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BULLETIN
SOCIItl ICIlItlIItll, IJSTHIIII
A.K.c;iïi!or.oc3HQrrB "
I.A CORRÈZE
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BULLETIN
mtn SCIEITIFIQIE, HISTORIQUE
ARCHÉOLOGIQUE
LA CORRÈZE
SIÈGE A BRIVE
d'BtUlté pnbUqoe (Décret dn 30 MTembie 1188}
TOME VINGTIEMI
BRIVE
MARCEL ROCHE, IMPRIMEUR DK LA SOUÉTÉ
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LISTE
DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
Président d'honneur :
M. le comte Robert de LA8TEYRIE, #, I P «, membre
de l'Institut, à Paris.
Président :
M. Ernest RUPIN, I P O, à Brive.
Vice-Présidents :
M. Gaston de LÉPINAY, à Moriolle, près Brive.
M. EvabsE BOBIË, «, à Brive.
Secrétaire-Général :
M. Louis de NUSSAC, à Brive.
Trésorier :
M. Jean-Baptiste BOSREDON, à Brive.
Bibliothécaire :
M. Alfred MAS, à Brive.
Membres du Bureau :
M. Louis BONNAY, à Brive.
M. Jean-Baptistb ESPÉRËT, A V. à Brive.
M. Sylvain GUILLOT, à Brive.
M. ÉLiE MAS3ÉNAT, A.», à. Brive.
M. Ludovic de VALON, à Brive.
Digitizedby Google
MEMBRES FONDATEURS ET TITULAIRES
MM.
Alayrac, président du Tribuaal de 1" instance, à Brive.
AsHER (A.), libraire, 13, Unter den Linden, à Berlin W.
Bar (José pli- Louis de), propriétaire, à Argentat.
Barbier de Montault (Mgr}, A O, prélat de la maison
de Sa Sainteté, 37, rue Saint-Denis, à Poitiers.
Bardon (Krnestf, *, A f|, architecte du département,
80, rue de la Barrière, à Tulle.
Bardon (Téléphe), avocat, au château du Saillant, par
Voutezac.
Barthélémy (Anatole de), *, membre de l'Institut, 9,
rue d'Anjou-Saint-Honoré, A Paris.
Baudot (de), *, architecte, 153, rue do Rennes, à Paris.
Bei.lefon (de MÉRic do', ancien magistrat, 3, rue de
rilôlol -de- Ville, à Montauban (Tarnet-Garonne).
Béon (le comte de), 16, avenue Kléber, à Paris.
Besse (dom Martial), religieux bénédictin à Ligugé
(Vienne).
Bessou (l'abbé), chanoine honoraire, curé-doyen de
Lubersac (Corrèze).
Beynié (Jean- Baptiste), photographe, à Brive.
Bial (Paul), 0 *, ancien commandant d'artillerie, 8,
rue Taupin, à Toulouse.
Billot (le général), G C *, sénateur. Ministre de la
Guerre, 28, avenue du Trocadéro, A Paris.
Blanc (Antoine), juge de paix, A Ayen.
Blanc Chambon, négociant, rueCarnot, à Brivc.
BoNNAY (Louis), architecte, place Cttampanatier, à Brive.
BoRiE (Eugène), *, lieutenant-colonel territorial, chargé
du service des étapes, A Brive.
Bosredon (Alexandre de), *, ancien sénateur, au cliâ-
teau de la Fauconnie, par Terrasson (Dordogne).
Bosredon (Jean-Baptiste), rue de l'Hôtel -de- Ville, à
Brive.
Bosredon (Philippe de), G *, ancien conseiller d'Etat,
D.g.tizedby Google
rue Verte, à Montretout, par Salnt-Cloud (Seine-el-
Oise).
BouRNEix (l'abbé), curé de Nonards, par Beautieu.
Breton (l'abbéGermain), chanoine honoraire. Supérieur
du Petit- Séminaire, à Brive.
Brettes (le comte Joseph do), A 0> explorateur-géogra-
phe, chargé de missions par le gouvernement français,
château du Puy, par Thenon (Dordogne).
Breuil (Victor), llquorlste, à Brive.
BRUGEiLLES(Fernand}, Inspecteur principal des cliemins
de fer du Midi, chef du contentieux, 30, rue Lebertbon,
à Bordeaux.
Brugère (Eugène), A S*-Ybard, par Uzerche (Gorrèze).
Cars (le duc des) 75, rue de Grenelle, à Paris, et châ-
teau deSourches, par Cernay- Champagne (Sarthe).
Chabau (l'abbé), chanoine à Sainl-Flour (Cantal).
Chabrerie (Louis), I P i?. Principal honoraire, maire
de Sarran, par Corrèze (Corrèze).
Chadourne (Léonl, avoué-licencié, à Brive.
Chalup (le vicomte Bobert de), au château Darrlcaud,
par Landlras (Gironde).
Chamaillard (Auguste de), propriétaire, à Brive.
Champbval (Jean-Baptiste), avocat, à Plgeac (Lot).
Chauveron (Audoin de), président du Tribunal de l^*
Instance, à Louviers (Eure).
Chiroux, vérificateur des poids et mesures, i Ussel
(Corrèzel.
Clapier (Henri), A Q, architecte, à Brive.
Clédat (Gaston de), commandant au 95™« territorial, â
Brive.
Clément-Simon (Gustave), *, ancien procureur géné-
ral, au château de Bach, commune de Naves, par
Tulle.
Clochard, ébéniste, à Brive.
Corbier (Luc de), conservateur des hypothèques, à
Vitry-le-Français (Marne).
CoSNAC (la marquise Henri de), à Brive.
D.g.tizedbyGoOglC
CosNAC (la comtesse Jules de), au château du Pin, par
Salon-la-Tour (Corrèze), et 37, rue Vaneau, à Paria.
CosNAG (l'abbé Médéric de), chanoine honoraire de
Mohilew, chanoine à Tulle.
CosNAC (le comte Paul de], au château de Friac, par
Meyssac.
CoiiLiÈ, notaire et maire, au Soulier-de-Chasteaux, par
Larche,
Decoux-Lagoutte (Edouard), A M, ancien magistrat,
12, rue BourdeiUes, à Pérlgrueux.
Delisi-e (Léopold;, 0 #, directeur de la Bibliothèque
nationale, rue Richelieu, à Paris.
Deloche (Maximin), G «, I P U, membre de l'Institut,
5, rue Herschell.â Paris.
Delpeuch (l'abbé}, A O, aumônier au collège de Brlve.
Denoix (EIîg), entrepreneur de menuiserie, à Brive.
Devars (Max), au château de Lascamps, près Brive.
Drapeyron (Ludovic), 1 P O, docteur ès-lettres, direc-
teur de la Reçue de Géographie, secrétaire-général de
la Société de Topographie de Paris, 55, rue Claude-
Bernard, à Paris.
Duboi:sqi;et-Laborderie (Louis), I P y, docteur-
médecin, rue des Landis, à Saint-Ouen (Seine).
DucouRTiEUX (Paul), A i>, libraire éditeur, 7, rue des
Arènes, à Limogea.
DuTHEiLLET DE Lamothe, à Caramlja, par Lubersac, et
10, rue Brichaut, à Schaei-beck, faub. de Bruxelles.
KspÉRET (Jean- Baptiste), A y, professeur d'histoire au
collège de Brive.
Fage (René), 1 P O, avocat, 25, boulevard Gambetta, â
Limoges.
Perrière (Gilbert), à La Geneste, commune de Naves,
par Tulle.
Fournet, architecte, â Brive.
GiRODOLLE, docteur- médecin, à Objat (Corrèze).
GiROu (l'abbé), curé de Hommes, par Savlgné {Indre-et-
Loire).
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Gkeil (Louis), A Q, boulevard Gambetta, A Cahors.
GuiBERT {Louis} A it, agent principal de la Compagnie
d'Assurances générales, 8, rue Sainte-Catherine, à
Limoges.
GuiLLOT (Sylvain), entrepreneur, conseiller municipal,
rue Charles-de-Lasteyrîe, à Brive.
GuiLLOT (Jean- Baptiste), propriétaire, maire de Naves,
à La Geneste, commune de Naves, par TuHc,
Gyoux, docteur en médecine et en chirurgie, 143, rue
Fondaudège, à Borderux.
iMBEAUi-T (Jules), A Brive.
JossE (Gabriel), à Payrac (Lot).
JotîVENEL (le baron Raoul de), 0 #, ancien Préfet, au
chAteau de Castel-Novel, par Varetz (Corrèze), et 35,
rue de la Bientalsanoe, à Paris.
Juin de Faucal Demonteil (Gaston), notaire, à Damp-
niat, par Obasine (Corrézc).
Julien, professeur à la Faculté des sciences de Clermonl-
Ferrand.
Labesse (comte de), au château de Chabrignac, par
Juillac.
Laborde (Raymond), A 4», licencié ès-lettres, professeur
au Lycée Michelet, à Vanves (Seine).
La brousse (Michel), *, A Q, docteur-médecin, séna-
teur de la Corrèze, membre du Conseil général, 35,
avenue Marceau, à Paris.
Labrunie de Laprade (André), au château de Balagé.
par les Quatre-Routes (Loti.
Lachaud (Edouard), A Q, docteur-médecin, conseiller
municipal, à Brive.
Lacroix, A O, Principal du Collège de Brive.
Lafarge (Aimé), notaire, à Lagraulière (Corrézf>).
Laffont (Marc), A it, docteur-médecin, lauréat de la
Faculté de médecine de Paris, 245, rue Salnt-Honoré,
' à Paris.
Laoane (Klie), pharmacien, à Brive.
D.g.tizedby Google
- io —
Lalande (Philibert), A M> Receveur des Hospices, à
Brlve.
Lalauze (Adolphe), aqua-fortiste, 24, quai de Bétliune,
à Paris.
Larobertie (Albert), A O, Sous- Préfet de Brlve.
Laroche (Paul), Imprimeur, 43, rue d'Amiens, à Arras.
Lasteyrie (le comte Robert de), *, 1 P O, membre de
l'Institut, professeur d'archéologie A l'Ecole des Char-
tés, député de la Corrèze, vice-président du Conseil
général de la Corrèze, 10 bis, rue du Pré-auï-Clercs,
à Paris.
Lasteyrie (Charles de), 10 bis, rue du Pré-aux-Clercs,
à Paris.
Laveyx (Gaston), à Laplène, par Meymac (Corrèze).
Lemas (Elle], #, I P U, Inspecteur honoraire d'Acadé-
mie, avenue du Midi, 27, à Limogea.
LÉPINAY (Adolphe de), *, Ingénieur, 6, passage Sandrié,
à Paris.
LÉPINAY (Gaston de), au château de Moriolle, par Lar-
che.
LESP1NAS (Edmond), avocat, ancien magistrat, rue
Saint- Plerre-ès- Liens, à Pérlgueux.
Lespinasse de Pebeyre (Charles de), *, I P M, ancien
Préfet, au château de Pebeyre, par Laroche-Canillac
(Corrèze).
Lestrade (le marquis E. de), à Rom (Deux-Sèvres).
Leygonie, ingénieur-hydrographe, 3, rue Neuve-de-
l'Evêché, A Limoges.
Levnia de la JarrigE( Louis), 171, faubourg S'-Martin,
à Paris.
Leymarie, pharmacien, à Tulle.
L'Hermitte (Julien), archiviste de la Corrèze, 31, ave-
nue Victor Hugo, à Tulle.
Limoges (Bibliothèque de la ville de} (llaute-Vienno).
LoBBÉ (Auguste) A i», maire de Beaulieu (Corrèze).
Malliard (Fernand de), docteur en droit, lauréat de
l'Institut. 16, avenue de Lamothe- Piquet, à Paris.
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— ii -
Marbeau (Eugène), 0 *, ancien conseiller d'Etat, 27,
rue de Londres, à Paris.
Marche (l'abbé Adolphe), curé d'Allassac (Corrèze).
Marquessac (le vice-amiral comte Raoul de), G 0 »,
au château de Cieurac, par Souillac (Lot).
Marsy (Je comte de), I P y, directeur de la Société
Française d'archéologie, à Compiègne (Oise).
Martel (Edouard- Alfred), A Q, membre du Club Alpin
Français, 8, rue Ménars, à Paris.
Mas (Alfred), boulevard des Sœurs, à Brive.
Massénat-Déroche (Octave), 132, boulevard Saint-
Germain, à Paris.
Massênat (Elie), A U, ancien maire, membre de la
Société d'Anthropologie, conseiller municipal, à Brive.
Maynard ibaron Marc de), au chûteau de Lopeyre, par
Martel (Lot).
Maza (Henrii, #, avoué honoraire, 20, rue Joubert, à
Paris.
Mazeaud (Paul), au château de la Bastille, près Brive.
Molinier (Emile), #, A *}, conservateur- adjoint au
Musée du Louvre, 53, quai Bourbon, A Paris.
MONJAUZE, notaire honoraire, faubourg Le Clère, â
Brive.
MOREAU (Frédéric), père, à Fèreen-Tardenois (Aisne).
Morély (Léopold), docteur-médecin, à Argentat (Cor-
rèze).
Mortillet (Gabriel de), #, professeur à l'Ecole d'An-
thropologie, à Saint Germaln-en-Laye (Seine et-Oise).
MouRET (Georges), #, ingénieur en chef des ponts et
Chaussées, à Besançon.
NiNAUD (Victor), négociant, à Saint-Qentin (Aisne).
NoAiLLES (le comte Alexis de), 16,rue('.hauveau-Lagarde,
à Paris.
NouviON (Baptiste), 0 *, ancien Préfel, â Vars, par
Ayen (Corrèze).
Ntiss.AC (Louis de Claris de), à Brive.
Pau (l'abbé Jules), chanoine honoraire de Tulle et de
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— a —
Salnt-Flour, aumônier des Fabriques de la Cascade,
près de Bort (Corrèze).
PÉRONNE (Prosper), avocat à la Cour d'appel, 32, rue
des Mathurins, à Pans.
PERRiER (Edmond), 0 *, I P y, membre de l'Institut,
protesseur-admlniatrateur au Must^um, 28, rue Gay-
Lussac, à Paris.
Plantadis (Johannès), A y, rédacteur au Ministère du
Commerce, 65, rue Truffaut, à Paris.
PouLBRiÈRE (l'abbé}, chanoine honoraire, Inspecteur de
la Société Française d'archéologie, supérieur du Petit-
Séminaire de Servières (Corrèze).
Rbbièhb (Alphonse), #, I P U. examinateur d'admission
à l'Ecole militaire de Saint-Cyr, 112, boulevard Arago,
à Paris, et maison de Loyac, â Tulle.
Rivière (l'abbé Léonard- Joseph), curé du Lonzac (Cor-
rèze).
Roche (Emile), docteur en droit, avoué, 4, boulevard
Beaumarchais, d Paris.
Roche (Marcel), A (), imprimeur, conseiller municipal,
à Brive.
Roche (Paul), avoué de l'« instance, 10, rue Sainte-
Anne, à Paris.
Roque (Antoine), banquier, à Brive.
Rouchaud-Nemours, ancien percepteur, A Ribérac
(Dordogne).
Roujou (Anatole), professeur de sciences, à Chamallères,
près Clermont-Ferrand.
Rupin (Ernest), 1 P U, à Brive.
SainteFortunade (comte Albert de Lavaur de), au
château de Sainte- Fortunade (Corrèze).
Saint-Germain (Louis de), *, Directeur honoraire des
Domaines, place Champanatier, à Brive.
Saint-Germain (Paul de), greflier en chef du Tribunal
civil, à Brive.
SAr.vANDY (le comte Paul de), A 11, ancien député, 18,
rue Cas^iette, A Paris,
,y Google
— Ï3 —
Segol (Antoayi, propriétaire, â Beaulieu.
Seguin (Paul), propriétaire, au château d'Ayen (Corrèze) .
Selve de Sarran (de), *, banquier, ancien receveur
des Finances, A La Ganne, près Ussel (Corrèze).
SiMBiLLE (Elie), aégoclant, à Brive.
SouLHiÉ (Louis), notaire, â Vayrac (Lot),
SouuÉ (Gabriel), pharmacien, à Brlve.
SouLiÉ iLouls), A 0> conducteur des ponts et chaussées,
à Argentat [Corrèze).
SouLLiER (l'abbé Martial) secrétaire-général de Tévêché
et chanoine de la cathédrale, à Tulle.
Stechert (G.-E.), libraire, 76, rue de Rennes, â Paris.
Tardieu (Ambroise), historiographe de l'Auvergne, 2,
rue Bansac, â Clermont-Ferrand.
Thalamy, maître d'hôtel, ancien adjoint, â Brlve.
Thomas-Duris (René), docteur-médecin, à Eymoutlers
(Haute- Vienne).
Tevssier (Charles), avocat, 27, rue Blaise-Reynal, A
Brive.
Teyssier, a O, ancien juge de paix, notaire, A Pérols,
par Bugeat (Corrèze.
Teyssier, # , directeur des contributions directes, à
Agen (Lot-et-Garonne).
TixiER (Jules), A O, architecte, 3i, boulevard Gambelta,
à Limoges.
TouRNEMiRB (Guillaume de), lieutenant de vaisseau à
bord de l'Algésiraa, à Toulon, et au château de Pier-
reOtte, par Sort (Corrèze).
TouMiEux (Zenon), ancien notaire, ancien maire de
Royère (Creuse).
Ussel (te baron d'), 13, rue d'Angevilliers, à Versail-
les.
Vachal ( Joseph ) , ancien député , maire d'Argentat
(Corrèze).
Vai.at (Julien), à Souillac (Lot).
Valette (Charles), notaire honoraire, à Chamboullvc
Corrèze).
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— 14 —
Valon (comtesae de), au château de St-Priest, par Tulle.
Valon (Ludovic de), chef de section du chemin de ïer
d'Orléans, à Brive.
Verlhac (Pierre), homme de lettres, à Brive.
ViCANT (Max), propriétaire, au château d'Enval, près
Brive.
Vignes (Marc), avenue Charles Bivet, à Brive.
MEMBRES CORRESPONDANTS
INSTITUTKVRS
MM.
Chammard, instituteur, à Mansac, par Larche (Corrèze).
Chazal, instituteur, à Estivaux (Corrèze).
Colas (l'abbé Joseph), professeur à l'Institut S'-Joseph,
à Périgueux,
Delmond (P.), instituteur, à AUassac.
Lavialle (Ernest), instituteur, à Condat, par Uzerclic
(Corrèze).
Prat (Jules), A O, directeur de l'Ecole communale de
dessin, à Brive.
SouLiÉ (Antoine), A \t, directeur de l'Ecole communale
de dessin, à Tulle.
D.g.tizedbyGoOglC
- t5 —
SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES
éCHANGE DK BULLETINS
A Ipes-Maritimes
Société des lettres, sciences et arts, â Nice.
Bel/ort (Territoire de)
Société Belforlame d'émulation, à Belfort.
Bouches-du- Rhône
Société d'horticulture et de botanique de Marseille, 52A,
rue TbuJïaneau.
Charente
Société archéolog:iqiie et historique de la Charente, â
Angoulème.
Charente-Inférieure
Société des sciences naturelles de la Charente-Inférieure,
à La Rochelle.
Cher
Société des Antiquaires du Centre, à Bourges.
Conatantine (Province de)
Académie d'Hippône, à Bône (Algérie).
Corrèse
Société des lettres, sciences et arts, à Tulle.
Côte-d'Or
Commission des Antiquités de la Côte-d'Or, à Dijon.
Creuse
Société des sciences naturelles et archéologiques de la
Creuse, à Guôret.
Dordogne
Société historique et archéologique du Périgord, à Péri-
gueux.
D.g.tizedbyGoOglC
— 16 —
Drôme
Bulletin d'histoire ecclésiastique et d'arcliéologie reli-
gieuse, dirigé par M. l'abbé Ulysse Chevalier, à Ro-
mans.
Eure
Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres de
l'Eure, à Évreux.
Eure-et Loir
Société archéologique d'Eureet-Loir, A Chartres.
Société Danoise, à Châteaudun.
Gard
Société archéologique d'Alais.
Garonne (Haute-)
Académie des sciences, Inscriptions et belles-lettres, à
Toulouse.
Société d'histoire naturelle, 28, nie Saint-Rome, à Tou-
louse.
Société archéologique du Midi de la France, hôtel d'As-
sezat, à Toulouse.
Société de géographie, rue Lakanal (ancienne Faculté
des sciences), à Toulouse,
Gironde
Société archéologique de Bordeaux. Bibliothécaire: 17,
rue Rode.
Hérault
Revue des langues romanes (secrétaire : M. Chabaneau),
3, rue de l'Ancien-Courrier, à Montpellier.
Landes
Société de Borda, à Dax.
Loire (Haute-)
Société agricole et scientiOque de la llaute-lx)irc (secré-
taire-général : M. Lascombe). au Puy-en-Velay.
D.g.tizedby Google
— 17 —
Loire-Inférieure
Société archéologique de Nantes et de la Loire Infé-
rieure, d Nantes.
Société des sciences naturelles de l'Ouest de la France
(secrétariat-général au Muséum de Nantes).
Loiret
Société archéologique et historique de l'Orléanais, A
Orléans.
Lot
Société des études littéraires, scientifiques et artistiques
du département du Lot, à Caliors.
Meurthe-et-Moselle
Société de géographie de l'Est, 1 bis, rue de la Prairie,
à Nancy.
Oise
Société Française d'archéologie ('fioZ/fif in Monumental).
Direction à Compiègne.
Paade-Calais
Académie des sciences, lettres et arts d'Arras.
Commission des Antiquités départementales du Pas-de-
Calais, à Arras.
Puy-de-Dôme
Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne, à Cler-
mont-Ferrand,
Académie des sciences, belles-lettres et arts, à Clermont-
Perrand.
Société d'émulation d'Auvergne, à Clermont-Ferrand.
RItône
Société littéraire, historique et archéologique de Lyon ,
Secrétaire-général : M. Vachez. 24, rue de la Charité
à Lyon.
Sadm (Haute-)
Société d'agriculture, sciences et arts de Vesoul.
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Sarthe
Société archéologique du Maine, au Macs.
Savoie (Haute-)
Société Florimontane d'Annecy.
Seine
Société nationale des Antiquaires de France (Palais du
Louvre), à Paris.
Académie des Inscriptions et Belles- lettres [Palais de
l'Institut), à Paris.
Société nationale d'agriculture de France, 18, rue de
Bellechasae, â Paris.
Revue de Géographie, 55, rue Claude- Bernard, â Paris.
Annales du Musée Guimet, 30, avenue du Trocadéro, â
Paris.
Feuille des Jeunes Naturalistes. Directeur: M. Dolfus,
35, rue Pierre-Charron, à Paris.
Ruche Corrézienne. Secrétariat-général : 65, rue Truf-
faut, à Paris.
Mélusine, recueil de littérature populaire. E. Rolland,
libraire, 2, rue des Chantiers, à Paris.
L'Ami des Monuments (M. Charles Normand, directeur
de), 98, rue de Miromesnil.
Somme
Société des Antiquaires de Picardie, à Amiens. Secré-
taire perpétuel : 6, rue Gloriette.
Société d'émulation d'Abbeville, 3, rue des Grandes-
Ecoles.
Tarn-et- Garonne
Société archéologique du Tarn-et-Garonne, à Montauban.
Vienne
Société des Antiquaires de l'Ouest, à Poitiers.
D.g.tizedby Google
- 19-
Vienne (Haute-)
Société archéologique et historique du Limousin, à
Limogea.
Archives départementales de la Haute-Vienne (bureaux
de la Préfecture, à Limoges).
Société botanique du Limousin, 3, place des Carmes,
à Limoges.
Société des Amis des sciences et arts, à Rochechouart.
SOCIÉTÉS ÉTRANGÈRES
Angleterre
Société des Antiquaires de Londres: Burlington house
Plccadilly. W. London.
Belgique
Société d'archéologie de Bruxelles, Secrétariat général :
11, rue Ravenstein, à Bruxelles.
Bibliothèque des BoUandistes. Directeur : M. Van Ortroy,
14, rue des Ursulines, â Bruxelles.
Revue bénédictine de l'abbaye de Maredsous.
Suède
Académie royale des belles-lettres, d'histoire et des
antiquités de Stockolm.
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NÉCROLOGIE
La Société a eu à regretter la perte, en 1897, de
MM. Gustave Roque, ancien banquier ; Ernest Vicant,
ancien maire de Brive ; Tandeau de Mahsac, notaire,
A Paris ; Cheynier , ancien inspecteur du service des
Postes et Télégraphes, à Sainte-Féréole. Tous étaient des
sociétaires de la première heure; MM. Tandeau de
Marsac et Cheynier étaient renommés, l'un pour aa
bibliothèque limousine, l'autre pour sa collection de
livres et de curiosités artistiques et archéologiques.
Nous prions les familles d'agréer l'expression des vlts
regrets de la Société.
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Diglzedj/GoOt^lc
Dijilizedb, Google
NOELS
DU BAS-LIMOUSIN
Les Noëls sont des cantiques, pastorales ou
idylles composés en l'honneur de la nativité du
Messie. Développés en un langage d'une simplicité
toute rustique, en rapport avec celui des bergers
qui sont censés en être les auteurs, ils offrent tous
les sentiments d'une foi vive et naïve. 11 y avait au
moyen âge des noëls latins et des noëls en langue
vulgaire.
Plusieurs auteurs se basant sur une phrase de
l'abbé Lebœuf, souvent citée mais toujours mal
interprétée, ont avancé que ces cantiques populaires
ont, de tout temps, emprunté leur mélodie aux airs
profanes, en vogue, auxquels on a substitué tout
simplement de pieuses paroles. Cette assertion n'est
point exacte ; il suffît, pour le prouver, de citer les
propres paroles de cet historien qui écrivait au
xviii* siècle :
« Les chants de Noël (les anciens), supposé qu'ils
ressemblassent par leur mouvement à ceux que
l'on connaltdepuis deux ou trois cents ans, n'étaient
pas dans le genre du chant grégorien appelé plain-
chant, mais dans le genre que nous appelons
aujourd'hui musique ou airs de vaudeville » (1).
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Lebœui" suppose donc que les Noëls qui se chan-
taient de son temps sont restés purs de toute
altération quant à la musique ; il reconnaît seule-
ment que leur facture est différente de celle du
chant grégorien et qu'elle se rapporte au genre
appelé musique ou airs de vaudeville ; mais il ne dit
pas que les airs des cantiques populaires, au moyen
âge, ont appartenu primitivement à des chansons
profanes auxquelles on substituait de pieuses pa-
roles.
11 estclairque.commetoutesles formes littéraires,
celles de ces petits poèmes ont eu, avec le temps,
leur évolution. Tout ce qu'on peut affirmer c'est
que, primitivement, les Noëls, après s'être psalmo-
diés sur une espèce de plain-chant, se rajeunirent
en se mettant sur des airs nouveaux mais qui leur
étaient propres, probablement vers le temps où le
peuple cessa d'entendre le latin. Ce n'est qu'au
xvn' siècle que l'abus signalé a commencé à s'intro-
duire et qu'on a composé des Noéls sur des airs déjà
connus, tek que : Au jardin de mon père, un
oranger y a; — 0 levez-vous belle endormie,
etc. (i).
Dans la suitCj on n'a fait qu'enchérir sur cette
déplorable habitude et la plupart de ces airs reli-
gieux, qui se chantaient encore parmi le peuple et
dans les églises, n'étaient, au dire de Piganiol de
La Force, que des gavottes et des menuets d'un
ballet composé, par Eustache Ducaurroy, pour le
divertissement de Charles IX (2).
(1) Alexis Socard, Noël» el cantiques imprimés à Troyes.
(2J Vapereau, Diction, des lillérateiirs, p, 148y.
ïGoogIc
Le mot Noël, employé d'une façon générique,
désigne soit la fête de la Nativité elle-même, soit
les chants composés pour cette occasion. Dans la
première acception, il se dit en langue limousine
Nadal, Nadau ; dans la seconde : Nadalet ou
Nadalou.
Ces diverses dénominations se trouvent employées
dans les plus anciens monuments de notre langue,
mais les auteurs ne sont pas d'accord sur l'étymo-
logie du mot Noël. Le plus grand nombre, Ménage
entr 'autres, en ses Origines, en trouvent la dériva-
tion dans le vocable latin natalem, qui se traduit
natal, jour natal. En effet, dans le Rituel romain,
ce mot s'est appliqué à plusieurs fêles. Ainsi, on a
dit natale calicis en parlant du jour de la Cène ;
natale cathedrœ Sancti-Petri, pour la fête de
la Chaire de saint Pierre ; natalis templi basilicse,
pour désigner le jour anniversaire de sa dédicace (1).
En effet, d'après les plus récentes autorités (2), le
terme latin natalem serait devenu, en vieux fran-
çais, nael, puis noel, qu'on aurait écrit dans la
suite noël, pour indiquer que les lettres o et e ne
forment point diphthongue.
Dans certains dialectes méridionaux, tel que le
provençal, le mot noël se dit novel ; ce serait alors,
ainsi que l'affirme Borel, une contraction du mot
nouvel, signifiant nouveau, jour nouveau.
Quelles que puissent être l'origine et la significa-
tion du mot, Noël est une des fêtes les plus impor-
(1) DictioimBiire de Trévoux, verbo Nobl.
(3} Hatzefeld, Darmesteter et Thomas, Diction, général de Ih
langue françaite.
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— 26 —
tantes que l'Eglise chrétienne ait inscrite dans son
calendrier. Aussi pendant une grande partie du
moyen âge, et dans plusieurs nations de l'Europe,
on data du jour où elle est célébrée le commence-
ment de l'année, tandis qu'ailleurs on regardait
comme le premier jour de l'an celui où tombe la
fête de Pâques (1).
Le joyeux avènement du Christ fut pour le monde
entier un fait si considérable que le mot Noël
devint chez plusieurs peuples une expression d'al-
légresse suprême, non seulement à la fin de l'A vent,
mais encore dans maintes circonstances. En effet,
c'est par ce mot que la France saluait autrefois la
naissance de ses princes, le sacre de ses rois ou
leur entrée solennelle dans les villes ; il était syno-
nyme de bienvenue.
Martial Paris raconte ainsi l'entrée du roi Char-
(1) C'est Denis-le-Petit, en Italie, qui, en 525, établit l'ère chri-
tienne et U fit partir de la naissance de Jésus-Christ. Mais ce ne
fut qu'au vcri* siècle, sous Charlemagiie, qu'on adopta en France
cette manière de compter. En Limousin, le premier janvier n'a pas
toujours marqué le commencement de l'année. Sous les MiSrovin-
giens, le calendrier s'ouvrait le i" mars; puis ce fut à la Noël, le
25 décembre et plus tard ft Pâques. Pierre Faure, chancelier de
l'orficialité de Limoges, fiia, par un édit, l'ouverture de l'année au
35 mars, date do la fâte de l'Annonciation. Mais, en 1560, Charles IX
ordonna qu'à l'avenir l'année s'ouvrirait le premier janvier. Le Parle-
ment s'opposa pendant six ans à cet édit qui ne fut mis à exécution
que le premier janvier 1567. Quelques années après, en 1583, le pape
Grégoire XIII introduisit le nouveau calendrier, qui porte encore
aujourd'hui le nom de ce pontife et qui fixa le commencement de
l'aunée au premier janvier. Ce calendrier, ainsi réformé, ne fut pas
admis tout de suite par les pays protestants de l'Kurope : l'Allema-
gne, la Hollande, la Suiase et le Danemark ne l'adoptèrent qu'en
1700 ; l'Angleterre en t752 et la Suède en 1753, La Russie est le
seul pays chrétien qui ne l'ait point accepté, car son calendrier est
en retard de douie jours sur le nfttre, de sorte que le premier
janvier chez les Russes correspond chez nous au 13 du même
mois.
dby Google
I
les VII dans la ville de Paris reconquise sur les
Anglais :
Les ungs aux fenestres estoient
A veoir ledit feu Roy passer
Puis les enfans s'agenoilloient
En criant Noël sans cesser (1).
Quand Louis XI, revenant de Bayonne, traversa
la ville de Brive le 33 juillet 1463, il fut reçu aux
cris de Noël, Noël, par les consuls et les enfants
qui se précipitèrent à sa rencontre, les derniers
revêtus de robes blanches et la tête couronnée de
fleurs (2).
Cependant, par Noël, on entend communément
un cantique fait en l'honneur de cette Nativité.
Si la naissance du Christ dans une étable et
l'adoration des Mages et des pasteurs n'étaient pas un
article de foi pour les chrétiens, ce serait assuré-
ment la plus sublime et la plus attendrissante des
légendes. Il y a, dit Simon Boubée, quelque chose
de plus touchant que l'Homme-Dieu daignant se
mêler à l'iiumanité, c'est un Dieu enfant qui veut
bien s'offrir à ses caresses. Aussi les fêtes de Noël
ont-elles donné lieu à une quantité de pratiques qu'il
[1) Martial Paris, Les VlgUles de la mort du roi Charles sep-
tieame, à neuf p«eaume« et neuf leçons. Paris, Robert Bouchier,
in-fol.
(2) « Premieyrameiit los menealriea el las trompetas, plusieurs
efonts en grant nombre vealits aobrc laa raubas de chamîsas bUn-
cbaa, cubcrtaa de flors et chapels de flors en lor testas, portans
chaacuii dels dichs eronts un pcnoncel en las armas de Fransa,
arrengats per lo chami aïs doa costats ; loquals etonts aneysi babi-
Ihata. encoutinent que lodit Sire fo entré, chantèrent tots en auta
vots: \oél Koét Vioo lo Reyl et totas las campanas de ladita
viala sourrcn ". Arch. de (a ville de Brive, FF. 12.
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serait assez curieux de recueillir et qui, depuis les
premiers temps du christianisme, se sont mainte-
nues en partie jusqu'à nos jours.
Une des coutumes les plus générales est de
chanter, pendant la nuit de Noël, des cantiques en
l'honneur du Christ enfant. Elle remonte à l'époque
primitive de l'Eglise, car saint Jérôme (331-420)
rapporte que les chrétiens de la Thébaïde solenni-
saient de cette manière la naissance du Sauveur, et
saint Augustin (354-430) dit que, de son temps, on
chantait, depuis l'Avent jusqu'à l'Epiphanie et
spécialement la nuit de la Nativité, des cantiques
composés par saint Ambroise (340-397) pour célébrer
l'avènement du Messie. Cet usage ne tarda pas à se
propager dans l'Occident, mais peu à peu les hymnes
liturgiques firent place à des chants populaires et
l'idiome vulgaire se substitua à l'idiome latin. Dès
lors ces chants, généralement adaptés à des mélodies
rustiques, purent d'autant mieux se graver dans la
mémoire et se propager parmi le peuple. Ce sou-
venir des pasteurs de Bethléem, ces cantilènes reli-
gieuses conservèrent longtemps leur caractère agreste
en Italie où, pour ce motif, on les désigna par le
nom de pastourelles, c'est-à-dire cantiques des
pasteurs.
Pendant le moyen âge, ces Noëls étaient commu-
nément chantés dans les églises par les fidèles, ou
dans les cercles de famille qui veillaient pieusement
pendant la nuit commémorative . On dit même
qu'en Angleterre ces cantiques se faisaient entendre
au milieu des danses et dans le cimetière des églises
d'où le nom de Christmas carols, rondes champê-
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très de Noël. Détail caractéristique^ sur lequel nous
aurons occasion de revenir, on faisait souvent à ce
moment là une distribution de gui (1).
Dans certaines régions il était d'usage, et cet usage
n'a pas encore entièrement disparu, d'allumer^ après
l'avoir bénite, une énorme bûche qui brûlait toute
la nuit dans le foyer et qui, appelée bûche de Noël,
servit d'abord à prêter sa joyeuse chaleur à la
famille pendant la pieuse veillée, et plus lard à
donner un charme de plus à ces repas nocturnes
que l'on désigne encore par le nom de réveillons.
Dans un grand nombre de nos villages du Limou-
sin et dans l'arrondissement de Brive en particulier,
on voit encore, la veille de la Nativité, des troupes
d'enfants pauvres aller de porte en porte , dans les
campagnes, dans les bourgs et dans les villes même,
faire entendre quelques-uns de ces cantiques tradi-
tionnels qui sont presque toujours pour les jeunes
chanteurs l'occasion d'une charitable largesse. Le
bruit des sabots ferrés sur la terre durcie par le froid
fait connaître l'arrivée de la petite bande qui s'an-
nonce en chantant tout de suite quelques Noêls du
pays.
Si on tarde trop à leur donner des étrennes, ils
les réclament par le couplet suivant :
Vivo lou meslre,
E lo mestrescho
Ë l'aîmablo coumpagaio.
(1) L. Saint-H&rlin, La Guillouné, élude nir le Noél populaire,
p. 31.
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— 30 —
Que Dîeou vous faschio
BouDO festo,
Bouno festo de Nodal.
E renvoia-nous
La pi-oufesto,
La proufesto, si vous plai (1).
Dans le cas où on ne répond pas favorablement
aux souhaits des chanteurs, ceux-ci adressent aux
récalcitrants quelque malice au gros sel, lèvent la
séance et» sans se déconcerter, vont recommencer
plus loin leur sérénade. Mais, avant de partir, ils
entonnent le couplet suivant :
Que lou diable
Vous n'emportio,
Din la serbo
De tsa lou Pial,
E que lei vous botlio
De la testo,
De la testo
Drequ'aux orpials (3).
Bans la région pyrénéenne, si les chanteurs ont
obtenu ce qu'ils demandent, ils se retirent en re-
merciant :
Dé brabos gens n'aouèn troubal ;
L'Aguillonné mous an baitlat.
(1) Vive le maître et la maîtresse el Taimable compagnie. Que
Dieu vous fasse bonne fôte, bonne fête de No6l. Et renvoyez -nous
votre offrande, votre offrande, s'il vous plaît, — Nous donnons plus
loin la musique de ce chant.
(!) Que le diable vous emporte, dans la mare de chez Pial, et
qu'il vous y mette de la lëtc, de la tftte jusqu'aux orteils. — La
mare de chez Le Pial est située près de Brive. dans les dépen-
dances du moulin, aujourd'hui dâlniit, du Handar, rive gauclie de
la CorrèKe, entre le faubourg Le Clfere et le moulin de La Bouvie,
dbyGooglc
— 31 -
Mais, si on ne leur a rien donné, comme dans le
Limousin leur indignation et leur colère se don-
nent libre cours:
Dé tristos gens n'aouèn troubat i
L'Aguillonné mous an pas dat.
Lou diable qu'ous tiré lous oueils
A cops dé C0U03 dé careils.
Remarquons ce mot aguillonné (1), employé
pour désigner \q% offrandes faites dans cette cir-
constance, et qui nous indique la lointaine origine
de ces usages.
Ces usages, qui tendent aujourd'hui à disparaître,
paraissent, eu effet, fort anciens et sont visiblement
un écho lointain des fêtes religieuses de nos ancêtres
dans les forêts druidiques de la Gaule ; c'est une
(1] Aol'iljInneuf. Vieui mat, qu'on criait autrefois le premier
jour de janvier en signe de réjouissance. Ce mot vient d'une an-
cienne superstition des druides. Les prfilres allaient, au mois de
décembre, qu'on appelait sacré, cueillir le gui du chêne en grande
cérémonie et au premier jour de l'an on le distribuait au
peuple, comme une chose sainte, après l'avoir béni et consacré, en
criant: A^igui l'an neuf, pour annoncer une nouvelle année
En Bourgogne, à Dreux, et autres lieux, les enfanta crient Agui-
lanneuf, pour demander leurs étreniies. On donna depuis le Dom
à'AfiuUanneuf à une quête qui se faisait le premier jour de l'an.
Elle se faisait par les jeunes gens de l'un et de l'autre sexe. Les
Synodes ont aboli cette quête, à cause de la licence et du scandale,
dont elle était accompagnée. Diction, de TrèDOttx.
Dans le Cher, et principalement k Vierzon, à l'approche du jour
de Noél, on fabrique un gâteau de forme particulière auquel on
donne le ««m i'Aguilan, traduction bourguigTionne du cri Au giti
l'an neuf. Ce g&teau est distribué avec les autres étrennei, L.
Saiut-Martin, hc. cit., p. 39.
En Limousin et en Périgord, même province ethnique et dialec-
tale, lou Guilhaneu se chante, mais c'est le chant qui est employé
la veille du l" janvier; il est du resie différent des NadaleU.
Son refrain est : lou Gtiilhttneu li chau dounar.
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suite du cérémonial mystérieux de la cueillette du
Gui. Au renouvellement de l'année, l'an nouveau,
l'an neuf, disent les historiens, les Druides, vêtus
de robes blanches, coupaient avec une serpe d'or
le gui du chêne, qu'ils distribuaient au peuple
comme un symbole d'abondance et de fécondité.
Alors, les jeunes gaulois, réunis en troupes, se ré-
pandaient dans les campagnes et réclamaient
l'étrenne du Gui. Les femmes leur offraient les
restes du repas ; les hommes, masqués de la façon
la plus grotesque, se livraient à des danses et à des
libations en l'honneur des quêteurs.
Peu à peu, la primitive religion gauloise disparut
et l'Eglise catholique fit tourner à son profit les
quêtes auxquelles avait donné naissance la cérémo-
nie du Gui.
Divers documents mentionnent ces emprunts de
la religion nouvelle au culte druidique. Les Archi-
ves historiques de Saintonge et de l'Aunis, tome
Vil, rapportent le passage suivant d'une transaction
intervenue le 3 mai 1514, entre le prieur, le curé et
la fabrique de Saint-Saturnin de Seschaux (Cha-
rente-Inférieure) et retenue par Meschinet, notaire
royal à Saintes :
a Demeure à ladicte fabricque, touttes les aus-
mones qui seront faictes et données à la guilla-'
neuf, comme pain, lait, argent et autres ausmones » .
M. L. Saint-Martin, qui indique cette citation,
nous fait encore connaître le document suivant qui
date de la fin du xv* siècle ;
a Le dernier jour de décembre, le suppliant, avec
les bacheliers de la paroisse de la Petite Boîssière
D.g.tizedbyGoOglC 1
(bas Poitou) et ung ménétrier, fu par les villaiges
de ladite paroisse pour prendre et recevoir les au-
raosnes des bonnes gens, qu'ilz ont accoustumé
donner pour l'entretènement d'une lampe et de
seize lamperons, ainsi que de coustume est de faire
de tout temps la vigille de l'an neuf, et s'appellent
les diz dons aguillaniieuf ; estoient les dlz dons,
rilles, et oreilles de pourceaux et autres pièces de
char, vendues publicquement après vespresau plus
offrant et derrenier enchérisseur » (1).
L' Aguilanneuf n'a. pas toujours été bien vu par
l'Eglise. Les tournées entreprises par les jeunes gens
à travers les villages engendraient souvent de regret-
tables désordres. Avec le produit des quêtes on or-
ganisait des festins qui dégénéraient quelquefois en
débauches ; on se livrait à des danses des plus licen-
cieuses, et le tout sous le couvert de la religion.
Aussi plusieurs conciles durent-ils s'occuper de
l'Aguilanneuf ; desévéques l'interdirent sous peine
â'excomm un ication .
Charles Miron, évéque d'Angers, défendit les
quêtes qui se faisaient en cette occasion, au synode
de Château -Gontier, en 1595, et Henri Arnauld,
également évéque d'Angers, prit la même mesure,
en 1668, tout en prononçant les peines les plus
sévères à l'égard des contrevenants (2).
Cette coutume d'aller quêter de maison en mai-
son aux approches de la Noël, qui était autrefois,
ainsi que nous l'avons dit dans une note, le premier
(1) L. Saint-Martin, La Guillouné, étude »ur le Noèl populaire,
p. Il et 15. Auch, Capin impr., s. d. (vers 1391}.
(2) L. Sailli- Martin, loc. cil., p. 15.
D.g.tizedby Google
jour de l'année, se retrouve en Anjou^ en Gascogne
et dans d'autres provinces de l'ancienne France.
Déjà, au xni* siècle, on diantait :
IrieigDors, or entendez à nous,
De loin sommes venus à vous
Pour querre no6l (1).
El maintenant on chante encore en Beauce :
Honneur à la compagnie
De cette maison,
A l'entour de votre table
Nous vous saluons.
Nous sommes v'nus d'un pays étrange (étriLmjer)
Dedans ces lieux,
C'est pour vous faire la demande
De la part à Dieu.
Dans l'arrondissement de Saint-Brîeuc, les jeunes
gens, avant de faire leur quête, entonnent quelques
couplets, adressant d'abord leurs salutations à tous
les habitants de la maison, sans oublier même les
domestiques ;
En entrant dans cette cour,
Par amour,
Nous saluons le Seigneur,
Par honneur.
Et sa noble demoiselle
Les petits enfants et tous.
Par amour,
I-es valets et chambrières.
Mais avant d'aller plus loin, ils veulent s'assurer
,y Google
— 35 —
des bonnes dispositions à leur égard des hôtes du
logis :
Si vous avez de nous donner,
Ne nous fail's pas attendre,
Jons du chemin il faire,
Le point du jour avance.
Donnez-nous vat des œufs ou de l'argent,
Et renvoyez-nous promptement-
Donnez-nous vat du cidre ou bien du vin.
Et renvoyez-nous au chemin.
Et les malicieux gars s'empressent d'ajouter:
Si vous n'ais rien à nous donner,
Donnez-nous la servante,
Le porteur du panier
Est tout prêt à la prendre ;
Il n'en a point, il en voudrait pourtant
A l'arrivée du doux printemps ! (t).
Mais comme il était difflcile de déraciner une
coutume plusieurs fois séculaire, l'Eglise résolut de
la purifier. Elle se l'appropria, comme aux premiers
siècles elle s'était approprié certaines traditions
pour lesquelles les nouveaux fidèles avaiint con-
servé un invisible attachement. D'une fête païenne
elle fit à peu près une fête chrétienne.
Dans le Périgord, les curés substituèrent au chant
banal une sorte de complainte sur la Passion. En
voici les douze strophes :
/ Appourte-nous l'etreno
) Aou noum de Zceju-Christ.
1 Per un divendredi,
I Per un divendredi.
Refrain
(1) Bull, du Comi7ê de ta Langue, de VHiêloire el des Arts de
la France, t. I (lS5MSa3), p. 131 et 332.
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— 36 —
La saato Vierzo pleuixi,
0 eycarta soun fl.
Vay per pays et coumbo
Sou djomay lover vi,
Lou prumie que rencountro
Ey saint Zan, son cousi :
« Ditzo, saint Zan-Botisto,
Aouria-tu vi moun fi ? »
« Oh nouD pas, saoto Vieno,
Desempe hier moti ».
« A la croi de Piiato
Y Tau lou Zir i'o mis ■>.
« — T'en preze, Zan-BoUsto
T'en pi-eze meno my ! n
Lo près per sa main blanco
E lo meno o soun &.
De tant loun que lo vido,
D'ount'ero, s'eyplami.
• T'en preze, Zan-Botlslo
Tiro mo may d'oqui ».
Lo pren per so main blanco
Lo meno en paradis.
Cette complainte n'est-elle pas d'une naïveté
vraiment touchante et ne croirait-on pas lire une
page de la Légende dorée';' (I).
(t) Oscar Havard, dans la France illustrée, an. 1881, p. 94.
Noua donnons cetle version telle qu'elle a été reproduite dans la
France itlualrée, mais nous avons lieu de croire qu'elle renferme
de nombreuses erreurs : Divendredi (vendredi) est un mot singu-
lièrement fait qui, dans son étymologie, renTerme deui fois le mot
dtet (jour). On a sans doute amalgamé le mol divendtes, qui est de
langue d'Oc et le mot vendredi, qui est de langue d'Oil. L'ortho-
graphe de ce morceau est étrange aussi. Les inots croi et main
dbyGoot^lc
Presque partout l'usage de ces quêtes aux appro-
ches du jour de Noèl tend à disparaître et on doit
se hâter d'en recueillir les derniers vestiges. M. L.
Saint-Martin, dans l'ouvrage déjà cité, nous mon-
tre qu'il existait dans plusieurs nations de l'Eu-
rope:
(t En Allemagne, aux approches de Noël fCkrist-
bawnj, les jeunes gens de certains villages se
réunissent pour aller, en chantant devant les mai-
sons, réclamer leurs étrennes, principalement des
objets servant à la nourriture. Ils accompagnent
leurs chants d'une pluie de lentilles lancées contre
les vitres de la maison, ce qui a fait donner à cette
coutume le nom de Toselnacht {nuit du bruit).
Les offrandes reçues sontattachées à un arbre dressé
sur la principale place du village. Le jour de Noël,
tous les habitants se réunissent autour de cet arbre
et chaque enfant reçoit sa part des. objets appendus
aux branches ».
En Angleterre, nous l'avons déjà dit, cette fête
prend le nom de Christmas.
a En Espagne, c'est au son des castagnettes et du
tambour de basque, en se livrant à des danses et en
portant des cierges allumés, que, dans certains vil-
lages, les jeunes gens pauvres vont demander aux
riches leurs étrennes. Les Espagnols appellent
Aguinaldos les présents faits aux quêteurs de Nof'l,
et la messe du 25 décembre se nomme Messe
d'aguinaldo.
sont français et ne ressemblent en rien aux mots patois. Enfin,
nous nous demandons ce que veut bien dire le vers : 1' /au /ou
7.ir lo mis ï
,y Google
» En Italie, les mêmes pratiques se retrouvent ;
mais la danse et les flambeaux sont supprimés. Les
castagnettes et le tambour de basque sont rempla-
cés par la guitare, la mandoline, le chalumeau et
la cornemuse des Zampognari des Abruzzes.
B Dans l'ancienne Grèce existait aussi la coutume
de quêter à la veille des fêtes, sinon de Noël, du
moins du renouvellement de l'année. Le chant des
quêteurs était accompagné par les lyres et les flûtes
à l'unisson des voix et par des coups de crembales j
souvent, la danse se mêlait au chant. Les étrennes
reçues étaient apportées au temple, comme cela se
pratiquait encore dernièrement dans quelques pro-
vinces de France » .
Nous nous sommes déjà servi de l'autorité de saint
Jérôme et de saint Augustin pour prouver que dès
le IV' et le v* siècle on commençait à composer des
cantiques en l'honneur de la Nativité du Sauveur.
Nous citerons encore saint Ephrem, l'auteur de
quinze hymnes, en langue syriaque, sur la Nativité
et l'Enfance de Notre-Seigneur . Jean , dit Bar
Aphtonnis, au vi* siècle, a traité le même sujet et
dans la même langue.
Mais il y a loin de ces hymnes ou cantiques aux
Noëls proprement dits, et ce n'est que plus tard
que ces derniers ont été consacrés par l'usage public.
Les uns les font remonter au ii* siècle, d'autres au
ivi* seulement. C'est trop les rajeunir ou trop les
vieillir.
Lambert, prieur de Saint- "Wast d'Arras, qui écri-
vait au xn' siècle, nous apprend que de son temps
on avait, en France^ l'habitude de charmer la nuit
D.g.tizedby Google
de Noël par de brillantes illuminations et le chant
des cantiques :
Lumine multiplici noctis solatia prœst&nt
Moresque G&llorum carminanocïô tenant.
De son côté, M. Capefigues, dans an volume inti-
tulé les Cours d'amour, fait remonter l'introduction
des Noêls dans le Midi de la France aux comtes de
race aragonaise (commencement du xri' siècle), qui
en auraient rapporté l'usage d'au-delà des Pyré-
nées (1).
La Bibliothèque nationale, département des ma-
nuscrits, possède un certain nombre de Noëls qui
n'ont jamais été publiés et qui paraissent dater du
XI' ou du xn* siècle. Ce sont, sans contredit, les plus
anciens que l'on connaisse ; ils sont très difficiles
à lire et à plus forte raison à traduire (2).
Guillaume de Villeneuve, trouvère de la fin du
xm' siècle, cite des collections de Noëls dans un
fabliau recueilli par Barbazan et Méon. La bibliothè-
que La Vallière possédait en ce genre un précieux
manuscrit du xiv' siècle. Le siècle suivant en a
(1) Paul Terris, E*eai hitlor. et littéraire sur tes NoëU,da.aa la
Revue du monde catholique, XXXII, 557.
(2) H. Simon Boubée, dans le journal le Gantois, n* du 24 décem-
bre I89&, donne le suivant, à tiUe de spécimen :
Noël en cresche est nascut
Di diex infans, dien li steste
Asine et Vaque o Trons o teste
Bergien, partons, mesme reyx
Affine 1er in son lordouneyit
Per cavetam lors dulx Noël
Y fray bisogne as tel
Per fonger o ta Jésus
Salvar home de infcrn
Issotr burle de tabern
Intras somei diex ne pus !
D.g.tizedby Google
laissé un plus grand nombre ; mais les cantiques,
prenant une autie forme, ont été mis en action,
distribués par personnages et sont devenus de véri-
tables Mystères de la Nativité.
Au XVI* et surtout au xvu' siècle, les Noëls se
multiplient et forment des recueils considérables {!).
Les plus anciens Noëls imprimés que nous con-
naissons datent du commencement du xvi* siècle.
Ce sont ceux de Lucas Lemoygne, curé de Saint-
Georges du Puy-la-Garde, en Poitou . Ils ont été
édités à Paris en 1520, et sont composés avec une
naïveté de style tellement forte que de nos jours
bien des personnes, en les lisant, se voileraient la
face en criant à l'obscénité.
Si la fête de Noël a donné lieu tout d'abord à
d'innombrables poésies en toutes les langues et à
des représentations publiques dans les églises, il
faut ajouter que ces solennités ont souvent affecté
un caractère bizarre, dégénérant parfois en bouf-
fonnerie. Mais la foi naïve de ces temps reculés n'en
recevait nulle atteinte. Nos candides aïeux n'avaient
d'autre prétention que celle d'y voir des fêtes reli-
gieuses et ils se permettaient sans malice d'étranges
familiarités avec le divin sujet qu'ils traitaient.
Un couplet de Noël, que nous a légué le moyen
âge mais qui semble avoir été un peu rajeuni dans
la suite, nous montre la Joie des Bêtes à la nou-
velle de ta naissance du Saint Enfant. Nous
laissons à penser, dit F. Fertiault qui le donne (2),
(f) Desobry et Bachelet, Diction., verbo Noël.
(3) F. Keniault, Clianla poptitait^s, noél», etc.
D,,,i,z=db,Google
— 41 —
ce que devaient faire les hommes puisque les bêles
étaient si joyeuses ! Ce singulier Noël demandait,
de la part de celui qui l'exécutait, une grande étude
d'harmonie imitative, car il devait parodier succes-
sivement le chant clair du coq, le mugissement
sourd du bœuf, le cri tremblotant de la chèvre, le
braiment strident de l'âne et le beuglement rauque
du veau :
Gomme les Bestes autrefois
Parloient mieux latin que françois,
Le Coq, de loin voyant le faict,
S'écria : Christus natus est ;
Le Bœuf, d'un air tout ébaubî,
Demande : Uai, Ubi, Ubi? (qui se prononçait oufei^
La Chèvre, se tordant le groin,
Respond que c'est à Bethl^.eu ;
Maistre Baudet, curiosus
De l'aller voir, dit : Eahus ;
Et, droit sur ses pattes, le Veau
Beugle deux fois : Volo, Volo.
Jusqu'au xvi* siècle, les NoOls faisaient partie,
intégrante de la liturgie et se chantaient dans les
églises la nuit et le jour de la Nativité. Ils se popu-
larisèrent en passant dans la langue vulgaire, mais
en même temps ils perdirent de leur caractère
solennel et ils tombèrent peu à peu dans le style
profane.
Tant que les cœurs furent remplis de croyance,
les Noêls s'en tinrent à leur sainte mission. Le
Messie seul remplissait le cantique, et c'est à peine
si l'on consacrait un couplet final pour demander à
Dieu de venir en aide à ses humbles serviteurs. Mais
peu à peu l'homme s'empara d'un plus grand nom-
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bre de couplets, et en laissa moins pour le Rédemp-
teur ; la dévotion aux. choses de la terre remplaça
la dévotion aux choses du ciel, et alors les Noëls,
tout en conservant leur forme primitive, devinrent
des requêtes pour les besoins de l'homme, des
allusions aux événements et aux personnages his-
toriques (1).
Les premiers Noëls étaient relatifs à la Nativité
du Sauveur, mais dans la suite on utilisa les airs
gais qui avaient une certaine vogue pour composer
des chansons dont le sujet était à demi profane ou
n'offrait même rien de religieux.
Parmi les Noëls qui détournent ainsi le mot de
son acception primitive, nous citerons le Noël poli-
tique, composé dans le but de louer un personnage
distingué ; le Noël badin, qui traite d'un sujet
vulgaire et s'adresse à un simple particulier, et les
Noëls bourguignons qui remplirent l'office de
gazette pendant tout le commencement du xvm*
siècle et qui durent leur succès au talent d'Aimé
Piron et de Bernard de La Monnoye. Il n'y avait pas
d'événements dans la cité de Dijon, pas de ridicules
bourgeois, pas d'aventure qui ne leur servit d'ali-
ment, lis sont écrits, dit l'abbé d'Artigny, avec
toute l'élégance et la délicatesse du patois bourgui-
gnon, et, sous un air négligé, renferment des beautés
et des grâces inimitables.
Pour en donner une idée, nous allons citer quel-
ques strophes de celui où Blaizote, fille de Dijon,
(1)P. Fertiault. loc. cil.
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prend la résolution de se donner à Dieu, et dit à
son amant :
Duran tan d'année
Que tu m'é gouvanée,
Duran tan d'année,
Combé j'on faî lé fô !
An caichenôte,
Que de pinçôte !
Que d'aimorôte !
Ha c'an à trô,
J'on de quoi gémi note sô.
Au pié de lai creiche,
Fleuron, laivon no teiche.
Au pié de lai creiche,
Prions le saint anfan.
Le cœur sans fointe.
Parce de pointe,
Lé deu main jointe,
Prions le tan,
Que de noir ai no rende blan.
J'ai quelque retaille
Qu'ai fau que je l'y baille,
J'ai queique retaille
PrOpe ai l'aramaillôterai.
J'ai po sa meire
Queique jateire,
Queique braisseire,
Et po Jôzai
Ton bonô qui m'a demeurai (1).
(1) Durant tant d'annâes — que tu m'as gouvernée, —durant tant
d'années —combien nous avons fait les fous! —En cachette, -que
de baisers '. — que d'amourettes ! — Ah ! c'en est trop, — nous avons
de quoi gémir notre saoul.
Au pied de la crèche, — pleurons, lavons nos péchés ; — au pied
de la crèche ~ prions le saint Enfant, — le coeur sans feinte, —
Dijiiizedb, Google
Mentionnons aussi les IVoëls satiriques.
Il y a loin de ces Noëls pieux et édifiants des xv",
xvi' et xvn' siècles à ceux que nous venons d'ènu-
mérer. On peut en juger encore par les quatre cou-
plets que nous reproduisons et que cite Alexis
Socard(l). Ils sont extraits d'un manuscrit portant
pour titre : Noëls anciens et nouveaux à l'usage
du Père Onézime de Doncfiery, capucin. L'auteur
fait venir tour à tour les ordres religieux de France
pour se prosterner devant l'Enfant-Dieu :
Nourris comme gens de Cocagne,
Chanoines, Curez et Prélats
Fourrez comme vrays chats d'Espagne
Y vinrent, mais à petits pas.
Un Célestîn de bonne mine
Vint adorer cet Enfant-Dieu,
Mais ne voyant pas de cuisine
Il délogea sans dire adieu.
Un Cordelier prêt à tout faire
Entonna forces chants joyeux.
A ce bruit, l'âne vint à hraire,
Ils s'accordèrent bien tous deux.
Pieds nus avec son camarade
Un Capucin vint de fort loin,
Le bœuf voyant sa grande barbe
La voulut bi-outer pour du foin.
Et ainsi de suite pendant trente-cinq couplets.
percé de pointes, — les deux mains jointes, — prions le (ant, —
que de noirs ils nous rendent blancs.
J'ai quelques retailles — qu'il faut que je lui baille, — j'ai quel-
ques retailles — propres à l'emmailloter. — J'ai pour sa mare —
quelques jarretières. — quelques brassières, — et pour Joseph —
ton bonnet qui m'est resté, ipiction. des proverbes français, î"*
édition, p. 327. Paris, IS!I'.
(I) Alexis Socard. Moéls et cantiques imprimés à Troyat, p. 53.
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Nous avions à Brive un Noël comjKtsé dans ce
genre d'esprit. Nous n'en connaissons que les vers
suivants, qui sont relatifs à l'abbé Chiniae, un des
vicaires de l'église Saint-Martin (t) :
L'abbé Chiniae, en entrant.
Fit une telle grimace,
Il fit peur à l'Enfant
Et saint Joseph le chasse.
Va t'en voir s'ils viennent, Jean,
Va l'en voir s'ils viennent.
Contrairement à l'affirmation de plusieurs au-
teurs, tels qu'Ampère et Champfieury, M. Joseph
Daymard fait remarquer avec raison que les Noëls,
comme tous les chants populaires en général, n'ont
pas de patrie proprement dite ; ce ne sont pas des
produits spéciaux aux provinces où ils étaient
recueillis. Grâce au grand nombre de volumes pu-
bliés sur ce sujet, on a pu comparer entr'eux les
chants recueillis dans les diverses provinces et alors
on a été amené à cette conclusion : qu'il y a très
peu de chants régionaux ; la plupart des chants po-
pulaires sont communs à toutes les provinces. Cha-
cun d'eux n'a qu'une seule origine, seulement,
dans ses pérégrinations, dans sa diffusion, il a subi
des variantes, des changements dans la forme et
quelquefois dans le fond (2).
(1) L'abbé Chiniae était chanoine de l'église Saint- Martin, à Brive,
avant la Révolution. Plus tard, M. do Coanac, curé de cette pa-
. roiase, le prit comme vicaire ; su mois de juillet 1803, il fut nommé
curé de Saint-Solvo.
(2) Joseph Daymard, Vieux chants populaires recueillis en
(jucrcy, iiitrod., p. vin. Cahors, Gîrma, libr., 18S0.
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— 46 —
En faisant une analyse très détaillée d'un ouvrage
de M. Alfred Jeanroy, intitulé : Les origines de la
poésie lyrique en Fraiice au moyen âge (Paris,
Hachette, 1889), M. Gaston Paris émet l'opinion que
l'origine du genre de la poésie lyrique de l'ancienne
France (chansons, pastourelles, ballets et les dérivés
auxquels il a donné lieu) doit être recherchée dans
la région qui comprend à peu près le Poitou et le
Limousin, longtemps soumis aux mômes ducs et
dont le second a été, comme on sait, le berceau
même de la langue littéraire du Midi. Ce genre de
poésie se propageant de là au Sud et au Nord, a été
plus cultivé au Nord et a fini par en revenir pour
renouveler au Midi la forme ancienne tombée en
désuétude (1).
Le recueil de ces hymnes rustiques serait im-
mense, car il n'y a pas de littérature en Europe
qui ne puisse citer une quantité considérable de ces
compositions naïves dues à des poètes populaires
pour la plupart inconnus.
Ce petit enfant qui vient sauver le monde et qui
naît dans une étable ; ce roi du ciel couché dans une
crèche et dont les premiers adorateurs sont des
bergers épars dans la campagne ; ces chants d'anges
et ces clartés éthérées ; tout ce mystérieux prologue
de la Rédemption n'est-il pas fait pour charmer,
attendrir, entraîner l'imagination populaire? (2).
Nous croyons qu'il n'existe aucun ancien recueil
imprimé contenant des Noéis en pa^is du Bas-
(t) Journal de» sauanfft, an. ISSI, pp. 741 et 712, an. 1891, p. 426.
Paria, 1801 et I89Î.
(2) Emmanuel Solcvîlle, Ciaiifs populaires du Uas-Quercy.
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_ 47 —
Limousin et c'est à tort que le Dictionnaire des
lettres et des beauœ-arts, par Bachelet et Dezcbry,
indique « des Noëls limousins » édités à Tulle.
M. l'abbé Victor Pourville, curé de Queyssac, a
bien publié récemment à Ussel (sans date) un Re-
cueil de cantiques en patois du Bas-Limousin,
mais ce recueil renferme en grande partie des poé-
poésies modernes. A la page 29, il donne sous sa
signature un Noël « Un dzéonne pastre » répandu
dans bien des localités et qui depuis longtemps
figure dans un grand nombre de recueils imprimés,
à l'exception toutefois de quelques couplets qui
sont de lui.
Ces hymnes populaires ont subi de nombreuses
modifications dialectales suivant l'endroit où elles
ont été chantées. Non seulement elles ont dû s'adap-
ter à nos deux dialectes principaux, ceux du Haut et
du Bas-Limousin, mais encore aux sous-dialectes si
nombreux dans notre département et qui présen-
tent entr'eux des divergences notables. Le patois
des environs d'Ussel et d'Eygurande se rapproche
de celui de l'Auvergne et s'éloigne aussi un peu de
celui de Tulle. Ce dernier, à son tour, est, sous
bien des points de vue, différent de celui de Brive:
les mêmes mots ne se prononcent point de la même
manière. En outre, dans l'arrondissement de Brive,
le patois diffère encore à mesure qu'on s'éloigne de
cette localité et qu'on aborde les limites de la Haute-
Vienne ou celle du Lot.
Le mot chatte, en patois, se prononcera, à Brive,
chato, chata, et cato, cala, à Beaulieu.
La piononcialion d'un même mot n'est plus la
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même et varie à l'infini à quelques kilomètres de
Brive. La voyelle finale qui termine certains mots
prend souvent la consonnance de la lettre o quand
ce mot est au singulier et celle de la lettre a quand
ce mot est au pluriel. Ainsi on dira au singulier
lo fem.no, la femme, lo basto, la comporte, et au
pluriel la femna, les femmes, la basta, les com-
portes.
En adoptant, pour écrire le patois, les règles fort
judicieuses établies par M. le chanoine Joseph Roux
dans sa remarquable grammaire (I), ce serait peut-
être ne point faire sentir toutes ces nuances, ou du
moins obliger le lecteur à se livrer à une véritable
étude. 11 nous faudrait, de notre côté, lui indiquer
les prononciations multiples d'un même mot, qui
varient dans bien des localités ; cela nous entraîne-
rait fort loin et nous ferait sortir de notre sujet.
Aussi, à moins de reproduire un noël qui a déjà
été imprimé ou qui nous a été communiqué, et au-
quel nous conservons alors l'orthographe qui lui a
été donnée, nous avons tâché d'écrire le patois de la
manière la plus analogue à la prononciation. Nous
n'avons pas hésité à débarrasser la plupart des
mots d'une infinité de lettres et surtout d'accents
tout à fait inutiles. Ainsi TE muet n'existant pas en
patois, l'E non marqué d'un accent grave doit tou-
jours se prononcer comme un É fermé ; il est donc
Hiutile de l'accentuer.
(I) Joseph Roux, GrammaiVe UmousiM. Brive, 1895. Commfi
complâmetit k <!etLe œuvre capitale du félibre majorai, M. Raymond
Labordo a publié un Lexique iimoiuin d'aprét les wuvres da
Joseph /îoux (Brive, I8!>â), qui sera iitiloraent consulté par tous
ceux qui s'occupent de linguistique.
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— 49 —
Il y a peu de monuments dans la littérature
vulgaire plus intéressants que les Noëls. L'esprit du
pays y est fortement empreint; on y trouve des
documents précieux sur les mœurs, les productions,
les ustensiles, les personnages de certaines provin-
ces et on y découvre le fidèle tableau de la condition
matérielle des anciens habitants de nos campagnes.
Eux qui chantaient le Sauveur, que pouvaient-ils
voir de plus beau, de plus divin à célébrer dans sa
venue si ce n'est la délivrance de tant de maux qui
pesaient sur eux ; la cessation de la guerre^ la di-
minution des impôts, l'assurance d'amples et de
bonnes récoltes, d'un vin abondant et généreux qui,
en réchauffant leurs sens, leur donnait les jouissan-
ces de la vie telles qu'ils les pouvaient compren-
dre.
Les Noëls limousins renchérissent encore sur la
légende chrétienne de la naissance de Jésus. Notre
peuple a fait la Sainte- Famille pauvre, souffrante,
mal abritée à l'excès, modelant ainsi sur le sort du
paysan malheureux l'idée de l'infirmité où le Sau-
veur voulut naître. Ainsi les bergers le trouvent
« dans la crèche d'une étable mal couverte », « tout
nu comme un misérable».
Marie et Joseph n'ont point de langes secs ; Ma-
delon prête au Sauveur une couette bien qu'elle ne
soit pas bien propre ; Tony apporte de l'huile ; saint
Joseph allume du feu, il tient a lou tsolel s la petite
lampe. Et cela n'a pour but que de vanter et de faire
ressortir d'autant plus la puissance, l'amour du
nouveau- né.
De l'ange qui vient leur annoncer la nouvelle de
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la naissance de l'Enfant-Dieu, ils font un messager
habilléen gentil berger entouréd'unelueur éclatante.
Ils veulent aller les premiers voir l'Enfant. Rien
ne les arrête : ni le froid, ni la neige, ni les ruis-
seaux, ni les passages difBciles. Ils ont pris leurs
plus beaux habits ; jouent de la musette, de la
cornemuse, du flageolet; mangent, boivent et
montrent leur contentement en se livrant aux joies
et aux danses. Ils ont laissé leurs bètes sans aucune
garde et arrivent à la pointe du jour. Ils sont bien
accueillis. Ils présentent «r honneur et révérence»,
offrent leurs manteaux bien qu'ils ne soient pas des
meilleurs et regrettent de ne pas faire davantage et
de ne pouvoir donner des présents.
Il y a pourtant des bandes qui offrent au nouveau-
né un agneau, un oiseau, un coq.
Lecoupletsuivant, donné par M. Cligny, emprunté
à un Noël qui se chantait aux environs d'Ussel et
qu'il ne nous a pas été possible de compléter, déve-
loppe une idée assex singulière qui doit être emprun-
tée à des compositions plus anciennes :
So mair'i Vierdzo puro,
Beleû n'o pas de lai
El per 80 nourriture
N'in port'un plé gaudai (1).
Et tous l'implorent pour leurs péchés d'abord,
puis pour que la disette ne les fasse plus souffrir,
que les intempéries ne détruisent plus leurs récoltes
(1) S& mère est vierge pure, — peut-être elle n'a pas de lait — et
pour sa nourriture (celle de l'Eiifatit), — je lui eh porte un plein
godet.
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et que l'on renvoie a tous les percepteurs tons farcis
de leurs rôles ».
Souvent ces Noëls ont la forme d'un dialogue
entre les anges et les bergers. Les interlocuteurs
adoptent généralement la même langue, mais il
arrive parfois que les anges, en leur qualité d'esprits
supérieurs, se servent du français, tandis que les
bergers répondent en langue vulgaire.
Si plusieurs de ces Noëis manquent souvent de
finesse, d'idées et de délicatesses d'expressions, ils
possèdent, au moins, un incontestable mérite de
rusticité naïve. On doit regretter seulement de ne
pouvoir indiquer l'époque précise où ils ont été faits
et le nom de leurs auteurs. Leur caractère néanmoins
ressort très nettement. Ce sont, en général, des
chants de plaintes sur les maus de toutes sortes que
souffrait le paysan et l'espérance que la venue du
Fils de Dieu les fera disparaître; et ce caractère
même leur assigne une date postérieure à la vérita-
ble époque catholique où très certainement ils étaient
conçus dans un autre esprit (1).
D'après Joseph d'Ortigues, la période la plus sail-
lante de ces compositions s'étendrait de la première
moitié du xvu° siècle à la seconde moitié du xviii*.
C'est aussi la période des Noêls languedociens de
Goudelin et des Noëls bourguignons de La Monnoie.
Les chants populaires peuvent s'envisager sous
deux aspects différents. On peut les considérer au
double point de vue du texte et de la mélodie.
(1) Ad. Michel, L'Ancienne Auvergne et le Vel&y, t. III, i
MoutiDS, 1847.
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Le texte est sans doute intéressant à conserver. II
ne constitue cependant que la paitie la plus discuta-
ble de ces échantillons de la muse populaire. Trans-
mis par la tradition orale, sans jamais avoir été
écrits, ces couplets, si variables de fond et de forme,
ont naturellement subi l'infliience des divers milieux
qu'ils ont traversés. Chaque génération, obéissant à
son insu aux modifications de la langue, en a ra-
jeuni les tours et les expressions ; chaque siècle les
a remaniés et faits, pour ainsi dire, à son usage.
Ce n'est point toutefois que les lignes essentielles
des airs populaires aient complètement disparu dans
ces transformations successives. Certains détails de
mœurs locales, les exigences surtout de la rime ont
même laissé subsister çà et là quelques mots du
vieil idiome. Mais en dehors de ces vestiges curieux
à signaler, il est vraisemblable que dans un grand
nombre de cas les textes qui se chantent aujour-
d'hui ne sont plus tout à fait ceux que chantaient
nos pères des ivi' et xvii' siècles, pour ne pas remon-
ter plus haut.
Il n'en est pas tout à fait de même pour la mé-
lodie. Comme il est moins facile de changer une
phrase musicale qu'une expression vieillie ou un
tour poétique hors d'usage, la contexture mélodique
des chansons populaires s'est montrée plus réfrac-
taire à ces modifications. On peut donc supposer
que les airs recueillis dans nos villes et dans nos
campagnes sont restés, à peu de chose près, ce
qu'ils étaient autrefois (1).
(1) Emmanuel Soleville, Chants populaires du Bas-Qucrcy,
Iiilrod., p. Il et III. Paris, ISSfl.
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— 53 —
En effet, plusieurs airs de Noëls paraissent être
bien conservés; on en trouve un certain nombre
dans le ton de la mÎTieur ancien, et quelques-uns
appartiennent peut-être à des systèmes musicaux
qui étaient usités il y a bien des siècles.
Il y a cependant des exceptions : souvent on ren-
contre deux airs dilîérents pour un môme Noël. D'au-
tres fois la mélodie diffère par endroits. La mesure
varie aussi : 3/4 devient 6/8 et 6/8 se transforme en 2/4 .
Les paroles de certains cantiques sont écrites sur de
véritables airs de danse. Ainsi, parmi les Noëls que
nous donnons, ceux qui ont pour titre : Un jeune
pastre soumelhava et Questa nueg es nat lou,
Rei de la terra, se chantent sur des airs de bour-
rée montagnarde. Ils n'en ont du reste que plus de
couleur locale.
Notre regretté ami, Frédéric Noulet, s'était fait
un plaisir de noter les Noëls qu'il avait entendu
chanter lors d'un voyage qu'il fit en Limousin ; il
a ajouté à plusieurs d'entre eux un accompagne-
ment pour le piano. Nous sommes heureux de
pouvoir donner le travail d'un homme dont la
compétence musicale était si connue et si bien
appréciée.
M'" Marguerite Gênés a bien voulu se charger de
réviser pour l'impression la musique laissée par
notre ami à l'état de brouillon. Nous la remercions
avec d'autant plus d'empressement que là ne s'est
pas borné son rôle. Elle a rétabli, dans la limite du
possible, bien des vers qu'on nous avait transmis
d'une façon erronée ; elle nous a procuré quelques
variantes des couplets que nous donnons et nous a
T. XX. 1-4
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fourni la notation musicale de plusieurs Noëls. Ses
études approfondies de la langue limousine et ses
connaissances en fait de musique nous ont aplani
bien des difCcultés ; c'est justice de dire combien
son obligeant concours nous a été utile (1).
Ernest Rupin.
(1) Le cliché de la couverture de noire brochure ëtait déjà fait
quand nous avons réclamé les précieux conseils de M'" M. Gênés.
Il aurut été plus exact de dire, en annonçant les Noéls que nous
publions : Notation muticaU par M . Frédéric Noulet et
M"* Marguerite Oenèt.
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La Nativité rahs une ijtablb lixoubine,
Reproduciion d'un Jensln de H. Loui)' I.Bynia de la Jarrif
Dijiiizedb, Google
Dijilizedb, Google
L'ANNONCIATION
La copie de ce Noël se trouvait dans les manus-
crits de feu Oscar Lacombe, l'érudil archiviste de
Tulle. M. Clément-Simon possède, selon toute
probabilité, l'original, car son document porte des
corrections de style. Il l'a pubiié dans le Bulletin
de la Société des lettres, sciences et arts de la
Corrèze, année 1896, pages 556 et 557, en le fai-
sant suivre des réflexions suivantes :
« Je puis certifier l'ancienneté relative de ce noël,
attendu que j'en ai une copie manuscrite du xvii*
siècle. J'ai dit ailleurs que l'idiome bas-limousin
n'a cessé d'être écrit depuis l'époque des trouba-
dours. Ces textes sont en assez grand nombre pour
chaque siècle, mais comme ils se rapportent, pour
la plupart, à la vie civile et juridique, ils ne sau-
raient constituer une a littérature». Us permettent
toutefois de suivre à travers le temps les modifica-
tions qui ont affecté la langue, spécialement dans la
forme écrite. Plus on se rapproche de nous et plus
cette dernière forme est corrompue. Le noêl dont
nous transcrivons avec une rigoureuse fidélité la
« graphie » nous montre comment on écrivait notre
patois vers 1650. Le manuscrit émane d'un homme
lettré qui s'est conformé à des règles, à un usage,
bon ou mauvais. On y voit un mélange intéressant
de l'orthographe primitive et de l'orthographe dégé-
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nérée. Celle des xv' et xvi' siècles est représentée
i' par le g doux en place du j moderne, rougo,
viergo, nogas {se prononçant routzo, viertzo
noza) ; 2° par Vo sonnant ou dans certains cas,
bonheur, kontous, contas, nommaj contenta,
contentomen(bounhur, hountous, etc.). Ce sont
là non des caprices de scribe ignorant, mais àe&
traces de l'ancienne orthographe. Dans les siècles
précédents on n'use pas encore du j pour adoucir
ga, go, gu. 0 se prononçant ou est très fréquent,
mais on ne songe pas encore à distinguer par une
forme particulière ces cas assez malaisés à fixer par
des règles. On écrit aux xv' et xvi* siècles, lo libre,
l08 homes et on dit lou libre, tous homes ; con-
tentament et on prononce countentomen . La
prononciation à cette époque est connue d'une
manière générale. Il serait trop long et hors de pro-
pos d'exposer ici ces notions. — L'orthographe
récente, phonétique, se manifeste au contraire : 1"
par la notation en o de l'a bref ou sourd à la fin et
dans le corps de certains mots : Mario pour Maria,
onet pour anet, etc. ; 2" par la suppression de
certaines lettres qui ne se prononcent pas, mais
sont utiles comme marque d'origine, cronia pour
croniar, nomma pour nommar, d'ocor pour
d'ocord, lo mor pour lo mort; 3" par l'emploi des
accents et quelquefois de l'apostrophe. Ces formes
et ces signes sont inconnus dans l'orthographe plus
ancienne, sauf lorsque le scribe, s'oubliant un ins-
tant et se laissant guider par la prononciation com-
met a. une faute ». Ce sont du reste ces fautes qui
nous aident à retrouver la prononciation ancienne.
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Félix eiilpa. Mais à ré[)oqne de notre noël, il n'y
a pas trace de ces formes barbares soi-disant phoné-
tiques qui n'apparaissent qu'à la fîn du zviu' siècle :
tsa, tse, tsi, tso, tsu, dza, dzé, dzi, dzo, dzu,
a-i, a-ou, e-ou, i-ou, o-i, o-ou, pour figurer la
prononciation de ch CW> "^e g doux (dzj devant
les voyelles ou le son composé des diphtongues ai,
au, ei, eu, iu, oi, ou. Ces remarques demande-
raient à être développées » .
Noé isic) sur rEsvanglle selon saint Luo
Missus est angetus Gabriel.
Mario onel del cial es vizitado, M'"»'» b.» "g»]™
Lou rende vous s'es pi-es o Nozoï-et, ^i dJ^Ïn '''«^
Oquey un ange qu'o fat l embossado, ™''lilriïïi"Mwf°~
Oquey d'oti que nostre bonhur vet.
Sur lour trotat nou troubès pas estrangé,
Un Diou en 1 home vay essé d'ocor,
Escoutat bien tous ce que lio dît 1 ange
Per nous cronia pus 1 ifer ny lo mor.
Mario de Diou de tout tems chouzido, ats Hwb;^ gnut
Pleno de gracio, que Diou vous odjut
Entré las fennas vous es beneyzïdo
0 vous s odresso dey cial lou solut.
Per to discretomen que iou m énoncé ConeipiM et pirin.
Vous vendpès rougo, vous estounorés,
Mas ay mou ordre, chai que iou 1 ononcë,
Vous vendrés grosso, vous enfontorés.
De mous discours vous es toulo troublado, mSiHu^'!' "^Tf^- '
Vostré vizagé n'en poray hontoux, ">*"■ *•"'•■
Mas n ogas pou, vous serés preservado,
Uomë jomay n euro de par on vous.
D.g.tizedby Google
De Tostre fil un Diou sero lou payré, f^^' ÏÏ'S"" "^
Vous gordoi-és vostro virginitat,
Vous seréa viergo omay aérés so mayré [1)
E el gordoro so divinitat.
Oquel qu es cauao que vostro cousino «'« *^} "'ipat a
Se trobo encento en so sterilîtat, ""'o'' 'u
Pot bé per lo mesmo vertu divino impoMibik.
Vous gorda viergo en lo feconditat.
VeS Oti lou sujet de mo vengudo, VoMbianommeju»
Contaa qu ovés un messogié âdel,
Kou manques pas quand aérés ojogudo
De l'a nomma leCon Emanuel.
De tout oquo Mario se contento, eiw uiçhi» do-
Soun consentomen signo lou trotat,
El dins 1 umilitat d'uno sirvento,
Desja mestreaao, di qu eytal sio fat.
Marie , aujourd'hui, reçoit une visite du ciel, — le
rendez-vous est fixé à Nazurelh, — c'est un ange qui a
été le messager, — c'est de là que vient notre bonheur.
Par le traité, ne le trouvez pas étrange, — un Dieu
auec l'homme va être d'accord. — Ecoutez bien tout ce
que dit l'ange, — pour ne plus craindre ni l'enfer, ni la
mort.
(1) Le përa capucin Uartial, de Brive, traduit, d'une façon dîfFé-
reDte, U mime idée, dans le Parnasse géraphique, p. IM. Lyon,
1660:
Nous TOUS le donnons à genoux
Le beau nom de Vierge suprême,
Ce nom si charmant et si doux
Nous vous k donnons à genoux.
Le beau nom de Vierge est à vous,
Jusque dans l'enfantement même.
Nous vous le donnons à genoux
Le beau nom de Vierge suprême.
Dijiiizedb, Google
[T'ousj qui de tous temps avait été choisie pour la mère
de Dieu, -— pleine de grâce, que Dieu vous protège. —
Entre toutes les femmes vous êtes bénite. — C'est à vous
que du ciel s'adresse le salut.
Aussi discrètement que je m'énonce, — nous rougirez,
vous vous étonnerez, — mais j'en ai l'ordre, il faut que je
l'annonce, — vous deviendrez enceinte, vous enfanterez.
De mon discours vous paraissez troublée, — votre
visage en paraît tout honteux. — Mais n'ayez peur, vous
serez préservée, — aucun homme jamais n'aura de rap-
port avec vous.
De votre (ils un Dieu sera le père, — rous garderez
votre virginité, — rous serez uierge, cependant wous serez
sa mère, — Et lui, conservera sa divinité.
Celui qui est cause que votre cousine, — se (rouue en-
ceinte en sa stérilité, — peul bien, par la mêm.e vertu
diiiine, — rous garder vierge dans la fécondité.
Voici ainsi le motif de mon arrivée, — Soyez persua-
dée que wous avez un messager fidèle, — ne manquez pas
quand vous serez délivrée, — de faire appeler l'Enfant :
Emmanuel.
De tout ceci, Marie est satisfaite. — Son consentement
assure le traité. — Et dans l'humilité d'une servante, —
déjà souveraine, elle dit : qu'il soit ainsi fait.
II
L'aiLjse Gabriel
Ce cantique très répandu dans la Cori-èze, notam-
ment à Lissac et à Meyssac, nous a été communi-
qué par M. Gaston de Lépinay et a été imprimé par
M . Louis de Nussac dans les Dires Limousins,
première série. Il parait avoir été populaire dans
plusieurs provinces et surtout dans le Quercy.
D.g.tizedby Google
M. l'abbè Gary le reproduit dans son Recueil
des Noëls et cantiques, inséré dans le Bulle-
tin de la Société des Etudes du Lot, tome XV,
p. 118. M. Joseph Daymard, dans les Vieux chants
populaires du Quercy, p. 308, Cahors, 1889, et
M. Soleville, à la page 173 de son ouvrage intitulé :
Chants populaires du Bas-Quercy, le donnent
aussi mais avec de nombreuses variantes.
Des variantes existent aussi dans notre départe-
ment et M"* Marguerite Genès nous a signalé celle
qui figure dans les Souvenirs Tullistes de M. Jean-
Baptiste Leymarie. Cet auteur en attribue même la
paternité à Anne Vialle, le collaborateur du diction-
naire de Béronie.
Cette cantilène, dit M. Soleville, exprime dans
sa forme naïve les inquiétudes de la Vierge Marie,
s'informant auprès de l'ange Gabriel de la durée
de sa miraculeuse gestation et de l'isolement ré-
servé à sa mystérieuse maternité. L'Envoyé du Sei-
gneur la rassure. L'Evangile parle plus simplement
de la soumission de la Mère de Dieu :
L'Anze Gabriel,
Vous saludo Mario !
— 0 Vierio sento,
Voua veinie onounça
Lou fil de Dieou tous tchal pourta (1).
(1) Variante donnâe par H. Daymard :
L'aoUé Gabriel bay aanounça à Mario,
Oin sa cambreto, taleou lou bey béni,
Soun paouré cor y fay frâmi.
— ■ L'antsé Gabriel, que né bénfei bous fayré?!
— « Bierts'liouiiourablo. bous béui auiiounça
' Lou fil de Dïou bous cal pourta a.
Dijiiizedb, Google
— 63 —
— Anze Gabriel,
Lou portorai ieou gaire ?
— 0 Vierzo senlo,
Naous mes lou portorez,
Mai toujours vierzo vous sîrez.
— Anze Gabriel,
Din qu'ai ten deuro naisse ? (1}
— 0 Vierzo sento,
Din lou cour de l'hiver,
Dins un estable mal crubcrt.
— Ame Gabriel,
Sorai ieou touto soulo ?
— 0 Vierzo sento.
Sent Dzoge, vostre epous,
Siro toujours aupre de vous.
— Anze Gabriel,
Y n'aouro pas un aoutre ?
— O Vierzo sento,
Les anzes l'y serount ;
Tant de Nodals vous tchantorount !
— Anze Gabriel,
Le n'y aouro pas d'aoutre ?
— 0 Vierzo sento,
Lous pastres y serount,
Lou fil de Dieou odouroront.
— Anze Gabriel,
Le n'y aouro pas d'aoutre ?
— 0 Vierzo sento.
Très grans reys y serount,
De bels presens vous portorount.
I) Variante donnée par M. Soleville :
Lou me cal pourta galrc
,y Google
— 64 -
— Ame Gabriel,
Que Toules que me porlount ?
— 0 Vierzo sento,
Portorount l'or, l'encens
Emai lo myrrho perpresens.
— Ame Gabriel,
N'y aouro soulel ni luno ?
— 0 Vierzo sento.
Un estialo brilhoro,
Eraai toaus vous ecleiroi-o.
— Anze Gabriel,
Qu'ai foro lou botemo ?
— 0 Vierzo sento,
Sen Djean que l'ei sirô,
Lou bel efant botisoro.
— Anze Gabriel,
Qu'ai noum l'y bailharem ?
— 0 Vierzo sento,
Lou nom de Jesus-Chris ;
Sira lou meslre del païs.
L'&niie Gabriel votis salue, Marie! — 0 vierge sainte,
je viens vous annoncer que le fils de Dieu il vous faut
porter.
— Ange G&briel, le porterai~je longtemps f — 0 vierge
sainte, neuf mois vous le porterez, mais toujours vierge
vous serez.
— Ange Gabriel, dans quel temps doit-il naître ? — 0
vierge sainte, dans le cœur de l'hiver, dans une étable
mal couverte.
— Ange Gabriel, serai-je toute seule f — 0 vierge saînle,
saint Joseph, votre époux, sera toujours auprès de vous.
-— Ange Gabriel, n'y en aura-t-il pas un autre ? — 0
D.g.tizedby Google
vierge sainte, les anges y seront ; bien des Noëls ils
chanteront.
— Ange Gabriel, n'y en aura-(-i( pas d'autres f — 0
vierge sainte, les bergers y seront et le Fils de Dieu ado-
reront.
— Ange Gabriel , n'y en aura-t-il pas d'aulres 7 — 0
vierge sainte, trois grands rois y seront et de beaux pré-
sents vous porteront-
— Ange Gabriel, que voulez-vous qu'ils me portent ? —
O vierge sainte, tis porteront de l'or, de l'encens et de la
myrrhe pour présents.
— Ange Gabriel, n'y aura-t-il ni soleil, ni lune f — 0
vierge sainte, une étoile brillera et même tous uous éclai-
rera.
— ^nge Gabriel, qui fera le baptême f — 0 uterge
sainte, saint Jean qui y sera, le bel Enfant baptisera.
— Ange Gabriel, quel nom lui donnerons-nous ? — 0
vierge sainte, te nom de Jésus-Christ ; il sera te maître
du pays.
Nous donnons maintenant, en respectant l'ortho-
graphe de l'auteur, la variante de ce noël, insérée
par M. Leymarie dans l'ouvrage précité :
L'ange Grobiér vail soluda Maria :
a Ah ! Vierjo sent', vous véne soluda !
" ÎjOu fir de Dieu vous chart pourta ».
« Ange Grobiér, lou pourtorai ioù gaire ? »
■ Ah ! Vierjo sent', naù mes lous portores,
« Amai vierjo toujours sires n.
u Ange Grobiér, dins car mes deùrot naisse ? »
« Ah ! Vieije senl', en lai pei miéj d'ivér,
1 Dins un estable mar crubért ».
D.g.tizedby Google
J'ai un petit voyage 6. taire.
Ce cantique ne se chante que dans la partie Sud
de l'arrondissement de Brive. Il est donné par
M. Joseph Daymard (1) comme très répandu dans
la commune de Sérignac, arrondissement de Cahors
(Lot). Mais sa version, qui offre quelques légères
différences avec celle du Limousin, est incomplète
des deux derniers couplets, qui nous ont été com-
muniqués par M"' Marguerite Genès, à laquelle
nous devons la notation de la musique :
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sr sV J I ..\
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t I ' '. I ., I .
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Kl. h.—^
J. ^ : I ,\
^^
J'ai un petit voyage à faire,
Vive Jésus !
Je ne sais qui le fera,
Alléluia !
Je ne sais qui le fera,
Je ne sais qui le fera.
(t) Joseph Dayra&rd, Vieux chani» populaira recueiliiê en
Quefcy, p. 307. Cahors, 1889.
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-67 -
L'ange Gabriel prit la volée,
Vive JésuB !
A Nazareth il alla,
Alléluia !
A Nazareth il alla,
A Nazareth il alla.
Il trouva la porte fermée,
Vive Jésus !
Par la feuétre il entra,
Alléluia!
Par la fenélre il entra,
Par la fenêtre il entra.
Il trouva la Vierge en prière,
Vive Jésus !
Humblement la salua,
Alléluia !
Humblement la salua.
Humblement la salua.
En lui disant : « Vous serez mère,
Vive Jésus !
D'uu bel enfant qui naîtra,
Alléluia !
D'un bel enfant qui naîtra,
D'un bel enfant qui naîtra » [I].
Ah ! qu'il est beau de voir les ange
Vive Jésus !
Quand ils chantent gloria,
AUéluia !
Quand ils chantent gloria,
Quand ils chantent gloria.
(l) Voici lu variante de ce coupiel qui Bgure dans l'ouvrage de
M. Daymard. Dans ce couplet, de môme que dans les autres, la
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— 68 —
LA NATIVITÉ
IV
Levez-vous de ceste prairie
Le Noël suivant est inséré dans l'ouvrage ayant
pour titre : Œuvres spiHttcelles sur toutes les
Evangiles des jours de caresme et sur les Festes
de l'année, de M" Lazare de Selve, conseiller
du Roy en ses Conseils d'Etat et privé et Prési-
dent pour sa Majesté es villes et pais de Metz,
Tout et Verdun. Paris, chez Pierre Chevalier,
rue Saint-Jacques, à l'Image Saint-Pierre, près
les Mathurins, 1620. (Cantique 52, en forme d'un
Noël).
Lazare de Selve était fils du célèbre Odet de Selve
qui fut chargé de plusieurs missions diplomatiques
et de Renée de Montmiiail ; en 1534, il épousa
Catherine Pignard.
Ce Noël, dit M. Raymond Toinet qui le donne
dans le journal Le Corrézien, numéro du 25 no-
vembre 1897, est tout fait de piété, de franchise et
de grâce. Peut-on rêver une strophe plus ailée, avec
sa même rime féminine quatre fois répétée, son
petit vers leste et fringant : « Tout plein d'amour »
disposilion des vers n'est point la mt^me que celle adoptée dans
version limousine. Le premier vers est faux ;
Je vous salue, 6 Marie!
Aoe, gratta plena. Vive Jésus !
Ave, gratis plena. Alléluia î
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- 69 —
qui en brise la monotonie en lui donnant un nou-
vel essor, et son clair refrain : « Et venez tost car
il est jour ! »
Levez-vous de ceste prairie
Et, quittant votre bergerie.
Venez voir le fils de Marie
Tout plein d'amour :
Levez-vous, pasteurs, je vous prie
Et venez tost car il est jour.
Déjà la luisante aurore,
La cime de ces monts redore,
Et ce petit Dauphin honore
Pleine d'amour.
Venez, et que chacun l'adore,
Et venez tost car il est jour.
L'ange en a porté la nouvelle,
Ecoutez comme il vous appelle,
Il chante une chanson si belle
Toute d'amour.
Venez donc voir cette pucelle
Kt son nis plus beau que le jour.
Venez voir celte saincts Dame,
Et ce petit qui ravit l'&me,
Et son œil qui le cœur enflamme
De traits d'amour !
Venez tous épriz de sa flamme
Et venez tost car il est jour.
Venez voir sa bouche pourprine,
Sa main, et. sa façon poupine ;
Venez voir sa face enfantine
Pleine d'amour ;
Venez voir sa clarté divine.
Et venez tost car il est jour.
T. XX. i - j
,y Google
L'aoutre dzonr el pé d'EststJas
Ce Noël, d'après François Bonnélye qui le repro-
duit dans sa traduction de l'Histoire de l'église
de Tulle (i), est attribué à Bertrand de Latour, né
à Tulle vers 1570, qui a fait l'histoire de sa ville
natale et qui mourut en 1648. M Clément-Simon
assure, avec beaucoup de probabilités, qu'il n'est
point de cet auteur. D'autres pensent qu'il a été
composé par Anne Vialle, mais il est plus correct
que les œuvres de ce dernier. Tout ce que l'on peut
dire, avec certitude, c'est qu'il est ancien, d'une
bonne facture et d'un tbème agréable ; plein de
grâce et de malice, il est empreint d'une naïveté
charmante.
Des bergers gardaient leurs troupeaux tout en
contemplant un beau ciel étoile. Soudain apparaît
un brillant éclair. Ils sont d'abord effrayés. Arrivent
des anges qui leur annoncent la grande nouvelle et
les engagent à aller à Bethléem.
Tout de suite ils se mettent en marche, prenant,
l'un sa cornemuse, l'autre sa trompette, un troi-
sième son flageolet. En passant au village, ils ré-
veillent Janet, leur camarade ; celui-ci s'empresse
de les rejoindre en sautillant si fort que sa mère,
toute tremblante, ne peut s'empêcher de lui crier
de ne pas courir si vile.
Gérald prend un agneau dans l'étable de sa mère ;
(1) T/t'af. de t'égliae de Tuile, par Bertrand de Latour, traduite
par f. BoDDélye, p. 9. Tutle. 1858.
D.g.tizedby Google
Joseph s'empare d'un oiseau dans k cage de son
père ; Jean avait deux petits coqs, mais le malin
berger leur avait, coupé la crête pour faire croire
qu'il portait des chapons.
La troupe joyeuse arrive à l'étable, mais non sans
peine. Elle trouve le divin Enfant auquel ses pa-
rents prodiguaient les soins les plus tendres : saint
Joseph tenait à la main a lou tsolel », cette petite
lampe à bec si répandue dans nos campagnes. Elle
offre ses présents et donne un véritable concert au
nouveau- né.
Enfin, Toni « qui est plus savant qu'un marguil-
lier» est chargé de porter la parole; il adresse ses
compliments et fait des vœux pour voir cesser la
guerre et diminuer les impôts exhorbilants dont ils
sont accablés.
L'aoutre dzour ei pé d'Ëstsalas (1)
N'eran quaouques postouréous
Que countavan las estialas,
En gordan nostres troupëous.
Quand tout d'un cop lo luour
D'un grand et brillant esclaire
Nous oporegut dins l'aire
Et nous romplit de froiour.
Lo poou fuguet be pu grando
Quand veguen eitour de nous
D'andzes d'ei cial une bando
Que credav'o pleno vous :
(t) Le Puy-des-Ech.el]cs est uue montagne située prés de Tulle,
domioant au Sud le lieu appelé le BoUMonger, boit de» Monge»
ou des Moine» ; c'est le point le plus élevé des environs.
D.g.tizedby Google
- 72 —
B Qu'odzomai Dionu sio loouva
B D'ove fa Uni lo guéro
■ Que lou cial fosi'o lo léro
I A caouso de soun petsa ».
a Odoun n, torno dir'un andze:
a Devolas vous n'en olen
u Per lou cas lou pu estrandze
II Ses"plonta en Bélelem.
a Sa maire léi o ciola
« Oquel efon odourable,
a Si ne fuss'esta'n estable
n Lou meroulet (1) n'ero dziola w
Odoun nous bouten en routo
En mortsan de dous o dous,
Toni que n'o pas la gouto
N'en pourtavo lou blandou ;
Dzan, qu'o de lesprit oous dels,
Jugava de lo chabreto (2),
Giroulet de lo troumpeto,
Et Dzosé del fleidzoulet.
(1) Le mot meroulet, qui probablement veut dire pelil enfant,
n'eiiate pas dans noirs patois. Certaines versions portent: lou
Nadalel. Il y a peut-être une faute de transcription dans ce vers,
qui du reste a une syllabe de trop. Ce mot a dû prendre la place
d'un équivalent plus court, tel que l'e^anfou, etc.
(2) Cliabreto. tgobreto, cornemuse. La musette diffère de la cor-
nemuse avec laquelle on l'a souvent confondue. La cornemuse est
un instrument à vent et à anclies. Il se compose d'une sorte de
vessie ou bourse en peau de mouton, qu'on gonfle à l'aide d'un
tuyau appelé porle-oent, et de trois tubes appelés grand bourdon,
petit bourdon et chalumeau. Le grand bourdon s près d'un mètre
de long. Le porte-vent est muni, au-dedana de la peau, d'une sou-
pape qui permet au vent d'entrer, mais non de sortir, tandis que
l'exécutant reprend baleine. Le vent n'a d'i.ssue que par les tubes.
Ils ont chacun, k leur partie inférieure, une anche prise dans une
boite sur kquelle la peau est appliquée. Quand on joue de l'inatru-
ment, le grand bourdon est jeté par dessus l'épaule gauche ; la
peau enflée par ic porte- vent est pressée sous le bras gauche ; les
,y Google
Dins l'estable de so maire
Dziral preguet un oniel ;
De lo glabio de soiin paire,
Dzosé n'en ponet l'oousel ;
Dzan ovio dons dzoletous,
Lias en lou fiai d'uno blesto,
Liour ovioou coupa lo cresto
Et possavou per tsopous.
Onerans dins lou viladze
Réveilla nostre Dzonet,
Voulîo esse dei vouiadze,
Per veire lou Nodalet.
Nousseguet en saoutiiant,
So maire, que tremouUvo,
En temps en temps, li credavo :
■ Dzonet, ne couiias pas tant n.
0 lo fl trouben l'estable,
Oprès lové prou tsorsa ;
Veguen l'efon odourable ■
Que l'andi'ovio onounça.
doigta sont sur les trous du chalumeau qui servent à modifier !'
tonation. Le graad bourdon sonne l'octavo au-desBoua du petit, el
le petit l'octave au-dessous du chalumeau, quand tous les trou:
bouchés, et la quinzitme quand ils sont ouverts. Ainsi la c
muse a trois octaves d'étendue. Le timbre est aigre et criard,
s'allie bien au caractère des danses do la campagne.
La muselle, d'une construction plus délicate et plus soignée, a
dans les sons plus de justesse et de douceur. L'outre de la musette
reçoit le vent d'un soufflet placé sous le bras gauche, tandis que la
cornemuse est insufflée par la bouche. De plus, lo bourdon de la
musette est percé de plusieurs Irous, bouchés par des chevilles de
bois ou d'ivoire, appelées layettes, on en ouvre un ou deux pour
avoir la tonique el la dominante du ton où l'on veut jouer. (Bacho-
let el Desobry, Diction, de» Lettres et des Beaux-Arts).
Lo Itobreto est l'instrument qu'on entend le plus dans nos fêtes
villageoises. Les jeunes filles vantent beaucoup une noce dont elles
peuvent dire : Lo tsobrelo léi éro. nous avions la cornemuse. (Bé-
rouie, Dtction. du pslois du Bas-Liinouain, p. 308).
D.g.tizedby Google
— 74 —
So maire qu'ero près d'el,
D'oquel'oui'O lou mudavo ;
Loti boun Dzosé l'odjudavo
Et li tenio lou Lsolel (I).
Odoun toute nostro bando
Sounet de sous estrumens,
Et nous n'onen o l'oufraudo,
Do dzonoul devotomen ;
Lo bouoo vierdzo dzosen
0 tous lou nous presentavo,
Tsadun lou poutounedzavo
Et li fosio soun presen.
Toni que dins so dzoounesso
Ero esta boun e&coulié,
Enquèraa dins so vieliesso
Sabio mai qu'un meiiilié (2),
Li disset per coumplimen :
« Dioou que ses vengu en téro,
n Se ne fuss'esta la guéro,
■ Oourian pourta de lordien.
« Fotsas nous qu'oqucst'onnado
u Puestsian veire fa lo pa,
« Et vous foren uno ooubado
■ Miel que dzomai n'odzan fa.
(1) Lou Uolel, chalel, est une petite lampe à queue particulière
aux campagnes du Midi et du Centre de la France; elle n'a pas
d'équivalent dans la langue française. Cette lampe, k plusieurs
becs, est alimentée par de l'huile de noix ; auireTois, on n'y brûlait
d'autre mèche que de la moelle de jonc; depuis quelque temps, on
y emploie le coton.
(3) Meirilié, Marguillier. Dans nns paroisses trës pauvres, le
marpuiilier était comme une espèce de fac-lolxitn; c'était un per-
sonnage faisant l'ufficc do sonneur de cloches, de sacristaiti, de
chantre et, souvent même, de maître d'école.
Dijiiizedb, Google
— 75 -
« Tsossas nous Ions coullectours,
B Que sou tous forcis de rolle,
B Fotsas qu'en perdou lou molle
" Per udzan et per toudzours n.
L'autre jour au Puï-des-Echelles
L'autre jour au Puy-des-Echelles — nous étions quel-
ques bergers — qui comptions les ^(oiîes — en regardant
nos troupeaux, — quand tout à coup la lueur — d'un
grand et bridant ^ciair — nous apparut dans i'aîr — et
nous remplit de frayeur.
La peur fut encore plus grande, — quand nous vîmes
autour de nous — d'anges du ciel une bande — qui
criaient à pteine woix ; — « Qu'à jamais Dieu soit (ou^, —
d'avoir fait cesser la guerre, — que le ciel faisait à la
terre — à oause de nos péchés.
0 Allons*, se met à. dire un ange, — n allez uous en
vite là bas; — par un fait des plus ëtranjeSi-^ii est venu
à Bethléem ; — sa mère l'y a caché — cet enfant adora-
ble. — S'il ne s'y était pas trouvé une étable, — le pauvre
petit se serait gelé >>.
^(ors nous noi« mettons en route, — en marchant
deux à deux. — Toinou (Antoine} qui n'a pas la goutte,
— portait (a torche de paille enflammée (pour éclairer la
marche). — Jean, qui a de l'esprit jusqu'aux: doigts, —
jouait de la cornemuse ; — Petit-Jean de la trompette ;—
et Joseph du flageolet.
Dans l'étable de sa mère, — Gérald avait pris un agneau.
— Dans la cage de son père — Joseph s'était emparé d'un
oiseau. — Jean auail deux petits coqs, — liés avec du
fil(l)d'unécheveau;— il leur avait coupé la crête —pour
faire croire que c'étaient des chapons.
En passant dans te uiilage, — nous appelâmes notre
(1) Littéralement: liés avec les fils d'uu peloton.
D.g.tizedby Google
— 7G —
Ja.net ; — il routait être du voyage, — pour voir l'En-
fant Jésus. — Il suivit en sautillant. — Sa mère, qui
tremblait de peur, — de temps à autre lui criait : —
" Janet, ne cours pas tant ».
A la fin nous découvrîmes iétable, — après l'avoir
longtemps cherchée. — Nous vîmes l'Enfant adorable —
que range ai;ai( annonce. — Sa mère, qui était près de
lui, — à ce moment là le changeait de linges; — te bon
Josepli lui aidait, — et tenait la petite lampe à queue.
Alors, toute notre bande, — joua de ses instruments,
— et nous, nous fûmes à l'offrande, — [en nous mettant\
à genoux dévotement. — La 6onne Vierge, — à nous lous
le présentait. — Cftacun [de nous] le couvrit de baisers —
et lui fît son offrande.
Toni (Antoine) qui dans sa jeunesse — a«ai( été un bon
écolier, — encore dans sa vieitiesse — en savait plus
qu'un marguillier, — il lui dît pour compliment : —
" Dieu qui êtes venu sur terre, — si ce n'avait pas été la
guerre, — nous vous aurions porté de l'argent.
■ Faites que cette année, — nous puissions voir faire
la paix; — nous vous ferons une belle fétc, — comme ja-
mais nous n'en avons fait. — C/iassez-nous (es percep-
teurs, — qui sont tous farcis de rôles. — Faites qu'ils en
perdent le moule, — pour cette année et pour toujours ».
VI
Lou viel Mirât
Le Noël suivant, dont nous n'avons pu retrouver
malheureusement qu'un seul couplet, est attt-iliué
à Bertrand de Latour. La pièce de terre de Bois-
Mongier {Bosc ou Bosc-MongierJ, bois des Monyes
ou des Moines (1), ainsi appelée parce qu'elle dé-
(1) Joseph Itoiix. Grammaire limousine, p. 145. B^îve, 1835.
D.g.tizedby Google
pendait des Recollets de Tulle, était située près de
cette ville, sous le Puy des- Echelles.
M. l'abbé Victor Pourville a pris les trois derniers
vers de ce fragment et les a insérés, avec quelques
légères modifications, dans un Noël qui commence
par ces mots ; « Efons de la campagne i (1) et que
nous donnerons à notre tour, mais ils sont bien de
Bertrand de Latour, au dire de Béronie qui les re-
produit ainsi dans son Dictionnaire patois (2) :
Lou viel Mirât se permenavo
Din soun Boi-Mindzié, tout soulet.
Un andzé dei cial li credavu
Que a'ero na un Nodolet (3),
De sas tendras menotas,
Il 0 bresa las portas,
Tant duras et taat fortas
Le vieux Mirai se promenait — dans [sa pièce de terre]
du Bois-Mongier, tout seul. — Un ange du ciel lui criait,
— gu'it ^tai( né un petit enf&nt, — qui de ses d^iicates
mains, — avait brisé let portes [de l'Enfer\, — si dures
et si fortes
Vil
Vn Jeune Pastre.
Ce Noël, d'une charmante simplicité, est très
connu dans le Limousin, et surtout dans le départe-
(1) Pnurville, Recueil de cantique» en patois du Limoutin,
p. 36. Ussel, sana dttte.
(!) Béronie, Diotionn. du patoii du Bas-Limousin, pages 158
et !T1.
(3) Nodatet. Co mot désigne généralement la fête de la Nativité
de Notro-Scigncur ou les chants composés en cet honneur, mais
parfois il est employé aussi pour exprimer l'Eiirant-Jésus lui-même.
dbyGoO'^lG
- 78 —
ment de la Corrèze où on le chante dans tous les
villages. Il parait avoir été très répandu dans d'au-
tres provinces, et notamment dans le Quercy, le
Gévaudan, le Velay, le Forez et dans toute la Gas-
cogne. MM. Bladé, Joseph Daymard, l'abbé Gary et
Emmanuel Soleville le donnentj avec quelques va-
riantes, mais d'une façon des plus incomplètes,
dans leurs recueils de poésies populaires (1).
M. l'abbé Pourville le reproduit aussi dans son
ouvrage (2) et le signe, ce qui veut dire sans doute
qu'il y a ajouté quelques vers. Nous nous bornons à
reproduire la version populaire, ayant eu la bonne
fortune de pouvoir, croyons-nous, en recueillir tous
les couplets.
C'est un Noël dialogué où l'ange^ le berger, et
même, à la fin, la Sainte-Yierge, parlent tour à tour.
Le jeune pâtre, réveillé en sursaut par la voix de
l'ange, résiste d'abord à l'appel qui lui est fait. Com-
ment quitter sans danger le troupeau confié à sa
garde ? Le loup n'en profitera-t-il pas pour exercer
ses ravages? Puis, comment se présenter devant un
roi si puissant? Il n'osera pas. Que lui dire encore?
Que lui offrir?
Va sans crainte, répond l'ange, Dieu veille sur
tout dans cette nuit sanctifiée. Va devant la crèche,
(1) Bladé, Poésies populaires de la Gascogne, vol. I, p.. 1G3; —
Joseph Daymard, Vieux chants populaires renueittii en Quercy,
p. 310 à 313, Cahors, 1889; — abbé J. Gary, Noëls el cantiques
populaires en dialecte du Quercy, dans le Bul. de la Soc. des
Etudes du Lot, aa. 1890, p. 176; — Em. Soleville, Chants popu-
laires du BasQuercy, dans le Bul. de la So::. archéologique du
Tarnel-Garonne, an. 1885, p. !30 à 341.
(2) Victor Pourville, Recueil de cantiques en patois du Bas-
liimousin, p. 29. Usael, aans date.
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tu te mettras à genoux devant le nouveau-né et tu
lui diras que tu n'aimes que lui.
Le berger part, joyeux, emportant le plus beau
de ses agneaux ; il fait son ofîrande et la Sainte-
Vierge le remercie, lui souhaitant de mourir dans
la grâce de Dieu.
La notation musicale, avec accompagnement pour
le piano, est de Frédéric Noulet.
I
Un jeune pastre soumeillavo
Din cho tchobano tout soulet.
Lou tem que soumeillavo
Entend un anzelet.
Quel anze lou sounavo :
Reveillo te pastour.
L'iLttze
Veni t'onouncha lo nouvelln
De lo neichencho del Mechi !
Dzomai festo pu bello
Chei celebrado eichi.
O qu'ei El qui fopello ;
Ve per te beneji (I}.
3
Lou p&stre
Eh ! qu'es aco qu'aouvi din l'aire !
Lou chial ei tout illumina !
(I) Variante:
O qu'ei un anze que te chono.
Levo te, c^u'ei prou durmi.
Lo nouvello ei vengudo ;
Lou fli de Dieou noscu.
IjuiUo oli to tchobano,
Vai l'en fa toun cholu !
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— 81 -
N'ai dzomai pu, pecaire,
Tu bien aouvi tchonta.
Oh ! lous braves tchontaires !
Oh ! lo bravo clorta !
L'ame
Qu'ei lous anzes que font l'aubado (t)
AI Mechi, près de Bethelem,
Chount uno troupelado
En naou del Qnnamen.
Vai li fa l'occoulado.
Ne perdia pas de tem.
Lou pastre
Que forai ieou, ieou misérable ?
Qu me gordora lou troupel î
Lou loup ei devourable,
E m'aura cauqu'oniel ;
Ieou soui lou respountchable
De tout nostre troupel.
6
L'ame
Ne sousques pas ; pren la voulado,
L'anze de Nodal gardo tout.
(1) On appelle aubade le concert donné en plein air. le plus aou'
vent vers l'subc du jour, à la porte ou sous les fenêtres d'une per-
sonne pour l'honorer ou pour !a réjouir. A Drive il est encore
d'usage, le jour de la fôte des jardiniers, d'aller, accompagné du
clairon et du tambour, faire l'aubade devant la maison de tous ceux
qui se sont fait inscrire comme membres de la confrérie. Le Fèvre
dit qu'en appelle ces concerts aubaden : «Quod sub albam, id est
auroram, edî soleant «. Du temps des troubadours, ces concerts
poriaieni le nom d'albas, parce qu'ils exprimaient l'impatience de
ces poètes de voir venir le jour pour contempler de nouveau leur
maitresse et lui donner le salut du malin.
Dijiiizedb, Google
— 8i —
Ei miedzo-neu pochado,
N'azia pas paou del loup.
Quoi la neu fourtunado,
Laicho oti tous moutuus.
7
Lou pastre
Oun TOules gu'anio d'oquest'houro?
Pertout louii oustals soun borats.
Per oquello tempouro
Tout lou moundi ei couidza.
Ma, doumo, bien d'obouro,
Y anirai chan monqua.
L'anze
Lous pastres de toun veïînadze
Venounl de porti per y ona ;
Chaouatent ma del village,
Poudras loas ottropa.
Adieou, fai boun vouyage ;
Me chai ona tchonta.
9
Lou pastre
Chi poudias me segre o l'eslable ?
Tout choul o'aujî pas, cliei hountous ;
Et me chintl incapable
De 11 dire dous moûts.
Veies chi chei miuable.
Et chi ai bejoun de vous.
10
L'anze
Ei couidza dias unu credcheto,
0 cousta d'un aje et d'un beou ;
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- 83 —
Ei olen din lo grotto,
Oun te chara qaan pleoii.
Bicoras chas menotas,
Poslour, qu'ei l'Efan Dieou.
11
Lou pastre
Ma del min, didzas-nie, bel anxe,
Coumo choidro me prejenta ?
Qu'ei per ieou bien estrange ;
Choiiaurai pas m'espliqiia.
Diza-me lou louandge,
Qu'un pastre po douna?
12
L'&nze
Quand tu cheras doran l'establo,
Te boutoras o dzonoulious.
Dii-as : Rei odourable,
Voli n'aima que vous:
Diras : Dieou tant eimable,
N'ai d'aoutre Dieou que vous (1).
13
Lou pastre
Tout cho que podi fa, bel anze,
Qu'ei de pourta moun oniellou.
Chi 1 ovio, chan lou planze,
Dounorio'n troupelou !
(1) Variante communiquée par U"* Marguerite Genës r
Gant auras fach ta reverensa,
T'agpenoulharas umblamen
£n sa senta prezensa ;
E diras simpUmen ;
Moun Dieu, ma providensa,
Fazetz de jeu un sent.
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Perdrio pas o l'eschange,
Qu*ei lou boun Dieou qu'o toul (2).
14
Lou jeune pastre, en dilitgencho.
Preii lou pu bel de sous oniels.
En grando jouîssencho
Lou porto ol rei nouvel,
E, din chbuEi innouchenchu,
Predso lou Dieou del chial.
15
Lou pastre
Quel oaiellou, qu'ei moun oulTi-ando ;
S'OTÎo mai, vous dounourio mai ;
Me n'ai pas de pu grando.
Vous doni tout cho qu'ai.
HouQ ccBur zou vous demanda,
Preney lo, chi vous plai.
16
La S&into-Vierzo
TouQ ententîou, to bouno gracbio
Cbount per ieou mai qu'un troupelou.
Dieou te fachio lo gracbio.
Brave pastourelou,
De mouri din la grachio
De soun cœur pïetadou.
Un Jeune Patre
i. — Un jeune pâtre sommeiilait — dans sa cabane
(oui seulet. — Pendant qu'il somnieiilait, — il entend un
petit ange. — Cet ange lui disait : — réveille-toi, berger.
(2) Variante de ce vers ;
Qua «OUI! Dieu, a. loul.
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- 85 -
l/ange
2. — Je viens t'annoncer la nouvelle — de ia naissance
du Messie ! — Jamais fête plun belle — [ne] s'est célébrée
ici. — C'est lui-même qui t'appelle ; — il vient pour te
bénir.
Le berger
3. — Et qu'est-ce que je vois dans ('air / — Le ciel est
tout illuminé / — Je n'ai jamais pIiM, pauvre que je suis,
— entendu aussi bien chanter. — Oh! les bons chan-
teurs ! — Oh! les brillantes clartés I
L'ange
4. — Ce sont les anges qui font l'aub&de — au Messie,
près de Bethléem. — Ils sont tout une troupe — au haut
du firmament. — Va leur faire ta révérence, — ne perds
pas de temps.
Le berger
5. — Que feraia-je moi, pauure misérable, — que ferais-
je de mon troupeauf — Le loup est dévorant, — il m'aura
quelqu'agneau ,- — moi je suis responsa&ie — de tout
notre troupeau.
L'ange
6. — N'hésite pas, prends la volée; — l'ange de Noël
garde tout. — Minuit est passé, — n'aie pas peur du loup.
— C'est la nuit fortunée, — laisse là tes moutons.
Le berger
7. — Où voulez-vous que j'aille à cette fteure / — Par-
tout (es maisons sont fermées ; — par ce temps rigoureux,
— tout le monde est couché ; — mais demain, -de bonne
heure, — j'irai sans manquer.
L'ange
8. — Les bergers de ton voisinage — viennent de par-
tir pour y aller; — ils sortent à peine du village, — tu
pourras les attraper. — jldieu, fais bon voyage; — il me
faut aller chanter.
T. XX. 1-6
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_ 86 —
Le berger
9. — Si vous pouviez mo. suivre à Vétable ? — Tout
seul, je n'ose pas, je suis honteux ; — et je me sens inca-
pable — de lui dire deux mots. — Voyez si je suis à
plaindre, — et si j'ai besoin de vous.
L'ange
iO. — Il est coucW dans une crèche, — à côté d'un âne
et d'un bœuf; — il esl ià-6as dans une grotte, — où tu te
réfugies quand il pleut. — Tu embrasseras ses petites
mains, — berger, c'est l'Enfant-Dieu.
Le berger
H. — Mais du moins, dites-moi, bel ange, — comment
faudra-t-il me présenter f ^ C'est pour n^oi bien étrange;
— je ne saurai pas m'expliquer ; — dites-moi (es louan-
ges — qu'un berger peut donner.
L'ange
i2. — Quand tu seras devant l'étable, — tu te mettras
à genoux. — Tu diras -. Roi adorable, je ne veux aimer
gue vous ; — lu diras : Dieu si aimable, je n'ai d'autre
Dieu que vous.
Le berger
13. — Tout ce que je puis faire, bel ange, — c'est de
porter inon petit agneau. — Si je i'arais, sans le plain-
dre, — je donnerai tout un troupeau ! — Je ne perdrai
pas à l'échange. — C'est (e bon Dieu qui a tout.
i4. — Le jeune p&tre, en toute hâte, — prend le plus
beau de ses agneaux. — En grande réjouissance, — il le
porte au roi nouveau, — et, dans son innocence, — il
prie le Dieu du ciel.
Le berger
i5. — Ce petit agneau est mon offrande; — si j'avais
darantage, je vous donnerai davantage, — mais je n'en ai
pas de plus grande, — je vous donne tout ce que j'ai. —
Mon cœur vous le demande, — prenez-fa, si elle vous plaît.
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-87-
La Sainte-Viei^
16. — Ton intention, ta bonne grâce — sont pour moi
plus qu'un troupe&u. — Que Dieu te fasse la grâce,
brave berger, — de mourir dans la grâce, — de son cœur
compatissant.
Can lou boiin Nadalet vendra
Cette cantilène a été recueillie par M. le chanoine
Joseph Roui et reproduite dans VEcho de la Cor-
rèze, n' du mois de décemhre 1893 ; elle ne parait
point complète en lisant les deux couplets qui la
composent si brusquement heurtés. On remarquera
l'expression imagée al jal-cant, au chant du coq,
pour dire de très grand matin.
Can lou boun Nadalet vendra
Pertout très massas se dira.
S'en dira una a mietja-aueg,
Per la naissensa d'un nenet ;
S'en dira un'aultra al jal-cant,
Per la naisseasa d'un Puissan ;
S'en dira una al petiot journ,
Per la naissensa d'un Senhour.
Venetz, venetz, toutas las genï ;
Venetz pel journ del jutjamcn !
Nostre Senhour nous jutjara.
Terras e cials, tout tremblara !
Las estialas qu'ai cial seran,
Toutas a terra dessendran ;
N'en dessendran de dech a dech
Couma fuelhas de la fourest......
Quand le bon jour de Noèi uieiidra, — partout (rois
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messes se diront. — On en dira une à minuit, — pour la.
naissance d'un petit enfant ; — on en dira une autre au
chant du coq {de grand matin), — pour la naissance d'un
Puissant ; — on en dira une autre au petit jour, — pour
la naissance d'un Seigneur.
Venez, venez, tout le monde ; — venez pour le jour du
jugem.ent! — JVofre-Seigneur nous jugera. — Terres et
deux, tout tremblera ! — Les ^toiies qui seront au ciel,
— toutes sur terre descendront; — eiies descendront de
dix à dix — comjne ies feuilles de la forêt ,
IX
Questa nneg es nat lou rel de la terra
Un décret du 13 septembre 1852 avait chargé le
Comité de la langue, de l'histoire et des arts de
la France, établi par le Ministère de l'Instruction
publique, de réunir et de publier les Poésies popu-
laires de la France. 11 n'a pas été donné suite à la
publication, mais les documents envoyés à ce sujet
sont aujourd'hui déposés à la Bibliothèque natio-
nale, département des manuscrits, nouvelles acqui-
sitions françaises. Sous le n' 3343, page 273 du
sixième volume, nous avons trouvé un Nofil qui
avait été envoyé d'Ussel par M. Cligny, inspecteur
primaire. Mais ce Noël a été étrangement déformé :
les vers et quelquefois les mots sont coupés en
deux. Le second vers a Quoiqu'il sis na au ciel et
iïi terra b n'est admissible à aucun point de vue. Le
mot quoiqu'il est français et non patois ; celui qui
suit: sis, n'appartient à aucune langue, et la lin
du vers est un non-sens.
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M"* Marguerite Genès a recueilli à Brive une ver-
sion de ce Noël qui semble assez correcte ; elle a
bien voulu nous la communiquer et nous donner
en môme temps la notation musicale.
oiEtaitHé
^e' (Axai- \a- iv<X. jot>.._ iaaïA .
Voici une variante qui concerne seulement les
deux dernières mesures :
5t-a iOvL-vtxtnj
Elle n'est peut-être pas très régulière, mais pour
ces vieux airs, c'est quelquefois ce qui parait le plus
bizarre qui est le plus exact, la version primitive
dbyGoot^lc
pouvant appartenir à des systèmes musicaux diffé-
rents du nôtre.
Questa nueg es nat lou i-ei de la terra ;
Malgrat giie sia nat es b'al cial enquera.
Nautres n'avem re
Que li sia soumez (I).
Lous anges del cial portou la nouvela
A très pastourels. Un Dieu lous apela,
Lour an dich d'anar
Toutz très l'adourar.
■ Aaatz, pastourels, anatz a l'astable,
« Dieu lei es nascut : es tant adourable !
t Dieu lei es nascut
< Per vostre salut » (2).
Se sou prez toutz très, chadun lour cbandiala (3)
Ghadun lour mantel, que fai freg, que giala.
TouU al Nadalet
An rendu respect.
« lloun Dieu, dounatz nous vostra senta estrena,
■ Dounatz nous la ma, tiratz nous d'en pena ;
a Seriam ben urous
Œ D'estre un journ am vous ».
Ceiie nuit es( î\é le roi de la terre ; — bien qu'il soit né,
(1) Vari&nte du premier couplet :
Dieu es davalat del cial aus la terra
Per boutar U patz ount era la guerra
Per boutar la patz
Ounte n'ora pas.
Dieu est de|cendu du ciel sur la terre — pour mettre la paii où
dtait U guerre, — pour mettre la paix, — où elle n'était pas,
(!) Ce couplet na figure poiut dans la version de Grive.
(3) Variante donnée par M. Cligny ;
Lou très pastourels Ici routil tous en roasso.
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il est au ciel encore. — Nous n'avons rien — qui ne lui
$oit soumis. •
Les anges du ciel portent la nouvelle — à trois pâtres.
Un Dieu les appelle ; — [les anges] leur ont dit d'aller —
tous trois l'adorer.
« AlleZ; bergers, allez à l'étable, — Dieu vient d'y naî-
tre : il est si aimablel — Dieu vient d'y naître — pour
votre salut n.
Ils ont pris tous trois chacun leur chandelle ; — cha-
cun leur manleau, car il fait froid, il gèle. — Tous, à
l'Enfant' Jésus — ont rendu hommage.
B Mon Dieu, donnez-nous votre sainle étrenne, — don-
nez-nous la main, tirez-nous de peine; — nous serions
bien heureux — d'être un jour auec vous ».
X
Dessous uno teulado
Ce cantique se chante dans la partie de notre
département avoisinant le Lot ; il a été reproduit
par M. Emmanuel Soleville (1), qui donne d'une
façon un peu différente le dernier vers du dernier
couplet : « El n'a, per se bestij sisclato ni sali »
— Il n'a, pour se vêtir, ni brocard ni satin. —
M. Soleville fait remarquer que le mot sisclato ferait
remonter ce Noël à une époque assez reculée, car
ce mot, qui signifie brocard d'or, a, depuis long-
temps, disparu de la langue.
Ce Noël, d'une tournure toute particulière, relate
l'état de dénûment dans lequel a voulu naître le
roi du monde.
{1} Bull, de la Soc. archéol. de Tarn -et- Garonne, an- 1889, p. 1.
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Il ' j I I I ^11 lu I I I I I llj. J J I
Dm -aou* una tuut-ta-do, towifT-Moûlfittiu-ia-dû, dw- .
àûÙA u-uo liaju.-ta.-do. -rtoi toi*, 'mu-tit dei cSùat ■
I 'j>" -1 J 1 J' I J.J M' I I [ I H I ; I J
ejut. pcu.-àiû tJioii^U Xji tchum-biû tb -fût -ta. *Ao • a. '
tou. lu. (ou. 'mi.-twju- cUC fiM i:it.-clLt jxat-toux.. J)m-
Dessous uno teulado (I),
Tant e mal petossado,
Dessous uno teulado,
Nai lou mestre del chial.
El, que poudio tchausi
Lo taambro tapissado
E lou lie lou miliour,
Del pu ritche pastour.
Dessous uno teulado, etc.
El, n'o, pei- che cnibi,
Ni mantel, ni fletsado ;
El, n'o, countro lou fred,
Faicino, ni gabel.
Dessous uno teulado, etc. '
El, n'o, péri durmi,
Ni bre, ni tsambro oundrado ;
El, n'o, per se vesti,
Bourosaou (2), ni soti.
Dessous uno teulado, etc.
(1) Teulado, toit, loiture, vient, du moins ea langue limnusino,
du mot leule, tuile piste, opposa à corn, tuile creuse. [Laburde,
Lexique limouain).
(2] Bourostou, morceau d'étoffe dont on enveloppe un enfant au
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— 93 -
Sous une toiture en tuiles, — mai ajustées, — sous ujitî
toiture en briques, — naît le maître du ciel.
Lui, qui pouvait choisir — la chambre tapissée — et le
lit le meilleur — du plus riche berger.
Il n'a, pour se couvrir, — ni manleau, ni chaude cou-
verture; — il n'a, contre le froid, — ni fagot, ni sar-
ment.
Il n'a, pour y dormir, — ni berceau, ni chambre or-
née ; — il n'a, pour se vêtir, — ni langes ordinaires, ni
langes de satin.
XI
Réveillas tous pastourel
Voici un des Noëls les plus connus dans le dépar-
tement de la Corrèze ; c'est un de ceux que les
enfants vont encore, de nos jourfe, chanter de porte
en porte aux approches de la fête, pour réclamer
quelqu'aumône. Ainsi que nous l'avons déjà dit
dans la Préface, si on tarde un peu trop à la leur
donner, ils terminent le chant par le couplet sui-
vant ; les notations musicales sont de Frédéric
Noulet :
maillot : 'ange. Il est dit diuis l'Ëncyclopâdie, article Lange, que
l'on comprend sous ce nom tout ce qui sert à envelopper l'enfant
au maillot. Les knges qui touchent immédiatement l'enfant sont de
toile ; ceux de dessus et qui servent à la parure, sont de satin ou
d'autres étoffes de soie; les langes d'entre-dem, et qui servent &
tenir la chaleur, sont de laine. (Béronie, Diclionn. patoi» du Bas-
Limousin, p. 23).
Les mots g bouroMOu, ni »oti • signifient donc que le nouveau-
né n'avait aucun lange pour se vâtir, ni les plus communs, ceui de
dessous ; ni les plus riches qui servaient & la parure, ceux de
dessus.
D.g.tizedby Google
ÎM - to' l)OU.-no fw- tb lAt. No- doi , e- uttYv->»D4y«.
f/r Ul: j l-".' J If I; M J
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D,j,i,z=db,Google
— 95 —
Vivo lou mestre,
£ lo mestrescho
Ë l'oimablo coumpagnio.
Que Dieou vous faschîo
BouQO festo,
Bouno festo de Nodat ;
E renvoya-nou3
Laproufeslo{l),
lia proufesto, si vous plai (2J.
Vtue le maître, — et la maîtresse — et l'aimable com-
pagnie. — Que Dieu vous fasse — bonne fête, — bonne
fête de Noél ; — et donnez-nous — la profeate, la profeste,
s'il vous plaît.
Le mot patois proufesto n'a pas d'équivalent
dans la langue française ; il dérive probablement
des mots de la basse latinité proferta, proferen-
tia, pris souvent dans le sens de prœferentia, et
qui doit être traduit par ablation, prémiee, of-
frande faite à Dieu.
(1) ■ Pbofbrta ut Pboferbntia. Minus accurste proferentiam,
provenlum, redilum nude interpretatur doctiss. Cangiua; baud
obscuram quippe eï allatis videtur inter jura Curionum recenseri,
idem proinde esse quod supra prseferentia, primitiarum Gcilicet
jus, quod ipsisCurionibusprEeler décimas debetur....pB£rBSBHTiA....
Ex consuetudine potius Prxferenlice dabautur, quam ex jure, nam
inter oblationes annumerantur. Chartul. monasl. S. Barthol. de
Benevento in Leniovic. fol. 114: Dederunt in ipsa ecclesia suam
parlem de PmCerentiis, quœ alibi dicanlur oblationes de frumanto '.
(Du Cange, Glossaire].
(2) Variante pleine de couleur locale :
E renvoya nous de las gogaa.
De las gogas, si vous plai.
El renvoyez -nau» des boudirit, — des boudin», s'il vous plaîl.
Ce couplet se chante indifféremment à la suite de tous les NoËls
que les cnranis vont entonner à la porte des maisons pour réclamer
une offrande-
Dijilizedb, Google
Il faut se dépécher de faire cette offi-ande aux
joyeux mais impatients clianteurs, ils ne manque-
raient pas de vous régaler d'une série d'impréca-
tions dont la moins forte serait : « E que lou diable
vous n'emportio ! » Que le diable vous emporte !
Ce Noël est un véritable colloque établi entre
l'ange, les bergers, saint Joseph et le divin Enfant.
MM. Daymard et l'abbé Gary en reproduisent
quelques couplets dans leurs ouvrages.
Ce chant, fait observer Oscar Lacombe, remonte
au moins au xvn' siècle. On peut remarquer ici la
vérification très indépendante des anciennes poé-
sies patoises. La rime est absente dans des couples
de vers, ailleurs une simple assonance la remplace
et, pour la produire à l'oreille, la prononciation est
parfois modifiée. C'est le rythme surtout qui est
recherché. Ces irrégularités, qui sont générales, ne
sont nullement choquantes dans les poésies chan-
tées.
VAnze
Reveillas vous postourels! 1 ,.
Quittas TOStre iroupel ! i
Onires a Bethelem
En diligenchio ;
Oqui troubares, posiours,
Lou Dieou d'omour.
Lou Postour
. Mai lei nirions pas tous tchouls ;
Anzes, mena ley nous !
De paoubres postourg groussiers,
Couma nous aoutres,
N'onirians pas tcha lou grands
De but en blanc '.
D.g.tizedby Google
L'Anze
L'y poudes ona cbegur;
Sîrei lous bienvengus.
Dieou n'ei pas coumo lous Grands,
Ni lous Superbes ;
Aimo mai lo bravo dient,
Qu'or e qu'ordzent.
Wï - ll'rt 1 Ul M 1
AEI*9i"itp-
Rt-weit-ta* vûM fuïi-ti)u.-w£*L
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Dijiiizedb, Google
Lou Postour
Pan ! pan ! pan !
Sent Dzoge
Qu tust'olai?
Lou Pastre
Dubres-Dous, si tous plai !
Sent Dzoge
Qu'ei Nostre Seignour Jesu,
Que ve de naisse.
La sento Vierzo
Si fugecbio pas noscu,
Chian tous perdu.
Lou Pastre
Ela ! moun Dleou, que che mal !
Venes o uostro ouslal !
Qualo zoio ! Quai plozer
De vous y veire ;
Dounorian pto coips e be
De vous ove.
Moun Dieou prenes mouu montel,
Ëmai siajo pas bel.
Moun montel n'ei pas de li, ei ma d'onisso (1),
Me vous tendre ben tchaudet,
Quand foro fret.
(l)Le mot patois onia désigne U iaine des agneaux qui n'ont pas
élé tondus, soit qu'où la coupe sur leurs corps, soit qu'on t'enlâve
de leurs peaux après qu'ils ont 616 tués. La laine des agneaux
s'emploie dans les campagues pour Taire des étoffes et surtout des
bu.
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L'Efon-Jesu
Voua reraerchî, postourel,
Gorda vostre montel.
leou, me souvendrai de vous,
De vostre houmatge ;
Din l'urouso eternîtat,
Chères pogat.
Bèveillbz-vous, jeunes Behoers
L'Ange. — Réveillez-vous, jeunes bergers I — Quittez
votre troupeau ! — Vous irez à Bethléem — en diligence ;
— (à, vous trouverez, pasteurs, — le Dieu d'amour.
Le Berger. — Mais nous n'irons pas tous seuls ; — An-
ges, menez-nous y / — De pauures pastnurs grossiers, —
comme nous autres, — ne vont pas chez les Grands, —
de but en blanc I
L'Ange. — Vous pouvez y alier bien sûr ; — vous y
serez les bienvenus. — Dieu n'est pas comme ies Grands,
— ni les Superbes ; — il aime mieujc les braves gens, —
qu'or et argent.
Le Berger. — Pan / pan / pan /
Saint Joseph. — Qui frappe là-bas f
Le Berger. — Ouvrez-nous s'il vous plaît I
Saint Joseph. — C'est Notre-Seigneur Jésus, qui vient
de naître.
La Sain le- Vierge. — S'il n'était pas né, — nous serions
tous perdus.
Le Berger. — Hélas, mon Dieu, que vous êtes mai / —
venez dans notre maison I — Quelle joie / quel plaisir I —
de vous y voir ; — nous donnerions assurément corps et
bien, — poitr vous avoir.
Afon Dieu, je vous offre mon manteau ; — je voudrais
qu'il fut plus beau; — il n'est pas de Un, — il n'est que
de laine. — Afais ii vous tiendra bien chaud, — quand il
fera froid.
dbyGoOt^ic
— 100 -
L'ËDfant-Jésus. — Je vous remercie, jeune berger, —
gardez votre manteau; je me souviendrai de vous, ~- de
votre hommitge, — et dans l'heureuse éternité, — vous
serez payé.
U^, fUM-tûuA9', lou. D'UAC dJcL.-fVtlMAA.
Nous donnons une autre version de ce Noël, re-
cueillie, avec notation musicale, dans l'arrondisse-
mentde Brive, par M"* Marguerite Genès. Les paroles
et la musique de tous ces airs populaires ont subi
des altérations en passant de bouche en bouche.
Dans certains endroits, les enfants chantent la re-
prise: Aniretz a Betelen, de telle sorte que la
mesure semble être à 2/4 et non à 6/8.
XII
L'antre Joum que m'en anavl
Le thème de ce Noël diffère un peu des précé-
dents. Le berger n'hésite pas à répondre à la voix
de l'ange ; tout joyeui de ce qu'il vient d'apprendre,
il part tout aussitôt et va à Bethléem offrir ses hom-
mages au Nouveau-Né. Ce cantique, qui n'est pas
dépourvu de grâce, a été recueilli par M. Louis de
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Nussac, dans le canton de Meyssac, aux environs
de Turenne.
L'autre journ que m'en anavi
Soulct gardar lous anhels,
Dinz lou chami que passavi
Rencontreri lous angels,
Que chantavou toutz en'massa
La gloria del rei del cel
E la patz de rassa en rassa
A l'ome doua e âdel.
DiQZ lou temps que contemplavl
De bravas clartatz en Ter,
E que moun cuer alandavi
Per goustar tan de plaser,
De la troupa un se destaca
£! ve me dire : pastour,
Un Dieu ve lavar la taca
Qu'a pourtat lou pecadour.
leu, sens cap de retenguda,
Partiguere prountamen.
