme accompagnant les Oldhamia près
de Dublin.
M. Murchison nous a appris aussi que, sur ce point où manque
la faune primordiale, les grès pourprés sont recouverts par des
quartzites traversés par de longs tuyaux vides qu'il rapproche des
traces laissées par des annélides dans les sables de nos rivages, il
en est question, dans la dernière édition de Siluria, comme de
fossiles caractérisant les sti/Jcr-.sto/ns.
M, Richardson les a découverts récemment sur la côte N.-O.
(4 ) Mémoire sur les terrains de transition de C ouest de la France,
— Ann. des mines^ 3* sér., t. XIV, p. Î4 3.
nOTB PB H. DALIMIBE. 91(
de Terre-Neuve, au détroit de Belle-Ile. Sur beaucoup de points
de rAmérique ils ont été depuis longtemps reconnus et décrits
dans les grès de Potsdam (1).
Quelque minime que puisse être la valeur organique de ce
fossile, n'est- il pas sintjulier qu'on le rencontre â de si grandes
distances et dans une position toujours identique? Il ne faut pas s'y
tromper; ces tuyaux ne ressemblent en rien à ces cavités ou à ces
petites tiges qu'on observe dans des roches de tout âge. Ce sont
ici des cylindres juxtaposés quelquefois par centaines, perpendi-
culaires A la surface des bancs, d'un diamètre à peu près invariable
dans toute la hauteur, atteignant des dimensions en longueur de
50 centimètres â un mètre, et au delà.
Je n'avancerai pas ici immédiatement que la position des gfès
à Scolithus Unearis est constante pour tout l'ouest de la France.
On comprendra Textrême réserve que j'apporte dans cette ques-
tion, quand on saura qu'une pareille assertion renverserait de
fond en comble la succession assignée par M. Marie Rouault aux
couches siluriennes de Bretagne dont il a si bien su mettre au jour
les curieux fossiles* Je m'abstiendrai donc pour le moment d*une
généralisation qui pourrait paraître anticipée ; mais j'espère, d'iei
à quelques mois, avoir réuni une quantité suffisante de matériatïx
pour étayer solidement mes conclusions et faire partager mes coq*
viciions aux membres de la Société.
Séance dt/ 19 mai 1862.
PRÉSIDENCE DE M. ALBERT GÀUDRT, VlCe-présidenU
M. Danglure, secrétaire, donne lecture du procés*verbal de
la dernière séance, dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séanc^,
le Président proclame membres de la Société :
MM.
Â. Martinbz Alcibar, ingénieur en chef des mines, â Sara-
gosse (Espagne), présenté par MM. Amalio Maestre et de
Terneuil.
(4) Voy. PaldBontologr of Nem^Yorày par J. Mail. -^ Scnlithus
HneQviSy p. 2.
616 8ÊAMCB DU 19 aAi 1862.
ÂRAifZAZu, ingénieur des mines et membre de la Commission
de statistique, rue Atocha, n"" 27, à Madrid (Espagne), pré-
senté par MM. Amalio Maestre et de YerneoiL
Garcia (Don Rafaël) , docteur es sciences, professeur d*his-
toire naturelle, à Valence (Espagne), présenté par MM. Amalio
Maestre et de Verneuil.
Mbza (Don Pedro), ingénieur en chef des ponto et chaussées,
à la Commission de statistique, à Madrid (Espagne)^ présenté
par MM. Amalio Maeslre et de Verneuil.
Le Président annonce ensuite trois présentations.
DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ.
La Société reçoit :
>
De la part de M. le Ministre d'Elat, Journal des sat^oNts,
avril 1862.
De la part de M. le Ministre de Pagriculture, du commerce
et des travaux publics, tiésumé des traifaux statistiques de
l* Administration des mines de 1868 à 1859, în-â, 690 p.,
1 carte. Paris, 1861 ; Imprimerie impériale.
De la part du Comité de la paléontologie française : Terrain
crétacé. Echinides réguliers^ par M. G. Cotteau, f. 12 à 14,
pi. 1043 à 1052 et 1080 et 1088. Paris, 1861, chez Victor
Masson et fils.
De la part de M. Paul Gervais, Sur de grandes empreintes
végétales tmut^ées à Armissan (Aude)^ in-12, 7 p. Montpellier,
1861, chez Gras.
De la part do M. J. J. d^Omalius d'Halloy, Notice sur les
tlii^isions géogravhiques de la région comprise entre le Rhin et
les Pyrénées (exlr. du Bulletin de la Soc. géol, de Fr.^ 2* sér.,
t. XIX, 1861), pp. 215-239,1 carte.
De la part de M. F. J. Piclet, Matériaux pour la palénnto^
logie suisse : Reptiles et poissons fossiles de r étage uirgtdien du
Jura neuchatelois, par MM. F. J. Pictet et A. Jaccard, in-4,
88 p., 18 pi. Genève, 1860, chez J. Kessmann, et chez H.
Georg.
De la pari de M. F. Chapuîs, IS/oupelles recherches sur les
fossiles des terrains secondaires de laproi^ince de Luxembourg^
NOTK PB M. O'OHALIUS O^HALLOT. 917
1" partie (extr. du t. XXXIII des Mém, de rJc. /?. de Bel-
gique), in-â, 450 p., 20 pi.
Comptes rendus hebd, des séances de F Académie des
sciences, 1862, 1" sem., t. LIV, n" 17 et 18.
Bulletin de la Société de géographie, 5" sér., t. III, n* lô,
mars 1862.
Bulletin de la Société botanique de France^ t. IX, 1862,
n** 1, janvier.
L'Institut, ïf' 1479 et 1480, 1862.
Journal d'agriculture de la Côte-d'Or, n° 1, janvier 1862,
Bulletin de la Société de l'industrie minérale {Saint-Etienne")^
juillet à septembre 1861.
The Athenœum, n°" 1802 et 1803, 1862.
Beuista de los progresos de las ciencias exactas^ fisicas y
naturales, t. XII, n° 3, mars 1862.
Bevista minera, t. XIII, n**' 287 et 288, !*«• et 15 mai 1862.
The Canadian journal of industry^ science and art^ mars
1862.
M. Delanotie communique une note imprimée de M. G. De-
walque sur la non-exislence du terrain houiller àMenin.
M. Dangiure offre à la Société, au nom du Comité de la
paléontologie française , la h^ livraison des Échinides de
M. G. Cotleau (voy. la liste des dons).
M. d'Omalius d'Halloy présente la nouvelle édition de soh
Abrégé de géologie, et fait à ce sujet la communication
suivante :
Sur une noupelle édition de V Abrégé de géologie;
par M. J. J. d*0malius d'Halloy.
En présentant à la Société une nouvelle édition de mon Abrégé
de géolooie^ je crois inutile de Tentretenir de tous les changement!
que j'ai introduits dans ce petit ouvrage, puisque ce serait, en
quelque manière, revenir sur les objets dont (a Société s'est occu-
pée depuis neuf ans; mais, comme j'ai reproduit dans ce volume
un article sur la géologie spéciale de la Belgique, et que cette
matière a fait le sujet d'une importante communication de
M. Gosselet, insérée au Bulletin^ 1861, t. XVIIÏ, p. 18, je croi»
018 s*Ailcli ttu 19 MAI 1M2.
deToir faire connaître à la Société les pointa où ]*ai profité det
observations de notre jeune et savant confrère et de ceux oè je
n'ai pu partager ^ inanièr^^ de voir.
Je dirai d'abord que M. Gosselet ayant fait conftâtCre que U
partie supérieure de mon étage dévonien moyen, ou calcaire de
j^rasne, a une faune diiTérente de celle du calcaire de Givet et ana*
lo((ue à celle des schistes de Famenne, qui formaient la base de
mon étage supéiMeur, je me suis empressé de mettre les limite»
de mes deux étages en harmonie avec U manière de Toir de
M. Gosselet.
I^assant maintenant aux dissentiments qui ont lieu entre
M. Gosselet et moi, ou plutôt entre M. Gosselet et Dumonf, je
commencerai par faire remarquer que, entre l'Escaut et la Roer,
le massif dévonien réduit aux limites que je lui assigne, c'est-à-dire
e^ n'y comprenant pas le terrain rhénan de Dumont, se termine
le long de sa bordure septentrionale par une bande très peu
épaisse et d'une coni position très variée, que IVI. Gosselet a nom-
mée, avec raison, bande de Rhisne. Dumont voyait dans cette
bande la représentation de presque tous les systèmes qui compo-
sent le terrain dévonien, tel que je viens de l'indiquer, mais
réduits à une faible épaisseur et presque confondus, ainsi que la
chose a souvent lieu sur les bords des bassins. M. Gosselet, au
contraire, y voit seulement la partie supérieure de ce terrain, ou
plutôt un système particulier supérieur aux autres systèmes dévo-
niens connus dans ces contrées.
Le molif principal sur lequel s'appuie M, Gosselet, c'est qu'il
n'a pas trouvé dans la bande de Rhisne le Strigoeephalus Burtini
et la Terebratula cuboides, fossiles que l'on considère comme
caractérisant respectivement, sur la bordure méridionale, les cal*
cairesde Givet et de Frasne ; mais cette circonstance me parait bien
atténuée par celle que sur huit espèces de mollusques que M. Gos-
selet a recueillies dans la bande de Rhlsnie, H y en a six qui se
trouvent également dans les calcaires de Givet et de Frasne, c'est-
à-dire dans deâ systèmes inférieurs aux schistes de Famenne au-
dessus desquels on veut placer la bande de Rhisne. J'ajouterai en-
core à ce sujet que notre confrère, M. Dewalque, qui s* est rendu
dernièrement dans la vallée de l'Ornoz, sur la composition de la-
quelle M. Gosselet s'est principalement appuyé, y a trouvé a une
n coupe de coquille bivalve, que sa grande taille et son épaisseur
M ne lui permettent pas, dit-il, de rapporter à autre chose qti'au
I» Strigoceplutlus Burtini ». M. Dewalque y a également découvert
NOTE DE M. d'oMALIUS d'bÀLIOT. 919
des f;a8t<'ropodes qui avaient ëchappé à M. Gosselet, et qu'il con-
sidère comme étant la Murchisunia bilineata^ Tun des fossiles carac-
téristiques du calcaire de Givet (i).
D'un antre côté. M. Gosselet sentant que la présence dans la
bande de Rhisne du poudingue de Burnot, c'est-à-dire d'un sys-
tente inférieur au calcaire de Givet, contrarierait sa manière de
voir, conteste le rapprochement que Dumont et moi avions
fait des poudingues de cette bande avec celui de Burnot, et il
s'appuie sur ce que le poudingue de la vallée de TOrnoz est inter-
calé dans du calcaire et qu'il y a trouvé un Spirijcr à petites côtes.
Quant aux intercalations de portions d'un système entre des
parties d'un autre système d'âge différent, je ferai remarquer
qu'elles sont très communes dans les contrées dont les dépôts ont
été disloqués, soit qu'elles résultent de poussées éruptives, soit
qu'elles proviennent de ces plissements avec renversement dont
M. Gosselet a présenté des exemples très bien prononcés dans les
figures 26 et 38 de son mémoire; mais il parait, d'après les nou-
velles observations de M. Dewalque (*i), que l'on n'a pas besoin
de recourir à ces phénomènes pour justifier l'opinion qui admet
l'existence, sur les bords de l'Ornoz, de poudingues ayant la même
position que celui de Burnot, car, à 150 mètres du lieu où
M. Gosselet a observé des roches poudingiformes entre des bancs
de calcaire, M. Dewalque a vu de véritables poudingues qui sont
en dessous de tous les calcaires.
Si, d'un autre côté, on voulait se prévaloir de ce que les pou-
dingues que l'on voit au jour sur les bords de TOrnoz ne présen-
tent pas très bien les caractères de celui de Burnot, je répondrais
que M. Dupont a recueilli dernièrement à Bovesse, également
dans la bande de Rhisne, des échantillons où ces caractères sont
des mieux prononcés.
Pour ce qui est du Spiriftr trouvé par M. Gosselet dans une
roche poudingiforme des bords de l'Ornoz, il serait tout à fait sans
valeur si cette roche, ainsi que paraît le croire M. Dewalque,
n'appartient pas au système du poudingue de Burnot ; mais, lors
même que cette roche serait effectivement une dépendance de ce
système, je dirais que Ton ne doit pas s'appuyer sur un échantil-
lon unique, si mal conservé que l'on n'a pas pu en déterminer
l'espèce, pour contester des opinions fondées sur d'autres consi-
dérations.
(4) Bulletin de V Académie de Belgique, t. XIII, p. 446.
(2) Idem.^ p. 4 54.
020 SÉANCB DU 10 MAI 1862. .
Je suis loin toutefois de prétendre qu'il n'ait pu se former des
poudingues dans toute la série des temps ; mais, quand on voit
que, partout où le terrain dévonien d'entre TËscaut et la Roer
est bien développé, il n'existe de poudingue qu'au niveau de celui
de Burnot, ce n'est point d'après des considérations aussi dou*
teuses que celles invoquées par IVJ. Gosselet que l'on peut admettre
rexistence d'une seconde formation de poudingues.
M. Dewalque fait aussi remarquer (1) que M. Gosselet, dans sa
coupe des bords de TOrnoz, représente la dernière assise de cal-
caire dévonien comme étant immédiatement recouverte par de la
dolomie carbonifère, tandis qu'il y a entre ces deux systèmes une
assise, peu épaisse à la vérité, de schistes et de psammiles qui
représentent les schistes de Famennect les psammites du Gondros-
Or, on conçoit que cette omission a pu contribuer à faire voir
dans les calcaires de la bande de Rhisne un dernier terme du
terrain dévonien plutôt que des systèmes appartenant aux parties
moyennes et inférieures de ce terrain.
En6n, je ferai remarquer que, quand on établit des divisions
dans un terrain, on doit en prendre les types dans des lieux où ce
terrain est bien développé, et non pas dans ceux où il est réduit à
une faible épaisseur et où ses divers membres sont pour ainsi dire
confondus. Or, quand on fait attention que dans le Gondros, où
le terrain dévonien est très puissant, il n'y a pas de calcaire dans
la partie supérieure du massif, on doit convenir que l'absence de
deux fossiles dans la bande de Rhisne, lors même que le fait ne
serait pas contesté, n'est pas suffisant pour voir dans cette bande
un système particulier qui ne se retrouverait pas dans les autres
parties du massif, d'autant plus que les trois quarts des fossiles
de cette bande et ses rapports stratigraphiques concordent avec sa
nature minéralogique pour la rapprocher des autres systèmes
connus dans le massif. Toutefois, pour prévenir une nouvelle
objection à l'égard de ces calcaires, je rappellerai qu'il y a dans
le Gondros du calcaire qui alterne avec des schistes, lesquels se
lient avec la partie supérieure des psammites du Gondros, mais
ce calcaire appartient au système de Tournay et il a une faune
différente de ceux de la bande de Rhisne.
Un autre point sur lequel je n*ai pu encore me ranger à Topi*
uion de M. Gosselet, c'est relativement au terrain ancien du Bra-
bant qu'il considère comme silurien, tandis que Dumont le
rapportait à son terrain rhénan, ou terrain dévonien inférieur de
(4) Notice citée ci^dessiiSy p. 4 49.
NOTB DB M. d'oMALIUS D*«ALL0T. 921
la plupart des auteurs actuels. J'avais eu pendant longtemps une
opinion analogue à celle de notre savant confrère, en ce sens que
je considérais le terrain du Brabant comme semblable à ce qu'il
y a de plus ancien dans TArdenne ; mais, lorsque Dumont, guide
par sou admirable coup d'œil stratigraphique, est parvenu à dis-
tinguer six divisions cbronologiques dans les dépôts que j'avais
jusqu'alors désignés par le nom collectif de terrain ardoisier, et
que j'ai vu qu'il rangeait les dépôts du Brabant dans les quatrième
et cinquième de ces divisions, j'ai cru devoir m'inclincr devant
une semblable autorité, d'autant plus que mon opinion n'avait
été déterminée que par l'aspect des roches, caractère qu'il y a lieu
d'attribuer, avec Dumont, aux effets du métamorphisme, phéno-
mène que l'on ne connaissait pas encore lorsque j'avais établi ma
première classification.
M, Gosselet appuie principalement son opinion sur quelques
fossiles recueillis à Gembloux et dans lesquels on avait cru recon-
naître les caractères siluriens, surtout par la présence des genres
Trinucleus et Calymeite ; mais celte considération m'avait paru
fortement atténuée par les observations postérieures. En effet,
M. Gosselet ne parlait que d'un petit nombre de fossiles qui en
général étaient mal conservés, puisqu'il ne citait qu'une seule
détermination spécifique, celle de la Lcptœ/ui deprcssa^ espèce qui
appartient au terrain dévonien aussi bien qu'au terrain silurien,
tandis que M. Malaise, professeur à Gembloux, y a recueilli,
depuis lors, un grand nombre d'échantillons qui lui ont permis
de dresser une liste beaucoup plus étendue qu'il a communiquée
à l'Académie de Belgique (1), en ajoutant qu'il n'avait rencontré
aucun fossile qui se rapprochât des genres Trinucleus et Calymene,
Or ce résultat, obtenu par un homme qui habite sur les lieux, me
paraissait mériter plus de confiance que celui donné par quelques
fossiles recueillis dans un voyage, d'autant plus que notre con-
frère, M. Dewalque, qui s'est rendu sur les lieux pour vérifier les
assertions de M. Malaise, partage entièrement sa manière de
voir (2) et que cette opinion est aussi celle de M. de Koninck,
auquel les fossiles ont été soumis. Je n'avais donc pas hésité à me
ranger à l'opinion de ces messieurs, qui avait l'avantage de faire
voir que, dans le Brabant, comme dans beaucoup d'autres con-
trée!, un examen plus complet des faits faisait disparaître les con-
tradictions que l'on avait cru exister entre les résultats doimés
4) Bulletin defAcad, royale de Belgique, 4 862, t. XIH, p. 4 68.
|2) Ibid.,1^, 4 48.
9%2 ftfiAlfCI DO IP MAI 186^.
par la stratigraphie et par la paléontologie. MalheurewKiBeM de
nouveaux doutes» résultent des considérations conimaniqaéet à li
Société, dans sa dernière séance, par le savant pttlëoolologîiae ^
a si puissamment i*oniriliué à nous faire connaître les fiiisoetae-
cieniies, lequel est venu appuyer de son autorité iinponole les
conclurions de M.Gosselet, en faisant voir qu*en réunissaiit ks
fossiles que ce géologue a recueillis tant à Genibloux qu*i Fost^
localité située sur Tautre bord du bassin dévooien qui s'éceod m
sud de Geinbloux, on a, outre les genres Trittitclttu eC Cmirmrju,
detix autres {jenres exclusivement siluriens : savoir, les genra
Sphivrexoc/tiis et Hatrsitrs,
tM. Barrande termine sa communication en émettaot ropînîoB
qu'il ponri-ait y avoir à Gembloux un état de choses analogoci
celui qu'il a reconnu dans les monts Cantabres, e'est-à-dire que
les terrains silurien et dévonien s*y trouveraient dans une position
telle que les stratigraplies n'auraient pas encore reconnu le point
de séparation.
Je suis loin de prétendre que cette supposition ne aem psa uo
jour confirmée par des observations directes, et, s'il ne s'agissait
que de moi, je serais d'autant plus disposé à l'adopter, dès re mo»
ment, que ce serait revenir à mes premières inspirations; mais,
comme il s'agit des opinions que Duinont a émises stir la compo-
sition générale du grand massif ancien d'entre l'Escaut et la Die-
mel, je crois pouvoir me permettre quelques observations tendant
à faire voir qu'il n'est pas encore impossible, dans l'état actuel de
nos connaissances, de faire comorder les observations paléontolc^
gtques avec les conclusions stratigraphiques de Dûment.
On sait que ce laborieux géologue avait créé sous le noon ds
terrain rhénan une division particulière qui se place entre \ti
terrains silurien et dévonien, et dont la faune est intermédiaire
entre celles de ces deux grou|>es. Or, parmi les dépôts que Dumont
rangeait dans cette division, il existe, en Belgique, trois gttes fos-
silifères qui ont attiré l'attention des paléontologistes, ce sont cent
de IIoufFalize, de Gembloux et de Fosse, que Dumont avait été
conduit, par ses observations stratigraphiques, à ranger dans un
même étage. Or persoime, jusqu'à présent, n'a (contesté au gîte
de flouffalize la qualité de dévonien inférieur, et cependant les
paléontologistes belges trouvent qu'il y a une telle identité entre
les fossiles de Houffalize et ceux de Gembloux qu'ils affirment
que, si l'on mêlait les échantillons provenant de ces deux localités
il serait absolument impossible de les distinguer. D'un autfene cAté,
il est à remarquer que les trilobites recueillis par M. GosdèleC ne
IfdTB Oit M. BAEHAflDB. 9^^!
sont pas assez eotn|}lets pour que M . Barrande les ait rapport^^
à des espèces connues, de sorte qu*il est possible qu'ils forment des
es|>èces difFërentt^ de celles déjà décrites, ce qui rend moins Im-
probable la supposition qu'ils appartiennent à des dépôts supérieurs
au terrain silurien proprement dit, car ce ne serait pas la pre-
mière fois que des genres que Ton avait crus restreints à un groupe
se seraient retrouvés dans le groupe supérieur.
Cette manière de voir, qui vient à l'appui des considérations
stratigraphiques et minéralogiques qui avaient porté Dumont à
créer son terrain rliénan, peut encore être appuyée par la circon-
stance que 1rs (^îtes fossilifères de Gembloux et de Fosse se trouvent
précisément au point on le terrain rhénan est en contact avec le
terrain dévonien proprement dit, ou terrain dévonien moyen des
auteurs.
Je terminerai en faisant connaître à la Société que M. Nyst,
ayant revisé ses listes des fossiles tertiaires de Belgique, a été con-
duit à réunir au terrain pliocène les sables du Boldcrberg, ou
système boldérien de Duiuonl, que l'on rangeait dahs le terrain
miocène. Il résulte, en eftet, des nouvelles listes de IM. Nyst, déga-
gées de tous les noms douteux, qu'il n'existe au Bolderberg
qu*bne seule espèce qui se trouve déjà dans les véritables dépôts
miocènes de Belgique, tandis qu'il y en a dix -neuf qui se pro-
pagent dans les dépôts supérieurs que l'on range généralement
dans le terrain pliocène. Il est très remarquable que ce nouveau
classement, uniquement déterminé par la comparaison numé-
rique des listes de fossiles recueillis en Belgique, donne, pour les
dépôts de ce pays, des coupes analogues à celles auxquelles
M. Beyrich a été conduit dans son travail sur les terrains ter-
tiaires du nord de l'Allemagne, car nos systèmes miocènes de
Belgique se trouvent ainsi correspondre exactement au terrain
oligocène de M. Beyrich, et nos systèmes pliocènes à ses terrains
miocène et pliocène.
 la suite de cette communication M. Barrande présente les
observations suivantes :
Réponse à M, d*Onia/iits^ an sujet des fossiles siluriens de la
Belgique; par M. J. Barrande.
Notre très respecté maître, M. d'Omalius d'Halloy, en discu-
tant les observations de M. Gosselet sur les terrains primaires de
la Belgique, ne semble pats disposé à admettre que les fossiles de
02Â SÊANCB DU 19 MAI 1862.
Graiid-Manil et de Fosse, reconnus par nous comme représentant
des genres exclusivement siluriens, doivent nëcessairement indi-
quer que les roches dans lesquelles ils ont été i-ecueillis ap|iar-
tiennent réellement à la période silurienne. Avant d*alKirder
l'objection à laquelle cet éminent géologue a recours pour s'af-
franchir de la preuve tirée de ces fossiles, nous devons appeler
l'attention de la Société sur un fait sur lequel M. d'Oiiialiui
pourrait peut-être jeter aujourd'hui quelque lumière.
A l'Exposition univei*selle de 1855, tous les géologues ont i«-
marqué comme nous la belle carte d'Europe de Diiiiiont. Ce grand
travail était encore manuscrit et n'a paru que depuis la mort
prématurée et sincèrement regrettée do ce savant, qui a laissé un
si grand vide dans les rangs des plus émi neufs stratigraplies.
En étudiant cette carte, nous remarquâmes avec surprise, dans
la légende qui l'accompagnait, que le terrain rhénan était subdi-
visé en deux étages, l'un à faune silurienne ^ et l'autre à /aime
dévoniennc. Ces subdivisions du terrain rhénan ont été maintenues
dans la légende de la carte publiée, ainsi que ehacuQ peut t'en
assurer.
Gela posé, nous demanderons avant tout à M. d^Omalius et à
M. Delunoùe, qui sont si parfaitement instruits en tout ce qui
touche la géologie de la Belgique, s'ils pourraient nous donner
quelques renseignements sur les faits ou considérations qui ont
déterminé Dumont à incorporer à la fois la faune silurienne et la
faune dévoiiionne dans son terrain rhénan. Duiuout n*aui-ail-il
pas eu connaissance de quelques fossiles siluriens des phylldides
de Grand-i^îanil et de Fosse ou de toute autre contrée de la
Belgique?
JM. d'Omalius répond que le terrain rhénan avait été conçu
par Dumont comme constitué par une masse de dépôts intermé-
diaires entre les formations siluriennes et les formations déro-
niennes. Il n'a jamais entendu Dumont s'expliquer sur les motifs
qui l'ont porté à admettre la faune silurienne dans son terrain
rhénan, mais il pense que, ce terrain étant intermédiaire entre les
terrains silurien et dévonien, il serait tout naturel qu'il renfermât
un mélange de fossiles appartenant à ces deux périodes géolo-
giques.
M. Barrande continue dans les termes suivants :
D'après la classification de Dumont que nous venons de rappeler
et surtout d'après la déclaration do notre très respecté inatcre.
NOTE DB SI, BAERANDB. 925
M, rrOinaliiis, ndtiieltant qu'il peut exister un tnëlange de fossiles
siluriens et de fossiles dévoniens dans le terrain rhénan, il nous
semble que notre honorable confrère, IM. Gosselet, est parfaite*
ment justifié, lorsqu'il nous annonce avoir trouve des fossiles
siluriens dans les schistes de Fosse et de Grand-Mauil, près de
Gembloux. Il nous semble aussi que nous sommes également
justifié, lorsque nous soutenons avoir reconnu dans ces fossiles
quatre types distincts, et considérés comme exclusivement siluriens,
dans toutes les contrées paléozdiques du monde.
Examinons maintenant les objections de M. d'Omalius, au sujet
de la valeur qu'on doit attribuer à ces fossiles.
D'après les vues exprimées par cet éminent géologue, une cir-
constance paralyserait ou détruirait même la preuve fournie par
les quatre genres exclusivement siluriens de Grand-IVlanil et de
Fosse : c'est que l'état de conservation de ces fossiles ne nous a pas
permis de déterminer leur nature spécifique et nous a réduit à
indiquer seulement leur nature générique. En se fondant sur cette
circonstance déjà si{înalée par M. Dewalque dans son rap-
port sur la note de M. Malaise, notre savant maître insinue que
ces fossiles pourraient représenter des espèces congénères connues
dans le terrain silurien, et qu'ainsi ces nouvelles formes pour-
raient appartenir au terrain dcvonien. A l'appui de cette opinion,
il fait remarquer qu'on a plus d'une fois reconim l'extension ver-
ticale de divers types, bien au delà des limites qu'on avait d'a-
bord assignées à leur existence.
1. — Nous ferons d'abord observer que parmi les quatre genres
exclusivement siluriens que nous avons reconnus, savoir : 7r/-
nucleus^ Ctilynicnr^ xSphœrexnclius et Ha ly si tes, il iTy a que les
trois premiers dont nous n'ayons pas jugé à propos de nommer
les espèces. Nous avons, au contraire, très distinctement reconnu
et nommé l'espèce Halysitcs catennlarinx, qui est un polypier,
caractérisant exclusivement la période silurienne. Mous avons
déjà constaté qu'on le rencontre dans presque tous les bassins
siluriens, et qu'il existe aussi bien dans la faune seconde que
dans la faune troisième, dont il n'atteint pas même la limite supé-
rieure. Ainsi, pour ce fossile, du moins, l'objection de M. Dewal-
que, reproduite par (Vl. d'Omalius, est sans fondement.
2. — Si nous n'avons pas ap{)liqué un nom spécifique aux frag-
ments a])partenant aux types trilobitiques, Trinucleus, Cn/ymeney
Sphœrexnchus et Daimnnites, cela ne signifie pas que ces fragments
sont indéterminables et indistincts, par suite de leur état de con-
servation, comme oti pourrait le penser, d'après rôbjectiôii qui
926 slAiiCB DO iO HAÏ 1862.
■
nous est faite. Notre réserve doit s*eipliqaer «niplemcnC par la
règle pratique que nous nous somiiies imposée, de ne détcnniacr
définitivement les espèces qu'à l'aide de Ions les élésuenls qû
doivent les caractériser. Or, les fossiles recueillis par M. Gnf Ift
se réduisent à des tètes ou à des fragments de têtes, qui indiquent
parfaitement leur nature générique» mais qui ne suffisent pas
pour déterminer chacune des espèces en particulier, de manière à
exclure toute chance possible d'erreur. Ou sait, en effet, que
parmi les trilobites. certaines formes qui ne pourraient fias être
spécifiquement distinguées par leurs téies, sodi nettement diffé-
renciées par quelque autre élément du corps, appartensAt soit au
thorax, soit au pygidium. Un observateur moins scrupuleux que
nous aurait pu reconnaître dans les fragments qui nous out été
soumis les quatre espèces nommées TriniultHs oruaius, Caiyweae
incrrea, Sphœrexochus miru< et Dulmaaiiex conophikaimus, Cc9
déterminations n'auraient pu entraîner aucune méprise plus grave
que la confusion éventuelle de deux espèces très Yoisines, faisant
partie d*un même groupe, dans chacun des genres. £n présence
d'une liste ainsi formulée avec tous les noms spécifiques, il n'y
aurait pas eu lieu d'élever un doute sur la nature silurienne de
ces trilobites, et l'on n*auraii pas invoqué la possibilité de les Toir
transformés en espèces dévoniennes. Nous avons préféré rester
fidèle à nos habitudes, en laissant le champ libre à toutes les
combinaisons hypothétiques.
3. - L'expérience nous apprend certainement à nous méfier
beaucoup, en paléontologie, des preuves purement négatives, etâ
ne pas considérer comme absolues les limites quelconqueSt pro-
visoirement assignées à Textension verticale de certains genres.
Cependant, suus le rapport des extensions inattendues de cette
nature, les faits qu'on peut invoquer sont généralement excep-
tionnels et isolés. Il est presque inonl qu'ils embrassent à la fois
de nombreuses formes, soit génériques, soit spécifiques, de ma-
nière à faire pénétrer subitement une faune dans une autre. Au
contraire, dans le cas qui nous occupe, il se présenterait à la fois
quatre genres qui, après avoir éti* jusqu'ici réputés comme esclu-
si vemenl siluriens, se montreraient sur un horizon dévonien, dans
les deux localités privilégiées de Grand- Manil, près deGembloux,
et de Fosse, près de Namur, savoir : Trinucteus^ Oïlymea^^ Sphœ^
rexochus et Halysitcs, A l'extension verticale très inattendue de
ces quatre genres viendrait s*ajouter une extension semblable
pour le groupe de Dalmanites connphthalmus qui, aux yeux de cer-
tains paléontologues, devrait aussi constituer un type indépendant.
HOTK DB M. BÀMANM. 927
En outre, Halysites catenulari^s^ espèce exclusivement silurienne,
se reproduirait sur cet horizon dëvonien, bien qu'elle ne traverse
pas toute la faune troisième silurienne. En somme, six espèces^
que tous les paléontologues s*accorderaient à reconnaître comme
propres au terrain silurien, d'après les analogies existantes, se
trouveraient subitement ëlevëes sur un borizon dévonien, dana
les deux localités qui nous occupent. Plus ces faits exceptionnels
sont nombreux, et moins iU présentent de vraiseniblance, £a outre,
comme les roches de Grand- Manil et do Fosse ont été simple-
ment explorées en passant, par iM. Gosselet, mais n'ont pas été
ré^ulièrenient fouillées, on doit sattcndre à une série de sem-
blables anomalies à mesure qu'on y recueillera de nouveaux fos*
siles. Il est évident que la découverte de chaque nouvelle espèce
d'apparence silurienne réduira, dans une rapide proportion, les
chances déjà si minimes en faveur deThypotlièsc dévonienne.
40 — Considérons maintenant que, parnii les tribolites, lesgenres
Caiymvnc et Sphaicxochus sont représentés dans la faune troisième
silurienne. Par conséquent leur réapparition dans la première
phase des faunes dévoniennes, sous la nouvelle (orme spécifique
que suppose M. d'Oinalius, ser4it concevable comme une prolon-
gation immédiate de l'existence de ces (>eu|'es. Mais il en est tout
autrement pour Trinucleusy qui caractérise exclusivement la faune
seconde, par toutes ses espèces connues, aussi bien sur le nouveau
que sur Tancien continent. La réapparition de ce {>enre dans le
terrain dévonien constituerait donc une anomalie jusqu'ici sans
exemple, c'est-à-dire la résurrection d'un type, non-seulement
après son extinction apparente, mais encore après l'extinction
de toute une faune intermédiaire, c'est-à-dire de la faune
troisième silurienne. Ce serait une intermittence incomparable-
ment plus longue que celle qui est admise dans la doctrine des
colonies, à laquelle notre très respecté maître, M. d'Omalius, n'a
peut-être pas encore accordé son entier assentiment.
Ce que nous venons de dire pour les deux espèces de Trinucleus
s'applique littéralement à l'espèce qui représente le groupe de
Dalmanites conophthulmus qui n'est connu jusqu'ici que dans la
faune seconde silurienne.
En définitive, il ne nous paraît nullement vraisemblable que
les quatre genres en question, reconnus comme exclusivement
siluriens sur toute la surface du monde paléozdique, ainsi que le
groupe de Dalmonites cnnophthnlmus^ aient reparu, par exception,
à Grand-iManil et à Fosse durant la période dévonienne. Dans tous
les cas, rhypothèse de cette réapparition e9t jusqu'à ee jotir pure-
928 sÊAifci DU i9 MAI 1802.
ment gratuite et ne peut présenter qu'une très mince probalbiiité,
puisqu'elle ne peut invoquer Tappui d*aucun fait seinblable, rela-
tivement aux quatre genres et au groupe inentionné. Ainsi, toute
la vraisemblance nous parait rester en faveur de l'opinioa con-
traire, que nous soutenons avec M. Gosselet, en appuyant sur
l'analogie unanime de tous les faits connus jusqu'à ce jour.
M. Alph. Favre lit la note suivante :
^ote sur la présence en Sai^oie de la ligne anticlinale de la
mollasse qui traite rse la Suisse et une partie de fa Bavière;
par M. Alph. Favre, professeur li rAcadèmie de Genève.
On nomme li{;ne anticlinale une ligne qui passe par le sonmiet
des angles que forme une couche inclinée dans deux sens opposés.
Une ligne semblable s'observe dans la mollasse tertiaire de la
Suisse. Elle a été tracée sur la carte géologique de ce pays, publiée
en 1853 par JMiM. Eschcr et Studer. Elle n'est point rectiligne, mais
ondulée, et à peu près parallèle aux chaînes extérieures des Alpes.
On la- voit pariir des bouîs du Rhin, près de Bregenz, traverser
l'Appeiizell, arriver à Uziiacli, à Risch, sur les bords du lac de Zug,
et à Lucernc, d'où on la suit jusqu'à la Falkenflulie, près de
Tlioune. Elle reparait dans le Gu{>gisberg. De là à Lausanne elle
présente une pelile interruption, mais MM. Escher et Studer l'oDt
figurée sur leur carie dans cetle dernière localité.
Plus tard, en 1861, MM. Gandin et de Rumine ont encore
(onsiaté, dans les travaux de la gare du chemin de fer de Lau-
sanne, la présence de cette ligne anticlinale (1). En mesurant It
direction prise par cette ligne des deux côtés du chemin de fer,
u on obtient, disent-ils, la direction S.-O.-N.-E. Cette direction
» irait aboutir au lac de Constance. C'est exactement la direction
0 de l'axe anticlinal tracé sur la carte de M. Studer v; et ils ajoa*
tent : <( C'est en cet endroit, semble-t-il, que les couches infé-
» rieures de la mollasse, poussées latéralement par les Alpes et
» arrêtées par le Jura, ont cessé de se redresser. »
D*après M. Studer (2), cette ligne traverse toute la Suisse,
presque sans interruption, à 40 kilomètres environ des Alpes cal-
caires. Il la regarde connue une preuve de la pression latérale
(1) Bulletin Soc, vnudoisr^ 4 855, 7 décembre, n* 47.
{t) Géologie der SchtveiZf t. Il, p. 4 7i.
'MU'XEl.i
NOTE DE M. PAVRE. 920
exercée par les Alpes sur le sol tertiaire, et ceUe origine se lie
pour lui au fait très connu de la superposition des terrains cré-
tacés ou jurassiques sur les terrains tertiaires, fait qui se voit sur
une grande longueur dans la chaîne extc^rieure des Alpes.
IVI. Studer a donné plusieurs sections dos couches qui forment
la ligne anticliiiale qui nous occupe maintenant a la Falkenfluhe,
à Ëscholzmatt, etc.
M. Kaufmann, en 1860, dans son travail sur la mollasse (1), a
légèrement modifié la direction qui était assi{;née à cette ligne sur
la carte de MM. Escher et Studer. La principale modification
consiste en ce qu'il la fait passer à Mavhacli, près des sources de
l'Ëmme ; la différence est peu grande. Il a observé également une
autre ligne anticlinale plus rapprochée des montagnes calcaires
que celle qui nous occupe. Je crois en avoir retrouvé la trace
dans la montagne des Voirons; mais, à une aussi grande distance,
je ne puis être certain du prolongement exact de cette dernière
ligne anticlinale. Cependant les pages suivantes viennent à Tappui
de cette idée.
Dans le magnifique atlas géognostiqne du royaume de Bavière,
publié par Gùmbel, en 186Î, on voit que des environs de Bregenz
la grande ligne anticlinale de la mollasse se prolon^jo au N.-E., au
travers des collines et des plaines de la Bavière jusqu'au Hauchen
Berg, sur la rive gauche de rfllei*, entre Innnensladt et Kemplen.
On peut donc suivre cette ligne presque sans interruption, des
bords de TU 1er, en Bavière, jusqu'à ceux du lac de Genève, près
Lausanne.
J*ai recherché si, sur la rive méridionale du lac de Genève, on
pouvait trouver des traces de cette ligne anticlinale. Cette recherche
n'est pas facile, parce que les terrains diluviens et glaciaires occu-
pent presque toute la plaine. Cependant, près du hameau de Bon-
natraix, j'ai trouvé au sud de la route de Thonon, et à l'ouest de
cette ville, une carrière de mollasse. Elle forme le point extrême
du côté de l'est, où le grès micacé bleuâtre ou mollasse, qui con-
stitue la colline de Boisy, vient se montrer. Les couches de cette
carrière étant relevées du côté du N.-E. appartiennent à la lèvre
septentrionale de la ligne anticlinale. Ces couches sont en partie
recouvertes par la glaise glaciaire à cailloux striés. Pi es de là, dans
le ravin voisin du village de Sciex, et près du moulin de la Serpe,
dans le lit du Redon, on voit encore cette même mollasse redressée
(1) Mémoires de la Société helvétique des sciences nntnrclles^
4860.
Soc. géol.^ 2" séries tome XÎX. 59
930 «iflANCL' 1)1 '\\) MAI 180!^
flaiis le iiïvïuc sons (diri^cc au N TtO' îÀ 35" K., et plougeanl au
N. ^0<* à 35" O.; C*csl i'iicorc la l(>vre iiorI ilu soulèvement du
coUaii (le Hoisy qui se luoitliL ici. l^is couches sont pt:ii inclinées;
elles plon|;eiit de 20 à 30 lU jjréa.
En amoiit du moulin les couelii-s se redressent. Elles plon^jeut
de bO** en gardant la même direction; puis, en continuant ù
remonter le rayin, on les ironve ])lus liorizonlalcs, lUtiis dirigées
au nord 5" E. et plon{;eant de 10 à 15° à TE., 5** S. Ici elle»
appartiennent à la lèvre sud du pli.
11 est donc évident que dans celle localité se trouve un axe antî-
clinalde la mollasse (1). Celle structure se continue dans la colline
de Boisy, dont ces couches fuiil partie. Cette petite nioniagne est
entièrement formée par des (ouches lediessées nu nord, qui
appartienui nt à la lèvre méridionaU* de cette li{;iic ant.cliiiaJe.
Nulle part ailleurs que dans le lit du Redon, dont je viens de
parler, on ne peut apercevoir la lèvre septentrionale; les couches
qui la forminl manquerit ou sont ensevelies sous les puissants
éboulemcnts partis du haut dt; la colline. La lèvre incriHiooale
est au contraire rch vée à une hauteur con>idérable ; elle atteint le
niveau do 363 mélns au dosus (ki lue de Genève (2), et présente
de jjrands escarpenu.iil - du côté de ce lac.
Celte colliuf csl doni* loiniée par le prolon[;ement de Taxe anti-
clinal reconnu A LausaMiu*, «ixe qui déjà a été rori{>ine de collines
send)lables dans rintérieur rlc la Suisse.
Si nous recherchons le prolon|;rment de cette li(;ue du côté du
S.-O. , on serait tenté de le tionver dans la petite colline de
Alonthoux, placée entre le montSalève cl les Voirons; ceprnilant,
en examinant sa structure, on voit qu'elle est entièrement formée
par des couches redressées .lu N.-E.
Mais si on oliscrve la ]^osilioii des couches du mont Salèvc, on
y reconnaît la ])résence de Taxe anlidinal. En cITet, toutes les
couches de mollasse qui se trouvent sur son vci'saut intérieur du
côté des Alpes sont reilressées au iS.-O., et toutes les couches de
mollasse placées sur son veisanl extérieur sont redressées au
S.-E., en sorte que ces couches se redressent les unes contre les
(4) Dans le lil du Redon la direction des couches de la mollasse est
très variable. Kilo est comprise entre N. SC» E. et le N. 40'* E.;
cependant, comme je lui dit, on voit qiitfl(|ues couches dirigées au
N. 5^ E. L'inclinaison dos couches vano h^^aucoup aussi; quelques-
unes se rapprochent Je la verticale.
(2) Ce lac est h 373 mètres au-dessus du niveau de la mer.
nOTB DB M. FAYRB. 9U
autres ; mais elles sont séparées les unes des autres par le grand
massif de roches jurassiques et néocomiennes qui constitue le
corps de la monta^^ne cl le -même, et qui présente deux systèmes de
couclies. L'un plonge du côté des Alpes, c'est-à-dire au S.-E.;
l'autre est yertical; et à eux deux ils forment l'axe anticlinal.
Cette montagne présente beaucoup d'analogie de forme avec la
colline de Boisy.
Ainsi <ionc, le mont Salève offre un axe anticlinal énorme
s'élovanl à 10C0 mètres au-dessus du niveau du lac de Genève, et
cet axe est placé sur le prolongement de celui de Boisy et de Lau*
sanne, qui lui-même est la continuation de celui de la Suisse et
de la Bavière.
Si je jette un coup d'oeil d'ensemble sur la structure que je viens
de décrire, je vois, en parlant de la Bavière pour arriver en Savoie,
une fente ou dislocation longue d'environ 370 kilomètres, qui tra-
verse toute la Suisse ; au bout de cette fente, je trouve à Boisy une
dislocation très grande, qui a donné naissance à une colline qui
s'élève à 363 mètres au-dessus du lac; je vois encore que cette
ligne arrive au Salève, où la dislocation s'élève à 1009 mètres au-
dessus du lac, et où la sortie de la (>randc masse calcaire a cnor*
mément écarté les deux lèvres de la mollasse (1).
Je crois donc que le mont Salève, la colline de Boisy et la ligne
anticliuale qui traverse la Suisse et se prolonge jusque sur les
bords de l'Iller, ont la même origine et sont une seule et même
manifestation d'un grand phénomène de plissement qui a eu une
très large part dans le relief des Alpes et des contrées voisines.
La montagne du Salève présente une position exceptionnelle;
c'est une grande élévation calcaire ( ntourée de tous les côtés par
la mollasse tertiaire. Cette position a déjà été souvent signalée, et
souvent aussi on a discuté pour savoir si celte montagne appartient
à la chaîne du Jura ou à celle des Alpes. Un coup d'œil rapide jeté
sur les cartes géologiques de la Suisse, de la Bavière et de l'Au-
triche, fera bien comprendre la position exceptionnelle du mont
Salève, car on ne verra nidle part aucune montagne formée par les
(t) Ce genre de dislocation me rappelle ce qui a été dit naguère
par UD savant in^éDieur. o On peut suivre, dit-il, ces lignes parsl-
» lèles de fractures (celles des environs de Plombières, département
» des Vosges) jusque dans le département de la Côte- d'Or, et Ton
» retrouve encore auprès de Dijon, c'est-à-dire à plus de 160 kilo-
» mètres de Plombières, un pointement granitique résultant de la
» môme cause géologique. » ,M. de Billy, Comptes rendus de t*Jca*
demie des sciences^ t. XLIII, 19 mai 4 856.)
1
932 sÊAifCE DU 49 «AI 1862.
terrains jurassiques ou iK^oconiicns, isolée au milien de h pUM
(le mollasse tertiaire.
En rattachant la formation exceptionnelle et locale de celle
monta(>ne â un phénomène plus étendu, j'ai montré qu'elle eitliée
à une [;rande di^location qui paraît être an trait d'unîcm entre la
Alpes orientales et les Alpes occidentales.
Si nous recherchons le prolongement de cet axe anticlinal di
côté (lu S. O. , eu partant du mont Salève^ nous n>n retroofooi
pas la trace d'une manière claire. M. Pillet, dans sou traTSÎlair
les environs d'Aix-les- Bains, a cependant signale de grandes dislo-
cations au pied des montagnes des Bauges; mais, d*après la carie
qu'il a puhlic'o , ces dislocations ne paraissent pas se racoonfer
d'une manière certaine avec celle du Salëve. Plus au sud-ouest
encore, nous arrivons^ au delà de Ghamhéry, dans une région oi
la chahie du Jura vient se réunir avec celle des Alpes. Il y existe
de nombreuses dislocations ; mais nous ne savons â laquelle nous
devons rapporter celle du Salève, et les montagnes calcaires isolcel
au milieu de la mollasse, qui sont figurées sur la carte du Daa-
pliiné de M. Lory, me paraissent appartenir pins au Jura qu^anx
Alpos.
Je ne puis terminer cette note sans faire remarquer combien il
est diflieile de tout voir et de tout coniprendi'e dans lastruclure
d*un pays. Certes les environs de Genève sont abordables et faciles
à scruter, et depuis de Saussure tant de géologues y ont paas^,
qu'on aurait pu croire que cette région avait été suffittmment
examinée, si je ne venais de montrer un trait nouveau dans sa
structure. On arrive à croire que le nombre des observations i
faire dans un pays est presque inépuisable.
M. Jannettaz fait la communication suivante :
Note sur Vobsenfntion de quelques feuilles dans les marnes dn
gypse des buttes Cliaumont; par M. Ed. Jannettai.
Je ne veux redire devant la Société ni l'énumération des mamci
supérieures au gypse étudiées dans la Description géologique des
environs de Paris avec le génie scrupuleux qui a illustré les au-
teurs de ce beau livre, ni même le résumé sagace qui en est pi^-
senté dans le Tableau synoptique de M. Ch. d*Orbigny. Je ne
contenterai de rappeler qu'aux huttes Chaumont, au-dessous des
marnes vertes, des marnes marines, puis des marnes blanches by-
drauliques, on voit encore tout un système de marnes bleuâtiea,
NOTE DK H. DE QUATREFAtiKS. 933
verdâtres, ordinairement colorées en jaune par suilode l'oxydation
etderiiydratation simultanées du fer qu'elles contiennent, et quel-
quefois ornées de zones qu'y dessinent des infdtrations ocreuses.
On sait aussi que, dans sa partie inférieure, ce dépôt de marnes
renferme plusieurs petites couches de gypse grenu. Dans la der-
nière de ces couches, qui est épaisse de quelques décimètres, et
qui repose sur la haute masse du gypse saccharoïde, et surtout
dans un lit très mince d'une marne blanche qui surmonte immé-
diatement le gypse grenu , on observe des empreintes végétales.
J'ai pu y distinguer une feuille de monocotylédonée lacustre et
une feuille de dicotyiédonée. Je regrette de ne pouvoir donner
encore qu'un indice, mais le procédé d'exploitation qu'on suit en
ce moment pour Tabatage du gypse rend l'accès de ces marnes
périlleux^ et m'a défendu jusqu'ici une recherche plus complète.
C'est dans un des lits de marne plus élevé qu'Alex, firongniarta
signalé la découverte d'un tronc de palmier. Peut-être des obser-
vateurs plus heureux trouveront-ils dans ces couches des restes
végétaux plus faciles à comparer à ceux que l'on rencontre en
abondance dans les gypses d'Aix.
M. Gh. Sainte-Glaire Devillc présente au nom de M. de
Quatrefages la note suivante :
Noie sur l'origine artificielle des amas de coquilles connus
sous le nom de buttes de Saint- Michel^en^Ltierm [Vendée) -^
par M. A. de Quatrefages (PI. XIX).
Les buttes de Saint-Michel-en-Lherm, longtemps indiquées seu-
lement au point de vue descriptif, n*ont été l'objet de recherches
scientifiques qu'en 1816, et c'est à Flcuriau de Bellevue que l'on
doit le premier travail ayant pour but de rendre compte de l'o-
rigine de ces singuliei'S amas de coquilles (1). Depuis cette époque
M. Rivière (2) et M. Goquand (3) sont tous deux revenus sur le
(1) Ce travail, présenté à rAcadémie en \%M et imprimé dans le
Journal de physique, a été reproduit en grande partie dans la Statistique
tlu département de la Vendée de J.-Â. Cavoleau, annotée et considé-
rablement augmentée par M. A.-D. de la Fonteuelle de Yaudoré,
correspondant de Tinstitut, 1 844.
(2) Bulletin de la Société géologique de France^ 4 835, et Diction-
naire pittoresque (C histoire naturelle. M. de Yaudoré a reproduit et
discuté les recherches de M. Rivière.
(3) Bulletin de la Société géologique^ 4 836.
Mh êÈkncn du 19 mai 1862.
même sujet et leurs opinions se trouvent repmduites dans les âiwen
traités de géologie.
M. Rivière admet que les huttes dont il s'a»it sont un banc
d'Huîlres qui s'ost formé sur place et est parvenu à la hauteur où
nous le voyons aujourd'hui sans avoir aie souleyd. Ce banc serait
resté h découvert p;ir suite du retrait de la. nier. Fleurinu de
Bellevue avait combattu d'avance cette explication en se fondant
sur ce fait, que le point culminant des huttes est de beauc*onp au-
dessus du niveau de la plaine calcaire de la Vendée, et que par
conséquent, si l'opinion qu*il examinait et qu*a embrassée M. Ri-
▼ière était fondée, on devrait trouver à la surface de celle-ci des
traces du séjour prolongé des mers actuelles, traces qui manquent
entièrement. M. de Vaudoré a insisté depuis sur cette considéra-
tion, qui a sans doute paru concluante à la plupart des géolofraes,
car ils ont généralement adopté une autre explication que Fleu-
riau avait proposée d*abord avec réserve, mais qu'il a très ft)r-
mellemeut admise plus tard (1). D'après cette seconde manière
de voir, les buttes dont il s*agit se seraient formées au niveau des
autres amas d'HuUrrs qui ont été signalés dans les environs, an-
dessous du niveau des marais qui les entourent et devraient leur
relief actuel à un soulèvement local. J'ai moi-même accepté
autrefois cette interprétation d'un fait que je ne pouvais juger que
sur les témoignages que je viens d'indiquer (2),
Toutefois, la conservation remarquable des coquilles signalées
par tous les observateurs précédents m'avait laissé des doutes, et
ces doutes s'accrurent en pi'ésence des résultats obtenus par les
naturalistes danois, et en particulier par iM. Steenstrup, {;râce à
Texamen d'amas de coquilles qui semblaient présenter une cer-
taine analogie avec les buttes de Saint-Michel-en Llierm. On sait
que ces amas, désignés par le nom aujourd'hui classique de Kink'
kcfimadings (3), sont essentiellement formés des dépouilles des
mollusques qui servirent jadis aux repas des hommes de l'âge de
pierre, et que leur étude a fourni sur l'industrie de ces antiques
races, sur la faune de ces âges reculés, des renseignements du plus
haut intérêt. J'espérai bientôt que les buttes de Saint- .Michel
pourraient nous être aussi utiles au même |K>inl de vue, et celte
pensée me décida à aller les étudier à mon tour (/i).
(1) Dans une lotte adressée en 1843 à M. de Vaudoré et oités par
celui-ci.
(2) Souvenirs d'un ntiUutilistc^i. II, 1854.
(3) Littéralement: rebuts de cuisine.
(4) Je suis heureux d'adresser ici mes remercimonts à M. Leroux,
NOTB DB M. DE QUATRBPA6BS. 986
Dès ma première visite jo restai convaincu que les bulles n'a*
vaienl été façoimëcs ni par l'action des vagues, ni par un soulève-
ment. Ni Tune ni l'autre de ces causes ne me parurent pouvoir
rendre compte de leur configuration dont on s'est trop peu préoc-
cupé jusqu'ici.
En arrivant dajis les carrières ouvertes sur deux points, je con-
statai en outre des faits assez peu en harmonie avec certains dé-
tails donnés par quelques-uns de nos prédécesseurs. Je croîs donc
utile de faire connnitre d'abord mes observations sur ces deux
points.
Flcuriau de Bellevue compte trois buttes distinctes, et a cher-
ché à donner une idée de leur ensemble en disant qu'elles res-
semblent à deux S de grandeur inégale couchées et séparées par
un trait d'tmion ( «« -'Ti ). Il est difficile d'être moins exact.
En réalité, les buttes de Saint-Michel-en-Lherm se composent
de deux massifs distincts séparés par une sorte de goulet.
La direction de l'ensemble s'étend de l'ouest -nord-ouest à l'est-
sud-est sur une longueur d'environ 575 mètres (1). Le premier
massif, ou massif du nord, comprend la petite s et le trait d'union
de Fleuriau. Le second massif, ou massif méridional, répond à la
grande S du même naturaliste. Tous deux sont entièrement
revêtus d'un gazon, souvent très abondant, principalement sur les
plateaux supérieurs.
Le massif du nord (I) se compose d'une butte et de deux Jetées,
Il paraît être intact dans toute sa portion nord-est, est et sud.
IVLiis à l'ouest on a bâti, à mi-côte de la butte, une ferme consi-
dérable (la ferme drs Chamls ou des ChaitVy A), et les terrains ont
été manifestement remaniés (^, g). Les renseignements recueillis
sur les lieux ne peuvent d'ailleurs me laisser de doute à cet
égard.
La butte de ce massif, placée à l'ouest, est restée intacte sur une
député au corps législatif, qui, informé du but de mon voyage, voulut
bien m'autorisera faire, dans ces buttes qui lui appartiennent, toutes
les fouilles qufl je jn^erus convenable.
[\) Il est fort diflicilc, à raison mômo de l'ôteodue des buttes, de
se rendre un compte exact de leur forme. Pour lover cette difficulté,
j'ai calqué le plan cadastral qui reproduit la plus grande partie des
contours delà base et donne, par la distribution des canaux et diverses
autres indications des points de repère très précis. C'est en m'aidant
de ce calque et de quelques mesures, que j'ai dessiné sur les lieux un
plan, fautif sans doute dans quelques détails, mais certainement très
exact pour tous les traits essentiels.
930 SÉAM.K DU 19 MAI 1802.
longueur d euviion 190 uièlies sur 85 de largeur (4). llaiu la por-
tion lion remaniée, les talus sont presque aussi nets que ceux
d'une forlification. Le profil en est légèrement ondule du nord au
sud. Cette butte forme un plateau mamelonné, et un de ces nia-
melons est le point culminant des buttes {a). Ce point, d'après
Fleuriau, est à ^5 pieds (15 mètres} au-dessus du niveau des
marais voisins. A Tangle sud-ouest de la butte dont il s'agit, et
sur un point (jui n'offre que des traces de remaniement, on avait
élevé, il y a quelques années, un four à chaux, aujourd'hui aban-
donne (e), C*est là qu'ont été trouvés les deux squelettes dont
MAI. Rivière et Coquand ont parlé. D'après les renseignements
qui m'ont été donnés, je ne puis douter qu'ils ne fussent les restes
d'honnnes ensevelis dans ce lieu assez longtemps peut-être après
la formation des buttes. M. Ck>quand était déjà arrivé à la même
conclusion.
La butte dont nous parlons envoie dans la direction du nord-
nord-est une jetée d'environ 85 mètres de long, qui présente une
particularité remarquable (b). Cette jetée continue d'abord une
sorte de terrasse marginale de la butte, et présente sur une étendue
d'environ 35 mètres une surface à peu près plane de i2 à 15 mètres
de large. Puis tout à coup elle se rétrécit presque à angle droit et
ne présente plus à sa partie supérieure qu'un large dos d'Ane
arrondi. Mais la base des talus reste la même et n'a guère moins
de UO mètres en largeur. La hauteur de cette jetée est d*ahord
égale à celle de la butte ; elle diminue vers son extrémité qui est
arrondie.
De l'angle sud^est se détache une seconde jetée qui se dirige
presque en ligne droite dans la même direction (/) et présente une
longueur d'environ 98 mètres. Celle-ci est bien moins considé-
rable que la précédente. Sa hauteur ne dépasse pas de beaucoup
U mètres ou /i'°,50. La largeur de sa base est seulement de
20 mètres à peu près. Sa partie supérieure est formée par une
arête arrondie. A son cxtiémité sud-est, elle s'élève quelque peu
et présente une sorte de renflement coudé à angle droit, qui se
dirige vers le sud-ouest siu* une longueur de 35 à 38 mètres.
C'est cette petite jetée que représente le (mit d'union de Fleu-
riau. Il eu fait une butte distincte, et en cela il se trompe. Il est
facile de constater son erreur en examinant les berges du petit
canal £. On voit sur-le-champ qu'il a été creusé au milieu des
(1) Â en juger par les traces qui restent, cette largeur devait être
h pou près double et la butte devait former un quadrilatère irrégulier.
NOTB 1>S M. DK QUATEKFÀGB8. 037
11 uilies, et que la sëparalion de la butte et de la jetée est tout
artiûcielle.
Il n'en est pas de même de TintervaUe ou goulet qui sépare les
deux massifs, et dont la largeur est de 55 à 56 mètres. Un canal
a été creusé au milieu même de cet espace libre, et ses berges ne
présentent rien qui rappelle et qui frappe tout d'abord dans celui
dont nous venons de parler. Il est évident que les deux massifs
sont bien indépendants Fun de Tautre.
Le second de ces massifs (II, II, II) diffère considérablement du
premier. Use compose de deux buttes et de àeixx jetées. Le tout res-
semble assez à une faucille dont le manche serait étroit et dont la
lame, large à son origine, étroite au milieu, se terminerait par un
large quadrilatère presque régulier. La corde allant de Textrémité
du manche à L'angle interne du quadrilatère a 300 mètres de long.
Le développement de Tensemble est de plus de 520 mètres. Ce
massif est intact dans toute son étendue, à Texception d'une faible
portion de la butte qui se termine au sud-est.
En partant de l'ouest, on rencontre la première jetée (/i), ter-
minée de ce côté par une sorte de tête arrondie, se prolongeant
presque en ligne droite de Touest-sud-ouest à l'est-nord-est sur
une longueur de 178 mètres. Cette jetée n'a guère plus de
5 mètres de haut ; la largeur de sa base est d'environ 20 mètres,
et elle présente à sa partie supérieure une arête dont la portion
arrondie n'a parfois que 60 à 50 centimètres de large. Les talus
en sont très nets et à peine ondulés.
A cette jetée se rattache la première butte (f). Celle-ci est
allongée, coudée vers son milieu presque à angle droit. Les deux
branches qu'elle forme ainsi sont en outre légèrement arrondies,
et la première inclinant vers le nord forme avec la jetée dont nous
venons de parler un angle obtus. Les deux branches sont à peu
près égales, et leur longueur mesurée à la base des talus est d'en-
viron 95 mètres. Cette base elle-même a environ k^ mètres, et le
plateau qui règne en dessus n'a guère moins de 22 mètres de large
en moyenne. Il est d'ailleurs bien moins accidenté que celui de la
grande butte du premier massif et sensiblement moins élevé. II
s'élève brusquement, formant un mamelon arrondi au-dessus de
la première jetée, et s'abaisse insensiblement vers la seconde jetée,
à laquelle il se relie par un rétrécissement qui |K>rte surtout sur
le contour extérieur.
Cette seconde jetée (/*) est courbe. La corde qui la soutendrait
aurait 105 mètres environ. Sur certains points la base n*a guère
plus de 15 mètres de large. Le talus est très sensiblement moins
988 SÉANCE DU '^^ MAI 48fl*>.
rapidp sur la facr orirnraic ([\\c sur l'ocridentale. £nGn i'arète,
quoique fort rdoitc pir ])lacrs. ur l'est pourtant pas autant que
dans la première jetre dtMit nous venons de parler tout i
riirure.
F^a seconde hutte du mnssif mi^ridional toninne ce singulier
ensiinlde fX). Nous avons déjA dit qu'elle est A peu près qu-idri-
latèiv. Sa lou(;ueur est d'environ 90 mètres, sa largeur de 70 Au
nord, i\ Test et drius la plu « j;raude partie «les côtés ouest et su/1,
les talus sont parfaitement entiers ; mais l'an^^le snd-onest a été
remaidé. On a construit là ime ber{»enc dépendant de la ferme
du Travert (R), A côté de Incpielle s'ouvre une véritable carrière
sur laquelle j'aurai à revenir. Les an[»les sud-est et est sont fortf-
ment arrondis. Ii*an|;le nord, nu contrai iv, s'allonge beaucoup
pour rejoindre la jetée eourbe décrite dans falinéu cfui pnVède.
A en \U[\r\' par les traci^s «U- Tancien talus, l'angle sud ouest s'al-
longeait aussi d'une manière assez scnsihlc, si bien que les deux
dia{;Oiialis ne difl -raient (;uèri' que d'une douzaine de inètret
(100 et 112 mètres environ \
Voilà ce que les hri'fc^ .!r Saint- Mirhi'l-en'Lherm montrent an-
dessn«5(!ii soi qui les c nloine ; mais il est évident qu'elles s'enfoncent
au-d»'ssous de ce niveau. Jusqu'à quelle profondeur pénètrent-
elles PTe <M(>is que nous n'en savons encore rien. Les deux fer-
miers qui se les partagent m'ont tous deux assuré que même dans
les sécheresses les plus fortes ou avait trouvé Tenu avant «l'avoir
franchi les massifs de coquilles. Un puits (D), placé dans le voisi-
na{;e de la ferme des Chaux, a son fond dans ces mêmes nKissifs,
et un canal d'assèchement, creusé un peu plus bas, montre des
coquilles jusqu'au bas de sa berge. Il n'en est que plus remai-
quable de ne ri'Mi t rouvcr de semblable dans le canal H , creusé dans
\e fToiifre (|ui sépare les deux massifs.
Si je ne me trompe, les dispositions que je viens de dcK:rirc,
mais dont il est d'ailleurs difficile de se faire une idée, si Ton n'a
pas un ])lan sous I» s yeux, ne s*accordent guère avec la théorie
qui attribue à un soulèvement la formation de ces étranges mon-
ticides Si les bnlte.s étaient isolées, on pourrait peut-être s'ar-
rêter à e»tte opinion: mais l'existence de ces lonp,ue8 jetées, à
arêtes presque vives, à bases si étroites, me parait à elle seule
devoir la faire rejeter. Au contraire, elle s'accorde très bien avec
l'idée d'un travail fait de main d'hoiume ; et ecrtaîneuient, si les
buttes <I( Saiiit-Miehcl eussent été en tire au lien d'être exclu-
sivement conipo.ées de c0(|nilles, on n'aurait jamais vu en elles
autre ehos(^ que de*; travaux élevés dansime intention quelconque.
MOTS DK M. DE QUATRBFAGBS. 9S0
Or, eii prtfeence des faits observés en Danemark, celte difficulté
ne pouvait m'arrétcr.
Un premier examen de la structure des huttes ne fit que me con^
firmer dans des idées qui ne reposaiiMit encore que sur des pré»-
somptions. Fleuriau les a décrites comme composées de couches
régulièrement stratifiées ; il affirme avoir fait ouvrir des tranchées
sur plusieurs points et avoir partout retrouvé le même fait ; mais
en même temps il déclare n'avoir pu consacrer à celte étude qu'un
petit nombre d'heures.
Cette dernière circonstance explique l'erreur où est tombé
l'ancien correspondant de notre Académie. Il est évident que ses
tranchées ont été trop peu profondes. S'il eût pénétré un peu
plus avant dans les massifs, ses opinions eussent été tout autrts(l].
Voici, en effet, ce que j'ai constaté relativement à ce point de la
question.
Lorsqu'on examine les buttes extérieurement, surtout sur cer-
tains points, et en particulier le long des jetées étroites h et /, on
peut tout d'abord être tenté de croire à une stratification des mieux
caractérisées. En eftei, le lonj; des talus on voit se dessiner de
loin des bandes presque horizontales et dont le nombre varie. Ces
bandes sont formées par des lignes de gazon où l'herbe est bien
plus fournie que dans les intervalles qui les séparent. Pour voir
si, en effet, il y avait là une slratiMcaiion réelle, j'ai fait faire une
tranchée sur un des points: où cette disposition était le plus forte*
ment accusée vers le milieu «le la jetée y. Je reconnus bientôt que
ces lignes de gazon tenaient à ce que la ttrre végétale s'était acco-
mulée en plus grande quantité sur les points indiqués par la végé-
tation plus abondante. C'est un phénoincrie analogue à celui qui
se produit sur toutes les ])C'nles un |)eu rapides, et que j^avais eu,
l'annéo dernière, l'occasion de constater sur des buttes à talus
rapides, composées de matériaux où n'existait cerlaineinent p^s
même Tombre de stratification.
Mais celle-ci pouvait avoir lieu parallclemenl aux reliefs des
buttes. C'est même dans Cl' sens qu'il faut prendre, je crois, les
expressions de Fleuriaii. J'ai trouvé, eu effet, des traces de cette
disposition dans une carrière ouverte à une assez faible profon-
deur derrière la ferme des Chaux. Quelque chose de semblable
s'est aussi présente partout où j'ai fait ouvrir des tranchées. Mais
cette structure, plus ou moins straliliéc, u(; pénétrait jamais pro-
«■■■ 1 1
(!) M. Rivière, tout on a'îfnoltanl la stratification, reconnaît qu'elle
est peu marquée.
9i'i gfiANCE DU 19 MAJ 1862.
travaillé à IbuilUr lu lochcr^ Cartcau répliqua qu'il avait Iravaillé
il y a Yin^l-iiiiit ;iiis à déhiiirassiT les nl)onU de la ferme des
Gliuiix, et qii il avait trouvî* au iniliiu îles lluîtrtâ» uuc cartouche
de vin^l'.'^v fit pièces de mourtaii' iiivclopixvs dans un morceau de
toile grossière cdiiinie In toile à vuile. Cette toile ët.iit pourrie,
mais encore rrconnaissable 11 porta sa trouvaille ciicz uu M. Du-
four, qui s occupait tic cliosrs anciennes. Celui-ci chercha dont
un livre oit étaient repKwt niée.s toutes xortes de munn€iics. Il trouva
et montra à Carteau la représi' nia lion exacte de celles €|u'il venait
de rceueillir, et lui dit que c'étaient des monnaies tic Ptrp'n ic BreJ,
Il est bien difficile de ne p.is accipler ce témoij'nage que j'ai
clierclu! à reproduire dans sa naïveté Carteau est un simple jour-
nalier |>ariaitenient illettré, et il ne peut avoir invente ce nom de
roi, pas plus que l'iiistoiie du volume où étaient représentées toutes
sortes de monnaies, ^lallieuieusiinenl ces pièces de conviction ont
été perdues parce que personne ne conipiit Tinlérêt qu'elles pré-
sentaient (t).
Caiteau ajoutait que les lettres étaient encore très bien mar-
quées sur les monnaies Kl les travaient donc été que |>cu de temps
en cireulatiun et étaient restées ensevelies dan» les buttes depuis
le règne de Pépin ou de (|ucl(|u'un de ses successeurs inimédicits.
Gela même permettrait, à la i i(jucnr, ifadmcttre d'ors et déjà l'o-
pinion que m'exprimait M. de (lhatei[jner, qui reportait l'érectioD
des buttes au temps de Ciiarlemagne. On s:iit, en oITet, que ce
monarque fit construire le \o\\\^ de uns côtes des abris destinés à
prolé{;er les marins contre les premières invasions des Normands.
Or, la disposition des buttes dont nous parlons semble eu effet
très piopie à avoir formé un poil de refuge |>uur de petites em-
barcations à l'époque dont il s^agit. La mer entourait alors la
plupart d(-s fies calcaires qui s'élèvent au milieu du marais.
Les huttes de Saini-Miclicl-en-Ll)crm avaient au nord et h
200 mètres environ Tilc étroite et longue de la dune, qui, placée
presque perpendiculairement  l'axe du premier massif, complé-
tait un véiital)le bassin. Ce bassin lui-même placé entre les îles de
Triai /(■ à Test, et d-j Saint-iMiebel au sud, était déjà abrite
contre les ]>lus violents coups de mer. A tous égards il pouvait
donc j(>u< r le lôle d'abi i. Il présentait même, on pont le dire, un
port iatrnûur «'Oinpris entre la dune et Ks deux massifs (2), et un
(i) Cartoau employa >qs médailles en t^uiso de moules de boutoo.
(%) C'est entre ces deux derniers, mais sur un point qu'on n*a po
m'indiquer avec une précision suffisante pour que je le marque sur le
NOTR DK M. I)K Ql'ATREFAGFS. ij^îi
part cxiciicui ow (iv/int-port, foi nie par la courbure du second
nr.issif, là où isl aiijum<riiui l'iihinivoir V (1).
Quoi qu'il en soil de celle hypolliès^' relalive à la destination
des but Us, on voit tjue leur énction se trouve reportée à une
ép()(pie rilaiivenient très réeente. Or, malgré les mouvements de
ré(H)ree terrestre qui me paraissent avoir incontestablement mo-
difié le niveau de ces contrées et d'autres portions de nos cotes
de Touest, depuis les temps bistoriques et jusque dans le moyen
a(;e (2), rien ne nous autorise à admettre l'existence pendant celte
période «l'actio >s violentes et localisées au point de produire un
soulèvement comme celui de ces buttes, en laissant même de c(^té
ce que leur con[i';uialionme semble avoir d'incompatible avec nue
pareille origine. Nulle part ailleurs, ni la Vendée, ni les pays
voisins ne présenlent, — du moins que je sache, — rien qui rap-
pelle faction de semblables forces.
Voici enfin un dernier fait qui vient ajouter encore aux proba-
bilités qui militent en favetu' de mon opinion, savoir, que les
buttes dont il s'a^^il sonl le produit de l'industrie bumaine cl nul-
lement le résultat de la mise en jeu des forces naturelles.
Meuriau et tous ceux (juise sont après lui occupés de ces élrani'cs
amas de coquilles ont constaté que la majorité ilcs mollusques
bivalves que l'on y trouve ont conservé leurs deux valvts en
place. Ce fait est parfaitement exact. J'ajouterai même cju'à l'in-
térieur de la {grande butte où peintre la carrière de la ber(jcrie du
Travert, ce n'est plus ta mujtnitc^ mais à pm près la totalitc des
individus qui présentent cette curieuse particularité.
Or, dans un moment où je suivais de Tœil avec une atleutiou
plan, qu'ont été trouvés, non loin de la petite digue/, les débris d'une
grande barque enfouis 1 une faible profondeur. N'est-il pas permis de
voir là une de ces vieilles embarcations qui pourrissent et échouent
sur place, comme on en voit dans presque tous nos petits ports de nier ?
(i) Les berges de cet abreuvoir creusé asbcz profondément ne pré-
sentent pas de coquilles ou n'eu présentent que d'isolées. Il est cer-
tainement placé en dehors des amas qui nous occupent, quoique distant
seulement de 30 mètres environ.
(i) De quelques faits signalés par W de Vaudoré il résulterait que
ces mouvements se contiouenl encore do nos jours. Il cite un rocher
qui s'élève progressivement au-dessus de la mer dans les environs de
àaremmos et un marais salant dont on est obligé de renivelor périodi-
quement une partie qui sélève aussi au-dessus du niveau établi.
Tout ce que j'ai pu recueillir sur ces contrées me semble devoir fixer
d'une manière toute spéciale fattentiou des géologues.
9ikA SfiANCR DU 19 BAI 1802.
facile à comprendre le travail de mes ouvriers, j'aperçus touti
coup, au milieu des Huttres entières^ un peut ainas, une sorte de
nid de valves séparées les unes des autres. Le contraste ëlait à
remarquable qu'il frappa même mes journaliers une fois que j'eus
ap|)elé leur attention sur ce point. Je Téplucbai avec soin et comp-
tai environ 35 à Z|0 de ces valves ainsi isolées. Toutes^ et surtout des
valves planes ^ portaient au bord opposé à la charnière des fractures,
des écaillures parfaitement semblables à celles qui se produisent aa
même point lorsqu'on clierclie à ouvrir une Huître TÎTanle avec
un couteau. — Il me paraît lioi's de doute que j'ai eu là sous les
yeux les traces d*un repas, un petit KiQkkenmading englobé an
milieu des matériaux de la butte.
Je le répète, — si les sin[;uliers ouvrages du maran de Saint-
MiclieUen-Lherm étaient en terre ou en cailloux^ personne n'au-
rait mis eu doute qu^ils fussent dus à la main de l'homme. La on«
ture seule des matériaux a pu et tlâ faire naître l'idée d'une ac-
tion géologique. Dans Tétat actuel des choses et malgré les bits
que je viens d'exposer, bien des pei-sonnes peut-être reculeront
encore devant la pensée d'admettre qu'on a pu élever tout un
ensemble de collines artificielles et de jetées dont le développe-
ment représente une lon[>ueur d'environ 900 mètres, en n'em-
ployant d'autres matériaux que des Huîtres entières, vivantes, et
les mollusques qui les accompagnent d'ordinaire (!}.
Mais lorsqu'on a visité les lieux, loi-sqn 'on s'est rendu compte
de ce qu'ils étaient il y a huit ou neuf siècles, le fait parait au con-
traire fort simple. Les plaines actuelles étaient une mer peu pro-
fonde et pour ainsi dire pavée de bancs d'Huîtres dont les sommets
se montrent encore sur plusieurs points, à une petite profondeur
au-dessous du niveau actuel des terres (2). Les collines liasses qui
[\) Les pierres sont partout excessivement rares dans les buttes.
Mes ouvriers ont pelversé certainement plusieurs charretées de co-
quilles. J'avais appelé leur attention d'une manière toute spéciale sur
les pierres qu'ils pourraient rencontrer. Je les surveillais en outre avec
grand soin d'une manière à peu près constante. Or, nous n'avons trouvé
que deux petits galets de la grosseur du poing. Ces deux galets et un
troisième plus gros que je découvris lors de ma première visite sur les
flancs d'une exploitation située derrière la ferme des Chaux sont tout
ce que j'ai vu dans mon étude incessante de quatre jours.
(2] Fleuriau de Bellevue et M. de Vaudoré ont indiqué plusieurs
localités où les Huttres viennent affleurer le sol. Il serait fort intéressant
d'examiner ces divers bancs; mais cette recherche ne peut 6tre hitt
que par des personnes fixées sur les lieux. Je ferai seulement, à pnqios
NOTI DB M. DB QUATRBFAGBS. 0A6
dominent le marais élaient autant de petites iles fort peu élevëes.
L'extraction et le transport des roclies et des terres nëcessaires pour
former les buttes auraient été plus difHcilesque la récolte de mol-
lusques, évidemment surabondante, qu'on trouvait au voisinago
même des travaux et que recueillait habituellement une popula-
tion forcénieat adonnée à la pèche. — Ainsi s'explique bien natu-
rellement un choix qui peut paraître plus qu'étrange au premier
abord.
Celte manière de concevoir Torigine des buttes de Saint-IVf ichel-
en-Lherm permet de rendre compte d'une foule de détails inex-
plicables dans l'hypothèse d'une formation naturelle et sur place.
Elle explique en particulier la forme générale, l'existence de ces
grandes masses d'où se détachent de longues jetées, la régularité
des talus aussi intacts encore de nos jours que le seraient ceux
d'une fortification en terre abandonnée depuis peu d'années (1).
Elle explique surtout l'absence totalf?de stratification à l'intérieur
des massifs, là où ne s'est pas étendue l'action toute superficielle
des (lots (2) et peut-être aussi de réparations, d'additions succes-
sives de matériaux.
Les buttes de Saint-Michel ne sont donc pas des KHikktmma*
tUngs, A divers points de vue ce résultat est regrettable pour l'an-
thropologie et pour la zoologie ; mais il faut bien Taccepter.
de ces bancs, une réflexion que je livre aux géologues. Ces bancs qui
semblent bien occuper encore aujourd'hui leur position primitive sont
de 3 à 4 mè^es au moiris au-dessus du niveau moyen des basses mers
de syzygies. Or, dans les mers actuelles les Huîtres ne sont réellement
abondantes et surtout ne forment des bancs qu'à une hauteur bien
inférieure à ce niveau. Pour que les bancs du marais soient aussi élevés
qu'ils le sont, il est nécessaire d'admettre que la contrée tout entjère a
été soulevée depuis l'époque de leur formation. Ce fait vient à l'appui
de bien d'autres données conduisant toutes à la même conclusion et
que j'ai brièvement exposées ailleurà [Souvenirs d'an naturalistt*^ t. II).
(1) J'ai visité en Alsace des rester de fortifications de campagne
élevées pendant la guerre de Trente ans. ils sont sensiblement plus
dégradés que les buttes de Saint-Michel. Les talus sont surtout beau-
coup plus arrondis. La terre avait cédé bien plus facilement à l'action
des agents extérieurs que ne l'ont fait ces coquilles enchevêtrées les
unes dans les autres, se soutenant mutuellement, et revêtues d'une
sorte de croûte formée par les débris agglutinés entre eux par les
indurations calcaires.
('2] On sait que dans les Kifiklsetimadinj^s eux-mêmes, dont la for^r
mation artificielle est incontestable, on trouve des traces de stratilip^n
tiens, des couches alternantes de sable et de coquilles, lorsau'ils spot
placés a^r das points où venaient battre les flots à marée haute.
Soc. géol., 2* série, tome XIX, 60
9A6 sfiANCB ou 19 haï 1862.
Dolt-oii pour ci'Ia renoncer à Fcspoir de trouver dans not oon*
trées Téquivalenl de ces résidus de cuisine A iatëreatanU pour h
science? Je ne le pense pas; maïs il faudra les chercher. La
anciens rivagesdu golfeduPoitou, si faciles à suivre sur la carte de
IMM. £lie de Beaiunont et Dufrénoy, doivent surtout être ezploiéi
avec grand soin. S'ils étaient habités à Tâge de pierre, nul doale
qu'ils n'aient dû laisser des traces de festins analogues à ceux que
nous ont fait connaître les savants danois. L'abondance des mol-
lusques attestée par Tctrangc monument que nous venons d'étu-
dier est une garantie presque certaine à cet égard. J'appelle donc
toute Tattention des hommes intelligents qui habitent ces contrées
sur les amas de coquilles d'HuUres signalés par divers auteurs, et
en particulier sur ceux qui semblent être quelque peu ëlevës au-
dessus du niveau actuel du marais mèridioiiaL J'adresse les mêmes
observations aux antiquaires et aux naturalistes plscésdans le voi-
sinante du marais occidcntaL Là aussi on a signalé des amas de
coquilles ; là aussi des recherches intelligentes peuvent être cou-
ronnées d'un succès qui intéresserait à la fois les sciences natu-
relles et farchéologie.
En résumé, de renscniblc de faits et de considérations qui pré*
cèdent, je crois pouvoir tirer les conclusions suivantes :
1° Les buttes de Saint- IV) ichel-cn-Lherm, considérées jusqu'ici
comme devant leur ori{;ine à Faction des forces naturelles, ont été
en réalité élevées de main d^homme au-dessus du niveau de la
mer qui les entourait.
2° Cette construction est postérieure au règne de Pépin le Bref
et date peut-être du règne de Gharlemagne.
3^ Il paraît probable qu'on devra découvrir le long des anciens
rivages du golfe du Poitou et des contrées analogues en France
des Kiô/(kcnmadings plus ou moins semblables à ceux qu'on a
trouvés en Danemark.
M* Piette fait la communication suivante :
La partie inférieure du terrain crétacé dans t Aiêne ei la région
occidentale des A tonnes; par M. Edouard Piette.
En 1863, M. d'Archiac décrivit le terrain crétacé du dépsrtement
de l'Aisne (voyez Mém. de la Société géol, de France^ l'user., t. V,
seconde partie). H rapporta au gault ses assises inférieures. Depuis
cette époque, plusieurs géologues ont étudié dans ce pays la suc-
cession des couches de ce même terrain. Leurs travaux* quoique
IfOTB DB M. PIETTE. 947
faisant connaître des faits intéressants, n*ont rien appris sur l*âge
des dépôts qui en font la base. Duinont seul émit à leur sujet
une opinion qui parut des plus excentriques. Il prétendit qu'ils
appartenaient à Tétage néocomien. Repoussant par système toute
considération paléontologique, il n'indiqua pas les raisons sur les-
quelles il basait son opinion ; aussi ne fut-elle pas admise dans le
monde scientifique, et M. d'Archiac essaya de la réfuter dans
V Histoire des progrès de la géologie.
Je viens de parcourir à mon tour, en compagnie de iMl\l. Pa-
pillon et Rogine, qui ont voulu me guider, le terrain crétacé du
département de TAisne, sur les rives du Thon et de TOise, et j'ai
pu me convaincre que Dumont avait bien observé.
Deux ruisseaux, Tun qui descend des coteaux de L.indouzy et
se jette dans le Thon, près du moulin d'Ëparcy, l'autre qui tra-
verse le bois des Moines, et se jette un peu plus haut que le pre-
mier dans la même rivière, montrent sur leui*s rives dénudées par
les eaux l'affleurement de couches sableuses, noirâtres, à grains
grossiers, contenant quelques nodules noirs et une grande quan-
tité de parcelles de glauconie verdatre. La formation a environ
15 mètres d'épaisseur dans le bois des Moines. On y voit d'énormes
Huîtres dont j'ai l'honneur de présenter quelques spécimens à la
Société géologique. Les unes, arquées, fortement carénées, ne sont
auti*e chose que des Ostrea aquila géantes ; les autres, plus larges,
plus courtes, moins carénées, constituent une variété inédite de la
même Huître, sinon une espèce nouvelle ; quand elles sont atta-
chées par le crochet, leur longue charnière leur donne une forme
lyrée. Quelques fossiles, compagnons ordinaires des Ostrea aquila,
apparaissent avec elles ; ib ont généralement des couleurs irisées,
mais sont si fragiles qu'on peut rarement en obtenir de détermi-
nables.
Ce groupe d'assises repose sur la grande oolithe ; il est bien
distinct du gault qui le recouvre ; représentant l'étage aptien de
d'Orbigny, il n'appartient pas au néocomien proprement dit. W
n'est pas étonnant qu'il ait échappé aux investigations de M. d'Ar-
chiac. Ne présentant ni marnes pour les terres, ni pierres pour
bâtir ou pour faire de la chaux, il n'était exploité nulle part quand
ce savant a exploré le département de l'Aisne; son affleurement
sur les rives des ruisseaux est presque toujours masqué par des
arbres et des buissons, et son épaisseur est loin d'être partout aussi
considérable que dans le bois des Moines.
On trouve encore des Ostrea aquila à Éparcy, sur la rive droite
da Thon, au sommet du coteau, k la Hérie, dans un chemin
9A8 SÉANCE DU 19 MAI 1862.
creux, à Ohis, dans la carrière du four à chaux» où elles caracté-
risent une marne rougeâtre qui repo&e sur la grande oolitbe, et à
Luzoir, dans la carrière du Foit^ près de la rivière (1). Il est pro«
bable qu'en cherchant raffleurenient des couches qui les contien*
nent on les retrouverait à Mondrepuis.
Pour mieux faire connaître la position de Tétage aptîen dans le
département de TAisne, je donne une coupe passant près de Tégliie
de Landouzy et du vieux moulin d'Eparcy.
A — Blarncs bleues, onUcuranl li lu montée de rc);li>e.
B — Marnes rertlitres.
C >- Couches argilo-^ableutes, couleojut des bancs de silicate d'alomlne blancbSlr», Mmt,
ù giuins très fins, rcufe mant des înocçramus ^u/c/i/«4 ut quelques iiutrgi %%
silos. Sans le« ïnocernmus snlcaltis^ je ser.ii^ lente de mei:re cet coucben sur la
mêaie ligne que la fsaicn (>et Ardennrs.
n — Couchci argilo'Sahleu^es, arec rognons de grèf et TossiUi dn gaiill.
E — Marne i.oire, grossièremcut feuillclce, contenant des fossiles oax couleurs iritrftti
aplati» entre les feuillets.
F — Sables noire, glauconieux, à Ostrea aquila.
G — Grande oolitlic.
H — Allumions.
L'étage apilcn se prolongc-t-il dans le département des Ar-
deniies? Cela est probahle. Je pense l'avoir retrouvé à Ruiiiigny.
dans la partie inférieure d'un groupe que MM. Sauvage et Buvi*
gnier ont dési^jné sous le nom de grès vert, et que M. d*Archiac
a rapporté au gault.
^i— "^***'^^»— ^wn
(1) M. Rogine a trouvé à Luzoir une Ostrea aquila attachéo sur
un banc d*oolithe miliaire bathonienne.
NOTE DE M. riETTR.
Voici la coupe du grès vert à Kuinigny :
9h9
V
es
w
p
A — Couches argilo-subleuscs, avec rognons de grès tuberculeux, coiitcnanl lu f>unc eu-
lactéristique du gauU.
B — Grès glauconicux, verdfitres ou noiiâties, h graius grossieis, suus fosïîlcs, uyunl une
cassure tanlûl lustre'e, tantôt grenue, aflleuraut dans des argiles murbre'et. J^y ai
reconnu des fragments dMfaUres ënormes, trop mal con8<*rTées pour ôlre de'Iermi-
nables, mais appartenant probablement à VOtlita aquila. Ces grct sont peut-être
l'cquh aient de ceux du bois des Moines.
C — Marne bleue ou noire, feuillctce, tiès pyritcuse, efflorcscente, dégageant une odeur
siiirureuse. exploitée aux buttes de IVgUse poar l'amendAment des prés. Des mil-
liers de petites Abtartes, des Teignes, des Limes, des Nucules, des Trigonies, des
Pernes ot d*autres fossiles y forment une riche faune qui n'a rien de commun avec
celle du gault. Malhour«ui«lkientt ce* fossilM, fort beaux quand on les recueille, Se
décomposent promplcmcnt »ous l'influence de l'air, cummo les marnes qui les con-
lienncnt, et larcmeht on peut les conserver eu bon étal.
D — Grande oolitbe.
E — Alluriond.
Résumé et conclusions, — 1** Le iiëocoinieti supérietir ou étage
aptien affleure dans les Ardeiines et dans TAisne; peut-être iiiénie
les marnes dos bulles de Tc^jHse, à Ruinigny, appartiennent-elles
a un étage plus ancien. 2° Les couches dt'signéos sous le nom de
giès vert par Mî>L Sauva';e et Ruvignicr, sous le nom de {;ault par
i\J. d'Ardiiac, dans sa description du département de TAisue, doi-
vent être dédoublées; les plus inférieures sont de Taptien, les
autres sont du gault. 3® Il reste à étudier les questions suivantes :
N'y a-l-il pas à la base du fjrès vert quelqties couches que Ton
doive rapporter à Turgonien? N'y en a-t-il pas à sa partie supé-
rieure que Ton doive rapporter à Talbien?
M. Bclgrand termine sa communicalion sur les eaux du
bassin de la Seîne.
Le secrétaire donne communication, au nom des auteurs^
des quatre notes suiyantes :
950 SÉANCK DU 19 MAI 1S62.
Résumé du 1. 11 de son ouvrage intitulé : Brachiopodes fossiles
des lies Britanniques ; par Th. DavidsoD.
Après cinq années de recherclies des plus assidues, les dernières
pages du second volume de mon grand ouvrage sur les Brachio'
pndvs jossiUs des (les Britanniques viennent d'être impritiiécs. Ce
second volume est entièrement consacré aux espèces Garbomifèbii
et Permiennes, et se compose de 325 pages de texte, et de 58
planches in-quarto, dans lesquelles toutes les espèces coiuiues de
ces terrains dans les iles Britanniques ont été décrites et dessinées
J'ai pensé que peut-être la Société géologique de France me per-
mettrait de lui soumettre très brièvement quelques-uns des résul-
tats déduits de ces recherches.
Le terrain carbonifère occupe une étendue considérable dts iles
Britanniques et est une source des plus importantes de ses grandes
richesses industrielles. 11 occupe un certain nombre de bassins oa
provinces assez distinctement limités. Ainsi nous pourrions par-
tager la surface carbonifère de ces iles de la manière suivante:
\° Bassin écossais; 2° de Northumberland, Durliani et duTccs
(la ligne de la rivière Eden et du Tees formant une bonne limite
pour séparer du n° 2) 3° celui du Yorkshire et du nord du Lan-
caster, aussi loin sud que Wharfedale ; 4° celui du Cunihcrlaod
ou Whitehaven; 5^ du Derbyshire avec ce que l'on nomme le
bassin houiller du Yorhshire et du Lancashire sur chaque flauc;
6° le nord du pays de Galles (Wales) et le comté d'Angleaey ;
7^ du Shropshire et de la Forets de Wyre, ainsi que les lambeaux
du Staffordshire et du Leicestershire; 8° le bassin du sud du pays
de Galles; 9*" Forest de Dean, Bristol et des Mendips; 10* du
Devonshire; li'' de l'île de IVlan; 12** de l'Irlande, qui pourrait
aussi être divisée en quelques bassins.
Après des recherches considérables j'ai trouvé que soixante et
onze comtés ou départements contenaient des roches carbonifères
accompagnées de brachiopodes, et après avoir, avec grande peine
et persévérance, aidé du secours obligeant et zélé de nombreux
géologues et collecteurs locaux, rassemblé toutes les espèces de
ces comtés, il m'a été possible de m'assurer jusqu'à un certain
point de leur distribution générale dout voici quelques-uns des
lésultats. Nous commencerons d'abord par I'Anoleteake, dont
dix-huit comtés ont fourni cent douze espèces, étant en même
temps la portion des îles Britanniques la plus riche sous ce rap*
port. Le plus grand nombre des espèces sont répandues dans
NOTK DE M. DAVIDSON. 951
le calcaire carbonifère [iower scar limes:onc et les schistes qui les
accompagnent). Quelques-unes se sont trouvées en même temps
dans les couches superposées, dites yoredale-rocks eimillstone-grit^
et un petit nombre d'espèces ont continué leur existence jusque
dans la période houillère, c'est-à-dire dans les dépôts carbonifères
supérieurs.
Quelques bracbiopodes carbonifères anglais ont été figurés en
1686-1692 par Lister dans son « Historia sive synopsis methodica
conchyliorum et iubularum marinarum^ vol. IV; » mais ce n'est
que depuis 1809 que les fossiles carbonifères ont commencé à
être sérieusement étudiés en Angleterre.
Dans le Pats de Galles, neuf comtés ont jusqu'ici fourni envi-
ron /!tO espèces, dont nous donnerons la distribution plus loin.
£n Ecosse, quatorze comtés ont offert 50 espèces, et il a été cal-
culé que près d'un dix-septième de la surface entière de ce der-
nier pays est composé de roches carbonifères; mais c'est dans la
portion centrale que ce terrain occupe la plus grande surface ; il
forme là une large bande sub-parallèle de près de 100 milles an-
glais de longueur sur environ 50 de largeur, s'étendant de la
portion nord du Firth de Forth à la rivière Glyde, et aussi loin
que l'extrémité du Cantyre. Aucune portion du système ne parait
avoir été rencontrée dans le nord de l'Ecosse ; mais dans le sud il
existe une bande étroite partagée en lambeaux détachés, qui
s'étendent le long des frontières de l'Ecosse et de l'Angleterre, de
Berwick jusqu'à près de Kircudbri|;ht.