L'amour, pus fort que la crenta (I),
Me poussava a tout moumen ;
E moun cuer, que tressautava
D'esser lou prumier al lounb,
Fazia que moun cors sautava
Bouissous, brugas e valouns.
A Betelem, un estable
L'a vist naisser questa nueg,
Tout Dut coum'un misérable :
La gtecha U siert de liet.
[l] Le mot crenta n'est qu'un à peu prbs. La véritable mot c
vr&it âtre tout autre.
T. XX. 1-7
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- tÛ2 -
Anem lî, sens pu atendre,
Pies de seatas afecius,
E d'un cuer fldel e tendre
Li oufrir nostras acius.
L'autre jour que je' m'en allais — (ouï seul garder les
agneaux, — dans le chemin où je passais — je rencon-
trais de petits aniies, — qui chantaient tous en masse —
la gloire du roi du ciel, — et la paix de race en race, —
à l'homme doux et fidèle.
Pendant que je contemplais — de jolies clartés dans
l'air, — et que mon cœur se dilalatl — pour goûter tant
de plaisir, — de la troupe un [ange] se détache — et vient
me dire: pasteur, — un Dieu vient laver la tache — qu'a
porl^ le pécheur.
Moi, sans aucune retentte, je parlis promptement. —
L'amour, plus fort que la crainte, — me poussait à. tout
moment ; — et mon cœur, qui bondissait — d'être le
premier là-6as, — faisait qu£ mon corps saulail, — buis-
sons, liruyères et vallons.
A Bethléem, une étable — l'a vu naître cette nuit, —
tout nu comme un misérable : — la crèche lui sert de Ht.
— Allons-y, sans plus attendre, — pleins de saintes
affections, — et d'un cœur fidèle et tendre — lui offrir
nos actions.
XIII
Ghantan vitorlo !
Jean Foucaud, né à Limoges le 5 avril 1747,
religieux jacobin puis révolutionnaire des plus vio-
lents, mort le 14 juillet 1818, est l'auteur d'une tra-
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duction patoise des fables de La Fontaine. U a
composé le Noël suivant, qui se chante aussi dans
la partie de notre département limitrophe de celui
de la Haute-Vienne. Bien que nous l'ayons entendu
avec quelques variantes, qui tiennent à la différence
qui existe entre nos patois de la Corrèze et ceux de
la Haute- Vienne, nous le reproduisons tel qu'il se
trouve inséré dans les œuvres de notre fabuliste
limousin (1). Ce Noël exprime de belles idées, parfois
piquantes, et de beaux sentiments. Toutefois il con-
vient de remarquer que les règles de la versification
ne sont point observées. Il y a dans chaque couplet
six vers masculins de suite ne rimant pas, et huit
vers féminins à rimes diverses.
Sur l'air : Quand dans la piaine, etc.
Chaotan vitôrio !
Queu Dl de gldrio,
Taa vougu,
0 là fi ei vengu.
Quelo bolado
Erio ODounçado
Claromen
Di l'ancien testomen.
David vîo chanta,
Daniel vio counta
L'ouro, lou momen
Dereveinomen.
Izorio,
Jeremîo,
La boun'arma,
Tou-t en larma,
Vian vu d'avanço
Lo deliôranço
De lo naturo.
L'anfer murmuro :
0 pôr, dl Betléen,
Touto so gloriô ;
Ma l'orne, plo counten,
Chanto vitôrio.
(I) J. Foucaud, Poésiet en paloii l
Buben, p. 2!0. Limogea, I8S6.
publiées par M. £.
D.g.tizedbyGoOglC
Din quel eitable,
Paubre e minable,
Queu gran Dl
Coumenço so possl.
Sur 80 leitieiro,
Lo tèro antieiro
Recounei
Lou meitre dô soulei-
Loà paubrei peizan
Venen loù dovan.
Vizâ qut trei rei
Segre loù dorei !
Toù l'odoren,
Toû l'onoi-en ;
Ma l'ôfrando
Qu'ô domaDdo,
Qu'ei n'âmo puro,
No fe seguro,
Lo penitenço,
0 l'inoucenço.
Ij'Anfan-Jeizu saveur
Proume so glôrio
Ma, sei lou doun dô cœur,
Pouea de vitôrio !
Vizâ lou rire !
0 semblo dire :
« Venei loù !
Vole vôù randre ûroù.
Lou ten se praimo,
E queu que m'aimo
Ei segur
Que forai soun bounur.
MouQ cor grandiro ;
0 voù Qùriro ;
Moun san vai coula,
Pèr voù toù lova.
Moun suplice,
Moun colice,
Soun n'ofrando
Qu'ei plo grande ;
Ma queu solâri
Ei necessâri.
L'ome coupable
Erio incopable
De poyà ce que fau,
Pèr vei mo glôrio ;
Ma mo crou, moun berçau,
Fan so vitôrio ».
Dedin so craicho,
Jeizu nou praicho
Sei parU ;
Ne fô ma lou vizâ.
Venei doun, richei,
Tan âèr, tan chichei !
Qu'ei pèr voù
Qu'ô vu manqua de tou.
Venei, lechodiei !
Lâdrei eizuriei !
Orgoulioù soben l
Devo medizen !
Ë tan d'autrei,
Coumo vautrei,
Que l'ôfensen,
Quan l'encensen.
Fenn doulietâ !
Filiâ couquetâ !
Vôlrâ prejeirà
Soun meissungerâ,
D.g.tizedby Google
Tan que voù cherchorei
Lo vèno glôrio,
Jomai voù ne poui-ei
Chanta vitôrio.
Pèr li coumplaire,
Que deu doun faire
Toù crezen
Que ve de Betleen î
F6 vei dl l'âmo
Lo chaste tlftmo
Qu'embroze
Lou cœur de sen Joze ;
Vira lou-t en bé,
Veliâ subre se,
Surtou bien garda
So linguo e sa ma ;
Ne pâ veire,
Ne pâcreire
Lo moliço
L'iojustiço ;
Jugâ loû autre!
Melîour que n'autrei ;
Que lour denado
Nod sic socrado ;
Qu'ei lou mouyen d'ovei
Par 0 so glôrio,
E lou dre de poudei
Chanta vitôrio.
Chantons victoire
t. — Chantons victoire ! — ce Dieu de gloire, — tattl
voulu, — à la. fin est venu. — Celte fête — était annoncée
— clairement — dans l'Ancien^Testament . — David
avait chanté, — Daniel avait compté — l'heure, le mo-
ment — de l'événement. — Jsaïe, — Jérémie, — les bonnes
âmes, — (oui en larmes, — avaient vu d'avance — la
délivrance — de la nature. — L'enfer murmure ; — il
perd, dans Bethléem, — toute sa gtoire ; — mats l'homme,
bien content, — chante wictoire.
2, Dans cette étable, — paurre et minable, — ce grand
Dieu — commence «a passion. — Sur sa tttière, — ta
terre entière — reconnaît — le maître du soieii. — Les
pauvres paysans — viennent les premiers. — Voyezces trois
rois — suivre les derniers .' — Tous t'adorent, — tous
l'honorent; — mais l'offrande — qu'il demande, — c'est
une âme pure — une foi sûre, — ta pénitence — ou l'in-
nocence. — L'Enfant Jésus sauueur — promet sa gloire;
— mais, sans (e don du cœur, — point de victoire.
ii. — Voyez le rire ! — Il semble dire : — b Venez tous /
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— 106 —
[Je] veux vous rendre heureux. — Le temps s'approche,
— et celui qui m'aime — est sûr — que fje] ferai son
bonheur. — Mon corps grandira, — il vous nourrira ; —
mon sang va couler — pour vous tous laver. — Mon
supplice, — mon calice, — sont une offrande — qui est
bien grande; — mais ce salaire — est nécessaire. —
L'homme coupable — était incapable — de payer ce qu'il
faut — pour avoir ma gloire ; — mais ma croix, mon
berceau — font sa victoire n.
4. Dans sa crèche, — Jésus nous prêche — saîîs parler;
— {il] ne faut que le regarder. — Venez donc, rtchsa, —
tant fiers, tant chiches! — C'est pour vous — qu'il veut
manquer de tout. — Venez, gouTTnets / — ladres mû-
riers .' — orgueilleux savants .' — dévots médisants / — et
(ani d'autres, — comme vous, — qui l'offensent, — quand
fjis] l'encensent. — Femmes douillettes / — filles coquet-
tes ,' — vos pWères — sont mensongères . — Tant que
vous chercherez — (a vaine gloire, — jamais vous ne
pourrez ^ chanter victoire.
5. Pour lui compiaire, — que doit donc faire — tout
croyant — qui vient de Bethléem f — [Il\ faut avoir dans
l'âme — la chaste flamme — qui embrasa — le cœur de
saint Joseph ; — tourner tout en bien, — veiller sur soi,
— surtout bien garder (surveiller/ — sa langue et ses
mains ; — ne pas voir, — ne pas croire — la maiîce, —
l'injustice ; — juger les autres — meilleurs que nous ; —
que leur avoir — nous soit sacré; — c'est le moyen
d'avoir — part à sa gloire, — et le droit de pouvoir —
chanter victoire.
XIV
Quai taeg brllha dlnz l'aire
Ce Noël est attribué à Libéral -Joseph Lalande,
qui était curé de Chasteaux avant la Révolution.
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Nous le devons à l'obligeance de M. Louis de
Nussac.
Quai fueg brilha Aiai l'aire !
Aquel astre es nouvel !
Bel founs d'aquel esclaire
Dessen l'Emmanuel.
Quitatz vostra retreta,
Vous, bargiers d'alentourn,
Ghantatz sus la museta
Un Dieu rumplit d'amour.
Ne ve pas coum'un prinse,
Ni coum'embassadour.
Soun estât es fort minse ;
Ne treina pas de court.
Es oat dînz un estable,
Ë Qoun Ainz un palais.
Chas lou Gran mepreisable
Un Dieu n'entra jamais.
Quel feu brille dans l'&ir l — cet astre est nouueau .' —
Du fond de cet éclair — Descend l'Emmanuel. — Quittez
votre retraite, — vous, bergers d'alentour, — chantez sur
vos musettes — un Dieu remplit d'amour.
Il ne vient pas comme un prince, — ni comme un
ambassadeur. — Son état est fort modeste ; — il ne traîne
point de cour. — Il est né dans une êtable — et non dans
un palais. — Chez le Grand [qui est] méprisable — un
Dieu n'entre jamais.
XV
Tobnt tohul que l'Efan deuri
Le Noël suivant tombe un peu dans la trivialité,
mais il offre cependant un caractère assez original.
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L'Enfant dort! il ne faut pas le réveiller. Aussi,
saint Joseph, sans plus de façon et de la manière la
plus expéditive, vous met à la porte un menuisier,
un cordonnier et un régent qui venaient offrir,
d'une façon un peu tapageuse, leurs services au
Nouveau- Né.
Nous ne croyons pas ce Noël très ancien. Le mot
nota (la note, la mesure), qui termine l'avant-der-
nier vers du dernier couplet, ne se trouve pas dans
notre vieux patois. Le mot pouli indiquerait que
ce chant provient des environs de Beaulieu ou de
Lubersac, où il désigne encore les mots beau^ joli.
Dans les environs de Brive et de Tulle, on dirait
bravé. Le mot culoto n'est également pas employé
chez nous ; cette partie du vêtement est appelée
bradzo, bradza. L'Italien dit bracche ; l'Espagnol
bragas.
Nous regrettons de ne pouvoir donner le texte
musical de ce chant, les documents fournis à ce
sujet n'ayant pas été suffisants. Mais on a pu cons-
tater que le refrain était presque, note pour note,
celui de Cadet Rousselle et que le reste du canti-
que n'était pas non plus sans analogie avec l'air de
cette chanson.
u Tchu ! tchu ! que l'Efan deur !
« Que l'Efan deur, pas tant de bru ! »
Un menuisier n'est vengu espres
Per li fa un pouli bres ;
Penden que tustavo l'ermineto,
Sen Dioge l'ottrapo per lo copeto :
B Tchu ! tchu ! que l'Efan deur !
u Que l'Ëfaq deur, pas tant de bri) ! »
D.g.tizedby Google
Un courdounier n'est vengu espres,
Per lî far de bouns souliers.
Penden que tustavo lo semello,
Sen Dzoge l'ottrapo per lo ponello :
« Tchu ! tchu !que l'Efan deur !
« QuB l'Efan deur, pas tant de bru ! «
Pueis un régent est vengu esprès,
Per li chonta dels moutets.
Ma taleou que vol dire uno noto,
Sen Dzoge l'ottrapo per lo culoto :
« Tchu ! tchu ! que l'Efan deur !
■ Que l'Efan deur, pas tant de bni ! b
Chut! chut! car l'Enfant dort! — car l'Enfant dort,
pas tant de bruit !
Un menuisier est venu exprès — pour lui faire un joli
berceau. — Pendant qu'il frappait [avec] l'erminette, —
saint Joseph l'attrape par son manteau : — Chut I chut !
car l'Enfant dort ' — car ('Enfant dort, pas tant de bruit !
Un cordonnier est venu exprès, — pour lui faire de
bons souliers, — Pendant qu'il frappait la semelle, —
saint Joseph l'attrape par le pan de la redingote : —
Chuti chut; etc.
Puis un régent est venu exprès, — pour lui chanter des
motets. — Mais dès qu'ii «eut dire une note, — saint Jo-
seph t'attrape par (a culotte : — Chut ■' chut ' etc.
XVI
L'Ange et le Berger
Ce dialogue est un colloque établi entre l'Ange et
les Bergers. Il est à remarquer que si les Bergers se
servent du langage vulgaire^ les Anges, comme es-
prits supérieurs, ont adopté le français. On le
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chante à Brive et à Beynat. La notation musicale
est de M- le lieutenant-colonel Borie.
Le Berger
Qu quoi que tuchto oqui tout bas?
Que n'ei vengu nous eivilla
De per délai nochtro tsabano.
Chi ches d'eichi, rechpoundez nous ?
Mas chi ches d'un aoustre viladze,
Prenez bien gardo a nochtre tae.
L'Ange
Je suis le messager des cieus,
Qui suis descendu en ces lieux,
Vous apporter une nouvelle ;
Car le Roi du ciel est venu
A Bethléem dans une étable.
Allez y tous pour l'adorer.
Le Berger
Mouchur chi ches vengu del chial
Vous 0 tsargut faire un bel chaoul
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— Ml —
Vous o Isargut'no beU'elsalo-
Mai quaa l'y tournareî mounta
Chabi pas coumo pouirei faire.
Prenez gardo de pas toumba,
L'Ange
Berger, tu es bien ignorant,
Pour me faire ce compliment.
Je suis descendu sur l'étoile.
Je vais plus vite que le veat,
Je suis plus prompt que le tonnerre.
Je rais au ciel dans un instant.
Le Berger
Mouchur, chi prenio moous gros chous.
Lei cheiro be ta leou que vous.
Ne fario qu'un 'echcambalado.
Per coure n'io pas moun parier
Quand chegria tout nochtre viladze,
leou cheirio toudzour lou prumier.
L'Ange
Berger, puisque tu cours si bien,
Va t'en bien vite à Bethléem.
Là-bas dans le fond d'une étable
Tu trouveras l'Enfant nouveau,
Qui es couché sur de la paille,
Au milieu de deux animaux.
Le Berger. — Qui es(-ce qui frappe là-bas ? — Et qui
est venu nous éveiller, — sur les derrières de notre ca-
bane. — Si vous êtes d'ici répondez-nous t — Mais si
vous êtes d'un autre village, — Prenez bien garde à notre
chien.
L'Ange. —
Le Berger, — Monsieur, si uous êtes venu du del — il
vous a fallu faire un beau saut — il vous a fallu une
,y Google
- 112 -
belle échelle. — Et quand vous y remonterez — Je ne sais
comment vous pourrez faire. — Prenez garde de tomber.
L'Ange. —
Le Berger. — Monsieur, si je prenais mes gros sabots,
— j'y serais aussitôt que vous — et je ne ferai qu'une
enjambée. — Pour courir je n'ai pas d'éga.1 — quand
Dous suivriez tout le village, — je serais toujours te pre-
mier,
L'Ange. —
XVII
L'Ange et le Berger
Voici encore un autre Noël sous forme de dialo-
gue. Le français et le patois sont simultanément
employés par l'ange et par le berger. La version,
qui nous a été donnée par M™ Marcel Gouyon,
provient des environs de Juillac et de Liibersac,
iQais elle est moins complète que celle qui figure
dans l'ouvrage déjà cité de M. l'abbé Pourville, curé
de Queyssac. Nous reproduisons cette dernière, en
respectant l'orthographe de l'auteur :
i-'Andze
Ob ! la bonne nouvelle
Que je viens annoncer !
A vous, âme fidèle,
A vous, pauvre berger.
Le Messie adorable,
Le Fils du Tout- Puissant,
Est né dans une étable
AUez-y promptement.
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- 113 -
Lou Birdzieyr
Nés ma miédza vîglîaila,
TjOU dzal n'o pas tsantad,
Et la lun'es couïdzada,
Y veyrio pas y anar.
L'Andze
Une belle lumière
Qui u'avait plus brillé,
Illumine la terre
D'une grande clai-té.
Lou Bardzieyr
Ne setz vous pas un andze ?
Eilas ! que soui lourdaou.
Lous bardzieyrs de villadzes
Som presque tous eytaou.
L'Andze
Je TOUS le dis encore :
Berger levezTOus donc ;
N'attendez pas l'aurore
A Dieu portez vos dons.
Lou BArdzieyr
Souï grandament blâmable,
De m'esse pas lerad ;
Hais soui bien escusable,
Ne TOUS counessio pas.
Ah ! moun Diéou, s'eri ritze,
S'avio un pau d'ardzenl,
Yéou ne serio pas tieytze,
Fario cauque présent.
Mais n'ai d'aquest'annada
Mas toundud un mouton,
N'y en pourtarai la lana
Per far un bourassou,
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- 114 -
Y pourtarai enquêta
Un tant dzanti lébrau,
Qu'acouter'a l'espéra
Dins Qostre pasturau.
S'ab'ount'es la bécassa,
Faray ço que poudrai,
Tendarai ma ftalassa,
Béléou l'acoutarai.
L'Andze
Berger, Dieu ne demande
Que l'or de votre cœur
Et c'est l'unique offrande
Agréable au Seigneur.
L'Ange. —
Le Berger. — On n'est qu'à la moitié de la veillée, — le
coq n'a pas [encore] chante, — et la. lune est couchée. —
Je n'y verrai pas pour m'en aller.
L'Ange. — ~
Le Berger. — N'êtea-vous pas un ange t — Hélas ' que
je suis fourdeau. — Les bergers des villages — sont pres-
que tous ainsi,
L'Ange. —
Le Berger. — Je suis grandement coupable, — de ne
m'être pas levé ; — mais je suis bien excusable, — je ne
vous connaissais pas.
Aki mon Dieu, si j'étais riche, —si j'avais un peu
d'argent, — je ne serai pas avare, — je vous ferai quel-
que présent.
Mais je n'ai cette année — tondu qu'un mouton, —
j'en porterai la laine — pour faire une couette.
Je porterai encore — un bien gentil lièvre, — que j'at-
traperai au guet, — dans notre pâturage.
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- 115-
Je sais où se trouve une bécasse, — je fer&i ce que je
pourrai, — je tendrai mon filet, — peut-être je l'attra-
perai.
L'Ange. —
La version de Juillac offre quelques légères dif-
férences que nous croyons inutile de reproduire.
Nons nous bornons à donner le premier couplet
avec sa notation musicale ;
^^
mil'' ni ^
CL VD(U.ptU|lU.f<- (U--^ à. U0UA ruvu-vua tiUL-jVM, wvu.
\nn\i i J i;,ll;lJ.jl|^j,i|jU4ii^+-
i"."!:j"'rH'i' I' . 'i",i ' 1' i"
A TOUS, peuple fidèle,
A voua, pauvres bergers,
Une heureuse nouvelle
Je viens vous annoncer:
Le Measie adorable
Le Fila du Tout-Puissant
Est né dans une étable,
Allez-y promptement.
XVIII
Quittez vos plaJnes si chéries
Ce Noël, que l'on chante dans le canton de Juillac,
nous a été communiqué par M'" Marcel Gouyon :
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Quittez vos plaines si chéries
Bergers qui gardez vos troupeaux,
Ua prodige des plus noUTcaui
Parait dans nos prairies (bis).
L'ange du ciel vient nous apprendre
Qu'il nous est né uti Rédempteur
Qui doit faire notre bonheur ;
Partez sans plus attendre (bis).
Quittes donc votre pâturage,
Bergers partez, vite partez,
Laissez vos moutons écartés
Allez lui rendre hommage (bis).
Celui qui créa la lumière
N'a qu'une crèche pour berceau
Et par un miracle nouveau
Est né dans la misère (Us).
C'est pourtant notre Divin maître,
C'est pourtant le Dieu Tout-Puissant
Qui vient pour nous dans le néant,
C'est pour nous qu'il veut naître (bis).
XIX
Cette nuit Jésus est né
Ce Noël, qui provient des environs de Juillac,
nous a été communiqué par M"' Marcel Gouyon; il
ItzecoïGoOglC
se chante aussi à Lubersac. Les vers sont de onze
syllabes (7 plus 4), avec rimes intérieures. Ce rythme
est essentiellement populaire et très ancien. M. J.
Daymard le donne aussi, avec quelques variantes,
comme étant très répandu dans le Lot, dans le
Velay et le Forez. Mais sa version nous i
moins correcte que celle du Limousin.
Cette nuit Jésua est né pour nous sauver.
Une Vierge l'a produit dans une étable,
Une Vierge l'a produit vei-s les minuit.
Saint Joseph a fait un lit à son petit,
En ramassant, avec grand soin, un peu de paille
Bn ramassant, avec grand soin, un peu de foin.
Il a fait de son chapeau un bon berceau ;
II a mis ce beau poupon dans sa. casaque ;
Il a mis ce beau poupon dans son jupon.
Il a dit : petit, voilà votre papa ;
Mais pourtant je ne suis pas votre vrai père,
Mais pourtant je ne suis pas votre papa.
T. XX. i -
dbyGoOt^lc
Votre père est dans les deux, tout radîeus.
Je ne suis rien qu'un tuteur, puisqu'il l'ordonne,
Je ne suis rien qu'un tuteur, un conducteur.
Lorsque vous aurez quinze ans, il sera temps
De vous enseigner un métier, dans ma boutique,
De vous enseigner le métier de charpentier.
On vous donnera du bois, ferez des croix.
Cela sera tous vos ébats et vos délices,
Cela sera tous vos ébats jusqu'au trépas.
XX
Trois rois venus de TOrlent
Le Noël suivant, dont M. Gaston de Lépinay n'a
pu recueillir qu'un fragment, est assez répandu à
Lissac et dans les environs de Brive. M"* Marguerite
Genès, qui l'a entendu chanter, a bien voulu nous
en donner la notation musicale :
tiveli Ui4 i/ciuU ît- t^- li JitI', ÛL-^f— ifc^ £*'Jl«_
il: - e^ û^, |»(n.-ii. cl<<i.-u«^ i**^ .^.iiui. l^uif-
IV iy Qui' ♦'i**/- Jt'tàM-'XV-' ^At|...Vu-t<UCtJ>
D.g.tizedby Google
- 119-
Trois rois venus de l'Orient
Adorer le Messie,
Ont porté chacun leur présent,
Tout garni d'or et de brillants,
Au Dieu, âls de Marie,
Qui vient de naître pauvrement
Pour nous sauver la vie.
XXI
Boho des montagnes de Bethlôem
Ce Noël figure dans un recueil édité par les frères
des Ecoles chrétionnes ^Cantiques anciens et
nouveaux). La notation musicale est de M"' M.
Les Bergers
Les anges dans nos campagnes
Ont entonné des chœurs joyeux.
Et l'écho de nos montagnes
Redit ce chant venu des cieux :
„ , . ) Gloria in Excelsis Dec,
' Gloria m Excelsis Deo.
Les Anges
Bergers quittez vos retraites ;
Unissez-vous à nos concerts ;
Répétez à vos musettes
Cectiant qui vibre dans les airs (Réf.).
Les Bergers
Anges, quelle est cette fête ?
Pour qui ces hymnes triomphants ?
D.g.tizedby Google
Quel vainqueur ou quel prophète
Exaltent vos divins accents (Réf.].
Les Anges
Apprenez tous ta naissance
D'un roi sauveur en Israël ;
Que dans sa reconnaissance,
Là terre chante avec le ciel <Ref,).
gtpfc"'^^^
Les Bergers
Mais ce prince magnifique
Qu'en vos concerts on applaudit,
Esl-ce lui qu'au temps antique
Plus d'un prophète avait prédit? (Réf.).
,y Google
— 121 —
Les Anges
Aujourd'hui la prophétie
Se réalise sous vos loits ;
Allez voir ce doux Messie,
Promis aux peuples tant de fois (Réf.).
Les Bergers
Dites-nous à quelle marque,
A quels insignes glorieux
Reconnaître ce monarque
Qui, cette nuit, descend des cieu\?(Ref.}.
Les Anges
Un enfant couvert de langes
Dont une crèche est le berceau.
C'est le Christ que nos louanges
Acclament par ce chant nouveau (Réf.).
Les Bergers
Hâtons-nous, que l'on s'assemble :
A Bethléem, allons le voir,
Et nous redirons ensemble
L'hymne joyeux de notre espoir ffîef.;.
XXII
Se dlsset'na barglelra
Ce Noël, dont oa n'a pu réunir que quelques frag-
ments, se chantait dans les environs de Lubersac. 11
nous a été communiqué par M. Louis de Nussac. Le
mot bourassa, employé dans ce Noël, désigne le
morceau d'étoffe ou de toile dont on enveloppe
l'enfant au maillot, ce que l'on appelle vulgaire-
ment une couette.
La notalion de la musique est de M"* Marguerite
D.g.tizedby Google
Genès. Il est probable que la phrase musicale finit
au huitième vers, au mot ounour. Ce qui suit doit
être la fin d'un autre couplet.
J IM M ' I i^ Il Ij I Ij 1^. , I I
Se dis&et'na bargieira,
Tao bouna menagieira :
— Bargieira, n'auriatz re ?
— Mon Deu, per lou plejar,
Ai una bourassa ;
A be un pauc de ci-assa !
Nostre Senhour
Mérita mais d'ounour.
Se disset Toni ;
— Per me, furnirai l'oli,
Per l'alumar (1),
Lou veirai malhouaar.
(I) Une variante de ces vers porle: per l'enchaletkar, lou ueirai
milhounar. Le mot enchalelhar est ima^é : il ne peut se tra-
D.g.tizedbyGoOglC
— 123 —
Disait une bergère, — bien bonne ménagère : — Ber-
gère, n'aurais-(u rienf — Mon Dieu, pour le plier, —
j'ai une coue((e ; — elle a bien un peu de crasse ! — Nô-
tre-Seigneur, — mérite plus d'honneur. — Tony
disait.- — pour moi, je fournirai l'huile, — pour l'éclai-
rer, le voir mailloter.
XXIII
Me semblo qu'ai aouvl
Le cantique suivant est encore très répandu dans
différentes localités de la Corrèze, notamment à
Juillac et à Lissac. On le chante également dans le
Lot ; partout on le trouve avec de nombreuses
variantes. Nous en devons la communication à
M. Gaston de Lépinay :
Me semblo qu'ai aouvi 1 , .
Va anze que tchantavo)
Tchantavo qu'esto ne,
Enviroun miedzo-ne
Que Io Viei-zo enfantavo.
duire que par l'eipression; pour Véclairer anec (a petite lampe
(appelée en patois chalel). Nous avons donné, à la page 74 , l'aï-
pli cation de ce mot.
dbyGoot^lc
Tchantavo qu'un efan j
Per nous tira de peino t
Nous Tai tout pardouna,
E mai nous val douna
Paradis per estreno.
N'en fugui tout ravi 1
E zou voiigui pas creire. |
N'en quiti moun troupel
De brebis et d'oniel.
Lou quiti ; z'ou vaou veire.
Lou tchercaben pertout, j
D'un lougis ad un aoutre ; '
Ma lou troubaben pas.
N'eren fort estounats ;
Obian perdu courage.
Descend! un paoupusbas.j
Au canton d'autr'estable. '
Lou li troubi taous dons :
Lo maire e l'efantou,
Tout ol pe d'une grejo.
N'en paousi moun montell . .
Per n'en crubi lo Sento, 1
Per lous crubi taous dous,
Lo maire et l'efantou,
Taous dous tant mijerable.
Penden que fosio co, i
Très reys entrent de rens, J
Taous chargea de presens.
Trouben lou Tout- Puissant,
Et taous treis l'odourerent.
Un pourtavo de l'or, (
E l'aoutre de lo miro, (
D.g.tizedby Google
— 125 —
E l'aoutre de l'encens.
Prenount coungle d'aous sents
E pui s'en etournerou.
MounDieouques'esvinguv , .
Pernoiisaoutres sur terro< }
Douna nous lo santa
Per paudi bien traouta.
Tout lou moundi z'espero.
Il me semble que j'&i entendu — un ange qui chtmt&it.
— // chantait cette nuit, — environ vers minuit — que
la Vierge enfantait.
Il chantait qu'un enfant — pour nous tirer de peine —
allait tout nous pardonner, — e( même nous donner —
le Paradis pour étrenne.
J'en fus tout r&vi — et rnêmeje ne voulais pas le croire.
— Je quitte mon troupeau, — de brebis et d'agneaux. —
Je le quitte; je vais voir.
Nous cherchons l'enfant partout, — d'un logis à un
autre ; — mais nous ne le Irouwons pas. — Nous étions
fort étonnés ; — nous auions perdu courage.
Je descends un peu plus bas, — au coin d'une autre
étable. — Je les trouve tous deux : — la mère et le petit
enfant, — tout près d'une crèche.
Je pose mon manteau — pour en couvrir la Sainte, —
pour les couuj-ir tous deux, — (a mère et le petit enfant,
— tous deux si misérables.
Pendant que je faisais cela, — trois rois entrent de
rang, — tous chargés de présents. — Ils cherchent le
Tout-Puissant, — et tous trois l'adorèrent.
Un portait de Cor, — et l'autre de la myrrhe, — et
('autre de l'encens. — Ils prennent congé des saints, —
et puis se retirèrent.
Mon Dieu qui êtes venu, — pour nous autres, sur terre,
D.g.tizedby Google
— donnez-nous la santé, — pour pouvoir bien marcher.
— Tout le monde l'espère.
XXIV
Efons de la oampagna
M. l'abbé Gorse, dans une remarquable étude bio-
graphique (I), attribue ce Noël au cbanoine Talin,
né à Corrèze le 1" mars 1825, qui cultivait avec
un charme tout particulier aussi bien les vers patois
que les vers français. Est-ce un Noël populaire?
Est-ce une œuvre de Bertrand de Latour ou de
l'abbé Talin? II serait difficile d'être affirmatif.
M. l'abbé Pourville a découpé ce Noël en deux et
a joint à chaque tronçon des couplets qu'il a com-
posés. Nous prenons la version de M. l'abbé Gorse
qui nous parait plus homogène, mais nous em-
pruntons à M. l'abbé Pourville sa notation musi-
cale:
Efons de la campagna,
La Divinita
0 pris per sa coumpagoa
Nostr'humanita,
Per rampli la proumessa
Qu'en un jour de tristessa
Faguet dins sa détressa
A l'ome exila.
Refrain
Nadalou tant eymable,
Avem recours à vous ;
Mounstratz vous charitable,
Ajatz pieta de nous.
(l) Abbé Gorse, Labbc L. L. Talin, p. 136. Tulle, 1883.
D.g.tizedbyGoOglC
Dieou boutet à la pena
Adam maleyrou ;
Lou liet d'uaa chadena
Que treynarem tous.
Tant que sem sur la terra,
Tout es pena, misera,
hou cial es en coulera :
Jésus sauvatz nous !
Très reyz se rancountreroun
Din un grand tourment,
Quand tout d'un co vegueroun
Dins lou &rmameDt,
Uu'eBtiala serena
Qui lous tiret d'en pena ;
La segoun, lous emmena,
Dret en Bethléem.
dbyGoOt^lc
— 128 —
Trouberoun dins l'estable,
Sur un paô de fe,
Ud efan tant aymable,
Purava, aria fre ;
Ud ange l'acatava,
Quand un beô l'eBchaurava ;
Jésus lous agachava,
Your fasi» dey be.
Tous très s'aganoulieroun
Bien dëvotamen ;
Et tous très présenteroun
Chacun liour présent ;
La Vierdza agachava,
Douchament escoutava ;
Ço que disian gardara
Din soun cœur countent.
Bel efan tant eioiable
Voudrîo embrassa
Vostre bre misérable,
Ma yo n'aouze pas :
Moun âma n'es tacado,
Lou pécha l'a tchaouliado ;
N'en sera netezado
Quand l'aura touca.
Enfants de la campagne, — (a Dit?intl^, — a pris pour
sa compagne, — notre humanité, — pour remplir la
promesse — qu'en un jour de tristesse, — Dieu fît dans
sa détresse, — k l'homme exilé.
Refrain. — Petit Noèl bien aimable, — nous avons
recours à vous ; — montrez-vous charitable, — ayez pitié
de nous.
Dieu plaça dans la. peine — ^dam malheureux ; — il
le lia d'une chaîne — que nous (ramons tous. — Tant
D.g.tizedbyGoOglC
que nous sommes sur (erre, — tout est peine, misère, —
le ciel es( en colère : — Jésus, sauvez-nous i
Trois i^is se rencontrèrent — dans un grand tourment,
— quand tout d'un coup ils virent — dans le firmament
— une étoile sereine, — qui (es tira de peine, qu'ils sui-
vent et qui tes mène — droit à Bethléem.
Ils trouvèrent dans l'^tabfe, — sur un peu de foin, —
un enfant tant aimable, — qui pleurait et avait froid ; —
un ange (e couvrait, — un bœuf le réchauffait; — J^ttts
les regardait, — et leur faisait du bien.
Tous trois s'agenouillèrent ~ 6ien d^otement; — et
tous trois présentèrent — chacun leur présent; — la
Vierge regardait, — doucement écoutait; — ce qu'on
disait gardait — dans son cœur content.
Bel enfant tant aimable — je voudrais embrasser —
votre berceau mis^rabie, — mais, je n'ose pas ; — mon
Ame est entachée, — le péché l'a souillée; — elle sera pu-
rifiée, — quand elle l'aura touché.
Lo terro ei &*edzo
Ce Noël, d'une poésie si douce et si tendre, est
attribué au chanoine Talin (1) par M. l'abbé Gorse (2).
Le manuscrit a été en effet trouvé parmi les docu-
ments laissés par cet éruâit ; mais nous savons aussi
que le chanoine Talin recueillait avec passion les
poésies populaires de son pays. Faut-il lui attribuer
la paternité de cette charmante pièce de vers ? rien
ne le prouve. Toujours est-il qu'elle ne parait pas
(1) Talin Léonard, ai à Corrèze le !■' mars 1825, mort à Tulle le
3 avril 1893.
(21 Gorse, Labbé L. L. TûUn, pp. 1« à U5. Tulle, 1893.
,y Google
très ancienne. Le mot foouveta (fauvette), employé
de nos jours, se disait autrefois gomada :
Lo terro ei fredzo,
Lou chiai nevedzo :
Mono sosou!...
Oouve lous anzes,
TchoQtoun louanzes
DeINodolou(l|.
Venes flouretas,
Rosas, viouletas,
Li Fa lo cour.
Dzomai lo terro
N'o vit enquèro
Pu tzantio flour.
Qu vous pintravo,
Vous emboumavo,
Quitto lou chial ;
Oouves, fleuretas,
Rosas, viouletas,
D'al me d'obrial !
Noun, noun, sur terro,
N'y or e d'enquèro,
D'omount, d'alen,
De coumparable
A nostr'estable
De Bethelem.
Plnsouns, looubetas,
Cardis, foouvetas,
Lou Nudolou,
Onne vous mando,
R vous coumando
Uno tsanchou.
Fose silence ?
Vraiment, ieou pense,
Qu'ove rojou.
So pauto ei mudo?
Noun, se remudo,
Ëchcoutes lou.
Jesu, moun fraire,
Moun petit fraire,
Qu'oves tant fre!
Si n'en chei digne,
Foae me chigne,
Venes cha me.
Oquel que douno
Aux reys : courono,
Glorio, palay,
Dins un estable,
Tant misérable,
Oti se play.
Plosera del mounde,
Ah ! ieou m'escounde
Dins sous brassons ;
Ah ! m'enchadenou
E me retenou
Bien loin de vous.
(1) Nous avons déjà fait remarquer que lo mol A^adafou (Noël) ej
souvent employé pour désigner rEoTant Jdsus lui-même.
D.g.tizedby Google
La terre est froide. — le ciel neigeux : — morte saison!
— Entendez les anges ; — ils chantent les louanges— du
Nadalou.
Venez fleurettes, — roses, violettes, — lui ^aire la cour.
— Jamais (a terre — n'a vu encore — plus belle fleur-
Celui qui vous peignait, — vous embaumait, — quitte
te ciel ; — entendez [le], fleurettes, — T^ses, violettes, —
du mois d'avril.
Celui qui donne — aux rois: couronne, — gtoire, pa-
iais, — dans une étable — bien misérable, — là se plait.
Non, non, sur terre, — il n'y arien encore, — d'amont,
d'aval, — de comparable — à notre ^tabie — de Beth-
léem.
Pinsons, alouettes, — c/iardonnerets, fauiwties, — le
Nadalou, — aujourd'hui vous mande, — et vous com-
mande — une chanson.
Vous faites siience? — Vraiment, je pense, — que vous
avez raison : — sa lèvre est muette T — Non, elle remue,
— écoutons-le.
Jésus, mon frère, — mon petit frère, ■— qui avez tant
froid ! — si j'en suis digne, — faites-moi signe, — entrez
chez moi.
Ptaisirs du monde, — ahl je m'enfonce — daTis ses
petits bras; — ah! ils m'enchaînent — et me retiennent
— bien loin de vous.
XXVI
Pastours, esooutatz tonst
Les deux Noëls qui suivent figurent dans l'ou-
vrage, déjà cité, de M. l'abbé Gorse et sont attribués
par lui au chanoine Talin :
D.g.tizedbyGoOglc
— 132 —
Pastoups, escoutatz tous !
Et rejaou visse tz vous,
Leyssatz lous agnels paysse !
N'ajatz pas paou del loup ;
Quel que jou garda tout
Ne fay re ma de naysse.
Auvetz lous angelous
Chaatar a pleina voux
Al boun mitan de l'ayre ;
Lou Sauvadour es na,
Eifaça lou pécha
De noslre proumier payre.
Davalatz tous alen,
Aaatz a Bethléem :
Ati, dins un estable,
Ti-oubareU l'efantou
Couïja dins un creschous,
Ati, bien misérable.
Lous petios renardous,
Lous quittes augèlous,
Ghadun au leur demora :
Jésus lou Nadalou,
Qu'es lou Mestre de tout,
Chaousit sa part defora.
Jésus, moun Sauvadour,
Moun Dieou, et moun amour.
Que ses vous misérable !
Mas, vostra paubreta,
Et vostre humilita
Vous fau mas pus aymable.
Ah ! que vouletz, moun Dieou ?
Que damanda de yeou
Quand venetz sur la terra ?
Sey paoubre, yeou n'ai re,
D.g.tizedby Google
Sei^our, jou sabetz be,
Couoessetz ma misera.
Ah ! se YouleU moun cor,
Prenetz lou tout d'abord,
Yeou, lou TOUS abandoune ;
Ma santa, may moun be,
Yo me reserve re,
Tout ço qu'ay jou tous doune.
Pregem Dieou de boun cor, '
Qu'ai moument de la mort,
Nous fach'à tous la grachia
D'anar eo paradis,
Kt d'esse réunis
Dabon sa Sento Facio.
Pasteurs, écoutez-tous I — Et j^ouissez-vous, — laissez
(es agneaux paître / — n'ayez pas peur du loup ; — celui
qui garde tout — vient à peine de ïiafire.
Entendez les petits &nges — chanter à pleine voix —
au bon milieu des airs : — le Sauveur nous est né, —
effaçant le péché — de notre premier père.
Descendez tous (à-bas, — allez à Bethléem : — (à, dans
une étable, — voua trouverez le petit enfant — couché
dans la. crèche, — (à, bien misérable.
Les petits rtenarde, — jusgu'aujc petits oiseaux, — cha-
cun a sa demeure ; — Jésus le Nadalou, — lui le Maître
de tout, — choisit sa part dehors.
Jésus, 6 mon Sauiseur, — mon Dieu, et mon amour, —
que vous êtes misérable I — Mais votre pauvreté, — et
votre humilité — vous font bien plus aimable.
Ahl que voulez-vous, mon Dieuf—Que demandez-
vous de moi — en «ejïant sur ia terre f — Je suis pauvre,
je n'ai rien, — Seigneur, vous le savez bien, — vous con-
naissez ma misère.
T, XX. 1 - (I
D.g.tizedby Google
- 134 -
Ahl si vous uoulez mon cœur, — prenez~lB tout d'abord,
— moi, je vous i'afcandonne ; — ma santé et mon bien, —
je ne me réserve rien, — tout ce que j'ai je vous le donne.
Prions Dieu de bon cœur, — qu'au moment de la mort,
— il nous fasse à tous la grâce — d'aller en paradh, — '
et d'être réunis — devant sa Sainte-Face.
Oval, oval, dln lo boutlquo
Oval, oval, dm lo boutiquo
Dey charpentier, queste moti,
Yeou n'auvigueyt uno musiquo
D'un angëlou dey paradis.
0 bouna, senta mayré,
Délias-nous l'efaatou ;
Es nostre petiot frayre,
Senta Vlerdzo, bayla le nous.
Mono Dieou. yo me troumpavo !
Qu'era pas d'angèlou :
Qu'era la Vierdzo que chantava
Quand bressava lou Nadalou.
Disio: lous anges vous entourou,
Jésus, aoû tous lous els sur vous ;
D'oun vel que vostrés ilous purou ?
Puro peaus homes maleyroux.
Per délia las armas esclavas,
Avez vougut d'aoûs bouraçous ;
Se lou pécha las estachava,
Soun libras dln vostrës brassous.
Là-bas, Ik-bas, dans la boutique — du charpentier, ce
D.g.tizedbyGoOglC
- 135 —
matin, — j'entendis une musique — d'un petit ange du
paradis.
Chœur. — 0 fconne, sainte mère, — déliez-nous le pe^
tit enfant ; — il est notre petit frère, — Sainte Vierge,
donnez-le noue.
Mon Dieu, je me trompais / — Ce n'était pas un petit
ange : — c'était la Vierge qui chantait — tout en berçant
le Nad&lou.
Elle disait : les anges vous entourent, — Jésus, tous
ont les yeux sur vous ; — d'où vient que vos petits yeux
pleurent t — Ils pleurent pour les hommes malheureux.
Pour délier les âmes esclaves, — tiens auez voulu de
petits langes ; — si le péché les garrottait, — elles sont
libres dans vos petits bras.
O l'entour de l'estable
 ces chants populaires qui ont dû, pendant
le moyen âge, être fort nombreux, mais que la
tradition a oubliés en partie, se sont ajoutés des
chants dictés par d'autres idées, à l'époque des
différentes guerres qui ont ensanglanté le pays. Les
Noëls, comme les chants satiriques, abondent dans
l'histoire de la vieille France, mais peu de ces chan-
sons furent véritablement populaires. Leur popula-
rité était à la cour et dans les salons, plutôt que dans
les champs ou dans la rue.
Le Noël suivant donne une idée de ce genre de
production. 11 est de Joseph-Anne Vialle (1) ; il a
(1) Joseph-Âune Vi&Ile, né à Tulle le 20 mat 1162 ; ais de Jean
Vialle, il embrassa, comme son père, la carrière du barreau. Sous
Dijiiizedb, Google
été publié d'abord par M. Louis de Nussac (1) avec
quelques variantes qui s'éloignent du texte primitif,
puis par M. Clément-Simon, qui l'a reproduit avec
l'orthographe prise sur l'original (2).
Cette pièce de vers, d'un goût contestable, se fait
remarquer par sa forme vive, son débit facile ; mais
la versification n'est pas précisément correcte. L'au-
teur fait rimer les participes avec les infinitifs, le
singulier avec le pluriel, etc.
Anne Vialle raconte à propos du mot gounelo,
qa'i figure au quatrième couplet, dans quelle cir-
constance il fut appelé à composer cette facétie :
« Quand, en 1814, LouisXVlII remonta sur le trône,
on nous disait que sa trop grande obésité ne lui
permettait pas de porter une culotte et qu'il se ser-
vait d'un jupon. II n'en fallut pas davantage, dans
un pays où on donnerait des sobriquets au bon Dieu,
pour l'appeler gounelo. Henri JV ne se fâchait pas
quand on l'appelait le Béarnais. Quoiqu'il en soit à la
Noël de 1814, dans la Société des buveurs de demi-
quart, on proposa de manger un coq et de faire un
noël. J'égayai notre société par les quatre couplets
suivants, sur l'air des anciens noëls de la cour » :
la Révolution, membre des clubs, procureur -général -syndic du dé-
partement, il se prêta aux excès de la Terreur, emprisonné après
Thermidor, il dut sa liberté à quelques-uns de ses amis dont il
avait été le complice et l'instrument, et s'adonna depuis lors à
l'étude de l'histoire et de la littérature locales. La plupart de ses
nombreux manuscrits n'ont pas éié malheureusement conservés,
et, en réalité, il n'est connu que par sa participation au Diction.
naire du paloia du fias-Limousin et par quelques pièces de poé-
sie. Il mourut le IS novembre 1833.
(1) Echo de la Corrèze, 1" an., n* 8, du mois do décembre IB9Î.
(2) Clément-Simon, Joseph Anne Vialle, poète et lexicographe
BaaLimoutin, p. 2i. Paris, 1893.
dbyGoOt^lc
— 137-
0 l'entour de l'estable
Oun Jézu ero na,
Li ovio n mounde de diable
Que l'ei vouHo entra.
José, dissel l'Efon, pren me lo barro torto,
Eïci voulen ma doûs peïsans,
De bouns bourges, doûs artisans,
F., lou reste à la porto.
Bins la foulo qu'entràvo
Li avio un ouflcié,
Un emigran poussàvo
Per loubuti darrié.
Ma l'Efon, d'un el fl, lou triet din lo troupo :
Marna, aquel n'o pas trahi
Ses pas batu per l'énémi.
Douno II de mo soupo.
Lou ligre de lo Corso (1),
Qu'o tant versa de sang,
Fai fa plasso per forço
Per soun ami Bertran.
L'Efon, s'en transit tout, creguet qae qu'er'Herodo
Que doûs télés de las marnas
Baradjavo lous nouveOs nas.
El n'avio près lo modo.
Nostre pàoure Gounélo (2)
S'en ve tout debrolha,
Fai peta so bretèlo
Quan vol s'agenoulha.
s Eh d'oun, fai sauta oquel », disset l'Efon aimable,
u Per sent Anlonhi, lous gognous,
1 José, ne sou pas to brenous.
« Torno lou dins l'estable ».
(!) Surnom donné à Napoléon I".
(2) Sobriquet donné, ainsi que nous l'avons déjà dit, b. Louia XVIIl.
Le mot gounel, gounèto, signifie jupon. On appelle de ce nom un
homme Uche, efTëminé, pour indit]uer qu'il mériterait de porter
jupon, ou qu'il est toujours entre les jupons des femmes.
dbyGoot^lc
A LA poute db l'étable
A (a porU de l'ét&ble — où Jésus éUit né, — il y avait
une foule de gens — qui voulaient entrer ; — Joseph, dit
l'Enfant, prends le bâton tordu, — ici nous ne vouions
que des paysans, — de bons bourgeois, des artisans, —
flani^e le reste à ta porte.
Parmi la foule qui entrait — il y avait un officier, —
un émigré poussait — pour te ptacer te dernier. — Mais
l'Enfant, d'un œil fin, le distingue dans la troupe: —
Maman, celui-là n'a point trahi, — il ne s'est pas battu
pour l'ennemi, — donne-tui de ma soupe.
Le tigre de la Corse — qui a tant uers^ de sang, — fait
faire une place par force — auec son ami Bertrand. —
L'Enfant en fut tout transi ; il crut que c'était Hérode—
qui des seins de leurs mamans — arrachait (es nouveaux-
nés. — Il en avait l'habitude.
Notre pauure Gounel — s'en vient tout débraillé, — il
fait casser ses breteiles — quand il veut s'agenouilter. —
■ Et d'où sort celui ci », dit l'Enfant aimable, — ■ par
saint Antoine, les pourceaux, — Joseph, ne sont pas aussi
dégoûtants. — Ramène-te dans l'éiable ».
XXX
Lou Velboulet t
Nous ajouterons, à la série des Noëls limousins
qu'il nous a été possible de recueillir, deux des
compositions de ce genre de M. le chanoine Joseph
Roux. Bien que ces Noëls soient récents, ils se font
remarquer par une ampleur de style qui caractérise
les œuvres de notre félibre majorai ; l'un d'eux, le
second, a remporté le prix au concours du cente-
D.g.tizedby Google
naire de Saboly, à Apt, en 1875. L'orthographe de
ces deux poésies est conforme aux règles adoptées
dans la Grammaire limousine (1) que l'auteur
vient de publier.
i
Giral
0 Fraires, fraires, couchem nous !
Ralumem nostres blandous !
Coissi fai nègre, defora !..
Nadal ne torna souvent;
Giala trop, e tira un vent
Qui trancha coum'una fora ! »
2
L'Aujol
a Planh te, Giral, îas del biai !
Un routai de fuec, alai,
Segur, alaî nous apela ;
Troubarem gei e sujourn.
Quan lou Jhësu. nueg e journ,
Tremola dinz sa chapela ! »
3
Aîtal dizia lou drouUet,
L'aujol aital razounava.,.
Ab tan, la soucha flambava,
La soucha del Velhoulet !
4
Guinot
« Fraires, fraires, teinem nous !
Quitem viste nostres soucs ;
Viste boutem nous a taula !
Nou me senti boun efan :
Ai una set, una fam
Qui me copon la paraula ! «
(1) Joseph Roux, Gi
D.g.tizedbyGoOglc
_ 140 —
5
L'Aujol
( Planh te, Guinot, ias del biai !
Una toalha blancha, alai,
Segur, alai nous apela ;
Troubarem gei e sujourn,
Quan lou Jhèsu, nueg et joura,
Ëstauvia dinz sa chapela ! »
6
Ait al dizia lou drouUet,
L'aujol aital razounava ;
Ab tan, la soupa fumara,
La Boupa del Velhoulet !
7
Guilhem
« Praires, fraires, preissem nous !
Pausem vestas e vestous !
D'anar jaire es mais que l'oura ;
Passar drech touta la nueg !...
Serai pla troumpat, s'anueg,
S'anueg me levé d'aboura '. n
8
L'Aujol
a Planh te, Guilhem, ias del biai!
Una doubla coustia, alai,
Segur, alai nous apela ;
Troubarem gei e sujourn,
Quan lou Jhèsu, nuegejourn,
Tregita dïnz sa chapela ! n
g
Aital diïia lou droullet ;
L'aujol aital razounava...
Ab lan, l'adiu-slatz sounava,
L'adiu-siatz del Velhoulet !
D.g.tizedby Google
Le Réveillon
1. — « Gérald. — Frères, frères, hâtons-nous! — rallu-
mons no» brandons / — qu'il f&it noir, dehors!... — Noël
ne revient qu'uTie fois l'an... — Il gèle trop fort, et il
souffle un vent — qui perce comme un foret ! «
2. — L'Aïeul. — « Plains-toi, GéraXà, tu as bonne
gr&ce ! — t/n grand feu Ik-bas — pour sûr, là-bas nous
appelle. — JVous trouverons joie et soulagement, — tan-
dis que J^sus nuit et jour — frissonne dans sa chapelle/»
3. — ^insi disait le garçonnet; — l'ateul raisonnait
ainsi... — Cependant la bûche flambait, — la bûche du
Réveillon l
4. — Guinot. — « Frères, frères, dépêchons-noua ! —
ôtons vite nos sabots / — vite mettons-nous à table / — Je
ne me sens pas bon enfant... — J'ai UTie soif, une faim
— qui me coupent ta parote / »
5. — L'Aïeul. — « Plains-toi, Guinot, tu as bonne
grâce ! — Une nappe blanche lA-bas — pour sûr là-bas
nous appelle ; — nous Irou«erons joie et soulagement —
lorsque Jésus nuit et jour — manque dans sa chapelle! »
6. — ^irtsi disait te garçonnet, — l'aïeul raisonnait
aÎTisi ; — néanmoins (a soupe fumait, — (a soupe du
Réveillon/
7. — Guillaume. — « Frères, frères, pressons-nous t —
posons vestes et vestons ' — /( est plus que l'heure de
s'aller coucher I — Passer toute la nuit debout i — Je
serai bien déçu si aujourd'hui, — si aujourd'hui je me
lève de bonne heure ' >
8. — L'Aïeul. — « Plains-toi, Guillaume, tu as bonne
grâce! ~ Une double couette là-bas, — pour sûr là-bas
nous appelle ; — nous trouverons j'oie et soulagement, —
lorsque Jésus nuit et jour — s'agite dans sa chapelle ' »
3. — Ainsi disait le garçonnet ; — l'aïeul raisonnait
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ainsi ; — cependant l'Adieu sonnait.
Réveillon.
XXXI
La Messa ohauda i»
1
la mais de mila ans anueg
Drolles, que dinz un estable,
Sus lou cop de mielja-nueg,
Nasquet lou Dieus adourable.
la mais de mila ans anueg !
2
Un bouci de petassou,
Vezaqui, drolles, quai era
Soun malhnt, soun bourassou:
L'amassariatz de per terra
Un bouci de petassou ?
3
Lou qui nous reschaura touz,
Avia freg a sas manotas ;
Ges de Euec, ges de mitous,
Per las li tener chaudotas,
Lou qui nous reschaura toui !
4
Ailas ! touz loua venz del cial
Brudissian dinz la caverna,
Sens courtinas, sens chapial,
Per aparar qu gouverna,
Ailas ! touz lous venz del cial !
D.g.tizedby Google
— 143 —
5
El, l'autour de nostra fe,
El, lou reis de las estialas,
Auïet couija sus del fe,
Jous un plarouns d'arantialas,
El, l'autour de nostra te !
Qu dons l'aîgua, avia set ;
Vezia re.qu luma l'auba ;
E noun avia de chas se,
Qu ciala la paur'a lauba 1
Qu dona l'aigua, aria set 1
7
L'ofrenda de nostre cor,
Mais que mais apieda, enchanta
Lou que l'Ange, amount, en cor,
Lauva, beneizis e chanta I
L'ofrenda de nostre cor 1
La Messe CMAnDE
J. — /( y a plus de mille ans, aujourd'hui, — enfants,
que dans une étable, — sur le coup de minuit, — naquit
le Dieu ador&ble. — Il y & plus de mille ans, aujour-
d'hui !
2. — Un lambeau de chiffon, — voilk, enfants, quels
étaient — son maillot, ses fanges ; — l'amasseriez-vous à
(eire, — un lambeau de chiffon f
3. — Celui qui nous réchauffe tous, — a froid à ses pe-
tites mains. — Poinf de feu, point de mitaines, — pour
les tenir chaudes. — Celui qui nous réchauffe tous ■'
fi. — Hélas ! tous les vents du ciel — bruissaient dans
la caverne, — sans courtine, sans pignon, — pour ga-
rantir celui qui gouverne. — Hélas ! tous les vents du
ciel !
5. — Lui, l'auteur de notre foi, — lui, le roi des astres.
D.g.tizedbyGoOglc
- 144 -
— il osa coucher sur du foin, — sous un plafond de toile
d'araignée, — lui, l'autour de noire foi !
6. — Celui qui donne l'eau avait soif. — 71 ne voyait
rien celui qui allume {'aube ; — et il n'auait pas de chez
soi, — celui qui abrite la pauvre a/oue((e.' — Celui qui
donne l'eau avait soif-'
7. — L'offrande de notre cœur, — plus que tout apaise,
enchante — celui que l'Ange en chœur, là-haut, — loue,
bénit et chante ! — L'offrande de notre cœur.
xxxu
La Bressalra
NAUALET
Nous terminerons notre Recueil des Noëls du'
Biis-Limousin par wree Berceuse que l'auteur ,
M'" Marguerite Genès, a bien voulu nous donner
l'autorisation de reproduire. La musique est de
M"* la baronne Le Clère.
Nous ne ferons pas ressortir tous les mérites
de cette pièce de vers. M"* Marguerite Gênés ayant
apporté à notre travail un concours qui nous a été
des plus précieux, nos éloges pourraient paraître
intéressés . Mais le lecteur saura vite apprécier
toutes les qualités de cette ravissante poésie :
A MiiUm* Is barouDB le Clere.
1
Daus reis matges qui s'entournaven
Josep sarrava lous prczens,
Ë la mirra, l'aur e l'essens
L'ablauvissian e l'estounaven.
Assetada permet lou fe
La Vierge d'aquel temps bressava
D.g.tizedby Google
- 145-
Soun fllh e tout bas li chantava,
En lou sari-an sus soun tele :
" Nai, nai, duer, duer, divin meioatge ;
■ Per coumensar ta mcssiu pertneî nous,
K Chai que daus eraos de toun atge
s Sias lou pus savi, lou pus douz a.
2
Quala maire fiera e channada
Davans lou bressou de soun âlh,
Tout ensems n'espéra per ilh
Una glourîousa destinada
E ne tremoula sus soun sort ?
La Senta Vierge aital raibava,
Quar pus tendramen murmurara,
En sarran l'efan Dieu pus fort :
1 Nai, nai, duer, duer, divin meinatge ;
n Per coumensar ta messiu permei nous,
1 Chai que daus efans de toun atge
a Sias lou pus savi, lou pus douz n.
3
Pensiva, esmouguda coum'ila,
'Na blancba troupa d'angelous
Al founs de l'oustal miraclous
Ëra demourada inmoubila ;
Mas can, jous sous reguaitz charmatz,
Lou menet, barran sa pelouna.
Al soumelh taleu s'abandonna, ,
La troupa, a soun toum, dis tout bas :
« Nai, nai, duert lou divin meinatge ;
« Per coumensar sa messiu permei vous,
< De toutz tous efans de soun atge
i Es lou pus savi, lou pus douz ».
La. Berceuse
Noël
A Maâamt la haronnt U Clirt,
i. — Des rois mages, qui s'en reoenaienl, — saint
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- 146-
Joseph rangeait les présents, — et la myrrhe, l'or et l'en-
cens — ^'éblouissaient et l'étonnaient. — assise parmi le
foin, — la Vierge pendant ce temps berçait — son fils et
tout bas lui chantait — en le pressant sur son sein :
a Dors, dors, divin enfant; — pour commencer ta
mission parmi nous, — iu dois des enfants de ton âge —
être le plus sage, le plus doux n.
2. — Quelle mère ^ère et charmée — devant le berceau
de son fils, — n'espère tout à lu fois pour lui — une glo-
rieuse destinée — et ne tremble sur son sortt — ^insi
rêvait la sainte Vierge, — car elle murmurait plus ten-
drement, — en seTrant l'enfant Dieu plus fort :
« Dors, dors, divin enfant; — pour commencer ta
mission parmi nous, — tu dois des enfants de ton âge —
être le plus sage, le plus doux n.
3. — Emue et pensive comme elle, — une blanche
troupe d'anges, — au fond de la miraculeuse demeure —
s'était tenue immobile ; — mais quand, sous ses regards
charmés, — le nourrisson fermant ses paupières —
s'abandonne aussitdl au sommeil, — la troupe, à son
tour, dit tout bas :
a II dort, il dort, le divin enfant ; — pour commencer
sa mission parmi vous, — de tous (es enfants de son âge,
— il est le plus sage, le plus doux o.
ADDENDA
Nous donnons ici la notation musicale de deux
Noëls, qui nous a été envoyée au moment où
s'achevait l'impression de notre Recueil.
La première est due à M. Garrigue, artiste de
l'Opéra; la seconde à M"" la baronne Le Clère.
L'une concerne le Noël numéroté V : L'aoutre
dzour ei pé d'Estsalas. Ce Noël peut se chanter
D.g.tizedby Google
soit à un mouvement assez ^if, soit plus lente-
ment; de cette façon il a plus de douceur et
ressemble moins à une phrase de quadrille. L'autre
se rapporte au chant qui figure sous le numéro XII :
L'autre joum que m'en anavi.
L'aoutre dzour ei pé d'Estsalas
Y'a0U.-Dic. (l^iiuji. lî. fù. d' E*t -ta.-\at tit-ion quaMi-i^uW fhjt-tbu.'
rltotM. 3uaind,tMtt d'iifvt corv ^ tu-'OuK d.'wn ^iaiiii.lt liùl-tafll u-ftol'U.
■rtout ■ 0- |is -IL — >ju^ bCùih toXrU. ^ «t «oufl »wn-pllC fl^ ^10- un*»..
XII
L'autre Journ que m'en anavi
m.vni Vtiit.in vMi^ia. JÎa. ate.ua. 9tt xn. Jti-- _ tcL^ *!. t«-'
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., V_il,KnilL'
Note supplémentaire
Au Puy-d'Ussolud (Uxellodunum)
J'aime que l'on critique mes œuvres. C'est mon
goût.
Sunt quos cumculo collegisse juvat
Pulverem Olympicum
Maxime d'Horace, que le vulgaire traduit par
celle-ci : « Des goûts et des couleurs il ne faut pas
discuter s.
J'aime donc la critique et j'aime aussi à y ré-
pondre.
Dans mon étude sur la fouille d'un tumuliis
gaulois au Puy-d'Ussolud (Uxellodunum), j'ai dit,
d'après les Maténaux pour sei'vir à l'histoire
de l'homme, que des vases recueillis dans le turnu-
lus de la Rebeyrie, commune de Troche (Corrèze),
ont été donnés à M. Philibert Lalande.
Mon éminent confrère proteste ; j'ai mal lu, pa-
ralt-il. Gène sont pas des vases entiers, qu'il fallait
lire, pas même des vases plus ou moins ébrèchés,
mais seulement a quelques fragments de vases, ce
T. IX. 1-10
ire. ., Google
- 150-
» qui n'est pas la même chose. Ces tessons, continue
» M. Philibert Lalande (1). se trouvent encore dans
» une de mes vitrines, au nombre de quatre. En
s 1869, c'est-à-dire trois ans après la publication de
» la note que vous avez citée^ je me rendais à pied
» de Lnbersac à Brive en passant par Troche. Je
» me fis indiquer remplacement du tumulua et
» j'y recueillis un cinquième tesson semblable aux
» autres. Puis, ayant appris qu'un vase intact avait
j> été donné à une personne du bourg, dont j'ai ou-
» blié le nom, je me rendis chez cette personne et
» demandai à voir l'objet, qui me fut obligeam-
» ment montré.
» Ne sachant pas dessiner, je n'ai pu malheu-
» reusement en prendre un croquis ; mais autant
» que je puis me le rappeler {car ce que je vous dis
» là est inédit), au lieu d'être en terre rougeâtre
» comme le tesson que je venais de recueillir et
B ceux que je possédais déjà, ce petit vase est en
» terre noire, comme certains vases gaulois et
» mérovingiens provenant des fouilles de Garanda
» et qui sont au Musée de Brive, grâce à la libéralité
» de M. Frédéric Moreaa père. On peut encore le
» comparer à un petit vase donné au dit Musée par
» M. l'abbé Pau, comme provenant d'un tumulus
» de l'arrondissement d'Ussel, au lieu dit Comecul
» (le lieu dit, tout au moins, est très gaulois).
B Aux tumulus CorrézienSj que vous citez à
» propos des tumulus Alaisiens, il y a lieu
(1) Lettre de M. Philibert Lalande à M. Bi&l, en date du 7 n
vembre 1897.
D.g.tizedby Google
- 151 -
» d'ajouter ceux qui avoisinent les dolmens du Pay
» de la Païen et du Puy de la Chassagne, sur les
j> Causses de la commune de Saint -Sernîn-de-
» Larche(l).Tousont fourni desossements humains,
» quelques-uns des tessons de poterie noirâtre^ Traie
» poterie du premier âge du fer.
» Le iumulus voisin du dolmen de lu Païen (ce
» tertre est plus étendu que les tumulus qui avoisi-
9 nent le dolmen de la Chassagne) nous a fourni
» six anneaux en bronze (2) passés par groupes de
» trois aux tibias de ce qui restait du mort : en eftet,
» la partie supérieure du corps avait été incinérée
» et les cendres gisaient avec les fragments d'un
j> assez grand vase pansu auquel un autre petit
» vase en terre noire assez fme avait fait office
» d'opercule. Vous savez que dans un tiers environ
. » des tombes de Hallstatt (premier âge du fer), on
» a constaté l'incinération partielle des corps.
B II y aurait encore à citer :
9 1' Un tumulus dans la commune d'Alvignac
» (Loi), oi!i MM. Ëlie Massénat et Rupin ont trouvé
» une belle épée en bronze, du premier âge du fer,
» comme les anneaux en bronze du Puy de la Païen,
» avec la bouterolle du fourreau, et de la poterie ;
» 3" Un tumulus dans le voisinage de Souillac
» (Lot), oij M. Rupin a trouvé un curieux bracelet
» en fer, du type hallstattien le plus pur, avec des
» ornements et (je crois) de la poterie.
(1) Note de H. Philibert L&lande dans les Matériaux, etc., an-
Ddes ISTO-Tl).
(3) Fouille de HH. Ëlie Hassânat et Philibert Lalsnde, du 18
février 1B70.
D.g.tizedby Google
— 152 -
» L'épée a été vendue. Mais le Musée de Brive
j> en posséda un moulage ainsi que le moulage de
x> la bouteroUe.
» Le bracelet en fer est déposé au Musée de
» Brive ».
Voilà certes une rectification présentant des dé-
tails pleins d'intérêt. Félix culpâ / s'écrie saint
Augustin au sujet de la faute d'Adam et d'Eve ; je
renvoie au saint et illustre évêque d'Hippone pour
avoir l'explication de son étrange exclamation.
Je pousse aussi la même interjection : Felixculpâl
et je dis pourquoi. Si je n'avais pas pris des notes
incomplètes dans les Matériaux pour servir à
l'kiatoire de l'homme, je ne me serais pas attiré
la mercuriale ct-dessus, et c'eiU été grand dora-
mage pour les lecteurs du Bulletin de la Société
archéologique de Brive.
Toulouse, le 15 décembre 1891.
Paul BiAL.
D.g.tizedbyGoOglC
Bibliographie et Iconographie Limonsines
JEAN-HENRI MELON
Pai une conférence faite à la Ruche Corrézienne
de Paris, et par deux mémoires pleins d'intérêt,
M. Alphonse Rebière, examinateur à Saint-Cyr, s'est
attaché à la mémoire de deux membres d'une
célèbre famille tulliste, Jean-François Melon, l'éco-
nomiste, et Jean-Henri Melon, son fils, diplomate
et colonisateur.
Jean-Henri Melon, dont nous reproduisons le
portrait, était né en 1731, avait débuté dans les
bureaux de la Régie, puis étaitentré dans la diploma*
tie. Successivement secrétaire d'ambassade à Rome,
puis envoyé à Parme, à Liège et en Allemagne, il
termina sa carrière en qualité de commissaire du
roi, aux Iles de France et de Bourbon, pour l'ex-
tinction du papier monnaie.
A Bourbon, il s'établit comme colon, cultiva les
épices, les traita en heureux commerçant, en éco-
nomiste éclairé et les étudia en observateur savant.
On lui doit la vulgarisation de la gomme élastique,
du riz et des girofles. Il préconisa l'occupation de
Madagascar, déplora l'abandon des Indes et signala
les richesses de l'Abyssinie.
Rentré en France avec une certaine fortune, il
,y Google
— 154 -
mourut à Paris en 17^3. Gomme son père, ami des
philosophes formés à l'école de Voltaire, il était un
'lettré et un écrivain qui laissa plusieurs écrits et une
assez importante correspondance.
C'est l'analyse de ses lettres, avec quelques extraits
assez curieux, son testament et quelques lignes
sommaires de biographie que publie M. Rebière.
Selon la méthode de cet érudit, les faits sont pro-
duits sans être fondus dans des phrases, mais le
caractère fruste d'un tel procédé est compensé par
une précision unie à beaucoup de sincérité. Pour la
,ï Google
conférence» évidemment, tous les détails ont dû
prendre une autre vie dans la bouche du narrateur,
qui est un chaud Limousin.
Le portrait, qu'il nous prête pour illustrer ces
quelques lignes, est fait d'après une peinture non
signée, conservée au château de Letz (Puy-de-Dôme).
M. Rebière le décrit ainsi : « Henri Melon est repré-
senté de trois quarts assis dans un fauteuil, en
buste, sans les mains. — Justaucorps rouge brique
à broderies dorées, jabot de dentelle, le cordon bleu
de Saint-Louis en sautoir. — Front développé,
cheveux poudrés, teint coloré, yeux gris bleu, dou-
ble menton. — Air calme et bon^ dignité mêlée de
bonhomie. — 11 s'agit visiblement d'un contempo-
rain de Louis XVI ».
DOM JE.\N BIREL
Birel s'ublidet prou per que degun Voblide.
« Birel s'oublia assez pour que personne ne l'ou-
blie. » Ce vers de Joseph Roux est de mise ici, au
moment où le groupe félibréen du canton de Seilhac,
— l'École Jean Birel, — se propose d'ériger un
monument à Chamboulive (1), en mémoire du
trop modeste général de Chartreuse qui refusa la
tiare.
Pour accompagner le profil chématique de ce
(1) CheMieu d'une commune imporlaule de IVrondissemcnt de
Tulle (Corrèze).
D.g.tizedby Google
- 158 -
personnage, il nous siifTua de donner une précise
chronologie de sa vie, et l'on verra quels sont ses
titres a. l'honneur qui lui sera enfin rendu.
Joannes Direllus, ou Birelius, Jean Birel, est
sûrement né en Limousin et très probablement à
Gbamboulive, ainsi qu'il l'indiquait par sa signa-
ture : Joannes Cambolivensi» (1). Avant son en-
trée en religion, c'était un Maître célèbre qui
enseignait à Limoges, sans doute comme Docteur
en décrets (2).
En 1338, ayant déjà un certain âge, il entra à
la Chartreuse de Glandier, et fut admis à la pro-
fession par le Chapitra général de l'Ordre, avant
la fin de l'année de probation, en considération
de a sa vertu éminente et des preuves surabon-
dantes de sa vocation » (3). L'année suivante on le
nomma vicaire ou sous-prieur de notre Chartreuse
limousine.
Il était en 1344 prieur de Glandier, lorsque le
Chapitre général l'envoya comme prieur à Bon-
nefoy-en-Vivarais, et il n'avait que sept ans de
profession que l'Oi'dre l'élisait pour son général.
Alors son influence fut souveraine. Confesseur et
ami d'Amédée Yl, comte de Savoie, Dom Birel lui
imposa de rudes pénitences, et lui prédit même
contre tout espoir la naissance d'un héritier. — Inti-
mement lié avec Humbert 11, dernier dauphin du
(1) D'après un acte de 1339, signalé p. S! de Lu Chartreuse de
N.-D. de Glandier, par Dom Boutrais.
I2) C'est ce qui a porte un certain nombre d'historiens à dire
qu'il était né k Limoges.
(3) Carte du Chapitre général.
D.g.tizedby Google
Viennois, il l'encouragea à se faire religieux, lui
conseilla la règle de Saint- Demi nique; en renon-
çant au monde, le prince céda ses biens à la
France; ainsi Jean Birel eut sa part dans l'acte
qui réunit le Dauphiné à notre pays.
DoH BiBEL. ie CfaamlnuliTe. — Pris dsiiB ud thm lahleau sur cuiTr« et publié
dans U Char-lrinit de Glandttr par Dam Cyprlen Bouinle. — Communiiguè
par la i;p. cariuatenne N.-D.-d«B-l rïs, t Mooireul1-sur-M«r.
Ami et correspondant de Pétrarque, celui-ci lui
dédia un Traité stir les avantages de la soli-
tude, et le prieur-général lui demanda un Traité
sur la dignité de l'homme. — En relations avec
un célèbre légiste du temps, le docteur Pontius,
qui faisait sous sa direction des retraites à la Char-
treuse, l'ancien docteur de Limoges fut cité par
D.g.tizedby Google
— 158 —
celui-ci comme autorité juridique, devant la Cour
romaine et le Souverain- Pontife.
En i352, candidat choisi par la majorité des car-
dinaux pour succéder à Clément VI, son compa-
triote, il refuse par humilité la tiare qu'on lui
offre et fait dissuader ses partisans par son ami,
le cardinal Antoine de Taleyrand-Périgord. Il re-
pousse également la pourpre que lui propose un
autre Limousin élu à sa place, son admirateur
Innocent VI; mais en revanche, en 1339, il écrit
une sorte d'encyclique sur le Tiicénaire accordé
exceptionnellement au cardinal de Taleyrand.
Enfin, le (i janvier 1361, il meurt en odeiu' de
sainteté : deuil profond aussi bien en Limousin
qu'à la Chartreuse ; ici et là ses habits sont gardés
comme des reliques. Innocent VI s'écrie qu'il perd
a le plus saint des religieux et le prêtre le plus
parfait qui fut dans l'Église ». Et à sa propre mort,
ce pape souhaite de mourir avec une âme aussi
tranquille que celle de Jean Birel.
Le vieux Calendarium de Glandier consacre sa
mémoire par le titre de bienheureux a Beatus
Birellus » ; le martyrologe d'Usuard , Dorlandas
et de Sau^say, historiens de l'Ordre, le consi-
dèrent comme un saint, et même des miracles
lui sont attribués par Dom Pierre Sutor. {De Viia
Cartusiana, p. 52.) Des tableaux et des gravures
le représentent nimbé d'auréole. Sa vie a inspiré
un des plus tteaux chapitres à Dom Boutrais dans
la Chartreuse de Glandier, qui nous a servi pour
cette notice, et son acte de renonciation à la Pa-
pauté fait l'objet d'un poèmej superbe d'envolée,
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qui vient de paraltie : Dom Biret, par Joseph
Roux (1). D'après celte dernière version poétique,
c'est Pétrarque lui-même, l'ancien secrétaire de
Clément VI, qui serait allé, de la part de Taleyrand,
à la Grande- Chartreuse décider Birel, et le prieur
aurait renoncé au suprême pontificat pour racheter
la faute d'un compatriote, Maurice Burdin (2), qui,
lui, par ambition, était devenu anti-pape. On ne
pouvait mieux idéaliser une page glorieuse de l'his-
toire des Limousins, et préparer par une telle jon-
chée de lauriers la voie au futur monument de
Chamboulive.
Louis DE NUSSAG.
fi) Lemouzi de décembre 1897.
(!) Originaire de Viozelange, commuDS d'Eïburie, liniilrophe de
Chamboulive. Des f&milles de ce village ont encore conservé le
nom de Burdin, sous la forme diminutive de Burdinel.
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GOUACHE DU XVIP SIÈCLE
Tableau de profession de reuqion de i Marie-
GuiONNE DE GOURDON DE VaILLAC , PRIEURE
d'Espagnac, en Quercy, puis des Filles-Dieu
DE Rouen s m.
Ce document curieux, de la fin du xvii* siècle, est inti-
tulé 0 Anagrame d. C'est une feuille de vélin portant ce
titre , accompagné d'autres inscriptions en lettres d'or^
dues au talent d'un habile calligraphe.
A l'aide d'une ingénieuse transposition des lettres for-
mant les prénoms et nom de s Marie-Guionne de Gourdon
de Vaillac », on a obtenu, en substituant la lettre q au g
et la lettre 1 à un e, l'anagramme suivant :
Je (sic) donné mon cœur
A Dieu qui l'a gardé.
Au-dessous est peinte une gouache fine et délicate, re-
présentant un parterre de brodeiie, au centre duquel se
trouve un bassin circulaire avec jet d'eau ; deux cygnes y
prennent leurs ébats ; de chaque côté du parterre sont
alignés trois orangers dans leurs caisses.
A l'horizon, un cœur de pourpre occupe le centre de la
composition ; il se détache sur un ciel d'azur sillonné de
nuées.
Le premier plan est occupé par deux groupes de per-
sonnages. Celui de gauche représente un gentilhomme de
(1) Communication de H. Alfred Leroux, archiviste de la Haute*
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— 162 -
profil à droite, un mouchoir k la main ; il est vêtu de
rouge, porte l'épée et tient sous son bras son chapeau noir
garni de plumes blanches ; près de lui et vue de face, une
dame lui adresse la parole ; deux autres dames complètent
au second plan ce groupe surmonté de la légende :
« /( fait charmant s'en approcher »,
inscrite dans la direction du cœur.
Ces quatre personnes me paraissent représenter les pa-
rents et deux des sœurs de M"* de Vaillac.
Le groupe de droite ne se compose que de trois person-
nes. En avant, un gentilhomme, tourné vers ta gauche,
vêtu d'un habit bleu garni de passements d'or, dans la
même attitude que celui du groupe précédent ; à sa droite
et vue de face, sa femme, suivie par un jeune nègre, coiffé
d'un turban, qui porte la queue de sa robe. Au-dessus se
lit la légende :
1 Lepltisprès n'y scsturoit toucher ».
En effet, ils désignent tous les deux du doigt un jeune
seigneur, leur Sis sans doute, poursuivant de >M"* de Vail-
lac, mais dont il n'aura pas réussi à Loucher le cœur, puis-
qu'elle fuit à son approche. Elle y aurait même renoncé,
si l'on s'en rapporte au quatrain ci-dessous, qui occupe le
bas de la composition :
Ce cœur, pour qui le monde est fait.
N'est pas pour le monde de même :
Dieu l'a vu si beau, si parfait.
Qu'il l'a réservé pour lui-même.
En effet, M"* de Vaillac était l'onzième et dernier enfant
de Jean-Paul Ricard de Gourdon de Genouillac, comte de
Vaillac, baron de Montferrand, premier baron de Guyenne,
chevalier des Ordres en 1661, et de Marie-Félice de Voi-
sins, sa première femme.
D'abord prieure à Ëspagnac (1), en Quercy, elle fut
(1) Eapagnac, aujourd'hui commune de Sainte-Bulalie, cauton de
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— 163 -
pourvue, le 16 février 1691, du prieuré des religieuses
chanoinesses de SaÎQt-Augustin, ou Pilles-Dieu de Rouen,
vacant par le décès de sœur Angélique Demoulins. Elle
fut installée par le vicaire-général Clément, le 39 octobre
de la même année et mourut en 1707 ou 1708.
Elle portait pour armes : Ecartelé aux 1 et 'i, d'azur à 3
étoiles d'or en pal, qui est Genouillac, aux 2 et 3, bandé
d'or et de gueules de 6 pièces, qui est Ricard de Gourdon.
Son père, ami du duc de Saint-Simon, père de l'auteur
des mémoires, laissa, au dire de ce dernier, » d'une Voi-
sins une quantité d'enfants, tous mal établis ».
Marie-Guionne, la dernière de cette nombreuse lignée,
confirme cette assertion en tant que prieure des Filles-
Dieu de Rouen, monastère de peu de revenu.
(Bulletin de la Commission des Antiquités de l&
Seine-Inférieure. T.X, 1894-96, pp. 432-33-34).
Livernon. avait jadis un couvent imporlant de chanoinesses régu-
lières de Sainl-Auguïtin, (ûadé au iiu* siècle, par Evmeric d'Hâ-
brard de SaintSulpice, évfique de Goimbre, en Portugal. Ce
monastère, connu sous Is nom de Val de Paradis d'Espagnac,
renfermait, quelques années avant la Uéfulutioa de 1739. il reli*
gieusea qui se livraient à l'éducation des jeunes filles de la contrée.
(Combaricu, Diction, des comm. du Lot, verbo Saintb-Eulalib).
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L,ES
M. Ernest Rupin, qui a publié avec tant de vail-
lance VŒuvre de Limoges, y a reproduit et décrit
un certain nombre de crucifix, en émail champlevé,
fabriqués au xui' siècle dans la ville qui avait alors
cette spécialité. L'ouvrage, unique en son genre,
est devenu vite classique et tous ceux qui traitent
la matière sentent le besoin d'y recourir et de le
citer.
Grâce au Bulletin que dirige mon docte ami, on
peut faire mieux encore : c'est de l'aider à le com-
pléter, chaque fois que l'occasion s'en présente,
quand de nouveaux monuments sont découverts. Je
m'en suis fait un devoir depuis longtemps et j'engage
volontiers les collectionneurs à agir de même. La
science est le résultat d'observations accumulées.
L'histoire du Crucifix n'a été encore qu'esquissée
dans ses grandes lignes. Pour l'écrire définitivement,
il faudrait multiplier les études de détail. A titre
de renseignements d'une certaine importance, sur-
tout depuis que l'un d'eux a été exhibé à Brive, je ,
vais publier les deux beaux crucifix émaillés, qui
sont à Àngoulême dans les collections de Boffignac
et Biais. J'en dois la photographie à M. George,
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qui les a reproduits <t un peu moins de demi'-
grandeur naturelle ».
I
Le premier crucifix (N" 1) a été trouvé en terre,
sur la propriété de M. d'Auteviile, au mois de no-
vembre 1896 ; il fait partie du Trésor de Cherves,
ainsi dénommé du lieu de l'invention, dans le
département de la Charente et appartient à M. le
comte de Roffignac, à Angoulême.
Ses dimensions sont trente-quatre centimètres
pour la hauteur, cinq pour la largeur et vingt-un
pour le croisillon.
La pièce est moins bien conservée que les autres ;
de fortes éraillures ont attaqué l'émail au corps et
au vêtement du Christ. De plus, les extrémités,
pièces de rapport, manquent complètement. L'ob-
servation se fait immédiatement, car la bordure
d'émail est brusquement interrompue et, au croi-
sillon, se balancent deux encensoirs, sans les anges
qui devaient en faire usage. Je suppose que ces
extrémités étaient pattées, suivant un type commun,
de manière à donner place aujt esprits célestes.
La plaque de cuivre a été étampèe au pourtour,
pour faciliter l'affîxionsur le bois au moyen de clous
qui, originairement, furent en cuivre; ultérieure-
ment, quatre ont été maladroitement remplacés
par du fer qui, en s'oiydant, a notablement endom*
mage la croix.
Le centre est renforcé en ovale, ce qui forme
comme une auréole à la partie supérieure du corps.
dbyGoot^lc
Les courbes sont plus élégantes que le carré tradi-
tionnel et dénotent un progrès dans le goût.
N- 1
Crucifix bm iiti-ii. chahplbt^, du Tbésoh db Chbbves,
ippirieniDi 1 H. le comie de Roffiqnac, ■ Anitaulêmc (iiil> siècls) .
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- 168-
Le titre occupe le sommet^ Les deux monogram-
mes IHS XP-S, ressortant en or pointillé sur deux
bandes d'émail gros bleu : le sigle d'abréviation, au
lieu de surmonter les lettres, est descendu à mi-
hauteur ; pour le premier, au-dessus de la traverse
de H, et pour le second, enti-e P et S.
Le nimbe, qui incline à droite avec la tête, est
de deux nuances : turquoise pour le fond, agrémenté
de gemmes en réserve, et bleu foncé pour la croix
pattée qui le traverse (1).
Le corps tout entier est en émail blanc (2), avec
réserves dorées et pointillées, pour dessiner les con-
tours et les formes anatomiques, muscles et côtes:
le torse surtout est ostéologiquement détaillé.
La tète penche, car la mort est arrivée, ce qu'in-
diquent les yeux fermés. La barbe courte et les che-
(1) Ce nimbe ou diadème, comme on disait au moyen ftge, aplus
ordinairement sa croix teinte en rouge, couleur du sang versé.
' Une croix, d'argent dore, en laquelle a un cruciftlz et ou miliea a
une croix esmaiillée de roge en manière d'un diadème e {Inv. du
duc de Berry, 1401, n* 736). Le rouge se référant à l'humanité, le
bleu symboliserait ta divinité du Sauveur, suivant la belle exprès*
sion de saint Thomas d'Aquin, dans l'Adoro le : * In cruce latebat
solaDeilasu.
(3) • Item, une croix d'or..., où il a un crucifl ou milieu, esmaillé
de blanc. Une croix d'or, appellée la Croix d'Orlêani, en laquelle a
un crucifllx esmaillé de blanc » {/no. du duc de Berry, 1401, n" 27,
657).— « Une croix d'or, en laquelle a un crucifix esmaillé de blanc»
{!bid., 1413, n' 1089).
Le Bréviaire de Saint-Georges de Prague, au xin* siècle, dans
l'office de la Couronne d'épines, au I" répons du 3* nocturne {Dre-
ves, Anat. ftymn.pXXIV, 36), observe que le corps du Gruciflé
ressort en blanc de neige sur une croix empourprée :
« Sub décore fulget purpureo
Corpus, nilens candore niveo >.
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veux longs sont rouges (1), entremêlés de filets dorés
qui en distinguent les mèches.
Les bras, quoique bien tendus, fléchissent aux
coudes sous le poids du corps.
Le jupon est d'un bleu intense : il descend en plis
gracieux des hanches aux genoux et est maintenu
par un passement turquoise, pointé de jaune, qui se
noue au côté gauche.
Les pieds, percés de deux clous dorés, comme aux
mains, se rejoignent par les talons et, légèrement
évasés, reposent sur une large tablette^ fixée aussi
par un clou d'or et dont le champ turquoise est
parsemé de points rouges.
Aux extrémités du croisillon apparaissent deux
encensoirs ovoïdes (la forme en boule commence à
s'allonger), à pied rouge, cassolette verte et janne,
rebords bleus et rouges, couvercle bleu, avec deux
fenêtres en réserve et trois chaînes rouges. L'encens
est un honneur rendu aux défunts par la liturgie;
historiquement, te corps du Sauveur fut embaumé.
L'encensoir, à cet endroit, signifie donc l'hommage
des parfums, offert par deux anges, c'est-à-dire les
créatures les plus parfaites, à leur roi et souverain
maître.
Le champ de la croix, entièrement doré, est garni,
avec un goût exquis, d'une série de rinceaux légers,
(1) H. Hagne, dans ['Œuore de» peintre
une remarque que s'est appropriée VArchivio ilorico delVarte,
taai, p. 61 : «L'armonia délie tinte fu e rimase fino al sccolo XVI
ia cura precipua dell'artista ; poco si curava dei colori reali a nalu-
rali.... 11 Cristo di Poitiers ha i capilli azzurri 6 i capilti azurri
0 verdi abbondano nelle invitriate di Reims >.
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- 170-
dont la tige est bleue, avec un fleuron polychrome
au bout de chaque enroulement, fleuron qui se
découpe, grand ou petit, eji trèfle aigu, presque la
fleur de Us, et qui se colore, en dégradation, des
nuances ordinaires ; rouge, vert, jaune ; rouge, la-
pis^ bleu, blanc, ou, pour synthétiser, vert d'une
pai-t, bleu de l'autre, les teintes extrêmes, point de
départ et bordure, n'étant là que pour atténuer la
crudité du ton dominant.
Un listel, bleu clair, flleté de blanc, contourne
la croix, qui est une œuvre peu commune de l'art
limousin, s'inspirant probablement de la pratique
allemande. En effet, les deux écoles sont bien tran-
chées. L'Allemagne émaille ses histoires et laisse
le champ à l'orfèvre, c'est-à-dire uni et doré ; Li-
moges, au contraire, émaille le fond et y applique
les personnages en relief, que plus tard il émaille
également.
Ici, l'artiste limousin unit les deux systèmes : le
crucifix est plat et polychrome, comme sur une œu-
vre des bords du Rhin ; le fond reste bien d'or; mais,
pour agrémenter cette surface qui lui répugne
ainsi, il l'égaie de rinceaux délicats et fleuris qui
atténuent la monotonie du fond ; par là se trahit
l'art limousin, qui a créé le type du vigneté.
Je ne blâme pas, loin de là, cette riche végéta-
tion, car j'y vois l'expression d'un symbole. Le Christ
a dit : a Je suis la vie » {I) ; or la vie se traduit par
des lianes plantureuses. 11 a dit aussi: a Je suis la
11] <• DieJt ei Jésus : Ego sum via, veritas et vita « (S. Joan.,
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vigne » (I) ; or le raisin foulé a produit le vin eucha-
ristique pour la nourriture de l'âme, comme le
pressoir de la croix a fait jaillir le sang divin pour
la rédemption de l'humanité. Ces idées étaient fa-
milières aux écrivains ecclésiastiques, et il n'est pas
étonnant que les artistes s'en soient emparés pour
embellir le métal.
Le Christ, honoré par les anges^ nous a donc
rendu la vie par sa mort, noble pensée traduite en
langage esthétique.
Fixée sur une âme en bois, cette croix n'eut peut-
être pas de revers : les exemplaires connus ne tran-
chent pas la question (2). On peut donc !a supposer
revêtue par derrière d'une plaque unie. En effet,
elle ne devait sans doute pas paraître, puisque la
croix était adossée au mur.
Pour moi, c'est une croix d'autel, peut-être à
poste dxe, comme en montrent quelques monu-
ments, dès le xni* siècle, par exemple à Assise (3).
(1) ■ Ego sum vitis vera, et Pater meus agricola est Ëgo sum
Titis, vos psiroiles * (S. Joan., xt, 1. 5).
Cas rinceaui ont si bien ta prétention de représenter une vigne,
que les Inventaires admettent, pour les qualifier, une locution Itis
expressive, qui est DigneM : t Un tsppiz vignetë, aux armes de
MoDBPigneur le Daupbin ■ [Ino. de Valenline d'Orléans, NOS,
n* 696). — « liera, une croix d'or... vignetée. Item, une autre
croix... vignetée auquel a ung cruciBx figuré ■(/nu. de Vabb.
de MaubuiMon, 1463, n*' 3, S).
(2) Si la croix est d'une seule pièce, saus àme, il y a un levers
historié (Rupin, l'Œuvre de Limoge», p. ?T4, 275, 280, ?8I). Avec
r&me de bois, au contraire, le revers étant distrait de la lace, on
trouve plus généralement celle-ci.
(3) Dans les fresques de Giotto, k Assise, nous voyons deux croit
en permanence : l'une est & l'autel, montée sur un pied ; saint Fran-
çois prie devant, en dehors de l'ofAce [Saint Françoii d'AëÊi»*,
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Une œutume nouvelle s'introduit alors, sans pour
cela faire cesser l'usage primitif et économique,
qui n'admettait qu'une seule croix pour la proces-
sion et la messe. Chose curieuse, une croix analogue
se voit à Ângoulème dans la collection de M. Biais.
Est-ce que le diocèse aurait eu une tendance à vul-
gariser cette innovation ? La croix de M. Branthôme
témoignerait pour le diocèse de Poitiers, voisin de
celui d'Ângoulème. Les autres similaires nous re-
portent en Languedoc et en Lombardie.
A Trêves, la croix émaillée surmonte le triptyque
de saint André {I) ; mais ce raccord de deux pièces
différentes, l'une mosane et l'autre limousine, n'est
peut-être pas ancien. En tout cas, il justifierait l'af-
fision, au sommet du triptyque, de notre croix,
qui a été trouvée, en même temps que lui et à qui
je ne vois pas d'autre destination dans le Trésor
de Cherves.
p. 93). L'autre est placée à l'entrée du chœur (p. 201, 418): cette
croix est potcncée, et le Christ meurt, assisté de la Vierge et de
saint Jean.
Nous avons deux exemples analogues en France, dans des vi-
traux du iiii* siècle relatifs i. la légende de Théophile, qui prie
devant un autel surmonté d'une croii^ : ainsi, à Laon [Mêlang.
d'arch., des PP. Martin et Cahier, III, 32) et à Bcauvais(Barraud,
Descr. de» vilr. des cbapel. de la cath. de Be&uvais, p. 30;
d'Allemagne, Hial. du luminaire, p. i31).
Les Registres consulaires de la ville de Limoges signalent, en
lâ62, la vente du cruciHi' placé, au grand autel, au-dessus de ta
grille qui protégeait l'effigie de saint Martial, dans l'égtise de ce
nom : t Aussi fut enlevé ung crucilix d'argent, estant au dessus led.
trellisii{ButI. de la Soc. arch. du Limouxin. XLV, ÏBO).
(I) X. B. de M., Les émaux champlevés de Limoges au trésor
de la cathédrale de Trêves, Limoges, 1887; Bull, de la Soc. arch.
du Limousin, t. XXXIV, p. 14; Rupm, l'ŒiiBre de Limoges,
p. 263, flg. 324.
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La croix est d'un style un peu plus avancé que
tout le reste du Trésor, sans pour cela dépasser de
beaucoup le règne de saint Louis, qui mourut en
1270. Toutefois, comme nous sommes en Limousin,
pays en retard pour les œuvres d'art, trois points
sont à noter pour constater ce regard en arrière,
vers un passé dont on a peine à se détacher.
Le titre est en lettres romanes, non en majuscules
gothiques, comme l'exigerait l'époque; les sigles
d'abréviation, qui devraient être naturellement au-
dessus des monogrammes pour indiquer une con-
traction dans le mot, sont abaissés, car en l'air ils
détruiraient la symétrie : le résultat est aussi dis-
gracieux que bizarre. En outre, la formule nouvelle
aux quatre initiales I N R I n'est pas encore
Les bras sont bien tendus, pour embrasser le
monde entier (1), mais déjà ils commencent à s'in-
fléchir, perdant l'horizontalité de l'époque romane.
Le jupon, qui couvre la nudité, a gardé l'am-
pleur que lui a donnée le su* siècle. Le xm* l'a
rétréci et tortillé.
Enfin, les pieds sont percés de deux clous, quoi-
(1) A Bergame, on chaiiUit ainsi, au xv* siècle, à la Hd d'une
hymne (Dreves, Anal, hymn., XXII, ii):
« lUi soli sit gloria
Qui pro nostris cridiinibus
PassuB, aperta bracbia
Exhibet poenitentibus ».
Dans une complainte sur la Passion, du xvn* siècle, il est dit
que le Christ en croix âtend ses bras pour embrasser le monde
(Bull, de lu Comm. arch. de Narbonne, 1879, p. 359] :
■ El ten las mas per nous toutE embrassa ■.
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que, ailleurs, la vogue fiU déjà à un seul ; aussi la
superposition des pieds a-t-elle amené la suppres-
sion de la tablette.
Ici, les deux clous sont très apparents ; un troi-
sième n'est pas moins évident, et plus large, sur la
tablette. Didron avait supposé que, comme transi-
tion, les deux clous ne perçant plus les pieds, le
clou unique, au lieu de leur être affecté, ce qu'on
n'osait pas, aurait été relégué sur le support (1). Si
une des croii de procession du Trésor de Cherves
donne raison à cette théorie, la croix actuelle la
dément formellement, puisque les pieds ont leurs
deux clous, comme à l'époque romane et que la
tablette n'est pas dépourvue du sien, qui avait son
utilité.
Des mains et du côté droit s'échappent trois filets
de sang rouge. C'est le début de cette iconographie
qui a pris une si grande extension sur les fers à
hosties. Je me plais à citer entr'autres celui de Brain-
sur-AIlonne, où les gouttelettes se changent en
roses (3). Ces roses nous les constatons, sans les
[I) • A partir du un* aiëcle, en eonsâquence de discussions déjà
ouvertes auté rieurs ment et définitives alors, les deux pieds furent
croisés ou plutAt superposés et sltschés par un seul clou. On dé-
cida que trois clous seulement avaient été employés au crucifie-
ment. Mais la eroii de H. Labarte est de la fin du m* si&ele ou
des premières années du xiii*. On ne croyait déjà plus aux quatre
clous, mais bien aux trois. Cependant on n'avait pas encore adopté
le parti de superposer les pieds, et il était impossible, aans ce
moyen, d'attacber les deux pieds par un clou unique. Pour sortir
de la difficulté, ce fut à la tablette qui porte les pieds et non aux
pieds eux-mômes que le clou Tut adapté. Expédient iDgénîeux et
qui ne manque pas d'intérât > (Annal, arch., 111, 361).
(î) X. B. de M.. Œuvr. compL, VllI, 384.
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gouttelettes, sur les autres croix du Trésor et d'ail-
leurs ; naturellement, l'émaîlleur limousin, pour
rester dans le procédé d'atelier, aurait dû en par-
semer le champ. L'influence du type allemand l'en
a empêché ; il s'est contenté de décorer le fond doré
d'une ornementation moins lourde et mieux appro-
priée à la destination, la croix étant l'arbre de vie,
suivant l'expression de saint Bonaventure et le
parement d'autel de la cathédrale d'Ànagni, son
contemporain, arbor vitœ (1),
Où je constate un progrès réel, c'est précisément
dans ce vigneté, qui est très délicat (2). Quant à
l'ensemble, il est plus doux et plus harmonieux de
ton que, sur les deux autres croix limousines, la
vivacité de l'émail étant tempérée par l'or du fond
qui couvre une large surface.
(0 Annal, arch., XVIII, !8.
(^ Une variété, raais poetërieure, du vigneté, eat celle c\uo pré*
sente Iti croix de la comtesse Dzyalînska (ancienne collection Ger-
meau}. L&, elle est tout à fait limousine, car les rinceaux se déta-
chent en réserve sur un champ émaillé, tant il est vrai qu'on
revient, pour ainsi dire malgré soi, à la pratique locale, quand on
s'en est momentanément écarte sous une influence étrangère. • Sur
la face, le champ est bleu gris, rehaussé de rinceaux métalliques
épargnés et gravés ; le Christ, qui repose directement sur une croix
intérieure k émail vert, eat figuré en émail blanc on légèrement
teinté en rose; sa barbe, longue et arrondie, et ses cheveux sont
bleu foncé, presque noir; !e perizonium, qui descend au-dessous
des genoux, est bleu gris, le êuppedaneutn bleu trës clair, la
nimbe crucifère rouge, vert, bleu clair et blanc* (Rupin, p. 273).
La gravure porte t fin du xti* siècle >, je crois'plut6t, xiir avancé,
car cette croix suit évidemment celles d'Angouléme.
dbyGoOt^lc
Il
M. George^ qui est non seulement archéologue,
mais aussi photographe distingué, a mis en regard,
sur la même planche, à ma demande, les deux
crucifix émaillés d'AngouIème. Je ne saurais trop
l'en remercier, car d'abord il permet de confronter
deux œuvres similaires, puis il fait tomber le
propos malveillant qui, à distance, les confondait
en une seule pièce.
La croix de M. Emile Biais, conservateur du Mu-
sée archéologique d'Angouléme (N° 2), a figuré à
l'Exposition rétrospective de cette ville. C'est là
que je la vis pour la première fois et pus l'étudier à
loisir. Je pris alors les notes les plus minutieuses
sur ce curieux objet d'art, qui m'avait si vivement
frappé que je manifestai aussitôt le désir d'en faire
la publication. Plus tard, quand je les relus en face
du crucifix de Cherves, je fus stupéfait de constater
qu'elles lui correspondaient si parfaitement qu'il
me semblait les avoir écrites sur lui-même. Les
variantes m'ont immédiatement saisi avec la pho-
tographie de M. George, comme elles m'auraient
certainement impressionné si j'avais eu les deux
originaux en même temps entre les mains.
A première vue, l'assimilation parait complète ;
mais, après un examen attentif, on se rend compte
facilement de quelques différences notables plutôt
dans le détail que dans l'ensemble, excepté pour la
hauteur, qui est un peu plus petite sur la croix de
M. Biais. La ressemblance même est si frappante
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qu'on est tenté de dire que les deux crucifix sortent
du même atelier et de la même main d'artiste.
N*2
Crucifix bn email champlevA (Rn du xni' siëcie],
■ppiriantal 1 H. Emile Bliu, conserviteur du Hus^ d'AngaultiM.
L'un procède de l'autre, mais à l'avantage du der-
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nier, qui est mieux dessiné et plus lin dans son
ornementation. Il est évident qu'ils ne sont pas
absolument contemporains ; on peut présumer
entr'eux un écart d'au moins une quinzaine d'an-
nées.
Sur la croix de M. Biais, notez la rectitude des
lignes et comme le corps, aussi « en plate peinture » ,
se détache plus nettement du champ. La tète pen-
che davantage à droite^ et les gemmes du nimbe
sont traitées autrement, de même que l'épaisse che-
velure, à mèches moins distinctes.
L'expression de la physionomie varie aussi et
tend au réalisme, en montrant des ti-aces de souf-
france. Le jupon, plus serré contre le corps, est
orné, sur la cuisse gauche, d'un orfroi à deux besans.
La tablette des pieds est plus petite et les clous des
pieds et des mains plus nets et diminués. Enfin, le
vigneté amaigrit ses enroulements et les fleurettes
de ses volutes.
D'où je conclus qu'on approche du xiv* siècle,
vers 1280 peut-être. L'artiste n'est probablement
pas le même ; mais, en tout cas, au lieu de se co-
pier servilement, il aura suivi le mouvement géné-
ral qui l'emportait malgré lui.
Le crucifix d'Auteville-Roffignac est certainement
l'alné du crucifix Biais.
X. Babbier de Montault.
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Pierre SPARVIER
Peintre d'Histoire, de Fleurs et de Portraits
1663-1731
M. Ambroise Tardieu a reproduit, dans le Bulletin
de la Société scientifique, historique et archéo-
logique de la Corrèze (1), un portrait sans légende
et sans nom de peintre ni de graveur^ qu'il dit être
celui de a Pierre Esparvier, dit de Sparvier, né à
Ussel (Corrèze), le 27 septembre 1663, peintre célè-
bre ». Il a accompagné ce portrait d'une courte
notice. J'avais, depuis quelques années, réuni un
certain nombre de documents sur ce personnage ;
maisje trouvais mes renseignements trop incomplets
pour les livrer à la publicité et j'attendais qu'une
beureuse rencontre me permit de mettre en lumière
la vie très obscure de cet artiste limousin. Depuis
la publication de M. Ambroise Tardieu, mon dos-
sier ne s'est guère augmenté. On me demande
pourtant de le faire connaître ; je le livre donc tel
qu'il est, n'ayant d'autre prétention que de signaler
à l'attention des critiques d'art ce peintre français
qui a jouira la fin xvii* et au commencement du
iviii' siècle, d'un renom mérité en Italie.
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Pierre Sparvier est issu d'une ancienne famille
bourgeoise, dont le rang a été des plus honorables
dans la petite ville d'Ussel. La forme primitive de
son nom parait être Esparvier; sur des actes du
xvi' siècle, il est écrit Sparvier et Esparviati.
En 1408, Jean-Guillaume Esparvier, notaire royal
et apostolique à Ussel, reçoit une transaction entre
Isabelle de Vendat, comtesse de Ventadour» veuve
de Robert de Ventadour, et les consuls d'Ussel.
Dans l'acte, il s'intitule : a Regiâ et imperiali
auctoritaie notarius » (1). Le même signe, le 18
octobre 1417, l'expédition de lettres patentes données
par le roi Charles VI (2).
Le 31 décembre 1431, Guillaume Esparvier,
notaire royal et apostolique, qui n'était autre pro-
bablement que Jean-Guillaume, recevait l'acte de
prêt de quatre-vingts écus d'or, fait par Etienne
Charlat aux consuls d'Ussel, pour leur permettre
de solder une contribution de guerre à Rodrigue de
Villandrando (3). En 1434, le même Guillaume
Esparvier se présentait, en qualité de consul d'Us-
sel, au château de Ventadour, et faisait confirmer
par le comte une transaction relative aux droits de
lods et vente (4).
Le 1" avril 1502, Guillaume Esparvier, consul,
probablement le fils du précédent, fondait, au nom
(1) Paul Hnot, Les Arckioet municipales de la ville d'Usael,
p. 51.
(î) Ibid., p, 56.
(3) Ibid., p. 62.
(A) Ibid., p. 69.
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de dame Jeanne d'Ornhac, veuve de Georges d'Dssel,
une messe du Saint-Esprit dans l'église paroissiale
d'Ussel (1).
PlERHB SPARVIER,
Peintre d'Histoire, de Fleura et de Portraits,
Né à UbuI iCorriie), le 37 septembre 1663.
(1) Bull, de la Société de» Leltres, Science» et Art» de Tulle,
1 89!. p. 648.
T. XX. a - ï
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Le 19 mai 1503, Guillaume ne figure plus sur la
liste des consuls ; mais il y est remplacé par Jehan
Sparvier qui eut, comme lui, à défendre les privilè-
ges de la ville contre le comte de Ventadour (1).
Le 22 janvier 1545, Anthoine Esparvier et divers
autres « honnorables et saiges hommes... depputés
en consulat tant pour eulx que pour tous les aultres
habitans de ladicte ville d'Ussel », transigent avec
Gilbert de Ventadour sur plusieurs procès pendants
devant le siège de Tulle et le parlement de Bor-
deaux (3).
En 1548, le même Anthoine Esparvier figure, en
qualité de consul d'Ussel, dans un acte relatif au
rachat du droit de gabelles. Il y est dénommé
Anthoine Esparviati (3).
Ici, une lacune difficile à combler dans la filiation
des Sparvier: de 1548 à 1624, je n'ai pas trouvé
leur nom mentionné dans les archives d'Ussel.
M. Ambroise Tardieu cite, pendant cette période,
« Desparvier, notaire royal de ladite ville, qui rédi-
gea {1613) le registre des foi-hommages de la ba-
ronnie d'Herment, au nom du duc de Ventadour,
seigneur d'Ussel et baron d'Herment; il vivait
encore en 1625 » (4).
Le 13 octobre 1624, M' François Esparvier assiste.
(I) Paul Huot, Lei Archive» municipales de la ville d'U»»et,
p. 89.
(S) Ibid, p. 17.
(3) Arch. comrauoaJeB d'Ussel, GG, 6. — Paul Huot, p. 94.
(4) Bull, de la Société icienlifique, historique et archéologique
de la Corrèze, 1894, p. 23.
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— 183 —
comme parrain, au baptême de Françoise, fille de
M* Jacques Mérigonde et de Françoise Esparvier (1).
Les registres de baptêmes de l'église Saint-Martin
d'Ussel contiennent encore les mentions suivantes :
En 1625, M' Gaspard Espanrier, procureur, par-
rain.
En 1633, Guinot Esparvier reçoit le baptême (2).
En 1634, Jean Esparvier, curé de Grandmian,
parrain .
En 1643, Pierre Esparvier, avocat, parrain (3).
Enfin, en 1690, décès de Pierre Esparvier, fils de
Gaspard Esparvier, bourgeois (4).
Ce Pierre Esparvier, avocat, serait le père du
peintre. L'acte de baptême de ce dernier, publié par
M. Ambroise Tardieu (5), noua apprend, en effet,
qu'il est né à Ussel « de sieur Pierre, avocat en la
cour de Parlement, et de demoiselle Antoinette
Sartorys » et qu'il a été baptisé le 27 septembre
1663.
Des circonstances qui ont déterminé la vocation
de Pierre Sparvier et l'ont conduit en Italie il sera
bien dinicile de jamais savoir quelque cbose. La plus
étendue des notices qui lui ont été consacrées
donne peu de renseignements sur sa vie. Mais elle
(1) Arch. communales d'Ussel, GG, t.
[2} A cette marne date, M. Ambroise Tardieu mentionne : ■ Uartin
Esparvier, apothicaire et consul i Ussel * (Bull, de la Sodité
scientifique de la Corréze, 1894, p. 22}.
(3)Arcb. communales d'Ussel, GG, t.
(1) Arch. communales d'Ussel, GG, 7.
(S) Bull, de la Société tcientifique de U Corréze, 1894, p. 21.
dbyGoOt^lc
contient d'intéressants détails sur son œuvre et
mérite d'être reproduite ici :
« Pierre de Sparvier apprit à Bologne l'art de
peindre sous César Gennari ; ses talents et sa répu-
tation lui firent avoir de très grands travaux, mais
il fut obligé de quitter Bologne par la crainte des
châtiments que sa liberté de parole pouvait lui atti-
rer ; il alla à Rome où il acquit une grande célébrité
pour la ressemblance, le talent et la rapidité avec
lesquels il peignait le portrait. Après avoir demeuré
longtemps à Rome il vint à Florence avec l'inten-
tion d'aller en France, mais comme on le reconnut
pour un maître habile, les Médicis lui donnèrent des
travaux qui l'occupèrent et le retinrent à Florence,;
il peignit des fleurs, des batailles, des caprices,
l'histoire, la mythologie et des portraits. 11 fit le
portrait de divers princes de la maison de Médicis,
et, par ordre du grand-duc Côme III, il peignit le
portrait de l'archevêque délia Gherardesca et du P.
Sotomayor, jésuite. Il a fait un très beau portrait
de femme, exposé en 1729 à Florence, dans la fête
des membres de l'Académie du dessin ; — un tableau
d'autel, placé dans une chapelle particulière des
environs de Florence ; — une adoration des Mages ;
— la naissance de Jésus-Christ ; — la Cène pascale,
achetée par la grande-duchesse de Toscane, Vio-
lante Béatrice de Bavière, qui envoya ce tableau en
France avec son propre portrait, peint par le même
peintre. — Le portrait de Sparvier est placé dans
la collection des artistes célèbres, à Florence » (1).
(1) L. Dussieui. Le» Arlisleê fr&nçaii à l'étranger, 1S56, p. 380.
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Au titre de cette notice, L. Dussieux dit que
Sparvier est né en Italie vers 1660.
Mûller n'a fait que copier l'article de Dussieax.
« Sparvier (Pierre de), dit-il, peintre né en Italie
vers 1660 de parents français, élève de Cesare
ûennari à Bologne; il s'établît à Florence, où il
peignait de jolis petits portraits, des batailles, des
fleurs, etc. Il mourut en 1731 » (1).
Sirel, dans le Dictionnaire des peintres, ne
donne pas plus de détails : « Sparvier (Pierre de),
E. Fr. 1660-1731. Portraits, batailles, fleurs, etc.
Elève de César Gennari, à Bologne ; s'établit à Flo*
rence et y mourut. — Manière agréable » (2).
L'acte des archives d'Ussel, publié par M. Tardieu
et que nous avons cité plus haut, rectifie l'erreur
relative au lieu de naissance de Sparvier et précise
la date de son baptême.
Pierre Zani, dont le jugement fait autorité en
matière d'art, le classe parmi les bons peintres et
nous apprend qu'il est connu en Italie sous les
noms de Sparraver, Sparrewer et Sparwer (3).
Brulliot (4) et Nagler (5) signalent le beau portrait
Dans l'âdition de 1S76, 1& notice sur Sparvier est à la page 123 et
ne coDtient aucun renseiKnement nouveau. — Voir Pazzi, série di
ritr&lli originati deccellenli pillori, 4 vol. in-fol. Florence, 1165,
vol. l, partie 2, chap. XIII et XIV.
(1) Mûller. Die Kimttler aller Zeilen und Volker. Stuttgard,
1864.
(3) Page 879 de l'édition de 1866.
(3) Pietro Zani. Enciclopedi» melodica dette belle arti. T. XVII,
p. 356.
(4) Dictionnaire des Monogrammes.
(5} Neue» altgemeines KûmtttrLexihon, T. XVII, 1S47.
dbyGoOt^lc
qu'il fit de Henri de la Marche de Parnac, fils de
Claude de la Marche seigneur de Parnac en Poitou
et de Françoise de Chamborand, prieur de Bercéj
élu abbé et général de l'ordre de Grandmont le
9 septembre 1687, décédé le 17 décembre 1715 à la
Drouille-Blanche, prieuré de l'ordre, sur la paroisse
de Bonnac en Limousin.
Voici, d'après M. Fray-Foumier, la description
de la gravure que Vermeulen a faite de ce portrait :
« A mi-corps, vu presque de face, le corps tourné
à droite, dans un ovale encadré, sur la bordure
duquel on lit : Henricus de la Marche de Parnac
abbas Grandimontis et totius ordinis prœposi-
tus generaliSj 1694. Sparewer pinxit C. Ver-
meulen sculpsit. Sur un cartouche placé au centre
du piédestal qui supporte l'ovale est un écusson
aux armes : d'argent au chef de gueules. Grand
in-f » (1).
Sparvier est mort à Florence le 27 mars 1731.
M. Tardieu, très versé en iconographie, attribue
à Antoine Pazzi le portrait du peintre Sparvier qu'il
a reproduit en 1894 et qui figure en tête de cet
article; il dit qu'il a été gravé d'après celui du
Musée de Florence. J'ai voulu savoir si cette gravure
était bien la reproduction du portrait peint signalé
par Dussieux ; toutes mes démarches sont restées
infructueuses.
René Page.
0) tS. Fray-Fournier. Catalogua deportraila lii
chois, tS96, in-S', p. 61.
D.g.tizedbyGoOglC
NOUVEAU RECUEIL
DE
REGISTRES DOMESTIQUES
LIMOUSINS ET MARCHOIS
(de 1384 A NOS JOURS)
FUIllit PNK
M. Louis GUIBERT
inc It amm de II. llFnd LEROOI, J.-B. CU&IPETAL, l'ItiU i. LECLEH
it LéoDud IDDFLE
(Suite — Voir tome XIX, p. *78.)
D.g.tizedby Google
XXVI
Papieb baptistaire, Génêalocie et Répertoire des titres
de la famille péconnet , de limoges
(2' moitié du xvii' siècle)
On sait combien de documents intimes nous ont
déjà fournis les archives de cette famille. En voici
un nouveau, d'un genre tout spécial. — Sous le titre
macaronique : Repertorivm titvlorvm Peconneto-
rvm, Jean Péconnet, époux de Narde ou Léonarde
Michel, dont nous avons publié ailleurs le registre
domestique (1), a réuni, à la suite de notes généalo-
giques sur sa famille, une table des pièces qui lui
ont servi à établir son travail. L'écriture de ce regis-
tre, qui est cartonné et recouvert d'un parchemin,
se lit aisément. Les noms et les titres sont mis en
grandes lettres imitant les caractères d'imprimerie,
avec des paraphes et enjolivements divers.
Nous avons copié seulement la première partie du
registre, qui contient quelques notes généalogiques
assez intéressantes. Ainsi nous apprenons que les
Péconnet de Limoges tirent leur origine d'Eymoû-
tiers et ont pour auteur un juge de cette ville. Le
plus jeune fils de ce magistrat, Psaumet, s'établit
dans la capitale de la province et y exerça les fonc-
tions de notaire royal. C'est lui qui nous a laissé le
livre de raison publié sous le n' 2 de notre premier
recueil.
(t) Livres de raiton Limautini et Marchait. Limoges, V* Du-
courtieui, et Paris, Alph. Picard, 1888, in-8', p. 300.
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11 est parlé, à notre manusciit, de Jean Plnchaud,
maître de la monnaie et consul de Limoges en 1 589,
tué le 15 octobre, sur la place Saint-Michel, en cher-
chant, avec ses collègues et l'Intendant de Vie, à
apaiser une émeute provoquée par les Ligueurs. Ce
courageux citoyen était petit-fils du notaire Psau-
met et né du mariage de la fille aînée de ce dernier,
Mariette, avec autre Jean Pinchaud.
La seconde partie de ce registre est intitulée ;
Répertoire des titres et contracts de nos affaires
domestiques et des acquisitions de nos maisons,
mesterie et vigne . Ces actes sont divisés en trois
catégories: 1° contrats de mariage, partages, testa-
ments, provisions d'offices, etc., etc., cotés de A à
"W ; 2° titres concernant la maison de L'Eymagene
(Porte Poulaillère), cotés de 1 à 85. On y trouve,
sous le n' 83, une curieuse note, relative au cours
des eaux, que nous reproduisons. Elle peut donner
une idée des renseignements pratiques et circons-
tanciés que conservent les mémoriaux de ce genre.
3° Viennent ensuite des contrats divers, cotés A à J,
et dont l'un mentionne, aux dates du 1 5 septembre
1523 et 18 février 1528, le nom de Psaumet Pécon-
net, maître orfèvre et émailleur. Nous n'avions pas
trouvé jusqu'ici le nom de cet artiste avec cette qua-
lification. Suivent, cotés A à Q, les titres concer-
nant une maison de la rue de l'Arbre-Peint, ceux de
la maison de la rue du Consulat, de la vigne de
Balezis, de celle du Puy-du-Pin, de la métairie du
Château et diverses rentes. On trouve, dans cette
partie du livre, des annotations successives allant
jusqu'à 1754. A la fin. Pièces justificatives de la
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succession et effectz deslaissés par deffuticie
dame Narde Gergol, fille dévote, decedée le
'3* Juillet 1672, en la maison de dame Jeane de
Verthamond, sa tante. En ouvrant le livre à re-
boursj on trouve quelques notes de 1650 relatives à
des pièces de procès.
Le manuscrit, que nous devons à l'obligeance de
M. Adolphe Péconnet du Châtenet, à Limoges, con-
tient 165 feuillets papier, de 278 mill. sur 188. Ce
registre n'est autre que le papier bapiistaire
souvent cité dans les livres de raison de Jean et
de Joseph Péconnet, et que nous exprimions ailleurs
le regret de n'avoir pu découvrir.
L. G.
Repertokiuh Titulorum Peconnbtorum
Sit nomen Domini benedictum
Ex hoc Dunc et usque in seculum.
IHS M* Joseph (I).
Généalogie des Peconnetz
Maistie Psaumet Péconnet, le plus jeune des fils de
M° Pierre Péconnet, licentié ez loix et juge de la ville
d'Ësmoutiers (2), fui envoyé par son dit père en cette ville
de Limoges, en l'année 1476, pour estudier aux lettres
(1) Sur une feuille de garde coUâe à la reliure, on a dessiné une
sorte de médaillon pyriforme, la pointe en haut, représentant le
Crucifix, la Vierge et saint Jean, grossièrement esquissas. Au des-
sus on lit : Ad inajorem Dei virginiique Mariœ gloriam ; au
dessous: Mémento vUce mece, sto adhoalium {sic] œtemilAtit.
il) Eymoutiera, aujourd'hui chef-lieu de canton de l'arrondisBe*
ment de Limoges, possédait un ancien chapitre.
D.g.tizedbyGoOglC
— 191 -
latines, auxquelles avant vaqué quelques années, se seroit
randu clerc auprès de M* Estienne Parrot, notaire dudit
Limoges, et despuis fut receu a l'orflce de notaire royal
de ladite ville et l'exerça pendant plusieurs années, comme
appert de ses ceddes, lettres et contractz, escriptes /'sic^ en
latin, parluy passées et signées Peconeti, qui sont dans
nostre maison (1).
Lequel Psaumet Peconnet, notaire, ainsin installé audit
Limoges, en l'année 1487, et le 24* novembre, contracta
mariage avec Mathive Beyney (2), fille de feu Jehan Bey-
ney, vivant bourgeois et marchand de Limoges, et de Ma-
thive Saleys, comme ce void au contract susdatté, receu
par M" Michel de Lespine, notaire, etc.
Duquel mariage sont descendus et esté légitimement
procréés les enfans en nombre de huict, les noms desquels
s'ensuivent :
Mariolte Peconnet
Pey dit Pierre Peconnet
Estienne Peconnet
Jammé (3) Peconnet
Anne Peconnet
Valérie Peconnet
Leonarde Peconnet
Psaumet Peconnet (4j.
Tous lesquels enfans furent haptizés en l'esglize Saint-
Pierre du Queyrois, comme il est porté par le livre de leur
père, escript de sa main, ou sont les dattes de leur nati-
vité et les noms de leurs parrins et marrines : ledit livre
mentionné au unzîesme feuillet, et cotté dessus par lettre
A. II n'est faict aucune autre mention par lettres desdicts
(1) Nous avona donné ce qui reste du livre domestique du nottiire
Psaumet Peconnet, sous le n' 2 de notre premier recueil.
{2) C'est la forme romane du nom de Benoist.
(3J La forme Jeamme, Jammet ou Jacme pour Jacques, est très
commune en Limousin aux XV et xvi* siècles.
(4) Le manuscrit du notaire Psaumet Peconnet mentionne la nais-
sance des premiers seulement. Nous avons dit qu'il est incomplet.
Dijiiizedb, Google
- 192 —
Pey dit Pierre, Estienne, Jamme, Anne et Valérie, enfans
dudit Psaumet Peconnet cy dessus nommés, ce qui faîct
croire qu'ih sont mortz jeunes.
Quant a ladite Mariote, première née,' elle fut mariée
avecq s' Jean Pinchaud, duquel mariage fut procréé autre
Jean Pinchaud, leur tilz, lequel fut consul de Limoges et
tué le 15 octobre, l'an de son consulat |1).
Et laditte Leooarde Peconnet, 7* née, fut mariée avec
M'* Antboine Gamaud, greffier criminel de Limoges, le
pénultième janvier 1513, duquel elle vefva (2) (sic) sans
enfans ; et despuis, convola en secondes nopces avecq
8' Guilhaume Disnematin , bourgeois et marchand de
laditte ville, le 14* septembre 1554 et deceda en sa compa-
gnie, sans aucuns enfans, et son hérédité fut recueillie par
ledict Psaumet Peconnet, son frère, 8* né, et par ledit Jean
Pinchaud, son neveu, et Ûlz de ladîtte Marlotte, 1" née.
Ledit Psaumet Peconnet, 8" fils dudit M" Psaumel. no-
taire, fut maistre orpheuvre et esmailheur de ladite ville,
et se maria avecq Berthe Grégoire (3), fille de s' Martial
Grégoire, bourgeois et marchand dudit Limoges, et de
Jeannette de Julie (4j comme appert du contract de mariage
du 19 octobre 1530, signé Bony et Gamaud, notaires,
mentionné au uniième feuillet et cotté par lettre B.
Duquel mariage sont estes procréés nombre d'enfans,
ainsin que ledit Psaumet, leur père, declaire dans un
contract de transaction faict entre luy et ledict Grégoire
(t) 15B9. Pinchaud, consul et maître de la monnaie, fut lue de
deux Urquebusades, au moment oii il cbercbait à rappeler au de-
voir les Ligueurs qui venaient de prendre les armes. Nous avons
retracé ce dramatique épisode de notre histoire municipale dans
notre notice sur La Ligue à Limoge». Limoges, Ducourlieux,
1884. Une plaça de Limogea porte le nom d'Etienne (et non Jean)
Pinchaud.
(2) Nous u'avons pas trouva ailleurs d'exemple de l'emploi de ce
(3) Une des plus anciennes familles d'orfèvres de Limoges.
(4) Nous avons déjà parlé de la haute situation qu'occupait à
Limogea cette vieille famille bourgeoise.
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— 193 —
père, sur la succession de ladite feue Berthe, leur feinme
el fille, en datte du 16 novembre 1544... Lesquels enfans
sont decedés jeunes, n'estant faict d'eux aucune autre
mentiva dans le livre de leur père (i), qui a obmis a escrire
et leurs noms et la datte de leur nativité.
tceluy Psaumet Peconnet se maria en secondes nopces
avecq dame Marsalle Benoist, fille de feu s' Martial Be-
noist, bourgeois et marchand de Limoges, et de dame
Francoize Dubois, comme appert du contract du dernier
mars 1543, signé fiecfiameif et Gamaud notaires.
Duquel mariage sont provenus et esté procréés ses en-
fans naturels et légitimes au nombi-e de cinq, desquels les
noms ensuivent:
Marie Peconnet
Jehan Peconnet
Pierre Peconnet
Psaumet Peconnet
Marsalle Peconnet.
I^aquelle Marie Peconnet, safllleaynée, il maria avecq
Guilhsume Mouret, M" orpheuvre de Limoges (2), comme
ce void par le contract du 3 may 1564, signé Mouret. Du-
quel mariage sont descendus plusieurs enfans, et entre
autres Psaumet et Martial Mouretz.
Et ledit Jehan Peconnet, deuxiesme fllz, fut malhcureu-
zement tué d'un coup de pistolet par Bernard Douhet,
lequel Douhet tiroit à Jehan Vidaud, nostre voizin.
Ledict Psaumet Peconnet, 4* fllz, fut maistre orpheuvre
et se maria avec Jeannette Cybot, duquel maiiage est
provenue Marie Peconnet, sa fille unique, a présent femme
de M" Jacques Bougier, procureur au siège Presidial,
laquelle a heu et a plusieurs enfans.
Laditte Marsalle Peconnet, 5* flUe, fut mariée avecq
(1) Ainsi l'orfèvre Psaumet Peconnet a tenu, comme son
livre de famille.
(2) Lea Houret bodL orfèvres à Limoges dès ,1b fin du x
et le commencement du ivi*.
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— 194 —
M. Jean Martin, du bourg de Compreignat, comme appert
du contract de mariage du 24' janvier 1573, signé Lavan-
dier: duquel mariage n'est provenu aucun enfant.
Et ledit Pierre Peconnet, 3' fils dudit Psauniet, fut
maître orpheuvre, et contracta mariage avec dame Marie
Mousnier, ûlle de sire Jean Mousnier, bourgeois de la
ville d'Aixe, et de dame Marguerite Descoustures, suivant
le contract dudict mariage, du 4* juin 1573, signé iious-
saud, not&ire royal.
Duquel mariage sont descendus et esté procréés leurs
enfans et QUes en nombre de treize, desquels les noms
ensuivent :
Jehan Peconnet
Joseph Peconnet
Simonne Peconnet
Jehan Peconnet, 2* du nom
Jehan dit Pierre Peconnet
Marsalle Peconnet
Marie Peconnet
Martial Peconnet
Jehan Peconnet, 3° du nom
Marsalle Peconnet, 2' du nom
Pierre Peconnet
Marie Peconnet, 2* du nom
Jehan Peconnet, 4* du nom (IJ.
Tous lesquels enfans et filles sont esté baptizés en l'es-
glize parrochialle Saint-Pierre du Queyrois, comme est
porté par le livre dudit Pierre Peconnet, leur père, escript
de sa propre main, ou sont les dattes de leur naissance et
les noms de leurs parrins et marrioes (2).
Lesditz Jehan Peconnet 1" fila, Joseph Peconnet 2' fils,
Jehan dit Pierre Peconnet 5° flls, Martial Peconnet 8* flls
(1) Lea noma de Jean I, Joaepb, Jean II, Martial et Pierre, morta
en bas-Age, boqI précédés d'une m.
(3} Encore un livre domestique, ou du moins un papier baplit-
taire que nous n'avons pu retrouver.
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— 195 -
et Pierre Peconnet !!• fils, sont decedés jeunes, n'estant
faict d'eux d'autre mention par lettres.
Laditle Simonne Peconnet, 3' née, fut mariée avecq
Psaumet Martin Dessables, par contract du (1).
Duquel mariage a esté procréé autre Psaumet Martin,
imprimeur (S), a présent vivant, et qui a des enfans.
Laditte Marsalle, 6' née, fut mariée avecq M' Claude
Monneron, appothicaire, dont n'y a eu d'enfans.
Laditte Marie Peconnet, 7" née, a esté mariée avecq
s' François Poylevé, marchand de cette ville, comme ap-
pert du contract du 18' avril 1604, signé (3), Duquel
mariage est provenue Marguerite Poylevé, a présent reli-
gieuze aux filles Urselines de la présent ville (4).
Laditte Marsalle Peconnet, 10* née, a esté mariée avecq
s' Helies Tourrier, marchand dudit Limoges, comme ce
void de leur contract, du dernier octobre 1614, signé Nan-
tiac ; duquel mariage est provenu Jehan Tourrier a présent
vivant, et a plusieurs enfans.
Et laditte Marie Peconnet, 12* née, s'est vouée au service
de Dieu, et vit a présent dans ce sainct vœu.
Ledit Jehan Peconnet, 9* né, fut marié avecq dame
Thive Leymarie ; duquel mariage est descendu autre Jehan
Peconnet, a présent vivant.
Ledit autre Jehan Peconnet, 13' fila et dernier né, a- esté
marié avecq (5). Duquel mariage sont provenus
Jean, Marsalle et Jean Baptiste Peconnetz, a présent vi-
vants.
Et ledit autre Jehan Peconnet, 4* fils audit Pierre
Peconnet, fut marié a dame Jehanne de Verthamond, fille
de M' M" Rolland de Verthamond, Conseiller du Roy,
(1) La date eat realée en blanc.
(3) Les presses des Dessables ont produit un petit nombre de
volumes.
(3) Le nom en blanc.
(4) Les religieuses Ursulines, qui établirent dès leur installation
une école de petites ftlies, vinrent à Limogea en 1630.
(5) Le nom eat resté en blanc.
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- 196-
Recepveur du Tailhon, et de dame Jeanmette Decordes,
comme il appert de leur contract de mariage en datte du
20 septembre 1606, receu par Malîgnaud, notaire royal.
Duquel mariage sont descendus et esté procrées leurs
eofans et ûlles en nombre de 16, desquelz les noms ensui-
vent:
Marsalle Peconnel
Galiane Peconnet
Marsalle Peconnet, 2* du nom
Jehan Peconnet
Pierre Peconnet (prêtre) (1)
Anne Peconnet
Jehan Peconnet, 5' du nom
Marie Peconnet
Marie Peconnet, 2" du nom.
Pierre dit Pey Peconnet (soldai en IGkO) (2)
Jchanne Peconneï
Deux gémeaux Peconnetz
Je, Jehan Peconnet soubz nommé — (souche) (3)
Léonard Peconnel (soldat, Wik) (4)
Jehanne dite Galiane Peconnet (5}
J. Peconnet,
Lesditz Marsalle 3* née, Jehan 4* né, autre Jehan 7' né,
Marie et autre Marie 8* et 9* nées, Jehanne 11* née, les 2
bessons 12 et 13 nés, sont decedés jeunes, n'estant faict
d'eux aucune mention dans nos lettres.
Et laditte Marsalle Peconnet, première née, a esté ma-
riée avecq M' Jean Belou, notaire royal, comme appert de
leur contract de mariage, du 9' febvrier 1629, receu par
Bougier, notaire royal ; duquel mariage sont descendus
plusieurs enfans. (Nasquit le 22 janvier 1608 : son parrin
(1, 2, 3, 4) Les annotations entre parenthèses sont d'une écriture
postérieure.
(5) Un V devant les noms de Marsnlle I, Galiane, Anne et Jehanne,
une m devant Galiane, Marsalle II, Jehan I, Jehan II, Uarie I, Ma-
rie II, les gemeàux.
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— 107 —
Jean Verlhamond, son oncle, et marrine M&rs&lle Benoist,
son ayeulle/ (t)
LadJtte Galiane Peconnet 2" née, a esté mariée avecq
s' Bernard Bersoire, comme ce void de leur contract de
mariage du 18 janvier 1632, signé dudit Rougier; duquel
mariage sont provenus plusieurs enfans. (N&squit le
20 septembre i609 : son parrin Jean Peconnet, et marrine
Galiane Verthamond, sa tante) (2j.
Laditte Anne Peconnet 6" née, a esté mariée avecq
8' Pierre Guyberl, M' orpheuvre (3), comme on void du
coQtract du il* mars 1638, signé dudit Rougier: duquel
mariage sont provenus plusieurs eofans. (Nasquit le
22 janvier 1615 : son parrin Jean Peconnet, son oncle;
sa marrine Martialle Peconnet, sa sœur) (4).
Et laditte Jeanne Peconnet, 16" et dernière née, a esté
mariée avec s' Jehan Veziére, marchand, comme ce void
de leur contract du 22» octobre 1647, signé dudit Rougier,
duquel mariage pareillement sont descendus plusieurs
enfans (nasquit le 3 mars 1630 ; fut son parrin M' Jean
Belou et sa rnarrine Gafiane Peconnef, sa sœur; [b].
Ledit Pierre Peconnet, 5« né, se fit prebstre de l'esglise
et communauté de Sainl-Pierre du Queyrois (6) ("nasquit (e
15* juin 1613; son parrin, Pierre Peconîiet, son grand
père ; sa mairine, Marcelle Peconnet, sa tante) (7).
Ledit Pierre dit P [ey] Peconaet, dixieeme oé, s'en est
. (1) Note rougiotle.
R) id.
(3) Un membre de la famille Peconnet possède ua petit reliquaire
d'argent portant lea noms de Pierre Guibert et Anne Pecovnel et
fabriqué par le premier.
(4) Note marginale.
(5) id.
(6) On constate dès le un* siècle que l'dgliae de Saint-Pierre du
Queyroix est desservie par une comrautjauté de prêtres séculiers.
Il en est de mâme, à cette époque, de Notre-Dame des Arènes
et de Salnl-Michel des Lions, et probablement aussi de Saint-
Maurice.
(7) Note marginale.
T. XX. 1-3
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allé au service du Roy en l'année 1640, et despuis n'est
revenu au païs, ny n'a esté sceu de ses nouvelles (msquit
le premier janvier i623 ; son parrin, Pierre Peconnel,
son frère, et sa marrine, Anne, sa sœur) {1).
Ledit Léonard Peconnet, quinzième et pénultième né,
est pareillement allé au service du Boy, en l'année 1644,
et despuis n'est revenu au païs, ny n'a esté sceu aucunes
nouvelles de luy (nasquit le jour de St Michel de l'an
i628 ; son parrin, Je&n Tourier, et marine, dame Narde
Verthamond, femme de M' de Felis) (2).
Et je, Jean Peconnet, 14* et antépénultième né, ay con>
tracté mariage avecg damoyzelle Narde Michel, fille de
s' Joseph Michel, s' de Cessaguet, et de dame Maureille
Constant, comme appert du contrat du 7* febvrier 1651
signé dudict Bougier, et avons espouzé dans la chappelle
de St Martial anpelée de La Courtine [3),Iejeudy, 27*avril
duditan 1651.
— Je nasquis, suyvant le rapport de mon père, escript
de aa. main, le iO mars 1626. Mon parrin s' Pierre Pecon-
net, mon grand père, et ma marrine, Marie Peconnet,
ma tante, dévoile (4).
Et ma femme, Narde Michel, est née le t5 febvrier 1634,
a Cessaguet, baptisée a Flavïgnat; son parrin: Joseph
Michel, son frère, et marrine Paule Michel, aa sœur ay-
née. Et fut appelée Narde, suyvant le livre journal audit
B' Michel frère (5), despuis curé de St Priech prei Aize (6).
(!) Note margÎDftle.
(î) id.
(3) Petits chapelle qui le trouvwt & peu de distance du portail
Sud de Ssint-Martial et oii avait été créés une confrérie dite de
Saint-Hartial de La Courtine. Cette chapelle existait dis le ztr
siècle.
(4} On appelait (dévotes i ou i filles dévotes >, ou encore martel-
lea, les filles qui ne se mariaient pas et qui s'afHliaient en général
au tiers ordre de Saint- François.
(5) Ainsi les praires eux-mêmes tenaient dea registres de famille.
On voit par là combien l'usage en était généra! autrefois.
(6) Saint-Priest-sous-Âixe, sujourd'hui cbef-lieu d'une commune
du canton d'Aide (Haute- Vienne). Flavignac appartient & présent
au canton de Ch&lus, arrondissement de Saint- Yrieix,
D,j,i,z=db,Google
- 199-
Et de nostre mariage est descendue et esté proarééo
nostre Qlle aynée Jeanne Peconnet, laquelle est née le
trentiesme jour du mois d'aoust, l'an mil six centz cin-
quante deux, entre les unze a douze heures du soir, et a
esté baptizée en resglîie de St Pierre du Queyrois, nostre
parroisse, par Messire Jean Qadaud, prebtre, TÎccaire de
laditte, le dimanche, premier jour du mois de septembre
audit an 1652, et a esté son parrin Joseph Michel, sieur
de Cessaguet, mon beau père, et marrine dame Jeanne de
Yerthamond, ma mère
Le !•' febvrier 1673, ma fille Jeanne Peconnet a esté
mariée arecq s' Jacques Garnier, bourgeois et marchand.
Le s' Gayou, notaire royal, a receu le contract.
Le 12 juin 1674, ma fille Jeanne s'e^t accouchée, etc.
Jeao Peconnet, mon fllz, etc. — Joseph Peconnet, mou
filz, etc. — Jean Peconnet le jeune, mon filz, etc. — An-
toine Peconnet, mon fllz, etc. — Marie Peconnet, ma fille
— Leonarde Peconnet, ma fille, etc. — Leonarde Peconnet,
ma fille, etc. — Pierre Peconnet, mon fllz — Martial
Peconnet, mon fllz — Marguerite Peconnet, ma fille —
Valérie Peconnet, ma fllle, etc.
(Le flls de Jean Peconnet note la mort de son père au
30 août 1679, son mariage avec Catherine de Verthamond
en 1667 et inscrit les enfants nés de ce mariage : Marie-
Léonarde, Françoise-Thérèse, Marie, Barthélémy. La
mort de Jean Peconnet est mentionnée au 16 octobre 1699
et celle de Catherine de Verthamond au 15 mai 1714).
Après ces mentions commence le répertoire, dont nous
croyons inutile de citer des extraits. Nous nous bornerons
& ce seul passage :
Mémoires rentables et certaines pour le cours ancien et
ordinaire des eaux pluviales et bassiales (1] prouenantz de
(1) Bftux de mën«ge, de bagne, aom douai communément fc
l'éïier.
dbyGoOt^lc
— 200 -
notre maison de l'Eymagene (I], autrement de la Porte
Poulalière, suivant les anciens tiltres, cottes cy dessus et
ce que j'en ay curieusement et exactement remarqué lors
de la réfection de la muraille tumbée entre les maisons
des s" Declary et Renaudin, la vefve de Desloges et de
Léonard Personne dit Ghiliou, et de la voûte du porche
dudît Chiliou, estant entre les maisons et cloaques desdi-
tes parties :
Premièrement, nos eaui pluviales et bassiales de notre
maison descendant! tant dans la grand basse court pavée
de pierres de taille, qui est au bas et milieu de notre mai-
son, que celles pluviales et bassiales, descendant! dans
notre porgy ou excide [2] aussy pavé de pierres de taille,
qui est au bas et au dernier de notre maison, se doibvent
escouler, aux termes du tiltre passé entre les Peconnetz,
nos actheurs fstc^ et les Mousniers, actheurs de messieurs
Declary et Renaudin, le dernier septembre 1598, signé
Dupin, par un canal de pierre de taille, qui est enchâssé
et engravé dans et au travers le mur de la maison desdits
Mousnier, modo desdits s" Declary et Renaudin ; lequel
canal prend son commancement et sa couppe dans ledit
porgy et excide des Peconnetz et en compose en partie le
payé d'iceluy porgy, et a l'entrée du mur desdits ss"
Clary et Renaudin, ledit canal est fermé d'une grille de
fert devers ledit porgy des Peconnetz, affln qu'il n'y passe
d'immondices, empeschantz le cour des eaux.
Ledit canal est fait tout d'une seule pièce, de pierre de
taille, de la longueur de six a sept piedz, et de largeur de
plus d'un grand pied, creuzé et profond] pour recevoir et
renvoyer l'eau d'environ demy pied de large, et quatre
doigtz de (?) hauteur en profondité, couvert d'une autre
grande pierre de taille de la longueur d'environ cinq
piedz et creuzee comme l'autre, pour conserver ledit canal
et mieux faciliter sou cours.
(1) Ce nom vient évidemment d'imaginia et rappelle une statue
de la vierge placée au-dessus de la porte Poulaillére.
(!) Petite cour ou venelle.
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— 201 —
Lequel canal rend ses eaux dans les cloaques desdits
8" Declary et Renaudin par sa gueule et eoiboucheure qui
fait sortie hors dudit mur, dans lesdits cloaques, d'uu pied
et demy.
Lesquelles eaux ainsy tuDib6es dans lesdits cloaques com-
munes deadits ss" Declary et Renaudin, ont accoustumé
en descoulaat d'en purger la matière et se rendre directe-
ment dans un grand conduit qui est au dessoubs du porgy
de lesdits fsic; Personne dit Chiliou entre les deux mu-
railles et pans des maisons dudit Chiliou et de la vefve
de Desloges.
Dans ce mesme grand conduit ont accoustumé de se
descharger les cloaques communes desdits Chiliou et
Desloges, qui paraissent fermées de brique dans ledit
porgy de Chiliou, du costé des Claveliers (1).
Et le tout doibt prandre sa sortie au dessouhz dudit
porgy, de la profondeur, puis iceluy, d'environ vingt cinq
piedz, et a l'endroit du milieu du porgy, dans la cave haute
dudit Chiliou.
Et cette sortie, lorsqu'on est dans la dite cave haute de
Chiliou, est au bas d'une grande arcade fermée de pierre
menue, qui fait front lorsqu'on a achevé de descendre le
grand degré, et la faut ouvrir comme dit est, ou a esté
réservé une ouverture carrée en forme d'un grand armoire
pour entrer un homme, par le bas, a l'endroit du grand
pilier qui fait le coing, joignant a la cave du s' Clary, di-
visée d'avecq celle dudit Chiliou par une grande muraille
de brique.
Laquelle grande arcade estant ainsin ouverte pat le bas,
se trouve autres deux petittes arcades de pierre de taille
ouvertes, par lesquelles on entre dans le susdit grand con-
(1) ClouLiars. Le nom de a rue des Claveliers » a été doDoé quel-
quefois & la rue Raffllhou.
On sait que, sous les vieux quartiers de Limoges, s'étendent
d'immenses souterrains.' Quelques-unes de ces caves sont construi-
tes en beaux matériaux et offrent un certain intérêt au point de vue
archéologique.
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duit estant au dessoubz le porgy dudit Chiliou , pour le
nettoyer.
Et on trouve un conduit a travers la haute cave de Chi-
liou, qui prend sa naissance puis les susdites arcades et
ouverture, et descend jusques dans une petitte cave que
ledit Chiliou a, pi'ecizement soubi le grand degré de sa
cave haute, laquelle petitte cave semble n'estre destinée
que pour recevoir et donner cours aux eaux, en forme de
grand canal.
Ce conduit, venant de la haute cave dans la basse et
petitte de Chiliou, est creuzé dans le tus l'stc^ de la pro<
fondeur et largeur d'environ un pied, ayant des hordz
taillés sur les deux costés dans le tus, expresBement pour
estre couvert (afin de le conserver) de pierre de taille ou
planches, et par dessus sa couverture on y met de la terre,
afBn que le vin ne reçoive dommage par l'humidité ou
puanteur des eaux et matières.
On descend dans la ditte petitte cave dez la haute, a
l'endroit dudit gros pillier rond de pierre de taille, qui est
a l'oppoËite et du mesme costé du grand degré, en descen-
dant de la rue dans la haute cave.
Estant descendu le petit degré de la petitte cave basse
contenant cinq ou six marches, on doibt trouver la sortie,
gueule ou emboucheure dudit conduit, descendant de la
haute cave precizement soubz le petit degré à main gauche,
lequel a une ouverture d'environ un pied et demi au
quarré.
Et dans le bas de ladite petitte cave et a l'endroit de la-
dite sortie du conduit, sont creuzée autres deux petits
conduit! a plain chemin, dans le tus, qui passent ptez de
terre, le long et bas des deux coings de ladite cave basse
en cette forme.
(Suit un dessin).
liCsquelz deux petiti conduitz, creuzés, comme dit est,
dans le tus, au bas et rez de terre de .la petitte cave affin
de plus facilement découler l'eau par ce partage (outre que
la petitte cave est haute de neuf a dix piedz et large de
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sept a huit piedi), s'en vont descharger l'eau au bas de la-
dite petitte cave (laquelle on doibt plutôt qualifier de
grand canal et conduit, pour estre asseurement destinée a
ce seul subject) dans un autre grand canal et conduit
creuzé dans le tus, de l'hauteur d'une demy pique et lar-
geur qu'un homme y passe facilement, qui vient de la cave
du s' Bachelier dit Sabaud, ferrier (?), soubz la rue de
RaffiUou (1} et Ta enter dans la cour de la maison de chez
Duclou, en croizant celuy canal ou petitte cave basse de
Chiltou, sans aucune séparation entre deux ; et de ches
Duclou, le canal doibt avoir sa suitte ches les subséquents
voisins
(1) lUtAlhou, Dom d'uDS rue de Limoges, appelée aussi Gaumer-
dier ou des Clavelien.
,y Google
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CARTULAIRE
DE
l'Abbaye bénédicliae Saint-Martin de Tulle
EN LIMOUSIN
Jean-Baptiste CHAMPEVAL
(Suite. - Voir t. XtX, p. 6H).
737. Item, ung instrument contenant fondation de la
vicc&Tie de La Borne près Veyrac (I), fondée par feu
Laurans, évesqu,e de Tulle, et ce sur les tenanciers de La
Borne, dotée ne ^b. liv. ts. de rante, de laquelle la pré-
sentation appartient audit chappitre, et la collation appar-
tient à Mgr de Tulle ; retenu par M* Jehan de Umio,
Aniciensis diocesia ; datée de l'an mil m" Ixbi (1366) indic-
tione guarta pontiScatua domini Urbani, pape quinti, anno
quarto. — Plus ung instrument de recognoissance faicte
par M" Arnault Guocensis [Gauzens ?J , viccaire de la
viccarie de S' Marcial, allas de Latome, de la somme de
(1) Borne, église détruite, sur le rivage droit de la Dordogne et
en la commune de Vayrac (Lot). Pour Laurent d'Âlbiars, voy.
Hiat. Tut., p. 198 à 206.
T. XX. 3-4
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— 206-
3 liv. ts. reçue par Jrf» Anthoine Ghasseniard, not. royal,
du xp janvier 1461, cottée par z.
738. Item unea (1) lettres par lesquelles ArnaitU, évcsque
de Tulle, veult que le chappitre de Tulle aye ung seau
(sceau) propre el particulier pour en uzer en tous contractz,
et octroyé plusieurs autres privilèges audict chappitre.
Données à Avignon, vi* kalendas februariî millesimo
iir° xbiii", cothé parZ.
739. (Noua sommes, hélas ! forcé d'omettre ici 2 feuillets
qui manquent par lacération dans ce cahier). Item ung
instrument contenant une fondation de la uiccarye de
S' Marcial, desservye en leglise de Curamonte, par noble
homme François (2) des PÏas, prieur de Meyssac, reli-
f;ieulx de legUse cathedralle de Tulle, de laquelle viccarye
a collation apartient au chappitre dud. Tulle, du xii' jung
mil iiii*' hxtx (1479); receu par M' Jehan Régis, notaire
d'Uzerche ; cothé par Q [sac A].
740. Item des lettres données par Bertrand, évesque de
Tulle, contenant l'unyon du prévosté de La Chièze avec
le prieuré de S' Michel de Bamèj-es. receuespar M» Jehan
André, notaire du diocèie de Limoges, du dernier novem-
bre mil iiii' VIII (1408) ; cothées par R.
741. Item unes lettrea de fundation d'une TTiesse faicte
Sar Gilibert de Chamborant, abbé du monastère de Saint
lartin de Massay, diocèze de Bourges, receues par M« Ber-
nard Guillot et Jehan Lavergne, notaires de Tulle, du
XII» novembre 148! ; cothées par P [3).
742. Item ung instrument touchant le sindicat de chap-
pitre de Tulle, contenant plusieurs faictz, receu par
M" Eymeric Loymarye, notaire de Tulle, du mecredy
avantla feste S' Mathieu ; xi* kalendas martii, anno Do-
mini millesimo iii° xix, indictione m*, pontiâcatus domni
nostri Johannis pape XXTI, anno iiii" ; cothé par A. A.
743. Item ung instrument de sauvegarde de nostre S'
(1) Ici lettrea en duplicata. Ifolre patois, i, (]orrèze, a gardé le
même usage du pluriel pour un objet qui va par paires : unai
braxzaa (unes culotte), unaa miltas, us aouc», mitaines, sabots. —
Pour le sceau, voy. Stgillog. du Bat-Limousin, par MH. de Bos*
redon et £. Rupin.
(2) H. Poulbrière, mal renseigné sans doute par Nadaud, attribue
à Bousquet de Plas la Tondation de cette s vicairie, décrétée le
3 janvier 1470 k l'autel Saint-Martial >, p. 413, Dictionnaire de»
ParoiMea.
(3) Voy, Hisl. Tul., p. 230.
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- 207 -
père le pape Innocent, concédé à l'abbé et couvent de
Tulle ; et aussi certains privilèges quod tempore infra
dicto generaliter?? ou convenluatia?clausis januispossint
divina celebrare ; receu par M^ Guillaume de Vey?ma-
cello, notaire du Périgort, xnii" kalendas augusti; indic-
tione 1111* millesimo ii° xlvi"; cothé par B. B. [En marge,
de même main : Privil. de notre S' père, de dire l'office
januis clausis].
744. Item ung instrument de publication faicte par
M« Pierre Puvfages, officiât de Tulle, oft est incéré deutz
bulle de indulgence et pardons confirmées et données par
le pape Clément pour le chef de S' C'iair ; données Aignon
(sic) 111" idus mail, pontiflcatus nostri anno x". — Emsen-
ble une permission à Jehan Chanpefcal fsic^, pour fere
des images du chef S' Clair ; attachées ensemble et cotnéea
parce. [Versl490J.
745. Item certaines bulles, ensemble certaines confirma-
tions faictes par roys d'Espanhe, appellées fsic] Alfonse ;
ensemble une donation faicte par le royal infanson, de la
ville de Fomilho, en Espagne, en cinq (quatre est biffé)
pièces attachées ensemble et cothèes par D. D, (i).
746. Item une buUe de confirmation octroyée par le
pape Urbanus, touchant l'office d'aumosnerye, quedore-
senavant ledit aumosnier prestera serement de l'adminis-
tration du revenu dudicl office, tant à m' l'évesque qu'à
son chappitre. Données à Avignon, iiii° idus novembris,
anno m" ; cothé par E. E.
747. Item une bulle appostolique contenant la (rarisia-
tion de l'ab&ye de Tulle en éoesché, et la division des
éveschès de Limoges et de Tulle, et privilèges pour m' de
Tulle et chappitre, confirmés par le pape Jehan ; donnés
à Avignon, idus augusti, pontiûcatus nostri anno primo ;
cellées (sic) et plunbèes d'ung seau de plumb ; cothé par
F. F. {2).
748. Item ung arresl obtenu par ledict chappitre contre
le prévost Joubert, par lequel leaict prévost est condampné
(à) payer à icellui chappitre le fromen des moys de sep-
tembre, octobre et novembre, et autres devoirs ; signé de
Pontac, du viii« mars mil v" xxix. [En marge : des deuoirs
du prévost]. Plus ung instrument portant recognoissance
(t) Voy. mon n' 605, et pour le n- 744 mon Baa- Limousin aeigneu-
Viatel religieux, ou Oéogr. abrégée de ta Corrèie, T. I et Iten
un vol., 14 fr., chez l'auteur, au château de Vyers, par Corrëze.
(î) Hist. Tut., col. 6Î4, et Gallia nova. t. II, col. 210. En 1317,
13 août.
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_ 208 —
faicte audict chappitre par M' Martin Fraissinges, prévost,
des debvoii-s qu'il est tenu envers icelluy chappitre ; receue
Ear Peschadour du xiv» avril rail v" ilix ; attachés enseni-
le et cottes par GG.
749. Item ung instrument par lequel led. chappitre
donne permission aux habitants de Tulle de pranare la
fontaine, pour la conduyre ou elle est deprésant, laissant
ung tujuau {sic, tuyau) pour la fontaine audict chappitre
avec autres conventions ; receu par Peschadour, du xiii"
novembre 1539 ; cotlè par HH.
750. Item deulz quictances de la pantion d'Ussac, de
Meissac, deue audict chappitre, annuellement, servans de
tiltre ; roceuez par Masaelmont et Peschadour, des mv*
octobre 1553 et fS» janvier 1554 ; cottées par JJ.
751. Item une investiture faicte par M* Lenard (sic) de
Douez, d'une vigne par luy acquise de M" Noël Destaing,
au territoire du Boys Monger, avec vu sols vi deniers de
rante ; receue par Duron, du U'aoust 1566 ; cottéepar KK.
752. Item ung instrument de fondation, faicte par
M« Jehan Frossiuges, prévost, receue par Myrat, du 6"
mars 1576 ; cothé par LL.
753. Item ung instrument par lequel apert que ledict
chappitre a promesse des s" de S"* (sic) . Le reste manque :
suppléeî Portunade? Ferréole? Extrait biffé.
754. Item ung arrest donne aux grandi jours à Limo-
ges, au profict dud. chappitre, contre frère Annet Chaba-
niei, admi«!s(raire, par lequel est condampné payer i
chascung chanoine de lad. église, un chascung jour, ung
pain de froment poisant xxbin onces. Signé de Pontac, du
IB" septembre 1542; ensemble deulx sentences données
par le lieutenant au siège de Tulle, contre M» Jehan De-
prez, administraire, par lesquelles icellui administraire
est condempné payer aud. chappitre, ledit pain ; signées
par Porchier, des 7' may 1557, et 28» raay 1557; attachées
ensemble et cothées MM.
755. Item ung instrument par M» Estienne Salesse, par
lequel apert cornent Anthoine Guary, olier (1) de Tulle,
s'oblige luy payer 16 sols de rante ; receu par J. Dubois,
(1) Fabricant d'huile de noix, industrie florissante à Tulle aux
ivi' et itvii' sièdes; puis la manufacture de fusils, les gelées, l'im-
portation des huiles minérales, découverte du gaz, etc., portferent
ici un coup mortel jt ce commerce fructueux jadis pour la bour-
geoisie tulloise. Les demoiselles du crû occupaient alors utilement
leurs veillées à éplucher les noix de leurs domaines.
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du "22« janvier 1537, avec une danse de lestement faicte
far ledict Salesse, par laquelle apert qu'il lègue lesdits
B sols audict chappitre, pour ung obit ; receue par Balé.
du 1 !■ feurier 1560 ; altacnées ensemble et cottées par NN.
— En marge ; fondation de S&iesse.
756, Ilem une instrument par lequel apert que ledict
chappitre ven [a] à M« Légier Lestrade, prestre de Tulle,
une vigne assize au téritoyre du Ghamp-Lagarde, conte-
nant dix iournaulï, pour le prix de 23 liv. ts., o (revenant
à: auec) la charge qu'il payera chascung an de rante au-
dict chappitre 25 s, Is. ; receu par M« Ramond, Ccron, du
24' septembre 1522 ; colhé par 00. [En marge : Lestrade ;
Beaupi3lz25 s.] (1).
757, Item ung instrument de recoi/noissance faicle au-
dict chappitre, par ledict s' évesque, de payer ce qu'il doibt
audict chappitre, tant absens que présans ; receu par,
M» Jehan Cueilhe? et délivré par M« Jehan-Vincens du
Piiy ; du 4» novembre 1429 ; cotné par PP.
758, Item ung instrument de recognoissance de m I. de
rante tous les ans audict chappitre, par M" Anthoine Bi-
nel, prieur de (ce?] qu'il a levé? de Trémoilles ; receu par
Peschadour, du 3 octobre 1542 ; cothé par Q. Q. (2).
75!ï. Item ung instrument à'investition faicte par le pré-
vost de ladicte église de la 1/2 du village du Pouget,
paroisse de S' Maixent ; receue par Ma Jehan Verdier,
notaire. [S. d.J, cotté par R. R. (3).
760. Item une senfance par laquelle ledict chappitre est
réintégré contre M' Michel de Laissac?, curé de s' Julien,
à raison de 3 liv. de revenu que ledict curé doibt annuel-
lement audict chappitre, le jour des rameau Ix ; signée
Porchier, du 1»' julliet 1563 ; cottée par S, S. (4).
761. Item ung instrument de vente faicte par Eblo, vis-
conte de Vantadour, de plusieurs rantes asizes en plusieurs
et divers villaiges, à l'anbé et couven de Tulle ; scellé v
idus junii 1281 ; colté par TT.
762. Item ung extrait auquel est contenu ce qu'est deu
audict chappitre par mgr de Tulle et autres officiera et
(t) Champ-Lagarde et fiois-Hanger, villages de la commune de
Tulie. Ce Beaupojl est apparemment le détenteur poslërieur, et
ainsi débiteur de la rente.
(3) Trémouilles, village de la commune de Chameyrat, plutôt que
celui des communes de Lagarde et Rosiers -d'Egletons.
(3) Le grand prév6t de la cathédrale, ~ Le Pouget, 15 Ijpbitanli,
commune de Saint-Heiant.
(4) Saint Julien, è. Tulle.
dbyGoOt^lc
— 210 —
béoéficiei's de ladicte église ; sans aiilcune date ; en papier,
contenant 15 feuillets ; cothé par W.
T63. Item une donnation, faicte par Jehan Pabot, habi-
tant de Tulle, en faveur de M« Jehan Lavergne notaire de
Tulle, fl!z à Pierre, d'une maison et jardrin, size à la Bar-
rieyre, confrontant avec la maison de Pastrie et d'Userche,
et certains autres biens, par laquelle lègue audict chappi-
tre XX s. de rante, pour certains obitz ; receue par P. de
Terrada, du 25* aoust 1449 ; cothée par XX.
764. Item uuK acte faict par devant le séneschal, à
Tulle, par lequel est inhibé a toute manière de gens de
jouer dans les cloistres, à poyne cent liures ts, de ne y
tenir aulcungs pourceaulx à mesmes poynes et de prison ;
signé Porchet, du 8' mai 1562, avec la publication d'icelle
du 9» desdits mois et an ; signé Fabria ; cotté par Y V.
765. Item ung instrument d'acquisition faicte par ledict
chappitre sur Bernard Soleilavolp, de 3 sols de rante pour
le pris de 3 liv. sur tous ses biens, et expressément sur les
biens qu'il tient au villaige de Soleilavolp (1) ; receu par
P. Lagorce, et scellé du vi" kalcndas augusti 1320; cothé
par ZZ.
766. Item ung instrument de (ransaciton par lequel
apert que François Cendon, bailli de Tulle, a déclairè que
comme bailli de mgr de Tulle il a payé au dict chappitre,
certain vin pour ung 0 qui se chante (2] chescung an en
la dicte esglise ; receue par J. du Boix, du xix" décembre
1557. — Plus une demande dudit chappitre pour raison
du mesme, faicte contre Estienne Vergonzanes, bailli, avec
la quitance de réintégration des 7o janvier et 9» février
1562, signées Porchier ; attachées ensemble et cottées par
ZZ. [Le bailhi de mgr pour l'oj.
767. Item unç exploict d'une saisye, faicte à la requeste
du procureur hscal du s' évesque de Tulle et du sindic
dudict chappitre, d'ung saulmon entier, à messire Léonard
Firmy, prêtre, et Lacgier Canole, habitans de Tulle, ics-
quelzih auroient mys en vante au dessoubz du clocher,
sans l'avoir présenté audict chappitre, suyvant les privi-
lèges, et autres chozes contenues audict exploict du 13'
jullet 1527; faict par Pierre Eyzac, sergent ; colhé par
ZZ. [En marge : Présentation des saumons].
Au SAC nu B.
768. Item ung instrument contenant ordonnance et
(I) Village de 100 âmes en la _
(2} Antienne commençajit par I
Dijiiizedb, Google
— ii\ —
appointement entre le s' évesque de Tulle et m" du chap-
Sitre. d'une part — et les vrébandiers de Rocquem&dour,
'autre: touchant le nombre des prébandiers dudit Roc-
3uemadour ; receus par M* Pierre de Bourlous, notaire (1)
e Tulle, du pénultiesme septembre 1416 ; cothé par A.
769. Item ung instrument de révocation, contenant : que
en la chappelle Nostre Dame de Rocquemadour n'auroit
que douze prébandiers et quatre clercs; laquelle ordon-
nance et statut lesdit s" évesque et chappitre ont révocquée
et cassée ; receue par M" Pierre Bourlous ; du 25' septem-
bre 1416 ; cothé par B.
770. Item ung instrument de ratifficaHon faicte. par
mgr de Tulle et son chappitre, du 28» septembre 1416 ; re-
ceue par M' Pierre Bourlous ; cothé par G.
771. Item un^f lestement de messiie Bertrand Botinal (2),
évesque de Tulle, contenant la fondation de quatre ohitx,
Jour lesquelz il a donné 14 liv. de rante ; ensemble les
ixmes de Saint YUaire Foissac ; avec plusieurs pactes
couchés audict lestement ; receu par M< Jenan de Sourries,
notaire de Tulle, du tiers de jung 1412 ; scelle de troys
ceaulx ; cothé par D. [En marge et de même écriture :
Obitz de Boutinal].
772. Item ung instrument de donation de cent livres
une fois payées, faicte par frère Guy de Lissac, cellarier
de Tulle, audit chappitre ; receu par M* Anthoine Testo-
ns, notaire de S'Bonet al Vergn, du Ix* aoust 1473 ; coté
par E.
773. Item ung instrument de révocation faicte par les
prébandiers de Jîocquemadour, à mgr l'èvesque et chap-
pitre de "Tulle ; receu par M* Pierre Bourloux, notaire de
Tulle, du 25» septembre 1416; cothé par F.
774. Item ung instrument d'acquisilion de la justice
haulte, moyenne et basse des villaiges de Sarget et du
Calgach, en la parroisse S" Ferreolle, faicte à l'aumosnier
de l'église cathédralle de Tulle, par noble Guy de Mai-
mont, conseigneur de Malmonl, du 10» jullet 1377 ; receu
par M" Pierre de La Bachelarye, notaire ; cothé par G (3).
(1) La forme Bourrclous était plus usitée, témoin la plaquette
trop rabelaisienne : J$ha.n dea Horlu, et autres preuves.
{1} Al ayant fait au, donne la vraie forme encore usitée Bouti-
neau, dans la Haute-Vienne. Corrigeons donc Bofinandus, de la
p. 213 de Baluze HUt. Tut., en BotiriAudua, et à sa p. 213 Atez
ri de Floytsacensis.
(3) Aujourd'hui Sarget haut et bas, commune de Sainte-Féréole.
— Maumont, château en la commune de Bosiers-d'Egletons. Il n'y
a pas Malemorf.
D.g.tizedby Google
— 212 —
775. Item ung instrument d'une fondation faicte par
Sébastien Sapientis, aliàs de La Ciia^sagne, curé de Bas-
signac ; du 30* novembre 1511 ; receu par J. Gostin ; cothé
par H (1).
776. Item une instrument d'acquisition, ensemble la
recognoissance de 5 sols tournois deuz audict chappitre,
situés sur ung bois nommé de Leymonie [2) ; receu par
M« Anthoine Chassaignard, notaire à Tulle, du 28* sep-
tembre 1466 ; coté par J.
777. Item autre instrument dacquisîlion faicte par le-
dict chappitre, de 10 s. de rante, situés sur certaine botic-
que de Estienne Peschadour, size près la Font S' Pierre,
paroisse S' Julien de Tulle; receue par M' pierre Terrade,
notaire de Tulle, du 18' mars 1455 ; cothé par K.
778. Item autre instrument de uante faicte par damoi-
selle Françoise de S* Gyry, veufve de feu Arnault de La
porte, à Marcial de Fés, de certaine maison nommée del
Champ, size en la place puhlicque de Tulle, à la charge
de payer audict chappitre, chascungan, de rante, la somme
de six Uvr-es ; receu par M* Jehan de Fénis (3) et Bertrand
Leymarye. notaires i-oyaulx, et signé par Conchard, col-
iationnaire, du 16* apvril 1548; cothé par L. [En marge:
la maison del Champ, appellèe de Paradis, vi liv.].
779. Item quatre Instrumentï et une sentence, touchant
la présentation du poisson et from&igcs, faictz entre
m' de Tulle et son chappitre; receuz et signés par
M»' Pierre Joloti, prêtre du dioceze de S' Flour, Jehan de
Cueilhe, de Laguenne et Sapientis, des années 1398, 1401,
1402 et 1460 ; cothéz par M.
780. Item ung testament, où est comprins ung léguât
faict audict chappitre, par M« Huguo Michel, natif des
Glotons, de 10 s. de rante, assis sur une maison et lèze (4)
en la ville de Tulle, et au barrv del Prat ; receu par
M« Jehan Souries, notaire de Tulle, du 10» apvril 1401 ;
cothé par N.
781. Item ung instrument de 3 sols de rante sur ung
boys qui confronte avec le Boys Monger, deuz par Jehan
Cornier, le plus vieulx, lilz de Jehan Cornier ; receu par
(1) PlutAt Bassignac haut, comme bien plus important que le bas.
M. Poulbriire ne le cite pas. 11 semblerait qu'il fut seigneur de la
Chasaaigae, commune de Vitrac.
(!) Commune de Saint-Hexant ?
(3) A Tulle.
(4) Etroite bande de jardin en terrasse.
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— 213 —
M» Pierre Bourlous, notaire de Tulle, du 4« aousl 1413 ;
cothé par 0.
783. Item autre instrument de recognoissanee faicte
audict chappitre par Pierre de Treraoiïhes, de Tulle, de
10 s. ts. de rante, situés sur ung ouvroir (1) dudict Tre-
moilles, dans les murs dudict Tulle ; receu et signé par
M' Pierre Terrade, notaire de Tulle, du 28* may 14Î8;
cothé par P.
783. Item autre instrument de institution ou ordon-
nance faicte entre m' de Tulle et les prébandiers de Roc-
quemadour, à cause du cens et autres chozes contenues
en icelle ; scellé de cire blauche, et signées par monsei-
fneur Lacgier, archevesque de Bourges ; daté quinta
alendas octobris 1513 ; colé par Q.
784. Item dîi actes par lesquelles apert que lorsque
m' le séneschal du Limosin, ou son lieutenant, tiendia le
sièfte royal à Tulle, ce sera par la permission de m' de
Tulle; cothèes par R. [En marge : Permission octroyée
Îar mgr de Tulle, à m' le séneschal tenir sa court à
ulle (2).
785. Item autre instrument d'acquisition faicte par (sic)
révérend père en Dieu, frère Pierre, abbé de Tulle, et au
monastère dudict Tulle, et ce par nobles Hèlias et Bernard
de Tutella, dupéaigeetdetoutdroitet debvoir et seigneu-
rye en tout le chasteau et ville de Tulle dans les portes
dudict Tulle et dans la tour et salle de La Mota et en la
tour de Chanac ; sellée de cire blanche ; idus octobris
1253 ; coté par S (3).
786. Item ung instrument de vante faicte par noble
Gérault de Maisse (4), chevalier et dame Alguy sa femme,
à r. p. en Dieu, Pierre abbé de Tulle, de la somme de 101.
ts. de rante assizes sur tous ses biens ; sellé en syre blan-
che, du (sic) date kalendas octobris 1265 ; cothé par T.
787. Item une bulle du pape Johannes vicesimi secundi,
touchant S" FéreoUe, qui est incorpoi-é et uni en l'église
cathédralle de Tulle; scellées de syre blanche, du jour
S' Mathieu, apostre 1319 ; cothé par V.
788. Ilem autre instrument du sindicat des prébandiers
(l)AUlier; boutique -atelier.
(?) Probablement de la fin du ini> et du début du xiv* sîëcles.
(3) Voy. 664.
(i) Nom tiré du fief de Maysse, 37 habitants, commune de Los-
tange«. Cf. 801.
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— 214 —
de Rocquemadour ; receu par M* Pierre Bourlous, du 25
septembre 1416 ; cothé par X.
789. Item ung instrument de permutation faicte entre
Eymar et Léonard (Bernard?) de Chounac, frères, de leur
part de Chounac et autres terres, avecques les abbé et
couvent de Tulle, du 9" mars 1265 ; cothé par ^- JEn marge :
Permutation d'une partie de la seigneurie de Tulle] (1].
790. Item ung instrument de vante faicte par Pierre,
dict Peyrot Dumas, autre Pierre et autre Pierre, dict
Peyrichon Dumas ses fllz, merchans de Tulle, de certaine
maison size à La Roche Marthun |2), pour la somme de
20 1. ts ; receu par G. du Peschadour, du \> novembre
1544 ; cothé par Z. [Le gourrier de Tulle, 20 l.J.
791. Item unesenfancearbitraire donnée par M' Calmyne
de Lagarde, lieutenant général au siège de Tulle, au pro-
fict dudict chappitre, contre les curés et prestres des
communauttès S' Pierre et S' Julien dudict Tulle, par
laquelle est ordonné que lesdits prestres assisteront au
processions générales avec ledict chappitre; signées par
ledit Lagarde, du 11» may 1526 ; cothé-par Z (sic).
792. Item une transaction faicte entre r. p. en Dieu,
Pierre, ^«esqite de Tulle, d'une part; — et les manans et
habitans de la cité de Tulle, à cause du mouldre, cuyre le
Sain aux moulins et fours dudict s' évesque ; receue par
[e Hugues Michel, notaire de Tulle, du 8» février 1380;
cothé par AA. [Moulins et fours de Tulle].
793. Item certaines /étires royaufz dressantes au sénes-
chal de Périgort d'administrer justice touchant une
acquisition faicte par l'abbé et couven de Tulle, de cer-
taine rante sur les mouiins de i'Escure, près de Larche,
devers l'église d'Alhac (3) ; cothé par BB- [S. d., vers le
XIV' siècle] .
794. Item une sentance donnée par M" Marti Laborda,
lieutenant de messire Jehan Geneste, juge de Tulle, au
§ reflet dudict chappitre de 10 s. ts. de rante, à rencontre
e messire Jacques et Pierre de Goûtes, frères, et autres
nommés en icelle; lesquels 10 s. sont situés sur ung pré
au thouron de La bisque, paroisse S' Pierre de Tulle, con-
(1) Chaunac, commune de Naves.
(2) La Bocbe<Marton, ù Tulle.
(3) Les Moulina des Escures, ruinés comme ce port sur VéiLère,
existants en 1310, en la commune de Terrasson. Alhac, ici en cause,
reste k identifier en complétant le dictionnaire de Gourgues muet
sur ce point. Rien ici d'Aillac près Carlun, cela va sans dire.
D.g.tizedby Google
— 215 —
frontéc en icelle, signée par M° Jehan Fraisse, greffier,
du 8» janvier 1497 ; cothé par CC.
795. Item ung procès, ensemble une enqueste faicte par
Jean Geneste, juge de Tulle, à la requeste dudict chappi-
tre, entre Ramond Lagarde, Guarneir Alogne, Michel
Bodies (Bodusî), paroisse S' Julien de Tulle, de la somme
de 10 s. ts de ranle assiz sur une station [étage] et solier
situés au barry dal Verge, conTrontèe et limitée audict
?rocés ; grossoyé par M' Jehan Fraisse, greffier, le 4» mars
495 ; cotté par DD.
796. Item ung instrument de rétention d'une partie du
mas de La Serre à la Malaurye (1), d'une combe appellée
à la Serre del Vignal, située en la paroisse S' Julien de
Tulle, saufs et réserves trois deniers de rante aux pitan-
ciers de Tulle, ainsin comme appert par les instrumens
receus par M» Jehan La Gorce, notaire ; et celle de syre
verte ; daté de janvier 1334 ; cotté par EE.
797. Item ung instrument d'acquisition faicte par m" du
cbappitre, sur Gérault de Mongauïer (2|, paroisse de
Seilnac, de la somme de 10 s. ts. de rante, payable chas-
cung an, à la feste de l'assomption Nostre Dame, assis sur
ung pré appelle de Magueurs, situé en ladicte paroisse de
Seilhac, confronté et limyté en l'instrument du lynac î —
Item plus 3 sols 4 deniers ts. argent par ledict Maugauze,
dud. lieu de Seilhac do rante sur ung jardrin près dud.
lieu de Seilhac. — Plus 3 sols 4 d. ts. de rante payables à
lad. feste, assis sur un jai'drin appelle de Las Cous, pour
la somme de vu 1. et autrement assiz sur tous et chascungs
ses biens ; scellé du seau de Tulle ; daté x kalendas no-
TCmbris 1332; cothé par FF.
798. Item ung instrument de donation faicte par ....
[passage déchiré] Faucherii , à l'abbé et chappitre de
Tulle, de toute la (partie?) et droict que pouvoit avoir de
la tour du mote , chasteau et sale de Tulle et
autres possessions dudtct chasteau et de toute la ville,
dans les croix ou oratoyres d'icelle ville, aussi tout droit
que ledict Faucherii et ses prédécesseurs avoient acous-
tumé prandre à cause dudict chasteau de Tulle, et tout
droict de seigneurye qa'il avoit en ladite ville, ainsin
comme apert plus amplement par ladicte donation ; scellé
soubz le seau de la court de Lymoges ; donné 14° kalendas
decembris 1263 ; cothé par GG. (3).
(1) La Uakurie, 27 habicanta, commune de Tulle.
(1) Nom pris du village de Monjauze, 51 habitants, commune da
Naves. — Magueurs, 48 liabltants, commune de Seilhac.
(3) Voy. mon 666. — Gaigniëres et ce cahier datent du iiv* jour;
D.g.tizedbyGoOglC
- -216 -
799. Item ung instrument de donation faicte par noble
Albert de Borno, chevalier, à r. p. en Dieu Mcssiie Pierre,
abbé de Tulle, et aux prèbandiers de Rocquemadour, de
certaines possessions, argan, cire et chandelles de cire sur
les moulins de Cabuys, de Caulet et aparlenances d'iceulx ;
scellé du seau de Gahors ; datée à Rocquemadour 1264;
cothéparHH{l).
800. Item ung instrument de vendition faicte par Gé-
rault, Gautier, Gérault et Guilhem Agri, et Jetian Robert,
à M' l'abbé de Tulle, de 22 sestiers froment et 32 sestiei-s
avoyne. mezurede Curamonte, 24 sols et 5 gèlines, chas-
cung an, de rante ; ont obligé leurs biens et pocessions
3u'ils tiennent à homaige dudict abbé ; receu par M' Pierre
el Cheyrou, scellé de syre verte, du seau de Lymoges ;
viii" idus junii 1270 ; cotné par JJ (2).
801. Item ung instrument d'acquisition faicte par noble
Gerault de Maisse et dame Alguy [3), de cent soiz de rante
à cause d'une permutation faicte entre euli, d'une part et
r, p. en Dieu Pierre, abbé de Tulle, lesquelz 100 s. sont
assiz sur leurs biens et autres pocessions, ainsin comme
apert par ledict instrument sur ce [sic] scellé le jour S'
André 1266 ; cothé au doz par KK.
802. Item ung instrument de (ransaclion faict entre
l'abbé et nouven de Tulle, et (es manans et habitans de la
ville de Tulle, sur certains excès faict^ par iceulx habi-
tans, par lequel apert iiue la cognoissance desdits excès
apartient auaict abbé et couvent ; scellé du seau de Limo-
ges ; et de Tulle, du 13* julhet 1251 ; cothé par LL. [Com-
ment la justice de Tulle apartient à l'abbé et couvent dudit
Tulle].
803. Item une recojnoissance faicte par mgr le visconle
de Ventedour, à mgr l'abbé de Tulle, de certaines parois-
ses contenues à la dite recognoissance ; scellées du seau
de Lymoges ; daté ix*» kalendas apprilis 1302 ; cotté par
MM.
804. Ung instrument de donation faicte par Peyronne
(vefve?) de feu Bernard Dauriac (4), chevalier, à rév. p.
Baluze, probablement par erreur, du xirr. — Comblez la lacune
par le mot Guillaume. Cf. 607.
(1] Ce moulin de Gabouys est encore mû par l'Ouysse, en la
commune de Rocamadour, vers Cales. Nous identifierons Caulet
aux tables finales.
(!) Cure monte, commune du canton de Uoysaac.
(3) et. 786.
(4} Commune de Neuville ? — fieaulieu'Sur-Menoire.
D.g.tizedby Google
— 217 —
en Dieu, nigr l'abbé du couven de Tulle, assavoir de la
bord farye] de Javazac et bordarye apellée du Gros et fia]
bordarye apellée du Juge, et la raoytiè du mas de la Bre-
tole, avec tous leurs droictz ; sellé du sceau de l'abbé de
Beaulieu, le samedy après l'assantion nostre seigneur,
mil w Ixv ; cothé par NN.
805. item ung instrument de acceptation pour r. p. nn
D. P. abbé de Tulle, à cause des aflariis de Chounac (1]
avec ses appartenances ; donné la vigile 5'° Magdaléne
1264 ; cette par 00.
806. Item ung instrument d'acqmsziîon faicte par Huguo
Conte ? Coût'? Cut? de Curamonte, à r. p. en Dieu Pierre
abbé de Tulle, de deulx cesliers avoyne, mesure de Cura-
monte, plus ung cestier froment àladicte mesure, plus
une géline, plus 2 cestiers avoyne, deux par Ëstienne
Sepieyre et Pierre Robert, pour'le pris de 9 1. du marc
vieulx ; sellé ; daté de la feste S' Pierre 1270 ; cothé par
PP.
807. Item autre instrument d'acquisition faicte par le-
dict s' abbé de Tulle, de Gérault Baléna, clerc, et Hugue,
filz de feu Guilhem Baléna, du Mas de-Sounieyras, situé
à Sounieyras, et tous ses droictz et devoirs quelconques ;
sellé desvreblanche, le lundy après l'invention S' Ëstienne
1274 ; cothé par Q Q {2).
808. Item ung instrument de vente faicte par noble
Hélias de Tulle à rév. père en Dieu Pierre abbé et au cou-
vent de Tulle assavoir tout le droict en toute seigneurye
qu'il avoit et pouvoit avoir en toute la tour de La Mote,
chasteau de Tulle, et en la sale, et en autres pocessions
dudit chasteau et de toute la ville de Tulle, dans les croix
ou oratoires d'icelle ville, et aussy tout le droict que ledict
Hélias et ses prédécesseurs tenoyent et avoient acoustumé
prandre, à cause de là seigneurye dudict chasteau, en
tout le droict qu'il pouvoit avoir en toute la ville et en
tout le chasteau, pour le pris et somme de six vingt et
cinq liv. ; sellé souiz le sceau de Lymoges ; faict à Albus-
sac, z" kalendas septembris )26b ; cothé par R.R. [En
marge : Partie des acquisitiens de la sgie de Tulle] (3].
809. Item ung instrument de composition faicte entre
nobles Hélias Rouder et Hèlis sa femme, d'une part — et
r. p. en D. P. abbé de Tulle et l'administrateur de la ville
de Meyroniie près le chasteau de Croisse, et pour le cou-
(1) Commune de Naves.
(2) Apparemment Saumieyras (Chameyrat), près Poissac.
(3) cr. G6G; T9S. Âlbussac, commune du canton d'Argentat.
D.g.tizedbyGoOglC
vent de Tulle, pour faire à perpétuité, peschière, pilier de
Sierres des moulins en la reviôre de Dourdounye, par
elà Meyronne, en l'androit où il ptairroit audit s' aÈbé
et couvent, avec tous les droictz et dehvoirs paisiblement,
excepté la tierce partie du dixmc de l'église Nostre Dame
de Rocquem^dour, et les autres deulx parties audici abbé
et monastère de Tulle; scellé soubz ie sceau de Cahore,
sexto idus seplerabris 1252 ; cothé par S. S. (1).
810. Item ung instrument de donafionfaicteparRamond
de Beauchasteau, chevalier, au moustier de Tulle et reli-
gieulz d'icelle en l'église nostre dame de Rocquemadour,
et à r, p. en D. dam. jsic) Bernard de Ventedour, abbé
dudit moustier, assavoir le cliasteau de Belchastel (2) et
toutes ses apartenances et autres ; passé par M' Estiéne de
Furno, not. royal, 4" iduii julii 1234 ; cothé par T.T.
811. Item ung instrument i'honmaige et recognois-
sance faicte par Guillen de S' Jehan, Ramond et Bernard
de S' Jehan, ses nepveuz, à r. p. en D. m' l'abbé de Tulle,
assavoir pretz (3) et autres chozes contenues audict ins-
trument; scellé ; daté vi" kalendas iunii 1252 ; cothé par
V.V.
812. Item ung procès en enqueste faictï sur la répara-
tion du pont de Laguenne ; escript en parchemin, en roUe ;
cothé par X,X.
Au SAC BE C.
813. Item ung instrument de permutation faicte entre
r, p. en D. Ramond, abbé de Tulle et couvent dudict,
d'une part — et Gérault de Rigault, dudicl Tulle, de cer-
taines rantes contenues en l'inslrumen, sur ce scellé et
passé le vendredi après iet&re Jéi-usalem 1296 ; cothé
par A (4).
814. Item des lectres royaulx impétrées par le procu-
reur dudict abbé et couvent, contre les consuls de Rocque-
madour faisant mantion comment la juridiction dudict
lieu apartient audict abbé ; scellées du sceau du roi Phi-
lippes, inpétrées i Tholoze, le tiers janvier 1300 ; cothées
parB.
(1) Moyronne et Crcysse, communes du Lot, contiguës.
(3) Belcastel, commune de Lacave (Lot), déjà relaté.
l3) Pour des prés nobles, à coup sûr. ayant été le siège de flefa
rasés. Voy. mon article sur quelques easaieinements de fiefs en
Poitou, Bulletin des antiquaires de l'Oueil, 1897, 4* trimestre.
(4) Probablement à corriger eu Rajeault.
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-219 -
815. Item uns instrament d'acquisition faicte par ledîct
rhappître de Tulle, de certaine rante de nome Jehan
Vergier [En marge : Verdier] et Jehan d'Userche, pour la
somme de dix escutz d'or ; receu par messire Jehan Cui-
sin? Gui-sou? Cureac? notaire de Tulle, du 6' aoust 1488; ■
cothé par G (1).
816. Item ung autre instrument d'acquisition de 10 s.
de rante, faicte par ledict chappitre, de noble Guy Juge,
de Coulonges, pour la somme de 10 1. is. assis sur les dix-
mes des bledz et des vins que ledict Guy prenoil en ladicte
farroisse ; receu par de Souries, notaire de Tulle, du
3' décembre 1391 ; cothé par D (2).
817. !tem ung instrument auquel est incérée une bulle
de Grégoire pp. faisant mention de taxer et dimynuer les
décimes du clergé de Tulle; receu par M" Pierre Binau-
deti et Gérault de Pinu, notaires ; daté du !6* avril 1406 ;
cothé par E.
818. Item ung instrument de transaction entre r. p. en
D. P. évesque de Tulle et les religieulx dud. chappitre,
que prébandiers de Rocquemadour, faisant mention que
ledit s' évesque doibt cnascung an audict chappitre , au
lieu de pain et vin, pitance, vestiaire et autres choses
chascung mois de mars et avril, A chascung des religieulï,
troys eymines froment, mesure de Tulle, et autres choses
contenues audict instrument ; receu par M. Jehan Cueille,
de LaguennC: du 20' avril 1400 ; cothé par F.
819. Item ung instrument de recognoîssance faicte à
m' l'abbè et couvent de Tulle, par Pierre de Grandcharap
et Pierre de Ramolarye, de la quantité de 8 sest. seigle,
2 sest. avoyne, mesure de Tulle et 4 sols tournois et 2 gé-
lines chascung an; scellé du sceau de Limoges, tertio
kalendas junii 1299 ; cothé par G.
820. Item ung instrument de investiture faicte à [par]
mgr l'abbé de Tulle, de certaine vente faicte par messyre
Pierre de Chanac, à messyre Estienne La chapelle, de
cent solz de rante ; receu par m' Huguon La salle, notaire
royal, du raercredy avant la feste S'* Luce 1302; cothé
par H.
821. Item 3 instrumentz touchant 4 cesliers fromen,
mesure fran^oise, sur les Prez Vieilz de Forzés, autrement
appeliéea (3) Ësparzelieyras ; le 1" du 25" janvier 1424,
(1) Ces vendeurs étaient do Tulle ou ses environs rapprochés. Pro-
bablement Couaen.
(3) Collgngas, commune.
(3} Commune de Forgés.
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receu par M« Jehan Cueilha ; le 2° de l'an 1307, receu par
m* Pierre Robert ; et le 3' du 10 aoust 1414 ; receu par
m' Bertrand Melh ; attachés ensemble ; cothés par J. ITEn
marge : ladite rante a esté vandue au s' de S' Ghamans].
82^. Item ung instrument de donation ou testament où
est contenu ung léguât de 5 s. ts de rante, faict au dict
chappitre par m* Aatboine Arnaldi, notaire dudict Tulle ;
receu par m* Jehan Bosquet (1), prestre de Tulle, du
23' décembre 1474; cotbé parK.
823. Item uns instrument de tnuesftture par lequel apert
que Seguy du Luergue, de Tulle doibt au cellarier, ung
cestier froment, à cause d'une lèze de vigne située en la
parroisse S" Pierre de Tulle ; receue par M' Jehan de
Sourries et signée par M' Estienne de Sourries du 17' no-
vembre 1440 ; cothé par L.
824. Item ung acte d'assisaige commençant: in quâ
Îuidem assiaya, et finissant: que fuei-ont ; signé par de
ampo Julie ; cotbé par M.
825. Item ung (es(emeTi( faict par boneste femme Jehanne
de Poiyrat, femme de Jehan de Champs, laquelle légua
5 sols par icelUiy au dict chappitre ; receu par m* Jehan
Cueilbe ; du 25' avril 1401 ; cotnè par N.
826. Item ung instrument d'acquisition faicte par ledict
' chappitre, de iOs. de rante suf Jehan Dupuy, de Tulle,
pour la somme de dix réalz d'or; receu par m* Jehan de
Quercu, notaire de Tuile, du 21» décemnre 1446; cothé
parO.
827. Item ung instrument de donnation ou léguât faicte
par Jehan Brossas, merchant de Tulle, de 10 s. ts. de
rante, siz sur tous ses biens, en faveur dudit chappitre ;
receu par M' Jehan Lavergne, du 16' may 1456 ; cothé
par P.
828. Item ung instrument de doriaiîon faicte parGuîl-
lon Valhac, de Martel, de 10 s. ts. de rante en faveur
dudict chappitre ; scellé et signé par m* Guilhame Lam,
du mardy avant la feste l'assantion noatre sgr 1319 ; cothé
parQ.
.829- Item ung instrument de recognoissance audict
chappitre faicte par Johanetde Laval, parroisse S^Maixens,
de 15 s. ts. de rante ; receu par m' Jehan Gornîer, du
11' avril 1453 ; cothé par R.
830. Item certaines escriptures, enqueste, sentance
(t] 0 se proDoii^ant le plus souvent ou donne Bousquet, détail
dont on s'avise trop peu, mâme parmi nos meilleurs chercheurs
régionaux.
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doDDée par messire GérauU Ciielha, juge de Tulle, et
autre procédure faicte au proûct dudit cnappitre, entre
JehaoDe del Solier, tutrisse des enfans de feu Pierre de
Sadra, aliàs de S' Bonet (1), de la moytiôde demy muy de
vin, mesure de Tulle, de rante ; receu et signé par m* Ber-
nard Fauria, notaire, du 8* octobre 1449 ; cothè par S. [En
marge : Sadre, quarte partie d'un muyj.
831. Ung instruinent eu est contenu ung léguai de 12 3.
ts. de rante faict audict chappitre par r, p. en D, Arnault
de S' Astier ; receu m' Foncet de Vilari, prestre, du 10* may
1354. — Plus autre instrument de 4 liv. ts. de rante, assis
sur les biens de Bernard de Sercois, de Rocquemadour ;
attachés ensemble ; et cothés par T.
832. Item ung instrument d'acquisition faicte par ledict
chappitre, de b s. de rante, pour v I, sur Jehan Eitren,
aliàs Talpi et Jehanne sa femme, assise sur une maison
el solar au barry del Trech ; receu par m" Jehan de Quercu,
du 5' aoust 1464; cothé par V, [A la marge: Talpy, de
Tulle et sa femme v s].
833. Item une ordonnance faicte par mgr l'archevesque
de Bourges, par laquelle il déclaire ce que chascung per-
sonat doira |devra] fere en ladicte église de Tulle, avec
autres constitutions et ordonnances contenues en icelle;
signée par Joubert de Brunayrie et scellé du seau de
Limoges ; septimo kalendas martii, 1313 ; cothé par X.
834. Item ung testement faicl par m» Ramond de I^-
chapouilhe, par lequel légua audict chappitre, 20 s. chas- '
cung an de rante, assiz sur une maison appellée de Thauc,
au barry del Trech ; receu par m* Pierre Gornier, aliàs
Verlhac, de Tulle; du 12' octobre 1481 ; cothé par A. A.
[En marge ; Chappoulye, 20 s. ; Raillou, de Tulle, bou-
cher].
835. Item autre testement faict par Anne du Bessou,
femme dudict Chapouille, par lequel légua 20 s. ts. de
rante, audict chappitre, assiz sur tous ses biens ; receu
par m' Jehan Cueme ; du 28' octobre 1410; cothé par B.B.
836. Item ung instrument de inveatizon faict par ledict
chappitre, à Anthoine et Jehan du Chier, aliàs de L»-
chiéze (2), frères, d'ung pré et jardrin situés au village
de La Mouneyrie (3), el pour raison de ce doibvent de
rante, une eymine froment, mesure de Tulle ; receu par
m' Estienne Du Pré ; du 29* janvier 1438 ; cothé par C. C.
(1) Saiot-Bonnet-rEofaotier.
(3) CommuDa de Tulle.
(3) id id. — Lam, du n* S18, doit être erroné pour de
Lacu.
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— 222 -
837. Item ung instrument d'arrantement faict par ledict
chappître, à. Pierre de Jos, allas Penssou, parroisse S^ Ju-
lien de Tulle, assavoir de la moytié du villaige de La
Mouneyrle par indivis, avec la rante chascung ao de 7
cestiers seigle, 6 cest. avoyne, mesure pauche, ungcestier
froment et 1 cest. rebves, mesure de Tulle, et 7 a. 6 den.
ts. Plus, à cause d'ung pré et jardrins, joignans ensemble,
avec la rante d'une quarte froment, à petite mesure de
' Tulle, et 4 deniers ts [tournois] ; ensemble autres cens et
rantes contenuz audict instrument d'arrentement, receu
par m* Anthoine Chassaignard, du 25* may 1461 ; cotlié
par D, D.
838. Item ung testament faict par noble Jebanne de
Bossac, de Tulle, femme à noble Guynot de Fyaletz, du
lieu de Gymel, par lequel donna et légua audict chappitre
5 s. ts. cnascung an de rante ; receu par m* Pierre Des
Bans, juré de Lymoges, du 11" novembre 1438; cothé
par £. E.
839. Item ung lestement faict par noble Guy de Gimel,
s' dudîct lieu, où est contenu un légiiat de 10 s. ts de
rante, faict audict chappitre ; receu par m* Jehan Cuethe,
du 2- avril 1416; cothè par F. F.
(A suivre).
J.-B. Ghaupeval.
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L'AsDË DE FËLBTZ
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L'abbé de Feletz
l'homme — LE CRITIQUE
1 767-1 8B0
A la date du 25 février 1850, le libre-penseur
Sainte-Beuve commençait en ces termes un de ses
Lundis :
« Le 11 de ce mois est mort, à l'âge de quatre-
vingt-trois ans accomplis, un vieillard aimable,
spirituel, qui recouvrait, sous les formes d'une poli-
tesse exquise et d'une parfaite urbanité mondaine,
un caractère fenne, desopinions nettes etconstantes,
bien de la philosophie pratique ; un sage et un
heureux qui avait conservé, à travers les habitudes
du critique et avec un esprit volontiers piquant,
un cœur bienveillant et chaud, une extrême délica-
tesse dans l'amitié. M. de Feletz me représentait en
perfection le galant homme littéraire. Resté le
dernier survivant de la génération d'écrivains à
laquelle il appartenait^ il lui faisait honneur à nos
yeux ; il la personnifiait par les meilleurs côtés.
C'est en la jugeant par lui qu'on pouvait s'en former
l'idée la plus favorable » (1).
(1) 8aint«-BeuTe, Lundiê, tome I : M. de Feletz ot de la criti-
que littéraire tous l'Ernpin, Eloge prononça par Saiat-Marc*
Girardin, directeur de l'Académie fraoçaise, le 13 février 1850, ft
roccasion de la mort de Feletz, ■ l'un des esprits tes plus ingé-
nieux et les plus élevés de son temps, l'un des plus affectueux et
des plus aimables confrëreB).
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C'est de cet abbé tolérant, de cet écrivain de
valeur, dont le plus grand défaut est peut-être
d'avoir été longtemps méconnu, surtout de ses
compatriotes, que nous désirerions donner une idée
dans cette courte notice, sortie d'une conférence
faite à VÂssocialion Corrézienne de Paris, en
attendant l'étude plus complète qu'il mérite.
Si nous ajoutons que la longue existence de
Charles-Marie Feletz d'Orimont fut tout entière
consacrée au culte des lettres et à la passion de la
vérité, qu'il apprit à aimer les unes et à se sacrifier
à l'autre dans un vieux Collège qui nous est cher à
plus d'un titre, on jugera sans doute que le plaisir
de faire connaître un tel homme se double ici d'un
devoir de reconnaissance et qu'il était bien temps
de rendre justice à ce gentilhomme plein de bonho-
mie et de loyauté, à ce causeur ingénieux et char-
mant, critique et moraliste d'un goût pur et sévère
autant que polémiste de haute verve et d'une savou-
reuse originalité dans l'indépendance de sonhumeur
ï gaillarde » et la vive allure de son esprit i bas-
limousin ».
I
A quelques kilomètres de Brive, ce « luisant
portail du Midi » (1), sur la limite des communes de
Mansac et de Saint- Fantaléon , se trouve le petit
village de Gumont (2), formé de trois groupes d'ha-
(1) Jasmin.
(t) Vers 10S3, Archamb&ud, vicomte do Tureiine et son Frère
consanguin Boson donnent le mense d'^gumonf i. l'abbaye située
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bitations : le premier, sur le bord de la route, à
ml-eôte d'une colline couverte de cbâtaigniers, où
s'accuse le vert tendre des « pelous » sur le vert plus
foncé du feuillage; lo second, un peu au-dessus,
dont le nom de « Preboustal » rappelle rorigine
religieuse (1) ; le dernier, enfin, situé sur une émi-
nence plus au Nord, et comprenant la maison natale
de Feletz.
De la grande cour carrée qui précède le principal
corps de ce logis, l'œil plonge d'abord dans une
c combe > profonde ombragée d'arbres touffus, puis
ae dirige ravi vers les longues ondulations des col-
lines verdoyantes et fertiles se brisant là-bas, bien
loin, au sombre rempart qui sépare la Gorrèze des
départements du Lot et de ta Dordogne, merveil-
leux panorama où se découpent dans l'azur du ciel
les contours violets de Roche-de-Vic et du Puy-de-
Pauliac.
Tout autour, c'est un horizon à souhait pour le
plaisir du touriste ; une mer houleuse de feuillages
mouvants où, çàetlà, la terre, mordue par le soc,
donne sa note plus sévère. Rougeâtres, grasses,
épaisses et lourdes à remuer apparaissent les mot-
tes soulevées, mais des plus généreuses à rendre au
centuple la semence qu'on leur confie.
C'est dans ce pays souriant, véritable berceau de
dans la paroisse de Saint- Pan talé an de Rot, ou Roc [aujourd'hui
Saint-Pantaléon de Larche), prévCLé dépendant de l'abbaye ds
Saint-Hartial de Limogea. Agumoat (acuJua monê) est devenu
Gumont.
(1) Ceat-A-dire * la PrévOté i, aDcienue maison religieuse gouver-
née par un ■ Prdvot » et dépendant de l'abbaye bénédictine - Saint-
Pierre d'Uzercbe.
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verdure^ que s'écoulèrent insouciantes les premières
années de Charles Feletz (1). Issu d'une famille
honorable et considérée, établie depuis plusieurs
années en Limousin et en Périgord (2), et qui pou-
(1) Voici l'extrait de naissance de l'abbé de Feletz :
< Aujourd'hui troisième janvier de la présente année (1767) est né
Bt a été b^ttaé measire Charles Marie Fêles Dorimond fila natu-
rel et légitime 4 raessire Etienne Fêles Dorimond et ft dame Ck>
therine de Fars ; ont été pareia messire Charles Fêles Dorimond
ancien ofHcier au régiment du roy grand pfare au baptisé et mareioe
demoiselle Théreze Cktnchard de Vermeil au nom et place de dame
Marie Jouteau de Montférant dame de Fars grand m6re au baptisé.
Le parein et la mareine ont signé avec moy requis.
FÉLBTS : parein.
FéLBTS DE RUPIH.
CoHCSABD DE Vbhuril. Mailher vie (aire) ■.
(Archive» du Greffe, à Brioe).
(3) Les cartulaires abbatiaux noua Tournissent des renseignements
aussi bien aur les uriginea do Gumont que sur celles des Feletz.
Felett {de Fetilziol était un > repaire ■ de la paroisse Bas-Limou-
sine de Bainte-Trie {aujourd'hui Dordogne) et avait un ReT homo-
nyme en d'Aubas (1400}, en la ch&telleuie de Montignac (Périgord —
Voir Champeval: CartuUire d'Uzercha, p. lîO). — Feletz était
voisin de l'sbbaye cistercienne de Dalon et du tënement de Born
(paroisse de Sainte-Trie).
Dans le ocartulaire de Dalon > (ËTtrait cité par H. A. Thomas:
Vie et Œuvres de B. de Born), on trouve un Aimericus de Fe-
titiio, témoin d'une donation de la borderie des Coderc (paroisse
de Sainte-Trie] et des Pbres, faite à Dalon per Bertrand et Cons-
tantin de Born.
Hais, depuis la plus haute antiquité, les seigneurs de Feletz se
rencontrent dans les parages de Hansae, de la paroisse duquel
était la borderie des Pères.
Un autre, ou le même, Aimeric de Feletz, vers lltT-ltSI. «st.
aussi témoin d'un contrat présidé par G. de Manciaeo (Cr. Cham-
peval : Cirlulaire d'Uzerche, p. 26'/}.
Au bourg de Hansae, la famille de Feletz possédait m6me un
chfttesu où habitaient les frères de l'abbé de Feletz.
Quant au uom d'Orimont, qui titre les Pelet^ c'était celui d'un
fief, le puy d'Orimont, butte située aur l'areto qui sépare ta vallée
de la Vézère de celle de son affluent, la Loyre d'Objat,
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vait s'enorgueillir d'avoir eu des chevaliers aux
croisades et de compter des évèques et plusieurs
officiers généraux illustrés dans le service de la
marine, notre compatriote était le cadet de trois
garçons, dont les deux aînés embrassèrent la car-
rière des armes.
Par sa naissance, par sa première éducation en
pleines terres d'Eglise, il semblait tout naturel-
lement destiné dès son jeune âge à l'état ecclésias*
tique ; et, par ses relations de famille et de voi-
sinage, à être toute sa vie un royaliste convaincu,
mais libéral^ ne reniant aucune des gloires de l'an-
cienne France, acceptant loyalement les conquêtes
de la France nouvelle (1).
De cette enfance heureuse en bonne terre limou-
sine, en un tendre milieu patriarcal, il faut signaler
la précocité des études et les succès scolaires dans
(1) Gumoat était sur le duché de Noailles, qui faisait d'abord
partie de la vicomte de Turenne, et voisin de Mansae où se trou-
vaient les châteaux du Seuil et de Renaudet (H. de Bouehiat). Tout
autour étaient des terres d'église ; La Chapelle, membre d'Uzerche ;
le Roc, prévAtd de Saint-Hartial.
L'un des frères de l'abbé de Feletz (Antoine' Joseph), ofRcier au
régiment de Champagne, fut une des victimes de Quiberon ; l'autre
prit part aux guerres de l'émigration et fut fait chevalier de Saint-
Louis en tSU [CF. Martial Delpit).
Le père, Etienne de Feletz. avait épousé, vers 1760, M*^ de Fars,
de famille përigourdine et belle-sœur de M"* de Fars, marquise de
Fausse -Landry qui , enfermée à l'Abbaye avec son oncle l'abbé
Cbapl de Rastigaac, échappa aux massacres de Septembre, dont
elle a laissé une relation [Collaclion des Mémoirea retalift à la
Résolution : Mémoires »ur les jouméei de Septembre, p. 63 à S3).
(Cf. Martial Delpit, biographie de M. de Feletz dans le Chroni-
queur du Périgord et du Limovetn, février 1853).
(Renseignements d«B cinq dernières notes dus à H- Louis de
Nussae).
dbyGoot^lc
ce collège de Brive dont on ne saurait trop rappeler
les glorieuses traditions et que deui de nos ro-
inanciei's du terroir ont si bien dépeint dans Tante
Minou (1).
Oui se décidera un jour à écrire l'histoire de notre
vieil établissement universitaire où se dévouèrent
tant de modestes éducateurs, dominicains, jésuites
et doctrinaires, sans oublier les bienfaiteurs et les
maîtres laïques qui leur succédèrent, et dont les
noms et deux bustes (2), élevés récemment, perpé-
tuent seuls le souvenir?
A l'époque où Feletz y vint faire ses humanités
pour en sortir rhétoricien à l'âge de quatorze ans,
— le ff surmenage » n'étant pas encore inventé, —
le collège de Brive était en pleine prospérité ! Cela
dura jusqu'à la Révolution, qui épargna construc-
tions et professeurs, bien que ceux-ci portassent la
robe. On n'avait pas encore perdu le sentiment de la
reconnaissance et on leur devait trop pour ne pas
les respecter, avant même que quelques-uns de
leurs élèves fussent devenus célèbres sous les noms
de; Treilhard, Cabanis^ Latreille, Brune, etc.,
etc. (3).
Des Doctrinaires de Brive Feletz passa chez les
Doctrinaires de Périgueux, où il fut initié aux étu-
des philosophiques que Maine de Biran, son condis-
(1) Pierre Verihac et H. Honjauze, Tanle Minou. Paris, A. Le-
merre, 1B94.
{1) Le bienfaiteur Louis Pons, le professeur de philosophie abbé
Broussouze.
(3) Autres élèves du collËge da Brive : l'amirtil Grîvel ; le juris-
consulte Salviat; Sahuguet d'Bspagnac, gouverneur des Invalides,
pour nous on tenir aux plus connus.
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ciple, et Royer-Collavd, plus tard son ami et son
collègue, allaient ramener au rationalisme idéaliste
et au spiritualisme chrétien. Puis il alla compléter
ses études à Paris par trois années de théologie au
collège Sainte-Barbe et une seconde année de philo-
sophie au collège du Plessis, en même temps qu'il
professait à Sainte-Barbe en qualité de maître de
conférences théologiques et philosophiques.
Ce fut lors de ce premier séjour à Paris que le
jeune professeur, se conciliant par son esprit enjoué
et son caractère éminemment sociable de solides
amitiés, devint l'intime de Bertin, de Dussault, de
l'abbé NicoUe, etc. (1). De ce moment, grâce à ses
relations de famille et surtout à la distinction de
ses manières, à l'agrément déjà remarqué de sa con-
versation, Feletz put couronner d'excellentes études
classiques par l'usage du monde et la fréquentation
des salons où il apprit le grand art de la discussion
mondaine, fait surtout alors d'à-propos, de grâce et
de juste mesure, de ce mélange de plaisanterie
malicieuse et d'idées sérieuses qui est le propre de
l'esprit français greffé sur le fond celtique oîi Rabe-
lais puisa sa verve et Molière son génie (2).
Mais, de toutes parts, s'annonçait la fin des années
(1) Feletz eut aussi dans ses relations Deshons, futur âvêque de
Troyesi Borderies, depuis évéque de Versailles. (Msrti&l Delpit,
id., ibid.).
(1) • Ami des hommes les plus élevés par le rang ou par le gé-
■ nie, il n'était dans la conversation l'inFérieur d'aucun. Il paraissait
« genlilhomme à cûtô des .ducs de Richelieu et de Montmorency,
> et causeur très habile en Tace de M. de Bonald ou de M. de
■ Chateaubriand ■. [Villemain: Souvenirs conlemporama .- De
M. de Feletz et de quelque* salon* de ton lempaj.
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heureuses. Avec la Révolution allaient eonimencer
pour Feletz les plus dures épreuves. Il y fit face
avec une âme énergique et leur opposa des trésors
de constance et de fermeté, que son éducation fami-
liale et son existence jusque là si mondaine étaient
loin de faire soupçonner (I).
Le 8 juin 1791 , la communauté de Sainte-Barbe
tout entière avait refusé le serment à la constitution
civile du clergé et Feletz, à l'exemple de ses collè-
gues, se retira dans sa province.' Ce fut à cette épo-
que que, persistant avec courage dans une vocation
où le poussaient s et sa foi devant Dieu et son
honneur devant les siens », il reçut l'ordination, en
secret, des mains d'un èvéque insermenté et pros-
crit, alors que l'apostolat ne lui promettait plus que
le péril, l'outrage et la persécution.
Cela ne tarda pas en effet : arrêté en 1793 et con-
damné à la déportation sans jugement, il fut envoyé
dans les cachots de Rochefort et, en mars 1794,
jeté avec plus de huit cents prêtres sur les pontons
du Washington et des Deux-Associés, où, onze
mois durant, il souffrit le plus épouvantable mar-
tyre, alors qu'un seul mot de reniement eût suffi à
le délivrer (2).
Au commencement de 1795, sur huit cents dépor-
tés, 325 seuls restaient encore, la plupart défigurés,
(t) Il se dispoBtût aussi à se Faire recevoir comme chanoine comte
de LiroD et préparait ses preuves, les mêmes que pour monter
daus les carrosses du roi : seize quartiers de uoblesse. (CF. Martial
Delpil).
[!] Il Fut arrdtô à Excideuil et emprisonné d'abord à Përigueux ;
puis condamné comme réFractaire en vertu des dâcrels du 36 août
1793 et du 21 avril 1793. (Martial Oelpit).
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perdus de santé ou de raison. Violences continuel-
les, mauvais traitements, privations de livres, dé-
fense absolue de prier en commun, dénonciations
perfides, punitions terribles pour la moindre infrac-
tion à la plus barbare des consignes, scorbut, fiè-
vres malignes et inflammatoires, ces martyrs de la
foi endurèrent tout avec une sublime résignation (1).
(1) I Les déportés, ent^Bés au nombre de plus de quatre cents
sur chacun des deux navires, n'avaient pour respirer, pendant le
jour, qu'une partie du pont séparée des gens de l'équipage par une
cloison & claire-voie. Pressés les uns contre tes autres dans cet
étroit espace, sur lequel étaient pointés des canons chargés k mi*
traille, il leur était impossible de s'asseoir, même pour prendre la
détestable nourriture qui leur était encore mesurée avec la plus
rigoureuse parcimonie Daos les différentes visites auxquelles
on les avait soumis ils avaient été dépouillés de presque tous
leurs efTets. Les habits et le peu de linge <iu'on leur avait laissés
furent bientôt réduits en lambeaux. C'est dans cet état de misère,
ayant la plupart du temps les pieds dans l'eau, qu'il leur fallut eu-
durer toutes les intempéries de l'air, et notamment tes froids ri-
goureux de décembre 1794 et de janvier 1795 Chaque soir on
faisait descendre les déportés dans un entrepont de cinq pieds de
haut, oii l'air et la lumière ne pénétraient que par l'étroite ouver-
ture de l'écoutille. Dans tout le pourtour de cet entrepont se trou-
valent, k hauteur d'appui, des bancs de planches mal jointes, sur
lesquelles couchaient à nu le plus grand nombre d'entre nous ■.
D'autres couchaient soua ces mâmes bancs ; d'autrea occupaient
le milieu du plancher ; d'autres enfin, plus âgés ou plus inRrmes,
reposaient dans des hamacs tendus au-dessus et qui s'affaissaient
presque jusqu'au visage de ceux qui étaient sur le sol.
Atteints, dès les premiers jours, du scorbut ou dévorés par la
vermine, preaque tous ces malheureux expirèrent dans des aouf>
frances épouvantables. Quelques-uns, en proi« à des Rèvres mali-
gnes et inflammatoires, devenaient fous et troublaieat l'ordre par
leur délire. Impitoyablement ils étaient mis aux fers ou envoyés
sur deux barques qui servaient d'bOpitaux. Et là, privés de tout
service médical, ils devaient se soigner eux-mêmes et se trouvaient
plus mal encore par suite de la violence du roulis qui provoquait
des vomissements incessants.
Voir à ce sujet, Relation de ce qu'ont souffert, pour ta religion.
Us prêlree français iniermenlés, déportés, en Î79i, dan» la rade
dbyGoOt^lc
Thermidor vint enfin leur rendre la liberté et^
au mois de février, après un assez long séjour dans
la prison de Saintes, on voulut bien permettre aux
habitants de les recevoir chez eux. Feletz, recueilli
chez M"* de Lagarrigue et bien qu'admirablement
soigné, mit près de quatre mois à se rétablir et put
alors se retirer chez des parents, à Périgueux(i).
C'est là qu'il écrivit son premier article, dont il a
raconté lui-même la plaisante histoire :
a. J'avais plus de trente ans, que je n'avais jamais
songé à écrire une page pour le public Je me
trompe : quelques années auparavant, frappé parti-
culièrement d'un décret injuste et tyranniquede la
Convention j'écrivis quelques pages pour dé-
montrer combien il était oppressif et odieux. Je les
adressai au rédacteur d'un journal modéré; je ne
de t'Ue d'Aix, prés Rochefort, par Grégoire de la Biche, de Limo-
ges (1796); râiroprimëe, en 1S26, dans les Mémoires de Barrière,
relatifs à U Révolution française. [Mémoire» sur te» prisons, l. II,
pp. 38Î-481)-
Voir ausai : Les M&rlyra de la foi pendant U Révolution, par
l'abbé Guillon, d'après divers mémoires manuscrits concernant les
déportés de Bochofort. (Feletz a consacré un article à cet ouvrage :
Mélange», tome I).
Récit abrégé de» souffrance» de huit cents ecctéstaatiqtiea fran-
çai» condamnés k la déportation et détenus à bord du Washing-
ton et des DeuT-Aasociés dan» les environs de Rochefort (179i-
1795), par un curé du diocèse de Paris. (Bibliothèque du Louvre,
volumes de pièces sur la Révolution, n* 510).
(1) Ce fut à un de ses parents et compatriotes que Feletz dut
d'être recueilli et soigné par M" de Lagarrigue, l'abbé du Pavillon,
ancien grand vicaire du diocèse, qui avait vu son évêque, Hgr de
la Rochefoucauld, massacré le 2 septembre 179! dans l'église des
Carmes. Feletz a consacré un article à H. du Pavillon (V. Juge-
ments historiques el litliraire», 1840), où il fait l'éloge de la con>
duite des habitants de Saintes.
D.g.tizedby Google
connaissais pas même de nom ce rédacteur, que j'ai
beaucoup connu depuis. C'était M. Fiévée. J'avais
peu espéré qu'il fit l'honneurà ma petite dissertation
de l'adopter et de l'insérer dans son journal ; il la
publia toutefois. J'étais alors caché pour éviter les
rigueurs d'une seconde captivité, car j'en avais déjà
subi une première très longue et très dure. Par un
excès de précaution peut-être^ et dans la crainte
d'appeler l'attention sur moi, au lieu de dater ma
lettre de Périgueux, où j'avais trouvé un excellent
asile chez d'excellents parents, je la datai d'une
petite ville distante deseptàhuitlieues,d'Excideuil.
Le journal où mon article fut inséré parvint dans
cette petite ville. A défaut de tout autre mérite, cet
article, par les principes de justice et d'équité qu'il
développait, obtint la sympathie des honnêtes gens
d'Excideuil ; il y fit quelque bruit et on en recher-
cha l'auteur. On l'attribua d'abord à un médecin,
homme d'esprit et capable d'en faire de beaucoup
de meilleurs, et qui déclina franchement l'honneur
qu'on voulait lui faire. Alors on soupçonna un jeune
homme d'esprit aussi, mais qui eut la faiblesse de
se laisser attribuer l'article, et qui finit par se l'at*
tribuer lui-même. Le malheur de ce jeune homme
le conduisit à Périgueux. J'y étais alors, moins re-
tiré, plus libre et il me rencontra dans un salon. Ce
fut justement à moi qu'il s'adressa pour me de-
mander ce que je pensais de cet article. Pénétrant
ses intentions, je lui répondis que je le trouvais
excellent. Alors, se penchant h mon oreille, il me
dit, de manière à être entendu de tout le monde :
« Je l'ai mis à la poste à Excideuil, le jour de l'As-
dbyGoot^lc
cension >. Ce n'était assurément ni le jour, ni le lieu
du départ, mais je souris au jeune homme et ne
lui témoignai aucun doute. Le vers d'Horace : Raro
aniecedentem me serait revenu en mémoire si le
mot de scelestum ne m'eût paru trop fort pour
une si puérile vanité » (1).
Malgré le succès flatteur qu'il obtint de ce pre-
mier article, le malicieux abbé en resta là pendant
quelques années pour se remettre à l'étude et à la
méditation des auteurs anciens et des classiques dti
temps de Louis XIV. Dans l'intervalle, il faisait un
séjour prolongé à Orléans, chez M. de Vence (2),
arrière-petit-fils de M" de Sèvigné, dont le salon
avait retenu les traditions de la société polie des
deux derniers siècles, oiî il se perfectionna dans l'art
de la conversation mondaine, en ayant soin de se
tenir à l'écart de la politique.
Ce qui ne l'empêcha pas, lors de la persécution
nouvelle contre les prêtres insermentés, après le
18 fructidor, de re avoir un beau matin la visite
de trois gendarmes munis d'un mandat d'amener.
Sautant à bas du lit, encore en bonnet de nuit et,
à la hâte, enveloppé dans sa robe de chambre, l'abbé
leur fait courtoise réception, les prie poliment de
l'autoriser à passer dans son cabinet de toilette pour
s'habiller, et, pendant que ses visiteurs dressent le
procès-verbal de son arrestation, s'échappe par une
(1) préface des Jugemenlt hitloriquet et littéraires. Paria,
1840.
(ï) Feletz avait connu la famille de Vence grâce i. M. Fsure, ha-
bitant de rOrléajius, qu'il avait reaeootrd chez ses hdtes de Sun-
tei. (M. Delpit).
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porte de derrière. Un des trois gendarmes fut forte-
ment soupçonné d'avoir favorisé cette évasion qui
clôt d'une façon assez comique celte période de la
vie de Feletz si tragiquement commencée (1).
Il
Dii-huit cent un ! Avec le siècle qui commence
s'ouvre devant le jeune abbé la carrière littéraire
qu'il suivra pendant trente ans, en qualité de criti-
que, au Journal des Débals.
Dés la transformation complète en un vrai jour-
nal politique et littéraire de cette feuille d'abord
purement officielle, née en 1789, Feletz en avait été
le lecteur assidu. Il y retrouvait avec plaisir l'esprit
et le talent de ses anciens condisciples à Sainte-
Barbe : les deux Bertîn, qui en étaient les directeurs
et les pères spirituels ; le correct et élégant Dussault,
ancien maître d'étude à Sainte-Barbe et au collège
Duplessis; l'âpre Geoffroy, « le Père Feuilleton »,
lequel, aux collèges Montaigne, de Navarre et Maza-
rin, avait également tenu la férule (2).
Ce fut dans cette vaillante troupe que Feletz
s'enrôla, lors d'un voyage à Paris, et son premier
article, suivi de quelques autres très goûtés, le décida
à adopter un pseudonyme fixe, la lettre A, qu'il
(1} H. £rneal Rupin m'a Tourni ce détail d'après son père, qui le
tenait lui-même de l'abbé, son parent,
(S) V. Sainte-Beuve: Lundis, tome liM.de Fetetz el de la cri-
tique tous l'Empire. — Feleti a consacré k ces journalistes des
Débats des notices i, lire, dans ses Jugement» hialortque* et lit-
léraires (t vol., 1840): Geoffroy, Duuault.
T. XX. a - e
dbyGoot^lc
rendit bientôt célèbre (1). Des jugements nets et
précis, un style élégant et pur, une manière de plai-
santer spirituelle^ fine, toujours de bon goût et
dont la malice n'allait jamais jusqu'à la méchanceté,
telles étaient déjà les qualités du jeune critique, et
les connaisseurs ne s'y trompèrent point. Fontanes^
le futur grand -maître de l'Université impériale,
écrivit à Bertin l'alné pour lui demander quel était
l'auteur de ces articles signés A,, « dont il était cbarmé
et ravi » (2).
Aux côtés des Bertin, de Dussault, de Geoffroy, il
convient de mettre en ligue de bataille Fiévée,
l'helléniste Boissonadej Malte-Brun, Delalot, Saint-
Victor, l'abbé de Boulogne, Royer-Collard, par inter-
valles Chateaubriand, plus tard, vers 1815, Benjamin
Constant, Nodier, de Salvandy, Villemaîn, Aimé
Martin, menant avec ardeur et courage la croisade
du goût, du bon sens et des véritables traditions
littéraires contre les exagérations persistantes du
jacobinisme et de l'individualisme révolutionnaire,
opérant le triage nécessaire entre le bien et le mal
(1) Feletz, qui ne pensait rester à Paris que quelques semaines,
y resta six mois. Il dtait venu pour salliciler la radiation du nom
d'un de ses frères sur la liste des étnigiéB. Bertin en profita pour
le décider k entrer aux Débat». Son premier article [27 ventOse, an
X, 1S02) était consacré à l'ouvrage d'un débutant, depuis fort connu :
Du tenliment considéré dans se» rapport! avec la littérature et
les ttrtÊ, par Ballanche. (Cf. Jugements bisloriquea et liltératres,
p. MO)-
Un des premiers arliclea sifinés A. est une critique assez vive
du roman: Delphine [non recueilli, à tort, dans les œuvres de
Feletz).
{i) Voir Martial Delpit. Selon lui, la réponse de Bertin & Fouta-
nes pourrit se retrouver dans les papiers de ce dernier, où elle
avait été vue par un H. Rousselle.
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mêlés et confondus, entre ce qui était à conserver ou
à faire revivre et ce qui avait disparu à tout jamais,
se dévouant, pour tout dire, au travail fécond de la
reconstruction sociale! (1).
Combien ils ressemblaient peu ces lettrés éner-
giques et convaincus aux Journalistes de ce jour 1
(1) On lisait dans l'Avenir du Puy-de-Dôme (septembre 1897):
* L'intéressant ouvrage les Ephéméridea d'Autergne mentionne,
à la date du 30 août, un anniversaire, que nos lecteurs nous sau-
ront gré de leur signaler. 1! y a, en effet, aujourd'hui cent huit ani
que Tut Tonde à Paria, en 1789, le journal de» Débats. Les fonda-
teurs étaient trois députés du Tiers-Etat d'Auvergne aux Etats-
Généraux : Gaultier (de Biozat), Huguet(de Billom] et Jean -Baptiste
Grenier [de B ri ou de}.
t Dans un mémoire présenté à l'Académie de Clermont (nouvelle
série, tome VII, p. 20h), M. Francisque Mëge nous dit quels Jour-
nal de» Débat» n'eut pas tout d'abord un grand succès h Paris,
mais il n'en fut pas de même en Auvergne, ou il fut goûté et re-
cherché avec une avide curiosité, d'abord parce que les habitants
de cette province recevaient peu ou point de journaux, et puis
parce que tes rédacteurs étaient Auvergnats, et que tout ce qui
pouvait intéresser la province était traité avec un certain dévelop-
pement. On peut dire que, dans ses premiers commencements, la
journal de» Débata était presque spécialement rédigé en vue de
l'Auvergne, ad ujum Aroemorum. Aussi son succès fut-il im-
mense dans ce pays. On en faisait la lecture publique daos presque
tç^tes les communes ou paroisses de quelque importance, et cha-
cun accourait à ces lectures avec un empressement dont aujourd'hui
on a peine à se faire une idée.
> Aujourd'hui la situation s'est modifiée : l'Auvergne ne manque
pas de feuilles périodiques, mais le Journal de» Déliais n'en a pas
moins conservé une grande influence dans notre province et aussi
dans les sphères gouvernementales. S'il n'est pas lu à haute voix
dans nos communes, les articles qu'il publie sur nos fonctionnaires
radicaux sont reproduits, lus avec plaisir et commentés avec inté-
rêt >.
Aux rédacteurs des Débat» signalés déjï, il convient de joindre
plus près de nous: Saint- Marc-Girardin, Sylvestre de Sacy, J.Janin,
Cuvillier-Fleury ; enfin, Michel Chevalier, Pbilarète Chasies, Jung,
John Lemoine, AUoury, Rigault, Prévost- Paradol, Tainc, Descha-
nel, Weiss .
dbyGoOt^lc
Peu de politique proprement dite, pas de reportage :
ils ont le dédain de cette cuisine banale, dont le
Premier Consul surveille presque à lui seul l'élabo-
ration ; ils laissent au pouvoir l'organisation maté-
rielle de l'ordre et ne s'attachent qu'aux idées, s'ef-
forçant à rétablir la simplicité et la clarté dans le
style, les principes sociaux dans la vie publique, et,
dans l'art et la littérature, l'amour du vrai et le
sentiment du beau. Ils refaisaient, et non sans be-
soin, l'éducation politique, philosophique et litté-
raire de la nation tout entière ! (1).
Ce fut surtout pour remonter le torrent du sen-
(1) Villemata, Sainte-Beuvi ; plus récemment, H. Marc des
Granges, dans sa thèse sur Geoffroy et lu Critique dramalique
tous l'Empire, et M. Louis Bertrand dans son étude sur la Fin
du CUiticitme et le retour à l'antique fHachette 1S97), ont rendu
justice à ces braves gens. Voici la conclusion de l'article de Sainte-
Beuve, dont j'ai cité le début au commencement de cette étude :
f Ces critiques distingués qui signalërent l'ouverture du siëcle
furent utiles ; ils eurent leur originalité dans le bon sens net et
vigoureux avec lequel ils résistërent à des admirations prolongées,
et qui allaient a'égarant sur des écrivains de second ou de troisième
ordre: ils coupèrent court à la suite du xviu' siëcle. Les suites en
littérature ne valent jamais rien. Sons doute ils montrèrent en gé-
néral plus de résistance que d'inspiration, plus de vélo que d'ini-
tiative. A mesure qu'ils s'éloignèrent de leur point de départ de
ISOO, ils perdirent de leur utilité d'action et de leur netteté de vue;
ils avaient eu besoin d'une crise décisive qui les éelair&t et ils tâ-
tonnèrent un peu quand survinrent des complications nouvelles.
Pourtant, une juste reconnaissance doit s'attacher & leurs noms.
Nous aussi, nous sommes revenus à une de ces époques oii l'on
sent très bien que la critique, celle mSme qui se bornerait & résis-
ter au faux et au déclamatoire, aurait son prix >. {Lundis, tome 1).
Voir aussi article de Feletz sur Dussault, dans; Jugementt hii-
toriques et lillérairea ; l'auteur y montre le grand rfile de la criti-
que j> cette époque, dans quel état se trouvaient la société et aussi
les esprits. Voir également Le monde et (e demf-monde tous le
Consulat et l'Empire, par Joseph Turquan.
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sualisme et du fanatisme irréligieux qu'ils durent
joindre à leurs connaissances si variées la plus
grande somme de courage et de fermeté. «A force
de raison, de verve et d'entrain, il fallait, dit Mar-
tial Delpit, amener les rieurs du côté que depuis plus
d'un siècle ils étaient accoutumés à bafouer: il fal-
lait leur faire brûler ce qu'ils avaient adoré et ado-
rer ce qu'ils avaient brûlé ».
Ils servaient admirablement ainsi la politique du
Premier Consul, la hardiesse de Chateaubriand et
préparaient la voie au Génie du Christianisme,
dont le grand mérite apologétique fut s de réintégrer
dans ses droits le sentiment religieux, en définis-
sant le rôle de la tradition chrétienne dans la civili-
sation » (i).
■ Parmi ces érudits critiques du Journal des Dé-
bats, dont Villemain et Sainte-Beuve ont noté
l'influence sur le mouvement littéraire de leur
temps et la vogue auprès du public, l'abbé de Feletz
fut un de ceux qui montrèrpnt le plus d'esprit et de
conviction (2).
(I) Voir appréciation de H. Brunelière sur 1& Valeur apologéli'
que du Génie du Chriêlianiame, dans son Jlfanuel de l'hialoire
d€ la littérature françaite, p. 391.
(!) Extrait d'uoe lettre de Chateaubriand k l'abbé de PeIelz(tS26):
f J'ai reconnu votre vieille amitiâ et la bienveillance d'un com-
pagnon d'armes ; compagnon d'armes, c'est le mot, car nous
combattions pour la religion et la monarchie, lorsque celle-ci ne
pensait gutre k nous, et elle a conserva cette vieille habitude >.
Sur l'influence du Jouitial de» Débat$ on peut consulter Ville-
main : Souvenirs contemporaim ; Sainte-Beuve; Lundi», tome 1,
articles déjà indiqués. -~ Cette importance n'a pas échappa au bio-
graphe do Feletï : le Journal des Débalt. en devenant g journal de
t'Bmpire • et en enregistrant les victoires de Hapoléon, vit aug-
menter H vogue, son inBuence et le nombre de ses lecteurs ; il fit
D.g.tizedby Google
De cette longue carrière littéraire, je ne rapporte-
rai qu'un incident, sa lutte avec l'Athénée, où pro-
fessaient les principaux rédacteurs de la Décade
philosophique^ littéraire et politique, Ginguenô
et ses amis les Idéologues : La Harpe, Andrieux,
Amaury Duval, J.-B. Say, etc., etc.
Dans son cours, fort suivie sur la littérature ita-
lienne, Ginguené, ancien élève des Jésuites devenu
franc-maçon, continuant son procès contre Cha-
teaubriand, soutenait non sans talent que la vérita-
ble cause de la décadence des lettres jusqu'à la
Renaissance était le Christianisme (1).
Feletz protesta avec une telle énergie et d'une
façon si spirituelle qu'il eut bientôt pour lui tout le
public. C'était son droit de journaliste, plus encore
son devoir de prêtre. L'Athénée pensa se tirer
d'affaire en lui interdisant Taccés de ses salles de
conférence. Voici ce que raconte à ce sujet le
critique lui-même (2) ;
et défit les réputations littéraires, fut un arbitre définitif pour le
public. Ce fui un immense succès pour de Feletz et ses collabora-
teurs, qui I partagèrent, avec les Bulletins de la Grande armée,
l'honneur d'occuper la France entière >. (Martial DelpitJ.
(1) Voir sur Ginguené: Dictionnaire de Biographie universelle
de Hichaud. La Décade, refuge de l'opposition républicaine, fondée
4(1 1794, devient, ea tG04, la ttevue philoêophique, littéraire et po-
litique. Le cours de Ginguené à l'Athénée commença en 1B05 et se
continua en 1806 avec un grand succès. C'est de là qu'est sortie
VHistoire de la littérature d'Italie (1811-1819, 9 vol). — L' Athénée
(1803) fut d'abord (e Musée, puis (e Lycée (1791) (Voir Larousse).
(2) Feletz a. consacré trois articles à Gingutné et à sa dispute
avec VAthénée. dans les Jugements hiitoriquet et littéraires, sous
ces titres : L'Athénée, cours de M. Ginguené ; Singulier procès ;
Profondeur de l'Athénée rfan» i'ai'i de (a chicane. Il faut signaler
aussi une discussion entre Dussault et J.-M. Chénier, à propos du
cours de littérature professé à l'Athénée par ce deruier (I80S-1S06).
D.g.tizedby Google
- 243 -
« Un samedi je me présente à la porte de
VAthénée. On m'en refuse l'entrée.
D J'insiste vivement sur mes droits incontestables
jusqu'alors reconnus ; 6n m'objecte un ordre des
administrateurs. Je demande à leur parler ; on me
conduit à la salle de l'administration : là, je trouve
cinq personnages qui se forment en bureau, qui
nomment un président et qui m'interrogent avec
toute la gravité d'un aréopage. On me demande
mon billet d'abonnement ; je le présente : on pré-
tend qu'il n'est pas sous mon nom ; j'offre de prou-
ver légalement et par un acte authentique qu'on est
dans l'erreur à cet égard.
— Ce n'est pas le nom que vous portez dans la
société.
— C'est le nom que j'ai le droit d'y porter et sous
lequel j'ai le droit, par conséquent, de m'abonner.
Le nom que je porte dans la société, où je ne me
cache pas, est le mien ; celui que j'ai pris à VAthé-
née, où je ne me suis jamais caché, est encore le
mien.
— Vous y venez pour vilipender nos profes-
seurs.
— Je ne vilipende point vos professeurs qui,
sans doute, ne sont point vilipendables ; je fais
sur leurs leçons des observations que je crois justes
et raisonnables; j'en ai le droit, car:
C'est un droit qu'à la porte on scbèCe en entraoït.
L'urticlâ de DuBsault : Lettre à Chénier, est un plaidoyer bon et
adroit (Voir de Peletï : ouvr. cité, art. XIV : DuMsautl).
Ginguené avait ouvert le feu contre Chateaubriand et le Cbriatia-
nisme, dans son Coup d'ceil rapide tur le Génie du C/ir^Jia-
niime.
D.g.tizedby Google
» Aucune loi, aucun rëgiement, aucun statut de
votre siècle ne le défendait et cette critique s'est
exercée dans tous les temps sans réclamations.
— Nous ne sommes point ici une société publi-
que mais une société particulière.
— C'est une société où l'on entre pour de l'argent
et que j'ai vue affichée jusque sur le Pont-Neuf, à
côté des spectacles.
— ■ Lorsqu'un sociétaire déplaît à la société , on
peut ne plus l'admettre.
— Qu'entendez-vous par la société ? Les profes-
seurs et les administrateurs? J'ai peut-être eu le
malheur de leur déplaire, mais il ne m'est pas
prouvé que j'ai déplu aux abonnés et c'est là la vé-
ritable société.
■ — On vous rendra vos quatre louis.
— Je ne les veux point, et vous ne pouvez pas
plus me forcer à les reprendre qu'un abonné qui
s'ennuierait (ce qui est absolument possible) ne
pourrait vous forcer à les lui rendre.
— Nous ne voulons pas vous recevoir.
— Il ne s'agit pas de ne pas vouloir, il faut en
avoir le droit.
— Enfin, Monsieur, vous n'entrerez pas.
— Aujourd'hui, non; mais je proteste contre la
violence qui m'est faite, contre la violation de mes
droits, et j'entrerai bientôt, j'espère, car il y a des
tribunaux et des lois pour réprimer les petites
tyrannies des petites administrations».
N'est-ce pas là une bien jolie scène de comédie?
Le beau rôle, en cette affaire, était évidemment
avec le bon droit du côté de Feletz. Il en sut tirer
D.g.tizedby Google
-245-
le meilleur parti pour cribler d'épigrammes « le
libéralisme de ces prétendus philosophes qui vou-
laient pouvoir tout oser contre la religion, les lois,
le gouvernement et ne pouvaient supporter les criti-
ques qui choquaient leur vanité ou leur intérêt».
Et, pendant que l'Athénée, a profonde en l'art de
la chicane», usait de tous les moyens pour faire
traîner l'affaire en longueur, le malicieux abbé se
désolait de « perdre des leçons », se plaignant
s d'être volé » et rappelait fort justement que son
confrère Dussault avait pu critiquer le cours de la
Harpe au Lycée , parce que ce dernier a avait
trop de mérite réel pour ne pas être à l'épreuve
d'une critique ^. II en concluait « que c'étaient les
mauvais professeurs qui faisaient les mauvais pro-
cès ».
Cette amusante querelle ne contribua pas peu à
la notoriété de l'abbé de Feletz et au succès du
journal où il écrivait. Mais ces controverses anti-
voltairiennes et anti - révolutionnaires , tout en
aidant à la popularité des Débats^ n'en étaient que
plus dangereuses, car elles cachaient souvent des
protestations anti-despotiques. Comment aurait-on
pu vanter les anciennes franchises nationales, louer
Delille ou Chateaubriand, ces adversaires déclarés du
maître tout- puissant, sans risquer de dépluire à
l'Empereur ? Aussi, le Journal des Débats devint-
il bientôt le Journal de l'Empire (1805) et se vit-il
forcé de restreindre de jour en jour sa partie poli-
tique pour donner plus d'importance à la partie lit-
téraire. Malgré ces précautions, les Bertin, proprié-
taires de la feuille trop libérale, plusieurs fois
D.g.tizedby Google
avertis, furent d'abord évincés (1807) et peu après
complètement dépossédés(18févrierl811). M. Etien-
ne, établi rédacteur en chef par ordre supérieur,
conserva les rédacteurs littéraires en leur adjoignant
l'érudit et original Hoffmann et quelques autres,
moins antivoltairiens.
Feletz, fidèle à ses amis de la première heure,
protesta contre cet acte de spoliation en cessant un
temps sa collaboration régulière au journal où il
écrivait depuis une dizaine d'années et passa au
Mercure (1809-1810), plus littéraire, mais plus fade
et moins surveillé. Ce qui ne l'empéeha pas de
donner quelques pages intermittentes au Journal
de l'Empire, en attendant d'y revenir définitive-
ment (1).
L'Empereur, malgré tout, aurait voulu se l'atta-
cher et c'est à cette époque que, sans l'avoir sollicité,
l'abbé de Feletz fut nommé conservateur de la Biblio-
thèque Mazarine et placé par Fontanes, ministre de
l'Instruction Publique^ dans la commission d'examen
des livres classiques de l'Université (1812) (2).
(1) Au Journalde l'Empire, Feletz avait comme principal collabora-
teur, son ami Auger ; voir à l'appendice la lettre qu'il lui écrit. Quant
au Marcure, il avait pour principaux rédacteurs: Chateaubriand,
Fontanes, la Harpe, de Bonald, Fiévâe, Michaud, Guéneau de
Mussy, l'abbâ de Vauxelles. (Voir Sainte-Beuve, article ciié).
(2) De Peletï était un royaliste trop fidèle pour ne pas Être en-
nemi de Bonaparte. On relève sous sa plume : n Dans les premières
années de la tyrannie de Bonaparte ... n — a le tyran de sa patrie....
l'usurpateur du trône de ses rois >. (Voir JugemenU historiqueê el
littéraireê, art. XIX: Le Duc de Richelieu).
Sainte.Beuve raconte que, de toutes parts, on lui Taisait des of-
fres flatteuses ; on lui citait l'exemple de Chateaubriand, de Bonald ;
serait-il plus difficile qu'eux t — « Je voudrais bien ne pas l'être,
répondait-il noblement, mais cela m'est impossible ; j'ai trop d'Iiou-
D.g.tizedby Google
— 247-
Rien ne pouvait triompher de cette haute indé-
pendance de caractère, de ce déaintéressement
absolu qui ne subit aucune éclipse, alors même que
se trouva rétabli son gouvernement de prédilection.
La première Restauration eut pour lui, ainsi que
pour le Journal de l'Empire, rendu sous son ancien
titre à ses premiers possesseurs, les plus grands
égards {31 mars 1814). C'est à cette époque que
Feletz y publia quelques articles politiques aussi
remarquables par la fermeté des principes et des
doctrines que par la netteté de la forme et la modé-
ration des idées (1). Après les Cent-Jours, sous le
neur pour ètra acheté; et je n'ai pas assez d'i m agi Dation et de
métaphysique en Lâte pour être inaoremroeat séduit & force de
gloire et de batailles gagnées ».
(1) Selon Martial Delpit, sous les « Cent-Jours », Carnot, lui at-
tribuant à tort certains articles, l'avait destitué de sa place de con-
servateur de la Ribliothëque Mazarine ; et, & ce sujet, le biographe
rapporte l'anecdote suivante :
* De Feletz rencontre, quelque temps après, le ministre.— • Vous
m'avez bien maltraité dans votre journal, lui dit Carnot. — Je ne
suis pas l'auteur de ces articles, répond de Ifeletz, mais je voudrais
Tâtre, car je pourrais invoquer aujourd'hui votre générosité».— Ce
noble langage ne fut pas compris. De Feletz ne recouvra sa place
que sous la seconde Restauration ».
Sainte-Beuve (article cité) écrit tout le contraire à ce sujet:
< H. de Falloui, ministre de l'instruction publique, , . . conservait à
la tète de la division des Lettres, H. Génin, l'un des rédacteurs du
N&liontil, et l'écrivain anti-jésuitique et anti-ecciésiastiquc le plus
passionné, dont on redoutait la plume; celui-ci, homme d'osprit et
d'étude, mais aussi de prévention et d'ftcreté, haïssait M. de Feletz
' et avait déjà essayé de le faire destituer sous le ministère de
H. Carnot. On affectait de dire que M. de Feletz lui-même désirait
se décharger de sa place d'administrateur: c'était l'obliger que de
la lui 6ter. M. Carnot le crut un instant; mais bientût, rnieux
éclairé sur les véritables intentions de M. de Feletz, il n'avait pa*
hésité à revenir sur une première décision. M. de Falloux a fait
contre M. de Feletz ce que M. Caniot avait refusé de faire ».
D.g.tizedbyGoOglc
ministère de Richelieu, il fut nommé inspecteur de
l'Académie de Paris (1820) et exerça ces fonctions
pendant une dizaine d'années avec autant de dis-
tinction que d'impartialité. Entre temps il refusait
plusieurs fois d'être conseiller de l'Université. Knfin,
lors de la chute de la deuxième Restauration, il se
renferma dignement dans sa charge de conservateur
de la Bibliothèque Maaarine et cessa son métier de
journaliste pour se livrer exclusivement à la libre
culture des lettres et de ses nombreuses et amicales
relations. Il était entré à l'Académie française le
17 avril 1827 et avait repris pour ce jour*là l'habit
ecclésiastique qu'il ne portait pas ordinairement.
Dans les dernières années de la Monarchie, il avait
eu l'honneur et le courage, lui, prêtre loyal et roya-
liste convaincu, de défendre les droits de l'enseigne-
ment laïque contre les influences les plus haut
placées (1).
(I) Voir Villemain [ouvrage cité). 11 s'agit ici de la part que prit
Peletu à l'opposition du Jovrnal des Débats contre le ministèro
Villèle, à propos du collège de Sorrëze dénoncé à it. Frayssinous
dans des rapports faux et calomnieux qui l'avaient fait fermer.
Feletz prit courageusement en main la cause du directeur, M. Fer-
lus, et prouva son innocence dans quelques lettres t d'une haute
raison et de l'effet le plus piquant g. (Villemain).
Anecdote racontée à ce sujet par Martial Dclpit: «Au moment
où ces articles nur Sorrëze se succédaient dans le Journal des
Débats, le ministre de l'intérieur, M. de Corbières, rencontrant
H. de Feletz dans un salon, !e prit à partie et se plaignit de la vi-
vacité avec laquelle le journal attaquait son collègue de l'instruction
publique. — Cela ne vaut rien, disait M. de Corbières, et donne au
ministère l'air tout dépenaillé. — M. de Feletz se défendit d'abord
en disant : Vous savez, Monseigneur, que je n'ai pas l'habitude de
louer mes articles, et ceux-là me paraissent aussi justes que bien
raisonnes. — Eh ! c'est là le mal, reprit U. de Corbières, c'est qu'ils
sont excellents ces articles. — Ah I Monseigneur, vous en direz
tant, que ma vanité voudra les avoir faits >.
D,j,i,z=db, Google
- 249 -
Ce fut peu après son entrée à l'Académie (1) qu'il
laissa publier, par deux de ses amis, un choii de
ses articles en six volumes, suivis plus tard d'un
septième. L'œuvre est touffue, intéressante et variée
et sa principale valeur c'est de présenter un tableau
fidèle des mœurs et des idées de son temps en ma-
tière de littérature et de philosophie. C'est sur ce
(1) C'est en 1824, que Chateaubriand proposa & Feletz de ten-
ter l'Académie. — « Pourquoi ne vous prés entez -vous pas? lui
aurait-il demandé. — Pour qu'on ne me fasse pas la question
contraire n. — Deui ans après, l'abbé se présentait et remplaçait
l'abbé de Villar, n académicien par la gT&ce de la Révolution ».
C'était le premier journaliste qui entrait dans l'illustre compagnie.
L'élogede son devancier prêtait peu. Feletz scrabattit sur lerôledela
critique contemporaine dans les jouruaux, ses succès, ses services.
n Son discours, modèle d'atticisrae et de convenance, lui concilia
tous les suffrages. Il était impossible de parler de soi avec plus de
grâce et d'adresse, et de mieux se tirer d'une position difllcile ; car,
comme tant d'autres, il avait parfois médit de l'Âcadénlie et vive*
ment critiqué bon nombre des confrères au milieu desquels il ve-
nait prendre place » (Martial Delpit).
Feletz fut reçu par M. Auger, son émule et son ami, qui carac-
térisa en ces termes son genre de talent :
0 Une raison saine et une âme droite ont été vos guides, et votre
plume Hdèle n'a pas plus trahi les inspirations do votre esprit que
les mouvements de votre conscience. Aussi vos articles furent de
tout temps remarqués entre les plus remarquables; goûtés des
gens de lettres par la solidité des principes, l'exactitude des juge-
ments et les heureuses qualités du style, ils ont paru de tous, peut-
être, tes plus propres à plaire aux gens du monde que charme ce
don d'une plaisanterie à la fois naturelle et fine, douce et piquante,
de bon Ion et de bon goût, qui égaie le savoir et assaisonne la rai-
aon; ce talent de badiner sans futilité, de raisonner sans pesanteur
et de décider sans air de suffisance; enfin, cet art si difficile de
rendre la louange agréable à ceuit qui n'en sont pas l'objet, sans
lui 6ter de sa douceur pour ceux qui la reçoivent, en plaçant k cité
d'un juste éloge la restriction non moins juste qui, si j'ose ainsi
parler, ajoute à son poids ce qu'elle bte à son étendue u.
Feletz avait été nommé et reçu ea même temps que Fourier,
dont il devait faire l'éloge lors de la réception de Cousin qui lui
D.g.tizedby Google
caractère qu'ont particulièrement insisté tous ceux
qui ont eu à la juger: Nisard.Villemain.Saiut-Marc-
Girardin, Sainte-Beuve, etc.
Ce dernierj entre tous, a laissé de Feletz cet inté-
ressant portrait :
« Homme du monde du commerce le plus aima-
ble et le plus sûr, il ne considéra jamais la société
succéda. (Cf. Jugementi historiques et lilliraire», art. 1]. — Le
28 mai 1828, Bon discours lors de la réception de Lebrun, l'auteur
da Marie-SluaTt, eut un grand succès. — Le 5 mai 1831, il Tait, en
recevant Cousin, un brillant éloge de Fourier et félicite l'inventeur
de iécleclîame de sa philosophie spiritualiste, ennemie de la philo-
sophie malërisliate qui a régné dans lu stËcIe dernier, généralemcnl
religieuse, toujours morale et sociale d, — Plusieurs fois encore,
Feléti eut k prononcer des discours de réception.
Son successeur à l'Académie fut Niaard [22 mai 1851), qui le ju-
geait en ces termes ; n De tous les hommes distingués qui travail
lërent à la restauration du sens moral, du gofit et de la langue,
aucun ne fut plus agréable au public que M. de Feleti. Il n'étai
pourtant ni le plus profoud, ni le plus savant ; mais plus mêlé à h
société de son temps, il savait mieux ce qu'elle voulait, parce qu'i
le savait de sa bouche : elle voûtait retrouver ses traditions, répa-
rer son jugement et sa langue, refaire ses éludes, pourvu que ce
s fût pas sous un pédant La déclamation avait été la langi
k-engeflt : M. de Feletz l'y s
on entrée k l'Académie que Fe-
i amis, consentit à laisser public
titre : Mélanges de phUosophit
I. MM. Amar, enllâgue de Feletz
la Terreur ; elle voulait qu'
& souhait». (Voir Larousse).
Ce fut quelque temps après
letz, cédant aux instances de .
un choix de ses articles, sous
d'histoire et de Utléralure (18
la fiibliothèque Mazarine, et Ducluzeaui, professeur de l'U:
site, son compatriote et son parent, firent paraître six volumes en
adoptant les quatre divisions suivantes :
1* Religion et Philosophie (1 vol.);
a* Liiiéra(ure(2 vol.);
3' HUloire générale, Mémoires, Correspondances, etc. (2 vol.) ,-
i' Critique el analyse de romans et morceaux divers (1 vol.).
Un dernier volume fut publié plus lard (1840). Ces sept volumes
ne renferment qu'ucie partie de l'œuvre ; publiée eu entier, elle en
eût exigé le double. On juge combien il serait intéressant de lire
D.g.tizedby Google
t comme un obstacle à son genre d'esprit et de tra-
vail : il y aurait vu plutôt une inspiration. Quand
j'ai dit travail, j'ai employé un terme impropre.
M. de Feletz, en écrivant, ne faisait encore que cau-
ser et converser Il vivait dans le meilleur
monde, qui le recherchait extrêmement. Les matins.
ces articles dana l'ordre chronologique pour avoir un tableau eiact
et vivant de la société et du mouvement littéraire sous le Consulat,
l'Empire et la Restauration.
M. Martial Delpit, à la biographie duquel il faut sans cesse reve-
nir, a raison d'insister sur Id «flair» de notre critique:
Un des premiers, Feletz annonça II la France un grand poàta
en Lamartine, lorsqu'il rendit compte des MéditAlioni, publiées
sous le voile de l'anonyme;
A propos de l'Essai tur l'Indifférence, il prévoyait n les écarts
futurs du philosophe et du chrétien a ;
11 est un des premiers qui ait sainement apprécié M" du Deffant,
lors de la première publication de sa correspondance avec Horace
Walpole (ISIÎ);
Dans les Nalchez il trouva beaucoup & louer, mais il sait faire
aussi des restrictions : f Pour me résumer, je dirai que les Natchez
sont l'ceuvrc d'un génie fort, vigoureux, puissant et original. C'est
un ouvrage qui n'a point de modèle; l'illustre auteur me permettra
d'ajouter ; et qui ne doit pas en servir c.
Son appréciation sur le Dernier des Abencerraget, dans lequel
il avait salué un chef-d'œuvre, lui valut cette lettre de Château*
briand :
a Je vous remercie pour mon pauvre Abencerrage ; il fallait pour
le juger un homme qui, comme vous, joignit à un excellent goût de
critique le ton et le langage de la bonne société. Voilà que je perds
en secret avec vous cette belle modestie publique dont vous me
faites un mérite. 11 faut bien que je vous l'avoue, VAbencerrage
est le seul de mes enfants pour lequel je me seule une faiblesse
toute paternelle; est-ce parce qu'il est plus laid que les autres?
Cela pourrait bien être, mais on n'est pas maître de son affection.
Je vous assure que je me suis fait une véritable violence pour
laisser publier de mon vivant l'Abencerraj^e ; je croyais sentir qu'il
manquait à la littérature nouvelle les mœurs et l'éducation néces-
sairea pour se plaire avec Don Carlos, Blanca, Lautrec et Âben-
Amet n.
D.g.tizedby Google
il relisait ces auteurs qu'on réimprimait alors et qui
sont les maîtres de la vie, La Bruyère, Montesquieu,
Don Quichotte, Hamilton, l'abbè Prévost. Il écrivait
d'un ton aisé, sans parti pris, ce qu'un esprit juste
et fin trouve là-dessus à une première lecture. Ses
connaissances classiques lui permettaient de parler
des auteurs latins, des traductions alors à la mode,
d'une manière à satisfaire les gens instruits, et il y
mettait l'amorce pour les gens du monde. Ses con-
naissances théologiques et philosophiques le ren-
daient capable aussi d'aborder, à l'occasion, des
sujets sérieux. Il touchait à tout; ce qu'il n'appro-
fondissait pas, il l'effleurait non sans malice. Sa
politesse extrême, que ses nombreuses relations
entouraient de mille liens, n'empêchait pas la
raillerie, quand elle avait à sortir, de se glisser
dans ses articles je ne sais comment, dans le tour,
dans la réticence ; il faisait entendre ce qu'il ne
disait pas. Le grain de sel venait à la fin, dans une
citation, dans une anecdote. 11 avait, dans la ma-
nière de finir, dans le jet de ta phrase, certain geste
de tête que nous lui avons bien connu, il avait de
l'abbé Delille en prose. Les sujets qui convenaient
le plus à ses habitudes et à ses goûts et dans les-
quels il réussissait le mieux, étaient ceux qui avaient
trait à la société du xvm* siècle. Sur les lettres de
M"* du Deffand, de M"* de Lespinasse, sur les Mé-
moires de M"* d'Epinay et la Correspondance de
l'abbé Galiani, il a écrit des pages justes qu'on
relit avec plaisir M. de Feletz, à son heure,
conclut Sainte-Beuve, était, à proprement parler,
le critique de la bonne société ».
D.g.tizedby Google
C'est grâce à ses qualités d'homme du monde,
également distingué par ses manières et par son
esprit de finesse et de malice, qu'il corrigeait la
plupart du temps les défauts qu'on a reprochés à ses
articles du début, c'est-à-dire quelque négligence
dans la forme, un excès de bienveillance parfois
banale (i). Mordant, il l'était à son heure, et Gin-
guené, comme on l'a vu, eut à faire avec lui à forte
partie. Mais ce qui dominait, c'était la raillerie sou-
riante et de bon ton. Un beau jour, étant à dtner
chez M. de VitroUes, il se trouve voisin de l'abbé de
Pradt qu'il avait fort critiqué. Celui-ci lui en fit de
(1} Voir Vapereau. — Autre jugement k rapprocher du précé-
dent :
a Ce n'était pas seulement, en effet, un homme de lettres, nourri
de grec et de latin, qui ne sait des hommes que ce qu'on en apprend
dans les livres ; c'était aussi un homme du monde, connaissant les
hommes pour les avoir beaucoup pratiqués, sachant leurs faiblesses
et leurs passions, avantage immense pour qui doit juger leurs œu-
vres. Vivant au milieu de la société la plus élégante et la plus
choisie, gentilhomme sans aucune morgue aristocratique, homme
de lettres sans rien de l'insupportable vanité et du pédantisme qui
les caractérisent trop souvent, M. de Feletz fut, pendant plus de
quarante ans, dans ses écrits comme dans sa conversation, l'un des
modèles les plus accomplis de l'esprit français. Chez lui, l'écrivain,
le critique n'étaient que la moitié de l'homme, et ceux qui le liront
ne sauront qu'une partie de son mérite. Pour en tracer un portrait
ressemblant, il faudrait le montrer au milieu de ces salons brillants
du commencement de ce siècle où se conservait encore dans toute
sa pureté la tradition de l'esprit français, celle de la société des
XV11* et ivnr siècles ; il faudrait le montrer au milieu des hommes
d'Etat les plus distingués, des écrivains les plus célèbres, des fem.
mes les plus aimables et les plus spirituelles de notre temps. Cau-
seur toujours fin et ingéniem, sans rival dans l'art charmant de
soutenir, de varier à l'inllni une conversation vive et étincelante.
d'jr apporter les réparties les plus promptes et les plus inattendues,
les anecdotes les plus piquantes, contées avec une grâce toute par-
ticulière i)(Uartial Delpil).
T. XI. S - 7
dbyGoot^lc
-254 -
vifs reproches. — « Comment, Monsieur, répartit
Feletz, vous me reprochez de n'avoir pas dit assez
de bien de votre ouviage ! Mais vous me désolez ;
j'en ai dit beaucoup de bien^ tout le bien que j'ai pu;
beaucoup plus assurément que je n'en pensais » (1).
Jusque dans les souffrances de ses dernières an-
nées il sut conserver une inaltérable bonne humeur.
Presque complètement aveugle, tourmenté p&c la
goutte, il laissait tomber de sa plume toujours
jeune des billets charmants. En voici un qu'il
adressait à une dame de ses amies, pour la remercier
de l'avoir invité eu soirée;
a 11 nu faut pas parler, Madame, de soirées, de
réunions, de romances, de poésie, de musique, de
belles dames, de jolies demoiselles à un pauvre
homme comme moi, qui ne peut rien voir, ni robes
blanches, ni robes roses, ni robes brunes rien
entendre, ni conversation, ni concerts, encore nioins
rien dire quand il y aurait tant à dire!.... On
m'oblige depuis plus de huit jours de garder la
chambre, et presque le Ut!... Je ne suis plus de
ce monde et je lui dis adieu J'aurais voulu
pourtant n'en prendre congé que mercredi soir, en
sortant de chez vous. C'eût été bien terminer ma
carrière, mais, malheureusement, je suis forcé de
(I) Citée par H. Delptt, qui ajoute la suivante :
• Une autre fois il rencontre, dans le salon de M"" de Montcalm,
M" de Staël dont il avait, à ses débuts, vivement critiqué le roman
de Delphine et k laquelle il fit une si rude guerre, aussi courtoise
que possible cependant. Â son entrée, l'illustre Corinne se lève
brusquement, fait trois pas vers lui, lui décoche un coup d'ceîl ter-
rible et sort majestueusement. Et notre malin abbé avec un sou-
rire : ■ Je l'ai âcbappé belle ! u
D.g.tizedby Google
donner ma démission auparavant. Mon voisin,
M. Villemain, sera sans doute plus heureux... »(1).
Une autre lettre, écrite dans de meilleurs jours,
montrera le gourmet à côté de l'homme d'esprit ;
elle est adressée à l'abbé de Lavarde, son voisin de
campagne^ à Saint-Pantaléon :
« 11 est temps, mon cher cousin, que je vous re*
mercie de vos dons et parfums gastronomiques, car
enfin, ce n'est pas le tout de manger de bonnes
dindes, des truffes exquises, et si la première vertu
de l'estomac est de bien digérer, la seconde est d'être
reconnaissant. Il n'y a pas longtemps, du reste, que
je connais toute la perfection de votre présent. Ce
n'est que dimanohe que je l'aï analysé en présence
de douze témoins, qui ne se sont pas contentés
d'être simples spectateurs. Jamais dinde ne fut plus
applaudie, jamais truffes ne furent trouvées plus
belles, plus noires, plus embaumées. Le succès a
été complet et je vous envoie le triomphe que tout
cela m'a valu. Pour moi, j'y reconnais une bète éle-
vée et nourrie dans la cour et un peu dans le jardin
de Lavarde, et des truffes recherchées et choisies
avec le zèle et le soin d'un ami et d'un connais-
seur » (2).
L'abbé de Feletz ne fut pas seulement un criti-
que judicieux (3), un causeur plein de verve et d'à-
(1) Gîté par Hicbaud {Biographie Univerielle) et Larousse, et
adressée à M-* de Saiot-Surio, plus tard H" de Uommerquâ. (Voir
Appendice).
(!) Communiquée par U. Ernest Rupin. (Voir la suite à VAppert'
dice).
(3) Outre les sept volumes publias dont nous avons parlé, Feletz
D.g.tizedby Google
propos (1). Son cœur valait son esprit : d'une extrême
obligeance envers ses arnis, très affectueui pour les
a 6cr\l pour l'éditioti du Tétimaque de Tilliard une notice sur
Férieloii et des réBexions sur Télémaque,
Il a collaboré aussi à l'Encyclopédie dei gens du monde, à
VEncyclopédic du xix* êiècle, au F lularque français, au Mercure
français, h. U Biographie universelle de Michaud (Notices sur La
Fontaine, M"' de Scudéry, Bassoni pierre, M" du Deffant, Geof-
froy, Dussault, comte de Choiseul, Paiissot, M" du Cayla et son
salon, toute une galerie des principaux personnages du commence-
ment de ce siËclc). La plupart de ces articles ont été réunis dans
un septième volume, à part de l'édition première, par un de
ses amis, l'abbé Dassance, sous ce titre : Jugement» hisloriquet
et littéraires sur quelques écrivaint et quelque» écrilt du temps
[IS'iOI. Ils avaient été omis par Fcletz par égard pour quelques-
unes de ses anciennes victimes, devenues ses collègues. A l'époque
où ce dernier volume fut composé, l'auteur, presque complètement
aveugle, s'était vu Torcé de s'abandonner en toute confiance au dis-
cernement de son éditeur, qui a recueilli certains articles assez
malicieui. Feletï s'en eicuse dans une préface très intérea-
aanle : a J'en demande pardon, écrit-il, aux trois ou quatre hommes
d'esprit qui peuvent y être intéressés..... Que peuvent ces traits
impuissants contre leur réputation si bien établie d'écrivains élé-
gants, ingénieux, spirituels?..,. Seulement, je les prie d'observer
que j'avais moimâme brisé ces traits, ou que je les avais du moins
cachés et mis on oubli, et que ce n'est pas ma faible main qui
aujourd'hui les a lancés'.
(1) D'allure politique et philosophique, à la Rn du xviii* siècle
(Voir Caro; La fin du Dix-Huitiéme siècle), les salons, au cora-
mencemont du iix*, redeviennent surtout littéraires. Au sortir des
troubles révolutionnaires, !a société semblait ressusciter et, de
toutes parts, renaissaient les conversations littéraires et les discus-
sions morales. On jugeait les ouvrages nouveaux et les critiques
n'avaient plus qu'à enregistrer !ea arrêts. On entendait les appré-
ciations d'écrivains compétents aussi bien dans l'art de composer
des ouvrages i^ue dans celui de les examiner. Chez M" de Beau-
mont, où trûnait Chateaubriand, rue Neuvc-du-Luxembourg, on
rencontrait: Mv de Pastoret et M"' Hocquart, amies de Chénier;
M" de Vintimille, l'amie de Joubert ; M" de Staél et M~ de
Krûdener « à l'éloquence de clair àe lune »; le financier JuUien ;
Fontanes, Joubert, Mole, Chénedollé, de Bonald, Bertin. Chez
M~* Récamier, dont Chateaubriand, Benjamin Constant, Ampère
et Mathieu de Montmorency eurent les faveurs, et qui demeurait
Dijiiizedb, Google
siens, il conserva toujours pour son petit village
de Guraont, pour sa chère province limousine, les
sentiments les plus tendres. C'est sous ce dernier
jour qu'il convient maintenant de le montrer (1).
& l'Abbaye-aux-Bois, régna, surtout de 11125 ï 1R28, une influence
politique et académique. Là aussi dominait Chateaubriand, et, à
c6té de lui: Ampère, le duc de Noaiilcs, Qallanche, Benjamin
Constant, Parsev al -Grand mai son, Baour-Lormian. de Gérando, le
peintre Gérard, de Kéralry, Bertin l'aîné, Villcmain, Augustin
Thierry, de Salvandy, E. (Juinet, Sainte-Beuve, Mérimée, Nisard,
Louis de Loméoie, A. de Tocquevillc, David d'Angers, Eugène
Delacroii, V. Hugo, Lamartine; n'oublions pas plusieurs étrangers
de distinction: la maréchale Horeau, la comtesse de Boigno,
M" Sophie Gay, etc., etc. ~ Le salon de M" Joseph Bonaparte
n'était guère moins brillant. — On se réunissait aussi chez la prin-
cesse de Poil, M— d'Houdetot, M" Suard. — Feletï fréquenta
surtout le salon royaliste et libéral de M" de Duras, rue de Va-
rennes, où il rencontrait Humboldt, Cuvier, Abet de Rémusat,
Delphine Gay. de Talleyrand ; le salon de M°" de Montcalm, aceur
du duc de Richelieu, également royaliste, et ceux de M~* d'Aubus-
son, de la princisse de Tahnond, de M" du Cayla, de M" de t.hoi-
seul, de M" de Lévis, de M— de Vintimille, etc., etc. Lire à ce su-
jet: A. Bardoui, La Duchesse de Durai; Clialûaubriand.ps.r M. de
Lescure ; L'Esprit Public au Dix-Huitième siècle, par Aubertin ;
en particulier, Villemain : Souvenirs confemporaixs, article déjà
cité, et Feletz: notices sur M~' du Deffant, le duc de Choiseul.
le cardinal de Baussel, Madame de Montcalm, dans Jugements
historiques et liltéraires.
(t) On trouvera à l'appendice plusieurs lettres où l'abbé de Feletz
s'occupe des intérêts les plus chers de ses nombreux amis : bour-
ses universitaires pour le fils da H. de Beauregard et celui de
H. de Lavarde ; questions d'ordre plus général touchant soit l'hô-
pital de Brive, soit le canal de la Vézère, commissions diverses
de toutes sortes, etc., etc.
Relevons quelques articles consacrés par le critique à ses compa-
triotes':
Sur Cabania : Rapporti du physique au moral, charge assez
vive contre le matérialisme ;
Sur Hailher du Chassât, de Biive, au sujet de sa Traduction de
VHiêtotre de la guerre de CentAns [Schiller) ;
ïiur Saint-Aulaire: Histoire de la Fronde;
D.g.tizedby Google
m
Parmi les innombrables et divers genres de
« snobs », il en est un d'universellement connu:
c'est le provincial a parisianisant », plus connu dans
Sur d'Âe:ueaeeau et ses œuvres complètes ;
Sur H&rmontel et ses Mémoire», pour lesquels il n'est pas ten-
dre ;
Sur W. de Taillefer et ses Antiquités de Vétone;
Sur le vicomte de Suint-Chamaiis et son Petit-Filt de l'Homme
aux Qu&ranle écu», puis son Anliromantique.
Et si l'on s'en rapportait à quelques pages fort curieuses d'une
étude aur une traduction des fables de La Fontaine ■ en bertei
gatcount, per un Bourdeles, M. Bergeret, Ion nebout », on pour-
rait peut-être montrer dans notre malicieux abbé un précurseur
des félibrea limousins d'aujourd'hui, ce qui ne serait pas pour nous
déplaire. (Peletz : Mélanges, tome VI). — 11 est curieux de rencon-
trer dans cette étude, qui nous est tombée sous les ;eui tout
récemment et quelques mois après notre critique sur le provincial
• parisianisant », les lignes suivantes :
■ Du limousin du périgourdin, du bordelais ou du gascon, ce
qui te ressemble fort Cette langue est parlée, avec quelques
différences et quelques variétés, par une moitié des habitants du
royaume ; pourquoi donc ne les enlrefiendrtons-nous jamais de
cette langue maternelle qui fait leurs délices, leur orgueilKTest
à elle qu'ils lonl redeoabtes de leur accent, cet accent auquel ils
doivent une double gloire; fiers d'abord de l'avoir et d'attester
ainsi leur origine ; ftart ensuite de le perdre, ce dont ils ne
manquent pat de ae vanter après deux au trois mois de séjour à
Paris; gasconnade qui ne manque jamais de faire rire les Pari*
siens ».
Le rapprochement est curieux, on le voit et il était à signaler,
ainsi que le passage suivant du même article :
I Cette langue est-elle d'ailleurs si indigne de notre attention ? Je
suis persuadé que plus d'un lecteur, et peut-être parmi ceux qui se
montrent les plus dédaigneux, a cru, en lisant les premières lignes
de ce nouvel ouvrage, qu'il était écrit dans une des langues sonores
et harmonieuses des peuples occidentaux de l'Europe, et s'est ima-
giné que c'était un nouvel hommage rendu par les Espagnols ou
les Portugais k notre La Fontaine. Le gascon a, en effet, beaucoup
d'affinité avec ces langues, et nous avons vu dans ces derniers
Dijilizedb, Google
-259 —
l'histoire littéraire sous le nom a d'escholier limou-
sin B de rabelaisienne mémoire. Est-il rien de plus
grotesque si ce n'est le Parisien « provinciali-
sant » ?
Hélas! en avons-nous vu non pas mourir —
le ridicule, môme en France, ne tue pas toujours
— mais revenir, fiers comme baudets chargés de
temps dei loldaU eëpagnoli tout à fait étrangers à la tangue
françaîBe, avec laquelle leur séjour en France n'avait pu les fami-
liariier, communiquer très facilement avec les paysan» et le peu-
ple de» provinces méridionales, les entendre et »'en faire enten-
dre au bout de quelques jours '.
Voilà un des arguments k l'appui de l'utilisation des patois au
simple point de vue pratique, argument que nous avons indique
nouR-mSme dans un rapport paru, en novembre 1897, au Lemouzi
{Préconisalion de la méthode d'enseignement du français par
l'étude comp&ratioe de» dialecte» d'Oc).
Peletz rappolle ensuite l'éloge que faisait Montaigne d'un certain
langage gascon ■ qui se trouve singulièrement beau, sec, bref,
signifiant et à la vérité.... masle et militaire plus qu'aucun autre... ;
autant nerveux et puissant, et pertinent, comme le français est
gracieux, délicat et abondant>.
Hais, comme Montaigne, il fait lui aussi ses réserves au sujet
des parlers populaires qu'il désigne sous le nom générique de
t gascon > :
n II me semble que c'est plutôt par la naïveté que se distingue
et langage ; on peut y remarquer aussi quelques désinences assez
harmonieuses ; mais il est tout k fait dépourvu de noblesse, comme
l'était la langue romane, et mémo la langue française, qui en est
dérivée, jusqu'à ce que de grands écrivains l'aisni formée et l'aient
pliée à tous les tons Ces avantages ont manqué k la langue
gasconne, parce que la langue romane d'Oïl ayant prévalu k la
cour de nos rois et dans la capitale du royaume sur la langue ro-
mane d'Oc, les beaux esprits ont perfectionné ta première et négligé
ou ignoré la seconde ; mais celle-ci a conservé la naïveté qui était
commune k toutes deux et qui s'est extrêmement affaiblie chez son
heureuse rivale ».
C'est cette na'ioelé qui est, selon Feletz, * la qualité la plus re-
marquable » de nos langages populaires. (Feletz: Mélanges, t. VI.
pp. 276-271)).
D.g.tizedby Google
reliques, dans leur province d'origine, après six
mois de séjour dans «la Capitale», roulant les r
comme Démosthène avant les cailloux^ vantant les
jouissances artistiques de Montmerte et les splen-
deurs du bois de Boulcugne, s'extasiant sur les
beaiUtés de Vadmimstrâââtion, les avantages du
télêpkôôône , l'organisation de la companie des
ouature», la performance de tel ou tel chwal coté
sur le turf, la place de la Bastiye ou le Musée du
Louve ! Et les malheureux s'acharnent sur ces
maladies de la prononciation, sans oublier les mots
estropiés ou les termes d'argot et de faubourg dont
ils entrelardent leurs discours béats pour se donner
un air plus « boulevardier », saupoudrant le tout
d'A aspirées, qui les font haleter comme un soufflet
de forge ou un cheval poussif de tramwâf
A ce ridicule du langage, d'autres joignent celui
de la mise ; de plus malins, celui de la a blague », et
le type est complet du a goheur » qui a se gobe a
lui-même, tout en se croyant «gobé» par les au-
tres.
Combien peu l'abbé de Feletz était de ces gens-
là ! Quarante années de Paris ne lui avaient pas fait
oublier le Limousin et les bons voisins de là-bas. De
l'esprit et du langage parisiens, en homme avisé et
de bon goût, il avait su s'assimiler les qualités pré-
cieuses, mais il s'était bien gardé de chasser le natu-
rel et avait conservé au fond la saveur du terroir.
Il n'ignorait pas que si l'on cesse d'être soi pour
imiter les autres, c'est par leurs seuls défauts qu'on
risque le plus souvent de leur ressembler-
II resta donc d'humeur « gaillarde » et de tempé-
D.g.tizedby Google
rament bas-limousin, ainsi que l'attesteront ces
deux anecdotes (1) ;
Lors d'un séjour à Gumont, l'abbé de Feletz était
allé faire visite à l'un de ses parents, Bertrand
Rupin, qui habitait le Périgord et se trouvait dans
sa propriété de Goyne, sur les limites de la Corrèzo
et de la Dordogne. Il y vint à cheval et par un temps
épouvantable. « Quelle affreuse pluie b, s'écria-t-il
en arrivant, me voilà trempé jusques zaux os ! »
— « Et quelle est cette nouvelle manière de parler?»
s'exclama-l-on de tous côtés. — « C'est celle de
l'Académie, reprit Feletz ; elle a décrété qu'à
l'avenir on mettrait une s à la fm du mot -jusque;
je dois me conformer à la décision de mes collè-
gues >.
Un autre jour, il se trouvait dans le salon de
M"* du Deffand et il était question d'une critique
assez virulente d'un de ses articles des^é^a^s. Cette
critique, dont il avait manifesté le désii' d'avoir
connaissance, commençait par ces mots: « TibuUe
adit » — «Ah! Tibulie a dit!», s'écrie notre
abbé, en se jetant sur la feuille en question et en
la chiffonnant, « Eh bien, moi, jerf^mews 7'ibulle! »
C'est ainsi que toute sa vie il conserva, à son
grand honneur et à son avantage, ce « caractère
remuant et spirituel » que Michelet reconnaît aux
Limousins, avec un grand fonds d'honnêteté et de
simplicité, une endurance remarquable au travail.
Dans les quelques lettres de lui qui nous ont été
communiquées, il parle avec amour du Périgord et
(t) Dues à l'obligeance de M. Ernest Rupin,
dbyGoOt^lc
du Limousin. Il est heureux d'aller chaque année
« assister à l'enfantement des truffes » et fier de se
montrer ■ fidèle à cette coutume tant qu'il ne sera
pas trop vieux pour pouvoir faire un aussi long
voyage » (1).
Dans ses douze dernières années, devenu presque
aveugle, après avoir triomphé d'une grave et dou-
loureuse attaque de goutte dont il avait éprouvé les
premières atteintes en 1835, il prolongeait tous
les ans, le plus possible, son séjour à Gumont. Là,
ses grandes distractions étaient dans la fréquenta-
tion des salons de MM"** de Lavarde et de Bouchiat,
les conversations traa lou chapial de la granja,
et les longues parties de trictrac avec une de ses
nièces. M"* de Foueauld, qui profitait de la faiblesse
de sa vue pour le tricher sans scrupule, suppléant
ainsi à l'avantage que son oncle avait sur elle par
suite d'une disposition toute naturelle pour le cal-
cul. Et c'était, entre les deux joueurs, d'aimables
disputes, où la gaieté et la malice souriante du
vieillard trouvaient toujours le moyen de se mon-
trer.
Depuis 1830, il avait cessé d'écrire pour le public
et réservait pour ses proches et ses amis les trésors
d'un esprit toujours jeune, riche d'anecdotes, de
souvenirs, d'agréables propos, o 11 ne se pouvait
voir, dit Sainte-Beuve, de vieillesse moins morose
et moins chagrine, et qui fût plus de bonne compa-
gnie, dans le sens où on le disait autrefois. Il n'al-
lait plus dans le monde, mais on venait à lui. Il était
(1) Voir lettres à l'Appendice.
D.g.tizedby Google
aveugle comme M°" du Defîand, comme Delille,
comme celui-ci surtout, en se prêtant aux derniers
agréments de la vie. Il fallait voir comme il jouis-
sait de tout, de luî-mème et des autres ; comme son
visage aussitôt s'éclairait d'un souvenir, d'un trait
heureux, que ce fût lui ou un autre qui l'eût dit. Ces
dehors aimables cachaient une fermeté, qui est le
propre de cette race des hommes du ivm* siècle.
Menacé dans sa position d'administrateur au lende-
main de la Révolution de Février, et finalement
frappé par M. de Falloux, de qui, moins que de tout
autrOj il devait attendre une telle mesure, il a dicté
à ce sujet plusieurs lettres pleines de dignité, de
vigueur, de malice, qui n'annonçaient certes pas
une pensée défaillante. II ne permit pas qu'on
enveloppât, sous des formes plus ou moins gra-
cieuses, un acte, au fond, inique » (1).
On conçoit en effet comhien ce coup lui fut pé-
nible, venant d'un gouvernement qu'il avait toujours
sincèrement aimé et loyalement servi. Telle fut la
seule douleur de ses dernières années, si consolées
d'ailleurs par l'affection et le dévouement de sa
nièce qui dirigeait sa maison et, jusqu'au dernier
moment, fut sa fidèle compagne.
Son énergie, inébranlable devant les souffrances
morales causées par l'ingratitude monarchique, ne
fut pas moins admirable devant la douleur physi-
que. Déjàj lors de sa première grave maladie, il
avait mérité, de l'archevêque de Paris venu pour
le voir, cet éloge dont vous pouvez comprendre la
(1) Sainte-Beuve, article cité (Lundis, tome [).
dbyGoot^lc
portée : a J 'ai reconnu en lui le conresseur de la foi
sur les pontons de Rochefort » .
L'année qui suivit l'acte inqualifîable commis à
son égard par M. de Falloux, après un mois entier
de cruelles souffrances qui n'avaient pu abattre
cette âme sereine, avec un mot de douce amitié pour
chacun des intimes qui l'assistaient, il s'endormit,
à l'âge de quatre-vingt-trois ans (1), du sommeil
du juste et du chrétien !
Raymond Labordb.
(t) Charles-Marie de Felelï est mort à Paris le tl février 1850.
Par son testament en date du !7 novembre 1847, déposé en Tétude
de M* Pétineaud, notaire à Paris et enregistré le 13 février ISâO, il
institue H"* Pauline de Fouesuld, sa petite-nièce, son héritière gé-
nérale, et Tait différentes donations en faveur de ses autres petits-
neveux et petites-nièces: Léon de Foucauld, propriétaire tDussac,
canton de La IVouaille ; Eather de Foucauld, épouse de Beaumont
de Touchebœuf, demeurant à Périgueux, et Marguerite de Fou-
/ Archives du bureau de t' Enregistrement à Brive).
D.g.tizedby Google
APPENDICE
Correspondance de Feletz
Les lettres suivantes peuvent se classer en deux grou-
pes: les lettres familières et celles qui portent plus parti-
culièrement sur des sujets littéraires.
Elles donnent, les unes et les autres, des détails qui
complètent la physionomie de l'abbé de Feletz, se groupent
autour de ses œuvres et, dans leur style généralement plus
courant, nous font peut-être mieui connattre la vivacité
et le naturel de son esprit.
A. — LETTHES FAMILIÈRES
Elles sont au nombre de six et se suivent pour ainsi
dire l'une l'autre dans le même ordre d'idées et de rela-
tions.
I. — AU. Beaurkoard
M. Beaureg&rd, ancien juge de paix à Brive, Corrkze.
■ Uonsieur,
» Je n'ai pas pu répondre plus vite i la lettre que vous
m'avez adressée, la personne auprès de laquelle je devais
prendre des éclaircissements pour répondre à votre ques-
tion étant absente de Paris. Ce qu'il y a de plus fAcheux,
c'est qu'elle n'est pas satisfaisante. Je vous l'envoie telle
que me l'a transmise le Conseiller de l'Université qui
agissait pour moi auprès de la Commission de l'Instruc-
tion publique et qui y mettait beaucoup de zèle ; vous y
verrez mieux l'expression de ses regrets. Je me suis depuis
tourné encore d'un autre côté, et il faut espérer que mes
D.g.tizedby Google
-266-
démarches' seront enfin plus heureuses. J'y mettrai toute
l'activitë possible, car je voudrais bien pouvoir obtenir les
bourses pour les deui jeunes gens avant qu'ils aient de la
barbe au menton. Je vous assure, Monsieur et cher voisin,
que je suis bien mortiflé de n'avoir pas pu réussir jusqu'ici.
J'ai été plus heureux dans d'autres occasions et je n'ai
jamais plus désiré de l'être. Mais malheureusement je
n'ai jamais eu moins de crédit. Dana ce temps-ci les bons
royalistes n'en ont guère et il est fort singulier que j'en
eusse davantage autrefois.
B Veuillez bien, je vous prie, offrir tous mes hommages
à Madame Beauregard, dites mille choses pour moi à notre
bon pasteur et à notre bon maire quand vous les verrez et
agréez l'assurance de tout mon dévouement,
n Paris, 23 décembre 1817.
i FeLETZ h.