Les dépôts carbonifères de l'Ecosse diffèrent cependant de
ceux existant en Angleterre et eu Irlande, par la manière dont
les couches diverses de calcaire à crinoïdes et à polypiers alternent
avec des couches de houille et de schistes bitumineux dans la
portion inférieure du système.
Aucune localité n'offre une coupe complète ; l'absence de cer-
tains strates et l'amincissement de quelques autres constituent ^
des diflférences locales que l'on doit s'attendre à rencontrer et qui
sont communes à tous les terrains. Par exemple, dans le comté du
Lanarkshire généralement, ainsi que dans les autres parties du
bassin houiller de la vallée de la Glyde, les strates carbonifères
ont été divisés en quatre groupes principaux, c'est-à-dire de bas
en haut: 1** la série du calcaire inférieur; 2*> les couches houil-
lères inférieures; 3° la série calcaire supérieure, el enfin la série
houillère supérieure ; et dans toutes les séries^ à l'exception de la
quatrième ou houillère supérieure, on trouve des bracbiopodes.
En 1856, M. Taie donna le nom de Tfveedian-group à une série
9^2 sÊAiHJi i)u 19 Bài 1862.
de couches qui dans certaines parties de rEcotte se irouvent au-
dessous du calcaire à Produrm» et à Ëncrines et qui forment U
portion la plus inférieure du système carbonifëi*e du NorCfauin-
berland et du ficrwickbliire. Co terrain tweedien se oompose de
schistes arénacés gris veixlâtres, et de couleur violette, iolerstra-
tifiés avec des grès schisteux de couleur jaunâtre et blanchâbre,
ainsi qu'avec des couches minces argileuses* Ces dépôts (»ntientieDt
des Lepidodcndron^ des arbres conifèreSi des Stigmafftt ficoidcs;
mais il n'existe aucune couche exploitable de charboo ; quelques
écailles de poisson, des Modioles et des Enwmosiracn sont asMi
abondants, et à Tweed-Mill dos espèces d'Orthocères et des Pieuro-
tomaires se trouvent associés à des conifères ; mais ce groupe infé-
rieur est spécialelnent reiliaitiueble par Tabsence de bracbîopodes
qui sont très abondants dans les couches calcaires qui lui sont su-
perposées. Dans ce dépôt tweedien, des oonditions d'eau douce ou
Uoustre sont apparentes, et, dans les cas rares où nous trouvons des
corps marins, ils sont accompagnés de plantes terrestres qui dé»
montrent que ces dépôts inférieurs ont été formés dans des estuaires
peu profonds.
Bien que quelques espèces de brachiopodei du terrain carbo-
nifère de rÉcosse puesent» par leur taille, rivaliser aveo celles de
rAngleterre cl de l'Irlande, les espèces de TEcosse sont générale-
ment de taille plus petite ) mais elles n^offrent pas uioius d'inlérét
pour cela, car en bien des ces elles sont plus parfaitemeut conser-
vées que partout ailleurs.
Les fossiles carbonifères de TEcosse paraissent avoir attiré l'at-
tention de quelques collecteurs depuis bien des années. On sait
qu'en 1757 Ri Wodrow avait rassemblé un certain nombre de
ceux qui se trouvent si al)ondnmment répandus dans le Laiiarkshire
et dans les comlés voisins ; mais c'est à David Ure que l'on doit les
premières descriptions accompagnées de figures et publiées dans
un remarquable ouvrage pour l'époque, intitulé : Ths /mtory
qfRuthergien and East'KUbrides 1793. Depuis cette époque jusqu'à
ces dernières années on a peu ajouté aux douie espèces décrites
et figurées |)ar Ure. l'Nlais les recherches assidues que j'ai faites en
compagnie de divers {;éolo(>ue$ ccossais ont considérablement
augmenté le nombre des espèces connues»
Dans r Islande, trente comtés ont fourni 79 espèces ) il est
possible que de ce nombre 3 ou /!t ne soient que des synonynies,
et que quelques autres soient découvertes par Ïù suite^ mais toutes
mes recherches, qui ont été très considérables, ainsi que celles
de plusieurs de mes amis on Irlande^ ne noiu eA ont pas fait dé-
MOTB DB M. OAYI0BON. M8
couvrir un plus grand nombre. Nous reviendrans sur ce sajet
dans quelques instants et nous exposerons pour quelles raisons
un si grand nombre de celles énuniër^es par M. le professeur
IM'Coy, dans son Synopsis^ 186^, doivent être nécessairement
rejetées.
Le système carbonifère de l'Irlande peut se diviser de la ma-
nière suivante de bas en haut : 1*^ (^rès rouges et jaunes inférieurs;
2** ardoises calcifères ; 3° calcaire ; U° houilles et schistes. Le grès
rouge et jaune, selon M. Kelly, n'est pas le dépôt* qui prédomine,
n'excédant pas 1,000 pieds d'épaisseur, et n'étant â découvert
que sur une petite étendue. Les ardoises calcifères ne présentent
pas non plus une très grande épaisseur, et dans les eiidrôitâ où
elles sont le mieux développées (Clonea et Dungaivan), elleâ sont
à moitié composées de calcaire pur et de schistes calcaireé cOtt-
tenant les mêmes fossiles. Le calcaire carbonifère a 50 pieds d'é-
paisseur à Drumquin, en Tyrone, 1,500 à peu près à Rlackhead,
dans le comté de Clare, et occupe environ 20000 milles carrés
de la surface de TLlande, tandis que les dépôts hôuillers ont
environ 2,000 pieds d'épaisseur.
Le plus grand nombre des espèces de hrachiopodes se trouve
dans la seconde et la troisième division, un plus petit nombre dans
la première et la quatrième. Je rapporte aussi (en commun avec la
généralité des géologues) au calcaire carbonifère ces bandes au sud
de la rivière Biackwater, telles que celle de Cork, où les fossiles
sont généralement très tordus, car ces roches contiennent 58
espèces de hrachiopodes qui sont des plus caractéristiques du sys-
tème.
No.nbrc des espèces trouvées jiisqu*ici dans chaque Comté.
Angleterre. Yorkshire, 90. — Derbysbire, 76. — Lancashire, 69. —
Westmoreland, 30 — Cumberland, 6. — Durbam, 33. — North-
uraberland) 42. — lie do Man, 50. — Herefordshire , 2. —
Staffordshire, 78. — Shropshire, <9. — Worcestershire; 3. —
Cheshire, 2. — Soraersetshire, 32. — IMonmouthshire, 4 3. —
Glouceslershire, 10. — Leiceslershire, 7.
Pays bfl Gallbs. Pembrokeshire, 9. — Anglesey, 5. — CaernarVon-
shiro, 8. — Monlgomeryshire, 3. — Denbighshire, 84. •*-* Plittl-
shire, '23. — Brecknockshire, 7. — Glamorganshire, 15,—- Car-
martheoshire, 4.
Ecosse. Lanarkshire, 46. — Renfrewshire, 38. — Ayrsbire, 42. —
iuteshire, H. — Dumbartonshire, ï8. — Stîrlingshire, 41. —
tJumfriesshire, 3. — Edinburglishire, 18. — Lînîilhgowshire, 26.
— Haddingtonshire, 20. — Fifeshirp, 26. — Berwlckshire, 44. •*-
Kirkudbright«hire, 7.
95& SÊAlfCB DU 19 MAI 1862.
IiLANos. Armagh, 4 9. — Cork, 57. — Carlow, 4 3. — atra, 4t. —
Càvan, 4 3. — Dublin. 52. — Donegal, 46. — Dowd, 7. Fema-
nagh. 34. — Galway, 2. — Kerry, 23. — Kildare, 44. — Kiog's
County, 4. — Limerick, 30. — Louth, 7. — Longford, Si. —
Leitrim, 34. — Mealh, 39. — Mayo, 22. — MoDaghan, 4. —
Qaeen's County, 5. — Roscommon, 26. — Sligo, 4 3. — Tipperary,
24. — Tyrone, 35. — Waterford, 26. — Weslmoath, 8. — Wex-
ford, 25. — Kilkenny, 2. — Ântrim, 4.
Le nom des espèces pour chaque comté a été donné dana one
série de tableaux que nous ne pourrions reproduire à cause de leur
étendue.
Les espèces qui se sont trouvées dans le plus grand nombre de
comtés, et qui ont eu par conséquent la plus grande dialributioni
sont:
Terehratula hastata^ trouvé dans 39 comtés.
Athyris Royssii 35 —
— plano^sulcata 26 •**•
— ambigtta 34 — -
Spirifera striata 25 —
— trigo/ialis ou bisulcata 48 —
— glabra 37 —
— lineata 44 —
Rhynchonella pleurodon .35 —
Strophomena analoga 38 —
Streptorftynctu crenistria 50 •—
Orthis resupinata 45 -—
— Michelini 37 —
Productus giganteus 43 -—
— semireiiculatus 57 —
— longispinus 40 —
— pustulosus 32 —
— scabriculus 40 —
^^ /imbriatus • 32 •—
— punctatut 38 — -
Chonetes hardrensis 36 — -
Discina niiida, 25 —
Toutes les autres espèces ont eu une distribution ploa petite, et
quelques espèces ne se sont rencontrées que dans une ou quelques
localités.
Quatre-vingt-treize des espèces trouvées dans les Iles Britanoi^
ques ont été rencontrées dans d'autres pays; mais, à rexoeption de
la Belgique, aucune région n'a été aussi soigneusement exploiée
que ne l'ont été les Iles Britanniques pendant les cinq dernières
années. Par les savantes recherches de M. le professeur de Ko-
NOTE DE M. DAVIDSON. 966
niiick, U0U8 savons que la Belgique est aussi riche en brachio-
podes carbonifères que le sont les îles qui font le sujet de cette
communication. Les espèces carbonifères de France ne me parais-
sent pas avoir été encore suffisamment étudiées; mais là, aussi
bien qu'en Russie et dans les autres portions de TEurope, nous
retrouvons un grand nombre des espèces caractéristiques de TAn-
gleterre associées à quelques formes qui sont spéciales à la loca«
lité. Ayant récemment examiné et décrit les brachiopodes carbo-
nifères du Punjab, rapportés des Indes par le docteur Fleming et
(Vf. Purdon, j'ai trouvé que, sur 28 espèces, au moins 13 étaient
communes à TEuropc et aux Indes, quoique plusieurs des formes
indiennes eussent des proportions plus considérables que celles
que présentent les mômes espèces en Europe.
AÎDsi nous pouvons mentionner parmi les espèces des Indet
\ Athyris Royssii^A.subtilita, Retziaradialis^ var. grandicosta^ Spi"
ri fera striata^ S. Uneata^ S. octopiicattiy Rhynchonella plturodon^
Orthis resupinatUy Strcptor/iynciis crcnistria, Producttis siriaius^
P. semireticulatusy P, longispinus, et il est probable que des
recherches futures en feront trouver un plus grand nombre.
L'Australie et la Tasmanie ont aussi fourni quelques brachio-
podes carbonifères identiques avec ceux des îles Britanniques,
et des collections récemment envoyées à Londres de Bundaba
et du Port-Stephan, en Australie, nous ont fourni la Tertbratula
hastata , Spirifcra striata , S. glabra , S. lineata , Eliynchonella
pleurodon^ Streptorhyncus crenistria^ Orthis Michelini^ Prodiictus
Cora^ etc., etc. Si encore par un hasard quelconque nous nous
trouvions jetés sur les côtes glaciales du Spitzberg, nous y ramasse-
rions aussi uu certain nombre de nos formes communes, tels que
les Spirijcra ocioplicatOy Streptorhyncus crenistria^ Producttis semi^
reticulatusy P, costatus^ etc., avec des formes jusqu'ici inconnues
dans les iles Britanniques ; car, bien que tant de formes com-
munes paraissent se trouver partout où des calcaires carbonifères
fossilifères se présentent, on ne peut s'attendre à trouver toutes les
espèces d'une localité répétées partout, car, même dans les Iles
Britanniques, certaines espèces se trouvent en Ecosse, que nous
ne rencontrons point eu Angleterre, et vice vend. Si nous donnons
en6n un coup d'oeil rapide à ces immenses dépôts carbonifères de
TAmërique, noua y ren€x>ntrerons un grand nombre de nos
espèces européennes accompagnées d'autres qui sont spéciales â ce
vaste continent. Possédant une très nombreuse série de brachio-
podes carlK>nifères de l'Amérique, je puis mentionner entre autres
Les espèces suivantes qui sont identiquement semblables à celles de
056 SÉANCE DU 10 MAI 1862
nos terrains carbonifères i T, sacculns, A, atnbigua^ A. subtiiiia^
A.^piunosuicatûf A, lamellosoj Reizia radialis^ Sp. siriaitt, S. tri-
gonaiisy S. ii/ieata^ Sp. Uriif S, octopltvata, Rh, pleurodoftj Orthis
Miche li ni ^ Streptorhyncus erenistria^ Prod. Cortiy Pé pUHCtatuM^
P. longispinnSfP.semireticuiatfts, P, scabriculus, P, costaius, Cranta
qiêadratOt Diseina nitida^ Linguia mytiloidvs^ etc., et je pense que
cet quelques exemples suffiront pour prouver la contemporauité et
runiformité de température qui ont dû prévaloir partout pendant
la formation des sédiments dans lesquels ces formes caractérislîques
du terrain sont ensevelies.
A l'époque où je commençais mes études relativeiuent aux
espèces carbonifères des lies Britanniques, environ 260 pré-
tendues espèces de bracliiopodes avaient été décrites ou citées
par divers auteurs comme se trouvant dans notre pays» Mais après
les reclierclies les plus minutieuses, je ne puis admettre conscien-
cieusement sur ce nombre qu'à peine 100 espèces. Il est aussi néces-
saire de mentionner que dans la seconde édition du catalogue de
M» Moriis, publiée en 185^. 193 espèces avaient été énuiitërëei,
mais de ce nombre nous n'en avons conservé que 93. En 1836, le
professeur Pliillips décrivit 100 espèces comme ayant été trouvées
en Angleterre ; de ce nombre, 52 seulement ont été par nous con-
servées, les autres étant des synonymes. Dans le Synopsis des fos-
siles carbonifères de l'Irlande, publié par M. le pi-ofeaseur I\rGoy,
en 186^, 230 soit-disant espèces de bracliiopodes carbonifères
avaient été décrites comme se trouvant en Irlande, mais 62 seu-
lement avaient été fij^urées par l'auteur. De ces 230^ 70 seule-
ment m'ont paru être de bonnes espèces*, environ 61 étaient des
noms d'espèces dévoniennes ou siluriennes , dont l'existence dans
les rocbes carbonifères n'avait été jusqu'ici prouvée, ni en Irlande,
ni en aucune autre contrée, et environ 117 étaient évidemment
des synonymes ou des espèces sans valeur dues à de fausses déter-
minations.
Daàs son mémoire sur les localités à fossiles carbonifères de
l'Irlande , M. Kelly n'énumère pas moins de 240 espèces de
bracliiopodes carbonifères. Ce catalogue comprend les 3^0 déjà
mentionnées par M. M'Goy, et auxquels il a ajouté quelques
autres proposées par M. le généVal Portlock dans sa Géologie
de Londonderry ^ etc., et^ si à ce nombre nous ajoutons 10 autres
espèces récemment découvertes, le nombre total d'espèces de
' brachiopodes carbonifères attribuées à l'Irlande monterait à 250.
Cependant mes reclierclies les plus assidues n'ont point dé-
montré l'cxisttnce de plus de 80 espèces dans oette portion des
VOTB DB M. DAVIDSON. 957
ik's Hi itanniqncs, et un grand nombre de ces fausses détenni nations
des géologues irlandais ont éié mises hors de doute par Fexaraen
même des pièces auiheniiques (ait par îVJ. le professeur L. de
Koninck, 31. Salter it moi-même.
lieureusemcnt les lypes ou rcbantillons originaux de toutes nos
espèces anglaises sont soigneusement conservés. Une portion de
CL-iles de IVlartin, toutes celles de Sowerby et celles de Phillips font
partie du British iVIusenm, on elles peuvent être facilement con-
sultées, et la plupart de celles de M . M'Coy et d'autres auteurs sont
conservées dans le IVInseum du Geologicnl Survejr, et celui de la
Société géologique de Londres dans les collections de Cambridge,
d'Oxford et dans celle de sir Richard Griffith à Dublin, ainsi que
dans quelques autres que j'ai signalées. Toutes les pièces originales
m'ont été communiquées avec une extrême obligeance et sont
restées chez moi durant tout le temps qui m'a été nécessaire pour
les comparer minutieusement avec des milliers d'autres échan-
tillons qui me parvenaient de toutes les parties de l'A ngl et erre.
Liste des Brachiopodes carbonifères des ilcs Britanniques main»
tenus dnn^ mon ouvnn^e^ avee synonymes, et renvois aux pasirs et
planches de ma grande monographie y etc.
Tcrrbratuln hastata^ Sow. , Min. conch., tab. CDXLVI, fîg. 1-3 ; Dav.,
Monogr., pp. \\ et 213, pi. I, fîg. 1-17 et pi. XLIX.,
ag. 11-17. — 7\ ficus, M'Coy.
— var, giiiingensis, Dav., Monogr., pp. 17 et 21 3, pi. I, fig. 1 -20 ;
pi. XLIX, fig. 4 9.-20.
— *f saccuius, Martin, Pet. Derb,, tab, XLVI, fig. 4-2; Dav.,
A/o//r7o^r.,pp. Uet243,pl. I, fig. 23-30; pi. XLIX, fig. 27-29.
— 7'. suj/lata, Schlotbeim.
— vesicularis, de Kon., A ni m. Joss. Belg,, p. 666, pi. L VI, fig. 4 0 ;
Dav., Monogr., p. 45, pi. I, fig. 25, 26, 28, 34, 32; p. 213,
pi. XLIX, fig. 26. 30.
ToutAs les formes deTérébratules carbonifères ci-dessus mentionnées
sont si intimement liées qu'il est très incertain qu'elles soient réellement
des espèces distinctes.
Àthyris Royssii, Léveillé, Mcm. Soc. gêol. de France^ 1"^ série, vol. II,
pi. Il, fig. 18-20; Dav., il//^//(;^/-.,p 84, pi. XVIII, fig. 1-4 4.
— S. gtnbristria ei S.Jimbriata, Phill. — A. depressa, WCoy»
— j4. pectinijeroy J. de C. Sow.
— expansu., Phill., CeoL Yorh.^ vol. II, p. 220, pi. X, fig. 48;
Dav.. Monogr., p. 82., pi. XVI, fig. 14, 16-48; pi. XVII,
fig. 4-6. — A.fimbriatUy Sow. (non Phillips).
— carringtoniana, Dav., Monogr., p. 247, pi. LU, fig. 4 8-20.
958 sfiAifCB DO 19 MAI 1802.
Jtfiyris} squamigerûy de Kon., Mnim, Josf. Beig.^ p. 667, pi. LVI,
fig. 9; Dav., Manngr., p. 83, pi, XVIII, fig. 4 «-4 3.
— Uimellosn, Léveillé, Mém. Soe. géoi. rie France ^ ▼ol. Il, pi. II,
fig. 24-23; Dav., Monogr.y p. 79 et 247, pL XVI, fig. f :
pî, XVII, fig. 6 : pi. LI, fig. U. — .9. sqaamosa, PhilL
— p/ano'Sulcaia, Phillips, Grol. York,^ ToI. II, p. ÎM, pi. X,
fig. 45; Dav., Monogr,,p. 80 et 247, pi. XYI, fig. 2-43, 45:
pi. LI, fig. 4 4-13. — A. oblof/gaj Sow. — A. nbiusaj A,
potadaxa et j4. virgnides^ M'Coy,
— ambîgua, Sow., ^fin, cnnch,^ vol. IV, p. 405, pi. 376; Dav.,
Monogr,, p. 77, pi. XV, fig. 4 6-22 : pi. XVII, fig. 4 4-44.
— T, pentacdrn^ Phi 11. — À. sublohata^ Portiock.
— subit li ta ^ Hall, in Hot\'nrd Stansburfs exploration of the valley
aj thc Gnat Sait Lakc of XJtah, p. 409, pi. II, Û^. 4-2;
Dav.. Monogr., p. 48 et 86, pi. I, fig. 24-22: pi. XVIf,
fig. 8-40.
Rvlzia rndialis, Phill., Genl. York., vol. II, pi. XII, fig. 40-44;
Dav.. sMonogr.^ p. 87 et 248. pi. XVII, fig. 49-«4 : pi. U,
fig. 4-9. — T, Mantiœ^ de Kod., non Sow.
— ulotrix^ de Kon., Jnim, foss. Belg,^ p. 292, pi. XIX, fig. 5;
Dav., Monogr., p. 88, pi. XVIII, fig. 4 4-46.
— caibonaria^ Dav., AJoaogr.^ p 24 9, pi. LI, fig. 3.
Spiiifrrn s tri a ta ^M^riÏQ^ Pet. Drrb,, tab., XXXIII; Dav., JUonogr,^
p. 19 et 224, pi. II, fig. 4 2-21 : pi. III, fig. 2-6 : pi. LU,
fig. 1-2. — T, spirijrraj Val. — S, attenuatus, Sow., S^
pr inceps y M'Coy.
— ? mosquensisy Fischer., Prog. sur les C/ioristiies, p. 8,n® 4 ; Dav.,
Mo/ingr., p. 22 et 221, pi. IV, fig. 4 3, 4 4. — C. Sowerbyi
et Klciniij Fischer — *V. choristites^ V. Buch.
— dupUcicosta, Phill., Gcol. York., vol. II, p. 24 8, pi. X, fig. 4 :
Dav., Monogr,, p. 24, pi. III, fig. 3-4? 5-44 : pi. V,
fig. 35-37: pi. LU, fig. 6. — Var. humerosa^ Phill.; Dav.,
Monogr.y p 23 et 224 . pi. IV, fig. 4 6-46.
— trigunalis, Martin, Pet, Derb., tab. XXXVI, fig. 4 ;Dav., Jfo-
/logr., p. 29 et 222, pi. IV, fig. 4-2 : pi. V, fig. 4, 4-23, 24
et 38-39 : pi. VI, fig. 4-22 : pi. VII, fig. 4 et 4, 7-46 : pi. I,
fig. 3-9. — S. bisalcata, Sow., Dav., p 34. — S. crassa,
de Kon., p. 25. — ? S, grandicostata, M*Coy, p. 33. — S,
tr an siens, M'Coy, p. 33.
— convoltita, Phillips, Geol, YorÂ,^ vol. II, p. 247, pi. IX, fig. 7;
Dav.. Monogr,, p. 35 et 223, pi. V, fig. 9-45 (2-8 excliisis) :
pi. I, fig. 4-2.
— triangularis, Martin, Pet. Derb., pi. XXXVI, fig. 2; Dav., 3fo-
nogr., p. 27 et 223 : pi. V, fig. 46-24 : pi. I, fig. 40-47
S. ornithorhynca^ M*Coy.
— 1 fusiformis, Phillips, Gcol. York., vol. II, p. 247, pL IX,
fig. 40-41; Dav.. Monogr., p. 56, pi. XIII, fig. 45 (cette
espèce est douteuse) .
NOTB DE M. DAYI080N. 059
Spirifera rhomboidea^ Phill., GeoL York,^ vol. II, p. 247, pi. IX,
fîg. 8-9; Dav., Manoir,, p. 36 et 223, pi. V, fig. 2-8.
— acuta, Martin, Pet. Drrb,, pi. XLIX» fig. 46-6 ; Dav., Afo/ïog'/*.,
p. 224, pi. LU, fig. 6-7.
— planata, Phill., Geol. ïork.^ vol. II, p. 219, pi. X, fig. 3; Dav.,
Monogr,, pi. Vil, fig. 25-36.
— cuspidata^ Martiu, Trans, lin, Soc,^ vol. IV, p. 44, fig. 4-6;
Dav., Monogr., p. 44, pi, VIII, fig. 4 9-24 : pi. IX, fig. 4-2 ;
pi. LU, fig. 3.
— subconica^ Martin, Pet. Deib,, tab. XLVII, fig. 6-8; Dav.,
Monogr,^ p. 48 et 224, fig. 3, pi. LU, fig. 4.
— tiLstans, Sow., Min,conch.^ tab.CDXClV, fig. 3; Dav., Monogr.^
p. 46 et 224, pi. VIII, fig. 4-47 : pi. LU, fig. 6. — S, bica-
rinnta, M'Coy.
— mesogonifi , M'Coy. , Synopsis rarb, Joss. Irelandy p. 4 37,
pi. XXII, fig. 43; Dav., Monogr., p. 48, pi. VU, fig. 24.
— pi/igni SfSovf., Min, eonc/i.y vol. III, p. 4 25, tab. CCLXX; Dav.,
Monogr.y p. 50, pi. X, fig. 4-2. — S, rotundatay Sow. —
»V. subrotunflata^ M'Coy.
— ovnlis, Phillips. Gcot, York,, vol. II, p. 24 9, pi. X, fig. 6;
Dav., Monogr., p. 53, pi. IX, fig. 20-26, pi. LU, fig. 8. —
S, exnrata^ Fleming. — B. hemisphœrica^ M'Coy.
— integricosta, Phillips, Geol, York,, vol. II, p. 249, pi. X,
fig. 2; Dav., Monogr.^ p. 55, pi. IX, fig. 43-49. — t A, ro-
tundatus^ Martin. — tS. paucicosta, M'Coy.
— triradialis^ Phil., Geol. York.^ vol. II, p. 24 9, pi. X, fig. 7;
Dav., Monogr.j p. 49, pi IX, fig. 4-4 2. — S. trisulcosn^ et
S. sexradialis^ Phillips.
— fReedii, Dav., Aîonogr.^ p. 43, pi. V, fig. 40-47 (espèce
douteuse)»
— glabra, Martin, Pet. Derb., pi. XLVIII, fig. 9-4 0; Dav., J/o-
"ogr,y p. 59 et 225, pi. IX. fig. 4-9 : pi. XIÏ^ fig. 4-5, 44-42.
— Sp, oblatus et obtus us, Sow. — S, linguifera^ S, symmc"
trica et S, décora, Phillips. — S. rhomboidaUs^ M'Coy.,
pi. XII, fig. 6-7.
— carlukrnsis^ Dav., Monogr,^ p. 59, pi. XIII, fig. 4 4.
— Uni, Fleming, British animais^ p. 376; Dav., Monogr,^ p. 58,
pi. XII, fig. 4 3-44. — S. clannyana, King. — S. unguiculus,
Sow.
— lineata^ Martin, Pet, Derb,j tab. XXXVI, fig. 3 ; Dav., Monogr,^
p. 62 et 225, pi. XIII, fig. 4-43 : pL LI, fig. 4 5. — ^. me^
soloba^ Phill. — S, reticulata et S, stn'ngocepbaloides, M'Coy.
— S, imbricatOy Sow. — S, Martini^ Fleming.
— elliptica, Phillips., Geol. York,^ vol. II, p. 249, pi. X, fig. 46 ;
Dav., Moiiogr,, p. 63, pi. XIII, fig. 4-3.
Spiriferina laminosa, M'Coy, Synopsis carb, foss. Jreland, p. 4 37.
pi. XXI, fig. 4; Dav., Monogr., p. 36, pi. VII, fig. 47-22.
9a0. SÊàNCB DU 19 HÀI 1862.
— Sp, hystericus^ de Kon., non Schlotheim. — S. iricornisj
de Kon.
Spiriferina cristata^ var. ortnplUaia, Sow., Min, conch,^ p, 4 20,
pi. DLXII, fig. 2-4 ; Dav., Monngr,, pi. XXXVIlIetCCXXVI,
fig. 37-47: pi. LU, fig. 9-10, 4 3.-5. pariita, Portlock.—
S, octopUcatn^ var. biplicata^ Dav., p. 226, pi. LU, fig, 41-4 2.
^ minimay Sow., M. C, p. 405, tab. CCGLXXVII, fig. 4 ; Dav.,
Monogr., p. 40, pi. VII, fig. 66-59 (espèce douteuse).
— insculpta, Phill., Geol, York.^ vol. Il, p. 24 6, pi. IX, fig. 2-3;
Dav., Monogr^.p. 42, pi. VU, fig. 48-55: pi. LUI, fig. 4 4-4 5.
— S. crispas et heteroclytus, de Kon., non LinnaBus, nec De-
france. — S. quinqueloba^WCoy, — S, Koninchiana^ d'Orb.
Cyrtœna septosa^ Phill., Geol. York.^ vol. II, p. 24 6, pi. IX, fig. 7;
Dav., Monogr., p. 68, pi. XIV, fig. 4-40 : pi. XV, fig. 4-2 :
pi. I, fig. 49: pi Lï, fig. 4 7-48.
Cyrtina dorsata, M'Coy, Synopsis^ p. 4 36, pi. XXÏI, fig. 4 4.
— • carbonaria, M'Coy., sp., Brit, pal,}oss.^ p. 442, pi. III, D,
fig. 4 2-18; Dav., Manogr., p. 74, 'pi. XV, fig. 5-4 4.
Rhynchonella rcniformisy Sow., Min. concli.^ pi. CDXCVI, fig. 4-4;
Dav., Monogr,, p. 90, pi. XIX, fig. 4-7.
— cordijnrmis, Sow., Min. conc/t., pi. CDXCV, fig. 2; Dav.,
Monogr,^ p. 92, pi. XIX, fig. 8, 9, 40 (espèce encore dou-
teuse).
— acnniinata, Martin, /V/. Dcrb.^ pi. XXXII, fig. 7-8, ; Dav.,
Monogr., p. 93, pi. XX, fig. 4-4 3 : pi. XXî, fig. 4-20. —
T. piftlylobn, Sow. — T, mesogona^ Phillips.
— pugnus y MaHiHj pet. Derb. jinh, XXII, fig. 4-5; Dav... Monogr.,
p. 97, pi. 22, fig. 4-5 — ? r. sulcirostris, Phillips. — ? ^.
iaticiiva, M'Coy.
— pleurodon, Phillips, Geol, York., vol. II, p. 222, pi. Xlï,
fig. 25-30 (mais pas 46); Dav., Monogr.^ p. 404, pi. XXIII,
fig. 4-4 5, 4 6-22?.— T. Mmitiœ, Sow. — 7\ ventiiabrum,
Phill. — T» pcntatoma, de Kon. (non Fischer). A, triplex ^
M'Coy. — T. Davrcuxiana, de Kon.
— flexislria, Phill., Geol. York., vol. II, p. 222, pi. XII,
fig. 33-34; Dav,, Monogr,, p. 4 05, pi. XXIV, fig. 4-8. —
T, tumida, Phill. — /f. hcteroptycha ^ M'Coy.
-«- angulatn, Linuffius, Systemtt naturœy I, pars 2, p. 4 4 54;
Dav., Monogr,, p. 4 07, pi. XIX, fig. 4 4-4 6. — T, cxcavata^
Phill.
-^ trilntera, de Kon., Anim. foss, de la Belgique^ p. 292,pl.XïX,
fig. 7; Dav., Monogr.^^. 409, pi. 24, fig. 23-26.
— ^ gregnrin^ M'Coy, Synopsi.^ carb. /oss, of Jreland, p. 4 53,
pi. XXII, fig. 48; Dav., Monogr., p, 4 4 2, pi. XV, fig. 27-28.
— cnrringtoniana, Dav., Monogr.^ p, 227, pi. XXIII, fig. 22 :
pi. LUI, fig. 4-2.
Camarojihûria crumena^ Martin, Pet, Derb,, pi. XXXVÏ, fig. 4;
NOTK DB M. DÀTIDSOlf. 96l
l>&y,,Monogr,^^, 11 3, pi. XXV, fig. 3-9. — T.Schlotheiml^
V. Buch.
Cnmarophoria ghhnlina^ Phill., Encyc, méth. géol.^vol, IV, pi. III,
fig. 3 ; Dav., ikfo«o^/-., p. 1 45, pi. XXIV, fig. 9-22.-7, r/iom^
boidea^ Phil. — ? 71 seminuia, Phill. ?. — T. longa, M'Cof.
— Inticlha, M'Coy, Br, pat. foss,, p. 444, pi. III D, fig* 20-24
(non A. laticUva^ M'Coy. du Synopsis) \ Dav., Monogr,^
p. H 6» pi. XXV, fig. 4 4-12 (espèce encore incertaine).
— 'i isorliyncha, M'Coy, Synopsis^ p. 4 54, pi. XVIII, fig. 8; Dar.,
Mnnogr,, p. 4 4 7, pi. XXV, fig. 4-2. •
Strophomcna analoga^ Phillips, GeoL York,^ vol. H, p. 24 5, pi. VII,
fig. 40; Dav., Monogr.y p. 4 49, pi. XXVIlï, fig. 4-43. —
lept. distorla, Sow. — L. muUiriigatti ^ M'Coy.
Streptorhyncus crenistrin^ Phill., Gcol, York.^ vol. II, p. 9,
fig. 5-6; Dav., Monngr,, p. 424, pi. XXVJ, fig. 4-6:
pi. XXVII, fig. 4-5 : pi. XXX, fig. 14-4 5 : pi. LUI, fig. 3.
— S. seniUs et arnchnoulca^ Phill. *— Lept, anomala^ pare,
Sow. — O. quadrata^ O. Bechei^ O, comnta^ O. caduca^
M'Coy. — O. Porllockianoy Semenow, O. Kcokiikj Hall.
— Kellii^ M'Coy., Synopsis, p. 424, pi. XII, fig. 4; Dav., Monogr,y
p. 427, pi. XXVII, fig. 8.
— cyitndricaj M'Coy, Synopsis, p, 4 23, pi. XXII, fig. 4; Dav.,
Monogr., p. 4 28, pi. XXVII, fig. 9 (espèce douteuse).
— radialis, Phillips, GeoL York., vol. II, pi. II, fig, 5; Dav.,
Monogr., p. 429, pi. XXV, fig. 4 6-4 8.
Orthisresupinata, Martin, Pe(. Derh., tab. XL IX, fig. 4 3-44; Dav.,
Monogr., p. 4 30, pi. XXIX, fig. 4-6 : pi. XXX. fig. 4 '-4. —
S. connivens^ Phil. — A, gibbera^ Portl. — O. latissima^
M'Coy.
— Keyscrlingiana, de Kon., An. Joss. Beig., p. 230, pi. XIII,
fig. 42; Dav., Monogr., p. 432, pi. XXVIII, fig. 44.
— Mic/uUni, Léveillé, Mém. Soc, géol. Fn, vol. II, p. 39, pi. II,
fig. 44-47; Dav., Monogr., p. 132, pi. XXX, fig. 6-42. —
S.filiaria, Phill. — O. divaricata et O. circularis, M'Coy.
— ?antiquatn, Phill., Geol. York., vol. II, pi. Xî, fig. 20; Dav.,
Monogr., p. 4 35, pi. XXVIII, fig. 4 5.
Productus striatus, Fischer, Otyct, du Gouv. de Moscou^ pi. XIX,
fig. 4; Dav., Monogr., p. 4 39, pi. XXXIV, fig. 4-6 : pi. LUI,
fig. 4 . — P, comoides, Dillwyn (non Sow). — Pinna injlata^
Phill. — Pecten tenuissimus, Eichw. — Lima waldaica^ V.
Buch. — Lept, anomala, pare, J. Sow. — P, limoeformis,
V. Buch.
— giganteiis, Martin, Pet. Derb., pi. XV, fig. 4 ; Dav., Monogr.^
p. 444, pi. XXXVII, fig. 4-4: pi. XXXVUI, fig. 4 :
pi. XXXIX, fig. 4-5 : pi. XL, fig. 4-3. — A. crassus, Mar-
tin. — P, anrita et Edciburgensis, Phillips. — Lept, varia--
bilis, Fischer. — P. gigas, V. Buch. — L, mavima^ M'Coy,
Soc, géol , 2* série, tome XIX. 64
992 SfiANf.fi DU 19 MAI 1862.
ProdtUius hemisphœricus^ J. Sow. , Min. conch,^ tab. CCCXXVIIÎ
(non tab. DLXI); Dav., Monogr., p. 4 44, pi. XL, fig. 4-9.
-M iatissimus, J. Sow. , Aï in, conch,^ tab. CCCXXX ; Dav., Monogr,,
p. 4 45, pi. XXXV, fig.4-4.
-^ humcrosuSf Sow., ^#/i. conch., tab. CCCXXIl; Dav., Afonogr,,
p. U7, pi. XXXVI. fig. 4-2.
— Cora, d'Orb., Pa/. duvoy. dans l'Amérique méridionale^ pl.V,
fig. 8-40; DaY., Monogr,, p, 448, pi. XXXVI, fig. 42. —
P. cvmoideSf de Kon., non Sow. — P. corrugata^ M'Coy. —
P, ^effedievi^ Vern. — P, pileijormis^ M'Chesney.
•^ undijerus^ de Kon., Monogr, du genre Productus^ pi. V, fig. 4 :
pi. XI, fig. 5; Dav., lidonogr,, p. 230, pi. LUI, fig. 6-6. —
P, spinniosns^ de Kon., non Sow.
— . semireeiculntusy Martin, Ptt, Derb., pi. XXXII, fig. 4-2:
pi. XXXni, fig. 4; Dav., Monogr.^ p. 4 49, pi. XLIII,
fig. 4-4 4 : pi. XLIV, fig. 4-4. — J. prodncius^ Martin. —
P, scoticus^ P, Martini, P. antiquatus et P. concinnus, Sow.
P. ptigiiîs, Phill. — jé, tubuiijcra, Fischer. — P. Inca et P.
PeruvianitSy d'Orb. — P.Jlexittria, M'Coy.
^-* costatus^i. Sow., Min, conch,^ pi. DLX, fig. 4 ; Dav., Monogr.^
p. 4 52, pi. XXXII, fig. 2-9. — p. sulcaius, Sow. ~P. coj-
teiiatns^ M'Coy.
— muricattis^ Phill., Géo/. J^or^., pi. VIII, fig. 3 ; Dav,, Monogr.j
p. .453, fig. 40-4 .
— longispinus^ Sow., Min. conch.^ pi. LXVIII, fig. 4 ;Dav., Mo-
nogr.^ p. 4 54, pi. XXXV, fig. 5-47. — Jn, echinatœ^ para,
Ure. P. Flemingii, P. tpinosiîstiP. lobattu^ Sow.'^P. eie-
^/ï/fj,Davreax,— P. 5e/ojr^, Phill.-^P. Capocii ^i'Orh, — P.
tubfjriiiSt de Keyserl. — P. wabnshensis et P, jtpirndensj
Norwofd et Prattan.
— siniuttiUf de Kon.» Anim, Joss, Iklg.^ p. 654, pi. LVI, fig. 2;
Dav., Monogr., p. 457, pi. XXXIII, fig. 8-4 4.
— margariiaecHSy Phill., Geol. York,^ vol. H, p, 245, pi. VIII,
ftg. 8; Dav., Monogr,, p. 4 69, pi. XLIV, fig. 5-8. — P.
pectinoidesy Phillips.
— arcitariusj de Kon., Ànim.foss,^ Bcig.^p, 474, pi. XII, fig. 40 ;
Dav., Monogr., p. 160, pi. XXXIV, fig. 47.
^^ cnrbonariusj de Kon., Anim. foss, Belg.^ pi, XII bii| fig. 4 ;
Dav., Monogn^ p. 460, pi. XXXIV, fig. 6.
à.. HndntuSfD^t,, /)/c. <fe. /in/., vol. XLIII, p.354;Day«, iK/r7/;o^r.,
p. 164, pi. XXXIV, fig. 4-4 3. — P. iortiiis, M'Cpy.
— . fFrightii, Dav., Monogr., p. 4 62, pi. XXXIII, fig, 6-7.
— pruboscidêtts, de Vern., Buii. Soc. géol, fn^ vol. XI, p. 259,
pi. III, fig. 3 ; Dav., Monogr., p. 453, pi. XXXIII, fig. 4-4.
^-* C. prisca, Goldfuat.
«^ ermineus, da Kon., Jmm, foss. Belg.^ p. 484, pi, X, fig. 5;
Dav., MoRùgr.s p. 454, pi. XXXIII, fig, 5.
— iâsieilatusyie Kon., Jnim, foss. B^lg.^ p. 49Î, pL IX, fig. 2 ;
%
NOTE BB M. DAVIDSON. . 062
et pi. XIII bis, fig. 5 (non Phillips) ; Dsy., Monngr., p. 465,
pi. XXXIII, fig. 24-26 : pi. XXXIV, fig. 44.
Produettis maiginalis^ de Kon., Mon. genre Prod,j pi. XIV, fig 7;
Dar., Monogr.,^. 229, pi. LUI, fig. 3.
— • Nystiannsy de Kon., Dcsc. anim.Joss. Belg.y p. 202, pi. VII bis,
fig. 3 : pi. IX, fig. 7 : pi. X, fig. 9; Dav., Monogr,^ p. 231
pi. LUI, fig. 9.
— ncnlctitiis, Martin, Pet. Derb., p\, XXXVII, fig. 9-10; Dav.,
Moiwgi., 4 66 et 233, pi. XLIII, fig. 4 6-48, 20. —P. iaxi-
spinn, Phillips.
— YoungiamiSyDdiV., Monogr,, p. 167, pi. XXXIII, fig. 21-23.
— Koninckianiis^ de Vemeuil, Hufsia and Ournl, vol. 11, p. 253 ;
Dav., Monogi\y p. 230, pi. LUI, fig. 7. — P. .spinulosus,
de Kon., non Sow.
— spinuiosus.Soyr, , Mi/i, conc/i. , pi. LXVIII, fig. 3 ; J)ây.,Monogr.,
p. 176, pi. XXXIV. fig. ^H'iUP.gnmuiosNs, Phillips. —
P. papiiifitusy de Kon, — P, Canaini ^ de Kon. (non de
Vemeuil).
— DcshayesianuSy de Kon, ^Jnim.Joss. Beig, , p. 4 93, pi. X, fig. 7j
Dav.. pi. LUI, fig. 41-42.
— pîicatiUs, So-w.jMin. conch.^ pi. XDLIX, fig. 2 ; Dav., Monogr.^
p. 476, pi. XXXI, fig. 3-5. — Lept, polymorpha^ Munster.
— suhlœvh, de Kon., Jnim.joss. Bclg,, pi. X, fig. 4 ; Dav., Mo-
nngr., p. 177 et 234, pi. XXXI, fig. 1-2 : pi. XXXII, fi^, 4 :
pi. Lï, fig. 4-2 ? — Seroph. antiqtiatn, Potiez. — />. Chris-'
tianiy de Kon.
— mesoiobtis, Phillips, Geol, York,^ vol. II, pi. VU, fig. 12-13;
Dav., Monngr., p. 178, pi. XXXI, fig. 6-9.
Chonetescomnides^ Sow., Min. conck.j pl.CCCXXIX ; Dav., Jkfonogr..
p. 480.pl. XLV.fig. 7 (?1-6): pi. XLVI. fig. 1.
— . papilionaceay Phillips, Geol. York^^ vol. II, pi. II, fig. 6; Dav.,
AJonogr., p. 182, pi. XLVI, fig. 3-6. — P. jabeiUjormis,
Lister, P, multidcntata^ M'Coy. — ? P. pnpyracçn^ M'Coy.
— Dalmaninna, de Kon., Ànim. foss. Beig., pi. XIII, fig. 3 ;
pi. XIII bis, fig. 2 ; Dav., Monogr., p. 483, pi. XLVI, fig. 7.
— Buchiana^ de Kon., Ànim. foss. Belg,^ pi. XIII, fig. 4 ; Dav.,
Monogr., p. 4 84, pi. XLVII, fig. 4 -7 et 28 : pi. LU, îi^, 24.
— Ls crassisiria^ M*Goy.
— hardrensis, Phillips, Fig, and desc, (^ the Pal. joss. oj Corn-
wall, p. 438, pi. XL, fig. 404 j Dav., Monogr., p. 486,
pi. XLVII, fig. 12-4 8.
— polita, M'Coy., Brit. pni.joss., p. 456, pi. III D, fig. 30; Dav.,
Monogr., p. 490, pi. XLVII, fig. 8-44. '
Cranla quadrata^ M'Coy., Synopsis^ pi. XX, fig. 4 ; Dav., Monogr,.
p. 4 94, pLXLVIII, fig. 4-4 3
— Rycklioltiana, de Kon , , Anim. foss. Belg. , pi. XXIII, fig. 6 ; Dav. .
Monogr.j p. 195, pi. XLVIII, fig. 46, 46 (17?). ^ C. v«/.
c«/am,MCoy.
Çî6ft /ÉANCE DU 19 MAI 1862.
Craniat irigonalis, M'Coy., Synopsis, pi. XX, fig. 2 ; Ddv., Monogr.^
p. 4 96., pi. XLVIII, fig. 4 4 (espèce douteuse).
Discina nitida, Phillips, Geol. York., vol. II, p. 2Î4, pi. IX,
fig. 40-13; Dav., Monogr., p. 497, pl.XLVIÎl, fig. 48-25.
Z). cincut, Portlock. — />. btilln^ M'Coy. — D, KonmcA£i\
Geinitz.
— Daifretixiana, de Kon., Anim, Joss. Belg.^ p. 306, pi. XXI,
fig. 4 ; — Dav., Monogr., p. 4 98, pi. XLVIII, fig. 26.
Lingiila squamijormis^ Phfllips, Gcol, York.^ vol. II, pi. IX, fig. 44 ;
Dav., Monogr., p. 205, pi. XLIX. fig. 4-40.
— scntica, Dav., Monogr., p. 207, pi. XLVIII, fig. 27-28.
— mytiloidesy Sow., Min. conch.^ tab. XIX, fig. 4-2; Dav., 3/o-
nogr., p. 207, pi. XLVIII, fig. 29-36. — /,. elUptica^ L,
marginnta et L. partdlela^ Phill. ? — L. Credneri^ Geinilz;
Dav., Monogr,, p. 209, pi. XLVIII, fig. 38-40.
— ? latior, M'Coy., £r,pal. foss.^ pi. III D, fig. 23 ; Dav., Monogr,.
p. 24 0, pi. XLVin,fig. 37.
Hiote additionnelle,
Hhy-nchonella ivctionensis, Dav., Monogr. carb.^ p. 274, pi. LV,
fig. 4-3.
Productus carringtoninnus, Dav., Monogr. carb.y p. 275, pi. LV,
fig. 5.
Productus lUmgollensis, Dav., Monogr, carb., p. 277, pi. XIV,
fig. 4-6, et pl.LV, fig. 9-4 0.
Clwnetcs conccntrica, Kon., Dav., Monogr, carb,^ pi. LV, fig. 4 3.
Le résultat de cette longue étude est que, au lieu de 250 ou 260
prétendues espèces de hrachiopodes carbonifères annoncées par
divera auteurs comme ayant été rencontrées dans les iles Kritan-
niques, je ne puis consciencieusement en admettre que les 113 de
ma liste, et encore de ce nombre 18 sont douteuses, ayant été le
plus souvent fabriquées sur des échantillons fort insuffisants et
plusieurs fois sur un seul fragment, tels que le Sp. fmiformisy Cyf
tina dorsata!
Ainsi, si nous retranchons ces 18 espèces incertaines, qui ne sont
probablement le plus souvent que des synonymes ou des variétés
nous ne pouvons évaluer à beaucoup plus de 95 les espèces bien
déterminées qui, dans l'état actuel de nos connaissances, se trouvent
dans les couches carbonifères des îles Britanniques ; et de plus il
faut remarquer que dans ce nombre sont incluses plusieurs espèces
qui n'avaient point été trouvées ni mentionnées dans les Iles Bri-^
lanniques avant mon travail.
Les espèces incertaines, on dont Texistence n'a pas été positive-
ment prouvée faute d'échantillons suffisants, sont les Athyrls squa^»
■iAk.J
NOTE D£ M. DàYIDSOI^. 065
mtgera, Sjj. mosquensis, Sp. Jtuiformis, Sj?, subconica^ Sp. Recdit^
Sp, minima^ Cyrtina dorsata^ Rh, cordiformis^ Ca/ii, laticlha^ Cam»
isorhynca^ Strept. cylindrica, Orthis nnt'tquata^ Piod. carhonariiis^
P. Dcshayesianus^ Chonctcs Daimaniana^ Crania trigonalis^ Discina
Davreuxiana^ Li/iguia latior^ et peut-être même quatre ou cinq
autres.
Le sujet est extrêmement difficile, et bien que j'aie pris tout
le temps nécessaire, et que j'aie étë muni de matériaux immenses
et peut-être plus considérables qu'aucun autre paléontologiste ait
jamais eus à sa disposition pour l'étude d'un sujet spécial, je suis
loin d'être satisfait de mon œuvre qui laisse encore bien des ques-
tions indécises ; mais ce sont des questions qui ne pourront être
éclaircies définitivement qu'avec le temps et par l'beureuse décou-
verte des spécimens nécessaires. Mais en confessant la faiblesse
de mon travail sur quelques points, je ne puis m'abstenir de
regretter la légèreté extrême et la précipitation même avec la-
quel le quelques paléontologistes ont fabriqué de prétendues espèces
si difficiles maintenant à déraciner du domaine ou de la routine
de la science.
Monographie des Brachiopodes permiens des îles Britanniques,
J'ai beaucoup regretté de n'avoir point commencé ma série de
monographies par les espèces de l'époque silurienne, et de n'avoir
pas de ce point progressé régulièrement jusqu'à Tépoque récente.
Par ce moyen des avantages importants auraient été obtenus.
J'aurais pu reconnaître d'une manière plus certaine Tidenlité des
formes qui ont vécu pendant deux ou plusieurs périodes ; car
Tétude des fossiles carbonifères et permiens, quand elle est con-
sciencieusement faite, semble démontrer qu'une très grande inti-
mité existe entre les deux faunes des deux périodes, le système
permien étant la continuation naturelle de la grande période
carbonifère, quoiqu'il puisse être très avantageux ou désirable de
conserver le nom de permien tel qu'il a été proposé originairement
par les célèbres auteurs de la Géologie de la Russie et de t Oural ^
pour distinguer les strates qui succèdent à la portion la plus élevée
de la série carbonifère. La dénomination dyasj récemment pro-
posée comme substitution à celle de permien, me paraît être une
idée malheureuse ; car, outre que cette désignation est incorrecte
dans son sens, elle est en réalité simplement un de ces synonymes
dont la science est journellement accablée.
Je ne récapitulerai point ici les résultats obtenus par les nom-
96Ô 8ÉANCB DU 19 haï 1862.
breux et iinportanU travaux qui ont traité de ce terrain et de
ies fossiles; mais je me contenterai de mentionner brièvenieot
que le résultat de mes plus récentes études me porte à croire que
17 espèces seulement de brachiopodes permiens ont été jusqu'à ce
jour rencontrées dans les îles Britanniques, et que les meilleures
localités fossilifères se trouvent dans le comté de Durbam.
D'après ces études je crois pouvoir affirmer que près de la moitié
de ces espèces existaient déjà pendant la période carbonifère.
Espèces pcr/niennes,
4 . Terebratula elongataj Schloth. Jhad, Mùnch,^ vol. VI, p. 27,
pi. VU, fig. 7-4 4 ; Dav., Monogr, perm,^ p. 9, pi. !, fig. 6-7,
42*4 4 et 4 8-22. 11 est indubitable qu'un bon nombre de spéci-
mens de cette forme sont identiques avec certains autres de T,
hastata et que Ton trouvera dessinés dans la planobe LIV de
ma Monographie carbonijère ; mais, comme il existe une assez
grande différence dans la forme générale des deux espèces, on
ne peut pas les considérer comme identiques.
2. Terebratula sacculus^ Martin, T, sufflata^ Scblotheim Akad,
Mùnch,^ vol. VI, pi. VII, fig. 40-44. L'identité de ces deux
prétendues espèces me parait irrécusable dans la planche LIV
de ma Monographie carbonifère ; j'ai dessiné à c6té les unes des
autres des échantillons de ces coquilles.
3. Athyris Uoyssii^ Léveillé. Athyris pectinijera^ J, de C. Sow.,
Min, conch., vol. VII, pi. DCXVI, 4840 ; Dav. , Monogr, pcrni.,
p. 20-21, pi. I, fig. 60-56 : pi. II, fig. 4-5.
M. de Verneuil et le professeur King ont, chacun de son
côté, fait allusion à la ressemblance qui semble exister entre les
formes carbonifère et permienne; et, bien que j*aie pensé à
une époque que Ton pourrait peut-dtre trouver quelques carao*
tares pour distinguer ces coquilles, je crains beaucoup qu*il ne
faille les réunir en une seule espèce.
VA. pcctinifern ne paraît nulle part atteindre les grandes
proportions de VA. Royssii quand elle est développée dans des cir-
constances favorables. Mais la taille seule ne peut être considérée
comme caractère distinctif entre des formes qui se ressemblent
sous tous les autres rapports, et spécialement dans le cas présent,
« car les coquilles permiennes, en règle générale, sont. d'une taille
moindre que celles de l'époque carbonifère.
4. Spirijera aiata^ Scblotheim'. Leonhard, Taschesibuch^ vol. VII,
p. 58 : pi. II, fig. 4-3; Dav., Monogr, perm,^ p. 43, pi. I,
fig. 23-36 : pL II, fig. 6-7.
5. Spirifera Urii, Flemiog. M. dannyana^ King; Dav., Monogr,
perm,^ p. 4 5, pi. I, fig. 47-49, et Monogr. carb,, p. 267,
pi. LIV, fig. 4 4-4 5.
Après avoir comparé avec le plus grand soin de fiotnbreux
MOTK DE Jâ. liAMDiOy. 967
échantillODtder/^. ungukulus, Sow. (dévonien)» Sp, lJrii[i^f^
booifère) et du i9/>. clannynna (permien), ils m*ODt paru tous
appartenir à une seule espèce qui a continué son exist^iee
durant toute la période qui est incluse entre sa première et sa der-
nière apparition ; il faut ajouter aussi» comme autres synenymet,
le Sp, Goldjussiana y de Kon., et la Mnrtinia ff^inehimna^ King.
8. Spirijcrina cristata^ Schlotheim. Beitr. z Natnrg, rf. Vers t. in
Àkademie der fVisstnschaften ta Mûnchcn, tab. I, fig. 3 ;
Dav., Monogr. perm,^ p. 17, pi. I, fîg. 37-40, 45-46 : pi, II,
fig. 43-45. Monngr. carb.^ p. 267, pi. LIV, fig. 41-43. Il est
évident pour moi, ainsi que pour M. Kirkby, qu'il ne peut exister
de doute que la forme carbonifère dite Sp, octopllcata de Sow.
n'appartienne à la même espèce que celle de Schlotheim, et, si
le lecteur a la bonté de jeter un coup d'œil sur la planche LIV
de ma Monographie carbonifère, il trouvera dessinés à côté les
uns des autres des spécimens des deux. La môme remarque
relative à la taille plus grande de la forme carbonifère que j'ai
mentionnée en parlant de VA. pectinijcra est ici applicable. Je
crains aussi que la Spirijcrina mnltipUcnta de Sow., Dar.,
Monogr., p. 49, pi, î, ûg. 41-44, et la Sp, fonesiana.^ de
King, ne doivent être rangés parmi les synonymes de l'espèce do
Schlotheim, quoique plusieurs auteurs semblent croire que la
Sp. cristata et la Sp. muttiplicata doivent être considérées comme
des espèces distinctes.
7. Camarophoria crumcnay Martin, sp. C, Schlothebni^ Von Buch,
Dav., Monogr. perm,, p. 25, pi, XI, fig. 16*27, et Monogr,
carb.y p. 267, pi. LIV, fig. 16-19.
Après une très longue étude de la C. emmena du terrain car-
bonifère et de la C. Sc/ilothcimi du terrain permien, je n'ai pu
trouver entre ces deux formes la moindre différence ; en un mot,
l'identité est si complète que, si l'on mêlait ensemble un nombre
de ces coquilles provenant des deux terrains, on ne pourrait les
séparer. Le nom Schiothcimi devra donc nécessairement être
supprimé.
8. Camarophoria giobuiina^ Phillips. Encyc, méth» gcoi,^ vol. IV,
pi. m, fig. 3; Dav., Monogr. pcrm,^ p. 27, pi. Il, (ig. 28-31
et Monogr, carb.y p. 26tt, pi. LIV| fig. 23-25.
Comme synonyme de cette espèce il faudra ajouter la C
rhomboidea^ Phillips, cette forme permienne ayant existé, ou
oommencéà exister dans la période oarbonifère.
9. Camarophoria humbietonensis, Hovese, Dav., Monogr. Perm,^
p. 27, pi. II, fig. 9-15. C. muitiplicata^ King.
10. Streptorhyncus pelargonatasy Schloth. Jkad. Mûnch., vol. Vl,
p. 28, pi. VIII, fig. 21-24; Dav., Monogr, perm,^ p. 32,
pi. II, fig. 32-42.
11. Producius horridus^ J. Sow., Min, eonch,^ vol. IV, p. 47,
pi. GGCXIX; Dar., Monogr. perm.^ p. SS, pi. IV, ilg. 43-86.
968 sêànck du 19 mai 18(52.
4S« Productus latirostratus, Howse, Dav. , Monogr, perm,^ ?• 36,
pi. IV, fig. 4-12.— P. uinbonillatus, King.
43. Strophalosia GoIdJussUyliUnsier^ Beitrage^ vol. I, p. 43, pi. IV,
fig. 3; Dav., Monogr. perm,^ p. 39, pi. III, fig. î-10.
44. Stropfialosia Morrisîana ^ King, Dav., Monogr.^ p. 44, pi. III,
fig. 24-44 (sous le faux nom de Str, lamellosa).
Je pense que toutes les Stropholosia permienoes que nous
connaissons dans les Iles Britanniques se rapportent à deux seules
. espèces :
\,Strapholoùa GoUfiissii, }êi&\^Té Topinion contraire du docteur
Geinitz, je crois que les coquilles attribuées à Tespèce de MOnster,
à la page 39 de ma Monographie permienne^ ont été correcte-
ment identifiées. Je suis aussi d'opinion que ce que Geinitz
appelle St, excavata^ du Zechstein-Dolomit de Pôssneck, et la
forme type de la St. Goidfussii de Y Untcre Zechstein de Trebnitz
près do Géra, appartiennent à une seule et môme espèce, mais
avec cette différence, que, dans la dernière localité, la coquille se
rencontre parfaite avec toutes ses épines en place, taudis qu'à
Pôssneck les échantillons sont à Tétat de moule, ou dans un
mauvais état de conservation, et c'est dans ce dernier état
que Ton trouve ceux de l'Angleterre qui sont identiques en
apparence avec ceux de Pôssneck. .
%,Strapholosia Morrisiana, Lorsque je préparais mdi Monographie
perniienne^ il y a cinq ou six années, je pensais avec MM. Howse
et Kirkby que la Si. Morrisiana de King pourrait bien n'être
qu*un synonyme de la S. lamellosa de Geinitz, et, quoique
mes amis ci-dessus nommés ne soient pas encore persuadés du
contraire, je suis plus porté maintenant à partager ropinion
récemment émise par le docteur Geinitz, c'est-à-dtre que son
espèce et celle de King sont distinctes , quoique je n'en
sois pas absolument certain. Aucun des échantillons bien con-
servés de Tunstall Hill, pas plus que les moules de Humbleton
en Angleterre, ne semblent posséder ce nombre immense d'épines
que Ton observe sur la valve ventrale des échantillons types de la
St, lamellosa de Geinitz provenant de Trebnitz; au contraire,
sur nos échantillons de St, Morrisiana^ elles sont comparati-
vement peu nombreuses, couchées le long de la surface de la
coquille et permettent de voir entre elles les fines stries lon-
gitudinales caractéristiques de l'espèce.
45. Cranta Kirkbyi, Dav., Monogr, crét,^ p. 49, etMonogr, carb,j
p. 270, pi. LIV, fig. 36-38. Il n'est pas tout à fait certain que
cette espèce soit distincte de la Crania quadrata^ de l'époque
carbonifère.
46. Discina nitida^ Phillips. Discina Koninckii^ Greinitz, D, spc-
luncaria, King, Dav., Monogr, perm,^^, 60. pi. IV, fig. 27-29,
et Monogr, carb.j p. ?68, pi. LIV, fig. 26 et 27. Ayant com-
paré avec la plus grande attention un nombre considérable
d'échantillons de la Z>. nitida (carbonifère) et de la Z>, Koniit^
NOT£ bh H. GERYAIS. 909
cÂii (permien), je n'ai pas pu apercevoir la moindre différence
entre ces coquilles qui, j'en suis convaincu, appartiennent à une
seule espèce. Les meilleurs échantillons de la forme permienAo
se trouvent dans le calcaire compacte de East Thickley, près de
Darlington, où elles atteignent une assez grande taille.
47. Li/igula myiiloides^ Sow., ou Li/igula Credneri^ Geinitz, Dar.,
Monogr, perm,^ p. 51, pi. IV, fig. 30-34, et Mono^r, carb.,
p. 268, pi. LIV, fig. 32-34.
M. Kirkby a déjà démontré que la Li/iguia Credneri se trouve
aussi dans les roches carbonifères de TAngleterre; mais il faut
que je fasse un pas de plus, en disant que la Liogule permienne
se distingue à peine de la Lingula mytiloulcs de Sow., qui
provient aussi des schistes carbonifères de Wolsingham, dans le
comté de Durham; en conséquence je partage l'opinion de
M. Tate qui considère la Lingula Credneri comme n'étant
qu'une petite variété de l'espèce de Sowerby.
Je vais maintenant in'occuper du troisième et dernier volume
de mon grand ouvrage, lequel sera entièrement consacre à la
description des espèces dévotnennes et siinriennes des îles Britan-
niques.
Sur le dépôt lacustre d^Armissan [Aude]^ à propos d^une
réclamation de M, A. F, Noguès; par M. Paul Gervais.
J'ai communiqué à TAcadémie des sciences dans la séance du
4 novembre 1861 (1) le fait curieux de la présence dans le dépôt
lacustre d'Armissan de grandes empreintes végétales, paraissant
appartenir au genre Dracœna, et, pour mieux faire ressortir l'inlé-
rét de cette observation, j*ai cru convenable, après avoir dit
quelques mots sur la nature du gisement lui-même, de rappeler
mon opinion sur l'époque de sa formation. M. A. F. Noguès n'a
pas tardé à écrire à la Société (2) pour réclamer contre l'omission
dans la note insérée par moi aux Comptes rendus du nom des
géologues qui se sont antérieurement occupés du même gisement.
La réclamation de M. A. F. Noguès a été présentée à la Société
par M. d'Archiac.
J'avoue que je ne puis accepter comme fondés les reproches
qui me sont adressés par notre confrère. Mon but, en publiant le
(\\ Comptes rendus hebd,^ t. LUI, p. 777.
(2) Bulletin de la Société, 2* sér., t. XIX, p. 4 42, décembre 4 864 .
970 SÈANCt DL 19 MAI 1862.
travail qu'il critique, u*éiait point de traiter historiquement des
diverses opinious qui ont été émises par les auteurs au sujet d*Ar-
missan et encore moins de discuter ces opinions ; et, si l'âge que
j'attribue au dépôt qu'elles concernent concorde avec celui que
lui suppose*de son côté M. d'ArchiacJ'aVaîs peut-être le droit d'en
prendre la responsabilité en 1861, puisque en 1659 déjà (1), c'est-
à-dire l'année même de la publication du mémoire de M.d'Ar-
chîac, et sans avoir pu connaître alors le travail de ce savant géo-
logue, j'avais émis sur le même sujet une opinion conforme à
celle exposée dans ma note. Quoi qu'il en soit, je n'ai point l'in-
tention de soulever à cet égard une question de priorité, et, si je
regarde encore aujourd'hui la manière de voir que j'ai soutenue
comme émanant de moi, c'est moins par âmouivpropre d'auteur,
que pour être plus libre d'en discuter la valeur; ce que je vais
faire.
IJn examen complet des fossiles d'Ârmissan que je possède
aujourd'hui, et plus particulièrement le résultat d'une étude
approfondie des plantes de cette localité, faite par M. Gaston de
Saporta sur les échantillons que j'ai réunis ici, rendent en effet
probable, pour ne pas dire certain, qu'il s'agit d'un dépôt miocène
inférieur, et non, comme moi et d'autres auteurs l'avions adfnrs,
d'un déiiôt proicène. C'est avec la seconde flore d'Aix et avec la
flore des autres assises miocènes inférieures, soit en France, soit
en Allemagne et en Suisse, qu'il faut comparer les végétaux
enfouis à Armissan, et plusienrs des plantes tt^ouvées dans cette
localité sont en réalité les mêmes que celles déjà connues dans les
autres gisements que les paléontologistes appellent quelquefois
tongriens et qui répondent à la partie la plus inférieure de la
série miocène. Cest ce dont on pourra juger par la liste suivante
dressée en grande partie sur les indications de M. de Saporta
recueillies sur les échantillons qu'on a réunis jusqu'à ce jour. Le
nombre des espèces de cette liste dépasse déjà trente. J'ai marqué
d'un astérisque * le nom de celles que je ne possède pas encore,
mais dont il est question dans des ouvrages publiés récemment
ACOTTLiOOHES.
Muscites Toumaiii.
* Filiciies polylfptryum
Adiantuni CussolU ^S).
Equisctum brachjfoaon.
^.
{\\ ZooL eipaléoni, franç,^ %* édit., p. 630.
(2} Espèce inédite que je propose de dédier à M. Gussûl, ouré d'Ar-
missan, qui m*a remis de très beaux échantillons recueillis dans cette
localité.
NOTB DE M. GBRTAI8.
971
GYMNOSPERMES.
Taxites Tournalii,
Séquoia [Abies brc^JoUii et A,
acicularis),
Pinus (espèce h deux fenilles).
Pi/uis (espèce à trois feuilles)*
Pi fins (espèce à cinq feuilles).
augiospermbs.
a, MOMOCOTTLÉDONEf .
Poacites,
* Smiiacitcs /m status,
Dracœna narboncnsis (^).
Flabellnria.
h, DICOTYL^OONBS.
Nymphœa (à déterminer spécifi-
quement).
Dryandra Schrankii (î),
• Hakea tanceolata.
Banks i tes intrger[Z),
Anacardites ?
Palœolobiutn*
Laurus?
Cinnamomon polymorphum,
Cinnamomon spectabile,
Sterculia digitata (4).
Ficus,
Jagians,
Betula dr)'adum%
Acer (voisin du triiobatum),
Oii'fjînus macroptcra.
Ulnius,
Qucrcus cr (teinta.
Quercns ilicoidcs.
Quercus lonc/iitis.
,*
Aucune de ces espèces ne se retrouve avec certitude dans les
marnes gypsifères d'Aix, ni dans les autres dépôts appartenvint au
même étage que ces dernières. Le Nrmjihœa d*Armissau attend
lui-même une détermination spëcitique définitive, et il n*y a pas
plus de certitude pour les autres espèces supposées connu unes à
Armissan et au proïcène. Au contraire, la similitude d'espèce est
démontrée entre plusieurs des végétaux que nous venons d'énu-
mérer et ceux du miocène inférieur que Ton connaît à Radoboj
(en Croatie), au mont Promina (eu Dalmatie), à Hering [en Tyrol),
dans plusieurs localités de la Suisse, dans les lignites des bords du
Abin et même en Auvergne ainsi qu'en Provence. Une des espèces
d' Armissan les plus concluantes sous ce rapport est le Dryandra
Schrankii^ singulière protéacée à faciès australien qui est en efiet
commune à Armissan ainsi qu'à Kéring, Epéris, Promina, Gler-'^
mont-Ferrand et Saint-Jean-de-Garguier.
Je renvoie pour une appréciation comparative détaillée de la
flore d'Armissan, telle qu'elle nous est maintenant connue, aux
travaux de MM. Brongniart, Unger, Heer, Weber, Wessel et de
(4) Nom par lequel je désignerai l'espèce de Dracosna découverte
dans le dépôt d'Armissan.
(2) Asplenioptcris Sc/trankii, Siernb,, Comptonia dryandrœfolia^
Brong., Dryandra Brongniarti, Kttingsh.
^3| MM. Wessel et Weber citent le Banksites longifoHaï Armissan.
4) Platanus Hercules^ Duger.
972 SÉANCE UL lu MAI 1802.
Sapoi'ta, et je me borne à faire remarquer que la Aoro du miocène
européeD dans laquelle elle se confond se laisse aussi aisément
séparer de celle dn proïcène, que les mammifères miocènes se
distinguent eux-mêmes de ceux de Tépoque précédente et de ceux
de réocène proprement dit. C'est pour avoir confondu les espèces
propres à chacune de ces populations, qui caractérisent autant de
grands terrains dans la période tertiaire, que les géologues ont si
souvent hésité sur la place respective qu'il faut attribuer dans la
série géologique aux terrains dans lesquels on recueille des restes
fossiles de ces divei^ses populations. Bl. A. F. Moguès a donné, dans
sa Notice géologique sur le département de l'Aude, un exemple
de cette confusion d'époques, lorsqu'il a associé, comme étant
également miocènes, les conglomérats et les grès «i Lophiodons
d'Issel, de Carcassonue, etc., les marnes à Paléolhériums du Mas
Sainte-Puelle, les couches d'Armissan, celles de Sijean, etc. , ainsi
que les dépôts marins à Ostrea lottgissima du même département.
S'il avait consulté mou ouvrage, il y aurait trouvé, même dans la
première édition, la séparation complète de l'étage à Lophiodons
d'avec celui qui renferme les ossements des Paléothériums et celle
de ce dernier d'avec les dépôts que caractérisent les Rhinocéros
et les autres animaux du miocène proprement dit, soit inférieur,
soit supérieur.
Quant à la liste des végétaux fossiles d'Armissan que donne
M. A. F. Noguès, d'après M. firongniai*t, il y commet une erreur
contre laquelle l'illustre botaniste aurait droit de protester; c'est
lorsqu'il place le Smilacites hastatm parmi les Nàiadées. G*est
également par erreur qu'il ajoute, comme indiquant une espèce
différente de celles déjà signalées par le savant botaniste, les
grandes feuilles palmées à cinq lobes qu'il rapporte au genre S(er^
cuiia. Ces feuilles sont les mêmes qu'on a aussi décrites comme
indiquant un Platane, le Platanus Hercules de M. Unger, et il y a
ici un double emploi évident.
Je diffère encore sur un point important avec M. A. -F. Noguès.
En reproduisant, danssa No(e insérée au Bui/eiin^ un passage de sa
Notice EUT l'Aude, notre confrère complète cette citation par une in-
terpolation qui est au moins contestable. Il y dit en parlant de la
disposition du sol aux environs du lac miocène inférieur d'Armis-
san : « De là résulte nécessairement l'accumulation des fossiles
» d'Armissan ; mais tous les sédiments n'étaient pas arrêtés; ceux
» qui ne rencontraient pas d'obstacle devaient se jeter dans la mer
» par quelque communication du bassin lacustre avec la Méditer-
» ranée, peut-être par le Grau de Gruissan et par un passage de
NOTB DE HI. GERVAlS. 073
» Vembouc/iurc de l'Aude. » Au lien du passage souligné le texte
original porte : Ceux (les sédiments) qui ne rencontraient pas
» d'obstacles devaient se jeter dans la nier par Tenibouchure de
0 TAude et par Graissa n pour aller former des dépôts stratifiés
» dans la mer (1). » IM. A.-F. Noguès aurait sans doute mieux
fait de s'en tenir à sa première rédaction, car il est évident qu'il
ne peut être question de la Méditerranée à propos d'un lac de
Vépoqne miocène. Il y a là, si je puis m'exprimcr ainsi, un véritable
anachronisme géologique.
J'ai dit qu'Armissan était plutôt miocène inférieur que proïcène.
Il n'est donc pas probable qu'on y trouve, comme je l'avais laissé
enl revoir dans ma Note sur le Dracœna fossile, des restes de Paléo-
tliériums ni d'animaux contemporains de ces derniers; et, si ce
dépôt fournit quelques ossements de mammifères, ils appartiens
dront plutôt, à en juger par les plantes, à la faune lacustre de la
Limagne et de Saint-Gerand-le-Puy. Il serait curieux d'en com-
parer les espèces avec celles des dépôts de Montredon, situés à
peu de distance dans le même département, et parmi lesquels j'ai
reconnu des débris du genre Hipparion (2) ; mais le gisement de
Montredon paraît appartenir au miocène supérieur plutôt qu'au
miocène inférieur, puisqu'on y trouve aussi le Dinothérium.
Je ne m'arrête pas à rOrnitholitlie que M. A.-F. Noguès me
reproche de ne point avoir connu. Il m'avait été jusqu'à ces der-
niers temps impossible de l'étudier en nature; mais, grâce à
M. Pessiéto, j'ai pu réparer cette omission bien involontaire et je'
viens d'en publier une description dans les Comptes rendus {Z).
C'est un Gallinacé voisin des Tétras et des J^agopèdes. J'ai pro-
posé de l'inscrire sous le nom provisoire de Tetrao ? Pessieti,
Quelques remarques sur le ISotœus d'Armissan termineront la
présente note.
Ainsi que l'ont fait remarquer MIVI. d'Archiac et A.-F. Noguès,
c'est M. Marcel de Serres qui a le premier signalé ce poisson
dans la localité qui nous occupe et c'est lui qui l'a assimilé à l'es-
pèce de Montmaitre sur laquelle Guvier avait déjà donné quelques
renseignements fort exacts. J'ai cité de mon côté, et cela dès 1859,
[\) A.-F. Noguès, Notice géol. sur le dvp. de V Aude ^ précédée dc
quelfjucs notions de géologie générale^ in- 8, Carcassonne, 1851,
(2) Mém. Acad, se. Montpellier, t. V, p. 121.
(3) Comptes rendus Itebd. ,i,Liy, ^S6%,
97A SÉANCE DU 10 MAI 1862.
le Notœus laticuudatus d*Arniissan dans ma Paléontologie fran-
çaise, L*exainen que j'avais fait alors de la pièce conservée par
J\] , Marcel de Serres ne me paraissait pas contredire ce classement,
qui, s'il n'est pas tout à fait exact, doit s'éloigner fort peu de la
vérité. Tout récemment, et par suite de l'étude plus complète des
plantes d'Armissan que j'ai faite avec le concours de M. de Saporta,
j*ai été conduit à revoir cette détermination.
Guvier a très judicieusement rapproché des Amies le poisson
fossile de Montmartre que IVI. Agassiz a pris pour type de son
genre Notœus et qu'il a placé parmi les Ganoldes dont les Amies
ont d'ailleurs un certain nombre de caractères ; mais d'autre part
le second de ces naturalistes a établi sous le nom de Cyclurus un
autre genre de poissons lacustres de la période tertiaire qu'il a
rapporté a la famille des Cyprinidés. On connaît un Cyclurus à
Menât (Puy-de-Dôme), c'est-à-dire dans le terrain miocène infé-
rieur. Les observations de M. Heckel ainsi que celles de M. Pictet
et les miennes propres ayant montré que les Notœtts et les Cyclurus
sont des animaux très voisins fun de l'autre, si non congénères, une
nouvelle comparaison de l'IcbthyoUtbe trouvé à Armissan deve-
nait indispensable. Cette comparaison ne m'a pas été possible avec
l'aide seule des figures et des descriptions publiées par Cuvier et
par M. Agassiz. C'est aux originaux eux-mêmes qu'il faudra avoir
recours et cette question reste en suspens jusqu'à ce que j'aie pu
achever ce travail, ce qui ne peut te faire qu'à Paris, Je verrai
alors si le Notœus d'Armissan peut ou non être assimilé au Cyclurus
Falencicnnesii ou s'il reste un véritable Notœus laticaudtttus^ M. de
Serres, avec sa complaisance accoutumée, a bien voulu mettre de
nouveau à ma disposition la pièce signalée par lui, et j'en ai fait
faire un dessin exact qui pourra être publié.
En résumé, les nouvelles recherches que j'ai entreprises sur les
fossiles d'Armissan ne sont pas contraires au résultat obtenu par
M. de Saporta au sujet de l'âge miocène inférieur de ce dépôt;
mais le but que je me pi*opose surtout dans ces recherches est
l'étude zoologique de quelques-unes des espèces curieuses que ces
fossiles permettent de reconstruirci et, en laissant à M. de SaporU
le soin de publier les nombreuses remarques que ma collection
de plantes d'Armissan lui a déjà fournies, je me propose de ne
poursuivre que ce qui a plus particulièrement trait aux espèces
animales. Je prierai la Société de vouloir bien m'autoriser à en
publier les résuluts (descriptions et figures) dans le recueil de k%
Mémoires,
vota OB M, COUNUBL. 07i
Essai sur les rapports qui existent entre le grès vert inférieur
du pays de Bray et celui du sud-est et du nord'-ouest du
bassin anglo-français ^ par M. J. Gornuel.
I. Orographie et hydrographie locales. Épaisseurs diverses du groupe. \
L'orographie sous-marine du bassin parisien, pendant les pé-
riodes crëtacëe et tertiaire , a ëté habilement esquissëe par
M. d'Ârcbiac, au moyen de faibles reliefs du sol actuel, qu'il a
figurés sur une carte sous les noms de lignes du Merlerault, de la
Sambre, de l'Artois et de la Manche [Mém.^ 2* sér., t. If, p. 116 et
117, et pi. I, fig. 1 ; Hist. des progr, de la géoi^ t. II, p. 634 et
suiv.; t. IV, p. 385 à 388, et t. VI, p. 202 à 204). Nous n'y ajou-
terons donc que quelques considérations concernant particulière-
ment notre sujet.
La ligne de la Sambre a pour prolongement un faite hydrogra-
phique qui se continue du N.-E. au S.-O., entre TOise et le
bassin de la Somme, jusqu'auprès de Guvilly, et qui court ensuite
de TE. à l'O,, par les environs de Breteuil, Forges et Yvetot,
jusqu'au cap d'Antifer. au nord du Havre. Ce faite circonscrit, avec
les lignes de TArtois et de la Manche, un espace trapézoïdal
totalement indépendant du bassin géographique de la Seine.
L'hydrographie actuelle de cet espace montre qu'il incline à pré-
sent vers le N.-O. Mais son inclinaison était différente lorsque la
région française du bassin géologique était plus basse que sa
région anglaise, ce qui a eu lieu pendant la formation du sous-
étage néocomien inférieur» ainsi que nous l'avons expliqué dans
notre notice précédente. En effet, voici, suivant les positions rela-
tives, les épaisseurs connues du grès vert inférieur et dessables qui
le séparent du gault, sans y comprendre même les dépôts weal-
diens d'Angleterre :
lient, 113*39
n«deWleht,tt4",65
Calait. S«»3I
Bas BonloDniit, S» ,00
L« B»Tr«, S5»,00
BannequetUle, ?
Brty, entlroB 60i",00
Haate-MarBe, 84*30
D'après ces données (1), la puissance est considérable en Angle*
terre, et bien plus encore dans l'ile de Wight que dans le Kent.
[\) Voir Graves, Essai sur la topogr. g**ognost, de fOisc^ Beauvaîs
976 SÉANCB DU 19 MAI 1862.
Elle est extrêmement réduite sur la ligne diamétrale de Calais à
Henneqaeville. Elle redevient plus forte dans le Bray, ou elle
Test cependant encore moins que dans la Haute-Marne. De plus,
nous retrouverons, dans le pays de Bray, les deux étages du grès
vert inférieur et les sables qui précèdent le gault proprement dit»
tandis qu'on n'a pu jusqu'à présent les trouver réunis, ou les dis-
tinguer par leurs véritables caractères, sur aucun point du littoral
français du détroit. Donc le sol du Bray se rattachait au versaot
de la ligne de la IVIanclie qui inclinait sur l'Oise.
Le Hainaut, la Flandre, l'Artois et une partie de la Picardie
s'étant trouvés émergés pendant la période dont il s'agit ici, et
principalement au commencement de l'ère néocomieune, le sol
du Bray devenait en même temps le prolongement sons-marin du
vei*sant de l'Artois qui inclinait vers la basse Seine. On ne peut
en douter, puisque le groupe de couches que nous allons exa-
miner est plus mince au N.-E. qu'au S.-O. de Taxe du pays de
Bray.
Cette dernière contrée, ainsi placée en deçà des lignes de l'Ar-
tois et de la (Manche par rapport au bassin parisien, appartenait
par conséquent à la région française du bassin géologique. EUle y
subissait les influences combinées des deux pentes à l'intersection
desquelles elle se trouvait, mais avec les différences résultant de 1
l'inégalité d'altitude des deux faîtes. Or, comme la ligne de TAr- l
tois s'est maintenue relativement plus et plus longtemps émergée
que l'autre, et que son maximum d'émersion a coïncidé avec le
commencement de la période, tandis que la ligne de la Manche
n'a dû excéder que de très peu le niveau de la mer, et seulement
4847, p. 54; Rozet, Descript, du bas Boulonnais. i^, 46 etsoiv. ;
Fitton, Quart, j'ourn, geol. Sor. of London^ vol. Iil, p. 320; d'Ar-
chiac, Hist.^ IV, p. 80, 499, 279, 306 et 309; Bull., »• sér., VIII,
p. 453.
Pour le grès vert inférieur du Bray, nous inscrivons 60 mètres, éva-
luation maxima de M. d*Archiac, au lieu de 57 mètres que donne
M. Graves, uue remarque de ce dernier tendant à faire croire que son
point do repère supérieur aurait subi une légère dénndation.
M. Rozet indique 6 mètres dans le bas Boulonnais, plus 1 à 2 mètres
d*argile bitumineuse à la base. L'argile à Huîtres découverte à Wissant
par M. Albert Gaudry [BulL^ V sér., XYII, p. 30j serait même,
d*après ce dernier géologue, le seul représentant connu du groupe, et
il ne Ta observée que sur 3 mètres d'épaisseur.
Nous ne citerons ci -après l'ouvrage de M. Graves que par Tinitiale
G. et le numéro de la page.
KOTB DB M. CORNUBL. 077
pendant la durée des dépôts weaidiens, contemporains de notre
sous-étage néoconiien inférieur, sauf peut-être encore les inter-
mittences pendant lesquelles les eaux marines envabissaient le
lac de Weald, il en est nécessairement résulté que le pays de Bray
ne recevait que des cours d'eau tributaires de la région française,
c'est-à-dire lui arrivant du nord oudu nord-est par T Artois. De laces
débris d'origine fluviatile et terrestre qui existent dans la portion
la plus basse du grès vert inférieur du Bray, et qui ont déterminé
M. Graves à admettre un groupe virealdicn à la base de son étage
néocomien, en ne donnant à ce groupe que la valeur d'une des
divisions de Tétage. Mais ces débris n'ont évidemment de commun
avec le groupe wealdien anglais que leur contemporanéité ; et
c'est ainsi que le géologue de Beau vais en a jugé lui-même, en
disant, à propos des alternances que nous rappellerons plus loin,
qu'elles n'ont rien qui soit vcritablenicnt lacustre, mais qu'elles
représentent des matières apportées«dans les eaux marines par des
courants fluviatiles (G., p. 71). En effet, cette partie de la région
française n'aurait pu communiquer avec le lac wealdien que dans
des moments d'immersion de la digue naturelle de ce lac. Or,
cette immersion ne déplaçait pas les dépôts d'eau douce déjà
formés dans le lac, et, pendant sa durée, si courte qu'elle fût,
elle y interrompait la sédimentation lacustre; de sorte que ce n'est
pas à une communication avec le lac anglais que sont dues les
premières couclies du Bray.
Rien n'indique que la ligne de la Manche, qui d'ailleurs n'est
pas parallèle à la grande fosse centrale du détroit, ait conservé son
orientation primitive, et qu'elle n'ait pas été inégalement modifiée
depuis son origine, ne fût-ce que par la mer qui la baigne aujoul^•
d'bui ; d'autant plus que M. d'Arcliiac en fait lui-même dévier
le prolongement sur sa carte, en le traçant par Calais, Gand et
Mali nés. Dans tous les cas, si, avec son installation actuelle, elle a
servi de digue au lac wealdien, ce ne peut être que dans une partie
de sa longueur, le surplus ayant dû être fourni par des cordons
littoraux effacés depuis, ou dont les eaux de la Manche empêchent
de retrouver les vestiges. En effet, si ce lac s'était étendu depuis
le banc de Golbart jusqu'aux rochers du Calvados, la région
marine française aurait été une Caspienne pendant la formation
du 90u»-'étage néoeomien înf^ieur, et son isolement aurait dû
faire différer sa faune de celle des autres mers néocomiennes, ce
qui n'existe pas. De plus, les différences de profondeur d'un côté
à l'autre du pays du Bray, et celles qiri ont existé sur îa ligne
même de Calais au Havre, et qui sont attestées par l'inégalité
Soc. géoL , 2* série, tome XIX. 62
078 8ÊANCB DU 10 MAI 1862.
dVpaissciir des dépôts, prouvent rpie l.i n'jîion française était un
Yéritiible {^olfe, coiiiinnniquanl avec la pleine nier principalement
par la* partie où est maintenant Teinhouchure de la Seine.
L'axe des oscillations du bassin angio- français ne parait pas non
plus avoir exactement co'incidé avec la ligne sous-marine actuelle
de la Manche, d'autant plus que nous avons fait voir, dans notre
notice déjà citée, que cet axe des mouvements avait subi des
écarts de direction. Il a dû, au contraire, la couper obliquement
en se dirigeant plus ùi TE., et en se rapprochant un peu de la ligne
de la Sambrc, de manière à rester au N.-O. du Bray et à être
généralement parallèle à la grande fosse centrale du détroit. C'est
une position qui se prête mieux que toute autre à TinteHigence
des faits qui ont présidé à la formation de l'étage néocomien du
nord de l'Alletnagne, si semblable à celui de la région anglaise,
tel que nous le traçons dans notre précédent travail et dans
celui-ci.
II. Différence entre le pays de Bray et la zone extérieure du bassin
parisien^ sous le rapport de la nature et de la disposition des
dépôts.
La somme des sédiments calcaires, marneux et argileux l'em-
porte sur celle des sédiments sableux, dans la zone de l'est et du
sud'cst, parce que cette zone dépendait de la portion déprimée et
tranquille du bassin. Le contraire a lieu dans le pays de Bray,
parce qu'il appartenait aux côtes plates de la portion convexe du
même bassin et en même temps à la partie qui rattachait le golfe
à la pleine mer, ce qui devait en rendre les eaux moins calmes et
favoriser l'action des vagues et des courants. Aussi, la plupart des
couches sont longues, continues et régulières dans l'est, tandis
que, dans le Bray, il y a entre elles des alternances diverses, et les
sédiments fms surtout y sont disposés en couches interrompues, ou,
ce qui revient au même, en amas^iscontinuS) qui semblent subor-
donnés à la masse sableuse (G., p. 55, Ikei 76).
III. Corrélations str ait graphiques et organiques du pays de Bray et
des régions S.^E. et N,'-0. du bassin anglo-français.
Malgré les différences qui viennent d'être signalées et les varia-
tions que leurs causes ont produites, M. Graves a éubli un ordre
chronologique dans ce qu'il nomme la série normale la moins va-
riable, sinon la plus constante des couches du pays de Bray (G.,
ttOTl DE H. CORRUBL. 0/9
p. 68 à 82) . En rappelant celte série dans une analyse extrémèmisiit
lucide, iM. d'Arcbiaç a exprimé, avec une certaine réserve, son
opinion sur ses rapports stratigraphiques avec les couches obser-
vées dans la bordure extérieure de la région française. Cette opi-
nion nous paraît confirmée par les faits paléonlologiques, ainsi
que nous essayerons de le prouver.
Nous laissons en dehors de ce travail la himachellc à Paludines,
observée en blocs superficiels dans le Bray (G., p. 63 et la note).
Placée à la suite des couches à Cry/j/iceavirguln et avant l'étage
portlandien, elle ne représente pas le calcaire de Purbeck, malgré
sa ressemblance.minéralo^ique avec le marbre purbeckien d'An«
gleterre ; mais elle prouve que le Bray avait reçu des eaux douces
avant le dépôt de son étage portlandien, ce qui est d'autant plàs
admissible que cet étage y est peu puissant ; et elle annonce par là -
une alternance dans la faune marine avant la fin de la période
jurassique. Pour supposer que cette lumachelle pourrait être hors
de sa position primitive, et provenir des couches purbeckiennes
détruites par la dénudation, il faudrait que ses lambeaux fussent
diversement inclinés, ou bouleversés en différents sens, et entre-
mêlés (le débris des couches porllaudiennes qui l'auraient précé-
dée ; et c'est ce qui n'a pas été vérifié jusqu'à présent. D'ailleurs,
dans un cas comme dans l'autre, elle serait antérieure à la série
que nous allons examiner, puisque, fût-elle même purbeck ienne,
l'étage de Purbeck ne se montre pas à l'est et au sud-est de la
région française, et nous ne prenons ici que les faits postérieurs au .
mouvemeut du sol qui a mis fin à cet étage.
080 «ÊAJici DU 10 «il 1802.
Tabittm ^' rapporu tlei treli parties connuet Ha gréi vert \tiférhnr dtt bassin ,
en prenant pour Irpei les localités où le groupe ett le ptui '**
, S<.l,li>.d.l jS-U. «nlilr=|f.
f^f ^-ïf /Iu(i<.ieu-'JS" Cri. cl hI.U faniilaïlii. XlV. FernglgLS
|;l') ; } '"I" f i,,rc,i,n-|M."™,(7^;,.ic,rp*.
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Ar|ll* conpiil*, •
II. Fcroi>llll.i<|iii. . .
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(1) C«tt> fsoiili* H lii ioaliHlqiuiB4..l lui eoachatBqBl 11 pr^cWcnl; mijiaaut skUmmi «m nnw)
rtn«mphi<TB»i ttTrE riulM t J-Twa #H'/rlJ Itli ipi* Ban* In *•<») nil^aH «lllnra "
KOTI Dl M» COAMUKI,. 081
1" Étage méocomien. -"^ Rapports Hc ses assises.
A. Sous-étage néocomien inférieur.
Première assise. — Cette assise, dans le Orayi ressemblei par
sa coin))ositioii, à celle de l'est, autant que cela peut être eu
égard à la distaïKe et aux causes des diffëi*ences indiqua plut
haut. Ses alteruances de fer limoneux à coquilles marines, de
couches à végëiaux et de coudies à fossiles d*eaii douce et à fos«
slies marins mêlés à des débris d'origine fluviatilc ou terrestre,
rappellent les oscillaMons secondaires qui, d'une pai t^ permettaient
à la mer de pénétrer de temps en temps dans le lac anglais, et qui,
d*auli'e part, imprimaient des balancements latéraux à la ma^sc
des eaux marines du golfe français. Il est naturel d'ailleure que
cette partie du sol du département de rOise, qui tenait exclu-
sivement au golfe fiançais, ait reçu comparativement plus de
sédiments d'eau douce que la pleine mer du golfe, et plus de
sédiments marins que le lac.
Les fossiles détermioés des couches d'oiigiuo fluTio-uuirino«oiity
outre oaxe espèces de végétaux :
POISSONS (4).
N" 64 . Ùyrodus Mantclli, Ag.
M0IXU80UBS M^aUlS,
4 078. Cardium subhilia/ium, Leym.
4 243. Nuculrt linguiata^ d'Orb. (IV. spathulata^ Forb. — Leda
iinguiatn, d'Orb., Prod,)
MOLLUSQUES FLUVIATILKS.
4 422. Cycias angulatti, Fitt.
4 4 25. — média j Sow. — MantelK
4 426. — mcmbrtinaceay Mantell.
FORAHIIflFÈSES.
4 636. Lituola comprijssa^ d*Orb.
Le fer limoneux à coquilles marines, qui va être cité dans la
seconde assise, commence par des alternances dans la première,
sans toutefois que ces alteitlanees existent partout dans celle-ci. Il
a une faune plus étendue qùè celle q^i vient d'être indiquée,
ainsi que nous allons le faire voir.
(4) Les numéros qui précèdent les noms d'espèces, dans cette liste
et dans les listes suivantes, sont ceux de la liste générale de M. Graves,
pages 583 à 74 4 . . i .
682 SÊANCB DU 19 MAI !862.
Deuxième assise^ — Ce fci* limoneux, qui est un minerai ou
une marne ferrugineuse jaunâtre ou jaune et brune, a une faible
puissance, mais cependant plus grande ici que dans ses alternances
de la première assise, de sorte que son développement le plus
complet et sa position habituelle sont au-dessus de cette pre-
mière assise (G., p. 71 et 72*73). Pris ainsi à son niveau le plus
élevé et le plus constant, il forme, selon nous, la seconde assise
du sous-étage néocomien inférieur, correspondant par conséquent
à la marne et au calcaire n*" 5 de Test. A la vérité il n*en a pas la
composition minéralogique, et à peine est-il rappelé dans la Haute-
Marne par un lit de marne verdâtre ou veit brunâtre, à graius
d'hydrate de fer et à débris de coquilles plus ou moins brisées,
variant entre 30 et 60 centimètres d'épaisseur, et interposé dans
le calcaire à Spatangues au S. d'Attancourt et au S.-O. de Wassy.