(Appartient à M. E. Rupin).
Autre lettre adressée au môme, toujours au sujet des
deux jeunes gens dont il est question dans la première :
a Monsieur,
n Je TOUS assure que je n'ai point négligé les intérêts
de Monsieur votre fils. Malheureusement, au moment où
je comptais le plus sur le succès de mes démarches, le
chef de division du Ministère de l'Intérieur chargé de cette
partie a passé à d'autres fonctions et a été remplacé par
une personne que je ne connais pas. Cependant le premier,
avant départir, avait mis votre QU sur son travail, mais,
n'étant plus là pour suivre cette afTaire, je n'ai plus la
certitude que le Ministre de l'Intérieur porte son chois
sur les deux personnes auxquelles je m'intéressais: c'est-
à-dire sur votre fils et le petit Lavarde. Dans cette incer-
titude, je me suis tourné d'un autre côté: je me suis
adressé à la Commission de l'Université qui donne aussi
des bourses ; c'est pour cela que je vous avais conseillé de
voir l'inspecteur. M. Poinsot, mais il ne s'est pas arrêté à
Brive. Il y a une grande difficulté à vaincre auprès de
l'Université, c'est qu'elle ne doit donner de bourses qu'aux
départements qui ont alloué des fonds pour cela, ce que
n'a pas fait le département de la Corrèze. Toutefois, j'ai
surmonté cet obstacle dans d'autres occasions et je compte
le surmonter encore. Je ne négligerai du moins rien pour
D.g.tizedby Google
- 267 -
cela ; on me donne des espérances ; la chose sera bienl6t
terminée au moins pour cette année et dés qu'elle le sera,
j'en Ferai part à notre bon pasteur ; je retarde pour cela la
réponse que je lui dois. 11 peut compter pareillement sur
des lunettes ; qu'il tâche de voir un peu clair jusqu'à ce
que je trouve une occasion. J'ai manqué celle de M. La-
maze, c'est un tort et je le-confesse, mais je n'en laisserai
pas échapper d'autres.
B Veuillez bien, mon cher Monsieur, offrir tous mes
hommages à Madame Beauregard ; je me rappelle, et c'est
un bien agréable souvenir, son bon accueil et le vôtre ;
j'espère bien aller vous en remercier moi-même l'année
prochaine ; ce sera un bien véritable plaisir pour moi,
soyez-en bien persuadé, et agréez l'assurance de mon sin-
cère et inviolable attachement.
B Feletz.
V Paris, 9 septembre 1818 •.
« M. l'abbé de Cosnac a bien raison de vanter l'Institu-
tion des Pères de la Foi à Amiens ; si nous ne pouvons pas
réussir pour l'Université, je me concerterai avec lui quand
il sera à Paris pour obtenir une bourse à Amiens ».
S'agil-il ici de Jean-Joseph-Marje-Vicloire de Cosnac,
èvéque de Meaus, puis archevêque de Sens? (1764-1843).
Les démarches de l'abbé de Feletz eurent un bon résul-
tat, si l'on en juge par une lettre adressée à M. Beauregard
et signée d'une sœur de l'abbé :
■ Gumont, jeudi soir.
» Je suis bien fAchée, Monsieur, que le mauvais temps
et les mauvais chemins m'aient privée du plaisir que j'au-
rais eu de vous voir ici ; je savais par M. le curé que vous
aviez obtenu la bourse pour M. votre fils. Je le priai même
de vous témoigner de ma part combien je partageais toute
votre satisfaction à cet égard. J'ai reçu dimanche une
lettre de mon frère que notre bon pasteur a eu la bonté de
me retirer de la poste. Elle est du onze; vous voyez qu'elle
avait resté huit jours à Brive. S'il y avait eu quelque
chose qui vous eût concerné, je me serais empressé de
vous le faire savoir par la voie de M, le curé. Ne vous sa-
chant pas à Saint-Pantaléon, mon frère me prie de le
D.g.tizedby Google
-268 -
rappeler dans le souvenir de tous nos bons voisins, et
certainement vous êtes i)ien du nombre, nommément
votre pasteur, à qui vous voudrez bien je vous prie faire
agréer tous ses compliments. Et en faisant ceux du frère,
vous voudrez bien ne pas oublier la sœur, en l'assurant de
mou respectueux attachement, et soyez, je vous prie, bien
persuadé, Monsieur, de tout celui avec lequel j'ai l'hon-
neur d'être votre très humble servante,
s Fbletz a.
(Lettres commuDiquéea par M. de flussac).
II. — A M. I'Abbé de Lavarde
Autre fragment dune lettre dont j'ai donné la première
partie (voir note p. 255), et qui est adressée à l'abbé de
Lavarde, à Saint-Pan taléon :
« Quant à M. de Martignac (1), je n'ai pas trouvé
l'occasion de lui parler ; il m'avait pourlant invité à un
magnifique concert qu'il a donné vendredi. Je lai revu
hier, mais toujours au milieu de cinq ou six cents person-
nes, occupé à recevoir tout le monde, à donner la main
aux dames, à accueillir les ambassadeurs, les princes, les
grands seigneurs. Comment glisser un mot dans une
oreille ouverte à tant d'autres discours? C'eût été sans
doute un mot perdu. Aussi je ne lui ai pas plus parlé de
notre hâpit&l que de notre canal, car il est encore juge
des indemnités que les riverains de la Vézère demandent
aux entrepreneurs. J'attends pour vous et pour moi et
pour les riverains que Madame de Martignac reprenne les
petits jours où elle veut bien m'admettre : alors, on voit le
ministre dans un cercle plus borné ».
(Cette lettre, communiquée par U. Rupin, appartient à H. de
Lavarde, à Brive].
L'abbé de Lavarde, aumônier d'Anne d'Autriche, un
des bienfaiteurs de l'hApital de Brive, s'était réservé le
droit, pour lui et pour ses parents, de pouvoir faire entrer
(1) Harllgnac (Jean-Baptiate-Sylvëre Gaye de), flU de Clément
de Gaye, sieur de Martignac, avocat à Brive, naquit à Bordeaux
(ITTS), fut procureur général à Limoges en 1818, député en 1831,
ministre de l'intérieur en IS3T, et mourut le 3 avril 1833.
Dijiiizedb, Google
-269-
à l'hospice un certain nombre de filles de famille. Ce droit
était tombé en désuétude à l'époque de la Révolution et
l'abbé de Feletz avait été prié de sonder le Ministre pour
tâcher de le faire rétablir.
Il s'agit du projet de canal de navigation, depuis le con-
fluent de la Vézère et de la Dordogne à Limeuil jusqu'à la
jonction de la Corrèze et de la Vézère dans la plaine de
Brive. Ce projet existait de temps immémorial. Sous
Henri IV, les élections de Sarlat et de Brive fournirent
une somme de 150,000 1., mais le sacrifice de cette somme
fut en pure perte pour le pays par suite de la mort tragi-
que du grand roi (t6t0). Ce projet de canalisation fut re-
pris plusieurs fois avec ardeur, notamment en 1683 et en
1826, mais, comme la première fois, les fonds disponibles
furent employés à d'autres besoins de l'Etat. Quelques
années après, à la suite des démarches faites soit par l'abbé
de Feletz soit par d'autres personnes influentes, cette ca~
nalisation fut remise en question, et cette fois avec l'idée
nouvelle de la continuer jusqu'au chef-lieu du départe-
ment La Commission nommée à ce sujet ayant constaté
que l'étaïilissement du canal jusqu'à Tulle était impossi-
ble à cause de la différence de niveau (101 mètres) qui
existe entre le Pont Cardinal à Brive et le pont de la Bar-
rière à Tulle, il fut décidé que du moment que le canal
ne pouvait pas monter jusqu'à Tulle il n'irait même pas
jusqu'à Brive, et c'est ainsi que, par suite d'une jalousie
mesquine, nos contrées centrales ont été privées d'avanta-
ges commerciaux indiscutables.
(BenseignemeDts fournis par H. Rupin).
III. — A M. DB Lavabdb
(Cette lettre se recommande par la bonne humeur et le
goût du terroir dont elle fait preuve) :
« Il faut avouer, mon cher cousin, que vous avez eu
une bien bonne et heureuse idée de fourrer une lettre
entre les truffes et les volailles du curé et de lui donner
ainsi de vos nouvelles. Je vous assure que sans faire du
T. XX. s - M
dbyGoOt^lc
-270-
tort au reste, ni vouloir le déprécier, ce n'est pas ce qui
m'a le moins charmé dans le panier si bien garni et si bien
parfumé de notre bon pasteur. J'imagine qu'actuellement
d'autres parfuais vous embaument ; ce ne sont plus les
truffes, ce sonl les violettes que la belle saison et le beau
soleil doivent faire éclore dans vos heureux climats. Qu'il
doit faire bon sur la terrasse de Lavarde ! et que je vou-
drais y ûtre ! Vous voilà bien dédommagés des dix-neuf
degrés de votre thermomètre dont vous vous vantez. Quant
à nous, nous n'avons eu effectivement que treize degrés et
demi, et encore un seul jour, mais il ne faut pas croire
que nous mourions de chaud pour cela. J'espère que ces
beaux jours auront guéri votre rhume, ils ne sont pas
encore parvenus à guérir radicalement un accès de goutte
qui m'est survenu pour mon carnaval. Je vais mieux
cependant et suis déjà sorti, mais peu, et plus en voiture
qu'à pied. Je ne pus même aller hier, comme je l'avais
projeté, chez le Ministre de l'Intérieur, J'irai le plus tôt
que je pourrai et m'occuperai de votre affaire. Si vous
voyez M. de Vialar, veuillez bien lui dire de prendre aussi
un peu de patience ; dès que je le pourrai j'irai à la direc-
tion des Ponts et Chaussées pour arranger son affaire,
mais il faut que j'y aille, écrire ne suffirait pas, et je suis
dans un tel arriéré d'affaires qu'il me faut un peu de temps
pour me mettre au courant.
■ Je croyais, mon cher cousin, que vous étiez instruit
du sort des entrepôts de tabac ; il y a trois mois qu'une
ordonnance a supprimé ces entrepôts, c'est-à-dire que ceux
qui en sont actuellement pourvus continueront à les pos-
séder et à les régir, mais à leur mort ou démission on ne
leur nommera point de successeur, et la place sera réunie
à celle de receveur principal des contributions indirectes.
Je ne doutais pas que vous ne connussiez cette ordon-
nance et j'expliquais par là votre silence sur l'entrepôt de
Brive.
0 Ne doutez pas, mon cher cousin, que je ne saisisse
avec beaucoup d'empressement toute occasion de voua
être utile à vous et aux vôtres et tout succès de ce genre
serait un vrai bonheur pour moi. Faites agréer, je Voua
prie, tous mes hommages à vos dames sans oublier la
petite demoiselle nouvellement venue, quand elle aura
bien tété et qu'elle sera de bonne humeur, et agréez pour
D.g.tizedby Google
-271 -
vous même, mon cher cousin, la nouvelle assurance de
mon vieil attachement.
B Paris, 5 mars 1830.
j) Feletz ».
(Appartient à M. Rupiu).
A Monsieur Lavarde, maire de la. c
S&int-Pantaléon, Brive (Corrèze).
« Je croyais, Monsieur et cher cousin, que mon frère
étant allé à Gumont vous auriez convenu avec lui de tout
ce qu'il y avait à /aire pour la bénédiction de la nouvelle
cloche de Saint- Pan Laléon et pour le rûle qu'il avait à
remplir afin de me remplacer dans les honneurs que vous
voulez bien m'accorder dans cette occasion. Mais enfin,
mon cher cousin, puisque vous n'avez pris aucun arrange-
ment avec lui et que les choses ont été différées jusqu'à ce
moment, je n'aurai point de représentant et je me repré-
senterai moi-même. Je compte, en efTet, aller incessam-
ment revoir le clocher de ma paroisse et par conséquent
être à portée d'y voir placer une cloche. Je serai à Gu-
mont, je l'espère du moins, vers le milieu du mois pro-
chain, et alors nous bénirons, placerons et ferons sonner
les cloches tant que vous voudrez. Soyez persuadé que
parmi les personnes que je serai enchanté de revoir, vous
êtes au premier rang, ainsi que votre famille et notre
ancien camarade, le pasteur actuel. Dites-lui bien des
choses de ma part. Je vous prie de compter toujours,
Monsieur et cher cousin, sur mon sincère et invincible
attachement.
D Fblbtz.
. Paris, 26 juillet «.
(Appartient 4 H. Rupin).
IV. — A M. LB BARON MOUNtER
M. le fcaron Mounier (1)
0 Monsieur,
» J'ai l'honneur de vous adresser le nouveau certificat
qui m'a été envoyé par cette pauvre dame de la Filolie que
D.g.tizedby Google
— 272 —
vous avez bien voulu prendre sous voire protection. Veuil-
lez bien la lui continuer, et en hlter les effets, car son
âge et ses besoins demandent qu'on se presse. Vous voyez,
Monsieur, a vec quelle confiance je vous le demande. J'au-
rais eu l'honneur de vous apporter moi-môme cette pièce,
mais une attaque de goutte quoiqu'aasez légère me retient
chez moi.
» Agréez, je vous prie, la nouvelle assurance de la con-
sidération très distinguée avec laquelle j'ai l'honneur
d'être, Monsieur, votre très humble et très obéissant ser-
viteur,
B Feletz.
» 15 juillet 1837.
» P.-S- -^ Je ne sais quelle est la voie la plus courte
four lui faire toucher le secours que vous voudrez bien
ui faire accorder. Madame de la Hlolie demeure dans la
commune de Cublae, sous-préfecture de Brive (Gorréze)
et c'est ordinairement le percepteur de Cublae qui lui
remet le secours ».
(Cette lettre appartient à M. Charavay).
B. — LETTRES LITTÉRAIRES
V. — A M, AuoEK
Louis-Simon Auger (1772-1829), critique et littérateur
distingué, successeur de Raynouard, démissionnaire , au
secrétariat perpétuel de l'Académie. Dans la Biographie
universelle de Michaud, Durozois, le comparant à ses
confrères les critiques, dit que ses articles n'ont pas « cette
légère ironie, ce ton d'homme du monde qui caractérise
ceux de Feletz» (I). Cette appréciation peut porter sur U
correspondance que nous publions et en particulier sur la
lettre suivante :
A Monsieur Auger, secrél&ire perpétuel de l'Aca.démie
française, au Paiais de l'Industrie
1 10 octobre 1827.
B II est bien temps de répondre à une aimable lettre
(I) M, de Felelz a fait un éloge très vif de l'édition de Molière
par M. Auger.
D.g.tizedby Google
— 273 —
que vous m'avez écrite immédiatement après la Saint-
Louis, cher ami, cher confrère et cher voisin, car j'espère
reconquérir le mois prochain celte dernière relation avec
vous, et je tiens infiniment à toutes, quoique vous soyez
en droit de trouver que je les cultive fort négligemment.
Vous vous rappellerez toutefois que vous m'écriviez au
moment de votre départ, et vous ne me disiez ni où vous
alliez, ni combien de temps vous seriez absent. Si j'ai
bonne mémoire vous deviez aller en Picardie avec Ma-
dame Auger, mais ce souvenir était un peu vague, ainsi
que cette adresse pour vous y envoyer une lettre. A la
vérité je soupçonne qu'il y a bien déjà quelque temps que
j'aurais pu vous écrire à Paris, et vous n'auriez sûrement
pas permis que l'Académie fût si longtemps privée de son
secrétaire perpétuel- Mais je n'ai, mon cher ami, qu'une
trop bonne excuse pour ne vous avoir pas écrit ces trois
demièi-es semaines, et vous voudriez sûrement avec moi
que je fusse sur ce point plus coupable à votre égard. De
tristes jours, suivis de plus tristes événements, ont entiè-
rement absorbé mon esprit et occupé tous mes moments.
J'avais resté peu de joui-s à Bordeaux et seulement une
semaine à Périgueux, empressé que j'étais de venir auprès
de mon père. Je le trouvai très bien portant, ou plutôt je
ne le trouvai point, car il était monté à cheval et était allé
dans le voisinage. Il fit encore dans la semaine d'après
deux petits voyages, toujours à cheval, et se proposait d'en
faire un plus long, lorsqu'il fut saisi d'une fièvre violente,
qui se déclara d'abord intermittente, et puis devint conti-
nue avec des redoublements. Il lutta longtemps avec toute
la vigueur de son tempérament, mais enftn il a succombé
à l'âge de quatre-vingt-cinq ans. Sa santé presque inébran-
lable nous promettait de plus longues années encore et je
suis pereuadé qu'il eût fourni une plus longue carrière s'il
lui eût été possible de prendre quelques précautions,
d'avoir quelques ménagements que l'âge rendait nécessai-
res. Mais il était ennemi de tout régime, rebelle surtout à
la médecine, même dans la maladie et jusqu'au dernier
moment. Jusqu'à ce dernier moment il a conservé sa tète,
toutes ses facultés et même, dans quelques instants de
calme et de relflche, la gaieté- C'était un de ces rares vieil-
lards qui n'ont aucun des inconvénients de la vieillesse
et qui surtout ne veulent point être incommode aux au-
D.g.tizedby Google
-274 —
très. H est mort entouré de sa famille et vivement regretté
par elle : nous avons eu si longtemps un père que c'est
pour nous un sentiment bien pénible de ne plus en avoir.
0 Quoique tous parfaitement d'accord, ce malheureux
événement nous donne quelques alfaires à régler qui
m'ont retenu et me retiendront encore quelques jours dans
les environs de Brive. Je compte en partir vers le 15, et
m'arrêterai par ci par là, arriverai le 25 à Périgueux où je
resterai jusque vers le 20 novembre que je partirai pour
Paris. Ce sera du moins mon quartier général
» Si je vous avais répondu plus tôt, je vous aurais dit
beaucoup de choses sur ce que vous me mandez de la
séance publique de l'Académie française, le jour de Saint-
Louis. Le Journal des Débats a rapporté des fragments
charmants de votre discours, que je lirai tout entier avec
bien de l'empressement à Paris. Il y a peut-être là-dessous
un petit reproche de ne m'avoir pas procuré ce plaisir plus
tôt en m'envoyant directement ce rapport en Périgord ou
en Limousin, où, quoique vous en pensiez, on goûte les
bonnes choses et où l'on n'est pas étranger aux matières
académiques. Je vous assure que ma belle-sœur vous en
eût su autant de gré que moi. Elle a été charmée du petit
fragment où vous parlez de l'intérêt que les femmes ont
pris à la Cité des Grecs, et le petit morceau particulier
que vous lui adressez dans la lettre que vous m'avez
écrite, quoique moins oratoire et moins galant, ne l'a pas
moins enchantée ; elle me charge de vous en remercier ;
elle regrette infiniment d'avoir fait deux voyages de Paris
sans avoir profité de cette double occasion pour faire
connaissance avec Madame Auger et avec vous. Mais c'est
moi qui ai eu tort et certainement si l'occasion revenait
je n'aurais plus ce tort là.
• Adieu, cher voisin; offrez, je vous piie, tous mes
hommages à Madame Auger. J'espère qu'elle sera, ainsi
que vous, les deux premières personnes que je verrai à
Paris. Elle voudra permettre que ce soit chez elle que je
fasse mon premier dîner à mon retour.
E Agréez, mon cher ami, l'assurance de mon inviolable
attachement et de mon sincère dévouement.
B Feletz ».
(Appartient à M. Ernest Bupin).
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La lettre précédente et la suivante ont trait, en termes
presque identiques, à la mort du père de Feleti :
a Je n'ai malheureusement, Madame, qu'une trop
bonne excuse à vous donner d'avoir autant tardé à répon-
dre à la bonne et aimable lettre que vous m'avez fait
l'honneur de m'adresser il y a environ un mois, et vous
voudriez, avec moi, que je fusse plus coupable. Vous vous
rappelez qu'une de mes principales raisons de quitter
promptement Bordeaux, malgré tout l'attrait que vous
m'aviez donné. Madame, ainsi que toute votre famille,
pour y prolonger mon séjour, était le juste désir de ne pas
rester trop longtemps, après mon départ de Paris, sans me
rendre auprès de mon vieux et respectable père dont on
m'avait mandé que la santé faiblissaii beaucoup. Je fus
cependant bien rassuré en le voyant. A mon arrivée, dont
ilneconnaissait pas le moment, je ne le trouvai pas chez lui;
il était monté à cheval et était allé dans le voisinage. Deux
fois, depuis mon arrivée, il donna les mômes preuves de
santé et de vigueur, mais au bout d'une dizaine dé jours, il
fut saisi d'une fièvre violente qui se déclara d'abord inter-
mittente et devint ensuite continue. Il a lutté toujours, avec
toute la force de son tempérament, contre la violence du
mal ; nous espérâmes quelquefois, mais enfin il a succombé
le dix-septième jour.
» Il a conservé sa tôte et toute sa présence d'esprit jus-
qu'au dernier moment, et a reçu nos soins avec pleine
connaissance et une touchante sensibilité. Sa fin a été
calme, résignée, religieuse. Ce sont des consolations sans
doute, mais si elles adoucissent les regrets, elles les lais-
sent bien vifs encore. Quoique mon père eut quatre-vingt-
cinq ans, il avait une santé si ferme et si robuste qu'il nous
avait accoutumés à compter sur un plus grand nombre d'an-
nées. C'était un de ces rares vieillards qui n'ont aucune des
incommodités d'un grand âge. Sa perte est vivement sen-
tie dans la famille, et il y avait si longtems que nous
avions tous un père que nous nous sentons plus malheu-
reux de ne plus l'avoir.
B Dans cette disposition d'esprit et de cœur, je répon-
drai mal. Madame, à quelques articles de votre lettre. J'ai
su dans le tems quel était l'auteur des vers qui servent
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— 276 —
d'épigraphe aux divers chapitres du roman à'Yseult, mais
j'ai eu le tort de l'oublier et j'ai cherché inutilement à
me le rappeler. Peut-être avais-je mis moins de prix à le
retenir, parce que je ne connais point ces vers. Je les avais
à la vérité entendu louer, mais ces éloges ne m'avaient
pas fait l'impression de celui que vous m'en faites, et
actuellement si on me disait le nom de l'auteur, je suis
bien sûr que je ne l'oublierai point.
» J'aimerais à vous parler, Madame, avec plus de plai-
sir et de détail, des vers qui vous ont été adressés par une
aimable muse, dont les gr&ces et les talents se sont déve-
loppés sous vos yeux et par vos soins. Je n'ai pu me
méprendre sur l'auteur de ces vers pleins de délicatesse,
d'esprit et de sentiment. Le ton de mélancolie qui y règne
est tout à fait aimable, naturel et touchant. J'avais bien
déniché à travers cette mélancolie qui est une grâce de
plus sur le visage de Madame votre fille, l'agrément de
l'esprit que suppose cette jolie et douce composition.
Veuillei bien offrir tous mes louanges à l'aimable auteur,
ainsi qu'à Madame Chauvet, dont j'accepte avec empres-
sement et reconnaissance l'invitation à mon premier
voyage à Bordeaux. Veuillez aussi, Madame, dire à Mon-
sieur de Ceré (?) combien j'ai été touché de son bon et
gracieux accueil. Je voudrais trouver l'occasion de lui
prouver toute ma reconnaissance et mes sentimens pour
lui. J'espère que la santé de M. votre fils aine est tout à
fait rétablie. Je ne saurais assez remercier de sa complai-
sance notre jeune cicérone si prodigue d'huiires à mon
égard. Dans cette nomenclature de personnes bonnes et
aimables, je ne puis oublier Madame Blondel que j'ai été
heureux de trouver à Bardeaux et malheureux de voir si
peu. Veuillez bien lui offrir tous mes hommages ; veuillez
aussi les agréer pour vous, Madame, et croire que je n'ou-
blierai jamais toutes vos bontés pour moi.
» Felbtz.
» 4 octobre.
» P.-S. — Quelques affaires de famille me retiendront
encore une quinzaine de jours dans les environs de Brive.
J'irai chez mon frère et ma belle-sœur à Pèrigueux vers
le 20 octobre, y resterai environ un mois et je partirai
pour Paris vers le 20 novembre ».
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-277-
VII. — A M. l'Abbè Hcbeht
Les deux lettres suivantes font partie d'une collection
d'autographes que M"» Robert de Soubeyran tient de son
père, M. Odon de Froidefond de Boulazac ; elles ont été
publiées dans le Bulletin de la Société historique et
archéologique du Pêrigord |T. XIII, année 1886, p. 24?) :
A Monsieur l'abbé Hubert, chanoine et bibliothécaire
de Troyes
a Monsieur et cher confrère,
u M. Breton, que j'aurais été bien aise de voir, et pour
lui-même, et parce qu'il venait de votre part, qu'il m'au-
rait parlé de vous et donné de vos nouvelles, a dû vous
dire à son retour de Troyes qu'il ne m'avait pas trouvé à
Paris. J'étais allé selon mon usage assister en Pêrigord à
l'enfantement des truffes et connaître d'avance si nous
pourrions nous flatter d'en manger beaucoup cet hiver à
Paris.
0 Loi-sque mon mauvais destin m'amena à prononcer
un mauvais discours à la réception de M. Cousin, ma pre-
mière pensée fut bien de vous en faire un pauvre présent
et de vous l'envoyer. Je ne sais comment il se fit que je
n'exécutai pas ce dessein. Bref tous les discours que j'avais
en ma possession ont disparu, comme s'ils avaient valu la
peine d'être demandés. Je ne m'en trouvai pas un quoique
l'imprimeur Didot m'en eût demandé en assez grand nom-
bre du mien seul et imprimé à part. Je n'ai pas voulu
cependant ne pas répondre à votre choix obligeant et à
votre aimable demande, et j'en ai acheté un exemplaire
chez Didot, afin de vous envoyer quelque chose qui en
valût un peu la peine ; j'ai pris un des exemplaires où le
discours de M. Cousin est réuni au mien. Vous avez pu
déjà lire ce dernier dans le Moniteur où on s'empressa de
l'insérer, honneur que, contre l'usage, on ne fit pas au
mien, sans doute à cause de la fin.
» Comme vous croyez, je m'en inquiétais peu, seulement
je trouvais cela misérable. Quant à celui de Parseval,
qu'on n'inséra pas non plus, afin de dissimuler la cause
qui faisait pi-oscrire le mien, je ue puis dans ce moment
vous l'envoyer, U faudra que vous veniez le lire ici. Je
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— 278 —
promets alors de vous le procurer. Vous savez combien je
serai enchanté de vous y voir.
» Je vous écris pour ainsi dire en arrivant après une
longue absence. Vous sentez combien d'affaires et de cor-
respondances arriérées, combien de commissions données
absorbent mon temps ; vous pardonnerez donc si j'abrège
cette lettre, vous pardonnerez aussi ce chiiFon de papier.
J'écris à la bibliothèque où je n'en ai pas d'autre ; vous me
donnerez de vos nouvelles et croirez à mon sincère et
inviolable attachement.
s Feletz.
> Paris, 3 décembre 1831.
» P.-S. — Bien entendu qu'il ne faut pas me renvoyer
les discours. Afin de vous donner mon œuvre tout entière,
je rétablis, page 37, un petit passage que l'extrême suscep-
tibilité du récipiendaire m'engage à retrancher. Mais il
me semble que ce morceau ne vous déplaira pas et qu'il
entre dans vos idées et votre manière de penser >.
Au même
B Je suis, monsieur et cher confrère, toujours heureux
de votre souvenir, toujours sensible aux marques et témoi-
gnages de votre amitié. Je vous remercie particulièrement
des vœux que vous voulez bien m'exprimer de la manière
la plus aimable au commencement de la nouvelle année.
Je vous prie de recevoir les miens, qui sont bien sincères,
je yous assure. Parmi tous ces vœux vous me permettrez
d'en faire un pour moi ; c'est que rien ne s'oppose cette
année au projet que vous avez de venir à Paris. C'est avec
grand plaisir que je vous y verrai, mais il faut pour cela
que vous n'y veniez pas l'automne que je passe tous les
ans dans ma province, coutume à laquelle je serai tldèle,
tant que je ne serai pas trop vieux pour pouvoir faire un
assez long voyage. Je ne m'en suis pas mal trouvé encore
cette année.
» Adieu, mou très cher et aimable confrère, comptez
toujours sur mon vieux attachement et agréez-en la nou-
velle assurance.
» Feletz,
» Paris, 4 janvier 183-5 ».
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VIII. — A M. MlCHADD
Monsieur Michaud, libraire, rue Richelieu, Paris
■ Je prie Monsieur Michaud de m'envoyer entier le
60"" volume de la Biographie universelle.
» bi l'article Choiseul doit paraître dans le 61°' vol., ce
qui n'est pas sûr, je supplie qu'on ne l'imprime pas sans
m'en avoir encore envoyé les épreuves, sans quoi il sera
plein de sottises que je corrigerai, sans compter celles que
je laisserai.
» Si ce pauvre Mecy Taurin (?) vivait, je lui conseillerais
plus que jamais de ne pas se presser de faire l'article Ma-
rivaux.
B Mille compliments et assurances de dévouements.
B Mercredi, 24 février 1836 ».
L.-G. Michaud, directeur de la célèbre Biographie
universelle, avait Feletz comme collaborateur depuis le
3" volume de la 1" édition qui, avec le supplément, en
compta 90 au moins (1833-1850} (?). Le 60" en question ne
contient pas d'article de notre écrivain ; par contre le 61«,
publié en 1836, renferme celui sur lequel il ne comptait
pas: il s'agit du comte de Choiseul-Gouffler (1752-1817),
l'académicien et le ministre de la Restauration, célèbre
par ses voyages en Orient et ses études archéologiques sur
la Grèce. Cet article est reproduit dans les Jugements.
Quant à l'auteur de Marivaux, dont le nom est incer-
tain dans la lettre ci-dessus, nous voyons dans la Biogra-
phie qu'il ne peut être Fabien Pillet, qui avait déjà donné
cet article dans le Tome XXVII, en 1833.
Feletz a, dans ses Mélanges, tome V, trois articles sur
la Biographie universelle.
IX. — A M, A.1MÉ Martin
Louis-Aimé Martin, littérateur (né à Lyon en 1782, mort
en 1847), fut un collègue de Feletz dans la rédaction des
Defeais. Disciple de Bernardin de Saint-Pierre, il publia
un Essai sur la vie et les ouvrages de cet écrivain, que
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notre critique loua beaucoup dans un important article.
C'est peut-être de cet ouvrage qu'il s'agit dans les deux
billets suivants :
Monsieur L.-Aimé Martin, Palais Bourbon, Paris
B Je remercie Monsieur Aimé Martin des jolis livres
qu'il m'envoie, parmi lesquels je distingue et apprécie
beaucoup celui qui est de sa composition. Je suis charmé
de l'avoir de sa maia et de l'avoir tout entier. II me sem-
ble qu'il a eu hier, ou avant-hier, un succès, doat je le
félicite, contre son adversaire.
■ Je ne dois plus véritablement être regardé comme un
rédacteur du Journal des Débats, tant j'ai peu de moments
à lui consacrer, mais je voudrais bien pouvoir ne pas
renoncer tout à fait à y parler de M. Aimé Martin, de son
libraire, prendre encore le change et croire que c'est à lui
surtout que je pense.
> Mille compliments, remerciements et assurances de
dévouement.
» Feletz.
i Dimanche 29 ».
Monsieur Aimé Martin, Paris
« Je vous remercie, mon cher Monsieur (permettez-moi
cette familiarité qui exprime un sentiment vrai), de votre
présent que j'apprécie d'autant plus que je le connais déjà
en grande partie. Je suis persuadé que ce qui me reste à
lire et à connaître me confirmera dans la très bonne opi-
nion que j'ai déjà conçue.
B J'avais déjà bien résolu de placer ce livre dans ma
bibliothèque où il y en a tant qui ne le valent pas, quoi-
qu'ils soient en général bien choisis, mais j'aime à le tenir
de son auteur.
» Agréez, mon cher Monsieur, l'assurance de mon sin-
cère dévouement.
11 Felete ».
Monsieur Aimé Martin, rue des Petits Augustins, Paris
« Je vous envoie, mon très cher Monsieur, on vous fai-
sant mille remei-ciements, le nouveau poème de M. de
Lamartine. Vous m'accuserez sans doute, comme vous
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accusiez ceux à qui vou3 l'aviez prêté avant moi, de l'avoir
gardé trop longtemps. J'en demande bien pardon à ceux
que j'ai fait attendre, mais je ne peux pas lire plus de
deux mille vers par jour.
V Je suis certainement un Topinambou, »n Hottentot,
mais jevoudrais retrancher de cepoêtne cinq cents vers qui
me paraissent détestables comme vers, et mille ou douze
cents qui sont très bons, mais qui allongent, ralentissent et
refroidissent l'ouvrage, car l'auteur me semble trop long,
même quand il est très bon. Et jamais on n'a plus abusé
des vers, de la poésie, des images, des descriptions, des
énumérations, des mots, des substantifs, des adjectifs, des
verbes et des adverbes.
1 Après ces retranchements, il resterait quatre à cinq
mille vei's très beaux, magnifiques, admirables (1).
» Creusez un trou bien profond dans la terre, et enfouis-
sez-y ce billet avec cette inscription :
Midas, /e roi Midas & des oreilles d'âne.
» Mille compliments et assurance de dévouements.
■ Fbletz.
X. — A MONSIBUR LE DlRBCTEUR DBS « AnNALES n
Les Annales politiques et littéraire», feuille révolution-
naire fondée en 1789 par Mercier et Carra, s'était naturel-
lement attaquée à Feletz, qui réplique ainsi :
Monsieur le Directeur des Annales, etc., Paris
1 7 décembre 1818.
B Monsieur,
» Votre journal d'aujourd'hui est trop bien rempli pour
que je puisse me plaindre de ne pas y voir la lettre que
■ j'ai eu l'honneur de vous adresser hier, mais si vous ne
voulez pas l'insérer dans celui de demain, je vous prie de
(1) Feletz fit UD article de critique enthousiaste sur les Médi'
talion» de Lamartine; quant k Aimé Martin, c'était un ami du
pofete qui l'a rortemenl loué de ses rapports filiaux avec Bernardin
de Saint-Pierre.
D,g,t,zedbyGT:)OglC
me la renvoyer. Si au contraire vous avez la bonté de la
faire imprimer, je vous prie d'y joindre la petite additioQ
suivante à lacpielle je tiens assez pour vouloir que la lettre
ne soit point imprimée sans cette addition.
B Après le mot homme d'honneur qui la termine, je
désire donc que vous ajoutiez :
» La plus grande injure qu'il ait trouvé à me dire, c'est
que je suis gentilhomme et ecclésiastique, et il me dé-
nonce si souvent comme tel, qu'on croirait qu'il parle aux
frères et amis et qu'il espère me faire proscrire par eux.
C'est du reste de ('ardeur que, pour me servir de ses
espressionSpilamonlr^eàNancy; ilestauieitrd'Azaïs!(l).
» Veuillez bien agréer, Monsieur, l'assurance de ma
parfaite considération.
B Feletz ».
XL — A Monsieur Feroy
Monsieur Feroy, rue Rameau n» 6, Paris
« Monsieur,
n J'ai un peu retardé la réponse et les remerciements
que je vous dois. Le plus souvent, je réponds aux auteurs
avant d'avoir lu Jeurs ouvrages. Mais c'est une prudence
dont je savais que je n'avais pas besoin à votre égard et
j'ai voulu vous remercier avec une pleine connaissance
de cause, bien persuadé que ma reconnaissance en serait
augmentée. Je puis donc vous dire avec vérité, Monsieur,
que je vous ai lu avec plaisir et que j'ai applaudi à vos
nobles sentiments et à vos beaux vere.
■ Agrée:!, Monsieur, l'assurance de ma considération la
plus distinguée.
» Feletz.
» Dimanche, 9 >■
Xn. — A Monsieur Leuontet, censeur impérial
Littérateur et auteur dramatique, publiciste et historien,
Pierre-Edouard Lemontey (né à Lyon en 1762, mort en
(1) Les Tomea I et V des Mélanges de Feletz contiennent des
polémiques sur les ouvrages et les théories de M. Azals, l'auteur
des Compentttlions dans les dettiniet humaines et du Jugement
philosophique sur J.-J. Rousseau et sur Voltaire.
Dijiiizedb, Google
— 283 —
1826) fut, 30UB l'Empire, le censeur idéal comme sévérité,
corrigeant même les classiques des moindres mots à ten-
dance républicaine ; homme du monde très répandu, il
était cependant d'une très grande bonhomie et conciliation
dans les relations habituelles de la vie, ce qui explique
son commerce avec Feletz :
Monsieur Lemontey, censeur impérial à (a direciion
de la librairie, rue S&inte-Catherine, Parts
« On a supposé que ma recommandation était de quel-
que poids auprès de M. Lemontey, et je ne me suis pas
défendu. II m'a été beaucoup plus agréable de le laisser
croire et pour soutenir mon rôle j'ai promis de recomman-
der. Il s'agit d'un roman dont on lui remettra le manus-
crit avec mon billet. On est un peu pressé d'être imprimé
et de paraître ; on désire par conséquent que Monsieur
Lemontey examine vite, approuve vite. La dame intéressée
à tout cela m'a bien assuré qu'il n'y avait rien contré les
mœurs, et je le crois. Je suis bien persuadé aussi qu'il
n'y a pas un mot de politique ni de ces hautes questions
qui peuvent attirer l'attention du Gouvernement. Je crois
donc que Monsieur Lemontey peut examiner la chose légè-
rement et promptemeni, et je prends la liberté de l'en
prier. Je le prie aussi d'agréer l'assurance de ma considé-
ration et de tous mes sentiments pour lui.
» Fbletz.
» Paris, It mars 1813 ».
,y Google
DE l'Abbâ de Fblbtz
D.g.tizedby Google
L'ABBÉ DE FELETZ
PO»TRAIT INTELLECTUEL ET MORAL D'aPRÊS LES St&NES
ORAPHtQUES
A première vue, ce simple billet nous montre l'homme
défiant : très économe, l'abbé de Felelz connaît le prix de
l'encre et du papier, il veut en dépenser le moins possible ;
aussi il a peu de marge, serre ses mots, écourte ses déliés.
^iis s'il reste un blanc à la fin de sa ligne, il ne craint
plus d'user son encre, il remplit ce blanc par un grand
délié ou par un point d'une longueur démesurée : il craint
qu'on n'ajoute quelque chose â ce qu'il a écrit et qu'on ne
travestisse ainsi sa pensée.
Sa ponctuation est irréprochable, les points sont sur
les i, son écriture est calme. Journaliste, il ne devait pas
être le polémiste ardent, le batailleur hardi dont les arti-
cles violents ou sensationnels provoquent le bruit et font
scandale ; c'était plutôt un prudent, un réservé : ses
nouvelles devaient être sévèrement contrôlées avant
d'être lancées dans le public, sa polémique calme et rai-
sonnée ; il savait temporiser et attendre l'occasion favora-
ble (car il a la ligne sinueuse des diplomates), se prêter
aux circonstances plutôt que diriger les événements et
forcer l'opinion : il a les courbes des doux et très rare-
ment les traits durs et les massues indiquant les résolu-
tions fortes, les volontés qui savent s'imposer. Mais pour
n'être ni un autoritaire ni un entêté (1), l'abbé de Feletz
n'en avait pas moins une grande force de volonté appuyée
sur la ténacité avec laquelle il poursuivait ses plans (31,
(1) 11 y a peu de mueues aux déliai, peu d'angles à U base des
lettres qui est généralement arrondie.
(!) Quelques crochets terminent les déliés: Laporte de la pre-
mière ligne.
T. XX. S - »
D.g.tizedby Google
- 286 —
sur son obstination à maintenir ses idées (I) et surtout
sur cette aptitude diplomatique qui venait, toujours à
propos, tourner les obstacles que sa douceur (2) ne lui
permettait pas de renverser brusquement.
L'abbé de Feletz fut un homme positif et pratique, dé-
ductif et logicien, avec un peu d'idéalisme cependant (3).
Il ne manquait point d'idées personnelles, mais excellait
surtout à utiliser celles des autres, à entrer dans... l'air
ambiant, le courant établi.
L'abbé de Feletz a laissé cinq volumes de Mélanges sur
la philosophie, l'histoire et la littérature, trois genres de
travaux qui ne se rencontrent guère ensemble chei les
natures exclusivement intuitives ou déductives : la litté-
rature exigeant de l'imaginalion et des actions que ré-
prouvent la philosophie et l'histoire, mais que peuvent
aborder simultanément les cerveaux équilibrés. Je serais
cependant porté à croire que les travaux historiques et
philosophiques de l'abbé de Feletz sont bien supérieurs à
ses compositions littéraires.
Nature simple, il n'abuse pas des majuscules, c'est 4
peine s'il en use : son billet commence par une minuscule,
son nom également. Nous avons donc l'homme sans pré-
tention, sans recherche ; mais s'il n'est pas gonflé d'orgueil,
s'il n'a pas l'excentricité des vaniteux ni la suffisance des
présomptueux, il s'admire cependant un peu et, se compa-
rant aux autres, constate volontiers sa supériorité (4) ; il
connaît sa valeur et ne voudrait pas passer inaperçu, aussi
souligne-t-il son nom .- — a Faites bien attention, je suis
Feletz ; il faudra compter avec moi >.
(1) Ses f sont barrés en retour, voyez surtout celui de son nom.
(!) Courbes à la base des lettres, m et n comme des u.
(3) Ses lettres sont généralement liées ; il y • cependant un cer-
tain nombre de sâparatioQS.
(4) Presque toutes ses lettres à plusieurs jambages, m, n, u, ont
le premier plus grand que les autres; c'est celui qui figure le
scripteur. L majuscule de Laporle offre Ji gauche une éminence
sur laquelle il doit naturellement se placer.
Dijiiizedb, Google
, — 287 —
Le sentiment affectif est peu développé, et l'abbé craint
encore qu'il n'aille trop loin, aussi l'arréte-t-il de temps
en temps (1) pour en prévenir les écarts.
Ni sa diplomatie, ni sa réserve, apprise au contact du
monde, n'avaient diminué sa grande franchise native ; il
savait cacher sa pensée mais non la dissimuler ou la dé-
guiser (2).
Enân, il est agréable de le constater car c'est une chose
assez rare, l'abbé de Feleti avait une bonne nature rayon-
nante (3), s'oubliant volontiers pour penser aux autres et
leur être agréable ou utile. Cet oubli de lui-môme joint à
sa douceur naturelle l'inclinait facilement à la clémence,
au pardon des injures, ce qui doit être infiniment utile à
un journaliste exposé..... par profession, à en recevoir si
souvent.
Et. Girou.
(I) L'écriture eat pou inclinée, et plusieurs lettres finales se r
dressent encore.
(3) Quelques mots en pointe diaenl U finesse ; mais les a, o, <
largement ouverts, montrent bien l'horreur du mensonge.
(3) Pas de crochet concentrique, M unis à la lettre suivante.
D.g.tizedby Google
Dijilizedb, Google
Vicier HVGO et le Maréchal BRUNE'
Le deuxième volume de la Correspondance de
Victor Hugo, qui vient de paraître chez Calmann-
Lévy, contient une lettre très intéressante relative
au Maréchal Brune.
M. Firmin Marbeau avait été lié avec Majour, le
beau-frère du Maréchal Brune, et il avait été mem-
bre de la Commission chargée par la ville de Brive
d'élever un monument au Maréchal. Il avait, avec
toute l'ardeur de son caractère et de son amour pour
sa ville natale, pria à cœur la réhabilitation de la
mémoire de son illustre et malheureux compatriote.
Ayant appris que Victor Hugo, dans sa jeunesse,
avait imprimé un vers cruel et injuste où il s'était
fait l'écho des calomnies tant de fois démenties
depuis, il écrivit au poète pour lui signaler son
erreur.
La réponse de Victor Hugo est une rétractation
conçue dans les termes les plus élevés et les plus
généreux. Elle fait honneur à celui qui l'a écrite
autant qu'au héros à qui elle rend un juste hom-
mage. Elle était destinée à être publiée. M. Firmin
Marbeau s'empressa de la communiquer au Maire
(t) Comrounication de M. Eagène Harbeau, ancien Conseiller
d'Elat,
D.g.tizedby Google
— 290 —
de Brive, qui le remercia de l'avoir provoquée et
obtenue, et qui en fit placer une copie dans les
archives de la ville. Peut-être le Maire et M. Mar-
beau ont-ils cru, chacun de son côté, devoir laisser
à l'autre le soin de décider à quel moment et dans
quelle forme la lettre serait placée sous les yeux
du public. Toujours est-il que, nous ne savons par
quelle cause, la lettre n'a pas alors été publiée.
Dès que M. Paul Meurice, exécuteur testamentaire
de Victor Hugo, en eut connaissance^ il promit de
lui donner une place dans la publication qu'il pré-
parait et où elle ilgure, page 60 :
LETTRE DE VICTOR HUGO RELATIVE AU
MARÉCHAL BRUNE
B Excueez-moi , Monsieur, d'avoir tant tardé à vous
répondre ; j'avais les yeux fort malades au moment oii
votre lettre m'est parvenue, et je tenais à vous répondre
de ma main.
s Maintenant, ma réponse, la voici :
B J'avais quatorze ans et j'étais un pauvre petit écolier
imprégné de je ne sais quel triste esprit de parti quand
j'ai fait l'absurde et cruel vers dunt vous vous plaignez si
légitimement. Ce vers, je l'ai jugé comme vous ; plus sévè-
rement encore que vous.
D U n'a jamais été imprimé dans aucune édition de
mes ouvrages. II est resté dans la petite brochure violente
et oubliée d'où je regrette qu'une mémoire malheureuse
l'ait momentanément même tiré.
n Vous pouvez faire, Monsieur, de ma réponse ce qu'il
vous plaira. Plus que personne je plains et j'honore l'illus-
tre Maréchal Bnme. Depuis près de vingt ans toute haine
patriotique, tout préjugé de faction a disparu de mon
esprit. Quand j'étais enfant, j'appartenais aux partis.
Depuis que je suis homme, j'appartiens à la France.
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— 291 —
» Je vous reraereie, Monsienr, d"avoir provoqué cette
explication ; je vous la donne avec joie et empressement.
» Agréez, je vous prie, l'assurance de ma considération
très distinguée.
» Victor HUGO.
» Monsieur F. Marbeau, adjoint au maire du I
dissement, 47, rue Joubert b.
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BIBLIOGRAPHIE
I
Notic« historique sur la maiion d« Saint-Hartiii de Bagnao (1),
par J.-B. CHAtiPEVAL DE VvERS. In-8* de 308 pages ; 0 gravures.
Limoges, Ducoui-ticui impr., 1897.
Il y a déjà quelque vingt ans que, chez nous, les hom-
mes amis de leur pays se livrent avec ardeur aux études
généalogiques et à celle de la statistique, comme k une
(Buvre d'utilité locale et de gloire nationale. En tête, il
convient de placer M, J.-B. Champeval, qui, depuis fort
longtemps et avec un acharnement dont on ne peut se
faire une idée, dépouille toutes nos archives publiques et
parcourt toutes les maisons, tous les greniers du Limou-
sin, à la recherche de vieux documents appelés d'un mo-
ment à l'autre k disparaître. Personne, mieux que lui, ne
peut fournir des renseignements plus certains sur mille
détails de l'histoire de notre région, ,
Le dernier livre qu'il vient de faire paraître est l'his-
toire d'une famille qui a le privilège de rappeler l'histoire
d'un pays. C'est celle des Saint-Martin de Bagnac qui, du
XIV" au xvn* siècle, a fourni des notabilités à l'année et à
l'église. C'est papticulièrement par son influence sur la
Ligue et le parti catholique qu'elle a acquis de l'illustra-
tion et de l'importance.
Nous nous bornerons à citer le cardinal Pierre de
Bagnac, né à Bagnac vers 1330 et mort en 1369 ; Jacques
de Saint-Martin, le fier héros de 1370, le vainqueur de
(t) Bagnac, aujourd'hui château de la commune de Saint- Bon net,
Cinton de Bellac (Haute-Vienne).
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I
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_ 295 -
Jean Chandos, contre lequel il lutta longtemps corps A
corps ; et Gabriel de Saint-Martin, gouverneur de la Basse-
Marche qui, en 1375, levait à ses frais, pour la défense du
pays, une compagnie de 50 arquebusiers à cheval. Signa-
lons encore deux autres sénéchaux d'épée de la même
comté.
Les Saint-Martin sont entras, en 1490, dans la posses-
sion de la seigneurie de Bagnac, par suite du mariage de
Françoise de La Touche, dame de Bagnac, avec Gratien
de Saint-Martin.
Le château de Bagnac, dont nous donnons deux dessins,
a été presqu'entièrement leconstruiL dans le goût du xv*
siècle, de 1875 à 1886, par son dernier propriétaire, le
regretté Antony de Saint-Martin de Bagnac. C'est un
spécimen achevé de l'architecture féodale. Il se compose
de deux vastes bAliments, de forme rectangulaire, réunis
à angle droit, flanqués d'un donjon carré, de trois fortes
toui-s rondes et de neuf tourelles, le tout à toitures coni-
ijues et couronné de créneaux et de mâchicoulis. « Ti>ul
cela monte gracieusement vers le ciel avec des allures de
forêt vivante et drue, à mi-coteau de ce fertile et riant
bassin de la Gartempe, qui laisse traîner nonchalamment
sa robe moirée le long des plus verdoyantes prairies de
son cours. Elle limite au levant, du côté de la Croix, la
terre de Bagnac boi-dée de futaies séculaires où se cache
l'oratoire rustique de Notre-Dame-des-Bois, un peu en
amont du fief et moulin du Breuil-Ferrand et du beau
parc ou dépendances du château du Montagrier n.
Le nouveau livre de M. Champeval est une réunion de
documents assemblés avec intelligence et puisés aux
sources les plus certaines. C'est là une bien grande qua-
lité. Les érudits, dans leur sagesse, s'amusent des écri-
vains frivoles et ne pèsent dans leurs balances que des
écrivains sérieux.
Nous regrettons seulement que M, Gliampeval se serve
souvent, même pour des noms propres, de trop nombreu-
ses abréviations. Pourquoi écrire Bagnac, Bagn' ; Dordo-
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*^'îK^.«43P,iW
SAïai-MAfiTiN DE Baumai;
O^
Armoiiiies itE i-K KAuiLLE Saint-Mabtin de Baunag
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— -297 —
gne, Dord, ; Saint-M&rtin, S. M. ; pourquoi mettre m'"
pour moulin, mél'° pour métairie, etc. ? Qu'il nous par-
donne celte critique qui ne détruit en rien tout le mérite
de son ouvrage quant au fond, mais sa manière de procé-
der ne flatte point le coup d'oE-il et a le grave inconvénient
de laisser parfois le lecteur un peu hésitant.
Ernest Btpin.
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Mgr BERTEAUD, ÉVÉQUE DE TULLE.
roliuciion il'un dessin ris LoDTs l.evitiA de i-a jABiiOE.
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Un ÉTéqna d'ftutrafoii. Mgr BERTKAtm, éT«qne de Tull«,
par G, Ureton, In-8* de 406 p.. portrait. Paris, Bloud et Barrai,
1807 fî éditions).
Voici lin de ces événemenls qui paraissent concertés et
qui sont l'elfet d'un pur hasard. Tandis qu'un auteur
anonyme faisait paraître un pamphlet intitulé : Un Évêqite
fin de siècle, un ministre de l'évangile faisait iroprimer
un remarquable ouvrage ayant pour titre : Un Èvéque
d'autrefois.
Cet évêque d'autrefois est un évéque limousin qui passe
à la légende. Et la légende, cette reine capricieuse, choisit
ses héros parmi les êtres dont l'originalité, mise en relief,
frappe l'imagination du peuple et saisit les esprits. Dans
leur passage sur terre, ces prédestinés provoquent surtout
l'étonnement, puis, après eux, leur place est reprise par
la vague monotonie des hommes vulgaires. A ce contraste
posthume, leur mémoire y gagne, et, au lieu d'être étouf-
fée par la mortelle buée qui se dégage du nivellement
banal, elle s'élève comme un allier météore sur l'horizon
flottant du souvenir. Epurée de maintes scories blessantes,
ne gardant des traits de son personnage que ceux qui
l'idéalisaient, elle reste plus vraie que l'existence réelle à
laquelle elle survit — et elle brille de tout le rayonnement
de la fiction.
Si à ce moment là se trouve un providentiel aéde, barde
ou trouvère, le merveilleux prend corps sous la forme
d'un chant, d'un poème, d'une œuvre littéraire, second
organisme vital plus désirable que l'autre. Un enfant du
Limousin a le bonheur, ces temps-ci, de revivre en cette
façon, grâce à la plume d'un compatriote. Ainsi, àun dou-
ble titre, nous devions saluer, avec l'avènement de la
légende, le livre qui la fixe et la consacre.
Ce nouveau Limousin légendaire, né à Limoges le 30
novembre 1798, dans sa bien aimée rue du Collège, a été
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— 300 -
un évéque, a été un orateur sacré, a été un Père de l'Eglise
hautement admiré du monde catholique, même de ceux
qui n'en étaient pas, les Michelet, les Michel Chevalier,
etc., car le génie ne cantonne point son ascendant dans un
parti quel qu'il soit.
Cependant te prélat n'a pas eu dans son cœur d'autre
rêve que de marier toute sa vie, — pendant trente-six
années épiscopales (i), — sa robe violette aux fleurs
pareilles des bruyères enluminant les montagnes de son
cher petit diocèse, qui en somme faisait partie de sa pro-
vince natale et continuait son berceau.
Bref, c'étaitMgrJ,-B. -Pierre-Léonard Berteaud, évëque
de Tulle.
Le voici qui sort de son modeste palais tullois : il quitte
sa bibliothèque où il s'enfermait, des jours, parmi ses
théologiques bouquins poudreux et ses livres limousins,
son amour, son orgueil. Un cortège de pauvres l'attend
dans la cour pour l'escorter. Sa main, toujours ouverte
pour chacun, ruisselle d'or comme de bénédictions. Et ses
paroles aimantes, rayonnantes, fleuries, courent parmi
cet étrange déploiement de loques et de misères, de vieux,
d'enfants, de femmes et d'infirmes. Cette cohue traverse
la ville, mais la campagne est proche : Monseigneur part en
tournée épiscopale.
Quand arrivera-t-il au presbytère où une couronne de
prêtres va l'environner, va se suspendre à ses lèvres char-
meresses ? — Les soleils couchants marquent ses petites
et lentes étapes. Suivant sa vieille berline et ses légendai-
res chevaux blancs, il chemine à pied, admire le paysage,
parle familièrement au laboureur rencontré, tape sur la
joue de tout le monde, bénit le bambin, et ses deux mains
toujours pleines sèment encore la charité sur les deux
bords de la route
Le site admiré, il en remplit ses discours et notre
agreste contrée n'a pas de plus enthousiaste descriptif. Il
(t) Mgr Berteaud est mort à la Morguie, pria de Tulle, le 2 mai
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— 301 —
remercie toujours le Ciel de le conserver dans les bras
d'une aussi captivante fiancée. La causerie familière, il la
développera en pâlots tant bien que mal, mais il n'en
proclamera pas moins la langue limousine la plus belle
des langues, celle où rutile le Verbe. Malheur au curé de
village qu'il apprend ne pas employer o ce langage de
Dieu », qui seul fait résonner l'âme du peuple.
Ce que l'orateur sacré porte en chaire, c'est la même
aisance, le même naturel, le même éclat, les mêmes flots
d'éloquence spontanée, débridée, tout aussi bien sous le
chaume de Saint-Bonnet-Avalouze que sous la nef de
Saint>Ëtienne de Limoges, dans la cathédrale Saint-Martin
de Tours qu'à Saint-Eustache de Paris, ou que dans l'en-
ceinte du Colysée, Tout un bagage théologique s'utilisera
A chanter le Verbe, à célébrer les bienfaits divins, à exalter
la création, l'enfant, «Dieu en fleurs ii,le pauvre,* cet émule
de Jésus-Christ n.
Se faisant un vocabulaire et une srntase à lui, renouve-
lant le sens des mots, son extraordinaire parler n'en pénè-
tre pas moins le plus simple comme le plus meublé des
cerveaux. Et avec cela, moderne Père de l'Eglise, il définit
les dogmes, proclame au Concile l'infaillibilité du Souve-
rain-Pontife, Pie IX l'appelle le prédicateur du Pape. Par
ses quelques allocutions prononcées sur un grand théâtre,
par les trop rares mandements qu'il publie, il fait époque :
son allure oratoire le place entre un évangélîque pasteur
de peuple tel qu'on s'en représente dans les primitives
chrétiennetés, et le séraphique saint Antoine de Brive,
récemment évoqué par M. Emile Gebhard. Mais son genre
échappe à tout classement et domine toute critique.
A la vision d'un aussi singulier héraut d'armes aposto-
liques, le paysan disait : c'est le saint ; le penseur se
répondait : quel magique artiste de la parole et de l'action.
L'un et l'autre, éblouis, le revoient aujourd'hiii durable-
ment sui^ir d'entre les feuillets du livre que nous annon-
cions et que son auteur, M. l'abbé Breton, a si heureuse-
ment intitulé : Un Éoêqxte d'autrefois.
T. XX. t-- 10
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— 302 —
Pour ceux même qui l'ont connu d'hier, qui s'écrient à
la lecture : C'est bien ça ! — Mgr Berteaud apparaît comme
une âgure fort lointaine déjà dans le cours des Âges et fort
surnaturalisée . Et pourtant la nouvelle forme que lui
donne son modeleur , son habile metteur en scène , est
largement faite avec des extraits des propres écrits de
l'éréque, où avec les récits épars de son aïni et chroni-
queur Louis Veuillot.
M. Breton, il faut le dire, dessine .puissamment, lais-
sant le fond même de son sujet paraître avec ses tons si
fortement chargés en couleur. C'est un esprit classique
qui manie un choix de matériaux tout romantiques. Il en
résulte une création 'd'une vérité intense, plus peut-être
que la réalité. Sans la moindre fadeur, avec un intérêt
constamment soutenu par une profonde analyse et une
touche bien variée, l'art prend ce qu'il y avait d'idéal sur
le modèle, il s'identi&e avec lui, et, avec une égale sincé-
rité d'écrivain, érige une statue vivante dont chaque
.geste voulu est aussi vëridique que beau : un rêve, quoi !
un rêve esthétique et moral qui a rencontré un corps.
Du reste, dés les premiers mots nous sommes prévenus ;
quelques lignes de préface cic^ronent mieux que tout
compte-rendu pour ce livre si délibérément apologétique.
£t la suite prouve combien M. Breton a été bien inspiré
d'avoir ou, d'avoir écrit ainsi.
Les faiblesses, sciemment passées sous silence, de son
héros de légende dorée, étaient ce qu'est tout envers de
grands hommes. La parfaite insouciance de l'évéque pour
le temporel, sa charité prodigue, aveugle, ne pouvaient
être sans périls. Les sublimes hardiesses du pasteur, sa
débonnaireté envers ses curés, « ses petits >, l'encense-
ment dont on le grisait en retour l'exposaient, l'âge aidant,
à de cruels mécomptes, sans parler des inévitables reprises
de l'homme sur l'ange.
Mais toute observation est désarmée, devient blasphé-
matoire devant une de ces touchantes anecdotes qui foi-
sonnent dans la vie de Mgr Berteaud. Leur fidèle, leur
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— 303 —
biblique narration occupe une part et non la moindre,
dans l'ouvrage de M. Breton. L'engemble de ces consolantes
histoires fait même que ce beau livre éclipsera heureuse-
ment tout ce que la chronique morose pourrait réunir en
battant les buissons du Limousin, — Désormais il est
donné au grand évéque de Tulle une attitude hiératique
devant l'avenir, que sa gloire illumine d'une pure auréole
de légende.
L'ouvrage de M. le chanoine Germain Breton est orné
d'un portrait de Mgr Berteaud. .Mais ce portrait, d'une
facture un peu sèche, ne reproduit pas d'une façon absolu-
ment satisfaisante les traits de l'évêque de Tulle. Nous
l'avons remplacé par le fac-similé d'un dessin d'un
artiste bien connu et de haut talent : Louis Leynia de la
Jarrige.
JOAMNÈS PlaMTADIS.
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LES COPENTIONNELS
Liste des Députés et des suppléants a la
Convention nationale
pour la province du limousin
Les listes des députés à la Convention sont nom-
breuses, mais elles diffèrent beaucoup entre elles et
cette diversité provient de plusieurs causes dont
■ l'une doit être imputable à la négligence des auteurs.
Toutd'abord personne n'ignoreque la Convention,
qui tint sa première séance le 30 septembre 1792
pour se séparer le 4 brumaire an IV (26 octobre 1795),
fut profondément modifiée dans sa composition
pendant la durée de son existence par suite de ses
dissensions intestines, des proscriptions, des décès
et des démissions. La liste des députés au 1" janvier
1793 diffère donc sensiblement de celle du 1" jan-
vier 1794 et encore davantage de celle du 26 octobre
1795. C'est ce qui justifie, en partie du moins, les
divergences que présentent les alœanachs nationaux
contemporains de la Révolution.
De plus, le mode de remplacement des députés
n'était pas le même à cette époque qu'aujourd'hui.
Lorsqu'une vacance venait à se produire il n'était
pas besoin, pour la combler, de recourir à des
élections partielles^ puisque, lors des élections
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générales, le corps électoral non seulement avait
pourra à la nomination des députés titulaires, mais
avait en même temps désigné des suppléants des-
tinés à prendre la place de ceux qui viendraient à
disparaître. La règle ordinaire, qui subit d'ailleurs
plusieurs exceptions, était de nommer un suppléant
pour trois députés, ou une fraction inférieure à
trois.
Toutes ces considérations sont relatées dans un
ouvrage que M. Jules GuiSrey a fait paraître à Paris
en 1889 et qui a pour titre : Les ConventionneU,
listes par départements des députés et des sup-
pléants à la Convention nationale. Pour dresser
ces listes, M. Jules Guiffrey a consulté un gi'and
nombre de documents originaux conservés aux
Archives nationales. Nous allons reproduire celles
qui concernent les trois départements constituant
l'ancienne province du Limousin : la Corrëze, la
Creuse et la Haute- Vienne et nous les compléterons,
en ce qui concerne le département de la Gorrèze, par
quelques détails biographiques sur chaque député :
CORRÈZE
Sept députés
Brival Jacques, né à Tulle le 14 février 1751,
procureur général syndic du département de la Cor-
réze (1790), député de ce département à l'Assemblée
législative (31 août 1791), son représentant à la
Convention dont il fut nommé secrétaire {4 septem-
bre 1792), entra au Conseil des Anciens (23 vendé-
miaire an IV), puis au Conseil des Cinq-Cents (23
germinal an VI).
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— 307 —
Voici son vole à la séance du 19 janvier : Louis
est-il coupable? Oui. — Y aura-t-il appel au peuple?
Non. — Quelle peine sera infligée? La mort dans le
plus bref délai. — Y aura-t-il sursis? Non.
Juge au tribunal d'appel de Limoges (1 0 mat 1 800),
conseiller k la cour impériale et royale de la même
ville (1811-1816). mort en exil, à Constance (Suisse),
avant 1830.
BoRiB Jean, désigné aussi sous le nom de Borie-
Cambort, avocat à Tulle, administrateur du Direc-
toire du département. Voici son vote à la séance
du 19 janvier; Louis est-il coupable? Oui. —Y
aura-t-il appel au peuple ? Non . — Quelle peine sera
infligée ? La mort. — Y aura-t-il sursis ? Non.
Sous l'Empire, il fut juge à Cognac et à Sarlat.
Proscrit sous la Restauration, il est mort en exil
en 1819.
Germignac Jacques-François, mort le 19 dé-
cembre 1792.
Chambon AuBiN-BiGORiE, fut l'ami des Girondins.
11 dénonça Pacbe et eut un duel avec Bourbon (de
l'Oise), pour avoir traité Robespierre de scélérat.
Son vote à la séance du 19 janvier se résume ainsi :
Louis est-il coupable? Oui. — Y aura-t-il appel au
peuple? Oui. — Quelle peine sera infligée? La mort.
11 demande que l'Assemblée délibère promptement
sur le sort des Bourbon. — Y aura-t-ii sursis? Ne
vote pas.
Comme les Girondins, il fut proscrit le 31 mai
1793 et se retira à Lubersac où on le massacra dans
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unegrange le 30 brumaire an 11(30 novembre 1793).
Il avait été remplacé par Pierre Rivière dès le
8 août 1793.
LiDON Bernard-François, né à Brive, négociant
et avocat, fut nommé en 1789 commandant de la
garde nationale et devint bientôt après président du
Club des Amis de la Constitution. En 1792, il fut
nommé député de la Convention. Son vote à la
séance du 19 janvier est ainsi conçu : Louis est-il
coupable? Oui. — Y aura-t-il appel au peuple?
Oui. — Quelle peine sera infligée? La mort. — Y
aura-t-il sursis? Non.
Démissionnaire le 15 juillet 1793, il fut remplacé
par Plazanet le 8 août. Lidon fut enveloppé dans
la proscription qui atteignit les Girondins et, comme
eux, poursuivi. Il fut victime de la Révolution et se
suicida à la Géronie, près Cublac, sur les limites des
départements de la Dordogne et de la Corrèze, où il
se cachait, le 24 brumaire an II (14 novembre 1793).
Lanot Antoine -Joseph, accusateur public à Tulle,
député de la Corrèze à la Convention nationale, vota
de la manière suivante à la séance du 19 janvier:
Louis est-il coupable? Oui. — Y aura-t-il appel au
peuple ? Non. — Quelle peine sera infligée ? La
mort dans les délais de la loi. — Y aura-t-il sursis?
Non.
PÉNiÈRES Jean-Augcstin-Delzors, né à Saint-
Julien-aux-Bois, commune de Sainl-Privat, le
14 octobre 1767, fils de Jean Pénières Delzors,
avocat au Parlement et juge de paix de Servières.
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.Administrateur du département, il fut nommé
député à la Convention nationale. 11 partagea
l'opinion des Girondins. Entraîné par la tourmente
révolutionnaire, il vota la mort de Louis XYI et
demanda en même temps l'abolition de la peine
de mort pour l'avenir. Quoiqu'il fut l'atné de sa
famille, il fut le premier à proposer l'abolition du
droit d'aînesse. Mis bors la loi avec les Girondins
modérés, Pénières fut obligé de se cacher jusqu'au
9 thermidor. Son collègue Brival, de Tulle, monta-
gnard et secrétaire de la Convention, le porta mort
avec les Girondins exécutés le 31 mai. Envoyé par
la Convention pour calmer l'émeute dans les rues
de Paris, il courut les plus grands dangers, mais
réussit si bien qu'à sa rentrée la Convention lui vola
des remerciement? et lui donna des armes d'hon-
neur.
Successivement on le vit ensuite au Conseil des
Cinq-Cents, au Tribanat, au Corps législatif et enfin
à la Chambre des députés en 1815. Proscrit en
1816j il se réfugia aux Etats-Unis ou il est mort le
2i août 18?1.
Trois suppléants
Lafon Pierrg-RaymonDj né à Bcaulieu, adminis-
trateur du département, remplaça, le 9 janvier 1793,
Germignac, mort avant le 19 décembre 1792. 11 a
laissé la réputation d'un homme probe et modéré.
Il vota, avec toute la députation de la Corrèze, la
mort de l'atroce Carrier, proconsul de Nantes, et
eut le courage de ne point proclamer la culpabilité
de Louis XVI.
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— 310 —
RiviÈHG PiERBE^ né à Ghamboulive, comman-
dant du bataillon du canton de Ghamboulive, rem-
plaça Cbambon le 8 août 1793.
Plazanbt Antoine, né à Peyrelevade, juge de
paix à Sornac, remplaça, le 8 août 1793, Lidon,
démissionnaire.
CREUSE
Sept députés
HuGUET Marc-Antoine, évêque du département.
-Lég.
Debouroes Jean, juge au tribunal de district,
président du département, né en 1746.
CouTissoN- Dumas Jean -Baptiste, cultivateur,
administrateur du département, né en 1747.
GuYÈs Jean-François, homme de loi à Aubusson.
— Lég., mort le 3 frimaire an II; remplacé par
Faure Amable.
JovRAND Louis, notaire, administrateur du dé-
partement, né en 1756.
Baraillon Jean-Fbançois, médecin, antiquaire,
ancien juge de paix, né en 1752 à Viersat, mort au
Chambon en 1816.
Texier Léonard-Micbel, juge de paix à Dun,
né en 1749.
Trois suppléants
Faure Ahable, administrateur du département,
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né en 1755, démissionnaire le 8 ventôse an V.
Remplace, le 35 frimaire an II, Guyès, mort le 3.
Behgier Jean-Baptiste, procureur de la commune
de tiuéret. N'a pas siégé.
LeclerMariek. N'a pas siéf^é. Il est qualifié, en
floréal an II, ancien commissaire national auprès
du tribunal criminel du département, membre du
directoire du district d'Ëvaux.
HAUTE-VIENNE
Sept députés
Lacroix Jean-Michel, procureur syndic du dis-
trict de Bellac, né en 1751 ; un des 73, rappelé le
18 frimaire an III.
Lesterpt Beauvais-Benoit, receveur du district
du Dorat. — Const.j condamné à mort le 9 brumaire
an 11.
BoRnAs ParoouIj président du tribunal du district
de Saint- Yrieix. — Lég., né le 14 octobre 1748.
Gay-Yernon Léonard, évéque du département. —
Lég., né le 6 novembre 1748 à Saint- Léonard, mort
à sa terre de Vernon en 1822.
Paye Gabriel, administrateur du département.
— Lég., né à Nexon en 1743; un des 73, rappelé
le 18 brumaire an III.
RiTAUD François, lieutenant de la gendarmerie
du Dorat, né le 6 août 1754 à Bellac; un des 73^
rappelé le 18 brumaire an III.
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— 312 —
SouLiGNAC Jean-Baptiste, procureur syndic du
district de Limoges, né en 1758 ; un des 73, rappelé
le 18 brumaire an [II.
Trois suppléants
Lestbrpt (aine) Jacques, président du tribunal
du Dorât. — Const., né en 1745, admis à siéger le
9 ventôse an III.
Dumas Pierhe, président du tribunal criminel,
mis en état d'accusation et traduit au Comité de
Sûreté générale, donna sa démission. N'a pas siégé.
Genty François-Xavier, juge à Bellac. Suspendu
de ses fonctions judiciaires. N'a pas siégé.
D.gtzedbyGoOgIC
COMPLAINTE SUR LA PASSION
Nous avons publié dans le dernier Bulletin, à
propos de notre étude sur les Noëls du Bas-Limou-
sin, une complainte, sur la Passion, qui se chante
dans le Périgord. Nous l'avions copiée dans le
journal la France illustrée, mais nous faisions
remarquer, dans une note, que cette copie nous
paraissait remplie de fautes et donnait des mots
dont les uns élaient incompréhensibles et les autres
n'oilraient aucune analogie avec le patois.
M. A. de Rouméjoux a bien voulu nous envoyer
une version, qui est beaucoup plus correcte et plus
complète que celle que nous avons donnée.
Tout en le remerciant de son amabilité, nous nous
empressons de la reproduire en conservant scrupu-
leusement l'orthographe de l'auteur.
Ernest Rupin.
Hier qu'ero vendredi
Et lou sen vendredi.
Apourtas nous l'eitreno,
Aou nom de Jesus-Cbrist.
La Sainto Yierzo puro
Qu'o escartat soun flls.
Apourtas nous l'eitreno,
Aou nom de Jesus-Christ.
Lou chercho, lou rechercho
Lou loun d'un gran chomi.
Apourtas nous l'eitreno,
Aou nom de Jesus-Cbrist.
D.gmzedby Google
-314 -
Lou prumier que rencountro
Quei sen Jan, soun cousi.
Apourtas nous l'eitreno,
Aou Qom de Jesus-Christ.
Dizo, sen Jan-Baptisto,
Aourias-tu vis moun lits ?
Apourtas nous l'eiti-eno,
Aou nom de Jesus-Christ.
Nenni ma sento Vierzo
Pas dempei hier rnoli.
Apuurtas nous l'eitreno,
Aou nom de Jesus-Christ.
A lo crou de Pilato
Lous Pborîsiens l'ount mis.
Apourtas nous l'eitreno,
Aou nom de Jesus-Christ.
— T'en preze, Jan-Baptisto,
T'en preze, meno m'y !
Apourtas nous l'eitreno,
Aou nom de Jesus-Christ.
Lo pren per so mo blancho,
Lo meno coumo si.
Apourtas nous l'eitreno,
Aou nom de Jesus-Christ.
Aussitôt que lo vido,
Doun tero a'ey plami.
Apourtas nous l'eitreno,
Aou nom de Jesus-Christ.
— T'en proze, Jan-Baptisto,
Tiro mo may d'oqui.
Apourtas nous l'eitreno,
Aou nom de Jesus-Christ.
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-315-
Lo pren per so mo blancho,
Lo meno en Paradis.
Apourtas nous l'eitreno,
Aou nom de Jesus-Christ.
Diou nous facho la graci
D'y tous nas coumo si.
Apourtas BOUS l'eitreno,
Aou nom de Jesus-Christ.
Hier c'était vendredi — Et le saint vendredi. — Appor-
tez-nous l'étrenne, — ^u nom de Jéaua-Chriat.
Lit sainte Vierge pleure, — On a éloigné son fils. —
Apportez-nou$....
Elle le cherche, le recherche — Le long d'un gmnd
chemin. — i4pportez-noris....
Le premier qu'elfe rencontre — Est saint Je&n, son
cousin. — Apporte-nous....
Dis-moi saint Jean -Baptiste, — aurais-tu vu mon
fils t — j4pporte2-nous....
Non, sainte Vierge, — Non depuis hier matin. —
.Apportez-nous....
A la croix de Pttate — Les Pharisiens l'ont mie. —
apportez-nous. ...
— Je t'enprie, Jean-Baptiste,— Je t'en prie, mène m'y.
— apportez-nous....
Il ta prend par sa main blanche, — Il la mène avec
lui. — Apportez-nou^....
Aussitôt qu'elle le voit, — Sur fa terre elle s'affaisse.
— i4pportez-nou8....
— Je t'en prie, Jean-Baptinte, — Eloigne ntoi d'ici. —
Apporfez-noits....
D.g.tizedby Google
H l& prend par sa m&in blanche, — La conduit en
Paradis. — apportez-nous....
Dieu nous fasse la grâce — De tous y aller auec lui. —
Xpportez-nous Vétrenne, — Au nom de Jésits-Christ.
Au sujet du Nofil : Un jeune Pastre, inséré à la
pigell dnBuUetiiij nous avons dit que v M. l'abbé
Pourville, curé de Queyssac, avait reproduit ce Noël
dans son ouvrage (qui a été imprimé en 1891) et
l'avait signé, ce qui voulait dire sans doute qu'il
y avait ajouté quelques vers ».
Ce Noël est en effet ancien el est donné comme
fort répandu dans le Quercy, le Gévaudan, le Velay
et le Forez, par MM. Soleville et Joseph Daymard,
dans leurs recueils imprimés en 1885 et 1889. Dans
les différentes versions qui nous sont parvenues de
plusieurs endroits de la Corrèze, il n'était pas possi-
ble de faire connaître ce qui pouvait être la pro-
priété de M. l'abbé Pourville, puisqu'il avait omis
lui-même d'établir cette distinction.
M. l'abbé Pourville nous écrit aujourd'hui que les
couplets 2, 3, 4, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 13, 15. 16,
ainsi que la variante du couplet 12, tels que nous
les avons donnés (avec une orthographe différente),
sont de lui. Nous nous empressons de faire droit à
sa réclamation, en la portant à la connaissance des
lecteurs du Bulletin.
E. R.
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Une Plaque en émail champlevé
DU Xlir SIECLE
Cette plaque n'a pas figuré aux expositions
rétrospectives de Limoges et de Tulle, où l'émail-
lerie Limousine était si noblement et abondamment
représentée. 11 y avait là une lacune fort regrettable,
accompagnée de quelques autres du même genre
et dont nous avons droit de nous plaindre, car les
archéologues, qui se déplacent volontiers en pareil
cas, méritent d'être récompensés de leur peine par
l'exhibition la plus complète, sans qu'il soit néces-
saire d'aller sur place étudier les absents, ainsi que
j'ai été obligé de le faire, plusieurs fois, avec Léon
Palustre : sa mort nous a seule empêchés de pousser
jusqu'à certaines églises, dont la visite était dans
nos projets d'une quatrième excursion en Limousin.
Mes regrets sont tempérés par un dessin colorié,
de la grandeur de l'original ; malheureusement il
ne porte aucune indication, en sorte qu'il devient
matériellement impossible d'identifier l'objet. Je
n'ai rien trouvé de pareil ni dans le grand ouvrage
de M. Rupin, ni dans mes notes et celles de Léon
Palustre. Ce n'est pas une raison pour rester muet
à son endroit, car la pièce a de l'importance au
T. XX. 3 ~ (
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Dijilizedb, Google
- 319 -
point de vue iconographique et môme constitue une
rareté que je me plais à mettre en lumière.
Pendant que Palustre dirigeait le Bulletin Monu-
mental, il fut en correspondance suivie avec un
curé du diocèse de Tulle, qui s'était donné la mission
de faire connaître l'émaillerie limousine de la
contrée. Plusieurs de ses dessins ont été publiés ;
d'autres sont demeurés, pour des temps meilleurs,
dans les cartons de mon ami, où j'en prends actuel-
lement possession au profit de la science.
Ces dessins sont de trois sortes : au crayon, à la
plume, à l'aquarelle. On suit les trois étapes depuis
l'esquisse, que l'encre rend plus nette, jusqu'à
l'achèvement complet, qui a l'avantage de mieux
faire valoir l'objet.
I
L'aquarelle de la plaque est pins soignée que
d'habitude, ce qui permettra de l'étudier aussi
minutieusement que possible.
Ses dimensions sont de quatorze centimètres pour
la largeur et de cinq et demi pour la hauteur. Ce
rectangle étroit devait orner le devant d'un coffret
(auge ou toit) et se compléter peut-être par une
ornementation similaire.
La bordure d'encadrement est triple et de trois
largeurs. Le filet extérieur montre le métal réservé,
sur lequel court une série de dents de scie qui amor-
tissent le brillant de la dorure ; puis vient un ban-
deau d'émail bleu lapis et enfin un simple trait de
métal, où en huit endroits ont été ménagés des
points qui, percés, recevaient les clous d'affivion,
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car la plaque fut, dès le principe, fixée sur une
âme en bois (1).
Le champ tout entier est glacé d'un émail gros
bleu, d'un ton intense comme Tindigo. C'est la cou-
leur célestiale, qui fait songer au firmament bleu,
séjour de Dieu et de sa cour (2).
Pour éviter une surface trop développée, i'émail-
leur y a réservé^ mais disposés très irrégulièrement,
des billettes et des disques. Les disques seuls sont
émaillés et représentent des roses, tantôt vertes,
d'une seule nuance, tantôt de deux teintes, bleu et
blanc, rouge et vert ; comme d'habitude, le rouge
est un point minuscule.
Sur ce fond sont appliqués trois anges, en buste,
pièces fondues et de rapport, dont les deux clous
d'attache, au nimbe et au nuage, n'ont pas été dissi-
mulés. Le nimbe circulaire, à fond strié, est éga-
lement réservé dans le métal, qui met la tète en
saillie ; la physionomie est juvénile, par conséquent
sans barbe, et les cheveux courts sont divisés par
mèches. L'ange se présente de face et est vêtu d'une
tunique à orfroi perlé au col et d'un manteau, qui
ne laisse pas paraître les bras. Le buste émerge
d'un nuage en métal, arrondi en croissant par des-
sous et dentelé à la partie supérieure. Ce nuage est
souligné d'une tigette dont les extrémités sont épa-
nouies en feuille lancéolée. Des épaules sortent
(1) « Item, une aultre croix d'argent, garoie d'un crucifix
fourrée par derrière de boys et de bande de fen (fnu. de l'Hôtel-
Dieu de Beaune. IMl).
(?) ■ Chanip célestial, signe de saulvement. . . . en paradis > (Acte
du ivi' it'écle, dana le Polit cartulaire de l'Hôtel-Dieu de Beaune,
p.»).
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deux ailes maigres, en métal gravé, pour simuler
les plumes ; le haut de l'aileron est égayé d'émail,
qui se dégrade ainsi : rouge, bleu noir, bien lapis et
bleu rlair. Les ailes sont abaissées, pour indiquer
le repos : ces anges sont plutôt destinés à la con-
templation qu'à l'action et peut-être appartiennent-
ils à la cat^orie de ceux qu'a vus saint Jean et qui
cbanlent sans cesse au ciel : Saint, sainte saint est
le Seigneur CÀpocalyps., xvi, 5).
L'ange qui occupe le milieu de la plaque se dis-
tingue par ce double caractère : il est enveloppé
comme d'une auréole bleu lapis, qui lui donne plus
d'importance et ses ailes sont dressées en l'air,
avivées d'émail rouge, vert, jaune. Le champ du
médaillon est circonscrit par un filet métallique en
réserve : le disque, scutum, dénote une supériorité
dans l'ange, que je n'hésite pas à proclamer le chef
de la milice céleste, toujours prêt à l'action.
II
Les trois anges sont égaux, comme taille et aussi
comme hiérarchie, puisqu'ils sont placés sur le
même rang et encore comme fonction, car ils ont la
même figure, les mômes moyens de locomotion et
le même séjour au-dessus des nuages. Cependant,
celui qui est à la place d'honneur, au centre de la
composition, doit jouir de quelque prééminence. Il
est facile, après cette constatation, de les nommer
les archanges Michel, Gabriel et Raphaël, et d'at-
tribuer à saint Michel une supériorité hiérarchi-
que(l).
(I) X. H. de M., lEuoi: compl., t. XI, p. 201.
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L'émaillerie limousine a un faible pour les anges,
elle les multiplie à l'infini et les place partout, à tort
et à raison, par groupes de deux, trois, quatre et
davantage, avec ou sans intention saisissable à
l'esprit. Quand elle les limite à trois, comme sur
les plaques de Banise (Creuse) et d'Âlly (Cantal),
figurées dans VŒuvre de Limoges, p. 396, 416,
l'idée est manifeste : il s'agit d'exalter les trois prin-
cipaux archanges dont la Bible a révélé l'existence
et les noms.
Mais ces anges peuvent aussi devenir un symbole.
En effet, la liturgie^ s'appuyant sur l'Ecriture
Sainte (1), voit en eux les trois personnes divines
(1) ■ ApparuU ei Domiaus in convalle Mambre, aedenti in oslio
tabernaculi siii, in ipso fervare diei. Clinique eievasset oculos,
apparueruut ei très viri staiitcs prope eum; quoB cum vidisset,
cucurrit in oecursuni earum de ostio tabernacuH et adoravit in ter-
ram. £t diiit : Domine d (Genêt., XVill, 1-3]. Le passage de la
Genèse est moins précis que le texte liturgique. £n effet, l'appa-
rition des trois hommes coïncide avec celle du Seigneur, et l'ado-
Tàtion parait être commune à tous indistinctement. Didron écrit à
ce sujet : u Abraham avait vu trois anges; mais, comme il ne
s'était adressé qu'à l'un d'eux, pour parler ensuite à tous les trois
ensemble, les commentateurs en ont conclu l'apparition de la Tri-
nité au père des patriarcbes. Cette interprétation d'un leite vague
est plus ingénieuse qu'irréfragable. Touterois l'art s'est rangé as-
sez souvent du parti des commentateurs ; il a figuré les trois per-
sonnes réunies et au pied de l'une desquelles Abrabam se prosterne.
Sous ce tableau on voit quelquefois en légende; Très oidit, wnum
Bdoraoil. Dans un manuscrit latin do Prudence (Bibl. royale, SOSâ],
les trois anges, symbole de la Trinité, dit Prudence, apparaissent
à Abrabam. Un cercle, en guise de nimbe, entoure la tête d'un
seul ; les deui autres ne sont pas nimbés. Voyez k Saint-Etienne-
du-Mont un vitrail du xvi* siècle, d&ns le collatéral Sud, oii sont
représentés le fait et la légende qui l'explique. A la bibliotlièquc
de l'Arsenal, le m' Missale Paritiense, tliéol. lat. ISS, offre trois
anges, entitremeiit semblables, adorés par Abrabam. En Grèce....
les anges sont cntiërcmenl égaux, comme dans Mlorltia deficia-
Dijiiizedb, Google
— S23 -
que reconnut Abraham et qu'il adora, puis servit.
Le texte est très significatif; « Dum staret Abraham
ad ilieem Mambre, vidit très viros aseendentes
per viam. Très vidit et unuin adoravit ». Tel
est le second répons du premier nocturne aui mati-
nes du dimanche de la Quinquagésime.
L'iconographie n'est pas restée en arrière : « Les
commentateurs ayant déclaré que ces trois person-
nes représentaient la Trinité sous la forme de
l'ange, les artistes suivirent les prescriptions des
théologiens et croisèrent le nimbe à cet ange divin
qu'adorait Abraham. La Bible n' 6 de la Bibliothè-
que royale a même ôté les ailes et donné une barbe
à ce personnage devant lequel Abraham se pros-
terne, afin d'en faire plus positivement un Dieu »
(Didron, Hist. de Dieu, p. 54-55).
Ce n'est pas Dieu qu'il faut écrire, mais Fils de
Dieu, car, suivant les Pères, le Fils, dans l'Ancien
Testament, s'essaya plusieurs fois à l'incarnation,
entr'autres lorsqu'il apparut à Abraham, qui salua,
en l'un des trois anges, celui qui, sous le nom de
Christ, devait plus tard racheter sa race.
Or, sur la plaque émaillée de la Corrèze, l'archange
principal, qui est saint Michel, symbolise le Sauveur
du monde. Aussi le moyen âge l'a-t-il placé au
sommet de la croix, où il recueille l'âme de la
rum; loua trois fwrtent le nimbe identique, timbré de la croix
divine 1 {Hist. de Dieu, p. 5S'JI. Ce mâme ouvrage établit, p. 555,
les rapports historiques do la Trinité et des trois anges dans les
constructions monastiques du ix* siècle. Les Heures de »itinl Louis
consacrent deux miniatures ï l'apparition des trois anges : u Si
corne Abraham vit trois angelcs et un en aora. Si come il leur
dona h mangier 1.
Dijiiizedb, Google
victime expirante (1) et, ressuscité et régnant au
ciel, le Fils de Dieu en fait l'introducteur des âmes
au séjour céleste (2) et lui donne sa croix pour com-
battre le démon (3).
Par ce côté spécial la plaque innommée, qui ap-
partient au premier tiers du xin' siècle, a donc une
saveur particulière, qu'on ne rencontre pas toujours
dans les produits de l'industrie limousine.
X. Barbier de Montault.
(I) Œuvr. compl., t. XI, p. Î02.
(?) id. id. td. 121.
(3) id. id- id. 249,
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Les Noms Révolutionnaires
DES
COMMUNES DU LIMOUSIN
Et DBS
DÉPARTEMENTS LIMITROPHES
Après le 21 septembre 1792, c'est-à-dire après
l'abolition de la royauté et la proclamation de la
République, une rage folle de changer tout ce qui
pouvait rappeler l'ancien régime ou qui touchait
aux choses de la religion, s'empara des esprits. De
nombreux arrêtés d u Conseil général de la commune
de Paris débaptisèrent les noms des sections et des
voies publiques, les laïcisèrent, les mirent au goût
du jour.
L'exemple ne tarda pas à gagner la province et
nous trouvons, pat- exemple, à Tulle, pendant la
Terreur, la rue des Sans-Culottes, la place de la
Liberté, la section de la Montagne et celles de
VUnitê et de la Fraternité, tout comme dans la
capitale.
Au changement des noms de sections (quartiers)
et des rues, on ajouta bientôt celui des villages,
des bourgs^ des communes.
Dans sa séance du 10 brumaire an II (31 octobre
1793), la Convention nationale décida, tout d'abord,
,y Google
que la dénomination de ville, bourg et village
serait supprimée et qu'elle serait remplacée uni-
formément par celle de commune. Cette façon
de procéder était bien une sorte de retour en arrière,
aux appellations d'agglomérations affranchies du
moyen âge ; mais les Jacobins n'y prirent pas garde.
Un an avant le décret précité, le 25 octobre 1792,
la Convention avait chargé son Comité de législation
de substituer aux anciens noms de villes a ou autres
lieux publics», qui rappelaient la monarchie et la
religion, des dénominations civiques. Le Moniteur
du 3 juin 1793 publia les nouvelles appellations de
certaines communes des Pyrénées-Orientales, de
la Haute-Marne, de l'Ariége, du Loiret, etc.
Dés le lendemain de la publication du décret,
qui coïncidait avec le triomphe de la Montagne sur
les Girondins, le nom de Montagne fut ajouté à
celui d'un très grand nombre de villes. Après l'as-
sassinat de Marat, un fort contingent de communes
se crut obligé de porter le nom de l'Ami du peuple.
Parmi elles se trouva Le Havre, qui s'appela Le
Havre-Marat.
A partir du milieu de l'année 1793, c'est-à-dire
au commencement de la Terreur, presque toutes
les communes de France demandèrent à changer de
nom. Ce fut de l'enthousiasme, de la frénésie. Les
substitutions furent si nombreuses que la Conven-
tion elle-même finit par ne plus s'y reconnaître (1).
Le Moniteur du 10 Messidor an II (28 juin 1794),
(1) Edmond Biré : Journal d'un Bourijeoit de Parti pendant la
Terreur, lorao V.
D.g.tizedby Google
publia l'arrêté suivant du Comité de Salut Public,
qui avait pour objet d'obvier aux inconvénients
qui résultaient de la trop grande quantité de com-
munesqui échangeaient leursanciennesappellations
contre de nouvelles :
a Plusieurs communes, disait le rapporteur du cé-
lèbre Comité, ayant changé de noms et ne se trouvant
pas, sous ces nouvelles dénominations, dans les
dictionnaires géographiques ni sur les cartes, et
d'autres communes portant des noms semblables, il
arrive quelquefois que le Comité ne sait ni d'où
on lui écrit ni à gui il doit répondre, d'où il
résulte des entraves préjudiciables dans le gouver-
nement. Pour faire cesser ces inconvénients, le
Comité de Salut Public invite toutes les adminis-
trations, les Sociétés populaires, les fonctionnaires
publics, et, en général, tous les citoyens qui lui
écriront, à ajouter au nom actuel de leur com-
mune celui qu'elle portait précédemment, et, en
outre, le nom du district et du département où
elle se trouve ».
On voit que dans leur rage de ne rien laisser sub-
sister du passé, les conventionnels se trouvaient
pris à leur propre piège !
Les communes qui portaient dans leurs anciens
noms les vocables de château, saint ou sainte,
église, le roij la 7'eine, le com,te, Vévêque, Louis,
etc., les supprimèrent. Les épithètes de montagne,
unité, liberté, égalité, fraternité, patriote,
sans- culottes, Marat, etc., leur furent substituées.
D'aucunes se titrèrent du nom de quelques héros
ou dieux antiques : Binitus, Bellone, Héraclée,
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Hercule, etc. ; de quelques philosophes, précuiseiirs
du mouvement révolutionnaire : Voltaire, Jean-
Jaeques-Bousaeau, etc.
Jusqu'au Neuf Thermidor, il ne se passait pres-
que pas de jours sans que la Convention fût appelée
à ratifier le changement du nom d'ane ville, d'an
port, d'un bourg rural, etc.
Si^ en général, les communes changeaient leur
nom librement, obéissant ainsi à une sorte de
ff snobisme révolutionnaire », il n'en fut pas de
même de certaines d'entre elles, comme Lyon,
Marseille, etc., qui étaient entrées en lutte contre
la Convention et l'état de choses qu'elle avait éta-
bli. Pour les punir de leur rébellion, la terrible
assemblée décréta qu'elles perdraient leur nom :
Lyon, s'appela Commune affranchie; Marseille,
SanS'Nom; Toulon, Ville- Plate, puis Port-la-
Montagne, etc.
Après la chute de Robespierre, qui mit fin au
régime de la Terreur, l'usage reprit ses droits. Non
seulement le mouvement qui portait les communes
à se dénommer révolutionnai rement s'arrêta, mais
les vieilles appellations revinrent sur toutes les
lèvres, sur tous les écrits.
Nous avons consigné ici, pour les départements
du Limousin (Haute-Vienne, Creuse et Corréze),
ainsi que pour ceux du Lot et de la Dordogne, qui
les avoisinent, les noms des communes qui se
transformèrent pendant la Révolution. Cette liste
offre encore des lacunes; mais elle comprend, avec
quelques désignations nouvelles, toutes celles
que relevèrent, en leurs savantes recherches.
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MM. J.-B. Champeval (1), Lhermitte (2) et Figuè-
res (3).
Ce travail n'a, d'ailleurs, d'autre prétention que
de mettre au point et à jour cette très curieuse et
intéressante contribution à l'histoire de la Révolu-
tion en Limousin.
CORRÈZE
bw mMi 1h mubm IhM 1 rip«fM b b Unliiin
Arnac-Pompadodr, cant. de
Lubersac Am&c-la,-Pr&irie (4).
Chapelie-aui- Saints (La), ( ^^^ p^^
aujour. cant. de Beaulieu, ^^ chapeIIe-a«ï-Pr^s (7).
autr. de Curemoote . . . . (
Chapelle - Spinasse [La),
cant. d'Egletons Le Doustre.
Chasteauz, auj. canton de
Larche, autr. de Brîve . . La Fraiemiié.
Mevbignac-l'Eolise, cant.
de Corrèze Meyrignac-Ia-Afontagne {8).
(t) Bullelin de U Société acientiflque, historique et archéolo-
giqve de U Corrèze (siège à Drive), année tS86.
(î) J I ma nac h -annuaire limoutin pour ia Corrèze (Ducourlieui),
année 189S.
(3) Index des noms révotutionnairei dei communes de France,
in>B, Poitiers, I89B.
(4) Arnsc-Pompadour est entouré de prairies.
(5) Les divisions administratives des départemenls ne sont plus
aujourd'hui les mêmes que celles qui eiistsient i la Révolution;
celles do celte époque furent établies, p^ur le déparlement de la
Corrèze, par un décret de l'Assemblée nationale, en date du 23 jan-
vier nw.
(G) Le Doustre est un ruisseau qui se jette dans la Dordogne.
(7) La Ch«pelle-aui-B«nts est entourée de prairies.
(8) Heyrignac- l'Eglise est situé sur un plateau élevé.
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— 330 —
haâ tOMib iH CMRUH M« 1 l'JftfM 4a 11 UnliliM
Moustier-Ventadouh, cant.
d'Egletons Moustier-la-Luzège (1).
Saint-Angel, cant. d'Ussel. Angel (2).
Saint-Auûustin, canton de
Corrèie Angustin-la-Monédière (3).
Sa)nt-Aclaire,c. d'Ayen.. L'Unité.
Saint-Basile -DE - Ueyssac,
canton de Meyssac Côte-Montagnarde (i).
Saint - Bonnet - Avalouzk ,
cant. de Tulle-Sud Bonnet-Avalouze.
Saint-Bonnet-Elvert, auj.
cant. d'Argentat, autref.
cant. de Saint-Chamanl . Liberté-Bonnet-Rouge.
Saint-Bonnet-la-Rivièhe ,
canton de Juillac Bonnet-Rouge.
Saint-Bonnet-phès-Bort,
auj. cant. de Bort, autr.
canton d'Ussel Bonnet-près-Bort.
Saint- Gernin-de-Larche,
canton de Larche L'Union.
Saint-Chauant, auj. canton
d'Argenlat, autr.chef-lieu
de canton La Fraternité.
Saint-Cirgues, auj. canton
de Saint-Privat, autrefois
canton de Servières Cirgue-d'Eyge (5).
Saint-Cïprien, c. d'Ayen.. Petit-Bourg.
Saint-Cyr- LA -Roche, auj.
eant. de Juillac, autrefois
canton d'Allassac Aubep&rt.
(1) La Luzëge esl une rivière qui se jette dans la Dordognc.
(2) Presque toujours on supprime le mot Sain! qui prâcËde le
(3) Saint* Augustin est situé au pied des montagnes appelées Lei
Monédiérei.
(4) SaiDt-Basile est situé le long d'une cûte qui s'étend depuis
Heysaac jusqu'au Puy-d'Arnac.
(5) La Diège, qui a sa source dans le département de la Creuse,
•e jatte dans la Dordognc.
Dijiiizedb, Google
— 331 —
nmt •rlHli iit tiniMi lUw 1 Vifun it li UrthliM
SiiNTE-FÉRÉotE, canton de i Montfrimaire.
Donzenac { Montagne-Frimaire (1).
Sainte-Fortunaoe. auj .can.
de, Tulle-Sud, aulr. chef-
lieu de canton Fortunade.
Saint- Fhéjoux, c. d'Ussel.. Fréjoux.
Saint GÉNiEz-6-MEHLE,auj.
c. de Saint-Privat, autr.
cant. d'Argentat Geniè8-las~Costas (2).
St - Germain- LE3 - Vebgnes,
canton de Tulle-Nord . . . Bruyères-les-Vergnes.
Saint-Hilaire-Foissac, c.
de Lapleau Foissac-la-Luzège.
Saint - Hilaire - Peyboux ,
auj. cant- de Tulle-No^,
autr. c, de Chameyrat. . . Le Peyrou-Marat.
Saint-Jal, auj. canton de
Seilhac, autr. canton de
Chamboulive Coq-Hardy (3).
Saint - Julien - aux - Bois,
auj, cant, de Mercœur,
autr. cant. de Servières . Juiien-Quinsaf.
SA,NT.Ji,i.iEN-L.-P6iE»m, ( j^^ Bruyin.
auj c. ■!» Saw'-Pnv", j„,jj„.|^.g jj„ „|
autr. cant. de Mercœur. . ( j •■
Saint- Julien- phés -Boht,
canton de Bort Julien-prhs-BoH.
Saint-Martial-Entbavgues
canton d'Argentat Eniraygues-sans-Culoltes.
Saint -Martin-la-Méanne, ( LesJacobins-la-Méanne.
c. de Laroche-Canillac . . \ Martin-sans-Cv.loties.
SAINT-MARTIN-SEPEBTjCant.
de Lubersac Martin-Sepert.
(1] Sainte- Féréole est situé sur un plateau éleva. .
{2} Pour arriver h, Saint-Géniei, il faut gravir une côte très raide
qui s'él6ve des borda de la Maro»ne jusqu'à Saint-Privat.
(31 Saint-Jal. Le mot >al, en patois veut dire coq.
14] Saint-Julien est entouré de bruyères.
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<lMi tdMA fa (UMM !I«H 1 rif^ i, h UnWJN
Saint - Mehd - de - Lapleau,
cant. de Lapleau Gimel-Dordogne.
Saint-Mexant, auj. canton
de Tulle-Nord, autrefois
canton de Chameyrat . . . Mexant.
St-Pantaléok-db-Larche,
canton de ]l.arche La Fraternité.
Saint - Pardouz - Corbibr ,
canton de Lubersac Pardoux et Corbier.
St-Pardoui-la-Choisille,
c. de Laroche-Canillac . . Bellone.
Saint-Priest-db-Gimel, c.
de Tulle-Sud La MonUne (1).
Saint-Privat, aujourd'hui f Privât,
chef-lieu de canton, autr. < Privat-U~Centrp.
canton de Servièrès ( P?ival-Haute-Montagne.
Saint-Robert, auj. canton ( r i * ■
d'Ayen, autref. chef-lieu îf/*"7*^-, . ...
de canton j Mont-Befair (2).
8aint-Sïlvain, auj. canton ( ...
d'Argenlat, aulr. cant. de ! , .S'"".;',, .
Sainî-Chamant ('■ Eg^"ti-Vn>on.
Saint-Salvadoub, cantonde
Seilhac Salvador.
Saint- SoLvE, canton de i Xir Salutaire.
Juillac ( Ère Salutaire.
Saint- SoRNiN-LAvoLPSiCant.
de Lubersac Sornin-Lavaux.
Saint-Viance, auj. cant. de i Avelque-Courte (3).
Donzenac, a. d'Allassac. '{Belle-Rive.
Saint- Ybard, c. d'Uzerche. L'Union sur Vézère (4),
(t) La Montana est une rivière qui passe à Saiut-Priest-de-Gimel
et se Jette dans la Corrëze près de Tulle.
(3) Saint-Rohsrt est situé sur ua mamelon calcaire élevé entouré
de tous cfitéB par des vallées.
(3) Saint-Viance, situé sur les bords d'une rivière ombragée, est
désigné, dans les vieux actes, sous le nom i'Aoelque-Courle,
(4) La Vézère est le nom d'une rivière qui passe i Uzercba et à
Saint-Ybard.
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Rmi iiMt In cMBiM Nmi 1 Tifi^H J< U IfnMiH
Treignac. c. deTreignac. Treignâc-la~Montagne.
SounsAC, cant. de Lapleau . Soursac-Moustier.
TuRENNB, auj.c.deMeyssac,
autr. chef-lieu de canton. Mont-Franc (1).
UZERCHE (SaINTE-KuLALIE),
canton d'Uzerche Faubourg l'Egalité (2) .
HAUTE-VIENNE
AzAT-LE-Riï, C. du Dorât . . Azat-l'Unité.
BussiÈRE-PoiTEviNE, canton
de Méàères Bussière-l'ÉgalUé.
Ghateauneuf et S"-Marie,
chef-lieu de canton Mont-Combade.
Chatbau-Chehvii, cant. de
St-Gerraain-les-Belles . . Cheroix-la-Chaumière.
CHATBAU-PonaAC, chef-Iteu
de canton Pons&c-la-Mont&gne.
CouasAC-BoNNEVAL, cant.de
Saint- Yrieix Cousaac-aans-Culottes.
Lus3ac-lbs-Éblise8, cantOD C La Patrie,
de St-Sulpice-les- Feuilles { Lussac-is-Pa(rie.
Magnac-I^val, chef-lieu de
canton Magnacla-Montagne.
Ohadour-Saint-Genest, c,
du Dorât Oradour-aur-Brame.
Peïrat-de-Bellac , canton
de Bellac Peyrat-ia-Montagne.
RiLKAC- LES -Tours, canton
de Nexon Rilhac-Chaumière.
BocHECHouART , chef - lieu
d'arrondissement Roche-sur-GTaine.
RoziEn-SAiNT-GEORGBS,cant.
de Châteauneuf Rozier-Combade.
(1) C'est-à-dire ville affranchie.
(3) Sainte-Eulalie est un faubourg d'Uzerche.
T. XX.
dbyGooglc
- 334 -
H,m Ktwli lu amma Rw 1 l'^H^e il 11 IfnlaU»
Baint-Amand-Magnazeix, c.
de Chateau-Ponsac Amand-leS'Montagnes.
SaintGenest, c. de Fierre-
Buffière Satis-Préjugé.
Saint-Geruain-les-Belles ,
chef-lieu de canlon Mont-les-Belles.
Saint- Gilles -LES -Forêts,
cant, de Châteauneuf La Forêt-Bayée.
Saist-Junien-, chef-lieu de
canton Junien-la-Montagne.
Saint-Légëh-Magnazeix, c.
de Magnac- Laval' Léger-le-Peuple.
Saint-Léonard- DE-NoBLAT, ( Léon&rd-sur-Vienne.
chef-lieu de canton ', T&Tn-Vienne.
Saint-Martin-le-Mai)lt, c.
de St-Sulpice-les-Feuilles M&rtin-sur-Benaise,
Saint-Sohnin-Lel'lac, cant.
de Château-Ponsac Somin-le-Pont.
SAiNT-gyMPHORiEN, cant. de
Nantiat Marat.
Saint - Yrieix - la - Perche,
ch.-lieu d'arrondissement Yrieix-la-Montagne.
CBEUSE
BoussAC, chef-lieu d'arron-
dissement Boussac-la-Moniagne.
Boussac-les-Eglises, cant.
de Boussac Boussac-le-Bourg .
BussiBRE - Saint - Georges ,
canton de Boussac Bussière-Nouvelle.
Forêt-du-Temple (La), com-
mune de Mortroux La Forêt-la-Nation.
LouRDouEix- Saint-Michel,
canton d'Aygurande Lourdoueix-Marat.
MOUTIER-ROSEILLE (Le), c.
de Felletin La Raison.
Peyhat-la-Noniére, canton
de Chènéraille Peyrat-la-Monlagne.
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XiBi •dHli iH «anui Rw 1 rtftpt U 11 UnMi«
St-Aignant-db-Vebsillat,
caot. de la Souterraine . . Versillat'le'Mara.t.
Saint-Dizier, cant. de Châ-
telus-Malvaleii Dizier-les-Domainea.
Saint-Fetre, cant. de Fel-
letin Feyre-la-Montagne.
Saint-Geruain-Bbaupré, c.
de la Souterraine Germain-sur-Sédelle.
SAiNT-HiLAiRE.commuae du
Moutier-Roseille Roseille-lit-Montagne.
Saint-Mabien, canton de
Boussac Marat.
Saint-Pierre-le-Bost, c.
de Boussac Les Dois.
Saint-Silvain-Bas-le-Roc ,
cant. de Boussac Bas-le-Roc,
Saint-Silvain-9ous-Toulx,
cant. de Boussac Sous-Toulx.
TERCILLAT-SAlNT-PAl)L,C.de
Châtelus-Malvaleix Tercillat-Pelletier (t).
DORDOGNE
Allas -de-Berbi6Uières, c.
de Saint-Cyprien Allas-l'Égalité.
Allas-l'Évèque, caaton de
Sarlat Allas-la-Liberté.
BiBOH, canton de Montpa-
zier Mont-Rouge.
Chapelle-Saint-Jean (La),
canton d'Hautefort La Montagne.
Gleruont , canton d'Exci-
deuil Montclair.
Ladouzb, cant. de St-Pierre-
de-Chigniac Montagne-Ladouze.
MouLEYOïEH, cant. de Ber-
gerac Cybard-de-Mouleydier,
(1) Sans doute du nom du convenlionnel Pelletier Saint-Fargeau ,
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— 336 —
Saint-Aonan, com. d'Hau-
tefort Aign&n-H&ute-Vue.
Saint-Amand-db-Colv, oan.
de Montignac Amand-le-V&llon.
Saint-Apre, commune de
Tocane-Saint-Apre Barra- sur- Dronne (1).
Saint-Astieb, chef-lieu de
canton Astier-sur-VIsle.
Saint-Aubin-d'Eïmet, cant.
d'Eymet Aubin-de-Ca.huzae.
Saint-Bahthéleuy, cant. de
Bussière-Badil Monlagne-sur-le-Trietix.
Saint - Crépin , canton de
Mareuil Colles-sur-Boulou-
Sainte - Croix, canton de
Mareuil L'Union-sur-BeUe.
Saint-Ctphien, chef-lieu de
canton Cyprien-sur-Dordogne.
Saint-FAlix-^'-Boubdeille,
cant. de Mareuil Dujalieux.
Saint-Gbruain, cant.d'Ësci-
deuil Germain-Ferrugineux.
Saint-Getrac, cant. de St-
Pierre-de-Chignac Union.
Saint- JoRY- DE -Chalais, c.
de Jumilhac Chalaix-la-Montagne.
Saint-Louis, cant. de Mus- ( Montagne-Libre- sur-l'Isle
sidan [et Be&uronne.
Sa int-Martial-de- Valette,
canton de Nontron Valette-les-Eaux.
Saint-Mabtin-le-Pin, cant.
de Nontron Le Chêne-Vert.
Saint-Mavhe-de-Peretrol ,
canton de Vergt Pereyrol-la-Montagne.
Saint-Mëdard-d'ëxcidedil ,
canton d'Excideuil Médard- sur- (a-Loup.
(i) Du noiQ de Bar», le lëgsodaire petit tambour.
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iMt Mtnk te OHHM NMt 1 Vif^ h h brrirtiM
Saint-Méhin, canton d'Ex-
cideuil Mont-Mémin.
Saint-Orse, c. deThenon . Orse-le-Pierreux.
Saint-Pahdoux , canton de
Mareuil Commune-sur-Rocher.
Saint-Pantalv-d'Ans, cant.
de Savignac-les-Eglises. . P&ntaléon-le~Bon-Vin.
Saint-Pantaly-d'Exgideuil,
cant. d'Eicideuil. Pantaly-Alb&rède.
Saint-Raphabl, cant. d'Ex-
cideuil Monchemin.
SAmT-SAT)D-LA-C0U88lÈRE,C.
deSt-Pai-doux-la-Rivière. La. Coussièresur-Dronne.
Saint-Sulpice-d'Excideuil ,
cant. de Lanouaille Sulpice-le-Culvaire.
Sainte-Trie, canton d'Exci-
deuil Trie- Argileux.
Saint- ViNCENT-DE-CossE, c.
de Saint-Cyprien Montagne-i
LOT
Bagnac, cant. de Figeac . . . Lac&peUe-Bagna.c.
Baladod, cant. de Martel. . Creysse (1) et Baladou,
GaSTELNAD'DB-MoNTRATIER,
cheMieu de canton Castelnau-la.-Monta.gne.
Souillac, chef-lieu de can-
ton Trente-un-Mai (2).
Saint ' Caphais , canton de
Gazais Bruyère.
BainT'Céré, chef-lieu àe i Franc-Céré.
canton ( Seu-Céré.
Saint-Ckaharand , cant. de
Saint-Germain Beauchamp.
(1) Creyaae eat le nom d'une commune du canton de MarLel située
non loin de celle de Baladou.
[21 Date du la coudamnation des Girondins devant la Convention.
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— 338 —
IbM idicli iti umaua Smi i VifUH h b lAi
Saint-Clair, cant. de Gour-
don Belle-Rivière.
Saint - Dau , commune de
Figeac Ceint-d'E&u.
Saint-Denis-près- Martel,
cant. de Martel Seu-Denis.
Saint-Félix- de-Bannières ,
comm. de St-Michel-de-
Bannières Puy-duTour (1).
Saint-Germain -du-Bel-Aih, j BeHe-P/aiTie.
chef-lieu de canton { Seu-Libre.
Saint-Lauhent- LES- Tours,
canton de Saint-Céré .... Seu- Laurent.
St-Michel- de-Bannières, c.
de Vayrac Seu-Michel.
Saint - Projet , canton de
Gourdon Mont-Libre.
Saint-8auveur-la -Vallée ,
cant. de la Bastide-Murat Puyv&lon.
JOANNÈS PlANTADIS.
(!) Le Puy-du-Tour est un [iiaineloii qui domine la commune de
Saint-Michel -de- Ban 11 ièrcs,
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ALIÉNATIONS
TEMPOREL DE L'ÉVÈCHÉ DE TULLE
EN 1609
Bien que l'aHénation des biens de l'Eglise soit défenduB
ea principe, et même sous peine d'excommunication (1),
les supérieurs ecclésiastiques n'ont pas hésité maintes fois
à vendre ou à donner les calices d'or, les meubles prôcieus,
soit pour apaiser la faim des malheureux, soit pour sau-
vegarder la vie des vaincus et l'honneur des femmes. Ces
aliénations se produisirent sous une autre forme au
XVI' siècle : les troubles religieux de cette époque, en taris-
sant les ressources de la prospérité publique, avaient mis
à sec les trésors de nos rois. Ces derniers, obligés de lever
des troupes pour réprimer les désoiiires causés par les
religionnaires, eurent d'aboi-d recoui-s aux subsides du
clergé ; mais les dîmes et autres revenus ecclésiastiques
étaient bien diminués par la guerre, le pillage, les meur-
tres et les incendies. Il fallut donc recourir aux grands
moyens ; les princes s'adressèrent aux papes et obtinrent
l'aliénation d'une partie du temporel ecclésiastique. En
1568 le pape, à la demande de Charles IX, autorisa une
vente se montant à 50,000 écus ; pareille aliénation fut
permise par Grégoire XIII, en 1576; enfin, en 1586, Sixte
Quint autorisa une vente s' élevant à la valeur de 100,000
écus (2). Il se peut que, durant ces troubles, ii y ait eu
encore d'autres aliénations.
(1) Can. Ntilli liceat, 5, do Rébus eccl. non alien.
(!) Bibtioth. ou Trésor du droit francois, par Laurent Bouchel.
Paris. MDCix. On y lit tout au long !a bullo et les rem outrances que
[es prélats lireiit au roi, verbo Aliénation.
Dijiiizedb, Google
— 340 — .
Quoiqu'il en soit, en vertu des lettres patentes du roi,
à la date du 13 octobre 1568, pour xubvenir aux grands
fraiz qu'il convient faire pour la guerre qu'il a en son
royaume pour la deffance de l& foy catholique.... contre
ceux de la novelle religion, le diocèse de Tulle fut tasé à
2,869 livres. Sur cette somme, la part de l'ëvéché fut de
1,000 livres. L'èvéque, Louis de Ginolhac, ne disposant
pas de ressources suffisantes, résolut de vendre une partie
de son temporel. C'est pourquoi, le 6 avril 1569, parce
qu'il n'a autre temporel que le village du Verdier, pa-
roisse Sainct-Meysans (11, plus incomode, il vendit sou
pacte de rachat à Bertrand Fagerdié, marchand de Tulle,
les rentes suivantes, scavoîr est, froment deux sestiers,
estimés 20 livres, seigle neuf cestiers, valant 75 livres,
plus seigle deux cestiers à bonne mesure la somme de
20 livres, avoine vingt-quatre cesliers à bonne mesure la
somme de neuf vingt douze livres, argent cinquante sofz
vallant cinquante livres, gellines deux cinq livres, foin
deux trousses la somme de trante livres, cline (sic) (2) deux
trousses la somme de vingt livres , œufs de golline cent
la somme de cinq livres, qu'est en toute somme quatre cens
dix-sept livres..., le tout de rante censive et fontière avec
tout droit de justice haulte, moienne et basse, droitz de
fondante et directité, lequel village par entier se con-
fronte avec les villages de Laval, de la Besse, del Pouget
et de Chassagnère, au prix de 417 l. t. L'acte fut passé à
Tulle en présence de Pierre de Bort, sieur du lieu, de la
paroisse de Ginolhac, en Périgord.
Le 4 mai de la même année, le prélat vendit à messire
François de Sainct-Chamenc, chevalier, seigneur et baron
du dit lieu, comte d'Escourailhe en Limosin et Auvergne,
la quantité de 5 setiers de froment, 24 de seigle, 1 d'avoine,
25 sols 9 deniei'S d'ai-gent, 1 geline de rente assise
sur certains faîctz et tenemens nommés del Couderc
dit village del Mur, del Roue, Blandine, Grand Rieu,
e Tulle.
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- 341 —
Chieses et Teyssendier et de Soulhes assis en [a
paroisse de Sainct-Bonnet al Verg{i] et Sainct-Perdoux-
lez-Sainct-Chement (2), au diocèze de Tulle, confronte
auec le faict de Latrelhe, avec la terre del Breuilh et auec
(e faict des Montys, avec le faict de la Parassie et avec
la vigne grande del Teyssendier. Plus sur ung bois appelé
del Teyssendier, confronte avec le champ de feu Jehan
de Soulhes et au bois de feu Jean de Soulhes, ung ruys-
seau en(j"e deux, avec les terres du. faict de la Guilhelmye,
ung ruysseau entre deux, et avec le bois de Secourieu :
neantmoingts sur une terre située au village de Soulhes,
confronte avec le bois du faict de Pargessac et auec la
combe et terre del Teyssendier, et avec ung brossier de
Perassac et avec le chemin public que l'on va d'Esparzi-
Hères à Berautye ; et en outre sur une vigne et vignial
situé au dit village de Soulhes et devers le costé de Sainct-
Bonnet, confronte avec le chemin susdit et auec la vigne
et vignial appelé del Roussel, et avec le chemin public
allant de Secourieu à la croix del Solier par dessoubz ; et
devantage sur ung faict et tenement nommé de Fourche
de Serre en la d. paroisse Sainct-Bonnet el Verg, et en la
terre sivé Combe nommée de Manissanes en la paroisse
Sainct-Perdoux-lez-Sainct-Chemenc joignant ensemble,
et confronte au village de Fourche de Serre, et au faict
del Soustic, au faict appelé des Ortz hautz et avec leurs
autres confrontations, ... auee toutdroitde /'ouda/i(ë(sicl,
directité, droict d'investir et divestir, lauzime, incnaon
et advantage, el desquelz faictz la justice haulle, moienne
et basse, mère et mixte impere et le toutal exercisse d'icelle
en appartenoit au d. sieur baron de Sainct-Chemenc.
La dite vente fut consentie au prix de 380 livres. Les
202 1. restantes furent-elles payées sur les l'evenus dispo-
(t] Aujourd'hui Saint-Bonnet-Elvert, commune du canton d'Ar-
gentat, arrondissement de Tulle.
il) Aujourd'hui commune de Saint- Cb amant, canton d'Ar^ntat,
arrondissement de TuUe.
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— 342 —
nibles de l'évêque, ou bien d'autres leires furent-elles
aliénées? Les archives du château de Larra (Haute-Garon-
ne), qui renferment les deux documents analysés ci-dessus,
ne nous le disent pas.
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LES TRODBLBS BN BAS-LIHODSIN
La pièce dont nous donnons la transcription est
relative à la prévôté de Vayrac. Nous croyons devoir
entrePj à ce sujet, dans quelques explications :
Un certain nombre de biens, situés non loin de
Vayrac, avaient été donnés à l'abbaye de Tulle, vers
937, par Adhémar, vicomte des Echelles. Quelques
années après, en 968, Frotaire, èvèque de Cahors,
faisant la visite de son diocèse, se rendit à Vayrac
où il consacra l'église qui venait d'être élevée par
les soins de Bernard, abbé de Tulle. Il y établit un
monastère, où il introduisit des moines de son
abbaye, auquel il donna le titre de prévôté et qui
fut réuni dans la suite à la mense épiscopale.
Lorsqu'en 1317 l'abbaye de Tulle fut érigée en
évèché, le dernier abbé de Tulle, Arnaud de Saint-
Astier, en fut le premier èvèque. Pour établir les
revenus de son siège^ il garda dans le Quercy un
certain nombre de dépendances, notamment les
églises et la seigneurie de Rocamadour avec Mey-
ronne et la prévôté de Vayrac. C'est de la réunion
de ces trois bénéfices que s'est formée l'abbaye de
Rocamadour, dont le titre fut affecté à l'évêcbé de
Tulle jusqu'en 18U9, époque à laquelle les diocèses
D.g.tizedbyGoOglC
- 344 -
furent de nouveau établis, mais sur des bases dif-
férentes.
Vayrac est aujourd'hui un canton de l'arrondiase-
ment de Gourdon, dans le Lot.
E. Rupin.
Le 30 avril 1584, Antoine Caria, bourgeois de Mai-tel(l),
cofermier de la prévôté de Veyrac, se plaignit à l'évéque
de Tulle, Louis de Ginolhac, que en plusieurs endroictz
de ce pays certains personn&iges, rebelles, mal affection-
nés au bien et repos de la paix et perturbateurs du pu-
blic, puys nyagueres se sont efforcés et c'efforcent jour-
nellement de surprendre certaines places, ch&ste&ux fortz
et villes, et mesmes les villes de Beaulieu (3] et Brete-
noux (3), eslans desja saysis du chasteau et fort de Comi-
nhac (4) est&ns à troys lieues du d. Vayrac où les d.
rebelles tiennent les champs, prennent prisonniers,
mectent toutes contributions, bruslent, viollent, saccat-
gent et commectent toutz actes d'hostellité de guerre
ouverte, comme il est par trop nolhoire au d. pays ; et
parce que la maison et tour du d. sieur prevost pourroict
estre surprise par les dictz rebelles,' comme ils en ont
heu plusieurs aduertissemens certains venans de bonne
part, somment le d. seigneur evesque y pourvoir promp-
tement, ce faysant y commectre de sould&tz à luy affîdés
(1) Uartel, aujourd'hui cheMieu de canton de l'arrondissement de
Gourdon (Lot).
(!) Beaulieu, aujourd'hui cheMieu de canton de l'arrondi sseinent
do Brive.
(3) Bretenoui, aujourd'hui chef-lieu de canton de l'arrondissement
de Figeac (Lot).
(41 Comiac, aujourd'hui commune du canton de Bretenoux, arron*
dissament de Fi^eac (Lot).
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-345 -
pour y faire la guarde de jour et de nuict, attendu que (es
d. fermiers, parles pactes contenus en l'afferme, sont tenus
advertir le d. sieur de faire guarder sa maison et tour,
advenans (roubles et bruict de guerre, comme il v a da ■
fjresant.Malgré la menacede domiuages et intérêts, l'évëque
ne s'émut point et fit regponce que tout ce dessus est faux,
et qu'il pourvoirait à la défense en cas de besoin.
Néanmoins nous avons cm devoir consigner ici un
exposé si pi-écis (1).
(l)Arch. du château de Larra (Haute-Garonne); fonds Gour-
don-Vaillac ou D'Antin de Vaillac; pièce en papier, communiquée
par M. l'abbâ Galabert.
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Dijilizedb, Google
POMMEAUX
DE
Bâtons de Confrérie
Le Musée de Brive possède quatre pommeaux de
bâtons de confrérie, en bois, recouverts de dorure,
mesurant 94 centimètres de largeur sur 33 de hau-
teur, non compris la crois qui devait les surmonter
et qui aujourd'hui a disparu. Une statuette de saint
Jean-Baptiste est placée sous une espèce de pinacle,
entourée de feuillages, dans les volutes dorées de
cet objet religieux. Le saintestreprésentéàmi-corps;
de la main gauche il tient un livre, sur lequel
repose l'Agneau divin. La figure, grossièrement
sculptée, est peinte ; l'ensemble n'offre aucun ca-
ractère artistique. Les pommeaux se terminent par
une douille qui s'emmanchait sur un bâton.
Ces têtes de bâtons de confrérie proviennent de
Turenne, qui possédait une compagnie de Pénitents
blancs, établie en 1711.
Les différentes confréries tiraient leur nom de la
couleur du costume qui était imposé à leurs mem-
bres pendant les offices.
Les Pénitents blancs portaient une longue robe
blanche avec capuche de même couleur qui recou-
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vrait leur tête et leur visage en retombant sur leur
poitrine. Deux ouvertures rondes étaient pratiquées
en face des yeux, et le corps était ceint d'une cor-
delière en laine. Ils avaient une place marquée dans
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les cérémonies religieuses; leur croix était portée
dans toutes les processions^ et leur chant monotone
et voilé, l'étrangeté de leur costume imprimaient
aux solennités où ils Oguraient un caractère étrange
et mystérieux de nature à impressionner vivement.
La confrérie des Pénitents blancs de Turenne
était mise, comme toutes ses semblables, sous le
patronage du Précurseur.
Bien que nous ayons vu plusieurs autres pom-
meaux de bâtons de ce genre en Limousin, à
AUassac, à Saint-Viance, etc., etc., on en retrouve
fort rarement; ils ont disparu presque tous; mais
on en voit figurer dans des miniatures de livres
pieux et dans des tableaux anciens. On remarque
souvent des pierres précieuses enchâssées au milieu
des moulures, des découpures ou des feuilles d'or-
nementation. Quelques-uns sont une petite niche
de forme carrée ou triangulaire dont la coupole est
appuyée sur trois ou quatre colonnes unies ou torse,
souvent avec de petits chapiteaux sculptés. Cepen-
dant, ici et là, le travail ne présente pas plus
d'intérêt [TOur l'art. Les bâtons modernes des chan-
tres, dans certaines églises^ sont les diminutifs de
ceux des confréries, pour la forme du moins.
Dans les cérémonies religieuses de la paroisse,
dans les processions surtout oît les confrères assis-
taient, figuraient les bâtons de la confrérie portés
avec honneur comme des insignes. A Amiens, les
pèlerins de saint Jacques se faisaient même précéder
d'un bâton principal — comme l'enseigne d'une
légion, — dont le pommeau représentait un saint
Jacques assis sur une chaire.
T. XX. 3-3
,y Google
C'est surtout dans les cérémonies du reinage»
appelée le Deposuii, que les bâtons de confrérie
jouent un rôle important. Nous avons déjà signalé
cescérémonies dans notreélude Quelques Reinages
en Limousin (1). Mais cet usage semble général
pour toutes les confréries et à toutes les provinces.
Voici, plus en détail, en quoi il consiste ; le jour
de la fête venu, les confrères se réunissent dans
l'église de la paroisse ou dans la chapelle spéciale
affectée à la confrérie, pour assister ensemble aux
saints offices. Le Magnificat des vêpres étant com-
mencé, à l'approche du verset Deposuit patentes
de sede, les confrères qui portent les bâtons soit
comme roi, reine, soit comme porte-enseigne^
gardes, etc., les déposent et leurs successeurs, qui
avaient, te matin, obtenu les dignités aux enchères,
s'emparent de ces insignes pendant qu'on entonne
Et exaltavit humiles.
11 y avait bien, autrefois, quelques variétés là-
dessus, selon les différents pays; mais, presque
dans toute la France, on avait pensé que ce verset
du Magnificat exprimerait fort bieh l'idée de la
cérémonie : l'un descendait en sortant de charge,
l'autre montait en y entrant, et ils se passaient le
bâton avec les insignes. C'est ce qu'on appelait faire
le Deposuit, comme on disait /îïiVe le pain bénit (2).
(I) Bulletin de la Société higtarique et archéologique de la
Corréie. T. XIII. p. 463.
[!)D3ns les slaluta de la Confrérie de Saint-Jacquea, de t'UOpiul
de Paris, début du xvj* siècle, on lit : * Et après le diner on porte
te b&ton au chœur et là est le trésorier qui chante et fait le Depo-
auil '.
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- 351 —
Nous en trouvons la mention dans des statuts de
confréries limousines dès le sv" siècle.
La coutume s'introduisit de finir ces jours de fête
les vêpres ex-abrupto avec verset sacramentel et
d'entonner immédiatement le Te Deum. Ce qui
nous est montré par les termes d'un des statuts
synodaux du diocèse d'Auxerre du 6 mars 1642, où.
cet usage est condamné (t).
En somme, pour revenir aux pommeaux des
bâtons, on y a vu la réduction ou l'imitation de la
statue que les confrères portaient en procession.
Pour ne point déranger l'exposition de cette statue,
faite avec pompe dans le chœur ou le vestibule de
l'église, le jour de fête, ils en firent une autre et
la fixèrent plus commodément au bout d'un bâton.
Cette image y serait restée et se serait multipliée sur
les pommeaux des bâtons des dignitaires de la
Compagnie. On les orna dans la suite, pour les céré-
monies de corps, avec des fleurs et des rubans.
Louis de Nussac.
(l) Bulletin Monumental. T. X, 1814, p. 447.
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Dijilizedb, Google
ALLASSAC
CHAPITRE PREMIER
LA PAROISSE
Qui peut mieux faire l'histoire d'une paroisse qu'un
prêtre, le constant admirateur des œuvres de Dieu, surtout
si ce prêtre est honoré de la charge pastorale qui lui met
soudain au cœur un zèle ardent pour toutes les âmes si
chèrement rachetées.
Qu'il ait une paroisse déshéritée du ciel, située au milieu
des rochers, des bruyères et des marais : pour peu qu'il y
ait çà et là quelques violettes et de légers parrums de
vertu, soyei sûrs qu'il fera d'elle une brillante peinture.
Qu'il en ait une autre plus belle en apparence, assise
dans un gracieux vallon, traversée par un fleuve paisible
et fertilisant, abritée derrière de hautes et verdoyantes
collines, mais dont la population est toute rongée par
des mœurs détestables, par des luttes intestines et des
tiraillements de tout genre : quel autre que lui en prendra
la défense, lui l'ami de ces pauvres égarés qu'il espère
ramener au bercail ?
Celle d'AUassac, reposant tranquillement au sud du
plateau élevé qui domine les gorges de la Vèzère et qui
sépare brusquement la région froide et stérile du diocèse
de Tulle de sa région méridionale fertilisée par les rayons
d'unsoleilardent, occupe un des plus beauxpostesd'honneur
dans le Bas-Limousin . Elle est au bord d'une riche et
interminable vallée qui va se confondre avec celles de
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Varetz et de Lai-che pour se continuer jusqu'au Midi de
la France. C'est là que vous U trouverez cette belle
paroisse-mère, délicieusement penchée sur un plan incliné
recouvert d'un tapis de verdure aux mille reflets. On dirait
une superbe reine debout sur un piédestal émaillé de
fleurs et de fruits, d'où elle contemple orgueilleusement
le triple rideau de collines échelonnées devant elle et au
premier rang desquelles apparaissent les cinq perles de
son diadème, ses cinq ÛUes chrétiennes, les annexes de
Saint- Laurent , de Sainte-Marguerite, de Brochât, de
Gauch et de La Chartroule.
Mais AUassac ne saurait être une belle paroisse si elle
ne se recommandait par un passé chrétien ; et, pour cela,
il faut que ses titres glorieux soient gravés en caractères
inefi'açables dans ses institutions anciennes, dans ses
monuments antiques, dans ses vieilles coutumes et jusque
dans son langage et dans ses mœurs. En faisant le récit de
ces temps de foi où se déroulèrent tant d'événements
imprégnés du souffle religieux, nous aurons légué à la
postérité des souvenirs qui doivent rester inoubliables,
transmis aux enfants les leçons des pères, et consolidé les
murs de cet édifice social de premier ordre que l'on appelle
la famille. Aussi nous ne nous contenterons pas de définir
son chef-lieu: une ville murée et noire, aux rues tortueuses
et étroites, aux six portes reliées par des souterrains au
donjon du suzerain, lévéque de Limoges, avec une
population de 4,300 Âmes, éparses dans une étendue de
3,799 hectares de terrain. Ce serait trop prosaïque.
0 Non loin de la rive gauche de la Vézére, dit M. J.-B.
Champeval dans sa Géographie historique de ia Corrèze,
celte petite ville, aux mœurs tranquilles et hospitalières,
se montre,- à tout venant, immuablement assise entre
collines et vallons. Elle compense, par le verdoyant aspect
de ses plantureux alentours, la vétusté de ses maisons en
chétive pierre maussade, coifTée, il est vrai, de brillantes
toitures d'ardoise. Quelles agréables demeures, cependant,
d'ardents vigne rons- ma rai cher.i, ne gagnant qu'à regret,
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chaque soir et pourquelques heures, ces retraites mordorées
discrètement par les feux du jour, enchâssées qu'elles
sont dans l'écrin diapré de nombreux vergers. Par
delà, le regard s'épanouit sur de vastes champs au flanc
nourricier, sans cesse ouvert ducilement sous la main du
semeur qui les féconde ».
0 AUassac, nous dit à son tour M. Poulbriére dans son
Dictionnaire des paroisses, la paroisse aux sept églises, a
pour centre une petite ville dominée par une grosse tour
et bâtie sur le penchant d'une colline dans un site
enchanteur. Partout autour d'elle pays bien cultivé, fertile
en beaux aspects, riche en bons vins, en bons fruits. Dans
ce bassin magnifique, le soleil est généreux et la terre
rend au centuple aux laborieux habitants le grain qu'ils
lui ont confié. Des hauteurs d' AUassac on découvre le
panorama merveilleux qui s'éleaddelaplainede St-Vïance
et des gorges du Saillant jusqu'à Drive >>.
Impossible, en eiFet, de n'être pas saisi de la beauté de
ce paysage, nous dit le célèbre touriste Arthur Young. On
dirait un joli petit nid encadré dans une corbeille de
verdure, du sein de laquelle s'élèvent majestueusement
dans les airs la tour féodale et le clocher qui lui servent
de défense et d'abri. Elle ne manque pas d'ailleurs de
coquetterie avec ses vieilles habitations flanquées de
rondes tourelles aux toits en poivrière, avec ses avenues
sinueuses qui semblent toutes se réunir aux portes de
l'église, à genoux et suppliantes.
AUassac, nous dît Mgr d'Argentré dans son Pouillé en
date de 1773, < était une ville du diocèse de Limoges,
comprise comme chef-lieu de paroisse au nombre des
bénéfices-cure relevant de l'Etat et rangée parmi les cures
sécuUères. Elle avait pour vocable la Décollation de saint
Jean-Baptiste ; — était placée sous le patronage des
évéques de Limoges ; — était une des 323 cures auxquelles
nommait ledit évoque ; — était de l'archiprétré de Vigeois
qui comprenait trente-huit paroisses ; — dépendait de
l'ofiîcialité de Brive qui englobait 138 paroisses ; — était
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d'une étendue d'une lieue et demie ; — comptait deux
mille trois cents communiants ; — relevait de la
sénéchaussée d'Uzerche ; — ressortissait du parlement
de Bordeaux comme toutes les paroisses de l'offlcialité
de Brive ; — était des cinq cent trente-deux cures qui
appartenaient à la généralité de Limoges ; — pavait trente
livres de décimes, ce qui était estimé valoir cinq cents
livres, et pouvait être classée au seiiîème rang de la
7" classe ; — avait pour curé Michel de La Chassagne,
pour visiteur l'abbé Serre ofBcial de Brive, et pour
promoteur l'abbé Laval.
De plus nous lui attribuerons dès aujourd'hui, à titre
de simple mention historique, en nous réservant d'y
revenir plus longuement : des origines chrétiennes;...
d'anciennes et charitables institutions;... de grandes
familles seigneuriales;... des pratiques religieuses et
sociales;... de vieux monuments ;... des sanctuaires véné-
rés;...de précieux privilèges;. ..des coutumes locales;. ..des
fondations pieuses;... des illustrations glorieuses;.., des
fonctionnements de seiTices publics;. ..des luttes féodales;
... des querelles religieuses et politiques;. ..des travaux de
défense militaire;... des invasions de pillards;... desdésas-
tres, enfin, causés par la grande Révolution, et les restau-
rations des temps modernes.
Quant à l'origine d'AUassac, elle est naturellement
obscure, comme à peu près celles des autres localités
quand on veut les faire remonter à une date trop ancienne.
Il est pourtant si glorieux, pour une localité et pour une
famille, de pouvoir descendre des temps les plus reculés
du christianisme.
Or, sans entrer dans les discussions des archéologues
modernes concernant le temps où vécut saint Martial,
évêque de Limoges, il est certain que cet apôtre de
l'Aquitaine rendit visite à la famille de Boflignac qui
habitait Allassac, en lui demandant l'hospitalité pour lui
et pour les reliques des saints Innocents. Cette famille
obtint, à cette occasion, la bénédiction du saint pour elle
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et pour sa postérité, et enfin la gi-àce de la conversion à
la foi, comme le disent ses descendants eux-mêmes, qui
s'intitulaient «. les premiers chrétiens du Limousin s,
Voici en effet ce que dit, au sujet de cette conversion,
le bréviaire de Limoges, imprimé sous les ordres de César
de Borgognonibus, 78* évêque de Limoges, vers 1547, en
parlant des voyages de saint Martial qui prêchait l'Evangile
entre Tulle et Brive : « Saint Martial, répandant partout
la lumière du Christ, passa par le château de Rofflgnac et
fut reçu avec toute sorte d'humanité et de courtoisie du
seigneur du lieu. Le saint lui rendit son change, l'instruisit
en la foi avec ses domestiques, et les ayant suffisamment
catéchisés les baptisa et aggrégea à l'Église, ce qui
redonda au profit d'icelle ».
Des lettres anciennes qui rendaient témoignage de ce
fait, nous dit Bonaventure de Saint- Amable, furent
conservées jusqu'à nos jours dans la maison illustre de
Roffignac, laquelle a toujours tenu bon pour la foi et a
donné à l'Église beaucoup de grands hommes, tant pour
l'état ecclésiastique que pour le séculier, ou pour garder
les rangs de la milice chrétienne. Le même historien
ajoute que saint Martial, en baptisant le chef des Rofflgnac,
lui aurait prédit que sa famille ne s'éteindrait pas et que
le premier né, à perpétuité, serait toujours un garçon.
Cette prédiction s'est réalisée jusqu'à nos jours ; et malgré
mille revers et vicissitudes, malgré sa dispersion dans
toutes les parties du monde, cette famille a toujours été
illustre, prenant partout le titre glorieux de Premiers
Chrétiens du Limousin, qui est sa devise et que l'on vit
depuis toujours inscrite sur l'étendard de la paroisse.
On ne peut donc plus douter de l'ancienneté d'Allassac,
qui était paroisse Alaciacus parochia dés L'an 948, nous
dit M. Champeval, et qui était connue, sinon comme ville,
du moins comme lieu en 572. Plus tard nous la voyons,
avec le titre de cure primitive en l'archiprétré de Vigeoîs,
à la pleine disposition de l'évêque de Limoges, en 1300,
en 1471, en 1641 et en 1785.
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Le curé, qui s'appelait d'aboi-d Capellanus de All&ssaco
episcop&lis, s'intitulait ensuite, en 1267, Bajulo episcopa.lis
Lemovicensis ; en 1286, il se disait congruiste ; en 1296,
il se qualifiait de prévôt, et en 1641, de titulaire du
prieuré-cure.
En 1367, la cure d'AlIassac est dite placée en ville murée
sous le vocable de saint Jean-Baptiste décollé.
En 1372, nous voyons un Hugues de Châtras s'engager
à protéger le curé d'Atlassac, qui était Pierre Chatonha,
et à garantir son église contre tout dommage. En 1481,
nous voyons la cure annexée à la mense épiscopale, à
laquelle les dîmes générales de la paroisse rapportaient
un revenu annuel de quinze cents livres tournois.