Mais, si la seconde assise de Test et du sud-est n'a qu'un repré-
sentant relativement rudinientaire dans le Bray, la cause en sera
expliquée à la fin de cette notice.
Le fer limoneux du pays de Bray, quoique contenant une
grande quantité de Cypris granulosa^ est pour ainsi dire pétri de
fossiles marins à Tclat de moules et d'empreintes. Les espèces y
sont abondantes, mais difficiles à déterminer à cause de leur mau-
vaise conservation (G., p. 82-83); c'est ce qui fait que ^î. Graves
n'y cite que les suivantes dans sa liste générale :
MOLLUSQUES MARINS.
N" 396. Turbo inconstans, d'Orb.
927. Panopœa irrc^ularis^ d'Orb.
929. — Prevosti, d'Orb.
964 . Corbula elegansy Sow. — d'Orb. (C elegantula^ d'Orb. ,
Pro(L),
969. — striatula, Sow. — d'Orb.
4038. Venus Brongniartinoy Leym. — d'Orb.
4040. — Cottaldina.à'OTh.
4054. — vassiacensis^ d'Orb.
4 055. Thetis lœuigata^dVrh.
4 061. Cardium Cottaldinum , d 'Orb.
4073. — peregrinosum, d^ Orb.
44 84. Trigonia candata^ Âg. — d'Orb.
i490. — ru€Us, Parkins.— d'Orb.
4202. /irca consobrina^ d'Orb.
4203. — Cornueliana^ d'Orb.
CaUSTACÉS.
1494. Cypris granulosa^ Sow.
IfOTS DB M. CORNUBL. Q83
Ainsiy d'après les faits stratigraphiques et biologiques, le
pays de Bray a subi une première oscillation descendante, parta-
gée par des oscillations ou balancements secondaires, en même
temps que le reste du golfe français, mais à un degré moindre, à
cause de sa profondeur moins grande et de sa proximité de Taxe
des mouvements.
B. Sous-étage néocomien supérieur.
Première assise, — Au-dessus de la couche principale du fer
limoneux, et pour correspondre à la première assise du sous-étage
néocomien supérieur de Test et probablement aussi à notre
marne argileuse jaune n» 6, le Bray présente dans l'ordre chro-
nologique :
1° Un sédiment variable qui consiste en une argile jaundtre
marbrée de vert, près de Saint-Germain-la-Polerie, en de Tar-
gile contenant des frajjments de grès ferrugineux, ou de sable
ocracé, ou en un sable à fougères, à Saint-Paul, et en feuillets de
grès ferrugineux recouvrant du sable blanchâtre, varié de gris et
de jaune ocracé, à la Chapelle-aux-Pols (G., p. 56, 61 64
et 69) .
2 • L'argile grise ou grisâtre, nommée dans le pays blancy glaise
blanche^ terre à plo m mure ou àplombure^ et terre à creusets (Ibid.
p. 59, 63, 64. 68. 75 et 76).
3° L'argile bleue ou gris bleuâtre, d\ie glaise bleue, terre à pots ^
qui est toujours au-dessus de la précédente, dans les localités où
elles existent toutes deux [Ibid., p. 64, 68, 75 et 76).
Dans notre dernière notice, nous avons attribue à l'exhausse-
ment de toute la région française et à l'abaissement du sol auijlais
le transport de la presque totalité de la faune marine dans l'assise
à Perna Mulleti de l'ileile Wight, ainsi que son amoindrissement
dans la couche 6 et sa disparition presque totale dans l'argile
ostréenne inférieure de l'est, et à une oscillation inverse moins forte
son partage entre l'argile dite Atherfield-clay et notre argile
ostréenne supérieure, dans laquelle elle est partiellement revenue.
Dans le Bray, elle a subi les mêmes changements que dans l'est et
le sud-est. Seulement, comme elle y a toujours été moins étendue
elle s'y est effacée davantage dans les moments de migration, et
elle y est revenue moins ample aux époques de retour et de par-
tage, ses variations se trouvant en cela proportionnées à son im-
portance totale dans chaque contrée. C'est ainsi qu'on ne la cite
pas dans l'argile grise du pays de Bray et dans le sédiment variable
08& 6ÉAMCB DU 19 MAI 1862.
qui Ty procède immédiatement, et qu'elle reparaît amoindrie
dans l'argile bleue ou terre à pots j(\\MLnd celle de l'est rerient
amoindrie dans l'argile ostrëeime supérieure.
Dans l'argile bleue du Bray die n*a laissé, en effet, qae des em-
preintes plus rares ou plus difficiles à distinguer, de soite que
M. Graves n'a pu y reconnaître que les espèces snÎTantet men-
tionnées dans sa liste générale :
N<>* 961. Corbula elegansy Sow.-d'Orb. (C. etegantula^ d'Orb..
Prod.)
4040. Fenus Chttaldina^ à'Oth,
4 073. Cardium percgrinosum^ d'Orb.,
4247. Nucula ohtusa, Fitt.-d'Orb. (iV. /^////itfffl, Desh.-d'Orb.,
Prod.^ et xubohtusa^ d'Orb,, Prod, y
4260. — Scapha, d'Orb. [Leda scapha, id.).
plus le véf[étal u* 1886, nommé Lonchopteris ManieUi^ Broiig.*
Mantell, et des empreintes de fucoides.
Les débris organisés paraissent former, dans l'argile bleue, des
lits parallèles aux joints de stratification. L'argile bleue, corn-
pncte, des friches de Saint-Germain-la-Poterie est couverte d'em-
preintes de coquilles, et dans celles des coteaux de Lhéraule et de
(irène, c'est èi la partie supérieure, qui est une vraie marne argi-
leuse, que sont les empreintes des coquilles avec d'autres defacoides
et de fou^jèrcs (G., p. 67, 71, 75, 82 et 83). Une disposition ana-
lo(>ue se r:ût remarquer dans notre ai gile ostréenne supérieure, où
les fossiles sont plus en lits que dans les autres couches.
UOstrea Lrymerii\ Desh., et VOstrea Boussingaultif^ d'Orb,, si
communes dans l'est, ne sont pas mentionnées dans les espèces
déterminées du Bray. Si elles y manquent réellement, cela peut
provenir, soit de ce que la couche est moins développée dans le
J3ray que dans Test du bassin, où les litsà ostracées sont précédés de
lits et d'alternats à Cardium j bénits et Nur.ula^ et suivis d'un ou
plusieurs alternats à Corhnin, Cnrdiam^ Corbis^ etc., soit de ce qae
les Osticdy ayant liesoin d'un support solide pour se fixer et ne pou-
vant se mouvoir, ne s'accommodent pas de toutes les stations des
espèces libres. Cette circonstance ne peut pas empêcher, selon
nous, de regarder l'argile bleue du Bray comme synchronique de
l'argile ostréenne supérieure, dans laquelle des Corbula^ des Fenus,
des Cardium et la Nucula o^///.vri sont communs, et dans laquelle
soniSii\ssi\e Cardium prregri/wsurn^ la Nucula [Ledà) scap/iaetdes
fucoldes, le tout, soit dans cette argile même, soit dans ses alter-
nats.
NOTE DE M. CORNUEL. 985
En retrouvant des espèces du fer limoneux dans Targile bteuCi
M. Graves a été porté à croire que ces deux couches étaient équlr
valcntes plutôt que superposées (G., p. 75). Cette conjecture n'est
pas admissible, d'abord parce que le fer limoneux précède en
réalité les argiles du sous-étage néocomien supérieur, et ensuite
parce que la comparaison des deux bords du bassin a fait voir
que beaucoup d'espèces passent non-seulement d'une couche dans
une autre, mais encore d'un étage dans l'étage suivant. Mous
relèverons plus loin d'autres appréciations inexactes qui, avec
celle qui vient d'être signalée, ont empêché de donner à la clas-
siûcation des couches du pays de Bray toute la précision désirable.
Deuxième assise, — Dans le Bray, V argile rouge ou marbrée
occupe, au-dessus de l'argile bleue ou gris bleuâtre à poterie, la
position que Yargilc rose marbrée a prise dans l'est et le sud-est,
au-dessus de l'argile ostréenne. Il y a dans toutes deux la iiicinc
absence de fossiles marins et les mêmes variations de couleur ; de
sorte que la description de l'une s'applique parfaitement à l'autre.
L'argile rose marbrée de l'est est placée entre les sables et grès
n'* 8 et 10 de notre coupe de la Haute-Marne, et de plus l'inter-
position d'une partie de ces sables dans cette argile a été reconnue
dans le département de l'Aube (1). De même l'argile rouge ou
marbrée du Bray est séparée de l'argile bleue à poterie par du grès
ferrugineux et par des sables versicolores (ferrugineux^ ocracé,
jaune, jaunâtre, grisâtre, gris rubané); elle est même entrecou-
pée par ces sables, et elle est aussi recouverte par du sable et du
grès ferrugineux, M. Graves le constate dans un résumé, en par-
lant des grès et sables ferrugineux (G., p. 78), après avoir exposé
ses observations de détails faites à Saint-Germain -la-Poterie, dans
le bois de l'Italienne, à la montée de la route de Gournay à Beau-
vais, an Courtil-Leuillier, à la carrière grise de Saint-Paul, à la
Ghapelle-aux-Pots, en descendant à la Boissière, aux ateliers
d'extraction de la tuilerie voisine du taillis de Saint-Germer, aux
coteaux de Lhéraule et de Crène, et à la lisière du bois de Qau-
mont (G., p. 57, 60-61, 62, 64. 66, 66-67 et 68).
Le fer oolithiqiie n° 11 de Test, qui repose immédiatement sur
l'argile rose marbrée n° 9, partout où notre couche 10 manque, a
lui-même un représentant dans le Bray : c'est le minerai de jer gra-
nuleux, dont les grains ont la finesse de la poudre à feu ordinaire
(G., p. 81). Si les indications données au sujet deqtlui de Hainvil-
liers, qui contient des fragments de grès ferrugineux, sont peu pré-
(4) Voy. Mémoires de la Soc. géoL, 4" sér., IV, p. S40 à24S,
330 et 334 , et Buvignier, Statist. de la Meuse^ p. 484 , i^% et 487.
i
086 sftANCK DU 19 uAi 1802.
cUes (G. , p. 60), il en est autremeul de celui de Laboissière et de
Saint-Germain-la-Potciie. Le fer (granuleux qui a ëlé observé en
descendant à Laboissière est empâté dans une marne ferrugineuse
brune, dure, se divisant par feuillets, et il recouvre uu lit d'argile
rouge (G. ) p. 6U). Celui de Saint-Germain est en grains libres (ibid, ),
ayant pour gangue de Targile (G., p. 62-63, 74, 81-82). Il suc-
cède à Targile rouge marbrée, et, si cet ordre de succession n*e8t
pas suffisamment précisé dans la coupe du puits ouvert en 1826,
par ces mots un dèjUit de minerai de Jeret d'argile rou^c épais d'en-
vironi mètres (G., p. 56 57), il l'est plus loin. En effet, IVl. Graves
dit, dans une observation générale, que le minerai de fer en grains
de Saint-Germain constitue, au-dessus de Vargitc rouge^ la première
couche du système argilo- ferrugineux (G., p. 74).
Par suite de la ressemblance minéralogique et de l'identité
d'usage dans les arts, M. Graves a rapporté àJ'argile bleue ou
gris bleuâtre à poterie du sous-étage néocomien supérieur celle
qui est mélangée avec le fer en grains de Saint-Germain, et qui
forme aussi une couche régulière au-dessous de ce fer, ce qu'il
n'a pu expliquer qu'en disant que dans les friches de Saint-Ger-
main elle fait exception à sa position normale (G., p. 62-63, 74,
81). Mais, de deux choses l'une : ou l'argile rouge marbrée man-
que, comme dans la coupe du puits ouvert en 1835 auprès de
Saint-Germain, et alors les argiles jaunes et les argiles gris
bleuâtre qui gisent sous le fer granuleux de ce puits (G., p. 56)
sont une dépendance de Taigile bleue ou gris bleuâtre à poterie,
et se trouvent dans leur position normale; ou bien l'argile rouge
marbrée existe sous les argiles qui se mêlent avec le fer, et, dans
ce cas, ces dernières sont les analogues de celle qui forme la gangue
du fer oolithique de Test et des marnes à grains de fer oolithique du
département de la Meuse (Buii,, 2"* série, XVII, p. 748), et elles
constituent un dépôt différent des argiles à poterie proprement dites
et plus récent que celles-ci. On sait d'ailleurs que le fer oolithique
de l'est repose immédiatement sous une argile (l'argile à Plica-
tules) partout où la couche rouge fait défaut ou ne recouvre pas
elle-même un lit d'argile.
Quant au fer granuleux de Saint-6ermain-la-Poterie, les rognons
de fer cloisonné qu'il contient ne suffisent pas pour le faire rap-
porter, comme l'a fait le géologue de Beauvais (p. 81-82), au
dépôt plus récent qu'il a nommé Jer cloisonné. (]e serait conmie
si le fer géodique n^ 2 de la Haute-Marne était mis au niveau de
notre couche n*^ 11, parce qu'il y a des localités où il est ooli-
thique.
Si M. Graves avait eu pour éléments de comparaison les listes
ttOlB Dl M. CORntlKL. 087
de fossiles et U coupe géologique de l'angle oriental du basùn, il
aurait assurément ^TÎté lui-même les confluions que nous veuoiia
tie signaler et que l'absence de la faune rendait possibles.
Les trois dépAls d'argile du sous-étage néoconiieu supérieur dil
Braysoni en eoucbes interrompues, on lenticulaires, ou, eu d'aulrea
tenues, en amas discontinus, ovec cette différence toutefois, que loi
amas de l'argile rouge ou marbrée sont moins conilnus que ceux
des argiles à poterie, quoique d'une puissance souvent bien supé-
rieure {Cl. , p. 7û et 76). En oulre, il est probable que le fer grauu-
leux qui repose sur l'argile rouge est encore moins continu quo
celle-ci, puisque ses gisements connus sont bien moins nombreux
que ceux de cette dernière argile. Il semble que les lieux tran-
quilles, qui ont rtçu les sédiments Bus et ensuite le dépôt cbî-
mique dn fer en grains, se soient restreints en étendue à tiiesure
que le relèvement du sol les rapprochait de la surface de la mer
où les causes d'agitation sont plus grandes ou plus nombreuses.
Rapports saologii/aes de l'eittemble de l'étage néocnmien.
Pour achever la comparaison, voici dans quelles proportions les
mollusques marins de tout l'étage nëocomien dn pays de Bray te
retrouvent dans Us étages des deux bords du bassin entier :
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ÉT»GE
NÉOCOMIEn
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TBl.i «/n^ril <).• <ii>tc» 4u S..; .
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1
(1) Aie. d'Orbigoy dit celle espèce tris commune dans l'étage
apiien de l'Ile de Wight; mais H. Fittos ne 1'; indique pas daiu H
publlettion de 4Bi7.
088 SÉANCE DU 19 MAI 1862.
On rencontre ici ce qui s*cst déjà produit dans la coni|HU*aisoii
àm bords français et anglais du bassin, comparaison qui a prouvé
que chaque étage a des espèces qui se trouvent dans Tautre étage
de sa région et dans les deux étages de la région opposée. Mais
voici ce que les fossiles de l'étage uéocomien du firay présentent
d'intéressant. D*abord, ses 19 espèces déterminées existent toutes
dans l'ensemble des deux étages de Test, tandis que 10 seulement
sont citées dans l'ensemble des deux étages de File de Wigtit.
Donc les rapports paléontologiques de cette partie du Bray avec
tout le groupe français sont presque le double de ceux qu'elle a
avec tout le groupe anglais. Ensuite, en considérant les étagcf
sépaiément, sur le total des 19 espèces, 5 sont de tous les étages
des deux régions. Des 16 autres, 12 sont dans l'étage néocomien
de Test et 6 dans l'étage aptien de Test, tandis que 5 seulement
sont dans l'étage néocomien deTîle de Wigbt, ctqu'il n'y cna aucune
dans Tétage aptien de la même île. En ne séparant ]>as les espèces
communes, l'étage du Bray dont il s'<igitales fj de toutes ses espèces
déterminées dans l'étage néocomien de l'est, tandis qu'il n'en a
que les f| dans Tétage néocomien de Tile de Wight; et» si les f^
se continuent dans l'étage aptien de Test, Il ne s'en reproduit
que ^ dans l'étage aptien de Tile de Wight. Donc la paitie du
Bray qui vient d'être mise en comparaison avec les autres râlons
du bassin se rapporte à Tctage néocomien beaucoup plui i(|u'à
Tétage aptien, et à TétogiB néocomien de la région française bien
plus qu'à celui de la rë(;ion anglaise, malgré sa posilion géogra-
phique à peu près intermédiaire.
De plus, le principal et le plus constant des niyjeapK,fo^ilifèrc8
du Bray^ celui dont la liste comprend les }-| du total dis espèces
relevées numériquement dans le tableau précédent, est dans la
dernière et la plus importante des couches de la marne ferr|igi-
neuse, dite fer limoneux, comme le niveau fossilifère le plu# cofl-
sidérable de la zone de l'est est dans le calcaire à Spatangues et la
marne calcaire bleue ; et tous deux se correspondent exactement
dans la série chronologique. Enfin, chacun des autres horizons
fossilifères marins de l'étage néocomien du Bray trouve son corré-
latif dans l'étage néocomien de l'est, à des hauteurs correspon-
dantes. Les faits zoologiques sont d'accord avec les données
orographiques et stratigraphiques, et la place de ce qui précède
fixe elle-même celle de ce qui suit.
2® Étage aptien,
La coudie rouge n® 12 de Test, qui a peu de buissance, et qui
manque souvent ou se réduit à de simples nodules fossilifères,
NOTB DE M. CORRUBL. 980
tantôt repose dircctenient sur le fer oolitbiquc n° 1)^ et tautât fii
est séparëe par un lit d'argile d'épaisseur variable, ipais t^ dépat*
santpas 0".70 {Bull,, 2« sér., t. XYII, 750). Nous Vavao» mise
au niveau de la couche brown and yellow sand de Tassis^ lY de
nie de Wight {ibid,t p* 765 et 782), qui, outre œ que nous en
avons dit, contient des concrétions fossiliftres à sa base (Fitt. iSUl,
p. 302}. Au-dessus de la couche rouge est Fai'gile à Plicatules
inférieure, qui a peu d'épaisseur, et qui se termine par un ou
deux lits de fossiles marins dont l'espèce dominante est VExogyra
sinuata. I.eym. {Gryphœa sinuata^ Sow«, Ostrea aquila^ d'Orb.) (1).
A la descente de Montiéramey au rupt des Plantins, vers Saint-
Martin (Aube), cette argile fossilifère contient çà et là quelquels
lits de grès friable {Mém. !'• sér., t. IV. p. 316).
Dans le Bray on a remarqué près de Yesseficourt un dépôt
d'argile compacte, bleue ou grise, renfermant des nids de calcaire
blanc et des lits de sable ferrugineux, au milieu desquels se U*ou-
vent des noyaux de fer carbonate litlioade, avec une enveloppe ou
écorce de fer hydraté. Au-dessus est un lit de marne argileuse
d'un gris brunâtre , contenant des fossiles parmi lesquels, dit
Graves, on doit distinguer les suivants (G.^ p. 59), qui figurent
aussi dans sa liste générale :
N** h 034. Fcntis vassiacensisy d'Orb,
4201. j4rca Carieront, d'Orh,
4433. Gryphœa sinuata^ Sow. (Exogyra sinuata^ Leym. —
Ostrea aqnila^ d'Orb.)
La Qouche qui contient ces espèces est désignée dans In liste
générale|[ sous la dénomination d'argile grise néot^wnicMfic stipr-
rieiirc; mais elle est distincte de toutes les argiles que nous avohs
rappoiiées i l'étage néocomien (G., p. 68), et elle est assez con-
stante pour ne pas être considérée comme un fait acddeiitel, étant
de plus caractérisée par ses fossiles (G., p. 78).
Ainâ la couche rouge n^ i2 de Fest ne s'est pas montrée ûam
le pays de Bray. Hona en cbercberona le motif ci ^après. Peut- être
les noyaux de fer carbonate litbdide mentionnés ci-dessus la
représèntent-ils dans son état rudimentaire, c'e8t-à<lire rétiulto
aux nodules et aux rognons qui en dépendent dans l'est, et qui
tmmmmmam^UÊm^i
(I) C'est par erreur que M. Meugy a cité cette espèce sous le nom
d' Ostrea Couloni dans Targile à Plicatules infériruro de Test; cette
argile n'est bigarrée de gris et de jaun&tre que dans les portions en
contact avoc le dituvium (voir BulL^ 2* sér., XIII, p. 880).
090 SfiANCB DU 19 MAI 1862.
ont été cités dans rAubc et la IVIeusc et inéine dans la Haute-
Marne (1). Mais il n'est i>as nécessaire d'insister sur op. point, car
il est évident que l'argile de Vessencourt et fa marne argileuse à
Grfphœa [Exog}'ra)sinn£t ta qui la recouvre sont lossynchroniques
de notre argile à Plicatulcs inférieure et de ce qui y correspond
dans l'île de Wijjht. Si \tk Te/ws vassiacetish et YArca Carteroni
sont tout à la fois dans Tétage néocomicn et dans la partie infé-
rieure de l'étage aptien de l'est, VExogyra sinuatn doit suffire pour
lever tous les doutes, en raison surtout du niveau qu'elle prend
dans la série du groupe.
L'argile jaunâtre observée en descendant à Laboissière, et qui
recouvre le fer granuleux superposé à Targile rouge (6., p. 6ft},
l'argile d'un blanc grisâtre du tertre des Mootoiles et l'argile
grise de la sablonnière de Saint-Paul, qui reposent sur l*argîle
rouge (G., p. 59 et 78) sont des dépendances de l'argile à Plîca-
tules inférieure ou moyenne.
Au-dessus des niveaux qui viennent d'être passés en revue il j a
des alternances de grès et sable plus ou moins ferrugineux et
d'argile. Ainsi l'argile du tertre des Montoiles, que nous venons de
ritcr, supporte nn banc de grès ferrugineux de 2 mètres de puis-
sance (G., p. 59 et 80). \a^ gros massif de grès ferrugineux de la
cirrière du revers sud du mont Pénard vers la Fresnoye, qui est
supérieur à la terre à plommurc (G., p. 58-59, 75, 70--é0), a
nu-de>8us de lui une argile gris bleuâtre dite terre à gr^is^ et une
argile gris pâle et savonneuse qui servent à la conCection des
poteries (G. , p. 58), cl qui nous paraissent être un alternat rap-
portable à l'argile à Plicatulfs plutôt qu'aux argiles à poterîe du
sous-étage néocomieu supérieur. Son usage a pu induire Graves
en erreur, mais la coupe des puits d'extraction ouverts sur le
sommet de la colline vient à l'appui de notre manière de voir
(G., p. 58). Cette coupe est analogue à celle de la tranchée des
tertres traversés par la route de Beau vais à Rouen, entre Ons-en-
Bray et Saint-Gcrmer. £n suivant l'ordre chronologique ou de
bas en haut, on voit dans celle-ci des argiles alterner avec le sable
et le grès. Ces argiles y sont en amas dans la partie inférieure.
Au-dessus elles ne forment plus que des litsminces-et irréguliers,
puis elles disparaissent, ainsi que le grès, dans le haut où il n*y a
plus qu'un sable quartzeux^ qtu exi assez pur et faune verdétre dans
sa partie supérieure (G. , p. 78). Outre ce dernier sable, il y a un
\
(1) A/r///., r« sér., IV, p. 236-237 et 332; BuvigDÎer, Statistique
géoL de la Meuse, p. 487.
KOTB DE M. COBIfUSL. 001
sable ver, Mire f^ross/er qui est plus récent que lui, puisqu'il est
iminédiatetncnt au-dessous de ce que Graves noninie la craie
inférieure, et qu'il fonne le comuiencement de son système nrgilo-
ferrugineux dans Tordre de haut en bas, et, pal* conséqtient, sa
fin suivant Tordre chronologique (G., p. 81).
Les argiles dont nous venons déparier, et qui alternent avec le
grès et le sable du bas et du milieu de cet étage correspondent
évidemment à notre argile à Plicatules moyenne et supérieure.
Elles ont une disposition analogue à celle que Ton remarque dans
les arrondissements de Verdun et de IMoutmédy (IVÎeuse), à celle
des argiles sans fossiles qui finissent par alterner avec les grès et
sables dans le lit de la rivière de Marne, entre Saint-Dizier et les
côtes noires de (VIoëlains (Haute-Marne), et même à celle observée
par M. Leymerie à Krvy et A VIontiérnmey (Aube) [I\Icm.i 1" sér.
t. IV. p. 317)/
Quant au sable jaune verdâtrc et an sable verdâtre grossier qui
terminent ces alternaiices, et auxquels le gault succède dans leBray,
ils sont les équivalents de nos sables n"" \k et 15, que le gault I
recouvre pareillement dans Vest. ]
Ënfm, Graves cite un minerai de fer cloisonné en petits lits 1
irréguliers dans le sable verdâtre grossier (G., p. 81), et en lits j
continus et irréguliers dans le sable et le grès qui appartiennent au '
sommet de la série, dans la sablonnièrc de Saint-Germer, touchant
presque à la craie verte (G., p. 82). Ce minerai correspond évi-
demment à celui des sables verts de l'arrondissement de Vouziers
(Ardennes) .
Ainsi, l'étage aptien, considéré dans son ensemble, et les sables
qui le séparent du gault sont recounaissables dans le pays de Bray
comme dans Test du bassin.
rV. Ressemblances et dljférences produites par les mouvements
du sol.
Le paragraphe 1 1 ne concerne que les différences minéralogiques i
et stratigraphiques résultant de la disposition du bassin et de la
forme de son fond. Il reste à vérifier le degré de similitude que \
les balancements du sol ont imprimé aux sédiments. 1
Le pays de Bray, bien plus rapproché de Taxe d'oscillation que \
la zone de Test, s'abaissait moins pendant les périodes d'abaissé- |
ment et se relevait moins durant celles d'exhaussement. C'était '
la conséquence de ce que les arcs d'oscillation de deux points qui \
sont à des distances inégales de Taxe commun de leurs mouv^tneots
902 sÊANfR DU 10 siÀi 1862.
sont proportionnels à ces distances. Cependant il y a eu deux cir-
constances dont les effets se sont combines plus ou moins a^ec
Teffet principal : la première est que, tant que Taxe conaer?Mt
le même niveau, le Bray était un peu plus élevé qu*il ne l'aurait
été sans le bombement dont il faisait partie; la seconde est que
cet axe n'a pas toujours eu un niveau et une direction inva-
riables (1), mais qu'il a été seulement le moins mobile de tous lea
diamètres du bassin anglo-français. Tout considéré, voici ce qui
est à remarquer.
Jbans la première assise du sous-étage néocomien inférieur, le
Bray et Test, qui avaient des niveaux peu différents, ont eu de
grands rapports de composition. Cependant, comme le Bray
s'abaissait moins, les mouvements secondaires y produisaient des
alternances de dépôts marins et de dépôts fluvio-marins, tandis
que CCS mouvements ne se manifestaient guère, dans l'est, que par
des variations dans l'étendue des coucbes et par des différencea
dans la quantité des espèces marines et des débris de v^élaux
terrestres charriés par les affluents.
Pendant la seconde assise du même sous-étage, l'est s'étani bien
plus abaissé que le Bray, la composition est devenue différente
dans ces deux contrées. Dans la dernière, elle est restée ce qu'elle
était dans ses alternats marins, c'est-à-dire que la marne dite fer
limoneux s'y est continuée, mais en y prenant plus de constance
et de développement qu'aupai-avant Dans la première, où presque
tout se portait, elle a changé par Tadvention de la marne calcaire
bleue et du calcaire à Spatangues. Il n*a pas été constaté s'il y avait
eu quelque augmentation numérique dans les esp«Vces de la ooncbe
ou Bray que nous rapportons à la seconde assise; mais c'est bien
la même faune marine qui existe de part et d'autre; seulement
elle est bien moindre dans le Bray, où Tensemble des mollusques
déterminés ne consiste qu'en un seul gastéropode et quatorze acé-
phales, sans céphalopodes ni échinodermes, et avec mélange de
beaucoup de Cypris granuhsa (G., p. 73).
Au début de la première assise du sous-étagc néocomien suf é-
rieur, tandis que la faune marine, s'appaurrissant dans l'est et
disparaissant du Bray par l'eiïet de leur relèvement commun, se
portait dans l'assise à Pernn Muiieiide Tile deWight, par l'abaisse-
ment du sol anglais, le bombement central ne reçut d'abord que
du sable et de l'argile à fragments de grès. Survint ensuite la prc-
mière période d'équilibre ou de nivellement presque égal des deux
(4) Nous avons parlé ailleurs de ses écarts de direction.
NOtÉ t>K IC. CORNUfiL. 903
(♦outrées françaises et de l'île cîc Wjgbt. Alors l'argile se produisit
siinultanément dans toutes trois, et. la faune marine se partagea
entre Targile ostréenoe de Test, Targile bleue à poterie du Bray
et Targile d'Atberfield, moins toutefois dans celle du Bray que
dans les autres, à cause de la convexité qui affectait le centre du
bassin total.
L'effet de cette convexité fut plus que compensé lorsque l'est
atteignit le maximum de Texhaussement du golfe français, ce qui
eut lieu durant la formation de la seconde assise du sous-étage
néocomien supérieur. A ce moment, en effet, la faune marine
disparut entièrement de Test, où des espèces d*eau douce la rem-
placèrent dans la baie ou lagune orientale, et elle ne parut que
momentanément dans le firay, à la base de l'argile rouge, ainsi
que nous le dirons bientôt, se réfugiant dans Tassise des crackers^
sur le sol anglais qui s'abaissait. Alors aussi les deux contrées
françaises eurent un niveau à peu près identique, et des sédiments
semblables s'y formèrent dans le même ordre.
Au commencement de la première assise de l'étage aptien, le
Bray et l'est se sont abaissés de nouveau, celui-ci plus que celui-
là, comme se trouvant à l'extrémité du diamètre mobile. La faune
marine revint dans la coucbe rouge, mais elle ne reparut pas sur
les pentes du Bray, parce que l'abaissement de la région française
était un peu moindre qu'à l'époque du calcaire à Spatangues et
que le sol anglais se relevait. Aussi n'entrevoit-on, dans le Bray,
qu'un représentant minéralogique douteux de la couche rouge à
l'état rudimentaire. Il en fut autrement à la 6n de cette même
assise, car ce fut l'époque de la seconde période d'équilibre ou de
nivellement presque égal des trois parties du bassin. Aussi, la faune
marine se partagea-t-elle entre l'argile à Plicatules inférieure de
l'est, l'assise IV [lower Gryphœa group) de l'île de Wight et la
marne argileuse à Gryphœa {Exogyrà) sinuata du Bray, restant
néanmoins plus restreinte dans cette dernière localité par la raison
que nous avons déjà donnée au sujet du partage précédent.
La mênîe raison sert à faire comprendre pourquoi la faune
manque dans les couches subséquentes du pays de Bray, et pour-
quoi Ton n'y indique que du bois fossilisé, d'autant plus qu'au-
d(*ssus de l'argile à Plicatules moyenne de l'est et de l'assise XIY
d'Angleterre, dans laquelle les espèces se sont en partie réfugiées,
les mollusques sont nuls, ou n'ont que des stations locales, dans
les sédiments de l'île de Wight qui précèdent le gault proprement
dit. :
La composition minéralogique "est idéntic^ùe dans les deux con«
Soc. génl.^ V série, tome XIX. 63
99& SÉANCE DU 19 MAI 1862.
trées françaises, au uiveau de l'argile à Plicatules inférieure. Noua
ayons fait voir l'analogie qu'elle a, de part et d'autre, aa-dfltsus,
même jusqu'au gault. Cette analogie est plus prononcée entre les
deux parties françaises qu'entre le Bray et la portion correspon-
dante du lower green sand anglais, la succession des argiles dans ^
celle-ci n'étant pas la même que dans les deux parties du golfe
français. Cependant il est vrai de dire qu'à partir de l'argile à
Plicatules inférieure le Bray, géographiquement intermédinire
entre les deux régions marginales, a pris, dans une certaine
mesure, une constitution pétrographique intermédiaire, ce qui est
d'autant plus naturel que toutes les parties du bassin étaient alors
marines, avec des niveaux moins différents et moins changeants que
pendant la formation de l'étage néocomien.
11 faut un grand concours de conditions physiques pour que
l'égalité de profondeur produise simultanément la similitude des
dépôts et celle de la faune. Aussi insistons-nous sur toutes les corré-
lations que nous venons de signaler, non pour établir une règle
générale, mais pour faire remarquer que la comparaison des deux
bords du bassin géologique, qu'on peut nommer bassin de la
Manche, confirme celle qui vient d'être faite avec le pays de Bray,
et que, réciproquement, celle-ci confirme celle-là.
U y a une circonstance que nous ne devons pas omettre.
Graves a écrit que la couche à Gryphœa tinuata {Exogjrra
sinuata^ Leym.) du pays de Bray existait tantôt au-dessus et tantôt
au-dessous de l'argile rouge ou marbrée (G. , p. 77). Nous ayons
parlé de sa place au-dessus. Quant à celle de dessous, si toute
l'argile rouge n'a qu'un seul niveau, voici la réflexion qu'elle nous
suggère. Pendant la dernière assise néocomienue, l'est était trop
élevé pour recevoir la faune marine, et l'assise des crackers de
rtle de Wight n'éuit pas dans des conditions favorables an dëve*
loppement de certaines espèces. C'est ainsi que la plupart des FenuM
et VArca Carieront n*ont pas été signalées dans les crackers^ et que
VExogyra sinuata n'y est citée que dans la couche 9 de cette assise
,^Y^a sinuata n y est citée que dans la coucbe 9 de cette
c'est-à-dire vers son sommet, une grande diminution numérique
d'espèces s'étant même produite dans le milieu de cette qaéme
assise. Or, pendant que celles que nous venons de désigner n'étaient
dans aucune des deux régions extrêmes, il fallait bien qu'elles
prissent possession de quelques points intermédiaires. Le Bray
aurait été un de ces points. Elles auraient ainsi trouvé, i proximité
de l'axe, pendant une oscillation, un nircau correspondante oelui
qu'elles y ont retrouvé plus tard, lors de l'état d'équilibre qui les
a distribuées dans tout le bassin.
NOTR BB MM. SÀBMANN ET C.UYBRDST. 09^
£d résumé, la position du pays de Bray au S.-E. de la ligne de
la Manche, l'épaisseur de ses dépôts, plus considérable que sur les
cAtes françaises du détroit, ses rapports minéralogiquesetpaléon*
tologiques plus grands avec la zone de Test qu'avec l'Angleterrei
la marche de sa fauue en raison directe de celle de la faune de
l'est et en raison inverse de celle de Tîle de Wight, tout concourt
à prouver que cette contrée, malgré sa position géographiquement
centrale, n'a fait partie ni du lac wealdien, ni, plus tard, de la
région marine anglaise, et qu*elle n'a pas cessé d'appartenir à la
région française du bassin total.
Les dérangements du sol du Bray, sa nature meuble, ses couches
interrompues et le manque d'escarpements naturels ont été de
grandes causes de difficulté pour la Société géologique lors de ses
excursions de 1831 {Bull., 1" sér. , t. Il, p. 23). Une exploration
de courte durée nous donnerait à nous-mème des résultats moins
complets et plus contestables que ceux que Graves a consignés
dans son ouvrage, fruit de longues et consciencieuses investigations.
C'est ce qui nous a fait préférer son travail à tout autre moyen
d'étude, jusqu'à ce que les tranchées d'une voie ferrée rendent
plus facile l'observation directe des faits géologiques.
M. Guyerdet présente^ tant en son nom qu'en celui de
M. Saemann^ la note suivante :
Expériences sur l^ formation du sulfate de magnésie [Epsomite)
aux empirons de Saint- Jean-de-Maurierme (Savoie); par
MM. L. Saemann et À. Guyerdet.
Les membres de la Société géologique, réunis en septembre
dernier, en séance extraordinaire à Saint-Jean-de-Maurienne, ont
eu l'occasion de constater aux environs de cette petite ville, qui
leur a fait un si bon accueil, la présence du sulfate de magnâie
en quantité assez notable.^
La source thermale d'Ëchaillon que la Société a visitée doit
probablement, à en juger par le goût, quoique nous n'en connais-
sions pas l'analyse, sa saveur amère à ce sel, et pendant ces fortes
chaleurs de l'été le lit du ruisseau de Saint- Pancrace et les rivet
de l'Arvan étaient couvertes d'efflorescences blanches dont le goût
amer en révélait également la nature.
L'abondance des dolomies (cargneules) et du sulfate de chaux
(karsténite et gypse) dans les montagnes environnantes constituait,
avec le sulfate de magnésie^ cette association observée depuis déjà
d9Ô SÉANCE DU 10 MAI 1862.
si longtemps dans les Alpes et les Pyrénées et qui de tout temps a
suggéré aux géologues la pensée qu'une saine interprétation des
actions chimiques entre les carbonates et les sulfates de chaux et
de magnésie conduirait un jour à la découverte du grand mystère
de la dolomitisation.
Il est cependant certain que jusqu'à présent les plus habiles
chimistes ne sont arrivés qu'à des résultats tout à fait contra-
dictoires.
M. Mitscherlich parait être le premier qui ait cherché par des
expériences directes à éclaircir la question ; il a établi qu'une scia-
tion de gypse filtrée à travers du carbonate de magnésie produit
une faible quantité de sulfate de magnésie ; d'où il suit que le
sulfate de magnésie ne saurait concourir à la formation de la
dolomie.
Notre savant confrère, M. T. .Sterry-Hunt, qui a étudié avec
tant de soin et de succès les roches du Canada, a publié en 1857 et
1858 (4) une série d'expériences très instructives. L'auteur s'est
servi de dissolutions des divers sels qui entrent dans la compo-
sition des eaux minérales et de l'eau de mer, et il a noté avec soin
les réactions produites à différentes températures. Nous recom-
mandons ce grand travail à tous ceux qui s'intéressent à l'étude
de la formation des roches dolomitiques. Mais pour la question
qui nous occupe en ce moment, il suffit de dire que, d'après
M. Sterry-Hunt, les solutions de sulfate de chaux et de bicarbo-
nate de magnésie ne donnent pas lieu à la formation du sulfate de
magnésie et que l'auteur est porté à croire à une sédimentation
directe de la dolomie de Teau de la mer. Nous ne pouvons pas
passer sous silence un fait, constaté déjà par de Sénarmont et
confirmé plus tard par M. Sterry-Hunt, fait qui est de nature à
dérouter complètement la sagacité des chimistes, c'est l'extrême
difficulté de combiner chimiquement et artificiellement les car-
bonates de chaux et de magnésie, quand dans la nature le carbo-
nate de magnésie pur et cristallisé est d'une extrême rareté et ne
paraît se produire qu'en l'absence totale de tout autre carbonate
isomorphe.
Il nous reste à mentionner l'expérience de MM. Haidinger et
Morlot qui ont cherché à produire la décomposition du car-
bonate de chaux et du sulfate de magnésie à une haute tempéra-
ture et sous une forte pression. L'échange des acides entre les deux
(4) Voy. SiWitmti's journal, V sér., vol. XXVII, p. 470. On
some réactions of the salis oj lime and magnesia^ etc.
NOTE DE MM. SÀBMÀNN ET GUTERDET. 097
bases a pleinement et complètement réussi, mais il a été impos-
sible de constater la combinaison chimique des deux carbonates,
et de bonnes autorités, MM. Karsten et Bischof entre autres, n*ont
pas hésité à déclarer que Tcxpérience n'est pas concluante, tant
que la dolomie même ne sera pas produite. Nous ajouterons
qu'au point de vue purement géologique il est inadmissible de
considérer le sulfate de magnésie comme l'agent dolomîsateur,
d'abord parce que c'est une substance comparativement rare dans
la nature et dont l'existence paraît dépendre de celle de la dolomie,
tandis que d'un autre côté il existe de grandes étendues de roches
dolomitiques dans le terrain jurassique de TAilemagne centrale
et dans les terrains de transition qui ne sont accompagnés d'au-
cune trace de sulfate de magnésie, évidemment parce que le
gypse y manque.
Les seules expériences qui aient réellement abouti à la formation
de carbonates doubles de chaux et de magnésie sont celles qui ont
été faites à Taide du chlorure* de magnésium d'après l'idée de
M. Virlet d'Âoust, expérimentée par MM. Marignac et Sterry-
Hunt. La voie en apparence la plus simple et la plus rationnelle,
Faction d'une dissolution de bicarbonate de magnésie sur des
roches calcaires, n'a jamais pu aboutir à cause de l'impossibilité,
mentionnée plus haut, de combiner ces deux sels mis ainsi en
contact.
Les membres de la Société que nous avons entendus traiter la ques-
tion de l'origine du sulfate de magnésie près de Saint-Jean-de-
Maurienne, surtout ceux habitant le pays, se sont prononcés pour
une origine secondaire, en admettant la présence de l'acide sul-
furique produit par la décomposition des pyrites et agissant sur
les cargneules. Il nous a semblé que l'existence de l'acide sulfu-
rique sortant des terrains schisteux principalement chargés de
pyrites n'aurait pu échapper à une constatation directe. Quand
même la quantité serait trop faible pour donner un goût acide
aux eaux qui l'entraînent, on le reconnaîtrait certainement par les
dépôts ferrugineux qui accompagnent les eaux de cette nature.
Nous avons néanmoins recueilli des débris de diverses roches qui
accompagnent les efflorescences salines.
Parmi les roches schisteuses nous avons en effet trouvé une
espèce d'ampélite fortement chargée de pyrite dont la présence
était facilement reconnaissable quand on la chauffait dans un tube
ouvert sur la lampe à alcool; il s'en dégage de l'acide sulfureux
qu'on reconnaît facilement à l'odeur. Les efflorescences mêmes
contiennent beaucoup moins de sulfate de magnésie qu'on ne
008 SÉÀNCB DU 19 MAI 1862.
cioit à première vue. Une partie recueillie près des carrières à
albâtre, au sud de Saint-Jean-de-Maurienne, nous a donne 20
pour 100 de sulfate de magnésie ; le reste était formé d'un sable
fin de dolomie, de karsténite et de gypse.
Cette composition des sables nous a ramenés à rexpërience de
M. Mitscberlich que nous avons voulu répéter avec les matériaux
naturels recueillis sur place.
Nous avons d'abord extrait d'un échantillon de cargneale le
sable gris et dolonii tique que renferment les cellules de la roche,
qui nous a paru plus riche en magnésie que la masse même.
N*en ayant pu réunir plus de 2 grammes, nous y avons mêlé
une quantité égale de gypse, pris sur un cristal parfaitement
limpide, et nous avons soumis le mélange à une digestion de plu-
sieurs jours dans 500 grammes d'eau distillée à une faible cha-
leur.
Le liquide filtré a été évaporé dans une étuve jusqu'à ce qu'il
n'en restât que quelques grammes. On l'a séparé par décantation
du sulfate de chaux qui avait cristallisé dans la capsule, et on a
ajouté à la liqueur un tiers à peu près de son volume d'alcool à
36 degrés. Tout le gypse encore en dissolution s'est précipité et
le liquide filtré de nouveau, et évaporé à siccité dans un creuset de
platine, n'a laissé qu'une pellicule de substance gommeuse presque
entièrement détruite en faisant rougir le creuset. Ce dernier a été
lavé à l'eau distillée ; on a filtré, et dans la solution le phosphate
de soude et d'ammoniaque n'a révélé aucune trace de magnésie.
Nous avions donc obtenu dans cette première expérience le
résultat négatif de M. Sterry-Hunf.
Nous avons répété l'expérience à une température plus élevée,
ensuite à froid, en saturant l'eau de gaz acide carbonique sans
obtenir davantage un résultat non équivoque.
Ne voulant cependant pas nous en tenir là, nous avons résolu
de la répéter plus en grand; il nous a fallu alors recourir à l'obli-
geance de nos savants guides de Taùtomne dernier, et MM. Pillet
et Copello ont eu l'extrême obligeance de nous envoyer une petite
collection de roches dans laquelle nous avons choisi un échantil-
lon de cargneule qui, à une rapide analyse, fournit environ 20
pour 100 de carbonate de magnésie. La roche fut réduite en
poudre fine que nous .délayâmes dans de l'eau distillée après l'a-
Toir préalablement lavée sur un filtre, A 160 grammes de car-
gneule nous ajoutâmes 1 litre d'eau et 6 grammes de gypse par-
faitement pur également pulvérisé.
Après deux jours de digestion nous avons traité la solution
NOTE DE MM. SÀBHANN ET GUIERDET. 9U9
de gypse comme il a été dit plus haut, et pour la première fois
nous avons obtenu du sulfate de magnésie en cristaux quoiqu^en
très petite quantité. Nous avons répété i*expérience en ajoutant
ehcore le gypse obteuu par Tévaporation et nous avods ainsi
doublé la quantité de sulfate.
Une troisième expérience a été faite en saturant Teau d'acide
carbonique sans que le résultat eût visiblement varie.
Cette seconde série d'expériences confirme évidemment celle
de M. MitscherlicL, et il ne paraît pas douteux 'que la non-
co'incidence de la première ne saurait être attribuée qu'à la faible
quantité de substances mises en présence.
Berzéliusa depuis longtemps signalé l'effet de certaines réactions
des masses contraires aux lois rigoureuses des affinités chimiques.
Les explications qu'on en donne ne sont guère que des périphrases
qui au fond n'expliquent rien.
Le fait cependant sufBt à la conclusion que Texistence du sul-
fate de magnésie à Saint-Jean-de-Maurienne^ au contact des dolo-
mies et des gypses, s'explique de la manière la plus simple et la plus
naturelle par la réaction directe de ces deux derniers sels l'un sur
Tautre.
Nous croyons utile d'ajouter que la présence du même set de
magnésie dans la source thermale d'Échaillon, soit qu*il s'y pro-
duise à de grandes profondeurs, ou qu'il s'y accumule par des
infiltrations descendantes, n'est pas favorable à la théorie d'une
métamorphose rétroactive dans ces profondeurs et à une tempé-
rature élevée.
Séance du i juin 186'2.
PRÉSIDENCE DE M. ALBERT GACDRY, VW&'président.
M. Danglure, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de
la dernière séance dont la rédaction est adoptée.
Par suite de la prèftentaiion faite dans la dernière séance ,
le Président proclame membre de la Société :
M. DupoRTÀL, ingénieur ordinaire des ponts et chaussées, à
Pâssy, passage des Eaut, 4; présenté par MM. Bayle et
Michelot.
Le Président anbonee ensuite uttè présentation.
1000 6ÉÀNCB DU 2 JUIN 1862.
DONS FAITS À LA SOClÉTfi.
La Société reçoit :
De la part de M. de Binkhorst, Monographie des céphalo^
podes de la craie supérieure du duché de Limbourg^ in-A,
Ai p., pi. V i à VIII a.
De la part de M. J.-L. Combes, De V univers. — Études sur
l'origine du monde et ses inodi/lcations successives, îii-8, 87 p.,
AgeOy 1862 \ chez P. Noubel.
De la part de M. Ébray, :
1* Carte géologique du département de la Nièvre, dressée
par MM. Bertera et Ébray, 1 feuille grand-monde, Nerers,
1861 ^ chez Morel.
2® Rapport à la Société des recherches du Nivernais sur la
position la plus avantageuse à donner à un sondage situé au
nord de la concession de la Machine, h p. in-P, Pouilly, mars
1862.
De la part de M. T.-H. Huxley, Address delivered ai the
anniversarjr meeting of the geological Society of London^
21 féyrier 1862; in-8, 30 p., Londres, 1862^ chez Taylor et
Francis.
Comptes rendus hebd. des séances de l^Acad. des sciences,
l"sem., t. LIV, n*»- 19 et 20.
Bulletin des séances de la Société Imp, et centrale d'agricul"
tare, t. XVII, n*5, mars. 1862,
L'Institut, n^- lâ81 et 1482, 1862.
Ré/orme agricole, par M. Nérée Boubée^ n* 161, mai 1862.
Recueil des travaux de la Société libre d^ agriculture, etc.,
de rEure, t. VI, année 1869.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, avril 1862«
The quarterly journal oj the geological Society of London.
vol. XVIII, 1" mai 1862, n* 70.
The Athenœum, n*»- 1804 et !805, 1862.
Tlie american journal of science and arts, by Siditian,
vol. XXXIII, mai 1862, n^ 99.
T/ie Canadiannaturalist and geologist^ t. VU, n" 2, 19 avril,
1862. .
».
M. Hébert anoonce la mort de M. Meynier.
NOTB J>B MM. BBATXAÀ BT ÉBRAT. 4001
M. DaDglure offre à la Société, au nom de M. Ébray, la carte
géologique du département de la Nièvre, et donne ensuite lec-
ture de la note suivante qui accompagne cet envoi :
Carie géologique du département delà Nièi^re; par MM. Bertera
et Th. Ébray.
J'ai l'honneur de faire hommage à la Société géologique de la
carte géologique du département de la Mièvre.
MM. Bertera et de Chancourtois, primitivement chargés par
le Conseil général de dresser cette carte, y travaillèrent depuis 1866
jusqu'en 1856, époque à laquelle ces ingénieurs livrèrent leur
carte à la Préfecture.
Vers cette dernière époque je fus chargé de dresser la carte des
terrains que la construction du chemin de fer du Bourbonnais
devait traverser; mon travail fut mis par hasard sous les yeux de
MM. Bertera et de Chancourtois qui y reconnurent des inter-
prétations différant entièrement des leurs ; ces ingénieurs, après
examen, me proposèrent alors de compléter la carte géologique
qui exigeait des études suivies à cause des difficultés toutes parti-
culières résultant de l'existence de nombreuses failles et des
variations minéralogiquesqui s'opèrent dans les formations géolo-
giques de ce département.
La carte ne relate que les observations que j*ai eu l'occasion de
faire pendant les deux premières années de mon séjour dans le
département ; depuis, j'ai constaté beaucoup de faits, nouveaux,
suivi les traces des failles, perfectionné les limites des étages ; mais
ces observations ne pourront être relatées que dans mon ouvrage
intitulé : Études géologiques sur le département de la Nièvre et dans
une carte pins parfaite qne je dresse eu ce moment.
Malgré les lacunes et les imperfections naturelles et inhérentes
aux cartes géologiques, la carte que j'ai l'honneur de présenter i la
.Société est beaucoup plus exacte que la Carte de la France ; il suffit
de jeter les yeux sur ce travail pour saisir les différences. La
légende est confonne à celle qui a été dressée par MM- Elle de
jpeaumpnt et Dufrénoy ; je fais obseiver que cette légende il*est
pas suffisamment détaillée pour les cartes géoloj[][iqu^s départe-
mentales qui doivent guider les recherches des Industriels et des
agriculteurs.
. Ainsi» le système oolithique inférieur contient des matériaux les
plus hétérogènes; à la base ou trouve les calcaire^ à Entroques qui
1002 BtÀNCB DU 2 JUIN 1862.
fournit des matëriaux de construction fort estimés; «u-devos
Tient l'oolithe ferrugineuse qui donne du minerai de fer; puis se
remarque la terre à foulon ou formation A Ammomitêê Parikimoâi
fournissant du ciment ; les parties supérieures du système donnent
des UMurnes pour amendement (marnes à Plioladomyes) et des cal-
caires oolithiques de construction.
L'industriel et l'agriculteur nOn géologues devraient pouvoir
suivre ces différentes formations affectées de teintes spéciales.
Les frais de déplacement de MM. de Ciiaocourtôls et Bertera,
remboursés par le département se sout élevés seulement â 3,000 fr.
environ; j'ai dépensé pour étudier le déparlement à fond une
somme de 6^000 fr.
Celte dernière observation a pour but de montrer que les allo-
cations fournies par les dépaitements sont en général insuflBsantes
pour permettre de mener à bonne fin des travaux qui ne txMirront
se refaire qu'à des intervalles de temps fort éloignés, et que, si le
désintéressement de quelques géologues ne venait pas en aide, les
départements seraient souvent dépourvus de cartes géologiques
exactes et dont l'utilité se fera surtout sentir quand la routine
aveugle sera remplacée par les méthodes scientifiques.
11. Deshayes présente, au nom de Fauteur^ M. de Binkhdrst,
la monographie des céphalopodes de la craie supérieure du
duché du Limbourgy et ajoute les observations suivantes :
J*ai rfaonneur d'offrir à la Société, de la part de notre collègue
M.|de Binkhorst, la seconde partie de son ouvrage sur les mollus-
ques fossiles de la craie supérieure du Limbourg ; elle est consacrée
àl^histoire des céphalopodes. Cette seconde partie mérite, comme
la première, l'accueil favorable de la Société, car elle ne lui est
inférieure ni en intérêt, ni en bonne exécution. Ces dent parties
du même ouvrage offrent néanmoins un contraste frappattt. En
effet, dans la première où sont figurés et décrits un grand nombre
de gastéropodes, on observe des formes en présence desquelles On
pountit se demander si elles ne sont pas tertiaires, tant elles
offrent d'analogie avec celles qui caractérisent ces dernières ht*"
mations; mais pour les céphalopodes rhésitation n'est plus pos-
sible; ils vous transportent immédiatement dans le domaine cré-
tacé. Nous trouvons ici les derniers représentants de ces puissantes
familles, si abondamment répandues dans toute la série des ter-
rains crétacés et jurassiques, et dont les terrains tertiaires ne ren-
ferment plus le moindre vestige; c'est à savoir :
HOTI DJB M. DE liNKHOaiT. 1003
4® Une Bélemnite (le mucronatus) li bien connue de tous lee natu-
ralistes comme l'un des meilleurs fossiles caractéristiques des
parties supérieures de la craie • 4
2° Une jicanthoteuthis^ genre voisin des Bélemnites et qui jus-
qu'ici était propre aux terrains jurassiques \
V Cinq espèces de Nautiles parmi lesquels le ddnleus de
Schlotheim * • . . ^
4° Le genre Rhyncholithus de Faure-Biguet ne devrait peut-
. être pas subsister, puisqu'il réunit les parties solides des
mandibules des céphalopodes; malheureusement Timpos-
sibilité où Ton se trouve d'attribuer telle forme de man-
dibule à telle espèce de céphalopode rend encore^ nécessaire
la description séparée de ces corps, mais ils ne devraient
pas constituer un genre au môme titre que les autres.
5^ Six Ammonites, parmi lesquelles une très grande, coUigatus^
de 25 à 30 centimètres de diamètre 6
6** Deux Hamiies. ... « 2
7^ Un Scap/ittesy longtemps confondu avec les Ammonites. . 4
8" Trois Baculites 3
Quoique ce nombre de 19 éspètes de cëphalopodea 9oit extrê-
mement faible, si nous le comparons à celui de 1 01 espèces qu^Alc.
d'Orbigny indique dansTétage précédent (sënonien) , il est cepen-
dant de beaucoup supérieur à celui des espèces inscrites par le
même auteur dans l'étage danien, ou 3 seulement sont mention-
nées. Il est vrai que d'Orbigny rapportait à la craie blanche la
plus grande partie des fossiles de Maestricht Néanmoins en re-
cherchant ceux qu'il a connus, ils sont au nombre de Y Seulement,
ce qui établit une différence très notable en faveur du travail de
M. de Binkhorst ; nous acquérons ainsi une notion bien plus exacte
de l'importance relative que les céphalopode avaient conservée
jusqu'au dernier moment de leur existence.
M. de Binkhorst a donné des descriptions fort bien Caites de
toutes les espèces ; quelquefois elles sont étendues lorsqu'il a ren-
èontré des rariétéa ou lorsqu'il a eu d'utiles indications à ajouter
à leur sujet; il a également porté son attention sur la synonymie
qui me parait très exacte et en même temps très complète, ce qui
à davantage de faciliter les recherches en dofinànt l'inciicâtion
d'une foule d'ouvrages C[U6 Ton ne songerait pas toujours à côd-
•ulter, par la croyance où l'on est qu'ils ne renferment rien sur
un tel sujet. Nous remarquons particulièrement la synonymie des
Bélemnites mucronams ; elle est certainement la plus complète qui
existe actuellement; elle contient au moins cent quarante citatioùs
dans l'ordre chronologique.
100& 66ANCB DU 16 JUIN 1862.
Nous devons attendre avec une vive impatience la tit>isîèin€
partie de Touvrage de notre savant et zélé collègue destinée à
faire connaître les mollusques acéphales; elle sera plus riche
encore que les deux premières paities et contribuera pour une put
considérable à compléter la faune si peu connue jusqu'ici de U
craie supérieure.
M. Reynés communique le résultat de ses observations sur
la différeDce de sexe qu*il croit avoir reconnue dans lés Ammo-
nites. Les individus à forme renflée seraient les femelles et ceux
à forme plate les mftles. On arriverait, suivant lui, è simplifier
la synonymie si Ton admettait cette classification.
MM. Barrande, Hébert, Deshayes, Michelin et Saemann
font quelques objections aux observations de M. Reynés. La
plupart de ces messieurs pensent (]u*il faudrait établir une série
de passages avant d'arriver è une conclusion irréfutable.
M. Virlet fait une communication sur le terrain houiller de
la Dordognc, de la Corréze et de TArdéche.
A la suite de cette communication, M. Barrande exprime
le désir qu'un jeune géologue entreprenne Tétude des divers
terrains houillers de la France et les mette en comparaison
avec ceux de TAIlemagne. II pense que ce travail offrirait un
grand intérêt.
Séance du 16 juin 1862.
PRÉSIDENCE DE M. ALBERT GÀUDRV, vice^président.
M. Danglure, secrétaire, donne lecture du procés<verbai de
la dernière séance dont la rédaction est adoptée.
Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, le
Président proclame membre de la Société :
H. le docteur L.-M. Rossi, de Yicence, professeur d'histoire
naturelle et directeur du lycée I. R. de S. Procolo, à Venise
(Vénétie) ; présenté par MM. le baron Achille de Zigno et Ed.
Collomb.
DON$ FAITS A LA SOCIÉTÉ é lOOft'
DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ.
La Société reçoit :
De la part de M. le Ministre* d'État, /owr/ia/ des savants^
mai 1862.
De la part de M. 6. P. Deshayes, Description des animaux
sans ifertèbres découverts dans le bassin de Paris^ 29* et
30*" livraison, Paris ^ chez J. B. Bailliére et fils.
De la part de M, J. Fournet, 18' année : Résumé des obser»
Dations recueillies en 1861 dans le bassin de la Seine par les
soins de la commission hydro métrique du Rhône,
De la part de M. B. Gastaldi, Nuot^i cenni sugli oggetti di
al ta antichità troi^ati nelle torbiere e nelle marniere deW Italia^
in-A, 95 p., 6 pi., Turin, 1862 ^ chez G. Marzoratî.
De la part de M. le docteur H. B. Geinilz, Dyas oder Zech"
stein formation unddas Rothliegendcy 1'* partie, in-4, 130 p.,
23 pi., Leipzig, 1862^ chez W. Engelmann.
De la part de M. L. Grûner, État présent de la métallurgie
du fer en Angleterre^ par MM. Grûner et Lan, in-8, AOO p»,
1 carte et 1 pi. de coupes, Paris, 1862^ chez Dunod.
De la part de M. H. Le Hon, Descriptions succinctes de quel^
ques nouvelles espèces animales et végétales fossiles des terrains
tertiaires éocènes des environs de Bruxelles^ par MM. Nyst et
Le Hon, in-8, 21 p., Bruxelles.
De la part de M. W. E. Logan :
1" Geology oj Canada^ in-8, â6â p., Montréal; ches J.
Lowell.
2** Geological survey oJ Canada . — Descriptive catalogue of
a collection of the économie minerais of Canada and ofifs
cristalline rocks sent to the London international exhibition
for 1862, in-8, 88 p., Montréal -, chez J. Lowell.
De la part de M. H. Michelin :
1° Voyage du monde de Descartes, în-12, 487 p. Paris/
1690.
2° Entretiens sur la pluralité des mondes y par de Fontenellè,
in-12, 240 p. Paris, 1724.
S'» Histoire du ciel, par Pluche, 2 vol. in.l2. Paris i 767]
1000 sÉÀifCB DU 16 JUIN 1862.
&o U action du feu central bannie de la surface ilu gloieH
le soleil rétabli dans ses droits ^ par de Rome de Tlde, in^
84 p. Paris, 1779.
ô"" Leçons élémentaires d'Histoire naUsirelie. par Gotte,
in-12. 471 p. Paris, 1787.
6"" Théorie physico-mathématique de Vargamisatiom des
mondesy par Lanoelin, in-8, 206 p. Paris, 1805.
7° r^s six Jours de la création selon Mo'ise^ par de Lormel,
in-8, 23 p. Paris, 1806.
*8o Système nnii^ersel, par Thilorier, 4'Yol. in-S, Paris,
1816.
0^ Mémoires présentant les bases d*une nouvelle théorie
physique et chimique^ par J. B. Lamarck, iD-8, AlO p. Paris,
1797.
10" HydrogéologiCf par J. B. Lamarck, in-8, 2«8 p. Paris,
an X (1802).
11* Recherches sur l'organisation des corps 'vii^anis, par
J. B. Lamarck, in-8, 216 p. Paris.
12* Système analytique des connaissances poeiUpme de
r homme J in-8, 364 p., par de Lamarck. Paris, féTrier 1820.
13" Du déluge au point de pue scientifique et tkèologique,
par F. L. M. Maapied, in-12, 00 p. Paris.
14* Introduction à la géologie^ par le docteur Pouohet, iihS,
16 p. Rouen, 1834.
15" Moïse et les géologues modernes^ par Victor àê Bonald,
in-18, 290 p. Avignon, 1835.
16" Traité inédit ile géographie métallurgique^ par J. P.
Chevalier, in-8, 102 p. Amiens, 1835.
17* Essai sur la destinée îles mondes^ par J. Déal, in-8,
46 p. Paris, 1836.
18" Trois noies relatives à la théorie de la terre^ par Jean
Reynaud, in-8, 36 p.
10" Cours élémentaires de géologie ^ minéralogie et géoguo^
sie^ par M. 6. Barruel, in-8. 480 p., 6 pi. Paris, 1843.
20" Physiologie de la terre. — Etudes géologiques et agri»
coles, par M. de Travanet, in-8, 560 p. Paris, 1844.
21" Cosmogonie oujormation des corps célestes ^ par Didier
Thîerriatt iD-8, 141 p. Belleville, 1854.
DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. 1007
22** La rotation souterraine de la masse ignée, ses causes
et ses conséquences^ par Karl Schroeder^ in^8, 16 p. Paris,
1856.
23° Grande restauration scientifique, y^ Philosophie miné^
ralogiqucy par Achille Brachet^ in-S^ 56 p. Paris» 1859.
De la part de M. Ferd. Roemer. Die fossile Fauna der sUu-
rischen Diluvial-Geschiebe von Sademtz bei Oels in Nieder
Schlesien. — Eine palœontologische Monographie y iQ*4»81p.,
8 pi., Breslau, 1851 \ chez R. Niscbkowsky.
De la part de M. Angelo Sismonda, Carta geologica diSa^oja,
Piemonte e Liguriay \ f. 1802.
De la part de M. A. Viquespel, Voyage autour du monde ^
sur les frégates /'Uranîe et la PhysicieDDe, de 1817 à 1820,
par Louis de Freycînet, 8 yol. io-A, et k atlas in-f . Paris.
De la part de M. Ach. de Zigno :
1"" Sulla costituzione geologica dei monti Euganei, in<'8,
20 p., Padoue, 1861 ^ chez G. B. Randi, etc.
2"* Sopra un nuovo génère di felce fossile^ in-8| 15 p., k pl.^
Venise, 1861 } chez 6. Antonelli.
De la part de M. W. M. Gabb» Synopsis ofthe mollusca (ff
the cretaceous formation y in-S, 201 p»
De la part de MM. Gh. Gaudin et Ch. Strozzi» Contributions
à ia^ore fossile italienne^ — Second mémoire, — Fald^Arno^
in-&, 59 p. 9 10 pi., Zurich» 1859-, chez Zurcher et Furrer.
De la part de M. Moriz Homes» DiefossUen Mollusken des
tertiaer-Beckens von fVien, în-P*, pp. H 7-214, pi. XII-XXXI,
2*vol., n^ 3 et 4, Bivalves.
De la part de M. F. A. Quenstedt, Ueber Pterodaelylus âue-
vicus im lithographischen Schie/er fVurttembergs, ÎihA, 6S p.,
1 pL, Tubinge, 1855^ chez H. Laupp.
De la part de M. F. Stolioza, Uber die Gastropodem und
Acephalen der Hierlatz-Schichten, in-*8, 48 p., 7 pi., Wien,
1861 *, chez K. 6erold*s Sobn.
De la part de M. Ed. Suess :
1^ Einige Bemerkungen ûber die secufulàren Brachiopoden
Portugais^ in-8, 4 p., 1 pi.
2* Uber die grossem Raubthiere der ostemciehi^chen Tertiar-
Ablagerungen^ iD*S, 16 p., 2 pi.
lOOÔ SÈAffCB DU 16 JDIN 1862.
8* Der Boden der Stadt Jrien, in-8, 320 p., 1 carie, Wîeo,
1862; chez W. Braumûller.
Comptes rendus des séances de V jécadémie des sciences^
1861, 1'' sem., t. LIY, n""" 21 et 22; tables du 2* sem., 1861,
t. LUI.
Annales des mines^ 5* série, t. XX, Ô* livrais, de 1861. "
Bulletin de la Société de géographie^ 5* sër., t* lU, n* 16,
avril 1862.
L'Institut, n" 1383 et 1484, 1862.
Bulletin de la Société d'émulation du département de VjiUier^
t. VIII, 1" et 2« livraison.
Journal d'agriculture de la Côte-d'Or^ n* 8, mars 1862.
The Atheuœum, n" 1806 et 1807, 1862.
Verhandlungen der natwjorschenden Gesellschaft in Basel^
vol. m, 3° cahier, 186-2.
Reifista de los pmgresos de las ciencias exactas, fisicasr
naturales, t. XII, n° 4, avril 1861.
Rei^ista minera, t. XIII, n° 289, 1*' juin 1862.
Anmial report ofthe geological Surveyoflndia 1800-1861|
Calcutta, 1861 ; chez A. Dozey.
Memoirs of the geological Sun'ejr of'India , vol. III, !'• part.,
Calcutta, 1861.
M. Suess offre à la Société un travail imprimé contenant la
description géologique du sous-sol de la ville de Vienne, etc.
[Der Boden der Stadt Wien^ etc., voir ci-dessus la liste des
dons).
Présentation à la Société de routrage de M. le professear
Geinitz, intitulé : Dyas; par M. J. Barrande.
Noire savant ami, M. le professeur Geinitz (de Dresde) , nous a
charge d'offrir à la Société un nouvel ouvrage, publié par lui en
1861, sous le titre de : Dyas ou formation du Zechitein et du gjrès
rouge [Dyas oder die Zcchsteinjormation und dus RoMiegende).
Cet ouvrage a été envoyé depuis près d'une année, mais notre
absence nous a empêché de nous acquitter de. l'honorable com-
mission qui nous a été confiée. Depuis notre retour, nous avons
attendu le second volume, annoncé par M. Geinitz, et acheminé
par la voie, malheureusement ti-op lente, des libraires. Ce second
ffOTR DK SI. DARRANM. 1000
envoi n*ëlant pas encore parvenu, nous ne pouvons pas laisser
passer la dernière sëance de cette année sans nous acquitter de
notre agréable devoir.
Avant que cet ouvrage ait été mis sous les yeux de la Société,
son titre Dyas a déjà retenti dans cette enceinte. Il a été le sujet
d'une communication spéciale, faite par notre maître et ami
M. de Yerneuil, qui a présenté à cette occasion une notice publiée
par sir KoderickMurcbison,en raccompagnant et en la développant
]>ar ses propres observations. 11 paraît que M. Marcou a adressé à la
Société une réponse à ce sujet dans une lettre qui doit être insérée
au Bulletin, Cette discussion relative à la nouvelle dénomination
de Dyas étant encore présente dans l'esprit de tout le monde,
nous croyons inutile de la rappeler plus explicitement.
Mous devons seulement faire remarquer que le nom de Dyas,
introduit dans la science par notre honorable confrère, M. Jules
Marcou, en 1859 {Dyas et Trias), et adopté par M. le professeur
Geinitz, ne correspond pas rigoureusement à celui de système
permierij antérieurement établi par sir Roderick Murchison. £n
effet, M. Geinitz restreint le Dyas aux deux formations connues
en Allemagne sous les noms de Zechstein et de Rothliegendey tandis
que sir Koderick Murchisou a compris dans son terrain permien,
non-seulement ces deux mêmes formations, mais encore une
partie du grès bigarré qui est au-dessus, et qu'il a désignée par
le nom de Bunter-Schiefer {Siluria, 2" édit., p. 3û6, 1859).
D'un autre côté, il faut aussi observer qu*en adoptant le nou-
veau nom de Dyas, M. Geinitz s'écarte, sous un rapport impor«
tant, de la classification générale de M. Marcou, et qu'il main-
tient le principe de la classiâcation de sir Roderick Murchison.
En effet, dans l'ouvrage qui est en ce moment sous nos yeux, le
terrain désigné par le nom de Dyas est considéré comme apparte-
nant à la grande série paléozdique, dont il constitue le terme le
plus élevé dans le sens vertical, suivant l'idée fondamentale qui a
présidé à l'établissement du système permien. Au contraire,
M. Marcou regarde le Dyas comme le premier terme de la série
mésozoïque.
Afin de montrer les motifs de sa conviction à l'égard de cette
question importante, M. le professeur Geinitz, dans son introduc-
tion, s'attache à faire ressortir les connexions qui existent entre la
faune de son Dyas et les faunes de la grande période paléozoique.
A cet effet, il passe brièvement en revue toutes les classes et
familles de la série zoologique qui sont représentées dans la faune
dont il offre la monographie.. Nous ne pouvons mieux faire que
Soc, géol.f %* série, tome XIX. 6i
îent à des genres q»» prédominantes, a ^^^^^^^^^ U,
. ««ère époqne f J* . . aUparu durant r-
".TnVobite.. avaient dé,à P» ^^,»a«iO -P*-.-^
. fSve et prenne»» P»» ^ j «•P*!!^îi
« le Trias. ^oot non» aTon» -. Le» «•!*«•
. Gan.ides^^'^;;^«S- ^'«-^vt^.^-anTrS î-pp»« ^
• ';J' io"« «^'-'""'re^ce. carbonifère.. ,^„h
• fi.e -«w^ 'J^^::^^epré.enu. n„f^ .^!ï""s;
„ La classe *« ^^„,„acé. qu., «»"^;;.ùo». P»« -^^^-r
de nombreux E«»;^^,,ett% aan. \'' SSpodesetd^ï^Prî^;
,. en
» es
P
i>
, dcnomPï^-- nombreux aaa» 7" ,^x,3podc» et aei i»**!-- •
" !^; ossèdentuneorgan«at V.^.^^.^^, ^^
ptéropode»
NOfI D« M. BARRàNDB. lOli
» encore i*époque paléozoïque, Conularia Hollebeni est la dernière
» espèce de ce genre.
» Parmi 25 espèces de Gastéropodes et &0 espèces de Conchi-
» fères, nous trouvons à la fois des genres paléozuïques et des
;i genres inésozoïques. Dans tous les cas, parmi les GastéropodeS|
» Straparolus et Murchisonia^ parmi les Conchifères, Schizodus^
» CUdophorus et Pleuraphorus^ semblent n'avoir jamais été obaervéi
n jusqu'ici sur un horizon plas élevé que celui du Zecbstein.
D Les Brachiopodcsy dont nous distinguons 30 espèces, sont les
» formes les plus communes du Zechstein, et qui servent le plus à
» déterminer sa position. Quelques-uns de leurs genres, comme
» Productus et Strophalosia^ par le nombre immense de leurs indi-
» vidus, ont exactement joué dans cette formation le même rôle
» que les Conchifères dans les formations mésozoïques. Outre ce%
» deux genres, Orthis et Caoïarophoria appartiennent exclusive-
» ment à la période paléozoïque, tandis que Terebratula^ Rhya-'
» chonelUiy Spingeroj Lingula^ Discinaj Crania^ et même Spi-
m rijer^ se sont propagés plus haut dans la série des couches de
» l'écorce terrestre. Mais il est suffisamment connu que la plus
» commune des Térébratules du Zecbstein ressemble à une espèce
» dévonienne, à tel point qu'on peut s'y troinper, tandis que les
» rapports très rapprochés entre Camarophoria Schlotheimi du
» Zecbstein et Camarophoria emmena du calcaire carbonifère,
«» entre Spirifer Clannyanus du Zeclistein et Spirifer Urii du caU
» caire carbonifère , entre Spirijer cri status du Zecbstein et
» Spirifer oetoplieatus du calcaire carbonifère , entre Lingula
I» Çredncri du Zecbstein et une Lingule de la formation carboni-
M fère de Rbyope, près Sunderland, sont si intimes, que Davidson
it et Kiikby ont déclaré identiques les formes correspqndantes,
» manière de voir à laquelle nous ne pouvons pas nous associer
» (Kiikby, On the occurrence ofLingula Credneii in the Coal^mea*
» sures of Durham, Quart. Journ. GeoL Soc.London^ 1860,vol. XYI,
9 p. h\% «./).
» Parmi nos trois Radiaires, Cyathocrinus ramosus appartient à
» un genre qui n'est connu que dans les plus anciennes forma-
it tions. Eocidaris Keyserlingi est la forme la plus rappi-ocbée du
»: genre paléozoïque Jrchœacidaris, La troisième espèce, qui est
p une Astérie à 6 bi*as, est encore trop imparfaitement connue
a pour pouvoir être bien jugée.
» Parmi nos 13 Zoopbytes, toutes les formes qui se rapprochent
• de Fenestclla et qui prédominent de beaucoup dans le Zecbstein
» ae vattachesBt très ncifeement aussi bien qu'an Siênopora à la
1012 sÉAîfCK DU 16 jriN 1802.
» période paléozoique. Au contraire, 12 espèces de Foraniint(k(i
» et 7 Aniorphozoaircs du Zeclisteiii ne peuvent guère cootribaer
M à la solation de cette question, puisque la conDaistaoce de oa
» organismes dans le Zechstein est encore très peu aTancée.
p Les plantes du Dyas seront mentionnées en détail dans Tm
M des chapitres de notre second volume. Une grande partie de ces
• végétaux fossiles a été exactement décrite, en 18&9, ptr
» M. le colonel de Gutbier (/>/> Fersteinerungen ties Bothliegendm
n in Sachsen)^ et par nous, en 1858, dans notre ouvrage UOie
n Leitpflanzen des Rothliegendcrty etc.).
M II a été bien constaté que quelques espèces de plantes de la
» formation houillère s*élèvent jusque dans les couches du Rothlie-
» gende, nommément Cyat/teites arborescens^ fValchia piniformis^
» et quelques formes de la famille des Noeggerathiëet. D'un autie
M côté, d'autres plantes caractéristiques du Rothliegende ont leurs
n analogues les plus rapprochés dans la formation houillère,
N comme AnnuUiria carinata^ Calamités injractus^ Annularia Ion-
n gijolia et Calamités approximatus^ etc. Dans tous les cas, la flore
» du Rothliegende est étroitement liée avec celle de la formation
» houillère, bien qu'on y observe le développement de quelques
w genres qui sont particulier à cette zone de la période paléo-
» zolque, coexistant avec d'autres types qui n*ont atteint une plus
» grande extension, que dans les couches mésozoïques.
» D'après ces observations, le dyas se rattache positivement à la
» période paléozoique, par ses restes organiques aussi bien que
M sous d'autres rapports. »
Cette conclusion est foimulée en termes si clairs et si positifs
qu'elle n'a besoin d'aucun commentaire.
M. le professeur Geinitz, ayant embrassé son sujet de la manière
la plus générale, son ouvrage est une complète monographie du
terrain décrit Le savant auteur ne s'est pas borné a l'étude per-
sonnelle des contrées classiques de l'Allemagne, où les formations
du Zechstein et du Rothliegende sont bien développées et ont
attiré depuis longtemps son attention, comme le prouve le pre-
mier ouvrage qu'il a publié sur ce sujet, en 1858. Grâce à la pro-
tection efficace que le gouvernement éclairé du royaume de Saxe
accorde aux recherches utiles, même sous le rapport purement
scientifique, il a reçu, durant ces dernières années, une mission
pour aller étudier dans la Grande-Bretagne, aussi bien les loca«
lités du terrain permien que les collections de fossiles renfermant
les types déjà décrits et qu'il se proposait de reproduire. N. 6ei<«
pitz n'a donc négligé aucune source d'information et il a ooncen»
NOTI Dl M. lÀRRÀNDB. 1018
ivé toutes les lumières qui pouvaient contribuer à la perfection de
son travail. Il est à peine nécessaire de dire que, dans la descrip-
tion de la faune, il a ajouté ses judicieuses observations à celles
des savants qui, les premiers, ont décrit les espèces étrangères
à rAUemagne.
En outre, le titre de Touvrage nous apprend que plusieui's
géologues ont contribué à la seconde partie, principalement des-
tinée aux descriptions stratigrapliiques des formations dissémi-
nées dans diverses contrées. Les noms bien connus de ces savants
sont ceux de M. Robert Eisel, qui a particulièrement étudié les
environs de Géra, de M. Rudolpli Ludwig (de Darmstadt), qui a
résidé en Russie, sur le sol typique du système permien, do
M. le professeur Auguste-Emmanuel Reuss (de Prague), qui a
fait une étude approfondie des formations de la même période en
Boliême, et de M. le docteur Reinhard Ricliter (de Saalfeld), qui
a fait des rechcrcbes si fructueuses dans la Thuringe.
Le concours de tous ces savants complétera les travaux de
M. Geinitz, en ajoutant ce qui aurait pu manquer à ses obser-
vations personnelles, dans les éludes de nature locale.
Le volume qui est sous nos yeux est entièrement consacré à la
partie paléontologique. Les 130 pages grand in-^ dont il est
composé renferment les descriptions de 216 espèces de fossiles du
règne animal qui sont figurées sur 23 planches d'une très belle
exécution, sans compter les gravures sur bois intercalées dans le
texte et qui reproduisent pour la plupart des figures déjà publiées
dans d'autres ouvrages.
Tout ce qui a rapport aux plantes fossiles est réservé pour le
second volume.
En somme, ce nouvel ouvrage de notre savant ami, M. le pro-
fesseur Geinitz^ mérite comme toutes ses œuvres précédentes, la
plus haute considération et la reconnaissance de tous les hommes
de science. C'est un nouveau fleuron ajouté à la couronne scien-
tifique de la Saxe,
101&
sÊÂifci DU 16 inm 1802.
Compte des recettes et des dépenses effectuées pe
l* année 1861 pour la Société géologique de Fr
présenté par M. Ed. Collomb, trésorier.
RECETTE.
DESIGNATION
des
chapitre»
d« la recalte.
•m*
b
3
M
«
e
% I.Prodaittordi- i
naiies des ré-}
ceptioni |
< 2. ProdaiU extr. |
$ 3. ProJuit det
pablications. .
C 4. Copitauz pla-
ces
NATURE DES RECETTES.
$ 5. Recallat di-
v«rs«É* . . . . ,
I Droits d'entrée et de diplôme .
id« Taon, conrunle
desann. précéd. .
aiilicipëes. . . .
5 1 Cotitalions une fuh payêf s. . .
iBiilteiin
Mémoires. ....
caries rotoiiëes. . .
Histoire des progrès
dti la géolugie..
Arrcroges de renies 5 ,/«». , . .
Arrcmpes d'o!iSi](uiioas
Alloctilion du ministre de Tfns-
Iriicliiiii publique pour les p«-
blicalions de Im Société. . . .
13 Souscription du Hiiiistie d^Elat
& 50 e&i*mpl. des Mémoires.
14 ReceMesttxlruurdiiiuires relatives
ua Ballrliu.
15 Recettes imprévues
. 16 Loyer de la Suclëtë inëtëorol<^«
56. Solde du com-
pte 4860
17
Total de la recette. . . .
Reliquat au 31 décembre 1860. .
Totaux de la recelte et du reli«
qnat en cuisse
BECETTU
prévues
au budget
de 1861.
500
7,000
3,000
:fOO
t 800
1,100
500
10
iO.SOO
»
M
M
II
1,900 »
1,870 »
610 »
1,000 »
600 »
»0 »
77 fJ
400 »
20,067 2«
78
KECCTTES
eflectuées
en 1861.
905 90
1,870 »
610 »
600 »
GOO »
180 »
1 •
40O »
i0,8:U 90
S3S 7tt
21,067 68
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7. .75
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1,670
»
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8GI
90
36!
4
50
■
1.665
COMPARAISON.
La Recette présumée était de. . 20,300
La Recette effectuée est de 24,067
Il y a augmentation de Recette de 767
6{
6S
■APPORT DM LA COIHIMIOH DM COMPTABILITÉ.
1015
DÉPEjhâe.
^JlTttàË DES DÉPENSES.
It rie bu-
• • • • •
riel. . . f
(traitement
traronx eilraordioaires
grutificatlon
iodemnité de logement.
bur«ta ||„uf,c. «xlMOrdin.
Loyer, contributions, aunrancei.
Chuuflfage et e'clalrage
De'penies direrses
Ports de lettres
Impreslion d'avis et circulaires.
Chonge et retour de mandats. . .
Mobilier, appropria lion du nou-
Teaa local, déménagements. .
Bibliothèque. — Reliure
papiers,
16 ^ Y impression,
S Bolletin , ] planthtfl
licalioni.,
ploi des
3t* • . • ,
17) (_
18 I Histoire det'progrès de la gëolog.
19 \ f Impresètbn, papier,
V^olrél, ) P»««»cbel. . . . .
* ^ Dépenses supplé-
mentaires. . . .
tl Ddpcoièf Imprévues
15 I
sol
DéPEMSBS
prévues
aa budget
de 1861.
1,800
300
éoo
900
800
100
100
1.ft80
87»
300
S50
12(0
90
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n
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1,8Ô(( A
400 »
t.OOO •
800 *
a »
9,800 »
1,000 n
90 s
19,900
DEPBRSU
effectuées
en 1861.
1,800 «
300 »
SOO a
SOO M
800 40
100 j«
100 a
1,500 GB
694 50
315 90
M 90
94 50
19 56
2,643 83
410 95
7,010 40
748 05
198 60
9,953 75
1,000 35
a »
1^,544 03
GOHPABÂISOII.
La Dépense présumée était de 4 9,900 »
La Dépense effectuée est de 20,544 03
11 y a diminution de
644 03
RESULTAT GÉNÉRAL ET SITUATION AU 31 DÉCEMBRE ISCl*
Là RècMte totale étabi de 24,067 68
Et la Dôpedite totale étant de ;....; . 20,541 03
Il reste en caisse audit jour 523 65
1016
gtiNCi DU 16 JUIN 1862.
MOUVSaiBNT DBS COTISATIONS UNS FOIS PÂTÉES ET DES PLAC£BIK!fT8
*
DE CAPITAUX, EXERCICE 1861.
Receite
!
antérieurement à 4 864
pendant Tannée 4 864
Totaux
HOMBll
DES
COTISITIOHS.
Legs Roberton
Total des capitaux encaissés.
44,338 65
4,800 9
46,4 38 55
43.000 •
58,438 55
PUCBMEIIT.
4,870
fr.
C*
Rentes 3 0/0 et frais de mutation
4 4/2 en 3 0/0 47,699 25
435 > Intérêts de 29 obligations de
chemins de fer, antérieure- / 57,557 Si
ment à 4 860 ê,Ul 4 5
75 » Intérêts de 5 obligations de che-
mins de fer, achetées en 4860. 4,470 85/
2,380 » — Excédant de la dépense sur la recette. .
594 30
MOUVEMENT DES ENTRÉES ET DES SORTIES DES MEMBRES
AU 31 DÉCEMBRE 1860.
Au 34 décembre 4 860, le nombre des membres main-
tenus sur les listes officielles comme devant contribuer aux
dépenses de 4 860 s'élevait à 504, dont :
377 membres payant cotisation annuelle) . ,.^.
et 424 membres à vie j^** ' ^^^
Les réceptions du 4*' janvier au 31 décembre 4 864
ont été de 44
Total 542
A déduire, pour cause de décès, démissions et radiations
(en 4864) 34
Le nombre des membres inscrits sur les registres, au
4«' janvier 4 862, s'élève à 608
jj • j 378 membres payant cotisation annuelle,
^*^®*'^-|4 30 membres à vie.
EAPPOftT mi LA GiMiaiSBION Dl €0II?TAB1L1TÉ . 1017
M. Parés présente la rapport de la.GommissioD'daoomptabi-
litô sur les comptes du trésorier pour l'année 1861 :
Rapport présenté^ par M. Parés, au nom de la Commission
de comptabilité f sur les comptes du Trésorier^ pour Vannée
1861.
Messieurs,
Lorsque Tadministration d'une Société est confiée à des
hommes intelligents et soucieux de leurs devoirs, le compte
rendu annuel des recettes et des dépenses n'est guère qu'une
répétition du passé. L'action incessante du Trésorier, la surveil-
lance et la direction du Conseil sont autant de garanties du
maintien de l'équilibre financier. Si parfois, dans le cours de
son existence, la Société est obligée à des dépenses extraordi-
naires, l'administration sait y pourvoir, et rien n'est changé à
la marche générale, parce qu'une économie bien entendue finit
par rétablir la balance. Un fait de ce genre s'est produit dans le
cours du présent exercice-, vous devinez déjà, messieurs, que
nous parlons du déplacement du lieu de nos séances. Là s'est
rencontré, par la force des choses, un excédant de dépense que
nous aurons à vous signaler^ mais ce n'est qu'un accident, qui
n'est pas de nature à se renouveler de longtemps, et dont les
effets ne se feront bientôt plus sentir sur l'économie de notre
budget.
La recette et la dépense ont été classées, dans le budget pro-
visoire qui vous a été soumis, sous divers paragraphes : quatre
pour la r^cf^/e (produit des réceptions, produit des publications,
placement de capitaux, recettes diverses) *, six pour les tlépenses
(personnel, logement et accessoires, frais de bureau, magasin,
publications, emploi de capitaux). Nous allons adopter ces
mêmes divisions, que nous ferons suivre de quelques chiffres
sur les mouvements du personnel des membres.
L Rbcettb.
.• Le § 1" se rapporte au produit des réceptions.
Il embrasse cinq sous-divisions : droits d'entrée et de diplôme,
1018 Uànc» du 16 loiN i^tlà.
Q6tiMti0nt de PAtmée (xmrafiiey dm innées ttitèriearMp afelici-
pées, une fois payées*
Droits (Ventrée et de diplôme. — 600 fr. au projet de budget,
(XK) ft*. effectivettient reçtis.
Cotisations voamnteè. — 7000 fr. prétdÉ, 7î76fr. rë^us.
Cotisations arriérées, — 3000 fr. prévus, 8280 frk féçus.
Cotisations anticipées, — 300 fr. prévus, A2A fr. reçus.
Cotisât, une fois payées. — 1800 fr. prévUI^ 1800 fr. reçus.
Ces cinq articles doivent être réunis pour être mieui apfirë-
oiéSy ear ils sont dans une dépendance mutuelle. Ils forment un
total de Id 320 fr. Chacun d'eux accuse un accroissement de
reoette : réunis, ils offrent un excédant de 729 fr. sur le budget
provisoire, et sur Texercioe précédent de 11A9 fr. Les uns
comme les autres sont la preuve de la vigilance du Trésorier.
Dans le rapport de Tannée dernière nous vous faisions remar-
quer que, malgré tous les soins» les recettes des cinq catégories
avaient été en dessous des prévisions, tattdis qu'elles lel avaient
dépassées au précédent exercice ; nous retrouvons donc ici cette
loi, si générale dans la nature morale comme dans la nature
physique, la loi des oscillations, que nous retrouverions «uasi
en remontant plus haut dans le passé* Il ne faudrait pas pourtant
regarder ce fait avee des yeux fatalistes, car c'est au milieu
d'efforts incessants qu'il se produit, et le relAcbement bous
conduirait bientôt à un défiait permanent.
Le 2* §, non moins important que le 1*% se rapporté au
produit des ventes , soit Axk Bulletin, soit des MémoirtsetcaiHes,
soit de V Histoire des progrès de la géologie.
Bulletin, -^Prévision 1100 fr., recette 1768 fr., e'esl^è-
dire 058 fr. d'excédant sur les prévisions, mais SA fn seule^
ment sur la recette de 1860. Dans ces deux exeroiees^ le
projet de budget avait prudemment fixé, un chiffre peu élevé^
en rapport d'ailleurs avec les reeettes antérieures \ vous yefrei
avec satisfaction que l'augmentation de 1800 s'est ooetinuée
en 1861. Il y aura à tenir compte d'une légère diminution de
20 fr. sur les recettes extraordbiaires relatives au Bulletin :
l'accroissement est donc de 683 fr. sur les prévisions.
Mémoires et cartes. -^Prévision 610 fr. recette 1A64 fr.
tO e.y différence en plus 966 fr. 40 c. Cette différence toutefois
RAPPORT ni iéA COMMlMlOlf HI GOHrTÀBlLlTt . lOltf
n'est réella qu'en partie, M. le Ministre d'Etat a bien vouiiicon^
tinuer sa souscription à 30 exemplaires, formant une somme
de 600 (t. y laquelle est bien relative à la vente des Mémoires;
mais le projet de budget Ta classée parmi les recettes diverses :
l'augmentation effective n'est donc que de 356 fr. &0 o.
Histoire des progrès île la géologie. — Prévision 1200 fr»,
recette 905 fr., différence en moins 205 fr.
Nous n'avons pas besoin de faire remarquer que ces TâKations,
en plus ou en moins, sont indépendantes de l'admidistration,
et tiennent à des circonstances que nul ne peut apprècie^ paf
avance.
Le k" § (nous réservons le 3* poiu* la fib) comprend les
recettes diverses.
Là, rentrent deux recettes, dont nous vous avoné déjà entre-
tenus à l'occasion d'articles auxquels elles se rapportaient :
d'une part, la souscription ministérielle; d'autfe part, les recettes
extraordinaires relatipes au Bulletin^ article important^ même
quand le chiffre en est peu élevé, parce que le concours des
auteurs à la dépense permet seul de donner aux publications
toute leur utilité.
Il y a, en outre, Vallocation que M. le Ministre de l'Instruc-
tion publique nous continue, dans sa bienveillance» comme
encouragement à nos publications. Elle est de 1000 hé, mais
500 fr. seulement ont été reçus dans le cours de l'exercice. Il
y a donc déficit de 500 fr. sur les prévisions^ mais déficit pure-
ment nominal.
Enfin le loyer de la Société météorologique^ pour &00 fr»
Cet article comprenait précédemment hOO fr. de plus^ qui ne
figurent plus au budget depuis que la Société botanique s'est
séparée de nous.
Il ne reste, pour compléter le chapitre de la recette, que
le § 3, concernant le placement des capitaux.
Les rentes et antres valeurs appartenant à la Société n'ont
éprouTé aucun changement. Le seul qui eût pu se produire
normalement dans la sous-division concernerait le placement des
cotisations à vie, reçues dans le courant de l'exercice. Six ont
èt6 reçues, au total de 1800 ir. ) nulle n'a été placée. Le chan-
gement de local, avec] toutes eea exigences, entraînait une
1020 SÉANCE DU 16 JUIN i862«
augnebtation de dépense considérable *, le Conseil a élé sage,
en appliquant momentanément h ces besoins impérieux les fonds
que ces cotisations avaient mis entre nos mains. Ne pouvant
échapper à la dépense, ne voulant pas entraver le service, il ne
lui restait que deux moyens, ou vendre de nos capitaux, ou
laisser pour cette année sans placement ceux que nous avions
reçus; nous nous sommes emprunté à nous-mêmes^ cela
valait mieux. Mais déjà nous trouvons assurés une partie des
fonds nécessaires pour rentrer dans la règle, soit dans le solde
de Tallocation ministérielle, soit dans une recette extraordi-
naire sur les Mémoires; l'économie fera le reste.