L'évêque de Limoges était donc le principal seigneur
décimateur de la paroisse en qualité de prévôt ecclésiastique
d'AlIassac, mais il n'était pas le seul, A titre de donations,
de fondations ou de services rendus, bien d'autres
congrégations y avaient acquis des droits seigneuriaux,
des possessions ou des rentes. Contentons-nous, pour le
moment, de citer les abbayes de Saint-Martial de Limoges,
de Saint-Martin de Tulle, de Vigeois.du Palais, d'Obazine,
de Beaulieu, de la Règle, d'Eymoutiers et de Brantôme ;
les commanderies du temple de Mons et de Lavinadiére ;
les Feuillants, les Cordeliers, les Augustins, les Chartreux ;
les prévôts de Rosiers, de Maziôre et d'Agudour ; les
chapelains de Saint-Georges, le prieur de Perpezacle-Noir,
te séminaire de Limoges, le recteur de Saint-Julien de
Tulle.
Parmi tous ces codécimateurs, quelques-uns remontent
à une haute antiquité, notamment les abbés de Beaulieu,
de Saint-Martin de Tulle et de Saint-Martial de Limoges.
M. Deloche nous apprend que les première reçurent, en
876,dcla[ibèralité de Charles le-Chauve,parrintermédiaire
de Frottaire, archevêque de Bourges, le village de
Saillant-Vieux, qui s'appelait Orbaciacus, et qui dépendait
du domaine royal. — M. Champeval nous dit des seconds
qu'ils possédaient déjà des rentes sur le village de Vinzélas,
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puisque, en 947, ils faisaient concession au vicomte de
Sëgur d'une vigne qu'ils y possédaient. — Quant aui abbés
de Saint-Martial de Limoges, tout indique qu'ils furent
les premiers et les plus puissants seigneurs ecclésiastiques
d'AUassac, la famille de Roffîgnac ne pouvant assez se
rappeler ni payer trop cher le bienfait de sa conversion.
Aussi le vieux plan de la ville lui assigne-t-il le premier
rang dans son enceinte fortifiée en donnant la place la
plus rapprochée de l'église au château, à la porte et à la
rue de Saint-Mai'tial. Nous savons d'après cela que ses
abbés y possédaient une ancienne chàtellenie . Et si les
évéques de Limoges y avaient la haute et double suzeraineté,
nous ne serions pas éloigné de croire qu'elle leur avait été
transmise par ces abbés. Nous n'en voulons pour preuve
que les deux hommages rendus, l'un en 1538 par noble
Marguerite de Lossa, dame de Ghabirand (1), l'auti-e en
1542 par noble Gilbert de Roffignac [3) pour une terre et
une part de justice provenant de l'abbé de Saint- Martial.
Ce sont là, on le comprend, comme des pierres de granit
appliquées au fondement et au corps de l'édifice dix-neuf
fois séculaire de la foi, et qui lui communiquent d'autant
plus de solidité qu'elles ont été durcies par le temps,
défiant la moisissure et la dent des corrosifs. Faut-il
s'étonner maintenant que chaque groupe important de
fidèles de la paroisse ait voulu son oratoire, ses prêtres,
ses saints patrons, ses fêtes religieuses, ses reliques, ses
confréries, ses processions et ses bannières, laissant au
chef-lieu le soin d'élever des maisons hospitalières et
scolaires pour le double exercice de la charité fraternelle
envers les infirmes et envers les enfants. De là l'origine
de fondations de bénéfices, de legs, de vicairies et de
rentes pour assurer le traitement des prêtres ou des
instituteurs, pour entretenir spécialement les choses
nécessaires au service des autels ou des chapelles. L'exemple
(1) Arck. dép. de Limogea, Fonds de l'ËvËchâ.
(2) ArcA. de Lamaze.
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de ces fondations fut donné premièrement par tes ministres
du culte ; mais il fut suivi ensuite par les maisons
seigneuriales de l'endroit. C'était à qui occuperait une
place spéciale dans l'église d'Allassac et la comblerait de
plus de libéralités. C'était à qui serait la plus empressée
pour se choisir un âlleul adoptif parmi les prêtres
originaires de la paroisse. C'était enfin à qui se disputerait
l'honneur de garantir l'instruction chrétienne des enfants
du peuple.
Nous Toyons un clerc, Jean Lacoste, faire don, en 1273,
d'une livre de cire pour la chapelle de Notre-Dame, et
autant pour la chapelle de Saint-Georges. — En 1339,
quatre vicairies furent fondées par le patriarche, Guillaume
de Chanac, en sa chapelle. — Kn 1343, une vicairie fut
fondée au grand autel par Guion de Laporte, et, en 1500,
elle avait pour patrons laïques les seigneurs des Cars. —
En 1344, Pierre de Chanac fondait une cinquième vicairie
en la chapelle de la famille. — En 1372, à l'autel de
Saint-Martial et de Sainte-Valérie, était fondée une
vicairie par la famille de Lasteyrie. — En 1384, le cardinal
de Mende, Guillaume de Chanac, faisait des legs au curé,
au vicaire et aux quatre chapelains de Saint-Georges
d'AUassac où était la sépulture de ses ancêtres. — Nous
entrerons dans de plus longs détails sur ce sujet dans un
chapitre spécial. Il suffira de savoir que les autres grandes
familles, les de Couzagues, les Dumirat de La Tour, les
de Rofflgnac s'étaient constamment inscrites au nombre
des bienfaitrices de l'église d'AUassac. Ce qui le conûrme,
c'est que leurs derniers descendants, les du Saillant, les
Pradel de Lamaze de Roffîgnac, les de Lansade de Chanat,
les de Chiniac, les Dumas de Payzac, y jouissaient encore,
en 1773, du droit de chapelles privées (I).
Mais après toutes ces maisons ecclésiastiques qui
entouraient d'un si grand éclat le palais seigneurial de
i'évêque de Jjimoges, à Allassac, complétant, par leurs
II) Dictionnaire géographique de M. Champeval.
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services éminents, ses droits et ses titres à ia suzeraineté,
venaient prendre place les puissaDtes familles de l'endroit,
escortées de bien d'autres du Haut et du Bas-Limousia.
C'était le temps de la féodalité, régime disparu emportant
avec lui le principe de l'autorité divine d'où découlaient
toutes les autres. On s'étonne aujourd'hui de cette
organisation sociale du Hoyen-&ge ; et pourtant il était
bien beau de voir de grands seigneurs s'incliner respec-
tueusement devant de modestes supérieurs spirituels. On
pouvait assister alors à ce spectacle consolant de pieux et
jeunes chevaliers chevauchant de clocher à clocher, à côté
de leurs dames, suivis de leurs pages, et s'arrétant au
vestibule des églises pour saluer celui qu'ils regardaient
comme le roi des rois.
Animés de cet esprit, il leur en coûtait peu de se ranger
sous l'étendard de leur évéque, heureux de partager avec
lui ou de recevoir de lui, non seulement la seigneurie des
difTérents Uefs de la paroisse, mais le titre d'ouvriers
auxiliaires pour l'œuvre admirable du triomphe de l'Église
et de la moralisation du peuple. La liste de ceux qui se
succédèrent jusqu'au dernier siècle dans cette terre
chrétienne est vraiment honorable et imposante. Il nous
suffira de nommer, parmi les plus marquants, ceux
des familles de RoSignac, de Comborn, de Malbernard,
de Chanac, de Monceaux, du Saillant, de Lasteyrie, de La
Tour, de La Porte, de La Bastide, de Peyrusse des Cars,
de Corbier, de Cote-Bernard, de Dumas de Peyiac, de
Gouzages, de La Renaudie, de Pompadour, de La Marche,
de Pradel de Lamaze , de Hugon de Saint-Martial , de
Saint-Angel, de Saint- Victour, de Brueil, de Rivière des
Borderies, de Lachassagne, de Chiniac, de Vaublan, de
La Gorsse de Maslaurent, de La Motte, de Merlhac, de
Charriére.deVerdier, d'Eyzat, de Pourcher.d'Alby, Dubois
de Bruchard, de Vay ne, de Foucher, de Nayne, de St-Hllaire,
d'Armand de Mugus, de Bousquet de Saint-Pardoux,
d'Escoraitle, de La Guyonie, de Lansade, de Raynald, de
Guilhon, de Cbabirand, d'Aguiret, du Pouget, de Mazoyet,
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de Foucaud, de Bai-dicon, de I^ Morëlie, de Chati-as, de
Saint-Urcisse, de Lavât, de Ciorat, d'Hautefort, de La
Jugie, de Bouchiat, etc., etc.
Ce serait le cas mainteDant, pour donner une idée exacte
de l'importance et de l'étendue de la seigneurie des ëvéques
de Limoges, 4 Allassac, de relever le nombre des châteaux
qui en dépendaient au xv* siècle. Cette liste, qiie nous
avons puisée dans le Fonds de l'évêché de Limoges,
n" 1444, est beaucoup trop longue pour être placée ici,
puisque sa troisième partie, composée de âefs qui sont
englobés dans le diocèse de Tulle seul, en comprend au
moins deux cent cinquante, au milieu desquelles se
dressaient des maisons châtelaines.
Mais ce qui doit pour le moment fixer notre attention
dans ce long défilé de seigneurs subalternes, rangés
docilement sous le sceptre de leur grand suzerain temporel
et spirituel, à Allassac, c'est la part importante et fonda-
mentale que prirent, à l'origine, deux d'entr'eui pour
former et faire resplendir dans la paroisse cette majes-
tueuse et souveraine autorité . De même que les de
Roffignac avaient comblé de leurs faveurs, enrichi de
leurs trésors et couvert de leur protection les abbés de
Saint-Martial de Limoges, les de Comborn s'étaient
appliqués à prodiguer à leurs évêques les plus respectueux
égards et les devoirs les plus filiaux.
Les évéques, comme on s'en doute bien, ne pouvaient
accepter ces déférences d'un air froid et indifférent. En
accepiantlepalronage temporel desfiers vicomtes, ils étaient
heureux de leur accorder en retour leur patronage spirituel.
De sorte qu'il y avait entre eux comme un échange
continuel de bons procédés. Ne serait-ce pas à ces bons
rapports qu'il faudrait attribuer la cause de la donation
très ancienne, faite par les seigneurs de Comborn aux dits
évêques, de la terre d'Allassac, avec le droit de régale
qu'ils avaient exercé sur elle pendant les vacances du
siège épiscopal de Limoges? Ce droit régalien, qui était
considéré comme inhérent à la royauté, leur donnait, on
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sail, au point de vue temporel, le droit de percevoir les
revenus de l'évêché, et, au point de vue de la juridiction
ecclésiastique, le droit de nommer aux chapelles, aux
prébendes et à tous les bénéfices simples qui étaient à la
collation de l'évêque et qui venaient à vaquer avant la
prise de possession des nouveaux prélats. A vrai dire, cette
donation, que M. Henri de Montégut semble rapporter aux
temps les plus reculés, nous parait un peu étrange,
puisque l'Église n'avait cessé, avant le xi' siècle, de
recommander au clergé et au peuple des divers diocèses
de veiller à ce que, selon les lois divines et humaines, les
biens meubles et immeubles des évoques défunts fussent
réservés à. leur successeur seulement, futuro reserventur
episcopo. M. E. Fage vient nous en donner une explication
dans son Mémoire relatif au rachat de la vicomte de
Combom, en nous disant que les évêques de Limoges, à
leur tour, wice versa, tenaient la vicomte de Gomborn,
lorsqu'elle tombait en commise (si sit commissa de
vicecomilatu) jusqu'à ce que la commise fût levée (sospiia;.
Et lorsque plus lard, vers 1374, un évêque de Limoges,
Aymeric Chati de La Goulhat, eut acheté la vicomte du
seigneur de Brur^c, beau-frère d'Archambaud X, en
commun avec son neveu du même nom, époux de Margue-
rite Flamenc de Gomborn, seule héritière, ses prérogatives
et celles de ses successeurs s'y accrurent considérablement.
Ils y eurent alors droit de péage, de leyde et de comport.
Ils y possédèrent des domaines, des redevances et une
foule 'd'avantages qu'il serait trop long d'énumérer, parmi
lesquels les hommages des grands vassaux (t).
Il va sans dire que les seigneurs du Saillant de Lasteyrie,
après avoir acheté, en 1649, le droit en partie qu'avait
Henri de Pienebuffière sur la vicomte de Gomborn,
voulurent rentrer en possession complète de ce vaste
domaine. Ils se rései'vèrent surtout le droit de régale
comme un des plus importants. Aussi prétendaient-ils
(1) Bulletin, Société de la Corrèie, octobre 1886.
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faire exercer la justice en leur nom dans 1& terre d'AUassac,
lors de la vacance du siège épiscopal de Limoges. Nalurel-
tement ce droit leur fut énergiquement contesté par les
dits évéques, mais maintenu, malgré cette opposition,
jusqu'en 1789, par divers arrêts du parlement de Paris.
En somme, la seigneurie ecclésiastique d'Allassac,
quoiqu'elle ne fût pas d'un seul tenant et que ses fiefs
fussent disséminés un peu partout, était une des plus
richement possessionnée et le disputait même à celle des
vicomtes de Limoges. C'est grâce à. elle que le Limousin a
fourni à l'Église de France un grand nombre d'évéques.
On en compte une quarantaine au xiv* siècle et environ
vingt-cinq au xv* siècle , qui appartenaient presque tous
aux familles de Rochechouard, de Gros, de Pompadour,
d'Aubusson, de Ghanac et de Comborn (1).
C'est le cas maintenant de parler des illustrations de
cette paroisse, car ses principales maisons voulurent être
grandes non seulement par l'élévation de leurs donjons
mais encore par la distinction de leurs membres.
i^a première d'entr'elles, qui aurait pu se contenter de
la noblesse de son origine et de la gloire acquise par les
rameaux d'or détachés de sa tige, voulut orner son disque
de ses propres rayons. On vit donc, en 1008, un Bernard
de Rofilgnac devenir prieur claustral de l'église de Tulle ;
— un autre, du même nom, y remplir les mêmes fonctions
en 1092(2) ; — un Raynald élu à l'unanimité, en 1114,
abbé d'Uzerche, par les moines de cette abbaye (3) ; — un
autre Raynald, chevalier, nommé chambellan du rcii, en
1400 (4) ; — un Hugues, évèque de Limoges en 1418, mort
en odeur de sainteté, le 25 janvier 1470, et rangé par Le
Gros au nombre des saints du Limousin ; — un autre
Hugues, nommé évoque de Reims, au dire de l'abbé
(t) Géographie du Bat Limoutin, d'Alfred Leroux.
(3) Bulletin archéologigue de Brioe, 1894, pp. 266-67.
(3) Chronique de Geoffroy de Vigeois, p. 57.
(4) Aroliivcs de la ramille de Lamaze.
Dijiiizedb, Google
— 365 —
Poulbrière, en 1427 ; — »n Jean, chevalier, commis par
les Etats du Bas-Limousin pour faire la répartition de
l'impôt en compagnie des commissaires nommés par le
roi en 1438 (!) ; — le même Jean, choisi comme témoin à
un hommage rendu au couvent de Saint-Martial de
Limoges par Pierre de Beaufort comte de Turenne, pour
le château de Turenne et toute la vicomte (2) ; — un
Bertrand, prévôt de la cathédrale de Rieui, en 1455, et
évéque de Barlat en I46I (3) ; — un autre Bertrand, abbé
de Terrasson, qui présidait une assemblée conventuelle
dans son église abbatiale, en 1494, et avait Tait reconstruire
le monastère, l'église et le château abbatial de cette ville
détruits dans les guerres des Anglais (4) ; — un Hugues,
abbé de Terrasson en 1514 et protonotaire apostolique,
qui avait développé le commerce, richesse aujourd'hui de
cette localité, en obtenant de François 1" la tenue d'un
marché par semaine et de quatre nouvelles foires, faisant
valoir dans sa requête que l'abbaye était fort importante,
de fondation royale et assise en un lieu très fertile (5) ; —
un Raynald, abbé de Vigeois en 1514, et Bernard, prieur
du monastère de TuLle (6) ; — un Christophe, président
du parlement de Bordeaux en 1574, qui avait marié sa fille
Madeleine avec Gabriel de Veilhan, l'un des capitaines de
l'époque (7) ; — un EUie, écrivain, qui laissa un livre de
raison en 1578, où il parlait beaucoup des élections pour
les Etats généraux du Bas-Limousin, et des efforts tentés
par plusieurs gentilshommes de la conti'ée afin d'épargner
à notre pays les hon-eurs d'une guerre civile, et, enfm,
recevait commission, en 1588, pour la construction de
fortifications, à AUassac, dans le but de défendre les
(t) Elali provûiciaux, Antoine Thomas, p. ^^S.
(2) BuUelin arc/i. de Brice. 1885, avril, p. 349.
(3) Gallia Chriêtiann.
(4) Vie de iainl Sour, Pergot, p. 332.
(5) Jdem.
(6) Baluîe, BuUelin arcA. de Brioe, 1889. p. 485.
{l)BuU. arch. de Brioe. 1801, p. 254.
T. XX. 2 - ,
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Catholiques contre les ProtedUnts(l) ; — un abbé Henri,
docteur en théologie et en droit-oanon de l'Université de
Paria, excellent orateur, qui condamna d'erreur et de
fausseté, en 1663, les prétendus rërormés du Bas-Limou-
sin {2).
La famille de Ghanac, une des plus anciennes et des
plus considérables d'Allassac, revendiqua sa part de gloire
et de splendeur, comme on pourra s'en convaincre par la
liste de ses membres illustres. En télé, nous voyons un
Guillaume assister, en 1 193, à une déclaration par laquelle
l'abbé de Marcillac, en vertu d'un mandement du pape
Célestin, renonçait avec tous ses religieux, en faveur du
monastère de Tulle, à tous les droits qu'ils pouvaient avoir
sur l'église de Rocamadour (3) ; — Pierre, élevé dans
l'abbaye de Saint-Martial de Limoges, en devenir chanoine,
puis grand of&cial de l'église de Saint-Etienne, passer
avec la même dignité au chapitre de Notre-Dame de Paris
et enfin être nommé abbé de Tulle oii il mourut en 1326 {4} ;
— autre Guillaume, qui fut successivement archidiacre
de Paris en 1329 et évéque en 1332, puis patriarche
d'Alesandrie. Joignant le patriotisme au zèle pastoral, il
fonda dans sa maison de la rue de Bièvre, à Paris, un
grand collège pour l'instruction des étudiants de son
diocèse et du Limousin, réservant des bourses spéciales
pour ces derniers (5) ; — Pierre, frère du précédent et père
de huit enfants, dont quatre furent consacrés à l'Église:
Bertrand, moine de Saint-Martial de Limoges ; Gilbert,
moine d'Uzerche ; Bernard, moine de Tulle, et Foulques,
qui suit, évéque de Paris (6) ; — Foulques, qui fut doyen
de Beauvais et évéque de Paris, où il mourut en 1349 (7) ;
(I) BuUelin arch. de Drive, 1893. p. 343.
(ï) Géographie du Limouiin, Leroux, p. 131.
(3) Bulletin arch. de Brioe, 1895, p. 314.
M) Idem, année tSfKI.
(5) Arbellot, Biot/raphie de» homme» illustre*.
(6) Archive» de Pompadour, de Nussac,
Oi Roy de Pierrelille, Nobiliaire du lÀmoutin.
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— 367 -
— aulre Guillaume, élevé dans l'abbaye de Raïnt-Martial
de Limoges, oit il devint docteur en dioit-canon, puis
chefciep. Il fui ensuite piieur de Longpont et de Vézelais,
abbé de Saint-Florent de Saumur, évéque de Chartres en
1368, transféré à l'ëvéché de Mende en 1371, et, la même
année, fait cardinal par le pape Grégoire XI (1) ; — Bertrand,
qui fut rlerc de la chambre du pape Clément VI en 1344,
archidiacre d'Ayde en 1350, archevêque de Bourges en
1374, patriarche de Jérusalem en 1382, administrateur de
l'évèché du Puy en 1383, fait cardinal, en "l385, par
Clément VII (2) ; — Guy, qui fut évêque d'Autun en 1345(3)
— Souveraine, qui fut abbesse de la Trinité de Poitiers
en 1384 (4) ; — Gerald, qui fut abbé de Saint-Martial de
Limoges vere 1380, et André, son frère, qui fut abbé de
La Chaise-Dieu (âî ; — autre Foulques, qui fut évéque
d'Orléans où il mouiut en 1394 (6) ; — enlin, Lambert,
dont nous parle Esliennot, dans ses Fragments d'histoire
d'Aquitaine, qui fut professeur en l'un et l'autre droit, et
d'illustre mémoire.
La famille de La Porte, qu'on Ûxe en maints autres
endroits qu'A Allassac, quoiqu'elle s'y soit greffée depuis
de longs siècles sur la noble tige des RofUgnac, s'y est
distinguée par la vertu et le mérite, comme l'attestent les
dignités ecclésiastiques dont furent honorés ses représen-
tants. Geoffroy, fils de Pierre, qui portait de gueules à la
croix d'or, et de Marguerite de Rofiignac, fut d'abord
chanoine de Saint-Etienne de Limoges et ensuite pourvu,
par lepape Alexandre IV, du riche bénélice de l'archiprétré
de Lubersac où il fut installé, en 1261, par Mgr Aimeric
de Serre de Malemort(7).Sonneveu, Hegnaud, fut d'abord
(1) Dictionnaire des grands hommes, Roy de Pierrefitte.
(2) Idem.
(3) De Nussac, Archioe» de Pompadour.
(4) PoulbriËre, Dictionnaire des Paroitie».
(t) Fouillé de Nadaud.
(6) Roy de PierreBtte, Nobiliaire limousin, p. 435
(7) Cartitlaire de fëi-écW de lÀmogea.
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chanoine de Limoges, puis archidiacre de Combraille,
chanoine de Puy-en-Velay et vicaire général de ce diocèse.
Le 15 novembre 1294, les suiTrages du clergé et du peuple
l'appelèrent au siège èpiscopal de Limoges. Benoit XI le
nomma conservateur des privilèges de l'ordre de Saint-
Dominique, dont il établit un couvent à Saint-Junien. Le
dernier jour de décembre 1316, il fut transféré à l'ai-che-
vèché de Bourges : en I3S0, il fut fait cardinal du titre
des saints Nèrëe et Achillée, et l'année suivante évéque
d'Ostie. En 1335, il mourut à Avignon, et son corps, porté
A Limoges, fut inhumé dans la cathédrale au côté droit
du grand autel. On ne pouvait lui rendre un honneur plus
mérité, car non seulement ce magnifique édifice avait été
l'objet de tous ses soins pendant son épiscopat, mais on
sait qu'il n'avait cessé d'inspirer au clergé limousin
l'amour des sciences et des lettres (1), Nous le voyons
encore figurer dans une liste chronologique des abbés de
Meymac avec une recommandation spéciale pour son
anniversaire : c R&yn^l La Porta, cardinal de Ostid,
layset XX sols k far son Anoal, etc. ». Ce fut le temps,
d'ailleurs, le plus glorieux et le plus prospère pour sa
famille et pour lui à Allassac ; car, tandis que ses frères
en étaient les grands seigneurs, ils lui rendaient hommage
pour sa part des seigneuries de La Motte, de Villeneuve,
de Verdier, de la Geneste et de Pradelt2). — Son père,
Guy, en 1295, tenait l'arahiprétré de Lubersac à titre de
commende. U possédait, au même titre, l'abbaye de Vigeois
en 1S98, et celle de Saint-Martial de Limoges en 1301, par
la protection de haut et puissant duc Arthur de Bretagne,
vicomte de Ségur et de Limoges. Ce fut sous lui qu'en
1317 Philippe-le-Bel céda à Henri de Sully, grand Bou-
teiller de France, la baronnie de Bré, pour laquelle le
comte Etienne de Lubersac, par le plus humiliant vasselage,
prêta serment de foi et d'hommage au nouveau baron (3).
(1) M. Aussoleil, Archities d'Uierche.
(2) Notice par A. de \a. Porte, et Carlul. de Véoéché de Limoget.
(3) BuUeUn arch. de Brioe, 1688, p. 579.
dbyGoOt^lc
La famille de Lasteyrie, qui a pu résider à certaines
époques à Comborn et au Saillant par suite de l'acquisition
de ces seigneuries, est originaire de la paroisse d'AUassaC)
où s'est définitivement établie la branche cadette après la
dispersion des membres de la branche aînée. D'une race
d'ancienne chevalerie, cette famille rendit des services
distingués à son pays et elle en fut grandement honorée.
Pierre, son premier i-eprésentant connu, fut pourvu de
l'ordre de chevalerie en 1250, sous saint Louis, qu'il
suivit, dit-on, en Terre-Sainte (2). — Son fils Géraud,
chevalier comme lui en 1330, fut bachelier en droit et
sénéchal de l'église de Saint-Julien et même de Limoges (3J.
— Gui, son fils, chevalier aussi, fut docteur ès-lois en
1365, puis maître des requêtes du duc d'Anjou, sénéchal
de l'évéque de Limoges, capitaine du Rouergue et conseiller
du roi Charles V. Député par lui, en 1379, à la vilte de
Montpellier pour la levée d'un nouveau subside, il y fut
assassiné. Auparavant, il avait acheté le repaire du
Saillant, de la maison de Comborn, en 1371, y avait fait
bâtir, croît-on, le château qui subsiste encore tout
démantelé, et s'était intitulé fièrement marquis du Saillant
avec des armes chrétiennes, portant l'écu droit écartelé
aux I et 4 A l'aigle d'or des Lasteyrie, aux 2 et 3 emmanché
en pal de trois pointes, le tout inscrit dans un trilobé dont
l'image de la Vierge avec l'Enfant Jésus occupait le
supérieur, tandisquedeuxangessupportantl'écu occupaient
les deux latéraux (4), — Son frère, Raynaud, était écuyer
du roi Charles VI en 1380. Comme il tenait le parti du roi
avec les Anglais et le vicomte de Comborn contre les
Bretons, ceux-ci firent le siège ,de la forteresse de Comborn,
l'escaladèrent et se saisirent de son défenseur, Archam-
baud X. Raynaud l'ayant reprise de nouveau sur les
Bretons, demanda à l'évéque de Limoges, dont il était le
(1) Bulletin arch. de Brive, 1363, p. ST9.
(2) Nadaud, Nobiliaire du LiTn»usin.
(3) Idem.
{i) Bibliothèque nationale, mss. Pièces originale», l^aleyrie.
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— 370 —
capitaine et de qui le cltûteau était tenu, à ce qu'il lui fut
rendu au prix de quinze cents livres t}. — Bertrand est
qualifié de noble et puissant homme, créé du nombre des
TÎngt-cinq chevaliers de l'ordre du Camail par Charles,
duc d'Orléans, frère de Louis \II, en 1445. Il reconnaît
que l'évéque de Limoges, comme ses prédécesseurs, a les
clefs duchâteau d'AlIassac et de la porte Saint-Martial, et
qu'il eo Domme les capitaines (2, . — Geoffroy, genlilfaomme
ordinaire de la chambre du roi Henri IV, ser\'it sous
Henri II, Charles IX et Henri III, lut chevalier de
l'ordre du roi en 1570, et mourut, en 1596, après 70 ans
de services ^3,. — Jean, gentilhomme ordinaire de la
chambre du roi Henri IV en 1596 '4,. — Antoine, marquis
du Saillant, vicomte de Comborn, baron de Vergi- et
d'Ussac, coseigneur d'AUassac, capitaine d'une compagnie
de chevaux-légers en 1667, et grand sénéchal du Haut et
Bas-Limousin '5). — Jean-Baptiste-Claude, comte du
gaillaot, marquis de Saint-Viance, vicomte de Comborn,
coseigneur d'AUassac et de Voutezac, grand sénéchal du
Haut et Bas- Limousin, capitaine de cavalerie au régiment
royal-étranger en I6î)8 el chevalier de Saint-Louis (6). —
Charles-NoSl, mousquetaire du roi en 1696 et grand
sénéchal du Haut et Bas-Limousin en 1729 {7). — Jean-
Claude, capitaine de dragons au régiment de Noailles en
1750; grand sénéchal du Haut et Bas-Limousin, demande
l'honneur de monter dans les carossps du roi (8). — Jean-
Charles-Louis-Gaspard, grand sénéchal du Haut et Bas-
Limousin, fut maintenu par arrêt du parlement de Paris,
1768, dans la jouissance des revenus des terres d'AUassac
(I) Bulletin arch. de Tulle, IKSf., p. WD.
(!) Nadaud, Fond» de l'éi;èché de Limoge».
(3] Nadaud. yobiliaire du Liuioutin.
(4) Idem.
(5) Idem.
(6) Idtm.
(7) Idem.
(8) Idem.
,y Google
— 371 —
et de Vouteiac, et leur justice durant la vacance du siège
épiscopal de Limoges. Il avait épousé, en 1763, la sœur du
grand orateur de Mirabeau (I). — Jules, petit-fils du
précédent, était membre de l'Assemblée nationale en
1775 et sénateur inamovible en 1776. Il avait quitté le
Saillant et cédé à la branche cadette l'honneur de continuer
dans le pays les nobles traditions de la famille. — Charles-
Philibert, comte du Saillant, né en 1759 et marié en 1"96
avec sa cousine Marie-Geneviève, flUe de Gharles-Louis-
Gaspard et d'Elisabeth -Charlotte de Mirabeau, fut un des
hommes les plus célèbres et les plus importants de la
première moitié de ce siècle. Philanthrope, penseur,
agronome, littérateur, artiste, industriel, propagateur de
l'instruction, philosophe chrétien et libéral, il s'employait
avec une activité dévorante à tout ce qui pouvait faire
fleurir les sciences, les arts, l'industrie et le commerce,
tout en moralisant et civilisant le peuple. Les cent et
quelques publications qu'il a laissées, et qui répondent à
toutes ces aspirations, montrent assez quelles étaient les
ressources de cet esprit d'élite. — Son fils, le comte
Ferdinand-Charles- Léon de Lasteyrie, archéologue et
homme politique; esprit libéral éminemment distingué,
fut le collaborateur de son père dans ses œuvres si utiles
et a laissé un nom estimé dans l'histoire politique et
artistique de la France. Il servit d'aide-de-camp au général-
de Lafayette en 1830; fut député de la Seine en 1842 et
membre de l'Académie en 1860. — Robert, engagé volon-
taire aux Mobiles de la Corrèze, fut grièvement blessé au
combat de Thorigné en 1871, nommé capitaine et décoré
de la Légion d'honneur. Il fut ensuite attaché à la direc-
tion des Beaux-Arts, aux Archives nationales, à la chaire
d'archéologie de l'École des Chartes; devint ensuite membre
de la Société des Antiquaires de France, du Comité des
travaux historiques, de la Commission supérieure des
Monuments historiques, membre de l'Académie des
(t) Nadaud, Nobiliaire d^ l^imoutin.
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- 37y -
I nscripliong et Belles- Lettres. Il entra dans la vie politique,
en 1880, comme conseiller général de la Corrèze, comme
conseiller municipal el maire d'Allassac, et fut élu député
de la Corrèze en 1893.
Nous voudrions pouvoir assigner dans la paroisse une
place distinguée aux Dumirat de La Tour, que nous voyons,
dés le iiii' siècle, rendre hommage aux évéques de Limo-
ges en qualité de coseigneurs d'Allassac ; mais il y acqui-
rent peu de célébrité. C'est à peine si noua en voyons
deux occuper des emplois relevés. Un Bertrand fut bien
doyen du chapitre de Tulle et officiai du diocèse en 1628;
un autre, Dominique, fut choisi par le roi pour gouver-
neur de la ville de Tulle en 1696 (1) ; mais ce fut là tout.
Nous savons seulement qu'ils étaient très nobles et très
chrétiens, possédant chapelle en l'église où ils avaient
litre, droits seigneuriaux et tombe ; et, de plus, qu'ils
étaient pourvus de rentes sur le fief de La Tour, portant
fièrement dans leur blason : écartelé aux 1 et 4 d'argent,
à un arbre Rrraché de sinople, fûté de sable, fruité de
gueules et accompagné en chef de trois étoiles de même;
aux 2 et 3 d'azur, à la tour d'argent, maçonnée, crénelée
et ajourée de sable (2).
Nous devons quelques mots élogieux à la famille de
Malbernard, une des plus anciennes de la paroisse et dont
les représentants commencèrent A se distinguer dés le
XIII* siècle. L'un d'eux, en effet, fondait, en 1230, le couvent
des Cordelière de Donz-enac avec six prêtres et deux con-
vers (3). — Un autre, Reynald, réglait, en 1279, un différend
entre l'abbé de Tulle et celui d'Obazine (4). — Pierre,
professeur ès-lois et coseigneur d'Allassac, plaidait dans
un procès soulevé entre l'évéque de Limoges, Gilbert de
Malemort, et les autres coseigneurs d'Allassac, sur la
(Ij Papiers de la famitl« Lespinassc de Saint-Laurent.
(3) Abbé PoulbriÈre, Dictionnaire des Paroisses.
(3) Bull, arckéol. de Brioe, IB03, p. 227.
(A) Champeval, Cariulaire de l'abbaye de Tulle.
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- 373 —
question de la connaissance des chevaliers et damoiseaux
de la paroisse que ledit évéque disait lui appartenir [I). —
Bigal, qui fut évéque d'Eduensi en 1359 ; — Jean et autre
Jean, qui étaient désignés sous le titre de chevaliers, l'un
en 1328, et l'autre en 1374 (2) ; — Enfin, Philippe et Guil-
laume, deux frères, qui furent baillis des évéques de
Limoges à Allassac, où ils possédaient la tour de la Mal-
bernardie qu'ils avaient fait bâtir. L'ayant vendue, en
1394, à Raynal de RofUgnac avec le château et les fossés,
elle ne s'appela plus que la tour de La Motte-Roff)gnac[3].
En procédant par oi-dre chronologique, nous sommes
amené à parler des Pradel de Lamaze qui s'allièrent par
un cadet aux Rofflgnac d' Allassac, en 1634, et héritèrent
tout d'abord de leur noblesse et de leur distinction.
Le premier, Daniel, était conseiller du roi en l'élection
de Brive. — Jacques, était lieutenant général au présidial
de Brive, puis lieutenant général à la sénéchaussée
d'Uzerche, où il mourut, en 1723, étant maire de la com-
mune [4). — Jean-Louis, qui était lieutenant général en la
sénéchaussée d'Uierche et délégué du procureur du roi
en 1743, faisait défense, aux marchands forains, de vendre
les jours de dimanche et de fête sur les places publiques
d'Allassac, de Juillac et d'Objat (5). — Charles, l'époux de
Suzanne de Maumont, de la famille des papes limousins,
fut tour à tour écuyer, conseiller et secrétaire du roi, puis'
lieutenant général en la sénéchaussée d'Uierche, et enfin
conseiller à la Cour des Aides de Montauban, où il mourut
laissant dix-sept enfants, dont un fut officier de marine
et gouverneur de la Louisiane, un autre, garde du corps,
et trois prêtres, dont l'un devint abbé de Magoutières. Son
fils aîné, Jean-Antoine, fut cornette au régiment de cava-
(1) Bull. arch. de Brive, 1893, p. 595.
(5) Archives de la famille de Lamaie.
(3) Note de Henri ds Montégut.
(t) Nadaiid, Nobiliaire du Limousin.
(5) Archives départementales do la Corrëze.
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- 374 —
lerie de Saint-Jal, à dix-neuf ans; passa capitaine, au
régiment d'infanterie de Nice, à vingt-deux ans; fit la
campagne d'Italie sous le maréchal de Maillebois ; à l'as-
saut de Casai, il fut précipité des remparts dans les fossés
par un coup de baïonnette qui le transperça d'outre en
outre ; réformé avec la croix de Saint-Louis, il rentra
dans la vie civile et hérita, en 1755, de la terre, des titres,
des noms et des droits de la noble famille des Roflignac,
en exécution du testament de sa cousine, Henriette de
Roffignac, dernière représentante de la branche aînée;
puis nommé lieutenant général à la sénéchaussée d'Uzer-
che et gouverneur militaire de la ville, en 1765, il se démit
de ces charges en 1775 pour vivre paisiblement à Roffi-
gnac-A llassac. Attaqué dans son château, le 29 janvier
1790, par quatre mille émeutiers suscités contre lui par
Mirabeau avec lequel il avait eu querelle, il leur tint tête
pendant cinq jours avec une quarantaine de ses amis et
put se retirer sans pertes d'hommes (1). Cette famille ayant
ensuite quitté Allassac, nous laisserons à d'auti-es le droit
de s'approprier les mérites récents de ses derniers mem-
bres.
Passons k la famille de Chiniac, qui vivait de pair avec
la noblesse d'AUassac, nous dit M. Clément-Simon, et en
avait presque tous les privilèges. Nous voyons, en effet,
ses fils s'intituler parfois coseigneurs d'AUassac, ordinai-
rement seigneurs du Claux et de la Bastide, fief de haubert
qui s'était émietté entre les anciens tenanciers des puis-
sants seigneurs de Comborn, et enfin aspirer ;\ leur tour
aux distinctions de ce monde.
Ce fut un prêtre remarquable, docteur en théologie, en
1649, qui sembla le premier ouvrir à ses neveux le temple
de la gloire (3). — Un autre, François, fut avocat en
parlement en 1666 et juge de la ville d'Uierche (3). — Un
(1) Récit de U. Paul de Lamaze, écrivain.
(2) Registre de l'Ëtat ecclésiastique. Mairie d'Allassac.
(3)/rfem.
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- 375 —
ti-oisième, François, fut avocat en la cour en 1693 et juge
de la ville d'AUassac (1). — Pierre, fut conseiller du roi
vers l'an 1740, rapporteur du point d'honneur en Bas-
Limousin et membre honoraire de l'académie des Belles-
Lettres de Montauban (2). II eut quatre fils, qui furent
tous doués d'une intelligence supérieure.
Matbieu, l'ainé, fut avocat au parlement de Pans,
membre titulaire de l'académie de Montauban, membre
de la commune de Paris en 1790, juge au tribunal criminel
de la Seine en 1796, substitut prés le même tribunal après
le 18 Brumaire, et, enfin, magistrat de sûreté du cinquième
arrondissement. Il est auteur, entre autres ouvrages, d'une
curieuse Dissertation sur les Basgues (3).
Son frère, Pierre, fut dirigé vers l'état ecclésiastique
et, en nô"», il portait le petit collet et se faisait nommer
l'abbé de Chiniac de la Bastide. En même temps qu'il
suivait ses cours de théologie, il prenait ses diplômes de
droit, et dans l'une et l'autre matière acquérait de solides
connaissances dont il devait faire montre de bonne heure.
Tout jeune, en effet, il se mêla aux disputes qui passion-
naient le clergé français. Il publia clandestinement, en
1766, un Discours sur les libertés de l'Eglise gallicane
par l'abbé Fleury, avec un Cominentaire, où les di-oits
gallicans étaient défendus conti-e l'ultramontanisme. La
même année, il publia une Dissertation sur la préémi-
nence de Vépiscopat sur la prêtrise, disant que les trois
ordres des papes, des évêques et des curés étaient de droit
divin. En 1767, ayant abandonné la cléricature, il faisait
reparaître, retapés, le Commentaire et les Réflexions sur
le discours de M. l'abbé Fleury, signés de Pierre de
Chiniac, avocat en Parlement à Paris. Cette publication
lui ayant attiré une verte réplique de Voltaire qu'il avait
osé attaquer, il n'en continua pas moins de le poursuivre
(I] Begistre de l'Etat ecclésiastique. Mairie d'Allass^c.
(2) Idem.
(3) Biographie de Pierre Chiniac, par Clëment-ïiimoii.
dbyGoot^lc
— 376 -
de ses mépris dans un Discours sur la nature et (es dog-
mes de la religion gauloise et une histoire de l'Eglise
gallic&ne, qu'il publia en 1769. En 1770, il donna une
édition commentée, en 14 volumes, de l'Hisioire des
CeKes, de Pelloutier, et augmentée d'importantes disser-
tations. II s'y intitulait membre de l'académie royale des
Belles -Lettres de Montauban. Il avait déjà écrit une
manière de roman ; Liéhrose ou l'^reuue de la vertu.
En 1776, nommé lieutenant général de la sénéchaussée
d'Uzerche, il y publia des œuvres considérables: d'abord
le Supplément des capitulaires des rois de France, de
Baluze ; puis Les Recueils des chartes relatifs au droit
public Gallican et Germain : enfin, un Traité sur l'auto-
rité du Pape, en 5 volumes in-S". En 1789, quand éclata
la Révolution, il se mit à la tête du mouvement dans sa
circonscription , se chargeant d'en faire connaître les
bienfaits par sa Lettre d'un Magistrat à MM. les curés de
son ressort ; ce qui Lui valut d'être nommé, le 16 mars de
la même année, député à l'assemblée générale de Tulle.
Mais devenu bientôt suspect au peuple qu'il voulait modé-
rer, et obligé de fuir la colère des membres du comité de
Brive qu'il avait qualifiés d'incendiaires, il dut se retirer
à Agen où il publia, en 1793, ses Pensées phi/osophiques
d'un bon républicain. Il n'en fallait pas davanlage pour
irriter les fougueux conventionnels, qui se hâtèrent de le
livrer au comité de Brive, où l'attendaient les avanies les
plus dégoûtantes. Remis en liberté après la chute de
Robespierre et dégoûté du régime de la tyrannie sangui-
naire, il salua l'immortel Bonaparte qui en délivrait la
France, et fut nommé juge au tribunal d'Agen le 12 mai
1802 (1).
Jean-Baptiste, le troisième des garçons, fut plus modeste
et moins ardent. Mais il n'était pas moins intelligent. II
moumt à vingt-sis ans, laissant un ouvrage sérieux et
hardi, intitulé : Le Miroir fidèle ou Entretien d'Ariste et
(I) Clémem-ijimon; Monographie de Pierre de Chiniac.
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-377 -
de Philindre, avec la Critiqiie du Plan d'éducation de
J.-J. Rousseau (1).
Jérôme, le quatrième, fut conseiller au présidial de
Brive en 1789. Délégué et vice-président du comité répu-
blicain de Brive, il s'intitulait des Ailleux (21- H devint
procureur de La commune de Brive, président de la Société
des Amis de la Constitution, et, enfin, juge du district. Ces
diverses fonctions durent le rendre odieui. Or, le 10 no-
vembre 1790, à la sortie d'un club, il ne rentra pas chez
lui où l'attendaient des invités, et quelques jours après
on retrouva son corps dans la rivière de Corrèie.
Terminons cette intéressante liste des membres illustres
de la famille de Chiniac par un Jean-Guillaume, qui avait
été prévôt de maréchaussée au fort Dauphin, en Améri-
que, en 1784 (3).
Les d'Alby honorèrent assez la paroisse d'AUassac, pour
être dignes d'une mention dans son histoire. Le premier
que nous rencontrons dans nos registres paroissiaux est
un Dominique, qui, en 1644, était lieutenant des juridic-
tions de Sadroc et de Chanac, procureur d'office de la ville
et parriage d'Allassac, et greffier de la justice de Rofflgnac.
— Pierre, qui, en 1647, était juge des juridictions de la
Bastide, de Chanac et de Sadroc (4). — Jean, qui était
avocat en 1655 et juge de Saint- Viance et de la Bastide (5).
— Autre Jean, qui était avocat de la ville d'Allassac en
1662, avocat en la cour en 1663, conseiller du roi en 1664
et son assesseur aux sièges royaux de Brive, et lieutenant
particulier criminel au présidial de Brive (6). — Jacques,
qui était conseiller du roi en 173S, et lieutenant assesseur
au présidial de Brive (7). — Jean-Léonard, qui s'intitulait
(1) Clément -Simon : Monographie de Pierre de Chiniac.
(î) Propriété comprise autour do village de Lasteyrie.
(3) Registres paroiasiauK, à la Mairie d'Allassac.
(4) Idem.
(5ï/dem.
(6) Jdem.
(7) Idem.
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- 378 -
d'Alby, de Genoiiillar en 1776, et ancien capitaine d'in-
fanterie au régiment d'Orléans (i). — Jean-Baptiste, qui
était syndic général de la marine en 1792, et administra-
teur de l'hospice d'Allassac en 1799 (2).
Nous ne pouvons clore cette liste sans rendre hommage
au talent et au zèle d'un abbé d'Alby, qui sollicita et
obtint, en 1747, de l'abbé Dubois, neveu du cardinal, et
chanoine de l'église Saint-Honoré, de Paris, une fonda--
tion importante en faveur d'un maître et d'une maltresse
d'école à Allassac, avec le privilège aux fidèles de la pa-
roisse de les nommer ou de les maintenir eux-mêmes (31.
Quiint au cardinal Dubois, que la ville de Brive s'attribue
malgrélesprotestationsénergiquesde sa famille qui subsiste
encoreelqui nousmontretrésaflirmativementle lieuetl'ap-
partementoii il reçut le jour, nous croyons, en effet, qu'il y a
eu une erreur historique commise au préjudice d'Allassac.
Après renseignements pris, sans pouvoir trop pénétrer les
causes mystérieuses, quoique un peu explicables, de cette
méprise, Guillaume Dubois, qui vécut, de 1656 à 1723, au
milieu des plus grandes agitations politiques et parmi
d'implacables ennemis, nous semble réellement appartenir
à notre paroisse.
Issu d'une famille bourgeoise, dont la maison se voit
encore au fond de la rue fort ancienne de la Porte-Lauzane
et qui se distingue par un toit en mansarde flanquée de
deux tourelles carrées, il fut le flls d'un apothicaire qui
ne négligea rien pour son éducation. Parti pour Paris, il
devint précepteur du duc de Chartres, depuis duc d'Or-
léans, et régent sous Louis XV sur lequel il prit un grand
ascendant. Nommé ambassadeur en Angleterre, cardinal ,
et archevêque de Cambrai, il fut désigné pour être pre-
mier ministre pour avoir déjoué la conspiration de Cella-
mare. Persuadé que l'histoire fut injuste envers celui qui
(1) Registres paroissiaux, à la Mairie d'Allassac.
(2) /dam.
(3) Bull. aiTh. de Brioe, IRfltjiiilkt.
dbyGoOt^lc
- 379 -
sût mériter la confiance de Louis XIV, l'amitié et l'estime
de Fénelon, nous pensons, avec M. l'abbé Emery, que
l'avenir lui sera plus clément que le passé.
Nous ne saurions omettre les de Bruchard de Chalard,
qui s'implantèrent à AUassac, en 16*29, par te mariage
d'un Charles avec Catherine du Saillant.
C'est d'un rejeton de cette branche, Charles-Matliieu,
épou.^ de Claudine Fore&t de Faye, que surgirent, de 1811
A 1817, quatre vaillants officiers dont les hauts grades
furent conquis sur les champs de bataille par les épées
teintes de leur sang.
Jean-Louis, l'aîné des quatre, entré au service en 1829
dans le 3* chasseurs d'Afrique, y fut sous-lieutenant en
1837 et lieutenant en 1843. Admis au 3° spahis, en 1845,
comme capitaine, au 2" chasseurs, en 1851, en qualité de
chef d'escadron, il devint lieutenant-colonel du 5* cuiras-
siers en 1855, et colonel du 3» cuirassiers en 1859. 11 avait
fait les campagnes d'Afrique, de 1835 à 1849, et y avait
reçu deux blessures, qui lui valurent d'être nommé che-
valier de la Légion d'honneur en t8iO, officier en 1854 et
commandeur en 1861.
Jean-Baptiste, entré au service en 1832, fut sous-lieute-
nant au 2* chasseurs d'Afrique en 1841, lieutenant aux
guides en 1848, capitaine au 3* chasseurs d'Afrique en
1851, chef d'escadron de gendarmerie en 1859. Blessé deux
fois en Afrique, en 1843, après avoir eu plusieurs chevaux
tués sous lui, il mérita d'être cité à l'ordre du jour de
l'armée et d'être fait chevalier de la Légion d'honneur.
Jean-Hugues-Ëdouard, entré au service en 1833, fut
sous-lieutenant au 3* chasseurs d'Afrique en 1840, lieute-
nant en 1845, capitaine en 1848, chef d'escadron au 12'
régiment de dragons en 1854, chef d'escadron aux cuiras-
siers de la garde en 1856, lieutenant-colonel au 2' chas-
seurs en 1860. Blessé en Afrique en 1842, il fut, la même
année, nommé chevalier de la Légion d'honneur.
Charles- Martial, entré au service en 1835, fut sous-
lieutenant an 3' chasseurs d'Afrique en 1843, lieutenant
D.g.tizedbyGoOglC
en 1849, capitaine en 1851, capitaine aux chasseurs de la
garde impériale en 1856, chef d'escadron au 5' cuirassiers
en 1858. Après les campagnes d'Afrique où il avait été
blessé et celle de Grimée où il s'était conduit en brave, il
avait été fait chevalier de la Légion d'honneur, décoré du
Medjidié de 5* classe et enfin de la médaille de Crimée (1).
Viennent en0n les de Foucanld qui, pour être récem-
ment arrivés dans notre localité, ne l'ont pas moins illus-
trée. Issus d'une famille d'ancienne chevalerie, qui du
Périgord s'était répandue dans la Guienne, le Berry, la
Bretagne, l'Anjou et le Limousin, ils s'installèrent à Al-
lassac, le 30 juillet 182!, par le mariage de Charles-
Martial de Foucauld, de Lubersac, avec Françoise-Louise
Laubellias d'Eyparsat, et tout nous fait espérer qu'ils y
pousseront de profondes racines.
Le chef de cette nouvelle branche, sorti de l'école mili-
taire de Fontainebleau, fut sous-lieutenant en 1805. Fait
prisonnier par les anglais sur une frégate, en 1806, il ne
fut rendu à la France qu'à la restauration des Bourbons
en 1814. Nommé capitaine au 3' régiment d'infanterie de
la garde royale en 1816. il fit la campagne d'Espagne en
1823 et se trouva à la prise du Xrocadéro. Soldat avant
tout, il mérita de porter les croix de l'ordre royal et mili-
taire de Saint-Louis, de la Légion d'honneur et de Saint-
Ferdinand d'Espagne [2].
Son second âls, Jacques-Hippolite-Kymard, opta, comme
lui, pour la carrière des armes et fut, à trente-neuf ans,
un des héi-os de l'armée française. Reçu à l'école spéciale
militaire le il novembre 1843, il était rangé parmi les
élèves d'élite le 29 août 1844. Sous-lieutenant au S'hussards
le 1" octobre 1845, lieutenant au 6° le 9 octobre 1849, lieu-
tenant-instructeur à l'Ecole de Saumur Le I" janvier 1851,
capitaine le 29 mai 1853, il passa au 2* chasseurs d'Afrique
le 20 novembre 1857 et fut nommé chef d'escadron au
(1) Nobiliaire de Roy de Pierrelîtte.
(1) Gëndalogia de la famille.
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- 381 -
)•' rhasseiirs (î'Afiifjiie le 14 mai-s 1803. Parti pour le
Mesique avec l'armée française, il se distingua parlioiilif'-
rement, le 18 ff^vrier 1863, au combat de San-,Tose,où|avoc
■i8 hommes, il mit en déroute 50O cavnliers mexicains et
mérita d'être cilé dans un ordre général du corps expédi-
tionnaire ayec cette mention : « Dans ce combat, qui fait
B le plus grand honneur au capitaine de Foucauld pour
» la Tésotution avec laquelle il a aborde un ennemi gui
» éiait dix fois plus nombreux n. Mais il était trop brave
pour échapper à la colère des ennemis. Le 5 mai 1863, il
fut tué par eus à San-Pable-del-Monte et mérita une
seconde citation, avec celte autre mention des plus élo-
gieuses : « Le commandant de Foucauld a trouvé une
» mort glorieuse sur le champ de bataille, celle de laquelle
» il était difficile qu'il échappât par suite de valeur che-
» uaieresque n.
En tous cas il put arrêter, par son héroïque résistance,
un convoi que les Mexicains cherchaient à jeter dans
Puebla assiégée et déterminer, quelques jours après, la
reddition de la place.
Cet intrépide officier avait fait plusieurs campagnes
en Afrique, auxquelles il faut ajouter celles dltalie et du
Mexique, et il pouvait placer fièrement sur sa poitrine,
avec les médailles de ces divers pays, lii croix de la Légion
d'honneur (1).
De si anciennes illustrations ne sauraient surgir qu'au
milieu d'une population importante, munie de vieilles
franchises et d'une puissante organisation. Nous savons,
en effet, que la ville d'Allassac venait au quatrième rang
parmi celles du Bas-Limousin, et c'est ainsi qu'elle fut
représentée, en 1580, à l'assemblée de Brive, afin d'éviter
le subside de dix mille écus imposé par le roi sur les villes
closes du Haut et du Bas-Limousin (S].
(1) Archives du Ministère de la Guerre co
M. Charités da Foucauld.
(1) Bull, archéol. de BHve, avril l8Ri, p. 208.
T. XX.
D.gtzedoyGoOglC
On sait d'ailleurs que la justice, sans laquelle toute
société est impossible, y était exercée de très bonne heure
par des officiers préposés à la surveillance des mœui's et
au respect des droits des citoyens. Au Moyen-âge, on y
comptait quatre juridictions relevant de la sénéchaussée
d'Uzerche : celle des évéques de Limoges, celle des Roffî-
gnac, celle des Saillant et celle des La Morélie.
La principale, naturellement, était celle des évoques de
Limoges qui étaient les grands Prévôts d'AIlassac avec des
(^'légués subalternes. Dès l'an 1280, ce pouvoir du juge
ecclésiastique était exercé dans une transaction passée
entre Gilbert de Maleniort et Guicliai-d de Comborn, où le
prélat revendiquait seul ici la connaissance des chevaliers
et damoiseaux. En t.535, Mgr Jean de Langeac, à la de-
mande des co-seigneui-s de la paroisse, y nommait un
prévôt spécial chargé d'empécber les excès des habitants et
de percevoir les amendes (I). Et tout indique que la jus-
tice y était fidèlement remplie, puisqu'on y voyait encore,
en 1708, une maison dite (a Pofence, située dans la rue
de (a Pissole, à AUassac (2).
De plus, comme stimulant au bien, les évéques de Li-
moges d'abord, et ceux de Tulle ensuite, ne négligèrent
rien pour doter cette paroisse de précieuses institutions.
Sans parler de la société des prêtres filleuls, établis dans
l'église pour un service spécial, nous voyons à différentes
époques, dispersés çà et là, les intrépides ouvriers de
l'Evangile: les Coi-deliers, les Feuillants, les Augustins,
les Bénédictins, les moines d'Eymoutiers, les Templiers,
les Maltais, et, plus récemment, les Sœurs de la Provi-
dence de Portieu.x, les Frères des Ecoles chrétiennes de
La Salle, et, enfin, les Petits-Frères de Marie. Noua
regrettons que la perte de documents nous ait privé du
nom des religieuses dévouées au service des pauvres, et de
l'acte de fondation d'un vieil hôpital qui remontait aux
(I) Fonds de VévùcM. de Limoges, aux areli. dépaHementaies.
(2] Archives de la Mairie d'AIlassac.
D.g.tizedby Google
— 383 —
temps Ifis plus reculés, comme l'otteslent los Lfjttrps
patentes de Louis XVI, confiimatives de rétablissement
du siècle dernier.
Avec de tels éléments de morale et d'instruction reli-
gieuses, on n'est pas surpris que l'esprit thrétîen s'y soit
maintenu jusqu'à nos jours, surtout quand on songe aux
moyens sages et salutaires employés ici, par l'Eglise,
pour la conservation de la foi. Vimlail-on rappeler aux
fidèles les devoii-s à remplir h l'occasion de certaines fêtes,
comme celles du Saint-Sacrement et de saint Jean-Bap-
tiste "i* on les avertissait pendant neuf joure par de joyeux'
carillons semblables à ceux de l'avènement du Messie. —
Les assignations à paraître devant le juge de Rolîignac se
rencontraient-elles le jour de la fôte de saint Louis? elles
étaient remises à un autre jour, — Un criminel était-il
poursuivi le jour de la fêle de sainte Catherine ? il devait
trouver asile toute la journée dans sa maison afin de ne
pas troubler la fête des habitants (I). — Pour former le
peuple au respect envei-a les autorités respectives, on se
servait de la distribution du pain bénit, à la messe, en le
faisant offrir au curé, d'abord, et puis au seigneur
temporel de l'endroit \i).
Mais avant tout, on exigeait des prêtres l'exactitude et
le lèle dans l'accomplissement de leurs fonctions sacerdo-
tales. Nous voyons par un règlement de vie, imposé en
1339 par Mgr Guillaume de Chanac, comment il entendait
que les chapelains, désignés et rétribués par lui, s'acquit-
tassent du service religieux dans sa chapelle d'AUassac.
L'observance ou l'inobservance des préceptes de l'Eglise
étant pour les chrétiens une occasion fréquente de mérites
ou de fautes, il fallait qu'ils ne pussent s'en dispenser eux-
mêmes sans de graves raisons. Voilà pourquoi nous avons
pu retrouver, dans des parchemins de famille, un certificat
de médecin, approuvé par l'official de Brive, et autorisant
(I) Arch. département, dn iÂinogcs, fonds de l'évéclié.
n Idem.
dbyGoot^lc
-384 -
l'usage des œufs et de la viande à ceux qui ne pouvaient
supporter les pratiques austères du carême.
La gravité des injures devant être proportionnée à la
dignité de la personne offensée et à la sainteté du lieu,
nous apprenons; par M. Champeval, qu'on infligeait des
peines plus sévères et publiques à ceux qui les auraient
adressées à une dame respectabledansl'intéiieurde l'église.
L'union dans la prière, qui fut toujours considérée
comme un moyen d'encouragement et d'émulation, fit naître
l'idée de grouper les fidèles dans des associations pieuses et
des confréries, où leur étaient prescrits des règlements de
vie chrétienne avec des distinctions extérieures spéciales.
Nous n'avons pas été peu surpris de trouver, dans nos
registres de sacristie, qu'on distribuait encore en 1808,
cent vingt cierges blancs aux confrères du Saint Sacre-
ment, et deux cent quarante jaunes aux conTrères de
Saint- Jean-Baptiste.
Pour conserver ces précieuses traditions il fallait, on le
comprend, indépendamment des prescriptions liturgiques,
des règlements uniformes et invariables, afin de fixer les
devoirs des pasteui's et de modérer les exigences des sei-
gneurs. Aussi voyons- nous, par un accord tait avec Geof-
froy de Pompadour et l'évéque de Limoges, en 1543, avec
quels soins minutieux furent, réglés les droits de sépul-
ture, de litre, de pati-onage et de présentation dans une
chapelle particulière (1).
Afin de continuer le bien qui se faisait dans cette
paroisse et mériter la conQancc entière des fidèles, les
évoques de Limoges n'avaient qu'à prendre en main leurs
intérêts et les couvrir de leur protection. C'était, en effet,
ce qu'ils faisaient, comme nous pouvons nous en convain-
cre par une sommation adressée, en Ibôl , par Mgr François
de La Fayette au procureur d'office, d'avoir à garantir les
habitants d'AUassac contre une vingtaine de bandits, qui
mettaient à profit les bruits de guerre pour les rançonner (2).
lA auiorel. A. Marche.
[n Bull, archéol. de finoe, juillet IS90, p. 471.
(î) Abhé Podlbrière : DiWiojiiiatre des paroisses.
«Google
DICTIONNAIRE
GËOGRArtlIQUE, A DM INI STB ATI Fj STATISTIQUE,
HISTORIQUE, ARCHÉOLOGIQUE, ETC.
DU DiPARTENEPIT DE LA CORRËZE
{.Suile. — Voir p. 117}
Parlons maintenant des seluneurles particulières de la paroisse :
La Bastide, de la commune de Salnt-Vlance, qui fut, celle-là,
bonne seigneurie : aux de Peyrusse, 14d9, 15&E ; — â Louis du Bos,
sieur de Bosrranc, commune de Ladignae (Haute-Vienne), peu
uvual 1583, comme époux de Gabrlelle de Tureniie, dame de 1^
liastlde, de La Porte-Guyonnle et eu partie d'Allassac (1); — enllii,
au séni5cbal du Limousin, Charles-Louis de Lasleyrle, vers 1776;
1^ Bastide de Salnt-Vlance, disons-nous, a dû, par extension
primitivement, donner naissance à une seconde sleurle de La
Battide, qui (ut celle-ci de Jean de Peyrusse, 1*75; des Verdiei-,
puis aux Clilnlac.
En etlet, par u contrai de cautlonnage u de 34,050 Uv., du 17 mars
1604, Léonard des Cars, chevalier, seigneur de Salnl-Bonnei et
Salnt-Ybard, acquéreur de Masseré, est cautionné par M' Pierre
Pourcher, bourgeois d'Alassac^ procureur de M' M' Jean du Ver-
dler (Z|, conseiller du roy el son trésorier général en la généralllé ■
de Limoges, s' d'Arleullle et de La Bastide d'Allassac, demeurant
à Saint-Léonard IHaute-Vlenno], el par honorable M' Jean de
Joyet, Ueulennnt de ]uge de Julllae y habitant, el M' Guillaume
Joyet, lieutenant criminel de la ville d'Uzerclie, y demeurant, et
M' Jacques Sahuguel, esleu pour le roy à Brlvc, babltant de
Julbac. D'autre part est expliqué que la vigne dite de Lii Bas-
tide, située es dépendances d'Allassac, c'est-ù-dlre en sa banlieue,
cnnlenant 38 Journaux, près le chemin d'Alassac à Donzenac, tut
vendue le 2î avril 1781 à Jean Pradel de Li Maze, coseigueur
(tj Nn.lnii,l.
chsnrler île l» RoiiB«lPre, h, R5.
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— 386 —
d'AUussai.-, par s' Pieii-e de Chlnlac, s.'iKticiir du Cliiux, [ji llas-
llde, coselgneur d'Allassac, lleiitennnt général d'L'iierclie, y dcmc^U'
lanl, paroisse Notre-Dame, moyennani 3,600 livres. Celte vigne
est déclarée vendue tranche et exempte de dîme et renie el relevant
de l'évèehé. Monseigneur de Limoges proteste contre cette dèclara-
tton (de noblUté), en acceptant Icr lods (comme suzerain) 26 avril
1781 (1). Dos 1704 nous trouvons parmi les hablUinls d'Allassac,
François Chlnlac, sieur liu Mas. Cette (amllte d'écrivains dislln-
giiés, n'arriva pus, sans les lAtonnemcnts habituels au.x gens en
vole de monter, à son blason définitif. A la Salamandre Impérissa-
ble de l'énidlt plillosoplie gallican (17891, qui allait bientôt servir la
Kévolullon (1796), à rencontre de sa devise monarchique (2), oppo-
sons l'rj; tibrin de 1760, rai-iiinte non moins enipliallque. M. Louis
Grell, eoIIecUoniieur de Cahovs, aussi Judicieux que secourable aux
cherchenrs, possède en sa bibliothèque Quercy no- Limousine un
manuscrit latin, lu-8*, Inlltulé ; Metaphïsica ail u.viiii srhola-
acconiodnta : anthureJucobo Mandoncich, iirofesscnren Sorboune,
neO.Schpsit Pctrus 'le Chiniac dit Clos d<- la ISustidi; clfi-ivus Leiiia-
ciceiiais, oppiilo ciilgo il' A lUissuc, ilii- 7' niartii anno Doniini IT60.
Sur le plat Jaspi^ à l'intérieur du livre est collé un carré de papier
de 07 sur 07, contenant sur un carluuchc un écu ovale, bombé,
ècartelè aux 1 et 4: d'anjenl à une cueniixe (parlante) rt-pliOe
xui- ellc-nirmc ; aux 2 et 3 <ra^ur ii un soleil sannonlé de :i èli'i-
les ; supports : 2 chiens (parlants]. Coumnne de conile surmonlée
d'une banderole où se lit : Unus Deus. L'sus Imi'EKatoh. au Ikis
de reçu, ces mots imprimé.-; servent de .slgniiUUf et d'êcliilfuile
(Il .ItA. di In llanli-yhnnc, -f 17,
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— 387 —
revendk-allon : Ex libris Petbi Ciiiniac de Lnbasiiilv. Il s'agU là
fie Pierre de Chlulac, lieutenant «"înt^rol en la si^néebaussëe
(l'Uzerthe, maire dudll en 1790, grand proprlélalre kl, avec banc
el cliapelle en l'église, 1790, Jrère de M. ClUniac des AlUleux,
vlM-prësldent du comllé de Brlve, ta dlle ann^ (1). En 1706,
s' Deiils Ctilniac, coselgneur d'Allassae, était ctiuafîlllcr du ruy et
rapporteur dn point d'tionneur (2).
Chanac. Cette seigneurie tira son nom de ce que le groupe des
biens et rentes possédé Ici par la maison de Cbanac, commune
dudlt, prés Tulle, (ut longtemps auï matns de ces Chaaac. Almar
de Cozanges (Cousages), donna une teire (pkce de terrain) en la
rivière d'Allassac au ehcTaller Gui de Chanac 1260, Pierre de
Chanac, damoiseau, acquit 1273 des rentes à Alassac, et testa en
1279. Noble Pierre de Cbanuc ;3), en 1283, est reconnu pour des
rentes à Alassac. 11 était en outre donataire d'Adélaïde de Cnanac,
sa sii^ui', comme 11 le lui, 1284, de dame Alniodle, sa sœur, (emmu
au donzel Pierre de Raynald, duquel Reynald 11 se Misait rendre,
1!92, par acte scellé de l'offlclal de Limoges, le droit et dei'olr
(rentes foncières) qu'il lui avait vendu sur le mas d'al Monte!,
parrolsse d'Alassac.
Pierre H de Cbanac, Irére d'Almodle et d'Adélaïde de Clianac,
maria sa tille AlUarde (plus rainnés, nous dirions auJourd'htU
llélletle, — s'il ne s'agit d'Ildéarde?] avec noble Pierre de Lu
Tour, damoiseau, et lui fit une rente viagère de 100 sols, plus
1000 écus d'or, comptant, d'après une quittance de 1285 passée de-
vant Guillaume de Manelrols, Guillaume Escharpat et de Bernant
Laporle, donzel. Ce nigaud de Bonnolle voulait dire en présence
du témoin Escharplt, etc., le parderanl étant réservé au notaire,
auquel on recourt en eUel comme 6 un magistrat de Juridiction
gracieuse, délégué per|>éluel du souverain. Pierre do Chanac,
damoiseau d'Alassac, par ses dispositions (untbres du 3 mal 1296,
prescrit une aumône h taire aux prêtres (à la communauté des
prC'tres)des églises de ChBmpagnac(-la-Noallle|, Gumoul, Ladlntuic,
Laguëne et l^rchc. Il énumère pour enfants ; les religieuses
Alaydeet Gnllène, le moine Guillaume, et Gui? Il désigne pour
exécuter ses volontés : Hugon de Foschler (Foueber), cbambrier de
Tulle, Irère Améllus de Charrléres, de l'ordre des mineurs. Gui-
bert? d'Omhac, chevalier (4), et Fouchler de Chanac, son (H>re,
avec Pierre de Raynald, susdit et le donzel Gérald Fouchler. I^
(3) Iji [)iiui>«c>ATi>: 4Alla<XB>; lirncliiirc iin|>rl>nr''r>. n'v.'iani -«'Ion «m iiiri-
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— 388 —
teulateur, ou Un iiiuIjis un Pierre de ClK^nat, deiuulseau, vivait
encore en 1299, date de sou achat de cens sur un Jardin d'Alaasac.
Fetras Chauat, ilomicellua, rendit hommage lige 1295 b. l'évoque,
ponr sa part domina de Alasaaco et de La Moia (tenue vers 1450
par le seigneur de Pompadour; (1|.
Le mardi après la Nativité de Notre-Dame, 1327, Gui de Chanac,
chevalier, seigneur en partie d'Alassac, exhibe le lestaoïent sui-
vant de son p6ro (de 1300): ninl, Pierre de Chanac, chevalier,
d'Alassac, teste ; J'élis sépulture au cimetière d'Atassac en la tomlie
de ma mCre ; i/cm sepultiiram meam et furnimentum mcuin (lour-
iillures en iiolr, deuil, etc.), et esnquias meas et c:ei>caaas Junera-
riasjiibeo et eolo flcci de bonis oteis. Il fonde une vlcatrle d'un
service par Jour en l'église d'Alassac. 11 prescrit que parmi ses
enfants : Gérald, Oerlrand el l-'ouchler prennent l'habit religieux ;
nomme Douice, sa flUe; Institue Gui son héritier universel (2), lè-
gue 60 sous il Alayde déjà sous le voile ; mentionne Glrbort, moine
sou llls aussi, enlln se dit époux de vivante Dauphlne X... cl
parle de sa fortune des paroisses de Malemort. Larchc, Cosnac,
Champagnac, Guniont, Ladlgnac el Uigutne. Une maison du
harrl de Ganch d'Alassac était de la fondalJté de noble Hélie de
Chanac {flls de Gul|, d'après une pièce du vendredi avant la [Ëte
des saints Simon et Jude, ai>ûlres, 1368 (31, seigneur de l'hôLel de
Chanac dès 1349. En 1434, volel Odot de La Rlvlôre. seigneur de
Chanac IChanac) (cl probablement du Cbanac d'Allassac), du
Boui^-Archanihaud cl Château lare hep (Vienne), de Châteaufort,
près Tulle, coseigneur d'Alassac et Sellhac, comme mari de
Blanche de Clianac, héritière de sa maison. M, de Pompadour lit
hommage, 1459, â l'évoque de Limoges pour Chanac el sa part
d'Alassac. En 1497, la seigneurie de Chanac (d'Alassac, api>areni-
ment, quoique malaisée â démêler de Chanac de Chanac et de
l'hôlel noble Scllhawls de Chanac), par retrait llgnager, est ra-
chetée (par Pompadour évidemment] 3,800 livres, de noble Antoine
de Salanhac et de Jeanne de Lévl, veuve de noble Jean de Pa-
russe (4). Antoine de Pompadour seigneur dudll, Soilhac, Chanac
(d'Alassac et de Sellhac), coseigneur d'Alassac 1511. Monseigneur
de Pompadour, en 1542, est signalé comme vassal de l'évéque de
Limoges pour Laurière (Haute- Vienne), Alassao et sa maison de
Clianac (5). Au 30 mars 1343, le s' de l'ompiidour consenlit bail
perpétuel au sieur Uernard, ailleurs Léonard, Buisson, sieur rto
(Il .4rcb. ds la Ilame-Vimni;. reg. O Domina'
ra Arch. de la Haute-Vienne, P.. 3887.
(3| Archives de la 11 au le- Vienne, ij. il.
Dijiiizedb, Google
— 38a —
Sainl-Cyr-lea-CUampBKnes (Dordogoe), Juge d'uppeaux rie la vl-
i-om(é de Umuges (à Sëgur; de la maison de Cbanac, sise dans
Alassac, et de son droit & la chapelle et vlcalrle Salnt-Geoi-geit (de
ChanacJ, en l'église d'Alassac, avec litre et préaentailon du titu-
laire. M. de pompadour, en 1561, doit vasselage audit évéque pour
la maison de Ctianac et ce qu'il tient à Alassac. Il lallatt mettre
ce fait hors de contestation avec d'autant plus de soin que M. Poul-
brIÈre lui-même a omis les Pompadour pour ce fief de Cbanae.
M. de Beauregard est trouvé coselgneur de ce Chanac en 1580. A
24 ans de là, un notaire débute alDsl: o A Lassac, maison de
M. GauUiler du Verdier, irC'sorler général de Limoges, s' de Chanac,
(seigneurie assortie de son ordinaire, juridiction régulièrement
exereéel el coselgneur de Lassac n. En 1624, noble Pierre Duverdier,
seigneur de Chanac, coselgneur d'Alassac, avoue à l'évêque (1) la
terre et seigneurie de Chanac, et èlre comme tel, «coselgneur
■l'Alassac, en toute Justice, consistant en une maison en Alassac,
dite de Chanac, au barry de Las Peyrieyras (c'est-ft-dlre allant
vers les carrières) et en fondante et rentes sur plusieurs maisons
confrontant à la grande rue menant de la grande église ô la ijorle
hasse, el maison dudlt seigneur de Chanac dite d'Eyburle ; en
diverses vignes, el redevances sur plusieurs biens, notamment sur
la maison dite Maison Neuve au barry de las Peyrléras autrement
de Cbanac, etc. n. L'an d'après, ledit Pierre reçoit même quallllca-
tlons, outre celle de conseiller au parlement de Bordeaux (2| ;
charge qu'il avait encore avec les dites terres, 1643 (3|. F.n 1686,
celle seigneurie de Chanac s'étendait en pleine Justice, directllé,
elc, sur divers villages d'AIlaasac, Salnt-Bonnet-rEnfantler,Sadi'oc.
M. de La Reynle aurait eu ensuite notre Chanac dont nous voyons
sûrement seigneur M. d'Alby, vers 1730. C'était vers 1734 Jacques
de Lansade ; plus lard, 1788, M. du Saillant du Luc (Mansac), no-
tamment François du Saillant, 1785 (4|. Ce lut une conséquence du
contrat de mariage, 7 Juillet 1713, de Marie de Lansade de Saint-
Bonet, lllle à feu Jacques Lansade, seigneur de Chanac et cosel-
gneur d'Alassac et de Marie d'Alhy, avec Jean, vicomte du Saillant,
seigneur du Luc (5|. N'adaud cite François de Lansade, écuyer,
1778, seigneur de Salnl-Bonel, Cliannc, coselgneur d'Alassac ; et le
i-ole des privilégiés, vers 1783, donne : le s' I.ansade, écuyer, che-
valier de Saint-Louis, proprlëlalro de rentes et cens en la paroisse
d'AUas-sac acquis du s' de Salnt-Angel, de deux domaines autour
du même clocher, et d'une maison A Brlve.
{l| Arcli. dp la llauie-Virnne. G. 742IÎ.
Dijiiizedb, Google
— 3WI —
La Chasldie, nef, I3fi8-1374,donl le siège [ut sans <tniileen ville,
car tl y eul droits seigneuriaux au Barry de la PIsliota, et sur
quelques parcelles de la banlieue.
CouzAGES ifi3 AUaisac. Nom donné au noyau des biens d'un
Couzaices Issu de CouzaKi^s, ancienne paroisse en la commune de
ChasleauK ; en effet, Eblo de Couzages arrente un tiort dans Alas-
sac, 1292(1). Eblo de Cosacgio de luème en l367-l376.Aus3i l'hôtelde
Cousages, signalé Ici vers 1400 (IjïuIs de Couzages faisait, 1419, un
arrenlenjenl au Temple d'Aiassae), esl dH, en 1429, toucher * la
maison dite de Bardon, Jadlsappellée de La Clause (dans Alassac|(2).
Nous avons ensulle affaire pour D>uzagcs aux Laval. Noble et dis-
cret Joltannos île Vallée, dominus de Conugiis acliela le 2 Juin 1444
de noble Gui Philip, selgneurdeSalnt-Cljamans.cerlainos rentes |3),
Le même, 30 décembre 1444, fait sa nommée a l'évèque, qui le
2j septembre 1427 ai'ait InvesU le s' de Laval jwur le repaire de
CousaiRi-s : acte signé Flgulls. L'hommage en 1377 par Hélle?
(Rhie ?) de Cousalge à l'évèque, avait eu sans doute mi^nie objet {4).
Jean de iJival avait encore Cousages 1457. Mais en 1467 honélc et
discret Martin de Laval, seigneur de Cousages et Bertrand, son
frère, habitent Alassac ; le premier est lou]ours discret, seluneur
de Couzages 1483 (â|. Il est bon d'Indiquer loi de par Baluze (Vir
des papes il'Arignon] que vers 147S, Bei'lrand Gullller ou GuJIIon,
seigneur du Tell, du Pouget et de Laval, épousa Cbarlotle de
Cousages.
En 1507, Antoine de Brun, licencié ez lolx, comme mari de
Catherine de Laval, d'Allassac, hérlllère d'Adémar de Rolls, clerc,
son flls, el de feu Antoine de Rotls, licencié en décrets, héritiers
de Bertrand de Laval, aussi llenclé en décrets, prieur eommenda-
talre de Cablsou (Coublsou), ordre Salnt-Benoll, dlooèsc de Hodcz,
rend hommage lige k l'évèque de Limoges : 1' du repaire de Cosa-
ges, allas de La Pcyrierc, au faubourg d'Allassac,, et de tout ce
qu'il lient 6s paroisses dudil, et de Voulezae, Sadran (Sadroci,
l'évi^que se retient une charge de vin (salmatai renduelle «u prollt
de sa maison éplscopale, sur le repaire de Cosases, à cause (en
compensation antérieurement stipulée) de certaines dîmes que
Brun leve dans le dit repaire dont l'Ovéque est plein Justicier el
iùve sur certaines vignes; 2* pour son lioapiciwn (maison noble) de
ijival, où le dit Brun demeure, sis dans le castrum (le fort)
d'Alossac, et pour tout ce qu'il tient à cause dudlt hospice dans
m l'gili.TS .le. I-RIIKHC.
(î\ Chinrier do Lu Suririp.
(3i Ms» Pmaillop, apud me/ ei iiiss GHitîiiii-TPa, 3J.4ÎI Imln,
i4l NnU>i do M. l'uliliè BuurntiiE.
i:ii Arcb. Ile II Uiuie-Vifim^ fuiidâ Ait CHm. V..
D.g.tizedby Google
- 391 —
les paiDlsses d'Alassat, Donzenac et Voutoi!ac(l).Ce Bertrand, s' de
Corbisou, en Rouergue, élall leuancier Ici en 1502. M' Jean Brun
(te Laval, bachelier èz droits, seigneur de Couzages, lioiuagea le
20 Juillet 1542, au cardinal du Bellay : a, sa maison (/orte) de Laval
el autre aa de La Place, dans Alassac;^, le repaire de Cuusagcsct
claux lenelos) y joignant, de 60 Journaux de vigne, en directe ; c,
la vigne (2) du Pradel de 12 Journaux ; <l. le petit Claux (3) d'une
supertlcle de 18 Journaux, elc. Pour 1540, 1552, et 7 novembre 1565,
êlall seigneur de Cousages, noble François de Rofllgnac, Sgé de
60 ans il la dernière date {4|. Uni de Rouflgnac prend niAtiie qua-
lité à i'arrlÈre-ban du Périgord et Limousin, xvi' siècle [Aiv/iicM
lins Bfisuca-Pi/n^nées], et Christophe de Roflnlnc, seigiieur aussi de
Coulages, pnîsldenl au parlement de Bordeaux, écrivit eu 1571 une
façon d'histoire universelle laline pn^cédant celte de Bossuel, sous
le titi'e : Convncnlarii omnium, l'i crcalo orbe, hisioriarum.
Force nous est d'alllnner un démembrement delà terre dece Cou-
sages Jadis acquise par Jean Laval, puisque nous voyons des Mill'
tis s'en titrer, côle ft eâte des Roflgnae. 1574, JeandeHéneett-reet sa
Ii'innie (fille de François de Rofignac),so/t( s' et damedeCouzages ;
tandis que le 6 avril 1569 des lettres de provision de l'état d'éraulrt
(héraut) d'armes du roy, ayant été accordées par Mgr le duc d'An-
jou, fi Antoine Militls; signées par Mgr Ruzé; ledit .Mllilis, sei-
gneur de Couzagcs, eut provisions contenant otllce de coniuiiesali'e
ordinaire des guerres accordées par le \-o\ Charles du 13 novembre
1570, et de valet de chambre de m', frire du roi, duc de Brabau ;
Guoldres, Anjou, en dale du 15 avril 1583 ; en sorte que ledit noble
Antoine Militis, commissaire, etc., valet de chambre, seigneur de
Laval et de Couzalges, le 21 novembre 1574 reçut reconnaissances
des renies de Cousages avec sa mCre, D'" Marguerite de Laval (5).
Il lesta, écuyer, seigneur de Cousalgos, occupant mêmes charges, au
8 mars 1594, par acle reçu Rousselln, notaire et vivait encore en
1600, époux de Marguerite de Laval, possesseur de biens non loin
du I^nzac (6|. Dès 1621, même 1615, surgit noble Pierre d'Escou-
railles, s' de La Salle, (ils de feu noble Martial d'Escou rallies, s'
de Laval et de Jeanne de Laval dame de Couzages, laquelle vivait
(1) Arch. ilépin. n Lima^ps, fuu<l» de rKïèehi-, liasse I3JD>
d) M., minie tondis, d- prixlsoire mi.
Wl L'Bnnnriiil ie-arn\ de d'HuikT, iiiil sue U fiscsliié i iravera lik plus ([r,iii'ai|u«
niiUl'HreilR M dlHtrlbuiion ie hUsnns i tout hiunni, <]iii su pulsso voir, Jolnle i une
tnrorrGcllon InniiiG do SCI ^rltur». iiiriliuo su s' Perche Diirlsui (ifc). Hmnit ■
fatxr componnit itar cl de gaenicr ; en 1701.
(1. Papiurs Urimui ti Nudnu.l, ou éiudu du TiÛIlti.
ù) Papicra ilndii M. Hnitriieii. :;ur.' A- Noiinrds,
,y Google
— 392 —
touj'inrs veuve dadlten 1633(1). («susdit l'Ieri'eliabltnitDonzenac
1636 |2), — qualifié écuynT, seigneur de Laval, Couzalges, el La
-Salle 1642-52.
Pour 16B1, c'était Antoine de Fontanges, cbevaller seigneur mar-
quis de MaumonL Lachapel le- Espl nasse, Saint-Ypoiy, ta salle,
Couzalgeg, demeurant à Maumont (Rosiers d'EgletonR) (3). Kn 1693
noble dante Renée d'EscouralUes, veuve du feu seigneur de La-
vaux est dame de Laval, La Salle, Couzages, etc. [i]. II s'agit, selou
[.a Cliesnaye des Bols, qui à lort le donne pour vivant en 1695, de
noble Hector t'éllnes de La Benaodle, seigneur de Lavau el de
Couïages.
I^ succession de noble Pierre d'Escorallles, sieur de Laval el de
Lasalle, comprenait, en I6S3, pour Allassac : la maison noble de
Couzages avec sa chapelle en l'église, pressoir, lerres, vignes el
rentes d'Alassac, les domaines de La Salle-Coutigeade, de Poucli
et de Laval ; plus en la paroisse de Donzenac ceux de Mandarous
et La Bounle, maison en ville avec rentes; outre celles de Ui
Vainde et Meyvialle, paroisse de Vlgeols ; de I^ Borderie (Voute-
ZHC), de la Gultardle (Sadroc], de TelUet, de La Corse et du Lac
(Orgnac), avec la métairie, moulin, étang de La Courtine, autre-
ment Graterogne, ainsi nommé de ce que ce lieu fui un asile A
lépreux. Jolgnons-y une rente quérablc sur Feugeas (Lonzac) el te
domaine de l'Aubeyrle (Salnte-Féréole).
Puis le llef de Couzages -les- A lassai, 1762, fut des Dumas de
Peyzac, comme en témoigne ce protocole vers 1765 : François Du-
mas, marquis de Peyzac (Dordogne, prts Ségur), seigneur de La
^erre, du Mas, Cousnf/cs, Laeal, etc., meslre de camp d'Infanterie
et Marle-Paule-Ttiérèse de Boisse, son épouse, dame de Cousages
el de I^val, Habitants de Peyzac 15).
I.A GuïONsiB. Connue en 1379 suivant un n acte par lequel no-
ble Marie de Peyruce (6), (llle de Rampnulphe de Peyruce, thevu-
Mer, seigneur des Cars, Julllac, el de dame Souveraine de Ponuw-
dour, qui resta veuve dudlt Raninulphe, laquelle Marie aluni eslè
mariée avec noble Raoul de La Rlvlfre (Beyssac) et en estant de-
venue veuve, son dit mari qui mourut snns enfans, lui alant
donné pour dot les seigneuries de la Guionle el de La Porte,
paroisses d'Alassac el de Larclio (plus la terre) de Cliambon, avec
tout droit de seigneurie, sans aucune réserve, celte dame, maigre
iD TiirM du gronler de feu le !>■ Je Ilei.niiir, à ni.iiT^-iiuc.
r.'l ReKiKtre ii II iriiria dv llnnin^ar.
(31 ArpbiraB du châicaii du Lii'iiicrti.
(tt Hmuii?a du LV-tudu de H* Juice. h Donitiiii.-.
ir>l \rch. dr[iHrlCDicnMles 'lu lu (^orrinv.
Dijiiizedb, Google
— 393 —
son deuxième mariage avec Jpan de Royfre, gentlihoinnie d'iion
neurdupape, est aulorlsée in se malDtenlr en la Jouissance de»
dites seigneuries, de l'agrément de sa dite mère cl de noble Audoin
de Peyruce, son (i*re ; slgué Du Prat, notaire rolal «. L'hôtel de
La Guyonie silof dans Allassac, appartenait vers 1469 6 Hélène
de Roqueleull, veuve d'Audoyn de Peyrusse, seigneur de Salnt-
Ybard, Salnt-Bonnet-la-RtvlÈre, coseigneur d'Alassac, usufruitière
de la dite Juridiction d'Alassac, La Baallde et liiHel de la Guyo-
nie 11). Ce dernier avait pour maUre, 1507, Gabriel de Peyrusse (2) ;
[oui comme en 1552, Jeanne des Cars, dame de La Basllde (Salnl-
Vlanee), se taisait reconnaître pour des renies tonitres, etc., sur la
Chlèze d'Alassac, près le village disparu de Brons d'où fut proba-
blement originaire la. famille de Brons {3), postérlcurleurement
Inscrite parmi la noblesse Sarladalse. Jeanne lirait aussi des
reOevances du Vordier-Bas, etc., portables au ch.lteau susdit de
I.a Bastide ou à celui de l^ Guyonie (4|. Selon un plan de ville,
1735, dés archives du Saillant, La Gulonle, alors possédée par la
dame du Saillant, et anciennement par le s' de La Basllde, au
dire de celte pièce, était en deliors mais au pied des murs du lorl,
enire la porle de Cùablrand et la gare actuelle. Cette maison forte
avait dû son nom Jadis à quelque constructeur- propriétaire du
nom de Guyon ; bien aulre évidemment que ces Guillon, parfois
Guyon, notaires à Douzenae, qui avalent si bien altéré en beau
leur origine (5), qu'Us nous ont rendu très défiant même à l'endroit
du lamlieau de illlallon ci-après, quoique emprunté à dom Fonle-
neau (6); François de GulUon, écuyer, seigneur du Pouget et de
Laval, épousa en 146 . Marie de Monteruc, dont Bertrand de
GulUon, écuyer, seigneur du Tell, Laval, marié en 14G0 à noble
Marie de Cousages, lesquels curent pour fils: Denis de GulUon,
seigneur du Pougel, I,Bval, auquel s'unit, en lôOl, Marie de Les-
taiig, A charge de lui faire porter son nom de Lestang,
La .Malber.nardis, puis dite La Mothk. Il est probable que sous
ee double nom, dont le premier cesse au xv siècle, se cache une
dualité de fiefs cimtigus, dont le premier par suite de destruction
se laissa englober puis éteindre dans celui de La Motte. Toujours
ID) Vdvci sur ces Ak BroDu •\p 1» Ru<niKui^<'e. doni
(uoMj, 11. 37 de H pl»qu.
■t.e: U prâid^nt de V!c
ifnrd, pLTi((ueuI, DuponI
. 180!, In^'.
|i) Tiires de Lsniue.
(6) M- toi. âJ. in-f, à 1.
EiUe Ae iraTuil, aui m».
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^ 30i -
esl-lll qn'H tllre <ie selutieui» de Ia> MDttf, les Miillwiiiiird, suivis
fies Rotflgnae, furent les ileuxli'.'nies cosclgneurs d'AUassac, avcr
six aatrcs, et avec l'évèque de Limoges pour premier coselgneur |lj.
Noble Kaynaiid Malbernartl (famille de chevalerie bien aiilé-
rleure), aclifite le diniatiche api^s l'Oclave de rAssomplIon Xotre-
Oaiiie, 1271, de Bernard I.n MolJie, habitant d'Alassac, le quail
d'un repaire, «ire affasion, dit de La Mole, sis dans Alassae,
moyennant 50 llv. Is. (î). Pierre, abbé de Saint-Martial de Limoges,
norillalt, 128i, que Hëlle Malbcrnnrd, chevalier, iivall rendu sa fol
a sim abbaye pour la moillé dudlt repaire de La Mothe. Un acie
hirté (apparemment à cause U'nn report en autre reglslrej relaie,
127i, Jean Malbernard, et Yhospiciuni, fortalitiuin île la MalOer-
nardia (3). Mais II est certain que le efoinicellus RaynaUlua
Malbcrnardi fit lioniniaRe lige, en 1296, à l'évique. pour sa pari
rie coseigneurle d'Alassac et les mas del Montet et de Fn'gemouche.
Ce gentilhomme avait i\i émanclp<! eu 1285 par son p*re, le che-
valier Hélle de Malbernard (41. Vers la nifime année, survint un
accord entre ledit évoque et Réginald Malbernard, professeur en
lois, héritier de Gllwrt et d'Ymbert Laporte, damoiseaux défunls,
nu sujet de la Juridiction d'Alassac, prétendue par ledit successeur,
el à propos des bols communaux d'Alassac s'élendanl entre ladite
ville et le bourg de Brabcliar (Brochas). Il y lut stipulé el réservé
que si Guichard de Comborn n'agréait pas l'accord, rien ne serait
fait (3). GulUem Escharplt (cvldemnieol de celte trfts noble race}
acheta en 1309, au nom de Rcynald de Malbernard, et cela de
Pierre Faurès, demeurant à Alassac, une maison audit lieu, près
celle mouvant en flet do Berlrand Laporle{6). Du samedi aprCs
saint Luc, évangélisle, 1354, Pierre Malbernard (le m^'me que
Peyronnel, ailleurs Pierre de Malbernard, damoiseau, coselgneur
d'Allassac dÈs 133i, aux ides d'avril), seigneur en partie de la
rafime ville, el chevalier, vendit au vicomte Archambaud de
Comborn des rentes sur la Taictu et la Méganie (Perpezac), sur le
village aussi de Laval [Saint- Bon net) et celui du Mas du Montet
(Allassac), pour 50 deniers d'or (7). 5 ] nln 1359, le donzel Pierre de
Vlgler, flis héritier à défunt Gui de VIgler, aliéna des biens (ou
renies) sis à Alassac, à Rigaldo Malbernardi epi.icopo EiUicim \%).
(t) TiireB Lanime.
Ij) Areh. de la Uiuu
(6) Papiers Lamue.
Dijilizedb, Google
— nos -
signalons aussi KaynauU Ue Maubernarct, t'vAque (1) de Llshmine
en 1363; le varlet Oallliei' Malbemard, 1334-40: Jean Maubernard,
chevalier, 1374; et 1376, selKoeur de ta Malbernardie; eiiflD, au
28 décembre 1364, la vente {'2) par Philippe et Guillaume Malber-
uard libres, à Reynal de Ro[fli;"«<^i chbvaller, seigneur de Satnl-
UcMiialn (-les-Vci'gncs) et de Mosse (Meaulce, dlocËsc ite Nevers).
Cette allénallon di.'flnltive comprenait : 1* le château et tour de La
Motte d'AIafisae autrement dite tie La Malbernardie, avec les
fossés, iwurprls; 2- le t'ifis de La Molhe, nn/rantaiit i3) audtt
château ef à cliemin d'AIassni; ti Don/ennc, b, autre chemin
d'Alassac il La Coste, et au chemin d'Alassac à la lonlaine Saint-
Martin ; 3' les quarts (de produits vlnnlres et autres, pour la dlme)
de Monredon et des Farges; 4" les quarts et (|ulnls de Favois
(Allassaci, confrontant -aus vignes de l'abbé de Vlgeots; 5* elc, et
généralement toutes rentes et (trolls (féixlaux) do la seigneurie et
châleau de Ui Motte d'Allassac, autrement de la Malbernardie;
fi* sur divers villages de Sain t-Germaln-lcs- Vergues, de la Vallade .
;Perpezac-Ie-NoIr] ; de Laval et Laborde (Saint- Bon net-l'Enfantler) ;
du Fraysse- Vieux (Voutezac), dimw, pleine Justice, garennes, bols,
moulins, étangs; plus deux villages d'Orgnac. 11 y avait dé]à des
rapports plus étroits entre les deux maisons, puisqu'en 1327, 8 no-
vembre, noble dame Kygentrells ? de RoUlgnac, veuve de feu
Raymond Malbernard, chevalier, administratrice de leurs entants,
échangea le Monlet et ta lx>rderle de La Jugle, près Montredoii et
Ijt Sudrlc (4|. Il y avait eu, sans date, échange de malsons d'Al-
lassac, consenti par Pierre Malbernard, gentilhomme, agissant de
la licence et autorltû du chevalier Hugues Carrières [Chari'eiras,
d'ObJat], la dite maison contigue à celle de Doson Vlgter, cheva-
lier (des Vlgler d'entre Masseret et Limoges, probablement). Noble
Pierre Vigor vendait, 1359, à Guillaume de Rotllgnac, évoque de
Dun...,un hôtel, pré et vigne, dans les dépendances do notre
ville (5).
Revenons aux Rofllgnac. Noble et puissant Jean de RoIIInhae,
chevalier, seigneur de Meaulee, Salnt-Uermaln, La Mote, Riche-
mont, coselgneur d'Allassac, mandataire en 1378 de noble dame
Louise de Monlerne, fit un échange avec l'abbé de Saint-Martial
i mauvais que noua dislnne : rnn-
fmitaal, t\\mfa\oa (oaMcrfe pur louB nos litre* limouBii». Pour être <lu bel air.
il laudroii dire arec rea MesEieura : G«iie icrre, coraprl» dani M) fnagt, conlins i
Dijiiizedb, Google
- 390 -
(le Limoges (i;. Ji>an (le K'iuIlKiiaf, clievaller, s' de RIcheraont (2;,
lioMitaage so» re|wil>i' de Lo Motte, ft l'évi-ijne, ses quarts el quiuls
(lûiialilcs, 1438. De niCine |iar (autre?] Jean de KoullRiiac, Ii8tl; cl
auparavant par Uuiot de Rollgnac seigneur de La Mote.eoselgneur
(l'Alassac, pour ce qu'il teiiull de la dlle crosse, NésllReant le
-\vi' siècle durant lequel les Rolllgnao sont toujours là, t>ieti
entendu, bornons-nous aux d<^talls saillants de la nommc-c de
162i pour Louis de RoniKnae * Mgr de Limoges, quant à la tour
el chflleau de La Molhe d'Allassac, avec ses fossés, préclôtnres,
pleine Justice, droil d'avoir les (rens du clos de La MotUe pour
Kuettables, mounables, et astrelgnables aux four et pressoir. 11
dénombre encore ses diniefi du même clos et d'autres ténements et
l^.ve k l'éffliae d'Alassac sur les pains, sire tourtes, qu'on batUe à
l'oUrande lorsque les préti'es cliantent leur premiiTe messe, des-
quels ledit sieur recteur prend le preniliT pain et le seigneur de
Rollgnac le deu\li-mc [probablement comme co- fondateur de
l'écllse et eollfge desdits pn'itres). Il perçoit pelage et compoJt hors
la ville et pan'-rt(te d'Alassac, énumftrc foi^ce rentes autour de ce
clocher et de ceux do Salnt.-Pnrdoux l'OrllBler, Salnt-Bonnel-
l'Entantler, Orgnac, Perpezac-le-Notr, Estivaux, Voutezac; et Salnl-
normaln-les-Vergnes, au pied duquel li a ohAteau de Roufflgnac
en toute Justice, péage et comi«U ; el censlves el Juridiction
entière au bourg de Vllllerus, tout voisin. Sans parler des rentes
aliénées par les ftoâgnac sur Le Saillant de Voulezac et sur Char-
liât (Vlgeols) dont l'évéque reçut hommage en 1624 de la part de
M" Léonard Guyon, conseiller d'élecllon de Brlve, y habitant. Ce
Guyon CD avoue aussi sur te t(-ncment dit de La Mothe, sllué dans
Lesplnas (Allassae), confrontaut au guc de La Motliesurta Vézére.
Mgr se réserve de lui en réclamer l'hommage s'il est dii, sur le
Puy l'Esplnas, d'Allassac, pour la renie de 13 setters en grains, et
19 gerles de vin, en dlrcetllé dont Guyon s'est désisté au prolll
du prieuré d'Aurell (Haute-Vlennc), c'est-à-dire des Jésuites de
Limoges {3;. Le 16 mal 1618, GeorRCS de La Personne, écuyer, sei-
gneur du Temple et du Puy, comme héritier de teu Pierre de La
Personne, son père, el bérltler contractuel de sa nif^re, leu Hélalne
de avait vendu pour 2,320 livres, des vignes d'Alassac, A Louis
de Roflgnac, seigneur dudlt et Henri de RoUgnac, seigneur de La
Motbe, qui le 2 août suivant céda sa part audit Louis. La llève de
M. de Rollgnac, sans date, vers le milieu du xvif siècle, lui
attribue entre autres biens, outre La Molhe : les maisons en ville ;
1* de Contou, près la porto de Garavet ; 2° dites de Dulan et de
II) GalgnicreK, in> 17118.
|2I AbMg Ro<r de Pierrclîite el Lrcltr. pi pupicri Limiic.
13) Arch. de la lliuie- Vienne, fonde éïèclw. G. 7428, el lomc XX- mv
dbyGoot^lc
- 397-
Glrallou, près de la rue allant de l'église ô Gauch ; 3* appelée de
Saint'Urclsse, eontlgue à celle de Poude ; plus une grande tour
ronde confrontant (1) à la rue tendant de la porte de Bon à celle
de Bardicon et du Midi au portail nommé la porte Guyonnle. Il
possédait en outre « la chapelle jointe fi la grande église d'Alassac,
du côté du soleil couchant, avec tombeaux, et litre et ceinture a et
encore une chapelle dite de Monlemc, en l'église paroisslalte de
Donzenac, avec droits honorifiques ; et les seigneuries de Monterac
(& Etouzenac) et de la (.hartroule, cette dernière composée de
maisons ainsi que de faibles preslalions, Justice entière et d'Hon-
neurs en la chapelle de La Cliartroule. La saisie des biens de Rotl-
gnae, pratiquée le 27 janvier 1698 par Jeanne de Boisse, sœur de
}^ a lut- Benoit, « abcsse » des Clarisse» de Brive, spéciUe même
situation terrienne à peu prés, et les maisons d'Alassac acquises
par feu Jacques de Rollgnac du s' de Salnt-Urclsse ; ce qui dénoie
un flet de Saint-L'rclsseiest-ce Sainte-Orse? Saint-Ours? en notre
vUlelte, dont les flancs dégonflés, comme le trompeur cheval de
Troie, recèlent, on le volt, bien des choses, si on veut se montrer
vraiment regardant, loin de se contenter d'un coup d'œll à (leur
de peau. Telle l'aïeule vénérable garde la trace, au fond de ses
rides, des mille soucis, Iracas, travaux, brisements de cœur, de
sa longue vie plus que dévouée, totalement sacrifiée Jour par Jour
et goutte h goutte).
Le S' de Rofllgnac avait à Alassac, vers 1740, un château à deux
corps de logis, à deux tours, fossé, salle, sallon, allée d'ormeaux,
garenne de chênes. Jardin fruitier, dit Le Clos, deux prés appelés :
La Combome (Jadis aux Comborn, évidemment) et pré des Demoi-
selles dans le domaine de Caucaud, et le grand pré, touchant an
deuxième et n aux carrières d'ardoise) à chemin de BrIve au
Saillant ; la métaierle du bols du Puy (Alassac) ; et â La Chartroule
un borderage contenant les prés de Sainl-Ferréol, la grande vigne
17 sétérées, etc. Bref, en 1715, Jean de Rofflnfaac, s' de Lamothe,
demeurait à Allassac. Mais en 1760, J.-B. Ciioivy, écuyer, seigneur
du Pouget, Homgnac et en grande partie d'Ala.^ac, habltaU son
château de Lamotte-RofSgnac prés Alassac, en qualité de l'un des
200 gens d'armes de la garde du roi, relégué (2), Après lui ce fut,
16 novembre 1772-79, Jean Pradel de La Mase, écuyer, seigneur de
La Mase, Charllac, La CharlrouIIe, Monteruc, I^motte, RoUlgnac,
eoselgneur en grande partie de la ville et paréage d'Allassac,
lieutenant général de la sénéchaussée d'Uzerehe (3).
fA suivre). J.-B. Champeval,
(Il Papiers Limai:. — Oblilion Bimbollque de to
(!) Miauuu de l'^iude LaviaUe, i Allob;
(3) ArcblvSB àe la Uocrèie. B. 2j1.
T. XX.
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Dijilizedb, Google
Michelet et le Limousin
Michelet revient à la mode. On ne compte plus
les articles de journaux, les chroniques, les études
parues, ces derniers jours, touchant le grand his-
torien romantique. On l'invoque au Père Lachaise,
on le glorifie au Panthéon, on le célèbre dans des
conférences et il semble, après le discours de M. le
Ministre de l'Instruction publique, qu'il n'y ait plus
grand'chose à dire sur celui qui aima de toutes ses
forces la France et le peuple, répondant d'avance, et
sans réplique, à certains détracleurs d'aujourd'hui,
qu'ils soient de chez nous ou d'ailleurs, lesquels,
hypnotisés parraméricanismeouranglo-saxonisme,
ne veulent voir chez les races latines qu'affaissement
moral et décadence intellectuelle.
En montrant la France soldat de Dieu, de la jus-
tice et du droit, apôtre de la philosophie idéaliste et
de la littérature sociale, héraut d'armes de l'huma-
nité et de la tolérance, Michelet a écrit, avec son
cœur et sa passion — ce qui fait sa grandeur, mais
aussi parfois ses faiblesses — un des plus éloquents
plaidoyer en faveur de la race française, et la jeu-
nesse qui viendra s'abreuver à cette source vive,
fraîche et réconfortante, ne désespérera pas de
l'avenir.
Mais il ne s'agit pas ici de juger l'fiistorien et
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d'apprécier l'écrivain-poèle. Noua voudrions sim-
plement montrer dans Michelet l'évocateur de la
vieille France provinciale, le peintre qui ressuscita
dans leur cadre pittoresque et avec leurs coutumes
traditionnelles les cités du Moyen âge, rappeler son
appréciation sur les Limousins, et les rapports
qu'il eut avec l'un d'entre eux, Mgr Berteaud, évè-
que de Tulle.
On n'ignore pas quel admirateur enthousiaste de
l'unité française fut le poète épique de la Révolution.
Mais il était de tempérament trop indépendant et
d'esprit trop éclairé pour confondre unité et uni-
formité, indépendance avec anarchie. Relisez ce
court et substantiel volume qui a pour titre : Notre
France, sa géographie, son histoire, vous y
découvrirez, sans grande peine, les grandes lignes
de l'Evangile des décentralisateurs de ce jour.
Cette a œuvre de science et d'art, absolument
originale », n'est autre chose que le Tableau de la
France placé en tête de l'histoire du Moyen âge,
repria et complété par les notes que prit Michelet
lors du voyage dont il fut chargé par l'Etat, en 1835,
à l'effet de fouiller les archives laïques et ecclésias-
ques de province. Notre Finance a été publiée par
M"' Michelet en 1886; c'est, a écrit M. Emile Page
dans une étude sur laquelle nous reviendrons : « Une
» géographie sans pareille, pittoresque, animée, en
» relief et en action, faisant la part de toutes les
» énergies locales, laissant voir à l'œuvre tant de
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B foyers épars, les individualités provinciales, com*
» posées des forces et des beautés les plus diverses,
» et les ramenant, les rattachant toutes, par un lien
» indissoluble, à la mère patrie B. Quelle différence
avec cette France unitaire et uniformisée à l'e-rcès
qu'ont tenté de nous façonner la royauté absolue,
le jacobinisme et le césarisme, que cette France si
diversement variée, a s'exprimant, au contraire,
par la forte personnalité de chaque province séparée
encore du centre monarchique et vivant de sa vie
indépendante » (1).
Déjà, dès le milieu du x' siècle, à la chute de la
dynastie carlovingienne, des diverses parties du sol
gaulois se dégagent des aspirations fédéralistes et
chacune d'elles s'exprime en une dynastie féodale,
ce qui, malgré quelques historiens journalistes ou
politiciens, n'exclut pas une harmonie forte et
réelle et la conscience à.'une obscure et vagve
unité. Tels sont les termes mêmes de Michelet, et
il développe ainsi sa pensée :
s La variété infinie du monde féodal, la multi-
» plicité d'objets par laquelle il fatigue d'abord la
» vue et l'attention, n'en est pasmoins la révélation
» de la France. Loin qu'il y ait, comme on l'a dit,
» confusion et chaos, c'est un ordre, une régularité
B inévitable et fatale. Chose bizarre ! nos quatre- .
B vingt-six départements répondent, à peu de
B chose prés, aux quatre-vingt-six districts des
» capitulaires d'où sont sorties la plupart des sou-
» verainetés féodales, et la Révolution, qui venait
» donner le dernier coup à la féodalité, l'a imitée
B malgré elle ».
dbyGoot^lc
Vous voyez qu'on pourrait de là conclure presque
que l'esprit d'indépendance en matière politique,
administrative et intellectuelle, — c'est-à-dire, pour
parler comme aujourd'hui, décentralisateur, — est
aussi vieux en France que la tendance à l'unité et
aussi ancien que la France elle-même, puisque l'un
et l'autre suffisent à expliquer et à réduire en for-
mule l'histoire de notre race, sortie de la combinai-
son souple et harmonieuse de l'élément celtique,
avant tout sociable et égalitaire, et de l'élément ger-
manique, essentiellement individualiste, disciplinés
tous les deux par l'esprit romain, méthodique, orga-
nisateur, centralisateur (2).
Esprit d'indépendance ou individualisme, ten-
dance à l'unité, à l'ordre, ou caractère éminemment
social, tels sont en effet les deux qualités principales
et diverses — mais non contraires — de l'esprit
fiançais fait par-dessus tout de clarté, de méthode
et de sociabilité, laquelle doit consister à « diminuer,
0 sans la détruire, la vie locale, particulière, au
» profit de la vie générale et commune » (3).
Aussi Michelet s'intéresse -t- il beaucoup à la vie
provinciale. Il n'a pas, à notre égard, les paroles
dédaigneuses, le mépris maladroit de certains « bou-
levardiers », auxquels trop souvent applaudissent
■ quelques provinciaux t intellectuels » et désabusés.
11 sait bien ce que nous devons tous à Paris et à l'He
de France, qui sont le a résumé du pays », qui a. ont
reçu et donné l'esprit national », mais il sait aussi
ce que la Capitale doit à la Province.
Et d'abord, pour lui, c'est l'histoire de celle-ci
qui peut seule expliquer « comment s'est formé en
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une ville ce grand et complet symbole du pays». Ne
dédaignons donc pas nos érudits, nos chercheurs et
nos archéologues de province qui sont en train de
refaire, dans tous ses détails, l'histoire complète et
définitive de la France, a dont la description de
Paris sera le dernier chapitre a .
Les écrivains eux-mêmes, si nombreux, qui sont
nés à Paris, a doivent beaucoup aux provinces dont
leurs parents sont sortis », ce qui ne !es empêche
pas d'appartenir aussi a à l'esprit universel de la
France qui rayonna en eux » (4).
Que dirons-nous alors des génies puissants que
vit éclore la province elle-même : les Pascal, les
Bossuet, les La Fontaine et tant d'autres? De ceux-
là, comme des auteurs contemporains dont le talent
est venu s'épanouir dans la capitale, Michelet n'eut
pas été loin de penser ce qu'exprimait spirituelle-
ment, dans une des dernières réceptions académi-
ques, un de nos penseurs les plus distingués ; « que
» les plus robustes fils de la province viennent
» s'établir à Paris pour le bon motif, pour y prêcher
» de plus haut la décentralisation ! » (5).
II
Pour bien comprendre l'époque féodale ou pro-
vinciale, — car, selon Michelet, ce dernier nom
la désigne aussi bien^ — il faut étudier le caractère
de chaque province, non seulement dans sa géogra-
phie, ou sous le rapport du sol et du climat, mais
aussij et surtout, dans son histoire, c'est-à-dire sous
dbyGoot^lc
le rapport de l'action politique et sociale, sous le
point de vue des hommes et des événements.
Grâce à cette méthode, autrement compréhensive
et philosophique que celle de Taine et de M. Demo-
lins dans les Français d'aujourd'hui, on verra
comment l'histoire a a effacé », « violé o la géogra-
phie, comment, du Nord au Midi, de l'Est à l'Ouest,
s'est constituée peu à peu l'unité morale de la
France, somme et combinaison de toutes les indi-
vidualités provinciales dégagées de plus en plus des
fatalités du milieu, de la tyrannie des circonstances
matérielles de race ou de climat.
Michelet passe donc en revue nos différentes pro-
vinces et, après les avoir caractérisées, il remarque
que quelques-unes alternent de caractère et s'ai-
mantent, pour former des régions, des « zones »
de tempéraments divers, parfois opposés. C'est de la
fusion harmonieuse de ces contrastes qu'est sortie
la personnalité de la France, que s'est formée « l'âme
française ».
Ainsi en est-il, par exemple, de la zone de l'Ouest,
où l'on passe :
a De l'universalité parisienne à la sévérité de
» Chartres et d'Orléans ;
» De la noblesse de la Touraine à la fermeté
» intelligente de Saumur et d'Angers ;
» De Vamabilité poitevine à la sauvagerie ven-
0 àéenne,&\d. sécheresse industrielle etpolitique
» de la Rochelle ;
» De la grave Saintonge à la riche et aimable
» Angoulèrae ;
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» De l'honnêteté de Limoges à Vâpreté spiri-
» tuelle de Brive », etc., etc. (7).
Mais laissons de côté la théorie, dont on pourra
lire l'ingénieux développement dans ce merveilleux
Tableau de la France qui, de l'avis de M. Faguet,
peut servir de modèle à tous les historiens et à tous
les géographes, et tenons-nous en à ce que Miehelet
pense du Limousin et de ses habitants.
Voici d'ahord le Haut-Limousin : « Pays froid,
pluvieux, qui verse tant de fleuves ses collines
granitiques, arrondies en demi-cercles, ses vastes
.forêts de châtaigniers nourrissent une population
honnête, mais lourde, timide et gauche par indéci-
sion. Pays souffrant, disputé si longtemps entre
l'Angleterre et la France. L'adieu de l'ennemi, quand
il sentit le pays lui échapper, fut l'extermination
de Limoges ».
Cette psychologie vaut bien celle de l'auteur des
Français d'aujourd'hui qui voit, dans le « châ-
taignier», l'ennemi mortel des Limousins. Ajoute-
rons-nous que cette timidité et cette indécision de
l'hahitant des plateaux, due aussi à l'infertilité
du sol et aux brusques variations de la température,
ne va pas^ comme on l'a déjà constaté, sans de
notables exceptions, en particulier dans les classes
moyennes où le souci de l'existence quotidienne et
la préoccupation de la vie matérielle jouent un rôle
bien moins important que chez le paysan.
C'est cette infertilité du sol, cause de notre pau-
vreté, qui nous a protégés contre les envahisseurs:
Romains, Burgondes, Goths et Wisigoths, établis
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- 406-
dans des régions plus clémentes et plus fécondes;
c'est à cette pauvreté que nous devons d'avoir con-
servé presque intacte notre personnalité celtique et
c'est d'elle que nous tenons un ensemble de quali-
tés qui rachètent amplement nos imperfe(:tions{8).
C'est surtout quand nous passons de la région des
plateattx à celle des plaines que ces qualités se
manifestent et elles n'ont pas échappé à l'histo-
rien :
« Le Bas-Limousin, le pays guerrier des Marches,
n qui ne voulut relever que du roi, c'est-à-dire de
» personne,. est autre chose; le caractère remuant
» etspirituel des méridionaux y estdéjàfrappant ■
» La Corrèze, c'est l'énergie auvergnate méridiona-
» lisée Entre Tulle, vieille ville épiscopale, et
» Brive-la-Gaillarde, bien bâtie en dures (?) pierres
» grises à angles aigus comme l'âpre vivacité de ses
» habitants, vous rencontrez de petites habitations
» groupées par deux, par trois, au milieu des prai-
» ries, sous les châtaigniers. Charmant et pauvre
j> pays dans lequel on tourne par des rampes déli-
» cieuses, entre des roches pendantes, mousseuses,
» brunes, richement ombrées et délicatement fes-
» tonnées de verdure. Petites cascades pour un fétu
» — (ne pas oublier les grandes) — , rivière qui fuit,
» vive comme une couleuvre ; au-dessus, des peu-
» pliers. Un peu de sarrazin pour vous rappeler
j> que vous êtes au pays de la pauvreté, que toute
» cette beauté est désintéressée. La Bretagne est
B laide et pauvre. Le Limousin, beau et pauvre ».
Après le pays, voici les hommes :
« Ce pays a donné des hommes à l'Église, à la
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» Monarchie. Les noms des Ségur, desSaint-Aulaire,
a des Noailles, des Ventadour, des Pompadour et
» surtout des Turenne, indiquent assez combien
. » les hommes de ces pays se sont rattachés au pou-
» voii' central et combien ils y ont gagné. Ce
» drôle (?) de cai-dinal Dubois était de Brive-Ia-
9 Gaillarde.
» Deux de nos derniers papes français, d'Avignon,
» étaientaussi Limousins{ClémentVI, GrégoireXI).
> Ils avaient fait plusieurs cardinaux de leur pro-
» vince. Ces Limousins, à la mort de Grégoire XI,
» se voyant exclus de la papauté par le conclave,
» firent nommer un pape italien. Les autres cardi-
» naux, comme on le sait, firent bientôt un second
a pape, un genevois, qui vint régner à Avignon.
» De là, le grand schisme d'Occident » (9).
Ce jugement, dans son ensemble, est fort juste,
beaucoup plus juste que celui de M. Demolins,
d'après lequel le Limousin, hors de chez lui, « est
réduit soit à la mendicité, soit aux fonctions mili-
taires ou administratives ».
Si Michelet exécute un peu bien lestement Dubois
— dont le procès se révise tous les jours, — s'il
oublie le pape Innocent VI, s'il ne parle pas, et pour
cause, de la brillante cohorte des explorateurs de
nos jours, il a fort bien compris le grand rôle joué
par nos hommes de guerre et surtout par nos hom-
mes d'église.
11 savait que le Limousin fut la terre privilégiée
des saints et des monastères en ce Moyen âge
(t énorme et délicat » où « les villes, n'étaient rien, à
moins qu'elles ne fussent cités épiscopales », où
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Il les abbayes étaient des centres d'attraction, autour
desquelles s'étendaient des villes et des bourga-
des » (10), où l'Église « offrait aux intelligences une
littérature, une histoire, une dialectique, la philo-
sophie de son dogme et ses paroles de vie éter-
nelle » (11).
Tout homme a deux pays : le sien et puis la France !
Ce vers de Bornier qui résume admirablement,
dans la bouche de Charlemagne, le rôle de la France
chrétiennej gesta Dei nous fait regretter l'ab-
sence d'une étude d'ensemble sur le Limousin reli-
gieux, où nous verrions, une fois de plus, l'impor-
tance des services rendus par notre province à la
civilisation française et européenne I
Rappellerai-je ici quelques noms, parmi les plus
connus : saint Martial, saint Waast, saint Ëloi, saint
Libéralj saint Dumine et saint Vincentian ; sainte
Ferréole, sainte Fortunade, saint Yrieix et saint
Sadroc, dont certains endroits tirent leur dénomi-
nation ? Obasine a saint Etienne ; Beaulieu, Rodul-
phe, <t le père de la patrie », fondateur de son abbaye
bénédictine ; Tulle, dont la plupart des évèques
sortent des grandes familles limousines, peut citer
saint Calmine et Adémar des Echelles, son bienfai-
teur ; Drive a saint Martin, disciple de saint Martin
de Tours; Uzerche, saint Léonat et saint Coronat,
chantés par Denys Pyramus, et surtout Rodulphe de
Mira, qui releva son abbaye ravagée par les Nor-
mands et fît de ses abbés les égaux des vicomtes
de Turenne, de Comborn et de Limoges. Quant à
nos trois papes, n'oublions pas qu'ils portèrent chez
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nos amis de Provence, qui paraissent parfois ne
pas s'en souvenir, la civilisation et les noms même
des grandes familles limousines, faisant d'Avignon
le véritable foyer intellectuel du monde catholique.
Ce serait même, a-t-on prétendu, le sentiment de
jalousie provoqué par cette suprématie artistique
d'un pays jusque là obscur qui serait la véritable
cause des brocards dont on a si longtemps accablé
nos populations limousines et auxquels M. Demolins
a voulu donner une allure s scientifique » (12).
Qui a raison ici, du sociologue ou de l'historien?
Est-ce M. Demolins avec son o influence déprimante
du châtaignier B, ou bien Michelet avec son éloge
de nos guerriers et de nos apôtres ? L'histoire,
comme Ta compi'ise ce dernier, est surtout un art
puisqu'elle évoque et ressuscite, et la sociologie est
une science à la mode, et nous vivons dans un siècle
a scientifique ».
Tant pis I Résignons-nous à n'être pas savants
de cette manière et continuons à manger des
châtaignes t
fH
M . Emile Fage a consacré une étude des plus
intéressantes aux relations intimes qui existèrent
entre l'historien romantique et Mgr Berteaud (13).
Dans son remarquable ouvrage : Un Évèque d'au-
trefois, M. Germain Breton (14) est revenu sur ce
sujet, où te côté dramatique ne fait point défaut,
puisque c'est la mise en scène éminemment tragi-
que, de plus en plus d'actualité, de ces grandes
D.g.tizedby Google
- 4tO-
anlinomies; la raison et la foi, la science et la
religion, le réel et l'idéal !
Nous permeltra-t-on de revenir sur un aussi
important débat, tranché, semble-t-il, par ce génie
qui eût nom Pascal et qui fut à la fois un grand
savant, un profond penseur et un chrétien sublime?
«L'homme n'est ni ange ni bête » Voilà ce
que nous oublions trop, voilà une constatation
éminemment humaine qui pourrait mettre d'accord
les esprits les plus opposés, concilier les plus irré-
ductibles. Michelet, dans la seconde partie de sa
vie, dans la seconde partie de son histoire, — oii il se
montre en proie à ses préjugés de politicien contre
les rois, les prêtres, les jésuites, le catholicisme, —
Michelet perdit de vue cette grande vérité. De plus
en plus, alors, sa sensibilité excessive, son imagina-
tion puissante l'emportèrent sur son jugement;
il fut, de plus en plus, un poète, un transforma-
teur; il devint, selon le mot de M. E. Faguet, un
((historien contestable et décevant» et la vérité ne
fut plus, hélas! son unique idole.
Ainsi devaient forcément se rompre les liens de
"l'amitié vive et durable qui l'unissaient à l'évêque
de Tulle, théologien du Verbe, philosophe de l'In-
faillibilité, Romain d'esprit et de cœur. L'apôtre
n'admettait que la foi, la tradition. Pour lui, comme
pour tout catholique, le Verbe était tout ensemble
la base et le couronnement de la science des hom-
mes. Pour Michelet, au contraire, la raison, réchauf-
fée et élargie par l'amour, était le chef de voûte de
toutes les connaissances.
Mais, malgré ce divorce de deux esprits éminenls,
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il resta toujours entre eux un souvenir touchant de
la liaison passée, une estime réciproque et profon-
dément sincère. Au fond, l'èvêque sentait l'histo-
rien plus près de la vérité que beaucoup d'autres
écrivains libres- penseurs. Il savait combien était
vive la foi spiritualisle de Michelet, combien il
vivait d'espérance chrétienne en Dieu et en l'Immor-
talité, conditions nécessaires de toute liberté et de
toute justice :
a Oh I Michelet, s'écriait-il un jour, quel malheur
s qu'il ne soit pas mort réconcilié, dans le sein de
» l'Église ! Il méritait un meilleur sort que celui
» auquel il s'est laissé entrainer. C'était une noble
» nature, un cœur excellent, une âme d'élite. Si
» j'avais été là, les choses ne se seraient pas passées
» ainsi ; j'aurais fait appel au spiritualiste, à Thon-
s nète homme, aux facultés supérieures de son
» être aimant et pensant. Il m'aurait écouté, suivi ;
» il serait mort en chrétien ».
L'opinion de l'historien sur l'èvêque, qu'il avait
entendu, alors simple abbé àSaint-Etienne-du-Mont,
n'était pas moins élogieuse :
« Un grand charme, disait Michelet, s'échappait
» de toute sa personne ; son talent me plaisait
» beaucoup C'était un esprit rare et des plus
» vifs, une imagination étendue et ornée Un
» prêtre intelligent et vertueux » .
On aime à se représenter ces deux hommes croi-
sant amicalement bien des lances, échangeant des
confidences mutuelles, unissant leurs belles intel-
ligences dans la recherche de la vérité et la passion
de la justice sociale, et l'on est porté à croire qu'il
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-412-
devaît, de temps en temps, surgir entre eux de poé-
tiques souvenirs de la terre limousine que l'un
avait si bien comprise et que l'autre portait dans son
cœur.
C'était entre eux un lien de plus, avec l'amour
et le respect qu'ils professaient tous deux pour le
tt Paysan », pour le « Soldat ».
En effet, à côté des plus belles pages de Michelet
sur Jacques Bonhomme, à côté de celles qu'il
écrivit, brûlantes de passion, snr Jehanne-la-Pucelle
et sur nos plus pures gloires militaires, on peut
mettre, croyons-nous, ces éloquentes paroles de
Mgr Berteaud parlant à ses paysans limousins :
<( Vous êtes nobles et beaux, vous êtes au milieu
» de vos champs comme des dieux ; les anges vous
» contemplent avec admiration, car vous êtes les
» soutiens du monde. Quand votre bras se balance
» au-dessus des sillons pour y jeter le blé, quand
» vous ensevelissez, avec la charrue, ce blé qui doit
» mourir pour renaître, Dieu vous regarde avec
» amour et vous prépare ses bénédictions. C'est vous
» qui donnez aux homme.< le pain de chaque jour;
» c'est vous qui donnez à Dieu le pain et le vin dont
B il fait son corps et son sang » (15).
La tirade est superbe d'envolée, à lire tout entière,
à apprendre par cœur. Moins longue mais non
moins belle la suivante, que nous pouvons et
devons donner presque tout entière:
a Le soldat défend la patrie, il défend ses droits
» foulés, il punit les ambitions sauvages. La patrie,
» c'est nous-mêmes qui vivions avant d'être nés;
» nous étions dans les ancêtres, nous faisions leurs
D.g.tizedby Google
» œuvres, ils sont en nous, par nous, ils les conti-
» nuent. Le soldat milite pour cette personnalité
s brillante et séculaire, formée des aïeux, et de
» ceux qui vivent et de ceux qui viendront; il
» sauve une grande âme prolongée à travers les
» âges. Ce travail est beau ».
Puis l'évêque rappelle le rôle civilisateur de
l'Eglise catholique qui aime les Francs, parce qu'ils
furent de tout temps ses plus vaillants guerriers^
ses coopérateurs au plan divin. C'est un admirable
résumé de toute la philosophie des Pères condensée
dans Bossuet ;
« Jadis, quand on bénissait le soldat catho-
» lique, il était averti qu'il aurait à offrir audacieu-
B sèment sa poitrine pour la défense de la Foi. Il
» recevait dans sa main le glaive éminent d'où
B allaient jaillir les éclats et les foudres vengeurs.
B On lui souhaitait la magnificence, le courage, les
> nobles mœurs propves à sa grande fonction, on
]> appelait sur lui les augmentations de la Foi^ de
B l'Espérance, de la Charité. Si aujourd'hui, avant
» de revêtir son armure, il ne passe plus par de
» semblables consécrations, il n'en reste pas moins
» destiné à une mission divine. Force animée et
» vaillante des peu^iles qui adorent Jésus-Christ, il
B conserve un fonds d'attitudes glorieuses. Le soldat
» de la France, nonobstant des interruptions, résul-
n tat de rapides aiéprises, ne l'a jamais perdu. Le
B génie de sa nation, profondément catholique^ le
» ramène sans cesse aux champs de guerre où sont
» engagés les intérêts de l'Église. Nos armées por-
» tent un fer trempé pour la gloire du Christ ; elles
T. XX. 3-7
,y Google
» sont là pour faire taire les projets hostiles à
» Dieu ; elles décident des controverses impies avec
» leur éminente épée ».
IV
Nous voilà, pensera-t-on, bien loin de Michelet
avec cette philosophie tirée du Discours sur V His-
toire universelle, avec cette politique extraite de
VÉcriture Sainte.
De Michelet dernière manière, certes, mais non
pas de Michelet historien du Moyen âge et chantre
lyrique de nos cathédrales ; encore moins de Miche-
let faisant ses débuts au Collège de Sainte-Barbe en
qualité de professeur d'histoire.
Sous ce titre: Une page oubliée de Michelet,
un grand journal parisien a publié une véritable
curiosité littéraire, à peu près inédite.
C'est un discours de distribution de prix, prononcé
le 17 août 1825, sous la présidence d'un compatriote
dont nous esquissions dernièrement, ici-même, la
biographie: l'abbé Feletz, alors inspecteur d'acadé-
mie, ancien directeur d'études à Sainte-Barbe i et
critique pointa » (17).
Autre coïncidence curieuse : dans le palmarès où
figure ce discours, l'élève Désiré Nisard, qui devait
plus tard succéder à Feletz comme académicien et
prononcer son éloge, est mentionné pour avoir
obtenu le premier prix de dissertation latine.
Mais revenons à Michelet. Dans le document dont
nous parlons, l'orateur examine deux questions qui
se posent encore : l'unité de la science, l'utilité des
D.g.tizedbyGoOglC
études classiques, et il base sa démonstration sur
cette pensée où Pascal compare l'humanité à un
seul homme « qui subsiste toujours et apprend
continuellement d. De là, la nécessité pour l'éduca-
teur de transmettre aux jeunes le patrimoine des
ancêtres qu'ils devront accroître et transmettre à
leur tour à leurs successeurs ; de là, la grande vertu
éducative de l'étude des langues anciennes et de
l'histoire :
a Fils du monde antique, s'écrie le jeune pro-
» fesseur, nous repousserions en nous l'héritage
» de nos pères ; leurs innombrables souvenirs sont
» trop mêlés à notre existence ; ils nous entourent,
» ils nous pénètrent, pour ainsi dire ; nous les
» recevons de toutes parts. Vouloir s'isoler de ces
» éléments qui se sont incorporés à nous-mêmes,
» c'est une entreprise chimérique, et si nous avions
» le malheur d'y parvenir, nous n'aurions réussi
D qu'à nous faire une énigme incompréhensible
» du monde moderne que l'ancien peut seul
» expliquer ».
Cet appel à la tradition pour justifier l'enseigne-
ment classique ne pouvait déplaire à l'abbé Feletz
grand admirateur des anciens. Mgr Berteaud, lui,
aurait préféré que l'appel s'adressât uniquement à
l'héritage chrétien qu'il mettait bien au-dessus de
l'autre, quand il n'écartait pas dédaigneusement ce
dernier. Quoi qu'il en soit, il est intéressant de
remarquer ce modelage de l'éducation a sur le plan
historique fixé par la Providence » et de voir légi-
timer les études classiques par le n droit divin ».
Michelet se rapproche donc ici beaucoup de
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- 416-
Bossuet, ce Père de l'Église moderne, nourri
jusqu'aux moelles de la substance du Verbe. Il s'en
rapproche encore bien plus lorsque, après avoir
montré l'utilité des lettres anciennes qui forment
le style et l'homme même, de l'histoire « qui com-
munique aux paroles la réalité et la vie », il arrive
à la philosophie, ce couronnement de l'enseigne-
ment classique :
a La philosophie cultive dans l'élève cette noble
» puissance de généraliser, qui lui permet de réunir
» mille objets sous une expression simple, de s'éle-
» ver des conséquences aux principes, des effets
B aux causes, enfin d'embrasser un système ; elle
» rattache toutes les études à celle de l'homme,
B dont elle analyse les facultés ; elle nous montre
» dans ce centre où ils aboutissent tous les rayons
9 de la science et nous rassemble l'infini dans un
» point ».
Croyez-vous que l'évêque, philosophe et théolo-
gien— ce qui, souvent {du moins jadis), fut même
chose, — aurait hésité à applaudir des deux mains
à cette constatation que de la connaissance de lui-
même l'homme s'élève à la contemplation de la
nature, de la contemplation de la nature à l'adora-
tion de Celui « dont la volonté gouverne tous les
rapports des êtres » ? Croyez-vous qu'il n'aurait pas
serré dans ses bras son « ami Michelet » saluant
l'Univers du mot de Marc-Aurèle : Auguste Cité de
la Providence ?
Ecoutez. Est-ce un prêtre, est-ce un historien qui
parle ?
« Désormais, il n'y a plus à chercher le principe
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— 417 -
» qui doit lier toutes les connaissances ;. dans
•a Vunité de l'intention divine, V homme a trouvé
» Vunité de la science comme celle du monde.
» Qu'il observe les lois invariables de la physique
» ou les lois non moins régulières auxquelles sont
Si assujetties les affaires humaines dans leur muta-
» bilité apparente, il reconnaît une même con-
» ception, une même volonté Vous
» n'oublierez pas que la connaissance des faits
D isolés est stérile et souvent funeste, que celle des
» faits liés selon leurs véritables rapports est
» toute lumière, toute morale, toute religion.
» Pour nous, puissions-nous voir, fidèles à ces ins-
» tructions, courir dans celte carrière où nous
» marchons si lentement encore, enrichir par nos
» travaux le patrimoine de notre espèce, et, àcha-
» que découverte, appuyer d'une preuve nouvelle
» les vérités qui font la dignité de l'homme et
» sa consolation sur la ferre. Alors nous ren-
u drons grâces à Celui qui conduit cette marche
» admirable de l'humanité, et nous le remercie-
» rons de noua avoir donné, pour nous remplacer,
» des hommes qui valent mieux que nous ».
Ces deux hommes semblaient donc faits pour s'en-
tendre. Il y avait entre eux de nombreux points de
rencontre et d'attache. Mais l'un regardait trop haut
vers le ciel et poussait jusqu'au bout sa logique de
chrétien et de catholique, l'autre hésitait entre les
préjugés de son esprit et les élans de son cœur.
Partis du même point, ils allaient chacun dans une
direction diamétralement opposée. La séparation
devait se faire, cruellement, mais sans liel. On l'a
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vuj de la part du prêtre. Quant à Michelet, il a
raconté lui-même ce drame à M. Emile Fage. La
scène est grande et belle, bien digne de ces deux
nobles âmes :
a C'est ici, dans ce petit jardin^ que j'ai rompu
» avec l'abbé Berteaud ; j 'étais excédé de la tournure
» personnelle que prenaient ses entretiens et de la
» forme impérieuse qu'affectait son langage. Je lui
j> fis sentir, avec énergie, que la discussion sortait
» des bornes permises ; que je n'étais pas un homme
» à prendre ni à surprendre et qu'il se trompait
s étrangement sur la forme de résistance de mon
» caractère et de mes convictions. Les dernières
r> paroles que nous échangeâmes furent celles-ci :
» — Vous connaissez la Suisse, Monsieur le cha-
» noine, et ses glaciers éternels?
» — Certainement!
JD — ■ Us sont, vous le savez, déchirés par des
» crevasses profondes, coupés par des précipices
» insondables. Les voyageurs, cependant, peuvent
» se donner la main d'un bord à l'autre. Ils n'en
i> sont pas moins séparés par un abîme qui va
» rejoindre les entrailles de la terre.
» Sur ces mots, nous primes congé l'un de l'au-
B tre, nous ne nous sommes pas revus. La rupture
» se fit sans retour possible, mais sans amertume.
» Le souvenir du prêtre intelligent et vertueux qui
» venait me visiter rue des Postes m'est toujours
» resté présent. Si vous le voyez, parlez-lui de
» moi ».
Raymond Laborde.
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NOTES
(I) Hichelet: Noln France, préface, p. VII.
(î) Janet : Dégénéretcence, dans ta Revue dei Deux-Monde»,
15 octobre I8M.
(3-4) Michelet : Notre France, pp. 294, 285, 287.
(5) Réception de M. Hanotaui. Réponse deH. MelchiordeVogue.
(6) Nous sommes heureux et flalté dn nous rencontrer sur ce
terrain avec M. Emile Page, d'abord, et avec H. Fourel. professeur
de rliétorique au Lycée de Tulle, ensuite:
a Ceux qui ont le mieux compris et aimé le génie de la France
t ont été les premiers i mettre en lumière l'importance de l'activité
■ provinciale pour la prospérité de la patrie. Augustin Thierry
• avait àéjk démontré la nécessité d'étudier, pour comprendre l'Iiis-
■ loire de France, les traditions provinciales, et lorsque Michelet a
B voulu peindre l'àme franijniae, retrouver dans l'unité vivante dé
« la nation les éléments naturels qui l'ont constituée, c'est par
> l'étude du génie particulier de chaque province qu'llad&com-
■ mencer. Il a bien vu que ce grand corps ne livrerait le secret de
V son admirable vitalité que si on savait découvrir la part prise par
H chaque organe à l'activité de l'ensemble •.
(Discours prononcé à la distrlbiiliou des prix du Lycée de Tulle).
(7) Michelet : Notre France, p. 38.
{B) Comptes rend us de la LVII* session du Congrès archéologi(i»a
de France, tenue à Brive en 1890: études de MM. Léon Vacher, de
Lépinay, René Fage, etc.
(9-10} Michelet : Notre France, pp. 76, 18, *.
(II) Lavisse: Vue générale de l'histoire politique de l'Europe,
p. n.
(12) Demolins : Le» Fnnçai» d'aujourd'hui.
(13) Bulletin de ta Société des Lettre», Sdencet et Arts do la
Corrèie (janvier-septembre 1895).
(Id) Monseigneur Berteaud, éoique de Tulle, pp. 44-47.
(15) id-, p. 93.
(16) Id., pp. 402-403.
(17) U Temp», 14 juillet 1898.
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Dijilizedb, Google
Livre de Raison
Jean de MALLIARD
(PAGES INÉDITES)
A M. K. Rupin, Président de la Société archéo-
logique, historique et scientiflqtie de la
Corrèze, à Brive.
Gheb Monsieub,
Permettez-moi de vous signaler une inexactitude
qui s'est glissée, à votre insu, dans un article publié
à la page 343 du tonae XIX de notre Bulletin.
Je n'ai pu le faire plus tôt, n'ayant pas sous la
main les documents nécessaires. Je les ai mainte-
nant et vous adresse les preuves de l'erreur com-
mise.
Le vieux manuscrit de Brive, dont vous avez donné
des extraits relatifs aux pestes de 1507 et 1508, et à
l'épidémie de 1529, n'est pas, comme vous l'avez
cru, le Livre de Raison de la famille de Cublac,
c'est le Livre de Raison de Jean de Malliard.
Reportez-vous à la page 304 du tome II de notre
Bulletin : il y est fait mention de son frère,
Franrois, curé de Montjoie et de Sanbusse, mort à
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Brive, en i529, de « la maute ». A la page 79? du
même tome, vous trouverez un passage qui relate
les pestes de 1507-1508, celles de 1523, 1524, 1526 ;
et, à la suite, une note où Jean cite précisément
parmi les personnes décédées, en 1515, à Brive, « où
fut grand morire de grant jans de be » son « honcle
monsieur de Cublac de seinct Ylh (?) ». Ce dernier
ne serait-il pas un ascendant (le défaut de date au
manuscrit que vous a communiqué M. Penet ne
permet pas de préciser davantage) de cet autre
Cublac qui dit avoir extrait — le mot n'est-il pas
caractéristique? — sa notice.... d'où? Evidemment
du Livre de Raison de son parent, sur lequel livre il
a laissé, en marge, des traits indicatifs, pour les
emprunts qu'il voulait faire.
Ces emprunts, d'ailleurs, ne sont pas pour me
déplaire, car ils prouvent que les vieux brivistes
connaissaient le Livre de Haison de mon aïeul et
l'appréciaient pour son exactitude, puisqu'ils y pui-
saient déjà des renseignements.
Et de ces emprunts la raison est facile à donner.
Les traits tracés en marge de quelques notes de
J. deMalliard, par M. de Cublac et par d'autres, visent
surtout les épidémies, le cours des denrées, les
travaux agricoles, la valeur et l'emploi des bijoux,
les faits historiques comme la tenue des Etats. Au
commencement du xvi' siècle, il n'y avait ni jour-
naux, ni imprimés contenant des statistiques ou
des mercuriales. Seuls les papiers domestiques
pouvaient fournir des renseignements à cet égard, et
du reste n'était-ce pas un peu pour cela qu'ils étaient
tenus? Autrefois, plus large et plus prévoyant était
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— 423 —
l'esprit familial ; on regardait plus souvent au-delà
de soi. Le Livre de Raison, c'était la tradition écrite
substituée à la tradition orale. Aussi ces vieux
documents, malheureusement devenus rares, sont-
ils une source vive pour l'histoire. Et qui sait? Avec
son espMt cultivé et curieux, sa plume facile, son
besoin d'expansion et de confidences, s'il ne fût pas
mort à la fleur de l'âge, Jean nous eût peut-être
laissé comme des mémoires et d'autant plus pré-
cieux qu'il écrivait au jour le jour, sans prétentions,
dans le seul but de léguer à ses descendants le
fruit de sa propre expérience, et de revivre à la bonne
place dans leur souvenir.
Tel qu'il est, de tout temps, son manuscrit a
éveillé la curiosité. Personnellement j'ai pu le
constater dans mes recherches à la Bibliothèque
nationale, où j'ai trouvé mentionnées des notes de
Jean, de son fils Rigal, et de son petit-fils Jean-
Zacharie, le courageux consul des dernières guerres
de religion, lesquels, après lui , mais plus briève-
ment, ont tenu la plume.