Tel est, messieurs, Tétat complet de nos recettes. Elles
présentent une diminution de 478 fr. 50 c. sur Texercico JSôO,
mais diminution simplement apparente, puisque Tallocation de
1000 fr. n'a pas été cette fois reçue en totalité, et que d'ailleurs
le loyer de la Société botanique nous a fait défaut. Sur les pré-
visions, au contraire, il y a augmentation de 767 fr. 68 c.
IL Dépense.
Les détails que nous venons de vous donner sur la recette
ont simplifié ceux que nous aurons à vous présenter sur la
dépense; bien des articles se correspondent, qui ont déjà reçu
leur explication.
Six paragraphes composent ce chapitre.
Le § 1" concerne le personnel de V administration. Gomme
rien n*a été changé aux allocations annuelles, nous n'aurions
rien à relever si notre déplacement n'eût exigé un surcrott de
travail qui a nécessité Temploi d'un auxiliaire, dont la rétribu-
tion a été portée à 200 fr. ; c'est la seule augmentation que cet
article ait reçue.
Le § 2 (Jrais de logement ) comprend le loyer^ les contribua
tionSy les assurances ^ Véclairage et le chauffage.
Les trois premiers articles sont fixes de leur nature, ou
n'éprouvent que de légères variations, indépendantes de notre
volonté. 11 y a eu diminution de 71 fr. sur 1580 fr. portés au
budget.
Quant au chauffage et à Téolairage, augmentation de 119 fr.
due en partie au changement de local.
happort db la commission m comptabilité. iOÈl
Le§ 3 {frais de bureau) embrasse divers articles peu im-
portants, qui 80 résolvent en une diminution de. dépense de
70 fr. environ.
Le § A {magasin) se réfère à deux articles considérables, le
mobilier et la bibliothèque.
La bibliothèque di deux sous-divisions : reliure et port. AOO fr.
alloués, AlO fr. 95 c. dépensés. A son égard tout est normal.
Il n'en est pas de même du mobilier. A lui revient une. bonne
part dans les augmentations de In dépense. Ce fait est déjà
expliqué-, nous sommes tous en mesure d'apprécier la consé-
quence de notre déplacement, surtout pour Tappropriation au
local nouveau. Comme il arrive toujours en pareil cas, la dépense
a dépassé les prévisions^ on avait compté sur 1805 fr., elle
s'est élevée à 2â43 fr. 83 c, c'est-à-dire à 638 fr. 83 c. de
plus. Nous n'avons pas besoin de dire que Ton n'a pu faire
plus économiquement. Heureusement ce n'est Id qu'une dépense
accidentelle*, les budgets antéric^urs ne portaient pour cet article
qu'une cenlaine de francs.
Le § 5 {publications) comprend, dans le budget provisoire,
deux articles : Bulletin^ Mémoires.
7800 fr. y sont porlés pour le Bulletin^ la dépense a été
moindre de hh fr. 55 c.
Pour les Mémoires, 2500 fr. se rapportaient aux frais ordi-
naires (impression, papier et planches) ] iOOO fr. à une dépense
supplémentaire et relative au solde dû à M. Gide pour les publi-
cations sous le régime modifié. Dans les 2500 fr. entrait déjà
une pareille somme due au même éditeur pour achat de volumes.
Le total est de 3500 fr., sur quoi il a été dépensé 325Afr. 70 c.,
différence en moins 2A5 fr. 90.
Reste enfin le § 6 (jjlacement de capitaux). Nous avons déjà
dit pourquoi il n'en a pas été placé en 1861.
En résultat, la recette a été de 20,83A fr. 90c.
La dépense est de 20,5AA 03
Différence au profit de la première. . • . 290 87
Ajoutons le solde en caisse au 31 déc. 1860. 232 78
Il reste en caisse, au 81 décembre 1861. 523 65
^931
1022 SftANCI DU 16 JUIlf JUN*..
Cette silualioD, messieurs, est aussi satisfaisaDta qoM te
pouYaient permettre les circonstances -, ce qui lui a manqué
était indépendant de notre volonté, et sera bientôt rétabli.
ni. MomniiiiT DU pnsoimBL.
L'amiée dernière, en vous signalant un temps d*arrèt dan»
la proportion ascendante du chiiïre des membres, nous mani-
iaitions la ferme espérance que ce n'était point là le dernier
mot *, Texeroice écoulé commence à justifier nos préviaiou \
noua ayons eu 12 réceptions de plus qu'au précédent exercice.
Eipérona encore en Tavenir-, il faut bien que nos traTanv
portent leurs fruits.
Nous ne saurions trop louer le zélé soutenu de notre trésorier.
Nous aimons aussi à redire combien l'agent de la Société est
digne de sa confiance.
Nous vous proposons d'approuver les comptes de 1801, el
de voter des remerctments au trésorier.
Le rapporteur f T. PaeèS*
La Société approuve les conclusions du rapport et vote des
remerctments à M. Ed. Gollomb, trésorier, et à M. Parés,
rapporteur de la commission de comptabilité.
MM. les vice-présidents et M. le trésorier étant absents,
M. le marquis de Roys, archiviste, prend la présidence de la
Société.
M. Albert Gaudry fait la communication suivante :
Sur le singe fossile de Grèce (1) j par M. Albert Gaudry.
Du temps de Cuvier, on n'avait point encore rencontre de singes
fossiles. Aujourd'hui, on en connaît dix espèces, sans compter
celle de Grèce : deux espèces dans l'Aniërique du Sud, trois en
(4) Celte note est le résumé d'un travail qui va paraître dans nu
oavrage intitulé : animaux Jos^U^s et géologie de fAttique, itrand
in-i. Paris, 4868. "^ ^ ^ '*
NOTE Dl M. GAUDRY. 10$9
Asie, cinq eu Europe. Ces espèces ne soni dëteiuiiuées que d*aprèt
des pièces très incomplètes; leurs débris sont d\uie extrén^e rareté.
En Grèce au contraire les singes fossiles sont coqaipuns. Lt& fouilles
dont TAcadémie m'a chvgé pnt amen^ la découverte de YÎngt
crânes de ces finimaux, djB plusieurs mâchoires et d'ossements de
toutes les pairties du corps. Aussi j*ai pu faire exécuter un dessin
qui représente la restauration d'un squelette entier de singe fos-
sile : je mets ce dessin sous les yeui^ de la Société»
Wagner est le premier qui ait eu à sa disposition des Cfâaea du
singe de Pikermi ; d'après leur inspection, il a cm cet animal
intermédiaire entre les gibbons et les semnopithèques et il l'a
inscritsous le nom de mésopithèque (ft^oç, qui est au milieu, ircOqÇ,
yiM^çj singe). Sans doute le savant professeur de Munich avait
reçu des échantillons déformés, car le crâne du màopithèque,
sauf ses formes un peu plus lourdes, est semblable à celui des
semnopithèques, et il n'a aucun rapport avec celui des gibbons.
Aussi en 1856, à la suite de mes premières fouilles en Grèce,
M. Laiiet et moi avons jugé inutile l'établissement d'un nou-
veau nom de genre et nous avons classé le singe de Pikermi
parmi les semnopithèques. Il paraît que Wagner se rapprocha
de notre manière de voir; car, en 1857| il ne considéra plus le
mésopithèque que comme un sous-genre des semnopithèques.
En 1860, l'habile paléontologiste de Berlin, M. Beyrich, adopta
notre opiniou et rejeta le nom de mésopithèque à titre même de
spus-genrc. Cependant vers la même époque, j'entreprenais en
Grèce de nouvelles fouilles et j'extrayais les diverses pièces du
squelette du singe grec. Ces découvertes eurent un curieux résultat ;
elles prouvèrent que les membres de ce singe sont très différents
de ceux des semnopithèques ; ils sont moins grêles et plus égaux
en avant et en arrière. Autant le mésopithèque ressemble par sa
tête aux semnopithèques, autant il ressemble aux macaques par
ses membres.
Voilà donc un type transitionnel reliant deux genres distincts
dans la nature actuelle. Quand nous avons eu sous les yeux>
non pas seulement un moi*ceau de mâchoire (comme c'est le cas
pour un grand nombre des mammifères fossiles inscrits dans
les catalogues), mais des crânes parfaitement entieirs, nous avons
dû croire que le singe grec était un semnopithèque ; c'était une
erreur. Si au contraire nous eussions trouvé, non point un os isolé
des membres, mais les membres entiers, nous aurions attribue
ces pièces à un macaque ; nous aurions également commis une
faute. Ceci nous apprend combien il faut se gardas d'exagérer bs
1024 sÊAwr.K DU 16 ji'îN 1862.
applications du principe de la connexion des organes : il est difli-*
cile de délermincr un maininifère fossile dont on ne possède quTun
petit nombre de pièces.
J'ai dû reprendre le nom de mésopithèque proposé dès 1839 |>ar
Wagner, mais entendre ce mot dans un sens tout différent; car le
mésopithèque, par ses membres, aussi bien que par son crâne,
s'éloigne extrêmement du gibbon qui est un singe supérieur. -
Tous les quadrumanes jusqu'à présent découverts en G^èce
appartiennent à une seule espèce : le Mesopithecus Pentelici, Cer-
tains individus sont, il est vrai, plus forts que les autres; Wagoer
avait supposé qu'ils constituaient une seconde espèce : le il/efo/^/-
thecus mnjor. Nous avons même remarqué dans ces singea des
différences plus importantes que celles de la taille; ils ont de très
hautes canines et la branche montante de la mâchoire inférieure
s'est élat'gie en proportion du développement des canines. Cepen-
dant M. Lartet et moi avons reconnu que ces différences ne soiit
|>as spécifiques; on en observe de semblables entre le mâle et la
femelle dans une même espèce de singe vivant.
Le mésopithèque pouvait avoir un demi-mètre de long depuis
la tête jnsqu*à Textrémité du bassin. 11 avait une longue queue.
Son angle facial était environ de 57 degrés. Ses dents, disposées
comme celles du semnopithèqne, indiquent qu'il se nourrissait
principinleincnt des parties herbacées et ligneuses des végétaux.
Gomme elles sont peu usées dans tous nos individus, il faut sap-
]>oser que ces animaux ne sont pas moiis de vieillesse, mais qu'un
Ijoulevei'sément de la nature physique amena leur destruction.
Le mésopiihèque avait les ischions aplatis en arrière; cet
aplatissement coïncide avec la callosité des fesses dans Us singes
vivants; il est donc bien probable que le singe grec avait des fesses
calleuses.
Il avait un pouce aux pattes de devant, ce qui atteste une certaine
dextérité de préhension comme dans la plupart des singes actuels.
Ses mains de derrière munies de très longs doigts ont dû être peu
favorables pour la course ; ainsi ce singe des temps passés est reste
sans doute, comme les singes d'aujourd'hui, confiné dans d'étroits
espaces.
11 n'avait pas les mêmes facilités pour grimper que les gibbons
dont les bras sont démesurément grands, ou que les semnopithèques
dont les cuisses sont très hautes. Comme les macaques et les magots
dont les membres sont moins longs et moins inégaux, il semble
avoir été principalement organisé ]X)ur se promener a terre appuyé
sur ses quatre pattes.
KOTR DE U. SÀBVANff. 102S
Puisque les singes vivent aujourd'hui dans des contrées où les
hivers sont plus chauds qu'en Grèce, on peut croire qu'à l'ëpoque
du niésopithèque la température de ce pays était plus élevée que
de nos jours; plusieurs faits corroborent cette supposition.
Il semble que la distinction établie par notre ^rand naturaliste,
Bulfon, entre les singes de l'ancien et du nouveau continent soit
vraie, non-seulement pour les temps actuels, mais encore pour I9
période tertiaire, car les deux singes trouvés par Lund au Brésil
appailiennent à la tribu des singes du nouveau continent; le singe
de Grèce et les huit autres espèces signalées dans les terrains ter-
tiaires de l'Asie et de l'Ëui-ope se rapportent à la tribu des singes
de l'ancien continent. Ceci pourrait contribuer à faire supposer
que la séparation de l'ancien et du nouveau continent remonte au
moins à la période tertiaire.
M. Saemann fait la communication suivante :
Obsen^ations sur Belemniles quadratus, Defr.;
par M. L. Saemann (pi. XX)
Paniii les nombreuses Bélemnites qu'on connaît dans les
terrains secondaires, il y en a deux espèces, parues les dernières,
qui présentent un caractère jusque-là inconnu, consistant dans
la forme courte et anguleuse de l'alvéole qui reçoit le cône cloi-
sonné. Ce sont les Bélemnites quadratus^ Oefrance, et B. sub--
ventricosuSf Wahlenberg, appartenant toutes les deux à la partie
inférieure de la craie blanche. Leur alvéole, au lieu d'être parfaite-
ment rond et conique, comme dans toutes les autres Bélemnites,
présente la forme d'une pyramide renvei-sée, à trois ou quatre faces;
la surface intérieure de cette cavité montre les affleurements des
couches concentriques composant la gaîne calcaire de la Bélem-
nite et ne présente aucune trace d'un revêtement interne comme
dans les Bélemnites ordinaires.
IV1. KIoeden paraît être le seul savant qui ait observé des cloi-
sons dans un alvéole angulaire, celui du B. subpentricosus^ et le
silence des principaux auteurs ferait supposer que des observations
de ce genre ont été excessivement rares.
Sharpe (1), en donnant la description de la cavité alvéolaire
(<) Fossil remains of mollusca in the chalk oj England^ Londoo,
4863, p. 9.
Soc. géol, , î' série, tome XIX. 65
NOTE DB M. SABMAMIV. 1027
taires de \di Paléontologie française (1). On s'est servi de cette
figure pour la construction de la coupe (fig. k) après rectification
de Terreur du dessin original (fig. 1) qui fait paraître le plan
terminal incliné du côté ventral, quand il devrait Tétre vers le côté
dorsal du fossile, comme l'indiquent correctement les fig. 2 et 3
de la même planche.
JNotre fig. 3 a est une reproduction exacte de la face articulaire,
d'après Toriginal de la figure 3 de la collection de M. Triger.
Cette facette articulaire avec ses sculptures régulières en relief
fait dire à Miller : Ceci est une preuve excellente que jamais un
cône cloisonné n'a existé en cet endroit, puisque non-seulement
il n'existe point de cavité pour le recevoir, mais qu'au contraire
la forme de l'extrémité est tout à fait l'opposé de ce qu'elle est
dans les Bélemnites ordinaireSb
La conclusion n'est pas irréfutable, et, puisque le cône du B,
quadratus prouve l'existence d'une substance qui le rattache au
corps de la liélemnite, rien ne s'oppose à ce que dans l'Actino-
camax, ce caractère ne soit plus développé et que la substance
car(ila(;ineuse ne forme toute la région alvéolaire.
Aie. d'Orbigny, le monograplie des céphalopodes vivants, n'ad-
mettait évidemment pas l'existence d'une Bélemnite sans cône
cloisonné ; ses idées sur TActinocamax , tout extraordinaires
qu'elles paraissent, en sont la preuve, llcroit, en effet, que TActi-
nocamax est une Bélemnite cassée dans le corps et du vivant de
l'animal, et que ce que j'appelle la facette articulaire est un effet
de frottement des deux bouts de la cassure.
J'ignore si en physiologie il est admis qu'un animal puisse s'ac-
commoder d'un 08 casséet continuer à vivre,'8an8 que son organisme
cherche à réparer le mal ; mais au point de vue purement empi-
rique il suffit de faire remarquer qu'on n'a jamais l'encontré la
partie alvéolaire de l'Actinocamax usée de la même manière et
qui se reconnaitrait très facilement.
Il me reste quelques mots à dire sur les genres Belemnitella et
Actinocamax, Ce dernier, comme on Tient de le voir, représente en
effet un type fort singulier, et ce n'est qu'une preuve de plus des
entraînements faciles dans la science de >oir l'unanimité des
auteurs pour rejeter le genre Actinocamax et l'empressement de
beaucoup d'autres à adopter le genre Belemnitella,
Celui-ci n'est pas suffisamment circonscrit, caractérisé comme
(\ ) Aie. d'Orbigny , Paléontologie française , terrain crétacé, Supplé-
mentf pi. II, fig. 3. Je n'ai pu me procurer le texte de cette livraison.
1028 SÉANCE DU 16 JUIN 1862.
il Test selon d'Orbigny par la fente ventrale de Talvëoie ci le%
lignes vasculaires latérales.
Belemnites semisulcatus présente d'après BlaînTÎlle (1) ane caniie»
lare assez profonde , courte et jormant fissure à son origine;
Belemnites minimus a les lignes latérales et ce même sîUon ooort
et profond à la région alvéolaire ; il est probable que si on ooin*
naissait des individus plus complets, on verrait la fente comme
dans Tespèce précédente. Ajoutons que persoqne ne sait comment
est fait le bord alvéolaire dans les espèces profondément canalî»
culées {B. hastatusy canaliculatusj etc.), et il paraîtra au moins
certain que ce caractère est très peu propre pour distinguer les
deux genres. Quant aux lignes imprimées sur les côtés des fiélem*
nitelles, il n'est pas facile de comprendre en quoi elles diffèrent de
celles que d'Orbigny lui-même figure (2) sur les côtés des Belem-
nites subjusiformis et dilatatus.
Ces lignes, comme les granulations de la surface qu'on observe
sur les Belemnites de la craie blanche et Talvéole cartilagineux,
ne sont, ce me semble, que les signes de la disparition totale et
prochaine des Belemnites qui sont envahies, impressionnées et
partiellement remplacées par la substance organique. Il est pro-
bable que des changements de cette importance ne se sont pas opérés
sans des modifications correspondantes dans l'organisation de
l'animal et que les Belemnites caractérisent plutôt une famille
qu'un genre de céphalopodes; mais il n'est pas moins certain
que ce qui en reste est tout à fait insuffisant pour faire des subdi«
visions.
Puisqu'il y a des Belemnites qui présentent l'un ou Tautre des
caractères assignés au genre Belemnitella^ puisque deux des trois
Bélemnitelles [B. quadrata et B, subventricosa) partagent le
caractère de l'Âctinocaniax indiqué par la forme carrée de leurs
alvéoles et qu'enfin, en plaçant avec d'Orbigny l'Actinocamax
dans les Bélemnitelles, on serait obligé de restituer à ces dernières
le nom de Miller, ce qui augmenterait encore la confusion ; pour
toutes ces raisons, il parait préférable de supprimer ces cou-
pures insigni6anteset de rendre au genre Belemnites ses anciennes
limites.
Si toutefois une division du genre est maintenue, elle devait
comprendre sous le nom d'Actinocamax les trois espèces Actino-
(4) Blainvilie, Mémoire sur 1rs Belemnites, p. 67, 4827.
(J) Paléontologie jranç, Terr. crétacés^ pi, II, fig. 4, 4, 9, etc.:
pl.ïViflg. U-45.
KOTI M M. ÉBKàY. 1029
camax verusy quadratus et subventricosus comme réuniMant le
caractère qui est de beaucoup le plus important, celui d'avoir
un alvéole cartilagineux entre le cône et la gaine des Bélemnites
ordinaires. Les trob espèces appartiendraient de plus au même
horizon géologique.
Explication de la planche XX.
Fig. 4 . Bélemnites quadratus y Defr.^ avec cône cloisonné en place, do
la craie jaune des environs de Galoppe (Limbourg hollan-
dais). Â. Coupe théorique de l'alvéole, avec partie du cône.
Fig. S. Actinocamax vcruSy Miller, croquis d'un jeune individu de
la craie blanche inférieure de Tartiguy (Oisej, de la collec-
tion de M. de Mercey.
Fig. 3. Même espèce, de taille moyenne, de Visé (Belgique). Collec-
tion de M. Triger.
Fig. 3âr. Facette articulaire du môme, grossie.
Fig. B. Môme espèce, adulte ; section verticale, au trait, montrant la
forme creuse de la facette articulaire à cet âge et la posi-
tion supposée du cône. — Copie corrigée de la PaléontQ"
logiejrançaisey Terrains crétacés ; Supplément ^ pi. 11.
Les lettres d et v indiquent les côtés dorsal et ventral.
Le secrétaire donne lecture de la note suivante :
Sur la minette du Morvan; par M. Th. Ébray.
La minette est une ix>che éruptive qui ne se rencontre pas en
grandes masses comme les porphyres et les granités ; sa présence a
été constatée dans les Vosges, aux environs de Lyon, dans le
Forez ; mais elle n'a pas encore été signalée dans le Morvan. Il
convient d'ailleurs de réunir sur son âge la plus grande somme de
renseignements.
MM. Drian, Fournet, Coquand, de Léonhard, ont déjà décrit
la minette et les roches qui s'y rapprochent, comme le porphyre
micacé et la fraidonite.
M. Delesse (^w//. Soc, géoL^ 2*sér., t. XVï, et Annales des mines,
5" sér., t X, p. 317.) a donné la description et la composition de la
minette des "Vosges; cette roche est composée d'orthose et de mica
ferro -magnésien disséminés dans une pâte feldspathique avec
hornblende.
Le mica est le minéral le plus abondant ; puis viennent Vorthosu
et le quartz; ces deux derniers disparaissent quelquefois ; la minette
passe au porphyre, et M. Delesse ne la distingue pas du porphyre
<Û30
SËAIfCB DU 16 JDIN 18Ô2.
micacé ; elle traverse la série des terraÎDS strati&és jusqu'au terma
déTonieo.
La Diiiiette du Morvan présente les caractères ordioairoi dM
mioeues ; c'est une roche dure, verddtre, avec aspect subsoyeuz ;
le miDéral doiiiiQant est le mica ; l'orlliose, le qiiarU et l'amphi-
bole sont rares.
Le croquis suivant donue la disposition des filou) de minette
de SaJut-Trancby :
La oiasse P est probablement un grand dyke de porphyre
quartzifère qui a traversé le granité porphyrolile G ; ce porphyre
passe vers le sommet de la monlagne de la variété quartziftre i
un véritable pétro-silex piuitifère.
Plusieurs petits filous de minette FFF de 0-,15 à Û'°,20 d'épais-
seur travei-sent le granité poi-pliyroïde G sans le modifier; ces
filons peuvent s'étudier à l'origine de l'escarpemeut granitique
que l'on rencontre imméilialement après la faille, sur la i-oute de
Prétnery i Saint-Saulge, Un peu plus loin, on rencontre un gros
filon de cette roche dans une carrière à arène ; ce filon f a une
épaiiseur de 1 mètre A O^gôO. Il plonge contrairement auK autres
de 10° à 15" versl'O., 30"^.
Le granité qui forme la roche encaissante est comme frîltée ;
elle se désagi-ége facilement et forme une arène très maigre ; l'or^
those n'est pas Iransformé en kaolin; il est devenu opaque et fen-
dillé; l'altération du granité s'étend fort loin du toit et du mur
du filon. Les salbandes de ce filon présentent un phénomène
assez particulier ; on y rencontre des plaquettes de quarts appuyées
contre la roche encaissante.
Les filons de minette du porphyre sont à peu près verticaux,
peu épais ; ils ne paraissent pas avoir altéré la roche avec laquelle
ils «ont eu contact.
On rencontre d'autres filons de minette vers l'ettrAnitë sud de
HOTB Dl M. GUISCiUDI. 1031
la pointe méridionale du Morvan ; ces filant travenent le por-
phyre curitique ; ils ne présentent pas tous la même inclinaison,
et je suppose qu'ils ont ëté diversement tourmentes par l'action
des failles que Ton remarque dans le voisinage de ces filons ; celui
de Sémelay s'incline de 20° vers l'ouest.
Je n'ai jamais rencontré de filons de minette ni dans les schistes
métamorphiques qui forment la base du terrain houiller» ni dans
le terrain houiller proprement dit ; mais, comme les schistes méta-
moi*phiques sont traversés par les porphyres quartzifèreSi cause
présumée du métamorphisme, il est probable que ces schistes ont
été traversés par la minette et que l'on découvrira plus tard des
filons de cette roche éruptive dans la base du terrain houiller, qui,
comme on le sait, forme un système spécial séparé du véritable
terrain houiller autant par des accidents géologiques que par des
différences paléontologiques.
M. Gh. Sainte-Glaire Deville communique, au nom de l'au-
teur, la note suivante :
Siu*le Sphœrulites Tenoreana; par M. 6. Guiscardi.
J'ai l'honneur de communiquer à la Société quelques obser-
vations sur la structure de l'un des genres de la classe des rndistes.
La valve supérieure du Sphœrulites qui forme l'objet de cette note
provient du terrain crétacé des Abruzzcs. £ile est transformée en
quartz hyalin; sa conservation pourrait bien passer pour parfaite
si l'une des apophyses ne fût brisée et si les lames externes ne
manquaient complètement. Le Lord de la valve est lui-même un
peu cassé; sans cela ce serait une pièce vraiment remai*quable. La
cassure de l'apophyse est fraîche et un petit vide au centre de son
épaisseur y laisse voir le quartz cristallisé.
Cette valve est convexo-conique, très déprimée, oblique ; son
sommet très excentrique est presque marginal et rencontré par la
scissure du bord cardinal. Les deux bancs de Tarête cardinale font
une petite saillie à l'intérieur ; elles sont très minces, et leur juxta-
position cesse bientôt pour former la petite cavité v presque cylin-
drique, ouverte naturellement à l'extérieur.
Les dents cardinales font suite de part et d'autre à cette cavité,
et il est à remarquer que la lame correspondant à la dent G fait
avec elle un seul corps; ainsi cette dent porte une gouttière qui est
le prolongement de la surface cylindrique interne de la cavité v.
i03A
sÊjkncB DU 16 JUIN 18C2.
M. Bayle, que l'unigue éch&actare qu'il areconoue bien développée
dâU lu Radiolitei et lei Sphœrutiiei ^lait deitinée k fouroir oo
pasHge à rintesÙQ avant de se lerminer à l'aaus. J'ajauUrsi que,
■i la poudon des organe* daua ces inollusquei étùt celle cIm
bivalves ordinaires, il geiait difficile de se rendre compte de la
marcbe du tube digestif, à moins de supposer qu'il devait moutv
d'abord sur le bord tranchant de la lame et se cuuder enauite pour
M placer dans i'écbancruie. Je serais porté à admettre cette hypo-
ihèie ai les choses se passaient toujours comme dans le A. Bournoai
et encore plus comme dans le Spharaliies Hœninghtituii où la laine
semble manquer complètement, d'après les très bouues Cgara* de
Al. fiayle.
Enfin I* forme de l'apophyse de la vaWe que je viens de décrire
est bien étrange, surtout par son bord inférieur en créta aiguë et
par le manque de sillons i l'extérieur pour l'Insertion des musclM
addnctsuTB. Peut-on supposer que l'insertion se faisait à l'intérieur
quand les apophyses ont la forme de celle de la valve dont il est
question?
Explication des figures (jgraideut naturtUe).
Fig. 1 . a. ArOts cardinale dont les lames, sapsrposées d'abord ,
IfOTB J)R M. TOURNODBR. 1036
séparent pour former la cavité i\ Le prolongement de celle-oi
produit sur la dent G h gouttière g, dont le bord eaX libre.
u u. Cavités postéro-dentaires.
F. Première dent cardinale.
G. Seconde dent cardinale.
ci. Apophyse antérieure dont la face interne a des replis sur les
2/3 de son étendue à partir de la crôte c.
a» Ârôte obtuse striée.
c. Cassure de l'autre apophyse.
Fig. 2. Les mômes parties sont indiquées avec les mômes lettres que
dans la fig. \ .
s. Sommet de la valve.
Les li.^nes brisées font voir nettement la forme pentagonale de
l'apophyse d. La ligne paralfèle à l'arête a est son attache à
l'intérieur de la valve.
Fig. 3. Montre la surface conique intérieure de la valve coupée sui-
vant la ligne //i//, fig. 4.
J'espère pouvoir un jour, d'après une exploration personnelle
sur les lieux, donner une description complète de cette espèce.
En attendant, comme j'ai toute raison de croire qu'elle est encore
inconnue, je l'appelle Sphœrulites Tenoreana.
M. Tournouër fait la communication suivante :
Note stratigraphique et paléontologique sur les f aluns du
dépatiement de la Gironde ; \iaT M. TournouCr (pi. XXI).
Les terrains tertiaires inférieurs du département de la Gironde
ont d'abord attiré Us études des géologues, et nous ne pouvons
mieux faire que de renvoyer à Y Histoire des progrès de la géologie
(t. Il, 2* partie) pour l'exposé de ces travaux et de leurs résultats.
Nous nous contenterons de rappeler rapidement que les calcaires
des rives de la Garonne et de la Gironde, depuis Langon jusqu'à
Blaye, un instant confondus (Dufrénoy, Mémoire sur Us terrains
tertiaires du midi de la France, 1836), ont été depuis longtemps
distingués par la stratigraphie et par les fossiles. Il a été établi
qu'ils étaient séparés par une formation d'eau douce importante
(mollasse du Fronsadais et calcaire lacustre du Périgord). Les cal-
caires inférieurs ou de Blaye ont été rapportés au calcaire grossier
du bassin de Paris, la formation d'eau douce à la formation gyp-
seuse do Montmartre, et les calcaires de Bourg et de Saint-Macaire
(ou calcaire à Astéries) aux marnes vertes et aux sables de Fon-
1036 SÉÀMCB DU 16 JUIN 1862.
tainebleau. Ces résuluts généraux dus aux travaux prépantoini
de M. Des Moulins, pour les fossiles, de MM. Drouot et de CoUcpo
pour la subordination des couches, et définitivement ma mémoire
important de M. Delbos, inséré dans les Mémoires de la Société
géologique (2" sér., t. II)» n*ont pas été encore contesta.
Ainsi, bien qu'il y ait sans doute encore beaucoup â faire pour
rétude complète de ces terrains, leurs relatioos stratigraphiqnei
du moins semblent bien établies.
Il n'en est pas de même pour les terrains supérieurs, ceux que
Ton désigne habituellement sous le nom de faluDS, et qui font
l'objet principal de cette note.
Les divers faluns ont été confondus d'abord par de Bastérot.
M. Des Moulins, qui avait parfaitement distingué les calcaires de
Blaye de ceux de Saint-Macaire et ceux-ci des faluns» réunissait
sous ce dernier nom tous les fossiles des Landes daus la liste
insérée dans le mémoire de Dufréuoy. M. Grateloup {jConchyiiù'
logie de tAdour, 1840, etc.) distingua bien Its faluns biens de
Gaas qu'il rapportait à l'éocène ou au miocène inférieur ; mais il y
réunit ceux d'Orthcz et de Saubrigues qui en sont fort éloignés»
et confondit tous les autres dans le miocène supérieur. Aie. d'Or-
bigny reproduisit dans son Prodrome de paléontologie , sous les
noms d'étages tongrieu et falunien les mêmes distinctions et
aussi les mêmes confusions qui ont été relevées, eu ce qui touche
Saubrigues et Orthez, par MM. Raulin et Delbos (Buii.^ 2* sér.,
t. IX, p. 418, etc.). Enfin^ en 18/i8, M. Delbos, daus uue note
détaillée sur les faluns du S.-O. (Bull, y 2* sér., t. V, p. &2Sy etc.)» a
distingué les faluns supérieurs au calcaire à Astéries en deux
groupes séparés par un calcaire lacustre : le groupe inférieur
comprenant la mollasse ossifère et les faluns de Léognan et de Sau-
cats, et le groupe supérieur comprenant les faluns de Mérignac. etc.
En même temps, M. Raulin {Bull, même numéro) établissait la
même division, dans un nouvel essai d'une classification des ter-
rains tertiaires de l'Aquitaine. En tenant compte des complé-
ments et des rectifications apportés depuis par l'un et par l'autre
à ces premières vues (Delb., RauL, Bull. y t. IX, p. Ii06, Raul.,
Aci. Je, Bord.y 1855; Delb., Thèse^ 1855, etc.), voici la classi-
fication adoptée en définitive par M. Delbos et par M. Raulin, et
que nous croyons utile de rappeler ici pour l'intelligence de la
discussion :
Terrain (Sable des Landes.
pliocène. (Faluns de Salles et de Saubrigues.
NOTE Dl! M. TOURNOtiftR. iOi7
Calcaire lacustre de Bazas et de l'ÂrmagDac.
Palunsde Mérignac, do Bazas, de Saint-Paul et de Saint*
Terrain 1 Avit.
miocène, j Calcaire d'eau douce de Saucats et de TAgenais.
Faluns de Léognan et de Saucats.
Calcaire à Astéries, faluns bleus de TAdour.
A Tappui de cette division M. Raulin, en collaboration avec
M. Delbos, a publié dans le Bulletin y t. IX, 2® sër., p. 412, un
tableau coniparatifdes principales espèces de Léognan, de Mérignac
et de Salles auquel nous nous référons également.
Tel est Tordre adopté pour Tétude de ces terrains par les seuls
géologues qui en France se soient occupés spécialement de leur
stratigraphie depuis 18/i8 jusqu'à présent, et qui a été reproduit
encore par M. Raulin en 1859 [Notes géologiques sur l\4quitainc).
Cependant en 1858 notre confrère M. Mayer a publié en Suisse
un vaste tableau synchronique des terrains tertiaires de TEurope,
dans lequel les assises supérieures du bassin de l'Aquitaine sont
présentées dans un ordre différent. Pour ce qui est des dépôts
lacustres, M. Mayer n'est en accord ni avec M. Baulin, ni avec
M. Noulet [Mémoires^ etc., 4 854,) et nous ne croyons pas qu*il
ait parfaitement saisi le rôle que ces dépôts jouent dans la
constitution géologique de l'Aquitaine. En ce qui touche les dépôts
marins, M. Mayer intervertit la place assignée aux deux prin-
cipaux faluns de Mérignac et de Léognan ; il fait descendre le
premier au-dessous du calcaire lacustre de Saucats, qui est
surmonté alors par la série des faluns de Léognan, de Salles et de
Saubrigues sans interruption. Et en cela nous croyons que
M. Mayer a parfaitement raison ; et, comme nos propres recherches
nous ont conduit à un résultat semblable, nous nous associons à
cette rectification et à toutes les conséquences qui en découlent.
Nous commencerons par la discussion circonscrite du point en
litige, la relation des deux faluns de Mérignac et de Léognan,
et nous le ferons à l'aide de descriptions locales et de quelques
coupes exactes, qui, appuyées ensuite par les considérations paléon-
tologiques, motiveront suffisamment, nous l'espérons, la classifica-
tion nouvelle que nous croyons devoir être adoptée pour les
terrains tertiaires moyens de l'Aquitaine.
Descriptions locales.
C'est dans les environs de Bordeaux que les relations des faluns
peuvent être le mieux étudiées. Dans le bassin de TAdour, les
1038 SÉANCE DU 10 JUIN 1862.
relations stratigrapliiqucs ont été troublées souvent par des coin-
motions qui se rattacheut au soulèvement des Pyrénées ; les foisilci
des faluns eux-mêmes présentent, dans quelques gisements, une
sorte de confusion que nous croyons pouvoir expliquer CscUemoit,
mais qui les rend insuffisants pour établir solidement la dassifi*
cation chronologique des couches.
Le bassin de la Garonne, le département de la Gironde en
particulier, sont bien plus favorables à ce travail. Dans ce bassin qui
ne semble avoir été tourmenté par aucune secousse depuis le
dépôt tout au moins des terrains tertiaires, et qui n*offi:e pas
d'autre trace d'action un peu violente que le creusement tout
moderne des vallées et les dépôts diluviens qui l'ont accompagné,
les couches se sont déposées tranquillement, et elles se pràenteot
dans une succession normale de l'est à l'ouest, les plus ««o-î^fiF^wi
plus près du plateau central (comme le remarquait M. Ranlio
dès 1848, t. V, p. 463], les plus modernes plus près du rivage
actuel de la mer. Ainsi, les mollasses éocènes occupent la vallée
de la Dordogne, le calcaire à Astéries ou miocène inférieur la
vallée de la Garonne, et, entre celle-ci et la masse du sable des
Landes rapportée généralement à Tépoque pliocène, se tronvort
les faluns, dont les affleurements, partout ailleurs masqués par
l'épais manteau des sables et des graviers, se voient près des petits
ruisseaux qui successivement du nord au sud portent à la Garonne
les eaux qui peuvent s'écouler du faite des Landes. Ces petits
vallons ou ravins, tous dirigés du S.-O. au N.-O, peipendiculaî*
rement nu cours de la Garonne, et contrairement à rincllnaisoD
générale de l'Aquitaine vers l'ouest, offrent par sui]te de cette dis-
position des coupes diagonales des couches dans leur succession
naturelle. On saisit tout de suite que, ces coupes étant comprises
entre deux extrêmes géologiques iocontest^y le calcaire à Astéries
à l'est et le sable des Landes à l'ouest, il suffit de les suivre pati
pas et dans cette direction pour se rendre un compte exact de la
subordination des couches intermédiaires.
C'est ce que nous allons faire rapidement pour le ravin du mis-
seau de Saucats, le plus favorable de tous, parce qu'il est assex pro-
fond relativement, et parce qu'il présente, dans sa partie moyeime
une intercala tic 11 de calcaire lacustre qui a été depuis longtenins
signalée et étudiée (Guilland, 1825, Act. Soc. Linn, de Bor€ietuuc.
Dufrénoy, mém. déjà cité), et qui fournit un point de division
précieux, et, dans sa partie supérieure, une suite de couches fossi-
lifères très riches et très connues.
Ruisteau de Sauçais. — En pénétrant de la vallée de la Garonne
IfOTË DB M. TOURNOfTBR. J0S9
dans le petit vallon du ruisseau de Labrède et Sauçais, on est sur
le calcaire à Astéries, qui est visible depuis Laprade jusqu'au bour[;
de Labrède, dans de petites extractions à fleur de sol le long du
ruisseau. On y trouve des moules de Natica crassatina et des em-
preintes nombreuses de Gérites.
Au bourg de Labrède, si Ton quitte le ruisseau pour prendre la
route de Saint-Morillon, on a à la montée de cette route une petite
Goupe intéressante qui nous donne tout de suite la superposition
des couches qui surmontent le calcaire à Astéries. On trouve en
effet, immédiatement après avoir traversé le ruisseau : 1<* une for-
mation d'argiles et de marnes bleues et blanches, qui peut avoir
8 à 10 mètres d'épaisseur en cet endroit, et qui offre communément,
surtout à la partie moyenne, les fossiles' suivants : Neritina
picta^ Turritella Desmaresti^ Cerithittm calcuhsuniy C.pticatum, C.
margaritaceum, C, JaliaXy Lucina scopulorum^ etc. Plus haut, ces
marnes présentent une espèce de Ht de calcaire marneux, brisé, qui
a une certaine apparence lacustre. Ces argiles forment les deux
côtés du vallon, depuis Laprade, au-dessus du calcaire à Astérîes,
avec une épaisseur variable ; elles renferment souvent des blocs
ou des bancs irréguliers de calcaire concrétionné, et elles suppor-
tent un niveau de sources au-dessous des sables et des graviers du
sommet qui les surmontent généralement. Mais ici, à la montée
de Saint-Morillon , au-dessus de ces argiles, nous trouvons :
2' une roche calcaire sableuse jaune, friable, à couches plus
dures alternant avec des lits sableux, un peu fossilifères, où Ton
trouve encore les mêmes Gérites, avec Turritella terebralis, var, B
(Raul.) et quelques bivalves, Mactra strîatella?^ Lucina scopulo-
rum^ L, (ligitatiSf L. ornata, L, cnlumbella mfnor, Gratelupia tri-
gonula^ Àvicula, Cette roche n'a ici qu'une épaisseur de 8 mètres
environ, au-dessus desquels on trouve le gravier diluvien.
Mais, si nous revenons au ruisseau pour continuer à en remonter
le cours en amont de Labrède, nous retrouverons successivement
les mêmes couches et toutes celles qui les surmontent. En effet, entre
le bourg de Labrède et le moulin appelé Bernachon sur la carto
de rÉtat-major, on remonte ces mêmes marnes du n* 1, et, arrive
là, on y retrouve le même niveau de Gérites et de Nériti'nes, et au-
dessus la roche sableuse jaune n° 2, qui, entre ce moulin et le
moulin de C Église^ prend plus de développement et forme les
berges du ruisseau sur une hauteur de 6 à 7 mètres.
A moitié de la distance entre les deux moulins, sur la rive droite,
à la hauteur du hameau de Lorler^ cette roche jaune, renfermant
les mêmes fossiles que nous avons cités, est surmontée par :
1040 SÉAIfCF DU 4() Jl'I!^ 1862.
3° Un calcaire inaiiieux, sans fossiles, mais d'apparence tout à
fait lacustre, lié intimement à la roche précédente, et perforé
supérieurement par les Pholas et les Clotho unguîformis ;
te* Uo dépôt marin coquillier, ou falun, sur lequel nous reTieo*
droDS tout à Theure;
k^ bis, une couche argilo-marueuse remplie de Cerithium marga*
ritaceumy Cplicatum^ Cyrcna Brongniarti^ Bast., Ostrea cyathula?
(G. producta et digitaiina, Raul. et Delb., Monogr.)^ LiUraria
sonna ^ etc. ;
5° Une marne ou calcaire marneux lacustre, avec Hélix girott-'
elicaj Litnnea girondicii ? Ptanorbis subpyrenaicttSj etc. (Noulet,
Nous voici donc arrivés aux dépôts lacustres de Saucats, et arant
d'aller plus loin il est intéressant de voir quels fossiles renferme
ce falun de Lariey, qui est manifestement inférieur à la manie
n«5.
Ces fossiles sont les suivants, au moins les plus communs (1) t
Crtiyptrœa sinensrs, ISeritina picta^ Natica compressa ^ N. tigrina
minor^ Trochus turgidulus, Dtrritella s,-cathedraUs minor, T. tUT"
ris, Cerithium psendo'obelisctis , C. bidentatumj C, ampullosum^ Cm
corrugatum, C. papaveraceum^ C margaritaccumy C. calcufosum,
Cpictum, C. pnpœforme ? Plcurotoma Borsoni miftor, Murex s,"
InvatuSy Rnnclla scrobiculata^ Pyrttta Laineiy Buccinum baccatitm
minus, B, politum^ B, flcxuosum^ Oliva clavula^ Conus tarbeUianms^
Cyprœa leporina ?. — Ostrea undata, (Raul. , Delb.) G. digitalina,
Aîytilus antiquorum f Jrca cardiijormis^ A, scapulina, Chama grf"
p/iina, Cardita hippopœu, Cytherœa undata, C. Deshayesi, Lucina
scopulorum, L. neglecta, L, digitalis, Teilina zonaria minor,
LtUraria sonna ^ Corbula striata, Solcn^ Balanus et polypiers.
Il suffit de se reporter au tableau comparatif des espèces de
Léognan et de IMérignac, inséré dans la note de M. Raulin, du
21 juin 1852, et cité plus haut, pour s*assurcr que ce falun est le
falun de Mérignac, puisque Mérignac est pris pour type de l'un
des faluDS. C'est la même abondance caractéristique de Gérites,
avec la Pyrula Lainei, V Oliva clavuta, les Cjprœa^ un banc de grands
Mjtilus^ la Cyihcrœa undata et les polypiers, — et négativement,
ce qui est tout aussi important, la rareté des Pleurotomes, l'absence
des Cancellaires, des grands Murex, des grandes Turritelles, des
Volutes, des Vis, des grands Peignes, des grandes Vénus, etc.
[h) D*après Grateloup et de Bastérot dont nous emploierons prot»i*
soirement les déterminations.
froTB t>s M. toum^ottKii. iOAl
Et nous pouvons constater des à présent qu'entre le calcaire à
Natica crassatina et le calcaire lacustre supérieur de Saucats, nous
n'avons rencontré, en somme, qu'une même faune dans les argiles,
les roches ou les faluns, et une faune caractérisée par des espèces
propres à Mérignac. En nous donnant la suite des terrains qui
surmontent le calcaire lacustre, la rive gauche nous donnera ea
même temps le complément de la démonstration.
En effet, au moulin de TEglise, à ^ ou 500 mètres en amont
du hameau de Lai-iey, la berge gauche du ruisseau en aval de la
chute d*eau donne la coupe suivante, de bas en haut :
La roche n<* 2, sableuse, irrégulière, passant à une roche dure
pétrie de Cythcrea undnta^ etc.
Le calcaire lacustre n* 3, très mince et presque anuihilë; un lit
charbonneux ;
La cout-hc jaune à Cérites, Cyrènes, et Ostrea producta^ n^ k bis ;
La marne et le calcaire manieux lacustre, n° 5.
A quelque distance de ce point, dans le taillis et dans les vignes,
en amont et en aval, on a ouvert quelques petites carrières pour
l'extraction du calcaire lacustre, qui donnent, de bas en haut :
Le calcaire lacustre n® 3, très dur, zone, ou bréchitique à noyaux
noirs, perforé supérieurement par places;
La couche jaune à Gérites et Cyrènes, n® tx bis ;
Et la marne lacustre n® 5, avec Dreissena Brardi^ Planorbis
Gottssardi'antis, Noui., Paludina Dubuissoni^ associés dans le haut
à quelques Cérites et Cyrènes.
Mais ici on trouve en outre, au-dessus de ces couches où s'arrê-
tait la coupe de la rive droite :
6® Une mollasse sableuse, rosée, fine, avec fossiles marins et
nombreux grains de quartz et petits cailloux roulés à la partie
inférieure;
Et 7" un falun argileux, jaune, roulé, avec Pecten burdignlensis,
Scutelln subrotiuida, etc., etc.
En réunissant ces trois petites coupes, et en les opposant rive à
rive, nous avons le tableau figuratif suivant qui montre bien la
disposition des couches et la place respective des deux faluns :
Soc. séoL^ S* série, tome XlX. 66
10&2
SÉANCl DU 16 JUIN 1802.
N*6.
If 6. . .
RIVE DROITE
(HJLinAII DB LAKIET).
SSeSaEeSBBSHHBBBHBl
RIVE GAUCHB
(MOOUM Dl L'ioUB).
Ftlttn il Pecten hurdigaUnsis, etc.
0»,tO
M ollaMt maria*, lrl»bl« , . • • •"j60
àO-,70
If46M.
W04 ..
IToS. .
H* t.
Calcaire marnenx et marne laciuitre,
Planorbei, Limnécs, Helix^ etc.
Couche jaune, à Gtfrilcs, Cjrèots,
Oslrea producta% etc.
FaluD de Lariej Û",<H) à 0",40
Calcaire perfore, tans fossiles. . 0*,I0
Marne locuslre à Faludinm Dubnis^
tonit Dreissena Brandi^
U etc. fi"*,30 I
à<»*,40
GoncUe janne à Cérltea. Gjrèa««, «tr.,
et un lit charbonneux, acciden-
tellement.
!fo|..
Roche tahlense, Irr^gulière, aTec
Maclra striateila^ Lucina digi-
talisa f t formant la berge du mis-
seuu, sur une hauteur de 5 à 6 mè-
tres, ius<iu'au niyeuu de l'eau.
Calcbire Inrustre, brëchoïde <m
perfore, très rirbe «n PUnorbea «f
Limnées. — Épaisseur Tiiriabl«,
I mètre an plus.
Roche sableuie, vtetCythêrea unda-
ta, etc., très abeodanlc dans le
haut, formant la berge dn rois-
•tau.
Marne Meuc arec Nerilina picta^
Cerithium catcitiosttm^ Turritetin
Desmaresti^ etc., <lo moulin de Ber-
nachon, fniSanI suite aux argiles et
au calcaire è Natica crastatina de
Lahrcde.
iJl
On voit manifestement par cette double coupe (dont les détails
Bont d*ailleur8 conformes à ceux qu'avait donnés Guilland en 1825),
que le falun de Lariey, n" hj analogue incontestable du falim
de Mérignac pour M. Delbos lui-même [BuU,^ 2* aër., t V,
p. /i25), est intercalé dans le dépôt lacustre et compris, pour ainsi
dire, dans sou épaisseur, entre le calcaire dur et la marne, et que
ce dépôt lacustre est surmonté lui-même par un nouveau dépôt
marin, dont nous n*avons ici que les premiers affleurements, n** 6
et 7, et qui est tout aussi certainement Tanalogue du falun de
Léognan.
En effet, nous avons déjà cité les deux fossiles les plus caracté-
ristiques de Léognan, la Scutella subrotundoy si commune dans la
« mollasse ossifSre » de Léognaa, etc., et le Peeten burdigaUnsis^
non M M. TooftHovn. iOA8
•i «aractériitique également de oea moiksaes et du yrai fahin. Ces
deux fossileft suffiraient à eux seuls pour assigner sa place au falun
que nous étudions. Mais voici les autres mollusques qu'on y
rencontre également :
Calyptrasa dejormis^ Natica tigrina^ Trochit$ Benettiœ^ T. patti-
lusf T. Audebardi, Turritella k-pUcaia, T. turris^ T. terebralis
glongata, Pleurotoma Borsoni^ P, cataphracta^ P» asperulata^
Cancellnria acutangula, Fasciolaria burdigalensis^ Fusus jaseioUt'
TinuSy Mm-ex rusticuius, Pyrula clava^ P. condiia, Ranella Icevigaià^
Triton clathratum^ Buccinum poliium, B, flexuosum^ Cassis
Rondeleti^ C, texta, Terebra plicaria, T, pertusa^ Olha Dujresnei,
Ancillaria glandiJormiSf Panopœa^ Corbula stHata^ Tellina HùnarlOf
T. bipartiia, Luctna columbella^ L, leonina, Fenus catinoidts^
Cyi/terea erycinoides^ Cyprina islandieoides^ Cardium ambiguum,
C. discrepansf Cardita pinnula^ Arca diluviiy A» biangula^ Pectiut^
culus pilosuSt Pecten burdigalensis, etc., et quelques polypiers
roulés avec V OpercuUna complanaM,
Toutes ces espèces^ d'après le tableau comparatif cité plus haut,
sont caractéristiques de Léognan^ sauf la Cardita pinnula et la
Lucina leoninaj qui se trouvent à Mérignac et à Saint-Âvit, mais
qui ne suffiraient pas à elles seules assurément pour enlever à
cette faune le faciès de Léognan, quand même la C pinnula ne se
trouverait pas, comme elle s'y trouve, dans les couches supérieures
de Mérignac et à Léognan même, comme nous le verrons.
C'est d'ailleurs la base de Léognan que nous avons ici dans
cette couche de sable pâle n^ 6 qui repose sur le calcaire marneux
lacustre ; c'est le représentant, peu important ici^ de la masse
exploitée à Léognan en moellons tendres au-dessous du falun,
désignée par M. Delbos sous le nom de « mollasse ossifère », et
placée par M« Mayer, nous ne savons en vertu de quelle obser-
vation, bien loin du falun auquel elle est intimement liée, et
immédiatement au-dessus des marnes bleues et des argiles à
concrétions calcaires dont nous avons parlé précédemment
Quant aux fossiles de la couche à Pecten burdigalensis dont nous
venons de citer les principaux, non-seulement ils appartiennent
à la faune de Léognan, mais ils présentent déjà quelques espèces
qu'on ne trouve guère que dans les couches plus récentes, comme
le Cassis Rondeletiy le Cardium discfepans^ la Panopœa qu'on re-
trouve à Salles, comme le Pleurotoma rataphracta^ la Ranella lœvi-
gaiUi V Ancillaria glandijormis y le Triton ctathratum^ qu'on retrouve
si abondamment dans les marnes supérieures de Saubrigues. La
iMcina leonina elle-même est une espèoe subapcnmae. Cette
lOAA sfiAircK DU IG imn 1862.
remarque n'est pns sans intérêt pour la répartition des fossilrs dans
le falun supérieur, dont les difers gisements offrent dans leun
faunes une variété qui suppose peut-étre moins une saeeesMhn
chronologique qiiUtnc variété dans les conditions d'habiiatm
A partir du moulin de TEglise jusqu'au bourg de SftacatSp et en
amont de ce bourg, jusque près du hameau de la Sime, on ne
rencontre plus, en s'élevant toujours insensiblement avec le coun
du ruisseau, que les faluns supérieurs, les vrais faluns de Léognan.
On a d'abord, au lieu dit la Gassagne, un falun jaune paaaant à nn
calcaire coquillier, avec les grandes Turritelles, les F'aseioiarfa
burdigalensii, les Canceilaria acniangula si caractéristiques du inio>
cène bordelais, les Pétoncles et les Peignes, et quelques dents de
poisson; plus loin, au moulin de Lagus, un falun bleu, dont les
nombreux fossiles sont parfaitement semblables à ceux du falun de
Léognan, et qui est remarquable, comme celui-ci, par Tabondance
des Natica tigrina^ Turritclla terebralis et cnthedraiit^ des TYocims
Benettiœ et T, patulus^ des Pleurotoma semi^marginata^ P. hutei"
noidcSf des Canceilarin acutangida^ C. trocMearis^ etc., des Fusms
cornutus (^Pyruta melongena, Grat.), des Murex iingua'bopit et M.
asperrimusj Grat., des Voluia rarispina, den Pecten èurdigaiensiSf
des Cyprina islandicoides^ Cytherea erycinoides, etc., etc.
Supérieurement à ce falun bleu (Gieux, etc., et en amont da
bourg de Sancats), les boids du ruisseau découvrent des couches
qui se distinguent, comme l'a remarqué M. Delbos (Note sur
les faluns du S.-O.), par un sable plus blanc et très fin, et
par la fréquence de quelques espèces : Buccinum Kenerit et A
baccatum^ Olipa pli cari a, Terebra pUcaria^ Donax transffcrsa^ £s-
cina columbeila mafor^ Tellina zonaria, Mactra siriateila^ etc., etc.
Ce falun passe par places à une roche renfermant les mêmes fossiles,
et ce qu'il présente peut-être de plus digne d'attention, c'est la
présence de quelques Cérites, roulés, il est vrai, le plus sonvent,
ou variétés des espèces antérieures, qui avaient complètement
disparu dans les faluns précédents. Nous reviendrons sur ce point.
Enfin, arrivé en haut des prairies et près du hameau de la
Sime, dont les sources du ruisseau sont voisines, on atteint une
dernière couche fossilifère, argileuse, terreuse, à caillons roulés,
et très intéressante parce qu'elle contient en abondance les Cardita
Jouanneti et d'autres fossiles caractéristiques du falun de Salles
(voy. le tableau comparatif, Raul., etc.), falun dont les relations
stratigraphiques avec \cs autres faluns ont été longtemps un des
desiderata de la géologie locale, et dont le développement doit
être cherché de l'autre côté du faite des Landes dans les giseiMMs
ROTS SB M. TOUaifOUSi. 10A6
de la vallée de la Leyre. 11 se montre ici en superpostlion
Dte et concordante avec les derniers faluns sableux dont nous
parle, et d'un autre côté en liaison avec les sables et les
B des LandeS; dont la masse puissante et stérile recouvre,
ir du point où nous sommes^ tous les teiTains.
résumé, en remontant, comme nous venons de le faire^ le
au de Saucats depuis la Garonne jusqu'au faite des Landes^
avons traversé. avec lui toutes les couches qui sépai*ent le
re à Astéries du falun de Salles. Etant sur le calcaire à Asté-
le Labrède à environ 1^ mètres d'altitude^ nous sommes
au sable des Landes jusqu'à près de A5 mètres (cotes de
•major). L'épaisseur des argiles et des faluns est comprise
itre ces deux cotes; et, comme nous le disions en commen-
le ruisseau nous a donné diagonalement une coupe de ces
B assises marines, faciles à suivre ici, faciles à confondre
Itre partout ailleurs, et que nous avons vues interrompues
e milieu par un dépôt lacustre qui les sépare nettement, en
,raphie, en faluns inférieurs et faluns supérieurs.
s aborder ici les considérations paléontologiquesque nous nous
ons de développer plus tard, nous pouvons dire cependant
présent, et en deux mots, que la distribution des fossiles
es couches ainsi ordonnées est parfaitement d'accord avec la
graphie pour démontrer que tel est, en effet, Tordre vrai de
lioation de ces terrains; les couclies moyennes comprises
le calcaire à Astéries et le dépôt lacustre, caractérisées par
dance des Cérites, se lient très bien par leur faune à la faune
ocène inférieur, comme la faune des faluns supérieurs à ce
lacustre, caractérisée, au contraire, par l'absence ou la
des Cérites, et par l'abondance des Pleurotomes, des Can-
es, des Buccinées, des Peignes, etc., se lie à la faune sub-
ine qu'elle annonce déjà, quoique restant unie parjdes espèces
unes aux organisations précédentes.
in, topographiquement, nous voyons qu'en marchant de la
ne vers l'ouest, on va des faluns les plus anciens vei*s les faluns
B modernes qui, par suite de leurs limites superficielles, et
Jte aussi de leur faible épaisseur et des dénudations de la
se voient très rarement en superposition verticale les uns
isof des autres. Cette disposition strati graphique très simple
yu démentie par l'observation des autres petits ruisseaux
rdelais que nous allons passer rapidement en revue.
tseau de Moras. — Le petit ruisseau de Moras, qui se joint
i de Saucats un peu en amont de Ltibrède, présente la
10A6 tfiÀNGB DU 16 luiH 1862.
mimo lUGoeasion de couchei et le même intérêt. On troovi» dfa>
bord, en le remontant, les argiles avec concrétions oalcaim, poil
les marnes bleues et blanches n* 1 , avec Tuiriieila DesmaretU^ Cf»
reua Brongniarti^ etc., puis la roche n® 2, qui est ici réduite à
une faible épaisseur, et qui est terminée par un faiaii identique-
ment semblable a celui de Lariey (tous lesCerithium^ Pyrmia Lmimm^
Mytiltts, Arca cardiiformis^ Cytherea undata^ Lucina subseopmi^'
rum^ Lutraria tanna, Scutelia bioculata^ etc.). AudelÀ on trouve
bientôt le calcaire lacustre faisant le fond du ruisseau pendant plu-
sieurs centaines de mètres, plus dur dans le bas et passant dansb
haut a une véritable inarne, renfermant les Planorbes, lesLimuées,
les Hélices, les Paludines déjà nommés. Ce calcaire, tout eriblë à
la surface de perforations, supporte de gros polypiers et un falun (pii
forme les petites berges du ruisseau, et qu'on reconnaît d*abord pour
le falun de Léognan aux lits dePecien burdigalensisei\ rabondsnoe
des Pectunculusqixii contient, avec Pyrula metongena^P. nuiiemla^
Pleurotoma asperulata, Àncillaria glandijorntis, Cardita plm^
nulot etc., fossiles que nous venons de voir dans la couche n* 7 du
moulin de TEglise. Cette succession ne nous semble pouvoir laisser
aucun doute ; elle s'observe, comme au ruisseau de Sauçais, entre
les altitudes, 1^ mètres pour le point de jonction, 40 mètres environ
pour le falun de Léognan, et 60 mètres pour la source.
Ruisseau de Martlllac. — C'est encore dans le même ordre qu'on
rencontre, sur le ruisseau voisin do Martillac, les deux faluns et aux
mêmes niveaux. Le falun inférieur, qui est richement représenté
ici par une grande abondance de Néritines, de Rissoa^ de TVirrf-
telia Desmarestiy avec tous les Gérites caractéristiques de Tétage, la
Pyrula Lainei^ VOitrea cyathula (ou producta)^ la Lucina giobuiosa^
Desh. , la Cytherea undata, la Lutraria sanna et des polypiers(Z/Mtfi-
r€ea)^ etc., s'observe en bas du bourg, au Breyra, dans le lit
marneux du ruisseau ; et c'est à 1200 mètres environ en amont
de ce point, à Pas de Barreau, qu'on voit un affleurement incon-
testable du falun de Léognan, avec tous ses principaux fossiles
qu'il est inutile de citer.
Ruisseau de Léognan, — Le ruisseau de Léognan, qui coule au
nord de celui de Saucats et dans une direction parallèle, doit nous
arrêter un instant, parce qu'il présente un des faluns types en dis-
cussion et ce falun qui reposerait « immédiatement sur le calcaire
de Saint-Macaire. » Il n'en est pas ainsi cependant, et nous croyons
qu'il est facile de s'en assurer en remontant le ruisseau de Léognan
même, comme nous l'avons fait pour le raisseau de Saucats, En
effet, après avoir dépassé le calcaire à Astéries, qui est visible
KOfl 01 V. T01IIIfOVl&« 10A7
dans le valioD à k hauteur de Bicora à peu prèSi et qui y eel ex*
ploitë près du ruisseau pour les fours à chaux, ou trouve au-dessui
de ce calcaire la formation argileuse avec concrétions, qui le sur-
uioute des deux côtés ; et à moins de 2 kilomètres, dans les prairies
de Louvière, on rencontre la marne n^ 1 el Taffleurement d*un
falun à Gérites qui contient exactement les mêmes fossiles que le
falun inférieur de Martillac, dont il n'est que le prolongement.
On y trouve en outre abondamment VOstrea undaia^ Raul.
(var* rniHor)^ qui est, comme nous le verrons, un fossile très carac-
téristique de cette assise. A partirde ce point, ce falun àMéritines
et à Gérites forme au-dessous du quartier appelé le Sable, et pen-
dant environ 500 mètres, les berges du ruisseau. 11 y esta l'état de
marne bleue et blanche, et est remarquable par Tabondance du
Cl rithium calculosum et de la Lucina globulosa, A la partie supé-
rieure, il passe à une roche agglutinée avec grains de quartz, irré-
gulière, jaune, plus calcaire et plus marneuse dans le haut, qui
représente pour nous la roche n* 2 de Saucats. A la fonderie de
cuivre, cette roche devient dif&cile à suivre, et nous ne trouvons
ici ni le vrai falun de Lariey n'^ hy ni le dépôt lacustre qui le sur-
monte. iVIais au-dessus du misseau, des deux côtés, on touche
immédiatement à la formation proprement dite de Léognan et
aux couches exploitées comme moellon tendre, et appelées par
M. Delbos mollasse ossifère ou à Échinides, Les carrières de la
rive droite, les plus considérables, présentent au-dessous des sables
et des graviers superficiels une masse de 10 à 12 mètres de cal-
caire sableux, très tendre, où abondent les Scutella subrotunda et
Echinolampas Laurillardij et qui est divisée par un banc dur
roquillier de quelques centimètres, renfermant à Tétat de moule
toutes les coquilles caractéristiques de Léognan, Pecten burdiga-
lensis, etc. La masse exploitée renferme d'ailleurs ici rarement
quelques fossiles libres. IVIais il en est autrement sur la rive gauche
aux anciennes exploitations dites les Puits, qui donnent la coupe
suivante de haut en bas :
Gravier diluvien.
Sable argileux, jaune ou verdfttrtf. 2 à 3",00
Argile rouge et plaques ferrugineuses boursouflées. 0"^,20
2. Falun très coqu illier, passant par places et dans le
haut à un calcaire dur coquillier 0"^50
4. Sable calcaire, jaune pâle, exploité par places, sur
environ 2", 00
Le falun ou banc coquillier que l'on trouve immédiatement
au-dessous des argiles et des graviers superficiels se fait recon-
1048
SftÀlfCB DC 16 JUIN 1862.
naître d*abord pour le vrai falun de Lëognan (ai ricbe un peu plus
haut» en amont du bourg, aux carrières du Coquillat)» -à l'aboo-
danoe des Pecten burdigale/isiSy des Pedimculus^ des Vemtu^ d«a Clsn-
eellaria aeutangula^ etc. Et le sable calcaire pâle qa'il numioale
est très intéressant paléontologiqucment, parce qu'il aouM dotmt^
à l'état libre et très nombreux en espèces, les fossiles de la masK
exploitée des moellons de Léognan. Ces fossiles, die couleur
blanche et de petite taille en général, ne sont \iêb antres que
ceux du Goquiliat; c'est la même faune, avec quelques espèess
qui semblent plus particulières à cette assise, Celles que la
Tiirrùella U-pUcata^ T. ierebralis elongata ^ le €}eriikimm
salmoj le Cassis mamillaris major, Grat., le Cassis Hasideùfti,
YEhmrna spirata ^ VÀncillaria glandijormis ^ VOiiva eiaptUtt^
le Cornu turrituSy le Cardium discrepansy la Cardita pimmuia^ la
Tellina biparti ta , etc. On reconnaît là les fossiles du inoulin «le
l'Eglise n^ 6 et 7, comme nous Tavions dit, et Ton y trouve même
associés quelques fossiles de Mérignac, comme TwrrtieUa Desmm»
restiy ou strangulata ?, quelques rares Gériles, RosteUaria dentatSÊj
Cytherea Lamarcki^ ete., à côté de la Panopœa Memmrdiy etc. La
base de la formation s'observe d'ailleurs également et mieux ewxMre
à la fontaine près du pont de la route de Saucats, où l'on voit (su-
dessous de la masse des carrières) un falun abondant surtout en
Turritelles et en Mactres, et mêlé à des lits de cailloux roulés, de
galets, qui annoncent certainement un ancien rivage, reposer sur
les dernières assises de calcaires marneux de la bei^ du ruisseau
dont nous avons parlé plus haut La disposition des couches que
nous venons de décrire est figurée dans la coupe suivante | prise
au quartier du Sable :
Curttret
da P«r«yrtt,
Le Sable
(«•ine).
CerrUm
det Pulls*
HtUSSUiU/
4 — > Falun de Ldocnan* *
3( '- Mollasse ossilere, l>ancs de Pêctên burdi$»Unsit,
s — Roche de Butas.
I -~ Marnes bleaes à Cerithium caieuloêum et Lmcinm gtobulosm.
Cette coupe et la description rapide qui la précède nous sem-
blent mettre hors de doute deux clioses :
KOTB Vm H. TOUEIIOIIM. MAO
. 4* La iiaiton inlime du falun de Lëognan et de la « mollasse
ossifère b , à laquelle il sert de toit , liaison prouvée par Tidentité
des faunes, et qui ne permet pas de les séparer, comme l'a fait
M. Mayer dans le tableau précité, où les deux assises sont éloignées
l'une de l'autre et placées même dans deux étages di£Pérent6
(l'étage aquitanien et l'étage mayencien) ;
2** La superposition évidente du falun de Léognan au falun à
.Cérites ou falun de Mérignac, qui est ici, comme partout, inter*
posé entre lui et les argiles du calcaire à Astéries.
En remontant le ruisseau au delà du bourg, etsur la rive gaudie,
on retrouve et on suit le banc coquiliier de la carrière des Puits, si
nous ne nous sommes pas trompé, jusqu'aux carrières du Coquillat,
où ce banc dur est surmonté par une épaisseur de 1 à 2 mètres de
sable calcaire, surmouté lui-même, à fleur de sol, par le riche
lalun qui a donné sa notoriété à ce gisement.
Ruisitau de Gratlig/ia/i. — Ce ruisseau offre à 2 kilomètres envi-
ron en amont du pont de Gradignan (auprès duquel est exploité
le calcaire à Astéries) un dépôt lacustre, isolé et intéressant, qui
donne la petite coupe suivante (au-dessous de Ganéjan) :
Terre végétale.
Falun avec polypiers et coquilles roulés 0™,20
Galets de calcaire lacustre, roulés et perforés.
Calcaire blanc à Cyrènes et Cérites 0",20
Calcaire marneux lacustre avec Potnmides Lamarcki
dans le haut et petites Paludina Dubuissoni dans
le bas 4",00
Ce dépôt lacustre, dont les relations inférieures sont masquées
par la nature marécageuse des terrains, est manifestement au-des-
sous des carrières de Ganéjan, où l'on exploite un moellon iden-
tique avec celui de Léognan, et que Ton retrouve au moulin de
Rouillac, un peu en amont du point où nous sommes^ for-
mant le lit et la berge du ruisseau. Au delà du moulin de Rouil-
lac, à Fourcq et autour du bourg de Gestas, c'est-à-dire à peu près
à /iO mètres d'altitude, on trouve de riches affleurements des
couches supérieures de Léognan et de Saucats, avec un retour
intéressant de Mytilus et de coquilles d'embouchures, Nérites,
Mélanies, Cérites, etc. Ainsi au-dessus et au delà du calcaire
lacustre de Ganéjan on ne voit que les diverses assises du falun de
Léognan, et dans les coquilles roulées et parmi les galets qui le
surmontent immédiatement, ce sont les Turritelles, les Pétoncles
et IcsYénus de ce falun que l'on rencontre ; donc nous voyooe encore
1060 sÉAMCi DU 16 JUIN 1862.
ici une superposition manifeste de oe falun au calcaire latustre,
Ruisteau de Mérignac. — En6n dans le raisMau de Mëriguac
même nous pouvons chercher et trouver, et à la place que npns
lui assignons, le falun de Léognan, comme dans le ruiwcaa de
Lëognan, à Tinverse, nous avons retrouve le falun de Mërignac.
En effet, à 2 kilomètres environ en aval de l'ë{>lise du bourg, aoi
environs du lieu dit la Glacière, on trouve au-dessus des marnes
n® i, et dans ces marnes blanches, les couches à Cëritea que nous
avons déjà suivies à Labrède, à Martillac et à Lëogoan, et carac-
térisées ici encore par l'abondance des Cerithium piécaimm^ C tf»/-
eulosum , C, margaritaceitm ( conjunctum ) , etc. , de la Pyrmia
Laineiy var, minor^ Turritella Desmaresti, Cyrena Bromgniarii^
Cyiherea undata, etc.
Au-dessus, viennent des blocs irréguliers d'une roche jaune,
épars dans le sol des vignes, ou à une faible profondeur, qui
appartiennent évidemment au n* 2 de la coupe de Saucata. Par
conséquent, le gisement classique et célèbre par ses foaaîlev (tdj.
le tabl. compar., Raul., Delb.), que Ton rencontre plus loin, doit
représenter à peu près la situation du falun de Lariey (n* ft) avec
lequel nous avons vu qu'il offrait tant d'analogies par sa faune. Maïs
ce falun n'est point ici le dernier, et l'on trouve encore au delà de
l'église, dans les jardins du bourg à droite de la route, des affleure-
ments ooquilliers qui n'ont pas été signalés jusqu'ici et qui nous
semblent intéressants, parce quils renferment toute la faune
caractéristique de Léognan. Nous citerons seulement les Buila
ifgnarioj Trochus Benctiiœ, Turritella cathedralis^ T, h^piicaia,
Cerithium saimo, Cancellaria acutangula^ etc., Fusus Jasciolarinus^
Folnta ran'spina^ Ancillaria glandijormis^ Pccten burdigalensis^ Arca
dilttvU^ Cardium discrepans, Cardita pinnnla^ Cyprina isianiiicoides
Cytherea erycinoides^ Fenus catinoides, etc., Lucina columbella
major y Tellina zonaria^ Lutraria elliptica^ Panopœa Menardi, avec
une grande fréquence de Scutella subrotunda^ et à* Echinolampas
Laurillardi. On remarque dans cette énumération la présence de
ces fossiles que nous avons indiqués déjà comme plus particuliers à
la base du falun de Léognan et, eu d'autres termes, une analogie avec
les fossiles du moulin de l'Église ou des Puits à Léognan, qui ne
nous permettent pas de douter que nous sommes ici au-dessus du
falun dit de Mérignac, quoique les lieux ne nous aient pas laissé voir
la superposition de ces couches, si peu épaisses d'ailleurs. Nous re-
marquerons également ici l'absence du calcaire lacustre de Saucats
n® 5, de celui que nous avons vu supérieur au falun de Lariey ; et
cette absence, si elle est confirmée, nous expliquerait sans doute le
mëlangty dani le falun ordinairement appelé de Mërignae, d«
quelques espèces de Lëognan (voy. le tabl. compar., RauL, Delb.)
qui ne se rencontrent pas dans le falun de Lariey ou de MartillaCy
ou dans les faluns de Basas ou de Saint-*Avit. Ceux-ci sont en
efifet séparés des derniers faluns par un phénomène d'émersion dont
il n*y a pas de trace ici , et Us ojfrent par conséquent un type plus pur
que Mérignac des faluns injérieurs. Quant au calcaire lacustre qui a
été donne comme substratum à ce falun de Mérignac (Delb., ^ii//. ,
2* série, t. Y, p. ft*25) et dont nous n'avons vu d'ailleurs pour notre
part que des fragments usés et roulés dans le falun même, ce cal-
caire lacustre serait celui de Saucats n? 3, probablement.
Jalle fie Blanquejort. -*- Au nord du petit ruisseau de Mérignac,
nous n'avons plus, avant de toucher le calcaire à Astéries du Médoc,
d*autre ruisseau traversant les faluns que la Jalle de Blanquefort et
son petit affluent, le ruisseau du Haiilan, qui vont nous offrir encore,
quoique plus imparfaitement, la même succession de couches.
Au Haillan, au-dessus des argiles à concrétions calcaires avec
empreintes de Cérites qui forment le fond du petit vallon,
on trouve l'affleurement d*un falun dont la faune mixte offre
une association des espèces de Mérignac et des espèces de
Léognan. C'est ainsi qu*à côté des Cytherea LamarcAi, Àrca
cartiiiformis , Chama asperula , Pecten Beudanti , des Mêla'-
nopshf des Neritinaj des Turritella terebralis^ var. B., 7'. Dcsma-
resti\ de Cerithium assez abondants, des Turbinello multistrtata,
Rostellaria dentata^ Strombus Bonelli, et de quelques poly-
piers, toutes espèces caractéristiques de Mérignac, on trouve
abondamment les Psammobia Labordei, Lutraréa elUptica^ Maetra
s tri a tel la, Tellina zonaria^ Lucina orna ta ^ Fenus catinoides^ Car^
dium burdigftlimiftty C, ambiguum^ Pleurotoma senthmarginata,
Fasciolaria burdigalensix^ Murex rusticulus^ Buccinum baecaîum^
Terebra plicaria^ Voluta rarispinoy Cassis testa , Aneillaria glan-
diformisy Olim plicaria, etc. , espèces plus particulièrement propres
aux faluns de Léognan. Ce mélange, qui rappelle singulièrement
la faune de Saint-Paul pi^s de Dax, et qui prouve en définitive
Tunité paléontologique des diverses assises des faluns, s'explique
dans les deux localités sans doute par les mêmes causes, l'absence du
calcaire lacustre de Saucats et la continuité des dépôts marins
sur un littoral toujours immergé, car nous touchons ici an rivage
que formait le calcaii*e à Astéries, qui est exploité à 300 mètres
peut-être de Taffleurement du falun dont nous parlons.
C'est dans ce calcaii*e à Astéries, dans ses couches supérieures,
que le petit ruisseau du Haillan se jointe la Jalle de BUaquefort,
1062 8ÊÀNCB DU iO. JUIN 18ë2.
gnr les bords de laquelle, au moulin du Thil, le calcaire à
crasAiiina et à Scuteila striaUila est exploité dans d'aocîeiuies
rîères. En remontant le ruisseau, on tiouve près de Saint-Médard,
au camp des Lanciers, un affleurement du falun de M érignac,
caractérisé par les Meianopsis, Trochus subtur^idulus^ CerUhimm
plhaium^ pictum, calculosum^ Osirea crispata^ Cytherea undata^
Lycophris lenticularis^ et de nombreux polypiers. A 2 kilomètres
plus haut, on atteint les carrières de Caupian, où Ton exploite le
même moellon qu'à Léognan, avec les mêmes moules et empreintes
de fossiles, de grands Pecten^ et une grande abondance dedentade
poissons. Si l'on remonte encore le ruisseau jusqu'à lVlaitignaa,on y
troure d'autres carrières, où, avec les mêmes grands Pecicn^ lesDba-
siles les plus communs sont le Pecten opcrcuiaris^ et des empreintes
ou moules de Cardita /onannetiy et Panopœa Menardi associés aux
fossiles ordinaires de Léognan. aux Scuteiia et aux Echinolatupas
LauHllardif etc. La considération de ces fossiles, ajoutée à celle de
l'altitude qui est ici environ de ^0 mètres, nous porte à croire que
nous avons ici un représentant du falun de Salles, en même temps
que sa liaison intime avec les faluns ordinaires de Léognan nous
est montrée par le mélange des espèces.
Mous avons ainsi achevé la revue stratigraphique des petits ruis-
seaux qui descendent de la lande à la Garonne autour de Bordeaux ;
cette revue est imparfaite, particulièrement en ce qui touche les
petits gisements supérieurs de Saucats, de l^éognan, de Cestas;
des études plus détaillées et plus précises sont encore nécessaires
pour bien établir leur succession ou peut*étre leur contemporanéitë.
Cependant, avec les indications ti'ès incomplètes aussi de fossiles
que nous avons données, nous pensons que cette étude suffit déjà
pour mettre en lumière les relations des faluns principaux et leur
subordination réelle. Mais tous ces ruisseaux, même celui de
Saucats, ne donnent pas encore la série complète des assises du
terrain miocène de Bordeaux, au moins des assises intéressantes qui
séparent le calcaire à Astéries des faluns de Léognan. Pour avoir
cette série complète, c'est dans le Baxadais qu' il faut Taller chercher.
Bazadais, — Au sud du ruisseau de Saucats, sur la rive gauche
de la Garonne, pas plus que sur la rive droite, on ne trouve plus
dans le département de la Gironde d'afflem-emcnts des faluns supé-
rieurs, ou de Léognan et de Saucats. Toute cette conti^, plus
élevée cependant que celle dont nous venons de nous occuper,
n'offre au-dessus du calcaire à Astéries que des dépôts marins et
d'eau douce qui ne dépassent pas le calcaire lacustre de Saucats ;
nous pensons pouvoir le démontrer facilement. Mais ces dépôts
NoYt tt M. tOtfillOtftt. I05t
sont ici pins complets e( bien plus puissants, et, quoiqu'ils n'offrent
pas de gisements de fossiles comparables à ceux des environs de
Bordeaux, c'est ici qu'il faut les étudier pour avoir une juste idée
de leur situation et de leur importance relative dans la série des
terrains.
Ils se résument d'ailleurs fort heureusement dans les escarpe-
ments de Violle et de Sainte-Croix -du-Mont sur la rive droite de la
Garonne, à (iO kilomètres S.-E. de Bordeaux. Il existe là une dë<*
pression en forme de cuvette du calcaire à Astéries, qui a été très
nettement signalée par de Gollegno [.4ce, Acad, de Bordeaux^
vol. V, 48^3), et qui a été comblée par des dépôts postérieurs.
C'est dans ces dépôts postérieurs que l'érosion de la vallée de la
Garonne a taillé, sur une étendue de 3 kilomètres environ, des
rsc»r|>ements dont TaspeCt et la hauteur se confondent avec ceux
du calcaire à Astéries, mais qui en ont été déjà très bien distingués
par Drouot, en 1839, dans son très bon travail sur les ten*ains
compris entre la Garonne et la Dordogne.
Ces escarpements montrent la disposition suivante : au-dessus
du calcaire à Astéries qui, depuis Loupiac, s'est abaissé au niveau
des prairies et est masqué par elles, mais qui se relève rapidement
du côté du sud, et est exploité de nouveau sur les bords du ruisseau
de Verdelais, avec une puissance de lU à 15 mètres déjà, on trouve t
1" Un grand talus formé par des argiles et des marnes cultivées
en vignobles et terminé par une corniche rocheuse d'une hauteur
variable de 6 à 15 mètres au moins, qui forme avec les graviers
diluviens le couronnement du coteau.
A la base de cette corniche on rencontre : une formation
lacttstre qui est très bien développée du côté de Violle, où l'on
observe de bas en haut un calcaire lacustre plus ou moins dur,
jaune ou gris bleu, pétri de moules de Planorbes, de Limnées et
d'Hélix [Hélix girondicn^ Limnea girondîca^ Planorbis subpyre^
ftaicttijj avec une épaisseur de 1 mètre environ, passant à un
calcaire marneux blanc et très dur, sans fossiles, et à une marne
blanche, 2 mètres, au-dessus de laquelle commence la roche
marine. Ce calcaire lacusti'e s'observe aussi au-dessous de Sain te-
Croix»iiu-Mont, dans la même situation, ou peut-être un peu plus
bas par suite de glissements des couches, en rognons dans l'argile
marneuse. Il y est même surmonté par une marne verdâtre à
Cérites et à (3yrènes, d'après des observations personnelles de
M. Raulin dont nous sommes redevables à son obligeance.
2^ Au- dessus de cette formation lacustre vient le calcaire marin
sableux, jaune, irrégulier, mmolia9se fo^uiiiiêre» deOrouoC, qui
106i sfiÀNCB DU 16 juiM 1862.
forme la corniche des coteaux . Cette roche est peu ouquilUèic
yert le nord de ce petit massif, où elle est très compacte et lièi
dure, dans le bas, avec moules àiArea cardiiformU^ el autns
fossiles marins ; mais, du côte de Sainte-Groix-du-Moot et ven k
sud, elle est riche en ostracées et en moules ou empreintes de
coquilles, dont la détermination est très facile. Yers la base on
trouve d'abord au-dessus des marnes un lit de petites Huîtres
agglutinées, sans doute ÏOstrea producia^ Raul», Delb.^ puis un
banc criblé d'empreintes de fossileS| parmi lesquelles les plus
nombreuses se rapportent à une petite Turritelle voisine die la
7. Archimedis^ Brong., aux Cerithium pUcatum^ ùide/itaiumj
corrugatum , etc. , Pyrula Lainei , Arca cardiijormis , Caniiim
pinnulOf etc. Au-dessus viennent des bancs très puiaaanto d'Oj^
trea undata, Raul., Delb. , accumulées ici en prodigieuse quantité,
et la roche se termine par des couches plus ou moins dores criblées
d'empreintes de Cerithium plicatum^ etc.
Supérieurement on trouve enfin, notamment entre YioUe et
Sainte-Croix, et faisant suite aux couches à Gérites i 3** des assises
d'un calcaire blanc lacustre, plus ou moins compacte, avec Drtiê^
sena Brardi^ Paludina Dubiùssoni^ Planorbis Goussardianus^ elCt
sur une épaisseur de 3 mètres peut-être, qui terminent la oornicbe,
et dont les débris jonchent le sol du plateau, avec les gravieis
diluviens.
Cette cpupe ne peut laisser aucun doute, à ce qu'il nous semble.
Les argiles des talus sont les argiles n^ 1 de la coupe de Sauçais,
et la roche de la corniche correspond exactement aux o^ 2 et ft de
cette coupe ; les fossiles sont les mêmes ; nous avons trouvé VOstrea
undata^ k Lariey, à Léognan inférieur, à Mérignac, et les autres
espèces se trouvent à Tétat libre, à Balisac, exactement dans la
même situation, de manière à enlever toute incertitude aux dëter*
minations spécifiques d'après les empreintes. Enfin, et par odd-
séquent, le calcaire lacustre qui surmonte cette roche, avec ses
Paludines et ses Dreissena^ correspond parfaitement aux dépôts
lacustres du moulin de TEglise et particulièrement au n* 5 ; les
n^' 3 et 4 nous semblent un détail local et particulier à Saucats. Ce
que nous avons de nouveau ici et ce qui complète la série des couches,
c'est le dépôt lacustre inférieur, entre les argiles et la base du cal-
caire marin, que nous n^avons pas rencontré dans les petits ruis*
seaux des environs de Bordeaux, mais qui joue un rôle important
dans la constitution géologique des terrains, à partir d'ici et en re-
montant le cours de la Garonne. Nous voyons donc que les dépôts
marins auxquels se rapportent les faluns inférieurs de AUrignac,
NOn DB ■. TOVRNOimi*
1056
de Léognati, de IVIartillac, de Lariey, etc., sont compris entre
deux dépôts lacustres, dont le supérieur est le calcaire lacustre
de Saucats n° 5, et dont l'inférieur est le premier calcaire lacustre
de Sainte-Croix-du-Mont. Nous remarquerons dès à présent que
ces deux calcaires, si on les observe sur plusieurs points, ren-
ferment les mêmes Planorbes, les mêmes Limnées» les mêmes
Hélix et les mêmes Paludines spécifiquement identiques, et ont
même souvent un aspect minéralogique semblable, quoique ordi*
nairement, dans le département, le calcaire lacustre supérieur se
présente sous un aspect plus marneux et plus jaune. Ici, à Sainte-
Groix-du-Mont, leur distinction et leur subordination sont mises
hors de doute par une coupe naturelle très nette, et la place du cal-
caire lacustre de Saucats est fixée une autre fois au-dessus du falun
de Mérignac
Cette coupe de YioUe et de Sainte-Groix-du-Mont, avons- nous-
dit, résume tout le fiazadais. £n effet, c'est la même succession de
terrains que l'on rencontre près de la Réole, en montant depuis
la Garonne jusqu'au sommet de la côte de Graveilleuse. Ici seule-
ment VOsirea undala est remplacée par ÏOstrea crispatOy Raul.
Delb., dont un banc se voit au-dessus du calcaire lacustre infé-
rieur, et la formation marine intermédiaire est réduite à une
épaisseur de 3 à 6 mètres, et le calcaire lacustre supérieur à 0^,50,
d'après Drouot {loc. r/r.).
G'est encore la même succession de couches que nous avons
rencontrée dans la vallée du Giron, en montant depuis relise de
Bommes sur la rive droite jusqu'à Château-Filhot, ao-dmus de
Sauternes.
Ch&ieaa FilhoU Sauteniet.
BlKlIlDOf*
4-
^\1
•
i.
» <H»
"v^^
6 — C«tc«lre lacattre, à Patudlna DubmUiOni,
0 — Calcain inarlu groMkr («U Bm»»).
4 — Banc à^Ostrea crispata.
5 — Calcair* lacMln, à PJbaorbM et à Liâmes.
S — Argiles, onoUaues et calcali-et argileux,
1 * Câlcair* à AMérki.
J^e- ûri
Kom DE il. TOUHNOVBA. l057
(Uoiniiies), Lutraria .f/////ir/?(la Revoie), qui confirment la place que
la stratigraphie assigne à ces couclies.
he premier caicafre lacustre qui vient au -dessus, et qui D*a jamais
ici une grande puissance, est très développe en surface dans le
tiazadais, et surtout dans la yaliée du Giron (Léogeats, Noaillaoy
Yillandraut, Balizac, etc.), où il est toujours associé à la Cyrena
Brongninrtt\ Bast., et aux Cerithium plicatnm^ etc., et ou il faut
Tétudier.
1^ calcaire marin supérieur à ce calcaire lacustre (mollasse coquil-
lière de Drouot) est très développé au contraire en puissance et en
étendue. Cette roche, qui était à peine représentée dans le ruisseau
de Saucats, au-dessous de Lariey, par une épaisseur de 5 à 6 mètres,
et qui plus au nord disparaissait tout à fait, atteint dans tout le
Bazadais une puissance égale ou même supérieure à celle qu'elle
présente dans Tescarpement deYiolleetdeSainle-Croix-du-IVIont.
Elle est exploitée pour les constructions ou pour l'empierrement
des routes, dans de nombreuses carrières, qui sont surtout consi-
dérables près de Nizan, d'Aubiac et de Cazats.
Cette masse est précédée généralement, quelquefois accom-
pagnée ou surmontée même par un banc d'Ostrea crispata^ Raul.,
Delb., Monog.^ qui fournit pour ces terrains un excellent horizon,
et que nous avons reconnu déjà à la Béole, à Léogeats, Sauternes,
Roquetaillade, Bazas, Brouqueyran, Auros, etc. Elle présente en
outre généralement un ou plusicura bancs coquiliiers ou faluns,
soit à la base, soit au sommet, comme à Léogeats, la Saubotte,
Villandraut, Balizac, Bazas, et surtout aux environs d*Uzeste, où
les fossiles sont très abondants. Tous ces fossiles, de la masse vo*
cheuse ou des faluns subordonnés, sont les mêmes et appartiennent
iiiconlestablement au type de Mérignac avec quelqu(*s espèces parti-
culières et locales ; ce sont communément : Lucina sub^scopulomm,
L, muiiiiameiiaiaj Venus jiglaurœ^ C, untiaia^ Arcn cardiiformis^
Cardila hippopœa^ Ostrea producta^ O. undata^ Ncritina picta^
Turritella Desmaresti^ T. Archimedis^ Brong., var. de Balizac,
T. U'plicata?, Cerithium piieatnmy bidentaium, papaveraccum ,
corrugatum^ margariiaceum^ etc.. Murex s.-lupatus, etc. , Litharœa
asbesiellay Scuteiia bioculaia, A Uzeste seulement, à ces cspè(?es
s'en joignent peut-être quelques-unes qni annoncent la faune
supérieure de Léognao.
Enfin le deuxième calcaire lacustre^ moins puissant que le pre-
mier dans cette partie du département de la Gironde, y semble
moins constant aussi; nous ne le connaissons encore qu'à Viol le, à
la Aéole, àChâteau-FilbotetàBasas. Mais ces points, assez distants
Soc. »éol,, V sérip , tome XIX. 67
i
1058 stAifCB DU 10 JUIN 186!^.
les uns lies au lies, sont coin nie des jalons qui perinelteut de mctu-
rer pour ce dépôt une étendue snpciiicielle é^ale à cselle du dépôt
inférieur. Ce second calcaire lacustre, qui se développe sur la lifiëre
en dehors du département, est parfois remplacé par uu banc irre-
gulicr de silex et de meulières, qu'on observe très bien à Basas
au-dessus de la roche jaune, et qui semble même aasea développé
pi-ès de Mizan. C'est aussi à ce niveau que noua rapportons des
marnes bleues Qnes, qui, au-dessus du calcaire coquillier ontélc
traversées par le fora(;e d'un puits à Roquetaillade, et où bous
avons trouvé en abondance des cristaux de gypse très purs, avec
la Drcissvna Brardi^ ÏOsirca protincta^ VArca cardii formiez el&
Lan diras et n lia grains, — Pour continuer la revue Btratigra-
pliique de la rive gauche de la Garonne, au moins dans la partie
qu*embrasse cette étude, il ne nous reste plus qu'A parler de lit
contrée comprise entre la vallée duCiron au sud et les ruisseaux de
Gabanac et de Saucats au nord. Dans cette petite étendue on ren-
contre au-dessous de la masse dessables peu de fahinSf peu d'affleu-
rements supérieurs. Mais c'est la partie de la rive gauche où le
calcaiic à Astéries est exploité avec le plus d'activité» dans les
nombreuses carrièresde Saint-.Morillon, de Castres, de Vii'elade«de
Cenotis» de l^ndiras, de Pujols et de Uarsac, le long de la Garonne.
Les ar|;iles qui les surmontent forment du c6té du nord tout le
vallon du Guaniort jusque près de Cabanac, comme du calé du
sud celui du Ciron et de ses a il] uents jusqu'à Villandraut et Baliiac;
et à Âiii^;ues près de Uiiuliras elles s'élèvent à piès de 60 mètres,
attestant ainsi un dcvirloppenient et un rennemvnt du calcaire à
Astéries, (pii suppose: liii-inênio nue inégalité du sol antérieur.
Eu efl'et, c'est dans cette partie du département qu'out été
signalés des aflleurenu-nts du terrain crétacé, bien impi*éviis au
milieu des sables <les l^mdes et des terrains tertiaires supérieurs,
et dont nous n'avons à parler ici que comme substratiun des
terrains dont nous nous oct u|)oii.s. C'est dans le haut du ruisseau du
Guaniort que la craie a été d'abord signalée ^av ftl« Pigeon, près
de Ilaut-Yillagrains, et plus tard un autre affleurement a été indi-
qué par iM. Aaulin près de Landiras (C/iri/;//; itviude d^une sotiéié
d'histoire naturelle^ i853).