Au siècle dernier, un savant anonyme en avait
extrait la relation de la fête donnée au château de
Turenne le l"mai 1529 (voir t. II de notre Bulle-
tin, p. 782), relation dont M. Philippe de Bosredon
a retrouvé une copie aux manuscrits de la Bibliothè-
que nationale, sous cette rubrique ; Faits histori-
ques concernant le Périgord et le Limousin. De
nos jours, le regretté M. Louis de Veyrières l'avait
fait connaître, dés 1857, aux lecteurs du Concilia-
teur de la Corrèze ; et dans son remarquable travail
sur les Livres de Raison de la région, M. L. Guibert
dbyGoot^lc
— 424 —
a signalé l'importance de « ce curieux et intéressant
manuscrit». Enfin, M. Hanotaux lui a fait le grand
honneur de le citer dans son premier volume sur
Richelieu.
Tout cela n'est-il pas pour me fortifier dans moh
projet de donner de ce document une édition plus
complète ?
En 1879, quand j'en fis l'étrenne à notre Société,
toute jeune alors, je craignais d'abuser d'une hos-
pitalité gracieusement offerte,, et puis, par un
sentiment qui se comprend, il me répugnait
d'étendre trop longuement des communications
forcément marquées au coin familial. Je me bornai
donc, au début du moins, aux citations tes plus
importantes, et c'est pourquoi j'avais négligé de
transcrive certains passages, notammentceux publiés
ci-dessous à l'appui de ma revendication.
Plus tard, les encouragements que je reçus
levèrent mes scrupules et j'élargis mon cadre,
mais de là justement, dans le travail, un défaut de
proportions qu'il est bon de faire disparaître. Et
depuis, des points ont été éulaircis, des lacunes
comblées ; plus nettes sont les échappées ou-
vertes sur ce xvi' siècle si curieux, si intéressant :
a. Notre antiquité moderne », comme a dit Michè-
le!. De nouvelles recherches me permettront,
je crois, de faire plus grande la lumière autour de
ce Livre de Raison, unique peut-être dans son
genre, et, en tout cas, précieux pour notre pays,
puisqu'il ressuscite et remet sous les yeux tout le
vieux Brive de cette époque.
J'extrais de la nouvelle édition projetée les frag-
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- 425-
ments ci-joints inédits. Plusieurs rectifieront ce qra^
vous avez écrit et tous aideront à compléter une
publication que je regrette d'avoir écourtée.
Agréez, etc.
Fernand de Malliard.
t
Ed non de dieu le père et le fis et le seinct esperil
monsegnieur seinct Johenp et monsieur seinct Martial (1}
et de tous les seincLz et seinctes et court celestiale du
paradis. Mon frère François cure de Chasteulï (2) et de
nostre dame de Melhias (3) chanta sa première messe a la
cure dudii Chasteulï le xxvii de desanbre(4j que estoit
en Testes de N'ouël le jour seinct Jehan et ne fust convie
que Chabiran (5) et Sapientis et monsieur de Laporte (6) et
sa famé les prestres de la peyroyse et seuditz et leslu ne
volsit point venir et chanta en uant très bien.
Malliard.
[t)Daiis:es pieuses formules qui oruentpresqueloujoursledébut des
noies de Jean, les saints spécialement invoqués varient suivant
le fait relaté. Ici, l'intercession de saint Jean s'explique parce que
le 27 décembre est le jour de la fête de l'apAtre de ce nom, et celle
de >aint Martial parce que ce saint, évéque de Limoges, est le
patron du diocèse dont Btive dépendait alors.
(2) Chasteaux, commune du canton de Larche.
[3] Aliag Halhias. Je ne sais où cette paroisse ou chapcllenle
était située.
{i) L'année n'est pas indiquée, mais, dans le manuscrit, cette
note suit celle oii Jean relate le bout de l'an de sa première
femme en 15'i3.
(5) Voir Bulletin de la Société archéologique de Brive, t. III,
p. 597. Notes. — Sur la plupart des familles mentionnées dans
le Livre de Raison, j'ai pu réunir de nouveaux renseignements
qui prendront place dans l'édition projetée.
(6) Il s'agit évidemment d'un membre d'une famille bien connue,
les Laporte de Lissac. La ch&tellenie de Lissac se trouvait dans
la paroisse de Chasteau;.
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- 426 -
t
En nom de dieu et de toute la court selestielle du para-
dia soit amen. Mourust en la ville de Brive et meson de
Quigniard Jehane de Donareulx (1) damoysele (2) famé de
feu Hugues Quigniard (3) seigneur du dit lieu et mère
(1) Donareulx pour Donnareaui {en limousin limousinant, Jean
dit toujours eu pour au). Ancienne famille de Briva dont j'«i re>
levé : N. Donarel, abbé laTc de Tulle, au x' siècle, qui succéda 4
Bernard vicomte de Turenne (Hinl. du diocéfe de Tulle. Abbé
J.-B. Poulbrière, p. 74); — Pierre Donarel. damoiseau, qui signe
l'accord de mariage entre noble et puissant seigneur Jean de Pom-
padour et noble damoiaelle Hélias do Cosuao, en 1394 {Mémoires
de Daniel de Cornac. Société de l'Histoire de France. Preuves,
t. II, p. 462); — Bertrand de Donnareaux, seigneur de Vernouiilac,
marié à Catherine de Har. fille de noble N. de Bar, seigneur de
Puimarest (diocèse de Limoges) et coaeigneur de Bar (diocèse de
Tulle}, et de noble Marie de La Chapoulie, dame de Halemort et
de Cornil; — autre Bertrand de Donnareaux, marié à autre Cathe-
rine de Bar, sœur de !a précédente, tous les deux mentionnés
dans le testament de leur beau-père è la date du 4 juillet 150T
(B. N. Mss. Fonds Duchesne, t. 47, p. 448). —M, Clémont-Simon
{!.& Vicomte de Limoget, p. 13t) cite Pierre Donnarelli, damoi-
seau, tenant dans la paroisse de la Porcherie, chfttellenie de Has*
seré, sa maison noble des Donnareaux. Cette famille existait
encore en t6S4; Baluze dans une lettre à son neveu, M. Helon de
Pradou {Bulletin de la Société des lettre», tciences et arts de ta
Corréze. Tulle, mars 1S83. p. 166), parle d'un M. de Donnareaui.
(!) QualiRcalion nobiliaire qui correspondait, pour les femmes,
à celle de damoiseau et plus tard d'écu;er, pour les hommes.
(3) 11 a laissé aussi un Livre de Raison inscrit aux Mss de la
Bibliothèque nationale sous le n- 1008 des fonds latins. M. Guibert
l'a publié {Buttelin de notre Société archéologique. Brive, 1890,
p. 28 et a,]. Ce manuscrit, sur lequel M. Bruel avait déjà donné
une notice {eod. loco, t. X, tSSâ, p. 261 à 265), avait passé par
I dans les mains de Jean de Malliard dont l'écrilure
aissable en des annotations, puis dans celles de son fîis,
Rigal, qui y a laissé sa signature, sous la date de I55i. — La
famille de Quinhard, connue dès le un' siècle, a fourni à Brive
plusieurs consuls. (Voir sur elle, outre les renseignements publiés
par M. Guibert r Nadaud, Nobiliaire du Limouiin, t. II, p. 397;
fiouillet, Archives de la Noblesse, t. U, p. 244; Lachesnaye des
Bois, Dict. de la Nobteaae; Courceiles, t. IV, p. 334.)
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- 427-
4ie feu Jehane de Quigniard ma famé (<} le samedi xviii'°'
(1) Le mariage se célébra à Brive, le 26 mai 1530, ainsi que le
constate, eu notre Livre de Raison, la note suivante de Jean, men-
tionnée à la page Ï95 du tome II du Bulletin de notre Société,
mata non intégralement reproduite :
n A tous ceulx qui ces presantes varont et liront sachet que lan
de grasse mil V<: XX et le zxvi" de may questoit dimencbe le jour
de la trinité que est toutjours louetave de la pendegouste je fis
nopces aveques Jehann do Quigniard damoïsselle ftthie de feu
noble Hugues Quigniard escuier du roy noslre sire de la ville de
Brive et fust Fet gran feste et y etoit monseigneur de Vigouaa
(Vigeois) et son neveu le jeusne protbonotere de Turenne et beu-
coup de janCils tiomes et dautres de la ville de Brive. Halliard. >
Jean a laissé sur la mort de sa femme, une note détaillée et
pieusement émue. [V. Bulletin, t. II, p. 293). Jeanne de Quignard
était née le jour de Pâques 15 avril H98, < et fut parin noble home
Beroart Malefayde segner de Damnhac. et marine noble Jeliane
de Rilz, damoyselle des Donnareanlx, et y fust grant cbiere. Je prie
a Dieu et a nostre dame que luy deynt bone vye et longue et que
la fasse Came de bien par sa sainte grasse, t
■ Jehane de Quinhart
Dieuli y beye parti b
Telle est la note charmante par laquelle Hugues de Quigniard,
dans son Livre de Raison, mentionne la naissance de sa Hlle. —
Le parrain appartenait à une famille aujourd'hui éteinte et qui
■ constituait autrefois une des maisons de chevalerie les plus con-
sidérées du Limousin, o M. l'abhé J,-B. Poulbrièrti, auquel j'em-
prunte cette indication, a publia une longue note sur les Malefayde
[Bultelin de la Société de Tulle, 188!, p. 74 et s.). Le Pfere Bona-
venlure de Salnt-Amable mentionne un Géraud de Malafayde entre
les années 1031 et 1035; Nadaud [Nobiliaire du Limousin t. III,
p, 281) cite un Géraud Malafayde de Noalas, entre 1096 et 1108.
Aymeric de Malafayde, patriarche d'Antioche, légat du Saint-Siège,
fondateur ou restaurateur de l'ordre du Uarmel, vivait en 1U2. Son
frère ou son cousin, saint Berlhold de Malafayde, dont la fête se
célèbre le 29 mars, fut te premier général de l'ordre du Carmel. Ce
sont les deux illustrations de la famille. On trouve aussi de ce
nom des abbés de Beaulieu, uu prieur de Brive en 1235; Hugues,
aliai Gouy de Malafayde, damoiseau, habitant de Brive en 1396, et
flélias de Malafayde, qualifié damoiseau de Brive, qui sert de
témoin avec Jean Reynal dans un acte de 1407. Quelques érudiis
[ont des Malafayde et des Noailles deux branches de la même
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— 128 —
de nonembre 1525 {11 entre vii et viii heures devers le
soir et hiist tous ces ordres corne ugne bone chrestiene
et fis soner ce soir mêmes ugn relais (2) et landemein
que fusl dîmenche fust ensevelie aveques feu son mari (3)
que Dieu pardonit et y hus l prestres et tous les autres
que huret m deniers et les dits l huret xx deniei's (4)
et les chanoynes ti sols et pour les m messes grandes ou
petites les diacles et sudiacles (5) me costa x sols (6) et
y fis Tiii torches et xiii petites chaudeles (7) et heu este-
(1) II est à remarquer que Jean, qui se sert des chiffres arabes
pour les millésimea, ne les emploie pas pour ses comptes, I>eur
usage ne s'était pas encore généralisé, ainsi que le constate Hiehe-
let dans son Histoire de France.
(3) Coups de cloche qui se donnaient pour le mort, ï U tombée
de la nuit. Expression pleine de sentiment, car en patois bas-
limousin I reiai ii veut proprement dire « vessenllment, retour d'un
mal qu'on a eu. » (Honorât, Dictionnaire de la Langue romane.)
Ceux qui ont passé par là savent en efTet combien ces glas Tuné-
bres ravivent la douleur, quels nouveaux déchirements ils produi-
sent; il semble, en les entendant, qu'on reperde i'étre aimé, qu'il
vous n relaisse a.
(3) Ce dernier avait été enterré au Verdier, cimetière ainsi nommé
à cause des arbres qui l'o m b rageaient, et qui était situé à eùlé de
l'église Saint-Martin. Jean-Zacbarie, le petjt'flls de Jean, parle
quelque part du tombeau ■ qui estoit de chez Quinhard ■.
(4) Vingt deniers font 2 francs de notre monnaie.
(s) Jadis la permutation des deux liquides t et r était continuelle.
Ainsi, sous Louis XIV encore, on disait d sable » pour < sabre »,
■ cristère a pour a clyslëre >.
. (6) Dix sois font 12 fr. 70 de notre monnaie.
(7) Au XVI* siècle, on appliquait indifTéremment le mot chandelle
au suif et à la cire. Olivier de Serres parle de « la chandelle de
cire a. Les fabricants de cierges d'église s'appelaient i ctiandc-
liers 1. Los paysans des Vosges donnent encore le nom de chan-
delle à tout ce qui leur procure de la lumière, même à la lanterne
des écuries; c'est rester dans l'étymologie du mot : candere, être
ardent. — Pourquoi 13 chandelles? Evidemment en l'honneur de
Jésus-Christ et des douze apûtres. On mettait une chandelle devant
le corps et six de chaque cûté. On lit dans le rituel de Périgueux
de (536 (ch. v, page 367) ; alii sciticel parentes neu custodes can-
delat tredecim préparant quse ardent per talurn officium.ÇVo'ir
J.-B. Ttiiers, docteur en théologie et cuië de Vibraye. Traité des
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~- 429 -
dal et y ust beucoup de jans de bien et y vindret tout
plein de jans digner que me costa beucoup et fis lan-
demein matin dire sa niese et y heus les chanoynes et
des prestres et des jacopins et des cordeliera. Dieu soit
loué de tout.
Malliard.
f
Le mardi xxi' du dit mois et an susdits fis la setene (1)
de feu madamoyselle desus dit et y heus autant de pi'es-
tres L et chanoynes et des jacopins et cordelière et y fis
autant de torches v[ii et y vint beucoup de jans au disnei-
la on fis IX plas et furet bien servis que me costa beucoup
et je ne y etois pas tenu car elle ne ce voloit gouverner
par rayson et me vandit tout plein de guayges (2) de la
meson et dona et en guayga et des abiliemans de feu ma
famé que dieu aseulie et — dit-on — que fit quelquez
testemans ne say que set car ne my apela pas ne persone
des miens mes me fasoit au pire. Dieu le luy paMonit
et nous pardone tous et me donit le pouvoir et grâce de
lui fere son bout de lan et autre bien. Amen.
Malliard.
Le vin' du mois de hoctobre 1526 fis dire vigilles et 1«
landemein fut fet le bout de lan de madamoysselle Je-
hane de Donareulx famé de feu Hugues Quigniard et
mère 3e feu ma famé et y us l (3) prestres cordelière
tupentilions qui regardent lei sacrements. Paris, 1704, t. IV,
p. 367.)
(1) Office des morta, qui d'ordinaire se disait sept jours après
l'eutorrement.
(S) Gages ; objets autres que les tissus; aussi Jean ajoute-t-il le
mot • habillements °. L'intérêt étant prohibé par l'ËglIse el par
l'Étal, les pTéia d'argent se faisaient sur gages, le plus souvent
prisés au-dessous de leur valeur.
(3) Cinquanle : tel est le nombre de prêtres signalé aux enterre-
ments, selenes, bouts de l'an, etc. Les prêtres à cette époque, et en
T. XX. 3 - S
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-430-
jacopins ou chanoynes chescun des prestres[eut] ss deniers
etcordeliers et jacopins autant et les chanoynes ii sols et
les trois qui diret les trois messes ii sols vi deniers viii
torclies et chandelles a tout leur de noir (1) et y as ugn
beu disner (2) et beucoup de jans y vindrent tout plein
que me costa environ x ou xii livres (3) tout conté. Dieu
en soit loué de tout. Amèn.
Malliahd.
t
Au non de dieu le père âlz et sainct esperit de toute
la court selestielle de parhadis et monsieur sainct
Josept et de madame sancte Clere du covant de Brive.
Morust ma seur Jehane religieuse audit covant de Saincle
Clere le 23"" du mois douctobre 1526 a laube du jour
pandant que nous estions audit village de Puyfaure (4)
pour la peste du dit an et estoit ugn bon jour des xt mille
LimousiD surtout, étaient très nombreux. Ils vivaient des cérémo-
nies religieuses si fréquentes alors. Un synode de 1529 leur re-
proche de suivre les enterrements dans le but de « boustifailler ■.
(1) Il faul lire • couleur de noir i. On peignait les cierges d'église.
(De Laborde, Èrnaux du Louare. Glossaire, v* chandelle.)
(?) Celait la coutume de iloiiner à dioer à tous les gens qui
assistaient aux cérémonies funèbres. En nous rRcanta;:t les funé-
railles de sa première femme, Jean nous dit : ■ Je fis bien mon
devoir et furet les jans fort bien servis, il y eut bien yv plats. •
A la setene de H" de Quignard, il y en eut ix, ainsi qu'on vient
de le voir. — Nos pères du xvi* sifecle étaient de gros mangeurs.
Avec les personnages de Gargantua et de Pantagruel, Rabelais
a voulu faire la satire des mœurs de son temps. Comme l'hôte de
Roui Use, cette génération nous apparaît continuellement dînant. Fian-
gailles, épousailles, baptêmes, rclevailles, fêles et anniversaires,
élections municipales, installation de magistrats, fermes des taxes
et octrois, semailles, moissons, tondailles, vendanges, commence-
ment et fin de travaux de toutes sortes, funérailles, exécutions capi-
tales elles-mêmes, tout était occasion de ripailles, et Dieu sait
lesquelles '.
(3) 354 ou 304 francs de notre monnaie.
(i) Village de la commune de Saint-Pan la léon, canton de Larche
(CorrËze).
D.g.tizedbyGoOglC
- 431 -
vierges (1). Et la hus tous les cordeliers et quelques
prestres car ne nous ausions gueres Trequanter aux jans
a cause de la dite peste. Et y flsmes le raieulx que pusmes
non pas ce que devions ne ce que luy apartenet car cestoit
ugne fort bone filliie et de bone vie et surtout elle et moy
nousaymioDsfort.Dieuveulbieguetoutjoursmaymeetque
je luy puisse fere dire du bien come luy apartient. Tous les
jours de la setene mon frère et moy y fusmes et je y
fus toutjours. Mondit frère y dit messe quant il y pouvoit
aler et les autres jours je y fis dire des messes par des
religieuls des cordeliers. Et le 30*" du dit mois et en
susdit fis fere sa setene come le jour de la mort et ce
jour mesme fis fere religieuse vestir labit a Margarite de
Brandia ma niepse ûthie de ma sear Margarite et je y
us prou a fere mes fis de tout ugn du dit jour de prinse
dabit et de la setene do ma seur et fut fet come desus.
Ce jour mon cosin de Seiva (2) et Girardon me vindrent
(1) Les onze mille vierges de Cologne massacrées, dit la légende,
avec sainte Ursule, par les Huiis, — Les lignes qui suivent ont
été déjà publiées, en partie du moins (Voir Bulletin de notre
Société/ t. II, p. 79S); nous avons cru devoir les reproduire à leur
vrnie place, en entier et dans leur suite, pour oiTrir un tableau
complet d'une journée en 15S6.
(3) François de Se!ve qualité ainsi dans un titre de la B. N.(Msa.
Titres, v* Belve] ; oenerabilU vir mai/ialer Franciscue de Selva
in juribu» baccafaureus ville Brive maritus Johanne Rambertt
ejut uxorig ptiœ et heredië universalis quondam Jacobi Ramberli.
C'était le neveu de Jean de Selve, 1" président du Parlement de
Paris, une des grandes figures du règne de François I*'. Sa fille
Jeanne de Selve épousa Sébastien de Juyé. seitrneur d'Enval et
de la Marque, ambassadeur en Espagne et valet de chambre ordi-
naire du roi. C'est donc à tort que M. le comte de Cosnac a fait
cette Jeanne de Selve, fille du I" président du Parlement de Paris.
{Mémoires de Daniel de Cosnac. Preuvet, t. II, p. 46!.] Du reste
la Gazelle du 8 février 1694 avait déjà commis la même erreur dans
une généalogie do la maison de Cosnac. ~ De nouveaux rensei-
gnements recueillis seront ajoutés à ceux déjà fourniB sur la famille
de Selve, à l'occasion du mariage du fils de Jean de Malliard avec
Françoise de Sudrie, dont la mère, Françoise de Selve, était la
propre nièce du négociateur du traité de Madrid. (Voir Bulletin de
notre Société, 1881, p. 5S0 et a.)
,y Google
- 432-
qiierir pour aleravequea heulx au pre de Sainct Panta-
leon (1) que estoit de feu Ranbei-t que monsieur du
SaliEin (2) luy fasoit débat audit de Selva et de la nous
en vismes a Ënval (3) ou se tene tous ces jans et le
lendetuein fismes bone chiere le jour de la tous seins
et le jour des mortz a laube du jour vint quelque nonbre
de laquais ugns et autres audit Enval prandre tout le
bestial du dit de Selva et mon cbeval et je les poursuis
bien jusques a Brive mes ilz huret passe mes a la fin
dans XV jours je recouvre mon cheval mes non rien du
demurant que costa beucoup.
J, DB Malliahd.
Et Tust ensevelie ma dite seur auprès du gran autiel
la ou jeapoyre fere porter ugn teunbeu dardoyse [4) dieu
me donit le lems la force et le pouvoir. Amen.
+
Le 23 du mois douctobre 1527 après ensuyvant fis fere
le bout de lan de ma dite seur Jane de qui dieu ayt
lame questoit ugn mei'credi lendemein des xi mille vierges
fis dire vigilles et us le gardien mon cosin Rufl (5) et
Langlade (6) et des chanoynes et des prestres et fis le
(1) Commune du canton de Lvtche.
(2) Guillaume do Lasteyrie, seigneur du Saillant. — Voir sur ce
nom et sur d'autres noms cités dans cette page, DuUetin de notre
Société, IS80, p. 167.
(3) Eod. toco.
(4) Je n'ai trouvé montionDés nulle part les tombeaux d'ardoise.
C'était un produit du terroir.
(5) Od trouve à Brive une ramille KufB dès le iiii* siëcle. Dans
un titre de 1!69 (Accord de Souveraine, veuve de Hélie de Corn-
born, damoiseau, avec les consuls et habitants de Brive pour les
décimes des vignes du territoire. B. N,, Uss. GaigniËres, 613) lîgure
un P. RuRl. [Voit aussi Butlelin de notre Société, t. I, p. 7M.]
(6) De ce nom il existait à Hrive une famille qui a Fourni Petrus
Langladi, consul en 1406. N'adaud {Nobiliaire du Limotttin, t. III,
p. 34) en mentionne une dans les environs de Bort. En Périgord,
au ivi* siècle, on trouve aussi les Girard de Langlade. (B. N., Hss.
Périgord, 58, p. 334.)
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■^ 433 —
mieulx que je pus car avois resu en ce mesme jour des
novelles de mon frère que avoit belle peur de perdre son
bénéfice de Malhîas. Dieu par sa grâce luy en done bone
espedision a son profit si nececere chose est et en prie
ma dite seur si elle a puyssance envers dieu. Amen.
J. DE MILLIARD.
t
Au non de J. H. S. et de la vierge Marie et de madame
seincte Clare soit amen. Fis fere religieusse Margarite
de Brandia ma niespse au covent de Brive et la fist reli-
gieuse F. Frances Rous père gai-dien de cest an questoit le
23'jour de nonenbre 1528 et estoit mardi. Dieu et nostre
dame et madame seincte Glere la facetfame de bien et bone
religieuse en son ordre etreligion. Et le samediapresquestoit
le 28"° du dit mois et en susdit fust espousée Hugote de
Malbiard(l) Slhie de feu mestre Jehan de Brandia (2]
bon licencie et home de bien et de Margarite de Malbiard
ma seur la quelle espousa le dit jour et an que dessus
mestre Frances Régis (3) de ceinct Bonet (4) que esloit le
(1) 11 doit y avoir là ud lapaua calami; Jean a dû vouloir diro :
Hugoie de Brandia.
(S) Nadaud {Nobiliaire du Limomin, t. I. p. 2561 mentionne au
xiii* et au XIV* sifecte plusieurs chevaliers de ce nom, seigneurs en
partie de Montbrun et de Chalua-Ctiahrol. Hélie de Branda est cité
dans le cartulaire de Chancekde en 1150. Ne serait-ce point une
branche de cette famille qui, installée à Brive, aurait donné son
nom à une porte de la ville : ■ le portai de Brandia ■ qui existait
encore en 13497
(3) J'ai relevé de ce nom : Petrua Régis, habitant de Brive, en
ISU; — Pelrus Begis, bachelier es droitz, chargé en 1433, avec
Pierre Bernai, le jeune, notaire, d'accorder le différend existant
entre les habitants de Brive et le maréchal de Boucicaut, mari
d'Anthoinette. vicomtesse de Turenne; — Petrus Begis, notaire en
1474; — Honorable Jean de Régis, licencié en droit, lieutenant et
assesseur de M. le sénéchal du Limousin à Uzerche, en 1537 et
1540. (Combet, Hiit. d'Uzerche, p. 155) ; — François Regîa, 2~ con-
sul de Brive en 1552; — François Begis, avocat au Prësidial (1558-
157!) ; — Catherine Begis, mariée par contrat du pénultième de
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propre joui- que je espousc ausî a Pelevoysîn. Dieu par
sa grâce leur donit a fere leur prou (I) et aux autres
ausi. J. DE Malliard.
+
Au non de dieu de nostre dame de monsieur seinct
Jozept et seinct Fi-ances. Morust mon frère Frances cure
de Monjoy et de Sanbusse (2) en la ville de Brive et en
nostre messon (3) devant le sementîere de Lespillori et
fust ugn vandredi 14"' de may 1529 et 10 heures devers
le matin et morust de la maute{4) come feu nostre père (5)
que dieu aseullie par sa grâce et fust perdu ces béné-
fices (6) car le médecin ne me dit james quil dut morir
6t dautre coste que sa mort metet tant dure que je ne
janvier 15S5 à Jacques de Sahuguet, sieur de la Rouge, fils de
Denis et de HargueriCe de Jofet, etc.
(4) Saiat-Bonnel, en Limousin, faisait partie de la vicomte de
Comboro. Il y a aussi uq Saint-Bonnet en Périgord.
{!) Sumsance.
(5) Montjoie, bourg du Tarn -et -Garonne (A gênai s). — Sanbusse,
petite ville des Landes (Gascogne), à 1E> kilomètres de Dax.
(3) C'était la maison patrimoniale, je ne puis préciser oii elle
était placée. Celle que J. de Halliard habitait alors, et dont il sera
parlé plus loin, lui venait de Jeanne do Guignard.
(t) En vieux français, maufe voulant dire mativaite, on peu sup-
poser que l'habitude s'était prise de désigner ainsi une mauvaise
fièvre, de la même façon que nous pourrions dire aujourd'hui (a
maligne pour la lièvre maligne.
(5) 11 s'appelait Jean, comme le rédacteur du Livre de Raison.
Par son testament du 17 avril 1497, il institue pour son héritier
universel son fils François {évidemment le futur curé de Montjoie)
et entre autres légats, il donne à la quête des âmes du Purgatoire,
qui se fait dans l'église Saint- Martin de Brive, deux sols tournois
de rente annuelle payables à chaque fête de la commémoration des
trépassés au lendemain du dit jour, assignés sur un bois situé aux
appartenances de Brive et au territoire dos Treize- Vents. (Arch,
personnelles.)
(6) L'usage s'était établi, dès le iv* siècle, de résigner les béné-
fices, ce qui les rendait en quelque sorte héréditaires. Mais quand
le bénéficier mourait sans disposition & cet égard, ils étaient per-
dus pour la famille.
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pançâis a rien qiia le fere guérir et ne fust malade que
depuis le dimenche jusqties audit vandredi quil monist
come bon crestien et je y Qs merevilieussemaot grand
perte. Souvant me dit eu sa maladie que je paoçace en
son bien sil y avoit de dangiers en luy mes come dit est
le medesin ne le me dit james. Il navoit point dargan
mes luy en estoit deu(l) audit Monjoy et a Sanbusse.
Jenproutis de largan et le Qs garder jusques au semedi
15"' du dit n;iois de may et an sus dit et le dit jour le
lis ensevelir a nostre lunbeu devant le portai de la gi-aod
église (2) et au plus aut dudit tunbeu et jus tous jans
desglise come les chanoynes et prestres jacopîns et cor-
deliers et donis bêle oumone dieu la pregnio en gre.
Le soir fis dire vigiles a la messoo et donis a dîsner a
ceulx qui vindret que me costa beucoup car lerineye
estoit la plus tarible que onc ons vit james (3). Dieu y
veulhie pourvoir en tout et me garde le surplus par sa
grâce 0). J. DE Malliard.
(I] Les énoDcÎBtions Faites par un mourant, de vive voix ou dans
un testament, des sommes qui lui étaient dues, constiiuaient une
preuve admise devant les tribunaux. Dans cette société proFondë'
ment religieuse, on ne supposait pas que, sur le point de paraître
devant le souverain juge, un chrétien eût osé réclamer ce qui ne
lui étwt pas dû. Ces énonciations in extremis équivalaient au
ment qui était la preuve courante du temps.
(2) C'était le tombeau de Tanlille. Riga), le dis de Jean de Mai-
llard, dit aussi quelque part : • Uon ^la Gabriel fut ensevely ei:
nostre vase devant le moustier de Brive, s II était placé à droite er
entrant du grand portail de Saint-Martin. Dans l'église, y étail
adossée une chapelle entretenue par la tamille.
(3) Ceci vient coniirmer ce que dit Marvaud (Hisloire du Das-
Limousin, t. H, p. 307) : n En 1S^9 une horrible famine désola le
pays. Pendant toute l'annâe on vit plusieurs personnes vendre à vil
prix de vastes propriétés et des meubles précieux pour se procurer
du pain. ■ Les mauvaises années se succédaient; l'année 1â2T
été aussi une année de disette, comme nous l'apprend Jean, et la
peste sévissait. La peste et la famine, ce sont les deux points noirs
dans ce premier tiers du ivi' siècle, qui ne connut ni les horreurs
de la guerre ni les dissensions civiles.
(4) Tous ces récits d'obsèques sont, sous la plume do Jean, d'une
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— 436 -
f
Au non de la seincte Trinité soit amen. Le mardi 18"'
de may 152D fis dire vigiles questoit la velhie de seinct
Yves bien et onestement car je heus tout jours le mestre
du chan que oficiet. Et le mercredi 19'" du dit mois et an
susdit fust fête la setene de mon dit frère que Dieu aseulie
la ou parheliemeD us tous jans deglisse et luy fls fere
belles oneurs et aumosne (1). Dieu par sa grâce prenne le
tout en gre et done bon repous (3) aux morts.
J. DE Malluhd.
naïveté charmante; s'il écrit comme il parle (ainsi qu'il est dit
plus lias}, il parle comme il pense, sans jamais rien celer de sa
pensée . On saisit l'homme du coup , et par l'homme l'épo-
que. Ce je ne sais quoi de simple, d'enrantin, si je puis dire,
c'est le trait du temps, el cette note dominante du cOté matériel
des choses, peut &tre un peu le trait de la race. Nos paysans ne
sont-ils pas encore de même, mêlant dans leurs propos le grand et
le mesquin, surtout ne perdant jamais de vue leurs petits intérêts?
Entre deuï larmes, ils content à tout venant les dépenses qu'a occa-
sionnées le cher défunt, les honneurs qu'on lui a rendus; et de ces
honneurs, comme autrefois, le diner n'est pas de moindre impor-
tance; on s'attable toujours volontiers, dans nos campagnes, au
sortir du cimetière. Mais avant la Réforme, il y avait pour tous
une raison à cette facilité de préoccupations secondaires, en face de
la mort. On envisageait celli^ci d'un œil plus ferme. Pour ces
chrétiens convaincus, elle n'était qu'une séparation plus ou moins
longue. Aussi le père de famille taisait son testament tanut et
htfaris, dispos et de bonne humeur, et celui qui venait de perdre
un èlre chéri s'occupait des apprêts du grand voyage, le cceur
moins troublé et l'esprit plus libre. Les vieux Livres de Raison
sont pleins de niinutieui détails sur les derniers moments des
proches parents et, comme ici, la douleur s'y montre résignée,
observatrice des plus petits usages. On y sent le baume de la douce
e8pérancechrétienne.(V.Guibcrt:I.fiFflmi((eiimoMïined'au(re/'ois).
(1) A toutes les cérémonies funèbres, le concours des pauvres
était très grand. Jacques de Sahuguet d'Amarzit en relève le nom-
bre de 1,000 ji la quarantaine de son père, le 5 aoQt tG29, et chacun
d'eux reçut un sol [Bulleiin de la Société, Brive 18ST, p. 33?).
(!) C'est la prononciation italienne. Le langage de J. de Malliard
en fournit de nombreux exemples. Après les guerres d*ltalte, il fut
de bon ton de parler ainsi. Tout s'italianisa dans la bonne société,
Dijiiizedb, Google
Les extraits ci-dessus vont de la page 120 à la
page 134, dans la partie du Livre de Raison où Jean
enregistre les événements familiaux. Ailleurs, il
parle encore souvent de son frère François, notam-
ment dans le passage suivant qui a été incomplète-
ment reproduit:
Memoyre que cest an après 1527 fust grand eslerillité
de vins et ausi de blés mes surtout ne fus point de vins et
ne sen trovoit pas de noveu a vendre que bien peu et ne
fust pas de fructage nul sinon de chastaines et je heus
beucop daferes et mon frere ausi car Sanbusse poursmvel
son bénéfice de Malhias que estant aveques nous il avoit
inpetre par trayson mes durant la vie de feu monsieur
ProIliac,(1) nostre cosin il nousa guère le poursuyvre mes
la langue comme le costume. Le roi François I" en donnait l'exem-
ple et sa sœur, la reine Marguerite, écrit comme elle prononce ;
chauêe pour chose, j'oiiêe pour j'ose, out pour os {Voir Michelet :
Hiitoire de France, édition Marpon el Flammarion, 1ST9, t. X,
p. 349). C'est cette mode nouvelle que Henri Ëslienne voulut criti-
quer dans ses Deux Dialogues du nouveau langage françois,
ilatianizé et autrement déguisé.
Au sujet de l'orthographe, nous rappellerons qu'il n'y a pas it
s'étonner de sa variation sous la plume de.J. de Malliard. De son
temps, notre langue était encore en formation. En instituant l'Aca^
demie française, le génie centralisateur de Bichelieu voulut mettre
le sceau & l'unité nationale. Au commencement du xvr siècle, il n'y
avait pas de règles fixes pour écrire le français. Dans l'inventaire de
sahibliothëque, Jean ne mentiotme qu'un dictionnaire laLin-frani^iiiset
une grammaire latine. On écrivait comme on parlait, à l'aventure
et à la fantaisie du pays. A cet égard, les notes un peu prolixes du
premier rédacteur de notre Livre de Baison ont ce mérite qu'elles
reHétcnt le langage de la bonne société dans notre Limousin, habité
alors par la plus haute noblesse de France avec laquelle il frayait.
(I) Antoine Prolliac (aJJa« Prolhac, Prouillac), sieur de la Tour.
reçu conseiller à la cour criminelle du Parlement de Bordeaux le
29 août 151!). De son mariage avec Jeanne de Belcler (qui, avec le
vicomte de Turenne, François, tiut sur les fonts baptismaux le
Dijiiizedb, Google
- 438 -
tost après sa mort qui fust le mercredi premier jour de
caresme 15ï6 a Bordeuix il nous poursuivit Dieu aous eu
donit bone yssue et nous guarde nostre boa droit. Mon
frère y ala a Vasas {?) au mois de ouciobre 1527 et men
escrivit et au fis de mon dit sieur de ProUiac dases mau-
veses novelles quil avoit belle peur et ce soir je fis asanbler
le dit de ProUiac le juge La Trelhie(1jdeSelvaetlavoquat
du roy de Tulle Marison qui me dirent quîl avoit bon
droit et que apoyne le perdret-il. Dieu le veulhie par sa
seincte grâce. Amen,
A l'occasion de son mariage avec Elisabeth de
Solminiac (2). Jean étale devant nos yeux — on se
premier enfant mâle de J. de MaDiard) provint Bertrande, mariée
le t5 avril t5?8 b Dauphin Faure, habitant de Nontron. élu de Pé-
rigueux, dont l'arrifere-petit-flls, François du Faure de la Roderie,
sgr de la Curée, chevalier, gentilhomme ordinaire de la chambre
du roi et capitaine de ses gardes, épousa Anne de Gyves, laquelle,
veuve en 1631, se maria, eu 1S31. à Antoine Daguesseau, premier
gentilhomme du Parlement de Bordeaux, et fut la mère du grand
chancelier (voir Nadaud, Nobil. du Limousin, t. II, p. 111 et tlj).
Cette Tamille de Prolhac n'était-elte pas originaire de Brivo? Un
consul de ce nom y reçut Louis, XI en 1163. Jean Prolhac y était
notaire en M72. La concoi-dance de nom et la parenté signalée avec
J. de Halliard forment plus qu'une présomption.
(1) Voir sur cette famille : BuUelin de notre Société, t. Il, p. 775.
note 3. — Léonard de la Treille de Lavarde, conseiller au Présidial
de Brive, épousa Marie de Gaye de Martignac, et leur ilis, J. .Bap-
tiste, avocat au Parlement de Bordeaux, se maria, le ÎO août 1777.
à Catherine de Maleden, tille de Joseph, écuyer, sgr d'Etival, et de
Madeleine de Halliard, de laquelle il sera fait mention plus loin.
Le nom de Gaye, ci-dessus cité, rappelle une illustration fran-
çaise, J,-B. Sylvire de Gaye. vicomte de Martignac, premier mi-
nistre de Charles X. Nous possédons les vieui papiers de celte
famille brivjste, lesquels nous fourniront sur elle de u
seignements qui seront publiés, dans l'édition projetée,
du mariage d'Estienne de Malliard, un descendant de Jean, avec
Anihoinette Bartholomie de Gaye. (Voir déjà BuUelin de notre
Société, t. V, p. 732, note 1).
(2) Pille de Hugues de Solminiac, sgr du Peyruset, et de Marthe
de Carbonniferes. Aux renseignements déjà fournis sur ces deux
Dijilizedb, Google
rappelle avec quelle complaisance ! — la brillante
corbeille de mariage qu'il a offerte à sa fiancée. 11
énumère aussi les cadeaux qu'il a faits au:>c parents
des deux côtés. M. Poncet de Carbonnières, qui a
voulu que le mariage de sa nièce se célébrât dans
la chapelle de son château de Pelevoysin (1), près
familles, d'autres s'ajouteront dans la nouvelle édition. Par ce ma-
riage, Jean se trouvait allié aux plus grands noms de cette partie
de la France. François H de Tureiine était devenu son cousin,
puisque le vicomte et Elisabeth de Solminiac descendaient tous
deux de Pierre de Galard. grand maitre des Arbalétriers de France
(B. N., Msa Périgord, 16, folios 2M et Î85). Serait-ce k ce litre
que Jean assiste à la (éle donnée au ch&teau de Turenne, le
1' mai 1539, six mois après son mariage, fête oii il énumëre tous
les invités» (Voir Bulletin de notre Société, t. II, p. 782). — Voir
sur le biei,heureux Alain de Solminiac, abbé de Chancelade, évêque,
baron et comte de Gahors, né, le 25 mai 1593, de Jean de Solminiac,
sgr de Bellet, et de Marguerite de Harquessac, \mort en odeur de
sainteté le 31 décembre 1659 ; Sa nie et ses miracles, par le K. P.
Léonard Chastenet, prieur des chanoines de Uahors (in-S*, Cahors,
J. Bonnet, imprimeur, 1663). Au bas d'un portrait en taille douce,
' Le graveur (]ui d'Alain a tiré le visage
» A fait en ce travail un chef-d'œuvre parfait,
n Car il a renfermé dans uoe seule image
n De toutes les vertus un ravissant portrait v.
(1) A la date du !S novembre I53S. Les Rançailles avaient eu lieu,
le 5 mai précédent, chez H. Raymond de Prohet, lieutenant du
sénéchal à Sarlat, cousin de Jean de Malliard (voir Bulletin de la
Société, t. IL p. 301). Nous avons pu préciser quels sont ■ les
jantilshomes et damoyaelles » qui assistaient à la fête: M"* du
Repaire est Lisonne de Carbonnières, soeur de la mère de la fian-
cée, et mariée à Jean du Pouget, sgr du Repaire; M. de Beysaac
est un cousin ; son père, Pierre de Comarque, sgr de Bcyssac. de
Lomel, etc., avait épousé la tîlle de Jean 111 de Carbonnières, gou-
verneur de DAme et de Larche, et de Catherine de Guerre. Jean 111
de Carbonnières était le frère consanguin d'Antoine, marié à
Jeanne d'Abzac de la Douze; ces derniers, grands parents d'Klisabetb
de Solminiac. — D'après une note qu'il nous a fournie, M. J.-fi.
Champeval a trouvé, dans les papiers de la famille de Beyssac, la
mention de la présence de H. de Beyssac aux noces de Jean de
Malliard.
D.g.tizedby Google
— 440 -
Sarlat, a reru « un beu bonet bien gamin » ; M" de
Carbonnières, a ungs mancbons(l)de satin vioulets;
leur belle-fîlle. M"*" de Faulx, « ungs de velous
orange », etc., etc. Une alliée, une intime de la
famille, M"" de La Roche ($), qui avait été oubliée,
s'est servie elle-même, en prenant dans l'écrin
« ugne petite foy d'or » (3). Mais Jean n'a eu garde
(1) Pluriel employé pour indiquer la paire. Ces manchoDS ou
fausses manches étaient la mode nouvelle.
(2) Jeanue de Salignac, lîlle d'uo puîné de la mMSon de Fénelon
et de Louise da Pierrehuffière, mariée par contrat du 3 août U9!l à
Antoine de La Roche, sgr de Saint-Maixent, du Vau et du Breuil,
parente de la famille de Carbonnières par autre Jeanne do Salignac,
dame de Pelevezy, sœur de Jean et de Raymond de Salignac. séné'
chaux et gouverneurs de Périgord et d'Angoumois, veuve de Bosc
de Beyssac-Navailles, mariée en secondes noces à Jean II de Car-
bonnières, l'arrière -grand - père d'Elisabeth de Solminiac (voir
LachesnayedesRois et Lainé\ Laine mentionne Françoise de Sali-
gnac, dlle de Bertrand et d'Isabeau de Talleyraud du Chalais, mariée
Ie6 novembre 15*25 à François Deydie(d'Aydic), vicomte de Ribérac
Ceci pourrait expliquer pourquoi Hagdelcine Deydie, abbesse des
Pieux, tint sur les fonts baptismaux, avec le protonotaire de Tu-
renne, Bigal de la Tour, le fils de J. de Malliard et 'd'Elisabeth de
Solminiac. — De la famille de la Boche, nous ne mentionnerons
que Hugues de la Roche, beau-frère du pape limousin Grégoire XI,
qui défendit Limoges contre le Prince Noir en WO et fut fait pri-
sonnier par lui (voir Clémeni-Simon : La rupture du Traité de
Oretigny et «es con*éiïuence«en Limousin; Bulletin de la Société
de Tulle. 1898. p. Il, n- I).
(3) Foi. en blason, s'entend de deux mains jointes. Hais j'incline-
rais à croire, en raison du groupe de pieux bijoux dont celui'CÎ
faisail parti?, qu'ici il s'agissait plutôt d'une colombe représentant
le Saint-Esprit. En effet, avec i ugn amistie ■ (un cœur) et a ugn
espère » (un ancre), ce bijou complétait le trio des vertus
théologales ; la foi, l'espérance et la charité ( voir Bulletin
de notre Société, tome II, page 317]. — Dans la corbeille de ma-
riage offerte par J. de Malliard, l'écrin est peut-être ce qu'il y a
de plus intéressant, ainsi que le constate M. Cbabouillet, conser-
vateur des médailles et antiques & la Bibliothèque nationale, dans
l'extrait suivant de son rapport : ■ Jean de Malliard, riche, bien
apparenté, frayant avec la noblesse, en excellenis termes avec le
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- 441 -
d'oublier son frère, il lui a donné un « beu bonet
rond de drap», ce qui convient à un membre du
clergé.
Plus tard, quand il inventorie les meubles de sa
maison de Bi-ive, Jean signale dans sa bibliothèque
des livres qui lui viennent de « son feu frère ». Ce
sont surtout des livres religieux: bible, « livret
contre Luther et ses fetz », etc. U y a aussi des
vicomta de Tureona, le grand baron féodal de la contrée, qui Tut le
parrain de run de ses enfatils, était en bonne situation pour noua
présenter un tableau nalT et sincère de la vie d'une famille qui,
dès le £V[' siècle, était placée au premier rang dans sa ville. On a
eniendu avec intérêt les récits de bnpiémes, de mariages, d'obsè-
quea, otl l'on a surtout remarqué des descriptions de joyaux qui lit
sont peut-être encore plus instructives, en tout cas plus vivantes
que dans les inventaires, comme la fîeuue des Socielés Savantes
en a publiés si souvent, attendu que tes objets nous apparaissent
avec des détails qui en expliquent l'emploi et l'usage > IRevue des
Sociétés Saoanlea det départements, "ï" série, l. 1, 18S0. p. 166J.—
Dans la vie du xvi* siècle, les joyaux jouaient un râle qu'ils ont
perdu depuis. Il n'y avait pas alors d'emploi lucratif de l'argent;
l'Eglise et l'Etat s'entendaient pour proscrire le prêt à intérêt. Au
moins, les objets précieux, métaux et pierreries, donnaient-ils ce
que ne donnait pas l'argent dans le coffre, le plaisir de s'en parer
à l'occasion et de les étaler aux yeux émerveillés des visiteui-s,
certains jours, • à la fenestre des bijoux >. Ceux-ci constituaient,
plus que les écus, souvent de mauvais aloî, ce qu'on appelait a le
trésor». Chacun avait le sien, le roi, les grands seigneurs, les
églises, les monastères et aussi les ricties particuliers, toutes pro-
portions gardées. Et, 4 ebté du râle tout de vanité dont nous venons
de parler, < le trésor u avait nne fonction très sérieuse ; c'était ta
réserve des jours difficiles. Le manque de Sxité dans les revenus
laissait planer sur la vie un dangereux imprévu. Nul n'étail; à l'abri
du besoin. Les plus grands seigneurs étaient quelquefois contraints
de vendre ou d'engager leurs bijoux. Sur le couvercle d'un gobelet
de vermeil à coupe de jaspe, appartenant au Dauphin HumbertllJ,
on lisait cette inscription, qui résume bien le double r61e des objets
précieux au moyen 6go et dans les temps qui s'en rapprochent :
Dbcui aulce, pignus egenti (.voir Monteil: Hisl. des Français des
diverê États, édit. 1853, t. I, p. 310, et aux notes, p. 70. — Voir
aussi L. Guibert, Bulletin de notre Société, fSSâ, p. 301),
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- 442 -
manuscrits de la main du défunt, notamment a ugu
livret de dis » (menus propos), qu'il nous serait une
bonne fortune de retrouver.
Le doute n'est donc pas possible. Le curé de
Montjoie et de Sanbuse était bien le frère de J.
de Malliard.
Au sujet de la peste, cette terreur périodique de
nos pères, laquelle a motivé aussi quelque emprunt
de la part de M. de Cublac, nous avons peu de
chose à ajouter aux détails déjà fourpis {v. Bulletin
de la Société, tome 1, p. 790). D'après Leymonerie
CHistoire de Brive, page 94, réédition Roche), elle
sévit à Brive de 1523 à 1530. Tout porte à croire
que Jean de Malliard en fut une des victimes. Les
dernières lignes tracées .par lui sont du 22 novem-
bre 1529. Un consciencieux érudit, chercheur infa-
tigable, M. J.-B. Champeval, avocat à Figeac, a en
la gracieuseté de nous faire remettre, sans que nous
ayons l'honneur de le connaître, une note, dont
nous sommes heureux de le remercier ici, et qui
vient appuyer cette supposition.
Yoici cette note, relevée par lui au chartrier du
château de Cosnac :
A Brive 18 février 1538. Ainsi soit que feu noble Jehan (1)
(1) Comme on le voit, nous avons eu raison de traduire par Jean
l'iniliale qui, aux signatures, sert à indiquer k prénom du premier
rédacteur du Livre de Raison. Quant à son nom patronymique, Jean
l'écrit invariablement Malliard, et ses contemporains l'écrivaient
de même, paralt-il. Cette orthojtraphe, que quelques-uns de ses
descendants ont abandonnée, est conforme & l'étymologie qu'il a
voulu donner de son nom de fsmiDe en traçant, au coin d'une page,
,y Google
- 443-
Malliard de Brive au temps qu'il vivoit eust recogneii
avoir heu et receu de noble Heliiabeth (de Solminiac) sa
famé la some de 3000 livres tournois de son douaire (1) et
qu'il soit allé de vie a trépas délaissant noble Rigal Màl-
liard sou ills, etc.
Deux autres notes de M. Champeval offrent aussi
leur intérêt, à un autre point de vue ;
Noble Jehan Malliard, seigneur deQuinhard,, de Brive,
acense en 1527 a Libérale Aldebal diverses possessions
qu'il tenait de noble François de Cosnac, seigneur des
Bordes et d'EIjayle
Le 23 décembre 156t" noble Rigal Malliard, escuyer,
seigneur de Quinhard, habitant de Brive figure dans un
un maillet entouré de flammes : < Malteus ardent nfmaillet ardent).
Qu'on nous permette à ce sujet un rapprochement. On disait au
moyen ftge : Maltiare monelam ; la monnaie, comme on le sait, se
trappant avec le marteau (voir Ducange v*]. Or Jean nous apprend
qu'en I52T ii fit mar<4ucr sa vaisselle d'élain « du coîi^n et armes ds
feu Rollet Malhiard « et on trouve, en 1387, un général des monnaies
de ce nom, lequel appartenait, d'après Duchesne, à une famille
où le nom de Eollet semble avoir été fréquent (voir B. N , Msa.
Fonds Duchesne. t. 59, p. t62'l&G] et d'oii sortit le célèbre quarte-
nier qui lua Etienne Marcel à la porte Saint-Antoine (B. N., Msa,
cabinet des titres, v* Maillard). On sait avec quelle persistance sa
perpétuaient autrefois les traditions et les souvenirs de famille; na
serait-ce point pour cela que notre Livre de Raison contient sur
les monnaies des renseignements qu'on aurait peine à trouver
aussi complets dans d'autres documents de ce senre. Le nom de
la famille ne viendrait-il pas de celte profession de monnayeur
eiercée par l'ancêtre commun, à l'époque oii les noms patronymi-
ques devinrent héréditaires?
(1) Environ 54,000 fr. de notre monnaie. — Au ivi- siècle, dans le
Midi du moins, on disait encore « douaire d pour dot. Au début,
comme on le sait, c'était tout un, le mari constituant la dot (voir
Charles de Ribbes: La famille en France avant la Réoolution,
p. 41. — Littré, Diet. , v douaire. — Louis Ouibert, Bulletin dg
:-:otre Société, 1S85. p. 5i4).
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acte pour lui et damoyselle Fi-ancoiae de Sudrie (1), sa
femme.
Quelle est cette seigneurie deQuigaard, dont Jean
et son fils sont dits possesseurs? A notre connais-
sance, aucun territoire du pays ne porte ce nom. Ne
s'agirait-il point de cette grande maison de Brive,
aujourd'hui en partie détruite, et que nous avons
taché de réédifier, à sa place, en sa fornae, en son
aménagement intérieur? C'est là où se trouvaient
ces meubles, ces ustensiles de ménage, cette belle
vaisselle armoriée, ces précieux et nombreux bijoux,
ces vêlements d'homme et de femme si riches et si
variés, et cette « librairie » ou bibliothèque qui sur-
prend par le nombre de ses livres français, latins,
grecs, italiens et hébreux. C'est là où se coulait cette
vie facile, heureuse et élégante du temps de Fran-
çois I", et que J. de Malliard nous fait revivre avec
lui.
Cette maison provenait à Jean de sa première
femme, Jeanne de Quignard, décédée le 3 mars
1522, lui laissant une fille nommée Gillette. En
parlant de cette enfant : « Dieu me la veulie
prester » avait dit Jean, en un langage de poésie
toute chrétienne. Et en effet, lui mort. Dieu l'avait
(1) Sur la famille Sudre ou Sudrie, d'où est sorti Guillaume Su-
dre, prieur de Brive en 1351, plus tard évèque de Marseille puis
d'Ostie et cardinal aux titres des saints Pierre et Paul, voir les
renseigiiementa publies dans le Bulletin de notre Société, t. II,
p. 635 : Le cardinal Sudre, par M. René Page; et t. ill, p. 409 et
suivantes, voir une note de M. L. Greil ou on lit, d'après le texte
de l'abbé Salvat, que ■ Guillaume de la Sudrie ou Sudre reçut le
jour à Brive-la-Gaillarde, d'une ancienne et illustre maison du
pays ».
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- U5-
reprise, puisque le frère consanguin de Gillette,
Rigal, fils d'Elisabeth de Solminiac, est dit, en
1538, seigneur de Quignard.
Au siècle dernier, elle appartenait an chef de la
branche aînée de la famille, à J.-B. de Malliard, con-
seiller doyen honoraire du Présidial, qui y mourut le
4 octobre 1789, laissant pour héritiers les enfants
de sa sœur, Catherine, mariée en 1734 à Pierre de
Damai, écuyer, seigneur de Négelles, dont la fille,
Françoise, avait épousé en 1768 Joseph, chevalier,
vicomte de Cosnac; et une autre sœur plus jeune,
Marie-Magdeleine, mariée en 1749, à Joseph de
Maleden, écuyer, seigneur d'Enval. C'est cette der-
nière qui hérita de la maison de Quignard, laquelle
en effet est inscrite au plan de Brive de 1821, au
nom d'Enval.
En 1529, cette demeure était l'une des plus spa-
cieuses de Brive, puisque les Etats du Bas- Limousin
{église, noblesse et communauté des villes) la
choisirent pour y tenir leur séance, le 92 novembre (1 ) .
Elle s'élevait au coin de la rue de Puyblanc et de
la petite place de l'église. Sur cette place, une tour
à pans, très en saillie (2), la divisait en deux parts;
une autre tour plus étroite donnait sur une petite
cour aboutissant à la rue dite aujourd'hui de Car-
(1) V. BuUelin de notre Société, t. II, p. 788. Les États -Gêné raui
de IS29 se réunirent pour voter les fonds nécessaires à U rançon
des fils de François 1", qui avaient remplacé leur père comme
otages, à Madrid, à la suite de la déTaite de Pavie.
{2) Celte configuration est donnée par un plan de Brive com-
mencé par Toulane en t7i4 et fini en 1750 par Massénat, notaire
et arpenteur. La dite maison y est inscrite au n' 187. C'était la
grande maison de la Petite-Place dont elle complétait le coup d'œil,
T. XX. Z-S
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^446-
bonnièiea. Avait-elle élé construite par le beail-
père de Jean de Malliard, par Hugues Quignard,
« escuyer, seigneur du. dit Heu et de Canal? (1) »
Située en terre franche, cette maison était-elle
considérée comme franc-alleu, comme fief noble?
Ce point n'a-t-il pas son importance pour l'his-
toire de notre ville?
Certes pas n'était besoin de tous ces textes et
de leurs commentaires pour prouver les emprunts
faits au Livre de Baison de Jean de Malliard. Nous
avons voulu profiter de l'occasion offerte pour com-
bler, dans le Bulletin de notre Société, de regret-
tables lacunes. Sans doute, des extraits ci-dessus
reproduits quelques-uns offrent un intérêt mé-
diocre comparé surtout à la curiosité qu'éveillent
ceux précédemment publiés, et c'est ce motif qui,
ajouté à un sentiment de réserve bien naturel,
avait été la cause de leur omission. Mais dans un
document vieux de quatre siècles, rien ne doit être
omis, car tout peut contribuer à la reconstitution ■
de cette chose complexe, la vie d'une époque. Un
détail met un trait de plus au tableau des mœurs,
une date précise un fait, un simple mot aide à
rendre le langage, ce miroir des idées.
Aussi avons-nous l'intention de publier in ex-
tenso notre précieux Livre de Raison. Il est encore
d'autres passages laissés de côté qui prendront place
(1) Dans son Livre de Raison, Hugues Quignard note, le t2
février 1502, un arrentement d'airages placés devant la maison de
Quignard. (Voir Dutlelin de notre Société, t. XII, p. 50).
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dans l'édition projetée, et des notes nouvelles éclai-
reront d'un jour plus vif ceux déjà connus. Nous
voudrions faire revivre tout le Brive du xvi' siècle,
l'aspect de la ville, les événements qui s'y dérou-
lent, les institutions, les mœurs, les idées, les
hommes et les choses. Plusieurs membres de notre
Société nous y ont déjà aidé. Y aurait-il de l'in-
discrétion à solliciter le concours d'autres cher-
cheurs de la région qui ont au cœur l'amour de
notre cher pays?
L'histoire d'un pays n'est que l'histoire des
familles qui l'ont habité, et pour rendre l'image
d'un pays, à une époque, une seule famille suffit :
Una dormis sufficit, a dit Juvenal.
Or, trois générations de Brivistes du ivi' siècle
nous parlent encore dans un vieux manuscrit, sorte
de mémorial domestique. Pour les bien connaître
et par eux connaître leur pays et leur temps,
n'est-ce pas faire œuvre patriotique que d'éclairer
et de compléter leur bonne parole?
Et à cela la jouissance est grande. Toute une
époque, prenant corps dans une famille, revit,
pense, parle, souffre et s'agite en raccourci sous
les yeux. C'est revivre l'histoire dans la personne
de ses devanciers^ la petite et la grande, l'histoire
des mœurs locales et celle des événements qui
se détachent, au loin, dans le recul des siècles.
Le grand fait historique se proportionne à notre
taille. 11 prend je ne sais quoi de plus vrai et de
plus impressionnant, en le trouvant mêlé à la vie
ordinaire, à cette vie qui eût été la nôti'S si Dieu
nous eût fait naître, il y a quatre cents ans, dans
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-448-
cette bonne vieille petite ville de Brîve-Ia- Gaillarde.
On devient le contempoiain de ses pères, ou plutôt
il semble que, derrière soi, la vie s'allonge de la
leur, et on sent que l'on tient au pays par de plus
profondes racines.
Nous serons reconnaissant des plus petits ren-
seignements qui pourraient nous être fournis sur
l'un des trois personnages qui servent de type aux
trois générations qui se sont succédé^ dans le Brive
du ivi* siècle.
Fernand de Mâlliard.
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CARTULAIRE
l'Abbaye bénédictine Saint-Martin de Talie
EN LIMOUSIN
PUBMÉ PAR
Jean-Baptiste CHAMPEVAL
(Suite. — Voir i. XX. p. a07),
840. Item ung instlminent d'acquisition Taicte par r. p.
en Dieu, messyre Bertrand Botinal, èvesque de Tulle, de
10 livres de renie vendue par noble Ramond de La Cha-
polye, docteur es droicti, en la paroisse S" Fériolle, receu
par m' Jehan Arnault, du to* septembre 1409 ; cothô
par G. G.
841 . Item ung instrument d'acquisition faicte par le dict
chappitre, de noble Pierre de Peyrat, de la quarte partie
du aixme des bledz, fruictz, droictz, et esmolumentï des
villaiges du Mond, del M&s Aux. del Bosquet, doulz Chu-
jatz et de la Rebieyre, de la Couneyrie, de Vaur, de la
Rebesie, de la Borde-de-Vaur, de Drolholas, del Peueh
et de la Vallete, et del Mas ds Danhac, et de Lachaul, et
autre affar en la paroisse S" Forhmade, pour le pris et
somme de 80 escutz d'or, chascung escu du poys de deniers
moins 6 grains ; receu par Pierre Roche du 13'aoust 1457;
cothé par H. H. (Sic).
842. Item une IransacHon en laquelle est contenu ung
homaige faict par Guiscard de Conbort, seigneur de Trey-
niac, à la personne de messire Ramond de Beauchasteau
(Belcastel) prévost de Naves, et administrateur de l'église
cathedralle de Tulle, et au nom d'icelle, à cause de cer-
tains villaiges contenuz audict instrument ; et receu par
m" Guillaume de Fonte et Guillen de Grand Saignes, du
9* novembre 1285 ; cothé par J. J.
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- 450 —
843. Item ung instrument où est contenu ung léguât
faict par Peyronnelle de la Arnaudye, femme de Pierre
de Sourries, merctant de Tullei de 10 sols de rante, pour
ung obit, assis sur ung ouvroir (boiitique-a(e(iery près le
portai Nostre Dame de la dicte église rathédralle ; receu
par Jetian de Sourries, prestre, du t2* des calendes de
septembre 14-22 ; cothé par K. K.
844. Item ung instrument contenant ung légua,t faict au
dict chappitre, par Duian Arnault, de 5 sols tournois,
Îour ung obit ; receu par m' Jehan Laborde, du 4" janvier
425; cothèparL. L.
845. Item certain mandement du roy Chartes, et pro-
cédure faicte par devant le senescha! de Lymoges, Taisant
mantion commant l'èvesque de Tulle est tenu envers le
dict chappitre, annuellement en certaines rantes en bled,
vin et argent et autres choses, du 16" janvier 1399 ; cothé
par M. M.
846. Item ung instrument où est contenu ung léguât
faict au dict chappitre, de 4 sols de rante, par Jehan de
Campo Jufio, des Glotons, receu par m" Pierre Bourlus
(entendez Bourelous ; et Champ-Julhe, un notaire impor-
tant des Ventadour, tirant son nom, croyons-nous, des
environs de Darazac), du 2t aoust 1418 ; cothé par N. N.
847. Item ung instniment à'acquisilion faicte par le
dit chappitre, de Jehan et Estienne de S' Salvadour, père
et ûlz, de 10 sols de rante, assiz sur une vigne, située au
tôritoyre d'Aga,ssac, paroisse S' Julien [de Tulle), receu
par m* Gérault de Gueilhe, du 2' octobre 1423, cothé
par 0. 0.
848. Item ung inslriiment d'arbitraige, faicte entre le
procureur du dict chappitre, et noble Guillaume de Favars,
ensemble la recognoissance faicte par ledict de Favars à
icelluy chappitre, de 20 sols tournois de rante, assiz sur la
bouidarye, appelé /sic) Rougieyreige, située en la paroisse
S' Maixen, prés le mas de Fressingcs ; receu par m' My-
ric [pour Aymeric) Leymerigie, du l"juillet 1328 ; cothé
par P. P.
849. Item autre instrument d'acquisition, faicte par le
dict chappitre, de Estienne de Materre, merchan de Tulle,
de 5 sols de rante, assiz sur un boys appelle de Afatera,
au territoyre du Mas de Leymonnijc, paroisse S' Maixen,
pour 5 livres tournois, ensemble la recognoissance faicte
par les dicts tenanciers du villaige du Leymonnye ; receu
par m' Anthoinc Ghassaignard, le 26° jtiUet 1466 ; cothé
par Q. Q,
850. Item ung instrument à'arbitraige faict entre le
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- 451 -
dict chappilre de Tulle, et Gérault de Chastres, ensemble
la recognoissance faicte par le dicl Gérault, de 5 sols de
rante, a cause du dict vitlaige de Fressinges ; receu par
m' Raimoad Laborde, du 3' apvril 1438 ; cothé par R. R.
851. Item uni; instrument d'acquisition faicte par mes-
syre Bertrand Boutinal, évesque de Tulle, de noble Pierre
Fauchier, conseignieur de S" Forlunade, des dixmes
ap^artenans audict Fauchier en la paroisse S' Yllaira
Foissac, pour la somme de 40 livres tournois ; receu par
messyre Jehan de Sourries, prebstre, notaire de Tulle, du
26'jullet 1410; cothè par S. S.
852. [tem ung instrument de recognoissance faicte par
m" Guy de Favars, au procureur dudict chappitre, de 20
sols de rante à cause du villaige de Vertaugy (disparu),
en la paroisse de S' Maixent ; receu et sïgnë par Joubert
de Bounaige, notaire, de l'an mil ni* xbij M3I7); cothé
par T. T.
853. [Nous allons supprimer quelques mots de superfé-
tation, tels que: ilem, d'instrument, ledict, etcj. fieco-
gnoissance faicte au chappitre par m" Jehan de Sourries,
recteup de S"" Fortunade, de 50 sols tournois de rante, à
cause de l'église de ladite paroisse ; receu Gérault Cuelhe,
du 7° aoust 1428 ; plus senlance de condençnation à cause
des arréraiges de ladite rante, contre m* Pierre Charrière,
recteur dudict lieu, du 3" janvier 1480; attachées ensem-
ble. V. V.
854. Léguât par Estienne Lacgié, rehgieuls, en faveur
dudict chappitre, de 2 muiclz de vin, de rante, ciur une
vigne de Estienne dour Tortz, cordonnier et sa famé,
Saroisse S' Pierre de Tulle; ensemble la recognoissance
udict Estienne et ratiffication par sa dite feme ; reçu
Biaise Cueilhe, du 5" janvier 1465 ; ensemble la vente par
m' Sousés dudict vin audict frère Estienne Lacgier, pour
8 escuts d'or ; reçu Jean de Quercu, prebstre, notaire de
Tulle, 29* décembre 1466 ; attaché ensemble ; cothés par
X.X,
Au SAC DE D.
855. Testemment par noble homme messyre Marcial
Saige, lequel par icelluy légua audict chappitre, 10 sols
tournois de rante scituée sur un eyrial et lèze (bande
étroite de terrain) par dernier (apparemment en la ville
de Tulle où ce mode de culture par terrasses appendues à
chaque colline était surtout en usage et de rigueur) ; receu
Estienne Joubert, notaire royal, 12* déèembrc 1464;
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_ 452 —
856. Testemment par à"' Marguerite de Chalon, par
lequel elle légua auaict chappitre 5 sols de rante ; reçu
par messyre Jehan Cousin, prestre, 2 février U93 ; B.
857. Acquisition par Jehan Cheyron, paroisse de Naves,
de Ténéracile personne messyre Bertrand de Vaissa, prieur
nosLre dame de Lespinasse (aujourd'hui Lachapelle-
Spinasse), d'ung cestier froment de rante, mesure de
Tulle, pour le pris de 40 sols tournois, assiz sur ung pré
etboysjoignans ensanble, appeliez Aux Pr&deulz; receu
Guilten de S* Chemans, notaire royal ; du mardy 15* jour
api-ès pasques 1323 ; C.
858. Acquisition par ledict chappitre, de Ëstienne Mar-
tin de Platea, bourgeois de Tulle, de 5 sols tournois de
rante ; i^eceu par m' Jehan Lagorse ; tertio idus januarii
1321 : D.
859. Recognoissance audict chappitre par messyre
Amelvi de Bassagnac, prieur d'Ussac (à rendre probable-
ment par Vassignac en français moderne! de la quantité
de 10 muictz (muids) de vin, pur et sain, mezure de Tulle,
et ce pour les moys avril et may chascung an de rante,
reçu m' Jean Régis, notaire (de Brive, très probablement),
du 15» kalendes de décembre 1378,
Ensemble une sentance donnée par Ponpignac, sur
hussier sur l'exécution d'ung arrest donné par la court de
parlement de Bourdeaulx, contre le prieur d Ussac, datée à
Tulle le 17« octobre 1530; signé Ponpignac; le tout atta-
ché ensenble ; E.
860. Instrument par lequel Estienne Rinel, mazelier de
Tulle, légua, audict chappitre V sols chascung an de rante ;
reçu Estienne de Champo Julia, du 15' novembre H08 ; F.
861. EsMOLUMENTit DU SÉPULCRE : (ransacfion entre lodicl
chappitre et frère Estienne Roger, secrestain, par lequel
fust appoincté que ledict secrestain prandra le proflct et
esmolumen du sépulcre ; moyenant ce ledict secrestain
sera tenu bailler à chascung des religieulz 20 deniers
tournois et une pinte de vin, mesure de Tulle ; receu par
m* Eymar de Peschadour, notaire, du 2' jung 1488 ; cothé
G. [Evidemment il s'agit des offrandes des fidèles qui de-
vant celte mise au tombeau, alors sans doute récemment
sculptée, venaient méditer la passion du Christ, et se
compenser du pèlerinage de Jérusalem trouvé désormais
trop lointain].
862. Instrument de publication, ensemble la bulte ince-
rée de Clément, pape VIT, faisan mention de monstrer
(ostension) le chef S' Clair, évesque et martir, de 7 en
7 ans ; ensemble certains pardons donnés par ledict pape ; '
ladîcte publication i-eceue par m' Gérault Fougeyron,
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— 453 —
prebslre, notaire de Tulle, du vu" auril mil nu un" ix
(1389); cothé H.
863. Autre instrument de ordonnance de l& feste S'
Clair ; reçue Gérault de Cueille, notaire royal, 13* novem-
bre l'i86; J.
864. Transaction entre m' de Tuile et son cliappitre à
cause de la pantion deue chascung an à icelluy cnappitre
de la somme de 200 livres, ensanlile la quictance des arë-
raiges d'icelle faicte par ledict cliappitre; receu Bernard
Guilloti, notaire de Tulle, du -li' may 1492 ; K.
865. Testament par Catherine Chaulai-de. femme de
Pierre Leymigre, contenant ung léguât audict chappitrc
de 10 sols de rante, situez sur ung soustre (sous-solj de la
maison de ladicte Catherine; receu Pierre Serre, nolaire,
26 may 1386; L.
866. Procèz contenu en ung acte en parchemin, dudict
chappitre, contre Estienne de S' Salvadour et Philipes de
Cueife, prebstres de Tulle, contenant demande d'ung ces-
tier froment de rante, et 7 soûls, situés sur une maison à
la rue de la Redole Père, faicte pardevant m* Ramond de
Cosnac, lieutenant général de Limosin, et signée par
m" Pierre Ulmet, greffier, du 11' avril 1497; cothé par M.
867. Enqueste par m' Marcial Lagarde, à la requeste
dudict chappitre, à' rencontre de m' Anthoine Lavergne,
prebstre et autres ; signée par m* Estienne Solvyta, du
5'jullet 1499; N.
868. Mandement de pignoribus, esmané du séneschal
de Limosin, à la requeste audict sindic ; signé par m' Jehan
Lavergne, du 17* aoust 1457 ; O.
869. Escriptures faictes à la requeste de m' de Tulle, et
son chappitre, contre les habitans des fauxbourgs dudict
Tulle, escriptes en parchemin, signées par de Lavergne;
raisons de aroit et instrument appellatoire desdicts habi-
tans ; reçu Jehan Cuelhe ; le tout ensemble ; cothé P.
870. Information sur l'u^aige et exploict des foui-s et
moulins de Tulle, A la requeste du procureur de m' de
Tulle, à rencontre des manans et habitans dudict Tulle;
cothé par Q.
871. Investiture par messire Pierre La Guillaumye,
prestre, et Gérault La Guillaumye, frères, k messvre
Martin Philippes, prévost de Tulle, et prieur de La Cha-
pelle Espinasse, et de Grand Saignes, à cause de certaines
terres et pocessions ; reçu par m' Ramond Burgueti, du
9* janvier 1399; ensemble des inslrumentz y attachés; R.
872. Instrument entre Ramund de Beauchasteau (Bel-
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- 454 -
castel, Loi), prévost de Naves, administrateur de ladicte
église, au nom de ladicte église d'une part, et noble Guy-
tart de Combort, s' de Treiniac, d'autre (part), faisant
mantion comment ledict s' de Treyniac recognoc et confessa
le villaige de Vignanas estre de toute justice et fondalité
du seigneur abbé du couven de Tulle, siz en la paroisse
d'Alonzac ; receu Guillen de Fonte, 1280 ; S.
87a. Ordermnce entre m' l'abbé et (son) couven. (En
marge : conventions enti-e m' et son chapitre) ; daté de
l'an 1296; T.
874. Instrument faict entre le s' évesque et chappitre,
d'une part, et Bertier Teyssard, piatier, de Tulle, d autre,
à cauae de conduyre l'eau à la concfie (fontaine jaillis-
sante, en patois focal) des cloestres, et certains autres
pactes; receu Pierre Roche, notaire, du pénultiesme
feurier 1433; cothé par V |U et V ne faisant qu'un).
875. Instrument appeltatoire pour ledict chappitre con-
tre m' Jehan Nyerlas, conseiller dii roy, et Jehan Estienne
Guisf re ? touchant les empruns (en marge, enprunptzl ;
receu par m" Jehan du Montel, notaire, 22" janvier 1443
cothé X.
876. Donation par Bernard Fabri, bourgeois de Tulle,
audict chappitre, de 15 sols tournois chascung an de ranle,
payable à la S' Martin d'ivern, assiz sur le bien de Jehan
et Pierre del Mond, paroisse de S' Germain les Vergnes
receu Bernard La Lande ; daté 1316 ; Y.
877. Vidimus de donation par noble Arcambaull,
conte de Combort, à l'abbé et chappitre de Tulle, de tout
le droit et debvoir, action, pocession, propriété, services,
explietz, haulte et basse justice et toute jurisdiclion quel-
conque qu'il avoit en toute la prévoslé de La Vallete et ses
appartenances et aux villages de Allomac, de Madranges
et auux ïillacges, lieulz et hommes d'icelle prévoslé, sauf
et réservé par ledit seigneur de Treyniac et son succes-
seur, en la dicte prévosté, 20 sols tournois chascung an
de rante ; receu m" Guillaume Ghari; daté 1319; cothé
par A. A. [Gharain].
878. Ordonanees entre l'abbé et chapitre ; receu Pierre
de Banas, notaire, du 2* janvier 1342 ; B. B.
879. Vente par m"" Huguo, femme de feu Gérault de
Charens, chevalier, comme tutrisse de ses enfans, à m""
(l'évèquel de Tulle, assavoir de 15 sestiers seigle, froment
et avoyne. chascung an de rante, mesure de Martel, de
14 sols 2 deniers tournois et .5 gélines, assiz sur le prieuré
de Meyronne et sur certains biiîns sur la reviere (les
terrains bordant la rive gauche de la Dordogne, nommés
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— 455 —
Il la Rivière de M. ») de Meyronne ; scellée du sceau de
feu Ramond, visconte de Turène ; daté idus maii 1228;
colhé par G. G. [Un Glaiens, de Glérans??]
8J50. Donation ou léguât par Jehan Glianboureau près
La Rochelle, audictchappitre, de '20 sols tournois cliascunjt
an, rante, assavoir: au prieur de Lileu, frère Bertrand
La Gardelle, diocèzeS'Ouyn/'sicS"V.iissavoir 5solsaudict
prieuré de Liieu [Lilleau, au Sud de La Rochelle (Gha-
rente-Inférieure)], et 15 sols audict chappitre pour ung
obit ; reçu par Véchain ; du 15' décembre l384;cothèD. D.
881. Donadon ou léguât par Amault Fouchier et
Abierne Bardine, sa femme, demeurans à Lileu, ii frère
Bertrand La Gardele, prieur de Lileu, de 30 sols tournois
chascung an de rante, payable 15 sols àpasques, et 15 sols
à toussanctz, scellé et signé Marchant ; du 15' décembre
1384 ; E. E.
882. Donation ou léguât par Guillen de La Rebieyra et
Guillamete, sa feme, demeurans à Lileu, à m' le prieur de
Lileu, et audict chapitre, assis sur tous ses biens et
eipressément sur une maison et terre confrontées en la-
dicte donation; scellée et signée par Merchant, du 15*
décembre 1384 ; F. F.
883. Certaines coppies de exécutions faictes par, m* Es-
tienne Poha, lieutenant de paréaigc en Limosin, à la
requesle dudict chappitre, contre m' l'évesque de Tulle, à
cause des pantions deues audict chappitre; cothé au doz
par G. G.
884. Recognoissance de rente par feu Gilibert évesque
de Limoges, et Ebole, visconte de Ventadour, du mas de
Grand Cha.mp, en la paroisse de Forjès, de /^a Bordarye
et de Viallete. en ladicte parroisse, du mas de Bédènes
d'Albussac et autres villaiges contenus au dirt instru-
ment ; sellé du sceau de Lymoges ; daté 1280 ; IL H.
885. Léguai par Jehan, aliàs Janissa La Ghiène, maze-
lier, de Tulle, de 4 livres de rente, pour fère ung obit,
assises sur une maison de m" Anthoine Montriguat , au
harry de La Barrière; receu par m* Antoine Brach, du
9* janvier 1480; J. J. (En marge: La dicte maison est à
présant possédée par Ëstienne Lachièze, et ne paye que
■50 sols}.
886. ^ppoinc(enien( faict entre ledict chappitre et
m* Martin La Borde, à cause de 10 sols de rente; ensenble
la recognoissance par ledict La Borde, de ladicte somme ;
receu Bertelemy Solerii, tlu 8' aoust I i80 ; K. K,
887. Instrument portant l'unyon du prieuré S' Michel
prés Vei/rac; interposition de décret; uny à labaye et
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couven de TuUe ; scellé du ceau de Lymoges ; du 14* jan-
vier 1316; L. L.
888. Recognoissartce à m" Arnal, évesque de Tulle, par
Pierre Malras, Pierre, Geraull et Jehan de Vignaoas,
parroisse d'Olonzac, du mas de Vignanas ; receu par
m" Jacques La Ghassaigne, 1333 ; M. M.
889. Ordonna.nce, ou estatut faicte entre l'abbé et chap-
pitre de Tulle, faisant mantion : quel nombre de religieulx
doibt avoir audict chappitre et autres choses eontenues en
icelle ; receu Eymeric La Myrigie, dernier may 1320;
cothé parN. N.
890. Sauvegarde du roy inpétrée, par ledict chapitre;
signée par m' Michel Vergonzanes, notaire royal, de 1338 ;
ensanble une recognoissance par Pierre Malros, sur
l'omaige qu'il est tenu faire à ladicte église, du villaîge de
Vignana^. 0. 0.
891. Instrument, ensanble coppie d'une bulle incérée à
icelle, concédée par Symon, archevesque de Bourges,
contenant certains statuts dudit chapitre ; receu Jenan
Guelhe; 18' décembre 1404; P. P.
892. Instrument entre ledict chapitre et frère Guy de
Lissac, cellarier, faisant mantion comment ledict chapitre
bailla audict cellarier, le cuysain (coussin de bois, som-
mier) pour fere le pressoir que ledict cellarier tient à
présant; receu Pierre Roche; 12* janvier 1445; cothé
par Q. Q. (En marge : arraniemen du piessoir de la cellé-
rarye).
893. Obliguation par Huguo de Man&o, parroisse de
Dannyac (Dampniatj, de 10 sestiers de rante, aud. chapi.,
pour l'obit fondé par Gèrault de Malemort ; receu Gérault
d'Augier (Daunierj. 1334 ; R. R. [En marge, la môme main,
fort peu après, a écrit par méprise ; Damgnac].
894. Arbitraige par noble Jordain de Blanchefort et
frère Bertrand La Vaisse, prieur de Lachapelle Espinasse,
procureur de m' de Tulle et du prieur de S' Clément, à
cause de la justice haulte, moyenne et basse de ville [au
sens de villa évidemment] ae S' Clément, et autres
pactes et ordonnances en iceluy contenus ; receu par
m" Pierre Aliénac et Bernard La Lande, notaires, 13S2 ;
cothé par 8. S.
895. RecOjjnoissaïice par r. p. en Dieu Denys de Bar, et
Jehan Grand, du Brossard, audict chapitre, à cause des
devoirs et autres choses qu'ik sont tenus à icelluy chapi. ;
receu Martin La Borde ; 12' septembre 1480; T. T.
896. ^trranfemenl par m' de Tulle à m' Jehan Vau-
rilhon, procureur du roy en l'élection du Bas Limosin,
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portant recognoissance de 50 sols de rante annuelle à
cause de la Tour Vieilhe du chasieau de Tulle ; receu par
m' Sébastien Brach, du 28" novembre 1506 ; V. V.
897. Arrantement par ledict chappitre à Estienne,
Pierre, Jehan et autre Jehan Verdier, frères, paroisse de
Yssandon, d'un moulin appelle de Las Escuras, en la
parroisse de Terrassoii, avec certaine rante contenue aud,
instrument; receu Estienne Du Pré, 1" octobre 1444;
cothé parX. X.
898. Recognoissance à m' de Tulle, par noble Gérault,
8' de Donzenac, de 100 livres tournois, à cause de prest ;
receu Jehan Lacase, 1328; Y. Y.
899. Arbitraige entre le s"' de Tulle, d'une part, et led.
chapitre d'autre, à cause de la (iesf)ouiiIe des religieuh de
Tulle ; receu Jehan Sourries, notaire, 29' décembre 1399 ;
cothé par Z. Z.
900. Appoinctemp-nt entre ledit chapitre et le chambrier
de ladicle église, à cause des frotqs (en marge frotz, signi-
fiant frocs) et cucules ; receu Jehan Guelhe ; 19* janvier
1407 ; Z. Z. fsic;.
AC SAC DE E.
901. Instrument par lequel apert que noble Gérault de
Cardaillac, fllz de feu messyre Bezangier (pour Bérenger),
a' dudict lieu (de Cardaillacl , tient à homaige en fief de
Pierre, évesque de Tulle, tout ce que ledit s' Cardaillac
possède pour raison de la seigneurye de Beîcastel, et le
pontonaige de Baljoyro [pour Bougueyrou?J et la tierce
partie de l'estanc, les poyssiéres et autres villaiges qu'il a
en la parroisse de Bougueyrou, Pinssac, de Lanzac, Lou-
?iac, S' Yliaire et de Ffoyrac; sellé du seau de Tulle,
278 ; A.
902. Insti^ment ou vidirné contenant certaine donation
Ear Gaultier de Charana à Bertrand Fédel, de certains
iens estans du chasteau de Croisse, Montval&nt et en la
ville de Martel ; scellé 1264 ; B.
903. Acquisition par ledict chapitre de Estienne Ghava-
Hon (en marge, Chavaillon), de 5 sols tournois de rante
assiz sur une maison dudict Ghavailhon, au barri/ dAl-
verge; receu Jehan Bourlous, du 7* aoust 1461 ; G.
904. Tes^ement par Jehan Jugtar, costurier, portant
léguât de 10 sols de rante, pour fere (fonder) ung obit;
receu m' Pierre Serre, du 9' décembre 1417 ; D.
905. Vente par noble Pierre de Donnareaulx, à Ramond
Arnal, de la somme de (en blanc), laquelle somme Pierre
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* 468-
Le Bloy devoit au dict Donnareaulz, à cause d'une borda-
rye appel/é de Pandrinye ; receu Jehan Soui'ries, notaire
de Tulle ; 7' aoust 1398 ; E.
906. Testement par m' Jehan Bessou, par lequel il
légua audict chapitre 5 sols tournois de i-ante ; receu
Bernard La Planche, 2' jung 1482 ; F.
907. Vanfe par Mathieu de Trapas, à Martin La Borda-
rye, merchantde Tulle, de 5 sols tournois de rante, assiz
sur une maison de Anthoiiie La Bellardye, en la rue
d'Alverge ; sortant recognoissance par ledict Trapas.;
ensenble le léguât par Jehanne I..a Bordarye, desdicts
5 sols, receu Jehan Bourïous ; 12' janvier 1480 ; G.
908. Autre tesiement par Marti La Bourdarye, auquel
est contenu un léguât de 7 sols 6 deniers tournois et un
cestier froment, faict audict chapitre à luy deuz par Jehan
Bourïous, prestre, assiz sur une maison audict Bourïous,
à la Redolepére là Tulle] ; receu Anthoine Bourïous,
12' octobre 1480; H.
909. Testement par messyre Jehan Brassard, par lequel
légua 10 sols de rante audict chapitre assiz sur tous les
biens des Brossardz ; receu Anthoine Chassaignard, 23*
may 1482 ; J.
910. Assignation par messyre Pierre Cornier, aliàs
(autrement dit) de Vaihac, et Ramond Bonet, frères, de
3 livres tournois chascung an de rante, audict chapitre
payables 30 sols sur une maison possédée par Jehan Gou-
guarye, située au barry del Guischet (en marge, maison de
Fondion], et les autres 30 sols sur une maison que tient
Denys del Boys, à la Barussie ; receu Anthoine Guer-
gori (Grégoire), 31 janvier 1458 ; K.
911. Instrument contenant léguât par Marguerite, de
S* Salvadour, veufve de feu Lacgier Arnault, de 2 sols
6 deniers tournois de rante, audict chapitre, receu
m' Jehan Serre, (7" roay 1482 ; L.
912. Arrantement par m" du chapitre à Pierre du Chier,
aliàs Pcrrical (déformation un peu péjorative, équivalent
à 0 trop grand Pierre " ), paroisse S' Julien de Tulle, du
villaige appelle de La Rochette, paroisse de Chanac, et ce
moyennant ung cestier froment, ung cestier avoyne,
mezure de Tulle, 1.S sols tournois, 2 gélines ; receu Jehan
Arnault, 27" mars 1403 ; M.
913. Donation par Jacme fjacquette] Arnaudye, veufve
de feu (feu ou décédé depuis peu, — défunt signifiant
veuvage ancien) Pierre Trèmoilnes, de 5 sols tournois de
rante, audict chappitre sur les biens dudict Trémoilhes;
receu Biaise de Guelhe, 31 mars 1452. N.
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914. Teslement par lequel Guillaume fpourGuillemetleJ
de Brousses, veufvc de feu Jehan Brosses, légua audicl
chappitre 5 sois tournois de rante, sur une maison au
barry del Prat |à Tulle) ; receu Jehan de Quercu, 8' jan-
vier 1458 ; 0.
915. Testement par noble Pierre de Peyrac, s' de Boni-
faci [Brive eut un hôLel de la Bonifassie, mais probable-
ment hors de cause], où est contenu ung léguât par ledict
Pevrac, de 10 sols de rante; receu Sébastien Brach, 12*
octobre 1495; P.
916. Ari-antement par ledict chappitre à messyre Jehan
La Fabrie, d'une maison que fust de Jehan Reynault,
située à (a Barrière, soubz la rante de 20 sols tournois,
Eortant recognoissance par ledict Fabrie ; receu Jehan
.a Boi-de, du 10* décembre 1412 ; Q.
917. Léguât par Jehanne Mabit, de 10 sols de rante,
audict chappitre, receu Bernard Guilloti, 19° décembre
1457 ; R.
91H. Acquisition par ledict chap. de 5 sols et I cestier
fromeut, mezure de Tulle, de rante, sur une maison au
6arry d'Alverge, reçue Guary (Guérin) de Trémoilles,
2"2" febvrier 1415; S. Ensemble une sentence et acte y
attachés.
919. Item ung acte de condeîipnatioTï, par le juge de
Tulle, par laquelle Estienne Maruc, plus jeune, est eon-
denpné payer 6 sols de rante aud, chap. sur un soubstre
et jardnn joignans ensemble au barry de la Bai^ère ;
receu par Anthoine Arnault, grefler, du 20' febvrier
i486 : T.
920. Condenpnation par l'official de Tulle, à l'encontre
de Jehan Lamy, aliàs Colv, de 4 sols tournois de rante,
du 10» février 1418; V.
92!. Acquisition par led. chap. [itre] de 5 sols de rante,
sur Pierre Cofolen (en marge, Cofoulen, et cela allait de
soi}, sizsurune maison au barry d'Alverge ; receu Gérault
Cueilhe, 20' may 1425; A. A.
922. Testement par Estienne Maton portant léguât aud.
chap. de t cestier froment ; receu m' Jehan de Sourries,
20'aoust 1403; B. B.
923. Testement par Jehanne d'Albignac, veufve de feu
Pernical Csic, pour BeT^icaf, forme encore donnée à Ber-
nard vers Lanteuil) de Confoulen, de 5 sols de rante aud.
chap,, receu Pierre Roche, 26' septembre li51 ; C. G.
924. Arrantement par m' de Tulle, à Bertrand de Cou-
zaiges, de Veyrac, du moulin de La. Rebeyrote, assiz sur
dbyGoOt^lc
-460-
l'eau de Sourdoyre, moyenant la rante de 2 sestiers fro-
ment, mesure de Veyrac (comme dépendant de celte pré-
vôté dudit évéque), oultre la rante aotienoe; receu
Sébastien Brach, 21' septembre 1507 ; D. D.
925. Arrantement par frère Guillaume de Fumel.prévost
de Tulle, et du consentement de m' de Tulle en son chap-
pitre, aux tenanciers du villacge de Foncières, moyenant
certaine rante contenue and. instrument portant la reco-
gnoissance par lesd. tenanciers ; receu Jehan Cuelle,
dernier mars 1434 ; E. E.
926. Arrantemcnt par [même prévôt de cathédralle Tulle
et ses mêmes co-rentiersj, aux tenanciers du villaige de
Baisse (même) , paroisse de Naves favec reconnaissance
comme dessus, devant] Jehan Cuelle, 18* janvier 1434;
cothé par F. F.
928. Testement par Pierre Mercueil, [faisant] léguât
aud. chap. de 5 sols de rante : receu Guary de Trémoilles,
26' juillet 1433 ; G. G.
928. Arr^ntement par le chapitre à messyre Anlhoine,
frestre, et (à) Jehan (tout court) Je Trapas, frères, de
éritaige que fust de feu Guillaume Pradel et Guillem
Vergne, scitué en la paroisse S' Julien de Tulle, moyen-
nant 10 sols de rante ; ensemble la recognoissance par
lesdicts Trapas ; receu Gérault Cueilhe, 28* janvier 1432 ;
cothé par H. H.
929. Donation par Baymond de S' Salva.dour, habitant
de Tulle [comme les villes, éternel ramassis de vagabonds,
de chercheurs d'or, de trompeurs et menteure pour mieux
vendre, usent vite leur population, par cette vie de sur-
menage sans hygiène, ni bon air, ni bonnes mœurs, il a
bien falhi que de tout temps ces villes renouvelassent leurs
habitants parmi les gens dégourdis, intelligents, mais
§énéralement tarés de leur banlieue rurale ; les trois quarts
es enseignes rappellent encore à Brive, Tulle, les noms
de nos villages qui y sont représentés, Dieu sait comme !
par nos braves campagnards, ces rustiques partialement
décriés par M. le chanoine Joseph Roux]. Don par R. de
S' Salvadour aud. chapi. de 12 sols de rante, assiz sur une
terre et bois situez en la paroisse S" J-'ortunade : receu
m° Pierre Ten-ade, 3t jullet 1450; J. J. [Que si on nous
objecte ces urbains bienfaileiirs d'église, nous répondrons :
1» qu'il se cache souvent des restitutions anonymes in
extremis derrière ces belles pieuses libéralités ; 2" que
nos villes eurent et ont d'honorables exceptions, parmi
lesquelles nos lecteurs voudront bien s'inscrire à leur gré,
in petto] .
930. Testement par Jehan La Fagerdye, merchanl de
dbyGoOt^lc
— 461 -
Tulle, contenant léguât au chapi, de 10 sols de rante sur
un ouvroir de Berhai-d del Sartre, aliàs Galays (Jalays),
situé au pied du cluchier de Tulle ; receu Pierre Bourlous,
23'jullet 1418;K. K.
931. Acquisition par le chapi. de 15 sols tournois de
rante, de Jean Fressinges, aliàs Limosin, sur une maison
aux faulz bourgs de Tulle ; receu Jehan de Quercu, 24*
juUet 1148; L. L.
932. Acquisition par le chap. d'Sstîenne La Borde, d'ung
cestier froment de rante, sur un jardrin, au territoyre de
Bourious ; receu Jehan de Peyral, 1347 ; M. M.
933. Testement çAe noble Pierre Donnarel, plus vieulz,
par lequel est légué 5 sols de rante au chap. ; receu Jehan
Sourries, 8- jullet 1430 ; N. N.
934. Recognoiss&nce au chapi. par noble Pierre de
Donnareaulz, scavoir de 15 sols tournois et 200 oeufz de
gélioe, de rante ; receu Jehan Cuelle ; pénultiesme décem-
bre 1400; 0.0.
935. Testeuient d'Almodye del Revdour, veufve de feu
m* Bernard de Tremoilles, par lequel est légué au chapi.
10 sols tournois de rante sur 1 ouvroir que tient Jehan
Juglar ; receu Jehan Sourries, 15" avril 1414 ; P. P.
936. TeslemenI d'Agnète, fille de feu Guillem Vaire, par
lequel est légué 10 sols de rante au chapi. sur le villacge
et tënement de La, Chassaigne, parroisse de S' Perdoux-
L&'Crousilhe ; receu Guillem Clari, 1322 ; Q. Q.
937. Acqtiisition par led. chap. de noble homme, Pierre
Donnarel, plus jeune, du lieu de Lanteuilh, de vu sols ts
(tournois) de rante (assiï) sur t pré dud. Donnarel, au
territoire del Boisson, paroisse S' Pierre de Tulle; receu
Jehan Sourries, du 12" îtalendas augusti 1430 ; R. R.
938. Testement par messyre Hélias de Boussac, par
lequel il légua aud. chap. 5 sols de rante sur tes biens de
Estienne de S' Salvadour ; receu par m* Ramond La Borde,
du pénultiesme avril 1430 ; S. S.
939. Léguai au chap. par testement de m' Jehan Laver-
gne, aliàs Seguv, de 5 sols de rante ; receu Berihelemy
Solier, 22'may"l479; T. T.
940. [On a biffé : recoTinaissance] par Jehanne de Mey-
rignac, mareschal, paroisse de Bar, au chap. de 25 sols de
rante, à cause du villaîge de Meyrignac.
941. Testement portant léguai de Jehan Leyge, mar-
chant de Tulle, de 5 sols de rante, au chap. ; receu Jehan
Cosin (Couzen), 5«jung 1482; V. V.
942. Acquisition par le chap. sur feu noble Jehan de
T. XX. i-to
D.gtzedoyGoOglC
— 462 —
de Souiries, plusvieuli, héretier de feuz nobles Martinet
messyre Jehan, prestre, de Soiirries, de 22 sols de ranle,
assiz sur Jehan Lauvergnas et Guillaume La Croze ; en-
semble le Tcstement laict par led. noble Jehan de Sour-
ries, léguant au chap. 5 sols ranle ; attachés ensemble ;
receus Jehan de Quercn et Jacme Chaptaur, parroisse S'
Pol, notaires, 29 novembre 1492 ; X. X.
Au SAC DE LETTRE F,
943. Teslement portant léguât au chap. par Jehan Guei^
guoyre, merohant de Tulle, de 5 sols tournois de rante,
sur une maison d'Estienne Peschadour ; receu Jehan
Guelhe, 14* janvier 1441 ; A.
944. Léguât par testement d'Estienne Choutard, bour-
geois de Laguenne, de 10 sols tournois de rante au chapi.
pour ung obit, assiz sur ses biens ; receu Jehan La Borde,
notaire de Tulle, 27' avril 1424; B.
945. Vante au chap. par Bernard du Mons, leplus vieulx,
filz de feu Berny, paroisse S' Pierre de Tulle, de la somme
de xxiiu sols tournois chascung an de rante, sur tous ses
biens, expressément sur ung pré appelle : del Lymoudès,
avec la recogiioissance d'jcelle ; receu Jehan Del Cosin,
dux*févrierl487;C.
946. Acquuition par messyre Hélies Botéry, prieur des
Angles, de Mathieu et Jehan del Ros, clerc, oncle et
nepveu, de la somme de 14 sots tournois de rante, pour la
somme de 12 livres tournois assize sur le village dMugtère,
paroisse de Rouziers [-d'EgletonsJ ; scellé de Sceaulz, 1308;
cothé par D,
947. fiecopiioissance par Nadal Roffy, cordonnier de
Tulle, au chapi. de 10 sols tournois rante sur sa maison
au barry de La Barrière ; receu Pierre Geneste, notaire
de Tulle, 25' avril 1454; E.
948. Vante et recognoissance par Gabriel Maturier, du
lieu de Laguenne, de 4 cestiers, eyniine de vin, sur une
maison de Pierre Joucen, dud. lieu ; receu Jehan Jucge,
17' février 1438; ensemble certains actes concernans led,
faict ; F.
949. Permutation entre Jacques Germain, merchant de
Tulle et Taumosnier de lad. église, par lequel led. Germain
baille aud. aumosnier, 30 sols tournois et 2 sestiers seigle
de rante et 20 sols sur la nougarède que tient à présant
Tabailhe et Loys d'Userehe [en marge : Pierre Gaultier,
Tabaillou] ; recèu Jehan Gosen, 12' décembre 1487 ; G.
949 (bis). Recognoissance (raturée) par André Fabrie,
chapellier, au chapitre.
D.g.tizedbyGdOglC
— 463 —
950. Recoi7noissaTice par m" Guy do La Chappoullie,
bourgeois iJe Tulle, de 20 sols tournois de ranle, légués
par feu m" Goubert (Jauberl) de Confolen, archipresti'e de
8' Supéry, assise sur les moulins dei Trech, parroisse de
Chanac; receu Guillaume Teyria, du ix' octobre 1437; H.
951. Testement où Jehanne de Peyrat a légué au chap,
5 sols tournois de rante ; receu Pierre Roche, 21" aouat
1455; J.
952. Recognoisss.nce par Jehan Maure, sergent rayai de
Tulle, au chap. de 5 sols tournois rante, à cause de la
moitié d'un terranyer [mauvais terrain ù tuff] par led.
Maure acquis de Agnète de Berthoulmerye, femme de
Jehan Dancye ; receu Berthelemy Solier, 8' jullet 1485 ;
cothé par K.
953. RecognoissBjice par Laurans du Chastanyer, pa-
roisse de Laguenne, au chapi. de 13 deniers tournois il
cause d'ung Boys, au territoire appelle del Peuch Négrier ;
receu Ramond La Borde, 3* avriI142l ; L.
95'(. Recognoissance au chap. par Ramond de La Chiip-
polye. comme rollîer de lad. église, de 20 sols d'ung costé
et 6 sols 8 deniers d'autre, de renie, à cause de la tierce
partie des biens de Durant de Lcspicier ; ensanble 30 sols
de rante léguez au chap. par feu messyre Goubert de Con-
folen ; receu Pierre Terrade, 10' février 1450 ; M.
955. TesfejTieTïI portant léguai au chap, par Jehan Bros-
sard, bourgeois de Tulle, de 5 sols tournois de rante ;
ensemble de 3 acies, pour raison de ce "dessus; receu
Jehan Lavergne, ali;ïs Seguy ; 18'jung 1482; N.
956. Codicille par m' Joubert de Confolen, archiprestre
de S' Supéry , de 20 sols de rante, an chap. ; receu Eymeric
Leymerigye, 1316 ; 0.
857. Acquisition par le chapitre, de Guillaume S' Priech,
de 5 sols de ranle, sur sa vigne au terriloyre appelle de
Lamigoulance ; ensanble l'investiture par m' de Tulle au
prieur des Angles; signés et scellés par m" Jehan del
Monleil, alias ie La Maictz, 13* may 1443 ; P.
958. Arranlement par religieuse personne Jehan Ar-
nault, prèvosl de La Vallète, à Pierre Feuges [Feugeas),
du lieu de Madranges, du lènement appelle doux Gailîarlz,
avec la rante de 6 sestiers seigle, mesure de Tulle, 20 sols
tournois et une g<^line ; ensemble la recogTïoissance de
lad. rante; plus un arpantement y attaché, contenant
recopnoissance par Jacme de Feuges, aliàs del Teiih [Teil,
partition de l'ex-bourg de Madranges] , tant en son nom
que pour et au nom de Gérauld, Jehan Pierre et Este-
vène?del Teilh, frères et sœur, du ténement doux Gail-
D.g.tizedby Google
- 464 —
lars, situé à Madranges, tnoyenant [même rente que des-
sus] au chap. pour ung obil ;"et léguât au chap. par ied.
prévost ; signés : l'urig par Jehan Cueihe ; l'autre par
Pierre Bourlous, des 26' aoust 1416 et 14' septembre 1435;
colhé par Q.
959. Teslement où Guillaume Guipe, déclaîre qu'il doibt
au chap. 12 sols rante, et lui lègue 18 sols de rante ; receu
Eymenc Leymerigye, 1318 ; R.
960. Acquisition par frère Martin Lauthonnye, prévost
de Seillac, de noble Pierre Chalon, de tout le droit et
debvoir qu'il pouvoit avoir en 1 cestier froment, 1 d'avoyne,
mesure ae Tulle, 13 sols tournois et I géline de rante,
avec droit de fondalité ; ensanble, 1 eyrial situé aud. lieu
de Seilhac, avec toute fondalité, pour le prix de xxi. v.
d'or [v en triangle, ou bouclier, écu ; 21 écusj receu
m* Anthoine Chassaignard, 22' febvrier 1465 ; S.
961. Acq«isi(ioiï parle chap. de Jehan, Pierre et Estienne
mareschiiulz de Vieillemar, paroisse de S' Marcial près
Gymel, de 5 sestiers seigle ; receu Jehan Botery ; vendredy
après la feste S' Clair, 1345 ; A. A.
962. .^cquistiion par Pierre Dupuy, de Tulle, de Jehan
Reynault, de 3 émynes de froment de rante, mesure de
Tulle, pour 10 livres iO sols assiz sur une maison dudict
Reynault, au bary de La Barrière; receu m" Huguo
Michel, 30' avril 1375 ; B. B.
963. Testement par Reynault Guipe, filz à feu Jehan,
contenant qu'il a légué aud. chap. 10 sols rante, sur le
villaige de La Chs.ulm, par" d'Eyren ■ receu m* Estienne
d'Ublanges, du jeudy avant la feste de S' Rauph, 1314 ;
cothé par C. C.
964. Testement par m* Jacques Gentilot, par lequel il a
donné au chap. v sols rante ; receu Jehan Serre, 15' no-
vembre 1490 ; D. D.
965. Vanle à m' et chapitre par Jehan Lou Dous, de
5 sols de rante, pour le pris de 6 livres sur une maison à
la rue de la Barrière, et sur 1 boys au territoyre de Ley-
monye ; receu Gèrault Bos, 31* mars 1425 ; E. E.
966. Fidéjussion contenant commant noble Gérault,
8' de La Roche [-Canillac], se soubamit à certaines poynes
pour aulcungs lorfaictz perpétrés envers r. p. en Dieu
Arnault, abbé de Tulle; et nobles Pierre de Maumont et
Bertrand de S» Ghemans, furent cautions pour ledict de
La Roche ; receu m' Guillaume Clary, de 1312 ; F. F,
(A suivre).
J.-B. Champeval.
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NOUVEAU RECUEIL
DE
REGISTRES DOMESTIQUES
LIMOUSINS ET MARCHOIS
(dB 1384 A NOS JOURS)
roaLiii rait
M. Louis GUIBERT
AïK 1( coDctHin d« II. iUnd liROQI, J.-B. CUilPEViL, l'IbU L IKCLKR
it Léourd lODFLE
(Suite — Voir tome XX, p. 188.)
,y Google
REOISTRE DE NOTES DOMESTIQUES ET MEUENTO PROFESSIONNEL
DE JACQUES SAZEHAC, CHIRURGIEN ET APOTHICAIRE A NEXON
(6 août 1675— 22 août 1700
avec quelques notes de 1700 à 1718)
Mous avons signalé un certain nombre de registres
domestiques tenus par des avocats ou des magis-
trats ; il ne nous avait pas été donné encore de
feuilleter le livre de raison d'un médecin ou d'un
chirurgien. Un manuscrit provenant, comme tant
d'autres, des archives du château de Nexon, et
récemment communiqué, avec la plus bienveillante
obligeance, à notre ami et collaborateur J.-B. Cham-
peval, répond à ce desideratum: c'est celui dont
on trouvera ci-après quelques extraits.
L'auteur du manuscrit en question est un chi-
rurgien-apothicaire, dont une note écrite sur une
des feuilles de garde de son manuscrit nous fait
connaître le nom et la résidence : « Le presant
livre apartien a Mons' Jaque Saserac, appoti-
guere a Nexon » .
II a confié à son papier domestique la note des
visites ou opérations faites par lui et des médica-
ments fournis à ses clients, pêle-mèle avec le
mémento des événements sui-venus à son foyer^ et
des menus détails de la gestion de son petit do-
maine.
Les indications relatives aux visites, aux maladies
ou blessures, aux médicaments administrés, sont
peu explicites et peu variées, quoique nombreuses.
D.g.tizedby Google
Des pleurésies, des fièvres, des fractures ou des con-
tusions ; quelques têtes assez sérieusement cassées ;
voilà, avec deux accouchements et quelques dents
arrachées, le bilan de notre chirurgien. Nous ne
sortons pas de l'arsenal le plus élémentaire de la
vieille médication : la saignée et le « lavement laxatif»
en sont les agents les plus communs ; Sazerac y
ajoute volontiers les ventouses, les emplâtres, le
« julep cordial », la « potion émulsive », etc. Il a
recours, sans beaucoup d'émotion, au trépan et aux
plus énergiques procédés de la chirurgie du temps.
Dans les cas graves, il n'opère qu'en présence d'un
ecclésiastique et de témoins qu'il a bien soin de
nommer à son livre. Souvent, il ne fait qu'assister
le médecin et exécuter ses prescriptions : nous de-
vons à ce concours la mention du nom de plusieurs
médecins de la fin du xvu"' siècle, entr'autres de
MM. Gondinet, de Saint-Yrieïx ; Borie, de Limoges;
de Malevergne, de La Meyze; Chambon, qui pourrait
bien être en résidence à Nexon même, mais dont
notre manuscrit n'énonce pas le domicile.
Aucune note historique ; peu de détails autobio-
graphiques : Sazerac nous apprend néanmoins que,
marié le 6 août 1675 à Marguerite Desmoulins de
Janailhac, il a, vingt-un jours après ses noces, con-
duit sa femme dans sa maison de Nexon.
Le jeune chirurgien avait, sans doute, fait déjà
son apprentissage, mais il n'était pas encore pourvu
de ses brevets et licences; car on le voit partir
pour Toulouse au mois d'avril suivant, entrer « en
boutique » , c'est - à - dire comme garçon , chez
M. Maynier, apothicaire, Grand'Rue. Il revient chez
D.g.tizedby Google
lui quatorze mois après et s'installe probablement
alors d'une façon définitive. En 1691 il perd sa
femme, qui lui laisse un fils et une fille ; cette der-
nière suit de près sa mère. Un an s'est à peine écoulé
sur le veuvage du chirurgien, qu'il se remarie avec
Catherine Devantière ; il en a au moins un fils.
Sazerac vit encore en 1710; il semble môme qu'on
doive lui attribuer deux notes postérieures, dont la
plus récente porte la date du 17 décembre 1718;
mais la suite régulière des notes s'arrête en 1700
et la dernière que nous ayons relevée de cette an-
née est du 22 août. Bien qu'on trouve à ce registre
quelques mentions de faits d'une date plus an-
cienne, il a été certainement commencé à l'époque
du mariage de Sazerac, 6 août 1675.
Le manuscrit du chirurgien de Nexon est un petit
in-4'' carré {190 milt. sur 138), en papier, de 96 pa-
ges, défendues par un parchemin doublé de carton.
Sur une des feuilles de garde on lit trois couplets,
fort effacés, d'une chanson sans intérêt d'ailleurs,
où la versification et l'orthographe sont également
maltraitées. — Quelques feuillets ont été déchirés.
Inutile d'ajouter que le registre a été commencé
par les deux bouts.
L. G.
Le sixsiesme août 1675, j'ay espouzé a Janeliac ma
famine, Marguerite Desmoulîns, fillie de Jan Desmoulina
et JuUie de Gombrouzn, du lieu des Pras, susdite paroisse.
M' de Combrouze, curé, nous a espouzé. Nota que nostre
contra de mariage a esté Tait et passé par M" JanGIandus,
D.g.tizedbyGbOglC
notaire royal, Jage de Janeliac (1|, le 18" juliet 1675. La-
dite Jullie de Combrouze me doit rendre la moytiet des
fres que je faire pour la despaasse de nostre mariage,
qu'elle m'a promis verballement.
Pour noBtre faille (sic), j'ay achepté un charge de vin :
9". ; — plus, de viande de velle : 38" à 2*. : 3 ". 16*. ; —
douze livres de porc (?) a 2*. : 1'. 4'. ; — deux quartiers de
mouton : 18'. ; — quatre douzenes de pain: 4". 16". ; —
plus, de sel, pour 5*. 6''.
Le 6* août 1675, Jan Bariere, du Pouret, a thué une
porche dans son blet. Je suis esté a S' Priet (2), faire
informel- a la requette de ma belle mère, et ay fourni pour
les fres de la procédure, 9".
Plus me doit ma belle mère un seller de segle du 9
aoûts 1675, que j'ay prins a Rongeras, a 2". 10'. ; plus, de
viande de boucher de Nexon, le 10' susdit jour ^sic; et an,
pour le commun de la maison, pour 17*.
Ay fourny, pour les journées et nouritures de trois fo-
cheur de Valette, pour Jullie de Combrouze, tS', et 12' de
vin, au 23 de julliet 1675....
Aujourdhuy, 27' août 1675, ma famme et moy nous
sommes retirés a Nexon, ches moy...
Le 14 janvier 1676, j'ay payé au boulanger deux tourtes
pour ma belle mère : 12 sols.
Le dix sept apyril 1676, je suis partit de Nexon pour
aler avec Père ^sic; Bellet, marchant voyturier, a Thou-
louse, et y sont arivé le 26. — Le 29 apvril 1676, je suis
entré en bouplique a Toulousse, ché M' Maynier, m'app",
a la Grand'Rue.
Le 23* juin 1677, je suis arivé de mon voyage de Lan-
guedoc a Jeneliac. Le 26 susdit, ma famme s'en est
retournée a Nexon, avec mon beu frère et ma seur.
La presanle année, j'ay fait focber le prêt de ma belle
mère... pour les journées ou nourriture des maneuvres :
5". 10*.
(1) Jaiiailhac, aujourd'hui commune du canton de Nexon.
(2) Sainl-Pfiest-Ligoure, aujourd'hui commune du même canton.
dbyGoot^lc
— 470 —
Le 29 juliet 1686, j'ay mis ma petite a nourise ches
Pierre Poiize... Je luy dois payer 35 sol tous les moys.
1-e 19 T"' 1690, je suis esté appelé parle valletde Barlet
de Sazerac[l]et Martialle Deguilliat. pour aler a Sazei'ac
panser sod beu frère François Sazeiac, m" talieur d'abis,
ou je i'ay trouvé alité avec fiebvre, esmoragie de sang,
cauzée par deux graodes playes a la teste : une de la lon-
gueur d'un grand demy pied, et l'autre de cinq grand
travers de doit, profondant jusques a l'os coronal et parié-
tal avec trois grandes fractures et embarures des os (2).
1690. — M' de la Jaye me doit, pour Jolet, 5 saigniées
a bras et une au pied, des moys de 9''™ et X""* : 1 '. 5*. ; plus,
pour luy, une saignîée au bras : 5'. ; pour onguent : 12'.
PreTillie, de Pleuvier[3), m''clotier, me doit, du 12 mars
1691, pour avoir esté voir sa Qllie, ma journée : 1' ; plus a
luy ay faicl prandre une prinze de confaiction... avec
l'oppiate Solomonis [4) : 6'. Plus luy ay laissé pour luy
faire prendre autres trois prinze desdits cardiaques pour
trois matin consécutifs: 18". Plus un emplâtre de gom-
mes (5) préparé pour luy faire distiler les eaux et fluction
de ses jambes: 5*. Plus, du 23 mars, une autre journée:
1'. Plus I'ay pansée d'une fistulle, elc
Le 4 may 1691, ma famme Marguerite des Moulins a
fait son testemant; et donne vingt livres de messes, paya-
(I) Sazerat, aujourd'hui village do la commune de Nexon.
{ïj On remarquera la râserve de l'auteur du registre sur les cau-
ses de l'accident.
(ï) Pluviers, aujourd'hui village delà commune de PiéguI, canton
de Bussière'Badil, arrondissement de Nontron (Dordogue).
(4) Le Sigillum Sahmonis, vulg, Sceau de Salomon (Polygona-
tum vulgare), est une plante de la famille des Smilacées. » Sa ra-
cine est deiersive et astringente ; on s'en sert pour les fleurs
blanches des femmes, pour purifier le sang étant prise en décoc-
tion On attribue à ses bayes la vertu de purger par haut et par
bas >. Nicolas l.emcry, Traité universel de* drogues simples,
Paris. 1714.
(5) Il est probable qu'il s'agit ici d'un emplâtre de gommegutte.
La gomme*gutte, gummigulta, était employée dans l'ancienne
médecine n pour purger violemment par haut et par bas les hu-
meurs séreuses et bilieuses • ; on s'en servait pour ■ l'ydropisie, pour
la galle, pour la grosse vérole». Nicolas l.emery, (oc. cil.
Dijiiizedb, Google
bles dans deux ans appres son deces, au Cordelier ; 5" a la
servante ; son prêt a son fils et le boys de La Vayse a sa
flUie, en par sa flUie donner 90" a Jan son frère, loi^squ'elle
entrerat en posesion dudit boys, les substituant a moy ; et
me leigue les droits maternels: ledit testament récent par
M" Léonard Jourde, notaire... Elle est decedée le samedi
au soir, a unze heures, 13" may. Le 14" dudit a esté intimé
son corps dans mes lombes, proche le gran tombeu, ou
j'ay faict a M' Jobert. viquere, une nouvelle fondation de
5" une foy payé, et une messe anuelle et perpétuelle, le
jour de S" Margueritte.
Le nebou de la Plasa me doit, pour luy, du 20 7''"', une ,
médecine purgative : I'. 10".
Aujourdhuy, segond novembre 1691, est decedée ma fil-
lie, Marie Sazerac, et de defuncle ma famme, Marie Des-
molins, et esté inhumée dens mes tumbeaux dans la grant
esglize de Nexon, le mesme soir et an, par M' Jobert,
viquere dudit Nexon.
Le 20 9''" 1691, j'ay donné a sécher nos chatagnies a
Pierre ches Calounaud du Plantadis (1), en nombre de 41
eminals.
Memoyre du 10' juin 1692, par lequel j'ay passé con-
tract de mariage avec damoyzellc Chalerine de Vantiei-e,
ma famé, au Carts (2). Reseut par Vergniolle, notaire
royal de Nexon.
... Monsieur de la Seyline doit, pour luy, du 4* juin
1693, a la Seyline, une saigniée, outre les trois dernières
que je fil ches luy, pour luy, son frère et sa seur, don je
reseut deux coupes de blet noir: 15'. Plus, du 5', un lave-
ment purgatif et compozé : 15' ; plus le voyage, plus mic
boutelle emulsion : 15' ; du 6", pour luy, en compagnie de
M' Borie, médecin, une saigniée et le voyage: 15'; du
mesme soir, par ordre du médecin, un lavement purgatif
(1} Hameau, aujourd'hui commune de Nexon.
(3) liCS Cars, aujourd'hui cheMicu d'une commune du canton de
Cliàlus, arrondissement de SainE-Yrteix [Haute-Vienne^. On n'y
voit que des ruines du château dont une illustre famille porte encore
Dijiiizedb, Google
— 472 —
et le voyage : i" ; plus, du 8, un lavement réitéré qu'il n'a
volut prendre : 15*. — Reseut troys livres quatre soi.
La scur de Jan de la Leyre doit, au 6' jun 1693, une
saigaiée que j'ay faict ches le couzint Laurant : 5'. — Elle
m'a assi[fi]tè a fener, et l'ay croizée (1).
Le 3* aout-1693, au raport de Jan (ï), vallet de La Mar-
got, elle a recolligé dens la terre de La Vignie soixante
treize gerbes; plus du 4, dans la terre des Couders,
soixante et dix huy. Ledit jour, j'ay faict hatre la poiocte
de ving gerbes, et avet les engrains, j'ay faict vaner cuinq
quartes de blet seigle, que j'ay reseut et ay resté compte
avec la charget (?) de ma despansse, depuis dimanche au
soir, a 31 sols.
Le Grand Peti doit, du 3* de 1^'^ 1693, une visite pour
sa nore (2), avec le s' de Malevergnie, médecin, 10" ; du 5
dudlt, pour ladite nore, par ordre du s' médecin, une
médecine laxative compozée et le voyage ; 2'.
Le 10*8''" 1693, j'ay vandu les chatagnies de Bomareche
12" a Jan De Paye l'esné, et trente sol de vin qu'il doit
payer.
Le 13 octobre 1693, j'ay vandu les chatagnies de Somier
a Jan Fayette, dit le Renard, 1' 10".
Le 14 susdit, j'ay vandut les chatagnies de mon boys de
Lavaysex a Jan Maziera, mersier, pour 12" la moytié:
il me doit amaser ma part, et moy luy payer un sol tous
les jours pendant qu'il y seront deux, et 5 sous de paint
toutes les sepmenes, réservé les jour de festes et diman-
ches.
Le 20* S""*, a esté inumée dens l'esglise de Nexon, s'
Simon Lymousy, s' de la Brugere, qui avoit decedé le
jour de devant au lieu des Moulins, en qualité de fer-
mier (3|.
(1) C'est-à-dire biffée, rayée de la liste de ses débiteurs.
(!) Nôro «n palois limousin, bru.
(3] Jacques Sazerac nonme, dans celle partie de son registre,
plusieurs de ses confrères ; M. Gondinel. médecin de Saint- Yrieix ;
MM. de Malevergue, Borie, Cliambon, et d'autres.
D.g.tizedby Google
— 473 —
... Léonard, dit Rebiere, a La Brugiere, le 27 janvier
1694. Plus, j'ay esté ches luy le panser le 28, et aporté un
pot onguent : plus du 30, un voyage ; des 2 et 13, deux
voyages, ou je luy ay sorti quatre pîeses d'os de sa teste,
de notable grandeur.
Peyrot, du Plantadis, pour avoir araché une dant a, sa
filie, du f2feTriep94: 5".
Le s' de La Juinchere (sic) me doit, pour Glandus son
nepveu, du 21 apvril 1694, pour le treter d'une pleuiisie,
un lavement purgatif compozé : 15".
Plus une saigniée : 5*.
Du mesme jour, la saigniée réitérée et journée : I' 5*.
Plus, du 22, l'appliquation des vantouses sur son coté
et ma journée : I' 10'.
Plus, du 23, une médecine purgative par ordre du s*
Malevergnie, médecin de La Meyze, et ma journée : 2".
Plus, pour 8 sol de confection hiasaincte (1) pour l'usage
de ses boulions : 8'.
Plus, .pour l'esprit de vitriol (2) et poudre (?) dans ses
boulîon, et pour le sudoriâque animal du 24* : 15'.
Plus, pour ma journée: 1'.
Plus, du 30*, une médecine purgative et ma journée :
1' 10*.
Je luy ay aporté pour quinze sol de sucre fin, d'une
piesse de trente deux sol 6*....
Le 26* juUiet 1693, j'ay été appelle par Marie, famé de
Martial Peret, tiserant au vilage d'Excepté, paroysse de
Nexon, pour panser son mary, dont elle m'a repondut de
(1) • La racine de la jacinthe est détersive, astringente, agluti-
nante. Sa semence est apâritive, étant prise en poudre au poids de
demi dragme ou d'une dragme '■ Nicolas Lemery, loc. cit.
(2) i Le vitriol... est purgatif, il évacue par liaut et par bas, si
l'on en prend par la bouche depuis douze grains jusqu'à deux scru-
pules 1 il est apéritif et il excite les urines, si l'on en prend douze
grains dissous dans quatre livres d'eau commune, comme on prend
une eau minérale ; on s'en sert aussi extérieurement en cotyre
pour les maladies des yeux •. Nicolas Lemery, loc. cil.
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— 474 -
me payer. Et j'ay faict insizion crusialle a la lete, en pre-
sances de M. Boulé, viqiiere de Nexon et m" Pierre (I)....
m" talîeur et autres ; ou j'ay trouvé une grande frature de
la longeur de derny piet, occupant les os paiietal et coro-
nal, avec enfonsure du test, ou j'ay apliqué le trepaot le
27 dudit, en presance du s' Bonté et autres ; ou j'ay eulevé
trois esquilles de desus la dure mère, qui estoy enfonsés.
— Continué de le panser tous les joura.-
Le vingt quatriesme septembre mil six centz nonante
quatre, ma famc, Chaterine Devantiere c'et acouchée d'un
fils malle, jour de vandredy, a dii heures de soir. Et a
esté baptizé en l'eglize de Nexon, le dimanche, 26 dudit,
par M' Morin, viquere de Nexon. A esté son parin M" Jan
de Verneilh, pratisien, et marene, ma seur, Chaterine
Sazera. — Dieu le fase sainct !
Sazebac, peire.
Aujourdhuy, 20 mai-s 1695, je suis esté avec ma belle
seur au Tuvlren, ches M' du Gravier.
Le 2* apvril 1695, ma belle seur estant alictée et attainte
d'une douleur de cotlé avec fièvre continue, a faict donna-
tion entre vif et irevocable a Chaterine de Vantiere, ma
famé, reseue par Vergniolle, notaire royal de Nexon.
Elle est decedée le 3" apvril 1695, a unze heures du soir,
et a esté ensevelie le lundy au soir.
Pour l'année 1697, je suis talié (2) de grande talie:'2"9';
pour i'ustansille : l'a'; 2" pour la capitation. J'ay payé
a Jan Bonnet, talieur de Nexon, qui fait la levée, 4' et 8 sol
de despans. Apres, son fils m'a faict exsecuter pour le
reste ; et a pris deux grand plat et deux escuelles d'estain.
Aujourdhuy 22"" aoûts 1700, j'ay achepté de Monsieur
de Nexon son cheval d'Aras, ie boyteux, la somme de
soixante livres, que a luy doit payer dens un ant.
Sazerac.
(t) Le nom est realé en blanc,
(î) Porté au rûle de la taille.
,y Google
istote:
NOËLS DU BAS-LIMOUSIN
M. Eugène Marbeau, ancien conseiller d'Etat,
envoie la note suivante au sujet de la musique du
Noël Efons de la campagiia qui a été reproduite
à la page 107 du Bulletin de cette année :
« J'ai reconnuj dans la musique de M. l'abbé
Pourville, la mélodie d'une romance qui était célè-
bre quand j'étais jeune et qu'alors on disait rap-
portée d'Arabie. Le Noël Efons de la campagna,
après une première partie insignifiante et peu en
harmonie avec le texte, prend, en les intervertis-
sant, les deux pbrases de Radoudja. Qui a fait le
plagiat? Est-ce le Noël? Est-ce l'importateur de la
chanson arabe ? Je ne me charge pas de trancher
la question. Mais la coïncidence est curieuse et
peut offrir de l'intérêt pour les lecteurs du Bulle-
tin ».
WJ||J JJ| JJ J '1^ '"[T, ; J:|j,JJ||J >^\
ia"-»t(»'L«H«plt;«its«-pl,.«,^«.jt«„^Ufc«,-»t<lttu~.-a*Jit.»ri
M. Eugène Marbeau a ajouté à sa note la phrase
musicale de la romance de Radoudja, à laquelle il
fait allusion ; nous la reproduisons.
Dijiiizedb, Google
Dijilizedb, Google
MIRABEAU LIMOUSIN
Le marquis de Mirabeau, l'Ami de* Homme». — Son mariage avec
Geneviève de Vassan. — Leurs «iifaiits. — Charlotte de Mirabeau
et Gaspard de Lasleyrie du Saillant. — Premières querelles
Un jour que M. Emile Fage visitait Michelet,
celui-ci lui dit : « Mirabeau tient au Bas-Limousin
par de fortes attaches ». En effet, par tout un côté
de sa famille et par diverses phases de sa vie, le
célèbre orateur nous appartient. C'est à ce point
de vue particulier que nous nous proposons d'étu-
dier Mirabeau, ou, ce qui serait plus exact, les
Mirabeau.
Le noni de Mirabeau est celui d'une terre de Pro-
vencequi était possédée, vers le milieu du xvni' siè-
cle, par le marquis Hiquetti de Mirabeau, surnommé
l'Ami des Hommes, du nom d'un de ?es ouvrages
les plus connus, où il exposait ses idées politiques
et sociales.
Homme dur, violent, très entiché de ses origines
aristocratiques, très jaloux de son autorité, esprit
orné et étendu, le marquis appartenait à ce groupe
de philosophes et de sociologues qu'on appelait les
T. XX. t — i
D.g.tizedby Google
-478-
pfiysiocrates et qui reconnaissaient Quesnay pour
chef. M°* de Pompadour s'intéressa à leurs travaux
et les encouragea.
Ayant perdu sa première femme, le marquis de
Mirabeau songeait à contracter une nouvelle union
qui devait lui apporter, avec la fortune, le prestige
et le lustre d'une noblesse ancienne. On le mit en
relation avec le marquis de Vassan, baron de Pierre-
buflBère, dont une des filles devait assez bien répon-
dre i.\ix conditions que recherchait l'Ami des
Hommes.
La baronnie de Pierrebuffîère, — qui s'étendait à
la fois sur le Haut et le Bas-Limousin, — était
tombée dans la maison, mi-périgourdine et mi-
limousine, des Ferrière de Sauvebœuf, et de cette
communauté dans celle des Vassan, héritière, par
alliance, des Sauvebœuf, au commencement du
xvn* siècle.
Agée de douze ans seulement, Marie-Geneviève
de Vassan épousa, en 1737, son cousin -germain, le
fils de M. de Perrière de Sauvebœufj dePuy-d'Arnac.
Mais elle devint veuve peu après cette union. La
fille du marquis de Vassan continua de résider en
Limousin, où elle était née, après son précoce
veuvage. Elevée dans les idées du temps, par son
père, elle fut imprégnée de la philosophie de Vol-
taire et de Jean-Jacques Rousseau . C'est en 1743
qu'elle épousa M. de Mirabeau.
La nouvelle marquise n'était pas belle : ses traits
étaient durs, la lèvre inférieure épaisse; mais l'en-
semble de sa figure était loin d'avoir cet air repous-
sant que lui prêtait la famille de son mari. Son
D.g.tizedby Google
- 479-
caractère était altier, impérieux; elle avait des
manières gauches et conserva toujours l'accent
limousin. Recherchée beaucoup plus pour sa for-
tune et son nom que pour ses charmes physiques et
ses qualités morales, la jeune marquise de Mirabeau
ne devait pas tarder à subir les conséquences de cette
situation.
Pendant les dix premières années de leur com-
mune existence, le marquis et sa femme vécurent
en assez bonne intelligence. Ils eurent onze enfants,
dont les plus connus furent: Caroline-Elisabeth-
Charlotte (marquise du Saillant), née en 1747;
Honoré-Gabriel (l'orateur célèbre), l'alné des garçons,
né en 1749; Marie-Catherine-Louise (marquise de
Cabris), et And ré- Boni face (Mirabeau-Tonneau), né
en 1754.
« En 1749, dit M. Alfred Mé2ières(I), au moment
où naquit Mirabeau (Gabriel-Honoré), le ménage
n'était pas encore désuni. Onze enfants se succé-
daient même, comme pour témoigner^ disait le
marquis, « de la sorte d'attachement turbulent dont
sa femme le faisait enrager ». Mais le caractère de
M'" de Vassan, son inégalité d'humeur, ses empor-
tements, ses violences, le désordre de sa tenue et
de sa toilette, détruisent peu à peu la paix du foyer
domestique. Avec une femme pareille, le rêve du
marquis, celui de consolider et d'agrandir sa mai-
son, ne se réalisera jamais. La marquise ne sait se
soumettre à aucune contrainte, obéir à aucun
devoir, pas même s'assujettir à des heures de repas
<l) Vie de Mirabeau.
D.g.tizedbyGoOglC
régulières. La présence de convives invités à sa table
ne l'empêche pas de suivre sa fantaisie. Aucun souci
des convenances, aucun respect de soi-même, le
règne perpétuel du caprice et des orages, voilà le
plus clair de la dot que M'" de Vassan apporte à
son mari ».
En 1763, au moment même où les relations des
deux époux commençaient à s'aigrir, la seconde de
leur fille, Caroline-Elisabeth-Charlotte se maria
avec Charles -Louis- Gaspard de Lasteyrie, marquis
du Saillant, colonel d'un régiment de dragons, qui
appartenait à une des familles les plus nobles et les
plus anciennes du Bas-Limousin, dont le domaine
était situé sur les bords de la Vézére, sur la limite
des paroisses d'Allassac et de Voutezac.
Charlotte était l'enfant préférée de son père, parce
que, disait sa mère, elle était fort belle et qu'il
aimait les jolies figures. Il voulut lui constituer une
forte dot et, à cet effet, s'entendit avec sa femme et
sa belle-mére. M. du Saillant n'était pas riche; ce
qui explique sans doute, s'il faut en croire l'abbé
Granet, auteur d'une étude sur Madame de Mira-
beau, son courage à entrer dans une famille aussi
divisée, partant menacée d'une ruine prochaine. La
dotation de Charlotte s'éleva pourtant jusqu'à cent
cinquante mille livres.
Pendant que le marquis de Mirabeau menait une
existence brillante à Paris, sa femme se rendait
souvent en Limousin, auprès de sa mère, M"" de
Vassan. Mais celle-ci, très âgée, subissait avec peine
le caractère emporté de sa fille et ses frasques de
jeu, car elle s'adonnait volontiers à cette passion.
D.g.tizedby Google
— 481 —
Elle prit le parti de se retirer chez ses petits-enfanls,
au château du Saillant. « Quoique la marquise de
Mirabeau eût elle-même choisi son gendre, elle
s'était brouillée avec lui et, par suite, avec sa fille.
Le séjour choisi par M"' de Vassan inquiétait donc
et irritait la marquise de Mirabeau, qui s'était ins-
tallée comme pensionnaire Ubie dans un cbuvent
de Limoges, mais qui prétendait forcer son gendre
à la recevoir malgré lui dans son château, tandis
que le marquis de Mirabeau lui enjoignait, de Pa-
ris, de s'y refuser » {1}.
Les relations du marquis et de la marquise de
Mirabeau devenaient de plus en plus difficiles. L'i-
rascibilité de leur caractèie, la nature emportée de
l'un, les prodigalités de l'antre, déterminaient une
incompatibilité d'humeur qui ne devait pas tarder
à se traduire par des mesuies violentes.
Pendant que M"' de Mirabeau séjournait à Limo-
ges ou dans les environs, les dettes de jeu qu'elle
contractait étaienlréclaméesà son mari, il les payait
sur la pension mensuelle qu'il servait à sa femme;
cela diminuait d'autant cette pension et provoquait
sans cesse les vives réclamations de la marquise.
M"' de Mirabeau ne pouvait se faire à l'idée que
sa mère était allée chercher un refuge au Saillant.
Elle accusait tout le monde de répandre la calom-
nie sur son compte et d'user de perfidie envers
elle. Délaissée par son mari et par sa méie, elle erra
sur ses terres du Limousin et du Périgordj se fixant
tantôt à Âigueperse ou à Piercebuffière, tantôt au
[1) L. de Loménie, Les Mirabeau.
Dijiiizedb, Google
Treuil ou à Ghéronnac. Mais rien ne fut capable
d'apaiser ses rancœurs. Elle exigea alors de M. du
Saillant, son gendre, qu'elle le reçût auprès de lui.
Mais celui-ci vivait en bonne intelligence avec son
beau-père; il nese souciait nullement de lui déplaire.
Il refusa de la recevoir. M"' de Mirabeau voyait
dans le séjour de sa mère chez son petit-gendre un
péril pour sa fortune. Elle craignait que ses enfants
n'abusassent du grand âge de M"* de Vassan pour
capter son héritage à son détriment. Elle résolut
alors d'ouvrir les hostilités contre son mari qu'elle
accusait de toutes ces machinations (1).
« Dans cette lutte qui, tout à l'heure, va dégéné-
rer en un vrai scandale, dit l'abbé Granet, M. de
Mirabeau aura sur sa femme un grand avantage,
dont il essayera de tirer parti au mieux de ses inté-
rêts, pour gagner le plus de monde possible à sa
cause: il sera calme et gardera autant de sang- froid
que M™' de Mirabeau mettra do fougue dans ses
attaques. Et comme dans ces sortes de combats, le
droit apparent reste toujours à celui qui se cache le
mieux, tout le monde, même M"' de Vassan, sera
contre elle : « Toutes me donnaient tort, écrivait-elle
à M. de MagardeaUj ami de la famille, parce que je
mettais plus d'ardeur que mon tyran à me défen-
dre ; mais lui mettait plus de perfidie et profttait
de l'exaspération où me jetèrent tant d'injustices
et de calomnies, et comme je ne parlais que de mon
malheur, que personne ne voulait comprendre, je
(I) Ablié Granet. Madame tie Mirabeau (Bulletin de la Société
historique cl archéologique du Limousin, Limoges. M.i', 18'J8).
Dijiiizedb, Google
fatiguais ma mère qui, elle aussi, m'abandonna
pour aller vivre avec ma fille et son mari ».
Excédé des exigences de sa femme, scandalisé par
des rapports qui représentaient M"" de Mirabeau
comme s'étant compromise à Limoges avec un garde
du corps, le marquis obtint contre elle une lettre
de cachet du ministre Berlin, son parent, la main-
tenant prisonnière dans un couvent de Limoges,
dit l'abbaye des Alloix, où elle avait toujours vécu
librement.
Cette mesure eut pour résultat d'irriter profondé-
ment la marquise et de l'aigrir davantage contre
son mari. Les religieuses, avec qui elle vivait, eu-
rent fort à se plaindre de ses turbulences et des
dégâts qu'elle commettait journellement dans leur
maison.
, A la suite d'un compromis, la lettre de cachet fut
supprimée. Elle put, dès lors, vivre à sa guise dans
un couvent quelconque de Limoges. Elle préféra,
cependant, se rendre à Saint-Junien où elle médita
sa vengeance.
Le 4 novembre 1770, la vieille marquise de Vassan
mourut au Saillant (1). L'ouverture de sa succession
donna lieu à des discussions d'intérêt, peu faites
pour ramener le calme dans les esprits surexcités de
la famille. Ce fut le prétexte, pour M"" de Mirabeau,
de reprendre contre son mari les hostilités.
Avec les ressources que sa fille, ia marquise de
Cabris, mettait à sa disposition, elle rompit le pacte
(1) SuivaDt M. de Loméniei mais l'abbé Granet la fait décéder
au château d'Aiguepcrsc (Haute- Vjcuiiej.
dbyGoot^lc
— m -
de 1766 qui l'obligeait à résider en Limousin, et
vint à Paris à la grande fureur de son mari. Les
enfants subissaient évidemment le contrecoup de
tous ces conflits, car chacun ne pouvait être en bons
termes avec le père qu'à la condition de se pronon-
cer contre la mère et réciproquement.
M"" de Mirabeau actionna donc le marquis en
délivrance du legs d'une terre et le paiement d'une
pension de dix mille livres. Elle obtint gain de
cause pour ce qui étaitde la cession de la terre, mais,
pour le surpluSj un compromis intervint aux termes
duquel M"" de Mirabeau s'engageait à revenir en
Limousin, à y vivre, en jouissant du revenu de la
terre de Brie et en recevant, avec des meubles, une
pension de dix mille livres.
Cet arrangement ne fut qu'un armistice. La lutte
devait reprendre bientôt, plus âpre, plus violente
que jamais, entre le mari, la femme et les enfants.
Le marquis de Vassan, prère de M"' de Mirabeau,
se faisait gloire d'avoir engagé plus de cinquante
procès dans une période de dix ans. 11 en perdit
quarante. Ses démêlés avec sa belle-mére et son
beau-frére ressemblèrent, par plus d'un côté, à la
procédure que M'"" de Mirabeau allait engager contre
son mari. Quoi d'étonnant, dès lors, que cette der-
nière ait apporté à VAmi des Hommes, avec sa
dotj ces tendances processives qui étaient de tradi-
tion dans sa famille?
D.g.tizedby Google
La jeunesse de Mirabeau l'alné. — Son rOle en Limousin. — Conti-
nuation des querelles intimes. — L'enlèvement de M"* de Monnier.
— Le frÈre et la sœur. — La séparation.
Afin de se ménager une résidence agréable, proche
de Paris, le marquis de Mirabeau fît l'acquisition,
dans l'Orléanais, du château et de la terre de Bignon,
près Nemours. C'estlà que naquit, en 1749, Gabriel-
Honoré-Riquetti de Mirabeau, qui, quelques années
plus tard, devait illustrer la tribune française d'une
si remarquable façon.
Il « vint au monde avec une tête dont la dimen-
sion monstrueuse mit sa mère dans le plus grand
danger, des dents molaires déjà formées, mais un
peu tordues. A l'âge de trois ans, il eut une petite
vérole qui laissa sur son visage des traces si profon-
des que le marquis de Mirabeau écrivait à son frère:
«Ton neveu est laid comme celui de Satan ». Cette
laideur exceptionnelle parmi ses enfants, beaux
comme lui-même, paraît avoir contribué à exciter
l'espèced'aversionquecelui-ciUiicausa toujours» (1).
Dans l'esprit de son père, Mirabeau ressemblait à
sa mère et cette opinion était partagée par toute sa
famille. « ... Il trouve dans son flls, nous dit
M. Alfred Mézières dans sa Vie de Mirabeau, des
traits de ressemblance frappante avec la famille de
sa femme qu'il détecte : a Cet enfant, dit-il avec
il) Jules Barni r Mirabeau (Le. Ràootution françai»\
1881).
dbyGoot^lc
amertume, a la pourtraicture achevée de son odieux
grand-père, M. de Vassan ». Ces appréhensions ne
sont que trop justifiées. Mirabeau ne ressemblera
pas seulement à sa mère au physique^ il lui ressem-
blera aussi beaucoup trop au moral b.
Dans des conversations intimes, VAmi des Hom-
mes parlait souvent du « coup de marteau des de
Vassan o que les enfants, afftrmait-ilj tenaient de
leur mère. D'ailleurs, et comme pour confirmer
cette ressemblance, Mirabeau eut toujours pour sa
mère la plus vive affection. Ce n'est que vers la fin
de sa vie que sa tendresse s'émoussa. Il la préférait
à son père et, dans le conflit douloureux qui sépara
ses parents, il prit le parti de sa mère plus par
conviction et tendresse que par calcul et intérêt; ce
ne fut pas le cas, cependant, quand il crut devoir se
ranger du côté de son père.
Au milieu des dissensions intestines de sa famille,
Mirabeau grandit. Doué d'une remarquable intelli-
gence, il fît preuve, dès son jeune âge, d'une
étonnante précocité d'esprit et acquit rapidement
une vaste et solide instruction. Exposé aux sévérités
de son père, le futur tribun s'épanchait dans le sein
de sa mère. Mais le marquis interdit toute corres-
pondance de sa femme avec son fîls. Comme elle
lui faisait passer quelque argent, VAmi des Hom-
mes l'accusa de débaucher ce qu'il appelait « la
pai'tie véreuse de sa famille ».
Tant pour fuir l'aversion que son père lui portait
que pour se créer une position qui lût en rapport
avec son âge et sa condition sociale, Mirabeau prit
du service, comme volontaire, dans le régiment de
D.g.tizedby Google
Béni- Cavalerie, sous le nom de .M. de Pierrebuf-
fière. Ce nom était, comme on sait, dans les titres
nobiliaires de sa famille maternelle.
Dans son drame, Les Mirabeau (1), notre com-
patriote, M. Jules Clarelie, fait ainsi expliquer, par
Mirabeau lui-même, cette substitution d'un nom
d'emprunt à son nom véritable ;
a Chut ! de Pierre-Buffière, puisque c'est sous ce
masque que je vis ! Mon père m'avait jadis affublé
de ce nom de terre limousine^ parce qu'il redoutait
de ne me voir point porter assez haut son vieux
nom de Mirabeau I Eh bien, je l'ai repris et je l'aime,
ce nom d'exil et d'épreuves, et Pierre-Buffière ou
Mirabeau, je voudrais le faire retentir assez haut
pour qu'on l'écoutât ».
En 1770, au moment oiisagrand'mèredeVassan,
atteinte d'une grave maladie, était en danger de
mort, il accompagna sa mère au Saillant. A cette
occasion, son père écrivit à son frère, le bailli:
« Ton neveu a fait et fait encore un bon début des
épines de la vie domestique. Dans la première
journée on il vit sa mère, il en revint malade de
toutes les violences qu'il s'était faites. Juge ce que
c'a été quand il a fallu la recevoir et l'amener au
Saillant, et y devenir témoin de ses fureurs et con-
fident de ses extravagances. II s'est toutefois très
bien conduit, et il a conçu estime et vénération pour
sa sœur et une amitié si confiante et si pleine d'es-
time pour son beau-frère, qu'il dit ne pouvoir expier
le tort qu'il leur faisait dans sa tête » .
i à Paris, au Théâtre des
D.gtzedoyGoOglC
L'estime et la yénération que Mirabeau portait
aux du Saillant n'étaient cependant que fort rela-
tives. U devait en donner des preuves dans la suite.
On raconte que la mère de Mirabeau, outrée
du langage c/anciliant que lui tenait son fils, lors
de la mort de M"" de Vassan, déchargea sur lui un
coup de pistolet dans un moment de fureur.
Quelque temps après ces événements, Mirabeau
devint l'auxiliaire précieux de son père quand
celui-ci expérimenta, en Limousin, quelques-uns
de ses projets politiques et sociaux, entre autres
celui qui avait trait à l'institution d'un Tribunal
de Conciliation, organe de judicature tenant à la
fois de nos modernes justices de paix et de nos
conseils de prudhommes. C'est en 1771 que l'ins-
tallation de ce Tribunal eut lieu solennellement dans
le château d'Aigueperse, repaire seigneurial de la
maison de Pierrebuffière. Huit juges arbitres étaient
élus dans les huit paroisses de la baronnie et devaient
concilier les intérêts privés et professionnels. Mira-
beau, au nom de son père, présida la cérémonie.
h'Âmi des Hommes fut ravi de la façon dont son
fils s'acquitta de sa tâche dans cette circonstance et
lui en fit compliment. Cet événement ne contribua
pas peu à faire fléchir l'extrême rigueur dont le
marquis faisait montre à l'égard du jeune M. de
Pierrebuffière.
Pendant sa séparation volontaire avec sa femme,
le marquis de Mirabeau s'était lié avec une personne
pleine de séduction et de distinction, M"" de Pailly,
qu'il avait quasiment installée au foyer conjugal.
Après la mort de M°" de Vassan, le marquis et la
D.g.tizedbyGoOQlC \
1
marquise du Saillant avaient quitté le Bas-Limou-
sin pour aller demeurer à Paris chez leur père, le
marquis de Mirabeau. Charlotte, subissant le charme
de M"" de Pailly, s'était même très amicalement liée
avec elle.
A son retour de Corse, où il servait dans la Légion-
Lorraine, Mirabeau l'aine, réconcilié avec son père,
avait fait la connaissance de M"" de Pailly en qui
il avait trouvé, disait-il, l'esprit de cinq cent mille
démons ou anges. A ce moment, le jeune Mirabeau
épousa, en Provence, M'" de Couet, fille du marquis
de Marignane.
Cependant la marquise de Mirabeau, tant pour
obéir à ses instincts de chicane que pour se venger
de la liaison de son mari avec M"" de PaillVj rouvrit
les hostilités contre le marquis. En 1775, elle revint
à Paris et introduisit contre son époux une action
en séparation. Le marquis ne se souciait que mé-
diocrement de voir sa femme gagner son procès.
S'il entendait vivre loin d'elle, il ne lui plaisait
guère d'en être séparé judiciairement, car la consé-
quence du jugement aurait été la reprise de la
fortune des de Vassan par leur héritière naturelle
et la ruine complète du marquis. Le Châtelet accorda
à M™" de Mirabeau la séparation de corps.
C'est alors que cette famille donna un bien triste
et affligeant spectacle de désunion. Les enfants pri-
rent publiquement position dans le conflit, ce qui
faisait dire à Mirabeau le jeune (André-Boniface):
«Nous sommes de la race d'Atrée et de Thyestès ».
Pendant que le marquis interjetait appel de la
décision du Châtelet devant le Parlement de Paris,
D.g.tizedby Google
des libelles et des pamphlets firent rage contre l'Ami
des Hommes. Mirabeau l'ainé menait lui-même
la campagne contre son père, qui devint l'objet de
la risée publique. Il injuria sa sœur, M"" du Sail-
lant et son mari, les accusant de faire la cour à
. M™ de PaiUy et de vivre de sa protection.
Sur ces entrefaites, Gabriel-Honoré enleva à
Pontarlier une jeune femme, mariée à un vieil
homme. M"' de Monnier, pour laquelle il s'était
pris d'une belle et folle passion. Les deux amants
se réfugièrent en Hollande. Mais la police, à la
double instigation du marquis de Mirabeau et de
M. de Monnier, poursuivit les fugitifs et ne tarda
pas à les rejoindre et à les arrêter. Pendant que
M™* de Monnier était condamnée à être enfermée
dans une maison de refuge, la tète rasée, Mirabeau
se vit rendre contre lui une sentence capitale pour
rapt et séduction. Il échappa au bourreau, mais
une lettré de cachet l'enferma au donjon de Vin-
cennes.
o Je verrais sans remords, écrivait VAmi des
Hommes à son frère, le bailli de Mirabeau, la mère
sur les tréteaux et le fils à la Grève et m'en irais
pas moins la tète haute ».
Au moment oii Mirabeau l'ainé cachait, en Hol-
lande, son bonheur et ses craintes, en compagnie
de M°* de Monnier (1777), le Parlement de Paris
débouta la marquise de sa demande et la condamna
à réintégrer le domicile conjugal. Cette décision ne
satisfit ni l'un ni l'autre des deux époux. En les
réunissant sous le même toit, le Parlement ne faisait
que rendre plus aigus les rapports de ces deux enne-
dbyGoot^lc
- 491 -
mis inéconciliables, dans l'âme desquels tant de
fiel était entré.
Cinq jours après le prononcé du jugement, M"' de
Mirabeau fit mine de s'installer dans le domicile de
son mari, afin de se conformer à la sentence. Mais
lemarquisn'avaitcure de se retrouveravec sa femme
et se garda bien de rentrer chez lui. L'épouse fit
constater légalement l'absence de l'époux. Des scè-
nes, que provoqua la marquise et qui égayaient fort
le voisinage et les passants, déterminèrent le mar-
quis de Mirabeau à agir vigoureusement. Il obtint
une lettre de cacbet contre sa femme et la fit en-
fermer au couvent des religieuses de Saint-Michel.
Pareille mesure fut prise contre la marquise de
Cabrisj sa fîlte, alors que son fils ainéj extradé de
Hollande, allait expier, au donjon de Vincennes,
l'enlèvement de M"' de Monnier.
A quelques jours de ces événements, le marquis
rencontra un sien ami, Montpezat, qui lui dit ;
— Votre procès avec la marquise est fini?
— Je l'ai gagné.
— Et oîi est-elle?
— Au couvent !
— Et M. votre fils, où est-il?
■ — Au couvent !
— Et M"" votre fille de Provence (M"' de Cabris}?
— Au couvent !
— Vous avez donc entrepris de peupler les cou-
vents?
— Oui, Monsieur, et si vous étiez mon fils, il y
a longtemps que vous y seriez ! . . .
Ce terrible homme méritait bien que son fils lui
D.g.tizedby Google
- 492 -
écrivît; a Vous avez mené tous vos enfants^ excepté
un seul , par la terreur , comme si c'était du sang
d'esclave qui coulât dans leurs veines» {!).
Pendant sa détention au donjon de Vincennes,
une correspondance assidue fut échangée entre
Gabriel-Honoré de Mirabeau et son père. Ce der-
nier avait le plus grand désir de ramener son fils à
une conduite plus sage et aussi à le mettre dans son
jeu, car la marquise, sa femme, venait de recom-
mencer la procédure dans le but d'obtenir une sépa-
ration judiciaire.
La, marquise du Saillant correspondit aussi avec
le prisonnier. Mais c'est le père qui lui tenait la
main. Mirabeau fut d'abord hostile à ces rapports
épistolaires ; le marquis exigea qu'il fût prévenant
pour sa sœur, qu'il avait gravement offensée. De
l'échange de lettres, une réconciliation intervint
entre le frère et la sœur: « Dans la multitude de
mes torts, écrivait Gabriel-Honoré, du moins vous
ai-je toujours rendu justice ; je vous ai toujours ten-
drement aimée. On m'avait aigri contre votre mari,
et j'ai eu le malheur de me livrer.avec l'impétuosité
que j'avais alors, aux préventions que l'on m'avait
données contre lui. J'en suis très affligé, mais je le
crois assez noble pour ne pas conserver de res-
sentiment contre un frère malheureux, trompé,
au désespoir de l'avoir été, revenu, corrigé, repen-
tant» (2).
(I) Tous ces renseignements otil été puisés dans la, remarquable
étude de l'abbé Gratiet sur Madame de Mirabeau, et dans celle de
Jules Barni sur Mirabeau,
(ï) L. do Loménie, op. cit.
D.g.tizedbyGoOglC
- 493 -
A sa sortie de Vincennes (1780), Mirabeau fit
rapporter la sentence de mort qui avait été rendue
contre lui et obtint un adoucissement de peine en
faveur de M™ de Monnier. 11 ne rentra pas en grâce
de suite auprès de son père. Aussi se coalisa-t-il
avec les du Saillant pour arracber le marquis à la
domination de M"" du Pailly. Celte-ci, d'ailleurs,
insistait beaucoup auprès de l'Ami des Hommes
pour qu'il se débarrassât des du Saillant, qui avaient
cessé de lui plaire, et pour qu'il les fit retourner
dans leurs terres limousines. Le bailli de Mirabeau
unit ses efforts à ceux de ses neveux pour précipiter
la rupture.
Quoique enfermée, M"" de Mirabeau ne songeait
pas moins à se venger de son s tyran » de mari,
comme elle disait. De sa prison, elle communiqua
avec l'extérieur et se mit à même de recommencer
le procès. Le marquis, de son côté, prenait les me-
sures nécessaires dans le but de mettre sa femme
hors d'état de lui nuire. Le couvent de Saint-Michel
ne présentant pas toutes les garanties de sécurité
pour l'Ami des Hommes, celui-ci obtint une nou-
velle lettre de cachet par laquelle sa femme devait
être transférée au couvent de Valdone, à Charenton.
Mais la marquise refusa de s'y rendre et opposa une
rare force de résistance aux exempts qui étaient
chargés de la conduire dans sa nouvelle « demeure » .
« Vous ne m'aurez que par lambeaux », avait-elle
déclaré. Elle fit si bien, qu'on décida de la laisser
tranquille.
Le ministre Maurepas, jusqu'alors, avait étendu
sa protection sur le marquis de Mirabeau ; fatigué
dbyGoot^lc
-«4 -
des conflits incessants qui éclataient entre le mari
et la femme, lassé de tant de scandales, il finit par
se rendre compte que si M™' de Mirabeau avait des
torts, le marquis, de son côté, pouvait bien en
avoir. D'autre part^ l'opinion publique, mise au
courant de ces querelles, se prononçait contre le
marquis qui devenait de plus en plus impopulaire,
tant à cause de ses opinions politiques que par la
façon dont il se conduisait envers les siens.
Devenue libre. M"* de Mirabeau forma une nou-
velle demande en séparation de corps et de biens
contre son mari, devant le Parlement de Paris.
Gabriei-Honoré, cette fois, prit le parti de son père^
auprès duquel il était enfin rentré en grâce, pour
se le ménager et le faire servir, le cas échéant, à ses
desseins.
La sentence fut rendue par le Parlement, après
de vifs débats qui passionnèrent le public, le 18 mai
1781. Elle portait que les deux époux seraient sépa-
rés de corps et de biens, que le mari payerait tous
les frais du procès et qu'il restituerait à sa femme
les revenus perçus dont il n'aurait pas justifié l'em-
ploi. Ce jugement, tant redouté par le marquis,
était pour lui la ruine complète. Mais la fortune de
M™' de Mirabeau ne devait pas tarder à sombrer, à
son tour, dans le naufrage matériel et moral de ce
ménage si mal assorti.
La marquise triompha bruyamment de l'issue du
procès. Elle revint en Limousin prendre possession
de ses terres avec éclat. La Feuille hebdomadaire
de la généralité de Limoges en fit un rapport
pompeui :
dbyGooglc
- «5.-
« M"* la marquise de Mirabeau, issue de la très
ancienne maison des Pierrebuffière, premiers barons
du-Llmousin, éloignée depuis plusieurs années de
cette province et de ses terres par des discussions de
famille, vient d'obtenir, par arrêt du t8 mai, la
jouissance de tous les biens lui appartenant et pou-
vant lui appartenir dans la suite : en conséquence,
elle a été, le 9 de ce mois, prendre possession de
ses terres de Pierrebuffière.
B Les habitants des difTérentes paroisses qui en
dépendent se sont empressés de lui témoigner la
joie et la satisfaction qu'ils ressentent de son retour
et. la reconnaissance de tous les bienfaits dont les
ancêtres de cette dame les ont comblés.
» Les officiers de la justice avec les principaux
habitants de Pierrebuffière ont été à cheval l'atten-
dre sur la route de Toulouse jusqu'aux dernières
limites de sa justice. Ceux de Saint- Hilaire-Bonne-
val, une des paroisses qui en dépendent, ont été
également en grand nombre, sous les armes, au son
des instruments, saluer cette dame, sur la grand'-
route; ils avaient leurs drapeaux, conduits par
plusieurs officiers à cheval, à la tète desquels était
M. Landry du Masgaràeau qui, après une salve, lui
adressa les vers suivants » .
(Suivent^ en effet, dans la relation de la Feuille
hebdomadaire, quelques vers plats et laudatifs à
l'adresse de la marquise).
4 À quelque distance du pont de Pierrebuffière
était postée une troupe d'infanterie qui s'est jointe
au cortège : le clergé et les dames attendaient de
D.g.tizedby Google
l^autre côté du poat. M. Dumont, juge de cette
juridiction, l'a haranguée avec cette éloquence qui
excitait dans son père l'admiration de tous les citoyens
et de toutes les personnes auxquelles il adressait la
parole. La joie de tous les assistants de revoir leur
dame, le regret des malheurs qu'elle a éprouvés se
sont encore plus manifestés par leur sensibilité tou-
chante que par des sentiments feints par leurs
paroles. M"" la marquise a montré, par une amé-
nité dont elle leur avait donné autrefois des preuves
multipliées, que ses qualités personnelles inspiraient
encore plus que sa place ces transports de senti-
ments.
» Le soir, il y a eu des feux de joie et une illumi-
nation volontaire dans toute la ville. Le lendemain
elle s'est rendue dans son château d'Aigueperse.
Elle a été reçue au son des cloches dans tous les
bourgs qu'elle a traversés.
> Les paroissiens de Saint- Bonnet ont été, sous
les armes, à plus d'une lieue à son avance. C'est aux
démonstrations et aux larmes de ses vassaux, dont
l'habitation la plus rapprochée du château les avait
mis à portée de connaître plus particulièrement le
cœur bienfaisant et sensible de leur dame, qu'on a
encore plus reconnu l'attendrissement, la joie et la
satisfaction générale que son retour a causés dans
tout le pays. Ils ont eu le plaisir de voir accueillir
leur empressement par cette affabilité de cœur et
cette délicatesse d'esprit que M"" de Mirabeau pos-
sède au suprême degré. Elle leur a, à tous, distribué
des caresses et des attentions particulières, en leur
adressanf des choses obligeantes et en cherchant à
D.g.tizedby Google
faire valoir le zèle qu'ils avaient pu montrer pour
èti'e utiles à sa maison et le tendre intérêt qu'elle en
conservait. Malgré toutes ses recommandations et
ses efforts pour empêcher qu'ils se fatiguassent à
suivre sa voiture, ils l'ont suppliée de reconnaître
l'attachement qu'ils lui témoignaient, en leur per-
mettant de l'accompagner jusqu'à son château, à
la porte duquel on lui a présenté les clefs. La géné-
rosité de cette dame n'a point resté en demeure:
la bienfaisance de son cœur assure que les pauvres
ne perdront rien pour son habitation dans ce
pays » (1).
Pendant que M" de Mirabeau faisait son entrée
triomphale dans ses terres, son fils aîné, Gabriel-
Honoréj scellait sa paix complète avec son père.
Son aventure avec M°* de Monnier, sa captivité,
la mort de son unique enfant, les querelles intes-
tines de sa famille, avaient quelque peu ébranlé son
physique et son moral. 11 fut décidé qu'il irait se
reposer en BaS'Limousin, au château du Saillant»
chez sa sœur, la marquise de Lasteyrie.
(t) Le ch&teau d'Aigueperse est situé dans le départemenl de la
Haute-Vionne, commune de Saint-Bonnet-la-BiTière, canton da
l'ierrebulHère, arrondissement de Limoges, il appartient aujour-
d'hui i. HM. Dubreuil.
dbyGoOt^lc
Dijilizedb, Google
Mirabeau en Baa-I,imousin. — Le Saillant. — Ud voleur de grands
chemins. — La terreur à la Combe-des -Morts et à Garavet. —
Au Parlement d'Aix. — Traditions et légendes.
Le Saillant, qui allait devenir, pendant quelque
temps, le séjour de Mirabeau, est un gros village de
la commune de Voutezac (canton de Juillac^ arron-
dissement de Brive, Gorrèze), qui s'allonge^ au soleil,
sur la rive droite de la Vézère. Il se compose d'une
centaine de feux environ, qu'une population d'hon-
nêtes et laborieux cultivateurs habitent. 11 formait,
autrefois, le centre d'une seigneurie qui était l'apa-
nage de la maison Lasleyrie du Saillant et portait,
dans les vieux cartulaires, le nom de Orbaciacus
et de Sailhens (1).
Au Nord-Est du village s'ouvre la gorge du Sail-
lant-Vieux, à proximité du hameau de ce nom. La
Vézère, après avoir roulé, avec fracas, ses eaux clai-
res et froides à travers un prodigieux éboulis de
rochers^ se jette dans la plaine qui^ de cet endroit,
s'étend jusque dans les environs de Brive, en cou-
lant désormais librement sous le bleu du ciel. Mais
avant de se dégager de l'étreinte des montagnes,
elle va se heurter, grondante et frangée d'écume,
sur un entassement de blocs rocheux, projetés dans
son lit par la mine ou roulés naturellement par les
(1) Un autre village d'une vingtaine de feux, situé sur la rive
gauche de la Vézère, presque en face du Saillant, raais qui dépend
actuellement de la commune d'Atlassac (canton de Donzenac),
porte le nom de SatiJaiit- Vieux.
D.g.tizedby Google
eaux. Elle le franchit en formant une cascade con-
nue sous le nom de Saut du Saumon (1).
La Vézère se répand alors dans la plaine, en pas-
sant au pied d'un grand pan de niontagne, — dont
les revers étaient autrefois couverts de vignobles
produisant un crû estimé dans la contrée, — que
couronne le village de Vertougi. Puis elle contourne
tout ifn ensemble d'Iles riantes et boisées, reliées
entre elles par des ponts en bois du plus rustique
effet.
Le paysage offre alors un contraste frappant avec
les aspects sombres^ âpres et pleins de grandeur
sauvage, de la gorge. Entre deux rangées d'arbres,
aux frondaisons épaisses, la Vézère coule large,
paisible, baignant la ceinture de prés, aux couleurs
vives de l'émeraude, qui lui fait un parement de
plus. Elle semble ainsi se reposer de la course folle
qu'elle vient de faire et goûter le charme d'une
quiétude recherchée et attendue. Le damier des cul-
tures pique, çà et là, les pentes douces des puys
rouges dominant le cours de l'eau. Les villages du
Saillant^ de la Beaudelie et de La Jugie élèvent,
derrière le rideau vert des arbres, les toits couverts
(1) Dans sa forme primitive, cette caac&de n'existe plus. Elle a
éU détruite par les travaux du chemin de Ter d'Uzerche à Urive.
Mais CD se fray&nt une route à travers les éboulements des rocs et
les derniers contreforts de la ({orge, la Véiëre a reformé la chute.
Il résulte, d'ailleurs, d'actes déposés dans les archives de M'fiou-
nui, notaire à Allasaac, que la cascade du Sauf du Saumon fut
toujours quelque peu artificielle. Ces actes portent, en effet, que les
seigneurs du Saillant firent, à plusieurs reprises, poser des cro-
chets en fer aux blocs de pierre qui barrent, k la sortie da la gorge,
le lit de la Vézère, dans le but de les retenir et d'obliger les eaux
& former la cascade.
Dijiiizedb, Google
d'ardoises de leurs chaumières, serrées les unes
contre les autres et ajoutent ainsi à la beauté char-
mante du site.
Sur une des lies du petit archipel du Saillant,
qu'arrose un bras de la Vézère, s'élève le vieux ma-
noir des Lasteyrie du Saillant, appartenant aujour-
d'hui à la famille de M. Télèphe Bardon, ancien juge
de paix. Le château ne remonte pas au-delà du
XVI' siècle ; 11 est privé de ses grosses tours d'angles.
On y accède, de la route, par une large avenue,
plantée de pins, se terminant par un pont placé
sur un fossé qui devait être l'ancien pont-levis. A
proximité du château, dont elle était une dépen-
dance, est située la vieille chapelle, d'un style sim-
ple et curieux, et l'antique pont à péage^ à l'inter-
cession de la route d'Allassac à Voutezac et de la
Vézère. 11 est bâti sur six arches ogivales, munies,
en avant, d'éperons aigus triangulaires qui s'élèvent
jusqu'au tablier.
C'est dans ce coin charmant du Limousin, au
château de son beau-frère et de sa sœur, que Mira-
beau vint 56 reposer en 178i.
Les du Saillant, en dépit des discordes de leur
famille, portèrent à leur frère atnô ïe plus grand
intérêt. Au cours de toutes les frasques dont Mira-
beau se rendit coupable, en Saintonge, en Franche-
Comtèj en Provence, M. du Saillant, mandataire
de son beau-père, s'entremit pour réparer le mal.
Aussi, depuis sa sortie de prison, le futur tribun
n'avait cessé de témoigner à sa sœur et à son beau-
frère le plus sincère et le plus tendre attachement.
La mort seule devait y mettre un terme.
D.g.tizedby Google
L'arrivée de Mirabeau dans le pays prit les pro-
portions d'un grand événement. Les gentilshommes
du voisinage accoururent en foule au Saillant pour
saluer le fils de VAmi des Hommes et lier connais-
sance avec lui. La notoriété du futur orateur, son
esprit fin et orné, ses écrits, le bruit fait autour de
sa personnalité, aussi bien dans les démêlés de son
père et de sa mère que dans ses aventures person-
nelles, étaient connus de tous les gens de marque
vivant dans cette partie de la province.
Le calme auguste et paisible qui régnait au Sail-
lant, le charme et la beauté agreste des paysages,
ne pouvaient qu'inciter Mirabeau aux longues rêve-
ries, aux fortes méditations. Il portait volontiers
ses pas du côté de la gorge et là, dit-on, debout sur
une éminence qui dominait la cascade du Saut du
Saumon^ il répandait les flots tumultueux de son
éloquence , prodiguait les éclats de sa retentissante
voix (I). Parfois, il suivait aussi le cours tranquille
de la Vézère, s'en allait vers la riante solitude de
Garavet, sur la route d'Àllassac à Objat, que le tic-tac
du moulin, unique habitation de ces lieux, animait
seul pendant quelques heures de la journée.
La pèche et la chasse, les lectures, les conversa-
tions où brillaient les saillies spirituelles, les dis-
cours pleins de fougue et d'entrain, les théories
paradoxales de Mirabeau, les jeux de société, com-
plétaient le passe-temps de l'hôte du Saillant et de
ses invités.
Mais toutes ces occupations de gentilshommes de
(1) Saint-Uhartea : Mirabeau inconnu.
D.g.tizedby Google
province ne répondaient guère au tempérament
actif, dévorant de Mirabeau. 11 y avait de l'athlète
dans cette nature tourmentée, pleine de jeunesse, de
force et de vie, et le besoin de se dépenser, de donner
un libre et violent essor à ses instincts impétueux,
le poussait à rechercher, non pas les plaisirs où le
cœur de l'homme s'abandonne et s'amollit, mais
bien les épreuves où son âme se fortifie avec son
courage en lui donnant la mesure et le degré de sa
puissance en lutte contre d'autres puissances.
Cependant le séjour de Mirabeau au Saillant se
prolongeait et voilà que, soudain, des bruits sinistres
se répandent. Une bande de voleurs tient la campa-
gne, arrête les gens sur les routes, leur demande,
le pistolet sur la gorge, la bourse ou la vie. Une
façon de géant, à la voix rude et forte, est à leur
tète. Des gentilshommes, des bourgeois, des paysans
sont dévalisés tous les jours. La terreur règne dans
le pays. C'est à qui ne s'aventurera pas, la nuit, à
tiaravet ou à la Gombe-des-Morls, passage désert, à
travers le roc, qui domine le village du Saillant-
Vieux, où opèrent de préférence les brigands. On
parlait de faire des battues pour les capturer, mais
personne n'osait fournir de renseignements par
crainte de représailles.
Un jour, une personne de l'entourage de M. du
Saillant gagnait le château, à la nuit tombante, par
la Combe-des- Morts, suivant les uns, par le bac de
Garavet, suivant les autres. Le temps était orageux
et le ciel roulait de gros nuages sombres qui ren-
daient encore les chemins plus obscurs. Tout à coup,
de derrière un arbre, un homme suigit, armé d'un
D.g.tizedby Google
— 504 —
fusil. Mettant en joue le voyageur, il lui ordonne
de jeter «a bourse sous peine de passer de vie à
trépas. Il allait exécuter l'ordre qu'il venait de
recevoir , quand un éclair déchire la nue et , à sa
lueur, le volé reconnaît le voleu.'. Il n'en peut
croire ses yeux. Un second éclair lui permet de
s'assurer qu'il ne s'est point trompé, a Passez votre
chemin, dit le brigand, où voua êtes mort». Epou-
vanté, le voyageur jette sa bourse et s'enfuit.
Il arrive au château, mouillé et terrifié, oar la
tempête fait rage dehors.
— Vous avez l'air tout défait, lui dit le marquis,
que vous est-jl arrivé?
— On vient de m'arrêter !
— Encore. On n'entend plus parler que de cela !
— Mais, à la lueur d'un éclair, j'ai reconnu mon
voleur.
— Vraiment ! Alors...
La gène du volé était- visible ; il sentait qu'il ne
pourrait pas aller plus loin dans la voie des révéla- ■
tions. M. du Saillant insista.
— Eh! bien, j'ai cru reconnaître votre beau-
frère!
— Mirabeau? c'est impossible !
— Je vous assure, cependant, que, par deux fois,
je l'ai bien reconnu.
On juge de l'ètonnement du marquis devant une
aussi formelle déclaration.
M. du Saillant fît appeler son beau-frère ; mais on
lui répondit qu'il n'était pas encore rentré et que
l'orage pouvait bien être cause de son retard.
Un moment après, Mirabeau gagnait sa cbam-
D.g.tizedby Google
bre(l)et faisait dire à M. du Saillant de l'excuser,
qu'étant fatigué il ne paraîtrait pas de la soirée.
Le lendemain, le marquis entrait chez Mirabeau,
s 11 court sur votre compte d'étranges histoires I
Inutile de nier, on vous a reconnu ! » Pour toute
réponse, Mirabeau se prit à rire et, ouvrant le tiroir
d'un secrétaire dans lequel se trouvaient neuf bour-
ses, pleines d'argent, sur lesquelles une étiquette,
portant le nom de leur propriétaire, ainsi que le
chiffre de la somme qu'elles contenaient, était
placée :
« Voilà le produit de mes vols, dit Mirabeau,
vous aurez l'obligeance de rendre ces bourses à leur
propriétaire en leur présentant toutes mes excuses».
L'ironie que mettait Mirabeau dans les paroles
qu'il adressait à son beau-frère ne plût qu'à demi
au marquis :
— Mais dans quel but faisiez-vous pareille beso*
gne?
~ Ce n'était vraiment pas pour me saisir de cet
argent et le garder que j'ai volé tous ces braves
gens. Mais j'ai voulu me rendre compte du degré de
résolution qui était nécessaire pour se mettre en
contravention formelle avec les lois les plus sacrées
de la société. L'épreuve était dangereuse. Je l'ai
tentée plusieurs fois et voyez, j'ai pu la subir sans
trop de dommages. Vous avouerez qu'il ne faut pas
être timide pour arrêter sur les grands chemins.
(1) La chHmbre que Mirabeau occupait au cbâteau du Saillant
Bxiste encore. Elle sert aujourd'hui de salle à mander. Elle est
carrée et le plafond est formé de poutrelles taillées en losanges.
Elles étaient réunies tea unes aux autres par une boule dorée.
D.g.tizedby Google
- 506 -
Après cette équipée, la préseoce de Mirabeau
n'était plus possible au Saillant. Il boucla ses malles
et partit.
Les aventures de Mirabeau, au Saillant, ont fait
l'objet d'un certain nombre de récits qui, s'ils ont
même fond, varient dans la forme et dans les détails
suivant les auteurs (1).
Les uns prétendent que celui des volés qui recon-
nut Mirabeau était le docteur Gyoux,d'Objat, méde-
cin du cbâteau, et, dans ce cas, l'arrestation eût
été faite à Garavet ; les autres afSrment que celui-là
était un gentilhomme des environs de Lagraulière,
M. de Boucbiat du Bigeardel, ami de M. du Saillant,
dans lequel cas la scène que nous avons contée se
serait déroulée dans le ravin de la Combe-des-
Morts.
D'après M. de Nussac^ qui s'est fait l'écho d'une
tradition locale, M. de Boucbiat ï^urait d'abord été
arrêté par Mirabeau une première fois, à la suite de
laquelle arrestation il reconnut son agresseur. Puis
s' étant concerté avec M. du Saillant, dans le but de
bien s'assurer que le voleur était son beau-frère, il
se fit arrêter une seconde fois. Cette expérience
confirma les faits précédents.
Une autre tradition locale nous apprend qu'un
paysan, ayant été arrêté, ne voulut pas obtempérer
aux ordres de Mirabeau et se prit à défendre son
(Ij Un épiaode de la vie de Mirabeau (Motaïque du Midi, tome
IV, 18W), par M. d'Aldéguier ; Mirabeau au SaillantlLe XIX'
Siècle litléraire el le Conciliateur de la Corràze, 1889), par M. L.
de NuBsac ; Mirabeau inconnu çLa France Ulualrée, 1894), par
U. Saiut-Charlea.
D.g.tizedbyGoOglC
- 507-
bien. Il était fort et vigoureux et fut assez heureux,
après une lutte acharnée corps à corps, de venir à
bout du détrousseur et de lui infliger une bonne
correction (1).
En quittant le Saillant^ Mirabeau eut à s'occuper
d'une instance en séparation de biens et de corps
que sa femme, fîlle du marquis de Marignane,
introduisit contre lui devant le Parlement d'Aix.
Dans cette affaire, il eut son père contre lui. Gabriel-
Honoré défendit lui-même sa cause et plaida contre
Portails, avocat de sa femme. A cette occasion, il
prononça une longue et éloquente harangue qui flt
grand bruit. Mais M. de Galitzane, qui occupait le
siège du ministère public en qualité d'avocat géné-
ral, prit fait et cause pour M"" de Mirabeau et traita
son mari de voleur de grands chemins, faisant ainsi
allusion aux arrestations dont Mirabeau s'était
rendu coupable au Saillant.
C'est à M. d'Aldéguier que, sous la Restauration,
M, de Galitzane raconta, pour la première fois, les .
exploits du beau-frère de M. du Saillant en Bas-
Limousin. II tenait évidemment le renseignement
de la famille.
Mirabeau perdit son procès et la séparation fut
prononcée.
Dans sa très remarquable étude sur Madame de
Mirabeau, l'abbé Granet commet une erreur en
attribuant à André-Boniface, plus connu sous le
nom de Mirabeau-Tonneau et dont nous parlerons
plus longuement en temps et Heu, les méfaits de
(I) Saiat-Uharlss : Mirabeau inconnu.
D.g.tizedby Google
-508 -
son frère aîné au Saillant. Dans une lettre de
Gabiiel-Honoré, où il fait un piquant tableau de
sa famille, — lettre que reproduit l'abbé Granet, —
le futur tribun s'exprime ainsi sur le compte de
son jeune frère: « Mon frère, né- avec beaucoup
d'esprit et de gentillesse, était fait pour prendre à la
cour, si une éducation détestable, une longue perte
de temps et l'inconcevable sottise d'enterrer au
Saillant son adolescence, ne l'avaient rendu crapu-
leux (1). Son cœur était bon, sa tète peu forte, mais
qui sait ce qu'elle eût été ». Ailleurs, il dit : x Mon
frère, perdu de débauches et de crapule, deux fois
gros comme moi, avec cinq pouces de moins, est
incapable de tout retour sur lui-même et aussi
vieux, à vingt-cinq ans que l'est le commun des
hommes à soixante ».
L'abbé Granet ajoute en note: v Ce que dit ici
Gabriel Mirabeau est confirmé par une légende que
nous avons souvent oui raconter et qui a cours
dans tout le pays de Limosin. Il est dit qu'à bout
de ressources et ne pouvant se procurer d'argent, il
allait, accompagné de quelques domestiques, dé-
trousser les voyageurs sur les grands chemins et
poussait l'audace jusqu'à se nommer ; « Je suis
Mirabeau. Inutile de vous défendre. Donnez-moi
votre argent et continuez votre route ».
Nou3 ignorons en quoi le séjour du Saillant a pu
rendre Mirabeau-Tonneau crapuleux, mais il est
bien évident que la responsabilité des arrestations
(t) Le grand défaut de Mirabeau le jeune était un peuchaut trËa
proQoacé pour la dive bouteille.
dbyGoOt^lc
— 509 —
doit remonter à Gabriel-Honoré et non à André-
Boniface, comme l'insinue l'abbé Granet, Les tra-
ditions locales auraient pu sans doute confondre les
deux frères sous le même nom de Mirabeau, mais
l'accusation portée par M. de Galitzane en pleine
audience du Parlement d'Àix et les confidences
qu'il fit plus tard b. M. d'Aldéguier, permettent de
remettre les choses en place et de rendre à Gabriel-
Honoré ce qui lui appartient.
Le séjour de Mirabeau au Saillant a laissé dans
la tradition locale deux autres faits qu'il est bon
de signaler : le premier, c'est qu'il donna son nom
à une variété de pomme limousine dont il prisait
fort le goût (1) ; le second, est une lettre qu'il aurait
écrite du Saillant à plusieurs maires de la province :
les priant de transmettre la nouvelle qu'elle conte-
nait à leurs collègues du voisinage. De sorte que,
de proche en proche, tous les maires de France
furent avertis, par Mirabeau, que des bandes armées
allaient se répandre dans le pays pour y commettre
toutes sortes de méfaits et qu'il était bon, dans ce
cas, que chacun prit les mesures nécessaires pour
résister aux envahisseurs (9).
Les événements auxquels cette prétendue lettre
de Mirabeau faisait allusion se produisirenten 1789,
huit ans après la venue de Mirabeau au Saillant.
Celte année fut, pour cela, désignée sous le nom
à'Année de la Peur.
« Grande fut l'émotion causée par la prise de la
(1) Serait-ce la pomme dite Sainte-Germaine?
(3} Ces renseiguementa ont été fournis, \'aa par M. Firmin'Ohou-
zeuoux, d'Objat, l'autre par M. Touroet père, forgeron au Saillant.
T. XX. 4-3
; yCoOt^lC
-510 —
Bastille ! dit M. Victor de Seilhac dans son livre :
Scènes et portraits de la Révolution en Bas-
Limousin.
« Tout à coup, dans la France entière, le même
jour, dans les villes, dans les villages, au fond du
plus pauvre hameau, la peur, comme une tempête,
envahit les cœurs et ouvre ses abîmes.... »
« Dans notre pays, on parle encore en tremblant
de cette terrible peur... On fuyait dans les bois, on
emportait les vieillards, les enfants, les reliques du
foyer, les trésors de la famille ; on s'armait comme
à l'approche de l'ennemi . . . Les femmes se réfugiaient
dans les églises, et, au glas du toscin, priaient Dieu
d'écarter le danger ».
Au Saillant, les gens se réfugièrent dans la gorge
avec leurs meubles, tandis que, dans les villes, les
citoyens s'armaient et allaient à la rencontre de cet
inconnu qui, jamais, ne parut.
Il est assez singulier que la tradition recueillie au
Saillant fasse remonter à Mirabeau et à l'époque où
il séjournait en Bas-Limousin l'origine de ces «jour-
nées de brigands», ainsi qu'elles sont désignées
dans le pays. Ce danger imaginaire fut sans doute
déterminé par l'exaltation des esprits et par les
bruits, mal interprétés et exagérés, qui se répandi-
rent en province après les événements du 14 juil-
let 1789.
D.g.tizedby Google
■ de Mirabeau après la séparation. — L'abandon. ■- Mirabeau
et la Révolution. — Cabanis. — Mort de Mirabeau.
Quoique séparés judiciairement, le marquis de
Mirabeau et sa femme n'en continuèrent pas moins
à se f^ire la guerre. Dès qu'elle fut installée à
Aigueperse, M°" de Mirabeau organisa sa maison et
appela à son service tout un contingent de régisseurs
etd'avocatsqui ne firent que l'exploiter odieusement.
Très fière de sa noblesse, forte de ses droits sei-
gneuriaux, elle entendit défendre ses immunités et
prérogatives contre les prétentions des bourgeois
de sa baronnie. Puis elle se rendit dans sa terre de
Brie dont elle avait cbassé sa fille, la marquise du
Saillant, quelque temps auparavant.
Se retournant ensuite contre son mari, elle exigea
que le règlement des comptes qu'ils avaient ensem-
ble fût rapidement liquidé. Le marquis, à ce mo-
ment, était dans une situation très précaire. Le
jugement rendu contre lui ne lui permettait plus
désormais de jouir de la fortune de sa femme et
M"" de Pailly lui réclamait plusieurs milliers de
francs qu'elle lui avait prêtés jadis. 11 avait aussi
aliéné ses forges du Limousin pour pouvoir donner
de l'extension aux mines de Glanges, près de Pier-
rebuffière, en affectant à cette exploitation le produit
de la vente des forges ; mais il n'avait pu faire
admettre que cette opération avait été consentie par
D.g.tizedby Google
- 512-
sa femme. Ce qui Tobligea à rembourser à celte
dernière l'argent provenant de cette mutation. Par
surcroît, la santé du marquis, ébranlée par tant de
vicissitudes et de déboires ajoutés au poids des ans,
ne laissait pas que d'inspirer de sérieuses inquié-
tudes. La liquidation fut donc longue et difficile.
Quand elle fut terminée, les deux époux s'aperçu-
rent qu'ils étaient, l'un comme l'autre, ruinés. La
passion du jeu, le désordre de sa maison, les procès,
la nuée d'agents qui vivaient aux dépens de ses
caprices, de ses fantaisies et de ses prodigalités,
devaient avoir bien vite raison de l'immense fortune
do la marquise.
La venue de M'"" de Mirabeau dans ses terres
limousines avait, comme on l'a vu, rempli de joie
ses vassaux, qui croyaient devoir compter sur sa
générosité et sa bonté d'âme. Us ne tardèrent pas
à s'apercevoir que leur confiance avait été mal pla-
cée. Les longues querelles qu'elle avait eues avec
son mari, les graves dissentiments qui avaient éclaté
entre elle et ses enfants, ses séquestrations, le tout
joint à.ses insticts turbulents et cbicaniers, avaient
aigri le caractère de la fille du baron de Pierrebuf-
fière. Elle conserva d'assez bonnes relations avec la
haute société limousine, mais elle s'aliéna par des
tracasseries inopportunes, par des exigences souvent
dures, toute la classe des bourgeois, des artisans et
des paysans, u Ils furent sans pitié à son égard, dit
l'abbé Granet. Tous ses malheurs les laissèrent
froids. Cependant, si les habitants de Pierrebuffière
avaient voulu réfléchir un moment, ils lui auraient
trouvé une excuse ; elle fut si malheureuse, si sou-
D.g.tizedby Google
vent victime ; victime de ses parents qui rélevèrent
mal, victime de son mari, des hommes d'affaires
qui se coalisèrent pour la tromper et la voler, enfin,
victime de son propre caractère dont les emporte-
ments lui firent tant d'ennemis. Mais les masses
n'ont guère de commisération pour un adversaire,
et M™* de Mirabeau en fut un pour les bourgeois de
Pierrebuffière. Son langage trouve encore son par-
don dans l'état de détresse où la marquise était
alors ».
« Elle se trouvait des droits là où elle n'en pos-
séda jamais; elle s'était fait une conscience de
propriétaire noyé et si, comme nous le dit Bossuet,
l'homme qui est dans le besoin perd la moitié de
son esprit, jl n'en restait plus guère à la marquise.
Il fallait se défendre contre ses prétentions, mais il
fallait aussi l'excuser. Ignorante des affaires, elle
était entourée de gens avides, dont quelques-uns
s'enrichirent de ses dépouilles, qui lui donnèrent
les plus mauvais conseils, lui firent entreprendre
des procès absurdes qu'elle perdit nécessairement.
Assez peu intelligente pour le comprendre, elle les
supporta jusqu'à la fin et ce n'est que quand ils
eurent achevé sa ruine qu'elle les congédia les uns
après les autres».
La marquise tombait de plus en plus dans un état
de dénùment complet. Après avoir diminué son
train de maison, congédié ses domestiques les plus
fidèles, elle emprunta de l'argent à de forts intérêts
et continua ainsi à se faire exploiter. Elle en était
réduite, nous apprend l'auteur de Madame de
dbyGopglc
MirabeaUf à demander à son homme d'aftaires du
fil blanc pour se faire des bas de dessus^ du linge et
de la toile à chemise. Par sa façon de faire, elle
justifia cette opinion du bailli de Mirabeau, qui
écrivait à son frère : « Rends-lui sa liberté et ses
biens, elle se chargera elle-même de te venger et
de te justifier ».
Elle vint à Paris dans le but de se procurer de
l'argent, mais elle ne put trouver personne qui con-
sentit à lui rendre service. Son fils aîné, réconcilié
avec elle, avec des alternatives de hauts et de bas,
lui négocia un emprunt qui réussit. Mais il était
msuffisant pour la remettre à flot. Sans doute,
toute la fortune des Yassan n'avait pas sombré ;
il en restait encore de beaux morceaux, mais l'ar-
gent ne passait entre ses mains que pour aller
emplir les poches de la meute des créanciers qu'elle
avait à ses trousses.
Bientôt M"* de Mirabeau connut la noire misère.
Elle ne buvait plus de vin et n'avait souvent pas de
quoi payer les envois de victuailles que M. de
Magardeau lui adressait du Limousin . Chassée, pour
faute de paiement, des appartements qu'elle occupa
successivement à Paris, elle s'en fut dans un taudis
de la rue Saint-Dominique. Le vide se fît peu à peu
autour d'elle. Son fils aîné, qu'elle accusait de
l'avoir trompée dans l'emprunt qu'il lui négocia,
l'avait abandonnée ; son autre fils^ André- Bon iface,
dut rompre aussi avec elle parce, qu'il avait refusé
de lui présenter sa femme, le lendemain de son
mariage, afin d'épargner à son épouse le spectacle
attristant de tant de détresse ; sa fille, la marquise
D.g.tizedby Google
de Cabris, ne la voyait plus. Quant à M"* du Saillant,
il y avait longtemps qu'elle était brouillée avec elle.
« Les douleurs me dévorent, mon cher Magar-
deau, écrivait M°" de Mirabeau, mais les peines me
torturent bien davantage. Je suis seule maintenant,
je n'ai plus d'enfants, je n'ai que des ennemis. Ils
ont pris à lâche sans doute de continuer l'œuvre
de persécution de leur père qui se meurt. Mais si
les forces diminuent chez moi, le courage ne s'af-
faiblit pas et la volonté est encore énergique. Je
voudrais quitter la capitale et retourner en Limou-
sin. Mais bien des choses me manquent : tout d'abord
les moyens de faire le voyage ; je n'ai pas d'argent...
Si Monsieur meurt (on dit qu'il est si malade), je
veux punir les ingrats et disposer de mon bien
suivant mon cœur, et mes enfants reconnaîtront,
mais trop tard, que si la nature réclame ses droits,
la justice a aussi les siens.. . b
Cependant de graves événements se préparaient.
Le roi, justement ému de la situation malheureuse
dans laquelle se trouvait la France, venait de déci-
der la convocation des Etats-Généraux du royaume.
Pendant que Mirabeau lejeune, André- Boniface, se
présentait avec succès aux suffrages de la noblesse
du Haut- Limousin, son frère aîné, Gabriel -Honoré,
dédaigné des nobles qui ne pouvaient lui pardonner
ses frasques de jeunesse, sa séparation avec la fille
du marquis de Marignane, se faisait élire par le
Tiers-Etat de Provence, à Marseille et à Aix.
Il n'entre pas dans le cadre de cette étude de par-
ler du l'Ole politique de Mirabeau l'alné à l'Assem-
blée Constituante. On sait quelle énorme influence
D.g.tizedby Google
il exerça sur la marche des idées réformistes de
1789 et avec quelle maîtrise il s'affirma comme
orateur et comme homme d'Etat.
« Et cependant, malgré ses dons incomparables
d'éloquence, nous dit M. Auguste Dide, malgré
son art de grand séducteur, Mirabeau fut mal ac-
cueilli à Versailles, et arriva à la gloire sans par-
venir à la considération. On ne lui parlait pas; on
considérait, même à gauche, sa présence comme un
scandale. Outre que ce transfuge de la noblesse
n'inspirât nulle confiance, une légende déshono-
rante s'attachait à son nom. Les calomnies de son
père avaient fait leur chemin, et tous les vices sem-
blaient marqués hideusement sur cette figure rava-
gée. UAmi des Hommes, qui avait obtenu contre
son fllsjusqu'à dix-sept lettres de cachet, avait laissé
publier, lors du procès d'Aix, un recueil de ses
lettres intimes où il disait de Mirabeau tout ce que
pouvaient lui inspirer la colère et la haine. Dénoncé
comme un mauvais fils, un mauvais époux, un
mauvais père, signalé comme un écrivain vénal et
sans honneur, accusé de toutes les bassesses et
presque de tous les crimes, comment Mirabeau
aurait-il pu être tenu pour un bon citoyen ? Déboires,
affronts, mépris les moins déguisés, il subit tout et
accepta tout. « Dans certains moments, écrit Etienne
Dûment (son secrétaire), il aurait consenti à passer
à travers les flammes pour purifier le nom de
Mirabeau. Je l'ai vu pleurer, à demi suffoqué de
douleur, en disant avec amertume : « J^expie bien
cruellement les erreurs de ma jeunesse » . Le
'^8 avril 1790, il écrivait à La Favette : « Je suis sans
D.g.tizedbyGoOglC
cesse dévoré par ces vers rongeurs qui répandent un
si cruel poison sur ma vie, qui me rendent le moin-
dre succès, la moindre faveur populaire, mille fois
plus difficile à obtenir qu'à tout autre » (i).
D'autre part, notre distingué compatriote, M. J.
Roux , a tracé de Mirabeau le portrait suivant dans
les Nouvelles Pensées :
« Mirabeau, trop élevé par les uns, trop rabaissé
par les autres, apparaît colossal dans sa taille vraie.
» L'homme fut ce que Ton sait ; le citoyen n'est
pas sans reproche ; l'orateur est admirable.
» Démosthène, O'Connell, voilà les deux bouches,
surtout les deux cœurs qu'il n'égala point; le reste
vient après lui.
« Timon-Cormenin raconte que Mirabeau, hideux
à voir de près, se détachait à distance majestueux
et splendide. Tel est son verbe, rugueux et âpre à
lire, sans doute large, et retentissant, et superbe à
entendre.
» Qu'il est incorrect, désordonné, inégal. Sur
quels cahots sa [lensée roule, sa parole rebondit !
s Mais aussi quel souffle robuste ! quelle langue
subjuguante! quelle vue prophétique!
» C'est une fournaise chauffée sept fois, où tout
s'abîme, se fond et se transforme.
» Son verdict, quel qu'il soit, est sans appel ; il a
droit de vie et de mort.
» Trop philosophe, il confondit ce qui passe et
ce qui demeure, le règne de l'homme et le règne
(1) Auguste Dide. Lef ornleurs de l'Af»cmbléc Continua
[La Héootulion françatie, revue, iS&l).
Dijiiizedb, Google
_ 518 —
de Dieu. Nos ancêtres disaient : « Le Christ aime les
Francs », Chriatus amat Francos. L'amant de
Sophie ne voulut pas de cet amour des Francs et
du Christ ; n'osa-t-il pas s'écrier : « Je décatholici-
serai la France ! » Toujours ce rêve des âmes
ï Barnave, Maury, Cazalès sont orateurs de ta-
lent ; par malheur, la passion leur manqua, cette
mystérieuse passion qui fmit le plus souvent par
obtenir gain de cause.
B Regardez Mirabeau, regardez-le! Il se lève, se
dresse, se dilate, se hausse à l'inûni ; et puis, tom-
bant profond et vaste sur l'adversaire, il l'écrase.
s Le Galiléen » lui-même, trahi par beaucoup
des siens, parut quelque temps reculer devant lui,
mais pour revenir victorieux et clément, nonobstant
les ruines amoncelées.
i> Puissant pour détruire, il lui fut refusé de sau-
ver la monarchie. Son cadavre précéda de peu le
corps décapité du roi.
a La Roche Tarpéienne est prés du Capitole! »
Cette menace païenne hantait ses lèvres. A la vérité,
il devait avoir moins que la Roche Tarpéienne,
moins que les Gémonies, l'égout !
i> Ce génie sinistre plongea, en s'éteignant, la
France dans la consternation, pareil à ces météores
dont l'apparition effraye et ravit, et qui laissent
après eux des ténèbres sans lueur, des terreurs sans
espérance... i>.
Au moment même où le peuple de Paris se dis-
posait à prendre la Bastille, le marquis de Mirabeau
mourut subitement, le 13 juillet 1789, à Argenteuil,
dbyGoot^lc
où il s'était retiré, en écoutant ta lecture d'une
lettre que lui faisait sa petite-fille du Saillant, la
marqt^ise d'Aragon. Il s'éteignit en présence de
M"" du Pailly, qui lui était restée fidèle dans tous
ses revers, de M"* du Saillant et de ses enfants, de
M"" la vicomtesse de Minibeau, sa belle-fille, et de
son fils Victor, mais loin de ses deux fils, Gabriel-
Honoré et André -Boniface, retenus à Paris et à
Versailles par les graves événements politiques qui
se déroulaient.
Mirabeau l'alné fut très chagrin de la mort de son
père, dont il oublia, à cette heure suprême^ tous
les torts : « La perte de mon père, écrivit-il, met en
deuil les vrais citoyens du monde s. Il faut dire, à la
décharge de l'Ami des Hommes, que le triomphe
de Gabriel-Honoré à l'Assemblée Nationale avait
fortement flatté son amour-propre et provoqué, de
sa part, des approbations et des encouragements.
Deux jours après la mort de son père, dans l'en-
ceinte même de l'Assemblée, à Versailles, Mirabeau
faisait la connaissance de notre compatriote, Caba-
nis (1). n lui fut présenté par Garât le jeune et
Volney. De ce moment, datent les relations cordiales
que le chef des Idéologues eut avec le puissant
orateur.
La santé de Mirabeau n'était pas des plus bril*
lantes. Sa vie agitée, ses diverses captivités, le sur-
menage qui résultait de la part qu'il prenait aux
affaires publiques, avaient quelque peu détraqué
son estomac. 11 pria Cabanis de lui donner ses soins.
(1) Ne à Cosnnc, près Brive.
dbyGoot^lc
Mais l'insouciance qu'il mettait le plus souvent à
ne pas suivre les ordres de son docteur, affectait
beaucoup ce dernier : « Ce pauvre Cabanis,. disait-
il, quelle journée cruelle je lui fais passer. Combien
il doit être en peine ! que d'inquiétude je lui
donne! »
Cependant le mal faisait de grands progrès. Mira-
beau dut s'aliter. Il ne devait plus se relever. A part
quelques intimes amis et Cabanis qui le soignait,
personne nefutadmisàvoir le malade. «Sa famille,
dit Cabanis dans son Journal de la maladie et
de la mort de Mirabeau, n'était pas exceptée des
ordres qu'il avait donnés à sa porte. On sait qu'il
avait peu de relations avec le plus grand nombre des
individus qui la composent. Leur opinion relative-
ment aux affaires publiques, et leur conduite parti-
culière, relativement à lui, le mettaient en droit
d'écarter des caresses feintes. Mais il avait toujours
aimé tendrement M"" du Saillant, sa sœur, femme
respectable, si digne de son affection par la noblesse
de son caractère, et par cette bonté touchante qui
la rend vénérable et chère à tout ce qui l'approche.
Il la fit prier de venir chez lui avec M"' d'Aragon, sa
fille, etavecses autres enfants, qu'il regardait comme
les siens propres ; et, dans un moment de calme, il
voulut la voir, pour la rassurer et lui donner les
dernières marques de ses sentiments plus que fra-
ternels ».
Depuis que Mirabeau s'était jeté dans le mouve-
ment révolutionnaire, M"" du Saillant avait ouvert
son salon aux amis politiques de son frère et même
à ses adversaires de la droite, qui ne dédaignaient
D.g.tizedby Google
pas d'entamer de vives mais courtoises discussions
avec le chef de la gauche. M°" du Saillant ne cessait,
d'ailleurs^ de recevoir de Mirabeau, soit par lettre
soit oralement, des avis sur la conduite des affaires
publiques. Maintes fois, il alla jusqu'à demander à
sa sœur des conseils et des indications. 11 n'est donc
pas étonnant, comme le dit Cabanis, que Mirabeau,
pendant sa maladie, ait sollicité la venue de M™ du
Saillant à son chevet.
Il en fut autrement de sa mère. La pauvre femme,
errante, misérable, délaissée de tous, était venue
chez son fils pour le voir : les portes lui furent
impitoyablement fermées. Une lettre, publiée dans
le Jownal de la Cour et de la Ville {l), portant
la signature de M"" de Mirabeau, nous apprend que
celle-ci accusait nettement M"" du Saillant de l'avoir
empêchée de recevoir le dernier soupir de son fils;
a Elle prétend, dit M. de Loménie, que la veille de
la mort du tribun, elle est restée six heures et
demie dans sa cour, sous un hangar, sans pouvoir
obtenir qu'on lui permit de le voir ; mais comme
elle avoue naïvement que rien ne l'aurait empêchée
de monter « si je n'avais pas craint, dit-elle, une
révolution et qu'on ne m'accusât de l'avoir fait
mourir», elle justifia elle-même sa fille qui, cer-
tainement, n'aurait pas pris sur elle d'empêcher
cette dernière entrevue entre la mère et le fils, si
le mourant, qui, d'ailleurs, avait toute sa tête, ne
s'y était absolument opposé. La protestation se
termine brusquement par cette phrase curieuse où
(1) Journal fondé par le Tutur marécbal Hruae.
D.g.tizedby Google
l'on voit, sous le masque de la nière désolée, percer
le sentiment qui chez elle domine tous les autres :
« J'avais et j'aurais tout fait pour sauver ce fils,
pour lequel je m'étais engagée dans des temps
malheureux et je n'en suis pas encore libérée ».
Cabanis avait ordonné, pendant les dernières cri-
ses, du quinquina, dans le but de faire tomber la
fièvre. Le médicament eut peu de succès: «Tu es
un grand médecin, dit Mirabeau à Cabanis, mais il
est un plus grand médecin que toi, l'auteur du vent
qui renverse tout, de l'eau qui pénétre et féconde
tout, du feu qui vivifie ou décompose tout ».
Le vendredi, quatrième jour de sa maladie,
M"' de Mirabeau envoya son curé à son fils. Le prê-
tre resta trois heures dans l'antichambre sans par-
venir à être introduit auprès du moribond.
Le matin du jour où il devait mourir, Mirabeau
fit ouvrir les fenêtres de sa chambre et dit à Cabanis :
« Mon ami, je mourrai aujourd'hui. Quand on en
est là, il ne reste plus qu'une chose à faire: c'est
de se parfumer, de se couronner de fleurs, et de
s'environner de musique, afin d'entrer agréable-
ment dans ce sommeil dont on ne se réveille plus ».
Il lui dit encore ; « Approchez donc, Monsieur l'ama-
teur des belles morts, vous verrez la mienne ».
a Les douleurs devenaient atroces, dit Cabanis
dans son journal publié en l'an XL On me trompe,
dit à La Marck, le malheureux agonisant. — Non,
l'on ne vous trompe pas : le remède arrive ; nous
l'avons vu ordonner. — Oh ! les médecins, reprit-il.
Et se tournant vers moi, avec un air mêlé de colère
et de tendresse : a N'étiez-vous pas mon médecin
D.g.tizedby Google
et mon ami ? Ne m'aviez-vous pas promis de m'épar*
gnerles douleurs d'une pareille mort ? Voulez-vous
que j'emporte le regret de vous avoir donné ma
confiance? ^ Ces paroles, les dernières qu'il ait
prononcées, retentissent sans cesse à mon oreille.
11 se tourna sur le côté droit dans un mouvement
convulsif, et ses yeux s'étant élevés vers le ciel, il
expira dans nos bras vers les huit heures et demie.
C'est à peu près à la même heure que, la veille,
entendant tirer des coups de canon, il s'était écrié
comme en sursaut : « N'est-ce pas là le commence-
ment des funérailles d'Achille ?. . . » M . Petit, debout
et pensif au pied de son lit, nous dit: il ne souffre
plus».
Avant de mourir, Mirabeau prit ses dernières dis-
positions testamentaires. Il désigna son neveu, le
comte du Saillant, fils aîné de sa sœur, pour héritier
et légataire universel. Il laissa aussi des rentes via-
gères à ses nièces, à Cabanis et à diverses autres
personnes, et demanda à être enterré avec son père,
à Argenteuil.
La mort de Mirabeau fut considérée comme une
calamité publique et plongea Paris dans une morne
et profonde tristesse. On fit au célèbre tribun des
funérailles magnifiques et son corps, contrairement
à sa volonté, fut porté au Panthéon, ouvert depuis
peu aux mânes des grands hommes ! (1).
(1) plus tard, quand la passion politique s'acharna sur la mémoire
de Mirabeau, que l'opiniou accusait de trahison et de vénalité, son
corps fut retiré du Panthéon. Îa popularité est la grande impudi-
que ! Aujourd'hui elle adule, demain elle ch&tje cruellement se^
idoles de la veille I...
D.gtzedbyGoOgIC
Dijilizedb, Google
Les dernières années de M" de Mirabeau. — La vie d'André-
Boniface dit Mirabeau- Tonneau. — Le champioa de l'eitréme-
droite. — A l'année de Condé : Les Minbeaux. — La descendance
limousine des Mirabeau.
L'état de détresse, dans lequel M"' de Mirabeau
était tombée en 1791, n'avait pas mis un terme
aux débordements de son humeui- processive. Fu-
rieuse de voir que le testament de son fils aîné
était muet à son égard et qu'il favorisait les enfants
du Saillant, elle résolut de l'attaquer et, à cetefFet,
ouvrit la procédure.
Seule, abandonnée de tous les siens, sans argent,
couverte de dettes, elle chercha à entrer en grâce
auprès de son second fils, le vicomte André-Boniface
et parvint à se réconcilier avec lui . « Je t'ai toujours
regardé, lui écrivait-elle, mon cher fils, comme ma
consolation ; j'en ai besoin, la nature ne perd jamais
ses droits ; au moment où j'ai appris la maladie de
ton frère, j'ai resté six heures et demie sous un
hangar, dans sa cour, sans lui faire dire, de peur de
lui causer une révolution. Les autres jours, j'étais à
sa porte pour en savoir à chaque minute des nou-
velles, les cinq jours de sa maladie étant chez une
amie. Cette M"' du Saillant s'est emparée de lui
ainsi que son fils ; ils avaient leur raison, ainsi que
ses filles ; ils avaient gagné les mauvais sujets qui
entouraient mon fils ». Elle ajoute qu'elle va atta-
quer le testament, se basant sur l'interdiction civile
T. XX. * - 4
D.g.tizedby Google
qui frappait Mirabeau l'atné depuis 1774 et lui
enlevait la liberté de tester.
Au moment où Mirabeau était en pleine popula-
rité, sa mère s'était souvent présentée chez lui à
a l'état de créancière exigeante et irritée n, il avait
fini par lui condamner sa porte, ce qui explique sa
sévérité à l'égard des amis de son fils qui recueilli-
rent son dernier soupir.
Les années suivantes n'apportèrent aucun chan-
gement à la situation matérielle de M"" de Mirabeau.
Le vide s'était fait de plus en plus autour d'elle.
« 11 est cruel pour moi, disait-elle, d'être séparée de
toute ma famille, en butte à toutes les horreurs, ne
respirer que des regrets et n'exister que par la
douleur ».
La marquise continua donc à vivre d'expédients,
loin des siens, dans un état de gène permanent. Elle
tira de son notaire autant d'argent qu'elle put, en
dépit de ses résistances ; mais un abbé, qui lui ser-
vait de soutien et de consolation suivant ses propres
expressions, acheva de la gruger.
Cependant les événements politiques prenaient
une tournure peu favorable aux personnes d'origine
noble. Après la chute des Girondins, tout ce qui était
réputé, soit par le nom, les attaches de famille,
soit par le regret que pouvait causer la disparition
de l'ancien ordre de choses, entaché d'aristocra-
tisme, fut déclaré suspect. M"" de Mirabeau, par
son passé, son rang, le nom qu'elle portait, ne
pouvait échapper aux suspicions des « patriotes ».
Elle fut-arrètée vers le milieu de l'année 1793 et
emprisonnée.
,ï Google
- 527 —
Peadant sa captivité, elle fit montre du plus
ardent « civisme » . Tout porte à croire que ses opi-
nions républicaines qu'elle affirmait hautement,
jointes à l'état de détresse dans lequel elle se trou-
vait au moment de son incarcération, sauvèrent de
l'échafaud la veuve de VAmi des Hommes, mère
de Mirabeau l'ainé et de Mirabeau -Tonneau, — émi-
gré, ayant porté les armes contre son pays, — et deux
fois noble par le sang et par son alliance avec le
marquis de Mirabeau.
Cependant, le Neuf-Thermidor ne lui ouvrit pas
de suite les portes de sa prison. Ce n'est qu'en sep-
tembre 1794 que la s citoyenne Mirabeau » fut re-
laxée. Elle ne devait pas jouir longtemps de la vie et
de la liberté, car, deux mois après sa libération, elle
mourut, en novembre 1794, à l'âge de 69 ans, en
laissant plus de quatre cent mille livres de det-
tes!... (1).
Il nous faut, k présent, fixer notre attention sur
le second fils du marquis et de la marquise, le
vicomte André-Boniface-Louis. Pour être moins
connu et moins célèbre que son aîné, il n'en est
pas moins intéressant à étudier dans son existence
tourmentée et aventureuse de gentilhomme soldat
et d'homme politique.
Il naquit au Bignon le 30 novembre 1754 ; fait
chevalier de Malte à son berceau, il fut tout d'abord
élevé dans sa famille, puis chez les Barnabites de
Montargis.
(1} Voir à ce sujet les tomes IV et V de l'ouvrage de Loménie,
Les Miraiteau.
Dijiiizedb, Google
— 528 —
Son père eut une affection toute particulière pour
lui, parce que, disait-il, ce iils lui rappelait tous les
caractères de sa lamille, et il le désignait sous le
nom a d'enfant chéri ». Sa grand'-mère de Vassan,
frappée de sa gentillesse, de ses espiègleries, avait
pour lui des trésors de tendresses. Aussi, quand elle
crut devoir se séparer de sa fille et qu'elle s'en fut
vivre en Bas- Limousin, elle amena son petit-fils
bien-aiméj encore adolescent, au Saillant, où il
passa plusieurs années.
Nous avons vu, par une lettre de Mirabeau l'aîné,
que le séjour du Saillant avait rendu crapuleux,
suivant ses propres termes, son cadet André-Boni-
face.
A quoi a-t-il voulu faire allusion? Arrétait-il les
gens sur les routes, comme le fît, plus tard, Gabriel-
Honoré et comme l'abbé Granet semble le croire?
Nous avons démontré l'inanité de cette accusation
et nos observations à ce sujet fussent-elles insuffi-
santes, que le jeune âge du vicomte devrait faire
écarter cette hypotbèse. Prit-il, sur les coteaux de
Vertougis et du Saillant, au moment de la vendange,
ces habitudes d'intempérance qui le firent désigner
plus tard, par les parisiens, sous le sobriquet de
Mirabeau -Tonneau? C'est possible, mais non
démontré. Peut-être Gabriel • Honoré a-t-il voulu
simplement qualifier de crapuleux la liberté que
prenait André-Boniface de se mêler aux jeux des
enfants de son âge, fils des vassaux et manants de
son beau-frère du Saillant, et d'être le héros de mille
bons tours auxquels le portaient naturellement son
humeur joviale, son tempérament vif et emporté.
D.g.tizedby Google
En 1772, deux ans après la mort de sa grand'-
mèi-e de Vassan, qui, dans son testament, lui con-
sacra une clause spéciale, Mirabeau le jeune, à
peine âgé de 18 ans, entra au régiment de Berri-
Cavalerie, où servait son aîné. 11 s'y lit remarquer
par une conduite exemplaire et des aptitudes mili-
taires de premier ordre.
Absorbé par la carrière qu'il avait embrassée,
André- Boni face ne semble pas avoir pris parti,
ostensiblement du moins, dans les conflits de sa
famille. D'ailleurs, l'affection de son père et des
du Saillant pour lui ne pouvaient que le ranger de
leur côté.
A deux reprises différentes, il fit la guerre de l'in-
dépendance des Etals-Unis d'Amérique, s'y signala
par des prodiges de valeur et fut blessé quatre fois.
Mais il ne rapporta pas de son exode au-delà des
mers cet amour de la liberté qui enflamma les La
Fayette et les Rochambeau. Nommé colonel du
régiment de Touraine, le vicomte de Mirabeau
épousa, en 1788, M'" de Robien, d'une noblesse
bretonne.
En 1789, lorsque le roi convoqua les Etats-Géné-
raux, André-Boniface, qui avait relevé le titre de
baron de Pierrebufïière , tombé dans sa famille,
revint en Limousin, comme représentant de sa
mère. En cette qualité, il fut porté sur la liste des
gentilshommes qui devaient prendre part aux élec-
tions des députés de la province. La noblesse du
Haut-Limousin le cboisit comme secrétaire de ses
réunions et ce fut en cette qualité qu'il participa à
la rédaction des cahiers de son ordre.
D.g.tizedbyGoOglC
Lors de l'agitation qui précéda la nomination des
députés en Limousin, le vicomte de Mirabeau publia
les Réflexions d'un gentilhomme du Haut- Li-
mousin .présentées à l'Assemblée de V ordre de
la noblesse de cette province, opuscule qui con-
tenait des vues patriotiques très élevées et qui fît
une grande impression dans le pays.
Au moment des élections, il posa sa candidature
et fut élu député, après trois tours de scrutin, con-
tre le comta de Jumilhac, le 22 mars 1789(1).
A l'Assemblée nationale, le vicomte de Mirabeau
se fît remarquer par sa verve caustique, ses saillies
brillantes, sa bonne humeur, l'eicentricité de son
caractère, l'impétuosité de son tempérament. Il
s'affirma comme un cbaud et virulent défenseur de
l'ancien régime, comme un adversaire violent et
résolu des réformes. Il se trouva ainsi contraster
singulièrement d'opinion et d'attitude avec son
frère aîné, un des chefs les plus redoutables de la
gauche. L'extrérae-droite, dont le vicomte était
souvent le champion, trouvait piquant, comme le
dit M. Aulard, que a lorsque un Mirabeau avait
parlé en faveur de la Révolution, qu'un autre Mira-
beau plaidât aussitôt la thèse contraire ».
« Si l'on veut avoir une vision complète de Mi-
rabeau (l'alné) à la tribune, il faut se le représenter
harcelé d'injures ou de plaisanteries par son gro-
tesque cadet, pauvre diable vaniteui, spirituel et
né pour d'autres temps, qui eût été peut-être à sa
(t) A. Fray-Fournier: Cahiert de» doléances suivis de docu-
ments el notices sur les députés de la /fa w(e- Vienne il l'Avem-
blée Constiluanle de 1189 {Société des archives historiques du
Limousin, Limoges, 1S'J3).
Dijilizedb, Google
— 531 —
place dans ce xvi* siècle, où chaque jour on pouvait
lancer un coup d'épée et un bon mot, mais dépaysé
et mal à son aise au milieu d'une révolution popu-
laire » {1). Son frère fut néanmoins toujours bon et
indulgent pour lui.
L'éloquence du vicomte était facétieuse, acerbe et
mordante. Souvent, l'invective remplaçait, dans
ses discours, l'argument, et maints incidents, pro-
voqués par ses sarcasmes, jetèrent le trouble dans
l'enceinte législative. « Parfois, cependant, ajoute
M. Aulard, Mirabeau-Tonneau arriva au véritable
esprit, à l'esprit naturel et gai des grands seigneurs
lettrés du xvm' siècle ».
Lors de la fusion des Trois Ordres, le vicomte
de Mirabeau s'opposa de toutes ses forces à cette
mesure. Il alla jusqu'à faire juge de sa conduite ses
électeurs, en les priant de vouloir bien lui désigner
un suppléant au cas où il ne croirait pas devoir
reprendre sa place dans l'enceinte législative si l'As-
semblée se prononçait pour le vote par tête.
Le 26 juillet 1789, les gentilshommes des séné-
chaussées de Limoges et de Saint- Yrieix, se réuni-
rent et élirent le baron des Renaudies pour remplacer
Mirabeau aux Etats-Généraux s'il persistait dans sa
résolution. Par résignation ou calcul politique, il
continua de siéger.
Pendant les premiers mois qui suivirent la réu-
nion dès Etals-Généraux, le vicomte de Mirabeau
était souvent désigné, dans le public et les gazettes,
sous le nom de Mirabeau le Limousin, tant pour
(1) Aulard : Le» orntevrt de l'Assemblie ConsUtuante.
D.g.tizedby Google
ie distinguer de son frère que pour lui reconnaître
la qualité de représentant de la noblesse de la séné-
chaussée de Limoges. Mais cette appellation dût
céder bientôt la place à celle de Mirabeau-Ton-
neau. Les habitudes d'ivrognerie auxquelles il
s'adonnait, les dîners fins qu'il prenait, lui valurent
ce sobriquet qu'il a gardé devant l'histoire. Ses dif-
formités physiques, — un gros ventre portant sur
de petites jambes grêles, — n'étaient pas aussi sans
justifier cette épithète, dont les caricaturistes s'em-
parèrent avec joie. Ils le représentaient tenant d'une
main un verre, de l'autre une bouteille ; ses bras
étaient des cruches^ son corps un tonneau, ses
cuisses des barils, et ses jambes des bouteilles ren-
versées.
Il fut à la fois populaire et impopulaire dans les
milieux parisiens.
Si le public le détestait pour ses opinions contre-
révolutionnaires, il le prisait fort aussi pour son
esprit, ses sarcasmes, ses tours pleins de malice et
sa façon chevaleresque de mettre à tout propos flam-
berge au vent. Ses duels eurent un grand retentis-
sement et ses équipées, de mauvais goût le plus
souvent, finirent toujours par placer les rieurs de
son côté, a Dans une famille, disait-il, je passerais
pour un mauvais sujet et un homme d'esprit;
dans la mienne, je suis un sot et un honnête
homme ».
Un jour qu'il était poursuivi, dans les Tuileries,
par une bande d'énergumènes qui criaient : A la
lanterne ! Mirabeau se retourna gracieusement
vers ses agresseurs, leur tira son chapeau, une ré-
D.g.tizedbyGoOglC
vérence et, demi-sourianf, demï-séi-ieux, se mit à
chanter l'air d'iphigéjiie, de Glûck :
Que j'aime à voir les hommages flatteurs
Qu'ici l'on s'empresse à me rendre !
Et tout le monde de rire et d'applaudir le facé-
tieux vicomte.
Un autre jour qu'il dinait au restaurant Beauvil-
liers, au Palais-Royal, il se prit à insulter, du balcon,
les passants. Ceux-ci, furieux, s'ameutèrent pour
faire un mauvais parti à Mirabeau -Tonneau, ivre,
suivant son habitude. Devant le danger, il tire son
épée, s'adosse à un mur et tient tète aux assaillants.
Une patrouille vint le délivrer. A son frère, qui
était accouru au bruit et qui lui reprochait son in-
tempérance et son humeur mutine, il dit: a De
quoi vous plaignez- vous, monsieur mon frère? De
tous les vices de la famille vous ne m'avez laissé
que celui-là ».
Vers la fin de l'année 1789 et le commencement
de 1790, des troubles graves éclatèrent dans le
Quercy et le Bas-Limousin, en particulier à Favart,
près Tulle, à Saint-Julien-Maumont, à Lissac et à
Allassac, près Brive. La maréchaussée, la garde
nationale, les autorités furent à peu prés impuis-
santes à rétablir l'ordre. Les paysans, surexcités,
brûlèrent et pillèrent ; le sang coula. Le vicomte
de Mirabeau dénonça ces excès à ta tribune de
l'Assemblée et demanda le châtiment des fauteurs
de désordre.
Si nous en croyons M. l'abbè Marche (1), qui
(t) Allastac et ses annexes (Bullelin de la Société scienlf/ique'
D.g.tizedby Google
tient le renseignement de M. Paul de Lamaze, le
château de Roffignac-lès-Allassac aurait été attaqué,
. le 99 janvier 1790, par quatre mille émeutiers, à
l'instigation de Mirabeau avec lequel Jean-Antoine
Pradel de Lamaze, ancien lieutenant-général de la
sénéchaussée d'Uzerche, avait eu querelle. Nous
nous trouvons en présence, ici, d'une tradition de
famille que ne corrobore aucun document et qui
nous semble assez peu vraisemblable. Est-ce de
Mirabeau l'ainé dont il s'agit ou de Mirabeau le
jeune? Nous ne savons. Selon toute apparence, c'est
l'orateur qui serait visé, car il dût connaître les de
Lamaze de Roffignac lors de son séjour au Saillant,
en 1781 (1).
André-Boniface défendit ardemment les intérêts
de sa province toutes les fois qu'il en eût l'occasion.
Lorsque le gouvernement fît relever les murs de
clôture de Paris, il insista pour que les maçons li-
mousins, qui avaient travaillé dans ce but, fussent
promptement payés. Il fit aussi accorder à la mu-
nicipalité de Limoges des secours, à raison de la
disette, pour venir en aide aux journaliers et pour .
faire ouvrir des ateliers de charité (2).
En dehors de l'Assemblée Constituante, Mirabeau-
Tonneau combattit, en faveur de l'ancien régime,
dans les Actes des Apôtres, gazette royaliste, dans
la Lanterne magique, où ses burlesques et mor-
hittorique et archéologique de la Corréze, de Brive, tome XX
paite 374).
(1) Ce village est situé à une demi-lieue d'Alfassac.
(2) A. Fray-Fournier, op. cit.
D.g.tizedby Google
— 535 —
dantes saillies firent rage, et dans un recueil de
contes.
En juin 1790^ le vicomte ayant eu connaissance
que deux officiers de son régiment de Touraine, en
garnison à Perpignan, avaient été cassés et rempla-
cés sans son assentiment, il partit pour le Roussil-
lon. A son arrivée, une députation de ses officiers
vint le trouver pour lui exposer les faitsqui s'étaient
passés et les justifier. Il refusa de l'écouter et, tirant
son épée, fonça sur elle et blessa trois officiers,
pendant que les autres prenaient la fuite. Puis, il
se saisit des cravatesdes drapeaux, clandestinement,
et partit pour Castelnaudary où il fut arrêté.
De ce temps, les soldats du régiment de Touraine,
rendus furieux par la disparition des cravates, firent
peser sur le maire de Perpignan la responsabilité
de ce rapt et le mirent en prison. Cet incident fit
grand bruit et fut porté à la tribune de l'Assemblée
Nationale . Ordre fut donné de relaxer Mirabeau-
Tonneau; couvert par l'inviolabilité parlementaire.
Il quitta Castelnaudary et gagna Paris par Tou-
louse, Montauban et Limoges, après avoir passé par
Brive: «J'arrivai à Brive, dit-il, à la pointe du
jour; je ne sus que depuis que cette bonne ville
avait brigué l'honneur de me pendre et qu'on y
faisait journellement, en m'attendant, des motions
tendant à l'accomplissement de ce devoir patrioti-
que ; heureusement pour moi, le civisme sommeil-
lait, et je passai sans être reconnu (1). Ne connais-
sant pas les dispositions de mes chers commettants
D.g.tizedby Google
à mon égard, je résolus de fermer les jalousies de
ma voiture et de traverser rapidement la province
(le Limousin), qui m'a fait assurément beaucoup
d'honneur en me députant aux Etats-Généraux,
mais qui eût pu beaucoup mieux choisir pour mon
repos » (1).
De retour à Paris, il plaida sa cause, devant l'As-
semblée, en termes plaisants et mesurés. On passa
à l'ordre du jour, mais les parisiens lui décochèrent
un nouveau sobriquet, celui de Mirabeau-Cravate.
Lorsque les frères du roi et les grands seigneurs
quittèrent la France, Mirabeau -Tonneau fut un des
premiers à émigrer.
D'Aix-la-Chapelte, il écrivit au président de l'As-
semblée Nationale lui déclarant qu'ayant quitté la
France, il ne se considérait plus comme député et
qu'il était toujours prêt à défendre le roi et ses pré-
rogatives. Plus tard, l'Assemblée législative, sur la
proposition de Carnot, décida de diriger des pour-
suites contre Mirabeau et plusieurs autres chefs
émigrés.
Le vicomte de Mirabeau s'était rendu en Savoie,
près de Chambéry, où il se mit en relation avec les
princes émigrés, alors dans le Piémont. « Il recru-
tait d'anciens soldats, les réunissait à des hommes
de son ancien régiment (de Touraine), et formait
un corps de troupes auquel il donnait le nom de
Légion de Mirabeau. Alors l'aventureux colonel
parle hautement de former le noyau d'une armée
royaliste, qui combattra pour le trône et l'autel.
(1) Voyage national de Mirabeau cadet, 1790, par (ut-mème.
Dijiiizedb, Google
- 537 —
» Ces bruyants propos et les projets belliqueux
qu'ils annonœnt agitent la province. Des représen-
tations sont faites à M. de Mirabeau par les magis-
trats savoisiens. Il se résout à se retirer en Allema-
gne, dans l'électorat de Trêves, où le comte d'Artois
vient d'arriver. Le prince de Condé, les ducs de
Bourbon et d'Engbien so sont fixés à Stuttgard.
» La Légion de Mirabeau, dont l'effectif ne
dépasse pas quatre cents bommes, parmi lesquels
cent officierSj se dirige sur la Suisse. Elle évite
Genève où domine l'élément révolutionnaire, longe
la partie occidentale du lac Léman , traverse le
canton de Vaud, atteint les rives de Neufchâtel,
séjourne dans cette ville, pour remonter au Nord
gagner Bàle et suivre la rive droite du Rbin Jusqu'à
Ettenheim, où le cardinal de Roban, souverain de
cette minuscule principauté, lui offre un asile.
» Cette marcbe ne s'était pas faite sans de réelles
difficultés. L'argent avait souvent manqué et on
avait parfois agi comme en pays conquis, réquisi-
tionnant les vivres et le logement. Des désertions
s'étaient produites dans les rangs de la petite
colonne, mais quand elle arriva à Ettenbeim, de
nouvelles recrues les réparèrent » (1).
Les émigrés et leurs troupes avaient indiqué
Worms et Coblentz comme points de rassemble-
ment. D'Ettenheim, Mirabeau et sa légion se rendi-
rent dans la première de ces deux villes, où le prince
de Condé s'était fixé.
La colonne de Condé se composait d'un effectif
(I) Histoire de l'armée de Condé pendant ta Réooivlion fran-
çaise (1791-1802), par René Bittard des Portes (Paris, Dentu, 1896).
D.g.tizedby Google
— 538 —
de 9.500 hommes environ. La légion de Mirabeau,
comprenant à la fois des troupes d'infanterie, un
corps de cavalerie et une section d'artillerie, en
tout 1.300 hommes, en faisait partie, et marchait
sous le commandement de son chef, le fougueux
vicomte.
La France ayant déclaré la guerre à l'Autriche,
après une virulente harangue de Vergniaud, le
20 avril 1792, et puis à la Prusse et au Piémont,
l'armée des Princes entra peu après en campagne et
appuya les mouvements des armées étrangères en
vue de marcher sur Paris, tout en gardant une
organisation autonome.
Cependant les succès des armées républicaines
avaient obligé l'ennemi et les émigrés à évacuer la
France. La retraite fut difficile et pleine de périls.
Dans toutes les opérations auxquelles la légion de
Mirabeau et son chef prirent part, ils se firent re-
marquer par une rare vaillance et une endurance à
toute épreuve. Voici qui peut en témoigner :
1 Mirabeau, dit le prince de Condé dans sa
Correspondance recueillie par le comte de La
Bouletière, m'a fait une équipée pour laquelle je
l'ai destitué du commandement de son poste et mis
aux arrêts d'où je ne l'ai fait sortir qu'aujourd'hui.
Imaginez-vous que, contre mes ordres, il a passé le
Rhin une nuit avec cinquante hommes, tué deux
sentinelles et ramassé sept prisonniers, sans avoir
essuyé un coup de fusil. On ne peut pas s'empêcher
de dire que cela est vigoureux et que cela prouve
comme ces gens-là se gardent; mais je l'en ai pas
moins puni, comme je le devais, pour le manque
dbyGoot^lc
de subordination. C'est un brave homme, mais une
tète bien dangereuse ».
Le prince de Condé,dans cette lettre, fait allusion
à l'échauITourée de Neuhœusel qui mit fort en colère
rétat-major autrichien dont les ordres avaient été
transgressés par Mirabeau -Tonneau.
Les parisiens n'avaient pas oublié le vicomte.
Leurs satires étaient allées le chercher jusque dans
les rangs des émigrés. Ne prétendaient-elles pas
que le commandant de la légion ne saurait passer
la frontière :
L'horreur de l'eau, l'amour du vin.
Le retiendront aux bords du Rhin.
chantait-on. Mirabeau voulut infliger un démenti à
ses détracteurs et en fut puni. 11 ne survécut pas
longtemps à sa disgrâce.
Miné par ses vices, épuisé par une campagne à
laquelle il se donna tout entier, Mirabeau-Tonneau
mourut le 15 septembre 1792, à l'âge de 38 ans, à
Fribourg-en-Br i seau .
a Le soldat aventureux, à l'esprit si caustique et
à l'incorruptible fidélité, succombait, le 15, à une
attaque d'apoplexie, qu'avait amenée un véritable
surmenage de fatigues physiques. Sa légion est
dans le délire de la douleur et de l'abattement, disait
le prince (de Condé) » (1).
Mirabeau-Tonneau est-il vraiment moit d'une
attaque d'apoplexie, comme le porte l'acte officiel de
son décès? Rien n'est moins certain. Les uns pré-
tendent que c'est après une orgie qu'il expira ; les
autres des suites d'un duel. Lucas-Montigny a ra-
(l}Reué Bittard des Portes, op. cit.
D.g.tizedby Google
conté, d'après M"" du Saillant, « que M. le vicomte
s'était enferré lui-même dans l'épée d'un de ses
officiers sur lequel il s'élançait pour lui refuser sa
porte B .
L'action de Mirabeau -Tonneau à l'armée de
Condé, qui fut celle d'un véritable condottiere, ne
donna pas les résultats qu'elle aurait pu donner.
Son humeur fantasque et Indisciplinée, la jalousie
des autres émigrés, le mauvais vouloir des princes
et de leurs alliés, dit M. Aulard, semblent avoir
contrarié ses desseins. Les Autrichiens et les Con-
déens lui rendirent néanmoins les suprêmes hon-
neurs et son corps fut inhumé dans le cimetière
de Frihourg (1).
La présence de Mirabeau en Allemagne provoqua,
de la part des populations alsaciennes et du Cour-
rier de Strasbourg surtout, des sarcasmes et des
saillies mordantes. Comme à Paris, en 1789, le
vicomte se vit chansonné et caricaturé. On le re-
présenta à cheval sur un tonneau traîné par des
lièvres, une saucisse en main en manière de bâton
de commandement, excitant sa légion au combat.
A l'annonce de son décès, le CouTTÎer de Stras-
bourg s'écria : a Quelle perte pour les marchands
de vin ! d
Après la mort de son chef, la légion de Mirabeau,
— qu'on appelait aussi les Hussards de la Mort,
parce qu'elle portait un uniforme noir, parements
et collet bleu de ciel, décoré de têtes de morts, —
prit le deuil et fut commandée par son lieutenant-
(1) Un condottiere au xvin* siècle: Mirabeau-Tonneau, par le
docteur Joseph Sarrazin. Leipzig, 1S93.
dbyGoot^lc
-541 -
colonel, M. le marquis de la Féronnière. Elle se
distingua tout particulièrement dans les opérations
que Wurmaer dirigea en Alsace contre Gustine, en
1793, sur différents points des rives de la Lauter,
surtout à Kulsheim et à Berstheim.
On raconte que pendant cette dure campagne,
l'ordre avait été donné par les chefs étrangers de ne
point faire de prisonniers à l'armée républicaine et
d'exterminer tout ce qui tomberait au pouvoir des
Condéens. Il répugnait à des Français de se conduire
aussi inhumainement envers d'autres Français, com-
battant sous un autre drapeau. Deux cents républi-
cains avaient été capturés par les émigrés. « La
légion de Mirabeau, pour obéir à l'ordre, mais ne
voulant pas les massacrer de sang-froid, leur dit de
reprendre leurs fusils. Ces gens se battirent en dé-
sespérés et tuèrent assez de monde. Avec un peu
d'adresse, en les recevant comme déserteurs et
non prisonniers, on aurait épargné la vie à plusieurs
braves officiers qui furent tués dans cette qcca-
sion » (1).
Vers 1795, la légion de Mirabeau fut acquise de
la veuve d 'André- Boniface et de son fils Victor, par
le comte Roger de Damas. Sous ia direction de ce
nouveau chef, les « Mirabeaux » , — ainsi qu'on
désignait les légionnaires , — se signalèrent cons-
tamment par des actes d'héroïsme et des coups
d'audace qui faisaient l'admiration des soldats de
l'armée Condéenne. La tradition de chevaleresque
(1) Léonce Pingaud ; Campagne du comte Wurmaer m
T. XX.
D.g.tizedby.GoOglC
- 542 —
héroïsme, léguée aux Mirabeaux par son fondateur,
ne se démentit, d'ailleurs, pas un seul instant.
Pendant la fameuse retraite de Moreau à travers
la forêt Noire, les Condéens et l'ancienne légion de
Mirabeau inquiétèrent foi-t le commandant en chef
des armées du Directoire. « Sans cette poignée
d'émigré9,a-t-ildit,rarméeautrichîenneétaitàmoii'.
Lorsque l'armée du Rhin prit la route de Neu-
bourg à Augsbourg, les .Condéens, commandés par
le duc d'Enghien, essayèrent de lui barrer le pas-
sage. Unengagementtrèsvif eut lieu, près d'Aichach
et de Pœttmess, entre les républicains et les émi-
grés. A un moment donné, le feu de l'infanterie
française, qui faisait l'admiration du comte Roger
de Damas, commandant la légion de Mirabeau,
cessa brusquement. De leur côté, les condéens arrê-
tèrent leur attaque.
— « Que se passe-t-îl donc?» fit Damas.
B Chastellux, allez voir ! ajouta-t-il en se tour-
nant vers un émigré porteur du brassard bleu aus
trois fleurs de lys d'or des officiers de son ordonnance.
» Chastellux partit au galop ; il revenait cinq
minutes après, disant:
» — Les républicains n'ont plus de cartouches.
Ils en ont mandé de leur réserve et cessent momen-
tanément l'attaque. Je tiens le propos de leur géné-
ral, près duquel je me suis avancé en parlementaire.
Mirabeau a cessé le feu pour ne pas tirer sur un
ennemi désarmé.
» — C'est au mieux du monde, dit fièrement
Damas. J'eus été outré d'une conduite contraire! ..
Suivez-moi, messieurs.
dbyGoot^lc
Il Le colonel et son escoi-te piquaient déjà sur le
groupe de Tétat-major républicain, visible au coin
d'un bois, à quelque cent toises de là. À cinquante
mètres de là on s'arrêtait, déployant les mouchoirs.
La même politesse de mouchoirs blancs leur ré-
pondit. On continua d'avancer au pas, chapeaux
baissés; les républicains saluaient du sabre.
» — Est-ce au général Dumont que le comte de
Damas, propriétaire de la légion de Mirabeau, a le
grand honneur de parler?
» — A lui même, Monsieur, il est son serviteur.
» Mutuellement, cérémonieusement, les deux
chefs se nommaient les oniciers de leurs suites.
Chaque émigré sortait du rang à son tour, s'inclinait
sur sa selle, puis rentrait à sa place en faisant recu-
ler son cheval. Les républicains avaient imité ce
mouvement.
» — Nous cessons le feu, général, jusqu'à ce que
vous ayez reçu vos cartouches, dit Damas ; nous ne
voudrions pour rien au monde gâter une attaque
aussi remarquable que la vôtre.
ï — Je ne me permettrai pas, Monsieur le comte,
une délicatesse aussi accomplie ; elle nuirait sans
doute à vos intérêts militaires. Je préférerais même,
devant si galante insistance, que vous m'octroyiez
permission de vous servir à la baïonnette. J'ai
l'ordre, d'ailleurs, de coucher ce soir à Aichach.
» — Nous serions fort honorés de votre choc !
Mais qu'à cela ne tienne, répondit Damas, je dois
aller occuper pour demain Unter-Wittelsbach en
avant de votre poste. Je ne menais ce combat traî-
nant que pour intéresser ces messieurs de ma légion .
D.g.tizedby Google
— 544 —
Je puis donc vous offrir toute licence de gagner
Aichach en vous laissant la route. Veuillez bien
nous permettre seulement de saluer votre défilé.
» Des deux côtés, le ralliement avait sonné. Les
Condéens, formés en bataille à vingt-cinq mètres
sur le flanc gauche de la route, laissaient libre le
passage, Tarme au pied, feuilles de chêne au cha-
peau sur les cocardes blanches, ils attendaient le
défilé de l'avant-garde républicaine, dont les mu-
siques, massées en tête de colonne, entamaient, par
une délicatesse de Dumont, l'air savoyard des Alio-
broges au lieu de la Marseillaise, qui sonnait trop
l'échafaud ; tout s'ébranla.
B Lorsque les magnifiques soldats du Rhin, dans
leurs défroques de gloire, passèrent de ce pas élasti-
que que leur avaient donné vingt campagnes, on eût
dit que l'âme de nos Fastes vibrait dans leurs plu-
mets de crin, rayonnait au bronze de leurs poitri-
neSj chantait dans le feu de leurs yeux.
» Et quand, d'une vois étranglée de souvenirs, le
comte Roger de Damas (1), le héros d'ismaïlow,
d'Otchakow, commanda : « Présentez les armes! »
un hoquet de sanglots, mal contenus, courut dans
les rangs des Condéens, et, pour la première fois,
dans ces guerres fratricides, le drapeau blanc de la
légion de Mirabeau, comme courbé d'un soufflet de
gloire, s'inclina très bas devant les trois couleurs
(t) Les comtes de Damas apparteasient à une famille devenue
à ta fois limousine et périgourdine, qui fut en possession d'Hau-
teforC jusqu'en ces dernières années.
Dijiiizedb, Google
— 545 —
qui, claquant fières sur les hampes immobiles, s'en
allaient dans le soleil d'automne! » (1).
Au moment où l'armée de [Coudé fut prise à la
solde de la Russie, la légion de Mirabeau- Damas
disparut en tant que corps autonome. Les cavaliers
furent versés dans le régiment des dragons d'En-
gbien, les fantassins dans le régiment des grenadiers
de Bourbon. Qaant au comte Roger de Damas^ il
se sépara, bien à regret^ de ses vaillants soldats, et
s'en fut guerroyer en Italie.
Pour compléter et terminer cette étude^ il ne
nous reste plus qu'à faire connaître les descendants
des Miralseau en Limousin.
Charlotte de Mirabeau donna au marquis Gaspard
de Lasteyrie du Saillant sept enfants, nés au hasard
des résidences de leur:* parents :
1* Le comte Jean -Charles-Annet- Victoria de
Lasteyrie du Saillant, héritier de Mirabeau l'orateur,
dont le rejeton actuel est M. Horace de Lasteyrie
du Saillant, ancien sous-préfet;
2" Jeanne -Charlotte, qui épousa le marquis
Xîménés d'Aragon ;
3' Victoire- Jeanne, chanoinesse de Maubeuge;
4° Marie-Geneviève, qui épousa son cousin de la
(I) Nous n'avons pu réaister au plaisir de reproduire cette su-
perbe page qui fait autant d'honneur aut Mirabeaux et i son va-'
leureux chef qu'aux soldats républicains et au général Duroont.
Elle a pour auteur M. Ogier d'Ivry, et parut dans le Gaulois du
9 septembre 1895 sous ce titre : Une page d'hiêtoire inconnue :
Comme à Fonlenoy (Retraite de Horeou, septembre 1796).
D.g.tizedbyGoOglC
— 546 -
branche cadette, Charles- Philibert de Lasteyrie du
Saillant ;
5° Caroline- Annette, qui épousa le baron de Vieil-
Castel, d'une famille originaire d'Ayen (Corrèze) ;
6* Gabrielle-Désirée, mariée au comte de Molde ;
7° Enfin, Joséphine, qui devint l'épouse de Jean-
Baptiste Sirey (de Sarlat), le célèbre jurisconsulte(l).
La tourmente révolutionnaire passée, le marquis
du Saillant chercha à reconstituer sa fortune et ses
bienSj quelque peu endommagés par les événe-
ments. A ce moment, Sirey occupait au Ministère
de la Justice l'emploi de directeur-adjoint de la
division criminelle et dépouillait, avec bienveil-
lance, les dossiers des nobles qui n'avaient pas
émigré et des émigrés qui n'avaient pas porté les
armes contre leur pays afin de les faire rentrer, le
cas échéant, dans leurs droits. Joséphine du Sail-
lant plaida éloquemment la cause de sa famille
auprès de Sirey et invoqua les services rendus par
Mirabeau l'alné, son oncle, à la Révolution. Belle,
spirituelle, distinguée, Joséphine du Saillant avait
produit sur l'esprit du futur arrêtiste une très vive
impression. Elle l'épousa autant par reconnaissance
que par affection.
M"* Sirey est connue dans les lettres par la pu-
blication de romans moraux : Marie de Courtenay,
Louise et Cécile, par un Petit Manuel d'éduca-
tion, et par sa collaboration assidue à une revue
qu'elle fonda, La Mère de Famille et le Journal
des Femmes. Elle mourut en 1843, — sa mère
(1) Une pelile nièce de Mirabeau, par Houltet, Aii-ed-Provence.
D.g.tizedby Google
était décédée depuis 1821, — après avoir éprouvé
de bien tristes chagrins intimes.
De nos jours, la descendance des Mirabeau en
Limousin, par la famille du Saillantj se retrouve :
1' Dans M. Robert de Lasteyrie, membre de
l'Institut, professeur à l'école des Chartes, ancien
député, propriétaire du château du Saillant-Vieux
(Corrèze), fils de Ferdinand de Lasteyrie qui, lui-
même, était issu du mariage de Marie-Geneviève du
Saillant avec son cousin Charles-Philibert de
Lasteyrie; ,
2' Dans M. Sirey, avocat à la Cour d'appel de
Paris, continuateur du recueil des arrêts de son
grand-père, propriétaire à Objat (Corrèze), et dans
M'" Jeanron, propriétaire à Comborn, près Estivaux
(Corrèze), issue du mariage du peintre Jeanron
avec M"' Sirey, fille de J.- Baptiste Sirey et de José-
phine du Saillant.
Quant à la descendance de Mirabeau -Tonneau,
dont le fils, Victor, essaima en Bretagne, pays de sa
mère, nous la retrouvons aujourd'hui dans M™ la
comtesse de Martel, plus connue, en littérature,
sous le pimpant pseudonyme de Gyp.
JOANNÈS PlaNTADIS.
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Une Patène Ministérielle
(ABBATE DE Slt^S)
L'abbaye castillane de Silos (1) est justement flère de
posséder, dans son trésor, deux vases sacrés du plus
haut intérêt : une patène et un calice ministériels. Des
ci l'eu n s tan ces indépendantes de notre volonté ne nous
ont pas permis d'étudier ensemble ces deux instruments
du saint Sacrifice qui, d'ailleurs, ne sont pas unis dans
l'histoire et qui, au point de vue de l'ait, sont deux
pièces absolument distinctes. Nous avons fait connaître
le calice dans la Revue de l'Art chrétien, 1898, p. 358 et s.
Le dessin très exact qui en a été donné a montré suffi-
samment que ce vase sacré appartient à un art grossier,
mais bien curieux. La patène, au contraire, révèle un
savoir-raire exquis, un goût parfait, un art consommé;
elle mérite une place au premier mng des œuvres d'or-
fèvrerie, ornées de filigranes, que nous a léguées le
moyen-àge.
La plus ancienne liste des objets liturgiques de Silos
qui nous soit parvenue se trouve d;ins un inventaire
des principales reliques de l'abbaye, daté du 25 juin 1440.
On y trouve mentionné " le calice avec lequel le bien-
heureux saint Dominique disait la messe (2). » Mais, la
(Il Le monastère bénédictin de Sanlo-Dominjjfa de. Silos est situé
dans les montagnes de la Vieille -Cnstille, à une quinzaine de
lieues de la célèbre cité de Burgos. Il porte le nom de son plus
grand abbé, saint Dominique, qui fut le patron de saint Dominique
de Guzman, fondateur des FrÈres-Precheurs.
(2) ■ B otrosi la vestimenla c caliz cou que el bienaventurado
santo Domingo dczia mi^a. ■ D. Férotin : Itecueil des Charles de
l'abbaye de Silos, p. 483. Voyei sur la question de l'usage litur-
gique do co calice : Reeue de l'Art chrétien, toc. cit.
T. XX. 4—6
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— - ààO —
patène n'est pas nommée, sans doute parce que l'auteur
de l'inventaire a considéré la mention de l'un comme
impliquant celle de l'autre, — la 'patène étant presque
toujours le complément nécessaire du calice, dans l'usage
que la liturgie catholique a fait de ces deux vases sacrés.
Les P.P. Ruîz et Castro, deux bénédictins de Silos
(xvti* siècle), n'ont dit qu'un mot de la patène- « Il existe
au monastère, dit le P. Juan de Castro, un calice d'ar-
gent avec sa patène ornée de différentes pierres dont
quelques-unes d'une grande valeur, — le tout fait par
saint Dominique en l'honneur de son glorieux patron
saint Sébastien (I). i De nos jours, les auteurs qui ont
eu connaissance du calice n'ont pas signalé la patène,
excepté cependant M. RohauU de Fleury (2) et dom Féro-
tin (3j qui l'ont fait remonter, eux aussi, à saint Domi-
nique de Silos. Enfin, elle a été reproduite deux fois,
1" dans le magnifique ouvrage ; Monumentos Arquitec-
tonicos de Espana, t. I, où la chromolithographie est
malheureusement défectueuse au point de vue de la fidé-
lité; 2° àinsl'Hisioire de l'abbaye de Silos par dom Marius
Pérotin ; la planche V qui la reproduit est une petite
glyptograpfaie.
La patène de Silos mesure 0" 31 de diamètre. Elle
est en argent, mais entièrement dorée à l'intérieur.
Elle porte au centre un gros cristal de roche demi-
sphèrique de 0™ 057 1/2 de diamètre, enchâssé dans
une bâte cerclée d'un âl granulé. Huit lobes saillants,
avec écoinçons ornés de rinceaux gravés, presque tous
(1) • Ilem ay un caliz de pUta, eon su patena adornada de dîFe*
rentes piedras, ; algunas de mucho valor, todo lo cual hiio tambien
nuestro Padre santo Domingo a honra de su glorioso patron san
Sébastian... • [El glorioso thaumalurgo espanbl, redentor de
caulivoi, sanlo Domingo de Silos. Su oida, virludet y milagro»,
noIiciSL det resl monasierio de Silot y sus priorato».) Madrid,
1638, lib. HI, cap. 111.
(!) La Mem, t. IV, p. 116.
(3) Histoire de l'abbaye de Silos, p. 40, note 3, et p. 4S, note 3.
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— 551 -
différents, rayonnent autour de ce cristal de roche.
Un bandeau cii-culaii-e réunit ensuite les écoinçons au
bord supérieur. La décoration de ce rebord forme presque
toute la parure de la patène, — et quelle parure vrai-
ment délicieuse ! Les contours sont omës, vers les lobes,
d'une bande rapportée et soudée qui porte un -rang de
perles en métal entre deux lignes de grënetis d'une
ânesse extrême. De l'autre côté, tout à l'extérieur, une
succession de petits motifs en creux forme la bordure.
Entre ces deux bandes s'étend une ravissante décoration
de cloisons multiples qui s'enroulent en spirales, s'oppo-
sent ou se recourbent les unes vers les autres. Un autre
motif s'adjoint aussi maintes fois aux volutes; il a la
forme d'une larme et est dessiné par une toute courte
bandelette simplement recourbée et réunie à ses deux
extrémités. Tous ces ûls de métal sont simples, granulés
sur la tranche supérieure et soudés en plein sur le fond;
ils ne présentent aucune adjonction de vrilles, de roses
ou d'autres détails. La conservation de ce travail est
excellente, sauf en quelques endroits où la soudure étant
trop légère, les tiges métalliques ont quitté la place
qui leur était assignée. L'œil peut suivre, sur l'hélio-
gravure, ces cloisons délicates qu'on a placées à la pince
et soudées sur la plaque d'excipient, ces dessins d'une
correction de style, d'une régularité, d'une pureté de
contours absolument parfaites. On est charmé de l'ensem-
ble et des détails, et on se demande comment l'orfèvre a pu
exécuter avec tant d'art ce merveilleux réseau qui doit être
un des travaux les plus achevés en ce genre, nous l'avan-
çons hardiment, après examen d'un bon nombre de pièces
iiligranées.
Il a été fait allusion aux gemmes qui viennent prêter
leur éclat harmonieux à cette décoration. Vingt-deux sont
encore conservées ; treiiie autres on t disparu . Notons d'abord
deux cristaux de roche et deux sardonyx gravées dis-
posées en forme de croix, avec le cristal de roche plus haut
mentionné comme centre. Les autres gemmes sont des
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— 552 —
topazes, des cornalines, des opales, des agates, etc. Pres-
que toutes sont en cabochon ; quelques-unes cependant
sont en table , avec chanfrein . La disposition de ces
pierres est celle que l'on retrouve sur bon nombre de
pièces d'orfèvrerie : les plus gitisses sont placées au mi-
lieu du bandeau, entre quatre petites qui les cantonnent.
La monture est la même pour toutes : une bftte sans
griffes, circonscrite par un fil granulé.
Parmi les pierres antiques qui décorent le large ban-
deau, se trouve un camée gravé sur sardonyx et figurant
un buste de femme. Aucune inscription, aucune carac-
téristique ne permettent de savoir quelle est la personna-
lité représentée. C'est un travail médiocre de l'époque
impériale romaine. — Nous avons aussi trois intailles.
Celle qui figure un homme debout est une œuvre infé-
rieure, La seconde est meilleure; elle représente un pâtre
écorchant ou vidant un animal suspendu par les pieds.
Il existe au Louvre un groupe en marbre penlélique qui
offre le même sujet; on le désigne sous le nom d'Écor-
cheur rustique (i) (salle du Gladiateur, N» 517).
Enfin, sur l'intaille qui fait face au camée, on voit
une inscription latine, en caractères grecs, inscrite dans
un cartouche dont le pauvre style indique de suite une
époque de décadence.
CAABÛ KOM
MOiÛ *HAIZ
*AYCTEINA
Hubner {Inscriptionum Hispaniœ latinarum supple-
mcntuin, 1892, p. 1025) a donné cette inscription sans
commentaire, d'après la chromolithographie qui repro-
duit la patène, dans les Monumentos Arquitectonicos de
Espana (livraison 26), mais en copiant aussi les trois
erreurs qui ont échappé au dessinateur D. Francisco
Aznar y Garcia, D. Férotin a publié également l'inscrip-
tion et en a donné un petit dessin (Histoire de l'abbaye
de Silos, p. 291 et pi. 1X|.
(1) Ce groupe a été publié datis le Muêée de gculplure antique
et moderne, par CUrac, Atlaa 3"*, pi, 2ST, 6g. 1785.
dbyGoot^lc
— 553 —
Cette formule dëdicatoire se rapporte à une peste qui»
dans la seconde moitié du ii* siècle, décima l'Italie, et
dont les auteui-s anciens nous ont tracé en quelques
mots les ravages effrayants (Ij. Ce fléau fit une large brè-
che à la famille de Marc-Aurèle. Le jeune Commode
échappa cependant à la contagion, et c'est en mémoire de
cette préservation (CAABû KOMMOiQ, Salvo Commodo),
«lue Faustine, sa mère (*HAIZ *ATCTEINA, felix Faustina),
Ht graver l'inscription ci-dessus (2).
L'intérieur de la patène est peut-être suffisamment
connu maintenant. L'extérieur n'offre aucune décoration,
sinon un bandeau à ruban brisé et grave, qui contourne
le boi-d extérieur. C'est la seule partie qui soit dorée ; tout
le reste a conservé la couleur de l'argent.
Bakdbau du rbvebs de la Patsnb
Ce revers de la patène présente en saillie une petite
soucoupe qui ne fait qu'un avec elle et que rien n'in-
dique à l'intérieur, parce qu'elle correspond exactement
au cristal de roche qui occupe le centre. Jusqu'en ces
dernières années, ce cristal était serré de près par la
bâte qui l'entourait. D'autre part, la légère saillie de
dessous était peut-être regardée comme la partie infé-
rieure de cette b&te. Personne, en tous cas, n'avait songé
à soulever la pierre. Après avoir examiné la précieuse
patène, l'idée nous vint, un jour, que ta petite boite
d'argent renfermait peut-être quelque trésor. Écarter soi-
gneusement et tout antour la feuille de métal qui sertit
la gemme, enlever ce cristal et plonger un regard avide
au fond de l'alvéole, fut l'affaire de quelques instants.
(1) Jul. Capitol. 1 M. Anl. Phitoaophua, XVH. ~ Butropii Bre-
vifirium. I, VIII, c. 12. — Pauli Orosii Historiarum, I. VIII, 15,
(2) Vo;. D. Fdrotia : Iliatoire de fabbayt de Silo», p. 191, 292.
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— 5ùi -
Nous ne vîmes d'abord qu'une couche de fine poussière
qui, depuis longtemps, à coup sûr, s'était introduite
entre la bâte et le cristal de roche. Puis, sous la pous-
sière, une croix d'or reposant elle-même, à côté de petits
morceaux de linge, sur une autre croix en bois, de
même forme, épaisse d'un millimétré environ. Grandes
furent notre joie et notre reconnaissance envers le Sei-
gneur qui nous permettait de faire connaître à nouveau
un précieux objet de dévotion et des reliques plus pré-
cieuses encore, — le tout oublié depuis de longs siècles
au fond d'une petite botte.
iFace) //leoers)
Cboii bn ob teouvêb au ubhtbe de la Patéhb
La croix en or est formée d'une feuille de métal battu.
Sur la face antérieure, elle est bordée de Unes lamelles
rattachées aux branches au moyen d'une soudure. Un
cristal de roche en cabochon décore le centre. Au revei-s,
mêmes lamelles pour border la croix, sauf aux extrémités
de trois branches où elles sont remplacées par des fili-
granes tordus. Des tiges filigranées, absolument sem-
blables, forment un cercle et une croix sur le médaillon
central. Enfin, au sommet d'une des branches. les petites
lamelles qui contournent la croix ont été interrompues,
et on distingue encore à cet endroit la trace d'une sou-
dure. C'est l'indice bien évident que notre croix avait
là soit un anneau, soit un autre système de suspension.
Celte croix était-elle un eJico/piitm et destinée, par
conséquent, à recevoir une relique? Nous- poursuivîmes
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— 555 —
nos recherches et enlevAmes le petit cristal de roche
enchâssé 4 l'intersectioD des bras. Mais, l'alvéole ne con-
tenait qu'une pâte destinée à fixer la gemme plus soli-
dement. Cette croix était donc simplement un de ces
objets de dévotion que les fidèles suspendaient à leur
cou. — La petite soucoupe ne contenait aucune inscrip-
tion indiquant la nature des reliques; mais, la petite
croix en bois est bien probablement un fragment de la
vraie Croix.
Nous avons vu, au commencement de l'article, que de
graves érudita faisaient remonter la patène à saint Domi-
nique de Silos, qui fut abbé du monastère de 1041 à
1073. Au grand thaumaturge revient assurément le calice;
l'inscription en fait foi. Mais, il en va tout autrement
de la patène. La forme ronde ne peut être alléguée pour
fixer son âge. Les huit lobes qui garnissent le fond ne
sont pas non plus des éléments déterminants dans la
question, car ils se rencontrent aux xi', m' et xiii* siècles.
Restent les ornements des écoinçons et le travail qui
décore la grande zone flligranée. Or, les premiers n'exis-
tent que sur des pièces d'orfèvrerie datant du xiii* siècle
ou de la fin du xii*. Nous en mentionnerons des exemples
dans im instant. — Quant aux filigranes, ils sont ouvrés
avec tant de délicatesse et les dessins qu'ils composent
olTrent une telle combinaison, une telle régularité, une
si parfaite harmonie, que nous croyons devoir attribuer
la patène de Silos à la fin du xii* siècle, ou au premier
quart du xiii*. A notre avis, elle ne peut remonter plus
haut.
La petite croix est à peu près contemporaine. La forme
générale et la courbure des bras indiquent celte époque.
Une comparaison d'ailleurs peut fortifier cette opinion.
Un mur du cloître de l'abbaye de Silos, côté Sud (1),
porte une inscription lapidaire de la première moitié du
(1) Celte iascription est sur le niiir opposé à l'arcature et presque
en face du bas-relief qui Rgurc l'arbre de Jeesé.
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— 556 —
XIII" siècle et, ea tète des caractères, se voit une croix
qui rappelle exactement celle de la patène ; la forme est
identique dans les deux cas. — Un auteur apprécié a
bien voulu nous dire que la croix de sainte Radegonde et
celle des Anges, d'Oviédo, ressemblaient beaucoup à notre
croix d'or. Mais un examen attentif convaincra un ar-
chéologue que l'opinion n'est pas, soutenable. Les deux
croix mentionnées dilTèrent essentiellement de la croix
de Silos et pour l'époque et pour l'exécution.
La question d'origine de la patène n'est pas sans diffi-
culté- Un érudit auquel nous avons communiqué des
reproductions et du calice et de la patène nous éci-it
que ces deux pièces sont certainement espagnoles. Nous
ne pouvons partager cet avis. Presque toujours, en effet,
les œuvres d'art espagnol ont quelque chose d'insolite,
soit dans la forme, soit dans la décoration; on les recon-
naît assez facilement à leur caractère original, souvent
puissant, parfois exagéré. Le calice présente bien ces
qualités de franche originalité; l'œuvre appartient sûre-
ment à la péninsule. La patène, au contraire, si natu-
rellement conçue au point de vue de la décoration, si
harmonieuse avec ses surfaces tranquilles, avec son bril-
lant diadème de filigranes et de pieri-es aux riches cou-
leurs, ne pourrait-elle pas être une œuvre française, une
œuvre de notre école d'art limousin ?
Plus d'un lecteur formulera sans doute de prime abord
l'objection que nous nous sommes faite à nous-mème :
« Parmi les œuvres de Limoges qui nous ont été con-
servées, il n'en est aucune qui ait le caractère général,
la délicatesse et la perfection de notre patène. » Mais,
si les petits monuments d'un travail aussi achevé ne se
rencontrent pas, c'est bien, croyons-nous, parce que les
guerres, les besoins des temps et le vandalisme de la
Révolution ont fait disparaître presque tous les objets
anciens, en métal précieux. Aucun calice, aucune patène
en or ou en argent, appartenant à l'art de Limoges, n'a
échappé, en France, à Ui destruction. Or, ce sont pré-
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— 557 —
cisément ces vases eucharistiques qui durent être le plus
soigneusemeot, le plus délicatement travaillés; ce sont
eux qui durent recevoir la plus parfaite décoration. L'ab-
sence complète de ces vases sacrés empêche par consé-
quent d'établir des points de comparaison qui pourraient
ofTrir des analogies frappantes. Mais , parce que les
similaires font défaut, il ne s'ensuit pas qu'il soit juste,
qu'il soit rationnel d'exclure la patène des œuvres d'art
de la grande école limousine.
D'ailleurs, si le petit chef-d'tBuvre , par son aspect
général, semble assez peu rappeler les ouvrages d'orfè-
vrerie limousine, il n'en est pas de même de certains
éléments considérés à part, nous voulons dire les fili-
granes et les rinceaux des écoinçons. Sans doute, les
fils métalliques qui ornent les pièces de Limoges sont
presque tous ou bien de simples bandelettes sans gré-
netis, ou bien des 81s granulés, tantôt partant d'une
branche commune et terminés par de petites boules,
tantôt juxtaposés, fixés à la plaque par des clous à télés
sphériques, puis ornés de roses, de grappes et de vrilles.
Cependant, il existe des filigranes limousins qui pré-
sentent de grandes analogies avec ceux de notre patène ;
on les remarque sur un autel portatif de Conques qui
a été fabriqué pendant l'abbatiat de Bégon IIL Cet autel
est plus ancien que la patène; ses filigranes sont moins
parfaits, et les dessins moins serrés, moins compliqués;
mais, de part et d'autre, ce sont bien de petites cloisons
simples, granulées sur la tranche supérieure et soudées
en plein sur la plaque d'excipient.
Quant aux rinceaux gravés qui décorent les écoinçons
de la patène, ils sont des plus importants pour déterminer
son origine; à notre avis, ils sont même caractéristiques
de l'orfèvrerie limousine. M. Ernest Rupin, qui est un
maître dans la question des œuvres de Limoges, nous
écrit au sujet de ces petits dessins gravés ; « On les
trouve à profusion et tout à fait identiques sur un grand
nombi-c de crucifix et de chAsses d'origine incontestable-
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— 558 —
ment limousiae. » Et le docte aKhéologue nous cite
plusieurs moauments ornés de ces rinceaux : le crucifix
de M. Bonnay (donné à dora Mellet), les châsses de Zell,
de la cathédrale de Moutlei-s, de l'église de Nantouillet, de
Gimel, etc. (1). Nous ajoutons, pour notre part, le célèbre
frontal du musée de Burgos. Comme la patène ministérielle,
ce magnifique monument est une pièce de l'abbaye de Pilos ;
comme elle, aussi, il est orné des mêmes rinceaux gravés,
mais ici arec une abondance extraordinaire (2); comme
elle, enân, il est une pièce <• tout à fait hors ligne »,
et tt les Limousins n'ont rien produit de plus parfait >> [3)
que différents ornements de ce frontal. Les Limousins,
nous le répétons à la suite de M. Rupin, sont bien les
auteurs de ce devant-d'autel. Personne ne s'avisera de
contester son origine parce qu'il est une œuvre absolu-
ment à part, patce qu'il n'existe aucun autre frontal de
l'école de Limoges avec lequel on puisse le comparer.
Pourquoi n'en serait-il pas de même pour la patène, alors
qu'il existe entre elle et ce devant-d'autel des relations
vraiment frappantes ?
Un nombre important de pièces d'orfèvrerie et d'émail-
lerie limousines ont été réunies à Silos, peut-être même
fabriquées par des artistes de Limoges dans l'abbâye
castillane, — et cela, à partir de la seconde moitié du
XII* siècle jusqu'au commencement du xiii', c'est-à-dire
i l'époque où le monastère « semble avoir atteint au
spirituel comme au temporel son plus haut degré de pros-
(t) Voici ce que dit M. Rupin, dans l'Œuvre de Limoges, à pro-
pos de ces dessina gravés : < A Limoges, le champ métallique des
ch&sses est parfois décoré, au burin, de rinceaux aux Teuillcs fili-
formes, imitant à distance un dessin vermiculé et caractéristique,
reproduit toujours de la même fa^n Souvent ces rinceaux tlli-
formes décorent aussi les parties unies de différents objets sur
lesquels il n'y a aucune trace d'émail > (p. 154, l&î).
(2) Derrière le Christ en majesté, derrière cliacun des douze
apûtres se trouvent de grands bandeaux entièrement gravés de
motifs identiques.
(3) L'Œuvre de Limogeê, p. 198.
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- 559 —
périté b{1). Rien de plus naturel de croire que l'abbaye,
avec la commande de plusieurs châsses (2), d'un frontal
magnifique, d'uu rétable non moins intéressant (3), ait
également fait fabriquer une patène qui devait être le
complément du précieux calice ministériel
Pour nous, l'abbaye de Silos a donc possédé deux
pièces B tout à fait hors ligne » : le frontal et la patène
qui doivent compter parmi les plus beaux fleurons de la
couronne artistique du Liniousin.
Dom E. RouLiN
Béaédiclin.
(1) D. l'éroiin : IlUtoire de l'abbaye de Silos, p. 9!.
("3) L'une d'elle esl encore conserviie è, Silos (voy, la notice
siiivanlo); l'autre est au musée de Durgos.
(3) Le nUable cxisie encore à l'abbaye; on le conserve dans la
salle des arcbivcs.
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Une Châsse
EN CUIVRE DORÉ & ÉMAILLÈ
lABBATE DE SIU)S>
La châsse qui va nous occuper est conseirée à l'abbaye
de Silos. Il nous semble qu'elle mérite une courte des-
cription, parce qu'elle appartient à une série de petits
monuments soigneusement exécutés, et parce qu'elle n'a
jamais été publiée que dans une superbe collection espa-
gnole qu'il est rare de rencontrer dans nos bibliothèques
de France (I).
L'inventaire des reliques de l'abbaye, daté de 1440,
mentionne deux arcas esmaltadas (2) qui sont évidem-
ment et la chAsse conservée à Silos, et celle qui fut
enlevée au monastère lors de la Révolution de 1868,
pour être placée au musée provincial de Burgos. Les
Monumentos Arquitectonicoê de f^spana n'ont point dé-
crit ces deux châsses. Dom Fërotin, dans son Jitstoire
de l'nbbaye de Silos, a simplement signalé la première
dans les termes suivants : « ....le trésor de Silos conserve
encore un ti-ës beau cofTret émaillé du xii* siècle, qui
semble provenir des célèbres ateliers de Limoges > (p. 334).
Ce colTret ou plus exactement cette châsse, est assu-
rément une œuvre d'orfèvrerie et d'émaillerie limou-
sines. Elle a la forme ordinaire d'une petite maison
(1) Mnnumenlot Arquileclonico» de Eapana. Madrid, 1S60-70.
(3) 0 E otrosi, esta en una area ezmaltada del pan que comio
Nuestro S«nor Jhesu Christo el jueves de la Cena con sus dise!-
puloa. — Ë es otra esniallada en que son reliquias de sant George
e de otros muehos santos. ■ (D. Fërotin : Recueil det chartes de
fubbaye de SUaa, p. 483.;
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— 563 -
[domuncula] exhaussée sur quatre pieds carrés, surmon-
tée d'un couvercle à deui vei-sants et couronnée d'une
galerie à jour. Sa hauteur est de O^SÔ centimètres, sa
longueur de O^SO, et sa largeur de O"!!,
La face antérieure et la pente du toit qui lui corres-
pond portent chacune tmis panneaux décorés d'émaux
champlevës. En bas, le panneau du milieu représente
la Crucifixion, selon les traditions iconographiques du
moyen-âge; les Limousins n'ont guère varié celte grande
scène que dans la partie supérieure, où ils ont souvent
placé des anges, au lieu des deux astres, témoins de la
mort du Sauveur. — Au-dessus de la Crucîflxion, nous
avons la MajestRS Domini; le Christ est accosté de l'A
et de l'Q; il bénit de la main droite et, de la gauche,
porte un livre ouvert. Il siège sur un coussin do-
minant un arc-en-ciel ; ses pieds sont posés sur un
scabellum. Ici encore tout est connu; c'est un des thèmes
les plus chers aux artistes du moyen-âge . L'auréole qui
entoure le Christ est supportée par deux anges- A droite
et à gauche de ces deux panneaux, sont figurés les apô-
tres sous des arcatures en plein-cintre surmontées de
toitures imbriquées. Sur le toit, quatre apôtres [peut-Ctre
les quatre évangélistes} ont à la main droite une croix
pattée munie d'une longue hampe. C'est une manière fort
peu commune de représenter les apôtres (1).
L'un des côtés de la fleite porte un apôtre également
debout, la main droite levée, dans un geste d'allocution
ou de sentence,' et tenant un livre de la main gauche.
Cet apôtre n'a, lui non plus, aucune caractéristique spé-
ciale. A l'autre flanc, le panneau qui devait avoir aussi
un apôtre a disparu.
Tous les personnages sont en cuivre doré ; comme les
œuvres les plus soignées de Limoges, ils ne sont pas
seulement gravés, mais encore ciselés, de façon à pro-
(I] Celle particularité se retrouve sur la belle châsse de l'égliae
de Gimel dans la Corrèze r saint Philippe est deux fois représenté
tenant dans la main la longue hampe d'une croix pattée.
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— 565 —
duire un commencemenl de modelé. L'architecture est
également réservée et un peu Bâillante. Les têtes sont
rapportées et fortement en relief. Nous attirons l'attention
sur les deux anges qui sont figurés sur le toit, prés du
Christ en majesté. Ils sont représentés volants, adossés
à l'auréole vers laquelle leurs tôtes se tournent bien natu-
rellement, et de leurs bras vigoureux qu'ils allongent en
haut et en bas, ils la soutiennent. C'est une pose vraie
et pleine de hardiesse, qui indique un véritable artiste.
Nos modernes qui auraient à ûgurer une scène équiva-
lente, n'auraient qu'à s'inspirer de ces deux anges dont
ils admireraient sans doute la forme du corps qui se
laisse parfaitement deviner sous les vêtements.
Les fonds sur lesquels se détachent les personnages
sont émaillés de bleu; le décor se compose de rinceaux
réservés et ornés de' beaux fleurons bleus et verts. La
croix est également émaillée, avec tUulus et enroule-
ments réservés.
Les bordures des panneaux sont composées les unes
de quatre-feuilles verts pris sur des disques de métal
qui sont inscrits dans des -losanges bleus; — les autres,
de bandes ondulées mi-partie en métal, mi-partie en
émail. La crête du sommet avait trois cabochons de forme
ovale qui ont disparu. Elle conserve encore deux petites
saillies rectangulaires ornées de rosaces bleues et vertes
éclairées de blanc et de jaune.
La face postérieure de la châsse est garnie d'un tapis
losange largement composé et richement polychrome de
rosaces bleu-clair et vert-foncé sur champ émaillé de
bleu-ciel.
Telle est la châsse de Silos soigneusement conservée
dans le trésor des reliques. C'est une bonne pièce du
XIII* siècle seulement, bien qu'à son apparence générale
et à son architecture principalement, on puisse être tenté
de la faire remonter jusqu'au xii' siècle.
Dom E. RouLiN.
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NOTES
LA FAMILLE "de PRODHET
La famille de Proubet est souvent citée dans le
très curieux a Livre de raison » publié par M. Fer-
nand de Malliard (1).
Elle a occupé au xvi' siècle une situation impor-
tante en Bas-Limousin, et on peut dire que son
bistoire s'est trouvée alors intimement liée à
l'bistoire locale.
À ce titre, il a paru intéressant dô publier le
document ci-après transcrit.
Au ivu' siècle, nous ne retrouvons plus les
Proubet. D'après une pièce des arcbives de l'hos-
pice de Brive, la dame de Saint-Clément (sei-
gneurie (2) dont se titrait la famille de Prouhet)
avait épousé, par contrat du 5 août 1638, le s*" de
Geneste, conseiller au parlement de Bordeaux.
Recherche de la noblesse faite par les couyissAiRES
DU ROY AU BbGLEUENT DES TAILLES, DE 1598 A 1599,
EN LIMOUSIN.
(Bibl. Nationale. Manuscrits. Fonds Français, N" 5448).
« Du 10 février 1599,
Extrait des titres à nous représentés par Jean de Prouhet,
8' de S» Clément, pour la vérification de sa noblesse :
(1) Voir Bulletin de i& Société historique et archéologique de
la Corréze (siège à Brive], années 1880 et suivantes.
{î) Aujourd'hui commune du canton de Seilhac, arrondissement
de Tulle (Gorrèze).
dbyGoOt^lc
— 568 ~
Un papier de reconnaissance contenant 42 feuillets,
signé h la fin Guillot, commençant reconnaissances de
la terre et seigneurie de S' Clément laictes par haut et
puissant sgr messire Salviot de Prouhet, licencié en cha-
cun droit, en date de 38 décembre 1518,
Un vidimus signé par collation bordes et dubois, no-
taires royaux à S' Clèmant, d'un hommage fait par noble
Jean de Molins, sgr de Rochefort, notaire, secrétaire du
roy et greffier du grand Conseil, au nom et comme pro-
cureur de noble et honorable personne M' M'" Salviot
de Prouhet, licencié es droits, s' de S' Clément et d'Ar-
daines, à M^ l'évéque de lymoges à cause de la seigneurie
de S' Clémant, le dit hommage fait à blois au diocèse
de Chartres le 7 décembre 1519, signé Julan notaire.
Autre vidimus dhomage signé par collation bordes et
dubois, notaires royaux à S' Clémant, faict à Mgr le
révéreodissime cardinal de Belloî, evesque de lymoges,
de la terre de S' Clémant, ce dernier de may 1543, par
noble Jean de Prouhet, escuyer, s' de S' Clémant [2),
Un hommage fait par noble Jean de Prouhet, esleu au
bas pals de limozin, à cause du repaire de Surrèque en
Périgord, à haut et puissant sgr messire François de la
Tour, vicomte de Turene, du 26 janvier 1531, signé
textoris,
Un comte rendu par noble Jean de Pi'ouhet, esleu au
bas-liraoïin le 20 juin 1524 par devant le s' de roffiac,
mestre des requêtes ordinaire de la mère du roy, de la
somme de 2,272 escus des deniers employés en l'armée
du roy à Fontarabie, signé jean vigier, et plus bas ber-
nard, commis de greffier,
Une cession et transport de la somme de 3,000' faite
par noble jean de Prouhet, escuyer, s' de S' Clémant,
i\ messii-e François des Cars, s' de la Veauguion, à luy
(1) On lit en marge : C'est un ecclésiastique, onde du subsé-
q 11 CD t.
(3) On lit eu marge : C'est l'aïeul du s' de Sdnt-Ciémaat.
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— 569 —
deue par Raymond de Gontaud, s' des bannes en Péri-
gord, en date du 2 septembre 1539, signé Gartaud,
Une procuration de haut et puissant seigneur Français
des Gara, sgr de la Vauguion, tuteur honoraire du a'' vi-
comte de Turène en la compagnie de jean de Prouhei,
escuyer, s' de S' Clémant, passée à S' Germain le a juin
1541, signée gigaud et pressac.
Des lettres patentes de feu roy Françoys données à
moulins le 1" d'aoust 1541, signées par le roy et adres-
sées au sénéchal de lymozin au siège de Brive, pour
pourvoir de curateur François de la tour, vicomte de
Tui-ene, et d'auditeurs des comptée que prétendoient ren-
dre François des Cars, s' de la Vauguion, et Jean de
Prouhet, escuyer, s' de S' Clémant, tuteurs honoraires
du dit 8' vicomte,
Les comptes rendus de la dicte tutelle par devant le
dit sénéchal par noble jean de prouhet, s' de S' Clément,
et ce pour l'année 1539 seulement, signé de Cosnac, lieu-
tenant général, et autres en nombre de dix ou douze, le
4 juillet 1541,
Une procuration de François de la tour, vicomte de
Turene, à noble homme Jean de Prouhet, esleu au bas
païs de limozin, pour recevoir sur les devoirs deus au
dit s' vicomte en son viconté de Turène en date du
25 avril 1532, signé de la tour, et plus bas prouhet,
Une procuration de François de la tour, vicomte de
Turène, à Jean de Prouhet, escuyer, s' de S' Clémant,
pour affermer la vicomte de Turène, passée à Amiens le
10 may 1543, signée auroy et démons,
Autre pi-ocuration du dit François de la Tour, vicomte
de Turene, à noble homme Jean de Prouhet, s' de S' Clé-
mant, pour recepvoir les sommes qui luy peuvent être
dues à cause de sa dite vicomte, passée à reims le 3 sep-
tembre 1543, signé jugat et delur.
Testament du dit noble Jean de Prouhet, escuyer, s' de
Surrègues et de &■ Clémant, du 16 mars 1542, par lequel
il institue son héritier universel noble Jean de Prouhet,
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— 570 —
son fils, esleu eo bas pals de lîmozin, signé de la farge,
notaire à brive (t),
Un acte accordé par le lieutenant général de brive le
25 septembre 1565, signé de lestan, lieutenant général,
de guarrigou, procureur du roy, et fontenels, greffier,
du dénombrement fourni suivant l'édit de sa majesté par
Jean de prouhet, escuyer, s' de S' Clémant,
Contrat de mariage de jean de prouhet, escuyer, s' de
S' Clémant, habitant de la ville de brive, avec Gabrielle
de la bastide, demoiselle, fllle du s' de Cognac, du 35 juin
1548, signé de laleu et rozier,
Une commission de la noblesse du bas-Iymozin du 32 fé-
vrier 1553, signé Sarrazin à ce commis, par laquelle le sgr
de S' Clémant, pour sa cotte de l'abolition du car et demi
du sel, est taxé 136', qu'il luy est mandé mettre es mains
de noble pierre de gimel, escuyer, sgr et baron du dit lieu.
Un certificat du seneschal de lymozin, signé ponbrian,
du 3 may 1552, par lequel le s' de S' Clémant, appelle
à l'arriére-ban, est excusé à cause qu'il est de la com-
pagnie du s' de la Veauguion,
Testament du dit jean de prouhet, escuyer, s' de
S' Clémant, par lequel il institue jean de prouhet l'atné,
son âls, son héritier, en datte du pénultème mars 1572,
signé André, notaire royal (2),
Un département fait par le lieutenant général de Brive
sur toute la noblesse de lymozin, de la somme de 754'
dheue à messire Anthoine de Neuville, s' de Magnac,
pour son remboursement, d'avoir esté député de la no-
blesse aux estats réunis à blois en 1576, auquel dépar-
tement le s' de S' Clémant est cotisé de 5 escus, en date
du 15 octobre 1579, signé de lestan et dubois. n
On peut ajouter que :
1' Le 19 septembre 1520, Jehan de Prouhet,
(1) On lit en marge : C'est le père du s' de Saint -Clémant.
(2) On lit en marge : C'est le b' de Saint- Clémant, qui est au-
jourd'buy
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lieutenant général et commissaire ordonné par le
roi, dressait procès-verbal sur le fait des francs-
fiefs ds la vicomte de Tarenne (Archives Nationales.
RM91);
2' Le 19 juillet 1536, Antoine de Noailles don-
nait pouvoir au s' Jean de Prouhet, de Saint-Clé-
nient, baron d'Ardenne, pour affermer la capitai-
nerie de Saint-Céré pendant un an (Arch. Nationales.
R* 477);
3° Le 15 juillet 1575, Jean de Prouhet rendait
hommage au roi à cause du duché de Guienne,
pour raison du château du Peyroux, près Brive.
(Archives Nationales. T. 193).
Enfin, on trouve aux archives du département
de la Vienne (années 1575 et suivantes) un hom-
mage rendu au roi pour son château de Melle, par
Jean de Prouhet, écuyer, pour la châtellenie d'Ar-
denne, paroisse de Charzay, près Fontenay-le-
Comte.
J. uE Saint-Germain.
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Un Crucifix habillé
DU XIII- SIÈCLE
Les expositions rétrospectives offrent l'incompa-
rable avantage de révéler ce qui est caché ; par là,
elles profitent singulièrement à la science, qui vit
d'obsei-vations et recherche avidement l'inédit.
L'exposition de Tours a mis en évidence, il y a quel-
ques années, un Crucifix, en émail champlevé de
Limoges, qui mérite qu'on s'y arrête, car il forme
un type à part, qui est le Christ habillé et vivant (1),
beaucoup moins commun que le Christ nu et
mourant. Aussi bien est-ce la meilleure manière
d'utiliser une bonne photographie, faite par Léon
Palustre, qui avait organisé cette splendide exposi-
tion dans l'ancienne église de Saint-François.
1
Je trouve, dans les notes de mon savant ami, la
description de cette croix, qui est la propriété de
M. de la Villarmois, à Angers. Je copie textuelle-
ment ;
« Croix de M. de la Villarmois, achetée à M. Mége,
antiquaire toulousain : une semblable est à Amiens.
Hauteur, 0,29 c. ; largeur, 0,05; croisillon, 0,17.
(l) M. Rupin, dans l'Œuvre de Limogea, u'en reproduit, page
256, que deux spécimens, qui ne sont pas antérieurs au iiii* siècle
et que caractérisent la couronne royale, Textension des bras, la vie
de la face, la raideur du corps, la richesse de la robe ot l'éclat de
la ceinture.
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— 574 —
Croix dorée, en réserve, gravée en quadrillé. En
bordure, émail lapis, semé de pierres imitées ou
plutôt d'ornements en émail, nues rouge, vert,
jaune ; rouge, bleu cendré, blanc ; le rouge forme
point au centre. Ces ornements alternent en fleuret-
tes et en losanges. En haut, main bénissante, émail-
lée de blanc, avec manche turquoise, issant d'un
nuage, bleu foncé, blanc, bleu clair et rouge. Titre
de la croix, bleu clair, avec lettres en réserve, IHS.
Nimbe crucifère, à croix rouge et jaune ; le reste
nué rouge, bleu cendré, blanCj bleu turquoise. Christ
en relief, couronné et babillé, pieds nus ; cheveux
très fins, tombant de chaque côté sur les bras. A la
couronne, gravée d'ornements, goutelettes d'émail
turquoise et grenat. Vêtement bleu lapis, avec
cabochon turquoise à la ceinture ; bas de la robe
vert, pointillé de rouge ».
Les dimensions sont un peu moindres comme
longueur et extension du croisillon, mais la largeur
est la même qu'à Cherves, avec renfort ovale au
centre. La suppression d'un monogramme permet
de placer la main divine, que n'oublient guère les
Limousins. L'ornementation du champ, à la mode
limousine, alterne un semis de gemmes et de roses.