Ces affleurements sont dirigés de l'est à l'ouest de Landiras ù
Yillagrains par Guillos. Cette direction, qui s'écarte un peu A Touest
de celle de la Garonne, est celle de l'axe du petit plateau dont
nous nous occupons, et duquel les eaux descendent au nord vers
le Guamort, à l'est vers la Garonne, au sud vers le Ciron et ses
affluenu. A Touesti les eaux descendent du fidu des Landes vers la
NOTE DK M. TOCRNOCin. 1059
[S la masse des sables. L'étude comparée des terrains
Landiras et de Yillagrains porte à croire que l*appa-
;s lambeaux isolés n'est pas duc à un soulèvement pos«
dépôts tertiaires, mais qu'ils sont plutôt, comme on
liqué, des témoins restés de la grande dénudatlon qui
er les dépôts crétacés de l'Aquitaine, depuis les Pyré-
'à l'emboucbui-e de la Gironde, et qu'ils formaient
r tritiaire des bauts fonds ou des ilôts sur lesquels ou
quels se sont déposés les sédiments de cette époque,
lent à un relief qui existe encore.
près de Landiras, au moulin de Perron, nous avons
le Ton trouvait au-dessus de la craie en montant vers
le calcaire â Astéries, concrétîonné, avec Turbo Par-
:., exploité dans de petites extractions; 2* les argiles,
isquées par les sables, avec Ostrea producta?, etc.; 3* le
ustre, avecPlanorbos, Limnées et Paludina Dubuissonl;
lent coquillier, très ricbe en Gérites avec Cyrènes, Myti-
:ardiiJorniis, C. undata, etc. dans une argile verdâtre;
ne roche jaune calcaire, en plaquettes irrégulières,
)aisseur, et les sables et graviers superficiels,
rs dépôts, qui donnent le commencement complet de
>s dépôts miocènes et qui sont compris entre SO et
d'altitude, sont ici à des niveaux supérieurs (de
\ peu près) à ceux qu'ils atteignent près de là, à Léo-
cemplc, dans la vallée du Giron, et cette différence de
use dans les couches une ondulation prononcée. Mais
rite, leur succession normale, en même temps que leur
sseur, semblent bien indiquer que ce n'est là qu'une
de dépôt, et que le dépôt s'est effectué tranquillement
t fond, dans une mer peu profonde.
iTillagrains, les couches régulières et horizontales de la
mmédiatement surmontées par une épaisseur de 1*^,50
) d'argile, sans caractère particulier, au-dessus de
us avons constaté, avec notre confrère M. Gosselet, un
siu douce également horizontal de 0",30 à 0"*,ZiO d'épai»-
les Planorbes, les Limnées, les Hetlx ordinaires, la
'kibuissonij le Po ta m ides LamarcAi\ et quelques petits
au-dessus, le sable des Landes. Ce calcaire lacustre,
relations habituelles, est-il le premier ou le deuxième
iistre?
ndàh t le ruisseau de Y illagrains vers Cabanac, on observe
le Cab^ac, dans le lit du ruisseau, un véritable grès très
JÛ6Û sÊANci OU 1(5 JUIN 1862.
compaclc, gris, sans fossiles, et une mollasse dure, clans laquelle
nous avous trouvé VOstrea productaP ; sur la rive droite^ on réà
la roche jaune, avec quelques fossiles (roche de Basas et de Saiale*
Croix sans doute), à laquelle il faut probablement rapporter les dé-
pôts coquîUiers voisins de Pouquet, avec Ceritium piicaiumy C. auu*'
garitaceunif etc., Cyrena Brongniarti^ Lutraria tanna^ €!àniiiÊ
kippopœa^ PyrulaLaineif etc., qui rappellent le falun de Lariey, cC
doivent probablement lui être assimiles et placés c!oinine lai en
haut de la roche jaune. Au contraire, c'est le bas de cette roche
que l'on trouve, en aval de Gabanac, à Gassie, surmontant m
calcaire lacustre perforé, qui ne peut être, croyons-nous, qne le
calcaire lacustre inférieur de Saiute-Groix-du-Mont, car il repose
immédiatement sur les argiles et marnes qui font le tfaaiwes du
Guamort depuis Saint-Morillon, et il est surmonté, comme nous
venons de le dire, par une roche jaune avec quelques fosMics,*
C undaiGj petits Gérites, etc., qui semble bien être la roche
n* 2 de la coupe de Sauça ts. G*est le seul point, au nord dn
massif de Guillos, où nous ayons encoi*e rencontré ce calcaire
lacustre inférieur, qui manque, comme nous l'avons vu, plus près
de Bordeaux ; et il est probable que ce dépôt et celui du calcaire
marin qui le surmonte, que l'on retrouve A des niveaux semblables
de l'autre côté à Balizac, se sont effectués dans une dépression ont
séparait l'île ou le haut fond crétacé de Landiras de celui de
Yillagrains, et par laquelle la mer communiquait entre les points
qui sont aujourd'hui Balizac et Gassie. Entre le Guamort et le
ruisseau de Saucats, on suit le calcaire jaune marin, et l'on retrouve
A Son le calcaire lacustre supérieur du moulin de TÉglise.
Nous avons ainsi rejoint le ruisseau de Saucats, point de départ
de cette étude.
Salles. — Enfin, quant au faluu de Salles, dont nous avous trouvé
un faible affleurement eu haut du ruisseau de Saucats, son
gisement normal est tout à fait en dehors de la vallée de la
Garonne, et s'observe dans la petite vallée de la Leyre parallèle i
celle-ci, de l'autre côté du faîte des Landes, et qui se rend direc-
tement au bassin d'Arcachon. Nous ne dirons ici que quelques
mots de ce faluu, qui mérite une grande attention au point de vue
paléontologique (voy. le tableau compar., Raul., Delb.), et qui,
au point de vue stratigraphique même, est intéressant. En etfet,
au nord du bourg de Salles, sur les bords du ruisseau de Lassieu, la
formation assez puissante et en grande partie arénacée est divisée
par des lits coquilliers à Cardita Jouannetl qui semblent parfaite-
ment horizontaux ; il en est de même dans les affleurements moins
ROTI tm m. TouRNouia. 1Q61
importants qu*oa trouve au sud du bourg. M^is entre ces deux
points très rapprochés, on observe dans le bourg même, dans des
carrières exploitées au bord de la rivière, des couches calcaires
avec la même Cnrdita^ etc., qui sont inclinées de 18 à 20 degrés,
suivant la double direction de Test à l'ouest et du sud au nord,
et surmontées en stratification discordante par le dépât horixontal
du sable des Landes. Cette disposition, si elle n'est pas un simple
clivage ou une inclinaison de dépôt, est au moins due à un acci-
dent géologique très restreint, a ce qu'il semble. En effet, du côté
du nord, vers Mios, du côté du sud, vers Belin, et du côté de
Touest, en face du bourg de Salles, Taffleurement coquillier
plonge et disparait rapidement sous la masse des sables ; c'est un
point à étudier.
Le falun de Salles termine la série des faluns dans le département
de la Gironde, et Ton ne trouve plus au-dessus de lui que le subie
des Landes^ qui est généralement considéré comme pliocène, et
auquel il a été réuni à ce titre par MM. Delbos et Raulin. Nous
doutons cependant qu'il en doive être ainsi . Non-seulement le
sable des Landes recouvre trausgressivement le falun de Salles,
tout comme les faluns de Léognan ou de Basas ; mais dans les
carrières de Salles, tout comme dans celles de Léognan ou de
Saint-Médard-en-Jalle, ce sable remplit les roches et puits naturels
qu'on observe dans les mollasses exploitées, et on Fy voit même,
comme nous venons de le dire, reposer sur ces mollasses en strati-
fication évidemment discordante. On est donc porté à croire que
ces deux formations sont indépendantes. Quant au sable des Landes
lui-même, il soulève des questions qui ne sauraient être résolues
dans les limites du département de la Gironde, et que nous réser-
vons pour cela.
Résumé géologique.
En résumé, et pour coordonner les observations stratigraphiques
précédentes, nous voyons que les terrains tertiaires dont nous
nous occupons, et qui sont soumis à une inclinaison générale et
dominante vera Fouest, correspondant à Texhausseroent graduel
du continent, se sont déposés dans un bassin crétacé, dont le fond
était accidenté. En effet, les terrains crétacés qui se montrent au nord
de la Gironde, à son embouchure, disparaissent subitement pour
reparaître d'une façon inattendue dans les Landes, et disparaître
de nouveau jusqu'au bassin de i'Adour, sans avoir pu être atteints
dans l'intervalle par des sondages de 100 à 200 mètres. Lester-
1062 sÊAifCB DU 16 juuf 1862,
rains tertiaires inférieurs qui te sont déposes ensuite, les calcures
marins de filaye et du Médoc, disparaissent plus complètement
encore ; et les formations d*eau douce du Fronsadais et de la vallée
de la Doi'dogne plongent rapidement sous le calcaire à Astéries,
dont les ondulations attestent à leur tour les irrégularités des ter-
rains sous-jacents.
Ces ondulations ont été signalées depuis longtemps sur la rive
droite de la Garonne. Il en existe tout autant au moins sur la
rive gauche, où elles ne sont pas mises en évidence par des
escarpements comme ceux de la rivicre, mais où elles sont bien
prouvées cependant par l'étude des altitudes et de la stratigraphie.
Ainsi y entre le Médoc et le petit massif de Landiras et Yillagraios,
il y a une première dépression, comblée par les faluns; c'est le
bassin falunieu du Bordelais, et de Tautre côté de ce massif, dans
le Bazadais proprement dit, de Léogeats à Bazas, une seconde
dépression, un bassin tout à fait comparable à celui de Sainte-
Croix-du-Mont, dont il est ]>ourtant séparé par un autre petit
bombement intermédiaire. C'est donc autour du pointeiuent cré-
tacé de Landiras que les dépressions des couches sout le plus
accentuées, comme cela est rendu sensible par nos coupes u** 3, &
et 5 (voy. pL XXI). C'est encore une dépression semblable qui est
accusée, au cœur de l'Ëntre-dcux-Alers, par le forage du puits de
Créon, relaté par M. Delbos. {Bull.^ 2' série, t. X, p. 41.)
Ces ondulations nous semblent des ondulations de dépAt| et
elles suffisent peut-être, avec l'inclinaison générale des terrains
vers l'ouest, à expliquer, sans recourir à l'hypothèse d'une faille
(Dufrénoy, loc, c//.), les dénivellements qu'on observe entie les
deux rives de la Garonne, aux environs de Bordeaux, En effet, si
ces dénivellcmenls sont assez marqués, par exemple entre Lormont
ou Cenons et Bordeaux, ou entre Beaurech et Labrède (comme dans
notre coupe n**!, qui tombe précisément en face d'un relèvement
très local du calcaire à Astéries), nous pourrons Caire remarquer,
sans vouloir ici résoudre cette question, qu'au sud de Bordeaux,
en fiace de Saiute-Croix-duMont, c'est le calcaire à Astéries qu'on
a sur la rive gauche, précisément là où l'on devrait avoir les
ialuns supérieurs ; plus au sud encore, après Langoo» le calcaire
à Astéries est à peu près à la inéme hauteur sur les deux rives et
détermine des collines à peu près égales dans l'arrondissement de
la Réole et dans celui de Bazas, comme cela est rendu évident par
l'épaisseur semblable de la formation argileuse et par le niveau
semblable qu'y atteint le banc d'Osttea crùpata^ très bon horizon
(80 mètres environ, à la Réole, à Auros, à Brouqueyran, etc.)
►
MOTK OK ■. TOUBNOUSR. 106S
C'est dans les dépreMions, dans les bassins occasionnés par ces
ondulations que se sont déposées régulièrement les couches des
terrains suivants, ^qui enfin et postérieurement ont été rasés et
nivelés lors de l'action des causes qui ont donné au sol son relief
actuel et creusé les vallées existantes.
Les argiles qui surmontent le calcaire à Astéries ont leur plus
grande épaisseur, comme nous l'avons vu, dans les arrondissements
de la Uéole et de Basas, et diminuent beaucoup d'importance en
approchant de Bordeaux. Elles ne manquent nulle part cependant,
ot nous croyons qu'il faut les réunir au calcaire à Astéries dont
elles ne semblent pas indépendantes stratigraphiquenient, et auquel
elles se lient par les calcaires concrétion nés qu'elles renferment
avec empreintes de Gérites, semblables à celles des dernières
couches de la masse calcaire précédente. Elles termineraient ainsi
la première formation marine composée d'un groupe calcaire et
d'un groupe argilo-marneux, atteignant ensemble une épaisseur
de 80 à 100 mètres maximum.
Le calcaire lacustre qui vient ensuite atteste une émeraion
considérable des terres, et nous semble, à cause de cela, propi^ à
établir une division importante dans les terrains; car il n'est pro-
bablement dans le département de la Gironde que la continua-
tion et la fin d'un grand dépât, dont il faut chercher tout le déve-
loppement dans les départements voisins. Gomme les argiles
pi*écédentes, il est bien développé dans le Bazadais, où il est presque
toujours accompagné par un banc de Cérites et de Cyrènes très
caractéristique ; sur la rive droite, il est limité (Drouot, loc. eit,)
par une ligne allant de Gazaugitat h Rions, vers Langoiran, et c'est
lui sans doute qui a été rencontré dans le forage déj& cité du puits
de Créon. Sur la rive gauche nous ne l'avons pas constaté au nord
de Cahanac ; et dans tous les petits ruisseaux du Bordelais, il semble
représenté uniquement par les marnes à Cérites et à Cyrènes aux-
quelles il est lié. Son niveau obéit k la double inclinaison dont
nous avons parié, vers l'ouest, inclinaison qui est celle du littoral,
et vers le nord-ouest, qui est celle du cours de la Garonne, tout
en suivant cependant les ondulations des terrains sous-jacents..
Ainsi k la Réole il est à 80 mètres environ ; il est à la même
hauteur à peu près à Créon ; mais à VIolle il est à AO ou 50 mètres,
dans la vallée du Giron, au-dessous de /iO, et de même à Cabanac.
Après ce dépôt d'eau douce et d'eau saumÂtre, qui s'est effectué
pt*obablement dans des étangs littoraux, la mer est i-evenuc de
nouveau et a repris pendant assez longtemps ses anciennes
limites, commue le montrent les dépôts puissants dont tiens a%ons
lOOA SÊANCJt DU 16 JUIN lbÔ2.
trouvé les types à Bazas et à Sainte-Ci'oix*du-Moo|. Ce retour de
la mer est indique par des dépôts d^Huitre» fort remurquihlcs
et fort étendus, et qui attestent un ancien rivage. Les calcaiici
moellons coquillîers de Bazas {mollasse cotfuUitére de Dionot,
falun de Bazas et de Méri(;nac de iMM. Raulio et Delboa) loiil
également très développés dans le fiazadais où iU atteigoent une
puissance égale à peu près à celle du calcaire à Attëriee ; mais dans
le petit bassin bordelais ils vont en diminuant rapidement d'ion*
portauce ; au ruisseau de Léognan, ils sont à peine représentés par
quelques mètres d'une roche très irrégulière, et à Mërîgnac, â
Saint-Médard, où il y avait encore moins de fond, par des moellons
disséminés qui forment à peine un banc Au Haillan, où nont
touchons le rivage du calcaire â Astéries, il n*y en a pas trace. Les
limites supei 6ciclles de ce dépôt sur la rive droite ne semblent pas
atteindre tout à fait celles du calcaire lacustre (t. Orouot, /oc. eiL).
C'est la même disposition que pour le calcaire a Astéries, et pour
toutes ces formations marines de l'Aquitaine, très faibles à Test vers
leurs rivages, et augmentant d'importance vers l'ouest, en luéue
temps qu'elles plongent dans cette direction.
Après ce séjour prolongé des eaux salées, la nier se retire de
nouveau et laisse sur le rivage des lagunes sauinâtres et des
étangs qu'elle envahit parfois, et qu'elle quitte encore. Tons
ces mouvements sont attestés par la réapparition des G^riteSy des
Gyrèncs, des Paludines, des Potamides, des coquilles d'eau douée
et terrestres, et par leurs alternances avec des dé|)ôts - marins
comme à Saucats. La perforation des roches est aussi une indiea^-
tion de toutes les perturbations, souvent très locales, ëprouTées
par ces rivages qui devaient ressembler aux rivages actuels de
la Gascogne, du Languedoc ou de la baie de Naples, pour la
disposition relative des eaux douces et des eaux marines. Ce que
nous avons en effet sous nos yeux et les phénomènes d'oscillatioo
du sol dont les côtes d'Italie, par exemple, ont été souvent le
théâtre, suffisent tout à fait à expliquer les alternances et les
interruptions des dépôts marins et lacustres dont nous nous
occupons.
En particulier, l'émersion du sol de l'Aquitaine, qui est indiquée
daos le département de la Gironde par le dé^i lactutre de
Saucnts^ a été fort étendue comme la première. Mais cct(e émer-
sion cependant n'a pas été complète sur tout le rivage, et il semble
qu'aux extrémités du bassin les dépôts marins n'aient pas été
interrompus, et que la faune marine ait pu se transformer dans les
mêmes eaux à côté de dépôts émergés. C'est ainsi que nous expli*
non DK ■• TOURHOUIft. 1065
quon« à Mërignac et au Haillan, près de Bordeaux (et à Saint-Paul
près de Dax), le mélange ou le contact immédiat des espèces. Pour
nous, ces faluns, que nous appellerions faluns mixtes, et qui ne
doivent pas être pris pour types (le falun roulé de Dax surtout]
sont des dépôts marins en partie synchroniquesaux dépôts succès-
sivement marins et lacustres qu'on observe ailleurs.
Avec ce deuxième dépôt lacustre se termine le groupe du falun
fie Bazas. Ce groupe comprend ainsi toutes les assises placées
entre les argiles et les vrais faluns de Léognan, et un ensemble de
couches fluvio-marines qui attestent, localement au moins, entre
les grands dépôts marins inférieur et supérieur une époque inter-
médiaire et agitée, Tépoque des lagunes. C'est un dépôt marin
compris et enfermé entre deux dépôts lacustres principaux parfai-
temenl semblables par leurs fossiles. Le calcaire lacustre de
Noaillan par exemple, à la base de la roche marine de Bazas,
et le calcaire lacustre de Saucats, au-dessus, c'est le même cal-
caire lacustre, avec les mêmes fossiles caractéristiques, P)a-
norbes, Limnées, Hélices et Paludines spécifiquement identiques,
accompagné par les mêmes Cyrena Brongniftrti\ et les mêmes
Cerithium margaritaceum^ C. plicatum^ etc. La similitude est telle
que, là oii il n'y a qu'un dépôt lacustre ou qu'une couche de
Cyrènes et de Cérites, comme à Canejan ou à Yillagrains, il est im-
possible, par la seule considération des fossiles, de décider à quel
membre de la formation l'on a affaire, à l'inférieur ou au supé-
rieur. — Quant aux dépôts marins intercalés, nous verrons que
leur faune est parfaitement une faune intermédiaire également
entre celle des dépôts à Natica crassaiina et celle des dépôts à Pecten
burdigalensis.
Ceux-ci s'annoncent par les cailloux roulés de Léognan, du mou-
lin de l'Église (n° 6) (voyez plus haut), de Canéjan, etc., par les
masses de gros polypiers qui reposent sur ce fond de mer, comme
aux carrières de Léognan, au ruisseau de Moras, etc., et par l'abon •
dance des coquilles marines qui s'accumulent sur des plages ou dans
des eaux tranquilles. Ces dépôts, ou du moins leurs affleurements,
sont super6ciellement très peu étendus, et c'est à leurs riches gise-
ments de fossiles qu'ils doivent d'avoir été distingués de bonne
heure; car on ne les trouve dans le département de la Gironde que
dans ce petit bassin du Bordelais proprement dit, compris entre le
Médoc et le ruisseau de Saint -Morillon. Dans le Bazadais ou dans
l'Entre-deux-Mers ils n'ont pas encore été reconnus, soit qu'ils aient
été enlevés par les dénudations des dernières époques, soit que l'élé-
vation déjà existante de ces parties du sol, comme nous le pensons.
I
1066 sÉAifCK DU 16 JUIN 1862.
ne leur ait pas permis d'atteindre ces limites. Plus à l*ouett, on
devrait les retrouver, et ils doivent contourner la craie de Villa-
grains; mais ils disparaissent sous la masse des sables qui masque
tout. Ce sont donc des dépôts peu im|)ortants en puissance et en
sti*ati{;raphie, mais d'un grand prix sous le rapport paléontologique,
et qui indiquent par une faune tout d'abord très riche et très variëe,
le coinmeucement définitif d'un ordre de choses qui se continue
jusqu'à l'époque actuelle. Mous les désignerons sous le nom de
f aluns de Bordeaux proprement dits.
Le groupe suivant, ou ftdun de Salles^ rejeté en arrière du prrcë*
dent vei-s l'ouest, c( qui d'ailleurs est bien moins développé ici que
daus le bassin de i'Adour et de ses afllucnts, semble attester un
nouveau et troisième rivage de la mer des faluns. Et ce dépôt
semble avoir été recouvert ensuite d'une manière assez violeote
par la mer des Landes qui l'a rasé, raviné, et débordé transgres-
sivement, comme tous les faluns précédents, en ramenant quelques-
unes de ses coquilles, brisées, roulées et mêlées à des argiles et â
des galets, jusqu'en haut du ruisseau de Saucats.
En somme, la disposition et la subordination des terrains dont
nous nous sommes occupé, se résument dans le tableau de classifica-
tion et dans les deux coupes générales (n*'' 1 et 2) qui sont â la fin de
ce travail, et sur lesquelles nous ferons o!)sei ver seulement que nous
avons dû exagérer singulicrenieut les hauteurs, puisqu'elles sont par
rapport aux longueurs dans le rapport de 50 à 1 ; il s'ensuit que
Tapparence d'inclinaison des couches ou des dillérences de niveaux,
à la vallée de la Garonne, par exemple, est aussi singulièrement
exagérée, et qu'un profd à hauteur vraie les rendrait bien peu
sensibles. Cette inclinaison générale des couches de Test h l'ouest,
que la coupe n^ 2 est destinée à montrer, eût été d'ailleurs bien
plus marquée si nous avions continué cette coupe au delà des
terrains qui nous occupent spécialement dans cette étude, c'est-
à-dire jusqu^à la vallée de la Dordogne où l'on retrouve le calcaire
A Astéries et le banc iïOstrea tongirostrU au sommet des coteaux,
au-dessus du calcaire lacustre du Périgord et de la mollasse du
Fronsadais.
Considérations paléontologiques (1).
Les considérations paléontologiques viennent hautenienl à l'ap-
pui de l'ordre de succession des couches que nous avons essayé
t
(4) Dans ces considérations, nous emploierons protisoirement les
NOTI DE M. TOURNODBR.
1067
d*établir| et la succession normale et graduée des faunes que Hn-
tervcrsiou des faluns de Mérignacet de Léognan avait rompue se
rétablit d'elle-même dans notre classification stratigrapliique.
D'après le seul tableau comparatif de MM. Delbos et Raulin
[Bull., 2*sér., t. IX, p. 412), tout incomplet qu'il est, on peut
voir, selon nous, que le falun de vSalles, terme supérieur incontesté
de la série stratigrapbique et paléontologique, a plus d'analogies
avec Léognan qu'avec Mérignac : absence caractéristique des
Gériies, etc., présence, abondance et analogie des Cancellaires,
des Plenrotomes, des Vis, des Véims, des Pétoncles, des Pei-
gnes, etc. Mais il manque à ce tableau un terme essentiel de
comparaison, le terme inférieur, celui de la faune du calcaire à
Astéries qui est le substratum également incontesté de tous les
faluus (1). En le rétablissant, nous veirons la suite et rcncbaîne-
ment des faunes se rétablir aussi de la façon la plus satisfaisante :
Gaas se relie \ Mérignac {ou Bazas), Mérignac à liéognan, et Léo-
gnan à Salles.
Pour cela, il faut prendre une idée de cette faune inférieure.
Voici les espèces les plus caractéristiques, et pour la plupart les
plus communes, des mollusques qu'elle renferme :
1 . Melnnîa costellata^ G rat.
t . Catien rrassatina , Desh . Héb .
3. — angustatn^ Grat. Héb.
4 . Deshayesia ncriioides, d ' Orb .
5. Dclphinula scobina^ Brong.
Grat.
6. Trochus tabarum^ Bast.
7. — BoscianiiS, Brong. Grat.
8. Turbo Parhinsoni, Bast.
9 . Turriiella strangulata , Gra t .
10. Ccni/uum Koninckii^ Grat.
14. — CharpeniicriyBàBi.
déterminations spécifiques de Bastérot ou de Grateloup, tout erronées
qu*elles peuvent ôtre, parce que ce sont les seuls auteurs qui aient
donné des figures des fossiles de Dax ou de Bordeaux.
(4) Le calcaire des coteaux de la Garonne depuis Bourg jusqu'à la
Eéole (appelé par M. de Collegno calcaire à Astéries) a été assimilé
par M. Delbos aux calcaires et aux marnes de Gaas, Lesperon, etc.,
sur la rive gaucbe de TAdour, Cette assimilation pour nous ne peut pas
être contestée. Nous ejuploierons donc sans hésiter le terme de Gsas
comme terme de comparaison dans nos considérations paléonlplo-
giques, quoique pris en dehors du département de la Gironde, parce
que Gaas a sur Bordeaux Tavantage d'offrir des fossiles à Pétat libre,
bien conservés et bien connus, des assises que l'en oonsidère générale-
ment comme le miocène inférieur du S.*0. Nous en ferons de même
pour le falun de Saint^Avit, analogue certain du falun de Basas, et
pour les marnes de Saubrigues, placées incontestablement à la partie
supérieure des faluns de l'Aquitaine.
1068
8ÉANCB DU JO JUIN 1802.
42. Cerithium leniniscatum, Br.
et Grat.
13. — ierebellum^ Grdii.
14. — irochlearCf Héb. (C. dia-
holi^ Grat.).
15. i— gihberosum^ Grat., var.
a,
«S***— var. b.
46. — calculosunty Bast. {nas-
soides, Grat.).
47. — - pUcatumy Lam.
48. Pieitroioma Gratelupii^ Des
M.
49. Faseiolaria polygonata^
BroQgn., Grat.
20. — subcarinata^ Grat.
24. TurbineUa pugillarh^ Grat.
22 . Murex^stnlosus^'BTOCC. Grat.
23. — erinaceusy Lin.
24. Fbiuia subambigua^ d'Orb.
25. — subharpuia, d'Orb.
26. Cassis nianiillaris^ Grat.
27. Triton H i singer i y Grat.
28. — corriigatum, var. Grit.
29. — clnthraium^ Lia m.
30. StrombttS auricmiarius^ Gnt.
34 . — fascioiarioMes^ €hral.
32. Cyprœa spiemiens^ Grat.
33. Conus deperditiUj Gral.
34. Crassateila tutnida^ Lam.
35. Lucina Delbosii^ d*Orb.
36. — globttlosa^ Desh.
37. — gibbosula? Lam.
38. — coiumbtilia(minor)XMn.
39. Venus Agiaurœ^ Brongn.
40. Cardium discrepans p^ BaaC
44. — telluris?^ Lam.
42. Cardiia Bazini^ Deah.
43. Ostrea puncti/ern^ Raill.,
Delb.
44. — ^tfrf/mi7?,Raal.,DeIb.
45. — longirostrisj id.
46. Nutnmuiites garansiana^M.
Leym.
V Ostrea longirostris^ qui ne se trouve patà Gaas, forme deabaoca
à la base des calcaires de Bordeaux, comme les couches supérieures
à Rions, Cadillac, Labrède, Saint-Morillon, renfenneot de nom-
breuses empreintes des Crr/ï/i/ii/ii plicatum, C, margaritaeeum^ etc.,
rares dans le bassin de TAdour.
En décomposant cette faune, nous y trouvons :
1« Des espèces spéciales, qui lui donnent une physionomie et
un caractère bien tranchés, n"*' 2, 3, h, 5, 6, 7, 8, 9, 10. 11, 12,
13, 14, 19, 20, 21, 26, 27, 30, 31, 32, M, 62, M, &5, et dont
quelques-unes, comme la Natica crassatina et le Turbo Parkinsoni^
sont répandues à profusion dans le bassin de la Garonne et dans
celui de l'Adour ;
2* Des espèces de faciès éocénique, n®' 1, 18, 24, 25, 33, 36,
35, 37, 4&, 66, sur lesquelles nous reviendrons;
3* heê espèces miocéniques ou même pliocéniques, n** 15»
15^/5, 16, 17, 22, 23, 28, 29, 36, 38, 39, 60, qui établissent que
ceAe faune, toute tranchée qu'elle est, n'est pas sans liaison
cependant avec la faune des faluns.
Mais ce n'est pas avec le falun de Léognan, c'est «lu contraire avec
le groupe inférieur des faluns de Mérignac, Basas et Saint-Avlt,
qu'elle a naturellement le plus de liens, moins encore peut-être par
le nombre des espèces communes ou analogues, que par le caractèra
IfOTK OK «• fOORffOUBlt. iÔÔd
(le celles-ci et par la profusion des individus. En effet, c*est dansées
assises, faluns ou calcaires coquillieis, et surlout dans les marnes
fossilifères de la base de Tétage (marnes inférieures de Mérignac,
Leognan, Martillac, .Labrède, Saint- Morillon, etc.) qu'on
retrouve : la TurritcUa Desmaresiina^ Bast., qui semble n'être
qu'une variété ornée de la 7*. strangulatOy qui se rencontre elle-
même à Mérignac, etc., les divers Cérites : Cerithium hidentatum^
Grat., qui n'est que le C, gibberosumy var. A de Gaas, le C, gibbe^
rostiifty var. B, C. calculosum^ C. pUcatum^ C, pseudo^obeliscus^
voisin du C. Charpentieri^ Triton corrugnium, var. (à Saint-Âvit),
Tiirbinella pugi lions (à Dax), Folutn horpula (à Martillac, Leo-
gnan), LUcina globulosa (id., et Saint-Avit), Z. gibbosnla ? (Saint*
A vit; Lariey), f^e/uis Jglaurœ (Mérignac, le Bazadais, Saint*
A vit; etc.). Ce groupe se relie donc au premier coup d'œil au groupe
précédent, négativement d*abord, par Tabsence ou la pauvreté des
genres Pleurotome, Cancellaire, Buccin, Vis, Rocher, Peigne,
Pétoncle, etc., et positivement par l'abondance des Cérites et la
persistance de quelques espèces de ce genre, si riche dans les ter-
rains éocèues, diminué déjà dans le miocène inférieur, et qui au
delà des marnes à Cyrènes on il pullule, au moins en individus
va disparaître pour ainsi dire de l'Aquitaine dans les vrais fafuns.
D'ailleurs la faune de cet étage fluvio-marin n'est naturelle-
ment que l'expression des conditions biologiques diverses qui
sont résultées des phénomènes géologiques très variés de cette
époque. Ainsi, elle est essentiellement caractérisée, comme faune
de mers basses et d'eaux saumâtres, par l'abondance des Néri-
tines, des Cérites, de la Cyrena Brong/ilarti, Bast., OstreaproductOy
Raul . , Belb. (voisine de l' Ostrea cyaihula) , et par les bancs si remar-
quables A^Ostrea crispata et à^ Ostrea undata dont nous avons
parlé. Là où les dépôts sont plus profonds, la faune devient aussitôt
plus riche et plus variée; outre des espèces spéciales, comme la
Lucina multilamellatriy la Cythrrea undata ^ la Cardita hippopœa^
Y jirca cardtiforfttiSj la Pyrttla Laineiy le Lycbphrrs Itnticfdaris
elle présente déjà, surtout dans les faluns supérieurs de Mérignac,
Lariey, etc. , beaucoup d'espèces communes avec celle du falun
de Lëognan (voy. le tabl. comparât., Raul. et l)elb., déjà cité).
Le falun de Léognan et de Sauça ts, lui, n'a guère de commun
avec la faune du calcaire à Astéries ou de Gaas que le Triton cla^
thrntum^ le T, mrrttgntum^ le Cassix mnmiltaris ?^ var. major,
le Murex erînaceus\ la Cyprœa ovulina (Saucats), la Tttrrftrlia
cathedralis?^ d'après les empreintes des calcaires de Bordeaux
peut-être le Trochu» Benettfœ, Bast., d'après ces mêmes em-
1070 SÉANCE Dl 16 JUIN 1862.
preintes. Les aflinités de ce falun sont ailleurs, ëTÎcleinmeot. Il
est caractérisé, on le sait, par la présence de la Scutelitt subroimnia^
de VEchinolampas Laurillrirrii, de f Operculina complanata^ et par
l'extrênie abondance des TurritcUa terebralis^ var. B, Raul., Del.,
Pectên burilfgalensiSj Pectunculus pîlosus Cl P. cor^ Oardtum bmrdi'
galinuniy Cyprina fstandrcoides, Cytherea erycinoides^ et en gtfnëral,
par la ricbesse des genres Cythérée, Peigne, Turritelle, Pleu-
rotome, Cancellaire, Rocher, Pyrule, elc. Noua rappeUerons
^u'à la base de ces dépôts on retrouve (notamment aux carrières
des Puits à Léognan) quelques espèces, comme Natîca compressa^
Turritella terebralis^ var. Â, Raul., Delb., T. strangnlatap^ Hosiel-
laria dentata, Cytherea Lamarckiij Cardita pinnula^ Lueina ieonîna^
qui se trouvent déjà à un niveau inférieur, à IVTërignac ou 1 Saint-
Avit, et quelques espèces assez particulières à ces premières couches»
ou qui se retrouvent plus haut, comme Cerithium saimo qui annooce
le groupe du C. vulgaium^ Cassis Rnndelcti^ Cassis mamiUaris
major^ Jncillaria glandijormis, etc. M«iis dans tous ces faJuns
la rareté des Cérites est frappante. Cependant dans les ooucfaes
supérieures, dans les faluns blancs do Cestas et du haut du ruiffeau
de Saucats, on constate localement un retour intéressant de Mytllus
antiquorum y Bas t., et de Cérites avec des Meiania, Melanopsis^
Nerita^ Tieritina^ Cyciostomay et Hélix ^ associés à toutes les espèces
marines des faluns de Léognan. Ce mélange d'espèces marines
et d'espèces lacustres ou terrestres dénote évidemment ici Tac-
tion locale de courants et d*afiluents d*eau douce, comme le
retour des Cérites et des bancs de Mytitus annonce le retour de
conditions d'habitat semblables à celles que nous avons déjà
rues. Il faut noter d'ailleurs que ces Cérites n*out ici ni Timpor-
Dnce numérique ni Timportance spécifique qu'elles avaient plus
haut ; elles ne caractérisent plus la faune des dépôts. Le Cerithium
margaritaceuni, si abondant et si particulier dans le falun inférieur,
a disparu, on peut le dire ; le C. plicatum est à Tétat de Tariétë
(C inconstans^ C, pictumP, etc.); le C, calculosum de même; les
seuls Cérites qui persistent réellement sont le C. papaveraceum,
Grat. [C. tricinclum, Duj.), et le C, bidentutum^ Grat. [Ccrassumy
Duj., C, iig/iitarum^ Uôru.), celui de tous les Cérites qui caracté-
rise le mieux le genre dans le terrain miocène, et qui en traverse
dans le sud-ouest toutes les assises, depuis le falun de Gaas jusqu'à
celui de Salles. C'est avec ce dernier falun que le falun de Léognan
a toutes ses aflinités, comme nous allons le voir.
Le {alun de Salles, le plus haut placé dans la série, a déjà
avec la faune subapennine des analogies nombreuses, qui ont été
NOTI DB M. TOURNOUfiR. 407)
mises en lumière par IV] M. Haulin et Deibos. {Bull. y 2^ sér. , t. IX,
tableau déjà cité.) Ces analogies qui portent surtout sur les bival-
ves, relativement d'ailleurs très aboiidautes dans ce falun, ont été
estimées au tiers du nombre total des espèces^et ont paru suffi-
santes à MM. Deibos et Raulin pour constituer dans l'Aquitaine
le terrain pliocène. Elles ne nous semblent pas cependant assez
nombreuses, ni surtout assez fortes, pour légitimer cette coosë-
quence et enlever à la faune de Salles une physionomie après
tout miocénique qui Ta longtemps fait confondre avec les autres
faluns. £n effet, nous remarquons : 1** que plusieurs espèces
subapennines sont d'après ce tableau même communes aux autres
faluns ; 2° que plusieurs des espèces subapennines, qui y sont don-
nées comme spéciales à Salles, se trouvent cependant déjà au
niveau de Léognan ; nous citerons : la Panopœa Faujaù^ fiast., qui
se trouve à Saucats, a Léognan, à Dax, à Mérignac, et peut-être
déjà dans le calcaire à Astéries, la Mactra triangulay la Lucina
divaricata^ le Cardium hianSy le Pecten opercularis, le Scaphander
iignarius, etc.; y aux espèces communes entre les deux faluns il
faut ajouter, d'après Grateloup et nos propres recherches : Trocho-
para conica^ Lutraria eiliptica^ Tellina tumida, Lucina columbella^
Fenus burdigalemis, May., Cardium discrepans^ Ostrea crassis^
srma, O, saccellus^ Trochus Bcnettiœ^ Scalaria subspinosay Pieu-
roioina semimar^inata^ P. ramosa^ P, cataphracta^ Fasciolaria
Falencicnnesi^ Murex asperrimus^ Grat. (var. turonensis), Pyrula
Jaubertiy Cassis Rondelcti^ Oliva Dufresneiy Foluta Lamberti
qui, réunies à toutes celles déjà nombi'euses que donne le tableau
;.(plus de 20) et à toutes les espèces très analogues, établissent
de grands rapports et une physionomie commune entre les deux
CaluDs. JMous pensous donc que Salles ne doit pas être séparé du
miocène, et que ce n'est pas encore là qu'il faut chercher à poser la
limite si délicate entre les deux terrains. Il y a seulement, selon
nous, assez de raisons stratigraphiques et même zoologiques pour
faire de ces dépôts un groupe à part dans les faluns de l'Aquitaine.
Mais quels sont les rapports de Salles avec Saubrigues et Saint-
Jean-de*Marsac^ dans le bassin de l'Adour, qu'on classe également
dans le pliocène ?
La pliysionomie de cette dernière faune, assez pauvre en bivalveit
et riche en gastéropodes, semble bien subapennine par ses
espèces les plus communes (et c'est par celles-là, selon nous,
fussent-elles même peu nombreuses, que doivent s'établir les
âssimilatioQi paléontologiques qui ne doivent pas être basées sur
1072
SÊANCS DU 16 JUIN 1862.
la proportion num^riqup brute dos espèces, mais sur la considéra-
tion de leur fréquence ou de leur rareté et surtout du canctèfc
général de la forme, de la tendance, du faciès zoologique). Aiitfi
ces marnes se caraclérisent par la profusion ou tout au moins par
la fréquence des espèces suivantes :
Nucmia rostrata,
— margaritacea,
Pinna nobilis,
Jrca ariiiqttnta,
Dentalium elephantinum,
7*rochtti injundibnlum,
Turritella jirchimcdis,
Pleurotomaria Borsoni, var.
— cataphracta.
— dimUliaia.
— monile.
Pleurotomaria inêerrmpia^ ete.
ColumbeUa nassoideSm
Ranclla mnrginata.
Murex spinicosia,
Bticcinum prismaticum, var. T
— polygonum.
— semistriatum ,
— - subeiaihramm^ etc.
Mitra scrobieuiaia,
Ancillaria giandi/ormis.
Etc.
Toutes ces espèces, avec quelques autres spéciales, mais égale-
ment communes et de faciès très voisins (Pleurotomes, CAnes, ctc.)|
donnent la vraie physionomie de Saubrigues, très analogue, comme
on Ta dit déjà, à celle des marnes de Tortone ou des argiles de
Haden; on ne peut donc pas hésiter à assigner une place très
élevée dans la série de l'Aquitaine à une faune ainsi caractérisée, la
plus élevée sans doute. Il semble même qu'elle doive être mise, noo
pas au niveau, mais au-dessus de Salles. En effet, les espèces
communes entre les deux localités sont peu nombreuses, douze ou
quinze peut-être ; mais d'un autre côté, cette faune locale oflfire,
avec les vrais faluns de Bordeaux ou de Dax, d'abord des rapports
comme ceux que le falun de Salles offre lui-même, et d'antres
ensuite que celui-ci ne présente pas; ainsi (voy. Grateloup,
atlas, etc.): Ccrithium salmo^ Pleurotomaria Borsoni^ Turritella terr
(jralixy Pyruta melon^cna^ Murex aquitnnicuSy M, asperrimux^ Ai, w-
tulinuSy Rostellitria dcntata, Mitra Dnjrcsnei, OU va Basteroti. jÊnriU
laria glandiformis^ Conus brtuiiuoidesy etc. ; il y a même quatre ou
cinq espèces communes avec Gans, qui avaient trompé Grateloup
et d'Orbifjny et qu'il est plus singulier de trouver à Gaas qu'à Sau-
brigues. 11 est vrai que presque toutes les espèces que nous venons
de citer sont rares, et qu'elles ne détruisent aucunement' la phy-
sionomie plus récente et plus subnpennine en général de la faune
de Saubrigues; mais elles suffisent du moins pour rattacher ce
falun aux autres faluns du sud-ouest, et elles lui donnent un carac-
tère mixte entre le miocène et le pliocène qui rend difficile la
ROtl tt U. TOOBlfOOlt. 107S
fixation de son niveau. Mais Tortone lui-même n*esC-il pas dans
ce cas [voy. Pareto, Buit.j t XIX, p. 288] (1)?
On le voit, le caractère dé tous ces faluns supérieurs de Dax,
Bordeaux, Salies, Saubrigues, est celui de faunes mixtes et
intermédiaires, où les espèces subapennines sont mêlées aux
espèces du miocène, dans des proportions différentes et variables
selon les localitéa.
Les faluns de Dax et de Bordeaux placés au milieu de la série
donnent le vrai type du miocène : au-dessous, le mélange de cer-
taines formes propres à l'éocène, et, au-dessus, le mélange de plut
en plus marqué d'espèces pliocéniques donnent quelque chose
d'indécis et d'artificiel aux limites inférieure et supérieur du
groupe généralement reconnu du terrain tertiaire moyen. En effet,
considérée en elle-même, la faune que nous venons de passer en
revue présente une série remarquable par la succession et l'en-
chaînement continus et rationnels de ses parties qui correspondent
à la succession régulière des couches. Mous n'avons trouvé ni
dislocations violentes dans les terrains, ni brusques temps d'arrêt
dans les faunes, mais des émersions et des immersions lentes et
locales du sol qui suspendaient sur un point, sans arrêter sur
d'autres, le développement et les lentes transformations des organi«
sations animales.
Synchronismes,
Si maintenant nous considérons cette faune, non plus en elle-
même, mais dans ses rapports avec les faunes des terrains synchro-
niques, nous y trouverons une distribution des fossiles très inté-
ressante.
Étage inférieur. — L'étage inférieur d'abord, c'est-à-dire
les faluns de Gaas et les calcaires à Astéries de Boi*deaux, pré-
sentent, avons-nous dit, un mélange d'espèces propres à ce niveau
et d'espèces analogues à celles des terrains tertiaii'es éocèneS. Nous
citerons, d'après Grateloup et d'après nos propres recherches, en
(4) Peat-étre y aurait-il lieu de distinguer entre Saubrignes et
SaiatrJean-de-Marsac, et ce serait dans cette dernière localité parti-
culièrement, et à un niveau peut-être inférieur à celui de Saubrigues,
qu*oo trouverait plus abondamment les espèces miocéniques, comme :
Turriteila terebralis* var. elongtita^ T. proto vel k-pUcata; Tro^
chus patutns; Pieurotoma Borsoni, P, calcaraia^ P, buccinoides^
Pyrula melongena^ Foiuta nffifiîs (voisine dt la K rarispina), OUpa
Basterotiy Cyprœa^ Ostrea crassissima^ O. sacceltus, etc.
Soc. géoL.f %* série , tome XIX» 68
1074
sfiANCi nu 10 JUIN 1862.
réservant encore une fois la question d'identité, et en ne donnaDt
que comme variétés ou comme analogues les espèces qne Gnte-
loup avait complètement assimilées :
Crassatella tumida^ cale, de Bor-
deaux et Gaas.
Lucina giganWa (Z. Dclbosii,
d'Orb.).
— gibbosula, var.
Cytherea ovalinay vel Histlncta.
Emarginula subclathrata^ d'Orb.
Melania costellata.
Natica patula et ccpacea? (G rat.
atlas).
— sigantififi {j^ibberosa^ G rat.).
Delphinula sulcata.
— marginala.
Troc/tus mo/itltjer, Grat.
Turritella imbrica- \ var. voisine
fr/, Grat. > de la T. im-
— replicttla^ id. ) bricataria.
Ccrithium in vcr,\ um .
— angnlnsum^ Grat.
pu, Des M. i "**^ «^
— filosa^ Grat.
— marginata,
Grat.
les F, €la.
I pieaiaris
1 et P. sut-
J angutata.
Pyruia eleganty Grat,
Murex triptvroides,
MittaeburneaA -, -^
- submutica, \ «^ •» ^- P''"'
dOrb. j """•
Foluta subanibfgua, d'Orb.
— suhharpula^ d'Orb.
Harpa snbnttttica, d'Orb.
Conus tiepertiitus^ Grst.
Tercbcllum subeoavaiutÊtm ^d'Ott.
Marginella cburnea.
EchinocYamux pir\jormis^ etc.
Nous pourrions en citer davantage d'après l'atlas de Grateloup,
si les fleures, pour les espèces que nous n'avons pas pu vérifier
encore, nous inspiraient plus de confiance. Mais il suffit de cette
liste incomplète et à laquelle on pourrait ajouter des espèces qui,
certaioemenl distinctes, ont cependant un aspect, une physionomie
bien positivement éocène, pour montrer quels rapports la faune
du miocène inférieur du sud-ouest comporte avec les terrains
tertiaires plus anciens du bassin de Paris, et l'on remarquera que
ces rapports sont paiticulièremcnt non pas avec la jaune des tables
moyens^ qui semble manquer dans le S. -G., mais bien piuidi avec
celle du calcaire grossier et même des sables infërieuraL
En admettant que dans cette trentaine d'espèces citées il n'y ait
pas une identité, il faut i*econnaitre au moins qu'il y a pour tontes
dans la forme une affinité qui les rapproche infinlmeai pimt des
espèces antérieures que des espèce» des j aluns ^ et qui les consti-
tuera souvent à l'état de variétés des premières, ce qui donne à
réfléchir, car ces espèces sont incontestablement associées, d'après
nos observations personnelles, au même niveau et dans les mènes
marnes ou les mêmes calcaires, non-seulement aux espèces propres
qui caractérisent si fortement cet étage géologique, mais même
irOTI DR M. TOURlfOUSR. 1076
espèces plus rares qui relient cette faune à celle des faiuns
Irieura (1).
e n'est pas seulement d'ailleurs avec l'ëocène de Paris que le
cène inférieur du sud-ouest offre des rapprochements, c*est
i avec le terrain nummulitique du Midi. Ainsi, M. d'Archiac
nog, des Numrn,) cite cinq espèces de Nummulites de Gaas:
'aransensiSf iV. intermedia^ N, Rouaulti^ N. Lucasana, N. plfi'
!ta, var. UEupatagus ornatus et VOstrea giganiea ont même
rencontres à Bordeaux, dans le falun de Terrenègre de cette
e (Delb., T/tèse; Raulin, Bali., 2» sër., vol. V, p. 123).
fais c'est surtout avec le terrain nummulitique des Alpes
ientales (et par conséquent, quoique d'une façon plus éloi-
;, avec le Vicentin), que la faune de Gaas a des analogies
arquables. Ces analogies ont été signalées par MM. Hébert et
évier [Dascript, des fossiles du terr, numrn . supérieur^ 1854),
ont cité, comme communes entre les deux localités. 13 espèces
ctéristiques, auxquelles nous pourrions déjà en ajouter plusieurs
es. La Nummulites garansiana notamment, si caractéristique
raas, a été retrouvée dans le Valais par M. Renevier {Buii,,
^r., t. XII, p. 97). Nous avouerons que la présence de certaines
«es aussi caractéristiques d'un étage géologique que la Natica
miina^ N. angustatOy Des/iayesia cochtearia^ Chemniizia semi"
issatOy Cerithium trochleare^ et C gihherosum^ Fusus poly'^
Uus, BJtyzangia brevissimay etc., nous frappe beaucoup, et
i semble devoir l'emporter à Saint- Bonnet, tout comme à
i, sur la présence des espèces éocéniques diverses qui ici
à y sont associées. Nous sommes porté à tirer de ces rappro-
nents des conclusions auxquelles MM. Hébert et Renevier se
refusés, et à croire avec M. Mayer, que nous n'avons ici qu*un
oe horizon, celui des sables de Fontainebleau, caractérisé dans
) Oq peut bien en effet, dans Tépaissear des marnes de Gaas ou
calcaires de Bordeaux, distinguer certains niveaux, certaines
bas où abondent plus particulièrement quelques espèces, comme les
MS Naticas ou le Turbo Patkinsoni^ ou les Cerithium Diaboii,
efosum^ etc. ; mais ces niveaux semblent n'avoir rien d^exciusif, et
troQve parfaitement associés, par exemple dans les marnes cal-
» inférieures de Lesbarrilz à Gaas, la Nummulites garansensis, la
tta ambigna, ou Harpa matiea la Turriteila, stranguiata^ et le
ùrt elaihratwn, o'est-à-dire quatre espèces appartenant habi-
lement à quatre étages tertiaires, ou bien dans le m6me bloc
etlcaires de Bordeaux les empreintes réunies de la Crassatelia
\da^ du Turbo JHarÀinsonij et du Trochus Beneuiœ,
1076 8ÊANCR DU 16 JUIN 1862.
une rertaiiie zone iiK^rîdionnle par une fanne particulière c( m^bil-
gée ; c'est ce qui a déjà été indiqué avec justesse, selon nDua,etdcpau
longtemps, par les géologues italiens (Michelotti, Bulletin deiaSth
eiété géologique^ 2*sér., t IX ett XII; Sismonda, t. X, p. &9; tXII,
p. 510; Pareto, t. XII, p. 370; t. XVI, p. 56), qui ont de bonne bemt
signalé au pied septentrional de l'Apennin ligurien, à Casanelk,
Carcare, Dego, Âcqui, etc., et à Turin même, Une lone noinmo*
litique supérieure, un miocène nnmmulitiqut^ prësenUnC nue
association singulière de fossiles éocènes et de fosniet iniocèneSi
fort différente assurément de ce qu'on ayait observe dans ks
bassins du nord et du nord-ouest, mais fort analogue à ce que
nous voyons dans TAquitaine, et même à ce qui a ëré constaté
dans les Alpes occidentales. Il y a là un étage à Aoqui» à Gaas^ â
Gap (peut-être même à Ronca et à Csstel Gomberto?), caractérisé
par la même association inattendue; ce sont : i* des Nuniinulites;
2* des espèces éocènes ou voisines, variant selon les localités et se
rapportant à Tune ou à Tautre des subdivisions du bassin de Paris;
5^ des espèces propres, très particulières et très caractérisliqoes de
l'étage, répandues partout; h? même quelques espèces da miocène
supérieur. C'est à cet étage /tummulitigtte supérieur, dans lequel il
y aura lieu sans doute de distinguer différents niveaux, que se
rapporte, selon nous, la faune de Gaas et du calcaire à Astéries de
Bordeaux, qui représenterait dans le sud-ouest de la France le faciès
nummulitique et méditerranéen des sables de Fontainebleao.
Stratigraphiquement il est digne de remarque que dans le bassin
de l'Adour, au pied des Pyrénées, les calcaires du miocène infé-
rieur ont participé plus ou moins aux redressements des cooches
crétacées ou nunimulitiques (environs de Dax].
lien résulterait peut-être que l'Aquitaine formait à cette ëpoqae
un golfe dépendant de la Méditerranée plutôt que de TOcéan, on
bassin en rapport avec celui de la Ligurie et des Alpes occidentales,
et séparé de celui de la Seine par des terres liantes, plus considé-
rables même que ne les a figurées M. Hébert dans sa carte ai inté-
ressante des mers tertiaires à l*époque des sables de Fontainebleau.
Ou peut croire en effet qu'entre Bordeaux et Etampes, pendant
cette période, toutes les terres étaient émergées, puisqii'on ne
trouve pas de traces du miocène inférieur dans la vallée de la
Loire, et que, d'après une communication toute récente de
M. Hébert, les dépôts lacustres de la Touraine seraient contempo-
rains de éeux de Saint-Ouen ; au contraire, le golfe toogrien de la
Garonne et de FAdour pouvait communiquer avec le golfe de
Ligurie, ftuivant les rivages peut-être déjà bizarrement décôapés^
i
KOTB DE H. TOV&HOUia. 1077
el eo tout cas fort incertains encore, de la Uëditerranée nammiili-
tique (1). C'est ainsi que s'expliquerait « la liaison stratigraphique
et peut-être même zoologique observée par M. Leymerie entre les
derniers dêpAts nummulitiques et les premiers dépôts miocènes
de l'Adour »• (d'Arcli., Bull. , 2* sër., t. XVI, p. 812), et qui avait ëlé
déjà indiquée par M. d'Archiac lui-même et par M. Delbos. C'est
ainsi que s'expliquerait aussi, par Findépendance des bassins in-
voquée déjà par MM. Hébert et Renevier, et conformément aux
idées de M. Leymerie sur la zone méditerranéenne géologique, le
peu de rapports que le miocène inférieur du sud-ouest présente
avec celui du nord. En effet, et c'est là une preuve négative de ce
que nous avançons, Gaas a bien moins de rapports avec Etampes
qu'avec la région des Alpes, comme le montre le tableau suivant,
d'ailleurs provisoire pour plusieurs déterminations et très incom-
plet (le toutes façons, puisque nous n'y avons pas même compris
l'Apennin ligurien, le moins contesté peut-être de ces divers syn-
cbronismes, faute de liste d'espèces un peu suffisante ; mais nous
y avons fait figurer le Vicentin, pour montrer les rapports si
intéressants de Gaas, déjà indiqués par Basterot, avec cette Ikune
éloignée que le grand nombre d'espèces du bassin parisien
(4 ) Nous n'ignorons pas qu'il y a à cela quelques di/ficaltés. En effet,
M. â'ArchiBc(ffist, des progrès, t. III. et /?«//., 2» sër., t. XVI, p. 810),
comparant les diverses faunes nummulitiques du versant nord des Py-
rénées, soit entre elles, soit avec la faune éocène de Paris, est conduit
à supposer, pour Texplication de ces rapports, Texistence d'un haut fond
ou d'un isthme entre les bassins de rÀùdé et' de l'Adour, pendant la
période nummulitique. M. Noulet est conduit aux mdmes résultats
par rétude des formations d'eau douce éocènes du bassin supérieur de
la Garonne [Buii.^ 2* sér., t. XV, p. 283). D'un autre côté^ on admet
généralement qu'au nord de l'Aquitaine le calcaire grossier de Paris se
retrouve exactement dans le calcaire de Blaye. Peut-être la révision
des fossiles des calcairesdu Blédoc, qui n'ont pas été étudiés depuis 4836,
montrera -t- elle que leur faune ressemble toul autant à la faune
nummulitique méditerranéenne qu'à la faune du bassin de Paris. C'est
aux faits à répondre. Quoi qu'il en soit, nous ne parlons ici que da
miocène inférieur de l'Aquitaine, et nous sommes conduit à le
séparer de celui du nord et à le rapprocher de celui des régions mé-
diterranéennes par des raisons paléontologiques de même valeur,
croyons-nous, que celles qui ont conduit Bl. d'Archiac à des résultats
inverses pour la période précédente. S'il ne fait pas partie de la
même méditerranée, il fait partie du moins d'une même zone méri-
dionale.
1078
stkncE DU 16 jom 1802.
qu*elle renferme a fait classer gëoéralemeat àànsVéoeittè nnniH
mulitîque (1).
r
BH
OAAS.
!.
2.
3.
Natica cnusatina,
— angustata,, . .
— gibberosut Grat.
4. Deghayesia cochlearia.
B.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
It.
15.
14.
15.
16.
n.
18.
la.
flO.
91.
st.
Ckemnitsia cosUilata, ,
— senti- decussata, • .
Turriutia asperuln} . .
Trochus monU^fer, Grat.
— Bosclanus, • . . . .
»- Benettim
Delphinula scobina, . .
—• marginmtat GraU . .
Turbo Atmodei
Cerithium troehlêare{t^.
C, Diaboli, Grat.).
— lemniscatum^OtT^X, .
— gibberosum.
iT.
98.
50.
31.
at.
».
54.
35.
SA.
37.
58.
59.
4a
41.
— terebellum, ....
— pticatuiu. .....
-— Koninckiiy Grat. •
— BeltarJi, Gral. . .
— nassoideSt Grat. .
Pleurotoma Jtiosa^ mar-
ginata^ Grat. . . .
Ftutis poiygonatiu lFa$'
ciolaria, Grat.). . .
Voluta nmkiguUy Grat. .
Sirombut aurieularius^
Grat.
— fasciolarioides^Grui.
Mitra mmticMy
Conus deperditus
Terebellum obtu>lutuin^
Brung. . .
Cmtsatella tumida?. . .
jMcina gibbosula
— globuiosa
Feniu Aglanrœ. . . . . .
Cardita Boiter oti
Oêlrea HartinâU^ Raul.,
Delb
Bhy%angia brevisêima, .
Stephanocœnia eSgans.
Cladocora
Hummutiteê intermedia^
a'Arch
— Lucasana^ d'Arch. .
— garansiana, . . . . .
Atâmpbs.
OA», ETC.
... w . •
* (N. Beaumon-
U, Htfb.)
... w . « •
... m . .
♦ * • I
... w • .
w ...
4( ...
w ...
9 • • .
» {Amputi, oèmsm^ Broaf.)
« Âmptûl
Bnmg.
«
♦ {Troch,
m
m
«
*
Brm. 7. )
7 (an C. mmpmiiotmm.
Brong.}.)
*
«
» (anr. tffVJMicta?, Br.)
7 (an Ptmroe, nuHxr,BrJ)
«
«
é {Corbie, Brong.)
«
»
7
Ainai le miocène inférieur du midi, pour prendre la dénomina-
tion ordinaire de cet étage, diflere notablement de celui du nord;
(4) Après une nouvelle comparaison des fossiles de Gaaê avao lea
fossiles du Vicentio de la collection du Muséum, nous pouvons indi*
NOTE DS H. TOURHOUIA. 1070
e( cette physionomie différente est encore tnieax accusée par les
espèces spéciales au miocène du sud (nous en avons cité quelques-
unes) et par les espèces spéciales au miocène du nord, comme :
Cytherea incrassata^ C. splendida, Cyprina rotundata^ Natica NystUj
Pieuroioma belgica, Foluta sutnralis, etc., pour ne noter que les plus
saillants, qui ne se rencontrent jamais dans la zone méridionale.
Cependant, malgré des différences si sensibles, le tout est relié par
quelques espèces communes très caractéristiques, et contenu par
conséquent dans les limites d*un synchronisme général qui nous
semble certain.
Étage moyen, ^- Si nous comparons aux dépôts contemporains
Tétnge moyen, fluvio-marin, qui vient ensuite, nous y trouverons
une distribution de fossiles tout aussi particulière et sur certains
points tout aussi inattendue. Nous avons dit que cet étage était
caraclérisé par deux niveaux de Cyrena Brongniarti et Cerithium
piicatum et margariiaceum^ et deux niveaux de calcaire lacustre,
enfermant entre eux les dépôts marins de Bazas.
On saisit d'abord que les Gérites que nous venons de nommer
sont ici à un niveau particulier et fort élevé.
£n effet, dans le bassin de la Seine, le premier niveau dn Ci
pUcatum (qui se montre déjà, mais rarement, dans le calcaire
grossier supérieur) est dans les marnes qui terminent la série gyp-*
seuse, au-dessous des marnes vertes et de VOstrea longirosiris ; il
se montre ensuite et très abondant dans les sables d'Etampes, sous
trois variétés et à trois petits niveaux , à Jeurre avec la Natica cras*
satina j à Morigny, et â Ormoy avec la Cardîta Basinf. -^ Dans
l'Aquitaine, c'est à peine s'il se montre dans les couches supé-^
rieures du calcaire à Astéries de Bordeaux (et de Bourg?, Delbos,
Mém,) : à Gaas, à Lesperon il est rare. Son premier niveau véri-^
table est au-dessus des argiles avec le premier calcaire lacustre bien
au-dessus par conséquent de la Natica crassathia. On le trouve
ensuite mêlé [variété de Jeurre) à la faune marine de Bazas, Méri*
gnac et Saint-Avit ; son second niveau est au-dessus encore, avec
le calcaire lacustre de Saucats, et enfin on le retrouve même dans
le miocène supérieur à l'état de variété (C. inconstans^ etc.).
quer, d'après les étiquettes de cette cûllection, une distinction qui
serait intéressante : c*est avec CnsteUGombcrto que Gaas a toutes ses
affinités. Et c'est à Ronca qu'appartiendraient Neritina Schmideliana^
Fusas Noej F. ficulneusy Cerithium vulcanicum^ C Maraschini^
C combustumj etc. Ronca semble donc plus ancien, tout en étant lié
cependant aux deux autres faunes, et môme, par quelques espèces,
aux faunes subapennines. [Note ajoutée pendant Vimprcssion,]
1080 SÉAMCB DU 16 JUIN 1862.
Le Cerithium margaritaceinN^ Grat.^doQt pous flfuimifaMig, ^"^Mwmf
M. Hébert (v. Hëb., Renev., p. ftO, note), la ▼ariété U {dni lé
pandue, au Cerithium conjunctum d'Étanapes, ne se montre dam le
bassin de Paris qu'un instant, au niveau de Jeurre. il»»^ rAqni-
taiue il est constamnient associé au C. pUcatum^ et il serait repit*
sente à Gaas par le C lemniscatum^ Grat., selon MM. Hébert cl
Renevier.
Ln Cyrena Brorigniarti, Bast., a été assimilée par MM. HAwi
et Renevier à la C. subarata et à la Maeira sirena^ Broog. à la
Cythcrea conpexa qui ne se montre à Paris que dans les mania
supérieures au gypse avec le C, pUcatum, En Aquitaine dk
accompagne invariablement les Cérites précédents, et ne aemontic
pas plus qu'eux, ou plus rarement encore, avant on pendant le
miocène inférieur (citée dans le calcaire de Bourg, Mém, DeUm),
mais précède ou suit avec eux les deux calcaires JacusCresL
Pour ces trois fossiles si caractéristiques, il n'y a donc pas w
analogie parfaite de situation avec le bassin de la Seine.
Le Cerithium plicatum est encore signalé près de l'Aquitaine,
dans le Languedoc, associé au C. margaritaceum^ C. bidentaium de;
Plusieurs gisements de Cérites et de Cyrènes associés sont auM
indiqués en Provence, dans l'Auvergne, dans les bassins supérieun
de la Loire et de l'Allier. Mais le niveau géologique de tous oa
gisements intéressants n'est pas encore établi assez nettement,
à notre connaissance du moins, pour que nous puissions ca
parler.
Dans la région des Alpes, on trouve les Cérites et la Cyrènedoot
nous parlons, confondus à Gap dans toute la faune de Faudoo et
de Saint-Bonnet, dans le Valais, etc. Dans le Viceutin ils sont
également mêlés aux fossiles de Roncaetdans l'Apennin liguneo
ils sont de même réunis ou inférieurs aux fossiles de Caix:are et de
Dego, d'après une note de M. Pareto {BulL^ 2* ^ér.^ t. XII,
p. 370). Mais il eu est autrement dans le Jura bernois ou ^v^
les Alpes bavaroises et dans le bassin de Mayence, où nous retroa-
vons nos niveaux de l'Aquitaine. En effet en Bavière (Peitsem*
berg et Meisbacli] les géologues allemands signalent rezisteocc
de la faune de Bazas, surmontée par des lignites avec Cjrèoes
et Cérites. Dans le bassin de Mayence nous trouvons également
d'après M. Sandberger [BulL, 2*8ér., 1860, p. 153), des marnes
à Cyrena subarata^ Cerithium plicatum^ Cl margariioeeum etc.
au-dessus des sables de Weinheim et des argiles à Leda Deskme^
siana, considérés comme les équivalents des sables de Fontaine-
bleau et du Limbourg, c'est-à-dire dans une situation qui f^M»
NOTE DB H. TOURNOUBR. i08i
parfaitemeut analogue à celle que nous constatons dans le bassin
du S.-O. (1).
En soninie, le gisement de ces Cérites et de ces Cyrènes est
fort intëressant à étudier. Ce sont des fossiles émiueuiment
caractëristiques, surtout par leur abondance, de la formation ter-
tiaire moyenne; et, d'après ce que nous venons de dire, on voit
qu'ils y dessinent plusieurs niveaux qu'on peut suivre déjà sur une
partie de TEurope occidentale, tantôt au-dessous ou à la base du
miocène inférieur, tantôt au-dessus et même à des horizons sensi-
blement plus élevés, comme dans l'Aquitaine.
Quant aux dépôts marins, qui dans l'Aquitaine se montrent au-
dessus du premier niveau de Cérites et de Cyrènes, il semble qu'ils
soient assez particuliers à cette contrée, et qu'ils y soient dus à des
phénomènes locaux d'éniersions et d'immersions successives des
rlvaf'cs. Cependant nous avons dit plus haut qu'on les retrouvait
en Bavière au-dessous des Cyrènes et des Cérites.
£u6n IfS calcaires lacustres du miocène doivent nous occuper
un instant. Le premier calcaire lacustre a été assimilé, par
MM. Raulin et Delbos, au calcaire de Beauce, et cependant il
était pour eux au-dessus du falun de Léognan, qu'ils faisaient ren-
trer forcément aloi*s dans le miocène inférieur, « comme équivalent
n des sables de Fontainebleau sans fossiles >* ; et forcément aussi le
falun supérieur au calcaire lacustre, c'est-à-dire le falun de Bazas,
devenait l'équivalent des faluns de Touraine, et le second calcaire
lacustre de Bazas ou de l'Armagnac restait sans représentant. Les
seules données de la paléontologie, nous croyons l'avoir montré
et nous y reviendrons tout à l'heure, s'opposent à cette classi-
fication des dépôts marins. Pour nous, au contraire, il n'y a
aucune difficulté à admettre que le premier calcaire lacustre,
qui se montre au-dessus des dépôts incontestés du miocène
inférieur à Natica crassatina et qui s'y montre avec le Ceri'
thium pUcatum^ la Paludina Dubu'tssonl et le Potamides Lamarcki,
soit l'équivalent du calcaire de la Beauce; on peut même penser
que le second calcaire lacustre qui, sur une certaine étendue de
l'Aquitaine, revient plus tard avec les mêmes Cyrènes, les mêmes
(4) C'est au même niveau sans doute qu'il faut rapporter les schistes
à Cyrènes, Dreissena Hranlii et C plicaturu^ signalés par M. Kœchlîn
Schlumberger aux environs de Mulhouse {Buii.^V sér. , t. XV, p. 297),
et les. couches kCertihium margantnreum^ C, plicaiam^ Cyrcna semi-
sirieita^ etc., du Limbourg (V. de Binkborst, /?«//., 9* sér., t. XVII,
p. 460). EnfiD, le C pUcatum se montre égalemeot dans le départe-
ment de la Manche.
1082 BÉAÏCLlt bt 16 JUIN
Cërites, les mêmes PoUmides, les mêmes Palodiiiet et Ict
Hélices, représente encore le calcaire de Beaacc, qui •emUeaîiKÎit'
présenté deux fois ou plutôt en deux foisdana lebasModehCarooiiL
Les faunes marines qui précèdent, qui accoinpagoentoa qui mircÉ
ces dr*pots lacustres, ne font aucun obstacle à cette MiîiMitrtiiii.
bien au contraire. Au-dessous, cVst Tétage à NaUea cnuMiénêt
c'est -a-dire la faune d*Ekanipes; au milieu, c'est MArignacetSaiiS»
A vit, c'est-à-dire une faune spéciale qu'on ne titm^e nulle psrt dus
le luissin de la Seine ou de la Loire, mais qui contient enooie qad-
qnes fossiles de Tétage inférieur et relie ainsi très hennaenol
les deux ternies zoologiques du miocène, sépares si complétemcit
dans le bassin de la Seine ; et au-dessus, c'est le Cslan de Léocnu,
c'est-à-dire le vrai et le seul équivalent des faluns de Tounîoe,
comme nous le dirons tout à l'heure. Le synchronisme noussemhk
donc bien établi stratigraphiquement, et les preuTes tiréCÊ dei
fossiles mêmes du dépôt lacustre ne nous manquent pas noo pl«
complètement, puisque nous y retrouvons déjà, sous rautoritéde
Al. Desliayes, la Paludhta Dubuissoni et le Poiamides Lamanki di
calcaire de Beauce. Quant aux Hélices, aux Planorbes et am Lin-
nées, c'est un travail à faire.
En France, en dehors du bassin de la Seine et de la Loire,
nous retrouvons sans doute le même horizon dans les caIttÎRi
lacustres de l'Allier, de l'Auvergne et du Cantal, avec la mênie
association de Paludina Dubuissoni et de PotamUies Lamàrrki^ et
dans la Bresse, où les intéressantes recherches de AI. Benoit (i9«//.,
2' sér., t. XVI, p. hkzi) nous montrent un calcaire lacustre avec
Potainities Lamarcki^ inférieur à la mollasse marine miocène. Nom
le retrouvons peut-être encore dans la Côte-d'Or, près de DijoD^
et jusque dans le département de la Manche.
En dehors de la France, dans le bassin de Mayence, nous en
avons certainement le représentant dans les calcaires à Hélices de
Hocheim qui se trouvent au-dessus des marnes à Cyrènes dans la
même situation exactement qu'en Aquitaine. C'est aussi ce que
propose M. Sandberger. Dans la Bavière, de même, les lig nites à
Cyrènes et à Cérites dont nous avons parlé sont surmontés par des
calcaires bitumineux à Planorbes et à Hélices qui sont au même
horizon.
Autour du massif des Alpes, il est sans doute représenté par
certains dépôts d*eau douce, mollasses, calcaires et lignites de la
Suisse, du Daupliiné et de Tltalie septentrionale, et dans l'Italie
centrale, par les lignites inférieurs à la mollasse.
En somme, les points que nous Tenons d'indiquer témoignent
MOTB DM M. TOUBNOUBR. l(Aft
d'une émersion coDtidërable des terres â ce moment dane l'Europe
occidentale, éinersioa lente et graduelle, comme l'attestent les fos^
siles des eaux saumâtres qui partout pi-ëcèdent les fossiles des eaux
lacustres, ëmersion inégale et variée selon les latitudes et selon les
oscillations non synchroniques du sol« puisque dans la yallëe de la
Loire, par exemple, elle s'est accomplie en une fois, tandis que dans
celle de la Garonne elle a été interrompue par un retour momentané
de la mer dont les dépôts assez puissants permettent de mesurer
la lenteur et la durée du pbénoniènc* Cette ëmersion, â laquelle
l'Aquitaine a participé sur une grande étendue et qui avait donné
en général à nos contrées à peu près la même surface qu'elles ont
aujourd'hui, est un phénomène dont l'importance a été reconnue
déjà pour le N.-O. de la France, mais qui a eu peut-être autour du
plateau central, autour des Vosges et des Alpes, une généralité et
une uiiiforniité plus considérables encore qu'on ne l'a dit. Un fait
géologique aussi important indique que c* est là sans doute qu'il faut
établir la principale coupure, si ce n'est pour Tensemble de tous
les terrains tertiaires, comme nous penchons à le faire, tout au
moins pour les terrains tertiaires moyens, qui se divisent natu-
rellement en dépôts antérieurs ou postérieurs à cette grande limite.
Éia(;e supérieur, — En effet, les dépôts marins, faluns ou mollasses,
de cette nouvelle période, qui dessinent sur la surface de l'Europe
de si vastes horizons, offrent dans leur faune une physionomie
nouvelle qui permet de les synchroniser facilement.
Nous avons dit que c'étaient les faluns de Léogn an plutôt que ceux
de Bazas qui étaient les équivalents de ceux de Touraine; en effet,
c'est avec les faluns supérieurs, et particulièrement peut-être avec
les faluns blancs de Cestas et de Saucats, que la faune de Touraine
a toutes ses analogies, comme on peut s'en assurer facilement; on
n'y trouve en réalité aucune des espèces caractéristiques de Bazas
ou de Saint- A vit ; les Cérites, qui pourraient tromper d'abord,
(C, crassuniy Duj., C, tricinetumj Duj., C. pictum, etc.) ne sont
que les Cérites dont nous avons signalé la présence ou le retour à
Cestas (C. bideniatum, Grat., C papaperaceum ^ Grat., picium^
iHconstans^ etc.) associés à toute la faune de Dax, de Leognan ou
de Salles. Nous citerons seulement la Scutei/a subrotunda^ le Cly-
peaster marginatus, la Cupularia Cuvieri^ la Lutraria clliptica^ le
Cardium discrcpans^ les Cyt/urea, les Pecten scabrcUus et P, latis-
simusy VOstrea saccelltiSy Bulla tignaria, Natica redempta^ Uôru«,
Ttoc/ius paluiuSf TurrUeiia triplicata^ 7*. Arckimtdis^ T, acuia/igula,
Pleurotoma raniosa^ P, tuberculosa^ ete.f turonica^ etc., lt$ Pyruia
melongenoy P. rtisiicula, P, condita, les variétés du Murex aquitani"
108A stÀNCi DU 16 JUIN 1802.
eus, le Triton comtgatum^ la Folata Lamberii^ les Naitei et Buc-
cins, etc., etc., associés d'ailleui-s à de uoiiibreuses espèces prapccs
et locales qui font de la faune de Touraine une fauue asKs spédalet
et même assex différente de celle de Bordeaux» pour Caire croiie
que les deux golfes étaient encore séparés par des lerrcs peot-ctie
considérables.
C'est aussi avec les faluns supérieurs que le bassin de Vienne et
Auti'iclie a toutes ses analogies; la seule inspectiou des uiagoi-
fiques planches du D' Hôrnes et du tableau de rëpartilioo da
espèces entre les terrains contemporains de la France et de riiilic
montre eu effet que Tensenible de la faune viennoise se rapporte
incontestablement, sinon à la faune pliocène, du mokas â la faune
supérieure de nos faluns, à celle de Léognau et de Gestas et méise
à celle de Salles et de Saubrigues (1) avec laquelle la faune de
(4) Selon M. Suess, tous les principaux gisemeDCa du bsMÎa 4e
Vienne seraient contemporains et ne contiendraient qu*uiis mèas
faune distribuée dans une môme mer à des profondeurs diverses. Cei
grands dépôts marins, les plus anciens, auraient ensuite été remplacéii
d'après M. Suess et d'après les tableaux de M. HSrnes, par des dépOtt
plus restreints, des couches à Ceritex^ qui n'auraient ainsi rien de
commun stratigraphiquement (ni même zoologiquement peat-étre;
ce sont de petites espèces spéciales pour la plupart au miocène oriea-
tal] avec les couches à Cérites de l'Aquitaine, puis enfin par des dépUs
d'eau saumfttre et d'eau douce, plus récents par conséquent que le
miocène supérieur ou que l'infra- pliocène. Nous n'avoua rien à direi
cet ordre géologique, établi sur des observations locales que nous
n'avons pas pu contrôler. Nous remarquons seulement, au point de vue
paléontoiogique, que l'ensemble de la faune viennoise semble en eAt
pouvoir être compris dans les limites de notre miocène supérieur; et
la présence à ce niveau de Cérites assez nombreux, parmi lesquels no»
C. b iden tatiim , poptwtirnceum , w ar^aritaceum , pliai inm , e t picinm^
n*est pas plus singulière qu'à Saucats et à Cestas, ou qu*en Touraine,
et, pas plus ici que là, elle n*eolève à l'ensemble de la faune son caractère
général. II faudrait noter cependant, pour le C, mnrgaritacemn et le C.
plictitum, si caractéristiques dans l'Aquitaine et ailleurs du miocène in-
férieur ou moyen, qu*ils se trouveraient à Vienne, d'après les tableaux
de M. Hôrnes, spécialement dans son assise n* 3, c'est-à-dire au-dessus
des marnes de Bsden et de Vôslau (assise n* 4 , équivalentes des msrnes
de Saubrigues] où se trouve le C vulgatum^ avec beaucoup d'autres
espèces subapennines. Si la distribution des fossiles de M. Hôrnes est
incontestable, elle n'en est que plus intéressante. Mais nous Toyons
que dans son grand tableau synchronique, malheureusement sans
texte explicatif, M. Mayer a adopté pour les mêmes sssises un ordre
tout différent, et presque complètement inverse. Nous ne pouvons que
constater le désaccord des géologues allemands.
nùU DB t. foonNotBft. iOÔ5
Lapugy on pnrtîcnlier présente, à une si grande distance, une ana-
logie si leinarqnable.
D'un autre côté les faluns de Léognan ont des i^eprësentants très
exacts en Piémont dans les fossiles de la Superga, près de Turin, et
nous avons montre les grandes analogies de Tortone et de Sau^
brigues, qui a peiit-éCre, d'ailleurs, quelque rapport avec les
dépôts supérieurs du département de la Manche, à Buecinum
prismaticum.
Quelle était donc la distribution des mers du Midi à cette seconde
époque ? Après la grande émersion dont nous avons parlé, après
l'époque des lagunes et des étangs, la mer a envahi de nouveau les
bassins qu'elle avait quittés et est rentrée au moins dans ses limites
de l'époque tongrienne, les dépassant transgressîvement dans la
plupart des gt*andt's vallées. Les terres de la Gascogne et les
Pyrénées ont-elles dès lors divisé absolument les eaux de TOcéan
de celles de la Méditerranée, comme elles le font aujourd'hui ? La
seule étude des fossiles aquitaniens de cette période ne nous per-
met pas de décider eette question ; elle ne nous permet guère que
de douter; car il y a de grands rapports, nous le l'épétons, entre
les faunes de Léognan et de Saubrigues et celles de Turin et de
Tortone, plus grands peut-être qu'entre celles-là et celles de la
Touraine. Ces rapports divers auraient besoin d'être étudiés de
plus près que nous ne l'avons pu faire, pour qu'on en puisse tirer
quelque induction solide dans une question que la paléontologie
toute seule ne peut pas résoudre.
Résumé.
En résumé, pour prendre le groupe du miocène tel qu'on le
compose généralement en France, c*est-à-dire l'ensemble des assises
tertiaires qui sont comprises entre la formation gypseuse de Paris
et les marnes subapenuines, nous dirons que ce groupe forme dans
le S.>0., et en particulier dans le département de la Gironde, une
série sans lacune d'assises et de faunes correspondantes, mais qui
se divise, au premier coup d'œil, en deux étages bien distincts,
l'étage tongrien et IVtajUe falunien de d'Orbigny, sur lesquels nous
ferons les observations suivantes :
V L'étage inférieur se relie à l'éocène par un mélange intéres-
sant d'espèces identiques ou très voisines, assez nombreuses, et par
là il s'éloigne du miocène inférieur du bassin de la Seine, et se
rattache, selon nous, à certains dépôts nummuittiques supérieurs
des Alpes ou de l'Italie septentrionale; de façon qu'il appartiens
1088 St^ANCB DU 16 JUIN 1802.
Nous avons ilouiié t^ ces grands groupes les dénominations or«
dinaires de miocène inférieur et miocène tupërieur. Cependant
nous doutons si les terrains tertiaires ne devraient pasélre a^parês,
comme le donnait déjà à entendre M. Hébert en 1855 (Bmil.,
2"" sér., t XII, p. 771], et comme l'ont proposé quelques géologues
étranger, en quatre groupes au lieu de trois. La dÎTision aérait
alors celle-ci, selon nous, et sous des noms quelconques :
! pliocène,
miocéae.
dépôts lacustres.
Î oligocène,
dépôts lacustres,
éocène.
et les deux grandes divisions, seraient séparées par Fensemble des
dépôts lacustres ou d'eaux saumâtres de Thorizon des calcaires à
Hélices de la Beauce, de Hoclieim, de l'Auvergne, de 1* Aqui-
taine, etc., et des marnes à Cérites et à Cyrènes subordonnée!.
Dans l'Aquitaine, par conséquent, les couches inférieures au
premier calcaire lacustre du Bazadais (calcaire à Astéries et falans
de Gaas) rentreraient dans Toligocène, avec le miocène inférieur
du nord et divers dépôts nummulitiques supérieurs des Alpes et
de l'Italie septentrionale, et, tout en restant séparée* de téoeétie
inférieur^ feraient partie de la même grande division inférieure des
terrains tertiaires.
Ce serait le résultat le plus éloigné et le plus général auquel
pourrait nous conduire ce travail; mais, comme il dépasse la
portée immédiate des faits que nous avons étudiés dans un i>assio
particulier, nous ne le proposons encore qu'avec une certaine
réserve.
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ImfKHnyurt JiiHj-
I
1%
ÎION EXTRAORDINAIRE
A SAINT-GAUDENS
(hàute-garohhb).
Du U au 23 septembre 1862.
»res de la Société qui se sont rendus à cette
I MM.
m, GUTERDET,
Hébert (Ed.),
Jannettaz,
kobchlin,
LABTBTy
Lebrun,
Letmbrie,
PouECH (l'abbé),
Rames,
ROUVILLB (de),
Stephanbsco,
TOUBMAL,
Vène.
1 nombre de personnes étrangères à la Société ont
à prendre part aux travaux de la réunion,
personnes nous citerons :
MM.
in),
).
Sauzet (H. de),
Seigrette (P.)y
Stâvart.
}/., 2* série^ tome XIX.
69
1090 RÉUNION EXTRÀORDINAIEE ▲ SàINT-GàUDB]
Séance (V ouverture^ le 14 septembre M
PRÉSIDENCE DE M. ALBERT GAODRT.
Le là septembre, à une heure, la Sociùlé j
séances à Saint-Gaudens à la sous-préfecture, doi
conseil d'arrondissement, salte que M. le sous
bien voulu mettre à sa disposition avec tous le
indispensables. M. le maire de Saint-Gaudens, c
cueilli avec tant d'empressement notre projet
assistait à cette séance avec un assez grand nombr
de la ville.
La Société Impériale (KAgriculture de la Haul
était représentée par son bureau presque <'oni|
M. de Papus, président; M. de Bastoulh, vice-priv
Moly, secrétaire général; par M. le colonel GI
membre de la Société géologique, el par M. Ga
les autres assistants, on remarquait )L Jules Glei
de la Société d'Agriculture de l'Ariége. et les pc
nommées dans la liste précédente.
La séance est ouverte sous la présidence de
vice-président actuel de la Société géologique. C
par la formation du bureau pour la réunion extra
M. Letmerte est nommé Président, à Tunanim
Sont nommés ensuite :
Secrétaire^ M. Jannettaz ;
y ice ^ Secrétaire^ M. Dolfcss.
M. Gaudry invite le Président et les Sécréta in
prendre place au bureau.
iM. Leymerie, après avoir remercié ses confrères
qu'ils ont bien voulu lui faire en Tacceptant poi
courses, et en le chargeant de la direction c
propose de fixer un ordre général d'excursions,
le désir qu'il aurait de faire passer successif em
terrains qui constituent les Pyrénées centrales s
des membres de la réunion, dans l'ordre inv<
ancienneté relative. Pour atteindre ce but, ii condi
DU 1/k AU 2S sEPTsmiiiB 1862.
i09l
la Société au bord de la plaine, à la racine des montagnes» pour
ainsi dire, et lui ferait remonter la vallée de la Garonne par
Saint-Gaudens et Saint-Béat, et, plus haut encore, par la
vallée de la Pique, ijusqu'à Luchon, où se tiendrait la séance
de clôlurc.
Ce plan ayant été adopté, la réunion décide qu'elle le mettra
à oxôcution dés le lendemain, qui sera consacré à Tétude du
petit massif d'Ausseing.
En conséquence, et sur le désir qui lui en avait été exprimé,
M. Leymerie donne Paperçu suivant, où se trouvent résumés
les principaux caractères des terrains pyrénéens supérieurs,
considérés principalement dans le massif d'Âusseing.
Aperçu gcognostique des petites Pyrénées et particulièrement
de la montairfie d^ Hussein g; par M. Leymerie.
Les montagnes arrondies et boisées qui forment la première
zone pyrénéenne, en face de Sainl-Gaudens, de Tautre cMé de
la Garonne, sont composées de couches appartenant à la forma-
tion jurassique, sauf une bordure encore indéterminée, qui,
peut-être, pourrait être considérée comme cénomanienne, à
cause des petites Orbitolines qu'elle renferme (voyez la coupe
ci-dessous).
Coupe de ta vallée de la Garonne à Saint ^Gaudens.
Criiie.
Mioccno.
Garonne. Tcrnia jurassique.
Les terraiiïS pyrénéens supérieurs n'y paraissent pas, et ces
intéressantes forfifiations seraient restées cachées à nos yeux
1092 RÉUNIOlf BXTRÀORDIIfÀIRE À 8ÀINT-GÀUDBNS ,
par les dépôts lacustres du bassin sous-pyrénéen» et par cod*
séquent inconnues aux géologues, si un soulèvement pariicolier,
concomitant du souléyement général de la chaîne, ne les avait
portées au jour en avant des montagnes principales.
Le massif d'Ausseing, du côté droit de la Garonne, et les
petites montagnes d'Aurignac, du côté opposé» sont le résultat
de ce soulèvement du sol. Ce sont comme Ae petites Pyrénées
en avant de la chaîne proprement dite. La carte ci-annexée,
planche XKIl et les coupes de la planche XXIII, peuvent donner
une idée de leur forme, de leur position et de leur étendue. Ces
petites montagnes montrent, d'une manière claire et évidente, la
craie supérieure et le terrain éocône pyrénéen dans leur état le
plus complet. Ces terrains ont été de ma part, soit à Ausseing,
soit à Aurignac, et généralement partout où ils affleurent, Tobjet
d'une étude soignée et persévérante, et j'en ai fait connaître
la composition et la disposition dans plusieurs publications, et
notamment dans une notice insérée au Bulletin (2* sér., t. X,
p. 518). Mais je crois devoir ici offrir, sous forme de tableau
un résumé de ces publications dans lequel j'introduirai une
modification assez importante que j'ai récemment faite dans la
classification de celte partie des formations pyrénéennes.
TABLEAU
DES TERRAINS PTRÉlfÉENS SUPÉRIEURS, COMPRENANT LA CRAIE SUPÉRIEURB
AVEC l'Étage oaruhnien et l'éocènb.
o V /Poudingue de Palassou et grès roux de Furnes.
-^ J 1 Couches à Nu m mu II tes.
"C I j Niveau de Terebratula Montoleavensis^ Spon-
•2 lÉocène \ dylus coce.nus,
•S i I Couches à Môlonies.
t, ] [ Niveau de Ostrea uncifera,
H / ^Calcaire à Milliolites.
!/ Colonie {Micraster hrevis^ Hemlaster puncta»
/ //*.ç, etc.).
i Calcaire lithographique avec silex.
Étage ) ^''Siïos bariolées et sables à lignites, avec calcaire
garumnien. \ f^^''°""^ spathique, et calcaire argil.fère,
i troue, en bancs subordonnés. Venus gamm'
I nica, Leym., Tornalella Baylei^ Leym.,
[ SphœruUtes Lermeriei, Bayla, Ostrea depres-
/ \ 5tf, Leym., Crocodiles, Tortues.
o
o
DU 1 A AU 28 sspTnBiB 1862. lOOS
, . ( Calcaire à Hemipneustes radiatus^ Nerîta ru-
supérieure ) /n , / «♦«
"^ < gosfiy Ostrea larva, etc.
1 { de Maitricht. ( ^^"""^ ""'''''' * Orbitolites.
Calcaire argilifère, grisâtre ou jaunâtre, à Orbi-
tolites, avec fossiles de la craie (faune infé-
rieure de Monléon et de Gensac), principale-
pir'Kl h ) ^^^^ Terebratula alata, Oiirea vesicularis
«5 I * j (variété énorme) et Ananchytes ovata,
^ I I Argiles grises, avec dalles de calcaire gris offrant
^ \ [de longues taches couleur de lavande (Orbi-
tolites et fossiles de la craie blanche).
La modification dont je viens de parler consiste dans une
forme nouvelle et plus précise que je viens de donner à lu partie
de nos terrains qui semble faire transition entre les formations
crétacée et tertiaire, état de choses que j'exprimais naguère
par le mot èpicrétncé. Je renonce maintenant à ce nom, moyen-
nant la création de l'étage gammnieny qui représenterait une
craie supérieure à toutes celles qui ont été jusqu'à présent
reconnues, même à celle de Maëstricht, et offrant ce fait cu-
rieux d'être terminée par une assise (colonie) qui, avec des fos-
siles particuliers, renfermerait à la fois des espèces de la craie
blanche, et quelques-unes aussi de Téocéne pyrénéen. Cette
manière de voir n'est réellement nouvelle que dans la forme;
mais je la crois préférable parce qu'elle peut être acceptée même
par les géologues qui se refuseraient à admettre, malgré l'évi-
dence du fait, le mélange d'espèces que je viens de signaler.
Par cette création et par les éléments que le tableau précé-
dent indique, on peut voir jusqu'à quel point la géologie pyré-
néenne se trouve remaniée en ce qui touche ces terrains supé-
rieurs, et l'on conçoit qu'il était très-important pour moi, et
pour les progrès de la science elle-même, de rendre la réunion
témoin des faits qui ont servi de base à ces changements. Nulle
part ces faits ne se montrent d'une manière plus claire et plus
complète que dans les montagnes d'Ausseing, où je dois con-
duire d'abord la Société, et dont je vais donner ici préalablement
une courte description.
Le massif auquel on a donné le nom d'Âusseing, village
situé vers le milieu de sa longueur au pied de sa principale
cime, consiste dans une protubérance allongée dans le sens des
109A RÉUNION IXTRAORDINÀIRB ▲ SÀllfT-€iÀ9J>BIf S ,
Pyrénées et qui s'avance comme un promontoire dans le bassia
sous-pyrénéen, dont il est séparé par la petite rivière du Volp(l).
Bien que Taltiludedeson point culminant (Gardan de Montagut
deCassini) n'atteigne que 628 métrés, c'est-à-dîre 350 métrés
au-dessus de la vallée de la Garonne, son relief est trés-acci-
denté, et heurté, et se fait nettement distinguer aux yeux du
voyageur qui se rend de Toulouse à Luchon, lorsqu'il traverse
le parallèle de Martres. Cette petite montagne semble avoir été
soulevée et modelée conformément au plan suivi par la nature
pour la chaîne du Jura. Elle consiste, ainsi qu'on peut le voir
clairement sur la carte et sur la coupe, planche XXill, figure 1,
en une vallée centrale de nature argileuse arquée et bombée,
arrêtée à ses extrémités comme une boutonnière. Des crcts
. calcaires assez élevés, Irès-escarpés à l'intérieur, dominent la
vallée de part et d'autre, k l'extérieur ces créts sont épaulés
par des crêtes moins hautes mais très-prononcées, au moins du
côté méridional, auxquelles succèdent d'autres rides moins ac-
cusées. A la verrerie d'en bas (Cassini), se trouve l'extrémité
orientale de la vallée^ la boutonnière s'y trouve complètement
fermée. Du coté opposé, où le massif subit une courbure qui
l'amène dans une direction anormale (0. S. 0.), le bombement
intérieur semble passer par-dessous une sorte d'arche calcaire,
pour venir affleurer derrière le village de Roquefort, au fond
d'un évasemcnt, près du confluent de la Garonne et du Salât.
Dans l'état normal d'un soulèvement de cet ordre, les deux
masses qui se trouvent rejetées de part et d'autre comme de
grosses écailles, offriraient une stratification inclinée à l'exté-
rieur en sens inverse ou antlclinale ; mais ici, une seule de ces
écailles, celle du sud, obéit à la loi^ l'autre est le plus souvent
renversée.
La vallée centrale et les créts qui la dominent immédiatement
de part et d'autre appartiennent à la craie blanche et à la craie
supérieure -, les flancs offrent l'éocéne pyrénéen complet, e^,
entre les deux, se trouve le garumnien.
Au moment de lever la séance, M. le Président propose une
(4) Lt carte, déjà citée, représente topograpbiquement cette mon-
tagae d'une manière compiète.
DO là AU 23 SEprniBRB 1862. 1096
promenade géologique à Vaientine : cette proposition est
adoptée.
La ville de Saint-Gaudens (altitude, 405 métrés), située en
face des montagnes dont elle n'est séparée que par la vallée de
la Garonne (voyez la carte et la petite coupe donnée précé-
demment), au bord d'un plateau diluvien qui dépend de cette
vallée, doit être regardée comme un observatoire, un peu
bas peut-être, d'où l'on peut jouir d'une belle vue de leur
ensemble. De la terrasse qui est la promenade principale de la
ville, on voit immédiatement à ses pieds, à 50 métrés au-
dessous, la vallée proprement dite, dont la largeur est d'en-
viron 1800 métrés, et au delà, un cordon de basses mon-
tagnes arrondies et boisées, principalement constituées par
le terrain jurassique. Derrière ce premier cordon se dessine
le trait le plus marqué de cette vue, qui consiste dans les
cimes nues et hardies de Gar et de Cagire. Cette dernière
surtout, qui occupe le centre du tableau, et dont l'altitude
atteint 1911 mètres, attire particulièrement le regard par sa
forme creusée en gouttière, terminée par une crête légèrement
concave. .Ces deux massifs, qui font partie d'une zone jurassique
surélevée, cachent les montagnes de transition et primordiales
qui se trouvent derrière, et particulièrement la Maladettaj
mais on aperçoit à droite, dans l'éloignement, les glaciers de
Crabioules et d'Oo, qui couvrent des granités et des schistes
cristallins.
Ayant jeté ce premier regard sur les Pyrénées de la Haute-
Garonne, la Société s'est rendue à Vaientine par la route
de Luchon qui suit d'abord le plateau diluvien parallèlement
à la vallée jusqu'à environ 1 kilomètre. Là elle s'est trouvée
au bord d'un talus très-rapide appartenant à l'enceinte du
vaste bassin de Vaientine qui résulte de la réunion de la Neste
et de la Garonne. Après avoir payé son tribut d'admiration au
beau spectacle offert par ce bassin et par les montagnes éche-
lonnées qui le dominent, la Société est descendue à Vaientine,
toujours en suivant la route qui consiste là en une rampe en-
taillée dans le flanc du coteau, et, par ces entailles, et surtout
par les coupes vives faites pour les besoins des tuileries, elle a
vu avec intérêt le dépôt diluvien trés-grossicr qui oonstrtue
10Q6 RÉUNION EXTRÀ0RDINÀ1BE A SÀINT-GÀUDBN8 ,
immédiatement le sol de Saînt-Gaudens, en relation discordante
avec le terrain argilo-marncux (miocène) qui lui est inférieur,
M. Urbain Fonian, qui accompagnait la Société dans cette
promenade, lui a montré le niveau où Ton a principalement ren-
contré les débris de mammifères et les coquilles terrestres qu'il
a, le premier, signalés, et qui permettent d'assimiler ce gîte à
celui de Sansan (Gers). Nous nous bornons à rappeler ici une
mâchoire de Singe d'une très-belle conservation et des restes
d'un grand Paresseux {Macrotherium)^ de Rhinocéros, de Di-
crocére (1). Ce terrain tertiaire, dont la stratification horizon-
tale éloigne toute idée d'un dérangement postérieur, est
presque homogène, et contraste par la (inesse de ses éléments
avec le diluvium qui lui est superposé. Celui-ci consiste prin-
cipalement en un amas de cailloux céphalaires et de blocs plus
volumineux de roches originaires des Pyrénées, et particulière-
ment de granités toujours en décomposition, de quartzite, de
quartz, de poudingue siliceux, de grès rouge, d'ophite plus ou
moins décomposée, le tout entremêlé et surmonté d'un limon
impur souvent graveleux.
Séance du 16 septembre 1862,
 huit heures du soir.
PRESIDENCE DE M. LETHER1B.
M. Jannettaz, secrétaire, donne lecture du procès -verbal de
la séance d'ouverture^ la rédaction de ce procès-verbal est
adoptée.
L'ordre du jour de la séance actuelle porte le compte rendu
de l'excursion de la veille dans le massif d'Àusseing, celui de
la course d'aujourd'hui dans les environs de Salies, et l'aperçu
des terrains à visiter dans la course du lendemain à Âurignac.
M. Leymerie prend la parole pour le premier compte rendu.
[h] Pendant le séjour que la Seciété a fait à Saint-Gaudens,
M. Fontan a mis avec empressement à la disposition des membres, son
cabinet qui renferme de bons spécimens des fossiles qui caractérisent
les terrains pyrénéens.
DU 14 AU 23 SRPTEHBRB 1862. 1097
Excursion du 15 septembre à tnwers le massif d*Ausseing^
compte reDclu par M. Leymerie.
La traversée du petit massif d'Ausseing par sa principale
cime, entre Belbèze et Mauran, passant par Âussein^etMontclfli
est trés-favorable pour Tétude des terrains qui composent cette
montagne. C'est pour cela que j'avais choisi cette direction
pour la petite coupe passée inaperçue^ sans doute à cause de
ses proportions Irop modestes, dans le Bulletin de la Société^
2'sér., t. X, p. 520, et que je reproduis planche XXIII, figure 1^
sur une plus grande échelle, avec les modifications que des
études plus récentes m'ont permis d'y introduire. Il était donc
tout naturel d'adopter cette coupe comme base de notre excur-
sion. Il eût été avantageux d'ailleurs de la suivre du sud au
nord, c'est-à-dire de commencer par le versant où les faits
se présentent d'une manière normale et avec une grande évi-
dence'^ mais des circonstances particulières nous ont obligés W
prendre l'itinéraire en sens inverse, et à gravir d'abord le ver-
sant nord composé de couches renversées, écrasées, et cachées
le plus souvent par des amas de débris.
Le point de départ naturel pour atteindre la coupe de ce
côté est Martres, où nous nous sommes rendus par le chemin
de fer. Ce bourg est situé au milieu de la vallée de la Garonne,
en face des montagnes que nous allions étudier (voyez la carte)..
Ayant traversé la plaine qui le sépare de la Garonne dont les
eaux baignent le pied de la montagne, nous nous sommes
trouvés, au bord de ce fleuve, vis-à-vis du village de Mauran.
Au point où nous devions prendre le bac pour traverser la
Garonne, les membres de la réunion ont vu sous le dépôt dilu-
vien de la plaine, sortir des roches vives appartenant déjà au
massif d'Ausseing. Ces roches ne sont autre chose que le pou-
dingue de Palassou, dernier étage de l'éocéne représenté sur la
coupe par 6^, dont les galets calcaires d'un volume médiocre et
souvent impressionnés par une pression mutuelle, se trouvent
là, fortement liés par un ciment calcaire sub-cristallin offrant des
couleurs variées, souvent le rose ou le fleur de pêcher. A une
petite distance en aval du point où nous attendions le bac, plu-
sieurs de nos confrères ont pu voir des bancs presque verticaux
1098 BÉUNIOK BXTllOWnfAWE A SÀIIfT-GAITDElfS ,
de ce même poudingue descendre de la montagne pour venir
couper le fleuve.
C'est encore ce poudingue et des grès roux grossiers qui en
dépendent et qui renferment des cailloux calcaires que la
Société a traversés en commençant à gravir la pente rapide qui
conduit à la métairie de Turre. Malgré la confusion qui règne
sur ce versant septentrional, elle a pu remarquer, d plusieurs
hauteurs, des bancs plongeant au sud, c'est-à-dire à Tinté-
rieur du massif. C'est après cette assise, la plus récente de
toutes celles qui constituent Tôocène pyrénéen, que nous avons
coupé., sans les apercevoir, les couches à Nummulites c% qui
se montrent d'une manière très-claire à une petite distance à
TE., du côté de Montcrabun, où elles sont représentées par des
calcaires argileux d'un jaune brunâtre pétries de Niunmuliies
Lcymeriei, d'Arch., de N. gtobulus^ Leym., et d'Operculines.
Dans une halte, un peu avant d'arriver à la métairie de
Turre, la Société avait jeté un coup d'œil sur la plaine» et
j'avais eu soin de lui faire remarquer que les coteaux entre
lesquels la vallée est encaissée, sont composés de marnes plus
ou moins sableuses, de sables avec grumeaux calcaires et de
grès impurs. Ce terrain, qui constitue tout le bassin sous-
pyrénéen de la Gascogne, est stratifié horizontalement et l'on
peut le voir eu différents points, et notamment au village du
Plan, reposer sur le conglomérat de Palassou en stratification
transgressive.
Coupe du vallon du Volp^ au sud du Plan,
Volp.
m — Torruin tertiaire miocène, avec petits cailloux
quurtteux i la partie supe'rieure.
t -.- Pbteau tertiaire !tal>lo-cailiouteux.
p — Conglomérat de Pulassou, grossier,
n — • Marnes à Nummulites.
c — Calcaires.
en — > Calcaires marneux, fossilifères, à Hnitres.
On sait d'ailleurs que cette formation, déposée dans un lac
au pied des Pyrénées antérieurement soulefées, renferme de
DO 14 AU 28 SBPTIMBRl 1862. J099
nombreux débris do aiamiuiféres (Mastodonte, Dinothérium,
Rbinocéros), qui indiquent clairement la période miocène.
C'est un peu au-dessous et au nord de la métairie de Turre,
après les calcaires à Milliolitese*, que Téocène cède la place au
crétacé dont la partie la plus récente constitue Tétage garum-
nien. La colonie g^ par laquelle ce système est séparé de
Téocéne, forme de ce côté do la montagne une zone continue
que j'ai eu l'occasion de couper en beaucoup de points dans mes
courses particulières-, mais nous n'avons pas eu le temps de
la chercher à Turre méme^ où cependant j'avais recueilli une
fois de nombreux Micraster brevis. En revanche, nous avonf
parfaitement reconnu le calcaire compacte à silex g^ qui consti*
tue l'assise moyenne de ce système, sous la forme d'un bour-
relet au pied du quel est située la métairie.
Au delà, le chemin direct de Montcla qui fait partie du tracé
de notre coupe, traverse une région longitudinale déprimée,
une sorte de fossé qui correspond au garumnien inférieur ^.
La Société y a vu d'abord des calcaires blancs sub*crayeui
appliqués contre les derniers bancs du calcaire compacte à
silex, puis, des calcaires cloisonnés sub-spathiques, et enGn,
en contact avec les calcaires nankin de la craie proprement
dite, upe assise d'argile liariulée exploitée pour les fayenceries
et les tuileries de la contrée. Ici, comme dans toute la tra-
versée précédente, les couches ont une inclinaison très*pronoii«
cée vers l'intérieur de la montagne, qui les place les unes à
l'égard des autres, dans une position inverse de celle qu'elles
occuperaient dans un soulèvement normal.
Après avoir traversé cette assise de roches friables, la So-
ciété avait devant elle une crête assez haute (A81 mètres)
qui la séparait de la vallée centrale^ c'est la craie supérieure c*,
correspondant, en partie du moins, à la craie de Maestricbt. En
effet, plusieurs de nos confrères ont trouvé, au milieu des cal-
caires de couleur nankin dont elle est composée, divers fossiles
caractéristiques, notamment Hemipneustes radiatus, Agass.,
Natica rugosa, Hœning {NeritUy d'après M. de Binkborst), et
des Orbitolites planes. Au delà de cette crête, en descendant
au village de Montcla, la réunion avait sous ses yeux et è
ses pieds la vallée intérieure de soulèvement, et elle a pu em
1100 «ÉUNIOlt EXTIAOllDIKÀIllB A SÀINT-GÀtDBNS,
embrasser Tensemble. Du côté opposé, elle voyait en face d'elle
les têtes redressées des couches de calcaire nankin qui cons*
tituent la plus haute cime (628 métrés) du crét méridional , qui
est aussi le point culminant de tout le massif d'Ausseing.
Après avoir étudié et admiré cet exemple de soulèvement
véritablement classique, la Société a achevé sa descente sur
des calcaires à inclinaison incertaine, et disloqués par les
efforts violents qui ont produit le renversement du terrain que
nous venions de parcourir. Cependant elle a vu les bancs cal-
caires ^ formant le bord de la vallée reprendre une incli-
naison septentrionale comme pour montrer que Tétage argi-
leux, qui constitue le bombement central, passe sous les étages
précédents, et forme ainsi la partie la plus ancienne de tout le
massif.
J'avais annoncé à mes confrères dans les calcaires <? voisins
des argiles la présence de Tei^bratula alata Brong, et des
grosses huttres rapportées à Ostrea vesicidans^ et, en effet,
la plupart d'entre eux ont recueilli ou au moins vu sur place
un certain nombre d'exemplaires de ces fossiles. Dans la tra-
versée du bombement central, la Société a reconnu la nature
argileuse de celte assise inférieure c^ de la craie d*Ausseing, et
elle a pu s'assurer que la ligne de faite de ce bombement qui
porte les métairies de la Serre, de la Citadelle, etc., était en
même temps une ligne anticlinale de part et d'autre de laquelle
les couches argileuses plongeaient d'un c^té sous les calcaires
inférieurs de Montcla, et du côté opposé, sous ceux qui consti-
tuent le crét méridional que nous allions gravir. Chemin fai-
sant, nous avons rencontré plusieurs dalles de calcaire argili-
fére gris, souvent bleu de lavande à Tintérieur. couvertes d'or-
bitolites planes. Ces dalles proviennent des argiles, où elles
forment des bancs intercalés ài plusieurs niveaux.
M. Daubrée a fait la remarque que cette vallée intérieure
n'offrait pas de cailloux roulés, fait d'autant plus intéressant
que le massif d'Ausseing est entouré de dépôts diluviens con-
sidérables qui dépendent de la Garonne et du Salât.
Après avoir traversé ce bombement arqué, la Société se trou-
vait au pied de l'escarpement trés-élevé et abrupt du Gardan de
Montagut (Cassini) qui porte au sommet un signal géodésique
PU lA AU 23 SBPTSMBIB 1862.
1101
appelé dans le pays la Tour d'Ausseing. Nous ayons dû renon-
cer à gravir directement cette surface escarpée qui offre tous
les caractères d'une fracture, et, pour faire Tascension du crét,
il nous a fallu prendre un sentier rapide un peu à droite
de la ctme que nous venons de nommer. En montant, nous
avons retrouvé les calcaires nankin à Orbitolites de Montcla c^^
mais, comme nous traversions les tètes de couches le plus sou-
vent cachées par des fragments et par des détritus, nous y
avons rencontré peu de fossiles. Je dois dire toutefois que M. de
Binkhorst y a fait la découveite d'un fragment d'ammonite
indéterminable, mais qui mérite d'être signalé toutefois,
comme le seul indice, à ma connaissance, de la présence de ce
genre dans ces montagnes (1).
En haut du crêt, où j'avais promis une certaine abondance
d'espèces de la craie supérieure, j'ai vu avec plaisir mes pro-
messes entièrement réalisées. En effet, nos confrères ont pu
recueillir dans la traversée de cette protubérance et en descen-
dant au village d'Ausseing, un assez grand nombre d'individus
appartenant, la plupart, à des espèces de la craie de Maestricht,
et notamment :
HemipncHStes radiatus, Agass.
G lier i tes gigos^ Desor.
Ncrita rugasa^ Hœning., sp.
Janira striato-costata^ Goldf., sp.
Ostrea iorva, Lamk.
Thecidea radia ta y Defr.
Cet étage des calcaires de la craie est ici très-épais ; je crois
rester au-dessous de la vérité en évaluant sa puissance à
300 mètres.
Nous avons dit que le versant méridional du massif d'Aus-
seing était redressé d'une manière normale relativement à
l'axe du soulèvement central ^ en effet, après avoir gravi péni-
blement le crêt du côté N., sur les tètes des couches calcaires,
nous voyions ces mômes couches descendre vers le S., pour
passer sous l'assise suivante, qui, ù son tour, plongeait sous
(1) M. de Binkhorst qui a examiné, depuis, ce fragment avec plus
d'attention, pense qu'il réunit plusieurs caractères du groupe des
Legati d'Orbigny, auquel appartiennent, à l'exception d'une seule
espèce, les Ammonites jusqu'ici rencontrées dans la craie de Maës-
Iricbt.
1102 EÉOMÎOH BXTlAOlDIIfAlRB A SAlNt-GAUDENS ,
une seconde assise, etc., c'est-è-dire que nous entrions dans
un versant où les divers éléments du terrain allaient se pré-
senter à nous dans Tordre de leur ancienneté relative, en rap-
port ici avec un ordre très-clair de superposition. La coupe
générale, déjà citée (pi. XXIII, fig. 1). et la coupe particulière
(pi. XXIII, fig. 2), montrent cette disposition et permettent de
voir que, de ce côté normal, les étages sont plus puissants et
plus développés que du côté opposé. Nous ajouterons que cette
différence, bien réelle entre les deux versants du massif, n'al-
tère pas d'ailleurs la correspondance que la théorie indique et
que nous allons effectivement reconnaître entre les diverses
assises qui les composent.
Parvenue au village d'Ausseing, situé au pied de ia cime
principale du massif du côté sud, la Société avait devant elle
une combe longitudinale, très-profonde en cet endroit à cause
d'un vallon qui vient y prendre naissance. Au delà appa-
raissait une crête, au contraire trés-saillante, et légèrement
contournée, comme tordue en certaines parties, dont la ctme
de Pédégas est un accident remarquable. Ayant retrouvé dans
les calcaires d'Ausseing les équivalents de ceux du crèt septen-
trional de Monlcla, qui renferment, au moins vers leur partie
supérieure, les fossiles caractéristiques deMaestricht, la réunion
devait s'attendre à rencontrer, dans le fossé où elle était sur
le point de descendre, les calcaires cellulaires et les argiles
bariolées ^ de Turre, qui représentent Tassise inférieure de
Tétage garumnien. C'est, en effet, ce qu'elle a vu au fond de
cette dépression : seulement, de ce côté, l'assise friable est
plus puissante et plus étalée, et l'on y remarque des bancs
intercalés d'un calcaire gris argileux percé de trous cylindriques,
et enfin des sables assez développés.
Après ce groupe de roches peu consistantes, la coupe indi-
quait les deux autres assises garumniennes, savoir : le calcaire
compacte lithographique à silex ^, et la colonie g^. C'est ce que
nous avons en effet trouvé, après avoir franchi le fossé \ mais avec
cette différence que ces assises s'accusaient ici d'une manière
beaucoup plus marquée. En effet, l'épaulement qui encaisse le
fossé du côté du sud, et qui forme une crête saillante qui est un
des accidents les plus considérables de Torographie du pays, et
DU lA AD 23 SBPTXMBIIB 1862» 110$
les calcaires puissants qui la composent ont une compacité si
prononcée qu'ils ont été, et qu'ils sont encore, Tobjet de tcn«-
tatives d'exploitation comme pierres lithographiques. La Société,
en gravissant cetle crête par un sentier en écharpe, a rencontré
d'abord des calcaires blancs crayeux, dont les relations avec le
calcaire compacte sont les mêmes qu'à Turre, et les nombreux
blocs de silex grossier dont le chemin était jonché, la texture
et la couleur du calcaire lui-même, ne pouvaient lui laisser
aucun doute sur son identité.
C'est derrière cette crête que devait se trouver la colonie^';
c'est là, en effet, que je l'ai montrée à la Société. Mes con-
frères ont vu qu'elle y consistait en une sorte de combe offrant
deux assises marneuses fossilifères, entre lesquelles existe une
légère protubérance parallèle à l'axe de soulèvement.
La première assise qui repose immédiatement sur le dernier
banc et au pied de la crête, est formée par des marnes d'un
blanc grisâtre renfermant des couches de calcaire très-mar-
neux.
On y trouve beaucoup de fossiles presque toujours à l'état
de moule et plus ou moins détériorés à cause de leur friabilité.
La Société y a recueilli un certain nombre d'espèces appar-
tenant aux genres Natica, Cardita^ yoluta, Crassatella^
Fénus, Osivea et quelques Oursins, La plupart de ces espèces
sont nouvelles^ mais on y trouve aussi des fossiles crétacés,
et, chose remarquable, c'est dans cette assise inférieure de la
colonie que Ton rencontre le plus fréquemment JSatica hreçir-
spira^ et plusieurs autres espèces éocènes, comme Fenus stria-
tissima, Bellardi, tandis qu'on n'y voit que rarement les fos-
siles crétacés, et notamment les oursins, qui abondent dans
l'assise supérieure.
L'assise intermédiaire, qui s'accuse, comme nous l'avons dit,
par un relief peu prononcé, est formée par des calcaires un
peu plus consistants que les précédents, et par des grès plus ou
moins friables. On n'y rencontre pas de fossiles, si ce n'est quel-
ques huîtres larges d'une espèce particulière. Derrière ce pli de
terrain, la Société a trouvé une dépression dont le versant méri-
dional consiste en une marne plus argileuse que la précédente,
et remplie de petits points glauconieux, qui représente la
110& RÉUKION BXTEA0EDI9À1RB A 8ÀIRT-0AUDBK8 9
partie extrême de la colonie, et, par conséquent» de la craie;
et, chose singulière, c'est là où les caractères crétacés devraient
s'effacer et mourir, qu'ils se montrent, au contraire, de la ma-
nière la plus prononcée. La Société a pu s'en convaincre elle-
même, en y voyant, avec des espèces propres au terrain,
comme des Arches, des Pleurotomaires (grandes espèces)» de
nombreux individus de Micraster brevis, de Hemiaster punc^
tatus, avec Ostrea vesiculan's^ Terebratula tenuistriata : on
y trouve encore Ànanchyles oi^ata (petite variété), Terebratula
alatay et presque jamais les espèces éocènes qu'il n'est pas
très-rare de rencontrer dans les marnes inférieures.
L'étage garumnien est au moins aussi puissant à Ausseing
que les calcaires de la craie, soit 2A0 mètres, répartis à peu
près également entre les trois assises.
Partie d'Âusseing, la Société, après avoir quitté définitive-
ment les couches que caractérisent les fossiles principaux do
Maestricht, avait donc traversé successivement une puissante
assise argilo-sableuse avec calcaires subordonnés, sans fossiles,
une crête importante de calcaire, compacte, également dé-
pourvue de débris organiques reconnaissables, et enfin une
assise fossilifère. Prévenue que cette assise dépendait encore de
la craie, elle aurait été médiocrement surprise d'y rencontrer
quelques espèces de Maestricht qui se seraient trouvées en retard,
pour ainsi dire \ mais les choses se sont passées tout autrement.
Nos confrères ont cherché vainement dans ces couches mar-
neuses, par lesquelles le garumnien se termine, les espèces de
la craie supérieure, si abondantes au nord d'Ausseing, et ils ont
trouvé une faune toute nouvelle, comprenant des espèces cré-
tacées étrangères pour la plupart à la craie de nos pays, mais
que Ton sait être largement représentées dans la craie blanche
du nord de la France (1), comme si une peuplade égarée, venant
on ne sait d'où, s'était réfugiée à une place qui devait lui être
tout à fait interdite. Si jamais une faune a mérité le nom de
colonie^ c'est bien celle-là, et j'oserais presque affirmer que la
(1) Cette faune est la môme que celle des couches glauconifères de
Marsoulas, signalées par M. Dufrénoy, et rapportées par lui au grès
vert.
DU li AU 23 SSPTBMBRB 1862. 1105
colonie type de Bohème, due aux longues et belles études de
notre éminent confrère M. Barrande, n'offre pas des caractères
aussi prononcés. Ce fait était bien propre à étonner la Société,
d'autant plus qu'il se trouvait, dans la réunion, plusieurs incré-
dules; mais ceux-ci mêmes, avec la sincérité qui accompagne
toujours la vraie science, ont dû reconnaître sa réalité, qui
devait devenir plus évidente encore le surlendemain, par les
observations faites aux environs d'Aurignac.
Après avoir gravi le talus fossilifère qui constitue la partie
la plus récente et en même temps la plus curieuse de la colonie,
la réunion s'est trouvée sur un nouveau bourrelet longitudinal,
et, sans qu'elle eût pu remarquer aucun changement, ni dans
la stratification, ni dans le relief, ni même dans la nature
essentielle de la roche, elle a marché sur les couches infé*
Heures de l'Eocéne, et aussitôt elle a vu la faune de la colonie
remplacée par un ordre de choses paléontologique tout à fait
nouveau, qui lui a offert des Lucines, de grandes Cérites (Cm-
thinni gnrumnicum^ Lcym.), des Natices [Natica breifispira^
Leym.), des Cardites, des Pygorh/nc/ius, et Nerita conoidea.
Elle voyait alors s'étendre au Sud jusqu'au pied d'un dernier
bourrelet qui supporte le village de BeJbéze, une large surface
accidentée par des sillons longitudinaux, avec une inclinaison
médiocre. En descendant ce versant normal dans Ja direction
de Belbèze, nos confrères auraient successivement traversé et
reconnu tous les éléments qui constituent l'éocéne pyrénéen
dans son état le plus complet -, malheureusement l'heure avan«
cée n'a permis à la réunion que de jeter un coup d'œil rapide
sur les assises inférieures, les premières qui se présentaient à
elle. Cependant, malgré la rapidité de sa course et nonobstant
la désagréable diversion causée par une pluie diluvienne, elle
a pu encore jeter un regard de regret sur les tranchées de la
route qui lui offraient l'étage supérieur de l'Éocéne, c'est-à-dire
le conglomérat de Palassou, avec ses volumineux cailloux cal-
caires, et apercevoir, un peu plus haut, les déblais des carrières
de Fumes, dans lesquelles on exploite un grès calcaire roux
grossier, contenant des débris de coquilles marines et quelques
cailloux, qui constitue la partie inférieure du poudingue.
La série éocéne de Belbéze, malheureusement soustraite &
Soc. géol., î« série, tome XÏX. ^ 70
1106 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A SAINT-GAUDEM8 ,
robscrvalion de la Soci6té par des circonstances purement ma-
térielles, se présente avec quelques modifications secondaires à
Aurignac, où nous devions la traverser dans des conditions
beaucoup plus favorables^ maïs il n'en était pas moins regret-
table de laisser une lacune aussi importante dans I*étude du
massif d'Ausseing. Pour remédier autant que possible à cet
état incomplet de nos observations, je crois devoir offrir à nos
confrères une coupe développée (pi. XXIII, fig. 2) du versant
méridional et normal du massif, avec l'indication succincte des
assises qui le composent.
Je procéderai dans Tordre de superposition des terrains et
des étages en commençant par les plus modernes.
Êocène pyrénéen,
fa. Conglomérat de Palassou, à galets calcaires formés aux
dépens des calcaires antérieurs (calcaire à Milliolites,
calcaire lithographique, calcaire naukin, calcaire à
Dicérates). Le ciment est terreux, grossier, et passe de
la marne au grès et au calcaire, et se dégage assez sou-
vent de manière à former des couches particulières. Sa
couleur est blanchâtre, jaunâtre ou roageâtre, qaelqae^
fois jaspée de rouge et de violet. — Ce cooglomérat est
quelquefois très-grossier, et renferme des blocs incom-
plètement arrondis et mOme presque anguleux; le plus
souvent ses éléments sont des cailloux arrondis, conso-
lidés par places de manière à former un poudingue.
Ce dépôt grossier me paraît être le résultat des secous-
Etage I ggg (ju gQJ qyi Qjjt jû précéder le soulèvement pyrénéen^
supérieur:/ combinées avec Tagitation violente des eaux delà mer
puitsmice, \ éocène. Palassou, avecson admirable sagacité, a, le pre-
mier, signalé ce conglomérat à une époque où la géologie
pyrénéenne n'était pas même ébauchée, et a su le distin-
guer d'autres agglomérations de cailloux d'un ftge plus
récent, avec lesquels on Ta souvent confondu depuis.
b. Calcaires roux, de Fumes, avec galets calcaires, ren-
fermant des débris de coquilles marines, alternant^ Tera
le haut, avec le conglomérat de Palassou.
c. Calcaire jaune pétri de débris d'animaux marins, no-
tamment d'Oursins, passant au grès, riche en Opercu-
lines et autres foraminifères, avec Terebratutn tenui-
striatn ? de très-petite taille.
C'est là le niveau des Nummulites qui n'existent pas
\ de co côté du massif.
1
DU ià AU 23 6EPTEUBRB 1862.
1107
Étage
moyen :
puissance,
Étage
inférieur:
puissance,
60«.
ff!. Calcaire blanc grisftlre, marneux, pétri de Mélonies,
renfermant aussi des Huîtres, accompagné de marnes.
Niveau habituel de Tcrcbratula Montolearensis et
de Spondylns eocenus et d'une Came encore indéter-
minée.
c. Calcaire gris fragile renfermant de grandes lucines;
bancs cariés ou cellulaires subcristallins, souvent ferru-
gineux.
/. Calcaire gris marneux, divisible en lopins, avec de pe-
, tites parties blanches concrétionnées.
'g'. Marne riche en Osirca uncifera^ nov. sp.
/t. Calcaire blanc, irrégulièrement fissile, à Natices (AV<-
ticfi brevispiniy etc.).
/. Assise sans délits de calcaire blanc ou bleuté, sub-
crayeux, un peu marneux, à milliolites, exploité.
Dans ce calcaire on trouve des moules de grands ce-
rites (Cerithiuni garumnicum ^ Cerithium Daubuissoni)^
des Cardites, de nombreuses Lucines, etc.
j. Calcaire marneux, divisible, eu rooailles aplaties à Py^
gorhyncfius^ Neritaconoidea^ analogue au calcaire h,
X. Niveau d'une couche blanche ordinairement calcaire,
contenant de grandes Operculines d'un blanc prononcé
et comme spathisées.
Craie. — Etage garumnien. Puitiancc, jw*.
k. Marnes grises glauconieuses à Micraster brevis , he^
miasterpunctatus^ etc., avec une physionomie crétacée
très- marquée.
/. Sables et grès jaunes et gris, passant au calcaire infé*
rieurement.
(Colonie). J///. Marnes et calcaires marneux fossilifères, avec Cardites,
Vénus, Crassatelles, Natices, offrant peu de fossiles cré-
tacés et quelques espèces éocènes , notamment Natica
brevispira.
Calcaire lithographique des crêtes avec de volumineux
silex passant à la meulière,
moyenne. |^ Bancs de calcaire blanc crayeux.
. . Cp, Assise de faible consistance , offrant des sables et des
Assise 1 . :i^^ Um.:^ix.%^ *»am r]»« K««A« :.«*A-m.kix^ j^ .^i^.* ^
Assise
supérieure
Assise
inférieure
r
10.
argilea bariolées avec des bancs intercalés de calcaire
gris, argileux percé de trous.
Celte derniôre assise n'offre pas de fossiles dans le massif
d'Ausseing proprement dit, mais déjà à Marsoulas, un peu au
sud de Belbéze, où Ton a fait quelques recherches de lignite,
on y a trouvé, avec do longues huîtres aplaties, des débris de
vrai crocodile et de tortue. Nous verrons bientôt que, de Tautre
nos RÉUNION EXTRÀORDIKÀIRB À SÀINT-GAUDBIHS^
côté de la Garonne, elle recèle des coquilles caractéristiqaef
particulières à nos contrées et de plus des sphèrulîtes.
Craie supérieure et craie blanche»
q. Calcaire nankin ou grisâtre à orbitolites avec Hemi»
meus tes radiatus^ Ncrita rugosa^ Ostrca lftr%*a^ Janira
striatO'Costnta^ et autres fossiles de Maëstricht.
calcaires : 1 r. Calcaire nankin à orbitolites et fossiles de la craie ordt-
300 met. \ naire.
s. Calcaire gris très-marneux avec Terebratula ntata ,
Ostrca vesicularis (variélé énorme), Ananchyies opa^
ta, etc., et de beaucoup d'autres espèces de la craie.
t. Argiles avec dalles de calcaire gris et bleu, quelqttefoit
couvertes d'Orbitoli tes, etc. (puissance inconnue).
En certaines local ités» comme au piquon de Roquefort, on
trouve dans les deux ou trois dernières assises que nous Venons
de citer, beaucoup d'autres fossiles de la craie blanche iden-
tiques, pour la plupart, à ceux de Monlëon et de Gensac.
Après cet exposé des faits observés dans la montagne d*Aus-
seing, M. le président propose de réserver les discussions aux-
quelles ces faits pourraient donner lieu pour la séance suivante,
afin de pouvoir faire entrer en ligne de compte les obseryations
du même genre que la Société devra faire demain dans les en-
virons d'Aurignac.
La réunion partage cetle manière do voir et lo renvoi de la
discussion est décidé.
M. Hébert est invité à rendrecompte de la course de ce joufi
aux environs do Mont-Saunës et de Salies.
Compte rendu de Vexcursion du 16 septembre^ dans les environs
de Mont-Saunès et de Salies^ par M. Hébert.
Notre président m*a chargé de le remplacer dans Texcursion
projetée à Mont-Saunès et à Salies, à laquelle, à notre grand
regret, il n'a pu assister. Je n'ai accepté cette tâche difficile qui
n'est pas exempte do dangers dans un pays nouveau pour moi,
que parce que M. Loymerie a bien voulu me munir, en détail^
de tous les renseignements dont je pourrais avoir besoin. Je
vais donc vous rendre compte de ce que nous avons vu.
Nous nous sommes dirigés de Saint-Martory à Salies, par la
DU lA AU 23 SEPTEMBRE 186?.
H09
route, jusqu'à Mont-Saunôs (voyez la carie). Un peu avant ce
dernier village, une modification récemment faite à la route
nous a permis d^étudier la succession des couches le long d'une
grande tranchée, sur une étendue de 1 kilomètre environ. En
ce point, la route se dirige du N.-E. au S.-O., et des couches
plongent de 30 degrés au N.-E. Comme l'indique la coupe
ci-dessous, on rencontre successivement, en allant des assises
les plus récentes aux plus anciennes, la série suivante :
B
tt —
D E F G
Partiel ravinées et romplieg de terrtins de Iraniport.
II
4^ A. Argiles violettes ou verdàtres avec de petits bancs de grès, inter-
calés ; épaisseur 8 à 1 0 mètres.
2^ B. Grès terreux alternant avec des argiles. Ces grès renferment de
nombreux débris osseux de reptiles que notre collègue M. Gau-
dry a pensé pouvoir ôtre àes plésiosaures ^ des écailles de poissoos
qu'il a rapportées au genre Lcpidotiis^ de nombreuses empreintes
de Venus Garumnica^ Leym., des plantes terrestres et ma-
rines, etc. ; épaisseur 4 à 6 mètres.
3* C. Argiles bariolées 6 à 8 mètres.
4° D. Calcaires marneux sans fossiles.
6^ E. Argiles bariolées.
6» F. Grès.
7* G. Argiles.
Le temps n'a pas permis d*évaluer l'épaisseur de ces der-
nières couches, beaucoup plus puissantes que les premières (1).
Après un intervalle H assez court pendant lequel le sous-sol
n'est pas visible^ on arrive à une grande carrière exploitée, au
pied du pech de Montsaunés, dans un calcaire M très-compacte,
très-peu fossilifère, où le sens de la stratification est difficile à
définir, en raison de la complète homogénéité de la masse, et
des nombreuses lignes de fissuration en sens divers qui souvent
simulent des plans de stratification.
(4) Ce système représente probablement l'étage inférieur de Tétage
garumoien de H. Leymerie.
M
1110 néUNIOIf SXTBÀOBDINAIRB À 6AI?IT-GÀUDBKS ,
Toutefois, en montant au sommet du pech, la direction des
couches s'accuse bientôt d'une manière trùs-nettc, et on recon-
naît qu'elle reste conforme à celle de la série précédente, c'est-
à-dire que le calcaire plonge au N.-E., mais avec une inclinai*
son beaucoup plus forte et qui atteint la verticale au sommet.
Dans les couches qui constituent la partie la plus élevée de
cette petite montagne et qui ont une teinte jaune trés-pronoD-
cée, les fossiles deviennent nombreux, ce sont surtout des Orbi-
tolites, des peignes {Jouira siriatocostata), des Hemipneustes
des Thécidées, des Huîtres {O. la/va?), M. Rames y a rébueilli
un bel exemplaire de V Exogy-ra columha (var. major).
N. Pecb
de
Monlsaunif.
B -» Partiel rarinëes et remplies de terrains de transport.
En redescendant du pech^ on rencontre, en se dirigeant au
sud, h la suite des calcaires jaunes à Orbitolites N, des calcaires
marneux gris 0 renfermant encore quelques rares Orbitolites,
mais caractérisées surtout par le Galerites gig<i9 et YOstren
a)esicularis ? Puis enfîn des argiles P, évidemment inférieures
à la série précédente.
Nous avions ainsi rejoint la route de Salies, et nous recon-
naissions dans le système crayeux que nous venions de tra-
verser la même série que celle que nous avions étudiée la
veille à Ausseing, sous la direction de notre savant chef, et
dans les argiles qui en forment la base la partie la plus infé-
rieure du groupe d*Ausseing.
M. Leymerîe nous avait prévenu que nous trouverions sur
notre route des gypses et des ophîtes, et en effet, tout à côté
de ces argiles, presque en contact, se trouvent, de chaque côté
de la route, des exploitations de gypse R, adossées à des fiions
d'ophite S, et nous avons pu nous rendre compte de la dispo-
sition de ces différentes masses minérales. Nous avons essayé
de représenter cette disposition dans notre coupe.
DU ià AU 23 SBPTBMBRB 1862. illl
Le gypse R accompagné de marnes, lie de vin et vertes, se
présente entre les argiles crétacées V et la masse principale
d'ophile T, et, bien que la stratification soit ici un peu confuse^
il est facile de constater que, dans son ensemble, la formation
des argiles avec gypse affecte, comme la série précédente, une
position voisine de la verticale. L'opbite, qui n'est qu'une
véritable diorite, tantôt compacte, tantôt porphyroïde, et qui
présente exactement les mêmes caractères et les mêmes variétés
que les diorites de toutes les autres parties de la France, semble
aussi s'élever verticalement, avec un petit filon dioritique S»
chargée (Pépidote et parallèle aux couches ou système gypseux«
se montre à la partie inférieure de cette série.
En examinant de prés le système gypseux, frappé des cou-
leurs vives des argiles, de la disposition zonaire des lits de
gypse, disposition indiquant, selon nous, d'une manière certaine
un mode de formation sédimentaire, nous n'avons pas bésité à
déclarer que ce système faisait partie du trias, et qu'il ne pou*
vait avoir aucun rapport avec le terrain crétacé en contact
duquel il se trouvait placé par suite d'une dislocation du sol.
En m'exprimant ainsi, je traduis l'expression générale des
membres de la Société présents sur les lieux, car en même
temps que je formulais ma penséci la même opinion était émise
par M. de Rouville, qui reconnaissait comme moi la grande ana-
logie de ce système gypseux avec les calcaires des Cévennes et des
Alpes, et j'ajoutais ce qui était confirmé par d'autres membres,
que les argiles que nous avions devant nous avaient, malgré
leur peu d'importance, tout h fait les caractères des marnes
irisées du Nord, à un bien autre degré que les roches corres-
pondantes des Cévennes et des Alpes, qui sont ordinairement
à l'état schisteux, et que, quant au gypse, les petites couches
superposées de cristaux de différentes teintes qui donnent à
cette roche son apparence zonaire, disposition que Ton retrouve
dans les assises inférieures des marnes gypseuses du bassin de
Paris, devaient faire exclure toute pensée de métamorphisme.
Nous n'avons pas cependant été assez heureux pour con-
vaincre tous nos confrères. M. Gaudry a persisté à considérer
les argiles bariolées de Salies comme ayant subi une action
métamorphique par suite de l'éruption des masses ophitiques.
1112 RÊUIflOlf EXTRAORDINAIRE A RAllfT-GACDENS,
Mais quelles argiles crétacées auraient subi cette transforma*
tion? Nous venions do voir les plus inférieures du groupe
d'Ausseing. D^ailleurs, le système gypseux de Salies est accom-
pagné de cargneules et de sel gemme, dont on y a constaté la
présence -, aujourd'hui encore, des sources salées sortent de ces
masses minérales, légitimant les noms donnés au village de
Montsaunès, au bourg de Salies et à la rivière du Sa/at qui
arrose cette vallée. Le sel gemme serait «il aussi un produit du
métamorphisme? Il serait bien singulier qu'au milieu de la
période crétacée, ces phénomènes de métamorphisme aiept pu
avoir la propriété de transformer une partie de ce terrain, de
telle manière à lui faire produire des argiles ayant toutes les
propriétés des marnes irisées les mieux caractérisées, et à
y introduire les trois éléments normaux du trias supérieur, le
sel gemme, le gypse et la dolomie. Nulle part, ni dans les Ce-
vennes, ni dans les Alpes, ce terrain ne présente une telle réu-
nion de caractères identiques avec leKeuper du Nord.
La ville de Salies est dans une position pittoresque sur la
rive gauche du Salât, et s'élève trés-peu au-dessus de la base
d'une grande butte d'ophile au sommet de laquelle se trouve
Tancienne église.
La craie se développe derrière cette butte, du côté du nord
ainsi que le représente le diagramme suivant :
s.
Ancianne église de Saliea
N
T — Diorite porpbyrolde et compacte.
P — Argiles crétacées inférieures.
0 — Calcaires marneux à Galerites gigas,
N — Calcaires à Hemipneustcs,
De ce côté en effet, en suivant la rive gauche du Salât,
on voit reparaître la série crétacée en sens inverse. Au contact
DO lA AU 23 SIPTBIIBRB 1862. 1113
do la Diorite se préseDtent on couches verticales sans inter-
médiaire : 1^ Les marnes P avec plaquettes calcaires \ 2^ des
calcaires marneux 0, recouverts par des calcaires plus com-
pactes N avec Nérites et Hemipneustes^ etc. Ces couches sont
le prolongement de celles du pic de Montsaunés, dirigées^
comme la masse dioritique, de TO. N. 0. à TE. S. E. (Direc*
lion des Pyrénées).
De ce point, nous nous sommes dirigés, en franchissant le
Salât, un peu au sud vers le hameau d*Espancousses, nous
n'avons pas tardé à rencontrer un petit massif granitique qui
nous avait été indiqué par M. Leymerie. Nous avons, en o\]tre,
constaté qu'au nord, ce granité était bordé d*une zone de schistes
cristallins, gneiss et micaschistes, et nous avons vu dans la po-
sition de ce noyau granitique, de son auréole (selon Texpression
de M. Leymerie), des schistes anciens, que nous considérons,
avec lui, comme anlé-siluriens, une preuve de plus de Tâge
triasique des couches gypsiféres. Ces roches anciennes sont,
en effet, au S. S. 0. de la Diorite et du système des gypses,
comme celui-ci estauS. S. 0. du terrain crétacé. Les lacunes
qui se présentent entre ces trois termes de la série géologique
des Pyrénée^ont dues, soit à des failles, soit à une absence de
dép6t8 en ce point, et la disposition qu'ils affectent paraît par sa
direction et la forme qu'elle présente, une dépendance immé-
diate des dislocations qui ont donné à la chatne entière sa
forme actuelle, et non point le résultat de l'éruption du gra-
nité ou de la Diorite.
L'heure du retour ayant sonné, il a fallu renoncer, à notre
grand regret, à poursuivre plus loin ces intéressantes investi-
gations.
En marchant vers Marsoulas, c'est-à-dire au N. E., nous
aurions, comme nous l'avait annoncé M. Leymerie, et comme
en effet l'exigeait la disposition générale des couches, remonté
la série jusqu'à l'horizon le plus élevé de la craie, celui que
M. Leymerie a baptisé du nom de Colonie^ et même jusqu'au
terrain nummulitique. Mais nous n'avions plus que le temps
strictement nécessaire pour rejoindre la station de Boussens
avant l'arrivée du train qui devait nous ramener à Saint-Gau-
dens.
111& RftUNION BITIAOEDIXÀIRR ▲ SAINT- GAU DSNS ,
A In suite do cette communication, il s'établit sur le mode
de formation et sur Tûge des gypses qui sont en relation «fec
Tophite, une discussion à laquelle prennent part MM. Hébert
et de Rouville d'un côt6, et MM. Gaudry et Leymerie, de
l'autre. Les arguments des deux premiers de ces géologues
ayant été rassemblés dans la communication de M. Hébert,
nous ne donnerons ici que ceux opposés par M. Leymerie et
par M. Gaudry.
M. Leymerie, après avoir reconnu l'exactitude des faits ex*
posés avec tant de clarté par M. Hébert, regrette de se trouver
en opposition formelle avec lui, à Tégard de Tâge et de rorigioe
des gypses de Montsaunés. Il ne voit dans ces masses cristal-
lines qu*un résultat plus ou moins médiat de TéruptioD de
Tophite qui accompagbe presque toujours le gypse, non-sea-
lement b Montsaunés et à Marsoulas \ n^if encore dans toute
la chaîne des Pyrénées.
Dans son opinion, la présence du gypse dans les gttes bou-
leversés par Tophite, serait indépendante de Tàge des terrains
traversés.
Dans les Pyrénées orientales, ce minéral se trouve tantôt
dans le lias, tantôt dans le terrain de transition. Aux Corbiéres,
où d'ailleurs il existe des gypses sédimentaires qui datent de
Tépoque tertiaire, la plupart des gypses cristallins gisent au
sein du terrain crétacé inférieur. A Montsaunés, c*est au mi-
lieu des argiles inférieures de la craie et des assises marneuses
qui en font partie, que cette matière a été introduite ou formée î
et la disposition zonaire, que Ton remarque en certains en-
droits, n*est autre chose qu'uq reste de «slratification de çe#
argiles ou marnes. L'Ophitea produit également les vives cou-
leurs que prennent généralement les marnes et les argiles au
voisinage de cette roche^ ainsi que les accidents minéralogiqùes
[pyrite^ fer oligiste^ mica^ amphibole^ talc) que Ton y ren»
contre fréquemment, notamment dans les environs de Tarasoon
(Ariége), où d'ailleurs le gypse se trouve associé avec des qaN
caircs cristallins et non avec des argiles. Ces relations des
ophites avec les terrains sédimentaires traversés ont été recon<
nues par MM. Dufrénoy, François, Durocher, et par tous les
géologues qui ont étudié les Pyrénées.
DU 1 A AU 23 SEPTEHBRB 1862. 1H5
M. Lcymcrîe ajoute que, dans les nombreuses excursion*
qn^il a faites dans toutes les parties de la chaîne, il s'est fré-
quomment servi de la vive coloration du sol, et presque tou-
jours avec succùs, comme indice de la présence de Tophite.
Relativement au sel gemme accuse à Salies par une source
peu considérable, il pourrait être mis hors de cause, car des
sondages n'indiquent la présence de cette roche adventive qu'à
une trés-grando profondeur. Mais, en retenant même ce fait
parmi ceux qui sont ici en question, il n*y aurait rien d'inad^
missible, ni même d'insolite à considérer également ce sel
comme un dépôt d'eaux saturées qui auraient profité de Térup^
tion pour venir s'intercaler dans les terrains qui gisent sous
le sol de Salies. L'idée de rapporter à Tétage supérieur du
trias les argiles bariolées qui servent de matrice au gypse no
paraît pas soutenable en présence de ce fait fondamental, bien
que négatif, que cette formation est en dehors de celles que
les études, même les plus rëcentesi portent à admettre comme
éléments essentiels des Pyrénées. Il serait fort singulier, il faut
bien le reconnaître, que les marnes irisées n'existassent que là
oùl'ophîte devait faire irruption, tandis que le lias et le calcaire
jurassique^si largement développés dans la chaîne è quelques
kilomètres au sud, n'y seraient pas représentés.
En terminant ces observations, M. Leymerie fait remarquer
à ses confrères que tous les faits qui pourraient contribuer
k écUircir cette question pe se trouvent pas réunis dans ta
localité de Montsaunés et de Salies, et qu'il les croit trop sages
pour fonder sur les observations restreintes et incomplètes de
ce jour, une opinion qui aurait besoin, pour être réellement
sérieuse, de s'appuyer sur l^nsamble des phénomènes du même
genre qui sont répandus sur toute la longueur des Pyrénées.
Relativement à l'emploi du mot Ophite^ pour désigner les
dioritesdes Pyrénées, que M. Hébert semble critiquer, M. Ley-
hierie rappelle que ce nom, auquel il convient, d'après les rues
de Palassou, d'attribuer un sensgèognostique, ne s'applique pas
seulement à des diorites, mais bien à des roches variées qui ne
méritent pas toujours la dernière dénomination, et dans les-
quelles, d'ailleurs, l'èpidote semble jouer un rôle presque es^
sentiel. Ce type, que nous devons encore à la sagacité de
1110 RSUNION BXTAAORDINAIEB A SAIN T-GAUDBN S ,
Palassou, est trop précieux pour que jamais les géologues py-.
rénéens consentent à le détruire*, car il représente un fait géo-
logique qui joue un rôle important et identique dans toute
rétendue de la chaîne et qui doit être considéré comme un ca-
ractère très-marqué de ces belles montagnes.
M. Albert Gaudry présente les observations suivantes : Il
ne m'appartient pas de décider si les argiles de Salies se rap-
portent à tel ou tel terrain *, mais il me semble bien probable
que leur aspect si particulier doit être attribué au métamor-
phisme. Si elles ressemblent aux assises de Tétage des marnes
irisées^ elles ressemblent encore davantage aux roches méta-
morphiques des régions où j'ai rencontré d'importants massifs
ophitiqueSi telles que l'Italie, la Grèce et l'Ile de Chypre. A la
vue des argiles bariolées de Salies, bien que je n'aie aucune
connaissance du pays, j'ai émis, devant plusieurs de nos con-
frères, l'opinion que des roches ophitiques devaient se trouver
dans le voisinage, et, en effet, la Société rencontra bientôt de
puissantes masses ophitiques.
M. Leymerie rappelle que la Société doit aller le lendemain
explorer les environs d'Aurignac, pour continuer les observa-
tions sur les terrains pyrénéens supérieurs. Il expose, k l'aide
des coupes 3, A et 6 (pi. XXIII), la série des observations à
faire à Aurigoac même, et celles par lesquelles la Société
pourrait compléter ces dernières à la métairie de Tuco (colonie)
et à Auzas pour les fossiles de Tètage inférieur de l'étage
garumnien.
Séance du 18 sqptembre 1862,
A midi.
FRÉSIDBKCB DB M. LBTHBRIB.
Après la lecture et l'adoption du procès- verbal de la séance
précédente, sont présentés pour obtenir le titre de membres de
la Société*
M, le docteur Schvargz, de Stublweissemberg (Hongrie) ;
présenté par MM. de Verneuil et d'Archiac :
M. David Honbtmak, F. 6. S. à Antigomish (Nova Scotia) ;
présenté par MM. de Verneuil et Barrande :
DU lA AU 2S SErTEMBRB 1862. 1117
M. Henri dbSauzbt, licencié es sciences naturelles à Toulouse*,
présenté par MM. Hébert et Lcymerie:
M. Paul Seignitti, professeur au collège de Pamiers
(Ariége)-, présenté par MM. Hébert et Leymcrie:
M. Leymerie rend compte de la courso d'Âurignac, faite la
veille.
Compte rendu de la course d^Anriguac et d'Juzas;
par M. Leymerie.
Les basses montagnes d'Aurignac (voyez la carte, pi. XXII,
et la coupe générale pi. XXUI, fig. 8), situées du cAlô gauche
de la Garonne, semblent sortir du terrain tertiaire de la plaine,
dans le prolongement du massif d'Ausseing, et marquent Tex-
trémité occidentale, ou, si Ton veut, la naissance du soulève-
ment avancé qui a produit cette dernière montagne et les autres
protubérances quiJui font suite dans TAriége et même dans
1 Aude, parallèlement aux Pyrénées.
Cette circonstance explique suffisamment pourquoi ces pro*
tubérances, d'ailleurs très-accusées, s*élèvcnt moins que celles
du côté droit de notre grande vallée et comment il se fait qu'elles
se. trouvent entièrement séparées de la ciiatno principale par
une région tertiaire qui doit être considérée comme faisant
partie du bassin sous-pyrénéen, tandis que le massif d'Ausscing
et de TAriége se soudent plus ou moins complètement à la base
des grandes montagnes.
Pour arriver à Aurignac, centre administratif et on même
temps géologique de celte région si favorable pour les études
stratigraphiques, nous avons pris la route la plus directe, celle
qui passe par Latoue et Aulon. Cette route traverse d'abord
du S. au N. le plateau diluvien de Saint-Gaudens, dans toute
sa largeur qui est d'environ 3 kilomètres. Elle rencontre
ensuite un coteau rapide entaillé jadis par l'érosion dilu-
vienne dans le massif tertiaire miocène^ et qui nous a montré
d'abord un dépôt marneux assez obscurément stratifié. Par ce
coteau nous sommes parvenus sur le plateau tertiaire où noua
avons trouvé un dépôt assez considérable de cailloux générale-
ment quartzeux d'un petit volume, entremêlés d'un limon
grossier^ dépdt que je crois devoir rattacher proviaoïrement au
J118 RÉUmOlf BXTRAOaDlNAlRB A SAIIfT^GACDENS^
tcrrdin sous-jacent, après avoir reconnu la difiiculté de l'en
séparer, comme Tavait essayé M. Dufrénoy, pour en faire un
étage parliculièr.
Au village de Liéoux, où Pon commence à descendre dans
la vallée de la Noue» les tranchées de la route nous ont montré
un système de couches, formées par des calcaires impurs,
inclinées normalement et assez fortement au N. £., qui appar-
tiennent è la craie, et, vers le bas de la descente, il existe des
argiles bariolées, des calcaires compactes et des sables blancs
quartzeux très-pt^, qui représentent le système garumnien.
La Société n'a pu que jeter un coup d'œil trôs-rapide sur ces
roches, des portières de ses voitures; mais elle a parfaitement
reconnu, ainsi que je le lui avais annoncé, que Laloue était
sur une faille synclinale. En effet, après avoir traversé le yillage,
elle a vu du côté opposé les couches de la descente de Liéoax
(craie) se représenter avec une inclinaison méridionale dont la
valeur absolue est beaucoup plus faible que celle qQ'elles
avaient au sud de Latoue. Cette faille, indiquée sur la coupe
générale, planche XXIU, figure 8, se trouve figurée à pari
dans le croquis suivant.
Craie. La Noue, r. Craie.
Latoue.
A partir de Latoue, la route d'Âurignac suit la vallée de la
Noue, ayant presque constamment à gauche de faibles trao*
chées du terrain qui représente la craie ] mais, vers le Village
de Sainl-Elix, elle entre dans le terrain tertiaire éocène, qu'elle
ne quitte plus jusqu'à Aurignac.
A peine arrivée au centre de ses explorations, pour cette
journée, la Société a voulu les commencer immédiatement.
J'ai cru devoir la conduire d'abord sur la route de Martres, où
une c6te assez rapide l'a fait parvenir. De ce point assez élevé,
au bout d'Armas, elle pouvait voir dans son ensemble une
vaste région soulevée qui n'est autre chose qu'une croupe
argilo-marneuief représentant le garumnien inférieur, large*
DU lA AU 23 tBPTBMBRB 1862. IJIO
mont bombée et plongeant de tous côtés excepté du S. E. sous
les calcaires lithographiques à silex dont les escarpements
constituent une enceinte en forme de cirque. Ces deux assises
garumniennes représentent la partie la plus ancienne des envi-
rons immédiats d*Aurignac, et l'on Toit qu'elles s'j^manifestent
d'une manière tout à fait large et extraordinaire.
On peut se former de cet état de choses curieux une idée
assez complète en consultant notre carie des petites Pyrénées
et les coupes 3 et A de la planche XXIII. Ce fait^ au reste,
est jusqu'à un certain point comparable à celui du soulèvement
d'Ausseing avec cette différence toutefois qu'à Aurignac ce
sont les argiles garumniennes qui constituent le fond de la région
soulevée, tandis que^ de l'autre côté de la Garonne, ce rôle se
trouve rempli par une argile appartenant à la craie proprement
dite.
La coupe, planche XXIII, fig. A, qui traverse le système dans
toute sa largeur, du S. S. 0, au N. N. E. , montre bien ce fond
garumnien argilo-marneux avec sa forme largement bosselée.
Nous y avons indiqué, par dessous, le calcaire jaune de la craie ^
mais en réalité, cette roche ne se manifeste que par quelques
affleurements au fond des ravins vers l'extrémité orientale delà
région. Dans cette coupe on voit l'assise argileuse ^^ s'enfoncer
sous les calcaires compactes à silex ^ qui s'élèvent en escarpe-
ment de part et d'autre et notamment au S. S. 0. où ils con-
stituent la petite montagne de Soterne, un des points culmi*
nants du pays. Ces calcaires eux-mêmes passent sous une
assise de sable ^ , qui sert de support aux premières couches
de la formation éocène. Enfin la coupe montre celles-ci s'enfon-
çant du côté opposé, au N. N. E. de la métairie de Bernède, au
delà de la Louge, sôus un épais dépôt horizontal qui appartient
au terrain feftiaire miocène sous-pyrénéen.
La petite coupe n* 8 représente la même région garumnîenne
dans le sens de son axe, c'est-à-dire à peu près de l'E. à l'O.,
sous la forme d'une protubérance soulevée qui vient inter-
rompre la continuité du plateau tertiaire miocène, dont on
voit deux parties correspondantes à l'est et à l'ouest. On y re-
trouve le fond argileux soulevé, dominé d'un seul côté, à l'ouest,
par le calcaire compacte^* delà montagne des Espléchaux sous
1120 RfiUNlOïl BXTRAORDINAIRB A SAIMT-GAUDBNS ,
lequel il passe et qui lui-môme supporte les sables^* d'Aurignac
sur lesquels repose à son tour rétage èocéne que nous allons
bientôt étudier d*une manière toute particulière.
J*avais annoncé la présence, dans le fond argilo-marneni
du soulèvement garumnicn d'Âurignac^ de Fenus garttmmca^
Leym. fossile nouveau et tout à fait caractéristique pour cette
assise. Nos confrères y ont, en effet, trouvé de nombreux
individus de cette belle coquille dans un état de conseryatioD
qui ne laissait presque rien à désirer. J'ajoute que j'y avais ren-
contré antérieurement un fossile de la craie supérieure Osîrea
larva qui ne doit être considéré ici que comme un accident.
Il est bon de faire remarquer, avant de quitter cetto région
soulevée à l'est d'Aurignac, que le terrain crétacé n'y est repré-
senté que par le système garumnicn *, la craie proprement dite
n*y paraît point si ce n'est, comme nous l'avons déjà dit, tout
à fait à l'est et seulement dans quelques endroits bas ou creux.
Ce développement considérable que prend ici le nouveau système
indépendamment de la craie ordinaire, nous semble être une
nouvelle preuve de sa réalité et de la nécessité où je me suis
trouvé de l'établir.
Ayant pris connaissance de cette base des terrains d'Auri-
gnac, nous sommes rentrés dans ce bourg, et après y avoir dé-
jcunéy nous avons accompli la partie la plus importante de
notre tûche de ce jour, savoir Pétude do la série éocène, que
des circonstances défavorables nous avaient empêchés de faire
à Ausseing.
Nous venions de constater la présence des assises inférieures
de l'étage garumnicn -, j'ai fait remarquer à la réunion que la
troisième assise (colonie) était représentée ici par une forma-
tion de sable et de grès friable sans fossiles qui repose immé-
diatement sur le calcaire à silex, et qui passe sous le calcaire à
milliolites. Cette dernière roche, qui est ici beaucoup plus solide
et plus pure qu'à Ausseing, s'accuse sous, la forme d'une crête
parallèle aux Pyrénées, découpée en trois petites montagnes
allongées. Aurignac est situé en couronnement et en amphi-
théâtre, au S. 0., sur celle du milieu, et exclusivement du
côté occidental, sur les bancs solides du calcaire à milliolites.
En regard de l'Orient, il n*y a pas une seule maison, et cela se
DO là AU 2ft 8Bl>fllVBK8 1862i i\H
conçoit. Gomment auraient-elles pu se fonder et se maintenir
dans les sables garumniens qui forment de ce côté un talus
très-rapide ! La petite montagne du N. 0. s*appelle Portet (1) ;
celle du S.-E. s*appelle Martin.
La coupe figurée planche XXIII sous le n* 6 montre que le sys-
tème garumnien Tient se terminer derrière Aurignac, dont la
première rangée de maisons est exactement sur les premiers
bancs de Téocène. C'est devant, c'est-à-dire au S. 0. de cette
ligne que ce dernier terrain se manifeste de la manière la plus
claire et la plus complète. Afin de couper toutes les assises, la
réunion a suiyi la route de Boulogne, jusque sous le ch&teau
d'Aurignac, où elle a yu les bancs d'un calcaire franc^ quelques-
fois même subcristallin ou presque compacte, blanch&tre, rosé
ou un peu jaunâtre, renfermant de nombreuses milliolites
et des sections de coquilles fossiles peu déterminables. Nos
confrères ont pu observer, même dans une ècorchure à l'ex-
trémité et au pied N.-E. de la crête, le sable garumnien en
contact avec le système éocéne dont le premier banc, inférieur
aux milliolites, consiste en un calcaire jaunâtre renfermant
beaucoup de fragments d'oursins, de polypiers et quelques
coqurlles encore indéterminées et peut-être indéterminables. A
quelques pas d'ailleurs, en sortant de la ville, ils avaient remar-
qué des couches blanchâtres et jaunâtres, plus ou moins mar-
neuses et très-bien réglées, qui passent sur les calcaires à
milliolites, et dont l'une avait la face supérieure couverte d'hut-
très [Ostrea uncifera^ Leym.). Les autres renfermaient de nom-
breuses Lucines plates, de petite taille, et un Gérite assez court,
que l'on a reconnu pour une espèce des environs de Paris*
Ainsi, avant même de quitter la route, la réunion avait
observé deux éléments de la série éocéne. savoir: les calcaires
à milliolites et les calcaires marneux à Ostrea uncifera. C'est
entre ces deux groupes de couches, qu'il existe, à Belbézc, une
assise calcaréo-marneuse à Natices, qui semble manquer ici.
Les calcaires d'Aurignac se présentent d'ailleurs sous la forme
(4) Cette moDlagaa mérita d'êtra tignaléo à Musodet fossiles que
Von y rencoDtresouTent dtas la oaloaira à milliolites f Natices, Céritet,
Luoiues, etc.)etprinoipalemeDt par un bano madréporiqua qui s y
montre à un certain niveau.
Soc, géoi.^ %" série, toma XIX. 71
1122 RfiUNIOK IXTBÀORDIHAlRft k SAlHt-GAIJBBNS ,
de belles couches bien réglées, inclinées régulièrement au S.4).
et qui souvent offrent à Tobseryateur leur face supérieure à nu.
Les autres assises de l'éocéne pyrénéen se montraient derabt
la Société au S.-O. de la route^ sous la formé de petites rides
rocheuses parallèles aut PyrértèeS)' de part et d'autre d'un j^tit
Talion (Val d' Arrodes) d^à signalé» et topographiquéffient dé-
crit par M. Lartet.
En trayersant ce petit système, elle a Vu successIvMient et
dans leur ordre d'ancienneté relatite» toutes les assises Supé-
rieures à VOstrea nncifera^ jtasquë et y compris le cbfagloUftrat
de Palassou qui ne tarde pas toutefois è s'enfoncer et à dfs{)a-
raltre so\is le terrain tertiaire miocène. La figure 0 de la
planche XXIIIi ci-dessus signalée, suffira pouf donner une fdèe
générale de tout cet ensemble. Ifous engageons le lecteur à
Tayoïr sous les yeux lorsqu'il lira les courtes indications sui-
vantes destinées à lui faire connaître les principaux eai^étéfes
des étages et assises qui s'y troutent représentés.
Coupe détaillée de la série éocène d^Aurignae.
a. Tetfàttt tertiaire mîocènô (post-pyrénéen).
^ondingne | B. Coogloihérat k gros éléments calcaires, souvent arrondis.
de <c. Calcaire blanchâtre îhïpur, divisible en lopins îrréga-
Palassou. ( liers, en partie vacuolaires, avec grès et argiles impars.
^d. Calcaire jaunâtre consistant avec grains de quartz, et
calcaire plus tendre renfermant de nombreux moules de
fossiles et quelques Nummulites.
e» Calcaire jaune argilo«ferrugineux , divisible en lopins
entièrement pétris de Nummulites [N, LermérM^
d'Ârcb., N. globulus^ Leym.}, avec des Opercalines et
de très-petites Orbîtolites.
/.Marnes, argiles et calcaires marneux, blanchâtres ou
gris, contenant des Nummulites. — Cette assise offre un
niveau x û'Ostrea gigantetï^
^^. Calcaire avec grains de quarts et points spathiques, gri-
sâtre, jaunâtre, rosé.
h. Calcaire en partie fissile, souvent rosâtre, avec Mélonif s
[âlvéotfné^siépjrrenatta^ Leym.), et petites parties con-
crétionnées; calcaire blanc subcristallin, pétri de Mé-
lonies.
/. Calcaire blanchâtre impur avec Mélotiies disséminées
dans la partie supérieure seuleâient.
— - Niveau des sources d*Aurîgnaa
Assise
à Num-
mulites.
Assise
àMélonies
(Crête de
Fajolea}.
:^
M ii AU 23 MpnaBii 18d2. 11 il
IJ. Âuise a rgilo* marneuse.
k. Puissante assise de calcaires jaunâtres ou rosés» plup
ou moins fissiles, quelquefois friables, pétris de graine
(!e qoarti!, pttï ou pditft Ib'ssnifèfes,
AMise ri. Système daMaféo-m«fneuï, blune griéfttfè, k Ottrik
à Oetrea ] itncifera^ Luctnes^ Ceritts.
Uncifera. \m. Argile et calcaire marneuii^ou terreux, jaune-bru D&(rQ«
/i. Calcaires à Milliolites, disposés en bancs de couleur
claire, avec parties roftèeé, contenant dès Àids de cal-
caire cristallisé. Ces calcaires renferment, deè fossiles
Assise ) assez nombreux à la montagne de Portet{ mais à Auri^
à ( goac, on n*y voit le plus sourent que des linéaments d^
itilliolites* ] coquilles à la surface des cassures.
0, Coucher inférieures, composées de lopins emballés dani
une matière terreuse d'un jaune brunfttre ; en y trouTé
des fragments d'Oursins^ de Polypiers, de Coquilles.
^p. Assise de sable quartzeux et de grès friables ayec acci*
dents ferrugineux.
q. Calcaire compacte blanc grisftti'e ayec silei grossieni
Étage \ plus ou moiis yolumineux et adhérente , passant à \é
Garum- \ meulière,
nien. J r. Calcaires crayeux et calcaires cloisonnées, en partie spt*
thiquôs.
.T. Argile gH«e avec grès argileux et calcaire gtls, argilifèrfc
^ troué en bancs intercalés.
Toutes les assises composant cette coupe et qui sont dfispo-
sëës dans leur ordre d'aucienneté relative, avec une nettéU
remarquable, ont été observées successivement pdr la réunion^
et ctiacun des membres a pu se procurer facilement des écban*
tltlons des principales roches, et notamment du calcaire à Mé-
lonies et du calcaire à Nùmmutites qui sont magnifiquement
repWsèhtôs dans fcctle région. Je signalerai particulièremeiiti
parmi les fossiles qui ont été recueillis, un individu complet de
VOsirea gtgantea^ rapporté jusqu'à Saint-Gaudens, malgré
son poids considérable, par notre zôlé^confrére M. Duportal,
ingénieur des ponts-et-chaussées.
Cette partie essentielle de notre course étant acbeyée, nous
avons suivi longitudinalement dans le sens N.-O., la petite
crête de Fajoles formée par Icà coucbes à Mélonies, et nous
avons trouvé, vers son extrémité, la peti(e cavité que M. Lar-
tèt a rendue célèbre sous le nom de groiie (TAurignac.
M. Gaudry a recueilli dans ce gtte un certain nombre d'oi^
(lodt n va tout à rfaeùfe entretenir la réunion»
112i RAUKtOK fi^TRÀOBDlRAIRË À 8AIllt-GAUDBNS|
Étant rentrés à Aurignac, notre tâche n'était pas terminée;
car notre programme comportait une visite à la localité d'Auzas,
qui se trouve sur la route de Saint-Gaudens par Saint-Martory.
Kos voitures ont dû par conséquent suivre cette nouvelle route.
Arrivés à la vallée de la Noue, après avoir traversé Tétage
éocène et passé au village de Bouzin, j*ai proposé de faire ar-
rêter les voitures et de monter de Tautre côté de la rivière, à
un col que je désigne par le nom de la métairie voisine (le Tuco)
et qui devait nous offrir un gite intéressant dépendant de la
colonie garumnienne. Nos confrères ont trouvé là beaucoup de
fossiles, parmi lesquels de nombreux individus de Micraster
hrevis très-bien conservés, de Hemiasler punctatus et d*UDe
variété particulière constamment petite et ovoïde, à'Anan^
chytes ouata^ et de plus, Ostrea vesicularis petite, des fVir-
îlites^ Arches^ etc., fossiles, pour la plupart, à Tétat de moule
intérieur, et qui, presque tous, appartiennent à des espèces
nouvelles. Cette assise se trouve là, comme partout, entre le
calcaire compacte à silex, et les couches à milliolites qui for-
ment le revers septentrional de la protubérance dont la colonie
occupe le côté méridional.
Avant de monter en voiture, j*ai montré à la réunion, au
bord de la route, des calcaires d'un blanc mat avec parties sub-
spathiques, qui se trouvent dans cette vallée entre la colonie
et le calcaire à Milliolites, et qui leur ont offert plusieurs indi-
vidus d'un fossile nouveau que j'ai aussi rencontré au-dessus
des marnes de la colonie de Tuco. Ce fossile paraît être une
caprotine qui, même, se trouve avoir beaucoup de ressemblanœ
dvec Caprotina vart'ans du calcaire d'Orgon. A ce niveau, se
montrent aussi les larges operculines spathisées, que nous
avons déjà signalées à la môme place dans les montagnes d'Aus-
seing, et qui diffèrent de celles qui accompagnent habituelle-
ment les Nummulites dans le terrain éocène.
La route de Saint-Martory, où nous nous trouvions, suit
d'abord la vallée de la Noue, à peu près sur la ligne qui sépare
Téocène de la formation crétacée \ elle traverse ensuite la ri-
vière en bas d'Auzas. Nous avons dû nous arrêter un peu au
delà du pont, à l'entrée d'un petit vallon qui passe au-dessous
dû village que je viens de nommer, et qui peut être regardé
»u lA AU 2S siPTHBRi 1862. 1126
comme une localité classique pour le garuronien inférieur. Le
coteau oriental de ce vallon par lequel on peut monter à AuxaSj
offre des localités fossilifères d'une richesse exceptionnelle» où
Ton trouve en grande abondance» et libres sur le sol, des
Vénus {Fènus garumnica. Leym) , dans un état admirable de
conservation, pourvues encore de leur ligament, et ensuite des
Torna telles (7. Baylei^ Leym), des Sphérulites {Sph. I^me-
riei^ Bayle) , des huttres et d'autres espèces {Ancillaire^ Cérite,
Turbo...). Les membres de la réunion ne pouvaient se lasser
de ramasser des individus de ces beaux fossiles qui étaient tout
nouveaux pour eux et qui, en effet, paraissent exclusivement
propres au garumnien inférieur de la Haute-Garonne.
L'assise à Vénus d'Auzas repose sur des calcaires nankins
qui appartiennent à la craie supérieure^ et sur lesquels le vil*
lage repose en partie \ elle se trouve, par conséquent, à la base
de l'assise garumnienne inférieure *, les autres éléments de cette
assise se montrent vers le fond du vallon et sur le versant occi-
dental.
Nous en donnons ici une courte indication avec une coupe
(pi. XXIII, Gg. 5) qui montre en même temps les relations avec
les terrains inférieurs et supérieurs de l'étage entier, dont la
puissance peut être portée à environ 200 métrés.
Coupe du vallon d^Auzas.
la. Calcaire blanc marneux à Huîtres {Ostrea uncifera),
£ocène. | b. Calcaire blanc à MiUioIites. — Operculines et Capro-
( tines ?.
c. Colonie, Cachée sous les alluvions de la vallée.
d. Calcaire compacte à silex.
e. Calcaires blancs ou rosés, en partie celluleuz, à pSte
spathique et calcaires impurs, de couleur sombre, plus
Étafia y ^^ moins troués, intercalés dans une argile.
Garinn- < ^' ^*'*'^®* •' calcaire marneux avec quelques fossiles ren-
fermant des bancs troués de calcaire argilifère et uni»
assise de grés subspathique jaunfttre.
p. Couche calcaréo-marneuse, ferrugineuse par place, riche
en fossiles (Vénus, Tornatelles, Ancillaires, Sphérulites).
avec un banc plus consistant et plus compacte pétri d«
Tornatelles.
nien.
inaire ! ^^^^^^ nankinf représentant la craie supérieure.
Craîe
ordinaire
11X6 EÊCNIQIV BkTRÀORD|KiIB« A »A19T-GÀUDENS^
Après celle oommupicatioot M. Hébert demande à faire
guelqaes ob^rvatîoos; îl s'exprime en ces termes:
M* Hébert reconnaît que les coupes données par H. Ley-
merie sur le terrain crétacé supérieur do )a Haute-Garonne
lont parfaitement exactes. La Société a pu s*en assurer à
Ausseing, aussi bien qu'aux environs d'Aurignac et d'Ausas.
II est bien certain qne les calcaires h orbitolites et à Hemi-
pneustes sont inférieurs à deux systèmes do couches crétacées
présentant deux faunes distinctes, postérieures toutes deux à
la faune des Hemipneustes et séparées par une puissante assise
de calcaire compacte sans fossiles.
D'abord les argiles et grés & Vénus^ Tornatelles, Turbos,
Gerites, Sphérulites, etc. En second lieu, des marnes, souvent
glauconieuses, avec calcaires d'apparence crayeuse, riches en
Ananchytes^ Micraster pt Hemiaster. C'est celte dernière as-
sise que M. Leymerte a considérée comme une colonie.
M. Leymerie avait d'abord (1) regardé cette colonie comme
intercalée dans le terrain tertiaire [Epicrétace). Depuis, il a
abandonné cette opinion, et pour notre savant président, ce
ne serait plus qu'une faune plus ancienne, celle du Micraster
brcifU^ qui aurait reparu postérieurement à une faune crétacée
considérée généralement comme plus récente, celle de VHcmi-
pneitstes radiatus^ ou de la craie de Maeslricht.
La Société a pu s'assurer qu'aucune couche tertiaire n'exis-
tait au-desspps des assises à Micraster. Quant à l'interpréta-
tion des ^eu^ faunes qui constituerait le fait d'une colo^fe,
M. Hébert doit avouer qu'il n'est point encore convaincu ;
1** que les couches où se rencontrent les Hemipneustes soient de
l'âge de a cfaie de Maestrîcht -, 2* que celles où se trouvent les
Anancbytes et les Micraster^ dits hrevis^ soient de |'âge de la
craie de Yilledieu. Pour lui, donc, la colonie n'est pas démon-
trée. Il faut pour cela une étude plus approfondie qu'elle n'a
pu l'être jusqu'ici de ces deux faunes. Il est, d'ailleurs, dis-
posi^ à accepter pleinement les résultats de cette étude.
Dans tous les cas, si la craie de Provence, des Alpes et du
(k)Msquissç géog{iot tique des Pnô ^çs dp la ^auêe^Getronne^
p. 6 ^ — - Toulouse, 4 858.
PU ih AU 23 fBPTiJU&B 1862. 1127
reste de TEurope, se rangQ aisément dans le cadre fourni par
celle du nord de la France, il faut avouer que celle des Pyrè^
nées présenta des caractères tout différents, et qu'ici les rap-
prûcbamenls ne se font plus aussi aisèmeqt. La connaissance
de ces couches et de leurs rapports, soit entre elles, soit aveo
les terrains adjacents, est une précieuse acquisition que la
science devra à M. Leymerie.
M. Leyuierie est heureux de voir ses observations confirmées
par celles de la réunion, mais il s'étonne que les faits si clairs
et si caractérisés dont M. Hébert a reconnu \di parfaite exacti^
iude n'aient pas entraîné notre savant confrère à l'adoption de
la colonie, et il se flatte de répondre à ses objections, M. Hé-:
bert dit qu'il n'est pas encore convaincu que les couches qui
contiennent Hemipneustes radiatus, Ostrea tarifa^ Thecidea
radiatûy soient de l'âge de la craie de Maestricht,
 cet égard, dit M. Leymerie, je rappellerai à M. Hébert
qu'il n'a pas toujours eu ce scrupule. Il n'hésitait pas, en
18iQ, quand, à l'occasion d'une communication sur la craie
que je venais de découvrir dans les Pyrénées, et dont je prenais
le type àMonléon et à Gensac , il écrivait {Bull., 2'' sér., t. 0,
p. 570) : a Nous avons été assez heureux, grâce â Tobligeance
» (je M. Bayle, pour pouvoir examiner les fossiles que cite
» M. Leymerie, et qu'il a envoyés à l'École des mines. Ces
» fossiles ne nous paraissent nullement autoriser les conclusions
^ précédentes (c'est-ù-dire que la craie pyrénéenne représen-
ï> tait, dans son ensemble, toute la craie proprement dite y
» compris celle de Maestricht), mais bien plutôt démontrer que
» le terrain auquel ils appartiennent représente uniquement
» la craie do Maestricht, et peut-être aussi la partie supérieure
» de la craie blanche , qui d'ailleurs se montre aussi à Maestricht,
)} dans les mêmes conditions. »
Après cela, est-il besoin de citer l'important témoignage de
M. de Binkhorst qui, après avoir examiné nos fossiles en nature
et les figures qu'il ne connaissait pas antérieurement de mon
mémoire sur Gensac et Monléon, a reconnu de prime abord
l'identité des deux faunes?
Je passe h la seconde objection de notre honorable confréroi
qui porte sur le colonie ello-m6me« M» Hébert doute que la
1128 RÉUNlOlf BZTRAUADlIfAlM ▲ SAlHT-GAUDIlfS,
faune de cet étage appartienne à la période de la craie blandM^
Cependant, ai nous conaidérons seulement les Oursins qoi
constituent le caractère le plus saillant de cet horixon, nous
verrons que les espèces qui s'y trouvent le plus rèpandoei
sont : Micraster breifis^ qui s'y montre avec profosiony d'abonl
sous la forme ordinaire et aussi avec le faciès gibbeux da Mi^
craster des bains de Rennes, Ananchytes ot^ata^ HemîasUr
punctatus ; on y trouve aussi Cyphosoma magniftcum Agass.,
espèce de la craie ordinaire. J'ajouterai que cette assise reor
ferme : Ostrea vesicularis et quelques rares individus de
Terebratula alata et Crassatella Dufrenayi^ espèces de la
craie pyrénéenne ordinaire. D'ailleurs, on n'y rencontre plus
les fossiles caractéristiques de Maestricht, si communs à
Ausseing. Si cette faune, dont la plupart des espèces sont
nouvelles, il est vrai, n'était pas comparable à la craie blanche,
je demande è quoi il faudrait la comparer.
M. Hébert attend une étude plus approfondie pour se déci-
der. Cependant, il a dit en pleine séance, en parlant d'Ausseing
et d'Aurignac, qu'il avait vu rarement une région aussi étudiée.
Quant aux fossiles, j'ai employé plusieurs mois à l'étude des
mollusques, et, de son côté, M.Gotteau s'est occupé & diverses
reprises des Oursins avec cette consciencieuse exactitude que
vous lui connaissez.
Je conçois, dit en terminant M. Leymerie, que Ton éprouve
quelque répugnance en présence d'une observation nouvelle
qui vient contrarier des idées trop facilement reçues ; mais,
d'un autre côté, il serait nuisible pour les progrès de la géolo-
gie, d'opposer comme une fin de non recevoir à tous les faits
qui offrent quelque chose d'insolite, et lorsque ces faits sont
accompagnés de garantie^ suffisantes, on agit dans le véritable
intérêt de la science, en leur faisant accueil*
M. de Binkhorst demande la parole pour manisfester la satis-
faction qu'il a éprouvée en retrouvant, à une aussi grande dis*
tance de son pays, une faune tout à fait analogue à celle qu'il
étudie en ce moment, et dont il a fait connaître déjà une partie
considérable au monde savant.
M. Paul de Rouville adopte volontiers la création d*un
nouYel étage (étage garumnien) crétacé, supérieur à la oraia
DO 14 AU 28 •iPTiaiAi 18dS. IISO
de Maestricht, comme un type auquel on pourra rapporter do*
rénavant d'autres terrains intermédiaires entre la craie de
Maastricht et le terrain tertiaire inférieur; mais il désirerait
que la colonie, qui est un fait particulier et exceptionnel, ne
Ûki pas considérée comme un membre essentiel de ce type.
M. Leymerie comprend et apprécie Tobjection de son con*
frère-, il y répond en faisant observer que la faune crétacée et
anormale offerte par la colonie, et dont il se préoccupe depuis
longtemps, est justement le caractère qui l'a déterminé et
presque forcé d'établir le noureau type, et il lui serait
difficile de Ten séparer. Une colonie doit toujours être rat-
tachée à une métropole, qui est ici naturellement Tétage
garumnien. D'ailleurs, la faune de l'assise inférieure du ga-
rumnien, si caractérisée à Auzas, est elle-même un fait local.
M. Leymerie ne prétend pas que tous les terrains susceptibles
d'être rapportés au garumnien devront présenter la colonie ou
la faune d'Àuzas*, mais ces (aunes étaient nécessaires pour
démontrer aux géologues Texistence du type qui était dèjh
indiquée toutefois par le grand développement que prennent
les argiles et les calcaires garumniens à l'est d'Aurignac, in-
dépendamment de la craie proprement dite. Dés à présent»
nous entrevoyons, sans quitter les Pyrénées, des groupes de
couches très-différents de composition, qui paraissent devoir
être placés sur cet horizon. Tels sont les sables {d'Aurignac^
le groupe d'Alet de M. d'Archiac, et probablement les couches
à Terebratula tenuisfriata et Ostrea vesiculans des Basses-
Pjrénées et des Landes. Il est bon de faire remarquer, en fa-
veur de ce dernier rapprochement, que Terebratula tenuis'
triata se trouve assez fréquemment dans la colonie d'Ausseing.
M« Leymerie met sous les yeux de la' Société les descriptions
et les figures des espèces qui composent la faune garum-
nienne. Ces espèces, au nombre de 70, sont très-inégalement
réparties entre l'assise inférieure, qui n'en a fourni que 16,
et la colonie, dont la faune se compose de 56 espèces. Ces der-
nières sont nouvelles pour la plupart. Les espèces déjà connues
de la même assise, parmi lesquelles il en est qui sont très-habi-
tuelles à ce niveau, appartiennent, dans le nord de l'Europe, à
la craie blanche, tandis que d'autres se trouvent dans réocène
iilO BÉUNIOH UTaiOaPIlfAIRI A lÀU|T-GAIID£lf 8 ,
du midi de U France. Pai^nii oes disrnierg, on remaïqoe x Kar
tUa br^çispira, LeyiD.f TêrfibeliopsU Brauniy Lejm.^ Isocaiêm
acutattgulUf BeUardi*) ITeaus striaUssima^ BeUardi.j
Le môme membre montre aussi plusieurs feuillea de Gassai
sur lesquelles se trouvent figurés et coloriés eo détail lu
twraius du département de la Haute-Garonoe, •! nae carte
réduite où tous ces résultats ont été rassemblés. |1 (ait reaur-
quer» en ce qui concerne les terrains pyré^éeus aupérieen,
que la réunion a vu dans ses trois jours d'ej^cursion, ies is-
portantes modifications que la carte géologique de France devn
subir pour cette partie des Pyrénées et appelle particulièrement
Tattention de ses confrères sur la physionomie noiivelle et
expressive que vient de prendre la carte de la Haute-Garonoa
par l'introduction de Tétage garumnien.
M. Albert Gaudry rend compte do la manière suivante des
observations faites dans la petite grotte d'Aurignac :
Tandis qu'une partie des mcjitbrcs de la Société vjsitajt une
carrière de calcaire blanc à Mélonies, je suis entré ^vec K. Qu-
portal dans la petite cavité ossifére d'Aurigpac. Les ossements
y spnt tellement abondants qu'en peu d'instants nous arons pn
en découvrir plusieurs s^ns autres instruments que aosmar-
i^Mt. Nous avons 4ussi vu l'ouvrier Bonnemaisop qui a 1^
premier signalé ce c^rie^x gisement; il nous a cédé quelques
os» Voici la liste des piépes que nous avons rapportées :
4^ Une première phalange et deux secondes phalanges d*une maiu hx^j
maine. Ces pièces indiquent des doigts petits et grêles; elles pro-
viennent peut-ôtro d'une femme.
%^ Une vertèbre dorsale ayeo une très-lougue apophyse épineuse ;
deux vertèbres caudales; un humérus qui a un trou glécraniffi et
est dépourvu d'arcade pour le passage de Tartère brachiale ; un ra-
dius de forme grêle; deux métatarses très-allongés; une première
phalange. Ces diverses pièces s'accordent bien pour la taille et pa-
raissent provenir d'un renard ordinaire. .^
a* Deux dents incisives d'un rongeur qui a la taille d'un gfos ra(.
40 Molaires inférieures et supérieures d'un cheval ordinaire.
5* Molaire inférieure d'un très-grand bœuf qui pourrait être l'Âuroclis,
indiqué par If. Lartet.
6*" Troisième prémolaire supérieure d'un ruminant d^ la taille d'ape
biche ou d'un renne,
7» Quelques os d*oiseaux.
\
i^D 1& AU 28 8|KrTjyf|uu[ 186?. fflf
L'aspect des osseineDis d'Aurigoac i^emblo indiquer yn
^nfouis^meot ppM ^ociieu ^ cpp^nd^i^t plusieurs d'eolre eux,
d'après M' Lartet, apparlieDoent ft des espèces perdues^ Ou
9ait d'ailleurs que ieç os des griindes caveroes do TAriége ont
Ipuveoi une fraîcheur reiuarqua))le : j'ai uotammeut éié irè^-
frappé de ce fait daus la caveroe de î'Ifero), où M. Pouecl^f
\Àea voulu me conduire.
Plusieurs membres s'associent aux conclusions de M. Gau-
dry. Ils émettent aussi l'opinion que, généralement les faits
anciennement ou nouvellement offerts aux observations par
les cavernes à ossements sont loin d'être aussi concluants en
faveur de l'existeDce de l'homme pendant l'époque diluvienne,
que ceux qui ont été signalés dans certains dépôts diluvienSi
notamment, dans la vallée de la Somme.
M. le président prie M. Albert Gaudry de donner quelques
détails sur le Dinothérium. Ce fossile, dit M. le président, est
.un des plus caraclérisques des terrains miocènes des Pyrénées ;
par conséquent, son étude intéresse les géologues qui s'occu-
pent de ces montagnes. M. Albert Gaudry, pour répondre & la
demande qui lui est adressée» présente le résumé de ses re-
cherches sur le Dinothérium (i) ] il termine par les considéra-
tions suivantes :
Le Dinothérium était un animal terrestre : ceci parait prouyé
par l'examen des ossements] qui lui appartiennent, aussi bien
que par la nature des terrains dans lesquels on le trouve. Il a été
plus voisin du mastodonte et do Téléphant que les autres
mammifères jusqu'à présent connus ; mais une distance consi-
dérable le sépare de ces genres. Ce fut le plus grand des mam-
mifères qui ont habité l'Europe. Il a embrassé un vaste espace,
car on le retrouve au pied du Pentélique en Grèce, comme au
pied des Pyrép^e^; pptre ces deux pqiqts exUrèqips^ l'^Hc*
magne nous pn offre des débris abondants. A côté du Dino-
thérium vivaient plusieurs espèces de ipastpdop^^; nul pays
^|Q l'Ëprope ue semble ^voir renfermé m plus grand nombre
de proboscidiens que le versant français des Pyrénées : M. Lartet
(4) Voir dans le JBull. de la Soc. géol. de Fn, Série 2% vol. XVIII,
p. 91, séance du 3 décembre 4 860.
11S2 EÉOlflOlf BXTRÀOEDlllÀlRB A SAIlf T-6À0DBM8 ,
en signale trois espèces. Ce dut être un imposant spectacle que
celui des mammifères géants répandus sur les yertanta de doi
grandes montagnes. Aucun point du monde actuel ne présente
de semblables scènes. En Grèce, je n'ai recueilli que deux es-
pèces de mastodontes dans le même gisement où se trooye le
Dinothériom, mais j'ai rencontré beaucoup de débris de deux
ruminants gigantesques qui n'ont point encore été décou?erts
dans les Pyrénées : une girafe et un animal plus fort que la gi-
rafe, PHelladotherium. Il existe des connexions entre les dif-
férents êtres qui constituent une faune • comme entre les
organes qui forment le corps de chaque être. D*après ces coih
nexions, on doit penser que le sud de la France, aussi bieo
que la Grèce, a nourri non-seulement de grands pach jderaies
et des proboscidiens, mai^] aussi des ruminants gigantesques;
sans doute quelque jour» on y trouvera les débris d*uD animal
correspondant à THelladotherium.
Les excursions dans les basses montagnes étant terminées»
plusieurs membres demandent une modification à Tordre
adopté pour les courses à faire dans les Pyrénées proprement
dites. Ils pensent que, vu Tincertitude du temps et le petit
nombre de jours dont la réunion peut disposer, il conviendrait
d'aller au plus pressé, c'est-à-dire, de monter directement à
Bagnères de Luchon, pour y reconnaître les terrains anciens.
De lu, il serait facile de se rendre dans le bassin de Saint-Béat,
pour y compléter autant que possible l'étude des faits géolo-
giques les plus imposants des Pyrénées centrales.
Cette modification ayant été adoptée, la réunion décide
qu'elle partira le lendemain matin par le chemin de fer pour
Montréjeau, où des voitures ordinaires devront la prendre pour
lui faire remonter la vallée de la Garonne et celle de la Pique.
Avant de lever la séance, M. le président prie M. Déaddé,
maire de Saint-Gaudens, et M. le sous-préfet Roger, de vou-
loir bien agréer les remerctments de la Société pour l'hospi-
talité et l'accueil empressé qu'elle a reçus à Saiot-Gaudeni.
N
DO 1Â AU 23 siPTiVBftB 1862. 11 9S
Séance de clôture tenue le 23 septembre \ 862,
dam la grande salle des Thermes à Bagnèrea-de-Lochon.
PaÉSIDIlfCB DB M. LBTIBBIB.
Parmi les personnea qui ont bien touIu noua faire Tbonneur
d'aaaiatar à cette séance, noua nommerons d*abord M. Tron,
maire de Lucbon, qui avait mis à la disposition de la réunion,
avec le plus aimable empressement, la belle salle des Thermes,
parfaitement appropriée pour la circonstance. Nous croyons
encore devoir citer le respectable M. Paul Boileau, ancien
maire, naturaliste distingué, et d^une obligeance extrême qui
a^ pour ainsi dire, guidé et assisté dans leurs courses, les bo-
tanistes et les géologues |les plus célèbres qui se sont occupés
des Pyrénées centrales (de Charpentier , Dufrénoy, etc.) ;
M. Lembron, inspecteur des eaux, auteur d'un Guide pyré-
réen, trés-complel et remarquable à plusieurs égards ^ MM. les
médecins des eaux \ M. Chambert, architecte, auquel on doit
la construction des Thermes; M. Duhamel, président de l'aca-
démie des sciences de llnstitut, avait bien voulu également
honorer la réunion de sa présence.
Après avoir indiqué l*objet de la séance, M. le président a
passé très-rapidement en revue les terrains rencontrés, et à
peine aperçus par la réunion, le 10 septembre, dans le trajet
de Saint-Gaudens à Luchon.
Trajet de Saint-Gaudens à Luchon^ compte-rendu par
M. Leymerie.
Les wagons du chemin de fer nous ont fait parcourir la
partie méridionale du bassin diluvien de Valentine, non loin
des montagnes arrondies et boisées qui forment le premier
gradin des Pyrénées. Ces montagnes sont composées de cal-
caires jurassiques variés, parmi lesquels on distingue une as-
sise de calcaire à dicérates (Dufrénoy). Ce même calcaire est
aussi trés-caractérisé dans le promontoire au pied duquel est
établie la gare de Montrejeau, promontoire dont Textrémité
occupe Tangle formé par la réunion de la Neste et de la Ga-
ronne, et qui semble barrer à l'ouest le bassin de Valentine.
iiih RÉUmOK KtTliAdttomAinE a SAIHT-GAtJDBNS ,
La voie ferrée, prùs de la gare, est profondément creusée
dans un terrain de transport dans lequel nos confrères ont pu
Yoir, aux abords du pont de Polîgnan, des blocs grilnltiq4es et
autres, plus ou moins arrondis, et d'un volume considérable.
Je leur ai indiqué derrière Polignan, au delà de la (jaronne^le
village d'Ausson, près duquel est tombé, le 9 décembre 1859,
le principal morceau, pesant plus de 50 kilogrammes de la
pierre météorique, dîtedeMontréjeau.
Les diligences que nous avons prises à la gare nous ont fait
sortir du vaste bassin de Yalentine, pour nous conduire dans
la vallée de la Garonne. Nous y sommes entrés par une sorie
de pertuis aujourd'hui encombré de matériaux de transport» et
par lequel la Garonne arrivait jadis dans ce bassin. Une tois
engagés dans la vallée, nous Tavons constamment suivie en la
rémontant principalement sur la rive gauche. Dans celte partie
de notre voyage, nous n'avons cessé de couper des calcaires
gris et noir(\trcs accompagnés de schistes qui appartiennent k la
série jurassique, et notamment au Lias à Bélemnites, Ammo-
nites, Gryphées {G, Macculockit)^ térébratulcs, etc.
A Bagiry, nous avons vu s'ouvrir devant nous le bassin de
Saint-Béat, dominé à Test par l'imposant pic du Gar. Lji, com-
mence utiofdre de choses très-différent, très-varié et ticcidénté,
sur lequel nous aurons l'occasion de revenir.
Lebaâsirï de Saitit-Bëàt correspond à la réunion de deux ri-
vières, dont l'une, la Garonne, proprement dîtè, dël^béffd dci
hauteurs de la vallée d'Aran en Espagne *, l'autre, la Pique,
prend sa source dans les montagnes qui dominent Luchôn.