Mais une différence notable est constituée par le
Christ en relief, couronne en tête et entièrement
babillé, soit par habitude chez les émailleurs d'an-
cienne date, soit par allusion aux images les plus
vénérées, qui sont celles d'Umana près Ancône et
de Lucqùes (1).
(t) V. sur le Saint-Voult de Lucques le Guide de l'arl chrétien,
pu le comte de Sainl-Laureot, IV, 385.
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II
Reprenons chaque partie en détail pour en déter-
miner rigoureusement la signification.
Cette croix est une pièce d'applique. Tout autour
apparaissent les trous, destinés aux clous qui l'atta-
chaient à une âme en bois. Etait-ce pour en faire
une croix d'autel ou de procession ? C'est possible à
la rigueur ; il manquerait alors les potences termi-
nales. J'inclinerais plutùt à y voir le décor d'une
grande châsse, constaté aussi sur les petites, d'après
ce texte d'un inventaire de l'église de Douay en
1493 ; « Deux petites fiertés, de cuivre de Limoges,
esmailliés, avec deux ymages de Crucifix » (Bull,
de la Soc. arch. du Limousin, XXXV, 248). Si le
relief était un peu moins fort, la croix aurait pu
orner la couverture d'un évangéliaire, qui compor-
tait des appliques d'émail limousin, témoin cet
article de l'inventaire de la cathédrale de Châlons,
en 1410: « Item, alia similis tabula...., circumdata
cupro de opère Lemovicino » (Ibid.J. Souvent, le
même objet, suivant l'occurrence, variait de desti-
nation : il était fait, en conséquence, tant pour la
forme que pour l'ornementation, sans aucun carac-
tère trop spécial, le crucifix convenant également
à plusieurs ustensiles liturgiques ; en sorte que,
lorsque la pièce est isolée et détachée, il devient dif-
ficile de préciser sa provenance et son usage premier.
Toutefois, l'apposition du Christ, trop grand pour
la croix sur laquelle il déborde, témoigne que la
pièce est mutilée et que, pour la compléter, il lui
manqueses terminaisons ordinaires, petits morceaux
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de rapport, qui ajciutent à l'iconographie son déve-
loppement normal (1).
La croix, au centre, est renforcée par un ovale (2)
qui, embrassant la tète et le haut du corps, c'est-
à-dire la partie la plus noble, forme comme une
auréole. Au haut moyen âge, parfois cette auréole
était double (3) ; on n'a gardé ici que celle qui était
strictement indispensable pour exprimer l'idée de
glorification. Dans un contrat de l'an 1451, pour
une croix de pierre à exécuter à Avignon, ce cer-
cle (4) est spécifié afin que le sculpteur ne soit pas
tenté de l'omettre; « Johannes sculpter sive
inciser ymaginum p^omisit..^.. se facturum et
scissurum unam crucem lapideara , floretatam
in quatuor extremilatibus foliis bene ordinatis et
consonantibus secundum artem (5), habentem unum
circulum cum octo angulis, scilicet folhetatis per
modum revestimenti, bene, subtiliter et artificiose ;
ac sculpere unum crucifixum bene decenter secun-
dum ipsam crucem ah uno latere » (Bull, arck.,
1892, p. 441).
En peinture, au xni* siècle, la main posait sur
(0 L'CEuvi-e de Limogei, pp. 258. 267, 274, 275.
(2) Rupin, p. 250, 260 et ailleurs. — " Les croiï Auréolée», c'est-à-
dire celles où l'on voit à la jonction des croisillons une partie cir-
culaire, aux terminaisons en potence et à cavets, paraissent être
l'une des caractéristiques de l'orfèvrerie limousine, une marque de
fabrique en quelque sorte a [Congr. arch. de Bnve, p. 316).
(3) Didron, HUi. de Dieu, p. 125.
(4) Plus loin, il est appela circvmferenti&.
(5) Ce fleuretaffe des extrémités est fréquent sur les croii du
xiu* siècle; je citerai entr'autres la belle croix à main, en cuivre
gravé, de la collection Rullier, à Saintes. Ces feuilles traduisent
aux yeux le symbolisme de ïarbor vitx, qui eut grande vogue à
cette dpoque.
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un nimbe crucifère. Les Limousins n'ont pas
adopté cette pratique et la divinité a été attestée
seulement par le geste de la bénédiction à trois
doigts, au nom de la Sainte Trinité et par la sphère
céleste d'où sort le bras emmanché (1), car la Majesté
de Dieu est toujours vêtue, à rencontre des dieux de
l'antiquité qui trônaient habituellement dans un
état de nudité absolue. La main bénissante exprime
ici l'assistance du Père céleste au moment de l'ago-
nie de son' Fils, qui l'appelle à son secours par un
cri déchirant.
Le titre, chez les Limousins, est tout de conven-
tion , puisqu'il ne reproduit pas celui qu'atteste
l'Evangile. Il y emploie les deux monogrammes de
Jésus et de Christ, qu'ici il réduit exceptionnelle-
ment au premier, contracté sous la forme tradi-
tionnelle IHS (2), qui dérive du grec et doit se lire
IHesuS, Vêta grec s'interprétant en latin par la syl-
labe he, en attendant que l'aspiration disparaisse
pour ne laisser subsister que la voyelle.
La croix est double (3), une pour le crucifié (c'est
la croix hii^torique), l'autre pour le bois du supplice
{c'est la croix symbolique)j toutes deux combinées
pour l'effet, car l'excipient, dessinant une bordure,
encadre gracieusement l'arbre sacré qu'elle entend
honorer, parce qu'il a servi à la rédemption du genre
humain. Or l'honneur que prodiguent les artistes
pour l'exaltation de la Sainte Croix, ce sont à la fois
(I) Rupin, p. 251, 254, 260, 262,
(S) Rupin, p. S50, 258, 260; le Congrès archéologique de Brioe
ne mentionae pas cette singularité.
(3) RupiD, p. 253, 254, 260.
dbyGoot^lc
- 579 —
les fleurs odorantes et les pierres précieuses, tribut
fourni par la nature elle-même qui prodigue ce
qu'elle a de plus éclatant (1).
Le nimbe fait corps avec la croix (2) : il est cruci-
fère, conformément à la règle, car la crois est un des
symboles expressifs de la Trinité, puisqu'elle se
compose de trois parties : la tête, pour le Père ; la
tige, pour le Fils, et la traverse, pour le SaintEsprit.
U proclame donc, à première vue, la divinité du
supplicié. Cn des plus anciens exemples de ce
nimbe spécial figure sur une boucle du vi' siècle,
découverte dans les Ardennes, et, pour qu'il n'y ait
pas de doute sur l'identité, on a inscrit entre les
branches un des noms divins 1MMA.NVEL 0ull.
mon., 1893, p. 183).
Le Cbrist est une pièce de rapport, parce qu'il est
en relief : les clous de la crucifixion le maintenaient
naturellement sur la croix. Sa place a été détermi-
née par un contour au trait, qui arrêtait les hachures
de la croix : le même procédé se constate sur une
croix du Trésor de Cherves, en Angoumois (3),
Mais ce qui me frappe le plus ici, c'est l'attitude
et le costume du Christ. 11 a au front la couronne
royale, constellée de gemmes : sa tête est droite,
comme son corps qui ne fléchit pas sous la dou-
leur ; l'œil est vif, sans la moindre idée de mort ; les
bras sont horizontalement étendus et les mains
ouvertes ; la nudité, qui ne se manifeste qu'aux
(1) Rupin, p. 250, 253, 254, 260, 262.
(2) Rupin, p. 253, 25t, 267 ; ailleurs, il suit le mouvement de
tête.
(3) RupiD, p. 253, 254.
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pieds, dispai'alt sous une riche tunique, à orfrois
gemmés, dont la ceinture perlée est fixée à la taille
par un fermail en rose, tandis que les deux bouts
pendent en avant, terminés par des houppes; cette
tunique à plis nombreux est bleue, couleur cé-
leste.
De Bastard avait déjà affirmé que : « Le Christ
habillé est sans prix, à cause de sa rareté » (1).
Barété est peut-être trop restreindre cette pratique,
qui s'inspire évidemment de l'Apocalypse (2).
M. Brutails, dans ses Notes sur l'art religieux du
Roussillon, s'exprime en ces termes (3) : « Les
Christs qui sont vêtus, suivant l'usage byzantin,
sont appelés dans le pays des Saintes Majestés. Les
Sautas Magestats d'Angoustrine, de la Llagone
et de Belpuig remontent au xii' siècle ; la Santa
Magestat du Coral est moderne, peut-être du xvn'
siècle. Les deux premiers de ces Christs sont raides,
la tête haute, l'œil ouvert Le Christ de Belpuig
a la tête un peu inclinée et l'œil mi-clos. Dans les
trois, la robe tombe sans pli ; la ceinture est nouée
par devant, les bouts pendants. Le Christ du Coral
est couronné ».
Le terme de Majesté, donné aux crucifix habillés^
est à retenir et il doit entrer désormais dans la
terminologie ecclésiologique . Il y a même lieu de
(1) Bullel. du Comité... des aria de ta France, t. IV, p. 750.
(!) «Et conversus vîdi simileni Rlio hominis, vestitum podere
et prœcinctum ad mamillas zona aurea oculi ejus tamqaam
fiamma ignîs. Et pedes ejus similes aurichalco, sieul in camino
ardenti • {Apocalups., I, 12-15).
(3) Butlet. arch., 1S93, p. 365.
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corriger sur ce point le langage usuel, qui particu-
larise trop. En effet, Majesté, en archéologie, se dit
exclusivement du souverain, assis sur son trône (1),
tandis qu'étymologiquement, on peut l'entendre
aussi du souverain debout. Le mot latin se com-
' pose de deux termes, major et sto. Major indique,
de la part de l'artiste, l'idée de faire grand, plus
grand que nature et que l'entourage, pour témoi-
gner d'une supériorité de dignité et de hiérarchie ;
les proportions habituelles du corps humain sont
donc exagérées intentionnellement, dans le but de
figurer la grandeur morale par la grandeur physi-
que. Quant au verbe sto, qui dénote la stabilité, il
veut dire principalement se tenir debout (2).
Comme conséquence de cet exposé de principes,
je conclus que le Christ peut être qualifié en ma-
jesté dans une quadruple circonstance, suivant
qu'on examine plus particulièrement en lui le
Sauveur, le Juge, le Rémunérateur et le Vain-
queur.
Sur la croix de M. de la Villarmois, n'a-t-il pas les
deux caractéristiques du souverain, la couronne et
le vêtement somptueux? Donc, à l'instar des cru-
cifix du Roussillouj il a droit au qualificatif de
Majesté et son nimbe permet d'ajouter Majesté
sainte. Saint, saint, est te Seigneur, répète l'Eglise
(1) Les lexicographes génëralisent avec raison ; o Majesté, carac-
tère de grandeur et de supâriorité, qui fait révérer les puissances
souveraines • (Furetière). Quicherat traduit Majealat, qu'il fait
dériver de major, « majesté, grandeur divine, puissance, pouvoir,
autorité, dignité, aspect imposant >.
(ï) s Sto. Se tenir debout, être prêt à servir, avoir une statue en
pied, être droit ou vertical a (Quicherat).
T. XX. 4 - M
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au Sanctus de la messe. Mais là il est surtout consi-
déré en tant que Sauveur et Rédempteur, car il
s'installe sur l'instrument de son supplice comme
sur un trône : « Regnavit a ligno Deus », chante
saint Fortunat dans le FeaîtWare^ts, qui est l'hymne
glorieux de sa passion. Il tend les bras pour accueil- '
lir le pécheur (1) et lui redonner la vie qu'il a perdue
par le péché, car il se proclame à la fois résurrec-
tion et vie (2).
La seconde Majesté est celle du Christ, assis, pour
juger les hommes : tel on le voit, au xn* siècle, au
portail de la cathédrale d'Angers ; au xni% à celui de
Notre-Dame de Paris ; au iiv', au tympan de la porte
principale de la cathédrale de Poitiers. À la façade
de la cathédrale d'Angoulême, sculptée au xri' siè-
cle, le Christ debout descend du ciel pour présider
le jugement fînal.
La troisième Majesté le représente debout, dans
son rôle de Rémunérateur, c'est-à-dire bénissant
et récompensant ses serviteurs fidèles (3).
Enfin, le Christ Vainqueur, encore debout, foule
aux pieds le lion et le dragon (4), emblèmes de Satan
qu'il a défait et rendu impuissant; puis, d'après
la vision Apocalyptique, il monte sur un cheval
blanc, à la façon des anciens triomphateurs (5).
(1) « Venite, benedicti Patria mei > (S. Hatth., XXV, 34).
(3) t Ëgo aum resurrectio et vita n {Aiit. du Benedictus, & l'Office
de» Mort»).
(3) Annal, urck., XVIII, 197, ivoire du xi* siècle, i la Biblio-
thèque Nationale.
(4) Hiël. de Dieu, p. 304, ivoire du zii* siècle, au Vatican.
(5) Hiit. de Dieu, p. 315, fresque du xti* siècle, à la cathédrale
d'Auxerre.
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Il importait de bien déterminer la marche ascen-
dante de l'idée de majesté, qui a été exprimée, au
moyen âge, de quatre manières, dilTérentes par le
détail, mais concordantes par le but qui est d'exal-
ter le souverain, Roi des rois, autrement dit le
Seigneur par excellence.
Le Crucifix limousin, exécuté au premier tiers
du xm' siècle, présentera donc désormais aux
amateurs un double intérêt: d'abord, en raison de '
sa rareté, les émailleurs ayant peu cultivé ce genre ;
puis^ à cause de son type, parfaitement accusé,
qui le classe au premier rang des Saintes Majestés
en croix.
X. Barbier de Montault.
D.g.tizedbyGoOglC
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L'Abbé de Feletz
Notre étude sur Feletz nous a valu quelques observa-
tions que nous euregistrons avec plaisir, car elles prou-
vent l'intérôt qui s'attache à cette Qgure, trop longtemps
restée dans l'ombre, et nous donnent l'occasion de mettre
 profit quelques communications complémentaires qui
nous ont été faites depuis notre publication.
a, Eugène Marbeau, dont l'opinion est d'autant plus
précieuse qu'il a connu notre spirituel académicien lors-
qu'il vint se fixer à Paris, nous a signalé les « petites
inexactitudes » ci-dessous :
P. 238, note 2 : Une lettre de Bertin à Fontanes aurait
été lue « par un M. Rousselle >. — s La formule est un
peu cavalière pour un personnage qui eut une certaine
importance. M. Rousselle, secrétaire et ami de Fontanes,
grand maître de l'Université, fut pendant de longues an-
nées vice-recteur de l'Académie de Paris ».
Nous avouons ici que nous ignorions absolument les
titres et qualités de ce prédécesseur de M. 0. Gréai-d, qui
n'eut probablement ni la notoriété ni le talent de ce der-
nier. Nous avons parcouru, pour être mieux informé,
plusieurs ouvrages où. se trouvent les renseignements
biographiques sur les grandes figures modernes. Nous
n'avons rien relevé au sujet de M, Rousselle. — Nous ne
pouvons que remercier M. Marbeau des détails précieux
qu'il a bien voulu nous donner à cet égard.
P. 247 et note 1 de la même page, mal rédigée: n Est-ce
que Feletz a été deux fois, en 1815 et en 1848, tourmenté
par deux ministres du nom de Carnot ? Ne s'agit-il pas du
même fait inscrit à deux époques différentes, à cause de
la ressemblance du nom? Le fait de 1848 est plus proba-
D.g.tizedby Google
~ 536 —
ble ; il n'y a rien d'étonnant à ce que, après une révolu-
lion, un nouveau ministre ait songé à donner un succes-
seur à un bibliothécaire octogénaire et aveugle, qui,
certainement, ne remplissait plus ses fonctions d.
Cela est fort juste et nous y souscrivons pleinement,
tout en nous excusant de notre inattention inexplicable.
P. 261. 1 II est question d'une anecdote se passant dans
le salon de M" de Deffand. M"" de Deffand était morte
plusieurs années avant la Révolution. La petite scène
racontée se passe sans doute à l'occasion de M"' de Def-
fand, mais non dans son salon ■,
M"' de Vichy-Chami-ond, marquise du Deffand (c'est le
nom donné par le manuel Lanson), est morte en effet en
1780; elle était née en 1697, FeletE en 1767. Son premier
article dans les Débuts est de 1802. L'anecdote que je dois
à M. Rupin est donc inexacte, au moins dans le détail.
FeletE n'a pu ni connaître M"' du Deffand, ni fréquenter
son salon, puisqu'il avait treize ans au moment de la mort
de celle-ci. — Encore une inattention regrettable. — Rap-
pelons en passant que la Correspondance inédite de
M" du Deffand a été publiée par le marquis de Saint-
Aulaire (Paris, 1859, 2 vol. in-8).
P. 267. I L'auteur se demande qui était l'abbè de Cos-
nac dont parlait Feleti, en 1818. N'est-ce pas celui qui,
avant de devenir évèque, avait été curé de Brive î II avait
été le confesseur de ma grand'mère, et mon père, qui
était très lié avec l'abbé de FeletE, me parlait quelquefois
de lui ».
Pour la i bibliographie n, j'ai à signaler deux articles
sur l'Abbé de. Feletz, parus dans le Bas-Limousin (n"* 3-4
année 1869) sous la signature : Stéphen (M. Lajoinie, alors
professeur de seconde au Collège de Brive) ; plus, quel-
ques ouvi-ages concernant l'histoire du clergé pendant la
Révolution, récemment parus :
Mémoii-es inédits de l'Internonce à Paris pendant la.
Révolution filOO-iSOi), par l'abbé Bridier (Pion).
D.g.tizedby Google
— 587 -
Correspondance secrète de l'abbé de Salamon, chargé
des affaires du Saint-Siège pendant la Révolution, avec
le cardinal de Zélada (1791-1192), publiée par le vicomte
de RichemuQt (Pion).
Police sur le clergé de Cahors pendant la Révolution,
par l'abbé Justin Gary (Delsand, Cahors).
On peut y joindre les ouvrages de H. Vallon: Le Tri-
bunal révolutionnaire de Paris [T. IV, p. 288-501 }.
V. Pierre: La Terreur sous le Directoire, d'après des
documents inédita {Rettaux-Bray, Paris 1887).
Un critique aussi mordant que Feletz et aussi connu par
sa situation au Journal des Débats et sa lutte avec « l'Athé-
née », était destiné à s'attirer les railleries de ceux qui ne
partageaient point sa manière de voir.
M. Louis Greil, de Cahors, nous a communiqué, k son
sujet, quelques épigramraes qui furent insérées, en 1808,
dans le Journal du Lot. Nous ne saurions trop remercier
notre érudit correspondant de sa gracieuse contribution à
notre monographie.
I
Comment ae nomme-t-ii ce singe satirique
Qui, signant par un F son amère critique,
S'est contre tout bon sens tant de fois signala !
Est ce l'abbé Fetetz ?... Non, c'est l'abbâ Fêlé '....
{Par un Aidtai- m midielat. mtmbrt it t'Acttiimle 4t MantoahaH).
II
Pourquoi cet amer détracteur
Et de Mérope et de Zaïre,
Zolle audacieux, a-t-il pris tant d'humeur
Contre un corps éclairé que te bon (;oiit inspire T
Voua voulez le savoir?... En voici la raison:
Le corps dont vous parlez proscrit l'art de médire.
Et le singe impuissant du célèbre Fréron
Vit des produits de la satire.
D.g.tlz'edby Google
m
Pour se rengar d'une Athénâe
(Jui ie mit naguère à son ban,
Feletz, émule de Satan,
Lance une flèche ampoiaonnée
Sur la cité de Montauban.
Ingrat!... Ta rage s'est tournée
Sur le tombeau de Pompjgnan (I).
(Par un aiutca chaneùu de la eatkiirale dt MviUauban).
umat ia Loi,! luiiier IB08).
IV
Peletz, de Brive-la-Gaillarde,
Est la gloire du Limousin;
Bufflëre l'a nommé son barde,
Aussi voyez s'il est malin.
D'esprit sa critique pétille.
D'esprit qui lui vient de famille ;
Deachalvmeaux est son cousin ;
Et l'on dit encor' du bon drille
Que PourceflUffnac est sou parrin fsicj.
nalatix feiidUII 4e Monlautan),
mal du Lot, 10 juiTlsr 180)1).
Raymond Labordb.
(t) LBfrmc de PomplKiiin, TonHateur de l'Acattéuile d« Hoatauhia.
Dijiiizedb, Google
LETTRE DE M. BONNEVAL
CURÉ DE TAURIAC m
A Monseigneur Henri, évêque de Cahors
AU SUJET DE L'USURE
Avant d'entreprendre l'historique et la généalo-
gie, s'il est possible, d'une ancienne famille ayant
habité la commune de Bétaille, en Quercy, sur les
confins du Limousin, famille essentiellement bour-
geoise, vivant même noblement, et dont le dernier
descendant direct est aujourd'hui président de la
Chambre des Notaires de l'arrondissement de Brive,
nous allons donner la copie d'un document trouvé
dans ses archives et dont l'auteur, prêtre plein de
fol et de scrupule, était de son vivant curédeTau-
riac. Du reste, plusieurs membres de la famille
Bonneval, qualifiée parfois de Bonneval, sont en-
trés dans te sacerdoce et ont exercé leur ministère
à Cuzance, à Tauriac, à Bonneviole, à Cahors, et
des documents intéressants pourront être publiés à
ce sujet. En attendant, la lettre suivante, adressée à
Mgr l'évêque de Cahors, Henri de Briquevitle de la
Luzerne, nous montrera l'esprit de profonde jus-
(1) Paroisse du canton de firetenoiix, arrondissement de Figeac
(Lot). — Commune de Prudhomat. Grande foire annuelle, le 20
juillet, dite de Bonneviole.
ïGoogle
— 590 —
tice et de saine tradition qui animait le clergé de
l'époque. Elle est relative au prêt à intérêt.
Il convient de remarquer que, dans notre langage
ordinaire, le mot usure se prend ordinairement
en mauvaise part; mais parmi les jurisconsultes,
les théologiens, les canonistes et les gens d'affaires,
l'usure peut se prendre également pour un intérêt
légitime ou pour un intérêt illicite.
Les stipulations des intérêts, successivement
prohibées et autorisées par la législation romaine,
furent définitivement réglées par les empereurs
Constantin et Justinien. En France, elles furent
constamment défenduesdans les prêts. Elles étaient
formellement interdites par les lois canoniques et
cette prohibition fut confirmée par les ordonnances
de nos rois.
L'un des principaux actes de l'Assemblée consti-
tuante fut d'autoriser le prêt à intérêt (déc. 3-12
octobre 1789) et l'article 1905 du Gode civil, ainsi
que la loi du 3 septembre 1807 ont définitivement
consacré cette disposition.
Voici la copie de la lettre adressée à l'évéque de '
Cahors :
Monseigneur,
Votre Grandeur est l'oracle que nous devons consulter
nos douttes, et à qui nous devons obéir pour être en su-
rette devant Dieu. Dans cet esprit, j'ay recours à vos infi-
nies lumières. Monseigneur, pour être éclairé sur un point
de morale qui fait schisme danB ce pays. La question est
telle La sentence du juge est-elle un titre pour pouvoir
en conscience prendre le revenu d'une simple obligation ?
J'ay été consulté dans la qualité dont votre Grandeur
D.g.tizedby Google
- 591 —
m'a honoré, et j'ay répondu que la sentence n'était pas un
titre lorsque le créancier n'était pas en soufraoce ou que
le débiteur n'était pas dans un coupable retardement. Ma
raison a été que le juge présume toujours l'un ou l'autre.
J'ay prouvé cette présomption ;
1" Parce que la justice ne condamne le débiteur à payer
le revenu que depuis la réquisition juridique, quoyqu'il
fut débiteur longtemps avant l'ajournement ; elle présume
donc que le créancier qui requiert payement, est pour loi-s
en soufrance et ne l'a pas été plutôt.
2' Parce que l'ordonnance du Roy adjuge un plus grand
revenu aus marchands qu'aux autres, parce que les mar-
chands soufrent communément plus de dommage par le
retardement du payement.
30 Le Parlement de Paris, légitime interprète des or-
donnances, fut consulté en 1679 au rapport des conférences
de Luçon, sur le traité de l'usure. Sa réponse fut que la
maiime du Parlement était que les intérêts sur un pur
prêt sont usuraires ; ainsi, quand la justice condamne les
débiteurs à payer les intérêts d'une simple obligation, elle
présume nécessairement, ou que le créancier est en souf-
france, ou que le débiteur est dans un coupable retarde-
ment. Cette réponse du parlement est signée des huit plus
habiles personnes de ladite cour.
4» J'ay prouvé la présomption par cet exemple: Pierre
a joui trant'ans avec mauvaise foi le bien de Jean : celuy-
cy venant à le découvrir met Pierre en instance. Le juge
qui présume la bonne foy dans Pierre prononce en sa fa-
veur. Si cependant Pierre déclarait devant le juge qu'il a
joui ce bien en mauvaise foy et qu'il a toujours (sceu) su
que ce bien appartenait à Jean, le juge condamnerait ledit
Pierre i restitution, malgré sa prétendue prescription.
De même si le créancier avouait devant le juge, que
pour avoir prêté, il n'a été, ny n'est en souffrance; que,
de plus, il a raison de croire que son débiteur n'a été, ny
n'est en coupable retardement, le juge ne condamnerait
pas le débiteur à payer le revenu; autrement, ce serait
dbyGoOt^lc
— 592 —
ouvrir la porte à l'usure. Donc, quand le juge condamne
au revenu, il présume toujours que l'un est en souffrance,
ou l'autre contumace. On m'a objecté qu'on doit regarder
comme une peine la sentence du juge.
J'ay répondu que la sentence ne doit jamais être regar-
dée comme une peine, que dans le cas où le débiteur est
dans un coupable retardement, par cette règle du droit:
Sine culpa nisi subsit causa, non est aiiquis puniendus :
reg- 33. II ne parait pas dans le cas présent de cause rai-
sonnable pour punir un débiteur qui n'est nullement cou-
pable.
On m'a répliqué que le bien public était une règle et
une juste cause pour ordonner (insin) le revenu, J'ay ré-
pondu qu'il n'était pas de règle sans exception, et que le
cas dont il s'agit devait être excepté, parce qu'il était du
bien public, qu'il n'y eut point d'usure, et que dans le cas
présent, il y aurait usure manifeste.
On m'a objecté de plus que de graves auteura étaient de
l'opinion contraire. J'ay répondu :
1" Que l'opinion contraire était nouvelle, inconnue à la
vénérable antiquité, aux sacrés canons et aux saints doc-
teurs. On a voulu me dire que l'ordonnance de Charles 9
en 1560 avait donné occasion à cette opinion.... J'ay ré-
pondu que les payens mêmes, que de tout temps, les prin-
ces souverains avaient sans doutte fait de semblables loix
contre l'insatiable cupidité des avares, sans qu'on se soit
jamais avisé de cette subtiliié frauduleuse, que depuis la
naissance des opinions probables, que l'ennemi est venu
répandre dans le champ du père de famille pour étouffer
le bon grain de la saine morale.
2° Que de plus graves auteurs, des prélats, Grenoble,
Luçon, etc., prélats, dis-je, qui ont seuls droit de régler la
foy et la morale, sont pour l'opinion que je défends.
3" Que, quand même ces deux opinions seraient égale-
ment fondées, il est de règle qu'on doit dans les douttes
suivre le parti le plus conforme A la loi de Dieu et fuir
celuy qui favorise l'aveugle cupidité.
D.g.tizedby Google
Mais, a-t-OD enfin ajouté, si le créancier dit qu'il était
en souffrance, la sentence lui sera-l-elle un titre légitime
pour prendre le revenu?
J'ay répondu qu'il ne sufRsait pas que le créancier fut
dans le cas du profit cessant et du dommage naissant, à
moins que çâ ne soit vray : on [scait asaais) combien les
usuriers sont ingénieux à trouver de faux prétextes pour
couvrir l'infamie de leurs usures. Le créancier devait
avoir averti le débiteur qui aurait trouvé quelqu'honnète
homme qui lui aurait prêté sans revenu. Le christianisme
aura toujours des âmes charitables et généreuses.
Si cette question n'était pas décidée clairement et sans
ambiguïté, elle donnerait occasion à quasi tous les créan-
ciers, sans distinction, d'obtenir sentence pour percevoir
des revenus, que deviendrait la religion ?
VoyU, Monseigneur, quelle a été ma réponse, que je
soumets avec respect au jugement de Votre Grandeur. Je
la supplie très humblement de me faire scavoir au bas de
cette consulte, le sentiment qu'oa doit nécessairement
suivre pour assurer le salut; en un mot, si j'ay bien ou
mal décidé.
J'ay l'honneur d'être avec un très profond respect, Mon-
seigneur, votre très humble et très obéissant serviteur.
BoNMEVAL, curé de Tauriac.
13 septembre 1733.
Voici la réponse de Monseigneur, au bas de la
consulte :
Vostre décision. Monsieur, me parait la plus sûre et la
plus probable.
A Caors, ce 21"" septembre 1733.
Henbv, évêque de Caors.
Je ne sais si cette réponse a calmé entièrement
les préoccupations de ce digne prêtre ; mais, dans
D.g.tizedby Google
tous les cas, on peut dire qu'elle est assez brève et
que l'usure pratiquée par des Lombards qui s'établi-
rent à Cahors en plein moyen âge y était peut-être
devenue tellement commune que le prélat, malgré
la ruine d'an de ses prédécesseurs, par ces Caor-
ciens, hésitait peut-être à lancer le même anathéme
que son scrupuleux subordonné.
P. Delmond,
Directeur d'école à AUusac.
D.g.tizedby Google
ALLASSAC
[Suite.)
Dijiiizedb, Google
— 596 —
Pour cette population rien n'était sacré comme les
vieux usages de son église. Essayer de les supprimer c'était
s'exposer à sa colère, alors même que l'autorité ecclésias-
tique s'en serait mêlée. Nous en avons pour preuve la
protestation énergique qui eut lieu, en 1699, à l'occasion
de la grande fête paroissiale du 29 août. Il parait qu'au-
trefois le Saint-Sacrement y était exposé toute la journée
sur le maître-autel. Or, en cette année-là, la dédicace de
cette église se faisant le jour même de la décollation de
saint Jean, le curé dût faire son exposition dans une des
chapelles latérales pendant les cérémonies de la consé-
cration. Mais mal lui en prit, car aussitôt il reçut, de
François de RofBgnac, une assignation en forme, par acte
signifié et enregistré, où il lui était enjoint de replacer
immédiatement l'ostensoir sur le maitre-autel, sous pré-
texte que cette innovation, entièrement contraire aux
usages anciens, pourrait être préjudiciable aux fidèles
a et aux coaeigneurs dont il était, ayant prérogatives et
B patronage de l'église (1). »
Nous supposons que cet attachement exagéré de leur
seigneur pour les pieuses traditions était partagé par les
paroissiens. Nous savons d'ailleurs que le respect qu'ils
avaient pour le prêtre était à l'égal de la confiance qu'ils
lui donnaient, comme ils le prouvaient journellement
par leur extrême docilité. Le caractère sacerdotal, envi-
sagé au point de vue de l'ordre social ou religieux, pri-
mait tout dans leur esprit; et, leur 'grand bonheur à
l'époque des ordinations, était de pouvoir contracter une
sorte de parenté adoptive avec un des nouveaux lévites
de la paroisse, voulant partager avec la famille l'honneur
qui lui revenait. C'est ce que nous apprend, en 1589, un
certain Bertrand de La Bergière qui, se voyant initié
aux divins mystères par le sacerdoce, comme le baptême
l'avait initié à la vie chrétienne, crut devoir se donner,
en outre d'un parrain et d'une marraine, d'autres parents
flJ Arcbivea de M. de Selve, de Lagane.
Dijilizedb, Google
- 597 ~
parmi les plus grands de la contrée. Il se choisit donc
Elle de Roffignac pour nouveau père, et M'" de La Bas-
tide pour nouvelle mère ; honneur qui fut tellement
apprécié du dit seigneur qu'il en reçut une créance de
seiie livres, o Messire Bertrand de La Bergière, de Las-
■ sac, a chanté sa première messe, le 9 mars 1589, et
» m'a faict son père, et Mademoiselle de La Bastide, sa
» mère. Je luy ay donné ung debte de xvi LL que la
n Jouanou de Forchier me devoit par obligé (1)- •
Si ces seigneurs faisaient tant de cas du sacerdoce, c'était
pour arriver à graver plus profondément l'emhlème de la
paix aux frontispices de la conscience, de la famille et
de la société. Et si, parfois, les bruits de guerre les for-
Ç.aient à reprendre leur armure de chevalier, ils allaient
au combat pour en préserver leurs vassaux. Aussi lorsque,
le 30 septembre 1588, le secrétaire de l'évèque de Limoges,
M. Buelly, enrôlait les habitants d'Allassac pour la garde
du fort, Elle de Roffignac lui permettait de placer une
guérite au portail de la maison de Saint-Hartial et de
celle de Carronnietle qui était en sa fondalité, mais à
la condition formelle de pouvoir la démolir aussitôt après
la guerre aQn de mieux maintenir la paix (2] .
Ces sentiments sont à l'unisson de ceux du peuple. Si
voud voulez vous en convaincre vous n'avez qu'à prêter
l'oreille à son langage où se trouvent mêlés tour à tour
les accents chrétiens de la douleur ou de la joie. Combien
de fois n'avons-nous pas été frappé dune singulière
expression toute locale et quasi toute divine, qu'on ne
trouve nulle part ailleurs et qui pénètre l'âme de com-
passion : 0 Eloy de Dio/ », qui doit répondre évidemment
à celle de notre Sauveur sur la croix : « Mon Dieu, pour-
quoi m'aveZ'Vous abandonné ! ■
Si nous examinons ses actes, surtout ceux qu'il remplit
dans la Semaine sainte, nous les verrons tous empreints du
(t) Journal domestique d'Élie de Roffîgnac.
(^j Journal domestique d'I^lie de Roffignac.
f . XX. i- 9
D.g.tizedby Google
-5Ô8 -
plus pur christianisme. Il lui semble que la rédemption
doive répandre ses fruits jusque dans les entrailles de
cette terre qui a été inondée de son sang, et qu'il suffise
de la fouiller en ces jours de larmes pour qu'elle soit
fécondée. Voilà pourquoi il réserve spécialement, pour le
Jeudi saint et le Vendredi saint, la semence des légumes
et la taille de la vigne, tandis qu'il renvoie à plus tard
les lessives et les autres travaux intérieurs de la maison.
La piété envers les morts ne se fait pas moins re-
marquer à AUassac, où les plus irréligieux comme les
moins prodigues, se font un devoir de rendre, tous
suivant leur condition, les honneurs de la sépulture ^
leurs parents défunts. Pour détruire cet usage l'impiété
contemporaine devrait détruire la mort, et elle n'y parvien-
dra pas. Que faire aloredeces pauvres trépassés? Jadis ici
des caveaux spéciaux étaient réservés dans l'église pour
les membres des grandes familles et pour leurs amis.
Le 30 mars 1543, nous voyons Geoffroy de Pompadour
accoi-der à Bernard Buisson, juge des appeaux de la vi-
comte de Limoges, à titre de récompense pour les services
qu'il lui avait rendus, le droit de sépulture dans la cha-
pelle de Saint-Georges, de la maison de Chanac (1).
On regarde encore comme inséparable des devoirs de
la sépulture l'acquittement des services et anniversaires,
auxquels on ajoute souvent des distributions de pain aux
pauvres afin d'obtenir le concours de leurs prières en faveur
des pauvres défunts, et souvent du reste pour se conformer
à leur expresse recommandation. En 1280, la veuve de
Pierre de Chanac élit par testament sa sépulture au cime-
tière paroissial d'Allassac, moyennant quarante sous,
léguant sept deniers à tous prêtres et clercs assistants,
■ et deux deniers à tous les pauvres présents (2), »
Après le culte des morts nous devons placer celui des
Saints, surtout pour nos cultivateurs et vignerons, car
rien de ce qui touche à la protection du ciel ne saurait
(1) Bulletin archéologique de Brive, juillet 1890, p. 471.
{2) Collection Fortunnde.
D.g.tizedby Google
étre indilîérent à ceux qui ont tout  attendie de la
providence divine. Aussi n'est-on pas surpris de les voir
aller en procession ou en pèlerinage auxdivers sanctuaires
qui leur paraissent destinés à conjurer de leurs récoltes
les maléfices ou les orages, et à obtenir la cessation
de la pluie oU de la sécheresse. C'est poui-quoi on les
surprend, tantôt à asperger eux-mêmes leurs terres de
notre sainte eau lustrale, tantôt à se rendre en prière
aux fontaines miraculeuses de Saint-Hobert, de Malemort
et d'ailleurs afin de procurer à leurs enfants la guérison
des maladies ennuyeuses (ies nandzes].
Les testaments font aussi apparaître leurs sentiments
de piété; et il n'est pas rare de les trouver, en ces cir-
constances, entièrement absorbés par la pensée de remplir
les droits de la justice et de la conscience, se conformant
toujours en cela aux habitudes des chrétiens d'autrefois.
Le 12 aoùE 1348, on voyait en effet un chevalier, Guy de
Ghanac, instituer tout d'abord -Hélie, son fils atnë, pour
son héritier universel; et puis léguer le manoir de La
Roche Jarron à Robert, chanoine de Paris; plus soixante
sols tournois à Guillaume, moine de Saiut-Martial ; plus
cinq sols à Foulques, religieux de la même abbaye ; plus
dix livres tournois à Bernard, chanoine de Paris; plus
dix livres à Bertrand, chanoine de Limoges ; plus soixante
30US à Denise, religieuse de Saint-Pardoux en Périgord;
autant à Delphine, du même couvent; autant à Doulce,
bénédictine de La Règle, de Limoges; plus, enfin,
dix blancs tournois à Comptorie, femme du sei-
gneur de Milleria. On le voyait également, tout pénétré
de zèle pour la maison de Dieu, léguer certaines rentes
pour l'entretien d'une lampe et de cierges devant la
chapelle de Saint-Georges, prescrire une torche de cire
pour brûler à l'élévation de la messe et pour accom-
pagner le saint viatique aux malades. Il recommandait
surtout, en terminant, aux exécuteurs testamentaires de
payer toutes ses dettes (I}.
(1) Champeval, Diclionnaire de la Corrète, p. 2)1.
D.g.tizedby Google
Mais pour juger plus parfaitement des dispositions des
Qdëles d'Allassac, on n'a qu'à voir le respect qu'ils ont
conservé pour le dimanche. Jadis ce jour était vraiment
celui du Seigneur, jour de repos absolu et de sancti-
fication. Aujourd'hui encore, malgré les coups portés à
la religion, l'église y est très fréquentée. On s'y rend
aux quatre messes dominicales; on y écoute avec bonheur
la parole de Dieu ; et nous ne craignons pas d'affirmer
que ce précepte serait généralement observé si, dans la
matinée, le ti-avail était suspendu aux carrières d'ar-
doises. Ah! sites patrons et les chefs de chantier avaient
un peu consulté les registres de la mairie, ils pourraient
se rendre compte par eux-mêmes du cas qu'on faisait
de cette loi ecclésiastique et divine. Ils verraient quelles
prescriptions minutieuses prenaient jadis les municipalités
pour faciliteraux fidèles les abords de l'église les jours de
dimanche et pour en interdire le travail. Presque à chaque
page ils trouveraient, même au commencement de ce
siècle, des règlements de police concernant le recueille-
ment et la bonne tenue des assistants aux ofiices divins,
la liberté religieuse de chacun, le respect envers les prê-
tres officiants, la propreté intérieure et extérieure de
l'église, ainsi que celle des rues sur le parcours des pro-
cessions, et l'invitation aux fonctionnaires de l'État d'as-
sister aux processions, surtout à celles du St-Sacrement,
avec un cierge à la main,
Faudrait-il s'étonner ensuite de rencontrer encore çà
et là des usages remontant aux vieux temps de la foi?
Oui, de nos jours, nous assistons à ce spectacle édifiant
de jeunes flUes, de jeunes gens et de vieillards qui se
disputent et achètent chèrement l'honneur de porter les
croix, les bannières, les statues de leurs Saints, le sceptre
royal et jusqu'à la crosse et à la rnitre épiscopales.
On ne devra pas s'étonner davantage qu'il n'y ait, pour
nos chrétiens même modernes, jamais trop de fêtes ni
assez de pratiques religieuses. C'est à peine si les saiuts
protecteurs de leurs églises suffisent à leur dévotion, car
D.g.tizedby Google
- 601 —
i\s vont jusqu'à s'abriter sous la tutelle des titulaires des
autres paroisses et à marcher sous leurs étendards. Nous
voyous, en effet, nos paroissiens d'Eyzac et des villages
avoisinants, célébrer la fête de Sainl-Eonnet-rEnfantier;
ceux de la Pialporchie, de Bouchalioux et autres du voi-
sinage, célébrer la Sainte- Madeleine du Saillant; ceux
enfin de Lasteyrie, de Gorsat, de Borderie et de Mon-
taural célébrer l'Assomption et la Saint-Roch de Saint-
Viance, tout en restant fidèlement attachés à leurs véri>
tables patrons.
On comprend maintenant que les évéques de Limoges
aient comblé de privilèges des vassaux si vertueux. Entre
tous ceux qu'ils leur avaient octroyés, nous mention-
nerons, à la date de l'250, la liberté de bâtir des fours
banaux pour la libre cuisson de leur pain (I); et, en 1VI3,
la plantation, autour de la ville et des propriétés épis-
copales, de croix protectrices qui devaient les faire jouir
d'une complète immunité, et les préserver en même temps
des injures, des rapines et des mauvais traitements des
ennemis et des vagabonds |2).
Après tout ce que nous venons de dire sur les dispo-
sitions et les sentiments de ces habitants d'AUassac, il
serait inutile, croyons-nous, de demander quel était et
quel est encore leur esprit politique. Évidemment il a dû
toujours aller de pair avec l'esprit religieux, car l'un ne
saurait marcher sans l'autre, surtout quand on les fait re-
monter à ces principes anciens d'orthodoxie et de légitime
hérédité qui étaient admis de tous, autrefois, comme les
droits sacrés du fils sur l'héritage du père.
Mais ce ne sont pas là toutes leurs qualités. — Vrais
types méridionaux, ils sont vifs et ardents au travail,
duquel ils attendent l'aisance et la tranquillité. — Imbus
de l'esprit de famille, ils n'aiment rien tant que le foyer
paternel, et quand ils ne peuvent s'y asseoir ils s'ins-
tallent tout à côté; d'où l'origine de ces gros villages oii
(I; OartuJaire des évéques de Limoj^es.
(2) Cartulaire des «vaques de Limoges.
D.g.tizedbyGoOglC
— 60-2 -
l'on vit en paix et en bons voisins, se rendant chaque jour
de mutuels services. — Doués d'une constitution robuste
qu'ils tiennent à entretenir, ils usent d'une alimentation
saine qui aide au développement des membres de leur
corps, et qui a dû contribuer à établir dans le pays cette
belle race d'hommes grands et solides, dont la haute
taille relevée par de larges épaules et une poitrine déve-
loppée, leur assigne une place dans les régiments de
cuirassiers et continue à leur mériter la dénomination
de beauï garçons : Allassacs tous beaux gorçoux.
Naturellement la propriété doit se ressentir du travail
de ces forts gaillards, qui autrefois ne connaissaient
guère, à proprement parler, qu'une seule culture : celle
de la vigne. Mais Dieu! quelle culture!.... Le vignoble
d'Allassac !.... Oh ! il semble que c'est un rêve! A droite
et k gauche de tous les sentiers qui conduisaient aux
coteaux et aux vallons, ce n'étaient que pampres et rai-
sins qui pendaient à la branche, et dont la vue suffisait
à. faire épanouir les sourires sur les lèvres et à faire
retentir les échos des airs joyeux des vignerons. Ah!
c'est qu'il était bon et enivrant le jus de ces raisins.
Ëcoutez ce qu'en disait le Calendrier Limousin de 1762 :
1 AUassat, peuplé de 612 feus, produit le meilleur vin
B du Bas-Limousin, capiteux et chaud sur l'estaumac.
B Ce vin allait jusques à Bourganeuf, Guèi-et, Treignac et
B Eymouliers, et on le portait à dos de mulets en des
B hottes de cuir dont 2 faisaient la charge, laquelle valait
> 90 bouteilles, de la mesure de Limoges, b
Mais pourquoi faut-il que soudain les bénédictions
célestes soient restées suspendues au-dessus de ce riche
vignoble, et que le plus imperceptible des insectes ait
pu dévorer toutes les racines capillaires et sucrées de
cette plante merveilleuse? — Mystère!... Mystère!... Quoi
qu'il en soit il a fallu se livrer à un autre genre de
culture, et demander à d'autres plantes le moyen de pour-
voir à la subsistance des familles. On s'est retourné vers
le jardinage, que le terrain et le climat semblaient devoir
,y Google
favoriser, et, aussitôt, de nouveam produits sont venus
offrir de nouveaux bénéfices à ces pauvres cultivateurs
que la pei-te momentanée de leurs vignes rendait incon-
solables. Sur ces entrefaites une station importante d'une
grande ligne de chemin de fer ayant été placée presque
dans l'enceinte de leur ville, ils en ont profité pour fonder
des marchés quotidiens et expédier leurs eicellentes pri-
meurs. Le petit pois, te haricot, l'artichaut, la cerise,
la prune, la poire, la pêche, la figue, le melon, la noix,
la châtaigne et la pomme, sont autant de denrées qui,
jadis négligées, font aujourd'hui «ne grande partie de
leurs revenus. Us peuvent d'ailleurs en être fiers puisque,
servies aux tables princiéres de la capitale, elles ont
obtenu le prix sur toutes celles du midi de la France (1),
Mais là ne se borne pas tout le commerce d'AUassac,
et nous manquerions à notre i-ôle d'historien comme au
devoir envers la divine Providence si nous ne parlions
pas de l'industrie des ardoises qui est venue subitement
augmenter le bien-être d'un grand nombre de familles.
L'exploitation privée et restreinte des carrières ne per-
mettant pas aux ouvriers, autrefois, de descendre jus-
qu'aux couches où gisaient les qualités supérieures, on
ne pouvait obtenir guère que des ardoises de surface.
De là des critiques malignes et intéressées basées sim-
plement sur les difficultés inavouées de l'extraction. Mais
aujourd'hui qu'une force motrice électrique permet d'aller
à d'immenses profondeurs, les conditions sont absolument
changées, comme nçus l'apprennent les experts en la
matière.
Le premier témoignage recueilli par nous, de la bouche
même de l'inspecteur général des mines, M. Laur, nous
apprenait naguère que les carrières d'Allassac étaient le
■plus beau des gisements ardoisiers de France. Vient en-
suite le compte rendu détaillé des analyses et essais opérés
(t) Appréciation donnâe devant M. Gibert et u
breuse.
D.g.tizedbyGoOglC
— 6UÎ —
à l'École nationale des ponts et chaussées (service anneie
des Laboratoires] :
1" Analyse de l'échantillon portant le numéro 6 :
Silice 87.30
Alumine 3.30
Peroxyde de fer 4.80
Chaux 0.80
Magnésie 1 . 15
Perle su feu 3,50
iSléments non dosés et pertes 0.35
Total 100.00
3* Bëtaû sur iéchanlilton portant le numéro 8, découpé
en plaquettes de 0.33 de longueur, 0.05 de largeur
et 0.0015 d'épaisseur :
Densité moyenne t l'état desséché, 2.776.
Densité des 3 plaquettes aprëa imbibition d'eau, 3.777.
Proportion psur cent en volume d'eau absorbée ou porosité, 0.3
pour cent.
Charges appliquées pour la détermination du coefficient d'élas-
ticité {l'écartement des 3 points d'appui était de 0.30). 9 k. 600
et S k. 100.
Flèches mesurées sur les charges ci-dessus : 0.000390 et 0.000334.
Charge totale qui a produit la rupture. 40 k. 5 et 34 k. h.
Coefficient d'élasticité ; Plaquettes desséchées 10.30 X 10 9; Pla-
quettes imbibées lO.ÔU X 10 S.
Coefficient de résistance par millimètre, 3 : Plaquettes desséchées
9.65. Plaquettes Imbibées 8.53.
Ce compte-rendu assignant le premier rang à nos ar-
doises, il ne restait plus qu'à produire des médailles afin
de gagner la confiance du public. Or ces récompenses
n'ont pas été épargnées aux premiers, d'abord, MM. Bourdu
et Coudère, qui osèrent reprendre l'exploitation des an-
ciennes carrières, et enfin tout récemment aux frères
Boucharel, qui ont obtenu des médailles d'or de grand
module aux diverses expositions de Paris, de Londres et
de Bruxelles, et en particulier le diplôme d'honneur hors
concours.
Après de telles récompenses insignes et de premier
ordre, tout commentaire serait superflu. Le bon droit
ayant été solennellement reconnu par trois jurys com-
D.g.tizedby Google
_ 605 -
pétents, la valeur de nos ardoises ne peut plus être con-
testée. C'est le cas maintenant de parler de la force
motrice électrique qui leur a valu cette supériorité mar-
quée, et qui semble devoir promettre de nouveaux avan-
tages à la population ouvrière.
C'est en 1896 que l'électricité, cette belle découverte
des temps modernes, a pu fonctionner  l'usine du
Snillant- Vieux, sous l'habile direction de M. Chaux et
le haut patronage de notre député, M. le comte de Las-
teyrie. Nous ne pouvons en donner une idée plus exacte
qu'en relatant ici l'article que nous fîmes insérer à ce
sujet dans la Croix de la Corrèze :
■ 1/éclairage électrique de notre ville a été inauguré
le 19 juillet dernier. — L'installation, qui fait le plus
grand honneur à l'entrepreneur M. Chaux, mérite plus
qu'une description sommaire. — En effet, si nos souve-
nirs sont exacts, c'est la seconde installation de ce genre
qui fonctionne en France.
B Voici en quoi elle consiste : L'usine génératrice du
courant est située à trois kilomètres environ d'AUassac,
au village de Saillant-Vieux, dans le fond d'une vallée
splendide et au milieu d'un bouquet d'arbres séculaires,
où se trouve un moulin appartenant à M. le comte de
Lasteyrie, député ii l'Assemblée nationale. — C'est ce
moulin que M. Chaux a choisi comme centre de produc-
tion du courant électrique. A cet effet il a fallu installer,
à la place de la vieille roue à augets qui actionnait autre-
fois le moulin, une turbine système Hercule de 115 che-
vaux. A cette turbine est attelée directement par un joint
RafTard une dynamo-auto-excitatrice à courant alternatif
de 75 kilowats, pouvant débiter trois mille volts sous
25 ampères. — Cet alternateur, monté en triangle, fournit
des courants tréphasés qui sont conduits à Allassac par
une ligne à trois fils en bronze siliceux, de 35 dixièmes
de millimètre.
« Cette ligne aboutit à la halle de la ville, dans le gre-
nier de laquelle un transformateur de 10 kilowats pi-oduit
D.g.tizedby Google
— 606 —
des courants à basse tension [120 volts). Ces courants sont
alors distribués aux appareils de consommation par un
réseau à trois fils qui dessert toutes les rues de la ville
et aliinenie actuellement des centaines de lampes répar-
ties chez de nombreux habitants.
» Les courants conduits chez les abonnés étant à basse
tension (120 volts), ne sont aucunement dangereux. Aussi
les abonnés affluent-ils déjà, et beaucoup qui attendaient
d'avoir vu sont aujourd'hui convertis et ne demandent
qu'à Ctre éclairés. Le conseil municipal seul se fait encore
tirer l'oreille; mais s'il faut en croire certains échos, il
ne tarderait pas à répandre celte belle lumière dans les
divers quartiers de la ville (1).
I Tout le matériel électrique a été construit par la
Société Alsacienne de construction mécanique de Belfort;
et le matériel mécanique et hydraulique par la maison
Bonnet, de Toulouse, maisons dont l'éloge n'est plus à
faire.
n Après de tels bienfaits le bien moral marchera-t-il
de front avec le bien-être matériel? Nous aimons à le
croire, car la reconnaissance suscite le dévouement et
la vertu. — En tout cas on ne dira plus d'Allassac qu'elle
soit la ville noire puisqu'elle est si brillamment éclairée. »
En somme tout semble contribuer à la prospérité de
cette paroisse, comme l'indique le confortable des habi-
tations, qui nous font regretter la noble simplicité des
anciennes demeures féodales. Assurément nous n'aurions
rien à envier aux autres localités secondaires du diocèse
si un clocher architectural se dressait hardiment au-
dessus de ces toits modestes ou gothiques, à la place
de la lourde et maussade tour de défense dont les meur-
trières, les mâchicoulis et l'observatoire n'ont plus rien
à voir.
II est vrai que si l'élégance et la pureté du style man-
quent extérieurement à celte église, il n'en est pas de
(1) C'eSL ce qui a eu lien presque aussitôt après par le moyen
d'une souscription volontaire.
ïGoogle
— 607 —
même dans l'intérieur; car, sans être d'une correction
irréprochable, elle y est d'une coquetterie sana égale, au
grand étonnement des visiteurs de bon goût. Trois tri-
bunes, dissimulées sous de gracieuses arcades, n'y parais-
sent ni écrasantes ni encombrantes. Trois belles chapelles
latérales aux voûtes étoiiées et fleurdelysées, et, appli-
quées aux parois symboliques des murs, six belles statues
répondant aux dévotions du jour, loin d'y effacer la vue
majestueuse du maître autel, ne font que lui donner un
nouvel éclat en rehaussant les riches colonnes torses
et les autres grands sujets sculptés de son splendide
retable.
Et non-seulement elle est pourvue au dedans de ce qui
nourrit la piété des fidèles, mais même de ce qui cons-
titue le trésor des églises. Elle possède, en effet, de nom-
breuses et précieuses reliques, dont les pasteurs s'empressè-
rent de faire l'acquisition après les désastres de la Révolu-
lion. Les unes furent données, en 1819, à M. Hervy, curé
d'AUassac, par Mgr du Bourg, évéque de Limoges.
C'étaient des parcelles d'ossements des glorieux martyrs
Cérice, Généreux, Illuminate, Célestin, Théodore, et des
saints Lucide, Réparât, Donat, Désiré, Fortunade, Séve-
rine, Boniface, Célestine, etc. — Longtemps oubliées au
fond d'une armoire de la sacristie, après le départ de
M. Hervy, elles furent retrouvées par nous, en l'année
1888; et présentées k Mgr Denéchau pour être réauthen-
tiquêes. — D'autres furent adressées de Paris, à M. le
curé Bosredon, par la prieure des Carmélites, sœur Thé-
rèse de Jésus, et suivies, en 1824, d'une attestation de
Mgr de Sagey, où étaient désignés les bienheureux mar-
tyrs Félix, Crescente, Zenon, Désiré, Abondan, Euphémie ;
les saints Autade évèque, Pressentiane et Constance vier-
ges, et six autres restes légers et sans nom, — Ajoutons à
cette liste une parcelle de la vraie Croix, enfermée dans
une petite boite d'argent et fixée à l'intersection des bras
d'une croix d'ébéne ; puis deux fragments des corps de
saint Patrice et de saint Joseph, et un peu de tissu blanc
D.g.tizedby Google
— 608 —
du voile de l'auguste vierge Mario, comme l'indique l'ins-
cription : Ex f&sciâ B. M. V.
Nous voudrions maintenant pouvoir mentionner ici
quelques objets artistiques. Mais, à notre grand regret,
nous avons dû détacher nos regards des voûtes, des co-
lonnes, des fenêtres et des portes de l'église sans y avoir
retrouvé rien de bien caractéristique qu'un pâle souvenir
du rayonnant xiv' siècle, mélangé de renttissance et de
roman. Seule l.i chapelle des Pénitents, sanctuaire autre-
fois de Notre-Dame de l'Oratoire hors murs, présenterait
dans son ensemble un gothique plus pur et d'une époque'
un peu antérieure, si elle n'était pas horriblement mu-
tilée. Certainement elle dût être riche et gracieuse dans
son temps pour mériter l'honneur d'un bref pontifical.
Quant aux églises des annexes elles n'offrent rien de
monumental. Celle de La Chapelle, pourtant, présente
une certaine particularité, à l'aide de laquelle nous avons
pu pénétrer le mystère qui l'enveloppait, étant désignée
tantôt sous le titre de Sainte-Catherine et tantôt sous
celui de Sainte-Croix. Après examen des lieux nous avons
remarqué, en effet, qu'elle était double, l'une superposée
à l'autre. Nous avons dû conjecturer alors que la pre-
mière, qui est et qui devait être paroissiale, était réservée
au clergé d'Allassac pour y honorer le martyre de la
sainte; tandis que l'autre qui était entourée jadis des
bâtiments des moines d'Eymoutiers, devait être monacale
et, partant, spécialement réservée à ces religieux pour
y célébrer les mystères douloureux de la passion du divin
Rédempteur.
Celle de Brochât, qui étalait superbement à ses murs
extérieurs la litre de ses protecteurs, les comtes du Sail-
lant, en guise de ceinture d'honneur, garde encore pré-
cieusement une vieille statue de la Vierge, une Mater
dotoross tenant son divin Crucifié sur ses genoux.
De leur côté, les fidèles de l'annexe de La Chartroule
conservent fidèlement les insignes épiscopaux du patron
de leur église, heureux de les poser chaque année, le
D.g.tizedby Google
— 609 ~
jour de sa fête, au front et à la main du plus respecta-
ble de l'endroit. Us y possèdent de plus, dans le creux d'un
TOcIier attenant, une eau miraculeuse qui, tombant du ciel
et s'y renouvelant sans cesse par la rosée céleste, a le
privilège de guérir les enfants recouverts de croûtes lai-
teuses.
La chapelle de Saint-Boch de Gauch, qui s'élève ma
jestueusemcnt à la cime d'une haute colline verdoyante,
d'où le regard s'étend tout autour sur plusieurs départe-
ments à travers des horizons riches et variés, est fré-
quemment visitée pour la guérison des bestiaui et pour
la cessation des pluies qui peuvent leur être funestes.
On voit encore sur le chemin qui y conduit, en deçà de
la Méranie, et par où défilaient les processions des pèle-
rins, un tronçon de piene gothique sculptée, ayant
appartenu à une croix assurément artistique et monu-
mentale qui n'a pu être brisée que par les vandales de
la Révolution.
Enfin la chapelle de Saint- Laurent, qui pour être la
plus modeste ne manque pas d'un certain cachet. Élevée
sur la crête d'une jolie colline qui côtoie le petit ruisseau
échappé des artèi-es de Saint-Aulaire, on dirait qu'elle
a fui, comme l'aiglon, les obscurs passages d'une vallée
fermée pour prendre son essor jusqu'au point où elle
pourrait découvrir le nid caché autour duquel ses frères
déploient largement leurs ailes. En tout cas elle sut ren-
dre son site enchanteur et grouper autour d'elle le cul-
tivateur et le moine, le noble châtelain et le prévôt
ecclésiastique.
Mais tous ces avantages que nous trouvons épai-s çà
et là ne sauraient être qu'un pâle reflet de ceux que
pouvait offrir le séjour d'Allassac au moyen-âge, et qui
étaient bien capables d'exciter l'envie des plus fortunés
de ce monde, toujours à la recherche des agréments de
la vie. Que l'on retrouve encore à chaque pas des maisons
flanquées de tours rondes et de vieux restes d'habitations
seigneuriales, quoi d'élonnanl? Ne savons-nous pas que
D.g.tizedby Google
— 610-
les princes du sang eux-mêmes s'étaient laissés tenter par
la beauté de son site, par la richesse de son sol et par
l'eicellence de ses fruits? Au siècle dernier cette terre
fut donnée en apanage par le roi au comte d'Artois, est-il
dit dans un inventaire dressé par les commissaires de la
chambre des comptes, en 1774, avec l'évaluation des objets
donnés et des réparations à faire : <i Les dits commis-
n saires nous ont commis, nous mesme François de Che-
» véru, intendant des domaines et finances du comte
a d'Artois, pour visiter, décrire les maisons, châteaus,
» bâtiments, fermes, moulins, fours, pressoirs, ports,
B ponts, bacs, halles, etc., étangs, forêts, péages, foires,
n marchés ; dresser devis des réparations à y faire (l), »
Et encore ce n'était pas le plus beau temps d'AUassac, à
en juger par l'état des lieux, puisque les portes de la ville
ne tenaient même pas debout ; que ses murailles surplom-
baient ; que de larges brèches étaient pratiquées à chaque
pas ; que les tours, gardiennes des avenues; étaient pres-
que complètement détruites ; que le montant des dépenses
à faire pour les réparations avait été flsé à vingt mille
deux cent dix-neuf francs pour Allassac, et à treize mille
cent onze pour Tretgnac, comme nous le fait remarquer le
procès-verbal des dits commissaires : « Ayant procédé sur
» le champ à la vizile des murs et portes, en commençant
» par la Porte-Basse, les pieds droits en sont si décharnés
n et le reste de la massonerie si dégradé, qu'elle menace
B d'un écroulement prochain. Le mur de ville qui reigne
« entre cette porte et celle de Lauzane nous a paru lé-
u zardé et supelombé ; la Porte Lauzane est totalement
n détruite et n'a qu'une brèche de B pieds. — D'icelle
» porte ti celle de Porcher, le mur est très lézardé et
n suplombé, y ayant des brèches en différentes parties.
» La tour qui est entre ces 2 portes, et qui a 15 pieds de
» diamètre environ sur 20 pieds de hauteur, est dans le
n plus mauvais état. La Porte de Porcher et la fermeture
(1) Champeval, Dictionnaire de la Corrète
D.g.tizedby Google
-6!l -
■ sont de réparation impossible . La porte de Guaravet
M flanquée de deux tours quarrées est très dégradée et a
ï besoin d'une entière reconstruction ».
II est vrai que tout Allassac ne se bornait pas à ce Câs-
trum féodal, appelé chûleau de Saint-Martial, d'après une
transaction passée, en 1318, entre Eble de Malemort et
Archambaud de Comborn, et dont la tour ronde était le
donjon le plus important des forteresses de la contrée. Si
son premier circuit pouvait suffire au siège de la châtel-
lenie que l'abbaye de Limoges possédait en ce Heu, il ne
pouvait contenir assurément tous les norabreuï habitants
qui étaient venus lui demander droit de cité. Force fut
donc de construire de nouvelles murailles autour de cette
ville agrandie, en y comprenant le repaire de Las Rey-
naudias, afin d'y mettre en sûreté maîtres et serviteurs,
serfs et seigneurs. C'est ce que nous apprend le chartrier
de la maison de La Maze, dans un titre de 1585 :
■ Jadis la ville de Lassac n'avait d'autre circuit que ce
n qu'on nomme à présent le fort et château de Lassât, et
» que depuis les habitants ont multiplié les bâtiments
» autour de l'ancienne ville. Désirant donc mettre en
» sûreté, croître la ville et enceindre de muraille de ville
n les nouveaux bâtiments ; — et d'autant que le seigneur
n de RofÛgnac a son château de la Motte et ancien repaire
1 noble dit de Las Reynaudias, le ditRoffignac y consent,
» tout en gardant ses droits de justice, etc., moyennant
» deux portes à faire sur ses rues et chemins à lui et lui
» baillant une clef de la porte de Fourcher ».
Entourée d'une double muraille avec une forteresse au
milieu, Allassac pouvait dès lors être considérée comme
une ville importante qui avait ses places, ses rues, ses
portes et ses nombreux quartiers, comme nous l'indique
le dictionnaire de M. Champeval, avec des dates différen-
tes allant du xiv' au xviii' siècles. Nous y relevons les
places de las Peyrieras, de l'Hôpital et la place publique ;
— les rues de laCarreriadalChadafauc(de l'échafaudage),
de la Pissota (petite fontaine), de la Almornaria, de la
D.g.tizedby Google
porte de Lauzane ; — les portes de Saint-Martial, de
Couzages, de Pouch, de Treignac, de Porcher et de Cha-
biran ; — les barrys [ou quartiers) de Las Peyrieras où
étaient le château de Chanac et l'hôtel de Magoinie, de la
Mothe, de la Grande Fontaine, de la Font Saint-Martin,
du Cimetière Saint-Jean, de Cheyral, de Gouchs, de Gua-
ravet, ou de Las Renaudias, de la porte de Treignac, de la
Bessolhia, de Douch, de X.auzane, de Pourtanel, de La
Charriera, de Porcher, de Las Aumonieyras, etc.
On ne sera plus surpris qu'à l'assemblée des villes closes
du Bas-Limousin, réunies à Brive pour voter le subside
de dix mille écus qui leur avait été imposé par le roi, on
ait déclaré au procès-verhal que la ville d'Allassac était la
quatrième de la région (I). Quoi d'étonnant aussi qu'elle
ait eu de très bonne heure ses franchises municipales et
qu'elle fût en co-seigneurle continue, ce qui était cause
incessante de neutralisation réciproque des forces entre
les petites dominations locales (2). Ce qui n'empêchait pas
que les seigneurs aient conservé le drait de prélation, qui
était comme une façon de protéger l'acheteur et la pro-
priété contre l'accaparement par les parents ou gens de la
famille, et d'empêcher le morcellement des terres. C'est
ce qui nous est démontré par un du Pouget coseigneur
d'Allassac aux appartenances de Vinzélas, qui donnait à
Guillaume Martinie, pour le territoire del Champ acheté
par lui en 1742, le droit de prélation et l'investiture sans
préjudice d'arrérages de vente et d'autres droits et devoirs
seigneuriaux dus à RoSignac. Autre vente faite, en 1744,
par Jean Plaisant de Boucbiat , curé de Saint-Nicolas
d'Uierche, à Guillaume Martinie, d'une maison sise au
barry de Pourtanel, avec l'investiture et le droit de préla-
tion du seigneur de Roffignac (3|.
Pour donner une idée plus complète d'Allassac, il noua
(1) BuUetin arch. de Brioe. avril 1881, p. 208.
(2) BvUelin arch. de Brioe, I88G, p. 099.
(3} Archives de la famille Deyz&c, d'Allassac.
D.g.tizedby Google
- — G13 —
n'slr'i'ail ;V p;irli;i- de s;i licllo siicii'ltr. Pour i.'fla nous
ii'aiivions i\u'ii faire d('riloi- le- jH'fit i)atailloii des rusei-
fiiifui'w chai'grs (It- sa di'fensi' uiiUlaii'iî l'I m> ii;n(iuv(.danl
au uoiirs df!î siéi-li;s, siuis liiMcl fixe, <■[ île mile 'iiianlilé de
[lortmirs (réjiée paradant ii'i à cheval sur de frîngaiHs
coursiers, iKirdi''s de fer ou velus ilc )*nie, imijaurs cour-
toisi, "■ais convives et vrais ^'enlils hommes.
Nous naviDis ptuw enfin, itoue nous lixcr exaelcnn'Ul,
([u'à consuUer h'S slal.îstiiiues ijui furent faites à dillcreii-
tes époques SU!' le cliilfre de la |)i..[iuiatiiin urhaînc d"Al-
lassac. Or, en l'i77, <-lle sr composait de mmf cents ànies
ejifiîrinéi's dans ses innrs i'vUIil dr AHhrhhcc i an sens
aciuel du mol. —En l(î98, d'après le rnppoitdc Heriiageif,
elle en comptai! (|uatorî;e cczits. — S'il faut l'it ci-oire
il'anlres rappoi'ls, elle im avait qniuïi' eonls en 1771 et
pouvait rfunir, en 17^1), une forte aggloméra (ion de sept
cents feux. — Les derniers annuaires, qui pn-cédèrent le
jiassape du chemin de fer et l'iiislaUalion d'une gare dans ,
sa ville, lui assignaient seulemenl une populalion de
(juatocKi' eeiil virii;! .-'unes, (jiû s'est viir accrue, ej'oyons-
riou^, de (jueiqiLcs centaines d'ouvriers par snile de l'exlen-
sifm des carrières d'anloises,
.Vprès ce coup d'ieil rapide sur AUassae, cm devine que
ses aniiTits di'l'iTiseurs fnreni souvent aux prises avec des
ennemis lie iou( genre. Les ti'ans forma lions soudaines et
intporlaiilesipii s'opérèreni dans celle loealilé à travers les
sièeles, nous indiiim'nl nssei! qu'elle dni éprouver de vio-
lenies secousses un poliiiques ou retia:ieuses. On ne sau-
rait adineitri', d'ailleurs, qu'i-lh' ait été exempte de ces
luUi'> sanglâmes iini ilésolérent le rnoyi'o-àge, étant cau-
séi's à clKKjne inslant jtar les rivalilés de seigneurs et
jiai' les fjui'relles de clochers, suilmil quand on songe
qu'elle i-lail presque l'ntii'i'enn'ut au pouvoir des vicomtes
de ('.omhorti, ees fameux et redoulahles guerriers de notre
conlréi' limousine, lies historiens hasardent bien timide-
menl quelques conjiTlures à <■<• sujet, ni:iis nous iea vou-
drions plus concluanles. Nous savons <'e[iendanL que dans
T. .VX. i~ tV
D.g.tizedby Google
— eu -
une guerre opiniâtre, soutenue par le duc d'Aquitaine
contre Pépin le Bref, vers l'an 750, celui-ci ravagea AUas-
sac et quelques villes voisines pour déposséder son ennemi
du fief du Bas- Limousin. Le duc d'Anjou a pu s'arrêter ici
avec ses troupes en 1569, mais rien n'indique que son
passage ait été désastreux pour le pays.
Oh I bien différentes seraient les invasions cruelles et
successives des Brabançons, des Routiers, sortes de pil-
lards qui s'installaient sur les cimes inabordables et ca-
verneuses d'Yssandon, pour, de là, faire irruption dans
les riches vallées environnantes ! Le xiv siècle, en parti-
culier, dût être l'époque la plus tourmentée par ces bri-
gands-maraildeurs, à en juger par les immenses transfor-
mations et reconstructions qui portent cette date. C'est en
ce temps là, en effet, qu'il faut rapporter la grosse tour de
défense des évéques de Limoges, ce bleuâtre et invulnéra-
ble donjon, d'où pai-taicnt de nombreux souterrains abou-
, tissant aui nombreuses portes de la ville, afin de proléger
ses avenues contre les attaques de ses ennemis.
Nous devons reconnaître enfin que, bien longtemps
avant cette époque, Aliassac était une place forte considé-
rable ; et, sans pouvoir absolument désigner les combats
qui se livrèrent autour d'elle, on peut supposer qu'elle
résista en particulier, avec avantage, aux invasions des
Normands au ix' siècle. Les reliques des saints Innocents
qu'elle recueillit dans son sein nous l'indiquent assez.
Elle aurait aussi repoussé les Anglais qui avaient déjà
occupé le château de Comborn, puisque l'évèque de Limo-
ges, vers 1352, fit de grandes dépenses pour la fortifier et
en éloigner ces ennemis.
Ce que nous pouvons affirmer avec plus d'autorité, c'est
qu'elle servit de rempart aux catholiques sous les guerres
religieuses pour empêcher les empiétements des armées
calvinistes. C'est après leur défaite à Jarnac, en effet, que
le vainqueur, le duc d'Anjou, songea à se réfugier à Al-
iassac pour les y attendre de pied ferme. « Le gitan de
France étoit à Lassac poussé, et Monsieur Henri III, duc
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- eif) -
d'Anjou, était lougê chez ung habitant maisire Guy
Laslet/rie s {1).
Il est vrai que cette place eût peu à se défendre contre
les protestants, protégée qu'elle était, à la fois, contre les
ennemis de l'Etat et contre les ennemis de l'Eglise, comme
semblerait l'indiquer l'inscription de sa belle cloche, qui
avait reçu le baptême en 158! : Christas vincU, Christus
regnst, Christus imperat. Oui, c'est bien plus à la puis-
sance de l'idée chrétienne qu'à la force des armes que
nous devons la préservation de l'hérésie dans cette pa-
roisse, comme on peut s'en apercevoir par la direction des
rues anciennes de la ville^ allant toutes vers les portes de
l'église plutôt que vers celles de sa grande tour. Ah I c'est
que, ici comme dans les contrées méridionales, le tempé-
rament s'enflamme davantage au rayonnement des lumiè-
res étincelantes de la vérité divine qu'au déploiement
des forces militaires 1
Il est néanmoins probable qu'il s'était accompli des
faits d'armes importants sous ses mui's, quoique l'histoire
n'en mentionne aucun positivement. Ce qui le prouverait, ce
seraient ces postes avancés, placés à toutes les entrées de
la ville et qui étaient, au xiv* siècle, autant de maisons
fortifiées entourant le camp et témoignant de la ferme
résolution des habitants de tenir tête à tout ennemi qui se
présenterait. Nous en sommes, d'ailleurs, suffisamment
avertis plus tard par les graves mesures de défense qui
furent prises pour fortifier la place avant l'arrivée des
calvinistes. Que de précautions ne fallut-il pas prendre
encore pour se préserver des Reîtres, ces cavaliera alle-
mands qui, venant de Bi-ive où ils avaient fait trembler
le pont à treize arches en le traversant et, passant par
Saint-Pantaléon, Mansac, Varetz et yaint-Viance, étaient
entrés à AUassac, le 27 juillet 1569, avec deux mille cha-
riots d'artillerie ? Pendant les deux années qu'ils y restè-
rent, ils pillèrent si fort le pays et surtout les riches
(1) Buttetin de Brive. avril 1882, p. 305.
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— G16 —
maiMiiis ilii RofIi;ïnnc- f.l iln Siiiilanl, que les cultivât ours
n'urentpas d'> *;u<ii/ pour semimc.er hn lurrcs. La terreur
iiK^ino qu'ils lï'iianclirent flans le llaiil-Limousin fut si
,er;ind(i, que. l'armée calviiiisle elle-niême touIiiL s'y
oaiituiLiiei', n'osant pas liesi'iMuln; aux L-nviitius il'Allassac
dans !a i'imliU'^ d'' les rfiiii'untnT.
Le due (('Anjou si:ul aurait pu saiis dnule inliiniih^r et
arri''ler ci'S t'inuTnis s'il avait iHaliH ici lii'-liniliveuii'ut son
faniji. Mii!lieiirensenienl, n'y trouvant pas assez th- vivi'c-s
pntir ap]irovisionn('r son arinre, il avait dû un repartir au
Imiit de liuil jfmrs. CepiTidant, les Rcforni-js n'oseront
jamais lenli'rde pén<'lrerdans la place, alors qu'ils rayim-
uaient tout nnlour, jelaiit l'elfroi et la ronslcrnalion par-
tout, iiciamnieiil à Voutezae, où Irs cadavres de leui's
prisonniers pendaient aux crOneaux des lourd dr" la for-
leresï-''. Il n'es! dmie pas étonnani que noire pros honrdon
ait été ]iosi' eii ce temiis de guerre rdiftiense, eomnie un
défi jeir il tii Taei- de l'ennemi h('>réiiqiie par nob vaillanis
l'hfi'lieiis, résolus à se levei' au premier sif,'nal pour défen-
dre leurs foilset li'ur loi.
Mais au cura^'c i! fallait joiodre la prudence cl songer
sans retard à s'aliriler derrière, du fi>rls rcmpajls. Vnilà
poiu'iiuoi, à la première nnnvellu de l'occupation de la
maison des ani'ieiis Teiripliecs de lielle-Cliiissapne par les
calvinistes. Klie de [îonipiiac, s'empressa l-il déoriro au
pinvecnenr du Linicnisin, le 2« février l.'iRH, pi>ur lui faire
pari du dajij^iM' qu'allaient courir les catlioîiijnos du la
la villu. 11 fut l'Oinjnis ilu f:nuverneu!', qui le cliar;;ca aus-
sili'il d'anfinienler les furlilications {:t d'aiipeîer des trnu-
pes. Klie s'acquina lidél.imeni ile sa cljjirjie en faisriiit
aciiver les li'avaux avec vi;;ueur, el, le 13 juillet suivant,
il pouvait, loul eu rendant ses devoirs au ,':ouverni>ur ù
itrive, l'ciLli'elenir du néle déployé à cet etVe) jKtr l'ardent
ii^u-ur,Ver.ïier, trésorier général (11.
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— f.l7 —
[)<j;i, d.-sli! 1 innrs il.; l,i iiiriiie niiin>'\ Eli.; s'.-lait dmi-
cinitir jï TiiUo avi'c Moiiseigniuinlo l.a Martlitmir, chef il*'
la LigiH' ;i Uinc]g('f=, (!t (levant lui Mvait rfiulu' iiu nmiiili!
■ siilisfaisadt ilt- sou liiaiiflat :i rassfuiljli'i' ili;s uffii^icrs i!';
!a jiistirii myalc )it> 'l'ultr i?t de iîriv. — Lt' 6 ilii iiièiiin
iiKiis, il ruulr.nit r.hi-z lui avoi,' le, |ii't';laL iiui vmiliiit (''f-re
parniiti tle suii seciuiil fils, ilisaiL-ii diins son jonnial. Il
faisuil rfialeiiii'iit mention rie la peslci ijni avait sévi, an
nidis île mai, avee nin' inlF-nsîl.- l(iiiLi> j.ai'tieitliri'e aillnur
li "A Ha s sac, Rii "Ijservanl [nntofuis i|u"eUe y iv-nail d.-[itiis
ir)83. Qnant an r.ii't, il raeunlait qn.' l'aLlM- linelly, se.-ré-
taire (11' Monsei^'iieiir (ie La Martliunii', s'dail rendu ici
le i annl (icur [lasser avee l^s lialiif.îiits nn aele le cmicer-
nan(. I! était dit anpsi ([uo, I.! m'sr'iid'iiilire, l'i.-iiv V.-nliei'
et les iirineipanx do la ville avaieni demande à I-Uie de,
Hoflipnae ta pcrmissifin de piaci- une ^MU'nii^ >ni' le j.nr-
lail de ia niais.jn d-> Sainl-Marl.iat e| df cclir île di-fnn(e
Carronnietle ipii se irnnvait dans sa iVindalitc : ce tjn'il
lenravait aeeordé vnli.inliers^ me>ennanl. acte di' ci'tte an-
loi-isaliim avec la lacnHc lU. («nivoir la dem.ilir en tenti'S
de |iaix, enainii' il a éie dit ailleurs.
A [jn>i)(isde la jicstf? lii.ml ni.ms a (lai'li- VAif. ilo Rofli^mae,
il jiai-alt liien iiu'(dle y s'^vit p'-ndant lonj-'ldrips, jînis(|ue
.!iH;inr, en ICÎtd, elle y ex.nvaH d'adVeiix rava<;es. C'claii
à lel |i',iut, dit l'aldir Vachi-rie, de Sainte- I-Y'^'ole, que le,
lirèsidial ile Hriv fnl fermé à eelti' nceasion : " Ce jmii-
d'huy. 17 aoùl lti;tl), j'ay appris ([lie le pn-sidial de Itrivc
est ferme c'rai^naiil la contafiinn ijui ravage Allassac, Ajac
On ciMÎndrail à nmins une maladie si enrUapiense, et
(m ne saïu'ait ])rendre cimlre elle assez de invcanliniis.
C'est l'c'xeinple qui; nnns dinme ce nn^nie aldie, qni êlail
ainui'inier des l'esnlines do. Lim'ijres m ce lenijis là. Il
raennie que laijesto ayant cesse dans nuire pamisse et, de
là, passédanii la capitale du Liiitonsin, il avait fail partir pour
(I) flHlIctin .irc-li. 'le nrivv. janvi.-r 18-î:, p. -m.
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le village de Brochât, le 26 avril 1631, vingt-six religieuses
(le soQ couvent, afin de les préserver du fléau qui rava-
geait le pays. « Estant retourné de Sainte Ferréole à Li-
moges le 26 avril 1631, je trouvay toute la ville en aUarme
à cause de la peste, et, le 29, je fis retirer 26 religieuses à
Brochât (1).
Tout pouvait plaire à ces saintes recluses en ce village,
et le beau site et l'air pur. Aussi leur avait-il suffi de
quelques jours pour s'y acclimater, et volontiers elles y
auraient établi leurs cellules. Comme on le devine, ce ne
fut pas sans peine qu'elles le quittèrent, le 15 du mois
suivant, pour se retirer à Eymoutiers : a Et de là avec
grand peine, nous dit l'abbé Vacherie, nous nous sommes
retirés à Esmoutiers, le 1 5 may ».
Ce court séjour avait-il pu les débarrasser de tout
danger? Nous ne savons. En tous cas, il sera curieux
d'apprendre les précautions de salubrité qui furent prises
pour écarter les émanations morbifiques. C'est encore EUe
de Roffignac qui nous le dit dans son journal. 11 eut re-
cours, non point à un médecin, mais à un parfumeur de
Tulle avec lequel il fit prix de cinquante écus pour parfu-
mer et désinfecter le pays. « Au mois de février de l'année
1588, je fis prix de cinquante écus avec le parfumeur de
Tulle pour parfumer et desinfecter le pays n.
Il serait vraiment curieux, aujourd'hui, de connaître
les désinfectants employés alors par les parfumeurs de
Tulle pour empoisonner les microbes pestilentiels? Il est
vrai que la crédulité populaire, à cette époque, était telle-
ment empreinte de religiosité et de respect pieux pour
l'autorité paternelle, que les pronostics des anciens, basés
sur de vieilles expériences et sur des coïncidences de fêtes
de l'Eglise, étaient tous considérés comme des augures
Inraillibtes. A l'apparition de quelques signes particuliers,
on présageait l'avenir pour engager à entreprendre ou à
retarder certaines affaires. Voulait-on savoir s'il y aurait,
(I) Bultelin si-cft. de Bvive. janvier 1887, p. 55.
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dans l'année, abondance de blé noir, on disait aux culti-
vateurs de regarder n s'il pleuv&it le jour de Camav&l ».
— Si on voyait l'épi à la lige d'orge à la fêle de Saint-
Georges, on disait que o son pain serait au four dans
quarante jours ». — Pour prédire une bonne moisson de
froment, on devait se fixer sur la pluie qui tomberait sur
la fleur, car « qtian lou froumen eis en flour, tchal (o
goutto el tioul ■>, — Le vin était à peine fait et soutiré,
qu'on se demandait avec impatience ce que serait la ven-
dange suivante. Or elle dépendait, pour nos vignerons, du
temps qu'il ferait à NoSl, ou sec ou pluvieux : « Quart
Nadal fait cri-cri, qu'eis signe de vi >>, — Bedoutait-on
les gelées tardives pour les primeurs et les fruits? On
consultait le thermomètre du jour qui précédait le Carême:
« Quan diale perCamientran, di&le tout l'an « . — Pour faire
réaliser les souhaits et les bénédictions du mariage, on y
portait la poule noire, dite la pondeuse des louis d'or d'un
certain Dufaure : « Aver lo poule neigre, coume moussu
Dufaure ». — Autant on aime le ciel pur de Notre-Dame
de la Chandeleure, autant on i-edoute son ciel nuageux
entrecoupé de rares rayons de soleil : « Quan Notre-Dame
luceme, per quarante djours hyverne ». — Mais rien ne
saurait attirer l'attention de nos bons paroissiens comme
le vent qui souffle pendant la procession des Rameaux,
parce que <• lou ven que buffe per Rams, buffe tout l'an s.
Comme on le voit, les bonnes dispositions de nos habi-
tants leur faisaient accepter les présages du Ciel comme
des signes de la volonté divine. Ils n'étaient pas moins
respectueux pour celle de l'Eglise. Déjà nous avons vu avec
quelle fidélité ils lui payaient leurs devoirs et leurs tributs,
soit pour contribuer ù la décoration de ses autels, soit pour
lui permettre de continuer dans le monde son œuvre de
moralisation . Nous devons ajouter qu'ils n'étaient pas
moins empressés à remplir leurs devoirs envers l'Etat, qu'ils
croyaient chargé d'une mission sacrée pour le gouverne-
ment du pmiple. A ce titre, ils croyaient ne pouvoir être
dispensés envers lui des droits divers qui lui permettaient
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— fi2n —
tl'eiitretonir son ;u-iium> cl de payor l(^s fiiin'liniiuaii''-a ilfs
diverses adiuinistrali'JiiS.
En 1423, la iir.'cci'[iU(.in dans tiolri! |iays se faisait par des
commissaires, il-'ir-fiui-s siM-ciattinn'iil ]iai- le roi, iiuiii'
demander aux Ktals du liaTi-Liiiiimsifi l'ochoi di's siilisi-
des. Ces enijiloyrs riaii'iit cliar^'s •{'.■ réparlir les soiuiiics
votées entre li's paniissfri. Us avaient ^mû^ le dj'oil <!fî
signer l'usiiiietLi: ; mais ils <>lai>Mit siminis h un criTihvlc
devant d'antres di-li^fiin's nmmin'S pai' k's Kials et riuiisis
parmi les ■^n\<. des ti'Dis Elals du pays. Ors d-di'purs vci-
vaient nui' iriil''uuiili' plus ou moins cunsidrrajiln suivant
leur coiLditiiiu, et Ci-tte indi;nniilé ligurait parmi les frais
outre lo prinfipai. Kn liSS nous trouvons, parmi les dcl''-
gués, l'aliln; d'('KerrlK:. r[Ui rr-uevait eifupiaut': livres
d'indi-iiuiit.', i-I inessircli-aii de Iloflignaf, pour quaraiile-
trois livres l\'-,
MJiiseonune rinipùl se payait en nainre i-i ,(u'il êlaif
souvent sujet, ;i de-: v:irtal ÎD'i-i ri''"v'iUt ili?S pei-l"-i (JU !'■-
vei's e[i!iiuves pue les (lén rual'u ri, il arrivaU i(n ainrs il
éiail fort Tual \)--<y" et i-es pen'rpleiirs eiK'ore- ]dns mal
rveus: 1-0 ipii faisait remplacer ces fermiers trop traital)l(:s
par dr's sous-reriniei'siiitrailajjles. Ainsi nous voyons, le li
juin I.'tSS, h; seeréLaire de l'évOci.é de I.imoj;es affermer Ini-
inèm-: les-diMnes d'Allassac, taLLdis (|ur; ti'ois jours avant,
le ;) juin précèdent, le vicaire-^ém'-ral , M, Uosc, avait
ti'aité avec l'iern; ^'ecdier pour la. l'emie, es|-il dii, ,]f lii
eliùtelleuie irAllassac {-^i. Mais si, à i-etle r-p-xpie, ces
recouvreiue[its se faisaient avec tant de |)iMnes et taul di;
perle-i. jufiez de ce ([n'îl dmait en èti'e deux cents aus plus
tard. Aussi c'était Ineji iunlilemeiit ipi'ou recourrait alors
à (les e\pérlieuts pour coriserverce sy^|r■[ne île pi-rceptiou.
Ot iiuiiôl en nature avait fait xui jeiiips et un Ti'en vnu-
lail filus.
Hélas !leh n^calcilraiiIsfureidtroLiipésrlansleuraltenlo!
(1) Thomas, T. I, |i. 99. Elals |iruviiiciaii
'Ti Journal domestique d'Klic de ItoriiL;iin
Dijiiizedb, Google
— 631 -
Au îji^u (l'en finie ^wr hi dimi', ils lu- liii-iit i{iii.- ta lein-
]ilacor par un Iriliul en arpetit nnii Tiiuins uiliciix cl ]iU'\i
plus dur. Pour faire (.■«uiiniln; lt;s ;iv:inlat:oB (iii U-a irn'on^
vi'iiienl-s Je l'aucif^ii cl du uuiivuau iv^iiiuf, il suflii-aiL
li'espOSPi- l'i-tat rlfs (l<!i nuit-os cl des rcccltca viuTCrtiKiiul-liLL
à cliaiiiic ('jiDijue. Or, en 1800, le Irjlal des dcpiuiscs uiuui-
oi[ialcs s'clrvaif à 1,41."> fraurs ol celui des n^iyitcs à 1,449
fi'anrs, il'in'i un excédant de reci.-tles do H'i fra!n-s(tj, e.xri;-
(iaiit ijui paraîtra outiêrenicut liîlif quand il aiir;i élé
dfiiHU: de connatln- (a pari des diverses euiilriliulinus uou-
veUt's payi'cs dans la parnisse.
On pourra en juger par le simple exposé suivant : lanilis
ijue le principal de la eoiilrihution îoiiciére élait de dix-
sept [iitUo ijualrc cent l'inq fram's, il y avait en plus
un l'i.uids de unze ecutiuics pai francs punr lus Irailc-
uients des Iriiuiuaus, de. radiiiinistralion et de l'instrue-
'imi puliUque, ipii s'élevait à l,90i francs et ,'i.") ceidiuu's.
r-:n outre, il y avait les di-pens<>s véritables du dépiirle-
mrnl ol de l'arrundisseincnt. ipii, se si>îdaiit à raisnri de
cini] l'eiuinies par franc, sélevaiiMit au eliilfri- de 87U fr.
et 2.") centimes. Ce qui duiinail un total di' viufrt mille
cent (jnati-e-viiigt-ncuf francs et quatre-vintit i-entiines,
.\jiiulons-y les eûtes nudnliéres et personnelles dont le
principal étail de 838 fr. : plus h; fonds de oiue ceiiliines
par franequi s'élevait à 'J2 francs Iftccnliunis: et enfin les
dépenses véritaliles du départemcnl. et de rai'nnidissemi'nl
r[ui étaient île 'il francs 90 cenlinies. (le qui rlmniait nu
total de neuf cent soi.\anle-ilnuze francs et liuit ci'nlîn:cs.
Si inainleuant nous ajoiUons le cont!n};enl de l'enclave
de Saint-I,anreiil pour les conlriliulinns ftineiéri-, person-
nelle et nioliiliérc, qui s'i''levaiciU à !a sunnne de. Iniil
mille huit cent soixante-qnalre frain-s et soixanti'-trois
ci-ntinii'S, nous aunms un Inlal général de irerile mille
vingt-si.v francs et cinqu.inte-uu centimes, qui laissait
Ijïen loin derrière lui le produit de la perception par les
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dimes. Et encore ce n'était là que le commencement d'un
nouveau système d'impôt oppresseur et ruineux. C'est ce
qui fll que la perception en argent devînt non moins
impopulaire que celle en natme, à ce point que le percep-
teur était obligé, pour faire ses recouvrements, de se faire
escorter de garnissaires et de porteurs de contraintes. Il
est bien vrai que les percepteurs, en ce temps là, inspi-
raient peu de sympathie et de confiance, étant par trop
indélicats et ne se faisant pas scrupule de retenir les
fonds des contribuables (1).
On sent que l'on touche à une époque néfaste, où vont
éclater les colères des mécontents , et des opprimés. Déjà
le souffle révolutionnaire, éclos de la philosophie Voltai-
rienne, qui ne cessait d'exciter le peuple et la bourgeoisie
contre la noblesse chrétieone, avait chargé l'atmosphère
d'Allassac. La religion de ses habitants et la puissance
seigneuriale de ses grandes familles avaient attiré sur
elle des orages et des tempêtes, bien plus que les récrimi-
nations indignées des faibles. Aussi la théorie des droits
de l'homme y fut bien vite proclamée, et bientôt après
arboré le drapeau de son émancipation. AIoi's on vit se
produire ici des actes de barbarie et de scélératesse de
la part des affranchis et des nouveaux usurpateurs du
pouvoir.
Ce fut d'abord un comité qui se forma, le 1" juin 1791,
sous le nom de société des Amis de ta. Constitution, à
l'instar de celle des Jacobins de Paris, faisant serment de
maintenir à tous prix la constitution de la République et
de dénoncer tous ceux qui se permettraient d'attenter à
ses décrets. — Puis ce fut une délégation de quatre mem-
bres pris dans le sein de la municipalité, qui s'étaient
chargés de défendre les intérêts de la commune tout en
respectant la liberté individuelle de chacun. — Survînt
ensuite un triumvirat, composé de trois hommes inhu-
mains— disons trois tyrans ^ qui, sous le titre de Comité
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— 623 —
de Saiut public, ne songeaient qu'à assouvir leurs haines
personnelles plutôt qu'à s'inspirer de l'amour du bien
public (1).
Pour donner une idée succincte des désordres qui se com-
mirent ici, nous n'avons qu'à citer le rapport qu'en firent
les députés de Tulle à l'Assemblée nationale (2) : a II est
» prouvé, disent-ils, qu'à Alleissac, le 24 janvier (790, jour
B auquel avaient été publiés au prône les décrets de l'As-
n semblée nationale sur l'organisation des municipalités,
» un attroupement se forma, qui alla briser la balustrade
X de l'église paroissiale, enleva les bancs des officiers de
s justice et ceux de différents particuliers de la ville, et
» les brûla sur la place publique. — Que ies officiers mu-
1 nicipaux s'ètant transportés sur les lieux, et ayant
» exhorté les mutins à se séparer, ils furent menacés
» d'être jetés dans les ilammes. — Que la municipalité et
B les notables rassemblés, s'ètant déterminés, d'après une
B délibération, à publier la loi martiale, et ayant exécuté
B cette publication, et sommé les gens attroupés de se
» retirer, furent assaillis à coups de pierres, et forcés de
» se réfugier dans une maison voisine. — Que le même
» soir, les maisons des sieurs de Bruchai-d, d'Eysat, Las-
B teyrie. Châtras, Clédat, Bonnélie. Treuil, et de quelques
» autres bourgeois et habitants furent pillées, leurs portes
» et fenêtres brisées, les armoires enfoncées, les meubles
B et le linge emportés, les vins bus ; et que, de plusieurs
n d'entre eux, on exigea des quittances, des reconnais-
n sances et de l'argent comptant. — Que le même jour,
» après le pillage des maisons bourgeoises, l'attroupement
» se porta sur le château de Rofflgoac, appartenant à
B M. de Lamaze, dont on commenta à briser les toits et
B les croisées à coups de pierres ; qu'après plusieurs pour-
n parlers et représentations des assiégés, les assiégeants
s continuant leurs violences, les gens du château tirèrent
(1) Archives de la Mairie.
(ï) Mémoire imprima des députés de Tulle.
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i
— 624 —
I' sur eux, 1-1 i[u'il y i-nt deux [lorsunims tiit;es ; siu' r|iiw
■' il est iiiiportiiiil iriibservpf quo leur attaiiLi'! se fiiisaiL
>i ilajiî: lîi nuit, iiuisqu'pîlfi avait cf>iuuu:nc<' vers les liuit.
j> heures du soir, cl ([u'ellc dura jusqu'i't oom. — Que le
- I''ud''m;itii, 2"), les rl'^siu'dres recouiruciu-èreul ainsi i|(ie
" le pilhiL'e des maisous [larlieuHères. I"ue ti'uupc dV'iraii-
a gers r{nnuuiridée par le sieur Durieux se ju'érijdla siu'-
■■ luul sur le cliJiteati de Rotlifruaf, aliaiidonin'; ce jyiir là
'1 uièiue |iar le sinu' de Lama/o sur la proniftssc ijue la
« luiliei) de Ilrive lut avoil faite perfideumniiit île !c di-
'I feudre. Le saceageinenl fut ei)iii|del : Mus les i.-ai'reau.v
!• des IViir'ires fureiii cassés; les portes inli'ncures fraïas-
B sées: les vulels et Seni-s ferrures enlevées; li's glaees
^ lirisées; les iiieirliles et armoires eufcmeées ; les véii--
■I inents et les linfies eulevé;s ; les papier^ et l'ai-fieiLl
" pillées. — iviifin quoiqu'on ail avancé qu'un avait lire
.. MLr un peuple désanAé, (uns les proeès-verhaux l'onslii-
■I lent que les pillards étiiicnf annùs, mm seulement de
■j Ijàluns, de piques, de ferreuieiis, niaiseneori' d.: fusils > .
Oii ne saurai! reenu naître les freus d'Allassac ;'i eellf
fureur du désordre el du piîlape. Tant il est vrai que lu
eu'ur de fhtnnnie. smis l'empire iK's paHsiinis violentes,
pnsse vile des sentiineuts d'iionnételé à ries instinets de la
hriite, sans rnspe<ter nié rue le devnii'dc la reennnaissaiLce.
KtL ce temps là mi vil nu ancieLi fermier dr-s lii-'us di> la
laniille de lî,.nigLiac, Jean Heyjai, eomhiire lui-niê[n.- à
Tulle, enchaînés, huit siisp-ets île la eonuaiine d'AUassac
rt les ilési^nier à la .-rdére des llidiesiderristes d.' la ville,
en eriant de toute la forée de ses ponmons: '■ Peu^ili- de
Tulle, voilà les aristocrates d'Allassac, ijne j.' vous anieJie ...
C'était les vouer, sans attendre l'écliafaud, à luie uior!
ccrlaiin^ et soudaine. Xid doute ipie la populace annéi' ne
les eut massacrés dans la première firervesn.'nce sans la
prudence df quelques memlires du Cojuité de Tulle qui
les lircut reconduire à la maison d'arrêt de Ilrive. Hâtons-
nous de dire que cette ignoble conduite était si peu du
Kiiùt de la population, que la raunicipalitécrdt devoir faire
,y Google
julri^ssfr par ]<.• maire uni', f>iiprt:iiiue [irolcsiaiiini ;"i Ions
IfS administriis (1).
Xoii, le peuple ne s'awomiiiudi' guère Oo.cc f^enretle per-
srcutiou ; ol [es frouvcnieuicDls auriml à complt^r avec lui
cliaipie fois qu'ils tolércronl de paruilles alrorités; car il
aime les liljerlés seules qui oirronl dos garauties ronlre le
il<'spotisnic el la tyrannie. Oîi ne sera (loue pas surpris
qu'U!»' finie oppusiliou se suit inanifesti-e iri coutre re
n'-giiiie oppresseur, ni qu'il ait fallu reeiiurir à la force
armée pour y maintenir la paix et y exiger le respeet ;'t la
loi. L'enrùlemeul. e|, lo dr-parl des convertis, surtout, se
faisait avec la plus grande diflirulti:', et on n'y parvenait
qu'en les forçant à payer de leurs jii-oprcs deniers l'entre-
tien des soldats chai'gés de les- conduire au df^pôl mili-
laire(2).
D'autre pari les linances claîent en tel di''sariiii qne son
administration ne pouvait l'-tre que suspecte et odieuse
aux habitants d'AlIassae, frappes cutistainmeul de nouvel-
les taxes cl obligés eux-mêmes d'acheter les chevaux pour
rarmêe. Leur caisse municipale était tellement ohi-rée,
que les conseillei-s y regardai eut à deux fois avant de vnlt:r
de nouvelles dépensi'S. On ne sait pas d'ailleurs conuiieut
lescontrihualilesaiirnient ])U y fainf fai'e, pnîsiju'ils élaii'iii
ii-dtLits à la plus extrènu'_ misère. Dans rimpossibililé
Miéiiie di; payei- leurs pro]ires corilrihulions, ils iiceeptaient
loules les avanies de la part des juTcepteurs, el la vente
d.> leurs hienseï la prison (3).
Kt ee qui se passail ici, se passait ailleurs. (Vélail le
svii" siècle ijui s'cU'ondrail dans le sang el rinipièié. —
C.'éiail le siècle d'aiinslasie [diilosoidiiiine qui faisait ]d;icr'
au siècle- daposlasie jioliliijne. — C'était !e di'oil de
(2) R..-u'istro do In Miiirji
C) Royistvf du la M.-iirii
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l'homme qui se substituait au droit de Dieu ; — la déndo-
cratie à la monarchie. Toutes les bases de l'édifice social
ayant été sapées en cette fin de siècle, il était donné au
iviii' de les relever. Heureusement que les rênes du gou-
vernement, placées en des mains solides, purent aider au
relèvement général. Il se trouva aussi, sous chaque clo-
cher, des hommes sérieux dont le concourB put servir à
cetteœuvrederestauration. Nous IrouvOnsdans les registres
de la municipalité d'Allassac une foule d'arrêtés conçus
dans un esprit chrétien. C'est ainsi qu'on prescrivait le
balayage des rues tous les samedis, afin qu'elles fussent
propres pour les dimanches ; — l'enlèvement des boues et
des fumiers la veille de la Fête-Dieu, pour pouvoir cou-
vrir de fleurs les chemins placés sur le parcours de la
procession ; — l'assistance des fonctionnaires et conseil-
lers municipaux à ces solennités, pour faire cortège, un
cierge à ta main, au Dieu de l'Eucharistie.
Ces mômes registres nous montrent encore des mesures
répressives et louables, ordonnées en vue du respect à
rendre à l'autorité ecclésiastique. Ici c'était un procès-
verbal dressé par le maire contre certains habitants de
Saint- l,aurent et de la Chapelle-SainteMarguerite, cou-
pables d'insubordination aux lois relatives aux clochers
de leurs églises ; — là c'était une entente commune entre
le maire et le curé pour réttihlir les droits se rattachant à
la sonnerie, à la tenue dans les églises, à l'assistance aux
offices divins et à la sanctification du dimanche.
Disons enfin que rien ne fut oublié ni négligé pour les
soins à donner aux pauvres comme aux riches. Sous le
. souffle chrétien, on vit surgir un hospice et un bureau de
bienfaisance ; des écoles de garçons et de filles dirigées
par des Frères et des Sœurs; des congrégations de fem-
mes, de jeunes filles cl d'hommes: toutes institutions qui
s'abritent à l'ombre bienfaisante de l'église paroissiale, et
sur lesquels nous reviendrons plus longuement dans un
article spécial.
Mais nous serions incomplet, au point de vue historique,
D.g.tizedby Google
- 627 —
si nous terminions ce chapitre sans dire un mot du trans-
fert du chef-lieu cantonal à Donzenac. En admettant la
nécessité de simplifier les subdivisions cantonales et de
réduire le nombre des thefs-lieux pour réduire ensuite
les dépenses de l'Etat, Allassac était tout indiquée pour
occuper ce rang, soit par le chiffre de sa population et son
importance commerciale, soit par ses vieilles origines et
par la distinction de ses anciennes familles.
Ainsi en avait jugé le Conseil général, appuyant sa dé-
cision sur dix considérants irréfutables (I), quand tout
fut déjoué par un abus de pouvoir inexplicable. Le Préfet
de la Corréze, le général Mille t-Mureau, subissant l'in-
fluence de M. Bédoch, qui subissait lui aussi celle de
M. Henri Fontaine de Donzenac, trancha la question de ,
sa propre autorité en faisant nommer ce dernier juge de
paix avec résidence dans sa ville nalalC; comme il aimait
souvent lui-même à le raconter.
Le tour était joué, et il n'y avait plus personne à Al-
lassac pour y remédier, attendu que tous ses anciens et
puissants défenseurs, ruinés par la confiscation de leurs
riches domaines, étaient tombés en défaveur. Nous avons
pu relever, en effet, dans le registre des ventes de biens
nationaux, en 1793, ceux des familles de Brucliard, de
Deyzac, de Lachassagne, de Lagorsse de Malaurent, d'Ar-
mand de Magus, de Prajlel de Lamaze, de Saint-Angel, de
Saint- Victour, de Dumas de Peyzac, de Hugon de Saint-
Martial, de Touizac, de Saillant de Grèze, de Merlhac, de
Boisse, de Bousquet de Saint-Pardoux, de Lasteyrie du
Saillant, de Lamothe de Saint-Uilaire-les-Courbes, de
Vialle de Chamboulive {2).
Nous rappellerons, en finissant ce chapitre, l'accident
de cloche, survenu en décembre 1897, qui faillit plonger
toute la paroisse dans un deuil inconsolable, et qui eût
cependant un heureux dénouement, comme on le verra
(1) Archives municipales d'Allaasac.
(2) Arctijves départementales de Tulle.
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— 628 —
]iar lii lylal-jon (\\ic- noiisi-n finn'Siîaiis le journal La Croix
(U la Cnrrèze, un an apW's :
« Le S (Irct'ji il )[■!■. la iiaroissc d'Allassar assii^tail à la
i-vsiii'riHlion tli; sa î^plçudidi' cUicIks qu'iiiK.' t'iitirnie fr-lurc,
di' 80 c>"'n[iniétrf!K di: long, avait n'itdu iiniottc ;'i la suite
de Kimni-rics d('Sor(l(»nn''ii!S.
■■ Malgrr mitre ronsl^riiaiite diiul'Hir nous ne in-'uvions
cniire cependant i[u'<,dle fut niorl'' ]n)ur loujmirfl, celle
reiiio Tnajcstiieiise das alfs. la rclesti' nii's.-'aj.'i've, elle qui
n'avait janijiis voulu |iii!)Iii'r autre chose ([m; les [ouanjres
du Ciirisl roi, et qui n'avail voulu accepter d'auln- [latro-
nape que le Kieii, ;'i l'époqui' nnhiic ^i désolée des j;uciTes
religieuses, en lô81, juste au moiucnt où tous les échos
■ limousins rcleiilissaieni di-s scandales des trop nombreu-
ses et déplorables ajioslasies calvinistes.
» Mais rwimneni la rendre à la vie? tlne refonte lui
aurait ravi sûrement lr;s lielles harnioiiîes de sa voix mâle
et arsentine, cl ['aurail (h'-pouillée jKinr tonjnurs de sa
royale él divine parenté avec le souverain triumphateur.
Seule une guérison. contre tnnlcatletite humaine, pouvait
lui runserver lentes si?s belles |uér(i;;alivc^. Mais qui aurait
osé lespêrei', quand de hiuseotés on nous répondait (]Ue,
les cloches fi'>lei.-s é-laient irréparabli'S (1), — lanl il est vrai
que le iiml iiiipnMiljln devrait être, aujourd'Inii plus que
jamais, haniii du vocabulaire français.
« Ru ell'i't, .jprés maintes rcchereiies infructueuses,
nous arrivâmes au Imui'p de Chàlellc, prés Munlarj;is
;i,oin>l), 011 un charmant ouvrier, M. Chambmi-Dnrariil,
nnus rassiu'a ausi-itnt en n"us pnnneiiaiil de rendri' à no-
Ire pauvre et ehérc délunle. avec l'éelalanle sonorité île
son airaifL sacré, Inus les tjrnomeuts et priviléircs de son
bapléme.
]. Il a tenu parole. Xmri' clrK'he esl bii^n vivante; et.
tous les lUiéles sans execpUon, après amir reconnu le
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— 629-
timbre de sa voix, ont salué son rclour avec des transports
de joie ineiprimables. Avec eile, et en nous servant
de son langage, publions tous ensemble et la gloire de
Dieu et le triomphe de son Eglise à Allassac : Te Deum
Isiudamus, te per orbcm terrarum sancta confîtctur
ecclesia ■.
B.-A. Marche.
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Dijilizedb, Google
CARTULAIRE
DE
l'Abbaye bénédictine Sainl-lartin de Tuile
• EN LIMOUSIN
JeaS-Baptiste CHAMPEVAL
{Suite. — Voir t. XX, p. 449).
Dijiiizedb, Google
067. 5 instruments, tant de l'arranfemeniquc investitu-
res du vilîaige de La Mourijuye, iiliàs Quintane, panoisse
S" Fortunade. G.G.
9C8. i4cquisi/ion par Rertiand de Bcaumont, prieur àe.
Cuzanre, uc Symon de Briva^uc et Astrujiiic. s;i femme,
de 6 sols de rantc, pour le priz de 'i livres 10 sols îissii sur
les jardrins qui soiiloyent aparlenir à la ville de Tulle,
en lapai-oisse ti' Julien; ensenble l'investiture par le pré-
vost de la dite église, s' foncier des dits jardrins ; scellé de
2 sceaulz ; de Tan 121)9 ; H. H.
960. Vanfe par Pierre et Jean Reynault, père et filz, au
chapitre, de h sols rante, pour la somme de 4 deniers d'or,
assiz sur I pré et terre, joignans ensenble, à La. Roche
Baillot ; reçeu Jean de Jalays, 1348 ; J. J.
970. Vente au chapitre par Jean Arcambault et Jeanne,
sa femme, d'I cestier froment de rante, pour le pris de
3 livres tournois sur f boys au territoire de La Charpe-
Tiède (banlieue de Tulle); receu Jean de Jalays, 1347;
K.K.
971. TîccogTioissaTiceau chapitre, de9soh solz/'sicj tour-
nois et I Réline de rante, par Anthoined^ Majour, du mas
del Pourchet, paroisse S' Pierre de Tulle, pour raison d'I
pré et terre joignans ensenble, un grand ruysseau mares
[ruisseau stagnant) entre 2 ; reçeu Ramond La Boi-de,
23*jungl43!;L.L. ,
972. Léguât an chapitre de 10 sols tournois de rante par
frère Géraull de Bar, prieur d'Auriol, assiz sur certains
cens et rantes acquises par le dit prieur au dit prieuré
d'Auriol; scetl<i de 1321 ; M. M.
973. Léguât de 20 sols tournois au cbapitro, par messvre
Gérault de Malemon [Malemort ?J ; avec quictance des dits
20 sols ; reçeu Jean La Gorce et scellé, 1333 ; N.N.
974. acquisition par le chapitre, de Pierre Iscure ?
(Champ?), mazcUcr [boucher), de Tulle, et Huguon Mas-
mazel. cothurier, de 10 sols de rante, pour 19 livres 10 sois
assiz sur ung mège (entre-sol ; et sous-sol) et soustre, joi-
gnans ensenble en la maison de la Picoulye; scellé le
23'febvrierl37i;0.0.
97.5. Léguât au chapitre de 40 sols de rante, par frère
Guillaume de Chasteauneuf, prévost de Clergous, assiz
sur le moulin et estang de Clergous nouvellement édifié
par ledit prévost (aujourd'hui dits moulin et étang du
Prévôt) ; scellé du saroedy après la feste de S' Mathieu,
l'apostre, 1300 ; P.P.
976. Acquisition par le chapitre de 3 eymines froment,
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_ 633 —
meiture de Tulle, de Pierre La Huguye, de Tulle, pour la
somme de 4 livres II) sols tournois, assizsur ung territoyre
du mas de Champagnac (lez Tulle) ; leçeu Jean de Jalays ;
daté 1347 ;Q,Q.
977. Assii}nation de ranle faicte au chapitre par noble
Hèblo, visconte de Vaniadour, de 40 sols tournois de rante,
sur certains villacges contenuz audit instrument; scellé
de m' de Tulle, landemain de S' Mathieu, apostre, 1270;
R.R.
978. Acquisition par m" Bertrand La Vaisse, prieur de
La Chapelle Espinassc, de Pierre Goulia, paroisse de Na-
ves, d'I ceslier froment pour 40 sols tournois assiz sur I
pré appelle : Au FonfrfsJ dei rooi ; reçeu Guy La Vaur ;
mardy 15' jour après Pasques, 1323 ; S.S.
979. Liiçtiiat au chapitre par messyre Guillaume Bon
Vy, prestre, de Tulle, de 10 sols de rante ; reçeu Eymeric
Leymirigye, du mil iij'xbiij (1318) ; T. T.
930, /Icqiiisilion par le chapitre, de Jean Gentilot, cos-
turier, et Hupuo (Huguctte) de Coulaii, sa femme, de 5 8.
rante, pour 5 livres tournois sur I maison au barry d'Al-
verge ; reçeu Jean Sapientis ; 17° novembre 146S ; V.V.
981. Aryantement -par le chapitre à Pierre Bourlous,
notaire, de la borie ou fazion, appellée de Bourlous de
Las Combas, en la paroisse de S' Pierre (de Tullel, moyen-
nant 3 cestiers eymine froment de ranle au cellarier, à
perpétuité, mesure de Tulle, et b cestiers eymine avoyne,
a ladite mesure, et 2 sols 6 denlei's tournois audit chap. ;
ensenble la recoqnoissance par ledit Bourlous aus dits
chapitre et ccUaiicr ; reçeu Jean Cuelhc ; 2 iung 1414;
X.X.
982. Acquisition par le chapitre, de Gèrault, Jean et
Durant de Mongauze, pai-oisse de Seilhac, de 10 sols de
rante, pour vu livres sur 1 pré de Magueurs et sur 1 ort
del ThcH et sur 1 ort de Las Goût/. ; reçeu Pierre Lachau/p ;
mecredy après invocavit, 1299 ; Y.Y.
933. Acte faict awjc assizes pardevant le séneschal de
Limosin, ou son lieutenant, à la requeste du procureur du
roy et fde| Jean Bessou, de Tulle, contre m' Bernard
Mercier, Jean de Lon, Jean Lou Cousin, Jean ArchaTi-
bauU et Jean Mercier, disans et proposans que le rnasde
Malcyre leur aparlient avec tout droict de justice ; faict à
lirive, 131)7; Z.Z. [Maleyre, commune de Saint-Marlial-
de-Gimel].
98i. Acquisition par Bertrand Vaisse, prieur de La
Chapelle Espinnsse, de Pierre Del Cheyrou, paroisse de
Naves, d'[ ceslier froment mczure do Tulle, et 12 déniera
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tournois de rante pour la somme de 55 sols; reçeu Guil-
laume de S' Chemans, 1320 ; P.P.
Au SAC DE (la) lettbe G.
985. ObligauHon par noble Ramond de Guramonte, cel-
larier, à l'abbé de Tulle, de 20 livres à cause de prest, de
laquelle ledit de Curamonte obligea audit s' abbé, certai-
nes maisons situeez à Branseilles, et les confessa tenir à
foy et homaige dudit abbé ; scellé le jeudy, 15' après pen-
tecouste 1269 ; A.
986. Acquisition par le chapitre, de Anthoine Ortaulz,
teyssier [tisserand], de Tulle, de la somme de 30 sols tour-
nois de rante, pour la somme de 10 Ijvres tournois assiz
sur une vigne sienne, au téritoyre à'Agassac, paroisse
S^ Julien de Tulle ireçen Jean Cosin, 26' avril 1488; B.
987. Procez, fuimysé, auquel est incéré certaines bulles
concédées par le pape Innocent VI' ; pardevant m' l'official
de Tulle ; receupar m' Pierre de Barro [Bar], du 17'aoust
1353; G.
988. Acquisition par Le chapitre, de Durant Malaure,
habitant de Tulle, d'i cestier froment rante, mesure Tulle,
moyennant 2 deniers d'or, sur 1 boys appelle : La cos(a ut
Sirieys, en la paroisse S' Julien de Tulle, et sur 1 autre
boys appelle Del Suc ; reçeu Jean Jalays 13'f8 ; D.
989. Acquisition par le chapitre sur Mathieu de Lespi-
cier, de Pierre de Chounac, prestre, habitant de Tulle, de
10 sols tournois rante, moyennant 10 livres tournois assize
sur 1 maison dudit Pierre en (a charrière (mauvaise
ruelle) appellèe du Prat ; reçeu Jacmaton (revenant à
Jacquetton) Chastanyer ; 14' février 1330 ; E.
990. .4cquisiiioiï par le chapitre, de Pierre Lacombe,
paroisse ft" Fortunade, et Eslienne (sic, pour Etiennette)
de La Chiëze, sa femme, d'I cestier froment rante, mezure
Tulle, au pris de 3 livres, assiz sur 1 pré appelle : A La
Combe à La Chièze, paroiese de Chameyrac, et sur 1
soustre ; reçeu Jean Jalays ; 1347 ; F.
991. Léguât au chap. par Ramond de Roufillac, prieur
du Bosquet (en marge, Le Bousquet, deppandant de la
cellérarye, 10 sols ; — les pages sont aussi numérotées par
lettres alphabétiques), de 10 sols de rante. pour J-obit, as-
siz çur ledit prieuré et sur ses successeurs prieurs ; scellé
de 2 sceaulz ; mai-dy après S' Martin d'ivern, 13'i2 ; G.
992. Testement par Pierre de Nouaillac, le plus vieuh,
teyssier, de Tulle, contenant léguai de 5 sols par lui au
fhapitrepour 1 obit, sur I maison acquise de Pierre Ar-
nault, de Tulle, en la rue de la Rcdolie père, prés la mai-
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— 635 —
son de feu Jean Boui-Ious ; reçeu Jeao Sourries, en l'année
1415; H.
993. Vante par nohles Pierre et Perny de Chanac, frè-
res, à Pierre abbé de Tulle, et à son chapitre, de toute
leur part en la Tour Longue appellée de Chanac, avccques
la Tour de la MoUp, situées en le chasteau de Tulle, et
tout le péaige qu'ilz ont et leurs prédécesseurs en quelque
part qu ils s'oyent, à cause de la seigneurye du chasteau
de Tulle, et aussy toute la seigneurye qu'ils ont et pour-
royent avoir en tout ledit chasteau et en toute la ville de
Tulle dans les croix et oratoyres de Champagnae et de la
Maison des malades de La Bachefarye et de Chambon,
lesquelles choses lesdits vendeurs ont recognu tenir en
foy et hommage desdits abbé et conven, moyennant 100
livres tournois de laquelle somme lesdits Chanac estoient
obligés aus dits abbé et couven ; ledit instrument scellé et
daté de 1256 ; J.
994. Donation à l'église de Rocquemadour et l'abbé de
Tulle, par Bels Hom, fils de Albert de Barmode, de tout
le droit qu'il avoit àLasCoslasdeS. fS'J Guillem, jusques
à Rocquemadour, réservé 3 sols tournois ; scellé 1251 ; K.
995. Vaille par noble Huguo Bonos et frère Huguo La
Porcharye, prévost de Clergous, de tO sestiers seigle et
1 cestier avoyne, à petite mesure, et 5 sols de rante, sur
le villaige de Cervesangle, en la paroisse de Champagnae
[-la-Noaille], et tout le droit de seigneurye que le dit Hu-
guo avoit audit villaige, pour 17 livres tournois, marchio-
num veterum ; scellé et daté 1265 ; L.
996. Acquisition par r. p. Pierre, abbé de Tulle et le
fouven d'icelluy, de noble Hélias de Tulle, filz de feu Re-
lias de Tulle, chevalier, de toute la part que ledit Hélias
avoit en la tour de la Mothe, chasteau de Tulle, en la.
salle, et autres pocessions et rantea dudit chasteau et en
toute là dite ville de Tulle, dans les croix et oratoires
d'icelle ville et aussy tout le di'oit que le dit vandeur avoit
ou son prédécesseur, en quelque part qu'ils fussent assiz,
à cause de la dicte seigneurye dudit chasteau et toute la
seigneurye de la dicte ville dans les dictes croix, moyen-
nant 125 livres tournois, marchionum veterum ; scellé et
daté, decimo calendas septembris 1255; M. [En marge:
Partie de l'acquisition de la justice de Tulle] .
997. Arbitraige, entre Bertrand de Curamonte, d'une
part — et Gérault Gaultier, d'autre, par lequel arbitraige
fust appoincté que ledit Gérault jouyroit et possédei-oit les
terres apnellées del Aperiery, et sur ce fust imposé sii-
lance audit Curamonte de empescher ledit Gaultier, à
poyne 15 livres ; scellé de 2 sceauU, on date 12.58 ; N.
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998. Donation ou lénuat par Eblo, Tiscomte de Vanta-
dour, à l'abbé et couven de Tulle, de tout le droit qu'il
avoit et pouvoit avoir en 3 villaiges que les dits abbé et
couven avoyent vers Montusclat: scellé de 4 sceaulz ;
1214 ; O.
999. Acquisition par Jehane Arnalde, alîàs de La Mar-
3ua, veufve de feu Jean La Fagerdye, merchant de Tulle,
e Guillaume Cbappol, cordonnier de Tulle, de 5 sols
tournois de rante sur une maison au ôarry del Prat. pa-
roisse S* Pierre de Tulle ; ensanble la recognoissance par
ledit Cbappol ; reçeu Pierre Roche, 14' mars 1438 ; P.
1000. Instrument portant léguât au chapitre par noble
Guillaume de Lyssac, de Tulle (probablement Lissac, de
Naves', de 5 sols tournoisde rante sur tous les biens dudit
Guillen ; avec certains pactes y contenuz; reçeu par
m" Jean Jurgre, commissaire de Tulle, 1452 ; Q.
10001. Jjiuesfifure, avec recognoissance faicte au chap,
par Thomas et Anlhoine Lavergne, paroisse S" Julien de
f uUe, de 1/2 du mas de La Mouneyrle, de ladite paroisse,
assavoir de 7 sestiers seigle, 1 sestier avoyne et 1 de feb-
ves et I froment, petite mesure, et 15 sols tournois de
rante, en toute justice et fondalité ; receu Anthoine Bus-
siëres et signé par Estienne Joubert, notaires, 4* may
1453 ; R.
1002. ^cqiiisi(ion par Thomas Dioudelle, merchant de
Tulle, de noble Guy de Féletz, du lieu de Gimel, de 3 sols
tournois de rante, pour la somme de 3 escutE d'or, assis
sur Jean Chanbon. mazelier de Tulle: receu Jean La
Borde, 16* avril 1410; S.
1003. Downafion de 5 sols tournois de rante parmessire
Jean Lafagerdye, recteur de Salon, audit chapitre pour
1 obit ; reçeu Anthoine Brach ; 30 may 1482 ; T.
1004. Léguât au chapitre par Jean Gréguoyre, plus
jeune, aliàs Gibiac, merchant de Tulle, de 5 sols tournois
de rante pour 1 obit ; reçeu Anthoine Brach, 20' décem-
bre 1414; V.
1005. j4cquisi(io7i par Jean Lavergne, notaire de Tulle,
de Eymar Dossac, de 6 sols tournois de rante, moyennant
6 livres tournois assiz sur 1 eoustre et ort joîgnans. et au
barry d« la Barrière de Tuile ; avec investiture faicte au
cellarierde ladite église; receu Pierre Laroche, 4' jullet
1446; X.
1006. Instrument contenant léguât au chapitre par ledit
Jean Lavergne, notaire, de 6 sols rante, pour I obit sur
lesdils souslre et oi'l, cum pacto rcdiviendi dictum le'
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— 637 —
î/uals, tradendo 6 livres; reçeu Pierre Roclie, 13' novem-
bre 1457; Y.
1007. Léguât au chapitre par noble Jean Serre, aliàs
SeiTou/ Lance [en marge. Serre dict SeiTUt Lance 5 sols —
erreur selon moi pour Secout- Lance] notaire royal de
Tulle, de 5 sols tournois de rante pour 1 obit, situés sur
le mas ou borde, appelles de La Malynye, paroisse S'
Augustin, confrontés audit instrument; reçeu Pierre
Gaiorsy, notaire de Tulle, 9" novembre 1465 ; ensanble un
acte de condenpnation faict pardevant messyre Jean Vi-
fnal, lieuctenant du Limosin, au prolict du chapitre, à
encontre de ilean Ramiiîlhac [coriigez Roumailhac] pa-
roisse S' Augustin, de payer les 5 sols tournois rante au
chapitre avec despans ; faict aux assizes, le iundy qu'on
chante en l'église M isericordi& Domini, en la ville de
Brive; signé A. de Qucye, attachées enscnble, cothécsZ.
1008. Léguât au chapitre par Pierre Pbilipes, de La-
giienne, de 10 sols tournois de rante, pour I obit, sure une
vigne acquise et arrantée de m' l'abbé de Tulle ; scellé
de plusieurs sceaulx ; 1309 ; cothé par P barré.
1009. Acquisition par le chapitre, de Huguo de Cendo,
hoste de Tulle, de 60 sols tournois de rante, assiz sur la
maison dudit Cendo, située aux faulz bourgs de Tulle ; el
recogTioissance par lui au chapitre ; reçeii Anthoine Guil-
loty, notaire, 7' octobre 1457 ; cothé par P avec un eni-ou-
leroent en guise de cep.
1010. JîecofîTioisaance de certain I^^uat faict au chapitre,
far noble Guillen de Born, paroisse de S' Sa/uadour, de
0 sols tournois de rante pour un obit légué par feu Perri-
cault de Born, assiz sur le villaige du Roc le sotre, en lad.
paroisse; reçeu Hugues La Salo, notaire, du date 1306;
cothé Y.
lOM. Instrument d'inventaire faict par le chapitre, des
joiaulz et ornementz de la dite église, baillés en garde et
inventorizez à frère Jean du Peschadour, secrestain pour
lors de la dite église, comme est contenu audit inventaire,
reçeu Anthoine Greguayre, 12* janvier 1458; ensanble
autre inventaire, reçeu Jean de Sourries, I37S ; attachés
eusenble et cothés Z.
1012. Donation ou léguât par Jean Pabot, hoste de Tulle,
au chapitre, de 15 sols tournois de rante, pour I obit, avec
pac(e de rachapt ; reçeu Pierre Terrade, et signé Jean
Térade, 25* aoust 1449 ; A. A.
1013. Testement portant léguât au chapitre par Pierre
de Jos, merchant de Tulle, paroisse S' Pierre, de 6 sols
tournois de rante assiz sur ung eyrial de Jean Chazes,
dbyGoOglc
mercier de la dite paroisse, situé au barry de La Roche
Jlfarluu ; leçeu m" Pierre d'Ëublaco, notaire de Chamba-
ret, 6' avril 1462; B.B.
1014. Acquisition par le chapitre, de AnthoinedeBelot,
Saroisse S' Pierre de Tulle, de 5 sols de rante pour le pris
e 5 livres tournois sur 1 boys appelle de Mndasses (Ma-
dasses ?) au téritoyre de Chanbous, et sur une vigne située
au Puy Chessales ITulle) ; reçeu Jean Bourlous, 5" avril
1463 ; ce.
1015. Acquisition par Pierre Roineyra, de Jean de
Treyniac, de la dite ville, d'I cestier froment de rante,
moyennant 50 sols tournois ; scellé du date 1309 ; D.D.
1016. Instrument contenant inventaire faict par le pré-
vost et autres religieulz de la dite église, des biens et
ornementz de l'église Noslre Dame de Rocquemudour,
reçeu par m' Jean La Coste, 1339 ; E.E.
1017. Recognoissanco par m" Loys de Ventegol, paroisse
de Seillac, an chapitre, de 40 sols tournois de l'ante, à
cause du villaige de Teyssunières. en la dite paroisse, en
toute justice et fondalit'é haulte, moienne et basse ; reçeu
Géraull Cuella ; 12' octobre 1425; F.F. [En marge, a esté
vandu au temporel],
1018. Procès appellatoire pardevant le sôneschal du Li-
mosin, A la requeste de Ramond Martinia, habiiant de
Tulle, et le procureur général du roy. appellans, contre
messyre Arnault Percrucari (sic), vicaire général de m'
de Tulle et m" Gérault des Plas, procureur dudit seigneur ;
en frome (forme) de rolle en parchemin ; G. G.
1019. Donation d'un léguât (sic) faict au chapitre par
Jacmes de Cuelhe, alîàs de Boyt, lils de feu Gérault de
Cuelhe, de 5 sols de rante ; plus à l'autel S' Jehan de la
dite église 15 sols tournois une fois payés ; reçeu m' Pierre
Chacgier, 1" février 1472 ; H.H.
1020. [Ce paragraphe est bâtonnél. Rolle en parchemin,
contenant procédure pardevant le lieutenant et commis-
saii-es en la dite église, et en sa cause d'appel entre le dit
chapitre d'une part — et noble Pierriscart [Perniscart?
(sic)] de Comborn, s' de Treyniac, et Hélies de Bernard,
Erévost de Treyniac, messyre Pierre d'Arranach, Gérault
a Guyonnya, Jean La Boria, à cause de l'onmaigo du
villaige de Vinhanes, sîz en la parroisse d'Alonzae, auquel
tant fusl procédé que toutes les parties baillarent escrip-
tures; J.J. [Retranscrit et reporté sous cote 0.0, valable],
1021. Donnation ou léguât au chapitre par Thomas
Diodèle, merchant de Tulle, de M sois tournois de rante
pour 1 obit, assiz, assavoir 8 sols forte monnoye sur 1 pré
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appelle de La Goûte el les autres 3 sols de la dite monnoye
sur une terre que tiennent les hoirs de feu Julien Cliaa-
bon ; reçeu Jean Cueille, 29' aoust 1430 ; J.J.
1022. Acquisilion par le chapitre, de Bernard et Clare
del Breuil, d'I ceslier froment, mesure Tulle de ranle sur
un jardrin sien et une lèze de Symon de Bouyîa(Bougia?),
i-eçeu Jean Jalais ; 1347 ; K.K.
1023. Léguât au chapitre par Jean Bourlous, notaire de
Tulle, de 5 sols tournois de rante, sur une maison et jar-
drin de Pierre del Lac, aliàs Marisson ; reçeu Jean Bocal
(Béral??), 22-jung 1*80; L.L.
1024. Acquisition par le chapitre, de Pierre Leymirigye,
et Guillaume, sa femme, de Tulle, d'I cestier froment
mesure Tulle, moyennant 60' sols tournois sur 1 jardrin
au Puy S' C/air; reçeu Jean Jalays, 1347; M.M. [En
• marge, à ta. Barussie],
1025. Ordonnance passée entre le chapitre pour les
anniversaires des trespassés qui se dévoient (deuront ?)
fere le jour de la dominique de la passion ; en 1336 ; N-N.
1026. Voyez 1020.
1027. L^^uaf au chapitre par Jean La Borda, notaire de
Tulle, de 5 sols rante, pour 1 obit; reçeu Pierre Serre;
9' janvier 1430; P.P.
1028. Donafion par G. évesque de Lymoges, à l'abbé el
monastaire de TuUe et à lurs successeurs, de l'église de
S' Clément, avec toutes ses apartenances, sauf le di'oit de
seigneurye et droit épiscopal ; les dites lettres scellées ;
Q-Q-
1029. Acquisition par Jean Reynal, de Tulle, de Pierre
Day, de Tulle, de 3 quartons froment, moyennant 5 livres
5 sols tournois sur une maison de La Reynaudia. ; de la-
quelle acquisilion apartient l'investiture à m' le cellarier;
scellé 30 avril 1375; R.R.
1030. Testement portant léguât par Jean Cueille, no-
taire de TuUe, au chapitre, de 10 sols tournois rante, com-
Srinz 6 sols tournois donnés par feu m' Jean Cuetla, père
udit testateur ; reçeu Pierre Cueilla, 15° may 1450 ; S.S.
1031. LéguRt au chapitre par Pierre Labarrieyia, de
Tulle, de 2 cestiers froment, pour 1 obit, sur une lerrc
qui fust de Jean Treyniac et I jardrin dudit Treyniac au
Puy de Vedrènes (banlieue de Tulle) ; reçeu Évmeryc
Leymarie, 1320; T,T.
1032. L^^uat RU chapitre par Pierre La Barrieyra, filz
de feu Pierre, de Tulle, d'I cestier froment rente sur une
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— 640 —
terre qui fust de feu Jean Revniac ; reçeu Jean Gorça,
aliàs I.ai-nei-, i309;V.V.J
1033. Acquisition de 2 cesLiers froment et une géline
sur le mas de La Serre, paroisse S^ Julien de Tulle ; reçeu
Jean Jalays, 1347 et le jour de lu dominimie avant la Teste
S" Liice ; X.X. [Acte raturé sous cote V.V. et remis à la
cote X.X.
1034, Assignation de 40 sols tournois par r. p. en Dieu
Giliberl, évesque de Limoges, au chapitre, pour 1 obit as-
siz sur les villaiges du Mont de Faige (sic) en la paroisse
S" Fériolle; scellé 1303 ; Y.Y.
103J. Consentement preste par les consuls do la cité de
Limoffes, A r. p. en Dieu Pierre abbé de Tulle et à ses
successeurs, qu'il possède à tousiourstles maisons qd'il a
achaptées de noble Eymiric Gahanh (Gain) de la dite rite
de Limoges, franches et q^uictes de toutes tailles et collec-
tes et de touts autres servitutz ; scellé 1279 ; Z.Z.
103C. Réquisition de payer les pantions aux religieulx
de Tulle, auquel instrument est incèré iing défault contre
r. p. en Dieu Denys de Bar, pour ne payer les pantions ;
iceluy défault concédé pour frère Jean de Pcyi'ac, prieur
claustral ; reçu Martin La Borde, 1" septembre H80. Coté
par double P enguirlandé.
(A suivre).
J.-B. Chaupeval.
dbyGoot^lc
TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES
Pig»
Liste des Membres de la Société 5
Noms des Sociétés correspondantes 15
Article nécrologique SO
HISTOIRE
Noëls du Bas- Limousin, recueillis par M. E. Rupix SI
Uibliograpliie et iconographie limousines: Jean-Ueiiri Melon
et dont Jean Birel, par M. Loues de Nuesac 153
Notice sur le peintre Pierre Sparvier, par M. RB^É Page 179
Papier baptistaire de la faniiNe Péconnct de Limoges, par
M. Louis Gt;iBEHT 167
Cartulaire de l'abbaye Saint-Marlin de Tulle, publié par M. J.-
D. Champeval 505, 449,031
Notice sur Tabbé de Feletz, par M. Raïuond Labobde.... SÎ5, 585
Portrait graphologique de l'abbé de Feleti, par M. l'abbô
GraoL- 2S5
Lettre de Victor Hugo sur le maréchal Brune, communiquée
par M. E. Mabdeau •■ij'j
La Maison do Saint-Martin de Ëagnac, compte-rendu par H. E.
RupiH 3D3
Un évéque d'autrefois, Mgr Berteaud, compte-rendu par M. J.
pLAIiTADrS S99
Liste des Conventionnels de la province du Limousin 305
Complainte sur la Passion, communication de M. E. Bupin ... 313
Les noms révolutionnaires des communes du Limousin, par
M. JOAMNÈSPLANTADIS 325
Aliénation du temporel de l'ëvéché de Tulle en 1569, et les
troubles en Bas-Limousin en 15S4, communication de M.
l'abbé Galabert 339
AUassac et ses annexes, par M. l'abbé Marche 353, 596
Dictionnaire géographique du département de la CorrÈie, par
M. J.-B. Chaïpeval 3S5
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Michelet et te Limousin, par M. Raymond Laborde
Livre de raison de Jean de Halliard, par M. Fernand de Mal-
Noles domestiques de Jacques Sazerar, apothicaire à Nexon..
Note au sujet des No&ls du Bas- Limousin, par M. E. Uarbeau
Mirabeau limousin, par Joannës Plantadis
Notes sur la famille de Prouhet, par M. J. de Saint-Gehmais.
Lettre de M. Bonneval, curé de Tauriac, à l'évéque de Cahors,
par M. P. DBbxonD
ARCHÉOLOGIE
Note sur la fouille d'un lumutua gaulois, par M. Paul Bial. . . 149
Gouactie du xvii* siècle, communication de M. Alfred Leroux 161
Les Crucifix émaillés d'Angouldme, par Hgr Barbier de Hon-
TAULT 165
Une plaque émsillée du xnt* siècle, par Mgr Babbibr de Mo«-
tault 317
Pommeaui de bitons de confrérie, par H. Louis de Kussac... 347
Une patène ministérielle à l'abbaye de Silos, par le P. dom
RouLiN 549
Une châsse aoree et emaillée à l'abbaye de Silos, par le P.
dom Boulin 561
Un cruciHx habillé du xiu* siècle, par Mgr Barbier de Mon-
tault 57Î
TABLE DES GRAVURES
1. Frontispice des NoSIs du Bas-Limousin, par M. E. Kupin. 31
1. La Nativité dans une étable limousine, par M. L. Levnia
DE LA Jarrige 55
3 à 30. Musique dos Nocis du Bas-Limousin 66 à 149
21. Portrait de Jean-Henri Melon 154
22. Portrait de dom Birel 157
23. Crucifix du Trésor de Cherves, par M. E. Rupim 167
24. Crucifix de M. Emile Riais, d'Ângoulfme, par M, E. Rdpin 177
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Sa. Portrait du paintfe Pierre Sparvier 181
26. Portrait de l'abbë de Feleti 3Î4
ST. Fac-simite de l'écriture de l'abbé de Feletz !84
28. Vue du château de Bagnac, par M. E. Rupin S92
S9. Vue du ch&teau de Bagnac, par M. de Mavnard S94
30 à 36. Armoiries delà famille de Bagnac S96
37. Portrait de Mgr Berteaud, par M. Leynia de la Jabhioe. . S98
38. Plaque émaillde, par M. l'abbé Fadhie 318
39. Pommeau de bâton de confrérie, par M. Ë. ttupiH 348
40- Armoiries des Chiniac 386
41. Musique des Noél9 ' 475
42. Patène ministérielle à l'abbaye de Silos (héliogravure).. •• 549
43 et 44. Détails de cet objet 553 554
45. ChAsse émailléc à Silos, par M. Saint-Ei.xe 562
46. Chasse émaillée à SiloSj par M. Saint-Elue 563
47. Crucifix habillé du xm* siècle-. 575
TABLE ALPHABÉTIQUE
PAn NOMS d'auteurs
BAHBitH DE MuNTAULT (Mgr X.). Lcs Crucifix émaillés d'Aiigou-
lêm^', IG5. — Une plaque émaiUéo du xiii- siècle, 327. — Un
Cru'iiHx habillé du xiii' siècle, 573.
BiAL (Paul). Note sur la touille d'un tumulus gaulois, 149.
Chaui'eval (Jean -Baptiste). Cartulaire de l'abbaye Saint-Martiu de
Tulle, 205, 440, 631. — Dictionnaire géographique de la Corrëze,
385.
Delxund (P.) Lettre de M. Bonneval, curé do Tauriac, à l'évéqua
de Cahors, sur l'usure, 589.
Page (René). Le peintre Pierre Sparvier, 179,
Galabert (abbé). Alidnation du tiîmporcl de l'évéché de Tuile, en
1560, 339, — Les troubles en Bas-Limousin, on 1584, 343.
GiBOU (abbé). Porlrait graphologique de l'abbé de Feleti, 285.
GuiSEiiT (Louis). Papier baptiataire de la famille Peconnet à Limo-
ges, 187. — Notes domestiques de Jacques Sazerac, apothicaire
à Nexoa, 466.
D.g.tizedby Google
Dijilizedb, Google