C'est celle-ci, par conséquent, qili débouche dans le bassin à
Gîerp, que nous avons dû remonter* Dans cette dernière partie
de notre route, après avoir traversé» sans nous en apercevoir^
une bande étroite de grès rouge et un étage Dévonien dont il
sera question plus tard, nous nous sommes constamment
trouvés, jusqu'à Luchon, resserrés entre deux massifs dé Vmn*^
sition, principalement siluriens, dont l'un, celui de gailehe,
porto le nom de Baccanère (2195 mètres) (voir la coupe géné-
rale, pi. XXIII, fig. 8).
A peine installée dans sa nouvelle rèsidetice, la Société à
voulu cottitoencer 8à secbnàe série d'observations par une p^
DO lA iu 2S ssMitBii ISOSi 1195
menade dans le bassin de Luchon. M* Lejmerio rend compte
de la manière suivante des faits intéressants qui ont été ob-
servés dans ceUeJpromenade.
Promenade à Saint^Mamet^ le 20 au matin^ Compte*rendu
par M. Le|merie.
( Voyei la coupe générale. } '
■
Le petit bassin qui modifie si agréablement le faciès hiibi-
foellement assez sévère de la Talléc de la Pique, offre ft sbh dt-
tfémité méridionale, è Tcnlrée du vallon de Burbc, lin Taît de
Boalèvement tout h fait caractéristique. Ce soulèvement û fait
sortir de dessous la montagne de Superbagnères (1797 mètres)
qbi domino immédiatcm(?nt LUcfaon (928 mètres) un massif
granitique qui se prolonge à Test en remontant le vallon de
Burbè, jusque dans la vallée d'Aran (Espagne), parallèlement
atix Pyrénées. Ce typhon a crevé et relevé de part et d'âut^e
lès schistes gneissiques et les phyllades cristallins qui consti-
tuent dans cette région là base du système silurien.
Lorsque, do la fonderie de Saint-Mnmet ou du monticule de
Gastelviel, qui fait partie de cet ensemble granfto-schisteut,
fious avons jeté un regard sur le vallon de Burbe à son erftrée,
principalement sur le cOté septentrional, Il nous a été facile de
voir de grosses écailles qui flanquent et contournent le massif
soulevé ; et, en entrant dans le vallon lui-même, au sein des
roches granitoïdes, la Société n'a pas tardé à s'aJ)ercevoîr qu'elle
n^avait pas sous les yeux un granité ordinaire plus ou moins
homogène, mais bien une masse trèS-riche en feldspath, pauvre
ëta quartz, dont les caractères varient beailcotip d'un point 2i un
autre, et qui offre le faciès de la Leptynite ou celui de la Pegma-
tite, et dans lequel le granité, proprement dit, ne se trouve ({ue
comme variété secondaire. Le mica est ie plus souvent blanc
d'argent dans ces roehes> et c'est lui qui, dans le voisinage des
Thermes, afTecte une disposition palmée si remarquable.
Ce typhon granitique de Luohon a dû faire éruption à l'état
de fusion, an moins, à l'état pâteux; car on voit partout les
fMhes qui lé bompt^ent pè^nétrer dans left terrains MhfAeux,
1180 nfiUNrON KITIàOIDINAIHV à SAlNt-GAUDKNS ,
8*y incorporer de toutes maDiéres, et enfin y former, à une cer-
taine distance du contact, des filons dont la richesse en felds-
path paraît diminuer à mesure que la distance augmente.
Nous ayons yisité, prés du village de Montaoban, un de
ces filons, et M. Fourcade (1) tous a Tait recueillir, dans les
salbandes ou dans les nids de ce filon, des échantillons bi^
caractérisés d'un minéral fibreux, découvert à Gèdra par
H« d'Arcbiac, pea répandu dans les Pyrénées et qui a été
décrit par M. Dufrénoy, sous le nom de Gédrite.
Entre cette région, signalée par Téruption des roches gra-
nitoldes, et le système des schistes cristallins de Luchon, qui
est particulièrement développé à rentrée de la vallée de Lar-
boust, il existe une zone où l'éruption s'exerce encore latéra-
lement, et dans laquelle les roches granitoldes poussent des
ramifications ou des filons. Les eaux sulfureuses de Luchon dr-
culent et sourdent à la base de la montagne dite de Superba-
gnéres dans cette zone d'enchevêtrement. Chacun connaît les
belles Pegmatites à Mica palmé qui pénétrent le schiste gneis-
sique vers les points d'émergence des sources. Les nombreux
blocs extraits des travaux souterrains des Thermes ont fourni
à nos confrères de très-beaux échantillons de cette roche
intéressante.
M* Leymerie a saisi cette occasion de mentionner la richesse
exceptionnelle de ces eaux, tant à l'égard du nombre et de leur
variété, que de leur thermalité^ et de rappeler les nombreux
travaux dont elles ont été l'objet, principalement sous Padmi-
nistration active et éclairée de M. Tron (2). A cet égard, il ne
pouvait oublier les savantes analyses de MM. Fontan et Filhol ;
les admirables travaux de captation et d'aménagement de
M. Jules François, ni le talent de (l'architecte, M. Ghambert,
(4) M, Fourcade, médecin vétérinaire à Luchon, a fait dans ce pays
plusieurs découvertes heureuses, soit en minéralogie, soit en géologie.
C'est lui qui a trouvé dans la pegmatite de Burbe un béryl qui a figuré
à l'exposition de Londres. Antérieurement, M. Tingénieur François
avait vu, dans la même région, ce minéral si rare dans nos montagnes,
et j'en avais recueilli un prisme au milieu du quartz de Maccaye (Bas-
ses-Pyrénées), dans la région des kaolins.
(2) Le groupe de Luchon se compose de 40 à 50 sources, dont la
température varie de 30^ à 68°. Une des principales, celle de la Reine
\
PO ih AU 23 BBPTËiiBU 1862. iiB7
qui est |>arveDU à latisfaire, dans la construction de rèta>*
blissemeni où nous recevions rhospitalitë, les exigences de Tart
et celles de la science la plus avancée.
Compte rendu de la course du 20 septembre dans lés vallées
de iMrboust et d'Oueil; par M. Leymerie.
(Coupe générale, pi. XXIII, fîg. 8.)
Cette course avait pour objet Tétudedu terrain de transition
du pays de Luchon, et la reconnaissance des trois étages que
j*y ai distingués et qui se trouvent délimités et coloriés sur
une carte géologique que je mets sous les yeux de la réunion.
L'entrée de Larboust, de part et d'autre de la rivière de ce
nom, se fait à l'extrémité nord de Luchon (faubourg deBarcug-
oas) , dans une formation de schistes cristallins dont les uns
sont gneissiques, de couleur brune, et les autres» habituelle-
ment supérieurs aux premiers, consistent en de vrais phyllades
très-fissiles, de couleur assez claire et plus ou moins éclatants
ou satinés. L'ensemble de ce système azolque, généralement
dépourvu de calcaire, constitue Tétage inférieur du terrain de
transition (silurien inférieur ou cambrien). Les schistes gneis*
siques existent principalement du. côté droit de la rivière de
Larboust, à la base de Superbagnères, où ils sont chargés de
(température 58°), renferme par litre, d'après M. Filhol, 0*'.252 de
substaoces solubles, dont nous ne signalerons que les principales ,
savoir :
Sulfure de sodium 0(^052
Chlorure de sodium 0 062
Sulfate de chaux 0 034
Sulfate de soude 0 031
Silicate d'alumine 0 025
Silico en excès • • 0 025
0 22G
En outre, la plupart de ces sources contienneutuDe certaine quantité
de matières organiques (Barégine, etc.), et l'acide sulfbydrique qui
s'en dégage, décomposé en présence de l'air chaud et humide des ga-
leries, laisse déposer sur leurs parois du soufre cristallisé qui s'y accu-
mule quelquefois, en formant des croûtes ayant plus de 4 centimètre
d'épaisseur.
Soc. géol. , 2* série , tome XiX J 72
1138 RtumoH iiiiLàoaDiiiAïai a
grenats eo ceriaios points. Les phjfllades se montrent du cM
opposé, au pied de la montagne de Cazarii. Au*dcssua de cet
étage cristallin, se développe un schiste remarquable par sa
couleur noire qu'il doit à du graphite dont il est comme impré-
gné. Ce schiste est encore caractérisé par la présence presque
constante de la pyrite qui sW trouve intimement ou mélangée
ou disséminée et qui, par une décomposition habituelle chez ce
minéral dans des circonstances aoalogues, donne naissance à la
formation d'efflorescences yitrioliques (sulfates d*alumine et
de fer). Enfin^ cette roche schisteuse, que Ton peut appeler
schiste carburé ou graphitique, offre fréquemment un éclat
asseiyif et comme métalloïde, et contient, dans certaines régions
(Gouaui, hospice de Vénasque), des mâcles cruciformes dissé-
minées.
L'étage des schistes carbures ou graphitiques se distingue à
première yue et même h distance par sa couleur noire et semble
un large coup de crayon tracé par la nature à la limite infé-
rieure de ce deuxième groupe du terrain de transition. On le
Toit de Luchon même, s'étendre obliquement sur le flanc de la
montagne de Gazaril et descendre au fond de la tailée de
Larboust« Là, il traverse celte gorge et se prolonge ensuite de
l'autre côté, derrière Superbegnéres, dans le vallon de Gonrom,
où il disparaît sous des couches plus récentes (1\
La réunion, en quittant Luchon par Tailée et le pont des
Soupirs, sur la route de Bagnéres de Bigorre, a oonslaté la
présence des schistes gneissiques et des phyllades satinés dont
il vient d'être question, et les a vus passer sous les schistes
carbures. Après atoir traversé le torrent, elle n'a pas tardé à
rencontrer et à couper ces schistes vers la base de la mon-
tagne de Gazaril. Plus loin, elle a vu à sa gauche, de l'autre
côté du torrent de Larboust, une carrière ouverte dans une
assise calcaire qui passe sur les schistes précédents. Ce calcaire
est gris, à pâte fine et à cassure esquilleuse. On le retrouve
(4) Cet borizoD noir» si bien dessiné autour de Luohon, n'avait pM
échappé à la sagacité de M. Jules François, chargé avant mot de la
carte géologique du département. J'en ai rencontré la trace dans ua
pahier de notes manuscrites, où se trouvent d'ailleurs consigoés beav*
coup de faits intéressants.
DU H AU 23 •iFTiiiBiB 1862. 1139
plu8 loin à droite de la route, en bas de Trébons, où]il est encore
exploité comme pierre à chaux ou pour les constructions. Ces
calcaires sont associés avec des schistes gris passant à Tardoise
quelquefois sub-fibreux, veinules en blanc par du calcaire spa-
thique.
Les couches de ce système sont d'ailleurs recourbées et
contournée.s et renferment, à Tétat de filons ou autrement, du
spath calcaire et du quartz ^ en un point même, nous avons
rencontré un affleurement d'une sorte d'eurite.
Telle est la manière dont se présente, de ce côté du bassin de
Luchon, Tétage que j'ai cru pouvoir désigner par le nom de
silurien supérieur^ à une époque où Ton ne connaissait dans ce
terrain aucun fossile, si ce n'est quelques débris d'Encrines
indéterminables. Récemment, M. Fourcade y a trouvé des
Encrines bien caractérisées et quelques autres fossiles et enfin
des Orthocéres parmi lesquelles, Orthoceras Bohemicay Bar-
rande, qui sont venus confirmer ma détermination.
Ces observations, que nous avons faites au bord de la route,
en remontant la vallée de Larboust sur la rive gauche du torrent,
nous ont conduits jusqu'au débouché du vallon d'Oueil, où
nous sommes entrés pour aller voir les griottes dévoniennes de
Sainl-Paol qui sont situées à A ou ô kilomètres en amont.
Il nous a fallu, pour atteindre ce but, suivre le vallon sur
son versant occidental, è une assez grande hauteur. Dans
ce trajet, nous avons vu peu de roches en place; cependant,
à l'entrée du vallon, j'ai fait remarquer à nos confrères, une
grauwacke noire, très-caractérisée, que je crois pouvoir ratta-
cher encore au silurien. Toutes les couches supérieures à cette
grauwacke consistent en des schistes et caischistes de couleur
terne un peu jaunâtre, qui s'accusent de part et d'autre do
vallon, surtout du côté nord, par des formes assez arrondies,
et par une teinte plus ou moins claire, grise légèrement nuancée
de jaunâtre ou de rosâtre. Ces caractères nouveaux indiquent
la présence de l'étage dévonien dont l'assise supérieure est bien
accusée, au-dessus du village de Saint-Paul^ par des calcaires
amygdalins vivement colorés, analogues aux griottes et aux
marbres verts de Campan dont on doit la première détermina-
tion à M. de Buch.
ll&O ftÊumON filTAAÛâDlNAlRB À 5AINT'»GÀt'DBlC4 ^
Ces calcaires sont irès^-déYcloppés dans la partie supérieure
du vallon^ d'où ils passent latéralement dans la vallée de Lar-
boust. Plusieurs carrières ouvertes dans ces marbres permettent
de les observer aussi complètement qu'on peut le désirer, et
dans celle qui est située à une certaine hauteur en face da
village de Saint-Paul sur le versant droit du vallon, ta réunioD
a trouvé des caischistes amygdalins dont les ganglions calcaires
sub-cristallins et plus ou moins déterminés aiïectent une teinte
qui varie du blanc au rosé et au rouge, tandis que le schiste
qui entrelace ces ganglions est habituellement d'un vert clair
ou gris-verdâtre. Malgré Taclion métamorphique, probablement
thermale^ qui s'est exercée sur ces roches, et qui les a plus ou
moins modifiées, il nous a été facile de reconnattre, dans les
cassures, des sections plus ou moins marquées de Clyménics et
de Goniatites et plusieurs de nos confrères ont vu sur certains
blocs des indices évidents d'Orthocères (1).
Au retour, j'ai fait remarquer à la réunion, sur les pentes
occidentales de la montagne qui sépare le vallon d'Oucil de la
vallée de Larboust» des blocs d'un granité porphyroîde à grands
cristaux qu'on ne trouve en place qu'à la crête des Pyrénées
au-dessus des lacs d'Oo, et qui ont dû nécessairement franchir
cette montagne intermédiaire de 600 à 800 mètres de hauteur,
pour parvenir dans le vallon où nous nous trouvions. J'ai égale-
ment appelé l'attention de mes confrères sur les atterrissements
du vallon lui-même au milieu desquels le torrent s'est creusé
un lit très-profond. Il est très-probable que ce vallon était
autrefois en grande partie comblé par ces puissants amas d*allu-
vions et de détritus, et, en appliquant cette idée à la vallée de
Larboust, on aplanit singulièrement la difficulté indiquée ci-
dessus à l'occasion des blocs erratiques.
Cette excursion, trop rapide sans doute, a suffi néanmoins
pour montrer à la réunion les trois étages superposés que j'ai
reconnus dans le terrain de transition^ et aucun de nos con-
frères n'a élevé le moindre doute contre leur existence, ou
(4) M. Fourcade vient de découvrir dans un schiste ardoisier pro-
bablement silurien qui existe dans le môme vallon vers son originOi
des empreintes de Trilobiles et notamment O^gia Edtvardsi,
DO 1& AU 23 6EPTBIIBRB 1862. llftl
contre leur ordre de superposition, faits qui, d'ailleurs, devaient
(^tre amplement confirmés dans une excursion subséquente à
Saint-Béat et à Cierp.
De ces trois étages, le plus récent, qui occupe presque toute la
\allée d'Oueil, appartient évidemment au système dévonien, dont
les caischistes amygdalins à couleurs vives constitueraient une
assise supérieure recouverte elle-même par des phyllades colorés
et par des bancs de quartzites qui existent tout à fait en haut
du vallon et que nous n'avons pas vus (i). L*étage intermé-
diaire qui commence par les schistes graphitiques, au-dessus
desquels se développent des calcaires gris esquilleux^ avec
Encrines et Orthocéres, notamment Orthocems Bohemicay des
schistes en partie ardoisiers et des grauwackcs, représente le
terrain silurien supérieur. Enfin, Tétage des schistes cristallins
azoîques pourrait être regardé comme du terrain silurien infé-
rieur modifié, ou, ce qui revient à peu prés au même, assimilé
au système cambrien. L'étage inférieur des schistes azoîques
est trés-développé au-dessus de Luchon, dans la vallée de la
Pique. Ces schistes occupent notamment presque tout l'espace
compris entre cette vallée et celle du Lys, et prennent des
mâcles au voisinage des granités. Ils sont çà et là percés, tantôt
par l'eurite, tantôt parle quartz, qui y pénétrent l'un et l'autre
par imbibition, et constituent, à l'ouest du Port^Yiel, la crête
des Pyrénées de la Haute-Garonne qui est formée, à l'est du
même point, par des roches granitiques surincombantes (voir
la coupe générale, pi. XXIII, fig. 8).
L'étage silurien (schistes graphitiques et calcaires en partie
accidentés par des rubans parallèles d'une matière euritique ou
quartzeuse) se montre aussi de ce côté, en superposition sur
ce système de schistes cristallins, dans le massif de Campsaure,
à l'ouest de la vallée d'où il descend pour traverser la Pique^ à
l'entrée du vallon du Lys dont il forme le versant septentrional.
Ce même étage, principalement représenté par des grauwackes
schisteuses à empreintes végétales et par les calcaires sub-
(4) Il existe en d*autres points des Pyrénées, notamment dans les
environs de Gèdre et de LaruDs, des couches dévoniennes d'un faciès
tout différent, à Spirijers^ Atripa reticularis^ Retepora^ etc., qui
pourraient être considérées comme une assise inférieure.
11A2 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A SÀINT-GÀDBBNS ,
marmoréens avec dolomies, reparaît au-delà de la crête, pour
combler en partie rintervalle compris entre cette ligne culmi-
nante et le massif espagnol de In Maladetta. De ce côté d'ail-
leurs, il n*y a plus trace de Tétage déyonien.
Ces terrains de la vallée supérieure ont été parfaitement
reconnus dans une excursion dirigée par M. Hébert, el dont
notre savant confrère va rendre compte.
Compte-rendu de l'excursion du 21 septembre au port
de rénasque; par M. Hébert.
(Coupe générale, pi. XXIII, Gg. 8.)
La Société ayant désiré faire une excursion au port de
Yenasque, M. Leymerie, qui ne pouvait nous accompagner ce
jour-là, m'a chargé de le remplacer, après m'avoir, comme pré-
cédemment, muni de tous les renseignements nécessaires. Cette
excursion n'offrait d'ailleurs, au point de vue géologique,
aucune difficulté. Nous avions vu la veille les diverses masses
minérales que nous devions rencontrer sur notre route. Uo
temps magnifique nous permit d'exécuter cette promenade
dans les conditions les plus agréables.
Des voitures nous transportèrent jusqu'à Vhospice el
nous pûmes remarquer que les schistes cristallins qui accom-
pagnent le granité de la tour de Castcl-Viel ne s'étendent
pas beaucoup au sud sur la rive droite de la Pique. Bientôt nous
fûmes dans les schistes carbures du silurien supérieur, qui
occupent tout ce côté de la vallée jusqu'au delà de Thospice,
tandis que les schistes cristallins azoïques constituent le versant
gauche. Arrivés à Thospice (1360 mètres), nous prtmes le sentier
qui conduit au port de Venasque. A peine eûmes-nous franchi
la Pique que le terrain changea de nature, ce n'étaient plus des
caischistes ou des schistes carbures, mais de véritables schistes
ardoisiers, Teuilletés d'abord, puis compactes et pénétrés de
filons de quartz de plus en plus nombreux au fur et à mesure
que nous avancions, et notamment sur la crête dentelée qui
forme la frontière et qui traverse le port de Venasque. Quel-
quefois la roche renfermait des nodules disséminés de quartz
micacé. Ce système, inférieur aux schistes carbures où se
DU ih AU 2S 8BPTBHB1I 1862. 11&8
rencoDtrent les fossiles du silurien supérieur, est classé par
M. Leymerie dans le silurien inférieur. Ce rapprochennent nous
paraît d'autant mieux fondé, que les phyllades à filons de
quartz nous onl rappelé de la manière la plus frappante les
roches de Laifons sur la Meuse et de Spa, aussi bien que celles
des ponts de Gé, auprès d'Angers, qui forment la base des
ardoises à trilobijles.
La même opinion fut exprimée par M. Stévart, qui ayaiteu
occasion d'étudier le système ardoisier de Dumont aux envi-
rons de Spa. Dans tout ce parcours, jusqu'au port de Venasque»
il n'y a ni micaschistes ni gneiss.
En arrivant iiu portdeYenasque (2't27 mètres), on constata
du côté nord que les rochers sont striés, polis et moutonnés de
la manière la plus évidente, et qu'il a dû exister en ce point
un glacier plus ou moins étendu^ et dont les petits amas de
neige, qui couvraient encore le sol dans les parties abritées du
soleil, ne sont plus (|ue les restes dégénérés.
Je ne chercherai pas à décrire le tableau splendide qui s'éta-
lait à nos yeux par cette journée exceptionnellement belle î
mais la Maladetta, qui était en face de nous toute éclatante de
son manteau de glace, nous inspirait de vifs regrets de ne
pouvoir suivre jusqu'à son massif central la constitution de ce
sol si accidenté.
Cependant nous descendions dans la vallée qui sépare ce
massif de la crête, et qui appartient déjà à l'Aragon jusqu'à
un bourrelet longitudinal qui est bien connu des géologues
sous le nom de Penna-blanca; nous nous retrouvions de nou-
veau sur les schistes carbures de la rive droite de la Piquet
amenés là, soit par un plissement, soit plutôt par une fracture,
en contact avec les phyllades à filons de quartz.
La partie supérieure de ces schiste^ offre un caractère remar-
quable-, elle renferme des assises de calcaires gris et veinés de
blanc, quelquefois dolomitiques, dont l'ensemble se détache
trés-ncttement sur le fond noir des schistes, et dessine à l'œil un
ruban blanc qui, parlant du fond de la vallée s'étend fort loin à
TE. S.-E. sur la croupe des montagnes de Vielle (Catalogne).
Mous franchîmes bientôt une crête transversale dirigée sen-
siblement du N. au S., et qui forme la limite entre rAragon
iihh RÉUNION EXTRAORDINAIRE À SÀ1NT-GÀUDBNS ,
et la Catalogne. Celte crête nous a présenté à la suite, c'est-à-
dire au sud» des calcaires blancs du silurien supérieur el 4es
grauwackcs noires plus ou moins schisteuses où Ton troutedei
empreintes végétales.
C'est par le port de la Picade que nous sommes rentrés en
France. Ce passage, récemment amélioré, est ouvert dans les
schistes carbures, recouverts par une assise decaicaire en partie
rubané par des strates siliceux ou euritiques.
Une personne, étrangère à la Société, mais assidue depuis
longtemps à ses excursions, M. Lecocq, y a découvert des
Orthocéres. C'est la première fois que des fossiles se trouvent
dans cette région. Les mêmes schistes nous ont roontré, en
descendant à Thospice, des couches remplits de mAcles. Par
suite de ces observations, nous avons donc pu constater que le
silurien supérieur occupe entièrement la rive droite de la Pique
depuis le port de la Picade jusqu'au delà du débouché de la
vallée du Lys.
Sur Tinvitation qui lui avait été faite par M. le Président,
M. Collomb expose les principaux phénomènes offerts par les
glaciers de la Malade tta.
Note de M, Collomb sur les glaciers de la Maladetta.
Le massif si connu sous le nom de Maladetta offre deux
ctmes principales : l'une (335i mètres) porte le nom même
du massif, et l'autre, le pic de Néthou (3A0i mètres), est
considérée comme le point culminant de toute la chaîne. A cha-
cune de ces cîmes est subordonné un glacier-, ces deux glaciers
sont d'ailleurs séparés par une longue arête rocheuse qui
descend du sud au nord, depuis le sommet de la Bialadetla
jusqu'auprès du Trou du Toro (2023 mètres), arête très-aigOe»
faisant l'office d'un mur.
Ayant visité ces glaciers plus en détail, en juillet 1861 avec
M. de Verneuil, je puis communiquer à la réunion quelques
faits qui auraient pu lui échapper, parce que le 21 septembre
ces amas glaciaires étaient déjà couverts d'une légère couche
de neige, fratchement tombée qui cachait les crevasses et autres
accidents superficiels.
DU lA AU 23 SBPTBUBIIB 1862. 11A5
La longueur du glacier de la Maladetta est d'eDvIron 1500 mô-
très, sa largeur de 1000 ù 1200, il repose sur un fond de
granité à très-forte pente qui peut aller approximativement
de 0,ôO à O96O', son accùs est donc assez difficile. Il peut se
classer dans la catégorie des glaciers de second ordre de de
Saussure. Pareillement à tous les glaciers des Alpes» sa partie
supérieure, près du sommet de la Maladetta, est composée de
champs de neige formés de couches de névé, soit de neige
tassée, consolidée en partie et passée à Pétat grenu^ puis suc-
cessivement en descendant, ce névé passe lui-même à Tétat de
glace, d*abord huileuse et légère, puis, tout à fait compacte,
jusqu'au point où il se termine en aval.
Ce petit glacier est, comme tous les autres glaciers, doué
d'un mouvement de translation qui porte les masses de glace,
d'amont en aval à la manière d'une coulée de lave. Sans qu'il
soit nécessaire de prendre des mesures directes, on a la preuve
de ce mouvement dans l'existence des moraines qui le bordent
sur tout son pourtour inférieur, moraines qui nécessairement
ont été transportées par le glacier. Elles sont composées de
blocs de granité accumulés sous forme de bourrelet j mais
comme le point où le glacier dépose ces blocs est très- incliné»
ils ne restent pas tous en place, mais ils s'éboulent, en faisant
de longues tratnées sur les flancs de la montagne. Quand on est
témoin de la chute d'un de ces blocs» on le voit se détacher
tout doucement, puis, par un mouvement accéléré, rebondir»
rouler avec fracas et s'arrêter prés de la Rencluse (1). Quelques-
uns des blocs de la moraine frontale, atteignent environ [un
mètre cube; ils sont la plupart anguleux*, très-peu sont arron-
dis ; les menus débris^ les sables, les boues glaciaires manquent,
on n^aperçoit même pas le plus petit filet d'eau sortant du
glacier-, l'eau provenant de la fonte se perd dans la masse des
débris, on n'en voit point à la surface du sol, peut-être que
dans les journées chaudes de l'été il en est autrement ?
Les crevasses de ce glacier sont nombreuses et profondes,
(4) On donne ce nom à une sorte de réduit recouvert par une assise
inclinée de calcaire silurien, en un point de la ligne de contact du
granité et du terrain sédimentaire de la Yallée.
11A6 RÉUNION BXTEÀORDINAIRB À SÀINT-GAUDINS ,
on D*a pas perdu le souvenir, à Luchon, d'un guide nommé
Barrault qui> en accompagnant un de nos confrères» il y a uo
certain nombre d'années, périt malheureusement dans une de
ces cretasses. A la partie inférieure, elles sont longitudinales',
plus haut elles deviennent transversales.
Nous ne dirons rien du glacier du Nëthou> que la Société t
pu très-bien voir du point où elle se trouvait -, c'est une répéti-
tion de celui de la Maladetta, seulement il paraît être un peu
plus grand, soit environ 1800 à 2000 mètres de longueur, il
vient se terminer à la base du flâne nord du Nethou, un peu
au-dessus du trou du Toro et du plan des Âygoualuts.
Maintenant, on peut se demander pourquoi ces glaciers
existent dans ces montagnes ? On peut répondre qu'ils se
trouvent dans les mômes conditions que partout ailleurs; qa*à
cette latitude, à la hauteur de 3300 à 3i00 mètres, les neiges
de rhiver étant accumulées et chassées par le vent sur le revers
nord de la Maladetta, assez analogue à un cirque, elles s*y accu-
mulent de telle façon et en telle quantité, que la chaleur des
étés n'est plus suffisante pour la fondre en entier ^ il y a un
reste qui s'additionne à lui-même d'année en année et finit par
former des masses constituant les grands champs de neige
supérieurs, qui, de leur côté se transforment en névé par la
pression et un commencement de fusion, puis en glace de plus
en plus compactée mesure que le mouvement de tranalaiioo
les porte dans la région basse.
M. Leymerie rappelle que, dans une ascension h laMaladetta
(pic, deNéthou) qu'il fit en 1858, avec MM. Lembron, Lésât et
d'autres personnes (1), il a reconnu que la roche dont celle
montagne est essentiellement composée, est un granile blanc, à
mica noir ou brun, à grains assez petits, très-homogène et très-
vif. Ce granile semble resU^r indifférent au contact du calcaire
silurien qui lui est juxta-posé vers la base de la montagne,
et paraît avoir été percé vers le milieu par un granité parti-
culier. Ce dernier est porphyroïde, à cristaux d'orthose assez
(4) Lettre à M. Cordier sur une ascension au pic de Néthoa (Hala-
deitt), et sur les granités de la Haute-Garonne. {Comptes rcntltu d§
VAcad, des sc^y pour 4 868.)
DU là AU 2S SIPTKMBRI 18C2. 11A7
petiU» simples et étroits, dont la section est rectangulaire*, il
renferme de raniphibole en petites parties disséminées. Il est
assez remarquable que cette roche éruptive, qui pourrait être
regardée comme un passage du granité à TElvan, soit justement
celle qui constitue la cime de Nèthou. Sa couleur est le blan-
châtre teinté de rougeâtre.
Compte rendu de Ceacursion faite le 22 septembre dans le
bassin de Saint^Uéat; par M. Leymerie.
La réunion a voulu consacrer sa dernière journée d'explora-
tions au bassin de Sainl-Béat» où se réunissent la Pique et la
Garonne, et certes elle ne pouvait mieux faire, car cette région
offre plusieurs faits géologiques du plus haut intérêt. D'abord
la partie inférieure de la vallée d'Aran, en amont de Sainl-Béat^
devait présenter a nos confrères une succession de terrains vérita-
blement classique pour les Pyrénées, comprenant le terrain silu-
rien supérieur fossilifère, Tétage dévonien, le grès rouge séparé
du calcaire jurassique marmorisé par une masse d'ophite, et nous
devions trouver dans le pic du Gar, qui domine le bassin lui-
même, une série plus complète encore arrachée aux profon-
deurs du globe par un soulèvement particulier d'une énergie
exceptionnelle. Au bord occidental du bassin, nous avions à
reconnaître un massif granitique tout à fait analogue à celui de
Luchon, flanqué au nord par des gneiss et par des schistes cri-
tallins azoYques. Nous devions voir même, dans la gorge de
Siradan, ces schistes en contact avec le calcaire jurassique par
une faille très-curieuse où Tophitc s'est insinuée sous la forme
de plaque. Enfin, la montagne de Cierp avait à nous montrer
ses belles griottes contournées en demi-cercles et les assises
remarquables qui les recouvrent.
Pour observer suffisamment tous ces faits, plusieurs jours
eussent été nécessaires^ mais, n'ayant plus qu'une journée à
notre disposition^ nous avons voulu au moins l'employer dans
toute son étendue possible. Nous sommes donc partis avant le
jour en voiture. Après avoir descendu la vallée par la route
impériale, nous sommes arrivés à Cierp, où commence le bassin
que nous nous proposions de visiter. C'est là que nous avons
liiS EÉUlflOlf KXTiAOEBINÀIil À 6ÀINT-GÀ0DBNS ,
dû quitter la roule de Toulouse pour prendre uue route parti-
culière qui conduit à Saint Béat en contournant reztrémilé
nord du massif de Baccanère.
A peu près à égale distance, entre Gierp et Saiot-Béat,
nous avons rencontré le village de Marignac, situé au débouché
d*un vallon qui descend des Pales de Burat, une des parties cul-
minantes de la montagne que nous venons de nommer. Il était
alors grand jour et nous avons mis pied à terre pour entrer
dans cette gorge où nous avons trouvé, sous des schistes de-
voniens, un calcaire noir, contenant de nombreux fossiles, qui
établissent d'une manière certaine sa position géognostîque à la
partie supérieure de Tétage silurien. Nous y avons recueilli des
orthocéres lisses, d'auires cannelées transversalement ( Oiih.
Bohemica^ Barrande) et de ^\xx%Cardioli\ interrupta^ Goldf., es-
pèce tout à fait caractéristique et trés-répandue à ce niveau.
M. Hébert y a trouvé un orthis. Nous ajouterons que, aux
Pales de Burat, c'est-à-dire à Torigine de ce vallon, où la
même assise silurienne paraît exister aussi, MM. Saint-Martio
et Fourcade ont recueilli de beaux morceaux de scyphocrinites,
divers mollusques univalves et bivalves et des polypiers que je
n'ai pas encore eu le temps d'étudier.
Étant revenus à la route^ après avoir fait cette fructueuse ex-
ploration, nous avons continué à nous diriger vers Saint-Béat,
où nos voitures étaient déjà arrivées. Cette partie de la route
est resserrée entre une montagne de marbre blanc (montagne
d'Arri), dernier échelon du massif de Baccanère, et une protu-
bérance de granité et de gneiss (montagne de Saint-Gréry) qui
s'élève comme une tie vers le bord du bassin. Au moment d'en-
trer à Saint-Béat, la réunion a passé sous des carrières très-
élevées où l'on exploite le marbre statuaire, si connu des géo-
logues et des artistes. Ces carrières offrent plusieurs faits
intéressants au point de vue de l'origine et du mode de forma-
tion des calcaires marmoréens qui s'y trouvent entaillés. On y
remarque d'abord des veines d'une matière d'un vert foncé qui
rappelle Tophite, des pyrites, des mouches de soufre, des la-
melles de mica et de talc... Je crois devoir signaler particuliè-
rement aux minéralogistes la pyrite qui gît au milieu de ce
marbre sous la forme de beaux cristaux hexadiëdriques, isolés.
DU 1& AU S3 SBPTEMBRt l86â. 11^9
ayant k centimètres d^axe. Le temps nous manquait pour mon*
ter aux carrières ; mais nous avons pu constater, sur les blocs et
les nombreux débris accumulés ù la base de la montagne, que, à
raison de sa couleur et de sa texture, ce marbre méritait par-
faitement Tépithéto de saccharoïde. Nos confrères y ont vu des
enduits et des mouches de soufre d*un beau jaune et des points
pyriteux, et ont pu s*assurer que ce calcaire, si cristallin et si
pur en apparence, laisse néanmoins dégager sous le marteau
une odeur fétide qui semblerait indiquer la présence d'une
matière organique décomposée.
La vallée d'Aran, où coule la Haute-Garonne, s'ouvre dans
le bassin de Saint-Béat par un étroit défilé qui laisse tout juste
assez d'espace pour le passage de la rivière et pour une double
rangée de maisons qui forme, sur la rive gauche, la petite ville
de Sainl-Bêal. Ce défilé résulte évidemment d'une fracture qui
a séparé les deux massifs de calcaire plus ou moins marmoréen
trôs-escarpés, dont l'un, celui qui s'élève derrière les maisons
de la ville, dans lequel on exploite le marbre statuaire, porte le
nom d'^r/7 et dont l'autre s'appelle simplement le Mont. Der-
rière ce défilé, la vallée s'élargit et prend le caractère d'une
vallée ordinaire qu'elle conserve jusqu'à Fos.
Cette partie de la vallée d'Âran offre, immédiatement en
amont de Saint* Béat, principalement sur son versant droit ou
oriental, une succession très-claire des assises du terrain de tran-
sition supérieur en relation avec le grès rouge et avec le calcaire
marmoréen dont il vient d'être question. Ce petit ensemble est
d'ailleurs dirigé normalement, c'est-à-dire parallèlement aux
Pyrénées, avec une position des couches plus ou moins voisines
de le verticale. On peut donc le regarder comme classique,
d'autant plus que les assises siluriennes y offrent des fossiles
trèS'déterminables et tout à fait caractéristiques. Je tenais donc
à le montrer à la réunion cl à lui faire passer en revue tous les
éléments d'une coupe que j'ai décrite et figurée en 1850 dans
le bulletin de la Société (2"" sér,, t. YII, p. 211) et que je crois
utile de reproduire ici en la complétant par la projection du
Pic du Car (pi. XXIII, fig. 7).
Âpres avoir franchi la Garonne sur le pont de Saint-Béat,
nous avons pris le chemin de Boutx, qui suit la base du Mont
1150 RÉCIflOlf BXTRAOBDIIfAIRlS A SAINT-GATTBElfS ,
sur la rivedroitede la Garonne. Nous avons remarqué, chemio
faisant, que le calcaire qui constitue cette montagne et qui est
représenté par (i) sur notre coupe, est gris clair, plus ou
moins cristallin, passant, par places, au marbre blanc. Ce cal-
caire, qui se prolonge dans celui d'Arri, par dessous le sol de la
vallée, forme là une assise trés-puissante composée de coQchei
presque verticales dirigées 0. N. 0. Une de ses dernières
couches, au Sud, consiste en une brèche à fragments marmo*
rèens blanchâtres ou nuancés de jaunâtre, et que Ton aexploitée
depuis un temps immémorial dans une carrière â hautes entailles
attribuées aux Romains. Après avoir accordé quelques instants
à cette carrière, qui a fourni des blocs pour plusieurs monu-
ments de Toulouse» nous avons continué à suivre le chemin de
Boutx, qui quitte brusquement la vallée au point où se trouve
la carrière, pour monter rapidement à gauche, derrière le Mont,
au bord du vallon de Labach, et nous n'avqns pas tardé à voir
à droite, tout près de nous, un monticule d*ophite (o). Nous
avons alors quitté le chemin de Boutx pour prendre un sentier
par lequel on peut descendre au village de Lez, situé au fond
du vallon, en passant vers le pied du monticule ophitique. La
roche qui constitue principalement cette protubérance est une
diorite â petites parties d'amphibole lamclleuse verte avec des
points ou taches feldspathiques (albite?) d'un blanc verdâtre. Il
est remarquable, ainsi que je Pavais fait voira la Société sur le
chemin de Boutx, que, dans le voisinage de cette roche éruptive,
le calcaire cristallin du Mont oITre, en plusieurs places, de nom-
breux prismes carrés très-grèles de couzeranite qui souvent ne
sont indiqués que par leurs empreintes en creux.
Nous avons traversé le village de Lez, qui est en partie sur
Tophite, et en remontant de Pautre côté du vallon, avant même
de quitter les dernières maisons du village, nous avons vu
apparaître le grès rouge pyrénéen (r de la coupe), composé de
psammite argilo-schisteux d'un rouge très-prononcé et d'un
poudingue que constituent des cailloux blancs quartzeux ci-
mentés par du grès rouge argileux.
C'est après cette assise que commence le terrain de Iransitioû
dont nous avons été reconnaître les assises en montant obli-
quement sur le versant oriental de la vallée* Nous allons suc-
DU 1& AU 23 SSPTIMBRX 1862. 1161
oetsÎTement les indiquer; mais pour cette partie de la s^rie,
nous mettrons de côté la forme d'itinéraire pour nous reporter
directement à la coupe dont voici la légende explicative :
j. Calcaire murmorôen ci-dessus décrit.
0. Ophite(hors série). Id.
R. Grès rouge et poudingue quartzeux. Id.
D. La partie de la coupe affectée de cette lettre correspond éfidem*
ment an systèmo defonieo. Du point où nous l'observions, au sud
de Lez, on voyait celte assise et le grès rougo, de I autre côté de la
vallée, passer dans le vallon de Marignac, d'où elle vase rendre dans la
vallée de la Pique, où nous la retrouverons bientôt à ('ierp avec des
caractères très-marqués. Ici elle consiste en des couches d'argilolite
de couleur verte ou rouge de sang, associée à des calcaires colorés en
gris clair et en jaune avec des teintes vertes et roses. On trouve là
aussi des caischistes bréchiforroes, passant aune brèche versiicolore,
è laquelln nous appliquerons Tépithète de/Irurit\ qui rappelle ses
▼ives et agréables couleurs. 11 n'y a pas, dans la région travers<3e
par notre coupe, de véritables griottes ni de vert de campan ; mais
ces marbres, les premiers surtout, avec leurs goniatites caractéris-
tiques, existent et sont même exploitées plus haut, au-dessus du
village d*Ârgut.
S^i. Cette assise, la première de la série silurienne, que nous désignons
d'une manière générale par la lettre (s), est composée de calcaire
gris bleuâtre foncé, en partie fissile par la présence d'enduits
schi.steux entre les strates. On y trouve fréquemment les Orthocères
et les autres fossiles signalés à Marignac, dans une assise très-ana-
logue.
SA. Le calcaire précédent est suivi d'autres couches d'une couleur plus
claire, d'une texture) plus compacte, renfermant des fragments
d'encrines, dont la roche constituante est un calcaire souvent ma-
gnésien, passant même à unedolomie un peu roussfttre qui renferme
des géodes tapissées de cristaux (rhomboèdres primitifs)»
Ici se termine la partie calcaire de la coupe, et en môme
tem|)S s'arrêtent les fossiles. Plus loin, ou en d'autres termes,
plus bas dans la série, se développe un système schisteux où
je n'ai jamais vu le moindre débris organique, et dans lequel on
peut distinguer d'abord une assise ardoisière se), exploitée prés
d'Argut-dessous, à laquelle succède une longue série où do-
mine un schiste gris (sd) souvent rubané par des zones paral-
lèles de nature quarzo-feldspathique ou calcaire, associé à des
caischistes rubanès.
Ces assises siluriennes, comme l'étage dévonien et le grès
i^uge/se prolongent parallèlement aux Pyrénées à travers le
11&2 tÉONIOM BXTIULOftblNÀIM À ftAINt^GAUDBNS ,
valloû de Marignac où la réunion avait recueilli le matin iei
orthocéres et les autres fossiles que nous ayons indiqués, M
coupent ensuite la vallée de la Pique où elles passent sous \m
marbres dévoniens de Signac et de Gierp.
En revenant à Saint-Béat, après avoir étudié cette coopOt ou
s'est occupé de Tâge du marbre statuaire et de son mode de for-
mation. Pai fait remarquer à la réunion que Tassise manso*
réenne, qui s'étend au loin vers TOuest dans le département
des Hautes-Pyrénées avec les mêmes caractères, se trouvait
pour ainsi dire continuée du côté oriental par des calcaires
communs qui font partie des massifs du Gar et de Gagire. Or.
les calcaires et les brèches qui constituent essentiellement
ces montagnes sont certainement jurassiques, car elles oiïreot
là, OU' dans les localités plus basses où ils se prolongent,
des parties riches en fossiles du Jura. D'un autre côté, dans
la série que représente notre coupe , cette assise occupe
justement la place qui lui convient si elle appartient réelle-
ment à l'époque dont il s'agit, puisqu'elle vient immédiate»
ment après le grès rouge qui représente le trias dans les Pyré-
nées. Son état, habituellement marmoréen, s'expliquerait par
des actions métamorphiques plus ou moins thermales qui au-
raient accompagné les éruptions ophitiques. N'est-il pas frap-
pant, en effet, de voir cette assise de marbre comprise entre
deux lignes d'éruptions ( voir la coupe), et l'influence de ces
phénomènes éruptifs n'est-elle pas accusée d'une manière
évidente par la présence de la couzeranite dans les couches les
plus voisines de l'ophite tant au nord qu'au midi, par les autres
minéraux que nous avons signalés dans le marbre des carrièreSi
et enGn par les petits filons ou veines probablement ophiti-
ques qui traversent les calcaires marmorisés !
En quittant définitivement Saint-Béat, nous devions porter.
nos explorations dans le bassin même en continuant à en faire
le tour déjà commencé à la base de Baccanère. La partie orien-
tale de l'enceinte nous offrait un beau sujet d'étude dans le Pic
du Gar (voir la coupe) qui domine toute cette région j mais le
temps ne nous a permis que de jeter un coup d'œil sur cette
montagne curieuse et instructive dont j'ai donné une coupe fi-
gurée en 1856 dans le bulletin de la Société ( 2* sér., t. XIII,
DU ià AU 23 SBPTBMBMB 1862. 1153
p. (571) 9 et qui peut être considérée comme un gigaotcsque
éohantillon de l'ensemble des terrains de nos montagnes N'ayant
pas jugé contenable de reproduire cette coupe, j'ai cru qu'on
me saurait gré d'introduire la montagne, par une projec-
tiouy dans la fig. 7, pi. XXIII, à la suite de la Tallëe d'Aran.
Nos confrères ont pu voir et retrouveront dans la Ggure que je
viens d'indiquer, à la base de ce massif abrupt, des roches érup-
tives très-feldspathiques granitoTdes (g) tout è fait semblables à
celles de Luchon et sortant de dessous la montagne qu'elles
semblent supporter, absolument comme le typhon granitique de
Superbagnères et de Saint-Mamet soulève et supporte les assi^
ses cristallophylliennes du bassin de Luchon. Les relations de
ces roches éruptives et des gneiss et schistes cristallins s/, qu'elles
pénètrent et qui leur sont superposées, sont identiquement
celles que nous avons signalées à l'entrée du vallon de Burbe.
Sur ce système cristallophyllien granitisé, repose le terrain de
transition (s) représenté par des schistes azoTques auxquels se
superposent des schistes et des calcaires fossilifères. On trouve
dans les schistes ou dans des grauwackes schisteuses très-fines
qui leur sont associées, des empreintes d'orthis, et, dans les
calcaires, les orthocères de Marîgnac avec CanUola interrupta,
indice certain du silurien supérieur.
Ces terrains anciens forment près des deux tiers du massif
du Gar ) toute la partie supérieure ou culminante, dont la forme
escarpée et crénelée fait distinguer cette montagne parmi toutes
celles qui forment l'enceinte du bassin, est constituée par des
calcaires (i) en partie brèchiformes dont l'âge jurassique,
parfaitement déterminé paléontologiquement, est prouvé au
point de vue stratigraphique^ par une assise de grès rouge (a),
peu épaisse mais très-évidente, qui sépare ces calcaires du
terrain de transition.
Je ne dois pas oublier de dire que, avant de jeter ce coup
d'œil sur le_ pic du Gar lui-même, nous avions fait quelques
observations de détail sur le chemin de Saint-Béat à Eup.
D'abord en passant à la base de la montagne du Mont, du côté
septentrional, les blocs éboulés de calcaire gris marmoréen qui
gisent en grand nombre au bord du chemin, ont offert à nos
confrères des prismes carrés de couleur noire, simples ou
Soc, géol,^ V série, tome XIX. 73
115i HÊUNION BXTaAOaDlNÀlHE A SAINT-GAUDENS ,
modifies par troncature sur les arêtes latérales, d*uDe neUelé
remarquable^ qui appartiennent à Tespéce Couzeranite (1}«
Nous ayons aussi traversé, en montant à Eup, le terrai»
cristallophyllien sous la forme de gneiss principalemeot et la
réunion a échantillonné prés de ce village de nombreut blocs
d'une ophite vert-foncé qui afDeure largement un peu au-dessas
[en (o) de la coupe] et qui est remarquable par l'éclat des
clivages de Tamphibolc.
Les observations faites à la base du pic du <iar dans les
roches granitoïdes nous ont conduit jusqu'à Ghaun où nos
voitures nous attendaient. Nous y sommes montés et nous
avons dû, à notre grand regret, nous résigner, à cause de
rheure avancée, à y rester jusqu'à Gierp pour achever le tour
du bassin.
Après avoir traversé la Garonne sur le pont de Ghaun, nous
nous sommes trouvés sur la route impériale de Toulouse à
Luchon que nous avons remontée en contournant un large
promontoire de roches granitiques et de gneiss, dont le typhon
observé à la base du Gar n'est qu'une dépendance. Ce massif,
dont les pegmatites contiennent de belles tourmalines signalées
par Gharpentier, et qui se prolonge à l'ouest à travers d'autres
vallées, est flanqué du côté du nord par un système cristallo-
phyllien de gneiss et de schistes azoïques, au sein duquel gisent
des minerais de cuivre naguéres exploités à Saléchan. Ges
schistes s'avancent au nord jusqu'à la gorge de Siradan et
s'arrêtent brusquement sur la rive droite du torrent qui coule
au fond de cette crevasse^ l'autre rive étant occupée par des
escarpements de calcaire carié et caverneux ou cargneules
dépendant du grand massif jurassique qui constitue tout le
pays au nord de cette ligne. 11 y a là une faille rendue encore
plus évidente par la présence d'une grande plaque d'ophite
(4) M. Dufrénoy avait adopté pour cette espèce un prisme rhomboldal
oblique; mais il est bien reconnu maintenant que c*est par erreur. La
Couzeranite et le Dipyre, ainsi que je Tai dit le premier je crois, ap-
partiennent réellement à une môme espèce dont la forme primitive est
le prisme droit à base carrée. M. Descloizeaux a mis plus récemment
dans tout son jour ce fait dont on retrouve d'ailleurs la trace dans la
description de la Couzeranite par Charpentier.
DU ili AU 23 SfiPTESIBHB 18G2. 1155
flanquée contre les calcaires. Il esl, au reste^ tout naturel de
rattacher à cette éruption opliitiquo, non-seulement la modifi-
cation des calcaire^, mais encore l'existence, k Siradan et à
Sainte-Marie, d'eaux salines très-riches en sulfate de chaux et
qui attirent chaque année dans cette partie de la vallée un
grand nombre de malades. J'ai beaucoup regretté que le temps
nous ait manqué pour visiter ce point curieux et intéressant*,
mois la nuit approchait et (i peine nous est-il resté assez de
jour pour monter, au-dessus de Cierp, ù la carrière de griotte,
et pour apercevoir le grès rouge immédiatement superposé à
ce calcaire dévonien, dont il semble ne pas partager les beaux
contourncments en demi-cercirs concentriques. Ces couches
de griotte, après avoir subi cette courbure demi-circulaire dont
le centre esl marqué par une grotte, s'étendent d'abord laté-
ralement jusqu'à Sîgnac, où existent aussi des carrières, et
s'élèvent après jusque sur les hauteurs qui séparent la vallée
de la Pique de celle de Barousse. Ce bel accident stratigraphique
a de tout temps attiré rallenlion des géologues pyrénéens et
même des simples touristes. Palassou, dans son essai sur la
minéralogie dos Pyrénées, en a donné une esquisse. J'en ai
pris moi-même un croquis qui se trouve inséré dans ma lettre
à M. de Verneuil [Bulletin, 2^^ sér., t. VU, p. 216). Je le repro-
duis aujourd'hui dans une vue générale de la montagne de
Cierp, à la suite de laquelle je crois devoir donner quelques
indications pour les divers éléments géognosliques qui s'y
trouvent représentés. Je procéderai dans celte légende dans
l*ordre d'ancienneté des couches.
ll;)i) hGUNIUN IXTUaBDINÂlIIB A UINT-SADDINB ,
Vue géognoui^ue de la montagne de Cierp.
Ij-j-rnil'' /mur la roupe ilr la mnntagne lU Cierp.
a. Ëlnge de calcaire et de schiste de couleur noire, oft j'ai tronvi, m
pnvirons de Binos, des pliquen entièremeat cOQTsrleB de débrù d*
Scy pli oc ri ni le» (tÎKe, ramPaoï, iiMe ou cupale).
b. Calschisles ordioaires, uairâlres 6 l'intérieur faciloment dÎTJiiblM
en pièces aplaties parallèleo, plu» ou moini lerreuM* et jaunSirwt
la surface, renfermant de peiita article* d'eDcrine*. l'-j ei recueilli
plusieurs impressions de trilobites (Phacopt).
c. Schistes gris et yem passant au calschiste, ayec encrioes.
d. Cnischisles amygdalins variéi (griotte, vert de moulia, Campau], i
Gonialites éTidenles, Clyméoies, Eucrines..., exploitée i Cierp etl
Signac, et calcaires ordinaires subcompacte* reofermant dee dttrît
d'encriaes,
e. Psammite argileux et schistes rouges, avec poudinguei ft caîlloni
quarlzeux.
f. Assise puissante très-sini^ulière , véritable magma, eettpoeée d'un
schiste dans lequel se montrent et s'incorporent d'antree éléments
Cette assiae commence par des schistes noirs, argileni, fragmen-
tés, plissés, veinules de calcaire blanc; mais la ma»e consiste en
une roche schisteuse à plis aigus , serrés et croiaéa en divers moi,
pénétrée de granité en petites parties et de quartz ea teioes. Le
tout est verdi par de l'amphibole et par une autre matière grenue
qui est probablement de l'épidoie. On dirait que ces ichistes appsr-
tenant sans doute à l'étage silurien, qui réapparaîtrait ici par inter-
calaiion, ont été pénétrés et comme iojectéâ d'une ophite riche en
épidole qui correspondrait à celle de Lez.
g. Assise de calcaire crislallin blanc, veinule de grii ou réciproque-
ment, contenant de la couzeranite en prismes noire Irés-Dets au voi-
sinage de l'assiae précédente. Cette masse de calcaire, qui paaae dans
la vallée de Barousse et qui se prolonge plus loin encore dans le*
Hautes-Pyrénées, fait évidemment suite è celle de Saiat-Béat, qai
se trouve dana la même direction.
DU
lA AU 23 sBPTEXBti 1862. 1157
Là s(! termine lu série de Gierp. Au-delà commeoce et se
développe le grand massif m de granité et de gneiss que la réu-
nion avait contourné avant d*arriver à Gierp et qui doit être
regardé ici comme un accident considérable.
La nuit nous a surpris pendant que nous descendions au
village pour y reprendre nos voitures. Nous sommes arrivés à
Lucbon à huit heures et demie. Ainsi s'est accomplie cette
tournée de seize heures assurément bien employées; mais qui
se sont trouvées insuffisantes eu égard au nombre et à la variété
des faits intéressants que nous avions à constater.
Après celle communication, M. le président croit devoir
mentionner la visite que la réunion a faite au plan en relief do
M. Lezat, qui se trouve ex|)osé dans une des salles de rétablisse*
ment thermal. Ce plan représente les Pyrénées de la Haute-
Garonne depuis la Maladelta jusqu'à Saint-Gaudens à Téchellc
de xûvn P^^^^' '^^ dis!anccs horizontales. Les hauteurs sont
doublées, et grâce à cette intelligente satisfaction donnée par
M. Lezat à Timperfeciion de nos sens et à la manière heureuse
avec laquelle il a rendu le faciès pittoresque de ce beau pays,
Taspect de son plan produit une véritable illusion. M. le Prési-
dent, qui n assisté pour ainsi dire à Tœuvre de M. Lezat et qui
a été témoin de la scrupuleuse exactitude qu'il a apportée dans
rétablissement des bases avec des documents fournis par le
Dépôt de la guerre, lui adresse ses félicitations et le remercie
de Taimable attention qu*il a eue de mettre son relief à la
disposition de la réunion pendant son séjour.
Les comptes rendus des excursions étant terminés, plusieurs
membres demandent la parole pour faire des rapprochements
et des observations.
M. Stévart indique de la manière suivante les analogies qu'il
a cru reconnaître entre nos terrains de transition et ceux de la
Belgique.
Les griottes à goniatites de Saint-Paul et de Gierp, qui
correspondent aux marbres de Gampan, paraissent avoir pour
représentants, en Belgique, les marbres rouges des carrières
de Merlemont, prés Philippeville et de Sainl-Remy, près
Rochefort (province de Namur).
73*
1168 nÉUNION BXTftAOtDINÀIBB A SAIlfT-OAODINSy
M. Leymerie considère les griottes pyrénéennes eomme
appartenant au dévonien supérieur, et c'est bien à celte hao-
teur que se trouvent nos marbres belges, superposés partout
aux puissantes couches de calcaire dévonien à Stryngocephahs
Burtiin, dont ils ne sont séparés que par les schistes et calcaires
de Frasne,
Dumont, dans sa carte géologique de la Belgique, a raMem*
blé sous la même teinte (E^) et compris sous la même déno*
mination à'étage calcnrenx du système eijélien^ ces calcaires
de Frasne avec ceux auxquels nous restreignons aujourd'hui
le nom de calcaire de Givet. Gela ne veut pas dire qu'il les
considérait comme contemporains» seulement il avait basé ses
limites sur le changement de caractère minéralogique.
M. 6. Dewalque réunit depuis longtemps déjà les calcaires
de Frasne à l'étage quartzo*schi$teux du système condrusien,
c'est à-dire aux schistes de Famenne et aux psammites du
Gondroz, avec lesquels ils constitueraient le dévonien supérieur*
Quant aux fossiles, nous dirons que les Glyménies sont rares
chez nous et nous n'en connaissons pas dont la position soit
nettement fixée.
On trouve dans les schistes qui accompagnent nos marbres
rouges :
Gnnintitcs rrtrorsttSy de Buch. | Triebratula jormosa^ Schnorr.
EnRn nous connaissons dans les marbres eux-mtoies les
espèces suivantes :
Tneùraiultt cttbrtïdes, PhiU.
— concentrica^ de Bucb «
— pu*^nus, Mart.
— rcticuloris^ Lxïiu.
— setnilœviSy Rœmer.
Terebratala seminnîa^ PbîH.
Spirijer dUJuRctus, Sow.
Pentamerus Galeatus, Dtlmaon.
RecrptacuUtes Ncptuni^ Defrance.
M. de Rouville esquisse à grands traits les analogies qui lient
les Pyrénées à toutes les autres régions qui sont constituées
par des terrains de même ordre. Il signale particuKèrement
l'identité des calcaires siluriens supérieurs et des caischîstes
dévoniens ùgoniatites dans les Pyrénées et dans les Gévennes.
M. de Binkhorst exprime, comme l'avait fait de son côté
M. Stevart, la satisfaction qu'il a éprouvée en retrouvant, vers
DU lA AD 2S tipmm 1862. 1169
la base des Pyrénées, si loin du Limbourg, après one inter-
ruption d'environ 300 lioues, des assises qui lui rappellent celles
de son pays. Il décrit brièvement la montagne de Saint-Pierre
de Mnëslricbt et ses vastes souterrains et rappelle que ce sont
deux savants français, Faujas, de Saint-Fond et Bor; de
Saint-Vincent, qui, par leurs observations et par leurs écrits,
ont les premiers appelé Tattention sur les précieux restes orga-
niques ensevelis dans ce glie devenu célèbre. Il fait remarquer,
en terminant, que Thorizon scientifique s'élargit de plus en plus
d mesure que les observations se multiplient, et que les travaux
modernes, en reculant les limites entre lesquelles on avait cru
pouvoir renfermer certains faits, considérés d*abord comme
locaux, apportent ainsi incessamment de nouvelles preuves de
l'admirable simplicité de la nature et de Tunité de la création.
M. Leymerie s'excuse de prendre encore une fois la parole
après avoir occupé une si grande partie de cette longue séance ;
mais il lui semble utile de rattacher ù u.i ensemble toutes les
observations plus ou moins partielles ou locales faites par la
réunion. En conséquence, il expose sur le tableau une coupe
générale des Pyrénées de la Haute-Garonne qui, partant de
la Maladetta, suit la vallée de la Pique et celle de la Garonne
et se prolonge jusque dans le bassin sous-pyrénéen par les
protubérances soulevées d'Aurignac. Il passe rapidement en
revue tous les grands éléments de cette coupe, qui peut être
regardée comme une représentation géognostique presque com-
plète de toute la chatne. Les points principaux traversés sont :
le pic de Nétbou (Maladetta), le pic de Sauvegarde du port de
Yenasque, Luchon^ le massif de Baccanère, le pic du Gar, Saint-
Gaudens et Aurignac.
Explication de la coupe des Pyrénées centrales y
pi. XXIII, fig. 8', par M. Leymerie.
Dans la coupe générale que je mets sous les yeux de la
Réunion, les terrains des Pyrénées ne forment pas une série
unique.
D'abord il faut mettre à part la Maladetta et la Pefina blanca^
qui appartiennent an versant espagnol et que j'ai été très-
H60 «ÊUKIOX XXTâAOtDlHAIBH A SAIKT-GAUDKNS,
heureux de trouver dans la direclion de mon profil. La Mala-
detfa, la Reine des Pyrénées, consiste en une montagne hardie
et imposante, couronnée par une crête vive oITrant plusieurs
pointes anguleuses dont la plus élevée est le pic de Néthou
(3&0A métrés), point culminant de toute la chaîne. Elle est
essentiellement composée d'un granité franc et homogène à
grains assez petits qui semble avoir surgi à Tétat solide tel
qu'il était dans le sein de la terre avec Tétage silurien supé-
rieur (s) qui se trouve immédiatement appliqué contre lui
sans aucune liaison et d'une manière pour ainsi dire in-
différente. Cet étage lui-même, dont la puissance dépasse
2000 métrés, vient combler, en stratification presque verticale,
rintervallo qui sépare le massif granitique de la crête pyré-
néenne formée par des schistes azoïques.
Il se compose de schistes noirs en partie m&clifères, de
graowackes de même couleur ù impressions végétales et de
calcaires sub-marmoréens de couleur claire en partie dolomi-
tiques, offrant des veines et des bavures de dolomie rousse.
C'est dans ce système que se trouve le fossé dans lequel
coule l'Essera (Plan des étangs) \ c'est lui qui constitue le
bourrelet (Penna b/anca) qui s'étend derrière la crête comme
un gradin qui serait destiné ù en faciliter l'accès du cùté de
l'Espagne.
La crête où commence le versant français est formée par des
schistes azoïques (s^^. Le port de Yenasque n'est autre chose
qu'une entaille ouverte dans ces schistes, comprise entre le pic
de la Mine et celui de Sauvegarde (2786 mètres) figuré sur la
coupe. Â partir de cette arête culminante jusqu'en bas de la
chaîne, les terrains tendent, pour ainsi dire» à se disposer,
conformément à la théorie, dans leur ordre d'ancienneté rcla*
tive, à niveaux décroissants, et ils se présenteraient en effet à
l'observateur en une seule série, si deux soulèvements grani-
tiques n'étaient venus, en deux point de la vallée, dans le
bassin de Luchon et dans le bassin de Saint-Béat, troubler cette
disposition normale.
Entre la crête et le premier de ces soulèvements, régnent
presque exclusivement les schistes azoïques du côté gauche de
la Pique, représenté sur la coupe, tandis que l'autre côté est
DU lA AU SS fltrrMilii 186%. IIM
presque eniiéremeht formé par les sdiistes «arbarèA et les
caleaires souvent rubanés (Barégtens) du silurien sopèrienr.
La coupe ne montre eo dernier terrain que dans la tratersée
de la vallée du Lys et sur le versant méridional delà montagne
de Superbagnéres qui sépare la vallée du Lys de celle de
Larboust. Cette montagne se trouve coupée dans notre destin
où Ton voit clairement qu'elle résulte d'une réapparition des
schistes aioTques, ici trés-cristallins» soulevés par un typhon
granitique (g) celui que la réunion a particuliéremeut étudié
à Saint-Mamet. Elle se rappellera sans doute que ce granité,
essentiellement feidspatbique et très -variable dans sa composi-
tion et dans sa texture, offre ici un caractère éruptif que n'avait
pas celui de la Maladetta, très-différent d'ailleurs au point de
vue lithologique.
Je crois devoir faire remarquer sur le second plan, en arriére
delà coupe, un léger profil qui accuse deux montagnes impor-
tantes, savoir : le pic espagnol de Poxets (33(M) métrés) qui est
granitique et le Tue de Man/xis (8110 métrés). Ce dernier,
qui se trouve sur la crête, offre au sommet un granité porphy-
rolde sur>incombant relativement aui schistes cristallins mftcli*
féres dont sa masse est essseni tellement composée.
Nous avons vu dans la vallée de Larboust et notamment sur
la montagne de Gaxaril, immédiatement au nord de Luchon,
toujours du côté gauche de la Pique, le schiste carburé et Te
calcaire silurien supérieur (s) «uccéder aux schistes azofques
soulevés dont il vient d'être question. Ces gisements ne figurent
pas dans le profil, parce que je lui ai imprimé une légère déTia**
tion à Lucboo même, afin de le diriger vers le pic du Car,
Saint-Gandenset Aurignac,qui sont des points fondamentaux
pour la représentation géognostique de nos montagnes. En
passant ainsi du côté droit de la vallée, notre coupe traverse
l'important massif de Baeoanére presque entièrement ^eompoeé
de schistes, de caischistes et de calcaires siluriens supéHeQr8{e)«
Les schistes carbures dee environs de Luehon y reparaissent
par des replis à AKigues et h Gouaux où ils prennent den
mAcles blanches cruciformes, et, sur les hauteurs des Pales de
Burat, ils sont accompagnés du calcaire h Orthocères, Ge der-
nier calcaire va se représenter encore, à l'extrèmîtè éa ttiasaif,
Ifl^^ HÈUNION. BXTRAOaOlIfÂIRE A 8A1NT-GAUDBlfS ,
i^ffs la vallée de Marignac sous des couches* déToniennes et de
grès rouga (trias) que Ton voit figurer sur la coupe près Saint*
Béat sous la forme d'étroits rubans (d) et (t). A ces terrains
peu développés succèdent les montagnes marmoréennes (j*)
A'Jiri et du Mont qui doivent être regardées comme une
dépendance des calcaires du Jura que nous allons ci-après
rencontrer.
J'ai indiqué sur l'arriére-plan, par un trait beaucoup plus
fin, la montagne do Gierp sur laquelle les roches (d) et (r) se
prolongent ainsi que le calcaire jurassique marmorisé.
Après Saint-Béat, la série des terrains se trouve une seconde
fois inlerrornpue par une nouvelle apparition d'un système de
granilc de gneiss et de schistes azoïques presque identique avec
celui du bassin de Lucbon. C'est au soulèvement de ce typhon
qu'il faut attribuer la surélévation du pic du Gar où se trou-
vent réunis dans leur ordre de superposition tous les terrains
pyrénéens jusques et y compris le calcaire jurassique qui
constitue sa crèle crénelée. J'ai reproduit sur la coupe générale
les éléments variés de cette curieuse montagne et l'on peut y
voir les éruptions ophitiques (o) qui la percent soit au nord,
soit au midi. Celle qui se manifeste entre Cazaunous et Argue-
nos par un aflUeurement très-étendu y a transformé le calcaire
jurassiqqeen un marbre blanc plus pur et plus cristallin encore
que celui de Saint-Béat.
Au nord du Pic de Gar et de Gagire, seconde ctme jurassique
qui se montre à l'est derrière le Gar, c'est-à-dire au-delà de la
zone de soulèvement exceptionnel que nous venons de signaler,
le relief s'abaisse tout d'un coup d'une manière remarquable. Il
ne présente plus qu'une suite de montagnes mamelonnées ou
coDoYdes dont la hauteur, généralement médiocre, se réduit à
une faible valeur près de la Garonne, en face de Saint-Gaudens.
Ces montagnes se composent de calcaires, de brèches et de
schistes jurassiques (j) plusieurs fois repliées qui oiTrent» en
certaines places, des fossiles bien caractérisés dont les uns indi-
quent le lias supérieur et les autres les assises moyennes du
groupe jurassique proprement dit.
Cette grande région jurassique, dont les montagnes étagées
constituent les deux premiers gradins des Pyrénées, s'arrête
DU lii AU 23 8EPTBatiK 1862. 116S
brusquement à la vallée de la Garonne-Neste, en face do Saint-
Gaudens, dont Theureuse situation, au bord d*une terrasse dilu-
vienne» est indiquée sur la coupe. Au-delà de cette terrasse
devrait s'étendre la grande plaine sous-pyrénéenne composée
de terrain tertiaire moyen horizontalement stratifié. C'est ainsi,
en effet, que les choses se passent, un peu plus à Touest, dans
le département des Hautes-Pyrénées *, mais ici la plaine (m)
ne fait que commencer et ne tarde pas ix être interrompue
par un soulèvement qui a mis au jour, heureusement pour les
géologues, la craie et le terrain tertiaire éocéne. On peut voir,
en effet, sur la coupe, et la réunion Ta reconnu sur les lieux
mêmes, en se transportant de Saint-Gaudens & Aurignac par
Latoue, les couches crétacées (c) affleurer de part et d'autre de
la vallée do la Noue où elles se trouvent partagées en deux sé«
ries par une faille.
Enfm, le terram éocéne (b), mes confrères doivent s'en sou-
venir, forme une série complète à Aurignac, où il repose sur
l'étage garumnien {gr) très-développè. La coupe montre en-
core l'éocéne, au bord de la Louge, passant sous le dépôt
horizontal post-pyrénéen, dans une région très-riche en débris
do grands pachydermes et surtout de Dinotherium^ et s'y
enfonce définitivement. Au nord do la Louge, en effet, la
plaine miocène s'étend au loin, sans aucune nouvelle interrup-
tion, pour constituer cette vaste région comprise entre la Ga-
ronne et l'Océan, que l'on désignait anciennement par le nom
A^ Aquitaine^
M. le Président lève la séance et prononce la clôture de la
session extraordinaire de la Société pour 1862.
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NOTICE
Sl?ll
LA VIE ET LES TRAVAUX
DE M. CORDIER
MR
le c^Mte JAVBEmT,
MeBbra do linitilat.
PARIS
IMPRIMERIE DE L. MARTINET,
■01 MiGaoR, s.
1802
HJiUrt'K! .m
^i*A«
NOTICE
8UK
LA VIE ET LES TRAVAUX
DE M. CORDIER
Soixante-six années de fonctions dans le corps des Mines, le
premier, suivant la hiérarchie scientifique, de nos services pu-
blics; des écrits, un enseij^netnent, des collections qui ont puis-
samment contribué aux pni^Tès de la géologie; un canictère
intègre, la praticjue des vertus publi(jues et privées dans
une longue vie : tels sont les titres qui assurent au nom de
M. Cordier une réputation durable.
Pierre-Louis-Antoine Cordier est né à Âbbeville, le 31 mars
1777, d'un jurisconsulte honorable. Il lit, au collège de cette
ville, de bonnes études classiques, fondement de toute distinc-
tion, quelle que soit la carrière à hujuelle un jeune homme
puisse être destiné. Un penchant i>récoC(î l'enlraînait vers les
Le présent écril m'avait été demandé, et je l'avais remis pour
être inséré, avec ma signature, en têle du catalogue de la bibliollièque
de M. Cordier. Plus lard, d'as.-ez nombreux fragments .-en sont
retrouvés fondus dans le lexte d une nolire sans nom d'autour, jointe
à ce catalogue par l'éditeur. PluMeurs de mes confrères «le la Soiiété
géologiqu*' m'ayanl témoigné lo désir du coanailre mou travail dans
sou intégrité, j'en ai dunné lecture à la Société dans sa séance du
3 mars 4 86i {BuUeUn Ue laSociélé géologique de France, tome XIX).
- 4 —
sciences. En janvier 1795, il fut admis au concours comme
élève de TEcole des mines, alors dirigée par des maîtres illus-
tres, Haûy, Dolomieu, Vauquelin ; il fut en même temps admis
à suivre les cours de TÉcole polytechnique. Dans la même
année, le premier de ses voyages eut pour objet l'exploration
du centre de la France sous la direction de l'ingénieur Miche.
Il n'avait pas encore vingt ans lorsqu'il obtint, le 17 janvier
1797, le grade d'ingénieur des mines : c'est en cette qualité qu'il
accompagna Dolomieu dans les Alpes. Ce naturaliste éminent
considérait Al. Cordier comme son principal disciple, et le trai-
tait, selon sa propre expression, en fils adoptif; aussi s'em-
pressa-t-il de le demander pour adjoint dans le commissariat
scientifique qui prit une part si glorieuse à l'expédition d'Egypte.
M. Cordier quitta omette contrée avec Dolomieu. Leur navire,
échappé comme par miracle aux Anglais et au naufrage, désem-
paré, coulant bas, avait abordé la plage de Tarente; mais au
lieu de l'hospitalité due à leur infortune, à défaut du privilège
cosmopolite de la science chez toutes les nations civilisées, le
gouvernement napolitain leur fit subir d'indignes traitements et
une captivité rendue plus pénible encore par la spoliation de tout
ce que la mer leur avait laissé : la perte la plus sensible fut celle
de leurs collections. H. Cordier n'avait pu en sauver que sa
description et ses dessins des ruines de San, qu'il a publiés plus
tard dans le grand ouvrage sur l'Egypte. Des prisons de Tarente
ils furent transférés dans celles de Messine. Dolomieu devait y
languir près de deux ans. M. Cordier fut rendu au bout de trois
mois à la liberté, et le premier usage qu'il en Gt, après avoir erré
pendant deux mois sur les côtes des États romains et de la Corse
avant de pouvoir percer les croisières anglaises, fut d'employer
tout ce qu'il avait de forces et d'intelligence pour hâter la déli-
vrance de son maître. Dans une lettre datéede Florence, le 7 ger-
minal an IX, Dolomieu exprime en termes touchants sa recon-
naissance; elle contient, en outre, ce passage qui témoigne de la
haute opinion qu'il avait du jeune ingénieur : « Je suis si étran-
» ger à tout ce qui s'est passé dans le monde, je suis tellement
n arriéré pour tous les progrès qu'ont dû faire les sciences, que
-- 5 —
» je devrai vous prendre pour mon maître à mon arrivée à
» Paris ; j'aurai un plaisir extrôme à recevoir les instructions
» du plus aimable de mes anciens disciples et d*étre rerais par
» lui dans une carrière où moi-même je Tai introduit. » Haùy
lui écrivait aussi : a Vous irez loin dans la carrière, parce que
» vous y portez, avec un œil observateur, un esprit juste, libre
» de préjugés et qui ne prétend pas Faire dire à la nature plus
» qu'elle n'a dit. »
A dater de son retour d'Egypte et jusqu'à sa mort, il s'est
écoulé soixante années, presque deux existences moyennes de
l'homme ; aucune de ces années ne s'est passée sans qu'il exé-
cutât quelque voyage. Non-seulement il y employait scrupu-
leusementlesrcssourcesquerËtat mettait parfoisà sa disposition,
mais afin d'en rendre les résultats plus fructueux, il n'épargnait
rien de ce que sa modeste fortune pouvait lui fournir d'écono-
mies : c'était là tout son luxe. L'un de ses premiers voyages, et
des plus considérables, celui d'Espagne et des lies Canaries, ne
fut interrompu que par les circonstances difficiles résultant de
la rupture en 1803 du traité de paix d'Amiens; mais il avait eu
le temps de parcourir la plus grande partie des montagnes de
la Péninsule, l'île de Ténériffe, de monter deux fois sur Je pic
de Teyde et de prendre la première mesure exacte qui en ait été
donnée. A diverses reprises il parcourt les Pays-Bas, les bords
du Hhin, la Corse, l'Italie. Les diverses chaînes des Alpes qu'il
avait abordées pour la première fois avec Dolomieu, celle des
Pyrénées, le Jura, et surtout le massif central de la France,
offrirent souvent à ses études leurs magnifiques problèmes. Les
inspections dont il était chargé par le gouvernement lui four-
nissaient sans cesse de précieuses occasions de visiter avec toutes
les facilités désirables, tantôt une contrée, tantôt une autre.
Aussi personne n'était plus à portée d'éclairer les affaires admi-
nistratives par une connaissance plus exacte des lieux. Comme
il était doué d'une constitution robuste, mise au service d'un
talent d'observation, d'une sagacité remarquables, d'une mé-
moire enfin qui ne s'est jamais trouvée en défaut, on peut dire
qu'aucun naturaliste, sans excepter Humboldt et Léopold de
_ 6 —
Bucli, n'a plus voyagé, n*a étudié, décrit pliis défaits géologiques
et de gisements minéraux, aucun na mieux voyagé. Cet art de
voyager, M. Cordier l'avait porté à sa perfection, j'en ai été plus
d'une fois le témoin privilégié, car il fi'ad mettait que bien rare-
ment des compagnons, afin de mieux sauvegarder sa liberté
d'action ; il employait le temps avec uri soin jaloux, mais sans
précipitation. Jamais il ne se mettait en route sans un itinéraire
bien étudié : les stations principales et leur durée, les points
spéciaux à visiter avec détail, les questions à traiter surplace
avec les cartes, plans et dessins à l'appui, les personnes à con-
sulter, les rendez-vous, tout était déterminé à l'avance. Sauf de
rares exceptions amenées par des cas imprévus, il ne s'écartait
point de son programme; il savait ce que cachent de déceptions,
au point de vue scientifique, les plus séduisantes promesses, à
l'aide desquelles la bienveillance des gens du monde essaye de
détourner le naturaliste de sa route : la prétention de tout voir,
disaii-il aussi, empêche de bien voir. Tout ce que, dans une
journée, il avait rassemblé de notes pour ses mémoires ou pour
ses cours, résolu de difficultés, recueilli et étiqueté d'échantil-
lons de roches bien choisis et bien préparés, était sui'prenant, et
le moment du repos n'arrivait pour lui qu'après que tout avait
été coordonné. Le bagage du géologue, moins encombrant que
celui du botaniste, s'alourdit plus rapidement en voyage : ce
que M. Cordier a expédié de caisses de minéraux, au Muséirtn
seulement, suffirait à construire un édifice; disons mieux, il en
a élevé à la science un monument impérissable dans les galeries
du Muséum, formées, enrichies, classées par ses soins.
A l'esprit méthodique et patient s'alliait chez M. Cordief le
sentiment profond de la nature. Il écrivait à Dolomieu en iSOf :
» Une demi-heure passée à réfléchir sur une sommité, au pied
» d'un escarpement ou sur le bord d'un cratère, agrandit, élère
» et instruit Tesprit bien plus que la lecture de la plupart des
» livres. » L'enthousiasme ne mancjuait pas à ce savant au main-
tien grave, que les gens légers taxaient de froideur, et l'on peut
dire que son âme était comme une image de ce feu central, objet
de ses plus belfes éludes. Sa correspondance porte des traces
— 7 ~
nombreuses d^une imagination inspirée. En 1803, il éerivait,
du sommet du pic de Ténériffe, à la vue de ce grand spectacle :
« Quelle compeiisatiori pour les fatigues passées! quels dbùi
ï> moments de repos? quelle place pour réfléchir aut i^évoliiliônl^
» du globe î » En 1857, traçant pour moi le plan d*unfe explo-
ration des Pvrénées, il me recornmatidait âVfeé iihe véritable
éloquence le mont Pitnéné, trop négligé par les touristes, et
pourtant Tun des plus beaux observatoires de cette chaîne
grandiose. Quelle n'est sous une main habile la supériorité,
même au point de vue littéraire, des voyages dofit l'histoire
naturelle est le but et dont elle fotirnit les tableaux, sur cent
qui sont qualifiés exclusivement de pittoresques ! Quel qUe Soit
le talent du voyageur, s'il est étranger alix sciences, les for-
mules de son admiration seront bientôt épuisées, il totnberà datié
les redites ou dans Texagération, ou bien ses contours sei^ont
vagues, et l'ennui se glissera bientôt parmi les fleurs de la rhéto-
rique, parce qu'il n'a pas su puiser la variété à sa véritable
source. Les arts du dessin eux-mêmes ont tout à gagner à se
^rapprocher aussi de la nature et à reproduire ses formes, noti
sans quelque mélange d'idéal assurément, mais avec plus d'exaé-
titude que ne l'ont fait, par exemple, les peintres même les pliis
célèbres dans ce que je ne saurais appeler que leurâ imitations
des beautés végétales. M. Cordler aurait désiré, dans le doublé
intérêt de Tart et de la géologie, que les grandes scènes de la na-
ture, que le crayoti où le pinceau sont appelés à reproduire, lie
hissent poiiit déparées éotnme elleé le Sotlt trop souveM, par dés
Fatites grossières tx)ntre la vérité des faits, la physionotnié et là
ëouleur locales, les lois de la stratification : c'est, d'aprèè celte
idée très juste que, pour l'instruction sérieuse et pour l'agré-
ment des personnes qui fréquentent la galerie de géologie au
Muséum d'histoire naturelle, il y a fait placer quelques spéci-
mens de représentation fidèle empruntés aux montagnes, le
volcan du Stromboli, une cascade dans les monts Dore, là
Vallée de Meyringen, etc. M. Cordier était persuadé que l'art et
ta science, dans toutes leurs applications, étaient appelés à se
prêter on mutuel appui, et il ne taisait pas moins de cas du
— 8 —
style, la plus noble partie de l'art pris dans sa plus large accep-
tion, la peinture par excellence. Il écrivait, à propos da traité de
Haûy sur les caractères physiques des pierres précieuses : c Fod-
1 tenelle, Buffon, et après eux M. de Laplace, H. Ramond et
» M. Cuvier, nous avaient appris qu'il existe un art de populari-
» ser les connaissances scientifiques les plus abstraites et les plus
» difTiciles ; M. Haûy vient de nous prouver de nouveau que cet
» art n'appartient qu'aux bons écrivains : il est tout entier dans
» l'heureuse alliance du savoir et du goût qui revêt la pensée
» d'une expression élégante et facile, qui captive les esprits par
• l'agrément de la diction, les dirige par une habile distribution
» du sujet, et les dispose par la clarté du style à accueillir sans
» effort les derniers résultats d'une méditation profonde. » Ce
passage contient à la fois le précepte et lexemple : la plume du
maître s'était transmise au disciple.
L'Administration des mines trouvait M. Cordier toujours prêt,
sans préjudice des inspections ordinaires, lorsqu'il s'agissait de
quelque mission spéciale et de confiance. Il en est une qui lai 6t
grand honneur et qui me touche d'ailleurs de trop près par des
souvenirs de famille pour que je puisse négliger d'en faire men-
tion. C'était au commencement de l'année 1812, une houillère
du pays de Liège, la mine de Beaujon, venait d'être le théâtre
d'un événement extraordinaire. A la suite d'une explosicm de gai
hydrogène carboné qui avait fait beaucoup de victimes, soixante-
dix mineurs étaient restés pendant cinq jours et cinq nuits en-
fouis vivants à 170 mètres de profondeur, dans une galerie à
moitié envahie par les eaux souterraines. Au milieu de l'angoisse
inexprimable des malheureux luttant dans cet horrible cachot
contre une mort ([ui semblait inévitable, et du public tout en-
tier, comme penché sur rorifice de la mine, leur résurrection
est opérée par des prodiges d'intelligence et d'énergie, inspiréa,
organisés par le préfet de l'Ourthe, le baron Micoud d'Uœons,
digne de s'associer à riiéroïque dévouement du chef mmcurGof-
fin. L'événement avait produit une vive sensation; l'Empereur
choisit deux ingénieurs pour lui en rendre conipte et proposer
les mesures propres à prévenir, autant ((ue possible, le retour
— 0 —
de pareils désastres : c'étaient H. Cordîer, alors inspecteur divi-
sionnaire des mines, et son camarade d'école, M. Beaunier, qui
eut riionneur d'attacher son nom au premier chemin de fer
exécuté en France, de Saint- Etienne à Andrezieux. Les deux
amis remplirent, à la satisfaction de l'empereur» la mission qui
leur avait été confiée. Quinze ans après, en 1827, la Société
d'émulation de Liège, en adressant à M. Cordier le diplôme de
membre honoraire, lui écrivait qu'elle avait voulu c non-seule-
ment rendre hommage à la science, mais lui témoigner la
reconnaissance du pays pour les services qu'il avait rendus lors
de l'épouvantable catastrophe de la mine de Beaujon en 1812,
et pour les conseils qu'il avait donnés alors aux propriétaires de
houillères, conseils qui avaient produit un bien immense dans
la province et amené des résultats incalculables. »
Cependant H. Cordier ne cessait pas de se signaler par des
travaux insérés dans les principaux recueils, le Journal de phy-
sique ^ le Journal des mines, etc., et des mémoires présentés à
l'Académie des sciences. En 1819, s'ouvrit un nouveau champ
d'activité à ses vastes connaissances. Il fut appelé alors, quoi-
qu'il ne fui encore que correspondant de l'Institut, à remplacer
Faujas de Saint-Fond dans la chaire de géologie au Muséum
d'histoire naturelle. La minéralogie, d'où la géologie est issue,
n'avait commencé à prendre place dans l'enseignement qu'en
17/i5, grâce à Buffbn, et les rares échantillons du règne inorga-
nique, confondus alors dans le domaine de la chimie, faisaient
encore partie du droguiery premier nom collectif de l'ancien
cabinet du Roi em Jardin des plantes médicitiales, embryon des
galeries actuelles du Muséum : la chaire de géologie ne fut fon-
dée qu'en l'an II de la République. Pour apprécier les travaux
accomplis par M. Cordier durant les quarante-deux années de
son professorat, il suffit de dire cequi existaitau Muséum en 1819
et ce qu'on y voit aujourd'hui. La collection de géologie n'était
encore, il faut le dire, qu'un simulacre; elle se composait d'en-
viron 1200 échantillons de roches et de 300 échantillons de
débris fossiles, les uns et les autres assez mal caractérisés et en
désordre, le plus souvent fans indiciUion de la provenance. Ou
n'a^'ait tenu jusque-là aucun rëgistfë d'entrée ni de sortie. Le
premier soin de M. Cf»rdier fut d'entrer en correspondance di-
recte avec tous les savants étrangers pour solliciter leur con-
cours ; en même temps, d'etciter et de régler par des instruc-
tions bien rédigées les efforts des voyageurs du Muséum, de
fixer leur attention sur \esdesififTata de la géologie dans les pays
qu'il ne lui était pas donné de visiter lui-même Rappelons, en
particulier, la protectioti, l'affectueuse S(»llicitude doiit M. Cor-
dier a entouré la mission, dans l'Inde, de notre malheureux
ami Victor Jacquemont, dont la correspondance fitfnilière, pu-
bliée en 18:^3, a obtenu un si brillant succès, qu'elle a pour ainsi
dire rejeté dans l'ombre son mérite, si remarquable pourtant,
de naturaliste.
En 18'49, on comptait dans la galerie plus de 175,000 échan-
tillons de roches, et plus de *i3,000 boîtes contenant les débris
organiques fossiles. Les échantillons ont atteint et dépassé au-
jourd'hui le chiffre de 200,000. Tout est méthodiquement cata-
logué, classé, étiqueté, et compose un ensemble qui n'a rien de
comparable dans aucun musée de l'Europe, soit pour le nOmbte,
la variété, la helle conservation, et lorsque cela est fiéces-
saire, le volume des échantillons, soit pour la valeur qu'ils otit
reçue par les délernnnations et les soins, même manuels, de
M. Cordier. Son classement présente trois grandes séries. 1* Les
Monographies géographiques : chaque c/>ntrée y est représentée
Suivant l'ordre de superposition dans la nature. Le manque
d'espace a relégué jusqu'ici dans des tiroirs cette collection
qu'il serait si important d'exposer aux regards pour l'étude:
mais du moins le professeur en donnait connais-^ance, daii^
son laboratoire, à ceux qui avaient le plus d'intérêt k les con-
sulter, et il y joignait avec empressement la communication
des catalogues correspondants. 2° La collection spécifique des
Roches, composée de plus de 6000 échantillons, est classée par
familles ou groupes naturels, l'étiquetage est poussé jusqu'aux
simples variétés. V La collection générale et systématique, dite
des Terrains^ qui comprend aussi les fossiles, est classée par
périodes géologiques, étages, sous-étages, terrains, coudies
— H —
prÎTlcipule», couches subordoniK^es ; toutes ces divisions sont
indiquées d'une manière détaillée et apparente.
Les catalogues ont été, de la part dfe M. Cordier, l'objet d'une
sollicitude extrême, et si l'on songe à la multiplicité des recher-
ches, à la rédaction «scrupuleuse exigées en pareil cas, on aura
une idée de la somme de travail que représentent les 900 cata-
logues dressés depuis 1819 et conservés au laboratoire de
géologie, où leur réunion constitue des archives de la plus haute
importance. Quelques-uns sont de véritables ouvrages avec carte*
et coupes de terrains. Beaucoup scmt accompagnés de tous les
documents (pi'il a été possible d'obtenir des explorateurs, soit
par correspondance, soit verbalement.
La classiticalion, écrite dans la disposition même des gale-
ries et sur les étiquettes, professée dans les cours de M. Cordier,
dont elle formait la base, a été publiée par M. Charles d'Orbigny,
l'aide-naturaliste de M. Cordier, son savant et loyal auxiliaire
durant vingt-huit années. Son article Rocbhs, l'un des plus im-
portants du Dictionnaire uuiverael d'histoire noturelle^ est intitulé
dans un tirai'e h part : « Ciassificnf ion et principaux caractères mi-
nêr*afofffÇues des roches d'après la méthode de J/. Cordier et les
notes prisf^s à son cours de géfdogie du Muséum d'histoire natu-
relle. i> D'autre part, en 1857, M. Charles d'Orbigny composa un
tableau donnant la coupe fiijurative de la structure de l'écorce
terrestre^ et classification des terrains d'aprh ia méthode de M. Cor-
dier^ professeur, etc. , avec indication et figures des principaux fos^
siles caractéristiques des divers étages géologiques. Il déclare qu'il
y a reproduit « les idées de M. Cordier, particulièrement en ce
* qui concerne la structure des terrains pyrogèhes et leur puis-
» sance relative comparée à celle du sol neptunien. »
La collection particulière de M. Cordier, résumé des observa-
tions de toute sa vie, se compose de 1200 échantillons de choix:
c'est là que jusqu'à son dernier jour il s'est appliqué à compléter
ses déterminations des roches, œuvre où il s'est montré un
roaitre accompli. Pas une substance n'y figure dont il n'ait
marqué la place dans l'écorce du globe, le rôle réel dans la na-
ture : quelques mois seulement lui ont manqué pour introduire
— 12 —
dans les collections du Muséum les derniers perfectionnement
qu'il avait en vue.
Le règlement du Muséum impose au professeur de géologi
robligation de faire vingt leçons par année : M. Cordier en don
naît habituellement une quarantaine. Ce nombre alla jusqu'
quarante-deux en 1858. Dans le principe, notamment en 182^
il avait traité de toute la géologie dans un seul coui's ; mais
Tavait bientôt divisé en deux parties, c'est-à-dire qu'il traitaii
une année, « des caractères généraux que présente la constitutio
» du globe terrestre et de la structure particulière de son écorc
» minérale » ; l'année suivante, il s'occupait « de la spécificatior
» de la classification et de la description des roches^ ou associa
i> tions diverses, soit de minéraux, soit de corps organiques fos
V siles plus ou moins minéralisés, composant les parties solide
M du globe terrestre. » En dernier lieu, Taccroissement incessai
du domaine de la gœlogie lui avait fait prendre le parti d'an
noncer qu'il diviserait désormais son cours en trois années
Celui qu'il avait commencé pour la quarante et unième fois 1
8 novembre 1860, et venait de terminer le 8 janvier 1861, avai
roulé sur le premier tiers de ce nouveau programme, c*est-à-dir
sur la physique du globe : il y était entré dans de grands déve
loppements et avait apporté à ces leçons une ardeur nouveil
qui avait été remarquée.
M. Cordier signala son enseignement de ce qu'il appelait 1
géologie positive, par l'attachement exclusif à la méthode expé
rimentale qui l'avait guidé dans ses premiers travaux. Adver
saire prononcé de l'esprit de système, des idées préconçues, i
n'accordait à l'imagination que ce que l'appréciation rigoureus
des faits pouvait lui permettre de déductions. D'autres cours on
pu avoir plus d'éclat extérieur, aucun ne fut ni plus solide, i
au fond plus attachant pour les vrais amis de la science.
L'Académie des sciences, qui, dès 1808, avait placé M. Gordi€
sur la liste de ses correspondants, ne le cx)mpta pourtant parmi se
membres qu'en 1822: la mort de H. Haûy ouvrit pour lui un
glorieuse succession que l'opinion générale lui avait depuis lon(
temps assignée. 11 a pris une part active aux travaux de TAca
— 18 ^
déraie, non-seulement par la lecture de plusieurs grands mé-
moires, notamment de 1827 et années suivantes, sur la tempéra"
tvre intérieure de la tetre, œuvre classique reçue avec applau-
dissement en France comme à rélranger ; mais encore par une
foule crinslructions pour les expéditions scientifiques entreprises
sous les auspices de l'État, et sur leurs résultats, en Morée, dans
le nord de l'Europe, dans l'Inde et les deux Amériques, autour
du monde.
Ses écrits scienlifi«jues sont nombreux, variés ; ils embrassent
toutes les parties de la science et plusieurs des arts industriels
qui en dépendent. Tous sont essentiellement le produit de
l'observation directe, de la méditation en présence des faits;
ce sont dos œuvres toutes personnelles où les matériaux d'em-
prunt n'entrent jamais que pour marquer entre les recher-
ches de ses prédécesseurs et ses propres découvertes des rap-
ports nécessaires de filiation scientifique ou d'instructives oppo-
sitions. Sans duute M. Cordier n'a publié aucun de ces ouvrages
généraux, traités ou résumés delà science, qui popularisent leurs
auteurs, ni couronné d'une sorte d'inscription générale l'en-
semble de ses travaux. Mais l'absence d'une telle publication n'a
point empêché Bernard de Jussieu d*être aux yeux de ses con-
temporains et de la postérité un savant de premier ordre. Si les
herborisations de Bernard de Jussieu et son jardin botanique de
Trianon ont suffi pour fonder sa célébrité, celle de M. Cordier,
indépendamment de ses écrits, n'est pas moins assurée par les
quarante-deux années de son professorat, par sa création de la
galerie de géologie du Muséum. Nous avons lieu d'espérer qu'une
main amie rassemblera quelque jour les parties éparses de son
œuvre, ses principaux mémoires, ses leçons et sa correspon-
dance, si abondante en témoignages d'estime rendus à son
mérite par tous les savants de l'Europe, en renseignements
précieux pour l'histoire de la géologie; enfin les manuscrits où
M. Cordier a consigné ses opinions déjà anciennes, mais fortifiées
chez lui par l'expérience et la réflexion, sur les grandes ques-
tions géologiques les plus controversées.
Pronm en 1832 au grade d'inspecteur général des mines, et
— ià —
chargé d'abord de l'inspection du sud-ouest composée de vingt-
deu3^ départements, M. Cordier siégea pendant plus de trente
années dans le conseil général de cette Administration, et y porta
avec les fruits de son expérience les qualités qui le distinguaient
dans le maniement et la discussion des atfaires, la lucidité, la
précision, et cette espèce de tact qui font reconnaître sans effort
les points décisifs, enGn une parfaite urbanité. Le nombre est
grand des dossiers qu'il a analysés, des rapports qu'il a faits
k ce conseil; ils formeraient, s'ils pouvaient être extraits des
archives et rasserpblés par ordre de matières, un cours complet
de l'administration des mines. La présidence du conseil appartient
de droit au ministre des travaux publics ou à un sous-secrétaire
d'État; en fait elle a été, à de très rares exceptions près, exercée
par iH. Cordier.
Aux travaux déjà si considérables du Muséum, du conseil gé-
néral des Mines, des inspections officielles et des voyages pi^re-
ment géologiques. M- Cordier ajouta encore, pendant presque
toute la durée du règne du roi Louis-Philippe, ceux du conseil
d'État, d'abord en qualité de maître des requêtes, puis, à dat^r
de 1S37 comme conseille^ d'État On a souvent regretté que des
savants eussent pour ainsi dire dérobé à la science et à leur
propre gloire une portion de leur temps pour le dépenser dans
)a pratique secondaire des affaires publiques. Mais outre qu'un
esprit supérieur, assez actif pour doubler le bon emploi du temps,
peut mener de front des occupntions diverses sans détriaient
ppqr aucune, pourquoi ne pas fdire profiter l'Administration de
l'aptitude générale que l'exercice des méthodes scientifiques, de
celles qui par exemple sont familièresaux naturalistes, ne manque
pas de communiquer à la pensée ? Cu vier en a fait la remarque, et
il en a (ourni dans sa personne le plus éclatant exemple. A la
rigueur pourtant, le conseil d'État peut se passer d'un natura-
liste, mais le concours d'un ingénieur tel que M. Cordier lui
était en quelque sorte indispensable dans les nombreuses affaires
traitées en première instance dans le conseil général des Mines,
et qui devaient subir le contrôle du conseil d État, régulateur de
Tadministration publique, avant d'être converties eu ordon-
- 16 —
naucos royales. l.e nombre el Uniporlanfïe de ces afTairea inté-
ressant raniénagemcnt des richesses minérales de la France, la
développement de Tindustrie métallurgique, n'avaient cessé da
s'accroitre. Bien avant son entrée au conseil d*État et dès 18ib
et 1815, H. Cordier avait exercé sur les résolutions du gouver-
nement et sur la législation une notable influence par son rap-
port sur les mines de houilles de France et sur la question de
l'importation des houilles étrangères, qu'il fut appelé à traiter
encore, en 1832, dans le conseil supérieur du commerce; et lors-
que après la révolution de 1848, il cessa de faire partie du conseil
d'État, c'était encore à ses lumières que cette assemblée faisait
appel en le consultant sur le projet de loi concernant les appa^
reils et les bateaux à vapeur, matière habituelle des délibérations
d'une connnission spéciale d'ingénieurs, formée depuis long-
temps au ministère des travaux publics, et qu'il présidait.
Ui politique, heureusement pour la science et pour M. Cordier
lui-niéme, n'a guère mêlé ses tébriles distractions à une vie si
laborieuse. Une seule fois en 1837, cédant (on peut employer
avec vérité cette expression devenue banale) aux instances de ses
amis, de ses compatriotes, il consentit à accepter une candidature
pour la chambre des députés et à se présenter au collège élec-
toral de sa ville natale. Sa profession de foi fut celle d'un bon ci-
toyen dévoué au bien public, également éloigné de transiger avec
les exigences d'une vaine popularité et de céder aveuglément à
l'impulsion du pouvoir. Les passions du jour ne s'accommodèrent
point de sa modération; avant l'élection il écrivait à sa famille :
tt On fait rage contre moi, tout en rendant justice à mon carac-
» tare et à mes connaissances... Un de mes anciens camarades
» qui a conservé les listes des prix donnés de notre temps au
» collège me les a offertes ... Ce sera peut-être tout ce que jerap-
» porterai de ma campagne... » H. Cordier se consola facilement
de son échec.
Les promesses qu'il ne lui fut pas donné d'accomplir envers
les électeurs d'Âbbeville, il les tint fidèlement à lui-même, lors-
qu'en 1839 il se vit appelé par le roi à siéger à la chambre des
pairs. L'atmosphère sereine de €^tte assemblée si riche en talents
— 10 —
«
convenait parfaitement à M. Cordier : il y fat accueilli avec em-
pressement et montra, par ses travaux législatifs et par ses votes,
ce qu'il aurait été dans Tautre chambre. Il le montra aussi par
son désintéressement dans une circonstance qu'il m'est permis
aujourd'hui de faire connaître. En 1840, le gouvernement était
porté à penser qu'il y avait utilité et convenance à rendre au
corps des Mines, par une réorganisation sous le litre antérieur à
181ii de direction générale, une situation administrative plus en
rapport avec le mérite de ses membres et l'importance de leurs
services : M. Cordier, premier inspecteur général et pair de
France, était naturellement désigné pour le rang et les fonctions
de directeur général. Il les déclina avec modestie, les regardant
comme l'apanage du poste de sous-secrétaire d'Etat alors occupé
par un administrateur éminent, M. Legrand. On ne donna point
suite à ce projet, qui sans doute sera repris quelque jour.
La révolution de 1848 avait rendu M. Cordier tout entier à ses
travaux de prédilection au conseil général des mines, à ses
voyages, à ses cours, à ses collections. C'est à la suite de douze
années employées de cette sorte et eu dehors de la politique et
dans une réserve pleine de dignité, que, sur la proposition toute
spontanée du ministre des travaux publics, M. Cordier fut promu
au grade de grand officier de la Légion d'honneur. Il fut d'au*
tant plus sensible à cette distinction, qu'elle coïncidait avec la
résolution prise par le ministère de l'instruction publique de
retirer certaines mesures tendant à une réorganisation du Mu-
séum, et qui semblaient avoir jeté un blâme immérité sur les
professeurs administrateurs de ce grand établissement.
M. Cordier a conservé jusque dans un grand âge une activité
rare d'esprit et de corps. La veille, pour ainsi dire, du jour où
sa santé, qui paraissait inébranlable, fut atteinte, nous l'avons
entendu développer avec chaleur et dans la plénitude de ses fa-
cultés la théorie de la formation des calcaires et des roches dolo-
mitiques, haute question de géogénie dont il nous annonça
qu'il avait, dès 1844, consigné la solution dans une note sous pli
cacheté, remise à l'Académie des sciences comme une sorte de
testament scientifique : telles furent ses expressions, il avait, à
— 17 —
(les époques (Uyà assez éloignées, visité une des contrées où les
rocbes de dolomie se présentent le plus en grand et avec leurs
caractères les pins saillants. Les noms et la physionomie des
montagnes, les détours de leurs vallées, les détails de la struc-
ture géologique, tout lui était présent ; ses impressions parais-
saient toutes fraîches, comme s'il était récemment revenu du
Tyrol. Il parla ensuite d'un voyage en Ecosse qu'il projetait
pour l'automne prochaine. Tous les assistarits furent frappés de
son attitude, de sa parole si pleine de vie. Le lendemain une ma-
ladie se déclara, et, pour la première fois peut-être, il fut obligé
de manquer la séance du conseil général des Mines : ses collè-
gues ne purent se défendre d'un douloureux pressentiment.
« La mort ne surprend pas le sage. » M. Cordier l'envisagea avec
le calme de l'homme de bien; il dicta ses dernières dispositions,
prescrivant, pour l'ordre de ses obsèques, la simplicité qui avait
présidé aux habitudes de sa vie entière. Entouré des soins de sa
famille, il expira dans la soirée du 30 mars 1861, à l'âge de
quatre-vingt-quatre ans. Il en avait passé quarante-quatre dans
une admirable union avec une femme digne de lui, la nièce et
pupille du célèbre naturaliste Ramond.
L'Institut, le corps des Mines, le Muséum d'histoire naturelle,
représentés par leurs députations, entourèrent silencieusement
le cercueil de M. Cordier ; s'il avait lui-môme par une disposition
expresse enchaîné leur voix dans ce moment solennel, son âme
a dû recueillir le concert d'éloges et de regrets qui s'échappaient
de tous les cœurs. La sollicitude des corps illustres auxquels il
avait appartenu se reporta immédiatement sur les droits que
pourraient créer à la noble compagne de sa vie des services,
grands en eux-mêmes, exceptionnels aussi par leur durée. La
munificence de l'Empereur n'a pas tardé à décerner à madame
Cordier le rang auquel les lois de récompense nationale avaient
précédemment placé les veuves de Cuvier et d'Antoine Laurent
de Jussieu.
En attendant qu'un éloge solennel prononcé au nom de l'In-
stitut inscrive dans ses .fastes le nom de M. Cordier parmi les sa-
vants d'élite, on pardonnera au fils d'un de ses anciens compa-
— 18 —
gtions d'Egypte, au disciple appelé sous son patronage à l'insi
honneur de siéger auprès de lui à l'Académie des sciences, d'à'
osé otïrir à sa mémoire ce juste tribut de vénération et de rec
naissauce.
1
' O- JAUBERT,
de l'Institut.
KoU l»6t.
LISTE CHRONOLOGIQUE
DES
ÉCRITS IMPRIMÉS**' DE M. CORDIER
4 798. Nolico sur la Piclile. (Journal de physique,)
4S04. Extrait d'un mémoire du citoyen Haupt sur les volcans éteints
des bains de Berlrich, département de Rhin-el-Moselle» ci-
devant Élecloratde Trêves. (Journal des mines,)
1801. Rapport à la ConTérence des Mines sur les manganèses oxydés,
susceptibles d'être employés dans les procédés des arts, travail
fait en commun avec M. Beaunier. (Journal des mines^ Annales
de chimie.)
1 804 . Extrait du Traité de minéralogie de Brochant. [Journal des
mines, )
1802. Examen des propriétés minéralogiquos et chimiques qui prou-
vent Tidentité delà Lépidoliteavec le Mica, précédé de quelques
réOexions sur la spécification des substances minérales. (Journal
de physique,)
1802. Extrait dun mémoire, lu à l'Institut, sur l'amalgame natif
d'argent (mercure argental de Haùy). (Journal de physique,)
4802. Mémoire sur le mercure argental, lu à l'Institut national.
(Journal des mines,)
4802. Sur le minéral connu sous le nom d'CEiUde-chat (Katzenauge].
(Journal de physique.)
4 803. Lettre au citoyen Devilliers fils sur les volcans d*Auvergne.
(Monileur.)
4 803. Lettre à J. C. de Lamétherie, sur les volcans récents du Viva-
rais et de TAuvergne, et sur les Cévennes et les Pyrénées.
[Journal de physiqtie,)
4 803. Lettre au citoyen Devilliers fils, ingénieur des ponts et chaussées,
sur son excursion aux Canaries, sur i'tle et le pic de TénérifTe.
[Journal de physique,)
(4) Les travaux administratifs restés en manuscrits sont immenses
(voyez» pour ceux du conseil général d^ mines seulemeol, ce que noua
avons dit ci-dessus , p. 4 4].
— 22 —
4 84 7. Noie sur les roches de Serpentine observées jusqu'à présent
dans les montagnes de rinlérieur de la France. {AnnaUs da
mines,)
4 847. Article sur le «Traité des caractères physiques des pierres
précieuses, pour servir à leur détermination lorsqu'elles ont
été taillées >, publié par Tabbé Haiiy. {Moniteur universel.)
4 847. Notice nécrologique sur le baron Micoud, ancien préfet du dépar-
tement de rOurthe. {Moniteur universel,)
4847. Note sur un nouvel emploi de la vis d'Àrchimède. {Annules des
mines.)
4 847. Instructions données par TÂcadémie des sciences à M. Louis de
Freycinet pour diriger les recherches de géologie el de miné-
ralogie dont il doit s'occuper pendant son voyage autour do
monde, sur les corvettes de sa Majesté fUranie et la Physi-
cienne. (Ms.)
4 848. Tableaux et observations : 4» sur les substances minérales pro-
duites ou importées en France en 4 846 et 4 847; 2® sur les
produits bruts des usines, minières, tourbières, sources salées
et marais salants du royaume. {Annales des mines,)
4 84 8. Description des ruines de San {Tanis des anciens), et observations
sur les atternssements de la basse Egypte. (Dans le grand
ouvrage sur TÉgypte, Antiquités et Descriptions.)
4 84 8. Notice sur plusieurs substances minérales récemment décou-
vertes. {Annales des mines.)
4 848. Description de la Craitonite et comparaison de ses caractères
avec ceux de THelvin. {Annales des mines.)
4 849. Mémoire sur les cristaux de cuivre carbonate, d*après les der*
nières observations de M. Tabbé Haiiy. {Annales des mines.)
4 849. Mémoire sur la roche anomale dite Brèche siliceuse du mont
Dore, lu à T Académie des sciences le 7 septembre 4 818.
{Annales des mines.)
4 849. Notice sur la mine de sel gemme récemment découverte à Yic.
{Annales des mines.)
4819. Extrait d*un article de M. André del Rio sur la découverte da
chrome dans le plomb brun de Zinapan. {Annales des mmes.)
4 820. Observations sur une lettre de M. Abel Rémusat à M. Gordier,
relative à Texistence de deux volcans brûlants dans la Tartarie
centrale. {Annales des mines.)
— 23 —
4 820. Mémoire sur la pierre d'alun (Alunite, Alaunstein) cristallisée.
[Annales de$ mines,)
4 820. Note sur les sels ammoniacaux qu'on pourrait rencontrer acci-
dentellement dans les mines de bouille embrasées. {Annales
des mines.)
1822. Distribuzione delle Rocce e classiScazione geologica dei terreni,
del signer P. L. Cordier, professore di Geologia al Museo di
Storia naturaledi Parigi, esposta nel suo corso delfanno 4 822.
(Publié par Tabbé Marascbini dans la Biblioleca italiana de
Milan.)
4 824. Note sur une suite de roches de Sardaigne, décrite par le cbe-
valier Albert de La Marmora. {Mémoires du Muséum d'histoire
naturelle.)
4 824. Rapport verbal fait à l'Académie des sciences en 4 824 sur le
c Traité élémentaire de minéralogie » publié par M. Beudant.
4 824. Instructions de minéralogie et de géologie (chapitre IV des
instructions pour les voyageurs et les employés dans les colo-
nies, sur la manière de recueillir, conserver et d'envoyer les
objets d'histoire naturelle, rédigées sur l'invitation du ministre
de la marine et des colonies, par les professeurs administra-
teurs du Muséum).
4 825. Rapport fait à l'Académie des sciences, le lundi 22 août 4 825,
sur le voyage de découvertes exécuté dans les années 4 822-
4 824, sous le commandement de M. Duperrey. [Annales de
chimie et de physique,)
4 826. Mémoire sur la mine d'alun du mont Dore (situation, description
et explication), juin 4 826. {Annales des mines,)
4 826. Note sur la Gaylussite, ou bicarbonate hydraté de soude et de
chaux récemment découvert dans TAmérique du Sud, 4 826.
[Annales de chimie et de physique, et Annales des mines.)
4 827. Rapport fait à l'Académie des sciences sur une pierre météorique
tombée près de Ferrare en 4 824. [Annales de chimie et de
physique.)
4827. NotesurleKersanton. Addition nouvelleàan essai deM. Puillon-
Boblaye, ofGcier au corps royal des ingénieurs-géographes,
sur la configuration et la constitution géologique de la Bre-
tagne. [Mémoires du Muséum d'histoire naturelle,)
4827. Rapport verbal fait à l'Académie royale des sciences sur un
— 25 —
4832. Cotnmanicalion faite en mard 4 832 à rAcadémie des sciences,
de trois lettres de Victor Jacquemont, voyageur naturaliste da
Muséum en mission aux Indes orientales, écrites de Lahore
et de Cachemyr les 17 mars, 28 mai et 47 juin 4834. (An-
nales du Muséum (V histoire naturelle.)
4 832. Rapport fait à l'Académie des sciences, le 21 novembre 4 834,
sur une Notice de M. Turpin relative à des expériences micros-
copiques exécutées sur la matière albumineuse des œufs du
Colimaçon des jardins [Ilelîx hortensis). (Annales des sciencet
naturelles.)
1 832. Rapport l'ait à l'Académie des sciences, le 9 avril 4 832, sur un
Mémoire de M. Théodore Virlet, membre de la Commission
scientifique de Morée : c Caverne dans les phyllades anciens,
et théorie de sa formation. » (Ms.)
4 832. Observations sur les systèmes volcaniques et les |)rétendus cra-
tères de soulèvement. [Bulletin de la Société géologique de
France.)
4 832. Exposé des systèmes volcaniques de l'intérieur de la France,
mis en présence de l'hypothèse des prétendus cratères de sou-
lèvement. (Bulletin de la Société géologique de France.)
4 832. Rapport fait en juin 4 832 à la Commission de l'Institut relative
à l'expédition scientifique do Morée. (Ms.)
4 833. Opinion sur le phénomène memnonien, ou craquement sonore
de la statue de Memnon. (Voyez V Etude historique de Letronne
sur la statue vocale de Memnon.)
4 834. Rapport fait à l'Académie des sciences, le 24 avril 4 83i, sur les
résultats scienlifiques du voyage de M. Alcide d'Orbigny
dans TAmérique du Sud, pendant les années 4 826 à 4 833.
Partie géologique. (Nouvelles Annales du Muséum d'histoire
naturelle.)
4 835. Observations présentées à l'Académie des sciences, le 4 2 oc-
tobre 4 835, contre l'exactitude d'une observation de M. Dau-
beny, qui tend à prouver la volatilisation du carbonate de
magnésie par l'action volcanique, et qui vient à l'appui do la
théorie de M. de Buch sur la formation des dolomies. (Comptes
rendus de V Académie.)
4835. Instruction concernant la géologie et la minéralogie pour le
voyage autour du monde do la corvetlo la Bonite^ sous les
ordres du capitaine de vaisseau Vaillant. (Comptes rendus.)
— 20 —
4 835. Délaiis présentésà l'Académie des 8cienc6S,le 4 4 dôcombre 4 835,
sur quelques phénomènes observés dans le cirque de Trou-
mousse (vallée de Gavarnie) pendant la première secousse du
tremblement de terre du 27 octobre 4 835. (Comptes rendus.)
4 835. Résultats d'observations sur les prétendues superpositions du
granité au calcaire jurassique et aux roches de sédiment de
rOysan, signalées par M. Provana de Collegno. [Bulletin de
la Société géologique de France.)
4 836. Rapport fait à l'Académie des sciences, le 8 février 4 83G, sur la
carte géologique du département de la Vendée, dressée par
M. Rivière. [Comptes rendus.)
4 836. Rapport fait à TAcadémie des sciences, le 7 mars 4836, sur le
voyage de M. Constant Prévost à Tlle (sous-marine) Julia, à
Malte, en Sicile, aux lies Lipari et dans les environs de Naples.
[Comptes rendus,)
4 836. Noie sur le chauffage des machines à vapeur, et spécialement
sur les distributeurs mécaniques de la hooille, présentée à
r Académie des sciences. [Comptes rendus,)
4836. Relation d'une course faite le 6 juillet 4 836, en compagnie de
M. Cordier, au versant méridional de Néouvieile, de Baréges à
Luz. (Dans la Sentinelle des Pyrénées,)
4 837. Rapport fait à l'Académie des sciences en 4 837 sur on lit de
mines inventé par M. Valat, docteur en médecine. [Annales
des mines.)
1 837. Instructions de géologie pour le voyage de circumnavigation des
corvettes f Astrolabe et la Zélée, sous le commandement du
capitaine d'Uumont-Durville. [Comptes rendus de l*Aeadémie.)
4 837. Rapport fc il à l'Académie des sciences, le 4 4 décembre 4 837, sur
une Note de M. Borie, relative à des filons arsénifèros décou-
verts à Anzat-le-Luguet, dans le Puy-de-Dôme. {Comptes
rendus.)
4 837. Circulaire à MM. les électeurs de Tarrondissement d*Abbeville
(intra muros).
4 838. Rapport fait à l'Académie des sciences, lo 7 mai 4 838, sur les
résultats géologiques et minéralogiques du voyage de la Bonile
autour du monde. [Comptes rendus,)
i 838. Rapport fait à l'Académie des sciences, le 20 août 4 838, sur un
Mémoire de M. Maravigna concernant les formes cristallines
du soufre de Sicile. [Comptes rendus,)
— 27 —
4 839. Rapport fait à rAcadémie des sciences, lo 1*' juillet 4 839, sur
une monographie de la Célesline, ou sulfate de strontiane de
Sicile, présentée par M. Maravigna. {Comples rendus,)
4 839. Classification des roches, par M. Cordier. (Voy. V Essai sur les
roches.)
4 844. Rapport fait à T Académie des sciences sur les collections et
observations géologiques recueillies en 4 838 et 4 839 par
M. Eugène Robert, dans le cours de la dernière expédition
nautique et scientiOque au nord de TEurope. (Comptes rendus,)
4 841. Communication, faite à l'Académie des sciences le 28 juin 4 844 ,
des remarques auxquelles a donné lieu de sa part un petit
échantillon de Taérolithe tombé le 4 2 juin dans les environs de
Château-Renard (Loiret). {Comptes rendus,)
4 844. Classification des roches et des terrains, par M. Cordier. (Extrait
du Voyage de la Bonite autour du monde.)
4844. Mémoire sur la formation des roches de dolomie (octobre 4 844).
4 845. Observations présentées h T Académie des sciences, le 6 janvier
4 845, à propos d'une discussion sor le coloriage des cartes
géologiques au moyen de la lithographie. {Comptes rendus.)
4 847. Rapport fait à l'Académie des sciences, le 4 9 avril 4 847, sur un
Mémoire de M. Raulin concernant la constitution géologique
du Sancerrois. {Comptes rendus.)
4 848. Classification des terrains de Técorce consolidée du globe, expo-
sée par M. Cordier dans les cours de géologie qu'il fait au
Muséum d'histoire naturelle de Paris, {Thèse de géologie pré-
sentée à la Faculté des sciences de Paris, par M. A. Rivière.)
4 848. Classification et principaux caractères des roches, d'après la
méthode de M. Cordier et les notes prises à son cours de géo-
logie du Muséum d'histoire naturelle, par M. Charles d'Orbi-
gny. (Extrait du Dictionnaire universel d'histoire naturelle,)
4 849. Note présentée à l'Académie des sciences, le 5 février 4 849, sur
une masse de cuivre natif provenant des rives du lac Supérieur,
aux États-Unis d'Amérique. {Comptes rendus.)
4 849. Rapport fait à l'Académie des sciences, le 49 mars 4 849, sur un
travail de M. Eugène Robert, intitulé : « Recueil de recherches
géologiques sur les dernières traces que la mer a laissées à la
surface des continents dans l'hémisphère du nord, notamment
en Europe. » {Comptes rendus.)
4 949. Itappart fjit à l'Acailémie des se
Mémoire de M. Lamare-Piuqu
fiqiios de son dernier voyage <
Hioéralogie et géologie. (Comj
1Si9. Tableao général de la slruclure
terrains de M. Cordier. {Voy.
Itrraint qui eoiutitutnl Cécoi
bigny.)
4850. InstnictioDâ de géologie et de
H. d'EjCdyracdeLauluro. Exp
des sources du Nil. [Complet r,
< S57. Note sur le flystëme proiéniqae (
da), remise au Cooseil d'admi
naturelle le 20 janvier 1 857. |
de France,")
1857. Coupo figurative des lorrains d';
professeur de géologie au Uusé
avec indication et figures des
tiques des divers étages géolo
et Cil. Léger.
4SG2. De l'origine des roches calciiire
primordial (nolo déposée sous
sur le bureau de l'Académie
demande de mon ami Cordier)
du 17 février 4SG3.)
TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES
CONTENUS DANS CE VOLUME.
DiLiMi. — Cartes géologique et hydrologiqae de la Tille de Paris . . 12
Emile DoiHov. — Sur l'allure générale du bassin houiller du nord de la
France (PI. 1) 22
Th« EiiAV. — Stratigraphie du-système oolithique inférieur des envi-
rons de Toumus et d'une partie du département de la Gôte-
d*Or, aTec quelques considérations sur la délimitation des
bassins géologiques ' • 30
BouA. — Annonce de la publication d'une carte géologique et de cou-
pes de la Silésie aulrichienne, d'une partie de la Gallicie et
des Garpathes de la Hongrie, par M. Hohenegger, directeur
des usines de l'archiduc Albert, à Teschen, en Silésie. . . Â9
Cabant. — Sur une petite couche de cannel-coal trouvée à la fosse de
Raulx, concession des mines d'Anzin à9
J, B. Daluas. — Sur la configuration des massifs de l'Ardéche. . . 50
Bovi, — Réfutation de différents aphorismes géogéniques présentés
par M. Andréas Wagner, zoologiste de l'Académie de Mu-
nich 56
Ed. d'Eichwald. — Lettre adressée à M. Auguste Duméril sur le cal-
caire d'Oels, des environs de Saedewitz, et sur les fossiles de
cette dernière contrée 57
Ed. d'Eichwald. — Sur un crinoïde blastoïde découvert près de Poul-
kova, Asterobtastut ttetlatut 62
DiLissi. — Recherches sur l'eau dans l'intérieur de la terre. ... 6A
Db RouviLLi. — Sur une faune tertiaire moyenne des environs de Bé-
ziers et de Narboone 91
NoGuàs. — Sur les couches de terrain qui composent les environs
d'Amélie-les- Bains (Pyrénées-Orientales) ....... 95
Maicou. — Sur les roches jurassiques hors de l'Europe 98
Ed. HiBBiT. — Du terrain j urassique de la Provence ; sa division en
étages; son indépendance des calcaires dolomitiques associés
aux gypses iOO
FoniifiT. — Détails sur la formation par la voie humide et à froid de
divers minéraux, et notamment des silicates hydratés et
anhydres •.. 124
Dblbssb. — Remarques sur la communication précédente 185
Db Tcrivatchbff. — Sur une éruption du Vésuve du 8 décembre 1861. 141
Soc. géol,j 2* série , tome XIX. 74
H6«
I inr Armluaa (AuJe) . .
lu gi;ol<><;i(: et l> iuiD<-rali));i
mu, — Sur il>!i liacLvb trou
Ih Cyrena Puniinalii tcacoQl
A. LiOBiL. — Sur
CW.ll). . . .
SiiMiia et Aug. UoLLF,,,» ^ ^,-u„. v...
fouili;! tlu coral-rag d« TrDUTilIc
a Anémia tiylic
s. — Étudet c
Miio
cl C41
■ roi
„..,„„ ,, ut du riléraul
et de Mouliiellier, ttifol luile »
raio* |>yraidei du Salagou et de Ji
J. UuiLLKMin. — Picziuiers rèkultjti dut te
pu- la gratidu Socitlù de* clieoiin:
le i)ruluugemeal du la furniitioa
l'ouett
Le culonel dr UiuiaitiR, — Lettre à M,
Ijgc de PriTilichi-plau ....
J. UoHOtiai. — Sur lei ai^ilei à tilei di
Perelie et d'ïutret dépùU tertiaire
O'Ouiuvt d'Hilu». - Sur le> diviaiunt
cumpriie cutiï le liLio et le* Pyi
L. PiiiTO. — Gonpei i traien t'Apcnalu,
aie iU vallée du Pu, dvpuit Lii
VI, Vil)
O. TuquiM et E. PiiTTi, — Le liai infir.
Muiellc, du gr:iDd-duc:L« du Luxe
la Meule et des Arduunet (1>I. V
Di BuiKHOiat. — Monographie dut gailii
de la craie tupéiieuru du LiiuL
M. Detliajui.
L« mirquU m Ru», — Otiierratiuni lut
liamcritu k )a page 91. , . .
Diiuu. — De l'azutu ul des uiatiÉrc. or
Li SuciïTt. — Couipotilion du Uureau et d
Eug. DiïLuaecHiiiPi. — Sur le dévdoppe
brachiupedei artieulêi (PI. tX)
i, UaMOUa. - Exuiueu mi aéra logique d'un
DucLUiaiiux. — Sur la prétciice du lim
et de la fluorine dani la chaîne de
Eaux-lti.uDut
tovi. — Lettre anuocgant l'étude pu le
TàBLB GÉNÉRàLB DBS ÀRTICLBS. 1167
bat Danube, de la Valachie et du Dobrotscha; — la publica-
tion de la carte géulogique de la Transylvanie, par Franc de
Rauer ; — le relevé de la partie N. O. de l'Esclavonie, par le
docteur Sur ; — la carte géologique du N. de la Croatie, par
Poetterle; — la description, par le docteur Stache, de dé-
pôts considérables de calcaire d'eau douce, composé presque
uniquement de coquilles d'/fe/top, sis sur le bord N. O. de
Bakonywald; — l'étude des terrains contenant les colonies do
M. Ëarrande, par M. le conseiller Lipold; — la présentation
à l'Académie d'un mémoire de W. GUmbel sur les Megalodon
trufuelrum ; — Timpression d'un ouvrage spécial du mémo
géologue sur les Alpes secondaires de la Bavière, — la décou-
verte^ dans la Silésle autricbienne et les Garpathes du N. O.
de la Hongrie, par M. Hohenegger, des dépôts secondaires
depuis le lias jusqu'à la craie, y compris le gault, et, de plus,
Téocène ^29
Mkllitillb. — Sur les terrains de transport superficiels du bassin de
la Somme ^2*
Ed. HÀBEET. — Sur l'argile à silex, les sables marins tertiaires et les
calcaires d'eau douce du N. O. de la France, contemporains
des terrains du bassin de Paris (PI. X, fig. 2). . , , , , ^^^5
AiJiAoi). — Sur la craie de la Dordogne (PI. XI) , , ^^1
NoGuàs. — Sur le terrain jurassique des Corbières 5g|
DAuamia. — Formation contemporaine de pyrite cuivreuse sous l'ac-
tion d'eaux thermales, à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyré-
nées) 529
L. ZBJsmaa. — Sur la PachyrUma Bcaumonti^ n. sp. (PI. XII) , , . 529
CoQDARO. — Sur la convenance d'établir dans le groupe inférieur de la
formation crétacée un nouvel étage entre le néocomien pro-
prement dit (couches à Toxaster complanatus et à Ostrea Cou*
toni) et le néocomien supérieur (étage urgonien d'Alc. d'Or-
bigny). • • • - . 531
Ed. UiBBBT. — Observations au sujet d'uue communication verbale de
M. Goquand, faite dans la séance du 2 décembre 1861, sur le
terrain crétacé de l'Al^ûe, et au sujet surtout de la classi-
fication publiée par le même {Bull,, 2* sér., t. XVI, p. 953,
1859) 542
Gh. o'Allbixbttb. — Sur la craie et la mollasse du Jura bugeysien
dans les environs de Nantna (Ain) (PI. X, fig. 1). . • • , 544
Dahoub. — Sur la Tchefilinite de la côte du Goromandel. • • • • 55|
Ed. Habbbt. — Sur l'&ge du calcaire de Killy 552
Dblbssb et Ladobl. — Revue géologique pour l'année 1860 556
Gos&blbt. — Sur quelques gisements fossilifières du terrain dévonien
de l'Ardenne * 559
PouBCH.— Sur la grotte ossilére de THerm (Ariége) (PL XIII et XIV). 56A
Db Vbbiibuil et MuacHisoa. — Sur l'inapplicabilité du nouveau terme
dyas au groupe des roches permiennes, proposé par le doc-
teur Geinitz 599
Talabaeoom. — Sur U découverte d'un gisement d'or dans les envi*
1168 TABLE GËNËRjlLE tiEi
r«n3 de Sai.>t-P«rreiii [MurbiLi;.n)
A. Don™.. - Sur «ne nouvelle Trigoiie d
H.tre, Trigonia Bayiti (PI. XV) .
Th. ÉMâT. — Sur le terrain houiller d« en
J. Mji«cOu. — Sur lui eipreHloni [itiiécn,
A. «.iDïi. — Sur tei débri» d'oiseaui el de
(UrÈce), luivlc ic quclquci remiii
néroletPI. XVI)
P. H Ciisic. ~ Eiqiiiue géulugique dn de
BoUBOEoii. — Distribiilion dei e»ptce» dun
Luir-et-Chïr
J. CittLLijn. — Étudet tlrillgraphiquei tt p\
li» du gotfi: de U Speiia. . . .
LiSacint.^ Budget puDrlBeS. . . .
DHCondairei du midi de la France.
G1KI.I.IBOI ni tVoviLLi. — Sur le bone bcd A
Hitiit. — fiiir lec diilocalioni aiiiqiiclles ci
Es vallée de la Seine, aux eavironi
J. il. NoEi.IT. — Sur le t:atc;iire licuitre mil
la mullaSte fluviale, égateniEnt m
P'Bn»"
ScRLuxiinc». — Dcai de Ceraloiiat rundm
LiuciL. - La fauDC de Sainl-Fred, ptËt c
Loai. — Sur \'. giifrauDl [les gfpiUB de> en'
J. BiiaïaDB, - ABsentiinenl du professcui
eunient. Qouvcauï, au lujel de la
'•V^
J. Miatoi'.— Lulu additionnelle des tusiilt
l'Amérique du ^l)^d
GoiSBWT. — Sar la dicouveric de foHilea ûl
Mamur.
QiTViLQt». — ht:inatqim> tur la communie
J. B.aa.KDi. - Eiiileoel- de la faune iccoi
U. Licuo. - Sur 11 E.'„l()(-ie du plaleau CCI
grande carte grolugique du dépar
Ziinaonici, — Sor l<^& réiullala d'un aund
Da Htu6L>B. — CuiuparaieuD géographiqi
glque de la luL'race icrreitre avec
la Inue
Tb. Éuir. — Straligraphie de la craie me
et rie la vallée de l'Indre. . . .
La Uon. — Teiraint tertiaires de Bruiell
cLssement, leur Faune et leur floi
Ed. QliiaT. — Obsïrvatinna sur Ici lyilèi
de Dumanl, TaileB A l'occilion du
E. DvMoiTi». — Conp d'ail lur l'oolitlic i
Q, Bi Mouiixn. — Terraint du rcriant il.
TABLX GfiNfiRALK DBS ÀRTICLKS. Ii69
ceux da versant françtiit 8&9
Pt Dalihibm. — Sur \cn tf-rraÎDs primaires des environs de Falaise
(Calvados) 907
O'Ohauus o'Halloy. — Sur une nouvelle édition de VAbrigé dé géo-
logie 917
J. Bah AND a. — Réponse k M. d'Omalins an snjet des fossiles siluriens
de la Belgique 928
Alph. Favbi. — Sur la présence en Savoie de la ligne anticlioale de la
mollasse qui traverse la Suisse et une partie de la Bavière. . 928
Jamhrtaz. — Sur l'observation de quelques feuilles dans les marnes du
g}'pse des buttrs Chaumont 982
Di QuATBiFAGKs. — Sur Torigine artificielle des amas de coquilles
connus sous le nom de buttes de Saint-Micbel en Lherm
(Vendée) (PI. XIX) 988
Piiini. — La partie inférieure du terrain crétacé dans l'Aisne et la
région occidentale des Ardennes 948
Th. Davidson. — Rr«chiopodis fossiles des iles Uritanni(|ues. . . . 950
P. Gbbvais. — Sur le dépôt lacustre d'Armîssan (Aude) 989
J. GoajfDiL. — Essai sur leâ rapports qui existent entre le grès vert in-
ft^rieur du pays de Bray et celui du sud-est et du nord-ouest
du bassin anglo- français 975
L. SABMAifif et A. GuTiaDKT. — Expérience sur la formation du snlfate
de magnésie (epsomite) aux environs de Saint-Jean de Mau-
rienne (Savoie) 995
BiaTiMA et Th. ÉaBAV. — Carte géologique du département de la
Nièvre. lOOi
Da BuvanoBST. — Monographie des céphalopodes de la craie supérieure
du duché du Limbourg, avec observations de M. Deshayes. 1002
RaTM&s. — Observations sur la différence de sexe leconnue dans les
Ammonites 1004
J. BABBAhDi. — Sur l'ouvrage de M. le professeur Geinita^ intitulé
Dya$ 1008
La GoMMissio» DB coHnABiLiTtf. — Rapport sur la gestion du Trésorier
en 1861 lOU
Albert Gaudby. — Sur le singe fossile de la Grèce 1022
SABMAifif. — Observations sur le Belemnites quadralus, Defr. (PI. XX). 1025
Th. Ebbat. — Sur la minette du Morvan 1029
G. GuiscABDu — Sur le SphœrnliUi Tenoreana 1081
TuuBKOOBB. — Note stratigraphique et paléontologique sur les faluns
du département de la Gironde (PI. XXI) 1085
Hénnion extraordinaire à Saint-Gaudens (Hauie-Garonne) 1089
riJI DB I.A TABLB CKNBBALB DBS ABTICLBS,
BULLE!
SOCIÉTÉ GÉOLOGÏQU
TABLï
DES MATtÈRES ET D
POUR LB DIX-nBDTitl
Akrigi rf» nialogit. Mniivflle édlliao l
(wr M. d'UnaliuS d'Bitlojr. p. 917.
4lbtrii (les) (Pycénécj-Ofientali-").
Noie sur Itur |;éoli>Kie rt sar Irar
mlntiralogie, par M. A. ¥. Hofioèa
p. US.
All>ii(tti [Ch. d'). Nule sur 1« cm'ic
et Ih moltaue du Jara bugrvtien,
dai» \n CDTiront de Nanlua (Ain),
(pi. X, Gg. 1) p. SU.
^nui dv coquillrs connus sou) If ''□
iIf hiiltes de Siiot-Micbel de Lher
(Vendée). Leur orlxint- srtîGcirUc
■ipllquée par M. de Quatre tii|;'S
p. 9J5.
Aaeienntti de l'etpére liumainr. Bia
churr de H. J, DHaiiDue, p. 6)3.
J*»mia biplirala el iiupertilio (<ur le>],
par HU. Saeiuana ri Trificr (H. Il},
Aaeniic (il"). Observations ;iu sujrl d
!■ lellre de M. J. B. NoiiM. sur I
ealraire lacuslre minri-ne de N;ir-
bonne et sur la mollasse
fgalemeni niiocine du bawiii de Prr-
piKoan, \>. 706.
ÂrgUu a silei de lu crnir, SHbles d
Prrche rt autres dé|iâts terlixin
qui leur iotiI subordunn^*. Note d
Silbl.-!
s lerliai
TABLB DBS MATltRlSS ET DSS AUTEURS.
1171
B
Baptista. Obserfalions au mi jet des
remarquet de M. J. Marcou sur les
expria-^ions pénéen» pcrmirn, dyas,
p. 62S,
Babbaxdr. OhsprTiitions au sujel d'un
ouvraf^e qu'il Tient de faire pftrailre,
inlitulé Défense det colonies, A'Mcn-
liment du professeur Jdmes Hall et
auties documents sur la faune pri-
mordiale on Amérique, p. 731. —
Existence de la faune seconde silu-
rienne en Belgique, p. 754. — Ré-
fnm^e à M- d'Oinalius. au sujet (i«'!4
bssiles >ilurifDS de la Belgique,
p. 935. — Observations au sujet
d'une communication de M. Reynès,
sur la (liflTérence de sexe des Ammo-
nites, p. )oo4. — Présentation de
l'ouvrage du professeiir Geinilz, inti-
tulé Diai^ p. 1008.
Bassin bouiller du nord de la France.
Son allure générale, par M. Emile
Dormoy, p. 22.
BeUmniUs qiiadratus^ Defr. Note sur ce
fossile, par M. L. Saemann (p). XX),
p. loaS.
Basoix, Ubst-i valions «m sujtl de lii
note de M. Gh. d'Alleizette sur
l'existence de Ki craie et ()f iamojliisse
du Jura bugeytien, dans le^i environs
de Naptua (Ain) , p. 549*
BiBTEiA et Th. Ébbay. Carte idéolo-
gique du départeipent de la Nièvfe.
p. 1001.
BiblingraphiCt p. 5, 18, 12a. i4o, 3ai,
4o8. '4a5, 5oo, 554, 6a9, ^7H) ^^^t
718, 847* 9^^» ^'io^ ioo5.
BinnnoBST (de). Monographie dis gas-
téropodes et des Céphalopodes de la
craie supérieuie du Liinbourg, 394-
— Monographie des Céphalopodes de
la même formation, p. 1002. — Ob-
scrvatioui sur la concordance qui
existe entre certaines assise*: de la
base des Pyrénées et celles de la m<»n-
tagne de Saint-Pierre di- Mae.strichi,
p. 1 159.
Bone-bed (sur le) do la Bourgogne, par
M. Guillebut de JServille, p. 687.
BoucBBB »B PiBTBBS. Lettre Annonçant
que des hacbes ont été trouvées dans
la craie vierf»e de la Somme, et qu'i I
a été recueilli à Mencbecourt In Ty^
rena fluminaiis dans un bano supé*
rieur au\ haches, p. i53.
BouÉ. Lettre annonçant la publication
d'une carte géolojjique el des coupes
de la silésie mitrichieqpQ, d'upe par-
tie de la Gallicie el des Garpalhis d?
la Hongrie, par M. Uobenegger,
directeur des usines de l'archiduc
Albert à Teschen, en Silesip, p, 49.
— Lettre réfutant les apborisnifi
géogéniquis de M. Andréas Wag-
ner, zoologiste de l'Académie de
Munich, p. 56. — Lettre aouqnçant
l'étude du bas Danube, de la Valachif
et du Dobroutscha. par le professeur
Szabode-Pest. — La publication de
la carte géologique de la Transyl-
vanie, par Franz de Hauer. — Celle
de la partie N. 0, de l'Esclavonie,
par le docteur Stur. — - Celle de la
partie septentrionale de la Croalie,
par M. Fpetter)e. — La description,
pfir le docteur Stacbe, de dép6ts
considérables de calcaire d'eau douce,
composé presque uniquement de
coquilles â'Helija, existant sur le
bord fi, O, de Bakonyvald. — L'é-
tude, par le conseiller Lifwld, des
terrains contenant les colonies de
M. Bitriande, — La présentation, i
l'Académie, d'un mémoire de W.
Gbmbel, sur les ktpgalodon triqw'
trum. — La publication prochaine
d'un ouvrage spécial aur les Alpes
secondaires de la Bavière, par W.
Gùmbel. — Enfin la découverte, par
M. Tloheneggt r, dans la Silésie autri-
chienne et les Carpatiies du N. O,
de la Hongrie, des dépôts secon-
daires depuis le li^s jusqu'à la craie,
y compris le gauU et ae pluK l'éo-
cène, p. 43 t.
BoL'BCBois (l'abbé). Distribution des
espèce:* dans les terrains crétacés de
Loir-eUCher, p. 65a.
Braehiopodcs fossiles des terrains per-
miens et carbonifères des lies Britaa*
niques. Uésumé, par M. Davidson,
de son ouvrage sur ce sujet, p. 950.
Cabary décrit une petite couche de 1 concession des mines d'Anzio, p. 49*
cannelcoal trouvéeà la fosse de Rau|x, I Ca/c0Îra lacustre (sur le) miocène de
1172
TABLB DBS MÀTlkBBS
Narbonne, et sur la mollasse fluria-
tile également miocène, du basiio
de Perpigoao, par M. J. B. Noulet,
p. 7o5.
Cûleaire lacustre de Provins renfer-
mant des ossements de Lophiodon
(sur le). Communication de M. Ed.
Hébert, p. CyS.
Cmleaire de Rit/y, Son âge, d'après
M. Ed. Hébert, p. 55a.
Cannet'Coat (petite couche de) trourée
à la fosse de Raulx, concession des
mines d'Anzin, décrite par M. Gaba-
Capklliri (J.). Etudes Btratigraphiques
et paléontologiques «ur i'infra-lias
dans les montagnes du golfe de la
Spczia, p. 675.
Cmrtei géologique et Uydrologique de la
▼ille de Paris, par M. Delesse, p. la.
Ctkrte géologique du département de la
Nièvre, par MM, Beitera et Th.
Ëbray, p. 1001.
CAZàLiB oa FoHDoucE et MAaCCL Dl
SiBiEa. Note sur ie« formations yoI*
canîqiii's de l'Hérault dans les envi,
rons d' Agde et de Montpellier, faisant
suite au\ observations sur les terrains
pyroïdes du Salagou et du IVefBez,
p. 186.
Ceratodusruncinatus (sur une dent de),
par M. Schlnmhcrger (pi. XVH),
p. 707.
GisSAc ( p. dp). Esquisse géologique du
déparlement de la Creuse, p. 64o.
CoLLOMB (Ed.). État de la caisse au
Si décembre 1861, p. 4o6. — Projet
de budget pour l'année i86î, p. 680.
— Compte des recettes et des dé-
penses pt-ndaiit l'année 1861, p. 101 î.
— Note aur les glacier* de la Mala-
detta, p. 11^4.
Colonies dnns le bassin silurien de Bo-
hême. Réponse, par M. Lipold, au
travail de M. Barrande sur ce sujet,
p. 564.
Cammissiotu, Composition pourTaBnée
186a, p. 4o6. — de comptabilité,
rapport sur les comptes du Trésorier
pour Tannée i86x, p. 1017.
Comparaison géographique, orogra-
phique et géologique de la aurface
terrestre avec celle delà partie visible
de la lune, par M. de Hauslab,
p. 778.
Configuration des massifs de l' Ardèche,
par M. J. B. Dalmas. 5o.
CoQOAMo. Sur la convenance d'établir
dans le groupe inférieur de la forma-
tion crétacée un nouvel étage entre
le néocomien proprement dit (couches
k Toxaster eomplanmius et à Ostrea
Coulant) et le néocomien aupérieur
(étage urgonien d'Alc. d*Orbigny),
p. 53 1.
GoBNoiL (J.). Easal sur les rapports
qui existent entre le gréa vert infé-
rieur du pays de Bray et celui du
sud-est et du nord-oaest du basain
anglo-français, p. 975.
Coupes k travers l'Apennin, dea borda
de la Méditerranée à la vallée du
P6, depuis Livoume jusqu'à Nice,
par M. L. Pareto (pL V, VI, VJl),
p. aSg.
Craie de la Dordogne. Note sar elle,
par M. Arnaud (pi. XI), p. 465.
Craie du Jura bugeysien existant dans
les environs de Nanlua (Ain), d'après
M. Ch.. d'Allerzette (pi. X, fig. i),
p. 544*
Craie moyenne de la vallée du Cher et
de la vallée de l'Indre. Sa stratigra-
phie, par M. Th. Ébray, p. 789.
Crinolde blastoîde découvert prè» de
Pouikova, par M. Ed. d'Bicbwald,
p. 6a.
Cyrena fluminalis trouvée è Menche-
court (Somme), par M* Boucher de
Pertbes, dans le bano aupérieur aux
hache.% p. x53.
D
DALimia (Paul). Note sur les terrains
primaires des environs de Falaise
(Calvados), p. 907.
Dalmas (J. B.). Note sur la conBgura-
liqn des massifs de l' Ardèche, p. 5o.
Damoob. Examen minéralogique d'une
roche désignée 'sous le nom de Iher-
îoliie, p. 4i3, — Note sur la
(dieffkinite de la côte du Coroman-
del, p. 55o.
DAVBBiK. Formation oontemporaiiie de
pyrite cuivreuse sous l'action d>aus
thermales à Bagnères-de-Bigorre
(Hautes- Pyrénées]|« p* 5ao.
DAvio<K>if (Th.). Résumé de ton ou*
vragc sur les brachiopodcs fossiles
des terrains permiens et cftrboBÎftics
des tles Britanniques, p. o5o»
Débris d'oiseaux et de rcptilet trouvés
à Pikermi (Grèce), décriU par
BT DES ÀtITB0RS.
1178
M. Albert Gaiidry, arrc quelques
rcinurques de paléontologie générale
(pi. XVl), p. Gag.
Définit dês colonies, par M. Barrande,
arec observations orales de ce der-
nier, p. 7»!.
D8LàKODi.,Ob$erTationt sur une note
de M. Emile Dormoy, concernant
rallnrc générale du biisfin houillcr
du nord de la France, p. 99. —
Observât ions au Mijet d'une notice
géologique de M. Mellcville sur les
terrains de transport superficiels du
bassin de la Sonaine, p. 44^' —
Opuscule sur l'ancienneté do l'espèce
humaine, 61 3.
DiLista. Cartes géologique et bydro-
logique de la ville de Paris, p. la.
^- Recherches sur l'eau dans l'inté-
rieur de la terre, p. 64. — Remarques
au sujet d'une note de M. Four-
net, sur la formation, par la voie
humide et k froid, de divers mi-
néraux et notamment des silicates,
hydratés et anhydres, p. i55. -* De
l'azote l't des matières orgnntq«it>s
dans l'écorce terrestre, p. 4oo, —
Ohserrations au sujet d'une note de
M* Descloizeaux, sur !ii présence du
xinc carbonate, de la llierzoUte et de
la fluorine dans la chaîne des Pyré-
nées, aux environs des Baux-Bonnes,
p. 4i9'
DcicssB et Lacoxl. Revue de géologie
pour l'année 1860, p. 556.
Dc^cLoixi&ox. Note sur la présence du
xinc carbonate, de la Iherzolite et
de la fluorine dans la chaîne des Pyré-
nées, aux environs des Eaux-Bonnet,
p. 4i6
DasHAvxs. Observations sur une note
de M. de Rouville, relative à la faune
tertiaire moyenne des environs de
Béliers et de Narbonne, p. 95. —
Considérations au sujet de la naono-
graphie des gastéropodes et des cé-
phalopodes de la craie supérieure de
Limbourg, par M. de Binkhor<^t,
p. 394. — Observations au sujet des
remarques de M. J. Marcou, sur les
expressions pénéen, permien et dyas,
p. 629, — Critique de la réunion du
trias au perniit-n faite par M. Mar-
cou dans sa carte géologique de la
•terre, p. 660. -^ Observations au
sujet de la monographie des cépha-
lopodes de la crnie supérieure du
Limbourg, par M. de Binkborsi,
p. 100a. — Observations au snjet
d'une communication de M. Reynès
sur la différence de sexe dans les
Ammonites, p. roo4«
DastONGoaiiirs (Bog.)* Note sur le
développement du deltidium dux
les hnirhiopodes articulés (pi. IX),
p. 609. — Note sur la présence du
genre Phorus dans le terrnin dévo-
nien du Boulonnais, p« 544*
DxsROYxas (J.). Note sur les argiles à
silex de la craie, sur les sables du
Perche et d'autres dépôts tertiaires
qui leur sont subordonnés, p. ao5.
Dévêfnppement (sur le) du deltidium
chez les brachiopodes articulés, par
M. Eugène Oeslongcharops (p). IX},
!>• 409.
OawÀLQox. Note sur le système eifelien.
p. 753.
Dinotherium. Détails sur cet animal,
par M. A. Gaudry, p. i|3i.
Distocaiiont (sur les) auxquelles est due
la configurai :on de la vallée de la
Seine aux environs de Rouen, par
M. Uarlé, p. 690.
Distribution aes rspèct's dans les ter-
rriins crétacés de Loir-et-Cher, par
M. l'abbé Bourgeois, p. 65s,
Divisions géographiques de la région
comprise entre le Rhin et les Pyré-
nées, par M. J. J. d'Omalius d'Ual-
loy (pi. iV), p. ai5.^
DoLLFus et SABUAifif. Etudcs critiques
sur les échinodermes fossiles du coral*
rag de Trouville (Calvados) (pi. 1||),
p. 168.
DoLLvus ( Aug. ). Sur une nouTelle
Tiigonie de l'étage kimmeridgien du
Havre (Trigonia Baylti) (pi. XV)t
p. 6i4- ,
DoaMuv (Emile). Allure générale du
bassin houiller du nord de la Francfi
(pi. 1). p. aa.
DoMOBTi» (E.). Coup d'œil sur l'oo-
lithe inférieure du Var, p. 839.
Dyas. Brochure de M. Murchison éta-
blissant l'impossibilité de donner ee
nouveau nom aux roches du groupe
permien, comme le propose le doc-
teur Geinitz, p. 599. — Présentation
de l'ouvrage de M. Geinitz, par
M. Barrande, p. ioo6>
117A
TABLB DES MATIERES
E
Smu (recherches sur l^ dans l'intéripur
de la terre, par M. Deiesse, p. 64*
EauoB'Bonnes (environs dei) (Basses-
Pyrénées.) Présence du zinc carho-
nati', de la Iherzolite et de la fluo-
rine, constatée par M. Descloizeaux,
p. 4i6.
ËBRAY (Th.). Stratigraphie du système
ooUllii<|ue inférieur des environs de
Tournuset d'une partie du départe-
ment de la G6te-d'0r, avec quelques
considérations sur la délimitation des
bassins géologiques, p. 3o. — Note
■ur les derniers affleurements de
l'étage uigunien dans le sud du bassin
parisien, p. 184. — Note sur le ter-
rain houiller des environs de Dcrize
(Nièvre), p. 6i5. — Stratigraphie
de la craie moyenne de la vallOe du
Cher et de la vallée de l'Indre,
p. 789. — Nota sur la minette dn
Morvan, p. 10S9.
Ébbat et BatTBRA. Carfe géologique du
dépaitement de la Nièvre, p. looi.
Échinoefermtt fintiiet (études critiques
sur les) du coral-rag de Trouville
(Calvados), par MM. L. Saemann et
Aug. Dolfuss (pi. III), p. 168.
EiCBWALD (Ed. a'). Lettre sur le cal-
caire d'Oels, environs de Sadewitz,
et sur les fossiles de cette dernière
contrée, p. Sj, — Note sur un cri-
noîde blaloïde découvert prés de
Poulkovii, p. 63.
Esquisse géologique du déparlement
de la Creuse, par M. P. ne Ce.^sar,
. p. 640.
Etage urgonien. Ses denders affleure-
ments dans le sud du bassin parisien,
par M. Ébray, p. 184.
Falunt du département de la Gironde.
Note sur leur «tratig^^phie Cl sur
leur paléontologie, par M.Tournoudr
(pi. XXI), p. iu35.
Faune primordipleen Amérique. Assen-
timent du professeur James Hall
et autres documents nouveaux au
. sujet de eeltt^ faune, présentés par
M. Barrande, p. 721.
Faune (sur la) de Saint-Prest, près
. Ghartrrs (Eure-et-Loir), par M. Lau-
gel, p. 709.
Fauntf seconde silurienne. Sonc«istep<e
con<>tatée en Belgique, par M, Bar-
rande, p. 7S4.
Faune tertitire moyenne des environs
de Béziers et de ÎVarbonne, Note de
M. de Rouvilie, p. 91. — Observa-
tions de M* de Roys, p. 597.
Favrb (Atph.). Noie %i\T la présence,
an Savoie, de la ligne antidinale de
la mollasse qiii traverse la Suisse el
une partie de la Bavière, p. 928.
FtuUlet dans les marnes du gypse des
bulle» Chauniioot, obseï vée^ { ar
M. Ed« J^unel'az, p. 93a.
Formation cprbonifère du Oouplz. Pre-
miers résultats des sondages entrepris
en Russie par Ifi grande Sticiété des
chemins de fer russes, pour trouver
son prolongement vers l'ouest, par
M»J. Guiliemin, p. aoa.
Formation crétacée. Convenance, sui-
vant M. Coquaad, d'établir dans le
groupe inférieur un nouvel étage
entre le néocomien proprement dit
(couches à Toxastcr eompianatui et
à Ostrca Coutoni) et le néoconûen
supérieur (étage urgonien d' Aie. d'Or-
bigny), p. 53i.
Formation (détails sur la), par la voie
humide et à froid, de divers miné-
raux, et notamment des silicates
hydratéa et anhydres, par M. J.
Fuurnet, p. ia4«
Formations volcaniques (note sur les)
du département de l'Hérault dan» les
environ» d'Agde al de MontpeRier,
relisant suite aux observations sur
les terrains pyroîdt*» du Salafim et
deNefGez,|>arMM. Marcel de Serres
et R. Caialjsde Foiidoucc, p. 186.
FouaaaT (J.). Détails sur la formation.
par \is voie humide et à froid, de
(livera minéraux, el notamment des
Kilirate» hydratés et anhydres, p. 194*
Fossiles de l'ile de la Réunion (Bourbon)
cité» dans l'oiiyrage de M. Maillard.
Notice à U'ur sujet, par M. Micha|in,
p. 848.
Fostitet du terrain callovîen ds la
Pologne, décri'.» p«r M, Zejsmer»
p. i53*
Fossiles siluriens de la Belgique, Ré*
ponse à leur sujet à M. d'OnikliuS,
par M. Barrande, p. 923.
BT DIS AUTBUBS.
^n
Gaobbt* Obs«rTatioas au snjet d'une
notice géologique de M. MelieTiile
sur les ferratna de tranKport superfi-
ciel du ba«sin de la Somme, p. 44 >•
— Note sur des débris d'oiseaux et
de reptiles trouvés à Fikermi (Qrèee^,
suivie de quelques remarques Je
paléontologie générale (pi. XVI},
p. 639. — Note sur le singe foasUe
de Grèce, p. losa. — Observations
sur la petite grotte d'Aurignac
(Haute-Garonne), p. ii3o. — Sur
)e Dinolherium, p. ii3i.|
GéohgU du plateau central de la
France et grande carte géologique
du département du Puy-de-Dôme,
par M. H. Lecoq. p. j&%.
GaavAii (Paul). Note sur le dépôt
lacustre d* A rmissan (Aude), à prom)s
d'une réclamation de M. A. F. ffo-
gués, p. 969.
Gisement d'or découvert à Saint-Per-
reux (Morbihan) et annoncé par
M. Talabardoo, p. 6i3.
GossiLBT. Observations sur quelques
gisements ros5ilifèrcs du terrain dëvo- 1
nien de l'Ardenne, p. SSg. — Obsprvl
valions an sujet de deux notes de
MM. Devalqiie et Malaise sur les
fossiles siluriens de Gembloux, près
de Namur, p. jSa.
GoDiKiT. Description verbale de quel-
ques espères nouvelles recueillies à
Glus (Calvados), p. 4 sa.
(irés vert inférieur du pays de Rray.
Essai sur les rapports qui existent
entre lui et celui du sud-est et du
nord-ouest du bassin anglo-français,
par M. J. Qomuel, p. 976.
Grotte (la) ossifie de i'Herm (àriége),
par M. l'abbé Pouech (pU Xlif,
XIV), p. 5fi4.
GoiLLBBOT DB Nbbvillb. Lcttrc sur le
bone-bed de la Bourgogne, p. 6Sj»
GeiLLEMiv (J.). Premiers résultats des
sondages entrepris en Russie par la
grande Société des chemins de ter
russes, pour trouver le prolooffement
de la formation carbonifère du Oo-
netx vers l'ouest, p. aoa.
GuiscABDi (G.). Note sur le Sphmru'
Utet Tenoreana^ p. io3i.
GoYBtoiT (A.) et Sabmawn (L.)« Expé-
riences sur la formation du sulfate
de magnésie (epsomite) aux envi-
rons de Saint-Jean de Maurieone
(Savoie), p. 995.
Gypses des environs de Vizille (IsèreJ,
Lettre sur leur gisement, par M. Cn.
Lory, p. 790. I
H
Haehês recueillies par M. Boucher de /
Perthrs dans une craie vierge de la
Somme, p. i53.
Uablé. Note sur les dislocations aux-
quelles est due la oonûguration de la
▼allée de la Seine aux environs dé
Rouen» p. 690.
Uaoslab (de). Comparaison géogra-
phique» orographique et géologique
de la surface terrestre avec celle de
la partie visible de la lune, p. 778.
Hébrbt. Note sur le terrain jurassique
de la Provence. Sa division en étages.
Son indépendance des calcaires dolo-
mitiques associés aux gypses» p. 100.
— Observations au sujet d'une note
de M. Laugel sur les silex et grès dits
ladères, p. 169. — Obserralions au
sujet de la note de M. Descloizeaux
sur la présence du ziiir carbouaté.
de la Iherzolite et delà fluorine dana
la chaîne des Pyrénées, aux environs
des EtuK-Bonncs» p. 4>9> — Obier*
vations sur la description de quel-
ques espèces nouvelles recueillies à
Glos CCalvados), par M. Gpuberl,
p. 4aa. — Obserralipns au sujet d'une
notice géologique sur les terrains
de transport superQpiels du bassin
de la Somme, par M. Melleville,
p. 44o. — Jden\ 5^r la coufie df la
montagne de Reims du mépae autf i|r
{Bull. Soc, géol., îi'sér., t. XVIII,
p. 4i8), p. 443. — Pote §ur l'argile
à silex, les sables ipariQS tertiaires et
les calcaires d'eau dot^rf c)u nord-
ouest de la France (pi. ^, fig. a),
p. 44^' — Obaei'vatipns $qr l^ oom-
municalion di* M. Oesnoyers (anîê,
p. ap5), p. 46S. — Observations au
sujet d'une communication verbale
de M. Coquand sur le terrain crétacé
de l'Algérie, et au sujet surtout de la
classification publiée par le même
(fia//.,s«sér., t.XVI.p. 95s, i85o),
p. S4a* — Note sur l'ége du calcaire
1176
TÀBLB DBS MATIBEBS
<1e Rilly, p. 553. — Obscrvaiionn
au sujet des travaux géologiques de
M. Se. Gras sur la Provence, p. 558.
— Goiiimunicalion aur le calcaire
lacustre de Provioa renrermant des
ossements de Lophiodon, u. 675.
— Observations au sujet d un mé-
moire de M. Le Hon, sur les terrains
tertiaires de BruxeileB, p. 85 a. —
Observations au sujet d'une commu-
nication de M. Reynès sur la diffé-
rence de sexe dans les Ammonites,
p. 1004. — Compte rendu des ex-
cursions de la Société géologique di^
France dans les environs de Moot-
Sauoès et de Salies (Haute>Garoone),
p. 1 108. — Et au port de Venasque
\Uiem)f p. 1143.
HEiJiBRSEfi (le colonel de). Examen
des roches et des fosailea fouinb par
le iondage exécuté dans le gouver-
nement d'Ekaterinoslaw, près du vil-
lage de Perestichepino, par M. J.
Guillemin, p. 3o4*
HoR (Li). Terrain tertiaire de Bruxelles
leur composition, leur claafement«
leur fnune et leur flore (pi. XVI 11),
p. 8o4*
I
Infra-lias dans les montagnes de la | paléoutulogiquessur cette formation,
Spezia. Etudes ttratigrapbiques et | par M. J. GapclUni, p. 675,
liaMETiAZ. Note sar l'obsenration de
quelques feuilie<i dans les marnes du
gypse des buttca de Chaumoot,
p. 93a.
Larbouti et à*Oueîi ( Talléet de V
Compte rendu d'une excursion de la
Société géologique dans ces vallées,
par M. Leymerie, p. iiSj.
Laugbl (A.). Note sur Tâge des silex ef
des grès dits ladères, p. i53. — Note
sur la faune de Saint-Prest, près
Chartres (Eure-et-Loir), p. 709.
Laucbl et DaLESse. Revue de géologie
pour Tannée 1860, p. 556.
Lbcoq (Henri). Note sur la géologie du
plateau central de la France et sur
la gratode carte géologique du dépar-
tement du Puy-de-Dôme, p. 76 a.
LiTMaaix. Aperçu géogno&tique des
petites Pyrénées et particulièrement
de la montagne d'Ausseing, p. 1091.
— Compte rendu des excursions de
la Société géologique à Valentine,
p. 1095. — à travers le massif
a'Aosseing, p. 1097. — ^ Aarignac
et Auzas, p. 1 1 17. — Compte rendu
du trajet de Saint-Gaudensà Lnclion,
p. II 33. — Cumpte-rendu des ex-
cursions à Saint-Mamet, p. ii35.
— Dans tes vallées de Larbouat et
d'Oueil, p. 1137. — Dans le ba.vMu
de Saint-Béat, p. 1147. — Explica-
tion de la coupe des Pyrénées cen-
trales, p. 1 159.
Lhertolite, Son examen minéralogique,
par M. Damour, 4i3*
Liû$ (le) Inférieur delà Meurlhe, de la
Moselle, du grand duché de Luxem-
bourg, de la Belgique, de la Meuse
et des Ardenne», par MM. O. Ter-
quem et E. Pielte (pi. VIII, VIII 6is;.
p. 3aa.
Ligne aniicUnale de la mollaiM qal
traverse la Suisse et une partie de la
Bavière, existant en Savoie, diaprés
M. Alph. Favre, p. 938.
LiPOLD. Réponse à un travail de M. Bar*
rande sur les colonies dans le bassîD
silurien de la Bohème, p. 564.
LoBT (Ch.) Lettre sur le gisement des
gypses des environs de Visille psère),
p. 720.
M
Mailla». Présentation du relief del giquemeni, avec obserralions, fi. 649.
J*ile de la Réunion, colorié géolo- 1 Matadetta (glacieis de la). If oie de
BT DES ACTEURS.
H77
M. CoUomb k leur ^ujel. p. ii44«
Malaise. Note sur Tâge des roches
fossUtrèresdeGeffiblouz, prèsNamur,
p. 755.
If AictL Di 8B1IIKS et Caialis di Fon-
Doccf. Note sur les fuririiitions Tolca-
niques du département de PHérault
dans les environs d*Agde et de Mont-
pellier, faisant suite aux observations
sur les terrains pyroldes du Salagou
et de Neffîez, p. 186.
Maicou (J.). Lettre sur les roches
jurassiques hors de l*Burope, p. 98.
— Remarques sur les expressions
pénéen, permien et tlyas, p. 614. —
Carte géologique de la terre, p. 680.
— Liste additionnelle des fossiles du
terrain laconique de 1* Amérique du
Nord, p. 746.
MeLLBViLLe. Notice géologique sur les
terrains de transport saperlicieU du
bassin de la Somme, p. 4>^*
MiCHRLiN. Notice sur les fossiles cités
dans i*ouTrage de M. Maillard sur
nie de la Réunion (Bourbon), p. 848.
— Observations au sujet d^une com-
munication de M. Reynès sur la
différence de sexe dans les Ammo-
nites, p. 1004.
MicHBLOT. 01>servations au sujet d'une
note de M. Gh. d*Aileiiette sur la
craie et la mollasse du Jura bugey-
sien, dans les environs de Nuntua
(Aio), p. 55o.
Minette du Morvan. Note de M. Th«
Ébray, p. 1039.
MoUatse fluviatile (sur la) miocène du
bassin de Perpignan et sur le calcaire
lacustre également miocène de Nar-
bonne, par M. J. R. Noulet, p. 7o5.
Mollaste du Jura bugeysien existant
dans les environs de Nantua (Ain),
d'après M. Cb. d'Alleizette (pi. X,
fig. 1), p. 54^.
Monographie des gastéropodes et des
céphalopodes de la craie supérieure
du Limbourg, par M. de Rinkhorst,
p. 59 i. < — des céphalopodes du même
terrain, par le même, p. roo?.
Moni'Sauné^ (Haute-Garonne). Compte
rendu d'une excursion de la Sociûlè
géologique de France dans Cftle
contrée, par M. Hébert, p. 1 108.
MoKTiLLKT (Gabbibl db). Origine des
sources sulfureuses de la Savoie,
p. 809. — Terrains du versant italien
des Alpes, comparés à ceux du ver-
sant français, p. 849.
MuNiRR. Communication sut une nou-
velle espèce de scissureile recueillie
dans le sable moyen du Guépelle,
p. 444.
MuacHisoN. Rrochure établissant Pim-
possibilité d'appliquer le nouveau
nom de dyas aux roches du groupe
permien, comme le propose le docteur
Gcinirx, p. 599.
N
NoQDÈs. Lettre sur les couches de
terrain des environs d'Amélie>les-
Rains, des environs de Coustouges
(bassin de la Mouga) et de la vallée
de Saint Laurent (Pyrénées-Orien-
tales), p. 95. — Note sur Armissan
(Aude), p. i4a. — Note sur la géo-
logie et la miuéralogie des Aiberès
(Pyrénées Orientales^, p. i45. — Re-
cherches sur le terrain jurassique des
Corbiéres, p. 5ou
NoDLBT (J. R.). Lettre sur le calcaire
lacustre miocène de Narbonne, et sur
la mollasse également miocène du
bassin de Perpignan, p. 70$.
o
Omalids d'Halloy (d'). Notice sur les
divisions géographiques de la région
comprise entre le Rhin et les Pyré-
nées, (pi. IV) p. 31 5. — Observations
au sujet d'une note de M. Hébert sur
l'argile à silex, les sables marins ter-
tiaires et les calcaires d'eau douce du
nord-ouest de la France, p. 4^4 • —
Notice sur une nouvelle édition de
V Abrégé de géologie, p* 91?.
Oolithe inférieure du Var. Coup d'œil
sur cette formation, par M. Ë. Du-
mortier, p. 839.
Oueil et de Larboust (vallées de) (Haute-
Garonne). Compte rendu d'une ex-
cursion de la Société géologique
dans ces vallées, par M. Leymerie,
p. 1137.
1178
TAILE DIS lATlfttlS
Pa€k$riswut. Bttmmomii, b. s^ (oote
sar le), pr H. L. Zeyiiiicr Tp!. XU;,
Piftcro rJU;. Coo|iesà Iraven rApeasio
do bord» de la Uédiiemnée à la
f ailée da PA, depiin Lifoaroe jiisqa*à
Hiee pi. V, VI, VU,, p. 339.
Pimétm^ per»ieo et djaiw Ranrqqes
«aroeteipreMioii»,parll. J. Ifareoa,
pu 6^«
piuruê 'k geore) eiisUot dam le ter-
rain dévooieo da BoukMiiiaby d*aprH
M. Eogèoe ne»k>n(ciiamp«, p. 544*
PitTTB (B.) et TcaQvaa (0.> Le lias infé-
rieur de la Meiirtbe, de la Mo^te,
do gnnd-docfaé de Loicmbouryt de
la Be%ique, de la Meuse et des Ar-
demies CpL VllI, VIII Hm), p. 3s9.
PiBTTt (K.). Noie sur la partie infé-
rieure du terrain crétacé dans TAisoe
et la région ocddentale des Ardennes,
p. (ji6.
Pdncn {Tabbé}. 5ole sv b grotte «m-
ftre de l'BenB (Ariége) (pi. XU,
XIV;, 1*. 54|.
Prmiiu (rakaire lacustre àt) reaCer-
BMol an «HseaieBla de Lophiodon.
GofDBiuaii'^lioii ue M* Hébert,
p. 675.
Pyrémê€ê eemtrmUê (mope éti^ , eipli-
quèepar M. Lejoierie, pw 1159. —
Petites P}'rcttécs. Apei^i |(éogiM»ti-
qoe, par' M. Leyaene , p. 1091.
Pifrémée^OritMiaUu Coocbes de Icrrain
des entiroos d*Afliélie-lei>Baiaiy des
eof irons de t^onstonges rbaaôn de la
Mooga) et de la Tallée de Saint
Laurent, décrites par M. Kognès,
p. 95.
Pfritt cuwremêe» Sa Ibnnation con-
leoporaine sons ractbin d'eaoi
tbermalcs à Bagnére!»-de- Bigorre
( Hautes- Pjrénées), pv Daobrèe,
p. 5 19.
Q
QvAiMUJLQU (m). Note sur Torigioe
artiflcielle des amas de coquilles
connus sous le nom de battes de Saint-
Micbel en Lberm (Vt^dée) (pi. XIX),
p. 953.
R
Réunion (ilc delà) (Bourbon). Son relief
colorié géoiogiquement, présenté par
M. Msillard, afee observations ,
p. 8&8.
Bevuc de géologie pour Taunée 1860,
par MM. Delesse et Laogel, p. 656.
BaTRèi. ObterTations sur la différence
de seie dans lei Ammonites, p. 1004.
Roches et fossiles fournis par un son-
I, dage exécuté par M. J. Guillemin
* daub le gouvernement d*Ekalerinos-
law, pr^s du village de Peresischepi-
no, déterminés par M. le colonel de
Helmersen, p. au4*
Roehei fossilifères de Gembloux, près
Namur. Note sur leur 6ge» par
M. Malaise, p. 753*
Roche» jarassiques hors de TEurope
(lettre sur les), par M. J. Maroou,
p 98.
RooviLLB (db). Note sur la faooe
tertiaire moyenne des eavirons de
Béliers et de NarboAne, p. 91 et 597.
— Lettre sur Tâge essentiellement
triasique desdépôu gypseux secon-
daires dn midi de la France, p. 683.
— Observationa sar les analogies
qui lient les Pyrénées à toutes l«»
autrrs légions qui sont constituées
par des terrains de uiéme ordre,
et sur ridmtité des calcaires silu-
riens sopérirurs et des ralchistes
dôvonieos à Gouialite«, dans les Py-
rénées et dans les Cévenoes, p. 1 158.
RoYS (le marquis db). Observations au
sujet d'nne lettre de M. de Rouville
sur la ftiune tertiaire moyenne des
environs de Béziers et de ^farboone,
^ transcrite à la page 91* p« 397.
Sablet du Percbe, argiles à silex de U
BT DIS AUTEURS.
1179
craie cl autres dépôts tertiaires qui
leur sont subordonnés. Note par M. J.
Desnoyers, p. ao5.
Sabhanii. Obiiervations sur une note de
M. de Rouville relative â la faune
tertiaire moyenne di's environs de
Béliers et de Narbonne, p. 95. "—
Ob^enraiions au sujet de fa note de
M. Hébert sur le terrain jurassique
de la ProTence, p. 1 ai. — Observa -
tioo» au sujet d*une note de M. Pour-
rtet sur In fortnation, par la voie
humide et à froid, de divers rdinéraux
et notammeot des silicates hydratés
et anhydres, p. i38. — Obséi-vations
au sujet d*une communication de
M. Reynès sur la difTêrence de sexe
dans lés Ammonites, p. 1004. — Ob-
servations sur le Belemnite» qtiadra-
tu*, Defr. pi. XX), p. lOaS.
SiBHANNet Thigbb. Noté sur les Anomia
hiplicatd et vesptrtUio de Brocchi
Cpl 11), p. 160.
Sabmann et DoLLFus. Études éritiques
sur les échinodermes fossiles du coral-
rag de Trouville (Calvados) (pi. 111),
p. i68.
Sabmann (L.^ et GtïERUET (A.). Expé-
rience sur la formation du sulfate de
magnésie (epsomilejaux environs de
Saint-Jeau-de-Maurleniie (Sjvoie) ,
P« 995.
5dfnfi^^a/ [bassin <le) (Haute-Garonne).
Compte rendu d'une excursion de la
Société géologique dans ce bdssiii,
par M. Léytîierie, p. 1147.
Saintb-Claibb DbvIllb (Cu.). Observa-
tions au sujet d*une noie de M. H.
Lecoq sur là géologie du plateau
central dé la France et sur la grande
carte géologique du déparlement du
Puy de-Dôme, p. 763.
Saint-Gaiîdens (Haute-Gironne). Pro-
cès-verhal de Id réuaion extiaordi-
nnire de la Sov^élé géologique, par
M. Jannettâz,p. 1089.
SaiM-êtamBt , près Luchon (Baule-
Garonne). Comple-rendu d'unne ex-
ciir«ion de la Société ^'éologique
ddos celtt* «ont fée, par M. Leyme-
rie, p. 11 35.
Salle* (Haute-Garonne). Gompte-renJu
d'une excursion de la Société géo-
logique de France dans celle contrée,
par M. Hébert, p. 1108.
ScRLUMBBRGRB. Nolc sur unc dent
de Ceraioàti» rjin«ina(ui, Plieo.
(pi. XVll). p, 707.
Sctisurelle, Nouvelle espèce recueillie
par M. Meunier dans le sable moyen
du Guépeile, p. 444*
SÙca: et grès dits ladères. Note sur leur
âge, par M. A. Laugel, p. i53.
Singe (le) fossile de Grèce. Note de
M. Albert Gaudry, p. loaa.
Société géologique de France. Procès-
verbal de sa réunion extraordinaire
à Saint-Gaulens (Ilaule-Garonnt)«
par M. Junnettar., p. 1089.
Sondage pratiqué à Venise. Ses résultats»
par M. Zienkowicz, p. 774.
Soureei sulfureuses de la Savoie. Leur
origine, par M. Gabriel de Mortillel,
p. 802.
Spkœrulites Tenorcana, Note sur ce
fossile, par M. G. Guiseardi, p. io3i.
Stkvabt. Analogie reconnue entre lea
terrains de transilion des Pyréuéef
ceiitraleti et ceux de la Belgique,
p. 1157.
Stratigraphie du système oolîlhique in-
férieur de-» environs de Tournus et
d*une partie du département de la
Côte-d'Or, avec quelques considéra-
tions sur la délimitation des bassins
géologiques, par M. Th. Ëbray,
p. 3o.
Sulfate de mnguésie (epsomite) aux
environs de SaintJean-de-Maurienne.
Expériences sur sa formation, par
M VI. L. Saemann et A. Guyerdet,
p. 995,
Système eifelien. Note sur ce système,
par M. Dewalque, p. 753.
Talabardo^t. Lettre sur !un gisement
d*or découvert à Saint-Perreux (Mor
bihan), p. 61 3.
Tche/fkinite (la) de la côte rfu Coro-
mandel. Sa description, par M. Da-
mour, p. 55o.
TcHiHATCiBFr (db). Letlfc sur Térup-
lion, du Vésuve de décembre 1861,
p. 141*
TBrtQUBM (O.) et (B.) PiBTTB. Le lias in-
férieur de la Meurlhe, de la Moselle,
du grand duché de Luxembourg, de
la Belgique, de la Meuse et des
Ardennes (pi. VIII, VIII bis), p. 3aa.
i^"»>7 '^sy*^40.
1180
TABLE DBS MATIÈRCS BT DBS AUTBURB.
Terrain crétacé dans l'Aisne et la région
occidentale des Ardennes. Note sur
sa partie inférieare par M. E. Pielle,
p. 94^*
Terrain dévonien de TArdenne. Obser-
Tations de M. Gosselct sur quelques-
uns de ses gisements fossilifères,
p. 559.
Terrains du versant italien des Alpes
comparés à ceut du versant français,
par M. G. de Mortillet, p. 849.
Terrain houilUr des eof irons de De-
cize (Nièvre). Note de M. Tli. Ébray,
p. 6i5.
Terrain JurattUfue de la Provence. Sa
division en étages. Son indépendance
des calcaires dolomitiques associés
aux gypses. Note de M. Edm. Hébert,
p. 100. — desCorbières. Redierches
sur lui, par Itf. Noguès, p. 5oi.
Terrains primaires des environs de
Falaise (Calvados}. Note par M. Paul
Da limier, p. 907.
Terrain taeonique de T Amérique du
Nord. Liste additionnelle de ses
fossiles, par M. J. Marcou, p. 746.
Terrains tertiaires de Bruxelles. Leurs
classement, leur faune et leur flore,
par M. H. Le Hon (pi. XVIII), p. 804.
Terrains de transport superGciels du
bassin de la Somme. Notice géolo-
gique sur eux, par M. Melleville,
p. 4*3*
TouEROCia. Note stratigraphique et
paléontologique sur les faluns du
département de la Girosde (pi. XXI),
p. io35.
Tbioir et SAtKAHN. Note sur les Anomia
biplieata et vespertHio de BrocchI
(pi. II), p. z6o.
TaiGBR. Observations an sujet de la dis-
tribution des espèces dans les terrains
crétacés de Loir-et-Cher, par M. Tabbé
Bourgeois, p. 675.
Trigonia BayU, Nouvelle Trigonie de
i*étage kimmeridgien du Havre, dé-
crite par M. Auguste Dolfuss (pi. XV),
p. 6(4«
Falentine urès Saiot-Gaudens (Haute-
Garonne). Compte rendu d'une ex-
cursion de la Société géologique
dans celte contrée, par M. Lejmerie,
p. 1095.
Vênatque (port de) (Haule-Garonne).
Compte rendu d'une excursion de la
Société géologique à cet endroit,
par M. Hébert, p. ii4s*
ViBRBuiL (db). Note sur une brochure
de M. Murchison, établissant Tim-
possibilité d*appliquer la nouvelle
dénomination de dyas aux roches
du groupe permien, comme le propose
le docteur Geinitx, p. 599. — Obser-
vations au sujet des remarques de
M. J. Marcou sur les expressions
pénéeo, permien, dyas, p. 627. —
Observations au sujet d*one lettre de
M. de Rouville sur FAge essentielle-
ment triasique des dépôts gypseux
secondaires du midi de la France,
p. 684.
Vésuve. Éruption de décembre i86i.
Lettre de M. de Tchihatchefl; p. i4i .
Zbjsznbb. Description des fossiles du
terrain callovien delà Pologne, p. i53.
— Note sur le Pachyrisma Baumonti,
D. sp. (pi. XII), p. 629.
ZiBNKOwicx. Résultats d*un sondage
pratiqué à Venise, p. 774*
Zine carbonate, Iherzolite et fluorine.
Leur présence constatée par If. Des-
cloizeaux dans la chaîne des Pyré-
nées, aux environs des Baux-Bonnes,
p. 4i6.
FIN DE LA TABLB,
LISTB DBS PLAHCBBS. 1181
Liste des planches,
I, p. 22. E. DoRMOT. — Plan général approximatif da bassia bouiller
franco-belge-rhéDan.
II, p. 460. Saema!!!! et Trigcr. — Terebratula bîpUcata^ type de la
collection de Brocchi : A, T. indentata^ Sow., var. du lias
moyen du département de la Sarthe.
III, p. 4 68. Sakhann et Aug. Dollfcs. — Pigaster Gressfyi, Desor;
P, laganoideSf A g.
IV, p. 21 4. D'Omalius d'Hallot. — Divison en contrées géographiques
de la région comprise entre le Rhin et les Pyrénées.
V, p. 239. L. Paeeto. — Coupes de Livourne à Forli ; de la rive droite
du fleuTe Reno au sud de Bologne ; de la Méditerranée, près
de LiTourne, à la plaine du Pô, près de Bologne; des envi-
rons de Mass à Maranello, près de Modène.
VI, p. 239. L. Parbto. — Coupes de Rio Maggiore, non loin de la
Spezzia à Reggio; de la Méditerranée aux sources de la
Nura et de la plaine près de Plaisance ; du cap Melo à la
chaîne centrale, près de Monte Dingo à TE. de Caressio; de
Monte-Galet, au S. de Garessio, à Chiavasso sur le Pô.
VII, p. 239. L. Pareto. — Suite de la coupe précédente; coupe des
environs de Menton à la plaine du Piémont, près de Cbiusa.
VIII et VIII bis, p. 322. 0. Terqdem et E. Piettk. —Coupes du lias
inférieur dans le Luxembourg, la Belgique et les Ardennes.
IX, p. 409. £ug. Deslongchamps. — Développement du deltidium
chez les bracbiopodes articulés.
X, iîg. 4, p. 544. Ch. d'Alleizette. — Coupe du Jura, de TAin, de
la rivière d'Ain au bassin du Léman.
X, fig. 2, p. 445. Hérert. — Coupes à travers les collines du Perche,
de Souance à Senonches.
XI, p. 465. Arkaud. -— Coupes de la craie de la Dordogne, notam-
ment celles du chemin de for de Limoges, du parc de Cognac,
de Gourd-de-l' Arche.
XII, p. 529. L. Zejszner. — Pachyrisma Beaumontiy Zejsz.
XIII, p. 564. L*abbé Pouech. — Plan de la grotte de THerm, avec
coupes verticales, longftudinales et transversales.
XIV, p. 564. L*abbé Pousch. — Coupes par le travers de la montagne
de THerm correspondant aux diverses phases de la grotte.
XV, p. 6H. A. DoLLFUs. — Trigonia Baylei^ A. Dolf.
XVI, p. 629. Albert Gauort. — Débris d*oiseaux et de reptiles trou-
Soc, géoi,^ 2* série, tome XIX. 75
1182 LISTB VUS PLANCBBS.
▼és à Pikermi (Grèce): Phasianus Jrchiaci, Gaad.; Gras
Penteiici, \d.\ Gallus jEsculapii, iû,; Testtuio marmorum^
id.
XVII, p. 707. ScBLUMBEKGEE. — Dent de Ceratodus runcinatus^ Plien.
XVIII, p. 864. Le Hon. — Coupe géognostique de Bruxelles partant
à l'est du point culminant au nord du champ de manœuvres
et se terminant au hameau de Moortebeek.
XIX, p. 933. De Qdàtbefages. — Amas de coquilles connus sous le
nom de buttes de Saint-Michel en l'Herm (Vendée).
XX, p. 4025. Sasbamn. — Bclemnites qnadratus^ Blainr. ; Actino^
camax vcrus, Miller.
XXI, p. 4 035. TouRBOUER. — Coupes de Bazas à Bordeaux, rive
gauche de la Garonne ; du poste de Cazau à Beaurech sur
la Garonne; de Sainte-Croix du Mont à Léogeats, suivant
la rive droite du Ciron ; de Landiras au moulin do Baures.
XXII, p. 4 089. Letberie. — Carte géologique des petites Pyrénées
de la Haute-Garonne situées en avant de la grande chaîne.
XXIII, p. 4 089. Letbeeie. — Coupes relatives è la Réunion extra-
ordinaire de la Société géologique dans les Pyrénées de la
Haute-Garonne.
ERllATA.
l'ayri. I.igiirs.
Si, ^5, (ui lien tir : terrain anthracifère, lisez : terrain ardoisier.
Planche I, légende, au lieu de : terrain anlhracifère,
lisez: terrain ardoisier.
. ' "' uin Ut'u de : moulin Guignon, lisez : moulin Quignon.
434, 3, au lieu de : jaune de houille, lisez : jaune do rouille.
438, 23 et 3G,|€//i lieu de: vallée de la Seine, lisez : plaine de
i39, 41, ) Grenelle.
849, 3G, iiu lieu de : le voit, lisez: on les voit.
8î)0, 7, itu lieu de : ont plus, lisiz : sont plus solides.
853j 4o, an lieu de : son principal, lisez : leur principal.
856, 17, au lieu de. ; du Valois, Usez : du Valais.
867, 21 , au lieu de : cavités, lisez : arôtes cristallines.
859, 32, au lieu de : de Spizze, lisez : Spitz.
864, 5, au lieu de : no pouvait, lisez : cette formation pouvait se
rapporter.
865, I ii, au lieu de : Cas, ii\ez : Gas, près du Beausset.
866, l i, au lieu de : Ben, lisez : de Bex.
868, \\, au lieu de : Secco, lisez : do Lecco.
871, 2 "5, au lieu de : Sallrio d'Arzo, lisez : Saltrio et Arzo.
872, 3, au lieu de : Secco, lisez : Lecco.
874, 8, au lieu de : Larra, lisez : Lavra.
876, 9, an lieu de : 4 ou 500, Usez : 40 ou 50.
878, 4 5 et 4 6, au lieu de : d'Auterne, lisez : Anterne.
880, 23, au lieu de : Lemcre, lisez: Lemonc.
884, 34, an lieu de: Picl. et Sow. , lisez : Pict. et Lor.
886, 2, au lieu de : Pict. et Sow., 4 mètre, lisez : Pict. et Lor.,
4 cxcmpl.
886, 29, au lieu de : Lemene, lisez : Lemenc.
886, 31, au lieu de : au-dessus, lisez : au-dessous.
887, 4 , au lieu de : Civio, lisez : Clivio.
888, 2j au lien de : Trignago, lisez : Tregnago.
888, 22, au lieu de : San-Ouafrio, lisez : San-Onafrio.
888, 22 et 23, supprimez : la môme assise de marne calcaire.
889, 10, au lieu de : Secco, lisez : Lecco.
891, 27, au lieu de : Fraschivolo, lisez : Fraschirolo.
894, 29, au lieu de : marbres, lisez : marbrer.
892 22, au lieu de : méocène, lisez : miocène.
894, 8, au lieu de : Elcandar, lisez: Echauday.
894, 29, au lieu de : désert, li^ez : Désert.
894, 29, au lieu de : Entreoconus, lisez : Entreverne
894, 30, tiu lîr/i de : Ptîlit-BoniamJ, Iluz . Pelil-Bomaivl.
895, 9, nu lieu de : Wacrus. lisez : AVarcn-î.
S96, 1 1, au lieu de : lac ili's i|ii3lri' * aiilon^ suissf»?, lisez : lac dos
Qii.itro-Ci nions en Suis-o.
890. 28. //// II' ru de : ontiv, l/^ez : ontro.
808, 15. au litu de : inverse nu mouvement, /w*: : inv«;r>'», un
mou\e!m.'nt.
89ÎJ, 2*», au lieu de : inûocrn*^, l.'srz : niioc«'*n('.
9(M . 38. an l/u île : cira«;t»M!>li.j'î.*, !\t :. : raractôri^ô p.ir.
902, •», tiu lieu de i V;iin:l:i, /'.w: : V,«rii.I;i.
900. 29, au lu u tir : au saul, Avr:. ;:ii] nant.
983, \o, au lieu d- : dU ilt* sal?!»», l-.wz : •.".u «lu .■;obîi\
9!»:», 3 "// lentt'Htitnt, au /'» u -le : Ijh ••»'• rin-.^nU il ■ l'^lo ..1.^ Wiiilit.
/•w 7 ; lis Si'' lim«*nts •! • r'--'t i:t do l'il.* d:- W'^ht.
994. '►, au lieu. /A ; •K'< .ir^ii-'s, /.'*.": : '\'.'^ .-:i!ili*-i aux îir.i.'iî'.*s.
40:<l. 8 eu re/unufiiu.% au Iru dr : \\.>\\ 'U\ liiîics di* l'airî ' ';.'ir-
din;di', It^e-, : l'.< douv l.jni;-- di' Tarit'.* cMr.l:na!e.
10 NO. 9, au lieu dr : \\ \i\ (\ .\uoai.:t:i ot à la M: en a »'/i////,
BruniTM., /.'w : ; (a*. .'C !.i (\ Sidjiinit.i o\ 1 1 Mar/r..'
.V//V7/»/, Unuicn.'.
108<i. 31 , au lieu dr : c'cs! pf«'ir niî»nli*'^r h- jural!i''li'*me pur.nt d»^-;
dfux li.i-'iji' liiL'ii moins quo, »'t«\. A•^.•r : o'e.-st
bit.Mi m-.'iiis pour monlrs-r le [)ar:di!'îi-mrt \-j:-i cloi:\
bassins f.|u<\ c'r.
ALinEM)J aur flRîl t l'.l d,i /"..■/. W ///.
•wO, i^, ^/« //r7/ </(■ • Siorton. Ue- : II '.rl-i,
CTO i I, //// hrii de : Sun, /••^•'■: ; m>u.
f)7l , 22, au Ittu de : Tamworis, /.w :• ; Taniwjr'h.
(»7I, 2l', au lieu df : Muni'!.», /-^v.: ; Man>!!,i.
iu\, l'\, au lieu di : (îo!iin^:ft«i;i, liytz : V. idlin^lui.
07-, \\), au lit u ili : 1 Au-'r^l..', /.'W3 : I Autrirlî"»
G7i 3i. r/,7 Inu dr : Sîai.'»l.slîut v. /•* : !l.ivv\.^h;rv.
072, 38 01 41, a'i Itu île: Linn M.jti:i, l-<-z: \Vi;ia:îmatf.'.
673. .*<, //// lieu dr : Slai'îdv-l'Urv. /■%/■:: ll.iuk.sli'.iîy.
673. In, 'lu l'eu di- . I.MUM .M:ilt,i, l/si z : W '!jamn*::i
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